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COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PARIS. — IMPRIMEUIE GAUTHIER-VILLARS, QUAI DES GRANDS-AUGtSTINS, 55.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
pur.i.iÉs,
CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CENT TRENTE-SEPTIEME
JUILLET — DÉCEMBRE 1903.
PARIS,
GAUTHIER-YILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustins, 55.
1905
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 6 JUILLET lî)05,
PRÉSIDÉE PAR M. MASCART.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrétaire perpétufx annonce à l'Acaflémie la perte qu'elle vient
de faire dans la personne de M. J.-W. Gibhs, Correspondant pour la Sec-
tion de Mécanique, décédé à New-Haven (Connecticut), le 28 avril igoS,
et insiste sur l'importance de ses travaux de Chimie mathématique.
HYDRODYNAMIQUE. — Sur un mode simple d'écoulement des nappes d'eau
d'infiltration à lit horizontal, avec rebord vertical tout autour, lorsqu'une
partie de ce rebord est enlevée depuis la surface jusqu'au fond. Note de
M. J. BOUSSIXESQ.
« I. Après avoir étudié le cas simple (^) de dénivellations h très petites
par rapport aux profondeurs H de la nappe sous le plan horizontal du seuil
de la source, considérons le cas, opposé, où le fond imperméable se con-
(') Voir i'avant-dernier Compte rendu (séance du 22 juin 1908, t. CXXXVI,
p. i5i i).
6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
fond avec ce plan horizontal et où, par suite, H s'annule. Les équations (2)
et (3) de ma Noie précédente deviennent
dh d /„ d.li-\ d /„ r/.Â
iu.-r = -7- K. —j-~ -h -^ K — 7-
' dt dœ \ dx J dy\ dy
(•)
(sur le cont. libre 1) h = o, (sur le cont. paroi Xi ) ^ == ^•
» L'équation indéfinie n'étant pas linéaire, l'intégration générale de ce
système paraît inabordable. Aussi nous bornerons-nous à lui chercher une
solution particulière, celle qui exprimera la forme vers laquelle tend la
surface libre, s'il lui arrive de se régler comme dans le cas précédent, c'est-
à-dire de garder très sensiblement, après une période préparatoire, d'inva-
riables rapports entre toutes ses ordonnées h, ensemble décroissantes.
» IL Prenons pour état initial cette forme limite, que nous appelle-
rons A„, censée acquise ainsi par la fonction h au bout d'im certain temps;
et, en comptant désormais t à partir de la fin de ce temps choisie comme
nouvelle origine, nous aurons pour h le produit, h^T, de A„, fonction de x et
de y, par une fonction, T, à valeur initiale i, du temps t seul. Or l'équation
indéfinie ci-dessus, divisée par ^Th, c'est-à-dire par p.T-Ao, devient alors
1' I
2 — = —
T- [j-Z/f
Ix \ dx ) d.y\ "/ / J
)) Ses deux membres, indépendants, le premier, de x et dej)^, le second,
de ty se réduisent nécessairement à une constante, — 2a. L'on a donc,
d'une part, grâce à une intégration immédiate,
(2) ^-14-a^ ou T==:^-^^, ^' = TTI^'
et, d'autre part, pour déterminer, avec a, la forme de A^, le système
\ y \ ri î
\ (sur le cont. libre 7 ) A„ = o, (sur le cont. paroi 7^, ) -^" = o.
» Les flux R^ A, ou {Y^h^-~\v, à travers l'unité de longueur de
coupes verticales quelconques faites dans la nappe, seront tous propor-
tionnels à T-. Par suite, le débit Q du seuil ou de la source décroîtra
comme l'inverse du carré (i + a^)-.
» IIL Supposons que, p., K étant constants et la coordonnée y disparais-
SÉAXCE DU 6 JUILLET igo3. 7
sant des équations, le plan de la nappe soit la bande, de longueur indé-
finie et de largeur L, comprise entre le seuil rectiligne a? =: o et la crête
parallèle o^ = L, thalweg et faîte où l'on aura ainsi, respectivement, /z^ = o
et -T-^ = o. En vue de simplifier nos équations, posons
(4)
■ V
h„ 3c^KM
'/■, =
L ' ^ M 21J.L-
formulesoù ç, r, seront, pour tenir lieu de o^ et de A,,, une nouvelle variable
indépendante et une nouvelle fonction, croissantes toutes deux de zéro à i,
où, par conséquent, M est la valeur de /i^ pour ^i? = L et où, enfin, c dé-
signe une constante positive, convenablement choisie. Le système (3),
dans lequel les dérivées pourront s'indiquer par des accents, deviendra
( (pour 1 = 0) Ti =: o, (pour 'i= i) -/)' = o et r, = [ .
» Multiplions l'équation indéfinie par rjTi'c?^ ou par ri «iri ; et intégrons,
en tenant compte des conditions relatives à ^ = i. Nous aurons l'équation
différentielle première du profil de la surface ;
(6) rrri'-=c2(i — r/'); d'où -^ = ^
Et une deuxième intégration, effectuée, après séparation des variables, à
partir de la limite inférieure ^ = o où ■/] s'annule, donnera l'équation finie
du même profil :
(7) ■ '=i=fA-
» L'abscisse proportionnelle t de la surface libre est donc une certaine
intégrale elliptique de l'ordonnée analogue-/]. Enfin, comme E, y) atteignent
en même temps leur limite supérieure i, la constante c est, d'après (7),
» Pour la calculer, posons y, = y^ ; ce qui, transformant l'expression
de c en ^ / y* (i— y)' Jy, donne l'intégrale eulérienne ^B(|, .}),
8 ACADEMIE DES SCIENCES.
égaleài^i^}|^ouà^^,vuqner(i) = v/^etque|r(f) = r(f).Donc
(ç\\ c =-- —T = o>^6236 (environ),
vy/ 2 I (I)
le calcul numérique s'elfectuant par la Table de Legendre pour les loga-
rithmes décimaux de ^(/^) dans l'intervalle des deux limites Ai= i et «= 2.
» Il n'y a ainsi, pour l'équation de la nappe entre ses deux coordonnées
relatives ^, r,, qu'une forme unique (sans aucun paramètre variable) qui
assure sa propre conservation aux diverses époques l. Et, en effet, l'on
W
rend indépendante de la donnée M l'expression, A^T ou MriT --^ --^—■>
i * ce I — I — ce L
de A, en l'écrivant, grâce à la dernière relation (4), ^ ., t^ ' ( - -f-^j ' tîL
en posant — h ^ = t ou reculant de -•> dans le passé, l'origine des temps t,
que l'on désigne alors par t. Il vient, d'abord, pour la dénivellation h, et,
ensuite, pour sa valeur maxitna actuelle (correspondant à ■/) = i) que
nous dénommerons /«,„ :
)) IV. Ce résultat s'étend au cas plus général des équations (3). Effec-
tivement, on remarque, en divisant la première de ces équations par a- et
les deux autres par a, qu'elles ne contiennent plus, au lieu de Ay et de a,
que leur rapport mutuel — • Appelons, par exemple, '( ce rapport, fonction
de a: et de y que l'analogie avec le cas traité ci-dessus porte à regarder
comme unique, mais qui, de toute manière, est indépendante de la hauteur
initiale M delà nappe; et la substitution, à /, de la nouvelle variable t pour
exprimer le temps, donnera, à la dernière relation (2), la forme
(..) h=\.
» V. Revenant à l'hypothèse d'une nappe à fond rectangulaire de lon-
gueur indéfinie, j'appellerai A, par unité de longueur, le volume initial
a/?/)«rc/zi (c'est-à-dire y compris la terre ou le sable interposés) delà nappe
liquide. Il équivaut à l'aire de sa section verticale faite suivant les x. Or,
décomposons cette section en bandes horizontales de dimensions L — 00
SÉANCE DU 6 JUILLET iQoS. 9
et rMo, ou L(i — l) et Mdr,. Elle aura pour valeur — / (c — c^) firr,
et il viendra, à raison de l'excédent de (8) sur (7), puis grâce à une inté-
gration par parties évidente, dans laquelle s'annule le terme intégré,
(12) ; ' J, Jr, V'.-V ' X /r=V 3c V » 3c
d'où M = — -p = 1,2935 j-'
» La crête de la nappe est donc, au-dessus du seuil, à une hauteur h„,
valant i ,2935 fois la hauteur moyenne, quotient de l'aire par la largeur L.
)) Si nous éliminons maintenant M, par la dernière formule (12), de
l'expression (4) de a, constante qu'on peut, jusqu'à un certain point,
appeler le coefficient de tarissement, il vient
/ o\ Qc^ KA ^ KA
(l3) ^' = -r 1-^ = 5,7727— j^-
^ 4 V-'-- 4!-'-L
» Ce coefficient de tarissement prend ainsi (à part le facteur numé-
rique 9c*, remplaçant le carré plus grand -') la forme qu'il avait dans le
cas d'une nappe profonde étudié d'abord, où le volume apparent A, alors
peu variable, égalait sensiblement le produit LH. Mais la fonction T,
dans h, était e""% ou l'inverse de e*' et non, comme ici, de i -f- cLt.
» Le débit de l'unité de longueur de la nappe, à travers la section
verticale d'abscisse x^ est K-j^A, c'est-à-dire, d'après (10), ^,^. ^m ,
OU ^\,. ,Ji — -/i^ en vertu de (6). Sur le seuil, où yi s'annule, on aura
donc successivement, vu la seconde relation (10), pour ce débit qui est
alors celui de l'unité de longueur de la source alimentée par la nappe,
(i4) q=^^^, = ^f^=cKU„,,
où I représente la pente superficielle moyenne de la nappe, quotient de la
hauteur actuelle A,„ par la largeur L. On remarquera que cette formule
de q reviendrait à celle, {%KUI, du cas plus simple examiné dans ma pré-
cédente Note (dernière formule 5), si Ton prenait ici, comme section H de
débit, la fraction — (les ~^) de la section maxima h^.
» VI. Il reste à savoir si la forme primitive, arbitraire, de la nappe tend
c. R., i9o3, 2' Semestre. (T. CXXXVII, N" 1.) '^
lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
effectivement à se régler, c'est-à-dire s'il y a un régime, et quelles fractions
ou de la hauteur, ou du volume, primitifs, qu'on peut supposer connus
dans chaque cas, subsisteraient encore au moment où le régime pourrait
être censé atteint, fractions équivalant précisément aux données M ou A
de nos formules ci-dessus. J'ai pu seulement établir qu'il faut répondre
affirmativement à la première de ces questions.
» Supposons, en effet, que la forme initiale de h présente, par rapport
à celle, Ao, qui est persistante, d'assez faibles écarts pour permettre de
négliger leurs carrés dans les calculs. Prenant le cas général des équa-
tions (i), (2) et (11), soit ^ ce que sont devenus les écarts en question,
ou ce qu'est h — /?oT, après un temps t modéré, laissant encore t petit. Les
expressions de h et de A^ seront alors respectivement, avec nos notations,
l'une, AoT-f- L l'autre, A;;T='+ a^Tsou A^T^-^- i^Ti; et l'équation (i),
divisée, après suppression des termes où ne figure pas s, par 2a,T, c'est-
à-dire multipliée par |t, sera
\i. dt cl /^r dz\ d l -,r dz
Ç di dx\ dx ) (^J'V ({y
» Si nous adoptons provisoirement comme variable indépendante, au
lieu de t, logT, que nous appellerons 9, cette équation deviendra
, ^ , u. dz d /„ dz \ d ( ,r dz
(■5) !5ê = s('^s) + ^-('^;5^
Complétée par les deux relations définies évidentes
£ = o (sur le cont. libre /) et — ^ = o (sur le cont. paroi y, ),
elle nous ramène, comme dans ma Note du 11 juin, au problème du refroi-
dissement d'une plaque plane, encore à bases c imperméables, avec
contour y maintenu à la température zéro et contour y, imperméable,
mais de conductibilité et capacité calorifiques tout autres qu'alors. En
appelant 0^ la valeur initiale (— loga) de 6, soient : CVe"!^*^"^»^ la solution
?>\xn^\çi fondamentale de ce nouveau problème de refroidissement; e~^'^^~^o^
l'exponentielle de la solution particulière (simple ou composée de plu-
sieurs solutions simples) venant après la solution fondamentale; enfin,
£„, la petite fonction de a; et de j qui exprime les valeurs données de £
pour Ô = Op. Comme on pourra, en modifiant le coefficient a auquel sont
SÉANCE DU 6 JUILLET IQoS. II
proportionnelles les valeurs initiales delà solution réglée h^T, faire varier
les valeurs correspondantes s,, de quantités en raison directe du change-
ment même de a, rien n'empêchera de choisir a par la condition d'annuler
l'intégrale fVt^^da, c'est-à-dire le coefficient C de la solution fondamen-
tale. L'expression de e commencera donc au terme en e-^'*^"^»), que l'on
pourra, si W désigne, dans chaque cas, une fonction de a? et de y généra-
lement comparable à l'unité, écrire e^^W e^^'^^'^o^ : ce sera l'expression
asymptotique ou la partie principale de s. Et la substitution, à 6 — 9^, de
logT -h logo. = log(i + y.t), donnera
(iG) e = (environ)
(i + aO^'
» Le cas smiple d'une nappe homogène de longueur indéfinie, comprise
entre le contour libre ^ == o et le contoiir-paroi x = L, permet de se ren-
seigner sur l'ordre de grandeur de l'exposant ^' et de reconnaître qu'il
excède notablement l'unité : fait d'où résulte l'évanouissement rapide des
écarts p comparativement à la partie réglée, — y-> de h. Mais, à raison
du coefficient variable, et même transcendant, que contient le premier
membre de l'équation indéfinie (i5), cette constatation exige quelques
développements d'Analyse. Ils feront l'objet d'une Note spéciale. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur de nouvelles synthèses effectuées au moyen de
molécules renfermant le groupe méthylène associé à un ou deux radicaux
négatifs. Action de V épichlorhydrine sur les éthers acétonedicarho niques
sodés III. Note de MM. A. Haller et F. .^Iarciî.
tt Dans une Communication précédente (') nous avons montré que,
parmi les produits de la réaction de l'épichiorhydrine sur les acétone-
dicarbonates de méthyle et d'éthyle, on pouvait isoler des combinaisons de
la formule
CO-CH^ — CO^R
CH-CH^-CH-^CH^CI
1 I
GO O
(*) Comptes rendus, t. CXXXVI, p. ^04.
12 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sortes de cétolactones chlorées et d'éthers sels qui donnent avec la semi-
carbazide des composés parfaitement cristallisés. Nous avons continué
l'étude de ces- molécules complexes et nous avons cherché tout d'abord à
les éthérifier par ouverture de la chaîne lactonique.
» On sature une solution alcoolique de la cétolactone éthylique par de l'acide
chlorhvdrique sec, et, après avoir abandonné le mélange à lui-même pendant 48 heures,
on le réduit sous une cloche à vide. Le résidu est traité par de l'eau et agité avec de
l'éther, La solution éthérée, lavée à plusieurs reprises avec du carbonate de soude, est
décantée, séchée sur du sulfate de soude anhydre et distillée. On obtient par fraction-
nement, sous ly""™, une huile bouillant à 198-199° avec un bon rendement.
» A l'analyse, ce produit fournit des nombres un peu faibles en carbone, trop élevés
en chlore, résultant d'une fixation probable d'acide chlorhydrique sur la molécule
nouvelle, mais correspondant néanmoins à C'^H'^O^Cl, comme le montrent d'ailleurs
les réactions ultérieures.
» Le nouveau composé ne donne plus de précipité avec l'acétate de
cuivre, et ne se combine pas à Ja semicarbazide. Ces faits montrent que la
fonction cétonique a disparu et que le complexe — CO.GH-CO-R a été
modifié.
» Si l'on chauffe cet éther avec de l'eau et du carbonate de potasse à l'ébullition,
pendant 48 heures, on obtient, par refroidissement, des cristaux qui résultent de la
prise en masse de l'huile qui s'était déposée. La solution aqueuse ne contient pas de
chlorure de potassium; évaporée et épuisée avec du chloroforme elle donne une huile
qui se décompose à la distillation en fournissant le même produit cristallisé.
» Ces cristaux fondent à Sy-SS» et bouillent à i4i-i43° sous 17'"'°. Ils sont très
solubles dans l'éther et dans l'alcool, possèdent une odeur rappelant celle des dérivés
hydrofurfuraniques et répondent à la composition C^H'^O^Cl.
» Ce corps diffère de celui dont il dérive par les éléments de l'alcool et
de l'acide carbonique, plus ]°*°' d'eau.
)) Sa formation au moyen de la cétolactone peut s'interpréter de la façon
suivante. L'éthéritication de cette lactone donne d'abord naissance à l'éther
suivant :
CH^GO^G-H^ CH^CO^Cms
CD GO
(l\ 1 +C2H50H= I
^ ' CH-GH^-GH-GH^Gl GH— GH^-GHOH-GH-^Gl
CO 6 ■ CÔ^G^H^
» Mais cet éther, une fois préparé, se déshydrate par suite de sa transfor-
mation en sa forme tautomère énolique, et donne naissance à un dérivé
SÉANCE DU 6 JUILLET iQoS.
hydrofurfuranique chloré (C'-H'^O^Cl)
i3
(II)
COH
G — CH^—CHOH
CH^Cl
H*0
CH2.CO«C'H5
c o.
C_CH2— CH-GH*a
I
CO^C-H^
» La teneur en chlore un peu élevée qu'accuse ce dernier éther peut
s'interpréter en admettant qu'il s'est additionné de l'acide chlorhydrique,
grâce à la double liaison qu'il renferme.
» La production du composé cristallisé G'-* H''0''CI aux dépens de
l'éther dihydrofurfuranique, ainsi que sa constitution, peuvent s'inter-
préter de la façon suivante :
CH2.CO-G2H=^
(III)
GH-^CO^G^H^
G O,
II
G-GH^— GH— GH^Gi
I
GO^G^H'i
H^O^GO^ + G^H^OH
G O
Il \
GH-GH^-GH-GtPGl
(a)
GH»
G — O
M \
C-GH^-GH.GIPGI
I
I GO^G^H^
» Pour établir à laquelle des deux formules (a) ou (b) répond le corps
cristallisé, nous avons éthérifié l'acétyl-chloro-y-valérolactone obtenue
par MM. Traube et Lehmann (') dans l'action de l'épichlorhydrine sur
i'acétylacétate d'éthyle sodé
GO GH^ . GO . GH — GO OG^ H^
GH^GO.CH
I
GH
I
GH-0
I
GH^Gl
G^H^OH
I
G—
G
I
I
GHOH
I
GH^Gl
GH^.GH.GH^GI
H'O.
(') Traube et LehmaNiN, Deut. cliem. Ges.; l. XXXIV, p. 1980.
l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Nous avons ainsi obtenu, avec un très bon rendement, le même pro-
duit fondant à 57-58°. Sa constitution répond donc bien à la formule (b),
c'est-à-dire à l'éther éthylique de \'acide-iy.-chlorométhyle-cL'-methyl-cL^-dihy-
drofurfurane-^' -carbonique.
» L'acide lui-même s'obtient facilement par saponification de son éther
au moyen de la potasse alcoolique et fond à 108-109°.
» Action de l'eau sur la cétolactone chlorée. — Cette lactone a été chaufTée à Tébul-
lition avec une solution aqueuse étendue de carbonate de potasse en quantité équi-
moléculaire pendant [^è heui-es. On observe un abondant dégagement de GO^. Quand
toute l'huile a disparu, on épuise avec l'éther qui n'enlève presque rien au liquide, on
évapore à sec la solution aqueuse et on lave avec de l'alcool absolu. La liqueur
alcoolique est distillée et l'alcool étant éliminé, on fractionne le pi^oduit restant. On
obtient de la sorte un produit bouillant à 170-175° sous i3™™, de formule CH^^O*,
identique au composé CH^.CO.CIP.CH'-.CHOH.CIL^OH, déjà décrit par iMM. Traube
et Lehmann {toc, cit.), dans l'action de l'eau sur l'acétylchloro-Y-valérolactone.
» Avec notre cétolactone chlorée la réaction s'est donc passée suivant l'équation :
(GO — GH^.CO^C^H^X
CH.CH-.CH.CH^Cl I +4H2 0h-C0^K2
co o /
= 2C2H»OH + 2Ka-h5C02-+-2(CIP.GO.CH^CH^CHOH.CH20H).
» Copulation des cétolactones chlorées dérivées des éthers acétonedicarboniques
et benzoylacétique açec les chlorures de diazobenzène et p-diazotoluène. — Si l'on
fait agir sur la solution alcoolique du dérivé sodé de la cétolactone éthjlique une solu-
tion de chlorure de diazobenzèue à 0°, on obtient sur les parois du vase une masse
visqueuse qui se solidifie au bout de quelques heures. On recueille ce produit, on le
lave à l'éther et on le fait cristalliser dans l'alcool bouillant. Fines aiguilles fondant
à i83-i84° et répondant à la formule GiiRi'O-N^.Gl :
CO.GH^GO^G^H^
GH.GH2.GH.CH^Cl-h HOi\^G«lL
I I
CO 0
CO^G^H^
= GH'- -hGeiP.N^-GH — GH^GH — GH-^Gl.
I I I
GO'H GO O
G«H».NH.N = G-Gir--GH.GH2G1.
I I
CO^ — ^o
» Pojir corroborer notre manière de voir, quant à la constitution de ce nouveau
dérivé, nous l'avons préparé par une autre voie et nous nous sommes adressés à la ben-
SÉANCE DU 6 JUILLET IQoS. l5
zoyl-chloro-Y-valérolaclone obtenue il y a quelque temps par l'un de nous (^). Celte
lactone, traitée par le chlorure de diazobenzène dans les mêmes conditions que
ci-dessus, a fourni le même dérivé azoïque ou la même hydrazone fondant à 180-184°,
en même temps que de l'acide benzoïque
C^H3.C0.CH~G0
I
CH2
I +H0N«.C«H5
CH-0
GH^CI
= C«H»CO-H + G^H^NH.H = G — GH^.GH.GH-Gl.
I I
GO O
» Nous avons également répété la réaction avec l'éther mélhylique de notre céto-
lactone chlorée dérivée de l'acétonedicarbonate de méthyle et avons encore obtenu'les
mêmes aiguilles fondant à i83°-i84°.
» En substituant au chlorure de diazobenzène le chlorure de/>-diazoto-
luène, on obtient une tolylhydrazone CHV ,.„,.
' ^ ^ \NHN = C-GH-.CH.GH='C1.
I I
CO O
cristallisant en aiguilles incolores et fondant à 210''. Ce corps est très
soluble dans l'alcool bouillant.
» Nous continuons l'étude de ces composés, »
MÉDECINE. — De l'action du sérum humain sur les Trypanosomes du Nagana,
du Caderas et du Surra. Note de M. A. Laverax.
« J'ai signalé déjà l'action remarquable que le sérum humain exerce
sur le Trypanosome du Nagana, Tr. Brucei{^). J'ai continué mes recherches
sur cette question et je les ai étendues à deux autres maladies à Trypano-
somes : le Caderas et le Surra; je me propose de résumer, dans cette Note,
les résultats de mes dernières expériences (^).
(*) A. Haller, Comptes rendus, t. GXXXII, p. 1400. — Bull, Soc. chc/n., 3" série,
t. XXI, p. 564.
(^) Comptes rendus, séance du i^"" avril 1902.
(*) Nous avons montré, M. Mesnil et moi, que le Nagana, le Gaderas et le Surra
étaient trois entités morbides distinctes : Comptes rendus, 17 novembre 1902 et
22 juin 1908.
l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
)) Le sérum humain est rarement recueilli avec pureté ; aussi s'altère-t-il,
en général, au bout de quelques jours, même si l'on prend soin de le main-
tenir à la glacière. Le sérum qui a été recueilli avec pureté conserve plus
longtemps son activité que le sérum impur mais, lui aussi, il perd plus ou
moins rapidement ses propriétés. Du sérum humain très actif au début,
conservé à la glacière et resté limpide, avait perdu, au bout de i mois,
toute son activité sur le Trypanosome du Nagana.
» Pour remédier à ces difficultés, j'ai renoncé à conserver le sérum
humain à l'état liquide, je le fais dessécher dans le vide ('); lorsque je
veux injecter du sérum humain à un animal, je pèse la quantité voulue de
poudre et je la fais dissoudre dans de l'eau distillée stérilisée. Le sérum
humain desséché est aussi actif que le sérum frais et il conserve longtemps
ses propriétés ; j'ai de la poudre de sérum humain conservée dans un tube
en verre, bouché par un tampon d'ouate, à l'abri de la lumière, qui, au
bout de 6 mois, est encore très active.
» Neuf échantillons de sérum humain formant un total de 437"™' ont
fourni, après dessiccation, 42^,26 de poudre; on peut donc admettre, dans
la pratique, que o^^io de poudre correspondent à i'^'"' de sérum humain.
» Le sérum des nouveau-nés s'est montré beaucoup moins actif que
celui des adultes qui seul a été employé dans mes dernières expériences.
» 1° Action du sérum humain sur le Trypanosome du Nagana. — Si l'on injecte
sous la peau d'une souris naganée, o*^™', 5o à i*^™' de sérum humain, on constate que
les Trjpanosomes disparaissent en 24 ou 36 heures, à moins que l'infection ne soit
trop avancée au moment où le sérum est injecté.
» Pour un rat de 200s environ, une dose de 2'^'"' de sérum suffit en général pour
faire disparaître les Trypanosomes.
» 4 à 5 heures après l'injection du sérum humain les Trypanosomes présentent, dans
le sang des animaux traités, des formes d'involution, et leur nombre diminue rapide-
ment à partir de ce moment.
» Les Trjpanosomes disparaissent souvent pendant 4 à 8 jours après une injection
de sérum; ils ne reparaissent parfois, dans le sang, qu'au bout de 12, 18 et même
19 jours.
» En règle générale, la disparition des Trypanosomes n'est que temporaire; nous
avons observé cependant, M. Mesnil et moi, des cas de guérison (^).
» Chez 4 souris, la disparition des Trypanosomes, à la suite d'une ou deux injec-
tions de sérum humain, a été définitive. Deux de ces souris réinoculées de Nagana,
(*) Ce mode de conservation des sérums utilisés en thérapeutique est aujourd'hui
bien connu.
(2) Annales de l'Institut Pasteur, t. XVI, novembre 1902, p. 800.
SÉANCE DU 6 JUTLÎ,ET ipoS. 17
après guérison, se sont infectées de nouveau ; l'atteinte légère de Nagana qu'elles
avaient subie n'avait donc pas suffi à leur donner l'immunité.
» En repétant les injections de sérum humain, on peut, dans tous les cas, prolonger
de beaucoup la vie des animaux.
» 2° Action du sérum humain sur le Trypanosome du Caderas. — Le sérum
humain est aussi actif contre le Caderas que contre le Nagana.
» Lorsque, à une souris de 20^ environ, ayant des Trypanosomes du Caderas rares
ou même assez nombreux dans le sang, on inocule o*^™',5o à 1"°'' de sérum humain ou
os, 10 de poudre de ce sérum en dissolution dans l'eau, on constate, au bout de 24 à
36 heures, que les Trypanosomes ont disparu. La disparition est d'autant plus rapide que
les Trypanosomes sont moins nombreux, au m.oment oii le sérum est injecté. Quand
les Trypanosomes sont très nombreux, le traitement est souvent inefficace; la mort
arrive avant que le sérum ait eu le temps d'agir.
» Les Trypanosomes disparaissent pendant 6 à 8 jours, après quoi ils reparaissent
en général, et il est nécessaire d'intervenir de nouveau. Une fois seulement, sur 10,
une souris a guéri après une injection de sérum humain.
» En pratiquant des injections successives, on prolonge beaucoup la vie des ani-
maux; les souris non traitées meurent en 6 à 8 jours, tandis que, chez les souris trai-
tées, la moyenne de la survie, après l'inoculation du Caderas, a été de 67 jours. Les
chiffres de 68 à 70 jours ont été atteints plusieurs fois; une souris a survécu i r3 jours.
Il arrive un moment où le sérum humain n'agit plus sur les hématozoaires.
» La souris qui a guéri n'avait pas l'immunité pour le Caderas; elle n'a pas résisté
à une nouvelle inoculation de sang virulent.
» Chez les rats infectés de Caderas, l'action du sérum humain est la môme que
chez les souris. Pour un rat de i5oS à 200S on injectera 2'"' de sérum ou O', 2.5 à oS, 3o
de poudre de sérum en dissolution dans l'eau.
» Le mode d'action du sérum humain sur les Trypanosomes du Caderas est le même
que sur les Trypanosomes du Nagana.
)) Si l'on examine à différentes reprises le sang d'un animai cadéré traité par le
sérum humain, on constate ce qui suit :
» I heure après l'injection de sérum les Trypanosomes ont l'aspect normal et leur
nombre n'a pas sensiblement diminué.
» 2 heures après l'injection, à côté de Trypanosomes d'aspect normal, on trouve des
formes d'involulion plus ou moins nombreuses : Trypanosomes déformés en têtards ou
en boules; le protoplasme des Trypanosomes en voie d'involution se colore mal, il finit
par disparaître et l'on ne trouve plus que les flagelles et des restes des noyaux.
» 5 heures après l'injection, le nombre des Trypanosomes a sensiblement diminué et
l'on est frappé de l'Inégalité de forme et de dimensions des Trypanosomes; les parasites
en voie d'involution sont nombreux; le type en boule est le plus commun.
» 11 n'y a pas de leucocytose marquée; certains leucocytes renferment évidemment
des débris des Trypanosomes mais la phagocytose ne s'exerce que sur des parasites
déjà profondément altérés; je n'ai jamais vu un leucocvte en train d'englober un Tr}--
panosome encore mobile.
» Dans les heures qui suivent, le nombre des Trypanosomes continue à décroître.
» 3'^ Action du sérum humain sur le Trypanosome du Surra. — L'action du sérum
C. R., igoS, 2- Semestre. (T. CXXXVII, N° 1.) -^
l8 ACADEMIE DES SCIENCES.
humain sur le Trypanosome du Surra est tout, à fait semblable à celle de ce sérum sur
les Trvpanosomes du Nagana et du Caderas. Chez une souris de i5s à 2oS infectée de
Surra, si l'on injecte i*^""" de sérum ou oS, lo de poudre de sérum, on voit disparaître
les Trypanosomes en 2^ O"^' 36 heures; au bout de 8 à 1 1 jours les Trvpanosomes repa-
raissent en général. Je dois dire que je n'ai fait encore qu'un petit nombre d'expé-
riences de traitement du Suira par le sérum humain.
» En résumé, le sérum humain injecté à des animaux atteints de
Nagana, de Surra ou de Caderas, fait disparaître temporairement, parfois
même d'une façon définitive, les Trypanosomes qui sont les agents patho-
gènes de ces maladies. Cette action du sérum humain est d'autant plus
remarquable que l'évolution naturelle de ces maladies aboutit toujours à
la mort chez les espèces animales qui ont servi à nos expériences et qu'au-
cun autre moyen de traitement n'a donné de guérisons (').
M Aucune espèce animale ne fournit un sérum ayant des propriétés
analogues à celles du sérum humain ; dans ma Note antérieure j'ai dit que
le sérum de singe était aussi peu actif contre les Trypanosomes du Nagana
quede sérum des autres Mammifères, je n'avais eu à ma disposition que
du sérum de Cercopithèque, il était intéressant de savoir si le sérum des
singes Anthropoïdes ne serait pas actif. Grâce à l'obligeance de M. Metchni-
koff nous avons pu M. Mesnil et moi faire l'expérience suivante: le sérum
d'un Chimpanzé âgé de deux ans a été inoculé, à la dose de i*"'', à deux
souris infectées de Nagana, pesant l'une 23^ l'autre i3s. Au moment de
l'injection, les Trypanosomes étaient très rares dans le sang des souris.
L'injection du sérum n'a eu aucun efft^t sur l'évolution de la maladie; les
deux souris sont mortes aussi rapidement qu'une souris témoin.
» I/action du sérum humain sur les Trypanosomes du Nagana, du
Surra et du Caderas qui ne peuvent pas se développer chez l'homme, est
intéressante au point de vue tliéorique, au point de vue de l'étude de l'im-
munité; il est possible aussi qu'en poursuivant ces recherches on arrive à
des résultats pratiques.
» Il ne peut pas être question de traiter de gros animaux infectés de
Nagana, de vSurra ou de Caderas au moyen de sérum humain, il faudrait
pour cela de trop grandes quantités de ce sérum, mais on connaît depuis
peu des maladies à Trypanosomes qui s'attaquent à l'homme.
(') L'acide arsénieux administré, à dose suffisante, aux rats ou aux souris infectés
de Nagana, de Surra ou de Caderas, fait disparaître temporairement les Trypanosomes
de la grande circulation ; il ne guérit pas.
SÉANCE DU 6 JUILLET 1903. 19
« Dutloii a décrit une fièvre irrégulière assez répandue dans certaines
régions de l'Afrique, en Gambie notamment, qui est produite par un Trvpa-
nosome et il résulte des recherches récentes de Castellani, confirmées par
Bruce, que la Maladie du sommeil, une des endémies les plus graves de
l'Afrique équatoriale, a également pour agent pathogène un Trypano-
some.
» Il y aura lieu d'étudier l'action pathogène de ces nouveaux Trypano-
somes sur les Mammifères et d'expérimenter ensuite le sérum des animaux
réfractaires dans le traitement de la Maladie de Dutton et de la Maladie du
sommeil. »
BOTANIQUE. — Remarques sur la formation du pollen chez les Asclépi adées .
Note de M. L. Guigxard.
« La formation du pollen chez les Asclépiadées a été étudiée dans ces
dernières années par plusieurs auteurs, dans le but de vérifier l'opinion
d'après laquelle les cellules-mères primordiales de l'anthère qui lui donnent
naissance, au lieu de se diviser, conformément à la règle générale, chacune
en quatre cellules poUiniques, se transformeraient au contraire directement
en grains de pollen. On sait que, dans l'ovule des Phanérogames, la cellule-
mère primordiale du sac embryonnaire se divise fréquemment, comme les
cellules-mères primordiales du pollen, en quatre cellules-filles, dont une
seule s'accroît ordinairement pour donner le sac embryonnaire. Mais, par-
fois, cette division n'a pas lieu, et le sac embryonnaire est fourni directe-
ment par la cellule-mère primordiale. Une réduction analogue dans l'onto-
genèse semblait donc pouvoir se rencontrer aussi dans le sac pollinique de
quelques plantes, et Sydney H. Vines(*), en particulier, admettait qu'elle
existe effectivement chez les Asclépiadées.
» En 1901, M. Strasbuiger (-), reprenant cette étude, remarqua
d'abord que, dans X Asclepias Cornuti, les cellules-mères primordiales sont
disposées en une assise unique qui dérive, comme à l'ordinaire, de l'assise
sous-épidermique primitive. Il observa, en outre, que, dans chacune de ces
cellules-mères, orientées et allongées dans le sens radial, la première divi-
(^) Sydney H. Vines, A sLadcnts Laxi-book of iJolany , 1895, p. 435.
(-) Strasbcrger, Einige Bemerkungen za der PoUeiibildung bel Asclepias {Ber.
d. deutsch. bot. GeseUscli., 29 juillet 1901).
20 ACADEMIE DES SCIENCES.
sion nucléaire, reconnaissable à son caractère bétérolypique, est suivie du
cloisonnement transversal de la cellule. Les deux celiules-fdles se divisent
ensuite et se cloisonnent dans la même direction, de sorte cjiie la cellule-
mère primordiale fournit quatre cellules polliniques disposées en une Ci\e
radiale. Il n'y a donc pas exception à la règle générale, au point de vue du
nombre des grains de pollen dérivés de chacune des cellules-mères. Mais,
par le mode de cloisonnement, la formation du pollen de V A se lepias est
analogue à celle que l'on connaît chez les Monocotylédones, à part les Or-
chidées (*); il n'existe qu'une différence d'importance secondaire : la dis-
position en file des cellules de pollen, surtout générale et régulière dans
la région médiane du sac pollinique.
» Presque en même temps, M. Frye(-) étudiait aussi l'origine du pollen
dans plusieurs Asckpias. Son travail était à l'impression, dit-il (^), lorsqu'il
prit connaissance de celui de M. Strasburger, dont les résultats généraux
concordaient avec les siens.
M Au commencement tle 1902, paraissait un Mémoire de M. Gager C*)
sur le même sujet. La formation des cellules-mères primordiales et leur
division, accompagnée du cloisonnement successif indiqué par M. Stras-
burger, s'y trouvent très nettement décrites et figurées. Dans un Appendice
à son Mémoire, l'auteur fait remarquer (^) qu'il n'a connu les résultats de
ce savant qu'après avoir achevé ses observations.
» Vers la fin de la même année, M. Frye('') publie, sur l'ovule des
Asclépiadées, une étude dans laquelle il commence par rappeler ses
recherches antérieures sur le pollen; il y mentionne également (^)les
obserA'ations de M. Strasburger, déjà signalées par lui dans son premier
Mémoire, ainsi que le travail de M. Gager.
(*) J'ai montré, en effet, que, chez les Orchidées, le cloisonnement ne se produit
qu'après la seconde division nucléaire, comme chez les Dicotylédones [Recherches
sur le développement de V anthère et du pollen des Orchidées (Ann. des Se. nat. :
Bot., 6« série, t. XIV, i883)].
C^) T.-C. Frye, Development of the pollen in some Asclepiadaceœ {Bot. Gazette,
nov. 1901, p. SaS).
{'') Note, p. 33o.
(*) C.-Stlart Gageu, The development of the pollinium and sperm-cells in Ascle-
pias Cornuti {Ann. of Botany, vol. XYI, mars 1902, p. 128).
(^) Page i4i •
{^) T.-C. FuYj;, A morphological study of certain Asclepiadaceœ {Bot. Gazette,
déc. 1902).
{■') Page 41 i.
SÉANCE DU 6 JUILLET KJO^. 21
)) Ce court aperçu historique était nécessaire pour les raisons suivantes :
» En effet, dans deux Notes publiées à la fin de 1902, l'une sur le pollen,
l'autre sur l'ovule des Asclépiadées ('), M. Dop paraît ignorer les travaux
dont le pollen avait été l'objet antérieurement. Il n'en est pas davantage
question dans le Mémoire plus détaillé qu'il vient de faire paraître (-). En
admettant qu'il n'en ait pas eu connaissance au moment de ia publication
de ses deux Notes préliminaires, on est d'autant plus surpris de le voir
passer sous silence, dans ce Mémoire, les recherches de MM. Frye,
Strasburgeret Gager sur le pollen, qu'il cite le travail de M. Frye sur l'ovule,
où se trouvent précisément les indications relatives aux recherches de ces
trois auteurs sur la question.
» Quant aux résultats énoncés comme nouveaux sous ce rapport par
M. Dop, ils étaient déjà connus et l'on peut même ajouter que la question
de l'origine des cellules-mères et du mode de formation du pollen dans les
Asclepias avait été résolue d'une façon beaucoup plus approfondie par les
observations antérieures.
)) Cependant, sans quitter ce sujet, il restait encore au moins une
cjuestion intéressante à élucider. On sait, en effet, que dans la tribu des
Périplocées, le pollen ne forme pas de pollinies, comme dans les autres
groupes de la famille, mais des tétrades poUiniques isolées. Celles-ci ont
été décrites et figurées, notamment par M. Schumann (■^) dans le Periploca
Preussii et V Atherandra pubescens ; les quatre grains ou cellules poUiniques
peuvent être groupés de façons diverses, parfois en une file unique, plus
souvent en une tétrade allongée comprenant deux cellules au centre et une
à chaque extrémité. Dans le Periploca grœca, M. Strasburger (^) n'a ren-
contré que cette dernière disposition.
» A ma connaissance, M. Dop paraît avoir été, cette fois, le premier à
étudier le développement des sacs poUiniques et de leur contenu dans le
(^) Paul Dop, Sur le pollen des Asclépiadées {Comptes rendus, 27 octobre 1902).
Sur le développement de l'ovule des Asclépiadées {Comptes rendus ^ 10 no-
vembre 1902).
(^) Recherches sur la structure et sur le développement de la fleur des Asclé-
piadées {Thèse présentée pour le doctorat à la Faculté des Sciences de Paris; Tou-
louse, 1908).
(*) Engler et Prantl, Die natiirlichen PflanzenfamiUen {Asclepiadaceœ, t. IV,
2« partie, p. 196 et fig. 64, V et II).
{'* ) Einige Bemerkungen, etc., p. 456.
11 ACADEMIE DES SCIENCË£.
Periploca grœca ('). Ici, l'anthère possède quatre sacs, au lien de deux
comme chez les autres Asclépadées. Chacun d'eux débute, comme à l'ordi-
naire, par la diflfériencialion d'une assise de cellules sous-épidermiques,
qui se divisent langentiellement; les cellules internes ainsi formées
deviennent les cellules-mères primordiales. Cette assise a la forme d'un
arc qui, suivant l'auteur, se courbe et rapproche progressivement ses
branches, de sorte que les cellules-mères primordiales arrivent à se toucher
et à se disposer sur deux rangs parallèles ( -).
» Une modification analogue, dit-il, a lieu aux quatre angles de l'anthère, et ainsi
s'établissent quatre sacs polliniques elliptiques par un processus qui diffère non seu-
lement de ce qui se passe chez les autres Asclépiadées, mais aussi chez la plupart des
Angiospermes. Bientôt les cellules externes, qui enveloppent les cellules-mères primor-
diales, se divisent par des cloisons radiales et tangentielles, de façon à donner nais-
sance à une masse de tissus parenchymateux enveloppant les cellules-mères. Ce cloi-
sonnement se fait sans ordre et, de plus, aucune différenciation spéciale n'apparaît
dans ce parenchyme. 11 ne renferme, en effet, ni assise nourricière nettement diffé-
renciée, ni assise intermédiaire, ni assise mécanique (^). Les cellules-mères primor-
diales s'isolent les unes des autres, puis se divisent chacune en quatre cellules-filles.
Je n'ai pas pu suivre en détail ce cloisonnement, mais j'ai tout lieu de penser que les
deux cloisons se forment successivement comme dans les autres Asclépiadées.
» Insuffisante quant au mode de formation des tétrades de pollen, puisque
l'auteur n'a pas réussi à l'observer, celte description est complètement
inexacte relativement à la disposition des cellules-mères primordiales et à
la structure de la paroi du sac pollinique.
)) J'ai constaté, en effet, que l'arc formé, aux quatre angles de l'anthère,
par l'assise des cellules-mères primordiales ne s'incurve pas en rappro-
chant ses branches de façon que ces cellules arrivent à se toucher et à
se placer sur deux rangées parallèles; au contraire, l'arc reste toujours
très ouvert, comme chez les autres Asclépiadées et les cellules-mères dont
il se compose conservent leur disposition primitive en une seule assise
presque toujours régulière.
» Après la première bipartition tangentielle qui se produit dans l'assise
sous-épidermique primitive et donne en dedans les cellules-mères primor-
diales, en dehors une nouvelle assise, celle-ci se divise en direction cen-
( ^ ) Thèse de doctorat^ p. 84-
(2) Page 84, figures 33-34.
(*) Ces mots sont mis en italique par l'auteur lui-même.
SÉANCE DU 6 JUILLET igoS. 23
triftige pnr deux cloisonnements tangentiels successifs. Des trois nouvelles
assises ainsi formées, la plus interne deviendra l'assise nourricière, la
médiane l'assise intermédiaire, l'externe l'assise mécanique.
)) Les cellules de l'assise nourricière s'allongent rapidement dans le
sens radial en divisant leur noyau primitif en deux nouveaux noyaux qui
restent libres dans le cytoplasme : caractère bien connu pour les éléments
de l'assise nourricière chez un grand nombre de plantes. Parfois aussi une
cloison transversale vient séparer les deux noyaux. L'assise nourricière se
distingue également d'une façon très nette du reste de la paroi du sac pol-
linique par l'abondance de son protoplasme et la manière dont elle se com-
porte au contact des réactifs. Sur la face interne du sac, dans la concavité
de l'arc des cellules-mères primordiales, elle se continue par des cellules
qui sont moins allongées et deviennent presque isodiamélriques ; elles se
disposent au centre de la cavité en un groupe assez épais, que les réactifs
permettent cependant de délimiter facilement par rapport au parenchyme
adjacent.
)) Les cellules-mères primordiales, allongées radialement comme les
cellules nourricières recouvrant la face convexe de l'arc, présentent dans
le jeune âge une certaine ressemblance avec ces dernières ; mais, à défaut
de leur aspect général, leur novau unique et plus gros suffirait à lui seul à
les en distinguer. Les deux sacspolliniques situés du côté externe de l'an-
thère sont un peu plus larges que les deux autres sacs voisins de la face
interne ; dans leur plus grande largeur, ils montrent, sur la coupe trans-
versale, un arc d'une quinzaine de cellules-mères elliptiques allongées,
bien caractérisées par rapporta celles de l'assise nourricière. Il est étrange
que M. Dop n'ait pas réussi à les en distinguer et qu'il ait pu croire à l'ab-
sence d'assise nourricière, confondant ainsi, sans doute en raison de leur
grand développement, les cellules de celte assise avec les cellule-mères pri-
mordiales elles-mêmes.
» L'assise située immédiatement sous l'épiderme de la paroi externe du
sac agrandit ses cellules d'assez bonne heure. Assez longtemps après la for-
mation des tétrades polliniques et vers la fin de la résorption de l'assise
nourricière, elle commence à montrer, sur les parois internes et latérales
de ses cellules, des épaississements caractéristiques qui la transforment en
assise mécanique. Sur la face dorsale de l'anthère, la lignification n'occupe
guère que la paroi même des deux sacs polliniques externes; mais, sur la
face ventrale, elle finit par s'étendre sans interruption entre les deux sacs
internes. Et pourtant M. Dop ne Fa pas aperçue!
24 ACADEMIE DES SCIENCES.
» L'assise intermédiaire, beaucoup plus mince, et située au-dessous de
la précédente, au contact de l'assise nourricière, lignifie aussi par endroits
ses membranes cellulaires; elle ne paraît pas jouer un rôle bien important
dans la déliiscence des sacs polliniques.
» Enfin, contrairement à l'opinion de M. Dop, les cellules-mères pri-
mordiales ne s'isolent pas les unes des autres au moment de la formation
des tétrades polliniques; leur séparation n'a lieu que plus tard. En outre,
l'étude de leur division m'a montré que le fuseau nucléaire de la premièi e
bipartition se place en général parallèlement au grand axe de la cellule,
comme chez les autres Asclépiadées; mais cette division n'est pas suivie de
la formation d'une cloison transversale; les deux noyaux frères se reconsti-
tuent comme à l'ordinaire et ne tardent pas à se diviser à leur tour dans des di-
rections variables. C'est seulement après la seconde bipartition nucléaire
que le cloisonnement apparaît et délimite les quatre cellules polliniques.
La tétrade, de forme allongée, présente ordinairement deux cellules au
centre et une à chaque extrémité; parfois aussi, les cellules sont groupées
en tétraèdre, mais très rarement en file.
)) Parce mode de formation des tétrades polliniques, le Periploca diffère
donc des Asclépiadées appartenant à d'autres tribus; il ressemble aux
autres Dicotylédones (' ) et aux Orchidées. Cette question méritait, je crois,
d'être définitivement résolue. »
TOPOGRAPHIE ET AÉROSTATION. — Sur lin moyen rapide d'obtenir le plan
d'un terrain en pays de plaines, d'après une vue photographique prise en
ballon. Note de M. Laussedat.
« On emploie, depuis assez longtemps déjà, des photographies de
paysages prises en ballon, ou même à l'aide de cerfs-volants, pour opérer
la reconnaissance du terrain à distance; mais, pour reconstituer le plan
d'après ces vues aériennes, il faut exécuter des constructions graphiques
longues et laborieuses.
(') Dans sa monographie des Apocvnées {Natilr. PJlanzenfam., t. IV, 2,
p. ii3), M. Scliumann fait remarquer qu'il est assez surprenant que dans celte famille,
pourtant si voisine des Asclépiadées, on ne rencontre un pollen en tétrade que dans
le g. Condylocarpm.
Cette exception n'est pas la seule, car j'ai eu l'occasion de constater la présence de
tétrades dans le g. Apocrnum.
SÉANCE DU 6 JUIT.LET 190,3. 23
» Dans les pays de pbiines ou peu' accidentes, en dirigeant verticale-
ment l'axe optique de l'appareil, on a toutefois obtenu immédiatement
le plan de la partie du terrain venue sur la plaque. Cette expérience a été
faite à plusieurs reprises, et l'on peut citer comme l'une des plus remar-
quables celle qui a été effectuée, dès juin 1 885, par MM. Gaston Tissan-
dier etDucom, d'un ballon monté, à son passage au-dessus de la pointe
de l'île Saint-Louis, à 600™ de hauteur.
» Seulement la surface ainsi relevée est toujours nécessairement d'assez
médiocre étendue, à moins de donner au ballon une grande hauteur, ce
qui finirait par trop réduire les détails de l'image.
» D'ailleurs, on n'est pas toujours en état d'amener le ballon exacte-
ment au-dessus de la région que l'on veut explorer. Il est donc indispen-
sable, dans la plupart des cas, de recourir à des vues prises avec un appa-
reil dont l'axe optique a été dirigé obliquement. Il est aisé de voir que,
pour la même hauteur du ballon, à mesure que l'obliquité augmente, la
pyramide quadrangulaire, opposée par le sommet à celle qui est déter-
minée par le centre optique de l'objectif et les rayons lumineux aboutis-
sant aux quatre angles de la plaque, découpe sur le terrain un trapèze qui
s'élargit rapidement.
» Dans le cas où l'axe est vertical, et où, par conséquent, les limites du
terrain embrassé ont la même forme que la plaque, rectangulaire ou
exceptionnellement carrée, l'échelle du plan obtenu sur la plaque se
trouve immédiatement déterminée par le rapport de la distance focale de
l'objectif à la hauteur du ballon. Il en pourra être de même dans le cas
d'une vue oblique, après sa transformation en plan, comme nous allons le
voir.
» Pour fixer les idées, nous prendrons un exemple. Supposons le
ballon élevé à une hauteur de 5oo™ au-dessus du sol, la distance focale de
l'objectif de o'", i5, la plaque du format de i3^'"X 18^°^ (ce qui donne un
champ angulaire de 62" dans le sens de la largeur) et l'axe optique incliné
de ^0° au-dessous de l'horizon ou, si l'on veut, relevé de 60^ par rapport
à la direction verticale qui lui aurait d'abord été donnée.
)) Dans ce premier^cas, avec une plaque exceptionnellement carrée de
iS^'^X i8°™, l'échelle étant alors de -"^^-^ ou de :j^, la surface correspon-
dante du terrain serait de 36*^*.
» Dans le second cas, le trapèze qui circonscrirait le terrain relevé cor-
C. K., 1903, 2" Semestre. (T. CXXXVIl, N° 1.) 4
26 ACADÉMIE DES SCIENCES.
res[3ondrait à une surCace de 4^0'^'' environ, et la disLance des points les
plus éloignés de la projection du ballon atteindrait 3*^™.
)) En employant le procédé graphique de transforma lion, les construc-
tions réussissent encore très bien, en pareil cas; nous en avons fait l'expé-
rience sur plusieiu's vues photographiques prises de 4oo™ à 600'" de hauteur
avec un objectif d'une distance focale de 0'°, 18 et une inclinaison de l'axe
voisine de 3o°; mais le moyen optique immédiat que nous cherchons à lui
substituer ne serait peut-être pas satisfaisant jusqu'à l'extrême limite de 3^™
de distance.
» Nous sommes, au contraire, autorisé à croire qu'en inclinant l'axe de
l'appareil a 35*^, la transformation optique dont nous allons indiquer le
principe s'opérerait bien, c'èst-à-dire donnerait les images nettes d'un bout
à l'autre; seulement la distance des points relevés les plus éloignés serait
réduite à 2''''",5, et la surface du terrain embrassée ne serait plus que de
25o^'* environ.
» Pour faire d'un seul coup, d'une station aérienne, le panorama entier
du terrain, on a construit (en Russie notamment) des appareils, destinés à
être suspendus au-dessous d'un ballon, qui se composent de six chambres
noires réparties sur les milieux des côtés d'un hexagone régulier en char-
pente, enfin d'une septième qui occupe le centre de cet hexagone et dont
l'axe est vertical ( * ).
-» La station étant toujours supposée à la hauteur de 5oo'", en inclinant
les axes des six autres à 35°, la surface totale embrassée serait encore,
dans ce cas, de iSoo*^^ au moins.
)) En faisant varier les données du problème, on trouv^erait des résultats
entre lesquels on |)ourrait choisu', selon les circonstances. Celles que nous
avons adoptées dans l'exemple précédent, et dont il conviendra générale-
ment de ne pas trop s'écarter, répondent à des conditions qu'après la com-
paraison de nombreuses épreuves prises avec des objectifs dont la distance
focale avait varié de o"", 10 à o'",36, à des hauteurs comprises entre loo*"
et 2000"*, nous considérons comme les plus favorables pour atteindre le
but proposé.
» Ce but, nous l'avons dit, est d'obtenir la transformation en plan
d'une vue du terrain prise d'une station aérienne optiquemenl et sans opé-
ration graphique.
(') Pour donner inimédialemenl Je plan d'un espace non atteint par les secteurs
trapézoïdaux qu'embrassent les chambres à axes inclinés.
SÉANCE DU 6 JUILLET I9o3. 27
» La solution suivante est déduite du principe de la photographie sans
objectif dont la théorie a été si bien étabhe par M. le Commandant Colson.
» Les figures i et 2 sont destinées à facililer l'intelligence de cette
solution.
Fi g. I.
Echelle -V 5^*3K''2S
F^âKi'SS
» La première représente le plan horizontal mené par le point P, situé
sur l'axe optique de l'objectif O de la chambre noire dont on se sert pour
Fig. 2.
prendre les vues, dirigé verticalement et tel que OP, = OP distance focale
de cet objectif, O et P étant rabattus sur le plan horizontal.
)) La chambre noire étant supposée conserver une orientation constante,
les inclinaisons successives de son axe optique de3o", 35° et 45*^ au-dessous
de l'horizon déterminent, sur la trace du plan vertical décrit par cet axe,
28 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les distances correspondantes de ses rencontres avec le terrain au point P,
qui marque la projection de la station sur le plan horizontal.
M Si l'on considère les arêtes de la pyramide quadrangulaire aboutissant
aux angles de la plaque, pendant la rotation de la chambre noire autour
d'un axe horizontal que l'on peut toujours supposer passer par le centre
optique de l'objectif, à cause de la grande hauteur de la station, on voit
que les arêtes décriront" un cône droit à deux nappes dont l'axe se con-
fondra avec l'axe de rotation et qui sera coupé par le pian horizontal sui-
vant les deux branches d'hyperbole tracées sur la figure. C'est à ces hyper-
boles que s'arrêteront, pour chaque position de l'axe optique, les traces
des faces de la pyramide, qui correspondent à la largeur de la plaque.
» Les trapèzes résultant pour les inclinaisons de So**, de 35° et de 45"
de l'axe optique sont indiqués sur la figure, et, en tenant compte de
l'échelle qui est ici de ^^ X :|^, on y peut mesurer toutes les distances à
la station P< et les surfaces des différents trapèzes que l'on trouve être de
45o''=*, 230'''' et enfin 100'''' seulement pour l'inclinaison de 4^°.
» Le trapèze correspondant à l'inclinaison de 3^° est seul représenté
en lignes pleines sur la figure. Un autre trapèze CDEF, ayant pour bases la
plus grande de celles qui correspondent à l'inclinaison de 3o°EF et la plus
petite de celles qui correspondent à l'inclinaison de 45*" j)rolongée jusqu'aux
bords latéraux de la plaque en C et en D, s'appuie à ce qui reste de cette
plaque (ABCD)et forme ainsi le fond ABCDËF de la boite destinée à servir
de chambre noire sans objectif pour la transformation des épreuves obte-
nues en ballon avec la première.
» Cette boîte est représentée sur la figure 2; à sa partie supérieure, à
gauche, et un peu au-dessous d'une échancrure pratiquée dans le couvercle,
en O, est placée une lame mince métallique percée d'un très petit trou qui
remplace l'objectif. Cette échancrure est bordée d'une platine rectangu-
laire à laquelle est fixée l'une des extrémités d'un soufflet dont l'autre est
à la petite base d'une seconde chambre mobile en forme de pyramide tron-
quée à la grande base de laquelle on peut disposer l'épreuve à tr.msformer.
Il va sans dire que le sommet de la pyramide doit se confondre rigoureu-
sement avec le centre du petit trou pratiqué dans la lame mince dont la
surface restera parallèle aux bases de la pyramide, c'est-à-dire au plan de
f épreuve.
» Pour cela, cette lame mince suit les mouvements de la boîte pyrami-
SÉANCE DU 6 JUILLET igoS. 29
dale qui sont réglés par la rotation de deux armatures métalliques accro-
chées par l'une de leurs extrémités aux deux côtés opposés de la grande
base, dans le sens delà largeur, et, de l'autre, aux flancs de la boîte fixe,
oïl elles sont engagées sur deux pivots qui se prolongent à l'intérieur jusqu'à
la rencontre de la lame mince qu'ils soutiennent, leur axe géométrique
commun passant par le centre du petit trou pratiqué dans cette lame que
M. le Commandant Colson désigne sous le nom de sténopé.
» L'inclinaison du plan de l'épreuve, ou plutôt celle de l'axe optique qui
a servi à l'obtenir et qui doit passer par le centre du trou du sténopé, est
mesurée sur l'arc d'un secteur divise, fixé à la grande chambre, le long du-
quel se meut un vernier porté par l'une des armatures qui entraînent la
petite chambre pyramidale.
M II ne nous semble pas nécessaire d'entrer ici dans d'autres détails.
» Il est aisé de voir, en effet, que, si l'on place sur le fond de la grande
chambre une pellicule sensible (les dimensions du support à employer
excluant en général l'emploi du verre), l'épreuve à reproduire ayant reçu
l'inclinaison convenable et étant exposée à la lumière, on obtiendra sur la
pellicule le plan cherché.
» Il y aurait peut-être lieu d'examiner le cas où l'épreuve contiendra des
images d'édifices plus ou moins nombreux, d'arbres et surtout de bois ou
de forêts se projetant obliquement et dont la saillie n'est pas négligeable,
mais l'expérience nous a appris qu'en exceptant les grandes agglomérations
(villes ou villages étendus), les plans construits d'après des vues aériennes
prises en pays de plaines ou peu accidentés pouvaient être comparés aux
meilleurs plans levés par les méthodes dites régulières, et il en serait sûre-
ment de même avec les°plans restitués immédiatement par le procédé qui
vient d'être indiqué.
» Avec les données que nous avons supposées, les dimensions de la
grande chambre noire seraient extérieurement de i'" environ, de o'°,95 de
largeur à l'une de ses extrémités et de o*", 20 à l'autre extrémité. En suppri-
mant l'inclinaison de l'axe optique de o™,3o et en partant de celle de 35",
pour la même distance focale de o™,i5 et la même largeur de plaque
de o™,i8, la longueur de la boîte serait réduite ào'",8o et sa grande largeur
à o'^,72, la petite restant de o'", 20 et la hauteur étant, dans les deux cas,
deo'",i7 ^^ o'^.iS.
» Il n'y a pas lieu, d'ailleurs, de trop se préoccuper des dimensions de
cette sorte de caisse qui peut être improvisée partout et la petite chambre
noire destinée à recevoir l'épreuve à transformer avec ses armatures, son
3o ACADÉMIE DES SCIENCES.
cadran divisé et le sténopé ap()roprié ont seuls besoin d'être très bien
construits et adîiptés avec soin à la grande. Au surplus, l'expérience mon-
trera le parti que l'on peut tirer de cette disposition et les modifications
qu'il y aurait lieu d'v apporter dans la pratique. »
MEMOIRES PRESENTES.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE, — Expériences sur la résistance de Vair.
Mémoire de M. G. Eiffel, présenté par M. Mascart (Extrait par l'auteur).
(Commissaires : MM. Maurice Lévy, Sebert.)
« Les nombreuses expériences fiiites pour déterminer la résistance
qu'oppose l'air à une surface en mouvement conduisent à des résultats
très discordants. L'incertitude augmente encore quand, an lieu d'une lame
mince frappée normalement, on considère un corps solide concave ou
convexe, dont les parois plus ou moins évidées sont en partie protégées
par les voisines.
)) Comme cette résistance peut être assimilée à la pression du vent sur
une surface immobile, au moins pour un vent régulier et sans à-coups, sa
détermination présente un grand intérêt pratique. Il est nécessaire de la
connaître soit pour utiliser le vent, soit pour calculer la pression exercée
sur les grandes constructions, où l'effet du vent est souvent égal ou supé-
rieur, pour beaucoup de parties, à Teffet des charges et des surcharges.
)) Il paraît bien démontré que, pour une action normale, la pression est
proportionnelle au carré V- de la vitesse, au moins jusqu'à 5o"' par seconde.
Si l'on admet qu'elle est aussi proportionnelle à la surface S, on peut la
représenter par KSV-, le coefficient R désignant la pression par mètre
carré à la vitesse d'un mètre par seconde.
)) On admet généralement R =: 0''% i25, mais on sait que les résultats
ainsi obtenus sont très exagérés.
» Dans les expériences anglaises on avait évalué la vitesse par les indi-
cations d'un anémomètre Robinson comparé à l'étalon de Rew, en adop-
tant pour cet instrument le facteur 3, mais les recherches de M. Dines ont
montré que ce facteur doit être ramené à 2,20. D'autre part, M. Langley
trouve la valeur R = o, 08, qui réduit les effets d'un tiers.
» On réalise généralement la vitesse à l'aide d'un manège. Il est bien
SÉANCE DU G JUILLET igo3. 3l
difficile alors de ct)rriger les effets dus à la réaction centrifuge, aux entraî-
nements d air et aux courants secondaires. Quand on utilise les trains de
chemin de fer, le passage de cette masse développe des remous considé-
rables qui influent beaucoup sur les résultats.
» Le mouvement rectiligne de la plaque, isolée autant que possible dans
l'espace, écarte ces inconvénients. C'est ainsi que MM. Cailletet et Colar-
deau ont opéré en observant la chute d'un corps léger tombant du
deuxième étage de la Tour Eiffel et relié à un tambour supérieur où se fait
l'enregistrement. On déterminait la vitesse à partir du moment où le mou-
vement devenait uniforme.
» L'appareil qui uous a sei-vi est relativement très lourd, 120*^0 environ. 11 tombe en
chute libre, à peu près comme dans le vide, guidé seulement par un câble vertical, et
porte les organes d'enregistrement, savoir :
» I" Un galet roulant sur le câble et entraînant un tambour enregistreur;
)) 2° Un diapason qui inscrit le temps;
» 3" La plaque d'essai portée par des ressorts tarés et reliés à une plume qui inscrit
la pression sur le tambour,
)) On élimine ainsi l'influence des frottements et de toutes les causes qui retardent
la chute, puisque la vitesse réelle est donnée par l'enregistreur.
» Avec une chute de 90"% la vitesse atteignait 4o'" par seconde et la pression iS'^s
environ.
» Pour éviter la rupture de l'appareil à fin de course, le câble augmente de diamètre
à la hauteur de 20'" au-dessus du sol et détermine, par l'intermédiaire de puissants
ressorts, un freinage énergique qui ralentit la chute et arrête le mobile après un par-
cours d'environ lô™.
» Si l'on avait pu éviter tout glissement entre le galet et le câble, la courbe inscrite
aurait permis de déterminer la pression en fonction de la vitesse sur toute la trajec-
toire. A cause des glissements, nous n'avons retenu que les résultats obtenus pour la
chute totale de 90"^ et de 45".
» Les premiéi'es expériences ont eu pour objet l'étude de l'appareil et son applica-
tion aux cas les plus simples : plaques minces, rondes, carrées ou rectangulaires,
frappées normalement.
» Les moyennes de toutes les expériences, exécutées en janvier 1900 à la Tour Eilîel,
ont donné :
Surfaces
relatives.
Plaques rondes.
Plaques
cai'rées.
Plaques reclang
ulaircs,
Diani. K.
Côté.
K.
Côtés.
K.
Petites plaques . . .
I
0,21 0,045
0,19
o,o48
»
»
Moyennes plaques
2
o,3o o,o54
0,27
0,057
»
»
Grandes plaques . .
4
0,42 0,061
o,38
0,064
0,
53 X O;
>27
0,067
» Il en résulte les conséquences suivantes :
» 1° Le coeJJicietUY^ croit avec la sur/ace, au moins dans la limite de nos
6l ACADEMIE DES SCIENCES.
expériences. Ce fait a donné iieu jusqu'à présent à des opinions contradic-
toires.
» 2° A surface égale, le coefficient augmente ai>ec le périmètre p. M. Hagen
avait déjà indiqué ce résultat.
M Nos expériences se représentent très exactement par la formule
K =r O, o3'-> H- O, 02 2 p.
)) La valeur moyenne o,o54, applicable à une plaque ronde de o'",3ode
diamètre pour un vent de 4o™ pai" seconde, est plus faible que toutes celles
qui ont été obtenues jusqu'à présent.
» Pour une plaque carrée de o'"', 10 de surface, notre formule conduit
à K = 0,06, c'est-à-dire la moitié de la valeur 0,1 25 en usage.
)) I.e coefficient de D'Aubuisson est 0,1 13; la formule de M. Hagen
donne o,o85. Le coefficient de M. Dines est o,o85; celui de M. Langley,
0,08, et celui de MM. Cailletet et Golardeau, 0,07.
» Nous avons l'intention de continuer ces recherches, en apportant
diverses modifications à l'appareil et en étendant les expériences à des sur-
faces plus grandes, de contours variés, à des plans inclinés et à des formes
différentes. »
M. E. Fraichet adresse un Mémoire portant pour titre ; « Nouvelle
méthode d'essai des métaux magnétiques ».
(Commissaires précédemment nommés : MM. Maurice Lévy, Sarrau,
Potier.)
M. H. Arnaud adresse un Mémoire intitulé : « Etude sur quelques Rosa-
cées, ou plantes prétendues telles ».
(Renvoi à la Section de Botanique.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, un opuscule de M. C/i. Lallemand, intitulé : « Volcans
et tremblements de terre, leurs relations avec la figure du globe ». (Extrait
du Bulletin de la Société astronomique de France, mai iQOj). (Présenté par
M. Darboux.)
SÉANCE DU 6 JUILLET igoS. 33
ASTRONOMIE. — Perturbations séculaires d' importance secondaire.
Note de M. Jean Mascart, présentée par M. Lœwv.
« Parmi toutes les perturbations des divers ordres que Jupiter peut faire
subir à une petite planète, il nous paraît intéressant de séparer la partie
qui dépend exclusivement des cosinus des multiples de l'élongation de la
planète : le groupement rationnel de nos calculs se prête aisément à cette
connaissance et nous avons pu indiquer les valeurs des coefficients M (*)
des termes en question. La connaissance de ces coefficients permet de con-
struire, en coordonnées polaires, la trajectoire relative de la planète : ces
trajectoires ont des formes très variées suivant la région de l'anneau qui se
trouve intéressée, et leurs déformations successives permettent de suivre
la valeur d'une perturbation bien définie, d'un à l'autre bord de l'anneau
des astéroïdes (-).
» Jusqu'ici les perturbations que nous calculons représentent, en
quelque sorte, une partie résiduelle : étant indépendantes de l'excentri-
cité, cela revient à dire que, par liypothèse, la petite planète possédait
originellement une orbite circulaire. Néanmoins nous avons montré l'im-
portance de ces déterminations numériques pour le calcul des orbites, la
construction d'éphémérides, et surtout leurs corrections; en effet, ces per-
turbations sont assez considérables pour qu'il soit impossible d'identifier le
mouvement final de la planète avec un mouvement elliptique, fut-il
approximatif: même sans se placer dans des cas extrêmes, le rayon vec-
teur d'une planète peut fréquemment éprouver, du fait de ces termes
seuls, des modifications rapides susceptibles d'atteindre le centième de sa
valeur, réagissant dans la même proportion sur l'axe ou sur l'excentricité.
» Et, en se bornant ainsi aux termes indépendants de l'excentricité, nos
recherches théoriques ont déjà une conséquence pratique : l'éphéméride
d'une planète peut être en défaut, soit par suite d'une mauvaise orbite,
soit à cause des perturbations au moment de la nouvelle opposition. Con-
sidérons le cas d'une planète observée pendant assez longtemps, ou lors
de plusieurs oppositions, c'est-à-dire dont le moyen mouvement et l'axe
sont assez exacts : nous serons dans le second cas (voir loc. cit. la Note du
(^) Comptes rendus, i5 décembre 1902, 16 février et 2 mars 1908.
(^) Bulletin astronomique, avril 1908.
G. R., 1903, 2* Semestre. (T. CXXXVll, N" 1.)
34
ACADÉMIE DES SCIENCES.
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— 88
- 48
— 169
- 339
— 409
- 116
SÉANCE DU 6 JUILLET igoS. 35
Bull, astr.); la correction de l'éphéméride provient généralement alors de
ce que, à sa nouvelle opposition, la planète est dans une région critique,
à une élongation telle de Jupiter que son rayon vecteur éprouve de rapides
perturbations. Rien n'est plus aisé que de reconnaître si cette circonstance
se présente et, le cas échéant, d'y remédier à l'aide des termes M : la
petite variation qui en résulte pour le rayon vecteur permet de corriger
rapidement sur place l'ascension droite et la déclinaison sans autrement
toucher à l'éphéméride.
» Les termes que nous donnons à présent concernent les corrections
importantes, dans le cas où la planète n'a pas été observée pendant une
ou plusieurs oppositions intermédiaires. »
GÉOMÉTRIE. — Sur les lignes de courbure de certaines surjaces.
Note de M. E. Blutel.
« Nous avons signalé, dans deux Communications antérieures (^Comptes
rendus, t. CXXVÏII), la détermination de certaines surfaces ( S ) qui sont
caractérisées par la propriété géométrique suivante : Lorsqu'un point M
décrit une ligne de première courbure C d'une surface S, la sphère
principale de seconde courbure c' relative au point M coupe une sphère
fixe 2 sous un angle constant 9. (La sphère 2 et l'angle G varient d'ailleurs
avec la position de la ligne C.)
» Cette propriété donne naissance à d'autres propriétés également
caractéristiques des surfaces (S); nous allons en signaler quelques-unes.
» (y.). Si deux surjaces S et S^ ont même représentation sphérique de leurs
lignes de courbure, les deux développables normales à deux lignes de première
courbure correspondantes C et Cf sont homothétiques.
» Cette proposition, énoncée seulement sous forme directe dans la
seconde des Notes mentionnées plus haut, entraîne la réciproque, c'est-
à-dire que, si deux surfaces s et ^, ayant même représentation sphérique de
courbure sont telles que les deux développables engendrées par les plans
normaux à deux lignes de première courbure correspondantes quelconques
cetc^ soient homothétiques, ces deux surfaces s et s^ appartiennent à la
famille des surfaces (S).
« ((i). Soient M et m deux points correspondants de S et de sa repré-
sentation sphérique; soient P et^' les plans osculateurs en ces points à la
ligne de seconde courbure C sur S et à son image sphérique c' sur la sphère
36 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de rayon i (plans parallèles comme on sait). Les deux développables A' et l' ,
engendrées par V et p' lorsque M et m décrivent respectivement une ligne C
et son image sphérique, sont homothétiques.
» La proposition réciproque est vraie.
» Comme conséquence, les deux développables A' et A'j correspondantes
dans deux surfaces S et S, qui ont même représentation sphérique, sont
aussi homothétiques.
)) Le centre I de la sphère D et le centre de la sphère de rayon i, sur
laquelle on a pris la représentation sphérique, sont deux points homo-
logues dans l'homothétie qui fait correspondre les deux développables A'
et S'.
)) Il résulte de là que, si l'on mène par le point I une parallèle à la nor-
male en M à S, et si Ton prend son point de rencontre H avec le plan
osculateur P' relatif à ce point M, la longueur IH reste constante lorsque
M décrit C. Inversement, on pourrait de cette proposition déduire la pré-
cédente.
» En parlicuher, si la longueur IH (variable avec C en général) est
constamment nulle, les plans P' relatifs à tous les points d'une même
courbe C passent par le point I. Chaque développable A' est alors un cône.
Ce cas particulier est réalisé quand les sphères g coupent la sphère i sous
un angle droit.
» Ces propositions se modifient naturellement lorsque la sphère 1 est
remplacée par un plan II, le point I étant alors rejeté à l'infini. A la pro-
position ( p) il faut substituer la suivante :
» (y). Chaque développable S' relative à la représentation sphérique est alors
un cône.
» Mais on sait (/oc. cit.) que cette représentation sphérique particulière
convient aux surfaces à lignes de première courbure sphériques.
» La propriété (y) est donc caractéristique de l'image sphérique des sur-
faces à lignes de courbure sphériques dans un système.
» D'ailleurs, on sait aussi (ihid.) que, si une surface admet des lignes
de première courbure sphériques, on peut la regarder comme étant une
surface (S), en associant à chaque ligne C une sphère 1 quelconque prise
dans un faisceau convenablement choisi. Parmi ces sphères 1 il en existe
une pour laquelle l'angle 0 est droit, de sorte que la développable A' est
également un cône.
)) Le cas où la développable (^' est un cylindre et où, par suite, toutes les
développables A' relatives aux surfaces admettant celte représentation (T)
SÉANCE DU 6 JUILLET igoS. 3^
sont des cylindres, est évidemment contenu dans le précédent. On peut
classer ces réseaux sphériques (T) en deux catégories :
» i*^ Les courbes c du réseau sont des cercles (la développable S' est
alors évidemment une droite).
» 2'* Le réseau (T) est l'image sphérique de surfaces S à lignes de première
courbure sphériques pour lesquelles la développable A' est une droite. Ces
dernières coïncident d'ailleurs avec les surfaces signalées par Bonnet et
pour lesquelles la sphère contenant la ligne sphérique C coupe S sous un
angle droit. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les groupes de Mathieu. Note
de M. DE Sêguier, présentée par M. C. Jordan.
« En poursuivant l'analyse indiquée dans une Note précédente
(^Comptes rendus, avril 1902), je suis arrivé aux propositions suivantes
qui complètent certains résultats partiels obtenus depuis peu par M. Fro-
benius (Sitz. Akad. BerL, avril 1902).
» Soient C un champ de Galois d'ordre t, =: p"^ (yo premier) ; i une
racine primitive de C; X^{-) (^divisant - — i) le groupe d'ordre T.q
formé des substitutions (a^z 4- p) (^gq = t: — i) où a, p parcourent C sauf
que a. est ^o; s^{i,r,) le groupe d'ordre -(77- — i) des substitutions
i^_ — ^ha, p, y, S, ^ parcourant C et 00 sauf que aS — [3y est ^o;
0(2,77) d'ordre ^~(^~- — \) le diviseur de <_ où ac) — ^y^i; U(2,77)
d'ordre 77(7:^ — i) le groupe des substitutions \xx h- ^y, -^x -f- SjL a, [3,
y, S, X, y parcourant C sauf que aS — Py^i.
» Les équations de =-^(77) peuvent s'écrire a*=è/j=i, b^bi^= bi^b/^,
a-'b^a = bi,h [/i,k=i,i,..., i'"-' ; si i? = 2;-' ap, i\ b,, = wr' b'^y ; b^, re-
présente (2 4- «P)].
» Les équations de A.^_^ (-) peuvent s'écrire (Comptes rendus, Le.)
à'-^ = b' = i, bSb = a^bS, 1-^ = 1- i\ n = ^ — (: + ^ (77 - i) (mod. 77-1)
si/?> 2, 7]EE^^ — *C (mod. 77— i)si/? = 2;^ parcourt une série de valeurs
(mod. TC — i) telles que les équations répondant aux valeurs restantes
résultent du système.
» 1. Si dans un groupe transitif (J de degré 77 -t- i le diviseur fixant un
symbole est 0,^(77), il faut que q suit égal à 77 — i ou à :^ (77 — i) ou que
l'on ait 77 = 2'* — I =/>, avec q = i ou n (n premier impair).
,) Si ^ = 77 — I, 0' est nécessairement ^(2, 77). Cette proposition a été
38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
établie récemment par M. Miller (^Comptes rendus, février igoS). Mais la
démonstration actuelle fournit les équations de 4^, qui s'écrivent en adjoi-
gnant à celles de Jl.7r_, (r) prises sous la seconde forme
c^ = {caf =. {cby = i
(^cî. Journal de Mathématiques, 1902, p. 267).
» Si ^ = ^(r: — i), Q est nécessairement 13(2, tt), sauf si 71: = y, auquel
cas il y a un seul autre type \'^(7). Les équations de t)(2, 7:) s'écrivent en
adjoignant à celles de X7r_, (77) les suivantes, cbi-tc = b_i9ca^b^i<i, p par-
courant une série de valeurs mod. (t: — i) telles que les équations répon-
dant aux valeurs restantes résultent du système.
» Si TC = 2" — [ = /? et ^ = I , Ç coïncide avec cll<>^( 2"). Si t: = 2" — i = />
el q ■= n, Q Si une forme unique '^{p), sauf si p ^= j, auquel cas (j" peut
encore être '0(2, 7). "^(p) est un groupe résoluble contenant normalement
Jl,,(2") dont il divise Tholomorphe et a pour équations celles de Xp(i'^)
(prises sous la première ou la seconde forme) jointes à c^=i, cac = a'%
cb = bc(b =^ b^).
» 2. Dans aucun groupe transitif 5e de degré tu -f- 2 le diviseur fixant un
symbole ne peut être 10(2, x) ni 4^(2, tt). Si ce diviseur est '<^(p), JC est
nécessairement le groupe des automorphismes de 4^(2, 2") et ses équations
s'écrivent en adjoignant à celles de 4^(2, 2"), d'^ = i, d~*ad = a^ , db = bd^
de = cd.
» 3. Un groupe d'ordre 7c(7û^ — i) dont un des groupes facteurs
est 13(2,77) n'a que trois formes possibles : 4^(2, 77); le produit direct
de '0(2, 7:) par un groupe d'ordre 2; U(2, 77) qui est défini par les équa-
TT— 1
tions de t)(2, 77) où l'on remplace a ^ =1 par a ^ z=z d ^X. auxquelles on
adjoint r/- = i , dbf^ = bl^d^ de =■ cd.
)) 4. Ainsi se trouve établi, indépendamment de la théorie des carac-
tères, ce théorème de M. Frobenius, que les seuls groupes de degré p,
ayant /? H- i sous-groupes d'ordre/?, sont 4^(2,5), 13(2, 5), 0(2,7),
13(2, II) (^). »
(^) Je profite de l'occasion pour signaler une inadvertance qui enlève toute valeur
à la seconde partie de ma Note du 6 octobre dernier. M. Schur a d'ailleurs publié
depuis (^Sitz. Akad. Berl., octobre 1902) une démonstration élémentaire d'un
théorème plus général de M. Frobenius.
SÉANCE DU 6 JUILLET igoS. 89
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions fondamentales de M . Poincaré
et la méthode de Neumann pour une frontière composée de polygones
curvilignes. Note de M. S. Zare.mba, présentée par M. Poincaré.
« Considérons la fonction /(:;) de la variable z définie par l'équation
suivante
» Cela posé, rapportons le plan à un système de coordonnées rectangu-
laires, désignons par r la distance de deux points {a, b) et (a?, j) et con-
venons d'appeler /^o/e/z/i'e/^ logarithmiques généralisés de simple couche et
de double couche, les fonctions déduites des potentiels logarithmiques
ordinaires de simple couche et de double couche par la substitution de la
fonction /([xr), où p. représente un nombre réel et positif, à la fonction
logr. Ces potentiels logarithmiques généralisés seront des intégrales par-
ticulières de l'équation
d"^ a à' a .,
T^. -t- 1— r — \>-'U = O,
or- ay- ^
intégrales qui, dans la théorie de cette équation, joueront le rôle des poten-
tiels logarithmiques ordinaires dans celle de l'équation
d"^ u d'- u
» Ces remarques faites, on étendra aisément la théorie que j'ai exposée
dans mon Mémoire : Sur V intégration de V équation Au + c,u = o (Journal
de Mathématiques pures et appliquées, 1902), et dont j'ai résumé les résul-
tats dans ma Note, présentée à l'Académie le 24 juin 1901, au cas de deux
variables indépendantes, quitte à y apporter de légères modifications néces-
sitées par ce fait qu'un potentiel logarithmique ordinaire de simple couche
représente une fonction harmonique qui, en général, n'est pas régulière à
l'infini. Il en est ainsi, à condition, cela va sans dire, de maintenir l'hypo-
thèse d'après laquelle l'angle formé par les normales élevées à la frontière
en deux points quelconques est intérieur au produit d'une constante finie
par la distance de ces points. Dans quelle mesure est-il possible d'étendre
les théorèmes énoncés dans ma Note du 24 juin 1901 au cas où la frontière
/|0 ACADÉMIE DES SCIENCES.
se composerait de polygones curvilignes? L'étude de cette question m'a
conduit au résultat suivant : désignons par (S) un polygone curviligne ou
un système de polygones curvilignes, frontière commune de deux, domaines
dont l'ensemble constitue tout le plan; soit (D') celui de ces domaines qui
s'étend à l'infini et (D) le second d'entre eux; convenons de compter les
angles de nos polygones curvilignes à Vintérieur du domaine (D) et soit 6 un
de ces angles; désignons par R la plus petite valeur que prend le rap-
port -| — '—-Er\ ^"^'^'^ ^"^ envisage successivement tous les angles de (S).
Supposons que R^ i, reprenons les notations de ma Note citée plus haut
et considérons un potentiel de simple couche u et un potentiel de double
couche V vérifiant les équations suivantes :
i^)rmr-
du \ f du
dw j i \f/(v
-h 2 '7,,
OÙ l'on a représenté par "X un paramètre variable et par c^ et /^o deux fonc-
tions données, définies sur (S), continues en général, mais pouvant cesser
de l'èlre, d'une certaine façon, en un nombre fini de jioinls.
» Cela posé, les théorèmes de ma Note du 24 JLun 1901 seront appli-
cables aux fonctions u ç\.v définies par les équations précédentes, mais à
condition de n'envisager que les valeurs de \ vérifiant l'inégalité I^X | <^ R.
En outre, si l'on désigne par 9 (A) la densité en A de la simple couche dont
dérive une des fonctions fondamentales de M. Poincaré et par M un des
sommets de l'un des polygones (S), le produit (p(A).AM , 011/? représente
un nombre positif inférieur à l'unité, pouvant avoir pour des fonctions fon-
damentales différentes des valeurs différentes, reste fini lorsque le point A
tend vers le point M. )>
ACOUSTIQUE. — Sur les caractéristiques des voyelles, les gammes vocaliques
et leurs intervalles. Note de M. l'abbé Rousselot, présentée par
M. Mascart.
(( Helmholtz nous a dotés d'une méthode simple et assez facile pour dé-
terminer les caratéristiques des voyelles; après avoir donné à sa bouche la
forme propre à une voyelle quelconque, il cherchait, au moyen de diapa-
sons de diverses hauteurs, à quelle note était accordée la masse d'air con-
SÉANCE DU 6 JUILLET UJoS. 4l
tenue clans la cavité. Mmïs il n'a trouvé que les caractéristiques de trois
voyelles (o, a, e); il s'est trompé pour celles de ou, i, qui ont été détermi-
nées plus tard par Kœnig. Nous connaissons donc les caractéristiques de
où, ô, â, è, i, à savoir : sV-;^.^, si\;^, si^^,,, si;^-, si]^^:
» Helmhollz a eu encore le mérite de vou' que sa méthode pourrait
servir à définir des vérités dialectales. C'est ce qui me détermina, dés 1886,
à faire construire par Kœnig un diapason à poids glissant, qui donne de
1720 à i856 V. s. Je m'en servis dans mes recherches de phonétique et je
reconnus qu'effectivement des différences de timbre très légères avaient
pour correspondantes des différences de hauteur très sensibles. De plus,
aidé par des remarques sur les variantes d'audition, j'eus la pensée que
les gammes vocaliques des diverses langues sont transposables et que Va
pourrait être pris comme diapason. Je ne pus pas alors pousser mes re-
cherches plus loin, faute d'appareils. Mais l'acquisition faite, par VlnstUut
de laryngologie et orthophonie, du grand tonomètre universel de Rœnig,
qui embrasse toute la série des sons simples, depuis ut., (32 v. s.) jusqu'à
ut, (8192) et au delà jusqu'à 180000, m'a permis de les reprendre.
» Mes premières recherches ont porté sur mes propres voyelles et, en vérifiant sur
moi-même les déterminations de Helmholtz et Kœnig, j'ai constaté que, pour ce qui
me concerne, les intervalles d octave se retrouvent entre les voyelles où (boue), 6 (beau),
d (pâte), é (fée), i (pie), comme dans les voyelles correspondantes deTAllemagne du
Nord, malgré le changement de hauteur que j'avais observé pour mon ci, soit, en rap-
prochant les notes précisées par Kœnig en vibrations simples de celles que j'ai déter-
minées moi-même ;
où. à. d. e. i-
k 448- 896 1792 3584 7168
R 456 912 1824 3648 7296
» Même résultat pour les voyelles correspondantes de l'agenais, du rouergat, de
l'anglais, du roumain que j'ai eu^'l'occasion d'étudier. Il y a donc lieu de supposer que
la hauteur de Va grave règle celle des autres voyelles et qu'il existe des systèmes
vocaliques composés de quatre octaves transposables.
» Les vovelles intermédiaires ou {bouLeille), o {or), o {botte), a {patte), à {part
dans la prononciation parisienne), è {fêle), e {leste), i {Paris) se rangèrent comme
d'elles-mêmes dans des intervalles que je jugeai d'abord très voisins de ceux de notre
gamme musicale et que je reconnus ensuite égaux à des huitièmes exacts :
L
où.
456
10
8 ■
11
8 '
))
12
8 ■
ou.
684
13_
8 '
»
14
S
1)
15
912
G. H., 1903, 2» Semestre. (T. CXXXVII, N° 1)
42 ACADÉMIE DES SCIENCES.
9 10 11 12 13 U 15
^' 8* ¥' 8 ' 8 ' 8 ■ 8 ■ 8
12
8'
13
8
o.
i368
»
è.
2-36
))
gi2 » » » i368 » i^qS » 182/j
<2. a. à. è. e. é.
1824 2o52 2280 w 2y36 » 3192 » 3648
e. i- t-
3648 » » » 5472 » » » 7296
)) Le français ne possède, on le voit, pour ses voyelles-types, que cer-
tains intervalles; mais on en trouverait d'autres si l'on relevait les diverses
variétés de timbre que produisent les combinaisons de la phrase. Et, de
fait, on a pu les observer en rouergat.
» Les voyelles mixtes eu {heure^, eu {hœuf\ eu (^bœu/s), u {fu), â (tue)
possèdent, comme leur constitution physiologique l'indique, deux carac-
téristiques et correspondent à deux des vovelles précédentes :
eu è -{- â, eu e -h o, eu e H- o,
u é -\- o, û i -\- ou.
Les voyelles nasales ont, outre leurs résonances propres, celles de cer-
taines voyelles pures dont elles se rapprochent plus ou moins :
on 1 38o, ain 2696,
an i836, eun 2704.
» J'ai vérifié la méthode par trois moyens différents :
» 1" Une série harmonique de 32 résonnateurs a confirmé pour les
voyelles roumaines les déterminations déjà obtenues;
)) 2.^ Une sirène à ondes donnant les 16 premiers harmoniques repro-
duit exactement un a dont le tracé a été soumis à l'analyse et qui a pour
harmonique le plus intense le 7" son composant. Or, la fondamentale étant
de i36,34 V. s., celui-ci est de 1660 et se trouve le plus voisin de la carac-
téristique.
» 3° Les oreilles des sourds sont privées de la faculté d'entendre cer-
tains sons qu'il est facile de déterminer par les diapasons, elles tamisent
en quelque sorte les composés sonores du langage et deviennent en pho-
nétique de véritables analyseurs au même titre que les prismes en Optique.
Or, elles perçoivent les voyelles dont les caractéristiques font partie de
SÉAN'CE DU 6 JUILLET 1903. 43
leur champ auditif et non les autres qui, ou bien ne sont pas identifiées,
ou bien se confondent avec d'autres voyelles dont les caractéristiques se
trouvent parmi les sons non interceptés. »
OPTIQUE PHYSIOLOGIQUE. — Sur une espèce d'oscillation de la perception
chromatique. Note de M. C Maltézos, présejitée par M. E.-H. Amagat.
« Dans le numéro d'avril 1902 du Journal de Physique, nous avons
publié un travail sur les phénomènes de la rétine. Un des phénomènes
étudiés alors était l'existence d'une espèce d'oscillation irrègalière du mini-
mum lumineux dans le temps. J ai depuis cherché s'il n'existe pas aussi une
oscillation dans les perceptions chromatiques.
» Pour cela, j'ai d'abord examiné dans le spectroscope un faible spectre
de bandes; je tournais la lunette de façon à observer une bande rouge
seule. Celle-ci, si son intensité est assez faible, oscille et s'efface complète-
ment, après avoir subi une faible diffusion par le contour, puis la percep-
tion de la couleur revient, la lumière s'efface de nouveau et ainsi de suite,
sans que cette bande paraisse incolore. Mais les autres bandes lumineuses,
surtout la violette, deviennent très vite incolores.
)) Pour mieux examiner l'oscillation dans les lumières colorées, nous
avons pris dans la chambre obscure une flamme de gaz d'éclairage de
dimensions minimes, ne présentant aucun point brillant. J'observais cette
flamme très faible, et qui paraît blanc bleuâtre, à tiavers des verres colo-
rés (rouge, vert et bleu).
» Outre le cas déjà connu oij l'on se trouve très loin de la flamme et
l'on ne distingue plus la couleur, et celui de la distance moyenne où la
lumière, de diffuse et presque incolore, devient nette et colorée, puis s'ei-
face et vice versa, nous avons à signaler le cas où nous nous trouvons assez
près de la flamme (5o^™) pour qu'on distingue bien sa couleur et sa forme
à travers les verres; alors la lumière, de couleur pure devient lavée, en
passant par diverses dégradations de la même couleur et enfin elle s'efface,
sans devenir avant l'effacement, incolore. Et quand la perception de la lumière
revient, elle paraît de couleur pure, après quoi elle parait se mélanger avec
du blanc. Ce cas est très intéressant. Il nous montre que la lumière colorée
peut s'effacer comme couleur sans passer par la perception incolore.
» Dans ces nouvelles observations j'ai essayé île mesurer l'intensité de
la très faible et minime flamme.
44 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Malheureusement aucun des photomètres connus ne peut servir. Seul
ie photomètre Bunsen pourrait donner une idée peu précise des phéno-
mènes. Mais nous pouvons employer comme photomètre une petite sphère,
à surface catoptrique, en la plaçant très près de la faible flamme et loin
d'une bougie allumée. Nous voyons ainsi dans le globule catoptrique deux
petites taches lumineuses de la même ïixçon que dans le photomètre de
Wheatstone.
» Tel est le photomètre simple que je propose, et qui n'est pas peut-être
très juste, mais il est d'égale justesse à celui de Wheatstoîie, et peut-
être le seul dont on peut faire usage pour une lumière très faible et de
dimensions minimes. Nous avons mesuré ainsi l'intensité de la flamme
(4o"""' de section maxima) ayant le sommet l^rillant, et nous l'avons
trouvée ésale à tti:^ de bougie. De même, l'intensité de la flamme sans
o oooo °
aucune partie brillante a été trouvée égale à -^ — de bougie. »
CHIMIE PHYSIQUE. — Conséquences de la théorie des aciers au nickel.
Note de M. Ch.-Éd. Guillaume, présentée par M. Mascart.
« La théorie des anomalies des aciers au nickel expliquée par la trans-
formation du fer de l'état a à l'état y ou inversement, plus ou moins modifiée
dans son allure, abaissée dans l'échelle des températures, affectée ou non
d'hystérèse thermique, conduit à quelques résultats intéressants.
)) 1° L'allure anormale de la variation du module d'élasticité, observée
aux températures ordinaires dans les alliages irréversibles ou réversibles,
conduit à admettre qu'il se produit, dans l'une des transformations du fer
pur, un renversement dans le sens du changement du module. Or, des deux
transformations du fer, une seule, le passage p à y, s'effectue avec une va-
riation importante du volume, et, si l'on admet que les réactions élastiques
à l'intérieur d'un solide sont une fonction des distances moléculaires, on
sera tout naturellement amené à prévoir une variation positive importante
du module dans le passage, à température ascendante, du fer p au fer y.
Certaines expériences de M. Howe, restées inexpliquées, trouvent dans
cette indication leur cause naturelle.
» 1^ La réalité de la transformation du fer permet de préciser l'expli-
cation que j'ai donnée des résultats trouvés par MAL Nagaok» et Honda
dans l'étude des variations de volume des aciers au nickel sons l'action du
SÉANCE DU 6 JUILLET I9o3. 4'>
champ magnéLique. Je rappellerai que ces variations sont jusqu'à 5o fois
plus grandes dans ces aciers que dans le fer, et que le maximum d'action
du champ se produit sur les alliages d'une teneur telle que, à la tempéra-
ture de l'expérience, ils se trouvent dans la première période de leur trans-
formation à température descendante, caractérisée à la fois par l'apparition
du magnétisme et la dilatation virtuelle, c'est-à-dire dans l'état où ils seront
le plus sensibles aux causes de modification de leur équilibre.
» Or, M. P. Curie a trouvé autrefois {Thèse, p. 90) que les courbes
représentant la susceptibilité magnétique du fer pour des champs d'inten-
sités croissantes s'écartent légèrement, sur l'axe des températures, dans la
ré-ion de la chute la plus rapide du magnétisme, c'est-à-dire vers 700^ Il
semble donc que le champ magnétique précipite la transformation qui fait
apparaître le ferro-magnétisme. Comme, dans les aciers-nickels à haute
teneur, les deux transformations se produisent simultanément, cet accrois-
sement de l'état magnétique par l'effet d'un champ intense entraîne néces-
sairement une augmentation de volume à température constante.
» On voit ainsi^ue, pour le fer isolé ou en dissolution dans du nickel,
l'état actuel dépend non seulement de la température et de la pression,
mais aussi du champ magnétique, qui devient ainsi un troisième facteur
d'action dans l'expression de la règle des phases appliquée aux aciers.
» 3« On peut se demander si d'autres alliages que les aciers-nickels
possèdent des propriétés analogues.
» D'abord, toutes les anomalies observées étant liées aux transforma-
tions du fer, on ne devra s'attendre à en rencontrer de semblables que
dans les alliages contenant une forte proportion de ce métal. On a bien en
effet, constaté des changements de même nature, toujours irréversibles,
dans les alliages du fer avec le manganèse. Mais les propriétés réversibles
anormales, telles que la faible dilatabilité, n'ont pas été observées jusqu ic.
ailleurs que dans les aciers-nickels. Or on sait, par les belles études de
M. Ch. Maiirain sur les propriétés magnétiques des couches de passage, que
le fer à l'état très disséminé n'est pas sensiblement magnétique, à moins
de se trouver sur un support constitué par un métal magnétique. Il en re-
suite que le fer très dilué dans le nickel sera magnétique ou non magnétique
en même temps que son support, c'est-à-dire qu'il prendra la température
de transformation du nickel.
,, Ainsi se trouvent levées les difficultés signalées par M. Osmond, dans
l'application de la théorie de M. L. Dumas, fondée sur l'idée, appuyée de
belles expériences, que les propriétés essentielles des aciers-nickels a
/|6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
haute teneur en nickel sont dues aux transformations de ce métal. Puisque
la transformation du nickel entraîne celle du fer, les rôles des deux trans-
formations sont nettement délimités; la première est essentielle dans la
production des phénomènes observés, mais la transformation du fer en-
gendre seule les anomalies de dilatation, d'élasticité, etc., ainsi que la
presque totalité du dégagement de chaleur.
)) Si cette théorie est exacte, les anomalies réversibles sont le résultat
nécessaire de la dissémination du fer dans un dissolvant constitué par un
métal magnétique à température de transformation plus basse que celle du
fer. Le nickel étant seul dans ce cas, les aciers au nickel sont seuls sus-
ceptibles de posséder les propriétés exceptionnelles qu'ils ont montrées à
l'expérience. »
THERMODYNAMIQUE. — Sur la diminution du potentiel pour tout changement
spontané dans un milieu de température et de pression constantes. Note de
M. Ariès, présentée par M. Mascart.
« L'objet de cetle Note est de démontrer, d'une fliçon qui nous a paru
à la fois simple et rigoureuse, la proposition suivante, qui joue un rôle
important dans la statique chimique:
» Si un système, placé dans un milieu à la température et à la pression
duquel il reste constamment soumis, vient à subir un changement spontané,
grâce à la suppression de certaines liaisons qui empêchaient ce changement,
quand un nouvel état d' équilibre sera établi, le potentiel de ce système aura
diminué.
» Ce potentiel, exprimé en fonction de la j^ression p et de la tempéra-
ture absolue T, étant représenté par H, sa variation AM doit être négative.
» Dans le changemeiit irréversible qui s'est produit, l'entropie Z de
tout l'ensemble constitué [)ar le milieu et par le svstème aura augmenté.
On doit donc avoir, ppur la variation A2 de cette entropie :
Ai>o.
» Cette variation comprend la variation AS de l'entropie du système et
la variation d'entropie du milieu, qui est -^ , AQ représentant la quantité
de chaleur dégagée dans le milieu par le système. L'inégalité précédente
devient donc
-7|^ 4- AS > o
SÉANCE DU 6 JUILLET lC)o3. 4^
OU
(i) AQ-+-TAS>o.
» Le travail effectué par le système est égal à la pression constante p, à
laquelle il reste soumis, multiplié par l'accroissement AV que subit son
volume; en sorte que, d'après le principe de conservation, la quantité AQ
obéit à la relation
(2) AQ + AU 'i-p^Y = o,
AU étant la variation d'énergie du système. Cette variation s'obtient en
ditïérentiant l'équation connue
U = H-f-TS~/jV,
dans laquelle T et p sont à considérer comme des constantes, ce qui donne
AU = AH + TAS -/;AV.
Cette valeur de AU étant transportée dans l'équation (2), il vient
AQ-h AH-+-TAS = o,
d'où l'on tire, d'après l'inégalité (i),
AH<o,
qui était l'inégalité à démontrer. «
ELECTROCHIMIE. — Aclion de Viode sur les pellicules de cuivre obtenues
par ionoplastie . Note de M. Houllevigue, présentée par M. Mascart.
« 1° Délermination de l'épaisseur des pellicules. — Le procédé que j'ai eu
l'honneur de présenter à l'Académie (') permet d'obtenir, sur verre, des
dépots réguliers de cuivre, d'épaisseur variable à volonté. Pour déterminer
celte épaisseur, j'ai eu recours au procédé optique indiqué par Fizeau pour
l'argent, et qui réussit également bien avec le cuivre.
» Dans Tapplication de cette méthode, j'ai modifié le procédé classique d'ioduration,
d'une manière qui me paraît avantageuse; le grain d'iode n'est pins déposé sur la
lame de cuivre, mais suspendu au-dessus d'elle à l'aide d'une pince placée dans un
(') Comptes rendus, t. CXXXV, p. 626.
48 ACADÉMIE DES SCIENCES.
entonnoir; on peut, en réglant la distance de l'iode à la lame, donner aux anneaux
l'épanouissement qu'on désire, en même temps qu'on évite la macule que le contact
de l'iode laisse toujours dans la tache centrale.
» Ce procédé donne rapidement le produit nz de l'épaisseur de l'iodure formé par
l'indice moyen n de cet iodure; mais comme on ne connaît ni n, ni la densité de
l'iodure, on a dû, pour en déduire l'épaisseur e de la lame de cuivre, procéder comme
suit :
» Une lamelle de verre mince de 3o""" x 4o""" était pesée avant et après métalli-
sation, ce qui donnait, à jL de milligramme, le poids p du cuivre déposé (poids
compris entre i'"î',2 et 2™s). On en déduit l'épaisseur moyenne e z=z ■-
^ ^ " 3o X 4o X 8,9
Puis, cinq groupes d'anneaux formés sur la lame de cuivre permettent d'évaluer son
épaisseur optique moyenne nz; enfin l'ioduration totale de la lame montre si la pel-
licule est assez régulière pour que ce procédé n'entraîne pas d'erreurs notables,
j) La moyenne de quatre déterminations bien concordantes a donné
12,7
)) 2.^ Épaisseur limite pour l'attaque du cuivre par Viode. — En appli-
quant le procédé décrit ci-dessus à des pellicides de plus en plus minces,
on constate qu'il ne donne plus rien pour les dépôts (l'é|)aisseur inférieure
à 40^^* environ ; toutes les tentatives pour iodurer ces couches très minces
ont échoué, et cependant leur méthode de formation, leur spectre d'ab-
sorption, leur oxvdabililé prouvent qu'elles sont bien constituées par du
cuivre métallique.
» D'autre part, un nouveau fait vient confirmer cette inaltérabilité des
pellicules très minces de cuivre ; Lorsque, après avoir produit sur une
pellicule d'épaisseur supérieure à ^o^^ une série d'anneaux colorés par
ioduratioii, on procède ensuite à l'ioduration complète du métal, on devrait
s'attendre à voir disparaître toute trace des anneaux précédents; or, il n'en
est rien ; quel que soit le procédé employé, il reste toujours, autour de la
tache centrale d' iodure, une zone complètement ou partiellement inaltérée.
» Cet effet s'interprète aisément en admettant que la couche de cuivre
très mince, laissée autour de la tache centrale d'iodure par la première
ioduration, est inférieure à l'épaisseur pour laquelle la vapeur d'iode peut
agir sur elle. Tout le reste de la lame est donc attaqué dans l'ioduration
totale, sauf la zone très étroite qui borde la tache centrale.
» Cette explication est justifiée par les remarques suivantes :
» 1° L'hyposulfite de soude en solution très étendue, qui dissout l'iodure formé,
laisse persister la trace de la première ioduration ; cette trace paraît être constituée
par du cuivre inaltéré.
SÉANCE DU 6 JUILLET 1903. 4^
» 2° Bien que l'iodure de cuivre soit très peu altérable à la lumière, on pourrait
attribuer l'effet observé à cette altération; or les phénomènes restent exactement les
mêmes lorsqu'on opère à l'obscurité.
» 3° Une lame très épaisse (S"™) de cuivre ne donne jamais lieu à la persistance
d'anneaux qu'on observe avec les lames minces.
» 4" Une condition nécessaire de la persistance des anneaux est que l'ioduration
totale ne commence que lorsque la première ioduration est totalement achevée (il
suffit de quelques secondes d'intervalle entre les deux opérations), sans quoi la
deuxième réaction n'est que le prolongement de la première, et la surface est unifor-
mément iodurée.
» 5° Sur une lame de cuivre d'épaisseur aussi uniforme que possible, j'ai formé six
systèmes d'anneaux ayant au centre les épaisseurs optiques suivantes :
Numéros
1. 2. 3. 4. 5. 6.
«£ en |X[JL ii5i 948 747 600 43o 3o6
» Le n" 1 correspondait à la transformation totale de cuivre en iodure. Puis toute
la lame a été iodurée. Après cette opération, on a pu constater que les taches 1, 2, 3
étaient nettement visibles, 4- à peine discernable, o et 6 n'avaient laissé aucune trace.
D'après cela, la couche de cuivre incapable d'être iodurée ultérieurement aurait une
' • ■ {■' • • ii5i — 600
épaisseur intérieure a = kSt^v-,
12,7
» 6° J"ai fait, sur de multiples échantillons d'épaisseurs variables, les détermi-
nations suivantes : sur une lamelle de verre cuivrée on formait, par le procédé décrit
plus haut, de lari^es anneaux d'iodure; la lame était ensuite coupée en deux par le
milieu des deux anneaux; l'une des moitiés était iodurée totalement, puis recollée à
côté de l'autre moitié ; en examinant l'ensemble des deux demi-lames dans un appareil
à projection, il était possible d'apprécier (non sans quelque incertitude) quelles
couches avaient résisté à l'ioduration totale.
» Si nt et m' sont les épaisseurs optiques correspondant à la tache centrale et au
bord extérieur de la zone qui a résisté à la deuxième ioduration, l'épaisseur maxima
j • • I . , n(z — e')
du cuivre inaltéré est a: = •
12,7
» Voici quelques résultats obtenus par cette méthode (') :
«£en|i.(jL.. i652 1876 i258 i258 i334 747
m' ii5i iiox 843 826 747 332
ce 39 22 33 34 46 32
» Les épaisseurs limites déterminées par les différents procédés qui
(') L'argent donne naissance au même phénomène : une pellicule d'argent a donné
/ ^ j. . 1927 — 1621 ,,„„
ne =r 1927, m' =. 1621, d ou x = -^-~ = 34'^'^-
C. R., 1903. 2» Semestre. {T. CXXXVII, N" 1.) 7
6o • ACADÉMIE DES SCIENCES.
viennent rl'êlre décrits sont du même ordre de grandeur qne les couches
de passage définies à l'aide de la résistance électrique, ou par d'autres
procédés. En tous cas, on peut représenter les résultats de cette étude en
disant que : La plus petite molécule de cuivre capable de réagir chimiquement
sur la vapeur d'iode a des dimensions de V ordre de 4o^^, Son poids est de
l'ordre de 5 X io~*^ milligramme. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Simplification deV analyse des silicates par V emploi
de l'acide formique. Note de M. A. Leclère, présentée par M. Ad. Carnot.
« La plupart des méthodes d'analyse des silicates sont fondées sur le fait
qu'en solution aqueuse, et dans les conditions favorables à la formation
des sels basiques, les sesquioxydes comme l'alumine, et les bioxydes comme
la silice se précipitent à l'état de sels basiques beaucoup moins solubles
que ceux des protoxydes.
» On a reconnu depuis longtemps que, dans la pratique, les séparations
obtenues sont souvent incomplètes, et les difficultés qu'elles paraissent
entraîner sont attestées par les innombrables variations des procédés en
usage. J'ai découvert que ces difficultés proviennent simplement de ce que
l'acide employé à la dissolution du silicate et à la formation des sels basiques
n'est pas approprié à cette opération. L'acide nitrique, qui est le plus géné-
ralement préféré, n'est pas lui-même tout à fait le plus convenable.
» En effet, si l'on considère un état d'équilibre momentané entre une
solution renfermant des molécules d'acide et un précipité de sel basique,
on peut prévoir que la substitution d'une molécule d'oxyde supérieur, dans
la molécule d'acide dissous, doit apporter à cet équilibre une perturbation
d'autant plus considérable que le poids moléculaire de l'aciclç dissous est
lui-même plus faible. Or l'acide nitrique, bien que d'un poids moléculaire
assez bas, ce qui justifie la préférence dont il a été l'objet jusqu'à ce jour,
n'est cependant pas le plus léger des acides connus; cette propriété carac-
téristique appartient à l'acide formique.
» J'ai dès lors vérifié, par de nombreux essais, que l'analyse des silicates
et les diverses séparations qu'elle comporte s'opèrent avec la jilus grande
facilité de la manière suivante :
» Après la fusion avec Tune quelconque des bases qui sont employées pour rendre
le silicate aUaquable aux acides, on traite la matière par une quantité convenable
d'eau bouillante dans laquelle on verse immédiatement de l'acide formique de manière
SÉANCE DU 6 JUILLET ïgoS. 5t
à obtenir finalement un liquide renfermant environ 5 pour loo d'acide Cormique libre,
et l'on maintient ce liquide à ioo° pendant deux jours.
» La silice et même l'acide litanique se précipitent' entièrement, sans passer par
l'état gélatineux, et peuvent alors être facilement séparés par filtralion. Eu neutralisant
par de l'eau ammoniacale le liquide filtré, et en le portant dé nouveau à la tempéra-
ture de l'ébuUition, on détermine la précipitation complète du fer et de l'alumine, sans
autre entraînement que celui de la base en grand excès qui a été eluplovée pour rendre
le silicate attaquable.
» La filtration est facile. La précipitation du fer à l'état de formiate est connue
depuis longtemps. J'ai constaté que celle de l'alumine s'effectue aussi, dans ces con-
ditions, avec la plus grande exactitude, et il est facile de le vérifier en opérant sim-
plement sur de l'alun de potasse dissous dans l'eau chaude et additionné successive-
ment d'acide formiqué et d'ammoniaque jusqu'à neutralisation. On précipite ainsi
toute l'alumine et l'évaporation à sec du liquide fournit toute la potasse de l'alun.
» En combinant l'emploi de l'acide formiqué à celui de l'oxyde de plomb, dont il a
déjà été question dans une Note du 2g novembre 1897, on obtient une niétliode
d'analyse qui permet de déterminer avec beaucoup de précision et de facilité tous les
éléments d'un silicate.
» Il paraît probable que l'acide formiqué est l'agent le plus important
de la séparation par laquelle les végétaux puisent dans le sol, avec exclusion
de l'alumine, les bases qui se rencontrent dans leurs cendres. Les acides
organiques d'un poids moléculaire supérieur dissolvent en effet l'alumine
avec Une facilité croissante et arrivent même à empêcher sa précipitation
par l'ammoniaque en excès. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sut les conditions de production et de stabilité de
V acide hyposulfureux . Note de M. J. Aloy, présentée par M. H. Moissan,
« liOrsque l'acide hyposulfureux est mis en liberté par l'action d'un acide
sur un hyposulfile, il se détruit aussitôt et donne lieu, ainsi que Ta montré
M. Berthelot (^), à un équilibre très complexe d'où résulte la formation
simultanée d'acide sulfureux et des acides thioniques.
» Pour déterminer la quantité d'acide hyposulfureux existant à un
moment donné, dans un tel mélange, j'ai d'abord, par un premier titrage
à l'iode, établi une relation entre les proportions des acides hyposulfureux
et sulfureux ; j'ai cherché ensuite la quantité d'acide sulfureux en dosant
l'acide sulfunque avant et après le titrage à l'iode. Cette méthode suppose
(• ) Berthelot, Annales de Chimie et de Physique, 6^ série, t. XVII, p. 5o6.
52 ACADÉMIE DES SCIENCES.
évidemment que l'iode est sans action, du moins immédiate, sur les acides
tri- et pentathioniqiies. Ce fait a été vérifié par M. Berthelot.
» Production d'acide hyposidfureiix par l'action de l'acide sulfureux sur le
soufre. — L'on peut obtenir des quantités appréciables d'acide hyposulfureux en
saturant par du gaz sulfureux une solution d'alcool à gS" tenant en suspension du
soufre neutre lavé. La présence de l'acide peut être constatée déjà après 5 minutes de
contact par la réaction de Rose à l'aide du nitrate d'argent; après i heure, j'ai trouvé
is, 8 d'acide par litre à la température de 20". La proportion d'acide est beaucoup plus
faible dans l'alcool méthylique et à peu près nulle dans l'alcool amyjique et l'éther.
» Stabilité. — Gomme terme de comparaison je me suis servi de deux solutions
S^O^Na^ (79?= 2^) et HGl (i™°'= 2'). J'ai suivi la transformation de l'acide hypo-
sulfureux résultant du mélange des deux solutions à la température de i4° environ :
Acide hyposulfureux.
h m
Après o . 5 82
Après o.i5 61,8
Après o . 3o 56
Après 2 44 > 2
» Diverses influences augmentent ou diminuent la stabilité de l'acide.
» Influence du dissolvant. — L'acide hyposulfureux est plus stable dans l'alcool
que dans l'eau. Une solution, dans l'alcool à 96°, qui contient 4^ d'acide par litre
reste limpide et ne dépose pas de soufre, même après plusieurs heures; une solution
aqueuse de même titre se trouble après quelques minutes. L'addition d'eau à la solu-
tion alcoolique produit presque immédiatement un précipité de soufre.
» La présence des sels neutres augmente aussi la stabilité de l'acide. Ainsi, en
mélangeant les deux solutions types après les avoir saturées de sel marin, j'ai trouvé :
Acide hyposulfureux.
h m
Après o . 5 83,5
Après o . 1 5 64 5 5
Après 2 47)8
» Influence de la lumière. — La lumière diff"use est sans action appréciable sur la
vitesse de décomposition de l'acide hyposulfureux, la lumière solaire l'accélère légère-
ment :
Acide hyposulfureux.
A l'obscurité à 24". Au soleil à 24°.
h m
Après O. 5 80,4 79)9
Après o. 1 5 ^9 ) 7 ^7 > 7
Après I 47 44) 2
» Influence des acides. ■ — Une solution d'acide hyposulfureux contenant 3s, 2 d'acide
par litre a été préparée par l'action de l'acide sulfurique sur la quantité théorique
d'hyposulfite de baryum. A 10*™' de cette solution j'ai ajouté i*^"' d'acide chlor-
SÉANCE DU 6 JUILLET r9o3. 53
hydrique ou des proportions équivalentes des acides sulfurique, trichloracétique et
acétique.
» Au moment où 5o pour loo de l'acide avaient disparu dans le lot normal, les pro-
portions décomposées dans les autres lots atteignaient :
Lot normal. HCl. SO^H^. CCPCO'H. CH^CO-H.
S- O^Na^ décomposé 5o 72 65 64 52
» La présence des acides favorise donc la décomposition, et ce sont les acides les
plus ionisés qui agissent le plus efficacement.
» Influence de l'acide sulfureux. — La décomposition de l'acide hyposulfureux.
semble surtout réglée par la proportion d'acide sulfureux existant dans la solution :
Si à 10'=™' d'une solution S-O^Na^ (79°= lo^) l'on ajoute os, i de sulfite de sodium, puis
]o'=™' d'une solution HCl (i'"»'^ iqI), le mélange reste parfaitement limpide, le dépôt
de soufre n'a pas lieu. Si au contraire on enlève l'acide sulfureux au fur et à mesure
de sa production, par un courant de gaz carbonique, la décomposition devient rapide
et totale.
» En résumé : i" On peut produire rapidement de l'acide hyposulfu-
reux par l'action d'une solution alcoolique de gaz sulfureux sur le soufre.
» 2° La présence d'alcool et des sels neutres augmente la stabilité de
l'acide hyposulfureux; la présence des acides et l'action des rayons solaires
facilitent sa décomposition.
» 3° Le mode de destruction de l'acide dépend de la proportion d'acide
sulfureux existant dans la solution.
)) Je me propose de faire une application de ces résultats à l'étude des
hyposulfîtes acides. »
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur V èlhèrificalion des hydracides.
Note de M. A. Villiers, présentée par M. H. Moissan. (Extrait.)
« Lorsqu'un mélange d'hydracides et d'alcool a atteint l'équilibre cor-
respondant à une température déterminée, s'il est ensuite abandonné à
des températures inférieures, on observe des modifications profondes. La
lenteur avec laquelle ces variations se produisent et celle avec laquelle
l'acide chlorhydrique s'éthérifie ne m'a pas permis de les étudier d'une
manière complète, mais cependant les résultats actuellement acquis
en indiquent nettement le sens.
» Avec l'acide sulfurique, une fois qu'on a atteint le terme de la rétrogradation
lente, due à la production de l'éther ordinaire, on constate que l'équilibre final est
stable et indépendant de la température. Ce résultat est dû à la stabilité des hydrates
54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de Tacide sulfurique. Il n'en est pas de même pour les hjdracides (*), etj sous l'in-
fluence d'un abaissement de température, un nouvel équilibre tend à s'établir. S'il ne
s'était pas formé d'éther ordinaire, la nouvelle limite, inférieure à la précédente,
serait probablement la même que si l'étliérification s'était faite à la nouvelle tempé-
rature à laquelle on maintient le mélange par suite de la recombinaison partielle des
éléments des hydrates dissociés des hydracides. Mais l'éther ordinaire s'est produit,
lorsque la température était plus élevée, en proportion plus grande que celle qui cor-
respondrait à la température actuelle. Il en est résulté la mise en liberté d'une plus
grande quantité d'eau, et la proportion d'éther éthérifîé tend à s'abaisser non seule-
ment jusqu'à la limite correspondant à cette dernière température, mais jusqu'à une
limite inférieure correspondant à un mélange initial plus hydraté, et l'on peut, par
suite, observer des différences considérables entre les proportions éthérifîées dans
deux, mélanges de composition initiale identique, ayant tous deux atteint leur équi-
libre final à une même température, mais dont la température de l'un a été maintenue
constante, et dont l'autre a été chauffé au delà de cette température.
» Une rétrogradation semblable peut naturellement se produire, et la limite
d'éthérification peut varier légèrement sans que Ton ait eu recours à un échauffement
artificiel et simplement par suite de variations successives dfe la température ambiante,
variations dont il ne peut résulter qu'un abaissement définitif de la limite.
» Pour l'acide chlorhydrique, la lenteur de l'éthérification est telle que les solutions
préparées il y a 25 ans paraissent encore fort loin d'avoir atteint la limite correspon-
dant à la température ordinaire, et l'on observe encore un très grand écart entre les
résultats donnés par l'éthérification directe et par la décomposition inverse de l'éther
chlorhydrique.
» L'éther ordinaire ne se produisant, avec cet acide, qu'à des températures élevées,
il est probable qu'on ne doit pas, à des températures inférieures, constater les der-
niers faits signalés pour les acides bromhydrique et iodhydrique. Dans un mélange
ayant atteint son équilibre à une température déterminée et abandonné ensuite à une
température inférieure, la proportion éthérifiée ne doit s'abaisser que jusqu'à la limite
correspondant à cette dernière. Mais la lenteur de l'éthérification est trop grande pour
que je puisse espérer pouvoir le vérifier et déterminer les limites d'éthérification à
la température ordinaire.
» Acide chlorhydrique et alcools divers. — Les analyses récentes confirment les
observations faites autrefois, relativement à la vitesse d'éthérification de ces alcools.
L'alcool butylique s'élhérifie avec une lenteur exceptionnelle, et sa limite est proba-
blement moins élevée à la température ordinaire comme à ioo°. Pour les autres alcools
monoatomiques, la vitesse décroît lorsque le Jjoids moléculaire s'élève; cependant, à
partir d'un certain moment^ elle devient plus grande pour l'alcool amylique que pour
l'alcool isopropylique.
» Au contraire, l'éthérification du glycol et de la glycérine est beaucoup plus rapide
que celle de l'alcool éthylique, si l'on tient compte de la limite qui est moins élevée.
Cette limite paraît actuellement atteinte, pour ces alcools, à la température ordinaire.
(•) Comptes rendus, t. CXXXVI, p. i452 et i55i.
SÉANCE DU 6 JUILT.ET 1903. 55
Elle est moins élevée qu'à 100°, ainsi que cela a lieu avec l'alcool ordinaire et les
acides broraohydiique et iodhydrique, mais elle est la même qu'à 44°î ce qui semble
indiquer une différence dans le mode d'action des hydrates de l'acide chlorhydrique
sur le glycol et la glycérine et sur l'alcool ordinaire. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur V acétylène bihromè : purification, cryoscopie,
analyse. Note de M. P. Lemoult.
« Dans une Note antérieure {^Comptes rendus, t. CXXXVI, p. i333),
nous avons décrit la préparation de l'acétylène bibromé et la caractérisa-
tion de ce corps par quelques-unes de ses propriétés. Nous sommes
parvenu à l'obtenir pur et à vérifier sa pureté par la détermination du
poids moléctdaire et de sa teneur en brome.
» Préparation, — L'impossibilité de distiller le produit décrit antérieurement, en
raison de son instabilité, nous a mis dans la nécessité de Fobtenir pur de premier jet;
on constate facilement que l'éthylène tribromé CHBr=:GBr- (matière première) est
entraînable par la vapeur d'alcool et sa présence élève le poids moléculaire des échan-
tillons bruts; on élimine ce corps par fractionnement au moment même de la prépa-
ration : l'appareil est un de ceu^ç: dont on se sert pour les fractionnements sous
pression réduite, les flacons collecteurs étant, pour plus de commodité, remplacés par
des ampoules à deux robinets, et le tout est rempli d'eau bouillie; le ballon dans
lequel on a mis le mélange de CHBr = CBr- et de KO H alcoolique et le réfrigérant
étant con^tarrunent parcourus par un courant d'azote (sans ox.ygène). Dès que les
vapeurs commencent à passer, le thermomètre placé dans le col du ballon marque 76°
et reste assez longtemps stationnaire entre 76° et 77°; la portion correspondante
condensée se rassemble en lourdes gouttes, sans produire les stries légères dues à
l'alcool; on recueille une seconde portion de 77» à 80", puis une autre, au delà, formée
d'un liquide qui ne s'enflamme pas spontanément à l'air, mais donne seulement
d'abondantes fumées.
)) La j^remière portion, la plus importante, est constituée par GBr^CBr pur,
comme nous allons le montrer, et l'on doit admettre que ce corps bout à ']Q°-']']°
sous la pression ordinaire.
» Poids moléculaire. — La valeur de cette donnée importante nous a paru le
meilleur critérium de la pureté, car elle renseigne à la fois sur la présence de
CPIBr=CBr^ et sur les polymérisations (que nous espérons déterminer ultérieure-
ment) que la molécule paraît apte à subir, ces deux causes tendant à augmenter le
poids moléculaire. L'acide acétique, auquel l'acétylène bibronié s'incorpore facilement,
est très propre à la détermination; toutefois ce corps ne doit être séparé de l'eau qui
le recouvre et le protège (sans s'y dissoudre) que dans un tube muni d'une longue
pointe très capillaire.
56 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Voici le résultat obtenu :
P=z23,79, p =:l,2%'j2, «=I°,l5.
M =: 3900-^ = i83,3. Théorie pour CBr = CBr : 184.
» Avant ce fractionnement, les résultats variaient entre 200 et 220.
» Analyse : dosage du brome. — Cette opération n'est pas possible sur le produit
tel quel, la chaleur (dosage par la chaux) le décomposant violemment et le contact
avec AzO^H (procédé Carius) étant éminemment dangereux; on fait alors une solu-
tion titrée du composé étudié dans l'acide acétique exempt de composés halogènes
(2S,34o5 dans 6^,9720, soit 25,i32 pour 100 du mélange) et la solution obtenue, très
maniable, est traitée comme d'ordinaire; encore faut-il, pour éviter les explosions et
les projections, s'abstenir de chauffer directement l'ampoule, dont la température
s'élève par rayonnement et dont le contenu distille lentement en cédant son brome à
la chaux.
» 0^,6760 de la solution précédente, prélevés à l'abri du contact de l'oxygène atmo-
sphérique et contenant, par conséquent, 0,14476 du corps étudié, ont donné
0^,2980 de AgBr, soit Br pour 100 : 87,67.
Théorie pour CBr ^ CBr : 86,95.
» Nous avons donc obtenu, par action de la potasse alcoolique et frac-
tionnement au moment de la préparation, l'acétylène bibromé pur, dont
la complexité moléculaire et la teneur en Br correspondent à la formule
CBr ^ CBr et dont nous nous proposons de continuer l'étude. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la lactase.
Note de MM. Em. Bourquelot et H. Hérissey.
« Lorsque Emil Fischer a publié ses premières recherches sur les
enzymes et fait connaître, en particulier, le dédoublement du sucre de lait
par l'émulsine des amandes, l'un de nous a émis l'opinion que ce dédou-
blement ne devait pas être rapporté à l'émulsine proprement dite (ferment
hydrolysant des glucosides), mais à un enzyme spécial, la lactase, accom-
pagnant l'émulsine en question dans le produit employé par le chimiste
allemand. Il s'appuyait sur ce fait que, avec une émulsine conservée depuis
longtemps dans son laboratoire, il n'avait pu réussir à hydrolyser le sucre
de lait, alors que cependant cette émulsine dédoublait encore les gluco-
SÉANCE DU 6 JUILLET 1903, 5']
sides naturels sur lesquels l'action hydrolysantc du ferment des amandes
douces avait été sig^nalée jusqu'à cette époque ( * ).
» Dés 1890, c'est-à-dire une année après la publication d'Emil Fischer,
nous avons fait deux observations venant à l'appui de cettte manière de
voir. La première est relative à la solution obtenue en faisant séjourner de
Teau distillée sous une culture àWspergillus niger développée sur liquide
de Raulin, solution qui, tout en dédoublant tous les glucosides naturels
dédoublés par le produit des amandes, est sans action sur le sucre de
lait(-).
» La seconde concerne le suc d'un grand Champignon basidiomycète,
le Polyporus siilfureus Fr., qui se conduit exactement comme le liquide
d' Aspergillus {^) . La conclusion la plus satisfaisante était que l'émulsine,
telle qu'on la prépare avec les amandes douces, est un produit com-
plexe (^) qui renferme de la lactase, cette dernière n'existant ni dans le
liquide à' Aspergilius , ni dans le suc de Polyporus sulfureus.
» L'émulsine, en tant que ferment dédoublant des glucosides lévogyres,
étant, comme l'on sait, un ferment très répandu dans le règne végétal (^),
les faits que nous venons de rappeler conduisaient à rechercher, au moins
pour un certain nombre de cas, si cette émulsine est accompagnée de lac-
tase. Il y avait en outre à se demander si, d'autre part, la lactase peut exis-
ter sans émulsine.
» Nos recherches sur le premier point ont porté sur les semences de quatre Rosa-
cées, amandes amères, amandes de Pêcher, amandes d'Abricotier, semences de Pom-
mier, et sur les feuilles du Laurier-cerise; tous ces organes sont bien connus comme
renfermant de l'émulsine.
» Tous ces organes, les amandes après avoir été mondées de leur tégument, et les
feuilles après avoir été lavées et essuyées, ont été triturés finement, puis misa macérer
dans de l'eau chargée de toluène, pendant un temps qui, suivant les cas, a varié de 12
à 24 heures {t =: \^°-i']°).
» Les macérés ayant été filtrés, on les a fait agir sur le lactose, comme l'indiquent
(1) Em. Bourquelot, Travaux de M. Emil Fischer sur les ferments solubles
{Journal de Pharmacie et de Chimie, Ç>^ série, iSgS, p. 827 et SjS).
(-) Em. Bourquelot et H. Hérissey, Sur les propriétés de l'émulsine des Champi-
gnons {Journal de Pharmacie et de Chimie, 6" série, t. II, 1896, p. 435).
(*) Em. Bourquelot et H. Hérissey, Les ferments solubles du Polyporus sulfureus Fr.
{Bull. Soc. mycol. de France, t. XI, iSgS, p. 235).
(*) Comptes rendus des séances de la Société de Biologie, igoS, p. 219.
(^) H. Hérissey, Recherches sur l'émulsine ^Thèse doct. Univ. {Pharm.), Paris,
G. R., >9o3, 2» Semestre. (T. CXXXVII, N* 1.) °
58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
suffisamment les Tableaux et les détails suivants, qui se rapportent aux amandes de
pêches :
1 . Macéré cru So"™'
Lactose .... 5?
Toluène o*^""', 5
2. Macéré porté à loo". . . 5o'='"'
Lactose 5s
Toluène o"^\5
3. Macéré cru So*^™'
Eau quantité suffisante pour atteindre les volumes précédents
Toluène 0*^""^ 5
k. Macéré porté à ioo°.. . 5o''™^
Eau quantité suffisante pour atteindre les volumes précédents
Toluène o'^'"',5
» Tous ces mélanges ont été maintenus à l'étuve à 35"-4o° pendant 3 jours; puis on a
procédé à l'essai de chacun d'eux, afin de rechercher s'il v avait eu hydrolyse du lac-
t-ose dans le n" 1. Pour cela, on a eu recours à deux procédés : le procédé de Fischer
et le procédé au polarimètre. Le premier repose sur les propriétés que possèdent les
produits d'hydrolyse du lactose, glucose et galactose, de donner avec l'acétate de phé-
nylhydrazine des osazones insolubles dans l'eau bouillante, tandis que la lactosazone
est soluble. Le second repose sur ce fait, que le mélange de ces mêmes produits
d'hydrolyse possède un pouvoir rotatoire plus élevé que le lactose qui lui a donné
naissance, en sorte que, si le lactose d'une solution est dédoublé par un ferment so-
luble, la rotation droite de cette solution doit augmenter.
» Ces deux procédés ont donné, pour les quatre semences, des résultats positifs
et concordants.
» Avec les amandes de Pêcher en particulier, la rotation primitive de la solution
n" 1 a augmenté de i°8' (/^o™,2), et il s'est formé une quantité de glucose et de
galactose qui a fourni 2ô,i4 d'osazones insolubles dans l'eau bouillante.
» Quant au macéré de feuilles de laurier-cerise, alors même qu'on avait pris soin
de broyer ces dernières avec du sable, il est demeuré inactif sur le lactose. Un essai
particulier avait d'ailleurs montré que ce même macéré dédoublait, assez faiblement
cependant, l'amygdaline. On se trouve donc ici en présence d'un cas semblable à celui
du liquide diAspergiLlus ou du suc de Polyporiis sulfureus.
» On sait, d'autre part, depuis longtemps, que les grains de képhir contiennent un
ferment capable de dédoubler le lactose. Nous avons contrôlé le fait et, à cette occa-
sion, nous avons essayé sur l'amygdaline ce même produit, qui n'a provoqué aucun
dédoublement du glucoside.
» En résumé, on peut rencontrer la lactase accompagnant l'émulsine
(amandes diverses de Rosacées, etc.), l'émulsine sans lactase (Aspergillus
niger, Polyporus sulfureus, feuilles de Laurier-cerise), et enfin la lactase sans
SÉANCE DU 6 JUILLLT 1903. 5()
émulsine (kéjjhir) : tous ces faits sont d'accord avec l'hypothèse de Tindi-
viduahté des deux ferments. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action du sodium sur le tétrachlorure du carbone et
la benzine chlorée ; formation du triphénylméthane et d'hexaphènylèthane.
Note de M. Jules Schmidlix. (Extrait.)
« Quoique le tétraphénylméthatie soit un hydrocarbure d'une structure
très simple et d'une grande stabilité d'après ses propriétés chimiques et
thermochimiques, il ne s'obtient pas par une des méthodes simples
usitées pour la synthèse des hydrocarbures : c'est ce qui résulte de
nombreuses expériences. L'action du chlorure d'aluminium sur la benzine
et le tétrachlorure du carbone ne forme que du triphénylméthane. Le té-
trachlorure de carbone et la benzine chlorée, traités par le sodium, m'ont
fourni du diphényle, et un mélange d'hydrocarbures, parmi lesquels j'ai
isolé et identifié le triphénylméthane et, en petites quantités, l'hexaphé-
nyléthane.
» J'ai étudié surLotit l'aclion du sodium sur la benzine chlôi-éë et le tétrachlorure
du carbone étendu avec beaucoup de benzine, à température ordinaire. Elle est lente
d'abord, mais, après une journée, le liquide entre en ébuUition et la réaction devient
tumultueuse. Le liquide brun, filtré et concentré, est soumis à la distillation dans une
cornue. Entre i5o° et 2'yo° on récolte du diphényle presque pur; à partir de 270° on
obtient des liquides qui déposent après quelque temps des cristaux de triphényl-
méthane et d'hexaphènylèthane. La séparation se fait par l'acide acétique, Thexaphé-
nylèthane reste insoluble sous forme d'une poudre blanche. La dissolution dépose des
cristaux, on les distille entre 35o° et 355° et recristallise dans l'alcool; ils fondent à
92°, 5. Pour identifier compîètemeni cette substance avec le triphénylméthane, je l'ai
transformé en pararosaniline selon la méthode de Fischer. Quant à la poudre blanche
recristallisée dans la benzine elle se présente sous forme de petits cristaux incolores
brillants, qui fondent à 11^°. C'est le point de fusion de l'hexaphénylèthane. L'analyse
a confirmé ce résultat ainsi que la cryoscopie, et l'oxydation au moyen du bichromate
de soude et l'acide acétique.
)) On peut se rendre compte de ces résultats en admettant que l'action
du sodium sur la benzine chlorée et le tétrachlorure du carbone fournit
d'abord du chlorure du triphénylméthane. Pendant la distUlation qui forme
le triphénylméthane, on remarque un dégagement du gaz chlorhydrique.
» Triphénylméthane:
3C«H'CI + (:CI''-^6^fa = (C*^H•^)''CCl^-6NaCl,
(C'H^HXl -h H^ = (C"H5)^CH -h HGI.
6o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» L'hexaphényléthane :
2(C«H0'CC1 + 2Na = (C'R'yc - C(C'' H'')^ + 2NaCl.
» Le fait que l'on n'obtient pas du tétraphénvlmélhane ne semble pas
provenir d'une destruction du produit préalablement formé; mais il s'ex-
plique plutôt, parce que l'action du sodium s'arrête au chlorure du triphé-
nylméthane et que son action ultérieure se borne à lier les molécules iden-
tiques et à former, d'une part, avec la benzine chlorée, du diphényle et,
d'autre part, de l'hexaphénylméthane avec le chlorure du triphéuylmé-
thane. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Préparation des alcools primaires au moyen des acides
correspondants. Note de MM. L. Bouveault et G. Blanc, présentée par
M. A. Haller.
« Nous avons généralisé le procédé de réduction décrit dans notre
récente Note (Comptes rendus, L CXXXVI, p. 1676). Il s'applique aussi
bien aux acides du poids moléculaire le plus faible qu'à ceux qui sont les
plus avancés dans la série; mais, dans ces cas comme dans l'autre, nous
avons rencontré des difficultés expérimentales assez sérieuses.
» Nous avons tenu à démontrer la transformation en alcool ordinaire des éthers-sels
de l'acide acétique; il fallait pour cela opérer dans un milieu tout à fait exempt de
cet alcool. Nous avons réduit l'acétate d'amyle au moyen de sodium et de l'alcool
amylique. Nous avons pu recueillir et caractériser une petite quantité d'alcool élhy-
lique.
» L'acide butyrique a été réduit, à l'état de butyrate de méthyle, au moyen de
sodium et d'alcool absolu. L'alcool butylique formé est entraîné par la vapeur d'eau
aussi rapidement que l'alcool ordinaire. On continue la distillation tant que le liquide
donne deux couches par addition de carbonate de potassium solide.
» On traite ensuite tout le liquide distillé par ce sel en excès, on décante la couche
supérieure, mélange des deux alcools, et on l'abandonne avec une nouvelle quantité
de carbonate, puis on distille à la colonne le liquide ainsi desséché.
» loos de butyrate de méthyle ont fourni 3oS d'alcool butylique primaire normal et
25s d'acide butyrique ont été extraits de la liqueur aqueuse sodique. L'alcool ordinaire
entraîne avec lui une notable quantité d'alcool butylique qui lui communique son
odeur et qu'on ne peut séparer que par des fractionnements rigoureux.
» Le butanol i bout, comme l'indiquent les auteurs, à i 16"; pour le caractériser au
moyen d'un dérivé cristallisé, nous avons préparé sa /»/ie'«j/«/e7/ja«e par combinaison
avec lecarbanile. Cette combinaison forme de magnifiques aiguilles incolores, fondant
SÉANCE DU G JUILLET IQO.^. 6l
à 5-", très solubles dans tous les dissolvants organiques, sauf Téther de pétrole, qui
ne les dissout abondamment qu'à chaud.
» La réduction de caprate (décanoate) de métbyle se fait sans aucune difficulté et
avec un rendement qui atteint 70 pour 100; de plus, tout l'acide qui n'a pas été réduit
est retrouvé; il ne se fait en effet dans cette réaction, ni dans les suivantes, aucun
produit de polymérisation.
» Le décanol-i avait déjà été obtenu par KrafTt à l'aide de l'aldéhyde; nous lui avons
trouvé des propriétés décrites par cet auteur. 11 bout à 120° sous 12'"'".
» La réduction du myristate de métliyle est des plus aisées, mais la séparation de
l'alcool qui prend naissance, d'avec le savon qui l'accompagne, est des plus délicates.
Quand on a chassé l'éthanol par le courant de vapeur d'eau, il se forme à la surface de
la solution alcaline une huile qui, par refroidissement, se concrète en une croûte solide,
aisée à séparer de la lessive alcaline. Elle est formée d'un mélange de tétradécanol et
de myristate de sodium.
» On ne peut en extraire complètement l'alcool que par la distillation dans la vapeur
d'eau. surchauffée.
» L'épuisement à l'éther de la croûte concassée en petits morceaux permet de retirer
la majeure partie de l'alcool. Le résidu de la distillation de l'éther est ensuite rectifié
dans le vide.
» On ne peut songer à se débarrasser du savon par un épuisement à l'eau, car il y
est trop peu soluble; de plus, l'agitation à l'éther de ces solutions savonneuses donne
des émulsions d'une stabilité désespérante.
» Le tétradécanol-i fond à 38" et bout à 160° sous lo"'"; il est identique au produit
décrit par Krafft.
» Acides aromatiques. — Nous avons constaté avec étonnement que notre méthode
appliquée au benzoate d'éthyle ne donne aucun résultat.
» Il se forme, au contact du benzoate d'éthyle et de l'élhylate de sodium, un com-
posé solide grâce auquel le premier échappe à la réduction. Nous nous proposons de
vérifier si cette propriété négative est le fait de tous les acides à carboxyle directement
lié au noyau aromatique.
» Les autres acides aromatiques, à carboxyle non immédiatement lié au noyau,
semblent en effet se comporter comme les acides gras.
» Le phénylacétate d'éthyle se réduit en donnant l'alcool phényléthylique primaire,
que nous avons caractérisé par sa phényluréthane fondant à 80°. Le groupement car-
boxéthyle a été réduit, mais le noyau aromatique est resté intact.
» li était intéressant de vérifier si le noyau hexahydroaromatique s'opposerait aussi
à la réduction des acides du type hexahydrobenzoïque. Nous avons pu nous procurer
ce dernier acide grâce à l'obligeance de M. Brunel, préparateur au Conservatoire des
Arts et Métiers, qui a bien voulu nous abandonner une certaine quantité d'hexahydro-
benzène monochloré. Nous avons aisément transformé ce dernier en acide par la
méthode de Grignard, puis l'acide en éther éthylique que nous avons réduit.
» La réduction s'opère avec un rendement excellent et sans la moindre difficulté.
L'alcool hexahydrobenzylique constitue une huile assez peu mobile, à odeur mixte
d'alcool amylique et de menthe; il bout à 82" sous 11™'".
» Nous l'avons caractérisé au moyen de sa phényluréthane qui forme de beaux
62 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cristaux aiguillés blancs, fondant à 82°, très solubles dans loUs les dissolvants orga-
niques, sauf rélher de pétrole qui les dissout peu à froid.
» Les éLhers de l'acide benzoïque et de ses homologues à carboxyle fixé
aii noyau sont jusqu'ici les seuls que notre méthode n'ait pas permis de
réduire. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Oxyde d'élhylène du ^(j-cyctohexanediol-\ .1 et dérivés.
Note de M. Léon Brunel, présentée par M. A. Haller.
« J'ai signalé antérieurement (*) la formation transitoire de l'éther oxyde
interne du p-ortiiocyclohexanediol dans la préparation de ce glycol. Dans
la présente Communication, j'ai poursuivi l'étude de cet éther oxyde et de
quelques composés qui en dérivent.
» ttéactions génératrices. — L'oxyde d'élhylène hydroaromatique se forme dans
des conditions diverses en partant de la monoiodhydriiie OH — C^H'" — I.
» L'action de la potasse ou de l'oxyde d'argent sur la solution éthérée de monoiod-
hydrine fournit l'oxyde hydroaromatique avec un rendement de 76 à 80 pour loo- La
quantité théorique de potasse en solution alcoolique donne le même élher. La potasse
en solution aqueuse agita chaud en produisant l'oxyde interne, mais en moindre quan-
tité que précédemment, le produit s'hjdralaut rapidement dès 80°. Sous l'action du
ciuorure de calcium fondu, l'iodhydriiie en solution élhérée est rapidement transformée
en éther oxyde interne, ce qui explique la restriction appoi lée dans une précédente
Note (^), à propos de la dessiccation au chlorure de calcium de la solution élhérée de
monoiodhjdrine; l'aclioh est due vraisemblablement à l'oxjclilorure de calcium que
renferme le chlorure fondu; toutefois la chaux n'agit pas dans ces conditions.
» Préparation. — La première réaction donnant les meilleurs rendements doit être
employée. On dissout dans ûoo*""" d'éther sec loos d'iôdhydrihe OH — C^ïi'" — I, puis
on ajoute au liquide refroidi et agité, le double environ de la quantité théorique de
potasse récemment fondue et finement pulvérisée; la réaction s'opère au début avec
dégagement de chaleur. Après 48 heures, pendant lesquelles le mélange a été fréquem-
ment agité, on isole la liqueur éthérée et l'on épuise le résidu à l'éther. Les solutions
éthérées réunies sont distillées. A S3°-85° passe une petite quantité de cyclohexène.
Entre i25° et i4o° on recueille un liquide qu'on soumet a la distillation fractionnée.
La portion bouillant à i3i°-i32° est l'oxyde d'élhylène hydroaromatique pur.
» Propriétés. — L'éther oxyde interne du ^-cycIohexanedioI-1.2 est un liquide inco-
lore, très mobile, de densité 0,975 à i5°, bouillant à i3i",5 sous 760™"^, ne cristalli-
sant pas à — io°. Il possède une odeur forte, une saveur brûlante. Ce corps est insoluble
(<) Comptes rendus, t. CXXXYI, p. 384.
('^) Comptes rendus, t. CXXXV, p. io55.
SÉANCE DU 6 JUILLÏÏT igoS. 63
dans l'eau, très soluble dans l'alcool, Téther, l'acétone, l'acide acétique. L'analyse et la
détermination 4e sa densité de vapeur lui assignent la formule C^H*'*=Q. Il es|. à
remarquer f[ue, suivant la règle générale, il bout notablement plus bas que son iso-
mère, la cyclohexanone. Ses réactions sont très voisineâ de celles de l'oxyde d'éthylène
de Wurlz.
» Action de Vhydrogène. — L'action de l'amalgame de sodium à froid sur la solu-
tion hydroalcoolique d'oxyde d'é|.hylène du ^-glycol, celle du sodium sur la solution
alcoolique boui|lanj.e t]u n^êrne étjier ne m'ont fourni aucun résultat satisfaisant. Au
contraire, en employant la méthode d'hydrogénation si féconde de MM. Sabalier et
Senderens, c'est-à-dire en faisant passer l'oxyde d'éthylène hydroaromatique entraîné
par un excès d'hydrogène sur du nickel réduit chauffé à i70°-i8o°, j'ai obtenu par
fixation de H' le cyclohexanol avec un rendement très voisin de la théorie
C«H"'=0 + H2=:C«H>'-0H.
» Cette réaction, à la méthode d'hydrogénation près, est calquée sur celle de Wurlz
qui par hydrogénation de l'oxyde d'éthylène obtint l'alcool éthylique. Il est probable
que le procédé est susceptible d'être appliqué aux oxydes d'éthylène en général.
» L'alcool ainsi préparé présente une odeur amylique, bout à i6i°, après dessiccation
sur la barvle caustique, et cristallise en une masse fusible à j6°-I7°. Ces propriétés
physiques concordent exactement avec celles attribuées par M. Baeyer et par M. Mar-
kownikoff au cyclohexanol G" H*' — OH.
» Action de Veau. — L'action de l'eau sur l'éther oxyde hydrobenzénique m'a
fourni le ^-orthocyclobexanediol précédemment décrit,
C6Hio-hH'0 = G«Hi'OH.
\/
o
» L'hydratation commence vers 8o°. A iio°-ii5° elle est très rapide. La facilité avec
laquelle elle s'effectue justifie la formule donnée plus haut à l'éther oxyde. Elle est en
effet caractéristique d'un orthodérivé.
» J'ai cherché si, en variant les proportions relatives d'eau et d'éther oxyde, il ne
se formerait pas de corps analogues à ceux obtenus par Wurtz, résultant de l'union,
avec fixation d'eau, de deux ou plusieurs molécules; si, par exemple, on n'obtiendrait
pas un composé OH — G" H*" — 0 — G''H'° — OH. Le résultat a été négatif. Le ^-cyclo-
hexanediol s'est formé seul avec rendement théorique.
» Action du bi<sulfite de sodium. — Lorsqu'on met en contact à froid une solution
de bisulfite de sodium et l'oxyde d'éthylène du ^-cyclohexanediol, et qu'on agite vive-
ment, le mélange ne tarde pas à se garnir de petites écailles brillantes; il s'est formé
un orthocyclohexanolsulfonate de sodium :
G«H»o+ SO^NaH — OH — G^H^»— SO^Na.
O
» Gomme il n'y a pas de dégagement de chaleur sensible, la réaction est lente et
encore incomplète après plusieurs jours. Elle est très rapide à chaud. Pour préparer
64 ACADÉMIE DES SCIENCES.
le sulfonate, on place dans les tubes 5s d'éther interne hydroaromatique, et une solu-
tion aqueuse de bisulfite de sodium renfermant environ 7Sde sel, bien exempte d'anhy-
dride sulfureux. Les tubes scellés à la lampe sont chauffés 2 heures à iio°-ii5°. Le
sulfonate peu soluble se dépose par refroidissement. On l'essore et on le fait recristal-
liser dans l'eau.
» Le cyclohexanolsulfonate de sodium-i .2 ainsi obtenu OH — C^ H'" — SO^ Na -I- H'O
se présente sous forme de paillettes brillantes, incolores, inodores, peu solubles dans
l'eau, à peu près insolubles dans l'alcool. Il cristallise avec une molécule d'eau qu'il perd
à 100°. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur la teneur des vins mistelles et des autres vins,
en acides solubles dans Véther, comme moyen de différenciation. Note de
M. Ch. Blarez.
« La question de la différenciation des mistelles ou moûLs de raisins
non fermentes, et additionnés d'alcool, d'avec les vins liqueurs propre-
ment dits, n'est pas encore pratiquement résolue.
» MM. Armand Gautier et G. Halphen viennent de proposer d'appliquer
dans ce but les résultats d'expériences qu'ils ont faites, relativement aux
variations des composés azotés, aux variations de l'acidité volatile et totale,
à la nature des sucres et aux variations dans la teneur en glycérine, varia-
tions qui sont corrélatives de la fermentation des jus sucrés.
» J'ai déjà, en 1902, indiqué qu'on pouvait mettre à profit les résultats
de l'analyse des matières sucrées, et celle des eaux-de-vie que l'on peut
retirer par distillation de ces produits; mais cela est insuffisant dans bien
des cas.
» Le but du travail dont je donne ici les résultats est d'appeler l'atten-
tion des chimistes sur les déductions que l'on peut tirer de la détermina-
tion, au cours de l'analyse des Hquides dont il s'agit, des acides solubles
dans l'éther. Ces acides sont l'acide malique, qui se trouve en très petite
quantité dans les raisins, généralement très mûrs, avec lesquels on fait les
mistelles, et l'acide succinique qui se forme pendant la fermentation
alcoolique du moût. Donc, un moût de raisins étant donné, qu'il soit
alcoolisé par addition d'alcool, ou qu'il ne le soit pas, si l'on dose les acides
solubles dans l'éther qu'il renferme, on n'a guère que l'acide malique.
Si ce moût a subi une fermentation plus ou moins avancée, on a, en plus
de l'acide malique préexistant, de l'acide succinique engendré pendant la
fermentation, plus quelques autres acides partiellement solubles dans
l'éther.
SÉANCE DU 6 JUILLET 1903. G5
» Il résulte de là un mode analytique que l'on peut mettre à profit
pour aider à différencier les moûts non fermentes de ceux ayant subi une
fermentation.
» Les résultats d'expériences que je vais relater dans le Tableau ci-des-
sous montrent que cette détermination de l'acidité soluble dans l'éther
peut entrer très utilement dans l'analyse des vins mistelles ou des vins
liqueurs.
» J'ai opéré chaque fois sur 25*^™' de vin, réduits à 10""' par évaporation au bain-
marie. J'ai épuisé par cinq traitements successifs au moyen de 25''"' d'éther pur chaque
fois. Tout l'éther réuni a été évaporé; le résidu, dissous dans un peu d'eau distillée,
a été titré avec de la soude décinormale en présence de phénolpntalélne.
» Les résultats sont rapportés au litre et exprimés en acide sulfurique monohy-
draté.
Teneur en acides
Désignation des vins. solubles dans l'éther.
g
Mistelle de l'année 1900 o , 264
Mistelle de l'année 1901 o,333
Mistelle de l'année 1902 o,2i5
Vin blanc d'Algérie sec 1902 0,9996
Vin blanc de la Gironde 1900 0,882
Vin blanc de la Gironde 1902 i , 100
Vin de Xérès très vieux o , 820
Vin d'Alicante très doux 0,920
» Comme on le voit, les différences sont très importantes, les mistelles
ne renfermant qu'environ le tiers de la quantité d'acides soluble sdi ns
Léther, que nous avons dosés dans les autres vins. »
THERMOCHIMIE. — Chaleur de neutralisation deV acide ferrocyanhydriqae ;
chaleur de formation de ses combinaisons avec V èlher et V acétone. Note
de MM. Chrétien et Guinchant, présentée par M. A. Ditte.
(1 Nous avons montré, dans une Note précédente, que l'acide ferrocy-
anhydrique sec absorbe les vapeurs de différents composés organiques :
l'éther, l'acétone, l'oxyde d'éthylène, l'épichlorhydrine, l'alcool allylique.
» Pensant étudier les courbes de dissociation des deux premiers coin-
pobcs, nous avons déterminé leur chaleur de formation afin de pouvoir
contrôler les mesures de tension de vapeur par la formule de Van't Hoff
d. Loir p q ,^ ,, • 1 - 1 i- • • , .
j- = ;^- Comme nous 1 avons signale, la dissociation ne se produit
G K, 1903, 2« Semestre. (T. CXXXVII N" 1.) 9
^6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pas en l'absence de vapeur d'eau aux lempératures inférieures à celles où
commence la décomposition de l'acide ferrocyanhydrique.
» Nous avons délerminé la chaleur de formation des combinaisons de
l'acide ferrocyanhydrique avec l'éther et avec l'acétone en les décompo-
sant dfins un calorimètre par la potasse diluée (ç = lo).
» Acide ferrocyanhydrique. — Le calcul fait intervenir la chaleur de neutralisation
de l'acide pour laquelle on trouve des valeurs discordantes.
» M. Joannis (') donne
Acide dissous -\- 4 KO H dissous.. = 54*^^^4
Acide solublp -i- eau .,.,....,,,,,,,.... = o*^»\4
on ç,n déduit
Acide soluble + 4 KO H dissous,
54^^S8.
M. J.-A. MuUer(-) donne
Acide dissous + 4 KO H dissous
56c»i,
» Nous avons repris ces déterminations avec de l'acide cristallisé dans l'alcool, l'ana-
lyse et le dosage volumétrique en avaient démontré la pureté. Nous dissolvions
2S à 3s d'acide pulvérisé et sec dans 600'^"^' de potasse {v — 10), la chaleur de dilution
de la potasse restante est nulle à cette concentration. Trois mesures nous ont donné
les nombres suivants rapportés à 1™°' d'acide.
57<^-i,9
58<'«i.2
57c»!, 6.
B^r^ous admettrons pour la chaleur de neutralisation de i^oi d'acide ferrocyanhy^
drique par 4'"°' de potasse la valeur moyenne Sy^^ii^g à 12°.
» Les autres nombres nécessaires au calcul des différents cycles ont été pris dans
l'ouvrage de M. Berthelot.
» Combinaison de l'acide ferrocyanhydrique avec l'éther. — En désignant par n
le nombre de molécules d'éther fixées sur une molécule d'acine, nous déterminions la
chaleur de combinaison au moyen des deux cycles suivants:
Éther liq. = éther vap ... — G''"', 7 x n
Ac. sol. + éther vap. = Combinaison X-
Comb.-t-4KOH
— FeCy«K*diss 4-Eth. diss, to.
Ether liq. + eau = éther diss. + ■J'^^'jg X n.
Ac. sol. + 4 KOH — FeCy'^KMiss. + 57^^'' ,9
d'où
X = — cf -h 57,9 H- 12,6 X n
» En désignant par îf la chaleur de décomposition par la potasse rapportée au poids
(') l^ERTHËLOT, Therniochiniie : Données numériques.
(') Ann. de Chim, et de Phys., t. XX, 1900, p. 384-
SÉANCE DU 6 JUILT>ET igO-'J. 67
de combinaison qni renferme 1™°' d'acide, par x la chaleur de combinaison rapportée
à 1'"°^ d'étber ^= 1 nous avons trouvé
it
a; 313 1,9.57 «pzrr6l,2 Xrr:2I,3 ^r=I0,9
2,006 39)0 v.2,8 11,0
1,028 39,6 11,2 10,9
2,537 62,5 27,3 10,8
2,3-6 60,9 26,7 II,I
') Ainsi, la combinaison d\ine molécule d'acide ferrocyanhydrique solide avec
l'éther en vapeur dégage 1 1*^^^ par molécule d'éther fixée.
» La chaleur de combinaison à partir de l'éther liquide dégagerait seulement
Il — 6, 7 = 4*^"', 3. M. Browning (/) signale qu'en mettant de l'acide solide dans
l'éther liquide le dégagement de chaleur est suffisant pour porter l'éther à l'ébullition.
En versant quelques gouttes d'éther ordinaire sur l'acide pulvérisé la réaction est, en
effet, assez rapide pour élever notablement la température, mais l'éther rectifié sur le
sodium ne donne ni foisonnement ni dégagement de chaleur.
» La combinaison de l'acide dissous avec l'éther liquide dégagera 4,3 — o, 4 = 3'^='', 9.
Lorsqu'on abandonne pendant 24 heures une dissolution aqueuse d'acide ferro-
cyanhydrique à la surface de laquelle on a versé une couche d'éther pur, il se forme
lentement, à la surface de séparation, de beaux cristaux incolores en octaèdres
cubiques. Ces cristaux, qui peuvent atteindre 2"'"' à 3™™, s'effleurissent très rapi-
dement à l'air en perdant leur éther.
» Combinaison de l'acide ferrocyanhydrique avec l'acétone. — Nous avons
adopté de même les données numériques indiquées dans les cycles suivants :
Acétone liq. =: acétone vap — 7^^"', 5 x «
Acide sol. -\- acétone vap. = combinaison X
Comb. + 41'^OH =: FeCy®K*dis.+ acétone dis + cp
Acétone liq. -+- eau = acétone dis + 2 , 5 x «
Acide sol. + 4KOH = FeCy«K*di8 +57,9
d'où
X = — cp + 57 , 9 4- I o X n.
» Les mesures calorimétriques ont donné les nombres suivants :
«r- 1,474 cp 1=57,99 X = i4,4 ^ = 9,7
1,1 o5 58,5 10,4 9,5
0,870 58,1 8,5 9,8
» La combinaison de l'acide ferrocyanhydrique solide avec l'acétone en vapeur
dégage cf'^^^'^ par molécule d'acétone.
» Ces chaleurs de combinaison sont voisines des chaleurs dégagées
(') Trans. Chem. Soc, t. LXXVII, 1900, p. i233. Berichte, t. XXXV, 1902, p. 93.
68 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans la combinaison de l'ammoniaque avec les chlorures métalliques : les
tensions de dissociation devraient être du même ordre pour les deux
genres de composés, d'après la remarque empirique de M. deForcrand (' ).
Par exemple, CaCP-l- 8AzH* dégage ii^^' par molécule d'ammoniaque eL
sa tension de dissociation est de 23 1™*" à io'',4. Nous ne nous sommes
donc nullement trouvés en présence d'une tension de dissociation très
faible ayant pu échapper aux mesures entre io° et 5o°. I/absence de
tension d'éther est due seulement à l'absence d'agent catalysaleur;
M. Baker (') a signalé un cas analogue pour la dissociation du chlorhy-
drate d'ammoniaque, qui peut être distillé sans décomposition s'il est
parfaitement sec. »
CHIMIE ANIMALE. — Sur les acides gras de la lécithine de l'œuf.
Note de M. H. Cousin, présentée par M. H. Moissan.
« La composition des acides gras qui entrent dans la constitution de la
lécithine de l'œuf a déjà été l'objet d'un certain nombre de travaux et
l'on admet généralement que ces acides gras sont un mélange des acides
oléique, stéarique et palmitique. On sait peu de chose sur les proportions
relatives de ces différents corps dans le mélange, et je me suis proposé de
déterminer approximativement ces proportions; dans le cours de ces
recherches, j'ai pu caractériser, en plus des acides déjà connus, l'acide
linoléique dont la présence n'avait pas été signalée jusqu'ici. J'ai étudié
dans ce but un certain nombre d'échantillons de lécithines; dans tous
les cas, les résultats ont été à peu près les mêmes.
» Pour isoler les acides, une certaine quantité de lécithine est saponifiée an bain-
marie par la potasse alcoolique, et les acides gras sont séparés par l'acide clilorhv-
drique.
» En admettant, comme on Ta fait jusqu'ici, que le mélange est constitué d'une
part par l'acide oléique C^^H^*0^, acide non saturé, d'autre part par l'acide stéa-
rique G^^H^^O^ et l'acide palmitique C^fP^O^, qui sont tous deux saturés, on pourra
employer les méthodes suivantes, qui permettent de déterminer la proportion de
chaque catégorie d'acides :
» 1° Transformer les acides gras en sels de plomb et traiter ceux-ci soit par l'éther,
soit par la benzine qui, tous deux, ne dissolvent que l'oléate de plomb; on régénère
(') Aiin. de Cliim. et de Phys., t. XXVIII, 1900, p. 384 et t. XXIX, p. 5.
(-) Chem. Soc, 1894, p. 612. Bull. Soc. chini. de Paris, t. XIV, 1896, p. 6.
SÉANCE DU 6 JUILLET IQoS. 69
par l'acide chlorhydrique les acides de chaque partie, ce qui permet de déterminer,
d'une part la quantité d'acide oléique, d'autre part le poids des acides saturés.
» On peut.plus simplement déterminer l'indice d'iode de l'acide total. Etant donné
qu'il n'y a comme acide incomplet que l'acide oléique qui possède un indice d'iode
égal à go, on pourra très simplement calculer la proportion de chaque catégorie
d'acides.
» Or en employant sur un même acide total les deux méthodes indiquées ci-dessus,
j'ai constaté que les chiffres obtenus étaient très diflférents. Tandis que le procédé
d'extraction par les sels de plomb me donnait des proportions de 82 à 38 pour 100
d'acide oléique, j'ai obtenu des indices variant de 5i à 78, ce qui donne une proportion
de 56 à 80 pour 100 d'acide oléique.
» Cette divergence s'explique facilement en admettant dans la lécithine la présence
d'acides moins saturés que l'acide oléique et possédant par cela même un indice d'iode
plus élevé. J'ai donc cherché à isoler ces acides, et pour cela j'ai employé une méthode
indiquée par Farnsteiner. Cet auteur a reconnu que, quand on traitait à chaud par un
mélange de 95^'°' de benzine cristallisable et 5^°^ d'alcool absolu, un mélange des sels
de baryum des acides oléique, linoléique et linolénlque, seuls les sels des acides lino-
léique et linolénique étaient solubles à froid, l'oléale de baryte se déposant en grande
partie par le refroidissement : il en est de même du palmitate et du stéarate, qui sont
insolubles dans le mélange benzine-alcool. En opérant sur 208 des sels de baryum,
épuisés en trois fois par i^ de benzine-alcool, j'ai constaté qu'une proportion assez
forte de sels de baryum restait en solution : les acides régénérés de leur solution con-
stituent un liquide brun donnant avec les vapeurs nitreuses une masse molle et non
un produit solide et possédant un indice d'iode variant, suivant les échantillons, de i3o
à i5o; il n'y a donc pas de doute sur la présence d'acides moins saturés que l'acide
oléique.
)) D'après ce qui précède, on peut, en partant de la lécithine de l'œuf, isoler des
acides gras appartenant à trois catégories distinctes, et cela de la façon suivante :
» 1° Un certain poids d'acides est transformé en sel de baryum, puis le mélange est
traité par la benzine mélangée d'alcool. En régénérant les acides de la solution benzé-
nique des sels barytiques, on obtient la fraction n° 1 ;
» 2° On transforme en sels de plomb le résidu de l'opération précédente et les sels
de plomb épuisés, soit par l'éther, soit par la benzine, donnent par un traitement de la
solution élhérée ou benzénique la fraction n'^ 2;
» 3° Enfin du résidu de l'opération précédente on isolera les acides formant la frac-
tion n° 3.
» Voyons quelle est la composition de chacune de ces portions.
» Fraction n° 1. — L'indice d'iode élevé de cette partie des acides gras indique
qu'elle contient des acides moins saturés que l'acide oléique. Il résulte d'autre part de
l'examen de l'indice d'iode que la fraction n'' 1 n'est pas constituée par l'acide lino-
léique pur dont l'indice d'iode est i8r, mais qu'elle est formée vraisemblablement par
un mélange d'acide oléique et linoléique. Pour caractériser la présence de l'acide lino-
léique, j'ai utilisé la méthode d'oxydation par le permanganate de potasse en solution
alcaline, méthode qui a été proposée par Hazura pour caractériser les acides non saturés
dans un mélange, flazura a montré en effet que dans l'oxydation des acides incomplets
70 ACADEMIE DES SCIENCES.
par le permanganale en solution alcaline, il se formait des acides oxystéariques, acides
alcools contenant- autant de groupements oxhydrjles OH qu'il y a de valences libres
dans l'acide : l'acide oléique C'^ H'^* 0^ donne ainsi un acide dioxystéarique
C'^H^*(OH)-0-, l'acide iinoléique C'^H^-0^ mène à un acide tétraoxystéarique
C*'' FP^(OH)^0^ ; on peut séparer les acides dioxy et tétraoxystéarique par des cristal-
lisations répétées dans l'alcool. Par cette méthode j'ai pu, dans les produits d'oxvda-
tion, isoler l'acide dioxystéarique et des aiguilles blanches fondant à I7i°-i72°, point
de fusion de l'acide tétraoxystéarique; des combustions de ce dernier corps ainsi que
des dosages d'argent dans le sel d'argent montrent qu'il possède bien la formule
Qi8jj36Q6^ formule de Tacide tétraoxystéarique. Cette portion des acides est donc
formée par un mélange d'acide oléique et d'acide Iinoléique.
» II. Cette fraction est constituée par de l'acide oléique, ainsi que cela résulte de
l'indice d'iode (84 à 88) et de l'examen des propriétés.
» III. Les acides de la fraction n° 3 se présentent sous forme d'une masse solide,
blanche, fondant de 55", 3 à 56<>, formée par un mélange d'acide stéarique et d'acide
palmitique : j'ai trouvé des chiffres variant de 3o à [\o pour loo d'acide stéarique et
70 à 60 pour 100 d'acide palmitique. Il n'existe pas vraisemblablement d'autres acides
que les deux corps indiqués ci-dessus : c'est là du reste un point que je me propose de
reprendre*
» En résumé, dans ce travail, j'ai démontré qu'il existe dans lalécithine
de l'œuf, en outre des lécithines déjà déterminées (stéarique, oléique et
palmitique), un produit du même ordre dérivé de l'acide Iinoléique. »
CHIMIE ANIMALE. — Injection intraveineuse de glycérine : dosage de la glycé-
rine dans le sang; élimination par V urine. Note de M* Maurice Nicloux,
présentée par M. Armand Gautier.
« La séparation de la glycérine à l'état de pureté, son dosage même en
très petites quantités, par des méthodes que j'ai fait connaître antérieu-
rement (' ), m'ont permis d'aborder la question de savoir comment se com-
porte la glycérine introduite dans le torrent circulatoire dans les heures
qui suivent l'injection et si cette injection est suivie d'une élimination par
l'urine.
» Injection dans le sang. — Dosages. — Les expériences sont conduites de la façon
suivante : les animaux, chiens ou lapins, reçoivent par la veine saphène (chien), par
la veine jugulaire (lapin), as de glycérine pure en solution étendue à 20 pour 100, par
(') Maurice Nicloux, Méthode de dosage de la glycérine dans le sang (Comptes
rendus, i. CXXXVI, 1908, p. 559).
SÉANCE DU 6 JUILLET igoS. 'ji
kilog. de leur poids. L'injection est faite le plus rapidement possible. On fait ensuite
des prises successives de sang à des intervalles de tenips détermisés et Ton dose la
glycérine.
» Expérience 1. -- Lapin du poids de a'', 4^5. Glycérine à io pour loo injectée :
24''™% 65. Durée de Tinjection : 3o secondes. (3n trouve, pour loo'^'"' de sang :
,• • . ^
2 minutes après la fin de Tinjection , , 0,87
4 minutes 3o secondes après la fin de l'injection , 0,27
3o minutes » 0,18
» Expérience II. — Lapin du poids de 2'',445. Glj'cérine à 20 pour 100 injectée :
24'^'"% 45. Durée de l'injection : i minute 4o secondes. On trouve, pour loo'^'"^ de sang :
g
3o secondes après la fin de l'injection o, 54
5 minutes » o,33
4o » » o , 1 5
» Les expériences sur le chien permettent un plus grand nombi'e de dosages.
» Expérience III. — Chien du poids de 7"^". Glycérine à 20 pour 100 injectée : 70'^'"' .
Durée de l'injection: 2 minutes i5 secondes. On trouve j)0ur 100'^'"' de sang:
3o secondes après la fin de l'injection o,54
5 minutes « 0,87
3o minutes » 0,21
I heure 3o minutes » o, 1 15
I heure » o,oi
» Expérience IV. — Chien du poids de 9''s,75o. Glycérine à 20 pour 100 injectée :
97'^"'%5. Durée de l'injuiction : 5 minutes. On trouve pour loo'^'"' de sang:
1 minute après la fin de l'injection o,38
3o minutes » o, i5
2 heures » , o,o3
3 heures 3o minutes » 0,008
7 heures 3o minutes » o,oo4
» Elimination par l'urine, ■ — i-'our résoudre cette question, il était nécessaire
d'établir tout d'abord un procédé de dosage de la glycérine dans l'urine. Si l'on opère
sur une quantité d'urine qui ne dépasse pas 5*""' (') il suffit d'entraîner simplement
la glycérine (*) dans l'appareil à entraînement tel que je l'ai décrit. Les résultats des
(') L'urine normale chez le chien renferme une très petite quantité d'une substance
susceptible d'être entraînée par la vapeur d'eau dans le vide et qui réduit le bichro-
mate. En opérant sur S*^""', comme il est indiqué, et a fortioji sur a'"''', comme nous
l'avons fait pour tous nos dosages, la proportion de cette substance est négligeable.
(^) Une petite quantité d'urée est entraînée en même temps; elle ne gêne pas le
dosage.
clii
Tiinée
s
O
,112
3
,067
I
.409
o
,i58
72 ACADÉMIE DES SCIENCES.
expériences de contrôle justifient celte technique très simple. En possession de la mé-
thode de dosage nous avons opéré ainsi : L'urine chez les animaux est recueillie par
le sondage de la vessie à un moment déterminé. Le dosage de la glycérine se fait
sur 2'=™'.
» Expérience V. — Chien du poids de 14*^. Glycérine à 20 pour 100 injectée: il^o'^^'.
Durée de l'injection 2 minutes i5 secondes.
Temps coniplé * Quantité de glj'cérine
depuislafin Volume de — >m^
de l'injection. l'urine recueillie. pour loocm' d'urine
dm h m em' g
de O. O à O. i5 i3 0,86
de o. i5 à 1 .3o i44 2, i3
de i .3o à 2.37 62 2,71
de 2.37 à 5.37 69 0,23
» Soit éliminés en 5 heures 37 minutes : 4°'">746 de glycérine sur 286'" injectés.
Pour 100 : 17.
» Expérience VI. — Chien du poids de9''5, 700, glycérine à 20 pour 100 injectée 97?'", 5;
durée de l'injection 5 minutes.
Quantité de glycérine
pour loo'""»' d'urine. éliminée.
3% 8 2', 48
4,93 2,268
2,32 o,5io
o,23 0,101
o,o4 0,042
» Soit éliminés en 7 heures 45 minutes : 5e'', 4oi de glycérine sur 19g'', 5o injectés.
Pour 100 : 27,7.
)' L'examen de ces Tableaux permet de tirer les conclusions suivantes :
» i*^ La glycérine injectée dans le sang disparaît avec une très grande
riipidité. A supposer qu'à l'origine la glycérine restât entièrement dans le
torrent circulatoire pendant le temj)s très court que dure l'injection, sa pro-
portion dans le sang serait approximativement 3 pour 100. Or 3o minutes
après la fin de l'injection on trouve o,5 pour 100; 5 minutes après, o,3
à 0,4 pour 100; 2 heures après, o, o3 pour 100.
» 2° La glycérine est éliminée par l'urine en proportion notable, et
cela en un temps relativement court.
» 3** Il se fait au niveau du rein une sélection de la glycérine d'une
intensité très grande. Je n'en veux pour preuve que les chiffres tirés
des expériences IV et VI dissociées pour la compréhension facile du texte,
Temps compté
depuis la fin
Volume de
de l'injection.
l'urine recueillie.
h m 11 m
de 0. 0 à o.3o
78
de o.3o à 2
46
de 2 à 3.3o
22
de 3.3o à 5. 20
44
de 5.20 à 7.45
io5
SÉANCE DU 6 JUILLET [9o3. ^S
mais qui ont été en réalité faites sur le même animal et le même jour. On
voit, par exemple, alors que la teneur du sang en glycérine oscillait entre
o,38 et o, i5 pour loo pendant les 3o premières minutes, que l'urine éli-
minée contenait 3,i8 pour loo de glycérine, soit environ lo à 20 fois plus;
alors que la teneur du sang oscillait entre o, i5 et o,o3 pour 100 corres-
pondant à l'intervalle de temps compris entre 3o minutes et 2 heures,
l'urine éliminée contenait 4>93 pour 100 de glycérine, soit 3o à 100 fois
plus; pour l'intervalle de temps suivant la proportion est encore plus
grande. C'est là un fait très remarquable qui constitue un parallèle inté-
ressant entre la glycérine et un produit normal de l'organisme : l'urée.
L'épithélium rénal fonctionne pour la glycérine introduite dans le sang
comme il le fait pour l'urée. »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Les hydrates de carbone de l'orge et leurs transforma-
tions au cours de la germination industrielle. Note de M. L. Llxdet, pré-
sentée par M. Schlœsing.
« 1. Mode opératoire. — La plus grosse difficulté que l'on rencontre dans une étude
d'ensemble sur les transformations que les hydrates de carbone de l'orge subissent au
cours de la germination industrielle (') vient de ce que l'orge et surtout le malt ren-
ferment des diastases, l'amylase et la sucrase, qui, au cours des épuisements par l'eau,
modifient la nature de ces hydrates de carbone. L'épuisement à l'eau glacée évite ces
inconvénients, mais présente des difficultés matérielles. L'alcool est d'un emploi dan-
gereux.; il s'hydrate en présence du malt, que l'on ne peut sécher sans en modifier la
composition, et j'ai constaté que la sucrase invertit le saccharose, même en présence
de l'alcool à 70° G. L.
» J'ai obtenu d'excellents résultats en épuisant l'orge, à la température ordinaire, par
l'eau additionnée de sulfate de bioxyde de mercure. Celui-ci précipite les matières
azotées et spécialement les diastases qu'il immobilise. La liqueur filtrée est sursaturée
par la baryte, filtrée, puis saturée par l'acide sulfurique. On peut alors sans crainte
concentrer les liquides pour pratiquer ensuite les précipitations fractionnées par
l'alcool.
» Le précipité barytique est susceptible de renfermer la lévosine dont M. Tanret a
constaté la présence dans l'orge verte; la teneur de celle-ci en lévosine diminue parla
germination, jusqu'à ne plus représenter queo, i pour 100 de l'orge mûre. Je n'ai pas
rencontré de lévosine dans le précipité barytique du malt poussé et, dans ces condi-
(') Je remercie M. Sachs, directeur de la distillerie Springer, à Maisons-Alfort,
d'avoir bien voulu mettre à ma disposition des échantillons d'orge en cours de geimi-
nation.
G. R., 1903, ■:' Semestre. (T. CXXXVII, N» 1.) 'O
74 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lions, j'ai cru devoir négliger de la rechercher dans les produits intermédiaires de la
germination.
» II. Étude des gommes. — Quand on traite par des additions successives d'alcool
une eau d'orge ou de malt ainsi préparée, on précij)ite d'abord des gommes, dont le
pouvoir rolatoire est franchement gauche et s'élève jusqu'à — 187°, 5; puis des gommes
dont le pouvoir rolatoire devient de plus en plus droit, pour atteindre le chiffre de
+ 78°. Les gommes, dont le pouvoir rolatoire est intermédiaire, comme celle de
M. Lintner ( — 26°, 8), peuveni être, par l'alcool, dédoublées en gomme gauche el en
gomme droite.
» Je n'ai pas rencontré de dextrine, contrairement à ce qu'a trouvé M. Jalovi'elz.
D'ailleurs, les liquides ne donnent aucune coloration par l'iode, comme ils en donne-
raient s'il y avait eu saccharification diastasique à l'intérieur du grain.
)) Ces considérations m'autorisent à admettre que l'orge et le malt ne renferment
que deux gommes.
)) La première semble identique à la P-amjlane de M. O' Sullivan (a^r^ — i46").
Elle ne possède aucun [Douvoir réducteur. Les produits d'hydrolyse m'ont donné un
mélange de sucres réducteurs, (af) = -i- 53° à + 59°), qui représentent non pas du glu-
cose, comme ce savant l'avait annoncé, mais un mélange de sucres en C^, que j'étudie
en ce moment.
» La gomme droite répond aux caractères de l'a-galaclane que M. Mûntz a extrait,
sous le nom àe galactine, des semences de luzerne ( aD = -h 84°, 6). Son pouvoir réduc-
teur est compris entre 3o el 35. L'hydrolyse de celte gomme fournil du galactose el
probablement aussi du lévulose.
» Elles ne sont ni saccharifîables par la diastase, ni fermenlescibles par la levure.
» Dans les conditions ci-dessus indiquées, on peut, en présence d'une gomme préci-
pitée par l'alcool, déduire de son pouvoir rolatoire sa composition élémentaire en
galactane el amylane.
» J'ai appliqué celte méthode à l'élude de l'orge en germination, et j'ai précipité, par
des quantités d'alcool identiques, des extraits d'orge, prélevés dans les différentes
couches du germoir, préparés comme il a été dit précédemment, et amenés par l'éva^
poralion dans le vide au même volume. J'ai pu constater que les deux gommes
préexistent dans l'orge crue, que la galactane augmente progressivement par la germi-
nation, tandis que le poids d'amylane reste sensiblement stalionnaire. L'orge crue
renferme, par exemple, os,46 de galactane pour 100 d'orge sèche; ce chiffre passe
à 08,91 après 3 jours de germination, à is, 46 après 6 jours, el à 28,28 après 9 jours,
tandis que l'amylane représente, pour les mêmes périodes, os,54, os, 56, os,65, oî^',71.
Dans une autre expérience, j'ai constaté j8,oi, is,46, 1^,77, 2s, 25 de galactane et qs,5o,
os,5o, os,6o, os, 53 d'amylane.
» in. Etude des sucres. — J'ai, dans les liqueurs alcooliques, dosé les sucres non
précipités et, en comparant les résultats obtenus par l'inversion Glerget, qui ne touche
pas au mallose el, par l'inversion à 100°, j'ai pu constater que, à aucun moment de sa
germination, l'orge ne renferme de maltose. Ce fait est en opposition avec l'opinion de
M. O' Sullivan, de M. Jalowetz, de M. Krober, de M. Ling el s'accorde, au contraire,
avec les expériences de M. Diill. L'absence de maltose et de dextrine prouve qu'il n'y
a pas de saccharification interne pendant la germination.
SÉANCE DU 6 JUILLET tgoS. j5
» L'orge crue renferme de o,5 à i pour loo de saccharose, et celui-ci augmente au
germoir dans là proportion de l à 3. Le sucre réducteur s'y rencontre en quantité
extrêmement faible (o,i pour loo) : son pouvoir rotaloire est tel que l'on peut sup-
poser le sucre formé exclusivement par du glucose. Bientôt la sucrase entre en jeu, four-
nissant du glucose et du lévulose, dont la somme augmente parallèlement au saccha-
rose; ce fait a été d'ailleurs observé par M. Petit. Mais le pouvoir rotatoire du sucre
réducteur diminue progressivement; il a, dans une expérience, passé de +46° à
+ 28°, 7 ; dans une seconde, de + 47° à + 3o°, 6 et à 1 7°, 7 dans une troisième. Le grain
utilise probablement les deux sucres de façons différentes, comme je l'ai montré poUr
les feuilles de betteraves, le glucose présidant à la respiration, le lévulose assurant la
poussée cellulosique du germe et des radicelles. Le lévulose, qui était largement uti-
lisé au début, l'est plus lentement quand la germination se ralentit.
» IV. Etude de l'amidon. — L'amidon, au cours de la germination, diminue dans
la proportion de \ environ. En rapportant les chifTres à loos de l'orge, supposée sèche,
primitivement employée^ j'ai constaté 60,2 d'amidon dans l'orge crue, puis 55,7 après
3 jours de germination, 53,9 ^pi'ès 6 jours et 47)4 après 9 jours. La transformation
de l'amidon en saccharose a été reconnue bien des fois. A-t-elle Heu par l'intermé-
diaire instable du maltose, comme le supposent MM. Brown et Morris? Peut-elle au
contraire se passer de cet intermédiaire? La production d'amidon aux dépens du sac-
charose est classique, et ce que nous savons de la réversibilité des actions diastasiques
nous permet de supposer que la transformation est directe. D'ailleurs, si le maltose
était utilisé, que deviendrait la dextrine qui se formerait en même temps?
» Les grains d'amidon s'attaquent progressivement par la surface; il suffit, pour le
démontrer, d'isoler l'amidon à différents moments de la germination et de constater le
volume occupé par un même poids d'amidon déposé. Ce volume diminue dans la pro-
portion de 100 à 79, ce qui indique que les grains d'amidon deviennent de plus en plus
petits. »
HISTOLOGIE. — Recherches sur la constitution et sur la structure des fibres
cardiaques chez les Vertébrés inférieurs . Note de M. P. Marceau, présentée
par M. E. Perrier.
« A la suite d'une première série de recherches faites uniquement à
Taide de coupes de cœur colorées à l'hématoxyline ferrique ('), j'avais
admis que les fibrilles sont absolument continues dans toute la longueur
des travées musculaires et qu'on ne peut observer les limites de leurs pré-
tendues cellules constitutives, isolables par la solution de potasse caus-
tique à 4o pour 100, lesquelles sont fusionnées complètement en un véri-
tablesyncytium. De nouvelles recherches, faites en dissociant des fragments
(') Comptes rendus Soc. de Biologie, séance du 19 juillet 1902.
76 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de cœur de Truite, de Grenoudle, de Lézard, de Tortue et d'Alligator, à
l'aide de la solution concentrée de potasse caustique et surtout de l'acide
azotique à 20 pour 100, ont modifié légèrement mon opinion, tout en ne
contredisant aucune de mes observations antérieures.
» Les travées ou les parois compactes du cœur des Vertébrés inférieurs sont consti-
tuées par des faisceaux de fibres plus ou moins allongées et disposées parallèlement,
mais émettant des branches très obliques plus ou moins nombreuses dont les unes
s'anastomosent avec des fibres voisines et dont les autres se terminent librement
par des extrémités longuement effilées ou un peu obtuses. Ces fibres, après un par-
cours plus ou moins long, se terminent elles-mêmes par des extrémités effilées ou
obtuses, cédant ainsi le pas à d'autres fibres, ou bien s'anastomosent avec des branches
issues de fibres voisines et continuent leur chemin dans la même direction. Lorsque
les extrémités effilées, terminées librement, sont nombreuses, elles sont placées côte
à côte en se dépassant réciproquement à la façon de celles des fibres du bois. Les
fibrilles qu'elles renferment sont situées exactement dans le prolongement les unes des
autres, ce qui fait qu'à l'examen de coupes longitudinales des travées, elles paraissent
absolument continues dans toute l'étendue de celles-ci. En d'autres termes, les tra-
vées ou la paroi compacte du muscle cardiaque des Vertébrés inférieurs sont consti-
tuées par des fibres musculaires d'un faible diamètre, anastomosées en un réseau très
compliqué à mailles allongées, mais qui est hérissé de branches aveugles plus ou
moins nombreuses, de forme et de longueur variées. Si par la pensée on supposait la
travée distendue latéralement par une injection interstitielle de liquide qui sépare ses
fibres constitutives sans les rompre, elle présenterait une disposition assez analogue à
celle du réseau de cellules laticifères des Composées liguliflores.
V Dans le cœur des Vertébrés inférieurs, les travées se bifurquent et s'anastomosent
entre elles, à la façon des fibres elles-mêmes dans chaque travée. Après un nombre
plus ou moins grand de ces anastomoses et divisions successives, elles aboutissent
toutes, en définitive, soit à la base du bulbe aorlique, soit aux anneaux fibreux des
orifices auriculo-ventriculaires, où elles se terminent par des extrémités coniques à
pointe émoussée, absolument semblables à celles qu'a figurées von Ebner pour les
fibres cardiaques des Vertébrés supérieurs.
)) Les fibres cardiaques des Vertébrés inférieurs, d'un faible diamètre en général,
sont toutes constituées d'une façon analogue. Elles comprennent une colonne sarco-
plasmique contenant les noyaux à la périphérie de laquelle sont situées des fibrilles
striées. Celles-ci sont le plus souvent disposées en une seule assise, mais parfois aussi
il peut y en avoir deux ou trois dont les éléments sont alors répartis sans ordre
apparent.
)) Ces fibres sont en contact direct dans les travées et le plus souvent aussi dans les
parois compactes, puisque dans ces dernières régions les capillaires et les cellules
conjonctives sont rares. Il arrive assez souvent que ces fibres, toujours indistinctes
dans les coupes longitudinales des faisceaux des travées et de la paroi compacte,
quelquefois aussi paraissent mal limitées dans les coupes transversales. Cela tient à
ce que la rétraction de leur sarcoplasma, sous l'influence du réactif fixateur ou des
SÉANCE DU 6 JUILLET T903. ^^
déshydratants, se produit d'une façon très irrégulière, ce qui en laisse plusieurs en
contact, alors que d'autres sont fragmentées.
» Les fibres des Ghéloniens et des Crocodiliens ont beaucoup d'analogie, au point
de vue de leur taille et de la disposition des fibrilles, d'une part avec celles des Oiseaux,
et d'autre part avec celles des Monotrèmes (Ecliidné). Gomme celles de ces derniers,
elles sont aussi quelquefois, surtout chez les Crocodiles, séparées par des cellules
conjonctives rameuses et quelques capillaires; de plus, elles sont entourées par un
sarcolemme chez le Crocodile.
» Ainsi la transition entre les fibres cardiaques des Vertébrés inférieurs
et celles des Vertébrés sujDérieurs, s'établit par l'intermédiaire de celles
des Ghéloniens et des Crocodiliens. »
ANATOMIE COMPARÉE. — Sur la capsule surrénale des Amphibiens . Note de
M. Ed. GryiNfeltt, présentée par M. Alfred Giard.
« Les capsules surrénales des Amphibiens possèdent-elles en dehors des
cellules du type cortical et des cellules chromaffiues, éléments essentiels
de la capsule surrénale chez tous les Vertébrés, une nouvelle espèce d'élé-
ments histologiques? C'est la question qu'a soulevée Ciaccio dans une Note
récente.
)) Ayant étudié, depuis plus d'une année, la capsule surrénale de divers
Amphibiens urodèles et anoures et ayant recueilli un certain nombre de
matériaux, je désirerais présenter quelques observations à ce sujet.
» Sliliing a décrit en 1898 dans la capsule surrénale de Rana esculenla des cellules
particulières qu'il a appelées cellules cVété, parce qu'elles apparaissent avec la bonne
saison, puis diminuent de nombre et prennent des caractères moins nets, se conservant
jusqu'à l'année suivante où elles reprennent tous leurs caractères et tout leur dévelop-
pement. Depuis les recherches de Stilling, on a retrouvé ces cellules avec leur caracté-
ristiques principales pendant tout le cours de l'année. C'est ainsi que Bonnamour et
Policard les signalent chez des Grenouilles observées pendant l'hiver. De mon côté, je
les ai également retrouvées chez ces animaux pendant toute l'année. Ciaccio a observé
aussi d'une façon permanente les cellules qu'il décrit comme troisième élément de la
capsule surrénale des Anoures et qui paraissent répondre, ainsi que l'avait brièvement
indiqué Bonnamour et Policard, aux cellules d'été de Stilling.
» Gela n'implique pas, du reste, une erreur de la part de Stilling, car il signale
l'absence des cellules d'été chez des animaux retirés de la vase où ils s'étaient enfouis
pour passer l'hiver, par conséquent à l'état d'hibernation. Il est possible que les Gre-
nouilles observées par Ciaccio et par moi, vivant dans des climats plus méridionaax,
ne subissent pas une hibernation aussi marquée. D'autre part, il se peut que les Gre-
nouilles étudiées par Bonnamour et Policard aient été conservées dans le laboratoire,
•78 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et, par suite, ne soient pas comparables à celles de Stilling au point de vue de l'hiber-
nation. En ce qui me concerne, j'ai trouvé pendant tout l'hiver des cellules d'été Carac-
téristiques aussi bien dans les Rana esculenta conservées dans le laboratoire que dans
celles qui étaient pêchées dans les mares autour de Montpellier.
» Il ne s'agit donc pas là d'éléments aussi fugaces que pourrait le faire penser
l'expression de Stilling. Leur forme, leurs divers caractères montrent clairement que
cellules de Ciaccio et cellules de Stilling sont un seul et même élément, et qu'il est
probable que Ciaccio en a jugé autrement en prenant trop à la lettre le mot de
Soimner zellen .
y> Ces éléments présentent, en outré, la particularité très singulière de se rencontrer
seulement parmi les anoures dans le genre Rana. C'est un fait remarquable et absolu-
ment hors de doute. En effet, dans les belles recherches de Giacomini, ils né sont
signalés que chez Rana temporaria, alors que cet auteur a étudié en détail la capsule
surrénale de Rana, Rombinator, Rufo et Hyla. J'ai étudié moi-même avec soin une
série de capsules surrénales à^Hyla et de Rufo recueillis pendant toute l'année dans
les serres du Jardin des Plantes de Montpellier, et je n'ai jamais rencontré de cellules
d'été chez ces Anoures. Il n'y en a pas non plus chez les tlrodèles examinés par Giaco-
mini {Salamandra, Salamandrina, Spelerpes, Triton. Euproctas)^ ni dans les divers
Tritons que j'ai viîs (T". marmoratus et T. palmatus), La rareté des cellules d'été
mérite d'être remarquée, et il ne faudrait pas se hâter de conclure delà capsule surré-
nale de la Grenouille à celle de tous les Amphibiens.
» Les cellules d'été présentent des caractères spéciaux que Stilling a bien indiqués :
forme globuleuse ou ovoïde, noyau excentrique et fortement colorable, protoplasma
se teignant très énergiquement par l'éosine après certains réactifs. La forme arrondie
de ces cellules se rencontre toujours: jamais elles ne deviennent polygonales pour
constituer des masses épithéliales, et dans quelque partie de la capsule surrénale
qu'elles se placent, soit dans les cordons de cellules corticales, soit autour des Cellules
médullaires ou au milieu des amas que ces dernières forment, elles demeurent globu-
leuses, sans modeler en rien leurs contours sur ceux des espaces que pourraient laisser
libres les cellules. Elles se montrent donc un peu comme des corps étrangers super-
posés en quelque sorte aux éléments des organes où on les rencontre. Ce caractère, la
disposition excentrique de leur noyau et quelques propriétés colorantes, m'ont porté
à penser que ces cellules sont péut-êti'e tout simplement des leucocytes émigrés dans
la capsule surrénale, et qui prennent des caractères spéciaux dans cet organe. Leur
protoplasma se teint par mélachromasie en rouge violet par le bleu de Unna, comme
le fait celui des Mastzellen.
)) La présence de grains de sécrétion décrits par Ciaccio dans Ces cellules auxquelles
il donne justement, à cause de ces grains, le nom de granulifères, ne prévaut pas
contre celte manière de voir. Il y a lieu de poursuivre l'étude de ces cellules, et l'idée
de leur nature leucocytaire pourra bien être confirmée par la suite, surtout lorsqu'on
arrivera à constater le moment précis de leur apparition, ce que je n'ai pas pu faire
jusqu'ici.
» En tout cas, il faut insister sur ce fait, qu'on ne les la trouvées jusqu'à
présent que dans le genre Rana, Stilling les signale chez R. esculenta,
SÉANCE DU 6 JUIT-LET igo3. 79
Giacomini ne les a pas trouvées chez /?. esculenta, mais chez R, temporaria.
Ciaccio les représente chez /?. esculenta, tt donne aussi R. temporaria
comme un bon exemple pour l'élude de ces cellules. Par conséquent leur
présence ne paraît bien établie jusqu'ici que dans le genre Râpa et
peut-être pas dans toutes les espèces indigènes de ce genre, »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — La Segmentation parthénogénétiqiie expé-
rimentale chez les œufs de Petrouiyzon Planeri. Note de M. E. Bataillox,
présentée par M. Y. Delage.
« Pour élucider les phénomènes intimes de la segmentation provoquée
chez les œufs vierges de Vertébrés, je me suis adressé à un type autre que
nos Amphibiens vulgaires et présentant sur lui de sérieux avantages,
l/œut de Lamproie, par sa constitution et son mode de segmentation, rap-
pelle celui de la Grenouille; mais l'absence de gangue et de pigment, la
présence d'un micropyle et la netteté de certains phénomènes consécutifs
à l'imprégnation permettent une expérimentation plus précise avec un
parallélisme intéressant entre l'évolution normale et l'évolution parthé^
nogénétique.
» Les œufs vierges portés 3o minutes à 35°, suivant la technique empruntée à Delage,
et que j'avais employée avec succès pour Ranci temporaria, sont restés inertes. Une
température de 3o° ne m'a pas mieux réussi. Le même matériel immergé dans les
solutions fortes salines ou sucrées (valeur : i pour 100 de NaCl), pendant i heure,
I heure 3o minutes, 2 heures, i5 heures, et reporté dans l'eau pure, ne m'a fourni que
quelques rares débuts de segmentation. Mais j'ai obtenu régulièrement de très belles
morulas et même des blastulas à éléments plus ou moins fins, en plongeant et niain^
tenant les œufs dans des solutions de saccharose à 5 ou 6 pour 100 ou dans des solu-
tions isotoniques de ISaCl.
» C'est un premier point à noter. Je rappellerai que, l'an dernier, avec Ranafusca,
je superposais avantageusement à l'action de la chaleur celle des solutions sous une
concentration identique. Mon objectif était de réagir contre la réhydratation inévi-
table sur des œufs volumineux, et à évolution lente. L'interprétation est d'autant plus
plausible que cette année, j'ai tiré du même type Amphibien, avec le seul contact
permanent du sucre à 6 pour 100, des formes morulaires ou blastulaires plus belles
que toutes celles obtenues antérieurement.
» C'est la clef du phénomène enregistré chez la Lamproie. L'œuf a uqe surface rela-
tive plus grande puisqu'il est plus petit, et son évolution est sensiblement plus lente.
Une modification brusque de l'équilibre par le milieu extérieur peut n'être que tran-
sitoire et s'eflTacer dans l'eau pure avant la segmentation. On comprendrait ainsi com-
ment, chez les Amphibiens et les Cyclostomes, la meilleure condition de l'évolution
8o ACADÉMIE DES SCIENCES.
expérimentale paraît être le contact permanent de la solution la plus faible qui en-
gendre la division.
» A ces faits s'en joignent d'autres, non moins suggestifs et qui viennent tous à
l'appui de mon hypothèse de la déshydratation.
» Sur l'œuf vierge fr;iîchenient émis, le chorion n'apparaît pas : il est strictement
accolé à la masse ovalaire. Ajoutez le sperme et presque immédiatement (au bout de
I minute au plus), le chorion se détache au niveau du micropyle où l'œuf montre une
dépression cratériforme. On voit s'étendre progressivement vers le pôle opposé une
contraction qui chemine comme une onde annulaire. L'œuf devient libre dans son en-
veloppe; il a réduit son volume; il est devenu sphérique, et le point micropylaire qui
correspondait à une extrémité de l'ovale passe à peu près au pôle supérieur à la suite
d'une rotation de go°.
» L'œuf vierge soumis aux solutions déshydratantes présente le même phénomène
au bout de 24 heures, 48 heures, ou même plus tard. Jamais il ne se divise sans avoir
subi au préalable ce changement d'allure, et je me suis assuré que ce changement
précède tout mouvement nucléaire.
» Mais voici d'autres détails également significatifs. Dans le sel à 0,5 pour 100, on
trouve, au début du sixième jour, beaucoup d'œufs restés inertes; depuis 72 heures,
aucun d'eux n'a séparé son chorion ; leur surface est légèrement ridée. On les porte
dans le sucre à 6 pour loo; le lendemain, la plupart d'entre eux sont en mouvement
et donnent ultérieurement de belles blastulas. Le passage inverse a été pratiqué au
bout de 7 jours avec des œufs non divisés dans le sucre à 6 pour 100; immergés dans
la solution de NaCl à o,65, ils se sont segmentés. Bien mieux, au bout de 7 jours, un
stock de ces œufs restés immobiles dans les milieux artificiels a pu être fécondé.
» Les ébauches issues des œufs vierges ne dépassent pas le stade blastulaire. Non
seulement les blastomères renferment des noyaux dès le début de la segmentation;
mais, dans certains cas, presque tous ces noyaux sont en mouvemnnt. Il y a prédo-
minance des figures pluripolaires.
» Ces expériences mettent en évidence le rôle très net de la déshydrata-
tion et l'avantage du contact permanent de la solution saline ou sucrée à la
concentration minima oîi elle soit encore efficace ».
BOTANIQUE. — Le mériphyte chez les Cycadacées. Note de M. H. Matte,
présentée par M. Guignard.
« Depuis quelques années, on tend à accorder au système libéroligneux
de la feuille (mériphyte de M. Lignier) une importance de plus en plus
grande. C'est donc dans le but de rechercher si celui des Cycadacées peut
donner des indications sur la valeur phylogénétique de ce groupe si inté-
ressant que nous avons entrepris sur le parcours des faisceaux une étude
résumée dans la présente Note.
SÉANCE DU 6 JUILLET igoS. 8l
« La structure de l'arc foliaire des Cycadacées est très constante, mais sa forme est
rendue assez variable par des plissements longitudinaux qui l'altèrent d'une façon
parfois considérable.
» La rentrée des faisceaux foliolaires dans le rachis ne se fait par une trace réelle-
ment unifasciculée que dans le genre Cycas; dans tous les autres genres, elle est pluri-
fasciculée. En effet, s'il est vrai que dans les genres Dioon et Ceratozamia, ainsi que
dans la plupart des espèces du genre Zamia, cette trace ne paraît constituée que par
un seul faisceau rentrant, le nombre de ses pointements trachéens démontre cependant
qu'il équivaut à une trace plurifasciculée. Parfois, d'ailleurs, comme chez le Dioon
edule Lind. et certains Ceratozamia, un ou plusieurs faisceaux marginaux externes
de la foliole restent indépendants de leurs congénères plus internes et se terminent en
pointe libre dans la base d'inserlion sur le pétiole.
» De bonne heure, chez les Cycas, Dioon, Ceratozamia, la plupart des Zamia et
certains Macrozamia, l'arc libéro-ligneux pétiolaire subit, vers le plan du pétiole,
un plissement longitudinal rentrant d'où résulte la forme classique en O. C'est sur ses
marges que s'insèrent tonjours les traces foliolaires.
» Dans le genre Encephalartos, la forme en Q. est profondément modifiée et peut
même ne plus se reconnaître. En effet, chaque trace foliolaire, nettement plurifasci-
culée, subit, dès sa rentrée, une torsion qui ramène le ou les premiers (') de ses fais-
ceaux soit vers les derniers, soit simplement vers la partie antérieure du pétiole. Dans
ce dernier cas, le trajet inférieur des faisceaux devenus antérieurs est variable : ou
bien, sans modifier notablement leur position, ils se mettent en rapport avec ceux des
traces foliolaires sous-jacentes, ou bien, se rapprochant plus ou moins du plan de symé-
trie pétiolaire, ils se placent soit dans la partie antérieure du segment médullaire, soit
dans sa partie postérieure; là encore, ils se comportent de façons diverses suivant les
espèces et certains peuvent s'intercaler dans l'arc pétiolaire. Les autres faisceaux des
traces foliolaires s'accolent au bord de l'arc libéro-ligneux et contribuent à son
accroissement, mais jamais ils ne le font qu'après avoir subi, eux aussi, vers le plan de
symétrie du pétiole, une déviation qui fait songer au plissement de l'O.
» La résultante de tous ces faits est la constitution, à la base du pétiole, d'un sys-
tème libéro-ligneux foliaire k faisceaux dispersés et orientés en tous sens, système
dans lequel il semble impossible de discerner une disposition type.
» Chez quelques espèces, notamment chez VE. Lehmanni Lehm. et chez VE.
horridus Lehm., les faisceaux foliolaires rentrants peuvent, en outre, en se tordant,
former des cordons libéro-ligneux très arqués ou même à structure absolument con-
centrique.
» Le Zamia muricata Willd. montre, dans la partie antérieure de son pétiole, un
système de faisceaux qui, par son mode de formation et sa disposition, rappelle celui
du g. Encephalartos; il en difiere, cependant, par le niveau plus inférieur où se fait
la torsion des traces foliolaires.
» Enfin, chez quelques Macrozamia, M. spiralis Miq., M. Fraseri Miq., entre
autres, il n'y a que le premier faisceau des traces foliolaires successives qui subisse la
(^) C'est-à-dire ceux qui sont le plus rapprochés du plan de symétrie pétiolaire.
C. R., 190.3, ->' Semestre. (T. CXXXVII, N» 1.) II
82 ACADÉMIE DES SCIENCES.
torsion, et il en résulte la formation d'un système fasciculaire disposé régulièrement
suivant une bande antérieure parallèle à la marge de Tare pétiolaire et orientée in-
versement.
» On sait que chez le Stangeria paradoxa Th. Moore, les deux premières folioles
inférieures sont insérées en avant du pétiole et de part et d'autre de sa ligne mé-
diane antérieure, et qu'elles sont, en outre, contiguës à la paire suivante qui est la-
térale. Il résulte de cette disposition que les traces des deux premières folioles se
placent en avant et dans le prolongement des branches de l'arc ondulées et un peu
rentrantes vers le plan pétiolaire. Ainsi complété, cet arc prend la forme de deux fers
à cheval accolés par leurs extrémités ; plus bas, le fer antérieur se creuse dans le
plan pétiolaire.
» Chez le Bowenia spectabilis llook., les traces foliolaires, après une torsion en
avant.de leur premier faisceau, constituent un système libéro^ligneux qui, à la base
du pétiole secondaire, prend la forme d'un cercle de faisceaux fermé antérieurement.
» Les cercles des deux pétioles secondaires terminaux ' unissent en un seiyl dans le
rachis principal en isolant temporairement un faisceau dans son intérieur.
» Aux niveaux des rentrées des pétioles secondaires inférieurs, leurs cercles se
fondent de même dans le cercle unique un peu déformé du rachis principal, et, chaque
fois, il s'isole encore un ou plusieurs faisceaux permanents dans son intérieur. Ces
rentrées successives déterminent ainsi, dans la base du rachis, la formation d'un cercle
externe de faisceaux entourant complètement un second cercle interne excentrique
qui enserre lui-mênie à son intérieur un faisceau représentatif d' un troisième
cercle. C'est là une disposition qui rappelle d'une façon frappante celle de VAn-
giopteris evecta,
» Résumé. — Les traces foliolaires ne sont réellement iinifasciculées que
dans le g. Cycas ; ailleurs elles sont plus ou moins plurifasciculées.
» La forme typique en ù ne se montre visible que chez les Cycas, Dioon,
Ceratozamia, la plupart des Zamia et certains Macrozamia, mais partout il
y a indication de pli latéral qui caractérise cet arc.
» Dans le g. Encephalartos, chez certains Zamia et Macrozamia, l'arc
foliaire présente, dans la base du pétiole, une complication parfois consi-
dérable due à des tensions et à des déplacements de faisceaux que nous
attribuons à des plissements de l'arc foliaire.
» Dans les g. Stangeria et Bowenia, l'arc foliaire est assez différent des
précédents et celui du second a la même forme que dans V Angiopteris ,
» Cette étude s'applique à des feuilles adultes de troncs d'un âge mûr;
la forme de l'arc foliaire dans les feuilles de jeunes individus est généra-
lement plus simple et elle peut même présenter d'autres caractères. »
SÉANCE DU 6 JUILLET 1903. 83
GÉOLOGIE. " Sur deux horizons à Céphalopodes du Déi^onien supérieur dans
le Sahara oranais. Note de M. Emile Haug, présentée par M. Munier-
Chalmas.
« L'existence de terrains paléozoïques dans le nord du Sahara est connue
de longue date, mais ce n'est qu'en 1901 que le Dévonien fut signalé dans
l'Extrême Sud oranais par M. Flamand ('), d'après des échantillons recueillis
près de Charouin, dans le Gourara, pur M. le commandant Laquière.
Calceola sandalina démontre bien la présence, en ce point, de l'étage
inférieur du Dévonien moyen. C'est à M. Emile Gautier (-) qu'est due la
découverte, dans la même région et dans l'oued Saoura, de Céphalopodes
indiquant l'existence du Dévonien supérieur (').
» Je parlerai d'abord d'un lot de fossiles, recueilli par M. Emile Gautier à Fgagira,
dans le Gourara, qui représente un horizon bien connu en Europe, appartenant à la
partie inférieure du Dévonien supérieur, à l'étage Frasnien. M. Gautier ('•) a publié
une coupe de la localité de Fgagiva, dans laquelle il attribue, sur des déterminations
provisoires, au sommet du Dévonien moyen les « minces couches calcaires avec bancs
» épais d'argiles intercalés », d'où proviennent les fossiles en question. J'ai sous les
yeux plusieurs plaquettes de calcaire cristallin, couvertes à la surface de nombreux
fossiles, en général d'une belle conservation. Sur quelques-unes prédominent des Or-
thoceras indéterminables, sur d'autres se trouvent en grand nombre de très beaux
exemplaires de Bactrites carinatus Mûnst. sp.
» Les Goniatites sont plus rares, mais Tornoceras simplex Buch et Gephyroceras
intumescens Beyr. sont représentés par plusieurs échantillons. Enfin, sur une autre
plaquette, se volent plusieurs exemplaires de Buchiola vetrostriata Buch sp.
» L'association de Tornoceras simplex, de GepJiyroceras intumescens et de Bac-
trites carinatus indique avec certitude la présence, à Fgagira, de la zone à Gephyro-
(^) Comptes rendus, i""" juillet 1901.
(") Ibid., 8 décembre 1902.
(^) M., Emile Gautier ayant bien voulu, sur la demande de M. Douvillé, mettre à
ma disposition les matériaux recueillis dans ses deux voyages (1902 et igoS) dans
l'Extrême Sud oranais, je suis à môme de donner aujourd'hui le résultat de mes déter-
minations paléonlologiques. Je dois également à M. le lieutenant Bavière, du poste de
Beni-Abbès, un lot de Céphalopodes qui m'a été obligeamment remis par M. Paul
Lemoine. Je tiens à adresser ici tous mes remercîments à jNLM. Gautier et Bavière,
ainsi qu'à MM. Douvillé et Lemoine.
(*) Emile-F. Gautier, Sahara oranais [Annales de Géogr., n" 63, i5 mai igoS,
p. 235-259; Carte PL IV, 8 figures {\o\v fig. 2, p. 244)]-
84 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ceras intumescens, second niveau du Dévonien supérieur, dans la classification publiée
récemment par M. Frech ( ^).
» Cet horizon se rencontre, comme on sait, à Cabrières, au Martenberg, à Biides-
heim, etc., ainsi que dans le Timan.
)) Un niveau incontestablement plus élevé a fourni à M. Gautier des séries beaucoup
plus riches. Il est représenté en deux points, distants d'ailleurs d'environ 220'''°, à
CharoLiin, dans le Gourara, au nord-est de Fgagira, et à Beni-Abbès, sur l'oued
Saoura, au sud-est d'Igli.
» Le gisement de Beni-Abbès était faiblement représenté dans la série d'échantil-
lons rapportés par M. Gautier lors de son premier voyage; en revanche, j'ai mainte-
nant entre les ma-ins un lot très important recueilli à la même localité en mars 1908
par M. Gautier et par M. le lieutenant Bavière. Les Céphalopodes sont remarquables
par le nombre des exemplaires, la variété des espèces et leur bel état de conservation.
Ce sont des moules internes calcaires, colorés en rouge par du sesquioxyde de fer
anhydre; les détails de l'ornementation et les cloisons y sont nettement visibles,
» J'ai été frappé de la ressemblance extérieure que présentent les échantillons de
Beni-Abbès avec ceux de certaines localités dévoniennes de l'Allemagne centrale. On
va voir par la liste ci-dessous que la ressemblance n'est pas seulement extérieure et
qu'elle porte également sur le caractère paléontologique de la série. Voici l'énuméra-
tion des espèces que j'ai pu reconnaître parmi mes matériaux de Beni-Abbès :
» C liiloceras subpartitum Miinst.; Sporadoceras subbilobatiun Miinst.; id. var.
meridionalis Frech.; Sporadoceras n. sp. (ou Meneceras, avec le péristome muni
d'une apophyse jugale) ; Aganides sulcatus Miinst.; Clymenia lœvigaia Mûnst.; Cl.
cf. pygniœa Mûnst.; Cl. cf. flexuosa Mûnst.; Cl. annulata Mûnst. (nombreux
exemplaires); CL subnautilina Sandb.; Cl. n. sp. afF. intracostata ¥vQch.\ CL n. sp.
afT. plurisepta Phil.; Cl. n. sp. (tours beaucoup plus embrassants que la précédente,
section ovale); CL n. sp.; Cl. spinosa Mûnst.; Oxyclyinenia striata Mûnst.; Or-
thoceras pi. sp.; Phacops cœcus Gûrich.; Capulus (?) (Drevermann, Fauna der ober-
dev. Tuffbreccie von Langenaubach, PL XIV, fig. 11); Buchiola retrostriata Buch.;
Posidononiya venusta Mûnst.
» Ce qui frappe d'ailleurs, dans cette liste, c'est la prédominance des espèces du
genre Clymenia s. str. et l'absence totale des Gonioclymenia. C'est précisément là le
caractère qui différencie le niveau inférieur du calcaire à Clyménies de la Westphalie
et du Nassau, la zone à Clymenia annulata àe MM. Denckmann etLotz (-), du niveau
supérieur, de la zone à Gonioclymenia speciosa.
» Je ne doute pas que ce soit le niveau inférieur qui se trouve représenté à Beni-
Abbès à l'exclusion du niveau supérieur. Le reste de la faune milite également en
faveur de cette conclusion. Il est rare de trouver, à des distances aussi considérables
que celle qui sépare le Sahara oranais du Nassau, une association de formes aussi
remarquablement identiques dans des couches appartenant au même horizon.
(*) Fr. Frech, Veber devonische Ammoneen {Beitr. z. Pal. u. Geol. Œster.-Ung.,
t. XIV, p. 27-112, P/. //-r,- 1902).
C) V. Frech, loc cit., p. 104.
SÉANCE DU 6 JUILLET IpoS. 85
» Quant à la seconde localité de calcaires à Clyménies, celle de Charouin, dans le
Gourara, elle a fourni jusqu'à présent un nombre d'espèces bien inférieur à celle de
Beni-Abbès. Parmi les matériaux recueillis par M. Gautier ne se trouvent que quelques
exemplaires de Clymenia lœvigata, assez bien conservés, mais toutefois partielle-
ment polis par le sable, et plusieurs Goniatites indéterminables. Le niveau est proba-
blement le même qu'à Beni-Abbès, quoique le facie? minéralogique soit assez différent.
Les calcaires rouge violacé sont beaucoup plus compacts et rappellent beaucoup cer-
tains marbres griotte.
» En résumé, on connaît aujourd'hui clans le Sahara oranais, grâce aux
explorations de M. Gautier, deux niveaux fossilifères du Dévonien supé-
rieur, nettement définis par des faunes riches et bien caractérisliques. Leurs
affinités paléontologiques avec les couches de même âge de l'Allemagne
centrale sont tout à fait remarquables et accentuent encore le caractère
« hercynien » ou mieux « armoricain-varisque » des chaînes paléozoïques
du Sahara septentrional, sur lequel plusieurs auteurs ont déjà insisté. »
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Sur les variations de la Meuse à l'époque quater-
naire. Note de M. Paul Kois, présentée par M. de Lapparent.
« L'étude attentive des rivières, de leur régime, de leurs terrasses, la
comparaison de la section des vallées avec la surface qu'elles drainent,
l'interprétation des formes topographiques du sol, montrent qu'à partir
de l'époque paléolithique, le bassin de la Meuse française a éprouvé des
variations considérables, qui ont laissé de profondes empreintes dans la
physionomie actuelle du pays ( * ).
» Ce bassin englobait, à l'est, les hautes vallées de l'Orne, du Rupt de
Madt, du Terrouin et celle de la Moselle en amont de Toul; à l'ouest, la
Voire, la Marne avec ses affluents dans la région du Perthois, l'Aisne en
amont d'Attigny et l'Aire.
» Il était limité à l'ouest par la falaise crétacée et à l'est par l'ancienne
falaise corallienne du Jarnisy et du pays de Haye.
» Un grand nombre de ses affluents avaient une assez grande puissance.
» La Saônelle drainait tout le pays oolilhique entre Coussey, Chaumont et Langres.
Le Vair, outre son bassin actuel, occupait celui du Haut-Madon en amont de Mire-
court. La Haute-Moselle tout entière, au lieu de rebrousser à Toul, continuait son
(') Voir notamment les travaux publiés par M. VV. Morris-Davis.
86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cours vers l'ouest et venait, par le Val-de-l'Ane, confluer à Pagny-sur-Meuse. Ses
eaux coulaient à 45"' au-dessus du fond de la vallée actuelle. La Loison et l'Olhain
prenaient leur source plus au sud et recueillaient les eaux du plateau corallien qui
recouvrait encore tout le pays de Woëvres.
» Enfin, un affluent, que nous désignerons sous le nom de Marne-Bar, prenait sa
source au nord de Chaumont, suivait le cours de la Marne jusque Saint-Dizier; puis,
se dirigeant vers le nord par-dessus le seuil delà forêt de Belnoue, venait rejoindre le
cours de l'Aisne, passait au défilé du Grand-Pré et atteignait la Meuse par la vallée de
l'Agron puis celle de la Bar. Il recueillait au passage tous les affluents de la Marne et
de l'Aisne compris entre la falaise crétacée et la Meuse actuelle.
» Le bassin de cette rivière avait 8000*""" de superficie; celui de sa voisine, la Meuse,
avait à Mouzon g 500*^"'' d'étendue. Aussi s'explique-t-on que les vallées creusées par
ces deux cours d'eau, à travers les calcaires oolithiques, aient à peu près une égale
importance.
» L'ancienne Marne-Bar coulait à 70™ en moyenne au-dessus du lit de l'Aisne
actuelle et à 5o'" au-dessus de la Marne; son altitude, repérée au seuil de Belnoue par
les alluvions, atteignait i85".
» A la môme épo([ue, l'Aube ne recevait pas le tribut de la Voire, la Marne prenait
naissance sur le plateau crayeux delà Champagne et l'Aisne ne dépassait pas vers l'est
le bombement jurassique voisin d'Attigny.
» Ces affluents de la Seine étaient fortement en contrebas du cours de la Marne-Bar.
Tous avaient la limpidité et l'allure tranquille des rivières de contrées perméables; ils
imposaient leur régime au collecteur en aval de Paris. Aussi la Seine, dans son cours
inférieur, remplissait-elle sa vallée d'une épaisse couche de tourbe, où l'on a recueilli
des restes humains.
f> A droite de la Meuse, la Meurlhe quaternaire coulait, vers Metz, à 45™ au-dessus
de son lit actuel. Ses affluents de rive gauche, relevés d'autant, ne dépassaient pas les
limites du Jarnisy et du pays de Haye.
» La Seille, à Pournoy-Ia-Chétive, tournait à droite et, longeant la faille de
Mécleuves, rejoignait laNied à Courcelles.
» Toute la contrée comprise entre la Champagne et les Vosges était
fermée au nord par les massifs forestiers de l'Ardenne, du Luxembourg et
du Palatinat, au sud par ceux de Clairvaux, du Bassigny et des Faucilles.
Une série de rivières parallèles, violentes ou marécageuses, alternant avec
de longues bandes continues de forêts orientées du sud au nord, rendaient
la pénétration très difficile par l'est ou par l'ouest.
)) Aussi les restes de l'industrie paléolithique, qui sont très répandus dans
la Champagne, sont-ils presque inconnus entre cette contrée et le Rhin.
» Tel était l'état du pays, lorsqu'une série d'événements, en pratiquant
des trouées à travers tous ces obstacles, vint ouvrir la région à l'activité de
l'homme.
» La Meurthe à Frouard avait un bassin plus étendu et plus ramassé que
SÉANCE DU 6 JUILLET igoS. 87
celui de la Moselle; elle recevait un puissant appel du Rhin; aussi creusait-
elle son lit avec plus d'énergie. A un moment donné, un de ses affluents, le
Terrouin, dans son allongement vers l'ouest, vint surprendre la Moselle à
Toul et l'entraîna vers Frouard. Les deux rivières, désormais réunies, joi-
gnant leurs efforts, creusèrent leur vallée commune avec une énergie dou-
blée, et l'enfoncèrent d'environ 45™.
» Les affluents, sous leur impulsion, entreprirent une violente campagne
d'érosion régressive.
» Le Bas Madon capturait le Haut Vair et décapitait l'Arot. La Seille, surprise à
Pournoy, était entraînée dans la Moselle. Le Rupt de Madt, l'Orne et le Terrouin
sapaient le support argileux de la falaise corallienne et, la faisant reculer jusqu'aux
côtes de Meuse, nivelaient sur son emplacement les plaines des Woëvres. Par le fait
de ces captures, la Meuse perdait sur sa droite 45oo'^'" de bassin. Frappée de paralysie,
elle cessa de rouler ses alluvions pour les déposer dans son lit.
» Pendant ce temps l'Aube, la Marne et l'Aisne continuaient lentement leur évo-
lution et creusaient progressivement leur sillon.
» L'Aube atteignait bientôt la Voire; puis la Marne champenoise capturait sa voi-
sine du Vallage, déblayait le Perthois et allait conquérir jusqu'à Chaumont la haute
vallée de la Saônelle. Enfin, l'Aire perçait le bombement d'Attigny et venait détourner,
au défilé de Grand-Pré, tout le reste de la Marne-Bar. Avec cette dernière, la Meuse a
perdu 7500"^"^- de son bassin. Des 2i5oo'""- qu'elle drainait autrefois en amont de
Mézières, il ne lui en reste plus que 7300 à l'heure actuelle.
» L'Aube et la Marne ainsi renforcées se sont partagé les têtes champenoises des
rivières de Brie.
» La Marne et l'Aisne, devenues torrentielles, entraînèrent leurs troubles jusque
dans la basse Seine et recouvrirent son fond tourbeux d'une couche de 4"^ de fertiles
alluvions.
» La Lorraine et le Barrois avaient dès lors leiu' aspect actuel; mais la
lutte entre les rivières ne semble pas terminée et il est permis d'entrevoir
dans l'avenir que les derniers restes de la Meuse française seront soutirés
par les vallées de la Bar et de l'Ingressin, et que la Seine sera alors direc-
tement aux prises avec le Rhin.
» Par toutes les captures, de larges brèches ont été creusées dans les
anciennes barrières, les grandes voies historiques se sont ouvertes de
l'ouest à l'est au commerce comme à la guerre, l'homme a pu pénétrer
en Lorraine, ainsi que le prouvent les restes de l'industrie néolithique qui
s'y sont rencontrés.
» Plus taixl les routes, les canaux et les voies ferrées ont utilisé les
mêmes passages naturels, dont l'ouverture avait été si laborieuse.
» En terminant, il est curieux de remarquer qiie la liitte épique des
88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rivières, qui a livré à l'homme l'accès des plateaux lorrains, n'a fail que
préparer le théâtre ou devaient se dérouler les guerres acharnées de deux
races, depuis la plus haute antiquité jusqu'à nos jours. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la ré iro gradation de l'empois d'amidon.
Note de M. L. Maquenne, présentée par M. Roux.
« On sait depuis longtemps que certaines variétés d'amylodextrines
perdent d'elles-mêmes leur solubilité dans l'eau, mais jusqu'ici on n'a encore
signalé explicitement aucune transformation moléculaire de l'amidon sim-
plement gélifié. La seule indication précise qui, à ma connaissance, se
rapproche des faits exposés dans celle Note nous a été fournie par M. Lindet,
qui attribue le rassissement du pain à une rétrogradation de Tamylodexlrine
ou de l'amidon muqueux et montre, en effet, que dans la mie la quantité
d'amidon inattaquable par l'acide chlorhydrique dilué, à la température de
36*^, augmente à mesure qu'on s'éloigne du moment de la cuisson (').
» Il suffit cependant de maintenir pendant quelques jours, en milieu
aseptique, une gelée homogène d'amidon, pour la voir, de translucide
qu'elle était d'abord, devenir peu à peu opaque et finalement déposer des
grumeaux dont l'apparition rappelle le phénomène de la contraction du
coagulum, étudié autrefois par Grimaux. J'ai reconnu que ce changement
d'aspect est dû à une transformation de l'amidon, qui tend à prendre la
forme d'amylocellulose décrite par Brown et Héron.
)) Non colorable par l'iode, inattaquable par le malt, très lentement
hydrolysée par les acides minéraux étendus et bouillants (-), cette matière
se dissout au contraire assez bien dans une lessive de potasse, et la liqueur
neutralisée se colore à nouveau par l'iode en bleu pur : ce caractère,
déjà reconnu par Brown et Héron, semble indiquer dans l'amylocellulose
la présence d'une fonction lactonique, résultant sans doute d'une déshy-
dratation partielle de la molécule primitive d'amidon.
» La transformation est progressive; sa vitesse décroît avec le temps
sans devenir nulle après 20 jours de conservation ; elle s'observe enfin avec
(*) Comptes rendus, l. CXXXIV, p. 908 et Bult. Soc. chbn., 3« série, t, XXVII,
p. 633.
(2) 11 se forme ainsi du glucose ordinaire, que l'on a réussi à faire cristalliser,
comme avec l'amidon normal.
SÉANCE DU 6 JUILLET igoS. 89
la pseudo-solution d'amidon préparée à iSo** aussi bien qu'avec l'empois
ordinaire et par conséquent est de nature purement chimique, indépen-
dante de l'intervention de tout enzyme ou microorganisme.
» Les résultats suivants donneront une idée suffisante de l'allure géné-
rale du phénomène.
» Expérience I. — 2s de fécule (non desséchée) par essai; on gélifie par un chauf-
fage de 5 minutes à 100" avec ^o*^™^ d'eau, on conserve avec quelques gouttes de
toluène, puis on saccharifie à froid, par 20*""' d'une même solution d'amylase. Après
24 heures on filtre et l'on dose l'extrait sec dans la liqueur claire, en négligeant la
matière soluble apportée par le malt (environ os,3).
Perte en matière
Extrait soluble
sec -^ — — ^
total. absolue. poui* 100.
g
Début 2,0682
Après 2 jours 1,9518 0,1 164 5,6
» 4 jours 1,91 52 o,i53o 7,4
» 8 jours 1,8384 0,2298 11,1
» 10 jours 1,7898 0,2784 i3,4
» Expérience II. — 2s de fécule dans 4o"'"' d'eau; on gélifie par 2 minutes de
chauffe dans un bain d'eau bouillante, puis on maintient pendant i5 minutes en auto-
clave à 110° et l'on conserve sans addition. La saccharification est faite à froid
par 10'='"' d'une même infusion de malt (i5s pour i5o'^'"' d'eau) et en présence de
toluène. Après 24 heures, on dose dans les liqueurs filtrées l'extrait sec et le maltose,
en tenant compte, celte fois, des apports imputables à la solution de diastase (08,174
de matière soluble et 0^,0828 de maltose pour lo*^"*').
» Le dosage du maltose a été effectué par la méthode à l'hyposulfite de sodium,
que j'ai décrite il y a quelques années (*).
Différences pour 100. Rapport du
Matière Maltose - — ^i— — - — -- maltose à
soluble. formé. Extrait sec. Maltose. l'extrait sec.
s e
Début Ij7io 1,206 » » o,7o5
Après 2 jours.... i,634 1,1 36 4,4 5,8 o>695
» 4 » •••• i,6o4 1,123 6,2 6,9 0,700
» 6 » .... 1,584 1,110 7,3 8,0 0,701
» 8 f) .... i,56i 1,100 8,7 8,8 0,705
» 12 » .... 1,546 1,080 9,6 10,4 0,698
» 16 » .... i,53i 1,066 10,5 11,6 0,696
» 20 » .... i,5i5 i,o53 11,4 12,7 0,695
» Ces chiffres montrent que l'extrait sec renferme constamment la même propor-
(*) Bull. Soc. chini., Z^ série, t. XIX, p. 926.
G. R., 1900, 1' Semestre. (T. CXXXVII, N» 1.)
12
90 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lion centésimale de maltose; la portion d'empois qui reste attaquable est donc tou-
jours identique à elle-même, ce qui témoigne de l'homogépéité de la matière pre-
mière et exclut l'hypothèse d'un dédoublement possible de la fécule en deux principes
distincts, dont l'un serait transformable en maltose et l'autre non saccharifiable.
» Expérience Ht. — 200s d'empois de fécule à 4 pour 100 par essai; on stérilise par
i5 minutes de chauffe à 120° et l'on saccharifîe par aS*^™^ d'extrait de malt, à froid. Au
bout de 24 heures on dose le résidu insoluble^ par dessiccation sur filtre taré à 110°.
Résidu insoluble
absolu. pour loo.
Début 0.108 1,35
Après 2 jours o , 2 1 3 2 , 66
» 4 » 0,429 5,36
» 6 » o,566 7; 07
» 8 » o , 665 8 , 3 1
» 12 » 0,730 9> 12
» On voit qu'après deux semaines la rétrogradation de l'empois atteint environ le
dixième de la masse totale, sans être encore complètement arrêtée. Cette substance
est donc susceptible de se transformer spontanément en amjlocellulose, c'est-à-dire
en un corps qui n'est plus attaquable par les diastases du malt; sa transformation
s'accomplit lentement, avec une vitesse décroissante, ce qui porte à croire qu'elle est
limitée; enfin il semble qu'elle soit d'autant plus rapide que l'amidon a été moins
fortement chauffé au moment de sa gélification.
» Il est vraisemblable qu'elle est influencée par la présence des matières minérales
que renferme la fécule ou que l'eau arrache au verre pendant la stérilisation; c'est un
point sur lequel je me propose d'entref)rendre de nouvelles recherches. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur une bactérie oxydante, son action sur L'alcool
et la glycérine. Note de M. R. Sazerac, présentée par M. Roux.
« En étudiant un vinaigre de vin, je fus frappé de la propriété qu'il
possédait de réduire fortement à froid la liqueur de Fehling, alors que la
cuve d'acétification ne contenait pas la bactérie du sorbose dont la pré-
sence eût pu expliquer le pouvoir réducteur du liquide, par son action sur
la glycérine du vin. On sait en effet depuis les travaux de M. G. Bertrand,
que la bactérie du sorbose transforme la glycérine en un sucre possédant
le pouvoir réducleur à froid, la dioxyacétone (^).
» En ensemençant quelques gouttes du vinaigre en question sur du
(') Comijtes rendus, t. CXXVl, 1898, p. 842.
SÉANCE DU 6 JUILLET IQoS. 91
bouillon (le levure glycérine, j'obtins des cultures qui au bout de peu de
temps réduisaient lo réactif cupropotassique. Le voile microbien formé
contenait un microbe fort différent, par sa forme, du mjcoderma aceti et
de la bactérie du sorbose. Isolé avec soin sur plaques de gélose glycérinée
à 2 pour 100, il donna constamment, sur bouillan glycérine, des cultures
bien homogènes et possédant le pouvoir réducteur à froid.
» C'est un bactérium assez gros, dont les articles croissent isolés ou associés deux
par deux, quelquefois en forme de V.
)) Il se colore facilement par les couleurs basiques d'aniline, de préférence par le
violet de gentiane. Il ne prend pas le Gramm.
» Son milieu d'élection est le bouillon de levure glycérine à 2 pour 100. Sa tempé-
rature d'élection est au voisinage de aS^-So".
» Il ne cultive pas sur bouillon de viande. On n'obtient pas de colonies sur pomme
de terre. Sur gélose glycérinée, la culture est facile et donne des colonies épaisses. Je
n'ai pas réussi à obtenir de cultures sur le milieu artificiel de Pasteur qui convient
bien au mycoderma aceti.
» Provenant d'une cuve d'acétification en pleine marche, ce bactérium
pouvait être considéré, jusqu'à un certain point, comme un microbe acéli-
fiant. Toutefois l'expérience montre qu'il consomme difficilement l'alcool
éthylique. Il cultive mal sur le bouillon de levure alcoolisé et le rendement
maximum en acide acétique correspond à peine à la combustion de 5o
pour 100 de l'alcool à acétifier, comme il résulte de l'expérience suivante :
» Une série de matras coniques contenant 5o*^™' de bouillon de levure alcoolisé à
4 pour 100 sont ensemencés avec le bactérium et mis à l'étuve à 3o°. L'acidité totale
calculée en acide acétique donne pour des intervalles de 48 heures les cliifTres sui-
vants :
Après
2 jours. 4 jours. G jours. 8 jours. 10 jours. 12 jours. ip jours,
os, i35 os,432 os, 689 os, 585 os,852 os,555 os,495
» On obtient donc un poids maximum de oS,852 en acide acétique, alors que le
liquide de culture contient environ 2S d'alcool.
» Ces résultats différencient encore le microbe étudié du mycoderma
aceti et de la bactérie du sorbose qui, tous deux, acétifient rapidement et
en totalité l'alcool qui leur est offert.
» Toutefois ce microbe oxydant semble se rapprocher sensiblement de
la bactérie du sorbose au point de vue de son action biochimique sur les
92 ACADÉMIE DES SCIENCES.
alcools polyatomiques. Yis-à-vis de la glycérine son action est identique.
A ce titre il s'éloigne encore du Tnycoderma aceti dont l'action sur la glycé-
rine, bien que très lente, correspond à une combustion complète, ainsi
qu'il résulte d'un travail publié en collaboration avec M. Bertrand (' ).
» L'extraction du corps réducteur contenu dans les cultures de bouillon glycérine
peut être faite par la méthode indiquée par M. G. Bertrand pour la dioxyacétone des
cultures de bactérie du sorbose (^). Le sirop obtenu est combiné au bisulfite de
sodium en solution concentrée. La combinaison résultante correspond au composé
bisulfitique donné par la dioxyacétone comme le prouve le dosage du sodium à l'état
de sulfate ;"en effet, le poids de sodium contenu dans rs de la combinaison bisulfitique
est de os, 1176; dans le cas du composé bisulfitique de la dioxyacétone, le poids du
sodium combiné est de o^, 1186.
» En décomposant la combinaison bisulfitique par l'acide sulfurique, on obtient
un corps présentant toutes les propriétés de la dioxyacétone. Il possède une légère
saveur sucrée et fond aux environs de 60°. Le dosage du carbone et de l'hydrogène a
donné les chiffres suivants calculés pour 100:
0 = 89,95, H=r6,75
qui concordent bien avec les chiffres calculés dans le cas de la dioxyacétone
C=r4o, Htz=6,66.
)) J'ai pu voir, en outre, que ce bactérium consomme d'autres alcools
polyatomiques, tels que l'érvthrite et la sorbite, en donnant des corps qui
réduisent à froid la liqueur de Fehling, tandis qu'avec certains autres
alcools, tels que la mannite, il n'y a pas formation de corps réducteur.
» Les faits précédents montrent qu'il existe, dans certains vinaigres, une
bactérie oxydante, toute différente, par sa forme et l'apparence de ses
cultures, de la bactérie du sorbose, et capable d'oxyder rapidement la gly-
cérine pour la transformer en dioxyacétone. Cette bactérie se distingue,
en outre, des microbes des vinaigres décrits jusqu'ici, par son faible pou-
voir acétifiant. Je propose donc de la ranger dans la classe des microbes
oxydants, en dehors des microbes acétifiants par excellence, tels que le
mycoderma aceti. »
(*) Comptes rendus, t. GXXXII, 1901, p. io54.
(*) Comptes rendus, t. CXXVI, 1898, p. 984.
SÉANCE DU 6 JUILLET igoS. 98
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — De la production (lu glucose, sous Vin-
fluence de la vie asphyxique, par les tissus du Bombyx mori, aux diverses
phases de son évolution. Note de M. F. Maigxox, présentée par M. A.
Chauveau.
« Dans des Notes précédentes, publiées avec M. Cadéac {Comptes ren-
dus, 28 avril 1902, 16 juin 190 ^-, 12 janvier igoS, avril igoS), nous avons
établi que les tissus de Mammifères élaborent du glucose, lorsqu'on les
soumet, in vivo ou in vitro, à diverses influences, telles que les trauma-
tismes, ou la vie asphyxique.
» Il était intéressant de vérifier la constance de cette fonction dans les
autres groupes de la série animale. Dans ce but, j'ai entrepris une série de
recherches, en m'adressant à des représentants des différentes classes de
Vertébrés ou d'Invertébrés.
» Dans cette Communication, je fais connaître les résultats obtenus avec
les tissus du Bombyx mori (race à cocons jaunes), expérimenté sous forme
de larve, de chrysalide ou de papillon.
» Claude Bernard a déjà signalé la présence du glucose chez les
insectes adultes, et l'absence de ce même élément dans les formes lar-
vaires; le sucre apparaissant pendant le stade de chrysalide. Sur le Bom-
byx mori, j'ai observé les mêmes phénomènes.
» J'ai constaté en outre, que les tissus de larve, de chrysalide ou d'in-
secte adulte, renfermant ou non du glucose, élaborent toujours du sucre
lorsqu'on les soumet à une vie asphyxique de 18 à il[ heures.
» Pour les larves, il est nécessaire d'opérer sur les tissus des parois du corps, le
contenu intestinal renfermant du glucose en abondance. Pour cela, il suffit d'inciser
la larve sur toute sa longueur, et de désagréger la masse viscérale sous un filet
d'eau.
» Pour les chrysalides et les papillons, on peut se servir de l'insecte entier et vivant ;
l'animal étant à jeun, son tube digestif est privé de sucre.
» L'aspliyxie des tissus ou des animaux, vivants est réalisée par leur immersion dans
un bain d'huile. Ce dernier est stérilisé et privé d'air, par une ébuUition préalable.
» Les tissus, ou animaux, entiers, avant d'être placés dans l'huile, sont plongés pen-
dant quelques instants dans une solution de fluorure de sodium à 2 pour 100, pour
opérer la destruction des germes qui pourraient se trouver en surface.
» En prenant ces précautions, on se met à l'abri de toute putréfaction, les tissus
sont retirés de l'huile, absolument intacts, après un séjour de 24 heures.
» Le bain d'huile est maintenu à la température du laboratoire.
94 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» La recherche du glucose porte sur les bouillons de tissus, préparés et déféqués
comme il a été dit dans les Notes précédentes. La recherche qualitative est elTectuée
au moyen de la phényihydrazine, et le dosage à l'aide de la liqueur de Fehling.
» Les résultats en glucose, donnés dans la suite, sont toujours ramenés à loo? de
tissus.
Expérience I (20 juin 1902). — Larves siw le point défiler.
Parois du corps débarrassées de la masse intestinale.. Absence de glucose
Quantité de glucose formée après une asphyxie de
26 heures 2'"?, 5
Expérience // (20 juin). — Jeunes cocons de un ou deux jours.
» Les uns renferment déjà des chrysalides, les autres renferment encore des larves.
Chrysalides et larves sont séparées et font l'objet de deux expériences.
Larves (on a opéré sur l'animal entier) Absence de glucose
Quantité de glucose formée après 22 heures d'as-
phyxie 8'"8, 8
Chrysalides jeunes Absence de glucose
Quantité de glucose formée après 22 heures d'as-
phyxie 3''s, 7
Expérience III [iQ juin), — Cocons déjà anciens
(le cinquième jour avant la première éclosion).
Chrysalides Traces de glucose
Quantité de glucose formée après 17 heures d'as-
phyxie 3''S,6
i<"' juillet. — Cocons sur le point d'éclore
(même origine que les précédents, jour de la première éclosion).
Chrysalides Présence de glucose
(il s'en est formé 4*"", 4 depuis le 26 juin).
Quantité de glucose formée par une asphyxie de
17 heures 0*^2, 7
Expérience /F (7 juillet). — Cocons sur le point d'éclore.
Chrysalides Présence de glucose
(Quantité de glucose formée après 17 heures d'as-
phyxie, 6'", 5
Expérience V (7 juillet). — Papillons.
De même origine que les cocons de l'expérience précé-
dente. La plupart sont fécondés et ont déjà pondu. . Présence de glucose
Quantité de glucose formée pendant 24 heures d'as-
phyxie 6*^8, 6
SÉANCE DU 6 JUILLET igoS. qS
)) Conclusions. — Des expériences qui précèdent, il est permis de tirer
les conclusions suivantes :
. )) 1° Les tissus de vers à soie ou de jeunes chrysalides ne renferment pas
Irace de glucose, mais ils peuvent en produire par une asphyxie de
i8 à 24 heures ;
» 2*^ Le sucre fait son apparition dans les tissus de l'animal vers la fin
du stade chrvsalidaire. A partir de ce moment, il augmente jusqu'à la trans-
formation de la chrysalide en insecte parfait, dans les tissus duquel on le
retrouve d'une façon constante;
)) 3" Les chrysalides anciennes et les papillons, bien que renfermant
normalement du glucose, jouissent de la faculté d'en élaborer à nouveau,
sous l'influence de l'asphyxie. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la production d' hydrogène sulfuré pur les extraits
d'organes et les matières alhuminoides en général. Note de MM. J.-E.
Abeloùs et H. RiBAUT, présentée par M. Bouchard.
« En 1888, M. J. de Rey-Pailhade a montré que, si l'on mélange du
soufre à de l'extrait de levure de bière, ce mélange dégage de l'hydrogène
sulfuré. Cet auteur, pour expliquer ce fait, admit qu'il existait dans l'extrait
de levure un principe immédiat, qu'il appela. philothion, jouissant de la pro-
priété d'hydrogéner le soufre à froid en milieu légèrement acide. H observa
des faits analogues pour des extraits d'organes ou de tissus animaux et végé-
taux et conclut plus tard que le philothion était un ferment soluble hydro-
génant, une hydrogénase.
» Les recherches que nous avons entre])rises tendent à montrer que
cette dernière conclusion ne saurait être acceptée et que la production
d'hydrogène sulfuré par les extraits organiques additionnés de soufre ne
présente pas les caractères d'une action diastasique.
» Avant nous, M. Ernst Rosing (Thèse de doctorat de Rostock, 1891)
étudiant l'oxydation de l'ovalbumine en présence du soufre avait constaté :
i*' que la production d'hydrogène sulfuré était limitée; 2° que les anti-
septiques, même à forte dose, ne l'empêchaient pas et concluait que ces
deux ordres de faits plaidaient contre la nature diastasique de la réaction;
la production d'hydrogène sulfuré était la conséquence de l'oxydation (de
l'hydroxylation selon ses propres termes) de l'albumine en présence de
l'eau.
96 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Voici les faits que nous avons observés :
» 1° Si l'on fait un extrait de foie (de cheval ou de veau) en présence de fluorure
de sodium à 2 pour 100 i r. . l aa ] ; si l'on mélange cet extrait avec du soufre et si
l'on acidifie légèrement par de l'acide tartrique, le mélange abandonné à une douce
température ou mieux à la température de ^o" produit de l'hydrogène sulfuré,
» 2° Si l'on soumet l'extrait à l'ébullition pendant quelques minutes et si, après
refroidissement, on ajoute du soufre, il se produit de l'hydrogène sulfuré, que la
réaction du mélange soit légèrement alcaline, neutre ou légèrement acide. Noji seule-
ment l'ébullition préliminaire n'a pas supprimé cette réaction, mais elle en a accru
au contraire l'intensité.
» 3° On peut même soumettre l'extrait à la température de 120° et iSo" pendant
quelques minutes. Après refroidissement et addition de soufre, on observe un déga-
gement abondant de H- S, plus marqué que dans les cas précédents. La température
élevée paraît avoir favorisé cette réaction.
» 4° On acidifie légèrement l'extrait de foie par de l'acide tartrique; on porte à
l'ébullition; les albumines se précipitent. On filtre. Le filtrat clair additionné de soufre
noircit, mais faiblement, le papier à l'acétate de plomb. Le résidu composé d'albumines
coagulées, lavé à plusieurs reprises, puis additionné de soufre, noircit rapidement et
énergiquement le papier réactif.
)) 5° Si l'on chaufl'e au bain-marie bouillant de l'extrait de foie légèrement acidifié
par l'acide tartrique, on observe la production d'un peu d'hydrogène sulfuré. Si, après
un quart d'heure, l'extrait étant toujours dans le bain-marie bouillant, on ajoute un
peu de soufre, le dégagement de H- S s'accentue manifestement. Les mêmes faits
peuvent être observés avec l'extrait de levure de bière.
» 6° Dans ces conditions (mélange d'extrait de foie et de soufre au bain-marie
bouillant), nous avons pu obtenir au bout de 2 heures o8,oo38 d'hydrogène sulfuré.
» 7° Nous avons observé des faits semblables avec une solution d'ovalbumine pure.
» 8° D'autres matières albuminoïdes : gélatines, peptones, caséine, additionnées de
soufre, ne donnent pas d'hydrogène sulfuré à 4o°, mais en produisent au contraire à la
température de l'ébullition; l'ovalbumine donne de l'H-S à la température de 4o°.
» Nous concluons :
» 1° Que la production d'hydrogène sulfuré par les extraits d'organes
seuls ou additionnés de soufre ne saurait être considérée comme un phé-
nomène de nature diastasique;
» 2° Que les matières albuminoïdes possèdent à des degrés divers le
pouvoir de dégager de l'hydrogène sulfuré quand on les chauffe soit seules,
soit en présence de soufre.
» Nous nous proposons de donner, dans une prochaine Note, le résultat
de nos recherches sur le mécanisme de cette réaction. »
SÉANCE DU 6 JUILLET igoS. g^
PHYSIQUE DU GLOBE. — Étude de la circulation marine.
Note de M. J. Thoulet.
« Dans l'intention d'étudier la circulation sous-marine, j'ai cherché à
caractériser les eaux de mer par un certain nombre de caractéristiques,
permettant de reconnaître si deux échantillons pris à faible distance l'un
de l'autre font partie de ce même fleuve sous-marin qu'est un courant. En
procédant ainsi de proche en proche, je me suis proposé de suivre et par
conséquent de découvrir ce courant depuis son lieu de départ jusqu'à son
lieu d'arrivée. J'ai employé, pour caractéristiques statiques, la densité à
zéro ou densité normale de l'échantillon, l'iialogénie ou poids total des
halogènes, dosé par titration à l'azotate d'argent contenu dans 1"^ de
l'échantillon, et, dans la même quantité d'eau, le poids d'acide sulfurique
obtenu par précipitation à l'aide du chlorure de baryum. Comme caracté-
ristique dynamique, j'ai choisi la densité in situ, c'est-à-dire ramenée à la
température possédée alors par le titre de l'échantillon et corrigée de
l'effet de compression exercée par les couches d'eau sus-jacentes. Dans un
même plan parallèle à la surface, quelle que soit la profondeur, l'eau
s'écoule de l'échantillon de plus faible densité in situ vers l'échantillon de
plus forte densité m 5iVz^, avec une vitesse proportionnelle au gradient de
densité, c'est-à-dire à la différence de ces deux densités à l'unité de
distance.
» Le procédé pratique consiste à recueillir le plus grand nombre
possible d'échantillons d'eaux sur une même verticale, opération singu-
lièrement facilitée par l'emploi de bouteilles Richard; à multiplier les
séries et à les analyser au point de vue des quatre caractéristiques dyna-
miques et statiques. On les dispose ensuite en schémas correspondant à
chacune des stations. Chaque irrégularité insolite des courbes est l'indice
probable d'un courant, dont la profondeur est ainsi indiquée. Pour établir
le réseau des courants sur un espace de mer déterminé, on coupe la
masse des eaux océaniques à des distances connues de la surface par des
séries de plans parallèles, sur chacun desquels on trace les aires isopycnes
ou d'égale densité in situ, à l'aide des schémas verticaux des stations. En
multipliant le nombre des stations, on parvient à reconnaître la circu-
lation océanique dans la région considérée, absolument comme un zoolo-
giste se renseigne sur la structure interne d'un animal mou par l'examen
C. R., 1903, 2' Semestre. (T. CXXXVII, N» 1.; l3
98 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de chacune des sections parallèles qu'il aura pratiquées au microtome à
travers son corps.
» Le Prince de Monaco a bien voulu me confier les échantillons d'eaux recueillis
par lui pendant plusieurs de ses campagnes océanographiques dans l'Atlantique nord;
environ 120, dont 76 compris entre la surface et ôoSS"", proviennent de la campagne
de 1092 aux Açores.
» Tous ces échantillons ont été analysés (densité à zéro, densité in situ, halogénie,
acide sulfuriqiie, ammoniaque libre, ammoniaque albuminoïde) et les résultats mis
sous forme de graphiques. Les densités normales à zéro étant comptées en abscisses,
l'halogénie et la teneur en acide sulfurique étant comptées en ordonnées, on reconnaît
qu'aucune caractéristique ne donne une courbe linéaire, mais que l'ensemble des points
marqués constitue une bande notablement plus large, surtout pour l'acide sulfurique,
que ne le comporte l'erreur expérimentale évaluée et représentée graphiquement.
» Je me réserve d'étudier en détail les variations de chacune de ces va-
riables. Mais, dès à présent, la vue seule du graphique, en montrant qu'à
une même densité normale correspondent plus d'une seule valeur de l'une
quelconque des caractéristiques, permet d'établir trois conclusions :
» 1. L'eau de mer ne saurait être considérée comme de l'eau distillée
contenant en solution une quantité plus ou moins considérable d'un même
mélange de sels.
» 2. La densité normale à zéro, l'halogénie et la teneur en acide sulfu-
rique sont bien réellement des caractéristiques statiques des eaux de mer,
dont elles laissent reconnaître la personnalité et qu'elles permettent, par
conséquent, de suivre de proche en proche, à quelque profondeur que ce
soit, dans la masse même des eaux océaniques.
)) 3. Les Tables de ces diverses variables, et d'autres encore, calculées
d'après des moyennes ou autrement, et ne donnant qu'une valeur unique
de chaque variable pour Tune quelconque d'entre elles prise comme terme
de comparaison, ne sont pas conformes à la réalité. »
M. V. GÉNiN adresse, par l'entremise de M. Haller, une Note intitulée :
« Calcul rapide du mouillage et de l'écrémage du lait ».
(Commissaires : MM. Schlœsing, Marey, Haller.)
A 3 heures trois quarts l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures un quart.
M. B.
SÉANCE DU 6 JUILLET igoS. 99
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Odyrages reçus dans la séance du 29 JUIN 1908.
Cours de Physique mathématique de la Faculté des Sciences. Théorie analytique
de la Chaleur mise en harmonie avec la Thermodynamique et avec la théorie méca-
nique de la lumière^ par J. Boussinesq, Membre de l'Institut. Tome II : Refroidis-
sement et échauffement par rayonnement, conductibilité des tiges, lames et masses
cristallines, courants de convection, théorie mécanique de la lumière. Paris,
Gauthier- Yillars, 1908; i vol. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Étude sur les deux derniers cyclones ressentis à Madagascar, 10, 11, 12 dé-
cembre 1902 et 22, 28, 24 mars 1908, par le R. P. Colin, Directeur de l'Observatoire
de Tananarive, Correspondant de Tlnslitut. Tananarive, Imprimerie officielle, 1908;
I fasc. in-4°. (Hommage de l'auteur.)
Le livre des appareils pneumatiques et des machines hydrauliques, par Pbilon de
Byzance, édité d'après les versions arabes d'Oxford et de Constantinople et traduit en
français par le Baron Carra de Vaux. (Tiré des Notices et extraits des manuscrits de
la Bibliothèque nationale et autres Bibliothèques, t. XXXVIII.) Paris, Imprimerie
nationale, 1902; i vol. in-4°. (Présenté par M. Berthelot.)
L'architecture du sol de la France, essai de Géographie tectonique, par le
commandant O. Barré. Paris, Armand Colin, 1908 ; i vol. in-8<^. (Présenté par M. de
Lapparent. )
Étude géologique de la Tunisie centrale, par L. Pervlnquière. Paris, F.-R. de
Rudeval, 1908; i vol. in-4°. ( Présenté par M. Munier-Chalmas. Hommage de l'auteur. )
Philosophie des Sciences sociales, par René Worms. I. Objet des Sciences sociales.
Paris, V. Giard et E. Brière, 1908; i vol. in-8°. (Présenté par M. Giard.)
7 raité théorique et pratique des moteurs à gaz et à pétrole, par Aimé Witz ;
4" édition, refondue et entièrement remaniée. T. I': Histoire et classification des
moteurs, étude du gaz de ville, de l'air carburé; gaz pauvre, gaz des hauts fourneaux,
acétylène, pétrole, gazoline et alcool. Gazogènes, théorie générique et expérimentale
des moteurs, mesure et calcul de la puissance, résultats des essais. Paris, E. Bernard,
1908; I vol. in-4°. (Présenté par M. Haton de la Goupillière.)
Revue générale de Botanique, dirigée par M. Gaston Bonnier, Membre de l'Ins-
titut; t. XV, n° 174, livraison du i5 juin 1908. Paris, Librairie générale de l'ensei-
gnement; I fasc, in-8°.
Déterm,ination de la parallaxe annuelle de l'étoile BD4-37'' 4ï3i, par Osten
Bergstrand. Upsal, Edv. Berling, 1902; i fasc. in-4°.
Las ultimas erupciones del volcan Colima, por Severo Diaz. Mexico, 1908; i fasc.
in-12.
lOO ACADÉMIE DES SCIENCES.
Louisiana purchase centennial, dedication cérémonies Saint-Louis^ U. S. A.,
april 3o ^'^ and may i«* a""! 1908. ( World' s Pair Bull., vol. IV, n« 8.) Saint-Louis,
(États-Unis), igoS; i fasc. in-4°.
Report of tlie State geologist on the minerai industries and Geology of certain
Areas of Vermont, 1901-1902, George-H. Perkins. Albany, 1902; i vol. in-8°.
Synoptische Tabellen der tàglichen Niderschlàge an allen meteorologischen
Stationen der Ostseeprovinzen im Jahre 1900, zusammengestellt von Prof. D'^ B.
Sresnewsky. Jurief, G. Mattiesen, 1908; i fasc. in-8°.
Meteorologische Beobachtungen angestellt in Jurjew im Jahre 1902, 87"
Jahrgang. Jurief, 1908; i fasc. in-S".
ERRATA.
(Séance du 29 juin iQoS.)
Note de MM. Em. Vigouroux et Hugot, Sur l'amidure et l'imidure de
silicium :
Page 1670, ligne 16, au lieu de dimidure, lisez diimidure.
Même page, ligne 27, au lieu de un récipient de fer, lisez un récipient de verre.
Même page, ligne 29, au lieu de est continuée, lisez est constituée.
Page 1671, ligne 2, au lieu de l'une avant l'autre, après l'amenée, lisez l'une avant,
l'autre après l'amenée.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 15 JUILLET 1905,
PRÉSIDÉE PAR M. MASCART.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur la Stabilité d'un certain mode d'écoulement
d'une nappe d'eaux d' infiltration. Note de M. J. Boussinesq.
« I. La stabilité du mode d'écoulement étudié dans ma Note du 6 juillet (')
dépend, comme on a vu à la fin de cette Note, et en se bornant au cas d'une
seule coordonnée oc ou ^, de la seconde racine de l'équation transcendante
caractérisant un certain problème (fictif) de refroidissement, où la tempé-
rature e est régie par l'équation aux dérivées partielles
l'abscisse E y croît de zéro à i et, le temps (fictif) 6, d'une valeur donnée 6^
à l'infini; de plus, u., K, L, c désignant des constantes positives, dont la
dernière est l'intégrale elliptique complète
(2) c-= r*-^i^= 0,86236,
^ désigne, d'après les formules (11) et (10) de la Note citée, l'expres-
sion-5^-^^' ^" '^ ^^^ ^^ fonction, croissante, comme ^, de zéro à i (et in-
verse de la même intégrale elliptique), définie par l'équation
» Cette équation indéfinie (t) se trouve enfin complétée par les deux
(^) Voir le précédent Compte rendu, p. 5.
C. K., 1903, :!» Semestre. (T. CXXXVII, N° 2.) l4
I02 ACADÉMIE DES SCIENCES.
conditions aux limites
(4) (pour^ = o) £ = o, (pourç^i) ^ = o-
» On sait que les solutions simples de ce système ont la forme Ce~^'V,
avec V fonction de ^ et C, p constants; que, de plus, V, p résultent, si C
reste arbitraire, des relations ou conditions :
(5) -TïT -^ ^-V = o; (pour ç = o) V = C), (pour;=i) -^=oetV = i,
» Or la première (5), multipliée par Y de, et intégrée entre les deux
limites, donne, comme on le sait également,
(6) h^f^^^f{;^U-
» Cela posé, si ta plus petite des racines ^ (correspondant à une fonction V
positive de E = o à ^ = i) atteint pour le moins l'unité, la racine suivante,
appelée p' à la fin de la Note citée, excédera notablement ï; et l'on a vu
qu'alors la fonction t tendra vers zéro assez rapidement pour rendre stable
le mode particulier d'écoulement étudié dans cette Note. Proposons-nous
donc de reconnaître que la première racine ^ n'est pas inférieure à i .
» II. A première vue, le calcul effectif des fonctions V et des racines ,S,
déterminées par le système (5), ne paraît guère praticable que si l'on
suppose Y) constant. Dans cette hypothèse, il vient immédiatement, en
appelant i l'un quelconque des entiers o, i, 2, 3, . . .,
(7) V = ±sin^ —^ -;z-=±- ^-cos^ —\
et comme les deux carrés du sinus et du cosinus ont pour valeur moyenne 4
entre les deux limites E =^ o, "C = i , la formule (6) devient simplement
(^) T7 ^ 4 '
donnant ainsi, pour rd^cme fondamentale ou première, -~ et, comme se-
conde racine p', neuf (ois cette expression.
>) III. Pour se faire une idée, ici où tj est variable, de la grandeur de p
ou de p', il est naturel d'assimiler le corps hétérogène proposé, d'une capa-
cité calorifique - fonction de i, à un corps homogène, qui aurait pour capa-
SÉANCE DU l3 JUILLET I9o3. lo3
cité calorifique constante une certaine moyenne entre les diverses valeurs
de -• Le plus simple sera donc, à ce qu'il semble, de prendre la moyenne
arithmétique même de ces valeurs : hypothèse conduisant à remplacer,
' ^- Mais on peut être tenté aussi, après mul-
0 '
tiplication de la formule (8) par o, de remplacer, non moins simplement,
71 par sa valeur moyenne / r, c'q. On aura donc, pour la racine fondamen-
mentale p cherchée, les deux estimations
(9) ^=7^^' ^^^^i'^''"'
oc- / —
et, pour la racine suivante ^', 9 fois ces valeurs respectives.
» Elles sont aisément calculables. L'équation (3) différentiée permet
1
d'introduire 0 comme variable d'intégration; et il vient, en posant tj = y^ :
-^rV^Vi y)''\l--'v.f' '\-'''^^^^^^'>
D'ailleurs, d'après (2), c a, de même, pour valeur, t / t' (' ~ ï)' ^''t»
ou ^ B f ^ j - ] ; de sorte qu'il vient
h,\ c- ' ^(t)r(l) _ r(f)r(i)
Et la multiplication, membre à membre, des deux formules (10), (11)
donne, en appliquant trois fois la relation d'Euler r(^«)r(i — n) = -r-^ — ,
T.
sin -
-3 "'^'
valeur qu'U suffira de porter dans la première estimation (9).
» Pour ce qui est de la seconde (9), on y substituera la valeur moyenne
2-» de Y,, résultant des formules (12) de ma dernière Note, et qui est le
lo4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
quotient de Taire A par le rectangle LM. Il viendra donc, vu, finalement,
la valeur numérique (o, 86236) de c, pour donner une idée de la racine
fondamentale p, les deux appréciations de sentiment
(i3) ^ = -V? = 1,3603,
= 1, 7100.
» Elles dépassent, toutes deux, l'unité; et, comme la racine suivante, P',
paraît devoir être environ 9 fois plus grande, il |y a lieu de penser qu'elle
excède assez fortement i .
» IV. Mais un examen attentif fait voir que la solution fondamentale
et la racine ^ correspondante sont très simples.
» Observant que Y est de l'ordre de petitesse de ^ près de la limite infé-
rieure zéro, alors que l'équation (3) y donne r\ de l'ordre de sjï,, introdui-
sons dans l'équation indéfinie (5) le quotient, que j'appellerai U, de V par t) -,
quotient dès lors fini à cette limite inférieure et, de plus, atteignant une
valeur maxima ou minima i, comme ri et V, à la limite supérieure, oii s'an-
nulent les deux dérivées premières de n et de V. La substitution V = ti^U,
si l'on remplace finalement —— par sa valeur — 3c-yi, puis qu'on divise
par Y), change l'équation indéfinie (5) en
» Or celle-ci, multipliée soit par 7)V^, soit par Y]-Ufl?^, et intégrée de
^ = o à ^ = I , donne, en effectuant sur le premier terme, dans les deux cas,
une intégration par parties, où le terme intégré s'annule aux deux limites :
(i5) 3o^(g-,)jr'u-,V/S = o, 3o'(|-i)jf^'u=-.V/|=jf'''v^'rfS.
» La seconde formule, qui remplace (6) et où les deux intégrales ont
leurs éléments positifs, montre que p n'est jamais inférieur à 2. Quant à la
première formule, elle fait voir que ^ égale nécessairement 2 pour la solu-
tion où U a partout le même signe, c'est-à-dire pour la solution fondamen-
tale. Mais alors l'équation (i4)» ou la seconde (i5), exigent l'annulation
partout de la dérivée --^jr» comme à la limite supérieure; de sorte que la
SÉANCE DU l3 JUILLET [QoS. Io5
solution fondamentale revient à poser
(«6) P = 2, U = i, Y = -n' (').
» V. On aurait pu le prévoir, même pour le cas général de deux coor-
données 30 et y. Car, dans le problème à Toccasion duquel se sont présen-
tées les équations précédentes, les petits écarts, J. les plus simples qu'on
(1) A une troisième étude, je m'aperçois, en introduisant n au lieu de ^, comme
variable, dans l'équation différentielle (i4), ainsi devenue
que les autres racines [3 sont également des nombres entiers et, les autres fonctions U,
également des polynômes en r,. L'expression générale de ceux-ci est, à part un facteur
constant,
?(>^) ?(3) ?(6)^ ^ cf(3) cp(6) cp(9)'> +•••'
où les deux fonctions /, o sont elles-mêmes les deux polynômes
(6) /(X)=:2X24-7X-3(i3-2), o(X) = 2(X2H-2X),
et où les racines j3 successives s'obtiennent en posant /(o) = o, /(3) = o, /(6) = o,
/(9) = o> ..., c'est-à-dire
2 X^ -i- 7 X
(^) i3 = 2H 5"^^, avec X multiple de 3,
Pour la deuxième solution simple, celle qui nous donne la formule asymptotique
des écarts, on a donc
lO
La seconde estimation (i3) attribuait à p' presque la même valeur, savoir
1 ,7100 X 9 = 1.5,39.
Quand [3 reçoit des valeurs autres que (c), l'expression («'), toujours intégrale de
l'équation différentielle (a), devient une série, convergente de rj := o à r) == i, mais
dont la dérivée grandit, près de r^^i, à la manière de (,_vi<)"^; en sorte que le pro-
duit de cette dérivée par y^i — r/' ne peut pas y tendre vers zéro comme l'exigerait la
condition relative à cette limite.
Si la condition concernant l'autre limite r, =0 n'obligeait pas le produit yj^U à s'annu-
ler avecT), l'équation différentielle («) admettrait une seconde intégrale en série, savoir
ro6 ACADÉMIE DES SCIENCES,
puisse imaginer, d'avec une première forme se conservant,
aJ.
consistent dans l'excédent, sur cette première forme A^, d'une autre infini-
ment voisine se conservant aussi, et obtenue par une variation infiniment
petite Ij du paramètre ^- Il vient ainsi, comme écarts ^, l'expression
- + n 'S-; ce qui donne e proportionnel à ^ ^^ ,- Or, comme cette
formule a même signe dans toute l'étendue de la nappe, elle constitue bien
la solution fondamentale ( ' ). »
(^) Une généralisation analogue s'étendrait-elle aux autres solutions simples? Il est
aisé de voir que non, du moins en général. Car V, fonction de deux variables x et /,
ne peut dépendre de la variable unique Ç, que dans l'expression, tout au plus, d'écarts
initialement fonctions de t seul, comme, par exemple, quand les deux formes, l'une,
se conservant, l'autre, un peu altérable, de la nappe sont de révolution autour de l'axe
des z, avec des coefficients K, ij. fonctions de la distance /• à l'axe.
Effectivement, multiplions par "Ç^ l'équation indéfinie eu V,
dx \ dx I dy\ dy ) X,
et retranchons-en le produit, par V, de l'équation indéfinie en t,
d f.rdX^\ . d fj^d.^'-
Il vient, en appelant encore U le quotient de V par Ç- :
Gela posé, si U varie uniquement avec ^, les deux produits K î:^ -— — —s'écriront
(n—\ — '' — ; et cette équation (g), développée en y utilisant (/), sera
\^ dZ JI2 d{x,y)j
Or, elle ne devient une équation différentielle en U et ^, dans le genre de (a), que
si l'équation ( /) en Ç admet une intégrale première reliant explicitement — (Aj Ç)^ à ^.
Par exemple, dans le cas d'une nappe de révolution, où K, [x, ^ dépendent seulement
de r=-\/x^--\- y^, cas où l'équation (/) est
une telle intégrale première ne paraît exister que si l'on a, tout à la fois, [xK/-2 = const.
SÉANCE DU l3 JUILLET jgoS. 107
PHYSIOLOGIE. — Sur les mouvements de torsion de l'œil pendant la rotation
de la tête. Note de M. Yves Delage.
« Les mouvements de torsion de l'œil, c'est-à-dire ceux qu'exécute le
globe oculaire autour d'un axe situé sur le prolongement du nerf optique
lorsque la tête tourne autour d'un axe horizontal antéro-postérieur, n'ont
été étudiés que très incomplètement et seulement pour les très faibles
amplitudes correspondant aux inclinaisons de la tête vers l'une ou l'autre
épaule. On n'a employé, pour cette étude, que l'observation objective au
moven de quelque tache de l'iris servant de point de repère, procédé infi-
dèle, ou les images accidentelles, procédé sûr, mais d'une application
difficile. J'ai songé à utiliser pour la pousser plus loin l'astigmatisme
myopique dont je suis atteint. Ce vice de réfraction est d'autant plus pré-
cieux, dans ce cas, qu'on ne peut y suppléer par les besicles cylindro-
convexes qui, cependant, rendent l'emmétrope myope et astigmate. La
cause en est que les besicles suivent les mouvements de la tête et non ceux
du globe oculaire.
» L'image d'une tache lumineuse ronde, sur la rétine d'un œil myope et
astigmate, est une ellipse d'autant plus grande que la tache est plus éloi-
gnée du punctum remotum et dont le grand axe est dirigé parallèlement
au méridien le plus myope. Quand l'œil tourne autour de son axe antéro-
postérieur, le grand axe de cette ellipse tourne dans le même sens que
l'œil et exactement du même angle. 11 suffit, pour mesurer celui-ci, de tra-
cer, sur le fond où le sujet projette cette image elliptique, les diverses
et K/- rrconsU, c'est-à-dire si les deux coefficients physiques [x, Ksont, toua les deux,
M
inversement proportionnels à /•. Alors, en posant !I m — r^ (avecr, variable de zéro à i),
a
d'une part, Fintégrale première obtenue donne
[x^ '^^"~ 3 a^C^ ~ 3a r/-
et change l'équation {g') en {a) ; d'autre part, la même intégrale peut, si l'on pose aussi
/• 1= const. ± L; (avec ; variable de zéro à i en même temps que -i\), s'écrire
^^_2txaL2
On retombe donc, exactement, sur le proljlème d'Analyse déjà traité.
Io8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
directions que prend le grand axe de l'ellipse dans les positions successives
qu'occupe la tête pendant un tour complet.
» L'appareil dont je me suis servi est une grande caisse, où j'étais assis
et fortement assujetti par des liens, et qui tournait au moyen d'un fort
tourillon autour d'un axe antéro-postérieiir passant par la racine du nez.
Des aides font tourner la caisse de i5° en i5°, de manière à faire un tour
complet. A quelques mètres de la caisse, en face du sujet qui y est assis,
est un tableau au centre duquel est une petite tache lumineuse ronde,
juste sur le prolongement de l'axe de rotation de la caisse. C'est cette tache
qui donne l'image elliptique dont le grand axe tourne exactement comme
l'œil.
» Pour marquer d'une façon précise sa direction dans chacune des posi-
tions successives de la tète, une autre tache lumineuse est placée à l'extré-
mité d'une tigelle qui peut tourner autour de la tache centrale, de manière
que la tache lumineuse périphérique décrive une circonférence autour de
la tache centrale comme centre. La tache périphérique fournit, elle aussi,
une image elliptique, et l'on règle la longueur de la tigelle, de telle manière
que les deux ellipses soient tangentes aux extrémités de leurs grands axes.
Un aide manœuvre la tigelle jusqu'à ce que cette tangente soit obtenue et
la tigelle indique alors exactement la direction du grand axe de la tache
lumineuse centrale et par conséquent la direction du méridien le plus
myope de l'œil.
» J'ai pu ainsi déterminer, pour toutes les positions de la tète de iS"
en i5° pendant un tour complet, les directions correspondantes d'un
méridien invariablement lié à l'œil, et par conséquent les angles successifs
de rotation de ce dernier.
)) J'ai établi ainsi pour les deux yeux, et pour les rotations à droite et à
gauche, les courbes de rotation de l'orbite et de torsion de l'œil. Elles ont
été établies en prenant pour ligne des abscisses une circonférence sur
laquelle sont marqués les degrés de i5 en i 5, correspondant aux positions
successives de la tête et en marquant sur les rayons correspondants les
ordonnées indiquant les torsions correspondantes de l'œil. J^es torsions
positives, c'est-à-dire de même sens que la rotation de la tête, sont prises
sur le prolongement des rayons, en dehors de la circonférence des
abscisses, et les négatives sur les rayons eux-mêmes, en dedans de la cir-
conférence. Les points successifs marqués sur les rayons sont réunis par
un trait continu.
y> Ces courbes, que je mets sous les yeux de rAcadémie, seront publiées
SÉANCE DU l3 JUILLET [903. lOQ
dans le travail in extenso qui paraîtra incessamment dans les Archives de
Zoologie expérimentale.
» Voici les conclusions qui résultent de leur étude.
» Pour un même œil :
)) i°Pour chaque inclinaison donnée de l'orbite, les torsions corres-
pondantes de l'œil ne sont pas indépendantes du sens de la rotation qui a
amené l'orbite à l'inclinaison qu'il présente. C'est l'inverse de ce qui a lieu,
d'après la loi de Donders, pour la position de l'œil par rapport à l'orbite
dans les orientations diverses de la ligne de regard, l'orbite étant dans la
position primaire.
» 2° Pour une même inclinaison de l'orbite, obtenue d'abord par rota-
tion à droite puis par rotation à gauche, non seulement il y a une grande
différence entre les torsions correspondantes de l'œil, mais ces torsions
sont de sens inverse.
» 3*^ Au contraire, il y aune certaine ressemblance entre les torsions cor-
respondant aux inclinaisons symétriques par rapport à la verticale, c'est-
à-dire ayant une valeur angulaire égale de part et d'autre de la verticale.
» 4° L'allure générale de la variation de la torsion est la suivante. Quand
l'orbite parcourt la circonférence entière, l'œil, au lieu de se laisser
entraîner passivement dans le mouvement de l'orbite, suit d'abord ce mou-
vement avec un certain retard et par conséquent se tord autour de la ligne
de regard, en sens inverse de la rotation de l'orbite {torsion négative).
» A mesure que le mouvement de l'orbite se poursuit, cette torsion
négative s'accentue, passe par un maximum qui atteint i5° à 20** ou même
plus, puis diminue jusqu'à s'annuler. Puis, le mouvement continuant, la
torsion de l'œil change de sens et dew'iQui positive, c'est-à-dire de même
sens que la rotation de l'orbite : l'œil prenant l'avance, en quelque sorte,
sur le mouvement de celui-ci. Cette torsion positive s'accentue, passe par
un maximum toujours moindre en valeur absolue que celui de la torsion
négative (10^ à 12*^ au plus), puis diminue pour retomber à zéro quand le
tour est achevé. Le zéro intermédiaire ne coïncide pas avec le milieu du
mouA^ement de rotation, c'est-à-dire avec le point iSo^'où la tête est en bas.
Il en reste écarté de 10° à 60*^.
» 5° Malgré la ressemblance générale indiquée au paragraphe 3 et définie
au paragraphe 4, il y a des différences notables entre les courbes de tor-
sion d'un même œil, selon que l'orbite tourne à droite ou à gauche. Cela
s'explique par le fait que les torsions que l'on compare se font en dehors
C. R., iç,o3, 2« Semestre. (T. CXXXVIl, N» 2.) l5
IIO ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans un cas, en dedans dans l'autre ou inversement, et par conséquent
sous l'action de muscles différents.
)) 6'' Dans les rotations de l'orbite en dehors, le zéro inférieur des torsions
correspondantes est au delà du point i8o°; dans les rotations en dedans,
il est en deçà et la différence va jusqu'à 70°. Les torsions négatives sont
plus fortes et plus étendues le long de la courbe des abscisses dans la rota-
tion en dehors que dans la rotation en dedans; les positives au contraire
sont plus fortes et plus étendues dans celles-ci que dans celles-là.
» Pour les deux yeux :
» 7° Si l'on compare les deux yeux on constate, ce qui est implicitement
contenu dans les conclusions précédentes, que les courbes de torsion de
l'œil droit et de l'œil gauche tournant du même côté ( à droite ou à gauche)
sont très différentes, tandis que les courbes de l'œil droit tournant à droite
et de l'œil gauche tournant à gauche, ou inversement, ont une allure sem-
blable : ce qui s'explique parce que l'une et l'autre sont alors des rotations
en dehors ou des rotations en dedans, tandis que dans le premier cas les
yeux, tournant du même côté par rapport aux directions cardinales de l'es-
pace, tournaient morphologiquement en sens inverse.
» 8° Entre les courbes de torsion des yeux droit et gauche tournant l'un
et l'autre en dedans ou l'un et l'autre en dehors, il reste des différences.
Mais celles-ci sont contingentes et dépendent du coefficient individuel,
variable, comme dans les questions de physiologie, d'un individu à l'autre,
et variable aussi, dans le cas actuel, d'un œil à l'autre chez le même
individu. »
M. Alfred Picard, en présentant à l'Académie le troisième Volume de
son « Rapport général sur l'Exposition universelle de 1900 », s'exprime
comme il suit :
« Une moitié de ce Volume est consacrée aux palais et autres édifices
dont la monographie n'avait pu trouver place au Tome II. Toutes les dispo-
sitions des bâtiments y sont soigneusement décrites en ce qu'elles avaient
d'essentiel. Comme précédemment, j'ai eu soin de rappeler les principes
qui ont servi de base aux calculs de résistance des charpentes métalliques.
» La deuxième Partie traite des installations hydrauliques, mécaniques
et électriques, ainsi que de la distribution du gaz et de l'éclairage à l'acé-
tylène, à l'alcool ou au pétrole.
» Quelques Chapitres me paraissent dignes de fixer l'attention de
SÉANCE DU l3 JUILLET IQoS. III
l'Académie. Elle me permettra de lui signaler notamment les installations
mécaniques et électriques.
» L'immense usine aménagée pour la production de l'énergie néces-
saire à l'éclairage et au service de la force motrice comprenait 92 chau-
dières et 35 groupes électrogènes, formés par l'association de machines à
vapeur et de dynamos.
» Se rattachant aux types les plus divers, les générateurs avaient une
surface de chauffe totale de 17 ooo""'. La production horaire de vapeur par
mètre carré variait de 8''S,7 à 32*'^ et atteignait près de i5''S en moyenne.
Tous les organes étaient essayés en vue d'une marche normale à la pression
de 1 1''^ effectifs par centimètre carré.
» Il y avait 3n machines motrices, dont la puissance oscillait entre 400*^''^
et 2400*^''^; la force totale dépassait 36 ooo'"''^. Presque tous les construc-
teurs employiiient la vapeur au maximum de pression; quelques-uns la
détendaient à 7''^ ou 8'^^ avant l'admission aux cylindres. La triple expan-
sion et la surchauffe de la vapeur attestaient leur développement, surtout
dans les groupes étrangers. Enfin, on pouvait constater une augmentation
considérable des vitesses moyennes imprimées aux pistons, vitesses qui
allaient jusqu'à 5'°,4o.
» Les dynamos fournissaient, soit du courant continu à la tension
de 25o^°'*^ ou de 5oo^°'*% soit du courant alternatif simple ou, plus généra-
lement, du courant triphasé dont la tension s'élevait à Scoo"^"^'**. Elles
donnaient une puissance disponible totale de 20400 kilowatts.
» Deux convertisseurs et de nombreux transformateurs appropriaient
le courant à ses usages.
» Les câbles de jonction des groupes électrogènes aux tableaux géné-
raux de distribution mesuraient iS"^™; les canalisations principales, 60'^'°.
)) Pour le seul éclairage public, il existait 335o lampes à arc et
40000 lampes à incandescence. Le nombre des moteurs répartis dans
l'enceinte n'était pas inférieur à 680.
» Aux ressources de l'usine s'ajoutait le contingent des secteurs de la
région.
)) Parmi les installations spéciales demandant, à certaines heures, le
plus d'électricité, se plaçait le groupe du Château d'eau, composé des fon-
taines lumineuses et du Château d'eau proprement dit. L'appareillage
électrique de ce groupe n'avait pas exigé moins de 86 lampes à arc,
8000 lampes à incandescence et 270'^'" de conducteurs. Le Volume que j'ai
l'honneur de déposer sur le bureau de l'Académie fournit des indications
112 * ACADEMIE DES SCIENCES.
intéressantes sur les dispositifs au moyen desquels s'obtenaient les jeux de
colorations. Pour les fontaines lumineuses, la manœuvre des verres de
couleur interposés entre les foyers lumineux et les réflecteurs à 4^° était
assurée à l'aide d'armatures en fer et de solénoïdes, où l'on envoyait à
volonté le courant par les touches d'un clavier; ces touches recevaient
elles-mêmes leur mouvement de cylindres analogues à ceux des boîtes à
musique et susceptibles de réaliser toutes les variations voulues. Des cla-
viers et des cylindres semblables commandaient les séries de lampes à
incandescence du Château d'eau.
» Quelques points particuliers méritent encore une mention dans cette
analyse succincte.
» Ce sont d'abord les formes géométriques employées pour les étoiles
qui garnissaient la crête du palais de l'Électricité et pour les stalactites
di^ la salle des Illusions. L'architecte, M. Eugène Hénard, a eu spéciale-
ment recours à des icosaèdres, au sujet desquels il avait, dès i885, adressé
une Communication à l'Académie.
» Je citerai encore des expériences relatives aux pertes de charge dans
les conduites d'adduction et de distribution des eaux de Seine. Ces pertes
de charge n'ont guère dépassé la moitié des chiffres qui résultaient des
formules de Prony. Ma pratique d'ingénieur m'avait amené déjà à des
constatations du même ordre sur des conduites en fonte neuves et de gros
diamètre, avec des eaux ne charriant pas de détritus anguleux.
)) Enfin, il me sera permis de relater des observations précises, concer-
nant la dépression et la température des gaz à la base des deux grandes
cheminées, ainsi que les résultats de la ventilation mécanique organisée
dans la salle des Fêtes, le palais de l'Agriculture et la galerie des groupes
électrogènes, m
CORRESPONDANCE.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur l'habillage des sur/aces.
Note de M. M. Servaxt.
« Nous avons, dans une Note récente ('), montré l'analogie qui existait
entre le problème de la déformation des quadriques et l'habillage de cer-
tains éléments linéaires; nous allons montrer ici la raison de cette analogie.
(') Comptes rendus, 2" semestre 190-2.
SÉANCE DU l3 JUILLET 1903. Il3
)) Habiller une surface c'est ramener son élément linéaire à la forme
( I ) ds- = (h.- + <i- -^ 2 F ch. r/? .
» Soit
( 2 ) ds- = E du- H- 2 F du dv + G di'- ,
un élément linéaire donné; pour le ramener à la forme (i), on voit facile-
ment qu'il suffit d'intégrer le système d'équations :
d^u { iJ } du du ( 12 ) fdu dv du dv\ ^ \ 11 ] dv dv
(3)
drLd'^ / I i d'J. d'^ \ y \\d:i. d"^ d[i d'J.
— O,
\ \ \ dx d''^
d-v \ 22 I di' dv i '2 ) /du dv du dv\ (21 \ du du
d^ '^ \ 2 ^^^^jaJV^Jï^^^j^/ 2 ilH dp ~^'
n Considérons alors les deux problèmes suivants :
» I. Ramener de toutes les façons possibles l'élément linéaire (2) à la
Jorme (i).
» II. Étant donné un élément linéaire :
ds- = E, du'- ■+- 2Y f du dv -h G, dv- ,
trouver toutes les surfaces qui admettent cet élément linéaire et cherchons dans
quels cas ces deux problèmes se ramènent l'un à Vautre.
» Le problème II dépend de l'intégratiori du système d'équations (Dar-
boux, Th. des surf., l. III) :
/ d'-v
(4)
dtd^
d-v
doL d'ii
(11) d ^ 1 du du
l 12 ) i d 1 l / du dv
I I il 2 ()c- ^' 'J \dyi d'^
d y Idv dv
,"" ^'dTi^^'Wj^.'d^
s 22 /
) 2 (
\ 12)
\ 2
du dv\
~d^ doLj
1 +
(22i
i ^ )
dv dv
,^ d}
= 0,
du dv"
-
11/
2 i
du du
1 dyi dp
= 0.
» Pour que les deux problèmes soient les mêmes, il suffit que l'on ait
(5)
(^)
I i.
12
2 il
2 (,
22
2
22
I
I I i "^ ( 2 j
11/ , * ^ 2
I il i 2
— 2 '. =
_ \ 22
3 d
\ 22
— 2
12
i I
2 du
logpi'
i ^^ I + ^ ' ^ ! = i ^^ ! + ) ' ^ ! — - A lo
I )
< 2 il I I
2 jp'
?<
Il4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
)) Les équations (5) signifient que les éléments linéaires (2) et (1') se
correspondent géodésiquement; on en conclut de suite, d'après les résul-
tats de Dini, que l'on peut prendre pour (2) une des trois formes :
(y) ds- = U'-(du- -+- dv^) surface de révolution,
(8) ds''=2.{y'u -\-\^)dudv forme de S. Lie,
(q) ds- -'{u — v) (\}-dii- + V- dv- ) forme de Liouviile,
et pour (2') les formes correspondantes bien connues.
» Il suffit alors pour achever le problème de satisfaire aux équations ((3)
qui se réduisent à la suivante :
(i3) al\ = \\,f^\
» Considérons d'abord la forme (7). L'équation (i3) est alors u!ie
équation différentielle ordinaire qui s'intègre aisément : on trouve, pour
l'élément linéaire (10), les quadriques de révolution les plus générales,
(10') ds: = -7-^- r ■ + \j-av-.
» L'élément linéaire (7) peut s'écrire sous la forme
(n'\ ds^ = '—, -y 9' dv^ .
Si c = o, lélément linéaire (10') convient à un paraboloïde de révolution;
par conséquent, on saura habiller de toutes les façons possibles l'élément
linéaire
(n") cis' =—- — ^ — -+^fdv-.
\ / / (rto- — I)- f
» Dans le cas général, l'habillage de (7') est un problème équivalent à
la déformation de la sphère.
» Considérons maintenant l'élément linéaire (9); l'équation (i3) est
alors une équation fonctionnelle qui s'intègre aisément : on trouve pour (i 2)
la forme classique de l'élément linéaire des quadriques et pour (9)
(9)' 'K^ (7, - Y,) [(«-a)(«-P)(»-j') "~ (r-a)(r-p)(r-j)J"
Par conséquent l'habillage d'un élément linéaire de la forme (9)' se
ramène à la déformation d'une quadrique et inversement. Ceci nous per-
met de signaler des éléments linéaires que l'on saura habiller de toutes les
SÉANCE DU l3 JUILLET igoS.
façons possibles; en effet, on sait déformer les pnr;iboloïcles,
j .^ . \ [ Il flu' (' dv-
ds- = (ii — v) —
ds- := (a — v) (u du- — (' dv- ) ,
on saura donc habiller les éléments linéaires
ii5
*= = (;.
-^)
diL^ dv-
liu-iy (i'-i)^J
*'=a.
-^)
[dir -fA/^).
» Si l'on rapproche les résultats précédents de ceux obtenus dans la
Note citée plus haut, on est conduit facilement à la proposition suivante
qui peut avoir une certaine utilité pratique :
» Étant donnée une surface définie intrinsèquement par ses deux formes
quadratiques fondamentales
r/52 = E du- + 2 F du dv +Gdv-,
(ï) == D du'' + 2D' du dv -h D" dv-,
il faut et il suffit pour que la surface soit une quadrique que les deux
formes quadratiques ds- et p<î> se correspondent géodésiquement
R^ —
ÉLECTRICITÉ. — Sur la mesure des coefficients de self -induction au moyen
du téléphone. Note de M. R. Doxgier, présentée par M. Lippmann.
« I. On peut utiliser plusieurs dispositifs pour compenser le décalage
provoqué sur un courant alternatif sinusoïdal de pulsation (ù=.it,'^
(N étant la fréquence) par une bobine de coefficient de self-induction L.
» 1° On met en série avec le circuit de la self-induction le système
composé d'un condensateur de capacité C et d'une résistance non induc-
tive en dérivation aux bornes du condensateur, système qui provoque une
avance de phase. On arrive à compenser le retard de phase dû à la self-
induction en accroissant d'une manière continue la résistance non inductive.
Si r^ est la valeur de la résistance pour laquelle la compensation est réa-
lisée, l'expression du coefficient de self-induction est L = ,^,' ,- ; •
Il6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» 2^ Au lieu de réunir les bornes de la capacité avec les extrémités de
la résistance non inductive, on les met en communication avec les extré-
mités du circuit comprenant, disposées en série, la self-induction à mesurer
et la résistance non inductive. En faisant varier d'une manière continue la
grandeur de cette résistance, on parvient à annuler l'inductance du sys-
tème total. La relation L := C(r^ -h L-w^) est alors satisfaite, (r^ représente
la résistance de la portion du circuit comprise entre les deux bornes de la
capacité.)
)) 3° Si l'on connaissait la fréquence du courant alternatif, chacune de
ces relations pourrait servir au calcul de L, au moyen de la capacité
connue C et de l'une des résistances /'^ ou r.^ déterminée expérimenta-
lement. L'élimination de co entre les égalités précédentes conduit à l'ex-
pression très simple
L = Cr\r.-,.
» Cette expression, indépendante de la fréquence, permet le calcul de L
en fonction de la capacité C, ainsi que des résistances r, et r.,, lesquelles,
pour une même valeur de la fréquence, annulent l'inductance du circuit
dans chacun des deux cas dont il vient d'être fait mention.
» II. On obtient la compensation en intercalant successivement chacun de ces dis-
positifs dans l'une des branches d'un pont de Wheatstone avec alternateur et téléphone ;
les autres branches du pont sont constituées par des fils métalliques tendus, associés
ou non à des boîtes de résistance non inductives. L'extinction complète du son dans le
téléphone dénote l'existence, dans son circuit, de deux courants sinusoïdaux, de sens
inverses, présentant la même période, la même amplitude et le même décalage. Cette
dernière condition, c'est-à-dire l'égalité des décalages, est réalisée si les inductances
des différentes branches du pont, en particulier l'inductance de la branche qui contient
la self-induction à mesurer, sont nulles.
» Afin d'arriver systématiquement à l'extinction téléphonique, la résistance en dé-
rivation sur le condensateur est complétée par un fil tendu le long du'quel se déplace
un curseur de prise de contact A; deux autres branches consécutives du pont sont
réalisées avec un même fil tendu, le long duquel peut être déplacé un curseur de prise
de contact B. On amène successivement les curseurs B et A dans les positions qui
correspondent au minimum d'intensité du son dans le téléphone; le curseur B assure
l'égalité des amplitudes, le curseur A celle des décalages. Ces réglages, répétés plusieurs
fois dans le même ordre, conduisent à un son inappréciable à l'oreille, c'est-à-dire pra-
tiquement nul. On s'assure qu'il en est ainsi en disposant un interrupteur avec godets
de mercure dans le circuit du téléphone; le fonctionnement de l'interrupteur ne pro-
voque alors aucun changement dans l'audition téléphonique. Mise en pratique sous
cette forme, la méthode n'exige la connaissance que de la résistance étalonnée en déri-
vation aux bornes du condensateur. Les résistances des autres branches du pont
SÉANCE DU l3 JUILLET igoS. 117
demeurent arbitraires et elles n'interviennent pas dans le calcul du résultat. On les
choisit de manière à réaliser les conditions de sensibilité maximum,
» III. Faibles self- indue lions. — Il n'est pas possible, même avec des fils tendus, de
réaliser un pont de Wheatstone où chaque branche présente une inductance nulle.
Aussi, lorsqu'on se propose de mesurer de très faibles coefficients d'induction, est-il
nécessaire, avant l'introduction de la self-induction et de la capacité compensatrice,
d'annuler le son dans le téléphone, en rendant identiques entre elles les constantes du
temps rg des différentes branches. On satisfait à cette condition, en mettant dans l'une
des branches du pont une inductance variable, composée d'une résistance variable en
dérivation sur les bornes d'un condensateur. Cette précaution une fois prise, il est
certain que la capacité compense exactement la self-induction à mesurer lorsque,
après leur introduction, on a annulé le son dans le téléphone.
» La précision des mesures dépend de la sensibilité du téléphone emjDloyé. Avec le
téléphone ordinaire et la bobine avec trembleur-diapason qui nous a servi, à M. Lesage
et à moi, dans les mesures de résistivité des liquides de l'organisme (*), j'ai pu mesu-
rer au ~ près des self-inductions de l'ordre de grandeur de Soo'^'" ou 3 x io~'' Henry
et au yi^ près, des self-inductions voisines de 2000''™ ou 2 x io~* Henry.
» Moyennes et grandes self-inductions. — Lorsqu'il s'agit de mesurer des coeffi-
cients de self-induction supérieurs à 10^* Henry, on est gêné par les harmoniques qui
se superposent au son fondamental fourni par le diapason-interrupteur. L'inductance de
la capacité ne compense en effet celle de la self-induction que pour une valeur donnée
de la période du courant alternatif. On n'obtient, avec le téléphone ordinaire, qu'un
minimum de son et ce minimum est d'autant moins accusé que le coefficient de self-
induction à mesurer est plus considérable.
)) Grâce au monotéléphone de M. Mercaclier (-), j'ai pu effectuer au ^
près des mesures de self-induction de l'ordre de i o~- Henry. Cet instrument
ne renforce, en effet, que les sons de période bien déterminée et reste insen-
sible aux harmoniques provoquées par la capacité ou par les substances
magnétiques contenues dans le noyau de la bobine. 11 présente les mêmes
avantages que le téléphone optique de M. Max Wien et pourrait être
employé avec profit dans les différents dispositifs que M. Max Wien,
M. Prerauer, ainsi que M. Graetz (^) ont utilisés dans la mesure des coef-
ficients d'induction. »
(1) DoNGiER et Lesage, Comptes vendus^ t. CXXXIV, p. 612 et 834; t. CXXXV,
p. I I j et 329.
(-) Journal de Physique, 1" série, t. \ I, p. 4^4; 3'^ série, t. IX, p. 675.
(3) Wied. Ann., 2" série, t. XLII, XLIII, L, LUI.
G. R., 1903, i» Semestre. (T. CXXXVII, N° 2.)
Il8 . ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE. — Combinaison du sulfate fer riq lie avec l'acide sulfurique.
Note de M. A. Recoura.
« Dans des Notes antérieures {Comptes rendus, 29 février 1892 et
12 juin 1893) j'ai montré que !e sulfate chromique vert se combine très
facilement avec l'acide sulfurique, en donnant naissance à des acides com-
plexes que j'ai appelés acides chromosidfuriqaes et qui proviennent de
l'union de i*""' de sulfate chromique avec i"^', 2'""' ou 3"^"' d'acide sulfu-
rique. Ces acides possèdent des propriétés curieuses qui ont fait, depuis,
l'objet de nombreuses recherches.
» Je me propose de montrer, dans cette Note, que le sulfate ferrique se
combine lui aussi très facilement avec F acide sulfurique, en donnant naissance
à un acide, qui provient de l'union de i™"* de sulfate ferrique avec i™"^' d'acide
sulfurique et qu'on peut appeler ^cide ferrisulfurique.
» Pour réaliser cette combinaison, je me suis placé dans les conditions
les plus variées; mais j'ai toujours obtenu le même composé, c'est-à-dire
qu'il m'a été impossible de combiner le sulfate ferrique avec plus de i"""*
d'acide sulfurique, contrairement à ce qui a lieu pour le sulfate chromique.
» Préparation. — On peut obtenir très rapidement cette combinaison en procédant
de la façon suivante : on fait une solution concentrée de sulfate ferrique anhydre
dans l'eau (1™°! de sulfate dans 5oos d'eau). Dans cette solution on verse de l'acide
sulfurique concentré (environ 3'""' d'acide pour une de sulfate). La solution de
sulfate ferrique, qui était fortement colorée en brun, reste brune. Mais au bout de
quelques heures la combinaison commence à s'efl'ectuer, la liqueur se décolore peu à
peu, en déposant une poudre blanche; au bout de 5 ou 6 heures, la décoloration est
complète. On obtient ainsi une bouillie qui est un mélange d'une poudre blanche,
l'acide ferrisulfurique solide, et d'un liquide incolore formé d'eau et d'acide sulfu-
rique. La totalité du sulfate fer/ique s'est donc combinée avec de V acide suif urique,
et la combinaison, insoluble dans la solution d'acide sulfurique, s'' est séparée
à l'état solide. On élimine la majeure partie du liquide par essorage et l'on achève en
étendant la substance sur des plaques de porcelaine poreuse. On lave alors le produit
sec avec de l'acétone, puis on l'abandonne dans une atmosphère sèche.
» On obtient ainsi une poudre blanche, très légère, dont la composition est expri-
mée parla formule brute {^) Fe2 0^4 S0*,9 H"^ O, mais qu'il convient, comme je le
montrerai, de représenter par la formule : Fe^0^,3 S0',S0Hi-,8 H-0.
» y^n augmentant la proportion d'acide sulfurique que Ton verse dans la dissolution
(') Trouvé : Fe'-O^^i, SO»=r4,oo5, H^O = 8,98.
SÉANCE DU l3 JUILLET lC)o3. I 19
de sulfate ferrique, on obtient une combinaison plus rapide. C'est ainsi qu'en ajou-
tant 6'"°' d'acide sulfurique, au lieu de 3'"°', pour une de sulfate, la combinaison se
produit en 2 ou 3 minutes, mais le composéobtenu a exactement la même compo-
sition (' ).
» Si au contraire on opère avec des liqueurs plus étendues ou moins riches en
acide snlfurique, la combinaison e>t beaucoup plus longue à se produire, et l'acide
ferrisulfurique ne se dépose à l'état solide que par concentration de la solution.
Mais, quelles que soient les conditions réalisées, la composition du produit est toujours
la même.
» Propriétés. — L'acide ferrisulfurique est une poudre blanche légère qui se dissout
très rapidement dans l'eau, en donnant une liqueur légèrement colorée en jaune
paille,
» Il était intéressant de rechercher si cette solution possédait des propriétés ana-
logues à celles de l'acide chromosulfurique Cr20^3SO^ SO^H^, Aq. On sait que ce
composé est un acide bibasique à radical complexe, dans lequel le chrome et l'acide
snlfurique sont dissimulés à leurs réactifs habituels ; toutefois, il n'en est ainsi que
dans les solutions récentes; au bout de peu de temps l'acide chromosulfurique est
détruit par l'eau et sa dissolution se transforme en un mélange de sulfate violet de
chrome et d'acide sulfurique.
» J'ai constaté qu'il n'en est pas ainsi pour l'acide ferrisulfurique; il est instanta-
nément détruit par l'eau, et sa solution se comporte immédiatement comme un
mélange de sulfate ferrique et d'acide sulfurique libre. On peut constater en effet que,
ni le fer, ni l'acide sulfurique ne sont dissimulés et que, en particulier, la totalité de
l'acide sulfurique est immédiatement précipitable par le chlorure de baryum, même
en liqueur très étendue et refroidie à 0°.
» D'autre part, si l'on détermine l'abaissement du point de congélation d'une so-
lution d'acide ferrisulfurique qui vient d'être faite dans l'eau glacée, on constate que
cet abaissement est la somme des abaissements partiels du sulfate ferrique et de
l'acide sulfurique que renferme l'acide ferrisulfurique, ce qui prouve bien que ces
deux corps ne sont pas combinés dans la solution. On trouve en effet les résultats
suivants :
Abaissement moléculaire de l'acide ferrisulfurique. . . 78,2
et dans les mêmes conditions de dilution :
Abaissement moléculaire du sulfate ferrique 38,8
Abaissement moléculaire de l'acide sulfurique 40j9
Dont la somme est 79? 7
)) La légère différence que l'on observe entre 78,2 et la somme 79,7 provient de ce
que, dans Teau pure, le sulfate ferrique étant plus hydrolyse que dans le mélange, qui
renferme de l'acide sulfurique libre, son abaissement est légèrement plus élevé.
(1) Toutefois en employant un grand excès d'acide sulfurique, plus de 4o™°' d'acide
pour une de sulfate, on obtient un hydrate à 3'"°' d'eau au lieu de 8,
I20 ACADEMIE DES SCIENCES.
» Il faut donc en conclure que l'acide ferrisulfurique est immédiatement
dédoublé par l'eau en sulfate et acide sulfurique, tandis que l'acide chro-
mosulfurique ne l'est que lentement. Ce fait est à rapprocher de celui que
je signalais dans un travail récent (Comptes rendus, 3 novembre 1902).
Ayant réussi à préparer deux composés pareils de chrome et d'aluminium
CrS0^Cl,6H-0 et AlS0*Cl,6H-0, j'ai montré que le premier présentait
toutes les propriétés d'un composé complexe et n'était détruit par l'eau
qu'au bout de quelque temps, tandis que le second, qui avait évidemment
la même constitution, était immédiatement détruit par l'eau.
» Il en serait donc des composés complexes du fer comme de ceux de
l'aluminium; la dissolution les détruit immédiatement, tandis que les
composés correspondants du chrome, quoique fragiles, ne sont pas détruits
tout de suite et on peut manifester leurs propriétés spéciales.
» Malgré cela, il est possible de démontrer que le composé
Fe^O%4SO%9H-0
est bien un véritable acide à radical complexe; on peut notamment pré-
parer ses éthers, comme je me propose de le montrer ultérieurement. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur l' action de V oxyde de carbone sur le fer
et ses oxydes. Note de M. Georges Çharpv, présentée par
M. H. Moissan.
« L'action de l'oxyde de carbone sur le fer et ses oxydes a fait, en
raison du rôle important qu'elle joue dans les réactions métallurgiques,
l'objet de plusieurs séries de recherches, mais les résultats en sont contra-
dictoires. Il semble que, dans la plupart de ces études, on ait insuffisam-
ment séparé l'action du gaz sur le métal et la dissociation propre de l'oxyde
de carbone, en anhydride carbonique et carbone, qui a été découverte par
Sir Lowthian Bell, mais dont le mécanisme n'a été définitivement élucidé
que par les recherches récentes de M. Boudouard.
» I. En ce qui concerne l'action de l'oxyde de carbone sur le fer métal-
lique, de nombreux essais nous conduisent à adopter la conclusion de
Margueritte, savoir que l'oxyde de carbone agit sur le fer comme un
cément.
» Nos essais ont consisté à chauflTer du fer dans un courant lent d'oxyde de carbone
soigneusement purifié. Dans chaque expérience, on déterminait l'augmentation de
SÉANCE DU l3 JUILLET igo^. 121
poids du métal et la quantité d'anhydride carbonique dégagé; on brûlait ensuite le
métal dans l'oxygène pour déterminer la quantité de carbone absorbé par ce métal.
Pour éliminer le carbone qui aurait pu, dans certains cas, se déposer à l'état libre,
sur la surface du métal, on employait ce métal sous forme de fils qui pouvaient être
facilement séparés de tout dépôt pulvérulent avant qu'on en effectuât la pesée et la
combustion.
» On a constaté ainsi que, au-dessus de 700° environ, le dépôt de carbone pulvéru-
lent est pratiquement nul. Le métal reste parfaitement propre et brillant, mais se
carbure très nettement. Dans la plupart des expériences, on a obtenu des chifTres
concordants en cherchant à déterminer cette carburation, soit d'après l'augmentation
de poids du métal, soit d'après la combustion du métal, soit d'après le poids d'anhy-
dride carbonique dégagé. Aux températures inférieures à 75o°, il y a, en même temps,
dépôt de carbone pulvérulent et carburation du métal; nous avons obtenu la cémenta-
tion à 56o°.
» Le Tableau suivant donne quelques-uns des chiffres ainsi obtenus :
Carbone fixé sur le métal, d'après
Durée
l'augmentation
la combustion
le
poids de CO
Température.
du ehauffagc.
de poids du métal.
du métal.
dégagé.
56o. . . -
Il
8
0, 10
0,09
Dépô
it de charb
600. . . .
8
0, 22
0,17
»
715....
8
0,26
0,28
»
825...
3
o,56
0,57
0,60
925
2
0,69
0,72
»
935....
2
o,4i
o,4i
o>49
I025. . . .
2 . 3o'"
0,60
o,58
o,58
io5o. . . .
2
0,44
0,47
0,44
1080. . . .
2
0,53
0,53
o,58
1 125. . . .
2
0,46
o,5o
0,47
II75. . . .
2
0,47
0,47
o,5i
ii85....
2
0,53
0,53
0,47
1190
2
o,3o
o,36
0,33
» On voit que la vitesse de cémentation n'augmente pas sensiblement
pour les températures supérieures à 900**; il n'y a cependant pas satura-
tion, car, lorsqu'on prolonge suffisamment le contact du fer et de l'oxyde
de carbone, on peut, comme nous l'avons indiqué dans une Noie précé-
dente, arriver à la séparation de graphite dans le métal.
» La cémentation sera limitée au contraire si, au lieu d'opérer dans un
courant de gaz, on chauiïe de l'acier en présence d'une quantité limitée
d'oxyde de carbone; dans ces conditions, la carburation s'arrête lorsque
la proportion d'anhydride carbonique formé atteint une certaine valeur.
122 ACADEMIE DES SCIENCES.
» IL En ce qui concerne l'action de l'oxyde de carbone sur les oxydes
de fer, les données connues sont contradictoires.
)) Dans les expériences que nous avons effectuées en chauffant du
sesquioxyde de fer dans un courant continu d'oxyde de carbone, la réduc-
tion de l'oxyde a été complète et a laissé du fer métallique plus ou moins
carburé, suivant la réaction décrite plus haut, à toutes les températures
comprises entre 200° et 1200"; la réaction est, naturellement, plus rapide
aux températures élevées : à 280°, il a fallu 27 heures de chauffage pour
obtenir un mélange de charbon pulvérulent et de fer ne contenant plus
d'oxygène; au-dessus de i loo*^, il se forme, au contact de la porcelaine, un
silicate de protoxyde de fer fondu et très difficilement réductible; mais, si
l'on opère dans une nacelle de magnésie, on obtient la réduction complète
à l'état de fer métallique. »
CHIMIE. — Sur i argent dit colloïdal. Note de M. Hanriot,
présentée par M. Armand Gautier.
« Dans une précédente Note (Comptes rendus, t. CXXXVI, p. 680 et i448)
j'ai montré que la substance désignée sous le nom de coUargol, et celle
décrite par C. Lea comme argent colloïdal, ne peuvent être envisagées
comme des modifications allotropiques de l'argent, mais sont des corps
complexes renfermant de l'argent métallique, une substance étrangère
(albumine, oxyde de fer), et donnant par calcination de l'acide carbonique
et de l'hydrogène gazeux.
» Pour établir l'origine de cet hydrogène, j'ai préparé un argent colloïdal
où la substance étrangère n'a pas de propriétés réductrices. Je me suis
adressé à une réaction signalée par Ruspert (/). ch. Gesellsch., t. XXV,
p. 281 5 et 4066), à savoir l'obtention de solutions brunes, en réduisant par
l'aldéhyde formique le nitrate d'argent en présence d'un grand excès de
carbonate de sodium.
» KusperL n'ayant pas isolé le produit qui se forme, j'ai opéré de la façon sui-
vante :
)) On prépare une solution de i5s de SiO^K- dans i5o^"'' d'eau, on ajoute 6*^^'"' de
N .
formol, puis, en agitant, ô*"™' d'une solution - de nitrate d'argent. Le liquide devient
jaune brun. On ajoute alors de l'acide acétique, en évitant d'en mettre avec excès (la
liqueur doit rester alcaline). Au bout de quelques instants on obtient un magma géla-
tineux, renfei'mant l'acide silicargolique mêlé à un très grand excès de silice. On le
SÉANCE DU l3 JUILLET igoS. 123
divise et on le lave à l'eau jusqu'à ce que la liqueur de lavage ne soit plus réductrice;
puis on épuise le magma un grand nombre de fois par une solution concentrée de
COHv- qui dissout la silice en excès, sans toucher à l'acide silicargolique. Le magma
devient alors pulvérulent et la solution se colore en jaune brun. On termine par un
lavage à l'eau du précipité.
» Le corps qui reste contient toujours un grand excès de silice et vraisemblablement
une petite quantité de carbonate de potassium; en effet, l'eau laissée en contact avec
le précipité finit toujours par devenir un peu alcaline. Séché à l'air, il constitue une
poudre brune, insoluble dans l'eau, fort peu soluble dans l'ammoniaque, très soluble
dans les lessives alcalines quand la dessiccation n'a pas été poussée trop loin. Ces solu-
tions sont précipitées par les sels métalliques et les acides les plus faibles : ainsi, il
suffît de les agiter avec de la silice gélatineuse pour en précipiter tout l'acide silicar-
golique.
» Pour purifier cette masse, on la dissout dans la potasse étendue et on la sature
par l'acide carbonique. La précipitation n'est pas immédiate, mais, le lendemain, on
obtient la prise en gelée de toute la masse. On la lave à l'eau et on la sèche. Elle a donné
à l'analyse des chiffres variables, mais ici encore on peut pousser loin la purification
sans insolubiliser le produit. Celui qui m'a servi pour la plupart de ces expériences
renfermait :
H^O, 12,82; SiO'-, 66,98; Ag, 14,43 ;
KOH,3,83; APO^Fe-'OS 1,71 ; COS » ; Totalgg,;!;
mais j'ai eu à plusieurs reprises des corps plus riches en argent (17 pour 100).
» Les acides dilués n'attaquent que très lentement l'acide silicargolique, mais, si
on le met en contact avec de la potasse concentrée, il est décomposé; la solution se
décolore et renferme du silicate, tandis que tout l'argent est contenu dans le précipité
brun, devenu insoluble daus les alcalis.
» La chaleur décompose l'acide silicargolique; la masse, soulevée par le dégagement
gazeux, semble en ébullition comme le fait l'oxalate ferreux, et la masse est par-
tiellement projetée dans la trompe quand on opère dans le vide. Sur 2s de produit, j'ai
recueilli CO"^, 4""%i; H-, 4'^'"%5. Cette composition, rapportée à l'argent, correspond
à Agi3H2.
» Ainsi, comme pour les autres variétés d'argent colloïdal, la décomposition par la
chaleur dégage de l'hydrogène libre. Il semble donc que ces composés se rattachent à
un hydrure d'argent.
» Du reste, en agitant un poids connu de silicargol avec une solution titrée d'iode,
puis déterminant la quantité d'iode absorbée, on trouve que celle-ci est plus forte
de -g- environ que celle qui correspondrait à la saturation de l'argent. Or à froid, ni
l'aldhéyde formique employée, ni l'acide formique n'ont d'action sur la solution d'iode.
On ne peut donc attribuer cette action réductrice à une petite quantité de ces corps,
restée combinée avec le silicargol.
» Conclusions. — i^ Les « argents colloïdaux » que j'ai examinés sont
constitués par des espèces chimiques différant, non seulement par leurs
propriétés, mais par leurs compositions.
124 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» 2° Il y a lieu d'admettre que la matière albuminoïde dans le collargol,
l'oxyde de fer dans le corps de C. Léa, la silice dans le silicargol, ne consti-
tuent pas des impuretés, mais font partie intégrante de la molécule, non
seulement parce qu'il paraît impossible de les séparer sans détruire l'argent
colloïdal, mais aussi parce que ces corps y ont perdu leurs réactions et
solubilités habituelles.
» 3° Tous ces corps, chauffés dans le vide, dégagent de l'acide carbonique
et de l'hydrogène, et ont un pouvoir réducteur plus grand que celui de
l'argent qu'ils renferment. » "'
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de f acide hypophosphoreux sur la diéthyl-
célone et sur V acètophènone. Note de M. C. Marie, présentée par M. H.
Moissan.
« Diéthylcétone. — On fait bouillir au réfrigérant à reflux un mélange de cétone
(3"°' à 4"°') et d'acide hyperphosphoreux (i™°^). Au bout d'une vingtaine d'heures la
condensation est effectuée; on distille alors l'excès de cétone dans le vide à 6o°-8o°,
et l'on obtient finalement un sirop à peine coloré en jaune. On sépare l'acide
P02H3(C2H3)CO(C-H5)
formé en traitant par l'eau le produit de la réaction et saturant par le carbonate de
plomb la solution acide obtenue; on évapore ensuite à sec et en reprenant par l'alcool
bouillant on dissout le sel de plomb de l'acide cherché. Ce sel recristallise par refroi-
dissement et correspond à la formule
» Pour avoir l'acide, on décompose le sel dissous dans l'eau par un courant de H-S
et l'on évapore la solution ; il reste un sirop incolore, incristallisable même à — 20° et
soluble dans les divers solvants organiques. Par oxydation au brome ou au chlorure
mercurique il donne facilement l'acide oxyphosphinique P0'^H^(G2H^)"-G0. Toutes
ces réactions s'effectuent comme pour les cétones que j'ai étudiées précédemment.
» L'acide PO^H' (C'^H^)^CO^ est soluble dans l'eau, l'alcool, l'acétone, l'acétate
d'éthyle et insoluble dans le benzène et le chloroforme. Pour le purifier, le mieux est
de le précipiter de sa solution dans l'acétone par un excès de chloroforme ; il fond alors
à 108°. 11 donne comme tous les acides oxyphosphiniques des sels de plomb et d'argent
insolubles.
» Acètophènone. — On chauffe pendant i5 ou 20 heures au bain-marie l'acé-
tophénone (3™°') avec PO-H^ (i"""'). Les liquides se mélangent peu à peu; le
produit est versé dans l'eau pour séparer l'excès d'acétophénone et la solution est
saturée à chaud par un excès de carbonate de plomb. Le précipité obtenu est séché et
SÉANCE DU l3 JUILLET IQoS. 125
dissous dans l'alcool bouillanL Par refroidissement on obtient le sel
cristallisé en houppes brillantes. Ce sel est très peu soluble dans l'eau ; par CIPS il
fournit l'acide PO-H' CIi-^COC''H', sirop incolore, épais, qui ne cristallise que très
lentement, en une masse rayonnée fusible à 70°.
» Cet acide s'oxyde facilement par le brome ou le chlorure mercurique, mais le
produit de la réaction n'est pas le même dans les deux. cas. Pour éliminer l'acide
bromhydrique ou chlorhydrique produit il faut en effet procéder à une série d'éva-
porations à sec qui ne vont pas sans une certaine décomposition du produit. Cette
décomposition est évitée par l'évaporation rapide dans le vide à 60° qui dans le cas
de l'oxydation mercurique laisse l'acide oxyphosphinique sensiblement pur; dans le
cas de l'oxydation au brome on n'obtient pas l'acide lui-même mais sa combinaison
avec une molécule d'acide bromhydrique. Cette combinaison se différencie par son
point de fusion (190°), sa plus faible solubilité dans l'éther et son analyse qui répond
à la formule PO^ IPCIPCOC^HS HBr.
» Ce produit traité par l'oxyde d'argent, en solution aqueuse, donne Ag Br et
l'acide oxyphosphinique qu'on peut avoir alors par une simple évaporation. On
le purifie par dissolution dans l'acétone et précipitation par CHCP. Il fond à 170° et
est soluble dans les divers solvants organiques sauf CHCP.
» Il x'égénère facilement la combinaison bromhydrique précédente par une simple
évaporation dans le vide en présence d'un excès de II Br.
» Conclusions. — L'existence de ces acides, rajDprochée de celle des
acides préparés au moyen de PO"H^ et des autres cétones, symétriques ou
non, grasses ou aromatiques, montre que la réaction qui leur donne
naissance est générale ; il en est de même de la réaction d'oxydation qui
fournit les acides oxyphosphiniques correspondants. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le chlorure de phénylpropargylidène
CMl' - C = C- CHCP.
Note de MM. Eunest Charon et Edgar Dugoujox, présentée par M. Haller.
« Nous nous sommes proposé d'étendre nos recherches précédentes sur
le chlorure de cinnamylidène à des composés renfermant dans leur molé-
cule le groupement acétylénique.
» Nous nous sommes adressé au mieux connu des aldéhydes acétylé-
niques, à l'aldéhyde phénylpropargylique C^H^ — C^C — CHO. Il existe
C. R., 1903, 2« Semestre. (T. CXXXVII, N° 2.) J?
136 ACADÉMIE DES SCIENCES.
deux méthodes de préparation pour ce composé, celle de Claiseii ('),
celle de Moureu et Delange (-). Nous avons donné la préférence à cette
dernière.
» On peut arriver à coup sûr à d'excellents rendements dans la préparation des
aldéhydes acétvléniques, en modifiant le procédé décrit.
» Il est capital d'opérer avec des produits absolument anhydres et purs* Le phényl-
acétylène et le formiate d'éthyle sont faciles à obtenir tels. Quant à Téther employé
comme dissolvant, il doit ne donner aucune réaction au sodium, même par un contact
prolongé. Une trace d'eau suffit pour donner de mauvais rendements et même pour
qu'ils soient tout à fait nuls»
» Oh fait réagir le dérivé sodé du carbure sur Téther formique peu à peu, en main-
tenant vers 0°, et l'on suit la dissolution de ce dérivé. Quand elle est complète ou
presque, il est inutile d'attendre, on détruit à o'' la combinaison formée en ajoutant
goutte à goutte de l'acide acétique en très léger excès. On étend d'eau et l'on épuise
à Féther.
» La destruction du composé intermédiaire par l'acide acétique permet d'éviter la
résinification d'une grande partie du produit, toujours inévitable par l'eau. En effet,
on forme ainsi de la soude caustique qui résinifie rapidement les aldéhydes non
saturés. Nous avons obtenu des rendements dépassant 5o pour loo du carbure
employé.
» L'action du perchlorure de phosphore sur l'aldéhyde bien pure a été conduite de
la façon suivante :
» Le perchlorure en quantité un peu supérieure à la théorie est introduit dans un
ballon bien sec. On laisse tomber goutte à goutte l'aldéhyde à la température ordi-
naire. La réaction s'annonce de suite et le mélange s'échauffe peu à peu. Pour com-
pléter cette réaction, on chauffe quelques instants au bain-marie.
» Le liquide, débarrassé du perchlorure de phosphore non dissous, peut être ensuite
traité de deux façons différentes :
» 1° On détruit l'oxychiorure de phosphore par l'eau glacée en agitant bien et l'on
reprend le chlorure organique par l'éther. La solution séchée sur le chlorure de cal-
cium et redistillée dans le vide donne le composé cherché;
» 2° On distille dans le vide sans traiter par l'eau, Toxychlorure passe d'abord et il
distille ensuite un liquide incolore très réfringent passant à i3i°-i32° sous 22™'",
» Ce composé a une odeur assez agréable. Refroidi il cristallise à — i4°- Chauffé à
l'air libre il se détruit en partie tiiais distille très bien sous pression i-éduite. Sa den-
sité à o" est de 1,2435.
» Abandonné à lui-même, on remarque de suite qu'il est plus stable que le chlorure
de cinnamylidène. Il reste d'abord incolore puis jaunit lentement; il se dégage bientôt
de l'acide clilorhydrique, mais même après plusieurs jours on peut par distillation
(*) Claisen, Berichte der deiUschen chemischen Gesellscliaft, vol. XXXl, p. J022.
(^) MouftÈu et Delangë, Comptes rendus, t. CXXXIII, p. îo5.
SÉANCE DU l3 JUILLET I9o3. 127
régénérer la plus grande partie du composé primitif. Par l'eau la destruction est éga-
lement très lente. L'eau s'acidule, mais même au bout de deux jours on constate en
dosant l'acide libre qu'une faible partie seulement du chlorure est détruite.
» On peut chaufTer au bain-marie, la décomposition s'accentue, elle est loin cepen-
dant d'être complète. Il n^y a pas fixation de l'acide naissant sur la triple liaison et Ton
peut dans ce cas régénérer une partie du chlorure inaltéré.
» Cette stabilité de G^H^ — G ;= G — CHGl"'', beaucoup plus grande que celle
de C^I-p — CH =: GH — GHGl-, se remarque déjà dans la préparation de ces deux
composés d'une façon très nette.
» Gontrairement aux idées admises sur l'énergie particulière du groupement acéty-
lénique G^H^G^G — GHGl- doit, au point de vue qui nous occupe ici, être rangé
entre le composé saturé et le composé éthylénique.
» La saturation du groupement acétylénique stabilise complètement le groupe-
ment GHGl^.
» On obtient ainsi avec le chlore un liquide incolore distillant à i65°-ï67° sous 28'""\
Refroidi énergiquement ce composé se solidifie mais sans apparence cristalline. Son
analyse correspond à la formule G'^H' — GHGl := GHGl — GHGl^. Â. l'air ou sous l'eau
il est très stable.
» L'action du brome en solution acétique ou chloroformique donne un corps cristallisé
en fines aiguilles blanches fondant à 107° de formule C^H^ — GHBr = GHBr — GHGl'-
Ge chlorobromnre est extrêmement stable.
» La stabilité de ces dérivés malgré leurs liaisons éthyléniques n'a rien qui doive
surprendre après les faits observés avec les chlorures de chlorç- et de bromo-cinnamy-
lidène.
» Si l'on excepte les transformations isomériques des hydrocarbures,
le cas étudié ici est le premier exemple de l'action de la triple liaison sur
le groupement hydrocarboné voisin et sur les substitutions chlorées dans
ce groupement.
)) Nous croyons pouvoir affirmer que, pour être très réelle, cette action
est cependant, dans le cas des substitutions chlorées, moins accentuée
que celle de la double liaison.
» Cette affirmation seuible contradictoire avec ce que l'on admet cou-
ramment, mais en somme on n'a jusqu'ici étudié que la saturation du
groupement — C^C — et confondu deux phénomènes différents : d'une
part cette saturation et d'autre part un phénomène tout autre, le reten-
tissement de ce groupement sur le reste de la molécule. L'étude des
composés éthyléniques à ce point de vue est elle-même à peine ébauchée.
» De ce qui précède il résulte que cette confusion doit être évitée, il
ne faut pas, sans aucun fait expérimental, admettre que l'action extérieure
à lui-même du groupement acétylénique est plus accentuée que celle du
128 ACADÉMIE DES SCIENCES.
groupement éthylénique. C'est l'inverse qui est vrai pour les substitutions
chlorées. Il peut en être d'ailleurs tout autrement pour des substitutions
d'autre nature. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Préparation des amides secondaires. Note
(le M. J. Tarbourieck, présentée par M. A. Hailer.
« On ne connaît jusqu'à ce jour que trois amides secondaires : la
diacétamide, la dipropionamide et la diisobutyramide, ces deux dernières
obtenues d'une façon tout à fait fortuite. J'ai essayé de préparer quelques
nouveaux termes de cette série et, dans ce but, j'ai mis en œuvre deux
procédés : le premier, indiqué depuis 1868 par M. Armand Gautier (')
et considéré comme la méthode classique et générale d'obtention de ces
composés consiste dans l'action des acides sur les nitriles correspondants;
la deuxième méthode, toute personnelle, consiste à faire réagir les chlo-
rures d'acides sur les amides primaires en lube scellé.
» La réaction de M. Armand Gautier donne lieu à la formation des
amides secondaires par simple addition des deux constituants; j'ai pu
obtenir ainsi la dibutyramide normale et la diisovaléramide. Mais il est à
remarquer que la combinaison s'effectue avec une difficulté croissante et
avec des rendements de plus en plus faibles, en même temps qu'on aug-
mente le nombre d'atomes de carbone dans la molécule.
» L'action des chlorures d'acides sur les amides permet d'obtenir ces
composés à des températures bien inférieures à celles exigées par la
méthode précédente et avec de meilleurs rendements. Enfin, en faisant
intervenir des chlorures d'acides d'un nombre d'atomes de carbone
différent de celui de l'amide primaire, on obtient des amides secondaires
mixtes ou dissymétriques, série dont on ne connaissait jusqu'à présent
aucun terme.
» Je ne décrirai, dans cette Note, que les composés symétriques :
» DiBUTVRAMiDE NORMALE. — 1° Préparation par le iiitrile et l'acide butyriques.
— On cliaufTe à 2o5° en lube scellé, pendant 4 heures, i3s, 8 de nitrile butyrique et
lySjG d'acide butyrique. Après refroidissement, on distille le liquide sous la pression
ordinaire : la plus grande partie passe avant la température de i8o°. Le thermomètre
(*) Comptes rendus, t. LXVII, 1868, p. laSS.
SÉANCE DU l3 JUILLET igoS. 129
s'élève ensuite rapidement jusque vers 218". A partir de celte température, le liquide
qui distille se condense par le refroidissement en une masse blanche cristalline.
» Mais, à partir de 200°, il y a toujours une décomposition plus ou moins avancée
du produit. Aussi, est-il avantageux d'arrêter le fonctionnement dès que l'on atteint
cette température. Par le refroidissement, et au bout de quelques heures, le liquide
resté dans le ballon se prend en une masse cristalline que l'on purifie par essorage,
lavage à l'eau distillée et cristallisation dans l'alcool. La dibutyramide fond à 107°.
» 2° Préparation par la hutyramlde et le chlorure de butyrile. — Les deux corps
mélangés dans la proportion de leur poids moléculaire sont chauffés en tube scellé
à lao^-iSo" pendant 6 heures. Au bout de ce temps, le tube contient un liquide sur-
nageant une petite quantité d'une matière blanchâtre cristalline. On distille le liquide
au bain-marie dans le vide; dans ces conditions, la plus grande partie passe à la dis-
tillation. Le résidu se solidifie par le refroidissement en une masse cristalline que l'on
purifie comme il vient d'être dit. Ce corps a le même point de fusion que celui obtenu
par l'action de l'acide butyrique sur le nitrile, soit 107°. L'analyse démontre qu'il a la
composition centésimale de la dibutyramide.
» Le produit solide qui s'est formé en petite quantité sous le tube scellé est du chlo-
rure d'ammonium. La formation de ce corps paraît être corrélative de la production
en proportion correspondante, c'est-à-dire très minime, de tributyramide, qui pren-
drait naissance d'après l'équation
2C*H^OAzH2-i- C^IPOCI — AzH^Cl -\- {C^WOfkz.
» Quant au liquide qui a passé à la distillation, il contient une certaine quantité
de nitrile qui résulte de l'action déshydratante du chlorure d'acide sur l'amide
primaire.
» Diisobutyramide. — Hofmann (*) a constaté la formation de ce corps à côté de
l'isobutyramide par l'action de l'ammoniaque sur le chlorure de butyrile. En
chauffant à i io°-i i5° en tube scellé de l'isobutyramide et du chlorure d'isobutyrile
en proportions moléculaires, on obtient un liquide qui, abandonné à lui-même, laisse
cristalliser spontanément la diisobutyramide en gros cristaux flexibles, incolores, fon-
dant à I73°-I74°- La diisobutyramide est presque insoluble dans l'eau et l'alcool
froids. Elle est plus soluble dans ces liquides bouillants, très soluble dans l'éther.
» Dlisoçaléramide . — Si l'on chauffe à 20o°-2o5'', poids moléculaire d'acide valé-
rique et de valéronitrile, on n'observe, quelle que soit la durée de l'opération, que la
formation en proportion insignifiante d'amide secondaire. On obtient ce corps en
quantité notable en portant la température à 24o°-25o** pendant au moins 3o heures.
Après distillation sous pression réduite de la partie qui n'a pas réagi, on obtient un
liquide qui, par refroidissement, se concrète en aiguilles blanches fondant à 94°. Ce
corps a la composition élémentaire de la diisovaléramide.
» On obtient encore ce composé par l'action du chlorure d'isovaléryle sur l'isovalé-
ramide dans les conditions décrites au sujet de la dibutyramide normale. Ici encore
on observe la formation de chlorure d'ammonium et d'une proportion notable de ni-
{')D.ch. G., t. XV, p. 977.
l3o ACADÉMIE DES SCIENCES.
trile. Pour i'eàie cristalliser l'amide secondaire, on reprend par l'eau bouillante le
liquide qui reste après la distillation au bain-marie dans le vide, et, par le refroidisse-
ment, on obtient la diisovaléramide sous forme d'un amas feutré de fines aiguilles
blanches.
» Divaléramide normale. — L'action du chlorure de valéryje sur la valéramide en
tube scellé à iio^-iiS" donne lieu de la même manière à la formation de la divaléra-
mide normale. On la sép'are comme les composés précédents en se basant sur son inso-
lubilité dans l'eau froide. C'est une substance blanche, cristalline, fondant à loo".
Elle est assez soluble dans l'alcool bouillant, très soluble dans l'élher. »
CHIMIE MINÉRALE. — Action du pcrsiilfate d' ammoniaque sur les oxydes
métalliques. Note de MM. A. Seyewetz et P. Trawjtz, présentée par
M. A. Haller. (Extrait.)
« En faisant agir le persulfate d'ammoniaque sur les oxydes métalliques,
nous avons obtenu des réactions qui diffèrent notablement de celles que
donne l'eau oxygénée —
» Conclusions. — Il résulte de nos expériences que le persulfate d'am-
moniaque donne lieu à des réactions variées en agissant sur les oxydes
métalliques :
)) 1° Avec les protoxydes, il peut y avoir soit déplacement d'ammo-
niaque avec formation probable du persulfate correspondant, soit produc-
tion de sesquiôxydes ou de peroxydes.
» Cette dernière réaction est particulièrement intéressante pour la pré-
paration du peroxyde de plomb précipité.
» 2° Avec les sesquiôxydes ou les peroxydes, on peut, soit produire l'oxy-
dation d'une partie de l'ammoniaque, en dégageant de l'azote en même
temps qu'il se forme le sulfate correspondant à l'oxyde, soit former le sul-
fate de l'oxyde avec dégagement de l'oxygène d'une partie du persulfate,
soit enfin donner lieu à des peroxydations complètes, comme celles que l'on
obtient avec les hydrates de chrome et de manganèse. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action du brome sur le pinène en présence de Veau.
Note de MM. P. Genvresse et P. Faivre. (Extrait.)
« L'action du brome sur le pinène a été l'objet de beaucoup de travaux
de la part d'un grand nombre de savants, entre autres de MM. Tilden et
SÉANCE DU t3 juillet igoS. l3l
Wallach. Ils sont arrivés à des résultats contradictoires : M. Tilden conclut
à la tétravalence du pinène ; M. Wallach, à sa divalence.
» Nous avons pensé qu'il serait bon de reprendre la question par une
autre méthode; nous opérons en présence de l'eau; nous avons seulement
soin que la température ne s'élève pas.
» ... Nous avons entraîné par la vapeur d'eau l'huile obtenue; il passe
d'abord un liquide incolore, plus léger que l'eau, constitué surtout par du
pinène inaltéré, ensuite une huile colorée en jaune, plus lourde que l'eau,
dont nous avons extrait du cymène, et enfm un liquide qui cristallise; il
reste dans l'appareil à entraînement un résidu brun visqueux.
M Les cristaux fondent à i67*'-i68° après cristallisation dans l'éthcr
acétique. Ils sont saturés et leur analyse corresponrl à la formule
G^»H^*^Br%
dibromure de pinène. M. Wallach les avait aussi obtenus par une autre
méthode. Ils sont très importants, parce qu'ils permettent de conclure à
la diValence du pinène. »
PHYSIOLOGIE. — laflaence du système nerveux sur l'ontogenèse des membres.
Note de M. P. WintrfberTj présentée par M. Edmond Perrier.
« En étudianl l'origine des membres chez les Batraciens, je fus frappé
de voir les cellules encore indifférentes du bourgeon naissant, entourées
par les fibrilles nerveuses^ et je me demandais si la forme et la différen-
ciation du membre ne seraient point réglées par le système nerveux.
R. Rubin a précisé récemment l'influence nécessaire du système nerveux
pour la régénération du membre chez les Urodèles; mais il s'agissait de
Tapparitiôn première de Torgane et, les travaux de A. Scllaper sur les
larves d'Anoures montrant que l'ablation de l'encéphale est sans action
sur la croissance en général et sur la région céphalique en particulier, ne
touchent pas le sujet d'assez près. Je résolus d'expérimenter en supprimant
la seule innervation du membre lui-même chez des larves de Batraciens
urodèles et anoures.
» Opérations et résultats. — .1 Siredon pisciformis. — Sur des larves clAxoIoil,
prises au moment où apparaissent les doigts du membre postérieur, j'arrivai après
plusieurs essais à pouvoir sectionner complètement les nerfs qui s'y rendent, i" d'un
seul côté, 2° des deux côtés. Dans les deux cas, un grand nombre de larves furent
l32 ACADÉMIE DES SCIENCES.
opérées; on ne retint pour l'appréciation des faits que celles dont le membre énervé
était absolument inerte et insensible. Au bout d'un temps variable (6 à 12 jours) on
constatait sur tous les membres, opérés ou non, la même croissance de i ou 2 doigts;
pour continuer l'expérience, en évitant une régénération nerveuse possible, certaines
larves furent opérées de nouveau, et manifestèrent encore après cela l'apparition
d'une ébauche plus avancée.
» II. Rana temporaria. — Les opérations furent toujours pratiquées sur les 2 côtés
des larves. Voici les résultats relatifs à 2 lots de têtards :
i) Première série : Développement des doigts. — 19 larves furent rigoureusement
choisies au stade où le pied commence à se distinguer sur le bourgeon par un étran-
glement séparant une palette terminale indivise. 5 jours après l'opération, 8 têtards
survivent, sur lesquels 6 ont l'ébauche nette de 3 doigts, et 2 montrent 4 doigts.
Réopérés immédiatement, 4 seulement sont en vie 5 jours plus tard; 1 de ceux-ci n'ont
pas progressé, mais les 2 autres ont à ce moment l'ébauche de leurs 5 doigts, comme
les témoins; leurs membres étaient toujours restés inertes et insensibles.
» Deuxième série : Développement des membres jusqu'à complète métamorphose. —
5o têtards, pris à un stade tout à fait précoce, subissent le iZ mai une opération, qui
fut renouvelée les 28 mai, 2 juin, 7 juin, 22 juin, 2 juillet, AjDrès le 7 juin, le membre
était suffisamment développé pour qu'on pût se rendre un compte exact de sa sensibi-
lité et de sa molilitê, et il devint possible d'attendre, pour intervenir à nouveau, que
la sensibilité reparût à la naissance de la cuisse. Du 22 juin au 2 juillet, les membres
postérieurs grandirent rapidement, et, à cette dernière date, 18 têtards survivaient;
4 d'entre eux, plus avancés, avaient sorti leurs membres antérieurs, mais manifes-
taient aussi une sensibilité nette au pincement de la cuisse et de très légers mouve-
ments volontaires de celle-ci; 8 autres, absolument insensibles, ou dont la sensibilité
restait limitée à la moitié supérieure de la cuisse, furent réopérés, et 6 d'entre eux
libérèrent dans les jours suivants leurs membres antérieurs.
» Depuis ce moment, laissés à eux-mêmes, les derniers, comme les premiers, récu-
pérèrent plus ou moins rapidement la sensibilité dans les segments des membres
postérieurs, traînés inertes derrière l'animal, en des attitudes vicieuses, malgré l'appa-
rition de minimes contractions des cuisses.
» Ces membres, au point de vue de leur forme générale, de leur longueur totale, de
la proportion longitudinale de leurs divers segments, et de la comparaison entre les
deux côtés, ne diffèrent pas des membres normaux, sauf lésions accidentelles trauma-
tiques.
» Dans les membres les plus inertes et les plus sûrement énervés on constate par-
fois, sous l'influence d'une excitation directe, des oscillations des doigts qui prouvent
l'existence de fibres musculaires.
)) Nous pouvons donc conclure que le système nerveux n'est pas néces-
saire dans la génération du membre, ni pour sa croissance, ni pour sa mor-
phogénie générale, ni pour sa différenciation. »
SÉANCE DU l3 JUILLET I9o3. l33
ZOOLOGIE. — La distribution géographique des- Coléoptères hostrychides dans
ses rapports avec le régime alimentaire de ces Insectes. Rôle probable des
grandes migrations humaines. Note de M. P. Lesne, présentée par
M. Bouvier.
« L'ensemble des renseignements que l'on possède aujourd'hui sur le
régime des Coléoptères appartenant à la famille des Bostrychides montre
que ces Insectes se développent, dans les conditions normales, aux dépens
des plantes ligneuses récemment mortes ou maladives. D'une façon géné-
rale, ils cherchent leur subsistance soit dans le bois, soit dans les tissus de
réserve des végétaux angiospermes; les espèces du genre Stephanopachys,
qui vivent exclusivement dans l'écorce des Abiétinées, sont les seules qui
fassent exception à cette règle.
» Si, mettant à part ce dernier genre, on étudie les espèces dont l'aire
d'habitat est restée limitée à l'une des grandes régions zoogéographiques,
on est frappé de la diversité des essences auxquelles s'attaquent beaucoup
d'entre elles et de la facilité avec laquelle elles se jettent sur les arbres ou
les arbustes qui y ont été importés. Le régime polyphage est manifeste,
par exemple, chez le Sinoxylon sexdentatum de la région méditerranéenne,
chez le Sinoxylon crassum de la région indo-malaise et chez les Psoa maculata
et Scobicia déclins, de Californie. Une espèc^e du nord de l'Alrique, Liche-
nophanes numida, a été observée une fois en nombre dans le tronc mort
d'un Eucalyptus globulus qu'elle avait réduit en poussière (').
)) La dureté et la texture des tissus végétaux ne paraissent pas jouer,
dans le choix des plantes nourricières, un rôle plus important que l'indi-
génat des essences ou que les affinités botaniques. Ainsi, les larves de deux
espèces méditerranéennes, Enneadesmus irispinosus et Phonapate frontalis,
s'accommodent aussi bien du parenchyme de la nervure médiane des
feuilles coupées de Dattier que du bois de Tamarix, et plusieurs espèces
appartenant aux genres Dinoderus et Rhizopertha, quoiqu'elles sachent
forer le bois aussi bien que les autres Bostrychides, et qu'elles s'y déve-
loppent fréquemment, vivent de préférence dans divers fruits ou tubercules
desséchés, dans les provisions de grains amassées par l'homme ou même
dans les produits manufacturés, tels que le biscuit.
(') Maurice Girard, Annales de la Société entomologique de France, 1882, Bulle-
lin, p. 48-
C. R., igoS, 2« Semestre. (T. CXXXVII, N" 2.) 1^
l34 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Ces faits expliquent la facilité avec laquelle certains de ces animaux
ont pu se répandre et s'acclimater dans des contrées fort éloignées de leur
pays d'origine et toutes différentes par leur végétation. (J'est ainsi qu'il
existe, soit dans l'Amérique du Sud, soit aux Antilles, au moins quatre
espèces de Bostrychides (^) que tout porte à considérer comme étant
d'origine africaine. Leur large dispersion en Afrique où deux d'entre elles
ont donné naissance à des raCGs locales, leurs aftitiités très étroites avec
leurs congénères restés tbiis Cantonnés dans l'ahcien contittétit et, d'autre
part, la conformité absoltle des iridividils américains avec ceux vivant en
Afrique ne peuvetit guère laisser de doutes à cet égard.
» Or, si l'on étudie la distribution géographique de ces fôi^nies impôl'-
tées, on constate que leurs centres de dispersion en Amérique, Antilles et
Brésil oriental, sont les mêmes que les centres d'habitat des populations
noires ou de gens de couleur et l'on est conduit à rattacher leur apparition
dans le nouveau continent au grand mouvement de migration forcée qui,
durant une période historique récente, jeta par dizaines de millions les
nègres captifs sur les côtes du Bi'ésil et dans les Antilles. Il est dertain iqUë
les bâtiments négriers, au moment de quitter TAfrique, embarquaient,
outre leur cargaison humaine, du bois, des ustensiles, des fruits et des
tubercules desséchés qui, dans bien des cas, recelaient des Bostrychides
Sous leUfs différents états. Il n'est pas surprenant qu'à la faveur de leur
régime varié ceux-ci aient pu s'acclimater aux points d'atterrissage.
M D'autres particularités faunistiques, susceptibles d'une explication
analogue, semblent venir à l'appui de l'hypothèse précédente. L'étude de
la faune des Bostl^chides de Madagascar révèle la présence, dans la
grande île, de séHes d'espèces largement répandues, soit en Afrique, soit
dans l'Indo-Malaisie, et vivant côte à côte avec les formes endémiques. Là
composition de cette faune, telle qu'elle est actuellement connue, est la
suivante i
Espèces endémiques o
i) existant à la fois fen Afrique et à Madagascar 1 1
» » dans l'Asie sud-orientale et à Madagascar 5
" » en Afrique, dans l'Asie sud-orientale et à Madagascar. . 2
» cosmopolites 3
w Le mélange des types n'appartenant pas en propre à la faUne insulaire
(') 'Yylopertha picea dans le Brésil et la Guyane, AyUonulus transversa au Brésil,
Apate terebrans au Brésil et dans les Antilles, Apate monachus aux. Antilles.
SÉANCE DU l3 JUILLET ipoS. t35
n'est pas sans analosjie avec celui des races humaines peuplant l'île et tout
se passe comme si les nègres bantous, représentés aujourd'hui par les.
Sakalaves, et les Hovas indonésiens avaient, les uns et les autres, apporté
de leur patrie d'origine un contingent d'espèces xylophages qui serait venu
se superposer aux formes autochtones. »
PHYSIOLOGIE. — A propos d'une diastase tactique dédoublant le salol. Note
de MM. A. MiELE et V. \yiLLEi>i, présentée par M. Alfred Giard.
(Extrait.)
« En 1901, Nobécourt et Mercklen(') ont publié une série d'expériences
tendant à prouver l'existence, dans certains laits, d'un ferment dédoublant
le salol en phénol et acide salicylique.,.. Spolverini (-) après des expé-
riences analogues, admet aussi l'existence de ce ferment. De même que les
auteurs précédents, il constate qu'une réaction sensiblement acide du
milieu retarde beaucoup l'action du feraient et peut même l'enrayer com-
plètement. Enfin A. Desmoulières et Pozzi-Escot (') ont cherché, avec un
résultat négatif, si ce dédoublement du salol ne peut pas être attribué à
l'action d'une lipase.
» Quelques expériences que nous avons faites montrent que l'existence
dans le lait d'un semblable ferment hydratant, dédoublant le salol, est tout
au moins problématique; presque tous les faits observés se peuvent expli-
quer par la simple alcahnité des liquides expérimentés.
» En effet: 1° une solution très diluée de soude caustique (roôoTôô environ), addi-
tionnée de salol, fournit, après quelque temps, la réaction caractéristique de l'acide
salicylique avec le perchlorure de fer. Cette réaction n'est pas instantanée à froid,
mais elle est très sensible après 24 heures de maintien de la liqueur à Sy»; elle est
beaucoup plus prononcée dans une solution d'alcalinité décqple;elle est absente en
milieu légèrement acide.
» Le même ensemble de phénomènes se présente si, au lieu d'eau, on emploie
d'autres liquides alcalinisés. C'est ainsi que du Ifiit de vache cru oq bouilli, d'abord
(M NoBÉcouRT et Mercklen, Un ferment de lait de femme et du lait d'ânesse
{Bévue mensuelle des maladies de l'enfance, t. XIX, mars 1901).
(^) Spolverini, Sur les ferments solubles du lait... {Revue d'hygiène et de méde-
cine infantiles, t. I, 1902).
(3) Pozzi-EscoT, Dédoublement diastasique du salol {Comptes rendus, t. CXXXVI,
n iT>ai i90-^-)
l36 ACADÉMIE DES SCIENCES.
neutralisé (pour la phénolphtaléine) puis légèrement alcalinisé comme ci-dessus
,(une goutte de solution décinormale de soude pour S-^""' de liquide), du lait de femme cru
ou bouilli, de la salive, une solution de pancréatine, ramenés à une alcalinité analogue,
décomposent tous le salol. La réaction est intensifiée par l'addition d'une quantité
plus grande de soude caustique; elle est annulée par l'acidification très légère des
mêmes liquides.
» Il est à noter que le carbonate de soude produit des effets analogues, mais à une
concentration supérieure : c'est ainsi qu'une solution au j^ donne la réaction immé-
diatement à loo'^, lentement à la température de 40"-
» En résumé, dans ces essais, le dédonblement du salol apparaît comme
une fonction de l'alcalinité du milieu et se montre indifférent aux autres
facteurs considérés : nature du lait, ébullition préalable, présence de cer-
taines diastases. Or, il faut se rappeler que, dans les expériences de Nobé-
court et Mercklen, dans celles de Spolverini, ce sont les laits à réaction
alcaline qui ont fourni les phénomènes sur lesquels on se fonde pour
admettre l'existence du ferment en question. On pourrait donc nier déli-
bérément sa présence si Nobécourt et Mercklen n'affirmaient (p. i4i) que
du lait de femme, maintenu pendant un certain temps à des températures
supérieures à 65**, perdait son pouvoir de dédoubler le salol, et si on ne
lisait dans l'exposé des expériences de Spolverini, sur une chèvre mise à
un régime omnivore, l'apparition au bout d'un mois de la réaction en
question (Tableau, p. 3oB), en même temps que l'acidité du lait augmen-
tait (Tableau, p. 3o5).
» Il ne nous a pas été possible de répéter les expériences de Spolverini,
mais nous avons fait des essais analogues à ceux de Nobécourt et Mercklen,
et cela avec des résultats un peu différents.
» C'est ainsi qu'un lait de femme stérilisé à 110° pendant une demi-heure nous a
donné la réaction eu question, très nettement, quoique plus faiblement qu'à l'état frais.
Or, nous avons pu constater que l'ébuUition avait modifié le degré d'alcalinité de ce
lait : frais, il avait fallu en additionner 5*^°'' de o*^™", 225 de solution décinormale de
soude caustique pour provoquer la coloration rose de la phénolphtaléine ; après stéri-
lisation, o'^"'',36 devenaient nécessaires pour obtenir la même réaction. Cette diminu-
tion de l'alcalinité du lait, sous l'influence d'une température élevée, permet de com-
prendre que certains laits de femme, peu alcalins, perdent par la chaleur leur pouvoir
de dédoubler le salol.
» Il nous semble donc que l'existence, dans certains laits, d'un ferment
dédoublant le salol est bien problématique; la démonstration péremptoire
d'une diastase à pouvoir hydratant devra, en tout cas, se faire au moyen
d'autres réactifs que le salol. Nous ajouterons que les mêmes objections
SÉANCE DU l3 JUILLET igoS. iSn
s'appliquent à l'admission de semblable ferment dans les organes où Nobé-
coiirt et Mercklen ont cru l'avoir révélé ( ' ).
M II résulte encore de nos expériences qu'il n'existe actuellement aucune
raison d'attribuer à la pancréatine, comme on le Mt, plutôt qu'à l'alcali-
nité du liquide intestinal, le dédoublement que subit le salol dans l'intestin
grêle. »
PHYSIOLOGIE. — Sur les modificalions (lu chimisme respiratoire avec l'âge,
en particulier chez le cobaye. Note de M. Léopold Mayer, présentée par
M. x\lfred Giard.
« Sondén et Tigerstedt (-) ont étudié, dans les Skandin. Arch. fïir Physio-
logie, les échanges respiratoires chez l'homme, et l'influence du sexe et de
l'âge sur l'excrétion de l'anhydride carbonique: ils ont montré que l'homme
excrète plus d'anhydride carbonique que la femme et que le pourcentage
d'anhydride carbonique éliminé par kilogramme diminue notablement de
l'enfance à la vieillesse, comme l'avait aussi établi Lorenzo Brillo (').
» Nous nous sommes proposé de rechercher comment varie, avecrâge,
pour diverses espèces animales, l'intensité de ces combustions respira-
toires qui mesurent, en dernière analyse, les quantités d'énergie libérée
par l'organisme au repos (^).
» Nous avons choisi clans ce but le Cobaye, le Lapin, le Poulet et le Canard.
» Nous nous sei^vons de la méthode de Halsdane, réduite à la pesée de l'anhydride
carbonique, avec les modifications que nous avons décrites dans un travail anté-
rieur (^).
» Les dosages ont été entrepris dès la naissance des animaux et continués journelle-
ment pendant le premier mois, puis à des intervalles de deux, trois et quatre jours.
(^) NoBÉcouRT et Mercklen, Présence d'un ferment dédoublant le salol dans les
organes de l'homme et de divers animaux, ainsi que dans le lait de femme et de
chienne {Comptes rendus de la Société de Biologie, 9 février 1901).
(^) Klas Sondén et Robert Tigerstedt, Untersuchungen ûber die Respiration und
den Gesammtstoffwechsel des Menschen {Skandinav. Arch. f. PhysioL, iSgS, p. i
à 22.5).
(^) Lorenzo Brillo, Recherches sur la ventilation pulmonaire dans l'enfance
{Lo Sperimentale, 1898, p. 218).
(*) Ernest Solvay^ Formules d'introduction à l'énergétique physique et psycho-
sociologique, p. 6.
(^) Léopold Mayer, Influence d'une révulsion cutanée sur le mécanisme et le chi-
misme respiratoire ( Travaux du laboratoire de l'Institut Solvay, publiés par Paul
Héger, 1901, t. IV, f. 1, p. gS).
l38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Dans leur ensemble, nos résultats confirmentles dorinées deSonrlén et Tlgersledt;
mais, comme nous suivons les mêmes individus pendant plusieurs années — de leur
naissance à leur mort — au lieu de comparer entre eux des sujets différents à des
âges différents, nous pouvons atteindre ainsi à une plus grande précision.
» Toutes les eoiirbes de décroissance de poids de V anhydride carbonique avec
l'âge que nous avons rencontrées Jusqu'ici représentent des hyperboles.
» La courbe ci-dessous résume une série de soixante-douze expériences pour deux
groupes, l'un de deux, l'autre de trois Cobayes; elle représente les moyennes des expé-
riences, les points un peu aberrants s'expliquant soit par des mouvements désordonnés
des sujets, soit par des variations excessives de ten^pérature et de pression du milieu.
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dant les premiers jpurs de ^ vie, toipl^e rapidement de /i^jQl 'PTs dp la naissance à 2^
vers le buitièrne jpur, poijr continuer à diminuer lenternent avec l'AgP; h la fin du
troisième mois, il oscille autour de iS,8o par kilogramme-heure, et les expériences
ultérieures rpontrent qu'il décroît progressivement, suivant VéqiçatÎQii (fe Iç. courbe,
pour atteindre, à l'âge adulte, les chiffres généralement admis (pnvij'on i?, lo).
» Nous avons tirp des chiffres de Sonçjp'^ e(. Tigerstedt, et de peu>^ pu|^liés par î^îjgqus.
Levy et Falk (^), des courbes dont M. Louis Bastien a calculé les équatiof]^.
(*) A. Mactnps-Levy et E. Falk, Arch. fur Anat. u. Physiol., 1899 {Physiol.
Abth. SuppL, p. 323 et 329).
SÉANCE DU l3 JUILLET IQoS. l39
» Ces formules sont, les abscisses x étant comptées en années, les ordonnées y
représentant des centimètres cubes de CO- par kilogramitie-minute :
Pour l'homme .... ( / + 5o.r) i^o-y -V- x) — i~j'i>oox — 25oo/ + 46oooo -^ o;
Pour la femme. . . . {y + 5o.r) (jiy -\- x") — 3i 3ooj: ::= 2 6ooj^ + 5-Sooo = o ;
la sexualité femelle s'exprimant ici encore (^) par une valeur absolue plus grande des
constantes.
» Bastien trouve pour la courbe ci-jointe du Cobaye, les abscisses étant comptées
ëri jours et les ordonnées en centigrammes de CO'- par kilogramme-heure •:
{y -h "j^x) (8/ -\- x) — 1 12800J? — ^Zooy -h 680000 = Oi
» Pour comparer les résultats, il faut remplacer dans l'équation du Cobaye x
X os,oi '
pàf 7>--v et y par y x t. X bd. »
^ 36a ^ "^ 08, CCI 8
CRYPTOGAMIE. — Sur la variation du Bornetina Coriutii suivant la nature
des milieux. Note de MM. L. Maxgix et P. Vïala, présentée par
M. L. Guignard.
« Le Bornetina Corium présente tin polymorphisme si remarquable que
nous aurions pu établir plusieurs espèces avec leurs variations, si les nom-
breux essais de culture croisée ne nous avaient déiliontré, dans la grande
diversité des formes, l'existence d'un seul et même type spécifique.
» L'aspect des cultures sur milieu solide (gélose, gélatine, sable, imprégnés de solu-
tions nutritives) est constant; ce sont des lames plus ou moins étendues, parfois ondu-
lées et frisées, semblables au thalle des Champignons ou Lichens crustacés. Dans les
milieux liquides, le Bornetina constitue d'abord un mycélium floconneux qui bientôt
développe une lame épaisse, gaufrée et frisée, d'une grande consistance; celle-ci est
formée parle mycéiiunl stérile, à filameills épais et réfringents, que nous avons désigné
sous le nom de cuù\ C'est à la surface de cette lame que les spores apparaissent en
gratid nombre. Quand la culture est vieille, lestâmes se couvrent d'ampoules à cavités
fructifiées ; chaque cavité, de forme lenticulaire, est remplie par un grand nombre de
cordons ramifiés, dressés sur le plancher mycéiien et s'élevant jusqu'à la membrane
qui forme plafond sans adhérer avec elle. Ces cordons, constitués par le feutrage du
niycéliuni stérile, servent de support au mycéliurh fertile; les spores les couvrent en
si grand nombi^e qu'elles remplissent tout l'espace resté libre entre eux.
» Dans les milieux très sucrés ou dans les milieux minéraux additionnés de sels
(') Voir M. STii;FA>owsii.A : Sur la croissance en poids de la souris blanche
{Comptes rendus, 4 niai igoS).
l4o ACADÉMIE DES SCIENCES.
ammoniacaux, le Bornetina est tout différent : il est réduit à une membrane mince et
fragile, par suite de l'absence du cuir.
» La structure de ces diverses formes montre que le injcélium végétatif demeure
remarquablement constant avec ses boucles caractéristiques et la gracilité de ses fila-
ments. Un seul milieu d'où le sucre était absent, la décoction de viande, nous a pré-
senté, en même temps qu'une végétation très languissante, une forme mjcélienne
aberrante, dont les articles renflés et variqueux, s'épaississaient et se coloraient en
brun dans les cultures vieillies et semblaient présenter le premier stade de la forma-
tion des pseudospores, par dissociation du thalle. Le mycélium réfringent stérile offre
des modifications plus importantes : d'abord, il n'apparaît pas dans certains milieux
et, quand il s'organise, ses filaments demeurent cylindriques, comme dans les lames
qui couvrent les milieux solides, ou bien ils deviennent variqueux et prennent la forme
de chapelets.
» La variation la plus grande nous a été offerte par les spores. Nous savons qu'elles
naissent solitaires dans des sporanges fusiformes et, quand l'endospore est constituée,
l'épispore se développe, dans l'espace laissé entre cette dernière et la membrane du
sporange, avec des ornements variés.
» Dans certains milieux sucrés (carotte, haricots, salades, etc.), les ornements sont
composés de bâtonnets assez longs, régulièrement espacés; la spore prend un aspect
étoile très net. Si les bâtonnets sont plus rapprochés, ils se fusionnent en bandes
tuyautées ou frangées qui couvrent la spore d'un réseau. La dimension de ces orne-
ments est de 2!^ à 3!^.
» Dans d'autres milieux sucrés (touraillon, pomme de terre, etc.), les ornements
sont plus réduits et forment des mamelons coniques à extrémité arrondie et plus ou
moins régulièrement disposés à la surface; ils n'ont pas plus de oS^-,5 à il^ de longueur.
Enfin, dans les décoctions sucrées de céréales (riz, blé, avoine), de lentilles, les orne»-
ments font défaut et, sauf quelques exceptions, toutes les spores sont lisses.
» La dimension des spores peut varier aussi dans des limites étendues de 6H- à 7!-'-
ou même jusqu'à i^V-.
» Nos recherches sur les relations du Bornetina Corium avec la compo-
sition chimique des milieux ne sont pas assez avancées pour nous autoriser
à formuler encore des conclusions; nous signalerons seulement deux faits
intéressants : d'une part, l'apparition des ornements des spores dans des
solutions minérales (sucre et acide tartrique) par l'addition d'une petite
quantité d'ammoniaque; d'autre part, l'influence de la lumière sur la dis-
parition des ornements.
» Les cultures de Bornetina^ faites à la lumière, dans des liquides pro-
duisant à l'obscurité des spores bien ornées, se sont d'abord développées
lentement; la germination a été retardée et la formation des spores n'a
commencé que [\ç> jours après la mise en culture : toutes les spores sans
exception sont sphériques, lisses, très foncées, avec une exospore et une
endospore bien distinctes, épaisses.
SÉANCE DU l3 JUILLET igoS. iZjl
» Le Bornetina Corium offre donc la plus grande variabilité de forme et
de grandeur dans la spore, c'est-à-dire dans l'organe auquel les myco-
logues accordent assez de constance j3our établir uniquement sur lui la
diagnose d'un grand nombre d'espèces. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Influence du chlorure de sodàmi sur la transpi-
ration et l'absorption de l'eau chez les végétaux. Note de M. H. Ricome,
présentée par M. Gaston Bonnier.
« Les végétaux cultivés sur un sol riche en sels minéraux contiennent
une proportion d'eau plus faible que ceux qui poussent sur un sol de
constilution moyenne ('). Ce résultat ne tient pas nécessairement dans
tous les cas à la même cause; il peut être dû, soit à une gêne dans l'ab-
sorption, soit à une exagération dans la transpiration. Je me suis proposé
d'étudier la question à ce point de vue, en comparant l'absorption à la
transpiration.
» Les expériences ont été faites dans une salle qui ne reçoit jamais directement les
rayons solaires et qui n'est éclairée que par la lumière diflfuse. Elles sont nécessaire-
ment d'assez courte durée (24 ou 36 heures). Les résultats que je donne ici ont été
obtenus aux mois de mai et de juin, période où la température de la salle n'a pas
dépassé 19° et n'a subi, au cours d'une expérience, qu'un écart journalier inférieur
à 2°. Les appareils dont je me sers ne peuvent donner de résultais sérieux qu'à une
température presque constante. L'élévation de la température en juillet ne m'a pas
permis de continuer ces recherches. Je ne m'occuperai pour le moment que de
l'influence du chlorure de sodium. Les résultats ont été ramenés à l'unité de poids de
la plante, d'après le poids initial.
» J'ai au préalable étudié des fèves et des ricins, cultivés sur un terrain dépourvu
deNaCl. Au cours de l'expérience, les racines plongeaient soit dans le liquide nutritif
de Knop pur (contenant au total 2 pour 1000 de sels), soit dans ce liquide additionné
de I pour 100 deNaCl. Dans le Knop pur : la transpiration a été inférieure à l'absorption
la nuit, supérieure au contraire le jour. L'absorption de l'eau parles racines est dimi-
nuée par la présence de NaCl dans le liquide nutritif. La transpiration est à peine
influencée au début. Il en résulte que la teneur en eau et la turgescence diminuent et
que la tige s'incline sous le poids des feuilles. Il n'est pas indifférent, à ce point de
vue, de commencer l'expérience le matin ou le soir. Dans le premier cas, l'activité de
la transpiration à la lumière fait bienlôt perdre à la tige sa rigidité. Dans le second
au contraire, la tige se maintient dressée toute la nuit à la condition que l'atmosphère
ne soit pas sèche. Dans les deux cas, au bout d'un laps de temps variable avec la tem-
(') Charabot et Hébert, Comptes rendus^ t. GXXXVI, p. 160 el 1009.
G. R., 1903, 2° Semestre. (T. GXXXVII, N" 2.) '9
Pieds SE.
Pieds SS,
58
3o
66
35
142 ACADEMIE DES SCIENCES.
pérature et l'état hygrométrique de l'air, la transpiration se ralentit et devient beaucoup
plus faible qu"à Tétat normal. Ce ralentissement dépend-il de la pénétration de NaCl
dans les tissus ou de Tinsuffisance de Fabsorption, incapable d'assurer le renouvel-
lement de Teau dans la plante?
» Pour élucider ce point, il fallait comparer des plantes ayant poussé sur un sol
normal et observées dans le liquide nutritif (elles seront désignées par le signe con-
ventionnel TE) à des plantes cultivées sur un sol salé et observées les unes sur le
liquide nutritif pur (pieds SE), les autres sur ce liquide additionné de i pour 100 de
chlorure de sodium (pieds SS). Les sujets étaient des plantes vivant normaleinenl sur
le bord de la mer [Malcolinia marUima, Alyssum niaritimum).
)) Voici, exprimés en milligrammes, les chiffres obtenus dans une expérience sur le
Malcohnia. 18 de plante a absorbé par heure :
Pieds TE.
La nuit 64
Le jour 7/4
et transpiré par heure :
La nuit 59 55 27
Le jour 91 83 59
» Comparons d'abord les pieds TE et SE, Ces derniers ont moins absorbé et moins
transpiré que les premiers. Le double phénomène a suivi la même marche; mais il est
moins intense dans SE que dans TE, Cela était à prévoir, les plantes des sols salés
étant mieux protégées contre la transpiration ; la transpiration s'y effectue moins acti-
vement et, par contre-coup, l'absorption y est plus faible. Cinq expériences sur les
Malcolmia et une sur V ALysaum ont fourni des résultats comparables aux précédents.
Dans deux autres expériences sur les Malcolmia, la marche du double phénomène n'a
pas différé sensiblement de ce qui s'est passé pour les pieds TE. Ce sont là sans doute
des divergences individuelles. Les échantillons TE et SE n'ont d'ailleurs pas rigoureu'
sèment la même organisation, puisqu'ils proviennent de sols de nature différente.
» La comparaison des pieds SE et SS est plus instructive. Dans toutes les expé-
riences, l'absorption s'est montrée bien moindre dans SS que dans SE, le sel ajouté au
liquide nutritif gênant le phénomène chez les premiers. La transpiration, au début
presque identique, n'a pas tardé à diminuer beaucoup dans les pieds SS. Donc les
pieds du sol salé transpirent plus dans le Knop pur que dans le Knop salé. La présence
de NaCl dans les tissus n'empêche pas la plante de transpirer d'une façon assez intense
quand l'absorption est facilitée.
)> Ainsi, d'une part, le chlorure de sodium extérieur à la plante entrave
l'absorption de l'eau par les racines; d'autre part, ce sel contenu dans les
tissus ne diminue pas, au moins d'une façon très notable, la transpiration.
Cette double constatation est en accord avec le fait que les végétaux des
sols salés sont protégés contre une transpiration trop active. Remarquons,
en outre, que la méthode de l'absorption doit être rejetée pour la mesure
SÉANCE DU l3 JUILLET 1903. l43
de la transpiration, les deux phénomènes étant dans une assez large mesure
indépendants l'un de l'autre. »
BOTANIQUE. — Sur une greffe en écusson delilas. Note de M. Lucien Daxiel,
présentée par M. Gaston Bonnier.
« Lorsque l'on sèvre une greffe en écusson au début de la pousse du
printemps, on réduit presque au minimum l'appareil végétatif de l'associa-
tion tout en conservant intact l'appareil absorbant. Si l'on désigne sous le
nom de capacité fonctionnelle d'absorption Ca le pouvoir absorbant total
du sujet et sous le nom de capacité fonctionnelle de vaporisation et de
consommation Cv le pouvoir de consommation totale du greffon, l'état bio-
logique de la symbiose, après sevrage, sera représenté par l'inégalité
Cç'<C«. Le système total recevant plus d'eau qu'il n'en consomme est
placé en milieu humide et doit en manifester les conséquences (^). C'est
ce que j'ai cherché à vérifier expérimentalement, dans ce cas particulier.
» Je possédais un lilas vigoureux âgé d'une dizaine d'années et pourvu d'une belle
charpente. A la base de la tige, en 1902, se développèrent des drageons. Je conservai
le plus vigoureux et le taillai à 5o'-"' du sol; j'obtins deux pousses de remplacement
égales sur lesquelles, en août, je posai 4 écussons a œil dormant. Ces écussons réus-
sirent, et, en mars igoS, je procédai au sevrage. Je sectionnai la tige principale à 5«""^
environ de l'insertion du drageon et je taillai ensuite chaque rameau à quelques cen-
timètres au-dessus de l'écusson supérieur. J'avais donc bien réalisé les conditions indi-
quées ci-dessus.
» Peu de temps après ce sevrage, les écussons poussèrent pendant que des rameaux
adventifs nombreux se développaient sur le drageon et sur la tige principale du sujet.
Je supprimai radicalement la majeure partie des pousses de la base et pinçai à 2<^™ ou
S*^"" de leur origine les pousses du sommet du sujet. Je conservai ainsi à ces dernières
deux à trois de leurs bractées de la base. A ce moment les greffons étaient très vigou-
reux; ils portaient des feuilles très développées et très vertes; leur tige avait l'aspect
particulier de tout lilas suralimenté. Un peu plus tard des pluies survinrent pendant
quelques jours. Les écussons et certaines pousses du sujet ne tardèrent pas à présen-
ter un rougissement caractéristique du sommet végétatif et des parties jeunes; la
réplétion aqueuse se produisit rapidement; les méristèmes noircirent et furent enva-
his par le Botrytis cinerea. La pluie ayant cessé au bout de quelques jours, le beau
temps fit disparaître en partie les effets morbides. L'attaque du i?o^//^/.«, cessa ; la
(1) Voir L. Daniel, La théorie des capacités fonctionnelles et ses conséquences en
agriculture (Rennes, 1902, in-S», 270 pages, 91 figures dans le texte et 20 planches).
l44 ACADÉMIE DES SCIENCES.
région inférieure de chaque rameau écusson, plus aoûtée et plus résistante, resta bien
vivante et donna à son sommet deux pousses de remplacement vigoureuses. De même
le sujet bourgeonna très activement, mais je supprimai ses pousses en partie ou les
pinçai sévèrement.
» Fin mai, les pluies étant revenues et persistant plus longtemps, la pourriture des
nouvelles parties jeunes du greffon et du sujet a recommencé, avec l'envahissement
progressif du Botrytis. Pendant ce temps, les bractées laissées sur les pousses pincées
du sujet se sont modifiées d'une façon très remarquable. Tandis que les bractées
témoins avaient, comme à l'ordinaire, S''" à 4""' de long sur i'^™,5 à 2'=™ de large, les
bractées des pousses de la région pincée avaient iS'"" à 19*^™ de long sur g*"'" à 10'™ de
large. Au lieu de la teinte vert pâle normale, elles présentaient une couleur verte très
intense, montrant bien leur rôle actif dans la suppléance physiologique des feuilles
absentes, ou en nombre insuffisant pour vaporiser l'excès d'eau des tissus.
» Au commencement de juin, craignant la mort complète des écussons et même du
sujet à cause de l'excès d'humidité, j'ai laissé se développer librement diverses pousses
du sujet, transformant ainsi la greffe ordinaire en greffe avec nombreux rameaux
d'appel. Grâce à ce système, j'ai arrêté l'extension de la pourriture et celle du Botry-
tis. La rupture d'équilibre constatée était donc bien la conséquence de la valeur trop
grande qu'avait prise la différence Cr<;C« sous l'influence de variations climaté-
riques excessives. Il en était de même pour l'augmentation de la réceptivité vis-à-vis
du Botrytis. Enfin j'ai constaté que les modifications caractéristiques de la vie en
milieu humide se trouvaient dans la structure du greffon et du sujet.
» De celte expérience on peut donc conclure que, dans le milieu
humide, la greffe en écusson avec ébourgeonnement radical des pousses de
remplacement d'un sujet vigoureux est exposée à la pourriture, même quand
il s'agit de plantes de capacités fonctionnelles voisines, et que la greffe avec
bourgeons d'appel permet d'atténuer l'action nuisible de ce milieu jusqu'à
ce que l'équilibre de nutrition soit rétabli par le développement de l'écus-
son. C'est ce que j'avais établi déjà théoriquement.
» Si l'on compare maintenant ces phénomènes à ceux qui se produisent
dans les greffes oi^i le même déséquilibre de nutrition, au lieu d'être tran-
sitoire, est constant par suite de différences fondamentales dans les capa-
cités fonctionnelles (ce qui est le cas de la Vigne française greffée sur la
Vigne américaine plus vigoureuse), on sera frappé de l'analogie que pré-
sentent ces deux cas au point de vue de certaines conditions biologiques
de la symbiose. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l'on com-
prendra :
» 1° Q^ae Y affinité relative , on différence des capacités fonctionnelles qvAvq
le sujet et le greffon aux divers moments de la symbiose, joue un rôle très
important dans la réussite, la durée et la biologie de toutes les greffes;
» 2° Que les conditions du milieu extérieur et particulièrement les
SÉANCE DU l3 JUILLET igoS. 1^5
variations brusques de ce milieu ont une répercussion considérable sur le
tout, répercussion plus grande que dans la plante normale;
» 3° Que le nombre (['accidents, considérés comme des maladies (thyi-
lose, pourriture grise, etc.), sont, comme je l'ai indiqué antérieurement,
les conséquences d'une nutrition défectueuse résultant d'un greffage mal
assorti. Comme dans la greffe en écusson du lilas que je viens de décrire,
greffon et sujet souffrent à des degrés divers et chaque plante voit diminuer
sa résistance normale aux variations excessives du milieu et augmenter souvent
sa réceptivité pour les maladies crypta gamiques . »
MINÉRALOGIE. — La cordiérite dans les produits éruptifs de la montagne
Pelée et de la Soufrière de Saint- Vincent. Note de M. A. Lacroix, pré-
sentée par M. de Lapparent.
« La cordiérite a été signalée dans les roches volcaniques (andésites et
dacites) de quelques gisements; sa présence y est le plus souvent acci-
dentelle : elle y constitue en effet quelquefois le résidu non digéré d'en-
claves énallogènes de roches anciennes à cordiérite (granité, etc.); dans
d'autres cas, elle résulte de la recristallisation de semblables enclaves dis-
soutes dans le magma ; enfin, elle peut aussi provenir de la dissolution
dans celui-ci d'enclaves originellement dépourvues de cordiérite, mais
capables d'en fournir par leur mélange avec le magma fondu. Les cas où
la cordiérite est d'origine magmatique sont peu nombreux et peuvent
même être discutés.
» Ces considérations étaient nécessaires pour montrer l'intérêt que
présente la découverte de nombreuses roches à cordiérite parmi les pro-
duits des éruptions actuelles de la montagne Pelée et de Saint-Vincent.
Notons tout d'abord que ce minéral n'existe ni dans la lave actuelle de
ces volcans, ni dans leurs laves antérieures en place ; il constitue un
élément essentiel de blocs de roches volcaniques inconnues in situ sous
leur forme présente, rejetées par les grandes explosions. Je distingue parmi
ces roches trois types :
» 1° La roche est blanche, formant, par rapport auv andésites actuelles de la mon-
tagne Pelée, l'équivalent des niicrotiniles que j'ai découvertes à Santorin. Elle est
constituée par des plagioclases zones (allant de l'anorthite à i'oligoclase) et du quartz,
avec un peu d'hjpersthène et de biotile. Cette roche est holocristalline, miaroli-
I '16 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tique; le quartz grenu ou microgrenu renaplit les intervalles des feldspaths enchevê-
trés. De petits cristaux bleus de cordiérite apparaissent çà et là dans les cavités raia-
rolitiques. Le plus souvent, la roche prend une structure porphyrique, les plagioclases
sont alors disséminés dans un magma microgrenu à grands éléments, constitué par du
quartz, un peu de plagioclases et plus ou moins de cordiérite; celle-ci, remarquable-
ment maclée, est xénomorphe quand la roche est holocristalline, automorphe s'il
existe un peu de verre. Çà et là, ce minéral s'isole avec des cristallites d'hypersthène
pour former des nids distincts.
» 2° A la montagne Pelée, ces roches sont compactes, à aspect de porcelaine
blanche, avec taches bleuâtres ou noirâtres; elles sont fréquemment bréchiformes;
une pâte fine englobe alors des fragments à gros éléments. A Saint- Vincent, ceux-ci
sont absents et la roche est tachetée de bleu foncé.
» Au microscope, les blocs à grands éléments ont l'aspect de la lave actuelle de la
montagne Pelée, avec celte différence que le verre de celle-ci est remplacé par du
quartz finement grenu; de plus, si les phénocristaux de feldspaths sont intacts, tous
ceux des métasilicates ont disparu. Leur place est occupée par des cristaux nets de
cordiérite, entremêlés ou entourés de cristallites d'hypersthène. De semblables agré-
gats forment aussi des taches ou des traînées, et corrodent les plagioclases. Quand il
existe un peu de verre, les cristaux de cordiérite ont des formes remarquablement
nettes. Dans les variétés bréchiformes, on voit que la formation de la cordiérite
est postérieure à celle de la brèche, la structure des éléments de celle-ci influant
d'ailleurs beaucoup sur l'abondance et la forme des minéraux néogènes.
» Les tufs anciens de la montagne Pelée renferment un type d'andésite dont la pâte
contient du quartz microgrenu, comme dans nos roches, mais les métasilicates y sont
intacts, la cordiérite n'y existe jamais. Il n'est donc pas douteux que celle qui est
décrite plus haut résulte d'une action métamorphique produite au cours de l'englobe-
ment de blocs anciens dans la lave de l'éruption actuelle.
)) 3° J'ai recueilli, sur l'emplacement de l'ancien lac des Palmistes, des blocs ayant
l'apparence d'une opale résinile, blanche, noire ou verte, enveloppant et pénétrant des
fragments de la roche précédente; l'examen microscopique fait voir qu'en réalité cette
pseudo-opale est essenliellement constituée par de fort petits cristaux de cordiérite
à formes nettes, par des grains de quartz, des débris de plagioclases, avec plus ou moins
de verre renfermant des cristallites d'hypersthène. Peut-être est-ce à ce même type
qu'il faut rapporter un bloc plus cristallin formé par du quartz, de la cordiérite et du
verre, que j'ai recueilli à Saint-Vincent.
» Des faits qui viennent d'être exposés on doit conclure :
» a. La cristallisation en profondeur du magma andésitique de la mon-
tagne Pelée donne des microtinites, comparables à des norites ou à des
micronorrtes quartzifères leucocrates, pouvant contenir de la cordiérite.
La présence du quartz dans cette forme profonde de l'andésite de l'érup-
tion actuelle^ qui n'est pas quartzifère, ne doit pas étonner; il résulte
en effet du calcul des analyses (qui seront publiées ultérieurement) des
SÉANCE DU l3 JUILLET igoS. l/^-y
produits de l'éruption en cours, qu'ils renferment tous un excès de silice
sur la quantité nécessaire pour saturer l'alumine, les alcalis et la chaux
pour donner des feldspaths, la magnésie et le fer pour produire des mé-
tasilicates. J'ai montré d'ailleurs déjà que les dacites, riches en quartz,
des pitons du Carbet ont sensiblement la même composition chimique
que les andésites de la montagne Pelée. Des différences dans les condi-
tions de cristallisation du magma sont donc suffisantes pour expliquer les
différences minéralogiques de ces roches. Quant à la présence de la cor-
diérite, elle ne doit pas surprendre davantage, le magma renfermant de la
magnésie, en présence d'alumine en excès sur la quantité nécessaire pour
former des feldspaths avec les alcalis et la chaux. Nous retrouvons en
outre ici cette association de cordiérite et d'hypersthène dont j'ai montré la
généralité et la signification en décrivant les norites à cordiérite du Pallet.
)> b. La cordiérite des microtinites est d'origine magmatique; elle est
en outre vraisemblablement primaire, tandis qu'il est incontestable que,
dans les autres types, elle est d'origine secondaire. Dans le type 2, elle
résulte de la fusion partielle des silicates magnésiens de la roche, du
mélange du produit de cette fusion avec celui des éléments blancs ambiants
et de leur recristallisation, peut-être avec intervention d'éléments volatils.
C'est là un cas remarquable de différenciation à rebours, une roche miné-
ralogiquement homogène devenant hétérogène par refusion incomplète
qui permet des groupements chimiques différents de ceux la caractérisant
à l'état normal.
» Quant au type 3, il semble avoir une origine plus complexe et être
lié à une décomposition partielle de la roche par élimination de chaux et
d'alcalis, les feldspaths ayant parfois entièrement disparu sans être rem-
placés par des minéraux néogènes renfermant leurs éléments; une série
d'analyses en voie d'exécution me permettra prochainement de discuter
cette question.
» c. La présence dans les produits du volcan de Saint-Vincent de roches
à cordiérite, offrant la plus grande analogie avec celles de la montagne
Pelée, mérite d'être notée d'une façon spéciale, car elle apporte un élé-
ment nouveau pour la discussion de la parenté des magmas de ces deux
centres volcaniques voisins. »
j48 académie des sciences.
GÉOLOGIE. — Sur r origine des plis et des recouvrements dans les Pyrénées.
Note de M. Joseph Roussel, transmise par M. Michel Lévy.
« Dans une Note récente (') j'ai fait connaître les divers chevauche-
ments survenus dans la ride du faîte des Pyrénées. Or, dans chacun des
principaux plis de cette chaîne, il s'est produit des phénomènes analogues
dont l'élude met en évidence les faits suivants.
» Les plis des Pyrénées sont de trois sortes : i** les plis anciens où
affleure le terrain archéen, et dus au premier des ridements par lesquels la
croûte terrestre se maintient au contact du magma fluide en voie de con-
traction; 2*" les pUs d'origine relativement récente, ayant pour noyau soit
un paquet de gneiss, soit un paquet de schistes cristallins ou autres qui, en
glissant, a soulevé les assises auxquelles il servait de substratum et les a
disposées en pli (ces glissements, que j'ai déjà eu l'occasion de signaler à
diverses reprises, ont joué un rôle de premier ordre dans la formation de
la chaîne); 3° les plis superficiels, plus récents encore, ayant pour substra-
tum des strates plissées autrement et dus, le plus souvent, aux chocs pro-
duits par les détentes et leurs chevauchements.
» Tous les plis anciens sont déjetés vers le sud. Ceux qui sont d'origine
plus récente et sont situés dans les Corbières, les petites Pyrénées et la
partie la plus septentrionale des Pyrénées proprement dites, sont les seuls
qui soient déjetés vers le nord.
» Les plis anciens présentent tous le phé nomène de l'imbrication et les
grands mouvements de détente et de chevauchement que j'ai signalés dans
la ride des faîtes.
» Ces grands mouvements orogéniques sont survenus à l'époque de l'or-
dovicien, du permien, du trias, du cénomanien, de l'emschérien, du cam-
panien, du maestrichtien, du thanétien, de l'yprésien ou du lutétien et de
l'aquitanien. Ils ont, le plus souvent, causé Témersiondu flanc chevauchant
et la submersion du flanc recouvert. Toutefois, ceux du permien, du céno-
manien, du thanétien et de l'aquitanien ont principalement produit des
émersions, etceuxde l'ordovicien, du trias, de l'emschérien, du campanien,
du maestrichtien et de l'yprésien des immersions.
(') Comptes rendus, 2 juin igoS.
SÉANCE DU l3 JUILLET iQoS. l^g
M Mais les plus grandes émersions et les plus grandes submersions ont
été causées par les mouvements lents qui ont disposé les couches dans
l'état de tension.
» Les mouvements de détente ont eu non seulement pour effet de sou-
lever les couches de la partie chevauchante mais encore de les dévier
de leur direction et de déplisser les superficielles, dont le glissement a été
maximum, de telle sorte que ces dernières reposent en discordance sur
les profondes. Dans le flanc recouvert, au contraire, les couches se sont
non seulement affaissées, mais le plus souvent elles ont été soumises à un
plissement si énergique que, dans la vallée de l'Ara, au sud du cirque de
Gavarnie,j'ai compté jusqu'à sept chevauchements superficiels importants.
» L'étude attentive de ces mouvements orogéniques montre qu'ils ont
tous eu pour cause unique la contraction du magma fluide servant de sup-
port à la croûte terrestre.
» La partie de celle-ci qui correspond aux Pyrénées avait pour appuis,
en arrière, du côté nord, la masse émergée du Plateau central français
et des Cévennes et, du côté sud, le grand massif de la Meseta ibérique.
Elle tendait sans cesse à se séparer de son substratum et l'observation
montre qu'aux époques de grande tension, elle s'en est détachée effective-
ment dans quelques-unes de ses parties.
)) On sait que, dans la plupart des montagnes, et dans l'Himalaya
notamment, l'accélération de la pesanteur est plus faible qu'elle ne devrait
l'être, soit qu'il existe dans ces montagnes des vides internes ou un déficit
en matières lourdes ('). Or, l'observation des phénomènes de recouvre-
ment, dans les Pyrénées, tend à prouver qu'à l'époque des grands chevau-
chements, certaines parties delà chaîne ont cessé de se maintenir au contact
du magma fluide sous-jacent. Et cette observation a une certaine impor-
tance; car, lorsqu'elle sera confirmée, il suffira des indications du pendule,
du séismographe et du magnétomèlre pour connaître les régions exposées
à des catastrophes prochaines, w
(^) Voir DE Lapparent, Traité de Géologie, [\^ édition, p. 49^
C. R., igoS, 2« Semestre. (T. CXXXVII, N° 2.) 20
l5o ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE. — Recherches expérimentales sur les reines. — Du rapport de la
profondeur du sommeil avec la nature des j^êves. Note de M. ]\. Vaschide.
(Extrait.)
« Entre la nature des rêves et la profondeur du sommeil, il y a un
rapport étroit : le fait m'apparut évident en 1899 (') et mes expériences,
faites depuis, n'ont fait que confirmer mes premières données.
» ... Il résulte de mes recherches, laissant de côté le problème même
de la profondeur du sommeil et l'évolution de la courbe du sommeil, qu'il
y a un rapport intime, j'oserais dire inébranlable, entre la qualité, la
nature, en d'autres mots, la trame des rêves et la profondeur du som-
meil. Le fait nous paraît si bien établi que, dans presque aucune de nos
constatations expérimentales (presque cinq cents), nous n'avons trouvé
des écarts à cette loi. Ce rapport paraît rigoureux et il existerait en dehors
de toute autre cause ou influence que la profondeur du sommeil. Toutes
les fois que le sommeil est profond, les rêves se réfèrent à des souvenirs
latents, à des faits anciens, à des actions passées longtemps avant, et qui
n'ont aucune relation, au moins décelable pour nous, avec l'activité jour-
nalière du sujet. Plus le sommeil est profond, plus ces rêves se réfèrent à
des sujets lointains ....
» Au contraire, plus le sommeil est léger et superficiel, plus les rêves
concernent les faits immédiats et paraissent puiser leur genèse dans la
vie quotidienne et les événements qui précèdent le sommeil, ou parfois
des excitations environnantes durant le sommeil.
» Le premier sommeil est le seul reposant et réparateur ; il semble
qu'on ait besoin, pour le repos, que la mentalité se plonge dans sa vie
latente et qu'elle vive dans ses associations d'idées anciennes, des faits
classés, vécus et qui demandent un petit effort à reviviscence. Dans les cas
des troubles psychopathiques et des névropathes, moins les comitiaux, ces
faits ont une grande importance ; ils expliquent la genèse et l'alimentation
de leur mentalité quotidienne. Ces sujets ont rarement, pour ne pas dire
jamais, le sommeil profond; ils ne dorment pas, à vrai dire, ils s'assou-
(^) N. Vaschide, Recherches expérimentales sur les rêves. De la continuité des
rêves pendant le sommeil {Comptes rendus, séance du 17 juillet 1899).
SÉANCE DU r3 JUILLET 1903. l5l
pissent plus ou moins profondément, et leur sommeil est toujours super-
ficiel. Leur rêve n'est qu'une continuation de la mentalité de la veille, et
ils n'arrivent pas à s'arracher à leurs préoccupations, ou à leurs obsessions,
le rêve alimentant toujours d'une manière efficace et solide les construc-
tions mentales de la vie de la veille. Au point devue de la psychothérapie,
la connaissance de ce rapport peut être d'une certaine utilité, surtout dans
l'aliénation mentale et la neurasthénie, oii les sujets font, à cause de leur
sommeil superficiel ou relativement superficiel, la culture, pour ainsi dire,
de leurs phobies, délires, obsessions ou impulsions. »
A 4 heures l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures et demie.
G. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 6 juillet 1908.
Volcans et tremblements de terre, leurs relations avec la figure du globe, par
Ch. Lallemand. (Extr. du Bulletin de la Société astronomique de France, mai iQoS.)
Paris, au siège de la Société; i fasc. in-8°. (Présenté par M. Darboux. Hommage de
l'auteur. )
Les conventions franco-anglaises des i4 juin 189S et 21 mars 1899, par le
lieutenant-colonel Monteil; avec une Carte. (Extr. de la Revue hebdomadaire.)
Paris, Plon-Nourrit et C''', 1899; i fasc. in-12.
J . Willard Gibbs, sa vie et son œuvre, par H. Le Chatelier. {Revue générale des
Sciences pures et appliquées, i4® année, n° 12, 3o juin 1908, p. 644-648.) Paris.
Armand Colin.
Loi des distances et des harmonies planétaires, par Azbel, précédée d'un Exposé
par Emile Chizat. Paris, Hugues Robert et C'^, 1908; i fasc. in-8°. (Hommage de
l'auteur.)
Annales de l'Institut national agronomique, Ecole supérieure d'Agriculture;
2« série, t. H, fasc. 1. Paris, J.-B. Baillière et fils, et librairie de la Maison rustique,
1908; I fasc. in-8°.
Luigi Cremona, cenno necrologico letto dal Socio Enrico d'Ovidio. (Extr. des
Atti délia R. Accademia délie Scienze di Torino, Vol. XXX\'in.) Turin, Carlo
Clausen, 1908; 1 fasc. in-8°.
552 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Royal Society of Canada : may meeting 1908, at Otawa : titles and abstracts
of papers; order of proceedings. Ottawa, Ontario; i fasc. in-4°. (Hommage du
Président. )
Abnormal eiectrical storage in the human System, by sir James Grant. (Extr. de
Canada médical Journal, juillet 1900.) Ottawa; i fasc. in-8°.
Familiàre Cystindiathese, \on EmL Abderhalden. Strasbourg, Karl-J. Trubner,
1903 ; I fasc. in-8°.
Zusammensetzung des Kochsalzsurro gâtes der Eingeborenen von Angoniland
{Britisch-Centralafrika), yen Em. Abderhalden. Bonn, Emil Strauss, 1908; i fasc.
in-8°.
Publicationen des astrophysikalischen Observatoriums zu Potsdam : n'' 44,
Bd. XIV. Photometrische Durchmusterung des nôrdlichen Rimmels, enthaltend
aile Sterne der B. D. bis zur Grosse 7,6; Theil III, von G. Muller u. P. Kempf. —
Photo graphische Himmelskarte : Catalog, herausgegeb. v. H. -G. Vogel, redigirt
V. J. Scheiner; Bd. III. 20928 scheinbare rechtwinklige Coordinaten von Sternen
bis zur elften Grosse nebst genàhrten Oerten fïir 1900,0. Potsdam, 1908; 2 vol.
in-4°.
Meteorological observations made at the Adélaïde Observatory, and other
places in South Australia and the northern territory during the y car 1899, under
the direction of Charles Todd. Adélaïde, 1902; i volume in-4°.
Bulletin de la Société physico-mathématique de Kasan; 2^ série: t. XII, n° 2;
t. XIII, n° 1. Kasan, 1902; 2 fasc. in-8°.
Mémoires de l'Université impériale néo-russe; t. XG et XGI. Odessa, 1908; 2 vol,
in-8°. (En langue russe.)
Bulletin de la Société belge de Géologie, de Paléontologie et d'Hydrologie;
t. XVII, fasc. 1-2. Bruxelles, 1908; i vol. in-8°.
Archives italiennes de Biologie : revues, résumés, reproductions des travaux
scientifiques italiens, sous la direction de A. Mosso, traducteur A. Bouchard;
t. XXXIX, fasc. 1. Turin, Hermann Loescher, 1908; i vol. in-8°.
El Instructor, publicacion mensual cientifica, literaria y de filologia, éditer y
director D"' Jesu^Diaz de Léon; ano XX, num. 1, 2. Aguascalientes (Mexique), 1908;
2 fasc. in-8°.
ERRATA.
(Séance du 6 juillet iQoS.)
Note de M. de Séguier, Sur les groupes de Mathieu
Page 87, ligne i3, au lieu de avril 1902, lisez avril 1901.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SI^.ANCE DU LUNDI 20 JUIf.LET 1905,
PRESIDENCE DE M. ALBERT GAUDRY.
MEMOIRES ET COMMUIVICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Extension, à des cas oà le fond est courbe,
du mode d'écoulement gui se conserve dans une nappe d'eaux d'infdtration
reposant sur un fond plat . Note de M. J. Boussi.vesq.
« I. On est conduit à d'intéressants résultats d'Analyse, sinon même à
un procédé d'intégration des équations aux dérivées partielles inconnu
jusqu'ici dans la Physique mathématique, en essayant d'étendre, à certains
cas oîi la profondeur H d'une nappe d'eaux d'infdtration, sous le plan
horizontal du seuil de la source alimentée par cette nappe, cesse d'être
nulle pour devenir une fonction donnée de x ei de y, le mode stable
d'écoulement dans lequel l'altitude h de la superficie, au-dessus du même
plan, est le produit d'une fonction positive, parfaitement déterminée, C
de X et de y, par l'inverse de la somme t = t^ -f- ^, exprimant le temps
compté à partir d'une origine plus ancienne, d'une quantité arbitraire t„,
que le début du phénomène.
» La fonction ^ satisfait aux relations
(') ^('^■^lî) + |;('^^$) = -:^-^' (aucomo.r)(^ou|) = o,
alors que, dans le cas général d'un fond courbe, l'altitude h de la nappe
est régie, à partir de valeurs initiales arbitrairement données en x ç\. y
(pour T := Tq), par l'équation indéfinie et les relations adjointes
dh d
^ ' di dx
MH-/0Sj-;^[-i(H + A)^^]
(2)
G. R., igoS, 2« Semestre. (T. CXXXVII. N" 3.) ^l
(au contour) ( A ou -^ ] = o.
l54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» ir. A la condition de rendre la fonction T du temps t un peu plus
compliquée que l'inverse de t, un mode d'écoulement se conservant, ou
exprimé par la formule h = (T, reste possible quand la profondeur H de
la nappe sous le seuil est partout proportionnelle à '(. Posons, en effet, tout
à la fois, dans (2), si ;?: est une constante positive quelconque,
(3) H = /^(:, h = CY', d'où H+A = (/Î- + T)C 777^ =T—^.
» Les conditions (2) au contour ne cessent pas d'être satisfaites; et
l'équation indéfinie (2) devient, en éliminant par (i) les dérivées de C,
■ T' + T(^ + T) = o, ou ^^(l+') = A-(^-Hi
») Intégrée de manière que T fût infini à l'époque t = o (toujours anté-
rieure à l'instant Tq de début du phénomène), cette équation donne
(4) T = ^-^-p^, = — -^,
si I on pose
(4*«) ^-==6-"; a'où s=-'^'t'^
» III. Mais, pour savoir si la forme h = (^T est encore stable, il faut
étudier les expressions, qui en sont voisines, de la fonction h de x^y et t,
expressions que nous écrirons
(5) A^^-CT + 'C-h^^i^ + ^^E,
avec £ fonction de x, y eix donnée initialement très petite. Il en résulte
» Alors les relations (2), débarrassées des termes où ne figure pas t,
deviennent
f (au contour; I s ou y- j = o.
Ce sont les équations du refroidissement d'un certain corps diathermane,
SÉANCE DU 20 JUILLET igoS. l5l
dont la conductibilité, la capacité calorifique et le coefficient de rayonne-
ment varieraient avec le temps t, ou, par suite, avec (];.
» Leur solution particulière la plus simple s'obtient en prenant la dif-
férence de deux formes voisines persistantes, c'est-à-dire en choisissant,
comme expression de 'Cr'^z, le produit de ( par la dérivée de T en To, iden-
tique à T' ou à — T(^ -l-T). Il vient ainsi, à un facteur constant près, si s,
désigne cette solution particulière, de signe invariable, et, parconséquenf ,
fondamentale,
» IV. Cela posé, ayant écrit les formules (6) avec s, à la place de s,
multiplions par e l'équation indéfinie en z^, et retranchons les résultats, dn
produit, par s,, de l'équation indéfinie (6) elle-même. Il viendra, en appe-
lant u le quotient de s par s, , ou posant
(8) s^ - '"-,
l'équation indéfinie qui régit u :
(9) - ,4C - W?:-*^ = l (.v^'-^l) + I (k'(-^|) .
» Bornons-nous au cas de nappes soit cylindriques, soit de révolution,
où u varie seulement avec Cet T. Alors les produits K'C^^^^t^^^ deviennent
x'^'cfû- — ■)' l*^^^"^^)' ^t la relation (9), divisée finalement par j;,{^, prend,
vu l'équation indéfinie (1) en 'C, la forme
du k^^ y\-> d fy.,^,,,du\ fy.,^^dti
dK
» V. Or, avec une nappe soit cylindrique, à coefficients R, ji constants,
soit de révolution, à coefficients K, [7, inverses de la distance à l'axe, ^ pourr.i ,
d'après la fin de ma dernière Note, être remplacé par une variable propor-
tionnelle •/), croissante de zéro à i, et, -^(A/C)^, être remplacé de même
par - — -^7-^. L'équation indéfinie en u sera donc
('■) ^;^(--^Ê) = -^;^(--^Ê) + 3(.-*:^)-3.K.-«.-t±i.
rf,V' *,; — rf-'A' </'./ V' 7F:j-'-^^y'—'^j" -d^
l56 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Elle admet deux solutions particulières, en série, de la forme
(12) U= Ar;« -H B-/i«+-^ 4- €'/]«+''■ 4- Dr,''^' 4- . . .,
avec coefficients A, B, C, D, ... fonctions de <}. Si l'on pose, en effet,
(i3) cp(l,<];) = 2l(X-f-H-6), F(>.,t];) = l(2l + 5 + 2J;),
la substitution d'une telle série (12) dans (1 i) conduit, par l'identification
des termes semblables en ti dans les deux membres, d'abord, à prendre
(i 4) ^(x, d») = o, c'est-à-dire a = soit zéro, soit — i — ^|^,
et, ensuite, à établir, entre les fonctions A, B, C. ... de ^, le système
d'équations différentielles linéaires
( (p(a 4-3,J;)B = F(a, <i)A — 3iL(i - •J^)A',
/j5x ,' 9(a + G,tL)C = F(oc+'3,'i)B -3ij;(l - J;)B',
' (p(a + 9,<];)D- F(^- + 6'f)^^-- 3(Kl-'|)C',
» Mais celle des deux séries où a = — 1 — ^j; rend indépendant de n le
premier terme de l'expression correspondante (8) de e. Par suite, la con-
dition, £ ^= o, relative à la limite r, = o, oblige à y annuler A, puis B, C,
D, . . . en vertu de (i5); et il ne reste, pour exprimer u, que l'autre série,
où a = o. L'on y aura F(oi., <\/^ = o.
» VI. D'autre part, la relation concernant la seconde limite -/) = i re-
vient à annuler, à cette limite, le produit de sji — -n' par la dérivée en v)
de la série subsistante. Or le cas particulier, déjà traité, d'une nappe à
fond plat où k est infiniment petit, et qu'on retrouverait ici comme cas
limite en étudiant la fonction u au voisinage de kx = o, c'est-à-dire
de^ =^ T, montre que cette dérivée devient comparable à l'inverse même
de \/i — '/i^, à moins qu'on ne réduise la série à un simple polynôme, par
l'annulation de tous ses coefficients venant après l'un quelconque d'entre eux.
Il faudra donc réduire aussi le système (t5) soit à sa première équation,
en posant B = o, soit aux deux premières, en posant C =0, soit aux
trois première?, en annulant D, etc.
» Dans le premier cas, il vient A' = o, ou A = ^^ = const., et la for-
mule (8) redonne la solution simple fondamentale (7).
» Dans le second cas, à traiter pour avoir, comme on sait, l'expression
asvmptotique des petits écarts, les deux premières équations (i5) de-
SÉANCE DU 20 JUILLET IQoS, l57
viennenL
» Et elles donnent (à un facteur constant près), vu qu'on peut y annuler,
pour <i; = o, A en même temps que B, si l'on fait abstraction de la solu-
tion simple précédente u = const. (déjà trouvée) :
» Pour les petites valeurs du produit k^, alors que 6 est à peine infé-
rieur à I Ole Xt), les deux coefficients B, A sont très grands, de l'ordre
de (i — '}; '^ et, par suite, l'expression (8) de s l'est, elle-même, de
l'ordre de (r — J')"'^» comme l'indiquait implicitement la deuxième racine,
P'r=z i5, obtenue dans ma dernière Note. Mais, ici'où k n'est pas nul et où
(j/ tend vers zéro à mesure que t grandit, B et A finissent par être sensible-
ment — 'V' et 77<j'". On voit donc que les écarts 'C"'''^ donnés par (8)
s'évanouiront comme ^j;'-, alors que la partie régularisée (T de h est,
d'après (4), Z.k^li, ou décroît comme <]/. Ainsi les écarts s'atténueront
comme le fait la douzième puissance de la partie, réglée et, par conséquent,
incomparablement plus vite que celle-ci. C'est bien dire que la solution
régulière est encore stable.
» VII. Pour la 1^^°"^ solution simple, le dernier coefficient, que j'appel-
lerai I, du polynôme (12) résulterait de l'équation
— =(7, — i) — ~: d ou 1 =
1 3-1/(1—'^) ^' ^ 'Mi — 't') ' * (,_(>;)('-lM6/+l)
» Or un calcul simple montre que, dans cette solution spéciale, le
coefficient précédant I et, de proche en proche, tous les autres jusqu'à A,
sont, aux deux limites ^ = i et ']> = o, des mêmes ordres, soit de gran-
deur, soit de petitesse, que I, comme on l'a vu déjà ci-dessus pour A, dans
les formules (17).
» Cette expression particulière de u est donc, quand ;]/ tend vers i , de
l'ordre de grandeur de la puissance (/ — i) (6i '+ 1)"'™^ de l'inverse
de I — 4' 6t» quand 6 tend vers zéro, de l'ordre de petitesse de la puis-
sance (i — i){Gi - i)'^™'' de ^.
» Ainsi, quoique les coefficients de l'équation indéfinie varient mainte-
nant avec le temps t, de véritables solutions simples continuent à exister,
encore distinguées les unes des autres par leur rapidité de variation et, en
i58
ACADEMIE DES SCIENCES.
particulier, à' évanouissement lorsque t grandit, rapidité croissante avec leur
numéro d'ordre. Seulement, elles ne sont plus le produit d'une fonction du
temps par une fonction des coordonnées ; et leur allure est devenue beaucoup
moins régulière, ou plus difficile à saisir (' ). »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur une nouvelle méthode de recherche
et de dosage des traces les plus faibles d'arsenic. Note de M. Armand Gautier.
« Au cours de mes publications sur la recherche et le dosage des faibles
quantités d'arsenic (-), surtout lorsque j'ai voulu donner la preuve de
l'existence normale et de la localisation de ce métalloïde dans les organes
des animaux (^), j'ai dû vérifier, avant tout, le point important de savoir si
la méthode de carbonisation azotosulfurique que j'emploie depuis iS'y.D
permettait bien de recueillir la totalité de l'arsenic sans aucune perte. Dans,
CCS derniers temps, j'ai montré que cette méthode est, en fait, assez pré-
cise pour permettre de retrouver sans perte 2 millièmes et peut-être i mil-
lième de milligramme d'arsenic ajoutés à loo^ ou 1 5o*'' de matière orga-
(') En dehors du cas de proportionnalité de H à Ç, une expression de h régularisée
et de grandeur notable, produit, ÇT, d'une fonction C des coordonnées x et y par une
fonction T du temps t, est impossible. Car la division de l'équation indéfinie (2),
soit par [x'CT^, soit par [xî^T, suivie, chaque fois, de deux dllférentialions en t,
montre que les deux expressions
[jL(;|_aa'\ ax
l(-|;j
I
dx \ dx
dy\ dy ) _
se réduisent nécessairement à deux constantes. Si donc k est le rapport de celles-ci, il
vient
d_
dx
K(ll-A-C)
dX^
dx
cf
d'y
K(H-An4^
dy
= 0,
équation entraînant, au moins dans les deux cas d'une nappe cylindrique et d'une
nappe de révolution (pourvues toujours supéiùeurement d'un plan tangent horizontal),
l'annulation, soit de H — At, soit de la dérivée de Ç, c'est-à-dire ou la proportionna-
lité de H à Ç, ou l'équilibre de la nappe liquide.
(2) Voir Comptes rendus, t. LXXXI, p. 289. — yinn. de Chim. et de Phys.,
5° série, t. YIII, p. 384.
(3) Comptes rendus, t. CXXIX, p. 929 et 980 ; t. CXXX, p. 284; t. CXXXIV,
p. 1894, et Bull. Soc. chim., 3^ série, t. XXVII, p. i35 et 833.
SÉANCE DU 20 JUILLET igoS. T Sq
nfqiie animale on végétale, soit à 5o ou 100 millions de fois son poids de
matière organique étrangère (' ).
» Il ne semblerait donc pas qu'il y ait lieu d'essayer de perfectionner
une méthode aussi exacte. Cependant, elle est si délicate à appliquer, sur-
tout, elle met en œuvre tant de substances diverses (eau distillée, acides
suU'urique et nitrique, hydrogène sulfuré, ammoniaque, acide sulfureux
et bisulfites, zinc, etc.) qu'il peut rester quelque incertitude, lorsqu'il s'agit
d'affirmer l'existence de doses extrêmement faibles d'arsenic, i miUième
de milligramme, par exemple, dans des quantités relativement très grandes
de matières animales ou végétales où ces réactifs servent à le rechercher.
J'ai trouve, en effet, que l'eau distillée, l'ammoniaque prétendue pure,
l'acide nitrique, l'acide sulfureux en solution et, surtout, l'hydrogène sul-
furé le mieux lavé, autant de réactifs employés dans la recherche de l'ar-
senic, contiennent toujours des traces de ce métalloïde. Dans les expé-
riences que je viens de terminer, malgré la purification de tous ces réactifs,
j'ai constaté que la quantité totale introduite par eux tous pour une
recherche d'arsenic dans loo*'' de muscle ou de jaune d'œuf, par exemple,
variait de :1^ à | de millième de millie:ramme.
» Une autre raison m'a fait essayer de modifier et perfectionner mon
ancienne méthode. Elle n'est pas applicable lorsqu'il s'agit de retrouver
l'arsenic dans des substances très riches en chlorures solubles telles que
l'eau de mer, les eaux minérales chlorurées, les viandes salées, le sel de
cuisine, etc. ou dans les solutions trop riches en fer, ainsi qu'on le verra.
Quoi qu'on fosse, l'arsenic est en j^artie perdu dans ces divers cas, soit à
l'état de chlorure qui échappe même à l'eau alcalinisée, soit à l'état de
sulfarséniure de fer.
M La méthode nouvelle que Je vais exposer est d'une extrême simplicité
et d'une précision surprenante. Elle peut être employée à la recherche
des traces d'arsenic normal dans les organes, ou lorsqu'il s'agit d'expertises
légales, mais je me bornerai, pour le moment, à exposer sa marche et ses
résultats pour les cas ou les anciennes méthodes sont inapplicables ou
incertaines.
» Elle est fondée, en principe, sur l'observation bien connue que lorsque
l'arsenic existe, même en petite quantité, à côté du fer, dans une eau
potable ou minérale, le fer, en s'oxydant et se précipitant, entraîne tou-
jours avec lui tout ou partie de cet arsenic.
(') Bull. Soc. chùn., 3« série, t. XXIX, p. 689.
l6o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Mes recherches nouvelles démontrent que cette aptitude du fer est
absolue et que cet entraînement de l'arsenic par le sous-sel polyferrique
qui se forme est si complet, dans les conditions expérimentales où je me
place, que j~ de milligramme d'arsenic, ajouté sous forme d'arsénites ou
d'arséniates à un litre d'eau pure, ou chargée de sel marin ou d'autres sels,
est entièrement enlevé par le fer et peut être exactement dosé.
» Je prépare mon réactif de la façon suivante : loo^^' de sulfate ferreux
commercial sont dissous dans 5ooS d'eau distillée avec addition de 25s
de SO'H^ pur; cette solution est traitée par l'hydrogène sulfuré. On fait
bouillir, filtre et oxyde à chaud le sel ferreux par 28^ d'acide nitrique
exempt d'arsenic. De la solution, on précipite ensuite l'hydrate ferrique
par l'ammoniaque purifiée d'arsenic, et après lavage on redissout à froid
cet hydrate dans l'acide sulfurique pur étendu. Ce sulfate ferrique contient
encore des traces d'arsenic très sensibles (trouvé : o'"s,oo2 à o™s,oo3 d'ar-
senic pour 3 grammes Fe-0' ). On les enlève en faisant digérer deux jours
la solution ferrique avec de la grenaille de zinc pur et portant à l'ébullition
dans le vide {P. Clausmann). On réoxyde alors le sel par un peu d'acide
nitrique et sulfurique et l'on en précipite l'hydrate ferrique par un léger
excès d'ammoniaque pure qui redissout l'oxyde de zinc. Il ne reste pkis
qu'à laver à l'eau et ajouter à l'hydrate ferrique de l'acide sulfurique
pur étendu et froid. 100 centimètres cubes de ce réactif, contenant
3o grammes Fe-O^ au litre, m'ont donné un anneau correspondant à
moins de i millième de milligramme d'arsenic.
» Voici maintenant les constatations que j'ai pu faire avec ce précieux
réactif. Si l'on prend 2 litres d'eau distillée et qu'on Jes évapore en pré-
sence de 4o^ d'acide nitrique et lo*'' d'acide sulfurique sensiblement
exempts d'arsenic ( ' ) et si, après avoir chauffé jusqu'à commencement
d'apparition des vapeurs sulfuriques, on étend d'eau et verse dans l'appareil
de Marsh, on obtient :
Arsenic par litre.
Eau distillée à l'alambic de cuivre étamé o™s,ooo7
Eau distillée à la cornue de verre, après addition de 5^,
pour looos d'eau, de CO^Na- pur o"^'s, 0011
» I litre de cette eau, si faiblement arsenicale, est porté à l'ébullilion
après addition de 5''"' de la solution ferrique précédente; après refroi-
dissement on sature par quelques gouttes d'ammoniaque pure et, après
(^) Ils contenaient ensemble à peine o'"S,oooi d'arsenic.
SÉANCE DU 20 JUILLET 1903. 161
avoir fait bouillir encore quelques instants, on filtre. La liqueur filtrée
totale, évaporée en présence d'acide nitrique et sulfurique pur, est chauffée
jusqu'au départ de l'acide nitrique, étendue d'eau et versée dans l'appareil
de Marsh. Elle ne donne plus trace d'arsenic (' ).
» A 2 litres de cette eau ainsi complètement privée d'arsenic on ajoute
o™^,oo2 d'arsenic (2 millièmes de milligramme d'arsenic) sous forme d'ar-
sénite de soude, puis 5 cent, cubes de la liqueur ferrique ci-dessus. On
porte à l'ébuUition, on alcalinise par quelques gouttes d'ammoniaque et l'on
recueille le précipité qu'on dissout dans un léger excès d'acide sulfurique;
le sulfate ainsi formé est versé directement dans l'appareil de Marsh. On ob-
tient :
Arsenic ajouté aux 2 litres d'eau.. . o™s, 002
Arsenic trouvé o™s,oo2
» La totalité de l'arsenic a donc été entraînée par le fer.
» Il en est de même si l'eau ainsi additionnée de i mi/liardiéme de son
poids d'arsenic est évaporée au préalable au quart de son volume et traitée
ensuite comme ci-dessus par le sel ferrique.
» Ainsi I millième de milligramme d' arsenic par litre d' eau est entièrement
recueilli par le précipité ferrique qui se forme à chaud, et où l'arsenic peut
être exactement et directement dosé à l'appareil de Marsh.
» Comme contre-épreuve de cette expérience, à i litre d'eau distillée orj
ajoute o™^,o5o d'arsenic, puis 5 cent, cubes de la liqueur ferrique; on porte
à l'ébuUition, et l'on filtre après neutralisation par l'ammoniaque pure. La
liqueur filtrée est additionnée comme ci-dessus de 20^ d'acide nitrique et 10^
d'acide sulfurique purs; on chasse l'eau et l'acide nitrique par la chaleur
et l'on verse dans l'appareil de Marsh : l'arsenic trouvé est totalement nul.
» Ainsi le sel poiyferrique qui se précipite dans ces conditions entraîne
si bien la totalité de l'arsenic présent qu'on n'en retrouve plus la moindre
trace dans la liqueur et qu'une dose aussi faible qu'un millième de milli-
gramme par litre d'eau peut être ainsi exactement recueillie et dosée.
)) Cette méthode permet donc de séparer et mesurer exactement une
substance qui représente la milliardième partie de la masse en expérience.
)) Je ne pense pas qu'il y ait jusqu'ici d'exemple, dans les Sciences expé-
(') Du moins plus de trace appréciable, c'esl-à-dire une quantité inférieure à
o'"?,ooo33 de As.
G. R., igoS, i' Semestre. (T. CXXXVII, N° 3.) 2 2
l62 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rimentales OU d'observation, d'une autre détermination se faisant avec un
degré de précision qui permette de mesurer une valeur un milliard de fois
dIus petite que celle à laquelle il s'agit de la comparer.
» Le dosage par celte méthode de traces d'arsenic, i'*^^ à o™s,ooi par
litre d'eau pure ou additionnée de Soo^ de sel marin pur, de loo^ de sul-
fate de potasse, de nitre, de chlorate de potasse, etc., se fait avec la même
jjrjcision.
)) Elle permet de retirer facilement l'arsenic des eaux de mer, du sel
marin, des eaux minérales, des sels usuels, des acides et des bases, etc.,
avec une rapidité et une exactitude parfaites.
» Il faut seulement, s'il s'agit d'acides, de sels acides ou d'alcalis, les
saturer au préalable. Pour les gaz sulfureux, sulfhydriques, etc., on les
oxyde par barbotement dans l'acide nitrique chaud oij l'on dose ensuite,
comme il est dit ci-dessus, l'arsenic condensé et oxydé.
» Par cette nouvelle méthode, j'ai pu m'assurer aisément que l'arsenic
existe dans l'eau distillée la plus pure (environ o"'^,ooi par litre), dans
l'ammoniaque prétendue pure du commerce (o"^s^oio par loo*"""), dans
l'acide nitrique le mieux purifié d'arsenic, dans le nitre pur, dans le bicar-
bonate de soude pur, dans l'acide chlorhydrique pur, dans le chlorate
de potasse fondu, dans le sel marin même fondu au rouge, dans l'hydro-
gène sulfuré parfaitement lavé provenant du sulfure de fer et de l'acide
chlorhydrique pur ou non, dans l'acide sulfureux et les bisulfites, etc.
Ces constatations montrent les causes d'erreurs multiples auxquelles on
est exposé lorsqu'il s'agit de déterminer l'origine des traces d'arsenic que
l'on trouve dans les organes.
» En ce qui touche à l'application de la nouvelle méthode à la recherche
physiologique ou médico-légale de ce métalloïde, on peut, après avoir dé-
truit les matières animales ou végétales par le mélange nitrosulfurique,
reprendre le charbon azoté par l'eau bouillante, filtrer, refroidir, neutra-
liser partiellement, et ajouter le sel ferrique tant qu'il ne marque pas au
ferrocyanure. Le précipité qui se forme à froid, dans ces conditions, n'en-
trahie pas d'arsenic. On filtre, on ajoute 5 cent, cubes du réactif ferrique
pur et l'on porte la liqueur à l'ébullition. Après neutralisation par l'ammo-
niaque, on filtre encore, on redissout le précipité ferrique dans un mélange
d'acides nitrique et sulfurique purs, on chauffe tant qu'il se dégage des va-
peurs nitreuses et qu'il reste de l'acide nitrique, on étend d'eau et Von
verse directement dans V appareil de Marsh. Mais, pour réussir entièrement.
SÉANCE DU 20 JUILLET igoS. l63
cette méthode demande, dans le cas particulier des matières animales ou
végétales, une série de précautions minutieuses^que je me réserve de faire
ultérieurement connaître. »
PHYSIOLOGIE. — Sur les mouvemenls de torsion de l'œil dans les orientations
du regard, V orbite restant dans la position primaire. Note de M. Yves
Delage.
« Dans ma précédente Note {Comptes rendus, séance du i3 juillet 1908 )
j'ai étudié les mouvement de torsion de l'œil dans la rotation de l'orbite.
On a vu que, pour l'étude de ces torsions, l'observateur est placé dans
une caisse tournant autour d'un tourillon dont le prolongement passerait
par la racine du nez.
» Dans une première série d'expériences, le tourillon était placé au
milieu de la paroi postérieure de la caisse, de telle façon que son prolon-
gement passait par le centre de gravité du système, ce qui facilitait l'équi-
libre de l'appareil. Mais, dans ce cas. Taxe de rotation passant par le milieu
du dos de l'observateur et la lumière centrale étant sur le prolongement du
tourillon, la ligne de regard n'était pas perpendiculaire au tableau dont
cette lumière occupait le centre. Il en résultait que l'œil n'était jamais dans
la position primaire. Aux points o, 90, 180 et 270, le regard était dirigé en
haut ou en bas, à droite ou à gauche, et l'œil était en position secondaire.
Cela n'avait point d'inconvénient, tous les physiologistes s'accordant à
admettre que, dans ces positions, l'œil ne subit aucune torsion. Mais en
était-il de même pour les positions intermédiaires, lorsque le regard est
dirigé en haut et à droite ou à gauche, ou en bas et à gauche ou à droite?
Il était à craindre qu'il n'en fût pas ainsi, divers physiologistes admettant
que, dans ces orientations obhques, l'œil subit une torsion. C'est pour éviter
cette cause possible d'erreurs que j'ai fmalement disposé le tourillon comme
je l'ai indiqué dans la Note précédente.
.) Cela m'a amené à rechercher si vraiment l'œil subit dans ces cas une
torsion.
)> L'existence d'une pareille torsion semble résulter de l'expérience bien
connue de Ruete que je rappelle brièvement.
» Si, l'orbite étant dans la position primaire, on se procure une image accidentelle
d'une ligne horizontale et qu'on porte le regard dans une des directions secondaires
de manière à projeter l'image sur une tenture sur laquelle est dessiné, un quadrillage
l64 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à raies verticales et horizontales, on constate que l'image accidentelle reste en coïnci-
dence avec une des lignes horizontales : il n'y a donc pas eu de torsion de l'œil. Mais
si l'on porte le regard dans une des directions tertiaires, il n'en est plus ainsi. Si, par
exemple, on regarde avec l'œil droit, en haut et à droite, on voit que l'image acciden-
telle est oblique en bas et à gauche, comme si l'œil s'était tordu dans le sens indirect
(inverse des aiguilles d'un cadran). D'où la croyance à celte torsion.
)) Cette torsion est cependant bien improbable, l'orientation de l'œil,
dans ce cas, se faisant avec participation du muscle petit oblique, qui a pré-
cisément pour action de faire tourner l'œil dans le sens direct.
» D'autre part, si l'on fait la même expérience avec l'image accidentelle
(l'une ligne verticale, on constate que celle-ci est inclinée en haut et à
droite, comme si l'œil avait tourné dans le sens direct. L'œil ne peut
cependant s'être tordu à la fois dans deux sens différents.
» Helmholtz, rapportant la situation de Tœil à celle du plan de regard
(passant par la ligne de regard et par une droite joignant les centres
optiques des deux yeux), déclare que l'inclinaison de l'image horizontale
est seule semblable à celle de l'horizon rétinien par rapport au plan de
regard, car l'intersection de l'horizon rétinien avec la tenture est l'image
accidentelle de la ligne horizontale, telle qu'on la voit sur la tenture, et
l'intersection du plan de regard avec la tenture est horizontale ; en sorte
que l'angle de l'image accidentelle avec l'horizontale sur la tenture est
dirigé dans le même sens que l'angle de l'horizon rétinien avec le plan
de regard : c'est-à-dire que l'angle de torsion de l'œil est tel qu'il l'a
indiqué.
» Au contraire, les lignes verticales de la tenture ne coïncident pas avec
l'intersection de'la tenture et d'un plan passant par la ligne de regard et
perpendiculaire au plan de regard. Celui-ci est en effet, quand on regarde
en haut, incliné en arrière, en sorte que son intersection avec la tenture
est inclinée à droite quand on regarde à droite, à gauche quand on regarde
à gauche. L'inclinaison de l'image verticale par rapport aux verticales de
la tenture n'indique donc pas même, d'une façon certaine, l'obliquité de
l'horizon rétinien par rapport au plan de regard.
» Tout cela est juste en ce qui concerne l'angle de l'horizon rétinien
avec le plan de regard, mais ne nous dit pas si l'œil a réellement subi une
torsion négative, de même ordre que celle que pourrait lui imprimer un
muscle oblique agissant seul.
» Pour savoir ce qu'il en est, j'ai étudié par les procédés de la Géomé-
trie et de la Trigonométrie ce que devient la projection, sur un plan per-
SÉANCE DU 20 JUILLET igoS. l65
pendiculaire à la ligne de regard dans la position primaire, d'une croix tracée
sur une sphère (l'œil), lorsque celle-ci prend toutes les positions possibles
en tournant autour d'un axe passant par son centre et parallèle à la ten-
ture, sans qu'il s'y adjoigne aucune torsion, c'est-à-dire aucune rotation
autour d'un axe passant par son centre et perpendiculaire au plan de pro-
jection.
» J'ai reconnu ainsi que ces projections prennent précisément les posi-
tions de la croix sur la tenture dans l'expérience de Ruete. D'où cette
conclusion que l'obliquité des branches de la croix projetée, dans l'expé-
rience de Ruete, n'implique aucune torsion réelle du globe de l'œil.
)) Mais, bien qu'il n'y ait aucune torsion du globe de l'œil, les plans car-
dinaux de l'œil, horizon rétinien (déterminé par le centre optique et la
branche horizontale de la croix) et sagittal rétinien (déterminé par le
centre optique et la branche verticale delà croix), ne restent pas pour cela
horizontal et vertical. Dès que l'œil s'est placé dans une des positions
tertiaires quelconque, ces plans deviennent obliques comme s'ils avaient
tourné autour d'un axe antéro-postérieur, et le sens de cette rotation est pré-
cisément l'inverse de celui qui a été admis par la plupart des physiologistes,
à la suite des recherches de Helmholtz.
» Ainsi, lorsque l'œil droit regarde en haut et à droite, l'horizon réti-
nien est incliné vers la droite comme s'il avait tourné dans le sens direct et
non indirect; et la contradiction constatée plus haut, entre la rotation
admise et les conditions anatomiques et physiologiques de l'appareil moteur
de l'œil, disparaît.
» Cependant, Helmholtz n'a pas commis une réelle erreur : la torsion
admise par lui est exacte si l'on rapporte, comme il l'a fait, la position de
l'œil non aux plans cardinaux invariables dans l'espace, mais à un certain
plan, mobile avec l'œil, qu'il a pris pour repère. Ce plan est le plan de
regard, défini plus haut, dont l'intersection avec la tenture reste horizon-
tale, quand l'œil se place dans une des positions secondaires ou tertiaires.
« Ainsi, lorsque l'œil droit regarde en haut et à droite, l'intersection du
plan de regard avec la tenture restant horizontale tandis que celle de l'ho-
rizon rétinien est inclinée en bas et à gauche, ce dernier plan semble avoir
tourné vers la gauche, dans le sens indirect, bien que, en réalité, il soit
incliné vers la droite dans le sens direct.
» Cette rotation indirecte est fictive; la rotation réelle est directe.
» Helmholtz fait comme une personne qui conviendrait de désigner la
position de la tête en prenant pour position initiale celle qu'elle aurait si
l66 ACADÉMIE DES SCIENCES.
on l'avait, au préalable, fait tourner de i8o° sens devant derrière. Quand
quelqu'un tournerait la tête de 3o° vers la droite, cette personne dirait
qu'elle l'a tournée de iSo** vers la gauche : logiquement, cette personne
aurait raison ; pratiquement, ce serait absurde. C'est cette fâcheuse con-
vention, fréquemment inaperçue, qui a été l'origine de la notion fausse
qui a pris naissance.
» J'ai donné les formules des angles que forment les branches de la
croix avec l'horizontale et la verticale. Si l'on appelle 9 l'angle que fait
l'axe de rotation avec l'horizontale, co l'angle dont la ligne de regard a
tourné autour de cet axe, a et fi les angles des branches horizontale et
verticale de la croix avec l'horizontale et la verticale, on a :
tango (i — costo)
tansfa = '' ' '
tangp
costo 4- tang-cp
cotes (i — costo)
COS(o -+- COt^tp
» Pour CD = co = 4^°» valeur pratiquement maxima de ces variables, on
a : az= p= 9036'.
M L'angle p que forme avec l'horizontale la ligne de plus grande pente
de l'horizon rétinien est donné par la formule :
COSp t= I — cos-©(i - cosco).
» Pour cp = w = 45°, on a : p = 3i"24 •
» Cette inclinaison est loin d'èlre négligeable. »
PHYSIQUE. — Sur une nouvelle action produite par les rayons n
et sur plusieurs faits relatifs à ces radiations. Note de M. R. Blondlot,
« L'action des rayons n sur une petite flamme me donna l'idée d'essayer
s'ils n'exerceraient pas une action analogue sur un corps solide incandes-
cent. A cet effet, un fd de platine d'environ o°"^,i de diamètre et i5™™ de
longueur, fut^porté au rouge sombre par un courant électrique. Sur ce fil,
on dirigea un faisceau de rayons n émis par un bec Auer à travers des écrans
de bois et d'aluminium et concentrés par une lentille de quartz. On obser-
vait le fd à travers un verre dépoli fixé au même support que lui, à environ
3^"» en avant. En déplaçant le fil, on trouve une série de foyers, comme
avec les autres procédés propres à déceler les rayons n. Le fil étant placé
SÉANCE DU 20 JUILLET IQoS. 167
à l'un de ces foyers, lorsque l'on interpose un écran de plomb, ou simple-
ment la main, sur le trajet des rayons n, on voit la tache lumineuse formée
sur le verre dépoli diminuer d'éclat; lorsque l'on enlève ces obstacles, la
tache reprend son premier éclat. Ces actions ne semblent pas instantanées.
» J'ai généralisé les expériences précédentes en employant, au lieu d'un
fil chauffé par un courant électrique, une lame de platine de o'"™,ï d'épais-
seur, inclinée de 45^ sur le plan horizontal, portée partiellement au rouge
sombre par une petite flamme de gaz placée par-dessous. Un faisceau hori-
zontal des rayons n concentrés par une lentille était dirigé sur la face infé-
rieure de la lame, de façon à produire un foyer à l'endroit chauffé; on
observait la tache incandescente sur la face supérieure, sans interposition
d'un verre dépoli. Les variations d'éclat sont exactement analogues à celles
du fd. En observant, à travers un verre dépoli, l'intensité de l'éclairement
produit sur la face inférieure de la lame de platine par l'ensemble de la
tache incandescente de la lame et de la flamme, on constate des variations
toutes pareilles. On obtient encore les mêmes résultats si, au lieu de faire
tomber les rayons n sur la face inférieure de la lame, par conséquent du
côté où se trouve la flamme destinée à l'échauffer, on les dirige sur la
face supérieure.
» Les différents effets produits par les rayons n : action sur l'étincelle,
sur la flamme, sur la phosphorescence, sur l'incandescence, conduisaient
à penser que ces rayons pouvaient agir en échauffant les corps qui leur
sont soumis. Pour soumettre cette question à l'expérience, j'installai une
j)ile thermo-électrique de Rubens reliée à un galvanomètre à cuirasse.
L'action des rayons n sur cet appareil a été absolument nulle, même dans
les conditions les plus favorables, bien qu'une bougie placée à 12"^ de la
pile donnât une déviation de o""",5 environ de l'échelle; j'ai opéré tant
avec les rayons n provenant d'un bec Auer qu'avec ceux du soleil, le
3 juillet dernier, à l'heure de midi : les rayons n étaient très intenses, car
•en plaçant devant la pile un tube contenant du sulfure de calcium faible-
ment insolé, son éclat était de beaucoup augmenté et diminuait par l'inter-
position d'un écran de plomb ou de la main. M. H. Rubens a fait la môme
constatation, comme il a eu l'obligeance de me l'écrire; son appareil était
encore beaucoup plus sensible que le mien. J'ai cru néanmoins utile de
rechercher directement si le fd de platine incandescent ne s'échaufferait
pas sous l'action des rayons n. Pour cela, j'ai eu recours à l'étude de sa
résistance électrique. Le courant qui parcourt le fd est produit par 5 accu-
mulateurs; à l'aide de rhéostats très résistants, on règle l'intensité de façon
l68 ACADÉMIE DES SCIENCES.
que le fil de platine soit rouge sombre. Ce fil est tendu entre deux pinces
massives de laiton A et B, qui sont reliées aux bornes d'un électromètre
capillaire; sur l'un des fils de communication est intercalée une force
électromotrice, réglable à volonté, produite par dérivation du circuit d'une
pile auxiliaire ; cette force électromotrice est réglée de façon que l'éleb-
tromètre soit au zéro. Toute variation de la résistance du fil de platine pro-
duit une déviation de l'électromètre. Or, les rayons n ayant été dirigés sur
le fil, on n'observa aucune déviation du ménisque; l'interposition d'un
écran de plomb ou d'un papier mouillé restait sans aucun effet sur l'élec-
tromètre, bien que l'éclat du fil éprouvât les variations accoutumées. Cela
vérifie bien que les rayons n n'élèvent pas sa température. Je me suis, du
reste, assuré que la méthode était suffisamment sensible par les expériences
suivantes. A l'aide d'un rhéostat à fil, un aide faisait varier la résistance du
circuit comprenant le fil de platine et les accumulateurs, et, par là, l'intensité
du courant, mais pas assez toutefois pour que l'observateur aperçût une
variation de l'éclat du fil ; malgré cela, l'électromètre était dévié de 3 divi-
sions du micromètre oculaire. Voici encore un autre contrôle : une éléva-
tion de i*^ de la température du fil changerait sa résistance dans le rapport
^'^^^ environ; la différence entre les potentiels de A et de B changerait
dans le même rapport, puisque, la résistance extérieure au fil étant très
grande, l'intensité ne change pas; dans mes expériences, cette variation
dévierait l'électromètre de i5 divisions. Comme on ne constatait absolu-
ment aucune déviation, et que l'on eût d'ailleurs pu apprécier aisément
i de division, l'élévation de température était certainement très inférieure
à— X - = 7^ de de^ré et, par conséquent, tout à fait insuffisante pour
i5 4 oo " ' *■
produire l'augmentation d'éclat observée. Il est ainsi surabondamment
établi que l'augmentation d'éclat produite par les rayons n n'est pas due à
une élévation de température.
» Dans les expériences sur une lame de platine qui ont été décrites plus
haut, l'augmentation d'éclat se montrait sur les deux faces de la lame.
Étant donné qu'il n'y a pas d'élévation de température, ce fait semble
paradoxal : comme, en effet, les rayons n ne traversent pas le platine, il
semblait qu'il ne dût y avoir d'action que sur la face de la lame qui leur
est exposée. Pour tout concilier, il fallait supposer que les rayons n, qui
ne traversent pas le platine froid, traversent le platine incandescent. J'ai
alors repris l'appareil destiné à montrer l'action des rayons n sur une
SÉANCE DU 20 JUILLET igoS. 169
petite flamme, puis, derrière la lentille de quartz, j'ai disposé une lame de
platine plus grande que la lentille. L'interposition d'un écran de plomb
entre le platine et la source ne produisait aucun effet sur la petite flamme,
ce qui vérifle l'opacité du platine. La lame de platine ayant été ensuite
portée au rouge, on constata que l'interposition de l'écran de plomb dimi-
nuait l'éclat de la petite flamme : les rayons n issus du bec Auer traversent
donc le platine incandescent. »
]\OMI]\ATIOI\S.
L'Académie procède, par la voie du scrulin, à la nomination d'un Cor-
respondant pour la Section de Médecine et Chirurgie, en remplacement
de M. Ollier, décédé.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 87,
M. Baccelli obtient 32 suffrages
M. Calmette » 4 >>
Il y a un bulletin blanc.
M. Baccelli, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé
élu.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Étude sur les déformations moléculaires
d'un barreau d' acier soumis à la traction. Mémoire de M. L. Fraiciiet.
(Extrait.)
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
K Conclusions. — Les limites d'élasticité sont essentiellement fonction de
l'écrouissage du métal. Cet écrouissage dépend lui-même de l'effort appli-
qué, de la durée de l'application de l'effort et du temps écoulé après cette
application.
» La limite élastique que nous déterminons par notre méthode corres-
pond seulement aux premiers glissements moléculaires; mais nous ne
saurions affirmer que les éléments de volume n'ont pas déjà subi une modi-
fication permanente de structure. Nous ne sommes pas sûr qu'un effort,
C. R., 1903, .' Semestre. (T. CXXXVII, N° 3.) 23
170 ACADEMIE DES SCIENCES.
même très petit, appliqué à un barreau pendant un temps suffisamment
long, n'arrive pas à produire une modification permanente de la structure
des éléments de volume du barreau, sans qu'il se produise, pour cela,
aucun glissement moléculaire permanent.
)) Mais les déformations permanentes totales semblent ne devenir réel-
lement appréciables que lorsque la variation de la réliictance du barreau
passe par un maximum. La charge qui correspond à ce maximum peut
donc être prise comme une valeur pratique de la limite d'élasticité vraie. )>
CORRESPONDANCE.
ASTRONOMIE. — Photographies de la comète Borrelly 1903 c. Note de
M. QuÉNissET, présentée par M. Wolf.
« Les photographies que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie ont
été obtenues à mon observatoire de Nanterre (Seine), à l'aide d'un objectif
à portraits de o'",075 de diamètre et de o'",3oo de distance focale. Elles
présentent les particularités suivantes :
» Celles du i4 juillet (de 'i\^\\y'' à 22'm5'" et de 22''3o" à 22*'52'") ont
été combinées de façon à fournir une image stéréoscopique. Ces épreuves
sont des agrandissements de 2 fois les phototypes. Si on les examine dans
un stéréoscope, on voit la comète bien détachée des étoiles environnantes
et paraissant comme suspendue librement dans l'espace. Cette sensation de
relief est surtout très sensible en regardant d'abord dans le stéréoscope
avec un seul œil, puis avec les deux.
» Nous rappellerons que de semblables photographies stéréoscopiques
ont déjà été obtenues par M. Max Wolf à Tobservatoire de Heidelberg pour
la comète Perrine (1902 l)) et par nous-même pour la comète Swift (1899 a).
Ces photographies sont appelées à donner des renseignements intéressants
dans le cas de comètes à queues irrégulières, et pourront probablement
fournir des indications utiles sur le mouvement de rotation de ces astres.
» Les phototypes pris le 14 juillet montrent une chevelure de 1 1' de diamètre el une
queue s'étendant, en s'aflTaiblissant et s'étalant légèrement, sur une longueur de 5"4o'
au moins (car elle atteint le bord de la plaque sensible).
» Un phototype pris le i5 juillet, de 2^^' 17"^ à 12^ f\'j"\ accuse une queue plus fine,
moins longue et en courbure sensible vers le sud.
» La photographie des 18-19 juillet a reçu une exposition de i''6'" (de 23''44'"
à o'^So™). Elle correspond à peu près au maximum d'éclat calculé de la comète.
SÉANCE DU 20 JUILLET igoS. 17I
L'épreuve que je présente à l'Académie est un agrandissement de 2,8 fois, La cheve-
lure mesurée sur le prototype a un diamètre de 17' et la queue s'étend sur une longueur
cVau moins 6°. La queue très lumineuse dans le voisinage de la chevelure donne à
celle-ci un aspect nettement piriforme. »
BALISTIQUE. — Sur la théorie du champ acoustique. Note de M. Charbonnier,
présentée par M. le général Sebert.
« I. Définition du champ acoustique. — Quand un corps solide se meut
dans l'atmosphère d'une manière continue, son mouvement se communique
à l'air environnant; à l'instant t une certaine portion de l'espace se trouve
ébranlée. Cette portion sera désignée sous le nom de champ acoustique.
)) Soit un élément très petit de surface g, se déplaçant normalement à
la surface avec une vitesse V. Appliquant à ce problème l'intégrale connue
de Poisson qui donne la solution de l'équation différentielle des petits mou-
vements dans l'air, au moyen de la somme de deux intégrales doubles, on
trouve que l'intégrale cp du problème a pour expression
VcTcosX , ^ .
a est la vitesse du son; \ l'angle que fait la droite qui joint à l'origine le
point où l'intégrale a la valeur cp; x l'abscisse de ce point.
» On déduit de cette équation : 1° que les vitesses propres z^ = -7^ des
molécules gazeuses sont parallèles à l'axe des x et ont pour expression
Va . ■
u = 7 t-tCOSa;
[^■KCl-t'
2^ que les compressions sont nulles comme elles l'étaient à l'origine.
» II. Onde neutre. — Pour }. = -? on a w = o. Aucun mouvement ne se
fait donc sentir sur une normale à la direction du mouvement. Quand
l'élément g se déplace, le lieu des points où ne parvient aucun ébranle-
ment est une certaine surface dite onde neutre. Elle limite à l'arrière le
champ acoustique avant et à l'avant le champ acoustique arrière.
)) a. Le mouvement du mobile sur sa trajectoire étant représenté par
s —f{t) en fonction de l'arc s et du temps t, l'équation de l'onde neutre est
s =/(/); n = at '. n esV compté suivant la normale à la trajectoire.
l']1 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» b. L'onde neutre ne pénètre jamais à l'intérieur de la développée de
la trajectoire ; elle est tangente à cette développée.
» c. L'onde neutre passe par la position actuelle du mobile et y est tan-
gente à un cône circulaire droit dont le demi-angle au sommet a pour
tangente un angle p tel que tang[^ = ^•
» d. Pour un mouvement rectiligne uniforme, l'onde neutre est un cône
circulaire droit; pour un mouvement circulaire uniforme, la trace de
l'onde neutre sur le plan du mouvement est une spirale d'Archimède.
» IIL Champ acoustique sphérique. — Quand V <^ a, le champ acous-
tique avant est limité à l'avant par une demi-sphère, à l'arrière par l'onde
neutre. Le champ acoustique arrière présente une disposition inverse.
» On représente le champ acoustique par les courbes d'égales vitesses
qui sont tangentes à l'onde neutre à la position actuelle du mobile.
)) Pour un mouvement rectiligne uniforme, les vitesses successives des
molécules d'air en un point situé à une distance h de la trajectoire ont
pour expression u = -. — j-^_ sin!Xcos\, et le déplacement de l'air :^ = \ udl
est donné par la formule
^ Yff /sin2X sin2Ào
871(7/1 \ 2 2 "
» Le déplacement total de "X = o à X = tu est exprimé par la formule
^ _ Vg
^~ Sah'
» Dans le cas général, comme le bruit n'est produit que par un chan-
gement brusque dans les vitesses des molécules d'air, l'observateur per-
cevra un bruit seulement au moment de son entrée dans le champ
acoustique.
» IV. Champ acoustique conique. — Il correspond au cas où Y^a. En
chaque point de la trajectoire existe un cône circulaire droit dit cône sonore,
le long des génératrices duquel le son se transmet avec la vitesse a. Le
demi-angle au sommet de ce cône a pour expression cos ^ = -^•
» Les cônes sonores admettent une enveloppe dite enveloppe sonore
qu'on peut tracer d'après ses propriétés géométriques,
» L'onde de tête qui limite à l'avant le champ acoustique conique limité
à l'arrière par l'onde neutre est une surface normale aux cônes sonores.
Elle passe par la position actuelle du mobile et est tangente en ce point à
un cône d'angle au sommet égal à (|/.
SÉANCE DU 20 JUILLET 1903. 1^3
» Théorème. — a. L'onde de tête ne pénètre jamais à V intérieur de l'enve-
loppe sonore; au contact elle présente un point de rehroussement qui se déplace
sur l'enveloppe sonore avec la vitesse du son.
)) h. Le nombre des bruits perçus par un observateur est égal au nombre de
tangentes qu'on peut mener de l'observateur à V enveloppe sonore et qui ren-
contrent la trajectoire; la direction de ces bruits est la direction des tangentes;
leur intervalle est égal à la différence des longueurs de ces tangentes divisée par
la vitesse du son.
» Corollaire. — Le nombre de coups de tonnerre produits par un éclair
est égal au nombre de normales que l'on peut mener de l'observateur à
Téclair.
» V. Partie expérimentale. — 1° La théorie précédente rend parfaite-
ment compte des photographies de projectiles obtenues en particulier par
le D'' Mach, de Vienne, et où l'on distingue aisément Vonde de tête, Vonde
neutre, le champ acoustique avant, le champ acoustique arrière.
» 2'^ Elle est la base de la remarquable méthode de mesure des vitesses
des projectiles imaginée par le colonel Gossot, de l'artillerie navale, et qui
est en usage depuis plus de 10 ans à la Commission de Gavre. »
THERMODYNAMIQUE. — Contribution à f étude de la surchauffe.
Note de M. A. Petot.
« On traite d'ordinaire, dans les calculs industriels, la vapeur surchauffée
comme un gaz parfait; et l'on emploie diverses formules empiriques, parmi
lesquelles la plus usitée est la suivante :
(0 Q = 606,5 + o,3o5/, + o,48(^^ /,).
due à Regnault. Comme ces formules ont été établies à une époque où l'on
n'obtenait qu'une surchauffe très modérée, on peut craindre qu'elles ne
soient plus suffisamment exactes, depuis que l'on atteint des températures
de 3oo°, 35o", et plus, dans les surchauffeurs. Il semble donc qu'il serait
utile de reprendre l'étude de la vapeur d'eau surchauffée, afin de com-
pléter les résultats dus à Ciausius, à Hirn et à Zenner.
M Dans cet ordre d'idées, en partant de l'équation de Ciausius, mise
sous la forme
/^x _ RT TO
174 ACADÉMIE DES SCIENCES.
OÙ 6 est une fonction arbitraire de t, j'ai obtenu en général, pour l'énergie
interne d'une vapeur surchauffée, rexj)ression
(3) u = ? + p ^+P)(;-'')
OÙ ^ et p ont leurs significations ordinaires, et où u et ii' désignent respecti-
vement les volumes du liquide et de la vapeur saturée sèche, à la tempéra-
ture /.
» On remarquera que cette expression de l'énergie inlerne ne dépend
ni de 0, ni de la fonction arbitraire de t introduite par l'intégration des
équations de la Thermodynamique; et qu'il y entre seulement une des trois
constantes de Clausius. Cela permet de vérifier expérimentalement, d'une
manière relativement simple, si un fluide donné peut être considéré comme
admettant, avec une approximation suffisante, une équation caractéristique
de la forme (2).
» Pour cela, après avoir amené ce fluide à l'état de vapeur saturée sèche,
à la température ^,, on le surchauffe jusqu'à une certaine température t,
en le maintenant sous la pression cj, de saturation. En même temps, on
mesure la chaleur de surchauffe Q et le volume final v. L'équation
(4) Q = U - (^, 4- pO + Aa, (> - m; )
donne alors la valeur finale de l'énergie interne U, et l'on en déduit la
constante [3, à l'aide de l'équation (3). Si maintenant on recommence un
certain nombre de fois cette expérience, en faisant varier les températures t^
et /, on devra, comme vérification, trouver toujours très sensiblement
pour p la même valeur. On pourra ensuite déterminer les deux autres
constantes R et a, sans particulariser la fonction G de la température t, en
opérant comme l'a fait M. Sarrau ('), pour interpréter les expériences de
M. Amagat. Enfin, on établira une Table numérique des valeurs de 6 en
fonction de /, à l'aide de la relation
. ^ X _ RT TQ
qui n'est autre que l'équation (2), écrite pour le cas de la vapeur saturée
sèche.
» Il serait, je crois, très utile de faire ces essais pour la vapeur d'eau.
(^) Comptes rendus, t. XCI\ , p. ôSg; t. CI, p. 9/41 .
SÉANCE DU 20 JUILLET igoS. lyS
Re£^nanlt n'a pas, en effet, mesuré réellement la chaleur spécifique G de la
vapeur d'eaLi surchauffée, sous pression constante, dans des conditions
déterminées de température et de pression ; mais seulement la valeur
moyenne C^ de cet clément, sous la pression de i**^™, pour des
intervalles de température dont les h'mites extrêmes ont relativement peu
varié. Ses expériences ne prouvent donc pas que G soit une constante, ni
même qu'il faille lui conserver dans tous les cas la valeur moyenne 0,4*^-
Hirn (') a depuis longtemps exprimé cette opinion, et tout récemment
M. le professeur Bach (-) est arrivé à la même conclusion, à la suite d'ex-
périences qui ont donné pour C^ une valeur voisine de 0,60.
» L'expression (3) de l'énergie interne donne d'ailleurs, pour la cha-
leur spécifique sous volume constant, la valeur
('>) -| + ^[S+(« + Wâ(;7^)]-
d'où l'on passe à celle de C. J'ai vérifié à l'aide des Tables de Zeuner que
cette valeur de c croît avec la température, dans le cas de la vapeur d'eau
surchauffée, et qu'il en est de même pour la valeur correspondante de C,
aux environs du point de condensation. On arrive donc à la même conclu-
sion que M. Bach, en supposant que la vapeur d'eau surchauffée admet une
équation caractéristique de la forme (2); et il y a là, sinon un argument,
du moins une prévention en faveur de cette hypothèse. L'expérience seule
pourra élucider la question. »
CHIMIE. — Courbes de sublimation. Note de M. A. Bouzat.
« J'ai montré (Comptes rendus, t. GXXXVl, p. iSgS) que les courbes de
dissociation du groupe sol;;^sol 4- gaz se déduisent les unes des autres
d'après une loi simple : le rapport des températures absolues correspon-
dant à une même pression dans deux systèmes quelconques du groupe
reste constant quelle que soit la pression. La vaporisation et la sublimation
ont été souvent rapprochées de la dissociation ; il est naturel de comparer
les courbes de sublimation aux courbes de dissociation des systèmes
sol l^sol H- aaz.
(•) Théorie mécanique de la chaleur, 3" édition, p. 435.
('^) Zeitschrift des Vereins deutscher liigenieure, numéro du 17 mai 190-2. —
Rullelin de la Société dea Ingénieurs civils de France, numéro de juillet 1902, p. i43.
176 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Je n'ai pu trouver qu'un petit nombre de corps solides dont les pres-
sions de vapeur aient été déterminées dans un assez grand intervalle : ce
sont l'acide carbonique (*), le sulfure acide d'ammonium et le carbamate
d'ammonium (^). Les courbes de sublimation de ces trois corps sont assez
exactement reliées aux courbes de dissociation du groupe sol j^ sol -H gaz
. T
par la loi =^ = const. Pour faire la comparaison, je prendrai comme coin-
^ A
posé dissociable le corps AgCI,3AzH% dont les pressions ont été mesurées
par Isambert et corrigées au-dessous de 1 100™™ par M. Jarry.
Comparaison des courbes de sublimation de C0% AzH^S, CO^Az'H^ avec la courbe de dissociation de AgCl,3AzH\
AgCl,3AzH3
CO'.
Pressions.
Temp. abs.
Temp. abs.
Bappurt
mm
0
0
1000. .
297
195,4
0,658
1800. . .
307,8
203,I
0,660
2800.. .
3i7
209,5
0,661
35oo. . .
321,4
2i3,6
0,665
AgCI,3AzlP. AzH5S.
Pressions. Temp. abs. Temp. abs. Rapport.
AgCl,?.AzH3. CO'Az^Hs.
Pressions. Temp. abs. Temp. abs.
mm
3oo.. .
0
274,8
0
290,4
1 ,057
mm
3oo. . .
274,8
3i3°4
5oo.. .
282,8
299
I ,o57
5oo. . .
282,8
322,6
700.. .
288,8
3o4
I ,o53
700...
288,8
329
000. . .
295,3
3lO,2
I , o5o
1000.. .
295,3
334,9
Rapporl.
I,l4o
I,l4l
1,139
I,l34
» Quoique peu nombreux, ces exemples paraissent suffisants pour ad-
mettre que les relations signalées précédemment à propos des courbes
sol::2^sol -f- gaz sont aussi vérifiées par les courbes sol :J gaz. Les courbes
sot^sol H- gaz et les courbes sol :^ gaz se déduisent les unes des autres
T
d'après la loi y^ = const. Il est facile de montrer, en appliquant la formule
de Clapeyron, que cette proposition est équivalente à une autre : la varia-
lion d'entropie correspondant au passage d'une molécule de l'état solide
à l'élat gazeux sous une pression déterminée a la même valeur dans tous
les systèmes sol ;^ sol + gaz et sol ;J gaz; M. Berthelot a fait voir les con-
séquences que l'on peut tirer de semblables remarques (Thermochimie,
t. I, chap. I, § 4). »
(' ) Faraday.
(^) Isambert, Comptes rendus, t. XCII, p. 919 et t. XGIII, p. 781. Les vapeurs de
sulfure acide et de carbamate d'ammonium sont dissociées ; mais, comme la disso-
ciation est complète (Isambert, Comptes rendus, t. XCV, p. i355 et t. XCVl,
p. 3/40), le nombre de molécules gazeuses mises en liberté ne varie pas avec la tem-
pérature.
SÉANCE DU 20 JUILLET T9o3. i^'j
ÉLECTROCHIMIE. — Sur la loi de recombinaîson des ions. Note
de M. P. Langevix, présentée par M. Mascart.
« I. Les gaz rendus conducteurs de l'électricité justifient, par toutes
leurs propriétés, rhvpothèse que les charges disponibles y sont portées
par un nombre fini de centres électrisés ou ions, les uns positifs, les autres
négatifs, avant tous une même charge égale en valeur absolue à celle que
transporte un atome monovalent dans l'électrolyse.
)) Ces ions participent au mouvement général d'agitation thermique des
molécules du gaz, et le déplacement moyen de chacun d'eux, nul en
l'absence d'un champ électrique extérieur, s'effectue dans le champ X avec
la vitesse k^ X dans le sens des lignes de force pour les ions positifs, et ^^X
dans le sens opposé pour les ions négatifs. Les coefficients de proportion-
nalité k^ et ^2 sont les mobilités des ions des deux signes.
» L'attraction mutuelle des ions de signes contraires provoque une
recombinaison progressive des charges qu'ils transportent.
» Si /? et /i sont les densités en volume des charges portées par les ions
positifs et négatifs, la recombinaison obéit à la loi
dp du
a est le coefficient de recombinaison indépendant du champ qui existe dans
le gaz.
» J'ai montré antérieurement ( ' ) que l'expression
47r(A-i-+- A-,)
représente le rapport du nombre des recombinaisons au nombre des collisions
entre deux ions désignes contraires. L'expérience vérifie que, conformément
à cette signification, le rapport s est toujours plus petit que l'unité et
tend vers cette valeur quand la pression du gaz augmente.
» II. J'ai pi^, en suivant de plus près, du point de vue cinétique, le
mécanisme de la collision, montrer que le rapport s doit, aux faibles
pressions, varier proportionnellement au carré de la pression; et j'ai vérifié
(*) Ann. de Chini. et de Phys., 7^ série, t. XXVIII, p. l^Zj .
G, R., 1903, li» Semestre. (T. CXXXVII, N» 3.) ^4
1^8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
que les résultats de mesures publiées antérieurement (') sont en accord
avec cette conclusion.
» La collision proprement dite entre deux ions de signes contraires
commence au moment où, après un dernier choc contre les molécules
neutres du gaz, les deux ions en présence peuvent graviter librement l'un
autour de l'autre en décrivant des coniques. Soit r^ leur distance moyenne
au moment du dernier choc contre une molécule neutre : cette distance
est de l'ordre du chemin moyen d'un ion et varie en raison inverse de la
pression.
» J'admets que la recombinaison a lieu lorsque, dans leur mouvement rela^
tij, les centres des deux ions au moment du périhélie se trouvent à une distance
inférieure à une quantité donnée <s. Si, par exemple, la recombinaison a lieu
quand les deux ions viennent effectivement en contact, la distance <3 est la
somme des rayons des agglomérations de molécules neutres autour d'un
centre chargé qui constituent les ions.
» Le rapport du nombre des orbites relatives qui satisfont à cette condi-
tion au nombre total des collisions fournit le rapport £.
)) Si e est la charge d'un ion, W son énergie cinétique moyenne, fonction
seulement de la température, on obtient pour le terme principal dans la
valeur de £ aux basses pressions
(i) m(i +
e"
t2
^^\ J ri'
m est un coefficient numérique voisin de ^ fourni par la théorie cinétique.
» La seule quantité variable avec la pression étant r^, l'expression (i)
est proportionnelle au carré de la pression.
)) IIL Le Tableau suivant montre que les valeurs expérimentales de e
pour l'air et le gaz carbonique satisfont bien à cette condition que le quo-
tient — reste constant aux pressions inférieures à la pression atmosphérique :
Air. CO-.
p
en
atm.
p''
Oi
,20
0.
,01
0,
25
O;
.49
0
,06
0,
25
I
0.
>27
0,
27
p en atm.
'•
F"
o,5o
0, i3
0,52
0,74
0,27
o,5o
I
o,5i
o,5i
» De plus, il est remarquable que l'expression (i) peut être calculée au
(') Loc. cit., p. 483.
SÉANCE DU 20 JUILLET igoS. jng
moyen des données relatives aux grandeurs moléculaires et qu'elle fournit
un résultat de l'ordre des valeurs expérimentales trouvées pour £.
)) e, charge d'un ion, est voisin de 4x lo"'" unités électrostatiques C. G. S.;
le quotient ^^ est connu en toute certitude : en effet, si cr est la pression du
gaz, M le nombre des molécules par unité de volume, la théorie cinétique
donne
et les lois de l'électrolyse, à la température ordinaire,
1,3 X lo^'cT = Me,
d'où, par division,
W
W =^'87 X lo^
<î pris égal à la somme des rayons de deux ions est de l'ordre lo""' ; /o pris
égal au chemin moyen d'un ion est, dans l'air sous les conditions normales,
voisin de IO~^ D'où pour l'expression (i), en prenant m = -.;,
£ = 0,20,
nombre tout à fait d'accord avec la valeur expérimentale 0,27.
)) IV. En combinant la loi que nous venons d'obtenir avec la loi de pro-
portionnalité inverse des mobilités k, et ^2 à la pression, on obtient ce
résultat que, aux pressions inférieures à la pression atmosphérique, le coef-
ficient de recombinaîson a est proportionnel à la pression.
» Ce résultat, que j'ai indiqué en mars dernier dans le Cours de Physique
du Collège de France, a été utilisé par M. Ch. Nordmann pour obtenir les
intéressants résultats de Physique cosmique qui font l'objet d'une Note
récente (^ ). »
ÉLECTRICITÉ. — Essais sur la commutation dans les dynamos à courant
continu. Note de M. Iliovici, présentée par M. Mascart.
« Dans l'étude expérimentale de la commutation, il est intéressant
d'étudier les questions suivantes :
» 1° Variation de l'intensité du courant dans la section en court-circuit,
pendant la durée de la commutation.
(*) Comptes rendus, t. CXXXYI, i5 juin igoS, p. i43o.
l8o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» 2° Variation de la force électromotrice induite dans la section.
» 3° Variation de la chute de tension entre un balai et une lame du col-
lecteur, pendant le temps où la lame touche le balai.
» 4° Variation de la chute de tension entre un balai et le collecteur, le
loni^ du balai, pour une position déterminée du collecteur (et cela pour
plusieurs positions de celui-ci).
» Ces questions doivent être étudiées pour divers régimes de fonction-
nement de la dynamo : en faisant varier la vitesse de rotation, la position
et la pression des balais, l'excitation, l'intensité du courant extérieur, etc.
» Les expériences ont été faites sur une dynamo tétrapolaire de 20 kw.,
1 10 volts, 900 t. /m., enroulement tambour imbriqué; un balai couvrant
deux lames.
)) i*^ J'ai indiqué, dans une Note précédente ( ' ), deux méthodes pour la
mesure de l'intensité.
M 2° Pour étudier la variation de la force électromotrice induite dans
la section étudiée, je relève, par la méthode Joubert, la force électromo-
trice induite dans la bobine de fil fin dont j'ai parlé dans la Note citée.
C'est très approximativement la force électromotrice induite dans la
bobine de l'induit.
» Il résulterait des courbes obtenues que le terme L-^- -{-iM-j-y qui
provient du flux de self-induction et d'induction mutuelle, joue un rôle
prépondérant, lorsque la dynamo est parcourue par un fort courant.
» 3*^ Pour étudier la variation de la chute de tension entre un balai et
une lame du collecteur, on relie la lame à une bague sur laquelle frotte un
balai, et l'on relève par la méthode Joubert la courbe de différence de
potentiel entre ce balai et le point du balai de la machine le plus rapproché
du milieu de la lame considérée.
» J'ai obtenu des courbes pour diverses positions des balais. Lorsque
les balais sont dans la ligne neutre, en faisant varier l'intensité du courant
dans la machine, la chute de tension, qui ne varie pas beaucoup pour les
positions pour lesquelles la lame est couverte en entier par le balai,
augmente rapidement à la sortie delà lame de sous le balai, avec l'augmen-
tation du courant, c'est-à-dire avec la tendance à la production d'étin-
celles (-).
(*) Séance du 22 juin 1908.
(-) A l'entrée la chute de tension diminue d'abord, puis change de signe et augmente
en valeur absolue.
SÉANCE DU 20 JUILLET igo3. 181
» En déplaçant les balais, les chutes de tension à l'entrée et à la sortie
varient dans le sens contraire : la chute de tension à la sortie diminue
lorsqu'on avance les balais dans le sens de rotation de la machine. Le
contraire arrive lorsqu'on déplace les balais dans le sens contraire.
» 4** Pour obtenir la distribution de la chute de tension sous le balai
pour une position déterminée du collecteur, on emploie la méthode sui-
vante :
)) Un petit balai très mince est monté sur une couroiuie graduée et frotte
sur le collecteur. Ce balai et le point du balai de la machine le plus
rapproché de son point de contact avec le collecteur sont réunis aux balais
d'un contact tournant. Si l'on donne à ces balais une position fixe et que
l'on déplace le balai auxiliaire le long du collecteur en face du balai de la
machine, on relève, à l'aide du contact tournant la courbe de la chute de
tension sous le balai pour une position déterminée du collecteur.
» En donnant aux balais du contact tournant une série de positions, on
obtient une série de courbes qui nous montrent la distribution de la chute
de tension entre balai et collecteur pour une série de positions de celui-ci.
Pour les positions intermédiaires on obtient les courbes par interpolation.
» Ceci nous donne encore une méthode pour l'étude de la variation de
l'intensité du courant dans une spire en court-circuit, méthode plus longue
et moins précise que les précédentes, mais qui a l'avantage delà simplicité
du montage. De plus elle nous donne l'intensité du courant au même
instant dans toutes les bobines court-circuitées en même temps.
» En effet, par l'application des lois de Kirchhoff, on arrive à la for-
mule 1 = 1—1 ^ds, ou i=l — l I %dx, /étant la longueur d'une lame
couverte par le balai, x^ l'arc de la circonférence du collecteur entre
l'entrée du balai et la fin de la dernière lame qui précède la spire en court-
circuit parcourue par le courant i, I le courant dans une branche de
l'induit, et S la densité sous le balai au point situé à la distance x de l'entrée
du balai pour la position considérée du collecteur.
» Or, on a e = « -h b^, e étant la chute de tension entre balai et collec-
teur au point où la densité est S, «et 6 des constantes faciles à déterminer.
» On a donc
^{"('■-■«M*- (')■
(*) Voir aussi : Arnold, Untersuchung der Kommutation {Electrotechnische
Zeitschrift an 18 juin 1908).
l82 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» La courbe de i peut donc se déduire des courbes données par la
méthode l\°.
» On peut aussi déduire i des courbes données par le point 3**. »
OPTIQUE. — Influence de la température sur le dichroïsme des liqueurs
mixtes et vérification de la loi des indices. Note de M. Georges Meslix,
présentée par M. Mascart.
« Parmi les liqueurs que j'ai signalées comme présentant le dichroïsme
dans le champ magnétique, ou seulement sous l'influence de la pesanteur
(dichroïsme spontané) (*), il y en a un certain nombre dans lesquelles le
liquide a un indice qui ne dépasse que d'une très faible quantité (0,02 par
exemple) l'indice moyen du solide; ces liqueurs m'ont paru éminemment
propres à fournir une vérification de la loi des indices, en vertu de laquelle
le siai^ne du dichroïsme change avec le signe de la différence des réfringences
des deux corps en présence. En effet, une élévation de température agit
différemment sur les indices du solide et du liquide que l'on associe, atténue
plus fortement ce dernier et peut le rendre inférieur à l'indice du solide,
auquel cas il devra y avoir changement du signe du dichroïsme.
» Cette circonstance se présentera en particulier pour le sulfate de potasse associé à
la benzine, cas dans lequel les différents éléments sont connus et permettent de faire
exactement le calcul.
» Les divers indices du sulfate de potasse, relatifs à la raie D, sont compris entre
1,4973 et 1,4935; le coefficient de variation, sous l'influence de la température, est
égal en moyenne à — 0,00002 (^); si nous produisons une élévation de température de
4o° (entre 20° et 60°), les indices diminuant de 0,0008 seront compris entre 1,4966
et 1 ,4927 ; d'autre part, la benzine, dont l'indice à 20° est i , 5oo et dont le coefficient
de variation est bien plus considérable (—0,0006) présente, dans ce même intervalle
de température, une diminution égale à 0,024 ; son indice devenant 1,476, le liquide
est moins réfringent que le sel et le dichroïsme doit changer de signe. J'ai constaté, en
effet, que cette liqueur, qui présente à la température ordinaire le dichroïsme positif,
devient négative si on la chauffe, au bain-marie, à 60°; par le refroidissement graduel,
elle devient d'abord inactive, puis enfin positive.
» Les nombres que l'on vient de donner pour les coefficients de varia-
tion par la température se retrouvent, à très peu près, pour les différents
liquides et solides; les coefficients des liquides sont toujours voisins de
(*) Comptes rendus, séances du i5 juin et du 29 juin.
(2) TuTTON, J. of chem. 5oc.,t. LXV, 1894, p. 663.
SÉANCE DU 20 JUILLET igoS. l83
— o,ooo5, ceux des solides se rapprochent de — o,oooo3 et sont générale-
ment de i5 à 3o fois plus petits que les premiers : le calcul précédent peut
donc être reproduit dans un grand nombre de cas et il permet de prévoir
une inversion, toutes les fois que l'indice du liquide ne dépassera pas de
plus de 0,02 celui du solide à la température ordinaire.
» L'expérience m'a donné, en effet, les résultats suivants :
Signe
du dichroïsme
à 20°. à 60°.
Borate de soude et Essence de térébenthine. . . — +
1 ,47 à 1,446 1,469
Sulfate de nickel et Benzine — -+-
1,492 à 1 ,467 I ,5oo
Sulfate de nickel et Toluène — +-
1,492 à 1,467 1,495
Sulfate de potasse et Benzine -+- —
1,497 à 1,493 i,5oo
» Si la différence des indices atteint ou dépasse 0,02, il y a seulement afTaiblisse-
ment du dichroïsme; on observe ce phénomène avec
Signe du dichroïsme
à 20°. à 60°.
Sulfate de zinc et Benzine -+- 4- (plus faible)
1 ,4s à 1 ,46 1 ,5oo
Sulfate de zinc et Toluène + 4- (plus faible)
1 , 48 à 1 , 46 1 , 49,5
Chlorate de potasse et Benzine -f- + (plus faible)
entre i ,47 et j ,45 1 ,5oo
Sulfate de fer et Toluène + (faible) inactif
I ,480 et I ,471 I ,495
» Ce phénomène se produit aussi bien dans le cas du dichroïsme spontané que dans
celui du dichroïsme magnétique:
Signe du dichroïsme
à 20°. à 60°.
Spon- Magné-
tané. tique. Spontané. Magnétique.
Acide borique et Essence de térébenthine. . h- — + (plus faible) — (plus faible)
< 1 , 44 1 , 469
Acide borique et Pétrole + — + (plus faible) — (plus faible)
<i,44 1,44
Acide borique et Chloroforme -h — -h (plus faible) — (plus faible)
<i,44 1,44
l84 ACADÉMIE DES SCIENCES.
)) Il peut même arriver qu'une liqueur soit iuactive à la température ordinaire par
suite d'une difTérence trop faible entre les indices et qu'elle devienne dichroïque à
chaud par suite d'un écart réalisé entre les réfringences; en voici un exemple :
Signe du dichroïsme
à 20°. à 60°.
Spon- Magné- Spon-
tané, tique. tané. Magnétique.
Carbonate de potasse et Essence de térébenthine.. Inactif Inactif + -h (plus énergique)
entre 1,469 et 1,44^ ^ A^9
)> J'ai étudié de la sorte tons les cas qui pouvaient donner lieu à de telles
modifications et chaque fois le résultat s'est trouvé d'accord avec celui que
l'on pouvait prévoir par la règle des indices. Il est donc naturel d'attribuer
ces inversions aux changements de sens des réfringences plutôt qu'à une
modification des constantes magnétiques qui aurait pu être considéré
comme la cause du phénomène dans un cas isolé. »
PHYSIQUE. — Sur la spectrophotomélrie photographique.
Note de M. C. Camichel, présentée par M. J. Violle.
« a. Homogénéité des plaques photographiques du commerce. — J'ai
étudié cette question sur un très grand nombre de plaques au gélatino-
bromure d'argent. Le dispositif employé est le suivant, il a été indiqué
pour la première fois par M, Bonasse (*) dans son Mémoire sur les actions
photographiques (^Annales de la Faculté des Sciences de Toulouse, 1 894)-
» Une source de lumière (lampe de Nernst), maintenue constante, éclaire la fente
d'un spectroscope à 3 prismes de flint. La radiation étudiée est isolée au moyen d'une
fente de 8"™ X i™"%5 percée dans un écran métallique mince. Derrière cette fente se
trouve la plaque photographique, placée sur un chariot micrométrique. Sur cette
plaque je fais une série d'impressions, dont les centres sont séparés par 2'"™. La durée
de pose est maintenue invariable.
» La plaque photographique développée, fixée et séchée est replacée sur le même
chariot micrométrique ; une lentille convergente forme, au centre d'une impression
photographique, une image réelle y (o'""^, 3 x 5™™) du filament rectiligne d'une lamjDe
de Nernst. Une deuxième lentille forme sur une pile thermo-électrique linéaire une
image réelle de/. La pile thermo-électrique est reliée à un galvanomètre. En tournant
la vis micrométrique, j'étudie la transparence des impressions photographiques pour
(*) Je tiens à remercier tout particulièrement M. Bouasse, qui a mis à ma disposi-
tion plusieurs appareils qu'il avait utilisés dans ses recherches sur la Photographie.
SÉANCE DU 20 JUILLET 1903. l85
des points rigoureusement homologues, ce qui est essentiel, étant donnée la variation
de la sensibilité du gélatinobromure avec la longueur d'onde de la radiation qui l'im-
pressionne.
» En éliminant avec soin toutes les causes d'erreur, sur lesquelles il serait trop long
d'insister, j'ai trouvé que les plaques photographiques du commerce possèdent, en
général, une homogénéité remarquable; par exemple, pour les plaques Lumière,
marque bleue, en désignant par a et a' les impulsions galvanométriques qui mesurent
les transparences de deux photographies séparées par une dislance comprise entrée
cm
et 3'^'°, je trouve < 7; — pour 90 pour 100 des plaques étudiées.
000
» b. Le produit de l'intensité I de la lumière par le temps de pose t est
maintenu constant. — J'ai vérifié que dans ces conditions l'impression pho-
tographique diminue quand le temps de pose augmente.
» Voici quelques nombres :
Intensités
en unités Durée de Déviation
arbitraires. pose. galvanométrique.
luimile
3 I 61,0
1,5 2 66 , 1 5
1 3 71,8
0,75 4 80,2
o,5o 6 90^7
» Les méthodes photométriques qui supposent l'impression photographique
constante, quand on maintient I^ invariable, sont donc complètement inexactes.
» c. Méthode spectrophotométrique . — Pour comparer les intensités I et Y
de deux radiations de même longueur d'onde, j'emploie la méthode sui-
vante ( ' ) :
» Sur une même plaque photographique, je fais, à des époques régulièrement
espacées, une série d'impressions photographiques correspondant toutes à la même
durée de pose et à des intensités
I, KJ', I, K,r, I, ...
» Le cliché développé est étudié à la pile thermo-électrique. Soient a^, y..,, a,, . . .
les impulsions du galvanomètre, qui mesurent la transparence des diverses impressions
(*) Cette méthode n'exige pas que la source de lumière soit constante, mais varie
d'une façon continue avec le temps. De même, la plaque photographique peut avoir
une hétérogénéité continue.
C. R., ic)o3, 2" Semestre. (T. CXXXVII, N« 3.) ^5
l86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
photogi'aphiques. Je construis deux courbes ayant pour abscisses l'une et Fautre les
diverses positions de la plaque photographique et, comme ordonnées, l'une les dévia-
tions correspondant aux impressions impaires, l'autre les déviations correspondant
aux impressions paires. La première de ces courbes permet de se rendre compte des
variations de la lampe et des défauts dhomogénéité de la plaque. Les deux courbes se
coupent en un point A, correspondant à une certaine position p de la plaque photo-
graphique. Soit ai=r/(I, p) la fonction qui représente la variation de la transparence
des impressions photographiques avec l'intensité I de la radiation et la position p de
la plaque. Pour le point A,
f{\,p)r=f{kV,p),
ce qui donne
» Les variables k ei p sont d'ailleurs liées par une relation simple, linéaire en
général, et que l'expérimentateur choisit arbitrairement.
» d. Du degré de précision de /a TTiéthode précédente. — Pour déterminer
les conditions les meilleures de l'expérience, j'étudie la courbe a = 9(1)»
la pose étant invariable; la plaque choisie est homogène. Cette courbe
présente un point d'inflexion qui correspond à l'intensité dont les varia-
tions s'apprécient le mieux.
» Voici un exemple :
» X^oi^jSSg; pose : 2 minutes; plaque Lumière, marque bleue.
I.
Intensités
en a.
unités Déviations
arbitraires. galvanométriques. I. et.
3oo 16 laS i5o,5
276 20 1 00 2o4
260 26 75 268
325 34. 5o 820
200 48 25 348
175 71 o 36o
i5o 108,5
» Les nombres précédents indiquent que, dans la région du point d'inflexion,
, . dl i
a aa^ri™"» correspond -r- =: :
^ 1 222'
c'est-à-dire qu'une variation de y|-7 de l'intensité de la radiation se traduit par un
changement dans la déviation galvanométrique de i division (').
(') Les divisions de l'échelle du galvanomètre sont de i'"'"; il est facile d'apprécier
le quart de division.
SÉANCE DU 20 JUILLET igoS. 187
» La précision des mesures est limitée seulement par les variations cV inten-
sité des sources de lumière à comparer. — Si l'intensité des radiations étu-
diées est trop faible, pour que les mesures correspondent à la région du
point d'inflexion, il faudra voiler préalablement la plaque ('). »
CHIMIE. — Réactions cataly tiques diverses fournies par les métaux ; influences
activantes et paralysantes. Note de M. A. Trillat, présentée par
M. Armand Gautier.
« L'emploi du platine et du cuivre m'a fourni l'occasion de faire quelques
observations intéressantes sur les différentes manifestations chimiques que
le contact de ces métaux peut provoquer et sur les influences activantes
ou paralysantes qu'ds peuvent subir.
» Action oxydante. — Le ptaline et le cuivre se prêtent très bien à l'oxydation des
alcools en présence de l'oxygène. J'ai anciennement conseillé l'emploi de cuivre pour
la fabrication de l'aldéhyde formique (^); la préparation de l'aldéhyde acétique
réussit également par le même procédé, comme je l'ai aussi indiqué.
» Action déshydrogénante. — J'ai décrit, eri 1891, plusieurs expériences démon-
trant qu'en l'absence d'oxygène les vapeurs d'alcools éthylique ou méthylique, en pas-
sant dans mon appareil (*) sur le fil de platine incandescent, donnaient les aldéhydes
correspondantes. Le remplacement de platine par le cuivre fournit aussi les mêmes
résultats : loo'^'"' de chacun de ces alcools ont respectivement donné 4)8 pour 100 et
5, 2 pour îoo d'aldéhyde éthylique et méthylique. C'est une véritable déshydrogénalion
comme l'a fait observer M. Sabatier qui a fait une étude si complété de la déshydro^
génation catalytique.
» Action de condensation. — La condensation de deux molécules d'alcool avec une
d'aldéhyde se fait aisément en présence du platine et du cuivre.
» En faisant passer dans mon appareil un mélange de vapeurs d'alcool méthylique et
d'aldéhyde formique, on obtient des quantités abondantes de méthylal d'après la
réaction
CH'-O + 2CH3 0H = CW-{C\\HJf+\VO.
» Cette formation de méthylal est à rapprocher de la méthode de préparation des
acétals méthyléniques que nous avons publiée, M. Cambier et moi (^), et qui démontre
(') C'est un procédé analogue à celui qui consiste à employer dans les relais des
électro-aimants polarisés.
(^) Dictionnaire de Wurtz, q." supplément : article Formaldéhyde.
(^) Bulletin de la Société de Chifnie, 1902, p. 797.
(*) Bulletin de la Société chimique, 1894. p. 749-
l88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
que cette classe de combinaisons chimiques se produit facilement sous l'influence de
traces d'un agent catalytique.
» Action de saponification. — En faisant 'passer des vapeurs de méthjlal humide
sur la spirale incandescente de platine ou de cuivre, on trouve, dans les produits de
condensation, de l'alcool méthylique et de l'aldéhyde formique libre. Cette décompo-
sition a lieu en présence d'une molécule d'eau :
^^KoCh' + H^O = CH^O + 2GH30H.
» Obtenu dans un essai : 3s, 2 d'aldéhyde formique et 3«, 8 d'alcool méthylique.
» L'acétate d'éthyle et le bromure d'éthyle sont facilement saponifiés sous l'in-
fluence de platine ou de cuivre incandescent. Dans le cas de l'acétate d'éthyle, la
spirale de platine, ou de cuivre, reste incandescente pendant toute la durée de l'opé-
ration.
» On peut encore ajouter que l'influence catalytique se manifeste avec phénomène
d'incandescence sur d'autres combinaisons comme l'éther et l'acétone qui fournissent
de l'aldéhyde acétique et de l'aldéhyde formique accompagnées d'acide acétique. Cette
décomposition a lieu par rupture de la molécule :
C^H^O-ic^H^ et CH^CO.:CFP.
» Réversibilité. — En faisant passer des vapeurs de trioxyméthylène humide sur la
spirale incandescente, j'ai obtenu du méthylal (2S, 3 pour 100 du poids de trioxymé-
thylène dans un cas). Or, la formation du méthylal ne peut s'expliquer que par celle
de l'alcool méthylique comme produit intermédiaire.
» Superposition des actions cataly tiques. — Comme exemple de superposition
des actions que je viens de signaler je citerai le cas de la diméthylaniline qui fournit,
après passage sur la spirale, une quantité notable de base tétraméthylée :
CH.[C»H>A./CH=]'.
Or, la formation de cette base implique : i" l'oxydation du résidu CPP ; 2° la conden-
sation de deux molécules de diméthylaniline avec l'aldéhyde formique. J'ai même pu
caractériser la présence d'une petite quantité de leucobase, ce qui impliquerait en
outre une nouvelle oxydation et condensation.
» Influences paralysantes et activantes. — Voici quelques observations que j'ai
faites au cours de mes essais sur le cuivre. Le cuivre rouge, neuf, est impropre à la
bonne marche de l'oxydation des vapeurs d'alcools : il est nécessaire de le cuire dans
la flamme d'un Bunsen de manière à faire naître à sa surface une légère couche d'oxyde.
L'activité du cuivre augmente avec l'usage, du moins dans le cas des alcools : il devient
alors friable et la poudre qui en résulte est quelquefois douée de propriétés voisines de
celles de la mousse de platine. Dans un cas, cette poudre chaufî'ée à io5° a pu
enflammer des vapeurs d'alcool éthylique. On peut observer aussi qu'une spirale de
cuivre, amorcée pour l'oxydation des vapeurs d'un alcool, se désaiîiorce lorsque l'on
change la nature de l'alcool. Il y a donc là comme une sorte d'accoutumance.
SÉANCE DU 20 JUILLET igoS. 189
» La présence de certains métaux ou sels favorise l'action catalvtique du cuivre-
d'autres la diminuent ou l'empêchent même, en opérant dans des conditions iden-
tiques. C'est ainsi que la présence du palladium, du platine, du fer, du plomb, du
zinc, de l'arsenic et du soufre modifient les propriétés oxydantes du cuivre, les uns
comme le platine activant les oxydations, les autres comme le plomb, le soufre et l'ar-
senic, les diminuant. De même, la présence d'une impureté dans les vapeurs du produit
traité, diminue ou augmente les rendements de l'opération.
» Oïl voit que l'action cataly tique des métaux est très complexe au point
de vue des réactions comme au point de vue du catalysme. »
CHIMIE. — Sur Vacide ferrisulfurique et le ferrisulfate d'éthyle.
Note de M. A. Recoura.
« Dans une Note précédente (Comptes rendus, 6 juillet igoS), j'ai montré
que le sulfate ferrique se combine très facilement avec l'acide sulfurique,
dans les conditions les plus variées, en donnant naissance à un composé
solide Fe-0%3SO',SO'*H-,8H-0 que j'ai appelé acide ferrisulfurique.
Scharizer {Zeit. Kryst. Min., t. XXXV), qui a déjà obtenu ce composé dans
des conditions particulières, le considère comme un sel à la fois basique et
acide auquel il attribue la constitution Fe-(OH)-(SO''H)%6H-0.
)) Contrairement à cette manière de voir, je me propose de montrer
qu'il se comporte comme un acide bibasique, analogue à l'acide chromo-
sulfurique. J'ai fait voir, il est vrai, que, contrairement à ce qui a lieu pour
l'acide chromosulfurique, ce composé est immédiatement détruit par l'eau
et transformé en un mélange de sulfate ferrique et d'acide sulfurique libre.
On ne peut donc songer à préparer ses sels. Mais je vais faire voir qu'on
peut préparer ses éthers.
» Ferrisulfate d'éthyle. — J'ai préparé le ferrisulfate d'éthyle de la façon suivante :
on dissout 20? d'acide ferrisulfurique dans 200^ d'alcool à 96'^ à l'ébullilion. On obtient
ainsi une liqueur brune, qu'on abandonne pendant plusieurs mois dans un flacon
bouché. Si on l'évaporé alors dans le vide absolument sec, on obtient une matière
solide, jaune, friable, dont la composition est exprimée par la formule
Fe^O^, 3SOSSO*(G2H')2-f-4H2 0 (').
C'est le ferrisulfate neutre d'éthyle. Je vais justifier cette formule par l'étude des pro-
priétés de ce composé.
(1) Trouvé Fe^ 0^=1 80^ = 4 C^H«0 = 2,02 H20 = 4,o4
190 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Si on le dissout dans l'eau, on le dédouble en sulfate ferrique et sulfate neutre
d'éthjle; celui-ci se dédouble d'ailleurs lui-même immédiatement, ainsi qu'on le sait,
en acide sulfovinique et alcool. La dissolution obtenue se comporte en effet comme un
mélange de :
Une molécule Fe^O^ 3S0'; une molécule SO^HG^H^; une molécule C^H^O.
» Cela résulte des faits suivants :
» 1° La dissolution neutralisée est soumise à l'ébullition. Dans le liquide distillé, on
trouve une molécule d'alcool (trouvé : 1,02);
» 2° La dissolution titrée acidimétriquement accuse une acidité correspondant
à 3™°^5 d'acide sulfurique (trouvé : 3,5), ce qui correspond bien au mélange
Fe^0^,3S0^-|- SO^HC^H*. On sait, en effet, que l'acide sulfovinique n'est pas détruit
par les alcalis.
)) 3" La dissolution étendue, titrée par le chlorure de baryum, n'accuse que 3'"°^
d'acide sulfurique précipitable. On sait, en effet, que l'acide sulfovinique n'est j)as
précipité par le chlorure de baryum.
» J'ajouterai que le produit solide, maintenu sur un bain-marie pendant 48 heures,
est complètement saponifié; il abandonne la totalité de l'alcool qu'il renferme, et un
titrage acidimétrique y décèle alors 4""°^ d'acide sulfurique, au lieu de 3,5 que l'on
trouve dans la dissolution du produit non chauffé. Tous ces faits justifient pleinement
la formule que j'ai adoptée.
» 11 est à noter que cet éther est beaucoup moins stable que l'acide sulfovinique. Si
on le maintient dans une atmosphère absolument sèche, on peut le conserver indéfini-
ment inaltéré. Mais, si on le conserve dans une atmosphère qui n'est pas absolument
sèche, au bout de quelques jours il est saponifié par la vapeur d'eau, transformé en
acide ferrisulfurique et le titrage acidimétrique y décèle alors 4™°^ d'acide sulfurique.
Par contre, exposé à une atmosphère très humide, il tombe en déliquescence très
rapidement, et il est alors, non pas saponifié, mais dédoublé par l'eau en sulfate fer-
rique, acide sulfovinique très difficilement saponifiable, et alcool; et le titrage acidi-
métrique n'accuse plus alors que 3'""^, 5 d'acide.
» Ces faits prouvent bien que ce composé n'est pas une combinaison de
sulfate ferrique, d'acide sulfovinique et d'alcool, mais bien un éther neutre
de l'acide ferrisulfurique.
)) L'existence de cet éther caractérise bien la combinaison de sulfate
ferrique et d'acide sulfurique comme un acide bibasique à radical com-
plexe, analogue à l'acide chromosulfurique.
» Action de la chaleur sur V acide ferrisulfurique . — L'action de la chaleur
sur l'acide ferrisulfurique Fe"0% 3S0\S0''H-, 8H-0 fournit des rensei-
gnements intéressarits sur la constituLiou de ce composé.
» Chauffé entre 80° et 100°, il perd 6H^0; jusqu'à i35°, il n'éprouve aucune nou-
velle perte d'eau. Mais, à cette température, il perd simultanément SO^H^-i-aH^O
et se tranforme en sulfate ferrique anhydre. Ce fait semble indiquer que ces deuxder-
SÉANCE DU 20 JUILLET 1903. iqi
nières molécules d'eau sont de l'eau de constitution et font partie intégrante de la
molécule de l'acide.
» Cela est confirmé par le fait suivant : l'acide ferrisulfurique solide, délayé dans
de l'acide siiifuriqiie concentré et chaufTé à 25o°, se transforme en sulfate ferrique
anhydre au sein de l'acide sulfurique. On est en droit d'en conclure que le sulfate
ferrique ne peut pas se combiner avec l'acide sulfurique. ce qui confirme bien l'hypo-
thèse précédente.
» On doit donc représenter l'acide ferrisulfurique par la formule
Fe^'O', 3S0% SO^H^ 2H=^0 h- ôH^O.
Tandis que ce composé se dissout immédiatement dans l'eau, le composé
à 2H^O ne s'y dissout que lentement. Mais les deux dissolutions ont des
propriétés identiques.
» Production cV acide ferrisulfurique par action de l'acide chlorhydrique sur
le sulfate ferrique. — J'ai montré, dans la Note précédente, que l'acide sul-
furique se combine 1res facilement avec le sulfate ferrique; cette facilité de
combinaison est telle, que l'on obtient de l'acide ferrisulfurique dans des
circonstances tout à fait inattendues. J'ai fait voir dans des Notes anté-
rieures (21 juillet et 3 novembre 1902) que, quand on dissout le sulfate
chromique et le sulfate d'aluminium dans l'acide chlorhydrique bouillant,
cet acide déplace le tiers de l'acide sulfurique du sulfate et l'on obtient des
chlorosulfates CrSO'Cl et Al SO' Cl. Si l'on dissout de même le sulfate fer-
rique dans l'acide chlorhydrique bouillant, la dissolution dépose des cris-
taux d'acide ferrisulfurique et la liqueur renferme du chlorure ferrique.
Par conséquent, l'acide chlorhydrique a décomposé une portion du sulfate
ferrique, l'a transformé en chlorure ferrique, et l'acide sulfurique libéré
s'est combiné avec une autre portion du sulfate ferrique et l'a transformé
en acide ferrisulfurique. »
CHIMIE MINÉRALE. — Les bleus de Prusse et de Turnhull. Une nouvelle
classe de cyanures complexes. Note de M. P. Ciirétie.v, présentée par
M. A. Ditte.
« Les bleus de Prusse et de Turnbull ne sont ni des ferrocyanures ni des
ferricyanures.
» Bleu de Prusse soluble. — On lui attribue la composition FeCy^PeK ou Fe''Cy*'K.
La préparation de ce bleu est connue. On peut l'obtenir très pur en enlevant tous les
,Q2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
produits étrangers par dialyse. Dans ces conditions, il n'a pas la composition précé-
dente. Deux bleus solubles obtenus, l'un en liqueur franchement acide, l'autre
en milieu très peu acide, avaient pour composition ( Fe2Cy6)^KH, ôH^O et
(Fe-Cy«)^K*H,2oH'2 0.
» En solution, les bleus solubles donnent, avec les sels métalliques, des précipités
bleus. M. WyrouboffC), qui a préparé ces bleus insolubles à chaud, admet qu'ils
doivent être des sels correspondant à deux acides hypothétiques Fe^Gy'-H'^ et
Fe^Cy^^H*. J'ai préparé à froid le bleu correspondant au baryum; sa composition est
(Fe^Cy*)'^BaK2H^i5H2 0, et c'est à ce type que se rapportent tous les autres; leur
composition complexe résulte de la concomittance de deux réactions : la double
décomposition de la coagulation du colloïde.
» Bleu de Prusse insoluble. — Préparé en présence d'un excès de sel ferrique, sa com-
position est Fe"Gyi»,i3H-^0 qui s'écrit (Fe2Cy«)^Fe'", 1 3 H^O; c'est le sel ferrique cor-
respondant au bleu soluble. Il peut également avoir la composition plus complexe d'un
sel double (Fe^ CyS)'"Fe«K'«-^'^
» Bleu de Turnbull. — Sa composition est Fe5Cyl^8H^O ou (Fe-Cy«)^Fe",8H2 0,
c'est le sel ferreux correspondant au bleu soluble. Il existe également des sels doubles
(Fe2Cy«)'«Fe"K'"-2".
» Bleu soluble acide ou acide diferrocyanhydrique. — La décomposition
spontanée de l'acide ferricyanhydrique aux environs de 20° donne nais-
sance à un bleu soluble qui est l'acide auquel se rattachent les bleus pré-
cédents, sa composition est Fe^Cy''H,3H^0. La présence du brome active
beaucoup la réaction, il y a formation de bromure de cyanogène. Le pro-
duit coagulé redevient en grande partie soluble lorsqu'il a été puiufié par
dialyse.
» L'hydrogène uni au radical FeHly" ne résulte pas de l'analyse; il est
nécessaire, pour expliquer l'acidité du produit, la formation des sels cor-
respondants et surtout l'action des alcalis qui donne lieu à la réaction
suivante :
YeCf H + 4KOH = FeCy«K' + Fe(OH)« -+- H-0.
» Ce nouveau cyanure complexe se rattache immédiatement aux com-
posés décrits par MM. Étard et Bémond (^); l'acide ferrocyanhydrique
chauffé à l'abri de l'air leur a donné le composé Fe-Cy^H^ qui bleuit à l'air
en donnant le cyanure Fe^Cy"H et en particulier le sel d'ammonium
Fe^Cy«.AzH%3H^O.
)) Traité par les sels alcalins cet acide complexe donne par double décom-
(*) Wyrouboff, Annales de Chim. et de Phys., 5^ série, t. VIII.
(2) Étard et Bémond, Comptes rendus, t. LXXXIX.
SÉANCE DU 20 JUILLET Jgo'i. iqS
position, des sels acides; les chlorures de potassium et d'ammonium ont
donné les sels (Fe-C}''')-RH,6H-0 déjà décrits et (Fe-Cv«)-AzH\H, 6 H- O.
Le nitrate d'argent donne un bleu insoluble, mais il est du même type
(Fe=^Cy«)-Ag. H,7H-0.
» Les sels métalliques donnent une réaction plus complexe. A froid le
chlorure de baryum donne un bleu qui contient 3 pour 100 de baryum;
obtenu à chaud il n'en contient plus. Les sels de manganèse, de cobalt et
même de fer donnent des bleus insolubles dont la composition est iden-
tique à celle du bleu acide, il y a simple coagulation du colloïde.
» Cette coagulation a également lieu sous l'action de l'acide chlorhy-
drique. L'absence de double décomposition avec les sels métalliques est
conforme aux données rie la Thermochimie.
» Étude calorimétrique. — Celte étude a été faite en mesurant l'effet
thermique qui résulte de la décomposition du bleu par la potasse étendue.
Les différents cycles sont faciles à imaginer, les données correspondantes
ont été prises dans l'Ouvrage à M. Berthelot (' ).
» J'ai obtenu ainsi
Fe2Cy«H,3H-°Osol. +4K0Hdiss.
= FeCy«K^ diss. + Fe(OI[)^^ pr. h- 4IPO liq + 25<^='i,4
d'où il résulte
Fe2 4-Cy«+ H +3H20liq. =:Fe''Cy'H,3R'-0 sol +i22C«i,i5
» On a de même
Fe'Cyi», i3H'-OsoL + iaKOHdiss.
= 3FeCj''K^ diss. + 4Fe(OH)3pr. -M3H-0Iiq h- 89^»!, 19
d'eu
Fe'+ Cyi8+ I311--0 liq.:i^ Fe' Cy»», i3H20 sol +346^^1,5
» M. Berthelot a donné
Fe^ + Cy'«=Fe^Cyi«pr +348^^1, r
» Les bleus de Prusse solubles précédemment décrits ont donné
Fe^+Cy''-+K-H U + 611^0 liq. = (Fe2Cy')"'KH,6H2 0 sol. . +288^^1,64,
Fei» + Cy3o + K^+H + 2oH201iq.r-3(Fe2Cy«)''K«Il,2oH20sol. +795^^1,51.
» Ces nombres conduisent aux conclusions suivantes : si l'on désigne
(') Beiithelot, TkerinochunLc : Données numériques.
C. R., ujo3, ■>•' Semestre. (T. CXXXVII, N" 3.) 26
194 ACADÉMIE DES SCIENCE? .
par X- la chaleur de dissolution inconnue du bleu acide, la double décom-
position en présence du chlorure de potassium dégage (— 17,6 -h ixf"*^,
cenombreestcertaineinentpetitet, quelque soit son signe, la double décom-
position partielle a lieu. Mais il en est autrement avec les sels métalliques.
La formation du bleu de Prusse, par exemple, dégagerait — 29*^*^9; elle
n'a pas lieu, il v a simplement coagulation du bleu acide comme avec les
autres sels métalliques.
» Mais à partir des deux bleus de Prusse solubles pris à l'état solide, la
formation du bleu de Prusse insoluble dégagera — 3^'^\4> pour le premier
et + 8^*»^ pour le second. Ces nombres montrent l'influence du potassium
qui, grâce aux loi^^^ dégagées par son chlorure dissous, détermine le sens
de la réaction.
w On peut encore de ces données thermiques tirer une autre conclusion ;
en désignant par a la chaleur de formation de Fe^Cy'H, 3H^O à partir des
éléments, par h l'effet thermique correspondant au remplacement de
l'hydrogène par le potassium, et supposant que la complexité des bleus de
Prusse solubles résulte de la simple coagulation de l'acide avec le sel
saturé Fe^Cy^'R, on peut écrire
5(2 -j- 4^ — 795, 5î, •*
ia-{- b ==288,64.
» On lire de là
b = 49^^'» 27 et <2 — 1 19^^', 6.
)) Ce dernier nombre est presque identique à celui qui a été déterminé
directement, et ce résultat semble bien indiquer que la coagulation du col-
loïde joue un grand rôle dans la complexité des réactions où entrent les
bleus solubles. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la sparléine. Caractères généraux; acliort de
quelques réducteurs . Note de MM. Cii. Moureu et A. Valeur, présentée
par M. H. Moissan.
(. L^ spartéine est un alcaloïde liquide et volatil qui, depuis une
vingt^iine d'années,,^ est employé en thérapeutique, sous forme de sulfate,
dans le traitement des affections cardiaques, comme succédané de la digi-
tale. 11 fut découvert en i 85i par Stenhouse, qui le retira du genêt à balais
[Spartium scoparium), plante de la famille des Légumineuses (Lieb.
Annal., t. LXXVIII, p. i5).
SÉANCE DU 20 JUILLET igoS. ïq5
■>> Depuis cette époque, plusieurs chimistes se sont occupéis de la spar-
téine, notamment Mills, Bernheimei% Bamberger^ Peratoner, Ahrens et
Herzig et Meyer. Malgré leurs nombreuses recherches, on ne sait encore que
fort peu de chose sur la structure intime de cet alcaloïde; certains résultats
sont même demeurés contradictoires. Nous avons cru intéressant d'entre-
prendre une étude méthodique de la base, en vue de jeter quelque lumière
sur sa constitution chimique.
» La matière première qui a servi à nos recherches n'est autre que le sulfate officinal,
sel blanc, très soluble dans l'eau, qui nous a été livré dans un parfait état de pureté par
la maison Merck. Au moyen de la lessive de soude, on en déplace l'alcaloïde, qu'on
sèche ensuite, en solution éthérée, successivement sur du carbonate de potasse sec et
sur de la potasse fondue, et qu'on distille finalement dans le vide.
» Constantes physiques. — On obtient ainsi, passant entièrement à 188'^ (corr.) sous
18™™, 5, une huile épaisse, incolore, possédant une saveur très amère et une odeur
spéciale analogue à celle de la pipéridine. Sous la pression de jo^™*" et dans un Cou-
lant d'hydrogène sec, elle distille sans décomposition à la température de 32.5° (corr^).
Do=:i.o34, et 020^1,0196; ['/][)=: — 16° 42 en solution dans l'alcool absolu;
n[)=i,52g3 à 19°. lOO' d'eau n'en dissolvent, à la température de 22°, que os, 3o4 ; la
base est, au contraire, très soluble dans l'alcool, l'éther et le benzène. Elle est facile-
ment entraînable par la vapeur d'eau. Au contact de l'air, elle s'altère en brunissant
lentement.
» Forniule brute. — Il résulte d^une série d'analyses et de déterminations crjosco-
piquès effectuées par nous, que la spartéine est exemple d'oxygène, et que sa formule
brute est C'^H-^Az-, celle rtiême qui lui fut attribuée par Stenhouse, et à laquelle
Gerhardt {Traité de Chimie organique^ t. IV, p. 236) préférait à tort une formule
en C'K
» La spartéine est une diamine bitertiaire. — La spartéine est une base forte, à
réaction alcaline, capable de neutraliser les acides les plus énergiques. On peut la
titrer très exactement en présence du tournesol, de la phtaléine du phénol, ou de
l'hélianthine. La base se montre nettement monoacide au tournesol et à la phtaléine,
et diacide à l'hélianthine.
» Le chlol-oplatinate à pour formule C^-^H-*' Az-. 2 HCI. PtCl*+ 2 H^O, et le
picrate, qui fond à 208° (corr.), C''H2"Az^ 2 G«H-^(OH) ( Az02)\
» Ces faits prouvent surabondamment que les deux azotes de la spartéine sont
basiques, et c|ué ta spartéine est une diamine.
» De quelle tiature sont les deux fonctions aminé?
» Mills {Lieb. Annal., t.GXXV, p. 71) d'une parl^ et Bamberger {Lieb. Annal. 1886,
p. 368) de l'autre, ont clairement établi, en étudiant l'action des iodures alcooliques,
que l'une au moins des deux fonctions aminé était tertiaire. C'est ainsi qufe l'iodurèdê
méthjle fournit l'iodure quaternaire C'^H-'^Az^.CHH ([a]i, =. — 22°,75 en solution
aqueUïse), dans lequel hous avons pu titrer acidiniétriquenient la fonction basique
restée libre. Celte dernière, d'après nos expériences, est certainement aussi tertiaire :
la spa^télne, en effet, ne fOrhie ni dérivé nitrosé, Hi défivé benzôylé (pat- l'action du
chlorure de benzojle en présence de soucie caustique).
196 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» La spartéine est donc une diamine ditertiaire; en d'autres termes, chacun des
deux atomes d'azote est uni par ses trois valences au carbone.
» Dans la spartéine, il n'existe aucun groupe méthyle lié à l'azote. — D'après
Alirens {Berichte, t. XXI, p. 8'25), l'un des deux azotes serait méthylé ; en chauffant
la spartéine à 200° avec de l'acide iodhydrique, il aurait obtenu des traces d'iodiire
de méthyle et la base déméthylée C'^H^^Az^. Herzig et Meyer {Monatshefte, t. XVI,
p. 606), au contraire, en appliquant leur méthode générale de déméthylation par
l'acide iodhydrique, ont abouti à un résultat négatif. Nous avons soigneusement
repété sur notre base pure les expériences de ces deux savants, et, comme eux, nous
concluons que la spartéine n'est pas méthylée à l'azote.
» Essais d'hydrogénation. — Selon P^hTe,n?, {Berichte, t. XX, p. 2218), en traitant
la spartéine par l'étain et l'acide chlorhydrique, on obtiendrait une base secondaire,
la dihydrospartéine C'^H-^Az^. Nos expériences nous permettent d'affirmer que la
spartéine n'est pas attaquée dans ces conditions, et que le corps décrit sous le nom de
dihydrospartéine dans la littérature classique n'existe pas.
» Deux autres essais de réduction, effectués l'un avec le sodium et l'alcool absolu,
l'autre avec le sodium et l'alcool amylique, nous ont donné le même résultat. Aussi
bien, cette résistance de la spartéine aux réducteurs concorde-t-elle avec ce fait
qu'elle ne décolore pas le permanganate en solution acide, réactif généralement con-
sidéré comme une excellente pierre de touche pour les doubles liaisons dans les
molécules.
» Nous avons voulu ainsi préciser les constantes physiques de la spar-
téine et donner quelques indications générales sur sa nature chimique. Sa
grande stabilité à l'égard des agents réducteurs permet d'affirmer presque
à coup sûr que la base est saturée, autrement dit que toutes les liaisons
entre ses atomes sont des liaisons simples. Il n'est d'ailleurs pas douteux,
d'après la seule inspection de sa formule brute, que la molécule de spar-
téine renferme deux et peut-être trois chaînes fermées. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les éthers isonitrosomaloniques et leur transfor-
mation en éthers mésoxaliques . Note de MM. L. Bouveault et A. Wahï.,
présentée par M. A. Haller.
« V. Meyer et A. Mûller ont démontré synthétiquement (Z). ch. G.,
t. XVI, p. 608) (jue l'acide nitrosomalonique est, en réalité, un dérivé
isonitrosé identique avec l'oxime de l'acide mésoxalique; il s'ensuit que les
éthers isonitrosomaloniques AzOH = C^ ^ constituent les oximes des
mésoxalates correspondants CO(^ ^ i- Ces derniers corps étant d'une
\GO"Il!
préparation difficile, nous avons songé à les obtenir par saponification de
leurs oximes.
SÉANCE DU 20 JUILLET igoS. 197
» Isonitrosomalonate d'éthyle. — Cet éther a été obtenu par Conrad et BischofF
{D. ch. G., t. XIII, p. 599) dans l'action de l'acide nitreux sur le malonate d'éthyle
sodé; ils le décrivent comme une huile d'un jaune clair se décomposant à la distilla-
tion. D'après Steyrer et Seng {Mon. f. Ch., t. XVII, p. 633), le dérivé nilrosé ainsi
préparé se décompose à la distillation même sous un vide de 2™™; celui qu'ils ont
obtenu dans l'action de l'hjdroxjlamine sur l'élher désoxalique distille à 95° sous 5™°^
avec une légère décomposition.
» Nous préparons ce produit parfaitement pur avec des rendements d'environ
85-go pour 100 de la théorie en dissolvant le malonate d'éthyle dans i'""' d'élhylate
de sodium et faisant passer, dans la solution maintenue vers 20''-25°, un courant de
nitrite de méthyle. La solution fortement colorée en orangé rouge est distillée sous
pression réduite pour chasser la majeure partie de l'alcool. On ajoute ensuite de l'eau,
puis de l'acide chlorhydrique qui met l'éther nitrosomalonique en liberté; après avoir
rassemblé à l'éther et lavé à l'eau, on distille dans le vide.
» Tu isonitrosomalonate d'éthyle constitue un liquide incolore, épais, bouillant
à 172° sous 12'"™ sans décomposition; il est plus lourd que l'eau (D^J in 1,206) dans
laquelle il ne se dissout pas; il est, au contraire, miscible avec les dissolvants orga-
niques.
» Si, dans la préparation de cet éther, on abandonne à lui-même le résidu de la
distillation de l'alcool, il s'y développe des cristaux qui peuvent être séparés par esso-
rage et recristallisés dans l'alcool absolu bouillant. Ils se déposent sous forme de fines
aiguilles blanches qui constituent le sel acide de sodium de l'isonitrosomalonate
d'élhj'le :
/ COOC^H-^ / COOC^IP
C<(^ =AzOH + C'( =AzONa .
» Ce sel se dissocie au contact de l'eau en donnant une solution jaune du sel neutre
et un précipité huileux de nitrosé qui se dissout lorsqu'on ajoute un alcali.
» Action du peroxyde d'azote sur le nilrosonialonate d'éthyle. — Nous faisons
barboter des vapeurs de peroxyde d'azote (obtenu dans l'action du sulfate acide de
nitrosyle sur le nitrate de sodium fondu) dans Tisonitrosé maintenu à 0°. Il se déclare
une réaction assez vive accompagnée d'un dégagement gazeux. Quand celui-ci s'est
arrêté et que le liquide contient un excès de peroxyde d'azote, on retire le ballon de
la glace en surveillant le thermomètre, et, chaque fois que la température atteint io" ,
on refroidit avec de l'eau. Lorsque la température est devenue constante, on soumet
le produit à la distillation fractionnée dans le vide. On constate la première fois une
légère décomposition qui ne se reproduit plus; on obtient deux fractions principales
bouillant, sous i2">™ à iS™"», à gS^-iio" et à iio°-i3o°.
» La première est d'un vert clair, s'échauffe fortement au contact de l'eau qui la
décolore aussitôt et dans laquelle elle se dissout très aisément. Refroidie, elle dépose
une abondante cristallisation d'hydrate de mésoxalate d'éthyle
^COOC-H^
^\0H
\C00C2H5
198 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qui, recristallisé dans un mélange d'éther et d'éther de pétrole, forme de gros prismes
incolores fondant à 67° et identiques à ceux décrits par Anschiitz etParlato (D. ch. G.,
t. XXV, p. 36i5).
» Quant au produit bouillant à iio^-iSo", nous avons constaté qu'il donne, avec
l'ammoniaque alcoolique et avec la potasse, des sels bien cristallisés que nous avons
reconnus identiques à ceux du nilromalonale d'élhyle. En décomposant le sel ammo-
niacal par l'acide chloi'hydrique, nous avons obtenu du nitronialonate d'éthyle par-
faitement pur, bouillant à x33°-i35°, sous i/^""'", comme celui que nous avons décrit
il y a déjà quelque temps {Comptes rendus, t. CXXXII, p. io5i).
» Le peroxyde d'azote a donc agi, dans cette réaction, de deux manières différentes :
1° à la manière de l'acide nitreux, en transformant une oxime en la cétone correspon-
dante; 2" en cédant au produit un atome d'oxygène.
» Isonitrosonialonale de méUiyie. — Le malonate de méthyle a été nitrosé de la
même manière que son homologue supérieur; il distille dans le vide à 168° sous 16"^™
et cristallise par refroidissement; après recristallisation dans un mélange d'éther et
d'éther de pétrole, il constitue de magnifiques aiguilles blanches, fondant à 67°,
solubles dans l'eau. Cet éther a déjà été obtenu par M. Muller {Atin. de Chim.
et de Pliys., 7" série, t. I, p. 536) en traitant l'isonitrosocyanacétate de méthyle par
l'alcool méthylique chlorhydrique.
y> Si, dans la préparation que nous indiquons, on ajoute à la solution alcoolique
alcaline concentrée son volume d'eau, elle s'échauffe fortement et abandonne des cris-
taux qui se déposent, de leur solution alcoolique ou aqueuse, en magnifiques cristaux
jaunes. Ces cristaux constituent le sel de sodium
y COOCH^
c/ =AzONa +2IPO.
\ COOCH^
» L'éther méthylique est donc doué de propriétés plus acides que son homologue
supérieur, car il donne un sel neutre stable.
» Action du peroxyde d'azote. — L'opération a été faite comme dans le cas pré-
cédent, mais elle n'a donné qu'une assez faible quantité de nitromalonate de méthyle
dont nous avons analysé le sel ammoniacal obtenu très bien cristallisé.
» Le produit principal de la réaction est le mélange de mésoxalate de méthyle et
de son hydrate; ce dernier, après une recristallisation dans un mélange d'éther et
d'éther de pétrole, forme d'admirables cristaux tabulaires, fondant à 81°, très solubles
dans l'eau. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de V ammoniaque sur V oxyde d'étliylène du
^-o-cyclohexanediol. Note de M. Léox Brunel, présentée par M. Haller.
« J'ai décrit, dans une Note précédente, la préparation de quelques
dérivés d'addition de l'oxyde d'éthylène du [â-o-cyclohexanediol. L'étude
des composés obtenus par action de kzW sur cet éther fait l'objet de la pré-
sente Communication.
SÉANCE DU 20 JUILLET IQoS. mq
» Lorsqu'on chauITe en vase clos l'oxyde d'élhjlène C^H'^.O avec un grand excès
de AzH* dissous dans l'eau ou l'alcool, il se forme en quantité sensiblement théorique
un orthoaininocyclohe.vanol suivant la réaction
C^H'o.O + AzH^^OH.C^H"' — AzIP.
» En réduisant la proportion d'ammoniaque, on obtient en outre 2 di-oxycyclo~
hexylamines isomères, l'aminé primaire formée d'abord réagissant sur l'excès d'oxyde
d'éthylènc :
OH - C«ir'' - AzH-^H- C«H'o.G - OH -- QW — AzH - C«H'o- 011.
)) 11 semble qu'en poursuivant la réaction on doive obtenir, par combinaison de cha-
cune des deux aminés secondaires précédentes à l'oxyde hydroaromatique, des aminés
tertiaires (OH — C'^H"')'^= Az. Le résultat est négatif.
)) Vorthaaminocyclohexanol, OH — C^H"^— AzH^, est une masse cristalline inco-
lore, à odeur faible de pipéridine, inaltérable à la lumière, soluble dans l'eau et' la
plupart des solvants organiques. Il fond à 66°, bout à 219° sans altération, est très
hygroscopique et fixe avec avidité C0-.
» Le chlorhydrate cristallise en aiguilles fusibles à 175°. L'azotate fond à i44'\
» Les di-oxycycloheœy lamines, OH — G" H'"— AzH - CH'^— OH prennent nais-
sance quand on chauffe en tubes scellés 1^°^ d'oxyde d'éthylène et 2'°^ de solution
alcoolique de AzH^ Après refroidissement, les tubes sont garnis d'une abondante
cristallisation d'écaillés nacrées, constituant la première aminé que je désignerai pro-
visoirement sous le nom de ^^-di^oxycyclohexylamine; la deuxième aminé ou [3,-6^/-
oxycyclohexylamine se trouve dans Teau mère alcoolique. On essore les cristaux et
l'on fait recristalliser de l'alcool bouillant. La p^-amine est isolée par évaporation de
l'eau mère et traitement du résidu par la benzine bouillante qui abandonne la pj-amine
par refroidissement.
» La '^i-di-oxycy clohexylamine crhlaWhe en paillettes incolores, fusibles à i53",
peu solubles dans l'eau et l'alcool. Le chlorhydrate fond en se décomposant à 266". La
nitrosamine (HO — C'''H'*')^= Az — AzO cristallise en prismes jaunâtres fusibles
à i48".
» La ^^-dt-oxycyçlohexylainiiie cristallise en petites aiguilles incolores, inodores,
fusibles à ii/j". Le chlorhydrate fond à 19,^°. La nitrosamine cristallise en petits
prismes jaunâtres fusibles à 171°. »
ritYStOLOGllî VÉGÉTALE. — Recherches sur la mUrilwn des plantes cùalées.
Note de M, G. André.
« Mes essais faisant suite à ceux que j'ai publiés (^Comples rendus,
t. CXXXVI, p. L^oi et 1571) ont été disposés de la façon suivante ,
» Des Haricots d'Espagne, semés le 12 juin 1902 dans de grands pots pleins de terre
végétale, à l'obscurité, ont été récoltés, ctens une pi'^mière série, le i*^'' juillet. L'ani-
200 ACADEMIE DES SCIENCES.
lyse a porté sur les cotylédons d'une part et sur les plantules d'autre part. Dans une
deuxième série, les plantes, étiolées du 12 juin au 1'='' juillet, ont été privées de leurs
cotylédons à cette dernière date, jDuis abandonnées ainsi jusqu'au i^ juillet, époque
où on les a retirées du sol et analysées. Enfin, dans une troisième série, l'étiolement a
été poursuivi du 12 juin au 17 juillet, époque à laquelle a été effectuée l'analyse sé-
parée des cotylédons et des plantules. Voici le Tableau des expériences :
Première série. Deuxième série. Troisième série.
Etiolement Piaules privées Etioiement
du de du
12 juin au i*"' juillet, leurs cotylédons 12 juin au 17 juillet.
Graines. Cqlj'Iédons. Planlcs. i""' au 17 juillet. Cotylédons. Plantes.
Poids de 100 unités humides. 160,06 820,11 5 12, 02 ^gi ,80 179,88 896,68
Poids de 100 unités sèches.. . 141,46 73,4-5 35,59 27,71 26,98 62,72
Poids des cendres totales .. . 559i3 4>48c> 4)587 4>545 8,129 6,600
100 unités sèches, cendres
déduites i85,547 68,97 3i,oo3 28,443 28,801 4^,120
Azote total 5,234 2,592 2,800 2,070 0,988 3,727
Asparagine » ijiSg 2,477 8,885 0,702 7? 707
Hydrates de carbone solubles
dans l'eau (calculés en glu-
cose) 10,458 4>228 0,904 0,068 0,191 0,079
» I. L'examen des chiffres consignés dans ce Tableau montre que l'ensemble de
100 unités sèches de la première série pèse, cendres déduites,
68?,970 + 81g, oo3 = 995,978,
alors que 100 graines sèches, cendres déduites, pèsent i85s,547. H y a donc eu une
perte de 85s, 674 de matière organique pendant 18 jours de végétation à l'obscurité,
soit 26,2 pour 100. Les plantules ont élaboré 8iS,oo3de matière organique aux dépens
seuls de leurs cotylédons, c'est-à-dire des graines initiales. L'ensemble de 100 unités
sèches de la troisième série pèse, cendres déduites, 692,921. Ce chiffre, comparé au poids
des graines initiales, accuse une perte de 65s, 626 de matière organique, soit 48,4
pour 100. Pendant ce temps, les plantules ont élaboré 46^,120 de matière organique
aux dépens seuls des cotylédons. Du i<='" au 17 juillet, elles n'ont donc augmenté le
poids de leur matière organique que de 46s, 1 20 — 8 is,oo8 = 1 5s, 1 1 7.
» Les cotylédons des plantes de la première série, en perdant un poids de matière
organique de i85s,547 — 685,97 = 668,577, ont élaboré 8is,oo3 de plante, soit 46
pour 100 de cette perte. Dans la troisième série, les cotylédons ont perdu
180S, 547 — 28s, 801 =3 1 1 is, 746
^,t n'oni produit que 46s, 1 20 de plante, soit 4i pour 100 de la perte de poids.
» Entre le i'^'" et le 17 juillet, la perte cotylédonnaire s'est élevée à
68s, 97 — 28s, 80 1 = 45s, 1 69
SÉANCE DU 20 JUILLET F 90,3. 20I
et le gain des plantules en matière organique ne s'est accru que de
465,120 — 3 1 s, 00.3 := i5s,i I-,
soit 33 pour 100 de la perte de poids des cotylédons. L'examen des chiffres fournis par
la deuxième série montre que les plantes qui ont végété sans cotylédons, du i"
au 17 juillet, ne pèsent plus, à cette dernière date, que 23s, 443, soit donc une perte
de 3 is, oo3 — 23s, 443 = 7s, 56o dans l'espace de 17 jours.
» II. Les cendres totales des plantes de la deuxième série pèsent sensiblement le
même poids que celles des plantes de la première (4°, 545 et 4^, 587). Or si les plantes
de cette première série, encore munies de leurs cotylédons, n'ont pas pris au sol
d'acide phosphorique et ne lui ont emprunté que de très faibles doses de potasse,
elles lui ont, au contraire, soustrait d'assez fortes proportions de silice et de cliaux,
ainsi que je l'ai de nouveau vérifié {Comptes rendus, t. CXXX, p. 1198).
» Les plantes étiolées de la première série ont emprunté à leurs cotylédons 59 pour
100 de l'acide phosphorique que ceux-ci contenaient; celles de la troisième série, dont
l'étiolement a duré 17 jours de plus, 74 pour 100.
» III. La somme de Vazote total des cotylédons et des plantes (i""*^ et 3'' séries) est
inférieure de f^. à ^^ à celle de l'azote des graines initiales. Les plantes de la première
série renferment 44 pour 100 de l'azote de la graine initiale ; celles de la troisième série,
71 pour 100. La transformation de l'azote protéique en asparagine se poursuit, aussi
bien chez les plantes de la troisième série pourvues de leurs cotylédons et pour les-
quelles la dose de cet amide est le double de ce qu'elle était chez les plantes de la
première série (6,96 pour 100 de la matière sèche dans ce dernier cas et i4)6 dans le
premier), que chez les plantes dépourvues de leurs cotylédons (i3,84 pour xoo de la
matière sèche). C'est là un fait digne de remarque. L'azote de cette asparagine repré-
sente environ 22 pour 100 de l'azote total dans les plantes de la première série,
43 dans celles de la troisième, 38 dans les plantes étiolées dépourvues de leurs coty-
lédons.
» Les hydrates de carbone solubles dans l'eau, à mesure que progresse l'étiole-
ment, disparaissent des cotylédons. Ceux-ci en contiennent 5,75 pour 100 de la ma-
tière sèche (!'■« série) et seulement 0,71 (3« série). La même chose a lieu chez les
plantes : celles de la première série en contiennent 2,67, celles de la troisième o,i5.
Les plantes dépourvues de cotylédons n'en renferment que o,23.
» Les cotylédons des plantes de la troisième série ont transformé leurs hydrates de
carbone solubles dans l'eau et une grande partie des hydrates de carbone sacchari-
fiables par les acides étendus en cellulose, puis en vasculose. La cellulose, qui n'entre
que pour 10, 54 pour 100 de la matière sèche dans les cotylédons delà première série,
figure pour i5,85 dans ceux de la troisième : la vasculose représentant respective-
ment 4;53 dans le premier cas et 7,81 dans le second.
» Les plantes attenant encore à leurs cotylédons et celles qui en sont dépourvues se
comportent à ce dernier égard comme les cotylédons eux-mêmes. Chez ces dernières
plantes, la proportion centésimale des hydrates de carbone saccharifiables, de la cel-
lulose et de la vasculose est sensiblement la même que chez les plantes pour lesquelles
les cotylédons ont été maintenus jusqu'à la fin de l'expérience (17 juillet) : soit, pour
C. K , 1903, 2» Semestre. (T. CXXXVII, N" 3.) ^7
202 ACADEMIE DES SCIENCES.
les h-ydrales. de carbone saccharifiables, i9.,o6 et ii,io; pour la cellulose, 22,^7
et 23,38; pour la vasculose, 5,58 et 5, 96 pour 100 de la matière sèche.
» L'ensemble des résultats que je viens d'exposer montre par quel mé-
canisme la plantnle étiolée se nourrit aux dépens de ses cotylédons et
quels sont les emprunts successifs qu'elle leur fait soit en matières orga-
niques, soit en matières minérales. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la matière phospho-organique de réserve des
plantes à chlorophylle. Procédé de préparation. Note de M. S. Posternak,
présentée par M. Armand Gautier.
« J'ai décrit, il y a 3 ans ('), un principe immédiat nouveau que j'avais
isolé des graines de sapin rouge et retrouvé plus tard dans toutes les
graines étudiées par moi (courge, pois, lentille, lupin blanc et jaune ),
ainsi que dans la pomme de terre. 11 s'agissait d'un acide phospho-orga-
nique, entrevu déjà en 1872 par Pfeffer, comme faisant partie des globoïdes
inclus dans les grains d'aleurone, et que Palladine, Schulze et Winterstein
ont signalé plus récemment dans les graines de moutarde noire. L'analyse
des mélanges de sels barytiques et calciques de cet acide m'a conduit à la
formule très simple CH^PO', qui diffère de celle de l'acide phosphorique
par les éléments de Y aldéhyde formique.
)) Cette constatation, jointe aux observations bien connues de Schimper
sur l'influence de la lumière et de la chlorophylle sur l'assimilation des
phosphates minéraux, m'a paru démontrer que ces derniers sels subissent,
dans les feuilles, au cours de l'assimilation chlorophylienne, une transfor-
mation indépendante en molécules organiques sans participer, à ce moment,
à la synthèse des albuminoïdes qui s'y opère. Il semblait découler, en
outre, de la composition chimique de la matière en question, une confir-
mation directe de l'hvpothèse de Baever sur le rôle de la formaldéhvde
comme stade intermédiaire de la réduction du gaz carbonique dans l'appa-
reil chlorophyllien.
» Ma première publication n'était pas de nature à mettre entièrement
hors de doute des notions d'une telle importance pour la physiologie végé-
tale. Aussi, ai-je poursuivi ces recherches, tant au point de vue de la mé-
(^) Revue générale de Botanique, t. XII, 1900, p. 5.
SÉANCE DU 20 JUILLET IQoS. 2o3
ihode de préparation de la matière phospho-organique qu'au point de vue
de sa composition et de sa constitution chimiques.
» Procédé de préparation. — Il s'applique surtout aux graines oléagineuses. Ces
graines, débarrassées de leur huile et finement pulvérisées, sont soumises à l'extrac-
tion répétée à l'acide chlorliydrique très dilué. Aux extraits acides réunis, presque
complètement exempts d'albuminoïdes, on ajoute de l'acétate de soude en quantité
suffisante pour remplacer l'acide minéral libre par l'acide acétique, puis de l'acétate
de cuivre jusqu'à ce que le liquide ne précipite plus par un excès de ce dernier sel.
Le précipité bleu vert, formé dans ces conditions, est essoré à la trompe, lavé et
soumis à l'action de l'acide sulfhydrique. On sépare le sulfure de cuivre par fîltration,
on évapore dans le vide le liquide filtré jusqu'à consistance sirupeuse et l'on dessèche
et pulvérise finalement le résidu après un traitement préalable à l'alcool.
» J'ai obtenu ainsi des graines de sapin rouge, de chènevis, de colza, de sésame et
de tournesol, de 1 ,5 à 2,2 pour 100 de leur poids d'une poudre blanche, parfaitement
soluble dans l'eau, exempte d'azote et de phosphates inorganiques qI contenant près de
22 pour 100 de phosphore. Celte poudre est un mélange de sels acides de magnésie et
de chaux (avec un peu de fer et de manganèse) de l'acide phospho-organique en
question.
» Voici quelques chiffres recueillis dans des essais quantitatifs; ils montrent la
richesse des graines en acide phospho-organique. 11 a été trouvé :
1^. de l'acide
Phosphore phospho-organique P. de l'acide
total isolé isolé
pour 100 pour 100 en pour 100
Semences. de semence. de semence. du P. total.
Sapin rouge o,656 0,600 91 )46
Chènevis décortiqué i,46o i,33o 9' )44
Tournesol décortiqué o,83o 0,728 86,26
» J'ai indiqué, dans le travail cité plus haut, quelques raisons plaidant en faveur
de la localisation de la matière phospho-organique dans les grains d'aleurone. La mé-
thode précédemment décrite, appliquée à ces formations morphologiques isolées des
graines, a fourni des résultats qui confirment cette manière de voir.
P. de l'acide
Phosphore
phospho-organique
p. de l'acide
total
isolé
isolé
pour 100
pour 100
en pour 100
de semence.
de semence.
du P. total.
2,67
2,58
96,8
3,83
3,61
94,3
2,78
2,-1
97»5
Grains d'aleurone de :
Sapin rouge 2,67
Chènevis
Tournesol
» Pour isoler la matière phospho-organique des graines de céréales et^de légumi-
neuses, il est plus avantageux de faire l'extraction avec de l'eau distillée. Les extraits
aqueux sont alcalinisés fortement avec la soude, puis précipités par un léger excès de
2o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
chlorure de calcium. On filtre et lave le précipité, on le dissout dans l'acide chlorhy-
drique dilué et Ton procède ensuite, avec la solution qui en résulte, comme il a été
indiqué plus haut pour l'extrait acide des giaines.
» J'ai pu isoler de celte façon la matière phospho-organique des farines de froment,
de maïs, de pois, de lentilles et de haricots blancs. Voici les rendements obtenus pour
ces trois dernières graines :
P. de l'acide
Phosphore phospho-organique P. de l'acide
total isolé isolé
pour loo pour loo en pour loo
de semence. de semence. du P. total.
J-'ois G , 367 G , 260 70 , 8
Lentilles OjSgg 0,2^7 82,6
Haricots blancs g,5i2 g,4i8 81,6
)) Grâce à cette modification du procédé initial, il m'a été possible de préparer la
matière phospho-organique du suc des tubercules de dahlia, âe^hiûbes d^ A lli uni cepa
et des carottes. Toutes ces préparations furent reconnues identiques, d'après des prin-
cipes qui seront développés ultérieurement.
» En résumé, il a été facile d'isoler, de toutes les graines étudiées, de
70 à go pour 100 environ de leur phosphore, sous forme d'un mélange
des sels acides d'un acide phospho-organique très riche en ce métalloïde.
TiC même acide se trouve dans tous les turbercules, bulbes et rhizomes
examinés, c'est-à-dire dans les organes où sont emmagasinées les matières
de réserve; dans les graines, il est localisé dans les grains d'aleurone. Ces
formations morphologiques étant d'origine métaplasmique, et les stib-
stances qui les composent jouant le rôle de matières de réserve, il n'est pas
douteux que le même rôle appartient à l'acide phospho-organique dont je
viens de parler.
» Il importe de rappeler, en terminant, que la quantité de lécithine
isolée des graines par différents auteurs (Tôj)ler, Schuize et Steiger, etc.)
est relativement très faible et représente de i à 7 pour 100 du phosphore
total. Au point de vue de la nutrition phosphorée de l'embryon végétal,
la lécithine n'occupe, par conséquent,' qu'une place tout à fait secon-
daire. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur des racines dressées de bas en haut, obtenues
expérimentalement. Note de M. H. Ricome, présentée par M. Gaston
Bonnier.
« La racine principale de la plupart des végétaux, celle de la Fève no-
tamment, se dirige verticalement de haut en bas. J'ai réussi à obtenir des
SÉANCE DU 20 JUILLET [903. 2o5
racines de Fève dressées vers le haut, au moyen d'un artifice d'expérience,
à l'aide du pendule.
» Supposons qu'une racine, préalablement orientée de bas en haut, soit placée dans
cette position au bout d'un fil à plomb oscillant. \ chaque oscillation, la racine est
sollicitée par la pesanteur du côté gauche, par exemple, dans la première moitié de la
course du pendule, du côté droit dans la seconde moitié, de sorte qu'en définitive, les
deux actions contraires se contre-balancant, la racine continue à pousser en ligne droite
et vers le haut, suivant la direction du fil. De cette façon, l'équilibre ne serait réalisé que
dans un plan; il est nécessaire, pour empêcher l'incurvation de la racine, qu'il le soit
dans tous les plans. On obtient facilement ce résultat en faisant décrire au pendule
une ellipse et en lui imprimant un léger mouvement de rotation, à l'aide d'une torsion
du fil de suspension.
» Ce dispositif ne réalise pas, il est vrai, un équilibre stable, à cause des inégalités
de la croissance sur les diverses faces de l'organe. Lorsque cette inégalité provoque un
déplacement de la racine, le mouvement pendulaire ne peut la ramener dans la posi-
tion primitive. Pratiquement, cependant, on obtient ainsi une forte proportion de ra-
cines dressées (environ les trois quarts).
» Les plantes étaient placées dans un vase et orientées de façon que les racines
fussent dirigées, les unes vers le' bas dans leur position normale, les autres vers le haut
en position renversée. Le vase était attaché au bout d'un fil suspendu au plafond de la
salle d'expériences. Divers milieux ont été employés : terre de bruyère, sable fin,
gélose. Ils présentent tous quelque inconvénient. Celui qui a donné les meilleurs résul-
tats, bien que de prime abord il paraisse bien hétérogène, est la sciure de bois humide,
sans excès d'eau.
)> On obtient de cette façon des racines qui, dans le cas le plus favorable,
se sont allongées de 18™™ en 24 heures, tout en restant dressées. Les
racines dressées sont en tout point comparables aux racines normales.
» Il était intéressant de se demander comment s'effectue la croissance
dans des organes dont la position est inverse de la position normale, par
rapport à la direction de la pesanteur. Il résulte d'une vingtaine d'expé-
riences qu'aucune modification ne se produit dans l'accroissement longitu-
dinal.
» Il n'est pas rare d'obtenir côte à côte des racines dressées et des racines pendantes
parfaitement superposables, au bout de i[\ heures d'expérience. Dans l'un et l'autre
cas, la croissance suit la même marche. Les traits marqués à l'encre de Chine de mil-
limètre en millimètre se correspondent à peu près rigoureusement à la fin de l'expé-
rience. La croissance s'effectue normalement. Elle est maximum dans le troisième
millimètre à partir de l'extrémité, décroît de part et d'autre de cette région, devient
très faible à partir du septième millimètre. Enfin aucun allongement ne se produit à
partir du onzième millimètre. Les racines soumises à l'expérience avaient une longueur
totale variant de lo'^'" à 25<='".
2o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Par contre, les différences d'humidité et d'aération du milieu d'inclusion pro-
voquent des modifications considérables de la croissance. Mais ces modifications sont
les mêmes dans les deux catégories de racines.
» En résumé, il est possible de faire croître des racines en sens inverse
de leur direction normale, c'est-à-dire de bas en haut. On ne constate
aucune différence d'accroissement longitudinal entre les racines dressées
et les racines normales pendantes, bien que la pesanteur soit dirigée vers
la base de l'organe dans le premier cas, vers le sommet dans le second. La
pesanteur n'a donc ni action accélératrice, ni action retardatrice sur la crois-
sance en longueur des racines. »
BOTANIQUE. — Une Passljlorée à résine. Note de M. Henri Jumelle,
présentée par M. Gaston Bonnier.
« Cette Passiflorée, appelée ola-boay par les Sakalaves dans le Boina,
est X Ophiocaulon Firingalavense D. d. G.
» Sans vouloir trop empiéter sur la description que donnera sans doute
prochainement de cette nouvelle espèce M. Drake del Gastillo, disons que
c'est une liane à tige glabre, munie de vrilles simples, avec des feuilles
longuement pétiolées, cordées à la base, trilobées, le lobe médian étant
plus grand que les deux latéraux. Les fleurs mâles, disposées en grappes,
sont à lobes calicinaux linéaires aigus, plus longs que les pétales, qui sont
blancs. Les fleurs femelles et les fruits sont inconnus.
» Une des principales particularités de la plante est le volumineux renflement, en
forme de pain de sucre, que présente la partie inférieure de son tronc. La tige peut
ainsi à sa base atteindre So^"" de diamètre, et davantage, et n'en plus avoir que 5
à i-^jôûplus haut. « De plus, nous dit notre correspondant, M. Perrier de la Bathie,
» l'écorce est recouverte d'un enduit de cire verte qui peut avoir i<="^ d'épaisseur. »
» Ce dernier caractère n'est, d'ailleurs, qu'un point de contact de plus entre notre
Ophiocaiilon de Madagascar et les trois espèces déjà connues, et qui sont VOphio-
caiilon cissampeloïdes Hook. f., de Fernando-Po, du Gabon et de l'Angola, VOphio-
caulon cynanchifolium Mast., des mêmes régions, et VOphiocaulon gummiferum
Mast., du Zanguebar.
» Pour tout le genre, en effet, il est dit, par exemple, dans le Pflanzenfamilien
d'Engler, que la lige est « recouverte d'une couche cireuse blanchâtre ».
» Et l'on remarquera que c'est toujours le même qualificatif de « cire » qu'on re-
trouve dans toutes ces descriptions. Or ce ne peut être que la localisation superficielle
du produit sécrété qui a amené à employer ce terme; car, si nous en jugeons par
l'échantillon de substance que nous avons reçu, c'est plutôt le nom de résine que
celui de CfVe qui convient, du moins ^owv VOphiocaulon Firingalavense,
SÉANCE DU 20 JUILLET jgoS. 207
» La substance qui nous est parvenue a été recueillie par notre correspondant lui-
même, qui a frappé et raclé l'écorce de la base du tronc, puis a mis le tout dans un
linge et l'a fondu dans l'eau bouillante.
» Il nous a ainsi envoyé un petit bloc ovoïde d'une matière vert brunâtre et terne
extérieurement, brillante, au contraire, sur la coupe, qui rappelle assez bien celle
d'un fragment de résine de Gardénia de Nouvelle-Calédonie. L'ensemble paraît comme
formé de nombreuses larmes brillantes, incluses dans une petite quantité de poussière
vert pâle qui dessine des veines sur les cassures.
■ » C'est donc déjà là l'aspect d'une résine plus que d'une cire. Et, d'autre part, le
produit se comporte à l'égard des dissolvants comme une résine.
» Etant très friable, il est facilement pulvérisé; et la poudre se dissout dans les
proportions suivantes : 9:? pour 100 dans le chloroforme, 83 pour 100 dans le sulfure
de carbone, l'éther sulfurique et la benzine, 81 pour 100 dans l'alcool froid et le
toluène, 78 pour 100 dans l'acétone.
» Dans tous les cas, ces dissolutions ont, après évaporation, laissé au fond des
cristallisoirs une couche d'une matière amorphe, comme celle qu'on obtient lorsqu'on
prépare par les mêmes procédés la résine de Gardénia.
» On sait, par contre, que les cires animales ou végétales, très solubles dans le
chloroforme, l'éther ou la benzine, le sont très peu dans l'alcool froid.
» Mais que penser, dès lors, de la localisation, en apparence extérieure, de la sub-
stance dans la plante? Pour s'en rendre compte, il eût été désirable, évidemment, de
pouvoir examiner un fragment de la base du tronc, dans la partie épaissie où le pro-
duit est recueilli. Malheureusement, ne possédant pas un tel échantillon, nous avons
dû nous contenter de l'étude d'un petit fragment de rameau que nous a obligeamment
communiqué M. Drake del Castillo.
» Sur la section transversale de cette branche, de 2™™ environ de diamètre, liber
et bois forment un anneau, en dehors duquel le péricjcle présente une rangée de
faisceaux fibreux bien séparés. Mais ce qui frappe tout de suite est la présence de
nombreuses cellules résineuses, qu'on trouve : i" dans l'écorce, principalement dans
la région profonde; 2° vers la périphérie du liber, immédiatement en dedans de la
couche péricyclique ; 3° dans la zone périméduUaire sclérifiée qui borde la partie
interne de l'anneau ligneux; 4° dans la moelle. En toutes ces régions, ces cellules
sont disposées suivant des files longitudinales, particulièrement nombreuses dans
l'écorce et dans la moelle.
» La feuille possède, au reste, les mêmes cellules sécrétrices.
» Dans le pétiole, dont le centre est occupé par un groupe circulaire de faisceaux
libéro-ligneux, se touchant presque par leurs pointes, les plus grandes de ces cellules
se trouvent dans le parenchyme, surtout au voisinage des faisceaux et dans leurs inter-
valles. Des éléments plus petits se remarquent toutefois aussi dans le liber, et même
quelques-uns, quoique plus rares, dans le bois.
» Dans le mésophylle du limbe, les cellules analogues occupent les deux paren-
chymes palissadique et lacuneux.
» Donc, bien qu'extérieure, en apparence, à la base du tronc, la substance est, en
réalité, intracellulaire, et sa localisation est comparable à celle des résines de
Gardénia.
2o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Toutefois, contrairement à ce qui a lieu pour ces dernières, il n'y aurait pas de
sécrétion résineuse de la part des cellules épidermiques de la tige, et sur le renflement
du tronc, ce ne serait ainsi qu'à la suite de l'exfoliation des assises corticales externes
non résinifères, après l'apparition d'un périderme que nous n'avons pu voir dans le
tout petit fragment de jeune rameau que nous avons examiné, que les éléments rési-
neux deviendraient superficiels et formeraient cette épaisse couche périphérique.
» Et notons qu'on s'expliquerait assez bien, de cette manière, le résidu relativement
fort que laisse, même avec le chloroforme, la solution de notre substance. En raclant
l'écorce, on recueille nécessairement les débris cellulaires qui sont mélangés à la
résine.
» Quant à la partie (lo pour loo environ) soluble dans le chloroforme, mais inso-
luble dans les autres liquides, il est possible qu'elle corresponde au revêtement cireux
de l'épiderme. Lorsqu'on reprend par l'alcool la portion qui s'est dissoute dans le
chloroforme, il reste en dépôt, au fond de la solution alcoolique, une substance
blanche, un peu grasse au toucher.
» Mais, en tout cas, on voit qu'il reste, au moins sur la masse totale, 83 pour loo
de résine, 8 pour lOO environ représentant, d'autre part, des impuretés constituées
essentiellement par des débris végétaux.
» Telle que nous l'avons reçue, cette masse avait pour densité 0,980 environ; mais,
après qu'elle a été refondue et pétrie, la densité a été de 1,01/4 à 1,020.
» Dans l'eau chaude, la résine commence à se ramollir vers 65° et est complètement
pâteuse entre SS"* et go°.
» Enfin, d'après les dosages qu'a bien voulu faire, sur notre demande, M. Duvillier,
la quantité d'iode fixé par 100 parties de la portion soluble dans le chloroforme est
de 34,7. On sait encore que, d'après M. Buisine, le titre d'iode est ordinairement
beaucoup plus faible (6 à 1 1 pour 100) pour les cires animales ou végétales. »
ZOOLOGIE. — Contribution à l'étude <ie/'iEpyornis de Madagascar.
Note de M. Guillausie Grandidier, présentée par M. Edmond Perrier.
« A côlé de la faune actuelle de Madagascar, déjà si caractérislique de
ce petit continent zoologique qui semble être resté le témoin unique d'un
âge géologique disparu, vivait à une époque encore récente, tout un autre
groupe d'animaux dont les plus remarquables étaient les grands lémuriens
des genres Megaladapis et Archœolemur et les Mpyornis. Leur extinction ne
remonte pas à un nombre très considérable de siècles, car ils ont été con-
temporains de l'homme et sur beaucoup de leurs vestiges on trouve des
traces de travail humain.
» Le premier représentant de cette faune sub-fossile a été signalé à
l'Académie des Sciences, en i85i, par Geoffroy Saint-Hilaire, qui avait reçu
de la côte sud-ouest de Madagascar des œufs et quelques ossements. 11 les
avait décrits sous le nom iV uEpyornis maximus.
SÉANCE DU 2() JUILLET KJoS. 209
» Pendant la longue période qui s'est écoulée de i85i à 1893, sauf les
travaux de MM. Milne-Edwards et A. Grandidier ('), aucun document
^■Epyornis ingens. (Réduction au dixième environ.)
important n'a été publié à ce sujet et l'étude paléonlologique de Mada-
(') Observations sur le gisement des œufs «^'yEpyornis, par A. Grandidier,
C. R., 1903, 2- Semestre. (T. GXXXVLI, N" 3.) ^°
2 10 ACADEMIE DES SCIENCES.
gascar n'a été reprise que dans ces dernières années, pendant lesquelles
plusieurs voyageurs ont recueilli des collections importantes d'ossements
fossiles,
)) I^e but de la présente Note est de montrer la reconstitution (* ) de
la partie inférieure du squelette du plus grand des JEpyornis qui est, en
même temps, je crois, le plus grand des oiseaux connus.
» J'ai rapporté ces ossements, dont plusieurs sont nouveaux, de la
côte ouest de Madagascar, des environs de Belo, où ils étaient enfouis dans
les dunes de sable qui bordent la mer.
» Ces restes qu'il faut attribuer, momentanément au moins, à WEpyornis
ingens (Milne-Edwards et Grandidier) [car peut-être dans l'avenir faudra-
t-il ramener cette espèce à V JEpyornis Titan (Andrews) décrit quelques
mois avant V^p. ingens'], étaient mêlés à de nombreuses coquilles d'œufs.
Nous avons pu nous assurer qu'elles avaient appartenu à des œufs énormes
d'une contenance de 9^ à 10' semblables à ceux que Geoffroy Saint-Hilaire,
dans son Mémoire de i85i, avait attribués à WEpyornis maximus. C'est une
erreur qu'il importe de signaler et de réparer, car tout semble indiquer
que ces œufs doivent être rapportés à l'espèce qui nous occupe.
» La partie du squelette de VyEp. i/igens tel qu'il vient d'être recons-
titué peut être comparée au squelette d'autres groupes d'oiseaux et aider
ainsi à placer la famille des jEpyornis dans la série zoologique ; il en est trois
avec lesquels il y a des analogies frappantes, ce sont \ç,s Aptéryx, les Emeus
de la Nouvelle-Hollande et les Dinornis. Il est intéressant de remarquer que
tous ces animaux appartiennent à la faune océanienne avec laquelle la
faune malgache a déjà des liens si étroits. N'y aurait-il pas là une nouvelle
preuve à apporter de l'existence de la Lémurie?
» Les principales dimensions sont :
» Fémur : Longueur totale, o"',/44; largeur de la partie supérieure (j compris la
tête fémorale), o'",i9; de la partie inférieure, o™,2o; circonférence au point le plus
étroit de la diaphyse, o'",265.
{Contples rendus du 9 septembre 1867). — Sur les découvertes zoologiques faites à
Madagascar, par A. GRA^D1D^ER (Note de M. H. Milne-Edwards dans les Comptes
rendus du 1 4 décembre 1868). — Nouvelles observations sur les caractères zoologiques
et les affinités naturelles de /'jEpyornis de Madagascar, par A. Milne-Edwards et
A. Gra.ndiduîr. [Annales des Sciences naturelles, Paris, 1869).
(^) Cette reconstitution a été faite au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, sous
la direction de M. Oustalet, par les soins de M. Terrier, chef du Laboratoire de taxi-
dermie.
SÉANCE DU 20 JUILLET IQoS. 2T I
» Tibia: Longueur totale, o^jjS; largeur de la partie supérieure, o™, 18 ; delà
partie inférieure, o'",i6; circonférence au point le plus étroit de la diaphyse, o"S2i;
épaisseur aiitéro-postérieure en ce même point, o"',o46 ; épaisseur latérale en ce même
point, o",o8.
» Métatarsien : Longueur totale, o'",42; largeur de la partie supérieure, o'", 17 ;
de la partie inférieure, o-^jiô; épaisseur des troclilées : i''^ trochlée externe, o'",o45;
2*^ trochlée médiane, o'",o6; 3<= trochlée interne, o"',o4o. »
.NONÉRALOGIE. — Les enclaves basiques des volcans de la Martinique
et de Saint-Vincent. Note de M. A. L\croix, présenlée par M. tie
Lapparent.
(( J'ai signalé déjà à l'Académie l'existence d'enclaves homœogènes semi-
cristallines parmi les produits rejetés par les premières értiptions de la
montagne Pelée (1902); j'ai recueilli depuis lors un grand nombre de ma-
tériaux nouveaux permettant de compléter cette étude. Ces enclaves sont
essentiellement constituées par des plagioclases basiques, accompagnés
(l'hypersthène, d'augite, de hornblende et de titanomagnétite ; elles ont
une structure diabasique ou une structure à deux temps distincts de conso-
lidation, dont les éléments, toujours de grande taille, sont accompagnés
d'une quantité plus ou moins grande de verre incolore. Ce sont de véri-
tables ségrégations, plus basiques que l'andésite, formées en place et na-
geant dans le magma à la façon déglaçons; elles rappellent (l'une fyçon
frappante certaines enclaves des andésites à hypersthène récentes, des
andésites à hornblende anciennes de Santorin, des dacites de Milo, etc.
» Je les ai rencontrées aussi dans les andésites anciennes de la montasne
Pelée, constituant le morne La Croix et le morne qui domine vers le nord
l'emplacement de l'ancien lac des Palmistes; leur présence dans ces laves
complète l'analogie frappante que celles-ci offrent avec l'andésite de
l'éruption actuelle. Je signalerai aussi comme fort importante, à ce point
de vue, l'existence d'enclaves tout à fait semblables, mais plus cristal-
lines encore, dans les dacites des Pitons du Carbet, minéralogiquement
différentes des andésites qui nous occupent, mais chimiquement analogues.
» J'ai observé en outre (particulièrement dans les projections du 3o août),
une autre catégorie d'enclaves, holocristallines et grenues, qui constituent
des norites passant à des gabbros et à des tliorites; ce sont de véritables
roches de profondeur, en relation intime avec le magma andésitique, mais
elles en constituent un terme évolutif beaucoup plus basique. On peut y
2! 2 ACADEMIE DES SCIENCES.
reconnaître la forme grenue des divers Ivpes de labradorilesà hypersthène
qui sont si fréquents parmi les laves anciennes de l'île. Ces norites présen-
tent des variétés leiicocrates à grands éléments, quelquefois associées, sous
forme de traînées ou de véritables fdons, à des types mésocrates, d'ordinaire
finement grenus et très amphiboliques. A l'inverse des enclaves semicristal-
lines, celles qui sont holocristallines et grenues ont du former des masses
importantes, consolidées en profondeur; elles ont été arrachées par le
magma en voie d'ascension et ont subi, au cours du réchauffement qui en
est résulté, des transformations métamorphiques souvent intenses, essen-
tiellement caractérisées par la fusion de l'amphibole et des minéraux
voisins et recristallisation chondritique d'augite, d'hypersthène, d'olivine
et parfois de feldspath, transformations qui ne s'observent jamais dans les
enclaves semicristallines qui n'ont point changé de milieu.
» Eu résumé, l'éruption actuelle de la Martinique rapporte toutes les
catégories d'enclaves homœogènes dont j'ai cherché depuis de longues
années à suivre la production dans un grand nombre de centres volca-
niques; c'est-à-dire — des enclaves de formation très profonde, holocristal-
lines et grenues, ayant, les unes sensiblement la même composition chi-
mique que le magma englobant, mais avec, souvent, des variations de
composition minéralogique (microtinites à cordiérile) ('), les autres des types
plus basiques, permettant de suivre les phases de l'évolution successive du
magma (noriles décrites plus haut), et enfin — des enclaves semi-cristallines
qui peuvent être considérées comme des agrégats de phénocristaux de la
roche et dont la j)roduction, beaucoup plus récente, se continue vraisem-
blablement pendant la dernière phase de l'ascension intratellurique du
magma.
» A Saint-Vincent, les enclaves homœogènes (-) sont beaucoup moins
variées comme origine, mais infiniment plus abondantes comme nombre.
Ce volcan peut être cité comme l'un de ceux dans lesquels la quantité de ces
produits est le plus considérable. Ce sont des enclaves holocristallines gre-
nues, essentiellement caractérisées par des plagioclases basiques (allant
jusqu'à l'anorthite), vitreux, accompagnés par un péridot très ferrifère,
par de la hornblende, de l'augite et un peu de titanomagnétile. Certaines
éruptions, et particulièrement celle d'octobre, ont rejeté une quantité
considérable de morceaux transparents de feldspaths, provenant de la
(^) Comptes rendus de la séance précédente, p. i^ô.
(-) Ces enclaves sont aussi abondantes dans les tufs anciens de la Soufrière : c'est
SÉANCE DU 2() JUILLET 1903. 2l3
démolition de ces enclaves, alors que dans les cendres de la vallée de la
Wallibu, on rencontre des blocs de ces roches pesant jusqu'à des milliers de
kilogrammes. On y distingue des types pétrographiques variés, suivant que
l'élément ferromagnésien associé au feldspath est du péridot (troctolite) , de
la hornblende (diorite) ou du pyroxène et de l'olivine (gabhro à olivine).
Leur structure varie de la pegmatoïde à la finement grenue. I/examen des
gros blocs montre que ces types n'ont pas d'indépendance individuelle;
ce sont des faciès de variation d'un même magma, les termes les plus difjfé-
rents s'associant les uns aux autres sous forme de traînées, de lits rubanés
ou entrelacés de pseudo-filons, etc.
» Toutes ces roches sont nettement plus basiques que la lave actuelle et
même que les laves anciennes de la soufrière de Saint- Vincent, qui sont
des labradorites à hypersthène, augile et olivine; l'hypersthène y constitue
une rareté. L'évolution calcique du magma est évidente, et peut-être
n'est-il pas inutile à cet égard de faite remarquer que les mêmes tufs de
projection renferment avec une certaine abondance des enclaves énallo-
gènes provenant à l'évidence du métamorphisme de roches sédimentaires
calcaires qui n'affleurent nulle part dans le voisinage. La cristallinité de
quelques-unes de ces enclaves métamorphiques n'est pas moins grande que
celle des roches similaires de la Somma; j'y ai observé en particulier des
roches à anorthite, pyroxène et wollastonite, d'autres àanorthite, pyroxène
et amphibole, enfin des quartzites, riches en anorthite et en pyroxène. »
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Contribution à l'étude des altérations
congénitales du système neiveux : pathogénie de l'anencéphalie. Note de
MM. Claude Vurpas et André Léri, présentée par M. Bouchard.
« Les diverses opinions sur le mécanisme des pseudencéphalies et des
anencéphalies peuvent, d'une façon générale, être groupées sous deux
chefs : une première conception est celle de l'hydropisie embryonnaire
(Marcot, Morgagni, Virchow); plus tard, d'après les résultats de l'examen
anatomique du névraxe d'anencéphales, cette hydrocéphalie a été consi-
dérée, ainsi d'ailleurs que la plupart des malformations observées à la
l'une d'elles que j'ai décrite en 1898 dans mes Enclaçes des roches volcaniques (476)>
d'après un échantillon que m'avait communiqué M. de Lapparent, auquel il avait été
donné comme provenant de Trinidad.
2l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
naissance, comme étant de nature toxi-infectieuse [Pierret (' ), Ruffer (-),
Vaschide et Vurpas (^)]. La seconde opinion est celle de l'arrêt de déve-
loppement, qu'il soit dû à une compression de la lête de l'embryon par le
capuchon cé()halique de l'amnios [Dareste ("*), Péris] ou qu'il ait pour
origine des modifications de la lame médullaire, provoquées par des incur-
vations exagérées du corps de l'embryon pendant les premiers stades de
la vie intra-utérine (Lebedef).
» Dans trois cas de pseudencéphalie qu'il nous a été donné d'observer, la concep-
tion de rhydrocéphalie infectieuse intra-utérine nous a paru confirmée à la fois par
l'histoire pathologique des parents, par les parlicularilés de la gestation, par l'état
analomique des organes, aussi bien celui du système nerveux que celui des autres
viscères.
» Dans les trois cas il y avait eu infection de la mère pendant la grossesse; dans
l'un, congestion pulmonaire au huitième mois et accouchement prématuré à 8 mois |;
dans le second, syphilis secondaire en pleine évolution ; dans le troisième, signes
d'infection utérine depuis un précédent avortement, règles irrégulières, douloureuses
et abondantes, urines albumineuses.
» Dans deux, cas où les membranes n'étaient pas rompues à l'entrée de la parturiente,
on a pu noter un hydramnios abondant (6*1 dans un cas, 5^ dans l'autre).
» L'examen analomique nous a montré une rupture nette au niveau, soit de l'extré-
mité cervicale de la moelle, soit du bulbe, au-dessus desquels un tissu inflammatoire
vasculo-conjonctif occupait la place du cerveau; dans un cas, on voyait à la partie
antérieure de cette néoformation une petite zone de substance nerveuse cérébrale très
nettement séparée des centres nerveux sous-jacents; il y avait ainsi une véritable
solution de continuité entre les parties antérieures du cerveau et la moelle, à l'endroit
où avait eu lieu sans doute l'éclatement du cerveau.
» Nous avons enfin noté l'existence d'une méningite très intense tout autour du
système nerveux central; le tissu inflammatoire entourait les nerfs jusque dans leurs
canaux osseux et enveloppait les ganglions. Dans un cas même, outre la méningite
hémorragique formant à la moelle un manchon aussi épais que la moelle elle-même,
il y avait une inflammation très nette Ae toutes les séreuses : le péritoine, les plèvres,
le péricarde très épaissis contenaient une certaine quantité de liquide, leurs faces
pariétales et viscérales étaient recouvertes de granulations brunâtres, peu adhérentes,
rappelant l'aspect en langue de chat. Dans un cas, un caillot sanguin occupait tout le
bassinet du rein droit.
» Les divers phénomènes que nous avons observés dans Thistoire pathologique de
(1) Pierret, Thèse Jaboulay, i8S6. —Soc. Anthropologie, Lyon.
(-) PvUFFER, Thèse Univ., Oxford.
(*) Vaschide et Vurpas, Essai sur la psycho physiologie des monstres humains,
p. loS.
(*) Dareste, Recherches sur la production artificielle des monstruosités, p. 384-
SÉANCE DU 20 JUILLET igoS. 2l5
cette monstruosité par l'examen soit des parents, soit des foetus ont donc été les sui-
vants : maladies toxi-infectieuses de la mère au cours de la grossesse, hydramnios
abondant, inflammation particulièrement intense non seulement du système nerveux,
mais encore de toutes les séreuses viscérales. L'hydramnios peut être diversement
interprété : mais, qu'il soit dû à une sécrétion exagérée de la séreuse amniotique ou
à l'éclatement d'une hydrocéphalie fœtale (la solution de continuité complète consta-
tée dans un cas entre la moelle cervicale et les parties subsistantes du cerveau nous
fait paraître cette seconde hypothèse beaucoup plus probable), d'une façon comme de
l'autre on se trouve toujours ramené à l'idée d'une infection soit maternelle, soit fœ-
tale. Le processus inflammatoire et hémorragique caractérisé par une méningo-myé-
lile très intense, un tissu réactionnel de néoformation et la présence d'hémorragies,
non seulement au niveau du système nerveux, mais encore au niveau d'autres viscères
(bassinet du rein droit par exemple) sont la signature de l'infection.
)) Nos constatations apportent une confirmation clinique et anatomique
aux faits décrits par Pierret, Ruffer, Vaschide et Vurpas et montrent
que :
)) i" L'anencéphalie et la pseudencéphalie ne sont pas dues à un arrêt
de développement fœtal.
» 2° Elles sont dues à l'éclatement d'un cerveau en voie de développe-
ment sous l'influence de l'hypertension ventriculaire provoquée par une
hydrocéphalie intra-utérine.
» 3° Cette hydrocéphalie s'accompagne d'inflammation de tout l'axe
cérébro-spinal, surtout des méninges, et, dans certains cas, de toutes les
séreuses viscérales.
» 4*^ Toutes ces lésions sont sous la dépendance d'une même cause, l'in-
fection ou la toxi-infection.
» D'une façon plus générale, ces diverses considérations parlent dans
le même sens que les récentes recherches de Charrin et Léri (' ) sur les
lésions des centres nerveux des nouveau-nés issus de mères malades, et
portent à penser que les altérations dites congénitales des différents
organes, du système nerveux en particulier, sont en réalité « acquises »
au cours de la vie intra-utérine et sont la conséquence de toxi-infections
de la mère ou de l'enfant pendant la gestation. »
(^) Charrlx et Léri, Comptes rendus^ 16 mars 1908.
2l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Sur les gaz organiques de la respiration
clans le diabète sucré. Note de M. J. Le Goff, présentée par M. Armand
Gautier.
« Dans l'haleine des personnes atteintes de diabète sucré grave, on a
signalé une odeur attribuée à l'acétone; mais la caractérisation définitive et
le dosage de cette substance n'ont pas été faits.
» J'ai eu à ma disposition un homme de [\i ans, diabétique depuis 6 ans ; ce malade
a maigri de lo''^ depuis 6 mois. Il élimine chaque jour de 3' à 5' d'urine contenant de
4os à 75s de glucose et une assez forte proportion d'acétone. Ses urines prennent nette-
ment la coloration rouge sang par le perchlorure de fer (réaction de Gerhardt).
» Les globules rouges de son sang m'ont donné d'une façon très caractéristique la
réaction basophile ; fixés par l'aicool et l'éther anhydres, ils se colorent par les cou-
leurs basiques, refusant de prendre les couleurs acides.
» 11 m'a été facile d'amener ce malade à faire barboter l'air qu'il expire dans un
flacon laveur contenant de aSos à 3oos d'eau distillée bouillie : pendant i5 à 3o minutes
et même i heure par intervalles de 3 minutes suivis chacun d'un repos d'égale durée.
Dans l'eau de lavage j'ai pu caractériser l'acétone par la réaction bien connue
deLieben, encore sensible avec une liqueur contenant un millionième de ce corps.
J'ai obtenu un précipité caractéristique avec 25oS d'eau dans laquelle l'air expiré avait
passé seulement pendant 5 périodes de 3 minutes, soit en tout i5 minutes.
» Pour doser l'acétone j'ai fait barboter pendant 3o minutes l'air expiré dans un flacon
laveur muni des billes de verre mouillées par 3oos d'eau distillée bouillie; j'ai trans-
formé en iodoforme l'acétone dissous en ajoutant à cette eau quelques gouttes d'une
solution de soude et un excès de la solution suivante :
s
Iode I
Kl 10
Eau joo
» Le précipité d'iodofornie a été dosé par la méthode d'Argenson ('). J'ai obtenu les
résultats suivants :
]3 juin 1903. — Quantité d'acétone éliminée par les pou-
mons en 24 heures is, 076
(') Elle consiste à transformer l'iodoforme en iodure de potassium par la potasse en
solution alcoolique et à doser, par le nitrate d'argent, l'iodure formé.
SÉANCE DU 20 JUILLET igoS. 217
» Ce môme jour le malade a rendu 4' d'urine contenant, par litre, ySs de glucose
et o", 885 d'acétone.
18 juin. — Acétone éliminée en 24 heures par les poumons. i",856
» Quantité d'urine, 3i,5oo, contenant par litre 48s, 5 de glucose et is,i35 d'acétone.
26 juin. — Acétone éliminée en 24 heures par la respiration. 2", 760
» Quantité d'urine, 4S5oo, contenant par litre 58s, 2 de glucose et is, 212 d'acétone.
» Il est difficile de préciser le rôle joué par l'acétone dans l'atmosphère
pulmonaire, mais il est probable que ce corps doit ralentir les échanges
respiratoires; d'ailleurs, on ne le rencontre que dans les cas de diabète
grave.
)) M. Armand Gautier m'a fait remarquer que de l'alcool et d'autres corps
analogues peuvent se rencontrer aussi dans les gaz expirés et donner nais-
sance à la réaction de Lieben ; qu'il y avait donc lieu d'éliminer l'action de
l'alcool en remplaçant, suivant sa méthode, la solution de soude par celle
d'ammoniaque.
» Pour cela, j'ai pris 246'^'"' d'eau dans laquelle les gaz expirés s'étaient lavés pendant
une heure. Je les ai divisés en deux parties de 123"^™' : dans la première, j'ai ajouté de
la soude et la solution iodoiodurée; j'ai obtenu 6o'"s d'acétone. Dans la deuxième, j'ai
ajouté de l'ammoniaque et la solution iodoiodurée. Je n'ai obtenu que 55™s d'acétone.
Ce résultat semble indiquer qu'à côté de l'acétone il existe, dans les gaz de la respira-
tion des diabétiques, d'autres substances donnant la réaction de Lieben et que je me
propose d'étudier. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur l'entretien de V irritabilité de certains
organes séparés du corps, par immersion dans un liquide nutritif artificiel.
Note de MM. E. Hédon et C. Fleig.
« L'expérience de Locke nous a appris que l'irritabilité du cœur des
Mammifères persiste fort longtemps par circulation, dans les coronaires,
d'un liquide nutritif artificiel ne contenant que des sels, un peu de glycose et
saturé d'oxygène. D'autre part, Conheim ayant montré que, pour l'intestin,
la simple immersion de l'organe dans du sang défibriné suffît pour entre-
tenir les contractions péristaltiques pendant plusieurs heures, il y avait lieu
de se demander si le même résultat pouvait être obtenu avec le liquide de
Locke, ou un autre liquide mieux approprié.
G. R., 1903, 2» Semestre. (T. CXXXVII, N" 3.) 29
2l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Un segment d'intestin grêle de lapin, sacrifié par saignée, est excisé et plongé dans
le liquide de Locke à la température de 3j°,C Immédiatement les contractions péris-
taltiques apparaissent très énergiques, et l'on peut en observer les ondes avec la plus
grande facilité, grâce à la transparence du liquide; ces contractions persistent fort
longtemps, s'affaiblissent peu à peu et disparaissent au bout de 4 à 5 heures.
» Nous avons cherché alors à obtenir une survie plus longue, en modifiant et com-
plétant la solution de Locke. Celle-ci manque, en effet, de beaucoup d'éléments miné-
raux du plasma sanguin, ou contient certains de ces éléments en trop faible proportion.
Gomme elle est privée de Ph, S et Mg, nous y avons introduit ces éléments, sous forme
de phosphate disodique et de sulfate de magnésie, et corrélativement avons abaissé le
titre en NaCl; comme, d'autre part, son alcalinité est très faible par rapport à celle
du sang, nous avons augmenté la dose de bicarbonate de soude en la portant de os, 3 à
is, 5 et même 2?, 5 par litre. La composition du liquide ainsi modifiée devient donc :
pour looos d'eau, NaCi, 6; KCI, 0,3; GaCP, 0,1; SO^Mg, o,3; PO^HNa^, o,5;
CO^Nali, 1,5; glucose, i; oxygène à saturation. Un fragment d'intestin grêle de
lapin, plongé dans ce liquide, continue à se mouvoir pendant 9-12 heures à 37°.
)) Avec ce liquide et cette technique simple, on peut maintenant recher-
cher l'influence d'un élément chimique déterminé sur l'irritabilité.
» Locke a déjà montré, pour le cœur, que les contractions rythmiques ne persistent
longtemps que si le liquide salin (liquide de Ringer qui est la base de cette composi-
tion) est additionné de glucose et saturé d'oxygène.
» Pour l'intestin, nous avons vu que la présence du glucose dans le liquide n'est
pas nécessaire, et que cet organe est loin d'exiger autant d'oxygène que le cœur; car,
dans un liquide sans glycose et sans oxygénation spéciale, la durée des contractions
pérlstaltiques ne paraît pas sensiblement diminuée.
» Pour les sels, comme il a été dit plus haut, SO^Mg et PO^IINa^ ne paraissent pas
né('essaires, mais leur présence augmente notablement la durée de la survie. Au con-
traire, parmi les autres éléments, CO^NaH et CaCl- sont absolument indispensables.
Sans bicarbonate de soude ou sans sel de calcium, les mouvements pérlstaltiques ne
persistent que peu de temps, et l'intestin devient complètement inerte; mais ses mou-
vements peuvent néanmoins être réveillés par l'addition de ces sels au liquide, même
après plusieurs heures d'immobilité.
» L'expérience est particulièrement remarquable avec le sel de calcium. Lorsqu'on
a préparé un liquide nutritif absolument dépourvu de calcium, l'intestin, après une
période d'activité généralement très courte, devient complètement immobile. Si alors
on ajoute au liquide le sel de calcium, les mouvements pérlstaltiques apparaissent
instantanément et, à partir de ce moment, continuent comme dans le liquide complet.
Cette expérience, d'une grande simplicité, revêt ainsi une forme très saisissante. La
quantité de sel de calcium nécessaire pour provoquer le péristaltisme est d'ailleurs
très inférieure à la dose Indiquée dans la formule, qui est déjà plutôt une dose for-
tement stimulante, qu'on pourrait avec avantage abaisser à o,o5 par litre; car l'in-
testin peut encore accuser, par un péristaltisme évident, quoique faible et passager.
SÉANCE DU 20 JUILLET igoS. 219
la présence de 0^2,002 à o-^SjOcS de Ca CP par litre. D'autre part, les divers sels de Ca
ont la même action que le chlorure.
)) La conservation de l'irritabilité avec ce liquide nutritif se manifeste
aussi pour d'autres organes que l'intestin grêle.
» Le gros intestin, le rectum, la vessie, l'utérus gravide, et en général tous les
organes à fibres lisses et pourvus de ganglions, présentent des contractions rythmiques
spontanées au contact du liquide. Dans un cas, les mouvements spontanés d'un utérus
de lapine pleine persistèrent pendant 20 heures. D'autres organes ne présentent aucun
mouvement spontané, mais conservent cependant très longtemps leur, irritabilité,
comme on s'en aperçoit en y appliquant un excitant artificiel. Ainsi, l'œsophage du
lapin reste immobile (sauf au niveau du cardia, animé de mouvements rythmiques),
mais se contracte chaque fois qu'on l'excite par un courant induit, et cela pendant
plus de 12 heures.
M La durée de la survie dépend d'ailleurs de la température du liquide.
» L'intestin grêle du lapin présente déjà des contractions rythmiques vers 26°C. et,
maintenu à cette température, il conserve son irritabilité plus longtemps. Si l'on
refroidit très progressivement le liquide, les contractions péristaltiques continuent à
une basse température (jusqu'à i5°C. )• Dans le liquide refroidi à o°C. et maintenu à
la glacière, l'intestin conserve son irritabilité pendant un temps très long (5 et même
6 jours), phénomène sur lequel nous nous proposons de revenir.
» Les expériences qui viennent d'être exposées constituent une
technique très simple pour diverses recherches sur la physiologie des
fibres musculaires lisses et striées. Il est facile, avec l'intestin, d'étudier
les contractions d'un organe ganglionnaire et l'influence de divers agents
chimiques sur ces mouvements. On peut se servir d'un œsophage de lapin,
relié à un myographe, pour l'étude du muscle strié des Mammifères, avec
le même avantage que d'un gastrocnémien de grenouille isolé. Excité par
des chocs d'induction, cet organe donne une série de secousses, et, après
épuisement complet, se restaure spontanément dans le liquide nutritif.
)) L'excitabilité des muscles du squelette et des nerfs moteurs peut être
entretenue pendant quelques heures après la mort, par une circulation du
liquide nutritif dans les vaisseaux; mais, pour ce qui concerne les centres
nerveux, ce liquide paraît impuissant à prolonger, d'une manière notable,
leur irritabilité. Les neurones sympathiques périphériques paraissent, pour
leur nutrition, beaucoup moins exigeants que les neurones centraux ; car
il nous paraît évident que les mouvements rythmiques des organes comme
l'intestin témoignent d'une intégrité de fonction des ganglions périphé-
riques entretenue par le liquide nutritif. «
220 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIRURGIE. — De la formation ducal.
Note de MM. V. Cornil et P. Coudray, présentée par M. Lannelongue.
« A. Fractures fermées. — Les expériences ont été faites sur les côtes
et le radius du lapin. Les premiers phénomènes de la réparation doivent
être étudiés à la surface de l'os, à une certaine distance de la fracture.
» Déjà, après un jour, les élémeiiLs conjonctifs du périoste prolifèrent et devenus
de véritables ostéoblastes, ils forment à sa partie interne deux couches; ces grandes
cellules accolées à l'os envahissent déjà les canaux de Havers superficiels.
» Au bout de deux jours, ces ostéoblastes, souvent en karyokinèse, accompagnent
les vaisseaux qui. du périoste, pénètrent dans les canaux de Havers superficiels;
ceux-ci s'agrandissent en se remplissant de cellules qui résorbent le tissu osseux voi-
sin ; le même phénomène existe dans les canaux de Havers longitudinaux. Il en résulte
que, sur les coupes transversales, la périphérie osseuse est festonnée ou crénelée. Sur
les coupes obliques, les dépressions de la surface paraissent plus allongées. L'os découpe
ainsi à sa superficie paraît soulevé par places. C'est en ce point que va naître, au troi-
sième jour, l'ossification nouvelle sous-périostique.
» Après trois jours, les ostéoblastes sous-périostiques et ceux de la moelle se sont
multipliés et découpent plus profondément la surface de l'os, après avoir envahi une
couche de canaux de Havers situés au-dessous. C'est au niveau des lamelles ainsi
découpées que se montrent des travées ossiformes, bordées d'ostéoblastes et contenant
dans leur intérieur de gros ostéoplastes, travées en continuité directe avec l'os ancien
et qui doivent être considérées comme de Tos nouveau.
» Au bout de quatre jours, l'ossification sous-périostique est très étendue, parfois
même exubérante. Des travées osseuses parties de la surface de l'os où elles sont
épaisses s'élèvent du côté du périoste où elles se terminent en pointes libres, sans
atteindre la portion fibreuse externe de cette membrane.
» Les vaisseaux anciens des canaux de Havers et du périoste qui, déjà le deuxième
jour, montraient des divisions directe et indirecte de leurs cellules, pénètrent dans l'os
nouveau avec le tissu conjonclif et les ostéoblastes.
» Du côté du foyer de la fracture, les extrémités présentent une modification des
cellules des ostéoplastes et des signes d'ostéite raréfiante.
» Après quatre ou cinq jours, l'ossification sous-périostique étant déjà très éten-
due, on voit apparaître des cellules et des capsules de cartilage immédiatement sous le
périoste. Les grandes cellules fusiformes se cerclent d'une mince capsule qui se colore
en violet par l'hématoxyline. Les cellules plus volumineuses, plus turgides, s'entourent
de la même capsule. Ces capsules cartilagineuses deviennent plus épaisses, s'écartent
les unes des autres, et la substance fondamentale qui les sépare devient cartilagineuse.
Cette couche cartilagineuse sous-périostique est séparée des lamelles osseuses en voie
de formation par des ostéoblastes; le cartilage ne concourt généralement pas encore
à l'ossification.
SÉANCE DU 20 JUILLET igo^. 221
» C'est aussi au bout de quatre ou de cinq jours que les fragments qui ont pré-
senté les signes d'ostéite raréfiante que nous avons signalés commencent à donner des
signes de réparation.
» Des travées ossiformes se montrent à Tex-trémité de ces fragments; on en voit
également sur l'os ancien qui forme la paroi du grand canal médullaire. Toutes ces
néoformations osseuses sont bordées d'ostéoblastes, et Ton n'y voit pas de cellules car-
tilagineuses.
» L'ossification médullaire se poursuit les jours suivants ainsi que celle des extré-
mités, en même temps qu'augmentent l'os et le cartilage sous-périostiques.
» Après neuf jours, l'os périostique nouveau, formé de travées anastomosées, s'unit
aux travées analogues venues de l'extrémité des fragments pour former à chacune de
ces extrémités une masse exubérante à la périphérie de laquelle se trouve un tissu
cartilagineux abondant. Cette virole cartilagineuse très épaisse ayant, sur une coupe
longitudinale, la forme d'un conoïde à base sous-périostale, s'enfonce entre les deux
bouquets osseux et les sépare au niveau du centre de la fracture qu'elle remplit. Les
esquilles microscopiques plus ou moins nombreuses, primitivement entourées de sang
et de fibrine, sont détruites par des cellules géantes qui s'y accolent dès le quatrième
jour et disparaissent vers le dixième jour.
» Lorsque les deux extrémités osseuses, au lieu d'avoir la même direction, sont
disposées à angles obtus, c'est dans le sinus de cet angle que la formation ostéo-carti-
lagineuse est la plus abondante.
» A partir du quinzième et jusqu'au vingt-cinquième jour, ce cartilage, examiné
aux bords des lamelles osseuses, offre des indices d'ossification et disparaît peu à peu,
si bien qu'il n'en reste qu'un petit îlot au vingt-cinquième jour. Ce cartilage a servi à
l'ossification qui unit les bouquets osseux provenant de chacune des extrémités des
fragments. On observe du cartilage sérié dont les capsules s'ouvreut dans l'espace mé-
dullaire vascularisé en contact avec elles.
» Le plus souvent, la transformation osseuse du cartilage est irrégulière, les travées
qui s'ossifient à leurs bords contenant, à leur intérieur, de nombreuses capsules carti-
lagineuses. Ces dernières peuvent s'ossifier, la cellule cartilagineuse se transformant
directement en osléoplaste. La multiplication des cellules cartilagineuses se fait par
division directe ou indirecte de leurs novaux. Le premier mode est de beaucoup le
plus habituel.
» Dans le bouquet des lamelles osseuses qui s'élèvent de la surface et des extrémités
des deux fragments et qui confinent au cartilage sous-périostique et au cartilage inter-
fragmentaire, les lamelles tenant à l'os sont épaisses, tandis que celles qui s'unissent
au cartilage sont minces et les aréoles qu'elles forment sont à petit diamètre.
)) B. Fractures ouvertes. — Nous avons étudié comparativement des frac-
tures du radius, avec plaie, chez des lapins.
» Deux fois sur trois cas, il existait du pus dans le cal lui-même sur des animaux
sacrifiés au bout de 12 et de 20 jours. Nous avons constaté l'existence du cartilage
dans ces deux cas. Dans la fracture de 20 jours, l'os nouveau, trabéculaire, coiffant
les deux extrémités de l'os était considérable, formé de travées minces. 11 y avait,
222 ACADEMIE DES SCIENCES.
entre les deux agglomérations osseuses, une virole cartilagineuse épaisse sous le pé-
rioste, mince entre elles. Ce cartilage était en voie d'ossification très active; la plu-
part des travées en train de s'ossifier contenaient des cellules cartilagineuses dans leur
intérieur.
» En résumé, le processus du cal est celui de l'ostéite où l'ossification nouvelle est
visible dès le quatrième jour, comme Fa montré M. Lannelongue dans l'ostéomyé-
lite. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Observations concernant les variations du niveau de
la mer depuis les temps historiques et préhistoriques. Note de M. Pu. Négris,
présentée par M. Gaudry.
« On reconnaît sur la carte de l'Amirauté (Roadstead of Santa Maura,
1864), à l'entrée sud du détroit de Leucade, entre cette île et le continent,
deux môles dirigés l'un vers l'autre. J'ai observé sur les lieux que la plate-
forme supérieure de ces môles, large de 8"^ environ, se trouve aujourd'hui
de 2™, 40 à 2™, 60 sous l'eau. Elle est très sensiblement régulière, ne pré-
sentant que les irrégularités inhérentes au mode de construction par enro-
chement. Les deux bras laissent entre eux un espace libre de 80™ environ,
avec une profondeur de 7™ à 8"^. Ils n'atteignent ni l'un ni l'autre la côte :
celui de l'Ouest s'arrête à 80"" ou 100°^' du rivage de Leucade, qui en cet
endroit s'abaisse en pente douce sous la mer, pour atteindre contre le
môle la profondeur de 3°^; ce dernier commence aussitôt à la profondeur
de 2™, 60. Le bras oriental se termine à 2™ de profondeur, contre le talus
plus raide d'un îlot rocheux, qui a du fournir les blocs de ce brns; mais il
ne tarde pas à prendre, lui aussi, la profondeur de 2™, 4o à 2°", 60, que pré-
sente la surface des deux môles qui s'étend sur une longueur de SSo"^ et
plus, sans compter le vide qui sépare les deux bras.
)) On est en droit de conclure de ces données que le rivage occidental,
tel qu'il était à l'époque de la construction des môles, se trouve aujour-
d'hui sous la mer, à Torigine du môle occidental, à la profondeur de 3'° :
que, d'autre part, le bras oriental qui partait des carrières a empiété dès
l'origine sur l'ancien rivage, pour faciliter le transport des blocs : c'est
pourquoi le môle commence ici à un niveau un peu plus élevé, qu'il con-
serve pendant quelques mètres seulement.
» Les môles sont élevés sur un sol sableux qui exclurait toute idée de
tassement, si d'ailleurs cette crainte n'était combattue par l'état régidier
de la plate-forme, aussi bien sur les points où l'on a les plus grandes pro-
SÉANCE DU 20 JUILLET igoS. 223
fondeurs qu'aux extrémités opposées, sauf tout contre l'île rocheuse, à
l'Est, où la surélévation du môle a été suffisamment justifiée. C'est donc
de 3™ que se serait élevée la mer depuis la construction des môles, qui
doivent sans doute dater de l'établissement des Corinthiens dans le détroit
où ils bâtirent l'ancienne Leucade et creusèrent un canal de navigation.
Le môle paraît destiné à former un port excellent devant cette ville antique
et à protéger le canal de navigation contre les apports de la mer. Comme
les Corinthiens s'établirent à Leucade 255o ans environ avant notre époque,
on peut conclure que c'est depuis 25oo ans environ que la mer est montée
de 3"^^
)) Il est très remarquable que ce chiffre soit très sensiblement d'accord
avec les chiffres trouvés par d'autres observateurs dans des régions très
éloignées les unes des autres. Ainsi le professeur Anton Gnirs a trouvé
que, depuis l'époque romaine en Tstrie, il y a un mouvement positif de la
mer de a"" au moins (^Jahreshericht des K. u. K. Mar. Unterrealschule in Pola,
iqoo-igoi, p. 2o, note); et le D^' Schweinfurth arrive à la même conclu-
sion à Alexandrie (F. Noack, MilLheilungen des K. d. Arch. Inst. Ath. Ah-
theiliing, t. XXV, 1900, p. 228). Il s'agit, dans l'un et l'autre cas, d'époques
éloignées de nous de 2000 ans environ, et le mouvement positif est donné
approximativement comme un minimum, tandis que le chiffre de 3*",
trouvé par nous, est donné comme un chiffre exact et se rapporte à
25oo ans.
» Si, d'autre part, on observe que, sur toutes les côtes de l'Asie mi-
neure, de l'Egypte, de la Grèce, de l'istrie, de l'Italie, les exemples d'en-
vahissement de la mer sont nombreux, tandis que les exemples de recul
de la mer sont rares et plus que douteux, on peut considérer comme
démontré, dans la Méditerranée, que la mer a envahi les continents depuis
2 5oo ans, et que le mouvement positif est de 3™.
» Pouvons-nous trouver le point le plus bas que la mer ait atteint dans
son mouvement de régression? Les surfaces d'abrasion qui se trouvent à
Modon, dans le Péloponèse, taillées aussi bien sur le flysch redressé que
sur le calcaire qui perce à travers ce flysch, vont nous permettre de ré-
soudre cette question. La carte de l'Amirauté de Modon nous montre que
ces surfaces d'abrasion, qui avaient été observées pour la première fois
par les géologues de l'expédition scientifique de Morée (^Géologie, p. 338),
s'arrêtent très exactement à la profondeur de 3 brasses, aussi bien à l'ouest
de Modon, où Philippson marque du calcaire, qu'à l'est, où le même géo-
logue marque du flysch. k l'est, les surfaces d'abrasion sont dues aussi
224 ACADÉMIE DES SCIENCES.
bien au flot qu'aux courants; à l'ouest, au contraire, elles proviennent
seulement du flot. Il est clair que ces surfaces taillées sur des surfaces
fortement redressées, dont les tranches apparaissent tout le long de la
surface d'abrasion, donnent, par leur extrémité la plus profonde, le point
limite que la mer n'a pas dépassé, soit que l'érosion soit due au flot ou
aux courants. Cette limite est donc 3 brasses ou 5™, 48.
» Occupons-nous maintenant de déterminer le temps qui s'est écoulé
depuis que la mer a atteint cette limite.
» Le délroit de Leucade va nous permettre de résoudre cette question. Pendant le
creusement du nouveau canal de navigation M. Sakellaropoulos, le directeur des tra-
vaux, a constaté que la lagune à travers laquelle était creusé le canal présentait o™,3o
à o™,4o d'eau, 4'" à 4"')5o de boue, dont 2™,5o à 3™ de boue molle et l'^jaS à i'°,75
de boue tenace, mais de même aspect, et contenant les mêmes coquilles marines que
la boue supérieure. La surface de séparation des deux couches de boue se trouvait
donc à très peu près à la profondeur de 3™, qui correspond au niveau que devait avoir
la mer à l'occupation du détroit par les Corinthiens et plutôt au-dessous. On en con-
clut que la boue molle s'est déposée depuis cette époque, et la boue tenace avant
cette époque. La différence des deux dépôts doit sans doute tenir au trouble produit
dans la lagune par les courants auxquels l'ouverture du canal donna lieu, ou à
d'autres circonstances en rapport avec ce fait, telle que la plus ou moins grande
salinité de la lagune avant et après l'ouverture du canal.
» Admettons les chiffres moyens de /4">25 pour la boue totale, de 2"',75 pour la
boue molle. Les deux espèces de boue proviennent toutes deux des eaux superficielles
des côtes qui entourent la lagune. On peut admettre que les quantités de boue
déposées sont proportionnelles aux temps employés pour leur formation. On trouve
ainsi que, puisque la boue de 2^,75 d'épaisseur a mis 2600 ans pour se déposer, la
boue totale de 4'"» 25 aura exigé 386i ans. C'est là l'époque à partir de laquelle les
boues ont commencé à se déposer dans la lagune, c'est-à-dire l'époque à partir de
laquelle la mer l'a occupée, et, à ce moment, elle se trouvait à 4'", 60 environ au-
dessous du niveau actuel, tandis que, sSoo ans environ avant notre époque, elle se trou-
vait à — 3. Ces profondeurs sont proportionnelles aux temps correspondants. Si nous
admettons la même proportionnalité pour la profondeur limite de 5°*, 48, nous trouve-
rons qu'elle aura été atteinte 4566 ans avant notre époque. Mais il est peu probable que
cette profondeur limite- ait été atteinte, car il est certain que la mer commence son
travail d'érosion au-dessous de son niveau moyen.
» Nous pouvons donc admettre que le point de régression limite a été
atteint liooo à 45oo ans avant notre époque et qu'il est compris entre la
profondeur limite de 5™48 obtenue à Modon par les surfaces d'abrasion,
et la profondeur de 4™>6o qu'atteignent les boues dans la lagune de Leu-
cade. »
SÉANCE DU 20 JUILLET igo3. 225
HYDROLOGIE. — Sur V appUcatwïi de la fliiorescéine à l'hydrologie souterraine.
Note de M. E.-A. Martel.
« L'emploi de la fluorescéine pour la recherche des relations entre les
pertes et les réapparitions de rivières (imaginé par Ten Brink en 1877 et
de plus en plus généralisé) a donné lieu récemment à divers Mémoires ou
Notes, dont certaines conclusions me paraissent tout au moins prématurées
et établissent en tout cas que ce sujet est très insuffisamment élucidé.
Gomme je l'étudié moi-même assidûment depuis 1896, aussi bien à l'air
libre que sous terre, en examinant la marche des eaux intérieures parmi les
obstacles qu'elles rencontrent, je demanderai la permission de fixer un peu
les idées, en résumant très sommairement ce qui parait acquis actuellement
sur la question :
» I'' La solution de fluorescéine, même très concentrée, se décoloreaw
soleil Qu. moins de 24 heures.
" ^° ^" liooo'oooo' ^ïi plem jour, mais à l'ombre, elle ne commence à se
décolorer qu'au bout d'une semaine au moins.
)> 30 Dans l'obscurité complète je conserve, depuis 1897, ^es échan-
tillons de solutions absolument inaltérées.
» 4° La décoloration partielle par l'argile, reconnue par M. Trillat
{Comptes rendus, i3 mars 1899) est moindre sous pression qu'à l'air libre,
remarque importante, puisque j'ai montré que, dans les réservoirs des
cavernes, l'eau peut atteindre plusieurs atmosphères de pression {Comptes
rendus, 28 décembre 1896).
)' 5° La fluorescéine, même dans une eau très chargée d'argile, /le ^e
décante pas, contrairement à ce qui a été admis jusqu'ici; au jour sans
soleil {voir 2«) elle se décolore lentement, sans être entraînée par l'argile qui se
dépose au fond du vase d'essai.
» 6« La coloration n'est modifiée ni par le fdtre en papier, ni par la
bougie du filtre Chamberiand, système Pasteur.
» 7*» La vitesse de propagation souterraine peut varier dans la propor-
tion de I à 200 au moins; j'ai constaté 5-,5oà l'heure à Padirac (mai 1903)
et loSo'^à l'heure à Bramabiau (septembre 1897), soit i32'» à 25'<"^^ par
jour. Les causes de ralentissement dans l'écoulement des eaux souterraines
sont les éboulements rocheux, amas de sable ou d'argile, rétrécissements,
siphonnements ou conduites forcées, expansions en bassins; bref, toutes
les diminutions de section, multiplications de frottement et stagnations.
C. R., 1903, 2" Semestre. (T. CXXXVII, N" 3.) 3o
22b ACADEMIE DES SCIENCES.
» 8° L'accélération est produite par l'augmentation de la pente et sur-
tout par celle du débit (vitesse de Bramabiau, 5™,i8 par minute, avec débit
inférieur à i""' par seconde, et 17'°, 5o par minute avec 3"' par seconde;
vitesse du Rhin à Ragaz, S""™ par heure pour 200^""' par seconde et 4 pour
1000 de pente; vitesse de la Tamina à Ragaz, 3'"^ par heure, débit g*"' par
seconde et 5o pour 1000 de pente; le torrent coule moins vite que le fleuve
(août 1900).
» 9° Les expériences de TenBrink et Rnop (iS^'y) au Danube-Aach et de
MM. Miqiiel et Dienert (^Rapports de la Commission de Montsouris sur les
sources du bassin de la Seine, 1 901-1903) ont fourni des vitesses égales à
celles de la fluorescéine, pour les dissolutions de sel et la levure de bière
(et même parfois inférieures).
» 10° La remise en marche de colorations souterraines est bien l'œuvre
des crues internes ; mais, en raison de l'absence de décantation (§ 5° et 1 7°),
on ne doit pas se prononcer encore sur la façon dont elle se réalise; je
pense qu'elle provient d'une baisse qui, après le jet de la fluorescéine,
arrête l'eau colorée de bassins de retenue, momentanément privés d'écou-
lement, puis remis en mouvement (voire même anastomosés) par une
chasse de crue. Elle peut aussi qItq fictive, par subdivisions inégales du
cours souterrain.
» 1 1° Les eaux troubles des torrents glaciaires et des crues diminuent,
jusqu'à l'annulation complète, la coloration même très forte.
» 12" Mais l'expérimentateur peut remédier à cela par la décantation
ou le filtrage des particules argileuses (§ 5° et 6°).
» i3" Il est exact que la propagation de la fluorescéine semble moins
rapide que celle de l'eau qui la véhicule; en eau très calme, j'ai trouvé, à
Padirac (22 mai 1903), une vitesse de 12"^ par heure pour la tête d'une
coloration et de 4™ seulement pour la queue, soit un retard des | pour la
fin de la couleur. En espaçant les jets de couleur, les derniers finissent
toujours par rejoindre les premiers.
» Mais il pourrait bien y avoir là (le fait étant contraire aux consé-
quences physiques de la parfaite incorporation moléculaire de la fluores-
céine dans l'eau, § 5° et 6*^) une illusion, produite par une notion insuffi-
sante des conditions matérielles de l'écoulement, et surtout des variations
incessantes de vitesse causées par les obstacles rencontrés. Ici, surtout, la'
circonspection s'impose.
» i4** En tout cas, ce retard, s'il est réel, et surtout les risques de
retenue dans l'argile (§4°) 4"! peuvent aboutir à la dilution et à l'invisi-
SÉANCE DU 20 JUILLET IQoS. 227
bilité complètes, en cas de très long ou de très lent parcours, permettent
de dire qu'un résultat négatif tiendra le plus souvent à la trop petite quan-
tité de fluorescéine employée. Quel que soit l'inconvénient d'un excès de
coloration, c'est le seul moyen de compenser les nombreux éléments d'in-
succès des expériences. Et le précieux fluorescope de MM. Trillat et Mar-
boutin doit être utilisé bien plus comme correctif de ces éléments que
comme moyen d'épargner la substance ou d'en restreindre les effets.
» 1 5** Il faut jeter la fluorescéine , non pas lentement et par petites quan-
tités à la fois, mais, au contraire, rapidement et abondamment, afin de
commencer toute expérience avec le maximum possible de coloration.
» 16"^ L'absence de décantation se manifeste aussi sous terre : à Padirac,
du 20 mai au 7 juin igoS, avec 730^ de fluorescéine, j'ai maintenu coloré,
pendant i5 jours, un bassin de Sooo""' à 6000""', sans qu'aucune trace de
couleur soit demeurée ensuite perceptible (à l'œil nu), même sous 5" de
profondeur; la décoloration a été lente et progressive à partir du troi-
sième jour.
» 17° La propagation de la couleur en eau très calme se fait en minces
filaments vasculaires, à la surface ou entre deux eaux, mais sans chute vers
le fond {% 5« et 17*^).
» 18** Toute expérience devrait être faite de préférence lors des crues
et même dans les trois états d'eaux basses, moyennes et hautes, les diffé-
rences de résultats devant être éminemment instructives. »
A 4 heures et demie l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures trois quarts.
M. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du i3 juillet igoS.
Exposition universelle internationale de 1900. Rapport général administratif
et technique, par M. Alfred Picard, Membre de l'Institut; t. III. 'f Partie: Palais et
autres édifices ou bâtiments généraux de l'Exposition universelle internationale
de 1^00; parcs et jardins; tour de 000'^ (suite). — 5« Partie : Eaux; force motrice;
éclairage. F ATI?,, Imprimerie nationale, igoS; i voL in-^". (Hommage de l'auteur. )
228 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Recherches sur les instruments, les méthodes et les dessins topographiques, par le
Colonel A.. Laussedat, Membre de l'Institut; t. II. 2^ Partie : Développement et pro-
grès de la Mélrophotographie à l'étranger et en France. Paris, Gauthier-Villars,
igoS; I vol. in-8". (Hommage de l'auteur.)
La Phthiriose de la Vigne, parL. Mangin et P. Viala; avec 5 planches et 55 figures
dans le texte. Paris, bureaux de la Beç>ue de Viticulture, 1908; i fasc. in-4°. (Présenté
par M. Guignard. Hommage des auteurs.)
Mémoires de la Société académique d'Agriculture, des Sciences, Arts et Belles-
Lettres du département de l'Aube; t. XXXIX, 3* série, année 1902. Troyes, Paul
Nouel ; I vol. in-S".
Bulletin de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe; 2" série,
t. XXXI, années 1902-1908, fasc. 1. Le Mans, imp. de l'Institut de Bibliographie,
1908; I fasc. in-8°.
{A suivre.)
ERRATA.
(Séance du 6 juillet 1903.)
Note de M. Maurice Nicîoux, Injection intraveineuse de glycérine; dosage
de la glycérine dans le sang; élimination par l'urine :
Page 72, ligne 6, au lieu de 2 minutes i5 secondes, lisez 6 minutes.
Même page, ligne 8 en remontant, au lieu de 3o minutes, lisez 3o secondes.
(Séance du i3 juillet igoS.)
Note de M. Léopold Mayer, Sur les modifications du chimisme respira-
toire avec l'âge, en particulier chez le Cobaye :
Page 107, ligne i\, au lieu de Halsdane, lisez Haldane.
Même page, ligne 34, au lieu de physique, lisez ph^sio-.
Même page, ligne 87, au lieu de respiratoire, lisez respiratoires.
Même page, ligne 38, au lieu de Héger, lisez Heger.
Page 189, ligne 4, au lieu de 3 1800,37 r= 2600JK, lisez 3i3ooa? — 2600 j.
Même page, ligne 7, au lieu de Bastien, lisez M. Bastien.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI 27 JUILLET 1903,
PRÉSIDÉE PAR M. MASCART.
MEMOIRES ET COMMUNiCATlOIMS
DKS MEMBRES ET DRS CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE MINÉRALE. — Préparation et propriétés d'un siliciure de ruthénium ( ' ).
Note de MM. Hexri Moissax et Wiliîem Maxchot.
« Lorsque Ton chauffe ;ia fonr électrique un mélange, de 1^,5 de
ruthénium en poudre et de 7^ de sihcium cristalhsé, placé dans une nacelle
de charbon au milieu d'un Lube de même substance, on obtient rapide-
ment la fusion du mélange, puis la combinaison se produit; elle est accusée
par un rapide dégagement de vapeur, enfin le liquide redevient tranquille
et, à ce moment, on arrête l'expérience. Cette dernière ne demande pas
plus de 2 à 3 minutes avec un courant de 600*°*!' sous 120^°''^. Au moment
de la combinaison, une certaine quantité de métal a été volatilisée sous
forme de vapeur brune. Il est important que le courant du four électrique
soit très constant; sans quoi, les résultats ne sont pas comparables. Cette
expérience a été répétée plusieurs fois dans un creuset de charbon et a
toujours donné les mêmes résultats.
» On obtient, dans ces conditions, un culot métallique bien fondu et
qui présente toujours le môme aspect lorsque l'on fait varier le poids du
silicium du simple au double. Cette substance est concassée, réduite en
poudre, puis traitée par une lessive de soude au bain-marie et, ensuite, par
un mélange d'acide fluorhydrique et d'acide nitrique. Il reste, après ces
traitements, des cristaux blancs, brillants, mélangés à des quantités va-
(') Nous avons poursuivi ces recherches au moyen d'un bel échantillon de ruthé-
nium métallique qui nous a été remis par M. Mathey, de Londres. Nous tenons à
adresser à ce grand industriel tous nos remerciements.
G. K., 1900, -A- Semestre. (T. GX.\.\Vn, iN" 4.) 3l
23o ACADÉMIE DES SCIENCES.
riables de carborundum que l'on peut séparer, grâce à leur différence de
densité, au moyen de l'iodure de méthylène.
» Le même composé peut être obtenu dans un état de pureté plus
grand, en chauffant au four électrique, dans un creuset de charbon, un
mélange de i^', 5 de ruthénium, i5s de silicium et 5^ de cuivre. La réaction
se produit alors avec plus de régularité à la température d'ébuUition du
siliciure de cuivre et, après le même traitement que précédemment, on
obtient un siliciure de ruthénium très bien cristallisé, exempt de siliciure
de carbone et répondant à la formule Ru Si. Le rendement est d'environ
80 pour 100 du poids du ruthénium mis en expérience (').
)) Propriétés physiques. — Les cristaux que l'on préj>are ainsi se présen-
tent en prismes terminés par des pyramides, ou sous forme de dendrites à
arêtes bien arrêtées. Ces cristaux très brillants possèdent une couleur
blanche et un aspect métallique. Dans certaines préparations, nous avions
obtenu une substance de couleur plus foncée, mais cela tenait à une oxy-
dation superficielle. Ces derniers criï.taux reprennent tout leur éclat dès
qu'on les maintient quelques instants au contact de fluorliydrate de fluo-
rure de potassium fondu.
)) Leur densité est de 5, 40 à la température de -f- -V- L'action du sili-
cium sur le ruthénium fournit donc un siliciure formé avec augmentation
de volume. Ce siliciure de ruthénium est très dur. Il raye avec facilité le
cristal de roche, la topaze et le rubis. Sa poussière est sans action sur une
surface bien polie de diamant. Il est volatil au four électrique.
» Propriétés chimiques. — Ce siliciure de ruthénium est un composé très
stable. Cependant le fluor l'attaque à froid en produisant une vive incan-
descence. Le chlore l'attaque lentement et incomplètement vers 5oo°.
Mais au ronge, la combinaison se produit avec un dégagement de chaleur
notable. Même à plus haute température, l'attaque n'est pas complète.
» Les vapeurs de brome et d'iode réagissent lentement sur ce sili-
ciure en poudre, à une température de 600°. La réaction est, en tous
points, comparable à celle du chlore.
» Brusquement chauffé, le siliciure de ruthénium brûle dans l'oxygène
avec une belle incandescence. Du reste, les oxydants, tels que le chlorate
(') Lorsque l'on emploie dans cette préparation une quantité de cuivre plus grande,
il se forme un autre siliciure moins riche en silicium qui, légèrement chauffe, prend
feu dans un courant de chlore.
SÉANCE DU 27 JUILLET îgo3. 23i
de potassium en fusion, l'attaquent d'une façon progressive, mais sans
incandescence. On perçoit en même temps l'odeur du peroxyde de ruthé-
nium RuO'. De même le bichromate de potassium en fusion l'attaque
lentement.
» La vapeur de soufre au rouge sombre décompose ce sdiciure; à la
même température il est lentement attaqué par le sodium et le magnésium
en fusion.
» Le siliciure de ruthénium n'est pas attaqué par tous les acides à leur
température d'ébullition, et le mélange d'acide nitrique et d'acide fluorhy-
drique, qui ne fournit aucune action à froid, ne réagit à chaud qu'avec
une extrême lenteur.
» La potasse et le carbonate de potassium fondus attaquent plus diffici-
lement le siliciure que le métal. Il en est de même pour le mélange de ces
composés avec l'azotate de potassium. Par contre, un mélange de bisulfate
et d'azotate de potassium attaque lentement ce siliciure, avec production
de perruthénate.
)) On sait avec quelle facilité l'hypochlorite de potassium attaque le
ruthénium. Cette solution n'exerce aucune action sur le siliciure. Cette sta-
bilité du siliciure de ruthénium, soit en présence des hvpochlorites alcalins,
soit en présence d'un mélange d'acide nitrique et d'acide fluorhydrique,
démontre bien que notre nouveau composé ne renferme ni métal ni sili-
cium libre.
» Analyse. — Ce dosage est assez délicat. Pour attaquer le siliciure de
ruthénium, nous avons employé un artifice indiqué par Joly dans ses belles
recherches sur les composés de ce métal (' ). Nous avons fait agir sur un
poids déterminé de siliciure un mélange, bien exempt d'oxygène, de chlore
sec en excès et d'oxyde de carbone. Il faut avoir soin de faire cette attaque
au-dessous du rouge naissant pour que le chlorure anhydre sublimé ne
soit pas trop difficile à détacher du verre. Le chlorure de silicium produit
dans cette réaction est recueilli, transformé en silice et, du poids de cette
dernière, il est facile de déduire le poids de silicium du composé. Le
mélange formé de chlorure de ruthénium et du résidu de siliciure non
attaqué (résidu très faible lorsque l'attaque a été assez longue) est chauffé
dans un courant d'hydrogène pour réduire le chlorure à l'état de métal,
(;') A. Joly, Acùion du chlore sur le ruthénium {Comptes rendus, t. CXIV, 1892,
p. 191).
Théorie
4.
pour Ru Si
77.98
78,17
21 ,o3
21,83
282 ACADÉMIE DES SCIENCES.
puis pesé après refroidissement dans une atmosphère d'acide carbonique.
On reprend ensuite par une solution d'hypochlorite à chaud, qui dissout le
ruthénium et laisse le résidu de siliciure. La différence entre les deux pesées
doime le poids de ruthénium.
» Dans la plupart de nos analyses, en partant de 0,2 de siliciure, l'at-
taque était complète après l'^So'". INous avons obtenu ainsi les chiffres
suivants :
1. 2. 3.
Ruthénium 77,94 77'^^ "
Silicium » 20,17 22,10
» Conclusions. — En résumé, à la température de fusion du ruthénium,
ce métal se combine avec facilité au silicium pour donner un siliciure de
formule Ru Si de densité 5,4o, parfaitement cristallisé, possédant une
grande dureté et très stable en présence de la plupart des réactifs. »
CHIMIE GÉNÉRALE. — Arsenic dans les eaux de mer, dans le sel gemme, le sel
de cuisine, Jes eaux minérales, etc. Son dosage dans quelques réactifs usuels.
Note de M. Armand Gautier.
« On savait depuis longtemps que les eaux de mer contiennent une
faible proportion d'arsenic; je viens de m'assurer qu'à la façon du phos-
phore il y est en partie dissous, en partie organisé et contenu dans les
constituants du plankton, tout particulièrement dans les algues microsco-
piques où il accompagne l'iode (^). Mais jusqu'ici la difficulté de recueillir
la totalité de traces d'arsenic en présence des masses de chlorures de l'eau
de mer a rendu impossible pour ces eaux toute détermination exacte, même
en bloc, de cet important élément.
» La méthode que j'ai décrite (voir p. i58) m'a permis, au contraire, de
doser facilement l'arsenic dans les eaux de mer, le sel marin, le sel gemme,
les eaux minérales. Dans le but de poursuivre utilement mes recherches
sur l'arsenic physiologique normal, je l'ai dosé de même dans l'eau distillée
et dans les réactifs généralement utilisés dans ce cas.
» A. Eau de mer; sources salées. — Dans l'eau de mer de l'Atlantique
(*) Comptes rendus, t. CXXXV, p. 833.
SÉANCE DU 27 JUILLET ipoS. 233
(côtes de Bretag^ne), j'ai essayé de doser l'arsenic sous ses trois formes :
minéral, organique et organisé.
» L'eau filtrée sur biscuit de Sèvres a été additionnée, par litre,
de 10 cent, cubes de solution de sulfate ferrique pur d'arsenic ('), portée
alors à Fébullition, saturée d'ammoniaque et filtrée. L'arsenic minéral a
été dosé en recueillant le précipité ferrique, le dissolvant dans l'acide sulfu-
rique étendu et versant directement dans l'appareil de Marsh, comme il est
dit (p. 161); on dose ainsi l'arsenic minéral. La liqueur où s'était produit ce
précipité a été additionnée, après filtration, de 3o'"' d'acide nitrique pur et
distillée à sec au bain de sable dans une cornue de verre vert (-), munie
d'un récipient suivi d'un réfrigérant et d'un tube terminal de Will et Wa-
rentrapp garni de solution de potasse pure et chaude, le tout assemblé par
rodages à l'émeri. Les vapeurs acides non condensées et le chlore s'échap-
paient bulle à bulle à travers une solution de potasse pure (=*), destinée à
recueillir et détruire les vapeurs de chlorure d'arsenic qui pouvaient se
produire. Après dessiccation complète et légère calcination du résidu sec
de la cornue, la hqueur acide distillée et la solution alcaline des tubes
de W. et W., furent mélangées, neutralisées, additionnées de lo*""' de solu-
tion ferrique, portées à Fébullition, etc. On précipite et dose ainsi l'arsenic
organique.
» Toutes corrections faites des faibles traces d'arsenic introduites par le
réactif, cette expérience a donné :
Pour I liti'e.
. r- / • - ^ o , , . ( Arsenic minéral. . . o"»s,ooq
A. Eau de mer puisée a 60^^ des côtes \
1 r> . ^ - 7 /. , { Arsenic organique. o^s, 0008 (environ)
de Bretagne et a o'" de profondeur . j .
( Arsenic organisé. . . Indosable en i litre
B. Même eau de mer Arsenic total o™s, 010
» Les déterminations suivantes sont aussi intéressantes, parce qu'elles
ont été faites sur l'eau de l'Atlantique puisée au voisinage des Açores,
et sur la même verticale, mais à différentes profondeurs . Elles avaient été
(') Cette solution ferrique contenait 3o^' de Fe-0^ au litre.
(^) On s'était assuré que dans ces conditions le verre ne cédait pas à l'acide une
quantité sensible d'arsenic.
(^) Elle contenait o™?, oo44 de As pour 100 et o"'S, ooo4 pour la quantité employée.
234 ACADÉMIE DES SCIENCES.
recueillies, avec toutes les précautions convenues d'avance, par les soins
et sous les yeux de son Altesse le Prince de Monaco que je ne saurais trop
remercier :
Eau de l'Atlantique (Açorcs).
Sondages. Profondeur. As par litre.
S. iSg/}... lo™ o,o25
Id i335 o,oio
S. 1427 {t=:2'^,-) 5943 (à G"Mi 11 8"^ du fond) 0,080
» Il semble donc que dans les parages volcaniques l'arsenic abonde
surtout dans les grands fonds. Nous verrons, en effet, tout à l'heure, que
les émanations venues des profondeurs terrestres entraînent avec elles des
vapeurs de chlorure de sodium très arsenical. A sa surface, l'eau de la mer
s'enrichit moyennement en arsenic grâce peut-être à la fois au plankton
qui la peuple et à l'évaporation.
» Les eaux des sources salées sont toutes, on le sait, plus ou moins arse-
nicales, particulièrement les eaux ferrugineuses et les chlorurées sodiques.
Ma nouvelle méthode permet d'y doser l'arsenic avec grande précision et
rapidité. Le chlorure de sodium n'empêche en rien l'entminement de l'ar-
senic par le sel ferrique qui s'insolubilise à chaud. J'en donnerai comme
exemple le dosage que j'en ai fait dans l'eau salée de Misserey, près Besan-'
çon, eau provenant d'infiltrations naturelles passant sur une couche sali-
fère de 54™ d'épaisseur placée à lyS"^ de profondeur. Cette eau est presque
saturée de sel dont elle contient 326^ par litre. Elle a donné :
Arsenic par litre o'"s, 010.
)) C'est la richesse en arsenic des eaux de mer de surface à l'entrée de
la Manche (*).
» B. Sel marin, sel gemme. — Il m'a paru probable que le sel marin
issu des eaux de mer arsenicales devait contenir une proportion sensible de
cet élément. C'est ce que confirment les analyses suivantes :
(^) J'ai des raisons de penser que l'arsenic et l'iode varient beaucoup dans les eaux
de mer même prises sur un même point, et suivant des conditions qui nous échappent
encore et n'ont pas de relation sensible avec les saisons.
SÉANCE DU y 7 JUILLET igoS. 235
Arsenic
pour loos
Origine. • de sel.
mg
Sel blanc fin Côtes de Bretai^ne o,oo3
Sel blanc fin Sables d'Olonne o,ooi
„ , . , . . { Sables d'Olonne, ( Partie soluble o'"8,o35 ) ,^
bel cris de cnisme. < ,, . , • { r, • • ; 7 / ^, 0,043
( sur 1 Atlantique.! Partie insoluble o'^o, 010 )
Sel dit anglais (^). (Acheté chez Potin à Paris) o,oi5
As pour loo';"''
Origines. de seL
( Stassfurth (très bel échan- ) ""^ ^
Sel seinine { ... ^ , o,ooa3
( tillon transparent) )
(Salines de Saint-Nicolas, | /'«/•^/e 5o/«èfe. .. . o^s^oof) ) .
I près Nancy \ Partie insoluble.. o™s,oo5 )
j
Montagne de sel de Djebel- j
Id. l Amour ( Sud-Oranais) [ o,ooo
( (bel échantillon) ]
Chlorure de sodium fondu au rouge (Origine inconnue) , o,o3o
Chlorure de sodium recueilli dans une fissure volcanique du Vésuve. . . o, 175
» Le chlorure de sodium coalient donc toujours de l'arsenic, surtout
s'il est d'origine volcanique directe et lors même qu'il a été fondu au rouge.
» Nous tirerons de ces analyses un autre enseignement. De tous les sels
usuels, le sel gris de cuisine est le plus riche en arsenic.
» Le sel marin me paraît donc constituer l'une des sources principales à
laquelle nous puisons tous les jours l'arsenic qui nous est nécessaire et
que certains de nos organes emmagasinent avec une surprenante avidité.
» Au point de vue médico-légal, il y ^ lieu de tenir compte aussi de cette
introduction continue d'arsenic dans l'économie par le sel de cuisine. Mais
il faut remarquer que les quantités ainsi absorbées sont très minimes
(environ un décimilligramme par mois). Surtout il ne faut pas oublier que
j'ai montré que le foie, le sang, l'estomac, les muscles, etc. des mammi-
fères ne contiennent pas d'arsenic à l'état normal ou une quantité qui ne
parait pas généralement supérieure à -j-^ de milligramme par loo^ (-).
)) G. Eaux minérales. — J'ai eu la curiosité de doser l'arsenic, par ma nou-
velle méthode, dans quelques eaux minérales où plusieurs habiles analystes
l'avaient déjà déterminé. J'ai particulièrement examiné, à ce point de vue,
les eaux de Vichv où l'arsenic avait été dosé suivant d'autres procédés et
(1) Ce sel, fin, opaque, paraît mélangé d^ine très faible proportion d'épices.
(^) Si Ton corrige l'arsenic obtenu de celui qu'apporte l'ensemble des réactifs»
236 ACADÉMIE DES SCIENCES.
en agissant sur de grandes quantités d'eau, en particulier par M. Willm,
dont on conuait la haute précision.
» Voici nos résultats comparatifs :
Arsenic par litre.
Sources de Vichy (•). A. Gautier. E. Willm.
mg m?r
Grande Grille 0,28 0,82
Puits Ghomel 0,24 0,82
Hôpital o,i4 0,48
Célestins (-) 0,12 »
Hauterive o,3i 0,82
w Mes analyses ont été faites sur 100 cent, cubes d'eau seulement.
)> Saufjîour la source de VHôpital, on remarquera la concordance très
satisfaisante des nombres de M. Willm et des miens. Pour l'eau dite de
ï Hôpital, deux dosages faits sur 100 et 200 cent, cubes d'eau m'ont donné
ce même poids de i4 centimilligrammes d'arsenic par litre. Cette eau
aurait-elle subi quelques variations en arsenic avec le temps?
» D. Réactifs divers. — J'ai voulu me servir enfin d'une méthode si com-
mode et si sûre pour déterminer les quantités d'arsenic que les réactifs
prétendus purs ordinairement employés à la recherche physiologique ou
médico-légale de ce métalloïde introduisent dans les dosages faits par les
anciens procédés. Voici mes résultats ;
Arsenic.
Eau distillée à l'alambic de cuivre étamé, après mé- ^^^^
lange de is CO^ Na^ par litre 0,0007 par litre
Eau distillée à la cornue de verre avec i pour 1000
deCO^NalIpur o,oo[i »
Ammoniaque dile pure du commerce 0,0010 pour 100'"'"
Ammoniaque faite avec du sulfate de potasse pur
d'arsenic et de la soude caustique. dite />«A-e o,oo33 »
Bicarbonate sodique pur du commerce .- . 0,016 pour loos
Nitre pur du commerce 0,001 5 »
Sulfate de potasse d'il pur o , 006 »
Le même purifié par (SO*)^Fe^, ce réactif conte-
nant 3os Fe^O^ au litre 0,0000 »
Sulfate ferrique purifié, contenant 3os Fe'^0* au
litre o,ooo4 pour 100""'
(^) Eaux puisées par moi et embouteillées sur place.
(■'') L'eau dite des Célestins provient de trois sources analysées séparément par
M. Willm. Nous n'avons pu savoir exactement celle qui correspondait à notre analyse.
SÉANCE DU 27 JUILLET 1903. aSy
Acide nitrique spécialement puriHé 0,00028 en loos
Solution concentrée dans Teau de gaz sulfureux,. . . o,oo5 en loo*"'"'
Hydrogène sulfuré obtenu par FeS ordinaire et HCl
ordinaire et lavé attentivement aux acides et à
l'eau quantité considérable (^)
Hydrogène sulfuré purifié 0,0008
Zinc pur o , 0000 en 20s
)) Ainsi, la plupart des réactifs prétendus purs dont on se sert habi-
tuellement dans les recherches d'arsenic par les anciennes méthodes :
l'eau distillée, l'acide nitrique, l'acide sulfureux, les bisulfites, l'ammo-
niaque et son carbonate, et surtout l'hydrogène sulfuré, contiennent
tous une trace, et ce dernier gaz une quantité relativement très grande
d'arsenic. On peut à peu près négliger la dose inappréciable d'arsenic
qu'introduit la méthode au fer, mais il n'en est pas de même quand on
recourt aux anciennes. J'ai calculé que, avec mon ancienne méthode, la
plus perfectionnée, on peut apporter, par l'emploi de loo^ d'acide nitrique
spécialement purifié et l'ensemble des autres réactifs, de o™s,ooi à o'"^,ooo5
d'arsenic. Quoique très faibles, ces quantités deviennent inquiétantes s'il
s'agit de s'assurer de l'existence ou de l'absence de l'arsenic physiolo-
gique dans des tissus et des organes où l'on n'en trouve que des traces de
l'ordre de grandeur de celle qu'introduisent les réactifs eux-mêmes.
» Je reviendrai sur ce point très important dans une prochaine Commu-
nication. »
MÉCANIQUE. — Sur les ondes-cloisons. Note de M. P. Duhem.
« Nous avons montré (-) que, en un fluide visqueux, les seules ondes
possibles sont des ondes qui séparent constamment les deux mêmes masses
fluides. Une de ces ondes incapables de propagation étant d'un certain
(^) L'arsenic apporté par un courant de bulles de rapidité moyenne, venant barboter
durant 1 heures dans de l'acide nitrique pur porté à 100° placé dans un ballon à long
col qui ne cédait pas d'arsenic à l'acide, a été de o'"8, 080. Je donnerai ailleurs la mé-
thode de purification de l'hydrogène sulfuré.
(^) Des ondes qui peuvent persister en un fluide visqueux {Comptes rendus,
t. GXXXUI, i4 octobre 1901, p. 579). — Recherches sur l'Hydrodynamique,
II® Partie {Annales de la Faculté des Sciences de Toulouse, 2" série, t. IV, 1902).
G. K., icjoS, ■!' Semestre. (T. CXXXVII, N° 4.) ^2
238 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ordre n par rapport aux composantes ii, v, w de la vitesse, est seulement
d'ordre {n — \) par rapport à la densité p. Nous avons ensuite étendu (' )
cette proposition à tous les milieux élastiques dénués de viscosité, qu'ils
soient vitreux ou cristallisés, affectés de déformations très petites ou de
déformations finies.
» Ces ondes dénuées de propagation, semblables à des cloisons étanches,
partaient le milieu en cellules telles qu'aucune masse matérielle ne puisse
passer d'une cellule à l'autre.
)) Considérons celles de ces ondes-cloisons qui sont du premier ordre
par rapport à u, r, w^; le long d'une des ondes, la vitesse relative des deux
masses qu'elle sépare est nulle. Une telle onde est, en général, surface de
discontinuité pour les six quantités
» Considérons hquadrique Q des pressions, représentée par l'équation
+ 2(T,-f- T,)YZ -4- 2(1V+ T^)ZX + 2(T, -f- T,)YZ = 1.
)) Lorsqu'on s'approche d'un même point M d'une onde-cloison, la qua-
drique Q tend vers deux formes limites distinctes Q,, Qa, selon que l'on
chemine du côté 1 ou du côté 2 de l'onde. Entre ces deux quadriques Q, ,
O existe une relation. Si a, (3, y sont les cosinus directeurs de la normale
à V onde- cloison, menée, par exemple, du côté 2 au côté 1, on a, au point M,
(N, + v,),a-h(T,+T,),p + (T^ + T,),T = (N:,+v,),oc4-(T, + T,),p + (T^ + T^),y,
(T,+T,),a + (N^-t-v^),(^ + (T,- + T,),y = (T. +T,),a + (N,. + v^)2p 4- (T, + T,),y,
(T^4-T^),oc+(T, + T,),^4-(N,+v,),y = (T^+T^)oa + (T, + T^)2[3+(N,4-v,),y.
» Le plan diamétral conjugué à la direction (a, [i, y) de la normale à
(1) Sur le mom'ement des milieux vitreux, affectés de viscosité, et très peu dé-
formés {Comptes rendus, t. CXXXVI, 9 mars igoS, p. 692). — Sur les ondes au
sein d'un milieu vitreux, affecté de viscosité, et très peu déformé {Jbid., i3 mars
1903, P- 733)- ^^^ ondes du premier ordre par rapport à la vitesse au sein d'un
milieu vitreux, doué de viscosité, et affecté de mouvements finis {Ibid., 6 avril 1908,
p. 858). — Des ondes du second ordre, par rapport à la vitesse au sein des milieux
vitreux, doués de viscosité, et affectés de mouvements finis {Ibid., 4 mai igoS,
p. 1082).
SÉANCE DU 27 JUILLET igoS. 289
V onde- cloison a même orientation en la quadrique Q, quen la quadrique Q,.
» Cette relation n'empêche pas les deux quadriques Q,, Q., d'avoir, en
général, leurs axes principaux orientés différemment.
» Supposons le milieu limité par une surface libre soumise à une pres-
sion normale II, cette pression étant uniforme ou continûment variable
d un point à l'autre de la surface libre. Soient 1, [j., v les cosinus directeurs
de la normale à la surface libre, cette normale étant dirigée vers l'intérieur
du milieu. Nous aurons, en tout j)oint de la surface libre,
(T, 4- T, ) X -+- (N, + V,.) ;.. 4- (T^ + T.) V = %,
(T,. 4- T,.)l 4- (T^4-T,) 'j. 4- (N,4- V,) V = Hv.
Ces égalités nous enseignent que la normale à la surjace libre marque, en
chaque point de cette surface, l'un des axes principaux de la quadrique Q
relative au même point.
» Nous avons vu qu'en général l'orientation des axes principaux de la
quadrique Q subissait un changement brusque au travers d'une onde-cloi-
son du premier ordre par rapport à u, v, w. Si donc L désigne la ligne d'in-
tersection d'une telle onde-cloison avec la surface libre, la normale en M
à la surface libre subira un brusque changement de direction lorsque le
point M traversera la ligne L. D'où la proposition suivante :
» L'intersection d'une onde cloison, du premù^r ordre par rapport aux com-
posantes de la vitesse, avec la surface libre qui limite le milieu, est une arête
de cette dernière surface ; cette arête peut d'ailleurs se dessiner en saillie ou en
creux.
» Au cours de ces dernières années, les expérimentateurs ont observé,
dans les conditions les plus variées, qu'un milieu continu en mouvement
pouvait se diviser en cellules persistantes et que les surfaces cloisonnant le
milieu se marquaient à la surface libre par des arêtes saillantes ou ren-
trantes; M. H. Bénard (*) a étudié ce phénomène, avec un soin extrême,
dans les liquides qu'un échauffement inégal anime de mouvements tour-
billonnaires; M. G. Cartaud (-) l'a rencontré en diverses autres circons-
tances. Ces observations semblent trouver leur explication complète et
(') H. Bénard, Journal de Physique, 3« série, t. IX, 1900, p. 5i3; t. X, 1901,
p. 254.
{-) Revue générale des Sciences, i4'' année, 1908, p. ii^.
24o ACADÉMIE DES SCIENCES.
générale dans les lois qui président auK mouvements des milieux vis-
queux. ))
CHIMIE ORGANIQUE. — 5wr le cyclohexane el ses dérivés chlorés.
Note de MiNT. Paul Sabatier et Alph. Mailhe.
« En appliquant au benzène la méthode générale d'hydrogénation
directe par calalvse que l'un de nous a instituée avec M. Senderens, on le
transforme très aisément en cyclohexane CH*- semblable à celui qui existe
dans les pétroles du Caucase (*). C'est un corps d'odeur agréable qui,
lorsqu'il est pur, cristallise fiicilement au voisinage de 0°. Point de
fusion 6'', 5. Point d'ébuîlilion (dans la vapeur) sous ^55""" : 81", o.
Densité à i3<^,5 0,7843
» à /î 4" , 6 • o , 7.55 1
)) M. le professeur Evknian, de Groningue (Pays-Bas), a bien voulu en
étudier la réfraction; il a trouvé comme indices à i3'',5 :
«a I> 42777
«p 1 ,4353i
«y 1,43972
)) Ce cyclohexane est idcLitiné j)ar ses propriétés physiques à celui que
Zélinski a j)réparé synlhétiquement à j)arlir de l'aciiie pimélique (-).
» L'existence du noyau aromatique a été établie dans le carbure de Zélinski, par
l'action du brome qui le change en tétrabromobenzène.
)) La température très basse (70° a 180°) où a lieu la fixation d'hydrogène dans la
synthèse du cyclohexane à partir du benzène en présence du nickel réduit ne permet
pas de penser qu'une transposition moléculaire ait pu s'accomplir. Nous avons pu
démontrer que le noyau ai'omatique persiste réellement dans le carbure : en effet, les
vapeurs de cyclohexane synthétique issu du benzène, dirigées seules sur du nickel
récemment réduit, maintenu entre 270° et 280", sont décomposées régulièrement en
régénérant du benzène el de l'hydrogène qui, à cette température, réagit aussitôt
sur le benzène pour le transformer en méthane, qu'on recueille sensiblement pur. Le
benzène formé a été caractérisé par sa transformation en nitrobenzène de point d'ébul-
lition bien défini. La réaction définitive peut se formuler :
(*) Paul Sabatier et J.-B. Senderens, Comptes rendus, t. CXXXII, 1901, p. 1284.
(-) Zélinsky, Ber. der dentsch. ckein. Ges.^ 1901, P- 2799.
SÉANCE DU 27 JUILLET IQoS. 24 1
» La présence du novau aromatique clans le cvclohexane se trouve ainsi
établie : on verra plus loin qu'elle est également démontrée par les réac-
tions des dérivés chlorés.
» Dérivés chlorés. — Les travaux antérieurs de Markow^nikoff et de
Fortey sur le cvclohexane du pétrole avaient indiqué la formation directe,
par l'action du chlore sur le carbure, d'un dérivé monochloré bouillant
vers 142°, puis de dérivés dichlorés mal étudiés et de dérivés polychlorés
liquides indiqués sans aucune précision. Pouvant disposer de quantités
importantes de cvclohexane synthétique absolument pur, nous avons
étudié sa chlornration directe. On a fait agir le chlore sur le carbure
refroidi au voisinage de 0° : l'action, qui est d'abord très énergique, donne
lieu à une substitution d'autant plus avancée qu'elle est plus prolongée.
La présence du chlorure d'iode ou d'antimoine n'a aucune utilité. Celle du
chlorure d'aluminium est nuisible en donnant naissance à des corps gou-
dronneux très condensés.
» Le produit de chaque opération est agité avec un excès de potasse
diluée, lavé à l'eau pure et, après dessiccation, soumis à des distillations
fractionnées. On sépare facilement le dérivé monochloré, puis, par un
grand nombre de distillations fractionnées effectuées sous do'""^, nous
avons pu isoler les dérivés dichlorés, trichlorés, tétrachlorés.
» MoNOCHLOROCYCLOHEXANE. — C'est uii liquide incolore d'odeur agréable, un peu
piquante, qui bout sans décomposition à 1 4 1", 6-1 42", 6 (corr.) sous y^g"^'^. Sa densité
est voisine de celle de l'eau, savoir dl z= i ,0161 ; <iy' ^ 0,9976.
» Traité par la potasse alcoolique pendant plusieurs heures au réfrigérant ascen-
dant, il donne du cvclohexène CH^** bouillant à 83^-84°.
» DiCHLOiiOCYCLOHEXAN'ES. — La distillation fractionnée sous 5o™™ sépare deux,
liquides distincts, d'odeur piquante non désagréable.
» Le premier passe en deux fractions égales :
de io5°, 4 à 106", 4 f/° = 1 ,2o56
de 106°, 4 à 107°, 4 ^''0=1 ,2060
)) Sous 761™™ il bouta 189° en se décomposant assez fortement et perdant de l'acide
chlorhydrique. Soumis à un refroidissement intense au moyen de neige carbonique,
il se prend en une masse qui, ramenée à la température ordinaire, dépose un peu de
composé cristallisé de même formule fondant à 98°.
» Chauffé longtemps au réfrigérant ascendant avec de la potasse alcoolique, il se
transforme surtout en chlorure de naphtylène C^H'Cl, bouillant à i43°, identique à
celui qu'avait obtenu Markownikoflf, et qui fournit avec l'acide sulfurique concentré
une coloration rouge intense. Ce chlorure est accompagné d'une petite quantité d'hexa-
terpène C'IP, qui donne avec l'acide sulfurique une réaction violette.
212 ACADEMIE DES SCIENCES.
» Le deuxième liquide, d^ =i ,2222, bout à 1 12°,4 -ïi3°,4 sous 60™"^% et à 196°
sous 760™"" en se détruisant fortement. La comparaison des densités et des points
d'ébullition avec les dérivés similaires du benzène, conduit à penser que c'est le
dérivé i .2.
» Trichloroctclohexanes. — Nous avons pu isoler deux dérivés liquides et un
solide: ils possèdent une odeur piquante, très persistante, qui est fort désagréable
quand elle est très diluée.
» Le premier, </g = i,3535, bout à i39'',5-i4i°,5 sous 5o"'"\ Sous 7/45™", il bout à
221° en se décomposant assez fortement.
» Le second, dl=z i,36ii, bout à i43°,5-i45°, 5, sous 5o'""; l'ébullition sous 745°""
a lieu à 226° avec destruction partielle.
» Le troisième est formé de cristaux incolores, épais, issus d'un prisme incliné, très
solubles dans le chloroforme, d'où ils cristallisent aisément. <i° = i, 5 io3. Il fond à 66°,
et bout à i5o°,4-ï5i°54 sous 5o""". Il bout à 233° sous 745"™, avec décomposition par-
tielle. Les analogies amènent à croire que c'est le dérivé i .3.5. Traité à 100° en tube
scellé par la potasse solide un peu alcoolique, il perd 3 H Cl et se change en benzène
pur, qui a été cai'actérisé par sa transformation intégrale en nitrobenzène. C'est une
nouvelle preuve de la persistance du nojau aromatique dans le cyclohexane primitif.
» Têtrachlorocyclohexanes. — L'action du chlore poursuivie au soleil détermine
une chloruration plus avancée avec dépôt abondant de tétrachlorocyclohexane cristal-
lisé. Celui-ci, recrislallisé dans le chloroforme, se présente en prismes allongés, sans
doute anorthiques, dont les faces latérales forment un angle plan voisin de 54°. La
densité est <i°=:i,64o4- Chlore pour 100 : calculé, 63,9; trouvé, 63,2. Son odeur
désagréable rappelle un peu celle de l'iodoforme. Il fond à 173° et peut être sublimé
sans se détruire. Chauffé en tube scellé à joo" pendant 20 heures avec de la potasse
solide un peu alcoolique, il perd 3 H Cl et se transforme complètement en monochloro-
bènzène C^H^Cl, bouillant à i3i°-i32". C'est une troisième démonstration de la for-
mule hexagonale du cyclohexane.
» Le liquide qui a déposé le dérivé précédent nous a donné, par distillations frac-
tionnées, un dérivé tétrachloré liquide, épais, d'odeur désagréable, dl=zi,56j^, qui,
sous 5o™™, bouta 170°, 5-172°, 5.
M liR clilortiration peut être poussée encore plus loin grâce au concours
des rayons solaires. Nous poursuivons l'étude des produits obtenus. »
CORRESPONDAJ\CE.
ASTRONOMIE. — Photographie de la comète Borrelly, i9o3c. Note
de M. QuÉNissET, présentée par M. Wolf.
« La photographie de la comète Borrelly, que j'ai l'honneur de pré-
senter à l'Académie, a été obtenue à mon observatoire de Nanterre le
SÉANCE DU 27 JUILLET igo3. 243
24-25 juillet 1903 à l'aide d'un objectif à portraits de o'°,075 de diamètre
et o",3oo de distance focale. L'exposition de la plaque sensible a duré i^,
de23''9™ à 0*^9".
» Le phototype présente les particularités suivantes :
» La chevelure mesure 16' de diamètre, c'est-à-dire un peu plus que la moitié du
diamètre apparent de la Lune. On distingue plusieurs queues : une première aigrette
lumineuse assez fine, la plus occidentale, de 55' de longueur; une deuxième branche
plus large, mais bien moins lumineuse, que l'on suit facilement sur le phototype,
sur une longueur de 3°3o'; une aigrette, plus lumineuse, très fine vers la chevelure,
mais s'élargissant insensiblement jusqu'à un centre de condensation bien marqué,
situé à i°3o' du noyau de la comète; ensuite cette aigrette se prolonge, en devenant
plus faible, jusqu'à 3°2o' environ; enfin, vis-à-vis du centre de condensation de l'ai-
grette précédente, mais rejetée plus à l'est, on observe une queue, la plus large, la
plus lumineuse et la plus longue, qui atteint au moins 7°5o'. Cette branche est elle-
même très irrégulière. »
CHRONOMÉTRIE. — Sur les conditions de la synchronisation.
Note de M. Andrade, présentée par M. H. Poincaré.
« Régime d'une horloge synchronisée. — Soient I le moment d'inertie
d'un balancier synchronisé; m l'écart au point mort; I(Ro-h/-)M le mo-
ment de rappel où la fonction rest une fonction paire fort petite, à laquelle
se rattachent les perturbations d'isochronisme; l(\-hl)— le couple
d'amortissement où / est une fonction de la vitesse ~ = u' ; nous suppo-
sons cette fonction et sa dérivée petites par rapport à 1^ qui est lui-même
petit. Soit encore IF(;) le moment de la force synchronisante, fonction
périodique du temps, de période V.
» Pendant que l'échappement n'agit pas sur le balancier, le mouve-
ment de celui-ci est défini par l'équation
(') S? + (^« + 0^+(R. + '-)« = F(0;
posons alors k'T = 27û, k'^ = R'^ , R^ — R',^ = a^; et faisons le changement
de variables
u =y s'm/i:' t -+- z cosk't,
(^) \ W j, . ,,
-p =yco&/ct — z smX: t.
244 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Soit /(, une époque quelconque, mais fixe dans le raisonnement qui va
suivre; soient j^, z^ les' valeurs fie j, z à l'époque /„ et Y^, Z^, les valeurs
des mêmes variables à l'époque t^ + T . Nous envisagerons l'échappement
comme ae^issant instantanément à l'époque t, et si nous considérons une
fonction û de y^ et z^ qui dépend sensiblement du seul argument
y/y- -{- z\^^ po, et qui, même dans une certaine étendue des amplitudes uLi-
lisables, est sensiblement constante, nous aurons en taisant -ttt" = !-'•'
Y. =
(3)
p.::o+(i- À)ro+acosA- /, + / ^ dl,
(i - }.).^„ + ;.. y, - o suU-'/, - / -^, dl.
l'échappement frappant presque au point mojt, on aura sensiblement
^ _ ^ <^7o ~ Po
t'-^û Po
» Soit (j'o> -o) '® point double de la substitution (3) et posons
V = J-Jo' \z=:z — z,;
(3) pourra s'écrire dans un voisinage suffisant de (y,,, c^) :
(4) AY,=:-;xA^o+(i->.)A/,-P-sin^-7,(^Ar„~^A.O,
\ Po Po /
(5) AZ,= (i-l)àz,+ i.Ay,-acosk't,('-^^Ay,-'-^AzX
\ Pc po /
)) Posons encore
AY^) = V] sin/^; A/o = ^î5'n^î
AZ„ = YjCos/; Ago=:£CosO;
en formant les combinaisons
(4) cosi?:^, — (5) sinX-7, ; et (4) .sin>?:7, H- (5) cosX-'/<,
nous obtenons
'/) sin ('i — /c' t f) =^ — fx£cos(0 — X:'^^)^-(I —l)^s\n(fi — k't^),
yiCOs(-/_ — k'tf)-— — [j,£sin(0 — ^'/,) + (i — A)£Cos(0 — k' t^) — -^ £sin(0 — a„).
SÉANCE DU 27 JUILLET igoS. 245
d'où l'on déduit
a,sin(6 — 7) + (i — X)cos(0 — '/)— ^sin(0 — a„)cos(7 — ^-'/,)
» Si le module de la parenthèse facteur de £ est moindre que i dans un
voisinage suffisant de (jo' -o)> 1^ substitution dont (3) est l'expression
approchée sera convergente, à la manière des sabstilutions à une variable
de M. Kœmgs.
» Or, on a
I |x sin (0 - /J + ( I - >.) cos (0 - x) |< v^( 1 - ^y
» La condition
(6) ^(ï_X)^ + ^.^+-A^<i
assurera donc la convergence des substitutions répétées | y^, z^ 1 1 Y^,, Z^ \ et
par suite un régime limite périodique pour le mouvement du balancier de
l'horloge synchronisée.
)) Réglage de la force synchronisante. — On peut d'ailleurs régler la force
synchronisante pour que la valeur de p^ soit donnée à l'avance.
» Soit, en effet, donné en série de Fourier
F(/) = A„ + A, cosk' t — C, ?,ink' l +. ..;
faisons
y^= po sina„, >. = ^-cosp,
^0=:^ Pocosa,,, .x:=: i?- sin^;
le point double de la substitution (3) sera donné par
i^ sina„+ o-p„ sin(a„ + p) = ^ A,,
(7) _ ^ , ;
f £2cosa,+ o-p^cos(a„-h (i) = -^(.,,
qui définiront à leur tour la force synchronisante dans ses éléments in-
fluents.
» Quelques conséquences. — (6) nous apprend que l'on pourra, avec
l'amortissement naturel de l'horloge, réaliser la synchronisation tant que
I p. I est suffisamment inférieur à sj^.!.
» Quand les valeurs de | [j. \ deviennent plus considérables, il sera néces-
C. R., 1903, ?.' Semestre. (T. CXXXVIT, N° 4 ) ^^^
246 ACADÉMIE DES SCIENCES.
saire d'employer l'amortissemenL additionnel électromagnétique de Cornu.
» L'influence des levées de l'échappement ne doit pas modifier d'une
manière bien notable les conclusions que nous venons de former pour un
échappement à impression instantanée.
» Généralisation d'un théorème de Cornu. — Si l'on suppose /= o = z et
si l'on supprime l'échappement, la substitution | j^, ^^^ 1 1 Yq, Z^ | devient
rigoureusement une transformation du plan par similitude directe, et le
théorème relatif à un régime limite périodique établi par Cornu (Mémoire
de 1894) pour une force synchronisante petite et un amortissement petit,
devient débarrassé de ces hypothèses restrictives par la considération du
pôle de similitude de la transformation précédente. »
OPTIQUE. — Sur la mesure du dichroïsme des cristaux.
Note de M. Georges Meslix, présentée par M. Mascart.
« Lorsqu'on reçoit dans la loupe dichroscopique de Haidinger un fais-
ceau de lumière naturelle et que, après avoir intercalé un cristal en avant de
la loupe, les deux images prennent des colorations différentes, on dit que
le cristal est dichroique. Pareillement on dit qu'il y a dichroïsme lorsque ce
cristal présente des teintes différentes suivant la direction dans laquelle la
lumière le traverse.
» La cause fondamentale de ce phénomène réside, comme on le sait,
dans l'inégale absorption des vibrations suivant leur orientation ; mais la
production des deux couleurs provient essentiellement de ce que la loi de
l'absorption qui varie avec la direction, varie aussi dans le spectre avec la
longueur d'onde, c'est-à-dire avec la radiation considérée, de telle sorte
que, si l'on envisage, d'une manière générale, le dichroïsme comme la pro-
priété en vertu de laquelle les vibrations principales sont inégalement mo-
difiées, il peut arriver qu'avec certains cristaux les deux images soient
colorées de la même façon, si l'inégalité de modification s'étend suivant
la même loi à tout le spectre. Pourtant, de tels cristaux manifesteront encore
la propriété dont ils jouissent, en donnant deux images dont les intensités
seront différentes; elles pourront même être blanches si le cristal absorbe
éfi^alement les différentes teintes, tout en présentant une absorption variable
avec la direction. Il est vrai que ce dernier cas, qu'on pourrait appeler le
dichroïsme blanc, s'observera malaisément s'il est peu intense, la loupe
dichroscopique ne présentant pas une grande sensibilité pour apprécier,
SÉANCE DU 27 JUILLET 190'^. 2^7
dans ces conditions, des différences d'intensité. Pareillement, de tels cris-
taux n'offriront pas deux teintes lorsqu'on les observera par transparence
dans diverses directions; ils seront seulement plus ou moins colorés ou
même plus ou moins absorbants sans coloration.
« J'ai pensé que, sur de semblables corps, la propriété fondamentale
(inégalité d'absorption) avait pu échapper à l'observation ordinaire, et j'ai
cherché à la mettre en évidence par un dispositif qui donnât naissance à
des couleurs, même dans le cas du dichroïsme blanc.
» On peut y parvenir en remarquant que si l'on fait tomber un faisceau
de lumière naturelle sur un tel cristal, que nous supposerons, pour fixer les
idées, être un cristal uniaxe dont nous mettrons l'axe horizontal, les deux
composantes V et H, primitivement égales, seront inégalement modifiées
par l'absorption; elles constitueront, à la sortie, un faisceau de lumière
partiellement polarisée qui, reçu sur un polariscope à teintes, donnera des
colorations caractéristiques.
» J'ai utilisé un polariscope à lame biquartz, de Soleil, c'esl-à-dire un polariscope
à lunules d'Arago dans lequel la plaque de cristal de roche est remplacée par la double
lame à deux rotalions dont l'analyseur biréfringent fournit deux, images. En tournant
cet analyseur à 45'' de l'axe du cristal à étudier, on amène l'une des deux images à se
former à droite et au-dessus de l'autre, et c'est dans cette position que les différences
de couleurs apparaissent le plus nettement avec les cristaux dichroïques.
» Par exemple, avec une tourmaline très mince et à peine colorée (cristal négatif),
les parties inXernes placées en regard sont roses, tandis que les deux demi-disques
extérieurs sont verts; avec une plaque de quartz enfumé (cristal positif) qui manifeste
à la loupe de Haidinger un dichroïsme à peine sensible, les deux demi-disques
internes, voisins l'un de l'autre, sont colorés en vert, tandis que les parties externes
présentent une teinte rose, le polariscope étant orienté comme précédemment. On sait
que dans les cristaux négatifs la vibration perpendiculaire à l'axe est la plus absorbée,
tandis que dans les cristaux positifs, c'est la vibration parallèle à l'axe qui présente la
modification la plus importante.
» On verra donc de suite, par la disposition des colorations, à quelle espèce de
dichroïsme on aura affaire et cette méthode présentera son maximum de sensibilité
pour les corps qui ne donnent que de faibles indications avec la loupe de Haidinger.
» De plus, on pourra mesurer ce dichroïsme de la façon suivante : il suffit de con-
stituer la lumière naturelle qui éclaire l'appareil par un faisceau de lumière polarisée
traversant une lame épaisse de quartz taillée parallèlement à l'axe; la dépolarisation
est complète lorsque le polariseur est à 45° des axes de la lame, et le polariscope
permet d'ailleurs de s'en assurer; lorsqu'on Intercale ensuite le cristal convenablement
orienté, des couleurs prennent naissance et l'on tourne le polariseur jusqu'à ce qu'elles
disparaissent; les deux composantes V et II sont alors inégales entre elles, puisque les
amplitudes redeviennent ensuite égales lorsqu'on les modifie par des absorptions dif-
2^8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
férentes dans le cristal ; si l'on désigne par A^ el A./, les coefficients qui multiplient les
amplitudes, on a, lorsque la lumière naturelle est reconstituée,,
VA^=HA/„ d'où -^— — — — tanga,
Al, H
a étant l'angle qui définit la position du polariseur par rapport à la lame dépolarisante.
On pourra en déduire immédiatement la différence des coefficients d'absorption de la
lame cristalline.
)) Si l'on veut appliquer celte même méthode aux cristaux colorés ou à
ceux dont l'absorption varie dans l'étendue du spectre pour les différentes
directions de vibrations, on ne pourra plus employer le polariscope de
Soleil dont la grande sensibilité tient à l'emploi de la lumière blanche.
L'adjonction d'un producteur de teinte sensible ne suffisant pas toujours à
rendre la méthode utilisable, j'ai alors modifié le dispositif en employant
un polariscope à franges (de Sénarmont); en intercalant des verres colo-
rés et en produisant la disparition des franges, on mesure le dicliroïsme
dans les différentes régions du spectre. Pour les petits cristaux, on utilisait
le système convergent convenablement modifié d'un microscope polarisant
dont l'oculaire était remplacé par le polariscope de Sénarmont. »
OPTIQUE. — Du dichroïsme électrique des liqueurs mixtes.
Note de M. J. Chaudifr, présentée par M. Mascart.
« Dans une série de Notes sur le dichroïsme magnétique ('), M. Meslin
a étudié les modifications que subit la lumière naturelle, lorsqu'elle tra-
verse certaines liqueurs mixtes (liquides contenant en suspension des par-
ticules cristallines), placées dans un champ magnétique. Il a également
signalé une modification analogue produite dans un champ électnque avec
la liqueur constituée par le sulfure de carbone et l'hélianthine ; sur ses
conseils, je me suis proposé de vérifier si d'autres liqueurs mixtes présen-
taient cette propriété et de déduire les lois du phénomène de cette étude
expérimentale.
» Une cuve en verre est placée sur un support en ébonite, entre deux plateaux mé-
talliques circulaires et parallèles, soigneusement isolés. Un faisceau de lumière paral-
lèle aux plateaux traverse la cuve; il est reçu à sa sortie sur un polariscope à biquarlz
(') Comptes rendus, séances des G et i4 avril, 4 niai, 2 et 5 juin 1908.
SÉANCE DU 27 JUILLET IQoS. 249
de Soleil. L'un des plateaus. communique avec le sol, l'autre est relié soit à l'un des
pôles d'une machine de Wimshurst, soit à l'armature interne d'une bouteille de Leyde
dont l'armature externe est au sol.
» On vérifie d'abord que le champ électrique produit ne donne pas naissance au
phénomène de Kerr : pour cela, on constate que le liquide constituant de la liqueur
mixte, placé dans la cuve, ne manifeste pas de biréfringence, puis on ajoute au liquide
des particules cristallines, et, en maintenant le champ primitif, on observe au polari-
scope les modifications subies par la lumière. Un certain nombre de liqueurs présentent
un dichroïsme sensible; mais, avec ces liqueurs actives, le dichroïsme exige un cer-
tain temps pour apparaître et pour disparaître après la suppression du champ. Par ce
caractère, le phénomène étudié se différencie du phénomène de Kerr, qui est instantané.
» La plupart des liqueurs actives présentent le dichroïsme spontané ('), qu'il faut
déduire du dichroïsme total observé.
» Résultats. — i^ Les liquides qui entrent dans la composition des
liqueurs actives sont des composés non oxygénés, à constante diélectrique
peu élevée. Les principaux liquides employés sont :
Le sulfure de carbone. Le xylène.
La nitrobenzine. L'essence de térébenthine.
Le cinnamène. Le tétrachlorure de carbone.
Le cumène. Le chloroforme.
La benzine. Le pétrole lampant.
Le toluène. L'amylène.
» L'eau, les alcools, les aldéhydes, les acétones, les acides et d'une
façon générale les liquides à constante diélectrique élevée, associés à
divers solides, n'ont pas donné de dichroïsme appréciable.
» Les solides actifs présentent, sans exception, une structure cristalline ;
les principaux sont les suivants :
L'acide gallique. L'acide borique.
L'acide pyrogallique. Le citrate de potasse.
L'acide picrique. Le benzoate de chaux.
La chrysophénine. Le benzoate d'ammoniaque.
L'hélianthine. Le bicarbonate de soude.
» Il ne paraît pas exister de relation directe entre les caractères chi-
miques du solide et le dichroïsme électrique qu'il peut produire lorsqu'on
l'associe à un liquide convenable ; le phénomène semble dépendre de la
constitution physique des particules cristallines (forme lamellaire, indice,
densité).
(') Comptes rendus, séance du 29 juin igo3, p. 1642.
25o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» 2^ Comme le dichroïsme magnétique, le dichroïsme électrique est
susceptible d'être caractérisé par un signe; mais, pour un même solide,
le dichroïsme peut être positif ou négatif suivant le liquide qui le tient en
suspension. Ainsi, l'acide borique présente le dichroïsme positif avec
l'amylène, et le dichroïsme négatif avec le cinnamène, le cumène, la
benzine, l'essence de térébenthine et le pétrole. Le benzoate de chaux
présente le dichroïsme positif avec le pétrole et l'amylène, et le dichroïsme
négatif avec le cinnamène et le cumène.
» Des changements de signe peuvent aussi se produire, lersqu'on associe
à un même liquide des solides différents : la benzine avec la chrysophé-
nine, le citrate de potasse et le benzoate de chaux donne naissance à un
dichroïsme positif, tandis que ce liquide donne naissance à un dichroïsme
négatif avec l'hélianthine, l'acide borique, l'acide gallique et le benzoate
d'ammoniaque.
» De ces inversions il résulte que, dans le champ électrique comme
dans le champ magnétique, le signe du dichroïsme dépend des deux con-
stituants des liqueurs mixtes, et que l'effet observé est un effet relatif.
)) 3° Le dichroïsme des liqueurs actives à la fois dans un champ magné-
tique et dans un champ électrique, n'est pas toujours affecté du même
sis^ne : avec le sidfure de carbone, l'hélianthine présente un dichroïsme
positif dans le champ magnétique et négatif dans le champ électrique; on
constate un changement de signe analogue en associant la chrysophénine
au sulfure de carbone.
» De plus, les modifications subies à la sortie de la liqueur par les com-
posantes principales de la lumière parallèles et perpendiculaires aux lignes
de force du champ, sont différentes dans le champ magnétique et dans le
champ électrique. Tandis que la lumière émergente est polarisée en
général rectilignement dans le champ magnétique, elle est polarisée ellipti-
quement dans le champ électrique et j'ai observé une biréfringence notable
avec toutes les liqueurs étudiées, w
PHYSIQUE. — Sur la séparation des mélanges gazeux par la force centrifuge.
Note de MM. G. Claude et E. Democssy, présentée par M. d'Arsonval.
« Parmi les moyens que l'un de nous a été amené à envisager en vue de
l'extraction économique de l'oxygène de l'air, un des premiers qu'il ait eu
à expérimenter a été l'action de la force centrifuge sur les éléments inéga-
lement denses qui constituent l'atmosphère. Les essais effectués à ce propos
SÉANCE DU 27 JUILLET igoS. 201
n'avaient fourni, aux allures employées, que des résultats négatifs, et la
méthode n'avait paru susceptible d'en donner d'appréciables qu'à la con-
dition, peu pratique, d'atteindre des vitesses de l'ordre des vitesses molé-
culaires des gaz. Aussi cette voie avait-elle été abandonnée pour d'autres,
lorsque, dans ces dernières années, des recherches analogues furent entre-
prises, tant en France qu'en Italie. Ces recherches, au dire de leurs auteurs,
auraientdonnéd'assez bons résultats pourfournir, en quantités abondantes,
avec des vitesses voisines de celles employées dans nos propres essais, de
l'air suroxygéné au taux de 3o pour 100.
)) Nous avons jugé alors qu'il était intéressant d'instituer de nouvelles
expériences plus précises, pour fixer, autant que possible, les conditions
de la séparation.
» Voici le dispositif auquel nous nous sommes arrêtés : le mélange gazeux à étudier
est introduit dans un solide tube d'acier, de 3*^™ environ de diamètre intérieur, et d'une
longueur de 5o'"\ Ce tube, fermé à ses deux extrémités par des bouchons à vis munis
de robinets pointeaux, est divisé en trois compartiments, par deux cloisons internes
symétriquement placées au voisinage des deux extrémités. Ces cloisons servent de
siège à des soupapes appliquées au repos par des ressorts. Le tube est fixé perpendi-
culairement par son milieu à un axe horizontal, qu'un moteur électrique peut faire
tourner à la vitesse angulaire relativement élevée de 36oo tours par minute, ce qui
représente, pour l'extrémité du tube, une vitesse linéaire de 94™ par seconde. Il n'a
pas paru prudent de dépasser cette vitesse, d'ailleurs notablement plus grande que celles
des appareils industriels cités 2:)lus haut.
» Sous l'action de la force centrifuge, les soupapes s'ouvrent vers la périphérie dès
que le tube est en mouvement, de manière à établir une large communication entre
le compartiment central et les deux petites chambres périphériques, qui reprennent
leur indépendance à l'arrêt. Létanchéité absolue des soupapes et des robinets et leur
parfait fonctionnement ont été soigneusement vérifiés au cours de chaque essai.
» Le mélange gazeux à séparer est introduit sous pression, cette condition augmen-
tant la différence de densités, paraissant favorable à la séparation et favorisant les
diverses opérations. Il est introduit dans le tube par un ajutage central, obturable
par le jeu d'un bouchon à vis. Les robinets des extrémités étant ouverts, les sou-
papes se lèvent et une forte purge balaie l'atmosphère préexistante. On ferme les ex-
trémités, puis l'ajutage central; le tube plein de gaz sous pression est mis en mouve-
ment pendant un temps qui a varié, suivant les essais, de i demi-heure à x heure. Le
tube étant arrêté, des échantillons de gaz sont prélevés dans les trois compartiments,
recueillis sur le mercure et analysés à l'aide de l'eudiomètre Schlœsing.
7) Voici quelques-uns des résultats obtenus :
)) Air. — Pression du mélange, 5*^'" ; vitesse de rotation, 36oo tours; durée de
l'expérience, 3o minutes.
Composition initiale : oxygène 20,96 pour 100
Compartiment du milieu. . . . 20,90 »
Composition finale. .. . . ^ . . . „,
' Compartiments extérieurs.. 20, bb
252 ACADÉMIE DES SCIENCES.
7> Les petites différences de composition, d'ailleurs inverses de celles que l'on pou-
vait attendre, sont de l'ordre des erreurs d'expérience. Donc, pas de séparation obser-
vable.
» En vue d'augmenter non seulement les différences de densités, mais encore leur
rapport, de nouveaux essais ont été effectués sur des mélanges gazeux autres que l'air.
» Oxygène et acide carbonique. — Pression du mélange, 6''*"'; vitesse, 36oo tours;
durée de l'expérience, i heure.
Gaz initial.
CO- pour loo 46,7
O pour 100 48)4
» L'oxygène renfermait une petite quantité d'azote. Ici encore, pas de séparation
appréciable.
» Hydrogène et acide carbonique. — Pression du mélange, ^^tm . vitesse, 36oo
tours ; durée de l'expérience, 4o minutes.
Gaz
final.
" '
Extrémités.
Milieu.
1. 2.
52, I
52,3 52,
I
46,9
46,9 47>
I
Gaz initial.
CO^ pour 100 52,3
H pour 1 00 47 1 1
» Pas plus que dans les expériences précédentes, il ne paraît y avoir de séparation.
» Répétons que ces essais ont été faits avec toutes les précautions dési-
rables; ils ont été renouvelés plusieurs fois, et les différences observées
n'ont jamais dépassé o, 3 pour 100, dans l'un ou l'autre sens. L'eudiomèlre
de M. Schlœsing permet des analyses rigoureuses ; toutes les conditions,
chambres périphériques petites par rapport au compartiment central,
vitesse de rotation considérable, durée de l'expérience très prolongée,
mélange gazeux sous pression, gaz de densités très différentes, paraissent
propres à amplifier les différences de composition finale, à supposer qu'à
ces vitesses il y ait une tendance appréciable cà la séparation. Pourtant nos
résultats montrent que, si une telle tendance existe, elle ne saurait pro-
duire que des modifications de l'ordre des faibles erreurs d'expérience. Si
la contradiction entre nos conclusions et celles des expérimentateurs ita-
liens, par exemple, tient seulement à la différence entre notre appareil
tubulaire et l'appareil en forme d'essoreuse de ces auteurs, il y aurait là
quelque chose de curieux à élucider au point de vue de la théorie des gaz.
» Mais il conviendrait, avant tout, d'être fixé exactement sur les résul-
tats des autres expérimentateurs, et jusqu'à plus ample informé il nous
faut admettre que la séparation des mélanges gazeux par la force centri-
SÉANCE DU 27 JUILLET fpoS. 2S3
fuge ne peut donner que des résultats infiniment inférieurs aux résultats, si
remarquables, obtenus par l'intermédiaire de la liquéfaction. »
MÉCANIQUE CHIMIQUE. — Sur les lois et les équations de l' équilibre chimique .
Note de M. Ariès, présentée par M. Mascart.
« Considérons un système chimique en équilibre et partagé en <p phases.
Les changements réversibles qu'il peut subir obéissent, avant tout, à cer-
taines équations de liaisons, qui expriment que les corps en jeu passent
d'une phase à l'autre sans changer de masse, ou se transforment en suivant
les règles des proportions définies.
» Parmi les modifications virtuelles, c'est-à-dire compatibles avec les
seules équations de liaisons, on peut en concevoir qui consistent à rendre
minimum le nombre q des corps coexistants; ce nombre est toujours le
même, quelle que soit la modification choisie. Ces q corps, que nous dési-
gnerons par«,, a., ..., a,,, sont les constituants indépendants &w système.
Les r autres corps A,, Ao, ..., A^, qui existent aussi dans le système en
équilibre, ne pourront être produits qu'aux dépens des premiers.
» cj,, CT2, ..., Tôy et n,, ITo, ..., n,. étant respectivement les poids molé-
culaires des corps a et A, leur équivalence qualitative s'exprimera au
moyen de /■ équations distinctes de la forme
(j) \\i=k\v,^-{-k\u.-^...-\-k]vs^ (i= i , '2, . . .,r),
k] , k'- , . . ., kj étant des constantes numériques simples.
» Si l'on représente, d'une façon générale, par x] ou .r] . la proportion
moléculaire du corps «, ou du corps A^ existant à l'état de mélange dans la
^leme phase^ Je potentiel H_j de cette phase, fonction de la pression p et de
la température T, sera aussi, évidemment, une fonction homogène et du
premier degré en x\, x'._,, . . ., x^^, -^y+i» • • •- •^\+r- On aura donc, d'après la
formule d'Euler,
H^ = 51^^/4 i={i, 2, .. ., q, q ^ \, ..., q -j- /•),
en posant
» h] est le potentiel moléculaire et individuel de l'un des q -\- r corps en
jeu ; il est du degré zéro par rapport aux x.
C. R., 1903, >» Semestre. (T. CXXXVH, N° 4.)
3fi
254 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Le potentiel total H du système est, d'ailleurs,
H = 11, 4- H, 4-... + H^.
)) Si le système est en équilibre dans un milieu de température et de
pression données, sans qu'aucun changement compatible avec les liaisons
ait une tendance à se produire, c'est que l'entropie de l'ensemble constitué
par le milieu et par le système ne peut plus augmenter et que, par consé-
quent, le potentiel du système ne peut plus diminuer ('). Il est minimum,
ainsi que l'exige le principe de Lejeune-Dirichlet que l'on retrouve dans
la Statique chimique, et l'on doit avoir, quelles que soient les variations </a?
compatibles avec les liaisons,
(2) dR = o et r/=^H>o.
» L'équation différentielle (2)exprime que le potentiel d'an système en
équilibre chimique reste constant pour toute modification virtuelle élé-
mentaire du système. C'est encore le principe des modifications ou des
vitesses virtuelles de la Mécanique rationnelle, appliqué à la Statique chi-
mique.
» De ce principe on déduit, sans avoir autrement besoin de former les
équations de liaisons, les deux lois données par Gibbs, et qu'observent les
potentiels A, lois fondamentales qui suffisent à poser toutes les équations
de l'équilibre.
» Première loi. — Si Von considère la modification virtuelle consistant
simplement à faire passer d'une phase s à une autre phase s' la proportion dx
de Cun des q -\- r corps actifs, V équation (2.) se réduira à
dR — (h'i — h'.) dx — o,
d'oà l'on tire
(3) /»;=/<.
» Le potentiel d'une même masse de l un quelconque des corps a la même
valeur dans toutes les phases que ce corps occupe.
» L'indice supérieur qui affecte la lettre h devient sans objet, on pourra
le supprimer.
M Deuxième loi. — Considérons la modification qui consiste à faire varier
de dx, dans l'une des phases, la proportion moléculaire du corps A,, cette
(') Voir Comptes rendus du 6 juillet 1908.
SÉANCE DU 27 JUILLET igoS. 255
variation devant être compensée dans des phases quelconques par des variations
correspondantes des proportions de ses constituants <2,, «,1 • • •» ^^' Ces der-
nières variations seront, diaprés la formule (i),
— k\ dx, — kj diT, . . ., — kj dx,
et r équation (2) deviendra
d\\ = (h,^^,- — X-; A, — kj/u — ... — /c'I/i^) dx = o,
d'où l'on tire
(4) h^^. = k\h,+k]h,+...^k]h^ (i=i, 2, ...,r).
» Toute réaction chimique se produit avec la même équivalence entre poten-
tiels moléculaires qu'entre poids moléculaires, et, notamment, le potentiel
de tout corps composé est égal à là somme des potentiels de ses consti-
tuants.
)) lies équations (3) sont en nombre égal au nombre des x diminué de
q -[- r; il existe r équations (4)» ^n sorte qu'il manquerait encore q équa-
tions pour déterminer tous les x en fonction de p et de T, étant entendu
que la fonction H est connue; mais les dérivées h de cette fonction sont du
degré zéro par rapport aux x : les équations (3) et (4) suffisent donc à
fixer la composition de chaque phase.
» Les proportions absolues des constituants indépendants, qui peuvent
servir à définir entièrement le système, donnent lieu à q équations de
liaisons, et interviennent pour déterminer d'une façon complète toutes
les quantités x, et, par suite, les masses des diverses phases du système. »
CHIMIE. — Sur une combinaison de deux corps qui, par élévation de tem-
pérature, s'unissent, puis se séparent au-dessous de — 'jcf. Note de
M. D. Gernez, présentée par M. L. Troost.
« J'ai démontré antérieurement {Comptes rendus, t. CXXXVI, j). 889 et
i322) qu'avec les nombreux dissolvants de l'iodure mercurique on peut
préparer des solutions qui ont pour caractère commun d'abandonner, par
refroidissement, à toute température jusqu'à —192°, l'iodure sous la forme
jaune instable. Les solutions dans l'acétone ont en outre, aux basses tem-
pératures, des propriétés spéciales que je vais indiquer.
» Dans un tube de verre très propre, de 2™'" de diamètre intérieur, fermé à l'une
256 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de ses evtrémités, on fait tomber quelques cristaux d'iodure mercurique rouge et l'on
introduit, à l'aide d'un entonnoir en verre étiré, une couche d'acétone de 6'='" à 8'='" de
hauteur; on chauffe le tube au bain-marie vers 56°, 4, température d'ébuUilion de
l'acétone, en le maintenant presque horizontal pour obtenir une solution saturée
homogène. On dresse ensuite le tube verticalement et on le maintient dans cette posi-
tion environ un quart d'heure pour que les parcelles solides en suspension dans le
liquide aient le temps de se déposer. On le retire, l'essuie rapidement avec du papier
buvard et on l'enfonce dans un ballon plein d'air liquéfié. Après un séjour qui peut être
indifféremment prolongé un quart d'heure ou plusieurs jours, on l'enlève rapidement,
on se hâte d'en mouiller la surface avec une goutte d'alcool qui empêche la vapeur
d'eau ambiante de se congeler sur le tube et permet d'en voir le contenu. On constate
qu'il est solide, d'un blanc à peine jaunâtre d'abord, mais qu'il passe rapidement, par
les nuances intermédiaires, au jaune citron. Au bout de quelques secondes, échauffé
à l'air ambiant par l'intermédiaire du verre, le solide fond en un liquide sensiblement
incolore, laissant un noyau cylindrique jaune qui diminue rapidement et disparaît.
C'est le phénomène que présentent les solutions d'iodure mercurique dans les dissol-
vants qui ont été solidifiés par refroidissement dans l'air liquéfié ou ailleurs et que
l'on chauffe ensuite au delà du point de fusion du dissolvant. Mais avec l'acétone il
s'en produit un autre tout à fait imprévu : à peine la masse intérieure est-elle fondue
que, dans le liquide qui continue à se réchauffer, commence une solidification partant
spontanément des deux régions du liquide qui s'échauffent le plus vile : l'extrémité
effilée du tube et la surface libre du liquide en contact avec l'air. Deux masses opaques
de couleur jaune orangé naissent de ces deux régions, vont à la rencontre l'une de
l'autre et envahissent en quelques secondes la totalité du liquide. Cet effet est tout à
fait semblable à la solidification d'un liquide surfondu. On peut du reste le provoquer
en chauffant un point du tube avec le bout du doigt. Dès que cette solidification s'est
produite, si l'on immerge le tube dans de la neige carbonique mouillée d'un peu d'acé-
tone qui donne une bouillie dont la température constante est de — 79", la masse solide
qui remplissait d'abord le tube diminue graduellement, elle n'occupe plus, après
quelques minutes, que les ^„ de la hauteur initiale et, après une heure, la température
étant toujours ^79°, elle est réduite à j\. Ce résidu se transforme lui-même en iodure
mercurique rouge au bout d'un temps plus long.
» Lorsque l'on relire le tube de l'air liquide, si, au lieu de le maintenir vertica-
lement dans un bain froid à température constante, on le lient horizontalement dans
l'air, on observe la succession des mêmes phénomènes : solide jaunâtre, devenant
jaune citron par échauffement, fondant bientôt en un liquide incolore, envahi aussitôt
après par une masse solide à partir des deux points extrêmes. Peu après, cette masse
se résout en un liquide incolore qui dépose des flocons dont le volume diminue peu à
peu et qui ne forme qu'un dépôt mince lorsque le tube a pris la température ordi-
naire. Ce dépôt est formé d'iodure mercurique jaune qui peu à peu se transforme en
rouge.
» Tels sont les effets que l'on observe dans des tubes de verre de a"""^ de diamètre
intérieur et dont l'épaisseur est de o™'",6 à o^'^jS. Si l'on emploie des tubes très
minces, de o™"^,2 d'épaisseur, réchauffement par l'air ambiant est plus rapide et les
effets analysés ci-dessus peuvent se mêler : ainsi, il arrive dans ce cas que la solidifî-
SÉANCE DU 27 JUILLET IQoS- 237
cation eu masse jaune orangé commence à se produire, quand la fusion du solide jaune
citron n'est pas encore terminée, mais la solidification de Tun accélère la fusion de
l'autre.
)) On peut interpréter ces phénomènes de la manière suivante : dans
l'air liquide, Tacélone s'est solidifié en retenant l'iodure mercurique
dissous et il présente la couleur des solutions solidifiées à ces basses tem-
pératures qui est presque blanche, comme l'iodure orlhorhombique.
Réchauffée, cette masse sohde jaunit graduellement jusqu'à la teinte
citron : arrivé à — 94°>9» température de fusion de l'acétone, le dissol-
vant fond, mais l'iodure, au lieu de se déposer, comme il arrive au sortir
des autres dissolvants, contracte avec l'acétone une combinaison molécu-
laire solide. Cette combinaison persiste inaltérée entre des limites assez
étroites de température. Au-dessous de —79°, elle se détruit graduellement
et presque complètement en i heure, abandonnant l'iodure sous la forme
instable jaune qui, elle-même, devient ultérieurernent la forme rouge qua-
dratique ('). On peut donc admettre que l'acétone forme avec l'iodure
mercurique une combinaison jaune orangé solide qui se produit par l'élé-
vation de la température un peu au delà de — 94°, 9» mais qui n'est stable
que jusqu'à une température inférieure à — 79°, puisqu'elle se détruit
complètement à cette température.
)) Cette combinaison, amorcée en un point, puis plongée dans l'air liquéfié
ne s'y développe pas ; mais la partie formée se comporte comme un corps
distinct, car sa couleur orangé pcàlit, mais très peu, et son aspect est tout à
fait différent de celui que présentent les deux iodures à la même tempé-
rature. Si, après l'avoir produite dans tout le tube, on l'immerge dans l'air
liquide, elle y persiste en une masse tout à fait homogène, ayant les pro-
priétés que j'ai indiquées; on peut en conclure qu'elle est stable aux tem-
pératures inférieures à celle où elle s'est formée. »
(>) Sile tube est maintenu horizontal et si le dépôt n'est pas très épais, la transfor-
mation des cristaux jaunes en rouges commence en quelques points espacés ; chaque
cristal rouge grossit aux dépens de la matière jaune ambiante de manière à former
des taches transparentes circulaires de diamètre graduellement croissant, dont le
cristal d'iodure rouse est le centre.
258 ACADÉMIE DES SCI0NCES.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Séparation et dosages simultanés de la baryte, de la
strontiane et de la chaux. Note de M. Lucien Robin, présentée par
M. Ad. Carnot.
(' J'ai cherché à doser successivement les terres alcaline-terreuses *
barvte, strontiane, chaux, en mettant en œuvre des méthodes simj)les et
cependant capables de fournir des résultats satisfaisants.
» Voici le mode opératoire que je propose :
)) Les substances à analyser étant traitées de telle sorte que les terres
alcalino-terreuses se trouvent réunies en dissolution, sous forme de
chlorures ou de nitrates, on opérera ainsi qu'il suit :
» Si la liqueur est acide, la rendre légèrement ammoniacale, ajouter du sel ammo-
niac (3 pour 100 environ) bien exempt d'acide sulfurique, et après avoir acidifié
légèrement par l'acide acétique, porter à ébullition, puis ajouter dans le liquide
bouillant, d'une solution saturée de bichromate de potasse jusqu'à excès assez notable
(la liqueur doit posséder une teinte rougeâtre).
» Laisser bouillir 5 minutes encore, faire refroidir sous un courant d'eau, et
recueillir le chromate de baryte sur un filtre taré; le laver d'abord avec une solution
à 0,5 pour 100 environ d'acétate d'ammoniaque légèrement alcalinisée par de l'am-
moniaque, et tiède; puis terminer par une solution alcoolique (alcool à gS", 10 parties;
eau distillée, 90 parties).
» Porter le filtre à l'étuve ioo°-iio° pendant 1 heures au moins et peser le chro-
mate de baryte pour calculer.
» Le liquide débarrassé de la baryte est rendu ammoniacal puis mis à bouillir. On
introduit alors environ 3 à 4 pour 100 de sulfate d'ammoniaque cristallisé pur etaprès
avoir maintenu à 100° pendant un quart d'heure, en prenant soin de maintenir la
liqueur un peu alcaline, par l'addition d'ammoniaque, faire refroidir et recueillir le
sulfate de strontiane. (La liqueur doit posséder une teinte jaune d'or.)
» Laver avec de l'eau chaude renfermant à peu près o,5 à i pour 100 de sulfate
d'ammoniaque et rendue légèrement ammoniacale, puis avec la solution alcoolique
à 10 pour 100.
» Sécher à l'étuve, incinérer et peser le sulfate de strontiane.
» Le filtrat, étant porté à 80° environ, sera additionné d'oxalate d'ammoniaque et,
après agitation, abandonné au repos pendant une demi-heure.
» L'oxalate de chaux sera recueilli sur un filtre, lavé à l'eau chaude légèrement
ammoniacale, séché puis calciné, pour transformer en carbonate ou en sulfate.
» Nous avons pratiqué des dosages sur des liqueurs, dont la teneur a été
déterminée par les méthodes les plus parfaites :
» Dosage de la baryte à l'état de sulfate. Dosage de la strontiane à l'état
de carbonate. Dosage de la chaux à l'état de sulfate.
SÉANCE DU 27 JUILLET igoS. 239
» Ces dosages ont été faits sur des volumes croissants 5'"'', io""\ 20""',
étendus à 200'''°' à peu près, afin de pouvoir contrôler si la concentration
pouvait avoir quelque influence fâcheuse.
)) Enfin, nous avons, dans une dernière série de dosages, prélevé 80*""'
de la liqueur calcique, afin d'augmenter la teneur en chaux, et voir si dans
de telles conditions, cette dernière n'était pas entraînée d'une façon ap-
préciable par le précipité de snlfate de strontiane.
)) Voici les résultats obtenus :
liaryle. Slrontianc. Chaux.
S*^™' de liqueur renferment o,o565 o,o368 o,oi5"
Chiffres fournis par la méthode exposée :
gyj, 5cm3 0,0575 o,o353 o,oi63
sur lo*^™' 0,1162 0,0706 o,o3io
sur 20*^™' o , 23oo o , 1 432 o , 0604
sur 20'='°' pour la baryte et la strontiane ) „ , „o
^ , , -^ , } 0,2287 0,l4lQ O,20OO
et sur So'"'" pour la chaux j ' ^
» On voit, par l'examen de ce petit Tableau, que les teneurs trouvées
ont augmenté presque mathématiquement et que, par conséquent, le pro-
cédé décrit fournit des résultats très satisfaisauts, en un temps très court
et sans difficulté opératoire.
)) Il est évident que cette méthode peut parfaitement s'appliquer à la re-
cherche et à la séparation qualitative des alcalis terreux, après leur préci-
pitation en bloc par le carbonate d'ammoniaque, et redissolution dans l'eau
chlorhydrique. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la condensation des éihers acétyléniques avec les
alcools. Note de M. Cu. Moureu, présentée par M. H. Moissan.
« J'ai montré dernièrement, en commun avec M. Delange, que les
acides acétyléniques fixaient 1™°' d'eau sous l'influence des alcalis à l'ébul-
lition, en donnant des acides p-cétoniques. En vue d'éclaircir le mécanisme
de cette hydratation, j'ai pensé qu'il y aurait intérêt à connaître tout
d'abord le mode d'action des alcoolates alcalins sur les mêmes composés,
et c'est ainsi que j'ai été conduit à faire réagir sur les éthers acétyléniques
les alcools sodés, en solution dans l'alcool correspondant et en l'absence
d'eau.
» Il résulte de mes expériences qu'il se forme ainsi des produits de
condensation résultant de l'addition pure et simple d'alcool aux éthers
26o ACADÉMIE DES SCIENCES.
acétyléniques. La présente Note a spécialement pour objet la condensation
du phénylpropiolate de méthyle avec l'alcool méthylique, cas particulier
dont j'ai fait une étude approfondie.
» Lorsqu'on traite le phénylpropiolate de méthyle par le méthylate de sodium en
solution méthylique, une vive réaction se déclare presque aussitôt, qui colore légère-
ment le mélange et provoque rapidement l'ébullition de l'alcool. Suivant les conditions
dans lesquelles on opère, l'éther acétylénique peut fixer i™"' ou 2'""^ de méthanol.
» I. Fixation de 2™°^ d'alcool méthylique sur le phénylpropiolate de méthyle. —
L'éther acétylénique (278,7) est ajouté avec précaution à une solution de méthylate
de sodium dans l'alcool méthylique (4^ de sodium dans 92s d'alcool méthylique absolu).
Après avoir chaufFé le mélange à reflux pendant i5 heures, on l'introduit dans des
tubes scellés, que l'on maintient ensuite au voisinage de 126° pendant 4 heures. La
liqueur ainsi obtenue, limpide et à peine colorée, esl versée peu à peu dans un excès
d'eau glacée, et le tout est immédiatement agité avec de l'éther. On décante la couche
éthérée, et, après l'avoir lavée à l'eau et séchée très soigneusement sur le sulfate de
soude anhydre, on évapore l'éther et l'on distille le résidu dans le vide.
» Acétal dimélhyllque du benzoylacétate de méthyle
C6H^— C(OCiP )^— CIP— CO-^CH^
La majeure partie de ce résidu passe, après rectification, à 1 46'^- 1/47° sous 16™'", sous
la forme d'une huile incolore, fortement réfringente, et possédant une odeur agréable-
ment aromatique; Nu=i,5oo4 à 21"; D^* = 1 , 1 12. D'après sa composition centési-
male et son poids moléculaire déterminé par la crj^oscopie, ce liquide répond à la
formule brute Gi^H>«0^ (soit C'R^ — C = C -- CO'^Cii^ + -iCAV^O). Nous allons
montrer 'que toutes ses propriétés l'identifient complètement avec l'acétal diméthy-
lique du benzoylacétate de méthyle.
» a. La réfraction moléculaire concorde très exactement avec la constitution sup-
posée.
» b. Si l'on traite le produit, en solution alcoolique, par quelques gouttes de solu-
tion étendue de chlorure ferrique, la liqueur obtenue, d'abord à peine jaunâtre, rougit
progressivement jusqu'au rouge vif (au bout de i heure). Ce fait se conçoit aisément :
l'acidité du sel ferri([ue, si faible soit-elle, a suffi à hydrolyser la fonction acélal, et
l'éther ^-cétonique qui en résulte, à mesure qu'il est mis en liberté, colore en rouge la
solution de sel ferrique.
). c. Acide G«H«— G(0CHS)2— CH^— GO^H. — En saponifiant le produit par la
soude aqueuse (à 12 pour 100) à froid, ou obtient de belles aiguilles incolores, dont
l'analyse concorde avec la formule G^H^— G(OGH3)2— GH^— GO^Na + SH^O.
L'acide correspondant (beaux prismes blancs) s'isole en traitant à 0° le sel alcalin par
la quantité calculée d'acide sulfurique dilué, et en agitant la liqueur avec de l'éther.
» 11 s'altère lentement, dès la température ordinaire, en perdant de l'anhydride car-
bonique, et en dégageant une odeur aromatique de plus en plus forte; la décomposition
s'accélère avec la température et est très rapide vers gS". L'odeur aromatique observée
est due à la production d'une huile qui passe à la distillation vers 94" sous 23'"'", et
qTii, d'après l'analyse élémentaire et ses réactions, est constituée par un mélange de
SÉANCE DU 27 JUILLET 190.3. 26 1
deux produits : l'acétal dimélhylique C^H^— C(OCH^)- — CIP et le a-méthoxystyro-
lène C« H5 — G ( O CH* ) = CH^
» d. Méthoxystyrolène C^H^— C(0CH3)=: CH^.— Cette huile, en effet, sous l'ac-
lion du chlorure d'acétyle en présence de pyridine,' fournit un liquide aromatique
bouillant sans décomposition à 197° (corr.) sous la pression normale (Do=i,oi58;
«1,:= 1,3968 à 21°), et dont la composition élémentaire est celle du méthoxystyrolène.
Ce nouveau corps, hydrolyse par l'acide sulfurique à 5 pour 100, se transforme en
acétophénone CHI' — CO — CIP, qui a été caractérisée par son point d'ébullition, son
point de fusion et celui de sa semi-carbazone.
» 11. Fixation de 1™°' d'alcool méthyuque sur le phénylpropiolate de méthyle. —
Si l'on opère à la température d'ébullition du mélange réagissant (éther acétylénique,
mélhylate de sodium, alcool méthylique), on obtient constamment, quelles que soient
les proportions relatives des corps mis en œuvre, à côté d'un très grand excès de l'éther
diméthoxylé qui vient d'être décrit, de petites quantités de l'éther monométhoxylé
C«H^- C(OCH*) := CH — GO^CH^
» La présence de ce dernier est attestée par l'analyse et la saponification du produit;
l'acide monométhoxylé CH^— G(OCH*) = GH — CO-H est facile à séparer de l'acide
diméthoxylé, grâce à sa faible solubilité dans l'éther et l'alcool méthylique. Il se pré-
sente au microscope en parallélogrammes plus ou moins allongés; il se décompose
lentement à partir de 160°, et presque instantanément vers igo", en gaz carbonique et
méthoxystyrolène identique à celui dont il a été parlé plus haut.
» Cet acide est donc l'acide a-méthoxycinnamique encore inconnu
G«ir^-C(OGIP):=GH — GOni.
» Dans le même ordre d'idées, nous rappellerons que Nef a obtenu l'w-éthoxystyro-
lène CH» — GH = GH(0GM-P) en chauffant le phénylacétylène avec de l'alcool en pré-
sence de potasse caustique solide {Lieb. Annal. 1899), et que Ruhemann et ses élèves,
en traitant le phénylpropiolate d'éthyle par divers phénols sodés, ont donné naissance
à des dérivés cinnamiques, tels le composé G"H^ — G(OG^H-^) = CH — CO'CrW
{Chem. Soc, 1900-190 1).
)) Résumé. — Le phénylpropiolate de méthyle peut fixer, sous l'action
(kl méthylate de sodium, 2^""! ou i»""' d'alcool méthylique, par saturation
totale ou partielle de la fonction acétylénique. Les composés nouveaux
ainsi formés se rattachent aux acides benzoylacétique et cinnamique.
Nous ajouterons que le rendement est en général voisin des ^ du rendement
théorique. »
C. K., 1903, 2« Semestre. (T. CXXXVll, N' 4.) '■*^
202 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la conslitiuion du cyanure d'allyle. Note
(le M, R. Lespieau, présentée parM. Haller. (Extrait.)
« Le cyanure d'allyle provenant de l'action à froid du cyanure de
potassium sur le bromure d'allyle, il serait naturel de l'écrire
CH- = CM — CH- — C Az ;
cependant, à l'heure ac.tuelle, cette formule n'est point admise, on en pré-
fère une autre, CH' — CH = CH — C Az, proposée par Kekulé et confirmée
par le fait que la fixation de brome sur le cvanure d'allyle fournirait le
nitrile CH'^ — CHBr — CHBr — CAz (Palmer, American chemical Journal,
t. XI, p. 89)...
» Ayant repris ces recherches, j'ai obtenu des résultats très différents :
» J'ai fait agir 84^ de brome parfaitement sec sur 3gs de cyanure d'allyle desséché
par distillation sur l'anhydride phosphorique; les deux corps étaient fortement dilués
dans du chloroforme pur; la température, pendant les 9 heures que dura l'addition,
fut maintenue entre — i[\° et — 10°. (Avec des corps moins secs, entre -f- 10 et + 3o,
on obtient qualitativement les mêmes résultats que ci-dessous.)
» Il s'est fait un peu d'acide bromhvdrique; à la distillation, sous i3'"'", il se pro-
duisit 5s de résidu carbonisé; deux fractions s'indiquèrent nettement : j° de 60° à 100°,
2° de 125° à i35° (environ l\o^). De cette dernière j'ai isolé [\o^ d'un nitrile bouillant
de i38",5 à iSg" sous 20™"*, 5, présentant toutes les propriétés du composé
CH2 Br — CH Br — GH^ — C Az
que j'ai précédemment décrit {Comptes rendus, t. GXXXVI, p. i265).
» En particulier, saponifié par l'acide chlorhjdrique, il donne l'acide
CH^Ci — CHBr — CH2— CO-H,
tandis qu'avec l'acide bromhydrique, on a très nettement l'acide
CH^ Br — CH Br CH^ _ GO^ H
fondant à 5o°.
» Quant à la portion, assez abondante, qui passe de 60° à 100°, je ne crois pas qu'elle
renferme, du moins en quantité sérieuse, le nitrile CH* — CHBr — CHBr — CAz; elle
paraît bien plutôt être un mélange de produits de substitution monobromés du cya-
nure d'allyle : son contact produit des brûlures douloureuses ; si on la fractionne de
5° en 5° à la distillation et qu'on fasse l'étude cryoscopique de ces diverses portions,
on trouve des nombres variant de i5o à 160; les acides qu'on en tire par saponifica-
tion m'ont donné le nombre i65 à la cryoscopie, ce qui correspond exactement à
SÉANCE DU 27 JUILLET igoS. 203
)) Je crois donc pouvoir, à la suite de ces recherches, considérer le
cyanure d'allyle comme répondant bien à la formule
CH'=: CH-CH-CÂz. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Contribution à V étude des quinones-dicétones.
Note de M. OEchsxer de Coninck, présentée par M. H. Moissan.
« J'ai montré récemment que l'attaque de l'acide chrysophanique par
un excès d'acide sulfurique, à chaud, fournissait une certaine quantité
d'anhydride carbonique et une très forte proportion de gaz sulfureux se
dégageant brusquement vers la fin de la réaction. Or, d'après les recherches
de Liebermann et de O. Fischer, l'acide chrysophanique est une dioxy-
méthvlanthraquinone; il m'a donc semblé intéressant d'étudier l'action
de SO^H- sur d'autres quinones en me plaçant dans les mêmes conditions
expérimentales.
» Anthraqulnone. — J'ai fait l'expérience avec un échantillon d'anthraquinone du
commerce. Celle-ci présente une très grande résistance; il se dégage une certaine
quantité de CO'^ puis le gaz, sulfureux apparaît et se dégage brusquement.
» Le résultat a été le môme avec un échantillon pur et bien cristallisé d'anthra-
quinone.
» Alizarine. — L'expérience a été faite avec de l'alizarine du commerce et avec de
l'alizarine purifiée et sublimée.
» Les résultats ont été conformes aux précédents. J'ai remarqué, toutefois, que
l'alizarine est un peu moins résistante que Tanthraquinone.
» Purpurine. — La purpurine, commerciale ou purifiée, se con>porte comme
l'alizarine; à peu près aussi résistante que cette dernière, elle est moins résistante que
l'anthraquinone à l'action de SO^H^ en excès.
)) Phénanthrènequinone. — Cette quinone présente une résistance remarquable;
puis elle fournit peu à peu CO-, et, vers la fin, le dégagement de SO"^ devient très
abondant.
» a-Naphloquinone. — Elle se comporte, d'une manière générale, comme les
autres quinones étudiées.
» En réfléchissant à ces résultats fournis par toute une série de dérivés,
j'ai été amené à penser que la molécule de ces quinones-dicétones,
quinones-phénols, etc., se coupe, à une température donnée, et sous l'ac-
tion puissante de SO"*!!-, entre les groupements (CO) et les groupements
benzéniques, substitués ou non; ensuite, ces derniers groupements se dé-
composent et agissent par leurs groupes (CH) sur l'acide sulfurique qui est
264 ACADÉMIE DES SCIENCES.
alors énergiqiiement réduit. Ainsi peut s'expliquer le dégagement brusque
et très abondant de SO" que j'ai observé dans presque toutes mes expé-
riences.
» L'alizarine et la purpurine sont sensiblement moins résistantes que
Tanthraquinone; ce fait n'est pas isolé; je l'ai rencontré en étudiant, au
même point de vue, d'autres fonctions aromatiques. Il peut s'expliquer en
remarquant que toute substitution dans une molécule aromatique diminue la
stabilité de celle-ci. Te développerai ce point dans un Mémoire plus étendu . »
CHIMIE ORGANIQUE. — Les m.atières alhuminoïdes du grain de mais.
Note de MM. Doivard et Labbé, présentée [)ar M. A. Ditte.
« Nous avons décrit, dans une Note précédente, les propriétés spéciales
de la maïsine, matière albuminoïde extraite du maïs au moyen de l'alcool
amylique bouillant.
)) Les quantités de maïsine ainsi extraites restent toujours inférieures
aux teneurs du maïs en zéïne, indiquées par Ritthausen. H y a lieu de
penser qu'il existe simultanément dans le grain de maïs diverses matières
albuminoïdes plus ou moins analogues. Nous avons fait le dosage complet
de ces albuminoïdes dans le grain de maïs et nous avons reconnu ainsi
qu'ils étaient en plus grande quantité que Ritthausen ne l'avait trouvé.
» Pour déterminer la teneur du grain de maïs en matières albuminoïdes
totales, nous avons utilisé la propriété la plus générale des albumines du
groupe des glutens de céréales qui est leur solubilité dans l'alcool potas-
sique. Nous avons soumis à une longue agitation à froid répétée à diverses
reprises avec de nouveaux liquides de lavage alcoolo-potassiques, du maïs
blanc préalablement déshuilé et desséché, et contenant alors, d'après le
dosage en azote, 14,(32 pour 100 de matières azotées totales.
' » 20S de maïs ont été agités 8 heures consécutives avec 200'""' d'alcool à 70°, con-
tenant 38 de KO H par litre, et cette opération a été recommencée quatre fois avec
d'égales quantités du liquide potassique.
» La quantité de matières organiques solubilisées était fournie par l'extrait des
liquides de lavage complétés à un volume donné, diminué du poids des cendres dans
chaque cas. On a obtenu ainsi 9,84 pour 100 de matières albuminoïdes. H y a donc
dans le maïs 4 178 pour 100 de matières azotées qui ne sont pas des albumines, ou du
moins des albumines ayant les propriétés des glutens.
» D'autre part, la composition des 9,84 pour 100 des matériaux albuminoïdes a été
établie de la façon suivante :
SÉANCE DU 27 JUILLET igoS. 265
» a. La maïsine du mélange étant exclusivement soluble dans l'alcool amylique à
chaud, la masse totale ainsi traitée à trois reprises successives a abandonné un poids
correspondant à 5,27 pour 100 de maïsine dans le grain de maïs.
» b. L'alcool éthylique, bon dissolvant de la maïsine, dissout aussi d'autres albumines,
mais non pas la totalité de celles du maïs. Si l'on traite le même maïs par l'alcool à
90", on obtient 6,90 pour 100 d'albumine solubilisée.
» Nous sommes ainsi amenés à admettre que l'albumine du grain de
maïs est un mélange de trois matières albuminoïdes distinctes, au moins.
ç 1 1 , / La maïsine a, soluble dans l'alcool amylique ;
, y La maisine p, insoluble dans lalcool amylique et soluble dans
,, , , { l'alcool éthylique à Qo°;
lalcool \ ^ . . , 1 f 1
. -y A \ maisine Y, insoluble dans 1 alcool amylique et insoluble dans
pO Ici S Si CI U G CtôllQllj i>i 1*1 1" (
^ Il alcool ethylique a go".
» On peut obtenir séparément ces trois maïsines d'un même échantillon
de maïs.
» 20S de maïs épuisés par l'alcool amylique donnent une masse correspondant
à 5,27 pour 100 de maïsine a. Le môme maïs épuisé à nouveau par l'alcool éthylique
à 90° donne i,43 pour 100 de maïsine p, alors que par différence le même échantillon
accusait 1,60 pour 100.
» Epuisé finalement par l'alcool potassique, à quatre reprises consécutives de huit
heures d'agitation chacune, il abandonne encore 2,2 pour 100 de maïsine, alors que le
dosage par différence n'en accusait que 1 ,61 pour 100.
)) Si, en résumé, on ramène ces chiffres au maïs naturel, sa teneur en
ces diverses variétés de maïsine est la suivante :
Matières azotées totales (par l'azote) 11,86 pour 100
Maïsine a, 4,82 »
Maïsine p 1,82 »
Maïsine y > i , 33 »
Matières azotées non extractibles 4; 90 »
» La maïsine p, qu'on peut obtenir aisément en traitant par l'alcool à 90°
du maïs ou du résidu d'amidonnerie de maïs préalablement épuisé pendant
637 heures à l'alcool amylique, est une matière tout à fait analogue comme
aspect et propriétés à la maïsine a. Mais elle est moins riche en azote. Sa
composition centésimale est la suivante : C : 55, 5o; II : 7,8); O (pardiff.):
20,73; Az : i4,58; Soufre : 0,62; Cendres : 0,72. Elle est insoluble dans
l'alcool amylique bouillant à la pression ordinaire; cependant, sous l'in-
fluence d'une ébullition très prolongée, elle se dissout peu à peu dans ce
solvant, dans la proportion des | environ. Elle est transformée de cette
266 ACADÉMIE DES SCIENCES.
façon en une matière de propriétés identiques à la maïsine a. Ces faits, et
divers autres que nous publierons prochainement, nous amènent à penser
qu'il n'y a, entre les diverses maïsines que des différences très faibles de
constitution, comme par e-^emple des degrés d'hydratation différents. «
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Emploi de la homhe calorimétrique pour démontrer
l'existence de V arsenic dans l'organisme. Note de M. Gabriel Bertrand.
c( Dans un Mémoire paru il y a peu de temps (' ), j'ai réussi à expliquer
les contradictions qui se sont élevées entre les chimistes, nombreux et
habiles, qui se sont occupés de la question de l'arsenic normal. J'ai montré
que, jusque-là, aucune des expériences, du moins sous la forme oii on les
avait publiées, ne contenait de preuves définitives, ni de l'absence, ni de
l'existence de ce métalloïde chez les animaux et les plantes.
î) Les quantités d'arsenic qui existent à l'état normal dans les tissus sont
en fi^énéral trop petites pour qu'on puisse les découvrir avec certitude à
l'aide des méthodes alors en usage. D'autre part, les réactifs incomplète-
ment purifiés introduisent toujours des traces d'arsenic au cours des expé-
riences.
» Dans ces conditions, si l'on opère sur un organe facile à détruire, et,
par suite, qu'on emploie peu de réactifs, l'arsenic introduit, joint à l'arsenic
normal, peut être en quantité trop faible pour être reconnaissable.
» Si, au contraire, on examine un organe résistant beaucoup à la des-
truction, on est obligé de prendre une plus forte quantité de réactifs :
l'impureté s'accumule dans le résidu de l'attaque, et il arrive un moment
où, le degré de sensibilité de la méthode de recherche étant atteint, on
voit apparaître de l'arsenic. Plus la destruction est difficile, plus on est
exposé à trouver de métalloïde.
» C'est en perfectionnant la méthode classique de Marsh, au point de
pouvoir déceler aisément un demi-millième de milligramme d'arsenic, et
en trouvant des procédés de purification des réactifs qui permissent d'uti-
liser une méthode aussi sensible, que j'ai rendu possible une bonne
démonstration de l'existence normale de l'arsenic dans l'organisme.
» D'assez nombreuses expériences sur des matériaux bien choisis m'ont
(^) Sur la recherche et sur La preuve de l'existence de l'arsenic chez les animaux
{Ann. de Chimie et de Physique, 7" série, t. XXVIII, igoS, p. 242-275).
SÉANCE DU 27 JUILLET igoS. 267
alors forcé d'admettre que l'arsenic existe vraiment à l'état normal chez les
animaux et les plantes, et, qu'au lieu d'être localisé dans certains organes,
il se rencontre au contraire, sans doute au même titre que le soufre, le fer
ou le phosphore, dans tous les tissus de l'organisme. D'après ces expé-
riences, les poils, les ongles, les cornes, et, en général, les tissus kérati-
niques sont les plus riches de tous; la glande thyroïde, très difficile à
détruire, est relativement pauvre.
» Néanmoins, j'ai cru nécessaire de trouver une méthode de démon-
stration plus précise encore que celle dont je me suis servi. Or, toutes les
difficultés actuelles résident dans la destruction, d'ailleurs incomplète, des
matières organiques, destruction qui entraîne l'emploi de quantités no-
tables d'acides sulfurique et nitrique, puis de gaz sulfureux, d'hydrogène
sulfuré, d'ammoniaque, sans compter l'usage d'objets en verre, de papier
à filtrer, etc. J'ai pensé qu'on arriverait peut-être au but désiré, en brû-
lant, d'une manière intégrale, la substance organique sèche dans un vase
clos, tout en platine, en présence d'oxygène pur.
» M. Berthelot avait déjà proposé et mis en pratique l'emploi de sa
bombe calorimétrique pour le dosage des divers corps simples contenus
dans les composés organiques.
» J'ai essayé si des organes secs, d'origine animale ou végétale, subi-
raient, malgré leur structure et leur richesse en sels alcalins, une combus-
tion aussi cori:iplète que des composés organiques définis, et si, après cette
combustion, on pourrait retrouver les traces d'arsenic qui y étaient con-
tenues. Le succès de mes expériences a été si complet (') que je considère
aujourd'hui l'emploi de la bombe de M. Berthelot comme absolument
indiqué dans tous les cas où il s'agira de la recherche et du dosage de très
petites quantités d'un élément quelconque contenu dans un organe.
» L'allumage de la substance est assuré, d'après un artifice de M. Berthelot, à l'aide
d'une mèche de fulmi-coton, prise dans une boucle du fii de platine au travers duquel
on envoie le courant électrique. Mais ici, on doit prendre du fulmi-coton préparé avec
des acides absolument purs. S'il est nécessaire, on accumule dans la bombe le produit
de plusieurs combustions.
« Celles-ci terminées, on transvase le contenu de la bombe dans une capsule, et l'on
évapore à sec avec précaution pour chasser l'acide nitrique dû à la combustion par-
tielle de l'azote; on reprend le résidu par quelques gouttes d'acide sulfurique et un
peu d'eau, et on introduit directement la solution dans l'appareil de Marsh.
(1) La bombe en platine donne seule des résultats exacts; avec les bombes émaillées,
on introduit toujours des traces d'arsenic.
268 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Avec du camphre ou du sucre purs, on n'obtient pas la plus petite trace
d'enduit arsenical; au contraire, quelques grammes d'écaillé de tortue de
mer, d'épongé, de blanc ou de jaune d'œuf, etc. suffisent à donner des
anneaux d'arsenic très nets.
» Ces résultats, d'une méthode très simple et très précise, vérifient
ceux que j'avais déjà publiés et lèvent tous les doutes concernant l'existence
normale de l'arsenic dans l'organisme. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Influence de la température sur la production d'hy-
drogène sulfuré par les matières alhuminoïdes , les extraits d'organes ani-
maux et les extraits de levure de bière, en présence du soufre. Note de
MM. J.-E. Abelous et h. Ribaut, présentée par M. Bouchard.
« Dans une Communication précédente, nous avons montré que l'on
pouvait soumettre des solutions d'albumine, ou des extraits de foie de
cheval et des extraits de levure de bière, à la température de ioo° et même
de 120*^-1 So*^, sans leur faire perdre la propriété de dégager de l'hydrogène
sulfuré à froid en présence de soufre, en milieu légèrement acide.
« Nous avons étudié l'action de diverses températures sur l'activité de
cette réaction, afin d'en établir la courbe en fonction de la température.
» Nous nous sommes servis d'albumine desséchée, d'extrait de foie de
cheval et d'extrait hydro-alcoolique de levure de bière.
» 1° Albumine. — On broie, dans un mortier, is d'albumine desséchée avec
25*^"' d'eau distillée, i^ de soufre lavé et o""',5 d'acide tartrique à j^ (').
» Un tel mélange est introduit dans un ballon maintenu par un bain-marie pendant
2 heures, aux températures de 45°, 6o°-62°, 8o°, gS". Pendant tout ce temps un cou-
rant de gaz inerte, azote ou hydrogène pur, entraîne l'hydrogène sulfuré formé, dans
une solution d'iode centinormale. On apprécie la quantité de H^S formé par le dosage
de l'iode restant, par l'hyposulfite de soude. Voici les résultats obtenus :
FPS formé.
m?
A 45° o,56i
A 6i°-62° o,6i2
A 8o° 0,710
A 95° ••• o,833
(1) L'acidification du mélange est nécessaire pour éviter la production de II' S, due
à l'action de l'alcali du verre sur le soufre.
SÉANCE DU 27 JUILLET 1903. 269
» 2° On répèle l'expérience avec de l'extrait de foie de cheval préparé par macéra-
tion de loos de foie pulpé dans loos d'une solution de fluorure de sodium à 2 pour 100.
Cette macération, après avoir été abandonnée à f\o° pendant 24 heures, est filtrée.
» io">' du filtrat sont mélangés à is de soufre lavé. On ajoute 20<^'"' d'eau distillée et
Qcm'^5 d'acide tarlriqne au ^.
» Résultais :
H- S formé.
A /4-^° 0,740
A 63" 0,986
A 80° 1,27
A gS" 1 , 56
» Enfin, dans une dernière série d'expériences, nous avons étudié l'action de la tem-
pérature sur de l'extrait hjdro-alcoolique de levure de bière, préparé par le procédé
indiqué par De Rey-Pailhade pour extraire ce qu'il appelle le /-?/««VofA«OAi.
» 10"'"' de cet extrait filtré et limpide étaient additionnés de is de soufre et de
2ocm3 (j'ggy L'extrait de levure étant franchement acide, il n'était pas nécessaire
d'ajouter de l'acide tartrique comme dans les cas précédents.
» Résultats :
H^S formé.
A 45" o,4i6
A 65" 0,595
A 80° 0,782
A 95° I, i3o
» En présence de ces faiLs il ctai^t indiqué d'étudier l'influence de tem-
pératures plus élevées.
» On introduit dans une ampoule 10'='"' d'extrait de levure, is de soufre et 20="' d'eau.
On fait le vide, ou remplit l'ampoule par un gaz inerte, puis on fait le vide de nou-
veau. On. scelle à la lampe, et on laisse dans l'autoclave à 125° le mélange pendant
I heure 3o minutes. Au bout de ce temps on introduit le contenu de l'ampoule dans
un ballon plongé dans un bain-marie d'eau^DoulIlante, en opérant dans un courant de
gaz inerte qui balaie l'hydrogène sulfuré formé. Le mélange est ainsi traité pendant
3o minutes au bain-marie bouillant. Le résultat est le suivant :
H^S formé.
A 95° i'"^.'o
A 125° 2"s,3o
» On voit que la production de H'S, dans ces trois séries d'expériences,
croît avec la température. Ces faits sont absolument contraires à l'hypo-
thèse d'un ferment soluble hydrogénant le soufre. Des expériences ulté-
rieures pourront seules expliquer le mécanisme de la production d'hydro-
G. R., 1903, .« Semestre. (T. CXXXVII, N" 4.) ^^
2^70 ACADÉMIE DES SCIENCES.
gène sulfuré. Mais, d'ores et déjà, on peut conclure que le philothioa en
tant qu'hydrogénase n'existe pas. »
PHYSIOLOGIE. — Recherches sur l' immunité naturelle des Vipères et des
Couleuvres. Note de IVL C. Phisalix, présentée par M. Edmond
Perrier.
« En 1781, Fontana, après avoir fait mordre des Vipères entre elles, ou
leur avoir inoculé du venin avec une lancette, arrivait à cette conclusion
que (i le venin de la Vipère n'est point un poison pour son espèce ».
Duméril, Guyon, Viaud-Grand-Marais, Waddell ont répété ces expériences
et sont arrivés au même résultat.
» D'autres expérimentateurs comme Mangili, Cl. Bernard, Weir-
Mitchell, Fayrer affirment que les Serpents peuvent être empoisonnés par
leur venin; seulement la mort serait très tardive : dans les expériences de
Weir-Mitchell, elle survenait dans un délai de 36 heures à i4 jours. Wad-
dell, critiquant les expériences de Weir-Mitchell, attribue la mort tardive
des Crotales à une septicémie ou à d'autres causes accidentelles. Dans
21 expériences faites avec le venin de Cobra, cet auteur a toujours constaté
le même fait : « le Cobra inoculé avec son propre venin n'éprouve aucun
» symptôme d'empoisonnement » .
)) C'est pour élucider la cause de ces contradictions que j'ai entrepris
de nouvelles expériences.
» Voici comment j'ai procédé : du venin sec de Vipère est dissous dans l'eau salée
pliysiologique au litre de i pour 100, et la solution est injectée, à doses progressive-
ment croissantes, dans la cavité péritonéale de Vipères ou de Couleuvres. Jusqu'à la
dose de 40""?, le venin ne produit pas de troubles appréciables. A partir de /45"'s jus-
qu'à 6o™s, on commence à observer des troubles chez l'animal inoculé. Ils consistent
dans une sorte de torpeur qui rend le serpent moins sensible aux excitations, plus
paresseux à se mouvoir et moins actif dans ses mouvements.
» Cet état de torpeur somnolente peut durer plusieurs jours avec quelques inter-
valles de réveil relatif pendant lesquels le reptile se déplace lentement. On observe
des contractions spasmodiques du rectum et de l'anus, et des émissions abondantes
d'urine.
» Puis, peu à peu, les accidents s'atténuent, l'animal redevient plus vigoureux et
plus vif; au bout de 4^5 joui^s il a repris ses allures habituelles. Pour déterminer
sûrement la niort, il faut arriver aux doses massives de ioo™s à 120'"".
» Les accidents évoluent alors plus rapidement. Au bout d'une heure, il y a dimi-
nullon de la sensibililé et faiblesse muL-ciilaire, la respiration est ralentie. Bientôt, les
SÉANCE DU 27 JUILLET 1903. 271
symptômes s'aggravent, la parésie augmente, le corps reste étendu, flasque, et réagit à
peine aux excitations; la sensibilité et le mouvement disparaissent en commençant par
l'extrémité caudale. La respiration devient de plus en plus rare, et l'animal meurt par
arrêt respiratoire, le cœur continuant à battre. La survie est de 20 à 3o heures.
» A l'autopsie, on trouve un peu d'exlravasation sanguinolente autour du foie et le
long de l'aorte; cependant, les globules rouges sont intacts et l'hémoglobihe ne diffuse
pas. L'expérience directe m'a montré, d'autre part, qu'une solution de venin à i pour 100
dans l'eau salée n'a aucune inHuence sur les globules de Vipères ou de Couleuvres lavés
^ou non lavés.
» D'après l'évolution des symptômes, il est évident que le système nerveux est frappé
par le venin; mais on pourrait croire, si Ton en juge par la dose énorme de poison
nécessaire à produire les premiers phénomènes d'intoxication, que ce système nerveux
possède une très grande résistance; il n'en est rien. Si, au lieu d'inoculer le venin sous
la peau ou dans l'abdomen, on l'introduit dans la cavité crânienne, il suffit de doses
très faibles pour déterminer l'empoisonnement. J'ai fait l'expérience sur la Couleuvre à
collier. Avec une fine canule, introduite par le trou occipital, j'injecte quelques gouttes
d'une solution concentrée de venin. Or, tandis que chez des Couleuvres témoins, ino-
culées dans les mêmes conditions, mais avec de l'eau salée, il ne se manifeste aucun
trouble, les Couleuvres qui ont reçu de 2"s à 4™s de venin sont immédiatement prises
d'accidents caractéristiques. Tout d'abord, c'est un tremblement généralisé que l'on
perçoit à la main, dès que le venin a touché les centres nerveux. Puis les muscles s'af-
faiblissent et leurs mouvements sont incoordonnés, de telle sorte que l'animal posé à
terre ne peut fuir; dès qu'il lève la tête, celle-ci est agitée de petits tremblements et
retombe bientôt affaissée sur le sol. Quelquefois, il y a de l'emprostotonos. La respi-
ration, très ample au début, ne tarde pas à s'affaiblir ; elle devient rare et intei-milténte.
La parésie augmente rapidement, et, au bout de quelques heures, la Couleuvre enveni-
mée est absolument flasque; les réflexes sont faibles et limités. Cet état peut durer
pendant plusieurs jours, et se termine le plus souvent par la mort.
» A l'autopsie, on trouve une vive inflammation des méninges, surtout au niveau
des hémisphères cérébraux. Ces faits sont à rapprocher de ceujt que MM. Roux et
Borrel ont constatés avec la toxine tétanique, et c'est là un nouveau point d'ànâloo-ie
entre les toxines et les venins.
» Il résulte, des expériences précédentes, que, chez la Vipère et la Couleuvre, les
symptômes d'empoisonnement sont sensiblement les mêmes, que le venin soit introduit
dans le péritoine ou dans la cavité crânienne. Mais, dans le premier cas (injection
intra-péritonéale), il faut 25 fois plus de venin pour produire le même résultat. Il est
donc certain que la plus grande partie du poison n'arrive pas aux centres nerveux.
Que devient-il? C'est ce que j'examinerai dans un prochain travail.
» En résumé, l'immunité naturelle des Vipères et des Couleuvres n'est
pas absolue; si elle est très élevée (5oo à 600 fois plus grande que celle du
cobaye) quand le venin pénètre par la voie cutanée ou péritonéale, elle est
beaucoup plus faible (elle n'est plus que 25 à 3o fois plus grande que celle
du cobaye) quand le venin est mis directement en contact avec le cerveau.
272 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Une Vipère pourrait donc être tuée dans un combat avec une de ses sem-
blables si les crochets venimeux pénétraient dans le crâne; mais, en raison
delà dureté des os, celte éventualité doit être, sinon impossible, du moins
extrêmement rare, et l'on peut admettre l'aphorisme de Fontana en le mo-
difiant de la manière suivante : « Le venin de la Vipère n'est pas un poison
w pour son espèce » dans les conditions naturelles de l' inoculation.
)) S'il en était autrement, l'arme qui sert à procurer la nourriture de
l'individu deviendrait un instrument pour la destruction de l'espèce; l'ex-
périence et l'observation s'accordent pour montrer que la Vipère ne fait
pas exception aux lois générales de la Biologie. «
ZOOLOGIE. — Sur la spermato genèse des Crustacés Décapodes.
Note de M. Alphonse Labbé, })résentée par M. Yves Delage.
« Voici le résumé succinct des résultats que m'a donnés l'élude de la
spermatogenèse chez les Décapodes (Homarus, Palinurus, Galathœa, Eupa-
gurus, Porcellana, Maia, Stenorhynchus, Inachus, Carcinus, Cancer, etc.),
à l'exception des Caridœ et à'Astacus, faite au laboratoire de Roscoff'.
» Divisions maturatives. — Rien n'autorise à affirmer, comme le fait Sabalier,
l'origine conjonctive des spermatogonies. Les divisions des spermatocytes se suivent
rapidement, mais sont précédées d'un long stade syiiapsis, dans lequel le filament nu-
cléinien est déroulé, quoique condensé à un pôle. Les tétrades s'organisent par une
première division longitudinale, et une deuxième division qui me paraît être égale-
ment longitudinale. Le cenlrosome n'est pas visible aux pôles du fuseau. Le nucléole
libéré à la première division persiste dans le cytoplasme, jusqu'à la spermatide.
» Transformations de ta spermatide. — J^es phénomènes de transformation de la
spermatide en spermatozoïde peuvent être résumés ainsi :
» a. Apparition dans le cytoplasme de la spermatide, à côté du noyau, d'une vési-
cule {vésicule interne) plus colorable que le reste du cytoplasme; cette vésicule
grandit, refoule le noyau, se creuse d'un canal (canal acrosomien) par la convergence
de deux invaginations, l'une distale, l'autre proximale par rapport au noyau ; cette
vésicule prend la forme^ suivant les genres, d'une sphère, d'une amphore, d'une coupe
ou d'un cylindre. — b. Disparition presque complète du cytoplasme qui ne persiste
que sous forme de prolongements raofiV^ partant d'un anneau au-dessus du noyau. —
c. Persistance de la membrane cellulaire de la spermatide, sous la forme d'une (^e5«CM/e
externe qui peut se dédoubler, se cliver, ou présenter des étranglements, c'est-à-dire
qui peut revêtir les formes les plus variées suivant les espèces étudiées. — d. Appari-
tion à^ anneaux mitochond riens avec grains mitochondriens, à des places déterminées
autour de la vésicule interne. — e. Persistance du noyau au-dessous des prolongements
radiés et de la vésicule interne. — f. Enfin, apparition entre le noyau et le fond de la
SÉANCE DU 27 JUILLET rgoS. 27^
vésicule interne cFune petite éminence (tigelle des anciens auteurs) qui croît en
remontant plus ou moins haut dans le canal acrosomien et que j'appellerai V appareil
acrosomien : cet appareil se trouve constitué, dans la règle, d'une base en forme de
ligne ou d'angle trièdre, vivement colorable par les colorants basiques, et d'un petit
cylindre achromatique au haut duquel on reconnaît une pointe conique fortement
chromatique : tout cet acrosome se colore jjlus énergiquement que la chromatine.
» On reconnaîtra, avec quelques détails de plus, dans ce bref énoncé,
les descriptions déjà données du spermatozoïde des Décapodes par Gilson
et Hermann. Cet ensemble compliqué de vésicules, de coupoles, de
tigelles avait donné aux spermies de ces animaux une place à part, et
l'on n'aurait su y reconnaître les organes ordinaires du spermatozoïde des
autres animaux. C'est qu'on effet, on n'avait pas trouvé les spermatozoïdes
mûrs définitifs, qui sont bien différents de la description précédente.
» Chez Hojnarus, le spermatozoïde mûr est formé d'un appareil acrosomien, court
semblable à celui que je viens de décrire; d'un anneau cytoplasmique d'où partent les
trois prolongements radiés, et d'un noyau longuement cylindroïde. Chez Mata, le sper-
matozoïde mûr est à peu près semblable, sauf que l'appareil acrosomien est lono- et
aigu, et le noyau vésiculeux. Dans les autres genres que j'ai étudiés, la forme du sper-
matozoïde varie peu et rie diffère de ces deux types extrêmes que par des différences
de détail. Je puis affirmer que les descriptions faites jusqu'ici des spermatozoïdes des
Décapodes ne s'appliquent qu'à des spermatozoïdes non mûrs.
» Les transformations qui légitiment cette affirmation se font soit dans les sperma-
lophores, soit dans le corps de la femelle. La fécondation, chez les Brachyures tout au
moins, est interne, quoi qu'on en ait pu penser, et, après la copulation, on trouve de
nombreux spermatozoïdes, mûrs, entre les œufs. C'est sous la forme que je viens de
décrire que se produit la fécondation. Le spermatozoïde, tel qu'on le connaissait subit
deux séries de transformations :
» a. Une invagination. L'appareil acrosomien remonte dans le canal acrosomien
jusqu'à ce qu'il arrive à son orifice supérieur, et il entraîne avec lui toute la partie
inférieure, c'est-à-dire les prolongements radiés et le noyau. Lorsque l'invagination
est complète, le spermatozoïde a sa forme définitive, mais se trouve entouré d'une
sorte de coque protectrice formée par les vésicules externe et interne. Ce phénomène
est facile à voir chez le Homard et le Maia;
» b. Une dévagiaation par disparition des enveloppes vésiculaires protectrices. Le
résultat est un spermatozoïde muni d'un acrosome antérieur, un anneau cytoplas-
mique avec prolongements radiés, et un noyau. Ily,'', du reste, de nombreuses
variantes, sur lesquelles je ne puis insister. Chez Maia, par exemple, on trouve deux
formes de spermatozoïdes, les uns nucléés, les autres anucléés, qui ont une évolution
différente.
» Ces phénomènes, quelque étranges qu'ils puissent paraître, sont bien
en rapport avec l'immobilité des spermatozoïdes des décapodes; la conden-
27/i ACADÉMIE DES SCIENCES.
sation du cytoplasme, ou mieux de ses parties albumineuses dans Id vési-
cule interne, la corrélation entre l'accroissement de ces vésicules et la dis-
parition du cytoplasme, montrent que cette vésicule a peut-être un rôle
nutritif pour le spermatozoïde, qui, par suite de son immobilité dans les
spermatophores ou les poches copulatriees, peut attendre longtemps le
moment d'entrer en action. Les phénomènes osmotiques me paraisseut jouer
un rôle considérable dans tonte l'histoire des spermatozoïdes des Déca-
podes, notamment dans le clivage des vésicules externes, dans l'invagina-
tion et la dévagination des spermatozoïdes.
» Ces résultats ainsi que les considérations théoriques qui y donnent
lieu seront développés dans un Mémoire ultérieur. »
EMBRYOLOGIE. — Production artificielle de larves géantes chez un Echinide.
Note de M. F. -A. Jaxssexs, j)résentée par IVÎ. Alfred Giard.
« On sait que Jacques Loeb a publié eu 1893, dans les Biological lectures,
de Woods Holl, une méthode pour produire artificiellement des larves
doubles à l^aide des œufs d'Arbacia.
» Le savant américain fertilise les œufs de cet Echinide dans l'eau de mer normale.
Entre 10 à 00 minutes après la fécondation, il transporte les œufs dans l'eau de mer
additionnée de 100 pour 100 d'eau douce. Dans ces conditions il voit se former des
hernies dont les dimensions atteignent parfois celles de l'œuf lui-même. Il arrive qu'il
ne se forme cju'z/ne hernie semblable. D'autres fois il s'en forme deux et parfois un
grand nombre. Ces hernies persistent après qu'on a remis les œufs dans Verni de mer
normale. Il les appelle extra-ovat. D'après Loeb, les deux pai-liés de l'œuf se déve-
loppent et il se forme ainsi des larves géminées plus ou moins complètes.
» Pendant un séjour à la station de Naples, sur le conseil de M. Curt
Herbst, j'ai entrepris de contrôler les conclusions de Loeb et je suis arrivé
à des résultats très différents des siens.
» Mon mode opératoire est absolument le même que celui de Lœb, mais j'ai eu tou-
jours bien soin d'i^o/e/' depuis le premier moment de leur développement les individus
dont je voulais poursuivre l'évolution. Il se présente d'ordinaire deux cas. Ou bien
l'extra-ovat se sépare immédiatement de l'œuf dès son retour dans l'eau de mer nor-
male, et dans ce cas jamais les deux parties ne se développent. Ou bien l'extra-ovat
reste adhérent à l'œuf. Dans ce dernier cas le sort ultérieur de l'évolution est fonction
du degré d'adhérence. Si cette dernière est forte, il ne se produit jamais qu'une seule
blastule plus ou moins déformée et monstrueuse. Cette blastule peut donner naissance à
une larve plu/eus qui, elle aussi, sera plus ou moins déformée. Mais il se peut que
SÉANCE DU 27 JUILLET IQoS. 0.^5
l'extra-ovaL ne tienne que faiblement à^l'œuf, el dans ce cas, après le stade de la morale,
il se forme deux blastules différentes qui se séparent après un temps plus ou moins
long. Je ne suis pas parvenu à obtenir plus que des gastrules réduites dans ce dernier
cas. Le développement ne semble pas aller au delà.
» Au cours de ces recherches de contrôle j'ai constaté que souvent les
œufs à hernie sont capables de se souder deux à deux. J'ai isolé de ces
œufs agglutinés depuis le premier moment de leur soudure jusqu'à leur
transformation en pluteus et j'ai trouvé des monstres doubles se compé-
nétrant plus ou moins. Les images sont analogues jusqu'à im certain point
à celles qui ont été décrites par Lœb comme provenant (Vun seul œuf , et
\)i\r Morgan et Driesch comme jumeaux provenant de deux œufs différents
plus ou moins fusionnés.
)) Mais il arrive que certains de ces monstres ont des dimensions telles
qu'il me parut dès l'abord impossible d'admettre qu'ils provenaient de
deux œufs seulement. Je pus observer alors, en y regardant de plus près,
un fait très intéressant et qui, à ma connaissance, n'a pas été signalé jusqu'à
présent. J'ai trouvé dans l'ovaire iVArbacia un parasite dont je n'ai pu,
jusqu'à présent, établir l'identité, mais qui appartient certainement à la
grande subdivision des Rhizopodes. Les dimensions de cet animal sont très
variables. 11 émet d'énormes pseudopodes qui parviennent parfois à
englober un œuf entier et à l'introduire dans la masse de l'animal. Il est
souvent possible de reconnaître, dans un seul individu, deux, trois ou un
plus grand nombre d'œufs encore sphériques. Ces Rhizopodes restent bien
vivants dans l'eau de mer normale à côté <ies œufs qui se développent
après la fécondation. Dans l'eau de mer mêlée d'eau douce, ils ne meurent
pas immédiatement. Mais, quand on reporte les œufs et les parasites dans
l'eau de mer normale, ces derniers se contractent brusquement et meurent.
Il arri\e souvent que les œufs s'accolent par leurs hernies à ces masses
désormais inertes et constituent avec elles des sphères plus ou moins irré-
gulièrement bossuées. J'ai isolé de ces sphères composées d'un parasite et
d'un nombre variable d'œufs. Ce nombre peut aller jusqu'à dix et je suis
persuadé qu'il peut le dépasser. Les œufs se développent. Au stade de la
morule on voit encore très bien les éminences appartenant à chacun d'eux,
Après ce moment, les contours se régularisent et bientôt la sphère plus ou
moins régulière se met en mouvement. Les œufs d'Arbacia sont encombrés
d'enclaves colorées en rouge. Par suite, il est malheureusement impossible
d'observer ce qui se passe à ce moment. Toujours est-il que, après 5 à
8 jours, on voit apparaître une larve plus ou moins globuleuse pourvue
2'76 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'un système cilié ayant une unité remarquable, d'une boucFie et d'un
anus. Souvent l'archentéron fait défaut. D'autres fois il n'est pas visible à
cause de l'opacité de la larve. Parfois on voit un archentéron en relations
avec l'anus, mais n'allant pas jusqu'à la bouche. Dans ce cas on trouve
dans ce tube digestif embryonnaire les mêmes parties que dans celui des
larves pluteus normales. Le squelette fait souvent défaut à ces larves
géantes. D'autres fois il est représenté par des baguettes de forme plus
ou moins complexe. Dans les larves plus petites le squelette est souvent
mieux formé.
» Je n'ai jamais trouvé de monstres doubles ou multiples, ni de larves
géantes dans les cultures ne renfermant ^<ir^ de parasites. »
PHYSIOLOGIE. — Inscription de F état variable de la tension du fil de Vergo-
graphe; équation du mouvement et expression du travail. Note de MM. A.
Imbeiît et J. Gagxière, présentée par M. Marey.
« Voici l'appareil que nous avons employé pour obtenir cette inscrip-
tion :
» Nous nous sommes servis d'un tambour ordinaire entouré d'un cercle en acier
dont le plan est perpendiculaire à celui de la membrane du tambour et qui est fixé à
la face métallique de celui-ci; en outre, une mince tige métallique réunit la plaque
d'aluminium, collée sur la membrane de caoutchouc, au point du cercle en acier dia-
métralement opposé à celui auquel la face métallique du tambour est fixée. Le cercle
en acier est réuni d'une part à là pièce mobile qui porte le stylet inscripteur du sou-
lèvement et d'autre part au fil qui se rend au médius, de telle sorte d'ailleurs que la
tige aboutissant à la membrane du tambour soit dans le prolongement de ce fil. Le
tambour entouré du cercle en acier est relié à la manière ordinaire avec un tambour
inscripleur. Grâce à cette disposition, toute traction exercée sur le fil déforme le cercle
en acier, cette déformation agit en soulevant la membrane du tambour explorateur et
le stylet du tambour inscrij^teur trace sur le cylindre les valeurs successives de cette
traction.
» Les tracés, obtenus dans les conditions indiquées dans nos Notes
précédentes, montrent que la tension du fil, c'est-à-dire la force motrice,
augmente rapidement au début de chaque contraction et atteint un maxi-
mum après un temps très court, alors que le soulèvement du poids est
encore très minime. Après ce temps, qui est environ de i trentième de
seconde, la tension du fil baisse, tandis que le poids continue son ascension,
mais cette tension ne devient jamais nulle, sauf dans quelques cas où le
SÉANCE DU 27 JUILLET TQoS. 277
poids soulevé est faible (i*^^). Après avoir passé par un minimum, la tension
augmente de nouveau pour atteindre sa valeur initiale et se maintenir
constante pendant toute la durée du soutien, puis elle diminue de nouveau
pendant le relâchement musculaire et reprend sa valeur primitive après
une série d'oscillations dues à l'élasticité des diverses pièces de l'ergo-
graphe.
» Si l'on réalise l'inscription d'une assez longue suite de contractions
successives, la fatigue se traduit, sur le tracé de la tension du fil, par des
modifications analogues à celles que nous avons décrites antérieurement
pour le soulèvement et la force de contraction musculaire : ralentissement
dans la vitesse d'augmentation et de diminution de la tension aux diverses
périodes d'une même contraction et diminution de la tension maxima du
début.
» On peut obtenir simultanément l'inscription du soulèvement du poids,
de la force de contraction musculaire et de la tension du fil.
» En appelant M la masse du corps soulevé, l'équation du mouvement
réalisé pendant le travail à l'ergographe est
(■) Mg^=/-M„..
On tire de là
f^Mg + M'^^
» Or les valeurs successives de/ aux diverses époques du mouvement
peuvent être mesurées sur nos tracés. Dès lors, connaissant /en fonction
du temps /, l'équation (i) peut être intégrée, et la vitesse -£ du mobile
peut être connue pour chaque instant.
» On peut profiter de l'équation (i) pour étudier le travail effectué pen-
dant la période ascensionnelle du mouvement. En effet, le travail de la
force / pendant le déplacement dy serR fdy et le travail total, pendant la
durée T du soulèvement, sera
T=fydy=£[Mgdy-^U^^dy) = M[gy+l[^y],
car la constante est nulle, puisque, à l'origine, 7 = o et que la vitesse du
mobile est nulle aussi.
» Nos équations et nos graphiques nous donnent les valeurs successives
C. R., 1903, 2' Semestre. (T. CXXXVU, N» 4.) ^7
2-^8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de y et de -—} et nous permettent ainsi de pénétrer plus intimement dans
la question, puisqu'il est possible, non seulement de calculer le travail
total entre des limites de temps déterminées, mais d'en connaître la valeur
à chaque instant et d'en suivre les variations. »
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur quelques processus de gommificadon.
Note de M. G. Delacroix, présentée par M. Prillieux.
« Canne à sucre. — La production de gomme dans la tige de la Canne
à sucre est un phénomène qui s'observe fréquemment à la suite de plaies
d'insectes, de blessures quelconques, d'affections cryptogamiques, pour
lesquelles, le plus souvent d'ailleurs, une plaie d'insecte est la porte
d'entrée du champignon. La cause première de cette formation gommeuse
n'est pas nettement établie, et il en a été de même jusqu'ici de son mode
de formation. C'est ce dernier fait seulement que je veux faire ressortir ici.
» A la suite de l'attaque du Borer {Diatrœa striatalis), par exemple, on voit
souvent, dans le voisinage de la galerie, la gomme jaune pâle sourdre en très fines
gouttelettes, et fréquemment ces régions gommipares montrent une teinte rouge pâle,
dont l'apparition semble liée à la réaction de la plante, car on l'observe dans l'attaque
de parasites fort divers de la Canne.
» Des coupes transversales, fixées par l'alcool fort et rapidement colorées par le
carmin aluné ou le rouge de ruthénium, montrent des sufTusions gommeuses abon-
dantes, que l'on voit s'amasser généralement dans le vaisseau annelé qui occupe la
pointe du faisceau, et qui ne tarde pas à se déchirer dès que le faisceau grandit.
» L'espace schizogène qui environne le vaisseau de la pointe s'emplit également de
gomme. Cependant, il est facile de se rendre compte que ce n'est point là le lieu de
formation de cette gomme. Les parois des vaisseaux, et aussi parfois des tissus paren-
chymateux du bois se colorent souvent en jaune brunâtre, mais on ne les voit pas se
liquéfier et se transformer en gomme. C'est exclusivement le liber qui est le siège de
la gbmmification. Quand on suit les phases du phénomène depuis son début, on voit
les éléments du liber, plus spécialement les cellules annexes, épaissir notablement
leur membrane à partir delà région la j^lus externe du liber.
» Une observation attentive montre que cet épaississement siège dans le cadre
intercellulaire. Puis, comme on l'observe dans la gommose des Amygdalées, les cellules
s'isolent peu à peu, en même temps que leur membrane propre s'amincit, semblant se
liquéfier du côté externe, et la cellule disparaît au milieu de la masse gommeuse.
» Je n'ai pu voir bien nettement comment la gomme arrive à s'épancher à la pointe
du faisceau, dans la région du vaisseau primaire. Il m'a semblé, en plusieurs circons-
tances, que c'est la discission des éléments du parenchyme ligneux delà région moyenne
du faisceau qui permet le passage.
SÉANCE DU 27 JUILLET 1903. 279
)) Aurantiacées. — Chez les Citrus, Orangers, Mandariniers, Citronniers,
la formation de la gomme se montre assez souvent sans qu'on puisse non
plus en préciser la cause. Le Fusarium Limonis Briosi n'est pas en tout cas
la seule. Sur des Orangers venant de l'ile de Chio, où j'ai étudié la forma-
tion de cette gomme, je n'ai pu découvrir d'autre organisme que de très
nombreuses cochenilles.
» Sur les Aurantiacées, comme l'a déjà déclaré Savastano, la gomme prend nais-
sance par un processus identique à celui de la gomme des Amygdalées. L'évolution
des îlots de parenchyme est seulement un peu dilTérenie; il ne s'y accumule pas de
réserves amylacées, et généralement la liquéfaction débute par le bord du massif de
parenchyme gommipare, alors que, cliez les Amygdalées, c'est généralement au centre
qu'elle commence.
)) Khaya Senegakiisù . — On observe bien souvent une formation abon-
dante de gomme sur cette plante à la suite des blessures fréquentes dont
elle est le siège. La gomme qui prend naissance ne paraît nullement affec-
ter la santé de l'arbre, d'après M. Dybo>vski qui m'a communiqué les échan-
tillons.
» M. Mallèvre a bien voulu, il y a quelques années, examiner, sur ma demande,
cette gomme au point de vue chimique. Elle est constituée par un mélange d'arabane
et de galactane et, comme la plupart des gommes, fournit des cendres riches en cliaux.
Elle est peu soluble dans l'eau et la partie dissoute contient une oxydase qui bleuit la
teinture de gaïac.
» La formation de la gomme dans les tissus est exactement la même que celle des
Amygdalées et des Orangers. L'évolution du parenchyme gommipare est identique;
néanmoins, là non plus, on n'observe pas d'accumulation de réserves amylacées dans
ce parenchyme. »
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Sur les effondrements de la plaine de Serran.
Note de M. Gustave-F. Dollfus, présentée par M. de Lapparent.
« Le 21 juin dernier, aux environs de Paris, sur la plaine située entre
Sevran et Aulnay, près de la ferme de Fontenay, par 56- d'altitude, il s'est
produit un effondrement elliptique de 12- sur i5-, avec des parois descen-
dant à pic sur une profondeur de i5- à 17'". Jusqu'à i-,io du sol, le trou
s'est rempli d'une eau verdàtre et séléniteuse.
). Le phénomène n'est pas rare dans la contrée, où on l'a observé notam-
ment en iG85 et en i858. Des entonnoirs ayant cette origine, connus dans
28o ACADÉMIE DES SCIENCES.
le pays sous les noms de torrents et de bouillons, se voient au Bois Saint-
Denis, aux Bois Royaux, entre Bondy et le Petit Groslay, sur la rive droite
du canal de l'Ourcq.
» D'après la constitution géologique de la région, il est visible que ces
effondrements affectent, avec le limon superficiel, l'épaisseur entière du
calcaire dit de 5<2mï-0we/?, et atteignent l'assise des sables de Beauchamp.
C'est donc à ce niveau qu'il est naturel de chercher la cause du phéno-
mène.
)) D'un autre côté, en remontant vers Gressy, la série des effondrements
semble jalonner un parcours souterrain, qui continuerait au sud-ouest la
direction du ruisseau de l'Arneuse et celle du cours supérieur de la Beu-
vronne. Cette dernière, descendant des hauteurs de Dammartin, court au
sud-ouest jusqu'à Gressy-Souiily, point où elle se coude brusquement à
l'est, pour rejoindre la Marne par le défilé de Claye. D'autre part, tandis
qu'en amont de Souilly la pente moyenne du thalweg est de 2™ par kilo-
mètre, dans le cours inférieur, au lieu de diminuer, comme c'est la règle,
elle atteint 3™,3o. Mais la Beuvronne supérieure trouverait son prolonge-
ment naturel, à l'O.-S.-O., avec une pente kilométrique de i™,3o, dans la
dépression où a été creusé le canal de l'Ourcq, devant Villeparisis, Vau-
j ours et Livry.
» Ces caractères, et notamment l'excès tout à fait anormal de la pente en aval de
Souilly, indiquent que l'ancienne Beuvronne débouchait à Sevran dans la plaine
Saint-Denis, et que son cours supérieur a dû être capturé par un petit affluent de la
Marne.
» Or, cette ancienne Beuvronne trahit une disposition générale du sol qui portait
les eaux à s'écouler vers Sevran. Il est tout naturel que cette disposition se soit tra-
duite, non seulement à la surface, mais en profondeur, et que, par suite du relève
ment général des couches vers Dammartin, où se fait sentir le prolongement de l'axe
du pays de Bray, un cours d'eau souterrain, engendré par l'absorption des eaux sur
l'affleurement des sables bartoniens, ait été amené à suivre la même direction. Près
de Sevran, où toutes les assises dessinent un pli synclinal, prolongeant celui qui a été
nettement reconnu à Saint-Denis, ce cours souterrain serait établi au niveau même
des sables, où il a échappé aux conséquences de la capture de la Beuvronne, et il irait
déboucher dans la berge de la Seine vers Saint-Denis.
» En circulant à travers la couche des sables bartoniens, le ruisseau caché délaie-
rait et emporterait peu à peu cette assise essentiellement meuble, de façon à provoquer
de temps à autre un effondrement partiel de la nappe calcaire qu'elle supporte. Les
puissantes venues d'eaux profondes qu'on observe dans les forages des environs de
Saint-Denis trouveraient une explication dans l'existence de cette rivière souterraine;
existence qu'il y aurait intérêt à vérifier par quelques travaux, en vue de l'alimentation
des communes du nord de Pans, si mal pourvues en eau potable.
SÉANCE DU 27 JUILLET 1903. 28 1
» Diverses considérations donnent à penser que la décapitation de la
Beiivronne n'a dû avoir lieu qu'à l'époque du pléistocène moyen. Jusque-là,
l'importance des érosions, dont la plaine Saint-Denis porte le témoignage,
exige l'intervention d'un plus grand volume d'eau. La capture par la brèche
de Claye aurait pu être facilitée, lors du pléistocène moyen, par la grande
crue à la faveur de laquelle la Marne a réussi un moment à déverser ses
alluvions jusqu'à Livry. Après la retraite de la Marne, l'affluent de Claye
aurait capturé la haute Beuvronne, et, tandis que la partie occidentale de
cette dernière, la plus rapprochée du coude de capture, devenait, sous la
forme de l'Arneuse,' tributaire de la Marne, il restait, entre l'Arneuse
d'une part, la Morée et la Mollette devenues sans force, de l'autre, une ré-
gion intermédiaire marécageuse. »
PHYSIQUE INDUSTRIELLE. — Sur une nouvelle méthode physique de recherche
et de détermination du mouillage des vins. INote de M. Georges M aneuvrier,
présentée par M. E.-H. Amagat.
« Parmi les procédés variés de falsification des vins, l'addition d'eau ou
mouillage est celui qu'on rencontre le plus fréquemment. Les chimistes
mettent le mouillage en évidence en déterminant préalablement, par l'ana-
lyse quantitative, les principaux éléments constitutifs du yin suspect et en
appliquant à ces résultats une série de règles empiriques (telles que la
Somme alcool-acide) dont chacune constitue un degré de probabilité de
mouillage et dont l'ensemble établit une quasi-certitude. Mais ils ne
peuvent aller plus loin, c'est-à-dire déterminer la proportion du mouil-
lage, qu'autant qu'ils ont à leur disposition un échantillon du même vin,
non mouillé, et qu'ils peuvent en comparer les éléments avec ceux du
vin suspect.
» J'ai pensé qu'on pourrait arriver aux mêmes conclusions, plus
sûrement et beaucoup jdus rapidement, par la considération et l'étude de
l'une des propriétés physiques du vin, pourvu que celle-ci fût susceptible
d'une mesure précise, et que les variations dues à l'addition d'eau — toutes
choses égales d'ailleurs — en fussent aisément appréciables. J'ai trouvé
qu'en particulier la conductibilité électrique, ou son inverse, la résislivitè,
répondait précisément à ces conditions. On peut établir par l'expérience :
» 1° Qu'un vin quelconque, bien déterminé par sa provenance et par
son âge, est doué d'une résistivité électrique caractéristique, qui varie
entre des limites restreintes pour les divers échantillons dudit vin ;
282
ACADEMIE DES SCIENCES.
» 2° Que la résistivité d'un vin donné augmente nettement et notable-
ment dès qu'on l'additionne d'eau, même en faible proportion, sans tou-
cher, bien entendu, à aucun des autres éléments, car l'addition d'une
substance soluble, saline ou acide, ferait varier la résistivité en sens inverse.
Courbe de mouillage d'un vin type.
2o
19
18
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15
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15 9 155 15,Ô 3t5 55
A3
62
74
0^:, Les abscisses donnent, en millimèlres, les déplacements d'un curseur, (jui correspondent aux
résistances de compensation du vin mouillé.
Oy, Les ordonnées donnent en centimètres cubes l'eau ajoutée à un volume donné (24cm3) du vin pur.
» Gela étant, voici comment on peut établir une méthode physique de recherche^
qui me paraît pouvoir prendre place à côté de la méthode chimique.
» Dans le cas où l'on n'a pas d'échantillon du vin type, non mouillé, on déterminera
la résistivité du vin suspect. Si elle dépasse nettement les limites fixées par les
mesures antérieures (consignées dans des Tableaux numériques) sur les vins de même
provenance, on peut en conclure que le vin est mouillé. Et la probabilité de cette
conclusion est au moins égale à celle qu'on déduit de l'application des règles empi-
riques des chimistes.
SÉANCE DU 27 JUILT.ET IQoS. 9.83'
» Dans le cas, qui est fréquent, où l'on possède un échantillon du vin type, on n'a
plus besoin de déterminer la résistivité absolue du vin suspect. On préparera, avec
le vin tvpe, un certain nombre de mélanges de via et d'eau dans des proportions
déterminées et croissantes, par exemple 2S, yj,-^, •••; jusqu'à j, |^ et |. Puis on
comparera les résistances de deux colonnes identiques, l'une du vin type non mouillé
et l'autre des mélanges successifs. L'opération consiste à équilibrer, dans chaque expé-
rience, par une résistance compensatrice, l'accroissement de résistance de la colonne
à vin mouillé par rapport à la colonne à vin sec. En portant ensuite en abscisses les
nombres ainsi obtenus (résistances compensatrices) et en ordonnées les fractions de
mouillage, on construira une courbe, que j'appelle courbe de mouillage. Il suffira
ensuite de faire une seule expérience avec le vin suspect, c'est-à-dire « mettre dans
» l'appareil de mesure une colonne de ce vin, identique aux colonnes précédentes, et
» établir la compensation ». En portant en abscisse sur la courbe le nombre ainsi
obtenu, on obtient immédiatement la fraction de mouillage par Tordonnée qui corres-
pond à cette abscisse.
» Toutes les méthodes connues de mesure de conductibilité des liquides
peuvent être utilisées pour ce genre de recherches, pourvu qu'elles soient
à la fois commodes et sensibles. La plus précise paraît être la méthode de
M. Lippmann, par l'emploi de l'électromètre capillaire et du courant con-
tinu. La méthode que Kohlrausch a fondée sur l'emploi des courants alter-
natifs, du pont de Wheatstone et du téléphone, paraît être plus expéditive
et, par suite, plus pratique. C'est par cette méthode (récemment employée
avec succès pour d'autres usages par MM. DongieretLesage) que j'ai con-
struit les courbes de mouillage dont j'ai donné ci-dessus un spécimen. »
MM. HÉDox et FxEiG adressent une nouvelle Note relative à l'influence
de la température sur la survie de certains organes séparés du corps et à
leur reviviscence dans un liquide nutritif artificiel.
MM. FovEAU DE CouRMELLES ct P. Barberix adressent une Note ayant
pour titre : « Pouvoir bactéricide comparatif de diverses lumières ».
M. W. DE FoxviELLE adrcsse une Note « Sur l'explication donnée par
Fontenelle de la nature des queues des comètes ».
A 4 heures l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures un quart.
G. D.
284 ACADEMIE DES SCIENCES.
BULLETIN BIBMOGHAPIIIOUK.
Ouvrages reçus dans la séance du i3 juillet 1908.
(Suite.)
Sur le Mémoire présenté au Congrès international des Sciences historiques, par
M. Ernest Lebon. (Extrait des Memorie délia Societa degli Spettroscopisti italiani,
vol. XXXII, année 1908.) Catane ; i fasc. in-4°. (Hommage de M. E. Lebon.)
Magnetische und meteorologische Beobachtungen an der K. K. Sternwarte zu
Prag im Jahre 1902; auf ôffentliche Kosten herausgegeb. v. Prof. D*" L. Weinek;
63. Jahrgang. Prague, 1908; i fasc. in-4*'.
The seven âges of création; cosmos and the mysteries expounded, by John-
M. RussELL. San-Francisco, 1902; i vol. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Circular of the school of industrial art of the Pennsylvania Muséum; twenty-
seventh season, 1908-190/4. Philadelphie; i fasc. in-8°.
The geographicalJournal, including the Proceedings of the Royal geographical
Society; vol. XXII, n" 1. Londres; i fasc. in-8°.
The Journal of the Franklin Institute devoted to Science and the mechanic Arts:
vol. CLVI, n° 1, july 1908. Philadelphie; i fasc. in-8°.
Census of India \(^oi :
Vol. VII : Calcutta, town and suburbs; parts 1, III, IV. 8 vol. in-f°.
Vol. XII : Hyderahad; parts I, II. 2 vol. in-f°.
Vol. XVII : Punjab and nort-west frontier province; part I. i vol. in-f".
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 5 AOUT 1903,
PRÉSIDENCE DE M. ALBERT GAUDRY.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIQUE. — Relations cuire les piles à plusieurs liquides;
par M. Berthelot.
« Soit un élément de pile, M | A | M', à un seul liquide et dont les deux
électrodes sont constituées par deux métaux différents, M, M'. Soit la force
clectromotrice a^, correspondant à la somme des trois potentiels existant
aux contacts MA, AM', MM'; soient ê^ pour le même liquide et les élec-
trodes M' et M", et y^ pour M et M": le calcul indique entre ces trois forces
la relation
['I av + €,= 7„
relation que j'ai vérifiée expérimentalement d'une manière générale pour
divers liquides A, B, C, ... ( ' ).
)) Je me propose d'établir une relation analogue, tant a priori qu'expé-
rimentalement, pour les éléments de pile constitués par la réaction de
deux liquides, A et B, contenus dans deux vases différents, concentriques
par exemple; l'expression a^^ représentant la force électrornotrice d'un tel
élément, et la somme AB, le potentiel développé au contact de ces deux
liquides; je montrerai, en outre, comment la force électromotrice d'un
élément de pile à deux liquides est liée avec celles des éléments renfer-
mant un seul liquide, les deux électrodes étant supposées différentes entre
elles. Je comparerai, comuie toujours, les résultats du calcul avec ceux
de l'expérience.
(') Comptes rendus, 29 juin igoS, p. i6o3.
C. W., 1903, j° Semestre. (T. CXXXVII, N° 5.) 38
-aS6 académie des sciences.
1.
)) Commençons par la dernière étude.
)) Soit l'élément à deux liquides et deux électrodes différents
M|A.B|M', et a^,
sa force électromotrice; elle peut être représentée par la somme des poten-
tiels existant aux quatre contacts suivants :
a^„ = MA + AB + BM' 4- MM'.
)) Envisageons l'élément réciproque : M'|â.B|M et a^^, on aura
a^A=MB + BA +AM'-hMM'.
» Comparant la somme de ces deux quantités avec la somme des deux
quantités a^^ relatives à un élément à un seul liquide et à deux électrodes
différentes, on obtient l'équation
^AK -+- o'-BA = ^'-A + a,5 + AB + BA .
» En admettant que la somme AB + BA (') soit nulle, — ce qui revient
à admettre AB = — BA , égalité non évidente a priori, — l'équation pré-
cédente se réduit à
[2] a^ij + a,5A = a^ -H a,j .
M Or voici des déterminations qui établissent l'exactitude de la rela-
tion [2]; en tenant compte, bien entendu, du signe électrique de chacune de
ces déterminations et des limites d'erreur résultant de la combinaison de
quatre valeurs expérimentales distinctes, ainsi que des petites différences
électriques qui existent d'ordinaire entre les états de deux électrodes d'un
même métal.
(') Au bas de la page 1607 des Comptes rendus du 26 juin 1908, au lieu de
A B+ AB , on doit lire AB + BA .
SÉANCE DU 3 AOUT 1908
1. SO*Zii =A; BO^'H^ = B.
M'=Cu. I
287
M = Zn
^AR = I , 08
a^ = I , o3
2,11
2,07
M = Ca; .M'= Pt.
0,34 /
o,38 i ^'7^
0,43
0,07
» 2. SO''Na-=: A('); BO='H^ = B.
^AP. = I 7 09
a,; ^= 1,01
a_^ == I , o3
«I!
I ,04
4i
2,10
2,07
3. SO''Na2 = A; SO^H- = B.
a^B^r j,o3
aBA=I,I2
«A =i,o3
ag :^ I ,06
2 , ID
2,09
0,29 )
0,43 i
0,35 )
0,37 )
o,3o I
o,56 (
0,35 /
0,57 i
)) 4. S0^Na2 = A; SO^Zn = B.
2,06
2,06
2'AB=I,00
=fUA = I , 06
'^A =1 ,o3
au = I , o3
o,38 j
0,52 i
0,35 /
0,43 (
5. SO^H- = A; BO^H=' = B.
î'ab^OjSS
^liA = I , 46
a ^ = I , 06
ap =1 ,o4
2,29
2, r I
6. SO'Zn = A; SO''H- = B.
^AI!=I )00
^tliA^'^ig
a^ =:r j ,o3
a,{ = I ,06
2,22
2,09
0,80
0,72
0,72
0,86
0,92
0,90
0,78
o,5d I
0,t)4 )
o i 0,94
0,07 I
... 0,93
0,43 )
> 1 , 00
M = Zn; M'= Pt.
1,44 I
F, 45 ^
1,44 l
l,4l )
1,33 /
1,45 i
1,35 I
',4i i
1 , 3 1 I
1 , 5o j
1,3.5 )
1,61
1,39 I
1 ,55 ^
1,35 i
1,44 i
1,58 i
'i,58 i
t,6i /
i,4i i
f,58 j
f,6o )
1,44 }
i,6i j
2,89
2,78
2,76
2,81
2,96
2,94
2,79
3,16
3 ,02
3,18
3,o5
(') Les chiffres indiqués pour CuPt, ZnPt, avec a^ et SO^Na-, à la page i6o3, ne
sont pas exacts.
288 ACADÉMIE DES SCIENCES.
II.
» Comparons maintenant des éléments de pile, constitués chacun par
la réaction de deux liquides A et B.
» Soit a^ij pour l'élément terminé par le système d'électrodes MM', et
a,.^^, par MM; soit ê^;. par M'M" ; soit y^,5 par MM" , elc.
a^^ + c<f.^ répond à la somme des potentiels MA + AB + BM' -+■ MM' +- MB + B A + AxM' + MxM'
ê,^+g,.. _ _ ÂE\ + AB+Mr + M'M" + M'B^BA--AM" + M'M"
Somme : MA+AM"+ BM"+ MB +AB +BA +AB + BA + 2MM"
Tau + Yda répond à la somme des potentiels MA + AB + BM" -h MM" + MB + AB + AM" + M"M
» La troisième somme sera ég.de à la somme des deux autres, pourvu que
l'on admette l'égalité AB -i- BA -t- AB -t- BA — AB -f- BA, et l'on aura alors :
1 2 3 4 5 6
[3] a^^u + a^A -+- ^-'xn + ^nx = Ta a + Tba-
» En fait, j'ai reconnu que cette équation se vérifie, par la comparaison
d'un grand nombre de données expérimentales; comparaison que je sup-
prime pour ne pas trop allonger cette Note.
» Je rappellerai la relation constatée dans ma Note précédente entre la
force électromotrice des piles à deux liquides et deux électrodes diffé-
rents, avec celles des mêmes piles à électrodes identiques. Soient
a^f^ la force de l'élément M I AB | M,
0,^, celle de l'élément M'(AB)M',
/ab celle de l'élément M"(AB;M";
on aura, en comparant les éléments à électrodes MM' différentes aux
éléments à électrodes identiques, MM et M'M',
|4] ^^-AB — «liA = «AB -^ f^AB»
^AB — ^BA = ^AB +/aB.
Tab— Tba = «Ai; +/vB-
SÉANCE DU 3 AOUT igoS. 289
» En réunissant les équations [2 j et [4 |
[5] 2x„, = («„, + d^^) H- (a^ -h a^),
relations susceptibles d'être utilisées dans les vérifications.
III.
)) En tenant compte seulement des inversions enlre les deux électrodes
terminales, pour les éléments de pile constitués par des liquides identiques
et disposés dans le même ordre relatif, les relations [3] et [4] demeurent
applicables aux piles à 3, 4» 5, ... liquides contenus dans des vases poreux
concentriques, ou consécutifs. Il suffit, pour le montrer a priori, d'observer
que les formules précédentes ne dépendent que de ces électrodes, et de
remplacer la valeur relative au contact entre deux liquides, tels que AB
et BA, par la somme des valeurs des deux contacts entre liquides conli-
gus, AB + BC et CBh-BA; ou par un plus grand nombre, s'il s'agit de piles
à 4» 5 liquides, etc.; bien entendu pourvu que l'on admette par hypothèse
que la différence électrique entre les deux sommes AB -+- BC et CB -h BA
et analogues est nulle.
» J'ai vérifié en fait l'exactitude approximative de ces résultats du calcul
pour 3, 4» 5 liquides; mais je supprime ces vérifications expérimentales
pour abréger.
» On démontre de même l'exactitude de la relation suivante entre les
éléments à trois liquides et les éléments à deux liquides :
» Soient les forces des éléments de pile constitués par trois liquides iden-
tiques, mais distribués dans un ordre différent, avec deux électrodes iden-
tiques x\IM :
M|ABC|M répondant à rt^Bc î
M|BAC|M à «u.vc; M|ACB|i\I à a^a^'^
» Soient encore les éléments à deux liquides
M|AB|M...«^b; M|AC|i\l...a,c; M|BC|M...«,^;.
[6] «ABC + «BAC + «ACB = «AB + «Ac + «BC (élcctrodes MM).
» Pour le démontrer, il suffit d'admettre entre la somme de deux contacts
liquides la relation AC 4- CB = AB. On ramène ainsi les éléments à trois
liquides aux éléments à deux liquides.
290 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» On peut également formuler, sous les mêmes réserves, une relation
entre les piles à trois liquides et les piles à un liquide, avec deux électrodes
différentes MM'; relation analogue à l'équation [2], relative à deux liquides;
soit :
[7] ^-AHC + «r.BA H- <^BA(: + «y-CAi! -^ °^Acn -^ «'-lîCA = 2(a^ + «15 + <^'c)-
» En général, soit un élément de pile constitué par une suite de n liquides
concentriques ou consécutifs. A,, A2, A3, . . ., A^, compris entre deux élec-
trodes M et M'; la force électromotrice de cet élément étant y-x,A,...\J le
nombre des éléments qui pourront résulter des arrangements différents de
ces éléments et électrodes sera représenté par i .2 .'5 . . .n. Si l'on admet
les compensations sns-indiquées entre les différences de potentiel des
liquides en contact, on obtient la relation que voici entre la somme des
forces électromolrices des éléments à n liquides et celles des éléments à
un seul liquide compris entre les mêmes électrodes.
-A, ~^ '^'\,^^ • ■ -^^ ^y \'
)) Il est facile de construire des formules analogues aux précédentes et
d'autres encore pour les éléments de pile à 3, 4» 5, . . . liquides; ces rela-
tions se vérifiant approximativement, d'après les données expérimentales.
Cependant, la valeur de semblables vérifications devient moins certaine,
à mesure que l'on y fait concourir à chacune d'elles un plus grand nombre
de données, en raison de la proximité des valeurs numériques observées
dans les comparaisons et des compensations qui en résultent entre les
quantités similaires, ainsi que je l'ai montré plus haut. Ces compensations
ne fournissent d'ailleurs aucune indication sur les valeurs individuelles
relatives aux contacts AB et analogues et n'autorisent pas à les considérer
comme nulles.
» Les mêmes circonstances rendent difficile l'évaluation exacte de l'in-
fluence réciproque des liquides interposés; quoique cette influence soit
nettement manifeste dans bien des cas. A cet égard, il convient de rappeler
aussi l'égalité entre certaines sommes ou différences de potentiels, telle
que celle que j'ai établie entre la force électromotrice du système :
acide H- base, et la somme de celles des deux systèmes : acide -h sel, et
base + sel. »
SÉANCE DU 3 AOUT igoS.
^91
Remarques concernant les relations entre les piles constituées par les mêmes
liquides, compris entre deux électrodes différentes ou identiques; par
M. Berthelot.
« Yoici les mesures obtenues avec divers éléments de pile, terminés
par deux électrodes métalliques différentes, en opérant toujours avec des
liqueurs de même concentration moléculaire.
» Système à trois liquides et deux, électrodes différentes, dont l'une au moins est
chaque fois en contact avec un liquide différent :
S0*Za.S0''Na2.S0*H=
ZnCu : o,g- -
ZnPt : 1,52-
CuPl : 0,57 -
SO^Zn.SO^H-.
- CuZn : 1 , 1 1 —2,08
-PtZn : 1,36 = 2,88
- PtCu : 0,82 ::= 0,89
» Deux liquides :
ZnCu
ZnPt
CuPt
SO^Na=.SO*Zn.
CuZn : 1 ,06
I ,89 + PlZn : I ,55
o,38 + PtGu : 0,52 :
o>94
2,00
2,94
0,90
1 , CD -i- I , I 2 = 2 , I D
1 ,63 + 1 ,55 =: 8, 18
o,5i -1-0, 4o = 0,91
SO'Na-SO^H-.
I ,o3 -I- I , 12 =; 2 , l5
1 ,49 -H I ,3o = 2,82
o , 80 + o , 56 = 0 , 86
SO'Na2.SO*H2.SO*Zn.
I ,o3 -H I , 16 := 3,08
1,44+1,40 = 2,84
0,89+0,81 1=0,70
SO^Zn.SO'H-
I ,o3 + I , 19= 2,22
I ,60 + 1 ,58 := 3, 18
0,53 + 0,40=^0,93
» Un liquide :
ZnCu
ZnPt
CuPt
SO' Na-.
I ,o3 X 2 = 2,06
1,19 X 2 := 2,88
0,35 X 2 = 0,70
SO^Zn.
I ,o3 X 2 =: 2 ,06
1,44x2 = 2,88
0,57 X 2 = I , j4
SO'H-.
I , 08 X 2 = 2 , 1 6
1 ,61 X 2 ^ 3,22
0,59 X 2 = 1,18
» On remarquera que les piles ZnCu et réciproques offrent des valeurs à peu près
identiques, malgré la diversité des liquides en contact avec chaque métal. En outre,
ces valeurs sont à peu près les mêmes pour les piles à deux liquides et pour les piles
à un seul liquide; comme si la force électromotrice dépendait seulement des deux
métaux, quel que fût le liquide en contact. Cette relation a été observée également en
prenant pour les liquides A, B, C :
» Les trois systèmes formés par SO^Na-, SO^Cu, SO*H^:
» Les trois sj-stèmes formés par SO^Na-, SO^Zn, SO*H-
» Les trois systèmes formés par SO^Na'^, SO^Cu, SO*Zn
» Les trois systèmes formés par SO^Na-, SO^Zn, NaOH;
» Par SO^Na'-, SO^Cu, NaOH; par SO^Zn, SO^Cu, NaOH;
« Par SO^NaS SO^HS NaOH; par SO^Cu, SO^H^, NaOH;
» ParSO^Zn, SO^H-, NaOH; par SO^Zn, SO^Cu, NaOH; à l'exception des sys-
tèmes où l'électrode Zn est en contact avec un alcali libre, ou bien avec un sel de
cuivre.
» Avec tous ces systèmes les valeurs ZnCu et CuZn sont presque identiques; les
292 ACADÉMIE DES SCIENCES.
écarts sont plus marqués, lorsque le platine forme l'une des électrodes, sans être ce-
pendant considérables.
» On peut rendre compte de ces observations jusqu'à un certain point,
en remarquant que les valeurs observées paraissent dépendre surtout de
la différence électrique qui résulte du contact des deux métaux avec l'oxy-
gène (de l'air), c'est-à-dire de la différence de leurs chaleurs d'oxydation,
plutôt que de la nature des liquides qui sont en contact avec ces métaux,
laquelle joue un rôle secondaire. En effet, Zn + O dégage : S^^^'^S;
Cu -f- O : 37^'''', 7; Pt + O : environ 18^"'. Dès lors la différence ZnCu,
estimée pour une seule valence, d'après la loi de Faraday, équivaudrait
à ^(83,5 — 37,7) = 22^^\9, ce qui répond à i^°'So sensiblement. ZnPt
équivaudrait à 32^*', 7 ^i^°'S4; CuPt à 9^^',8^EO^'^'S4;l^oul6S valeurs voi-
sines des forces électromotrices observées.
» Il y aurait dès lors une diversité essentielle entre les forces électro-
motrices des éléments de pile à deux électrodes métalliques différentes,
lesquelles dépendraient principalement de l'opposition des deux métaux
extrêmes, le rôle des contacts entre liquides et métaux étant subordonné;
et les forces électromotrices des éléments de pile à électrodes identiques,
lesquelles dépendent au contraire des contacts entre un même mêlai et
deux liquides différents. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur un carbure double de chrome el de tungstène.
Note de MM. Henri Moissaîv et A. Kouznetzow.
« Nous ne connaissons jusqu'ici qu'un très petit nombre de carbures
doubles métalliques.
» MM. Carnot et Goûtai (') ont indiqué l'existence de plusieurs de ces
composés dans les ferrochromes et dans les aciers.
» D'autre part, à la suite de longues recherches publiées par l'un de
nous sur les carbures métalliques (-), M. Williams nous a appris à pré-
parer les carbures doubles de fer et de tungstène, de fer et de chrome, de
fer et de manganèse ( ^ ).
(*) Carnot et Goutal, Recherches sur l'état où se trouvent le silicium et le chrome
dans les produits sidéruigiques {Comptes rendus, t. CXXVI, 1898, p. 1240) et
Recherches sur la constitution chimique des fontes et des aciers, par MM. Carnot
et Goutal {IV'^ Congrès de Chimie appliquée, t. I, p. 4'8).
(-) H. MoissAN, Le four électrique. G. Steinheil, 1897.
(^) P. Williams, Sur un carbure double de fer et de tungstène {Comptes rendus,
SÉANCE DU 3 AOUT IpoS. 2q3
» En étudiant différents alliages de tungstène, nous avons eu l'occasion
de préparer un carbure double de chrome et de tungstène que nous dé-
crivons dans cette Note. Nous rappellerons, tout d'abord, qu'il existe
différents carbures de chrome (') tels que (Ir^'C — Cr^C- et deux carbures
de tungstène de formule Tu-C et TuC.
» Lorsque l'on prépare au four électrique un certain nombre d'alliages
de tungstène et de chrome, en partant d'un mélange d'oxydes que l'on
réduit par le charbon, on s'aperçoit que, si ces alliages ne renferment que
de 20 à 36 pour 100 de tungstène, ils sont assez facilement attaquables
par l'acide chlorhydrique concentré. Dans ce cas, si l'on n'a pas employé
un trop grand excès de carbone, il reste toujours le même résidu cristallisé
dont la composition constante répond à la formule d'un carbure double :
Tu-C, SCr^'C-.
» Préparation. — Pour préparer ce carbure double, on chauffe au four
électrique, dans un creuset de charbon, un mélange de 100^ de sesqui-
oxyde de chrome, 45^' d'acide tungstique et 3os de coke de pétrole ou de
charbon de sucre. La durée de la chauffe est de 5 minutes, et il est utile
de ne pas employer un courant d'une trop grande intensité: 400 ampères
sous 'yS volts sont suffisants. Nous obtenons ainsi un culot d'apparence
métallique, homogène et bien fondu, présentant dans sa cassure l'aspect
de cristaux enchevêtrés.
» Ce culot métallique est pulvérisé^ puis traité à chaud par l'acide
chlorhydrique; on lave à l'eau et l'on fait digérer ensuite avec une solu-
tion ammoniacale concentrée, de façon à dissoudre les parcelles d'acide
tungstique qui peuvent se trouver comprises entre les lamelles cristal-
lines. Cette poudre est enfin lavée à l'eau et séchée.
» Nous avons pu, en outre, préparer le même carbure double par une
autre méthode. Nous tondons au four électrique, toujours en évitant
autant que possible la vapeur de carbone de l'arc, un mélange de chrome
et de tungstène métallique additionné d'une petite quantité de charbon
de sucre en présence d'un grand excès de cuivre. Nous avons employé les
proportions suivantes : tungstène, 7*'', 5 ; chrome, lo^; carbone, o*'', 2;
cuivre, i5o^. La masse est fondue rapidement, dans un creuset de char-
bon, et l'on maintient le cuivre à l'ébullition pendant i ou 2 minutes.
Après refroidissement, il reste dans le creuset un culot métallique homo-
t. CXXVII, p. 4io) 6t Carbures doubles de fer et de chrome, de fer et de man-
ganèse {Comptes rendus, t. CXXVII, 1898, p. 483).
(') H. MoissAX, Le four électrique, p. 208.
C. K., 1903, ^» Semestre. (T. CXXXVU, N° 5.) 3()
294 ACADÉMIE DES SCIENCES.
gène qui est attaqué par un excès d'acide nitrique et qui abandonne de
petites géodes cristallines à aspect métallique, qui sont formées du même
carbure double :
Tu-C,3CrH:-.
» Propriétés physiques. — Ce carbure double a une densité de 8,4 1 à 22^,
Il se présente sous forme de grains cristallins gris, d'aspect métallique et
très durs. Il raye en effet le quartz et la topaze avec la plus grande facilité.
Sa poussière produit sur la surface bien polie d'un rubis très dur des stries
profondes; il ne raye pas le diamant tendre; il n'est pas magnétique.
» Propriétés chimiques. — Le carbure double de chrome et de tungstène
est attaqué par le chlore gazeux vers l\oo° ; il produit des chlorures chro-
mique et tungstique et laisse un résidu de carbone amorphe; le brome, à
la température de Soo", réagit beaucoup plus lentement et, à cette même
température, l'iode n'exerce aucune action.
» Chauffé sur la lame de platine dans l'air, ou à la pointe du dard bleu
du chalumeau à oxygène, sur un fragment de chaux vive, il ne présente
aucun phénomène de combustion. Il se scorifie lentement à la surface, dans
la flamme du chalumeau.
» Au rouge sombre, la vapeur de soufre n'exerce aucune action sur ce
nouveau composé.
» Il présente d'ailleurs une très grande stabilité et n'est attaqué ni par
l'acide nitrique, ni par l'acide sulfurique, ni par les acides chlorhydrique
ou fluorhydrique. L'eau régale n'a pas d'action sur lui et le mélange d'acide
nitrique et d'acide fluorhydrique ne l'altère pas.
» La potasse et les carbonates alcalins en fusion ne l'attaquent qu'avec
une extrême lenteur. Mais, au contraire, une décomposition assez vive se
produit lorsque l'on ajoute à ces composés de l'azotate de potassium ou de
sodium. De même, le chlorate de potassium en fusion le transforme rapi-
dement en un mélange de chromate et de tungstate alcalin.
» Une autre réaction assez curieuse nous est fournie par l'acide chlor-
hydrique gazeux au rouge sombre. Lorsque l'on chauffe ce chlorure double
dans une cloche courbe, au contact d'une atmosphère limitée d'acide
chlorhydrique, ce dernier gaz est en partie décomposé; il se condense,
au-dessus du carbure double, du protochlorure de chrome blanc, un peu
plus loin, du chlorure de tungstène marron, et l'on retrouve, mélangée à
l'acide chlorhydrique, une notable quantité d'hydrogène et de méthane.
» Analyse. — Ce carbure double a été attaqué dans un creuset de platine par un
mélange de carbonate et d'azotate alcalin : une partie de carbonate de soude et
SÉANCE DU 3 AOUT igoS. I>g5
liuit parties de nilrale. Après refroidissement, la masse a été traitée par l'eau et
acidifiée par l'acide nitrique. Nous portons ensuite à rébullition et nous ajoutons
quelques gouttes d'alcool pour réduire l'acide chromique à l'état de sel de chrome. La
solution est ensuite exactement neutralisée par la potasse de façon que le tungstène et
le chrome restent en solution. Le tungstène est alors séparé sous forme de tungàtate
mercureux. Dans le liquide filtré, on précipite le mercure par l'hydrogène sulfuré,
puis, après une nouvelle filtration, le sel de chron^e est ramené à l'état d'acide chro-
mique au moyen du brome. Enfin, cet acide chromique, précipité en solution acétique,
par le nitrate mercureux, permet de doser le chrome sous forme de sesquioxjde.
» Le dosage du carbone a été effectué de la façon suivante : 3° de carbure ont été
attaqués par le chlore sec, l)ien exempt d'oxygène à la température du rouge sombre.
Après refroidissement, la nacelle contenant le résidu de carbone a été chauffée dans
un courant d'hydrogène sec, puis pesée. Cette nacelle a été disposée dans un tube de
verre traversé par un courant d'oxygène pur. Le carbone est brûlé puis pesé sous
forme d'acide carbonique. Ces différents dosages nous ont donné les chiffres suivants :
Théorie pour
1. 2. 3. Tu-C, 3Cr3C-.
Chrome 5o,g3 01,27 » 5i,ii
Tungstène 39,61 39,68 » 39,80
Carbone » w 8,71 9>09
» Conclusions. — En résumé, nous avons préparé par différents pro-
cédés lin carbure dotible de chrome et de ttingstène de formule Tu^C,
3Cr*C". Ce carbure double est comparable aux composés analogues indi-
qués par MM. Carnot et Goûtai dans les produits sidérurgiques. Sa den-
sité est de 8,4i- C'est un carbure très stable, inattaquable par les acides
et par les principaux réactifs et remarquable par sa très grande dureté. Ce
fait nous amène à penser que l'addition de tungstène aux aciers chromés
pourrait peut-être donner naissance à ce composé et produire en même
temps dans ces aciers des propriétés nouvelles et spéciales. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — L'arsenic exisle-l-il dans tous les organes
de V économie animale? Note de M. Armand Gautier.
« Lorqu'd y a trois ans j'annonçai que l'arsenic existe normalement
dans certains tissus de l'économie animale et spécialement dans les organes
ectodermiques, 58 années s'étaient écoulées depuis le mémorable Rapport
de la Commission nommée en 1841 par l'Académie des Sciences, Rapport
qui avait conclu à l'absence absolue de l'arsenic dans les tissus de l'homme
et des mammifères. A la suite des expériences de cette Commission, com-
posée de ïhénard, J.-B. Dumas, Boussingault et V. Regnault, tous les
chimistes admirent, d'une manière absolue, que l'arsenic n'existe pas chez
les animaux.
2()6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Je montrai, en 1899 ('), que non seulement l'arsenic fait partie
constiluante de l'économie, mais qu'il se localise particulièrement dans cer-
tains organes et paraît absent de plusieurs autres, « soit que ce métalloïde
» ne s'y trouve réellement pas, soit que sa quantité puisse être inférieure
» à la limite de sensibilité de la méthode ». Je cite ici mes paroles.
» J'établis en même temps que l'arsenic s'élimine par la desquamation
épidermique, les poils, les cheveux, les plumes et le sang menstruel.
» En annonçant ces faits, je prévoyais assurément des doutes et des
objections. Elles me vinrent d'abord de l'Allemagne où quelques savants
toxicologistes ou physiologistes avaient voulu reproduire mes expériences.
Elles étaient trop délicates pour être répétées et réussies d'emblée.
» Depuis, les essais se sont multipliés, et, sur mes indications directes
ou indirectes, MM. Lepierre à Porto, Pagel à Nancy, Imbert à Montpellier,
G. Bertrand à Paris, et d'autres, ont retrouvé l'arsenic dans les organes où
j'avais annoncé sa présence.
» Ce dernier savant, continuant ces recherches, est arrivé, depuis, à pen-
serque l'arsenic existe dans tous les organes des animaux, et que sa pré-
sence est nécessaire à toute cellule vivante. Dans les muscles et testicules de
poissons, organes oi^i, pour les mammifères que j'ai examinés, j'avais admis
l'absence d'arsenic, ou du moins une proportion inférieure à la limite que
je considérais alors comme étant inappréciable ou incertaine, il a trouvé
pour 100 grammes (état frais) : testicules de squale, 3 millièmes de milligr,,
muscles de grondin, o'"s, 001 2 ; muscles de serran, o™^, 00 1 5.
» Avant de chercher la signification de ces résultats et d'essayer de les
confirmer ou infirmer par de nouvelles déterminations, il fallait étudier de
près les causes d'introduction et de pertes de l'arsenic par chacun des
réactifs employés et par leur ensemble. Voici mes déterminations :
M a. Quantité d'arsenic introduile. — En opérant par ma méthode de
destruction des matières organiques (celle qui a fourni à M. G. Bertrand
les résultats ci-dessus), on utilise les réactifs suivants contenant, d'après
mes expériences les plus récentes, les quantités d'arsenic que j'indique ici :
Pour : Arsenic introduit.
100^ d'acide nitrique o™s^ 00028
20?; d'acide sulfurique indosable
5o= de zinc pur indosable
I litre d'eau distillée o'"S,ooo6
Courant de W^ S, purifié de As, et passant ensuite
dans l'acide nitrique chaud durant 2 heures .... o™s,ooo6
(') Comptes rendus, t. GXXIX, p. 929; t. GXXX, p. 284; t. GXXXIV, p. 1894 et
Jhdl. Soc. chini., 3« série, t. XWIl, p. i35 et 843.
SÉANCE DU 3 AOUT igoS. 297
» Si l'hydrogène sulfuré obtenu avec FeS et H Cl n'a été que lavé à
travers plusieurs flacons à acide chlorhydrique étendu et eau distillée
(comme le fait l'auteur cité), il apporte, dans le résultat final, un supplé-
ment d'arsenic que j'ai dosé plusieurs fois et qui est, en moyenne, de
o"'°,ooo7 (').
» Par conséquent, dans une recherche d'arsenic, après destruction de la
matière organique parles quantités moyennes de loo^ d'acide nitrique pur
et i5s d'acide sulfurique exempt d'arsenic (y compris celui qu'on verse
dans l'appareil de Marsh) et en se servant d'hydrogène sulfuré non spé-
cialement purifié, on augmente très approximativement le résultat des
quantités d'arsenic suivantes :
Pour loos d'acide nilrique o"'s, 00028
Pour 1 5« SO^ H^ indosable
Pour 3oos à 35os d'eau distillée o^s, 00020
Pour IPS incomplètement pur o™?,ooo7
Total de l'arsenic introduit., . o'^s, ooiiS
» Soit environ i millième de milligramme.
)) Si l'hydrogène sulfuré a été purifié, l'arsenic introduit par les réactifs
se réduit à o™s,ooo43 ou o™«,ooo5.
,, b. Quantité d'arsenic perdue. - D'autre part, les pertes en arsenic
sont-elles sensibles? J'ai pensé que si ma méthode de destruction des ma-
tières organiques faisait perdre de l'arsenic, cette perte serait d'autant plus
forte que la masse d'arsenic présente serait plus grande. Après m'être
assuré que la chair naturelle de bœuf ne donnait pour ainsi dire pas d'ar-
senic, j'ai ajouté cà ioo« de cette chair des quantités variables d'arsenic et
j'ai d'osé ensuite à l'appareil de Marsh les quantités de ce métalloïde que
l'en retirais. Voici mes dosages : , . » . •
J As uitroduit. As trouve.
nig ni g
loos de muscle de bœuf 2 2
I 0,88
„ .) 0,010 0,010
„ )) 0,002 0,0028
„ ), o , 0000 o , 0006
), Il ne semblerait donc pas y^voir de perte sensible d'arsenic dans l'at-
taque et la carbonisation des matières animales par le mélange nitro-sulfu-
rique. Toutefois, puisque ajoulant à loo^ de chair musculaire 2 miUièmesde
(M En faisant passer H^S impur à travers quatre à cinq laveurs à HCl pur de plus
en plus étendu, puis dans de l'eau, la totalité de ce gaz, en barbotant bulle à bulle
en AzO^H chaud, m'a donné o'"s,o8o d'arsenic.
298 ACADÉMIE DES SCIENCES.
milligramme d'arsenic, on les retrouve à peu près exactemenl,les réactifs
ayant introduit un minimum de 0^^,0005, et la chair musculaire en conte-
nant une trace, comme on l'a dit, on devrait obtenir :
mg
Arsenic ajouté 0,002
» naturel de la chair 0,0006
» introduit par les réactifs .... o,ooo5
Total o,oo3i (Au lieu de o^s^oo^S trouvé)
» Il y a donc bien une perte. Elle se fait surtout par le charbon azoté qui
reste après lavage à l'eau. En effet, quand on reprend ce charbon résiduel
d'une première attaque par une nouvelle quantité d'acides azotique et
suHurique, on y trouve encore une trace d'arsenic qui, pour loo^ de ma-
tière initiale, est d'environ o™^, ooo5 à o™^, 0006. L'arsenic introduit par les
réactifs étant de o™^, ooo5 (voir plus haut), il s'ensuit que, à i ou 2 dix-
millièmes de milligramme près, le gain compense la perte si l'on agit
avec H- S pur, et que le gain d'arsenic est de 0^^,0007 si l'on se sert d'hydro-
gène sulfuré impur.
» Ces faits établis, il est possible maintenant de répondre à la question
de savoir si les traces d'arsenic, qu'on peut trouver dans les organes que
j'ai jugés très pauvres ou privés d'arsenic, y préexistaient ou non, puisque
je viens de montrer qu'en employant loo^ d'acide nitrique contenant
o™s,ooo23 d'arsenic, 10^ à lo^de SO*H- pur, et un courant de W-^ purifié,
les pertes compensent à peu près exactement les gains. Les résultats que
j'ai obtenus dans ces conditions n'ont donc pas à subir de corrections sen-
sibles. Les voici :
Acide Arsenic réel
nitrique Arsenic calculé pour loo»'
Matières examinées. ejiiployé. trouvé. de matières fraîches.
loos viande fraîche de bœuf 100 0,0006 0,0006
Id. 100 0,0008 0,0008
IOOÎ5 viande fraîche déjeune veau 60 0,0006 0,00072
Id. So 0,0010 0,001
loos chair de grondin (bien privée de
peau et d'arêtes) go 0,006 0,006
1008 chair de maquereau (bien privée
d'aponévroses et d'arêtes) 90 o,ooi5 o,oo25
200S testicule de taureau 80 0,0020 0,0012
Id. i/jO o,oo30 0,0010
4s, 5 membrane coquillère œuf de poule. 20 0,001 0,028
1 io§ jaune dœuf de poule 126 o,ooo4 (faible) o,ooo3
I litre de lait (Ferme d'Arcy ; M. Ni-
colas ) ( * ) I 60 O , 0008 O , OOO'l-
(') J'ai trouvé en outre, dans la bière de Maxéville : arsenic par litre : o™s, 0002
à o'^s,ooo3, quantités insignifian.tes dans ce cas.
SÉANCE DU 3 AOIT IQoS. 299
» Ainsi, toutes corrections faites, l'arsenic paraît bien présent à l'état
de minimes traces dans la chair des mammifères. Ce qui semble encore
confirmer cette conclusion, c'est la présence du même métalloïde dans la
chair de poisson en quantités cette fois très supérieures à toute erreur
possible. M. G. Bertrand l'avait déjà annoncé pour cette chair que je n'avais
pas examinée. Mais je dois remarquer qu'il a trouvé à peine o™&',ooi5 d'ar-
senic dans la chair de poisson (') et qu'il introduisait par l'hydrogène
sulfuré impur qu'il employait et par l'eau distillée une quantité d'arsenic
que j'ai montré plus haut être de 0^^,0007 à o^^jOoog, ce qui rend ses
résultats discutables. La membrane coquillère de l'œuf est fortement arse-
nicale, comme l'avait dit le même auteur.
» Je dois relever maintenant quelques lignes du Mémoire publié par
lui aux Annales de Chimie et de Physique (-), juin 190,3, où ce savant, sans
s'attribuer à proprement parler la découverte de l'arsenic normal, semble
en revendiquer, ou à peu près, la démonstration. Il écrit (p. a48) :
» Ce n'est pas seulement le métalloïde (l'arsenic) qui était contenu dans la matière
organique qu'on isole par l'appareil de Marsh, c'est aussi celui qu'on y introduit par
les réactifs. . .. Dans toutes les recherches qui ont été publiées jusqu'ici concernant
l'existence de l'arsenic dans l'organisme, on a négligé d'établir ce rapport (entre
l'arsenic préexistant et l'arsenic introduit) En général, la quantité d'arsenic existant
à l'état normal dans les organes était bien inférieure à celle qu'on pouvait découvrir
avec l'appareil de Marsh, et l'on n'a obtenu des résultats positifs qu'avec des réactifs
incomplètenien t purifiés.
» L'auteur oublie qu'avant de me servir des réactifs que j'avais pré-
parés et purifiés pour mes études, j'y ai recherché l'arsenic à plusieurs
reprises en évaporant jusqu'à fumées blanches un mélange de 3oo^ d'acide
nitrique et 100^' d'acide sulfurique, étendant d'eau le résidu et faisant subira
la totalité de cette solution le traitement complet pour la recherche de r arsenic
par Vappai^eil de Marsh (•'). C'est après m'être assuré par deux fois que,
dans ces conditions, je n'avais aucun anneau que j'ai commencé mes
attaques où j'employais généralement des quantités d'acides beaucoup plus
faibles. Je m'étais donc demandé, comme il le suggère, « quelle propor-
tion de l'arsenic obtenu revenait à l'organe examiné et quelle proportion
(') Il paraît très variable dans la chair de poisson. Dans une expérience que je n'ai
pas citée dans le Tableau ci-dessus, j'ai trouvé, pour 100? chair de grondin, o"'S, 067,
résultat extraordinaire que je ne donne que pour mémoire.
(2) 7" série, t. XXVIII, p. 242-
(») Voir BulL Soc. chiin., 3« série, t. XXVll, p. 847.
3oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
était due à l'emploi des réactifs » ; celle-ci était nulle dans les conditions où
je me plaçais.
» Si, contrairement à ces calculs de probabilité, mes réactifs avaient
introduit l'arsenic que j'obtenais, ils l'auraient introduit dans tous les cas.
Or, j'ai trouvé constamment ce métalloïde dans la thyroïde, le thymus, la
peau, les poils, les cheveux, les cornes, les plumes, les os, le sang mens-
truel ; je ne l'ai pas trouvé dans le sang ordinaire ni dans les autres organes,
oîi il n'existe pas, ou du moins où il n'existe qu'en quantité excessivement
faible comme dans les muscles de mammifères. Ces centaines d' expériences
négatives sujjiraient à établir la pureté des réactifs employés ( * ).
» J'ai démontré l'existence de l'arsenic dans l\i^ de cheveux et de
poils (-) attaqués par 6oS d'acide nitrique et 4^ d'acide sulfurique alors
que 4oo^ du mélange de ces deux acides n'en donnait pas trace. Dans loo^ de
corne de bœuf, j'ai trouvé o™^,o33 d'arsenic (^), M. G. Bertrand en trou-
vait o™^, 5oo (^). Il a trouvé o™^,oi43 d'arsenic au minimum dans loo^ de
jauned'œuf (^); je n'en ai trouvé que o™^^ 0004. Tout ceci me paraît démon-
trer que, s'il y a eu introduction d'arsenic, ce n'est pas dans mes expé-
riences.
» Quant au choix des matériaux d'études sur lesquels il insiste, je pense
que ma démonstration de l'existence de l'arsenic dans la peau et ses
annexes, le cerveau, la thyroïde, le thymus des animaux terrestres, alors
que tous leurs autres organes en sont à peu près dénués, est plus convain-
cante comme preuve de la présence non fortuite de l'arsenic dans l'éco-
nomie que l'observation de son existence chez les poissons et les êtres
inférieurs marins qui vivent et se nourrissent au sein d'un milieu essen-
(') Toutefois, je m'empresse de reconnaître que mes premières expériences faites
sur la glande thyroïde et la glande mammaire, m'ont donné des résultats beaucoup
trop élevés, soit que l'hydrogène sulfuré que j'employais alors, et que j'ignorais d'abord
contenir de l'arsenic, en ait introduit une quantité sensible, soit pour toute autre cause
qui m'échappe. J'ai fait moi-même toutes les expériences de méthode et de contrôle,
j'ai assisté à toutes les autres; mais l'on comprend que les détails de nombreuses mani-
pulations aient dû être confiés à des tiers, et qu'il ait pu se glisser, surtout au début,
quelque manque de précaution dont ils méconnaissaient l'importance, celle, par
exemple, de placer un tube à coton à la suite du dernier laveur à H- S pour arrêter
les moindres gouttelettes d'un liquide pouvant contenir des traces d'arsenic.
(-) Comptes rendus, t. CXXX, 1900, p. 28^.
(2) Comptes rendus, t. CXXX, p. 286.
C^) Et o""?, 020 dans loo^ de corne de bélier.
(S) Comptes rendus, t. CXXXVI, p. 1084. — Trouvé -^ de milligramme d'arsenic,
en moyenne, en un seul œuf, dont la moitié au moins, dans le jaune qui pèse de i6s à i8^.
SÉANCE DU 3 AOTJT 1903. 3oi
tiellement arsenical. Un bœuf des pâturages de Normandie qui possède de
l'arsenic dans sa peau, ses poils, sa glande thyroïde, et qui n'en a qu'une
quantité infinitésimale ou nulle dans son sang et ses muscles, donne une
démonstration autrement frappante de la présence non accidentelle de ce
métalloïde dans les tissus que si Ton vient à le rencontrer dans une
éponge, une holoturie ou même un poisson, animaux vivant en pleine eau
de mer arsenicale et se nourrissant d'algues riches en arsenic. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Transformation des aldéhydes et des cétones en alcools
par hydrogénation cataly tique. Note de MM. Paul Sabatier et J.-B.
Senderens.
« Dans plusieurs Notes antérieures {Comptes rendus, t. CXXXVI,
i" sem. 1903, p. 738, 921 et 983), nous avons fait connaître que l'emploi
du cuivre réduit permet d'obtenir facilement par catalyse le dédoublement
régulier des alcools primaires ou secondaires en aldéhydes ou cétones
correspondantes et hydrogène libre. Le nickel récemment réduit est d'un
usage beaucoup moins recommandable, parce que, aux températures
mêmes où il agit sur les alcools, il exerce déjà sur les aldéhydes et les
cétones une destruction catalytique assez énergique.
» Au contraire, en opérant avec du nickel réduit à des températures
plus basses, nous avons pu appliquer d'une manière très avantageuse notre
méthode générale d'hydrogénation directe aux aldéhydes et aux cétones,
qui sont ainsi transformées en alcools correspondants. La réaction se pro-
duit déjà à température très peu élevée, mais, pour la poursuivre pratique-
ment et conserver au métal son activité, il convient de maintenir la tempé-
rature de ce dernier un peu au-dessus du point d'ébuUition de l'alcool qui
est engendré.
» Ainsi, de l'aldéhyde éthylique (bouillant à 21°), dont les vapeurs étaient entraî-
nées par l'hydrogène sur le nickel réduit, a fourni immédiatement à la température
ordinaire une réaction intense, manifestée par réchauffement local du métal et par
une forte diminution du volume gazeux : après quelque temps, l'alcool formé demeu-
rant en partie au contact du nickel, celui-ci a perdu son activité, mais l'a recouvrée
complètement par chauffe au-dessus de 80°, et dans ces conditions, il a continué indé-
finiment à produire l'hydrogénation. La température de 1/40" était d'ailleurs encore
plus favorable à la transformation, qui s'accomplit rapidement sans aucune perturba-
lion, ni aucune destruction. Le gaz dégagé est de l'hydrogène pur. Le liquide recueilli
distille à partir de 70°, et fournit :
I volume, passant entre 70° et 75°
8 volumes » » 76° et 78°
G. R., igoS, 2' Semestre. (T. CXXXVII, N» 5.) 4f>
302 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Il ne reste qu'une queue de distillation, extrêmement faible, constituée par un
peu d'acétal. On voit que la transformation en alcool éthylique a été presque totale en
une seule opération.
» Alch^hydes. — Les vapeurs de méthanal, produites en cliaufTant dans le courant
d'hydrogène du trioxymélhylène solide, ont donné lieu, sur le nickel maintenu à 90",
à une transformation régulière en alcool méthylique, qu'on a recueilli.
» Le propanai a été régulièrement transformé, à i02°-i45", en alcool propylique,
sans aucune réaction accessoire.
» Le méthyl-2-propanal (aldéhyde isobutyrique) a fourni facilement, de i35" à 160",
l'alcool isobutylique (bouillant à 107"). Ce n'e^t qu'au-dessus de 200" qu'une décom-
position de la molécule se produit d'une manière appréciable.
» Le méthyl-2-butanal-/^ (aldéhyde amylique), qui bout à 98", est transformé régu-
lièrement, à i35"-i65'', en alcool amylique ordinaire (bouillant à i3i'',5), sans aucune
destruction ni aucune production accessoire appréciable.
» Célones. — La propanone (acétone ordinaire), traitée à ii5"-i25", donne lieu à
une transformation très avancée en alcool isopropylique, sans aucune production de
pinacone. Le liquide recueilli est formé d'alcool secondaire avec une petite proportion
de cétone, qui peut être aisément séparée par distillation et soumise à une nouvelle
hydrogénation.
» La raéthyjéthylcétone, ou butanone (bouillant à 80", 6), fournit aisément à i3o°
le butanol-2 (bouillant à 99"), sans aucune formation accessoire.
» La diéthylcétone, ou pentanone-3 (bouillant à 102"^'), donne rapidement, à i3o"-i/4o' ,
le pentanol-3 (bouillant à 116°).
» La méthylpropylcétone, ou pentanone-2 (bouillant à 102"), fournit facilement,
à i3o°-i5o°, le pentanol-2 (bouillant à 118").
» La méthylisopropylcétone ou méthyL2-pentanone-3 (bouillant à 95°) se transforme
rapidement à i3o°-i5o° en métl)yl-2-pentanol-3 (bouillant à ii2°,o).
» La méthylbutylcétone ou hexanone-2 (bouillant à 127°) fournit aisément à lao"
rhexanol-2 (bouillant à i36°).
)) Auties métaux. — Le cobalt réduit agit à la manière du nickel, mais avec une
activité moindre : ainsi, avec un même appareil, dans des conditions identiques de
température, de vitesse de l'hydrogène, de débit du liquide à hydrogéner, nous avons
trouvé, pour la butanone, avec le nickel, un rendement de |; avec le cobalt, un rende-
ment un peu inférieur à |.
» Le cuivre réduit peut également être utilisé; mais, vis-à-vis des aldéhydes, il
n'agit guère au-dessous de 2oo« et ne révèle une activité liydrogénante réelle qu'à des
températures où déjà il effectue facilement le dédoublement de l'alcool en aldéhyde et
hydrogène, ce qui limite nécessairement la réaction. Avec l'aldéhyde propylique, à
200", on a pu atteindre un rendement de i.
» Avec les célones, le cuivre agit à partir de températures plus basses, mais il peut
fournir des produits d'hydrogénation incomplète : nous aurons l'occasion de revenir
sur ce sujet.
» La mousse de platine n'agit que très faiblement et ne peut pas servir à réaliser
pratiquement l'hydrogénation des aldéhydes et des cétones.
SÉANCE DU 3 AOUT 1903. 3o3
» En résumé, l'action directe de l'iiydrogèiie en présence da nickel ré-
duit permet de transformer très aisément les aldéhydes et les cétones for-
méniques en alcools correspondants. Cette méthode présente sur le pro-
cédé habituellement suivi (action du sodium ou de l'amalgame de sodium
en présence de l'eau) le grand avantage de ne donner aucun produit ac-
cessoire, tel que les pinacones, et de fournir du premier coup un rende-
ment très élevé en rdcool. Les propriétés catalytiques des métaux permet-
tent donc d'effectuer facilement les deux réactions inverses : le cuivre
réduit réalise commodément la scission des alcools en hydrogène et aldé-
hydes ou cétones; au contraire, le nickel, en présence d'hydrogène à tem-
pérature moins haute, transforme ces dernières en alcools. »
CORRESPONDANCE.
ASTRONOMIE. — Résidu des perturbations séculaires. Note de M. Jean
3Iascart, présentée par M. O. (>allandreau.
« Après les perturbations qui ne dépendent que de l'élongation, l'action
de Jupiter sur une petite^planète se manifeste principalement p.ir les termes
séculaires du premier degré par rapport à l'excentricité, et, si leur carac-
tère séculaire n'est qu'apparant, ces termes pourront du moins être utilisés
pour une amplitude très suffisante de l'élongation 0; et, connaissant les
coefficients M, on est conduit à calculer ceux, N, qui importent dans la
perturbation R du rayon vecteur de la planète au Soleil. Si l'on conserve
les notations que nous avons adoptées (' ), 0,1 voit que tous les termes en N
du groupe sont donnés par les termes séculaires de $0 et Iq^ respec-
tivement des formes B, ^6 et — B,/>B; par l'intermédiaire des quadratures
^V__ HT)^Ô et /*(— GT)'/0, ces quantités proviennent donc de l'une des
cinq formes
lpcoskH-\-tq?,\x\m, ''P'-^'''J\ %p%q^\n2.k^ 4- ^^---^' cos '2^9,
lplq\lpsyn'ik^ -lqcos-6kh]-i- '^=^ [^/> cos 3y^0 4- r^^ sin 3^6],
'^Pl±}£ [S^^cos/fO 4-^^sin^-Ol.
(') Comptes rendus, 17 février 1902.
3o4
ACADEMIE DES SCIENCES.
a.
N„.
N-.5
>',3.
N-„.
N,4.
N-,i.
4,206
-26483. IO-3
9234.
10-5
— 1 4 1 90 • I °~'
8734.10-5
-4245.
10-9
8x5.10-»
4,106
— i3oii
3941
— 7060
I 558
—2128
325
4,100
— 5885
I 721
- 3287
587
— 997
1x3
4)070
— 3929
920
'
- 2 120
334
- 689
594.10-1»
3 5969
— i 167
193
- 687
59286.10-1=
- 198
64
3,845
-26753. 10-"
25l2.
10-"
— i38
3899
— 4^2.
10-10
— X2
3,802
— -16004
ii46
—81764.10-'-
488
— 242
— X2
3,763
— I04l2
548
—52 585
659
— i55
— 10
3,700
- 4968
120
— 24400
—
967
-7898.
lo-i-^
— 689.10-1=
3,63i
— 2662
— i65.
io-'=
— 12882
--
880
—8 552
— 428
3,082
— i526
- 378
— 7247
—
620
— 2o58
- 281
3,5i5
- 781
— 370
- 3596
—
895
— 1007
— 162
3,472
— 5o5
— 326
— 2804
—
284
— 638
— 110
3,442
- 376
— 283
- 1698
—
226
- 468
— 86
3,421
— 3o3
- 249
— I 355
—
189
- 371
— 70
3,277
— 7476.10^"
- 939-
10-'-^
- 3i6
—
57
- 835.
lO-l-^
— xgo.iQ-i^
3, 147
— 2 173
- 349
— 87268.10-16
—
18697. 10-16
— 222
- 58
3,129
— 1842
- 3o5
--34^0
—
i6o4i
- 186
- 49
3,106
— i483
— 253
— 5858i
—
i3 112
— 148
- 4o
3,075
— I io4
- Ï97
—48018
—
994i
- 107
- 3o
3,029
- 717
- i35
— 27406
—
66i3
— 6751.
10-16
— 1923. 10-16
2,997
— 534
- io5
—20 167
—
5oo4
—4920
-1434
2,956
— 363
— 72
-13472
—
33x7
-3 255
— 975
2,922
- 263
- 56
- 9583
—
2 553
—2 295
— 704
2,901
— 223
- 45
— 8006
—
2017
— 2024
- — 537
2,879
- 176
- 39
— 6819
—
1721
— r485
- 467
2,824
— 106
- 24
- 8687
—
I 043
- 85i
— 276
2,771
— 644i. 10-16
— I 564.
10-16
— 2 208
—
644
— 5oo
— 168
2,761
- 5333
- i3i5
— 1806
—
535
— 407
- 187
2,733
- 4584
~i ii3
- i552
—
447
— 355
— 112
2,705
— 3458
- 882
- 1147
—
349
- 254
- 88
2,673
— 2671
- 671
— 84i
—
260
— i84
- 65
2,65o
— 2066
- 546
— 670
—
209
— i46
- 5i
2,618
- i534
- 4i5
- 489
—
i5ô
— io5
- 33
2,598
— I 232
— 337
— 385
—
ii4
—8210.
lo-i'
— 2970.10-'''
2,583
- iii5
— 3oo
— 352
—
IIO
—7688
-2596
2,572
— 995
— 276
- 3ii
—
lOI
-6568
—2401
2,5oo
— 502
-- 149
— lOI
—
52
-3i63
-X189
2,433
— 234
- 79
— 770.10-'^
—
267.IO-1''
-i544
- 595
2,424
- 244
- 72
— 701
—
246
— 1402
- 542
2,4l2
- 2l5
- 65
— 620
—
217
-1233
- 478
2,395
- 178
- 54
— 5ii
—
180
—1009
- 394
2,371
143
- 43
— 4û5
—
189
- 790
— 291
2,353
I 2 I
- 38
- 840
—
122
— 646
— 209
2,33i
— 975.10-1^
— 807.
IO-'6
- 271
—
100
— 521
— 208
2,3oo
- 722
— 230
— "97
—
72
— 875
- x5i
2,266
- 467
- i65
— 125
—
46
— 233
- 95
2,2l4
— 3o8
— 102
- 80
—
3o
- 147
- 61
2,187
- 235
- 78
- 61
—
28
— IIO
- 46
2,1 55
- .67
- 57
- 43
—
16
- 76
— 82
2,i36
- ^37
- 48
- 34
—
18
- 62
- 26
2,123
- 123
- 4i
- 3i
—
12
- ^
— 23
2,108
- io3
- 35
- 76
—
10
- 45
— x8
SÉANCE DU 3 AOUT [903. 3o5
» Les propriétés caractéristiques des coefficients N correspondants sont
les suivantes : ils sont en général supérieurs aux coefficients M de même
ordre, pour les petites valeurs de l'indice, et au bord de l'anneau voisin de
Jupiter; mais il faut tenir compte de ce qu'ils sont multipliés par l'excen-
tricité; ils décroissent plus vite que les M, en revanche, soit pour n crois-
sant, soit pour a décroissant.
« Ces termes présentent les mêmes applications que les termes en M
dans les questions qui touchent aux calculs d'orbites, et il importe parti-
culièrement d'en tenir compte dans les cas suivants :
» i^ Le calcul d'une orbite avec de peu nombreuses observations;
» 2° La correction d'un éphéméride dans le cas d'une forte excentricité;
« 3" La correction d'un éphéméride quand la planète n'a pas été
observée pendant une ou plusieurs oppositions intermédiaires.
>y Par une interpolation à vue les chiffres que nous donnons suffisent
dans l'appréciation des parties principales de ces diverses erreurs; pour
connaître plus rigoureusement encore le mouvement de l'astre troublé, il
faudrait également calculer les termes périodiques des divers ordres par
rapporta l'excentricité, et ceux qui dépendent de l'écart (s) avec une
relation de commensurabilité, termes qui fourniraient une interpolation
rigoureuse. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. - Sur les fonctions quasi-périodiques. Note de
M. EscLANGON, présentée par M. P. Painlevé.
« Dans une Note parue aux Comptes rendus en novembre dernier (*)
j'avais indiqué une extension de la notion de périodicité en étudiant une
classe de fonctions que j'ai appelées quasi-périodiques et qui jouissent de
certaines propriétés analogues à la périodicité.
» Par une lettre datée de Riga et adressée par M. P. Bohl à M. Pain-
levé, j'ai appris que cette conception n'est pas nouvelle. M. Bohl y avait
été amené avant moi en se posant le problème suivant, qu'il traite dans
sa Thèse et dans un très intéressant Mémoire publié en russe, intitulé :
Sur la représentation des fonctions d'une variable par des séries trigonomé-
( ' ) EscLANGON, Sur une extension de la notion de périodicité ( Comptes rendus,
t. CXXXV, 24 novembre 1902).
3o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
triques avec plusieurs arguments proportionnels, Dorpat, 1893. Voici le pro-
blème résolu par M. Bohl :
» A quelles conditions une fonction iJ;(/) définie pour toutes les valeurs
réelles de t est-elle développable en série uniformément convergente
(1) U^-^ U.^-i- ... ^ U.,+ ...
dans laquelle u^ est un polynôme entier en
sin 27v — cos 7.- — ( [x = f , 2 . . . . , w )?
On peut toujours supposer, bien entendu, qu'entre les nombres
I I I
n'existe aucune relation linéaire homogène à coefficients entiers, le cas où
il n'en est pas ainsi se ramenant exactement à ce dernier, M. Bohl trouve
comme condition nécessaire et suffisante celle-ci : |/(^ + '^)— /(Ol ^^^^^ ^^^^
infiniment petit lorsque — , — ^ • • ■■> — diffèrent infiniment peu de nombres
entiers.
M A la forme de la définition près, les fonctions (|/(/) ainsi obtenues sont
les fonctions que j'ai appelées quasi-périodiques . J'ignorais entièrement ces
recherches de M. Bohl ; je tiens à lui restituer la priorité qui lui est due.
)) Poursuivant un but un peu différent de celui de M. Bohl j'ai été amené
à étudier l'ensemble des périodes a qui, vis-à-vis d'une même fonction
quasi-périodique/(:r), peuvent jouer le rôle attribué à a,, a^, . . . , a,„, et
j'ai été conduit ainsi à définir exactement Vordre périodique et le corps des
périodes attachés à la fonction f(x). Relativement à l'ordre de périodicité,
j'ai établi quelques résultats sur les fonctions de fonctions simplement
périodiques, notamment le théorème suivant :
)) Soit F{u^,u.,, . . ., u^j) une fonction des variables m,, w^, . . . , Up, qui n est
constante par rapport à aucune de ces variables. Si Von remplace u^^u^ Up
par les fonctions périodiques non constantes u^[jr), u.,(a-), ..., Uj,(^x') dont
les périodes respectives af, a^,, . . ., ap sont indépendantes, la jonction quasi-
périodique
/(x) :=Vlu^{x), u.,(a)), ..., iip(x)]
est exactement d'ordre p.
SÉANCE DU A AOUT 1903. Son
» J'ai étudié ensuite les développements en série des fonctions quasi-
périodiques en recherchant surtout des développements caractéristiques
uniques pour chaque fonction. Outre le développement (î) qui sert de
(léfiiiilion à M. Bohl, mais qui n'est pas unique, il est clair qu'on peut,
sous certaines conditions analogues aux conditions dites de Dirichlet, déve-
lopper une fonction quasi-périodiquey(ic) en série de la forme
^^■" ■ Zà^"'^'
COS2-a?
a.
B,„.„, ,„ s'ui2-œ
1)1,
c/i
développement unique et uniformément convergent si/(œ) est continu, et
si «,, «2» • • •» (ip constituent une base minimum de périodes.
» Enfin, sous d'autres conditions en général remplies, j'établis qu'une
fonction quasi-périodique est développable en une série uniformément
convergente
dans laquelle le terme général Sa(if) est une fonction simplement pério-
dique. Les périodes correspondant aux divers termes de la série sont
incommensurables deux à deux et appartiennent au corps des périodes.
De plus, ce développement, s'il est possible, ne l'est que d'une manière,
et enfin une fonction quasi-périodique continue quelconque peut toujours
être représentée avec une approximation donnée e par une série de cette
forme.
» Les termes Sa.{x) peuvent èlre calculés de plusieurs manières, dont
l'une est basée sur cette propriété très importante que, si /(x) est une
fonction quasi-périodique, la quantité
}, \J{^) + /(^ -K A) +. • . ^/[^ + {n - i)A] j
a une limite pour n uilini, et cela quels que soient x et h. Cette limite est
une constante si h est extérieur au corps des périodes. Cette propriété
paraît d'ailleurs caractéristique, mais s'applique au cas plus général où
l'ordre de périodicité est infini. Elle est susceptible d'une application
curieuse, en permettant de donner aux moyennes calculées dans les obser-
vations météorologiques une interprétation précise. »
3o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions de n variables représentées par
des séries de polynômes homogènes. Note de M. H. Dulac, présentée par
M. P. Painlevé.
« La théorie des séries de Ta^^lor et de Mac-La urin à plusieurs variables
présente, dès ses débuts, une importante lacune qui a été signalée par plu-
sieurs niathématiciens ('). Pour nous borner au cas de deux variables, soit
(i) Y{x,y)^ "^fn{oo,y)^ 2(^«.o^"+««-.,i^"'"'j+---+«o,/i7")
une série de polynômes homogènes. Dans les théories classiques, on sépare
chaque terme y^^ en ses éléments et l'on considère la série double :
Si cette série (2) converge absolument pour x = x^, y z=i y^^ elle converge
absolument dans le domaine | a? | <^ | ^^ |, [ J | <C Jo» ^^ représente, dans ce
domaine, une fonction analytique et holomorphe de x^ y. D'où une suite
de conséquences classiques.
» Mais si on laisse intacts les termes de la série (i), que peut-on dire sur
la convergence d'une telle série et sur la fonction qu'elle représente? En
particulier, si une série (i) converge uniformément pour toutes les valeurs réelles
de x, y suffisamment petites, converge-t-elle pour les valeurs imaginaires et
représente-t-elle une fonction analytique de x, y, holomorphe pour a? = o,
» L'alfirmative paraissait très probable; mais il n'en existait pas de
(') Voir une Note de M. Painlevé {Comptes rendus, 2" semestre 1899, p. 27).
(^) En dehors de son intérêt général, la question se pose dans des applications im-
purtaiites. Par exemple, dans sa discussion des équations différentielles du premier
ordre (théorie des centres), M. Poincaré établit la convergence uniforme d'une certaine
série (1) pour x, y réels et petits. Mais la fonction ¥{x, y) ainsi représentée est-elle
sûrement holomorphe pour x=:o, y =: o? C'est un point de rigueur qui restait à
trancher. En réalité, la démonstration citée de M. Poincaré établit la convergence
dans un domaine D bien plus étendu que le domaine réel voisin de l'origine, mais ce
domaine D ne comprend pas l'ensemble des valeurs complexes de x et de y voisines
de zéro.
SÉANCE DU 3 AOUT rgoS. 3o9
démonstralion rigoureuse. J'ai pu établir cette démonstration : une série
dont les termes sont des polynômes homogènes, à un nombre quelconque de
variables, définit une fonction holomorphe dans le voisinage de V origine, à
condition que cette série soit uniformément convergente dans le domaine D
formé par l'ensemble des valeurs des variables réelles et voisines de zéro. Ce
théorème reste vrai, même en supposant le domaine D bien moins étendu.
Par exemple, la série (i) définit une fonction holomorphe pour x = y = o,
si cette série (i) converge uniformément pour x et y coordonnées des dif-
férents points d'un arc de courbe (autre qu'une droite passant par l'origine)
tracé dans le plan réel xoy.
» Lemme. — Si un polynôme /(^,, oc.;,, . . ., x^) homogène ou non, de
degré au plus égal à n par rapport à chacune des variables, reste inférieur en
module à un nombre M, lorsque les affixes des variables x^, x.,^ . ..,x^ occu-
pent, chacune dans son plan, toutes les positions possibles, respectif' ement sur
des arcs de courbe C, , Co, . . . , G^, /e^ coefficients du polynôme sont inférieurs
en module à MV ; \ ne dépend ni des coefficients du polynôme, ni de son
degré, et ne dépend que des arcs C^, C., . . ., C^ considérés.
» Avant d'établir le cas général, je considère les deux cas particuliers
suivants : i° un polynôme /(a;), de degré n, reste inférieur en module
à M, lorsque x est réel et varie entre o et i ; 2° le module àef{x) reste
inférieur à M, quand x décrit un arc de courbe C.
)) Théorème. — La série F = lj„{x,,x., . ..,x^), dont les termes sont des
polynômes homogènes de degré égal à l'indice, définit une fonction holomorphe
pour x, = x.,... = x^=o,sila série F est uniformément convergente lorsque,
x^ ayant une valeur fixe, les affixes de x,, x.„ . . ., x^^^ occupent, chacune
dans son plan, toutes les positions possibles respectivement sur des arcs de
coMr6e C,, Ca, . . ., Cy_,. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les intégrales de S. Lie.
Note de M. N. Saltykow, présentée par M. Appell.
« Les considérations que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie con-
cernent les critiques sur les intégrales de S. Lie. Soient les 2/i -h i variables
x,,x.„ ..., x,„z,p^,p.„ ...,jD„ vérifiant la relation différentielle
(i) dz=p^dxt+p.dx., + . ..-h pndx,^,
liées par une équation
(2) ¥{X^,X.^, ...,X,„Z,p^,p.„ . . .,p,t) — <1)
C. R , 1903, 2' Semestre. (T. CXXXVll, N» 5.) 4'
(3)
3lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
la dérivée y- ne s'annulant pas. S. Lie définit l'intég^rale de l'équation (2),
comme un système des /^ + i équations identifiant les égalités (i) et (2).
L'intégrale contenant /^ constantes arbitraires, dont l'élimination des équit-
tions la représentant ne donne que l'équation (2), est dite son intégrale
complète. Par conséquent, d'après S. Lie, le système
h^, b.^, . . ., /;„ étant n constantes arbitraires, représente une intégrale com-
plète que nous dirons de classe q. Les n équations quelconques du sys-
tème (3^ étant résolubles par rapport à h^, b^, . . ., b^, il suffit de supposer,
par exemple, que le déterminant fonctionnel
p /?' ?1> ?2> • • • , yy> <j^2> 4^3> • • • > 'K-
est distinct de zéro, en y désignant
i = \
» Par conséquent, l'intégrale (3) peut être mise sous la forme implicite
suivante :
(4) ^ (r=i,2, ..., n).
{ i rV^i> ^2' • • • ' ^«' ^■■> Pli P^^ • • •■> Pn) — ^r
)> Comme l'intégrale étudiée est de classe q, il est nécessaire que le déter-
minant fonctionnel
F, F,, Fj, . . ., F,;
D
^1 Pli P21 • • • 1 pu
s'annule identiquement, ainsi que tous ses mineurs depuis le premier ordre
jusqu'à Tordre q inclusivement. De plus, le système (3) étant complet, il
s'ensuit que les équations (4) forment aussi un système complet. Ces deux
dernières propriétés des équations (4) sont non seulement nécessaires,
mais aussi suffisantes pour définir une intégrale complète de classe q.
)) Il en résulte, en écrivant l'équation (2) sous la forme suivante
SÉANCE DU 3 AOUT igoS. 3li
que les fonctions F , , F. , . . . , F„ sont les intégrales de l'équation linéaire aux
dérivées partielles d'une fonction/
^--H^ + [H,/] = o,
OU bien les n — i dernières équations (4) sont les intégrales du système
canonique généralisé, correspondant à l'équation (5).
» Il y a donc une analogie entre les problèmes de Jacobi, pour la
recherche des intégrales complètes de Lagrange et de S. Lie concernant
ses intégrales. Or, les intégrales de Lagrange existent dans un certain
domaine. Quant aux intégrales complètes de S. Lie, elles n'existent que
pour des équations d'une forme toute particulière (').
» Par exemple : Pour admettre une intégrale complète de classe n — i,
l'équation (2) doit être linéaire par rapport à p^, p., ...,pnOU indépendante
de ces dernières variables; pour avoir une intégrale complète de classe n,
l'équation (2) doit être indépendante de toutes les variables p.
» EnÇm, pour admettre une intégrale de classe q, l'équation (2) doit satis-
faire à la condition que les n — q équations {^\) quelconques, la première y
comprise, étant résolues par rapport àp^, p^, ..•,pn-q, deviennent linéaires par
rapport à toutes les variables p ,
» Le fait constaté introduit ufl désaccord dans les considérations tradi-
tionnelles sur la généralité des notions de S. Lie. Car ce n'est que pour
des équations exceptionnelles qu'il y a à considérer, outre les intégrales
complètes classiques, encore celles de S. Lie. De plus, il y a encore à noter
que, en liant les variables ^,, jt,, .. ., .r„ par des relations, on modifie le
caractère primitif des équations aux dérivées partielles, en leur substituant
de nouvelles relations obtenues par S. Lie, comme résultat de certaines
éliminations.
» Cependant, on lie intimement les recherches de S. Lie à la théorie des
équations aux dérivées partielles. Or, après tout, ce point exige bien des
réserves. Une intégrale complète de S. Lie étant un système des intégrales
des équations canoniques, on conçoit manifestement que l'éminent géo-
mètre ne traite, en réalité, que de la théorie des équations canoniques. En
effet, toutes ses méthodes d'intégration ne cherchent qu'à associer les inté-
(') Cel éminent géomètre s'en est occupé en 1898 dans son Mémoire : Ucbr
BeruhrungsLransfunnationen und Dijj'eventialgleichungea {Berichle a. cl. v. d.
k. .s. Gesel. der Wis.. Leipzig).
3 12 ACADÉMIE DES SCIENCES.
grales des équations canoniques de façon à en tirer w -h i équations for-
mant un système complet, sans se soucier d'ailleurs s'il détermine une in-
tégrale complète de Lagrange ou bien celle de S. Lie. Quant à la théorie
des équations aux dérivées partielles, son point le plus délicat consiste à
former un système complet de n -{- i équations, de la manière que les va-
leurs/?,, p^, ...,/?„ présentent précisément les dérivées partielles du pre-
mier ordre de la fonction z par rapport ax^, x.^, . ,., x,„ ce qui n'arrive
que si notre système complet est résoluble par rapport à s et à toutes les/?.
Donc, pour tirer des recherches de S. Lie une conséquence relative aux
équations aux dérivées partielles, des considérations complémentaires sont
mdispensables, concernant les relations entre les intégrales des équations
canoniques et celles des équations aux dérivées partielles. »
OPTIQUE. — Sur les changements de phase par réflexion normale dans le
quartz sur V argent. Note de MM. J. Macé de Lépinay et H. Buissox.
« Les résultats qui font l'objet de cette Note ont été obtenus au cours
de recherches préliminaires sur l'application, à la mesure des grandes
épaisseurs, de la méthode que nous avons eu l'honneur de communiquer
antérieurement à l'Académie (*).
» Pour cette mesure, on observe les anneaux des lames épaisses à faces
parallèles (Lummer-Michelson), soit en lumière réfléchie, soit en lumière
transmise. Dans ce dernier cas, les deux faces de la lame doivent être fai-
blement argentées (Boulouch, Fabry et Pérot). Lorsque l'épaisseur de la
lame s'accroît, cette dernière disposition s'impose de plus en plus.
» En lumière réfléchie, les divers systèmes d'anneaux dus à la radiation
principale et à ses satellites s'enchevêtrent d'autant plus que l'épaisseur
de la lame est plus grande. En lumière transmise, chaque anneau brillant
étant très étroit, ces divers systèmes se séparent et il devient possible de
faire porter la mesure exclusivement sur la radiation principale.
» Mais alors se présente une difficulté. Des deux faisceaux interférents,
l'un a traversé directement la lame, l'autre s'est réfléchi deux fois dans
l'intérieur de la lame sur l'argent. Or, chacune de ces réflexions sous inci-
dence normale est accompagnée d'un changement de phase, par rapport à
la réflexion sur l'air, qui modifie l'ordre d'interférence. Il importe donc
d'en connaître la valeur.
(•) Comptes rendus, t. GXXXV, p. 288.
SÉANCE DU 3 AOUT igoS. 3l3
il A ce sujet, nous ne pouvions considérer comme suffisants les résultats
des expériences de Wernicke (') et de Rath (^).
» Le dispositif même des mesures d'épaisseur nous a permis d'évaluer
ce changement de phase. Nos expériences ont porté exclusivement sur le
quartz.
» Bans une première méthode, la lame étudiée (^) est argentée simultanément sur
les deux faces, à mi-hauteur seulement. Elle est recouverte d'un écran percé de deux
petites ouvertures : l'une, A, en face de la partie argentée ; l'autre, B, en face de la partie
découverte. Une image monochromatique de la source de lumière (tube de Michelson)
tombe sur l'ouverture B. On mesure en lumière réfléchie le diamètre df, du premier
anneau sombre. Déplaçant la lame, de manière à substituer l'ouverture A à B, on
mesure en lumière transmise le diamètre c/, du premier anneau brillant.
» On en déduit les ordres d'interférence au centre, pQ -+- hdl dans le premier cas et
Pi H- /idl dans le second, po et/>2 étant des nombres entiers, dont l'un au moins "est
inconnu, et h un coefficient connu.
» A part une petite correction, correspondant à la différence des épaisseurs
en A et en B, l'accroissement d'ordre d'interférence dû aux deux réflexions quartz-
argent est donné par
P2 —Po + /' (^2 — ^0 ) = ^2 + '2
rj.2 étant entier et z^ fractionnaire.
» Ce nombre mesure le retard de phase, évalué en période, produit par la double
réflexion.
» Dans une seconde méthode, la région A n'est argentée que sur l'une des faces,
celle qui est opposée à la source, et l'on mesure les diamètres des anneaux sombres
réfléchis, of, en A et rf^ en B. A part la correction des différences d'épaisseur, le retard
de phase, produit cette fois par une seule réflexion, est
Pi—Po + h (dl — ^^)— (7,4-£i.
» De ces deux méthodes, la première s'impose dans le cas des fortes argentures ; la
seconde, dans le cas des faibles argentures. On réalise ainsi, chaque fois, les meil-
leures conditions de visibilité des anneaux.
)) Pour les argentures moyennes, les deux méthodes ont pu être
employées simultanément, et nous ont donné un contrôle et un renseigne-
ment précieux, nous permettant de déduire l'effet d'une seule argenture de
celui d'une argenture double, donné par la première méthode.
» Nous pouvons ainsi réunir l'ensemble de toutes nos déterminations
(*) Wernickiî, Wied. Ann., t. LI, p. 448 et t. LU, p. 5i5; 1894.
(^) Kath, Wied. Ann., t. LXII, 1897, p. 828.
(') La lame a r"' d'épaisseur. J^es satellites de la raie princi[>ale n'interviennent
alors pas.
3l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans un Tableau unique, s'étendant depuis les argentures extrêmement
faibles jusqu'à celles qui sont presque opaques.
Épaisseur d'argent
en p-i). (')• R- V. B (2).
73 " (*) o,63 o,65
4o o,65 o,655 0,67
87 o,63 0,64 o,65
3i OjSg o,63 o,64
i5 0,61 o,63 o,63
1 3 o , 5o 0,56 0,67
7 o, 20 o, 3i o,36
5 o , 1 3 0,18 o , 3o
» De l'examen de ces nombres ressortent les conclusions suivantes :
» 1° Pour chaque radiation, l'excédent fractionnaire e, tend vers zéro
avec l'épaisseur d'argent. Comme il en est de même du changement de
phase ^, -f-£,, nous en concluons que ^, = 0. Il s'agit donc bien d'un
retard de phase, dont les valeurs se confondent avec celles de e, et sont
données par le Tableau précédent C).
» 2" Ce retard de phase croît d'abord avec l'épaisseur de la couche
d'argent, mais ne tarde pas à atteindre une valeur limite indépendante de
l'épaisseur.
» 3° Cette valeur limite dépend peu de la longueur d'onde. Elle croît
légèrement quand celle-ci diminue. »
OPTIQUE. — Focimètre photo grammétrique pour l'optique microscopique
(^instrument vérificateur de microscopes). Note de M. V. Legros, pré-
sentée par M. Marey.
« Cet instrument, combiné par nous sur la demande et avec le concours
du constructeur M. Stiassnie qui l'a établi, est destiné à transporter, dans
la pratique courante de l'atelier de construction et des centres d'études
(•) Les épaisseurs d'argent ont été mesurées par la méthode Fizeau.
('-) R, V, B désignent les radiations rouge, verte, bleue du cadmiun.
(^) La mesure n'a pu être faite, l'argenture étant opaque pour le rouge.
(*) S'il y avait avance de phase, comme nous avons toujours compté £1 positive-
ment, qi serait un entier négatif, égal à — 1 ; l'avance aurait la valeur absolue i — e,,
et comme cette avance doit tendre vers zéro quand l'épaisseur d'argent diminue,
£, tendrait vers 1, ce qui est contraire au\ observations.
SÉANCE DU 3 AOUT igoS. 3^5
microscopiques, les résultats qui ont fait l'objet de notre Communication
(lu 29 janvier 1900.
» La base C est un cercle divisé : du centre du plateau portant le vernier
s'élève une colonne verticale D, terminée par un manchon horizontal T.
Dans ce manchon coulisse, sous l'action d'une crémaillère et d'un pignon p,
une maîtresse-tringle, sur laquelle se meuvent, également sous l'ac-
tion de pignons p', //', deux autres manchons portant les organes de la
partie optique. Ces divers manchons peuvent chevaucher l'un sur l'autre :
leurs déplacements sont mesurés par des verniers. Le manchon conduit
par/y a en outre un mouvement lent commandé par une visa tête divisée V.
» L'un des organes, A, de la partie optique représente le corps d'un
microscope ordinaire avec sa platine P. Son objectif peut recevoir, sur un
élément de revolver, un léger déplacement pour la mise au point paral-
lactique.
» La platine et la sous-platine sont pourvues de mouvements de cen-
trage et de rotation. La platine P peut recevoir les micromètres sur ses
deux faces. L'ouverture de la sous-platine est armée de mâchoires à vis de
serrage pour recevoir les systèmes optiques.
3l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Distance focale principale d'un objectif. — Cet objectif est ajusté en O, et centré. Un
micromètre est fixé sur la platine P, la graduation tournée vers O, les traits verticaux,
» Le microscope est mis au point sur ce micromètre, et l'objectif O est amené en
contact avec lui, et baigné s'il y a lieu clans son liquide d'immersion. A l'aide exclu-
sivement d'un seul des mouvements de la sous-platine, l'un ou l'autre selon la longueur
à mesurer, on met au point sur le micromètre l'image d'une verticale très éloignée
fournie par l'objectif. La marche de la sous-platine donne déjà la distance frontale.
Par un mouvement de totalité de la maîtresse-tringle on amène à l'estime le point
nodal d'avant du système optique 0, à l'aplomb de l'axe de rotation. En agissant alors
sur le cercle on amène successivement l'image de la verticale en coïncidence avec
deux traits du micromètre symétriques par rapport au trait central. Si 2/ est l'inter-
valle de ces traits, 2a l'angle observé, on a pour la longueur focale/,
/=: /cota.
» La différence entre/ et la distance frontale donne la position du point nodal.
» On détermine les mêmes éléments pour l'autre extrémité de l'objectif en retour-
nant celui-ci entre les mâchoires de la sous-platine. Pour un objectif à court foyer il
pourra être nécessaire défaire usage dans cette détermination d'un micromètre minus-
cule, monté sur un tronc de cône qui s'engage dans l'objectif. Il peut arriver encore
que le foyer principal de ce côté tombe à l'intérieur de la lentille extrême. En ce cas,
on trace sur le sommet de cette lentille une petite croix noire, et l'on met successi-
vement au point avec le microscope cette croix et l'image des objets éloignés donnée
par l'objectif. L'intervalle dont le microscope a avancé représente la profondeur du
plan focal à l'intérieur de la croix noire.
» Oculaires. — La détermination des constantes des oculaires s'effectue de la même
manière; et avec les mêmes variantes selon les types.
» Angle d'ouverture. — • La sous-platine est complètement enlevée. L'objectif à
essayer est monté sur le microscope, et son foyer est amené sur l'axe de rotation. A
cet effet on fixe le micromètre sur la face postérieure de la platine. On amène le plan
de cette face à passer par l'axe de rotation, au moyen de repères tracés sur les man-
chons. On met au point sur le micromètre et on l'enlève. L'angle d'ouverture est dès
lors l'angle pour le parcours duquel le champ optique reste illuminé par une source
lumineuse unique et étroite située dans le plan d'horizon de l'axe optique. Uouver-
ture numérique s'en déduit selon les conventions établies.
» Distorsion. — L'objectif à essayer est fixé en O. Le microscope est pourvu d'un
grossissement faible, exempt de distorsion appréciable pour l'étendue du champ de
l'objectif O; ainsi que de la chambre claire à angle variable du D*" Malassez, M, calée
dans une position telle que les arêtes du prisme soient verticales. On fait choix d'une
vue comprenant un certain nombre de verticales, qui donnent pour images, dans la
chambre claire, des droites verticales; dans l'objectif, des lignes plus ou moins incur-
vées. On amène l'une des droites à constituer la corde de l'une des courbes; et on lit
sur le micromètre la distance du sommet de la courbe au centre, la longueur de la
flèche et la hauteur de corde correspondante. Il ressort de là une idée nette de l'erreur
dont peut être affectée du fait de la distorsion la mesure de la longueur focale ('). »
(') L'instrument se distingue essentiellement d'une simple réduction en miniature
SÉANCE DU 3 AOUT igoS. ^l"]
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur le tèlèMnc. Note de M. L. Torres,
présentée par M. Appell.
« Les appareils de démonstration que j'ai l'honneur de présenter à
l'Académie (*) constituent un système que j'ai nommé télékine, destiné à
commander de loin la manœuvre d'une machine au moyen d'un télégraphe
avec ou sans fil.
» Il y a lieu d'établir une différence radicale entre le télékine simple et
le télékine multiple. Le premier sert à commander seulement un mouve-
ment à un degré de liberté (par exemple celui d'un levier qui tourne
autour de son axe); le second sert à commander plusieurs mouvements
différents.
)) Le télékine simple est constitué par un appareil télégraphique qui, à
chaque signal transmis, fait avancer d'un pas une aiguille qui tourne sur
un cadran, comme dans le télégraphe Bréguet, et d'un servomoteur dont
les mouvements sont commandés par cette aiguille. On a recours à un
servomoteur électrique, et le rôle de l'aiguille se limite à entraîner un ou
plusieurs balais, qui glissent sans frottement appréciable sur un disque
garni de plots; la position de l'aiguille détermine l'établissement ou l'inter-
ruption des contacts qui peuvent avoir lieu entre les balais et les plots, et
règle, par ce fait, la marche du servomoteur.
» La commande peut se faire de plusieurs manières; j'en indiquerai trois, qui me
paraissent particulièrement intéressantes. Nous supposerons, pour fixer les idées, que
l'aiguille de l'appareil télégraphique commande un servomoteur destiné à manœuvrer
la barre du gouvernail d'un bateau.
» 1° Coinmande directe. — L'aiguille sert elle-même de commutateur; elle doit
admettre trois positions, qui correspondent au repos, à la marche en avant et à la
marche en arrière du moteur. Gela permettra d'amener chaque fois le gouvernail à la
position voulue.
» 2° Orientation arbitraire du gouvernail par rapport au bateau. — Sur le même
axe que l'aiguille de l'appareil télégraphique est monté un disque D, en matière iso-
lante, qui porte deux plots, P, P', en forme d'arc de cercle, embrassant chacun un
du banc d'optique classique, par la méthode photogrammétrique de détermination
des constantes fondamentales. Les détails de son emploi et la discussion des erreurs
de la méthode, tant en Photographie qu'en Microscopie, sont exposés dans un Ou-
vrage : la Focimétrie photogrammétrique, actuellement à l'impression.
(*) Une boîte pourvue d'une hélice et d'un gouvernail, dont les mouvements
peuvent être commandés à distance au moyen de la télégraphie sans fil.
C. K., igoS, a« Semestre. (T. CXXXVII, N° 5.) 42
3l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
angle presque égal à deux droits et laissant entre eux deux espaces E, E' diamétrale-
ment opposés. Ce disque n'a aucune liaison mécanique avec Taiguille et peut tourner
librement. L'aiguille porte un balai qui glisse sur les deux plots P, P'. Un courant
électrique qui passe par le balai et par le plot avec lequel il est en contact, fait que le
disque D, commandé directement par le servomoteur, tourne dans un sens quand le
contact a lieu avec P et dans le sens contraire quand il a lieu avec P'; cela a pour
effet, un moment de réflexion le fait comprendre aisément, de ramener un des
espaces E, E', toujours le même, en contact avec le balai ; en d'autres termes : le disque,
entraîné par le servomoteur, marche de telle sorte que le diamètre E, E' prend la même
orientation que le balai,
» 3° Détermination arbitraire du rhunib du bateau. — Imaginons un disque A
qu'on peut orienter arbitrairement, comme le disque D du cas antérieur; montons une
boussole sur l'axe de ce disque, et dans sa périphérie deux buttoirs B, B', entre les-
quels est emprisonnée une des extrémités de la boussole, tout en lui laissant un cer-
tain jeu, de façon qu'elle ne touche pas les deux buttoirs en même temps. La boussole,
en touchant un des buttoirs, établira un courant et fera marcher le servomoteur dans
un certain sens si le courant passe par B, et dans le sens contraire s'il passe par B' ; le
servomoteur agira directement sur le gouvernail et le déviera, dans chaque cas, de
façon à faire que le diamètre du disque A équidistant de B et de B' vienne se placer
dans la direction du méridien magnétique. Or, comme l'on peut orienter arbitraire-
ment ce diamètre par rapport au bateau, on peut, en somme, orienter le bateau par
rapport au méridien magnétique.
» Le télékine multiple sert à manœ ivrer plusieurs appareils A,, Ao,
A3, ... avec une seule ligne de télégraphie sans fil. Pour faire que chaque
signal agisse sur l'appareil auquel il est destiné, et non pas sur un autre, on
met à profit la différence de durée de ces signaux, différence analogue à
celle qui existe entre les points et les traits du télégraphe Morse. A cet effet,
il y a un appareil, nommé distributeur, qui envoie chaque trait dans un cir-
cuit y et chaque point dans un circuit a.
» En passant dans le circuit y le courant fait avancer d'un pas une
aiguille C, qui sert de commutateur.
» Le courant du circuit a agit chaque fois sur l'un des appareils A,, A.,
A3 ... ; sur celui qui est en circuit quand le courant passe, et c'est préci-
sément l'aiguille C qui, par sa position, que nous pouvons régler arbitraire-
ment, déterminera l'entrée en circuit de tel appareil que nous voudrons, à
l'exclusion de tous les autres.
» Les organes mécaniques du commutateur et de cJiacun des appareils A], A2, A3 . . .
étant les mêmes que ceux d'un télékine simple, il me suffira de donner une description
sommaire du distributeur.
» Il comprend : 1° une pièce M, d'inertie relativement considérable, qui porte deux
plots P, P', et tend à tourner autour d'un axe, sous l'action d'un ressort qui la pousse;
2° une pièce N, qui, dans sa position normale, empêche la pièce M de tourner, et qui
SÉANCE DU 3 AOUT lÇ)o3. 3ig
porte 119 plot T., lequel peut, dans certains cas, entrer en contact soit avec P, soit
avec P'.
» Tout signal électrique reçu, point ou trait, agit sur un électro E, qui déplace la
pièce N et permet le mouvement de la pièce M, entraînée par le ressort; dès que le
courant cesse, un ressort antagoniste de l'électro E ramène la pièce N, et dans ce
mouvement de retour, le plot r vient en contact soit avec P, soit avec P'; cela dépend
de l'angle parcouru pendant la durée du signal, point ou trait, par la pièce M qui est
à entraînement lent à cause de son inertie.
» Quand le courant passe par P, il agit sur le commutateur ; quand il passe par P', il
agit sur l'appareil A, qui se trouve en circuit; dans les deux cas, il agit sur un électro
dont l'action remet les pièces M et N dans leur position normale, prêtes à recevoir un
nouveau signal.
» Parmi les nombreuses applicalions dont le télékine est susceptible, on
peut signaler les essais de ballons dirigeables, qui pourraient être réalisés
avec une économie très considérable et sans aucun danger pour l'expéri-
mentateur; et la direction des torpilles sous-marines, qui serait particuliè-
rement intéressante, si l'on peut obtenir la syntoniedu télégraphe sans fil,
poi]r empêcher que l'ennemi puisse envoyer des signaux et perturber la
commande de l'appareil ('). »
CHIMIE PHYSIQUE. - Nouvelles lois de tonomélrie, qiion peut déduire
des expériences de Raoult. Note de M. E. Wickebsheimek.
« Nous adopterons, dans ce Travail, les notations de Raoult ainsi que
le numérotage des équations qu'il fait figurer dans son Ouvrage Tono-
métrie (-).
» L'équation de Clapeyron-Glausius devient, par une transformation
facile,
/ \ d' _ T' df ou
/désignant la tension de vapeur du dissolvant, T la température absolue,
M' le poids moléculaire, L2 la chaleur latente de vaporisation, d' la densité
de vapeur latente réelle, c^la densité de vapeur théorique.
» Si l'on considère une dissolution aqueuse étendue dont l'abaissement
(') Qu'il me soit permis de remercier M. Kœnigs, qui m'a ouvert son laboratoire
de Mécanique de la Sorbonne et m'a donné toute sorte de facilités pour y construire
le télékine, et aussi à M. O. Rochefort, qui m'a prêté les appareils de télégraphie sans
fil nécessaires à mes expériences, et m'a aidé à les régler en vue de celte application.
(^) Collection Scientia, 1900. C. Naud, éditeur, à Paris.
320 ACADÉMIE DES SCIENCES.
du point de congélation est C et qui, à cette température de congélation,
possède une tension de vapeur/', on a
('3) f = '>988™^-^'.
OÙ L est la chaleur latente de fusion de la glace, T la température de
congélation de l'eau pure.
» D'autre part, d'après la loi de Raoult et Recoura, -—/- est propor-
tionnel à -t' quelle que soit la température; on peut donc écrire, quelle
que soit la température T',
substituant T' à T dans (2), on a
(■5)' (^),.= ,.,jM'^.Ji'-988-
cl )r L2X M'x 5 dV
» Dans cette équation, on peut remplacer -iî^7 par ''— r^ - « si l'élévation
» de la température d'ébullition (ici T') de la dissolution n'excède pas
» trop un degré » comme le dit textuellement Raoult. Divisant ensuite,
membre^à membre (i5) el (i5)', il vient
CL. T^
» Je crois être le premier à signaler cette loi qui a échappé à Raoult
aussi bien qu'aux auteurs tels qu'Arrhénius et Van't Hoff qui ont discuté
les résultats de Raoult. Cette loi peut s'énoncer ainsi :
» Première loi. — Les dépenses de chaleur nécessaires pour séparer d'une
dissolution une même fraction du dissolvant à l'état solide ou à l'état de
vapeur sont dans le rapport du carré des températures absolues de congélation
et d'éhuUition.
)) Raoult, se^bornaaL à comparer les équations (-2) et (i3) où T repré-
sentait le point de glace dans chacune d'elles, était arrivé à l'équation
CL, = Al.o
et la loi qu'elle exprime est un cas particulier de la mienne. Il va de soi
que la loi que je viens de formuler n'est valable que dans les limites, indi-
quées par Raoult, où les équations (i3) et (i5) sont vraies, c'est-à-dire
pour les dissolutions étendues.
SÉANCE DU 3 AOUT 190^. 32 t
» La première loi tonométrique, dite loi de Raoult, s'écrit ainsi :
(21) ■LzfLu'= Aconst.,
A s'appelle la diminution moléculaire de tension de vapeur, M désigne le
poids moléculaire de la substance fixe dissoute, P le poids de cette sub-
stance dissoute dans loo^ du dissolvant.
» La deuxième loi, dite de Raoult et Recoura, s'écrit ainsi :
(i«
/— /' M Xioo _ ri'
/.P M' ~" d
» Comparant (i/j) à (21), il vient
/ p X A X 1 00 d'
A
X 100
M'
M'
28,8
:> (
l'où
_ A
X i
100
» Or, par définition, r/ =
([i') d'=^ ^^^""^Bconsl.
^ ^ 28,8
» Avant d'interpréter ce résultat, il faut se rappeler que la loi de Raoult
est restreinte à un même dissolvant, tandis que celle de Raoult et Recoura
est tout à fait générale; mais l'une et l'autre supposent les dissolutions
étendues.
» Revenons à l'équation (^') ; elle peut s'énoncer ainsi :
» Deuxième loi. — Quelle que soit la substance fixe (non électrolyte) dis-
soute dans un dissolvant donné, la densité de la vapeur saturée de la dissolution
est constante, c est-à-dire indépendante de la nature et du poids de la sub-
stance dissoute, lorsque la dissolution est étendue.
» Si l'on mesure la densité de la vapeur émise par un dissolvant conte-
nant des substances organiques quelconques, ma deuxième loi permettra
de fixer le degré de précision de celle de Raoult; ensuite, si l'on répète
l'opération successivement avec des dissolvants différents, on vérifie de
même celle de Raoult et de Recoura,
» Lorsque les dissolutions sont concentrées, la densité de vapeur
saturée devient une fonction assez compliquée de la tension de vapeur, du
poids de la substance dissoute, de son poids moléculaire et de celui du
dissolvant
, _ /— /' 100 M 4- l^M'
u) " — ~Y~ ^ 28,8.PMM' '
par application de la formule (22 bis) tle l'Ouvrage de^Raoult.
3^1 ACADÉMIE DES SCIENCES.
-> Je signalerai, pour terminer, une correction à faire an coefficient 1,988,
rjni est trop élevé de j^ environ.
') Ce coefficient provient de la réduction de l'expression numérique
13,596 X 760 X 28,8
/i^S X ?.73 X 1,2982
» En effectuant les opérations arithmétiques, on trouve 1,98 335.
» Bemarqiie. — T' désignant la température absolue d'ébullition, la for-
mule d'Arrhénius (27) s'écrit
A T'-
p X M ^ 0,01988 J-;
T désignant la température de congélation, la formule de Van't Hoff (28)
s'écrit
C T-
- X M — 0,01988 y--
"^ \
Divisant membre à membre, on a
AL2 _ T'2
cc; "~ T^'
ce qui est exactement ma première loi. »
PHYSIQUE. — Courbes de pression des systèmes unwarlants qui comprennent
une phase gazeuse. Note de M. A. Bouzat.
« J'ai montré {Comptes rendus, t. CXXXVI, p. i395 et L CXXXVII,
p. 175) que les courbes de dissociation des systèmes sol. ^ sol. H- gaz. et les
courbes de sublimation (courbes sol. ^ gaz.) peuvent être rangées dans un
même groupe et sont reliées par la loi suivante : le rapport des tempéra-
tures absolues correspondant à une même pression dans deux systèmes
quelconques du groupe est constant quelle que soit la pression.
» Les courbes liq.^sol.4- gaz. ne se déduisent pas des courbes du pre-
. T .
mier groupe d'après la loi ?|^ = const.; mais elles forment un deuxième
groupe, dans lequel la même relation est vérifiée. Les courbes sol. ^liq.+gaz.
constituent de même un troisième groupe. J'ai trouvé sept exemples du
deuxième groupe; le troisième groupe comprend la classe importante des
hydrates de gaz. Les courbes liq.T-liq.-4- gaz. sembleraient devoir former
un quatrième groupe, qui comprendrait aussi les courbes de vaporisation
(courbes liq.^gaz.); mais les exemples de courbes liq.^liq . -h gaz.
manquent jusqu'ici.
SÉANCE DU 3 AOUT I903. 323
» Il y a lieu d'observer que les systèmes du premier groupe
(sol.^so]. + gaz. et sol.^gaz.)
ne renferment que des phases pures. Au contraire, dans les autres sys-
tèmes, le liquide peut dissoudre partiellement le solide et le gaz; on con-
çoit que, par suite de ce phénomène secondaire, la loi soit vérifiée avec
moins d'exactitude; les hydrates de gaz très solubles, comme ceux de
l'acide chlorhydrique et de l'acide bromhydrique, s'éloignent même nette-
ment des autres composés de leur groupe.
T
» De la relation ^ = const. il résulte que, lorsque deux courbes d'un
même groupe ont un point commun, elles doivent coïncider. Qu'arrive-t-il
quand deux courbes de groupe différent se rencontrent? Pour s'en rendre
compte, il n'y a qu'à comparer les rapports des températures absolues qui
correspondent à deux pressions déterminées dans chaque système. On voit,
de cette façon, qu'en un point déterminé du plan une courbe sol.^liq. -f-gaz.
fait en général avec l'axe des températures un angle plus grand qu'une
courbe sol. ^^ sol. + gaz. ou sol. ^ gaz.; celle-ci un angle plus grand qu'une
courbe liq.^gaz.; cette dernière enfin, un angle plus grand qu'une courbe
liq.^ sol. -f- gaz.
» A titre d'exemple, j'indiquerai pour quelques systèmes de chaque groupe
le rapport ~^ des températures absolues qui correspond aux pressions de 900°''" et
de 3oo'"™; les Tableaux, complets paraîtront dans un Mémoire détaillé.
Valeurs de —^
Groupe 1.
sol. ^ liq. + gtiz.
Hydrate de CH'Cl.... i,o33
Hydrate de Cl t,o32
Groupe U.
sol. :^ sol. -f- gaî et sol, ;^ gaz.
AzH<Gl,3AzH' 1,070
ZnCI-,6A.zH3 1,073
CO-Az2H«(sol^8az). 1,062
Gi'oiipe 111.
liq.
Cl
C«H^F
CH^COCH'
1, 102
1 ,100
',097
Groupe IV.
liq. v^ sol. -t-gaz.
AzO'AzH',4AzH'... 1,109
Se 02,2 H Cl 1,111
AzH*I, 3AzH3 1,098
» En résumé, on peut distinguer quatre groupes de systèmes univariants :
le groupe I des systèmes sol. ;=- liq. -f- gaz, le groupe II des systèmes
sol. ^ sol. 4- gaz et des systèmes sol. 'ï gaz, le groupe III des systèmes
liq. ^ liq. -H gaz et des systèmes liq. ^ gaz, le groupe IV des systèmes
liq. ^sol. -I- gaz. A ces quatre groupes s'applique la loi suivante : le rapport
des lempéraLiires absolues correspondant à une même pression dans deux sys-
tèmes quelconques d'un même groupe est constant quelle que soit la pression.
324 ACADÉMIE DES SCIENCES.
D'après la formule de Clapeyron, cette proposition est équivalente à une
autre : la variation d'entropie qui résulte de la mise en liberté d'une molécule
de gaz sous une pression déterminée a la même valeur pour tous les systèmes
d'un même groupe. D'-âuire part, quand quatre courbes de groupes différents
se rencontrent, les angles formés par leurs tangentes avec l'axe des tem-
pératures vont en général en décroissant de la courbe I à la courbe IV. Il
résulte de là, d'après la formule de Clapeyron, que les variations d'entropie
qui correspondent au passage d'une molécule de l'état solide ou de l'état
liquide à l'état gazeux sous une pression déterminée décroissent aussi du
groupe I au groupe IV. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Dosage de la pyridine en solution aqueuse.
Note de M. Maurice François, présentée par M. H. Moissan.
« Il n'existe pas de procédé exact permettant de doser la pyridine en
solution. Le dosage au moyen d'un acide titré, en présence des indicateurs
colorés, ne donne pas de résultats satisfaisants, même entre des mains
habiles. J'ai essayé une méthode employée pour les alcaloïdes et consistant
à ajouter, à la solution à titrer, un excès de solution d'iode dans l'iodure de
potassium et à titrer l'iode resté en solution après dépôt du periodure de
pyridine cristallisée décrit par MM. Prescott et Trowbridge ('). Malheu-
reusement, je me suis aperçu que la pyridine n'est pas entièrement préci-
pitée et que la composition du dépôt est variable.
» Le dosage à l'état de chloraurate m'a fourni, au contraire, des résultats
très précis. Les développements que j'ai donnés sur l'existence de plusieurs
combinaisons de pyridine et de chlorure d'or (-) montrent qu'il n'était pas
permis de décider a priori si le dosage à l'état de chloraurate était appli-
cable; je demande la permission d'exposer brièvement la méthode.
» Elle repose sur les faits suivants :
» 1° Les diverses combinaisons de pyridine et de chlorure d'or étant chauffées en
présence d'acide chlorhydrique et de chlorure d'or retournent toutes à l'état de chlor-
aurate ordinaire C^H^ AzHGl. AuCF.
» 2° Le chloraurate ordinaire supporte la température de ioo° sans changer de
poids et sans s'altérer en aucune façon. Si l'on met dans une petite capsule tarée un
(') Prescott et Trowbridge, Amer. chem. Society, t. XVII, p. 865.
(^) Comptes rendus, 22 juin igoS.
SÉANCE DU 3 AOUT igoS. 325
poids déterminé de chloraurate, si on le dissout dans l'eau additionnée de quelques
gouttes d'acide chlorhydrique, qu'on évapore au bain-marie bouillant et qu'on pèse
après séjour dans un exsiccateur, on observe que le poids du chloraurate n'a en aucune
façon varié.
» 3° Le chloraurate C^H^AzHCl.AuCl» est sensiblement insoluble dans l'éther pur,
tandis que le chlorure d'or y est très soluble. En laissant en contact prolongé à une
température constante de 20° l'éther pur avec un excès de chloraurate pur, pesant le
résidu d'évaporation de loo™' d'éther saturé et renouvelant plusieurs fois la même
expérience sur le même chloraurate, j'ai trouvé que loo"'' d'éther dissolvent os,oo8
de chloraurate (à la température de 20°), correspondant à oS,ooi5 de pyridine.
» Marche du dosage. — La pyridine étant supposée amenée à l'état de solution
aqueuse diluée ou à l'état de chlorhydrate dissous, on mesure de cette solution une
prise d'essai correspondant à oS, 100 au moins de pyridine ; on la place dans un verre de
Bohême cylindrique de laS'^'"', y ajoute 20 à 3o gouttes d'acide chlorhydrique, puis un
excès de chlorure d'or pur dissous. Il se forme un précipité et l'on est assuré qu'il y a
un excès de chlorure d'or si la liqueur surnageante est fortement jaune. On porte alors
sur un bain-marie, de préférence en faisant plonger la partie inférieure du verre dans
la vapeur; on évapore à siccité. Aussitôt que l'évaporation est complète et qu'on ne
perçoit plus l'odeur d'acide chlorhydrique, on porte dans un exsiccateur pour éviter
que la matière desséchée absorbe l'humidité. On lave alors le dépôt rapidement par
décantation avec de l'éther pur exempt d'aldéhyde et l'on reçoit les liquides de lavage
sur un fdtre sans plis ; on fait ensuite passer le précipité sur le filtre au moyen d'un jet
d'éther et on lave le filtre à l'éther. La présence d'un excès de chlorure d'or se reconnaît
au début à ce que l'éther s'est coloré en jaune, la fin du lavage à ce qu'il passe inco-
lore. Ces opérations exigent au plus 5o'^'"' d'éther.
» Le verre retenant un peu de chloraurate adhérent, on le lave avec de l'eau dis
tillée bouillante qui dissout le chloraurate; on réunit cette eau de lavage dans une pe-
tite capsule de Saxe tarée et on l'évaporé au bain-marie; dans la même capsule on
ajoute le filtre, on recouvre d'un couvercle et l'on chauffe très modérément pour char-
bonner le filtre. La capsule est ensuite découverte et la calcination peut se faire sans
crainte de pertes. On pèse l'or resté comme résidu.
» A 196,6 d'or correspondent 79 de pyridine.
» La pyridine se laissant entraîner par la vapeur d'eau avec une extrême facilité, il
est généralement possible de l'amener à l'état de solution aqueuse ou de chlorhydrate
dissous en la mettant en liberté par un réactif approprié et faisant un entraînement
par la vapeur d'eau. Il convient de faire suivre le réfrigérant de Liebigd'un tube effilé
plongeant de quelques centimètres dans l'acide chlorhydrique dilué qui retient les
vapeurs de pyridine entraînées au début. Cet acide est placé dans un matras jaugé et
l'on recueille 100'^'"'. La pyridine est si facilement entraînée qu'elle passe presque en
entier dans les 10 ou 20 premiers centimètres cubes. Pour les composés contenant de
riodure de mercure et de la pyridine, on place la prise d'essai dans un petit ballon
avec i5s d'iodure de potassium et i^ de potasse en solution étendue et l'on fait passer
la vapeur.
» Vérifications. — Pour vérifier l'exactitude de ce procédé de dosage, on a employé
des solutions de pyridine de titre déterminé. Celles-ci ne peuvent guère être obtenues
C. R., 1903, 2» Semestre. (T. CXXXVII, N- 5 ) '\^
32() ACADÉMIE DES SCIENCES.
en partant de pvridiue libre qu'il est difficile d'obtenir absolument pure et sèche. On a
préféré préparer et purifier par plusieurs cristallisations des sels de pyridine et Ton a
choisi parmi ceux-ci l'azotate et le tartrate acide. Ce dernier, que Ton obtient facilement
très pur, est un des rares sels de pyridine non déliquescents.
» On pesait exactement une prise d'essai de ces sels dans un matras, on mettait la
pyridine en liberté par addition de soude et l'on entraînait par la vapeur d'eau; on
recueillait ainsi à l'état de dissolution un poids absolument déterminé de pj^ridine.
» En effectuant alors le dosage suivant le mode indiqué plus haut, on a trouvé
En partant de os, 25o6 d'azotate 08,34/ d'or Théorie : os, 346
En partant de qs, 246 de tartrate acide. ... os, 208 d'or Théorie : o^, 210
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les amides secondaires. Note de M. Tarbouriech,
présentée par M. A. Haller.
« I, Amides mixtes ou dissymétriques. — Dans une Note précédente ('),
j'ai montré que les chlorures d'acides agissant sur les amides primaires en
tube scellé à la température de iio°-ii5° donnent lieu à la formation
d'amides secondaires.
» L'un des avantages de cette méthode est de permettre l'obtention
d'amides secondaires mixtes ou dissymétriques, de formule générale
R - AzH - R ,
dans laquelle R et R' représentent deux radicaux différents d'acides gras.
» La préparation de ces corps se fait dans les conditions indiquées au sujet des
amides secondaires symétriques, c'est-à-dire en chauffant l'amide et le chlorure
d'acide, mélangés en proportion moléculaire pendant six heures. Toutefois le rende-
ment est moins avantageux que dans le cas précédent. Il y a souvent formation de
chlorure d'ammonium et d'une quantité variable de nitrile. La séparation de l'amide
secondaire se (ait en distillant dans le vide au bain-marie l'excès de chlorure d'acide
et le nitrile formé et dissolvant dans l'eau bouillante le résidu. J'ai pu obtenir par cette
méthode les composés suivants :
« Butytopropionamide. — Belles lamelles blanches fondant à log".
» Isohulyropropionamide. — Fines aiguilles fondant à i4o'\
» hoK'aLéropropionaniide . — Amas feutré d'aiguilles blanches fondant à 68°.
» hobutyrobutyramide. — Point de fusion, io3".
» Isovalérobutyramide. — Point de fusion, 88".
» IsobiUyroisoi'alprafflide. — Point de fusion, 94".
» Isobutyroi'aléramide. — Point de fusion, 84".
(') Comptes rendus, t. CXXXVII, p. i?.8.
SÉANCE DU 3 AOUT Hjoû. 327
» II. Quelques propriétés des amides secondaires.
» Solubilité. — Les amides secondaires sont très solubles dans l'élher, assez solubles
dans l'alcool fort, le benzène, le xylène. L'évaporation de ce dernier dissolvant permet
en général de les obtenir sous forme de très beauv cristaux. La solubilité dans l'eau
va en diminuant au fur et à mesure qu'augmente la richesse en carbone; la diacéta-
mide se dissout facilement dans Teau, la dipropionamide est peu soluble, la dibutvra-
mide et ses homologues supérieurs sont à peu près insolubles.
» Volatilité. — Les amides secondaires se volatilisent à des températures relati-
vement basses. Quand le point de fusion est assez élevé, comme pour la propiona-
mide (iSS"), le corps se volatilise avant que l'on atteigne le point de fusion. D'une
manière générale, la volatilisation de ces composés est déjà notable à partir de loo"^.
» Rôle chimique. — On pourrait penser que les amides secondaires possèdent, de
même que les amides primaires, la propriété de se combiner à divers chlorures métal-
liques pour donner des sels doubles, tels que chloroplatinales, chloroaurates, etc.
Cependant il n'en est rien.
» Si l'on dissout dans la plus petite quantité possible d'alcool froid i molécule de
chlorure de platine et si l'on mélange cette solution avec une deuxième solution faite
à chaud de 2 molécules d'amide secondaire (dipropionamide) dans l'alcool, on con-
state, par le refroidissement de la liqueur, que la dipropionamide recristallise sans
qu'elle soit entrée en combinaison avec le chlorure de platine.
» Si d'autre part on évapore jusqu'à siccité au bain-marie le mélange ci-dessus aci-
dulé par l'acide chlorlijdrique, on observe pendant l'évaporation le dégagement d'acide
propionique et la formation d'un précipité nettement cristallin, qui, après lavage avec
un mélange éthéro-alcoolique, présente à l'analyse la composition du chloroplatinate
d'ammoniaque.
» Dans le même sens, une solution benzénique concentrée et froide d'acide picrique
étant mélangée avec une solution benzénique et chaude de dipropionamide, on cons-
tate, par le refroidissement, la formation de cristaux qui, après plusieurs recristallisa-
tions dans le benzène bouillant, possèdent le point de fusion de la dipropionamide
pure.
» Il résulte des faits ci-dessus : i*^ que l'introduction dans sa molécule
d'un deuxième radical d'acide fiut perdre à la propionamide son caractère
basique et la propriété qu'ont les amides primaires de se combiner à cer-
tains chlorures métalliques et à l'acide picrique; 2" qu'en présence des
acides minéraux la dipropionamide est rapidement hydrolysée avec trans-
formation en sel ammoniacal. »
3-28 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHLMIE ORGANIQUE. — Réduction des éthers-sels des acides à fonction
complexe. Note de MM. L. Bouveault et G. Blanc, présentée par
M. A. Haller.
« Nous avons soumis à la réduction, au moyen du sodium et de l'alcool
absolu, des éthers-sels d'acides non saturés, d'acides-alcools, d'acides
[3-cétoniques et d'acides bibasiques.
» Acides non saturés. — L'oléate d'éthyle, dans lequel la double liaison est éloignée
du carboxélhyle, nous a fourni Valcool o lé iq ue O^W^0,\iquiàe incolore bouillant
à 207° sous i3'""\ Cet alcool se combine à l'isocjanate de phénjleen donnant une phé-
nylurélhane cristallisant partiellement; les cristaux fondent à 38".
» Le p-hexylcrotonate d'éthyle nuz/^ = ^^^ — GO^C^IP, produit de déshydra-
tation du pp-hexylméthyl-p-oxypropionate d'éthyle (obtenu par la condensation de la
méthylhexylcétone avec l'iodacétate d'éthyle sous l'influence du zinc), a donné nais-
sance à un alcool saturé, le 3-méthylnonanol p„3 yCH — CH^— CH-OH, liquide
incolore bouillant à ii4°-ii6° sous i4""".
» La double liaison a été également réduite dans le cinnamate d'éthyle qui a fourni
de l'alcool phénylpropylique.
» Acides-alcools. — Les éthers des acides-alcools que nous avons expérimentés ne
se réduisent pas d'une manière régulière. Le phénylglycolate d'éthyle ne nous a fourni
qu'une trace de phénylglycol.
» Le p-oxy-(3[3-hexylméthylpropionate d'éthyle et l'hydroxygéraniate d'éthyle qui
proviennent de la condensation de la méthylhexylcétone et de la méthylhepténone
avec l'iodacétate d'éthyle, subissent dans l'hydrogénation la décomposition inverse;
ils donnent les produits d'hydrogénation (alcool secondaire et pinacone) des acétones
génératrices et de l'acétate d'éthyle.
» Acides ^-cétoniques. — Mes recherches ont porté sur les éthers acétylacétiques
mono et disubstitués. Dans tous les cas, le phénomène d'hydrogénation est accom-
pagné du dédoublement de la molécule par fixation d'une molécule d'alcool
Cli^^ - CO - C - CO^ C^ H^ + C^ H^^ O = CH2 - GO^ G^ H ' + Cil - CO^ C^ 11^
R R' R R'
)) Chacun des deux éthers est alors réduit pour son compte. La réaction extrême-
ment nette pour les éthers acétylacétiques disubstitués se fait moins bien dans le cas
des éthers monosubslitués.
» Nous avons préparé l'alcool isobutyléthylique par hydrogénation de l'éther iso-
butylacétylacétique et l'alcool méthylpropyléthylique au moyen de l'éther méthylpro-
pylacétylacétique ; ces deux alcools étaient déjà connus.
SÉANCE DU 3 AOUT IQoS. 829
» Celle réaction esl intéressante en ce qu'elle permet d'obtenir très simplement des
alcools primaires de constitution compliquée.
» Acides bibasiques. — En principe, en réduisant les éthers des acides bibasiques,
on obtient les glycols biprimaires correspondants, mais l'obtention de ces glycols est
extrêmement laborieuse pour les acides bibasiques les plus simples, à cause de la
solubilité dans l'eau et de l'insolubilité dans l'éther des glycols obtenus; il est très
difficile de les séparer de la soude et des sels.
» Nous avons, de plus, constaté que tous les éthers d'acides bibasiques susceptibles
de se condenser sous l'influence du sodium ou de Téthylate de sodium, se réduisent
très mal : ils sont en effet transformés en dérivés sodés qui les font échapper à la réac-
tion. C'est ce qui arrive pour les éthers de la plupart des acides des séries succinique
et adipique.
» Nous avons obtenu avec Tsta-diméthylsuccinate d'éthyle le 2-diméthylbutane-
diol 14, liquide incolore et visqueux, bouillant à laS" sous 10°"".
» L'aa-diméthylglutarate d'éthyle nous a fourni le 2-diméthylpentanediol i5 bouil-
lant à i34° sous lo""'^.
» La réduction de l'adipate d'éthyle est particulièrement laborieuse; elle nous a
fourni une très petite quantité d'hexanediol 16, bouillant à i5i° sous 12°"", fondant
à 35°, identique au produit récemment obtenu par M. Hamonet {Comptes rendus,
t. CXXXYI, p. 245).
» Le p-méthyladipate d'éthyle conduit au 3-méthylhexanediol 16, liquide visqueux,
bouillant à i55° sous 12'"'".
» L'hydrogénation des éthers méthyliques des acides subérique et sébacique se fait
beaucoup plus facilement. On obtient, dans le premier cas, l'octanediol iS qui distille
à 172° sous 20"^", et forme, après cristallisation dans un mélange d'alcool et de benzène,
de beaux cristaux fusibles à 63° ; dans le second cas, le décanediol 1. 10 qui bouta
179° sous II'"'" et cristallise aussitôt. Il se dépose du benzène en magnifiques cristaux
incolores fondant à 7 1°, 5. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de la phényl/iydrazine sur les bromures et
iodures alcooliques. Note de M. .1. Allain-Le Caxu, présentée par
M. A. Ditte.
« M. Emile Fischer ('), en faisant réagir à chaud le bromure d'éthyle
sur la phénylhydrazine, a montré qu'on obtenait un ensemble de corps
d'où l'on pouvait isoler facilement au moyen de la soude caustique le com-
posé C«H^Az•^ H^(C-H5)- Br.
» Avec l'iodure d'éthyle la réaction était si vive qu'elle devenait dange-
reuse; aussi MM. Genvresse etBourcel (-) ont-ils pris soin de dissoudre ce
corps dans l'alcool absolu. J'ai complété ce travail.
(') Deuts. chem. Ges., t. IX, p. 885.
(-) Comptes rendus, t. CXXVIII, p. 564.
33o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Successivement j'ai opéré avec le bromure d'éthyle, les iodures de
mélhyle, d'éthvle, de propyle normal, d'isopropyle, d'isobdtvle et d'iso-
amyle, en variant les proportions des réactifs et les quanlités d'alcool.
» J'ai pu isoler ainsi quatre sortes de cristaux : des cristaux formés par des
sels contenant une, deux et trois molécules de phénylhydrazine et dont
l'acidité se titre facilement à la phtaléine du phénol, et des cristaux ne s'y
titrant pas et contenant deux groupes alcooliques avec une molécule d'halo-
gène et une molécule de phénvihydrazine.
» Bromure cféthyle et phénylhydrazine. — Si l'on verse de la phénylhydrazine
dans une solution alcoolique très concentrée de bromure d'éthyle on obtient d'abord
un bromure de phénylhydrazine bibasique (C*H*Az2H*)2HBr, qui peu à peu se trans-
forme en un sel n'ayant plus qu'une molécule de phénylhydrazine, en même temps que
se dépose le composé neutre C^tt'^Az2H2(C-H^)-Br. Ce dernier est séparé du précédent
grâce à sa plus grande solubilité dans l'alcool absolu.
)) Iodures de méthyle, d'éthyle et phénylhydrazine. — En solutions concen-
trées la réaction de la phénylhydrazine sur les iodures de méthyle et d'éthyle doit être
effectuée dans un mélange de glace et de sel ; elle donne encore de Viodhydrate 6i6a-
5/^«e de phénylhydrazine (C''H^Az2IP)-HI ; mais celui-ci se chajjge rapidement en
iodhydrate monobasique en même temps qu'il se dépose une giande quantité du sel
neutre. On les sépare au moyen de l'alcool absolu dans lequel le sel neutre est moins
soluble que les iodhydrates de phénylhydrazine.
» Les cristaux du composé C'^H'' Az-H'^(GH^)^I sont généralement très gros, mais les
faces striées réfléchissent mal; tandis que les cristaux du composé CHi^ Az"^ H^(G^ H*)- 1
sont très brillants. Ils sont orlhorhombirjues comme les cristaux du sel brome corres-
pondant (C«H«Az'-H2) (C2H^)2Br.
» lodure de propyle norjual et phénylhydrazine. — L'iodure de propyle réagit
également sur la phénylhydrazine. Si l'on opère en solution concentrée, il se dépose
d'abord de l'iodhvdrate tribasique de phénj Ihydrazine sous la forme de cristaux feu-
trés (C^H^Az-H^)'!!!. Cet iodhydrate passe rapidement à la forme bibasigue el donne
en dernier lieu de l'iodhydrate monobasique. Il ne semble pas se déposer de sel
neutre C^H"^ A-H-(C-*H")°^I ; maison peut en obtenir les cristaux en versant de l'éther
et de l'eau. Le liquide se sépare en deux couches. La couche aqueuse dissout l'iodhy-
drate de phénylhydrazine; la couche éthérée retient le sel neutre, d'où il cristallise
alors, quoique dif/icilenient, par évaporation dans le vide. En redissolvant les cristaux
formés dans douze fois au moins leur poids d'eau chaude, on obtient par refroidis-
sement de petites aiguilles très brillantes du corps cherché. Elles sont monocliniques.
») lodure d'isoaînyle et phénylhydrazine. — Au fur et à mesure que le poids ato-
mique de l'iodure alcoolique grandit la phénylhydrazine réagit sur celui-ci plus len-
tement et moins complètement. Aussi doit-on opérer toujours en solution alcoolique
très concentrée et est-il bon même de chauffer. Toutefois il ne faut pas que la tempé-
rature s'élève trop et l'on doit ajouter de temps en temps de l'alcool. Sans cela on
obtiendrait de Viodure d'ammonium, produit ultime de la réaction. H^n opérant avec
précaution on obtient successivement les iodhydrates tribasique et bibasique de
phénylhydrazine, mais il ne se dépose plus ici de cristaux monobasiques. Ils n'appa-
SÉANCE DU 3 AOUT 1903. 33 1
raissent que si l'on évapore la solution. Quand l'acidité du liquide n'augmente plus,
on retend de deux, fois environ son poids d'eau, en agitant fortement; on voit alors
nager, au milieu d'une huile insoluble, une poudre cristalline.
» Elle constitue le composé neutre C^H'Az- H-(C^H*' )I. Il ne reste plus qu'à filtrer
à la trompe, à laver à l'eau et à Féther. La poudre grise obtenue se dissout très facile-
ment dans l'alcool, d'où elle se dépose en tables clinorhomblques, épaisses, brillantes,
légèrement colorées, solubles seulement dans 80 fois leur poids d'eau bouillante et
presque insolubles dans l'eau froide.
» Dans toutes ces réactions, quand on augmente la quantité d'alcool, on enlève à
l'acide une partie de la phénylhydrazine qui lui était combinée.
» En résumé, j'ai fait voir que, même en solution alcoolique, le bromure
d'éthyle pouvait donner du bromhydrate bibasique de phénylhydrazine,
qu'ensuite il se formait en même temps le bromhydrate monobasique et un
sel neutre, le bromure de phénylhydrazine diéthylé; qu'il en était de même
avec les iodures de méthyle et d'éthyle, ainsi qu'avec les iodures d'ordre
plus élevé, que toutefois ceux-ci donnaient d'abord de l'iodhydrate triba-
sique de phénylhydrazine. Enfin, j'ai donné la préparation et fait connaître
les propriétés des iodures de phénylhydrazine dipropylée et diamylée. »
THERMOCHIMIE. — Recherches thermochimiqiies sur les matières colorantes .
La rosaniline et la pararosaniline. Note de M. Jules Schmidliiv.
« On envisage les matières colorantes sous un point de vue général,
comme étant toutes des combinaisons non saturées, pourvues de doubles
liaisons. La double liaison, représentation usuelle d'un groupe non sa-
turé, entraîne nécessairement sur quelques points de la molécule un excès
d'énergie, une endolhermie locale qui donne lieu à une certaine tension
et qui est peut-être la cause directe de l'absorption de certains rayons
lumineux.
M Par des recherches thermochimiques sur les phénomènes de neutrali-
sation, je me suis proposé de contribuer à la connaissance de la nature des
matières colorantes en général, et de la rosaniline et pararosaniline en par-
ticulier. La faible solubilité de la rosaniline et de ses sels oblige, afin d'ob-
tenir une dissolution rapide, d'opérer dans des solutions d'acides étendues.
» Dans la suite des expériences on a rencontré une particularité très
intéressante, mais qui rend l'expérimentation très difficile. On remarque
qu'd y a en dehors de la neutralisation un second phénomène thermique
d'une durée prolongée qui est tantôt négatif, tantôt positif et accompagné
d'une coloration ou décoloration, causée probablement par une hydratation
ou phénomène inverse.
332 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Ainsi la dissolution de la hase de la rosaniline dans l'acide acétique
donne lieu à deux phénomènes thermiques, correspondant à deux diffé-
rentes réactions d'une vitesse très différente. Supposons que l'effet ther-
mique de la première minute soit dû à la neutralisalfon, tandis que la
chaleur absorbée pendant les six minutes suivantes réponde à une déshy-
dratation. En même temps on observe une augmentation de l'intensité de
la couleur rouge, proportionnelle à l'absorption de la chaleur chaque
minute. C'est ce que j'ai constaté à l'aide d'un colorimètre.
» Premier phénomène :
(AzH2C«H*)-^C0H incolore + C^H^O^
(AzH2C''H^)^GC8H*AzH2C-HiO-incolore4-7
Cal 9,-j_
» Deuxième phénomène :
( Az W C« IP y- C C« H^ Az W C^ H* O^ incolore
_^H20 + (AzH2C'^H*)2C=G«H*=AzH2C-^H30^ coloré — 3^=^1,39.
» Si l'on dissout l'acétate dans l'acide acétique, la réaction se termine
immédiatement, un phénomène secondaire n'a pas lieu, le composé
coloré reste coloré. Mais il en est autrement avec les acides minéraux
étendus (HCl -4- iooH-0, Il-SO' + 200H-O), tous les sels dissous
donnent ici deux phénomènes successifs, un premier qui répond avec le
monochlorhydrate à la fixation de 2'"«' H Cl et à la chaleur de dissolution
du trichlorhydrate, et un second qui paraît répondre à une hydratation du
dernier composé. Eu même temps on observe une décoloration graduelle.
I. Phase: (AzH2C«H^)^C = C^H^^ AzH^Cl coloré + 2HCI
->(HClAzH2C«H^)-^C = C6H'* = AzH^Cl coloré + 4cai, 18.
II. Phase: (HClAzIPC«H*)2C = C«H^=: AzH-^Cl coloré + H^O
-> (HClAzH'-C« H* )»COH incolore + 4^»!, 56.
I. Phase: (HCl AzH'-G«H*)^C = C'^H'*^: AzH^Cl solide coloré
->(HClAzH2C'^H^)2C = C«H^= AzIPCl dlss. coloré — 2C«i, 1 5.
IL Phase: (HClAzIPC«H*)^C = C«H*= AzH^Cl 4- H^O coloré
->(HC!AzH-2C*H*)»G0H incolore +4Cai^j4.
» Quant à la base pure, en se dissolvant dans un acide minéral étendu,
elle donne une liqueur incolore.
» Avec le sulfate dissous dans l'acide sulfurique, on observe également
les deux phénomènes, avec deux dégagements de chaleur successifs :
I. Phase : Base incolore H- 6c^'^ 79 sel du corbinol incolore.
II. Phase : Sel du carbinol incolore.. + 4'^''^ i3 sel coloré anhydre.
SÉANCE DU 3 AOUT igo3. 333
» De même en dissolvanl l'oxalate dans H Cl :
I. Phase : Base incolore +8c«i,oo sel incolore.
II. Phase : Sel incolore -+- 4Cai^ ^^ ggi coloré anhydre.
» On voit que tous ces phénomènes secondaires sont identiques; nous
aurions donc pour la chaleur d'hydratation, en moyenne : + 4^^\4o.
» La réaction inverse de la déshydratation de l'acétate fournil : —3^''\3ç).
» Les deux phénomènes réciproques sont de même ordre, Lien que les
deux quantités de chaleur n'aient pas une concordance bien nette, parce
que les deux réactions sont superposées et ne peuvent être évaluées isolé-
ment que d'une manière approchée.
» A la transformation d'un sel incolore, dérivé du carbinol, en sel
anhydre coloré, répond une absorption de chaleur d'environ 4^^', énergie
qui est emmagasinée dans les doubles liaisons du système quinoïde qui
s'établit par suite de la perte d'eau.
» Si l'on considère la chaleur dégagée par minute égale à la quantité de
substance transformée, on peut établir à l'aide des chiffres obtenus pour
le phénomène d'hydratation du chlorhydrate que cette réaction eslunimo-
léculaire et se représente par l'équation : log = = ^a.
» On trouve pour a, coefficient de vitesse de la réaction, une valeur
constante.
CHALEURS m NEUTRALISATION DES SELS DE LA ROSANILLNE ET PARAROSANILINE.
Pararosaniline. Rosaniline.
Monochlorhydrates.
Base dissoute dans (HCl -h looH^O) ^t8,53 +18,75
Chlorhydrate dissous + 8,89 + 8,66
Base solide + HCl diss.= Chlorhydrate solide -i-H^O -Mo,i4 -|-io,i3
Trichlorhydrates.
Chlorhydrate dissous dans (HCl -h 100 H-0) + 8,89 + 8,66
Trichlorhydrate dissous -\- i ,99 -i- 2,81
Chlorhydrate solide -I- 2 HCl diss. = Trichlorhydrate solide. . + 6,35 + 6,4o
Sulfates.
Base dissoute dans (H-SO^-h 200 H^O) -f-21 ,20 +21 ,5i
Sulfate _l_jo,58 +10,92
Base solide + IHjSO^ diss. = sulfate solide + H-0 +10,62 +10,09
G. R., 1903, 2» Semestre. (T. CXXXVII, N' 5.) 44
334 ACADÉMIE DES SCIENCES.
AcélaLes,
Base dissoute dnns acide acétique 2,7 pour loo , + 5,19 -|- 5 ,4^
Acétate dissous .... -1- i , 33 -r- i , 09
Base solide 4- C^H^O^ diss. = acétate solide + H«0 +3,86 -t- 3,84
Oxalales.
Base dissoute (HCl + iooH^O + iC'O'i^') H-iQ^yO +19,67
Oxalate diss. (I1C1+ looH^O) +12, 43 +15,74
Base solide + jC-OMI?diss. =Oxalate solide + H^O +7,27 +6,93
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur le dosage de V ammoniaque dans les rnns, et son
rôle dans la différenciation des mistelles d'avec les vins de liqueur. Note de
M. J. Laborde.
« La présence de l'ammoniaque dans les vins a fait déjà l'objet de
travaux assez importants (*), et, tout récemment (^Comptes rendus,
8 juin 1903), MM. Gautier et Halphen ont étudié de nouveau le phéno-
mène de la disparition de l'ammoniaque des moûts de raisin pendant la
fermentation alcoolique de ces moûts.
» En 1898, j'avais employé, pour doser l'ammoniaque des moûts et des
vins, le procédé préconisé par M. Mûntz : on sature l'acidité par le carbo-
nate de soude, on distille à basse température (35° environ) à l'aide
du vide, pour chasser les bases volatiles en les recueillant dans une quan-
tité suffisante d'acide sulfurique, puis on alcalinise le liquide distillé avec
de la soude et on le distille à 100° dans SO^'H" — , qui est titré avec de l'eau
10 ^
de chaux et de l'hélianthine comme indicateur.
» MM. Gautier et Halphen ont déplacé les bases volatiles par la ma-
gnésie et la distillation à loo''; ils ont vu que, en titrant alcalimétrique-
ment le liquide distillé, on trouvait un chiffre d'azote ammoniacal souvent
plus élevé que celui qui était fourni par le même liquide, acidifié par H Cl
et traité par PtCP pour doser l'ammoniaque à l'état de chloroplatinate, la
différence provenant de l'existence de certaines bases cycliques accom-
pagnant AzH^ et les bases acycliques.
{') Al. MiJNTZ, Comptes rendus, t. CXXIV, p. 334- — Al. Mïintz et Rousseaux,
Bévue de Viticul., 1897, p. 1-3. — J. Laborde, Annales de V Institut Pasteur, 1898,
p. 517.
SÉANCE DU 3 AOUT ïgoS. 335
» Il était intéressant pour moi de savoir si ce dernier fait se reproduirait
en employant la méthode de M. Miintz, car, dans ce cas, les résultats dé
mon travad de 1898 devenaient incertains. Pour cela, j'ai procédé, dans
de nouvelles expériences, au dégagement des bases volailles, comparati-
vement, par les deux mélhodes de distillation, et au doscige de ces bases
dans les liquides distillés, d'abord alcalimétriquerîient, et ensuite par le
chlorure de platine.
» Les liquides sur lesquels j'ai opéré étaient : i" des moûts de raisin conservés en
bouteilles, depuis la dernière récolte, par la pasteurisation; 2" des moûts conservés
par l'addition d'alcool qui en avait fait des mistelles; 3" des moûts de la première
catégorie ayant perdu la moitié environ de leur sucre par fermentation dans difFérenles
conditions. Le Tableau suivant indique ces conditions et les résultats obtenus polir les
liquides ci-dessus et pour des vins divers, les chiffres étant rapportés au litre :
Procédé Munlz : Procédé à la magnésie :
AzH'' dosé par AzH^ dosé par
Nature des liquides. ralcaliinétric. le platine. ['alcalimétrie. le platirié.
Moût de cépages rouges pasteurisé. 197, 5 i97>5 181,0 j8i,5
Mislelle de cépages rouges divers. . » » i56,3 i54,o
Moût de chasselas pasteurisé d » 67,-5 66,5
Mistelle de chasselas » » 54 jO 53,5
Moût de cépages blancs divers pas-
teurisé i3i,5 (3 1,0 136,9 126,0
Même moût, incomplètement fer-
menté à 25" avec levure d'Algérie
P^re ■-^9'9 ■^9>^ 29'9 29*8
Même moût, incomplètement fer-
menté à 35° avec même levurepure 82,6 82,0 82,6 83, o
Même moût, incomplètement fer-
menté à 25° avec levure sauvage
pure 124,8 I2^,l 122,5 123,2
Même moût, incomplètement fer-
menté à 3o" avec levure algérienne
et microbes de la tourne (' ) 40.. j \t ,"> 4o,i 4')5
Même moût, incomplètement fer-
menté à 3o° avec même levure et
ferment mannitique (') 92,2 92)3 9152 9i)0
Moût de cépages rouges divers, fer-
menté à 25° avec levure algérienne
pure 75,5 74,3 70,8 74,3
Vin de la Gironde de 1899, forte-
ment tourné 69,5 69,8 68,6 69,0
Vin sain de la Gironde de 1902 .... » » 8,4 8,5
Vin de Sauternes de 1893 i9:0 '9)4 i9»9 "20,0
(') L'acidité volatile de ces liquides était voisine de 2s par litre.
336 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» On voit que : i° les résultats fournis par les deux méthodes de distillation sont
presque toujours tout à fait comparables pour cette classe de liquides naturels; 2" la
quantité d'AzIP, restant dans des moûts assez riches en ammoniaque et ayant perdu
environ la moitié de leur sucre par fermentation alcoolique pure, peut être supérieure
à la teneur ammoniacale (') de beaucoup d'autres moûts non fermentes; 3° sauf
quelques rares exceptions, le dosage de AzH^, par alcalimétrie ou par le platine, a
donné des résultats parfaitement concordants, soit dans les moûts et mistelles, soit
dans les liquides fermentes normalement ou en présence de microbes.
» Le fait de l'exislence de bases cycliques volatiles, et de leur augmen-
tation pendant la fermentation, signalé par MM. Gautier et Halphen dans
des moûts et des vins du midi de la France, ne se retrouve donc pas, d\ine
manière sensible, pour les moûts et les vins du Bordelais : la réaction par
le brome, caractéristique de ces bases, n'ayant pu, en outre, être jamais
obtenue.
» Au contraire, les résultats de mes dosages de 1898 par la méthode de
M. Mûntz sont pleinement confirmés, ainsi que les conclusions de mon
travail, qui sont les suivantes, au sujet de l'ammoniaque seulement :
» D'une manière générale, l'ammoniaque contenue naturellement dans
le moût de raisin est utilisée avec avidité (-) par les levures, comme l'avait
déjà montré M. Duclaux, mais il peut en rester, dans le vin, des quantités
plus ou moins grandes, en relation avec la nature du moûr, sa richesse
ammoniacale, la variété de levure, les conditions physiques et chimiques
de la fermentation, et avec l'influence qu'exercent, sur le milieu fermen-
tescible et sur la levure, les ferments de maladie qui peuvent se développer
en même temps qu'elle.
)) Ces conclusions, vraies pour des liquides complètement fermentes, le
sont aussi, comme l'ont montré d'ailleurs mes dernières expériences, pour
des moûts incomplètement fermentes tels que ceux qui servent à la fabri-
cation des vins de liqueur. Ces derniers, même produits par des fermenta-
tions tout à fait exemptes de microbes, peuvent donc contenir des quan-
tités d'azote ammoniacal très supérieures à la limite de lo"'» par litre,
admise par MM. Gautier et Halphen, et j'ai rencontré, notamment, bien
des vins de Sauternes, qui sont des vins de liqueur par excellence, conte-
nant de 16""^ à 25""^ à' azote ammoniacal par litre. »
(^) Elle peut varier depuis quelques milligrammes jusqu'à plus de 200 milligrammes
par litre.
(2) Mes expériences de 1S98 montrent en etTel que AzH^ est utilisé dès le début
de la fermentation.
SÉANCE DU 3 AOUT 1903. 337
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le ferme ni du s alol contenu dans certains laits.
Note de M. A. Desmouijère. (Extrait.)
« MM. Miele et Willem ont présenté à l'iVcadémie (séance du 1 3 juil-
let 1903), une Note ayant pour titre A propos d'une diastase lactique dédou-
blant le salol. Cette Note présente, sur nombre de points, une grande simi-
litude avec une Communication que nous avons faite au mois de février
dernier à la Société de Pharmacie de Paris ('). Rappelons d'ailleurs que
nous avons fait abstraction de l'existence d'un ferment, et montré, par une
série d'expériences relatées dans notre travail, que la seule réaction des
liqueurs expliquait les faits constatés.
» Nous avons même donné l'explication de certains faits qui avaient pu
faire croire à l'existence d'un ferment, et signalé une cause d'erreur dans
le procédé indiqué par MM. Nobécourt etMerkIen, pour caractériser dans
les laits ce ferment du salol, dont l'existence, après nos recherches, appa-
raissait comme bien hypothétique. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur les propriétés et la composition chimique de la
matière phospho-organique de réserve des plantes à chlorophylle. Note de
M. S. PosTERNAK, présentée par M. Armand Gautier.
« J'ai montré dans une Note antérieure (-) qu'il est possible d'isoler de
tous les tubercules, graines et rhizomes examinés, une matière phospho-
organique de réserve que l'on obtient sous forme de mélange des sels
acides de magnésie, de chaux avec un peu de fer et de manganèse.
» Il est facile de préparer, à partir de ce mélange, par une méthode qiri
sera décrite ailleurs, l'acide phospho-organique libre et ses sels définis
dont les propriétés méritent d'être étudiées de près.
» Acide libre. — L'acide libre desséché dans le vide sur l'acide suifurique se pré-
sente sous l'aspect d'un liquide très épais, transparent et coloré en jaune. Il est soluble
en toutes proportions dans l'eau distillée, assez soluble dans l'alcool absolu, insoluble
(M A. DesmoulièRE, Sur le ferment du salol contenu dans certains laits {Journ.
de Physique et de Chimie, i'^'" mars igoS, et Bulletin des docteurs en Pharmacie,
février igoS).
(2) Comptes rendus, l. CXXXVII, p. 202.
338 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dansl'élher, le benzène, le chloroforme et l'acide acétique glacial. D'une saveur acide,
il ne paraît présenter aucune tendance à la cristallisation. Refroidi à — 20°, le
liquide s'épaissit davantage et se laisse étirer en fils. GliaulTé au bain-marle, ou mieux,
encore, à l'éluve au-dessus de 100°, l'acide libre brunit fortement. A la température
de 125°, on observe même la formation de menus flocons d'une substance mélanoïde
insolubles dans l'eau et dont je n'ai pas encore fait l'étude.
» Les solutions aqueuses de cet acide, neutralisées avec la potasse ou la soude au
méthylorange ou à la phénolphtaléine et évaporées à sec, donnent dès vernis transpa-
rents. Tous les essais pour faire cristalliser les sels d'alcalis sont restés sans résultat*
» Les conditions de précipitation de l'acide phospho-organique, par les sels métal-
liques, ressemblent, en général, à celles de l'acide phosphorique. Cependant, le per-
chlorure de fer précipite les solutions de l'acide libre, si elles ne sont pas trop diluées
et le nitrate d'argent donne un précipité blanc avec le phosphate organique neutre de
soude. L'acétate d'urane agit comme sur les phosphatés minéraux.
» Les précipités des phosphates organiques de magnésie, de chaux, de baryte et de
strontiane sont amorphes. Le premier est facilement soluble dans l'acide acétique, le
deuxième moins, les deux derniers y sont presque insolubles. Ils sont tous facilement
solubles dans les acides minéraux. Les solutions des sels de magnésie et de chau\
dans l'acide acétique se coagulent par la chaleur. Le cbagulum, qui se cedissout après
refroidissement, est composé de corpuscules sphériques ressemblante s'y méprendre,
par leur aspect et leurs propriétés, aux globoïdes décrits par PfelTer dans les grains
d'aleurone.
» L'acide phospho-organique est précipité par la liqueur magnésienne à l'état de sel
ammoniaco-magnésien amorphe ; le sel de soude, complètement saturé, est précipité
par la même liqueur à l'état de globoïdes assez grands pour être visibles à l'œil nu.
» La liqueur molybdique, préparée d'après les prescriptions de Fresenius, ne donne
aucune réaction à froid lorsque la concentration de l'acide est faible (au-dessous de
I pour 100). A l'ébullition, on observe l'apparition des cristaux caractéristiques de
phosphate molybdoanlraoniacal, due à la décomposition de l'acide phospho-organique.
Avec les solutions plus concentrées on obtient un précipité blanc, et la quantité de la
liqueur molybdique nécessaire pour provoquer cette réaction est en raison inverse de
la concentration de l'acide. Le précipité est extrêmement soluble dans l'eau distillée
et insoluble dans l'acide nitrique de 1,2 de densité.
» Les solutions des sels phospho-organiques de soude possèdent la propriété de dis-
soudre des quantités notables de sels neutres de magnésie, de chaux et de manganèse,
complètement insolubles dans l'eau distillée. De ces dissolutions, lol^sque la concen-
tration totale des matières en présence ne dépasse pas 5 pour looj cristallise aisément
un sel double de chaux et de soude en longues aiguilles très fines et molles, se réunis-
sant en houppeSi C'est la seule combinaison cristallisée de l'acide phospho-organique
que j'aie pu obtenir jusqu'ici.
» La quantité d'alcali nécessaire pour saturer l'acide en question varie suivant l'in-
dicateur coloré mis en OHivre. En titrant l'acide avec une solution dédinormale de
soude, on constate que, pour faire virer la phénolphtaléine ou la teinture de tournesol,
il est nécessaire d'ajouter une fois et demie le volume de soude que l'on emploierait
pour le changement de la coloration du méthylorange. Pour précipiter tout l'acide de
SÉANCE DU 3 AOUT 1903. 339
la solution avec de la baryte décinormale, il faut employer deux, fois ce volume. C'est
ce qui établit que Tacide étudié par nous est au moins tétrabasique.
» Enfin, pour terminer avec les propriétés de Tacide phospho-organique, notons
qu'il précipite d'une façon parfaite toutes les solutions neutres ou acides des albumi-
noïdes d'origine animale ou végétale, y compris les solutions naturelles, comme le
sérum sanguin et le blanc d'œuf. Le précipité obtenu avec des albumoses est formé de
globules énormes, très solubles dans les acides et les alcalis dilués, dans les sels
neutres à froid et même dans l'eau à la température d'ébullilion. Le précipité se
reforme après refroidissement.
w Composition chimique de l'acide, — Nous ne communiquerons ici que les ré-
sultais de l'analyse de Facide libre et du sel ciistallisé double de soude et de cliaux.
On a trouvé pour deux préparations différentes, sécbées à 1 10° jusqu'à poids constant :
Calculé pour
1. 2. C-H^P-O". CH'PO^
P 25,89 26,00 26,07 24,28
C 9,87 9,97 10,08 9,87
H 3,70 3,66 3,36 3,90
» L'analyse du sel double de soude et de cbaux a donné, pour deux préparations
différentes sécbées à 1 10° :
Calculé pour
1. 2. ftC2H''P^O'l\a''-hC^H'P-09Ca2.
C 7,2.5 7,43 7^45
H 1 ,34 1 ,49 I >24
P 19,42 19? '3 19,26
Ca 8,4i 8,16 8,98
Na J'^?79 i9?«>2 19,08
Cendres 81, 3o 81, 33 81, 3&
Ce sel cristallise avec 8™°^ d'eau.
« La composition centésimale de l'acide libre correspond donc à la formule
C'^H^P-0^ qui se distingue de celle indiquée antérieurement par moi par { moléc. d'eau.
» Il résulte de ce qui précède que l'acide phospho-organique de réserve
des plantes vertes présente des propriétés caractéristiques qui permettent
de le différencier facilement des autres combinaisons phosphorées connues
et de l'identifier avec certitude. Les faits que je viens d'exposer seront,
comme on le verra prochainement, d'une grande utilité pour la discussion
de la constitution chimique de ce corps intéressant. »
34o ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — De l' excrétion chez les Ilydroïdes. Noie de M. A.
Billard, présentée par M. Edmond Perrier,
« Fraipont ('), Clans (^), de Varenne (''), Merejkowsky ('*), Jickeli (^)
et Zoja (*) ont signalé, en certains points de l'ectoderme de différentes
espèces d'Hydroïdes des cellules glandulaires granuleuses, Jickeli, chez
V Obelia plicata et le Plamulariahalecioïdes, leur attribue un rôle dans la pro-
duction du périsarque. Il s'appuie sur cette observation, entachée d'erreur,
que ces cellules n'existent qu'à l'extrémité même des branches, oi^i le
périsarque est très mince, et disparaissent lorsque l'épaisseur du péri-
sarque augmente.
» J'ai repris l'étude de ces cellules chez différentes espèces {Campanu-
laria angulata, C. jlexuosa, Obelia dichotoma, 0. longissima, 0. geniculata,
Sertularia pumila, Plumularia echinulala) où l'on peut très facilement les
observer à l'état vivant à cause de leurs contours nets et de la réfringence
de leurs granulations.
» Chez le C. angulata, XO. dichotoma, \0. geniculata, le P. echinulala, il y en
a de deux sortes, les unes finement, les autres grossièrement granuleuses. Les pre-
mières représentent le stade jeune des secondes. Le C. jlexuosa et VO. longissima ne
possèdent que des cellules finement granuleuses, tandis qu'on ne voit jamais que des
cellules à grosses granulations chez le S. pumila.
» Comme l'a déjà remarqué de Varenne chez les C. angulata et C jlexuosa, ces
cellules sont douées de mouvements amiboïdes et j'ai constaté ce fait chez toutes les
espèces citées plus haut. Chez VO. dichotoma, une de ces cellules m'a montré un
déplacement de 17^^,2 en i minute.
» Ces cellules, contrairement à l'opinion de Jickeli, se rencontrent dans toutes les
parties de l'Hydroïde, elles sont surtout abondantes à l'extrémité des stolons et des
branches, mais, dans ces dernières, elles sont moins nombreuses que dans les stolons.
Dans les colonies âgées d'O. dichotoma, dans les stolons qui ont donné naissance à
une grande quantité déjeunes colonies, l'ectoderme est très riche en cellules granu-
leuses. Dans certains endroits, elles sont si nombreuses qu'elles se touchent. J'ai ob-
servé le même fait dans les colonies âgées du C. angulata et du P. echinulata.
(») Arch. Zool. exp., t. VIII, 1 879-1880.
(2) Arb. Zool. Inst. Wien, Bd. IV, i88i.
(*) Arch. Zool. exp., t. X, 1882.
(*) Arch. Zool. exp., t. X, 1882.
(^) Morph. Jahrh., Bd. VIII, i883.
(«) Boll. scient. Ann., 15, 1898 et Mitth. Zool. Stat. ISeapel, Bd. X, 1898.
SÉANCE DU 3 AOUT l()o3. 3\i
» Ces dernières observations pernieLlent d'expliquer le rôle de ces
cellules. Elles ne servent pas à la formation du périsnrqne, puisqu'elles
existent encore aux points où celui-ci est très épais. Ce ne peut être des
cellules de réserve, car, au lieu d'augmenter en nombre avec l'âge, elles
devraient diminuer ou même disparaître.
)) Il est donc naturel de penser qu'il s'agit là de cellules glandulaires
excrétrices, qui accumulent les substances de déchet dues à l'activité phy-
siologique.
)) Cette hypothèse explique très bien l'abondance de ces cellules granu-
leuses à l'extrémité des rameaux et des stolons où l'accroissement est
rapide et où, par conséquent, les produits de désassimilation doivent se
former en grande quantité; elle explique aussi naturellement leur accumu-
lation dans les vieilles colonies ou dans les parties âgées dont le fonction-
nement vital a entraîné la formation d'une quantité d'excréta d'autant plus
grande qu^il a eu plus de durée. L'excrétion chez les Hydroïdes, du moins
chez les Calyptoblastiques, semble donc localisée dans certaines cellules
de l'ectoderme. Ces cellules ne peuvent se débarrasser de leurs produits,
le périsarque au dehors et la lamelle de soutien au dedans leur opposant
une barrière qu'elles ne peuvent franchir.
)) J'ai essayé l'action de divers réactifs sur ces cellules, mais malheureusement les
résultats obtenus ne permettent pas de se prononcer sur la nature chimique des gra-
nulations. Ces essais ont porté sur les cellules granuleuses du C. angulata. L'eau dis-
tillée, les acides acétique, sulfurique, azotique, chlorhydrique à j^ dissolvent les gra-
nulations (^). Une solution étendue de soude, de carbonate de sodium, l'ammoniaque,
ne les dissolvent pas. Elles sont également insolubles dans l'alcool, le chloroforme,
l'éther, la benzine et le xjlol. Elles ne sont pas formées de matière minérale, car elles
disparaissent par la calcination sur une lame de mica. D'ailleurs on ne peut pas
non plus reconnaître la présence de calcium ou d'acide phosphorique. La réaction de
la murexide donne un résultat négatif, ce qui démontre Tabsonce d'urales. Dans l'ac-
tion de l'iode dans l'iodure de potassium à 2 pour 100, ces cellules montrent une élec-
tivité un peu plus grande pour l'iode que les autres, aussi peut-on affirmer que ces
granulations renferment une substance azotée.
» J'ajouterai que j'ai constaté l'action dissolvante des acides faibles sur les cellules
granuleuses de VO. dicholoma, du ^. pumila et du P. echinulata. Cette facile
solubilité des granulations dans les acides explique leur disparition après l'action des
réactifs fixateurs acides, surtout lorsque l'action du réactif a été prolongée, comme
j'ai pu le constater sur des coupes.
» J'ai essayé l'action des colorants dans deux espèces jusqu'à présent (C angulaLa,
{}) Il n'y a pas d'efTervescence avec les acides.
C. R., 1903, 1" Semestre, (T. GXXXVII N" 5.) 4 >
'à/[-i ACADÉMIE DES SCIENCES.
O. dichotonia). L'hémaloxyline ferrique colore fortement les granulations, de même
que le carmin à l'alun. Chez VO. dichotonia, j'ai observé que les granulations,n'étaient
colorées ni j^ar l'éosine, ni par la tliionine (colorant de la mucine), mais prennent la
coloration rouge de l'orange en employant la solution triacide d'Ehrlich.
» Lorsque les granulations ont été dissoutes par l'action des réactifs, il reste dans la
cellule glandulaire un réseau proLoplasmique plus ou moins régulier, en un point
duquel se trouve un noyau plus petit que celui des cellules voisines.
» En résumé, il existe des cellules excrétrices amiboïdes dans recto-
derme de beaucoup d'Hydroïdes calyptoblastiques, mais la nature de l'ex-
crétion n'a pu être fixée. »
ANATOMIE COMPARÉE. — Les lois mécaniques dans le développement du crâne
des Cavicornes. Note de M. U. Duerst, présentée par M. Edmond
Perrier.
« Après avoir prouvé que c'est seulement à la suite de la production dé
la couche épidermique de corne que se constitue le noyau osseux, j'ai
essayé d'étudier l'influence du poids, de la grandeur et de la forme des
cornes sur la forme et les rapports des os du crâne.
» Je crois pouvoir formuler de la façon suivante les résultats de mes
recherches comparatives et expérimentales ( ' ) jui ont porté sur i ido têtes
de Bovidés et Ovidés :
» 1*^ Le poids, la grandeur et la forme de la corne sont les fadeurs prin-
cipaux des caractères cranio logiques chez les Bovidés et les Ovidés.
» 2" L'action des cornes dépend de leur poids et de la position de leur
centre de gravité qui est due à leur forme. Cette action s'étend aussi au dé-
veloppement des muscles et intervient ainsi dans les caractères du sque-
lette qui sont sous leur dépendance.
)) 3" Les influences extérieures qui agissent sur le développement des
poils et de la peau s'étendent à la corne, comme étant produite par la peau,
et à la cheville osseuse qui la suit à son développement; par cela à la con-
formation de la tête osseuse et par suite à celle de l'animal entier, déter-
minant ainsi les caractères des races, des variétés et même des espèces.
» 4° I^cs caractères les moins dépendants de l'influence du dévelop-
(^) Eludes expérimentales sur la nwrphogénie du crâne des Cavicornes :\. L'in-
Jhiencc du décornage partiel sur le développement des caractères craniologiques
{Merteljahrsschrift natujforsch. G ese Use h. Zurich, 1903, llefl 111, p. SÔo-SjS).
SÉANCE DU 3 AOUT !9o3. 343
pement des cornes sont : la forme des dents; la forme du corps des pré-
maxillaires; la forme des hyoïdes; la forme des lacrymaux; la forme des
sutures des pariétaux.
» Selon l'espèce des animaux le déplacement du centre de gravité produit des
caractères un peu différents, mais on peut observer les conditions générales sui-
vantes :
» Si le centre de gravité des cornes lourdes touche la partie postérieure de Toccipi-
lai ou assez loin en arrière la ligne de traction latérale entre les bases des cornes ou
chignon, il se produit im front bombé.
» Chez les Taurins la suture sagittale reste ordinairement normale et il ne se forme
que deux bosses latérales sur les frontaux, correspondantes aux lignes de la plus
grande traction (Zébus des Indes à longues cornes), tandis que chez les Buffles tout
le front se bombe (Arnis). Un changement dans la direction des cornes de ces ani-
maux peut créer des fronts plans.
» En raison de la position des pariétaux et de Toccipital, cette conclusion ne s'étend
pas au Mouton, où le bombement du front résulte de la diminution des cornes.
» Le front devient />/«« si le centre de gravité du crâne tombe à peu près au-dessous
du chignon; soit lorsque de longues cornes sont disposées presque verticalement, ou
que celles-ci sont des petits cônes de forme variée qui, par leur légèreté, ne peuvent
pas produire d'effet sur la silhouette du front.
» Si la ligne de gravité tombe en avant du chignon, il peut en résulter chez les
Bovidés un front concave ou creux, ou du moins la formation d'un angle avec les
naseaux. Chez les Ovidés à cornes très lourdes et grosses où la ligne de gravité tombe
en avant du chignon et où le développement des sinus frontaux, qui dépend égale-
ment du poids des cornes, devient très accentué, le front est aussi creux.
» Indépendamment de la forme de la corne, le poids et la grandeur agissent aussi
sur la formation de la ligne de traction latérale entre les bases des cornes. De lourdes
cornes, dirigées vers le côté, provoquent ordinairement un chignon tendu en ligne
droite.' Si les bases des cornes se rapprochent et si les cornes sont dirigées vers le
haut, le chignon devient concave. Si le poids diminue, la traction diminue et le
chignon se relève pour former une bosse qui augmente jusqu'à celle de l'animal dé-
pourvu de cornes où, chez les Bovidés, le chignon ne forme qu'une pointe plus ou
moins aiguë.
» L'action des cornes se fait même sentir dans l'arrangement des trabécules osseux
qui se disposent exactement dans la direction de la traction ou se courbent sous l'in-
fluence de la pression.
), L'action du poids des cornes se montre aussi dans la forme des autres os. La
sllualion des orbites, celle des trous susorbitaires et la longueur de la suture coronale
dépendent complètement de la grandeur et du poids des cornes.
» En général, on peut dire que la diminution des cornes permet au crâne de
s'étendre'dans le sens de sa longueur, tandis que la corne le comprime dans le sens de
sa largeur.
» L'action des cornes sur les angles des sutures fronto-pariétale et pariéto-occi-
piiale est faible; cependant on arrive, par certaines déformations des cornes, à changer
344 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la direction normale de ces sulures. Les pariétaux sont plus larges chez les animaux
à cornes fortes que chez ceux à cornes courtes. L'occipital est toujours plus large chez
les animaux à cornes lourdes. Les crêtes des muscles y sont plus fortes, le trou occi-
pital plus petit, les condjles et le basioccipital plus larges et l'apophyse mastoïdienne
plus forte. Avec la diminution du poids des cornes l'occipital se tire en longueur et
les crêtes musculaires diminuent, le trou occipital s'agrandit et la boîte crânienne
reçoit plus d'ampleur. Les os de la base du crâne sont influencés pareillement, même
la rangée des dents du maxillaire devient plus arquée sous la pression des cornes. La
partie faciale, comme le sous-maxillaiie, est moins influencée par un changement de
la forme des os que par la situation changée de leurs parties.
» Il convient de rappeler finalement la grande influence qu'exercent
sur le degré du développement de ces caractères l'âge et le sexe de
l'animal et le milieu dans lequel il vil. »
ZOOLOGIE. — L'appareil digestif des Silphidte. Note de M. L. Bordas,
présentée par M. Edmond Perrier.
« L'appareil digestif des Silphidœ est remarquable par sa longueur, ses
nombreux replis, par l'atrophie du gésier, la structure histologique de l'in-
testin postérieur, et la présence d'une ampoule terminale offrant quelque
analogie avec la vésicule rectale des Dysticides. Mais, ce qui caractérise
surtout la partie postérieure de l'organe, c'est la présence de petites saillies
liémisphériques affectant la forme de deux cercles concentriques : le
cercle interne correspond à une dépression et l'espace annulaire est
occupé par une rangée unique de grosses cellules. Cette structure histolo-
gique rappelle celle des glandes rectales des Lépidoptères.
» L'organe tout entier comprend, chez les Silpha atrata L. et Silpha tho-
racica L., trois parties d'inégales dimensions. IJintestin antérieur esl courl
et se trouve localisé dans le thorax. Il ne comprend que rœsoj)hage et le
gésier. Ce dernier, tout à fait rudimentaire, est tapissé intérieurement par
(le longues soies chitineuses, barbeleeset.de couleur brimâtre, surtout dis-
posées le long de six bourrelets longitudinaux peu accentués.
» h' intestin moyen, cylindrique, est à peu près rectiligne. Sa partie anté-
rieure est large et hérissée de tubercules courts et arrondis; la région pos-
térieure a un diamètre plus étroit que la première et porte, implantées
perpendiculairement à ses parois, des papilles tubuleuses, dont la longueur
égale presque le diamètre de l'intestin.
» La région antérieure de l'intestin postérieur du Sitpha a^ra^rt est courte et reçoit,
SÉANCE DU 3 AOUT iQoS. 3^5
à son origine, les quatre tubes de Malpighi. Ses parois présentent des stries longitudi-
nales correspondant à des replis internes. Ces striations s'arrêtent brusquement sui-
vant une ligne transversale à peu près régulière, marquant l'origine de la seconde
partie de l'intestin postérieur.
» Cette seconde partie est très longue et décrit de nombreuses sinuosités. Sa surface
est recouverte des petites éminences signalées plus haut. Ces petits tubercules sont
presque tangents; ils cessent brusquement vers l'extrémité postérieure de l'intestin ;
la portion libre de cet organe qui va s'ouvrir dans l'ampoule rectale est très courte et
comprend deux assises de fibres musculaires obliques et longitudinales, h^ampoule
rectale est assez volumineuse; ses parois sont minces, transparentes et plissées.
» Histologie. — La pluj3art des entomologistes, Frci)z<-I ( i 886), Faussek
(i88';7), Mingazzini et Bizzozero (1889), Môbiisz (1897), Rei)gel (1898),
Gorka (1901), etc., qui se sont occupés de l'histologie du tube digestif des
Coléoptères, ont eu tout spécialement en vue l'intestin moyen. Uintesliri
posté/'ieur présente cependant, chez les Silphidœ, des particularités histolo-
giques intéressantes que nous résumons ci-dessous.
» Une section, faite dans la première partie de V intestin terminal, présente à con-
sidérer, en allant de l'extérieur vers l'intérieur : 1° des fibres musculaires longitudi-
nales, disposées irrégulièrement en groupes de faisceaux non contigus et assez éloignés
les uns des autres; 2° une assise de fibres musculaires circulaires, formant un revête-
ment régulier complet et bien compact. Les fibres sont généralement disposées en
deux, parfois en trois assises, étroitement unies entre elles, sans apparition de méats;
3" intérieurement, se trouve une très mince membrane basilaire, supportant Vas-
sise épithéliale qui constitue la quatrième couche. Cette dernière présente, dans la
première zone intestinale, en arrière de l'embouchure des tubes de Malpighi, de nom-
breux replis, affectant quelque ressemblance avec ceux de l'intestin moyen. Dans la
seconde partie, au contraire, cette assise est à peu près uniforme, régulière, et le lumen
intestinal est ovale ou simplement triangulaire.
» Les cellules constituant la membrane épithéliale sont hautes, cylindriques et à
parois latérales généralement indistinctes. Le protoplasme cellulaire apparaît sous la
forme de fibrilles parallèles, très minces, régulières et à direction perpendiculaire à
la membrane basale. Parfois, cependant, il existe entre les fibrilles, et surtout autour
des noyaux, des plages de protoplasme finement granuleux. Les noyaux sont ovales et
toujours situés vers le quart interne de l'épaisseur de l'assise. Enfin, le bord libre des
cellules est recouvert d'une membrane ou intima chitineuse, hyaline et transparente,
qui se continue, par d'insensibles transitions, avec le protoplasme celltilaire.
» Nous savons que la plupart des insectes possèdent, vers l'extrémité
postérieure de l'intestin, des bourrelets épithéliaux désignés par les histo-
logistes (Chun, etc.) sous le nom de glandes rectales. Le nombre de ces
formations est très variable. Ainsi, on en trouve 2 ou 4 chez les Diptères.
Les Hyménoptères, Névroptères et Orthoptères en ont 6, tandis que les
^/[6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Lépidoptères en possèdent jusqu'à 3oo. Jusqu'ici, on n'en a signalé ni
chez les Coléoplères, ni chez les Hémiptères.
« Les replis épitliéliaux concaves de l'intestin postérieur des Silplia peuvent
cependant être homologués aux glandes rectales des autres insectes, attendu que ces
glandes ne sont que des modifications de l'épithélium du rectum. Dans leur état
général, les bourrelets sont connexes et proéminent dans la cavité intestinale, mais ils
peuvent être moins saillants, peuvent s'aplanir, s'afTaisser, devenir peu à peu concaves
et finalement s'évaginer vers l'extérieur. C'est ce qui arrive chez les Silpha, dont la
seconde partie de l'intestin comprend :
)) 1° Quelques faisceaux de muscles longitudinaux externes, très espacés les uns des
autres;
» cî° Des muscles circulaires comprenant une ou deux couches de faisceaux;
» 3" L'assise épithéliale interne, formée par deux sortes de cellules : les unes apla-
ties, rectangulaires, à protoplasme strié et à gros noyaux sphériques placés vers le
bord interne, et les autres formant une dépression à convexité externe, dont l'ensemble
peut être comparé aux glandes rectales des Lépidoptères. Les cellules limitant ces dé-
pressions sont généralement au nombre de huit et se continuent directement avec les
cellules aplaties de l'assise latérale. Leur hauteur est double de celle de leurs voisines.
Le protoplasme est finement strié et les noyaux, sphériques ou ovales, sont localisés
vers la base, contrairement à ce qui existe pour les cellules aplaties. Enfin, les hautes
cellules des dépressions sont bordées intérieurement par une intima chitineuse, assez
épaisse et légèrement denticulée, tandis que celle qui recouvre le reste de l'épithélium
est très mince. »
ZOOLOGIE. — Sur les Hétéropodes recueillis pendant les campagnes de l' H \-
rondelle et de la Princesse-Alice faites sous la direction de S. A. le Prince
de Monaco. Note de M. A. Vayssière, présentée par M. Bouvier.
« Il est toujours assez difficile de déterminer des Mollusques à téguments
aussi fragiles que ceux que possèdent les Hétéropodes; frais, ces téguments
se déchirent facilement, aussi ne pêche-t-on souvent que des individus in-
complets. Mais lorsque ces mêmes animaux ont séjourné de nombreuses
années dans l'alcool ou dans le formol, la difficulté n'a fait qu'augmenter,
les tissus ont perdu leur coloration, sont devenus plus ou moins opaques
et l'ensemble du corps est déformé.
» Dans ces conditions très défectueuses, si l'on peut à la rigueur déter-
miner avec certitude le genre auquel appartiennent ces Mollusques, il n'en
est pas de même au point de vue spécifique. Jja détermination serait très
douteuse si l'on ne s'adressait qu'à des caractères externes; il faut donc
SÉANCE DU 3 AOUT IQoB. 3^7
chercher parmi les caractères organiques ceux qui, par leurs variations,
peuvent le mieux être utilisés.
» Il n'en est pas qui se prête plus coaimoflément à l'examen du natu-
raliste que l'étude des pièces chitineuses de la cavité buccale, pièces for-
mant les organes que l'on nomme radida et mâchoires. Grâce à leur nature
chimique, ces pièces ne sont pas attaquées par les liq lides conservateurs
quels qu'ils soient, ni même déformées, et peuvent ainsi être étudiées avec
|)resque autant de facilité que sur des animaux frais.
)) Il est regrettable que la plupart des natcu^alistes qui s'occupent de la
détermination des Gastéropodes pourvus de coquille, ne se basent que sur
les caractères conchyliologiques pour établir leur diagnose. Ces détermi-
nations se trouvent par cela même incomplètes et devront être plus tard
revues dans le sens que nous venons d'indiquer,
)> Son Altesse le Prince de Monaco nous ayant confié l'étude des Hétéro-
podes recueillis pendant les campagnes d'exploration de VHirondclle et de
la Princesse- Alice (1885-1902), nous avons basé enpartie nos déterminations
sur la structure des pièces radulaires, ce qui nous a permis de mieux pré-
ciser les caractères spécifiques de ces animaux.
» Pendant ces différentes campagnes d'exploration, il a été pris quatorze
espèces ou variétés d'Hétéropodes, réparties dans les trois familles que l'on
a créées depuis longtemps : C]arinaridés, Firolidés et Atlantidés; dans ce
nombre il y en a cinq de nouvelles. Une Cariiiaria (Car. Grimaldi), une
Cardiopoda (Gard. Uichardi), deux Firola (Fir. Souleyeli et Gegenbauri^ et
une Firoloida (Fir. Kowalewskyi) ( ' ).
» Voici l'énumération de ces divers types d'Hétéropodes :
Cariiiaria méditer ranea Per. el Les.
» » variété.
)) Grinialdi, nov. sp.
Cardiopoda Ricliardi nov. sp.
Firola hippocampus Philippi.
» Mutica Les.
» coronata Forsk.
Firola Souleyeli, nov. sp.
» Gegenbauri nov. sp.
Firoloida Desmarelii, Les.
» Kowalewskyi, nov. sp.
Oxyrus Keraudreni, Me. Andr.
Itlania Lesueuri Souleyel.
» Quoyana Soulej.
» Les trois familles entre lesquelles ces diverses espèces peuvent être
(') Dans notre travail sur ces Mollusques, qui va paraître dans la luxueuse publica-
tion de S. A. le Prince de Monaco, nous faisons une description détaillée, avec nom-
breux dessins à l'appui, de ces espèces nouvelles, ainsi que de celles déjà connues qui
ont été prises pendant ces diverses campagnes scientifiques.
348 ACADÉMIE DES SCIENCES.
réparlies n'ont pas toutes la même valeur systématique, aussi croyons-nous
devoir insister sur la nécessité de diviser le groupe des Hétéropodes en
deux sections et non en trois d'égale valeur; en agissant ainsi nous ne fai-
sons que suivre l'exemple de quelques-uns de nos prédécesseurs (De Blain-
ville, Woodward, Rattray, P. Fischer, etc.).
» Les Carinaridés et les Firolidés peuvent être réunis et former la section
que nous désignerons sous l'appellation de Plèrotrachéacés, le nom géné-
rique de Plerotrachea, créé en 1775 par Forskal, ayant servi à l'origine à
grouper des Mollusques appartenant aux genres Carinaria et Firola. Tous
ces Mollusques sont caractérisés « par la présence d'une masse viscérale
» arrondie, proéminente, placée à la partie médio-dorsale, ou postéro-dor-
» sale du corps, protégée ou non par une petite coquille; leur mésopodium
» est transformé en une nageoire arrondie ».
» Quant à la famille des Atlantidés, elle forme à elle seule la deuxième
section que nous nommerons Atlantéacès ; section comprenant « les types
» ayant une masse viscérale allongée, complètement enfermée dans la
» cavité générale du corps; ce dernier est recourbé et rétractile dans une
» coquille spirale. »
GÉOLOGIE. — Coupes des terrains tertiaires de la Patagonie.
Note de M. André Tournouër, présentée par M. Albert Gaudry.
« Malgré la multitude et la remarquable conservation des ossements de
Mammifères terrestres trouvés dans les terrains tertiaires de la Patagonie,
il est difficile de fixer leur âge, parce qu'ils sont tous complètement diffé-
rents de ceux de l'hémisphère boréal, soit en Europe, soit en Asie, soit
aux États-Unis. Heureusement on voit en Patagonie un étage marin dont
les fossiles se rapprochent de ceux de nos p^ys et qui peut ainsi offrir un
point de repère. On a appelé cet étage le Patagonien et M. Ortmann en a
décrit de nombreuses espèces rapportées par M. Hatcher; il les a attri-
buées au Miocène. J'en ai recueilli des échantillons que j'ai soumis à
l'examen de nos plus savants spécialistes. M, Priem a déterminé les restes
de Poissons, M. Cossmann les coquilles de Mollusques, M. Canu les Bryo-
zoaires, M. Lambert les Oursins. Leurs déterminations confirment celles
de M, Ortmann : les fossiles marins se rapprochent de ceux du Miocène ou
de l'Oligocène supérieur de nos pays.
w M. Ameghino prétend depuis longtemps que le Patagonien est au-
SÉANCE DU 3 AOUT I903. 'i/jg
dessous des couches à Nesodon du Santacruzien et au-dessus des couches
à Pyrotherium du Deseado. On a élevé des doutes sur ces assertions. J'ai
relevé plusieurs coupes graphiques qui ne laissent pas d'incertitudes à cet
égard ; je les ai dessinées devant la Société géologique de France. En voici
le résumé :
» 1° A la base sont des argiles colorées, avec concrétions ferrugineuses, dont on ne
peut dire l'épaisseur, car elles descendent au-dessous du niveau de la mer. La partie
visible a 45™ de puissance. Vers le tiers inférieur sont intercalées des argiles blan-
châtres avec des restes de Mammifères très différents de ceux de toutes les autres
assises. J'ai trouvé, à Gasamayor, le Notostylops marinus, le Trigotiostylops Wort-
jnani, le Notopithecus adapinus, etc.
» 2° Au-dessus des argiles du premier étage se^ présentent d'autres argiles qui
renferment une riche faune d'animaux gigantesques el étranges : Pyrotherium
Ronieri, Asliapotheriuni Voghti, Leontinia Gaudryi, grands Edentés, etc. Dans
deux de mes voyages, j'ai fait, au Deseado, des fouilles qui m'ont procuré des séries
considérables de cette faune continentale.
» 3° Immédiatement au-dessus vient la formation marine du Patagonien dont les
fossiles ont été étudiés par MM. Ljdekker, Smith Woodward, Ortmann, etc. J'ai vu,
dans le bas, des couches de sable avec coquilles fossiles mal conservées, et, dans le
haut, des bancs de grès qui ont fourni un grand nombre d'invertébrés, Ostrea Bene-
kei, Pecten centralis, Isechinus prœsursor, etc.
» 4° Au-dessus des couches marines, on observe très nettement en concordance avec
elles les couches de la puissante formation continentale dont l'ensemble est connu
sous le nom à^Étage santacruzien. Le Nesodon y abonde avec V Astrapotherium, le
Protypolherium, le Proterotherium, le Diadiaphorus, le Theosodon, nombreux
types d'Édentés, etc. C'est dans le Santacruzien que MM. Ameghino, Moreno et
d'autres ont fait leurs plus belles récoltes de fossiles. J'en ai rapporté d'importantes
séries provenant du mont Leone et surtout des bords du Rio-Coyle.
» 5° Enfin, au-dessus du Santacruzien, apparaît l'étage qui a été appelé le Téliuelch,
formé d'accumulations considérables de cailloux roulés, au milieu desquels sont des
fossiles marins, notamment VOstrea Ferrarisi, qui ressemble beaucoup à XOstrea
patagonica.
» Puisque les couches marines du Patagonien sont du Miocène ou de
l'Oligocène supérieur, les couches à Pyrotherium du Deseado et les couches
à Notostylops de Gasamayor qui sont au-dessous sont oligocènes ou éocènes ;
celles du Santacruzien, qui sont certainement au-dessus, ne peuvent être
plus anciennes que le Miocène. Cette constatation est d'une importance
considérable, car les fossiles du Santacruzien sont à un stade d'évolution
absolument différent de celui des animaux miocènes de l'hémisphère
boréal. C'est la première fois qu'on trouve une pareille inégalité dans
l'état de développement d'animaux du même âge. «
C. R., iyo3, y." Semestre. (T. CWXVII, N° 5.) 4^
^5o ACADÉMIE DES SCIENCES.
GÉOLOGIE. — Sur la constitution géologique des environs de Mirsa Matrouh
i^Marmariquc). Note de M. D.-E. Pachundaki, présentée par M. All)ert
Gaudry.
« Grâce à l'obligeance du général Hunter pacha, directeur du service
des Gardes-côtes d'Egypte, j'ai pu visiter les environs du port de Matrouh,
dans la Marmarique, situé à environ 260'^"* à l'ouest d'Alexandrie, près do
la frontière de la Cyrénaïque. Comme cette région n'a pas encore été
décrite, je crois intéressant de signaler à l'Académie les principaux résul-
tats de nia visite.
» Au point de vue géographique, la région côtière peut être considérée
comme formée de deux terrasses venant buter contre le grand plateau de
la Marmarique qui s'étend jusqu'à l'Oasis de Syouah. Ces deux terrasses
sont séparées par une chaîne de petites collines que les Bédouins désignent
sous le nom d' « el Haggou». La terrasse inférieure s'étend sur une largeur
de 2'"° environ jusqu'à la mer. Son altitude moyenne est de 6™. La terrasse
supérieure a une largeur de près de 5''™, avec une altitude moyenne
de 25'".
» La falaise qui borde le rivage et sur laquelle est construit le fort des
Gardes-côtes est formée d'un calcaire sableux qui renferme des espèces
marines actuelles telles que Pectunculus violacescens, Strombus Mediterra-
neus, Arca barbata, etc., et ne peut être assimilé qu'au tufPeau coquiller des
environs d'Alexandrie. J^ai même retrouvé au-dessus de ce luffeau les
sables à Hélix avec Hélix nuculla Parreyss, E. Guimeti Bgt, E. serrulata
Beck, Chondrus sulcidens Mousson, Buliminm Gaillyih^^i*
)> La chauie de hauteur, pldcée entre les deux terrasses, est formée par
un calcaire pisolithique qui est incontestablement l'équivalent du calcaire
du Mex des environs d'Alexandrie.
w Mon attention s'est surtout portée sur le plateau de la Marmarique,
et, eu tête de l'Oady el Chagg, qui en descend, j'ai pu relever la coupe sui-
vante de bas en haut :
» a. Calcaire ocreux de 2'", 70 d'épaisseur visible coiUeftant, outre de nombreux
Foraminifères et plusieurs espèces de Bryozoaires : Arbacinasp. n., Temiiechinus alL
stelUdatus Dune el Slad., Clypeastcr pseudoptacunarius Fuchs, C. Bo h If si F nchs,
Brissopsis sp., Ostrea Virlctc Deàh., Pecten crisiato-costalus Sacco, P. cf Ziziniœ
Blancl<., P. opercularis Lmk., P. Zitteli l'uclis, P. substriatus d'Orb., Spondylus
crassicostatus Lmk., Turrileilci sp., Proto calhedralis Hast.
SÉANCE DU 3 AOUT l()o3. 35 1
» b. Brèche calcaire de 2'»,3o d'épaisseur, coupée de luinachelles épaisses i'Ostrea
Virleti Des,h., et O. vestita Fuclis, mêlées à quelques Pecten.
» c. Calcaire rougeâtre de 2™,5o d'épaisseur conlenant des masses de Bryozoaires,
Clyp. Roh/fsi el Clfpeaster sp. n.
» d. Calcaire plus clair de 2™ d'épaisseur à Echinolampas aniplus Fuchs et Pecten
stibmalvinœ Blanck.
» e. Calcaire blanchâtre de 3'",5o d'épaisseur avec Spondylus crassicosta Lmk.
Amphiope afT. arcuata Fuchs, Scutetla sp. n., Clypeaster sp. n.
)> /. Calcaire jaunâtre de 2'" d'épaisseur dont la partie inférieure a été corrodée par
les agents atmosphériques sur une épaisseur de près de o'^SyS. On y rencontre Echi-
nolampas amplus Fuchs, Agassizia Zitleli Fuchs, Clypeaster sp.
» Cette faune est caractéristique. Nous avons là les mêmes espèces, ou à
peu près, que dans la faune de Syouah, si bien décrite par MM. Zittel et
Fuchs, et nous devons synchroniser l'ensemble de ce plateau avec la base
du deuxième étage méditerranéen, VReUQÛQu. sensu slricLo . f/i particularité
la plus remarquable de cette faune me semble être la préseace du 2,enre
Temnechinus, que je suis le premier à signaler dans les formations du bassin
méditerranéen, ce genre d'Echinide n'étant conuj, jusqi'à ce jour, que
dans l'Inde et dans le crag d'Angleterre.
)) La région de Mirsa Matrouh semble donc composée par des formations
identiques à la région Alexandrine qui seraient venues buter contre le
horst miocène du plateau; le pliocène y semble mal représenté; mais
peut-être un jour pourra-t-on signaler la présence de formations d'eau
douce appartenant à cet étage, car j'ai trouvé dans les éboulis, au pied du
plateau, Helix quadridentata Blanckenhorn, qui est bien caractéristique des
formations similaires au sud du Mariout. »
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. - Les sensibilisatrices du bacille tuberculeux.
Note de MM. J. Bordet et O. Gevgou, présentée par M. Roux.
(( L'un de nous a montré, en 1900, que si l'on met en contact des cellules
(globules rouges) on des microbes avec l'immunsérum approprié (lequel
contient, on le sait, une sensibilisatrice spécifique), ces éléments deviennent
capables d'absorber énergiquement la matière globulicide ou microbicide
du sérum (alexine). S'appuyant sur cette donnée, Bordet et Gengou ont
décrit une méthode qui permet de déceler, dans les sérums, l'existence
d'une sensibilisatrice. Ainsi, si l'on prépare un mélange en proportions
352 ACADÉMIE DES SCIENCES.
convenables de bacilles typhiques, de sérum frais d'homme ou d'animal
neuf, et de sérum, préalablement chauffé à 55°, de convalescents de fièvre
typhoïde, on constate que l'alexine du sérum neuf est absorbée par les
bacilles; en effet, des globules rouges bien sensibihsés, introduits au bout
de quelque temps dans le mélange, n'y subissent pas l'hémolyse. En consé-
quence, le sérum des convalescents possède une sensibilisatrice, conférant
au bacille typhique le pouvoir de fixer l'alexine. Nous avons recherché, en
employant cette mélhode, si le co])aye peut élaborer une sensibilisatrice
active à l'égard du bacille tuberculeux; voici les résultats que nous avons
obtenus.
» Si l'on injecte à des cobayes le bacille humain vivant, l'animal, chez
lequel la tuberculose se généralise bientôt, ne produit pas de sensibilisa-
trice. L'essai du sérum donne régulièrement, à toutes les périodes de la
maladie, un résultat négatif. Au contraire, si l'on inocule à des cobayes,
sous la peau, à deux ou trois reprises, le bacille aviaire (notre échantillon
provenait du pigeon et avait été cultivé longtemps sur pomme de terre
glycérinée), lequel est, comme on sait, peu dangereux pour ces animaux,
ceux-ci résistent et produisent bientôt dans leur sang une sensibilisatrice
provoquant l'énergique absorption de l'alexine par le bacille. Chose assez
curieuse, celte sensibilisatrice manifeste une activité égale vis-à-vis du
bacille humain ou du bacille aviaire ; en effet, pour obtenir la fixation d'une
même dose d'alexine par des volumes égaux d'émulsion, soit de bacilles
humains, soit de bacilles aviaires, il faut mettre en œuvre la même quantité
de sérum sensibilisateur. Un sérum obtenu par injection du bacille aviaire
ne permet donc pas de distinguer l'une de l'autre les deux races du microbe
tuberculeux.
» Si l'on injecte à des cobayes neufs un mélange de bacilles tuberculeux
humains, tués par le chauffage à 70°, et de ce sérum sensibilisateur, puis,
au bout d'une quinzaine de jours, un mélange analogue, mais contenant
des bacilles simplement desséchés au préalable, on constate que les ani-
maux deviennent plus résistants vis-à-vis du bacille humain vivant. Si on
leur inocule ce microbe, ainsi qu'à des témoins non traités, ils survivent
notablement plus longtemps que ces derniers ; néanmoins, si on les sacrifie
au bout de 3 mois environ, on trouve que les organes internes sont farcis
de tubercules; il s'agit donc d'un simple ralentissement dans l'évolution de
la maladie. Et si, à ce moment, on éprouve leur sérum, on trouve qu'd est
très nettement sensibilisateur. Si donc la propriété sensibifisatrice ne pa-
SÉANCE DU 3 AOUT I9o3. 353
riiît pas tOLiL à fait inuLile, au moins est-elle incapable d'enrayer la maladie.
Au reste, des cobayes tniilés simplement par des injections de bacilles hu-
mains tués à 70°, puis de bacilles desséchés, peuvent acquérir le pouvou-
sensibilisateur du sérum, et Ton sait depuis longtemps que leur résistance
au bacille vivant n'est pas considérablement accrue. »
M. T. SocRBÉ adresse une Note intitulée : « Alcoométrie pondérale » .
(Renvoi à la Section de Physique.)
M. O. Dony-Hénault adresse une Note « Sur la radioactivité du per-
oxyde d'hydrogène ».
M. C. deLiebhaber adresse, par l'entremise de M. Brouardel, une « Note
sur la thermographie sidérale ».
La séance est levée à 4 heures un quart.
M. B.
BULLETIN BIBLIOGKAPHIlQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 20 .juillet igoS.
Service ^géographique de l'Armée. Rapport sur les travaux exécutés en 1902.
Paris, 1908; i fasc. in-8°.
Département de l'Eure. Rapports du Conseil central et des Conseils d'arrondis-
sement d'hygiène publique et de salubrité, année 1902. Évreux, 1908; i fasc. in-8«.
Les lampes électriques à incandescence et leur appareillage, par E. Sartiaux.
Conférence faite au Conservatoire national des Arts et Métiers, le 22 mars 1903. Paris,
F. Baranger, igoS; i fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Le second viaduc sur la Pétrusse à Luxembourg, par Eug. Perron. Luxembourg,
imp. Huss, 1908; I fasc. in-4°. (Hommage de l'auteur.)
354 ACADEMIE DES SCIENCES.
The ^vellcoine pliysiologlcal research laboratories founded 1894, Walter Dawson,
Director. Londres; i fasc. in-S".
The heat of a change in connection with changes in dielectiic constants and in
volumes, by C.-L. Speyers. (Evtr. de Tlie american Journal of Science, vol. XVI,
juin 1908.) I fasc. in-8°.
A review of the Siluroid fishes or catfishes of Japan, by David Starr Jordan and
Henri-W. Fowler. (Exlr. de The proceedings of the United States national Muséum,
vol. XXVI, p. 897-911.) Washington, 1908; i fasc. in-8<'.
On the relations of the fishes of thefaniily Lampridœ or Opahs, by Théodore Gill.
( i*lxtr. de The proceedings of the United States national Muséum, vol. XXVI,
p. 915-924.) Washington, 1908; i fasc. in-8°.
Atlas geologiczny Galicyi; z. XIV. Pilzno i Ciezhowice (si. V, p. 5); Brzostek
i Strzyzow (si. VI, p. 5); Tyczyn i Dynow (si. Vil, p. 5); opracowal D"" Josrf
Grzybowski. Cracovie, 1908. Texte, i fasc. in-8°. Atlas, i fasc. in-f".
Nachrichten von der kônigl. Gesellschaft der Wissenschaften zu Gôttingen.
Geschâftliche Mitteilungen, 1908, Heft 1. Gœttingue, 1908; i fasc. in-8°.
Memorias de la Sociedad espanola de Historia natural; t. II, Memorias !=> y 2".
Madrid, 1908; i fagç. iii-S".
OUVHAGRS REÇUS DANS LA SÉANCE DU 27 JUILLET 1908.
Institut de France. Académie des Sciences. Commission de Sismologie. Rapport
présenté à l'Académie dans la séance du iZ juillet 1908, par M. A. de Lapparent.
Paris, Gauthier-Villars; i fasc. in-4°.
Association française pour l'avancement des Sciences; Compte rendu de la 81'=
session; Montauban, 1902 ; 2* Partie : Notes et Mémoires. Paris, Masson et C'*^, 1908 ;
I vol. in-8°.
Traité élémentaire de Physique, par Ganot-Maneuvrier ; 22^ édition, entièrement
refondue conformément aux programmes officiels de l'Enseignement secondaire, con-
tenant 822 gravures et i planche en couleur. Paris, Hachette et G'", 1908 ; i vol. in-r2.
(Présenté par M. Amagat, )
La Géographie. Bulletin de la Société de Géographie; t. VIII, n° 1, année 1908,
10 juillet. Paris, Masson et G'*; i fasc. in-4''.
Antràge an die internationale Association der Akademien seitens der von ihr
ernannten Kommission fïir Hirnforschung. (Extr. des Berichten der mathem.-phys.
Klasse der kônigl. sàchs. Gesellschaft der Wissenchaften zu Leipzig, séance
du 8 juin 1908.) 1 feuille double in-8''.
Bericht an die k. s. Gesellschaft der Wissenschaften liber die am 5. Juni 1908 in
London abgehaltene Sitzung der von der internationalen Association der Aka-
demien niedergaetzten Kommission zur Gehirnerforschung, erstattet von den
Delegierten Paul Flechsig und Wilhelm His. (Extr. id. supra.) i fasc. in-8".
SÉANCE DU 3 AOUT igoS. 355
Mondalengo i koitfattad framstdilning, af J. B. [J. Bkrgman]. Gœteboro,
Bonniers, 1902; i fasc. in-i2 oblong, ( Hommage de railleur.)
Fader var ôfversatt till « Mondalango » ( Verldsspmket)..., af J. B. [J. Bergman].
Gœteborg, Bonniers, 1902; i fasc. in- 12.
Zieklen van rijst, iabak, tkee en andere cultuurgewassen, die, door Insecten
wordeii veroorzaakt, door D"" J.-C. Koningsberger ; met 5 platen. {jMededeelingen
uit S' Lands Plantentuiii, LXIV.) Batavia, G. IvolfTet C'**, 1908; i fasc. in-8".
Orientation, déclinaison, inclinaison, variations du Jd à plomb et de l'aiguille
aimantée, par le C'^ de Moiîiana; i""^ Partie. Saint-Sébastien, 1900; i fasc. in-f"; auto-
graphié; exemplaire n" 12. (Hommage de l'auteur.)
The fundamental theorem of chemisLry, by Edward Beckham. Philadelphie, chez
l'auteur, 1908; i fasc. in-4°.
Carte de l'empire de Russie et des États qui lui sont contigus, par E. Koverski ;
texte et atlas. Saint-Pétersbourg, 1908; i étui in-8° oblong et i fasc. in-8°.
Astronomische Arbeitender k. k. Gradmessungs-Bureau^ Bd. XH. Làngenbe-
stimmungen. Prague, Vienne, Leipzig, 1900; i fasc. in-4°.
Ueber die Réduction der auf physischen Erdoberjlàclie beobachteten Schwerebe-
schleunigungen auf ein gemeinsames ISiveau, von F,-R. Helmert ; 2'« Mittlieilung.
Berlin, 1908; j fasc. in-8". (Hommage de l'auteur.)
Jahresbericht der Direktors der kôniglichen geodàtischen Instituts fiir die Zeit
von April 1902 bis April 1908. Potsdam, 1908; i fasc. in-8°.
Jahrbùcher der k. k. Central- Anstalt fur Météorologie und Erdmagnetismus.
Officielle Publication, Jahrgang 1901 ; neue Folge, Bd. XXXVHI. Vienne, 1902-1908 ;
I vol. et 1 fasc. iu-4°.
Annual report of the Smithsonian Institution, 1900. U. S. national Muséum.
Washington, 1902; i vol. in-8°.
Proceedings of the United States national Muséum; vol. XXHI, XXIV. Washing-
ton, 1901, 1902; 2 vol. in-8°.
Bulletin of the United States national Muséum : N° 39, parts H-0. Washington,
1893-1899; 7 fasc.in-8°. N° 50, part H. Washington, 1902; r vol. in-8". I\"5I. Washing-
ton, 1902; I fasc. in-8''.
The physical Review, a journal of expérimental and theoretical Physics, con-
ducted vvith the coopération of the american physical Society, by Edward L. Nichols,
Ernest Merritt and Frederick Bedell; vol. XVII, number 1. Lancaster, Pa. et
New-York, 1908; i fasc. in-S*^.
The Journal of the Collège of Science, Impérial Universily of Tokyo, Japan\
vol. XVIH, art. 2; vol. XIX, art. 1 and o. Tokyo, 1908; 3 fasc. iii-4".
356 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ERRATA.
(Séance du 6 juillet 1903.)
Note de M. C. Maltézos, Sur une espèce d'oscillation de la perception
chromatique :
Page 44, ligne i4, au lieu de ,^, lisez ^Ûôt,-
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 10 AOUT 1905,
PRÉSIDENCE DE M. ALBERT GAUDRY.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président, en annonçant à l'Académie la perle qu'elle vient de
faire dans la personne de M. Munier-Chalmas , s'exprime comme il suit :
(' J'ai la douleur d'annoncer à l'Académie la perte bien inattendue de
M. Munier-Chalmas, M. Bergeron, sous-directeur de son laboratoire de
recherches à la Sorbonne, nous apprend par dépêche la mort subite de
notre cher et éminent Confrère, survenue à Aix-les-Bains, samedi 8 août.
M. Munier-Chalmas avait été nommé dans la Section de Minéralo£:ie le
20 mai de cette année; il n'y a donc pas trois mois qu'il faisait partie de
l'Académie; vraiment, c'est nous quitter trop tôt!
» Il était également habile en Géologie et en Paléontologie. C'était un
chercheur, un curieux de la Nature, découvrant sans cesse quelque chose
de nouveau dans la grande histoire des temps passés. Comme il avait la
passion de la Science, il la communiquait à ses élèves. Aussi il a eu un rôle
considérable dans la chaire de Géologie de la Sorbonne; sa mort va pro-
duire un vide profond. L'Académie voit avec tristesse disparaître cet homme
encore jeune, d'une étonnante vivacité d'esprit, qui semblait appelé à lui
faire longtemps honneur. Je lève la séance en signe de deuil. »
AÉRODYNAMIQUE. — Sur l' aérodynamique et la théorie du champ acoustique.
Note de M. le général Sebert.
« La Note de M. le commandant Charbonnier, de l'Artillerie coloniale,
sur la théorie du champ acoustique, que j'ai présentée à l'Académie dans
la séance du i'3 juillet dernier, et la nouvelle ÎN^ote du même auteur, en
C. R., ico3, 2= Semestre. (T. CXXXVII, N» 6.) 47
358 ACADEMIE DES SCIENCES.
date de ce jour, sur l'application de celte théorie à la détermination du
frottement intérieur des gaz sont de nature à appeler de nouveau l'atten-
tion sur ]es phénomènes sonores, encore peu connus, qui se produisent
au passage, dans l'atmosphère, de mobiles animés de mouvements très
rapides et sur les conséquences que la connaissance de ces phénomènes
peut entraîner pour les théories acoustiques et pour l'aérodynamique en
générai.
» Il n'est peut-être pas inutile de rappeler l'état de nos connaissances à
ce sujet, car les documents qui en contiennent l'exposé se trouvent presque
exclusivement consignés dans les publications spéciales d'artillerie, par ce
motif que les services militaires se sont trouvés, à peu près seuls, en me-
sure, jusqu'à ce jour, d'étudier ces phénomènes ou de les utiliser.
» C'est en l'année 1887, au cours de ses études pour l'établissement du
nouveau fusil connu sous le nom de fusil Lehel, que M. le colonel Journée,
alors capitaine, a observé, pour la première fois, dans le tir des armes
à grande vitesse initiale, la production d'un bruit violent analogue à une
détonation, parfois suivi d'une sorte de roulement prolongé, paraissant
émaner du projectile même et distinct du bruit produit par l'explosion de
la charge de l'arme (' ).
» Il avait constaté que ce phénomène n'apparaît que lorsque la vitesse
initiale du projectile est notablement supérieure à la vitesse de propagation
du son dans l'air, et il avait reconnu que le bruit initial perçu par un ob-
servateur semble provenir du point de la trajectoire situé sur la normale
passant par la position de cet observateur.
» Par une série d'expériences ingénieuses, il avait cherché à déterminer
les conditions de production et les causes du phénomène, et il avait cru
pouvoir déduire de ses observations que tout projectile animé d'une vitesse
supérieure à la vitesse du son dans l'air émet, pendant son parcours, un
son continu analogue à une détonation.
» Il avait signalé et vérifié, par ces expériences, que ce fait donnait
l'explication des anomalies constatées par les expérimentateurs qui avaient
cherché à déterminer la vitesse du son dans l'air, en utilisant le tir réel de
pièces d'artillerie et notamment dans les essais récemment entrepris, par
(*) Journée, Note manuscrite du 25 octobre 1887 et Comptes rendus, t. (^VI, 28 jan-
vier 1888, p. 244- — Sebert, Bulletin de la Société française de Physique, 1888,
p. 35. (Par suite d'une erreur d'impression, là formule qui donne la valeur de l'angle
au sommet du cône sonore a été substituée à celle de l'angle complémentaire.)
SÉANCE DU lO AOUT 1903. SSg
la Commission de Gàvre, pour effectuer cette détermination à l'aide de
bouches à feu nouvelles à grandes vitesses initiales.
» Ces essais avaient donné, pour la vitesse supposée du son, des valeurs
toujours trop grandes et M. le capitaine Jacob, de l'artillerie de la marine,
avait été amené à rechercher si ces écarts pouvaient s'expliquer par l'in-
fluence de la grande intensité des vibrations produites par le tir de la
pièce, mais ses calculs ne l'avaient, le plus souvent, conduit qu'à îles
termes correctifs insuffisants (').
M Les travaux d'Hugoniot devaient d'ailleurs établir, peu de temps après,
que la formule de Laplace, employée pour le calcul de la vitesse du son,
s'établit rigoureusement quelle que soit l'amplitude des vibrations ou la
vitesse de translation des particules gazeuses déplacées (-).
)) Vers la même époque avaient été publiés les premiers résultats des
remarquables expériences du D*" E. Mach, de Vienne, Sut- la fixation pho-
tographique des phénomènes auxquels donne lieu le projectile pendant son
trajet dans l'air. Les photographies obtenues montraient, pour les projec-
tiles animés de vitesses supérieures à 34o"^, l'existence d'ondes à contours
permanents ou ondes stationnaires mises en évidence par les variations du
pouvoir réfringent des couches d'air ébranlées (^).
» Contrairement à l'hypothèse admise par M. Journée, le D"" Mach attri-
buait le bruit de détonation perçu par un observateur, lors du tir d'un
projectile animé d'une grande vitesse, à l'arrivée à l'oreille de cet observa-
teur du contour extérieur de l'onde condensée accompagnant le projectile
dans son parcours et il expliquait les bruits de roulement prolongé entendus
quelquefois, par les réflexions de cette onde sur le sol, les nuages ou les
autres obstacles naturels.
» Ces questions provoquèrent, au cours des années suivantes, d'inté-
ressants travaux dus à MM. de Labouret, Gossot, Moisson, Jacob et Char-
bonnier, officiers d'artillerie de la marine, et à MM. Hartmann et Devé, de
l'artillerie de terre.
M M. de Labouret, parlant des observations faites par M. Journée, avait
déterminé, par le calcul, les conditions dans lesquelles le son, paraissant
(') Jacob, Mémorial de L'ArliLierie de ta Marine, t. XVI, 1888, p. 563.
(-) HuGONiOT, Journal de Mathématiques pures et appliquées, 4*^5^116, t. 111, 1887,
P- 477-
(^) E. Mach et P. Salcher, Sitzungsberichte der kaiserliclien AAade/nie der
Wissenschaften in Wien, 1887, ^^'id. XGV.
36o ACADÉMIE DES SCIENCES.
émis par le projectile, devait parvenir à l'observateur et indiqué le moyen de
tracer, à chaque instant, le contour de la surface limite de l'onde sonore
émanée de ce projectile ( ' ).
» M. Gossot, dès l'année 1 890, déduisit de ces résultats une méthode pour
la détermination de la vitesse des projectiles, au cours de leur trajet, sans
l'interposition des cadres cibles habituellement employés à cet effet et en
faisant simplement usage de résonnateurs analogues à ceux déjà utilisés par
M. Journée. Cette méthode, consacrée aujourd'hui par la pratique, a rendu
les plus grands services pour l'étude des trajectoires des bouches à feu nou-
velles, à grande portée, de l'artillerie de la marine (^ ) et a pu être emj)loyée
également pour les essais balistiques des nouveaux fusils étudiés par
l'artillerie de terre (^).
» M. Hartmann, en 1890, analysa et commenta, dans \di Revue cV Artillerie,
les expériences et les travaux ci-dessus mentionnés de MM. Journée, Mach,
de Labouret et Gossot et fit également connaître les nouvelles expériences
de photographie de projectiles effectuées par le D*" E. Mach en collabora-
tion avec son fils L. Mach et le professeur P. Salcher, ainsi que les
recherches de ce dernier, effectuées avec le concours du D'" Mach et de
M. Whitehead, sur les phénomènes qui accompagnent l'écoulement de
l'air à haute pression (^), mais il ne déduisit de ces études aucune conclu-
sion au sujet des questions controversées de l'origine et de la nature du
bruit perçu (^).
» M. Moisson, en 1891, discuta ces expériences, au point de vue phy-
sique, en cherchant à concilier les hypothèses contradictoires émises. Il
rappelle accessoirement le phénomène de la production des auréoles qui
ont été souvent observées dans le tir des projectiles et il attribue le bruit
produit par le projectile et qu'il désigne sous le nom de claquement par
la rentrée brusque de l'air dans le vide qui se produit à l'arrière (").
(1) De LABOLRiii, Mémorial de l'Artillerie de la Marine, t, XVI, 1888, p. 366.
(-) Gossot, Mémorial de l'Artillerie de la Marine, t. XIX, 1891, p. 181.
(^) Dkvé, Revue d'Artillerie, t. XLVII, 1896, p. 478.
(*) E. Macu et 1\ Salcukr, Sitzungsberichte, etc., Band. XCVIII, Januar 1889.
— E. Macu et L. Uach, Sitzungsberichte, etc., Band. XCVIII, Xovember 1889. —
E. Macu, Sitzungsberichte, etc., Band. XCVIII, October 1889. — E. Uxm,Sitzungs-
berichte, etc., Band. XCVIII, October 1888. — P. Salcher, Mittheilungen aus
dem Gebiete des Seesresens, t. XVIII, 1890.
(^) Hartmann, Revue d'Artillerie, t. XXXVII, 1 890-1891, p. 63, 397 et 493.
(«) MoissoN,.J/e/;io/7a/ de l'Artillerie de la Marine, t. XX, 1891, p. 85;.
SÉANCE DU lO AOUT igoS. 36 I
» Enfin M. Jacob, en 1892, et M. Charbonnier, en 1893, ont cherché
à étabUr la théorie analyli(jiie du problème, le premier en prenant, comme
point de départ, la loi adiabatiqne de l'écoulement des gaz (*), le second
en développant et complétant la théorie exposée par M. de Labouret, et en
en faisant rap()lication à d'autres phénomènes physiques comme le bruit
de la foudre (-).
M Dans ses derniers travaux, M. Charbonnier a donné finalement une
nouvelle théorie, qui paraît définitive et complète (*).
» Cette théorie donne le moyen d'établir, pour chaque point de l'espace,
l'équation qui définit l'état sonore de ce point quand l'atmosplière est
parcourue par un mobile dont le mouvement est connu. Elle permet de
déterminer les contours de la région ébranlée à chaque instant, qui est
dénommée ^iiv\m champ acoustique, et elle donne la forme de l'onde neutre
qui sépare, à chaque instant, les portions antérieure et postérieure de ce
champ acoustique, portions dans lesquelles les vitesses de déplacement
des molécules gazeuses sont de signe contraire. Par le tracé des courbes
d'égale vitesse de ces molécules gazeuses, M. Charbonnier donne le moyen
de représenter complètement, à chaque instant, un champ acoustique
donné et il fait l'application de ce système à un certain nombre de cas
particuliers : d'abord à des mobiles animés de vitesses inférieures à la
vitesse du son, puis à des projectiles animés de vitesses plus grandes.
» Il retrouve ainsi, pour ces derniers, la forme de l'onde conique de
léte des photographies du D' Mach, et le cône sonore qui se déplace avec
le projectile.
» 11 rend compte complètement des phénomènes sonores observés, en
admettant que l'oreille ne perçoit un bruit de détonation que lorsque la
vitesse des molécules gazeuses qui la frappent varie brusquement et non
par gradation continue.
» Dès lors, il démontre que le bruit de détonation ou de claquement
du projectile ne peut être distingué du bruit de l'explosion de la pièce que
si ce projectile se meut avec une vitesse supérieure à la vitesse du son dans
l'air et si l'observateur se trouve placé dans une certaine région déterminée
(*) Jacob, Mémorial de l'Artillerie de la Marine, t. XX, 1892, p. 33 et 229.
(2) Charbonnier, Mémorial de l'Artillerie de la Marine, t. XXI, 1893, p. 547.
(^) Charbonnier, Théorie du champ acoustique, Mémoire manuscrit. Ruelle,
juin 1903, et Comptes rendus, t. CXXXVll, p. 171. (Cette Xote a été présentée dans
la séance du i3 juillet 1900, bien ({u'elle n'ait été insérée que dans le Compte rendu
de la séance du 20 juillet.)
362 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de l'espace. Il arrive même à celte conclusion que, dans le cas de tirs à
grandes distances, l'observateur peut parfois percevoir deux détonations
émanées du projectile; ce son étant perçu dans la direction des tangentes
que l'on peut mener à une courbe qu'il dénomme ejweloppe sonore et qui
est le lieu des normales à l'enveloppe des cônes sonores.
» L'application de ces mêmes règles à l'étude des bruits produits par les
éclairs en zigzag permet d'expliquer les coups de tonnerre multiples et
montre qu'il n'est pas plus possible de déduire, de la durée d'arrivée du
bruit, la distance du lieu de production de la foudre, que de mesurer, à
l'aide de télémètres acoustiques, la distance des bouches à feu, tirant à
grandes vitesses initiales, dont on aperçoit le feu ou la fumée.
» M. Charbonnier rend compte aussi de la production des ondes dila-
tées observées par M. Mach à l'arrière des projectiles, ainsi que de celle
des ondes réfléchies à la rencontre des obstacles et il explique par des ré-
flexions de ce genre les roulements prolongés que l'on perçoit dans cer-
tains cas. Il donne encore le moyen de calculer les déplacements imprimés
aux molécules gazeuses et en vertu desquels peuvent fonctionner les ré-
sonnateurs employés, comme appareils enregistreurs, dans la méthode
des mesures des vitesses des projectiles proposée par M. Gossot.
» M. Charbonnier fait enfin l'application de la théorie qu'il a établie
à l'étude de quelques phénomènes particuliers, notamment à celle du son
produit, à différentes distances, par un diapason vibrant et à celle de la
rotation d'un corps animé d'un mouvement circulaire uniforme. Il évalue
aussi le déplacement de l'air dans le voisinage d'une automobile marchant
à une vitesse déterminée, ainsi que les effets du vent rencontrant un ob-
stacle tel qu'un mât, etc.
» Ces travaux de M. Charbonnier mè paraissent de nature à apporter de
grandes simplifications dans l'établissement des théories élémentaires
d'acoustique et d'aérodynamique, car ils jettent une grande clarté sur les
phénomènes complexes qu'étudient ces théories.
» La nouvelle Note qu'il adresse aujourd'hui à TAcadémie en est une
preuve, car elle montre que la théorie du champ acoustique, établie par lui,
peut suggérer une façon nouvelle d'envisager la question du frottement
intérieur ou de la viscosité des gaz qui provoque encore en ce moment
d'importantes recherches.
» Si l'on adoptait cette manière de voir, la façon de présenter les calculs
qui concernent la détermination de cette viscosité devrait, sans doute, être
l'objet d'importantes modifications. »
SÉANCE DU lO AOUT igoS. 363
CHIMIE MINÉRALE. — Description d'un nouvel appareil pour la préparation
des gaz purs. Note de M. Henri Moissax.
« Tous les chimistes savent combien la préparation des gaz purs est
longue et délicate. Cette préparation est le plus souvent très difficile,
parfois même impossible par suite des réactions ou de la forme même des
appareils employés. Nous donnerons dans cette Note la description d'un
appareil très simple qui permet d'obtenir rapidement la plupart des gaz
dans un grand état de pureté.
» I. Dessiccation des gaz. — Lorsque nous voulons dessécher un gaz,
nous employons soit des flacons à plusieurs tubulures, soit des éprouvettes
desséchantes qui contiennent des matières avides d'eau : ponce poreuse
mouillée d'acide sulfurique, chlorure de calcium fondu ou poreux, chaux
vive, etc. Toutes ces matières sont imprégnées d'air, parfois même de diffé-
rents gaz. Elles donnent souvent naissance à des réactions secondaires
produisant des impuretés : telle l'attaque lente du caoutchouc des appareils
par l'acide sulfurique froid qui produit un dégagement continu de gaz
acide sulfureux. De plus les bouchons de liège ou de caoutchouc ne perdent
que lentement l'humidité qu'ils contiennent.
)) Description d'un appareil servant à la dessiccation des gaz. — Pour
toutes ces raisons, nous avons remplacé cet ensemble volumineux de
flacons et d'éprouvettes par deux petits appareils en verre d'un très petit
volume {fig. i).
» Le premiers, de So'^"', a la forme d'un cylindre fermé à ses deux
extrémités; il porte, à la partie supérieure, deux tubes soudés, l'un
plongeant jusqu'au fond de l'appareil et l'autre débouchant dans l'espace
annulaire.
» Le second tube b, qui va faire suite au premier, est un tube en U
de 13"'"', portant sur l'une de ses branches quatre boules de moyenne
grandeur et, sur l'autre, deux plus petites. Cette série de parties cylin-
driques et de sphères a pour but de changer à chaque instant la vitesse du
gaz, de le mélanger et de le forcer à s'étaler sur la paroi de verre refroi-
die. Ces deux appareils sont placés dans des vases de Dewar remplis de
liquides réfrigérants à des tem|)éraLures qui varient de — So*^ à —200°.
Nous utilisons pour dessécher les gaz, au moyen de cet appareil, le pro-
364 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cédé purement physique de la condensation de l'eau à très basse tempé-
rature (').
» Nous nous sommes assuré d'abord que, lorsqu'un gaz saturé d'humi-
dité traversait cet appareil avec la vitesse de i' en lo minutes, toute la
vapeur d'eau était retenue à la température de — 5o°. Une série de tubes
desséchants, pesés au préalable, n'augmentaient pas de poids lorsqu'ils
étaient traversés par un volume de 3' d'air ainsi desséché. En réalité, le gaz
renferme encore une trace d'eau qui correspond à la tension de vapeur de
la glace à — 5o°. Mais, pour nous autres chimistes, cette petite quantité
est certainement plus faible que celle que peut nous fournir le verre ordi-
naire et les bouchons employés dans la plupart de nos expériences.
» Si nous voulons une autre preuve de la dessiccation suffisamment
grande de ces gaz, nous la trouverons dans l'expérience suivante : de l'air
saturé d'humidité est lentement desséché dans notre appareil à des tem-
pératures décroissantes de — lo", — 20'', — 3o°, — /|0°, — jo", — 80**
et — 100°; c'est à peine si à la température de — - 3o° le gaz qui a traversé
nos deux tubes fournit encore une trace de fumée perceptible avec le
fluorure de bore. L'appareil que nous proposons nous fournit donc une
véritable dessiccation physique sans adjonction de réactifs ou de matières
poreuses pouvant amener nombre d'impuretés.
» Lorsque l'on veut dessécher un courant de gaz assez rapide, il faut
augmenter la longueur de l'appareil dessiccateur, ou mieux, le faire con-
struire en métal : platine ou laiton. Dans ce cas, le refroidissement se fai-
sant plus vite à cause de la bonne conductibilité du métal, la dessiccation
est aussi complète que possible.
» \\. Purification des gaz. — Jusqu'ici, pour purifier les gaz, on s'était
contenté, le plus souvent, d'obtenir un dégagement très long de façon à
chasser, autant que possible, l'air des appareils le plus souvent très volu-
mineux. Cette méthode peut fournirdes résultats approches lorsqu'il s'agit
de gaz assez lourds comme le chlore et l'acide carbonique qui repoussent
devant eux l'air contenu dans tout l'appareil. Dans une préparation d'acide
(') En 1899, nous avions déjà eu l'occasion d'indiquer cette méthode, soit, pour
séparer le fluor de l'acide fluorhydrique, soit pour dessécher les gaz [Comptes t^endus,
t. CXXIX, 1899, p. 799). Nous sommes revenu sur le même sujet à propos de l'action
de l'acide carbonique complètement dessécl)é sur Thydrure de jiotassium {Comptes
rendus, t. CXXXVI, 1908, p. 728).
SÉANCE DU JO AOUT igoS. 365
carbonique exécutée dans l'appareil classique formé d'un flacon à deux
tubulures, d'un flacon laveur et d'une éprouvette à bicarbonate 'de soude,
nous avons trouvé que le quatrième litre de ^az ne renfermait plus que
0,88 d'air atmosphérique. Au contraire, la même expérience faite avec un
gaz léger comme l'ammoniac nous a donné, pour les huit premiers litres
dégagés, les chiffres suivants :
Premier 1
tre, air. . .
• 98
00
P
3ur
100
Cinquième
litre, air. . .
4,10
P
Dur roo
Deuxième
» . .
• 92
00
»
Sixième
» . .
i,4o
»
Troisième
» . .
. 48
00
»
Septième
)) . .
0,93
»
Quatrième
» . .
21
10
))
Huitième
» . .
0,89
»
» Dans tous ces appareils, les tubes de sûreté qui permettent la rentrée
de l'air sont aussi l'une des causes qui empêchent d'obtenir des gaz purs.
Enfin, même avec des appareils continus, comme ceux de Deville ou de
Kipp, on sait que la solubilité de l'oxygène et de l'azote dans les liquides
acides que renferment ces appareils amène des traces d'impuretés.
» Le principe de notre appareil est des plus simples. Il consiste à liqué-
fier le gaz dans un tube de quelques centimètres cubes de volume, puis à
le solidifier et à faire le vide dans cet appareil au moyen d'une trompe à
mercure. Nous laissons ensuite le corps solide reprendre l'état liquide,
puis l'état gazeux et se dégager par un simple retour à la température
ordinaire. Si le gaz solidifié est pur, on peut le recueillir dans des flacons
pleins de mercure si ce métal n'est pas attaqué. Si le gaz solidifié est impur
par suite d'une préparation défectueuse, on détermine une distillation
fractionnée et l'on sépare les produits gazeux qui se dégagent au commen-
cement et à la fin de l'opération. On peut ainsi recueillir le gaz qui se pro-
duit lorsque le point d'ébullition est constant.
), Description de i appareil. - Il se compose d'un petit tube cylindrique c
{fis- 0 ^^® ^^"'*^ ^® ^^""' fermé à l'extrémité inférieure et la'^sant passer à
la partie supérieure deux tubes, l'un qui plonge dans l'appareil et l'autre
qui est soudé à la partie supérieure de l'espace annulaire. Cet appareil,
tout en verre, est d'environ S^""' à io^'"\ Lorsque l'on veut condenser une
grande quantité de gazon en augmente un peu le volume.
» Pour obtenir un gaz pur par cette nouvelle méthode on dispose l'appa-
reil producteur de gaz comme pour une préparation ordinaire (A"^. i et 2);
puis on le fait suivre de nos deux tubes dessiccateurs à la suite desquels se
trouve un robinet à trois voies qui permet d'envoyer le gaz dans le con-
densateur ou de le faire se dégager sur une cuve à mercure par un tube
de 80*^'" de hauteur. Notre petit condensateur est relié à une trompe a
c. R., 1903, 2* Semestre. (T. CXXXVII, N° 6.)
366
ACADEMIE DES SCIENCES.
mercure au moyen d'un caoutchouc épais. Dans des expériences délicates,
nous remplaçons toujours les joints de caoutchouc épais, par des tubes de
FiK. I.
verre ou de plomb réunis à frottement doux au moyen de gomme laque.
» Lorsque la quantité de gaz solidifié est assez grande, on peut, vu le
Fi?
petit volume du condensateur, supprimer la trompe et laisser l'appareil
s'échauffer lentement au contact de l'air atmosphérique. On laisse perdre
SÉANCE DU lO AOUT igoS. 36o
les premiers 5oo''"' et bientôt on obtient du gaz pur. Dans ce cas le tube
de dégagement fait suite au condensateur.
» Par contre, s'il s'agit de recherches très exactes on devra opérer
autrement. Après avoir solidifié le gaz, le vide est fait exactement dans
l'appareil, puis on étire et l'on ferme, avec un chalumeau, le tube de verre
qui réunit le condensateur à la trompe. Dès lors on n'a i)lus à craindre la
petite quantité d'humidité que peut donner le tube de caoutchouc le mieux
desséché. Il est bon aussi, au préalable, de chauffer légèrement le tube
abducteur de 80*=™ de hauteur par lequel le gaz doit se dégager sur la cuve
à mercure.
» Nous indiquerons comme exemples les préparations suivantes :
» Acide carbonique. — L'acide carbonique est produit, comme d'habitude,
par l'action de l'acide chlorhydriquè sur le marbre. Il est lavé dans une
solution de bicarbonate alcalin, puis purifié au moyen d'une longue
colonne de bicarbonate de sodium. Les deux premiers tubes dessiccateurs
sont maintenus à une température de —70° par un mélange d'acétone et
d'acide carbonique, puis on refroidit le condensateur dans de l'oxygène
liquide à — 182^*. Tout l'acide carbonique se solidifie dans ce dernier appa-
reil sous la forme d'une croûte épaisse. On tourne alors le robinet à trois
voies, de façon à isoler l'appareil producteur de gaz du condensateur.
w Au moyen de la trompe, on fait le vide dans le condensateur (résultat
obtenu en quelques instants) jusqu'à ce que le mercure monte de 76*^™ dans
le tube abducteur. Lorsque le vide est obtenu, on ferme le robinet de la
trompe, on retire le vase de Dewar contenant l'oxygène liquide, et, par
échaufl'ement, l'acide carbonique ne tarde pas à prendre l'état gazeux et à
se dégager. On le recueille dans des flacons bien secs remplis de mercure
sec, et, sil'on a soin de rincer les flacons avec l'acide carbonique qui se
dégage, puis de les remplir à nouveau de mercure sec et de recueillir enfin
un échantillon de gaz, on obtient ainsi de l'acide carbonique pur.
47*"°', I, traités par une solution alcaline exempte de gaz, ne laissent dans
le tube gradué qu'une bulle presque imperceptible.
» Le dégagement d'acide carbonique du condensateur peut être arrêté
à volonté en replaçant le condensateur dans l'oxygène liquide.
» Acide iodhydrique. — Ce gaz est préparé par la méthode ordinaire :
action de l'iode sur le phosphore en présence de l'eau {fig. i). Nous avons
utilisé l'appareil classique de M. Etard. Les deux tubes dessiccateurs a el b
sont maintenus à — 32° et le tube condensateur c à — 60°. On obtient
dans ce dernier appareil un solide blanc sur lequel on fait le vide avec faci-
368 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lité. Il fond par nne élévation de température d'une trentaine de degrés
en un liquide complètement incolore qui prend, peu à peu, sous l'action
de la lumière une faible teinte rose. Le gaz qui se dégage par élévation de
température est pur, bien qu'il ait été préparé dans un appareil volumi-
neux renfermant un grand excès d'air.
» Acide chlor hydrique. — Préparation au moyen de chlorure de sodium
fondu et d'acide sulfurique. Les dessiccateurs sont maintenus à — 80°, le
condensateur à — iSo'^. On obtient un solide blanc sur lequel le vide est
fait et qui donne ensuite par réchauffement un liquide transparent puis un
gaz entièrement absorbable par l'eau bouillie.
M Hydrogêne phosphore. — Ce gaz obtenu par différents procédés est
purifié et desséché dans nos premiers tubes, maintenus à une température
de — 80°; puis il est solidifié dans le condensateur, au moyen d'oxygène
liquide à — 182°. Après avoir tourné le robinet à trois voies, on fait le
vide dans l'appareil ; il reste un solide blanc qui fournit un liquide inco-
lore en dessous de — i3o". Il suffit ensuite de laisser l'appareil se
réchauffer lentement pour obtenir un gaz qui se dégage sur la cuve à
mercure sans attaquer ce métal et qui a perdu toute propriété d'être spon-
tanément inflammable au contact de l'air.
)) Hydrogène sulfuré. ■— Ce gaz a été préparé par l'action de l'acide sul-
furique étendu sur le sulfure de fer. Les tubes dessiccateurs ont été main-
tenus à — 70" et le condensateur à — loo**. Pendant toute la durée de la
condensation, l'hydrogène a traversé l'appareil et s'est dégagé par la
trompe à mercure. On a séparé ensuite le condensateur de l'appareil pro-
ducteur de gaz et l'on a fait le vide dans le condensateur. Il est resté dans
cet appareil un solide blanc, qui, par élévation de température, fournit un
liquide incolore, puis un gaz complètement absorbable par une solution
alcaline.
» Oxyde azotique. — Préparation au moyen du cuivre et de l'acide azo-
tique étendu [ fîg. -^ (' )] •
» Le premier tube d( ssiccateur cylindrique a était maintenu à —60°, le
second dessiccateur à boules/» à —100°; enfin, le condensateur c à — 182*^.
Pendant toute la durée de la préparation, une fois l'expérience mise en
marche et lorsque l'air a été à peu près expulsé, nous avons recueilli du gaz
(^) Nous avons choisi ce procédé de préparation parce qu'il fournit un gaz impur.
M. Bertlielot a démontré depuis longtemps que, par l'action de l'acide nitrique sur une
solution bouillante de sulfate ferreux, on obtient de l'oxyde azotique pur.
SÉANCE DU TO AOUT T9o3. 369
azote qui traversait tout l'appareil sans se condenser. Puis, en étudiant les
composés solidifiés dans chacun de nos tubes, nous avons reconnu facde-
ment que le premier tube contenait de la glace provenant de l'humidité
entraînée par le gaz, le deuxième une petite quantité de protoxyde d'azote
solide, provenant de l'action complexe qu'exerce le cuivre sur l'acide
nitrique, enfin notre condensateur renfermait plusieurs centimètres cubes
de bioxyde d'azote solide. Ce dernier a été séparé de l'appareil producteur
soumis à l'action du vide et, par fusion puis ébullition, il nous a donné du
bioxyde d'azote pur.
» Cette dernière expérience nous a donc permis, par des procédés pure-
ment physiques, de séparer, dans une réaction gazeuse complexe, l'eau,
l'oxvde azoteux, l'oxyde azotique et l'azote. »
CHIMIE AGRICOLE. — Sur l'analyse mécanique des sols.
Note de M. Th. Schlœsixg père.
« On a vu, dans ma Communication du 29 juin, qu'il est possible de
classer en un certain nombre de lots, dans l'ordre de grandeur décrois-
sante, les sables fins d'une terre végétale, en ayant recours à la fois aux
temps que ces sables emploient k parcourir au sein de l'eau une hauteur
donnée, et aux poids des dépôts formés pendant les intervalles successifs
de ces temps.
» Je me propose maintenant d'indiquer les moyens d'exécuter cette
sorte d'analyse.
» Je me sers d'un appareil figuré ci-dessous, dont la pièce essentielle est
une allonge A, cylindrique sur une longueur de 33'^"», terminée d'un côté
par un goulot, de l'autre par un entonnoir évasé et un bout de tube qui
n'a pas plus de o*^'°,3 de diamètre intérieur sur i*=",5 de long. Ce tube est
assez étroit pour que l'allonge, remplie d'eau et placée debout sur un
support, !e goulot bouché, retienne indéfiniment son liquide. Elle le
retiendra encore si le bouchon porte un tube bb deux fois recourbé et
plein d'eau jusqu'en n au niveau de l'extrémité de d. Mais, si l'on verse
en n la moindre quantité d'eau, aussitôt une quantité égale s'échappera
de d. On voit tout de suite comment cette allonge, munie de son tube b et
remplie d'une eau chargée d'éléments terreux, peut servir à classer les
sables déposés par le liquide. Ceux-ci tombent tour à tour sur la paroi de
l'entonnoir et loulent de là vers le tube d; ils ne s'en échappent pas
spontanément; mais l'opérateur peut les chasser dehors, à mesure qu'ils
arrivent, et en faire autant de lots successifs qu'il voudra, de la manière la
370
ACADÉMIE DES SCIENCES.
plus simple, en ajoutant de l'eau en n, goutte à goutte, dans la mesure
nécessaire pour que d ne s'obture pas.
» Voici quelques détails utiles sur l'emploi de cette allonge. Il est
entendu que l'échantillon de terre, d'un poids de lo^ à 12s, a été complète-
ment lavé avec de l'acide nitrique faible, puis mis à digérer avec de l'eau
distillée légèrement ammoniacale, enfin débarrassé du sable grossier par
des lavages suivis de décantations. Les eaux décantées sont versées avec
tout ce qu'elles contiennent dans l'allonge dont le tube c^ a été bouché; on
achève de remplir avec de l'eau pure la partie cylindrique, en laissant libre
l'espace compris au-dessus, et, après avoir adapté au goulot un bouchon
plein, on agite fortement, en renversant et relevant vivement l'allonge;
puis, la tenant debout, on remplace le bouchon plein par un autre à deux
trous, qui porte le tube hh d'avance rempli d'eau jusqu'en n et bouché. On
SÉANCE DU lO AOUT igoS. 87 1
place l'allonge sur son support, on obture le deuxième Irou de son bouchon,
on débouche bb, puis, plaçant une petite capsule tarée sous rf, on débouche
ce tube et l'analyse commence. Depuis le moment où l'on a cessé d'agiter
jusqu'à celui où l'on débouche d, il s'est écoulé 4o à 5o secondes, pendant
lesquelles l'agitation du liquide s'est presque entièrement calmée.
» J'ai adopté, pour les temps, une série commençant par 5 minutes, et
dont les termes croissent comme les puissances de 2. D'autre part, la hau-
teur du liquide dans l'allonge, depuis la surface jusqu'au fond de l'enton-
noir, est de 36o'"™. Avec ces données, en prenant la minute pour unité de
temps et le millimètre pour unité de longueur, on peut dresser le Tableau
suivant où sont inscrits :
» Les temps pendant lesquels se forment les dépôts successifs désignés
par les lettres D,,Do, ..., dans ma Note du 29 juin; les poids des sables de
grandeurs décroissantes S^,S.^, ... ; les vitesses de chute qui différencient ces
sables.
Temps de formation des dépôts.
5 minutes pour Dj
lO""
20™
4o™
jl» 20"
2''40™
5'' 20™
de
»
;5°
10"
20"
4o"
ll>20"
2^40"
5^20"" » 1 0^/40"^
10^40"^ » 21^20™
D3
De
D,
Ds
D.
Poids des sables et vitesses de chute.
S,= Di — D.. de
S2=2Do — D3. »
S3=:2D3 — D^. »
St=: 2D^ — D5. »
S5=2D5-D«. >.
S6 = 2D6 — D7. »
S7=r2D-j — Dg. ))
Ss^aDg — Dg. »
» a
mm
72
36
18
9
4,5
2,25
i,i3
o,56
■72
36
18
9
4,5
2,25
i,i3
o,56
o,a8
Tout ce qui demeure en suspension dans le liquide de l'allonge après
21 heures 20 minutes est considéré et dosé comme argile.
» Pendant la récolte des quatre ou cinq premiers lots, il est nécessaire
que l'opérateur surveille de près l'arrivée des sables en d et les expulse
avant que leur accumulation ne produise l'obstructiort du tube. Toutefois,
il doit ménager autant que possible les additions d'eau en n, car chacune
d'elles fait sortir du tube, en même temps que le sable, une petite quan-
tité d'argile que la théorie n'a pas prévue. C'est surtout au moment où l'on
va passer d'un dépôt au suivant, qu'il convient de purger le tube d de tout
le sable qu'il contient, afin que chaque dépôt comprenne bien tout le sable
(') Les dépôts s'arrêtant à Dg, on ne peut poser S9 = 2 Dg — Dio; mais Sgpeut être
déterminé par extrapolation, parce que les poids des derniers sables décroissent, en
général, assez régulièrement.
372 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qui lui nppartient. Ces précautions ne sont plus nécessaires par la suite,
les sables devenant beaucoup plus fins et moins abondants. Les additions
d'enn en n peuvent alors être confiées à un petit flacon de Mariolte F, dont
le débit est retardé par un tube capillaire ce d'un très petit diamètre inté-
rieur. Le flacon que j'emploie donne 12'^'"' en 24 heures, soit une g^outte
en 8 minutes, et ce débit a toujours été suffisant. En somme, les additions
d'eau en /^, pendant toute la durée d'une analyse, ne dépassent pas le
volume de iS"""', en sorle que l'argile ajoutée de ce fait aux dépôts D n'est
pas la centième partie de celle qu'on dosera plus tard.
)> Une opération qui dure plus de 21 heures et qui, par suite, s'exécute
en partie pendant la nuit doit pouvoir se continuer sans être surveillée.
On vient de voir qu'un flacon de Mariotte à débit lent pourvoit à la sortie
des sables. Il reste à confier à quelque mécanisme le soin de changer en
temps voulu les capsules qui reçoivent les derniers dépôts. J'ai recours à
une horloge dont l'aiguille des minutes a été supprimée et celle des heures
remplacée par un disque D, en métal mince de i5*^™ de diamètre, qui fait
une révolution en 12 heures. Quatre capsules tarées 1,2, 3, 4» en cuivre
élamé, à fonds plats, quadrangulnires, de 22™'" de large sur L\vi^^ de long,
sont juxtaposées sur un chariot E qui, d'un côté, est tiré par un poids P
d'une dizaine de grammes, et, de l'autre, est retenu par un fil enroulé sur
un tambour en liège G. Ce tambour, de 3^™ de diamètre, porte, à la hauteur
du centre du disque D, quatre aiguilles m,, in.^, m^, rUt,, de 4™"*, 6*""°, 8™™,
jQinm (]g saillie, et plantées dans les prolongements de deux diamètres per-
pendiculaires entre eux. Dans le disque sont pratiquées des fentes y*,, /o»
y"g, de 3™"*, 5'"'", 7"""^ de long, chargées de régler les déplacements du
chariot.
w La capsule 1 se trouve la première sous le tube d\ le chariot est alors
retenu par m, qui bute derrière le disque. Mais, au bout de i heure 20 mi-
nutes, la fente y, arrive à la hauteur de m,; celle-ci passe, le tambour
tourne, le chariot marche; mais le tambour ne fait qu'un quart de révolu-
tion, rn.^ venant buter à son tour derrière le disque; la capsule 2 demeure
donc sous d\ elle y restera pendant 2 heures 4o minutes, jusqu'à ce que la
fente f.^ se présente devant m., et la laisse passer. Alors la capsule 3 rem-
placera la capsule 2 et restera sous «^pendant 5 heures 20 minutes, temps
au bout duquel f^ arrivera devant l'aiguille jn^. Ce sera le tour de la
capsule 4 à remplacer la précédente. A partir de ce moment, l'horloge n'a
plus à intervenir; mais la nuit sera passée avant que ne soient écoulées les
10 heures l\o minutes assignées au séjour de la capsule 4 sous l'allonge, et
l'opérateur sera revenu au laboratoire pour mettre fin à son analyse.
SÉANCE DU lO AOUT igoS. 3']3
)) Il est commode de commencer une analyse dans le courant de
l'après-midi; l'opérateur doit être présent pendant i heure 20 minutes;
après ce temps, il se fait remplacer par l'horloge et le flacon de Mariotte,
et l'analyse est terminée le lendemain dans la matinée.
» La manière la plus simple de marquer sur le disque D les places des
fentes y,, /.,, f^ est de l'amener à un repère fixe qui servira désormais de
point de départ, et de le laisser tourner au gré de l'horloge. Aux moments
précis o\x une montre bien réglée indique que i heure 20 minutes, puis
ensuite 2 heures 4o minutes, puis encore 5 heures 20 minutes se sont
écoulées, on marque sur la circonférence du disque des points coïncidant
avec les aiguilles w,, Wo, Wj.
» Des vitesses différentes de chute au sein de l'eau sont un moyen pré-
cieux de classer des sables^ encore faut-il savoir à quelles dim.ensions de
ces sables elles correspondent. C'est à l'observation sous le microscope
qu'il appartient de fournir ces renseignements. Or les catégories S,, S^, ...
ne se trouvent pas séparées les unes des autres entre les mains de l'obser-
vateur; il faut les chercher dans les dépôts successifs D,, Do, . . .; heureuse-
ment, S, est formé des sables les plus gros de D,, 83 des sables les plus
gros de Do, et ainsi de suite; il suffira donc de chercher dans chaque dépôt
les grains de dimension maxima.
» On ne peut se flatter, dans une recherche de ce genre, d'obtenir des
résultats ()récis. En effet, les vitesses de chute dépendent à la fois de
la pesanteur et d'actions retardatrices du liquide ambiant. Tous les
sables des sols ayant à peu près même densité, on peut dire que l'action
de la pesanteur est proportionnelle à leurs volumes, tandis que la résis-
tance de l'eau dépend surtout de leurs surfaces et de leurs formes, et
comme, pour un même volume, formes et surfaces sont infiniment variées,
il arrive que des grains qui devraient être réunis en raison de leurs vo-
lumes sont en réalité répartis dans des dépôts diflérents en raison de
leurs formes ou de leurs surfaces. Le classement par les vitesses de chute
présente donc des imperfections (') qui se répercutent dans les résultats
de l'examen microscopique.
» En outre, il y a toujours de l'arbitraire dans le choix des grains qu'on
examine plus spécialement comme représentants de toute une catégorie.
(') Ces imperfections sunl communes à lous les modes de lévigalion; dansions,
les séparations résultent de difïerences entre les vitesses en sens inverses du liquide et
des corpuscules solides.
G. R., lyuS, 1' Semestre. (T. CXWVII, N" G.) "*9
3';4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Néanmoins, en multipliant les observations, on arrive à trouver des
limites de dimensions, pour chaque catégorie, qui ne laissent pas d'être
instructives; en voici qui ont été observées sur des sables de diverses
terres.
Limites des plus grands
Catégoi'ies diamètres des
de grains en millièmes
sables. de millimètre.
Si 90-70
S, 8o-65
S3 7o-5o
S4 5o-3o
Sg 35-20
Sg 2o-î5
b-f, Og, O9 10-5
» Au-dessous de 5 millièmes de millimètre commence la série des sables
argileux qui aboutit aux sables invisibles et capables de rester en suspen-
sion indéfinie dans l'eau pure, qui constituent l'argUe colloïdale. »
Rectifications relatives à une Note de M. Armand Gaiîtièr, « Arsenic dans
les eaux de mer, dans le sel gemme, le sel de cuisine, les eaUcc minérales, etc.
Son dosage dans quelques réactifs usuels » .
Quelques erreurs (confusion de milligrammes avec millièmes de milligramme)
s'élant glissées pages 234 et 335, dans la INote du 27 juillet, on croit devoir rétablir
ici les deux petits Tableaux numériques tels qu'ils auraient dû être composés :
Page 234 :
Eau de l'Atlantique (Açores).
Sondages. Profondeur. As par litre d'eau.
S. 1394 10" 0,025
Id l335 0,010
S. 1427 (f= 2", 7) 5943 (à 6™ ou 8"> du fond) 0,080
Page 235 :
Arsenic
pour 100»
Origine. de sel.
mg
Sel blanc fin Côtes de Bretagne o,oo3
Sel blanc fin Sables d'Olonne 0,001
_. , . , . . ( Sables d'Olonne, ( Partie soluble o'"S,o35 ) ,^
Sel gris de cuisine. < i,i , • r» • • # , / o,o45
( sur 1 Atlantique. ( Partie insoluble o^^,o\o )
Sel dit anglais, . . . (Acheté chez Potin) o,oi5
SÉANCE DU lO AOUT TQoS. 3'^5
Origine
Arsenic
pour 100»
de sel.
Sel gemme. Stassfurlh (très bel échantillon) o,oo25
Salines de SaitM-Nicolas, \ Partie soluble... o°'s,oo9
o,oi4
Id- près Nancy (Partie insoluble. o™s,oo5
Id. Montagne de sel de Djebel-Amour (Sud-Oranais) (bel
échantillon) 0'°^^
Chlorure de sodium fondu au rouge (Origine inconnue) o,o3o
Chlorure de sodium recueilli dans une fissure volcanique du Vésuve.. 0,170
NÉCROLOGIE. — Sur la mort de M. Prosper Henry.
Note de M. Janssen.
« L'accident déplorable qui a causé la mort de M. Prosper Henry pen-
dant une excursion qu'il faisait en Suisse, m'a vivement peiné et c'est une
perte sensible pour la France.
» J'estimais tout particulièrement MM. Henry.
)> L'Astronomie leur doit de nombreuses découvertes de petites planètes
et d'intéressantes observations astronomiques; l'initiative de la Carte pho-
tographique du Ciel dont ils ont, avec l'aide de l'Observatoire de Pans,
exécuté d'importantes parties. Il faut rappeler encore les grands travaux de
construction d'objectifs et de miroirs qui ont répandu le nom des frères
Henry dans le monde entier. A Meudon, nous leur devons les object.ts de
notre équatonal, le plus grand qui existe en Europe, le miro.r de i- de
diamètre de notre télescope, miroir d'une rare perfection. Enfin je ne dois
pas oublier que MM. Henry ont généreusement donné à l'observatoire du
sommet du mont Blanc l'optique de la lunette de 16- d'ouverture montée
en sidérostat qui y est placée. Cette mort sera bien cruelle pour M. Paul
Henry en raison de la tendre amitié qui unissait les deux frères : je lui ottre
ici toutes mes condoléances. »
CORRESPONDANCE
M le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie que le Tome CXXXV
des Comptes rendus {2^ semestre 1902) est en distribution au Secrétariat.
3^6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les relations entre les intégrales complètes
de S. Lie et de Lagrange. Note de M. J\. Saltykow, présentée par
M. Appell.
« Le problème dont il s'agit a été traité dans mes deux Notes : « Consi-
dérations sur les travaux de MM. S. Lie et A. Mayer » (Comptes rendus,
t. CXXVIII, p. 2^4 et suiv.). Je veux lui apporter ici plusieurs simplifica-
tions.
» Considérons l'équation
(1) /?, + H(a7,, ^2» X^,p.,,p^ ^Pn)= O'
admettant l'intégrale complète de S. Lie,
(2) '
_ _d^ _ ^ à^i \k = \ , 2, . . ., n — q
i~l
Soit le déterminant fonctionnel
^ ^ V Z>,, b,, . . ., b„_,
distinct de zéro, en décrivant
I _ ^? _ V-^ n
i = l
Formons le système canonique
ou le système canonique généralisé formé par les équations (4) et la sui-
vante
n — l
/r\ dz ^, V^ <?H
SÉANCE DU lO AOUT TQoS. 877
» Nous allons démontrer le théorème suivant :
» L'intégrale générale du système canonique (4) est déterminée par les
équations
(fi) i ^1 _ V ^ _
a,, a.,, . . ., a^-i étant n — \ nouvelles constantes arbitraires. Pour avoir
l'intégrale générale du système (4)-(5), il faut joindre aux équations (6) la
première équation {2).
» S. Lie a obtenu (') un résultat analogue en partant de la théorie de
Clebsch du problème de PfafT. Notre théorème formulé présente une ana-
logie avec la théorie connue de Jacobi. On obtient la démonstration en fai-
sant voir que les fonctions
/(^)' ^2 ^n^Pi^P^, ••■^Pn) {S = \,1 n — \),
Z r (^37, , X,^, . . ., X^, P'it P%-> • • • y Pn)
sont les intégrales de l'équation linéaire aux dérivées partielles correspon-
dant au système (4)-(5),y^ et F représentant les résultats que l'on obtient
en éliminant des fonctions
db
les valeurs h^, b^, . . ., ^„_, définies par les n — i premières équations (6)
que nous désignerons par F^, Fj, . . ., F„_,.
M Le théorème énoncé présente Tavantage de donner les intégrales des
équations canoniques sous forme canonique, c'est-à-dire que les fonctions
Fj, f,z — F jouissent des propriétés suivantes :
(F,.F,) = o, (/.,/0 = o.
o, (J-^S,
I, G = S,
[F„z-F] = o, [f,z-F]=f,
pour toutes les valeurs des indices ^ etcr de i à /z — i.
(*) Mathematische Ann., Bd. VIII, p. 2i5.
378 ACADÉMIE DES SCIENCES»
» Cela élant, il est aisé de former immédiatement les intégrales en invo-
lution des équations canoniques considérées définissant une intégrale com-
plète de Lagrange. En effet, le déterminant (3) ne s'annulant pas, il admet
au moins une paire de mineurs conjugués d'ordre q et n — q — i dis-
tincts de zéro.
» Soient ces derniers déterminants
\bi, b,,...,bj \b^+„bg+„...,b,,_J
)) Il en résulte que les intégrales du système (4),
étant en involution, sont de plus résolubles par rapport à toutes les
variables j02»/^3 5 • • -^Pn^ et l'intégrale complète de Lagrange de l'équation (i)
s'obtient par une quadrature.
» Le même résultat s'obtient par des éliminations seulement, en remar-
quant que la fonction
i = l
est en involution avec les fonctions F^+,, F^^o, . . ., F„_,,/, , /,,..., / .
» Par conséquent, l'intégrale cherchée est définie par !a formule
z- = (f[x,, x„ . ..,oc,_^, (F, ), (F2), . . ., (Fy), bq^, , 6,, ,, . ..,b,_, ]
les parenthèses (F,) désignant le résultat de substitution dans les fonc-
tions Fj des valeurs /?,» P^ /J«» définies par le système (7) et a, <2,,
«0, ..., «^, ^y+,, ^y+2» • • •» ^^«-1 étant n constantes arbitraires. »
AÉRODYNAMIQUE. — La théorie du champ acoustique et le frottement
intérieur des gaz. Note de M. P. Charbonnier, présentée par M. le
général Sebert.
« L On sait que le frottement intérieur ou viscosité des gaz est mis en
évidence et mesuré par le mouvement que prend un plan solide S, primiti-
SÉANCE DU lO AOUT IQoS. 879
vement au repos, quand, dans son voisinage, une autre surface plane
solide So parallèle est animée d'un mouvement déterminé dans son plan.
La théorie cinétique des gaz attribue cette transmission de mouvement à
la pénétration de proche en proche dans le milieu de molécules gazeuses
animées, au contact de la surface Sq, d'une certaine vitesse.
» II. Or lalhéorie du champ acoustique (Comptes rendus, 20 juillet 1903),
donne une explication beaucoup plus simple de ce phénomène.
» Au contact de la plaque mobile So la couche gazeuse voisine de cette
plaque prend une vitesseyv, formule où V est la vitesse du point l consi-
déré de la plaque et où / est le coefficient de frottement du gaz sur le
solide.
)) La théorie du champ acoustique démontre alors que si l'on considère
dans le milieu un certain point P, à une distance d du point I, et si X est
l'angle de la direction PI avec la direction de la vitesse V, la vitesse dont
est animé l'air en P a pour expression
/ V dcr
-, — 7? cos7.;
k'Kd?-
dn est la surface d'un élément de la plaque So en I.
» L'intégration de cette équation étendue à toute la surface n de la
plaque So donnera, en un point quelconque de l'espace, la valeur de la
vitesse V résultante pour les molécules d'air qui s'y trouvent.
» On sait d'ailleurs que toutes ces vitesses V seront parallèles aux
vitesses V de la plaque So-
» III. Il en résulte que si la plaque en mouvement Sq est, par exemple,
un disque circulaire horizontal mobile autour de son centre et la plaque
primitivement en repos S est une surface de même nature mobile de la
même manière, les vitesses V en chaque point de celle-ci auront une ré-
sultante et la plaque se mettra à tourner, entraînée par la vitesse V com-
muniquée à l'air par un mécanisme inverse de celui qui entraîne l'air au
contact de la plaque So-
» IV. Il résulte de cette explication que le frottement intérieur des gaz
peut être rattaché à la théorie du champ acoustique et qu'il n'existe pas, à
proprement parler, de propriété physique des gaz à laquelle ce mot puisse
être appliqué. Les mesures où l'on essaye de déterminer ce frottement ne
font connaître que la valeur de/, coefficient de frottement du gaz sur le
solide employé comme surface fixe.
» On remarquera que la loi de l'indépendance du frottement intérieur et
^^^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
de la pression du gaz devient une loi analogue, entre gaz et solide, à celle
que l'expérience a vérifiée pour le frottement entre deux solides. »
MÉTÉOROLOGIE. — Le cercle de Bishop, couronne solaire de 1908.
Note (le M. F. -A. Forel.
« Je viens de constater, trois jours de suite, la réapparition de la cou-
ronne solaire que nous avons déjà vue en 1884, ^«près l'éruption du Kra-
katoa et que nous avons appelée cercle de Bishop. Ce phénomène est assez
important par les conclusions qu'on doit en tirer; il est assez urgent d'en
faire confirmer l'observation et la nature, pour que j'incite, sans plus tarder,
les physiciens à en suivre l'apparition et le développement, et à collaborer à
l'étude de cette belle manifestation.
» Le cercle de Bishop (voir Comptes rendus, t. XGIX, 1884, p. 289 et 423, t. G
i885, p. ii32) est une couronne circumsolaire, formée de deux parties : immédia-
tement autour du Soleil est un limbe d'argent bleuté, éclatant, avec un rayon de lo"
environ; il est bordé extérieurement par un cercle rouge cuivré, de quelque 20° de
largeur; le rayon moyen du cercle rouge, ou plus exactement le rayon de la partie
moyenne de ce cercle, est de iS" environ (la mesure que j'en ai faite en ,884 m'avait
donne 12° a i5s celle d'hier 18°). Le cercle cuivré se fond en dedans avec l'argent du
hmbe, en dehors avec le bleu du ciel; mais les contours sont mal limités, l'extérieur
spécialement, et cette décroissance donne à l'azur une teinte étrange, qui pa'raît surtout
étonnante lorsque, comme hier, des alto-cumulus blancs passent devant ce fond
assombri et font contraste avec lui.
» L'observation que je viens d'en faire reproduit absolument, dans tous
ses détads, celle du phénomène de i884; c'est le cercle de Bishop qui
apparaît de nouveau dans le ciel de notre Europe centrale.
» Rappelons quelques points de sa première manifestation, il y a iq ans
de cela. -^
» Le cercle cuivré circumsolaire a été observé pour la première fois à Honolulu
îles Sandwich, par le révérend Sereno Bishop, le 5 septembre i883, o jours après
éruption du Krakatoa ; il a été vu dans des latitudes de plus en plus élevées, pendant
1 hiver de i883-i884; dans l'été de x884, nous l'avons observé constamment en Suisse
et dans toute l'Europe centrale; il a même été vu en i885 et jusqu'en juillet 1886 La
pâleur du phénomène était telle, qu'il était difficile à constater dans la plaine, à cause
de la lumière diffusée sur une atmosphère inférieure chargée de poussières éoliennes-
en revanche, sitôt que nous nous élevions à 1000-, à 2000-, à 4ooo- au-dessus de la
mer, le cercle cuivré devenait de plus en plus brillant. Il apparaissait surtout lorsque
SÉANCE DU lO AOUT 190.3. 38 1
le disque éblouissant du Soleil était masqué par un écran opaque assez éloigné de
nous, la cime d'une montagne ou un nuage épais; la couronne rougeâtre illuminait
alors l'azur du ciel dans les échancrures du nuage ou de la montagne.
» Nous avons tous interprété les phénomènes de i883-i886, en admet-
tant l'existence d'un anneau de poussières volcaniques extrêmement fines,
entourant la Terre dans les hautes couches de l'atmosphère; la couronne
du cercle de Bishop était un phénomène de diffraction, causé par ces
poussières.
» Ce phénomène se* reproduit presque exactement dans les mêmes
conditions cette année; nous l'attendions à la suite des grandes éruptions,
si riches en cendres volcaniques, de la Martinique du printemps de 1902,
à la suite des phénomènes crépusculaires de l'été et de l'automne de 1902;
nous en avions recommandé la recherche et l'observation. Nous ne
sommes donc pas étonnés de le revoir et nous lui attribuons la même
cause qu'au phénomène de 188/4, <les cendres volcaniques très fines et
suspendues dans les couches de la haute atmosphère.
)> Le cercle de Bishop que je viens de revoir les i*"", 2 et 3 août, dans des
conditions très favorables, par une limpidité admirable de l'atmosphère, à
Fin-Haut en Valais entre i4oo™ et 2100™ d'altitude, est beaucoup plus
pâle qu'en i884; je ne l'aurais peut-être pas remarqué si je n'avais été
habitué à le rechercher. Mais tout observateur prévenu saura le recon-
naître dans des conditions suffisamment propices, surtout dans de hautes
altitudes, au-dessus de 2000"^, le soleil du milieu du jour étant masqué par
un écran opaque, cime de montagne, nuage ou corps d'un ballon.
» Je me permets d'en recommander l'étude aux alpinistes et aux aéro-
nautes; il serait fort intéressant de déterminer la constance ou l'incon-
stance de cette apparition.
» En effet, tandis qu'après l'éruption de Krakatoa nous avons eu, pen-
dant tout l'hiver, l'illumination constante des grands feux crépusculaires,
et, pendant les années suivantes, l'observation constante du cercle de
Bishop, tellement que nous avons pu parler d'un anneau continu de
poussières volcaniques entourant la Terre dans les hautes couches de
l'atmosphère; actuellement, après l'éruption de la montagne Pelée, il n'en
est pas de même. Les manifestations du phénomène crépusculaire ont été
discontinues. J'ai constaté des illuminations crépusculaires anormales du
6 au 1 1 juillet, du 3 au 22 août, les i3, 24 et surtout du 28 au 3o octobre,
oîi elles ont eu l'éclat des grands crépuscules krakatoesques, les 12-14 no-
vembre, les 18-24 décembre 1902, les 6-8 janvier, les 22-27 janvier 1903.
C. R., 1903, 2' Semestre. (T. CXXXVII, N» 6.) 5o
^^2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Cette discontinuité, nous l'avons expliquée en supposant que les poussières
chassées dans la haute atmosphère par les volcans de la Martinique y for-
meraient, au lieu d'un anneau continu, des nuages discrets et isolés qui
passeraient successivement au-dessus de nos contrées.
» Tl serait donc très intéressant de constater si la même discontinuité
existe dans les apparitions du cercle de Bishop de l'été de 1903, et si nous
pouvons en tirer une conclusion analogue à celle exigée par l'irrégularité
des illuminations crépusculaires de Tannée dernière. »
•
CHIMIE MINÉRALE. — Sur quelques combinaisons binaires de l'uranium.
Note de M. A. Colani, présentée par M. A. Ditte.
« Par l'action de H=^S sur le chlorure uraneux au rouge, Hermann a
obtenu le sulfure amorphe US(U = i2o); de même Uhrlaub a préparé
l'azoture U^Az^en chauffant le chlorure uraneux dans un courant de AzH^
J'ai pensé qu'on pouvait généraliser ces réactions et réaliser, au moyen
de UC1% les combinaisons de l'uranium avec les métalloïdes des deuxième
et troisième familles. Mais, au lieu du chlorure uraneux très avide d'eau et
facilement volatil au rouge, j'ai employé le chlorure double UCl%NaCl
de M. Moissan; ses avantages sont multiples : il est très maniable, peu
hygroscopique et n'est guère plus volatil que Na Cl. On peut, de cette ma-
nière, opérer à des températures comprises entre la température de fusion
du chlorure double et looo*' environ, alors qu'avec UCl- on ne peut
dépasser la température du ramollissement du verre, à cause de la grande
volatilité du chlorure.
» Sulfure. — En chauffant une nacelle contenant ce chlorure double dans un
courant de H^S à une température qui peut varier de 5oo° à 1000", on obtient direc
tement le sulfure US cristallisé en grandes tables carrées extrêmement minces. On
reprend la masse par l'eau privée d'air, pour dissoudre Na Cl, on lave à l'eau, à l'alcool,
à l'éther et l'on sèche dans le vide sec. Hermann avait antérieurement préparé US
cristallisé par fusion avec du borax de US amorphe. Au rouge US, comme tous les
corps dont il sera question, décomposant l'eau avec une grande énergie, il faut un
courant de H^S parfaitement sec. Il est plus aisé d'employer un courant d'hydrogène
rigoureusement sec, entraînant de la vapeur de soufre.
» Le même composé se forme encore, par fusion dans un courant d'hydrogène,
deUGP,NaCl avec des sulfures de sodium, de magnésium, d'aluminium, d'anti-
moine, ou avec du protosulfure d'étain (procédé de M. Mourlot). Le sulfure ainsi
préparé ne renferme que des traces du métal employé. Les cristaux ont toujours le
même aspect, mais ils sont trop minces pour se prêter à des mesures. Avec le bisul-
SÉANCE DU lO AOUT igoS. 383
fure d'étain, on a des cristaux quadratiques mesurables, doués d'un vif éclat métal-
1
lique. Ils sont très aplatis suivant p (ooi). On observe les faces p (ooi), 6^(iii) et
a' (ici), rare (mesures faites par M. de Schulten).
» Séléniure. — J'ai obtenu par des procédés identiques le séléniure USe.
» Les cristaux sont analogues à ceux de US, mais excessivement minces et non
mesurables. Si USe a été préparé à trop basse température, il peut être pyrophorique.
L'acide azotique fumant réagit énergiquement sur lui, avec parfois inflammation du
séléniure. Pour l'analyse, on ellectue l'attaque par l'acide chlorhjdrique brome; elle a
lieu sans projection; on chasse le brome en excès par un courant d'acide carbonique;
on précipite le sélénium par l'acide sulfureux et dans la liqueur filtrée on dose l'ura-
nium à l'état de U*0^(^).
» Vers iooo°, avec un courant de H rapide entraînant très peu de sélénium, j'ai
obtenu une fois le séléniure cristallisé U^Se^ analogue au sulfure U*S' préparé par
Alibegoff(^).
» Telluriire. — Un mélange d'hydrogène et de vapeur de tellure réagit très mal
sur UCP,NaCl vers 65o° ; vers looC on obtient de grandes paillettes très brillantes,
en quantité trop faible pour l'analyse. J'ai eu de meilleurs résultats par fusion, dans
un courant de H à 1000°, de UCl^NaCl avec du Na^Te contenant un grand excès de
tellure. Ce tellurure est cristallisé en tables carrées, noires, à éclat métallique. L'ana-
lyse effectuée comme celle du séléniure conduit à la formule U'*Te^. Je n'ai pu jus-
qu'ici préparer le tellurure UTe.
» Azoture. — L'azoture déjà connu U^Az- se forme facilement par calcination au
rouge vif de UGP,NaCl dans un courant de AzH^ sec. Après dissolution de NaCl on
a une poudre cristalline, à éclat métallique (^).
» Phosphure. — Le phosphure PH^ réagit mal au rouge sur le chlorure double
uraneux ; on a seulement quelques paillettes cristallisées. Par fusion de UCP,NaCl
avec du phosphure d'aluminium dans un courant d'hydrogène vers 1000", traitement
de la masse refroidie par l'eau, l'eau acidulée par l'acide chlorhydrique, ou l'éther, on
obtient une poudre noire cristalline, retenant toujours un peudeAPO* insoluble dans
les acides. Défalcation faite de cette impureté, son analyse conduilà la formule U^P^ ('*).
)) Arséniure. — En faisant agir au rouge vif l'arséniure d'hydrogène surUCPNaCl
on obtient quelques tables carrées bien formées. Par double échange avec l'arséniure
de sodium contenant un grand excès d'arsenic, il se forme une poudre cristalline
répondant à la formule U^As^('^).
» Antinioniure. — Enfin, par fusion du chlorure double uraneux en excès avec un
mélange à équivalents égaux d'aluminium et d'antimoine, j'ai préparé un alliage blanc
d'argent d'antimoine et d'uranium, en poudre ou en masses spongieuses, infusible,
ne contenant pas d'aluminium libre. L'analyse a donné : U 42,2 pour 100, Sb 67,6. La
(1) Calculé pour USe : U6o,3 — Se39,6. Trouvé : U59,5 — Se39,4.
(2) Calculé pour U^Se^ : U66,9. Trouvé : 66,2.
('0 Calculé pour U^Az^ : U 92,7 — Az 7,2. Trouvé : U 92,4 — Az 7.
{'*) Calculé pour U^P^ : U 85,3 — P i4,6. Trouvé : U86,4 — Pi4,2.
{') Calculé pour U^As^ : As 29,4. Trouvé : 3o,3.
384 ACADÉMIE DES SCIENCES.
teneur élevée en antimoine lient à ce qu'une jDartie de l'aluminium sert à transformer
UCP en excès en U^CP. Cet alliage, chauffé au four Leclerc et Forquignon dans un
courant d'hydrogène, perd lentement de l'antimoine sans qu'on arrive à la formule
» La partie non pulvérulente de cet alliage, agitée dans un flacon, donne des étin-
celles comparables à celles produites parle carbure et qui sont dues à la même cause.
» Les combinaisons de ruranium avec les métalloïdes trivalents brûlent
mal à l'air; mais, projetées dans la flamme d'un bec Bunsen, elles donnent
de vives étincelles. Elles sont toutes violemment attaquées par l'acide azo-
tique concentré. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — La nature et V appréciation de la réaction alcaline
du sang. Note de M. H. Labbé, présentée par M. A. Ditte.
« Divers expérimentateurs ont déjà reconnu et cherché à mesurer l'al-
calinité du sang, pour en faire découler certaines conséquences physiolo-
giques ou chimiques. Mais la nature de cette alcalinité est spéciale et elle
dépend uniquement de la façon dont se comporte le sang vis-à-vis des
divers indicateurs colorés : d'après l'opinion classique, le sang serait, en
réalité, un liquide à fonction acide; sa réaction alcaline ne serait due
qu'à la présence, en quantités notables, de sels minéraux d'acides polyba-
siques, en particulier des phosphates et des carbonates. Les bicarbonates
alcalins, les seuls qui peuvent exister dans le sang, ne participent à aucune
alcahnité, puisqu'ils sont neutres aux indicateurs colorés. Les phosphates
dimétalliques, comme le phosphate disodique, possédant au contraire une
réaction alcaline au tournesol, jouent un rôle dans cette alcalinité. J'ai
reconnu que ce rôle n'était ni exclusif, ni même prépondérant.
» Si l'on cherche, en effet, à mesurer non plus l'alcalinité apparente du sang, mais
son acidité réelle, provenant de la troisième fonction acide très faible de l'acide phos-
phorique, on doit y parvenir en précipitant les phosphates par une solution titrée de
chlorure de baryum, sel neutre, et arriver ainsi à la neutralisation complète du sérum
sanguin. 11 n'en est rien, dans la réalité, et l'on n'observe jamais une disparition de la
réaction alcaline, il se produit seulement une notable diminution de celle-ci : l'alcali-
nité n'est donc pas due uniquement aux sels acides d'acides polybasiques; elle est la
somme de deux alcalinités, dont l'une a bien celte nature, mais dont l'autre est une
alcalinité réelle qui ne peut provenir que de bases ammoniacales ou alcaloïdiques, dont
la présence constante est du reste connue, dans le sang, depuis les travaux de M. A-.
Gautier en particulier.
» On peut aisément réaliser la séparation quantitative des deux alcalinités du sérum
SÉANCE DU lO AOUT ipoS. 385
sanguin : dans 2'"^' de sérum frais dilués avec 2'"^' d'eau distillée, on fait tomber goutte
à goutte une solution centinormale de SO*H-, et l'on suit la décroissance de l'alcalinité
par la touche d'un papier de tournesol sensibilisé et glacé; on s'arrête lorsqu'il ne se
produit plus de tache visible. Si l'on tenait compte du champ assez étendu^ qui existe
entre la disparition de l'alcalinité et l'apparition de l'acidité, on diminuerait en effet la
sensibilité et la précision de la méthode. Dans ces conditions, les résultats concordent
à J^^ de centimètre cube près. Ce premier chiffre mesure l'alcalinité totale.
» 2'^'"' du même sérum sont ensuite neutralisés à froid par 2^'°' d'une solution con-
contrée de BaCP ; le résultat est du reste identique si l'on chauffe le mélange, on suit
encore la disparition d'alcalinité par addition de la solution sulfurique titrée. Le
nouveau chiffre obtenu mesure l'acalinité basique, toujours inférieure au chiffre pré-
cédent. La différence des deux chiffres est l'alcalinité apparente due aux phosphates
minéraux.
» Dans la série de déterminations ainsi faites, la moyenne de l'alcalinité totale (expri-
mée en centimètres cubes de solution sulfurique) a été, par centimètre cube de sérum,
de S^'^'jôS; la moyenne de l'alcalinité phosphatique de o'^'"%9; et la moyenne enfin de
l'alcalinité basique de 2'"^\']0. Cette dernière alcalinité, due aux alcaloïdes ou leuco-
maïnes, vraisemblablement du genre de la guanidine, créalinine, etc., ne semble pas
jusqu'à présent être due à l'ammoniaque elle-même, car les nombres obtenus avant
ou après ébullition de la liqueur sont sensiblement constants.
» Pour vérifier si la mesure de Talcalinitâdue aux phosphates dans ce dosage pour-
rait donner une indication approximative de la quantité réelle des phosphates du sérum,
j'ai déterminé l'alcalinité apparente au tournesol d'une solution titrée de phosphate
disodique contenant par litre 0^,76 de sel anhydre. Le dosage, fait dans les mêmes
conditions que ci-dessus, a exigé, par centimètre cube de la solution, o'="'%57 d'acide
centinormal; il s'ensuit que la concentration moyenne, en phosphates du sérum san-
guin, déterminée par celte méthode, est de 1,16 pour 1000 environ, ce qui est conforme
aux déterminations faites par divers auteurs. Quant à l'alcalinité basique du sérum,
en l'exprimant en ammoniaque, elle correspond à une teneur moyenne de o,46
pour 1000 en cette base.
» 11 n'est pas inutile de rappeler que ces moyennes ne devront être établies que sur
un très grand nombre de déterminations.
» Cette méthode, dont la simplicité permet l'utilisation clinique, pourra
fournir des résultats du plus haut intérêt dans l'étude de diverses maladies.
Dès à présent, on peut noter que les variations pathologiques observées
dans l'alcalinité totale semblent provenir surtout des variations de l'alcah-
nité basique. Cette conclusion provisoire est conforme aux théories qui
tendent h accorder, dans divers processus pathologiques et surtout l'uré-
mie, une grande part dans la production des phénomènes d'auto-intoxi-
cation, aux ptomaïnes, leucomaïnes ou toxines circulant dans le sérum
sanguin. »
386 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Phènols libres el sulfoconjugués. Méthode de
dosage. Le soufre dit « neutre » existe-t-il dans l'urine? Note de M. L.
MoNFET.
« Les, phénols produits dans l'intestin se divisent en deux groupes :
l'indol et le scatol, qui proviennent des albuminoïdes; le phénol et le cré-
sol, des hydrocarbonés. Ils sont en partie neutralisés par la sulfoconju-
gaison.
» L'agent de la sulfoconjugaison est l'acide sulfureux, qui provient, pour
la plus forte part, de la transformation de la taurine en sulfites dans l'in-
testin, et de celle du soufre des aliments, en sulfures et en sulfites. Les
dérivés sulfoconjugués, sont des sulfites doubles d'indol, de scatol et de
potassium; de phénol, de crésol et de potassium, que l'on retrouve dans
l'urine, à l'état de sulfates doubles d'indol, etc.
» Dans l'ictère, la sulfoconjugaison a lieu tout de même, et cela âiix
dépens du soufre des aliments azotés. Par contre, si de l'alimentation on
retranche ces derniers, la sulfoconjugaison se fait encore, et cette fois grâce
à la taurine.
» Les dérivés sulfo se divisent en deux groupes : groupe indol-scatol et
groupe phénol-crésol; le premier, facilement décomposable par les acides
minéraux et même par l'acide oxalique.
» Quant au groupe phénol, est-il, comme on le croit généralement, dé-
composé par les acides forts? Celte question sera résolue bientôt, en éta-
blissant s'il y a identité absolue entre le phénolsulfate de potasse de l'urine
et le phénolsulfate synthétique. D'ores et déjà nous affirmons que ce der-
nier est indécomposable par les acides minéraux les plus énergiques, quelle
que soit la durée de l'ébullition; il ne l'est que par l'action combinée d'un
acide et d'un oxydant : par l'acide chlorhydrique et le chlorate de potasse,
ou par l'acide nitrique nitreux, par exemple. Cette question d'identité
résolue par l'affirmative, ce serait donc le soufre du groupe phénolsulfo qui
jusqu'à ce jour aurait passé pour soufre neutre de l'urine.
» Dosage des phénols libres et des phénols sulfoconjugués. — On doit opérer sur
l'urine et les fèces de 2^ heures.
» 1° A loo*^'"' d'urine décolorée par le noir animal, on ajoule 2''™' d'acide acétique et
jQcm' d'extrait de Saturne. On filtre, on prélève 55"*"' du liquide filtré, qu'on étend
SÉANCE DU lO AOUT igoS. 887
d'eau distillée; on ajoute goutte à goutte de l'ammoniaque, en agitant, jusqu'à préci-
pitation complète du sel plombique. Ce précipité est lavé à plusieurs reprises par
décantation avec de l'eau ammoniacale; on le jette sur un filtre sans pli, où l'on achève
son lavage. On le dissout alors avec S'^"'' d'acide nitrique ordinaire, on lave à l'eau dis-
tillée pour faire environ Se'-'"' de liqueur, que l'on porte à l'ébullition dans un ballon
à fond plat. Après 5 minutes d'ébullition, on laisse refroidir et l'on ajoute peu à peu
jQcm' ^ 15cm' (jg solution saturée de carbonate de potasse; on filtre et l'on com-
plète loo*^™'. Les phénols sulfoconjugués sont finalement amenés à l'état de picrate de
potasse. On les dose en comparant la teinte obtenue à celle de solutions types de
phénol pur, amené dans les mêmes conditions à l'état de picrate de potasse. Les
résultats sont traduits en phénol.
» 2° \^QS fèces sont employées pures ou diluées selon leur consistance. ioo""Mu li-
quide filtré sont additionnés de is d'acide tartrique et distillés aux. deux tiers. Le
produit distillé est additionné de 5*^™' d'acide nitrique; on porte à l'ébullition et l'on
achève comme plus haut la transformation des phénols en picrate de potasse.
» L'urine ne contient que des traces de phénols libres, retenus par le
noir animal.
» Les fèces ne renferment pas de phénols sulfoconjugués.
)) Nous nous proposons de faire connaître ultérieurement les résultats
qui concernent le phénolisme et la sulfoconjugaison à l'état normal et dans
les principales maladies, résultats qui reposent déjà sur plus de deux cents
analyses d'urines et de fèces. »
BOTANIQUE. — Une Acrasiée bactériophage. Note de M. Padl Vuillemi.v,
présentée par M. Guignard.
« On sait aujourd'hui que les amibes se nourrissent de Bactéries vivantes
et l'on admet qu'une telle nourriture leur est absolument indispensable.
)) En est-il de même pour les organismes, tels que les Mycétozoaires,
présentant une phase amiboïde? Les résultats obtenus sur cette question
sont assez contradictoii^es.
» Lister avait bien vu que des Bactéries indéterminées sont englobées et digérées
par les zoospores et les amibes de diverses Myxogastrées, mais il na pas établi que
ce mode d'alimentation fût habituel, suffisant, ni, à plus forte raison, nécessaire.
» Chrzaszcz a pu nourrir le Physaruin leucophœum fevox de Saccharomyccs et
de Mycoderina, mais non de Bactéries acétiques.
» Lad. Celakovsky a vu le Bacillus Megatheriuin digéré par les zoospores de
Chondrioderma dijforme, pourvu qu'il ait été, au préalable, tué par la chaleur,
388 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tandis que les Bactéries englobées vivantes restaient inaltérées au bout de 2 heures
et demie.
» Le D"" Pinoy réussit à cultiver le Chondrioderma dijforme et le Didyniiurn
effusurn en présence du seul Bacillus luLeus Fliigge; mais il ne nous dit pas de quelle
nature sont les relations des deux êtres. De plus, il semble avoir eu recours seule-
ment à l'analyse pour établir que les cultures fertiles ne contenaient pas d'autre orga-
nisme que la Mjxogastrée et la Bactérie.
» En ce qui concerne les Acrasiées, le Dictyostelium mucoroides a fait l'objet des
expériences de Nadson. Cet auteur annonce qu'il a obtenu des cultures pures du Mj-
cétozoaire sur des milieux liquides ou solides, en l'absence de tout microorganisme
différent; mais ces cultures étaient chétives et ne présentaient aucune forme norma-
lement développée. Toutes les fructifications vigoureuses étaient accompagnées de
Bactéries variées. Le Bacillus Jluorescens liquefaciens Fliigge était son associé
habituel.
» Nadson croit que les deux organismes se rendent de mutuels services et que la
Bactérie favorise indirectement le Dictyostelium, en produisant de l'ammoniaque qui
rend alcalin le milieu de culturel
M Depuis le i5 mai dernier, je cultive le Dictyostelium mucoroides dans
des tubes à essai bouchés au coton, placés à l'abri de la kimière à la tem-
pérature du laboratoire, et contenant de la gélose additionnée de 5 pour 1000
de peptone et de 20 pour 1000 de maltose.
» La semence prise dans les têtes blanches renferme souvent avec les spores une
Bactérie, qu'il est facile d'en isoler par des repiquages successifs. C'est un Bacille fluo-
rescent fétide, comme celui de Nadson, mais il ne liquéfie pas la gélatine. Tous les
tubes où se montrent les Dictyosleliuni contiennent aussi des Bactéries; les fructifi-
cations du Mycétozoaire reposent sur des colonies bactériennes. Les pédicelles capités
apparaissent au bout de 3 jours en été, dans les conditions indiquées.
» Si la semence n'a pas apporté de Bactéries, rien ne pousse; rien du moins n'est
visible à l'œil nu, car au microscope on découvre des amibes issues des spores. Dans
ces semis en apparence stériles, il suffit d'introduire le Bacille isolé, pour mettre le
développement en train. L'expérience suivante est assez démonstrative pour nous dis-
penser d'en rapporter d'autres.
» Le 7 juillet, nous ensemençons trois tubes A, B, C. L'un (A) présente des Bac-
téries et des débuts de fructifications au bout de 3 jours (lo juillet). Rien de visible
dans les autres. Le jo juillet, nous semons le Bacille pur dans le tube B; les fructifi-
cations apparaissent 3 jours plus tard (i3 juillet). Le tube C, où l'on ne voit encore
rien, est ensemencé de Bacille le i3 juillet; les fructifications se montrent le 16 juillet.
» La culture pure mixte du Dictyostelium et du Bacille fluorescent est ainsi réa-
lisée par synthèse.
» Dans tous les cas où nous avons ensemencé, de Bacille fluorescent, les cultures en
apparence stériles, de 3 à 7 jours après l'introduction des spores du Mycétozoaire, le
résultat a été positif.
SÉANCE DU lO AOUT igo3. 38q
» Au lieu de Bacille fluorescent, nous introduisons la Bactérie pyocyanique dans une
culture de 5 jours, en apparence stérile. Le résultat est négatif. La Bactérie pousse
seule, bien que le microscope décèle des corps amiboïdes. Etant données les propriétés
alcalinigènes de la Bactérie pyocyanique, cette expérience contredit Topinion de Nad-
son sur le rôle de la Bactérie commensale.
» Eflfeclivement l'examen microscopique nous montre que les Bacilles sont englobés
par les amibes et subissent dans les vacuoles les dégénérescences du type décrit par
Pfeffer.
)) Donc, dans les conditions de l'exjDérience, un Mycétozoaire du groupe
des Acrasiées, le Dictyoslelium mucoroides, ne s'est développé que parallèle-
ment à des Bactéries déterminées. Celles-ci n'agissent pas indirectement
en modifiant le milieu ; elles servent d'aliment aux corps amiboïdes qui les
englobent et les digèrent. »
GÉOLOGIE. — Sur le passage du Rhin par la vallée du Douhs et la Bresse
pendant le Pliocène. Note de M. le général deLamothe.
« L'étude des anciennes alluvions du bassin du Doubs, bien qu'elle ne
soit pas complètement terminée, m'a conduit à quelques conclusions inté-
ressantes au point de vue de l'histoire géologique de la région comprise
entre la Bresse et l'Alsace, conclusions que je vais résumer brièvement.
» Dans le fond de la vallée du Doubs, jusqu'à 20™ environ de hauteur,
on trouve des lambeaux d'une nappe presque exclusivement formée de galets
roulés, empruntés surtout aux terrains du Jura (calcaires et chailles), et en
nombre moins considérable à ceux des Vosges (granité à amphibole, por-
phyrites vertes et brunes, quarlzites du grès vosgien, etc.). Je citerai
notamment les lambeaux d'Osselle, de Torpes, de Thoraize, du Chêne
marié. La stratification est horizontale; les éléments sont de petite dimen-
sion (S*^"" àô*^'"); ceux du Jura sont remarquablement arrondis; ceux des
Vosges ont souvent des formes polyédrales ; la plupart sont généralement
très frais.
M Au-dessus de cette nappe à éléments calcaires, et jusqu'à \[\iS^ au
moins au-dessus du thalweg, on observe, depuis Rozet jusqu'à Délie, des
amas de galets remarquablement roulés, souvent très volumineux (o"*, 20
à o"", 3o de diamètre), et d'un aspect complètement différent. Ils sont très
altérés, sauf les quartzites; on n'y trouve ni granité des Ballons, ni por-
phyrites des Vosges, et les calcaires du Jura y font défaut.
C. R., 1903, 2- Semestre. (T. CXXXVII, N» 6.) -^ I
^9^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Ainsi que je l'ai annoncé antérieurement ('), les matériaux sont pour
la plupart identiques à ceux qui composent le gravier du Sundgau entre
Délie, Volkensberg et Allklrch, gravier dont l'oHgine rhéno-rhodanienne
a été nettement établie par Delbos et M. Gutzwilier. Les plus remarquables
parmi ces galets sont les quartzi tes jaunâtres ou blancs avec mica blanc du
Trias du Valais, les quartzites gris verdâtre originaires probablement des
dépôts miocènes du bassin du Rhin, les protogynes, les silex à radiolaires,
les calcaires noirs alpins, les grès et calcaires "du Flysch.
)) En général, toute trace de stratification a disparu, et les galets sont le
plus souvent enveloppés dans un lehm jaunâtre.
» Bien que tous ces dépôts soient très démantelés, on peut v distinguer
plusieurs niveaux. Le plus net comprend une série de lambeaux que l'on
peut suivre depuis Dôle où leur altitude relative est de Go»" jusqu'à Fesches-
le-Châtel où elle atteint 75-. C'est à cette nappe que l'on doit rapporter la
majeure partie des cailloutis qui forment le sol des forêts de Chaux et
d'Arne; en amont, elle est représentée par les cailloutis de Routelle, d'Os-
selle, de Montferrand, d'Hyèvre, deBranne, d'Isle-sur-Doubs, de Lougres,
de Voujaucourt, de Dampierre.
« On remarque que partout les galets de la partie supérieure sont beau-
coup plus petits que ceux des parties profondes ; ils semblent en outre avoir
un caractère plus vosgien. Une couche plus ou moins épaisse de lehm
recouvre la plupart de ces lambeaux.
>' Au-dessus de ce niveau, on trouve, dans les bois de Vomaie et d'Oive-
ret, les débris d'une nappe plus élevée de 20»» à 25°^, recouverts de limon.
Cette terrasse me paraît avoir une individualité propre et j'y rattache
les cailloutis d'Etouvans, delà citadelle de Besançon et de la terrasse haute
de Montferrand, dont l'altitude relative est la même.
» Enfin, les dépôts les plus élevés semblent marquer le niveau supé-
rieur atteint par les alluvions; l'altitude au-dessus du thalweg de ceux qui
sont les mieux conservés (Col de Deluz, Bois de Branne, ferme le Fahy au
nord-est de Délie à la cote 5 12) est très uniforme et comprise entre 140""
et 1 50»"; les gisements de galets épars de la Côte des Buis, de Chaudanne
et de Plenise, se rattachent naturellement à ces dépôts; il n'y a aucune
trace de limon.
» Le prolongement jusqu'au voisinage de Bâle, à travers le Sundgau, de ces diflérents
(^) De Lamothe, Bulletin de la Soc. géol. de France, 4^ série, t. I.
SÉANCE DU lO AOUT 1903. 3<^I
niveaux présente beaucoup d'incertitude. La dénudation produite par les cours d'eau
issus du Jura a modifié complètement la topographie de cette région, et le lehm qui
recouvre presque partout les cailloutis masque les terrasses et rend les observations
très difficiles et incertaines. Comme je me propose de traiter cette question dans un
Mémoire en préparation, je me bornerai à faire remarquer que la surface supérieure
du niveau le plus élevé du Doubs prolongé vers le Sundgau, même avec la pente très
faible qu'il présente, passe à aS"' environ au-dessus des cailloutis d'Oberhagenthal,
La dénudation que ces derniers ont dû subir en raison de leur position topographique
suffit à expliquer cette particularité. Dans tous les cas, il faut en conclure que les
cailloutis les plus élevés du Sundgau ne s'arrêtent pas brusquement au débouché du
Rhin dans la plaine d'Alsace, comme on l'a supposé, mais se prolongent à plus de 180*""
jusqu'au bord de la dépression bressanne.
)) J'ajouterai que la séparation entre les alluvions vosgiennes et les alluvions rhénanes
est d'une remarquable netteté sur la lisière ouest du Sundgau. Les premières sont
cantonnées sur les hauteurs au nord et à l'ouest d'une ligne allant de Monlbéliard à
Fesches-le-Chàtel et de là à Montreux; elles ne dépassent pas la cote 4^5. C'est seu-
lement au pied de ces hauteurs, à 70™ ou 80™ au-dessus du thalweg, (jue l'on voit les
cailloutis alpins se mélanger aux débris vosgiens.
» En résumé : \° Le Rhin a, pendant une longue période, suivi les vallées
du Doubs et de l'Allaine entre Délie et Dole ; il les a creusées sur une pro-
fondeur de i2o"-i3o'", jusqu'à i5'"-2o™ au-dessus du thalweg actuel.
» La date de ce phénomène peut être facilement précisée. Si les caillou-
tis d'Azans, dont j'ai reconnu également l'identité avec ceux du Sundgau,
sont réellement contemporains des sables de Trévoux, comme l'ont sup-
posé MM. Delafond et Deperet, on doit admettre que l'écoulement du
Rhin vers la Bresse avait déjà lieu pendant la période de remblai qui cor-
respond à la formation de ces sables. D'autre part, M. Guîzwiller a montré
que, à l'époque des cailloutis de Rheinfelden-Monchenstein-Schonenbuch-
Wenzweiler, le Rhin coulait déjà dans la direction du nord.
» Le passage du Rhin par la vallée du Doubs a donc eu lieu pendant le
Pliocène moyen et une partie du Pliocène supérieur.
» qP Postérieurement à cette époque, la vallée du Doubs a encore été
creusée de i5™-2o'" par le Doubs et ses affluents, remblayée sur i>o'" avec
des matériaux jurassiens et vosgiens, puis déblayée. »
M. E. MossÉ adresse une Note relative à un système de voie automotrice,
permettant aux véhicules de circuler sans le secours de moteurs.
La séance est levée à 3 heures et demie.
M. B.
392
ACADÉMIE DES SCIENCES.
BULLETIN BIBLIOGRAPBIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 3 août igoS.
La paix par l'union des peuples, par J. Polo. Nantes', Bourgeois, igoS; i bro-
chure in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Département of the inlerior United States geological survey : i° Preliminary
report on the Ketchikan mining district, Alaska; 2° A reconnaissance of the
iiorth-western portion of seward peninsula, Alaska; 3° The geology and petro-
graphy of crater lake national par k; 4° The forests of Oregon; 5° The forests of
Washington a revision of estimâtes; 6° Forest conditions in the cascade range,
Washington; 7° Forest conditions in the olynipic forest reserve, Washington;
8° Forest conditions in the northern Sierra Nevada, California. Washington,
Government printing office, 1902; 8 vol. in-4°.
Report of the chief of the weather bureau, 1900-1901 ; vol. II. Washington,
Government printing office, 1902; i vol. in-4°.
Memoirs of the natioJial Academy of sciences, vol. VIL Washington, Government
printing office, 1902; i vol. in-4°.
On the lakes of south-eastern Wisconsin, Madison, Wis. Published by the
State, 1902; I vol. in-8°.
// /•. Istituto sperimentale per le coltivazioni dei tabacchi e la visita del VII
congresso internazionale d'agricoltur-a. Torre Xnnunzialdi, G. Maggi, igoS; i vol.
in-4<'.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 17 AOUT 1905,
PRÉSIDENCE DE M. ALBERT GAUDRY.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrétaire perpétuel rend compte du récent Congrès de l'Asso-
ciation géodésique internationale, qui vient de se tenir à Copenhague, du
4 au i4 août. Il indique les principales questions qui y ont été traitées et
signale avec reconnaissance l'accueil qui a été fait par le Gouvernement
danois aux Membres du Congrès.
M. Bouquet de la Grye ajoute quelques mots.
M le Président dit que l'Académie est heureuse que quelques-uns de
ses Membres les plus éminents aient été à Copenhague faire une fois de
plus honneur à la Science française.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. - Observations spectrales
de la comète Borrelly (igoSc). Note de M. H. Deslandres.
« Le spectre de la comète Borrelly a été étudié à Meudon avec la grande
lunette double de l'observatoire. M. Millochau, aide-astronome, assiste de
M. Jacques, a pris une part active aux observations qui ont été, d ailleurs,
fortement contrariées par le mauvais temps.
» La grande lunette n'est pas, à beaucoup de points de vue, 1 instrument
le plus convenable pour ce genre d'études. On a dû construire un spectro-
.raphe spécial dont la chambre a une longueur focale (oM.) beaucoup
plus petite que le collimateur, long de o"',55, le prisme étant en flmt léger
avec un angle de 6o«. Ou obtient ainsi la concentration de lumière qui,
avec une fente large du collimateur, est nécessaire dans le cas des comètes
. Le spectre a été observé les 5, 6et 7 août dans la région lumineuse et
ensuite photographié dans le bleu, le violet et l'ultra-violet avec une pose
G. R., .903, 2' Semestre. (T. CXXXVII, N" 7.)
'6()'\ ACADÉMIE DES SCIENCES.
de 2 heures. La fente du sj3ectrographe était dirigée dans le sens de l'allon-
gement du noyau, de la chevelure et de la queue.
)) Or, d'une manière générale, cette comète a le spectre ordinaire de.
ces astres, observé dans la niajorité des cas, et constitué surtout par les
bandes du carbone attribuées aux hydrocarbures et au cyanogène. Quelques
raies supplémentaires, la plupart faibles, apparaissent près du noyau, se
détachant ainsi sur un spectre continu peu intense. Le Tableau suivant
résume les résultats :
Longueurs
d'onde. Intensité. Remarques.
4786,9 4 Bande tournée vers le violet, plus intense près du noj'au ; est la
bande bleue la plus forte des hydrocarbures.
4715,2 3 Bande tournée vers le violet, plus intense près du noyau; est la
bande bleue suivante des hydrocarbures.
4697,1 2,5 Bande tournée vers le violet, phis intense près du noyau; est la
bande bleue suivante des hydrocarbures.
468, i5 8 Bande floue qui semble dégradée dans les deux sens.
I ,„^^' - 1 Paquet très court, faible et flou.
( 4356,2 \
43i4,4 7 Très courte, fine, semble dégradée vers le rouge; est atlribuable
aux hydrocarbures.
4299,0 0. Courte et dégradée surtout vers le violet.
421 5, 8 3 Très courte, coïncide avec une bande du cyanogène.
4193,0 I Très courte, coïncide avec une bande du cyanogène.
4ioJ,4
4o63 , 3
/;
Large partie floue dégradée du côté rouge.
4o52,2 7 Très courte et fine.
4043 , 2 3 Courte et floue.
J , o' I '^ Partie large et floue, un peu dégradée vers le rouge.
( 3098 , 1 ) - . ,,
j o oK ( i Large partie floue.
388, 10 10 Très longue, très intense près du noyau, dégradée vers le violet;
est la bande caractéristique du cyanogène.
386,90 5 Longue; est la bande suivante du cyanogène.
» Le spectre est presque identique à celui de la comète b 1893 (Ror-
dame) qui a été aussi visible à l'œil nu dans la même région du ciel et a
été observé par Campbell à l'observatoire Lick.
» A noter les particularités suivantes :
M I ° Les bandes qui composent le groupe bleu des hydrocarbures (1 478)
sont séparées, alors que, avec la plupart des comètes, elles apparaissent
SÉANCE DU 17 AOUT I()o3. 3ç)5
confondues. Le même fait avait été signalé déjà dans la comète Rordame,
et avait permis d'affirmer avec une certitude plus grande la présence du
spectre des hvdrocarbures.
» 2° La bande ultra-violette >. 388 du cyanogène, qui est la plus forte du
spectre, et la suivante 1 387 offrent dans leur intervalle une diminution
brusque de lumière, qui se présente seulement dans l'illumination élec-
trique du gaz aux basses pressions et n'apparaît pas aussi tranchée dans la
combustion du gaz cyanogène et dans l'arc électrique. On pourrait en
conclure que le gaz de la comète est illuminé par une cause d'ordre élec-
trique, et cette conclusion, en effet, a déjà été présentée par MM. Hassel-
berg et Yogel, à propos de certaines particularités des bandes lumineuses
du carbone observées dans les comètes antérieures. Mais, d'autre part, des
différences sérieuses apparaissent : les hydrocarbures et le cyanogène, illu-
minés électriquement aux basses pressions dans nos laboratoires, donnent
bien le spectre cométaire avec ses particularités, mais ils donnent en plus,
avec une intensité notable, le spectre de lignes de l'hydrogène et le spectre
de bandes de l'azote, qui ne se montrent pas dans les comètes. C'est ainsi
que, dans les épreuves précédentes, j'ai cherché vainement la bande ■X392,
caractéristique de l'azote aux basses pressions, qui est la bande la plus forte
de l'aurore boréale terrestre. Cependant, les théories les plus récentes
attribuent à la même cause la lumière de Taurore boréale et la lumière des
comètes.
)) On peut, il est vrai, concilier dans une certaine mesure ces résultats
en apparence opposés. La cause de la lumière cométaire est électrique,
mais faible; elle est assez intense pour illuminer le corps composé, mais
insuffisante pour le dissocier (') et faire naître le spectre particulier des
composants, hydrogène et azote. De plus, d'après les très belles recherches
de MM. Liveing et Devar, l'apparition des bandes du carbone telles que
X388 est considérée comme liée à la présence de l'azote (^); or, cette
dépendance est très probable, mais non absolument certaine.
(') On conçoit que, dans la comète, les conditions d'illumination soient difTérenles
de celles du laboratoire. On peut admettre que les gaz cométaires, tout en étant illu-
minés électriquement, ont une température très basse, qui gêne la dissociation.
(^) M. Berthelot, d'autre part, a remarqué depuis longtemps déjà que les bandes
en question doivent être émises non par le cyanogène, mais par l'acide cyanlivdrique,
si l'on admet la présence nécessaire de Ta/.ote.
396 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» 3° Le 7 août, le spectre cométaire a été photographié entre deux
spectres terrestres de comparaison, ainsi que dans les recherches spec-
trales antérieures sur les planètes et la loi de leur rotation. Or, de même
qu'avec les planètes, la raie cométaire };388 a été trouvée inclinée légère-
ment par rapport aux raies terrestres voisines. Les différents points de la
comète ont des vitesses radiales différentes par rapport à la Terre. Ces
différences, dans le cas d'une planète ordinaire, étaient dues à sa rotation,
mais, dans le cas présent, elles ont été rapportées à la force répulsive
émanée du Soleil que tous les auteurs admettent depuis Kepler pour
expliquer la queue, et qui éloigne du noyau les petites particules comé-
taires avec une vitesse rapidement croissante.
)) En effet, la fente du spectrographe, comme on l'a dit plus haut, était
parallèle à la queue cométaire, qui est directement opposée au Soleil ; elle
contenait le noyau et une partie de la chevelure du côté opposé au Soleil.
Or, d'après l'inclinaison des raies, cette dernière partie de la comète se
rapproche plus, ou s'éloigne moins delà Terre que le noyau; de plus,
le 7 août, la position de la comète était telle, par rapport au Soleil et à la
Terre, que la force répulsive rapprochait les particules de la Terre; donc
l'inclinaison observée peut être rapportée à la répulsion solaire; et même
être considérée comme une vérification expérimentale de cette répulsion.
)) Sur les trois épreuves obtenues, celle du 7 août est la seule qui offre
les spectres de comparaison disposés en vue de la recherche des mouve-
ments intérieurs; depuis, le mauvais temps persistant a arrêté toute obser-
vation nouvelle et d'ailleurs la comète, qui se meut rapidement dans le
ciel, n'est plus visible maintenant que très bas sur l'horizon, dans des
conditions peu favorables à la photographie spectrale. Aussi le résultat
expérimental précédent constaté sur une seule épreuve et son interpré-
tation sont présentés avec de grandes réserves; ils sont publiés surtout
pour fournir une indication utile aux astronomes dont les stations sont
mieux situées que la nôtre pour l'étude de la comète dans la seconde
moitié de sa course.
» Ce premier résultat affermit mes convictions antérieures sur l'utilité
de la méthode spectrale dite de l'inclinaison pour la reconnaissance des
mouvements intérieurs dans les astres et dans les comètes en particulier.
Très probablement, cette méthode, appliquée aux comètes dans les condi-
tions les plus favorables, avec des appareils bien appropriés au but, per-
mettra de déceler, d'une part, les mouvements dus à la force répulsive
SÉANCE DU 17 AOUT igoS. 897
solaire et, d'autre part, la rotation de l'astre qui, d'après certains indices,
se ferait autour de la ligne joignant la comète au Soleil. L'observation
devra être poursuivie d'une manière continue pendant la course de la
comète près du Soleil, la fente du spectrograplie étant parallèle à la queue
pour l'étude de la force répulsive et perpendiculaire à la queue pour la
recherche de la rotation.
» L'obstacle principal est le faible éclat de la comète (le noyau étant
mis à part); d'où la nécessité d'appareils astronomiques et spectraux très
lumineux, et aussi peut-être d'une station de grande altitude. Dans lespec-
tro^raphe employé par nous, le ra])port de la partie couverte de l'objectif de
la chambre à la distance focale était |; mais on pourrait, pour cette chambre,
comme pour l'appareil astronomique, atteindre le rapport {, qui assure
cinq fois plus de lumière. D'autre part, comme les comètes sont en général
prés de l'horizon, les stations de montagne ont des avantages évidents sur
les stations de faible altitude, surtout lorsqu'on utilise le spectre ultra-
violet. »
ACOUSTIQUE. — Sur le phénomène aérodynamique produit par le Ur
des canons grêlifuges. Note de M. J. Violle.
« Le tir des canons contre la grêle donne Heu à un phénomène acous-
tique curieux, qui m'a immédiatement frappé par l'analogie étroite qu'il
présente avec certains faits caractéristiques signalés dans mes travaux
antérieurs.
)) A la détonation proprement dite succède un long sifflement se pro-
lon'^eant inégal pendant dix à quinze secondes. Ce sifflement, que nos
paysans bourguignons appellent la vibration, est pour eux le signe qui a la
vertu magique de disperser les orages, de faire taire le tonnerre, de conjurer
la grêle.
» Sans chercher pour le moment ce qu'il peut y avoir de vrai dans cette
vertu si désirée, je veux m'attacher uniquement au phénomène aérodyna-
mique très intéressant qui se produit dans ces circonstances et que j'étudie
depuis quelque temps déjà. Je me bornerai aujourd'hui à ce que révèle
l'observation immédiate par l'œil et par l'oreille, sans l'emploi d'aucun
appareil. A l'oreille, premier bruit du coup mis à part, semble siffler une
fusée d'artifice : nature et variations du son qui procède par saccades, sui-
398 ACADÉMIE DES SCIENCES.
vant une trajectoire irrégulière, rappellent le sifflement d'une fusée lancée
en l'air.
)) Le canon grêlifuge lance effectivement un projectile, bien qu'il ne soit
chargé qu'à poudre (à la dose d'une centaine de grammes seulement).
Grâce à la superposition d'un vaste cône en tôle qui Itii donne l'aspect d'un
énorme tromblon, il se trouve à même d'envoyer presque à chaque coup,
en dehors d'une masse gazeuse qui peut être lancée à grande distance,
une belle couronne de fumée, en forme de tore, semblable à celle que sait
produire un fumeur habile, qui s'élève dans l'atmosphère, plus ou moins
chassée par le vent, tandis que, comme l'on sait, les particules compo-
santes roulent sur elles-mêmes et autour de l'axe circulaire de la couronne,
le mouvement sur chaque section droite à l'intérieur de l'anneau étant de
même sens que le mouvement de translation. C'est à l'existence de ce
remarquable projectile gazeux qu'est lié le sifflement prolongé qui frappe
l'oreille et qui se rattache manifestement aux principes développés si
heureusement par M. le commandant Charbonnier, et si nettement mis en
évidence par notre savant Confrère M. le général Sebert dans la dernière
séance de l'Académie.
■» Il importe d'en étudier avec soin les diverses circonstances, ainsi que
je l'ai entrepris. »
CHIMIE AGRICOLE. — Exemples d'analyse mécanique des sols.
Note de M. Tu. Schlœsing père.
« Je me propose de présenter, dans cette Note, des exemples de l'ana-
lyse mécanique des sols telle que je la pratique, depuis que j'ai adopté le
procédé de classement des sables fins décrit dans deux Notes antérieures.
» On a l'habitude, dans plusieurs laboratoires de chimie agricole, de
prélever des échantillons destinés aux analyses sur une provision de terre
sèche et pulvérulente, qui a traversé le tamis conventionnel à mailles
de i""™. C'est une pratique à laquelle j'ai renoncé, après avoir reconnu que
je n'arrivais jamais à tirer d'un même flacon deux échantillons identiques.
De quelque nature que soit la terre, je commence par la sécher ; j'en pèse
l'^s que je délaye dans l'eau ordinaire; le tout est jeté sur un tamis, au-
dessus d'une terrine. Le tamisage se fait ainsi sans broyage, les matériaux
restés sur le tamis sont pesés après lavage et dessiccation; leur poids, dé-
duit de i^^, fera connaître le poids de la terre fine et sèche.
SÉANCE DU 17 AOUT IQoS. SgC)
>i Tous les éléments qui-ont traversé le tamis se rassemblent rapidement
au fond de la terrine. Après décantation du liquide éclairci, le dépôt est
transvasé dans une large capsule et soumis à l'action ménagée de la chaleur.
Un moment vient où il forme une pâte qu'on peut manier sans qu'elle
adhère aux doigts. Alors on la corroie jusqu'à ce qu'elle soit bien homogène,
on l'emmagasine à l'abri de la dessiccation. Ses éléments, intimement
mêlés, ne pourront plus se séparer, et l'on sera certain que tous les échan-
tillons qu'on en tirera auront rigoureusement la même constitution.
» Depuis que M. P. de Mondésir a fait connaître son excellent calcimètre,
je dose le calcaire hn et grossier à part avec son appareil, et n'ai plus à m'en
occuper au cours de l'analyse mécanique, ce qui permet de traiter immé-
diatement par l'acide nitrique étendu l'échantillon destiné à cette analyse,
sans prendre la peine de le délayer lentement dans l'eau, selon l'ancien
usage.
» La terre est ensuite lavée sur filtre avec l'acide au millième, puis
transvasée dans un flacon et mise en digestion avec de l'eau ammoniacale,
après quoi elle est prête pour l'analyse; celle-ci commence par la sépa-
ration du sable grossier, opérée à l'aide de lavages suivis de décantations ;
ce qui reste à faire a été décrit en détail dans la Note qui précède celle-ci.
Premier exemple. — Terre du domaine des Grands-Champs, près le Châtelet-en-Brie,
pour 100 parties de terre tamisée et sèche. Sable grossier .-Si, 56.
Poids
des
dépôts successifs.
D, 22 , 2.5 pour 1 00 S,
Do 8,67 » S.
D3 6 , 87 » S3
D4 4,89 » S,
D5 3, 5i » Ss
Dg 2,54 » Sg
D7 1 ,95 » S7
Dg 1 , 49 » ^0
D9 I j29 » S9
Poids
des
sables fins.
i3,58 poi
iir 100
10,47
))
8,85
»
6,28
»
4,47
»
3, i3
»
2,4l
»
'-69
»
1,21 (extrapolé)
53,46 52,09
» On remarquera que le total des dépôts Dj, D.,, . . .; dépasse celui des S,, Sg, . . . ,
il en doit être ainsi, puisque les dépôts \)i, D^, . . . contiennent des éléments argi-
leux que le calcul proscrit des sables Sj, S2, ... ; le poids de ces éléments eijt la diffé-
4oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
rence entre le total des dépôts et celui des sables, et devra être ajouté au poids d'argile
dosé dans le liquide extrait de l'allonge.
Le dosage de l'argile dans ce liquide m'a donné i3,45 pour loo
Ajoutant la différence 53,46 — 52,09, ou 1,87 «
On a pour l'argile totale 14,82 »
» On voit que la terre des grands champs est très meuble; car, pour une proportion
très modérée d'argile, elle contient 3i,56 pour 100 de sable grossier, et de plus la
somme des trois premiers termes de la série des sables fins Si, S,, S3, s'élève à
82,90 pour 100.
» D'après des expériences rapportées dans ma Note du 29 juin, l'argile, fùt-elle très
abondante, ne doit pas gêner la chute des sables fins. Il était utile de donner de ce fait
une preuve décisive. A cet effet, l'allonge a été remplie de nouveau avec le délayage
d'un second échantillon de terre de même poids que le premier et préparé de la même
façon. Mais, au lieu de recueillir les dépôts successifs, on les a laissés s'accumuler au
fond de l'allonge pendant 21 heures 20 minutes, durée de l'analyse précédente; puis,
on a décanté le liquide argileux, le plus possible, sans entamer le dépôt; après quoi
celui-ci a été remis en suspension dans un volume d'eau pure légèrement ammoniacale
égal au volume du liquide argileux décanté; on a procédé alors à l'analyse. Dans cette
nouvelle opération, les sables étaient égaux en quantités et en dimensions à ceux de la
première; seulement leur chute avait lieu au sein d'un liquide qui ne contenait plus,
en éléments argileux, que ceux qui s'étaient précipités avec ces sables pendant le repos
de 21 heures 20 minutes.
» Voici les résultats de cette épreuve. Je reproduis à côté des poids des sables ceux
qu'a donnés la première analyse, afin de faciliter les comparaisons :
Poids
des
Poids Poids sables fins
des des de la
dépôts successifs. sables fins. 1" expérience.
Di... 22, 3o pour 100 S,... i3, 68 pour 100 i3,58 pour loo
D2... 8,62 » S,.. 10,35 » 10,47 "
D3... 6,89 » S3... 8,91 » 8,85
D,... 4,87 « S4... 6,37 .) 6,28
D3... 3,37 .) S5... 4,37 >' 4,47
Dg... 2,37 .) Se... 3,02 » 3,i3 »
D,... 1,72 » Sv... 2,17 » 2,4o »
Dg... 1,27 » Sg... 1,70 » 1,69 »
D9... 0,84 >) S9... i,3o » i>2i
52,25 51,87 52,09
» Dans les expériences de ce genre, on ne peut demander une concordance plus
grande. La présence de l'argile n'a donc pas exercé d'influence sur le classement des
sables fins, et son élimination préalable serait une complication inutile.
» Pour doser l'argile dans la deuxième analyse, il faut l'extraire de deux liquides ;
SÉANCE DU 17 AOUT l9o3. 4oi
celui d'où les sables se sont déposés une première fois, et celui qui a servi à les
classer.
Dans le premier liquide, j'ai trouvé 18,73 d argile
Dans le deuxième » » *^>9^ "
Total 14,67 »
La première analyse avait donné 14,02 »
» En présentant des exemples d'analyse mécanique avec classement des
sables fins, j'ai pour but essentiel de montrer à la fois que l'argile n'inter-
vient pas dans ce classement, et que des analyses d'une même terre répé-
tées dans des conditions différentes donnent des résultats concordants, ce
qui confirme l'exactitude de la méthode. Aussi pour abréger, je mettrai
tout de suite en regard, dans les Tableaux que je veux encore produire, les
nombres fournis par deux analyses exécutées l'une en présence, l'autre en
Tabsence de l'argile.
Deuxième exemple.
Terre du domaine de Gaiande, par Moissy-Cramayel, en Brie,
pour 100 parties de terre tamisée et sèche.
I. — Argile présente.
Sable grossier i4,ï3 pour 100.
D,.
D2,
D3.
D4
Dv
De
D,
Ds
Do
3/4,38 p. 100
I2,o4
8,59
5,48
3,46
2,38
1,63
1 ,26
1 , 16
S,.
S,,
S3,
s,.
Sa
Se
S7
Ss
So
22,36 p. 100
j5,49
11,70
7,5o
4,54
3,i3
2,00
1,36
0,97
70,38
69,0.5
TI. — Argile éliminée.
Sable grossier 14,28 pour ! 00.
Di.. 34,67 p. 100 Si.. 22,68 p. 100
D...
D3.
D,.
D,.
De.
D,.
D,.
ii;99
8,56
5,37
3,39
2,27
1 ,53
] , 10
o>77
69,65
S,.
S3.
S4.
S5.
Se.
S-.
S,.
So.
i5,42
11,75
7,35
4,5i
3,01
1,96
1,43
i,o4
69,15
Argile dans le liquide de l'allonge.
Dans les dépôts D : 70,30 — 69,03.
it),i7
1,27
Total 16, 4;
Argile dans le liquide de l'allonge. i5,02
Dans le liquide de l'analyse i , i4
Total 16,16
), Ces analyses montrent encore que l'argile n'apporte aucun trouble dans le classe-
ment des sables fins ; quant à la terre qui en a été l'objet, on peut conclure des nombres
ci-dessus qu'elle est encore assez meuble, bien qu'elle ne contienne que i4,i5 pour 100
de sable grossier; mais les premiers lots des sables fins, qui se rapprochent bien plus
du sable grossier que des sables argileux, donnent un total de 49,55 pour 100.
G. R., 1903, o.. Semestre. (T. CXXXVII. N° 7.) -*
402
ACADEMIE DES SCIENCES.
Troisième kxempliî. — Terre de Lacanau (Gironde), très argileuse et contenant
7 pour loo de calcaire. Pour loo parties de terre tamisée et sèche.
I. — Argile présente.
oaJJie giussic
1 ,u
D,..
6,5i p. 100 Sj . .
I ,22
D,..
5,29
S,..
. 3,76
D3..
6,82
S3..
6,66
D,..
6,98
s,..
7.89
D,...
6,07
s,..
6,97
De..
5,17
So..
6,25
D,..
4,09
S;..
4,47
Ds..
3,71
Ss..
. 3,60
D,..
3,82
%..
• 2,90
48,46
43,7:
Argile dans le liquide de l'allonge. [\0 ,Z(y
Dans les dépôts D : 48,46 — 43,72 . 4 , 74
Total 45, 10
II. — Argile LMiminée.
Sable grossier
100
D...
6,33
D^..
5,32
D3...
6,66
D,..
6,86
D,..
5,84
De..
4.77
D,..
3,70
D«..
3,02
D,..
2,34
Si..
. 1 , y .j
1,01 p
S,..
3,98
Sa..
6,46
S,..
7,88
S,..
6,91
Se..
5,84
s,..
4,38
s«..
3,70
s,..
3,00
43,16
100
44,84
Argile dans le liquide de l'allonge. [\0 , 45
Dans le liquide de l'analyse 3,29
Dans les dépôts D : 44,84 — 43, 16. 1 ,68
Total 45,42
» Les poids des diverses catégories de sables fins sont encore ici concordants,
malgré une proportion d'argile très considérable.
» Dans cette terre de Lacanau, tout concourt à produire une extrême compacité : la
proportion du sable grossier est très faible; les premières catégories de sable fin
donnent un total peu important, pendant que les dernières gardent presque l'égalité
avec elles; enfin l'argile atteint la proportion de 45 pour 100.
» J'ai analysé plusieurs autres terres, entre autres celle de Joinville-
le-Pont, extrêmement sableuse; une terre de lande, remarquable par une
proportion considérable de sable très fin; une terre du département de
l'Aisne, qui contient l'énorme proportion de 55 pour 100 d'argile; ces
analyses ont montré, comme les précédentes, que le classement des sables
fins réalisé par ma nouvelle méthode fournit d'utiles renseignements sur
la nature des sols, et que la présence de l'argile n'apporte aucun trouble
dans ce classement. »
SÉANCE DU 17 AOUT 1903. 4^^
CORRESPONDANCE.
MÉCANIQUE ANALYTIQUE. — Sur le rapport des travaux de S. Lie à ceux
de Liouville. Noie de M. N. Saltykow, présentée par M. Appoll.
« Dans la Note qui va suivre, je reprends les résultats obtenus dans
ma Note précédente sous un point de vue plus général appartenant à J.
Liouville.
u Considérons l'équation
(l) /?,-t-H(^-,,a:,, ...,X^,p.„p^ Pn) = ^'
et le système canonique correspondant
y^^ dx, dpr+y dx, dx,.+ ,
» On simplifie le problème si, au lieu d'une intégrale complète de S. Lie
de classe q pour l'équation (i), on ne considère que n - i intégrales en
involution du système (2)
(3) F,{X,, X,,..., X„, p„ p„ . ..,Pa) = ^s (5 =z I , 2, . . ., /i - l),
donnant ^relations liant les variables ^,,07,, ...,^«. En effet, la /i"^"*" équa-
tion contenant la variable z, dont l'ensemble avec les équations (i) et (3)
représente l'intégrale de S. Lie, s'obtient par une quadrature (')•
(») Supposons, en effet, que les équations (i) et (3) donnent
x„.q^i='^ç{x„x^, ...,x„^,,b„b,, ...,^,-,) (^'=1,2, ...,r/),
On voit aisément que les fonctions 4./, ont la forme suivante
i = i.
les fonctions A^. vérifiant les relations
<jA/, _ (JA/
4o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Or, il est ici nécessaire de constater le fait que la priorité de traiter
des intégrales en question revient à J. Liouville, qui a démontré l'impor-
tant théorème suivant :
)) Etant données n — i intégrales en ùwolution quelconques du système
canonique (2), son intégrale générale s obtient par une quadrature.
» Effectivement, dans son article : Note sur l'intégration des équations
différentielles de la Dynamique présentée au Bureau des Longitudes le
if^juin i853 {Journal de Liouville, t. XX, i855, p. iSy), en donnant les
formules relatives aux intégrales (3) résolubles par rapport à /Jo, /?3, ...,pn^
J. Liouville annonce que, dans ses Leçons au Collège de France, il a donné
de longs développements sur la même question pour le cas où la der-
nière condition n'était plus satisfaite. Ce point important est étudié dans la
Thèse de A. Lafon : Sur V intégration des équations différentielles de la Méca-
nique; Paris, 1854. Les résultats en question s'interprètent aisément
comme il suit : Les équations (3) étant résolubles par rapport à/?o, p^, ...,
Vn-q^ ^n-q+\y ■•, ^«, mcttons le système (2) sous la forme d'un nouveau
système canonique
(4)
dPk ^ _ dW cLvn-g-^-i _ _ ^H , . _
d-^y àoTk' dx, ~ 0{-p„-ç^,) <.^ - '' 2, ..., q).
» En vertu des équations (3), formant de même un système des inté-
grales en involution par rapport au système (4), la relation
dz' = p, dx,-^... -]rpn-q dx^^^ - x,,^^^, dp^_^^, —_,— x,^ dp^
est une différentielle exacte, dont l'intégrale s'obtient par une quadrature
z'=Y{x,, x.„ ..., a7„_,/, /j„_y^, , ...,/j„, Z>,, Z>2. ..., b„_,) + b^.
pour tous les indices k, l de i k n — q. lien résulte donc immédiatement que l'intégrale
n-r,
/. = i
6„ étant une constante arbitraire, jointe aux équations (3), définit l'intégrale com-
plète de S. Lie en question.
SEANCE DU 17 AOUT IQoS. 4o5
h^ étant une constante arbitraire et le déterminant fonctionnel
/ ÔY dY
^( ôx,_' dx^'
dY
ÔY
' àpn
\
bi, 62, ..,
• , ^«-1
(5)
ne s'anniilant pas. Cela étant, l'intégrale générale de tous les deux sys-
tèmes (2) ou (4) est définie par les mêmes formules
l _ dY _ ÔY /k = i,'5,...,7i
I tk — " "S ' H—o-hi — ■ "^ 1
/Q\ ) d'^'/c ^ opn-<i+i \i = 1 , 2., . . ., q
dbs
dY , .
Œs {s = 1,1,. .., n — 1).
» La théorie développée présente l'avantage de traiter la question sous
une forme tout à fait générale, en s'affranchissantdes restrictions de S. Lie
relatives aux intégrales (3).
» En effet, pour passer des intégrales en involution (3) quelconques à
l'intégrale générale du système (2), il nous appartient dès à présent le
choix des variables /?a, yop, • • • ? ^'y» ^5» • • • ♦ de différents indices a, ^, . . ., y,
S, ..., par rapport auxquelles il est le plus avantageux de résoudre les
équations (3), afin d'éviter les difficultés qui peuvent s'y présenter. Il va
sans dire aussi que les formules indiquées dans notre Note précédente :
Sur les relations entre les intégrales complètes de S. Lie et de Lagrange, ne
représentent qu'un cas particulier des formides (6).
» S'il s'agit, enfin, d'une intégrale complète de Lagrange de l'équa-
tion (1), on tire immédiatement du système (6) les équations nécessaires
pour former l'intégrale requise. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Les fonctions entières d'ordre zéro.
Note de M. Edm. Maillet, présentée par M. C. Jordan.
« Soit ( ' )
(0 ?.(^)=2
/.(/")
<r^/
(>) l^oiir la notation, t^(57/- notre Communication du 9 février 1908, p. 348: e^{x) — x.
ey{x) =e^, ei{x)^e''M\ ... ; logo^ — ^^ logi^ = loga;, log,.x- = log logio:, ....
4o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
OÙ £ peut être pris aussi petit qu'on veut dès que m est assez grand et p fini.
Pour k = o, 9, (ct) est une fonction entière d'ordre fini p ; pour k^ \, cp, {oc)
est une fonction entière à'ordre zéro (au sens de M. Borel).
» Avec cette notation, la catégorie des fonctions entières d'ordre zéro
apparaît comme aussi étendue que celle des fonctions entières d'ordre fini
ou infini. Nous avons essayé d'en esquisser une classification.
» Posons
» Définilion. ~ 1° Soit k ^=^ 1. Si l'on a, quel que soit | a? | = r,
M,<E(r, r,p+£),
M^ étant le maximum du module d'une fonction entière 9(^) pour \oc | = r,
et e tendant vers zéro quand r croît indéfiniment, et si, pour une infinité
de valeurs de r indéfiniment croissantes
M, = E(7-, i,p-6,)
(e, analogue à e), nous dirons que <p(a;) est d'ordre (o, i, p).
» 2° Soit ^ ^ I . Si l'on a, quel que soit \x\ =: r,
M,< £(/-,)?•, p -h e)
pour une valeur finie de p; et si, pour une infinité de valeurs de r indéfi-
niment croissantes,
M^>E(/-,^-, p- £,),
nous dirons que 9(^7) est d'indice k.
» En suivant la même marche que pour les fonctions entières d'ordre
fini ou infini non transfini, nous avons obtenu les résultats suivants :
» I. La série
(2) (S^{x) =^a,nX"\
0
ow, dés que m dépasse une certaine limite jx finie, les termes sont tels que
(3) \a„,\Se ^P ^
a son module au plus égal à
SÉANCE DU 17 AOUT igoS. 407
dés que | x | dépasse une certaine limite finie 'i (e, s, finis, positifs, aussi petits
qu'on veut, pourvu que a et ç soient choisis suffisamment grands).
» IL Tout étant posé comme ci-dessus, s il y a dans la série (2) une infinité
de valeurs de m telles que
(4) |«.|>e ^^ K
c est-à-dire si <^{x) est d'ordre (o, 1, p), il y a une infinité de valeurs de x
telles que, pour | ^ [ = r,
12'
a ,„ oc
0
P-e,
» III. DÉFINITION. — Si, pour r'=:\x\^'i.i on peut trouver un nombre ^
fixe tel que
p -£ f.-(-£
r ^ < M^ < r ^ ,
00
quel que soit x, nous dirons que la fonction (p(a7) = V «,„a;'" est d'ordre
0
(o, I, p) et à croissance régulière. Sinon la fonction a sa croissance irré-
gulière.
» IV. Tout étant posé, comme dans I et II, soient m^ , m., (^m.^ ^ m^) deux
indices de coefficients «,„ satisfaisant à (4)» aucun coefficient «,„ d'indice com-
pris entre m^ el m., ny satisfaisant. Si lim— ^ = i, quand m^ croit indéfini-
ment, (s^{xya sa croissance régulière.
» Quand k'y> \, les résultats que nous avons obtenus sont moins précis :
» V. La série
{ihis) '^{x)-=^a,„x'\
0
où, dés que m dépasse une limite finie |x, les termes sont tels que
\cim\=ek{m) P ^
a son module au plus égala H''^^)'"^*'' pour \x\=^ r, dés que r dépasse une
certaine limite finie E.
» VI. Tout étant posé comme ci-dessus (V), s'il y a dans la série (a bis)
une infinité de valeurs de m telles que
\(i,n\le;,{m) ^ \
4o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
c est-à-dire si '^^{^oo) est d'indice k, il y a une infinité de valeurs de x telles que,
pour \x\^= r,
2^"
rpl'
>^(i-£)log^r^
» Toutes ces propriétés s'étendent de suite aux fonctions monodromes
aux environs d'un point singulier essentiel isolé.
» Il y a des fonctions d'ordre o et d'indice infini; exemple : V
0
leur module maximum pour | ^ | = r, assez grand, est plus grand que celui
de tout polynôme et plus petit que r'^^'f^'', si grand que soit l'entier k, au
moins aux environs de certaines valeurs de r.
» Il reste à étudier les modules des racines des fonctions entières
d'ordre o. A cet égard nous avons indiqué déjà quelques résultats à pro-
pos des fractions quasi-algébriques (') qui sont des fonctions entières
d'ordre o. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les intégrales de Fourier-Cauchy .
Note de M. Carl Stormer.
« Dans une Communication publiée récemment (-), j'ai donné un
résumé de quelques résultats que j'ai obtenus dans la théorie des inté-
grales définies à n dimensions contenant des paramètres, et qui seront
l'objet d'un Mémoire plus étendu.
» Comme application, j'ai traité une classe d'intégrales définies qu'on
peut convenablement appeler intégrales de Fourier-Cauchy et qui ont des
propriétés remarquables, dont quelques-unes ont déjà été indiquées par
Cauchy (^).
(1) Comptes rendus, 1901, 1^ sem., p. 989, et Journal de l'École PolytecJinigue,
1908.
(-) Videnskabs-Selskabels Skri/ter, I. Malh. naturv. Klasse, 1908, n° 4, Chris-
tiania.
(3) Voir Mémoire sur l'intégration des équations linéaires aux différences par-
tielles et à coefficients constants, par M. A.Cauciiy {Journal de l'École royale poly-
technique, Cahier XIX, 1828, p. 5ii, etc.).
SÉANCE DU T7 AOUT igoS. 4o9
» Ayant complété depuis en certains points mes résultats, je me permets
d'en donner ici un court résumé.
)) Soient n variables réelles ;,, '^a, ..., l,, assujetties à appartenir à un
domaine E, borné, parfait et mesurable; soit/ (;,, ;,, ...,^«) une fonction
réelle de E,, ^o, ..-, l„ ayant une valeur bien déterminée pour tout point
(E,, ..., l„) à l'intérieur de E et qui est bornée et intégrable pour tout
domaine parfait et mesurable E' intérieur à E et sans point commun avec
sa frontière. Supposons, de plus, l'existence de l'intégrale définie généra-
lisée Se/(Co Eo, ..., In) de i\2in^\Q sens de M. Jordan (').
» Gela posé, soient /i autres variables réelles 7.^, a., ..., a„ assujetties à
recevoir toutes les valeurs réelles possibles et désignons par D le domaine
infiniment grand constitué par tous les points (a,, a., ..., a„); D sera, en
d'autres termes, l'espace à n dimensions. Désignons ensuite par DE le
domaine à 2/z dimensions constitué par l'ensemble des valeurs de a,, a,,
7.3, ...,a„, E,, Eo, ..., In- Enfin, soit r une quantité non négative, définie
par la relation
r- = a^ + a^ + ... + se";.
» Cela posé, j'ai démontré d'abord que l'existence de l'intégrale définie
généralisée Se/(^,, l,,---, ln)de entraîne l'existence de l'intégrale définie
générafisée suivante, que l'on peut appeler une intégrale de Fourier-
Cauchy (-) :
S„.e-^-^'"V°'.'^.-^-.)' . . .6A/:?«-^«"/(?, , E„ . . ., In) de.
(271)'
k étant un paramètre réel ou complexe tel que la partie réelle de k- soit
positive et x,, x._, ..., x,, ayant des valeurs réelles ou complexes finies
quelconques.
» Dans chaque domaine K, situé dans la partie du plan de la variable
complexe k, où k' a sa partie réelle positive, l'intégrale existe et représente
une fonction analytique régulière de ^'. Considérons le cas où le domaine R
est situé à droite de l'axe imaginaire et appelons l{k) la fonction analy-
tique de k reprébcntée par l'hitégrale.
), J'ai démontré alors que cette fonction analytique I(^) est une fonction
entière transcendante (ou un polynôme) de ), et que, pour toute valeur de k
(1) Cours d'Analyse, t. I el II.
(2) Voir le Mémoire de Cauchy précédemment cité, p. 5i2, etc.
C. R., 1903, 2« Semestre. (T. CXXXVII, N» 7.) ^
4lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
différente de zéro, I(^) est une fonction entière transcendante (ou un poly-
nôme) de chacune des variables .^,, x.^^ . .., £r„.
» Au lieu de l'intégrale de Fourier
(271)''
que l'on obtient en faisant ^• = o dans l'intégrale de Fourier-Gauchy et dont
l'existence n'est nullement supposée ici, nous considérerons cette fonction
analytique !(/") qui rend dans les applications les mêmes services que l'in-
tégrale de Fourier.
» Gela posé, faisons tendre k vers zéro par valeurs positives. J'ai établi
alors avec toute rigueur la propriété suivante, indiquée par Gauchy (')
sans démonstration suffisante :
» i*' Si le point E, = cT,, ;o = ^fo, . . ., E„ = .t,^ est à l'extérieur de E, on
aura
limI(/^) = o;
A-=o
» 2" Si, au contraire, ce point est à l'intérieur de E et si de plus la
fonction /(^, , Eo, . . . , H„) est continue en ce point, on aura
\'\ml{k)=f{x^,x.„...,x„).
» Cependant, je viens de voir qu'd y a encore des cas très étendus où 1 (k)
admet une limite; en effet, j'ai réussi à établir un'théorème qui comprend
comme cas particulier les cas i" et 2°.
» Introduisons à cet effet la notation de valeur moyenne sphérique
de/(E,, ^2> •••' D au point a7,,a;2, ...,x,^). Soit s' une hypersphère de
centre {x^, . . . , x^) et de rayon e, défmie par l'inégalité
et soit F (^,, ^2» ••»' ^«) une fonction égale à/(E,, l^, ..., ;^) si le point
(^,, ^2» • • • » ^«) est à l'intérieur de E et égale à zéro si ce point est à l'ex-
térieur ou sur la frontière de E. Cela posé, Texistence de l'intégrale définie
généralisée Se /(^,, ^2. • • • » ^«)«^e entraîne l'existence de l'intégrale définie
généralisée SiF(E4, I2, •••» In) (^e pour tout point (x^, ..., x,^) appartc-
nantà Eounon. Comme, d'autre part, l'intégrale S^f/e représente l'étendue
(') Loc. cit., p. 5i4-5i6.
SÉANCE DU 17 AOUT igoS. 4^ I
de £' et possède une valeur finie et différente de zéro, le rapport
Mf. ■= c — xr~"
Se' de
aura, pour tout point x,,..., ^« et pour toute valeur i finie et différente
de zéro, une valeur finie qu'on peut appeler valeur moyenne de
/(E,, Eo, ..., ^„) dans la sphères'. ,
» Alors, si Me tend vers une limite fixe quand s tend vers zéro, cette limite
sera a ppelée valeur moyenne sphérique de /( E , ,'^2 » • • • - ^«) ^> « poi"^*^ ^^ " • • ' ' ^«^
et sera désignée par la notation M/(a;, , . . . , -tc^).
» Cela posé, si cette valeur moyenne sphérique existe au point (X , , . . • ,X„),
le théorème en question est que
lim. l{k)=. U/(x,,JC.,, ...,oc„).
„ Dans une prochaine Communication, je me propose de développer
d'autres propriétés remarquables de cette fonction 1 (k). »
CHIMIE MINÉRALE. - Diagramme donnant les propriétés des aciers au nickel.
Note de M. Léon Guillet, présentée par M. Ditte.
« Dans de précédentes Notes (') j'ai étudié la structure des aciers au
nickel bruts de forge et l'influence que pouvaient avoir sur certaine struc-
ture différents traitements.
,) J'ai pensé que, étant donnée la classification très simple a laquelle
l'avais été conduit et la loi établie par M. Osmond de l'équivalence du
carbone de trempe, du nickel et du manganèse, il serait possible de tra-
duire ces résultats dans un diagramme très simple.
), Dans les diverses séries d'aciers au nickel que j'ai étudiées, les pre-
miers aciers à structure martensitiques sont : l'acier à 0,120 pour 100 C
et 12 pour 100 Ni, et l'acier à 0,800 pour 100 C et 7 pour 100 Ni.
>, Les premiers aciers à structure polyédrique sont : l'acier a o.i2D
pour 100 C et 27 pour 100 Ni, et l'acier à 0,796 pour 100 C et 1 5 pour 100 Ni.
>> Sur deuK axes de coordonnées je porte, d'une part, les teneurs en
carbone (O^) et, d'autre part, les teneurs en nickel (Oj). Les points A, B,
A', B' représentent les aciers dont je viens de parler.
""TTT^ds par acier ma^nsiticjue celui dont la structure est entièrement mar-
tensi^tique; cela est facile à reconnaître au microscope, un tel acier ne présentant
aucune zone blanche non orientée.
4 12 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» La droite AB est le lieu des points correspondant aux premiers aciers
martensi tiques ; la droite A/B' est le lieu des points correspondant aux pre-
miers aciers polyédriques.
Dinde/ %
- £ 29
E'zs
C (3
A
■len5)tiauct
Ar
B'
ferT
0,25 0.50 0.75 1,00
Carbone /o
» Ces deux droites coupent l'axe O^ en un même point: i,65o pour looC.
Or, M. Osmond a montré que i ,G5o pour loo C est le pourcentage le plus
favorable à la formation de l'austenile dans les aciers au carbone par trempe
spéciale.
» La droite AB coupe l'axe des y au point i3 ; la droite A'B' au point 29.
» Pour vérifier ce diagramme, j'ai étudié par la micrographie un très grand nombre
d'éclianlillons, mais j'ai porté toute mon attention sur les aciers qui se trouvent sur la
limite.
» Pour les obtenir, j'ai procédé de la façon suivante : j'ai cémenté des aciers extra-
doux contenant de o à 25 pour 100 de nickel, jusqu'à ce que la couche superficielle
présentât soit l'aspect martensitique, soit l'aspect polyédrique, et cela sous une très
faible épaisseur. Cette couche était enlevée au tour et le carbone était dosé. Mais ces
expériences extrêmement longues n'ont pu être faites qu'en très petit nombre. Parmi
les aciers que nous avons examinés, certains étaient exactement sur la limite. Ceci est
très facile avoir pour les produits qui se trouvent à la démarcation des aciers marten-
sitiques et des aciers à fer y; en effet, leur structure est polyédrique, mais on trouve,
sur les bords de polyèdres, des fers de lance qui annoncent un commencement de
SÉANCE DU 17 AOUT igoS. 4l3
transformation, ainsi que je l'ai déjà indiqué. Pour les aciei's formant la limite entre le
premier et le second groupe, le microscope seul ne donne aucune indication; mais une
décarburation même très faible, un recuit à 900'' dans l'oxyde de fer, fait apparaître
des taches blanches non orientées de fer a.
» Par une autre série d'expériences, nous avons voulu déterminer les points qui se
trouvent sur l'axe Oy; à cet effet, nous avons préparé une série d'alliages fer-nickel,
ne contenant pas de carbone, en réduisant des mélanges d'oxvdes de fer et de nickel
par l'aluminium. Après de nombreux tâtonnements, nous avons pu abaisser la teneur
en aluminium à 2 pour xoo; dans quelques essais même, nous n'en avons pas eu traces.
Les résultats micrographiques auxquels je suis arrivé sont les suivants :
» A 26,25 de nickel, on a de la martensite très nette -|- du fer y.
» A 28,40, des polyèdres nettement formés ; mais, au centre, de la martensite très fine.
» Dès les environs de 3o pour 100 de nickel, il n'y a plus que des polyèdres très nets.
» Nous n'avons pu préciser l'autre point de l'axe des / : les expériences par alu-
minolhermie nous ont donné des résultats incertains.
» Quelques-unes de nos observations ont porté sur des aciers contenant de 0,900
à r,65o de carbone; ils ont bien donné les résultats prévus par le diagramme.
» Enfin j'ai examiné des aciers renfermant plus de j ,65o de carbone; rien n'était
changé dans la structure ordinaire de ces aciers par une addition de nickel.
» Dans l'établissement du diagramme, il faut tenir compte de zones de transition;
j'ai montré, en efFet, que certains aciers étaient formés de fer a et de martensite, ou
de fer y et de martensite.
» Mes expériences ont montré que ces zones correspondaient aux espaces
GDC'(fera + martensite) et EDE', le point G' correspondant à 10 pour 100 Ni et le
point E' à 25 pour 100 Ni.
» En résumé, le diagramme divise le plan en qtialre espaces, à savoir :
ODC correspondant aux aciers à même structure que les aciers au carbone.
C'DC » formés de fer a. -+- martensite.
CDE' )) » de martensite pure.
E'DE » )) de martensite -+- fer y.
EDF » )) de fer y.
» 11 permet ainsi de déduire de la composition de l'acier sa structure
et, par conséquent, ses propriétés mécaniques. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le tétraméthyldiamino-diphénylène-phényl-
méthane dissymétrique et le colorant qui en cléjwe. Note de MM. A. Guvot
et M. Gkanderye, présentée par M. Haller. (Extrait.)
« En 1901, M. Haller et l'un de nous (') avons fait remarquer que l'on
pouvait concevoir et préparer une série de colorants présentant, vis-à-vis
(*) A. Haller et A. Guyot, Bull. Soc. chiin., t. XXV, 3"^ série, 1901, p. 700.
4l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
du diphénylène-jDhénylméthane, les mêmes rapports que les colorants du
Iriphénylméthane vis-à-vis de ce carbure. A l'appui de celte manière de
voir, nous avons préparé et décrit sous le nom AQhleuJluoréniqué, un colo-
rant nouveau et nous avons préparé depuis un certain nombre de repré-
sentants de cette nouvelle série.
» Préparation du tétraméthyl-diamino-diphénylène-phénylméthane dissy-
métrique. — Le dérivé o-aminé de la leucobase du vert malachite a été
dissous dans l'acide sulfurique à ^, et traité par une dissolution de nilrite
de sodium à basse température, puis à loo"^, de façon à décomposer ledia-
zoïque. Le rendement, dans ces conditions, a été de i6 pour loo du rende-
ment théorique.
» La différence est représentée par l'o-phénol, produit normal de la
réaction que nous avons identifié, ainsi que son dérivé acétylé, au corps
préparé par condensation directe de l'aldéhyde o-saiicylique avec la dimé-
thylaniline.
» Le tétramélhyldiamino-diphénylène-phénylméthane dissymétrique se
présente, quand il a été plusieurs fois cristallisé par précipitation de la
benzine au moyen d'alcool bouillant, sous forme de fins cristaux blancs,
fondant à i^Q"; très solubles dans la benzine, très peu dans l'alcool.
» Colorant fluorénique correspondant au vert malachite. — La leucobase précé-
dente donne, sous l'influence des oxydants, une coloration violet sale.
» Pour préparer ce colorant en quantité notable, nous avons oxydé sa leucobase,
dissoute dans l'acide chlorhydrique étendu, au moyen de pâte de peroxyde de plomb.
» Son chlorhydrate est très soluble dans l'eau bouillante, et se prend, par refroidis-
sement, en une masse cristalline feutrée.
» Ces aiguilles filamenteuses, longues, fines, noires ou brillantes, à reflets mordorés,
sont solubles dans l'alcool.
» Nous en avons préparé le nitrate
CH3\ / \ /\ /NCH3
NOS \ /
par double décomposition au sein de l'eau bouillante, du chlorhydrate du colorant et
du nitrate de potassium ou de plomb ; ce sel a le même aspect que le chlorhydrate.
» Le colorant que nous avons ainsi obtenu n'est ni substantif ni fluorescent; il teint
légèrement les bandelettes mordancées en alumine et en fer, ainsi que la laine, mais
avec beaucoup moins d'intensité que ne le fait le bleu fluorénique. La nuance est
d'un violet grisâtre, sans brillant. »
SÉANCE DU 17 AOUT IQoS. 4i5
ANATOMIE ANIMALE. - Un liquide fixateur isotoriique avecl' eau de mer.
Note de M. 31. -C. Dekiiuyzen, présentée par M. Yves Delage.
« Un liquide fixateur hypertoniqne à l'égard des tissus se comporte
comme un agent déshydratant et cause facilement des rétractions, tandis
qu'un fixateur hy potonique tond à produire des gonflements. Ces remarques
ne peuvent certainement expliquer qn'une partie des phénomènes qu'on
observe lors de l'action si peu étudiée et si compliquée des réactifs fixateurs
sur le protoplasma vivant, mais il est ituUile d'insister longuement sur
l'importance de l'emploi de fixateurs isotoniques. Le célèbre liquide de
Flemming exerce une pression osmotique trois fois plus grande environ
que celle qui règne dans l'organisme à sang chaud, et c'est justement à
cause des rétractions considérables des cellules délomorphes des Mammi-
fères que j'ai tâché de composer des liquides isoioniques, et je suis arrivé à
de bons résultats.
» Je me bornerai ici à faire connaître un liquide fixateur pour les ani-
maux de mer, à l'exception des Téléostéens toutefois. La pression osmo-
tique du sang ou de l'hémolymphe des Invertébrés et des Sélaciens est à
peu près égale à celle de l'eau de mer (Botti-zi, Quinton, Rodier). La pres-
sion osmotique se mesure par le point de congélation, indiqué ordinaire-
ment par la lettre A.
» A a varié pour l'eau de mer, à RoscofF, pencl;int mon séjour au mois de juillet,
entre — 2'',oo5 et — 2°,099C. Nous omettrons le signe — . L'hémolymphe à^ Echinas
acutus a Anr2°,o26, le sang de Sipunculus niidus 2", 088, celui de Maja squinado
2°, 070, celui de Mastelus lœvis 2", 064, celui de ScyUium canicula 2°,o4o, celui de
Raja mosaica 2°,o85, celui de Squatina angélus 2", 064 : tous animaux de RoscofF.
Bottazzi a trouvé pour l'eau de mer de Naples 2", 29. Au Helder j'ai trouvé, 27 fé-
vrier 1900, A de l'eau de mer : i°,534 et i",543 (pleine mer et basse mer) : Tinlluence
du Zuyderzée et des grandes rivières se fait sentir. Pour une station zoologique située
dans les parages de l'Atlantique, il nous faudra donc un liquide fixateur à A i~ 2*^,06
environ. J'en ai composé un qui m'a été insj^iré par le liquide d'Altmann (2,5
pour 100 K^Gr-0'', I pour 100 OsO*) et qui donne des résultats satisfaisants pour la
fixation des cellules, 1res difficiles à traiter, du sang du Sijjoncle, pour le plankton,
es Cydippes, les granulations des cellules glandulaires, etc.
■>■> Il fallait d'abord connaître A pour les difTérentes concentrations d'une solution
de K- Gr- O^ dans de l'eau pure, et puis i le coefficient d'ionisation. Les pour 100
désignent le poids du sel dissous dans 100^ d'eau. Appareil de Beckmann.
4l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
o "
A3,95op. iooK2Cr20^ = o,632, /=2,55 A 1,498 p. 100 K^Cr^Q^ = 0,29.5, « = 3,i4
A3, 194 » =0,535, «■= 2,67 Ao,98i6 » =0, 197, «■= 3,23
A2,482 » =0,435, /= 2,80 AO,4925 » =:0, Io4, « = 3,37
A2,ii6 » ^r o,38o, <' = 2, 86 Ao,3i45 » =0,075, « := 3,8i
A2,ooo » := o, 358, «■= 2,85 Ao,i562 » = o,o4o, i =: 4,08
Ai, 968 >) =o,35o, i = 2,83
n Le bichromate de potassium ne s'ionise donc pas en Iv, K, Cr^0'(/=3), mais,
par hydrolyse, il se dissocie davantage. Aussi la couleur jaune des solutions diluées
semble-t-elle indiquer la présence d'ions CrO*.
» Pour rOsO* j'ai trouvé :
A2 pour 100 = o'^ 162, i:=\,io,
Ao,927 pour 100 1= 0°, 086, izzzi, 26,
Ao,4733 pour 100 = o°,o5r , i = i ,47.
» Deux fois j'ai lâché d'aller plus loin dans la dilution de la solution aqueuse d'Os O^,
mais les déterminations de A donnaient des résultats très irréguliers et, dans l'une des
expériences, il s'était formé une poudre noire; probablement de l'osmium a-t-il été mis
en liberté parle platine du mélangeur de l'appareil de Beckmann.
» Pour faire le liquide fixateur isotonique à l'eau de mer on prépare 25o""^ d'une
solution 3 2,5 pour 100 de bichromate de potassium dans l'eau de mer filtrée. Le poids
spécifique en est i ,o46 (à .19°), A = 2°, 322.
» On y ajoute 25'^'"' d'acide nitrique à 6,3 pour 100 (la solution normale de la volu-
métrie) : A du mélange s'élève alors à 2°, 412; ensuite on ajoute 54'^°*^ d'une solution à
2 pour 100 d'acide osmique. A est alors abaissé jusqu'à 2", 042, à cause de la grande
quantité d'eau introduite. Voilà le liquide prêt. Son poids spécifique est i ,o38à 2o°C.
» Ce liquide a le grand avantage de pouvoir être mêlé à l'eau de mer sans que sa
pression osmotique varie. Même dilué avec deux fois son volume d'eau de mer,
quoique ne contenant alors que o,63 pour 100 de Iv-Gr-0'', 0,16 pour 100 d'acide
nitrique et 0,1 pour loo d'OsO*, il fixe admirablement les cellules du sang de
Sipunculus niidus, si sensibles aux réactifs, si toutefois on a soin d'y laisser couler
lentement le sang, pris à l'animal par une pipette capillaire, et en agitant la pipette
dans le liquide fixateur, tandis que le sang coule. Il faut absolument que le liquide
viscéral du Siponcle se mélange très rapidement et très intimement au liquide
fixateur.
» Pour les Cydippes (pour lesquels ce fixateur réussit admirablement), les Térébel-
liens ou pour de toutes petites pièces d'organes, il faut préférer le liquide non dilué.
J'y ai laissé les Cydippes pendant 3 heures : les cadavres, qui nagent d'abord auprès
de la surface, gagnent alors lentement le fond du tube. On lave à l'eau de mer, puis
on passe dans des mélanges filtrés d'alcool et d'eau de mer de plus en plus riches en
alcool.
» Quant à l'acide osmique, il faut absolument le peser et non pas se fier au poids
indiqué du contenu du tube. Pour préparer rapidement l'acide nitrique à la concen-
tration dite normale, il convient de diluer l'acide fort avec de l'eau distillée jusqu'à
SÉANCE DU 17 AOUT igoS. 417
ce qu'on ait obtenu un mélange d'un poids spécifique de 1,060 à i5" G. Puis on
dilue 55,7 de ce mélange jusqu'à un volume de 100'''"'. »
CHIMIE ANIMALE. — De la présence de V acide lactique dans les muscles des
Invertébrés et des Vertébrés inférieurs. Note de M. Jean Gautrelet,
présentée par M. Yves Delage.
« J'eus occasion, au sujet d'études hémo-alcalimétriques, de faire à
Roscoff des recherches d'acide lactique dans le sang de divers Invertébrés
et Vertébrés. C'est ainsi que j'ai élabH sa présence dans les hémolyniphes
de Maia, de Homarus, de Carcinus, dans le liquide cavitaire de Sacculina,
dans les sangs de Raja, Scfllium, Mwtelus, Testudo et Emys.
» Je n'entrerai pas dans les détails d'expériences que j'ai consignées
ailleurs ('). Je ne veux signaler ici que les recherches parallèles d'acide
lactique, que je fis dans les muscles de certains de ces animaux.
» Expérience. — 4^0^ de muscles de Scylliiim canicula étaient réduits en menus
morceaux délayés dans six fois leur poids d'eau; le tout macérait 12 heures environ.
On passait à travers un linge et l'on exprimait à la presse, La masse exprimée était
reprise par une nouvelle quantité d'eau et filtrée, et ce, un certain nombre de fois
successivement.
» Les eaux de lavage de la viande étaient portées à l'ébullition pour coaguler les
albumines.
» Le liquide était filtré, concentré et additionné d'un léger excès d'acétate neutre
de plomb qui précipitait les chlorures, phosphates, sulfates. Pas d'acide urique à
signaler. On filtrait à nouveau et traitait le liquide par du sous-acétate de plomb
ammoniacal : nouveau précipité.
» Le filtratum était alors débarrassé de l'excès de plomb par un courant d'hydro-
gène sulfuré, évaporé au bain-marie et abandonné au frais. La créatine se séparait en
magnifiques cristaux fort abondants.
» Les eaux mères de la créatine étaient acidulées par l'acide sulfurique et agitées
avec de l'éther à différentes reprises. Celui-ci dissolvait l'acide sarcolactique, que
mettait en évidence le réactif d'Lieffelmann.
» D'ailleurs,, la solution éthérée, évaporée et saturée à chaud par le carbonate de
zinc, puis refroidie après filtration, donnait des cristaux de sarcolactate de zinc.
» Nous avons suivi une marche identique et mis en évidence la pré-
sence d'acide lactique dans les muscles de Mustelus parmi les Sélaciens,
(1 ) Jean Gautrelet, Les pigments respiratoires et leurs rapports avec l'alcalinité
apparente du milieu intérieur {Thèse Fac. Sciences. Paris, Schleicher et G'», édi-
teurs).
C. K., 1903, 2' Semestre. (T. CXXXVII, N» 7.) ^^
4l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de Maia parmi les Crustacés. Notons que nous n'avons pas obtenu avec
ces derniers les cristaux de créatine, si remarquablement abondants chez
les Poissons, ou du moins chez les Sélaciens. »
ZOOLOGIE. — Sur la présence de Microsporidies du genre Thelohania
chez les Insectes. Note de M. Edmond Hesse, présentée par M. Alfred
Giard.
« Les Microsporidies du genre Thelohama, caractérisé, comme on le
sait, par ses pansporoblastes octosporés, n'ont été jusqu'ici observées que
chez les Crustacés dont elles parasitent les muscles.
)) J'ai rencontré aussi les Ihelohania chez les Insectes et je décrirai briè-
vement, dans cette Note, deux espèces que j'ai trouvées : l'une, dans les
larves de Tanypus varias Meig. {Thelohania pinguis n. sp.); l'autre, dans
celles de Limnophilus rhombicus Linné (^Thelohania j anus n. Sj).).
»• Thelohania pinguis. — Cette Micro'iporiclie n'est pas fréquente : sur looo larves
examinées 2 seulement étaient infestées. Le pnrasite envahit exclusivement le corps
graisseux de l'hôte; il le distend, formant des tumeurs très volumineuses qui
emplissent toute la cavité générale, compriment fortement les organes et parfois même
se rompent en mettant en liberté dans le cœlome les pansporoblastes qu'elles con-
tiennent.
» Ces pansporoblastes renferment chacun 8 spores; presque tous sont sphériques et
mesurent 6!^ à 61^, 5" de diamètre; quelques-uns ont la forme d'ellipsoïdes mesurant l^^
sur 7^-. Les spores, d'une seule sorte, sont généralement ovoïdes, parfois piriformes;
leur longueur est de 3S^- à 3H-,5; leur plus grande largeur, 2H-. Le filament spiral est
dévaginé^'par l'action de la glycérine sur les spores fraîches : il a 2oH- de long.
» Thelohania janiis. — Je n'ai observé jusqu'à présent qu'une seule fois cette
Microsporidie, sans doute également très rare. Elle parasite les larves de Limnophilus
rhombicus L., aux environs de Grenoble. Comme l'espèce précédente, elle envahit les
corps graisseux en respectant les muscles.
» Dans le cas que j'ai étudié, le parasite formait des îlots assez volumineux dans la
région thoracique et dans la partie postérieure de l'abdomen. Ces îlots renfermaient,
en quantité à peu près égale, des pansporoblastes à macrospores et des pansporoblastes
à microspores.
» Les pansporoblastes à macrospores sont sphériques (5!^ de diamètre) ou ellip-
soïdes (4^5 de large sur 51^,5 à 6!^ de long); ils renferment 4 macrospores incurvées
en forme de haricot et ayant 2!^ de large sur 6!^- de long.
» Les pansporoblastes à microspores sont tous sphériques (5l\5 de diamètre) : ils
renferment 8 microspores ovoïdes, non incurvées, mesurant iV- de large sur 3i^ de
long. L'action de l'eau iodée sur ces microspores provoque la sortie du filament, long
de 24!^ à 25!^^. Je n'ai pas observé sa dévaginalion chez les macrospores.
» Les caractères des pansporoblastes de cette espèce la dilïérencient donc nette-
ment des autres Thelohania dont tous les pansporoblastes renferment 8 spores sem-
SÉANCE DU 17 AOUT IOo3. /jiq
blables; mais je ne crois pas qu'ils soient suffisants, du moins dans l'état actuel de
nos connaissances, pour justifier la création d'un genre nouveau.
» Ainsi les Microsporidies du genre Thelohania ne sont pas propres aux
Crustacés comme on pouvait le croire jusqu'ici; elles ne sont pas davan-
tage spécialisées -comme parasites musculaires. J'ai, du reste, observé chez
les Insectes d'autres espèces de Thelohania que je me propose de décrire
prochainement. »
ZOOLOGIE. — Sur le développement posl-embryonnaire des Ixodes. Note de
M. A. Bonnet, présentée par M. Alfred Giard.
« Le développement des Ixodes comprend deux stades ])rincipaux avant
d'arriver à l'état adulte : la larve hexapode et la nymphe octopode.
» En suivant attentivement l'évolution de la larve en nymphe et de la
nymphe en adulte de V Ixodes hexagonus Leach, on constate que les larves
et les nymphes jeunes sont d'une couleur brune, qui s'éclaircit peu à
peu et qui devient finalement blanche.
» Par la méthode des coupes, j'ai vu qu'en même temps que se fait ce changement
de couleur, il se produit une histogenèse 1res active, et j'ai été amené à subdiviser ces
états larvaires et nymphaux. chacun en deux stades, de telle sorte que le développe-
ment post-embryonnaire des Ixodes comprend: 1" larve brune; 2" larve blanche;
3" nymphe brune; 4° nymphe blanche.
» La larve brune doit sa coloration à un vilellus abondant remplissant presque com-
plètement le corps. Le tube digestif n'est pas entièrement développé : il est formé
dans la région buccale, mais ne se prolonge pas au delà de sa sortie du cerveau; dans
la région anale le rectum seul est formé. Entre ces deux portions terminales, je n'ai
pu distinguer aucune indication du tube digestif, tout fintérieur de Fanimal étant
rempli par une masse vitelline sans différenciation.
» I^es muscles des pièces buccales et des pattes sont bien constitués et se conser-
veront pendant toute la vie de l'animal; les muscles dorso-ventraux ne sont qu'à l'état
d'ébauches.
» Peu à peu ces larves brunes deviennent blanches, et, à mesure que se fait cette
modification de couleur, il se produit une rapide histogenèse. L'hypoderme prolifère
activement, principalement aux points où les muscles dorso-ventraux se rattachent
aux parois du corps. Les nombreuses cellules nées de cette prolifération se placent
immédiatement sous l'hypoderme, ou émigrent le long des muscles dorso-ventraux et
s'assemblent pour former la paroi des Ciecums digestifs et de l'estomac proprement
dit, et résorbent presque immédiatement le vitellus.
» Pendant la résorption progressive de la masse vitelline, la larve blanchit de plus
en plus et son rectum se remplit de concrétions uriques.
» En même temps les muscles dorso-ventraux prennent un développement de plus
en plus grand.
420 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Chez celte larve l'appareil génital apparaît sous forme de deux ébauches indé-
pendantes : la glande génitale est représentée par un petit amas cellulaire au milieu
du corps de la larve; les conduits génitaux sont formés par une faible prolifération
hypodermique immédiatement en arrière du cerveau.
» La larve devenue complètement blanche, c'est-à-dire lorsque son tube digestif
est formé dans son entier et que le vilellus a disparu, se nourrit très activement aux
dépens de son hôte. Au bout d'un certain temps, elle accomplit sa première méta-
morphose en donnant la nymphe brune. L'étude de l'organisation de cette nymphe
montre qu'elle est remplie d'une substance vitelline analogue à celle que j'ai constatée
chez la larve brune, et, de même que chez cette dernière, le tube digestif manque
dans la région moyenne. De même, les muscles dorso-ventraux sont à l'état rudimen-
taire et formés de fibres musculaires isolées.
» Cette nymphe brune va évoluer de la même façon que la larve de même couleur et
deviendra progressivement blanche. Une nouvelle prolifération hypodermique se pro-
duit, et les cellules ainsi formées régénèrent la région moyenne du tube digestif, les
régions œsophagienne et anale ayant subsisté ; le vitellus se résorbe d'abord dans les
cœcums digestifs, puis dans l'estomac, en même temps que le rectum se remplit de
concrétions uriques.
» Les muscles dorsaux-ventraux se reconstituent également. Quant aux organes
génitaux, ils ont pris pendant la métamorphose un grand développement : la glande
génitale est devenue volumineuse et émet en avant deux prolongements latéraux; les
conduits génitaux sont bien développés et très contournés; toutefois, ils ne sont encore
en relation ni avec la glande, ni avec l'extérieur.
)i La nymphe blanche se nourrit quelque temps aux dépens de son hôte, puis subit
une dernière mue métamorphique et se transforme ainsi en adulte.
» L'évolution post-embryonnaire des Ixodes montre donc une répétition
de phénomènes d'histogenèse absohiment semblable, à l'état de larve et à
l'état de nymphe, qui ont pour effets principaux la reconstitution du tube
digestif moyen et la résorption du vitellus. »
M. AuRic adresse une Note « Sur l'existence probable d'un anneau
autour de Jupiter ».
(Renvoi à l'examen de M. Wolf.)
M. S. DE MoKRZECKT adrcssc ime Note « Sur l'emploi de la thérapie
intérieure en cas de chlorose et autres maladies des arbres fruitiers et
des ceps de vigne ».
(Renvoi à l'examen de M. Prillieux.)
La séance est levée à 4 heures.
G. D.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 24 AOUT 1905,
PRÉSIDENCE DE M. ALBERT GADDRY.
ME3IOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIQUE. — Piles à plusieurs liquides différents avec électrodes métalliques
identiques, par M. Berthelot.
« J'ai montré quelles relations existent, d'après l'expérience et d'après
les hypothèses de la théorie, entre les forces électromotrices des éléments
de piles à électrodes métalliques différentes, constituées par i, 2, 3, ...,
n liquides concentriques ou consécutifs. Je vais exposer d'autres expé-
riences sur les éléments de piles à plusieurs liquides, terminés par des
électrodes identiques, et comparer les données observées avec la théorie.
» J_iOrsque les électrodes sont identiques, il n'y a pas en principe de
différence de potentiel dans un élément renfermant un liquide unique;
mais seulement dans les éléments constitués par 2, 3, 4, 5, ... liquides
séparés, de composition différente. J'examinerai cette fois seulement les
éléments dans lesquels les deux liquides distincts et terminaux, c'est-à-dire
en contact avec les électrodes métalliques, sont les mêmes. J'ai opéré avec
trois métaux : zinc, cuivre, platine. Toutes les dissolutions possèdent
des concentrations équivalentes: i^'^^^d' pour les corps monovalents,
jmoi__ ,q1 pour les corps divalents.
I.
» Soient d'abord les éléments terminés par deux sels chimiquement
neutres, tels que :
» 1° Le sulfate de zinc et le sulfate de soude : SO^Zn = A; SO''Na^=B; C, D, E ...
répondent à SO^HS SO*Cu,BO^HS NaOH, etc.
» (1) Éléments à deux liquides : AB. — On a trouvé :
Électrodes ZnZn : o^"»S 00. CuCu : o^°'So3. PtPt : o^°'So6.
C. R., 1903, 2' Semestre. (T. CXXXVII, N° 8.) ^^
422 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» (II) Éléments à trois liquides : ACB. — Mêmes contacts entre électrodes et
liquides :
C = SO^H^.
G=:S0*CU.
C =: BO'H».
C = NaOH
ZnZn
o,oi
•0.00
0,02
0,00
CuCu
o,o5
0,08
o.oo5
o,o3
PtPt
o,o5
o,o5
o,o3
o,o5
lémenti
à quatre liquides : AGDB.
CD = S0'Cu.S0<H2.
CD == SO'fP.Na
OH.
ZuZn : 0,07
0,00
CuCu : 0,0/4
0,01
PtPt
'. »
0,08
» 2° Sulfate de zinc et sulfate de cuivre. SO*Zn = A; SO' Gu = B.
» (I) Eléments à deux liquides : AB
ZnZn : o^°^Soi. CuCu : o^'°^So7.
» (II) Eléments à trois liquides : ACB.
PtPt : o^"'^ 02.
C = SO'' Na^.
C
= S0^H2.
C = BO'H'.
ZnZn : 0,02
o,o3
0, 10
CuCu : 0,08
o,o4
0,0.5
PtPt : 0,08
0,07
o,o5
» (III) Éléments à
quatre liquides :
ACDB.
CD = SO"Na-.SO^H^
DC = SO''H=.SO«lNa
2
CD = SO^Na^.BO^H^
CD ^ Borax. BO-^ H
ZnZn : 0,01
o,o3
o,o3
0,02
CuCu : o,o5
0,02
0, 10
0,08
PtPt : 0,06
0,06
0,07
0,00
DC= BO' H'. Borax
CD = SOMi^NaOH.
ZnZn : o,o3
0,01
CuCu : o,o4
0,07
PtPt : o,oi5
»
» (IV) Eléments à
cinq liquides : ACDEB.
CDE =
50*H^NaOH.SO^Na=
EDC = SO*Na-.NaOH.SO<H\
ZnZn : 0,07
0,o5
CuCu : 0, II
o,o4
PtPt : o,o4
o,oi5
» Il convient de remarquer ici que le sulfate de cuivre mis en rapport
avec une électrode de zinc donne bientôt lieu à une précipitation du métal
et à une polarisation progressive, qui trouble les mesures ultérieures.
» 3° Je supprime, pour abréger, les éléments terminés parSO^Cu^ A;
SÉANCE DU l(\ AOUT igoS. 4^3
SO^Na^ = B, avec 2, 3, 4, 5 liquides, lesquels ont fourni des résultats ana-
logues aux précédents.
)) Avant d'examiner les éléments terminés par un acide, ou par un alcali,
résumons les indications des Tableaux précédents. Ce qui frappe d'abord,
c'est la petitesse générale des forces électromotrices (ou plutôt des diffé-
rences de potentiel).
» Dans certains cas même, — où elles sont à peu près nulles, ou très voi-
sines de zéro, — le signe électrique s'intervertit au bout de quelques
minutes. Je rappellerai d'ailleurs que ces mesures répondent à la période
initiale des phénomènes, à partir du moment où l'imbibition de la paroi
poreuse est devenue régulière; la polarisation et le changement de com-
position résultant des échanges accomplis au travers de cette paroi ne
tardent pas à troubler ce premier équilibre relatif, dans un grand nombre
de cas.
» Quoi qu'il en soit, durant la période initiale que je viens de définir, les
valeurs observées sont très faibles.
» Il doit en être ainsi, en effet, d'après l'interprétation que j'ai donnée
(ce Volume, p. 292) des valeurs considérables et différant notablement
entre elles de la force électromotrice observable avec un élément terminé
par deux électrodes métalliques différentes, valeurs qui se retranchent
l'une de l'autre.
» Ces valeurs sont à peu près proportionnelles à la différence des cha-
leurs d'oxydation des deux métaux. Dès lors, dans le cas où le métal des
deux électrodes est identique, les différences des deux potentiels devraient
être nulles; ou, du moins, ne manifester que de petites inégaHtés, attri-
buables, en partie, aux différences d'état entre les échantillons d'un même
métal, et surtout à la diversité des deux liquides neutres, A, B, mis en con-
tact avec le métal M.
» Dans les exemples cités, les ions acides de ces deux liquides (SO* ) sont
d'ailleurs les mêmes; mais cette condition n'est pas nécessaire.
)) Quant aux liquides intermédiaires entre les extrêmes C, D, E, F, la
somme de leurs influences a été trouvée faible; même dans le cas où \\
s'agit d'un alcaH, tel que NaOH: en contact avec un acide auquel il se
combine; ou bien avec un sel métallique dont d précipite l'oxyde, comme
SO'Cu. Bien entendu ceci s'applique seulement aux premiers instants du
contact, avant que la composition des deux liquides et les matières conte-
nues dans la paroi poreuse aient été notablement modifiées.
» Avant d'aller plus loin, il est essentiel d'établir que la presque identité
4^4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
des potentiels totaux observés avec les piles à 2, 3, 4, 5 liquides, terminées
par les mêmes liquides, en contact avec les mêmes électrodes, fï implique
nullement que les potentiels individuels développés aux contacts des liquides
intermédiaires, pris deux à deux, soient nuls ou très petits. En fait, cette iden-
tité résulte des compensations, attribuables pour la plupart à la loi des
contacts, et conformément aux développements donnés à cet égard dans
mes Notes précédentes. C'est ce que je vais préciser.
» Soient, en effet, M | A.B |M un élément formé par deux liquides diffé-
rents et séparés, A et B, compris entre deux électrodes du même métal M;
» M I ACB [M un élément formé par trois liquides A, C, B ;
» M I AGDB I M ; M I ACDEB | M un élément à 4 et 5 liquides.
» Les sommes des potentiels respectifs seront :
MA + BM (entre métaux)
AB (2 liquides),
AG + CB =AB (3 liquides),
AG + CD + DB =AB (4 liquides),
AGH-GD4-DE + EBrr:AB(5 liquides).
» Ces égalités résultent, bien entendu, d'une hypothèse non évidente
a priori, d'après laquelle la loi des contacts serait supposée applicable aux
chaînes de liquides différents. Les potentiels AB, AC, etc., peuvent avoir
des valeurs quelconques; mais on voit que leurs sommes se réduisent au
chiffre extrême, par suite des compensations.
IL
» Examinons maintenant un élément terminé à l'un de ses pôles par un
acide, et à l'autre pôle par un sel neutre.
» 1° SO*H^i=A; SO^Na^^B.
» (I) Deux liquides AB :
ZnZn : 0,11. GuGu : 0,06, Pt : 0,18.
» (II) Trois liquides AGB :
C = SO<Zn.
C
^SO^Cu.
ZnZn : 0,06
0, 12
GuGu : 0,01
o,o5
PtPt : 0,26
0,20
SÉANCE DU 24 AOUT igoS.
), 2° S0Mi2 — A; SO^Zn = B.
» (I) Deux liquides AB :
ZnZii:o,o8. CuCu : 0,08. PtPt:o,o^
» (II) Trois liquides ACB :
C=SO^Cu.
ZnZn : o,o3
CuCu : 0,00
PlPt : 0,08
425
0,11
o,o4
o, 10
» 3° SO^H^^rA; SO^Cu^B.
» (I) Deux liquides AB :
ZnZn : 0,02. CuCu : 0,06.
C = S0*Na2.
o, I I
o, i3
0,17
» (II) Trois liquides ACB:
C = SO«Zn.
ZnZn : 0,12
CuCu : o, i3
PtPt : 0,18
» 4° SO^Znrr A; BO^H^^B.
» (I) Deux liquides AB (') :
ZnZn : 0,01. CuCu : 0,0^.
» (II) Trois liquides ACB, C = S0*Na2(i) :
ZnZn : o,o3. CuCu : 0,02.
» (TII) Quatre liquides :
CD =:S0^Cu.S0^H2.
ZnZn : 0,02
CuCu : 0,02
PtPt : 0,002
PtPt
C = NaOH.
0,08
0,09
Pt : 0,02.
PtPt : 0,02.
CD=S0*Na2S0*Cu.
o,o3
0,002
0,02
CD = SO<CuSO*Na^
0,02
o,oo5
0,02
» D'après ces Tableaux, l'acide borique, acide faible, et le sulfate de
zinc ou de cuivre, étant liquides terminaux, leur influence sur la valeur
absolue du potentiel est analogue à celle des sels neutres, c'est-à-dire
presque nulle. Mais il en est autrement, en fait, pour l'acide sulfurique,
les différences de potentiel étant alors accrues, sans cependant acquérir des
valeurs excessives. Elles le sont particulièrement avec les électrodes de
platine.
(*) Mêmes valeurs sensiblement avec les systèmes SO*Cu.BO* H* et SO^Na^.BO'H*.
426
ACADEMIE DES SCIENCES.
» Les écarts entre les groupes à deux liquides et à trois liquides sont ici
plus marqués que dans les Tableaux précédents. Cette divergence résulte
en majeure partie de la difficulté d'écarter les complications attribuables
au mélange des liquides, à travers la paroi poreuse. En effet, j'ai reconnu
par des essais spéciaux que la moindre trace d'acide sulfurique, ou d'un
acide fort, ajoutée à un sel neutre, fait varier la force électromotrice bien
plus rapidement que l'addition des sels neutres en faible proportion.
III.
» Soit maintenant un élément constitué par un sel neutre et un alcali.
). i" S0*Na2=A; NaOH = B.
» (1) Deux liquides AB :
ZnZn : o,34. CuCu : 0,19.
)) (II) Trois liquides ACB :
C = SO^Zn.
ZnZn : 0,82
CuCu : 0,19
PtPt : 0,28
» 2° SO^Zn=A; NaOH=:B.
)) (I) Deux liquides AB :
C = SO^Gu.
0,82
0,20
0,34
PtPt : o,4i
C = S0^H2.
0,35
0,20
0,22
ZnZn : o,34.
Cu Cu : 0,21.
PlPt : o,3i
» (11) Trois
liquides ACB :
C = SO'Cu.
C = SO*Na^
C = SO*H^
ZnZn : o,34
0,32
0,28
CuCu : 0,20
0,19
0,18
PlPt : o,38
o,3i
0,39
» 3° SO*Cu=:A; NaO = B.
» (I) Deux liquides AB :
ZnZn : o,33.
CuCu : 0,26.
PlPt : 0,19
uides ACB :
C = SO»Zn.
C = S0S\a2.
C = SO*H^
ZnZn : o,33
0,34
0,35
CuCu : 0,25
0,27
0,28
PtPt : o,4o
o,38
0,39
SÉANCE DU 24 AOUT iQoS. l\l'j
» On voit d'abord que les valeurs trouvées sont à peu près les mêmes
pour les systèmes terminés par les mêmes liquides, dans chacun des trois
groupes à deux et trois liquides envisagés séparément.
)) En outre, la comparaison des trois groupes entre eux fournit des va-
leurs d'ordinaire fort voisines. Mais, contrairement à ce qui a été observé
pour les systèmes oi^i les électrodes sont en contact avec deux solutions
salines, les potentiels observés cette fois ont des valeurs notables. Avec les
électrodes de zinc, ils sont voisins d'un tiers de volt, ce qui correspond à
gcai environ; avec les électrodes de cuivre, ils sont voisins d'un quart à un
cinquième de volt, ce qui correspond à 5^^^ ou 6^*'. Avec les électrodes de
platine, ils ont oscillé entre un et deux cinquièmes de volt, chiffres cor-
respondant à 5^*' et 9^^\ Le contact d'un alcali avec les métaux mis en
œuvre exerce donc une influence toute particulière.
» Je suis porté à attribuer cette influence à la relation électrochimique
spéciale qui existe entre les oxydes de ces métaux : zinc, cuivre, platine
notamment et la base alcaline. En effet, les oxydes des métaux mis en pré-
sence des acides tendent à former des sels, dans lesquels les oxydes jouent
le rôle électropositif au point de vue chimique; et ce rôle subsiste d'ordi-
naire vis-à-vis des sels neutres. Au contraire, ces mêmes oxydes, ceux de
zinc et de platine en particulier, mis en présence des alcalis, tels que la
soude, tendent à former des sels dans lesquels les oxydes métalliques
jouent le rôle d'acide, c'est-à-dire le rôle électronégatif, au point de vue
chimique. Il en résulte que, dans les éléments de pile envisagés ici, les deux
électrodes, l'une étant mise en présence d'un sel neutre, l'autre en pré-
sence de la soude, tendent à ajouter, dans une certaine mesure, leurs
potentiels; au lieu de les retrancher, comme dans les cas oîi le rôle électro-
chimique des métaux qui constituent les deux électrodes est le môme.
Ainsi, dans ce dernier cas, la différence des deux potentiels tend à devenir
nulle; tandis que, dans le cas d'un alcali, il en est autrement.
IV.
» Opposons un acide libre à une base libre, vis-à-vis de deux électrodes
métalliques identiques, dans un même élément de pile.
» Acide sulfurique et soude : SO^H^— A; NaOH = B.
» (I) Deu\ liquides AB :
ZiiZii : 0,23. CuGu : o,i3. Pt : 0,60.
428
ACADEMIE DES SCIENCES.
» (II) Trois liquides ACB
C = SO^Zn.
C = SO'Cu.
C = SO<Na=
ZnZn : 0,20
0,20
0,19
CuCu : 0,11
0,09
0, 12
PtPt : 0,53
o,56
0,52
ides ACDB :
CD = SO^Zn.SO^N,
1^
CD =
SO^CuSO'Na-
ZnZn : 0,28
0,19
CuGu : 0, i3
0, i3
PtPt : 0,57
o,5o
» La relation fondamentale entre les piles formées de différents liquides
séparés est ici vérifiée. Mais les valeurs observées sont considérables; ce
qui se rattache évidemment à la réunion des deux influences, exercées l'une
à un pôle par l'acide, l'autre à l'autre pôle par l'alcali : influences qui
tendent à s'ajouter. Je ne veux pas entrer ici dans la discussion des hypo-
thèses que l'on pourrait faire à cet égard, pour préciser davantage le calcul
des forces électromotrices. Je me bornerai à constater une fois de plus la
vérification expérimentale, dans les conditions chimiques les plus diverses,
de la loi des contacts, en tant qu'applicable aux chaînes liquides.
» L'étude du dernier groupe des liquides étudiés dans le présent
Mémoire nous ramène à la relation que j'ai signalée au début de ces études
entre les forces électromotrices des trois éléments constitués, l'un par la
réaction d'un acide sur une base donnant lieu à un sel, les autres par les
réactions de ce sel sur son acide et sur sa base séparément :
(1) E = £, + 3,
et plus généralement par la réaction de deux liquides entre eux et sur le
produit de leur action réciproque.
» Cette équation peut être envisagée à divers points de vue et notam-
ment à celui des chaînes liquides qui interviennent dans la mesure des
quantités E, s,, t^.
» Soient trois liquides séparés A, B, C et des électrodes constituées par
un même métal M ; on peut former trois éléments de pile avec les liquides
SÉANCE DU 2/| AOUT 1903. 429
précéflents, pris deux à fleux selon l'ordre suivant :
MlÂ.BliM; M|A.C|M; A1lC.B|M.
» En admettant la loi des contacts pour les liquides, on obtient entre
les potentiels du premier clément et ceux des deux autres éléments, dis-
posés comme ci-dessus, la relation
E = e, + s,;
car
m + ÏÏ\Î -+- AB = MA + CM 4- MC + ÏÏM 4- ÂC 4- C;B.
» Or
CM -^ MC = o ; \C-h C.B = A R.
» Les expériences relatives à la relation signalée plus haut peuvent donc
être regardées comme fournissant une démonstration delà loi des contacts,
en tant qu'applicable aux chaînes liquides,
» Cependant, ainsi que j'ai eu occasion de le faire observer à diverses
reprises et de le démontrer par mes mesures d'intensité et mes expériences
d'électrolyses extérieures à la pile, l'égalité entre les deux termes de
l'équation (r) s'applique uniquement aux potentiels électriques, mais non
aux quantités de chaleurs dégagées de part et d'autre et au travail exté-
rieur accompli par les trois éléments. Toutes les fois que E répond à une
réaction exothermique, telle que : la combinaison d'un acide et d'une base ;
ou l'action réciproque de deux sels formant immédiatement un sel double
très stable à l'état ordinaire; ou bien encore une réaction oxydante ou
réductrice, accomplie presque instantanément au contact des deux liquides ;
j'ai constaté que l'énergie intérieure correspondant à cette réaction et
entretenue par elle est susceptible d'intervenir, non seulement pour pro-
duire de la chaleur, mais aussi pour se transmettre en partie au dehors sous
la forme d'un courant électrique, qui .développe un travail électrolytique
continu, extérieur à la pile : tandis que les réactions e, et £^ (action d'un sel
neutre sur un acide, ou sur une base, etc.), — à résultante thermique
presque nulle, sinon même négative, — puisent dans le milieu ambiant les
énergies qui entretiennent les potentiels de la pile qu'elles concourent à
former. Par conséquent, elles ne sont pas susceptibles d'entretenir un
travail électrolytique extérieur; et celui-ci ne tendra à se produire que
C. R., 1903, ?.' Semestre. (T. CXXXMI, N" 8. ^7
/|3o ACADÉMIE DES SCIENCES.
suivant ]a proporlion, exlrêmement faible, qui répond à l'emmagasinement
continu de ces énergies extérieures.
» Dans le premier élément (acide -+- base), au contraire, le travail exté-
rieur est entretenu en raison de l'énergie fournie en un temps donné et
d'une façon continue par la réaction chimique. En étudiant les réactions
oxydantes en particulier, j'ai montré que Ton réalise ainsi, au moyen de
l'énergie fournie par le contact des deux liquides, accompli en dehors des
électrodes métalliques, on réalise ainsi, dis-je, dans plusieurs cas, des
piles qui travaillent en conservant une force électromotrice constante;
c'est-à-dire qui possèdent les mêmes caractères que les piles ordinaires, oîi
la force électromolrice est fournie surtout par la réaction chimique accom-
plie entre une électrode métallique et le liquide où celle-ci est plongée.
Ce sont là, je le répète, des circonstances capitales au point de vue de la
théorie. »
M. Alfred Picard fait hommage à l'Académie du quatrième Volume de
son Rapport général concernant l'Exposition universelle de 1900.
« Ce Volume est presque exclusivement consacré à l'organisation et aux
traits caractéristiques des groupes et des classes de la Section française, y
compris les colonies et pays de protectorat.
» Tous les membres de l'Académie des Sciences l'ayant reçu ou devant
le recevoir incessamment, M. Picard croit inutile d'en faire l'analyse, mais
il considère comme un devoir de rendre hommage à ceux de ses éminents
Confrères qui, élus présidents de groupe ou de classe, ont bien voulu ac-
cepter ce mandat, le remplir avec tant d'éclat, et contribuer pour une si large
part au brillant succès de la Section française : le regretté M. Faye (classe de
la Géographie, de la Cosmographie et de la Topographie); M. d'Arsonval
(classe des applications diverses de TÉlectricité); M. le colonel Laussedat
(groupe des instruments et procédés généraux des Lettres, des Sciences
et des Arts; classe des Instruments de précision); M. Marey (classe de la
Photographie); M. Mascart (groupe de l'Électricité; classe delà production
et de l'utilisation mécaniques de l'Électricité); M. Moissan (classe de
i'Électrochimie); M. Potier (classe de l'Éclairage électrique); M. Prii-
lieux (classe des Insectes utiles ou nuisibles); M. Sarrau (classe de l'Aéro-
station) ; M. Troost (classe des Arts chimiques et de la Phiwmacie). »
SÉANCE DU 24 AOUT ï9o3.
V3i
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, plusieurs Mémoires de M. le professeur G. CapelUni et
notamment des travaux sur les Baleines fossiles trouvées en Italie.
(Présentés par M. Albert Gaudrv.)
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Obscîvatio/is du Soleil faites à V Observatoire de
Lyon (^équatorial Brûnner de o'",i6) pendant le deuxième trimestre
de 1903. Note de M. J. Guillausie, présentée j)ar M. Mascart.
(( Il y a eu 67 jours d'observation dans ce Lrim^^strc; les jjrincipaux
faits qui en résultent sont les suivants :
Tableau I.
Dales Nombre Pass. Laliludcs uioyoïincs Surfaces
extrêmes d'obser- au mér. - — ■~«i -^ — ■— ■• moyennes
d'observ. valions, central. S. N. réduites.
28- 6
3-14
7-8
I I
S-i3
25-26
27-28
1 8-20
20
24
24-27
24- 2
3o- 5
24- 2
Avril 1900. — 0,09.
8
1 1
2
I
6
2
2
2
I
I
2
8
3
8
22 j.
2,0
8,7
9,9
12,4
i3,5
21,8
23, I
23,6
23,8
25,7
27,8
28,7
29,0
29 î 4
Mai
— 16
— '9
— 21
-(-23
4- 20
-+-2r
-H22
-4-23
-iG
-14
-20
-1-20
17°, 6 -1-20", o
0,23.
26- 5
7
2,1
3o- 1
2
6,3
— 20
2- 5
2
8,3
— 15
7
1
11,1
—20
-16
164
3oi
i3
10
10
5
27
7
6
3
4
53
iG
i5j
Taches.
Dates Nomliro l>abs. Latitudes moyennes Surfaces
cxlrèmes d'obser- au mér. -». — - — »■■ -^ moyennes
d'observ. valions, central. S. i\ réduites.
I2-l5
lG-22
2J-27
3o
20- 1 G
1 1 - 1 G
12
8
i5
20-23
15-27
16-27
18-20
1- J
2Gj.
3
10
9
2
3
i9J-
Mai igoS (suite).
22 , 3
23,3
2 1,9
20.6
•7
24
5
4i
/
14
>^
38
-21^,3 -l-iG",G
Juin. — 0,26.
7.1
10,7
12,1
i3, i
'9,o
19.8
21 ,G
23, o
23,7
3o,8
— 21
— 14
— 15
— 00
—25
-f-20
+21
-f-20
I
1 1
21
4
i3
3
26
56
78
3
1 1
— 20", 6 -i-'io'',8
432 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tableau II. — Distribution des taches en latitude.
Sud. Nord.
1903. 90°. 40°. 30°. 20°. to°. 0°. Somme. Somme. 0". 10°. 20°. 30\ 40°. 90°
»
Surfaces
Totaux
lotales
mensuels.
réduites.
i4
772
9
233
II
aSo
Avril » » 1 () » 7 7 » 3 4
Mai » » I 3 » 4 5 » 5 »
Juin » » 4 3 » y 4 » 2 2
Totaux.. » » 6 12 » i8 i6 » lo 6 » » 34 i235
Tableau III, — Distribution des facules en latitude.
-
10°
Nord.
Totaux
mensuels.
Surfaces
totales
réduiteg.
luimc.
Somme.
0"
. 20°
30°.
, 40°.
90°.
'-
— -
--
-^~-
^--
— — ,
i3
17
1
4
7
2
3
3o
i5,9
1=1
10
»
5
3
9,
»
24
14,2
19
12
I
3
6
2
»
3r
i5,9
Totaux.. 7 7 i5 i5 2 4(5 39 2 12 16 G 3 85 46,0
» Taches. — Le nombre des groupes de taches enregistrés est double de celui du
trimestre précédent (voir Comptes rendus, t. CXXXVI, p. 994), soit 34 groupes au
lieu de 17, mais leur surface totale n'a augmenté que d'un tiers environ ; on a, en efTet,
1235 millionièmes au lieu de jSi.
» En ce qui concerne leur répartition entre les deux hémisphères, le nombre des
groupes a augmenté de 10 au sud (18 au lieu de 8) et de 7 au nord ( 16 au lieu de 9)
» Le groupe le plus important a traversé le disque solaire du i""" au i5 avril, à 19°
de latitude australe; il a occupé, dans son plus grand développement, une surface
de 4oo millionièmes de l'aire de l'hémisphère visible. Sa tache principale a atteint la
limite de visibilité à l'œil nu; elle était accompagnée d'autres très petites, et entourée
de belles facules.
» D'autre part, le nombre des jours où le Soleil a été vu sans taches est de j3, d'où
résulte un nombre proportionnel de 0,19, légèrement plus faible que le nombre
obtenu (0,22) dans le trimestre précédent.
» Régions d'activité. — Le nombre des groupes de facules a diminué de 5 au sud
de l'équateur (45 au lieu de 5i) et augmenté de 8 au nord (39 au lieu de 3i); au
total, on a noté 3 groupes de plus que dans le premier trimestre (85 au lieu de 82 ).
» Leur surface totale a auginenté d'un quart environ, soit 46,o millièmes au lieu
de 3:2,1. »
SÉANCE DU 24 AOUT 1903.
/lH3
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur le problème de S. Lie.
Noie de M. N. Saltvkow.
« Considérons le système de q équations en involution
(i) M^,,x,, . . ., .r„ p, , p,, . . ., Pn) = 0 (X: = T , 2 q),
, et le déter-
p,,p,,...,p,, désignant les dérivées partielles ^,^, '"'d^,
minant fonctionnel
étant distinct de zéro. Supposons cpio le svslème linéaire complet
(2) (ÂJ) = ^ i^k = i,'2,...,q)
admette r intégrales di-l!nclcs
(3) /.v/;,..../;./..-...^/. (r<'2n-q),
telles que les parenthèses de Poisson formées de chaque paire de ces der-
nières ne donnent plus de nouvelles intégrales du système (2). Les r - 7
dernières intégrales (3) n'étant pas en involut.on, S. Lie a donne une
méthode pour^achever Tmlégration des équations (2) et (i) (')• Nous
allons la présenter comme une généralisation de la théorie des équations
canoniques. Commençons i)ar chercher des fonctions d»,, $,, . . . des quan-
tités/,,/,, ..., /r. en involution avec ces dernières. En désignant par a,-,
les parenthèses (/,,„/^,), formons le déterminant
A =
a,
a.,
i,r-q
7..>.>
a...
■2,r' q
'-r q,r-q
'■r-q,i -'•r q,-2
S'il est nul, ainsi que tons ses mineurs depuis le premier ordre jusqu'à
l'ordre a - 1 , le nombre des fonctions a> est f^.. Par conséquent, notre pro-
(') S. Lie, Math. Ann.. Bd. VIll, p. 27.3; Bel. XI, p. ^64-
434 ACADÉMIE DES SCIENCES.
blême revient à intégrer le système linéaire complet formé par les équa-
tions (2) et les suivantes
(4) (0„/) = O (i=zl,2, ...,|7.).
)> Or comme on le sait, sans connaître les fonctions <!>,, on forme sans
difficulté un système équivalent à (4)- De plus, le nombre r — q — u. élant
pair('), que nous désignerons par 2p, on parvient, par des intégrations
successives, à un système complet des 7^ — p équations
(5) (/a'/) = o {k = i,i,...,q), B,(/) = o («=r,2,...,/i-^-p),
admettant un système complet des n + p intégrales indépendantes
\^^ yi' /a» •••• /y ./y^i' •••> Jri Jr+ ■> fn+.ç
que l'on obtient, dans le cas le moins favorable, par un nombre des
n — q — [j. — ç opérations d'intégration d'ordre
2/i — 2^ — 2[X — 2p, 2// — 2^ — 2|X — - 20 — 2, . . ., 4, 2.
» Enfin, on obtient par une quadrature l'intégrale
v 7 / *"■ ./»+p-4-) ♦
formant avec les équations (6) le système complet des intégrales du sys-
tème remplaçant le système (5), quand on considère / comme fonction
des variables x, p et z, les parenthèses de Poisson étant remplacées par
celles de Weiler.
» Les fonctions 0 étant inconnues, nous résumons dans le seul
théorème suivant toutes les considérations compliquées de S. Lie, relatives
à l'intégration du système (2) :
)) Soient les équations (5) résolubles par rapport à -f^, -—<> ■ -, * -
En égalant les fonctions {Ç)) et (j) à des constantes arbitraires b^ib^, ..., ^„+p^, ,
(') Pour le démontrer, S. Lie introduit sa tliéorie de groupes. Or celte conclusion
devient évidente, en remarquant ([u'un déLerminant gauche symétrique peut ne pas
s'annuler s'il n'est d'un ordre pair.
SÉANCE DU 24 AOUT igoS. 435
on en tire
o{œ^, .ro. ...,£r„_p, b^, h.,, ..., f^j,+p) -^ fhi+ç,\-n
le déterminant fonctionnel
j)/'9i> ?2, •.., 'fp, jvj^
bf, h.2i ... ; . . . , t;„+p
^'/«/// distinct de zéro. Cela posé, parmi les n — q ^ ^ équations
(9) 1-2^+»-.-=". (» = ?^'.? + ^ « + ?)•
1 = 1
/f^ «, étant des constantes arbitraires, U existe un système de n — q — ^ équa-
tions distinctes résolubles par rapport à x^^,, x^^.^ ^„-p. l^es résultats
d'élimination de leurs premiers membres des valeurs b^, b.^, .. ., ^„+p repré-
sentent les intégrales requises du système (2).
)) La démonstration de ce dernier théorème se fait d'une manière ana-
logue, comme dans la première méthode de Jacobi.
» Enfin, le système complet des intégrales des équations (2) étant
connu, l'intégrale complète du système (i) s'obtient sans difficulté.
» Le théorème énoncé présente un résultat très important, dont S. Lie
a enrichi la théorie des équations étudiées, en indiquant en même temps
un cas très général, quand l'intégration du système (2) s'achève par une
quadraturer.En effet, il est aisé de formuler le théorème suivant :
), Le système (2) admettant n -\- ^{^ <n - q) intégrales (6), telles que le
déterminant correspondant A s annule, ainsi que tous ses mineurs depuis le
premier ordre jusqu'à r ordre /i — y - f - i, l'intégration des équations (2)
s'achève par une quadrature.
» Le théorème de Liouville généralisé (Comptes rendus du 24 juillet 1899 :
Sur la théorie des équations aux dérivées partielles) ne présente qu'un cas
particulier de ce dernier théorème correspondant à p = o; car, dans ce
cas, le nombre des intégrales connues se réduisant à n, et tous les mineurs
de A s'annulaut, il s'ensuit que les intégrales données sont en involution. »
436 ACADÉMIE DES SCIENCES,
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les intégrales de Foiirier-Cauchy. Noie ;ie
M. Ca«l Stormer.
« Nous avons, dans une précédente Communicalion (' ), énoncé le
théorème fondamental, que
lim I {k) = M/(^, . ..., x„),
M/Çœ,, . . a7„) étant ce que nous avons i\p\w\é imleur moyenne sphérigue
(le /(.r,, ..., J?„) au point (.r , x,,).
» Ce n'est pas ici l'endroit de citer les nombreuses applications de ce
résultat. Nous nous bornerons à signaler la conséquence suivante;
)) Supposons n = 3, el le point (,r,, oc.,, x^) situé sur une surface de dis-
continuité pour la fonction /(Ç), i-j^ ^O? <le manière que cette fonction
tende vers les valeurs A et B, selon que (E,, E2, i^) tend vers le point
{x^, X2, ^3) suivant un chemin situé tle l'un ou de l'autre côté de cette
surface. Alors, si la surface admet un plan langent au point (x^, x.,, x.^^,
on aura
» Si, au contraire, le point (r,, x.,, o^.,) est un point conique ordinaire,
on aura
lun l ( A-) = -?— ,
quand le rapport des deux parties de la sphère i séparées par la surface de
discontinuité tend vers- lorsque s lend vers zéro, etc.
7 ^
P
» Le théorème que liml(y?:) = My"(^,, .... x^) donne un théorème
/f = 0
important sur V intégrale de Fourier
" — (2 t:)" ^^ ' . . .6 " « " / (^ç, , Ço, . . . , Cj,) ae,
(') Comptes rendus, séance du ly août igoS, p. 4o?»
SÉANCE DU 24 AOUT i(j()3. 437
dans le cas où cette intégrale existe, étant définie comme intégrale définie
généralisée (').
» En effet, j'ai établi que si k tend vers zéro par valeurs positives, alors
l'intégrale
tend vers (") la valeur !„ obtenue en y substituant directement /t:=o, c'esl-
à-dire que !„ = liml(A).
A=:0
» En combinant cela avec le résultat précédent, on aura donc ce résultat que
sous V hypothèse de l'existence non seulement de V intégrale de Fourier, mais
aussi de la valeur moyenne sphérique def(^ E , , Ço , • . . , ç„ ) au point (^x^, . . . , x„ ) .
» Quant à la fonction analytique I(^), il y a encore des propriétés inté-
ressantes à signaler à son sujet. En effet, comme I(^) est une fonction
entière transcendante de x^,x.^, . . .,£•?„, elle admet pour k^o des déri-
vées de tous les ordres par rapport à ces variables. Si k est à l'intérieur du
domaine k, alors ces dérivées s'obtiennent en dérivant dans l'intégrale
sous le signe d'intégration (^), ce qui donne
--)X+|J.+ ...-f-v
_A^ la)
â.v] dx^_ ... dxl ^ ^
» Si l'on fait brusquement y^ = o au second membre, on n'obtient que
e divergente :
S,Ee«'"^'-^'". . .e''"'^"-'-'"(iœ,y{ia,y. . .(iy-ny/Cin l., • • •. In) de.
l'intégrale divergente :
(2tc)"
ce qui n'aura pas de sens; mais cela n'empêche pas que la dérivée
dx\ ÔJc^ . . . ÔJi^l
tIW
(') Voir, par exemple, Jordan, Cours d'Analyse, t. II, 1894, p. 8j, elc.
(2) Voir mon Mémoire cité dans la Note dernière, théorème 6.
(*) Loc. cit., théorème 5 et p. 18.
G. R.. ujoS, 2» Semestre. (T. CXXWIl, ^• 8.); ^^'^
438 ACADÉMIE DES SCIENCES.
peut ten(]re vers une limite déterminée quand k tend vers zéro par va-
leurs positives. En effet, j'ai démontré que si, par exemple, la fonction
/(^,, ^2> •• » ^rt) est une fonction analytique de ç,, Ça, ..., E^ régulière au
point (a?,, x.^y ..., ^„), alors on aura, si ce point est à l'intérieur de E,
OÙ g{\^, 1-2^ •••» ^«) (iésigtic la dérivée
ï7/(^<'^^ -')• '^
^^^(^^^..(;^);
ÉLECTRICITÉ. — 5'?^r le rôle des noyaux métalliques des bobines.
Note de M. B. Egixitis, présentée par M. J. Violle.
(t I^a sensibilité de réchauffement des pôles aux variations de la self-
induction du circuit de décharge nous a servi à étudier l'influence des
noyaux métalliques des bobines de self-induction. Les expériences ont été
faites en opérant sur des étincelles consécutives.
» Nous avons étudié l'influence du fer, du laiton et du cuivre. D'après
nos expériences, cette influence varie avec la valeur de la self-induction
de la bobine, la nature et le diamètre des noyaux, la nature des pôles, la
distance explosive, etc.
» Les résultats de cette étude sont les suivants (*) :
» 1. L'influence d'un noyau dépend de la forme de la bobine. — Deux bobines
ayant la même self-induction, dont Tune est construite en longueur et l'autre en
épaisseur, donnent des résultats dilTérents. Avec une bobine longue, l'effet d'un nojau
esl plus grand qu'avec une bobine courte.
» 2. Deux noyaux de mêmes dimensions, mais dont l' un est creux et l'autre
plein, n'ont pas le même effet sur la décharge. — .Ainsi, deux noyaux de fer de iS™™
de diamètre, dont l'un est creux et l'autre plein, introduits dans une bobine, n'ont pas
donné les mêmes résultats.
» 3. L'action d\in noyau diminue quand la self-induction augmente, et aug-
mente quand son diamètre augmente (au moins jusqu'à une certaine limite).
» k. Un noyau peut n'avoir aucune influence. — Ainsi, un noyau de laiton de
(') Quelques-uns de ces résultais ont été publiés l'année passée dans les Comptes
rendus et dans un journal hellénique.
SÉANCE DU 24 AOUT igoS. 489
2oraai dg diamètre, ou de cuivre de 40"^™ de diamètre, introduits dans une bobine de
0,0006 henry, n'ont aucune influence,
» 5. L'action d^m noyau dépend de la température des pôles, de leur nature et
de la distance explosive. — Nous citerons seulement, comme exemple, la destruction
de l'effet d'un noyau par l'augmentation artificielle de la température Initiale des
pôles.
» (3. Un noyau de fer a une action plus forte qu'un noyau de laiton, dont V ac-
tion est elle-même plus forte que celle d'un noyau de cuivre. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la constitution de V acide phospho-organique de
réserve des plantes vertes et sur le premier produit de réduction du gaz
carbonique dans L'acte de V assimilation chlorophyllienne. Note de M. S.
PosTERXAK, présentée par M. Armand Gautier.
« Nous avons montré (') que la composition de l'acide phospho-orga-
nique de réserve, déposé dans les graines, tubercules, rhizomes, etc.,
correspond à la formule C-H^P-0'', dont quatre atomes d'hydrogène sont
susceptibles d'être remplacés par des métaux monovalents.
» La constatation suivante domine toutes les autres au point de vue de
la constitution de ce corps : chauffé avec les acides minéraux étendus, il
est décomposé quantitativement en inosite et en acide phosphorique .
» 168,26 d'acide phospho-organique ont été soumis à l'action de ôo*^""' d'acide sulfu-
■rique au tiers, et chauffés à i5o''-i6o°, pendant 3 heures. Après refroidissement, on a
isolé du contenu du tube f\^,oi d'inoslte cristallisée pure, pesée anliydre. Elle repré-
sentait 97,8 pour 100 du carbone total de l'acide décomposé.
» De saveur douce, celte inosite n'agit pas sur la lumière polarisée et donne les
réactions de Scherer etdeGallols. ElIefondà2iS°(n.c.); elle cristallise avec 2"*"' d'eau.
Elle répond à la formule C^'H'-O^. Les mesures crlstaliographiques, que je dois à Tobli-
geance de M. Wyrouboff, ne laissent aucun doute sur son identité avec l'inosite inac-
tive isolée par Scherer du tissu musculaire, et pir VohI, Gintl, Tanret, etc., des
feuilles et d'autres produits végétaux.
» A première vue, on serait enclin à admettre que cet acide phospho-
organique présente la structure chimique de l'élher hexaphosphorique de
l'inosite. Cette supposition doit être écartée.
» Une première objection résulte de la composition centésimale de notre acide qui se
montre plus riche en eau que l'élher en (jiiestlon dont la formule s'écrirait (CH^PO*)*.
(') Comptes rendus, t. CXXXV'Tl, p. 33-.
44o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Notre composé pliospho-organique présente, en outre, une résistance absolue, même à
ioo°, à l'action de tous les alcalis, quelle que soit leur concentration, ce qui ne saurait
être dans l'hypothèse d'un éther. Enfin, l'étude cryoscopique des solutions aqueuses
de l'acide pur a fourni des nombres confirmant bien notre formule.
Concentration Abaissement Poids
Provenance en grammes d'acide du point moléculaire
de l'acide. pour looï d'eau. décongélation. trouvé.
Graines de sapin rouge 1,64 o»'77 '7'
» 3,28 0,345 177
Graines de colza 3,29 o,335 181
» 6,02 o,65o i85
Graines de chènevi; 5, 08 o,5o8 i85
» Le calcul, pour la formule C^H»P-0^ donne 238. L'écart est dû à la dissociation
électroljtique de la substance dissoute et se rapproche de celui observé par M. Raoult
pour l'acide phosphoreux. Le poids moléculaire de l'éther inositophosphorique serait
de 660.
» La décomposition subie j3ar l'acide phospho-organique sous l'influence
des acides minéraux doit donc être exprimée par l'équation
3C'B'V^0' -h 3n-0 =(Cl] .OEy -h 6WP0\
Inosiie.
d'où il ressort que chaque molécule d'acide contribue à la synthèse de
CH.OH —
l'inosite par le e^roupement 1 . Dès lors, en tenant compte de la
^ ^ ^ CH.OH— ^
tétrabasicité de l'acide et en éliminant l'hypothèse de l'union directe du
phosphore au carbone — auquel cas, comme on le voit par l'exemple des
acides oxyphosphiniques, la décomposition par les acides minéraux serait
impossible — on peut se représenter la constitution du corps étudié de
deux façons différentes :
(OH)^ /H
CH.OH - O.P CH _ o.PO(OH)=^
ou I i )0 , ou 0( ^ ^ .
CH.OH -O.P(f \CH-O.PO(OH)^
^(OH)^ \H
» La première de ces formules suppose l'existence de deux oxhydriles à
fonction alcoolique qu'il a été impossible de déceler par un traitement
répété de l'acide avec du chlorure de benzoyle en milieu alcalin. Il ne
reste donc que la deuxième formule qui est celle d'un acide anhydro-oxy-
mélhylène-diphosphorique.
SÉANCE DU 24 AOUT IQoS. 441
» Cette formule de constitution offre un grand intérêt au point de vue
de l'assimilation chlorophyllienne.
» Les expériences de Schimper (') ont montré que la transformation des
phosphates minéraux dans les feuilles en molécules organiques phospho-
rées est subordonnée au bon fonctionnement de l'appareil chlorophyllien.
On sait, d'autre part, que les produits de phosphosynthèse sont trans-
portés, au fur et à mesure de leur formation, vers les cellules parenchyma-
teuses et embryonnaires de la plante, et vers les lieux de dépôt des matières
de réserve. On en conclura que le groupement organique associé à l'acide
phosphorique dans notre composé est né pendant l'acte même de la réduc-
tion chlorophyllienne du gaz carbonique.
» Ce groupement n'est autre que l'éther d'un isomeYe alcoolique CH.OH
de l'aldéhyde formique, COH^
» Cet isomère, à en juger par les résultnts de la décomposition de l'acide
étudié, n'est pas capable d'exister à l'état isolé. Il donne naissance à l'ino-
site en se sextuplant, comme l'oxyde de carbone réduit par le potassium se
condense en hexaphénol,
« Normalement, l'alcool CH.OH formé dans les feuilles est utilisé par
les chloroplastes, au moment même de sa production, pour la synthèse de
sucres et hydrates de carbone, de l'acide anliydro-oxyméthylène-diphos-
phorique, des albuminoïdes, etc. Si, pour une cause quelconque, cette
utihsation ne peut avoir lieu, il y a formation d'inosile que l'on a retrouvée,
en effet, presque exclusivement dans les parties vertes de la plante.
» La production, par oxydation de l'inosite, de l'hexaphénol (Maquenne)
obtenu déjà à partir de l'oxyde de carbone (Lerch), peut être considérée
comme une démonstration de la parenté de l'inosite avec l'acide carbo-
nique, dont elle dérive par simple réduction. »
PHYSIOLOGIE. - Sur l'équation générale des courbes de fatigue.
Note de M. Chaules Henry et de M"« J. Joteyko.
« En faisant passer des courbes de sentiment par les sommets successifs
des ordonnées des ergogrammes, on obtient, comme courbes de hit.gue,
parfois des droites, mais, d'ordinaire, des courbes qui présentent souvent
un pomt d'inflexion, très rarement deux, quelquefois aucun. Si nous cher-
chons une relation entre l'effort à chaque instant et le temps nous trou-
vons pour l'équation de i3 ergogrammes, choisis parmi les plus caracte-
(1) Botanische Zeitung, 1888, p. 65.
442 ACADÉMIE DES SCIENCES.
risliques, dans une série déjà étudiée (^Comptes rendus, 3o mars i9o3), une
relation du troisième degré
(i) 7] — H — 6f^^ 4- /;/2 — c/,
7} étant l'effort à chaque instant, H l'effort maximum initial (en millimètres),
t le temps (unité = i secondes).
» Voici les constantes de ces ergogrammes, suivies de l'écart naoyen e entre la courbe
calculée et la courbe observée :
Sujets. H. a. b. c. e.
Si 64 o,ooi3o9 0,1247 4jo6 i,33
S2 59 0,002433 0,1826 4>72 i,o5
S3 43 0,002285 o,i5ii 3,36 —0,386
Dj . . . . 77 0,000933 0,0823 2,96 1,48
D2 . . . . 58 o,oo362 0,1736 3,77 0,7
D3 . . . . 02 0,00487 0,1 833 3,47 0,2
D4 . . . . 4^ 0,00247 0,0822 2,i3 0,4
D5 . . . . 4'^ 0,01266 0,3743 4>o6 0,1
K, 65 o,oo5336 0,2734 4^73 i,53
K2 57 0,00228 0,112 3 0,9
K3 56 0,001 56 0,0778 2,06 1,3
K4 45 0,001 5 0,045 i,5o 0,3
K5 44 0,007003 0,2253 3,02 0,44
)) On voit que H diminue, a augmente avec la fatigue : b et c sont plus
capricieux, en attendant qu'ils se régularisent par le jeu des moyennes sur
un grand nombre d'ergogrammes.
» 11 est généralement admis que le muscle ne consomme pas, dans les contractions
initiales, les mêmes substances que dans les contractions finales : normalement, il
consomme des hydrates de carbone et très peu d'albnminoïdes; ce n'est que dans la
fatigue qu'il consomme notablement ces dernières, d'où production de déchets azotés
très toxiques. Cette remarque suggère une interprétation de la constante négative a,
laquelle étant très petite caractérise bien la perte de puissance, très petite au bout du
temps I, due à l'intoxication locale par ces toxines; en même temps, cette perte de
puissance grandit très vite avec le temps, et c'est bien le cas du terme en at^.
» Quand a et b sont nuls, la courbe est une droite. On rencontre une droite pour
courbe de fatigue quand on excite électriquement les muscles de l'homme; or, dans
ces cas, la fatigue est toujours relativement faible, car l'application des courants fara-
diques est très douloureuse et l'on n'emploie que des poids beaucoup plus légers que
lors de l'excitation volontaire. Quand, au myographe, le poids est soutenu par un sup-
port, les tracés des muscles isolés de la grenouille sont des droites : ce qui n'arrive
plus quand le travail statique vient s'ajouter au travail dynamique (Kronecker).
Gomme dans le cas des faibles fatigues, ce sont les hydrocarbonés seuls qui sont
SÉANCE DU 24 AOUT igoS.
443
consommés, nous devons considérer la constante c comme proportionnelle à la perle
de puissance due à la diminution des réserves disponibles d'hydrates de carbone.
» Au nombre des causes qui peuvent lutter contre la fatigue, on aperçoit Taction
des centres nerveux et l'excitation de la cellule motrice par les toxines très diluées.
Mosso a montré, avec le ponomètre, que l'edort nerveux nécessaire pour produire la
contraction grandit quand le nombre des contractions grandit. On sait, d'autre part,
qu'un grand nombre de poisons, quand ils sont très dilués, excitent, au lieu de tuer,
la cellule vivante. On est donc conduit à voir, dans la constante positive b, une mesure
de l'action nerveuse et de l'excitation par les toxines diluées.
» Il est d'ailleurs possible de vérifier celte conséquence. L'alcool, en général, excite
les centres nerveux et par là le nauscle. Or, si l'on compare les équations d'ergo-
grammes tracés avant et après ingestion d'alcool, on constate que dans ceux-ci la
constante b augmente, en général (^), a diminuant toujours. Exemples :
Ei'gogranimes normaux.
Sujets.
R....
R. ...
J. J..
J. J..
H.
a. b. c.
0,006667 o 0,433
0,02643 0,3364 2,021
28,5 0,006994 0,1699 2,7
33,5 0,0107 0,0294 o,385
29
3i
0, 1
0,2
o, I
0,5
Ergogrammes après alcool (-).
Sujets.
R
R. . . .
J. J..
J. J..
H
32
33
o,oo49
0,00206
27 0,00288
36,5 0,0042
b. c. e.
0,1195 i,2o5 0,4
0,076 1,354 0,2
0,1786 3,384 0,3
0,1791 3,226 0,5
» Dans des cas de fatigue faible, la constante a peut être positive, quoique très
petite : elle marque sans doute l'excitation par une classe particulière de toxines dans
le cas suivant d'une courbe de fatigue de muscles de grenouille excités électriquement
avec quelques repos, dont l'équation est (£=ro,4) :
7j = 20 4- o , 000 00 1 335 ^' --f- o , 000 299 7 ^^ — o , 208 45 1.
» En résumé, l'équation générale des courbes de fatigue est de la forme
'/] = H ± cU"^ 4- ht- — ci ;
dans des cas très rares elle atteint le quatrième degré.
» On peut facilement déduire de l'équation (>) ^^ relation de l'etlort
Oi-i- rj., +. . .-Wii (^qj^^Qiiç^i de f aligne de Jote}ko) avec le tem])s.
moyen
t-vi
» En intégrant, on trouve, pour ce quotient Q :
Q = ^ r r,f/^ = II - ^ al' -+- ^ ^^' — ^ ^-^ '
(*) La constante b étant la somme de deux termes, le terme marquant l'excitation
centrale peut augmenter toujours, b diminuant parfois.
(2) Les tracés ont été pris respectivement i''20™, l'S i'>20'" et 3o'" après l'ingestion.
444 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» L'aire de l'er^ogramme n'est malheureusement encore qu'une mesure
très imparfaite de la puissance dépensée. »
La séance est levée à 3 heures trois quarts.
M. B.
ERRATA.
(Séance du 2-7 juillet iQoS.)
Note de M. Andrade, Sur !es conditions de la synchronisation :
Page 244) lignes 7 et 8, supprimer le facteur 2 dans les définitions de X et [x.
, lise: 1
Page 245, dans rinégalilé (6) au lieu de Q(po), lisez |l>(po^|.
Page 246, ligne 4) <3!<^ ^'^" de impression, lisez impulsion.
Même page, ligne 5, au lieu de 0 = z, lisez o = r.
Note de M. Moureu, Sur la condensation des éthers acétyléniques avec
les alcools :
Page 269, ligne 9 en remontant, au lieu de sons l'inlluence des alcalis à l'ébuUition,
lisez sous l'influence des alcalis en solution alcoolique à l'ébuUition.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 51 AOUT 1903,
PRÉSIDÉE PAR U. BOUQUET DE LA GRYE.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, quatre nouveaux Volumes de 1' « International Cata-
logue of scientific literature, first annual issue : K. Paleontology ; O.
Human Analomy; P. Physicai Anlhropology; Physiology, including expéri-
mental Psychology, Pharmacology and expérimental Palhology, part II ».
M. le Secrétaire perpétuel rappelle, à cette occasion, qu'il a déjà entre-
tenu plusieurs fois l'Académie de l'œuvre du Catalogue uilernalional de
littérature scientifique, entreprise par la Société Royale de Londres, avec la
coopération des principaux Étals. I! indique que la réunion du Comité
international chargé du contrôle de ce travail aura lieu l'anute prochaine,
à Londres, au moment de la Pentecôte, en même temps que l'assemblée
i^énérale de l'Association internationale des Académies.
M. G. Baccelli, nommé Correspondant pour la Section de Médecine et
Chirurgie, adresse ses remerciments à l'Académie.
ANATOMIE ANIMALE. — Liquide fixateur isoionique avec l'eau de mu , pour
les objets dont on ne veut pas éliminer les formations calcaires. Note de
M. M.-C. Dekhuvzex, présentée par iM. Y. Delage.
« Pour fixer les larves des Oursins, qui contiennent des formations cal-
caires extrêmement délicates, d convient d'employer un liquide isotonique
avec l'eau de mer, et qui ne contienne pas d'acide libre. Si l'on voulait main-
tenir cette condition avec une rigueur absolue, je doute qu'on parvienne
iamais à la réaliser. Les réactifs fixateurs utilisables contiennent toujours
r
G. H., igoS, 2« Semestre. (T. CX.XXV1I, N" 9.) ^9
446 ACADÉMIE DES SCIENCES.
une petite quantité d'ions H soit par impureté (la formaldéhyde conte-
nant de l'acide formique, parce que COH- s'oxyde un peu en formant
CO-H-), soit par hydrolyse (le sublimé, le bichromate de potassium), soit
par ionisation (le chlorure de platine, qui n'est autre chose que du
PtCl^H-). Si l'on se tient dans les limites pratiques, on pourra se servir
d'un liquide que j'ai composé par voie théorique et dont les résultats dans
la fixation ont été satisfaisants. Dans une Communication précédente, j'ai
décrit un liquide isotonique avec l'eau de mer, qui contenait du bichromate
de polassium, du tétroxyde d'osmium et dé l'acide nitrique : nous l'appel-
lerons liquide A, et celui que nous décrirons maintenant liquide B.
» Pour composer un liquide analogue au liquide A, mais sans acide nitrique, nous
pourrons calculer comme suit. Nous avions pris de Teau de mer, qui avait son point
de congélation à 2°,oo5. (Ici et dans tout ce qui suit, les températures sont comptées
au-dessous de zéro.) C'est moins que d'ordinaire; les grandes pluies l'avaient un
peu diluée. Avant d'y dissoudre le bichromate de potassium, l'eau de mer fut refroi-
die à o", pour rendre l'hydrolyse minime. Dans un volume de Soo'^"^' d'eau de mer
à i5°, puis refroidie, on dissout 12s, 5 de K-Cr-C recristallisé et fondu. Le point de
congélation était 2°, 355. Une autre portion de la même eau de mer, dans laquelle on
avait dissous la même quantité de K-Cr-0^ sans refroidir d'avance, avait donné un
A ^2^,390. L'influence de l'hydrolyse est donc bien sensible. J'avais remarqué le
même fait à l'occasion de déterminations de A de solutions de bicarbonate de soude.
Il est vrai que l'hydrolyse se produira à la longue dans la solution préparée à l'eau
refroidie, mais nous sommes du moins avertis qu'il doit se former une toute petite
quantité d'ions H. C'est peu de chose, on ne pourra pourtant pas en éviter la forma-
tion, parce qu'il n'est pratiquement pas possible d'exclure l'acide carbonique de nos
réactifs fixateurs, ni des autres réactifs de technique microscopique, mais on est, du
moins, averti.
)■> Il faut maintenant y ajouter de la solution de tétroxyde d'osmium (l'acide os-
miqué) à 2 pour 100 dans de l'eau distillée. Pour calculer combien il en faut mettre
nous appellerons x le volume de la solution de K^Cr'^O^ à 2 | pour 100 à A =1 2°, 355
et y le volume de l'OsO* à 2 pour 100 à A=zo°, 162. Nous voulons obtenir un mélange
à Az=2°,o6o, point de congélation moyen de l'eau de mer et des hémolymphes, etc.,
de- :iniin,Hi\ mruins à RoscolL Nous avons maintenant la relation exacte à très peu près :
2,355^ -t- o, 162/ = 2 ,060 {x -\- y),
donc
^ = 6,434/,
c'est-à-dire que toujours, en employant ces deux liquides originaux et en exigeant que
le point de congélation soit 2'% 060, nous devrons diluer la solution de K'^Cr'O"
(\ f '^ '
\-yf X 2 i pour 100, c'est-à-dire à 2,16 pour loo, et la solution d'Os O^ a
I
X 2 pour 100=0,27 pour joo.
7,434
SÉANCE DU 3l AOUT igoS. 44 7
,) Ces deux concenlralions ne s'éloignent que fort peu de celles usitées dans notre
liquide A avec de bons résultats.
» Pour composer pratiquement le liquide B on met ,r +y — 200^"'' et Ton calcule
la quantité des deux solutions originales qu'il faut mélanger. On trouve 36^™', g
d'OsO* à 2 pour 100 et ij^"^',! de K-Gr-0^ à 2,5 pour 100 dans notre eau de mer.
,) Le résultat de l'expérience a bien confirmé le calcul. On avait pris par mégarde
172'^"'', T de la dernière, et aô^^^^Ng de la première solution. On avait donc
2,355 X 172, 1 4-0,162 X 26,9== 199 X A,
ce qui donne A — 2^o585. La détermination expérimentale a donné une fois 2^o5o et
une fois •i'',ol\5.
» J'ai confié à M. Y. Delage ces deux liquides pour des fixations très
délicates de larves d'Astéries. Il m'autorise à dire que le résultat a été
absolument parfait et supérieur à celui que lui avaient donné tous les autres
réactifs. »
M. L. Belzecki adresse une Note « Sur la courbe d'équilibre d'un fil
flexible et inextensible, dont les éléments sont sollicités par les pressions
d'un remblai ».
La séance est levée à 3 heures et demie.
G. L).
BULLETIN BIBLIOGUAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 10 août 1900.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de L'Académie des Sccences, pa. MM.
les Secrétaires perpétuels ; t. CXXXV, juillet-décembre .902. Pans, Gauth^er-Villars;
I vol. in-4'^.
Incendies en foret. Évaluation des dommages: contentieux; mesures préserva-
trices; constatations; principes des expertises, etc., par A. Jacquot, ^^^^^^^
Eaux ^t Forêts. Paris-Nancy, Berger-Levrault et ce, igoS; x vol. m-b». (Hommage
'^l^^onU^ie sur le littoral breton, par M. A.-Y. Le Buas, retraité ^e U -anne-
iBulLde la Marine marchande, t. IV, livraison II, novembre .902.) i fasc. .n-b .
(Hommage de l'auteur.)
448 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ministère de la Marine : Annuaire de la Marine pour 1908. Paris, Imprimerie
nationale; i vol. in-8°.
Mémoires publiés par la Société nationale cl' Agriculture de France; t. CXI,
Paris. Philippe Renouard, 1908; i vol. in-S".
Mémoires de V Académie de Stanislas, 1902-1903; CLIIP année, S'' série, t. XX.
Nancy, Berger-Levrauit et C'^, iQoS; j vol. in-8°.
Journal de Chimie physique : Électrochimie, Thermochimie, Radiochimie,
Mécanique chimique, Stœchiométrie, pub. par P. -A. Guye; t. I. n" 1, juillet 190J.
Paris, Gauthier- Villars; Genève, H. Kûndig; j fasc. in-8°.
On the effect of absorption on ihe resolçing power of prism trains, and on
methods of mechanically compensating this effect, by F.-L.-O. Wadswobth. (Extr.
de The philosophical Magazine, mars 1908.) Londres; i fasc. in-S".
Einige Bemerkungen liber die, in den neueren Werken der kosmischen Physik,
gegebenen Auseinandersetzungen in Bezug auf die Kometenschsveife, von R. Jae-
GERMANN. {Bul. de l'Acad. imp. des Sciences de Saint-Pétersbourg, t. XVIII, n° 4,
avril jgoS.) i fasc. in-8°.
The geological structure of Monzoni and Passa, by Maria M. Ogilvie Gordon.
{Transactions of the Edinburgh geological Society ; vol. VIIÏ, spécial part.) Edim-
bourg; I vol. in-8°.
Prodromus Florœ batavœ; vol. I ; Phanerogamœ et Cryptogamœ vasculares ;
ipars II : Dicotyledonœ-Calrciflorœ; ed'iiio ahera. Nimègue, F.-E. Macdonald, 1902;
I vol. in-8°.
Census of India 1901 ; Vol. XIX: Central India, by captain C.-E. Luard ;
parts 1-3. Lucknow, 1902; 3 vol. in-f"\
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 7 SEPTEMBRE 1905,
PRÉSIDENCE DE M. ALBERT GAUDRY.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — ÉLemge des larves parthé no génétiques d'Astéries
dues à l'action de Vaoide carbonique. Note de M. Yves Delage.
« Il y a quelques mois, j'ai eu l'honneur de faire connaître à l'Académie
(séance du 20 octobre 1902) le résultat de mes expériences sur l'acide
carbonique comme agent de choix de la parthénogenèse expérimentale
chez les Astéries. J'avais obtenu, dès cette époque, des larves parfaitement
constituées, qui ont vécu 6 semaines, mais qui étaient si peu avancées
qu'elles rappelaient plutôt les larves Auricularia des Holothuries que les
Bipinnaria, beaucoup plus compliquées, des Astéries. C'étaient, en réalité,
des Bipinnaria arrêtées au stade de leur développement où elles n'ont pas
encore de bras.
» Je me suis efforcé, cette année, de conduire le plus loin possible dans
leur développement ces larves parlliénogénéLiques expérimentales, afin de
déterminer si vraiment elles ont en elles ce qui est nécessaire pour pa-
rachever un développement normal, comme celles qui proviennent d'œufs
fécondés.
» Mes larves de l'année dernière étaient restées stationnaires et avaient
fini par mourir faute d'aliments. Mac Bride a montré que le même phéno-
mène se produit chez les larves Pluteus des Oursins, provenant d'œufs
fécondés, et n'a pu les élever qu'en renouvelant chaque jour une fraction
importante de l'eau de mer oii elles vivent et la remplaçant par de l'eau
prise loin au large et chargée de cette poussière alimentaire qui abonde
dans le plankton.
» J'ai employé le même procédé et j'ai essayé en outre l'alimentation
artificielle par du vitellus de jaune d'œuf et par une culture de Chlorelles.
C. R., 1903, ■!' Semestre. (T. CXXXVII, N° 10.) °^
45o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Le simple renouvellement de l'eau de mer ne donne pas ici, tant s'en
faut, des résultats aussi favorables que pour les Pluteus, Les larves ainsi
traitées sont restées naines, avec des bras rudimentaires, et n'ont pas montré
les premiers rudiments des organes de l'adulte. L'alimentation au moyen
du vitellus ou des Chlorelles a donné, surtout la dernière, des résultats
bien meilleurs.
» L'agitation de l'eau où vivent les larves, au moyen d'une lame
immergée mise en mouvement par un petit moteur, dont Fabre-Domergue
d'abord, puis Browiie, ont fait connaître les avantages, s'est montrée, ici
aussi, très utile, sinon au début, au moins pour les stades avancés du
développement.
» L'ombre est aussi très nécessaire, ainsi que l'a montré Mac Bride.
Enfin, je crois pouvoir dire que l'aération de l'eau par injection de bulles
d'air donne de bons résultats, mais mes essais dans cette voie sont trop
récents pour que je puisse me prononcer.
» Malgré tous les soins apportés à cet élevage, le développement se
poursuit avec une grande lenteur, à tel point que mes larves, âgées aujour-
d'hui de 3 mois, ne sont pas encore métamorphosées. Comme on n'a point
encore fait l'élevage méthodique des larves d'Astéries provenant d'œufs
fécondés, il est impossible de dire si ces dernières se développeraient plus
vite que mes larves parthénogénétiques.
» Je crois que si le développement naturel est plus rapide que celui de
mes larves, cela doit tenir plutôt aux conditions défectueuses de l'élevage
en vase clos qu'au remplacement du spermatozoïde par l'acide carbonique.
» Voici maintenant la description rapide de l'évolution de celles de mes
larves qui sont actuellement les plus avancées :
» Le traitement des œufs par l'acide carbonique a eu lieu les 7 et 1 1 juin. Le len-
demain, les larves nagent sous la forme de blastules ciliées. Le surlendemain, elles
sont à l'état de gaslrules. Le troisième jour, les vésicules eutérocœles commencent à se
former; le cinquième jour, la larve est complète avec bouche, estomac, intestin, anus
et deux vésicules entérocœles entièrement isolées, la gauche ouverte au dehors par
riiydropore.
» A partir de ce moment, l'évolution continue plus len^tement.
» A la fin du premier mois, les bras de la Bipinnaria commencent à poindre, les
deux vésicules s'avancent en bas vers l'estomac qu'elles tendent à englober et en haut
dans le lobe frontal.
» A la fin du deuxième mois, les larves ont beaucoup grandi; tous les bras de la
Bipinnaria ont poussé et sont très longs; les vésicules entérocœles se sont rejointes et
fusionnées dans le lobe frontal; en bas, elles se sont divisées, fournissant chacune une
SÉANCE DU 7 SEPTEMBRE igoS. 45 1
vésicule splanchnocœle qui entoure l'estomac, tandis qu'elles-mêmes s'arrêtent un peu
au-dessous de l'orifice œsophago-stomacal.
» Vers le milieu du troisièine mois, les trois bras à papilles adhésives et la ventouse
ciliée de la Brachiolaria se montrent, ainsi que les cinq lobes de l'appareil aquifère,
formés aux dépens de la partie inférieure de l'hydrocœle gauche, et cinq spicules, à
l'opposé de l'appareil aquifère, sur la face droite de l'estomac.
» C'est à ce stade que correspondent les photographies que je mets sous vos yeux
et qui sont dues à l'obligeance et à l'habileté de M. Bull.
» Enfin, aujourd'hui, les larves âgées de 3 mois révolus approchent du moment de
la métamorpliose.
» Les appendices adhésifs delà Brachiolaria sont très développés, très puissants. La
larve, devenue moins agile, se laisse passivement entraîner par le courant d'eau et
souvent tombe au fond où elle se fixe pour un certain temps. L'appareil aquifère, bien
développé, montre les cinq tentacules terminaux de l'Astérie, sous la forme d'autant de
protubérances digitiformes, environ deux fois plus longues que larges. Le disque
dorsal de l'Astérie est bien dessiné et dégagé du corps de la Brachiolaria, qu'il sur-
plombe comme un bouclier; son contour est divisé par cinq profondes échancrures en
autant de lobes correspondant aux cincj bras de l'Astérie. Enfin, les spicules se sont
développés en larges plaques ajourées dont cinq, logées dans les cinq lobes du disque,
sont les terminales de la future Astérie, tandis que, plus en dedans, alternant avec les
précédentes, on entrevoit les cinq premières interradiales.
» Ainsi, l'Astérie est dessinée avec tous ses organes essentiels, et il n'y
n pas de doute que ces larves n'aient en elles tout ce qu'il faut pour former
des Astéries normales. Y arriveront-elles ? I^a seule chose qui m'inquiète
est que leur nombre, très grand au début de l'expérience, est aujourd'hui
bien réduit par les accidents, les pertes et les tâtonnements de l'élevage;
que ces accidents, ces pertes vont continuer et que les tâtonnements de
l'élevage vont recommencer au moment du changement de régime après
la métamorphose.
» L'expérience continue. J'aurai l'honneur d'en soumettre les résultats
à l'Académie. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — SiŒ la prodaclion de glyco<^ène chez les Cham-
pignons cultivés dans des solutions sucrées peu concentrées. Note de
M. Emile Laurent.
« La production de réserves hydrocarbonées est liée, chez les Champi-
gnons (glycogène) comme chez les plantes vasculaires (amidon), à une ali-
mentation abondante en substances sucrées ou analogues. Il me parait
inléressant de signaler une exception à cette règle; je l'ai constatée à plu-
4^2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sieurs reprises chez des moisissures qui s'étaient développées l'été dernier
dans des solutions organiques très diluées, additionnées d'oxalate acide de
potassium à i pour looo et d'acide chlorliydrique à i pour 2000.
» Un certain nombre d'essais faits avec ce dernier corps ont montré que
le fait est exact, tout au moins chez les quatre espèces : Mucor racemosus,
Sclerolinia Liherliana, Botrytis cinerea et Saccharomyces cerevisiœ,
» Elles ont d'abord été cultivées à i8"-20" dans la solution nutritive suivante :
eau, 1000''°''; phosphate d'ammoniaque, i^^; phosphate de potassium, iS; sulfate de
magnésium, 08, 5; sucre candi (très pur), 25?.
)) Le développement est relativement lent; si l'on prend, avec un fil de platine,
quelques filaments mycéliens et qu'on les plonge dans une goutte de solution iodée, on
les voit se colorer assez fortement en rouge; au microscope, ces filaments apparaissent
pourvus d'importants dépôts de gljcogène.
» On observe la même chose avec une goutte du liquide de culture de la levure de
bière. Mais la production de glycogène est encore bien plus abondante quand, à la
solution précitée, on ajoute i pour 1000, voire même i pour 2000 d'acide chlorhy-
drique. La croissance des champignons ne semble pas en être contrariée; les filaments
mj'céliens et le dépôt de levure sont alors extraordinairement riches en gljcogène.
L'iode leur communique une coloration très foncée, et l'on voit au microscope les
cellules vraiment bourrées de réserves glycogéniques.
» Le procédé est excellent pour obtenir une forte production de glyco-
gène par les moisissures. Avec la levure de bière, il donne d'aussi bons
résultats que la culture dans des solutions à io-i5 pour 100 de saccha-
rose, que j'ai indiquées autrefois (^), avec cette différence que la produc-
tion cellulaire est moins importante.
» Comment convient-il d'interpréter ce résultat qui, de premier abord,
semble paradoxal?
» La solution minérale employée (phosphate d'ammoniaque et de
potassium, sulfate de magnésium additionné de sucre) convient au déve-
loppement de beaucoup de moisissures. Cependant, elles n'y végètent pas
avec la luxuriance qui caractérise Y Aspergillus niger ensemencé dans le
liquide Raulin. Le mélange n'est pas parfait, c'est-à-dire ne renferme pas
tous les corps simples nécessaires. Je soupçonne aussi que l'assimilation
des matières albuminoïdes aux dépens du sucre et de l'ammoniaque est
moins rapide que la pénétration de l'aliment hydrocarboné. Dès lors, la
croissance est retardée, et une quantité de substance sucrée devient dispo-
nible et constitue une réserve tle glycogène.
(') yinnales de l'Institut Pasteur, t. III, 1889, p. 120.
SÉANCE DU 7 SEPTEMBRE IQoS. 453
» Je me suis assuré que cette interprétation est fondée, en cultivant les
espèces étudiées dans la solution minérale sucrée additionnée d'extrait de
touraillons (maltopeplone) à 2,5 pour looo. Toutes se sont développées
beaucoup plus rapidement que dans la solution minérale simplement
sucrée. Par contre, la production de glycogène était de beaucoup dimi-
nuée; môme les fdaments de Mucor racemosus se coloraient en jaune par
l'iode. La différence était frappante. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. Eugène Ferron adresse, par l'entremise de M. le Ministre de l'Ins-
truction publique, un Mémoire intitulé : « Détermination analytique des
divers éléments géométriques de l'anse de panier rigoureuse à /ï centres,
étant données l'ouverture et la flèche de la courbe ».
(Commissaires : MM. Maurice Levy, Boussinesq, Léauté.)
CORRESPONDANCE.
ASTRONOMIE. — Observations de la planète MA (24 août 1903) faites à
l'Observatoire de Besançon, avec l'éqiiatorial coudé. Note de M. P. Cno-
FARDET, présentée par M. Lœwy.
Nombre
Dates. Temps moyen ^^
1903. Étoiles. de Besançon. Am. ADP. comparaisons.
h m s m s ,' ^"
Août 28 a II. 8.36 +0.52,28 +^.0,1 12.9
3, h i3.4o.37 +1.27,88 +5.54,6 12:6
Sept. I c i3.4i. 9 -'• ^''^ - "-'^'^ '"'^
2 c 14.59.24 -i.5o,35 + 2. 5,5 12:9
Positions moyennes des étoiles de comparaison pour 1903,0.
Ascension Réduction Dislance Hcduction
droite au polaire au
Étoiles. Gr. Calalogues. moyenne. jour. moyenne. jour.
a... 9 Munich. 31572 ^lf^Z^l^l +3U7 97°56'.45",o -24,3
b ' f) \ (Paris 32606 ^
" +Munich, 31496) 22.39.31,71 +3,49 98. 7-33,9 -^'y^
c... 9 Munich, 3i549 ^2.4i.-^o,3> +3,5o 98- ■9-43,2 -24,5
454 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Positions apparentes de la planète.
Ascension Distance
Dates. droite Log. fact. polaire Log. fact.
1903. apparente. parallaxe. apparente. parallaxe.
Il m s " / ir
Août 28 22. /JS. 18,22 î-ogi,, 98. 0.2.5,9 0,867,1
3i 22. /41. 3,08 ï.2i5,j 98.18. 6,j 0,857,,
Sept. 1 22.40.19,70 1.287,1 98.17. 8,8 o,856,j
2 22.89.33,46 ï.465,j 98.21.2/4,2 0,846,1
« Remarques. — Le 3i août, une étoile de 12^ grandeur, très voisine et sur le
même parallèle que la planète, contrarie un peu les pointés.
» I.e 2 septembre, le ciel étant nébuleux, l'éclat de la planète est d'une faiblesse
extrême. »
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur une maladie bactérienne du tabac, le
(( chancre d ou « anthracnose ». Note de M. G. Delacroix, présentée par
M. Prillieux.
« Les cultivateurs de tabac et les fonctionnaires préposés à l'inspection
de cette culture connaissent bien une maladie désignée, suivant les loca-
lités, sous les noms cV anthracnose, noir, charbon, pouriiture . Des observa-
teurs très dignes de foi l'observent depuis 3o ans au moins, sans qu'elle
ait fait, à ma connaissance du moins, l'objet d'aucune recherche scientifique.
Elle a été généralement confondue avec cette affection mal définie, due
sans doute à diverses causes, la rouille. Cependant, quand on suit le déve-
loppement de la maladie que j'ai en vue, on observe des symptômes bien
précis permettant de la caractériser.
» Les premières apparences du mal se montrent généralement vers la fin de juillet,
peut-être un peu plus tôt dans les régions plus méridionales de la France (Lot, par
exemple), alors que les pieds de tabac repiqués ont atteint de o"\ 2 à o'",3. Sur la tige
et sur la nervure principale des feuilles moyennes prennent alors naissance des taches
oblongues, où le tissu se déprime Irrégulièrement, où la surface est comme un peu
bosselée. La coloration de ces taches, à peine modifiée au début, vire bientôt vers le
jaune, puis vers le brun fauve, pour prendre ensuite une teinte souvent un peu noi-
râtre et livide. La tache s'étend en surface, se creuse dans sa partie centrale, et, de
même aussi, l'extension en longueur est parfois considérable. Des taches très étroites,
ayant à peine o''™,5 de largeur, peuvent occuper sur la tige, dans la direction de l'axe,
une dimension de o*",! et plus. Lorsque de telles taches arrivent à rencontrer l'inser-
tion d'une fe\jille, elles blfnrauent le plus souvent et gagnent la nervure principale.
SÉANCE DU 7 SEPTEMBRE igoS. 4^5
Mais, comme je viens de le dire, les nervures peuvent être envahies isolément et pri-
mitivement.
» Les taches âgées, sur liges et nervures, se décolorent un peu avec l'âge au moins
dans leurs parties centrales qui se dessèchent et blanchissent. Dans les parties super-
ficielles de la tache, les cellules mortes ont perdu leur contenu brun qui est remplacé
progressivement par de l'air. A ce moment, le centre déprimé se déchire irrégulière-
ment même dans la profondeur des tissus, ce qui a fait supposer à tort l'action d'un
insecte.
)) Le bord delà tache est maintenant occupé par une marge brune proéminente, où
l'examen au microscope ne permet pas de trouver la trace d'une production subéreuse.
Dès lors, la lésion, qui ne montre aucune tendance à la cicatrisation, est devenue un
véritable chancre.
» Au début, le parenchyme cortical est seul intéressé; le tissu s'y voit coloré en
brun intense sur une coupe à l'œil nu ; au microscope les tissus montrent cette teinte
brune plus ou moins marquée, aussi bien sur la membrane que le contenu cellulaire,
où le protoplasma, les leucites chlorophylliens, le noyau forment une masse coagulée
brunâtre, autour de laquelle fourmillent de nombreuses bactéries visiblement mobiles.
Un peu plus lard, la lésion gagnant en profondeur, le cylindre central et la moelle
dans la tige, les faisceaux et le parenchyme dans la nervure sont attaqués à leur tour
et présenlent les mômes lésions. Le noyau volumineux des grandes cellules du paren-
chyme, de la moelle et de la nervure, conserve ici assez longtemps son apparence, et
les cavités cellulaires, riches en suc, montrent encore plus de bactéries que le paren-
chyme cortical.
» La lige et les nervures qui portent de ces chancres profonds conservent une rigi-
dité faible; l'action du vent suffit pour les briser.
» Les nervures secondaires sont souvent envahies, comme la nervure primaire;
l'élendue de la tache est simplement proportionnée à la dimension de la nervure. Le
limbe de la feuille présente également des lésions, qui peuvent être de deux sortes.
), L'infection peut se propager au limbe et, dans ce cas, c'est dans le voisinage
immédiat de la nervure atteinte que le mal débute. Le limbe attaqué se colore, sur
une ligne étroite et à bord irrégulier, en jaune bien net, puis en brun et cette colora-
tion gagne souvent, en se répartissant très irrégulièrement en taches de formes et de
dimensions variées, toute la partie verte comprise entre les deux nervures secondaires,
à moins qu'une période franchement sèche et chaude ne vienne arrêter le développe-
ment du mal. Le limbe envahi montre les altérations des nervures avec des bactéries
dans les cellules. D'un autre côté, lorsque la portion atteinte de la nervure principale
se trouve comprise entre deux nervures secondaires successives également envahies,
et si le limbe circonscrit est resté intact, la croissance qui reste normale pour cette
portion de limbe est au moins retardée, sinon abolie dans les nervures. D'où la pro-
duction de boursouflures, de cloques dans le limbe resté sain : c'est une lésion de
nature mécanique.
» La maladie du chancre, qui s'est moatrée cette année, en France, dans
des régions fort éloignées entre elles, en Meurthe-et-Moselle, en Dor-
456 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dogne, clans le Lot, amène l'inutilisation des feuilles atteintes. Le dégât a
atteint parfois le cinquième de la récolte supposée.
» Les infections que j'ai faites m'ont montré la nature bactérienne de la
maladie. Je proposerai de nommer la bactérie qui la produit BaciUas œru-
ginosus, à cause de la coloration qu'elle imprime à certains milieux de cul-
ture. Je la crois non décrite. Son étude et celle de quelques particularités
relatives à la maladie feront l'objet d'une Communication ultérieure. »
M. SïODOLKiEwiTz adrcssc une Note « Sur un mode d'intégration des
équations différentielles partielles du premier ordre ».
La séance est levée à /j heures.
G. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 17 août 1908.
Le Pachyœna de Vaugirard, par Marcellin Boule. {Mémoires de la Soc. géolo-
gique de France : Paléontologie, Mém. n° 28.) Paris, 1908 ; i fasc. in-8°.
Obserçations sur les cours d^eau et la pluie centralisées pendant l'année 1901 par
le Service hydroniétrique du bassin de la Seine. Résuj7ié, par M. Edmond Maillet,
sous la direction de MM. Salva et F. Launay. Ponts et Chaussées : Service hydromé-
triqiie du bassin de la Seine; texte, i fasc. in-8°; atlas, i fasc. iu-f°.
Note sur la formation du système solaire, par M. Aurig. Montélimar, Astier et
Niel, 1894 ; I fasc. in-8°.
Annales des Ponts et Chaussées; 78" année, 'è" série, t. IX, 1908, i'^'' trimestre,
i""^ Partie : Mé?noires et documents relatifs à l'art des constructions et au service
de l'ingénieur. Paris, E. Bernard; i vol. in-8°.
{A suivre.)
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 14 SEPTEMBRE 1903,
PRÉSIDÉE PAR M. BOUQUET DE LA GRYE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
SPECTROSCOPIE. — Simplicité des spectres de la lainière cathodique
dans les gaz azotés et carbonés. Noie de M. H. Deslaxdres.
« Importance de la lumière cathodique. — La lumière cathodique (ou
négative) est la lumière spéciale qui entoure, ainsi qu'une gaine, le pôle
négatif, dans l'illumination électrique des gaz raréfiés; elle se distingue,
par la couleur et le spectre, des autres parties de l'étincelle qui forment la
lumière dite du pôle positij. Lorsque la pression diminue, la gaine calho-
diqne s'élargit ; et, aux pressions très basses, elle envahit le tube à vide tout
entier. A son contact, le verre devient phosphorescent, et c'est alors que
les rayons spéciaux issus de la cathode, dits rayons cathodiques, appa-
raissent avec netteté. Ils donnent une tache brillante sur le verre; de
plus, ils illuminent faiblement le gaz sur leur passage, la couleur et le
spectre étant à peu près les mêmes qu'avec la gaine cathodique aux pres-
sions plus hautes.
» La lumière cathodique est intéressante comme due à l'action des
rayons cathodiques sur le gaz, et aussi comme étant la seule lumière
connue des gaz aux très basses pressions. A ce point de vue, elle doit fixer
l'attention des astronomes qui rencontrent des gaz très raréfiés dans l'at-
mosphère du Soleil, les comètes et les nébuleuses.
» Résumé des observations. — J'ai cherché autrefois déjà la lumière
cathodique dans l'air et l'azote ('), et j'ai relevé avec soin son spectre spé-
cial, qui est un spectre de bandes. Même j'ai annoncé que la bande la
(') Spectre du pôle négatif de l'azote. Loi générale de répartition des raies dans
les spectres de bandes {Comptes rendus, t. CllI, 1886, p. 375).
C. R., 1903, 2» Semestre. (T. CXXXVII, N° 11.) ^ï
458 ACADÉMIE DES SCIENCES,
plus forte (X391) devait exister intense dans l'aurore boréale terrestre; sa
présence a été reconnue plus tard par Paulsen.
» Or j'ai fait récemment la même recherche sur les gaz carbonés (com-
posés oxygénés et hydrogénés). La comète brillante de cette année, qui
montre si nettement les bandes du carbone (') avait ramené mon attention
vers ces gaz dont j'ai relevé le premier en 1888 les bandes ultra-violettes,
mais dans la partie positive seulement. Il restait à reconnaître la lumière
cathodique, au moins dans la région ultra-violette.
» Les gaz étudiés (oxyde de carbone, acide carbonique et acétylène pur
aimablement fourni par M. Moissan) ont été illuminés dans des tubes
spectraux, à partie capillaire et à électrodes d'aluminium, fermés par une
lame de quartz. Pour chaque gaz, on a fait deux épreuves distinctes :
a. Une épreuve qui offre juxtaposés les spectres de la partie capillaire
et delà gaine négative, la pression du gaz étant voisine de 3'"'"; b. Une
épreuve qui présente juxtaposés deux sj^ectres de la partie caj)illaire,
obtenus l'un à la pression de 3'""", l'autre à une pression inférieure à ^ de
millimètre. La comparaison des deux spectres sur chaque épreuve fait res-
sortir les raies et bandes propres à la lumière cathodique.
)) Dans la partie lumineuse déjà reconnue et dans la première moitié de
la région ultra-violette (de 1 Zjoo à X 3oo), la lumière cathodique ou négative
offre à peu près le même spectre que la lumière positive; mais, dans la
seconde moitié du spectre ultra-violet (de 1 3oo à Xioo), elle présente un
spectre spécial caractéristique, qui est un spectre de bandes nouveau et
s'ajoute aux cinq spectres de bandes du carbone déjà connus. Ce spectre
nouveau est surtout net et intense avec les composés oxvgénés; avec les
composés hydrogénés, l'hydrogène et le spectre continu intense qu'il émet
dans cette région sont une gêne sérieuse.
» Cependant ce s])ectre est situé troj) loin dans l'ultra-violet jiour avoir
un intérêt astronomique; s'il est émis par les comètes, il est arrêté par
l'atmosphère terrestre. Mais il a par lui-même une importance réelle,
» La case I de la planche ci-contre donne une vue d'ensemble du spectre
nouveau; au-dessous (case II) est le spectre du ])ole positif déjà décrit et
publié en 1888, et qui offre dans la même région deux spectres de bandes
distincts. D'autre part, les longueurs d'onde et nombres de vibrations des
(^) Spectre de bandes des composés hydrogénés et oxygénés du carbone {Comptes
rendus, l.CW, 1888, p.8fi'2),el Obse/vations spectrales de la comète Borrelly (19080)
{Comptes rendus, même Tome, p. 898 ),
46o ACADÉMIE DES SCIENCES.
têtes des nouvelles bandes ont été déterminés par comparaison avec le
spectre du fer de Kayser et Runge. Le Tableau suivant résume les
mesures (') :
Inlensité
(lo étant la
plus forte).
Longueur d'onde
ramenée au vide
2 I 90 , D I
7 2800, 36
7 2825,93
4 2353,23
8 2420, 29
8 2446,69
4 2470, 10
3 25o5,39
5 255i , 20
6 2578,39
4 2607,95
4 2689,63
[ 2 2694,80
I 3 2728,06
1 2753,65
1 2786,51
\ 10 2888,86
I 10 2897,11
Nombres de vibrations
ramenés au vide
N.
4565 1,4
43473,4
42995,5
42496,5
4i3i8,8
40872,9
4o4o3,6
89915,0
89198,1
88784,6
38844,8
87884,6
87108,7
36728,5
363i5,5
35887,1
34675,8
34516,8
Dispersion
employée.
1 qu
2 sp
2 sp
2 sp
2 sp
2 sp
2 sp
1 sp
2 sp
2 sp
I sp
I sp
I sp
I sp
I sp
1 sp
2 sp
2 sp
» Les seize premières bandes du Tableau sont toutes semblables et
tournées vers le rouge; mais les deux dernières, très intenses, qui sont
dégradées dans les deux sens, et ont une structure différente, d'ailleurs
très curieuse ('), doivent cire mises à part. Il sera question seulement des
premières bandes dans ce qui va suivre.
» Ces recherches expérimentales ont été faites avec le concours de
(*) Pour avoir toutes les bandes, faibles et fortes, on a dû employer trois spectro-
graphes de transparence et de dispersion différentes, comprenant successivement un
prisme de quartz, un et deux prismes de spath d'Islande. La dernière colonne indique,
pour chaque raie, le prisme employé. Avec deux prismes de spath, les longueurs
d'onde sont mesurées à moins de 0^,10.
(^) Ces deux dernières bandes, dont l'aspect rappelle les raies H et K des protubé-
rances photographiées au bord solaire extérieur, ont été vues seulement avec les
composés oxygénés du carbone. Peut-être sont-elles dues à l'oxygène; on n'a fait
aucune reclierche spéciale pour reconnaître leur origine.
SÉANCE DU l4 SEPTEMBRE IQoS. 4^1
deux assistants, M. crAzambiija et M. Kannapell, qui m'ont aidé, le pre-
mier dans les observations spectrales, et le second dans les calculs.
)) Propriétés de la lumière cathodique. — Les bandes précédentes forment
im spectre bien net et distinct; car elles obéissent aux lois générales sui-
vantes que j'ai posées de i885 à 1888 et qui caractérisent le spectre de
bandes dû à un même corps : le spectre est formé par la répétition de
groupements de raies semblables tels que raies simples ou doublets, tri-
plets, ..., octuplets, etc., et la répétition, représentable par une Table à
trois entrées, est réglée par une fonction de trois paramètres m, n, p et de
la forme N =/(n-p-)x. m'- -h Bn- ^o(p-); N étant le nombre de vibra-
lions, m, Ti, p les nombres entiers successifs, B une constante, / et 9 des
fonctions qui peuvent être quelconques.
» En effet, les arêtes des bandes peuvent être groupées en séries arith-
métiques égales, de la façon suivante :
Série I. Série II. Série III. Série IV.
" n"" ^-^ ■ j^ ^ _^,
observés. Intervalles. observés. Intervalles. observés. Intervalles. observés. Intervalles.
4565i4
434734
21780
2i546
4i3i88 429955
2I20- 21226
391981 408729 4249G'5
20893 2o883 20929
371087 387846 4o4o36
206 II 2o588
367235 383448 399150
20293 2o3o4
363 I 55 3-8846
19975
358871
» A de faibles différences près, les intervalles, dans chaque série, sont
en progression arithmétique, et les quatre séries sont superposables. Les
nombres de vibrations sont disposés de manière que les intervalles égaux
des séries sont sur une même ligne horizontale.
» Les paramètres n et p qui fournissent les arêtes des bandes ont, dans
ce spectre, le premier huit valeurs différentes et le second quatre seule-
ment. Mais le paramètre m, qui donne les raies d'une même bande, a un
nombre plus grand de valeurs (de o à 3o ou :\o).
/,62 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Toutes les bandes du spectre sont en effet semblables, et formées de
raies dont les intervalles successifs sont en progression arithmétique. La
case III montre une de ces bandes résolue en raies fines et représentable
tout entière par la formule
N = 4 1 3 [865 — 0,00913490(4/^ -t- 3)^
Les écarts entre les nombres observés et calculés sont tous inférieurs à la
raison, et l'écart moyen quadratique a la valeur 0,147 qiii correspond à
l'erreur de pointé.
)) Mais le point capital, sur lequel je veux insister, est que les bandes
n'offrent qu'une seule série arithmétique, alors que, dans les cinq spectres
de bandes connus du carbone, observés au pôle positif, le nombre des
séries est plus grand. Ainsi, le spectre de droite de la case II a des bandes
formées de deux séries arithmétiques enchevêtrées (voir le dessin des
Comptes rendus, t. CVI, 1888, p. 842) et les autres spectres du carbone
ont des bandes encore plus complexes. Autrement dit, le spectre du pôle
négatif est formé par la répétition de raies simples, alors que les cinq
autres spectres de bandes du carbone observés au pôle positif sont formés
par la répétition de doublets ou de groupements plus compliqués.
)) Ces différences sont curieuses; or elles se retrouvent aussi avec le gaz
azote, qui a, comme on sait, un spectre de bandes spécial au pôle négatif
et trois spectres de bandes distincts au pôle positif. Le spectre de bandes
néo^atif est formé par la répétition de raies simples, alors que les trois
positifs présentent au mouis des triplets, l'un d'eux même, le plus réfran-
oible, étant formé par des octuplets. Une bande négative de l'azote
(■X39i,45, N2554) est représentée, résolue en raies fines, dans la case IV
de la Planche, au-dessous de la bande négative du carbone; elle offre à
première vue une seule série arithmétique et est très semblable à la bande
du cari)one (').
)) En résumé, dans Les gaz de l'azote et du carbone^ la lumière cathodique
a une simplicité remarquable, et cette propriété, qui est probablement
générale, devra être recherchée dans les autres gaz.
» On peut chercher à pénétrer la nature intime du phénomène et pré-
(•) Les deux bandes diffèrent en ce sens qu'elles sont l'une tournée vers le rouge
et l'autre vers le violet; mais elles ont à peu près la même raison et présentent cha-
cune, à la même distance de la tète, un espace obscur, où les raies sont à peine per-
ceptibles.
SÉANCE DU l4 SEPTEMBRE I9o'3. 4^3
senter le résultat d'une manière plus saisissante, mais en s'appuyant un
peu sur riiypoLhèse. J'ai déjà développé en 1890 les raisons qui font
dépendre de la structure on de la formule chimique du gaz illuminé, le
nombre et le groupement des raies dont la répétition forme les spectres
de bandes. Or les nombreux spectres du carbone et de l'azote énumérés
plus haut sont dus à des états allotropiques différents des corps simples
ou à des combinaisons avec les éléments de l'eau. Dans ces conditions, les
spectres du pôle positif, formés par la répétition de raies multiples, cor-
respondent à de véritables molécules ayant plusieurs atomes; les spectres
négatifs, au contraire, sont dus à un atome unique; aussi peut-on dire ;
Lorsque le rayonnement cathodique qui, étant faible, ionise les gaz, est assez
fort pour les illuminer et donner un spectre de bandes, il les décompose en leurs
éléments chimiques les plus simples.
» Lorsque l'étincelle électrique est plus nourrie, le spectre de bandes
disparaît, comme on sait, et fait place à un spectre de lignes (qui est
d'ailleurs le seul spectre donné par certains gaz). Cette troisième phase,
caractérisée par l'action du champ magnétique sur les raies, sera examinée
ultérieurement. »
CHIMIE MINÉRALE. — Action d'une trace d'eau sur la décomposition
des hydrures alcalins par V acétylène. Note de M. Hexki Moissax.
« En étudiant l'action de l'acide carbonique sur les hydrures alcalins,
nous avons démontré que, si cet acide carbonique est séché avec un très
grand soin, il ne réagit pas à la température ordinaire sur les hydrures, et
que, au contraire, s'il renferme une petite quantité de vapeur d'eau cor-
respondant à la tension de la glace à — 70°, la combinaison se fait instan-
tanément avec production d'un formiate ('). Nous avons étendu ces
recherches à une autre réaction, celle de l'acétylène sur les hydrures alca-
lins, réaction que nous avons indiquée précédemment (-).
)) Nous avons démontré que, à la température ordinaire, sous pression
(1) H. JNIoissAN, Étude de la combinaison de l'acide carbonique el de l'/iydrure
de potassium {Comptes rendus, t. CXXXVI, 1908, p. 728).
(2) H. Moissxy, Préparation des carbures et des acétylures acétyléniques par
l'action du gaz acétylène sur les hydrures alcalins et alcali no- terreux {Comptes
rendus, t. CXXXVI, 1908, p. lôii).
464 ACADÉMIE DES SCIENCES.
réduite, le g^az acétylène réagissait &ur les hydrures avec dégagemenl d'Iiy-
drogène et formation d'acétyliire acctyléniqiie
2KU + 2C-H-=3C-R-,C-H- + n-.
» Si l'on fait arriver le gaz acétylène sur l'hydrure de potassium ou l'hy-
drure de sodium à la pression ordinaire, la réaction est assez violente, et,
en même temps cju'il se dégage' de l'hydrogène, la surface de l'hydrure
devient noire, charhone, et parfois même il se produit une légère incan-
descence. Le dégagement de chaleur est en effet très grand, et nous nous
proposons, par la suite, de le déterminer au moyen du calorimètre.
)) Le gaz acétylène employé dans l'expérience précédente avait été des-
séché simplement au moyen d'un tube eu U rempli de fragments de potasse.
Au contraire, si le gaz acétylène est parfaitement desséché, le résultat de
l'expérience est tout autre.
M Le gaz acétylène, préparé par décomposition du carbure de calcium
pur au contact d'un grand excès d'eau bouillie, a été desséché tout d'abord
par de la potasse, puis conservé pendant deux jours, dans une cloche à
robinet en présence de potasse refondue avec soin au creuset d'argent.
Cette cloche est réunie par un tube de plomb avec un premier tube dessic-
cateur rempli de bâtons d'acide métaphosphorique vitreux auquel fait suite
le tube à hydrure alcalin ; les joints ont été faits à la gomme laque, et tout
l'appareil, séché complètement, ainsi que nous l'avons établi dans nos
précédentes expériences.
» Le vide a été maintenu dans cet appareil au moyen d'un trompe à
mercure, et, après 48 heures, en tournant lentement le robinet de la petite
cloche de verre contenant l'acétylène, on laissait arriver ce gaz au contact
de l'hydrure de potassium.
» En soulevant plus ou moins la cloche qui contient le gaz acétylène, on
produit dans le tube à hydrure une tension qui peut être mesurée.
» On étire ensuite et l'on soude l'extrémité effdée de ce tube ; un volume
déterminé de gaz acétylène sec se trouve au contact de l'hydrure. Aucune
réaction ne se produit à la température ordinaire. On refroidit peu à peu
une extrémité du tube dans de l'oxygène liquide. Le gaz acétylène se
condense aussitôt sous forme d'une neige blanche; on retire le tube du
vase qui contient l'oxygène liquide; l'acétylène reprend l'état gazeux,
revient plus ou moins rapidement à la température ordinaire, sans produire
aucune réaction.
» On porte ensuite ce tube scellé dans un bain d'eau dont on élève très
SÉANCE DU l4 SEPTEMBRE 1903. /,65
lentement la température. On remarque alors qu'une réaction vive se pro-
duit, avec incandescence et mise en liberté de carbone qui noircit l'hvdrure,
à la température de -f- 42". L'expérience a été répétée plusieurs fois et a
toujours donné les mêmes résultats. Entre — 80" et + 4^"» l'hydriire
n'exerce aucune réaction sur le gjiz acétylène sec.
» Nous préparons maintenant un tube scellé renfermant l'hydrure et l'acé-
tylène, ainsi que nous l'avons indiqué précédemment, et nous disposons
au préalable dans ce tube de verre une petite ampoule contenant quel-
ques milligrammes d'eau et un peu de mercure qui n'agira que par son
poids. L'ampoule restant fermée, nous vérifions une fois de plus que le gaz
acétylène sec n'a pas d'action sur l'hydrure de potassium. Nous refroidis-
sons l'extrémité inférieure du tube à — Go^ et nous brisons l'ampoule. On
laisse alors le tube se réchauffer lentement et, i ou 1 minutes plus tard,
une réaction vive se produit en un point de l'hydrure avec mise en liberté
de carbone, puis la décomposition s'étend rapidement à toute la surface
du corps solide.
» Dans cette expérience on voit donc la réaction partir d'un point
déterminé, puis se propager rapidement de proche en proche et gagner
la totalité de l'hydrure.
M Ces expériences ont été variées de bien des façons et nous ont sans
cesse donné les mêmes résultats. En plaçant, par exemple, entre le tube à
hydrure et la trompe à mercure, un tube en caoutchouc qui avait été des-
séché au préalable par un courant d'air sec, on remarque que le gaz acé-
tylène qui a traversé le tube en caoutchouc réagit toujours sur l'hydrure de
potassium à la température ordinaire. Cela tient à ce que la dessiccation du
caoutchouc est illusoire et que ce corps renferme des quantités variables
d'humidité.
)) Dans une autre expérience, faite avec un tube scellé, contenant de
l'acétylène sec, de l'hydrure de potassium et une ampoule renfermant
3™s d'eau, nous avons remarqué le phénomène suivant : on a cassé l'am-
poule lorsque le bas du tube était à — 80", mais par suite du mouvement
imprimé au tube, une petite quantité d'hydrure était tombée à la partie
inférieure, au contact des 3™^^ de glace. Nous avons laissé ensuite s'élever
lentement la température et nous avons été très surpris de voir qu'aucune
réaction ne se déclarait entre le gaz acétylène et l'hydrure de potassium.
L'hydrure avait gardé sa couleur blanclie, aucun dégagement de chaleur
ne s'était produit; mais lorsque, après quelques heures, nous avons agité
le tube et que les fragments de verre de l'ampoule sont venus érailer la
C. R., 1903, •-« Semestre. (T. CXXXVII, N° 11.) <^^^
466 ACADÉMIE DES SCIENCES.
surface de i'hydrure alcalin, une réaction vive s'est déclarée dans toute la
masse, accompagnée môme d'une incandescence.
, » L'explication de cette expérience est des plus simples. Au fur et à
mesure que la température de la glace s'était élevée, la vapeur d'eau avait
été absorbée par I'hydrure tombé au fond du tube, de telle sorte qu'il
s'était formé de la potasse à peine hydratée. La tension de vapeur de ce
nouveau composé avait été suffisante pour produire à la surface de I'hy-
drure une couche uniforme d'acétyiure acétylénique tellement mince
qu'aucun point de I'hydrure n'avait atteint la température de +l^2P.
» Mais aussitôt que les fragments de verre avaient déchiré cette pouche
protectrice, la trace d'eau que renfermait l'acétylène avait déterminé la
transformation complète de I'hydrure.
» Nous avons cité cette exj)érience parce qu'elle démontre bien l'in-
fluence de l'état physique des corps dans les réactions et qu'elle fait com-
prendre aussi la délicatesse de ces recherches.
)) Conclusions. — Ces nouvelles expériences établissent donc quelle
peut êlre l'action d'une trace d'eau sur une réaction chimique. Elles sont
comparables à celles que nous avons décrites précédemment à propos de
la synthèse des formiates au moyen de l'acide carbonique et des hydrures.
» Le gaz acétylène sec ne réagit sur I'hydrure de potassium qu'à la tem-
pérature de -+-42°. Si le gaz contient une trace d'eau, cette dernière
modifie les conditions de la réaction qui peut se produire dès lors à la tem-
pérature ordinaire. Nous attribuons, ici encore, ce changement au déga-
gement de chaleur qui, une fois commencé en un point, détermine une
élévation de température et cette dernière amène i'hydrure à -h 42° et
détermine par conséquent une combinaison totale. »
CORRESPONDANCE.
ANALYSE MATHEMATIQUE. — Sur les équalions aux différences qui possèdent
un système fondamental d'intégrales. Note de M. Alfr. Guldberg,
présentée par M. Emile Picard.
« L'importance des équations différentielles qui possèdent un système
fondamental d'intégrales est bien connue. Or, il est bien visible que les
raisonnements employés pour déterminer ces équations peuvent se répéter
pour le cas où, au lieu des équations différentielles, on regarde les équations
aux différences.
SÉANCE DU I 'i, SEPTEMBRE I()o3. 467
» Considérons, en effet, le svslème d'équations. aux différences
^Xi = Yi{t^, X^, X.-,, .. :, OCn) (ï = ï , 2, , . . , n),
et supposons que la solution générale de ce svsfème a:,, . . ., x^ s'exprime
d'une manière déterminée, toujours la même, par m solutions particulières
(0 <' ^,;,... ;<-,...,<'
et n constantes arbitraires a par des formules
x, = o.(x':\..,,x':'; ...,<'\ ...,<"'; a a„) (« = 1,2 n)
qui subsistent lorsqu'on y remplace les solutions (t) par m autres solutions
particulières irréductibles quelconcjues.
» Il est clair que l'on peut démontrer, d'une manière analogue à celle
employée dans le cas des équations différentielles, que la solution générale
d'un tel système est définie par les équations d'un groupe
^i = f(^ ^«; « ^««)
où les variables e sont remplacées par les constantes d'intégration, et les
paramètres a par des fonctions de la variable indépendante t. De plus, ce
groupe est m fois transitif; on en conclut, d'après un théorème connu de
Sophus Lie, que m ne peut surpasser n -h 2.
)) Dans le cas ^ =: i on aura les trois types d'équations :
» L'équation aux différences
Ax = P(t)x,
dont l'intégrale complète est
x=f(l)a;
)) L'équation aux différences
Ax = V(t).v-^q{t),
dont l'intégrale complète est
X = f(l)a -h o(^);
» L'équation aux différences
Ax-{-V{t)(xAx-^x-) -+-q(t)x -+-R(0 = O'
dont l'intégrale complète est
X = ^ — ^ • »
^l{t)a-\-o{t)
4^8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MÉTÉOROLOGIE. — Description d' un orage très localisé. Noie de
M. Jeax Mascart, présentée par M. Deslandres.
« Dans la situation météorologique rapidement variable de ces temps
derniers, un orage local fut aperçu [)ar différentes personnes, notamment
à Colombes (Seine) et à Mitry (Seine-et-Marne). Voici son aspect dans
cette dernière station :
» Le jeudi 3 septembre, après une journée légèrement orageuse (baromètre, 758"'™),
le ciel se découvrit vers le soir, et la Lune, qui devait être pleine 4 jours après, se leva
dans un ciel d'une pureté absolue : dans la direction N-N-W, un nuage de peu
d'étendue, à peine élevé de i5° au-dessus de l'horizon, présentait une masse gris
bleu, de forme presque parfaitement rectangulaire. Vers 7''45'", des éclairs très
brillants commencèrent à sillonner le nuage sans que l'on entendît le moindre bruit et,
jusque vers 8^3o™, un feu d'artifice ininterrompu illumina ce nuage. Le spectacle était
saisissant et féerique : la forme et le tracé des nombreux éclairs, nettement visibles,
s'étendaient dans toutes les directions et illuminaient l'intérieur du nuage, faisant
ainsi saillir les formes de gros cumuli très pittoresques. Aucun bruit ne troublait la
nuit très pure et constellée.
» Vers 9^*15'" le phénomène était terminé (^) : peu à peu, des nuages se formèrent
sur place et, vers 10'', le ciel était presque entièrement couvert. 11 ne plut pas cette
nuit-là.
» Or, quelle est la situation météorologique, particulièrement en ce qui concerne
le nord de Paris?
» Le mercredi 2, à Paris, éclairs toute la journée. On doit encore attendre un ciel
nuageux, en France, pour le lendemain jeudi : en eflfet, les observations du 3, 7'' du
matin, montrent qu'une dépression circonscrite, signalée la veille, a traversé la France
du sud-ouest au nord-est pour se trouver près de Hambourg, tandis qu'une zone de
hautes pressions se propage vers le nord de l'Europe. Effectivement, le jeudi, à Paris,
le ciel est nuageux avec une faible pluie.
» Le lendemain malin, vendredi 4, à 7'', la situation s'est modifiée dans l'ouest, car
des dépressions s'avancent du large sur le golfe de Gascogne et les Iles Britanniques :
la température a tendance à se relever, avec orages dans l'ouest de la France. Ces
troubles, très circonscrits, qui traversent la France du sud-ouest au nord-est à partir
du golfe de Gascogne, peuvent prendre, au reste, une importance considérable avec
leur grande vitesse de translation ; c'est ainsi qu'une petite dépression, insignifiante
en apparence, signalée sur le golfe de Gascogne le dimanche matin 6 septembre, se
trouvait le soir même au sud de Paris et, 12 heures après, au sud de Hambourg. Sui-
vant cette rapide trajectoire, on signale des pluies très abondantes, 84"'" à Bllbao,
(') Le nuage paraît s'être élevé très légèrement sur l'horizon.
SÉANCE DU l4 SEPTEMBRE iguS. 469
43'"'^ à Biarritz, 29™'" à Bordeaux^ 3o™™ à Paris en 5 heures de temps (5"^ à 10^),
Si"""^ à Saiiit-Maur, i8^°' à Bruxelles, etc.
» Existe-t-il un trouble analogue, susceptible d'avoir engendré l'orage
local que nous signalons?
» Dans les dépêches du Bureau météorologique on ne signale rien, au nord de
Paris, en fait d'éclairs ou de pluies; loin de là, à Hambourg, dans la nuit du jeudi au
vendredi, on note une pluie inappréciable au pluviomètre. Seule, la station de Saint-
Maur signale un orage, jeudi soir, entre 10^ et 1 1'\
» Cependant, en examinant de plus près les cartes du Bureau météorologique, on
peut noter un foyer de perturbation dans le voisinage de notre phénomène. Le jeudi
matin, une petite dépression circulaire de ÔS™'", très circonscrite, est appréciable à
l'est-sud-est de Paris, avec tendance à se diriger vers le nord : vent du nord à Paris,
sud-ouest à Belfort et Besançon, sud à Nancy et au-dessous de la dépression. Le jeudi
soir, ce petit mouvement a légèrement remonté, avec les mêmes caractères généraux:
vent de nord-est à Paris, ouest-sud-ouest à JNancy, et sud-ouest à Belfort, mais tou-
jours à Test et sud-est de Paris, une petite zone à 65™™ au milieu d'un état de hautes
pressions. La même situation subsiste sur la carte de ']^ du matin le vendredi, quoique
un peu moins nette.
» Nous ne voulons pas dire que l'orage local que nous signalons soit dû
à la petite perturbation permanente que l'on peut retrouver sur les cartes;
mais, tant que l'on ne possédera pas d'autres donnéessur cet orage, il nous
a paru intéressant de rapporter l'aspect bizarre sous lequel il s'est pré-
senté, et de le rapprocher d'un examen plus complet de la situation
générale en France au même instant. »
PHYSIOLOGIE. — Sur la résistance des Èpinoches aux changements de ta
pression osmotique du milieu ambiant. Note de M. Michel Siedlecki (de
Cracovie), présentée par M. Alfred Giard.
« Il est établi depuis longtemps que l'Epinoche (Gasterosteus aculeatus)
peut vivre aussi bien dans l'eau douce que dans l'eau saumâtre. Près des
embouchures des ruisseaux allant à la mer, qui se remplissent complète-
ment d'eau salée pendant le flux et ne contiennent que de l'eau douce
pendant le reflux, l'Epinoche vit aussi normalement que dans les endroits
où jamais l'eau de mer ne peut arriver. M. Giard, qui a également observé
ces faits, a établi par des expériences que l'Epinoche peut passer direc-
tement de l'eau douce à l'eau de mer et vice versa, et s'adapte brusque-
ment à son milieu nouveau. Les observations de INl. Gianl, dont nous
470 ACADÉMIE DES SCIENCES.
avons constalé la parfaite exactiliule an cours de nos recherches, et le fait
que l'Épinoche de l'eau douce transportée en eau de mer peut vivre dans
cette dernière d'une façon tout à fait normale pendant plusieurs semaines,
suggèrent l'idée que cet animal est très réfractaire aux changements de la
pression osmotique du milieu ambiant. Nous avons alors tenté d'étudier, à
Wimereux, la résistance des Épinoches à des solutions possédant une
haute pression osmotique, comme celles du sucre, de la glycérine et des
sels divers.
» 1. Quelques Epinoches ont été placées dans une solution de i pour loo de sucre de
betterave. Après 24 heures nous avons transporté les animaux dans une solution
à 2 pour 100 de sucre, et les jours suivants nous avons renouvelé le liquide en aug-
mentant sa concentration de i pour loo par jour. Ainsi nous sommes arrivé à tenir
les animaux dans une solution contenant 10 pour 100 de sucre. Les Epinoches se sont
comportées d'une façon tout à fait normale ; elles prenaient leur nourriture et nageaient
comme dans l'eau douce. Une cencentration plus forte du liquide a provoqué un affai-
blissement des animaux, qui ont même cessé de prendre la nourriture; dans une solu-
tion à i5 pour 100 de sucre les animaux mouraient en 3 jours.
» Les animaux pris dans l'eau douce et placés brusquement dans une solution
contenant i5 pour 100 de sucre ont vécu aussi longtemps (3 jours) que ceux qui ont
passé préalablement par des solutions à concentration croissante.
» Ces faits prouvent, d'un côté, une résistance très prononcée à l'augmentation de
la pression osmotique; d'un autre côté, ils démontrent que cette résistance reste la
même, aussi bien dans le cas où il s'agit de s'opposer à l'action brusque d'une solution
fortement concentrée, que dans celui où la quantité de sucre a été augmentée très
lentement dans les solutions.
» 2. Les expériences faites avec des solutions de glycérine ont été moins démon-
stratives que les précédentes pour le rôle de la pression osmotique, par suite de
l'action très compliquée de ce liquide. Les Epinoches supportaient une solution
de 6 pour 100 de glycérine et ne mouraient que dans une solution de 7 pour 100,
après avoir vécu 48 heures dans ce liquide. Traités par la glycérine, ces Poissons
présentaient les phénomènes d'hyperesthésie et perte du sens de l'équilibre; très sen-
sibles à la moindre secousse, ils nageaient sur le côté ou sur le dos; ils tournaient sur
place et même prenaient leur nourriture en exécutant des mouvements touj: à fait
désordonnés. 11 faut donc admettre que l'action de la glycérine ne consiste pas seule-
ment en une augmentation de la pression osmotique; ce liquide se comporte comme
un venin agissant sur le système nerveux et, en solution, peut tuer une Epinoche avant
que les limites de la pression osmotique à laquelle l'animal peut résister soient
dépassées.
» 3. Les expériences avec des animaux placés dans des solutions de sels alcalins ou
bien alcalino-terreux prouvent aussi que la toxicité de ces solutions n'est pas déter-
minée par leur pression osmotique et n'est même pas proportionnelle à cette pression.
Nous avons déterminé, au moyen d'expériences, le minimum de la concentration
nécessaire ])our chaque solution des divers sels, qui doit tuer une Epinoche en 24 heures
SÉANCE DU l4 SEPTEMBRE igoS. /jni
environ. PourKCI cette concentration est de o, i pour loo; pour NaCl 3,5 à 4 pour loo;
pour \a-SO* 5 à 6 pour loo; pour xMgSO* 6 à 7 pour 100, etc. La comparaison de ces
exemples démontre suffisamment l'action spécifique des sels et le rôle tout à fait secon-
daire de la pression osmotique dans ces solutions.
» 4. Les Epinoches sont aussi réfractaires à la diminution de la pression osmotique
du milieu ambiant qu'à son augmentation; placées dans l'eau distillée suffisamment
aérée, elles vivent dans ce liquide d'une façon tout à fait normale.
» Le degré de la résistance aux cliangemenls de la pression osmotique varie suivant
les propriétés individuelles des Epinoches, Les individus vigoureux, bien nourris et
d'une taille moyenne, sont les plus réfractaires; les jeunes Poissons, d'une longueur
de 2"='" à S*"*", et les grosses femelles à ovaires gonflés succombent ordinairement très
vite, même dans des solutions relativement peu concentrées; mais, les petites
Epinoches aussi bien que les grandes femelles sont les plus difficiles à nourrir; par
conséquent elles s'affaiblissent et perdent leur résistance très facilement.
» La pression osmotique du milieu atteint en première ligne la surface du corps et
des branchies. La protection de ces deux parties du corps est assurée par l'épithélium
couvert d'un enduit de mucus. Nous croyons que cette couche épilhéliale représente
une membrane résistante à la pénétration de certains corps dissous vers l'intérieur de
l'organisme et surtout vers le sang. Avec l'afTâiblissement de l'organisme, provoqué
par une nutrition insuffisante, la résistance de cette couche diminue et les animaux
succombent très facilement. Le même fait se produit quand on transporte les Epi-
noches dans des solutions par lesquelles la couche épilhéliale est en partie désagrégée,
comme, par exemple, dans la solution de Na^ CO^ ; la résistance des animaux diminue
tellement qu'ils succombent en quelques minutes même dans des solutions très
faibles.
» Nous pouvons conclure que la pression osmotique du milieu ambiant,
agent très puissant pour d'autres animaux et pour les végétaux, n'a que
très peu d'influence sur les fonctions vitales des Epinoches, grâce à leur
surface protégée par une couche pourvue de certaines qualités des mem-
branes hémiperméables, »
M. A. Berïhier adresse, de Genève, une JNole intitulée : « Transforma-
teur actino-électrique, pour la transformation de l'énergie lumineuse en
énergie électrique » .
(Renvoi à l'examen de M. Mascart.)
La séance est levée à 3 heures et demie.
G. D.
47^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE,
Ouvrages reçus DA^s la séance du 17 août iqoS.
(Suite.)
Experlments in radioaclivity and Ihe production of hélium from radium, bvsir
William Ramsay and Frederick Soddy. s. ]., juillet igoS; i feuille en placard.
Elenco délie stelle doppie rinvetiute nelle lastre fotograjîche pubblicate nelle
1° Volume del CaLalogo fotografico stellare, corrispondente alla zona vaticana :
P. Angelo Rodriguez, Direttore délia Specola vaticana. Rome, 1908; i fasc. in-4°.
Microbiologie. Vitcdité des germes des organismes microscopiques des eaux
douces et salées, par M. A. Certes. Rome, F. Cuggiani, 1908; 1 fasc. in-^".
On the évolution of the Proboscidea, bj^ C.-W. Andrews. {Philosophie. Transact.
of the R. Soc. of London, série B, vol, CXCVI, p. 99-118.) Londres, 1908; i fasc.
in-4°.
Relative Schweremessungen in Wïirttemberg. 111. Messungen auf der Linie :
Ulm-Freudenstadt, mityFiguren; mit einem Anhang: Versuche, dem Magazin-
thermometer und dem Pendel gegen Temperaturdnderungen die gleiche Trdgheit
za geben, von K.-R. KocH. Stuttgard, 1908.
Muni. Guinea continental espanola; granda mapa en escala de i : 200000, en dos
hojas, por D. Enrique d'Almonte. {Roletin de la Real Sociedad geographica, t. XLIV,
suplemento.) Madrid, 1908; 2 feuilles pliées en i fasc. in-8".
Ergebnisse der meteorolo gischen Reobachtungen an den Landenslationen in
Rosnien-Hercegovina, im Jahre 1899. Vienne, 1902; i fasc. m-[\°.
Rulletin mensuel de VOhservatoire météorologique de l'Université d'Upsal;
vol. XXXIV, année 1902, par le D"" H. Hildebrand Hildebrandsson. Uj)sal, 1902-1908;
I fasc. in-4°.
Revue météorologique. Travaux du réseau météorologique du sud-ouest de la
Russie. 1901-1902; 2" série, vol. VI et Vil, par A. Klossovski. Odessa, 1908; i fasc.
in-4°.
{A suivre.)
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI *il SEPTEMBRE 1903,
PRÉSIDENCE DE M. ALBERT GAUDRY.
3IÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — La parthénogenèse par C acide carbonique,
obtenue chez les œufs après l'émission des globules polaires. Note de
M. Yves Delage.
« J'ai montré antérieurement (') que, pour déterminer le dévelop-
pement parthénogénétique des œufs, chez les Astéries, au moyen de l'acide
carbonique, il fallait f^iire intervenir cet agent pendant l'émission des glo-
bules polaires. Les œufs encore pourvus de leur vésicule germinalive ou
ceux ayant émis depuis quelque temps leurs deux globules sonl absolument
réfractaires au réactif.
), Ce n'est pas cependant le fait de posséder ou non la chromatine des
globules polaires qui intervient ici. J'ai constaté, en effet, que le dévelop-
pement parthénogénétique s'effectue aussi bien chez les œufs n'ayant émis
aucun globule, chez ceux qui en ont émis un seul ou chez ceux qui ont
émis les deux. Mais, dans le cas où aucun globule n'a été émis, il faut que
les phénomènes caryocinétiques précédant cette émission aient commence,
et, dans le cas où les deux globules ont été émis, il faut que les phéno-
mènes caryocinétiques corrélatifs de l'émission du second globule ne soient
pas achevés. En d'autres termes, il faut, dans le premier cas, que 1 œut soit
déjà sorti de l'état de repos qui précède l'émission des globules; dans le
second cas, que l'œuf ne soit pas retombé dans l'état de repos qui smt
l'émission du second globule. Il faut que l'œuf soit dans cet état labile,
(') Comptes rendus, séances des x3 et 20 octobre 1902, et Arch. Zooi. exp.,
série, t. X, 1902, p. 31 3-235.
C. R., 1903, 2' Semestre. (T. CXXXMI, N" 12.)
474 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'équilibre instable, qui se rencontre pendant les phénomènes de cinèse
et qui n'existe plus quand la cellule est à rélat de repos cinétique.
» J'ai montré aussi, dans mes recherches antérieures sur ces sujets, que
l'œuf de l'Oursin [Paracentrolus (^=z Slrongyiocentrotus)] est absolument
rebelle à l'action de l'acide carbonique et expliqué que cela tient au fait
que les œufs de ces animaux émettent leurs globules dans l'ovaire maternel
et sont tous, au moment où ils sont émis ou au moment où l'on peut les
recueillir efficacement dans la glande, pourvus de leur pronucléus femelle
et retombés à l'état de repos après l'émission de leurs deux globules.
» Je me suis demandé s'il ne serait possible, par des moyens artificiels,
de faire passer les œufs d'Oursin à cet état de labilité qui rend efficace
l'application de l'acide carbonique pour déterminer la parthénogenèse.
» Deux moyens se sont présentés à mon esprit : le secouage et l'élévation
de la température.
» Le secouage est depuis longtemps connu comme un agent excitant
passablement efficace : il permet de hâter la maturation spécifique des
œufs et, même dans certains cas, de déterminer un commencement de
parthénogenèse; on sait aussi qu'il est un agent très actif de tératogenèse ;
enfin, c'est lui qui permet l'ovotomie et la blastotomie quand on veut les
appliquer en grand sur un nombre considérable d'œufs ou d'embryons.
» Ici cependant, il ne suffit pas à déterminer la parthénogenèse. Les
œufs secoués, puis abandonnés à eux-mêmes, ne se développent pas. Les
œufs secoués, traités ensuite par l'acide carbonique à froid, ne se déve-
loppent pas non plus.
» La chaleur seule ne donne pas non plus de résultats. Muis j'ai réussi
en employant simultanément ces deux agents.
» Les œufs sont secoués dans Teau de nier à la température ordinaire, modérément,
pendant 5 à 6 minutes. (Il faut absolument éviter le secouage énergique habituellement
employé pour obtenir rovolomie ou la blastotomie). Ils sont ensuite placés dans la
solution carbonique, comme dans mes expériences antérieures, mais à la température
de 28° à 3o°. La solution est préparée avec de l'eau de mer portée à 35'^ environ, de
manière qu'après le refroidissement produit par le changement de vases et l'intro-
duction de la petite quantité d'eau de mer où les œufs ont été secoués, la température
finale soit de 28° à 00°. On abandonne le tout au refroidissement naturel et, après
I heure environ, on remplace la solution carbonique par de l'eau de mer naturelle
(stérilisée, bien entendu), à la température ambiante.
» L'expérience ayant été faite dans la soirée, j'ai observé le lendemain matin que
60 pour 100 environ des œufs étaient segmentés. Les plus avancés avaient une tren-
taine de blastomères. J'ai pu, par les réactifs colorants, mettre en évidence le noyau
et démontrer ainsi que c'étaient des segmentations véritables. Un bon nombre, d'ail-
SÉANCE DU 21 SEPTEMBRE IQoS. 4^5
leurs, étaient aussi belles et aussi régulières que celles obtenues par la fécondation.
» Les œufs témoins n'ont pas montré une seule segmentation.
» D'autres œufs de la môme mère, traités par les procédés au chlorure de manganèse,
au chlorure de potassium, avec ou sans traitement consécutif à l'acide carbonique, ont
été le siège des phénomènes que j'ai décrits ailleurs sous le nom de dégénérescence
vésiculaire, mais aucun ne s'est véritablement segmenté.
M II s'en faut de beaucouj), cependant, que ce mode de traitement soit
aussi efficace que celui des œufs d'Astéries, en voie d'émission de leurs
globules, par l'acide carbonique seul et à froid. Tandis que ceux-ci m'ont
donné des larves Agées aujourd'hui de trois mois et demi et en voie de
se métamorphoser, les œufs d'Oursins, tr-aités par le procédé ci-dessus,
n'ont pas dépassé le stade à 32 blastomères. Il sont ensuite entrés en dé-
générescence.
» J'attribue ce fait, en partie, à une cause accidentelle, le soleil ayant
frappé directement le vase où étaient les embryons; en partie à l'imper-
fection du procédé, dont les conditions optimes sont encore à trouver. Il
faudra faire varier les conditions du secouage et la température de la solu-
tion chaude de C0-; peut-être fciire intervenir encore d'autres agents.
C'est là le sujet d'une longue et patiente recherche que je n'ai pu entre-
prendre encore, vu l'époque avancée de l'année, qui ne permet plus de se
procurer un matériel suffisant.
» Mais, dès maintenant, un point reste acquis, c'est que l'on peut, par
des agents mécaniques (secouage) ou phvsiques (chaleur), mettre les œufs
d'Oursins réduits, au repos et, par suite, rebelles à l'action de l'acide car-
bonique, dans un état de labilité nucléaire qui les rend sensibles à cette
action et leur permet de se segmenter parthénogénétiquement. »
PHYSIOLOGIE. — Sur la production de sucre dans le sang pendant le passage
de ce dernier à travers le poumon. Note de MM. H. Lépine et Boulud.
« D'après Cl. Bernard, le sang de la carotide renferme moins de sucre
que celui du ventricule droit; les dosages qu'il rapporte montrent, en effet,
que la différence pourrait atteindre le quart et même près du tiers. Mais
Cl. Bernard ne connaissait pas la cause d'erreur résultant de l'acide glycu-
ronique fortement conjugué (qui, dans quelques cas, est plus abondant
dans le sang de la carotide). De plus, il ne noua renseigne pas sur les
conditions particulières où se trouvaient ses animaux; aussi peut-on douter
-^/^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
que ses chiffres soient exacts et correspondent à un état normal. Dans nos
expériences, chez des chiens sains, nous n'avons jamais vu que le sucre
dans le ventricule droit fût en proportion supérieure d'un cinquième à
celui de la carotide. Dans l'expérience que nous avons rapportée à l'Aca-
démie le 4 m;ii de cette année, l'excès n'est guère que d'un sixième.
M Quoi qu'il en soit, il demeure incontestable qu'il se détruit du sucre pen-
dant la traversée du poumon. Or, malgré cette perte, nous avons trouvé,
ce qui avait échappé à CI. Bernard, que, le plus souvent, chez des chiens
dans des conditions parfaitement normales, nourris de viande et à jeun
depuis i5 heures, les matières sucrées étaient en proportion plus forte
dans le sang de la carotide que dans celui du ventricule droit. En effet, le
pouvoir réducteur, soit avant, soit, ce qui est plus important, après le
chauffage en présence de l'acide tartrique (pour décomposer l'acide glycu-
ronique fortement conjugué), était plus élevé dans le sang carotidien; de
plus, très souvent, le pouvoir rotatoire à droite y était aussi plus prononcé.
» Nos expériences, au nombre de vingt, ont été faites avec le manuel
opératoire que nous avons décrit dans notre Note du 4 mai ('). Nous avons
préparé presque tous nos extraits de sang d'après la nouvelle méthode re-
commandée par MM. Bierry et Portier (-) qui consiste, comme on sait, à
précipiter les matières albuminoïdes au moyen du nitrate acide de mercure
suivant les indications de M. Patein, et qui a l'avantage de donner des so-
lutions parfaitement limpides, très favorables à l'examen polarimétrique,
et un précipité franchement rouge avec la liqueur de Fehling. Dans le plus
grand nombre de nos expériences, l'excès du pouvoir réducteur (évalué
en glucose) dans le sang carotidien après le chauffage a varié entre os, 06
et o^',2o. .
» On pourrait supposer que la moindre proportion de sucre dans le cœur
droit tient à ce que, par un hasard singulier, la sonde aurait récolté du sang
de la veine cave supérieure, à l'exclusion de celui de la veine cave infé-
rieure, plus sucré. Mais, dans toutes nos expériences, la sonde était bien
introduite dans le ventricule, ainsi que le montraient ses oscillations, et il
(') Dans quelques cas, au lieu de nous borner à recueillir simultanément les deux
sangs, nous avons fait une nouvelle prise à la carotide, immédiatement après la pre-
mière, afin de nous renseigner sur le degré de l'hyperglycémie qui peut éventuelle-
ment survenir après un frottement un peu prolongé de la sonde sur le ventricule droit.
Nous l'avons trouvée assez légère.
(-) Bierry et Portier, Comptes rendus de la Société de Biologie,, 1902, p. 1276.
SÉANCE DU 2T SEPTEMBRE IQoS. /l-yy
est difficile d'admettre que ie sang des deux veines n'y soit pas parfaite-
ment mélange.
» On peut encore moins supposer que l'augmentation du sucre dans la
carotide tienne à la concentration du sang pendant la traversée du pou-
mon ; car un calcul très simple montre que la quantité d'eau exhalée pen-
dant quelques secondes par un chien est beaucoup trop faible, par rapport
à celle du sang qui circule à travers le poumon, pour expliquer une aug-
mentation de plusieurs centigrammes de sucre par litre. De plus, dans
cette hypothèse, les différentes matières sucrées du sang devraient aug-
menter parallèlement; or, il n'en est pas ainsi, et souvent le polarimètre
permet de reconnaître dans le sang carotidien une augmentation re/a/^Ve du
pouvoir dextrogyre par rapport au pouvoir réducteur.
» Cet excès de matières dextrogyres (et réductrices) ne provient pas du
poumon, mais du sang lui-même :
)) On sait depuis douze ans (') que, dans du sang normal, maintenu une
demi-heure environ à 58° (pour anéantir son pouvoir glycolytique), il se
produit une certaine proportion de sucre. Depuis plusieurs mois, nous
avons repris l'étude approfondie de cette glycogénie hématique, et, entre
autres faits nouveaux, nous apportons aujourd'hui celui-ci, que le sang
carotidien, reçu dans Teau à 58°, produit, en général, moins de sucre que
le sang du ventricule droit, dans les mêmes conditions, ce qui s'explique
en admettant que l'hydrate de carbone qui lui donne naissance (et que,
pour ne rien préjuger, nous appellerons sucre virtuel) a subi pendant la
traversée du poumon une diminution corrélative de la production de
sucre.
)) Ce sucre virtuel n'est pas de la zoamyline; car on constate l'augmen-
tation du sucre dextrogyre et réducteur dans l'extrait de sang carotidien,
sans avoir besoin de le chauffer en présence d'un acide, c'est-à-dire dans
des conditions où l'hydrolysation de la zoamyline est impossible. Il pourrait
être identique avec celui dont les travaux modernes, surtout ceux du pro-
fesseur F. Millier et de Schondorff, ont fait connaître l'existence dans la
molécule d'albumine, et que Blumenthal et Langstein ont particulièrement
étudié dans les albuminoïdes du sang. Nous nous proposons de revenir sur
ce point dans une Communication ultérieure.
» En attendant, nous résumerons cette Note en disant que, dans le sang
qui traverse le poumon, il faut admettre, non seulement un processus gly-
(M Lépine et Barral, Comptes rendus, 25 mai et surtout 22 juin i8gi.
478 ACADÉMIE DES SCIENCES.
colytiqne, mais un processus glycogénique, qui a passé jusqu'ici inaperçu,
et qui l'emporte le plus souvent sur le processus glycolytique dans les con-
ditions normales que nous avons précisées. »
MEMOIRES PRESENTES.
M. AnRiKN MuLLER adrcssc un Mémoire intitulé : « Radio-activité et
ionisation; phénomènes généraux et théorie ».
(Renvoi à l'examen de M. Becquerel.)
CORRESPONDANCE.
ANALYSE MATHÉIVL\TIQUE. — Sur les /onctions monodromes et les équations
différentielles. Note de M. Edm. 3îaillet, présentée par M. C. Jordan.
« I. Nous avons obtenu le critère suivant de croissance irrégulière des
fonctions entières d'ordre infini non transfmi. Soit
(0 ?(^)=2''"
X"
une fonction entière d'ordre infmi (/•, p), où p est fini : on sait qu'il y a,
pour m assez grand, une infinité de coefficients <2,„ tels que
(2) 7^=(log,m)''^^^l
les autres étant plus petits que ne l'indique cette formule.
» Si 0, est un nombre positif satisfaisant à l'inégalité
l0g;t+, (m, H- 0, ) > (' Jog;;.^, m^
((', — I positif, aussi petit que l'on veut, dès que m, est assez grand, mais
fini) et s'il y a une infinité de valeurs de m^ telles que, parmi les coeffi-
cients d'indices m,, m, H- t, . . ., m, + 0, consécutifs, un au plus satisfait à
la condition (2) dès que m^ dépasse une limite fixe, la fonction 9('^) est
à croissance irrégulière.
» Les dérivées de 9(37) sont en môme temps à croissance irrégulière.
SÉANCE DU 21 SEPTEMBRE igoS. 4-79
Ceci s'élend de suite aux fonctions monodromes, aux environs d'un point
critique isolé.
» II. L'équation différentielle
OÙ A, , . . ., k^^^ sont des polynômes en x à coefficients rationnels, possède
X; intégrales indépendantes qui sont des fonctions entières d'ordre ^ r ou
A.'
des polynômes.
» III. Considérons le système
dxx
clt
Cl i^^OC ^ -\r ...-+- f(f , ,j X 1^ ,
ona^^, ..., a^n sont des fonctions quasi-entières aux environs d'un point
singulier essentiel isolé commun que nous pouvons supposer être t =cc.
» Si ces fonctions (') a^^, ..., a„„ sont d'ordre au plus égal à celui
de e^^^ {\tf) pour / = oo, x^, ..., x,^ sont d'ordre de grandeur au plus égal
à celui de e^n 2(| tf'^^) (s positif, fini, aussi petit que l'on veut) pour t = ce.
» Si, en particulier, a^^, .. ., a,„i, sont des polynômes de degré au plus
égal à zj, ou égales à un polynôme + un terme monodrome et fini pour
t = co, on peut trouver un nombre 1 positif tel que j^, [,..., (a7„ | soient
d'ordre au plus égal à e^i^'"'^'.
j> IV. Toute fonction cp quasi-entière pour / = co solution (plus généra-
lement toute solution) d'une équation différentielle linéaire homogène,
dont les coefficients sont des fonctions quasi-entières pour ^ = co d'ordre
non transfini (yi-, p), est d'ordre au plus égal à (^• 4-i, p) ou à e/^^.^(\ ^f |^'^^)- Si
l'équation différentielle a pour coefficients des polynômes, 9 est d'ordre
fini. De môme, pour les solutions de la forme x^ w„, où "X = constante et Wo
fonction quasi-entière pour l =. co,
» Dans le cas où les coefficients des équations différentielles de III et IV
sont des fonctions méromorphes ayant le point singulier essentiel isolé
/ := co commun, les mêmes propriétés restent vraies en dehoj's de cercles
(*) Noire procédé de démonsLralion est une extension d'une méthode de M, Liapou-
noir (Picard, Analyse, t. III, p. 862).
48o ACADÉMIE DES SCIENCES.
(le même rayon?) (■/) limité aussi petit que l'on veut) ayant pour centres les
pôles des coefficients, quand ces fonctions méromorphes sont d'ordre fini
ou des fractions rationnelles.
» V. Soit Xf, ..., a7„ un système de solutions d'un système linéaire
homogène d'équations différentielles entre ^,, .... x^, dont les coefficients
sont des polynômes ou des fractions rationnelles : si x^, par exemple, est
une fonction entière, son ordre est fini et sa croissance régulière, »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les propriétés et la constitution des aciers au man-
ganèse. Note de M. Léon Guillet, présentée par M. A. Ditte.
« Les aciers au manganèse ont fait l'objet d'une étude importante de la
part de M. Hadfield ('). De plus, M. Osmond a montré que les aciers au
manganèse, non magnétiques, possèdent la structure polyédrique (-).
» J'ai repris l'étude complète des aciers au manganèse, tant au point de
vue micrographique qu'au point de vue mécanique. Mes recherches ont
porté sur deux séries d'aciers très purs : la première renferme de o,ioo
à o, 25o pour loo de carbone, le manganèse va en croissant de o à 33
pour loo ; la deuxième contient de ©,'700 à o, qSo pour 100 de carbone et
le manganèse croît de o à 12 pour 100.
» Les principaux résultats de ces recherches peuvent être résumés ainsi :
» Micrographie des aciers bruts de forge. — H y a u'ie similitude très grande
entre les aciers au manganèse et les aciers au nickel; mais il faut beaucoup moins de
manganèse (moins de la moitié) pour produire le même effet que le nickel. De plus,
dans les aciers suffisamment carbures (renfermant plus de o, 5oo pour 100 de carbone
environ ) on n'observe pas de martensite pure, mais bien de la marlensite et de la troos-
tlte, voire même parfois de la troostite pure.
» Le Tableau suivant résume la constitution des aciers bruts de forge :
Classes. Microstructure. Aciers à faible teneur en G. Aciers carbures.
I perlite de o à 5 0/0 Mn de o à 3 Vo Mn
II . . . martensile ou troostite de 5 à 12 ''/o Mn de 3 à 7 7o Mn
III.. . fer Y teneur en Mn > 12 °/o teneur en Mn >- 7 °/o
» Les aciers de la deuxième classe sont à martensite lorsqu'ils renferment moins de
o,5oo pour 100 de carbone; ilssontà troostite, lorsqu'ils en contiennent davantage.
(') Iron and Steel Institut.
(^) Bulletin des Mines.
SÉANCE DU 21 SEPTEMBRE IQoS. 48 I
» Comme pour les aciers au nickel, cette deuxième classe doit subir une subdivi-
sion, suivant que l'acier est formé de fer et de martensite; de martensite pure ou de
martensite et de fer y.
» Micrographie des aciers trempés. — Les transformations micrographiques obte-
nues par recuit, trempe, écrouissage ou refroidissement sont identiques à celles que
nous avons déjà signalées pour les aciers au nickel.
» Les aciers formant la limite entre la deuxième et la troisième classe présentent les
phénomènes déjà signalés. C'est ainsi que le recuit, la trempe, l'écrouissage elle refroi-
dissement à — 78° ont produit de la martensite dans les aciers polyédriques à 12,9
pour 100 j\In de la première série et 37,2 pour 100 Mn de la deuxième série.
» Propriétés mécaniques. — Nous avons pratiqué sur ces aciers des essais à la trac-
tion, au choc par la méthode Frémont et à la dureté par la méthode Brinell.
» Les résultats obtenus sont en concordance absolue avec la microslructure.
» Les aciers perliliques offrent une charge de rupture un peu plus élevée que les
aciers au carbone ordinaires, et cela d'autant qu'ils contiennent plus de manganèse.
Ils offrent une très grande résistance au choc. Ceci prouve nettement, au contraire
de ce qui a été admis dans le monde métallurgique à la suite des recherches de
M. Hadfield, que le manganèse ne rend pas, par lui-même, les aciers fragiles et que
ceux-ci ne le sont que lorsque la somme C + Mn est en quantité suffisante pour
amener la structure martensitique.
» Les aciers à fer y ont des propriétés mécaniques très remarquables qui ont été
indiquées pour la première fois par M. Hadfield.
» Le Tableau suivant donne quelques résultats sur aciers bruts de forge :
Composition
Essais
. -^-^
au choc
Manga-
(méthode
Carbone.
nèse.
Structure.
R.
E.
A p. 100.
II '' ').
Frémont).
0,'2;3
1,3
Perlite
42,5
28,2
24,5
73,4
kgm
39
0,104
'H
Perlite
49>7
28,6
17,5
58,2
36
0,286
2,1
Perlite
55,7
40,7
i5,5
57,2
28
0,276
5,6
Martensite
7''9
71.9
0,2
2,9
3
o,o34
6,1
Martensite
118,3
84,3
0,2
0
3
0, i56
12,9
Ac
ier sur la limite
65,5
3o,o
3,5
6,0
12
0,296
33,5
Polyèdres
61,4
34,2
4,5
74,6
28
0,873
0,5
Perlite
114,9
09,5
6
9
3
o,84o
2,0
Perlite
io5,4
79.1
I
3
3
0,934
3,0
Perlite
100,9
82,8
0,5
0
3
0,762
5,1
Martensite -h fer y
86,6
60,2
2
3
0
0,700
7>2
Ac:
ier sur la limite
56,5
4i,4
6,0
7.5
10
0,960
12,0
Polyèdres
89,6
61,8
i5,o
'4,7
23
en On
a adnnlé
; nout
' la striction 1 =;
S-.v
; -_ — X 1
00.
C. R., 1903, 0' Semestre. (T. CXXXVII, N-> 12.)
64
/,82 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» En résumé, les résultats que j'ai obtenus montrent la coïncidence par-
faite (les essais métallographiques et mécaniques. De plus, j'ai pu établir
la grande similitude qui existe entre les aciers au manganèse et au nickel.
» Enfin les essais au choc montrent nettement que les aciers peu car-
bures et à teneur inférieure à 4 ou 5 pour loo de manganèse, ne sont nul-
lement fragiles.
» J'espère pouvoir résumer ces résultats dans un diagramme aussi simple
que celui que j'ai donné pour les aciers au nickel. )>
PATHOLOGIE. — Diagnostic des calculs biliaires par la radiographie préli-
minaire. Note de MM. Mauclaire et Infroit, présentée par M. Lanne-
longue.
« Ayant observé une malade chez laquelle des calculs biliaires vésicu-
laires avec péricholécystite et adhérences intestinales avaient donné le
syndrome de l'obstruction intestinale par cancer, l'un de nous, en présence
d'une autre malade, jugea opportun de faire pratiquer la radiographie de
i'hypochondre droit avant l'intervention chirurgicale, qui fut pratiquée le
ig août dernier à l'Hôtel-Dieu.
» Nous avons l'honneur de présenter à l'Académie le cliché de cette
radiographie préliminaire : l'épreuve montre bien les calculs emprisonnés
dans le bas-fond de la vésicule. D'après nos recherches bibliographiques,
nous croyons être en présence du premier cas, en France, pour lequel les
rayons X aient pu, d'une façon aussi nette, confirmer le diagnostic cli-
nique, qui avait d'ailleurs été posé.
» Jusqu'ici, la composition chimique des calculs biliaires a rendu
difficile leur projection en radiographie; leur situation dans une partie du
corps que la respiration met constamment en mouvement est déjà un
obstacle, mais le plus important paraît dû à la composition chimique de
ces calculs. Les uns sont exclusivement composés de cholestérine, corps
transparentaux rayons X; d'autres sont formés de cholestérine et d'une
faible quantité de matières minérales; d'autres enfin sont surtout compo-
sés de substances minérales. Le plus grand nombre des calculs sont formés
de cholestérine. Jusqu'ici les résultats radiographiques ont été négatifs,
tout au moins à notre connaissance.
)) Mais, si la composition chimique joue un grand rôle, le manuel opé-
ratoire radiographique a aussi son importance.
SÉANCE DU 2 1 SEPTEMBRE I903. 483
» On a recommandé de faire coucher le malade sur le ventre, pour que la vosicule soil
le plus près possible de la plaque sensible. Mais, chez quelques malades, la pression
sur le côté droit est très douloureuse et l'immobilité est impossible. C'était le cas
chez notre malade.
» Or, voici de quelle façon l'un de nous a procédé. Un tube osmo-régulateur petit
modèle, fonctionnant sur une machine statique à huit plateaux, est placé à 75"" de la
plaque sensible; la malade était couchée sur le dos, directement sur la table radiogra-
phique, avec interposition de la plaque. Une bande de toile de o'",3o sur o"%^o com-
primait fortement l'abdomen, à l'aide de brides reliées à la table. L'ampoule était peu
pénétrante, et la durée d'exposition fut de 10 minutes.
» En opérant ainsi, nous pensons que les insuccès de radiographies vésiculaires sur
le vivant seraient moins nombreux. On cherche trop souvent à diminuer le temps de
pose, ce qui oblige à employer des tubes trop pénétrants.
» Pour une autre malade de 1 Hôtel-Dieu, chez laquelle la vésicule biliaire était
très volumineuse, la radiographie donna un résultat négatif : il s'agissait, en effet, du
cancer de la tète du pancréas. Une cholécystostomie fut pratiquée pour remédier mo-
mentanément à l'ictère par rétention.
» Nous avons recueilli quelques calculs secs qui ont été radiographiés sur une même
plaque, en y joignant ceux provenant de notre malade après la cholécystostomie
simple, car la cholécysteclomie d'emblée, sans ouverture préliminaire de la vésicule,
n'avait pu être faite à cause des adhérences nombreuses et résistantes.
» Sur l'épreuve de ces calculs, radiograpliiés à sec, on note que : i" leur degré de
transparence aux rayons X est en raison inverse de la quantité de matières minérales
qu'ils contiennent; 2° le volume de ces calculs n'a aucune inlluence sur le résultat
positif ou négatif de la radiographie; 3° ilans une même vésicule, on peut rencontrer
des calculs de compositions différentes, comme dans notre cas. On constate, en effet,
que deux calculs très opaques se voient très nettement; les autres ne laissent qu'une
traînée d'intensité inégale.
» Nous nous proposons de continuer ces recherches pour des calculs
contenus dans le canal cholédoque (car ici la radiographie préliminaire
permettrait au chirin^gien de se guider plus facilement dans le choix des
voies d'accès sur les différentes portions du canal cholédoque dans
lesquelles le calcul peut être enclavé). Cela est important, car des adhé-
rences anormales rendent souvent assez difficile l'exploration du cholé-
doque dans sa totalité. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — La germination des Orchidées. Note de
M. NoiiL Beuxard, présentée par IM. Gaston Bonnier.
« Grâce à l'obligeant concours d'ur) amateur d'Orchidées, lAI. Magne,
j'ai pu reprendre des observations et des expériences sur la germination
des CaUleya et des Lœlia. J'en indiquerai ici les premiers résultats.
484 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Les graines des Caltleya, des Lœlia ou de leurs hybrides sont au
nombre de celles dont on obtient le plus facilement la germination dans
les serres, où on les sème généralement sur de la sciure de bois humide.
Au bout d'une quinzaine de jours, les embryons donnent de petites sphé-
rules à peine plus grosses qu'eux, mais rendues plus apparentes par leur
verdissement. Ils restent plus ou moins longtemps à cet état; parfois ils ne
le dépassent pas, et le semis est tôt ou tard détruit par l'envahissement de
moisissures; sinon, après un temps variable qui peut atteindre i ou 2 mois,
le développement s'accuse et se poursuit. La germination est toujours
irrégulière et lente : souvent, après 4 ou 5 mois, les plantules les plus
avancées ne dépassent pas 5™™. Ces plantules ont alors la forme de toupies
au pôle élargi desquelles se forme le bourgeon terminal; elles se montrent
toujours infestées à leur pointe, oia s'attache le suspenseur, par un cham-
pignon filamenteux endophyte. Les expériences suivantes montreront que
' la pénétration de ce champignon est, en sus des conditions qu'exige la
germination des graines en général, une condition supplémentaire néces-
saire et suffisante pour la germination de celles-ci. C'est ce que j'avais
suggéré antérieurement, sans pouvoir donner la démonstration précise que
je fournirai ici.
» J'ai reçu de M. Magne des graines hybrides de Cattleya Mossiœ, Lœlia purpu-
rata et des plantules obtenues en serre parla germination de graines de même origine.
Les graines étaient incluses dans un fruit mûr; j'en ai fait un grand nombre de semis
aseptiques. Pour cela, en principe, j'ai j^rojeté et réparti uniformément la fine
poussière que forment ces graines sur de larges surfaces de gélose glycérinée stérile;
puis, après quelques jours, j'ai prélevé, pour les transporter dans des tubes de culture,
les graines qui restaient extérieures aux colonies microbiennes qui s'étaient dévelop-
pées. Ces semis définitifs ont été faits en tubes inclinés, sur de la gélose à 2 pour 100
additionnée d'une décoction faible et limpide de salep; ils sont restés stériles. Les
jeunes plantules m'ont été envoyées dans des tubes flambés, j'en ai isolé quelques-unes
en les débarrassant de leur tégument et je les ai semées, après lavages à l'eau stérile,
dans des tubes de culture sur gélose au salep. Il s'est développé dans ces cultures un
hyphomycète et un coccobacille que j'ai cultivés sur le même milieu, séparément ou
ensemble. L'hyphomycète donne des filaments qui rampent à la surface du milieu de
culture ou s'étendent sur les parois humides du tube; il ne donne pas de filaments
dressés aériens.
» Dans les semis aseptiques de graines, laissés à l'étuve à 9,8° à une bonne lumière
diffuse, j'ai obtenu la formation des sphérules vertes, mais non la germination. L'em-
bryon ovoïde des graines mûres, qui a en moyenne ibo^- de plus grand diamètre, se
gonfle, verdit, et atteint 3oo!^- à 35o!-'-; quelques-unes de ses cellules épidermiques s'al-
longent en courtes papilles sans former jamais de véritables poils. Un embryon, dont
le développement est exceptionnel, a atteint 5oo!^, présenté des cloisonnements cellu-
SÉANCE DU 21 SEPTEMBRE igoS. /,85
laires dans sa zone moyenne et formé quelques stomates. L'étal de ces embryons reste
stallonnaire après loo jours de culture; pour des semis d'autres espèces,, datant de
5 mois et où la plupart des embryons ont fini par se flétrir, il n'a pas été dépassé.
Mais, dès que l'on transporte les foraines à cet état dans une culture pure de l'hy-
phomycète dont j'ai parlé plus haut, elles ne tardent pas à germer, soit qu'on les
place sur le milieu de culture même, soit simplement sur les parois humides du tube
où ce champignon étend ses hyphes. Dans les premiers jours les filaments mycéliens
pénètrent dans la partie moyenne du suspenseur et envahissent rapidement les cellules
adjacentes de l'embryon; la germination commence aussitôt, elle devient évidente dès
les dix premiers jours; au quinzième, les plantules ont pris leur forme caractéristique
en toupie et portent de longs poils absorbants. Au contraire, si les semis sont conta-
minés par des moisissures difTérentes ou par des bactéries, les graines sont détruites
rapidement. Pourtant, le coccobacille dont j'ai parlé, qui seul ne provoque pas la
germination, peut, sans désavantage, être associé à Fhyphomycète nécessaire. Des
graines semées depuis 87 jours dans l'épaisse zooglée que forment ces deux microor-
ganismes sont entrées et restent en pleine végétation ; après ce temps, les plantules ont
atteint 4™"" et formé leurs bourgeons terminaux; la germination est parfaitement ré-
gulière et le résultat comparable aux meilleurs de ceux qu'obtiennent les horticul-
teurs. Il y a donc bien là, en définitive, une action spécifique, particulière à l'hypho-
mycète qui parasite normalement ces plantes et qui est nécessaire à leur germination.
Les expériences qui précèdent donnent, pour identifier ce champignon, un critérium
décisif qui, jusqu'à présent, a manqué; je reviendrai par la suite sur ce point.
» Le cas que j'ai étudié ici donne, à ce que je crois, le premier exemple
certain d'un organisme qui ne peut normalement pas dépasser un état
embryonnaire sans la pénétration d'un parasite, pas plus qu'un œuf ne
peut, en général, poursuivre son évolution sans être fécondé. En repre-
nant une expression qui a été appliquée aux Lichens, on pourrait dire que,
par ces expériences, a été faite la synthèse de plantules d'Orchidées. Ces
plantules ne sont pas, en effet, comparables à celles de la plupart des
plantes, formées des cellules qui dérivent d'un œuf; elles sont des com-
plexes formées de semblables cellules et d'un parasite nécessaire: elles
ont, en un mot, la valeur de Mycocécidies. »
lia séance est levée à 3 heures trois quarts.
G. D.
486 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BULLETIN UIULIOGKAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 17 août igoS.
( Suite.)
Verhandlungen der russisch-kaiser lichen mineralogischen Gesellschaft zu Sainl-
Petersburg; 2^ série, Bd. XL, Lief. 1, mit 3 Tafeln. Saint-Pétersbourg, igoS; 1 fasc.
i.i-8°.
Materialeii zar Géologie Russlands, herausgegeb. v. der kaiserlichen mineralo-
gischen Gesellschaft; Bd. XXI, Lief. 1, mit 6 Tafeln. Saint-Pétersbourg, 1908; i fasc.
in-8°.
Bulletin de la Société ouralicnne des Amis des Sciences naturelles ; suppléments
au Tome XXII : i fasc. in-8° et i fasc. in-f<^; Tome XXIII ; i fasc. in-8°. Saint-Péters-
bourg, 1902.
Memorias de la Sociedad espanola de Ilistoria natural; t. I : Introduccion y
Memoria i''. Madrid, igoS; i fasc. in-8".
Boletin demografico de la Republica meœicana, 1901 ; ano IV, num. (i.
Mexico, 1902; I vol. in-4°.
Censoy division territorial del Estado de Puebla verificados en \ 900. Mexico, 1 908 ;
I voL in-4°.
Censo de la Republica mexicana practicado en 1900.- Extranjeros résidentes.
Mexico, igoS; i vol. in-8°.
Ouvrages reçus dans la séance du 24 août igo3.
Exposition universelle internationale de igoo. Rapport général administratif et
technique, par M. Alfred Picard, Membre de l'Institut, Président de Section au Conseil
d'Etat, Commissaire général; t. IV. Paris, Imprimerie nationale, igo3; r vol. in-/4°.
(Hommage de l'auteur.)
M. Albert Gaudry présente en hommage, au nom de M. le professeur sénateur
Giovanni Capellini, les 8 Opuscules suivants :
Balenottere nùoceniche di San Michèle pressa Cagliari ; con due tavole.
Bologne, iSqg; i fasc. in-4''.
Di uno uovo di Jîpyornls nel Museo di Storia naturale di Lione, e di altrc uova
e ossa fossili dello slesso uccello raccolte a Madagascar neW ultiino decennio del
secola A'LY. Bologne, igoo; i fasc. in-^".
Balenottera niiocenica del Monte Titano, Repubblica diS. Marino. Bologne, igoi ;
I fasc. in-4°.
Discorso di apertura délia yY.YI Adunanza générale estiva tenuta dalla Società
geologica italiana in Spezia; seduta 7 settembre igo2. Rome, 1902; i fasc. in-8°.
SÉANCE DU 21 SEPTEMBRE IQoS. 487
Sulle ricerche e osseixazioni di Lazzaro Spallanzuni a Porto Venere e nei din-
lorni délia Spezia. Rome, 1902; i fasc. in-8°.
Nota espUcative délia carta geologica dei dinlorni del golfo di Spezia e val di
Magra inferiore; 2*^ edizione 1881. Rome, 1902; i fasc. in-S".
Balenefossili toscane. I. Balaena etrusca. Bologne, 1902; i fasc. in-4°.
A^rinzi di Squalodonte nella arenaria di Grumi dei Frati presso Schio; con una
tavola. Rome, 1908; i fasc. in-4°.
Annual report of tlie Direclor of the Allegheny Ohservatory, for theyear ending
december 3i, 1902, by F.-L.-O. Wadswortd. Cincinnati, 1908; i fasc. in-8°.
The Institution of mechanical Engineers. Proceedings, n° 1, jaouary-february 1908.
Londres; i vol. in-8<»,
Proceedings of the american Academy of Arts and Sciences; vol. XXXIX, n° 1-3,
june 1908. Boston, Mass.; 3 fasc. in-S".
Analele Academiei romane; série II; t. XXIV, 1901-1902; t. XXV, 1902-1908.
Bukarest, 1902-1908; 2 vol. in-4°.
Academia Româna, Discursuri de receptiune : XXV. Mijloce de im-estigatiune
aie meteorologiei; diseurs de Stefan G. Hepites, eu respuns de D-' I. Félix. Bukarest,
1908; I fasc. in-4°.
Ouvrages reçus dans la séance du 8t août 1908.
La question sardinière : Rapport de M. Charles Bernard à M. Camille Pelletan,
Ministre de la Marine; Rapport de MM. J. Kunstler et Charles Bénard à la Chambre
de Commerce de Bordeaux. Bordeaux, imp. J. Pechade, 1908; i fasc. in-8°.
Rapport sur la question de la sardine, par M. C. Bénard et M. J. Kunstler. (Extr.
dvi Registre des délibérations de \a Chixmhre de commerce de Bordeaux; séance du
10 juin 1908.) Bordeaux, imp. F. Pech ; i fasc. in-4<'.
Ogmios ou Orphée, par H. Lizeray. Paris, Vigot frères, 1908 ; i fasc. in-12.
JJ éclairage électrique, revue hebdomadaire des transformations électriques, méca-
niques, thermiques de l'énergie. Direction scientifique : A. d'Arsonval, A. Blondel,
G. LipPMANN, D. M0NNIER, H. PoiNCARÉ, A. PoTiER, A. WiTZ, J. Blondin; 10" année,
t. XXXVI, n«33, i5 août 1908. Paris, C. Naud; i fasc. in-4°.
On a probable relationship between the solar prominences and corona, by
William J.-S.LocKYER. (Extr. de Monthly Notices of the Royal astronomical Society ,
vol. LXIII, n° 8.) Londres, 1908; l fasc. in-8°.
A historical sketch of the expérimental détermination of ll.e résistance the
air to the motion of projectiles, by Francis Kashforth. Cambridge, 1908; i fasc.
in-8".
International Catalogue of scientific literature, first annual issue : Vol. III, part 2 :
Q, Physiology, including expérimental Psychology, Pharmacology and expéri-
mental Pathology; Vol. XIII, O. Human Anûtomy; Vol. XIV, P. Physical Anthro-
pology; Vol. XV : Paleontology. Londres, Ilarrison et fils; Paris, Gauthier- Villars ;
léna, Gustav Fischer, 1908; 4 vol. in-8°.
Catalogue of canadian Birds ; part II: Birds of Prey, Woodpeckers, Fly-
488 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Calchers, C?'ows, Jays and Blackbirch; by John Macoun. Ottawa, igo3; i vol. in-8".
Concorsi a premio delR. IstiluLo di Scienze, Leltere éd. Arti, proclama li nclV
adunanza solenne del i(\ inaggio igoS. Venise, igoS; i fasc. in-8°.
Sistema allerno positivo, estudio de mathematicas que comprende los factures
para resolver exactement todas las dimensiunes de distancias, pianos y cuerpos,
por J. Francisco Tadeo Palacios. Guatemala, igo3 ; i fasc. ïn-12.
Natuurkundig tijdschrift voor Nederlandscli-Indië ; Deel LXlï. Amsterdam, igo3;
I vol. in-8°.
Archives du A/usée Teyler; série II, vol. VIII. S'^ partie, llaarlem, Paris,
Leipzig, igoS; i fasc. in-/4°.
Publications of tJie astronomical Laboratory at Groningen; n"' 10, 11. Gro-
ningue, igo2 ; 2 fasc. in-4°.
Observations made at the Royal magnetical and meteorological Observatory at
Batavia; vol. XXIV, igoi. Batavia, igoS; 1 fasc. in-f".
Annales du Musée du Congo : Botanique. Série V : Etudes de Systématique et de
Géographie botaniques sur la flore du bas et du moyen Congo, par Eji. dr
W^ildeman; vol. I, fasc. 1. Bruxelles, igo3; i fasc. in-f'^.
ERRATA.
(Séance du 7 septembre iQoS.)
Note de M. P. Chofardel, Observations de la planète MA, etc. :
Page.
Au lieu de :
Lisez :
Log. facl.
Log. fact.
Dates.
parallaxe.
parallaxe
Août 3i
T , 2 1 5„
T , 2 I 5
Sept. I
î,237„
T,237
2
T,465„
T,/i65
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 28 SEPTEMBRE 1903,
PRÉSIDENCE DE M. ALBERT GAUDRY.
ME3IOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
HISTOLOGIE. — Les myéiocytes du bulbe olfactif.
Note de M. Joaxnes Chatin.
« Le bulbe olfactif a été longtemps considéré comme un simple ren-
flement du nerf de la première paire, étendant ses faisceaux avant de
s'épanouir sur le locus luteus de la membrane pituitaire.
» Les recherches histologiques n'ont pas ratifié cette conception des
anciens analomistes : elles ont montré que, loin d'être uniquement formé
par des fibres nerveuses, le bulbe renferme de nombreuses cellules gan-
glionnaires; dès 1877, j'insistais sur la valeur fonctionnelle de ce «ganglion
olfactif», formant une sorte de relais nerveux; disposé sur le trajet de l'im-
pression olfactive, entre la membrane réceptrice et le centre percepteur.
)) Les travaux ultérieurs ont pleinement confirmé mon appréciation, en
précisant de mieux en mieux les détails relatifs à la structure du bulbe,
Mais, comme il arrive souvent en pareil cas, plusieurs auteurs ont cru pou-
voir passer d'un extrême à l'autre ; après avoir d'abord assigné au bulbe
une structure des plus simples, puisqu'on le réduisait à un amas de fibres
nerveuses, on ne tarda pas à le doter d'une série de couches réguliè-
rement stratifiées, à texture définie, tantôt fibreuse et tantôt celluleuse.
» Il s'en faut de beaucoup qu'il en soit toujours ainsi; dès qu'on multi-
plie les types d'étude, chez les Carnivores et les Rongeurs, on constate que
ce schéma se trouve souvent peu conforme à la réalité des faits. Je n'insiste
pas sur les variations topographiques, amenant à se confondre telles
couches présentées comme entièrement distinctes; je crois pins utile de
mettre en lumière certains éléments qui ont été généralement méconnus.
G. R., 1903, 2» Semestre. (T. GX.X.X.VII, H" 13 ) 65
490 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Tels sont les myélocytes sur lesquels l'attention paraît s'être rarement
arrêtée, et qui offrent pourtant ici un intérêt tout particulier.
)) Il serait suj)erflu de rappeler les caractères du myélocyte nerveux :
dans une longue série de Mémoires (1888-1899), j'^^ ^^^^ connaître son
mode de constitution, sa karyomégalie, sa fréquence dans divers groupes
zoologiques, etc. ; aussi me suffîra-t-il aujourd'hui d'étudier sa répartition
dans le bulbe olfactif et de rechercher les particularités qu'il peut y pré-
senter.
» D'une façon générale et sans s'arrêter à la notion des couches strati-
fiées, on peut regarder le bulbe comme limité en avant et en arrière par
deux zones de fibres (fibres antérieures ou externes, fibres postérieures ou
internes) entre lesquelles se trouve disposé le relais ganglionnaire compre-
nant les glomérules, les cellules nerveuses proprement dites et les myélo-
cytes.
)) Ceux-ci se rencontrent surtout (mais non exclusivement) vers les fron-
tières antérieure et postérieure de ce relais. Ils s'y montrent avec leurs
caractères habituels : noyau volumineux; cytoplasme somatique peu abon-
dant et réduit à une mince zone périnucléaire ; prolongements de dimen-
sions et de volume variables, pouvant se différencier en prolongements den-
dritiques et en prolongement cylindraxyle, ce qui distingue le myélocyte
du grain, tel qu'on le définit maintenant.
» L'élude des myélocytes du bulbe olfactif établit donc, une fois de
plus, l'intime parenté de ces éléments avec les cellules nerveuses; d'autre
part, elle achève de dégager la réelle valeur que l'on doit attribuer an gan-
glion ; enfin, elle vient à l'appui des rapprochements tentés, depuis quelques
années, pour homologuer le relais olfactif et le relais rétinien. »
M. Alfred Picard, en présentant à l'Académie le Tome V de son
(( Rapport général administratif et technique sur l'Exposition universelle
internationale de 1900 », s'exprime comme il suit :
a Ce Volume est principalement consacré aux Sections étrangères. Il
met en lumière l'immensité de l'effort que la plupart des Etats ont fait
pour répondre dignement à l'invitation de la France et dont notie pays ne
saurait leur être trop reconnaissant.
» Des indications sur les résultats de l'étude comparative à laquelle ont
donné lieu les produits français et les produits étrangers m'entraîneraient
SÉANCE DU 28 SEPTEMBRE igoS. 49 ^
beaucoup trop loin. L'Académie voudra bien cependant me permettre
deux observations capitales.
» Au début, beaucoup d'esprits clairvoyants n'étaient pas sans appréhen-
sion pour certaines branches de l'activité nationale, qui relèvent plus
particulièrement des applications scientifiques. Les grands progrès réalisés
au delà de nos frontières autorisaient, sinon des craintes sérieuses, du
moins des doutes au sujet de l'issue du concours. En fait, la France est
sortie de l'épreuve à son honneur. On peut le constater sans présomption.
Mais il serait imprudent de se dissimuler que nos rivaux ont fait de vastes
conquêtes et que, pour garder nos positions, nous devons plus que jamais
nous livrer à un travail opiniâtre, à d'infatigables recherches, reculer sans
cesse les bornes de nos connaissances, entretenir chez nous l'émulation du
labeur et de la Science.
» Je viens de parler de la Science. Personne ne me reprochera d'attester,
et c'est là ma seconde observation, que sur ce terrain les peuples étrangers
ont rendu un hommage unanime aux qualités ataviques de notre race, à la
clarté, à la netteté, à la puissance synthétique de l'esprit français. Ce sont
des qualités que nous ont léguées nos devanciers et auxquelles nous ne
saurions rester trop fermement attachés.
)) Parmi les Chapitres dont se compose ce Volume, il en est un qui me
paraît mériter spécialement la bienveillante attention de l'Académie : celui
des musées centennaux. Les expositions ne constituent pas seulement
des manifestations économiques, des entreprises organisées pour le plaisir
des yeux; s'en faire une pareille conception serait réduire singulièrement
leur rôle et leur portée. Elles doivent être avant tout des œuvres d'éduca-
tion et d'instruction publiques. A ce point de vue élevé, les musées rétros-
pectifs formaient à la fois l'un des éléments les plus brillants et l un des
fovers d'enseignement les plus féconds du concours de 1900. Jalonnant
par des repères habilement choisis l'évolution de l'activité française au
cours du siècle et quelquefois même depuis une époque plus lointaine,
disposés pour la plupart avec une extrême compétence, ils retenaient le
visiteur, hu montraient les anneaux successifs de la chaîne ininterrompue
qui relie les générations entre elles, l'éclairaient sur la solidarité humaine
à travers le temps et ranimaient sa foi en l'avenir.
» Quelques-uns de ces musées otfraient un intérêt spécial : tels ceux de
la Géooraphie, de la Topographie, des Instruments de précision, de a
Mécanique, de l'Électricité, de la Chimie, presque tous créés sous la haute
direction de membres de l'Académie des Sciences : le regrette M. Faye,
49^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. le colonel LaussedaL, M. Mascart, M. Troost. Grâce à la généreuse
obligeance des grandes institutions d'enseig:nement supérieur, des indus-
triels et des collectionneurs, les organisateurs ont pu édifier un véritable
monumentà la gloire des savants français du siècle, accumuler les reliques
des hommes (|ui ont tant fait pour la Science et pour le pays. C'est ainsi
que, dans le musée de la Chimie, les appareils et instruments ayant appar-
tenu aux laboratoires de l'immortel Lavoisieret de ses successeurs, jusqu'à
l'illustre secrétaire perpétuel de l'Académie, M. Berthelot, étaient religieu-
sement rangés et classés dans de vastes vitrines, avec les spécimens des
produits dus à leur génie : le salon contenant ces vitrines éveillait l'im-
pression d'un sanctuaire dédié à la Science.
» Le souvenir des expositions rétrospectives est perpétué dans des
rapports admirablement illustrés qui resteront comme des documents de
premier ordre pour l'histoire du mouvement intellectuel ou matériel au
cours du xix^ siècle. »
CORRESPONDANCE.
M. le 3I11MSTRE DE LA Guerre invite l'Académie à lui désigner deux de
ses Membres pour faire partie, cette année, du Conseil de perfectionne-
ment de l'Ecole Polytechnique.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur une combinaison du sulfate d'aluminium
avec V acide sulfurique. Note de M. E. Raud, présentée par M. H.
Moissan.
« Lorsqu'on attaque la bauxite par l'acide sulfurique étendu de son
volume d'eau, soit pour l'analyse de ce minerai, soit pour la fabrication
du sulfate d'aluminium, il arrive parfois, après un certain temps de chauf-
fage, qu'il se dépose un magma cristallin qui occasionne de violents sou-
bresauts. Si on laisse alors refroidir, toute la matière se prend en une masse
ayant la consistance du miel.
» Ce fait avait déjà été signalé en 1861 par Persoz, puis par Sainte-Claire
Deville ('), mais le composé ainsi formé n'avait pas été étudié.
» Ce n'est cependant pas du sulfate d'aluminium ordinaire qui aurait
(') Afin. Chifti. et Phys., 3" série, t. LXI, p. Sog.
SÉANCE DU 28 SEPTEMBRE rpoS. /igS
été précipité par l'acide sulfiirique, car le produit obtenu ne se dissout que
très difficilement dans l'eau froide.
» Si l'on répète l'expérience précédente en remplaçant la bauxite par
l'alumine hydratée pure, le même phénomène se produit. Il n'est donc pas
dû aux impuretés de la bauxite.
)) On arrive encore au même résultat si l'on chauffe une dissolution de
sulfate d'aluminium hydraté dans de l'acide sulfurique à 73 pour 100
d'acide pur.
» C'est à ce dernier procédé que j'ai eu le plus particulièrement recours
dans cette étude.
» En employant des acides moins concentrés, on finit toujours, en pro-
longeant suffisamment l'ébullition, par obtenir le dépôt cristallin, lorsque
l'acide a atteint la concentration de 'jj pour 100.
» C'est ainsi que, dans l'attaque de la bauxite par l'acide étendu de son
volume d'eau, ce phénomène se produit lorsqu'on a laissé l'acide se con-
centrer jusqu'à cette limite.
» Le produit obtenu a été essoré à l'aliri de l'humidité, puis comprimé entre des
plaques poreuses pour en extraire la majeure partie de l'acide retenu mécaniquement,
puis lavé à l'acétone comme l'a indiqué récemment M. Recoura pour l'acide ferrisul-
furique (').
» Enfin la purification a été achevée par un lavage à l'éther anhydre et un nouvel
essorage.
» On obtient ainsi une poudre cristalline bien blanche, avant pour composition
APOS4SOS4H20 (^).
» Cette composition est comparable à celle des acides chromosulfurique et ferrisul-
furique de M. Recoura. Ce corps se dissout très lentement dans l'eau froide. En opé-
rant avec 2S de matière et aoû*^™' d'eau à 20" et en agitant continuellement, la dissolu-
tion n'est complète qu'au bout de 3 heures.
» A chaud la dissolution est beaucoup plus rapide.
» Étant donnée l'impossibilité d'une mesure thermique exacte, il est
difficile de savoir s'il s'agit d'une simple juxtaposition de i™"*' d'acide sul-
furique et de 1™°' de sulfate d'aluminium, ou s'il y a eu modification molé-
culaire (polymérisation ou formation d'un radical complexe).
(') Comptes rendus, t. CXXXVII, i3 juillet 1908, p. 118.
(2) Analyse : Al-0^ = 20,72; 80^=64,60; H20=i4,68.
ThéoVie : AP 0^=20, 65; 803=64,78; H- 0= 14,57.
494 ACADÉMIE DES SCIENCES.
w Ce sont ces deux dernières hypothèses qui paraissent les plus vrai-
semblables.
» Les sels acides sont généralement plus solubles que les sels neutres
correspondants; d'autre part, la lenteur de la dissolution semble bien
indiquer une modification moléculaire et les particules, d'abord cristallines,
deviennent floconneuses avant de se dissoudre.
» La production du composé qui nous occupe est donc la résultante de
trois phénomènes concomitants : déshydratation partielle du sulfate d'alu-
minium hydraté Al^(SO*)% 16H-O, combinaison avec l'acide sulfurique
et modification moléculaire.
» Action de l'acide sulfurique concentré. — Le sulfate d'aluminium hydraté se
dissout dans l'acide sulfurique concentré et la dissolution se maintient limpide à froid.
Mais il suffit de chauffer celle-ci pendant quelques minutes à iio°-i20° pour qu'elle se
prenne en une masse pâteuse.
» Après lavages et essorage, le produit a la même composition que le précédent à
l'eau de cristallisation près.
» Celte solubilité du sulfate d'alumine dans l'acide sulfurique concentré est d'autant
plus curieuse que l'acide sulfurique diminue la solubilité des sulfates dans l'eau comme
l'a montré M. Engel (^) et notamment celle du sulfate d'aluminium.
» Ainsi, tandis que d'après Poggiale 100 parties d'eau dissolvent, à 20°, 106 parties
de sulfate d'alumine, j'ai constaté que 100 parties d'un mélange de T"^ d'acide avec
2^"i d'eau n'en dissolvent que 6,45 parties.
» Je me propose d'étudier la solubilité du sulfate d'aluminium dans de
l'acide sulfurique à différentes concentrations, solubilité qui pourrait pré-
senter des particularités intéressantes. »
CHIMIE ORGANIQUE. -- Sur le jiitrosite de lapulégone.
Note de M. P. Genvresse.
(( Les nitrosites des cétones cycliques, possédant une ou plusieurs
doubles liaisons, n'ayant pas été préparés jusqu'à présent, nous avons
essayé de les obtenir. Nous avons opéré sur la carvone et sur la pulégone;
nous n'avons pas encore pu avoir de produit cristallisé avec la carvone; il
n'en a pas été de même avec la pulégone.
» Le nitrosite de la pulégone, C*"H*^0, Az-0^ peut s'obtenir de deux manières :
soit avec le peroxyde d'azote, soit avec les vapeurs nitreuses, préparées par l'amidon
(*) Comptes rendus, t. CIV, 21 février 1887, p, 5o6.
SÉANCE DU 28 SEPTEMBRE 1903. 495
et l'acide nitrique; à partir de ce moment la marche est la même, soit que l'on parle
du peroxyde d'azote, soit des vapeurs iiitreuses.
» On dissout la pulégone dans l'éther de pétrole; on place la solution dans un
mélange réfrigérant de glace et de sel, et on la sature soit par du peroxyde d'azote,
soit par des vapeurs nitreuses; une huile se sépare; on attend au lendemain pour que
la précipitation soit bien complète, on décante la partie lourde et on la soumet à
l'entraînement par la vapeur d'eau; peu de chose passe; on enlève ensuite l'eau
condensée et l'on abandonne le liquide à lui-même; au bout de quelques jours, huit
au plus, il se forme des cristaux qu'on essore et qu'on fait ensuite cristalliser à
plusieurs reprises dans l'alcool.
» L'analyse élémentaire de ces cristaux correspond à la formule C'"!!'*^, Az-O^ ;
nous avons trouvé pour leur poids moléculaire, en opérant en solution acétique par la
méthode de Raoult, le nombre 239,5 ; la formule G'"H'®, Az^O* exigerait le nombre 228.
» Le nitrosite de la pulégone est formé de belles aiguilles soyeuses incolores, fondant
à 68°-69°; il est soluble dans l'alcool, plus à chaud qu'à froid, ce qui permet de le
purifier; il est aussi soluble dans le chloroforme, l'acide acétique, etc.; il agit sur la
lumière polarisée; sa déviation pour la raie D est, en solution chloroformique, de
+ 28° i3' à la température de 28".
» Il est entraînable, mais difficilement, par la vapeur d'eau; le groupe Az-0' se fixe
sur la double liaison de la pulégone ; en effet, si l'on dissout le corps précédent dans le
chloroforme ou la benzine, et que l'on traite la solution par le brome, ce dernier ne se
décolore pas. Ce corps possède le caractère des nitrosites ; en eflet, en présence de
Facide sulfuriaue et du phénol, il donne une magnifique coloration vert émeçaudo.
» Traité par Thydrogène naissant, il donne de l'ammoniaque et une huile que nous
ne sommes point parvenu à faire cristalliser.
» Son oxime est également une huile incristallisable.
» Enfin nous ne sommes point parvenu à le combiner avec les ammoniaques, la ben-
zylamine ou la pipéridine. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la production cl* hydrogène suif uré par les extraits
d'organes et les matières albuminoldes en général. Note de M. Emm.
Pozzi-EscoT. (ExLrait.)
« .... Si l'on fait un extrait de levure de brasserie, Icvin-e b;\sse, sui-
vant une des méthodes que j'ai indiquées, et en partictdier au saccharose
additionné de chloroforme ou de fluorure de sodium, et si l'on mélange
cet extrait avec du soufre en fleur, ce mélange dégage, à la température
ordinaire, une grande quantité d'hydrogène sulfuré, et cela en quelques
heures.
)) Le même extrait, additionné de chloioforme, mais non de soufre, ne
donne lieu à aucun dégagement d'hydrogène sulfuré, en 12 heures, à la
température ordinaire....
49^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Si l'on soumet l'extrait précédent à l'ébuUition pendant 3 minutes,
puis qu'après refroidissement on l'additionne de chloroforme et de soufre
en fleur, on ne constate, en 12 heures, à la température ordinaire, aucun
dégagement d'hydrogène sulfuré.
» .... L'extrait aqueux de levure a été porté à Tébullition en présence
de soufre : il a donné, immédiatement, un abondant dégagement d'hydro-
gène sulfuré, à chaud; mais, après refroidissement, le vase a été purgé de
toute trace de ce gaz par barbotage d'acide carbonique, et abandonné
pendant 12 heures à la température du laboratoire : il n'a dégagé aucune
trace d'hydrogène sulfuré.
)) D'autre part, de l'extrait aqueux de levure, très actif, a été abandonné,
en présence de bisulfite de soude ; il a dégagé, au bout d'un certain temps,
de l'hydrogène sulfuré, de façon notable....
» De ces expériences, et de quelques autres, il paraît permis de con-
clure que la production d'hydrogène sulfuré en abondance et sans limite,
par les extraits d'organes, et en particulier par l'extrait de levure, est bien
due à un phénomène de nature diastasique.... »
ZOOLOGIE. — Sur la résorption phagocylaire des produits génitaux inutilisés^
chez /'Echinocardium cordatum Penn. Note de MM. Maurice Caullery
et Michel Siedlecki, présentée par M. Alfred Giard.
« Dans des recherches déjà assez anciennes (*), M. Giard a reconnu
les profondes transformations que subissent, en dehors de la période de
reproduction, les glandes génitales de certains Echinodermes et en parti-
culier de l'^'cAmocarâ^mmcor^a^wm Pennant, Oursin Spatangoïde abondant
dans le sable de la plupart de nos plages. Ces glandes, après l'époque de
la ponte (juin-juillet, dans la Manche) diminuent de volume, prennent une
teinte foncée et renferment, au lieu de cellules génitales, de grands
éléments sphériques vacuolaires. De plus, avec l'approche de l'hiver, se
produisent de nombreux cristaux. Sur les indications de M. Giard, nous
venons de reprendre l'étude de ces phénomènes, pour laquelle on dispose
maintenant de ressources techniques bien plus grandes.
( ') Sur une fonction nouçelle des glandes génitales des Oursins {Comptes rendus ,
t. LXXXV, 5 novembre 1877).
SÉANCE DU 28 SEPTEMBRE igoS. 4g-7
» Nos observations sont limitées jusqu'ici à l'étude des glandes génitales de VEchino-
cardium, à l'époque présente de l'année {septembre).
y> Il est facile de constater, in vivo, les principaux faits énoncés par ]\T. Giard :
réduction de volume et changement de couleur des glandes, présence des cristaux et
des éléments vésiculeux. Ceux-ci sont sphériques et mesurent de 35f^ à [\o^ de dia-
mètre; leur protoplasme, concentré à la périphérie, enclave un grand nombre de
petites sphérules assez réfringentes, mesurant environ 1^ et réparties sur un hémi-
sphère; au milieu d'elles, on observe souvent un ou deux amas de pigment jaune bru-
nâtre (c'est ce pigment qui, par son abondance plus ou moins grande, donne la teinte
générale à la glande); la vacuole centrale hyaline occupe presque tout le volume dtj
l'élément.
» Considérons successivement les mâles et les femelles.
1) A. Mâles. — In vivo, on constate, sur des dilacéralions, outre les éléments pré-
cédents, de petits corps coniques, isolés ou en paquets. Ce sont des têtes de spermato-
zoïdes. Mais nous n'avons vu aucun spermatozoïde intact et mobile. Passons maintenant
à l'examen des matériaux fixés et colorés (coupes et dilacérations). Nous constatons
d'abord que les éléments vésiculeux sont unicellulaires. Chacun renferme un noyau
unique, périphérique; le contenu de la grande vacuole ne se teint pas; les sphérules
décrites plus haut prennent une teinte brune par l'acide osmique et ne retiennent pas
les colorants; certaines d'entre elles offrent, à leur intérieur, de petites vacuoles. Au
milieu de ces sphérules on trouve : 1° des têtes de spermatozoïdes agglutinées ou
isolées; 2" tous les stades de dégénérescence de ces sjDcrmatozoïdes et de leur trans-
formation en sphérules. Autour du spermatozoïde il apparaît d'abord une gaine de la
substance brune formant bientôt une sphérule ; puis le spermatozoïde se recourbe par
son extrémité effilée, prend une forme en croissant, devient une petite sphère qui se
colore massivement par la safranine ou l'hématoxyline et enfin se dissout graduellement
dans la sphérule qu'il a produite. Les mêmes processus peuvent affecter un groupe
de spermatozoïdes agglutinés.
» De tout cela ressort que les cellules vésiculeuses, qui maintenant forment la masse
de la glande, sont des phagocytes, bien individualisés, ayant absorbé chacun un grand
nombre de spermatozoïdes; la digestion de ces spermatozoïdes produit les sphérules
qui finalement se dissolvent pour constituer le liquide de la vacuole centrale, en lais-
sant, comme résidu, du pigmentjaune brunâtre.
» Les coupes montrent la disposition respective des phagocytes, pressés les uns
contre les autres, sans tissu interposé; contre l'épitliélium pariétal on voit des cellules
spéciales que nous regardons comme des spermatogonies régénérant ultérieurement
la glande. Les coupes montrent aussi que tous les spermatozoïdes reconnaissables
sont à l'intérieur des phagocytes. Donc, tous les produits génitaux restant dans le
testicule, à la fin de la période de ponte, sont phagocytés.
» B. Femelles. — Les ovaires offrent un tableau tout à fait semblable. In vivo, on
y constate : a. des cellules vésiculeuses analogues à celles de la description précédente
et, en outre, b. de petits ovules d'apparence normale; c. des ovules réduits à la vési-
cule germinative plus ou moins hypertrophiée avec nucléole souvent très gros et aune
C. R., 1903, '1' Semestre. (T. CXXXVII, N° 13.J 66
498 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mince couche protoplasmique; d. de nombreux corps sphérlques ayant jusqu'à 25t^
de diamètre, formés d'une substance compacte et finement granuleuse. A ces carac-
tères on distinguera immédiatement les femelles des mâles. Sur les matériaux fixés et
colorés, coupes ou dilacérations, on reconnaît d'abord que les cellules vésiculeuses
sont des phagocytes digérant des fragments d'ovules (corps sphériques d ci- dessus).
Les coupes montrent la structure générale des acini : a. une paroi épithéliale sou-
tenue par de nombreuses fibres musculaires ; [3. au contact de la paroi, se trouve encore
une couche à peu près continue d'ovules, plus ou moins petits, paraissant normaux,
par l'aspect du noyau et la colorabilité du protoplasme; y- immédiatement au-dessous,
vient une zone où les ovules sont plus ou moins morcelés en fragments sphériques
(conf. d ci-dessus), entre lesquels on aperçoit des noyaux et un protoplasme appar-
tenant évidemment à des phagocytes. Les noyaux des ovules restent sphériques, ont
une tendance à s'hypertrophier; le réseau chromatique gonfle d'abord puis disparaît
peu à peu; le nucléole grandit aussi, puis se fragmente. 0. Enfin, intérieurement à
cette zone, on trouve les phagocytes vésiculeux, dont les plus périphériques ren-
ferment des fragments d'ovules bien reconnaissables. Ces inclusions se fragmentent
jusqu'à avoir la taille des petites sphérules que nous avons décrites plus haut. Les
colorations à la safranine et surtout à l'hématoxyline ferrique présentent toutes les
transitions depuis le protoplasme normal des ovules jusqu'à la teinte brune des sphé-
rules sous l'action du liquide de Fleraming.
» Donc, chez les femelles aussi, il y a phagocytose totale des éléments sexuels non
évacués et les produits terminaux de cette digestion sont les mêmes que chez les mâles,
malgré la diff"érence des matériaux initiaux.
1) Si l'on rapproche les résultats précédents obtenus dans les deux
sexes, on constate un parallélisme complet et le fait dominant est \!a phago-
cytose totale des éléments sexuels différenciés, restant dans les glandes géni-
tales après In période de ponte. On remarquera qu'il ne se forme pas de
graisse. Nous n'avons pas pu, dans l'état actuel des tissus, résoudre deux
questions qui se posent partout où il y a phagocytose : 1° l'origine et la
nature des phagocytes ; 1° le moment exact de leur intervention.
» Dans de nombreux groupes du règne animal, on a déjà constaté l'inter-
vention de la phagocytose pour amener la résorption des produits sexuels
inutilisés; mais l'intensité de ces phénomènes, chez V Echinocardium cor-
datmn, fait de cet animal un exemple très favorable à leur étude et, d'une
façon générale, à celle des échanges entre la glande génitale et le reste de
l'organisme. Nous comptons les suivre aux diverses phases de leur cycle
annuel. »
SÉANCE DU 28 SEPTEMBRE igoS. 499
BOTANIQUE. - Sur la- formation de l'œuf et la multiplication d'une anti-
pode dans les Joncées. Note de M. Maecellin Laurent, présentée par
M. Gaston Bonnier.
« Différents auteurs ont étudié l'anatomie générale des Joncées. ainsi
nue leur système floral; mais on a en grande partie néglige I embryogénie
^t c'est cetl lacune que je me suis proposé de -«^bler dans es deux genres
Juncus et Lu.ula. Je vais exposer aujourd'hu. la format.on de 1 œuf et d un
tissu antipodial particulier, qui laisse son empremte dans la grame mure.
sac- mal-ré un grand nombre de coupes, je n ai pu constaiei
deux en avant et une en amere, celle du milieu, loujou "^^ ' . , ,i,„g„.
Jancus, eues peuvent s'allonge, plus ou -ins dans le 8- - ^J.- .--- [-....^^^ ^^
sious de rovule 1 si -'-^ -^"^^Xt a rondLttri'Ltipode ^Mlanedevient
les antipodes sont ovoïdes. A 1 appiocne ae w fo.tement que
proéminente, s'avance vers Initéneur comme 1 oosphe, e et - -'»-?'" .^^ ^^ .J,,,
les deux antipodes latérales restées plus petites. Les deux triades sup
rieures sont ainsi disposées de la même façon. ,,„„hé à suivre la germina-
„ Au sujet de la pollinisation et de la f-°f; -, ^^^ f^Ii^ ^dans l'e'au pure,
tion des tétrades polliniques: elles ne germe -»' ""-J',.,,,^^ ,,^„y„„, ,„,, .,„„t
ni dans les différents liquides sucres que J «^t*» ."■ ';' ^|,^^ „ent tort bien
pas depouvoirosmotiquesensn^le et restent in^^^^^^^^^^^^^ ^__^^ ^^,^,^„^„^
dans Peau en présence du stigmate et les v J particulier dans
environ ..-. La fécondation est directe ^-^^"^ t "/.r l'es du stigmate
/. bufonius dont les fleurs -""°"J°"'■^'="="•'°.«™ ';„, „,r un pore terminal; mais
se recourbent jusqu'au -".""-^f ' 7''''3' , 2Ty ^ Ijou's protandrie.
il n'en est pas partout ainsi, et dans e «-" ^^; f ;;/„; ^,„, l partie mucila-
, Dans tous les cas, plusieurs t«l>es polliniques s en a . ,
gineuse de l'épiderme externe, P-'-"'--'"-,';!':"/;;, ,f I^: „, l'un d'elix tra-
feur sortie du micropyle, dans l'assise epitbeliale du nu e k e e ,^ ^^ ^^^^^^^ ^^
verse la calotte formée de deux ou '"-;;-^,:^;' colore fortement par l'héma-
roosplière qu'il contourne quelquefois son extrémité ^^tryonnaire. Il en
toxyCne, mais sans prendre l'a^pect br, lant ^^ "O ^ , ;_^;r„^3„4 aux c6tés de
est ainsi de l'anthérozoïde, en forme '''"'=' 1",*.,^ _J„ia^5. Après la fécondation,
l'oosphère i à ce moment, il n'y a pas trace des deux syne, g.des. p
^OO ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'œuf se renfle vers l'intérieur où se porte le noyau, tandis que son autre extrémité se
remplit de vacuoles.
» Au pôle opposé du sac embryonnaire, les trois antipodes existent encore, mais les
deux latérales en voie de régression ne tardent pas à disparaître. L'antipode médiane,
au contraire, a grandi considérablement; son noyau s'est divisé en plusieurs autres
(trois ou quatre) de taille inégale; ces nouveaux noyaux se multiplient à leur tour et
se portent sur le pourtour de l'antipode de plus en plus volumineuse; le protoplasme
forme à sa surface une gaine très chromatique dans laquelle se disséminent les noyaux;
il ne se produit pas de membrane, et l'antipode mère en était également dépourvue,
puisque c'est à sa périphérie de plus en plus grande que se répandent les énergides.
Les premiers noyaux de l'albumen viennent au contact de la masse ainsi formée; elle
disparaît lentement à mesure que l'albumen se développe, et elle fonctionne ainsi
comme un second endosperme absorbé par le premier. Mais la place qu'elle occupait
reste vide, entourée par un tissu membraneux que l'on retrouve dans la graine mûre
et qui sépare la graine en deux moitiés : d'un côté, l'embryon et l'albumen; de l'autre,
le nucelle persistant au-dessous de la chalaze. Après avoir joué un rôle d'absorption,
la masse antipodiale semble remplir maintenant un rôle protecteur en empêchant la
digestion du nucelle par l'albumen. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Variation morphologique des feuilles de Vigne
à la suite du greffage. Note de M. A. Jurie, présentée par M. Gaston
Bonnier.
« A deux reprises, en J901 (' ), j'ai signalé diverses variations produites
par le greffage mixte dans la Vigne, concernant le sexe, la résistance phyl-
loxérique, la précocité, etc. Cette année, j'ai obtenu des modifications
assez accentuées dans la nature morphologique de la feuille de certaines
Vignes, à la suite de leur greffage sur divers sujets américains. C'est ainsi
que l'angle des nervures, la forme générale de la feuille et les accidents de
la surface ont varié d'une façon très sensible.
» 1° Angles des neri>ares. — Dans ma première série d'expériences, commencées
en 1900, j'ai grefl'é le Sémillon du Bordelais sur Rupestris du Lot.
» On sait que les feuilles de ces deux Vignes sont très distinctes par les angles des
nervures médiane, primaire et secondaire, comme par la villosité relative des faces
inférieures.
» Dans le Sémillon, la somme des angles est de 110°, alors que dans le Rupestris
(^) A. JuRiE, Sur un cas de déterminisme sexuel produit par la greffe mixte
{Comptes rendus, 2 septembre 1901). — Un nouveau cas de variation de la Vigne
à la suite du greffage mixte ( Comptes rendus, i2> décembre 1901).
SÉANCE DU 28 SEPTEMBRE igoS. 5ol
du Lot elle est seulement de 71° environ; en outre, le premier a des feuilles velues
tandis que le second a des feuilles glabres.
» J'ai remarqué dans ces essais que les greffons avaient fréquemment des feuilles
dont les angles des nervures avaient varié plus ou moins et présentaient une valeur
totale moyenne de go'* environ, c'est-à-dire assez sensiblement intermédiaire entre la
somme des angles des feuilles du sujet et celle des angles du greffon. De plus, le sinus
pétiolaire, très ouvert dans les feuilles du Rupestris et presque fermé dans celles du
Sémillon, était aussi nettement intermédiaire comme ouverture dans les feuilles
modifiées des greffons.
» Une deuxième série d'expériences, commencées en 1902, est non moins caracté-
ristique. Le Limberger, cépage d'Autriche-Hongrie, a été greffé sur Colorado, toujours
comparativement avec des témoins. La somme des angles du premier est de 108°
quand celle du second est de 90° seulement; les feuilles des greffons ont présenté des
angles dont la somme n'est plus que de 92°, c'est-à-dire au voisinage de la caracté-
ristique du sujet. Les sinus pétiolaires présentaient des ouvertures sensiblement inter-
médiaires entre celles des types greffés.
» Or, l'on sait que ces sommes des angles ainsi formés par les nervures médiane,
primaire et secondaire, ont été considérées par M. Ravaz comme des caractères de tout
premier ordre pour la détermination des variétés américaines. Peut-être la fixité de
ces caractères n'est-elle pas aussi absolue que l'admet cet auteur; quoi qu'il en soit, si
la somme des angles considérés est quelquefois variable dans les Vignes franches de
pied, il est. incontestable qu'elle varie beaucoup plus après greffage et que la variation
observée est nettement spécifique, c'est-à-dire que le sujet imprime plus ou moins ses
caractères propres à la feuille du greffon,
» 2° Forme générale. — J'ai greffé en 1899 le Limberger sur ioi-i4 Millardet
r=i Riparia-Rupestris. La feuille du Limberger est normalement semblable au type
général du Vilis vinifera. De même le Riparia Rupestris présente une forme bien
connue et caractéristique bien différente du type Vinifera, par ses trois lobes pointus,
dont le médian est particulièrement allongé. Les greffons du Limberger sur 101-1/4
ont pris une forme sensiblement intermédiaire sous le rapport des lobes entre les feuilles
des types associés.
» 3° Accidents de la surface. — Dans les greffes déjà décrites de Sémillon sur
Rupestris du Lot, j'ai remarqué que non seulement la somme des angles avait varié,
mais que les feuilles des greffons avaient perdu, en partie, leur tomentum sous l'in-
fluence du sujet glabre. Mais cette variation a été plus sensible encore dans des greffes
de Furmint, cépage hongrois, sur Rupestris Martin, effectuées il y a une dizaine
d'années. Le Furmint présente un tomentum très accentué, alors que le Rupestris
Martin est glabre. Tous les Furmint greffés, au nombre d'une douzaine, possèdent
aujourd'hui des feuilles presque glabres.
)) En résumé, les exemples que je viens de citer montrent la grande
variabilité de certains caractères morphologiques de la feuille de la Vigne
sous l'influence du greffage.
» Ils prouvent nettement que cette influence est spécifique et réalise, à
5o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
des degrés divers, une sorte d'hybridation asexuelle entre les deux plantes
associées. Ils justifient, une fois de plus, la théorie de M. Lucien Daniel
sur la variation dans la greffe. »
GÉOLOGIE. — Sur les relations de structure des Alpes françaises avec les Alpes
suisses. Note de M. Kiliax, présentée par M. Michel Lévy.
« La structure de la portion des Alpes comprises entre l'Arve et le Rhin
est actuellement, grâce aux beaux travaux de synthèse de M. Maurice Lu-
geon, expliquée d'une façon qui semble définitive, au moins dans ses grands
traits.
» Il est intéressant de rechercher si les grands accidents (plis à racines
externes et plis à racines internes), signalés par notre éminent confrère
suisse, se continuent dans les Alpes françaises et comment ils s'y com-
portent. Les lignes qui suivent résument les résultats auxquels nous ont
conduit une étude attentive de la question et près de vingt années d'explo-
rations sur le terrain ainsi que la lecture des travaux si remarquables de
nos collègues de la Carte géologique de France.
» I. Les plis dits autochtones, c'est-à-dire non charriés de M. Lugeon,
prennent en France un grand développement du-côté externe de la chaîne
alpine. Ils comprennent la plus grande partie des chaînes subalpines de la
Savoie et du Dauphiné avec leurs plis-failles (Chartreuse, Vercors), leurs
plis hésitants ('), déversés tantôt vers l'ouest, tantôt vers l'est dans le Ver-
cors et dont l'enracinement est clairement prouvé tant par la continuité de
faciès qui relie les sédiments de ces chaînes avec ceux des régions extra-
alpines avoisinantes, que par la nature des dépôts détritiques de l'époque
tertiaire qui s'y rencontrent. Cette zone exempte de grands charriages se
poursuit par le Diois, les Baronnies, Moustiers-Sainte-Marie, jusqu'au
nord-ouest de Grasse et de Nice, où elle prend, dans ce qu'on a récem-
ment appelé les Préalpes maritimes, une structure particulière caractérisée
par la fréquence des plis-failles déjetés vers le sud.
» I bis. A cette zone de chaînes en place il convient de rattacher les
massifs cristallins des Aiguilles-Rouges, de Belledonne, de la Mure, dont
la disparition au sud de la Mure coïncide avec l'apparition d'une ligne de
chevauchement séparant le Beauchaîne du Diois (M. Paquier).
(^) Cette heureuse expression est due à M. Termier.
SÉANCE DU 28 SEPTEMBRE igoS. 5o3
» II. Si nous essayons de suivre, en France, les nappes (plis) à racines
externes de M. Lugeon, nous arrivons aux conclusions suivantes :
» a. Un premier faisceau {plis de Mordes, Diahlerets, etc.) a sa continuation,
ainsi que l'ont excellemment fait voir MM. M. Bertrand, Ritter et M. Lugeon lui-
même, dans l'extrémité sud du massif du mont Blanc et le mont Joly; ces plis ont été
charriés par-dessus la zone de Belledonne au nord d'Albertville. Leur continuation
méridionale comprend la zone isoclinale de Petit-Cœur, col de la Madeleine, avec les
noyaux cristallins de Rocheray, des Grandes-Rousses et du Pelvoux qui paraissent en
mains endroits n'être que les racines de plis couchés vers l'ouest et enlevés par l'éro-
sion. A ce faisceau appartient très probablement aussi la région à structure imbri-
quée (^) connue sous le nom de zone du Gapençais, en partie chevauchée (Embru-
nais) par les plis du faisceau suivant et qui, comprenant l'aire synclinale de la
Haute-Bléone et du Haut-Var, s'infléchit au sud-est vers le massif du Mercantour.
» b. Un deuxième faisceau, comprenant les nappes g iaronnaises de M. Lugeon, a
ses racines au sud-est du mont Blanc, dans le val Ferret, et se poursuit en France par
la bande isoclinale desChapieux-Cormet d'Arèches-Moûtiers que continue indiscutable-
ment la zone des Aiguilles d'Arves ou zone du Flysch. Représentée entre le col de la
Seigne et le Lautaret par un simple faisceau isoclinal (racine possible de plis couchés,
disparus?) cette bande présente au sud du Pelvoux de grandioses phénomènes de
charriage qui atteignent leur maximum d'intensité dans l'Fmbrunais (E. Haug) et
dans rUbaye (W. Kilian et E. Haug) et recouvrent en partie le faisceau a; elle passe
ensuite à l'est du Mercantour où elle reprend la structure imbriquée isoclinale (col de
Tende).
» c. Un troisième faisceau, celui qui a fourni \e5 Préalpes internes de M. Lugeon,
passe en France dans le voisinage du Petit Saint-Bernard : il comprend le flanc o>iest
de Véventail houiller de la zone du Briançonnais, plis du versant ouest du mont Jovet,
de Salins-Moutiers, des Encombres, du grand Galibier, tous isoclinaux et souvent im-
briquées, puis au sud de la Guisane présente les nappes empilées et reployées étudiées
par M. Fermier, et celles que nous avons décrites près de Guillestre et d'Escreins; la
structure isoclinale simple réapparaît ensuite dans les chaînes situées au nord-est de
Meyronnes et de Larclie.
» C'est à ce faisceau, ou même au précédent, qu'il convient d'attribuer les lambeaux
de recouvrement de Sulens et des Annes en Haute-Savoie, rattachés par M. Lugeon à
des plis plus intérieurs.
» III. Les plis à racines externes sont séparés en Suisse des nappes à
racines internes, par un système de grands plis couchés affectant notamment
les schistes lustrés du Simplon. La continuation de ces plis, en France,
passerait à l'est de la zone houillère, dans une région où les accidents sont
actuellement (probablement par suite d'un phénomène postérieur à la
(*) Décrite par M. E. Haug.
5o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Striction alpine) (*) déversés vers l'est. On doit, selon nous, leur rattacher
les schistes plissés du sommet du mont Jovet et la quatrième écaille décrite
par M. Termier dans le Briançonnais, qui ont leur origine .dans la bordure
occidentale de la bande des schistes lustrés.
» IV. Quant aux nappes à racines internes de M. Lugeon, toutes issues
d'une zone situé au sud, au sud-est et à l'est de la zone des schistes lustrés,
rien, dans l'état actuel de nos connaissances, n autorise à supposer quelles
aient existé dans les Alpes françaises, dont toutes les masses charriées
signalées jusqu'à ce jour (Sulens, Annes, Ubaye, Embrunais, Briançonnais)
appartiennent, ainsi que nous venons de le montrer, aux faisceaux des
plis à racines externes si nettement définis en Suisse par M. Lugeon.
» Nous croyons donc, avec M. Lugeon, que les Alpes françaises ne
possèdent plus que des témoins isolés de l'ancien manteau de nappes
charriées (plis couchés) qui les recouvrait, mais il semble bien, d'après
certains indices, que ce manteau n'y possédait ni la complexité, ni l'im-
portance qu'il atteignait dans les Alpes suisses et surtout à l'est du Rhin. »
M. René de Saussure adresse une Note intitulée : « Hvpothèse sur la
nature de la force ».
M. Eugène Mesnard adresse une Note intitulée : « Flotteurs à fil conduc-
teur, pour la Marine » :
\-,^ flotteur à fil conducteur 2, pour but, d'une part, d'indiquer la position
de l'épave d'un navire supposé perdu corps et biens; d'autre part, d'aug-
menter les chances de sauvetage de cette épave.
La séance est levée à 3 heures trois quarts.
M. B.
(•) Plissement en retour ou Riick/altung- (Heiiii).
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 5 OCTOBRE 1905,
PRÉSIDENCE DE M. ALBERT GAUDRY.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES KT DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
BOTANIQUE. — Influence de Veau sur la structure des racines aériennes
d'Orchidées. Note M. Gaston Boxnier.
« Lorsque les racines aériennes des Orchidées épiphytes sont appliquées
étroitement sur un support, sur le bois d'une liane, par exemple, ou sim-
plement sur les parois en bois du vase dans lequel on les cultive en serre,
cet aplatissement produit mécaniquement un effet sur la structure de la
racine; mais cette action n'a guère pour résultat que de déformer les tissus
de l'écorce, soit le tissu cortical proprement dit, soit le tissu du voile aéri-
fère qui l'entoure. Cette déformation se produit dans un plan perpendicu-
laire à la surface du support.
» Or, on constate, chez un assez grand nombre d'Orchidées cultivées en
serre, que ces racines aplaties contre le support présentent une tout autre
modification, uniquement lorsque la racine rampe horizontalement ou peu
obliquement sur la surface du support. Ce changement de structure, beau-
coup plus important, consiste, le plus souvent, en une production anor-
male de tissus secondaires dans le péricycle de la racine aérienne.
» Considérons, par exemple, une racine de Lœlia crispa qui rampe hori-
zontalement sur un support en bois et qui est aplatie à la surface, et faisons
une coupe transversale de cette racine {fig> i). Nous constaterons d'abord
la déformation du voile cp et du tissu cortical te dans un plan perpendicu-
laire à la surface du support, mais nous serons frappés du changement qui
s'est produit dans le cylindre central de la racine. Un tissu /jf, constitué par
des assises régulières, se trouve développé en forme de croissant dans le
péricycle de la racine. De plus, ce tissu, qu'on ne saurait confondre avec la
production d'une radicelle, a un plan de symétrie qui ne coïncide pas avec
G, H,, 190.3, a* Semestre. (T. CXXXVII, N" 14.) ^7
5o6
ACADEMIE DES SCIENCES.
celui de la déformation de Técorce. Ce plan de symétrie fait un angle de 60''
à 90'' avec le plan de symétrie de l'aplatissement général de la racine, et
c'est toujours au-dessus de la ligne de contact que se produisent ces tissus
secondaires /} dont la section a la forme d'un croissant; la partie la plus
7C/
ta
Schéma (riine coupe transversale d'une racine aérienne de Lœlia crispa,
appliquée horizonLalement sur un support : s, support; e, eau ; c^, voile;
as, assise subéreuse; ic, tissu cortical; end, endoderme; b, bois;
/, liber; y*, tissu secondaire anormal.
épaisse de ce tissu anormal est donc toujours située vers le haut, c'est-à-dire
vers la partie latérale supérieure de la racine croissant horizontalement
Lfig- ■)•
» Remarquons encore que, si la racine est onduleuse et ne s'appuie que
çà et là sur le support, on n'observera aucune déformation du cylindre cen-
tral dans les régions où la racine ne touche pas le support.
» Si l'on suit le développement de ce tissu péricyclique secondaire, on
constate d'abord que les cellules qui sont entre le bois, le liber et l'endo-
derme ne se lignifient pas dans toute la zone où doit se former le futur tissu
secondaire, tandis qu'elles se lignifient et se transforment en un tissu sclé-
reux sur le reste du pourtour du cylindre central. En même temps, l'endo-
SÉANCE DU 5 OCTOBRE I9o3. 5o7
derme, dans loute la partie correspondant aux cellules péricyclques à parois
cellulosiques, se différencie d'une manière interrompue, laissant çà et là
des cellules non épaissies {end, fi g. 2) entre les cellules lignifiées et à
parois épaisses. Bienlôt, on voit app;u'aître des cloisonnements tangenticls
Fij;. 2.
end'
end
Portion de la coupe que représente la figure i, vue u un plus fort
.grossissement : ec, écorce; enrf, endoderme; e«rf', parl.e épaissie de
rendoderme; p. partie externe du péricycle; 6, bois; l, liber; fs, tissu
secondaire péricycliquc.
,lnn. celles (le ces cellules non ligniaées qui sont, en dehors .les faisceaux
du liber; nuis le cloisonnement gagne les cellules péricycliques qu. sont
en dehors des faisceaux du bois. Il se forme ainsi peu à peu une sorte d as-
sise .énéralrice continue (fs, fig. 2) fonctionnant avec intensde, dont le
maximum d'épaisseur correspond au futur plan de sjraetne de ce Ussu
secondaire. 11 se produit un certain nombre de cloisonnements radu.ux et
c'est de la sorte que prend naissance ce tissu composé de f.les régulières
de cellules dont l'ensemble, comme surajouté au cylindre central, allecle
en coupe la forme d'un croissant. Pendant asse. longtemps ce „ssu anor-
mal tranche nettement sur le reste du cylindre central, parce que ceku-c,
est presque entièrement lignifié tandis que les tissus secondau-es pency-
cliques sont restés cellulosiques; mais, lorsque la racine dev.ent très agee
l'assise génératrice péricyclique cesse de fonctionner et les cellules qu elle
5o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
a formées se lig^nifient et se sclérifient à leur tour, se Iransformaiit pour la
plupart en des sortes de fibres ponctuées dont on distingue 1res bien la
forme et la structure par des coupes longitudinales.
» Or ces fibres sont orientées dans le sens de l'axe de la racine; ces élé-
ments allongés seraient, au contraire, perpendiculaires à cet axe s'il s'agis-
s^iit de la naissance d'une radicelle; d'ailleurs, on ne voit dans ce tissu
péricyclique anormal ni vaisseaux, ni éléments libériensvenantse raccorder
au bois ct«u liber du cylindre central; enfin, aucune différenciation quel-
conque n'indique la production d'une coiffe.
» Cette altération du cylindre centr.il vers le haut, dans les racines
aériennes d'Orchidées, lorsqu'elles sont aplaties horizontalement ou peu
obliquement sur un support, est pîus ou moins variable suivant les espèces
et sur une même racine.
)) On observe souvent, chez d'autres racines d'Orchidées, une formation
de tissus secondaires analogue à celle que nous venons de décrire, sinon
parfois plus intense {Caltleya ciirina) ou, au contraire, plus réduite
{SophrojuUs cernua). La sclérificalion de tissus correspondants est souvent
rapide chez les racines des Catlleya Mossiœ et Phalœnopsis grandijlora, mais
le tissu anormal y est formé par un moins grand nombre d'assises.
» D'autres Orchidées offrent dans le cylindre central des modifications
d'ortire différent, mais orientées de la même manière que les tissus secon-
daires anormaux et présentant un maximum d'altération correspondant à
la partie la plus épaisse des formations précédentes. Par exemple, les ra-
cines aplaties et dirigées horizontalement sur le support du Dendrobium
speciosum n'ont pas de tissus secondaires péricy cliques, mais les tissus pri-
maires normaux présentent comme un secteur non sclérifié dont le rayon
médian fait un angle de 5o° à 70° avec le plan de symétrie de^ l'aplatisse-
ment des tissus corticaux. La modification analogue qu'on observe chez le
Cirrhopetaliim pulchrum ne se révèle que par une sclérification et une
lignification moindre dans le secteur intluencé. L'altération du cylindre
central est encore moindre pour les racines adhérentes horizontalement
au support dans d'autres Ovç\\\(\ç,q,?, (^Aeranlhes Arachnitis, par exemple)
où l'on trouve simplement un arc tion sclérifié en dehors des faisceaux du
bois et du liber. Enfin, on n'observe aucune altération du cylindre central,
même chez les racines les plus aplaties, chez plusieurs espèces iV Angrœciim
el de TœniophyUum.
» Restait à chercher (juelle pouvait être la cause de ces productions qu'on
SÉANCE DU 5 OCTOBRE igoS. Sog
n'observe clans- les racines normales (l'aucane Orchidée ni même, en gé-
néral, (l'aucune MonocoLylédone.
» Un examen microscopique des racines à l'élat frais ou traitées par
divers colorants ne pouvait indiquer de relation entre la formation de
ces tissus et l'attaque des racines par des insectes ou des champignons.
En effet, les racines observées n'avaient aucune rhizocécidie due à des
insectes, et les mycorhizes constitués par les fdamenls de champignons
microscopiques n'atteignaient jamais le cylindre central et présentaient
une distribution assez homogène tout autour de la racine.
» Grâce à l'obligeance de M. Finet, qui a bien voulu mettre à ma dispo-
sition les serres où il cultive de nombreuses espèces d'Orchidées, j'ai pu
établir des expériences qui paraissent résoudre la question. J'ai laissé
croître des racines d'Orchidées, appartenant aux espèces citées plus haut,
restant adhérentes aux plants qui les ont produites, dans des tubes conte-
nant ou ne contenant pas des sphagnums maintenus constamment humides.
Certains de ces tubes étaient en verre noirci, d'autres en verre transparent.
» La lumière n'était pas une cause des modifications produites, car on
ne trouvait pas de différence de structure entre les racines s'étant allon-
gées dans les tubes transparents ou celles qui croissaient dans les tubes
opaques. Mais dans tous les tubes remplis de sphagnums imbibés d'eau,
partout où les racines étaient en contact direct avec le milieu humide, il
se produisait des modifications analogues à ceHes qui ont élé décriles plus
haut, sauf c|ue la couj)e transver^ale ne présentait pas la foiaie d'un crois-
Fis
j/X
^S^v^'
Coupe transversale du cylindre central d'une racine de Lœlia crispa,
qui s'est accrue dans un tube rempli de sphagnums humides.
santou d'un secteur dans les tissus secondaires ou dans les tissus altérés,
mais une forme irrégulière, en rapport avec le voisinage immédiat de
l'humidité. Parfois même, les tissus secondaires pouvaient se former sur
tout le pourtour du cylindre central, dans une même coupe transversale;
c'est ce que montre la figure 3, pour une coupe de racine de Lœl/a crispa
5lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
pratiquée à un niveau où la racine aérienne était en contact direct avec les
sphagnums humides, de tous les côtés à la fois. En ne considérant que
cette coupe, on croirait avoir sous les yeux certaines racines de Dracœna
à formations secondaires péricycliques régulières.
» Or, si nous revenons aux racines aériennes aplaties horizontalement
un peu obliquement sur les supporis ou sur les lianes, et cultivées dans les
serres oîi elles sont perpétuellement arrosées, on peut remarquer facile-
ment que l'eau vient se recueillir dans des sortes de gouttières étroites for-
mées en dessus, à la jonction du support et de la racine qui s'y appuie
{e, fig. i). Il en résulte que la partie de la racine qui est la plus voisine de
cette eau correspond précisément au lissu/^ qui présente en section la forme
d'un croissant (^o-. i).
» Les modifications des tissus, qui sont dues à l'humidité, comme le
montrent les expériences que je viens de citer, devraient donc se produire
de façon à présenter leur maximum d'épaisseur non dans le plan de symétrie
de l'aplatissement, mais dans un plan faisant avec ce dernier un angle plus
ou moins grand, et au-dessus de la ligne de contact de la racine avec le
support; c'est précisément ce qui a lieu.
» Ainsi s'explique également l'absence de modifications chez les racines
des mêmes espèces lorsqu'elles rampent verticalement, ou presque vertica-
lement, puisque l'eau ne peut y être retenue entre la racine et le support.
« En résumé, le contact de l'eau exerce une action sur les racines
aériennes de beaucoup d'Orchidées, soit en empêchant la sclérification ou
la lignification des tissus du cylindre central, ce qui s'exphque tout natu-
rellement lorsqu'on compare cette modification cà celle que présentent les
racines aquatiques; soit, ce qui est plus remarquable, en provoquant
un tissu de réaction dans le péricycle, capable de protéger le reste du
cylindre central contre l'influence de l'eau.
)) Remarquons en terminant que le voisinage de l'eau peut provoquer
en certains cas l'apparition de radicelles chez les racines non aplaties
d'Orchidées. Bien que les tissus surnuméraires que je viens de décrire ne
s'organisent en aucune façon de manière à ébaucher de jeunes radicelles
latentes, il n'est pas moins remarquable que, sous l'influence d'une même
cause, le même tissu péricyclique des racines puisse manifester son activité
de ces deux manières différentes dans leurs résultats, mais très analogues
dans leur origine. »
SÉANCE DU 5 OCTOBRE ïÇ)o3. 5i
IVOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la désignation de deux de
ses Membres qui devront faire partie, cette année, du Conseil de perfec-
tionnement de l'École Polytechnique.
MM. Hatox de la Goupillière, H. Poincaré réunissent la majorité des
suffrages.
CORRESPONDANCE.
L'Académie avait décidé de s'associer à la célébration du jubilé de M. le
professeur Graebe, et elle avait chargé M. Moissan de lui apporter la
médaille Lavoisier et la médaille Berthelot, qu'elle lui avait décernées
sur la proposition du Bureau.
M. Graebe adresse ses remercîmenls en ces termes :
« Je suis extrêmement touché que l'Académie des Sciences ait bieu
voulu charger un de ses Membres les plus illustres, M. Henri Moissan,
de me remettre personnellement ces médailles. J'ai été très heureux et
flatté que les noms de trois des plus grands représentants de la Science
française, ceux de Lavoisier, de Berthelot et de Moissan, aient figuré à mou
jubilé. C'est pour moi un témoignage d'honneur exceptionnel et bien
au-dessus de mes mérites. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une classe d'équallons différentielles linéaires.
Note de M. ALEXAiVj)ER CiiEssi.v, présentée par M. Appell.
« Il s'agit ici de généraliser les résultats obtenus dans la Note Sur une
classe d'équations différentielles réductibles à L'équation de Bessel {Comptes
rendus, ii mai i9o3).
» Soit, encore, JK une fonction de a; définie par l'équation dilléreutielle
( 1 ) r«. -t- «. y,n-^ + f^2ym-i + ■ ---v- a,,y = f{x),
où <2,, rto, . . . , «,„ sont des constantes; mais, cette fois,
(2) j,= D(")7,_,, y.=y, {k = i,i,...,ni)
5l2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
OÙ D^"^ dénote l'opération plus générale
(!"■
A,
d'^-
d
'« dx^' "" ""' dx"-^ -T-. . . ^ -„-, ^^^^ + A„,
les coefficients A„, A,, . . . , A„ étant des fonctions de x.
» Par un calcul tout semblable à celui employé dans ladite Note, on
amènera le problème à l'intégration d'une équation
(3) Df'"n' = -G(P+/(a-).
» Soient, encore, G,, Go, ... , G,„ les racines de l'équation
(4)
G + «„,_..G- — . . .±G'"=o;
soit, aussi, \}v\^ la solution générale de (3) pour G =: G;.. On s'assurera,
comme dans la Note précédente, que dans le cas de m racines distinctes
la solution générale de l'équation proposée est de la forme
(5)
y = y^^kW\i
A = l
» D'ailleurs, les coefficients hj^ sont donnés par les formules
A =
I G,
K .
. . Gf-'
\ Go
K ■
. . G^r'
I %n
K. .
» Dans le cas de racines multiples la formule doit être modifiée. La
solution générale de l'équation proposée est alors une fonction linéaire des
intégrales [w]^^ et de leurs dérivées par rapport aux racines de (4). Par
exemple, si 6j= Gj_, = . . . = G,, on aura
/— 1
(6) r = 2<-.^+2:c;[H.
e = 0 A = (4-1
» Comme les constantes arbitraires dans les fonctions [w],, ,^ >
■ — W^> '•• sont indépendantes, on voit bien que l'expression (6) contient
Ci'} j
mn constantes arbitraires; c'est donc la solution générale de l'équation
proposée, »
SÉANCE DU 5 OCTOBRE lyo'^. 513
CHIMIE PHYSIQUE. — Conditions qui déterminent le signe et la grandeur
de V électrisation par contact (III). Note de M. Jean Perrin, présentée
par M. Mascart.
« Pour étudier le signe et la grandeur de la charge que prend un solide
par contact avec un liquide, j'ai continué à observer le mouvement que la
charge égale et contraire imprime à ce liquide sous l'action d'un champ
électrique (osmose électrique).
« J'ai déjà signalé que des traces de certains électrolytes suffisent à
déterminer le phénomène. Par exemple, tous les acides monobasiques,
même très dilués, chargent d'électricité positive la surface des paillettes de
chlorure de chrome. Plus brièvement, l'ion H+ charge positivement cette
paroi ; l'ion négatif 0H~ des bases la charge au contraire négativement. Les
autres ions monovalents agissent beaucoup moins, s'ils agissent (').
« Le rôle des ions polyvalents me paraît remarquable, en lui-même, et
par ses conséquences.
» Ils ne chargent pas non plus très notablement les parois. Si, par
exemple, à une solution très faiblement acide on ajoute du nitrate de cad-
mium ou du chlorure de magnésium, la charge positive de la paroi ne varie
pas sensiblement. De même, si l'on ajoute à une solution faiblement alca-
line du sulfate ou du ferricyanure de potassium, la charge négative de la
paroi ne varie pas sensiblement.
» Mais, en de tels cas, l'ion polyvalent ajouté avait même signe que l'ion
actif H+ou OH-déjà prédominant. Si, au contraire, on ajoute à une solution
maintenue alcaline un ion polyvalent positif, la charge négative de la paroi
décroît beaucoup.
» De même, l'addition d'un ion polyvalent négatif diminue toujours
beaucoup, en solution maintenue acide, la charge positive de la paroi.
» Pour un même ion polyvalent, cette action paralysante croit avec la teneur :
une paroi qui prend une charge 100 dans une solution raillinormale en H+ prendra
une charge 25 si celte même solution devient miliinormale en sulfate, une cliarge 5 si
elle devient centinormale en sulfate.
» Pour une même concentration, Taclion paralysante croît beaucoup avec la valence.
(') La charge positive causée par Ag+- et TK sur le chlori.ro de chroine résulte du
fait que la solution devient alors faibleiuenl aculo.
C. H., Kjo.-J, 2- S,:mestrc. (T. C.XXXVll, ^'> 14.) ^^
5l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dans les oonditions où l'ion SO* abaisse au quart de sa valeur la charge positive d'une
paroi, l'ion FeCy'' des ferricjanures l'abaisse au trentième, et l'ion FeCv'' des ferro-
cjanures ne laisse plus subsister de charge mesurable.
» J'ai étudié :
» Les ions positifs divalents : Mg, Ca, Ba, Go, Mn, Cd;
» Les ions négatifs divalents : SO'^, GO^, G'O* ;
» Les ions négatifs trivalents : PO*, FeGj% G^O'^H^ des citrates;
» Les ions négatifs tétravalents : FeGy^ des ferrocjanures.
» Le corps chargé par contact a été le plus souvent la variété insoluble de chlorure
de chrome, mais le silex, l'or mussif, le sulfure de zinc, l'alumine calcinée, m'ont éga-
lement fourni des résultats. Je donnerai ailleurs le détail des déterminations. Dès à
présent, je remercie M. Baudouin qui a bien voulu m'aider au cours de ce travail.
» En résumé, et réservant ici toute théorie :
» a. L'osmose électrique donne un moyen facile d'étudier la charge de
contact entre un solide quelconque et un liquide.
» b. Cette charge est en moyenne beaucoup plus grande, quand le corps
est un bon ionisant, tel que l'eau. Elle est due à des ions présents dans le
liquide.
)) c. Les seuls ions directement très actifs, dans l'eau, sont les ions H"^
et OH~. Chacun d'eux charge la paroi de son signe. Quand leurs actions
sont comparables à concentration égale, la paroi n'a pas de charge dans
l'eau pure, et la sensibilité du phénomène pour un léger excès d'acide ou
de base atteint ou dépasse celle du tournesol. Sinon, le point de neutralité
est déplacé, comme il arrive avec certains indicateurs colojés.
» d. Tout ion polyvalent positif diminue l'action des ions OH" présents,
et tout ion polyvalent négatif celle des ions H"^. Cette action paralysante
grandit avec la concentration, et surtout avec la valence.
» Je crois impoi tant de rappeler :
» b' . QxxQ les colloïdes en solution dans l'eau sont probablement formés
de granules chargés électriquement (Picton et Linder).
» c' . Que le signe de cette charge est parfois extrêmement sensible au
plus léger excès d'acide ou de base (Hardy).
» d . Que les colloïdes sont coagulés par addition d'électrolytes; que
cette action coagulante devient très grande quand l'électrolyte ajouté
contient un ion polyvalent de signe opposé à celui du colloïde, et d'autant
plus grande que la valeur de cet ion est plus élevée (Schuize, puis Hardy).
» Le parallélisme est évident; j'espère montrer qu'il en résulte diffé-
rents progrès dans la théorie physico-chimique des colloïdes et par con-
séquent de la matière vivante. »
SÉANCE DU 5 OCTOBRE lC)o3.
5l5
THERMOCHIMIE. — Les chaleurs de combustion des composés organiques,
considérées comme propriétés addiùves. Alcools et phénols. Éthers-oxydes,
Aldéhydes et célones. Note de M. P. Lemoult.
« Dans une Note antérieure {Comptes rendus , t. CXXXVl, p. 896), nous
avons montré comment on peut, à l'aide de cinq conventions fondamen-
laies, calculer la chaleur de combustion des soixante carbures qui ont été
l'objet de mesures directes et obtenir entre les deux séries de résidtats une
concordance satisfaisante. Ces conventions, bases numériques du calcul,
f(c' = c'M et /(c'=^c') répétés dans une même molécule perdent 40^*'..
„ Ces résultats ont été étendus à toutes les séries de composés orga-
niques.
„ Composés hydroxylés (alcools et phénols mono ou polyatomiques). - Ces coi'ps
contiennent, outre les groupes élémentaires déjà connus, le groupe fonctionnel C - OH,
auauel correspond le « groupe élémentaire » c — OH.
„ a Alcools primaires et secondaires. - Admettons que l'appoint dû a ce groupe
s'élève ici à 8c-->i; la chaleur de combustion de ceux de ces corps qui dérivent de car-
bures saturés C-H^"+UOH) est représentée par C = iS;» 4- 10, c'est-à-dire par des
points régulièrement distribués sur une droite appartenant au groupe j _ p-^ + H,
dont il a été question déjà {loc. cit., p. 898). > . , . .
„ Pour ceux qui sont plusieurs fois alcool, le calcul se fait très simplement, le
groupe relatif à chaque fonction intervenant avec sa valeur propre. Par exemple :
Mesuré.
Cal
Alcool élhylique 82.5,7
Alcool heptylique. .. . iii3,9
Alcool isoamylique. . . 796
Erythrite 5o2,6
Calculé.
Cal
I 109
5o3
Mesuré. Calculé.
Cal Cal
Mannite 728,5 727
Camphol(moy.) i472,6 ^^^o
Rhamnose 7^8,5 717
Inosite (moy.) 66/+ 664
., b. Alcools tertiaires, phénols, naphtols, etc. - Pour ces corps, la convention
n c- - OH ) = 8<^»i conduit à des résultats trop élevés et nous admettrons que 1 appoint
d ce groupe se réduit ici à -H 2Cai; la convention s'étend aux alcools tertiaires «cy-
cliques, ainsi qu'aux dérivés hydroxylés des carbures acychques, mono ou poly^a-
5i6
ACADEMIE DES SCIENCES.
lents; en voici quelques exemples ;
Mesuré. Calculé.
Cal Cal
Triméllijlcarbinol .... 633,6 632
Dimélhyléthjlcarbinol. 789,6 789
Crésol(méta) 881 883
Naphtol a
Naphtol p
Hydrothymoquinone
Mesuré.
Cal
1188,5
I 190
i3o8,.5
Calculé.
Cal
II89
i3o3
» c. Dérivés hydroxylés à molécule non saturée. — La présence d'une liaison
double ou triple diminue l'appoint du groupe fonctionnel; il faut annuler cet appoint,
puis retrancher 4*^"^; voici quelques-uns des résultats obtenus :
Mesuré. Calculé. Mesuré.
Cal Cal Cal
Alcool allylique 442
Êthjlvinjlcarbinol
753,2
756
914
AUyldiméthylcarbinol
Diallylméthylcarbinol . 1201,4
Calculé.
Cal
9i5
1202
» Dans le cas des alcools primaires et secondaires, la règle précédente peut s'énon-
cer : faire le calcul comme d'ordinaire, puis retrancher [2'^'^'. Nous retrouverons cette
valeur — la^ai dans un grand nombre de séries, comme étant la mesure du trouble
apporté par la présence d'une liaison multiple.
» Nous avons donné, à titre d'exemples, quelques-uns des résultats ; le détaïLparaîtra
dans un autre Recueil (y4/i«. c/e C/»'/«. et de Phys.). Dans l'ensemble, sur 62 cas
examinés, il y en a 10 (16 pour 100) où l'approximation est inférieure au j-^-^ (en
général les premiers termes de séries); 11 (18 pour 100) où elle est comprise entre
TTô ^^ ¥515' ^*- 4i (66 pour loo) OÙ elle est supérieure, souvent de beaucoup, à ô-q-o-
» Ethers oxydes. — Ces corps contiennent le groupe C — 0 — G auquel correspond
le groupe élémentaire c — o, reproduit deux fois, soit c — O — c pour lequel nous
admettrons la convention, absolument générale, pour les molécules saturées
/(c — O — c) = l8C»lzr:2 X 9.
Ceci nous donne, pour les éthers oxydes de formule C''n-/'+' — O — O'II-'"'"^', la
valeur de.la chaleur de combustion
C=: 157/1 + 23 à condition que
P-^P
et
PP
)) Donc C est indépendant de p ei p' et ne dépend que de leur somme; en outre,
C est représenté par des points d'une nouvelle droite du groupe y = i5-j:'-j- R.
Mesuré. Calculé.
Éther diéthylique 65i'^''',7 65o*^'"'
» méthylphényliqiie 9o5^''^,5 goi^"'
Formol diéthylique.. . . 773^"', 75 774*^'''
Mesuré. Calculé.
Ether éthylpliéuylique. io57*^'^,2 io58*^''^
» diméthvlrésorcy-
lique io23f"'"' 102.0
Cal
» Quand la molécule n'est pas saturée, il faut (comme plus haut ) faire le calcul
comme on vient de l'indiquer, puis retrancher à la valeur obtenue 12*'''; j)ar
exemple :
Mesuré. Calculé.
Méthyleugénol i459'^-''',4 1457*^"'
Asarone 1076'^'^', 8 i58i'^"'
Mesuré. Calculé.
Safrol 1244c"', 7 I245c«l
Isoeugénol 1278'^'''
1282'^'''l
SÉANCE DU 5 OCTOBRE 1903. 5l7
» Sur 24 cas, il y en a I (4 pour 100) où l'approximation est inférieure à -^ (c'est
le I" terme de la série, oxyde de méthyle), 4 (17 pour 100) où elle est comprise entre
Tiïo ^^ TuTTî ^^ enfin 19 (79 pour 100) où elle est supérieure, et souvent de beaucoup,
'^ 200-
» Aldéhydes et Cétones. — Le groupe fonctionnel de ces 2 séries est C = O, auquel
correspond le groupe élémentaire c-=0; nous admettons f {c^= 0) = i2^^^ pour
les aldéhydes et/(c-= o) = e*^'"^ pour les cétones dans le cas des molécules saturées et
la convention de retranclier i2*^'i (toujours la même quantité) au résultat obtenu
quand la molécule ne sera pas saturée. Ceci nous conduit, pour les corps de formule
CpH'-i'+^—CO — Cp'\:i-P'+^ avec p -hp'=n, p ou p' pouvant être nul, aux formules
C = 157 « — 89 et C = 157/* — 45 (droites y=zioja: + A). Donc un aldéhyde et une
cétone ayant même nombre d'atomes de C ont des chaleurs de combustion différant
de 6^="' environ. Voici quelques-uns des résultats obtenus :
Mesuré. Calcule.
Cnl Cal
Aid. propylique 434;3 432
Acétone 426,9 4^6
Aid. benzoïque 84i)7 84°
Benzophénone i558,i i556
Mesuré. Calculé.
Cal Cal
Ca m ph re ( B led t ) 1 4 ' 4 ; 5 1 4 ' 5
Benzoïne 1672,5 1670
Aid. cinnaniiqiie 1112,9 i 109
Benzalacétone 1262,5 1266
» A citer encore le fiirfurol, qui donne par la formule à deux doubles liaisons
adoptée ordinairement 564*^''^ alors que la valeur mesurée est 559*^''', 8. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de l'acide phosphoreux sur la maiinite.
Remarque sur le mannide. Note de M. P. Carré, présentée par
M. H. Moissan.
« L'acide phosphoreux (') réagit sur la naannite pour donner un éther
qui résulte de la combinaison de 2™°' d'acide avec 1™°^ d'alcool, sans qu'il
soit possible de constater au préalable la formation d'un éther mo/ioacide.
Si l'action de l'acide phosphoreux est suffisamment prolongée, on détermine
une déshydratation de la mannite, avec production de mannide, lequel
entre à son tour en réaction, pour donner un nouvel éther phosphoreux.
» 20S d'acide phosphoreux sont chauffés à i25°-i3o° dans le vide (18'"'») avec 45e
de mannite (à l'air libre les résultats sont les mêmes, mais ils sont atteints moins rapi-
dement, et la limite d'éthérification est un peu moins élevée). L'éthérificalion est tout
d'abord très rapide; elle diminue ensuite, passe par un minimum, croît de nouveau
(*) P. Carré, Comptes rendus, t. CXXXVl, 4 mai 1908, p. 1067.
5l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pour atteindre un maximum sensiblement constant, ainsi que le montre le Tableau
suivant :
Temps Quantité pour loo
de chauffe. d'acide éthérifié.
h m
I . 3o 58
3 405 1
5 43
10 47,6
20 57,4
5o 65,5
70 67
100 66,8
» Le départ d'eau est finalement compris entre 2'"°' et 3™°^
» Afin de déterminer la nature des éthers formés, nous avons préparé les sels de
calcium correspondants. L'élhérificalion est arrêtée après i heure de chauffe, et le mé-
lange repris par l'eau est saturé par le carbonate de chaux et la chaux à la phtaléine.
» La solution aqueuse, séparée du phosphite de calcium par filtration et additionnée
d'alcool, fournit un précipité cristallin qui, lavé à l'alcool, essoré et séché à froid dans
le vide sulfurique, répond à la formule P^. (0H)2. 0-Ca. 02( CH-)2(CH0H)*, ainsi
que le prouve l'analyse.
» Il en résulte que i'éther phosphoreux, formé à cet instant de l'éthérification, pro-
vient de la fixation de 2""°^ d'acide sur 1""°^ de mannite, et a pour constitution
P2(0H)*02(CH2)-^(CH0H)*.
» D'autres opérations, faites avec des proportions très différentes de mannite et
d'acide phosphoreux, nous ont toujours conduit à I'éther précédent, après un temps
très court d'éthérification.
» Les sels de calcium, préparés après 3 à 4 heures de chauffage, indiquent un mélange
de I'éther ci-dessus et d'un éther phosphoreux du mannide renfermant 1°*°^ d'acide
pour 1™°^ d'alcool.
» Le sel de calcium, isolé après 100 heures de chauffage, répond à la formule
[O.P.(OH).OCMP03]2Ca. Ce dernier nous indique la disparition totale de I'éther
phosphoreux formé tout d'abord avec la mannite ; il ne reste plus qu'un éther du
mannide ayant pour constitution P .(OH)^.O.G^H^O*.
» Le minimum constaté lors de l'éthérification provient donc de ce que nous obser-
vons, au début, l'éthérification des alcools primaires de la mannite, et que i'éther
phosphoreux formé réagit sur un excès de mannite pour donner du mannide; ce der-
nier, qui ne renferme plus que des alcools secondaires (voir la remarque faite plus loin
sur la formule du mannide), s'éthérifîe beaucoup plus lentement. La destruction de
I'éther mannitique étant plus rapide que la combinaison du mannide avec l'acide phos-
phoreux, il en résulte une diminution de la quantité d'acide éthérifié.
)) En résumé, l'acide phosphoreux est éthérifié très rapidement par la
mannite pour donner I'éther P-(OH)^0-(CH-)-(CHOH)\
SÉANCE DU 5 OCTOBRE IQoS. SlQ
,, T.'éthérification passe ensuite par un minimum pour remonter très
lentement, et fournit finalement un éther phosphoreux du mannide
P(OH)^O.C/H''0^ . ,
« Ces éthers sont monoacides à l'hélianthine et à la phtaléme, de même
que les éthers phosphoreux des autres alcools polyatomiques, déjà étudies.
Ils sont peu stables en solution aqueuse et saponifiés lentement par 1 eau
froide.
» Remarque sur la formule du mannide. - L'éthérification des acides phosphoreux
et phosphoriques par la mannite nous ayant conduit à des éthers du mannide, nous
avons, après saponification, isolé le mannide ainsi formé.
,, Ce produit nous a donné les mêmes constantes physiques que celui obtenu par
M. Fauconnier {') en faisant agir l'acide chlorhydrique sur la mannile.
» M. Fauconnier attribue au mannide la formule suivante :
CH-^OH-CH-CH-CH-CH-CH^OH.
o o
„ Si ce corps conserve deu^c fonctions alcools primaires, sa vitesse d'éthérification
doit être la même que celle de la mannite. Or elle s'en éloigne beaucoup et se rap-
proche bien plus de la vitesse d'éthérification, caractéristique des alcools secondaires,
ainsi que le montre le Tableau ci-dessus.
>, Nous avons en outre, pour plus de certitude, préparé du mannide par le procède
de M Fauconnier, et avons chauffé ce mannide avec une quantité équimoleculaire
d-acide phosphoreux dans les mêmes conditions que le mélange d'acide et de mannite.
Le Tableau suivant, indiquant la marche de l'éthérificatlon, nous montre encore,
si on le compare au premier, que le mannide ne doit plus renfermer de fonctions
alcools primaires :
Temps Quantité pour loo
de chauffe d'acide élhérifié.
h m
Il m o
i.3o ï^'7
3 ï6
5 '-^^'^
34,4
20 54,1
5o 66
70 7^
100 70^7
>, Il nous paraît donc plus naturel d'admettre que le mannide conserve deux fonc-
tions alcools secondaires.
» M. Fauconnier décrit le mannide comme n'agissant pas sur l oxychlorare de
(1) Bulletin Soc. ch. de Paris, t. XLI, p. 119.
520 ACADEMIE DES SCIENCES.
phosphore. Ce dernier, mélangé au mannide, nous a donné, vers 5o°-6o°, un vif déga-
gement d'acide chlorhvdrique, ainsi que cela se produit avec tous les corps renfermant
des fonctions alcools. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Dérivés et produits d' oxydation de L' acide nitropyro-
mucique. Noie de M. 11. Marquis, j)résentée par M. II. Moissan.
« Dans une Note précédente ('), j'ai montré comment on pouvait
préparer le nilropyromucate d'étli}de en nitrant le pyromiicate au moyen
(lu mélange d'acide azotique tnraanlet d'anhydride acétique.
» L'acide nitropyjomucique s'ohlienl facilement en saponifiant l'élher
élhylique par l'eau à i8o°; mais on peut éviter l'emploi des tubes scellés
eu elïectuant la saponification au moyen d'acide sulfurique d'une concen-
tration convenable et bouillant. Il convient d'employer un mélange de
jvoi so*H- et 1^°' H^O, mélange qui bout vers i5o"; lorsque la saponifica-
tion est terminée, on étend d'ean et l'on extrait l'acide à l'élher, dans
lequel il est extrêmement soluble.
» N itropy roinucale de méthyle. — On le prépare, soit par la nilration du pyro-
miicate de méthyle, en opérant comme pour l'éther élhylique, soit en chauffant
l'acide pendant 5 à 6 heures avec de l'alcool méthylique à i pour loo de MCI. Le
nilropyromucate de méthyle cristallise en lamelles nacrées fondant à 78°, 5; il est tout
à fait semblable à l'élher élhylique, mais notablement plus soluble dans l'alcool.
» Chlorure de nitropyromucyie. — Ce composé s'obtient en traitant l'acide
nitropyromucique par la quantité convenable de perchlorure de phosphore, au bain-
marie. L'oxychlorure de phosphore étant distillé dans le vide, au bain-marie, le résidu
refroidi cristallise peu à peu. On le dissout dans le chloroforme, qui laisse un peu
d'acide non attaqué et l'on évapore la solution dans le vide sec. Le chlorure de nitro-
pyromucyie cristallise en lamelles, grasses au loucher, fondant à 38°, très solubles
dans le chloroforme et dans l'élher, insolubles dans l'éther de pétrole; il n'est décom-
posé qu'assez lentement par l'eau froide.
» Ain'ide nitropyromucique. — On dirige un courant de gaz ammoniac sec dans la
solution éthérée du chlorure, le précipité est lavé avec très peu d'eau froide pour
enlever le chlorure d'ammonium, puis cristallisé dans l'alcool bouillant; on obtient
des cristaux, soyeux blancs, fondant à 161°, assez solubles dans l'alcool, un peu solubles
dans l'eau, très peu solubles dans l'élher.
» Anilide nitropyromucique. — On ajoute goutte à goutte la quantité convenable
d'aniline dans la solution éthérée du chlorure, il se forme un abondant précijDité jaune
qui, séché, est lavé à l'eau froide et cristallisé dans l'alcool bouillant. Il se dépose des
(') Comptes rendus, t. CXXXV, p. 5o5,
SÉANCE DU 5 OCTOBRE igoS. 52 1
aiguilles jaune citron fondant à i8o°, peu solubles dans l'alcool froid, presque^inso-
lubles dans l'éther, insolubles dans l'eau.
» P.-toluide nitropyvomucique. — Elle s'obtient comme l'anilide et cristallise en
prismes jaunes fondante 162", un peu plus solubles dans l'alcool que l'anilide.
» Oxydation de l'acide nitropyromucique. — . Si l'on soumet l'acide nilropyro-
mucique à l'action du permanganate, de l'acide chromique ou de l'acide azotique, on
n'obtient guère que des produits de destruction totale.
» L'oxjdalion régulière se fait assez bien avec le bioxyde de sodium, mais l'emploi
de ce réactif présente un inconvénient à cause de l'action destructive de l'alcali formé
sur l'acide nitropyromucique.
» On évite cet écueil en employant, au lieu de l'acide, l'éther éthylique que son
insolubilité dans l'eau préserve, dans une certaine mesure, de l'action des alcalis ; il est
saponifié peu à peu et oxydé à mesure ; on ajoute le bioxyde de sodium par portions
et l'on règle la température de façon à éviter que la liqueur se colore en rouge foncé.
» Lorsque tout l'éther a disparu, on étend d'eau et l'on sursature d'acide chlorhy-
drique; il se dégage des vapeurs nitreuses provenant de la destruction de l'azotile de
sodium formé et, par épuisement à l'éther, on peut extraire un acide que tous ses
caractères, ainsi que la combustion et l'analyse du sel d'argent, permettent d'identifier
avec Vacide funiarique.
» Les résultats de l'oxydation viennent confirmer la position, (^ ou 7) que j'avais
précédemment assignée au groupe AzO' dans l'acide nitropyromucique.
» En ce qui concerne le mécanisme de cette oxydation, on doit admettre que, par
une hydratation préalable, le noyau furfuranique a été ouvert, pour donner un composé
CO^H
/
(AzO*)CH = C. (Az02)CH2 — GO — GO^H GH-GO^H
1 )0 +H-^0=: I -> Il et AzO*-li
AzO^ — G = GtK AzO^ — GH — GHO GH — GO^H
(I) (II) (III)
intermédiaire dont la constitution serait représentée par la formule (II), ce compose
étant transformé en acide fumarique par oxydation et perle de AzO^H. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur la formation des azoïques. Réduction de
l'éther- oxyde ortho-nitrobenzyl-méthylique. Note de M. P. Freundler,
présentée par M. H. Moissan.
« J'ai montré ( ' ) que la réduction de l'alcool o-nitrobenzylique au moyen
delà poudre de zinc et de la soude alcoolique était extrêmement complexe :
on obtient, en effet, divers produits dont la formation est due à la fois à l'oxy-
(^) Comptes rendus, t. GXXXVl, p. 870.
G. R., 1903, 2« Semestre. (T. CXXXVII, N° 14.) ^^9
532 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dation de la fonction alcool et à la réduction totale du groupement nitré;
ces produits renferment par conséquent des fonctions aldéhyde, acide et
aminé. L'alcool o-azobenzylique CH'OH.C«H\ Az = Az.C«H\ CH-OH,
produit normal de la réaction, prend également naissance en petite quan-
tité, mais il se transforme par distillation en alcool indazyl-o-benzylique
CHV I /Az.C''H\CH-OH; son existence m'avait échappé lors de mes
premières recherches.
» Désirant éviter les réactions secondaires qui résultent de la présence
de la fonction alcool, j'ai entrepris l'étude de la réduction de l'éther-oxyde
méthylique correspondant. (]et élher se prépare facilement à partir du
chlorure d'o-nitrobenzyle (').
» 57S d'éther nitré sont dissous dans 25o*"' d'alcool à 96 pour 100, additionnés de
25s de soude caustique et de 5o*^'"' d'eau, et réduits a cliaud par la poudre de zinc,
selon la méthode habituelle. Après fillration, on traite par l'oxyde jaune de mercure, on
chasse l'alcool, et l'on isole successivement du résidu les produits neutres et basiques,
puis les produits acides.
» Dans ces conditions, on obtient environ 1 5s de substances neutres et basiques,
constitués par des proportions sensiblement égales à'étlœr-oœyde o-aminohenzyl~
méthylique AzH^.C^H^ CH^OCH» {oxalate fusible à 124°), aVéther-oxyde o-azo-
benzyl méthylique CH»0. CH". C«H*. Az = Az. CH^ CH'-.O CH^ (prismes rouges
fusibles à 68°, 5) et d'une résine jaunâtre, soluble dans l'éther et les acides, qui possède
/ /CIl^
tous les caractères de la benzylène-imine j C H*
\AzH
» Quant aux produits acides dont la quantité totale est notablement supérieure à iSe,
ils sont constitués principalement par de Vacide antliranilique (8s environ) et par de
Vacide indazyl-o-benzoïque déjà obtenu dans la réduction de l'alcool o-nitro-
benzylique.
» Il résulte de ce qui précède que l'éther o-nitrobenzyl-méthylique est
saponifié partiellement par les alcalis, contrairement à ce qui a lieu géné-
ralement dans le cas des éthers-oxydes. Cette saponification doit être
attribuée évidemment à la présence du groupement électronégatif AzO^;
un fait analogue a d'ailleurs été signalé à propos des éthers phénoliques
(anisol, etc.), qui sont hydrolyses peu à peu par la potasse alcoolique
bouillante. On remarquera toutefois que l'alcool o-nitrobenzylique qui
résulte de cette saponification n'a donné naissance qu'à des produits
acides,
(') Ann. Chem., t. CGGV, p. 109.
SÉANCE DU 5 OCTOBRE 1903. 5'-i3
» D'anire part, une portion de l'éther nitré a été réiluite avant d'être
saponifiée; elle résiste alors à l'action des alcalis; mais ici encore, comme
dans le cas de l'alcool o-nitrobenzylique, le produit normal de la réduction
(élher-oxyde azoïque) est accompagné de quantités notables du dérivé
aminé correspondant.
)) Des résultats absolument identiques ont été obtenus avec l'éther
o-nitrobenzyl-éthylique.
» L'oxyde o-azobenzyl-méthylique mentionné plus haut possède la pro-
priété curieuse de perdre une molécule d'alcool méthylique et de se
transformer en èther indazyl-henzylique lorsqu'on le chauffe vers i5o«'-200"
dans le vide :
y^^Az= Az\ /\
GH-.OCH* CH'O.CH^
/ \ / Âz \
= CH^OH
;Az
CH-
\^ /
CH-.OCH'.
» Il en est de même, d'ailleurs, du dérivé élhylique.
» J'ai signalé (') déjà la facilité avec laquelle les azoïques à fonction
alcool orthosubstituée se transforment en indazols par déshydratation ; il
est singulier que cette tendance à la formation d'un noyau indazylique soit
assez forte pour provoquer l'élimination d'une molécule d'alcool. »
ZOOLOGIE. — Sur les affinilcs du genre Oreosoma.
Note de M. G. -A.. Boulanger, présentée par M. Alfred Giard.
« Établi par Cuvier et Valenciennes pour un petit Poisson de forme
bizarre, le genre Oreosoma a été rapporté tour à tour à diflérentes familles.
Placé par ses fondateurs parmi les Joues cuirassées, à la suite des Épinoches,
transféré par Gûnther à la famille des Percidés, dans le voisinage du Pen-
taceros, par Lowe à celle des Zéidés ou Cyttidés, il a fait l'objet, il y a
quelques années, d'une Note de M. le professeur Léon Vaillant, insérée
(>) Comptes rendus, t. GXXXVI, p. n36.
524 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans les Comptes rendus (t. CXVf, iSgS, p. 598). Dans cette Note,
M. Vaillant complète et reclifie sur quelques points la description de ses
prédécesseurs, détermine la j)rovenance de l'individu type, recueilli par
Pérou dans l'Atlantique, un peu à l'ouest de la colonie du Cap, mentionne
un second individu, un peu plus grand, acquis par le Muséum, et se pro-
nonce en faveur des Berycidés comme la famille la plus propre à recevoir
le genre Oreosoma.
» L'aspect de VOreosoma atlanlicum semblait indiquer l'état jeune d'un
Poisson acanthoptérygien dont l'adulte restait à découvrir. Grâce aux
récoltes faites par M. J.-D.-F. Gilchrist sur le Peter- Faure dans le voisinage
du cap de Bonne-Espérance, dont une partie m'a été soumise par mon col-
lègue, je crois être à même de faire connaître cette forme adulte et en
même temps de confirmer l'opinion émise par Lowe sur la position systé-
matique du genre ci-devant si problématique.
» Le Poisson en question, mesurant a/JS"^™ de longueur totale, provient d'une pro-
fondeur de 80™ environ, à quelques milles du cap de Bonne-Espérance.
» Il répond par sa forme au Cyttus, mais en diffère par le corps couvert d'écaillés
portant chacune un petit tubercule scléreux arrondi, rendant le Poisson très âpre au
toucher; les grands tubercules coniques qui donnent un aspect si bizarre au type
décrit et^fîguré par Cuvier et Valenciennes ne sont représentés que par une série de
tubercules mousses, relativement beaucoup plus petits et assez irréguliers, de chaque
côté du ventre et par une double ou triple série de tubercules encore plus réduits sur
la ligne, médiane, entre les nageoires ventrale et anale.
)) La ligne latérale, un peu sinueuse, décrit une forte courbe en avant. La nageoire
dorsale, continue, se compose de 6 rayons épineux et de 3o rayons mous; le plus long
rayon épineux, le deuxième, ne mesure que la moitié du plus long rayon mou;
l'anale a 3 rayons épineux et 28 rayons mous. La nageoire pectorale est courte et
arrondie; la ventrale, de même longueur, est formée d'une épine et de 7 rayons
mous. La nageoire caudale, insérée sur un pédicule assez court et mince, n'a que
i3 rayons bien développés et est tronquée arrondie. La tête est grande, mesurant
les I de la longueur totale (nageoire caudale exclue); il y a une très grande
fontanelle à sa face supérieure, couverte de petites écailles à plusieurs tubercules,
comme sur la nuque; l'œil mesure les | de la longueur de la tête; les prémaxillaires
sont très protractiles et le maxillaire s'étend jusqu'au-dessous du quart antérieur de
l'œil; les os superficiels du crâne, ainsi que l'opercule, sont rugueux et striés. La
région pectorale est tronquée en avant, précédée d'une échancrure correspondant à
l'os urohyal. Il y a 7 rayons branchiostèges. Les branchies sont au nombre de trois
doubles et une simple, sans fente en arrière de celle-ci; les branchiospines sont plus
longues que les filaments branchiaux et au nombre de 20 à la branche inférieure du
premier arceau; les pseudobranchies sont très développées.
» Tous ces caractères indiquent des rapports très étroits avec les
SÉANCE DU 5 OCTOBRE l9o3. 525
membres de la famille des Zéidés, dont notre Poisson Saint-Pierre (Zeus
faher) est le type bien connu.
» La réduction des arcs branchiaux et des rayons de la nageoire
caudale s'oppose à tout rapprochement des Bérycidés; et en outre j'ai
pu m'assurer que les sous-orbitaires ne sont pas étalés en lame interne
soutenant le globe de l'œil et que l'os hypural ne porte pas le petit
tubercule ou éperon caractéristique des Bérycidés ainsi que de la plupart
des Perciformes.
» Il y a quelque temps ( * ), j'ai fait ressortir les caractères que les Zéidés
possèdent en commun avec les Pleuronectidés, qu'on a si longtemps asso-
ciés, à tort, aux Gades et autres Anacanthes. M. Thilo(-) était arrivé, de
son côté, aux mêmes conclusions, sans que j'eusse connaissance de son
travail. Bien que les Zéidés ne puissent être considérés comme les ancêtres
des Pleuronectidés, M. Thilo et moi avons fait voir qu'ils en sont néanmoins
très voisins et qu'ils sont probablement dérivés d'un type commun. Ce
type semble représenté par un genre fossile de l'Eocène supérieur, Amphi-
stium, dont j'ai publié une restauration, et il n'est pas sans intérêt de faire
observer que le genre Oreosoma, sous le rapport de la brièveté des rayons
épineux de la dorsale, formant une série continue avec le reste de la
nageoire, se rapproche davantage du type fossile que ne le font les autres
représentants connus de la famille des Zéidés.
» La famille des Zéidés renferme six genres dans la nature actuelle :
Grammicolepis, Oreosoma, Cyttiis, Cyltopsis, Zenion et Zeus. Ce dernier a
laissé des restes dans l'Oligocène et le genre Cylloides, du même âge, est
considéré comme voisin de Cyltus. Les premiers exemples de Pleuronec-
tidés, très voisins de nos Turbots, ont été trouvés dans l'Eocène supérieur,
ainsi que le genre Amphistimn. »
PHYSIOLOGIE. — L'action des solutions des sels alcalins et alcaline-terreux
sur les Épinoches. Note de M. Michel Siedlecki, présentée par M. Alfred
Giard.
« Il est évident que les Epinoches, placées dans des solutions salines, sont
soumises aussi bien à l'augmentation de la pression osmotique, qu'à une
(') Anii. and Mag. nat. Hist., t. X, 1902, p. 295.
(^) Zool. Aiizeig., t. XXV, 1902, p. 3o5.
526 ACADÉMIE DES SCIENCES.
action spécifique de leur milieu nouveau. Nous avons déjà signalé que la
pression osmotique n'a que peu d'influence; ce fait constaté, nous avons
tenté d'étudier l'action spécifique des solutions des sels alcalins etalcalino-
terreux, qui se trouvent le plus souvent dans le milieu ambiant ou bien
dans la nourriture des Epinoches. Nous avons donc étudié l'action des
chlorures de K, Na et Li, ainsi que des sulfates, azotates, carbonates et
phosphates des deux premiers éléments ; ensuite les chlorures de Ba, Sr, Ca
et Mg, et le sulfate de Mg.
» L'action de toutes les solutions de ces divers sels dépendait seulement de la con-
centration du liquide et pas de sa quantité; ce fait prouve que l'organisme des Epi-
noches n'est pas capable d'extraire les sels du milieu ambiant et de les accumuler dans
son intérieur; les sels agissent alors surtout sur les cellules qui entrent en contact
immédiat avec ces solutions. Le degré de la résistance à l'action de ces liquides varie
avec les individus, suivant les propriétés des parties toucliées immédiatement par la
solution. Les animaux de taille moyenne, bien nourris et vigoureux, sont en général
plus réfractaires que les grands exemplaires qui s'affaiblissent très vite en captivité;
chez ces derniers, l'affaiblissement général produit une diminution de la résistance de
la surface du corps et entraîne la mort assez rapidement.
» 1. Les sels de potassium sont très toxiques pour les Epinoches. A concentration
mortelle, tous provoquaient les mêmes symptômes; au moment de la mort le corps est
raide, toutes les nageoires fortement distendues, les épines se hérissent, les opercules
restent ouverts ; tous ces symptômes sont dus aux crampes de tous les muscles du corps.
» Le degré de toxicité des divers sels de K varie asssez considérablement; nous
l'avons représenté dans le Tableau suivant :
Sel
Concentration des solutions
en quantités pour loo. . .
Mort provoquée, en heures.
» La toxicité des sels de K change donc suivant le degré de leur acidité, les sels
légèrement acides étant moins toxiques que les neutres, ceux-ci moins que les basiques.
K^CO^ agit le plus énergiquement parce qu'il provoque une désagrégation de la couche
épithéliale recouvrant les branchies.
» 2. Les sels de sodium n'agissent qu'en solutions relativement très concentrées;
seul Na-CO^, qui provoque une dissolution de l'épithélium sur les branchies, tue une
Épinoche assez rapidement en solution de o, i à o, 2 pour loo. Aucun des autres sels
de Na n'est nuisible à ces poissons à cette concentration, qui peut se rencontrer dans
leur milieu naturel; de plus, les Epinoches sont très réfractaires à l'action des sels qui
se trouvent le plus souvent dans leur milieu ambiant, comme Na Cl et Na'SO*.
L'action nuisible de Na Cl commence à une concentration dépassant 3 pour loo, donc
voisine ou légèrement supérieure à celle de Na Cl dans l'eau de mer; Na^SO* n'est
toxique qu'en solutions de 5 à 6 pour loo. Ces deux sels tuent les animaux très lente-
ment et ne provoquent ni excitation ni crampes avant la mort.
K^HPO'.
KAzO^
K'SO*.
IvCI.
K-CO
o,4 à o,5
O , 2 à 0,3
o , 2 à o , 3
0,2
o, 1
24
M
i8 à 20
24
5
SÉANCE DU 5 OCTOBRE igoS. 627
» 3. L'action du chlorure de lithium ressemble à celle des sels de potassium ; il pro-
voque une hypereslhésie suivie d'un grand afFaiblissemenl et tue les Épinoches en
24 heures à la concentration de o,5 à i pour 100.
» 4. Les chlorures des alcalino-terreux. sont d'autant plus actifs que leur poids molé-
culaire est plus considérable. BaCl^ en solution à o, 5 pour 100 provoque une forte
excitation de l'animal, des crampes tétaniques et la mort en 18-24 heures; Sr Cl* pro-
voque des symlômes analogues, mais plus faibles en solution de 2 à 3 pour 100. Par
contre CaCl^ et MgGl^ à doses mortelles (3 à 4 pour 100 pour CaCl- et 5 pour 100
pour MgCl-), causent d'abord un affaiblissement général et une apathie des animaux,
qui restent sans mouvement en respirant très peu et lentement; la mort vient souvent
sans que l'animal change de position. Les mêmes symptômes s'observent sur des ani-
maux placés dans une solution de 6 à 7 pour 100. Les Épinoches se comportent en
présence des sels de Ca et Mg de la même façon qu'en présence des sels de Na ; elles sont
donc particulièrement adaptées à résister vigoureusement à l'action de ces sels, qui
sont les principaux constituants de leurs cendres.
» Nous avons tenté, dans d'autres expériences, d'étudier l'action du mélange des
solutions des divers sels. Pour ces expériences nous avons choisi d'abord le mélange
de KCl avec CaCl'. Nous avons préparé quatre mélanges dont chacun contenait So'^'"'
de la solution normale de KCl, à quoi nous avons ajouté : dans le premier (I), So*^"';
dans le deuxième (II), 100"^"'; dans le troisième (111), iSo*^"*'; et dans le quatrième (IV),
200'''"' de la solution normale de CaCl-, et en outre suffisamment d'eau pour avoir i^ de
chaque liquide; KCl était dans ces solutions à une concentration qui tue uneEpinoche
en 10 à 18 heures. Les animaux ont vécu, dans la solution I, 20 à 28 heures ; dans la IP,
28 à 4o heures; dans la IIP, 36 à 90 heures; dans la IV', i3 à 18 heures. Cette expé-
rience démontre que : i" l'action de KCl est atténuée par celle de CaCP; 2° qu'en
mélangeant ces deux sels en diverses proportions, on arrive à un optimum du mé-
lange, dans lequel l'action toxique de K est presque entièrement neutralisée. Cet
optimum était en notre cas la solution III; nous somines arrivé à y faire vivre les
Epinoches pendant une semaine, Nous avons ensuite essayé beaucoup d'autres mé-
langes de divers sels, mais nous n'avons pas obtenu de résultats semblables à ceux du
mélange de KCl avec CaCP; au contraire, certaines solutions, inoffensives si elles
étaient employées seules, devenaient toxiques après avoir été mélangées. Nous nous
proposons de donner des détails sur ce sujet, dans notre travail définitif.
» Le fait que les sels de K peuvent être rendus inoffensifs, par la seule
présence des sels de Ca dans la même solution, a une grande importance
pour les Epinoches, qui souvent vivent dans des marais où. les sels de K,
provenant des débris organiques, peuvent facilement se trouver; les ani-
maux résistent dans la nature à la toxicité de ces sels, parce que toujours
dans les marais les sels de Ca sont aussi présents. »
528 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BOTANIQUE. — Sur (e genre Ascodesmis. Note de M. P. -A. Dangeard,
présentée par M. Guignard.
« On sait qu'un certain nombre d'Ascomycètes possèdent à l'origine du
périthèce des filaments copulateurs qui ont été assimilés à des anthéridies
et à des oogones, c'est-à-dire à des gamétanges. Un intérêt spécial s'atta-
chait au genre Ascodesmis, découvert par M. Van Tieghem, parce que,
jusqu'ici, on admettait que la formation du périthèce y résulte des dicho-
tomies successives d'un filament mycélien unique (').
)) Nous avions été frappé cependant par la ressemblance que présente
ce filament avec celui qui produit les rosettes chez le Pyronema : cette
analogie nous a conduit à la découverte de rameaux accouplés par paires,
semblables à ceux des Gymnoascus : leur nombre est variable pour chaque
périthèce; on en trouve de six à dix environ dans V Ascodesmis nigricans.
» Chaque couple est constitué par deux rameaux enroulés l'un sur
l'autre en spirale; au début, ils ne présentent aucune différence bien sen-
sible; un peu plus tard, l'ascogone se distingue facilement à son contenu
plus riche en cytoplasme et à son diamètre légèrement supérieur à celui de
l'anthéridie.
» Nos observations montrent que, dès les premières dichotomies du fila-
ment générateur, la branche qui fournira les anthéridies se différencie de
celle qui donnera naissance aux ascogones; ces organes ne seraient donc
pas portés sur un même rameau comme chez les Eremascus, mais provien-
draient de branches différentes comme chez les Pyronema.
» Les anthéridies et les ascogones sont plurinucléés : nous avons cherché
la trace d'une communication directe entre les deux rameaux accouplés,
mais sans parvenir à la découvrir : le cytoplasme se raréfie de bonne heure
dans les anthéridies et disparaît sur place avec les noyaux qu'il contient.
Le cytoplasme disparaît également au sommet de l'ascogone; cette partie
qui s'isole par une cloison du reste de l'organe est donc identique au tri-
chogyne des Monascus.
» On ne voit ordinairement que trois ou quatre noyaux dans l'anthéridie ;
l'ascogone en renferme sept ou huit; il n'en reste finalement que quatre
(') Van Tieghem, Sur le développement du fruit des Ascodesmis {Bull. Soc. bota-
nique de France, t. XXIII, 1876, p. 271).
SÉANCE DU 5 OCTOBRE I903. 529
OU cinq après séparation du trichogvne; mais ces derniers ont aiigmenlé
de volume et ils possèdent un gros nucléole; ce sont les seuls qui, lors du
bourgeonnement de l'ascogone, fournissent, après utie ou plusieurs bipar-
titions, les noyaux copulateurs des asques.
» Les paraphyses proviennent de ramifications basihiires au filament
initial; elles contiennent plusieurs noyaux.
M Comment concilier l'existence de ces organes cojnilaleurs chez les
Ascomycètes avec l'absence de fusions nucléaires dans l'oogone, alors
qu'il s'en produit plus tard à la naissance des asques.
» Nous sommes en mesure mainlenant d'en donner une ex|^]icaUon
rationnelle.
)) Lorsque les Siphomycèles ont passé de la vie aquatique à la Aie
aérienne, leurs sporanges sont devenus des conidiophores de formes
variées, isolés on inclus dans des conceplacles; or les gamélanges ne sont
que des sporanges à spores affaiblies ('); il est naturel qu'Us aient subi une
différenciation analogue à celle des sporanges; ils se sont transformés en
gamétophores à gamètes extérieurs. Le gamétophore fertile, ou ascogone,
équivalent d'un conidiophoi'e à spores affaiblies, donne naissance à des
gamètes qui s'unissent jDar deux grâce à l'absence de cloison. L'origine dif-
férente des noyaux copulateurs montre bien qu'il s'agit de la formation
d'un œuf comme nous l'avons toujours soutenu : le mode de germination
est encore celui d'un œuf puisque le produit en est un asque ou spoi'ange
comme chez les Péronosporées; efifin, la réduction chromatique qui, selon
nos observations, intervient h ce moment, ne laisse aucun doute sur la
nature sexuelle du |)hénomène.
» Avec cette interprétation, qui nous paraît définitive, la sexualité
des Champignons supérieurs rentre dans le schéma général de la fécon-
dation. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Recherches su.r la trciDspi ration des feuilles vertes
dont on éclaire soit la Jace supérieure, soit la face inférieuie. Note de
M. El). GiuFFox, présentée par M. Gaston Bonnier.
« J'ai montré, dans une Note récente, que les feuilles vertes dé(;om]iosent
moins énergiquement le gaz carbonique lorsqu'elles sont éclairées par la
(^) Consuller notre Théorie de la sexualité {Le Botaniste, Ç)" série, p. 263 ~
C. R,, 1903, 2- Semestre. (T. CXXWH, N" 14.) 70
53o ACAIJRMIK 1)1-: S SCIENCKS.
face inférieure an lieu de l'être par la face supérieure, comme cela se pro-
duit dans les conditions naturelles; j'ai conclu, en outre, que le développe-
ment du tissu palissadique dans le mésophylle est bien, comme on l'a sou-
vent avancé, favorable à l'assimilation chlorophyllienne.
)) J'ai naturellement été amené à me demander dans quelle mesure ce
développement peut influer sur la transpiration des feuilles vertes que l'on
éclairerait comme il vient d'être dit.
» A cet efTeL, prenons deux plantes en pot appartenant à la même espèce et aussi
semblables que possible, puis exposons-les pendant le même temps aux mêmes condi-
tions de milieu; il sera facile, par la méthode des pesées successives, de calculer leurs
capacités transpiiatoires propres. Renversons ensuite une d'entre elles et disposons
l'expérience de façon que la lumière frappe directement la face inférieure comme elle
frappait auparavant la face supérieure. On verra alors que le rapport des deux capa-
cités transpiraloires sera changé par suite de la diminution de la quantité de vapeur
d'eau émise par la plante renversée. L'abaissement de la transpiration peut ainsi aller
de 1 à o,85 pour le Datura, à 0,74 avec l'Erable, à 0,82 avec le Coleus, à 0,89 avec
un Musa, qu'il suffît de retourner et non de renverser, l'unique feuille laissée sur la
tige étant peu inclinée par rapport à un plan vertical. Rien de semblable ne se pro-
duit à l'obscurité.
» Au lieu de faire l'expérience sur une plante entière, faisons-la sur une feuille seu-
lement que Ton introduit dans un tube à essai, comme dans les recherches de Mariolte
et de Guettard et plus tard de Dehérain. Il est facile de découper, dans deux feuilles
bien comparables d'un même rameau ou de deux rameaux voisins, des surfaces égales.
On assujettit chaque feuille à la bordure saillante et interrompue d'un petit cadre en
bois noirci, de façon qu'une face ne reçoive pas de lumière, mais qu'il y ait néanmoins
au-dessous d'elle un certain espace communiquant avec la cavité du tube à essai, ce
qui permet à la vapeur d'eau émise de se diffuser dans l'air environnant. Dans ces con-
ditions, la transpiration est toujours plus faible si c'est la face supérieure qui reçoitla
lumière ; elle passe de i à 0,74 avec le Laurier-cerise, à 0,69 avec le Phytolacca et
le Cerisier, à 0,70 avec la Vigne vierge.
» Mais si, tout en opérant avec la méthode de Guettard, l'on emploie des feuilles
coupées, l'augmentation de poids du tube ou encore la diminution de poids des feuilles
montrent que, comme dans la première série d'expériences, la transpiration baisse si
la lumière éclaire la face inférieure (i à 0,80 avec le Laurier-Tin, 30,90 avec la Vigne-
vierge, à o,85 avec le Dahlia, à 0,72 avec leChêne).
» Comment faut-il interpréter ces résultats? La transpiration est évi-
demment réglée parla plus ou moins grande facilité avec laqiielle les gaz
s'échappent au travers de l'épiderme, mais elle l'est aussi par la plus ou
moins grande rapidité avec laquelle l'eau se renouvelle dans les cellules
qu'elle quitte en se vaporisant.
» Or, dans les feuilles, les faisceaux libéro-ligneux ont leur bois tourné du côté du
SÉANCE DU 5 OCTOBRE igoS. 53 I
tissu palissadique; de plus, c'est dans ce tissu qu'ils se terminent quand ils ne s'anas-
tomosent pas avec d'autres. Le tissu lacuneux, au contraire, ne reçoit'pas directement
l'eau des vaisseaux ou des cellules vasculaires qui coiffent les terminaisons libres des
faisceaux. Aussi, quand un éclairement intense le fait transpirer rapidement, comme
cela arrive dans la première série d'expériences (pot renversé), l'eau ne se renouvelle
pas assez vite et la transpiration baisse, d'autant que, dans ce cas, le tissu palissa-
dique, riche en chlorophylle et mieux pourvu en eau, vaporise peu de cette dernière,
car il ne reçoit qu'une lumière atténuée. Au contraire, quand la face supérieure reçoit
la lumière directe, le parenchyme en palissade transpire davantage; comme d'autre
part il est bien disposé pour la facile pénétration des rayons lumineux dans le tissu
sous-jacent qui est le tissu lacuneux, ce dernier fonctionne bien, lui aussi, quoique
plus lentement que dans le cas précédent au début et son eau se renouvelle plus faci-
lement; la transpiration totale de la feuille doit donc augmenter.
» Si une feuille, tenant encore à la plante, est placée dans un milieu clos, comme dans
la deuxième série d'expériences, la vitesse delà transpiration baisse de ce fait; alors,
quand la face inférieure regarde la lumière, l'eau se renouvelant mieux cette fois dans
le tissu lacuneux à cause de la consommation plus faible, l'avantage d'un tissu très
poreux au point de vue de la transpiration l'emporte, et la feuille dégage au total plus
de vapeur d'eau.
» Enfin, si la feuille est coupée et mise aussi dans un espace clos, comme dans la
troisième série d'expériences, l'avantage indiqué ci-dessus e\isle encore du fait de
l'air saturé, mais le renouvellement de l'eau est rendu très difficile; le lissu palissadique
ne recevant plus d'eau en cède peu au tissu lacuneux et la transpiration totale de la
feuille baisse.
» On ne peut guère faire intervenir à la place des considérations précédentes le rôle des
stomates. D'abord les expériences ne durent pas longtemps ; ensuite, dans la deuxième
série d'expériences, les stomates frappés par la lumière auraient dû se fermer et
pourtant la transpiration a été plus grande surtout au début; enfin, dans la première
série (pot renversé ), on obtient les mêmes résultats à la lumière diffuse si les feuilles
sont placées au-dessus d'un écran qui diminue l'éclairement de la face inférieure.
» Le tissu palissadique, s'il favorise l'assimilation chlorophyllienne, tend donc, toutes
choses égales d'ailleurs, à réduire, mais aussi, par suite de ses relations avec les
réserves d'eau des faisceaux, à régulariser la transpiration des feuilles restées à la
lumière. En l'absence de ce tissu les plantes des lieux secs ne pourraient résister à la
grande évaporation dont elles sont le siège et au manque d'eau du sol. Mais, en outre,
son orientation du côté de la lumière fait que, dans les lieux suffisamment pourvus
d'eau, les fortes chaleurs, au moins dans un grand nombre d'espèces, ne dessèchent
pas trop le tissu lacuneux situé du côlé de l'ombre et, l'irrigation des parenchymes
étant assez rapide, la transpiration se poursuit sans péril pour les feuilles et permet
à ces dernières île profiler de la lumière vive pour assimiler activement. »
53 2 ACADÉ.MIK DES SCIENCES,
BOTANIQUE. — Sur le développement de C embryon des Joncées.
Noie (le i\l. i^Iahcelux Laurent, piésenlée par M. Gaston Bonnier.
« J'ai moiilrc dans une Note |)récc(k'nLe (') comment s'opère la forma-
tion de l'œut des Joncées; j'éludie maintenant, dans les mêmes espèces, le
développement embryonnaire :
» Aussitôt l'oosphère fécondée, l'œuf se divise transversalement et donne deux
cellules inégales : la cellule supérieure, plus volumineuse, constitue l'embryon pro-
prement dit; la cellule inférieure, le suspenseur (je considère l'enibrjon dans la
position qu'il occupe pendant la germination). C'est en général la cellule inférieure
qui se divise ensuite dans le même sens, et l'on compte alors trois éléments superposés
dont deux appartiennent au suspenseur; la troisième segmentation frappe la cellule
embryonnaire et elle a toujours lieu dans le sens vertical ; elle peut d'ailleurs se pro-
duire la première après la division de l'œuf. Au stade suivant, la cellule supérieure du
suspenseur se divise transversalement pendant que les deux cellules embryonnaires,
par des cloisonnements rapides en tous sens, forment déjà un épidémie de plusieurs
cellules coifiant deux cellules centrales; ces dernières en se multipliant vont former Je
corps même de l'embryon, et c'est leur développement qui dirige celui de l'épiderme.
» La cellule supérieure du suspenseur se divise plus tardivement par des cloisons
verticales; elle forme un plateau qui sépare la partie provenant de la cellule embryon
des deux cellules inférieures du suspenseur; ces dernières, d'abord très vacuolisées,
grandissent considérablement, puis leur protoplasma se réduit à une couche de plus
en plus mince autour du noyau également en voie de régression.
» L'embryon qui jusque-là était pyriforme, la pointe dirigée vers le micropyle,
devient ovoïde par suite de la multiplication en hauteur et en diamètre de l'assise
plateau du suspenseur persistant; les cellules périphériques de cette assise se relient à
l'épiderme général et permettront plus tard par leur grande taille de séparer les tissus
provenant de la cellule embryonnaire initiale de ceux provenant de la cellule sus-
penseur. C'est dans la région appartenant au suspenseur que l'activité cellulaire plus
faible au début se concentre maintenant; pendant que les deux cellules inférieures
du suspenseur disparaissent complètement, l'extrémité de l'embryon de plus en plus
large vient s'appliquer contre le tégument où il subsiste pourtant encore un reste de
la calotte. Cette extrémité se différencie en radicule pendant que la région supérieure,
plongée dans l'albumen, constitue le cotylédon; les deux organes se continuent exac-
tement sans aucune ligne de démarcation, mais le développement nous a montré que
l'un provient de la cellule suspenseur et l'autro de la cellule embryonnaire primitive.
» La différencialion s'arrête à ce stade dans les Jancus à rhizome vivace et souvent
aussi dans les Jancus annuels; mais, chez ces derniers, elle peut être poussée plus
(') Comptes rendus, -28 sej)tembre igo3.
SÉANCE DU 5 OCTOBRE I9o3. 533
loin : on voit, en effet, la gemmule apparaître à la base du cotylédon, au-dessus du
raéristème radiculaire; elle présente aussitôt un épidémie de grandes cellules et elle
s'accroît dans une gaine dont les bords serrés s'enlr'ouvrent lentement devant elle;
elle ne se montre au dehors que plusieurs jours après la germination. L'a\e hypocotylé
peut être considéré comme nul.
» Dans le genre Luzula, l'embryon atteint toujours ce degré de différenciation ; son
développement ne diffère de celui des J uncus que par une nouvelle division de la
cellule suspenseur dont trois éléments au lieu de deux disparaissent.
» Certains auteurs ont considéré l'embryon des Joncs comme indiffé-
rencié. Gœbel ('), en parlant du /. glaucus, dit que, « même au moment
» de la germinalion, l'embryon n'est qu'un amas cellulaire sans aucune
» différenciation ». Je viens de montrer que, dans la graine encore attachée
au placenta et à peine mûre (les capsules ont été incluses dans la paraf-
fine avant la déhiscence), l'embryon des différentes espèces de Juncus
(J. glaucus, J. maritimus, J. lampocarpus, J. siipinus, J. bufonuis, J. tenws)
était au moins différencié en une radicule avec ses trois initiales bien ;ippa-
rentes et un cotylédon beaucoup plus dévelopi)é. L'embryon des Joncs
vivaces comme /. glaucus est tout au plus incomplet, n'ayant pas de gem-
mule. 11 n'y a pas à tenir compte de la tigelle qui apparaît généralement
très tard dans les Monocotylédones.
» En dehors de la différenciation assez grande de l'embryon, il ressort
de cette étude que, dans les Joncées, le suspenseur persiste en partie, et
joue un rôle très important : réduit d'abord à quelques cellules, il se
développe tardivement, puis il devient le principal centre d'activité cellu-
laire et il constitue la radicule. Cette radicule est endogène, car la coiffe ne
se développe qu'après l'exfoliation des deux ou trois éléments inférieurs
du suspenseur. »
MINÉRALOGIE. — Sur les granités à œgyrine et riebeckite de Madagascar
et sur leurs phénomènes de contact. Note de M. Lacroix, jjrésentée par
M. Michel Lévy.
« Les granités alcalins d'x\mpasibitika {^), sur la côte nord-ouest de Mada-
gascar, constituent des types pétrographiques n'ayant pas jusqu'à présent
(') Biologisches Centralblalt du i'^'' septembre 1900, n° 17, t. XX, p. 071.
(2) Le développement de celte Note sera donné dans un Mémoire étendu des Nou-
velles Archives du Muséum (igoS). Les collections étudiées m'ont été envoyées par
M. Villiaume.
534 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'équivalents. Us sont essentiellement caractérisés parla grande abondance
d'un pyroxène et d'une amphibole ferrosodiques, l'aegyrine etla riol)eckite,
dont la teneur peut atteindre près de l\o pour loo. lis constituent des
filons, souvent rubanés; leurs salbandes sont alors finement grenues et
exclusivement segyriniques, tandis que leur centre est pegmatoïde et riche
en riebeckite, dont les cristaux peuvent atteindre près d'un décimètre.
)) Les feldspaths sont tous alcalins : orthosc, anorthose et parfois albite;
ces roches renferment beaucoup de zircon et un niobotantalate octaé-
drique du groupe du pyrochlore.
» La composilion chimique de ces granités n'est pas moins remarquable; ils con-
tiennent de 64 à 71 pour 100 de silice, sont très peu alumineux (7 à 10 pour 100), ne
contiennent que fort peu de chaux (o à i,3 pour 100) et de magnésie (0,26 à
0,64 pour 100), mais par contre, ils sont riches en oxydes de fer (10 à 11 pour 100) et
en alcalis (6,3 à 8,6 pour 100). Le fer s'y trouve essentiellement à l'état de Fe-0^ et
ce n'est que dans les types riches en riebeckite que la proportion de FeO dépasse
1,5 pour 100; parmi les alcalis, la soude l'emporte sur la potasse, et d'autant phis que
la teneur en métasilicates est plus élevée.
» On ne peut guère comparer ces roches qu'à celle {rockhallite) qui, d'après
M. Judd, constitue le petit îlot de Rockhall, avec celle réserve toutefois que cette
dernière roche ne contient pas de potasse. Elles se rapprochent au point de vue chimique
des grorudites de Norvège, décrites par M. Brôgger; dans la série des roches volca-
niques, on peut, à ce même point de vue chimique, les comparer aux pantellérites .
» Mais il existe une caractéristique qui manque à toutes ces roches qui
viennent d'être énumérées : c'est la richesse en zircon qui, dans nos gra-
nités, n'est jamais inférieure à r pour 100 et peut même dépasser 7 pour 100;
de plus, à l'inverse de ce qui a lieu d'ordinaire dans les roches granitiques,
le zircon, au lieu d'être le plus ancien minéral formé, est ici Tun des der-
niers; il constitue des plaques xénomorphes, groupées en grand nombre
au milieu du quartz, pour constituer des pseudomorphoses d'amphibole.
Sa production, sous l'influence d'émanations, ayant accompagné la mise
en place des granités, n'est pas douteuse; la présence de celles-ci est
encore précisée par la fréquence, dans les mêmes roches, de mouches de
galène et surtout par les imj)ortants phénomènes de contact qu'il me reste
à décrire.
)) Les granités d'Ampasibitika traversent et métamorphisent les assises
gréseuses du lias.
)) Certains grès sont transformés en quartzites, d'un noir bleuâtre, conte-
nant de l'orthose, beaucoup de riebeckite, un grenat mélanite manganési-
fère et un peu de fluorine. Ils sont injectés par de nombreux lits, de
quelques centimètres d'épaisseur, de granité à œgyrine, riche en grenat
SÉANCE DU 5 OCTOBRE igoS. 535
mélanite; clans d'autres cas, ces graniles contiennent eiiK-niêmes de la
riebeckite. Il est souvent difficile de distinguer ces quartzites feldspathisés
et amphibolisés de véritables microe:ranites.
» Des grès argilocalcaires présentent un autre type de métamorphisme;
ils sont, eux aussi, injectés, lit par lit, par le granité; ils sont alors essen-
tiellement constitués par de grandes plages pœcilitiques de biotite, d'or-
those et de quartz, englobant de petites paillettes de biotite, des grains de
pyroxène et des cristaux automorpbes de plagioclases basiques; ces roches
métamorphiques rappellent, par leur composition, des micromonzonites.
Les veinules granitiques injectées ont subi des modifications endomorphes;
leur amphibole sodique est, en effet, accompagnée par de la biotite. Enfin,
il faut noter, au milieu d'elles, l'abondance d'une épidote de cérium
{allanile) biréfringente, qui, à leur voisinage, se développe dans la roche
métamorphique en plages de plusieurs millimètres de diamètre.
» Une dernière catégorie de roches métamorphiques est caractérisée par
des cornéennes, micacées, pyroxéniques (augite îegyrinique ou œgyrine)
ou amphiboliques (arfvedsonite plus ou moins riche en fer), renfermant
en abondance de Va fluorine microscopique, régulièrement distribuée.
» Les diverses roches métamor^ihiques dont il vient d'être question ont
donc un grand intérêt minéralogique. Mais elles ont une portée plus géné-
rale; la réalité d'apports émanés du magma éruptif v est, en effet, aussi
frappante que dans le cas des contacts des Iherzolites, si éloignées de
composition; leur évidence est mise en lumière, dans le cas qui nous
occupe, par la nature des minéraux métamorphiques développés dans
les sédiments; ce ne sont pas, en effet, seulement des feldspaths alcalins
qui apparaissent dans ceux-ci, mais encore le pyroxène et l'amphibole
sodiques caractéristiques du magma modificateur, minéraux jusqu'à pré-
sent inconiuis dans les roches métamorphiques de contact.
» La présence de \2i fluorine est, eu outre, pour la première fois signalée
dans de semblables conditions; il semble que le fluor soit l'un des éléments
les plus fréquents des émanations des granités alcalins; j'ai signalé déjà,
en effet, la présence de la fluorine dans les granités à riebeckite de
l'Yemen et de Corse, je rappellerai en outre que le gisement de crvolite et
de fluorures voisins, de Pike's Peak au Colorado, que j'ai eu l'occasion
d'étudier sur place il y a quelques années, se trouve au milieu d'un granité
à riebeckite; il est associé à des veines quartzeuses, très riches en zircon,
dont la comparaison s'impose avec le développement secondaire de zircon
que je viens de signaler. » ^
536 ACADÉMIE DES SCIENCES.
GÉOLOGIE. ~ Sur le rôle des Charriages dans les Alpes delphino-proven cales
et sur la structure en éventail des Alpes briançonnaises . Noie de M. W.
KiLiAN, présentée par M. Michel Lévy.
« Une étude attentive de la tectonique des Alpes delphino-provençales
permet de formuler les constatations suivantes (') :
» a. Il existe des passages nombreux et graduels entre les plis (anti-
clinaux) normaux et les plis-failles (^faille de Voreppe, pli-faille de la mon-
tagne de Lure) comme entre ces derniers et la structure isoclinale imbri-
quée (Charmant-Som, nord de Saint-Pierre d'Entremont, etc.); cette
dernière passe à son tour fréquemment (Grand Galibier-Col de l'Eychauda,
Escreins-Haute-Ubaye, elc.) et d'une façon très nette aux plis couchés
et aux nappes charriées les mieux caractérisées. Ces modifications se pro-
duisent parfois le long d'un même axe anticlinal.
» b. Les nappes de charriage ne sont donc qu'une simple forme du plis-
sement de l'écorce terrestre dont elles représentent un terme extrême;
leur production apparaît partout comme relativement récente, quoiqu'elles
aient souvent subi elles-mêmes des ploiements et des ondulations subsé-
quentes (exemple : environs de Guillestre, Briançonnais méridional).
» c. Elles ne peuvent être considérées comme antérieures au plissement prin-
cipal, les traces d'une phase initiale de bossellement (dômes, cuvettes, etc.)
étant manifestement prouvées [Dévoluy, Castellane (-), etc.] dans les
régions mêmes qu'ont affectées postérieurement les plis-failles et les autres
accidents contemporains des charriages ou même antérieui-s à ces derniers.
)) d. Les massifs cristallins déjà plissés à l'époque hercynienne et lepris,
après une immersion souvent très longue, par les plissements alpins, ont
eu parfois sur la propagation des charriages une influence incontestable
en en limitant l'extension horizontale vers les régions plus externes; absence
des charriages et réduction de la structure isoclinale à l'ouest de Belle-
(•) Plusieurs des faits énoncés dans cette Note ont été déjà signalés isolément par
nos confrères et amis, MM. Haug, Lugeon et Termier; en les présentant ici avec
d'autres observations, dans un enchaînement logique qui nous a conduit à des conclu-
sions nouvelles, nous tenons à rendre hommage aux beaux travaux de ces savants et à
reconnaître le charme profond de leur amitié.
(2) D'après MM. P. Lory et Ph. ZiJrcher.
SÉANCE DU 5 OCTOBRE IQoS. 537
donne, mais grand développement des plis couchés et charriés dans l'in-
tervalle compris entre les massifs du Pelvoux et du Mercantour, coïnci-
dence de la présence des klippes de Sidens et des Annes avec l'atténuation
(abaissement des axes anticlinaux) de la zone cristalline de Belledonne vers
lenord et l'ennoyagede l'extrémité sud du mont Blanc; iU onl été escaladés
par les plis couchés et ont, en les relevant ainsi, empêché le déroulement
de ces plis vers des régions déprimées où ils auraient échappé à l'action
destructive de l'érosion.
» e. Les régions dans lesquelles la structure isoclinale, imbriquée,
règne exclusivement, ne sont souvent autre chose que les emplacements
des racines de plis couchés et charriés, actuellement détruits par l'érosion.
C'est le cas notamment en arrière des massifs cristallins qui avaient
motivé un relèvement de ces nappes charriées (Moutier en Tarentaise,
Galibier, etc.).
)) /. Toutes les masses charriées (^ des Alpes delphino-provençales
proviennent manifestement, sauf quelques accidents minimes, des chaînons
les plus externes, de plis couchés et déversés vers V extérieur àQ la chaîne;
il en est de même pour la structure imbriquée.
M g. Les plis situés à l'est de la zone axiale de V éventail alpin ont une
allure différente de ceux qui constituent le flanc occidental de cet éventail ;
ils sont déversés vers l'intérieur de l'arc alpin, mais on n'y a point constaté
de plis couchés et de charriages dirigés vers l'est. Leur acuité paraît moins
grande et les phénomènes d'étirement y sont moins accentués.
)) h. On a signalé, au sommet de cet éventail asymétrique [que nous
considérons (^) comme un massif central comparable à celui du Pelvoux,
mais possédant encore en grande partie sa couverture sédimentaire^, en
Savoie (Lias plissé du mont Jovet, décrit par M. Bertrand) et dans le
Briançonnais (4^ écaille de M. Termier) des paquets de couches plissées
paraissant provenir de racines situées plus à l'est, c'est-à-dire dans une
région oi^i les plis sont actuellement déversés vers l'Italie. »
(') Les plus grands charriages constatés dans les Alpes delphino-provençales ne
dépassent pas 35''™ à 40""". (On sait qu'en Suisse M. Lugeon cite des déplacements
de 80'''".)
(^) A, F. A. S. Congrès de Boulogne, 1899.
C. R., 1908, 2= Semestre. (T. CXXXVII, N« 14.) 7^
538 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. Emm. Pozzi-Escot adresse une Note relative à «. l'action de la chaleur
sur les levures ».
La séance est levée à Zj heures.
G. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 7 septembre igoS.
Recueil des travaux du Comité consultatif d'Hygiène publique de France et des
actes officiels de l' Administration sanitaire; t. XXXI, année 1901. Ministère de
rintérieur el des Cultes, Direction de l'Assistance et de l'Hygiène pubHques. Melun,
Imp. administrative, 1908; i vol. in-8°.
Recherches de Biologie expérimentale appliquée à l'Agriculture: Travaux du
Laboratoire de Botanique de l'Institut agricole de l'État, à Gembloux, pub. par Emile
Laurent; t. I. Bruxelles, 1901-1908 ; i vol. in-8°. (Hommage de TAuteur.)
Ausgewàhlte Methoden der analytischen Chemie, von Prof. D"" A. Classen; Bd. II,
uuter Mitwirkung von H. Cloeren, mit i33 Abbildungen und 2 Spectraitafeln.
Brunswick, Friedrich Vieweg et fils, 1908; i vol. in-8°.
M. N. Passerini adresse les deux Opuscules suivants :
Sopra la valutazione délia energia calorifica immagazziaata dai vegetali.
Pise, 1908; I fasc. in-8°.
Prove difecondazione incrociata sul frumento, esseguite presso l'Istituto agrario
di Scandicci (Firenze). Pise, 1908; i fasc. in-8°.
Calcul de hautes colonnes, par Alberto Leuschner. Coïmbre, 1908; i fasc. in-12.
Guide to the search department of the patent office library, with appendice;
1^^ édition. Londres, 1908; i fasc. in-12.
Tvorba zeme ajeji sopky, napsal JanRak, 1908 ; i fasc. in-12.
Sistema alterno positivo, por J. Francisco Tadeo Palacios ; parte I. Guatemala, 1908;
I fasc. in-12.
Publications of tlie United States naval Observatory : second séries, vol. III : Eros
and référence stars; zodiacal stars; prime vertical observations 1882-188/4-
Washington, 1908; i vol. \n-[\°.
List and catalogue of the publications issued by the U. S. Coast and geodetic
Survey, 1816-1902, by E.-L. Burchard, llbrarian. Washington, 1902; i vol. in-4°.
U. S. Coast and geodetic Survey. Geodesy. A bibliography of Geodesy;
2"'! édition, by James Howard Gore. Washington, 1908; i vol. in-4°.
SÉANCE DU 5 OCTOBRE I903. 539
United States Geological Survey :
Minerai résout ces of the United States, calendar year 1901. Washington, 1902;
I vol. in-8°.
Bulletin; n°« 191, 191-207. Waslilnglon, 1902; i4 fasc. in-8°.
Proceedings of the Boston Society of natural History ; vol. XXX, n°^ 3-7; vol.
XXXI, n° 1. Boston, 1902-1903; 6 fasc. in-8°.
Memoirs of the Boston Society of natural History ; Vol. V; n'^ 8 : Observations
on living Brachiopoda, by Edward-S. Morse. i\° 9 : The skeletal system of Nec-
turus maculatus Raf., by Harris Hawthorne Wilder. Boston, 1902-1903 ; 2 fasc. in-4''.
Ouvrages reçus dans la séance du i4 septembre igoS.
Annals of Harvard Collège Observatory; vol. XLVIII, n°* 3, k. Cambridge,
iMass., 1908; 2 fasc. in-4°.
Index-Catalogue of médical and veterinary Zoology, parts 2, 3. Was-
hington, 1908; 2 fasc. in-8°.
Technology quarterly and proceedings of the Society of Arts, Massachusetts
Institute of Technology; vol. XVI, n° 2. Boston, 1908; i fasc. in-8°.
The american Ephemeris and nautical Abnanac 1880 and 1906; supplément
for ]866. Washington, 2 vol. et i fasc. in-8°.
The Atlantic coaster's nautical Almanac, 1884-1892. Washington, 188/4-1891;
9 fasc. in-8''.
The Pacific coaster's Abnanac, i885, 1886, 1888, 1890-1908. Washington, i885-
1902 ; 17 fasc. in-8°.
Almanac catalogue of zodiacal stars. Washington, 1864 ; i fasc, in-8°.
Tables of the Moon, by Benjamin Peirce. Washington, i865; 1 vol. in-4*'.
Tables of Melpomene, by E. Schubert. Washington, 1860; i fasc. in-4°.
Tables lo facilitate the réduction of places of the fixed stars. Washington, 1878;
I vol. in-8° cartonné.
7 lie éléments of the four inner planets and the fundamental constants of Astro-
nomy, by Simon Newcomb. VVashington, 1895; i vol. in-8°.
Beport to the Secretary of the Navy on récent improvements in astronomical
instruments, by Simon Newcomb. Washington, i884; i fasc. in-8°. .
Rapport sur les travaux du Bureau central de l'Association géodésique interna-
tionale en 1902, suivi du programme des travaux pour l'exercice 1908. E.-J. Brill,
Leide, 1908; i fasc. in-4°.
Société industrielle de Mulhouse : Programme des prix proposés à décerner
en igo4. Mulhouse, V''^' Bader et C'®, 1908 ; 1 fasc. in-8°.
Royal Society: Pieports of the sleeping sickness Commission, n" 1. London, 1908;
I vol. in-8'',
The journal of the Collège of Science, impérial University of Tokyo, Japan.
Vol. XVII, art. 11; vol. XVIII, art. 3; vol. XIX, C et 7. Tokyo, Japan; i9o3;4broch.
in-8°.
54o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ouvrages reçus dans la séance du 21 septembre iqoS.
Annales de la Société d'Agriculture, Sciences et Industrie de Lyon, t. IX, 1901,
t. X, 1902. Paris, 1902-1903; 2 vol. in-8°.
Mémoires de l' Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon, t. VIII.
Paris, 1908; I vol. in-8°.
Determ-inazioni di azimut e di latitudine eseguite nel i885 ; nella stazione astro-
nomica di Termoli, n° XLII. Ulrico Hœpli, 1 fasc. in-4°.
Archives italiennes de Biologie, t. XXXIX, fasc. II. Turin, 1908 ; i broch. in-8°.
Rendiconto délie tomate e deilavori, delV Accademia di Archeologia, Lettere e
Belle-Arti : gennaio ad aprile 1902, maggio a dicembre 1902, Napoii, 1902-1908; 2 vol.
in-8°.
Indice générale dei lavori pubblicati dal MDCGLVII al MDCCCCII : NapoH,
1908 ; I fasc. in-8°.
Atti délia reale Accademia di Archeologia, Lettere e Belle-Arti, vol. XXII, 1902.
Napoii, 1902; I vol. in-4°.
Catalogo fotograjlco stellare zona vaticana; vol. I. Roma, 1908; i vol. in-4".
Annuaire géologique et minéralogique de la Russie, vol. VI, livr. 4-5. Novo-
Alexandria, 1908; i fasc. in-4''.
MonLhly weather Review, vol. XXXI, 11° 6, 1908, Washington, 1908; i fasc. in-^".
Sitzungsberichte der kôni gl.-hôhmischen Gesellschafl der Wissenschaften. Ma-
thematisch-nalurwissensehaftliche Classe, 1902. Prag, 1908; i vol. in-8°.
Annals of llie Cape observatory, vol. I. London, 1898; i fasc. in-4°.
Greenwicli : observations, 1896. London, 1898; i vol. m-t\°.
Greenwich spectroscopic and photographie results, 1896-1897. London, 1898; 2 vol.
in -4°.
Prace matematyczno-fizyczne, t. XIV. Warszawa, 1908; i vol. in-8°.
Rendiconti e Memorie délia H. Accademia di Scienze, Lettere ed Arti degli
Zelanti Acireale ; 8" série, vol. I, 1901-1902. Acireale, 1908; i vol. in-d°.
Flora of the upper Gangetic plain, and of the adjacent siwalik and sub-hima-
layan tracts, vol. I, part I. Calcutta, 1908; i vol. in-12.
Bollettino tecnico délia coltivazione dei tabacchi, n''^ 3-4. Torre Annunziata, 1908;
I vol. in-8°.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 12 OCTOBRE 1905,
PRÉSIDENCE DE M. ALBERT GAUDRY.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Acarlémie la perte qu'elle vient
de faire dans la personne de M. HudoIJ iJpschùz, Correspondant pour la
Section de Géométrie, décédé à Bonn, le 7 octobre 1903.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les relations entre la théorie des intégiales
doubles de seconde espèce et celle des intégrales de dijjérentielles totales. Note
de M. Emile Picard.
« 1. J'ai déjà appelé l'attention sur les difficultés qui se présentent dans
l'évaluation précise du nombre p^ des intégrales doubles distinctes de
seconde espèce relatives à une surface algébrique
f{x,y, z) = o,
que nous supposons avoir seulement, comme il est permis, des singularités
ordinaires et être placée arbitrairement par rapport aux axes (voir en par-
ticulier Acta mathematica, t. XXVI). En désignant par Q(^, j, z) un poly-
nôme en X, y, z s'annulant sur la courbe double, le point capital consiste
à reconnaître si l'on peut avoir l'identité
Q(^, /, s) _ ÔP^ dn
(')
f'z ^-^ ^f
A et B étant des fonctions rationnelles de œ, y el z (bien entendu, dans les
dérivations, z est regardée comme fonction de .r ety). La grande difficulté
provient de ce que A et B peuvent devenir infinies le long de certaines
lignes pour lesquelles le premier membre de l'identité précédente reste
fini.
G. K., 1903, 2° Semestre. (T. CXXXVII, N° 15 ; 72
542 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» 2. Il étsiit essentiel d'approfondir la question plus que je ne l'avais
fait précédemment; j'indiquerai ici la marche suivie dans le fascicule qui va
bientôt paraître du Tome H de ma Théorie des fondions algébriques de deux
variables. Dans l'identité ci-dessus, on peut faire disparaître les lignes d'in-
fini inconnues de A et B et les remplacer par un nombre déterminé de lignes
d'infmi. D'après un théorème fondamental que j'ai établi antérieurement,
on peut tracer sur la surface p — i courbes algébriques particulières
C, , \j.y , . . • , VJ
telles qu'il existe une intégrale de différentielle totale de troisième espèce
ayant seulement pour courbes logarithmiques une autre courbe algébrique
arbitrairement choisie et la totalité ou une partie des courbes C,, C., . . .,
Cp_^ et de la courbe à l'infuii de la surface; de plus cette intégrale n'aura
aucune autre ligne d'infini en dehors de lignes du type j = const.
» Ceci posé, désignons par
g^{x,y) = o, ..., g^_^{x,y) = o
les projections des p — i courbes C sur le plan des xy. On peut alors
démontrer que si
Q
n
peut se mettre sous la forme (i), on ne diminue p is la généralité en suppo-
sant que A e/ B sont de la forme
oîi M et N sont des polynômes en x et z, à coefficients rationnels en y,
s'annulant sur la courbe double; pour y arbitraire, les quotients
M N
— et —
deviennent infinis seulement, à distance finie, sur la courbe C,. Nous avons
ainsi éliminé toute courbe d'infini de A et B en dehors des courbes déter-
minées C^, ..., Cp_, (en laissant de coté bien entendu les courbes du type
Y = const.).
» 3. La recherche théorique du nombre des intégrales doubles de
seconde espèce ne présente plus maujtenant de difficulté essentielle. Ce
problème se ramène à reconnaître si, pour un polynôme Q en x, y et z
SÉANCE DU T2 OCTOBRE igoS. Ô43
dont le degré est limité, on a
Tz ^-^ ^y
» Prenons d'abord le cas le plus simple où p = i. Alors A et B sont de
la forme
A = ^r . B- ^, .
M et N étant des polynômes en ^ et z, à coefficients rationnels en 7, s'an-
nulant sur la courbe double.
» Considérons maintenant la courbe entre x et :;
/(a;,j,s) = o,
renfermant le paramètre y. Nous pouvons former, par des opérations
rationnelles en 7, un système d'intégrales abéliennes relatives à celle
courbe :
Ç\,dx, ..., fhpdx, j'].,dx, ..., J Indx;
les 2/j premières forment un système d'intégrales distinctes de seconde
espèce, et l'intégrale
est une intégrale de troisième espèce, ayant comme seuls points singuliers
logarithmiques les points à rinfmi O, et O,, avec les périodes logarilb-
fniq^ies +1 et — 1 (nous désignons par O,, O., ..., 0,„ les m points à
rinfmi de la courbe, qui sont distincts au point de vue de la rationalité par
rapport à y). Les I et les J sont rationnels en a?, y et z.
» On démontre que l'on peut supposer que B est de la forme
les a et les c étant des fonctions rationnelles de y. Nous avons maintenant
à écrire que
(2) /■; Oy
est la dérivée par rapport à x d'une fonction rationnelle de x, y et z. En
exprimant ce fait, on trouve ip + m -i relations linéaires entre
544 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et leurs dérivées premières; aucune irrationalité par rapport à j ne s'in-
troduit, et ces relations contiennent rationnellement/. Il est alors aisé de
montrer que, si l'on peut satisfaire à ce système de 2/? H- m — i équations
différentielles linéaires à coefficients rationnels en y entre les a et les c,
on pourra mettre — sous la forme demandée. Or c'est là un problème
élémentaire (').
» 4. Dans le cas où p est quelconque, la solution repose sur une analyse
analogue. Aux fonctions rationnelles I et J, il faut en adjoindre d'autres
se rapportant à chacune des courbes C. On forme une intégrale abélienne
I H^f/œ (H/ rationnelle en j:-, j et ^)
relative à la courbe entre x et z-, /(ay, y, z) = o, qui a pour points singu-
liers logarithmiques le point à l'infini 0< et les points de la courbe C, ayant
la valeur considérée du paramètre y, avec les périodes logarithmiques + i
en ces points et —d^ en O, {d^ étant le degré de C,). On montre alors que
l'on peut mettre B sous la forme
B=:a,l,4-. . .4-a,^,L^+yJ,+. . . + y^J^,^ 4- -^, H, +. . . -f- '/ip_, H
p-o
les a et les y étant des fonctions rationnelles de y et les yi des constantes.
» On écrit alors, Bayant cette nouvelle valeur, que la différence (2)
est la dérivée par rapport à x d'une fonction rationnelle de x, y el z. Ceci
nous donne 2p-+-m — î relations linéaires entre les a, les y, leurs dérivées
premières et les constantes -/i.
» Le problème est donc ramené à reconnaître si l'on peut déterminer
les constantes n, de manière que les équations différentielles linéaires pré-
cédentes puissent être vérifiées par des fonctions rationnelles de j, pro-
blème ne présentant aucune difficulté théorique.
M En résumé, quand on connaît un système de courbes C, il est possible
de reconnaître si une identité de la forme (i) est possible, et par suite de
dénombre/^ les intégrales distinctes de seconde espèce.
(') Il n'est pas sans intérêt de remarquer que le problème que nous venons de traiter
généralise le problème fondamental relatif à l'existence des intégrales de différentielles
totales de seconde espèce (transcendantes). Dans ce problème, Q est nul, ainsi que
les c; en suivant la méthode du texte, on forme immédiatement le système d'équations
différentielles donnant les a, d'une manière plus rapide qu'à la page i65 du Tome I de
ma Théorie des /onctions cdgébriques de deux variables.
SÉANCE DU I^i OCTOBRE igoS. §4^
» 5. Ajoutons quelques remarques importantes. On peut, à chaque
courbe C^, faire correspondre une expression y?> où Qj est un polynôme
en X, y, z susceptible de la forme indiquée. De plus, aucune combinaison
linéaire à coefficients constants
ne peut se mettre sous la forme
C,Q.^..
.+
Cp
1-1 ^^p-i
)rme
/;
^(z)
-h
à
(tÙ^
U et V étant des polynômes en x et z-, à coefficients rationnels en j. Enfin
toute expression -jr> susceptible de la forme (i), peut s'écrire
AtQi4-...4-Ap_iQp_, à /U\ à fV''
■ 4-Ap_iyp_, à /u\ à__fy_\
les A étant des constantes, U et V ayant la signification ci-dessus.
» Toules les considérations que nous venons de développer sont utili-
sables, quand on a pu déterminer un système de courbes C. Elles sont
numériquement applicables à une surface donnée, mais on comprend
qu'elles ne permettent guère d'énoncer sur le nombre p^ des intégrales
doubles distinctes de seconde espèce des propositions générales. C'est en
les combinant avec l'étude des périodes de certaines intégrales doubles
que je suis arrivé, après bien des efforts, à obtenir quelques lois générales
que j'indiquerai dans la prochaine séance. Arrêtons- nous seulement
aujourd'hui sur des cas particuliers très simples, qui nous donneront cepen-
dant l'occasion de faire une remarque générale sur le nombre Oj,.
» 6. Nous avons déjà eu l'occasion d'utiliser la facilité avec laquelle
s'appliquent nos théories générales aux surfaces dont l'équation est de la
forme
» A la vérité, elles ne rentrent pas dans la catégorie des surfaces à sin-
gularités ordinaires, mais cependant, avec peu de modifications, les théo-
rèmes généraux trouvent leur ajjplication. Il y a en particulier, pour ces
surfaces, un nombre p qui a une assez grande analogie avec la lettre
désignée plus haut de la même manière (voir, en particulier, Annales de
l 'Ecole Normale, 1901 et 1903).
546 . ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Si, pour la surface (3), le nombre p est nul, toute expression de la
forme
(P polynôme en oo et y),
P(^,.r)
susceptible de la forme j — I- y-' peut s'écrire
M et N étant des polynômes en a-, à coefficients rationnels en y.
» Prenons, en particulier, les surfaces
où. f(x) et F (7) sont des polynômes arbitraires de degrés 2/7 -f-1 et2.q-hi.
Sous cette condition que les polynômes précédents ne présentent pas de
particularités spéciales, on peut démontrer que l'on a pour la surface pré-
cédente p = o, et l'on en déduit que le nombre po des intégrales doubles
distinctes de seconde espèce est donné par la formule
» 7. Le résultat précédent peut être inexact dans certains cas parti-
culiers. Supposons que /(^) et F(j) soient du troisième degré. On aura
bien po = 4> s'il est impossible de satisfaire à l'équation
^^ = C - •• (C étant une constante convenable)
v/7(^) v/F(r)
en prenant pour x une fonction rationnelle de j (ne se réduisant pas à
une constante); mais, dans d'autres cas, il n'en sera pas de même. Par
exemple, si les deux polynômes /et F sont identiques, le nombre p n'est
plus nul, et l'on démontre que
po ^= ^»
pourvu toutefois que les fonctions elliptiques correspondant au polynôme
du troisième degré /(a?) n'admettent pas la multiplication complexe.
» Les conclusions sont encore différentes si nous sommes dans un cas
de multiplication complexe. La valeur du nombre 0 a changé et cette mo-
dification a sa répercussion sur la valeur de p^. On trouve alors
SÉANCE DU 12 OCTOBRE igoS. 647
» 8. Les exemples précédents suffisent i)onr appeler l'attention sur une
circonstance extrêniemeuL remarquable : je veux parler du caractère arith-
métique de l'invariant 0^. Ce nombre ne dépend pas seulement de questions
de configurations et de singularités relatives à la surface algébrique. La
nature arithmétique des coetficients de l'équation de la surface influe sur
sa valeur. Ainsi, pour la surface
z-^:=J(^x) /{y) (/ polynôme du troisième degré),
le nombre po est égal à trois en général. Ce nombre s'abaisse à deux, quand
les coefficients de f{x) satisfont aux conditions arithmétiques relatives à
la multiplication complexe. L'invariant po est donc, à ce point de vue, bien
différent de son analogue ip dans la théorie des courbes algébriques
(yw étant le genre de Riemunn), ou des genres géométrique et numérique
o„ et Pu aujourd'hui classiques dans la théorie des surfaces algébriques. »
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur la température d'inflammation et sur ai
combustion lente du soufre dans l'oxygène et dans l'air. Note de
M. Henri Moissan.
« Nous avons démontré que les trois variétés de carbone dégagent de
l'acide carbonique bien avant leur température d'inflammation et que le
charbon de bois en particulier brûle très lentement, dans l'oxygène, dès
la température de loo'', en produisant une petite quantité d'acide carbo-
nique (').
)) Nous avons étendu cette étude à l'action de l'oxygène sur le soufre.
» On sait depuis longtemps que, au-dessous de sa température d'inflam-
mation, le soufre peut devenir phosphorescent dans l'air (=^). M. Joubert
a fait remarquer que cette phosphorescence apparaît à une température
d'environ 200° (^). R. Heumann a démontré que, à i8o<^, ce phénomène
était accompagné de la production d'anhydride sulfureux {").
(1) H. MoissAN, Sur la température d' inflaniinalion et sur la combustion dans
l'oxygène des trois variétés de carbone {Comptes rendus, t. CXXXV, 1902, p. 921).
C^) Berzélius, Traité de Chimie, 2" édition française, l. 1, i845, p. 177.
(») JouBERï, Sur la phosphorescence du phosphore, du soufre et de l'arsenic
(Comptes rendus, t. LXXVllI, 1878, p. i853).
(*) K. Heumann. Verbrennung des Scha'efeis mit weisser Phosphorescenz flamme
(Berichte, t. XVI, i883, p. 189; voir aussi : Oscar JACOBSE^i, même Recueil, ménle
Tome, p. 478).
548 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Température d'inflammation du soufre dans l'oxygène. — I.e soufre em-
ployé dans nos premières expériences était du soufre ordinaire en canons,
tel que le livrent les raffineries. L'oxygène, contenu dans un cylindre en
acier, avait été préparé par électrolyse de l'eau et titrait de 99,2 à 99,3.
Il faut avoir soin de faire l'analyse du gaz de chaque cylindre avant de
commencer une série d'expériences. Lorsque l'oxygène renferme une
teneur plus grande en azote, il doit être rejeté.
» L'appareil au moyen duquel ont été faites les premières expériences
se composait d'un petit tube en U, d'une contenance de 20*""' environ, dans
lequel circulait un courant assez lent d'oxygène. Un fragment de soufre
de i^^à -i^i était disposé au fond du tube et la température de ce dernier,
indiquée par un thermomètre, vérifié au préalable, était maintenue con-
stante au moyen d'un bain de nitrates fondus.
» Les résultats, obtenus dans ces conditions, étaient assez variables.
Bien que la vitesse du courant d'oxygène fût constante et que son débit
atteignît i' en 10 minutes, les résultats oscillèrent etitre 307*^ et 325°. En
réalité, nous obtenions des températures trop élevées, parce qu'il se for-
mait, avant la combustion, de l'anhydride sulfureux dont la quantité
variait d'après la surface du soufre liquide au fond du tube en U et qui
affaiblissait la propriété comburante de l'oxygène. Dans ces conditions,
nous obtenions une température d'inflammation irrégulière et certainement
trop élevée.
» Dans une seconde série d'expériences, nous avons placé le soufre
dans une petite nacelle disposée au milieu d'un tube de verre horizontal
fermé par des plaques de même substance à parois parallèles. Deux aju-
tages latéraux permettaient l'entrée et la sortie du gaz oxygène. Enfin une
pince thermo-électrique de M. Le Chatelier servait à prendre la température
du soufre au moment exact où l'on voyait l'incandescence se produire en
regardant dans l'axe du tube. Cet appareil, d'une longueur de ôo*^^"" environ,
était chauffé sur 40"^™ au moyen d'un bain-marie, formé de nitrates en fusion.
Dans ce cas, la température était prise auprès du soufre, c'est-à-dire à
l'endroit même où se produisait le phénomène de l'inflammation. Nous
avons obtenu ainsi une série de chiffres plus exacts que les précédents et
compris entre +2^5*^ et -t-280". Cependant cette expérience comporte
encore des causes d'erreur. L'acide sulfureux qui se produit avant l'inflam-
mation donne un mélange gazeux dans lequel le litre de l'oxygène diminue.
De plus, le diamètre intérieur du tube étant de i*'*", 8, le gaz qui le traverse
avec la même vitesse que précédemment n'est pas en équilibre de tempe-
SÉANCE DU 12 OCTOBRE IQoS. 54g
rature avec le bain de nitrates, et les chiffres trouvés doivent être trop
faibles.
» Nous avons alors modifié notre ex}3érience de la fttçon suivante : du
soufre fondu a été maintenu dans une atmosphère d'acide carbonique
pour empêcher toute formation d'anhydride sulfureux et l'oxygène a été
chauffé dans le bain de soufre liquide au milieu duquel se produisait
l'expérience. Pour cela, nous avons placé i5oS de soufre en fusion au fond
d'un matras de 250'"'. Grâce à un tube de verre recourbé à angle droit,
nous faisions arriver à la surface un courant assez rapide d'acide carbo-
nique sec. Le gaz oxygène était amené par un tube de verre étroit dont
l'extrémité plongeait complètement sur une longueur de 5""^ à 6^"^ dans le
soufre liquide et était terminée par une pointe effdée.
» Le o-az oxygène se dégageait bulle à bulle avec une lenteur beaucoup
plus grande que dans les expériences précédentes. Un thermomètre indi-
quaitla température du soufre liquide. Enfin, le matras était placé sur un
bain de sable que l'on chauffait avec précaution. Dans ces conditions, tant
que la température est inférieure à 282°, l'oxygène se dégage bulle à bulle
au travers du soufre liquide en donnant de l'acide sulfureux, mais sans
produire d'incandescence. Au contraire, lorsque cette température est
atteinte, une réaction plus vive s'annonce par une petite explosion qui est
suivie immédiatement du phénomène d'incandescence. A partir de cette
température, la combinaison de l'oxygène et du soufre se produit avec
flamme et avec un dégagement de chaleur qui va en s'accentuant et qui ne
tarde pas à élever la température du soufre en fusion. La température
d'inflammation du soufre dans l'oxygène sous une pression d'une atmo-
sphère est donc de + 282" (').
» Température (V inflammation du soufre dans l'air. — En répétant la
même expérience avec de l'air, la température d'inflammation est de 363°.
Cette combustion, au milieu du bain de soufre fondu, se fait avec une
flamme bleue, mais, comme elle se pro luit dans un liquide jaune, elle
paraît verte. Lorsque la température s'abaisse k 36o% la petite flamme
ne se forme plus et dès lor>, si le courant d'acide carbonique n'est pas très
rapide à la surfoce du soufre, il se fait une série de détonations dues au
mélange d'air et de vapeurs de soufre. C'est qu'en effet, la température
(1) La plupart des ouvrages de Chimie indiquent, pour cette température d'inûam-
mation, le cliiffre de 260°, d'ailleurs sans indication bibliographique.
G. R., 1903, 2^ Semestre. (T. CXXXVII, N» 15.) 7^^
55o ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'inflammation de celle vapeur de soufre est moins élevée que celle du
soufre liquide et se produit dans l'air vers 285° (^ ).
» Cette température d'inflammation s'élève rapidement lorsque l'air
renferme de l'acide sulfureux. Dans un mélange de gS pour loo d'air sec
et de 5 pour loo d'anhydride sulfureux, la température d'inflammation
est voisine de 445°. Dans un mélange de 90 pour 100 d'air sec et de 10
pour 100 d'anhydride sulfureux, l'inflammation ne se produit plus à 465°.
» Combustion lente du soufre dans V oxygène. — Après avoir déterminé
cette température d'inflammation, nous avons disposé i^ à 2^ de soufre
Ibndu au fond d'un tube en U à +220°, et il nous a été facile, en faisant
passer un courant d'oxygène dans ce tube, de voir que l'acide sulfureux
se produisait en quantité notable en dessous du point d'inflammation du
soufre.
» En effet, il suffisait de faire passer le gaz qui sortait du tube en U dans
un petit condensateur maintenu à —80° [au moyen d'un mélange d'acé-
tone et d'acide carbonique (-)] pour condenser de l'acide sulfureux solide
qu'il nous a été facile ensuite de caractériser. En effet, ce corps solide est
devenu liquide vers — 75", puis a pris l'état gazeux à — 8°. Le gaz, re-
cueilli sur le mercure, avait une odeur caractéristique, s'absorbait par la
potasse et sa solution aqueuse décolorait le permanganate de potassium.
w Dans une autre expérience, on a fait passer un courant d'oxygène dans
le tube en U contenant du soufre liquide à + 200° et le gaz barbotait
ensuite dans une solution d'acétate de plomb.
» Nous avons vu se former, dans ces. conditions, un précipité blanc de
sulfite de plomb, qui, traité par l'acide cblorhydrique, a dégagé de l'acide
sulfureux que l'on a absorbé par une solution de potasse. Après avoir per-
oxyde cette solution par l'eau de brome, puis chassé l'excès de brome,
nous avons pu caractériser l'existence d'une notable quantité d'acide sulfu-
rique au moyen du chlorure de baryum.
» Ainsi, à 80° au-dessous de son point d'inflammation, le soufre, en pré-
sence de l'oxygène, donne lieu à une combustion lente bien caractéristique.
» Nous avons remarqué aussi que, dans cette combustion lente, il ne se
(') Nous avons aussi remarqué que, si les bulles d'air traversent le soufre fondu
entre 3oo° et 35o°, chaque bulle diminue nettement de volume en s'élevant au travers
du soufre liquide.
(2) H. MoissAN, Sur une nouvelle méthode de inanipulatlon des gaz liquéfiés en
tubes scellés {Comptes rendus, t. GXXXIII, p. 768).
SÉANCE DU 12 OCTOBRE 1903. 55 1
produisait, mélangé à l'acifle sulfureux, que des traces impondérables
d'acide sulfurique, si l'on a soin de recueillir les prodints de la combustion
dans une liqueur qui demeure constamment alcaline, ainsi que l'a conseillé
M. Berthelot. On sait, au contraire, que dans la combustion vive, même
dans le verre seul, il se forme toujours de ranhy<lride sulfurique dont la
teneur a été mesurée par M. Berthelot (' ) et parfois des traces d'anhydride
persulfurique (Schutzenberger).
» Il nous restait îi reconnaître si cette combustion lente pouvait se pro-
duire à des températures plus basses. Mais dans ces phénomènes le temps
intervient et nous avons dû modifier notre méthode expérimentale.
» Nous avons cherché tout d'abord une réaction assez sensible pour
déceler des traces d'acide sulfureux, et nous avons utilisé la réaction de
Fordos et Gélis. Des fragments de soufre étaient disposés dans un tube
en U traversé lentement par un courant d'oxygène maintenu à la tempéra-
ture de 100°. Le soufre restait solide et le gaz barbotait ensuite dans une
solution alcaline. Ce dernier liquide était introduit dans un appareil à
hydrogène contenant du ziuc et de l'icide chlorhydrique pur, et il se pro-
duisait une petite quantité d'hydrogène sulfuré, facilement reconnaissable
par son action sur un papier à l'acétate de i)lomb. Mais cette réaction ne
peut s'appliquer dans ce cas. Si l'on remplace, eu effet, le courant d'oxy-
gène par de l'azote pur, les résultats sont identiques, bien ([u'il ne se soit
pas produit d'acide sulfureux. Cela tient à ce que la tension de vapeur du
soufre à 100° et même à do*^ n'est pas négligeable. Nous avons déjà appelé
l'attention sur ce phéiiomène au sujet de la préseuc3 Jdu soufre en nature
dans l'eau chaude de la source sulfureuse de la grotte à Bagnères-de-
Luchon (-).
» Nous avons alors placé 0^,2 de soufre dans un tube de verre fermé
à l'une de ses extrémités et l'on a chauffé ce soufre de façon à l'amener à
l'état liquide, puis ou a lait le vide dans l'appareil pour enlever les gaz
qu'il pouvait contenir (^). Après 2 heures, ou a laissé le soufre se solidifier
(1) Bertuiîlot, Sur la chaleur de formation des oxydes du soufre {Annales de
Chimie et de Physique, 5<= série, t. XXII, 1881, p. 422).
(2) H. iMoisSAX, Sur la présence de Vargon dans le gaz de la source Bordeu à
Luchon et sur la présence du soufre libre dans l'eau sulfureuse de la grotte et
dans les vapeurs de hu.'uage {Comptes rendus, t. CXXXV, 1902, p. 1278).
(^) Celle préparalion était suffisante pour nos recherches, mais nous tenons à rap-
peler à ce sujet les ex-périences si originales de Ch. Malus sur la solubilité des gaz
dans le soufre et sur sa viscosité en présence de l'anhydride sulfureux {Annales de
Chimie et de Physi(jue, 7"^ série, t. XXIV, 1901, p. 490-
552 ACADÉMIE DES SCIENCES.
en maintenant toujours le vide, puis on a remjoli ensuite à froid le tube
d'oxyoène sec. Enfin, on l'a scellé en ayant soin d étirer très finement la
pointe. Dans ces conditions, nous avons, en présence, de l'oxygène et du
soufre dans un espace clos.
)) Lorsque le tube vient d'être ainsi préparé si nous refroidissons l'extré-
mité effilée à — i86°, nous voyons se condenser dans la pointe une très
petite quantité de liquide qui reste transparent tant que le tube ne renferme
que de l'oxygène pur. Ce liquide est de l'oxygène liquéfié qui reprend l'état
gazeux dès que la température s'élève de quelques degrés. Si au contraire
notre gaz renferme des traces d'acide sulfureux, nous voyons un corps
solide se condenser à l'intérieur de la pointe effdée, corj)s solide qui ne se
dissout pas dans la gouttelette d'oxygène liquide, et qui ne reprend du
reste son état gazeux que par un réchauffement beaucoup plus intense
que le précédent.
M Un certain nombre de tubes scellés, renfermant du soufre et de l'oxy-
gène et ne fournissant pas de dé[)ôt blanc par refroidissement de la pointe
à une température oscillant entre — iSj'^et — 190° ont été maintenus à des
températures variables. A la température de i5o'', après 12 heures de
chauffe : formation d'un léger dépôt blanc solide qui augmente nettement
avec la durée de la chauffe. Il en est de même à 100°. Il en est encore de
même à une température voisine de 20° lorsque l'expérience dure un
mois.
)) Pour reconnaître si ce dépôt blanc ainsi condensé à —186° était bien
de l'acide sulfureux, nous avons séparé rapidement {)ar un trait de chalu-
meau la partie effilée et refroidie avant que cette neige ait pu reprendre
l'état liquide. Nous avons cassé la pointe de ce petit tube dans 2'^"'' d'eau
distillée et nous avons obtenu un liquide légèrement acide qui décolorait
une solution très étendue de permanganate de potassium et fournissait
ensuite, avec une goutte d'une solution de chlorui'e de baryum, un préci-
pité blanc de sulfate de baryum insoluble dans l'acide nitrique étendu.
» Nous avons pu démontrer ainsi que le soufre octaédrique, le soufre
prismatique et le soufre insoluble brûlaient lentement dans l'oxygène, non
seulement à la température de loo'^, mais môme à la température ordi-
naire.
)) L'action est beaucoup plus lente dans l'air, mais elle se poursuit néan-
moins et, après 3 mois à une température qui a oscillé entre t6^ et 2.6^,
nous avons pu caractériser la foriualion île traces d'anhydride sulfureux.
» Conclusions. — En résumé, la température d'inflammation du soufre
est de 282° dans l'oxygène et de 3 J3" dans l'air à la pression atmosphé-
SÉANCE DU 12 OCTOBRE igoS. 553
rique. De plus, la combustion ou la combinaison lente du soufre avec
l'oxygène se prochiit bien avant la température d'inflammation. Ainsi,
à ioo°, cette combinaison est manifeste après ï2. heures; elle donne une
quantité d'acide sulfureux que l'on peut, par refroidissement à — iSG**,
amener à l'état solide et caractériser.
)) Ce procédé délicat nous a permis de reconnaître que ce phénomène
de combustion lente se produisait avec les différentes espèces de soufre,
même à la température ordinaire, et nous pouvons dire que, d'une façon
con-.tante, le soufre exposé à l'air y brûle très leulement en donnant des
traces d'anhydride sulfureux.
» Nous voyons donc que ce phénomème de la combustion lente s'étend
pour le charbon et le soufre à des températures beaucoup plus éloignées du
point d'inflammation que l'on ne pouvait le soupçonner tout d'abord. »
PALÉONTOLOGIE. — Obsen^ations paléontologifjues dans l'Alaska.
Note de M. Albert Gauduv.
« Par l'intermédiaire de notre confrère M- Edmond Perrier, nous avons
des nouvelles de M. Obalski, auquel ie Muséum d'Histoire naturelle a confié
une mission, M. Obalski est arrivé à Yukon, sur la frontière de l'x^laska,
au 64°3o' de latitude et au i[\cf de longitude. Le pays où il se trouve ren-
ferme, paraît-il, beaucoup d'or; mais, comme il est absolument glacé, par
conséquent sans végétation et sans habitations, les pauvres chercheurs d'or
endureîitde grandes souffrances. Ils sont obligés, pour obtenir l'or, de
creuser des terrains quaternaires d'une douzaine de mètres, formés de
couches de boues, de sables, de galets. De même qu'en Sibérie, ces couches,
gelées jusque dans leurs parties les pîu-. profondes, renferment une multi-
tude d'ossements; il n'y a pas de cadavres avec letirs chairs. M. Obalski
écrit : Ce nest que défenses gigantesques de MariuiDuths, ossements f/ions-
trueuXy restes de Bœufs musqués, de Bisons, a Elans, de Cerfs. Tout cela gît
epars, retiré des fonds glacés. Il y a aussi du Cheval, dont les photographies
ont été envoyées au Directeur du Muséum.
» Il convient de rapj)eler qu'en 1875 un autre voyageur fiançais, M. Al-
phonse Pinart, avait fait une importante expédition dans TAlaska et signale
la profusion des débris des Mammouths. J'ai, à cette époque, communiqué
à l'Académie une molaire de l'un de ces animaux rapportée par M. Pinart;
ï)('s lauics, extrêmement serrées, présentent l'exagérai ioii i\Q<> caractères
554 ACADÉMIE DES SCIENCES.
du Mammouth. Ainsi il semble que cette espèce ait eu ses traits les plus
accentués dans les régions très froides.
» L'accord des voyageurs des diverses nations, au sujet de l'abondance
extrême des grands Herbivores fossiles dans les contrées boréales, prouve
de jdus en plus qu'à une éj^oque très peu ancienne, alors que les hommes
vivaient déjà depuis bien longtemps, le nord de notre planète avait un
climat moins dur que de nos jours. Le régime des Steppes à plantes her-
bacées a précédé le régime des Toundras actuelles, dont le sol profondé-
ment glacé ne porte que des Mousses. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la nniweUe fonction Ea(^).
Note de M. G. Mittag-Lei-flkr.
« Dans ma Note du 2 mars de cette année, j'ai introduit la nouvelle
fonction
__, • \ JC Ju ce
L«(^; = i -h f^T^i^^TTy H- r(i + a.2) "^ r(i4-a.3) -+"•••'
où a désigne une constante positive, que j'ai supposée être plus petite
que 2.
)) Cette fonction se comporte, en réalité, de deux: minières très diffé-
renles suivant que
o <:^ a < 2 ou a^2.
» Examinons d'abord la première hypothèse o <; a ■< 2. On doit alors
distinguer trois cas :
» 1° Le module r de x(^x ■=^ re^'^^ augmente indéfiniment le long d'un
vecteur situé dans l'angle
TT TU
2" — a- ^p">a.-'
2 ' ""^ 2
» Dans ce cas, le module | Ea(^)| s'approche en même temps indéfini-
ment de zéro.
)) 1^ Le module \x\ augmente indéfiniment le long d'un des deux
vecteurs
» Dans ce cas, le module | Ea(.r) | s'approche en même temps indéfini-
ment de -•
SÉANCE DU 12 OCTOBRE igoS. 555
» 3** Le module \x\ augmente indéfiniment le long d'un vecteur situé
dans l'angle
T 71
Dans ce cas, le module | E^{x) \ augmente en même temps au delà de toute
limite, tandis que
diminue indéfiniment.
» On voit qu'on retombe pour a = i sur les propriétés connues de la
fonction E, (d?) = e^.
» Examinons maintenant la deuxième hypothèse
a^ 2.
» Quand, dans cette hypothèse, \x\ augmente au delà de toute limite,
le long d'un vecteur quelconque dont l'argument ç est soumis à la res-
triction
- :û < O < H- 77,
le module | Ea(^) [augmente simultanément au delà de toute limite, tandis
que la somme
E.(-> -2^
1 . 2 ur + «
- l -!- -
où la sommation embrasse tous les nombres entiers réels [a remplissant la
condition
2 a7ï -i- o
< ' ^
diminue en même temps indéfiniment. Quand, d'un autre côté, dans cette
hypothèse a^2, le module \x\ augmente indéfiniment le long d'un vecteur
d'argument
le module
iî"W-Er
ces n SI 11
(a=2mH-&, o^2r>— i; m = i, 2, 3, . . .)
diminue en même temps indéfiniment.
556 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» On a donc dans cette hypothèso a^ 2
1
/•= »
lim e-'^ I E^{x) \ = o, x =^ re'^"" (o < Ô< i).
)) La fonction
Ea(^) (a>2)
partage avec sin^r la propriété bien connue que son module augmente, au
delà de toute limite, en même temps que \x\, quand x va vers l'infini le
longd'un vecteur quelconque, à l'exception à'unseul. On peut se demander
s'il existe des fonctions entières transcendantes dont le module augmente
au-dessus de chaque limite en mé.ne temps que \x\, quand x va vers
l'infini le long d'un vecteur déterminé quelconque. La réponse est affirma-
tive, comme le montre l'exemple suivant :
qui a été indiqué par M. H. von Kocli et auquel on pourrait ajouter, d'après
une remarque de lui,
g{x) ^'^Jx),
où g(^x) désigne une fonction entière rationnelle. La différence entre une
telle fonction entière transcendante et la fonction entière rationnelle peut
être caractérisée comme il suit : la seconde s'approche de l'infini pour
toutes les directions d'une manière uniforme et la première d'une manière
non uniforme.
» Une question plus profonde est la suivante : la fonction Ea(a?)
(o <I a- <! 2) augmente vers l'infini seulement dans l'angle — a- <;cp<^oc-
qu'on peut amoindrir autant qu'on veut en diminuant a. Existe-t-il des fonc-
tions entières qui ne deviennent infinies que si |a7| augmente le long d'un
seul vecteur, mais qui diminuent indéfiniment quand \x\ augmente le long
de tous les autres vecteurs?
)) Un de mes élèves, M. J. Malmquist, vient d'en former un exemple
dans la fonction
S(^)=il r '"'"\ 1 (0<X<I).
» M. E. Lindelot, en se rattachant à ma Note du 1 mars et en s'appuyant
SÉANCE DU 12 OCTOBRE [QoS. 607
sur un théorème fort remarquable trouvé par lui (Acta Soc. Se. Fenn.,
l. XXXr, n° 3, p. 29), a formé une autre fonction de la même nature
(BulL des Se. math., août igoS). Une autre fonction, semblable à celle de
M. LindelôF, est la suivante :
n Les fonctions Ë;(^) et ^^(a?) s'approchent en réalité indéfiniment
de zéro quand \x\ augmente au delà de toute limite le long d'un vecteur
déterminé quelconque situé dans l'angle
o < o < 2-,
tandis qu'elles augmentent au-dessus de chaque limite quand x va vers
l'infmi le long de l'axe réel positif.
» Je ferai la remarque suivante qui se rattache immédiatement à la pro-
priété énoncée de ces fonctions :
» Si l'on pose
ou
on obtient en E{j') une nouvelle fonction entière transcendante possédant
la propriété bien remarquable, qui paraît à première vue paradoxale,
qu'elle s'approche indéfiniment de zéro quand x va vers l'infini le long d'un
vecteur déterminé quelconque. L'explication est la même qu'auparavant. La
fonction diminue avec --^ d'une manière non uniforme.
1 -^ 1 —
,, On voit facilement que les fonctions Ë;(^), E^(x), F.{x) ne sont pas
de genre fini. Existe-il des fonctions de genre fini qui possèdent la même
propriété que j'ai fait ressortir pour ces fonctions?
,) La réponse est négative à cause d'un théorème dû à M. Phragmén et
dont la démonstration sera publiée prochainement. Ce théorème, qui se
rattache à la propriété fondamentale de la fonction Ea(a?) (o < a < 2) et
qui amène une précision inespérée au théorème é\émtnlc\irequ une fonction
entière dont le module a une limite supérieure finie est nécessairement une con-
stante, est exprimé ainsi par sou auteur :
» Soient oc et p deux quantités satisfaisant aux inégalités
o<a<2, ()<p<-
C. H., 1903, 2" Semestre. (T. CXXXVII, N° 15.) 7 »
>^58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et supposons que la fonction entière Y {x) satisfasse aux deux conditions sui-
vantes :
» En posant
X = re'"^,
on a : i °
|i('^)K ^^ pour — a-^(p<a
F(.a7)|^B pour
7. -,
2
A ^/ B étant deux constantes ; je dis que cette fonction l\x) sera nécessaire-
ment une constante.
)) A ce théorème s'en rattache un autre phis profond encore qui ouvre,
avec le premier, une vue toute nouvelle sur l'étude de la croissance des
fonctions entières :
» Soient a et p deux quantités satisfaisant aux inégalités
0<7. <2,
o<p<l,
et supposons qu une fonction entière a>(a7) satisfasse aux deux conditions
suivanies :
» 1° I <l^(a?) I g- 1*1^ reste au-dessous d'une limite finie quand x reste dans un
certain angle rectiligne d'étendue octû et ayant son sommet à l'origine;
» 2" I $(ip) I reste au-dessous d'une limite finie quand x reste dans l'un ou
l'autre de deux angles, conligus de côté et d'autre à l'angle nommé, ces deux
angles pouvant d'ailleurs être d'étendue arbitrairement petite.
» Cela posé, on au^a nécessairement, dans l'angle nommé d' étendue (^r.,
l""r^, =o,
P désignant une quantité supérieure à Vanité, mais d'ailleurs arbitraire, et
cette expression convergera uniformément vers sa valeur limite dans tout cet
angle. )>
MEMOIRES LUS.
PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — Recherche et dosage de l'urée dans les tissus
et dans le sang des animaux vertébrés. Note de M. IVestor Gréiiant.
« Il y a longtemps que je me suis occupé, pour la première fois, de la
question de l'urée au point de vue physiologique et, dans ma Thèse de
SÉANCE DU 12 OCTOBRE igoS. SSq
Doctorat es Sciences (1870), j'ai tiémontré que la ligature des uretères et
la néphrotomie sont deux opérations identiques quant à leurs consé-
quences et qu'elles sont suivies de l'accumulation de l'urée dans le sang
et dans les tissus.
» C'est en perfectionnant le procédé de Millon que j'obtiens, en décom-
posant l'urée dans le vide par les vapeurs nitreuses, des volumes égaux
d'acide carbonique et d'azote, qui donnent à mon procédé de dosage une
exactitude mathématique.
» Je ne puis donner ici les détails complets de la technique que j'em-
ploie; il suffira de résumer les opérations successives qui sont nécessaires :
» Un poids mesuré de substance, muscles hachés ou sang défibriné, est additionné
d'un poids double d'alcool à 90"; au bout de 24 heures, on sépare à la presse le
liquide alcoolique qui est évaporé dans le vide à 5o", pour éviter la dissociation par-
tielle de l'urée, qui a lieu, comme l'a démontré le D'" Quinquaud, quand on chaude
des solutions d'urée au bain-marie d'eau bouillante.
» Le résidu de l'évaporation, repris par l'eau, a été décomposé par la liqueur verte
obtenue en faisant dissoudre os, 8 de mercure dans l'acide nitrique; les gaz sont
recueillis à l'aide de la pompe à mercure dans une cloche de 80^"'' à go^'"'.
» Chaque centimètre cube d'acide carbonique sec à 0° et à 760'"" de pression cor-
respond à 2™s,683 d'urée pure.
Poids d'urée
contenus dans icxjs de
muscles. sang.
Lapin 0,042 0,043
Cobaye . . o,o45 o,o45
Canard o o
Grenouilles o,o44
Carpe 0,02 1
Raie 1 ,37
» Eu résumé, il y a chez les Mammifères autant d'urée dans le sang que
dans les muscles.
» Le sang et les muscles de l'oiseau ne contiennent pas d'urée.
» 100^ de muscles de la raie renferment 1^,37 d'urée, ou Gj fois plus
que le même poids de muscles de carpe et 3o fois plus d'urée que les
muscles du cobaye.
)) Il paraît donc que les reins de la raie sont insuffisants pour excréter
l'urée qui se trouve, à l'état normal, accumulée dans les muscles et dans le
sang, comme chez les Mammifères auxquels on aurait lié les uretères.
56o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Il y a plusieurs années ( ' ), nous avons, le professeur JolyeL et moi, fait
des recherches comparatives sur la torpille à Arcachon; le cœur ayant
été enlevé, nous avons excité avec l'appareil à chariot l'un des appareils
électriques et laissé l'autre au repos; à plusieurs reprises, nous avons
trouvé dans l'organe électrisé un plus grand poids d'urée que dans l'organe
au repos. C'est un premier pas que nous avons fait dans la recherche du
lieu de formation de l'urée dans l'organisme animal. »
CORRESPOND AIV CE .
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, le « Bulletin de la Société normande d'études préhisto-
riques. Tome X, année 1902 ». (Présenté par M. Albert Gaudry.)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équalio/is linéaires aux; différences finies.
Note de M. Alf. Guldberg, présentée par M. Emile Picard.
« La présente Note se réduit à quelques remarques très simples, qui
n'ont peut-être pas encore été faites, et qui peuvent présenter quelque
intérêt. Comme elles ont trait à des questions isolées, je les introduis dans
des numéros séparés.
» I. La considération des analogies qui existent entre les équations
algébriques et les équations différentielles linéaires a conduit à des résul-
tats importants. Or, il est bien visible que les raisonnements employés
peuvent se répéter pour le cas où, au lieu des équations différentielles
linéaires, on regarde les équations linéaires aux différences finies.
« Considérons l'équation linéaire
(i) X ( j)eeej,,,-i- a:;'v,,« , + . . . 4- a;;-" V, , + Â|f r,= o.
» si l'on posej^j; = Vj.,u^ et si l'on remarque que
^'^ ^/- = «.r + 7 '^ «x- H- • • • -+- A'' ''^.
on trouve une transformée, dont la loi se trouve immédiatement; nous
(*) Comptes rendus de la Société de biologie, 1891.
SÉANCE DU 12 OCTOBRE HJoS.
56i
l'écrivons ainsi
(2) '
f -^ (/2<'^^« + a;^: r^+„ „ , ^ A"-' «,. + ç',.^,, A" w,. = o.
)) De l'équation (2) on déduit d'abord directement le théorème connu
de la réduction de l'ordre de l'équalion (i), si l'on en connaît des solu-
tions particulières. De plus, si j^'^ mis à la place de v^; satisfait aux k
équations
l'équation (1) aura k solutions de la forme
X(^-0(^n))^O,
où x'-P'' désigne x (^x — i) ... (-r — /? H- 1).
» En effet, dans noire hypothèse, (2) devient
_£__X(^Xj1;')A^^.+ ... v.'^^A^/.^o.
)) Or, celte équation a pour solution
LL • l 9 tA^ y tAy y
X
(A-l)
» Inversement, si l'équation (i) a des solutions ('i), les équations (x)
sont satisfailes.
» 2. On démontrera facilement de l'équation (2) qu'un système fonda-
mental de solutions de l'équation (i) peut se mettre sous la forme
y. =^7^ y:
yT = C^^r-"^^T^
où aucune des fonctions r^; n'est identiquement nulle.
» 3. Soient y^,\ y^^\ • • • ■> yT '^^'^ système fondamental de solutions de
l'équation (i). En écrivant l'équalion (i) sous la forme
X(j) =
7^
Va,-+. .
. . y.r^n
J^^
J .1+ 1
J X+ll
yr
J^. •
.. v"'
^^(y.y^'---yr)=-o,
502 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» On voit immédiatement que Ton a
formule tout à fait analogue à celle de Liouville pour les équations diffé-
rentielles linéaires.
» 4. Soient
P;«== J..-MM -f- Ay ' j,.,,_, + . . . ^ A;r>, -^ o,
deux équations linéaires, et soit m ~ n = -x. Pour déterminer l'équation
linéaire qui donne les solutions communes à P„, = o, Q„= o, dans le cas où
il en existe, nous remarquerons qu'on peut déterminer des fonctions r,,
Ao, . .., r^ de a? tel'es que la différence
''/« - (Q«^!.-H ^-^ Q«+j..-, -i- . . . -^ /vQ«)'
où Q„^^ désigne 7,^,^^,-1- B;;;^v,_,„^^^_,-f....a- 11';';^^.^.^^^, ne contienne
que7^^,,_,,7^.^„_o, etc.
» Nous pouvons donc écrire Pidentilé
R désignant une expression linéaire aux différences analogue à P et Q,
mais renfermant au plus j^+„_,. Les solutions communes à P,„= o, Q„= o
sont communes à Q„= o, R = o et inversement. On continuera ainsi, de
proche en proche, et quand le reste sera nul, la dernière expression
employée sera l'équation linéaire, donnant les solutions communes aux
deux équations proposées. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur le fonctionnement de cohéreurs associés. Note
de M. Albert Turpaîn, présentée par M. Mascart.
« Nous nous sommes proposé d'étudier les particularités que présente
le fonctionnement de plusieurs cohéreurs réunis à une même antenne.
» On détermine la sensibilité d'un cohéreur par la distance à laquelle un
radiateur est susceptible d'agir nettement sur le cohéreur. La netteté
d'action est donnée par la valeur du courant qui, après cohésion, parcourt
un galvanomètre très sensible.
« On constate que, si un cohéreur est en circuit fermé, la sensibilité est bien
SÉANCE DU 12 OCTOBRE IQoS. 563
plus grande quesiiest en circuit ouvert, c'est-à-dire si, au moment de l'émis-
sion des ondes, une seule des électrodes du cohéreur est reliée à l'antenne
et à un pôle de la pile dont le courant doit ultérieurement le traverser,
l'autre électrode du cohéreur étant isolée. Cette constatation se fait en
reliant l'électrode isolée du cohéreur à la terre et au second pôle de pile,
après que les ondes ont été émises.
» Cohéreurs associés en dérivation. — Si Ton associe plusieurs cohéreurs en déri-
vation, l'une des électrodes de chaque cohéreur étant reliée à Tantenne commune,
l'autre électrode étant (circuit fermé) ou non (circuit ouvert) reliée au reste du circuit,
on constate les faits suivants :
» i» Les cohéreurs conservent la même sensibilité relative, qu'ils soient tous en
circuit ouvert ou qu'ils soient tous en circuit fermé, mais la sensibilité de chacun d'eux,
est bien moindre en circuit ouvert qu'en circuit fermé.
» 2° On peut alors très simplement et très rapidement obtenir l'ordre de sensibilité
de plusieurs cohéreurs associés. Pour cela, tous les cohéreurs étant en circuit fermé,
on produit une émission d'onde telle qu'un seul cohéreur se trouve cohéré par celte
émission. Ceci fait, on met ce cohéreur en circuit ouvert en isolant l'une de ses élec-
trodes. On cherche alors par une nouvelle émission d'ondes à produire la cohésion
d'un des cohéreurs laissés en circuit fermé. On met ce deuxième cohéreur en circuit
ouvert et l'on continue jusqu'à ce qu'on ait épuisé les cohéreurs à classer.
» On s'est assuré que la sensibilité de chaque cohéreur est la même, qu'il soit mis
seul en expérience ou qu'il soit entouré de cohéreurs voisins expérimentés en même
temps que lui.
» Cohéreurs associés en série. — Nous avons étudié le fonctionnement d'une chaîne
de cohéreurs disposés les uns à la suite des autres. Si les cohéreurs sont tous déco-
Jiérés, il semble qu'il y a alors dans le circuit : cohéreurs — pile — galvanomètre —
cohéreurs, autant de coupure que de cohéreurs. En efTet, la sensibilité relative de
chaque cohéreur a été trouvée la même que l'on ait ou non pratiqué une coupure dans
le circuit au moment de l'émission des ondes.
» Pour évaluer ici la sensibilité de chacun des cohéreurs, on opère ainsi : après
l'émission des ondes, par rétablissement de ponts conducteurs reliant des godets de
mercure dont la distribution est facile à imaginer, on dispose successivement, dans le
circuit pile — galvanomètre, chacun des cohéreurs étudiés pris seul et l'on se rend
ainsi compte du degré de cohésion que l'émission d'ondes a produit sur lui.
« On constate ainsi que la connexion d'une antenne avec une électrode d'un cohé-
reur augmente la sensibilité de ce cohéreur. C'est ainsi que, si l'on fait varier le point
d'attache de l'antenne avec le circuit comprenant plusieurs cohéreurs disposés en
série, l'ordre de sensibilité des cohéreurs associés change.
» ApplicalioTis. — Nous avons appliqué les résultats de cette étude expé-
rimentale : 1° à la réalisation de dispositifs nous permettant de suivre et
d'enregistrer la marche des orages ; 2« à la réalisalion de (lisi)ositifs ti^ès sen-
564 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sibles utilisables tant en télégraphie saiis fil qu'en télégraphie hertzienne
avec conducteur. »
CHIMIE PHYSIQUE. — Électnsation de contact (IV) et théorie des solutions
colloïdales. Note de M. Jean Perriîv, présentée par M. Mascart.
« L'électrisation de contact que prend un corps plongé dans l'eau joue
un rôle insuffisamment reconnu, et peut-être capital, en différents pro-
blème^que les physico-chimistes et les biologistes s'accordent à considérer
comme importants. Tel me paraît être le cas pour les teintures, pour les
entraînements de corps solubles par certains précipités, et surtout pour les
solutions colloïdales, auxquelles se rapporte la présente communication.
» Il est très probable, comme on sait, que toute solution colloïdale est
formée de granules, invisibles au microscope, mais beaucoup plus gros
que des molécules (car ils diffusent fortement la lumière), et chargés élec-
triquement (car ils suivent ou remontent les lignes de force quand on les
place dans un champ électrique).
)j A ma coimaissance, on n'a pas expliqué de façon satisfaisante : com-
ment peut se former une telle suspension; comment elle peut subsister
indéfiniment y sans que les plus gros des granules s'accroissent aux dépens
des plus petits, grâce au solvant interposé, jusqu'à réunion complète en
une seule masse, ainsi que font dans un nuage les grosses gouttes aux dépens
des petites; comment il arrive parfois que ces granules grossissent ou
décroissent réversiblement quand on change la composition du liquide
où ils baifi^nent; comment enfin, si l'on dépasse certaines limites, une
coag^ulation irréversible se produit, notamment sous l'influence d'ions
polyvalents.
» Bref, il faut indiquer des causes qui assurent un équilibre stable pour
un certain diamètre du granule. Dans ce but, je proposerai une théorie
que- résume la phrase suivante : la tension superficielle et la cohésion facto-
risent r accroissement d'un granule, mais l'électrisation de ce granule est une
cause interne de dislocation, et l'on conçoit quil existe un diamètre pour lequel
ces deux influences opposées s équilibrent. C'est ce que je vais tâcher de
préciser.
» D'abord, il est raisonnable de supposer que la charge électrique des
granules est due aux causes qui déterminent l'électrisation par contact
d'une grande paroi, et de chercher à appliquer les lois trouvées pour ces
SÉANCE DU 12 OCTOBRE igoS. 565
parois. Je rappelle que j'ai signalé plusieurs de ces lois, et en particulier
comment cette électrisation parait due à la présence des ions H"^ ou 0H~
et comment elle peut être beaucoup^amoindrie par des traces d'ions poly-
valents de signe opposé.
» Mais, dans le cas de très petites surfaces, la charge électrique n'est
plus assimilable à une couche homogène, et on doit la regarder comme
formée par un ou plusieurs centres distincts, valant chacun un électron
(charge d'un ion monovalent), une plus petite quantité d'électricité n'étant
pas réalisable.
M Imaginons alors qu'en une solution sursaturée, vis-à-vis d'une sub-
stance A, se trouve ou se forme un germe de cette substance. Ce germe,
d'abord extrêmement petit, ne portera presque jamais de charge, et il
grossira; puis, au delà d'une certaine taille, il portera en moyenne un
électron et nulle cause encore ne l'empêchera de grandir; puis il portera
deux électrons, qui se repousseront et qui distendront le granule formé.
» Cette répulsion pourra être assez grande pour amener la segmentation
du granule, après quoi chacun des deux granules grossira comme avait fait
le granule primitif, puis se segmentera de nouveau, et ainsi de suite. Ainsi
font, dans la cellule vivante, les leaciles, les chromomères, le centrosome (^et
peut-être tout microsome). On peut admettre que la segmentation se pro-
duira chaque fois que l'énergie électrique rendue disponible par cette seg-
mentation sera supérieure à celle qui correspond, du fait de la cohésion, mais
surtout du fait de la tension superficielle, à la réunion des deux fragments.
» Si la répulsion de deux électrons n'a pas suffi pour segmenter le
granule, cette segmentation pourra se produire lorsque le granule, devenu
plus gros, portera un plus grand nombre d'électrons. Toutefois, au delà
d'une certaine taille, on n'aura plus le droit de négliger, comme j'ai fait
ici, les électrons de signe opposé qui flottent dans le liquide ; le granule sera
de plus en plus assimilable à un feuillet électrique fermé, et les actions
électriques n'auront plus chance de l'emporter sur la tension superficielle
(et la cohésion).
» Bref, si une substance prend au contact de l'eau une faible tension
superficielle et une forte électrisation, l'état stable du système sera réalisé
par une émulsion de granules de diamètre fixé, dispersés dans l'eau.
» Si l'on accroît l'électrisation de contact, on diminue la grosseur
(moyenne) du grain qui correspond à l'équdibre stable; si l'on diminue
cette électrisation, on accroît cette grosseur; si, enfin, on la diminue au-
dessous d'une certaine valeur critique, la segmentation devient impossible,
G. R., igoS, li» Semestre. (T. CXXXVII, N" 15.) 75
566 ACADÉMIE DES. SCIENCES.
et les granules s'agrcgcaL par tension siiperflciellf', en même temps que ics
plus petits se résorbent : c'est la coagulation.
» Il devient alors aisé de comprendre les divers phénomènes observés
quand on ajoute à une solution colloïdale des traces d'acide, d'alcali ou
d'ions polyvalents. Je montrerai ailleurs comment on peut, à cet égard,
préciser un peu les considératipns formulées par Hardv, à la suite de ses
belles expériences.
» On remarquera que la théorie qui précède donne un fondement phy-
sique simple à la théorie granulaire de la matière vivante, telle qu'elle a
été présentée par Nœgeli, Altmann, et beaucoup d'autres biologistes. )>
CHIMIE MINÉRALE. — De l'action de i acide carbonique sous pression sur les
phosphates mèlalliques. Note de M. A. Basillé, présentée par M. U.
Moissan.
« Dans un précétlent travail (*), après avoir étudié le mode d'aclion
de l'acide carbonique sous pression sur les phosphates de calcium, nous
avons reconnu l'existence d'un composé que nous avons nommé carhono-
phosphate de calcium. Il était intéressant d'étendre cette étude aux autres
phosphates métalliques. Les résultats obtenus nous permettent, en effet,
de conclure à l'existence de cinq autres carbonophospliates (bibasiques et
tribasiques).
» A. Nos expériences nous ont amené à constater que les phosphates
tribasiques de potassium, de sodium, d'ammonium, de calcium, de baryum
et de magnésium se combinent jjvec l'acide carbonique sous pression, en
présence de l'eau, pour donner naissance à un phosphate bibasique et au
bicarbonate correspondant; ces résultats n'étant obtenus qu'après évapo-
ration de la dissolution carbonique, soit dans le wàc, soit à l'étuve à une
douce chaleur. Avant cette dissociation finale, il existe, dans la dissolution
carbonique, un composé intermédiaire, peu stable, auquel nous avons
donné le nom de carhonophosphale trihasique.
» Cette réaction est établie par la formule suivante :
2(P0^M/^')4-4(C03H-)=:(P0^M'-I-I)-2G0-, 2((:0Mli\r)-t-oH-0.
CarboDopliosphate Uùbasiquc.
(') Phosphates de calcium. Action de l'acide carbonique. {Thèse de Docl. Univ
Paiis : Pharm.)
SÉANCE DU 12 OCTCBRE ïCp'i. 367
» Par dissociatioti, on a :
(Po■■:^^-Ii)-2Ct)^ '2(co\n.yi') = 2(^0'w^H)^'i{con-iM')-hiCO' /.
» Les carbonophosphales ne peuvent exister qu'en dissolution et, sous
cet état, ils se dissocient toujours au contact de l'air avec une rapidilc
plus ou moins grande.
» Si Ton met, dans un flacon plein et bouclié, les dissolutions de carbonophosphates
de Ca, de Ba et de Mg, on voit se former plus ou moins rapidement, au sein du
liquide, de très beaux cristaux de phosphate bibasique. Celte précipitation est en
rapport avec la quantité de bicarbonate correspondant existant dans la dissolution. En
effet, en mélangeant, dans un flacon plein et bouc'ié, une dissolution carbonique de l'un
de ces trois phosphates bibasiques avec une dissolution de bicarbonate correspondant,
on obtient également une précipitation de ])hosphale bibasique. Chacune de ces réac-
tions s'opère dans les mêmes limites et dans les mêmes propoitions.
) B. Tous les autres phosphates bibasiques ou tribasiques sont plus ou
moins solubles (kms l'eau chargée d'acide carbonique sous pression, sans
y subir aucune transformation. Le Tableau suivant donne les résultats
obtenus avec les divers phosphates mis en expérience :
Tableau indiquant l'action de l'acide carbonique, à la presssion de 10^0 et en présence
de l'eau sur les phosphates métalliques.
Quaiiiii:-s de
ruospliatei mis en cxpcrien; o.
l''-0» dissoi
par litre.
pliuspliales
concspoiiiianl
a I"0'.
1° Phosphates donnant des carbonophosphates : phos-
phates de potassium, de sodium et d'ammouinm lii et
tribasiques ( piiosphates alcalins solubles dans l'eau et
indiqués pour mémoire).
Phosphate iricalciijiu' 0,482
;> bicalcique . . 0,878
:> lribaryti({u . o,2o-'|
» Libaryli(jue. .. o,4i92
» trimagnési(jii . 2,299
bimagncsique 2,bo->.!\
s
0,923
2,127
1,319
1,474
5,4oo
8,1-70
2° Phosphates simplement dissous par C0-.
Phosphate aminoniaco-magnésien. . 3,075 ii,f>4*J
» trililhique 9,io35 16,027
tristrOntianique 0,4398 i,4652
H bistronsianique ",77^ 2,ob3
!"li.>spliatcà mi-, eii expéi ieiicc.
^liosphalc tritiianganeuv
» d'alumine tribasique. ..
de gluciiiium bibasique.
;> tri ferreux
» bifeneux
» trizinciquc
-> trinickclique
de cadmium tribasique .
utaneux
> urani(|ue
slanneux tribasique . . . .
» Iricuprique
dicuprique
triplomljiqU('
mercuriqiîe
r, mercureux
basique d'argent
(Juaiuilcs de
phuspliates
r-O^disMias currespondaul
par lilre. à H'O».
o,3c)56
o , 26b
",3747
0,429
0,456
0,2023
I ,3583
o,3i79
1 ,3417
0,740
0,84.7
i,o83
1,091
o , 676
3,5io5
i,«77
Traces.
Néant.
0,1734
0,4335
0,5202
0,2 20
Ô , 2 I 68
0,1879
0,1-5
0,6264
1 ,326
1,564
1.397
0,903 s
1 , 3 1 2
i,o3 !
» Il est intéressant t!e constater que les phosphates dont les bases peuvent
568 ACADEMIE DES SCIENCES.
donner des bicarbonates sont les seuls qui soient attaqués et décomposés
par l'acide carbonique et les seuls par suite qui puissent donner des carbo-
nophosphates. Telle est la cause pour laquelle le phosphate de lithine et le
phosphate de slronliane font exception à cetle règle dans chacun de leur
groupe.
» C. En ce qui concerne les phosphates dimétalliques, bien que dans
aucun cas l'acide phosphorique ne puisse abandonner i™^' de métal à
l'acide carbonique, il résulte néanmoins de nos expériences que les phos-
phates bibasiques des métaux dont les phosphates tribasiques nous ont
donné des carbonophosphates paraissent donner lieu également à une
combinaison avec l'acide carbonique sous pression en présence de l'eau;
mais ici, la dissociation régénère le phosphate bibasique tel qu'il a été mis
en expérience.
)) Il y aurait donc deux sortes de carbonophosphates métalliques : l'un
correspondant aux phosphates bibasiques, l'autre aux phosphates triba-
siques. Le premier,, que l'on pourrait appeler par analogie carbonophosphale
bibasique, aurait pour formule générale
(P0'HÎVr=^)=2C0-,
elle second, le carbonophosphate tribasique, serait constitué par la sou-
dure d'un carbonophosphate bibasique avec le bicarbonate correspondant
(P0*HM'2)=^2C0-.2(C0^HM').
M Enfin nous avons démontré expérimentalement que les phosphates
dimétalliques sont toujours plus solubles dans l'eau chargée d'acide carbo-
nique que les phosphates trimétalliques correspondants. La présence de i™°'
de bicarbonate métallique explique cette différence pour les dissolutions
de carbonophosphates tribasiques. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur une série de composés du bismuth. Note de
MM. G. Urbain et H. Lacombe, présentée par M. H. Moissan.
« On n'avait signalé jusqu'à ces dernières années de cas d'isomorphisme
des terres rares qu'avec les métaux alcalino-terreux. MM. Wjrouboff et
Verneuil {B. Soc. c/u, 3^ série, t. XXT, 1899, p. 1 18) ont tenté de généra-
liser cette analogie. M. Goste Bodman (/?er. chem. GeselL, t. XXXI, 1898,
p. 1237; Z. anorg. Chem., t. XXVH, 1901, p. i^f\) a établi que les nitrales
SÉANCE DU 12 OCTOBRE I9o3. 5f>Ç)
et les sulfates simples des terres rares peuvent cristalliser en toutes pro-
portions avec le nitrate et le sulfate simple de bismuth. Ce rapprochement
est le seul argument d'ordre chimique qui permette de faire considérer
les métaux rares comme trivalents. Nous avons pensé que l'analogie entre
les terres rares et le bismuth pouvait .être poussée plus . loin, et nous
avons observé un très grand nombre de faits qui légitiment ce rappro-
chement.
)) Il résulte de nos recherches que le bismuth est aux terres rares ce
que le zinc est au magnésium. Nous nous bornerons, dans celte première
Note, à décrire une classe nouvelle de nitrates de bismuth.
» La formule générale de ces nitrates est3M"(AzO^)-.2Bi(AzO')"\2iH-0,
dans laquelle M" représente du magnésium, ou du zinc, ou du nickel, ou
du cobalt, ou du manganèse.
» Ces nitrates appartiennent au même type que les nitrates doubles des terres
rares avec les nitrates correspondants de la série magnésienne. Ils se présentent sons
la même forme et sont complètement isomorphes avec eux.
» Ces composés se préparent en dissolvant à chaud dans le moins possible d'acide
nitrique de densité i,3 les nitrates simples magnésiens avec le nitrate de bismuth
dans les proportions théoriques. Pendant le refroidissement, la cristallisation peut être
provoquée par des germes de nitrate double de didyme et de magnésium.
» Les cristaux ainsi obtenus sont volumineux. Dans l'acide nitrique fumant, les
cristaux que l'on obtient sont plus petits et mieux formés. Ces sels sont déliquescents.
Le sel de nickel et celui de magnésium sont moins déliquescents que ceux de zinc et
de cobalt. Le sel de manganèse est le plus déliquescent de la série. Tous ces sels
s'effleurissent dans l'air sec. Par l'ensemble de leurs propriétés, ces sels se rappro-
chent le plus des sels assez fondants de gadolinium dans la série des terres rares.
» Comme tous les sels de bismuth, ils sont décomposés par l'eau.
» Set de magnésium : 3Mg(AzO^)-. sBi ( AzO^)*. 24H'0. — Ce sel est incolore.
Il fond sans décomposition à 71". Son poids spécifique à 16", déterminé par l'inter-
médiaire de l'essence de térébenthine, est Dî!;=2,32.
» Sel de zinc : 3Zn(Az03)^2Bi( AzO^)^24H"-0. — Ce sel est incolore. Il com-
mence à fondre à 67°, 5, mais il se décompose alors en formant à la faveur de l'eau de
cristallisation un sous-nitrate de bismuth. Poids spécifique DJJ; = 2,75.
« Sel de nickel : 3Ni(Az03)2. 2Bi( AzO^)^ 24 H^O. — Sel vert. Il fond sans dé-
composition à 69°. Poids spécifique D}^ =; 2,5i.
» Sel de cobalt : 3Co( AzO*)^ 2 Bi(AzO-^)^ 2411-0. — Sel rouge, un peu pins
orangé que le composé correspondant de néodyme. Il fond sans décomposition à 58".
Poids spécifique D}^ = 2 ,48.
» ^e/ <ie ma/z^anè^e .• 3Mn(AzO-^)-. 2Bi( AzO^)^ 24H-O. — Ce sel est rose pâle.
C'est le plus instable des sels de cette série. Il ne subsiste pas en présence de ses com-
posants solides au sein d'une liqueur nitrique. Il fond sans se décomposer à 43°-44"""
Poids spécifique DJ^ r=: 2,42. »
i-^O ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur le dosage du vanadium dans les produils
métallurgiques. Noie de M. Em. Campagxr, présentée par M. A. Haller.
(( Lés mélhodes de dosage du vanadium dans ses alliages et ses miiiferais
peuvent être considérablement simplifiées, tout en gagnant en exactitude,
si l'on lient compte des faits suivants : i° l'élher ch:!rgé d'acide chlorhy-
drique dissout le chlorure ferrinue, tandis qu'il ne dissout pas les oxy-
chlorures de vanadium; 2° l'oxychlorure VOCi^ est réduit en YOCl^
par ébullilion prolongée avec de l'acide cillorhydriquo, tandis que le
chlorure ferriqne n'est pas altéré. Par transformation des chlorures en
sulfates, on obtient du sulfate de divanadyle bleu V-0-(SO'')- et du sulfate
ferrique; au moyen d'une liqueur titrée de permanganate on peut déter-
miner la quantité d'oxvgène nécessaire pour transformer le sulfate de
divanadyle en sulfate vanadique ^-0^(80*)^ et, par suite, la quantité de
vanadium présente dans la liqueur.
» Les réactions suivantes rendent compte eie ces faits :
V-0*H-6HC1 = 2VOCl- + 3H-0 + Cl-.
2YOCi--i-2H-SO^=: V-0-(SO")-H-4HCl.
5[V-0-(S0^)-] + 2KMnO^+ 8H^SO''
= 5[V-0-(SO'')^]-l-K^SO'4-2MnSO''-4-8Ii-0.
» S'il s'agit de doser le vanadium dans un acier, on attaque 5s de métal en perçures
par 60*^™' d'acide azotique de densité 1,20 ajouté par petites portions. On complète
l'attaque à douce température, puis on évapore au bain de sable en chanfTant fortement
à la fin, de manière à transformer tous les azotates en oxjdes; on redissout ceuv-ci par
5Qcm3 (j'3(.j(|g clilorhydrique pur et concentré. La liqueur de chlorures obtenue est
extraite par l'élher au moyen de l'appareil employé par M. Garnol pour l'application
de la méthode de Rothe. La presque totalité du fer est i-etenue par l'éther, la liqueur
aqueuse renferme tout le vanadium et les autres métaux : manganèse, nickel, cuivre,
chrome, etc., et, en outre, une petite quantité de fer. On la recueille et l'on chasse
l'élher qu'elle tient en dissolution en la maintenant à douce température quelque temps,
puis on la concentre à faible volume. Le résidu est additionné de So*^"^' d'acide chlorhy-
drique pur et concentré et évaporé à nouveau. Cette opération est destinée à opérer
la transformation totale de VOCt* en VOCl-, condition essentielle de l'exactitude du
dosage; pour être assuré de ce résultat, l'ébuUilion en présence d'un grand excès
d'acide chlorhydrique est répétée trois fois. Au résidu de la dernière évaporation on
ajoute y^""' d'acide sulfurique pur et concentré et l'on chauffe jusqu'à apparition de
fumées blanches. On laisse refroidir, on reprend par sog''""' à 300*^™" d'eau cliaude; on
SÉANCE DU 12 OCTOBUE lC)o3. 5']\
obtient ainsi une liqueur plus ou moins fortement colorée en bleu suivant la quantité
de vanadium présente et tenant de la silice en suspension. Si celle-ci est en proportion
gênante, on la sépare par filtration.
» La liqueur est alors titrée par le permanganate; en opérant à 60° environ, le
point Hnal de l'oxydation est très net et la coloration rose persiste longtemps. Le titre
de la solution de permanganate (environ is de sel cristallisé par litre) est déterminé au
moyen d'une liqueur de vanadate de soude préparée en partant d'un poirls connu
d'anhydride vanadique pur. La réduction du vanadate peut être réalisée soit au moyen
de Tacide chlorliydrique comme il a été décrit plus haut, soit au moyen de l'acide
sulfureux.
)) La même méthode est applicable aux ferrovanadiums ; si la proportion de métal
rare dépasse 25 pour 100, on peut encore l'abréger en se dispensant d'éliminer au
préalable le fer. Dans ce cas, la liqueur ayant servi au dosage du vanadium peut être
à nouveau réduite par l'hydrogène sulfuré puis retitrée par le permanganate; on
obtient un chiffre correspondant aux quantités présentes de vanadium et de fer et il
est facile d'en conclure la proportion de fer dans le métal.
» Dans le cas du cuprovanadium, on attaque le métal par l'acide azotique et l'on dose
électrolvtiquement le cuivre. La liqueur résiduelle est évaporée à sec, de façon à obtenir
le vanadium et le fer sous forme d'oxydes, que l'on traite comme il a été dit plus haut,
mais sans séparer le fer dont la proportion est généralement très faible.
« Si l'alliage ou le rainerai examiné contenait du chrome, celui-ci serait compté
comme vanadium en opérant comme il a été décrit. Le dosage volumétrique successif
du vanadium et du chrome coexistant dans une solution fera l'objet d'une Note
ultérieure. ))
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les éthers nitriques des acides -alcools. Note
de M. lï. DuvAL, présentée par M. H. Moissan.
« Jusqu'ici les éthers nitriques des acides-alcools ont été peu étudiés.
Reinsch en iS'jg, Dessaignes en i852, Demole en 1877, P"^^ Kekulé
en i883, étudièrent l'acide nitrotartrique. En 1870, Henry en préparait
l'éther diéthylique, puis trois ans plus tard le nitrate d'acide lactique et
SOL ether éthylique, le nitroglycolate d'éthyle, le nitromalate diéthy-
lique et le dinitroglycérate d'éthyle impur. Il indiquait aussi que le nitro-
tartrate d'éthyle se transformait spontanément en nitrotartronate, faitqui
ne semble pas avoir été vérifié dans la suite. Il ne pouvait isoler les acides
nitromalique et nitroci trique, mais signalait aussi l'action de l'acide nitrique
sur les alcools tertiaires. En 1 875, Champion et Pellet décrivaient Tacide
nitrocitrique. Tout récemment MM. Frankland, Heathcote et Harlle d'une
part, et M. Walden d'autre part, ont préparé et étudié les éthers nitrotar-
triques et nitromaliques. Henry observa en outre, en 1880, que l'acide
S-J-l ACADÉMIE DES SCIENCES.
nitrolactique se décompose avec le temps ou plus rapidement si l'on
chauffe d'après la réaction
CH^-CHOAzO--CO-H = HCAz + CO-II -CO-H + H-Q.
M Je me propose de poursuivre l'étude de ces composés avec les diffé-
rentes classes d'alcools, de préparer les nitrates des acides-alcools et de
leurs étliers appartenant à la série grasse, possédant ou non des substitu-
tions d'halogène; d'observer leur mode de décomposition suivant les posi-
tions relatives des fonctions, et enfin d'examiner la transformation des
édiers nitrotartriques en éthers nitrotartroniques.
» Nitrate d'acide glycolique. — Oa dissout aSs d'acide glycolique bien pur et
bien blanc, puh^érisé rapidement dans 3oS d'acide azotique de i,45 de densité, on
ajoute ensuite en refroidissant 25s d'acide sulfurique concentré, on laisse reposer et
l'on verse le tout sur loos de glace pilée. On extrait ensuite à l'éther en ayant soin
que le liquide se maintienne vers o°, car l'on sait que l'éther réagit énergiquement
sur l'acide azotique pour fournir principalement de l'acide acétique. La solution
éthérée est ensuite lavée à l'eau jusqu'à complète élimination de l'acide sulfurique,
puis évaporée; le produit séché sur du sulfate de soude est repris par l'éther anhydre,
filtré, enfin mis sur le vide sulfurique où il cristallise dans les 48 heures.
» Purification. — On traite une dizaine de grammes de la masse par iS*"""' à 20'^'"'
d'un mélange de benzène avec 10 pour 100 de ligroïne, anhydres, on chauffe très dou-
cement au bain-marie vers 4o°; lorsque tout est dissous, on refroidit la solution, qui
se trouble et qu'on laisse reposer. Enfin on décante la couche supérieure, puis on
amorce la solution, qu'on abandonne à elle-même 24 à 36 heures. On obtient dans
ces conditions de beaux cristaux transparents. Mais, en même temps que les cris-
taux, se dépose dans le fond du tube une huile qu'il va falloir éliminer. Pour
cela, on agile les cristaux avec l'eau mère que l'on décante ensuite rapidement et
laisse reposer; à la troisième ou quatrième opération semblable, leau mère reste par-
faitement limpide, el, dans ces conditions, le produit obtenu est pur.
» Analyse : Trouvé : G, 19,78 ; H, 2,62 ; Az, 1 1 ,83.
)) Théorie pour CH-0 AzO^— CO^H : G, 19,86; H, 2,48; Az, 11,67.
» Beaux prismes incolores, très déliquescents, très solubles dans l'eau, l'alcool,
l'acide acétique, le benzène et surtout l'éther, insoluble dans la ligroïne. Point de
fusion 54°, 5.
» Nitrate d'acide malique. — Ge composé se prépare à peu de chose près comme
l'acide nitroglycolique, mais avec une facilité beaucoup plus grande.
» On dissout 20? d'acide malique dans 20S d'acide azotique de i ,45 de densité, on
ajoute 20S d'acide sulfurique concentré, on jette le tout sur loos de glace, on extrait
à l'éther qu'on lave à complète élimination d'acide sulfurique, on évapore la majeure
partie de l'éther au bain-marie el l'on fait cristalliser dans le vide. Pour purifier le
produit et l'obtenir tout à fait blanc, on le dissout à l'ébullition dans le moins possible
d'un mélange de 80 pour 100 de benzène pour 20 pour 100 d'élher, anhydres. Après
SÉANCE DU 12 OCTOBRE iQoS. SyS
refroidissement, on essore et l'on fait cristalliser par dissolution dans une très petite
quantité d'eau et évaporation totale de la solution.
» Analyse. — Trouvé : C, 26,89; H, 2,86; Az, 8,i3.
)> Théorie pour CO'^ H — CHO AzO^— CH-— CO^H : C, 26,81 ; H, 2,78; Az, 7,82.
» Substance blanche non déliquescente, cristallisant aisément en aiguilles réunies
en étoiles. Fond à ii5° en se décomposant, soluble dans l'eau, l'alcool, l'éther, l'acide
acétique, insoluble dans le benzène et la ligroïne.
» DLnitrate d'acide glycérique. — Pour obtenir le dinitrate d'acide glycérique, il
suffit de suivre le procédé précédemment décrit en opérant de la façon suivante : on
fait tomber goutte à goutte et en agitant los d'acide glycérique dans un mélange bien
refroidi de i5s d'acide sulfurique et d'un poids égal d'acide azotique fumant. La
température tend à s'élever pendant l'éthérifîcalion, mais il faut la maintenir constam-
ment inférieure à — 0°, de préférence au voisinage de — 12°. Pendant cette opération,
le dinitrate d'acide glycérique précipite. On verse le tout sur la glace et l'on recueille
le précipité sur colon de verre.
» Purification. — Le précipité est repris sur le filtre par l'éther, la solution lavée
trois ou quatre fois à l'eau distillée est ensuite évaporée. Le produit est dissous à plu-
sieurs reprises successives dans une très petite quantité d'eau chaude, puis on laisse
reposer. Après complet refroidissement, on essore à fond. On reprend ensuite par très
peu d'élher qu'on lave avec quelques centimètres cubes d'eau, on décante exactement,
puis on évapore et l'on sèche rapidement dans le vide. On fait enfin cristalliser par
dissolution dans une petite quantité d'éther qu'on additionne de 2'°^ de ligroïne, an-
hydres, puis laissant la solution s'évaporer. Le produit cristallise également bien par
refroidissement d'une solution de benzène.
» Analyse. — Trouvé : C, 18, 48; II, 2,09; Az, i4,46.
» ThéoriepourCH^OAzO-— GHOAzO^— GO-H : C, 18, 36; H, 2,04 ; Az, 14,28.
» Solide blanc cristallisant aisément, soluble dans l'eau, l'alcool, l'éther, peu soluble
dans le benzène, insoluble dans la ligroïne, le chloroforme, le tétrachlorure de car-
bone. Se décompose vers 117'* lorsqu'il y est maintenu quelques instants. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Fixation anormale da trio xy méthylène sur certains
dérivés organomagnésiens aromatiques. Noie de MM. M. Tiffexeau et
R. Delange, présentée |5ar M. Haller.
« Une courte Note de M. V. Grignard sur l'alcool phényléthylique pri-
maire, parue dans le dernier Bulletin de la Société chimique, 3® série, t. XXIX,
p. 953, nous engage à communiquer des résultats que nous avons déjà
obtenus depuis quelque temps, mais que nous n'avions pas publiés, parce
qu'ils sont le point de départ d'un travail d'ensemble non encore achevé.
» Nous avons, comme M. Grignard, fait réagir le trioxyméthylène sur le
chlorure de benzyle magnésium et obtenu, comme lui, un alcool cristallisé
possédant les mêmes constantes.
G. R., 1903, 2* Semestre. (T. CXXXVII, IN" 15.) 7^
$74 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Si la réaction se passait normalement, c'est-à-dire dans le sens déjà indiqué anté'
rieurement par P.IM. Grignard et Tissier {Comptes rendus, t. GXXXIV, p. 107), on
devrait obtenir l'alcool phénjlélhylique d'après l'équation
2G''H«— CH^MgCl + 2IICHO + tPO = 2G«tr^— GH-2— GiPOH + MgO + MgGP.
Or l'alcool cristallisé que l'on obtient ainsi n'est autre que l'alcool orthotoluylique
/GH2 0Ii(i)
G«H*(
\GH2(2)
déjà décrit par divers auteurs (Krôber, D. cli. G., t. XXIII, p. 1028; Golson, An-
nales de Chimie et de Physique, ô'' série, t. VI, p. 1 15 ; Hutchinson, D. ch. G., t. XXIV,
p. 174).
» Get alcool cristallise dans la ligroïne en aiguilles fusibles à 35°, alors que l'alcool
phényléthylique pur ne cristallise pas à — 20°, même en l'amorçant avec le produit
fusible à 35°.
» Notre alcool orthotoluylique bout à ii9°-i2o"' sous 14""™-! 5™°^ et à 219° à la
pression ordinaire, et présente ainsi un point d'ébullition très voisin de celui de l'alcool
phényléthylique. Mais, tandis que le permanganate oxyde ce dernier en donnant de
l'acide benzoïque, il fournit avec notre alcool de l'acide orthotoluylique fusible
à 102°.
» Les phényluréthanes des deux alcools ont des points de fusion très voisins, celle
de l'alcool orlhotoluylique fond à 79°, celle de l'alcool jihénylélhylique fond à 80°; le
mélange des deux phényluréthanes fond dès 70°. L'alcool obtenu est donc bien l'alcool
orthotoluylique et tout s'est passé dans cette réaction comme si le dérivé magnésien
initial était, non pas O'W — CH-MgGl, mais
CGH^/GH3(x)
\MgGl(2)
correspondant au toluène orthochloré; cependant c'est bien la première formule qui
convient au dérivé magnésien initial, puisque, en soumettant une partie de ce dérivé
à l'action de GO-, nous avons obtenu avec un rendement de 60 jDOur 100 l'acide phé-
nylacétique correspondant
C^H^- GH^MgGl -4- G0^+ H^O z:= G^H^— GH^— GO^H + MgGl(OH).
» Il faut donc interpréter cette curieuse réaction de la même façon que les réactions
classiques de formation d'alcools primaires aromatiques par fixation directe de HGHO
sur les arylhydroxylamines, les phénols sodés, etc. et admettre que le groupement
GlI-MgGl intervient non pas directement comme dans les autres réactions au magné-
sium, mais indirectement et de la même manière que les groupements AzlIOH, ONa
dans les cas que nous venons de citer.
» Il faut donc écrire la réaction
G«I-P- Gll-MgGl-hHGllO = G"H''<^^y,j^j^^j(i) -> G^H-^^^j^, ^ (2).
» Nous avons observé que le composé final ne fixe pas GO-, mais que d'autre part
SÉANCE DU 12 OCTOBRE 1908. ^7^
n donne un éther acétique par action directe de l'anhydride acétique, ce qui exclut la
formule (I) et justifie la forn.ule(.) ^^^ ^^^ùculiére au trioxymé-
« Nous avons ^^"^^«^ ^^^^/^"'//fr'''^^,,, aldéhydes et cétones; c'est ainsi que
thylène et qu'elle n'a plus heu avec les au re -^"^^ le „.éthylbenzylcarbinol
le chlorure de benzvlmagnésium donne avec la para dehjde m j
C«H 'ot- CHOH - CH^ et avec l'acétone le diméthylbenzylcarbxnol
C6HB_cH2-GHOH-(ClPr.
« Nous nous proposons de poursuivre l'étude de cette réaction stxr les
divers homologues du chlorure de benzyle. «
CHIMIE ORGANIQUE. - Actwns des composés organomagnésiens mi.tes
Zles amides. Nouvelle méthode de préparaU^ de cetones. Note
de M. Constantin BÉis, présentée par M. A. Haller.
^^:""lTcfL~ceUe seconde réaction, qai .'a conduit à une
nouvelle méthode de préparation de cetones.
^\Ac, Ct^oU avec un excès de composé orgaao-
. Q^.a on n.t - -- ;- ;r n Ihal^r^ndant quelques heures au bain-
magnésien mixte (plus de 2 et q ^^^,^,^^^^6 de l'eau, produisent pnncipa-
marie, il se forme des corps qm, pai action ^'^^'^^ la formiamide) donne
lement des cétones. Cette méthode (qui "^^/P ^^f.f ;:;:;: ^^ ^.i paraissent
dPs rendements qui semblent varier de 20 pour 100 a bo poui 10 h 1^
'":::::.:::;:/:.• :st::£tr;r;:f ;.::::=.... -... -
quelles R el R' sont des radicaux alcooliques el X un halogène :
/OMgX
(^, K_CONH=..Mg<^'=R-C--NHMgX^R'-H.
,B-) K-c/Sx + ^H-0 = R-C^NH^H-MgX'+Mg(OH)-.
\R' ^P^'
/OH
R_C-NH^=R-C0-R'+NH3.
^ ^ \R'
(1) Annales de Chimie et de Physi<jae, r ^érie, t. XXIV, 190.
S-jG ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Les expériences que j'ai faites à ce sujet et les résultats obtenus sont les suivants :
)) 1. L'acétamide ( CIP — CONH"-) avec réthjl-bromurede magnésium ainsi qu'avec
l'éthyl-iodure de magnésium ( Mg\ „ et Mg(' | a donné la métliyléthylcé-
tone (CH3— CO — OfP).
» 2. La propionamide (C-H^— GO NPP ) avec l'élhylbromure de magnésium a
donné la diéthylcétone (C'^H^— GO — C-W).
» 3, La butyramide (G^H'' — GO NH- ) avec le méthyliodure de magnésium
/,, //GHn ,
( Mgv 1 a donne la propylméthylcétone (GMl^ — GO — Gil'). J en ai préparé la
semicarbazone.
,. , . / CH3 \
» k. L'isovaléramide ( i | avecTétlivlbroniure de magné-
VGIP - GH - GH2 - GO NH-y
CH'' — Gii — GH- — L.(J — Li'n"/
la semicarbazone.
» 5. La benzamide (G^H^ — GONH^) avec le méthyliodure de magnésium a donné
l'acétophénone (G^H^ — GO — GH^). J'en ai préparé la phénylhydrazone.
» 6. La benzamide avec l'éthj'lbromure de magnésium a donné la phénylélliyl-
cétone (G^H^ — GO — G^IP). J'en ai préparé la semicarbazone.
» Remarque. — L'acétamide ne donne que de faibles rendements avec les composés
organomagnésiens que j'ai employés. Quant à la formiamide, elle ne réagit pas de la
même façon que les autres amides.
)) Je poursuis des études analogues sur les diamides et les imides simples
ou substituées. »
ZOOLOGIE. — Sur les mouvements oscillatoires des Convoluta roscoffensis.
Note de M. Georges Bohx, présentée par M. Edmond Perrier.
« Ces mouvements ont été observés journellement du 25 juillet au
3o septembre, à Saint-Vaast-Ia-Hougue, puis à Saint- Jacut-de-la-Mer.
» hesConçoluia, Turbellariés parasités par des Algues vertes, vivent sur
le rivage. A chaque marée la mer vient les recouvrir pendant une durée de
2 heures et demie (morte eau) à 5 heures (grandes marées) ; elles se meuvent
a\orii dans le sable à diverses profondeurs; quand la mer se retire, elles
viennent formera la surface du sable des taches d'un vert intense, dont la
situation, les dimensions, les contours changent incessamment. ;
» Les mouvements de ces animaux ont pour résultat d'éviter deux
dangers : l'entraînement par les vagues (nnmersion), la dessiccation
(émersion). /
SÉANCE DU 12 OCTOBRE IQoS. 577
» I. Mom'eraents provoqués par le choc des vagues. — Les Convoluta fuient
vers la profondeur en suivant la verticale, pour remonter dès que le choc cesse par
suite du retrait de la mer.
» Pendant l'émersion, un ébranlement quelconque entraîne immédiatement la des-
cente verticale. Si l'on secoue un tube de verre renfermant au. sable humide et des
Convoluta, celles-ci descendent, pour remonter dès que Ton cesse de secouer : elles
forment un anneau vert dont on peut suivre aisément les oscillations. Il y a des diffé-
rences considérables de la sensibilité au choc suivant les heures de la marée.
» Cela tient à ce que, en dehors des oscillations provoquées, il y a des oscillations deve-
nues spontanées qui cor respondent rigoureusement à celles de la marée. Si l'on place
le lube mentionné dans un lieu tranquille, l'anneau vert monte et descend alternative-
ment, occupant la position la plus élevée au moment de la basse mer, la position la
plus basse au moment de la haute mer. Le synchronisme a pu persister en aquarium
pendant i4 marées consécutives. Aucune influence extérieure {éclairement, oxygé-
nation, humidité') n'a pu altérer le rythme acquis : les oscillations ont lieu aussi
bien la nuit que le jour; on peut renverser les conditions naturelles (par exemple
émersion au lieu d'immersion), le phénomène n'est pas modifié.
» Ces oscillations ont lieu à l'intérieur du sable, mais dès qu'elles ont amené l'animal
à la surface elles se poursuivent le long des pentes sableuses. Dans une cuvette, les
Convoluta, qui apparaissent au-dessus du sable à l'heure où la mer se retire (un peu
après en morte eau), envahissent progressivement les parois obliques jusqu'à l'heure
de la basse mer, pour après les abandonner de même. Il y a là un dispositif qui per-
mettrait de suivre à Paris les oscillations de la marée en n'importe quel point du
littoral.
» II. Mouvements provoqués par la dessiccation. — Les oscillations, le long des
pentes sableuses, s'observent très bien sur les plages : après le retrait de la mer, les
Convoluta tendent à gagner les altitudes les plus élevées, à s'avancer vers le rivage,
à envahir les saillies. Plus tard, c'est l'inverse : elles descendent les pentes, vers la
mer et les dépressions humides. Mais tous ces déplacements peuvent être influencés
par la dessiccation du sable.
» Or, la dessiccation est fonction de l'intensité de l'éclairement. Si celui-ci devient
plus intense, les régions les plus élevées se dessèchent, et les Convoluta ont tendance
à descendre les pentes pour gagner les régions plus humides. Au début de l'émersion,
l'ascension normale de ces animaux devient plus pénible ; vers la fin, la descente
normale est facilitée. Les Convoluta qui descendent les pentes sableuses ensoleillées
s'arrêtent dès qu'elles ont franchi la limite d'une ombre. De même le mouvement
cesse si, pendant la descente, l'éclairement diminue brusquement. L'ombre et la lumière
sont en quelque sorte des signaux avertisseurs : les Convoluta y obéissent fatale-
ment. Les mêmes réactions se produisent encore quand on supprime artificiellement
le danger de la dessiccation par une immersion continue : si les animaux sont placés
dans un vase rempli d'eau, on les voit s'arrêter en bordure de toutes les ombres,
et dessiner des lignes vertes.
» Il ne s'agit pas de phototropisme. Il n'y a en réalité aucune recherche de l'ombre
ou de la lumière. Aucun recul n'a lieu à la limite de l'ombre et de la lumière.
578 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Toutefois il n'en est pas de même lors de la sortie du sable, qui est retardée par
l'éclairement.
)) En résumé, les Convoluta, dans les aquariums aussi bien que dans la
nature, montent et descendent à l'intérieur du sable et le long des pentes
sableuses. Ces mouvements sont oscillatoires. A de grandes oscillations
spontanées, synchrones de celles de la marée, se superposent de petites
oscillations provoquées par la dessiccation du sable, ou même simplement
par les variations de l'éclairement. Ces diverses oscillations ont été
confondues par Gamble et Keeble, dans un Mémoire qui vient de paraître
et que je ne pouvais connaître. Si les faits sont incomplètement observés,
leur interprétation est inadmissible. Un effet tonique de la lumière ne peut
produire les grandes oscillations qui s'observent la nuit avec plus de netteté
encore que le jour : elles sont en quelque sorte la conséquence du souvenir
du choc des vagues. D'autres animaux littoraux présentent cetfe curieuse
périodicité : telle VHediste diversicolor, Annélide qui, en aquarium, sort
du sable à l'heure où le flot montcint vient recouvrir l'habitat d'origine, m
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur V appareil végétatif de la rouille jaune des
Céréales. Note de M. Jakob Erikssox^ présentée par M. Gaston Bonnier.
« Dans plusieurs travaux précédents (^) j'ai émis l'opinion que l'origine
et la propagation de la rouille des Céréales ne proviennent pas toujours
de contamination extérieure (spores). Je me suis alors appuyé d'abord sur
des observations faites dans les champs de Céréales et ensuite sur des cul-
tures pures, exécutées en caisses spéciales et à l'abri des germes extérieurs.
N'ayant pu découvrir de mycélium hivernant dans la plante elle-même, j'ai
été amené à supposer qu'il existait un germe interne de la maladie, sous
forme de plasma de champignon intimement mélangé au protoplasma de la
plante nourricière. J'ai donné le nom de mycoplasma à cet ensemble. A un
(^) J. Eriksson, Vie latente et plasmatique de certaines Urédinées {Comptes
rendus, 1897, i*='" mars, p. 157). — Principaux résultats des recherches sur la
rouille des Céréales {Resnie générale de Botanique, t. X, 1898, p. 33). — Der
heutige Stand der Petreiderostf rage {Ber. d. deutsch. Bot. Ges., Heft III, p. i83,
Berlin, 1897). — Sur l'origine et la propagation de la rouille des Céréales par la
semence {Ann. d. Se. nat. Bot., 8^ série, t. XIV et XV, Paris, 1901-1902 ).
SÉANCE DU 12 OCTOBRE IQoS. ^79
certain moment, et sous l'action des agents extérieurs, les deux êtres inti-
mement mêlés doivent se séparer, et j'avais cru devoir considérer certains
« corpuscules spéciaux », observés en continuité immédiate avec les fda-
ments des premières taches à'Uredo, comme étant la forme primordiale
sous laquelle le plasma du champignon s'individualise. Plusieurs auteurs
ont émis des doutes sur la justesse de cette hypothèse et, tout en rejetant
mon explication de l'origine du mycélium par ces corpuscules spéciaux,
qu'on a à tort identifiés au mycoplasma, on a de plus nié l'existence du
mycoplasma lui-même. En outre, le développement d'une pustule à'Uredo
secondaire, obtenu par inoculation d'Uredo, a été présenté comme consti-
tuant une objection à l'hypothèse du mycoplasma (').
» Pendant les deux dernières saisons, avec la collaboration de M. Georg
Fischler, maître de conférences à l'Université de Heidelberg, j'ai fait de
nouvelles recherches sur cette question. Nous avons appliqué les méthodes
modernes de fixation, d'inclusion et de coloration (procédés de Flemming
ou de Haidenhain). Ces recherches ont mis en évidence que mon expli-
cation des corpuscules spéciaux, comme étant les premiers germes mycéliens,
n'est pas juste, car ces corpuscules appartiennent à une phase de dévelop-
pement plus avancée, c'est-à-dire au stade oi^i se forment les suçoirs.
)) On peut résumer de la manière suivante les principales phases du
développement de la rouille du Blé.
» 1° Mycoplasma. — Prenons comme exemple le Blé de Norsford, variété très
attaquée par la rouille jaune. Dès l'arrière-saison, et encore à l'époque où apparaissent
les taches de la rouille, on trouve un contenu granuleux et vacuolaire dans certaines
des cellules des feuilles. Le noyau et les grains de chlorophylle de ces cellules à con-
tenu granuleux ont cependant conservé leur aspect normal. Ce contenu granuleux
n'est autre que ce que j'avais appelé mycoplasma sans avoir pu déceler son existence
réelle : c'est une symbiose intime entre le protoplasma de l'hôte et celui du Cham-
pignon. En effet, dans la fixation et la coloration au Flemming, le Mycoplasma prend
une nuance violette.
» Pendant la période hivernale le Blé ne contient que cette forme du parasite, sans
aucune trace de mycélium.
» 2° Protomycélium. — A l'époque où apparaissent les premières taches de la
(1) H. Marshall Ward, On thc histology of Uredo dispersa Erikss., and the
a niycoplasm » hypotliesis {Pliil. Trans. of ihc Roy. Soc. of London, ser. B,
Vol. CXCVI, p 29-46, London, 1908; read mardi 12, 190.5). — Jakob Friksson,
The researches of Prof essor H, Marshall Ward un the brow/i rust on Lhc brows
and the my copias m hypothesis {K. Svenska Vet.-Acad., Arki<>' for Botanik, Bd. I.,
p. 189-146, Stockholm, 1900; read may f3, 1900 ).
58o ACADÉMIE DES SCIENCES.
rouille jaune, et, en Suède, c'est en général au mois de juin, on trouve une masse
plasmique qui établit des communications entre des rangées de taches à^Uredo : tantôt
cette masse plasmique rampe comme des filaments entre les cellules de l'hôte; tantôt
elle occupe complètement les méats intercellulaires.
» Dans cette seconde phase, qui pourrait être appelée phase du protomycélium,
on ne trouve pas encore de cloisons transversales, dans les filaments mjcéliens. Tout
d'abord on n'observe pas, dans la masse plasmique, de noyaux distincts, mais seu-
lement certains granules agrandis et se colorant d'une façon plus intense. Plus tard,
on remarque de gros nucléoles bien nets, assez nombreux, qui, dans les colorations
au Flemming, prennent le rouge et s'entourent d'une auréole claire. Dans les cellules
de la feuille qui touchent à ce protomycélium, on trouve une hypertrophie maladive
du noyau, lequel finit par occuper une partie relativement considérable de la cellule.
Il est à supposer que ce phénomène est dû à une sécrétion du filament mycélien
voisin. C'est dans cette phase que les suçoirs commencent à apparaître.
» D'après les investigations qui précèdent, on doit admettre forcément que le proto-
mycélium intercellulaire dérive du mycoplasma intracellulaire, bien que certains
détails dans la transition entre les deux formes ne soient pas encore suffisamment
décrits.
» 3° Mycélium et pseudoparenchyme. — Dans cette troisième phase, qui corres-
pond à la forme mycéllenne parfaite, les nucléoles du protomycélium disparaissent,
des cloisons se forment, et, après une division répétée, il s'organise un pseudoparen-
chyme. Les cellules de la feuille de Blé, enfermées dans le pseudoparenchyme, sont
peu à peu détruites. Tout d'abord, les grains de chlorophylle se désagrègent et se
réunissent pour constituer ensuite une masse compacte au milieu de la cellule. Enfin
les cellules attaquées de la feuille de Blé se contractent et forment des corps irréguliers,
présentant quelquefois l'aspect d'étoiles, et se colorant en rouge par le Flemming.
» 4° Hyméniuin. — Enfin, quatrième phase, le pseudoparenchyme donne nais-
sance, comme on sait, à un hyménium sporifère. »
BOTANIQUE. — Nécessité d'une symbiose microbienne pour obtenir la
culture des Myxomycètes. Note de M. Pixoy, présentée par iM. Gaston
Bonnier.
(( Dans une première série de recherches ('), m'étant adressé aux
Myxomycètes endosporés, j'ai montré que, si l'on ensemence, en prenant
toutes les précautions nécessaires, des spores pures soit de ChonJrioderma
difforme, soit de Didymlum effusam, même sur une macération de bois
gélosée, on n'obtient aucun développement. Si, au contraire, on ajoute des
bactéries, on obtient successivement la germination de la spore, la forma-
(*) Bull, de la Soc. mycol. de France (t. XVIII, 3« fasc.)
SÉANCE DU 12 OCTOBRE IQoS. 58l
tion des myxamibes, du plasmode et de l'appareil sporifère. L'une de ces
bactéries (le Bacillus luteus de Flùege), s'est montrée la plus favorable.
» Dans une deuxième série de recherches, j'ai pris comme sujet d'études
une Acrasiée, \e Dictyostelium mucoroides, et mes premiers résultais ont été
communiqués à la Société de mycologie, à la séance du 7 juin igoS (*).
» Depuis, M. Vuiilemin a présenté à l'Académie des Sciences (séance
du 10 août igoS), une Note sur une Acrasiée bactériophage qui est le
Dictyostelium mucoroides .
» Poursuivant l'étude que j'avais entreprise, j'ai adopté une technique offrant pour
les résultats obtenus une sécurité que l'on ne trouve pas dans les expériences anté-
rieures. Ayant obtenu des cultures pures (2) du Dictyostelium mucoroides avec une
variété du Bacillus fluorescens liquefaciens de Flugge, ne se développant pas à la
température de 87", je les ai chauffées à la température de 5o" pendant j heure. Dans
ces conditions la bactérie est tuée, ce dont on s'assure d'ailleurs par un ensemencement
en bouillon ordinaire, et l'on a ainsi des spores rigoureusement pures.
» Ces spores ensemencées seules ne germent jamais.
» Elles ne germent qu'à partir du moment où on leur adjoint une espèce bacté-
rienne convenable. Cette méthode permet d'établir ainsi, d'une façon rigoureuse, qu'un
grand nombre de bactéries peuvent permettre d'obtenir le développement du Dictyo-
stelium mucoroides en dehors de la variété du B. Jluorescens liquefaciens de Flugge ;
tels sont tous les bacilles fluorescents, le Microbacillus prodigiosus, le Bacillus coli
commuais, etc. Le développement est plus ou moins abondant, suivant l'espèce de
bactérie mise en symbiose.
» On peut remarquer que le Dictyostelium mucoroides doit la teinte jaunâtre
feuille morte qu'il prend en vieillissant aux bacilles fluorescents. C'est, en effet, le pig-
ment de ces bactéries qui colore le mucus entourant les spores.
)) D'autre part, avec le microbacillus prodigiosus, on obtient des têtes
sporifères d'un blanc laiteux mais très légèrement rosé. Il est certain qu'il
n'est pas indifférent, pour la morphologie de l'Acrasiée, queleMyxomycèle
soit associé avec telle ou telle bactérie.
» Certaines espèces d'Acrasiées, décrites comme distinctes à cause de
leur couleur, devront sans doute être considérées comme appartenant à
une même espèce associée à des bactéries chromogènes différentes. »
(1) Bull, de la Soc. mycol. de France (t. XIX, S'' fasc.)
(2) Nos cultures sont faites sur carottes stérilisées. Les carottes ont été préalable-
ment mises à tremper dans de l'eau ammoniacale, puis lavées à grande eau.
G. R., 1903, 2' Semestre. (T. CXXXVTI, N° 15.) 77
582 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MINÉRALOGIE. — Sur une nouvelle espèce minérale .
Note de M. A. Lacroix, présentée par M. Michel Lévy.
« J'ai donné l'an dernier (') une description préliminaire d'un nouveau
minéral, que j'ai désigné sous le nom de grandidièrite, et dont j'avais
trouvé un fragment parmi quelques roches rapportées du sud de Mada-
gascar par M. Alluaud. Depuis lors, grâce aux recherches de M. le com-
mandant Blondlat, le gisement de la substance a pu être retrouvé et je suis
à même d'en donner l'étude complète.
)) La grandidiérite est un élément d'une pegmatite des falaises d'Andra-
homana, près de Fort-Dauphin, à l'extrême sud de Madagascar. Elle y est
accompagnée par du quartz, de Torthose et du grenat almandin. Elle forme
de grands cristaux, atteignant 8*=°^ de longueur et ne présentant pas d'autres
formes géométriques que deux plans de clivage rectangulaires, inégale-
ment faciles, faisant partie de la zone d'allongement. Ces cristaux englobent
pœcilitiquement tous les autres éléments de la roche.
» La couleur de la grandidiérite est le vert bleuâtre. Son éclat est vitreux, un peu
nacré sur le clivage le plus facile /i'(ioo). Le minéral est orthorhombique. En lumière
polarisée parallèle, l'extinction se fait en efTet parallèlement à l'axe vertical dans la
zone comprenant les deux clivages et parallèlement à la trace de ceux-ci dans la sec-
tion jo(ooi) perpendiculaire à l'axe vertical; les trois axes de l'ellipsoïde optique sont
respectivement perpendiculaires aux clivages A*, g'^ et à/>.
» Le plan des axes optiques est parallèle à/>; la bissectrice aiguë est négative et per-
pendiculaire à A'. Les indices ont été mesurés par la méthode de la réflexion totale
(réfractomètre Klein), à l'aide de plaques normales aux bissectrices.
//^. =1,6385 (Na),
n,n^=. 1 ,636o,
n p = 1 ,6oi8,
d'où
Ufr — «^j =0,0867 et 2V=:3o°i6'.
» La mesure directe de l'écartement des axes m'a fourni :
2E=:49°3o' d'où 2V=:29°4o'.
» La dispersion p -< <• est très forte [2E r= 62° (Th.)].
» Le caractère distinctif, qui a tout d'abord appelé mon attention sur ce minéral et
(\) Bull. Soc. miner, de France, t. XXV, 1902, p. 85.
SÉANCE DU 12 OCTOBRE IQoS. 583
m'a montré qu'il ne correspondait à aucune espèce connue, réside dans les phéno-
mènes d'absorption qu'il présente. Le pléochroïsme est, en effet, extrêmement intense
dans les teintes suivantes, avec Hp >- tig >• n,a :
Plaques de o-^^jS. Plaques de o°"",o2.
Ug. — vert foncé. vert bleuâtre pâle.
/i„j=:: incolore. incolore.
iip =rbleu vert foncé. bleu vert.
» Au point de vue de son diagnostic, dans les lames minces de roches, il faut donc
retenir que la grandidiérite est incolore suivant la direction d'allongement et forte-
ment colorée transversalement à celle-ci.
» Il était à prévoir qu'un minéral possédant un semblable pléochroïsme devait pré-
senter le phénomène des houppes. J'ai donc fait tailler des plaques perpendiculaires à
un axe optique; on constate dans celles-ci deux houppes bleues sur un fond blanc; le
phénomène est aussi net que pour l'épidote et l'andalousite; à l'inverse de tous les
minéraux idiocjclophanes connus, la grandidiérite a un écartement des axes optiques
faible, aussi les houppes sont-elles déjà visibles dans les plaques perpendiculaires à la
bissectrice aiguë, quand on les incline suffisamment.
» La densité est de 2,99. Le minéral est infusible au chalumeau, inattaquable par
les acides. L'analyse suivante a été faite par M. Pisani sur une substance que j'ai pu-
rifiée par des séparations répétées à l'aide de l'iodure de méthylène. Le bore, le fluor
et le titane y ont été recherchés sans succès :
Rapports moléculaires.
SiO- 20,90 0,348
Al^O^ 52,80 o,5i8 1 ..
Fe-O^ 6,60 o,oZii i ' ^
. FeO 4,86 0,068 1
MgO 9,65 0,241 y 0,347
CaO 2,10 o,o38 )
Na-0 2,22 o,o35 1
K^O 0,40 o,oo4 [ 0,106
H^O 1,25 0,067 i
100,78
» Cette analyse conduit à la formule
7SiOS T I (Al, Fe)^-0% ;^(Mg, Fe, Ca)0, 2(Na, R, 11)^0.
La grandidiérite est donc Fiin des plus basiques des silicates connus; elle
vient prendre place au voisinage de la saphirine et de la staurotide pour
laquelle M. Friedl a proposé une formule analogue à celle que je donne
plus haut
iiSiOS i2(Al,Fe)^0%6(Fe,Mg)0,2H-0.
584 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Les propriétés optiques de ces deux minéraux sont d'ailleurs tout à
fait différentes.
» Malgré la résistance aux agents chimiques de nos laboratoires, la
grandidiérite, de même que les silicates du groupe auquel elle appartient,
se décompose assez facilement dans la nature; elle se transforme alors en
une substance verte, fibro-lamellaire, paraissant se rapprocher du kryplotile
qui épigénise la prismatine de Waldheim; elle existe en trop petite quantité
dans mes échantillons pour qu'il m'ait été possible de l'isoler et de l'étudier
plus complètement. »
GÉOLOGIE. — Sur le Turomen d' Ahou-Roach {Egypte). Noie
de M. R. FouRTAU, présentée par M. Albert Gaudry.
« Parmi les étages du Crétacique supérieur de l'Egypte, le ïuronien est
celui qui est le plus diversement interprété par les différents savants qui
se sont occupés de cette partie de la géologie égyptienne. Gela tient sur-
tout à ce que les dépôts de la mer Turonienne en Egypte ne sont pas tou-
jours très faciles à séparer du Cénomanien supérieur et cela principalement
dans le désert arabique et au Sinaï; j'ajouterai même que la localité type du
Turonien d'Egypte, le massif d'Abou-Roach, n'a pas toujours été interprété
exactement.
Tout récemment encore MM. Edgar Dacqué (*) et Beadnell (-) ont
attribué au Génomanien les strates inférieures de ce massif que, dans une
Note à l'Académie (^), j'avais déjà formellement attribuées au Turonien.
Depuis cette Note, j'ai eu l'occasion défaire de nombreuses récoltes de fos-
siles à Abou-Roach, et je crois utile de signaler à l'Académie les caractères
du Turonien de cette contrée et ses rapports avec les autres contrées de
la région méditerranéenne.
» Nous pouvons diviser le Turonien fossilifère d'Abou-Roach en trois
zones bien distinctes, tout en laissant décote les grès et marnes sans fossiles
qui constituent, la couche a et è de ma précé lente Note sur le massif.
(1) Edgar Dacqué, Mittheilungen uber den Kreidecomplex von Abu Roash.
{Paleonlographica, XXX. Stultgard, 1908.)
(2) HuGU.-J. L. Beadnell, The Cretaceous région of Abu Roash {Geological Sur-
vey Report. Le Caire, 1902.)
(3)R. FouRiAU, Sur Le Crétacé du massif d'Abou Roach {Comptes rendus,
t. CXXXI, p. 629.)
SÉANCE DU 12 OCTOBRE IQoS. 585
i) A. Une zone inférieure à Echinides et Radiolites comprenant les couches c à e.
» B. Une zone moyenne assez pauvre en fossiles comprenant les couches/ à y.
» C. Une zone supérieure à Biradiolites, Actéonelles et Nérinées comprenant les
couches A' à m.
» MM. Dacqué et Beadnell ont attribué la zone inférieure au Cénoma-
nicn, et M. Dacqué hésite à ne pas comprendre dans ce même étage une
pi;rtie de la zone moyenne. Mais, tandis que la description stratigraphique
de M. Beadnell est simplement appuyée sur une liste de fossiles, M. Dacqué
a décrit et figuré ceux qu'il avait entre les mains. Je puis donc discuter
son opinion.
» M. H. Douvillé a bien voulu examiner et déterminer les rudistes de la
zone inférieure ; il y a reconnu : Prœradiolites sp. n. Biradiolites runaencis
Choffat et Radiolites Peroni Choïhi : d'après M. Dacqué, cette même zone
renfermerait : Radiolites gaensis sp. n. Dacqué, Sphœndites Peroni Choiîàl,
Sphœrulites sp. Il est donc incontestable que c'est Radiolites Perorii
{ = Sphœndites Peroni) Chofûit qui a déterminé la conviction de
M. Dacqué. Or il résulte des travaux récents de M. P. Choffat (' ), qu'une
partie des couches du Portugal, qu'il avait tout d'abord attribuées au Céno-
manien supérieur, doivent être attribuées au Turonien, et ce sont précisé-
ment celles qui contiennent i?. Peroni. L'opinion que je soutenais était donc
bien fondée.
» En ce qui concerne la zone moyenne, je dois ajouter aux fossiles que
je citais, il y a trois ans, Go/iiopygus Peroni Thomas et Gauthier et Ceri-
thium Sancti Arromani Th. et Gauth. qui sont bien caractéristiques du
Turonien de la Tunisie.
» Quant à la zone supérieure à .9fVa(//o/<'/e5 cornu pastoris d'Orb., Tro-
chaetœon Salomonis Frass et Nerinea Requieniana d'Orb., je n'ai rien à
ajouter, tout le monde étant d'accord pour l'attribuer au Turonien.
)) La zone inférieure et la zone moyenne ont les plus grandes affinités
avec le Turonien inférieur de la Tunisie et du Portugal, malgré l'absence
du faciès à Céphalopodes. Comme en Tunisie, se sont les Cypfiosoma et les
Periaster qui prédominent dans la faune échinitique, de même que les
Ostreidœ sont très rares; enfin Cerithiuni Sancti Arromani est un fossile
bien caractéristique de cette formation; quant aux Rudistes ils sont les
mêmes qu'en Portugal.
(^) P. Choffat, Les progrès de la connaissance du Crétacique supérieur du
Portugal {Compte rendu du VIIF Congrès géologique international. Paris, 1901).
586 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» En ce qui concerne la zone supérieure, il y a peu d'analogie avec la
Tunisie, et, quoique la faune soit bien voisine de celle du Turonien
supérieur du Portugal, c'est plutôt vers l'est qu'il faut chercher ses véri-
tables affinités. C'est en effet aux environs de Jérusalem, dans les calcaires
siliceux (Missih) de l'Ouady Jos, que nous retrouvons la même faune,
Tr. Salojnonis et A'^. Requieniana accompagnés, d'après Fraas, par Bira-
dioUtes Mortoni Mantell, qui est parfois bien difficile à distinguer de Bir.
cornu pastoris.
)) Il est certain que la zone inférieure appartient au sous-étage Ligérien
et la zone supérieure représente l'Angoumien, mais il est difficile d'attri-
buer à l'un de ces sous-étages les couches de la zone moyenne, vu leur
pauvreté en fossiles. »
M. E. FuAiciiET adresse une Note intitulée : « Études sur les déforma-
tions élastiques d'un barreau d'acier soumis à la traction ».
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
La séance est levée à 4 heures.
M. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 28 septembre 1908.
Exposition universelle internationale de 1900 : Rapport général administratif
et technique, pai' M. Alfred Picard. T. V. Paris, i vol. in-4°.
Observatoire d'Abbadia: Observations faites au cercle méridien en 1901.
Paris, 1908; I vol- in-4°.
Travaux du laboratoire de Géologie à la Faculté des Sciences de Grenoble;
t. VI. Grenoble, 1902; i vol. in-S".
Bulletin de la Société de l' Industrie minérale, 4^ série, t. II, 3« livraison, 1908;
Sainl-Elienne, i vol. in-8° avec allas de 11 planches.
Notes sur quelques Apocynacées laLicifères de la Jlore du Congo. Bruxelles, lyoS;
\ broch. in-8°.
Description des L'chinides crétacés de lu Belgique, année 1908. Bruxelles, 1 vol,
in-4°.
SÉANCE DU 12 OCTOBRE igoS. 587
Annales de la Société géologique de Belgique, t. XXV bis, 1^ livraison . Liège, 1901 ;
I vol. in-4°.
Verôffentlichungen der grossherzôglichen Sternwarte zu Heidelberg, Karisruhe,
1908 ; I vol. in-4°.
Mitteilungen der grossh. Sternwarte zu Heidelberg. Karlsi^uhe, igoS; i broch.
in-8°.
Observations made at the Hong-Kong observatory , in the year 1902. Hong-
Kong, 1908 ; I vol. in-4°.
Exposicion apacanonatan ed inpanallo ed baley na Luisiana agaoen ed ciudad
na San Luis diad Estados-U nidos no taong ia Arapen ed igo^; Manila, 1908 ; 5 vol.
divers in-8°.
Annalen der Physik, n° 11, 1908. Leipzig, 1908; i vol, in-8°.
Jahrbuch fiir das Eisenhutten-Wesen.T)vL?,'3(à\àovi, 1908; i vol. in-8°.
Bergens Muséums aarbog 1908. Bergen, 1908; i vol. in-8°.
De veris geonietriœ intégrée principiis contra geometras euclideos siniul et
no ne uc l ideos. Zagi'nhix, 1908; i broch. in-8°.
Lefnadsteckningar Ôfver kungl. svenska vetenskaps akademiens. Band IV,
Hafle 3. Stockholm, 1908 ; i broch. in-8°.
Ouvrages reçus dans la séance du 5 octobre 1908.
La Chimie physique et ses applications, huit leçons faites sur l'invitation de l'Uni-
versité de Chicago du 20 au 24 juin 1901, par J.-H. van't Hoff; Ouvrage traduit de
l'allemand par A. Gorvisy. Paris, A. Hermann, 1908; x fasc. in-8°. (Présenté par
M. Amagat, de la part de l'éditeur.)
État actuel du labourage électrique, par Emile Guarlxï. (Extrait du journal le
Génie civil.) Paris, 1908; i fasc. in-8°.
Germination de Vascospore de la truffe, par M. Emile Boulanger. Rennes, imp.
Oberthur, 1908; i fasc. in-4°- (Hommage de l'auteur.)
Parallèles euclidiennes, par Commolet. (Ex.tr. de la revue l'Enseignement inathé-
niatique, 5'' année, n^S.) Paris, C. Naud, 1908; i fasc. in-S".
Pantosynthèse, par L. Mirinny, synthèse chimique, sommaire abrégé, planche hors
texte. Paris, imp. Marquet, 1908; i fasc. in-12. (Hommage de l'auteur.)
Ze Z)e('o/r^ revue des questions sociales. Directrice : M'"'' V^'' Godin; t. XXVII, sep-
tembre 1908. Familistère de Guise, Aisne ; i fasc. in-4''.
On convergents and arithmetical séries, the ratio of whose terms approximate
successively the value of iz; and on Iheir application to the construction of Com-
puting machines, by F.-L.-O. Wadsworth. (Extr. de The Journal of the Franklin
Institute, août 1908.) Philadelphie; i fasc. in-S".
On the aberration of the concave grating, when used as an objective spectro-
scope, by F.-L.-O. Wadsworth. (E\.tr. de The philosophical Magazine, juillet 1908.)
Londres, Taylor et Francis; i fasc. in-8°.
588 ACADÉMIE DES SCIENCES.
California and Mexican seeds, bulbs and plants; tlie Orcutt seed and plant
Company. San-Diego, Californie; i fasc. in- 8". (Catalogue. )
Almanach der kaiserlichen Akadeniie der Wissenschaften, Jahrgang LU, 1902.
Vienne, 1902; i vol. in-12.
DenkschrifLen der kaiserlichen Akadeniie der Wissenschaften, matematisch-
natiirwissenschaftliche Classe ;Bà. LXXII, 1902; mit 4^ Tafeln, 71 Textfiguren und
j Karte. Vienne, 1902; i vol. in-4*'.
Sitzungsberichte der kaiserlichen Akadeniie der Wissenschaften, nialheniatisch-
naturwissenschaftliche Classe; Bd. CXI. Abtheil. I, Hefle 4-9; Ablheil. II «, Hefle
5-10; Ablheil. II b, Hefte 4-10; Abtheil, III, Hefle 1-10. Vienne, 1902; 18 fasc. in-8°.
Register zu den Bânden 106 bis 110, 1897-1901, der Sitzungberichte der mathe-
matisch-natnrwissenschaftlichen Classe der kaiserlichen Akadeniie der Wissen-
schaften, XV. Vienne, J902; 1 fasc. in-8".
Mittheiliingen der Erdbeben-Conimission der kaiserlichen Akadeniie der Wissen-
schaften in Wien; neue Folge, X-XIII. Vienne, 1902; 4 fasc. in-8°.
Bihang till kongl. Svenska VeLenskaps- Akadeniiens Jlandlingar ; Bd. XVIII,
af. 1-4. Slockholm, 1908; 4 fasc. in-8''.
Kungliga Svenska Vetenskaps- Akadeniiens Handlingar ; ny foljd, Bd. XXXVI;
XXXVII, n°« 1-2. Stockholm, 1902-1908; 1 vol. et 2 fasc. in-4°.
Détermination des corrections du réseau employé depuis l'année iSgS pour les
mesures astrophoto graphiques à L'observatoire de Stockholm. ( Astronomiska iaktta-
gelser och udersôkningar anstalda pa Stockholms observatoriuni, utgifna af Karl
BoHLiN ; Bd. VI, n° 5.) Stockholm^ 1908; i fuse. in-8°.
Observations météorologiques suédoises, publiées par l'Académie royale des
Sciences de Suède, ex.écutées et rédigées sous la direction de l'Inslilut central de Mé-
téorologie; vol. XLII, 1900. Slockholm, 1908; 1 vol. in-4°.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉ4NCE DU LUNDI 19 OCTOBRE 1905,
PRÉSIDENCE DR -M. ALBERT GAUDRY.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président annonce à l'Académie que, en raison de la séance
publique annuelle des cinq Académies qui doit avoir lieu le lundi 26 oc-
tobre, la séance hebdomadaire de l'Académie des Sciences sera remise au
mardi 27 octobre.
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur l'état du carbone vaporise;
par M. Berthelot.
« On sait que les lampes électriques à incandescence renferment un fil
de carbone amorphe, obtenu par la calcination d'un filament végétal, et
que ce fil porté au rouge blanc, dans le vide, par le courant électrique,
fournit une trace de vapeur de carbone, dont la condensation aux parois,
poursuivie pendant toute la durée de la lampe, c'est-à-dire pendant 600 à
800 heures, dans la plupart des cas, finit par former, à la surface intérieure
de la lampe, un enduit brun, qui en détermine l'obscurcissement graduel.
Il m'a semblé de quelque intérêt d'examiner l'état de ce carbone vaporisé
à la plus basse température possible et de le comparer avec les états connus
du carbone : diamant, graphites divers (*), carbone amorphe.
(1) Pour éviter toute confusion, je rappellerai que j'ai réservé en 1870 le nom de
graphites aux variétés de carbone susceptibles d'être transformées en oxydes graphi-
tiques correspondants, dont les propriétés indiquent d'ailleurs l'existence de plusieurs
graphites différents. Cette distinction n'avait pas été faite auparavant et l'application
C. R.. ioo3, 2» Semestre. (T. CXXXVII, N- 16.) 7*
Sgo ACADÉMIE DES SCIENCES.
» J'ai joint, à l'étude du carbone vaporisé, celle du carbone qui l'avait
fourni ; je veux dire, d'une part, celle des fils après une incandescence
prolongée et aussi après une courte incandescence; ces actions n'ayant pas
dépassé la température, relativement modérée et que l'on peut estimer
de 1200° à i5oo°, mise en jeu dans un éclairage accompli à l'aide d'un
courant de 70 à 8o^"'*% sans pousser la destruction des filaments jusqu'à
une volatilisation finale, brusque et presque totale.
» Cette réserve est nécessaire; car dans l'arc électrique la température
est beaucoup plus élevée et le carbone, quel qu'en soit l'état initial, se
transforme rapidement en graphite ('), au pôle négatif. La température
produite par la combustion du carbone dans le dard d'un chalumeau à
oxygène pur suffit pour produire le même changement, avec beaucoup
moins d'intensité à la vérité (-).
» Carbone vaporisé.— Y o\ci comment j'ai opéré : j'ai rassemblé un certain nombre
de lampes à peu près épuisées (6 lampes de 10 bougies —'j6^°^^^), et tapissées de
carbone condensé; sans avoir subi cependant une destruction totale, accompagnée de
températures excessives. J'ai détaché la douille de chaque lampe, j'ai enlevé les por-
tions de filament inaltérées, et retournant la lampe ovoïde, j'ai versé dans son fond
quelques centimètres cubes d'acide azotique monohydraté pur; puis j'y ai incorporé
du chlorate de potasse porphyrisé. Le tout a été mis en digestion sur un bain de sable
fortement chauffé, pendant quelques heures. Une portion de l'enduit carboné s'est
dissous et j'ai pu alors, avec une baguette de verre à extrémité aplatie, détacher le
reste de l'enduit et le faire glisser dans le liquide inférieur. Ce traitement ayant été
poursuivi quelque temps, j'ai laissé refroidir, ajouté de l'eau distillée pour diluer
l'acide, décanté; puis introduit de l'eau distillée chaude, pour achever de dissoudre
le chlorate de potasse inaltéré. Une portion du carbone indissous restait au fond de
chaqiie lampe. J'ai réuni dans un petit matras à fond plat toutes les portions de car-
bone provenant des lampes sur lesquelles j'opérais; je les ai encore lavées par décan-
tation. Puis j'ai desséché le tout à l'étuve et après refroidissement j'ai ajouté de nou-
velles doses d'acide azotique monohydraté et de chlorate de potasse. J'ai chauffé au
bain-marie. En poursuivant ces traitements, je suis arrivé, au bout de quelques jours,
à dissoudre entièrement le carbone vaporisé, sans aucun résidu d'oxvde graphitique.
» Il résulte de ces observations que la vapeur de carbone obtenue d^ns
du même nom à plusieurs variétés de carbone amorphe, par Berzélius et par Regnaujt,
avait donné lieu à beaucoup de confusions et d'équivoques. — Ann. de Ch. et de
Phys., k" série, t. XIX, p. 899-408. Voir aussi p. 4i6pour le charbon métallique et le
charbon de cornvies.
(^) Ann. de Çh. et de Phys., 4-^ série, t. XIX, 1870, p. 419.— Voir aussi Moissan,
Comptes rendus, \. CXIX, p. 779.
(2) Même Reciieil, 4« série, t. XIX, p. 4i8.
SÉANCE DU jg OCTOBRE igoS. Sgi
ces conditions, c'est-à-dire à la plus basse température possible, ne contient
pas de graphite, ni de diamant. C'est une variété de carbone amorphe.
)) C'est là, d'ailleurs, une question de température; car, d'après les
expériences publiées par M. Moissan (^Comptes rendus, t. CXIK, p. 779) la
vapeur du carbone produite sous l'influence de la température de l'arc
électrique ou d'une température analogue, avec brusque volatilisation
finale, renferme du graphite.
)) Examinons maintenant les filaments non vaporisés, soumis aux mêmes
températures que la vapeur que j'ai étudiée.
» Filaments initiaux ayant subi une incandescence électrique de courte durée (une
heure au plus). — On sait que ces filaments avaient été obtenus à Forigine par la
destruction pyrogénée de certaines fibres végétales. Depuis lors, on a eu recours à
divers artifices pour les préparer, notamment avec filetage de cellulose en pâte : un
grand nombre de brevets ont été pris pour cette préparation. Une incandescence élec-
trique de courte durée est pratiquée pour en faire disparaître toute trace d'hydrogène
et d'autres gaz ou vapeurs. Elle ne produit pas, d'ailleurs, dans ces conditions de
durée, de vapeur de carbone appréciable, si la lampe a été bien fabriquée.
» Les fils ainsi préparés et placés tout entiers, sans autre précaution, dans le mé-
lange d'acide azotique et de chlorate de potasse, n'y éprouvent que des altérations
très faibles, par une digestion à chaud de quelques heures. Mais cette inaltérabilité
n'est qu'apparente. En eflfet, si l'on chauffe le filament au rouge dans un creuset de
platine, le carbone brûle lentement, et il reste un squelette solide : ce qui montre que
le filament avait été enduit en fabrique avec une matière fixe^, silice ou silicate, alumi-
nate, etc. Pour s'en débarrasser, il est nécessaire de faire digérer à chaud les fila-
ments dans un mélange de fluorure d'ammonium et d'acide sulfurique, additioiiné d'un
peu d'eau, sans pousser trop loin l'évaporation. Après cette opération, on lave par
décantation, on sèche légèrement et l'on traite par l'acide chlorhydrique concentré
pour achever de dissoudre les ovydes; on lave de nouveau, on dessèche les filaments,
et on les réduit en poudre impalpable dans un mortier d'agate. Ces traitements ont
besoin parfois d'être réitérés. Finalement, la poudre sèche de carbone, qui reste
dans le mortier, est délayée dans l'acide azotique monohydraté, introduite dans un
petit matras à fond plat et additionnée de chlorate de potasse porphyrisé. On chauffe
au bain-marie, etc. Le carbone disparaît à la longue et se dissout entièrement.
» Il n'y avait donc pas de graphite formé dans ces conditions, avec les
filaments fournis par le commerce que j'ai étudiés.
» Filaments résidus d'une lampe ayant servi. — Il s'agit de filaments
n'ayant pas brûlé complètement à la fin, comme il arrive parfois, c'est-
à-dire obtenus sans avoir été poussés jusqu'à une volatilisation finale,
brusque et totale ou à peu près. Je les ai traités exactement comme les
précédents et je suis arrivé au même résultat.
592 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Le carbone de ces filaments n'avait donc pas été changé en graphite,
au cours de leur emploi prolongé pour l'éclairage, à une température rela-
tivement basse. Si la température de l'arc ou analogue intervenait, on
aurait au contraire, comme on sait, du graphite (*).
II.
» En résumé, le carbone possède une tension de vapeur appréciable, à
une température qui ne surpasse pas le rouge blanc et qui peut être estimée
entre 1200" et i5oo°.
» Cette tension est si faible qu'il faut plusieurs centaines d'heures pour
produire quelques milligrammes de carbone condensé, même dans le vide
presque absolu des lampes électriques. Enfin, le carbone, ainsi vaporisé à
la plus basse température possible, est du carbone amorphe, sans graphite
ni diamant, dans les conditions de mes observations.
» D'après ces faits, la température à laquelle se manifeste déjà la ten-
sion de la vapeur du carbone est inférieure de 2000° environ à celle de
son ébuUition (36oo° d'après M. VioUe) ; intervalle qui surpasse extrê-
mement celui pendant lequel la plupart des autres corps possèdent une
tension de vapeur sensible.
» Mais cette tension, dans le cas du carbone, ne répond pas à une
simple vaporisation, sans changement profond de constitution chimique
du corps en expérience; contrairement à ce qui arrive pour l'eau, l'alcool
et la plupart des corps simples ou composés : ceux-ci étant constitués
d'ordinaire, à l'état liquide ou solide, par des agrégations purement phy-
siques de molécules, que la fusion et la volatilisation séparent avec un
travail relativement faible.
» Le carbone au contraire, tout en représentant un seul et même
élément chimique, se présente à l'état solide sous une multitude d'états
divers, doués de propriétés physiques ou chimiques fort dissemblables, et
diversement condensés. Ces états du carbone sont en réalité de véritables
polymères, à constitutions moléculaires spéciales, limites corrélatives de la
(*) Un graphite est également susceptible de se produire à plus basse température,
sous l'influence du contact de certains corps, tels que le soufre, le chlore, l'iode, au
moment où le carbone sort de certaines de ses combinaisons. C'est ce que j'ai établi
pour la décomposition du sulfure de carbone, de ses chlorures et des éthers iodhy-
driques.
SÉANCE DU 19 OCTOBRE 1903. SgS
constitution des nombreuses séries de combinaisons que cet élément est
susceptible de former. La décomposition pyrogénée de ces combinaisons
n'aboutit pas du premier coup à un seul et même état normal du carbone;
mais elle s'opère par voie de condensations progressives; les divers car-
bones représentent les limites de ces condensations (').
)> J'ai insisté à bien des reprises sur ces phénomènes depuis i865 ; amsi
que sur l'absorption énorme de chaleur, 8 ou 10 fois aussi grande que la
chaleur de vaporisation de l'eau, laquelle est exigée par une dissociation
capable de ramener ces polymères à un état atomique normal, tel que l'état
caractérisé par l'analyse spectrale du carbone gazeux. La reproduction de
cet état normal parait nécessaire pour que le carbone puisse se combiner
directement et par le seul travail de ses énergies internes avec l'hydrogène
gazeux, comme il arrive dans la synthèse directe de l'acétylène.
» D'après les analogies ordinaires, les propriétés physiques des corps
composés, susceptibles d'être formés directement, dérivent de celles de
leurs composants, plus ou moins modifiées en raison de la perte d'énergie
éprouvée lors de cette combinaison directe. Ainsi, pour nous borner à deux
exemples, la combinaison de l'hydrogène, qui bout à — 232°, et celle de
l'oxygène, qui bout k —182^, fournit de l'eau, qui bout à -1-100° : la force
vive qui maintenait à l'état gazeux les molécules d'hydrogène et d'oxygène
libres a donc diminué dans une proportion énorme, corrélative des
59000*=^^ perdues au moment de leur combinaison avec formation d'une
molécule d'eau gazeuse. De môme l'oxyde de carbone qui bouta —190°
et l'oxygène à —182°, forment de l'acide carbonique (qui bout seulement
à —78*^), avec un dégagement de chaleur voisin de 68000*=^'.
)) Il en est assurément de même du carbone, lors de sa combinaison avec
l'hydrogène. L'existence réelle de cet élément à un état gazeux identique,
quelle qu'en soit l'origine, est attestée par l'analyse spectrale, tant dans
l'arc électrique, ou sur le trajet de l'étincelle à travers ses oxydes, hy-
drures, sulfure, chlorures, azoture gazéifiés, que dans les flammes pro-
duites par la combustion de ces divers composés; et cela pour des tempé-
ratures dont les dernières, celles des flammes, ne dépassent pas d'ordinaire
1200° à iSoo**, limite à laquelle répond la formation du carbone gazeux,
dans les conditions étudiées par la présente Note.
» Si l'on tient compte des points d'ébuUition, tant de l'acétylène et des
autres carbures gazeux d'hydrogène, que des oxydes gazeux du carbone,
(1) Voir mon Essai de Mécanique chimique, t. II, p. 45 et i igS.
594 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de son azoture, de son snifure, ainsi que des analogies qui précèdent, il
semble que l'état normal du carbone à la température ordinaire devrait
être celui d'un gaz permanent, dont le point d'ébullition serait compris
entre ceux de ^hydrogène et de l'oxygène; conformément d'ailleurs à la
gradation de leurs poids atomique : H = i ; O = 16; C = 12. Mais on est
forcé d'admettre qu'un semblable gaz se changerait presque instantané-
ment en polymères, par la combinaison réciproque de ses molécules;
comme le fait d'ailleurs l'acétylène porté vers la température du rouge
sombre; ce changement aurait lieu de même avec des dégagements de
chaleur considérables.
)) En fait, parmi les corps simples actuellement reconnus de la Chimie,
Un petit nombre seulement paraissent se présenter en général à l'état de
molécules élémentaires isolées; tels sont l'hydrogène, l'oxygène, l'azote.
Au contraire, la plupart de nos corps simples actuels, tels que les mé-
taux, le soufre, le silicium, le carbone, se manifestent d'ordinaire à l'état
solide, en dehors de leurs combinaisons avec d'autres éléments, sous la
forme d'étals condensés, ayant déjà perdu une partie considérable de leur
énergie essentielle. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les périodes des intégrales doubles et leurs
rapports avec la théorie des intégrales doubles de seconde espèce. Note de
M. ÉmiLE Picard.
« 1. Je me suis déjà occupé {Comptes rendus, 18 novembre et aS dé-
cembre 1901, et Annales de l'École Normale, 1902) des périodes des inté-
grales doubles, en me bornant aux intégrales doubles de première espèce.
Soit une surface
/\x,y, z) = o,
de degré m, et dont le genre d'une section plane arbitraire sera désigné
par p, et envisageons une intégrale quelconque de la forme
P étant un polynôme en a:, y, z s'annulant sur la courbe double. Me plaçant
toujours au point de vue de mes recherches antérieures, je considère l'inté-
grale abélienne
/ \ f I*{x, y, z) dx
(2) } 'h
SÉANCE DU 19 OCTOBRE I903. 5q5
relative à la courbe entre a- et z, f(x, y, z) =0. Ces périodes sont au
nombre de ip-\-m — i et satisfont à une équation différentielle linéaire F,
que j'ai déjà considérée et dont les points singuliers désignés par h sont en
nombre N (N étant la classe de la surface). De plus, les points singuliers b
sont de nature très simple (la surface ayant une position quelconque par
rapport aux axes et n'ayant que des singularités ordinaires); au point hi
correspond une période de (2), qui va jouer dans la suite un rôle essentiel
et que nous désignerons par ^,(7), cette fonction étant holomorphe autour
de bi. Parmi les périodes de (2), m — i correspondent aux points à l'infini
et sont des polynômes en y que nous désignerons par 77, (j) -„^_^ (y).
M 2. Imaginons que, dans le plan de la variable complexe 7, on trace
des lignes aUant d'un point a aux différents points singuliers b^, b.^, . ..,by.
Si, entre 12,, £^0, ..., i2„ il existe une relation
expression
m^<2^-h .. . + m,a,= o (les m entiers),
m, f a,(y)dy+...-h m, f o,( r) dy
ne dépendra pas de a; ces expressions sont capitales dans mes recherches.
» Pour simplifier ici, plaçons-nous dans le cas général suivant (quoique
ce ne soit pas nécessaire pour quelques-ans de nos résultats) : pour une
intégrale arbitraire de la forme (2), il y a 2p -+- m ~ 1 fonctions i2(j)
linéairement indépendantes, soient
o,(y), o^(y), ..., o^,,,„_.(j)
correspondant respectivement aux points singuliers b de même indice.
Ces Q, forment un système fondamental de l'équation différentielle li-
néaire E'. Envisageons une autre fonction i2, soit 12,(7), ^^^ ^ est supérieur
à 2/? -h //2 — i; on aura la relation identique
m^9.^ + . . .-h 7n^9^^-h m/A, = o (en posant a = 2/? 4-m — i),
et l'expression correspondante, indépendante de a,
m, I o , (y) dy +...-{- m, f il, ( )' ) av.
» On obtient de celle façon
N — 2yO — (m — l).
596 ACADÉMIE DES SCIENCES.
quantilés gui sont des périodes de l'intégrale double. On peut établir qu'elles
représentent les valeurs de l'intégrale le long de N — 2/? — (w — i) cycles
à deux dimensions, situés tout entiers à distance finie.
» 3. On doit se demander si la valeur de l'intégrale double pour un
tycle quelconque situé à distance finie se ramène aux périodes que nous
venons de trouver; c'est un point qui peut s'établir en employant, quoique
dans des circonstances plus complexes, une métliode analogue à celle que
j'ai suivie (t. I, p. 58) dans l'étude des résidus des intégrales doubles.
» Un second point appelle aussi l'attention. Les N — 2/? — (m — i) pé-
riodes obtenues sont-elles distinctes? Je démontre qu'il en est ainsi, c'est-
à-dire qu'elles ne sont liées par aucune relation homogène et linéaire à
coefficients entiers, si l'intégrale double (i) est prise arbitrairenient. J'indi-
querai sommairement le mode de démonstration que j'ai employé et qui
m'a été utile dans d'autres circonstances. On établit d'abord (ce qui est à
peu près évident) que, s'il y a une relation linéaire à coefficients entiers
entre les périodes de l'intégrale arbitraire (i), ces coefficients entiers ne
dépendent pas des arbitraires figurant dans l'intégrale. Soit alors une inté-
grale déterminée, prise d'ailleurs arbitrairement, du type (i). En conser-
vant aux 0 la même signification que plus haut, une relation supposée entre
les périodes se traduira par une relation de la forme
(3) jn,J çi^(^y)dy-^...-^m^j o,(j)é^ = o,
"t ''n
les m étant des entiers qui ne sont pas tous nuls. Supposons alors que, au
lieu de l'intégrale (i), nous parlions de l'intégrale
(p(j) étant un polynôme en y. On devra avoir, quelque soit ce polynôme, la
relation
?(j)-^.( j) dy^...^m^ i f^{y)^^{y)dy = o,
avec les mômes entiers m que dans la relation (3) ; on peut d'ailleurs sup-
poser qu'aucun des ^{y) n'est identiquement nul. De ce que nous venons
de dire résulte que l'on aura les relations en nombre infini,
în
f /-^.(j)^()'+--^ + '^^N j^ ./"^.>(j)^6' = « (/:-o, I, 2, ...).
SÉANCE DU \Ç) OCTOBRE IQoS. 397
Il est aisé de voir (\ue cela est impossible, car alors la fonction de x,
?n
f"'-'-^( v) j r"'.is{y) j
serait identiquement nulle ; ce qui est impossible, car elle éprouve l'accrois-
sement •irùnif^^.i^i^x^, quand a? tourne autour du point h;^. Nom avons donc
N — ip — (m — i) périodes distinctes.
» i. Parmi les N — ip — (m ~ i) périodes distinctes que nous venons
de trouver, il y en a 2/? qui sont les résidus de l'intégrale double relatifs à
la ligne à l'infini de la surface. Ces résidus correspondent à l'intégrale
j '<y)'b'^
prise autour du point infini, en prenant pour oi{y)ip intégrales de l'équa-
tion E' qui ne sont pas des combinaisons linéaires des m — i polynômes
désignés plus haut par -,, -o, . . ., -„--,^ On peut établir que, si l'intégrale
double est arbitraire, ces ip résidus sont certainement distincts.
» On conclut de là le théorème fondamental suivant : pour V intégrale
double générale de seconde espèce de la forme
fj
{ -^ , J , ^1^ ^i^ ^ p poly no m e e n it- , J' e t :î ) ,
le nombre des périodes distinctes correspondant à des cycles à distance finie est
"S — lip-(m— 1).
égal à
» 5. La comparaison entre le nombre des périodes des intégrales
doubles de seconde espèce et le nombre p„ des intégrales doubles distinctes
de la môme espèce va nous conduire à une relation fondamentale.
» Revenons d'abord sur le problème traité dans ma Communication de
la dernière séance, à laquelle le lecteur est prié de se reporter : recon-
naître si une expression
-jr (Q polynôme en a), y, :; s'annulant sur la courbe dout)le)
est susceptible de se mettre sous la lorme -^ h ^— • Comme nous 1 avons
1 û.c a y
signalé, le nombre p (qu'il ne faut pas confondre avec p^) joue un rôle
important dans ce problème.
C. R., 1903, 2^ Semestre. (T. GXXXVII, N' 16.) 79
098 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» G. Occupons-nous d'abord du cas où p = i . On voit alors aisément que,
y; ayant la forme précédente, les périodes, que nous venons d'étudier, do
l'intégrale double
(^^> //
Q{x,y,z) d.x dy
sont toutes nulles.
» On peut joindre à ce théorème une réciproque : si toutes les périodes
de l'intégrale double (4 ) sont nulles, on aura
et, dans cette réciproque, il n'est pas besoin, comme dans la proposition
directe, de supposer que p est égal à un. Indiquons la marche de la démons-
tration.
» On cherche à déterminer les fonctions rationnelles dej^
^^M ff-2 ^2/;i Co C,„,
de manière à pouvoir satisfaire à la relation précédente, en prenant
B = «, T, + . . + «o/,lo^ + c,.T, + . . . -+- c,J,„.
» Désignons d'une manière générale par
12^ et T^
les valeurs, analogues à il^, se rapportant aux intégrales
/ I/; do- cL / J^. da: ;
les a et les c seront déterminées par les N relations
^/(j)^'=«!.^;+---+«2/.^j''+f'a7+..-+c,«vr (^=1,2, ...,N).
i.
» Ces relations se réduisent k 2p -h m — 1 d'entre elles, si l'on suppose
que loutes les périodes sont nulles, et l'on établit que les a et c déter-
minées par ces équations du premier degré sont des fonctions rationnelles
dey. La détermination de A est alors immédiate, et par suite nous avons
le théorème suivant :
» Pour que -> puisse se mettre sous la forme -^ + -.— , i7 suffit que toutes
J z -^ ôx ay '''' ^
SÉANCE DU 19 OCTOBRE igoS. Sgq
les périodes de V intégrale (4) soient nulles. Cette condition suffisante sera de
plus nécessaire, s'il s'agit d' une surface pour laquelle 0 ^ \.
M 7. Le théorème j3récé(ienL conduit à une proposition importante reki-
tive aux surfaces pour lesquelles p = i. On montrera d'abord que, en
écrivant que les N — 2/3 — (m — i) périodes de l'intég^rale double arbi-
traire du type toujours considéré
ff
dx dy
sont nulles, on obtient N — 2/? — (w — i) relations distinctes. Pour établir
ce point, j'ai recours à une analyse dont le principe est le même que j^our
l'analyse du § 3. Ce point établi, on a alors le théorème suivant :
M Soit une surjace fpour laquelle p = i . Le nombre p^ des intégrales doubles
distinctes de seconde espèce est donné par V égalité
Po=^N — l\p — (m - 1).
» On peut encore dire que p^ est égal au nombre des périodes de l'inté-
grale double générale de seconde espèce du type envisagé.
» Il est bien remarquable que cet énoncé ait précisément la même forme
que dans la théorie des courbes algébriques, où le nombre des intégrales
abéliennes distinctes de seconde espèce est précisément égal au nombre
des périodes de l'intégrale générale de seconde espèce. Mais cette généra-
lisation n'est exacte que quand p = i. Il nous reste à examiner le cas où
p est supérieur h, un.
•» 8. Le cas de p différent de un ne j)résenle pas des difficultés nouvelles,
si l'on se sert des résultats précédents et si l'on se reporte aux remarques
faites dans ma dernière Communication sur les expressions
Q, Q, Qp-,
71' 71' •■•' "7r'
que nous avons fait correspondre à chacune des courbes C<, . . ., ('p ,.
» On est alors conduit à la formule
t^o
1 .
c'est-à-dire que le nombre ^^^ est égal au nombre des périodes diminue de p
)) Dans la formule précédente, le nombre p^ est un invariant absolu,
c'est-à-dire un invariant pour toute transformation birationnelle. Il n'en
est pas de même du nombre p.
» 9. Je terminerai par une dernière remarque. Nous avons dit plus
6oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
liant que, si loiitcs les périodes de l'intégrale (/[) sont nulles, on a une
identité de la forme (5), mais cette condition, suffisante pour qu'on ait
l'identité précédente, n'est nécessaire que si p = i .
i> Quand p est supérieur à un, une intégrale de la forme (^[\) peut avoir
des périodes différentes de zéro. Il est intéressant de voir à quel fait analy-
tique est due cette circonstance. En se reportant à ma Communication
précédente, on voit qu'à chaque courbe C, correspond une fonction -y- telle
que
)) Il résulte d'ailleurs de cette identité la conséquence suivante : pour
•une valeur donnée arbitrairement i\e y, l'intéstrale abélienne
f
ir
relative entre la courbe entrer et z, f{x, y, j:) = o, a comme points sin-
2[uliers logarithmiques à distance finie les points M de la courbe C,- cor-
respondant à la valeur envisagée de j'; pour tous ces points, la période
logarithmique a la même valeur qui est une constante F indépendante de y, et
la période de l'intégrale double
'^dxdy
est un multiple de V.
» 10. Je me suis borné ici aux points fondamentaux de la théorie que,
depuis plusieurs années, je cherche à édifier dans ce domaine difficile relatif
aux fonctions algébriques de deux variables. Sans quitter les généralités,
bien d'autres questions sont maintenant facilement abordables, comme la
recherche des relations entre les |)ériodes de deux intégrales doubles, et
l'étude des équations Hnéaires correspondant aux périodes des intégrales
doubles d'une surface dépendant d'un paramètre arbitraire, dont j'ai déjà
dit un mot (^Comptes rendus, i3 janvier 1902). Je reviendrai bientôt sur ces
sujets. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur le dosage de l'argon dans Vair atmosphérique.
Note de M. He\ri Moissax.
« Après la belle découverte de l'argon dans l'air atmosphérique par
lord^Rayleigh et sir William Ramsay, plusieurs chimistes ont cherché à
SÉANCE DU 19 OCTOBRE FQoS. 601
doser ce corj3s simple dans différents mélanges gazeux. Celte étude a été
poursuivie en France par M. Schlœsing fils (') et en Angleterre par
M. Kellas(-).'
)> Notre confrère M. Schlœsing fils a publié sur ce sujet une série d'expé-
riences très intéressantes. 11 a dosé l'argon, par rapport à l'azote existant
dans l'air, en absorbant cet azote par du magnésium chauffé au rouge,
après avoir éliminé l'oxvgène et l'acide carbonique. Tl a obtenu ainsi une
teneur de 0,98 pour 100 et établi la constance en argon de différents échan-
tillons d'air. M. Kellas, en employant une méthode identique, a trouvé des
chiffres très voisins.
)) En i8q5, M. Maquenne, d'autre part, a démontré c[u'en faisant passer
de l'air sur un mélange de chaux pure et de magnésium chauffé au rouge,
l'oxygène et l'azote étaient fixés sous forme d'oxyde et d'azoture (').
)) Plusieurs années après, nous avons pu obtenir le calcium pur en quan-
tité notable, et nous avons fait voir que ce calcium métallique, non seule-
ment pouvait se combiner au rouge sombre avec la plus grande facilité
avec l'oxygène et l'azote, mais encore qu'il se combinait à l'hydrogène, à la
même température, en produisant un hydrure d'une grande stabilité (').
Ce dernier fait était important, parce que, dans l'emploi du mélange de
magnésium et de chaux [utilisé par Sir William Ramsay, pour préparer
l'argon avec facilité (*)], il se dégage toujours des quantités plus ou moins
grandes de gaz hydrogène. Il est, en effet, à peu près impossible de manier
à l'air la poudre de chaux vive et la poudre de magnésium sans qu'elles
absorbent une petite quantité d'humidité qui, décomposée ensuite, fournit
de l'hydrogène.
» Nous avons alors pensé à utiliser le calcium métallique pour l'absorp-
tion totale de l'oxygène et de l'azote d'un volume d'air déterminé. L'argon
(') SciiLOESiNG FILS, Sur le dosage de l'argon (Comptes fendus, t. CXXI, i4 oc-
tolîre i8g5, p. SsS etôo/i) et Uniformité de la répartition de l'argon dans l'atmo-
sphère {Comptes rendus, t. CXXII, 1896, p. 696),
{-) A. -M. Kefxas, On the percentage of argon in atnwspheric and in respired
air {Proc. Roy. Soc., t. LIX, i4 novembre 1895, p. 66).
(^) Maquenne, Sur la fixation de l'azote par les métaux alcalino-terreux
{Comptes rendus, t. CXXI, 1890, p. ii47)-
{'') H. MoissAN, Recherches sur le calcium et ses composés {A/m. de Chini. et de
Phys., 7^ série, t. XVIII, 1899. p. 289).
(5) Ra>isay, Proceedings of the Royal Society, t. LXIV, 1898, p. i83, etW. Travers,
The expérimental study of gases, p. to5.
6o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pur devait rester comme résidu et la méthode de dosage était directe (').
)) Dans des expériences préliminaires, nous nous sommes assuré tout
d'abord, en faisant circuler un volume déterminé d'un mélange d'oxveène,
d'hydrogène et d'azote sur du calcium chaulïé au rouge sombre, que
l'absorption était totale. Nous avons reconnu aussi que, si l'on partait soit
de l'air, soit d'un mélange d'air et d'hydrogène, on n'obtenait, après pas-
sage sur du calcium maintenu à Soo'', que de l'argon, ne donnant plus, à
l'analyse spectrale, les lignes de l'azote. Du reste, ce même gaz, additionné
d'oxveène et soumis à l'action d'une série d'étincelles d'induction, ne
fournissait j)as de vapeurs rutilantes et ne diminuait plus de volume en
présence des alcalis.
» Prise d'échantillon. — Après différents essais, exécutés au moyen de
ballons de verre dans lesquels on avait fait le vide, ou de fljcons traversés
par un courant d'air continu, nous avons choisi une méthoJe plus simple,
qui nous a donné, comme nous le démontrerons plus loin, des résultats
suffisamment comparables.
)) Pour recueillir un échantillon d'air, dans un endroit donné, nous
prenons de l'eau qui a séjourné depuis un temps assez long dans cet
endroit, et nous en emplissons deux bouteilles bien propres.
)) Nous vidons ensuite à moitié nos deux flacons, puis nous les agitons
vivement après les avoir bouchés de hiçon à produire la solubilité, aussi
complète que possible, des gaz de l'air, au moment de l'expérience. Nous
versons ensuite le liquide de la première bouteille dans la seconde, de
façon à l'emplir complètement. Puis nous versons à nouveau le liquide de
la deuxième bouteille dans la première. La seconde bouteille est fermée
avec un bouchon de liège neuf. Enfin, la première bouteille est vidée
complètement et fermée à son tour par le même procédé.
» Si l'eau que nous employons dans cette expérience est bien saturée
par les gaz qui l'entourent, on obtiendra ainsi deux échantillons d'air
humide, répondant à la composition moyenne de l'atmosphère dans
laquelle s'est exécutée la prise d'échantillon.
)> Description de l'appareil. — Notre appareil de dosage était formé d'un
mesureur pouvant contenir environ 1' d'air qui était mis en comnm-
nication, par l'intermédiaire d'une trompe, avec deux tubes maintenu:^ au
( ') Nous avons déjà appliqué la méthode que nous décrivons aujourd'hui au dosage
de l'argon dans les gaz dégagés par la source Bordeu à Ludion et dans les gaz des
fumerolles de la montagne \*Q\ée {Comptes rendus, t. CXXXV, 1902, p. io85 et 1278).
SÉANCE DU 19 OCTOBRE igoS. 6o3
rouge sombre, dont le premier renfermait un mélange de chaux vive et
de magnésium, et le second i^ environ de calcium en très petits cristaux.
» Le mesureur, de volume constant, fermé à sa partie supérieure par
un robinet de verre et à sa partie inférieure par une colonne de mercure,
permettait, de même que dans les appareils de Regnault et de M. Schlœ-
sing, de mesurer le gaz sous pression réduite. Tout l'appareil était entouré
d'eau froide à température constante.
» Dans des essais préliminaires nous nous sommes assuré que l'erreur
que comportait une lecture ne s'élevait jamais à plus de {^ de centimètre
cube pour le volume de notre mesureur, soit 980""'.
)> Une trompe permettait de faire circuler le gaz pendant plusieurs
heures sur les tubes à calcium. Bien entendu, tous les joints étaient en
i^omme laque et les différentes parties de l'appareil étaient réunies par des
tubes de plomb en spirale pour leur donner une certaine mobilité.
)) Conduite de l'expérience. — i" L'échantillon de gaz était placé sur la
cuve à mercure dans une cloche à robinet et séché par des bâtons transpa-
rents d'acide métaphosphorique.
» 2° Le ^az était introduit ensuite dans le mesureur où il passait toute
la nuit à une température constante, et les lectures étaient faites le lendemain
matin à 3 heures d'intervalle, pour voir si elles restaient concordantes.
» 3° Pendant la première partie de l'opération, on avait fait la veille le
vide dans l'absorbeur. Ce dernier appareil devait tenir le vide toute la nuit
et ne plus renfermer de gaz. Le vide avait été fait aussi dans la canalisation
jusqu'au robinet du mesureur.
» 4^» On place une éprouvetle mobile, reliée à l'absorbeur, sur le tube
abducteur de la trompe, et l'on fait passer l'air du mesureur sur les tubes
à calcium chauffés et vides de gaz. L'arrivée de l'air doit être assez lente
pour que l'incandescence qui se produit dans le premier tube (mélange de
chaux et de magnésium) ne soit pas trop grande, et ne produise pas la
fusion du verre.
» L'absorption de l'oxygène et de l'azote se termine en quelques minutes
et, au moyen d'une circulation réglée par la trompe, les deux gaz repassent
sur les tubes à calcium, pendant trois heures.
)) 5° La hauteur du baromètre, qui se trouve en contact avec la trompe,
devient bientôt constante; il n'y a plus d'absorption de gaz. On remplace
alors, sur le tube abducteur de la trompe, l'éprouvette mobile par un tube
gradué. En continuant à faire le vide, on amène tout le gaz que contient
l'appareil dans le tube gradué qui sera ensuite porté sur la cuve à mercure
et qui permettra de lire le volume d'argon recueilli.
6o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Le même tube gradué a servi à tous nos essais ('). Sa graduation avait
été établie avec soin, et la lecture du volume gazeux, sur la cuve à mercure,
permettait d'aj)précier avec facilité un tiers d'une division qui correspon-
dait au dixième de centimètre cube.
M Après l'expérience nous avons reconnu que le premier tube, renfer-
mant le mélange dé magnésium et de chaux vive, retenait tout l'oxygène
et la plus grande partie de l'azote, et que le second tube, qui contenait le
calcium, arrêtait complètement le restant de l'azote, l'hydrogène prove-
nant de la décomposition de traces d'eau par le premier tube et toutes les
impuretés gazeuses de l'air.
)) Bésultals. — En analysant, par ce procédé, un certain nombre d'échan-
tillons d'air, nous avons obtenu les résultats que nous consignons dans le
Tableau suivant :
Dosa se de L'ars'on dans l'air.
Origine. Recueilli par
Océan Allantique 87° lat. N., 24° 20' long. W. M. G. Bertrand
Td. 43° Id. 22° 10' Id Id.
Paris (Sorbonne), juillet 1908 M. Moissan.
Id. octobre 1908 Id.
Bretagne (Pointe du Raz) M. Lebeau.
Pyrénées ( Vallée de Ludion) M. Moi.^san.
Vallée deCliamonix, Mer de glace i8oo"" .... M. H. Gautier.
Sommet du mont Blanc M. Janssen.
Id. Id.
Martinique, montagne Pelée AI. Lacroix.
Id. rivière Blanche (55o"^) Id.
Alanche Se" lat. nord, 2° 7 long. oiicU i\I. G. Bertrand.
Londres, Victoria station M. Rigaut.
Berlin, Unter den Linden M. Moissan.
Vienne, Kœrntnerring M. H. Gautier.
Saint-Pétersbourg, Perspective ^ewsky Id.
Moscou, Kremlin Id.
Port d'Odessa Id.
Orembourg Id.
Athènes, Acropole M. Moissan.
Golfe de Nauplie M. Moissan.
Vohime
Volume
d'air
d'argon
à 0"
à 0"
Argon
el à 760""".
et à 7G:)""".
pour 100.
fUl^
cm»
825,2
IM
0,9818
884,8
7,92
0,9492
806,4
7,53
0,9887
844,5
7>87
0,9819
802,0
7,5i
0,9864
784,5
7,82
0,9880
552,7
5,16
0,9835
747,4
6,99
0,9852
700,1
6,53
0,9827
80S , 2
7,^7
0,9866
778,0
7,^4
0,9805
793,9
7,44
0,9871
682,0
6,86
0,9825
652, 1
6,08
0,9828
778.9
7,3i
0,9885
1^0,0
7,37
0,9829
836,6
7,80
0,9828
667,6
6,24
0,9346
582,8
0,45
0,9351
8o4 , 3
7,52
0,9349
799'0
7^47
0,9349
(*) Nous avons évité dans ces manipulations tout transvasement de gaz qui peut
augmenter le volume obtenu de la petite quantité d'air comprise entre le mercure et
la paroi des éprouvelles.
SÉANCE DU 19 OCTOBRE IQoS. 60'
Origine. Recueilli par
Mer Ionienne 3-°23' lat. X., i5"28' long. E. . . M. Moissan.
Golfe de Naples Id.
Venise, çrand canal. M. lï. Gautier.
-> &■
Volume
Volume
d'air
- d'argon
à 0° .
à 0°
Argon
et à 760°"".
et à 760"'™.
pour 100.
cm'
817.7
oni'
7,66
0,9356
81 9., 7
7,58
0,9326
800,4
7.49
0,9357
» Ce qui ressort tout d'abord de ces expériences, c'est que, sauf une
analyse, tous ces chiffres sont très concordants et démontrent que la teneur
en arf>on de l'air est d'une erande constance. Ces résultats sont semblables
d'ailleurs à ceux qui avaient été indiqués précédemment par M. Schlœsmg
fils, mais ils ont été obtenus par une méthode différente et ils portent sur un
plus orand nombre d'échantillons. Le seul résultat qui s'éloigne de notre
moyenne nous a été fourni par de l'air recueilli dans l'océan Atlantique
par M. G. Bertrand dans une croisière faite à bord du yacht Princesse Alice,
dirigée par S. A. S. le Prince de Monaco.
» Cet air titre, pour 100, 0,9492 d'argon. Son analyse a été aussi régu-
lière que les précédentes et nous ne nous expliquons pas cette différence,
d'autant plus que d'autres échantillons, pris dans l'Atlantique, dans la mer
Ionienne, dans le golfe de Naples, n'ont pas une teneur aussi élevée. Le
premier échantillon a, peut-être, été prélevé au moment d'une baisse baro-
métrique rapide qui aurait permis à l'argon en solution dans l'eau de la
mer de se dégager et d'augmenter ainsi la teneur de l'air ambiant. On sait
que le coefficient de solubilité de l'argon dans l'eau est beaucoup plus
grand que celui de l'azote.
)) Un autre fait curieux, qui se dégage de nos recherches, est la con-
stance de la teneur en argon de l'air recueilli à des altitudes différentes,
par exemple, à la Mer de glace (1800™) et au sommet du mont Blanc
(4810").
)) Noire confrère, M. Janssen, toujours si intéressé aux recherches
scientifiques, a bien voulu, en effet, nous adresser deux échantillons d'air
provenant de son observatoire du mont Blanc. Cet air renfermait 0,9852
et 0,9827 d'argon. Il n'était donc pas différent de l'air recueilli à Paris :
argon, pour 100 : 0,9837; à Londres : 0,9825 ou à Berlin : 0,9828.
)) Ce fait a été vérifié au moyen d'un autre éch;uitillon d'air que
M. Lacroix a eu l'obligeance de nous rapporter de la montagne Pelée à
la Martinique (1201'"). Cet air renfermait 0,9866 d'argon, soit une quan-
tité normale.
G. R., 1903, 2» Semestre. (T. CXXXVII, N° 16.) ^O
6o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
)) Dans les pays plats comme la Russie, la constance de l'argon dans les
différents échantillons est particulièrement remarquable. Parmi les prises
d'air que M. Henri Gautier a prélevées, à notre intention, nous remar-
quons, en effet, que celle de Saint-Pétersbourg nous a donné 0,9329
d'arfi^on pour 100, celle de Moscou : 0,9328, tandis que celle de Berlin
fournit le même chiffre : 0,9323.
V) En somme, d'après nos expériences, les échantillons d'air recueillis à
l'intérieur des continents pour des altitudes deo°^à 58oo" présentent, pour
loo"""', une teneur en argon qui oscille entre o""\ 932 et o*"°',935, teneur
remarquable par sa constance. Les échantillons d'air qui ])roviennent de
la surface de différentes mers renferment des quantités d'argon qui, en
général, sont un peu plus élevées que les précédentes, tout en se mainte-
nant dans les mêmes limites. Un seul échantillon, pris dans l'océan Atlan-
tique, renfermait une dose d'argon égale à 0,9492.
» Ces recherches viennent donc confirmer les vues importantes de
Dumas et Boussingault sur la constance de composition de l'atmosphère
qui entoure la Terre (^).
» Nous devons, en terminant ce rapide exposé, remercier tous ceux qui
ont bien voulu nous aider dans ce travail et recueillir pour nous différents
* ...
échantillons d'air, en particulier MM. Janssen, Lacroix, Henri Gautier et
Gabriel Bertrand.
» Enfin nous tenons aussi à adresser tous nos remercîments à M. Rigaut,
préparateur à la Sorbonne, qui nous a secondé pour mener à bien ces
analyses longues et délicates, m
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les produits de condensation du tétraméthyldia-
niidophènyloxanlhranol avec le benzène, le toluène et la dimèthylaniline .
Vert phtalique. Note de MM. A. IIam.eh el A. Guvot.
(^ A la suite de nos dernières recherches sur les tétraalcoyldiamidodi-
phénylanlhrones (-) obtenues par condensation du chlorure d'anthraqui-
none avec les dialcoylanilines, il nous a semblé intéressant de préparer
(') Dumas et BoussiNG.vuLT;, Recherches sur la véritable constitution de l'air atmo-
sphérique {Annales de Chimie et de Physique, 3^ série, t. IH, i84i, p- 2.57).
(-) A. Hallku et A. Glyot, Comptes rendus, t. CXXXVI, 1900, p. 53.j.
SÉANCE DU 19 OCTOBRE igoS. 607
leurs isomères de la forme (II)
R-.\.C"H\ .C^'1P\(CIP)2 C«H\ /G«H^NR'
C G
G«ir'C ^G«H* G*H*/ \G«H-^NR2
GO GO
» Pour oblenir ces nouveaux dérivés, il était tout indiqué de condenser
la benzine, le toluène, etc., avec le tétraméthyldiamidophényloxan-
thranol :
HO. .G<'H''N(GH^)'- G«H3 G«H3N(GtP)-^
G G
^ ^ G«rP('^G«IPN(GIP)^4-G«H«=ir-0 + G«H^(^'\G«H3i\(GH3)-,
GO GO
car on sait que les phényloxanthranols se combinent facilement avec les
carbures benzéniques pour donner des dipliénylanthrones; celte réaction
nous a, en effet, permis autrefois de préparer un certain nombre d'homo-
logues de la diphénylanthrone (').
» Mais, comme on le verra dans la suite, les produits qu'on obtient dans
cette condensation avec des phényloxanthranols sahstilaés par des groupe-
ments NR- semblent s'écarter, par leurs propriétés, des corps du type
diphénylanthrone et peuvent plutôt être considérés comme des dérivés du
diliydrure d'anthracène diphénylé symétrique de Linebarger (-).
» Coude usa Lion du tétrcanétliyldiamidophénylojcanlhranol avec la benzine. —
On introduit dans un flacon bouché à l'éraeri i partie de benzine, i partie de télra-
méthAldianiidophényloxanthranol et 10 parties d'acide sulfurique concentré et l'on
agite le mélange pendant quelques jours avec un agitateur mécanique. La liqueur,
primitivement rouge fuchsine, vire au brun foncé; on perçoit en outre une légère
odeur d'acide sulfureux, provenant sans doute d'une légère oxydation des produits au
contact de l'acide sulfurique. Il convient d'arrêter l'opération à ce moment, bien que
la condensation soit encore très incomplète, afin d'éviter la formation de matières
résineuses. On verse le contenu du flacon sur de la glace, on neutralise partiellemen j.
la solution rouge orangé ainsi obtenue par addition d'ammoniaque, on sépare par
fîltratlon le tétraméthyldiamidophénvlxanthranol qui n'est pas entré en réaction et
qui se précipite en petits cristaux, lors de la neutralisation, puis on ajoute à la liqueu^
(') A. llALLERet A. Glyot, BuU. Soc. chini., t. XVII, 1897, p. 8-3, et A. Guyot
même Recueil, p. 98.^.
(-) LixEBARGER, Àui. clieui. Joumal, t. XllI, p, 556.
6o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
filtrée un mélange de chlorure de sodium el de chlorure de zinc. Le chlorozlncate du
colorant se précipite bientôt en petits cristaux rouges qu'on dissout dans l'eau bouil-
lante et traite à chaud par un excès d'ammoniaque. La base se précipite en flocons
qu'on reprend par le benzène; enfin, la solution benzénique séchée, filtrée et con-
centrée abandonne, par addition d'éther de pétrole, de petits cristaux blancs, groupés
en mamelons, fondant à i/jo'*, très solubles dans la benzène et le chloroforme, peu
solubles dans l'alcool et l'élher, presque insolubles dans l'éther de pétrole. Le ren-
dement en produit pur atteint à peine 7 à 8 pour 100 du rendement théorique, ce qui
est évidemment dû à la nécessité d'arrêter l'opération longtemps avant la fin de
la réaction pour éviter la formation de produits résineux.
» Les chiffres fournis par l'analyse conduisent à la formule C'°H''''N' 0^ et non à la
formule C^°H^^N^O qui serait celle de la tétramélhjldiamidodiphénjlanthrone prévue
par la théorie. Notre corps résulte donc de l'addition de 1'^°' de benzine à i™"' de
tétraméthyldianiidodiphényloxanthranol sans élimination d'eau.
» Il forme avec les acides des sels bien cristallisés, solubles dans l'eau en orangé
intense. Ces sels, chaulTés en solution alcoolique avec 1™°^ de chlorhydrate d'hydroxyl-
amine ou de phénylhydrazine, donnent, par addition d'acétate de soude, des produits
de condensation incolores et parfaitement cristallisés, formés avec départ de 2"^°^ d'eau.
)) La combinaison avec l' hydroxy lamine G^^H-^N^O constitue de fines aiguilles
blanches, solubles sans coloration dans les acides minéraux et fondant à 210°.
» La combinaison avec la phénylhydrazine(^^^\r\^'*W se présente sous la forme de
petits cristaux incolores, fondant à 200°, solubles sans coloration dans les acides
minéraux.
» Condensation du télramétliyldiamidophényloxantliranol avec le toluène. ■ —
Cette condensation s'efl'ectue exactement comme plus haut et le produit s'isole de la
même façon, mais les rendements sont beaucoup plus élevés qu'avec le benzène et
atteignent facilement 5o pour 100 du rendement théorique.
» Ce produit se dépose de sa solution benzénique par addition d'éther de pétrole en
petits cristaux blancs, fondant vers i63°-i64° ( non corr.), ti'ès solubles dans la benzine
et le chloroforme, peu solubles dans l'alcool, l'éther et l'éther de pétrole. Comme son
homologue inférieur, il résulte de l'union directe de i™"^' d'oxanthranol avec 1™°' de
toluène, sans élimination d'eau, et répond par conséquent à la formule G^^H^-N'O^.
» Avec les acides, ce corps forme des sels d'un rouge orange intense et se combine
à l'hydroxylamine et à la phénylhydrazine avec départ de 2™°^ d'eau.
» La combinaison avec l'hydroxylamine C^'FP'N^^O constitue de fines aiguilles
d'un blanc pur, fondant à 245°.
» La combinaison avec la phénylhydrazine C^TP'^N'^ forme de petits cristaux
d'un jaune très pâle fondant à 220°.
» Condensation du tétraméthyldiamidophényloxanthranol avec la diméthyl-
aniline. Vert phtalique. — On dissout à chaud une partie de tétraméthyldiamido-
phényloxanthranol dans trois parties de diméthylaniline pure, on refroidit en agitant
vivement, de façon à obtenir une poudre cristalline très divisée d'oxanthranol en
susjiension dans la diméthylaniline, puis on ajoute, en une seule fois, une partie d'oxy-
chlorure de phosphore étendu d'une partie de diméthylaniline. La masse s'échaulTe,
devient opaque et prend un reflet bronzé. Après une heure de digestion, on prend le
SÉANCE DU 19 OCTOBRE igoS. 609
produil de la réactiun par 8 ou 10 parties de sulfure de carbone, qui enlève les pro-
duits qui n'ont pas réagi et laisse le colorant sous forme d'une masse visqueuse se
résolvant en petits cristaux au contact de Teau. Le rendement en chlorhydrate est
presque théorique et le produit est très pur du premier jet.
» Les autres sels, nitrate, sulfate, oxalate, iodhydrate, etc., cristallisent aussi très
facilement; ils s'obtiennent soit par double décomposition du chlorhydrate avec le sel
d'argent correspondant, soit par dissolution de la base libre dans un acide. Ils sont
généralement très peu solubles dans l'eau froide et se dissolvent facilement dans l'eau
bouillante et dans l'alcool froid; ils renferment tous une ou plusieurs molécules d'eau
de cristallisation qu'ils perdent vers 120° et répondent, à l'état anhydre, à la formule
générale C^-H**N='OR, confirmée par de nombreuses analyses.
» Base libre C^'H^^N^O^. — Ce composé se précipite sous la forme de flocons
blancs, amorphes, lorsqu'on décompose par le carbonate de soude une solution
aqueuse de chlorhydrate. Il est très soluble dans le chloroforme, d'où l'alcool bouil-
lant le précipite en fines aiguilles blanches fondant à 152° et se colorant rapidement
au contact de l'air.
» Leucobase O'-U'^'^WO. — La leucobase du vert phtalique s'obtient facilement en
traitant, jusqu'à décoloration complète, une solution aqueuse du chlorhydrate par du
zinc et de l'acide chlorhydrique. Le produit obtenu ressemble, par ses propriétés phy-
siques et chimiques, à celui que nous avons déjà décrit dans une communication anté-
rieure ( ' ).
» Produits de condensation de la base du vert plitalique avec Vhydroxy lamine
et la phénylhydrazine :
» Ces composés se forment avec la plus grande facilité lorsqu'on chauffe au bain-
marie, pendant quelques minutes, vme solution alcoolique du colorant ou de sa base
libre avec un excès de chlorhydrate d'hydroxylamine ou de chlorhydrate de phényl-
hydrazine et une quantité é([uivalente d'acétate de soude. Ces produits de condensa-
tion, une fois formés, ne tardent pas à se déposer en petits cristaux, qu'on purifie par
de nouvelles cristallisations dans l'alcool.
» Le dérivé obtenu avec l' hydrojc^y lamine crislallise en aiguilles blanches, fondant
à 239''-24o°, très peu solubles dans l'alcool et l'éther, très solubles dans le chloroforme
et répondant à la formule C^^IP^N^O.
« Le produit de condensation avec la phé/iylhyd/azine cvhlaWise en prismes d'un
jaune pâle, fondant à 288°, très peu solubles dans tousles véhicules organiques, excepté
dans le chloroforme, s'altérant peu à peu au contact de l'air en se colorant en vert. Sa
composition répond à la formule C^'^H^^iS\
» Conclusions. — Les produits d'addition du tétraméthyldiamidophényl-
oxanthranol avec la benzine, le toluène et la diméthylaniline ne sont pas des
amidodiphénylanthrones; cela résidte de leur composition; du reste les deux
télraalcoyldiamidodiphénylanthrones (-) que nous avons décrites dans
(') Revue générale des matières colorantes, 1898, p. i,
(-j Loc. cit.
6io
ACADEMIE DES SCIENCES.
cMrNii-
une précédente Note, et dont la constitution
C
Il est
a IV C«H^1NR'
co
pas douteuse, sont jaunes à l'état libre, donnent avec des acides des sels
incolores et ne se combinent ni avec l'hydroxylamine, ni avec la phényl-
hydrazine, alors que les produits décrits dans le présent Mémoire sont
incolores à l'état libre, forment avec les acides des sels fortement colorés
et se combinent avec la phénylhydrazine et l'hydroxylamine avec départ
de 2"'°i d'eau.
» Bien que le processus, qui donne naissance à ces dérivés au moyen de
notre oxanthranol substitué, puisse être représenté le plus facilement par
l'équation (A), pour les raisons signalées plus haut, nous nous voyons
cependant forcés d'attribuer à ces composés une constitution qui s'écarte
de celle des anthrones disubstituées. La composition des bases, avec leurs
deux atomes d'oxygène, la double décomposition à laquelle elles se prêtent
avec l'hydroxylamine et la phénylhydrazine, le caractère des matières
colorantes que possèdent leurs sels, nous conduisent à les considérer
comme des dérivés du dihydrure de diphénylanthracène de Linebarger
HO
HO-C
1
HO/ 1
C«H*(^ ^G«H^iN(ClP)
HOC
CnPCH^
C«H*N(CH3)2
C«H'
I
HOC
C'B-*{ \c«H»N(CtP)-^
\C^
I
HOC^H^
» Il est cependant h remarquer que les radicaux unis aux deux atonies
de carbone y du complexe anthracénique ne sont pas symétriques vis-à-vis
du noyau B, et ne sauraient, par conséquent, avoir même fonction, comme
le montre le schéma développé ci-dessous :
HOC^^
Ri
N(CH3)-^
HO C.
\G6Hh\(CH3)2
SÉANCE DU If) OCTOBRE ipoS. 6|T
» 1] en résulte que, i)ar analogie avec la |)lLipart des coloranls du tri-
phénylméLhane, on est conduit à envisager le carbone y, qui se trouve en
para vis-à-vis du complexe CN(CH^)-, comme intervenant dans la fonc-
tion des bases, quand elles subissent l'hydrogénation pour se transformer
en leucodérivés ou lorsqu'elles se combinent aux acides pour donner
naissance aux sels ou matières colorantes.
» Ces composés auront donc respectivement les formules suivantes :
lie
,C=lliN(CH=
Cl G'
X«H'N(GIP)2
N(Gir')=
'\G«1FN(C1P)-
Leucodérivé du vert plilaliquc.
i\(GH^)^
HO G. ^^ ^HOC'- ^^
^G«IPi\(Gll=')2
Vcil piilaliquc (clilorhydrate).
» Quant aux combinaisons des bases avec l'hydroxylamine et la phénvl-
hydrazine, on peut les envisager de la manière suivante :
GH GR
G" H
,, /
NOII )Gqi^N(Gir')2 G«I1*( G«H=NHN )G<5Ii3N(Gn^)S
GR
R représentant les radicaux C«H% C*'11''CH% C«H'N(CH^)-. »
\
MEMOIRES LUS.
BIOLOGIE. — Sur V acclimalalion et la culture des pintadines, ou huîtres
perlières vraies, sur les côtes de France, et sur la production forcée des perles
unes. Note de M. Raphaël Dubois.
« Dans la séance du i6 septembre 1900, au Congrès international
d'Aquiculture et de Pêche, j'ai annoncé que j'étais arrivé à j)rovoquer
chez certains Mollusques la production des perles fines ( ' ).
(') Sur ta nature et la formalioii des perles fines naturelles {Mémoires et
6l2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
)) En outre, j'ai montré à diverses personnes, au laboratoire maritime
de Biologie de Tamaris, les résultats annoncés et obtenus avec des Avicu-
lidés indigènes {Mytilus, Pinna).
» A l'occasion de ma Communication du 16 septembre 1900, le Prési-
dent du Congrès, M. Edmond Perrier, fit remarquer, avec raison, qu'il
serait très important d'appliquer ma méthode à de véritables huîtres per-
lières, à des pintadines, et qu'il se trouvait précisément une espèce de ce
genre sur les côtes du golfe de Gabès, dans le sud tunisien. J'ai suivi le
conseil de l'éminent Directeur du Muséum et je m'en suis bien trouvé.
Après avoir obtenu une mission de la bienveillance de M. Decrais, alors
Ministre des Colonies, je me suis rendu dans le golfe de Gabès, où j'ai pu,
en 1901, étudier à loisir les condih'ons biologiques d'exislence des pinta-
dines, grâce à la sollicitude éclairée de M. de Fages, directeur adjoint des
Travaux publics, et de M. Ponzevera, chef de la Navigation, en Tunisie.
Cette mission m'a permis, en outre, de rapporter des pintadines vivantes
et de les installer dans les milieux jugés les plus favorables, d'après mes
recherches en Tunisie, et aussi de me faire faire des envois, dans de bonnes
conditions, par mon préparateur, M, Allemand-Martin, sous-directeur du
laboratoire maritime de Biologie de Sfax, dont j'ai la direction scientifique.
C'est ainsi que j'ai constaté que l'on pouvait acclimater la pintadine de
Gabès, la multiplier et la cultiver méthodiquement dans nos eaux, où
l'accroissement de sa taille est particulièrement rapide.
» Les échantillons vivants que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie
sont des Margaritifera vulgaris Jameson. Cette espèce a passé de la mer
Rouge dans la Méditerranée par le canal de Suez : elle a été un peu mo-
difiée par son nouvel habitat, mais c'est bien la même que celle que l'on
pèche à Ceylan pour ses magnifiques perles. Cette espèce se rencontre
également dans le sud de la mer des Indes, aux Maldives, à l'île Maurice,
dans la Malaisie, l'Australie, la Nouvelle-Guinée, la Nouvelle-Zélande, le
golfe Persique, la mer Rouge, Alexandrie et Malte, d'après M. Jameson,
auteur d'importantes recherches sur cette question.
» Les perles que produit la Margaritifera vulgaris, en Tunisie, ont un
très bel orient; elles sont régulières, mais petites. En outre, elles sont
extrêmement rares, puisqu'il faut ouvrir 1200 à i5oo huîtres pour trouver
une perle.
Comptes rendus des séances du Congrès international d' Aquiculture et de Pêche,
Paris, igoi).
SÉANCE DU jg OCTOBRE \[)0^. ^tS
» En plarant ces pintadines dans des milieux naturels ou arlificiels où
les moules ( Mytilus gallo-provincialis) deviennent perlières par suite delà
contamination parasitaire, on provoque facilement la production des
perles fines, de telle sorte qu'en ouvrant successivement trois piiitadines
contaminées on a pu trouver dans chacune d'elles deux petites perles,
ainsi que je l'ai montré dernièrement, à mon laboratoire de Lyon. J'ai
d'ailleurs fait voir de semblables résultats dans mon laboratoire de Tama-
ris. Mais je dois déclarer que j'ai complètement échoué avec des Mol-
lusques marins n'appartenant pas aux Aviculidés : Ostrea, Vénus ou Tapes,
Cardium, etc.
» Avant mon départ de Tamaris, j'ai ouvert un certain nombre de
sujets contaminés, et les voici portant leurs perles. Celles-ci sont petites,
car la contamination est de date récente; mais elles ont un bel orient.
J'ai l'espoir de voir leur taille s'accroître beaucoup, puisque, dans nos
eaux, les coquilles elles-mêmes grandissent très vite, au point que l'on
peut penser que leur nacre deviendra un jour utilisable pour l'industrie.
» En résumé, j'ai prouvé :
» 1° Que les pintadines peuvent supporter de longs voyages sans périr,
puisque j'en ai amené de vivantes, des frontières de la Tripolitaine à Paris -,
» -i" Qu'elles peuvent s'acclimater et se cultiver sur les côtes de France,
et même y acquérir des qualités nacrières supérieures ;
» 3" Que j'ai pu obtenir avec ces pintadines la production forcée des
perles fines vraies^ qu'il ne faut pas confondre avec les perles de nacre ;
» 4° Que ces résultats permettent d'espérer que j'arriverai à accli-
mater, sur les côtes de France et de nos colonies méditerranéennes, des
espèces de pintadines autres que la Margarilifera vulgaris, si l'on veut bien
seconder mes efforts pour doter mon pays d'une industrie nouvelle. »
CORRESPONDANCE.
M. Ed. Caspari prie l'Académie de vouloir bien le comprendre parmi
les candidats à la place vacante, dans la Section de Géographie et Naviga-
tion, par suite du décès de M. de Bussy.
(Renvoi à la Section de Géographie et Navigation.)
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, les trois premiers numéros du « Journal de Chimie phy-
sique », publié par M. Philippe-A. Guye. (Présenté par M. Haller. )
G. R., 1903, 2' Semestre. (T. CXXVVII, N" 16.) ^' ^
6i4
ACADEMIE DES SCIENCES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE, — Sur les équations linéaires aux différences
finies. Note de M. Alf. (suldberg, préseatée par M. Emile Picard.
« Je me permets d'indiquer, dans celte Note, pour les équations linéaires
aux différences finies, un théorème analogue au théorème sur les fonctions
symétriques des racines d'une équation algébrique. Le théorème corres-
pondantpour les équations différentielles linéaires est démontré, comme
on sait, dans un Mémoire fondamental de M. Appell.
)) Soient
(0
n
+ «,!'i^
-i- a\
<y.
,{11 <
une équation linéaire aux différences finies, t^t j'J , j^^:', ..•,Xc ^^ ^y^'
tème fondamental d'intégrales; je vais démontrer le théorème suivant :
» Toute fonction algébrique entière F dey\^\y''l\ . . •,y''"^ et des valeurs
successives de ces fonctions, qui se reproduit multipliée pat un facteur constant
différent de zéro quand on remplace y'*' , y'^', . . , y''"^ par les éléments d'un
autre système fondamental d'intégrales, est égale à une fonction algébrique
entière des coefficients de V équation linéaire et de leurs valeurs successives mul-
tipliées par une puissance de n[(^ — i )" ût'^!'_|J.
)) La démonstration de ce théorème est absolument analogue à la dé-
monstration du théorème fondamental de M. Appell.
)) La fonction supposée F doit, en particulier, se reproduire, à un fac-
teur constant près, quand on permute entre elles les fonctions j^^'^y'^'', ...,
y^\ Il résulte de là que cette fonction contient les valeurs successives
de r^', y^"\ . . .,y "' jusqu'au même ordre. Soit/.» cet ordt'e.
» 1° Si l'oidre p îles plus hautes valeurs successives de J^' , jl'', • • •»
y''"\ qui figurent dans F est moindre que /î — i , la fonction F se réduit à une
constante.
» 2*^ Si /; = A/ — I , la fonction F est, à un facteur près, indépendant
^^ïx ■> y'x ■> • • •' ï'x' "^i'^® puissance du déterminant
J.r Jx^ I
J .*•■ J x+ 1
J X J x^-\
J X+ll-
c'est-à-dire une puissance de Gn[( — i)''«.,'l.|].
SÉANCE DU IÇ) OCTOBRE igoS. "'J
„ 3» Si » est plus grand qne n - . on peut toujours, à l'aide de l'équa-
tion linéaire (■), remplacer dans F toutes les valeurs successives de j, ,
;°" y»' ^l'ordre supérieur à n - . en fonction des autres. Cette
;;é'ration "n'Introduit évidemment dans F que des fonctions entières des
coefficients de l'équation (.) et de leurs valeurs successives. Ou transforme
ainsi la fonction F en une autre de même nature qui ne contient plus que
les valeurs successives de v-, .... yT, jusqu'à l'ordre n - i inclusivement
par suit., d'après le deuxième cas, cette fonction est une puissance
le nR-.)"«""l.«n>'llipliée par un facteur qui ne peut être qu une fonc-
tion algébriqu;' entière des coeiricieuts de l'équation (,) et de leurs valeurs
successives. , .. A';^^AA,^n
„ Nous terminerons ces remarques en insistant sur la notion d irréduc-
tibilité d'une équation linéaire aux différences finies.
» Soit une équation linéaire aux différences finies
don. les coefficients sont des fonctions rationnelles de certaines fonctions
de 0. considérées comme connues; nous disons que l'equation linéaire (.)
est irréductible, si elle n'a de solution commune avec aucune équation
linéaire de même nature, mais d'ordre moindre.
Tguelques remarques générales se déduisent immédiatement de cette
'^Touàndune ec,uation Unèaire n'est pas irréducUble, U existe toujours une
êguation linéaire d'ordre moindre, dont elle ctdmet toutes les intégrales.
„ Si une éuuation linéaire a une intégrale eommune avec une equatton
linéaire irréductible, elle admettra toutes les intégrales de cette dernière. »
I
PHYSIQUE. - Sur unréfractomètre à réflexions. Note de M. T... Vaut.eh,
présentée par M. J. Violle.
„ 11 existe certaines applications de la méthode interférentielle pour
lesquelles A convient de séparer entièrement l'unde l'autre et sur de longs
tr e", les deux faisceaux in.erféients. Telle est la disposition offerte par
le éfi- ctomè.re que nous décrivons dans cette Note et que "ous avons em-
ployé dans des expériences dont nous indiquerons ultérieurement les re-
sultats.
,. L-appa,eil .e compose esse,Hiene„ienl de <,ual,e suvlac.s vélléchissanles planes el
6(6
ACADÉMIE DES SCIENCES,
parallèles; les deux premières ont entre elles la même distance que les deux dernières;
elles sont formées par trois miroirs argentés dont l'un, placé entre les deux autres, est
argenté sur ses deux faces.
» Une fente éclairée S, située dans le plan focal d'une lentille à long foyer L,, émet
un faisceau parallèle qui se divise en deux parties sur le bord taillé en biseau du miroir
central M; l'une d'elles se réfléchit entre les deux premières surfaces, l'autre entre les
deux dernières; elles sont reçues l'une et l'autre sur une lentille L, à long foyer, qui
donne dans son plan focal une image de la fente lumineuse. On dédouble cette image
en deux autres très voisines S,, 83, par une très faible rotation du dernier miroir Mj
autour d'une direction parallèle à la fente; les deux images réelles Sj, S2 ainsi obtenues
forment des sources lumineuses susceptibles d'interférer, et l'on obtient dans la partie
commune aux deux faisceaux des franges très nettes et très brillantes.
» Si sur le parcours de l'un ou l'autre faisceau, entre les miroirs M, Mi ou M, M,, se
trouve un milieu dont les modifications à mesurer entraînent des variations corré-
latives du chemin optique, le système de franges se déplacera; le déplacement pourra
être observé ou bien inscrit photographiquement sur un cylindre enregistreur. En
inscrivant simultanément les vibrations d'un diapason et d'un signal marquant la
seconde, on aura les éléments nécessaires pour déduire des courbes tracées par les
franges, la loi du phénomène étudié dans la suite des temps.
» Comme on le voit sur la figure, l'espace qui entoure les faisceaux entre chaque
miroir est entièrement libre; on peut donc y placer facilement des appareils plus
ou moins encombrants et appropriés au milieu étudié.
)) Le réfractomètre peut encore être monté sans les lentilles Li, L, ; le faisceau issu
de la fente lumineuse est divisé en deux parties comme précâdemmenl par l'arête du
miroir central, et ces deux parties se juxtaposent à nouveau après réflexion entre les
miroirs; en faisant tourner légèrement le miroir Mg autour d'un axe parallèle à la
fente, on fait converger le faisceau correspondant sur l'autre, et l'on observe des
franges d'interférence dans la partie commune aux deux faisceaux.
» Toutefois dans cet arrangement, à mesure que le chemin parcouru par la lumière
augmente, l'éclat diminue; aussi avons-nous généralement employé le dispositif décrit
en premier lieu, qui donne des franges plus brillantes.
» Les supports des miroirs sont pourvus des organes nécessaires pour régler le
parallélisme et l'égalité des distances. Pour achever ce dernier réglage, il est commode
de s'aider d'un speclroscope dont la fente est placée dans la région de formation des
franges.
» Dans le premier dispositif, il existe un point particulier P où l'on obtient des
franges localiséas avec une grande étendue de la source lumineuse; le calcul montre
que ce point est situé à l'endroit où se séparent les faisceaux issus des images S,, So de
SÉANCE DU 19 OCTOBRE 1903. 617
la fenle. Nous avons vérifié, en effet, que Ton obtient des franges absolument nettes
en ce point en donnant à la fente une largeur de 3"^'" et cela encore lorsque les fais-
ceaux lumineux étaient rénécliis huit fois entre des miroirs distants de 3°'.
» On n'a pas cependant utilisé ce point particulier pour les inscriptions pliologra-
phiques; il est plus avantageux, tout en s'en rapprochant autant que possible, de se
maintenir dans une région où les faisceaux convenablement superposés donnent un
fond lumineux bien uniforme; il est commode à cet effet d'employer des lentilles à
long foyer.
» On peut accroître on diminuer dans de larges limites la sensibilité de
l'appareil en fiusant varier la distance des miroirs et le nombre des réflexions.
Pour avoir une idée de cette sensibilité, il suffit de noter par exemple que,
dans l'air pris à la pression atmosphérique, il faut un parcours de i3'" pour
qu'une variation de densité de ^^-^^ déplace le système (le franges enre-
gistrées photographiquement d'une largeur de franges; on rendrait ainsi
visibles des différences de pression inférieures à ^-^^^ d'atmosphère, on
des variations de température de l'ordre de ^ de degré centigrade.
>. Un parcours de cet ordre de grandeur est facilement récdisable; mais
une trop forte augmentation de parcours optique amène dans l'obser-
vation des franges des perturbaliotis dont l'aUénuation, sinon la sup-
pression, exige des dispositifs appropriés.
» Ces perturbations sont de deux sortes :
» D'abord les vibralions accidentelles des supports qui se traduisent par
la vibration des franges; cet inconvénient s'accroît surtout avec le nombre
de réflexions auxquelles les faisceaux lumineux sont soumis; c'est par une
étude spéciale des supports, par l'emploi judicieux de cales de caoutchouc
qu'on rendra minimum les perturbations de cette espèce.
» On observe aussi, lorsque le parcours optique des faisceaux séparés
est très considérable, une torsion variable et un déplacement latéral,
lent, du système de franges, mouvements qui indiquent une variation
relative des cheixïins optiques aux divers niveaux traversés par la lumière.
Ces variations continuelles de la densité dans un air même calme, sont
attribuabies à des variations de température; c'est donc au réglage d'une
température uniforme et invariable qu'il faudra s'attacher pour obtenir
des franges bien fixes quand le parcours optique dépasse une dizaine d(^
mètres dans l'air atmosphérique. Au-dessous de cette distance nous n'avons
que très rarement constaté le dernier inconvénient. »
6l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la composition du peroxyde de zinc.
Note (le M. Kuriloff, présentée par M. H. Moissan.
(( M. de Forcrand, dans deux Notes (Comptes rendus, t. CXXXIV, p. Goi,
et t. CXXXV, p. io3) sur la composition et les propriétés du peroxyde de
zinc, établit trois types des oxydes supérieurs de zinc Zn^O^, Zn^'O^ et
ZnO^, en refusant de reconnaître l'individualité chimique du peroxyde
obtenu par M. Ilaass, Zn^O% ainsi que du peroxyde indiqué par moi,
Zn^O^H^O.
» La question de l'individualité chimique des combinaisons aussi peu
constantes que le peroxyde de magnésium, de zinc et de cadmium est très
compliquée. Il est difficile dans ce cas d'appliquer le principe de la con-
stance de tension de la dissociation, vu que la décomposition se produit
très rapidement et est quelquefois accompagnée par de légères explosions.
Il faut observer d'un autre côté qu'on peut obtenir différents degrés
d'oxydation en traitant graduellement l'hydrate d'oxyde de zinc par le
peroxyde d'iivdrogène. Les types des oxydes décrits par M. de Forcrand
étaient évidemment connus de M. Haass et ils ont été décrits par moi.
» Ces données sont indiquées en détail dans mon travail publié en 1899
et 1900, qui, peut-être, est resté inconnu pour M. de Forcrand puisqu'il
ne fait usage que de ma Note très courte publiée dans les Annales de Chimie
et de Physique, Çf série. Tome XXIII, 1891.
» En raison de ces circonstances je pense qu'il ne sera pas inutile de citer
l'extrait suivant de mon travail sur le sujet en question (Journ, de la Soc.
phys.-chim. russe, t. XXII, 1900, p. 180) :
» Le premier traitement de l'iijdrate d'oxyde de zinc par le peroxyde d'hydro-
» gène a donné un produit qui répond approximativement à la composition Zn-0^, le
)) second traitement Zn'^O'"; le troisième Zn^O^ », et plus loin : « de cette façon,
» l'augmentation de l'oxygène continue de croître en approchant de la proportion
■> théorique de la composition, ZnO- ».
» Il va sans dire que, suivant la manière de procéder, on obtiendra des
peroxydes de zinc de toute espèce de composition; il fallait décider
laquelle de ces substances doit être reconnue chimiquement individuelle.
» Pour établir l'individualité chimique on se sert de la méthode basée
sur la loi de la constance de composition. La substance dont la compo-
sition restait invariable dans des préparations différentes était reconnue
SÉANCE DU 19 OCTOBRE IpoS. 619
comme chimiquement individuelle (p. 189-191). Voilà pourquoi parmi
tous les peroxydes de zinc nous nous sommes arrêté alors sur la substance
de la composition Zn02Zn(OH)-. Les expériences ont démontré qu'au
moyen du traitement graduel de l'hydrate d'oxyde de zinc en suivant la
méthode indiquée par moi (évaporation des solutions du peroxyde d'hv-
drogène avec l'hydrate d'oxyde de zinc), on obtient toujours des peroxydes
de zinc possédant la composition indiquée précédemment.
» En nous basant sur ce que je viens de dire on arrive aux concl4sions
suivantes :
» 1° Les oxydes de M. de Forcrand présentent des formes d'oxydation
intermédiaires dont la composition dépend des moyens de les obtenir.
» 2° La composition du peroxyde de zinc ainsi que celle du peroxyde
analogue de cadmium répond à la formule MO^\I(OH)-.
» 3° Ce dernier type est le seu! bien établi pour le moment : les
autres types, pour être admis, doivent être vérifiés par l'application d ? l'un
ou l'autre principe établissant leur individualité.
w 4*^ Après l'établissement de l'individualité des différents degrés d'oxy-
dation il sera possible de résoudre tléfinitivement la question du caractère
de ces substances comparativement aux peroxydes des métaux du baryum,
strontium et calcium. »
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — V organe phagocy taire des Crustacés Décapodes.
Note de M. L. Cuénot, présentée par M. Bouvier.
« Si l'on injecte de l'encre de Chine finement broyée dans la cavité
d'un Crustacé Décapode, l'encre disparaît très vite de la circulation, en
quelques minutes chez les petites esj)èces. On retrouve très peu de grains
noirs dans les jeunes amibocytes (stade phagocyte); la majeure partie de
l'encre a été capturée par un organe phagocytaire spécial, qui se trouve
sur les rameaux terminaux des artères hépatiques. Ces branches termi-
nales, logées entre les cœcumsdu foie, portent à leur surface de très nom-
breux nodules saillants, constitués par des amas de cellules fixes ressem-
blant beaucoup aux amibocytes libres, et qui possèdent à un haut degré la
propriété phagocytaire. Après injection cœlomique, elles sont littéralement
bourrées d'encre, de sorte qu'à un simple examen à la loupe, on distingue
facilement les petits nodules qui se détachent en noir sur le fond clair des
cœcums hépatiques. Telle est la disposition de l'organe phagocytaire chez
620 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tous les Crustacés Décapodes dont le foie est logé dans le céphalothorax ;
l'artère hépatique devrait donc être appelée artère hépato-phagocy-
taire ( ' ) .
» Chez les Pagures, dont le foie est entièrement logé dans l'abdomen,
l'organe phagocytaire présente des dispositions fort intéressantes. Comme
l'a très bien reconnu M. Bouvier (-), il se détache du cœur deux grosses
artères qui correspondent exactement aux artères hépatiques des autres
Décapodes, mais qui ne se rendent pas au foie; elles restent dans le céphn-
lolhorax. Sur tout leur trajet, ces artères, que je propose d'appeler artères
phagocyi aires, émettent de nombreuses et fines ramifications terminées en
cœcum, qui sont recouvertes d'un manchon de phagocytes fixes (tissu
périvasculaire de Marchai). Après injection d'encre, ces ramifications se
dessinent nettement en noir; tantôt elles sont agglomérées en une masse
aplatie, appliquée sur les côtés de l'estomac (petits Pagures comme* C/«èa-
iiarius et Diogenes); tantôt elles s'intriquent avec les ramifications vésicales
du rein antennaire et, comme celles-ci, encadrent exactement l'estomac
( Eupagurus Bernhardus L.); des intermédiaires relient du reste ces deux
dispositions extrêmes.
y> On sait que les Crustacés Décapodes possèdent un autre organe lym-
phoïde, d'où proviennent les amibocytes libres du sang (^) : cet organe
globuligène est en relation avec l'artère opthalmique, soit qu'il s'étale à
la surface de l'estomac (Astacus, Crabes), soit qu'il entoure cette artère
d'un épais manchon continu (Pagures, Nika), soit enfin qu'il se concentre
en une petite masse placée à la base du rostre (Palémonides). Les cellules
de cet organe sont tout à fait dépourvues de la propriété phagocytaire, et
présentent de nombreuses mitoses.
» C'est certainement chez les Décapodes que ces deux types d'organes
lyinphoïdes, globuligène et phagocytaire, se présentent sous la forme la
plus schématique, tant par la facilité avec laquelle on peut les mettre en
évidence que par la simplicité de leur fonctionnement. >
(') A ma csnnaissance, un seul auteur a soupçonné la présence d'un organe pliago-
cylaire sur les rameaux de l'artère hépatique; c'est Salnt-Hilaire \^La fonction pha-
gocytaire des vaisseaux hépatiques de l'Eerevisse {Revue des Se. natur., Saint-
Pétersbourg, 4*^ année, 1898, p. 347)].
(■-) E.-L. BouviEK, Recherches anatomiques sur le système artériel des Crustacés
Décapodes {Ann. Se. nat., 7" série, t. XI, 1891, p. 197).
(^) CuÉNOr, Études physiologiques sur les Crustacés Décapodes {Ai-cli. de Bio-
logde, t. Xlll, 1898, p. 245).
SÉANCE DU 19 OCTOBRE l()o3. 62 1
GÉOLOGIE. — Sur les phases de plissement des zones intra- alpines Jrançaises.
Note (le M. W. Kiliax, présentée par M. Michel Lévy.
a Lorsque l'on an;ilyse le détail des dislocations qui ont donné anx
Alpes delphino-provençales leur structure complexe (') telle que l'a par-
faitement représentée M. Termier (-) en quatre coupes transversales
récemment publiées, on est amené, en ce qui concerne les régions intra-
alpines (zones du Briançonnais et du Piémont), à y voir la trace des phé-
nomènes suivants C) :
» a. Formation de plis imbriqués et couchés vers l'extérieur de la chaîne,
« s'escaladant » les uns les autres, suivant l'expression si suggestive de
M. Lugeon, accompagnés, notamment entre les massifs cristallins duMer-
cantour et du Pelvoux, de nombreux charriages (décrits par MM. Haug,
Termier, et par nous-même) et ayant déterminé parfois, dans leur « V^or-
land », une structure imbriquée très nette et dirigée dans le même sens.
» Ces plis ayant intéressé lesFlysch éocène et oligocène et chevauchant
eux-mêmes des régions renfermant dans leurs parties externes tles assises
miocènes, plissées (Diois et Baronnies j sont nécessairement postérieurs à
la première moitié de la période néogène. Ils ont été précédés cependant
de dislocations intenses, les conglomérats du Miocène supérieur sub-alpin
(Voreppe, Bas-Dauphiné, etc.) contenant en galets la plupart des roches
(granit du Pelvoux, quartzites du Trias, variolites, etc.) qui constituent
ces zones intra-alpines et que des dislocations avaient donc, à cette époque,
déjà fait affleurer en des points accessibles à l'érosion. On peut conclure
aussi de ces faits que ces dislocations ne se soni pas uniquement manifestées
en profondeur à^Aus les régions intracorticales, mais qu'elles ont atteint la
surface du sol.
» b. Nouvelle phase de striction, produisant le reploiement des plis
couchés précédents {a) et des nappes qui en dérivent, ainsi que nous
(') Voir Comptes rendus, 28 septembre et 5 octobre 1900.
(-) Bull. Soc. géol. de France, 4" série, t. II, 1902, p. !\\.i.
(•^) Nous laissons ici de côté les mouvements et dislocations antérieurs à l'époque
miocène, bien que la nature des galets qui composent les brèches et les conglomérats
du Lias (brèche du Télégraphe) et de FÉogène, montre très nettement qu'il a dû se pro-
duire, àdiflférents moments des temps secondaires et éogènes, des bombements et des
plis ayant donné prise à l'érosion des eaux marines et s'étant manifestés autrement
que par des déplacements intracor tlcaux .
G. R., 1903, 2» Semestre. (T. GXXXVII, N" 16.) ^'^-
62 2 A.CADÉMIE DES SCIENCES.
Tavons démontré pour les monlagnes situées entre Guillestre, Escreins et
Vars, et comme M. Termier l'a fait voir pour la région qui sépare Vallouise
de Briançon. Ces nappes reployées ont sans doute présenté, avant que
l'érosion en ait fait disparaître une notable partie, une extension bien
plus grande que celle que représentent les témoins que nous connaissons
aujourd'hui.
» c. Phénomènes Aq plissement en retour (^Rûckfaltimg), déterminés sans
doute par un affaissement (décompression) des régions piémontaises et
s'étant manifestés sur le côté interne seulement du bourrelet (arc) alpin
constitué par les dislocations précédentes. Cette sorte de poussée au vide
a produit une série de plis secondaires, déversés vers l'Italie (régions à
l'est de Modane, de Briançon, de Chàteau-Queyras, de Maurin), notam-
ment dans les racines du paquet de schistes liasiques plissés et charriés du
mont Jovet et de la If écaille du Briançonnais dus aux charriages de la
phase (rt) et que l'érosion a ensuite isolés en arrière de leurs racines
(tîésormais plissées en sens inverse).
» Ces plis en retour se distinguent, ainsi que l'ont fait remarquer divers
observateurs, par l'absence de charriages importants et par leur allure
différente de celles des plis couchés de la première phase, tous déversés
vers l'ouest.
)) Ce n'est qu'à la suite de ces derniers mouvements que se dessine la
structure en éventail asymétrique ('), si caractéristique de nos Alpes fran-
çaises. L'éventail alpin présenterait ainsi, suivant que l'on considère les
causes qui ont produit sa portion externe (ou occidentale pour les Alpes
delphino-provençales) ou ses éléments internes (orientaux), une dualité
d^ origine tout à fait remarquable. Son existence n'apparaîtrait plus comme
une anomalie dans le système alpin dont tous les éléments accusent si
nettement une poussée dirigée vers l'extérieur de l'arc que décrit notre
grande chaîne européenne. »
PHYSIOLOGIE. — Du rôle de la compression dans la localisation des tendons.
INote de M. R. Anthony, présentée de M. Marey.
« Depuis les travaux connus de M. Marey, de M. Roux (-) et de leurs
élèves, on sait que, dans ce qu'on est convenu d'appeler unmuscle (réunion
(') Mise en évidence, dès 1894, par M. Marcel Bertrand.
(') Voir pour détails : Anthony, Compter rendus Soc. BioL, 1902-1903 ; />«//.
Soc. Anthrop., Paris, 1908. — Th. Romignot, D. M., Lille, 1902.
SÉANCE DU 19 OCTOBRE IQoS. 628
de substances contractiles et de substances tendineuses), la lorigaear réelle
de la fibre musculaire est proportionnelie à l'aniplitude du mouvemsnt
qu'elle commande.
» Cette première question résolue, une autre se pose, celle de la position
respective, dans un même muscle, de la substance musculaire et de h\ sub-
stance tendineuse, et des facteurs qui déterminent cette position.
» Ces facteurs sont nombreux : je me suis spécialement occupé de l'étude
de l'un d'eux, la compression réciproque des muscles les uns par les
autres, dont déjà en 1890 M. Roux avait signalé l'imporlance. J'ai reconnu
que les effets de la compression s'exerçaient chaque fois qu'un muscle se
trouvait, au moment de sa contraction, empêché par un mécanisme quel-
conque d'augmenter son volume transversal, conilition nécessaire de la
contraction; le fait, pour un muscle, d'être placé entre un plan résistant
et un autre muscle, ou entre deux autres muscles le croisant perpendicu-
lairement, constitue la réalisation de cet empêchenient.
» Le résultat morphogénétique de la compression est la Iransforniation
tendineuse. Si la compression est faible (1^^' degré), ie mascle comprimé
s'aplatit, se lamine en quelque sorte et prend simplement, sur sa partie
directement en contact avec le compresseur, un aspect nacré caracté-
ristique (les fibres les plus superficielles étant naturôllement les plus
gênées). La compression devient plus forte (2^ degré), la substance muscu-
laire est alors expulsée en 'quelque sorte, le tendon étant nettemsnt loca-
lisé dans la région comprimée et ne la dépassant pas. Si la compression
devient plus forte encore (3^ degré), le tendon s'amincit de plus en plus et
finit même par complètement disparaître, le muscle transportant son
insertion au point où la compression n'existe plus. J'ai recueilli de nombreux
exemples detendinification parce mécanisme (dissections faites au labora-
toire d'Anatomie comparée du Muséum d'Histoire naturelle).
» Par ce qu'il vient d'être dit, on conçoit que la compression est un
facteur morphogénétique des plus puissants : les corps musculaires ne
peuvent, en réalité, exister que là où son action ne se fait point sentir et il
s'ensuit que leur longueur, partant l'amplitude des moLiveni3nts qu'ils
commandent et consécutivement la forme des surfaces articulaires, est
sous la dépendance de ce facteur, qui, grâce à l'accumulation héréditaire,
acquiert une importance très considérable dans la constitution des types
morphologiques animaux.
') Sur un individu pris en j)articulier, on peut aisément constater les
etlets morphogénétiques de la compression : les animaux jeunes et les fœtus,
en effet, n'ont pas les tendons aussi nettement accusés que les adultes.
024 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Do plus, j'îii pu expérimentalemenl, chez un animal, modifier la dispo-
sition normale des tendons, en changeant dès le jeune âge les rapports des
muscles entre eux.
» C'est ainsi que, sur un chien (expérience faite à la Station physiologique du Col-
lège de France) à qui j'avais e^ilevé à Tâge de 4 mois l'un des muscles crotaphyles, en
m'attachant surtout à détruire sa partie postérieure qui comprime le muscle occipito-
mastoïdo-huméral et y déterminer la production d'une impression tendineuse, jai con-
staté, 6 mois après l'opération, que la susdite impression tendineuse était sensiblement
moins nette et moins étendue du côté opéré que du côté normal.
» Au même animal j'avais, le jour de sa naissance, fait subir une luxation du coude,
à la suite de laquelle il avait pris l'habitude de marcher d'une façon spéciale, écartant
l'omoplate du corps. Plus tard, à la dissection, je reconnus que le muscle sous-scapu-
laire ne possédait pas Timpression nacrée caractéristique qu'il présente normalement.
Une modification du même ordre intéressait le muscle cubital postérieur.
» Cette même luxation m'a, de plus, permis de constater la production expérimentale
de tendons dans des régions où normalement il n'en existe pas. Dans la position spéciale
de sa patte, au moment de l'appui, l'animal effectuait une rotation en dedans de son
avant-bras; les muscles radiaux se contractant énergiquement exerçaient alors sur la
partie externe et inférieure du biceps une compression énergique et inaccoutumée, se
traduisant par la présence très nettement limitée de tissu conjonctif (à aspect terne et
graisseux, il est vrai) en une région où il n'y a normalement que du tissu musculaire.
» En résumé : i° Des faits noinbreiix d'analomie comparée montrent
que, partout où il y a compression effective d'un muscle, il existe un
tendon ;
)) 2° L'expérimentation montre qu'on peut, dans beaucoup de cas, éta-
blir une relation de cause à effet entre la compression et la présence du
tendon ;
» 3*^ La compression est un facteur morphogénétique agissant constam-
ment, puisque, chez un individu, on peut, en la mettant en jeu, déterminer
la présence de tendons et, en supprimant son action, empêcher le déve-
loppement de formations tendineuses normales. »
MÉDECINE. — Sur les rapports qui existent entre le Surra et le Nagajia,
d'après une expérience de Nocard. Note de MM. Vallée et Carré, pré-
sentée par M. A. Laveran.
(( Nous devons à MM. Laveran et Mesnil une excellente démonstration,
l'iiile sur des chèvres, de la non-identité du Nagana et du Siirra (' ). En
(' ) Laveran et Mesml, Comptes rendus^ 22 juin igoS.
SÉANCE DU 19 OCTOBRE 1903. 623
raison de l'inlérêt considérable qui s'attache à la question si importante des
rapports entre ces deux maladies, il nous a paru intéressant de signaler les
résultats de l'expérience suivante, entreprise par notre éminent maître, le
regretté professeur Nocard.
» Une vache bretonne est inoculée le 7 juin 1902 avec a*""'' de sang de rai riche en
trypanosomes du Nagana.
» Le 10 juin on constate aisément dans le sang de l'animal, lors de la réaction
fébrile, quelques trypanosomes. Dès le lendemain la température s'abaisse, l'examen
microscopique ne permet plus de trouver des parasites ; l'état de la bète s'améliore
progressivement.
» Le sujet reçoit alors, à de courts intervalles, des doses relativement considérables
de sang très riclie en trypanosomes du Nagana :
» i-^. juin 1902. — 25^'"' de sang de chat,
» 6 juillet 1902. — 45*^™' de sang de chat.
» -21 juillet 1902. — 35'^'"' de sang de chat.
n i4 août 1902. — 50*""' de sang de chat.
» 17 août 1902. — 30'^'"' de sang de chat.
» 29 août 1902. — 600*^"' de sang de chien extrêmement riche en parasites.
» La vache a donc reçu au total, en injections sous-cutanées ou inlra-péritonéales,
8o5'^'"' de sang toujours très riche en trypanosomes et cela sans présenter d'autres
troubles que des j)Oussées fébriles intermittentes.
» Les parasites inoculés lors de la dernière injection, le 29 août 1902, ont été si
rapidement détruits dans l'organisme que le sang recueilli, à partir du 3 sep-
tembre 1902, n'infecte plus les souris inoculées. On doit donc considérer le sujet mis
en expérience comme guéri du Nagana et hypcrvacciné contre cette maladie.
» Le 6 juillet 1903, plus d'un an après l'inoculation du Nagana, cette bète reçoit sous
la peau o'='"',5 de sang d'une souris inoculée de Surra de l'île Maurice, dû à l'obli-
geance de MM. Laveran et Mesnil. On inocule, en même temps, comme témoin, un
jeune bovidé neuf de race bretonne.
)) A partir du huitième jour après celte inoculalion, les souris qui reçoivent une
seule goutte du sang de la vache préalablement vaccinée contre le Nagana sont à coup
sûr infectées de Surra. Il est cependant très difficile de rencontrer des trypanosomes à
l'examen direct de ce sang.
» Depuis cette époque, le Surra évolue chez la vache immunisée contre
le Nagana de la même façon que chez le bovidé témoin. Tous deux pré-
sentent une forme relativement bénigne de la maladie.
» Aujourd'hui encore, plus de trois mois après le début du Surra, l'ino-
culation à la souris de 5 gouttes du sang de la vache immunisée contre le
Nagana provoque d'une façon certaine l'évolution du Surra.
» Ainsi se trouve confirmée la démonstration, faite par MM. Laveran et
Mesnil, de la non-identité du Surra et du Nagana. »
626 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PATHOLOGIE. — Pathogénie et traitement du rhumatisme.
Note (le M. L. Péivières, présentée par M. LéonLabbé.
(c Le rhumatisme est une auto-intoxication. Les travaux de M. Bouchard
ont démontré que l'urine contient à l'éta t normal, et surtout à l'état patho-
logique, des toxines, des poisons dangereux pour la vie. Ces poisons
s'écoulent au dehors sans danger pour l'économie, à la faveur des épitlié-
liums qui tapissent les voies urinaires. La couche épithéhale forme une
barrière fragile, mais suffisante, contre l'absorption de ces produits, c'est-
à-dire contre l'empoisonnement du sang, mais que cette couche protectrice
soit entamée, que l'épithélium tombe, l'absorption versera dans la circu-
lation générale ces poisons détournés de leur voie d'élimination.
» C'est ce qui arrive dans le rhumatisme. Le produit résorbé est un fer-
ment analogue sinon identique au ferment de la fibrine étudié par
Schmidt, au ferment-fibrine de M . A. Gautier. Ce ferment peut être observé
dans ses effels. Il trahit sa présence par des phénomènes de coagulation du
sang, disséminés dans tout l'organisme : fibrine dans le sang des rhumati-
sants; dépôts fibrineux dans les articulations, dans les plèvres, sur les val-
vules du cœur, elc. C'est la caractéristique du rhumatisme.
» Par 011 se fait l'absorption du ferment ? Plus spécialement par la mu-
queuse de l'uretère. Le rhumatisme serait précédé d'une urelérite desqua-
raative, causée par la congestion viscérale provenant du froid et de l'humi-
dité; par le trauma du surmenage, de l'effort, de la pression de la masse
intestinale et du muscle psoas; par l'érosion des calculs, ou le passage de
substances toxiques, etc.
)) En 1882, j'ai pu déterminer chez deux lapins, parmi soixante mis en
expérience, un rhumatisme expérimental en détruisant l'épithélium de
l'uretère au moyen de l'acide acétique.
» Une thérapeutique rationnelle découlait de cette conception patho-
génique du rhumatisme. Le problème était double : il fallait réparer les
voies d'élimination de l'urine, restaurer l'épithélium de l'uretère, et, en
second lieu, détruire ou neutraliser le ferment. Un antiseptique était né-
cessaire, mais tel que, sans inconvénient pour l'estomac et pour le rein,
il pût largement irriguer l'uretère. Je me suis arrêté à une association de
résines, parmi lesquelles une résine extraite du Piper cubeba.
)) Le résultat thérapeutique a démontré l'exactitude de ses conceptions
étiologiques, et de nombreuses observations recueillies depuis un certain
nombre d'années affirment l'excellence de la méthode. »
SÉANCE DU T() OCTOBRE iqoS.
62'
PSYCHO-PHYSIOLOGIE. — Recherches expérimentales sur l' olfaction
des vieillards. Note de M. Yaschide.
« Il n'existe aucune recherche expérimentale sur la psycho-physiologie
de la vieillesse; j'ai essayé d'apporter quelques documents à la connais-
sance de ce problème, en portant d'abord mes investigations dans le
domaine psycho-sensoriel.
)) Mes recherches sur l'olfaction des vieillards ont été faites avec Yosmi-
esthésimètre Toulouse-Vaschide, et selon leur technique expérimentale.
Elles ont porté sur 66 sujets des deux sexes : 36 hommes de l'hospice de
Bicêtre, du service de M. le professeur Marie, et 3o femmes de l'hospice
de la Salpêtrière, du service de M. le professeur Raymond.
)) Les sujets étaient âgés en moyenne de 78 ans; il y en avait parmi eux qui comp-
taient même 94 ans. Les sujets n'avaient aucune maladie des fosses nasales et l'examen
rhinologique minutieux de chaque sujet n'a pu rien nous déceler; j'ai éliminé les sujets
atteints de coryza chronique ou ceux dont la muqueuse nasale était légèrement irritée.
Tous les sujets affirmaient se servir à merveille de leur olfaction.
» Voici le résultat en chiflVes de nos recherches :
Hommes.
Vieux. . .
Adultes .
Femmes.
Vieilles .
Adultes .
Nombre
total
des sujets.
36
3-
00
Age
moyen.
78 ans
;8 ans
AI
Minimum mojcn
pour
la sensation.
4 p. 10 (21 Suj.)
9 p. 100000
2 p. JO (21 suj.)
1 p. 100 000
.Minimum moj'en
pour
la perception . Odeurs.
Camphre pur (- suj.) 0,66
7 p. loooo 5,29
6 p. 10 (8 suj.) 1,71
7 p. 100000 6,So
Reconnaissance
des sujets.
Anosmiques.
i5
I
» Remarquons encore qu^, sur les 36 sujets hommes, il y avait, pour la sensation
7 sujets hors série, i5 n'accusant aucune sensation; pour la perception, 7 hors série
et i4 >ie reconnaissant pas le camphre. Sur les 3o sujets femmes, il y avuit, pour la
sensation, 5 sujets hors série et 9 n'ayant aucune sensation ; pour la perception, 8 hors
série et 8 ne reconnaissant pas le camphre.
» Il résulte de ces recherches, en premier lieu, une différence notable
entre la manière dont la sensibilité se comporte chez les deux sexes; la
femme paraît garder encore sa supériorité olfactive malgré l'évolution de
l'âge; cette différence existe à tous les âges, ainsi que M. Toulouse et moi
nous l'avons démontré. Cette supériorité est néanmoins plus petite pour la
sensation ; elle est très grande pour la perception.
') Un second fait digne d'être remarqué est la diminution notable de la
sensibilité olfactive pendant la vieillesse, en dehors de toute considération
de sexe. Le nombre des anosmiques est considérable : 24 sur 66 cas, tan-
628 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(lis qu'il n'existe, d'après les recherches de Toulouse et Vaschide, que
4 cas sur 78 sujets adultes; cette différence devient encore plus grande
si l'on tient compte des sujets hors série : i5 sur 66, tandis qu'ils ne sont
que 2 sur 78 chez les adultes. On a un total de 39 pour 1 00 sujets anosmiques
et hors série.
» Les vieillards paraissent avoir donc la sensibilité olfactive atrophiée
et, fait remarquable, aucun sujet n'était conscient de cette infirmité : tout
en arrivant à peine à distinguer une odeur connue sur dix, et tout en pre-
nant comme de l'eau pure les odeurs les plus intenses, nos sujets préten-
daient jouir du parfum des fleurs. Leurs images visuelles suppléaient
l'absence des images olfactives, car les sujets reconnaissaient les parfums
des fleurs quand ils pouvaient les regarder.
» L'image olfactive a donc une existence intellectuelle indépendante,
puisqu'elle est capable d'une reviviscence fonctionnelle. M. Metschnikoff
a eu l'obligeance de m'autoriser à dire que Pasteur était tout à fait anos-
niique; il fut de même pour le grand philosophe Durand de Gros, d'après
l'observation de sa fille M™^ Sorgues. Les images souvenirs jouent un rôle
capital dans la psycho-physiologie de la vieillesse et cette connaissance est
précieuse pour l'intelligence des processus évolutifs de la vie mentale et de
la vie biologique. »
M. S. SocoLow adresse, de Moscou, une Note « Sir les corrélations
qui existent entre les éléments des orbites du système planétaire ».
A 4 heures l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures et demie.
G. D.
ERRATA.
(Séance du 12 octobre ïQoS.)
Note de M. H. Moissan, Sur la température d'inflammation et sur la
combustion lente du soufre dans l'oxygène et dans l'air :
Page 552, ligne 18, au lieu de après 12 heures de chauffe : formation d'un léger
dépôt blanc, Usez après 12 beures de chauffe : par refroidissememt, formati.on d'un
léger dépôt blanc.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU MARDI 27 OCTOBRE 1903,
PRÉSIDENCE DE M. ALBERT GADDRY.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrétaire perpétuel annonce que le Tome XLVI des « Mémoires
de l'Académie des Sciences » est en distribution au Secrétariat.
PHYSIQUE. — Sur la phosphorescence scintillante que présentent cer-
taines substances sous l'action des rayons du radium. Note de
M. Hexri Becquerel.
« Il y a quelques mois ('), Sir W. Crookes a fait une très curieuse
expérience. Sur un écran de sulfure de zinc phosphorescent, on pose un
très petit grain d'un sel de radium, ou mieux, on le maintient très près
de l'écran en le fixant à l'extrémité d'un fil métallique, et l'on regarde la
surface phosphorescente au moyen d'une forte loupe ou d'un microscope.
On aperçoit alors sur l'écran, autour d'une tache lumineuse, une série de
pomts brillants qui apparaissent et disparaissent à chaque instant, donnant
l'aspect d'un ciel étoile incessaumnent variable. Sir W. Crookes a appelé
cette disposition expérimentale le spinthariscope.
M Si l'on opère avec une quantité un peu plus grande de sel de radium,
et qu'on l'approche progressivement de l'écran, la lueur phosphorescente
que provoque la matière active présente une agitation croissante. Le phé-
nomène se produit dans le vide comme dans l'air, et à la température de
l'hydrogène liquide comme à la température ordinaire; il s'affaiblit au
point de disparaître si l'on interpose une feuille de papier entre la source
(1) Proc. Roy. Soc, t. LXXI, p. 4o5 (19 mars igoS). — Electrician (3 avril 1908).
— Modem views on rnatter (juin 1908 ).
G. R., 1903, -!« Semestre. (T. CXXXVII, N" 17.) 0>J
63o ACADÉMIE DES SCIENCES.
radiante et l'écran de blende hexagonale. La scintillation s'observe, mais
plus faiblement, avec un écran de platinocyanure de baryum.
» En se fondant sur la faible pénétrabilité des rayons provoquant la
scintillation, Sir W. Crookes a pensé que l'effet était produit par les
rayons a (rayons transportant des charges positives), et que chacun des
points lumineux était le résultat du choc d'un électron isolé.
» Peu après la publication de cette expérience, MM. J. Elster et
H. Geitel (') ont annoncé qu'ils avaient vu de leur côté le même phéno-
mène de scintillation sur de la blende hexagonale maintenue à un potentiel
négatif de 2000^^°^** dans un espace clos, dont le volume avait un peu plus
d'un mètre cube et qui contenait de l'air radioactif extrait du sol.
» Les mêmes auteurs ont ensuite répété l'expérience de Sir W. Crookes
sur la blende hexagonale avec des matières actives entourées de papier; ils
ont reconnu que la lumière rouge ne modifie pas la scintillation, tandis que,
comme on le sait, les rayons rouges et infra-rouges provoquent l'extinction
de la phosphorescence produite par une excitation lumineuse ; puis, en
substituant à l'écran de blende hexagonale un écran de tungstate de
calcium, qui devient phosphorescent, ils n'ont plus observé la scintillation.
w Le rayonnement du thorium provoque faiblement la scintillation de
la blende hexagonale. Un courant d'air projeté sur l'écran ne paraît avoir
aucun effet sur le phénomène.
» Les expériences qui viennent d'être rappelées, soulèvent plusieurs
questions :
» La première est d'établir si la scintillation est due à l'action d'une
partie seulement du rayonnement du radium. Le caractère d'une faible
pénétrabilité ne suffit pas pour définir le rayonnement actif et, bien que
l'attribution faite par Sir W. Crookes aux rayons a soit exacte, il convenait
de rechercher si les autres parties du rayonnement produisent le même
effet.
» Une autre question non moins intéressante est de démontrer si,
comme le pense Sir W. Crookes, la scintillation est produite par le choc
d'électrons isolés, émis à des intervalles de temps appréciables, ou si l'effet
ne devrait pas plutôt être attribué à la désagrégation de la matière phos-
phorescente. Les substances qui présentent la scintillation avec la plus
grande intensité s'altèrent sous l'influence du rayonnement, et l'altération
pourrait être accompagnée de clivages moléculaires, phénomène qui don-
(') Physikalische Zeitschrift, t. tV, p. 439 (27 mars 1908 ).
SÉANCE DU 27 OCTOBRE igoS. 63 1
nerait lieu à de petites étincelles analogues à celles qu'on observe en
brisant descristaux de nitrate d'urane, de sucre ou d'autres matières.
» Ces considérations m'ont conduit à reprendre et à compléter une étude
que j'avais faite il y a plusieurs années sur la phosphorescence provoquée
par le rayonnement du radium (' ), à une époque où je n'avais pas encore
réalisé l'analyse de ce rayonnement par un champ magnétique.
» Au moyen d'un dispositif simple, on peut transporter un très petit
grain de chlorure de radium sur divers écrans phosphorescents, à un demi-
millimètre environ au-dessus, et examiner les écrans avec un microscope.
» Dans ces conditions, soit avec un échantillon de blende hexagonale
préparée par M. Ch. Henry, soit avec des écrans disposés autrefois par
mon père et formés de cristaux pulvérisés de blende hexagonale préparée
par M. Sainte-Claire Ueville, le phénomène décrit par Sir W. Crookes
apparaît avec la plus grande netteté.
» Un écran formé de petits cristaux provenant de la pulvérisation d'un
diamant a manifesté la scintillation avec une intensité remarquable.
» Ces divers écrans sont constitués par des matières pulvérulentes
collées avec un peu de gomme sur de minces lames de mica. En les retour-
nant on interpose le mica entre la source et la matière lumineuse; l'effet
de scintillation se produit encore, mais seulement dans les régions situées
immédiatement au-dessous du grain de chlorure de radium, et l'on peut
constater ainsi la faible pénétrabilité de la partie active du rayonnement.
» En disposant d'abord le grain de radium au-dessous, puis en le cou-
vrant d'une lame d'aluminium de o™™,oi d'épaisseur, et posant sur l'alu-
minium l'écran transparent, la face tournée vers la matière active, on voit
dans le champ du microscope une multitude d'étoiles scintillantes se déta-
chant sur un fond relativement obscur.
» Dans ces expériences, la moindre fissure dans le mica, ou le moindre
trou dans la feuille d'aluminium, laisse passer des rayons actifs dont la
présence se révèle par un accroissement dans l'intensité de la phospho-
rescence scintillante.
» Avec le platinocvanure de baryum la phosphorescence est vive et la
scintillation faible; la lueur phosphorescente présente une sorte d'agitation
analogue à celle des images produites au travers de couches d'air irrégu-
lièrement échauffées. La même apparence s'observe, mais très faiblement,
(*) Comptes rendus, t. CXXIX, p. gia (4 décembre 1899).
63'2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
avec le sulfate double d'uranium et de potassium, qui devient très lumineux.
» Pour les autres substances qui avaient servi à mes recherches anté-
rieures, les effets lumineux ont été trop faibles et l'on n'a pu observer
l'existence ou la non-existence de l'intermittence.
» En comparant ces résultats avec ceux que j'avais obtenus dans le tra-
vail cité plus haut, on reconnaît que les substances qui manifestent la scin-
tillation sont celles dont la phosphorescence est excitée par les rayons les
plus absorbables.
)) Pour analyser le rayonnement actif, on a disposé l'expérience de la
manière suivante. Une petite quantité de chlorure de radium était ras-
semblée dans une rainure pratiquée dans un petit bloc de plomb; à
quelques millimètres au-dessus de la rainure on dispose un écran de plomb
percé d'une fente fine parallèle à la rainure, puis au-dessus on place l'écran
phosphorescent, la face tournée vers le bas, et on l'examine par-dessus
avec une forte loupe ou un microscope. Tout l'appareil est placé entre les
pôles d'un électro-aimant, la rainure étant disposée horizontalement et
parallèlement au champ.
» Avec la blende hexagonale et avec le diamant, la scintillation paraît la
même quand l'électro-aimant est excité ou quand il ne l'est pas; le rayon-
nement actif ne paraît pas dévié d'une manière appréciable; les rayons
déviables [5 ne produisent qu'une phosphorescence extrêmement faible, et
la scintillation observée est produite par la partie du rayonnement non
déviable ou, plus exactement, très peu déviable.
» Avec le platino-cyanure de baryum, les rayons a et les rayons p
excitent la phosphorescence à peu près avec la même intensité; le champ
magnétique sépare les deux faisceaux, et l'on observe alors que la scintil-
lation n'est appréciable que dans le faisceau des rayons non déviés. Elle
devient même beaucoup plus nette qu'en l'absence du champ magnétique,
ce qui montre que la phosphorescence due aux rayons ^ masque alors par-
tiellement la scintillation provoquée par les rayons non déviables.
» Lorsqu'on fait l'expérience avec le sulfate double d'uranium et de
potassium, on peut obtenir des efTets différents suivant l'épaisseur de la
couche de sel qui forme l'écran. Si l'épaisseur est un peu grande les
rayons ^ pénètrent seuls sur la face du côté de l'observateur, la totalité
du rayonnement qui excite la phosphorescence observée est déviée, par le
champ, et ce rayonnement ne provoque pas de scintillation appréciable.
vSi la couche de sel qui forme l'écran est très mince, on reconnaît qu'à côté
SÉANCE DU 27 OCTOBRE igoS. 633
de la trace lumineuse déviée par le champ il y a «ne faible trace phospho-
rescente non déviée produite par les rayons a, et malgré la faiblesse de
Tinlensité, on peut discerner dans la lueur émise l'agitation caractéristique
dont il a été question plus haut.
» Le sulfate double d'uranium et de potassium est donc surtout rendu
phosphorescent par les rayons [3, le platinocyanure de baryum par les
rayons a et ^, tandis que la blende hexagonale et le diamant le sont surtout
par les rayons a; nous ne parlons pas ici de l'effet des ravons X. Ces der-
nières substances sont, cependant, faiblement excitées par les rayons p,
et, dans mes premières expériences sur l'action d'un champ magnétique (*),
j'avais pu observer la concentration des rayons déviables sur un pôle d'ai-
mant, au moven des mêmes écrans phosphorescents. J'ai, du reste, répété
récemment ces expériences avec ces mêmes matières, et j'ai retrouvé les
mêmes résultats.
» Ainsi il résulte de ces observations que, conformément à l'opinion
émise par Sir W. Crookes, ce sont les ravons œ. qui provoquent la phos-
phorescence scintillante; la phosphorescence excitée par les rayons p,
lorsqu'elle est appréciable ou prépondérante, masque le phénomène pro-
duit par les rayons a. Il semble donc que l'action des rayons ^ ne donne
pas lieu au même effet.
)) Une série d'expériences faites en projetant, sur les divers écrans dont
il a été question plus haut, un faisceau de rayons X, limité par un trou
d'épingle percé dans une lame de plomb, n'a montré aucune apparence de
scintillation; mais comme l'intermittence de l'excitation du tube focus
producteur des rayons X pouvait masquer le phénomène, cette dernière
expérience ne doit pas être considérée comme absolument concluante.
M La question de savoir si, dans les expériences qui viennent d'être
décrites, l'intermittence de la phosphorescence excitée par les ravons a
peut être attribuée à une très lente fréquence dans l'émission de ces
rayons, est plus difficile à résoudre. Si l'on avait pu observer avec un
corps phosphorescent une lueur non intermittente produite par les rayons a.
on tlevrait en conclure que la fréquence de l'émission est trop grande pour
être mesurable dans ces conditions et que l'effet observé vient de la ma-
tière altérable de l'écran ; mais, au contraire, la scintillation ou l'agitation
de la phosphorescence produite par les rayons a a été reconnue avec toutes
les substances étudiées.
(*) Comptes rendus, t. CXXIX, p. 996 (11 décembre 1899).
634 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Cependant diverses particularités des expériences précédentes
doivent être prises en considération. Un fait général est que la scintilla-
tion est d'autant plus nette et plus vive que les écrans sont formés de plus
petits cristaux. Si parmi les beaux cristaux préparés par M. Sainte-Claire
Deville on choisit un fragment cristallin qui semble relativement gros sous
le microscope, et si on le place très près d'un grain de chlorure de radium,
il devient phosphorescent et produit une hieur continue sans manifester
de scintillation. Parfois, sur le fragment cristallin apparaît un point lumi-
neux semblable à une petite étoile qui croît puis disparaît lentement, et se
reforme plusieurs fois de suite à la même place oii se trouve vraisembla-
blement une fêlure. Si l'on brise le même cristal en fragments plus petits,
certains morceaux présentent des points brillants variables, et enfin, si
l'on pulvérise ces morceaux, la scintillation apparaît avec les caractères
décrits plus haut. La blende, préparée en très petits cristaux par le pro-
cédé de M. Ch. Henry, manifeste la scintillation avec une très grande
intensité.
» On peut donc admettre que, sous l'influence d'un rayonnement qui
paraît continu pour nos sens, les cristaux s'altèrent progressivement et se
clivent inégalement vite suivant qu'ils sont plus ou moins gros. La matière
présenterait une sorte de décrépitement. Dans cet ordre d'idées, on conçoit
que les rayons a, qui sont théoriquement constitués par des masses, réelles
ou apparentes, mille fois plus grosses que celles des électrons, et qui
paraissent transporter une partie considérable de l'énergie du faisceau
radioactif, soient plus efficaces, pour produire les efiTets en question, que
ne le sont les rayons [3 et y.
» Le clivage des divers cristaux employés pour les expériences précé-
dentes doit être accompagné d'une émission de lumière, même lorsqu'on
le produit mécaniquement. J'ai réalisé l'expérience en écrasant entre deux
plaques de verre des cristaux de blende hexagonale. Chaque cristal qui se
brise produit une émission lumineuse d'autant plus intense qu'il est plus
gros, et en regardant les cristaux avec une loupe pendant qu'on les écrase,
on réalise un spinthariscope sans radium.
» Ces faits établissent sinon une démonstration, du moins une grande
présomption en faveur de l'hypothèse qui attribuerait la scintillation à des
clivages provoqués irrégulièrement sur l'écran cristallin par l'action conti-
nue plus ou moins prolongée des rayons a. »
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1903. 635
MEMOIRES PRESENTES.
M. C. Fleig soumet au jugement de l'Académie deux Notes ayant pour
titres : « Mode d'action chimique des savons alcalins sur la sécrétion |3an-
créalique » et « Mécanisme de l'action de la sapocrinine sur la sécrétion
pancréatique ».
(Renvoi à l'examen de M. Duclaux.)
CORRESPONDANCE.
M. le Maire de Saint- Just-ex-Cmaussée (Oise) écrit à M. le Président
pour prier l'Académie de vouloir bien se faire représenter à l'inauguration
du monument élevé à la mémoire de René-Just Haûy et Valentin Haûy qui
aura lieu dans cette ville le 8 novembre prochain.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
Un Volume de M. R. Verneau ayant pour titre : « Les anciens Patagons.
Contribution à l'étude des races précolombiennes de l'Amérique du Sud,
publiée par ordre de S. A. le Prince de Monaco. » (Présenté par M. Gaudry.)
ASTRONOMIE. — Observation de V éclipse de Soleil du 10 septembre \<^oà Jaite
à l'île de la Réunion. Note de MM. Edmond Rordage et A. Garsault.
« Grâce à des conditions très favorables, il nous a été permis de faire
quelques observations sur l'éclipsé partielle de Soleil prédite par l'Obser-
vatoire de Paris, pour la date du 20 septembre 1903, à 1/1^37™ 12**.
» En ajoutant à i4''37"'i2* {temps moyen astronomique^ la longitude
orientale de Saint-Denis (Réunion) exprimée en heures, soit 3'"32™28*, on
obtenait i8''9™4o*» ce qui correspondait en réalité, au 21 septembre, à
6''9™4o* {temps civil).
» Nous avons alors pris nos dispositions pour étudier l'éclipsé dès son
début, à 6''9'"4^>'*i ce début devant se produire un quart d'heure environ
après le lever du Soleil (S'^SS"*).
636 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Le phénomène a pu être observé pendant presque toute sa durée. A deux, reprises
seulement, de petits nuages ont voilé pendant quelques instants le disque du Soleil.
» L'éclipsé a atteint son maximum aux environs de 7^. Ce maximum représentait à
peu près les -^^ du diamètre du disque. Le phénomène a pris fin vers 8**5™. Sa durée
a donc été d'environ 2 heures pour la Réunion.
» La diminution dans l'intensité lumineuse était si peu sensible qu'elle est demeurée
inaperçue des animaux, et que beaucoup de personnes non prévenues n'ont même pas
eu conscience de la production du phénomène. Lors de la magnifique éclipse totale du
17 mai i90i,non seulement les divers animaux, mais encore beaucoup de noirs, avaient
manifesté des signes très marqués d'inquiétude, voire de terreur.
» Au Soleil, le thermomètre a indiqué une diminution de température qui n'a
guère dépassé 2°, 5. Par suite de leur situation abritée, il a été impossible aux ther-
momètres enregistreurs d'être nettement influencés par cet abaissement peu marqué.
Depuis le lever du Soleil jusqu'à la fin de l'éclipsé, la courbe est rapidement ascen-
dante. Vers 7**, au moment du maximum de l'éclipse, les graphiques présentent, d'une
façon constante, une sorte d'encoche dans cette ligne ascendante. Cette encoche
correspond à un court arrêt ou, plus exactement, à un très petit ralentissement dans
l'ascension.
» En même temps que la présente Communication, nous avons l'hon-
neur de faire parvenir à l'Académie un certain nombre de photographies
prises avec le plus grand soin par l'un de nous (M. A. Garsault). Ces pho-
tographies, obtenues au moyen d'un appareil muni d'un téléobjectif, ont
été, de plus, agrandies de façon à atteindre le diamètre d'une pièce de cinq
francs en argent. Nous joignons aussi à notre envoi une série de cinq jolies
petites photographies prises par M. Georges Jacquier.
» Sur aucune des photographies nous n'avons constaté la présence de
montagnes lunaires projetées en silhouette sur le disque solaire, ainsi que
cela s'est produit pour les photographies prises en France lors de l'éclipse
partielle du 10 octobre 1874 (silhouettes des monts I^eibnitz et Dœrfel). »
ASTRONOMIE. — Observations de Mars à la grande lunette de l'observatoire
de Meudon. Note de M. G. Millochau, présentée par M. Deslandres.
« J'ai observé, en igoS, l'opposition de la planète Mars, qui se présen-
tait dans des conditions favorables, à cause de la hauteur élevée de l'astre
au-dessus de l'horizon.
M L'état du ciel m'a permis de faire de bonnes observations les fo, 11,
12, i3, 20 mars et les i4 et 22 mai, avec le grand objectif de 0°^, 80 de dia-
mètre et de 16™, 1 5 de distance focale; dans l'opposition de 1901, je n'avais
pu observer Mars que les 11, 20, 21 et 22 février.
SÉANCE DU 27 OCTOBRE igoS. 637
» I.e grossissement employé a élé soit de 32o, soit de 43o diamètres,
Dessins de la planète Mars.
22 février 1901.
Longitude du centre, 234°. Latitude, ai"
i^S'- jour du printemps martien (hém. N.
II mars 190.3.
Longitude du centre, 23o°. Latitude, 21°
iS" jour de l'été martien (hém. boréal).
II février 190 1.
Longitude du centre, 338". Latitude, 21".
i35° jour du printemps martien (hém. N.).
i4 mai 1903.
Longitude du centre, 339°. Latitude, 25°
77° jour de l'été martien (hém. boréal).
suivant l'état des images. Ces grossissements peuvent sembler faibles étant
donné le grand diamètre de l'objectif, mais en les employant, la finesse et la
C. R., 1903, 2° Semestre. (T. CXXXVIl, N° 17)
8',
638 ACADÉMIE DES SCIENCES.
définilion des détails compensent largement leur pelitesse; de plus, comme
par suite de l'action des vagues atmosphériques, le plan focal oscille autour
d'une position moyenne, l'œil peul, par accommodation, suivre l'objet exa-
miné pendant un temps plus long avec un oculaire plus faible, sans perdre
de vue un détail aperçu.
» Les grossissements de 3io et 43o et souvent de plus forts sont aussi
généralement employés j)our observer Mars avec des objectifs de o™,3o de
diamètre seulement; mais les images sont alors 7 fois moins lumineuses
qu'avec l'objectif de o'",8o.
» La comparaison des résultats obtenus en 1901 et 1908 m'a permis de
constater des variations bien nettes dans certaines taches permanentes de
la surface de Mars et quelques particularités qui me semblent dignes
d'être signalées.
» 1° Le 11 février 1901 (netteté 4; grossissement ^00) et le 22 février (netteté 3;
grossissement 3?,o), la région dite Cerberiis (A sur le dessin), limitant V Elysiuin au
sud-ouest, était visible comme une large bande noire, à bords nets, finissant en pointe
à ses extrémités et traversée, perpendiculairement à sa longueur, par deux canaux,
blancs, parallèles, la séparant en trois parties presque égales; cette même région,
pendant les observations faites en 1908, les 10, 11, 12, i3 mars et le o.q, mai, s'est pré-
sentée sous la forme de deux taches noires allongées, à bord llous, séparées par un
large espace relativement moins sombre.
» Par contre, un canal très noir (B sur le dessin) traversant Mare ciinmeriutn et
ayant à son extrémité nord l'aspect d'une virgule renversée, a été constamment revu
en 1903 comme en 1901.
» 1° Pendant le mois de mars, la région dite Eiysiiim (C sur le dessin) était presque
aussi blanche que la calotte polaire; le 22 mai, elle avait pris la teinte rougeàtre géné-
rale de la planète.
)i 3° Le 22 mai (netteté 4; grossissement 43o) le terminateur avait l'aspect d'une
bande de -nr à ,^ de seconde d'arc de large et d'un rouge fumeux; le disque était for-
tement assombri depuis ce terminateur jusqu'au tiers du diamètre environ, alors que,
le 1 4 niai (netteté 4) presque 5; grossissement 43o), aucun phénomène de ce genre
n'était visible. Cet aspect de Mars m'a donné l'impression d'un effet de crépuscule dû
à l'atmosphère de la planète.
» 4° Le 1 1 février 1901 (netteté 4; grossissement 43o) le petit lac i)//"ce/7?w5 (D sur
le dessin) était bien visible et assez noir, alors que, le i4niai 1908 (netteté, presque 5 ;
grossissement 43o), il n'y avait à sa place qu'une vague grisaille mal définie. Cette
différence était peut-être due à la présence de nuages, le i4 mai, dans l'atmosphère
de Mars. Une seule observation de cette région a été faite en igoi comme en 1903.
» Chaque observation a un coefficient de netteté qui est utile pour les
comparaisons ultérieures d'images observées à des époques différentes. Ce
SÉANCE DU 27 OCTOBRE igoS. 63g
coefficient varie de o à 5, la netteté 5 étant la meilleure. Les images de
netteté égale ou inférieure à -2 n'ont pas été utilisées.
» L'aspect des planètes et de Mars en particulier m'a paru bien diffé-
rent avec un objectif très grand et avec les instruments plus petits que j'ai
eu l'occasion d'employer. Les canaux qui, dans les lunettes moyennes, se
voient comme des lignes légères, assez fuies, mais un peu floues, perdent
cette apparence dans la grande lunette; ils semblent alors formés de
masses sombres discontinues, à bords déchiquetés formant des sortes de
chapelets qui sont réunis en lignes, par l'œil, lorsque la vision n'est pas
concentrée sur un point.
)) Les lacs ont aussi des bords irréguliers et des prolongements en
forme de rayons qui, étant amorcés dans diverses directions, peuvent
donner l'illusion de lignes.
)) Cet aspect ne doit pas tenir à un défaut de l'objectif employé, car
certaines mers apparaissent bordées de rivages aussi nets que s'ils avaient
été tracés au tire-ligne, il doit surtout tenir au grand pouvoir séparateur
de cet objectif, qui permet de mieux définir les petits détails.
» Ce même aspect des canaux et des lacs a été observé aussi en 1899
et 1901 et décrit, en 1901, dans une Note du Bulletin de la Société astrono-
mique, pages 437 et 438.
» Dans mes dessins, j'ai fortement exagéré l'intensité des teintes des
divers détails, afin d'éviter une fatigue inutile au lecteur. Dans la réalité,
les mers sont assez faiblement teintées et les détails formant les canaux
difficilement visibles. )j
ANALYSE MATHÉMATIQUE. ^ — Sur les groupes de transformations des équations
linéaires aux différences finies. Note de M. Alf. Guldberg; présentée par
M. Emile Picard.
« Je me propose, dans cette Note, d'indiquer, pour les équations
linéaires aux différences finies, un théorème analogue au théorème fonda-
mental de M. Picard dans la Théorie des équations différentielles linéaires.
» Prenons, pour plus de simplicité, le cas d'une équation linéaire à
coefficients rationnels
et désignons p^<r ^',.'\ y^'', ..., /','"' un système fondamental de solutions.
6/lo ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous n'avons qu'à reproduire presque textuellement le procédé de
M. Picard, en substituant à la notation <^mVed celle de valeur successive .
» Soit l'expression
où les iij; sont des fonctions rationnelles quelconques de r. Cette fonction
satisfait à l'équation linéaire d'ordre m^ :
on a d'ailleurs
Ji.' =
-^f V,4-8;;'V,„+.,
.+ K"
) V 2
jr'=
= ^1"^'.+ ^."'V,,,+.
•.+Ar
' V
' x+m -1 »
oii les a^., p^., >.^. sont rationnels en x.
» A toute solution de l'équation (2) correspond un système de solu-
tions j'j\ . . ., y'-"''' de l'équation donnée (1); ce système pourra n'être pas
fondamental. Cela arrivera si le déterminant des yj, et de leurs valeurs
successives, jusqu'à l'ordre m —i, est nul; en écrivant ceci, on obtiendra
une certaine équation en V^. :
(3) 9(-*', "V.^, V^.^, , . . . , V.^+/,) = o,
k étant au plus égal à m'-—i. On aura donc un système fondamental
X!i- • • -/x" » ^^ ^'*^^ prend pour V^ une solution de l'équation (2) ne satis-
faisant pas à l'équation (3).
» Ceci posé, supposons que l'équation aux différences finies d'ordre p
(4) f(^, V,., v.,.^,, . . . , v^^^^,) = o,
/ représentant un polynôme, irréductible, c'est-à-dire n'ayant aucune so-
lution commune avec une équation de même forme et d'ordre moindre,
ait une solution commune et, par suite, toutes ses solutions communes
avec l'équation (2). L'équation (4), supposée différente de l'équation (3),
n'aura avec celle-ci aucune solution commune, et, par suite, à chaque
solution de l'équation (4) correspond un système fondamental de solu-
tions pour l'équation ([).
» Soit donc yj\ y^\ . . . , j^^!"' le système fondamental correspondant à
SÉANCE DU -jn OCTOBRE igo.^. 64 1
une certaine solution V^ de l'équation (4), et z^, z[^\ . . ., z';"' le système
correspondant à la solution générale de la même équation ; on aura
et les a seront des fonctions algébriques de p paramètres arbitraires.
L'ensemble de toutes ces substitutions est le groupe de transformations
linéaires relatif à l'équation (i); nous le désignerons par G.
» On peut établir, à l'égard de ce groupe, la proposition suivante qui
rappelle le théorème fondamental de M. Picard dans la théorie des équa-
tions différentielles linéaires :
» Toute fonction rationnelle de .r, yj\ j';', . . ., j^'"' el de leurs valeurs
successives^ s' exprimant rationnellement en Jonction de x, reste invariante
quand on effectue sur yj\ y^]\ ..., y'"'\ les substitutions de G. Toute fonction
rationnelle de x et d'un système fondamental y^!^\ y''^\ . . . , y'''"\ et de leurs
trieurs successives, qui reste invariable par les substitutions du groupe G, est
une fonction rationnelle de x.
» Les théorèmes sur la réduction du groupe G par l'adjonction des
solutions d'équations auxiliaires sont analogues aux théorèmes bien con-
nus de M. Vessiot dans la théorie des équations différentielles linéaires :
» Pour que l'équation linéaire (i) soit integrable par quadratures finies, il
aut et il suffit que le groupe G soil un groupe integrable.
» Une équation linéaire d'ordre supérieur au premier nest pas en général
integrable par quadratures finies.
» Ajoutons enfin que la théorie précédente s'étend, dans ses points
essentiels, à toutes les équations aux différences finies, qui possèdent des
systèmes fondamentaux de solutions. »
ALGÈBRE. — Sur la résolution pratique des équations. Note de M. Rabut,
présentée par M. Haton de la Goupillière.
« La méthode de Newton pour la résolution d'une équation quel-
conque f(x) = o s'applique d'ordinaire en calculant, au moyen de l'ap-
proximation initiale x^, les approximations successives a^o, a?3, cr,,, ., . par
642 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les formules
00, -X, ^,^^^^y
» Dans la pratique, le calcul namérique de f{xi) el f'i^xi) peut être
assez long et, en tous cas, n'est nullement simplifié par le fait d'avoir déjà
calculé /(a?i_, ) et f\xi_^ ).
» J'ai reconnu qu'il est presque toujours plus expéditif de calculer du
premier coup la troisième approximation, et souvent même la quatrième,
au moyen de formules plus condensées, faciles à établir comme il suit.
» Soient u, vu^, wu^ les trois corrections successives de a?<, de façon que
l'on ait
Ou .y — — '■ 00 ^ ~r~ U 5
x.^=^ X2+ vu- = a;, H- w + vii^,
x^ =■ x.^ + wu^ = ^^ 4- w H- vir + wu^ .
» Développons /(x^) par la série de Taylor en négligeant les termes
en u' ; l'équation donnée devient
/(x,) -h (u + vu- + i^^u')f(x, ) + ^(/r + ini')f'\x, ) 4- '-^ f"\x,) = o.
» Négligeant successivement u-, u^, puis u\ nous obtenons les équations
( I ) / + "/' =0' <^^'où
(2) ^f-^Lf" =0,
(3) ç,/'+,f' + y"'=:o,
» Le calcul des deux quantités numériquesy"(j?,) ety"'(;r, ) est souvent
beaucoup plus simple que celui des quatre quantités/(^o),/'(^2\ f(^i)^
/'(^g), de sorte qu'il est plus avantageux de franchir les degrés d'approxi-
mation de deux en deux, au moyen de la formule (2) ou même de trois en
trois, au moyen des formules (2) et (3). On peut choisir l'un ou l'autre parti
suivant le degré de rapidité qu'offrira le calcul de la dérivée tierce. Ces
formules sont faciles à retenir; on peut, d'ailleurs, les conserver par écrit.
u =
t
~7'
V =
t
w =■■
IV- —
r
6/
SÉANCE DU 27 OCTOBRE igoS. 643
» Elles reviennent à substituer à la courbe y =f(^x), non plus une
série de deux ou trois tang^entes successives, mais une parabole osculatrice
du deuxième ou du troisième ordre. On reconnaît assez facilement que,
sous la seule condition de partir d'une valeur de ^, suffisamment approchée
(ou, ce qui revient au même, de pousser assez loin les opérations succes-
sives), le second procédé procure une plus grande approximation, ce qui
augmente sa supériorité sur le premier.
)) La méthode de Newton n'est enseignée, à ma connaissance, que pour
la résolution d'une équation unique; mais son principe s'étend aisément
au cas plus général d'un système d'équations à plusieurs inconnues, qu'il
est souvent impossible (ou seulement très long) de réduire à une seule
par l'élimination. Dans ce cas aussi, l'approximation peut souvent être
rendue plus raj)ide par l'emploi de formules de condensation analogues à
celles que je viens de donner.
» Soient, en effet,
f.,(a:,y) = o
deux équations simultanées à résoudre numériquement, x^ ,y\ une première
approximation, de laquelle on désire passer directement à la troisième :
» Posons
oc .^ =^ JC ^ -T— Z — t— V Z ,
et appelons, comme d'ordinaire, p, q, r, s, t les dérivées partielles de
f{x,y^. Le système proposé peut s'écrire, en négligeant :^^ et u^ ,
/f(^i' Ji) + (' -H <'-')/^i -^ (" -^ wu-)q^ -h z'^r^ + zus^ -f- u-t^ = o,
/■ii^n jO -h (-:: -I- ^'^'')p-2 -+- {il H- wii-)q., -\- z'-r., -t- zus.^ + ii^t.^ = o.
» Négligeant successivement z- et ir, puis z^ et u'\ on écrit les deux
systèmes d'équations du premier degré :
\ /■2-+-P-2--+- q.u = o,
au moyen duquel on obtiendra d'abord :; et w ; puis
, , i^ p^Z-^^ -{- q^U-^V -{- Z-r^-h ZUS^-\- II- t^^^ o,
] p.^z^v -t- q.ai-w -h z'- r., -h zus.^ -f- u- 1.^ = o,
qui permet de calculer ensuite (^ et w.
G44 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Suivant les cas, il sera plus expédilif d'obtenir les approximations suc-
cessives, soit par degrés simples au moyen du système (i), soit (beaucoup
plus souvent) par degrés doubles au moyen des systèmes (i) et (2).
)) Je dirai enfin que la résolution de ces deux systèmes se fait plus vite
si on les pose en nombres, que si on les résout d'avance en formules litté-
rales. ))
MÉCANIQUE. — Détermination expérimentale de la pression momentanée
résultant du choc. Note de M. Ri\gelma\n, présentée par M. A. Mûntz.
« Nous avons voulu nous rendre compte expérimentalement de la pres-
sion C qui se manifeste pendant un temps très court lorsqu'un poids V
tombe d'une certaine hauteur H sur un corps immobile.
» Après de nombreux essais préliminaires, effectués dans des conditions
différentes et avec des dispositifs divers, nous avons établi un appareil
vertical attaché à un dynamomètre enregistreur. Dans cet appareil on peut
laisser tomber d'une certaine hauteur un corps dont le poids est connu ; à
la partie inférieure de sa course le corps est arrêté par l'appareil qui reçoit
le choc, et la pression momentanée qui en résulte est inscrite par le dyna-
momèt:re.
» Dans l'appareil qui a servi aux essais, la hauteur de cluile pouvait atteindre 2"";
les expériences ont eu lieu avec des poids de 100^, 200", 3oo?, 5ooS et 6oos tonnbant
de o™,5o, I", ]"%5o et de 2"^; enfin on a fait passer successivement le poids même de
l'appareil de 4"^^ à i4''^'; 24'*^° et à 34''s.
» Les résultats obtenus montrent que si l'on désigne par :
P le poids du corps (en kilogrammes);
V la vitesse du corps, lors du choc, exprimée en mètres par seconde
k un coefficient expérimental ^ i3,55, la pression momentanée C qui
résulte du choc a pour expression :
» Les valeurs de C, calculées, se vérifient dans toutes les expériences et présentent,
avec les pressions inscrites par le dynamomètre, un écart qui n'atteint pas 1 , 5 pour loo
(en général cet écart varie de 0,2 à 0,6 pour 100); on peut donc considérer le coeffi-
cient k de i3,55 comme exact à 2 pour 100 près.
» Poncelet, dans son Introduction à la Mécanique industrielle, bien qu'il
semble faire une supposition (en parlant du choc d'un cube de fer pesant
SÉANCE DU 27 OCTOBRE IQoS. 645
3oo''^ tombant d'une hauteur de i"^, 3o sur une substance plus ou moins
molle dans laquelle il pénètre de o'",02), a dû certainement faire une
expérience, car le chiffre de 66 qu'il donne, pour le cas particulier dont il
s'agit (') et qu'il ne généralise pas, est très voisin de celui que nous
trouvons d'après la formule précédente : pour P = i''s et (' = 5"*,o5 au
moment du choc, nous trouvons que la pression momentanée C serait
de 68^^^,427. »
PHYSIQUE. — Sur un capillarimêtre.
Note de MM. E. Tassilly et A. Chamberlax».
« Dans l'appareil que nous présentons, nous avons cherché à nous rap-
procher de la méthode classique d'ascension dans les tubes, en diminuant
dans la mesure du possible les inconvénients qu'elle présente.
» L'appareil se compose essentiellement d'une lentille cvlindrique
biconcave sur les bords plans de laquelle on peut appliquer, au moyen de
deux pinces à ressort, deux lames à faces parallèles. Le système étant
plongé dans un liquide, on aspire celui-ci au moyen d'un dispositif conve-
nable et, l'équilibre étant établi, on observe dans les tubes deux ménisques
dont on mesure la différence de niveau. Pour cela, le système est fixé à un
chariot mobile pouvant se déplacer, à l'aide d'une vis micrométrique, le
long d'une règle divisée. On vise les ménisques à l'aide d'un microscope à
court foyer muni d'un réticule et placé à poste fixe.
» La différence des deux lectures donne la dénivellation.
» Le tambour divisé de la vis permet de lire le y^ de millimètre.
» Pour en déduire la constante capillaire, il suflit de faire le produit de
cette dénivellation par le poids spécifique du liquide considéré.
» En effet, admettons que l'ascension dans les canaux de notre appareil soit la même
que celle qui se produirait entre deux lames à faces parallèles dont la distance serait
mesurée par la longueur de la flèche du segment obtenu en coupant chacun de nos
tubes par un plan horizontal.
» Les ascensions seront alors données par les formules
2 A , , 2 A
(1) A la page 172, Poncelet dit « qu'un corps pourrait produire par son poids seul,
dans un temps plus ou moins long, un effet égal à celui qui résulte, dans un temps
généralement très court, du choc d'un poids 66 fois moindre, lancé avec une vitesse
de 5"",o5, due à une hauteur de chute de i'",3o ».
C. R., iQo3, .' Semestre. (T. CXXXVII, N" 17.) ^5
6^6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
A constante capillaire, - poids spécifique du liquide; e, e' distances des lames à faces
parallèles.
» On en tire pour la dénivellation z
■K \e e
d'où
(2) A=: —-1 ^T.Z.
Jl - 1
\e e'
» Dans la disposition adoptée, cette formule sera exacte à une constante près, ce
qui donnera
(3) A = / — -^ r:z = k-^'::z..
/ I 1 \ 2 e — e
2 ,
\e e
1 ee'
Comme - -, constitue une constante de l'appareil pouvant être calculée connais-
■2 e — e III
sant e et e', on a finalement
(4) A = Ci:z.
» Nous avons déterminé G en étudiant dans notre appareil un certain nombre de
liquides dont les constantes capillaires A ont été déterminées antérieurement par
divers expérimentateurs et en résolvant chaque fois l'équation (4) par rapport à G.
» La moyenne des nombres trouvés a fourni la valeur de G=:o,4i95. C'est en
appliquant la formule définitive
A = 0,4190 -TT^
que l'on a calculé pour A les nombres contenus dans la dernière colonne de notre
Tableau :
-n:. e. !;■»■". A'. C. A.
o o
Eau alcoolisée OJ967 18 9)35 3,727317 (^) o,4i2 3,792
Acide acétique 1,080 i5 6,4 2,967 à i5,6 (') 0,427 2,899
Benzène o,883 i5 8,08 2,87 à i5 (*) o,4o2 2,992
Acétone o,8o4 i5 7,4o 2,46 à i5 (*) o,4i3 2,495
Bromure d'éthylène. 2,180 18 4)23 4) 09 à 20 (^) o,443 3,868
Ether acétique 0)923 16 6,60 2,564 à 24 (^) 0,420 2,555
» En prenant 0,42 pour valeur de la constante G, on trouve pour K la valeur o,85,
ce qui légitime suffisamment notre hypothèse initiale.
(') Frankenheim.
(^) Mendeleieff.
(=») Schiff.
(*) Wilhelmy.
SÉANCE DU 27 OCTOBRE igoS. 647
» En résumé, la simplicité de la méthode, la commodité du nettoyage de
l'organe principal de l'appareil, facilement démontable, et les avantages
qui résultent de l'emploi d'une méthode différentielle, nous permettent de
présenter cet appareil, que nous avons appelé capillarimétre, comme étant
susceptible de rendre quelques services dans la pratique. »
ÉLECTRICITÉ. — Changement de résistance électrique du sélénium
sous r influence de certaines substances. Note de M. A.-B. Griffitus.
« J'ai déterminé, par la méthode de Wheatstone ( Wheatstone s bridge),
la résistance électrique du sélénium et j'ai reconnu que, s'il est exposé aux
solutions alcooliques de quelques pigments de plantes et d'animaux, pen-
dant i5 minutes à la distance de 5*^™, sa résistance électrique diminuait.
» Les recherches ont donné les résultats suivants :
' Résistance du sélénium
avant après
Pigments. l'exposition. l'exposition.
ohms ohms
Verbena (pétales) S^oooo 290000
Helianthus (pétales) 420000 4i5ooo
Géranium (pétales) 462000 820000
Bacteriiun A llii ( • ) 890 000 870 000
Pélagéine (^) 35oooo 33oooo
Diémyctyline (^) 444 000 4ioooo
Amanitine ('') 880000 860000
» On sait que la lumière, les rayons du radium et les rayons de Rôiitgen
réduisent la résistance électrique du radium ; il se pourrait que les pigments
précédents émettent ces rayons C^).
» M. T. -A. Edison a prouvé que la chlorophylle, la curcumine et la
daturine produisent la phosphorescence. »
(') GRiFFrres, Co?nptes vendus, t. CX, p. 4 16.
(^) Gkiffiths et Platt, Comptes rendus, t. GXXI, p. f\^i.
(*) Griffiths, Comptes rendus, t. CXIX, p. 912.
(') Griffiths, Comptes rendus, t. CXXII, p. 1842.
(^) Voir E. VAIS AuBEL, Comptes rendus, t. GXXXVI, p. 929. J'ai confirmé l'iinpor
tant travail de M. van Aubel.
648 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la fusibilité des Tnélanges de soufre et de bismuth.
INote de M. H. Pêlabon, présentée par M. H. Moissan.
« Quand on élève progressivement la température d'un mélange de
soufre et de bismuth, le soufre entre d'abord en fusion vers 1 14° puis c'est
le tour du bismuth vers 255°, enfin les deux liquides superposés se com-
binent brusquement vers 820° environ, avec un dégagement de chaleur
suffisant pour vaporiser une partie du soufre.
» En opérant en tube scellé, deux cas peuvent se présenter :
M 1° Le mélange renferme, pour un atome de bismuth, plus d'un atome et
un tiers de soufre.
» Dans ce cas, quelle que soit la température à laquelle on maintient le
système, la combinaison n'est pas totale; il reste toujours du soufre non
combiné. Ceci est d'accord avec ce que l'on sait du sulfure précipité Bi^S',
qui perd du soufre quand on le chauffe.
» 2** Le mélange renfehne, pour un atome de bismuth, moins de un atome
et un tiers de soufre.
» Pour une température suffisamment élevée, dans ce cas, le soufre dis-
paraît complètement, et dans le tube on a un liquide qui, par refroidisse-
ment, se solidifie sans perdre de soufre.
» Nous nous sommes proposé d'étudier la solidification de ces liquides
quand on fait varier les proportions relatives de soufre et de bismuth.
» Les mélanges qui renferment peu de soufre ont en général deux points
de solidification : le point de solidification finissante est voisin de 260*^, c'est-
à-dire de la température de fusion du bismuth, le point de solidification
commençante varie avec la composition du mélange liquide, il s'élève très
rapidement et très régulièrement quand la proportion de soufre croît.
» Cette température de solidification est déjà voisine de 435° pour le
mélange renfermant un atome de bismuth et un seizième d'atome de
soufre.
M La courbe de fusibilité construite en portant en abscisses les propor-
tions de soufre, en centièmes du poids total du mélange, et en ordonnées
les températures de solidification commençante, comprend donc une pre-
mière portion de droite AB 1res inclinée sur l'axe des abscisses et ren-
contrant l'axe des ordonnées en un point A. L'ordonnée de ce point A
est 255°.
SÉANCE DU 27 OCTOBRE IQoS. 649
» Vient ensuite, pour les mélanges plus riches en soufre, une seconde
droite BC un peu moins inclinée que la précédente. L'extrémité C de cette
portion de droite a pour ordonnée la température de solidification du pro-
tosulfure, soit 685°, et pour abscisse
S X 100 8206
BiS
240, 56
= i3,32.
» Enfin, si l'on continue à faire croître la proportion de soufre, le point
de solidification commençante du mélange s'élève encore suivant une
portion de droite CD, encore moins inclinée que la précédente. Le point G
IQ ni S
qui correspond au protosulfure BiS est donc bien un point anguleux de la
courbe de fusibilité.
)) On ne peut dans le tracé de cette courbe dépasser le point D qui
correspond au mélange de 4 atomes de soufre avec 3 atomes de bismuth,
puisque le soufre en excès ne s'unit pas à ce mélange.
» Il résulte de ce qui précède que le sulfure de bismuth BiS et le bis-
muth peuvent, quand ils sont fondus, se mélanger intimement pour donner
des liquides homogènes dont les points de solidification sont compris
entre 255° et 685°.
» Ce résultat est parfaitement d'accord avec ceux que nous avons
trouvés en étudiant l'action du gaz hydrogène sur le sulfure de bismuth BiS,
en présence de masses variables de bismuth (*).
(') Annales de Physique et de Chimie, 7" série, t. XXV.
65o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Si la température du tube, dans lequel on a introduit les trois corps,
est voisine de 685" ou supérieure à cette limite, on a en présence, au
moment où l'équilibre chimique est établi, d'une part un mélange homo-
gène gazeux d'hydrogène et d'acide sulfhydrique, d'autre part un mélange
homogène liquide de bismuth et de protosulfure; il n'est pas étonnant
dans ces conditions que la composition du système gazeux dépende de celle
du liquide et que, comme on l'a observé directement, la proportion du gaz
hydrogène sulfuré augmente avec celle du sulfure de bismuth introduit.
» Supposons au contraire que la température des expériences soit com-
prise entre 255'' et 685", qu'elle soit 440*^ paJ" exemple. Cherchons quelle
est l'abscisse correspondante au point d'ordonnée (440*^) dans la courbe
de fusibilité, nous trouvons i,5 environ. Deux cas sont alors à consi-
dérer :
)) Ou bien les masses de sulfure et de bismuth introduites dans les tubes
scellés en même temps que l'hydrogène sont telles que le rapport R de la
masse de soufre à la masse totale est supérieur à i,5; alors, au moment
de l'équilibre, les tubes renferment, outre le mélange homogène gazeux,
d'une part du protosulfure de bismuth solide, d'autre part un mélange
liquide de composition bien déterminée, fonction seulement de la tempé-
rature. La composition du système gazeux ne doit, dans ce cas, dépendre
que de la température et non de la valeur du rapport R, pourvu que
celle-ci soit supérieure à i,5.
» Ou bien les masses de sulfure et de bismuth sont telles que R est tou-
jours inférieur à i,5. Les deux corps donnent alors un liquide homogène
de composition variable avec R, et le mélange gazeux qui se trouve dans
le tube a également une constitution qui dépend de la valeur de ce
rapport.
» Ces résultats sont ceux que l'on trouve directement par l'expé-
rience. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Action de l'acide borique sur les iodures; son emploi
pour la séparation de l'iode des iodures en présence de bromures et chlorures.
Note de MM. H. Baubigny et P. Rivals, présentée par M. Troost.
« L'acide borique pur décompose déjà à froid les iodures en dissolution
en donnant HI, tandis qu'il n'agit qu'à chaud sur les solutions saturées des
bromures et chlorures. Si donc on fait intervenir une action oxydante,
SÉANCE DU 27 OCTOBRE ipoS. 65 1
l'iode peut être mis en liberté. Mais l'oxydabilité de l'iode exige l'emploi
d'un oxydant peu énergique. Le bioxyde de manganèse artificiel, préparé
par ]a réduction du permanganate avec l'alcool et lavé, convient parfai-
tement. On peut l'employer après dessiccation à basse température (3o°-4o*')
ou à l'état de pâte, en s'aidant de l'action de la chaleur de façon à distiller
l'iode.
» Nous avons opéré avec le même appareil (*) qui nous a servi à la
séparation du brome et du chlore. Dans le ballon on met la solution saline,
l'acide borique, le bioxyde de manganèse, ces deux derniers en quantités
déterminées et l'on ferme. On adapte ensuite le condensateur contenant
de la lessive alcaline et un peu de sulfite de soude (^). En chauffant au
bain-marie, l'iode se volatilise et on l'entraîne par un courant d'air dans le
condensateur où il est aisé de le doser; on a soin de maintenir constant le
volume liquide du ballon à l'aide de l'artifice déjà indiqué.
» Comme d'ordinaire nous résumons les conditions expérimentales et
les résultats sous forme de Tableau.
IK,
valeur
B'O»
Mn^O^H^O
Volume
Durée de
Agi
en Agi.
employé.
employé.
liquide.
distillation.
retrouvé
(I)...
. o%848
s
5
0,825
cm'
100
min
s
0,061 I
(2)...
. o,o848
10
0,216
100
4o
0,0844
(3)...
. o,o848
10
0,825
100
5o
0,0845
(4)...
. 0,0848
i5
0,825
100
45
0,0845
(5)...
T 1 •
. 0,21 38
/ \ 1 . 1
i5
o,43o
100
5o
)• _ 1 1 _ -
0,2l34
_ - f . ' .1 ' _
» L'essai (i) seul est défectueux, cela tient à ce que tout l'iodure n'a pas été décom-
posé. Or cet essai est celui où la richesse de la solution en acide borique a été minima,
et il en est toujours ainsi pour cette même concentration tandis qu'avec une solution
à 10 pour 100 et plus, les résultats obtenus conservent l'exactitude voulue. Nous
adopterons donc cette concentration à 10 pour joo en acide borique comme un mini-
mum nécessaire pour le succès de l'expérience.
» En ce qui concerne le bioxyde 2MnO^, H^O agent d'oxydation, comme pour toutes
les autres méthodes basées sur le ménae principe, la quantité n'en doit pas être non
plus laissée au hasard. En elTet avec un très grand excès de bioxyde, à cause de l'oxy-
dabilité de l'iode lui-même, il y a formation partielle d'acide iodique, et si l'on restreint
(^) Comptes rendus, t. CXXV, 1897, p. 527.
(^) L'addition de sulfite, réducteur des hypoiodites, est nécessaire, sinon l'odeur de
l'iode se manifeste à l'orifice du condensateur, indice d'une perte certaine.
652 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'emploi de l'oxydant, la mise en liberté de l'iode est incomplète. D'une façon comme
de l'autre le dosage se trouve alors erroné.
IK,
Durée
valeur
B^O'
Mn'O^H^O
Volume
de
Agi
en Agi.
emploj'é.
employé.
liquide.
distillation.
retrouvé
(6)..
. og,o848
lOS
lS,25o
jQQcm»
3o™'"
05,0784
(7).-
og,o848
lOS
qS, 090
I oo'='"'
40™'"
OS, 0795
» Dans ces deux expériences la distillation a été arrêtée comme pour les autres
essais quand les vapeurs d'iode avaient complètement disparu. Or, pour l'essai (6) le
déficit est bien du à une oxydation de l'iode, car on a retrouvé un peu d'acide iodique
dans les eaux mères du mélange salin, tandis que pour le second (7) c'était Thydra-
cide qui n'avait pas été complètement décomposé. Cependant dans cette dernière expé-
rience, le poids de bioxyde employé était sensiblement supérieur à celui nécessaire
pour l'oxydation complète de l'acide HI en présence. Ce fait est-il dû à l'état physique
de l'oxyde desséché qui a été employé dans cet essai (7) [comme d'ailleurs pour le (6)]
et cela, malgré un tamisage en poudre fine auquel il a été préalablement soumis? Nous
ne nous sommes pas arrêtés à cette question parce que les essais (2, 3, 4» 5) faits avec
le produit en pâte prouvent qu'on peut augmenter la proportion de cet oxydant dans
des limites encore assez étendues sans nuire au succès de l'opération, puisque le poids
donné pour chaque essai est toujours rapporté au composé supposé sec aMnO^, H^O,
contenu dans le volume de pâle employé (1).
» D'ailleurs, outre cette possibilité de faire varier dans une mesure encore assez
large, les proportions de aMnO', H-0, il est toujours possible d'éviter un trop grand
excès- c'est en opérant la distillation avec une quantité limitée de cet oxyde par
rapport au poids de sel soumis à l'analyse et en redistillant, après nouvelle addition
de 2MnO^ ir-0. Au cas où la première dose aurait été insuffisante, les dernières traces
d'iode sont éliminées lors de cette seconde dislillalion.
» H nous reste à montrer que, dans les conditions où nous avons isolé
l'iode, il ne se forme ni chlore, ni brome, et que, pour qu'il y ait mise en
liberté de brome, il faut non seulement opérer avec une solution assez
(*) Pour opérer avec cette pâte, le plus simple est de substituer la mesure à la pesée.
En conservant le produit dans un flacon fermé, et en ayant soin de le brasser à chaque
prise, on comprend qu'à un même volume de pâte correspond toujours le même poids
ou sensiblement, de 2MnO^, H^O sec. La richesse en bioxyde de chaque lot se déter-
mine par un essai spécial sur l'une des prises : iodométriquement ou par dessiccation
à 4o° et pesée du résidu. Comme jauge volumétrique, une petite cuillère à moutarde,
en buis, remplit très bien le but, la prise pouvant être constituée par plusieurs
cuillerées. L'expérience a montré que même pour le produit sec, les écarts d'une prise
à l'autre sont négligeables dans le cas qui nous occupe.
SÉANCE DU 27 OCTOBRE igoS. 653
riche en bromure, mais augmenter aussi la teneur pour 100 de la solution
en acide borique.
Valeur en sel d'argent
duNaCl. duKBr. du Kl.
(8)
»
0,758
(9)
»
i,58o
(10)
»
0,209
(II)
»
0,632
(12)
»
0,948
(i3)
»
o,4io
(i4)
»
i,58o
(i5)
4s, 906
»
(16)
»
0,758
employé.
Mn^O^H^O
employé.
Volume
liquide.
Durée de
distillation.
Agi
de I
distillé.
AgBr
de Br
distille.
AgBr
de Br
fixe.
AgCl
de Cl
distillé.
s
10
o,43o
cm'
100
Il min
i.i5
»
0 , 0002
»
»
10
o,43o
100
I . i5
))
o,ooo3
»
»
x5
o,45o
100
1 .20
»
nul
))
)>
i5
o,43o
100
i.i5
»
0 , 00 I 9
»
»
i5
o,43o
100
5o
»
0,0070
))
»
20
o,43o
100
I . i5
»
0 , 0006
)>
»
20
o,43o
100
1 . i5
»
o,oi58
»
»
10
o,35o
100
i.i5
»
»
»
os, ooo3
10
o,43o
100
I
os, 2 1 36
»
os, 7
577
»
» Ainsi, le dégagement de brome ne devient sensible que si la richesse
de la solution s'accroît comme bromure et acide borique. Quant aux chlo-
rures ils sont encore plus difficilement décomposables.
» Une fois l'iode enlevé du mélange, rien n'empêche d'en séparer
ensuite le brome par l'action du sulfate de cuivre et du MnO*K, d'après
le procédé que nous avons fait connaître, la présence de l'acide borique
ne gênant en rien. De sorte que dans les eaux mères il ne reste que le
chlore. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur la composition de bronzes préhistoriques
de la Charente. Note de M. Chesxeau, présentée par M. Adolphe
Carnot.
« Dans la plupart des analyses de bronzes antiques, publiées déjà en assez
grand nombre, on ne s'est en général attaché à doser exactement que le
cuivre, l'étain et le plomb. Ces données ne peuvent rien apprendre sur l'ori-
gine encore si obscure des métaux qu'ils ont employés, car les bronzes
d'une même région présentent, à cet égard, les compositions les plus
variables ('), et il semble que ce soit plutôt dans le dosage des éléments
considérés comme des impuretés, et laissés le plus souvent de côté dans les
(*) Voir à cet égard les nombreuses analyses de bronzes préhistoriques citées dans
le Mémoire suivant : Analyse de bronzes anciens du département de la Charente,
par L. Chassaigne et G. Chauvet, RuITec, 1903.
G. R., 1903, 2* Semestre. (T. CXXXVII, N" 17.) 86
■:^'
^ ■ o ^
654 ACADÉMIE DES SCIENCES.
analyses, que l'on ait chance de découvrir la provenance de ces métaux
par la comparaison de nombreuses analyses. C'est ainsi que, dans un autre
domaine scientifique, M. Adolphe Carnot, par le dosage précis du fluor
dans les ossements fossiles, a pu fonder une méthode nouvelle extrême-
ment précieuse pour établir leurs âges relatifs.
» C'est en se plaçant à ce point de vue que M. G. Chauvet, Président de
la Société archéologique et historique de la Charente, a bien voulu me con-
fier, pour en faire l'examen, quatre échantillons de bronzes préhistoriques
de ce département.
» Trois de ces bronzes, un culot de cuivre, une base de lance et un frag-
ment de hache, proviennent de la cachette découverte en iSgS à Venat,
commune de Saint-Yrieix, près Angoulême, où l'on a trouvé dans un grand
vase en terre 7 5'^^ d'armes et objets divers en bronze, parmi lesquels un
gros culot de cuivre et des déchets de fonte, donnant à penser que cette
cachette est celle d'un fondeur ('). Cette présomption donne un intérêt
tout particulier à la recherche des impuretés, en vue notamment d'établir si
le cuivre du bronze des armes est bien de même origine que le lingot non
manufacturé, et dans ce but, M. Chauvet a bien voulu mettre à notre dis-
position un poids important de chaque échantillon (9^ à 73^). Le quatrième
échantillon, de poids beaucoup plus faible (2^), a été prélevé sur une
hache à talon, trouvée par M. Maraudât à la Maison-Blanche, commune de
Garât, arrondissement d'Angoulême.
» J'ai suivi pour les analyser les méthodes suivantes :
» I" Culot de cuivre. — J'ai dissous le métal dans l'eau broméeà froid, de façon à
laisser inatlaqués l'argent, le bismuth, et les corps non métalliques. J'ai obtenu ainsi un
léger résidu (o,35 pour 100), formé seulement de matières organiques et terreuses, que
j'ai déduites, pour le calcul de l'analyse, du poids du métal mis en œuvre. La liqueur,
chauffée, puis réduite par SQ- et rendue chlorhjdrique, a été précipitée par l'hydro-
gène sulfuré : les sulfures ont été mis en digestion avec du sulfure de sodium, et les
sulfosels obtenus ont été analysés par la méthode à l'acide oxalique et à l'hyposulfite
de soude proposée par M. Ad. Carnot pour la séparation de l'étain, de l'antimoine et
de l'arsenic. J'ai ainsi obtenu une petite quantité d'antimoine (0,09 pour 100), que
j'ai pu caractériser nettement à l'appareil de Marsh et par l'enduit noir sur barreau
d'étain. Je n'ai trouvé ni étain ni arsenic; en revanche, dans la liqueur primitive, j'ai
(^) Ces objets ont été décrits pour la plupart dans un Mémoire publié en 1894 par
MM, J. George et G. Gliauvet dans le Bulletin de la Société archéologique et histo-
rique de la Charente. La base de lance elle culot de cuivre que j'ai analysés y figurent
sous les n°* 33 et 276.
SÉANCE DU 27 OCTOBRE IQoS. 655
retrouvé des traces de phosphore, dosé à l'état de phosphomolybdate par la méthode
de double précipitation de M. A. Carnot.
» Les sulfures de plomb et de cuivre et, d'autre part, ceux des métaux de la famille
du fer ont été analysés par les méthodes ordinaires.
» Le soufre, en présence d'une forte proportion de cuivre, ne peut être exactement
précipité à Fétat de sulfate de baryte : je l'ai dosé sur une prise d'essai spéciale, dis-
soute par l'acide azotique fumant, puis débarrassée du cuivre par électrolyse.
» 2" Bronzes. — Le cuivre, l'étain et le plomb ont été dosés par les méthodes ordi-
naires de voie humide à l'acide azotique. L'arsenic, l'antimoine et le phosphore ont été
recherchés dans une opération spéciale sur l'alliage dissous dans l'eau régale et traité
comme ci-dessus. Le soufre a été dosé après élimination du cuivre, soit électrolyli-
quement en liqueur azotique soit en liqueur chlorhydrique par le zinc, dont les sels
ne gênent pas la précipitation de traces d'acide sulfurique par le chlorure de baryum,
ainsi que je m'en suis assuré.
t> Le Tableau suivant résume les résultats obtenus pour les quatre échantillons
(dont aucun n'a donné d'argent, ni d'arsenic) :
Cachette de Venat.
— -^ — ^-^ — — ^ ■ — Hache
Culot Base de la
de cuivre. de lance. Hache. Maison-Blanche.
Pour 100 Pour loo Pour loo Pour loo
Cuivre 99; i3 88,62 87,09 ^1 ■>''■']
Étain » 7,58 10,74 1^,69
Plomb o,o5 1,33 i,4i o?i4
Fer 0,06 0,11 0,06 0,60
Nickel Traces Traces Traces 0,39
Zinc Traces Traces Traces 0,12
Antimoine 0,09 0,06 0,09 »
Phosphore o , oo5 o , 008 o , oo5 »
Soufre 0,71 0,08 0,1 5 »
Oxygène (par différence) » 2,212 » »
Total 100,045 100,000 99,545 100,11
)) La proportion presque identique de phosphore et d'antimoine, dans
les trois échantillons de la cachette de Venat, semble bien prouver que le
cuivre qui a servi à faire les bronzes a la même origine que celui du culot,
car on sait que, à l'inverse du soufre, ces éléments se conservent sans
variation sensible dans la fusion de l'alliage. L'analyse chimique confirme
donc pleinement l'opinion émise par M. Chauvet sur le caractère de cac^e^^e
de fondtur ^{.{.TÏhwé aux objets de bronze de Venat.
» Il ne m'a pas été possible de caractériser ces éléments dans la hache
de la Maison-Blanche à cause du faible poids de métal dont je disposais;
mais la teneur eu nickel de ce bronze, suffisante pour être dosée même
656 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sur un faible poids, diffère tellement de celle des objets de la cachette de
Vénal, qu'on est autorisé à penser que le cuivre de ceux-ci n'a pas la même
origine (ou est d'une autre époque) que celui de la hache de la Maison-
Blanche. »
THERMOCHIMIE. — Sur le calcul de la chaleur de combustion des acides orga-
niques, de leurs anhydrides et des étherssels. Note de M. P. Lemoult.
» Ce calcul se fait suivant la méthode que nous avons fait connaître
{Comptes rendus, l. CXXXVI, p. 893, et t. CXXXVII, p. 5i5), en addi-
tionnant les appoints dus aux divers groupes élémentaires que contient la
molécule.
» Acides. — Ces corps possèdent un groupe élémentaire c'^\' ; nous admet-
trons que son appoint est de — 2*^*': /( c^Z 1= — '>.^^^-, cette convention est
^ ^^ -^ \ \0H/
valable pour les acides simples, pour les acides polvbasiques et pour ceux qui ont des
fonctions complexes; pour les acides à molécule non saturée, le calcul se fera sur les
mêmes données, mais on retranchera 12^*^ (la valeur déjà signalée) au résultat ainsi
obtenu. On voit de suite que les acides mono et bibasiques, par exemple, dérivés des
carbures saturés ont pour chaleur de combustion C, et Cj, les valeurs données par les
deux équations
Cin:/(C'^-iH2"-' — GO^H) =157/2— 106,
C2=:/[C«-2H2"-=(C02H)2] = 157/1 — 212,
qui représentent encore des droites du groupe j' = 157.37 4- A.
» a. Voici quelques exemples d'acides saturés mono ou polybasiques :
Mesuré. Calculé.
Cal
Cal
08
Acide acétique 209,4
» valérique 681 679
» dipropylacétique 1 1 5 1 , 5 1 1 5o
» myristique 2086,9 2092
» benzoïque 772)9 773
» toluique (moyenne) 928,6 980
» naphtoïque 1282,6 1286
» campholiqiie 1409,2 i4o9
Mesuré. Calculé.
Cal
36i
Cal
Acide méthylmalonique 862 , 5
» diméthylsuccinique (sym.). . . 674,5 675
» diphénylsuccinique p 1807,7 1800
» pentaméthylènedicarbonique. 776 777
» phtalique (moyenne) 770)4 769
>) létrahydrophtalique (moy.).. 882,2 881
» camphorique (moyenne) 1248 1248
» trimésique (t .3.6) 767,6 765
» b. Dans l'ensemble, les résultats sont très satisfaisants, puisque sur 80 cas examinés
il y en a 60 (75 pour 100) où l'approximation dépasse, et souvent de beaucoup, j~^
tandis qu'il n'y en a que 12 (i5 pour 100) où elle est comprise entre y^ et j-J-^, et
8 où elle est inférieure à j^; à cette dernière catégorie appartiennent les premiers
SÉANCE DU 27 OCTOBRE igoS. 637
termes de séries comme Facide formique, Tacide oxalique, pour lesquels le calcul
donne toujours des nombres inférieurs (de f\^"^ à 8*^^') aux valeurs déterminées par
l'expérience.
» c. Acides à fonctions complexes.
Mesuré. Calculé.
Cal
Acide a-oxybu lyrique 472
» dimélhyldioxyadipique . . . . 897,9
» tartrique racém 278,7
» lévulique 677 , i
Cal
477
271
579
Mesuré. Calculé.
Cal
73.
Cal
Acide oxybenzoïque (moy.) 729,9
» trioxybenzoïque 63i , i 63o
» /j.créosolique 880 , i 879
» anisique 895 , 2 897
» d. Acides à molécules non saturées.
Mesuré. Calculé.
Cal
Acide angélique 635, i
» tiglique 626,6
» oléique 2682
» phénylpropiolique 1023,7
Cal
63o
2681
1022
Mesuré. Calculé.
Cal
Acide fumarique 3i8,6
» maléique 326,7
» allylmalonique 638
» phénylparaconique 1 196
« A signaler encore, parmi les résultats obtenus, celui qui est relatif à l'acide pyro-
mucique; la valeur trouvée est 493^"', 8, tandis que le nombre calculé d'après les con-
ventions faites s'élève à 497^^*' (ï3o + 90 4- 18 + 3,53 + 2,5i — 2).
^
O O
» Anhydrides d'acides. — Attribuons au groupe élémentaire c^ — O
c^ qu'ils
contiennent la valeur 12*^''' et admettons que, dans le cas où la molécule n'est pas
saturée, nous devrons retrancher au nombre trouvé deux fois 12*^^', nous pourrons
faire le calcul relatif aux dix cas connus; l'approximation est très satisfaisante, comme
le montrent les quelques exemples suivants :
Mesuré.
Cal
Anhydride acétique 4^1 ,9
» propiogique 747 , i
» phtalique 783
Calculé.
Cal
432
746
785
Mesuré.
Cal
Anhydride camphorique 1262 , i
» itaconique 48 1,8
» diphénylmaléique 1770,1
Cal
322
636
1201
Calculé.
Cal
1264
482
1770
» Ethers-sels. — Ces corps contiennent le groupe C — O — C auquel corres-
pond le groupe élémentaire c^ — O — c pour la valeur thermique duquel nous admet-
trons H- 12*^'"''; cette nouvelle convention, jointe à celles que nous avons faites précé-
demment, y compris la perte de 12^"' pour tenir compte de la présence d'une liaison
multiple, nous permet de calculer les chaleurs de combustion des 80 corps qui ont été
l'objet de mesures directes. En particulier pour les éthers-sels de formule générale
C^^H'^" 02 = C-i H2/'-» — CO^ — C"H2/''+i
avec
p + p'=n, PP'^o,
658
ACADEMIE DES SCIENCES.
c'est-à-dire qui dérivent d'acides et d'alcools saturés, la chaleur de combustion est
donnée par
C := 1.57/1 — 90 (droite du groupe : y = ibj ce -\- A),
indépendante par conséquent de l'acide et de l'alcool, mais fonction de n.
Mesuré. Calculé.
Cal
Acétate d'éthjle 587
Butjrate de mélhyle SgS,^
Benzoate de phénjle ï5ii,3
o-oxybenzoate d'élhyle io5i ,7
Oxyber)?;oate de butyle i366,3
Oxalate d'élhyle 708,6
Télrahydrophtalate de mélhyle. .. 1226,8
Cal
538
695
i5i I
io52
i366
707
1225
Mesuré. Calculé.
Cd
o-phtalate de méthyle iii3,9
Méthylènedimalonate de méthyle. . 1202,2
Tartrate diméthylique dr 619,2
Acétyiacélate de méthyle 694
Benzoate d'eugényle 2o65,3
Fumarate de mélhyle 662,8
Ginnamale de méthyle i2i3,6
Cal
I ii5
1200
617
595
2064
662
I2l5
» Dans l'ensemble, il y a 8 cas (10 pour 100) où l'approximalion est inférieure
à YFû! ^7 (^ï pour 100) où elle est comprise entre ytq ^^ 20I) ^'- ^^ (^9 pour 100) où
elle est supérieure à j-J-^.
» Anhydrides internes d'acides-alcools. — Ces corps, qui appartiennent à la caté-
gorie des éthers-sels, ont même groupement fonctionnel que ces derniers; aussi,
leur chaleur de combustion se lalsse-t-elle évaluer d'une manière très satisfaisante en
appliquant les convenlions énoncées pour les élhers-alcools. Voici quelques-uns des
ex.emples choisis parmi les 10 cas connus :
Mesuré. Calculé.
Anhydr. glycolique 167'^''', 4 169*^"^
» mannonique (moy. ) . . . . 617*^^', 7 617
Cal
Mesuré.
Anhyd. glucoheptonique 726*^^^,6
» glucooclonique 887*^^^,2
» En résumé, nous pouvons, à l'aide de quelques conventions, bases
numériques du calcul, évaluer la chaleur de combustiofi de tous les com-
posés organiques ne contenant que du carbone, de l'hydrogène et de
l'oxygène. Sur 45o cas examinés, il y en a 12 pour 100 où l'approximation
par rapport aux valeurs mesurées est inférieure à -^; 20 pour 100 où elle
est comprise entre 7^ et ^^ et 68 pour 100 où elle est supérieure, et le plus
souvent de beaucoup, à tt]^^. »
Calculé.
84 1^=''
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur Visoglucosamine. Note
de M. L. 3Iaqueivne, présentée par M. A. Haller.
« Les bases que nous avons obtenues, JM. Roux et moi, en réduisant
les aldosoximes par l'amalgame de sodium (^), présentent avec les glu-
(') Maquenne et Roux, Comptes rendus, t. GXXXII, p. 980. — Roux, Thèse pour
le Doctorat, igoS*
SÉANCE DU 27 OCTOBRE igoS. ôSg
cosamines déjà décrites les mêmes relations qui existent entre les alcools
polyatomiques et les sucres réducteurs. Il était, par suite, à prévoir que
l'on pourrait passer des unes aux autres par simple fixation d'hydrogène;
c'est, en effet, ce qui a lieu avec l'isoglucosamine qui prend naissance,
comme on le sait, dans l'action de la poudre de zinc sur la phénylglucosa-
zone, en présence d'acide acétique. La réaction est particulièrement inté-
ressante en ce sens qu'elle vient donner une nouvelle preuve à l'appui
de la formule attribuée à ce corps par Em. Fischer, en se fondant sur sa
transformation en lévulose par l'acide nitreux.
» Pour la réaliser, on introduit peu à peu, en refroidissant, loos d'amalgame de
sodium à 3 pour 100 dans une solution renfermant 5^ de sulfate d'isoglucosamine pour
2Qcm» (J'eau. L'attaque, d'abord rapide, se ralentit à mesure que la liqueur devient plus
alcaline; il se dégage un peu d'ammoniaque et bientôt le liquide cesse de réduire le
réactif de Fehling. Alors on sature exactement par l'acide sulfurique, on évapore et
l'on extrait les bases formées parla méthode que nous avons décrite, M. Roux et moi,
à propos de la préparation de la glucamine.
» On obtient finalement un mélange sirupeux d'oxalates qui, par addition ménagée
d'alcool à 60°, dépose rapidement des cristaux lamelleux, quadrangulalres, qui fondent
nettement, après purification, à 186°. Ce nouveau corps, qui ne possède plus aucune
propriété réductrice, a pu être identifié à l'oxalate de mannamine
C-H20*(C6H'5Az05)2,
par comparaison directe avec un échantillon de ce sel, préparé expressément dans
mon laboratoire par M. Roux, en partant de la mannosoxime.
» Les eaux mères, concentrées et additionnées à nouveau d'alcool, précipitent un
sirop brun qui bientôt se prend en une bouillie cristalline : ce second composé, qui
fond à i79°-i8o° et cristallise en belles lamelles hexagonales, n'est autre que l'oxalate
de glucamine déjà connu. Il est notablement moins abondant que son isomère.
» L'isoglucosamine se convertit donc sous l'action de l'hydrogène nais-
sant, en solution alcaline, en un mélange de deux bases stéréoisomères,
appartenant à la série des glucamines, et que nous avons pu caractériser,
l'une comme d. glucamine proprement dite, l'autre comme d. mannamine.
Ce fait vient confirmer d'une manière irréfutable l'existence d'une fonc-
tion a cétonique dans la molécule de l'isoglucosamine et montre que cette
base se comporte, vis-à-vis des agents réducteurs, exactement de la même
manière que le d. fructose, dont elle représente un dérivé immédiat.
» Comme ce dernier, l'isoglucosamine fournit donc un nouveau moyen
de passer de la série de la mannite à celle de la sorbite, ou inversement,
sans qu'il soit besoin d'éliminer son azote.
66o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Dans les mêmes conditions, la d. glucosamine (de la chitine) n'est pas
sensiblement attaquée par l'amalgame de sodium, ce qui tient sans doute à
sa fonction d'aldéhyde, moins facilement attaquable que la fonction d'acé-
tone. Son oxime, qui devrait théoriquement fournir une base diaminée,
semble au contraire se détruire entièrement, avec émission d'ammoniaque
et formation de corps bruns incristallisables. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action du chlore sur r acétate de baryum.
Note de M. Albert Colson, présentée par M. Georges Lemoine.
« Comme je l'ai établi, l'acétate de plomb en solution acétique se
change en chlorure et en tétracétate plombiques sous l'action d'un courant
de chlore (^). Cette réaction constitue donc an moyen simple de mettre
en évidence la tétravalence d'un élément, en particulier la constitution
(O = Pb = O) du bioxyde de plomb. En l'appliquant au baryum, je n'ai pu
former aucune combinaison tétrabarytique de forme Ba X* : le baryum est
invariablement resté divalent, comme si le bioxyde répondait à la consti-
tution Ba( i .
\o
» Voici les faits. Après avoir dissous 6ë de carbonate de baryte dans 100*°''' d'acide
acétique pur, j'ajoute 5^ d'anhydride acétique pour éliminer l'eau résultant de la for-
mation de l'acétate de baryte; puis je sature de chlore sec à la température de 12°.
Il se forme le lendemain un précipité cristallin qui, essoré et lavé à l'acide acétique,
répond à la composition suivante après dessiccation dans l'air sec :
BaC12+Ba(C2H^02)2-t-2C^H*02
ou
2[BaCl.C=H302+C2H^02].
Ce sel double, cristallisé avec 1^°^ d'acide acétique, est bien un acétochlorure de ba-
ryum et non pas un mélange de chlorure et d'acétate, car il ne se redissout pas à froid
dans l'acide acétique générateur, même quand celui-ci ne renferme plus de chlore en
solution. D'autre part, si le dépôt contenait de l'acétate libre, c'est qu'il sortirait
d'une solution sursaturée d'acétate; a fortiori, la solution primitive qui, avant le
passage du chlore, contient tout le baryum à l'état d'acétate, serait elle-même sursa-
turée de ce sel qui, alors, serait immédiatement précipité par quelques parcelles du
dépôt. On ne constate rien de tel : le dépôt est donc exempt d'acétate libre.
(') Comptes rendus, avril igoS.
SÉANCE DU 27 OCTOBRE TQoS. 66t
» L'acctochloriire (Ba Ci .C'-H^O"- -1- C- 11^0-) s'obtient encore quand on dissout
l'acétate de barvum dans iacide acétique pur que l'on sature à froid par le chlore sans
l'avoir additionné d'anhydride acétique.
» Ce connposé, presque insoluble dans l'acide acétique, est au contraire solubledans
l'eau où il se comporte comme un mélange de chlorure, d'acétate et d'acide acétique.
Le barvum précipité dans ce singulier composé n'acquiert pas de propriétés radio-
actives, ou du moins la radioactivité de l'acétochlorure n'atteint pas la vingtième
partie de celle de l'uranium, d'après un examen dû à l'extrême obligeance de M. Curie.
» La genèse de l'acétochlorure devrait donner naissance soit à du peroxyde d'acé-
tyle, soit à de l'eau oxygénée :
2Cl + 2Ba(C^H30^)^=:2BaCl.C2IP0^4-(CM130)^0-.
» Quand l'aclion du chlore est épuisée et que la liqueur est redevenue incolore, elle
ne renferme aucun de ces corps, et les gaz qui se dégagent en petites quantités pen-
dant la réaction ne contiennent pas d'ozone, mais du gaz carbonique qui paraît souillé
de composés oxygénés du chlore. Ces faits montrent bien la résistance du baryum à
passer à la forme tétravalente.
» La formation de composés oxygénés du chlore (réagissant sur la baryte en solu-
tion acétique comme l'acide hypochloreux sur les alcalis) explique pourquoi le chlo-
rure de baryum vient souiller l'acétochlorure à mesure que l'on prolonge l'opération.
Ainsi, en isolant l'acétochlorure formé au bout de 12 à i5 heures, la liqueur se
trouble de nouveau et le précipité nouveau s'enrichit de jour en jour en chlorure de
baryum insoluble dans l'acide acétique. On arrive même à recueillir finalement BaCl^
à peu près exempt d'acétate.
)> Quand la réaction se fait à 100° en vase clos, le baryum se transforme en majeure
partie en chlorure, parfois même en totalité; si le chlore n'est pas en trop grande
quantité, aucun gaz ne se dégage et la liqueur incolore qui a déposé BaCl- n'est pas
oxydante à froid : le chlore paraît donc bien réagir ici encore comme il le ferait sur la
barvte dissoute ou sur tout autre alcali. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Coloriants azo'iques, solides, dètivés de V^-amino-
anthraqiiinone . Note de M. Charles Lautii, présentée par M, A. Haller.
« Les matières colorantes qu'on obtient aujourd'hui avec les produits
du goudron de houille sont si variées et si belles, qu'il paraît superflu de
chercher à en augmenter encore le nombre; c'est d'un autre côté que
doivent se porter les efforts des chimistes : leur but doit être d'obtenir des
couleurs qui, outre l'éclat et le bon marché, possèdent une qualité toujours
rare, celle d'une résistance suffisante à la lumière et aux agents chimiques.
» Tl m'a paru intéressant, dans cet ordre d'idées, de rechercher si les
combinaisons anthraquinoniqiies, qui sont solides en général, pourraient
C. R., igcS, 2' Semestre. (T. CXXXVII, N" 17.) «^7
662 ACADÉMIE DES SCIENCES.
donner naissance à des j3roduils de la grande famille des couleurs azoïques,
et si ces azoïques seraient résistants aux agents physiques et chimiques.
Les tentatives que j'ai faites, il y a phisieurs années déjà, soit de diazoter
l'amidoalizarine, soit de copuler les dérivés hydroxylés de l'anthraquinone
avec des combinaisons diazoïques étaient restées infructueuses. J'ai été
plus heureux en prenant comme point de départ l'ot-amidoanthraquinone;
on sait que ce corps peut se diazoter; j'ai constaté que ce diazo se combine
avec les agents ordinaires de copulation et donne naissance à des colorants
riches et très solides. (Pli cacheté déposé à la Société chimique de Paris, le
i*'*' mars igoS.)
» Le point de départ est l'anthraquinone, qu'il faut tout d'abord nitrer.
» NUvalion de V anthraquinone . — M. Liebermann a fait connaître en i883 un
bon procédé de préparation. Le suivant est encore plus avantageux : on dissout 200s
d'anlhraquinone dans 1200^"'' d'acide sulfurique à 66° B*^, et l'on ajoute à cette solu-
tion, goutte à goutte et sans refroidir, en agitant constamment, ôg*"™' d'acide nitrique
à 4o° B*^ ; la température doit monter à 5o° environ ; le mélange, fluide à ce moment, se
prend en masse par refroidissement; on y ajoute de la glace, puis on lave le précipité
jusqu'à neutralité. On obtient ainsi 235s de produit nitré fondant à 218" (p. indiqué
220") et qu'on peut utiliser sans autre purification pour la préparation du dérivé
aminé.
)) Réduction de V:/.-iiitroantliraqiti?ione. — 200s de nitro sont broyés avec 4oos de
sulfure de sodium crist. (32,3 pour 100 de Na-S); le mélange est additionné de 5',5o
d'eau et porté à l'ébullition pendant 70 minutes; pour s'assurer que la réduction est
complète, on prélève un petit échantillon du produit et on le chauffe à 100° avec une
solution de 5s de Na^S dans 10 p. d'eau; la moindre trace de nitro donne naissance à
une coloration verte qu'on aperçoit en écrasant la matière solide contre les parois de
la capsule; on continue à chauffer jusqu'à ce que cette coloration n'apparaisse plus. La
réduction terminée, on laisse refroidir et l'on filtre sur coton, à la trompe; les eaux
mères sont colorées en violet et renferment une petite quantité d'alizarine. On obtient
170S (environ la quantité théorique) d'a-amidoanthraquinone, bien cristallisée, fon-
dant à 240°.
» Diazolallon. — On dissout l'aminé dans dix fois son jooids d'acide sulfurique; à
la dissolution on ajoute peu à peu de la glace, de façon à avoir un précipité très ténu,
puis on étend de 100 volumes d'eau; on filtre pour éliminer la majeure partie de
l'acide sulfurique et jusqu'à ce qu'on ait ainsi séparé les ^f^ d'eau acide; le produit
filtré est additionné d'eau, de façon à avoir l'aminé délayée dans 70 fois son poids d'eau
acide, puis on y ajoute 45 pour 100 du poids de l'amido en nitrite de Na préalablement
dissous; on agite fréquemment et on laisse en contact pendant 20 heures environ.
» l^our s'assurer que la diazotation est complète, on prélève un échantillon et l'on
y ajoute GO^Na^, qui colore la masse en rouge s'il y a encore de l'aminé non trans-
formée. Pour plus d'exactitude, on précipite un échantillon de la liqueur diazotée par
un excès de CO^Na- ; on filtre et l'on reprend le précipité séché par l'alcool. La pré-
SÉANCE DU 27 OCTOBRE igo3. 663
sence del'a-amino est aisément constatée au microscope, cette aminé cristallisant très
facilement en longues aiguilles. On peut d'autre part reprendre le produit de i'évapo-
ration de l'alcool par l'acide acétique cristallisable ; ajouter à la solution AzO^Na, et
une trace de sulfonaphtol, qui donnera une coloration rouge intense s'il subsiste de
l'aminé non transformée.
» Copulation. — Le composé diazoïque ainsi préparé se combine aisément aux
aminés et aux phénols, sulfonés ou non, en donnant naissance à des matières colo-
rantes. On réalise cette préparation en versant le produit de la diazotation, en suspen-
sion dans l'eau, dans les agents de copulation dissous dans CO^* Na^ ; on laisse en contact
jusqu'à solubilité complète dans l'eau chaude, ce qui exige quelques he.ires, puis on
précipite par ClNa.
M On obtient ainsi :
)> Des rouges avec le p-naphtol-6-sulfo (sel de Schaeffer), le ^-naphtol-
8-sulfo (sel de Rumpf), le p-naphtol-3-7-disLilfo (sel R), le p-naphtol-
3-8-disuifo (sel J), le P-naphtol-7-sulfo, l'acide naphtionique;
)) Des amarantes avec ra-sulfonaphtol (sel de Piria), le dinaphtol-i-8-
disulfo-3-6 (acide cIiromoLropique);
>) Des bnms avec l'cc-naphtol, la résorcine, le mctamidophénol, l'acide
ortho et métacrésotinique, la fi-naphtylamine monosulfo-6 (sel de Brœnner),
la toluylènediamine, la ^-naphtylamine, la diphénylamine, l'acide salicv-
lique;
» Des violets avec l'a-naphtylamine, ra-naphtolamino-8-disulfo-3-6
(acide H).
» La teinture de la laine s'effectue aisément avec ces colorants en pré-
sence d'acide sulfurique et de SO^Na^ Les couleurs obtenues sont, en
général, belles et très pures. Celles qui dérivent des sulfonaphtols et des
aminonaphtols sulfonés sont très solides à la lumière; elles résistent égale-
ment au foulonnage; les autres sont peu résistantes.
» Les rouges, notamment ceux qui sont obtenus avec le sel de Rumpt,
résistant à l'action du bichromate acide, peuvent être employés pour obtenir
des teintures mixtes avec certains colorants qui nécessitent l'emploi de cet
agent, et donner ainsi d'autres couleurs solides.
)) Les dérivés sulfonés de l'anthraquinone, nitrés et réduits, donnent
les mêmes résultats que l'a-amidoanthraquinone elle-même.
« C'est ainsi qu'en nitrant, d'après le procédé de Claus, l'anthraquinone
monosulfonée et réduisant le nitro par le sulfure de sodium on obtient
l'aminoanthraquinone sulfonée qui, après diazotation, a été combinée aux
agents de copulation. Les colorants obtenus sont plus solubles dans l'eau
que ceux qui dérivent de l'aminoanthraquinone elle-même. Ils teignent la
laine dans les mêmes conditions.
6o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» La présence d'un groupement sulfonique permet la formation de sels,
qui ont des couleurs spéciales; aussi en ajoutant aux bains de teinture cer-
tains composés métalliques, ou en passant les étoffes teintes dans une
dissolution cle ces composés, on modifie les nuances primitives: tel est le
cas, par exemple, des sels de cuivre et du Lichromate de potassium qui
donnent naissance à des couleurs variant du violet au brun. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Étude sur quelques pains anciens.
INoLe de M. L. Lixdet, présentée par M. Schlœsing.
« Les fragments de pain que la Science archéologique a pris soin de
recueillir se présentent avec un aspect et une composition chimique qui
dépendent des conditions matérielles auxquelles ils ont été exposés.
» Pain de Ponipéi. — Les pains découverts à Pompéi sont les plus connus; ils ont
été décrits et analysés par de Luca ( ' ) ; ils se présentent sous la forme d'un charbon
poreux, dans lequel on ne peut trouver trace des éléments du pain, et renferment, à
la façon du coke, une notable quantité d'azote (2,6 à 2,8 pour 100).
» Cet azote n'est pas à l'état de sels ammoniacaux, puisqu'il ne se dégage pas à l'état
d'ammoniaque en présence de la magnésie, ni à l'état d'aminés, pouvant être décom-
posées par la soude. Il est en cet état particulier que l'on peut désigner sous le nom
A'azote cyaidque, capable par la chaleur sèche, de fournir de l'indol, de la pjridine ou
du paracyanogéne; là molécule azotée y est, en somme, dans les dernières limites de sa
décomposition et le fragment semble avoir été l'objet plutôt d'une calcination que
d'une dégradation par voie humide, comme le sont certains objets trouvés à Pompéi,
et notamment des grains de blé, signalés par INI. Berthelot (-). Il est évident que
cette quantité d'azote, qui subsiste dans le charbon d'une matière organique calcinée,
est en relations avec la température à laquelle cette matière a été soumise, en sorte
que le dosage d'azote nous donne une idée de la température à laquelle ces pains ont
été exposés. En chaufi'ant, en vase clos, à 35o°-4oo° l'^) un morceau de pain compact,
j'ai obtenu un charbon poreux, identique d'aspect aux échantillons trouvés à Pompéi,
renfermant 2,81 pour 100 d'azote, alors que l'un de mes échantillons dosait 2,65
pour 100. Les géologues s'accordent d'ailleurs à dire que les cendres du Vésuve qui
ont couvert Pompéi n'étaient pas très chaudes.
» Toute trace d'amidon, de cellulose a disparu; il reste cependant des matières
ulmiques, susceptibles de fournir par la distillation sèche une petite quantité d'acide
acétique.
(*) Comptes rendus, t. LVII, i863, p. [\-b.
(-) Journal de Ph. et de Ch., t. XLIV, i863, p. 4o2.
(^) Pour estimer cette température, j'ai introduit dans le morceau de pain des irag-
ments de plomb et des fragments de zinc; les premiers seuls ont fondu.
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1903. 665
» Les fragmenls donnent nettement la réaction des chlorures; Pline nous dit que
les Romains introduisaient du sel dans les pâtes (').
» Pain des stations lacustres, — C'est dans un état analogue que se présentent les
pains découverts dans différents lacs, après l'incendie des stations lacustres. Dans un
échantillon provenant de la station des Corcellettes, au lac de Neufchàlel (âge de
Bronze), je n'ai constaté qu'un charbon azoté (Az ^ 2,46 pour 100) enrobé de débris
végétaux. Dans un second échantillon moins carbonisé, de teinte légèrement rousse
(Az=r4,69 pour 100), et provenant du lac du Bourget (âge de Bronze), j'ai pu
nettement distinguer les débris de grains qui subsistent encore et spécialement des
•fragmenls de l'épiderme extérieur de la balle de l'orge, en même temps que quelques
grains d'amidon. L'orge est d'ailleurs la céréale la plus anciennement connue, et a été
rencontrée dans les palafiltes de la Suisse et de la Savoie.
» Pain des tombes égyptiennes. — Les pains destinés à la nourriture des morts, et
que l'on enfermait dans leurs tombes, se sont admirablement conservés et se retrouvent
aujourd'hui tels qu'ils y ont été introduits. On rencontre dans les tombes égyptiennes,
tantôt des pains non levés, pétris en forme de galettes, tantôt, au contraire, des pains
levés. Les Egyptiens connaissaient d'ailleurs le levain, puisque la Bible nous apprend
que les Hébreux en faisaient usage. Les deux échantillons que j'ai eus entre les mains
étaient des pains non levés, complets, dans lesquels j'ai pu reconnaître aisément les
débris de l'enveloppe de l'orge (épiderme extérieur et hypoderrae fibreux de la balle,
cellules de l'assise protéique, poils radicellaires) ; or, on sait que le gluten de l'orge
n'est pas doué de propriétés élastiques; le pain d'orge ne pouvait pas lever. La ptite
renferme une quantité de gluten et une quantité d'amidon que l'on peut considérer
comme normales.
» J'ai constaté dans mes deux échantillons, d'une part, 11, 25 et 11,44 pour loo de
matière azotée "(Az= 1,80 et i,83), et, d'autre part, 68,0 et 65,2 pour 100 d'amidon.
Cet amidon, comme dans un pain cuit, se trouve sous deux étals : une partie est solu-
bilisée à l'état d'amidon soluble et de dextrine (20,4 pour 100). Elle a plus d'impor-
tance que dans les cas ordinaires, parce que le pain a été légèrement torréfié, ainsi
que le prouve l'acidité de la pâte. L'autre partie est à l'état d'empois gonflé; on ne
rencontre que de rares grains d'amidon qui soient restés intacts. J'ai montré (-) que
Ton mesure le degré de gélatinisation en traitant le pain par l'acide chlorhydrique
à i''"',5 pour 100, et là encore on constate que la quantité d'amidon qui se dissout
dans l'acide faible s'élève au delà des limites ordinaires (21 ,3 pour 100). Un des pains
renferme 4)5 pour 100 de cendres dans lesquelles on constate la présence des chlo-
rures. Les sels employés par les Egyptiens étaient riches en nitrates; on peut déceler
ceux-ci dans le pain par le diphénylamine.
» Pain romain d'Aoste [Isère). — En i85G, des fouilles ont permis de découvrir à
Aoste (Auguslum) divers objets romains au milieu desquels s'est trouvé un fragment
de pain représentant le quart d'une miche de So'^™ à 40'^'" de diamètre. Cette miche
est entièrement transformée par moulage et remplissage en un morceau de grès à
0 Pline, Hist. nat.. Livre XVill, § 26.
(^) Comptes rendus, t. CXXXIV, 1902, p. 908.
666 ACADÉMIE DES SCIENCES.
éléments granitiques (feldspath et mica blanc) ; la pseudomorpliose présente un intérêt
qui n'est pas exclusivement géologique; j'ai trouvé, [en effet, enclavés dans le grès,
quelques rares grains d'amidon; ces grains, non déformés par la cuisson, ont résisté à
l'action des eaux qui ont apporté ces éléments granitiques; les grains qui étaient à
l'état muqueux ont été détruits, ainsi que le gluten. L'examen microscopique permet
de conclure que les grains d'amidon proviennent du froment. »
GÉOLOGIE. — Sur ta Structure tectonique de Vile d'Eubée.
Note de M. Deprat, présentée par M. Fouqué.
« Je distinguerais en Eubée quatre séries de plissements :
» I. Plissements anlécarbonifériens. II. Plissements antélriasiques (her-
cyniens). 111. Plissements éocènes(antéoligocènes). lY. Plissements post-
sarmatiques. Ces séries sont bien marquées par des discordances.
» 1. Les plissements antécarbonifèresont amené une première phase de
ridement sur 'l'emplacement actuel des monts Gallzades dans la région
septentrionale. Une partie des plis de la région méridionale, surtout dans
le massif de l'Ocha, appartiennent h cette phase. Leur âge antécarbonifé-
rien est nettement indiq-ué par la transgression des calcaires à fusulines
et à Bellerophon hiulcus que j'ai signalés ( ' ) près de Gallzades et qui se pré-
sentent en lambeaux sur les tranches relevées des schistes et arkoses des
Gallzades.
» IL La période carboniférienne a été suivie d'une nouvelle surrection de
plis appartenant au système hercynien. Ces plis, de direction SO-NE
prennent dans les régions méridionale et centrale la forme des plis amyg-
daloïdes (brachysynclinaux et brachyanliclinaux), affectant les séries dévo-
nienne de Seta et carboniférienne de Sléni et des monts de Vathya. Ils
sont souvent extrêmement aigus et forment des séries d'isoclinaux empilés
les uns contre les autres et généralement déversés vers le sud-est. Dans
la région septentrionale ils sont déversés généralement vers le massif thes-
salien, c'est-à-dire vers le nord-est.
» Ces deux séries de plis paraissent s'être moulées contre deux massifs
résistants, le massif archéen thessalien au nord et un grand massif égéen
ancien effondré au sud.
» IIL Avec les temps secondaires une forte submersion de la région eut
lieu, et les eaux marines riosiques l'envahirent, arrosant les plis hercyniens
(1) Comptes rendus, janvier igo3.
SÉANCE DU 27 OCTOBRE IQoS. 667
et édifiant sur cette jDénéplaine des conglomérats puissants. La région paraît
avoir alors acquis une stabilité relative.
» Pendant l'époque turonienne, une ébauche des grands mouvements
pyrénéens se prépare par un ridement signalé par les conglomérats de
l*Ochtonia.
>) Enfin nous arrivons à la fin de l'éocène, après les derniers dépôts du
flysch. Un mouvement puissant se produit, amenant la production de plis
allongés, dirigés dans le nord de l'île, parallèlement aux plis des monts
Galtzades et prenant dans la région centrale une direction 0-E, pour
rebrousser vers le nord-est dans la région de l'Ochtonia. Les phénomènes de
refoulement atteignaient à cette époque une remarquable intensité, ame-
nant la formation de plis déversés et même de chevauchements et de' char-
riages importants. Ces plissements comprennent :
>) I» L'axe anticlinal des monts de Hialtra (Hjgla-Lutra), dans la presqu'île de
Lithada. Dinge 0-E dans la partie septentrionale, cet axe s'infléchit vers le sud-est
formant ainsi, par son prolongement, l'axe anticlinal des monts Kandili; on obtient
ainsi une vaste courbe dont la concavité est tournée vers le continent grec Ce pli à
mesure que nous avançons vers le centre de l'île, se renverse et se couche de plus en
plus vers le nord-ouest, formant une masse de recouvrement puissante sur les plis cen-
traux des monts Pjxaria.
» Il faut noter ce fait que le renversement de la chaîne des Kandili et des monts de
Kondodespoti, qui atteint son maximum dans la région d'Apokrjmno et dans les
monts Pyxaria, s'atténue de plus en plus vers le nord-ouest, de sorte que les plis de
Lithada appuyés contre le massif résistant hercynien de Galtzades ne subissent aucun
déversement et sont normaux. Le point fixe de l'axe se trouve en cette dernière ré-ion
et représente le point d'application de la résistance offerte par le massif ancien de
Galtzades; dès que cette résistance a cessé de se faire sentir, le pli a pu se dérouler
librement sur le synclinal des monts de Pagondas et d'Apokrymno.
» 2- Au système pyrénéen appartiennent des chaînons du Xeronoros, du mont
Psara pourvus d'une direction NO-SE (région septentrionale).
» 3° Parallèlement au système Lithada-Kandili, s'allongent sur la côte occidentale
les phs des Garakovouni, Mavrovouni, Delphi, Pyxaria, affectant les terrains secon-
daires. Tous sont déversés largement vers la dépression égéenne. L'ensemble des axes
de tous ces plis varie comme direction entre 5o° et 3o° d'obliquité par rapport aux
axes des plis hercyniens; il subit des flexions, des sinuosités curieuses, moulant les
régions antérieurement plissées, comme l'axe synclinal Drakospilo-Parameritaes
moule le dôme de l'Olympe.
» 4° Dans la région des monts Sukaron (pays de Kumi), nous avons constaté
1 existence d'une puissante série de plis parallèles déversés vers le nord-est et recou-
verts par une lame charriée d'amplitude variant entre o""" et 8"^™.
» L'ensemble de ces plis montre remarquablement le moulage des mas-
668 ACADEMIE DES SCIENCES.
sifs anciennement plissés par les chaînes nouvelles. On peut noter aussi
l'influence du subslratum schisteux primaire sur lequel les plis postérieurs
crétacés se sont formés souvent sans l'afTecter, glissant pour ainsi dire sur
une surface lubrifiante.
» IV. Enfin les mouvements postsarmatiques, échos des mouvements
alpins, ont affecté les sédiments tertiaires aquitanéens de Rumi ainsi que
les dépôts sarmatiens sur lesquels les dépôts levantins (pontico-pliocènes)
se sont formés en discordance (bassins de Ronistraes, Simlia, etc.). Puis
les grands effondrements postpliocènes ont eu lieu amenant la production
d'un réseau de failles orthogonales de direction NO-SE et NE-SO.
» Les premières, perpendiculaires au petit axe de l'île, et ayant amené
l'effondrement oriental sur la mer Egée, la formation de la fosse d'Atalante-
Euripe, les secondes la formation du canal Oreos-Tricheri et les grandes
cassures de la région méridionale, dont une des plus importantes, celle de
Seta-Rala, à Rumi, a donné naissance au cumulo-volcan d'Oxylilhos.
» Quant aux relations des plis pyrénéens-eubéens avec ceux des régions
voisines, elles sont très nettes; on peut constater que, dans le nord, ils sont
en moyenne parallèles à ceux de l'Othrys moulé sur le massif thessalien ;
puis, après avoir pris une direction NO-SE dans la région crntrale, ils se
moulent contre les plis hercyniens méridionaux, dans lesquels il faut cher-
cher le prolongement des plis de l'Hymette, du Pentélique (dans l'Attique)
et de Makronysi; le passage de ces plis aux plis eubéens hercyniens appa-
raît nettement par leur orientation; du reste, les îles Pelali et Berdugi
ménagent le passage entre les plis eubéens et ceux du continent.
)) 11 faut retenir surtout des faits précédents les deux directions prin-
cipales hercynienne et pyrénéenne, car ce sont elles qui ont imprimé à la
région eubéenne les traits généraux de son orographie actuelle. Il faut
noter aussi l'intensité des plissements et tles phénomènes de chevauche-
ment; leur grand intérêt réside en ceci qu'ils ont été récemment observés
en Crète et dans le Péloponèse par M. Cayeux ('), montrant, comme ce
dernier le fait ressortir, « l'existence sur le parcours de l'arc dinaro-
)) laurique de M. Suess, de complications tectoniques analogues à celles
» du système alpin. »
(') Phénomènes de charriage dans la Méditerranée orientale {Comptes rendus,
i6 février iQoS).
SÉANCE DU 27 OCTOBRE igoS. 669
PHYSIOLOGIE. — Élude des contractions musculaires et des réflexes chez le
Stichopus regalis. Note de M. Victor Henri, présentée par M. Alfred
Giard.
« Les muscles longitudinaux du Stichopus regalis présentent, par leur
développement et par leur disposition anatomique, de grands avantages
pour l'étude physiologique des muscles lisses et des réflexes. Ces muscles
ont une longueur égale souvent à 20'=™ pour un diamètre de 5™™ à 7™"!;
leur structure histologique montre qu'ils sont formés de fibres muscu-
laires sans striations, très longues, qui d'ajjrès certains auteurs auraient
une longueur égale à celle du muscle.
» 1° Contraction localisée du muscle. — Une excitation (mécanique, thermique,
chimique ou électrique) d'un point quelconque d'un muscle longitudinal provoque
une contraction de la région excitée du muscle; cette contraction reste localisée au
point excité, elle ne se propage pas le long du muscle. C'est une contraction lente,
qui dure environ 2 secondes.
)) 2° Absence d'onde de contraction. — Lorsqu'on place sur le muscle deux élec-
trodes à la distance de plusieurs centimètres et si l'on fait passer un courant
constant, on voit, au moment de la fermeture du courant, que le muscle se contracte
seulement aux deux points de contact des électrodes, la partie intermédiaire reste
normale; au moment de l'ouverture du courant il se produit de nouveau une contrac-
tion aux deux points de contact des électrodes. Le phénomène est le même si l'on
excite par un choc d'induction ou par une série de chocs même très intenses et pro-
longés. Jamais on n'arrive à produire une contraction d'une longueur de muscle
dépassant 2'^"; on observe toujours une cont. action seulement aux deux points de
contact des électrodes.
» 3» Réflexes élémentaires. — Lorsque, sur un animal entier ou sur une tranche
transversale, on excite mécaniquement un point quelconque de la surface externe du
corps, on observe une contraction d'une région bien limitée d'une paire de muscles
qui se trouve en face du point excité; une seule excitation sensitive provoque toujours
une contraction réflexe, c'est là un réflexe élémentaire sans coordination (laquelle
existe toujours dans les réflexes des animaux vertébrés). Une excitation plus forte ou
une série de chocs mécaniques produit une contraction d'une plus grande longueur
de muscle.
» 4° Action des poisons. — En appliquant une goutte de solution faible de strych-
nine sur la membrane qui réunit un muscle longitudinal avec la paroi du corps, mem-
brane dans laquelle passent les ramifications nerveuses qui partent des nerfs radiaires
pour innerver les muscles, on observe que la sensibilité est augmentée : une excita-
tion très faible provoque une forte contraction de la paire de muscles en facedu point
touché, et le muscle reste contracté pendant plusieurs secondes.
G. R., 1903, 2« Semestre. (T. CXXXVII, N° 17.) 88
b-^O ACADEMIE DES SCIENCES.
» L'atropine appliquée dans les mêmes conditions diminue et finit par abolir com-
plètement la transmission réflexe.
» La nicotine produit au début une forte contraction de la région correspondante
du muscle, puis un relâchement de ce muscle; à ce moment, les excitations de la sur-
face externe du corps ne provoquent pas de réponse réflexe, mais le muscle lui-même
reste bien excitable. En lavant à l'eau de mer la nicotine, on voit les réflexes reparaître.
» 5° Réflexes généralisés. — Lorsqu'on excite faiblement un point de la partie
antérieure du corps (région péribuccale) on observe une contraction d'une longueur de
quelques centimètres d'une paire de muscles longitudinaux. Si l'excitation est plus
forte, plusieurs paires de muscles se contractent dans leur partie antérieure. Enfin,
des excitations fortes répétées provoquent la contraction des muscles sur toute leur
longueur. Cette contraction est très forte : par exemple un muscle de 20'='" devient égal
à 6'='". Donc, par l'intermédiaire de l'anneau buccal, on peut obtenir des réflexes géné-
ralisés, ce qui était impossible par l'intermédiaire des nerfs radiaires. L'anneau ner-
veux apparaît donc comme un centre nerveux supérieur aux centres nerveux disposés
le long des nerfs radiaires.
» La transmission de l'excitation nerveuse se fait de l'anneau buccal par les nerfs
radiaires qui envoient des branches nerveuses transversales aux muscles longitudinaux.
En eflet, on peut sectionner la membrane qui réunit un muscle avec la paroi du corps
sur une longueur quelconque sans léser ni le muscle ni le nerf radiaire ; on constate
alors qu'une excitation de la région buccale provoque une contraction de toute la lon-
gueur du muscle sauf celle qui est séparée du corps. »
Physiologie expérimentale. — Sur l'excitation des nerfs et des muscles
par décharges de condensateurs. Note de M. J. Cluzet, présentée par
M. Marey.
« I. La loi d'excitation découverte par M. Weiss permet de déterminer
tous les éléments d'une décharge de condensateur qui produit ie seuil de
l'excitation. D'après M. Weiss, le seuil de l'excitation est atteitit lorsque
la quantité d'électricité pénétrant dans le nerf égale a -^ bt {a t^i b sont des
coefficients dépendant du nerf et des conditions expérimentales, t est la
durée de l'excitation); l'équation suivante donne le temps au bout duquel
la décharge de condensateur a terminé son effet excitant :
(i) V,Cl^i-e '''■) = a ^bt,
Vo est le potentiel de décharge, C la capacité du condensateur, R la résis-
tance du circuit de décharge dont la self-induction est supposée né-
gligeable.
» Pour résoudre l'équation (i) on observe que la droite j = a -\- bt est
SÉANCE DU 27 OCTOBRE IQoS. 67 1
tangente à la courbe y'= V^C w — e ^^ ) pour le seuil de l'excitation : la
solution cherchée est la racine double de l'équation (1). On trouve ainsi
(O ' = ^^
où t est la durée utile à l'excitation en secondes si ¥„ est exprimé en volts,
C en farads, R en ohms. Remarquons que dans cette expression il entre
un facteur contenant V^; or Vo varie avec C, donc la durée utile de la
décharge d'un condensateur n'est pas, comme on l'avait supposé jusqu'ici,
proportionnelle à la capacité quand la résistance est constante.
» En donnant à t la valeur ainsi trouvée, la formule de décharge d'un
condensateur donne, pour valeur du potentiel au moment où l'effet exci-
tant de la décharge cesse,
» La quantité d'électricité quia seule déterminé l'excitation est donc
q = C(Y,-bK)
et la loi générale d'excitation par décharges de condensateurs s'écrit
(2) C(Y,-bY{) = a + bRCc^.
Cette équation résolue par rapport à C donne la valeur de la capacité du
condensateur qui, chargé à un potentiel donné V„, provoque le seuil de
l'excitation ; on a en effet
(2') c =
a
V,-6R(, + C^
» L'énergie déterminant le seuil de l'excitation sera
('^) w='iC{Vl-b'R') = iia
bRli^r ^«
6R
Cette quantité d'énergie utile est minimum pour la valeur Vo = 2,914 qui
annule la dérivée. En portant cette valeur du potentiel dans les formules
(i'), (2), (3), on obtient la durée de la partie utilisée d'une décharge qui
provoque le seuil de l'excitation avec le minimum d'énergie, la capacité
du condensateur et la valeur de cette énerg^ie utilisée minimum; on ob-
6^2 ACADÉMIE DES SCIENCES,
tient ainsi
^ = 1,267 1, C = ^-g^, (*^ = 44,38o«Z»R.
» IL Pour vérifier l'exactitude de ce qui précède, j'ai d'abord déter-
miné, sur un certain nombre de nerfs, les coefficients a et 6 pnrun procédé
analogue à celui qu'employait M. Weiss pour l'établissement de sa loi.
A l'aide de décharsfes de condensateurs je déterminais ensuite les valeurs
de Vq qui, pour chaque capacité employée, donnaient le seuil de l'exci-
tation. Pour les capacités moyennes, l'équation (2) a toujours été trouvée
vérifiée : la différence entre les valeurs des deux nombres a toujours été
aussi petite qu'on pouvait le désirer.
)) Un autre procédé de vérification consiste à mesurer, au moyen d'un
galvanomètre balistique, la quantité d'électricité inactive de la décharge
qui doit être, d'après ce qui précède, égale à CèR.
» III. Il est encore possible de vérifier la formule (2) en partant du
minimum d'énergie de la totalité de la décharge provoquant le seuil de
l'excitation, minimum observé et mesuré par MM. Cybulski etZanietowski,
Dubois, Hoorweg, Waller, Weiss.
» L'énergie totale de la décharge, W = 5G Vj, devient, en vertu de ( 2'),
V-
dont le minimum a lieu pour ¥„ = 3,5i3èR.
)) La durée utile, la capacité et l'énergie totale correspondant à ce
minimum sont
b I ,255 on
» Inversement ces formules donnent la valeur des coefficients a et 6
si l'on connaît les éléments de la décharge donnant le seuil de l'excitation
avec le minimum d'énergie totale. On a
t>K = Ty — p — TT' CL = 'jVm 5 — F"^' ^ -— ô~H 5~î7*
3,5i3 6,016 . 6,016 i\
» Connaissant ainsi les valeurs de a et b, on peut vérifier l'exactitude
de l'équation (2) et, en même temps, calculer les éléments utiles de
la décharge. »
SÉANCE DU 27 OCTOBRE igoS. 678
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Le siège des convulsions épilepti formes
toniques et cloniques. Note de M. Nixo Samaja.
« M. Battelli a récemment montré qu'on peut provoquer chez le chien,
au moyen de Tapplication d'un courant alternatif (électrodes, bouche et
nuque), une crise convulsive épileptiforme caractérisée par une phase
tonique suivie d'une phase clonique {Société de Biologie, 4 juillet igoS).
» M. le professeur J.-L. Prévost m'a engagé à employer cette méthode
pour étudier, dans son laboratoire et sous sa direction, les convulsions qui
persistent après l'application des courants alternatifs, afm de déterminer
si ces phases convulsives (tonique et clonique) sont sous la dépendance
de centres nerveux différents.
)) Les résultats que j'ai obtenus, en employant un voltage de 11 à
1 10 volts pendant une seconde, peuvent se résumer comme suit :
» Chez le chien, le chat (adulte ou nouveau-né), le lapin, le cobaye, après la section
transversale de la moelle, l'application des électrodes, de la surface de section à l'anus,
ne provoque que des convulsions toniques.
» Chez le chien et le chat adultes, l'ablation complète à la curette des deux zones
psycho-motrices rolandiques abolit les convulsions cloniques: les convulsions toniques
seules persistent.
» Si l'ablation n'a pas été totale, on observe des convulsions cloniques limitées au
territoire musculaire correspondant aux parties de la zone restées intactes; tandis que
l'ablation de n'importe quelle partie de l'écorce, en dehors de la zone rolandique, ne
modifie aucunement la crise des convulsions cloniques,
» Les chats nouveau-nés, dont l'écorce rolandique n'est pas encore excitable,
n'offrent que des convulsions toniques. Les convulsions cloniques n'ont pu être pro-
voquées chez eux que le dix-huitième ou le dix-neuvième jour.
» Chez les cobayes, l'ablation de la couche corticale motrice, ainsi que celle du
cervelet, la section transversale complète du cerveau, au-dessous des tubercules qua-
drijumeaux ou au-dessiis du calamus scriptorius, ne modifient pas la forme des
convulsions.
» Les cobayes nouveau-nés présentent, dès la naissance, les mêmes réactions que
les adultes.
» Chez les lapins, les convulsions présentent une phase tonique suivie d'une phase
clonique. L'ablation de la couche corticale motrice ne modifie pas la forme des
convulsions.
» Chez les grenouilles vertes, l'application d'un courant alternatif de 11 volts pro-
voque les mêmes convulsions tonico-cloniques de la tête et des membres, soit qu'on
place les électrodes à la tête, soit qu'on le fasse de la tête à l'anus. L'ablation des
6-;4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
hémisphères cérébraux, celle des hémisphères et des lobes optiques ne modifient nul-
lement les convulsions.
» L'application des électrodes à la moelle, après section transversale complète de
cet oro^ane, donne la même forme de convulsions cloniques.
)) Ces résultats expérimentaux m'autorisent à tirer les conclusions gé-
nérales suivantes :
» 1. La zone corticale motrice est le centre exclusif des convulsions
cloniques chez le chien et le chat adultes. Le reste de l'axe cérébro-
spinal ne peut donner, chez eux, que des convulsions toniques. Chez les
Mammifères moins élevés dans la série animale (lapins et cobayes), de
même que chez le chien et le chat nouveau-nés, et chez la grenouille
verte, l'écorce motrice n'est pas le siège d'un centre convulsif.
» 2. Le bulbe ou l'isthme de l'encéphale, chez le cobaye et le lapin, sont
le siège des convulsions cloniques. Chez le cobaye et la grenouUle verte le
bulbe isolé de l'isthme de l'encéphale est encore le siège d'un centre
convulsif clonique.
» 3. La moelle, dans toute son étendue, chez tous les Mammifères, est
le siège d*un centre exclusivement tonique; elle ne provoque jamais de
convulsions cloniques.
» Chez la grenouille verte la moelle provoque, au contraire, des convul-
sions cloniques.
» Nous voyons donc que le centre convulsif clonique remonte progres-
sivement, dans l'échelle animale, depuis la moelle jusqu'à l'écorce céré-
brale : bulbo-médullaire chez la grenouille verte, bulbaire ou basilaire
chez le cobaye et le lapin, il devient cortical chez le chien et le chat
adultes.
» Chez l'homm.e, puisque chez les décapités le tronc ne présente aucun
signe de convulsions, le siège des convulsions toniques est exclusivement
basilaire; celui des convulsions cloniques, cortical. »
CHIRURGIE. — Nouveau perforateur à ressort, dentaire et chirurgical. Note
de MM. J. Bercut et A. Doxat, présentée par M. Lannelongue.
« Ainsi qu'on le sait, les dentistes n'ont actuellement à leur disposition,
pour le travail des dents, que le tour à pédale et le tour électrique.
» Dans le premier de ces appareils la rotation est communiquée à la fraise à l'aide
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1903. 6j5
d'une roue mise en mouvement par le pied de l'opérateur; ce dernier, du fait même
de ce travail, est obligé de fixer son attention à la fois sur le maintien constant et
régulier de cet effort et sur la dent qu'il opère. De celte double attention, portée
simultanément sur deux points différents, il résulte au bout de très peu de temps une
grande fatigue, fatigue qui a fatalement pour conséquence le manque de stabilité de la
main qui travaille. A tous ces défauts on peut ajouter que l'instrument n'est pas fa-
cilement transportable et ne permet que difficilement les soins à domicile.
» Dès que l'électricité a fait son apparition dans les villes, les dentistes l'ont utilisée
pour faire tourner leurs fraises. L'appareil courant dont ils se servent n'exige évidem-
ment aucun effort, mais le pied de l'opérateur étant obligé d'en régler la vitesse, l'at-
tention se trouve encore ici attirée sur deux points différents. De plus, cet appareil
ne peut être déplacé et n'est utilisable que dans les villes où il y a de l'électricité.
» Il y avait donc là une lacune à combler et l'appareil que nous avons
l'honneur de présenter à l'Académie a pour but de répondre aux nombreux
desiderata formulés plus haut.
» Ce perforateur, qui tient tout entier dans la main, se compose, ainsi
que le montre la figure ci-dessus, d'une boîte cylindrique A, renfermant
un ressort et un mouvement d'horlogerie destinés à provoquer la rotation
rapide d'une tige à l'extrémité de laquelle on peut adapter divers outils,
tels que fraises, moules, brosses circulaires, porte-fraises et porte-scies.
» Le système de ce perforateur est tel qu'on peut communiquer soit un
mouvement de rotation, soit un mouvement de translation, soit un mou-
vement rectiligne. Il se monte à l'aide d'une clef; la mise en marche, la
vitesse et l'arrêt sont réglés à l'aide d'un déclic sur lequel on presse; on
peut faire varier ainsi la vitesse de 5oo à i5oo tours à la minute.
» Grâce à cet appareil on ouvre un sinus frontal et maxillaire en deux
secondes, et en dix secondes on perfore les os dans leur partie la plus épaisse;
la disposition de la fraise est telle que les débris sont rejetés à l'extérieur
et la profondeur à laquelle elle doit pénétrer est réglée au moyen d'un
disque à vis. Vu la vitesse avec laquelle on opère, on peut, dans certains
cas, n'employer que l'anesthésie locale.
» Le poids de l'instrument maintient la stabilité de la main sans fatigue
et il n'y a pas à craindre les vibrations, comme avec les autres tours.
» En résumé, ce perforateur est d'un maniement très commode, il est
6^6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
facilement transportable dans la poche et peut servir à plusieurs opérations
à domicile. »
HYDROLOGIE. — Sur la courbe des débits d'une source.
Note de M. Edmoxd Maillet.
« Considérons une source issue d'une nappe souterraine (terrains per-
méables), et des périodes P où les pluies ne profitent pas sensiblement à
celte nappe, conformément à la loi que Dausse a indiquée pour le bassin
de la Seine (énoncé de Belgrand, La Seine, éludes hydrologiques, Paris,
1872, p. 65). Admettons que, dans ces périodes, un régime tende à s'éta-
blir de façon qu'à chaque valeur du débit Q de la source corresponde une
valeur unique du volume V d'eau qui y est contenu, V étant fonction
croissante de Q : l'équation de continuité dY = — Q^dt, avec V =/(Q),
conduit à la relation
(i) ^-^o = ?(Qo)-?(Q), ?'(Q) = -^^-
» Le régime en question, s'il existe, sera dit le régime propre ou non
influencé de la source.
» Avec deux axes rectangulaires OQo (abscisses), OQ ordonnées, con-
struisons, d'après les résultats de l'expérience, les courbes / — /(, = const.
Au moyen du graphique obtenu, quand nous serons dans une période P,
connaissant Qo au temps /„» nous pourrons prévoir à l'avance le débit Q.
(i) peut encore s'écrire :
(2) /+ 9(Q) = /o-'-?(Qo) =^ = const.,
T étant une constante spécifique de la source. Prenant deux axes rectan-
gulaires Oi^ (abscisses), 0< Q (ordonnées), (2) représente une courbe, que
nous pourrons encore construire d'après les résultats de l'expérience, et
que nous appelons la courbe des débits de la source {dans les périodes de
régime propre). Q est fonction décroissante du temps t.
» Si les périodes Psont assez longues, les prévisions faites à l'aide de (i)
ou (2) seront des prévisions à longue échéance.
» Le graphique (i), plus commode à construire que la courbe (2), a
des propriétés intéressantes qui peuvent en faciliter la construction. Sup-
posons que nous attribuions à / — /„ des valeurs en progression arithmé-
SÉANCE DU 27 OC'J'OBRE 1903. 677
tique : les courbes t — t^ ~ i, 2, 3, ... se déduisent de la courbe t — l^ = i
par une construction géométrique simple. Elles sont toutes comprises pra-
tiquement entre la bissectrice de QOQ„ et l'axe OQ^, dans le premier qua-
drant. La condition nécessaire et suffisante pour que le tarissement de la
source ne se produise jamais est que toutes les courbes t — t^^ = const.
passent par l'origine. Si la courbe ^ — ;„ = i est concave ou convexe vers
les Q positifs, les autres courbes le sont en même temps. Quand ces courbes
sont convexes, ou sont des droites passant par l'origine, la diminution du
débit pendant l'unité de temps à partir du temps t est d'autant plus grande
que le débit au temps t est plus grand.
M On peut construire le graphique (i) connaissant la courbe (2), et
réciproquement. Quand la courbe des débits est de la forme
(3) Q^T rrr (A débit au temps ^ — o),
les courbes (i) sont de la forme
(4) -^--^. =^(^-/J (\ const.);
vQ vQo
elles sont convexes et passent par l'origine. La réciproque est vraie.
Quand la courbe des débits est de la forme
(5) " Q = Ae-^ (a>o),
les courbes (1) sont des droites passant par l'origine,
(6) Q = Q,e-«('-''J.
» La réciproque est vraie (' ).
(') Dans un Mémoire manuscrit présenté par nous à l'Académie des jSciences à la
fin de mai igoS et retiré depuis, nous avions indiqué les équations (i) et (2) et un
certain nombre de leurs propriétés ainsi que la notion de courbe des débits. Grâce à
des calculs basés sur des hypothèses qui, ainsi que nous l'a fait remarquer M. Boussi-
nesq, sont critiquables, nous obtenions : 1° pour les nappes à fond horizontal dans la
A.
période de ré£;ime non influencé la formule 0= -r établie par M. Boussinesa
' (l 4- a ^)^ ^ 1
dans sa Communication du 6 juillet 1903, la formule Q z='k^ — ^ (X, const.) analogue
à la formule (i4) de la même Communication, mais avec une valeur moins exacte des
constantes Xj et A; enfin la formule (4) ci-dessus ;. 2° pour les nappes à fond rectiligne
C. K., 1903, -2» Semestre. (T. GKXXVII, N» 17.) ^9
678 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Ces formules (3) et (5) sont d'ailleurs exactes en théorie (Boussi-
iSESQ, Comptes rendus, juin et juillet 1903). M. Boussinesqa encore indiqué
la loi (^Comptes rendus, 20 juillet iQoS)
qui se réduit sensiblement à la loi (6) si A ou / — /^ est assez grand.
)) Enfin si^ pour une source, on peut déterminer une suite de périodes
où la nappe ne reçoit pas d'apports extérieurs et où il existe une courbe
des débits, le débit Q étant fonction décroissante du temps, l'équation
d\ = — C^dl et l'équation (2) montrent que V est fonction croissante
deQ.
w Nous indiquerons, dans une autre Communication, des applications et
des vérifications expérimentales des considérations précédentes. »
A 4 heures un quart l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures trois quarts.
G. D.
BULLETIN BIBLIOGKAPillQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 12 octobre igoS.
Cours de la Faculté des Sciences de Paris. Cours d'Électricité, par H. Pellat ;
t. II : Electrodynamiqiie : magnétisme ; induction; mesures électromagnétiques.
Paris, Gauthier-Yillars, 1908 ; i vol. in-8°. (Présenté par M. Lippmann.)
incliné, la formule Q ^z: Atf~°" analogue à une formule établie par M. Boussinesq
dans sa Communication du 22 juin 1908 (aux constantes près); enfin la formule (6)
ci-dessus. Pratiquement, tant que les valeurs des constantes sont déterminées à l'aide
des débits fournis par l'expérience, nos formules ci-dessus suffisent. Elles ont d'ail-
leurs eu un rôle utile, car ce sont elles qui nous ont conduit aux graphiques de pré-
vision des débits des sources de Cérilly et Armentières (Vanne) dont il sera question
dans une Communication ultérieure.
SÉANCE DU ^7 OCTOBRE [903. 679
Bulletin de la Société normande d'Éludés pi(-liisloj-iques ; t, X, année 1902.
Louviers, imp. E. Izaml)ert, 1908; i vol. in-8'\ (Présenté par M. Albert Gaiidry, )
Les travaux mathématiques au Congrès des Sciences historiques à Rome en 1908,
par Ernest Lebon. {L'Enseignement mathématique, revue internationale, V^ année,
n» 5, i5 sept. 1908, p. 878 et suiv.) Paris, G. Naud, 1908; i fasc. in-8°. (Hommage
de l'auteur. )
Détermination de la position d'un navire quand l'horizon n'est pas visible, par
E. Décante. Paris, R. Chapelot et C'«, 1908; i fasc. in -8".
Conférence faite à l'Institut Solvay de Physiologie, sur l'oxyde de carbone,
l'alcool éthylique et le grisou, par le D"" Gréhant. ( Gazette médicale belge, i6« année,
n° 1, p. 4 et suiv., octobre 1908.) (Hommage de l'auteur.)
Recherches analytiques faites dans un atelier de repassage mécanique, par Nestor
Gréuant. {La Science au xx" siècle, C*' année, n° 8, p. 241 et suiv., sept. 1908.) (Hom-
mage de l'auteur.)
Les mycéliums trufflers blancs, par M. Éjiile Boulanger. Rennes-Paris, imp.
Oberlhur, 1908; i fasc. in-'j".
Cinq feuilles de Cartes en couleurs nouvellement éditées par le Service géographique
de l'armée : Algérie, échelle -^-r^, feuille n° 120 : Aine Mlila. — Tunisie, échelle
5iro-o-ô' feuille n° LXHI : Kairouan; feuille n° XXXVIH : Ouargha. — Afrique,
échelle -^^„^ p^,„- : Région septentrionale, feuille n'^ 3, Funchal; Région équatoriale,
feuille n° 42 bis, Mahé.
On the rejlection of Screw-sy stems and allied questions, by sir Robert Ball. ( The
Transactions of the Royal Irish Academy, vol. XXXH, Section A, part \'I.
Dublin, 1908.) (Hommage de l'auteur.)
Constitution matter and analylical théories of heat, by Ganesh Prasad. Berlin,
Weidmann, 1908; i fasc. in-4°.
Études sur l'origine des météores cosmiques et la formation de leurs courants,
par le prof. D' Tu. Brédikhine, avec six planches. Saint-Pétersbourg, 1908; ( vol.
in -4°.
Total éclipse of the Sun, may 18, 1901 ; Reports on the Dutch Expédition to
Karang Sago Sumatra, pub. by the Eclipse Gommittee of the Royal Academy, Ams-
terdam; n° 1. General account, by D-" A. -A. Nijland. Amsterdam, Krôber et
Bakels, 1900 ; i fasc. in-8°.
La Luna e la calamita del mondo, Giuseppe Borredon. xXaples, 1908; i fasc. in-S".
(Hommage de l'auteur.)
On the constitution of the copper-tin séries of alloys, by C.-T. Heycock and F. -H.
Neville. {Phil. Trans., A., vol. CCH, 1908, p. 1-69.) Londres, 1908; i fasc. in-4°.
Experiments in hybridization, with spécial référence to the effect of conditions
on dominance, by Léonard Donc aster. (/*/« «7. Trans., B, vol. CXCVI, p. 1 19-178.)
Londres, 1908; i fasc. in-4''.
Prof essor Alexander Graham Bell on kite construction, by H. -H. Clayton. Blue
Hill Observatory, 1908; i fasc. in-8".
68o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Las plagas de la ai^ricultura, \..\, p. 563-626. Mexico, Secretaria de Fomento,
Gomision de Parasilologia agricola, s. d. ; i fasc. in-'è".
CUmate of the Argentine Republic^ conipiled front observations niade ta the end
of the year J900, by Walter G. Davis. Buenos-Ayres, 1902; 1 vol. in-4°.
Anuario de la Real Academia de Ciencias exactas, fisicas y naturales, 1901, 1908.
Madrid, L. Aguado; 2 vol. in-24.
Annùario publicado pelo observatorio do Rio de Janeiro para o anno de 1908,
aono XIX. Rio-Janeiro, 1908; i vol. in-12.
Explorations géologiques dans les régions aurifères de la Sibérie : Région auri-
fère d'Iénissei, livraison III, avec une carte; Région aurifère de l'Amour,
livraison III, avec deux caries. Saint-Pétersbourg, 1902; 2 fasc. in-8'^.
Comptes rendus des séances de la Commission sismique permanente, t. l,
livraison 2. Saint-Pétersbourg, 1908; i fasc. in-4".
Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou : année 1902, n" 3;
année 1908, n" 1. Moscou, 1908; 2 fasc. in-8°.
Memorias de la Real Academia de Ciencias exactas, fisicas y naturales de
Madrid: t. XVIII, p. i ; t. XX; t. XXI. Madrid, 1897-1908; 8 vol. in-4°.
Proceedings of the Rochester Academy of Science ; vol. IV, p. 67-186. Rocliesler,
N. Y., 1908; 6 fasc. in-8°.
Proceedings of the Academy of natural Sciences of Philadelphia ; vol. LV,
parti. Philadelphie, 1908; i vol. in-8"^.
Transactions of the Kansas Academy of Science; vol. XVIII, Topeka,
Kansas, 1908; i vol. in-8''.
Proceedings of tlie United States national Muséum ; vol. XXV. Washington, 1908 ;
I vol. in-8''.
1 lie Thompson Yates and Johnston laboratories Report; vol. V (new séries),
part I. Londres, 1908; i vol. 111-4".
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 2 NOVEIVIBRE 1905,
PRÉSIDENCE DE M. ALBERT GAUDRY.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ZOOLOGIE. — Sur la non-régénération des sphéridies chez les Oursins.
Note de M. Yves Delage.
« Dans une Note précédente {^Comptes rendus, séance du 5 mai 1902),
j'ai montré que les sphéridies des Oursins ne sont pas, comme on avait cru
pouvoir le supposer d'après leur structure et leur conformation, des
organes, du moins exclusifs, de l'équilibre ou de l'orientation locomotrice,
car les Oursins privés de ces organes arrivent à se retourner quand on les
place sur le pôle apical. Cependant, les Oursins ainsi mutilés se retournent
d'abord plus difficilement, plus paresseusement que les autres; ce n'est
qu'au bout de quelque temps qu'il devient impossible de les distinguer,
sous ce rapport, des Oursins non opérés.
M II y avait donc lieu de se demander si les sphéridies enlevées ne se
régénèrent pas,
)) Pour vérifier ce point, j'ai enlevé, au commencement de juillet, les
sphéridies chez plusieurs Oursins [ Paracentrotus (^Slrongylocentrotus) li-
vidus]. A la fin d'octobre, c'est-à-dire près de trois mois plus tard, j'ai
examiné ces Oursins et constaté que les sphéridies ne se sont pas régé-
nérées. Les autres organes, épiderme, piquants, pédicellaires se sont si
bien régénérés, qu'il est impossible de distinguer la région où ils ont été
enlevés, par grattage jusqu'à la couche calcaire, des régions voisines
laissées intactes. Mais les sphéridies sont absolument absentes partout
où elles ont été détruites par l'opération.
» Il serait, à la rigueur, possible qu'un temps plus long fût nécessaire à
cette régénération. Aussi ai-je laissé quelques individus opérés, en obser-
vation, pour véri6er la chose plus tard. Mais dès maintenant il est acquis
C. R., igoS, 2» Semestre. (T. CXXXVII, N" 18.) 9*^
682 ACADÉMIE DES SCIENCES.
que la régénération ne se fait absolument pas dans un délai de trois mois,
plus que suffisant pour la régénération des appendices voisins. Il est
extrêmement probable que cette régénération n'aura pas lieu. »
ZOOLOGIE. — Remarques de M. Edm. Perrier, à propos de la Commu-
nication de M. Raphaël Dubois, du 19 octobre dernier, « Sur les huîtres
perlières vraies » .
« Filippi a affirmé le premier, en i852, que les perles étaient dues à la
présence d'un ver parasite du genre Distome, et a |)réconisé la propagation
de ce parasite en vue de la production des perles. On contesta ses obser-
vations, bien que sur les lieux de pêche des huîtres perlières, l'opinion se
soit répandue que la perle était le résultat d'une maladie contagieuse.
M. R. Dubois apporte aux idées de Filippi une précieuse confirmation. Je
dois ajouter que, dans une lettre datée du 23 juillet, un naturaliste du
laboratoire colonial du Muséum, qui étudie la production des perles pour
le compte de nos colonies océaniennes, à Rikitéa, m'écrit : « La formation
» des perles fines est due à la présence, dans les tissus de l'huître perlière,
» d'un petit Amphistome, dont le cycle évolutif n'est pas connu d'une
» façon complète ».
» Ces observations concordantes quoique indépendantes semblent
indiquer que nous touchons à la solution du problème, i)
MÉCANIQUE. — Note de M. Appell accompagnant la présentation du Tome II
de la seconde édition de son « Traité de Mécanique rationnelle » .
« Ce deuxième Volume est entièrement consacré à la Dynamique des sys-
tèmes et à la Mécanique analytique. Voici, aussi brièvement que possible, les
principaux changements qu'il présente par rapport à la première édition.
» Dans l'exposé des théorèmes généraux, les applications du théorème
des moments des quantités de mouvement ont été modifiées en vue des
particularités présentées par certains systèmes déformables, les êtres vivants
par exemple, qui paraissent pouvoir effectuer une révolution complète
autour d'un axe, sans l'intervention de forces extérieures.
» Dans la théorie du frottement de glissement, nous avons expliqué, sur
un exemple simple, les difficultés qui se présentent dans l'application des
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE I903. 683
lois empiriques du frottement ordinairement admises et nous avons exposé
les points essentiels des recherches de M. Painlevé sur cette question
(Comptes rendus, t. CXXI, 1895).
» Pour le mouvement d'un soli<l6 autour d'un point fixe, les prélimi-
naires géométriques ont été complétés par la définition des paramètres
d'Oiinde Rodrigues et les équationsdu mouvement ont étédonnées, d'abord
sous la forme classique d'EuIer, puis sous une forme tout à fait générale
obtenue en employant un trièdre de référence mobile à la fois dans le corps
et dans l'espace. Comme application de ces dernières équations, nous
avons étudié en détail et présenté, sous une forme qui nous semble nou-
velle, les propriétés paradoxales des solides de révolution suspendus par un
point de leur axe et animés d'une rotation rapide.
» Nous avons ajouté aux exemples du mouvement d'un corps solide une
étude détaillée du roulement d'un cerceau sur un plan horizontal fixe.
» L'équation générale de la Dynamique déduite du principe de d'Alembert
combiné avec le théorème du travail virtuel, est appliquée successi-
vement aux systèmes holonomes et aux systèmes non holonomes. L'étude
des équations générales de la Dynamique se trouve ainsi divisée en deux
Parties :
» La première Partie se rapporte aux systèmes holonomes; les équations
du mouvement d'un de ces systèmes peuvent se mettre sous la forme donnée
par Lagrange; le système est caractérisé par l'expression analytique de son
énergie cinétique ou énergie de vitesses
1 = 12-^^
» La deuxième Partie se rapporte aux systèmes non holonomes; les équa-
tiôtîs du mouvement d'un de ces systèmes ne peuvent pas être mises sous
la forme indiquée par Lagrange; la question de savoir dans quel cas la
forme d'équation de Lagrange peut être exceptionnellement appliquée à
un paramètre déterminé est discutée en détail; un système non holonome
est caractérisé paf Son énergie d'accélérations
S='-^mP
dépendant des dérivées secondes; la nécessité d'employer une fonction
autre que ï pour caractériser analytiquement le système résulte, comme
nous l'avons montré dans un Article du Tome 122 du Journal de Crelle, de
684 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ce que deux systèmes, ayant des mouvements analytiquement différents,
peuvent avoir identiquement la même énergie cinétique et la même fonction
de forces. L'emploi de l'énergie d'accélérations S permet d'écrire les
équations générales du mouvement sous une forme simple, convenant à la
fois aux systèmes holonomes et aux systèmes non holonomes : nous
donnons diverses applications de cette forme d'équations, entre autres
l'étude de quelques mouvements de roulement.
» Après avoir, comme dans la première édition, établi les principes
d Hamilton et de la moindre action, nous exposons le principe de la
moindre contrainte de Gauss et, suivant une méthode dont l'idée première
a déjà été donnée par Jacobi dans une Leçon encore inédite ('), nous indi-
quons un énoncé analytique du principe de Gauss qui ramène la recherche
des équations du mouvement d'un système quelconque à la recherche du
minimum d'une fonction du second degré. Si l'on adopte ce point de
départ, on est conduit, par une deuxième voie, à la forme générale des
équations de la Dynamique résultant de l'emploi de l'énergie d'accéléra-
tions S.
M Enfin, nous avons terminé l'Ouvrage par un paragraphe sur la simi-
litude en Mécanique et la construction des modèles : on sait que cette
théorie, dont les principes ont été posés par Newton, a été développée par
Joseph Bertrand dans le XXXIP Cahier du Journal de l'École Polytech-
nique. »
PHYSIQUE. — Sur de nouvelles actions produites par les rayons n : générali-
sation des phénomènes précédemment observés. Noie de M. R. Bloxdlot.
« Lorsque l'on dirige un faisceau de rayons /i, soit sur une petite étin-
celle électrique, soit sur une petite flamme, soit sur une substance phos-
phorescente préalablement insolée, ou encore sur une lame de platine
portée au rouge sombre, on voit la lumière émise par ces différentes
sources augmenter d'éclat. Dans ces expériences, on opère sur des sources
émettant spontanément de la lumière; je me suis demandé si l'on ne
pourrait pas les généraliser en employant un corps n'émettant pas de
lumière par lui-même, mais renvoyant celle qui lui vient d'une source
extérieure. J'ai en conséquence fait l'expérience suivante ; une bande de
(*) Nous devons ce renseignement à M, le professeur Mayer, de Leipzig.
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE rgoS. 685
papier blanc, longue de i5™™ et large de 2™'°, est fixée verticalement à un
support en fil de fer; l'obscurité étant faite dans la salle, on éclaire fai-
blement la bande de papier en projetant sur elle latéralement un faisceau
de lumière émis par une petite flamme renfermée dans une boîte percée
d'une fente verticale.
» D'autre part, les rayons n sont produits à l'aide du dispositif suivant :
un bec Auer muni d'une cheminée en tôle dans laquelle a été pratiquée
une ouverture rectangulaire de 60™"" de hauteur et de 25°'"' de largeur,
est enfermé dans une lanterne en tôle percée d'une fenêtre faisant face à
l'ouverture de la cheminée, et obturée par une feuille d'aluminium. Devant
cette fenêtre on place la petite bande de papier, éclairée corn nje il a été
dit. Si maintenant on intercepte les rayons en interposant une lame de
plomb ou la main, on voit le petit rectangle de papier s'assombrir, et ses
contours perdre leur netteté; l'éloignement de l'écran fait reparaître
l'éclat et la netteté ; la lumière diffusée par la bande de papier est donc
accrue par l'action des rayons n.
» L'idée suivante se présenta alors : la diffusion de la lumière est un
phénomène complexe dans lequel le fait élémentaire est la réflexion régu-
lière, et, par conséquent, il y a lieu de rechercher si la réflexion de la
lumière ne serait pas modifiée par l'action des rayons n. A cet effet, une
aiguille à tricoter en acier poli fut assujettie verticalement en place de la
bande de papier de l'expérience précédente; d'autre part, dans une boîte
complètement close, à l'exception d'une fente verticale pratiquée à la hau-
teur du bec Auer, et obturée par un papier transparent, une flamme était
disposée de manière à éclairer la fente. En plaçant convenablement l'œil
et la fente, on voit l'image de celle-ci formée par la réflexion sur le cylindre
d'acier; la surface réfléchissante reçoit en même temps les rayons n. Il fut
alors facile de constater que l'action de ces rayons renforce l'image, car si
l'on vient à les intercepter, cette image s'assombrit et devient rougeàtre.
J'ai répété cette expérience avec le même succès en employant, au lieu de
l'aiguille à tricoter, un miroir plan en bronze.
» On obtient encore le même résultat en faisant réfléchir la lumière sur
une face polie taillée dans un bloc de quartz; toutefois, quand les rayons «
tombent normalement sur la face réfringente, leur action sur la lumière
réfléchie disparaît, quelle que soit l'incidence de celle-ci, soit que cette
action devienne nulle, soit qu'elle devienne seulement inappréciable. Pour
que la lumière réfléchie par le quartz soit renforcée par les rayons n, il
n'est pas nécessaire que ceux-ci soient dirigés de l'extérieur vers l'inté-
686 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rieur du quartz : cette action a encore lieu lorsque les rayons n traversent
la surface réfléchissante de dedans en dehors.
» Toutes ces actions des rayons n sur la lumière exigent un temps appré-
ciable pour se produire et pour disparaître.
» Je n'ai pu, en variant l'expérience d'un grand nombre de manières,
constater aucune action des rayons n sur la lumière réfractée.
» Je ferai ici la remarque générale suivante concernant l'observation des
rayons n. Tj'aptitude à saisir de faibles variations d'intensité lumineuse
varie beaucoup d'une personne à une autre : certaines personnes voient
du premier coup et sans aucune difficulté le renforcement que les rayons n
produisent dans l'éclat d'une petite source lumineuse; pour d'autres, ces
phénomènes sont presque à la limite de ce qu'elles peuvent distinguer, et ce
n'est qu'après un certain temps d'exercice qu'elles parviennent à les saisir
couramment et à les observer en toute sûreté. La petitesse de ces effets et
la délicatesse de leur observation ne doivent pas nous arrêter dans une étude
qui nous met en possession de radiations restées jusqu'ici inconnues. J'ai
constaté récemment que le bec Auer peut être remplacé avantageusement
par la lampe Nernst, sans verre, qui donne des rayons /z plus intenses :
avec une lampe de 200 watts, les phénomènes sont assez forts pour être,
à ce que je crois, aisément visibles d'emblée par tous les yeux. »
PHYSIOLOGIE. — Sur le sucre virtuel du sang.
Note de MM. R. Lépixe et Boulud.
« Dans notre dernière Note (^Comptes rendus, 21 septembre) nous disions
que, très souvent, il existe plus de matières sucrées et, notamment, plus
de sucre dextrogyre dans le sang de la carotide que dans celui du ventri^
cule droit, et que, dans ce cas, le sang de la carotide, reçu dans de l'eau à 58**
(préalablement stérilisée) et maintenu au moins 20 minutes à cette tem-
pérature, produit moins de sucre que le sang du ventricule droit; d'où la
conclusion que ce dernier sang renferme un hydrate de carbone (sucre
virtuel) qui n'est ni à l'état de sucre libre, puisqu'il n'est pas réducteur, ni
à l'état de glycogène libre, puisqu'il ne dévie pas à droite.
» Nous ajouterons aujourd'hui que, dans quelques cas au moins, on peut
trouver plus de sucre dans le sang d'une veine (jugulaire, fémorale, etc.)
que dans le sang artériel, et que dans ces cas, d'ailleurs exceptionnels,
sans doute à cause de la glycolyse qui se fait dans les capillaires, on trouve
SÉANCE DU 1 NOVEMBRE TQoS. g^n
toujours moins de sucre virtuel dans le sang veineux que dans le sang
artériel. En d'autres termes, on a, dans certains cas au moins, la preuve
qu'il se produit du sucre dans les capillaires de la grande circulation, aux
dépens du sucre virtuel du sang. Voici un de ces cas :
» Chien bien portant ayant subi une saignée la veille. On fait tomber
simultanément le sang de l'artère fémorale et de la veine fémorale (du côté
opposé) dans du nitrate acide de mercure:
» Pouvoir réducteur (évalué en glucose) après chauffage de l'extrait de
sang à 120** en présence d'acide tartrique (pour déconjuguer l'acide glycu-
ronique fortement conjugué) pour looo :
Dans l'artère. Dans la veine.
0,80 0,86
» Immédiatement après les deux prises précédentes on fait tomber
simultanément dans de l'eau à 58° les sangs artériel et veineux, et, une
heure plus tard, on y dose les matières sucrées, comme précédemment.
On trouve alors:
Dans l'artère. Dans la ve'ne.
0.90 Q,86(i),
» Ainsi, dans le sang artériel, il y avait du sucre virtuel, qui, pendant
l'heure qui a suivi sa sortie du vaisseau, dans des conditions qui empê-
chaient toute glycolyse, a donné o§^,io de sucre réducteur. En même temps
la déviation polarimétrique à droite a augmenté. Au contraire, il n'existait
pas de sucre virtuel dans le sang veineux; car, pendant l'heure qui a suivi
sa sortie du vaisseau, ses pouvoirs réducteur et rotatoire n'ont pas varié.
» En résumé, le sucre virtuel est, le plus souvent, plus abondant dans
le sang du ventricule droit que dans le sang artériel, et plus abondant dans
celui-ci que dans le sang des veines. Il s'en faut d'ailleurs, et c'est ce qui
(') Quelques observateurs avaient déjà noté que le sang veineux, exceptionnelle-
ment, possède un pouvoir réducteur supérieur à celui du sang artériel; mais ils
avaient cru à une erreur de dosage. M. Seegen seul avait attaché de l'importance
à cet excès de sucre, qu'il avait observé dans le sang de la veine fémorale, après la
faradisation des nerfs du membre inférieur (et pas des muscles). L'expérience que
nous rapportons montre que cet excès du sucre dans la veine peut exister sans fara-
disation préalable. M. Seegen d'ailleurs n'a pas soupçonné la corrélation que nous
signalons entre l'excès de sucre du sang veineux et la diminution (ou disparition) de
son sucre virtuel.
688 ACADÉMIE DES SCIENCES.
fait Tintérêt du sucre virtuel, qu'on puisse le déceler dans tout sang arté-
riel (*).
w L'élévation de la température à SB** n'est nullement nécessaire à sa<j
transformation en sucre. Elle n'agit qu'en empêchant la glycolyse. Nous
avons maintes fois constaté une augmentation très notable du sucre du
sang artériel après un séjour prolongé à une température inférieure
à -h 8^. A cette température, en effet, la glycolyse est, sinon absolue, au
moins très diminuée.
» Ainsi que l'un de nous l'avait autrefois constaté avec M. Barrai, l'eau
n'est pas non plus nécessaire; mais le temps est un facteur essentiel : il
faut au moins quelques minutes pour que le sucre virtuel se transforme en
sucre, après que le sang est sorti du vaisseau. Sa transformation est en
grande partie achevée en un quart d'heure; mais plusieurs heures pa-
raissent nécessaires pour qu'elle soit complète, au moins avec certains sangs.
» L'addition au sang au sortir du vaisseau d'un millième d'acide chlorhy-
drique non seulement empêche qu'à la température de 58** il se fasse du
sucre, mais encore détruit une grande partie du sucre préexistant. L'acide
oxalique n'a pas cette action. Voici une expérience type à cet égard :
» Sang- artériel d'un chien bien portant :
Au sortir du vaisseau o,48
Après chauffage de l'extrait à 120" en présence d'acide
tartrique (pour déconjuguer l'acide glycuronique). . . . o,54
Après séjour d'un échantillon du même sang à 58" 0,78
Après chauffage de l'extrait à 120" en présence d'acide
tartrique o , 60 ( ^)
Après séjour d'un échantillon du même sang à 58°, addi-
tionné d'un millième d'acide chlorhydrique o,38
Après chauffage de l'extrait o,38
Après séjour d'un échantillon du même sang à 58°, addi-
tionné de près d'un millième d'acide oxalique 0,78
Après chauffage de l'extrait o,58 (^)
(^) Il arrive même assez souvent que, après le séjour à 58°, on trouve dans le sang
moins de sucre qu'au sortir de l'artère. Nous reviendrons ultérieurement sur ce point.
(-) On remarquera dans ce cas que l'acide tartrique à 120" a détruit une notable
quantité de sucre. Ce fait est la règle quand cet acide est en présence de sucre nou-
vellement formé, ce qui est le cas ici, puisqu'au sortir du vaisseau il n'y avait que o,48
de sucre (o, 54 avec l'acide glycuronique fortement conjugué). Or, après ce séjour à 58°,
on en trouve 0,78.
(^) Même remarque.
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE igoS. 68q
M La production de sucre à 58" ou au-dessous de -h 8" se fait aussi bien
avec le sérum qu'avec le sant^.
» Dans une prochaine Note, nous indiquerons d'autres conditions de
production de sucre aux dépens du sucre virtuel du sang. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — De l' influence de V alimentaUon minérale
sur la production des sexes chez les plantes dioïques. Note de M. Emile
Laurent.
« La nature du sexe ne paraît pas toujours déterminée dans les graines
de certaines plantes dioïques. C'est ce qui résulterait des recherches de
divers observateurs et particulièrement de celles de M. Molliard.
» L'alimentation minérale peut-elle avoir une mfluence sur la produc-
tion des sexes chez ces végétaux? Depuis sept ans, j'ai fait de nombreux
semis d'Epinard, de Chanvre et de Mercuriale annuelle dans les planches
de mon champ d'expériences. Chacune de celles-ci reçoit une fumure dans
laquelle prédomine l'un des éléments suivants : azote, potasse, acide
phosphorique, chaux ou chlorure de sodium.
» Chez le Chanvre et la Mercuriale annuelle, je n'ai constaté aucune
influence bien nette de l'alimentatiori sur le nombre des pieds mâles et des
pieds femelles. Il en est autrement des résultats relatifs à l'Épinard, sur-
tout à la variété de Hollande, dont les semis m'ont toujours donné un
certain nombre de plantes monoïques. Le plus souvent, ce sont des indi-
vidus très vigoureux, dont Taxe principal porte des fleurs femelles, tandis
que les fleurs mâles prédominent sur les ramifications latérales. Il existe
aussi des pieds à fleurs femelles prépondérantes, où le sexe mâle est repré-
senté par un petit nombre de fleurs. Les imiividus chez lesquels la distri-
bution des deux sexes paraît égale sont très rares.
« Les chiffres suivants expriment les résultats donnés par un semis
d'Epinard de Viroflay, qui n'a produit que des individus exclusivement
mâles ou femelles. Le nombre de graines semées dans chaque planche
n'avait pas été compté.
Plantes.
mâles ^ femelles
poiu" 100. pour 100. observées.
Planche I (avec engrais azotés) .. 55,9 44; ï 236
Planche II (avec engrais potassiques) . . . . 48)4 %5i ,6 aSy
Planche III (avec phosph^>te ) 45, ' 54,9 264
Planche IV ( avec chaiiv) 55,8 44,2 260
Terre normale 5o , 7 49 , 3 345
C. R., 1903, 2" Semestre. (T. G\XW[I, N° 18.) yi
monoïques
femelles
pour ii>ii.
pour 100.
observées.
8,6
5i,8
394
IO,I
6o,o
387
9r7
6o,2
382
7:5
53,4
449
5,1
58,9
439
690 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Tous les autres résulLats concernent rÉpinard de Hollande.
» Voici des chiffres obtenus dans un semis dont les graines étaient de
grosseur moTcnne; elles passaient au tamis de 3™™, mais non à celui de 2"'".
Plantes
mâles
])our Hio.
Planche 1 39 , 6
Planche II ^9:9
Planche III 3o , i
Planche IV 39,1
Terre normale. . 36, o
» Des graines récoltées dans les planches I, II, 111 et IV furent semées
comparativement en terre normale, c'est-à-dire dans un solde bonne qua-
lité, mais qui n'avait reçu aucun engrais en quantité excessive.
w Les résultats consignés dans les deux Tableaux suivants sont relatifs
à un essai fait en juin 1899 avec des giaines récoltées sur des plantes
semées en avril 1898 dans les planches en question. Les semences avaient
été séparées en deux catégories, les grosses et les petites, au moyen du
tamis de 2*"™. De chaque lot, on a semé cent graines dans des terrines con-
tenant la même terre et placées dans les mêmes conditions de culture.
Semis de grosses graines.
Plantes
Graines mâles
de pour luo.
Planche 1 37,3
Planche II 65, o
Planche III 64,6
Planche IV 58, o
Semis de petites graines.
Plantes
Graines mâles monoïques femelles
de pour loo. pour luo. pour loo. observées.
Planche 1 34,5 i3,8 5 1,7 29
Planche II 66,7 o 33,3 21
Planche III 69,6 ^ 4,3 26,1 23
Planche IV 63,7 o 36,3 22
» Les petites graines donnent presque toujours plus de pieds mâles que
les grosses.
monoïques
femelles
pour 100.
pour 100.
observées.
12
5o,7
75
1,3
33,7
77
3,8
3i,6
79
3,4
38,6
88
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE I{)o3. 69 1
» D'autres semis, (aits eti pleine terre de 1900 a 1902, ont donné des
résultats analogues à celui de juin 1899.
» En 1903, j'ai partagé les individus monoïques en deux catégories
d'après le sexe qui prédominait parmi les fleurs. Les graines avaient été
récoltées en 1902 sur des plantes provenant d'un semis fait dans les
planches au mois de mai de la même année. Il y en avait i5o, de moyenne
grosseur, provenant de chaque planche.
Plantes monoïques à fleurs
Plantes
mâles
Graines
de
pour 100
Planche
I...
26, 1
Planche
IL.
38, 0
Planche
m.
. 38,9
Planche
IV.
3i ,9
m^Ies
femelles
prédominâmes
prcdominantei
pour 100.
pour lou.
iï.7
l3 ,5
18,0
11,0
20,8
i5,3
24,1
17,6
Plantes
femelles
[WDur 100.
observées.
48,7
I 1 1
33,0
100
25,0
122
26,4
I2t
» Les résultats exposés dans les cinq Tableaux précédents permettent
(cle distinguer deux effets différents dans l'action des matières lïïinérales
sur la détermination du sexe chez l'Epinard.
» En preniier lieu, il y a la modification imprimée directement par l'ali-
pientation ap sexe des plantes observées ; puis, les éléments nutritifs
réagissent sur le sexe des embryons produits par ces mêmes plantes.
V Pour ce qui est de l'action directe, un excès d'engrais azotés ou de
chaux donne plus de pieds mâles; la potasse et l'acide phosphorique aug-
mentent le nombre des piecjs fej^nelles.
)) Quant aux graines produites par les plantes cultivées avec excès d'en-
grais azotés, elles ont produit moins de pieds mâles, plus de pieds femelles
et, parmi les individus monoïques, un plus grand nombre de fleurs
femelles. Au contraire, un excès de potasse, d'acide phosphorique ou de
chaux prédispose les graines à donner plus de pieds mâles parmi les indi-
vidus dioïques et plus de fleurs mâles chez les individus monoïques.
» La descendance des pl;^ntes monoïques de l'Epinard de Hollande a été
observée en 1899 ^^ ^^ 1903. Chaque fois, on a récolté les graines à semer
sur un pied dont la ti^e portait des fleurs femelles tandis que sur les
branches il y avait des fleurs mâles plus nombreuses :
» En 1899, 100 grosses graines ont donné 72 plantes parmi lesquelles
il y avait 4^ pieds mâles, i3 monoïques et i3 femelles; 100 petites graines
de même origine ont produit 21 plantes, dont 17 mâles, 2 monoïques et
2 femelles.
69^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
» En 1903, ces premières observations ont été com}Dlétées par la répar-
tition fies pieds monoïques d'après la proportion des fleurs mâles et
femelles.
» 200 graines de grosseur moyenne ont donné 98 plantes mâles,
0.3 femelles et 29 monoïques ; parmi celles-ci, il n'y en avait qu'une seule
à fleurs femelles prépondérantes.
» La plupart des pieds monoïques de l'Épinard de Hollande présentent
plus de fleurs mâles que de fleurs femelles. On peut donc les considérer,
et leur descendance confirme cette opinion, comme des plantes mâles chez
lesquelles un certain nombre de fleurs deviennent femelles. »
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
I** Un Traité de Radiologie médicale publié sous la direction de M. Bou-
chard. (Présenté par M. Bouchard.)
2° Sept fascicules du « Répertoire graphique des repères du réseau de
second ordre du nivellement général de la France », adressés par M. Ch.
LallemancL
3° Deux Volumes intitulés : « Œuvres scientifiques de Gustave Robin,
réunies et publiées sous les auspices du Ministère de l'Instruction publique
par M. L. Raffy ». (Présentés par M. Appell.)
M. Ch. Lallemand prie l'Académie de vouloir bien le comprendre parmi
les candidats à la place vacante dans la Section de Géographie et Navigation,
par suite du décès de M. de Bussy.
(Renvoi à la Section de Géographie et Navigation.)
GÉOMÉTRIE. — Sur les courbes gauches à torsion constante.
Note de M. W. de Tanaenrerg.
« Je me propose, dans cette Note, d'indiquer une forme particulière des
équations des courbes gauches à torsion constante et d'en déduire une
construction géométrique de ces courbes.
SÉANCE DU 1 NOVEMBRE I9o3. 698
» 1. Considérons une courbe gauche définie par les équations
et posons
X -h iy = 0.
» Si Ton désigne respectivement par F et © le module et l'argument de
la dérivée seconde de 0, de sorte que
rf*6
(0 w^'"^'
et si, en outre, on pose
(2) - = e'n,h^^i).
o
dt -^ ' dt
on trouve que la torsion (;j;j de la courbe en un point quelconque est
définie par la formule
» En particulier, soit
T = i,
on voit alors, à l'aide des équations évidentes
ClK If / o /
— -|-A(p=0, X;--hiz=<p,
que h Qik sont déterminées en fonction de cp par les relations
(3) k = J'^'^^ hk = -^-
» La formule (2) fournit donc l'expression de ( -r- ) à l'aide d'une fonc-
tion arbitraire et réelle (p(0- On obtient 9 par une quadrature.
» 2. Posons maintenant
0 _ \e'9=^ X + ïY = 0, {=^-^ y
» L'enveloppe C de la ligne d'action du vecteur, qui représente l' accé-
lération du point m (a?, y), est alors définie par
de = e'^^ds, cls -h d\ = hdt.
» La construction que j'ai en vue repose sur ce fait que l'arc s de la
694 ACADÉMIE DES SCIENCES.
courbe G s'exprime en fonction de 1 sans quadrature. On trouve, en effet
(en choisissant convenablement l'origine des prcs),
0.1 -h s'in^il -h 2s) = o.
» Ceci posé, soil C une courbe quelconque du plan des .xy. Désignons
par u la fonction de s, définie par l'équ^ilJQn
u H- sin// = 2,3,
et soit 9 l'angle i\e l'axe des x avec la direction de la tangente au point
M(X, Y). Portons sur cette tangente un vecteur
mm = l = - —s,
2
et soit P le point de l'espace qui a pour projection m et pour cote
(4) z = t = ^J'(i^C0su)dr^.
)) Le lieu des points P est la courbe à torsion constante La plus générale.
» Remarquons que X, Y, x, y, z- s'expriment en fonction de u à l'aide
de la formule (4) et des suivantes :
d(è = - e'"? ( n- cos u ) (lu , 0 = 0 — - c'? si M // .
» On en déduit une infinité de cas où l'on peut exprimer x, y, z sous
forme complètement explicite à l'aide des fonctiops élémentaires. Si, en
effet,
© = tnu,
ou bien si
X'AWSL- ^= f(v), (^ = tano->
f{v) désignant une fonction rationnelle de ç', toutes les intégrations peuvent
être effectuées. Dans le premier cas, les projections des courbes sur le plan
des xy sont des courbes algébriques, ûm est un nombre rationnel différent
de l'unité.
)) Les formules (2) et (3) permettent aussi de déterminer les courbes
algébriques et imaginaires à torsion constante, courbes qui jouent, comme
on sait, un rôle important dans la théorie de la déformation du parabo-
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE IpoS. 693
loïde fie révolution. Mais je ne développerai pas ici cette remarque^ l'élude
de ces courbes ayant déjà été faite ( ')j »
ANALYwSE MATHÉMATIQUE. — Sur la détermination des classes singulières de
séries de Taylor. Note de M. Emile Borel, présentée par M. Appell.
« 1. Nous dirons que deux séries entières en z- appartiennent à la même
classe lorsque les puissances de z dont les coefficients sont nuls sont les
mêmes dans les deux séries. Cette définition est un cas particulier de la
définition des classes de polynômes (-). Une classe de séries entières peut
être définie par une suite illimitée d'entiers positifs croissants : n^, n.,...,
iif..., qui sont les exposants des puissances de z dont les coefficients ne
sont pas nuls.
» Nous dirons qu'une classe de séries est singulière lorsque ^ow/e^ les
séries de cette classe admettent leur cercle de convergence comme ligne sin-
gulière (ou, plus brièvement, sont singulières). Le but de cette Note est
d'indiquer un cas très étendu dans lequel on peut affirmer qu'une classe
est singulière (').
» 2. Nous donnerons le nom <\q sous -classe à l'ensemble des séries d'une
classe telles que les modules de leurs coefficients vérifient certaines inéga-
lités (les arguments restant arbitraires). La remarque suivante est fonda-
mentale : dans toute sous-classe, il y a une infinité de séries singulières. Cette
remarque se démontre comme la proposition connue : une série de Taylor
admet, en général, son cercle de convergence comme coupure.
» Nous dirons qu'une sous-classe est impropre lorsque les inégalités qui
la définissent ont la conséquence suivante: toute sér\e de la sous-classe est la
somme d'une série appartenant à une classe moins étendue (ayant plus de
coefficients nuls) et d'une série ayant un ravon de convergence plus grand.
» 3. Théorème L — Pour quune classe soit singulière, il suffit que cette
(') G. Darbolx, Théorie générale des surfaces (Note IV).
(*) Voir mon Mégnoire : Sur les séries de poly liâmes et de fractions rationhelles
{Acta inatheniatica. t. XXIV).
(') Le résullat le plus éleudu obtenu jusqu'ici, à notre connaissance, est dû à
M. Fabry : une classe est singulière si la différence ni^^ — ni augmente indéfini-
ment avec i. Voir, pour l'historique de la question, et pour tous les renseignements
bibliographiques relatifs à notre Note, le remarquable livre de M. Hadamard : La
série de Taylor et son prolongement analyti'jue.
696 ACADÉMIE DES SCIENCES.
classe renferme une sous-classe propre S ayant la propriété suivante : une série
arbitraire de cette sous-classe S étant donnée, il est possible, sans changer son
cercle de convergence, de la compléter de manière quelle n admette plus sur ce
cercle qu un nombre limité de points singuliers. Par définilion, compléter une
série, c'est la remplacer par une autre série dans laquelle les puissances delà
variable fifi^urant effectivement dans la série donnée ont les mêmes coefficients
que dans celte série donnée, les autres coefficients étant quelconques.
» Soit o(-s) une série de la classe considérée; désignons par(|'(:;) une
série quelconque de la sous-classe S et posons :
^{z) = i:a,b,z'^^.
)) Si nous supposons que, les a^ étant fixes, les 6^- soient assujettis aux
inégalités qui définissent la sous-classe S, la fonction 6(z) appartient à
une autre sous-classe S'; il est donc possible de choisir les bi de manière
que la série 6(s) soit singulière et que le rayon de convergence de ô(^) soit
égal au produit (') des rayons de convergence de «p(^) et de '^{z). Les bi
étant ainsi choisis, il est possible, par hypothèse, de compléter la série '^{z)
de manière à obtenir une série '^{^) ayant le même cercle de conver-
gence que '^{z) et n'admettant sur ce cercle que des points singuliers
isolés. Il est manifeste que chaque coefficient de 6(:;) est égal au produit
des deux coefficients correspondants de (p(s)et de W{z)\ de plus, le rayon
de convergence de 0(z) est égal au produit des rayons de convergence de
ces deux séries; dans ces conditions, on conclut d'un théorème bien connu
de M. Hadamard que, si (p(^) n'était pas singulière, ^{^) ne le serait pas.
Le théorème I est donc démontré.
» 4. Théorème 11. — Pour qu une classe définie par les entiers n^, n.^, ...,
ni, ... soit singulière, il suffit qu'en posant
e(.) = n(,-i;),
la fonction entière (-) 6 (s) soit telle que le maximum ^{j-^ de son module
(^) C'est ici qu'intervient l'hypothèse que la sous-classe S est propre; la sous-
classe S' peut être impropre.
(^) Au lieu de la fonction entière 6(x;), on pourrait introduire beaucoup d'autres
fonctions entières admettant les zéros n^, n^, . . . , rii, . . , , mais il semble que celle que
nous introduisons donne lieu à des applications plus simples.
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE I9o3. 697
pour \z\-= r croisse moins vite à l'infini que e''^, quelque petit que soit le nombre
positif z.
» Soit, en effet, J/(5) une fonction de la classe consirlérée, définie par
la formule écrite plus liaul ; nous supposerons que <j/(5) a pour rayon de
convergence l'unité et appartient à la sous-classe définie par les inégalités
» Dès lors, si nous posons
nous pourrons affirmer que la série du second membre converge et que le
maximum M, (r) du module de ^1(5) croît moins vite que e*'", quel que soite;
donc la série
W(z) = lx3{m)z"'
n'admet (' ) sur le cercle de convergence que le point singulier + i ; cette
série ^(^) n'est aulre que la série '^{z) complétée, avec conservation du
rayon de convergence; la condition du théorème I est donc bien remplie.
» 5. On verrait aisément que le théorème II entraîne la conséquence
suivante (") : pour qu'une classe soit singulière, il sujjit que le rapport-^
augmente indéfiniment avec i. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques points de la théorie des ensembles.
Note de M. Erxst LixDELi>F, présentée par M. Emile Picard.
« 1. On doit à M. Borel un théorème très général, relatif aux ensembles
fermés, qui peut s'énoncer comme il suit (^) :
« Théorème I. — Etant donné, dans un espace à n dimensions , C^j,
(*) Ce résultat est dû à M. Leau {Journal de Mathématiques, 1899, p. 398). lia été
retrouvé par M. Georg Faber : Ueber Reihenentwickelungen analytisclier Func-
tionen- {Inaugural Dissertation, Munich, 20 avril 1902), travail qui renferme d'ail-
leurs d'aulres résultats nouveaux et inléressants.
(^) Cet énoncé ne fait peut-être pas connaître le cas le plus étendu dans lequel une
classe est singulière; il suffit peut-être que le rapport -4 prenne des valeurs dépassant
tout nombre donné d'avance, ce qui n'exige pas que ce rapport augmente indéfini-
ment; mais c'est là un cas très singulier, au point de vue des applications.
(^) Cf. É. Borel : Leçons sur la Théorie des fonctions, p. 42-48; une Note insérée
C. R., 1903, 2' Semestre. (T. CXXXVII, N" 18.) 9^
698 ACADÉMIE DES SCIENCES.
un ensemble borné et fermé de points , (P), si de chacun de ses points comme
centre on construit une sphère quelconque, on pourra choisir un nombre limité
de ces sphères, de telle sorte que tout point P soit intérieur à, au moins, l'une
d'elles.
M Dans le cas d'un ensemble quelconque, fermé ou non, on peut établir
cet autre théorème, qui constitue une généralisation directe du premier :
» Théorème IL — Soit (P) un ensemble quelconque situé dans l'espace C„
et, de chaque point P comme centre, construisons une sphère Sp d'un rayon pp
qui pourra varier d' un point à l'autre; il est possible de choisir une infinité
dénombrable de ces sphères, de telle sorte que tout point de l'ensemble donné
soit intérieur à, au moins, V une d'elles.
» Nous nous contenterons d'indiquer en quelques mots la marche de la
démonstration. En supposant d'abord l'ensemble (P) borné et les rayons
pp tous supérieurs à une longueur donnée p, on voit immédiatement qu'il
existe un nombre limité des sphères Sp répondant aux conditions requises.
Considérant ensuite le cas où, l'ensemble (P) étant toujours borné, les
rayons pp sont quelconques, on démontre le théorème en divisant (P) en
ensembles partiels (P),, (P)2. •••» (P.\» •••' où (P)v renferme tous les
points P tels que Sv-i = Pp^ £v» les s,, z^, . . ., s^, • . . désignant des longueurs
qui décroissent vers zéro. Enfin, on remonte au théorème général en re^
marquant que tout ensemble, situé dans C„, peut être divisé en une infi-
nité dénombrable d'ensemble bornés.
» 2. Les théorèmes qui précèdent permettent d'étabhr très facilement
certains résultats qui, jusqu'à présent, ont été démontrés à l'aide des
nombres transfinis de M. Cantor. Ainsi, le théorème 11 fournit une dé-
monstration directe et tout élémentai-re de la proposition fondamentale
suivante, due à MM. Cantor et Bendixson :
» Tout ensemble fermé non dénombrable situé dans l'espace C„ se compose
d'un ensemble parfait et d'un ensemble dénombrable.
» Je ferai d'abord remarquer que le théorème II entraîne, comme con-
séquence immédiate, ce lemme :
» Tout ensemble (P) qui est dénombrable au voisinage de chacun de ses
points est un ensemble dénombrable.
» Nous dirons que (P) est dénombrable au voisinage d'un point donné.
dans les Comptes rendus du 4 mai igoS et un Mémoire qui vient de paraître dans le
Journal de Mathématiques {Contribution à l'analyse arithmétique du continu).
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE igoS. 699
si l'on peut entourer ce point d'une sphère qui ne renferme qu'un nombre
dénombrable de points P.
» Cela posé, soit (P) un ensemble fermé et non dénombrable situé
dans l'espace C„; nous le partagerons en deux parties, (P) = (R) + (C),
où (R) comprend tous les points P au voisinage desquels l'ensemble (P)
est dénombrable, et (C) tous les autres points (P), qu'on pourrait appeler
les points de condensation de V ensemble donné.
M Du lemme ci-dessus on conclut immédiatement que l'ensemble (R)
est dénombrable. D'autre part, d'après la définition même de l'en-
semble (C), toute sphère ayant pour centre un point C renfermera une
infinité non dénombrable de points P et, par suite aussi, une infinité non
dénombrable de points C, ce qui montre que l'ensemble (C) admet chacun
de ses points comme point-limite. On voit d'ailleurs immédiatement que
tout point-limite de (C) fait partie lui-même de cet ensemble. Donc (G)
est bien un ensemble parfait, et notre démonstration se trouve ainsi
achevée (*).
M 3. De même, le théorème I conduit très facilement aux résultats de
M. Cantor relatifs à la mesure des ensembles (-).
» Soient (P) un ensemble borné et fermé situé dans l'espace C^^, Sp une
sphère de rayon pp ayant pour centre le point P, et n(pp, P) la partie de C,,
remplie par l'ensemble des sphères Sp. Je dis qu'on aura
(i) limp^,n(pp,P)=limj,^„n(p,P),
pourvu que les rayons pp tendent vers zéro avec p, de telle sorte qu'on ait
constamment pp <C p pour tout point P. La valeur commune de ces deux
limites est ce que M. Cantor appelle la mesure de l'ensemble (P).
« Pour démontrer l'égalité (i), imaginons d'abord qu'on réduise à leurs
moitiés les rayons de toutes les sphères Sp. D'après le théorème I, on pourra
choisir un nombre limité p. des sphères ainsi obtenues, de telle sorte que
tout point P soit intérieur à, au moins, l'une d'elles. Soit e le plus petit
parmi les rayons de ces p. sphères et désignons, d'autre part, par IIjj, la
partie de l'espace C,^ remplie par les sphères primitives Sp correspondant
à ces [X sphères. Tout point P sera intérieur au domaine IIjj. et aura une
dislance minimum supérieure à t de sa frontière.
(^) Cette démonstration ainsi que celle du théorème II seront exposées en détail
dans le Tome XXIX des Acta mathematica.
(^) Cf. p. 90-91 du travail de M. Schœnflies inséré dans Jahresbericht der deut-
schen Mathematiker- Verecnigung, t. VIII.
70O ACADÉMIE DES SCIENCES.
)) Il s'ensuit tout d'abord que II (pp, P) se compose d'un nombre limité
de domaines séparés. Mais, d'autre part, on peut en déduire successi-
vement les inégalités
n(p,p)>n(pp,P)>n^>n(£,p),
lesquelles entraînent bien comme conséquence l'égalité ( i ).
» De cette égalité (i) découlent immédiatement les résultats suivants :
» f^a mesure de tout ensemble fermé et dénombrahle est égale à zéro.
» En effet, les rayons pp formant un ensemble dénombrable, on pourra
les choisir de telle sorte que la somme des volumes de toutes les sphères Sp
et, par suite aussi, le volume n (pp, P) soient inférieurs à toute quantité
donnée. La même remarque conduit encore à cet autre résultat :
» Soit (P) = (K) H-(P)o où (R) désigne un ensemble dénombrable et
(P), (P), des ensembles fermés et bornés quelconques; la mesure de l'en-
semble ( P) e^/ égale à celle de l'ensemble ( P), .
» En s'appuyant sur le théorème démontré au n** 2, on en conclut en
particulier cette proposition fondamentale, établie par M. Cantor à l'aide
des nombres transfinis :
» La mesure d'un ensemble fermé est égale à celle de l'ensemble parfait qui
en fait partie. »
MÉCANIQUE. — Sur la relation entre la pression et la marche des chronomètres.
Note de M. Paul Ditisheim, présentée par M. Lœwv.
« A l'occasion d'un essai de détermination, fait par le transport d'une
vsérie de chronomètres de bord, de la différence de longitude entre les
observatoires de Paris et de Neuchâtel, situés respectivement aux altitudes
de 67°^ et de 4^9™» j'ai constaté, en comparant les observations auxquelles
M. Bigourdan, à Paris, et M. Arndt, à INeuchàtel, ont bien voulu coopérer,
une différence systématique dans les marches diurnes, dont il m'a paru
naturel de chercher la cause dans la différence de la pression atmosphé-
rique moyenne en ces deux stations. Des observations faites sur les mêmes
piècesà l'Ecole d'horlogerie de la Cliaux-de-Fonds(ioi7'") par M. P. Berner,
et au sommet du Chasserai (i58G™) j)ar moi-même, avec la coopération de
M. Wehrli, observations rendues possibles grâce au signal d'heure que
M. le D"" Arndt avait bien voulu m'envover quotidiennement de l'observa-
toire de Neuchâtel, ont permis de prolonger les courbes dont la direction
avait été indiquée par les premières observations.
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE IQoS. 701
» Les limites étroites de pression entre lesquelles on avait opéré, et la
variabilité des conditions atmosphériques, et notamment de l'humidité, ne
permettaient cependant pas de déduire de ces observations des lois suffi-
samment nettes. C'est pourquoi je me suis décidé à reprendre, en les éten-
dant, des observations ébauchées par Urbain Jurgensen, en 1826, et par
M. Hilfiker, en 1888, et consistant à soumettre des chronomètres à des
pressions réalisées artificiellement, en maintenant la température et l'humi-
dité aussi constantes que possible.
» Sur le conseil de M. Ch.-Ed, Guillaume, dont le nouveau système de
balancier, appliqué aux instruments transportés, avait permis d'obtenir
des marches très serrées, je fis établir des récipients hermétiques, per-
mettant d'exposer les chronomètres à une série de pressions bien connues,
qui ont varié de too™" en 100"™, entre — 600"" et -h 200™", par rapport
à la pression moyenne de la Chaux-de-Fonds (675™"" environ). Un thermo-
chronomètre totalisait les températures. Les comparaisons journalières ont
été effectuées directement sur un signal d'heure envoyé de l'observatoire
de Neuchâtel.
)i Les mesures les plus étendues ont été faites sur des chronomètres de bord du même
type (22 lignes), d'un diamètre de /49™'"j6. Les chronomètres restaient pendant ^4 heures
environ à une pression constante, sous laquelle ils étaient observés. Puis on les relirait
de la cloche, on les remontait, et l'on établissait rapidement une nouvelle pression.
» Pour la recherche de la loi suivant laquelle varie la marche des chronomètres en
fonction de la pression, on a appliqué la méthode des moindres carrés à l'établissement
des coefficients d'une formule linéaire à laquelle les résultats directement obtenus ont
été ensuite comparés ('), On a pu constater ainsi que, sur une moyenne de huit pièces,
les erreurs résiduelles aux. pressions basses, moyennes ou fortes, ne présentaient aucune
différence systématique. Dans les limites entre lesquelles les observations ont été faites
les variations de la marche sont donc sensiblement proportionnelles à la pression.
T) Les nombres trouvés variaient d'une pièce à l'autre, et il était naturel de chercher
si les différences constatées n'étaient pas en relation avec les changements d'amplitude
des mouvements du balancier dus aux variations de la densité de l'air, et, par consé-
quent, avec le défaut d'isochronisme des chronomètres.
» Si l'on dresse le Tableau des résultats immédiats de l'observation aux pressions,
en regard des écarts d'isochronisme, déduits des observations faites pendant les douze
premières et les douze dernières heures de la marche quotidienne et rapportés à
24 heures, on constate, en effet, aux limites près des erreurs de marche des pièces,
une évidente relation entre ces deux séries de chifTres. On peut alors se proposer de
chercher une expression susceptible de représenter cette relation et la méthode des
(^) Les calculs ont été faits sous la direction de M. Guillaume par M. L. Maudet.
702 ACADEMIE DES SCIENCES.
moindres carrés, appliquée à une fonction du premier degré, conduit à la formule sui-
vante :
i
nip-A ^— =z 0,0162,
7- "
TUp désignant la variation pour i'""^ de mercure, i le défaut d'isochronisme défini
ci-dessus.
» Les valeurs de l'expression nip-^ ^ portées à la dernière colonne du Tableau
suivant, montrent que les nombres ainsi calculés sont identiques aux erreurs près des
observations et des marches des pièces.
Variation
par 24 heures
pour i°"°
Isochronisme
de mercure.
s
o,oi58
(avance aux petits arcs).
i.
s
0,4
i
'' 750
o,oi63
o,oi38
1,2
o,oi54
o,oi4i
1,2
0,0157
0,0145
1,6
0,0166
0,01 17
3,0
o,oi57
0,0126
3,2
0 , 0 I 69
0,0120
3,4
o,oi65
» La formule établie ci*-dessus admet une interprétation [immédiate; elle montre
que, pour les pièces du calibre étudié, la variation de marche correspondant à une
variation de pression de i""" de mercure serait de o", 0162 par 24 heures si l'iso-
chronisme était parfait, et que, de plus, la variation d'amplitude constatée entre la
moyenne des deux périodes consécutives de 12 heures est la même que celle qui
se produit lorsque la pression est remontée de 750"^™ de mercure.
» On a appliqué (sans preuve suffisante, il est vrai) la même relation à la réduction
à un isochronisme parfait, des observations faites sur un certain nombre de pièces de
divers calibres, et l'on a pu établir le Tableau suivant des variations aux pressions,
depuis le calibre du chronomètre de marine, jusqu'au plus petit calibre des montres
de poche sur lequel il soit possible de faire des observations quelque peu précises :
Variation en
Diamètre 34 heures pour
Type — ' iiiii '^ — — — — - !"■" de mercure :
de du du i
m -\- — •
mouvement. mouvement, balancier. v ^^o
Mai
22
ignés 42,9 17,4 0,0200
ignés 38,3 i5,5 0,0217
i4 lignes 3i,6 i3,2 o,o223
10 lignes 4.. 22,6 9,4 0,0225
mm mm
Ï9I
17 1
ne 86,1 37,2 o,0JO2
gnes 49i6 30,7 0^0162
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE igoS. 7o3
» L'action de la pression atmosphérique augmente donc lorsque diminue le diamètre
du balancier, et tend vers une limite pour un balancier très petit,
» La relation entre la variation aux pressions et l'isochronisme permet-
trait, ainsi qu'on l'a déjà fait observer, de compenser entièrement l'action
de la pression en créant un suffisant défaut d'isochronisme. Il est à remar-
quer, toutefois, que, pour obtenir la compensation complète, il serait né-
cessaire d'admettre un défaut d'isochronisme qui, pour un chronomètre
de bord, par exemple, serait de 12 secondes environ par 24 heures pour
les arcs des 12 premières heures de remontage et des 12 heures suivantes.
)) On voit aisément que le remède serait pire que le mal, et que, si l'on
ne parvient pas à réduire l'action de l'air sur le balancier par d'autres
procédés, il vaudra mieux en tenir compte, en appliquant aux chrono-
mètres des corrections déduites de l'observation du baromètre. »
MÉCANIQUE. — Remarques sur la Note de M. P. Ditisheim, relative à r action
de la pression atmosphérique sur la marche des chronomètres. Note de
M. Ch.-Éd. Guillaume, présentée par M. Lœwy.
« Les expériences de M. Ditisheim me semblent établir pour la pre-
mière fois d'une façon nette le double effet dû au mdieu dans lequel se
meut l'organe oscillant du chronomètre. Le phénomène principal est un
retard qui s'accentue à mesure que la densité du milieu augmente; sur ce
phénomène s'en greffe un autre, de sens contraire au premier, dans 'les
pièces réglées avec une avance aux petits arcs, mais qui, dans les condi-
tions ordinaires du réglage, lui reste nettement inférieur.
» Cette deuxième action est due, sans aucun doute, à la résistance pro-
prement dite de l'air, c'est-à-dire au moment antagoniste développé, sur
le parcours effectué par le balancier, par les particules d'air rencontrées
par les saillies qu'il présente. Elle a été seule prise en considération par la
plupart des savants qui se sont occupés du réglage des chronomètres, et
l'analyse mathématique du problème a montré que, pour un système oscil-
lant isochrone, cet effet devait être du deuxième ordre de petitesse (').
Comme il produit une diminution dans l'amplitude des oscillations, \\ doit
nécessairement se manifester par une avance dans les pièces réglées,
comme on le fait ordinairement, avec un faible retard aux grands arcs.
(») Voir notamment : YvoN Villa.rceau, Recherches sur le mouvement et la com-
pensation des chronomètres [Annales de l'Observatoire de Paris : Mémoires, t. VII).
^o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» L'autre effet, qui constitue la majeure partie du phénomène observé,
ne semble pas avoir élé signalé jusqu'ici. On en trouve la cause toute natu-
relle dans l'entraînement de l'air par le balancier, dont la masse est ainsi
virtuellement augmentée au moment de l'oscillation. Il est facile de voir
que le volume d'air qu'il est nécessaire de supposer adhérent au balancier
pour produire les effets observés n'a rien d'exagéré.
» On a vu, par exemple, que dans un chronomètre de bord, réglé avec un isochro-
nisme parfait, le retard est de 0,0162 x 760= 12, 3 secondes par 24 heures. Or, la
masse du balancier étant alors d'environ 1^,0, la masse supplémentaire entraînant le
retard observé est de 2 g^-rlô ^ ?<=> = o'"S,28, correspondant à un volume de 215"""' envi-
ron. Or il convient de remarquer que l'air accompagnant le balancier dans son mou-
vement ne lui est pas relié d'une façon rigide. 11 n'effectue pas le mouvement circu-
laire complet avec les pièces métalliques, mais est rejeté au dehors par l'eflet de la
force centrifuge, et se trouve remplacé par d'autres masses d'air appelées du centre, et
auxquelles le balancier communique sa vitesse instantanée au moment où elles
atteignent la périphérie. 11 n'est donc pas nécessaire, à beaucoup près, de supposer que
le balancier considéré, et dont le développement périphérique atteint 65°"^ environ,
entraîne un tore dont la section soit voisine de 3°""', et qu'il faudrait admettre si l'an-
n'était pas susceptible de se renouveler pendant l'oscillation.
» Une expérience faite à ma demande par M. Ditisheim confirme cette manière de
voir. Plusieurs pièces observées dans l'air, le mécanisme étant retiré de son enveloppe,
ont montré une légère augmentation du retard, due sans aucun doute au fait que l'air
se renouvelait plus aisément autour du balancier. Les mêmes pièces observées dans le
vide, libres ou enfermées, n'ont pas montré de différences appréciables dans leurs
marches.
» Le volume de l'air entraîné dépend, dans une large mesure, de sa visco-
sité; il doit donc diminuer en même temps que la température s'élève; et,
comme sa densité varie dans le même sens, on devra s'attendre à tfouver
un effet de la pression de moins en moins prononcé à mesure de l'éléva-
tion de la température, comme aussi on devra constater un changement
dans la compensation suivant la pression à laquelle elle aura été observée;
mais ce sont là de petites quantités, difficiles à déceler même avec les
meilleurs chronomètres.
» On peut chercher à établir,' d'après les observations de M. Ditisheim,
comment varie l'épaisseur de la couche d'air entraînée dans le mouvement
du balancier suivant ses dimensions. On voit aisément alors que, si l'on
admet une couche d'épaisseur constante, ou une couche d'épaisseur
proportionnelle aux dimensions du balancier, on obtient, en fonction des
diamètres, deux progressions qui comprennent entre elles celle qui résulte
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE I9o3. yOD
de l'observation. L'hypolhèse que vérifierait l'expérience est donc com-
prise entre ces deux limites, »
PHYSIQUE DU GLOBE. -— Sur la perturbation magnétique du 3i octobre igoS.
Note de M. Th. Moureaux, présentée par M. Mascart.
(' Une perturbation magnétique d'une intensité exceptionnelle, rap-
pelant celle du 17 novembre 1882, s'est produite le 3i octobre dernier.
D'après les courbes de variations relevées à l'observatoire magnétique
du Val-Joyeux, elle débute brusquement à 6'' 12'" m. par une hausse simul-
tanée de la déclinaison D et de la composante horizontale H, et par une
baisse de la composante verticale Z. Les grandes oscillations des aimants
de D et de H commencent à se manifester vers 7'' m., et se succèdent sans
interruption jusqu'à 10'' s. Déjà, entre lo*' et 1 1^' m., H subit une très forte
diminution, mais la phase d'intensité maximum ne se déclare que vers midi ;
à ce moment, Z, peu agitée jusque-là, augmente rapidement, et les deux
autres éléments ont des variations brusques et de très grande amplitude.
» Notre collaborateur, M. Itié, prévenu par le développement du magnétogramme
du malin, est resté eji permanence aux appareils à lecture directe pendant tout
l'après-midi, en notant, au moins jjour la déclinaison, les points extrêmes de chaque
oscillation; sur le tableau des variations du déclinomètre, on voit que D a diminué
de i°39' dans l'espace de 3 minutes, de 1^62™ à 1^55™ s_^ pour se relever ensuite
de i°i8' entre 2^0™ et 2"^ 5" : de semblables variations sont absolument rares. Pen-
dant le mouvement rapide de l'aimant de la déclinaison vers l'est, les deux compo-
santes H et Z croissaient simultanément, en sorte que la force magnétique totale
a éprouvé, à ce moment, une augmentation considérable. Des oscillations de très
grande amplitude se remarquent encore à 4*^ et de 5^3o™ à 7^ s. Les aimants sont
d'ailleurs restés troublés toute la nuit; c'est même à a'^m. seulement, le i*^"" novembre
que Z est passée par sa moindre valeur.
)) D'une manière générale, pendant la perturbation, les valeurs moyennes
de D et de H sont au-dessous et celle de Z au-dessus de la normale. L'am-
plitude extrême des variations est de 0,00680 (C.G.S.) pour H et de
plus de o,oo5 2o pour Z, nombres qui correspondent respectivement à —■
et ^ de la valeur absolue des deux composantes; la déclinaison a varié
de 2°4 > le maximum ayant eu lieu à 2**3i™ et le minimum à 7''i5™ s.
)) Un groupe important de taches solaires, suivi depuis le 26 octobre à
l'Observatoire du Parc Saint-Maur, est passé au méridien central précisé-
ment dans la journée du 3i; sans couvrir une aussi grande étendue que le
G. R., 1903, 2" Semestre. (T. CXXXVII, N" 18.) qS
^o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
précédent, observé du 5 au 17 et qu'on a pu voir à l'œil nu, il mesurait,
dans le sens de sa plus grande longueur, environ le -^ du diamètre du
Soleil. Aucune trace d'aurore boréale n'a été visible à cette station dans la
soirée du 3i ; le ciel s'est d'ailleurs couvert après 7''.
» Des phénomènes de même ordre ont été constatés dans les Observa-
toires de Lyon, Nice, Perpignan et du Pic-du-Midi. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur une variété de carbone filamenteux. Note de
MM. Constant et Henri Pélabon, présentée par M. Moissan.
« La carbonisation des houilles grasses en vue de la fabrication du coke
métallurgique donne lieu, au sein même de la masse du coke, à la forma-
tion de certains dépôts ayant une apparence fdiforme et constituant, par
l'enchevêtrement des fils, une véritable laine de carbone.
» Ces dépôts, que l'on ne rencontre presque jamais dans les fours dits
à récupération dans lesquels la distillation de la houille s'opère en vase
clos, se trouvent surtout dans le coke provenant des fours ouverts et sur-
tout dans les très anciens systèmes de fours. Dans ceux-ci l'admission
d'air, nécessaire à la combustion des gaz, se fait dans la chambre même,
par des ouvertures ménagées dans les portes. Les gaz s'enflamment donc
dans l'appareil et toutes les flammes viennent se réunir et se concentrer
vers une ouverture percée dans la paroi supérieure. Il existe dans la région
voisine de cette ouverture une zone où la température est beaucoup plus
élevée que dans les autres parties du four; c'est vers cette zone que se
trouvent généralement les dépôts de carbone filiformes. La laine de car-
bone se trouve au voisinage de la prise de flammes dans des fentes de
retrait du coke, chaque fil est relié par l'une de ses extrémités à un frag-
ment de coke et la direction générale de tous ces fils est celle du cou-
rant gazeux lui-même.
» En résumé ces dépôts se forment dans la partie du four exposée à une
très haute température et à la partie supérieure du gâteau de coke, c'est-
à-dire là où l'action du rayonnement de la voûte est le plus directe. On
sait d'ailleurs dans la pratique que lorsque cette formation se produit c'est
que l'allure du four est trop poussée. Il faut encore remarquer que la sur-
face des géodes où se trouvent ces dépôts filiformes est comme imprégnée
de substances goudronneuses dont la distillation serait imparfaitement
achevée.
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE igoS. 707
>) Dans les dépôts de carbone filiforme on trouve, en même temps que des parties
grises, des portions parfaitement noires. Examinés au microscope, les fils qui consti-
tuent la laine grise sont en général cylindriques, leur surface semble recouverte d'un
vernis analogue à celui qui recouvre les morceaux de coke voisins. On en rencontre quel-
quefois qui sont constitués par une série de renflements réguliers, les fils paraissent alors
formés d'un grand nombre de cônes empilés les uns dans les autres; il n'y a cependant
dans ce cas aucun indice de cristallisation. D'autres encore très contournés sur eux-
mêmes semblent avoir pris naissance par bourgeonnement comme les excroissances
qui se forment à la surface du charbon gras pendant la combustion. Quelquefois dans
la laine de carbone on aperçoit des parties noires grosses comme une tête d'épingle,
ce sont des paquets de fils très fins et très serrés qui ont pris naissance en certains
points d'autres fils de diamètre plus grand.
» Les filaments qui constituent la laine noire sont ternes, leur surface est recou-
verte d'aspérités quelquefois disposées très régulièrement; les fils semblent alors
formés d'un^ succession d'anneaux. Dans l'un de ces fils nous avons compté jusqu'à
six anneaux par dixième de millimètre.
» L'épaisseur des fils est en général comprise entre 3 et i5 centièmes de millimètre;
les filaments très fins qui constituent les petites parties noires dont nous avons parlé
plus haut et qui èemblent avoir pris naissance sur les fils précédents ont une épaisseur
beaucoup moindre et qui peut atteindre i cinq-centième de millimètre.
» Enfin la longueur moyenne des fils de carbone est de o™,o5; on en trouve qui ont
jusqu'à o",o8 de longueur.
» ChaufTée dans un courant de gaz oxygène pur et sec la laine de carbone ne com-
mence à donner de l'anhydride carbonique que vers 585°. Si l'on maintient cette
température constante pendant un temps suffisamment long, le corps disparaît com-
plètement. En effectuant la combustion de o^'', ii5 de matière on a pu constater
qu'elle est formée de carbone pur; le résidu ne pesait que oS'',ooo5. On n'a pas pu
doser l'hydrogène que le corps renferme très probablement mais en proportion très
faible.
» Après avoir lavé plusieurs fois la laine de carbone successivement à la
benzine, l'alcool et l'éther, nous l'avons parfaitement séchée, puis nous
l'avons introduite dans le mélange oxydant préparé comme l'a indiqué
M. Moissan (*) en ajoutant du chlorate de potassium bien sec et finement
pulvérisé à de l'acide azotique préparé par l'action d'un excès d'acide
sulfurique préalablement bouilli sur l'azotate de potassium récemment
fondu. Après 12 heures de contact avec ce mélange, les fibres dont la
forme n'a pas été modifiée ont été transformées en une substance de teinte
jaunâtre. Cette substance, qui se pulvérise facilement, est insoluble dans
Peau; séchée, elle déflagre en produisant quantité de petites étincelles,
(^) H. MoissAX, Recherches sur les différentes variétés de carbone {Annales de
Chimie et de Physique, 7* série, t. VllI, p. 807).
7o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
quand on la chauffe vers Soo'^. Tl y aurait donc, dans cette action du
mélange oxydant, production d'oxyde graphitique.
» La laine de carbone qui prend ainsi naissance dans la fabrication du
coke posséderait, d'après cela, à peu près les mêmes propriétés que ceile
que Schutzenberger (' ) a préparée en faisant passer sur une longue
colonne d'un mélange de charbon de cornue et cryolithe, disposée dans
un tube de porcelaine porté au rouge, un courant de cyanogène.
» Remarque. — Le fait que la surface des géodes où se produisent les
filaments de carbone paraît imprégnée de substances goudronneuses,
permet de supposer que les filaments en question proviennent de la
décomposition pyrogénée des carbures riches en carbone, ayant une
vapeur très dense, et qui se forment à la fin de la distillation de la houille. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur la séparation et le dosage du fer et de V acide
phosphorique dans les eaux. Note de M. H. Causse, présentée par
M. Armand Gautier.
« Ce qui caractérise le fer et l'acide phosphorique contenus dans les
eaux potables, c'est qu'ils y sont occlus, c'est-à-dire unis à la matière orga-
nique, constituant des ions complexes. Ces combinaisons expliquent la
présence de l'oxyde de fer et de l'acide phosphorique, dans un milieu
comme l'eau potable qui contient du carbonate de chaux.
» Pour précipiter le fer et l'acide phosphorique, j'ai recours au chloro-
mercurate de p.-amidobenzêne-sulfonate de sodium, dont j'ai donné la pré-
paration (-). Le bichlorure de mercure qu'il contient est ici l'agent actif;
il agit comme oxydant sur les combinaisons ferreuses et phosphoriques; il
précipite le fer à l'état de sesquioxyde, l'acide phosphorique sous forme de
phosphate de mercure insoluble si l'eau est impure; comme, dans ces con-
ditions le fer est au minimum, on obtient aussi du protochlorure de
mercure.
» Séparalion du fer et de l'acide phosphoricjue. — Un volume d'eau filtrée,
variable de 2 à 3 litres, est additionné de os, 60 à o?, 80 par litre de chloromercurate ; on
agite vivement, le sel se dissout en partie; mais bientôt la portion dissoute commence
à se séparer et à troubler l'eau, qui ne redevient claire qu'après la précipitation com-
plète du fer et de l'acide phosphorique. Cette séparation demande un repos de i\ à
36 heures, parfois davantage, suivant la qualité des eaux.
(*) Schutzenberger, Comptes lendus, t. CXI, p. 774.
(^) Comptes rendus, 1900.
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE igoS. 709
» L'aspect du précipité est significatif: si l'eau est pure et contient peu ou point de
combinaisons ferreuses, il est blanc, cristallin, ressemblant au sel primitif; dans le cas
contraire, il est caséeux et grisâtre, parfois ocreux.
» Lorsque l'eau s'est éclaircie, on la décante; le précipité est reçu sur un filtre, lavé,
puis entraîné dans un tube; l'eau qui le baigne est séparée et remplacée par de l'acide
chlorhydrique.
» Si l'eau est pure, la dissolution est complète; si elle est impure, il reste un pré-
cipité blanc floconneux de protochlorure de mercure; c'est l'indice d'une eau de qua-
lité médiocre et suspecte.
» La solution chlorhydrique contient le fer et l'acide phosphorique, on Tévapore;
on dessèche le résidu que l'on mélange avec is de CO^Na- sec et pur, on calcine; la
masse saline est arrosée d'acide nitrique, desséchée, puis calcinée, pour peroxyder le
fer; après refroidissement, on reprend par l'eau. Ce traitement donne une solution qui
contient l'acide phosphorique et un résidu d'oxyde de fer que l'on sépare par le filtre;
l'un et l'autre sont ensuite dosés par les procédés habituels.
» Le Tableau suivant indique les proportions relatives de fer, d'acide
phosphorique et d'azote organique (') données par diverses eaux et rap-
portées au litre :
Acide Azote
Fer. phosphorique. organique.
Eau du Rhône
. . . ^s
(mai-juin 1908) . traces traces o,4o
Eau de Saône
. . . . „ ""S "'S
(mai-juin igoS) • o,r 0,1 i ,28
Eau de source
(terrain calcaire, septembre 1902). . . o,3 o, r 0,0
Eau d'égout
(février-mars 1 903 ) 1,20 1,0 2,91
» De la comparaison des nombres inscrits dans ces colonnes il ressort
que, dans l'eau de Saône, la contamination est présente, c'est-à-dire qu'il
existe une certaine quantité de matière organique azotée, phosphorée et
ferrugineuse, non transformée, probablement de l'ordre des nucléines;
sous ce rapport l'eau de Saône ressemble à l'eau d'égout fortement diluée.
» Pour l'eau du Rhône et Teau de source examinée, eaux où la conta-
mination est passée, au premier abord les résultats paraissent contradic-
toires : dans un cas la proportion d'azote organique est nulle, à côté d'une
quantité appréciable de fer et d'acide phosphorique; dans l'autre c'est
l'inverse qui a lieu.
(') Comptes rendus, 1902.
7IO ACADEMIE DES SCIENCES.
» Ces faits sont la conséquence des origines différentes de la matière
organique.
» Dans un sol calcaire el poreux la nitrification, très active, détache l'azote du pro-
téide primitif et le convertit en acide azotique, le composé ternaire qui en résulte
reste uni au fer et à l'acide phosphorique. L'eau météorique qui lessivera cette terre
en dissoudra une partie qui passera dans la nappe puis dans la source.
» Dans un cours d'eau, où la matière organique est en solution, l'oxydation porte
sur toutes les parties, le fer et l'acide phosphorique sont à peu près libérés et préci-
pités par le carbonate calcique.
» Ainsi s'expliquent ces divergences apparentes qui, d'ailleurs, com-
portent une même signification. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une méthode de synthèse des dérivés dihalogénés
symétriques de la benzophénone . Note de F. Bodroux, présentée par
M. Troost.
« Dans une Communication précédente, j'ai montré que le paradibro-
mobenzène et le parachlorobromobenzène réagissent avec facilité sur le
magnésium en présence d'éther anhydre pour donner le bromure de para-
bromophénylmagnésium et le bromure de parachlorophénylmagnésium.
Sur les composés ainsi formés, j'ai constaté que l'anhydride carbonique
sec réagit en donnant à la fois un acide benzoïque monohalogéné et un
dérivé dissubstitué de la benzophénone, les proportions relatives de ces
deux corps variant avec les conditions de l'expérience.
» I. Dans une solution de bromure de parabromophénylmagnésiura, à la température
du laboratoire, j'ai fait passer pendant deux heures un courant de gaz carbonique
sec. Du produit de l'opération, après décomposition par l'acide chlorhjdrique étendu,
j'ai enlevé l'acide parabromobenzoïque formé au moyen d'une solution de potasse. Le
résidu ayant été épuisé par l'alcool bouillant, en présence de noir animal, j'ai obtenu,
après refroidissement, des lamelles blanches fusibles à \'ji°-i']i°.
» L'analyse de ce corps et la détermination de son poids moléculaire lui assignent
la formule C^^H^Br^O. Il possède une fonction cétonique, car il donne facilement
naissance à une oxime, cristallisée en aiguilles blanches fusibles à i5o°. Cette pro-
priété permet d'identifier le composé obtenu avec la diparabromophénylcétone :
CH CH CH CH
CBr<^ \C-CO-C(^ V.Br
chTch ch~ch
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1903. 7IT
» La formation de cette acétone s'explique facilement si l'on admet que sur chaque
atome d'oxygène de l'anhydride carbonique réagit une molécule de composé organo-
magnésien.
?^^^'' GeH^Br
^//O ^ Mg - Br _ 1/0 - Mg - Br
"^O + Mg-Br" pO-Mg-Br'
CeH^Br ^^«^^^
G«H^Br G«H*Br
I/O - Mg - Br HGl _ /Br ^
Ko_i\Ig-Br"^HGl~" ^^^^''XGl ^V
G«H^Bi
G^H^Br
» Dans le but de rechercher les-meilleures conditions de formation de celte acétone
halogénée, j'ai fait les expériences suivantes :
» 1° La solution organo-magnésienne a été chauffée pendant le passage de GO^
(2 heures) à 36", point d'ébullition de l'éther;
» 2° La solution refroidie à 0°, au moyen de glace, a été traitée pendant \ heures
par un courant de gaz sec;
)) 3° La solution refroidie à o'^ a été additionnée, par petites portions, d'un grand
excès de GO^ solide. La température est rapidement descendue à — 4o° et l'opération
a duré un quart d'heure.
» Dans le Tableau ci-dessous, j'indique, en poids de dibromobenzène transformé,
les résultats de ces trois opérations :
Action de CO- gazeux Action
C«H*Br- ^T— ^— — '- ^ de CO- solide
transformé à 36°. à 0°. à — 4o°-
/GO OH
En G*H*\ 10 pour 100 61 pour 100 76 pour loo
\B
G^H'^BrX
En ^,^^,^ /GO 55 pour 100 26 pour 100 6 pour loo
G^H^Br/ '
» n. Le bromure de parachlorophénylmagnésium, traité par l'anhydride carbonique
gazeux et sec, fournit de l'acide parachlorobenzoïque et un corps neutre de formule
G'^H^Gl-O, cristallisant dans l'alcool en lamelles blanches fusibles à 145°, et donnant
facilement naissance à un oxime qui fond à iSS".
» Ge corps est donc la diparachlorophénylcétone
GGl:
GH GH
GH
GH
GH GH
-GO-
G^
GH
^GGL
"GH
Action de
CO
^ gazeux
Action
de CO- solide
à — 4o°-
à 36°.
à 0°.
2/4 pour 100
64 pour
100
80 pour 100
5o pour 100
18 pour
100
4 pour 100
712 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» J'ai fait comme précédemment trois expériences comparatives dont voici les
résultats :
Quantité
de C«H^BrCl
transformée
^" C«H^CI/^^
» L'anhydride carbonique réagit donc sur les bromures de parachloro-
phénylmagnésium et de parabromophénylmagnésiiim en donnant à la
fois un acide benzoïque monosubstitué et un dérivé dihalogéné symétrique
de la benzophénone. Lorsqu'on opère à la température d'ébullition de
Téther c'est ce dernier composé qui domine-î si Ton agit, au contraire, à
basse température, c'est l'acide benzoïque substitué qui se forme en plus
grande proportion. »
CHIMIE ORGANIQUE. - Application delapyridine à la préparation de quel-
ques déjivés amidés. Note de M. P. Freundler, présentée par M. H.
Moissan.
« J'ai montré précédemment (*) qu'on pouvait obtenir le dérivé diben-
zoylé de l'hydrazobenzène en effectuant la benzoylation à chaud, en pré-
sence de pyridine.
» Le même procédé m'a permis de préparer le composé dissymétrique
C'H\Az(CO.C«H0.Az(CO.C'H^).C'H7; celui-ci s'obtient aussi bien en
traitant le monobenzoyl-o-hydrazotoluène par le chlorure de /^-toluyle
qu'en faisant agir le chlorure de benzoyle sur le /?-toluyl-o-liydrazotoluène ;
les deux réactions fournissent le même produit.
)) J'ai employé également la pyridine pour la préparation de diverses
amides aromatiques secondaires ou tertiaires, symétriques ou dissymé-
triques, telles que la benzènesulfanilide, la dibenzènesulfaniiide, la
/?-toluylbenzanilide, la benzoylbenzènesulfanilide , etc. Cette dernière
n'avait pu être obtenue en chauffant le chlorure de benzoyle avec la
benzène sulfanilide ou en effectuant l'opération inverse (-),
(') Comptes rendus, t. GXXXVl, p. i553.
(^) Knight, Am. chem. Journ., t. XIX, p. i53.
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE I903. 7l3
» J'ai utilisé aussi ces propriétés de la pyridine pour résoudre d'une
façon définitive la question de l'isomérie de la dibenzanilide.
» D'après difTérenls auteurs (*), l'aclion du ctilorure de benzoyle sur la benzani-
lide, à 180°, donnerait naissance à une dibenzanilide cristallisée en aiguilles fusibles
vers i36°. En chaufTant d'autre part à 220° un mélange d'isosulfocyanate de phénvle
(2'"°^) et d'acide benzoïque (i"""') on obtiendrait un isomère cristallisé en lamelles
fusibles à 161° (-). Or, j'ai pu établir que cette dernière substance est simplement de
la benzanilide, tandis que le premier procédé fournil un produit non homogène,
fusible vers iSSo-iôo" et constitué par un mélange des deux, dérivés benzoylés. La
dibenzanilide pure fond à i64°, température un peu plus élevée que celle qui a été
donnée par M. Steiner (*) et par M. Kay (*) (161°).
» La préparation des amides mixtes à radicaux gras et aromatiques, au
moyen de la pyridine, s'effectue d'une façon beaucoup moins régulière.
J'ai constaté, en effet, que les chlorures tl'acides aromatiques déplacent
très facilement les radicaux gras, même lorsqu'on ne les emploie pas en
excès.
» C'est ainsi qu'en chauffant Tacétanilide avec du chlorure de benzoyle et de la
pyridine, on obtient de la dibenzanilide. Bien plus, l'action du même chlorure sur
ï'acétamide fournit, déjà à la température ordinaire, de la dibenzamide.
» D'autre part, l'application de la réaction inverse (chlorure d'acide gras et amide
aromatique) est limitée par le fait que les chlorures d'acides gras réagissent sur la
pyridine en se transformant en dérivés de l'acide déhydracétique (Wedekind). Néan-
moins, la benzamide a pu être acétjlée partiellement à froid.
» Quant à la préparation des amides secondaires et tertiaires à radicaux
gras, elle est encore plus délicate pour la raison qui vient d'être dite.
D'adleurs, M. Tarbouriech (^) ayant entrepris l'étude de ces composés, je
me suis borné à préparer l'isobutyrylacétamide et l'isobiityrylacetanilide,
afin de montrer que l'emploi de la pyridine est encore possible dans le cas
présent.
» Les deux, dérivés précédents s'obtiennent, le premier à froid, le second à chaud,
en faisant tomber peu à peu le chlorure d'isobutyryle dans les solutions pyridiques de
Ï'acétamide et de l'acétanilide.
(*) Gerhakdt, Ann. de CIdin. et de Phjs., 3= série, t. XLVI, p. 12g. — Higglx,
Chem. Soc, t. XLI, p. i33.
(^) LosANiTSCH, D. chem. Ges., t. VI, p. 176. — Higgin, loc. cit.
(3) Ann. Chem., t. GLXXVill, p. 235.
(*) Deat. chem. Ges., t. XXVI, p. 2852.
(*) Comptes rendus, t. CXXXVII, p. 128 et 326.
G. K., iyo3, .i^ Semestre. (T. CWXVll, ^• 18.) 9^
7l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Voici la liste des composés nouveaux qui ont été préparés dans le
cours de ces recherches :
Point
de fusion.
o
/»-Toluyl-o-hydrazololuène 182
BenzoyI-/?-toluyl-o-hjdrazotoluène 1S2
Benzojl-/?-toluylaniIine iSg-iôo
'^ Benzoylbenzènesulfanilide 1 14
Dibenzènesulfanilide i43-i44
Isobutyrylacétamide 177-178
Isobutyrylacétanilide ^9- 5o
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'emploi de F amalgame de magnésium en Chimie
organique. Note de M. Louis Meunier, présentée par M. A. Haller.
« L'amalgame de magnésium et les alcoolates qu'il permet de préparer (')
peuvent encore être utilisés avec succès dans un cçrtain nombre de syn-
thèses et, en particulier, dans les cas suivants :
» Préparation du diphénylméthane . — On prépare l'amalgame dans un
ballon à partir de i** de magnésium, en se conformant aux indications
données antérieurement; on ajoute :
(Mui jg chlorure de beozyle;
jmui (jg benzène monobromé.
» La réaction s'amorce à froid; on la continue en chauffant pendant
5 à 6 heures, jusqu'à disparition du magnésium.
» Le produit de la réaction est traité par l'eau, puis additionné d'acide
acétique jusqu'à réaction acide; il se sépare immédiatement un liquide qui
surnage; ce liquide est décanté et soumis à un entraînement à la vapeur
d'eau qui élimine les réactifs n'ayant pas réagi. Il reste comme résidu du
diphénylméthane presque pur sous forme d'un liquide visqueux très légè-
rement coloré en jaune.
» Préparation des dérivés ét/iylés du malonate d'èthyle. — Le malonate
d'éthyle n'est pas attaqué par le magnésium, même à chaud, tandis qu'une
solution de malonate dans la benzine anhydre dissout parfaitement ce
métal, lorsqu'il est à l'élat d'amalgame, sous l'influence d'une très légère
élévation de température.
{}) Comptes rendus, mars 1902.
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE igoS. -yiS
» La réaction se poursuit régulièrement et l'on obtient en fin de réaction
un liquide jaune verdàtre qui, après élimination de la benzine, donne une
masse visqueuse puis résineuse de couleur jaune citron.
» L'action substituante du magnésium ne porte que sur le groupement
CH-< du malonate; la fonction éther-sel n'est pas attaquée; si l'on soumet
en effet le dérivé magnésien à l'action de l'eau bouillante, il y a régénéra-
tion du malonate d'éthyie.
» En dissolvant par exemple un atome de magnésium dans deux molé-
cules de malonate, on obtiendra
(C-H'^f:0-)=^= CH - Mg - CH = (COHZ'R'Y.
L'action de l'iodure d'éthyie sur ce composé conduit bien à l'obtention du
dérivé mono-éthylé du malonate d'éthyie, mais, pour la préparation de ce
corps, il est préférable d'employer le mode opératoire suivant :
» On prépare de l'éthylate de magnésium en faisant réagir un atonie de métal à
l'état d'amalgame sur un excès d'alcool absolu. Lorsque la réaction est terminée, on
introduit deux molécules de malonate d'éthyie et l'on chauffe au réfrigérant ascendant
jusqu'à ce que l'éthylate ait complètement disparu et soit transformé en dérivé ma^-né-
sien du malonate d'éthyie.
» On ajoute alors un peu plus de deux molécules d'iodure déthyle et l'on maintient
le chauffage au réfrigérant ascendant pendant 5 à 6 heures. Au bout de ce temps, on
laisse refroidir; il se forme un dépôt abondant d'iodure de magnésium qu'il est inutile
de séparer; on traite toute la masse par l'eau, ce qui détermine la formation d'un
magma blanc que l'on additionne par petites portions d'acide chlorhydrique jusqu'à
dissolution et séparation de deux couches.
» La couche inférieure est décantée, desséchée, puis soumise à la distillation-
il passe vers 72° un peu d'iodure d'éthyie non combiné, puis la température monte
rapidement vers 207°, et la majeure partie du produit, constituée par le dérivé mono-
éthylé du malonate d'éthyie, passe entre 207° et 209°.
» On peut passer du dérivé monoéthylé au dérivé diéthylé; pour cela,
on chauffe pendant 5 heures, au réfrigérant ascendant, le dérivé mono-
éthylé avec l'éthylate de magnésium à raison de deux molécules de dérivé
monoéthylé pour une d'éthylate; puis l'on ajoute deux molécules d'iodure
d'éthyie et l'on chauffe à nouveau pendant 8 heures. Le résultat de la
réaction est repris par l'eau, puis par l'acide acétique, il se sépare deux
couches; la couche inférieure est décantée, séchée sur le carbonate de
potasse, puis soumise à la distillation; le diéthylmalonate passe entre 220°
et 222°, mais le rendement est bien inférieur à celui que l'on obtient pour
le dérivé monoéthylé.
-716 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Remarque. — A. Valeur (*) a démontré que si l'on faisait réagir un excès
d'élhyliodure de magnésium CMPMg I sur le malonate d'élhyle il 3' avait attaque des
fonctions élher sel et formation d'une combinaison qui, détruite par l'eau, conduisait
à l'obtention du glycol bitertiaire
ou plutôt de son produit de déshydratation :
(C^H^)^ = C r= CH — C (OH) = (C^H-^)^
» Il semblerait donc, au premier abord, que l'éthyliodure de magnésium ne réagit
pas sur le groupement CH- < ; j'ai repris cette expérience en faisant tomber une seule
molécule d'élhyliodure de magnésium en solution éthérée sur une molécule de malo-
nate d'éthyle; il se produit une réaction très vive, il se dégage de l'éthane à chaque
addition et il se forme une masse solide, pâteuse.
» La réaction produite par la première molécule d'éthyliodure peut être exprimée
par la relation :
c=H>Mgi^CH.<cooc;H;^c„/cooc;H;^^,„,
Mgl
)) En effet, si l'on traite par l'eau le produit de la réaction, il y a régénération inté-
grale du malonate d'éthyle et formation de Mg I(OH).
» En résumé, l'action des organomagnésiens mixtes, décrits par Gri-
gnard (-), sur le malonate d'éthyle porte d'abord sur le groupement CH'* <],
puis ensuite sur les fonctions éther sel, tandis que l'action du magnésium
à l'état d'amalgame sur le même composé n'atteint que le groupement
CH^<. ..
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l' aldéhyde ortho-toluique. Note de M. H.Fournier,
présentée par M. Haller.
« On a obtenu jusqu'ici l'aldéhvde ortho-toluique en faisant agir l'azotate
de plomb sur le chloro-orthoxvlène, ou en oxydant l'orthoxylène par le
chlorure de chromyle ou le bioxyde de manganèse.
» Mais, comme il est difficile d'avoir ce carbure à l'état de pureté, il s'en-
suit que l'aldéhyde ortho-toluique contient une notable proportion de ses
(^) Comptes rendus, t. CXXXH, p. 833.
C) Thèse de doctorat, 1901.
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1903. ^I^
isomères. On obtient, au contraire, l'aldéhyde ortho-toluiqne pure par
oxydation de l'alcool correspondant.
» J'ai préparé celui-ci par la méthode de MM. Tiffeneau et Delanj^e
{Comptes rendus, t. CXXXVII, igoS, p. 573), puis je l'ai oxydé parole
bichromate de potassium et l'acide sulfurique.
» Le mélange oxydant est versé par portions dans l'alcool ortho-toluique, puis on
termine la réaction en chaufTant i heure au bain-marie bouillant.
» L'aldéhyde formée est entraînée par un courant de vapeur d'eau, dissoute dans
l'éther, puis combinée au bisulfite de sodium.
» La combinaison bisulfitique, préalablement dissoute dans Teau, est décomposée à
froid par la soude; l'aldéhyde mise en liberté est enlevée avec de l'éther, privée de ce
dissolvant, puis distillée. Elle bout à 90° sous la pression de 20™"^, à 197° ( temp. cor-
rigée) sous la pression ordinaire.
» Le rendement est d'environ Sopour loo.
» Elle se combine avec l'hydrazine en donnant une hydrazone, qui après cristal-
lisation dans l'alcool fond à 9-°.
» Sa semicarbazone, cristallisée dans l'acétate d'éthyle, fond à 209°. Ce point de
fusion est très proche de celui de la semicarbazone de l'aldéhyde paratoluique, corps
qui ne paraît pas avoir été décrit jusqu'ici, et qui se présente sous la forme d'aiguilles
blanches, fusibles avec décomposition à 2i5°.
)' L'emploi de la semicarbazide pour caractériser les aldéhydes aroma-
tiques présente quelques inconvénients, notamment son prix élevé et les
faibles différences qui existent entre les points de fusion des semicarba-
zones.
» On peut la remplacer avantageusement par la benzylphénvlhydrazine
asymétrique, qui réagit immédiatement à froid sur les aldéhydes en don-
nant des corps très facilement purifiables. Une ou deux cristallisations
dans l'alcool permettent de les obtenir sous forme d'aiguilles soyeuses,
blanches, inaltérables à la lumière et à l'air.
» J'ai préparé les combinaisons suivantes :
Benzylphénylhydrazone de l'aldéhyde orthotoluique, fond à 87°
» paratoluique, fonda i4o°
» phénylacélique, fond a 83°
» /:»-éthylbenzoïque, fond à 104"
7l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la coagulation de V amidon.
Note de MM. J. Wolff et A. Ferivbacii, présentée par M. Schlœsing fils.
« Nous avons reconnu la présence, dans les graines de céréales vertes,
d'une substance possédant la propriété de précipiter l'amidon soluble de
ses solutions. Cette précipitation présente tous les caractères d'une coagu-
lation diastasique, et nous proposons pour la diastase nouvelle le nom
à'amylo-coagulase .
» Cette diastase ne se rencontre pas seulement dans les grains verts ;
elle existe, d'une manière générale, associée à l'amylase dans un grand
nombre de grains mûrs, dans les graines de céréales en voie de germi-
nation, dans les feuilles, etc.
» Les coagulations les plus nettes nous ont été fournies par une macération de los
de malt moulu dans loo*^™' d'eau. 5"'™' de cet extrait suffisent pour coaguler, en 20
à 3o minutes, à la température de iS" à 25°, 100*=™' d'une solution d'amidon soluble
renfermant de 4 à 4)5 pour 100 d'amidon sec. Cette solution d'amidon a été obtenue
en chauffant pendant 2 heures à i3o°, dans la vapeur d'eau, de l'empois de fécule de
pomme de terre.
» Dans la solution d'amidon additionnée d'extrait de malt, on voit apparaître tout
d'abord un trouble qui s'accentue déplus en plus, et finit par se résoudre en grumeaux
volumineux. Si l'on opère avec une solution d'amidon plus concentrée, on observe une
coagulation plus rapide, avec prise en masse de l'amidon précipité.
» Si l'on se place dans des conditions autres que celles que nous venons d'indiquer,
en diminuant soit la concentration de l'amidon, soit la quantité d'extrait de malt, la
coagulation se trouve considérablement retardée, et peut même ne pas se produire.
Le fait s'explique naturellement par la présence d'amylase, dont l'action saccharifiante
prédomine, et s'exerce sur l'amidon coagulé comme sur l'amidon soluble. Cette action,
antagoniste de l'amylo-coagulase, peut être paralysée si l'on opère à une température
suffisamment basse. On peut aussi l'entraver par l'addition d'une substance retarda-
trice, comme la soude caustique, qui gêne moins l'amylo-coagulase que l'amylase.
» La coexistence et l'action simultanée de l'amylo-coagulase et de l'amylase font
comprendre facilement pourquoi, même dans les conditions les plus favorables, on
n'arrive à coaguler qu'une partie de l'amidon soluble mis en exj^érience. La quantité
d'amidon que nous avons pu coaguler dans nos expériences les plus satisfaisantes n'a
jamais dépassé 3o pour joo de l'amidon mis en œuvre.
» Parmi les divers corps dont nous avons essayé l'influence sur l'amylo-coagulase,
nous n'avons observé jusqu'ici d'effet très appréciable que pour les acides et les alcalis.
La moindre trace d'acide ou d'alcali libre retarde notablement la coagulation, et des
doses minimes suffisent pour l'empêcher (jôuTô d'acide acétique ou de soude). La
coagulase se comporte donc à ce point de vue comme l'amylase du malt.
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE igoS. -71 g
» L'action de l'amylo-coagulase ne saurait être envisagée comme résultant de la
réversibilité d'une des deux diastases (liquéfiante et saccharifiante) dont on admet
l'existence dans l'amylase du malt. En effet, un extrait de malt perd tout pouvoir
coagulant lorsqu'il est exposé pendant 5 minutes à la température de 65°; son maintien
à 60° pendant i5 minutes reste sans effet appréciable. L'extrait de malt, dont le pou-
voir coagulant a été détruit par la chaleur, conserve encore la propriété de liquéfier
l'empois d'amidon et de le saccharifier, même si sa température a été portée à 70°.
» Une autre circonstance qui nous oblige également à rejeter l'hypothèse de la ré-
versibilité de la diastase liquéfiante, c'est que l'amidon solubilisé par l'amylase ne se
prête pas, comme celui qui a été solubilisé par chauffage sous pression, à des expé-
riences de coagulation aussi nettes. Avec l'empois de fécule liquéfié par l'amylase, on
n'observe qu'un trouble laiteux j^lus ou moins accentué, accompagné quelquefois d'une
précipitation minime. Il semble que la majeure partie de l'amidon ait subi un chan-
gement d'état moléculaire assez avancé, empêchant le retour en arr'<ére, vers la forme
solide. Cependant, au point de vue de la saccharification par l'amylase, nous n'avons
trouvé aucune différence entre ces deux amidons solubles.
» L'amidon coagulé, recueilli et lavé à l'eau froide aussitôt après sa coagulation,
présente encore, comme l'amidon soluble primitif, la propriété de se dissoudre facile-
ment dans l'eau chaude. Observé au microscope, l'amidon en flocons gélatineux,
précipité par une coagulation rapide, se présente en masses très peu réfringentes, dans
lesquelles la coloration par l'iode fait voir une agglomération de granules punctiformes.
Si, au contraire, la coagulation s'est produite très lentement, l'amidon apparaît comme
un précipité blanc pulvérulent, composé de petits granules rappelant l'aspect des gra-
nules les plus petits des amidons naturels,
» La plupart des faits signalés ci-dessus ont été établis en faisant agir de l'extrait
de malt vert séché sur de la fécule de pomme de terre solubilisée. Mais nous avons
également produit des coagulations du même amidon soluble avec de la coagulase
empruntée à d'autres sources, ce qui semble exclure l'idée que chaque variété
d'amidon exige une coagulase particulière. L'extrait de malt peut d'ailleurs coaguler
l'amidon de riz de même que la fécule,
» L'amylo-coagulase semble représenter un des rouages essentiels du
mécanisme par lequel l'amidon se dépose à l'état solide dans les cellules
végétales. Son étude formera un chapitre important dans la question de
l'antagonisme des actions diaslasiques. Cet antagonisme, dont la nouvelle
diastase nous offre un exemple frappant, peut sans doute expliquer l'arrêt
de certaines actions diastasiques, rapporte souvent jusqu'ici, par analogie
avec la maltase étudiée par C. Htll, à des phénomènes de réversibilité. Il
explique aussi comment une diastase peut rester ignorée, bien que pré-
sente, lorsque les conditions expérimentales dans lesquelles on la place
donnent le pas à la diastase antagoniste. »
720
ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE COMPARÉE.— Le sens olfactif de L'Escargot (Hélix pomatia).
Note de M. Emile Yung, présentée par M. Yves Delage.
« Il est généralement admis depuis Moqiiin-Tandon que l'Escargot jouit
d'un « bon odorat », ayant son siège dans le bouton terminal du grand ten-
tacule. De là, le nom d'organe nasal donné, par lui, à ce dernier et les
expressions de nerf et de ganglion olfactif, rhinophorique, etc., employées
par nombre d'auteurs contemporains pour désigner le nerf et le ganglion
qui s'y rencontrent.
)) Or, il suffit d'explorer la surface du corps de cet Hélix au moyen d'un
pinceau imbibé d'une substance odorante, non corrosive, telle que l'essence
de camomdle ou de serpolet, par exemple, pour se convaincre que si la
sensibilité olfactive existe, en effet, sur les grands tentacules, elle ne leur
est point exclusivement localisée. Les petits tentacules, les lèvres, les bords
du pied, la sole, la peau du dos, en un mot la surface entière des tégu-
ments non recouverts par la coquille, répondent à distance, ainsi que le
font les tentacules oculés, à l'excitation des vapeurs odorantes. De nom-
breuses expériences faites au moyen de substances très diverses m'ont
permis de démontrer que l'Escargot en est encore au stade de diffusion du
sens olfactif; il sent les odeurs par toute sa peau, ainsi que le conjecturait
déjà Cuvier.
» Toutefois, le degré de cette sensibilité varie selon les régions du corps.
Elle est plus vive sur les tentacules que sur le dos et, à cet égard, les petits
tentacules sont inférieurs aux grantls ('); mais, contrairement à l'opinion
accréditée j)ar Moquin-Tandon, un Escargot amputé de ses quatre tenta-
cules ne modifie guère son genre de vie, il trouve sa nourriture et fuit
les odeurs désagréables ou délétères.
» Qu'il s'agisse là d'un sens olfactif proprement dit ou d'un sens chi-
mique, nous n'avons aucun moyen de le décider. D'ailleurs, quelle que
soit la réponse qu'on donne à cette question, il n'en est pas moins néces-
saire de remplacer les expressions rappelées plus haut, et que plus rien ne
justifie, par celles de nerf et de ganglion tentaculaire qui ne préjugent pas
des fonctions de ces organes.
(*) Ce fait a été déjà constaté par M. Raphaël Dubois dans sa Note : Sur la physio-
logie comparée de l'olfaction {Comptes rendus, t. CXI, p. 1890).
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE igoS. 721
» L'e.vamen microscopique des éléments périphériques et ganglionnaires des deux
paires de tentacules ne révèle aucune différence suffisante pour autoriser l'hypothèse
d'une spécificité sensorielle propre aux uns à l'exclusion des autres. J'ajoute qu'il
en est de même ailleurs. Les cellules sensorielles de la peau ne diffèrent d'un lieu à
l'autre que par leur abondance ou leur taille. Nulle part elles ne se groupent en cor-
puscules tactiles, gustatifs, etc. et nulle part elles ne sauraient mériter le seul litre de
cellules olfactives. En réalité ce sont des cellules sensorielles mixtes, impressionnables
à la fois par les chocs, la chaleur, les odeurs, etc.
» Quant à la distance à laquelle l'Escargot sent les odeurs, je l'ai déter-
minée en plaçant un nombre constant de ces Mollusques (douze), affamés
par un jeûne de quelques semaines, à la périphérie d'une circonférence
dont je variais à volonté le rayon et dont le centre était occupé par un ali-
ment : chou, laitue, melon, etc. Il était à présumer que si les Escargots
sentaient l'odeur de l'aliment, ils seraient attirés vers lui. Après chaque
expérience je notais la distance, et le nombre des individus attirés pendant
un temps maximum de 2 heures.
)) Dans la majorité des cas, l'attraction ne se manifeste qu'à petite dis-
tance n'excédant pas 2*=™ à 3*^™. Les chiffres supérieurs à ceux-là sont tout
à fait exceptionnels et concernent des aliments en décomposition à odeur
très forte. Le plus élevé fut constaté alors que la source odorante était un
melon très mûr. Je ne connais aucune substance que Tescargot reconnaisse
à son odeur au delà de 4o*^™. Pratiquement, étant donné son genre de vie
et son aptitude à manger de tout, un odorat plus fm lui serait inutile. »
PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — Régulation osmotique des liquides internes chez
les Échinodermes. Note de MM. Victor Henri et S. Lalou, présentée
par M. Alfred Giard.
« Nous avons étudié chez les Oursins {Strongylocentrotus Imdus, Sphae-
rechinus granularis et Spatangus purpureus) et chez les Holothuries {Holo-
turia tubulosa el Stichopus regalis) comment varient leurs liquides internes
lorsqu'on les place dans des solutions différentes.
» Chez les Oursins nous avons dosé le chlore et mesuré l'abaissement du
point de congélation et la conductibilité électrique du liquide périviscéral ;
les expériences ont été faites sur 78 Oursins.
» Chez les Holothuries (au nombre de 89) nous avons en plus étudié le
liquide contenu dans la partie stomacale du tube digestif et le liquide de la
vésicule de Poli.
G. R., igoS, 2' Semestre. (T. CXXXVII N» 18.) 9^
722 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Voici les principaux résultats obtenus i
» 1° Chez les Oursiss normaux le liquide périviscéral contient moins de chlore que
l'eau de mer; la conductibilité électrique de ce liquide est inférieure à celle de l'eau
de mer; l'abaissement crjoscopique est le même pour les deux.
» Ainsi, nous trouvons en moyenne o™"',.58Gl par litre dans le liquide périviscéral,
et il y en a o,6i dans l'eau de mer (à Villefranche) ; la conductibilité spécifique est
égale pour le liquide périviscéral à 700. io~* et à 782. iq"** pour l'eau de mer; enfin,
A = 2°, 22.
» 2° Lorsqu'on place des Oursins dans l'eau de mer diluée, le liquide périviscéral di-
minue de concentration et se met en équilibre osmotique avec l'eau extérieure; à ce
moment il contient moins de chlore que l'eau extérieure. Exemples :
Durée Mol CI A du liquide K.io' du liquide
d'immersion. par litre. périviscéral. périviscéral.
h m o
I 3o 0,55 aj09 657
5 o,5o 1,79 609
6 20 0,475 1,67 576
24 0,45 T,65 56o
» Dans ces expériences, l'eau extérieure se composait de 3' eau de mer m-i' eau
douce; elle contenait o"°^,47Gl par litre,
A = J°,65, K. 10^=576.
» 3° Le poids des Oursins placés dans l'eau de mer diluée augmente dans une pro-
portion qui correspond à la diminution de concentration du liquide périviscéral.
» 4" Lorsqu'on place des Oursins dans de l'eau de mer diluée additionnée de
saccharose en quantité isotonique à l'eau de mer, le liquide périviscéral ne change pas
pendant les premières heures et, pendant ce temps, on ne trouve pas de sucre dans
leur liquide interne. Le poids de ces Oursins ne change pas.
» 5° La vitesse de changement de la concentration du liquide périviscéral des Oursins
dépend de deux facteurs principaux : d'une part elle dépend directement de la concen-
tration du liquide extérieur; d'autre part, elle est très fortement influencée par la
vitalité de l'animal; la régulation osmolique se fait bien plus lentement chez un animal
qui ne respire pas que chez un animal respirant bien.
» 6° Chez les Holothuries normales, le liquide périviscéral a la même teneur en
chlore que l'eau de mer; le liquide ambulacraire (de la vésicule de Poli) est un peu
moins riche en chlore (environ 0™°', 58 Cl par litre) ; le liquide stomacal est bien moins
riche en chlore, on en trouve 0"'°', 5o par litre chez les animaux fraîchement péchés et
Qmoi^55 chez les animaux gardés depuis 2 jours dans l'aquarium. (Résultat conforme à
celui obtenu par Enriques.)
» La conductibilité électrique du liquide stomacal est inférieure à celle de l'eau de
mer; l'abaissement cryoscopique est, pour ce liquide, égal à celui de l'eau de mer. Il
y a donc bien un équilibre osmotique entre ces difi'érenls liquides.
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE igoS. 728
» 7° Lorsqu'on place des Holothuries dans de l'eau de mer diluée, les trois liquides
étudiés par nous diminuent de concentration; cette diminution se produit parallè-
lement pour les trois liquides, et pendant toute la durée de l'expérience la teneur en
chlore du liquide stomacal est inférieure à celle du liquide périviscéral; lorsque, après
4 heures environ, l'équilibre est atteint le liquide stomacal contient moins de chlore
que le liquide périviscéral et que l'eau extérieure ( résultat contraire aux affirmations
de 0. Cohnheira).
» 8° Si l'on suspend le tube digestif isolé dans de l'eau de mer diluée, le liquide sto-
macal diminue rapidement de concentration et, au bout de 2 heures environ, on trouve
moins de chlore dans ce liquide que dans l'eau extérieure.
» 9° Lorsqu'on place des Holothuries dans de l'eau de mer diluée et rendue isoto-
nique à l'eau de mer par l'addition de saccharose, de sulfate de soude, de sulfate
d'ammoniaque ou d'urée, les liquides périviscéral, stomacal et ambulacraire ne changent
pas pendant les premières heures.
» 10° Le liquide du tube digestif suspendu dans les mêmes solutions ne change éga-
lement pas pendant les premières heures.
» II" Dans toutes les expériences précédentes on s'est assuré que les Holothuries
respirent normalement en ajoutant dans les expériences de contrôle du bleu de méthy-
lène ou du carmin au liquide extérieur; on trouve le poumon aqueux coloré jusqu'aux
dernières ramifications; la matière colorante ne pénètre pas dans la cavité cœlomique.
» Conclusions. — L'ensemble de ces résultais montre que les membranes
qui mettent en rapport la cavité interne des Oursins avec le liquide
extérieur sont des membranes semiperméables. De même la membrane du
poumon aqueux, celle de la vésicule de Poli et du tube digestif chez les
Holothuries sont des membranes semiperméables qui laissent passer rapi-
dement l'eau mais ne laissent pas passer les chlorures, les sulfates, le
sucre et même l'urée qui passe si facilement à travers les membranes ani-
males et végétales étudiées jusqu'ici.
» Remarquons que l'on ne connaissait encore qu'une seule membrane
animale vraiment semiperméable, c'est l'estomac de l'Aplysie, étudié par
Bottazzi et Enriques. Nos résultats montrent que ces membranes doivent
être plus répandues chez les animaux inférieurs qu'on ne le pense
ordinairement.
» Les recherches faites à Wimereux, sous la direction de M. Giard, par
M. Siedlecki sur les Épinoches {Comptes rendus, i4 septembre i9o3) ont
conduit cet auteur à l'admission de membranes semiperméables chez ces
Poissons. »
-724 ACADÉMIE DES SCIENCES.
HYGIÈNE. — Sur les matières grasses et f acidité des farines.
. Note de M. Balland. (Extrait.)
« Dans une série de recherches présentées à l'Académie, de i883à i885,
j'apportais quelques faits nouveaux relatifs à l'acidité et aux matières
grasses des farines. J'ai fait un pas de plus dans cette voie, avec le con-
cours de M. Maurice Droz. Voici quelques-unes de nos principales expé-
riences.
« I. Germes de blé mélangés de son provenant d'une mouture récente des
moulins de l' Assistance publique de Paris.
» Conclusions. — Les matières grasses solubles dans l'élher, contenues
dans les germes de blé mélangés de son, provenant d'une mouture récente,
renferment très approximativement 83,34 pour 100 d'huile fluide et
16,66 pour 100 d'acides gras solides, ayant des points de fusion variables.
En dehors de ces acides solubles à la fois dans l'éther et dans l'alcool, il
existe, dans le produit initial, d'autres acides, insolubles dans l'éther
seul.
» IL Farine de blé tendre pour pain de munition, de mouture ancienne.
)) Conclusions. ~ Les matières grasses de cette ancienne farine sont con-
stituées par environ 18 pour 100 d'huile très fluide et 82 pour 100 d'acides
gras mélangés, ayant des points de fusion différents.
)) L'acidité de la farine est due à plusieurs acides, les uns solubles dans
l'eau, l'alcool et l'éther, les autres insolubles dans l'eau et dans l'éther.
M^IIL Farine de blé dur pour pain de munition, de mouture ancienne.
» Conclusions . — Les matières grasses, dans cette vieille farine, sont
entièrement formées d'acides gras libres qui s'opposent à l'hydratation et
àjl'exlraction du gluten.
)) IV. Farine du commerce de moulure récente.
» V. Farine du commerce de mouture ancienne, conservée en flacon bouché
depuis 1893.
)) Vl. Farine du commerce étuvée, conservée en flacon bouché depuis 1893.
)) VIL Farine pour pain de munition conservée en flacon bouché depuis
i885.
» VIII. Matières grasses extraites des faî'ines conservées en flacon bouché
depuis 1884.
» Conclusions générales. — 1. Les matières grasses, dans les farines
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE IQoS. 725
fraîches, sont constituées par une huile très fluide et des acides gras solides,
ayant des points de fusion différents. Avec le temps, l'huile, qui est en très
fortes proportions au début, va en diminuant progressivement et finit par
disparaître, alors que les acides gras suivent une marche parallèle ascen-
dante; de telle sorte que le rapport entre l'huile et les acides gras permet
de s'assurer si une farine est de mouture récente ou ancienne. Ce rapport
s'établit facilement en épuisant les matières grasses, extraites par l'éther,
à l'aide de l'alcool à 95°, qui dissout les acides gras et laisse l'huile inso-
luble.
» 2. Les acides gras, formés aux dépens de l'huile, disparaissent à leur
tour et l'on finit par n^en plus trouver dans les très vieilles farines.
)) 3. La transformation des matières grasses en acides gras ne s'opère
pas seulement au'sein des farines; elle se manifeste aussi sur les produits
isolés par l'éther.
» 4. L'acidité des farines est produite par divers acides organiques qui
vont en augmentant avec l'ancienneté des farines. Nos expériences, tout
en confirmant et précisant certains faits relatifs à l'acidité des farines,
observés par des pharmaciens militaires (Wagner, 1890 — Roeser, 1898
— Manget, 190 i), montrent que cette acidité est principalement due à des
acides gras solubles dans l'alcool à g^° et justifient le mode de dosage,
devenu classique, que nous avons proposé en i883.
» 5. L'acidité, premier indice de l'altération des farines, ne se rattache
pas, comme je l'ai avancé, à des transformations microbiennes éprouvées
par le gluten ; elle vient directement des matières grasses. Le gluten n'est
atteint que lorsque les matières grasses, ou mieux les acides gras qui en
résultent, commencent à disparaître.
)) 6. Plus une farine contient de matières grasses, plus elle est altérable;
c'est ainsi, qu'au même taux d'extraction, les farines provenant de blés
durs ou mitadins sont plus altérables que les farines de blé tendre. En
dehors des indications que j'ai données autrefois pour obtenir des farines
de longue conservation, on devra donc choisir, de préférence, les blés
tendres les plus pauvres en matières grasses. »
A 4 heures l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures trois quarts.
M. B.
726 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 19 octobre iqoS.
Journal de Chimie physique, Electrochiniie, The nno chimie, Radiochimie, Méca-
nique chimique, Stoechiométrie, publié par M. Philippe-A. Guye; t. I, fasc. 1-3,
juillet-septembre 1908. Genève, Henri Kûndig; Paris, Gauthier-Villars; 3 fasc. in-S".
(Présenté par M. Haller. )
Bévue générale de Botanique, dirigée par M. Gaston Bonnier, Membre de
l'Institut, t. XV, n° 177, livraison du i5 septembre igoS. Paris, Librairie générale de
l'Enseignement; i fasc. in-4°.
Bègle à calculs, instruction, applications numériques, tables et formules, par
A. Beghin, 3* édition. Paris, Ch. Béranger, 1904. (Hommage de l'auteur.)
Untersuchung liber die Eigenbevegung von Sternen in der Zone 65°-7o° nord-
licher Declination, von J.-Fr. Schroeter. (Publication des Universitàls-Observa-
toriums in Christiania.) Christiania, W.-G. Fabritius et Sonner, 1908; i vol. in-4°.
(Offert par l'Observatoire de Chiùstiania.)
Ad. Wernickes Lehrbuch der Mechanik, in elementarer Darstellung mit Anwen-
dungen und Uebungen aus den Gebieten der Physik und Technik, in zwei Teilen ;
erster Teil : Mechanik /ester Kôrper, von D"" Alex. Wernicke; vierie vôllig um
gearbeitete Aufgabe. Brunswick, Friedrich Vieweg, igo3. (Offert par l'éditeur. )
Un nuevo ferrocarril original en la isla Formosa {Japon), por Antonio Gobos
Liso. (Article du Journal El Obrero de ferrocarriles y tranvias, 2^ année, n° 47,
i4 octobre 1908. ) Madrid; i feuille in-f°.
Great trigonometrical surçey of India, vol. XVII : E lectro-telegraphic longitude
opérations executed during the years 1894-1896. Dehra Dun, 1901; i vol. in-4°.
Boletin mensal do Observatorio do Bio de Janeiro; janeiro-março, 1903. Rio-
Janeiro ; i fasc. in-8°.
Ouvrages reçus dans la séance du 27 octobre 1903.
Mémoires de l' Académie des Sciences de l' Institut de France. Tome XLVI :
« Recherches sur une propriété nouvelle de la matière, activité radiante spontanée
ou radioactivité de la matière », par M. Henri Becquerel. Paris, Firmin-Didot et C'^,
Gauthier-Villars, 1908; i vol. in-4°.
Atlas photographique de la Lune, publié par l'Observatoire de Paris, exécuté
par MM. M. LoEWvet P. Puiseux;^^ fascicule, comprenant : 1° Études sur la topogra-
phie et la constitution de l'écorce lunaire ( suite) ; 2° Planche g : Image obtenue au
foyer du grand équatorial coudé; 3° Planches XXXVI à XLI : Héliogravures d'après
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE IQoS. 727
les agrandissements sur verre de quatre clichés des années 1897, 1899 et 1901. Paris,
Imprimerie nationale, 1908; texte, i fasc. in-4° ; planches, i fasc. in-f°.
Les anciens Palagons, contribution à l'étude des races précolombiennes de l'Amé-
rique du Sud, publiée par ordre de S. A. S. le Prince Albert P'', par le D"" V. ^'ERNEA.u.
Imprimerie de Monaco, i9o3; i vol. in-4°. (Présenté par M. Albert Gaudry. Hommage
de l'auteur.)
Etudes sur la classification et l'évolution des Hippurites, par Ar. Toucas;
!'"'= partie. Planches VII-XIII. ( Mémoires de la Société géologique de France : Paléon-
tologie ; t. XI, fasc. 2.) Paris, 1908; i fasc. in-4°.
Mémoire sur la flexion et la torsion des solides et son application aux construc-
tions, par EuG. Ferron. Luxembourg, L. Bûck, 1908; i fasc. in-8°..( Hommage de
l'auteur.)
Bulletin de la Société normande d'Études préhistoriques; t. I, 1898; t. IX, 1901.
Louviers, imp. Eug. Izambert, 1894-1902; 9 vol. in-8°. (Présenté par M. Albert
Gaudry. )
Jac. Berzelius reseanteckningar, utgifna af Kungl. Svenska Vetenskapsakademien
genom H. -G. Sôderbaum. Sockholm, P. -A. Norstedt et fils, 1908; i vol. in-8°.
Proceedings of the United States ISational Muséum : vol. XXVI, pub. under the
direction of the Smithsonian Institution. Washington, 1908; i vol. in-8°.
Water-supply and irrigation papers of the United States geological Survey:
n°^ 65-79. Washington, 1902-1908; i5 fasc. in-8°.
Arkiç utgifvet af K. Svenska Vetenskaps-Akademien : Matematik, Astronomi
och Fysiky Bd. I, hâfte 1-2. Kemi, Mineralogi och Geologi, Bd. I, hâfte 1. Botanik,
Bd. I, hâfte 1-3. Zoologi, Bd. I. hâfte 1-2. Stockholm, 1908 ; 4 vol. in-S''.
Kungl. Svenska Vetenskaps-Akademiens Arslok for ar 1908. Stockholm, 1908;
I fasc. in-S".
Republica Argentina. Anales del Ministerio de Agricultura : Seccion de Co-
mercio, Industrias y Economia; t. I, n° 1. Buenos-Ayres, 1908; i vol. in-8°.
Archives des Sciences biologiques, pub. par l'Institut impérial de Médecine expé-
rimentale à Saint-Pétersbourg; t. X, n° 1. Saint-Pétersbourg, 1908; i vol. in-4°.
Natuurkundige Verhandelingen van de hollandsche maatschappij der IVeten-
schappen te Hacirlem. Derde Verzameling, deel V. Haarlem, 1908; i vol. in-4''.
Abhandlungen der kaiserlichen Leopoldinischen-Carolinische deutschen Aka-
demie der Naturforscher ; Bd. LXXX, mit 25 Tafeln. Halle, 1908; i vol. in-4''.
Ouvrages reçus dans la séance du 2 novembre 1908.
Cours de Mécanique de la Faculté des Sciences. Traité de Mécanique rationnelle,
par Paul Appell, Membre de l'Institut, Doyen de la Faculté des Sciences; 2^ édition
entièrement refondue; t. II : Dynamique des systèmes. Mécanique analytique. Paris,
Gauthier-Villars, 1904; i vol. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Traité de Radiologie médicale, publié sous la direction de Ch. Bouchard, Membre
de l'Institut, Professeur de Pathologie générale à la Faculté de Médecine; avec
-728 ACADÉMIE DES SCIENCES.
356 figures et 7 planches h. t. Paris, G. Sleinheil, 1904; i vol. {11-4°. (Hommage de
M. Bouchard.)
Résultai des campagnes scientifiques accomplies sur son yacht par Albert P'',
Prince souverain de Monaco, publié sous sa direction avec le concours de M. Jules
Richard; fasc. XXIII : Bryozoaires provenant des campagnes de THirondelle
(1886-1888), par Jules Julien et Louis Calvet, avec 18 planches; fasc. XXIV:
Recherches sur l'existence normale de l'arsenic dans Vorganisme, par Gabriel
Bertrand, avec 5 figures dans le texte. Imprimerie de Monaco, 1900; i vol. et i fasc.
in-f°, (Hommage de S. A. S. le Prince Albert de Monaco.)
Carte bathymétrique des îles Açores, d'aj)rès les cartes françaises et anglaises, les
sondages du T^alisman, du Challenger, de S. A. S. le Prince de Monaco, Hirondelle
et Princesse- Alice, et de VAçor, par J. Thoulet, corrigée d'après les sondages exé-
cutés en 1902 par la Princesse-Alice et les travaux les plus récents. — Banc de la
Princesse-Alice, sondages exécutés les iZ, 24, 25, 26 août 1902; Carte dressée par
MM. le Capitaine H.-C. Carr et Ch. Sauerwein, Enseigne de vaisseau, 2 sep-
tembre 1902. Paris, imp. Vieillemard fils et C'*^, 1908 ; les 2 cartes sur une seule feuille
double-colombier.
{A suivre.)
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 9 NOVEMBRE 1905,
PRÉSIDENCE DE M. ALBERT GAUDRY.
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIMS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIQUE. — Sur l' emmagasinement des rayons n par certains corps.
Noie de M. R. Blo.vdlot.
« Au cours de recherches sur les rayons /î, j'ai eu l'occasion de constater
un fait très remarquable. Des rayons n, produits par un bec Auer enfermé
dans une lanterne, traversaient d'abord l'une des parois, formée d'une
feuille d'aluminium, de cette lanterne, puis étaient concentrés à l'aide d'une
lentille en quartz sur du sulfure de calcium phosphorescent ('), Le bec
Auer avant été éteint et enlevé, l'éclat de la phosphorescence demeura, à
ma grande surprise, presque aussi intense qu'auparavant, et, si l'on inter-
posait un écran de plomb ou de papier mouillé, ou la main, entre la lan-
terne et le sulfure, celui-ci s'assombrissait : rien n'était changé par la
suppression du bec Auer, sauf que les actions observées s'affaiblissaient
progressivement. Au bout de 20 minutes, elles existaient encore, mais
étaient à peine sensibles.
» En étudiant de près les circonstances du phénomène, je ne tardai pas
à reconnaître que la lentille en quartz était devenue elle-même une source
de rayons n; lorsque, en effet, on enlevait cette lentille, toute action sur
le sulfure disparaissait, tandis que, si on l'approchait, même latéralement,
le sulfure devenait plus lumineux. Je pris alors une lame de quartz épaisse
de iS'"'", sa surface formant un carré de o*^'" de côté; j'exposai cette lame
(') Ce sulfure était fortement tassé dans une fente pratiquée dans une feuille de
carton épaisse de o""",8; la largeur delà fente est de C^'^^jO; sa longueur est iS'"'". On
obtient ainsi, après insolation, une petite source lumineuse très sensible auxrayons n.
G K., 1903, 2' Semestre. (T. CXXXVII, N" 19.) 9^
73o ACADÉMIE DES SCIENCES.
aux rayons n émis par un bec Aiier à travers deux feuilles d'aluminium et
du papier noir. Elle devint active comme la lentille : lorsqu'on raj)prochait
du sulfure, il semblait, suivant l'expression de M. Bichat, que Ton écartât
un voile qui l'assombrissait. On obtint un effet encore plus marqué en
interposant la lame de quartz entre la source et le sulfure, tout près de ce
dernier.
» Dans ces expériences, l'émission secondaire par le quartz s'ajoute aux
rayons n émanés directement de la source. Cette émission secondaire
a bien son siège dans toute la masse du quartz, et non pas seulement à sa
surface, car, si l'on place successivement plusieurs lames de quartz l'une
sur l'autre, on voit l'effet augmenter à chaque lame ajoutée. Le spath
d'Islande, le spath fluor, la barytine, le verre, etc. se comportent comme
le quartz. Le fdament d'une lampe Nernst reste actif pendant plusieurs
heures après que la lampe a été éteinte.
» Une pièce d'or, approchée latéralement du sulfure soumis aux rayons n,
augmente son éclat; le plomb, le platine, l'argent, le zinc, etc. produisent les
mêmes effets. Ces actions persistent après l'extinction des rayons /i, comme
dans le cas du quartz; toutefois, la propriété d'émettre des rayons secon-
daires ne pénètre que lentement dans le sein d'une masse métallique :
ainsi, si l'une des faces d'une lame de plomb épaisse de 2™"^ a été exposée
aux rayons n pendant quelques minutes, cette face seule est devenue
active; une exposition de plusieurs heures est nécessaire pour que l'acti-
vité atteigne la face opposée.
» L'aluminium, le bois, le papier sec ou mouillé, la paraffine, ne
jouissent pas de la propriété d'emmagasiner les rayons n. Le sulfure de
calcium la possède : ayant enfermé une dizaine de grammes de ce sulfure
dans une enveloppe de lettre, puis ayant exposé cette enveloppe aux
rayons ji, je constatai que son voisinage suffisait pour renforcer la phos-
phorescence d'une petite masse de sulfure préalablement insolé. Cette
propriété explique une particularité constante que j'ai signalée antérieu-
rement, à savoir que l'augmentation de la phosphorescence par l'action
des rayons n met un temps appréciable tant pour se produire que pour
disparaître. Grâce, en effet, à l'emmagasinement des rayons «, les diffé-
rentes portions d'une masse de sulfure renforcent mutuellement leur phos-
phorescence; mais comme, d'une part, l'emmagasinement est progressif,
ainsi que je l'ai constaté directement, et comme, d'autre part, la provision
emmagasinée ne s'épuise pas instantanément, il en résulte que, lorsque
l'on fait tomber des rayons n sur du sulfure phosphorescent, leur etfet
SÉANCE DU 9 NOVEMBRE igoS, 781
doit croître lentement, et que, lorsqu'on les supprime, leur effet ne peut
s'éteindre que progressivement (' ).
» Des cailloux ramassés vers 4*" f^e l'après-midi, dans une cour oii ils
avaient reçu les radiations solaires, émettaient spontanément des rayons n :
il suffisait de les approcher d'une petite masse de sulfure phosphorescent
pour en augmenter l'éclat. Des fragments de pierre calcaire, de brique,
ramassés dans la même cour, produisaient des actions analogues. L'acti-
vité de tous ces corps persistait encore au bout de 4 jours, sans affaiblisse-
ment bien sensible. Il est toutefois nécessaire, pour que ces actions se
manifestent, que la surface de ces corps soit bien sèche; nous savons, en
effet, que la plus mince couche d'eau suffit pour arrêter les rayons n. La
terre végétale fut trouvée inactive, sans doute à cause de son humidité;
des cailloux pris à quelques centimètres au-dessous de la surface du sol
étaient inactifs, même après avoir été séchés.
» Les phénomènes d'emmagasinement des rayons n qui font l'objet de
la présente Note doivent tout naturellement être rapprochés de ceux de la
phosphorescence; ils présentent toutefois un caractère tout spécial comme
j'ai l'intention de le faire connaître prochainement. »
MEMOIRES PRESENTES.
M. Prosi»er de Lafitïe soumet au jugement de l'Académie un Mémoire
ayant pour titre : « Le carré magique de 3. Solution générale du pro-
blème. »
(Commissaires : MM. Picard, Painlevé.)
M. A.-N. Paxoff adresse un Mémoire « Sur la propagation de l'attrac-
tion. »
(Renvoi à l'examen de xM. Appelt.)
( ') J'indique de nouveau ici que, d'une manière générale, il y a avantai;e, dans les
expériences sur les rayons /t, à remplacer le bec Auer par une lampe Nernsl consom-
mant 200 watts.
^3'J! ACADÉMIE DES SCIENCES.
CORRESPONDANCE.
GÉOMÉTRIE. — Sur la détermination des figures invariantes des transforma-
tions cycliques. Note de M. Rabut, présentée par M. Hatoa de la Gou-
pillière.
« J'ai fait connaître (*) les équations générales des figures invariantes
de la transformation polaire réciproque, et le procédé qni m'y a conduit
s'étend aisément à toute transformation réciproque (ou dont la répétition
produit l'identité) sans autre restriction que la possibilité d'exprimer cette
transformation par des équations diriérentielles.
» Je me propose ici d'élargir bien davantage cette méthode en traitant
le cas général d'une transformation cyclique, c'est-à-dire qui, opérée n fois
de suite, aboutit à l'identité.
» Envisageons une telle transformation dans l'espace; elle se représente
par trois équations reliant un élément infinitésimal d'une figure (défini
par les coordonnées x, r, z et les dérivées x' , y', x" , y", ...,x"', y"" si cette
figure est une ligne, ou/?, q, r, s, /, . . . s'il s'agit d'une surface) avec l'élé-
ment transformé. Affectons ces quantités des indices i, 2, 3, . . ., /? dans la
fissure primitive et ses transformées successives, l'élément n H- i étant iden-
tique à l'élément i. Convenons d'autre part, pour abréger, d'écrire
F(i, 2, ..., n — I, n) pour une fonction des quantités ci-dessus, relatives
aux figures successives i , 1, . . ., (n — i), n, contenant, en outre, des para-
mètres auxiliaires dont l'emploi va être justifié.
» Une transformation cyclique peut toujours être caractérisée par un
svstème d'équations tel que
Fi(i, 2, ...,/? — r, «) = o,
F, (2, 3, ..., rt, i) =0,
Fi(3, 4, .-., I, 'J^) =0,
F2(l, 2, .
F,(2, 3, .
F,(3, 4, .
... // T ,
... a. I )
.., 1, 2)
u
)
= 0,
= 0,
= 0,
F/,(I, '2, .
F/,(2, 3, .
., F/,(3, 4, .
..,« — !,/?) = 0
. . , n , T ) =0
. . , n, V.) = 0
FoCrt, 1, .
1
1
—
1 )
= 0,
L 1 ' _-•
., F/,(^rt, 1, .
-. i_i:
. , /i — 2 , n — I ) =0
F,(n, I, ..., n — 2», n — r) = o,
contenant chacune, outre les coordonnées et dérivées relatives à l'élé-
(•) Comptes rendus, 17 juin 1901.
SÉANCE DU 9 NOVEMBRE T9o3. ^"^3
ment i et à ses transformés, des paramètres auxiliaires en nombre/. En
effet, suivant la valeur du nombre n et celle de l'ordre m de ces équations
différentielles, on peut toujours choisir ^ et / de telle façon que l'élimination
des coordonnées et dérivées d'indice supérieur à 2, ainsi que des oara-
mètres auxiliaires, entre ces nk équations, en laisse subsister trois entre les
coordonnées et dérivées d'indices i et 2; ces trois équations résultantes
sont les équations difFérentielles de la transformation,
» D'autre part, une figure de l'espace (ligne ou surface) admettant cette
transformation peut toujours être caractérisée en adjoignant à ces trois
équations un système de n/ équations (i) où les fonctions données F sont
remplacées par des fonctions $ contenant \ paramètres auxiliaires. On
peut, en effet, choisir x. et X de façon que l'élimination des coordonnées et
dérivées d'indices ^i, ainsi que des paramètres auxiliaires entre ces
ny -I- 3 équations, en laisse subsister deux ou une (savoir deux dans le cas
d'une ligne, une dans le cas d'une surface) entre les coordonnées et déri-
vées d'indice i. Ces deux équations résultantes, ou cette unique équation
résultante, représentent une ligne ou une surface invariante dans la trans-
lormation considérée; en choisissant <î> arbitrairement, on obtient toute
figure jouissant de cette propriété.
» Il ne reste qu'à indiquer comment on détermine, dans chacun des
deux cas, les nombres k, l, y, 1.
» Premier CAS. — Transformations de lignes. — Le nombre des coordon-
nées et dérivées d'indice >> 2 est {im + 3)(/^ — 2). Il faut donc que
nk = ('2/n + 3) fn — 2) + / •+- 3,
d'oi^i
k = ini -h j — ~ ' 5
n
/ayant la plus petite valeur qui rende k entier.
Le nombre des coordonnées et dérivées d'indice >> i étant
{im + 3) (/2 — i),
la seconde condition à remplir est
ny^^= (^im -h 3 i (/?. — i) -h X -h 2,
734 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'où
o 2 m + 2 — X
y = 27?? -f- J — )
7. ayant la plus petite valeur qui rende / entier.
)) Deuxième CAS. — Transformations de surf aces. — Nombre de coordon-
nées et dérivées d'ordre > i :
» Première condition à remplir :
nk =-
d'oii k et /;
■ /??. + I ) ( /?i + 2 ) , . . , ,,
2](/Z-2)
)) Deuxième condition à remplir :
t( /;? -i- I ) ( /7î H- 2 ) 1 . s
^ ^i 1 + oj (,, _ t) + >. + I ,
d'où / et 'k. ))
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l' approximation des fonctions par les
irrationnelles quadratiques. Note de M. S, Pincherle, présentée par
M. £. Picard.
« Une Note, publiée par M. Borel dans l'un des derniers fascicules du
Bulletin de la Société mathématique de France, montre d'une façon aussi
simple qu'élégante l'usage qu'on peut faire des nombres quadratiques
a ± sjb pour représenter par approximation un nombre réel quelconque.
» Je me propose ici d'indiquer une méthode qui permet, d'une façon
analogue, de représenter par approximation une fonction analytique quel-
conque, régulière dans le domaine |^|^ R, par une fonction de la forme
P H- y'O, où P et Q sont des fonctions rationnelles ('). Bien entendu, il
s'agit d'approximation algébrique comme dans l'algorithme des fractions
(') Cf., pour des applications plus générales clans cet ordre d'idées, mes Mémoires
publiés par l'Académie de Bologne (S. IV, t. X, 1890, p. 5i3 et S. V, t. IV, 189^) et
dans les Annali di Matematica (S. II, t. XIX, 1891, p. 70).
SÉANCE DU Ç) NOVEMBRE I903. 735
continues et dans celui de Ch. Hermite, dont la méthode que je vais indi-
quer est, au fond, une application.
» Soit a(j:-) une fonction qui, pour des valeurs assez grandes de [x|,
admet un développement
(\ An n'i rC<>
.r) = — -h -4 + ^ H-....
» Etant donné un nombre entier n aussi grand qu'on voudra, on pourra
toujours déterminer trois polynômes entiers en x, T\,, Q,,, R„, tels que
Ci) a„=P,,+ Q,,a+-R,,ry.2
soit une série de puissances décroissantes de iv, dont le premier terme est
x~("+*\ les degrés de P„, Q„, R„ étant respectivement
m — I , m. m — i si /i = 2m,
m — I , m, m, si n -= -i ni -\- \ .
» Le nombre des coefficients que l'on doit annuler est 3/72 dans le pre-
mier cas, et 3m -+- i dans le second; or, les constantes dont on peut dis-
poser étant en nombre 3m 4- i dans le premier cas et 3m + 2 dans le
second, les polynômes P^, Q„, R„ sont en général déterminés, à un facteur
constant près.
M Si l'on substitue, à la relation (i), l'équation approchée
(o) R^^^,2+Q^^0,_|_p^^=:O,
on en tire
2R, ( -y Ql
n La fonction
étant du degré — i ou — 2 suiv^ant que n = 2m ou 2m -i- i, tend vers
zéro pour n = co; on peut donc développer la racine carrée en série de
puissances de x'^* et, puisque a est nul pour ;r — co, on doit prendre le
signe — du radical.
» Si maintenant l'on compare l'expression approchée de x
736 ACADÉMIE DES SCIENCES.
avec l'expression exacte
Qa il _ ./j 4(Pn— ««)H,(
on voit imnfiédiatement que, dans cette dernière, les coefficients de a„ ne
figurent, dans le développement en série de puissances de cc~^ , qu'à partir
du terme de degré — (3//^ 4- i) dans la parenthèse et, par suite, dans le
produit, à partir du terme de degré — 3m pour n = im, et — (3m -f- i)
pour /l = 2/?2 -t- 1 .
» La fonction a est donc représentée par l'expression approchée (3)
développée en série, jusqu'au terme de degré — 3m + i ou — 3m inclusi-
vement, suivant que n -- nm ou 2m + t. )j
MÉGANIQUE, — Généralisation de la propriété fondamentale du potentiel.
Note de M. A. de Saint-Germaix, présentée par M. Appell.
« On a très nettement établi que, lorsqu'elle s'exerce suivant la loi de
Newton, l'attraction d'une masse continue S sur un de ses points A, a ses
composantes tmies et égales aux tierivees partielles -y-^, —, -r^ du potentiel;
je veux montrer qu'il en est encore de même quand l'attraction varie en
raison inverse de la n}*^^^ puissance de la distance, pourvu que n soit infé-
rieur à 4 ; si 72^4? ^ est infini à l'intérieur de S.
» Je suppose que l'attraction exercée sur le point A par un élément de
masse dij. situé en un point M à la distance ii du point A soit égale à — ;f»>
et que la densité en chaque point de S soit une fonction holomorphe des
coordonnées. Si au point A, de coordonnées ^, y, z, la densité est p, au
point M, dont les coordonnées sont x -h ^, y -+- '/), z -{- C elle aura pour
expression
, y dp , àp , y àp ,
P + ^5t.+-'.3J;+^5T +■••=? + =-■«.
a ayant une valeur finie qui dépend de u et de la direction AM.
» J'envisage une sphère a, de très petit rayon s, ayant son centre au
point attiré A, et je décompose S en deux parties : l'une S, remplissant le
volume (7, l'autre So extérieure à c. Soient X, X,, X^ les composantes,
suivant l'axe OX, des attractions exercées sur A psr S, S,, S^ ; V, V,, V^ It^s
SÉANCE DU 9 NOVEMBRE IQoS. 737
potentiels de ces masses. Le point A ne faisant pas partie de S^, on sait
d.v
que Xo est égale à -t-=; on a donc évidemment
\. ^ — V I -
fJX <).v
àV,
» Si nous reconnaissons que X, et -r-'^ décroissent indéfiniment avec s,
'■ or
-r- ont des valeurs déterminées, X r—
OU' (JOC
tandis que X et-r- ont des valeurs déterminées, X r— sera nécessaire-
ment nul.
» Considérons d'abord X,. Je décompose S, en éléments au moyen des
coordonnées polaires u, 0, (j^, G étant l'angle de AM avec OX, et j'ai
(hx = ( p -t- a. « ) ?^- s i u 0 (lu r/0 d'^,
( \ -y- _. r'"" [''' r^ p s\nO cosO du cK) d'h ^ . f f T a cosO sin 0 r/// r/0 ./'i
» La première intégrale, représentant ime composante de l'attraction
d'une sphère homogène sur son centre, est nulle; en désignant par a, un
nombre compris entre la plus grande et la plus petite des valeurs de a cosô
à l'intérieur de a, la seconde intégrale a pour valeur
^ s'ivx') du d^ d<]^ STcXa, ,_^^
r r r sinOrf^
n étant <^4» X, décroît indéfiniment avec e, et la valeur de X étant finie sera
certainement déterminée. Si A était sur la surface qui limite S, le champ
des intégrales (i) serait réduit à la moitié de la sphère a et la première
de ces sommes deviendrait infinie, en même temps que l'attraction,
pour n^3.
» Pour calculer -y-^ je mène, parallèlement à OX, un vecteur AA' de
longueur très petite h\ si, en A', le potentiel de S, a pour valeur V ,
--,— sera égal à la limite de —^~. — ~ quand h tendra vers zéro. On a d'abord
» Représentons maintenant par ce -^ h -h c, y -\- r\, s -f- '( les coordon-
nées du point M, par a la distance A'M; l'expression de V, sera analogue
à celle de V,, si ce n'est qu'on devra remplacer [r/.u par iy.u -+- p'/i, p' ayant
G. R., igoS, 2° Semestre. (T. CXXXVII, N° 19.) 97
738 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pour limite -~ et faire varier u de zéro à s + k, k s'annulant avec h. De
cette valeur je retranche celle de V,, je divise par h et, pour simplifier
l'écriture, je multiplie tous les termes par — , — ; il vient
""^ ' I du
(2)
h u"-
» Quand /< et /c tendront vers zéro, la première des intégrales relatives
à u tendra vers — r lim-f- Or la limite de 7- est — cosO, comme on le voit
géométriquement, ou, en partant de la relation
£- = (e + ky 4- h- -f ih(z 4- k) cosG;
il en résulte qu'en passant à la limite la première des intégrales (2) s'an-
nule. Un raisonnement semblable montre que la seconde a pour limite
— 27îao£''~", oco ayant une signification analogue à celle de a, : la limite de
la troisième intégrale s'aperçoit aisément et l'on trouve
lim 111 '
du
h âx n — I \i\ — n dx
Donc -t—' décroît indéfiniment avec e et -r— a une valeur finie et déter-
ox ax
minée, ce qui justifie notre proposition. »
THERMODYNAMIQUE. — Sur les lois du déplacement de l'équilibre chimique.
Note de M. E. Arîès, présentée par M. Mascart.
« Le potentiel total H d'un système chimique en équilibre, partagé
en o phases, peut être mis sous la forme
» J^e potentiel 11^ de la S"^'"^ phase est exprimé en fonction de la pres-
sion p, de !a température T et des proportions moléculaires x] des corps
mélangés qui constituent la phase, proportions qui sont, elles-mêmes, en
vertu des équations de l'équilibre, des fonctions de p et de T ( *).
(') Voir Comptes rendus du 27 juillet, p. 253.
SÉANCE DU 9 NOVEMBRE ICjO"). n3c)
» Le volume V,, l'entropie S^ de la S'*""^ phase, le potentiel moléculaire
et individuels^ de l'un quelconque des corps qui la forment sont donnés
par les formules
(■) v.= f, -s,= f,
» L'indice i, s'appliquant à l'un des q constituants indépendants du
système ou à l'un des r corps qui en dérivent, peut varier de i à <^ h- r.
)) Si, par suite d'une variation élémentaire de la pression ou de la tem-
pérature, ou des deux à la fois, le système passe à un nouvel état d'équi-
libre infiniment voisin du premier, on aura, en différentiant les équa-
tions fiX
(}[J- ' ap (Jl .amà (ip '
[i.^(i,2,...,r/ + r)].
-^^^^^dT^.^^ ^ "71^ ^T
» Multipliant la première de ces éqiiations par dp, la deuxième par r/T,
puis ajoutant membre à membre, il vient
l a v,«/> — «D.,ai = - - . ^
(3)
l ^/ V,. dp — d^, dT — —-1 dp- 4- 2 -r — ^, dp dT -f- —^=^ dj-
)) Si l'on représente par dN'^ et d^'^ les variations de volume et d'entropie
qui se seraient produites, si les modifications élémentaires J/? et r/T n'avaient
été accompagnées d'aucun changemerit chimique, on aura, en faisant tous
les dx nuls dans l'équation précédente,
d \ , dp — rtS, d 1 =r. ---- (hr 4- 2 -r — -;„ dp d 1 H ^^ d l'.
^ ' ^ Op' ' âpOl ' cl-
» Et l'équation (3) deviendra
(dY,,~-dY';)dp - (dSs-dS'^)dT=^('^dp 4- ^d'ï) dx],
soit
(4 ) dvs dp - dss dj = y^ (^^ dp + -^ t/ïj (/^•;",
^4o ACADÉMIE DliS SCIENCES.
dvg et dsg étant les variations de a olunie et d'entropie de la S'*"""^ phase, dues
à l'action chimique.
» D'autre part, en différentiant l'équation (2), on obtient, pour la
variation du potentiel h] dans la transformation considérée,
)) Multipliant chaque membre par dx] et ajoutant les q -\- r équations
obtenues, en donnant à l'indice ? les valeurs snccessives i, 2, ..., q-\-r,
il vient
(5) y^ih'M-^yJ^^,<jp+%<i-ï)<i..)-^.p\\,.
f/-H^ représentant la différentielle du second ordre du potentiel H^, quand
nii y suppose/? et T constants.
» I^a comparaison des formules (4) et (5) donne
Idh'.dx] = dv^dp - dssdj -+- d- M,.
» Reportons-nous maintenant au système tout entier, en ajoutant
membre à membre les ç équations semblables, relatives aux différentes
phases; le premier membre se réduira à zéro; c'est en effet la différence
de deux quantités nulles d'après les lois fondamentales de l'équilibre chi-
mique : ces quantités sont les variations du potentiel total du système
dans les deux clats d'équilibre con^i léi'és
1 a; dx] , et i ( a; + dh] ) dx\ ,
quand on suppose la température et la pression constantes, et qu'on fait
subir aux x les variations compatibles avec les liaisons du système, varia-
tions qui, dans le cas actuel, ne sont autres que celles nécessaires au
passage du premier au second état d'équilibre.
» Le second membre est donc nul, ce qui donne
dvdp - dsdT H- r/- H = o,
en désignant par dç et ds les variations de volume et d'entropie du système
tout entier, dues à V action chimique, et par d'H la différentielle du second
ordre de H, considéré comme une fonction des x seulement, les variations
de ces x étant d'ailleurs celles réalisées quand le système passe du premier
au second état d'équilibre.
SÉANCE DU 9 NOVEiMBRE igoS. 74 1
. » Mais, encore d'après les lois fondamentales de l'équilibre chimique,
d-H est positif; il ne peut être nul que pour un état d'équilibre indifférent,
les dx se rapportant à une transformation à tensions fixes, ce qui n'est pas
le cas. On a donc
dvdp — dsdT <C o.
» Cette inégalité, suivant que l'on y f<iit dï = o ou f^ = o, exprime les
deux lois de déplacement de l'équilibre attribuées à MM. Le Chatelier et
Van t'Hoff; elles peuvent s'énoncer très simplement, comme il suit ;
» Première loi. — .4 température constante, le changement chimique qui
se produit sous une augmentation de pression est celui qui entraîne une con-
densation de la matière.
» Deuxième loi. — A pression constante, le changement qui se produit sous
une augmentation de la température est celui qui absorbe de la chaleur. »
ÉLECTRICITÉ. — Cohésion diélectrique des gaz à basse température.
Note de M. E. Bouty, présentée par M. Lippmann.
« L'enceinte, de loo^ de capacité environ, qui contient les appareils,
a été refroidie à l'aide de l'air liquide. La température était donnée par un
thermomètre à toluène gradué jusqu'à — yS*^, mais qui permettait de
repérer approximativement les températures jusqu'au voisinage de — loo".
» Les mesures ont été réalisées à volume constant. Voici, à titre
d'exemple, quelques séries de nombres. C est le champ critique en volts
par centimètre.
» Air. — Pression rapportée à 17° : /i'^"%o-6.
t. C.
+ '4,7 '9^0
—38 1955
— 70 1953
» Pression rapportée à 1 7° : ô'^'", 039.
t C.
-1-12,5 2376
— 62 , 2387
7/|2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Hydrogène. — Pression rapportée à 17° : g<''",667.
t. ' C.
+ 16,7 2 1 67
— 20 2178
— 38 2i63
— 5i 2194
-84 (M 2195
—95(1) 2192
» Pour Tacide carbonique, les expériences isolées sont un peu moins
concordantes, mais les mesures relatives à des températures différentes ne
s'écartent pas plus entre elles que celles qui sont réalisées à une tempé-
rature invariable.
» Rapprochant ces mesures de celles que j'ai publiées antérieurement (-),
on est en droit d'affirmer que la cohésion diélectrique d'un gaz à volume
constant ne varie pas de j|^ de sa valeur entre — 100° et ■+• 200°, c'est-
à-dire dans des limites où la pression varie dans le rapport 2, 7.
» On peut rapprocher l'invariabilité de la cohésion diélectrique avec la
température de celle de l'indice de réfraction à volume constant, vérifiée
par l'expérience dans des limites encore plus larges (évaluation des tem-
pératures par le déplacement des franges d'interférence). Si l'on joint à ces
deux éléments la constante diélectrique, liée à l'indice par la relation bien
connue, mais relativement à laquelle on ne possède aucune mesure à haute
ou à basse température, on aura épuisé, je crois, la liste des propriétés
physiques des gaz indépendantes de la température, à volume constant.
» Dans la théorie des ions, on admet que la décharge disruptive se
produit, quand les ions positifs acquièrent dans le champ une vitesse
suffisante pour ioniser les molécules neutres. A volume constant, le
chemin moyen des ions et la vitesse acquise, dans un trajet égal à ce
chemin moyen, sous l'action d'un champ constant, sont invariables. Mes
expériences indiqueraient donc que la force vive minimum que doit pos-
séder un ion, pour qu'il puisse ioniser une molécule neutre, est indépen-
dante de la température. »
(') Températures seulement repérées.
(-) Voir Comptes rendus, t. CXXXVI, p. i646.
SÉANCE DU 9 NOVEMBRE igoS. 74^
PHYSIQUE. — Sur une solution pratique du problême de la photométrie
hétérochrome. Note de M. Charles Fabry, présentée par M. Mascart.
« Malgré de nombreux et importants travaux, le problème de la photo-
métrie hétérochrome ne semble pas résolu d'une manière vraiment pra-
tique. Dans la comparaison de deux sources de lumière de teintes très
différentes, comme un arc électrique et un étalon à flammes, il subsiste
une grande part d'incertitude et d'arbitraire. Les difficultés ne peuvent que
s'accroître par suite de l'introduction, dans la pratique de l'éclairage, de
sources de lumière de plus en plus diverses.
» La méJhode que je propose consiste à utiliser, pour chaque mesure pho-
tométrique, un étalon secondaire {on verra plus loin par quel moyen très
simple je l'obtiens) de même teinte que la lumière à mesurer. La compa-
raison devient facile, et les mesures de lumières analogues deviennent
parfaitement comparables entre elles. De plus, ces divers étalons secon-
daires peuvent être comparés avec l'étalon fondamental unique, une
fois pour toutes, avec tous les soins possibles, et par des méthodes
variées; on peut adopter pour chacun d'eux une valeur fixe, moyenne
d'un grand nombre d'observations; en un mot, résoudre une fois pour
toutes les difficultés que présentent les comparaisons hétérochromes,
au lieu de les laisser subsister dans presque toutes les mesures indus-
trielles.
» Pour réaliser ce programme, il faut évidemment posséder un étalon
secondaire de teinte identique à chacune des sources usuelles. En définitive,
la variété des teintes étant illimitée, il faut disposer d'une infinité d'éta-
lons secondaires. Il n'est cependant pas nécessaire de réaliser toutes les
combinaisons possibles de radiations simples en diverses proportions : deux
lumières peuvent avoir des compositions spectrales très différentes, et
produire sur l'œil des sensations colorées identiques, par suite se prêter à
des comparaisons photométriques précises. Il suffit de réaliser les étalons
secondaires de constitutions telles qu'ils donnent les mêmes sensations de
couleur que les diverses sources usuelles.
)) L'expérience m'a montré qu'on peut arriver à ce résultat en interpo-
sant devant un étalon à flamme (tel qu'une lampe Carcel) des milieux
absorbants convenables.
n/',4 ACADEMIE DES SCIENCES.
)) J'ai choisi deux liquides absorbants, de compositions bien définies, et faciles à
reproduire :
[ Sulfate de cuivre cristallisé is
A. \ Ammoniaque à 22° 100""'
( Eau. Quantité suffisante pour faire i'
[ Iode 18
B. < lodure de potassium 3s
[ Eau. Quantité suffisante pour faire i^
» Le liquide A afTaiblii la partie rouge du spectre, B la partie bleue. En faisant
passer la lumière d'une lampe donnée à travers des épaisseurs ^ et y de ces liquides,
on peut obtenir une infinité de teintes. L'expérience montre que, parmi elles, se
trouvent toutes les teintes des lumières utilisées (y compris la lumière solaire et celle
de Tare au mercure dans le vide) et probablement de toutes les lumières utilisables
pour l'éclairage. Il revient d'ailleurs au même de laisser l'épaisseur constante et de
faire varier la dilution, pourvu que, dans le liquide A, la proportion d'ammoniaque
ne s'écarte pas trop de -^.
» En même temps que la teinte, cette interposition de milieux absorbants modifie
l'intensité. On a déterminé, une fois pour toutes, l'affaiblissement produit par cette
absorption, et ce rapport, fonction de û: et y, peut être donné dans une Table numé-
rique ou par une formule empirique, que j'indiquerai dans un Mémoire plus étendu.
Pour la confection de cette Table, les comparaisons hétérochromes reparaissent iné-
vitablement, mais elles sont faites une fois pour toutes. Mes expériences ont été faites
sur la lampe Carcel, mais je me suis assuré que les nombres sont applicables à tout
autre étalon à flamme de teinte peu différente (lampe Hefner, lampe à essence), et
cela par des expériences précises qui ne comportent que des comparaisons de lumières
peu différentes.
)> Cela posé, pour faire une comparaison photométrique, on opérera de
la manière suivante : Soit à comparer une source L avec un étalon E. On
prendra une lumière de comparaison H, qui sera une lampe Carcel, ou
toute autre lumière de teinte analogue, qui n'a pas besoin d'être connue
en valeur absolue, mais devra rester invariable pendant la mesure. Elle est
placée d'un côté du photomètre, avec ses cuves absorbantes. De l'autre
côté, plaçons la source L à mesurer, mettons dans les cuves des liquides
tels que les teintes soient égalisées, puis établissons l'égalité d'éclairement.
Répétons les mêmes opérations en remplaçant la source à mesiuer par
l'étalon, les mêmes cuves (ou des cuves identiques) étant remplies de
nouveaux liquides (de l'eau pure si E est un étalon à flamme). Un calcul
très simple donne le rapport cherché.
» L'emploi de ma méthode ne complique pas notablement les comparai-
SÉANCE DU 9 NOVEMBRE l(,o3. n^S
sons photométriqiies: lamélhode ile double pesée que j'emploie esUoiijours
recommandable, puisqu'elle élimine toute erreur provenant des défauts de
symétrie du photomètre; l'expérience sur l'étalon peut, dans une série de
mesures, n'être faite que de temps en temps pour s'assurer de l'invariabi-
lité de la source de comparaison. Quanta la confection des liquides, elle
est des plus faciles, et peut être faite une fois pour toutes pour les diverses
sources usuelles. Enfin, la substitution de cuves pleines d'eau à des cuves
absorbantes se fait instantanément au moyen d'un système de glissières
convenables.
» J'espère donc que l'emploi de cette méthode permettrait, sans com-
plication notable, d'apporter plus de précision dans une question souvent
controversée. Les très grandes difficultés de la photométrie hétérochrome
seraient ainsi éliminées de la pratique courante, et reportées sur des
mesures, faites une fois pour toutes, et pour lesquelles d serait possible de
comparer et discuter les résultats trouvés par différents observateurs au
moyen de diverses méthodes. »
PHYSIQUE. — Sur la scuuUlaùon du sulfure de zinc phosphorescent, en
présence du radium, revivifiée par les décharges électriques. Note de
M. Th. To.mmasixa.
« M. Henri Becquerel, dans la conclusion de sa Noie du 27 octobre :
Sur la phosphorescence scintillante que présentent certaines suhstdhces sous
l'action des rayons du radium, disait : Ces/aits établissent sinon une démon-
stration, du moins une grande présomption en faveur de l' hypothèse qui attri-
buerait la scintillation ci des clivages provoqués irrégulièrement sur l'écran
cristallin par V action plus ou moins prolongée des rayons oc ('). Comme les
résultats de mes expériences confirment celle hypothèse, j'ai l'honneur de
signaler à l'Académie quelques faits nouveaux qui semblent élucider davan-
tage ce qui doit se passer dans ce curieux et très intéressant phénomène.
» M. Rutherford, de passage à Genève au mois de juin dernier, eut
l'amabilité de préparer sous mes yeux le spinthariscope de sir William
Crookes et de me donner ensuite les deux petils écrans au sulfure de zinc
phosphorescent. M. Rutherford appelait ce phénomène la scintillation du
zinc; avant son départ, je lui ai annoncé que j'avais obtenu la même scin-
(') Comptes rendus, t. GXXXVII, p. 634.
C. H., 1903, 2' Semestre. (T. CXXXVII, N" 19.) 98
74^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
tiUation, bien que moins brillante, sur un écran au platinocyanure de
baryum, et que l'on pouvait revivifier par les décharges électriques la scin-
tillation des écrans qui avaient été placés entre deux lames minces en
verre.
» Après quelques jours d'observation, les écrans, enveloppés dans le
même papier, l'un collé sur verre du côté actif et l'autre nu, mais
retourné contre le verre du premier, ont été renfermés dans uae armoire
obscure. Tout récemment on les a replacés sous le microscope et l'on a
constaté que :
» 1. L'éclat de la phosphorescence était presque identique sur les deux écrans et
semblait n'avoir point diminué;
» 2. L'écran collé contre verre né présentait plus aucune scintillation et sa phospho-
rescence semblait distribuée également sur toute la surface ;
» 3. L'écran nu présentait plusieurs points noirs et un seul point brillant, mais sans
scintillation.
)) L'on a entrepris la revivification par les décharges, simplement, au
moyen d'un bâton de résine et d'un bâton de verre, frottés, et l'on a
reconnu que :
» 1. La revivification avait lieu, soît par les décharges positives, soit par les néga-
tives; des décharges successives alternativement de signe contraire semblaient l'ac-
célérer davantage;
» 2. L'écran nu avait encore les points noirs, mais avait acquis une scintillation
beaucoup plus intense que l'autre écran, comparable à celle qu'il possédait au com-
mencement lorsqu'on avait écrasé sur le sulfure phosphorescent de minuscules frag-
ments de chlorure de baryum et de radium.
» Ces faits peuvent être attribués : soit à l'action purement mécanique
due aux attractions et répulsions des corps électrisés qu'on présente, les-
quelles, en agissant sur les fragments plus mobiles des sulfures, les dé-
rangent et mettent à jour de nouvelles facettes encore intactes; soit à
l'électrisation que les cristaux reçoivent et aux petites décharges qui en
résultent et produisent le renouvellement partiel et irréguher des clivages.
)) En effet, il a été facile de reconnaître, en fixant leurs positions dans
le champ de la lonpe, et à la lumière du jour, que les points noirs corres-
pondaient à des cavités ou interruptions plus ou moins profondes de la
couche cristalline. En outre, des observations successivement alternées à la
lumière et dans l'obscurité ont permis d'établir que la mise au point
exacte pour voir toute la scintillation se trouve être celle qui permet la
vision nette des arêtes plus proéminentes des cristaux de la couche supé-
SÉANCE DU 9 NOVEMBRE l9o3. 7^7
rieure. Celte dernière constatation et la précédente de la nature des points
noirs ou obscnrs montre que dans l'intérieur de la couche, entre les cris-
taux, il n'y a point de scintillation ; l'action est donc limitée à la surface et
semble indiquer l'origine électrostatique du phénomène lumineux, lequel
consistait en une production irrégulière de petites décharges là où se pro-
duisent les modifications des clivages.
» Celte explication donnerait la raison des intermittences qui caracté-
risent la scintillation, intermittences trop lentes pour être de l'ordre de
grandeur des actions électroniques directes, si l'on compare les dimensions
de ce qu'on voit, avec celles, extrêmement petites, que le calcul attribue
aux électrons. Il faudra donc admettre que chaque petit cristal ne devient
suffisamment électrisé, pour produire une décharge disruptive et modifier
sa forme, qu'après avoir reçu un nombre très grand de chocs par les parti-
cules constituantes des rayons a. Probablement ces particules rebondis-
santes après le choc constituent la substance même qui rend lumineuses les
petites décharges. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Remarques sur le dernier groupe de taches Solaires
et les perturbations magnétiques. Note de M. F. Quénisset, présentée
par M. Mascart.
« Le dernier groupe de taches solaires qui est passé au méridien central
le 3i octobre, de 9^ à 24**, et qui a déterminé à la surface de la Terre une
perturbation magnétique si intense n'était pas, en somme, très consi-
dérable.
» Ainsi que le montrent les? photographies que nous avons prises à
l'observatoire de Nanterre, ce groupe occupait sur le Soleil, le 3i octobre,
une étendue égale seulement au tiers de celle occupée par les grandes
taches du 1 1 octobre qui n'ont cependant occasionné relativement qu'une
faible perturbation (').
» Peut-être dans le cas de la dernière tache du 3i faut-il tenir compte
des immenses facules qui l'entouraient et surtout la suivaient sur plus
de 200000''™ de longueur. Elles étaient si intenses qu'elles ont été photo-
graphiées même le jour de leur passage au méridien central. On a rare-
ment observé et photographié des facules aussi étendues.
(•) En retard sensible sur le moment du passage au méridien central.
748 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Les photographies que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie
montrent nettement ces immenses facules ainsi que la différence remar-
quable d'étendue entre les deux groupes de taches en question.
» Il y a donc lieu de supposer que la dernière perturbation magnétique
a été occasionnée beaucoup plus par les facules ou l'état particulier d'agi-
tation de la chromosphère que par la tache elle-même. Des photographies
spectrales faites par la belle méthode de MM. Haie et Deslandres nous
apporteraient probablement, dans ce cas, des indications utiles. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la transparence de la mer.
Note de M. Thoulet.
« De nombreux observateurs ont étudié la transparence de la mer en
diverses localités, en mesurant la distance verticale à laquelle apparaît ou
disparaît à la vue un disque blanc immergé. Cette distance est la transpa-
rence, pour la localité et le moment oii la mesure est effectuée.
» Je me suis proposé l'étude synthétique de ce caractère particulier
des eaux marines et, dans ce but, j'ai opéré de la manière suivante :
» Une caisse en bois, blanche à rinlcrieur, noire à l'exlérienr, a sa paroi verticale
percée d'une ouverture ronde de 3'="^ de diamètre bouchée par un mince papier huilé.
A 20'='° en arrière, on installe une bougie et, successivement, diverses sources lumi-
neuses, bec de gaz papillon plus ou moins ouvert, bec Auer, lumière oxyhjdrique
dont l'intensité lumineuse est chaque fois évaluée en unités bougie placées à 20'^'^ par
le procédé ordinaire de la tache d'huile. De l'autre côté de l'ouverture, on installe
une lunette horizontale, composée de deux cylindres métalliques étanches dont
chacun, à une extrémité, est terminé par une glace verticale et susceptibles de rentrer
à volonté l'un dans l'autre. On remplit la lunette avec de l'eau contenant une quantité
connue de kaolin fin, préalablement lévigé et soigneusement débarrassé de toute
matière étrangère. Une graduation permet de mesurer exactement, à chaque expé-
rience, la dislance entre les deux glaces parallèles c'est-à-dire l'épaisseur de l'eau
bourbeuse nécessaire pour faire disparaître à la vue la source lumineuse. Le dosage
du kaolin s'efi'eclue très aisément par l'évaporation et la dessiccation à 5oo° d'un
volume connu d'eau bourbeuse.
» Ou peut donc faire varier à volonté : l'intensité de la source lumineuse, la
distance de la lunette à cette source, la proportion d'argile contenue dans le liquide,
enfin l'épaisseur d'eau bourbeuse de turbidité connue, nécessaire pour cesser d'aper-
cevoir l'ouverture éclairée.
)) Les expériences ont conduit aux conclusions suivantes :
» La courbe qui relie l'épaisseur y, exprimée en dixièmes de milli-
SÉANCE DU 9 NOVEMBRE igoB. 749
mètre, d'une solution rendue plus ou moins opaque par l'addition d'un
poids X variable et exprimé eu grammes par litre d'argile fine, avec ce
poids d'argile, épaisseur nécessaire pour faire disparaître à la vue un cercle
blanc marqué sur un fond noir, est une hyperbole équilatère de la
forme xy = t d'oii l'on tire, par conséquent, a? = -•
» La forme d'hyperbole équilatère persiste, quelles que soient l'intensité
de la source lumineuse et la [)roportion de matière argileuse en suspension.
» L'intensité de la source lumineuse possède une influence réelle, mais
assez faible, sur la trans})arence.
» Le diamètre apparent, ou, ce qui revient au même, l'éloignement de
la source lumineuse, est sans influence sensible.
» La valeur de e change avec l'intensité lumineuse, depuis 78
pour 0,^5 bougie, jusqu'à i54 pour 119 bougies. La valeur la plus conve-
nable à choisir pour s, dans les conditions les plus ordinaires où se font
ces mesures à la mer, paraît èlre s = [\o.
)) On peut ainsi doser le poids de sédiments en suspension par litre
d'eau de mer. C'est ainsi que l'eau de la Méditerranée orientale, dont la
transparence moyenne, suivant Luksch, serait de 33™, contiendrait par
litre 0^,00012 de matières argileuses, ou leur équivalent en planklon.
» Les mesures se prennent avec une boule de cuivre avant o™,i5 de
diamètre, peinte en blanc, susceptible de se lester plus ou moins, qu'on
suspend à une fine cordelette graduée de mètre en mètre, et qu'on laisse
descendre verticalement dans la mer. On observe avec une lunette d'eau ;
on mesure la distance à laquelle apparaît ou disparaît la boule, ce qui
donne la transparence, et l'on applique la formule xy = 4o- »
AÉRONAUTIQUE. — L' emploi (les ballons à ballonnet d' après la théorie
du général M eusnier. Noie de M. He.vry de La Vaulx, présentée par
M. Maurice Levy.
« Le général Meusnier posait en l'année 1783, au lendemain de la pre-
mière ascension d'un aérostat gonflé à l'hydrogène par Charles et Robert,
la loi suivante de l'équilibre aérostatique :
); La zone de navigation normale d'un ballon est sa zone de plénitude.
» Malheureusement cette zone s'élève progressivement dans le cours
d'un voyage aérien, à mesure que le lest se dépense et que le ballon perd
du gaz. Nombreux sont les inconvénients qui résultent de cette loi.
75o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» i^ L'aéronaute ne peut utiliser le courant de direction et de vitesse qui
lui paraît le plus favorable.
)) 2° Si la zone de plénitude du ballon se trouve au-dessus des couches
de nuages, l'aéronaule perd la terre de vue et ne connaît plus sa direction
ni sa vitesse, situation très dangereuse lorsqu'il n'est pas très éloigné d'une
mer ou d'une frontière ennemie.
)) 3^* Dans les voyages de longue durée par suite de l'élévation toujours
croissante de la zone de plénitude, l'aéronaute se trouve à la fin du voyage
emporté à des altitudes souvent pénibles oii tout l'organisme éprouve
les plus grands malaises. C'est ainsi que, dans mon ascension de Paris à
Rorostychew, gouvernement de Kiew, Russie (igsS'^™ en 35 h. 4^ min.)
je fus amené, pendant la seconde nuit du voyage, à des altitudes voisines
de 6ooo™.
» 4° L'aéronaute arrivé à de hautes altitudes doit garder en réserve,
pour régler la descente finale du ballon, une quantité de lest d'autant j)lus
grande qu'il sera monté plus haut; donc, abréviation du voyage.
)) Le jour même où le lieutenant Meusnier déterminait les lois de Téqui-
libre d'un ballon et ses conséquences, il en indiquait aussi le remède,
c'est-à-dire donnait à l'aéronaute les moyens de choisir à son gré sa zone
de navigation.
» Pour cela il lui conseillait de ménager dans le ballon une capacité parti-
culière destinée à renfermer de L'air atmosphérique. Autrement dit, il lui con-
seillait d'adapter, à son ballon, un ballonnet à air. Le rôle du ballonnet
revient à diminuer ou à augmenter le volume occupé par le gaz du ballon
en introduisant ou en rejetant de ce ballonnet une quantité d'air voulue.
L'aéronaute arrive ainsi à déterminer à son gré la zone de plénitude, c'est-
à-dire la zone d'équilibre du ballon.
» Jusqu'en igoS les remarquables idées de Meusnier sur l'équilibre de
l'aérostat à volume variable, restèrent sans application, bien que, dans un
magistral Mémoire publié àdinsV Aéronautique Qn 1884, M. le colonel Renard
ait développé, d'une façon très complète, des idées tout à fait analogues
à celles de Meusnier. Des ballons captifs et des aéronals furent, il est
vrai, munis de ballonnets, mais le seul rôle de ces derniers était de main-
tenir la permanence de la forme. Je munis aussi le Méditerranéen d'un bal-
lonnet, mais comme cet aérostat ne fit jusqu'à présent que des expériences
à basse altitude, je ne pus contrôler les observations du général Meusnier.
» Cette année, deux ballons munis de ballonnets furent expérimentés presque en
même temps : d'abord le Saint-Louis, aérostat de Sooo'"'' appartenant à M. Jacques Bal-
SÉANCE DU 9 NOVEMBRE igoJ:). -ySl
san, puis le Djinn, ballon de 1600°^^ appartenant à M. Broët. Le Saint-Louis fit à la
fin de janvier igoS un voyage où M. Balsan constata que sa zone de plénitude était
considérablement abaissée. Le Djinn fit à son tour deux voyages au mois de mars et
au mois de juillet où je pus constater les mêmes résultats. Ces deux ballons avaient un
ballonnet, mais une manche d'appendice ouverte; il était donc possible, en introdui-
càne d'écoulement.
chapeau du cône d'êcou/emenc
• -soupape supérieure
\Jofet de déchirure
du ballon
yfovpepe à âir du ballonnet
corde de manoeuvre
au volet de déchirure du ùaHon
' de Id souoape ê âir.
venti/àteur
corde de msr.of
cocU^ de manœuvre de le soupape supérieure.'
vclot de déchirure
du èû'Ionnei:
scup'^pç à âir du ballonnet
soupape inFérieure à gâz
-manche témoin S Q<3Z
. corde de manœuvre du Ifsilonnet
corde, de rnenaeuvre
.de là soupepe inférizure é g<3Z
.corde de rnànaeuvre delà soupape J dir
Le Djinn, ballon à ballonnet.
sant de l'air dans le ballonnet, de limiter la zone de plénitude du ballon, mais il étail
impossible de faire la manœuvre inverse, c'est-à-dire de rejeter l'air dn haHonnet el
de rehausser la zone de plénitude, c'est-à-dire la zone d'équilibre du baiion. C'est
alors que je résolus de supprimer la manche d'appendice et de la remplacer par une
soupape s'ouvrant sous une pression déterminée, plus ou moins forte, selon les cas,
que les pressions des soupapes du ballonnet à air.
» Le troisième voyage du Djinn ainsi équipé fut exécuté le 26 septembre dernier.
Le capitaine Voyer et le comte d'Oultremont avaient pris place à mes côtés dans là
-752 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nacelle. La forte rosée de la nuit nous força à monter peu de temps après le départ à
une altitude de 1200™. Pendant cette montée, nous pûmes nous rendre compte du
parfait fonctionnement de la soupape d'appendice à gaz. Les phares de la côte nor-
mande approchaient et nous décidions de tenter la traversée de la Manche; il était
préférable, pour cette traversée, de nous maintenir à basse altitude. Profitant d'un
mouvement de descente du ballon, nous envo3'ons de l'air dans le ballonnet et nous
nous équilibrons à une hauteur maxima de 3oo™. La Manche est traversée; nous
passons l'estuaire de la Tamise et le jour se lève. Le ciel est complètement couvert;
notre direction est tangente à la mer du Nord. Un ballon sans ballonnet s'emballerait
en hauteur sous l'influence de la radiation solaire, traverserait la couche de nuages,
exposant les aéronautes à une situation d'autant plus critique que le vent des régions
supérieures porte vers le nord, un peu est, c'est-à-dire vers la mer. Grâce au ballonnet
que nous remplissons d'air au moyen de notre ventilateur, le Djinn s'équilibre entre
3oo™ et 4oo'", puis il monte très doucement, se maintenant toujours au-dessous des
nuages et nous permettant ainsi une descente rapide en cas de danger. Nous sommes
à 1000™ environ ; un immense golfe se présente devant nous, c'est le Wash. Nous
lançons un papier vers la terre et nous remarquons que, dans les couches qui se rap-
prochent du sol, notre papier prend une direction nord-ouest qui lui fait éviter le
golfe. Nous nous laissons descendre et, grâce à l'air que nous envoyons à nduveau
dans le ballonnet, nous nous rééquilibrons dans ces courants inférieurs et pouvons
ainsi à notre tour éviter la mer. Enfin, nous traversons l'estuaire de la rivière Hunber;
la côte, vers ce point, fuit fortement vers l'ouest laissant devant nous la mer libre. Il
serait téméraire de continuer notre voyage et nous descendons à Cariham Hill, comté
d'York.
» Le voyage a duré 16 heures [\o minutes et nous avons encore 2i6''s de lest à bord.
Grâce au ballonnet nous avons donc pu constamment choisir notre altitude et nous
équilibrer dans les courants qui nous étaient le plus favorables; en outre nous avons,
grâce à ce système, économisé notre lest et malgré un voyage de 16 heures, sans la
présence de la mer du Nord, le Djinn aurait pu encore fournir une course très longue.
Enfin, le 3o octobre dernier, le Djinn, gonflé en partie à l'hydrogène et emportant,
outre M. de Castillon et moi, près de iooo''8 de lest, s'élançait à 5^120*" du soir dans
l'atmosphère. En plus des perfectionnements apportés à la dernière ascension, \e.Djinn
était muni, à sa partie supérieure, d'après les données d'Henri Hervé, d'un cône
d'écoulement destiné à empêcher l'eau de pluie de s'accumuler sur le haut du ballon
et de le surcharger. Comme pour rendre l'expérience plus probante, le départ eut
lieu par une pluie torrentielle qui se prolongea pendant les deux premières heures
du vovage. Grâce au cône d'écoulement, le ballon se maintenait en bon équilibre,
ne perdant pas plus de lest qu'un ballon de même cube par beau temps. Vers 8''
du soir, alors que nous étions équilibrés à 1200™ ou iSoo™ de hauteur, la neige se
mit à tomber fortement et à surcharger énormément le ballon. Il fallut jeter du
lest en grande quantité, car jusqu'ici, aucun cône d'écoulement n'est efficace contre
la neige qui s'accumule sur des parois presque verticales. Pendant toute la nuit ces
avalanches de neige se continuèrent; et nous dûmes dépenser la quantité phénomé-
nale de ôSo'^s de lest afin de n'être pas rejetés sur le sol; puis cette neige fondit pro-
gressivement délestant d'une façon dangereuse un ballon comme le Djinn gonflé à
SEANCE DU 9 NOVEMBRE IQo3. ^53
l'hydrogène pur. Un aérostat sans ballonnet aurait été de ce fait aspiré dans des régions
voisines de 5ooo'" ; les aéronaules auraient souflert du froid excessif d« ces hautes
altitudes et auraient sans doute été forcés d'interrompre leur ascension. Grâce au
ballonnet que nous remplissions d"air, nous ne dépassions pas l'altitude de ?. 200"\ et,
sans la proximité des glaciers au milieu desquels il aurait été téméraire de se lancer
par ce temps de perturbations atmosphériques et de brouillard intense, nous pouvions
continuer sans danger notre voyage. Nous atterrissions à 8^* du matin dans le Doubs
après i5 heures de voyage et avec 35o''g de lest encore disponible.
» Je pense donc que rulililé du ballonnet est pratiquement démontrée;
grâce à lui l'aéronaute se rend maître de la zone de navigation. Il l'abaisse
en introduisant de l'air dans le ballonnet ou l'élève en évacuant une |)or-
liondecetair; il peut donc choisir à tout moment le courant qui lui convient
le mieux. Dans les ascensions de longue durée, il évitera les altitudes trop
élevées et le séjour dans l'atmosphère sera moins fatigant et plus agréable.
Que l'on joigne au ballon à ballonnet un cône d'écoulement pour la pluie
et l'on aura un aérostat susceptible de multiples applications pratiques. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Conditions de séparation de l'iode sous forme d'iodure
cuivreux, dans un mélange de chlorures, bromures et iodures alcalins. Note
de MM. H. Baubigny et P. Rivals, présentée par M. Troost.
« La séparation de l'iode par distillation en chauffant le mélange où il a
pris naissance par l'action d'un oxydant et d'un acide fitible, sans être tou-
jours impralicfible, est du moins délicate parce qu'elle est souvent impar-
faite à cause de l'oxydabilité de ce corps. L'iode peut, en effet, sous des
influences nombreuses, à chaud surtout, se transformer partiellement en
acide iodique fixe. Nous l'avons vu lors de l'emploi de l'acide borique
avec un excès de bioxyde de manganèse. C'est le cas également dans
d'autres méthodes.
» Nous avons donc cherché à éviter cette distillation de l'iode, sans
verser toutefois dans l'usage des solvants, CHCP ou CS^, comme mode do
séparation. Car, outre les causes d'erreur que ce mode opératoire com-
porte, les lavages et décantations répétés qu'il exige, aussi bien des eaux
mères avec le solvant extracteur, que de ce dernier avec l'eau pure ensuite,
le rendent long et fastidieux.
» L'emploi des sels de cuivre qui nous ont servi à séparer le chlore et le
brome dans une dissolution de chlorures et de bromures, nous a amenés
naturellement à revoir le procédé de dosage de l'iode, en l'isolant tout
C. R.. 1903, ■?." Semestre. (T. CXXXVII, N" 19.) 99
^54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'abord sons forme d'iodure cuivreux insoluble. Nous n'avons pu que con-
firmer nos devanciers. En traitant un iodureparun sel cuivrique, pris tous
deux à l'état dissous, la sé|)aration de l'iode, moitié comme Cu"P, moitié
comme iode libre, n'est jamais complète, parce que la réaction est réver-
sible, et l'erreur par défaut est d'autant plus sensible que le volume de
la solution est plus fort.
» Ainsi nous avons observé qu'en laissant tomber dans 20"™' d'eau ren-
fermant du CuSO\ i*""' d'une solution de IK à 2^ au litre (soit 0^,002 RI),
le liquide reste parfaitement limpide. Il est vrai que par l'addition de 2 à
3 gouttes d'une liqueur d'un sel ferreux, qui agit comme réducteur, un
trouble se forme en quelques secondes, et il se sépare de l'iodure cuivreux ;
2RI + 2Cu SO^ + 2FoSO^ = Cu-I- -+- K-SO* + Fe-(SO')^
)) Mais ce procédé, applicable à des traces d'iodure en solution diluée,
ne jieut être généralisé, car Cu-P est soluble dans les sels ferriques ;
de sorte que, si l'on devait opérer avec une certaine quantité d'iodure,
comme il faudrait une quantité proportionnelle de sel ferreux, partie de
cet iodure resterait en solution avec le sel ferrique formé.
» D'ailleurs, lors de l'emploi d'un excès de sel ferreux, en présence de
quantités relativement fortes de chlorures et bromures, il peut se former
aussi du Cu^Br- et parfois du Cu-Cl" également insolubles.
)) C'est encore ce qui peut se produire avec le gaz sulfureux et le chlo-
rure stanneux, préconisés de même comme réducteurs; ainsi 3*''"' d'une
dissolution de SO'^ à ^ pour 100 ajoutés à iS*""' d'eau contenant 3^ de
CuS0\5H-0 et 0^,5 de RBr déterminent la formation de Cu-Br- en
quelques instants. De plus Cu-p n'est pas insoluble dans l'acide libre que
renferme taujours SnCP, ni dans un excès de SO', et si, paraddition d'acé-
tate alcalin, on voulait faciliter la précipitation de ce composé peu soluble
dans l'acide acétique, on favoriserait aussi la séparation de Cu^Br-.
)) Le zinc nous a bien permis de précipiter tout l'iode sous forme de sel
cuivreux, en ajoutant à la solution d'iodure d'abord du zinc granulé, puis
un excès de CuSO'* (ce qui équivaut à ajouter du cuivre en poudre au sul-
fate de même métal), et en agitant quelques instants. Mais ce moyen ne
peut être utilisé comme mode de séparation d'avec les chorures et surtout
les bromures, car ces sels, même à la température ordinaire dans les
mêmes conditions, donnent aussi du chlorure et du bromure cuivreux.
» En résumé, de tous ces procédés, le plus simple, celui qui consiste à
précipiter l'iode par simple addition de CuSO\ semble encore le moins
mauvais, si l'on doit opérer en présence de chlorures et bromures. Mais
SÉANCE DU 9 NOVEMBRE igoS. 755
jamais, même en nous basant sur les concilions de réversibilité précédem-
ment indiquées, cela par évaporation dans le vide de la liqnenr et de liode
libre en vue de parfaire la réaction, nous n'avons pu obtenir un résultat
exact. A priori, il avait semblé d'après le dosage brut de l'iode resté dans
le produit sec que le but était atteint; mais l'exactitude n'est que fictive,
car, à la reprise par l'eau qui laisse Cu-F insoluble, on retrouve toujours
un peu d'iode dans la solution et sous forme de sel cuivreux un poids infé-
rieur au poids qu'on devrait obtenir; soit en l'exprimant en sel d'argent :
os,o68 Agi au lieu de 0^,069, et 0^,2741 Agi au lieu de o^, 276.
» Mais si, au mélange d'iodure cuivreux et d'iode libre contenant un excès de Cu SO^,
on ajoute successivement un arsénite alcalin, puis un sel ferreux, le dosage de l'iode
devient possible, car il est séparé en totalité à l'état de CuU-. En effet, en présence de
l'excès de CuSO*, Farsénite de cuivre formé agit sur l'iode libre :
2AsO^CuH + 12+ 1W-O + 2CuS0^=: 2 AsO^CuH + Cun2+ 2S0^H%
pour résumer les phases successives de la réaction. Et, comme l'arsénite ne réagit que
sur l'iode libre, c'est alors que par un peu de sulfate ferreux on réduit la petite quan-
tité d'iodure'cuivrique restant en solution. A cause de l'action lente du sel ferreux, on
doit, avant de filtrer le précipité, abandonner le tout quelques heures, sans qu'il soit
nécessaire d'excéder dix à douze heures. Dans le liquide filtré, on peut doser le chlore
et le brome par les moyens connus. Par deux méthodes différentes nous avons vérifié
qu'il n'y reste qu'une trace d'iode de l'ordre du j^y de milligramme. Il faut toutefois
qu'on n'ait pas en présence des quantités notables de bromures et chlorures alcalins,
et surtout ammoniacaux dans lesquels Cu-I^ est plus ou moins soluble.
» La réaction se fait à froid. Le bromure et le chlorure de cuivre n'éprouvent alors
aucune réduction, même après 24 heures. A chaud, avec les bromures surtout, ce
serait différent. L'expérience montre qu'un poids d'arsénite de K triple de celui de IK
et par suite du mélange salin est suffisant. Quant au selde peroxyde de fer, insolu-
bilisé en présence des acides de l'arsenic, il n'a aucune action sur la solubilité
de Cu^I'. Il est bon d'ailleurs de ne pas forcer l'emploi du sel ferreux. Enfin, tous les
précipités ont été lavés avec une solution de K'-SO^ à 2 pour roo pour empêcher
que Cu^I- ne traverse les filtres.
» Pour doser l'iode, le mieux est de dissoudre le précipité dans l'ammoniaque et
de le ramener à l'élat de sel cuivrique par l'action de l'air ou de H^O^ pure avant
d'ajouter le nitrate d'argent qu'il réduirait en partie. On termine eu acidifiant
par AzO^H, et l'on porte à l'ébullition avant de filtrer.
Valeur en sel de A{
NaCl.
08,879
Kl.
K Br.
0,2762
»
»
os,632
0,1 38
))
0, 2l4l
OS,2l62
As 03 K^ H
Durée
Cusossfr-0
à
F
eSO'', 7lP
0
Volume
de
Agi
AgBr
AgCl
employé.
20 p. 100.
employé.
lifjuidc.
repos.
trouvé.
trouvé.
trouvé.
5
cm'
6
0,070
cm3
i5o
Il
6
0^,2759
»
»
5
6
0,080
i3o
24
»
os,63i6
»
3
4
0,060
120
6
0, i382
c
os,88o
6
5
0,075
180
6
0,21 36
os, 2 164
»
^56 ACADÉMIE DES SCIENCES.
)) Pour éviter les pertes d'iode, on j3eut mélanger d'abord la solution saline avec
l'arsénile et y verser ensuite l'excès de CuSO^; l'iode est ainsi transformé directement
en Cu^I'-. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action des dérivés organomagnésiens sur racélol
et ses éthers-sels. Note de M. Axdrê Klixg, présentée par M. Troost.
« Ayant montré précédemment que l'acétol, en solution, pouvait, au
moins partiellement, exister sous la forme d'un éther oxyde de formule
CH3G(0H) — GH2 (1),
\ /
j'ai pensé qu'il serait intéressant de rechercher quelle pouvait être, à l'état
anhydre, la constitution de cet alcool et de ses éthers, et j'ai cherché
à l'établir à l'aide de la réaction des dérivés organomagnésiens.
» Il m'a fallu d'abord vérifier la façon dont les organomagnésiens agis-
saient sur les éthers-oxydes internes à fonctions multiples.
» J'ai opéré sur l'épichlorhydrine et je suis arrivé à des résultats diffé-
rents de ceux publiés par Jositch (-) au moment même où je terminais ce
travail préliminaire. Cette différence de résultats tient à ce que, dans les
expériences de Jositch et dans les miennes, les conditions expérimentales
ont élé un peu différenles. En faisant léagir le composé RMgl sur Tépi-
chlorliydrine et en terminant la réaction au bain-marie, l'auteur russe
obtient un alcool tertiaire monohalogéné
CH^Cl — CHOH-CH^R, ou CH^Cl-CH-GH^OH.
I
G
En opérant à froid, et décomposant immédiatement par l'eau le produit
de la réaction j'ai obtenu, avec d'excellents rendements, la chloroiodhy-
drine de la glycérine CH"Cl — CHOH — CH-I.
» Cette différence apporte une preuve de plus à l'explication que donne
Grignard (^) de la réaction anormale constatée par Biaise dans l'action des
organomagnésiens sur l'oxyde d'éthylène.
» De ces diverses expériences il faut retenir, qu'ainsi que l'a montré
Grignard à propos de l'oxyde d'éthylène, les éthers-oxydes internes, à
(') Kling, Comptes rendus, t. GXXXV, p. 970.
C') Jositch, Société chimique russe, 1902, t. XXIV, p. 96.
(^) Grignard, Bull. Soc. chun., 3« série, t. XXIX, p. 944.
SÉANCE DU 9 NOVEMBRE [903. 757
/ cix
basse température, réagissent sur les organomagnésiens R, MgX! X = Br |,
suivant la relation
(i) R.CH — CH2 -^ K.CHOH — CH^X;
on aboutit en somme à la fixation pure et simple de HX sur l'oxyde. Au
contraire, à température plus élevée et au bout d'un certain temps, la réac-
tion se fait d'après le type
(2) R.CH-CH'- ^
R.GHOH — CH^-R,
R_CH— CH^OH
I
R,
» Avec les cétones on a seulement la réaction
R R
R— CO — R -> )C( ;
R/ \0H
on voit que la réaction suivant le type (i) fliit des organomagnésiens, em-
ployés à basse température, des réactifs susceptibles de renseigner sur
l'existence dans un composé d'une fonction éther-oxvde interne et de la
différencier d'une fonction cétonique. C'est cetle raison qui m'a engagé à
faire réagir ces réactifs sur l'acétol anhydre et sur ses éthers-sels également
anhydres en vue de rechercher si ces composés renferment l'un ou l'autre
des groupements — CO — ou = C — C = .
O
M J'ai opéré comme on le fait à l'ordinaire, m'imposant seulement cette
condition supplémentaire d'opérer à basse température (mélange de glace
et de sel marin ) et de décomposer le produit de la réaction quelques heures
seulement après que le mélange des deux réagissants avait été terminé.
» Voici très succinctement les résultats auxquels je suis arrivé :
» Action du C-H^Mgl sur l'acétate. — La couche éihérée séparée de la solution
aqueuse a fourni après dessiccation quelques gouttes d'un liquide bouillant à iSô^-iSg".
» La solution aqueuse a donné par entraînement à la vapeur d'eau une solution d'où,
avec le K'CO^ et l'alcool, on a extrait un liquide bouillant à iSÔ'^-iSq", après dessic-
cation sur K-CO^, et identique à celui extrait de l'éther. Il a été identifié avec le
OH
758 ACADÉMIE DES SCIENCES.
.) Rendement pratique de 5o pour loo environ, mais le rendement réel est certai-
nement supérieur, car des quantités notables du glvcol sont retenues dans le résidu de
Tentraînement par la vapeur ainsi que dans les eaux d'où le glvcol a été extrait par
K^GO^ et l'alcool.
» On n'a pas trouvé trace de composé organique iodé. La réaction du type (i) ne
s'est donc pas produite.
» AcTiO.X DES ORGANOMAGNÉSIENS SUR LES ÉTHERS DE l'aCÉTOL : I. AcétatC d'acétol. —
En faisant réagir i"°' de G-H^MgBr sur i™°' d'acétate d'acétol on a obtenu :
» 1° De l'alcool méthyldiéthylcarbinol : psHs/^XOH ' P°*"* d'ébullilion 121"-
123°; H =1760.
» 2" Un produit à odeur élhérée passant vers i45''-i47° à la pression 10™'", de com-
position centésimale voisine de celle de la monoacétine de l'amylgljcol, mais qui ne
peut être purifié par distillation dans le vide, car il se décompose à chaque fraction-
nement. En le saponifiant à l'ébullition par H^O -1- Na" CO^ on le transforme en glycol
amyhque p2H5/ \OH ' P*^^"* d ebulbtion i8o"-i89°; H — 760.
» En substituant dans cette opération le CH^Mgl au C-H^MgBr on a pu extraire
CH*\
du produit de la réaction la monoacétine du glycol butylique pua /G — CH^OH
OH
incomplètement déshydratée et bouillant vers i22<*-i25°.
y> Il s'est fait en outre des traces d'alcool isopropylique de provenance difficile
à expliquer.
» II. Benzoate d'acétol. — Essai ayant pour but de rechercher si une partie de
CH^\ /R
l'alcool /G\ r\u obtenu avec l'acétate ne proviendrait pas du radical acétolique.
R/ \OH
» J'ai obtenu :
» 1° De l'alcool phényldiéthylcarbinol p2iJ5 /"^XnH ' P^int d'ébuUition I25°-I27<',
H^ric""", provenant du radical de l'acide benzoïque;
» 2» Du benzoate de magnésie;
QHS \
» 3° Duglycolamyliquep.^„.yC — CH^ OH; point d'ébuUition iSS'-iSq»; H = 760.
OH
' r , I CH^ \^/C^H«
Il n a pas ete trouve d alcool potrs/^XoH '
» Dans aucun de ces essais sur les éthers de l'acétal on n' a obtenu de composés
organiques halogènes. La réaction du type (i) ne s'est donc pas produite.
» Conclusion. — Si l'on juge par comparaison avec ce qui se passe dans
la réaction des organoniagnésiens sur l'éj)iclilorhydrine ou sur l'oxyde
d'éthvlène, il résulte des faits énoncés ci-dessus que i'acétol anhydre ou
ses élhers-sels anhydres se comportent comme des composés cétoniques et
non comme des composés éthers-oxydes internes, n
SÉANCE DU 9 NOVEMBRE TQoS. -750
ZOOLOGIE. — Évolution des Diplosomidés (Ascidies composées). Note
de M. Antoixe Pi/ox, présentée par M. Yves Délasse.
« Il m'a été possible d'établir, pour la première fois, l'évolution des
Diplosomidés après leur naissance, en étudiant jour par jour les transfor-
mations de jeunes colonies provenant de larves que j'avais réussi à faire
fixer sur des lames de verre (*). On sait que ces Tuniciers possèdent, au
sortir de l'œuf, deux individus dont les processus da développement sont
connus, surtout depuis les travaux de Salensky (-) : l'un, l'oozoïde O',
provient de la segmentation de l'œuf; l'autre B', est du à un bourgeonne-
ment très précoce du premier.
» Nos observations se rapportent à l'évolution ultérieure de ces deux
ascidiozoïdes O^ et B^ durant les trois premières semaines qui suivent l'éclo-
sion.
» I. Evolution de l'oozoïde O'. — 1° Après l'éclosion, O' bourgeonne une seconde
fois; il engendre, par les procédés généraux qu'ont décrits Ganin (=*), Dalla Valle (*) et
Caullery (^), ini nouveau thorax ( branchie, œsophage et rectum) qui soude ultérieu-
i-ement son œsophage à celui de OS tandis que son rectum reste de son côté en com-
munication avec celui de O^ dont il est un diverticuie. Ces parties fonctionnent
simultanément à un moment donné, constituant une sorte à' disciàiozoïàe bithoraciq ue,
qui vit aussi de 12 a i[\ heures.
» Au bout de ce temps, le thorax de O' (branchie, œsophage et rectum) entre en
régression et disparaît totalement en 2 ou 3 jours, tandis que son abdomen V
(estomac, duodénum et cœur) persiste en conservant ses connexions antérieures avec
le thorax O-, et forme avec ce dernier un ascidiozoïde simple O^.
» 2° Ce nouvel individu O^ bourgeonne à son tour deux fois de suite tout comme
son ascendant O^ : la première fois il engendre un nouveau thorax O^ et une nou-
velle masse abdominale V^ La nouvelle branchie O^ ne tarde pas à s'ouvrir, alors que
celle de O- fonctionne encore, et l'on a alors une nouvelle individualité physiologique
beaucoup plus complexe que la précédente et comprenant deux branchies indépen-
(^) Ces recherches ont été faites au laboratoire de RoscofF, où M. le Professeur
Y. Delage avait bien voulu me donner l'hospitalité.
(-) Salensky, Entwickel. der Synascidien {Mitth. zu Neapel, 1894 et iSgS).
(=*) Ganin, Neue Thatsachen aus der Entwick. der Ascidien {Zeitsch. Wiss.
Zool., 1870).
(*) Della Valle, Bourgeonnement des Didemnidés {Archives italiennes de Bio-
logie, 1882).
(*) Caullkry, Contributions à l'étude des Ascidies composées {Thèse, 1896 ).
760 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dantes, deux œsophages embrancliés l'un sur l'autre, deux estomacs communiquant
tous les deux avec chacun des deux œsophages, deux cœurs dont les contractions sont
d'ailleurs rarement synchroniques et endn deux rectums également embranchés l'un
sur l'autre.
» Ces ascidiozoïdes bithoraciques et biventriques vivent environ 24 heures; au
bout de ce temps, O^ et O^ se séparent complètement, avec cette particularité surpre-
nante que la nouvelle branchie G* prend la masse abdominale V^ de son ascen-
dant O^, tandis que le thorax de ce dernier garde pour lui la masse abdominale V^
qu'il avait engendrée quelques jours auparavant.
» 3° O^, après s'être ainsi dédoublé et avoir pris un nouvel abdomen, bourgeonne
de nouveau, mais n'engendre cette fois qu'un nouveau thorax 0*", avec lequel il
reste associé pendant 24 heures environ sous la forme d'' un ascidiozoïde bithoracique.
» Puis son thorax entre en régression, tandis que son abdomen V^ reste en con-
nexion avec le nouveau thorax O^ et forme avec ce dernier un ascidiozeïde simple 0"*,
sur lequel il ne tarde pas à apparaître une nouvelle masse thoracique O"^.
» 4° L'ascidiozoïde O^ issu précédemment de O^ bourgeonne de son côté deux fois
de suite comme ce dernier : la première fois, il se dédouble et change de masse abdo-
minale; la seconde fois, il remplace sa masse thoracique. Au total, pendant les trois
premières semaines, huit nouveaux thorax et quatre abdomens (y compris B^) sont
dérivés de O'.
» II. Evolution du premier ascidiozoïde B' engendré par Voozoïde O'. — B' est
lui-même la souche d'une autre lignée qui se développe exactement comme celle qui a
son point de départ dans O^.
» Cependant, la loi du bourgeonnement qui découle des faits précédents n'est pas
absolument générale : chez deux colonies, j'ai assisté à la formation de quatre bran-
chies successives sans dédoublement des masses viscérales; ce dédoublement doit
cependant se produire de temps à autre pour augmenter le nombre des ascidiozoïdes.
» Tel est l'enchaînenfient de ces trois sortes d'ascidiozoules, simples,
bithoraciques, bithoraciques et biventriques, dont Deila Valle avait déjà
signalé l'existence dans une famille voisine (Didemnidés) sans en avoir
toutefois suivi l'évolution générale. Trois phénomènes remarquables se
dégagent des faits que je viens d'exposer : la régression régulière du vieux
thorax chez les individus bithoraciques; la persistance des abdomens qui se
transmettent tl'un ascidiozoïde à l'autre; la constitution d'ascidiozoïdes
bithoraciques et biventriques et leur dédoublement ultérieur en deux asci-
diozoïtles simples avec interversion des masses viscérales. Jl est possible
que O' change lui-même l'abdomen dans l'œuf quand il bourgeonne B';
Caullety (') ^ montré qu'il faudrait supposer^ une interversion du tube
(') Cal'llkry, L'interprétation morphologique de la larve double des Diploso-
midés {Comptes rendus, 2" sem. iSgS).
SÉANCE DU f) NOVEMBRE T9o3. 71)1
digestif de, B' et de O' pour homologuer ce dernier à la larve simple des
Leptoclinum.
» J'ajoute, enfin, que la constitution d'un nouvel ascidiozoïde n'est
jamais résultée de Y associalion unique de parties nouvellement bourgeon-
nées, contrairement à ce qui a été admis jusqu'à présent : tout ascidiozoïde
nouveau s'est formé par l'association d'une masse thoracique fille avec la
masse abdominale maternelle, ou bien par l'association de la masse thora-
cique maternelle avec une mw^se viscérale fille ('). »
ZOOLOGIE. — Sur la régénération chez les Amphibiens des membres postérieurs
et de la queue, en l'absence du système nerveux. Note de M. P. Wintrebert,
présentée par M. Edm. Perrier.
« Le problème de la dépendance de la régénération vis-à-vis du svstème
nerveux n'est pas encore, d'après Driesch (-), en état d'être complètement
résolu. Cependant il ressort, avec une suffisante précision, de la plupart
des expériences jusqu'ici publiées, que le système nerveux joue dans la
régénération un rôle prépondérant. Rubin (^), dans un travail récent,
admet que l'interruption nerveuse n'empêche pas le début régulier de la
régénération ; mais il pense que, au bout des 8 ou lo premiers jours, elle en
cause le ralentissement et bientôt l'arrêt complet; il considère, avec
Wolff(^),le retour du processus régénératif comme la manifestation du
rétablissement des fonctions nerveuses. Dans une INote précédente (^)
j'indiquais l'influence négative dn système nerveux dans l'ontogenèse des
membres; j'ai cherché depuis s'il en était ainsi dans la régénération, et je
me suis attaché à obtenir des résultats morphologiques non contestables.
» Méthode opératoire. — Par le procédé des sections nerveuses répétées, dont je
m'étais servi pour l'étude de la génération, j'avais pu, du i3 au 3i juillet dernier,
(^) Communication faite à la séance du 2 novembre igoS.
(-) H. Driesch, Die organiacheii Regidatioenn. Leipzig, 190t.
(^) R. RuBix, Versuclie uber die Beziehung des Nen'easyslems zur Régénération
bel Amphibien {Arch. f. Entwickelungs mech., Bd. XVI, 1908, p. 21-76).
(*) G. WoLFF, Die pliysiologische Grundlage der Lelire von den De générations-
zeichen {Virchow's Arc/ne, Bd. CLXIX, 1902, p. 3o8-33i).
(') Comptes rendus, i3 juillet igoS.
G. R., 1903. 2» Semestre. (T. CWWII, N» 19 ) lOO
^62 ACADÉMIE DES SCIENCES.
obtenir, sur un loi de 5o têtards {Rana temporaria), deux cas de séparation du cône
régénéré en trois digitalions ; cette méthode présentait l'inconvénient d'affaiblir par
une saignée périodique les larves soumises à l'expérimentation; j'opérai dans la suite
en réséquant largement la moelle dorso-lomhaire et sacrée.
)) Cette résection permet de soustraire à l'action nerveuse les membres des Amphl-
biens et la queue des larves d'Anoures, sans blesser un seul vaisseau capable de con-
tribuer à la nutrition de ces organes; il laisse aux animaux la vigueur nécessaire pour
s'alimenter, et permet une observation prolongée sans crainte d'incertitude dans les
résultats.
» Résultats. — A. Anoures. Alytes obstetricans : i" Membres postérieurs. —
Vingt-trois têtards d'Alytes, choisis au stade de la formation du genou, en vue de
l'exploration facile des membres, furent oj^érés les 4 et 6 août 1908; tous présentèrent
un cône de régénération; trois seulement manifestèrent une régénération macrosco-
pique indubitable par la division du nouveau moignon en trois digitations, aux dates
des 5 septembre, 8 septembre et 17 octobre; ce résultat minime est intéressant si l'on
songe qu'il est assez rare d'obtenir une régénération plus étendue sur des têtards nor-
maux de même âge, les Anoures n'étant susceptibles de régénération que pendant la
période larvaire.
» 2° Queue. — Le procédé opératoire employé m'a fait constater, par la dipariiion
totale de la molilité et de la sensibilité de la queue, que celle-ci ne contient pas ses
centres nerveux propres, comme celle desUrodèles, mais qu'ils sont placés plus avant,
vers le sixième métamère.
» De ce fait anatomique il résulte que, après la résection médullaire dorso-lombaire,
la queue des larves d'Anoures est assimilable à un membre dont les relations nerveuses
sont interrompues. Dans ces conditions, la régénération est rapide et régulière; ses
divers modes, suivant l'obliquité de l'amputation, sont les mêmes que sans énervation
préalable. On l'obtient encore vive et continue quand la section est pratiquée après
43 jours d'inertie fonctionnelle consécutive à l'ablation nerveuse.
» B. Urouèles. Siredon pisciformis : Membres postérieurs. — a. Le 19 août,
quatre larves de S"^*" de longueur subirent en même temps la résection médullaire et,
d'un seul côté, l'amputation de la cuisse ou du tarse; le 11 septembre elles présen-
taient une palette de régénération pluridigitée.
» b. Le 7 septembre, quatre nouvelles larves de lo'^'" de longueur, amputées du
tarse droit 3 jours auparavant et déjà cicatrisées, subirent l'extirpation de la moelle.
Elles furent suivies jusqu'à ce jour, et j'ai l'honneur de les soumettre à l'examen de
l'Académie. Elles manifestèrent une régénération continue et régulière. ComjDarée à
celle d'une larve témoin de mêmes dimensions, amputée au même endroit, et placée
dans les mêmes conditions rigoureuses de milieu et d'alimentation, elle présenta une
évolution analogue : chez les quatre Axolotls amédullisés, où la marche du processus
fut uniforme, l'apparition sur la palette des digitations survint plus précoce que sur le
témoin; leur séparation s'effectua plus nette et plus rapide; les doigts, plus libres,
prirent bientôt un allongement plus considérable, non seulement en apparence, mais
à la mensuration directe; par contre, la largeur et l'épaisseur étaient moindres que
sur le moignon ferme et compact du témoin; le pied ressemblait à un feuillet, légè-
SÉANCE DU 9 NOVEMBRE igoS. n63
rement courbé sur les bords, et sans consistance. Dans les deux cas, néanmoins,
l'ordre d'apparition des doigts fut le même, et leurs rapports de longueur demeurèrent
identiques dans la croissance.
» Le i4 octobre, le pied des quatre opérés, avec ses cinq doigts longs et bien des-
sinés, montrait une forme presque achevée, tandis que celui du témoin, toujours de
longueur moindre, se présentait sous l'aspect d'une large palette échancrée sur les bords.
» Aujourd'hui, ce dernier, de longueur égale, de largeur et d'épaisseur beaucoup
plus grandes, continue régulièrement sa progression, tandis que chez les Axalotls
privés du fonctionnement du pied le processus régénérateur semble terminé.
» Soustraits à l'influence nerveuse, les membres postérieurs des Uro-
dèles présentent donc une régénération qui rappelle exactement ce que
nous avons obtenu dans les mêmes conditions pour la génération ; la forme
générale est conservée ; la longueur des différents segments est parfaitement
proportionnée; leur ordre d'apparition, la marche régulière de leur déve-
loppement sont les mêmes qu'en présence du système nerveux, et, dans
ces expériences, la régénération suit la même voie que l'ontogenèse; le
pied est simplement petit, maigre, atrophié, tel qu'il serait sur un membre
privé de nerfs, en période de croissance, sans que la régénération fut en
cause.
)) L'expérimentation faite sur la queue des larves d'Anoures confirme
ces données. »
ZOOLOGIE. — Étude des ferments digestifs chez quelques Invertébrés.
Note de M. Yictor Henri, présentée par M. Alfred Giard.
« J'ai étudié les ferments amyloly tiques et protéoly tiques chez Octopus
vulgaris, Sepia officinalis, Spatangus purpureus et Salpa africana. Pour
déterminer l'activité de Tamylase je prenais une solution d'amidon
solubie à 2 pour loo que j'additionnais d'un volume déterminé de macé-
ration d'organe ou de suc digestif; la température d'action était de 4o°.
Pour les ferments protéolytiques j'ai employé la méthode de mesure de la
conductibilité électrique de la gélatine à 5 pour loo additionnée du liquide
à étudier; cette méthode permet de suivre la mrfrche de la réaction et
d'apprécier quantitativement l'activité du ferment. De plus, je faisais a^^ir
les liquides également sur la fibrine et l'albumine d'œuf cuit. Voici les
résultats obtenus ;
']^t\ ACADÉMIE DES SCIENCES.
)) Octopiis vulgaris. — Les principales expériences ont été faites avec le suc hépa-
tique pur obtenu par une fistule sur Faninaal vivant. Le suc hépatique sort du foie par
deux canaux qui se réunissent près du Ccecum spirale et ce canal unique débouche
dans l'extrémité de ce csecurn.
» Nous avons placé, M. Lalou et moi, de petites canules en verre dans ce canal; à
ces canules est adapté un tube de caoutchouc avec une ampoule dans laquelle s'accu-
mule le suc hépatique pur. La plaie est suturée et l'animal laissé librement dans
l'aquarium; il peut ainsi supporter l'opération pendant plusieurs heures.
» Le suc ainsi recueilli est rouge brun, transparent, à réaction acide, donnant un
précipité par l'alcool et par l'ébullilion, donnant la réaction du biuret ; il absorbe la
partie droite du spectre à partir du jaune vert. Si on le verse au-dessus de l'acide azo-
tique on voit au contact de l'acide une couche vert olive, au-dessus un anneau rose
orangé et puis le rouge brun; à mesure que l'acide diffuse la couche vert olive aug-
mente d'épaisseur. Ce suc décompose l'eau oxygénée. L'étude des ferments montre
qu'il est très riche en amylase et en ferment protéolj'tique. Ainsi pour l'action sur
l'amidon ce suc est environ cinq fois moins actif que le suc pancréatique de chien.
Dans une expérience, par exemple, i5'™' d'amidon à 2 pour 100 sont additionnés
de o'^'"', I du suc hépatique; après 3 heures, on trouve oS'',o45 de sucre réducteur cal-
culé en glucose, la saccharification complète donne oS"", 26.
» Le suc hépatique digère l'albumine d'œuf cuit, la fibrine et agit nettement sur la
gélatine. Pour cette dernière nous trouvons les variations suivantes de conductibilité
électrique.
Après 10 minutes 1/4
« 3o » . . 27
» 45 » • ' 28
» 1 5o » 35
)) Il y avait, dans cette expérience, lo*^™' de gélatine additionnés de o*^™', 5 de suc hépa-
tique. L'expérience, faite dans les mêmes conditions avec le suc pancréatique de chien,
donne comme variation de conductibilité électrique :
Après 10 minutes 19
» 21 » . 34
» 3o » 42
» 40 » 49
» Le suc hépatique sécrété par le foie de VOctopus est donc actif; je me suis
demandé si cette activité protéolytique n'était pas modifiée par la macération de la
muqueuse du caecum spirale. Le résultat a été négatif. La macération du caîcum spi-
rale ne contient pas de ferment protéolytique; elle contient un peu d'amylase.
» L'amylase a été également trouvée dans les glandes salivaires inférieures, mais en
quantité faible. Le rôle de ces glandes n'est probablement pas surtout digestif; en
effet, leur extrait, injecté en quantité très faible à des Langoustes ou à des Crabes,
paralyse complètement ces animaux.
SÉANCE DU 9 NOVEMBRE [903. ■^65
» On trouve aussi une faible quantité d'amylase dans le sang de VOctopi/s; par
contre, dans les reins, on en trouve une quantité assez forte.
» Se/n'a officinalis. — Les résultats obtenus pour les ferments sont les mêmes pour
la Sepia que pour VOctopus. On peut, chez cet animal, séparer le foie du pancréas;
chacune de ces deux glandes ronlient un ferment protéolylique actif; l'addition des
macérations de ces deux glandes n'agit pas plus que chacune isolément; la macération
du caecum spirale ne contient pas de ferment proléoljtique ; cette macération accélère
un peu l'activité proléolytique delà macération de pancréas, il semble donc ici y avoir
une légère action kinasique. Relativement à l'amylase, on obtient les mêmes résultats
que jDOur VOctopus.
» Spatangus purpitreus. — L'intestin du Spatangus est absolument bourré de
sable et de petits coquillages; au contraire, dans le cœcum qui se trouve attaché à cet
intestin, on ne trouve pas un grain de sable; ce cœcum à parois glandulaires con-
tient 4""'' à S'^'"" d'un liquide jaune brunâtre, très faiblement acide; ce liquide contient
une quantité notable d'amylase, il digère l'albumine d'œuf cuit, la fibrine et la géla-
tine.
» Le liquide périviscéral du Spatangus contient un peu d'amylase, mais il n'y a pas
de ferment protéolylique.
» Salpa af ricana, — La fonction de la glande pylorique de la Salpe a été discutée
par différents auteurs, mais on n'a pas étudié jusqu'ici les ferments digestifs de ces
animaux. En faisant des macérations de cette glande pylorique, on obtient un liquide
riche en amylase, il ne digère ni l'albumine, ni la fibrine; cette macération agit au
contraire faiblement sur la gélatine. Cette glande contient donc bien des ferments
digestifs. Les macérations des autres parties du corps de la Salpe donnent des résultats
négatifs. )>
BOTANIQUE. ~ Un nouvel hybride de greffe. Note de M. Lucien Daniel,
présentée par M. Gaston Bonnier.
« Il y a deux ans, dans le jardin de l'institution Saint-Vincent à Rennes,
de vieux poiriers greffés sur Coignassier dépérissaient en grand nombre à
la suite d'attaques répétées du kermès. Tous manifestaient à des degrés
divers le phénomène bien connu des forestiers sous le nom de couronne-
ment, c'est-à-dire que les sommités, privées de sève, se desséchaient pro-
gressivement. Pour prolonger leur existence menacée et leur redonner de
la vigueur, le frère Henri, professeur d'arboriculture de l'établissement,
eut recours au procédé classique du ravalement. Il rabattit ses poiriers à
2™ environ du soi, après les avoir élagués complètement.
)) Je suivis avec intérêt cette expérience pour deux raisons : 1° parce
que, en produisant artificiellement une différence marquée entre les capa-
^66 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cités fonctionnelles d'absorption et de vaporisation, on devait observer des
phénomènes tératologiques, comme je l'ai fait voir depuis longtemps;
2° parce que j'espérais trouver dans les pousses adventives des sujets des
variations asexuelles, autrement dit des hybrides de greffe. Mon attente
n'a pas été déçue.
» Les greffons ont tous fourni des pousses de renjplacement dont la vigueur a été
proportionnelle à la différence des capacités fonctionnelles artificiellement produite
entre l'appareil absorbant intact et l'appareil vaporisateur très réduit. Ces pousses
n'ont pas complètement pris la direction verticale, mais sont pour la plupart devenues
retombantes à des degrés divers, montrant ainsi combien la proportion des sèves se
rendant à un rameau a d'influence sur son géotropisme. Des bourgeons à fruits per-
cèrent l'écorce épaisse, fleurirent et fructifièrent dans l'année même en donnant des
productions monstrueuses dont j'ai étudié la forme et la structure l'année dernière ('),
Une de ces poires était située sur une partie complètement dénudée de l'arbre, à 25'^"'
au moins de la première branche feuillée, située au-dessous d'elle. Malgré sa situation
dans une région morte en apparence, elle n'en a pas moins achevé son développement.
» Jusqu'ici un seul des sujets a donné des pousses de remplacement : c'est un Goi-
gnassier servant de support à un poirier William. Mais ces pousses présentent un in-
térêt tout particulier. Deux d'entre elles sont situées bien au-dessous du bourrelet et
ont conservé tous les caractères de la plante normale. Elles ont une forme légèrement
sinueuse et un aspect grêle; l'épiderme «of/a^/e est fome/^/ea^c sur la plus grande
partie de leur longueur; il présente />e« ot< yoot/i^ ofe /e/i^/ce/Ze5 suivant les niveaux
considérés. Les feuilles sont entières, brièvement pétiolées, de forme ovale légèrement
cordifornie, et leur face inférieure est revêtue de poils abondants qui lui donnent une
teinte caractéristique.
)) Au niveau du bourrelet, sur une sorte de protubérance entièrement recouverte
par Técorce du coignassier sujet, se sont développées trois autres pousses dont l'aspect
particulier attire immédiatement l'attention de l'observateur. Au lieu d'avoir l'aspect
grêle et sinueux des rameaux de coignassier, elles ont l'aspect plus massif Ql la direc-
tion plus rectiligne des rameaux de poirier. Leur épiderme est moins velu, plus clair
et se rapprochant comme teinte du poirier; à la base du rameau on voit des lenticelles
assez nombreuses. Les feuilles, disposées comme dans les rameaux du greffon, restent
brièvement pétiolées et de forme ovale, mais l'aspect cordifornie fait place à la forme
un peu lancéolée, intermédiaire entre la forme normale du coignassier et du poirier.
Toutes sont plus ou moins velues à la face inférieure, mais leur villosité est moindre
qu'à l'ordinaire, de sorte que leur teinte est aussi intermédiaire entre celle du sujet et
celle du greffon. Un autre caractère transmis par le greflon consiste dans la présence de
dents très marquées dans certains cas, irrégulièrement disposées sur le pourtour de la
feuille et dont le nombre et la disposition sont très variables suivant l'organe foliaire
(') L. Danifx, Z^ Théorie des capacités fonctionnelles, Hennés, 1,902.
SÉANCE DU 9 NOVEMBRE TQoS. 767
considéré. Ces dents ont une forme quelque peu différente des dents de la feuille du
poirier et, dans quelques cas, elles donnent à l'organe un aspect qui offre de l'analogie
avec certaines feuilles primordiales des poiriers de semis.
» La description que je viens de faire de ces pousses transformées montre
bfen qu'elles réalisent une sorte d'intermédiaire entre le sujet et le greffon.
Elles représentent ainsi une hybride de greffe, dans le sens que j'attribue
à cette expression, au même titre que les hybrides et métis de greffe que
j'ai obtenus dans les plantes herbacées ou ceux qui ont été signalés depuis
dans les plantes ligneuses (néflier de Bronvaux, vigne, etc.). Il est à
remarquer que cette variation a été obtenue, comme beaucoup d'autres,
par la greffe mixte ('). Elle justifie en outre ce que j'avançais au Congrès
de Lyon (-) quand j'attribuais à la suppression constante des pousses sur
le sujet l'absence d'observations sur les hybrides de greffe dans les Rosa-
cées, bien que ces plantes aient été greffées de tout temps en grand nombre.
Je me propose de multiplier le nouvel hybride afin d'étudier son appareil
reproducteur qui ne peut manquer de présenter de l'intérêt aux points de
vue théorique et pratique. »
BOTANIQUE. — Sur les nectaires extrajlor aux des Hevea. Note de MM. Aug.
Daguillon et H. Coupïîï, présentée par M. Gaston Bonnier.
« On connaît les petites glandes (^nectaires extrajloraux des auteurs) qui
s'observent, chez diverses espèces du genre Hevea, au sommet du pétiole,
sur sa face supérieure, près de la naissance des trois grandes folioles qu'il
supporte.
» Si les botanistes descripteurs se sont occupés dé la distribution de ces
petits organes, pour la faire entrer dans la diagnose des espèces, il ne
semble pas que les anatomistes aient eu l'occasion d'étudier leur structure.
Bien que celle-ci offre des ressemblances avec celle qui a été relevée dans
(les organes de même nature chez quelques autres genres d'Euphorbiacées
(Ricinus, Crozophora, Croton, Excœcaria, etc.), elle se signale cependant par
quelques traits intéressants, que nous avons pu étudier sur des matériaux
(') L. Damel, La greffe miœte {Comptes rendus, 1 novembre 1897).
(-) L. Daniel, Les variations spécifiques dans la greffe ou hybridation asejcuelle
{Congrès de Lyon, i5-i7 novembre 1901).
768 ACADÉMIE DES SCIENCES.
frais, soit directement, soit après fixation clans le liquide de Flemming.
» Chez Hevea brasiliensis , les glandes en question ne sont pas en nombre
constant : on en observe parfois deux, souvent trois, quelquefois quatre,
ou même cinq. Chaque glande est ordinairement plus ou moins saillante
au-dessus de la surface lisse du pétiole : elle forme comme une petite ver-
rue, dont le centre est occupé par une dépression plus on moins réguliè-
rement circulaire, que circonscrit une sorte de bourrelet.
» A. Au niveau de la dépression, l'épiderme est assez profondément modifié. Ses
cellules deviennent plus étroites, mais en même temps beaucoup plus hautes; forte-
ment serrées les unes contre les autres, elles prennent l'aspect d'une assise en palissade,
dont la limite interne atteint un niveau sensiblement plus profond que celle de l'épi-
derme normal. Il peut y avoir, au moins par places, dédoublement de l'épiderme ainsi
modifié en deux assises superposées. Le protoplasme des cellules est abondant; le
noyau, généralement situé vers le milieu de leur hauteur, est assez volumineux pour
en occuper presque toute la largeur et prendre une forme allongée. La cuticule, soule-
vée sans doute par les produits de sécrétion, se détache facilement.
» B. L'assise immédiatement sous-épidermique est constituée dans cette région par
des cellules de forme à peu près cubique, plus larges mais beaucoup moins hautes
que les cellules épidermiques ; elles ont un protoplasme assez dense et un gros noyau
central.
» C. Plus profondément encore, on observe de petites cellules ayant à peu près la
même structure que celles de l'assise sous-épidermique. Elles diffèrent très sensiblement
des cellules ordinaires du parenchyme pétiolaire, qui sont plus grandes, à large vacuole
centrale et à protoplasme pariétal, emprisonnant le nojau, peu volumineux, etleschlo-
roleucites. Bien que moins régulièrement ordonnées que les cellules sous-épidermiques,
ces petites cellules sont assez serrées les unes contre les autres, sans intercalation de
méats, et forment un tissu assez compact qui vient s'épanouir sous la dépression glan-
dulaire.
» D. Au niveau du bourrelet périphérique, à quelque profondeur au-dessous de
l'épiderme, on voit les cellules du parenchyme pétiolaire prendre des caractères spé-
ciaux: elles gardent leur forme générale et leurs dimensions; mais leurs membranes,
tout en demeurant minces, sont lignifiées et offrent de petites ponctuations simples.
Le massif de cellules ainsi différenciées offre à peu près la figure d'un tore; il est plus
ou moins développé suivant les échantillons; parfois ses limites sont un peu indécises,
les cellules les plus extérieures du massif offrant une lignification assez imparfaite et
différant faiblement des cellules voisines.
)) E. Les cellules contenant des macles d'oxalate de calcium, dites cristaux en
oa/sins, sont répandues dans tous les organes végétatifs de la plante : elles sont par-
ticulièrement abondantes dans le voisinage du bourrelet.
» F. Dans la région qui nous occupe, et qui est presque entièrement parenchy-
mateuse, les faisceaux libéro-ligneux du pétiole se dissocient, et les rameaux prove-
nant de cette dissociation suivent un trajet assez contourné : un ramuscule, dont la
SÉANCE DU () NOVEMBRE KJO^. '7R9
partie ligneuse se réduit à quelques vaisseaux spirales, vient se terminer, au-dessous
du centre de la dépression glandulaire, par un petit massif de cellules vasculaires, à
membranes fortement lignifiées, avec ornementation rajée ou réticulée; ce petit
massif est comme le centre autour duquel rayonne le tissu compact défini plus
haut (C).
» G. Les fascicules ligneux provenant, comme il vient d'être dit, de la dissociation
des faisceaux pétiolaires, sont accompagnés de cellules allongées à protoplasme dense,
à gros novau, et alignées dans le sens de leur allongement; elles semblent continuer
le liber des faisceaux pétiolaires et viennent abcnitir, d'autre part, au tissu com-
pact (G).
» H. On sait que la lige et la feuille des Hevea renferment des laticifères articulés
dont le contenu fournit du caoutchouc. A l'intérieur du pétiole ils sont surtout loca-
lisés dans le liber des faisceaux. Dans la région glandulaire, en même temps que se
dissocient ces faisceaux, quelques-uns des laticifères se portent, en suivant un trajet
capricieux, vers la surface sécrétrice : ils se ramifient à l'intérieur du tissu compact (G),
et leurs extrémités viennent se terminer en doigt de gant, soit dans ce tissu, soit même
entre les cellules de l'épiderme sécréteur; certaines terminaisons atteignent la face
profonde de la cuticule et revêlent dés lors, à l'intérieur de l'épiderme, une forme
assez analogue à celle des cellules épidermiques elles-mêmes.
» Dans la structure de ces glandes, les deux points sur lesquels nous
désirons attirer plus particulièrement l'attention sont : 1° la présence
d'une sorte d'anneau de parenchyme scléreux à l'intérieur du bourrelet
qui circonscrit la surface glandulaire; 2^* la distribution et la terminaison
des laticifères dans le parenchyme immédiatement adjacent à cette surface
et jusque entre les cellules de l'épiderme sécréteur. »
BOTANIQUE. — Recherches cytologiqiies sur le Galactinia succosa. Note de
M. R. Maire, présentée par M. Guignard.
« Dans le but de rechercher quelle parenté pouvait avoir l'évolution
nucléaire des Ascomycètes avec celle des Basidiomycètes, nous avons
étudié une Pézize supérieure, le Galactinia succosa.
)) Cette espèce possède des laticifères : elle était donc doublement inté-
ressante à étudier, les laticifères étant encore peu connus chez les Asco-
mycètes.
» Les hyphes du carpophore présentent dans chacun de leurs articles un assez grand
nombre de noyaux, irrégulièrement dispersés et se divisant isolément.
» Gertaines hyphes ou portions d'hyphes, à peine dillereuciées, se gorgent d'un
liquide séreux devenant jaune laiteux à l'air.
C. R., 1903, 2» Semestre. (T. CXXXVII, N" 19.) ÏOI
nrjO ACADEMIE DES SCIENCES.
» Ce liquide se coagule par la chaleur, Falcool et les fixateurs, ne donne aucune
réaction avec Tiode, le Soudan III, l'acide osmique, se colore fortement par la safra-
nine après mordançage au KMnO^; il ne contient donc ni corps gras, ni glycogène;
sa constitution est encore inconnue.
» Les laticifères contiennent de nombreux noyaux semblables à ceux des hyphes
ordinaires, mais entrant en dégénérescence dans les parties les plus gorgées de matières
élaborées.
» Ils sont répartis assez également dans l'hypothécium et dans le tissu lâche sous-
jacent, où ils présentent souvent des dilatations ampullaires.
>) La formation des asques présente une particularité remarquable.
» La cellule-mère de Vasque est, en effet, dans cette espèce la cellule terminale
d'une file de deux ou trois cellules pourvues chacune d'^ un synkaryon; on ne
retrouve pas les crochets décrits chez les autres Ascomjcètes.
» La formation de Vasque est donc ici semblable à celle d'une baside.
» Les deux éléments du synkar\on se fusionnent en un gros noyau, qui présente
plus tard un stade synapsis, semblal^le à celui que nous avons décrit chez les Basi-
diomycètes.
» L'asque est pendant tout son développement une véritable cellule sécrétrice; dès
la fusion nucléaire apparaissent au contact du noyau des granulations basophiles qui
augmentent de nombre et se répartissent dans le cytoplasma au fur et à mesure que
le noyau devient acidophile; le nucléole reste toutefois presque toujours basophile. Le
noyau de l'asque et le cytoplasma qui Fentoure sont bientôt séparés du sommet de
l'asque et de sa base par une abondante substance coagulable, dont la constitution
paraît analogue à celle du contenu des laticifères. Il n'y a pas de glycogène ; les corps
gras abondent en revanche dans tout le cytoplasma qui entoure le ou les noyaux, puis
dans les spores. On trouve quelquefois dans le jeune asque et au milieu de l'abondant
deuloplasma de l'asque plus âgé des corpuscules métachromatiques de formes très
irrégulières, mais leur présence n'est pas constante.
» Les phénomènes de la division du noyau sont assez semblables à ceux décrits par
Ilarper chez d'autres Ascomycètes. Il faut toutefois noter les faits suivants :
» 1° L'origine et la formation des centrosomes et du fuseau sont entièrement
intranucléaires, au moins pour la première division.
» 2° La formation des chromosomes est très irrégulière : il y a généralement des
protochromosomes à la deuxième et à la troisième division comme à la première.
» 3° Le nombre des chromosomes est de 4-
» 4° La division des chromosomes se fait comme chez les Hygrophores, par
division longitudinale suivie d'étirement.
» 5° Les axes des deux premières mitoses sont longitudinaux, celui de la troisième
est transversal, ce qui explique la disposition distique des spores.
» 6° Le kinoplasma joue un rôle prépondérant dans la formation des spores,
comme l'a décrit Harper chez d'autres Ascomycètes.
)) Nous ajouterons, pour lermiiier celte brève notice sur le Galactinia
succosa, que celte espèce présente une parenté réelle avec les Basidio-
SÉANCE DU 9 NOVEMBRE igoS. 77 1
mycètes au poinL de vue de son évolution nucléaire : la présence d'une
lignée de synkaryons avant la formation de l'asque la met au-dessus des
autres Ascomycètes : nous trouvons ici la première ébauche de ce tronçon
de l'individu, le synkaryophyte, qui doit prendre tant de développement
chez les Basidiomycètes. »
PHYSIOLOGIE. — Sur l oxydation de la glucose dans le sang.
Note de M. L. Jolly, présentée par M. H. Moissan. (Extrait.)
« Nous savons que les farineux alimentaires, pour entrer dans le
torrent circulatoire, sont solubilisés par la ptyaline salivaire et l'amy-
lopsine pancréatique, c'est-à-dire transformés en glucose.
» Une grande quantité de cette glucose, après chaque repas, est emma-
gasinée dans le foie à l'état de glycogène, pour passer ultérieurement, à
mesure des besoins, dans la circulation hématique. Une autre partie est
emmagasinée dans les tissus musculaires, pour être utilisée également à
mesure des besoins...
» Il nous a paru intéressant de rechercher si l'alcool, dont la présence
a été signalée dans le tissu musculaire, est, dans le sang, un produit de
dédoublement de la glucose, afin de faciliter son oxydation.
» Nous nous sommes procuré l'^s de sang de bœuf très frais. Il a été divisé en deux,
parties égales. Chaque partie a été intimement mélangée à i''^ de solution saturée de
sulfate de soude, additionnée de 5s de glucose; cela afin que les deux mélanges soient
identiques.
» L'une a été mise à l'étuve et chauffée à 3o" pendant 12 heures.
» L'autre a été soumise immédiatement à une distillation très lente, au bain-marie.
Nous avons retiré So""' de liquide. Puis, sans arrêter la distillation, nous avons ajouté
los d'acide sulfurique dilué et mélangé le tout avec un agitateur. Nous voulions savoir
s'il passerait à la distillation un peu d'acide acétique. Nous avons recueilli 5*^™^ de
liquide; il n'avait aucune réaction acide.
» Le mélange sanguin passé à l'étuve a été distillé de la même manière. Nous avons
également recueilli So'''"' de liquide. Après addition d'acide dilué ^fous avons encore
recueilli 5*^"*^ de liquide. 11 avait une réaction franchement acidf ^ r? goutte de per-
chlorure de fer, par la coloration rouge produite dans le liquide s&l: é, nous a fourni
la preuve que c'était bien de l'acide acétique.
» Pour constater la présence de l'alcool dans les liquides des deux distillations et
en déterminer approximativement la quantité, nous nous sommes servi, en premier
lieu, de la réaction colorimétrique par l'acide chromique, qui permet de déceler la
-jr-jl ACADÉMIE DES SCIENCES.
présence fie Talcool jusqu'à la proportion de j^^' Au moyen d'essais comparatifs avec
des solutions alcooliques de plus en plus diluées, nous avons constaté que la solution
alcoolique à ^-y^- donnait une coloration jaune verdàtre, identique à celle du liquide
de la première distillation.
» Le produit de la seconde distillation, traité de la même manière, nous a donné
une coloration bleue, bien marquée, identique à celle que donne l'alcool au -~^. La
quantité d'alcool produit après chauffage à l'étuve est donc 6 fois plus élevée.
» Mais comme un certain nombre d'autres composés donnent des colorations avec
l'acide chromique, nous avons soumis ces liquides à deux, autres réactions de contrôle :
l'une a consisté à produire de l'iodoforme; une goutte évaporée nous a révélé au mi-
croscope la présence d'iodoforme en masses jaunâtres de formes diverses, contrariées
par de nombreux cristaux, blancs d'iodure de potassium. Une parcelle d'iodoforme
dissoute dans l'alcool et évaporée nous a donné les mêmes formes, mais plus parfaites.
» Enfin, nous nous sommes assuré de l'existence de l'alcool par la formation d'un
peu de butyrate d'éihyle qui nous a donné l'odeur de l'ananas.
» Nous pouvons donc conclure : qu'il existe nalurellement de l'tdcool,
en 1res minime proportion, dans le sang;
» Que les globules du sang ont dédoublé une certaine quantité de glu-
cose en alcool et qu'ils ont transformé une partie de cet alcool en acide
acétique par oxydation. »
A 4 heures et demie l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures et demie.
G. D.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 16 NOVEMBRE 1905,
PRÉSIDENCE DE M. ALBERT GACDRY.
3IEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président s'exprime comme il suit :
« Les élèves, les amis, les admirateurs de M. Chauveau se sont associés
pour faire graver une belle médaille à son effigie. Notre Confrère a voulu
que la médaille lui fût remise dans la plus stricte intimité. Mais des
adresses, des lettres, des télégrammes lui ont été envoyés de toute part.
» La lettre de voire Président renfermait ces mots, qui lui ont semblé
l'expression des sentiments de l'Académie :
» Vous avez étendu votre action bienfaisante à ces créatures, bonnes et souvent
charmantes, qui sont pour l'humanité d'un tel secours que nous avons peine à conce-
voir comment, sans elles, il lui serait possible de se maintenir et de progresser. Merci
pour toutes les choses grandes et utiles que vous avez faites.
» On a réuni les félicitations envoyées à M. Chauveau dans un Opuscule
où se trouve le fac-similé de la médaille, représentant d'un côté sa tête
expressive et de l'autre côté sa fameuse expérience de cardiographie, à
l'École vétérinaire de Lyon.
» Nous conserverons précieusement ce souvenir des hommages rendus
à un Confrère que chacun de nous aime et honore. »
CHIMIE MINÉRALE. — Nouvelle préparation de V argon.
Note de MM. H. Moissan et A. Rigaut.
« Dans leurs belles recherches sur la découverte de l'argon, lord Ray-
ieh et sir William Ramsavont utilisé, tout d'abord, l'action de l'étincelle
G. R., 1903, ■?.' Semestre (T. CXXXVII, N° 20.) Ï02
;774 ACADÉMIE DES SCIENCES.
électrique sur le mélange d'oxygène et d'azote pour séparer l'argon de
l'air atmosphérique. Par la suite, ils ont employé le magnésium qui retient
l'azote sous forme d'azoture; enfin, dans des expériences plus récentes,
sir William Ramsay (*) s'est servi du procédé indiqué par M. Maquenne (^) :
action d'un mélange de chaux et de magnésium sur l'azote atmosphé-
rique.
» L'étude de la préparation de l'argon par l'action des étincelles d'in-
duction sur un mélange d'oxygène et d'azote atmosphérique a été reprise
dernièrement par M. Auguste Becker (' j.
)) L'un de nous a démontré précédemment que le métal calcium se
combinait avec facilité à l'azote an rouge sombre, en fournissant un azo-
ture cristallisé de formule Ca^ Az'- ( ').
)) Comme ce calcium métaUique possède aussi la propriété de fixer
l'hydrogène à la même température, en donnant un hydrure cristallisé de
formule CaH" et que cet hydrure n'est pas dissociable à Soo*', nous avons
pensé à appliquer ces différentes propriétés à l'extraction de l'argon de l'air
atmosphérique.
« Cette préparation de l'argon comprend quatre opérations :
» A. Préparation de loo^ d'azote.
1) B. Enrichissement de l'azote en argon.
» C. Première purification.
w D. Seconde purification par circulation sur le calcium.
» A. Préparation de loo' d'azote atmosphérique. — Cette opération se
fait au moyen de deux tubes d'acier de i°^, 20 de longueur et de o™,o3o de
diamètre, remplis de tournure de cuivre tassée, préalablement oxydée à
l'air, puis réduite dans l'hydrogène. Le gaz est introduit par aspiration dans
un gazomètre à eau.
» B. Enrichissement de l'azote en ai'gon. — Le gaz, obtenu précédemment,
traverse d'abord un tube de fer de 1°^ rempli de tournure de cuivre, puis
(^) Ramsay, Proceedings of the Royal Society, t. YIII, 1898, p. i83, et W. Travers,
Study of gases.
(^) Maquenne, Sur la fixation de l'azote par les métaux alcalino-terreux
{Comptes rendus, t. CXXI, i8g5, p. ri47)-
(^) Auguste Becker, Veber die Darstellung von Argon mittels elektrischer Funken
{Zeitschrift fur Elektrochemie, 23 jiili 1908, n° 30, p. 600).
{'*) H. MoissAN, Recherches sur le calcium et ses composés {Annales de Chimie et
de Physique, 'j" série, t. XVllI, 1899, p. 289).
SÉANCE DU l6 NOVEMBRE igoS. 775
un sécheur formé d'un flacon à acide sulfurique et six tubes horizontaux
de o™, 5o, remplis de fragments de potasse refondue au creuset d'argent.
Le gaz passe ensuite dans deux tubes de fer de o'^jSo de longueur conte-
nant un mélange de cinq parties de chaux vive en poudre fine et de trois
parties de poudre de magnésium bien exempte d'huile et d'aluminium.
» Chaque tube renferme une charge de 120^ du mélange.
» On porte au rouge le tube qui contient la tournure de cuivre, puis on
chauffe les deux tubes à mélange de chaux et de magnésium en ayant soin
de laisser ouvert le robinet qui se trouve à l'extrémité du dernier tube.
Dans ces conditions, il se dégage une petite quantité de gaz hydrogène pro-
venant de l'absorption de l'humidité par les poudres au moment de leur
mélange. La présence constante de cet hydrogène dans les manipulations
est une des difficultés de \n préparation. Lorsqu'on s'est assuré, grâce à un
laveur à acide sulfurique placé après le robinet dont nous parlions })lus
haut, que tout dégagement d'hydrogène est terminé, on adapte, à l'ex-
trémité de l'appareil, un sac vide en caoutchouc de i5'. On ferme le robinet
de verre et, grâce à la pression du gazomètre, on fait passer dans l'appa-
reil les 100^ d'azote qui, en 2 heures, diminuent de volume et sont rame-
nés à 10' de gaz enfermés dans le sac de caoutchouc. Ce gaz contient
10 pour 100 d'argon (^ ).
» La chaux qui sert dans nos expériences a été obtenue de la façon
suivante : du marbre blanc exempt de silice est calciné au four Perrot
pendant 3 heures. Après refroidissement, la chaux vive ainsi obtenue est
passée au tamis de soie, puis hydratée j)ar une petite quantité d'eau dis-
tillée. Après qu'elle s'est délitée complètement, cette poudre est calcinée
pendant 3 heures à une température mesurée de looo*^.
» Le magnésium employé est en poudre très fine. On s'assure, au préa-
lable, qu'il est bien exempt d'aluminium. Il est lavé ensuite à l'éther sec
par digestion d'abord, puis sur un entonnoir de Buchner, enfin essoré à
la trompe et séché à i fo°.
» Les tubes de verre, séchés avec soin, sont remplis du mélange pré-
paré dans un mortier chaud, avec le métal sortant de l'étuve et l'oxyde pris
dans le creuset encore tiède.
» C. Première purification. ~~ Le sac de caoutchouc contenant l'azote à
(') Dans des expériences préliminaires, nous nous servions, pour recueillir le gaz
ainsi enrichi d'argon, d'un gazomètre à eau et, à cause de la solubilité de l'argon dans
ce liquide, nous avions un rendement beaucoup plus faible.
y ^6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
loponr loo d'argon est relié à un petit sécheur à potasse qui commu-
nique au moyen d'un robinet tenant le vide avec un gros tube en porce-
laine de Berlin, de 35'"'" de diamètre et de o'",85 de longueur. Ce tube est
chauffé dans un four Mermet, et il peut recevoir une gargousse de tôle
perforée contenant 80^ du mélange chaux et magnésium. Un second tube
en verre d'Iéna se trouve à la suite du premier; il contient 'jo^ du même
mélange. Il est mis en communication avec un troisième tube plus petit et
rempli d'oxyde de cuivre. Après ce dernier tube, se trouve un petit bar-
boteur à acide sulfurique, pour retenir l'eau formée, et enfin un dessicca-
teur à potasse caustique. Cet appareil est mis en communication par un
robinet à trois voies avec une pompe à mercure qui j)ermetde recueillir le
giiz et de l'envoyer, par un tube abducteur, dans une grande éprouvette
de o™,85 de hauteur et d'une capacité de iioo*""'. Tous les tubes étant
chauffés, on fait passer lentement le gaz dans la j3ompe à mercure, puis
on l'envoie ensuite dans la grande éprouvette. Cette opération, recom-
mencée une dizaine de fois, permet de vider complètement le sac de caout-
chouc en 2 heures. Après cette première purification, le gaz que l'on
obtient est de l'argon ne contenant plus que 5 à 10 pour 100 d'azote.
» D. Seconde purification par circulalion sur le calcium. — La grande
éprouvette dont nous avons parlé précédemment porte, à sa partie supé-
rieure, un robinet de verre. Elle est mise en communication avec un premier
tube en verre d'Iéna renfermant 4^^ du mélange chaux- n)agnésium ;
puis, avec un deuxième tube de même substance, renfermant quatre
nacelles de nickel, dans lesquelles se trouvent 3^ à [\^ de calcium métal-
lique en petits cristaux. Deux trompes à mercure sont mises en com-
munication avec cet appareil au moyen d'un robinet à trois voies : la
première sert à faire le vide dans l'appareil au début de l'expérience,
et la deuxième est utilisée pour obtenir la circulation du gaz dans les
deux tubes portés au rouge sombre. Dans ces conditions, la petite quan-
tité d'azote que renfermait encore l'argon, ainsi que l'hydrogène, produit
dans le tube à mélange de chaux et de magnésium, sont complètement
retenus par le calcium métallique. 3 heures plus tard, on recueille le
gaz dans des flacons de 25o'''"', lavés préalablement avec du gaz argon.
» Les appareils, qui servent aux deux purifications, sont entièrement
formés de tubes de verre réunis par des tubes de plomb au moyen de
mastic à la gomme laque. Pour donner aux tubes de plomb une certaine
élasticité, on les contourne en spir-ales. L'appareil est assez long à disposer;
SÉANCE DU Ib NOVEMBRE JQoS. 777
aussi, étant donné le grand nombre de joints à la gomme laque, faut-il
s'assurer au préalable qu'il tient bien le vide.
M Deux personnes peuvent poursuivre simultanément les différentes
phases de cette préparation; et, lorsque l'appareil est monté, elles peuvent
produire, d'une façon continue, i' de gaz argon en 12 heure?.
» Pour reconnaître si cet argon est pur nous avons tout d'abord étudié
le spectre qu'il fournit au moyen de l'étincelle d'induction. Ce spectre ne
présente plus les cannelures de l'azote et nous donne les lignes caracté-
ristiques de l'argon. Enfin, nous avons additionné ce gaz d'une petite
quantité d'oxygène pur, et nous avons reconnu que, soumis à l'étincelle
d'induction pendant plusieurs heures, il ne donnait j)lus de vapeurs ruti-
lantes et que son volume ne diminuait pas lorsque l'expérience était faite
en présence d'une solution alcaline.) Dans l'un de nos essais, nous avions
pris 9""'', 2 d'argon. Après passage d'elincclles d'induction pendant
4 heures, puis absorption de l'oxygène, nous avons retrouvé le même
volume de 9*""', 2.
» Cette nouvelle méthode de préparation permet donc d'obtenir l'ar-
gon avec assez de facilité. »
M. Laverax, en présentant un Ouvrage qu'il a publié sur la « Prophy-
laxie du paludisme », s'exprime ainsi :
« J'ai l'honneur de faire hommage à l'Académie d'un petit Yolume que
je viens de publier dans V Encyclopédie des Aide-Mémoire dont notre émi-
nent Confrère, M. Léauté, est le directeur. Ce Volume a pour titre :
Prophylaxie du paludisme.
)) On connaît aujourd'hui l'agent pathogène des fièvres palustres, on
sait comment il se projîage, on peut donc formuler les règles de la prophy-
laxie rationnelle de cette redoutable endémie; c'est ce que j'ai essayé de
faire.
M L'Ouvrage est divisé en deux Parties : dans la j)remière Partie j'ai
étudié le rôle des moustiques dans la propagation du paludisme; la
deuxième Partie est consacrée à la prophylaxie proprement dite.
» J'espère que ce petit livre servira à répandre les notions scientifiques
nouvelles qui doivent rendre j)lus efficace la lutte contre le paludisme. »
-778 ACADÉMIE DES SCIENCES.
NOBÏIN AXIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à rélection d'un Corres-
pondant dans la Section d'x\stronomie, en remplacement de M. Schiapa-
relli, élu Associé étranger.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 5o,
M. George-William Hili obtient. ... 4^ suffrages
M. G. -IL D<)rwin » . . . . 2 »
M. G.-W. HiLL, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est
élu Correspondant de l'Académie.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i^ Un Ouvrage ayant pour titre : « Recueil de travaux dédiés à la mé-
moire d'Alexis Millardet (i 838-1902), j^ar les professeurs de la Faculté de
Bordeaux » .
qP Un Ouvrage de lord Avebury ayant pour titre : « The scenery of
England and the causes to wich it isdue ». (Présenté par M. de Lapparent.)
3" Un Ouvrage de M. Sven Hediii intitulé : « L'Asie inconnue. Dans les
sables de l'Asie », traduit du suédois par M. Ch. Rabot. (Présenté par M. de
Lapparent.)
4° Un Ouvrage de M. Jean Resal intitulé : « Poussée des terres, stabilité
des murs de soutènement ». (Présenté par M. Maurice Levy.)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la nature analytique des solutions de
certaines équations aux dérivées partielles du second ordre. Note de M. S.
Bernsteix, présenlcc par M. Em. Picard.
« Théorème. — 5/ ^ est une fonction des variables réelles oc et y admettant
dans une région S des dérivées finies des quatre premiers ordres et satisfaisant
SÉANCE DU i6 NOVEMBRE rgoS. 779
aux deux conditions :
. . „/ dz dz d'z fPz (r-z\
(') ^ 1,^' ^' ^' 5:^' ;ï^' jt^-' àœày df-) = ^'
o/i F est analytique, et
elle est analytique.
» Ce théorème remarquable a été démontré d'abord par M. Picard (')
dans le cas où F est linéaire (l'ordre de dérivabilité connu pouvait d'ail-
leurs s'abaisser à deux). Par une intuition profonde, M. Hilbert a prévu
qu'il suffisait de supposer F analytique. Sous son influence, M. Lulke-
meyer, dans sa Thèse soutenue en 1902, et M. Holmgren (^Math. Annalen,
1903) reprirent la méthode de M. Picard et établirent le théorème en
question pour F = jj^ + ^ .-f^r,y, z, ^^^, ^^ = o (/ étant analy-
tique). En complétant convenablement la même méthode, je suis parvenu
à une démonstration générale.
» Soit F(x) = V 'y^ Aj,f^xP(l\ ~ xy. Si ce développement converge
absolument et uniformément pour o^^^R, nous dirons qu'il est normal.
La série /{x) = V ^j'^/'^'^^C^ ~~ ^)^ ^^'''' "'^® série maximale de V(x),
pz^O q =0
si a^^q > I A^,^ |. On peut écrire aussi
' F(.r) = 2 P,(R - x)" et f{x) - ^ />,(R - .r)^
(/ = 0 (7 = 0
où P et /? sont des séries de Taylor ordonnées par rapport à l'origine. Soit
^q^Pq{^ ~ ^y lorsque o ^oî^R. Nous dirons que
M = M, + M, IJ^ -f- . . . + M,(^^)" + . . .
est une valeur maximale de F(j7) à l'intérieur du contour T^r,. formé par
(') Journal de l'École Polytechnique, 1890, et Acta mathematica, t. XXV. Le
même théorème a été démontré par M. Picard pour certaines équatipns linaires d'ordre
supérieur au second {Comptes rendus, t. CXXl, iSgS).
780 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la partie gauche fie la circonférence C de ravon rayant le centre en O et
les deux tangentes menées du point R au centre C. L'ensemble des valeurs
maximales correspondant à tous les développements normaux sur OR
de ¥(x) a une limite inférieure que nous appellerons valeur minimaxi-
male de F(cc) à l'intérieur de To,,,. et que nous désignerons par [F('3^-)]u/ •
» Soit F (.T/) = F(VcosO, /si II Cl) = V A„cos7zO -+- B^sin/zO. Nous dirons
que ce développement est normal, si A„ = 7" y ^ ^' !'!/'' ^(^' ~ r-f,
B„= r" y^ y D^''^^r-^( R- — r-Y sont normaux sur OR et si a„ et b,^ dési-
p = 0 (J = 0 oc
gnant des séries maximales de A„ et B„ la somme ^ ««+ ^« converge uni-
rt = 0
fermement sur OR.
» On posera, en outre, [F(^T )]r,. = -( A„\î,.-4- (B„)f{,, qu'on appellera
valeur minimaximale de Y(xy) à l'intérieur du contour r^io •
>) Lemme 1. — Une fonction analytique de deux variables réelles x et y
régulière à l'intérieur d'un cercle C de rayon R est développable en série
normale.
» Lemme 2. — Soit F[©,(iCj'), (p^(cr/), . . ., 'p,„(a"v)] une fonction ana-
lytique de m variables dont chacune est une fonction de x, y susceptible d'un
développement normal sur OR. F sera aussi normal sur O^ et, en désignant
par fia série des modules de F, on aura
î^[?.(^0?.(^>^v ••]!..=/! [?.(^01u.[?.(^x)]u,.---:.
» Lemme 3. — Si une fonction Y(^xy) admet une valeur maximale finie
à r intérieur de Foru,, elle est analytique pour H réel et r situé à l'intérieur
de Fo^rv ' ^^ ^^ valeur sur Fojjn- est donnée par le développement normal corres-
pondant.
» Ceci posé, en vertu de l'hypothèse ^Y^y__ Y\y. — /F'^_,,. \^^ o> H est
àx- ôy \ ôx dyj
possible d'effectuer un changement de variables linéaire et homogène à
coefficients réels qui ramène l'équation générale à la suivante
, , . . d'- z d'z ff ô~- dz <)- z d-z à' z\
(1 his) ^ + ^. =/[^0'^ ^' ^' jy.' J^' J^/ ^.j'
y étant analytique et telle qu'à l'origine, c'est-à-dire pour a? = y=o.
SÉANCE DU l() NOVEMBRE Kjo'à. 78 1
âz
dz
= ^0.
d'z <Vz
= h.
t
dx-
=f,Y-z =f',r-z = '''
dx dy dv-
on ait
» Cherchons, parla méthode des approximations successives, une solu-
tion de l'équation (i bis) a qui se confonde avec z sur une circonférence G
de rayon R assez petit. En vertu des considérations précédentes, u se pré-
sentera sous forme normale et admettra une valeur maximale finie à l'iu-
lérieur de rRR.(R'<< R). Donc u est analytique. De plus il est aisé de mon-
trer que, pourvu que R soit suffisamment petit, ;: et u se confondent
identiquement. Ainsi se trouve démontré le théorème annoncé. »
HYDROGRAPHIE. — Sur l'emploi du tachéographe Schrader pour les travaux
d'hydrographie. Note de MM. F. Schrader et Ch. Sauerwei.v.
« L'application du tachéographe Schrader (') à l'hydrographie a été
inaugurée à Monaco en février 1908, pour construire la carte lithologique
de la zone côtière de la Principauté.
» Nous renvoyons, pour le principe et l'usage général de l'instrument,
à la Communication de M. Schrader. Les perfectionnements apportés
depuis cette époque au tachéographe n'en ont pas changé le principe, et
ont eu pour seul but d'en rendre le maniement plus aisé et la précision
plus grande.
» Deux méthodes se présentent pour un levé hydrographique, suivant
que le pays est plat, ou qu'il possède près de la mer des hauteurs assez
importantes.
» 1° Pays plat. — Dans ce cas, il faut opérer pour le levé de la côte comme dans
un levé topographique, en faisant placer aux différents points des escouades portant
des mires de longueur appropriée à l'échelle de la carte. Pour les sondages, on munira
Tembarcation d'une mire fixée au mât, et l'on opérera comme sur le terrain.
» Dans ce cas, il faudra noter, pour chaque point marqué sur le disque de zinc,
l'altitude indiquée par le vernier de l'échelle verticale du tachéographe; et la réduc-
(') Comptes rendus^ i*"" juillet iSgo.
• C. R., 1903, 3« Semestre. (T. CXX.WII, N° 20.) Io3
7
8:
ACADEMIE DES SCIENCES.
tion des sondes au niveau des plus basses mers se fera très aisément, au moyen de
l'heure notée à bord, par comparaison avec l'éclielle de marées qui aura été primiti-
vement installée.
r> 2° Pays accidenté, possédant des hauteurs importantes dans le voisinage immé-
diat de la mer.
» Dans ce cas, la première opération consiste à planter une échelle de marées très
visible et une mire auprès d'elle, à la limite de la mer. L'opérftteur, rendu sur le ter-
rain de travail (un point aussi élevé que possible, ayant un grand champ de visée),
pointera la lunette sur la mire, bissectant les voyants avec les deux fils du réticule; et
cette visée lui donnera immédiatement la distance et la différence d'altitude des deux,
points considérés, c'est-à-dire la hauteur de l'instrument au-dessus du niveau actuel
de la mer.
» Ceci fait, le principe sur lequel est basée la méthode est le suivant :
» Soient A l'observateur, BG la surface de la mer et G un point quelconque de cette
snrface; dans le triangle rectangle ABG, connaissant AB, il suffit de connaître l'angle
BAC pour construire le triangle.
» Si donc on opérait avec un théodolite, une lecture d'azimut et une lecture sur le
cercle vertical donneraient la grandeur et l'orientation du triangle ABG, par un
calcul de trigonométrie rectiligne.
» Le tachéographe Schrader permet une simplification très grande de
cette méthode.
)) Si, en effet, on fixe le vernier de l'échelle verticale sur la division qui
représente, au-dessous du zéro, la hauteur du point d'observation rap-
portée à l'échelle à laquelle on opère, lorsque l'axe optique de la lunette
sera dirigé sur le point à viser, l'instrument construira automatiquement le
triangle défini plus haut, et le stylet marquera sur le disque la position
exacte, rapportée à l'échelle choisie, du point visé.
» De ce que nous venons de dire, on peut conclure que le levé de la
côte se fera également en suivant simplement, avec l'axe optique de la
lunette, la ligne d'intersection de la côte avec la surface de la mer, après
avoir iumiobilisé le stylet au contact du disque horizontal, de manière qu'il
trace le contour de la côte suivant un trait continu.
» S'il s'agit de points de sonde, -l'embarcation chargée de ce service doit
SÉANCE DU ]i) NOVEMBRE lC)o'5. 788
hisser un pavillon toutes les fois qu'elle opère, et une simple visée donne
sa position rapportée à Téchelle adoptée.
» Dans le cas de lignes de sonde très étendues, V échelle provisoire peut
changer suivant la distance de l'embarcation. L'opérateur marque alors
sur son carnet, pour chaque numéro de station, l'échelle employée. Lors
de la confection de la carte de Monaco, les échelles ont varié de 75^
H ^
16 0 0 0 0*
» Si la mer dans laquelle on opère a des marées très fortes, il faudra
tenir compte des changements de niveau; pour cela, une simple lecture de
la graduation de l'échelle des marées donnera la hauteur actuelle de
l'appareil, et la correction sera faite en conséquence sur l'échelle verticale
de l'appareil. On pourra, par exemple, faire cette correction toutes les fois
que le niveau aura varié de So*^"".
» Dès lors, les sondes se trouveront exactement rapportées à la verti-
cale de leur projection sur le plan niveau des plus basses mers, et il suffira
de faire la correction nécessaire pour l'heure de la marée.
» La construction de la carte ainsi obtenue est des plus simples. Il
suffît de fixer sur le papier les disques de levés suivant leur orientation
obtenue par des observations magnétiques ou par des visées de points déjà
déterminés, et de construire chaque point de la surface de la mer (sondes
ou détails de la côte), en prolongeant la ligne qui joint le centre du disque
à chaque point marqué, et en portant sur cette ligne autant de fois la
distance du centre à ce point que l'indique le Tableau donnant l'échelle
provisoire à laquelle chaque point de station a été construit. »
PHYSIQUE. — Sur r extraction de T oxygène par la liquéfaction partielle de
l'air avec retour en arrière. Note de M. Georges Claude, présentée par
M, d'Arsonval.
« J'ai pu montrer, dans ma précédente Note, que, contrairement à ce
qui a été affirmé jusqu'ici par les sjjécialistes en la matière, l'air atmosphé-
rique appelé à se liquéfier progressivement abandonne en premier lieu des
portions liquides très riches en oxygène.
» Ce résultat est entièrement conforme aux savantes théories des Gibbs,
des Van der Vaals et des Duhem sur la coexistence des phases liquides et
gazeuses dans les mélanges fluides, et ces théories, vérifiées jusqu'ici dans
le cas de gaz aisément condensables, trouvent ainsi dans le cas de l'air une
nouvelle confirmation.
^84 ACADÉMIE DES SCIENCES.
)) Je voudrais montrer comment, grâce à un artifice fort simple, il est
aisé de mettre à profit cette propriété pour, en ne liquéfiant qu'une portion
relativement faible de l'air traité, obtenir directement, sans évaporation
préalable, un liquide très oxygéné détenant la presque totalité de l'oxygène
mis en circulation.
» L'artifice en question consiste essentiellement à faire en sorte qu'à
mesure de leur liquéfaction progressive, les portions liquéfiées de l'air
traité soient astreintes à circuler en sens inverse et au contact du courant
gazeux aux dépens duquel elles se forment. Dans ce retour en arrière du
liquide, deux effets se superposent pour tendre au même but, c'est-à-dire
à la désoxygénation rapide et complète du résidu gazeux. D'une part, la
pbase liquide produite en chaque point de l'appareil de condensation étant
soustraite, par son retour en arrière, au contact du résidu gazeux qui l'a
formée, celui-ci peut donner naissance l'instant d'après à une phase liquide
moins oxygénée, et ainsi de suite à mesure de la progression de ce résidu.
D'autre part, la phase liquide produite en chaque point rencontre, dans
son retour en arrière, des phases gazeuses moins épuisées que celle qui lui
a donné naissance, et qui, par conséquent, ne sont pas en équilibre de com-
position avec elle : d'où un échange partiel d'une partie de l'azote, plus
volatil, du liquide contre une partie de l'oxygène, plus condensable, du
résidu gazeux.
M II résulte de la superposition de ces deux effets un épuisement très
rapide du résidu gazeux, qui arrive aisément, moyennant une liquéfaction
inférieure à la moitié du volume, à n'être plus constitué que par de l'azote
presque pur, tandis que le liquide présente à la sortie une composition
très voisine de celle correspondant à la phase gazeuse 21 pour 100 (teneur
de l'air normal). D'après les courbes que je reproduisais dans ma précé-
dente Note, cette teneur finale du liquide après le retour en arrière
devrait atteindre 5o pour 100 environ; en pratique, comme le montreront
les chiffres ci-dessous, le résultat est encore meilleur, sans doute pour des
raisons assez intéressantes que je développerai en une autre circonstance.
» Pour montrer avec quelle facilité s'opère la séparation de l'oxygène
et de l'azote suivant ces nouvelles bases et faire apprécier dans quelles
conditions inespérées ce modus operandi se prête à l'extraction industrielle
de l'oxygène de l'air, j'indiquerai ci-après les résultats de quelques essais
de laboratoire.
» L'appareil^employé se compose simplement d'un faisceau vertical de sept tubes de
cuivre de 2°* de long et i3'"'" de diamètre intérieur, placé dans une enveloppe métal-
SÉANCE DU l6 NOVEMBRE If)o3. -85
liqiie élanche isolée calorifiqiiement et remplie d'air liquide, de manière à baigner sur
les I de leur hauteur les tubes du faisceau. Haut et bas, les tubes aboutissent à des
collecteurs en forme de cloche.
» On fait arriver dans le faisceau, par le collecteur du bas, l'air à séparer, puisé
à un réservoir d'air comprimé sous 2 atmosphères effectives, et préalablement refroidi
à —160° par son passage dans un serpentin immergé dans l'air liquide. L'air monte
dans le faisceau en se liquéfiant partiellement et vaporisant une quantité du liquide
extérieur sensiblement égale au liquide formé intérieurement : celui-ci retourne vers
le bas de l'appareil en coulant le long des tubes et exerçant l'action rectificatrice
signalée plus haut : il est reçu dans le collecteur inférieur, où il peut être repris et
analysé. Le résidu gazeux s'échappe par un robinet fixé dans le collecteur supérieur
du faisceau, robinet dont l'obturation plus ou moins grande permet de faire varier
entre g^^'" et a"*™ la pression intérieure, indiquée par un manomètre. Pour des raisons
de simplicité d'expérience, il n'y a pas d'échangeurs de températures, c'est-à-dire
qu'on ne récupère pas le froid emporté, tant par le résidu gazeux que par le liquide
vaporisé.
» Plus faible est la pression de liquéfaction, moins grande est la rapidité
de la condensation; mais le liquide fourni est naturellement d'autant plus
riche, parce qu'une fraction moindre du gaz est liquéfiée; d'autre part, la
lenteur du débit est favorable à la perfection de l'épuisement du résidu ga-
zeux, de sorte que cet épuisement est excellent avec la plus faible pression
compatible avec une liquéfaction suffisante. Une faible pression est donc
désirable, d'autant plus que le coiit de la compression de l'air à traiter et
la dégradation d'air liquide au cours des manipulations, dépenses essen-
tielles de la méthode, sont fonction de cette pression. Or, lorsque le liquide
baignant le faisceau titre 70 pour 100 d'oxygène, la liquéfaction est encore
assez abondante (un tiers de litre par minute dans mon petit appareil) sous
sept dixièmes d'atmosphère : dans ces conditions, le liquide formé atteint
une teneur de ^7 pour 100 d'oxygène, tandis que le résidu gazeux arrive à
97 pour 100 d'azote et même à 98 pour 100 dans quelques-uns de mes
essais.
» Ainsi, la compi^ession à 0**'°, 7 seulement (*) suffit pour obtenir la sé-
paration intégrale de tout l'oxygène de l'air traité, moyennant une liqué-
faction iVun tiers environ. Ce résultat remarquable entraîne des consé-
quences économiques d'une très grande importance et sur lesquelles on me
permettra de revenir. Mais, sans plus tarder, je voudrais indiquer que, grâce
à l'appui de la Société V Air liquide, j'ai pu réaliser un appareil basé sur les
(>) A laquelle il y aurait lieu d'ajouter en pratique la contrepression assez faible
des échangeurs.
786 ACADÉMIE DES SCIENCES.
principes ci-dessus et fournissant régulièrement dès maintenant So"' à l^o^
a l'heure d'oxygène à 92 pour ïoo ou ido"' à 120"°' d'air suroxygéné à 55
ou 57 pour 100. »
PHYSIQUE. — Mesure des très petits angles de rotation.
Note de M. Marcel Brillouix, présentée par M. Mascart.
« J'avais imaginé et réalisé, à Dijon, il y a plus de 20 ans, un procédé
de mesure des très petits angles de rotation que j'ai appliqué depuis
quelques années dans deux appareils, l'un qui est une modification de
l'appareil d'EoLvos pour la mesure de l'ellipticité locale du géoïde, l'autre
qui est un peson à lame de quartz flexible pour la mesure de la pesanteur.
» En voici le principe.
» Entre deux niçois à l'extinction sont placées :
» 1° Une lame épaisse de spath à faces parallèles, taillée à environ 4^°
de l'axe;
)) 2° Une lame demi-onde à 45° des sections principales du spath;
» 3° Une deuxième lame de spath identique et parallèle à la première.
» Grâce à la lame demi-onde, ce système équivaut à une lame à faces
parallèles d'épaisseur nulle ou très faible, suivant que les deux lames de
spath sont parfaitement parallèles ou un peu inclinées l'une sur l'autre.
Examiné en lumière parallèle, ce système donne une teinte plate dont la
coloration varie avec l'inclinaison relative des deux spaths.
» Si les lames de spath ont chacune 2*^"^ d'épaisseur, une rotation de 54"
environ de l'une des lames autour d'un axe perpendiculaire à la section
principale correspond à une longueur d'onde. Si on lit le centième de
frange, ce qui est facile, on mesure la demi-seconde d'arc.
» L'angle a, de l'axe du s[)atli avec la normale aux faces, qui donne le
maximum de sensibilité sous l'incidence normale, est de 41*^30'. L'angle
qui rend la sensibilité indépendante de l'incidence et de la déviation dans
la plus grande étendue, est de 53°6'; la sensibilité est diminuée de ^. Le
spath de 2*^'" donne, dans le premier cas, une frange pour 32"; dans le
second, une frange pour 58". Les spaths, taillés à 45°, tels que me les avait
fournis Laurent en 1882, suffisent très bieti.
» Les deux mêmes lames de spath, croisées sans interposition de lame
demi-onde, donneraient le même résultat; mais les franges en lumière
convergente auraient le même écart, inférieur à i' , et, pour obtenir une
SÉANCE DU l6 NOVEMBRE igoS. 787
teinte pure en lumière parallèle, on devrait viser avec une puissante
lunette et diaphragmer au fover avec ime fente qui sous-lende le même
très petit angle o",5 que l'on veut pointer. Il n'y aurait aucun gain d'en-
combrement sur l'emploi du miroir de Gauss-Poggendorff.
» Mais, grâce à la lame demi-onde, pour un même angle d'une lame par
rapport à l'autre, un changement considérable d'incidence, 3° et même
davantage, est nécessaire pour augmenter la différence de marche d'une
longueur d'onde; tel est l'écart des franges en lumière convergente.
» Le diaphragme au foyer principal de l'objectif, nécessaire pour fixer
l'incidence à un centième de frange près, peut alors sous-tendre un angle
de 2', bien que ce centième de frange corresponde à une rotation de l'un
des spaths de o",5, c'est-à-dire 230 fois moindre.
» De cette différence résulte l'avantage considérable de ce dispositif sur
ceux qui dérivent de l'optique géométrique. Un objectif dont l'ouverture
utilisée ne dépasse pas un quart de centimètre carré, et dont la distance
focale est de 7^™ suffit à fixer l'incidence. Une source de lumière telle
qu'une veilleuse à essence minérale éclaire suffisamment.
» Enfin, une seule pièce, le spath fixe, doit être très rigidement lié au
support de la pièce mobile. La lunette, les pièces accessoires dont il reste
à parler, peuvent subir des rotations de plusieurs secondes sans inconvé-
nient pour l'exactitude de la mesure, ce qui permet de les isoler par des
cales de feutre, pour éviter toute transmission de trépidations pendant la
mesure.
» Mesure par compensation. — Le procédé de mesure que j'ai trouvé le
plus sûr consiste à compenser la différence de marche au moyen d'un
compensateur à teintes plates en quartz, auquel on peut donner diverses
formes, et à constater la compensation par le retour entre ses repères de
la frange achromatique d'un compensateur Babinet.
)) Résultats. — La mesure des petites rotations à ^ seconde près n'exige
qu'un appareil optique de moins de 30*^™ de longueur totale, de la source à
l'œil, sur S'^'" ou 4*^" de diamètre maximum. Le spath mobile et sa boîte
d'aluminium pèsent environ 4^- On peut même réduire la pièce mobile à
être un simple miroir, en remplaçant la lame demi-onde par une lame
quart d'onde et en employant un arrangement autocollimateur.
» Les détails de montage, qui d'ailleurs ne peuvent embarrasser un
physicien expérimenté, seront décrits ailleurs. »
788 ACADÉMIE DES SCIENCES.
OPTIQUE. — Sur la détermination des inaxima et minima de transparence.
Note (le M. C. Caiwichel, présentée par M. J. YioUe.
« Dans nos recherches sur les indophénols, M. Bayrac et moi, nous
avons montré l'utilité de la détermination des maxima et minima de trans-
parence, pour caractériser les corps qui présentent dans leurs spectres
d'absorption des bandes brillantes ou obscures aussi larges souvent que
le spectre lumineux tout entier.
» Cette détermination peut se faire directement avec n'importe quel
spectrophotomèlre, pourvu que l'égalité des deux spectres comparés ait
lieu en même temps pour toutes les radiations, ce qui exige que le rapport
suivant lequel la lumière de l'un des faisceaux est affaiblie soit indépen-
dante de la longueur d'onde.
» Soient I et 'i les deux, spectres que l'on compare, l'intensité du spectre i peut être
atténuée dans un rapport connu. On vérifie d'abord que les deux spectres présentent
dans toute leur étendue la même intensité. On interpose, ensuite, la matière absor-
bante sur le trajet du faisceau donnant le spectre 2. On détermine les longueurs d'onde Xj
et Xj des radiations qui ont même intensité dans le spectre d'absorption 2 et dans le
spectre de comparaison i ; on noie le rapport A,, dans lequel est affaiblie la lumière
qui forme le spectre 1. On l^recommence les mêmes déterminations, en prenant un
rapport Âo ■< ^i, si l'on cherche un minimum de transparence. Les longueurs d'onde
des radiations qui ont même intensité dans les deux, spectres sont, alors, Àj et À', ....
On construit la courbe (X. k) des coefficients de transmission en fonction des longueurs
d'onde, et la courbe ( , k j, diamètre conjugué des cordes parallèles à l'axe des X.
Ces deux courbes se coupent très nettement; leur intersection donne la longueur
d'onde correspondant au minimum de transparence,
» L'appareil employé n'est autre que le spectrophotomètre Gouy dans
lequel les deux niçois sont remplacés par un disque tournant présentant
des secteurs pleins et des secteurs vides. Ce procédé a déjà été employé
par divers expérimentateurs (Napoli, Guthrie, Hammerl). Des expériences
nombreuses faites sur diverses personnes m'ont montré, qu'en donnant
au disque une vitesse suffisante pour que l'impression produite sur l'œil de
l'observateur soit continue, on atténue l'intensité de la lumière dans un rap-
port indépendant de la vitesse du disque et égal à la surface des secteurs vides
divisée par la surface totale du disque.
SÉANCE DU Ih NOVEMBRE 1903. 789
» Voici quelques nombres :
Rapport
entre la surface
des secteurs vides
et celle du disque. Observation. Différence.
o , 200 o , 256 — o , 006
0,333 0,827 — o,oo3
o , 5oo o , 493 + o , 007
0,667 0,667 0,000
» Les différences sont toujours inférieures aux erreurs expérimentales;
elles sont d'ailleurs tantôt positives, tantôt négatives.
» On transforme facilement un spectroscope 'ordinaire à deux ou trois prismes en
spectrophotomètre en lui ajoutant un deuxième collimateur, une glace argentée sur
la moitié de Tune de ses faces et en remplaçant l'oculaire par un trou percé dans une
plaque mince située dans le plan focal de la lunette d'observation,
» Les disques se font en carton mince : ils deviennent plans en tournant.
» On peut donner aux plages monochromatiques la forme que l'on veut,
en enlevant convenablement l'argenture de la glace, et produire, par
exemple, C apparence de franges qui disparaissent quand l'égalité est
obtenue.
» Il est inutile dans ce spectrophotomètre de faire varier, pendant la
rotation, la surface des secteurs vides; il suffit de chercher dans le spectre
la radiation pour laquelle l'égalité est réalisée.
» Un autre procédé d'atténuation de la lumière, bien inférieur à celui
des disques tournants, consiste à employer des paquets de lames de verre
blanc contenant 1,2, 2, 5, 10, etc. lames; on manie ces paquets comme
les poids d'une boîte. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Quelques remarques sur la perturbation magné'
tique du 3i octobre iqoS. Note de M. Em. Marchand, présentée par
M. Mascart.
« I. Cette perturbation a été enregistrée, au Pic du Midi et à Bagnères-
de-Bigorre, par les appareils photographiques du système de M. Mascart
qui fonctionnent régulièrement dans ces deux stations.
» Les oscillations des barreaux ont commencé le 3o, vers 21'' (temps
civil); mais c'est surtout le 3i, de 7'' à 21'', qu'elles ont été fortes et
C. R., icjoû >- Semestre. (T. CXXXVIL N» 20.) ^^\
-go ACADEMIE DES SCIENCES.
rapides : assez fortes pour que les courbes (surtout celle de la composante
horizontale) soient sorties parfois du champ de l'enregistrement, assez
rapides pour ne pas toujours laisser une trace sur le papier sensible des
appareils. A cette |)ério(le d'agitation exceptionnelle a succédé une phase
de mouvements plus lents et moins étendus qui a duré jusqu'à 'j^ du
i**" novembre.
» II. En comparant les valeurs de la déclinaison enregistrée, aux moments
des plus grands écarts (iS^^SS" à 17*' i5™ du 3i octobre) aux normales
correspondantes, on trouve :
Pic du Midi. Bagnères.
h m , ,
l5.35 -h lij .0 +89.0
17.15 — 39.3 — 34.4
Variation totale 86.3 73.4
» Et, comme la variation diurne normale entre i5''35'° et ly^'iS™ est
sensiblement de — i',G, pendant les jours voisins, la dilTérence réelle enlre
les valeurs extrêmes de ia déclinaison a été de 1^27', 9 pour le Pic du Midi,
et de i°i5',o pour Bagnères.
» Ou remarquera que l'écart positif maximum est plus grand que l'écart
négatif dans l'une et l'autre stations, tandis que, dans l'ensemble de la
perturbation, la déclinaison tend à diminuei plutôt qu'à augmenter.
» III. Les nombres précédents montrent une différence sensible dans
l'ampbtude des écarts enregistrés simultanément; cette amplitude aug-
mente quand on passe de la station basse à la station élevée. La même
augmentation s'observe à divers degrés dans les oscillations correspon-
dantes (et synchroniques), pendant toute la durée de la perturbation.
» D'autre part, les courbes de Perpignan, qui m'ont été obligeamment
communiquées par M. Fines, indiquent, pour la variation totale de décli-
naison, un nombre très légèrement inférieur à celui de Bagnères : i°i4'2.
» On ne peut donc rattacher l'augmentation d'amplitude constatée
entre Bagnères et le Pic du iMidi qu'à celle de Valiitude, qui est pour la
première station de55o"", et de 2860" pour la deuxième.
» Les mêmes faits se sont d'ailleurs produits dans toutes les perturba-
tions de la déclinaison, enregistrées simultanément à Bagnères et au Pic du
Midi, depuis le mois d'octobre 1890.
» IV. Si l'on admet cette interprétation, on devra en conclure que, pen-
dant les orages magnétiques, les courants perturbateurs du champ terrestre sont
situés, au moins partiellement, dans les hautes régions de C atmosphère.
SÉANCE DU 16 NOVEMBRE igoS. 791
» Ce résultat avait déjà été donné, en 1884, par Blavier, qui l'avait
déduit de l'étude comparée des courants telluriques, dans les lignes télé-
graphiques, et des variations du magnétisme terrestre.
)) V. Ces courants telluriques se sont produits, le 3 1 octobre, dans la ligne
télégraphique qui relie nos deux stations et qui est, dans son ensemble,
dirigée du sud au nord. Ils ont été assez intenses pour actionner les son-
neries et pour être mesurés, avec les galvanomètres ordinaires, par mes
collaborateurs deBagnères et du Pic du Midi.
» VI. La variation d'amplitude des oscillations correspondantes entre
Bagnères et le Pic du Midi permet de se rendre compte approximativement
de l'altitude des courants perturbateurs, si l'on admet qu'ils agissent seuls
sur les déclinomètres, ou du moins que leur action est très prédominante.
Cette action est inversement proportionnelle à la simple distance, et pro-
portionnelle, d'autre part, aux faibles déviations angulaires observées. On
déduit de là que, le 3i octobre, les courants perturbateurs étaient dirigés
du sud au nord par i^**^"^ environ d'altitude, à j5'^35™; et dirigés du nord
au sud, par ig"^"^ environ d'altitude, à i7''i;')™.
» VII. Les observations du Soleil, faites régulièrement au Pic du Midi
par mon collaborateur, M. Latreille, montrent (conformément à la re-
marque déjà faite par d'autres observateurs) que l'orage magnétique du
3i octobre a coïncidé avec le passage d'un groupe important de taches au
méridien central.
» A ce sujet, on me permettra de rappeler que j'ai énoncé, dans une Communica-
tion faite à l'Académie le 8 janvier 1887, la loi générale suivante :
» Les perturbations magnétiques se produisent lorsqu'une région d'activité du
Soleil passe au méridien central.
f> Dans cet énoncé, le mot région d'activité désigne une portion de la surface solaire
dans laquelle on observe (généralement pendant plusieurs rotations consécutives) des
facules seules ou des facules avec des taches; les facules constituant, d'après moi, le
phénomène fondamental de l'activité solaire, tandis que les taches n'en sont que des
manifestations secondaires,
» Revenant sur celle question, dans un Mémoire inséré aux Comptes rendus du Con-
grès international de Météorologie de 1900, j'ai indiqué que les régions d'activité
persistent parïois plusieurs années à la surface du Soleil, et que ces régions actives
très persistantes déterminent souvent les grandes perturbations magnétiques.
» L'orage magnéticjue du 3i octobre vérifie cette dernière remarque : la région so-
laire à laquelle il se rattaché existe depuis longtemps et a donné, à chacun de ses re-
tours au méridien central, une perturbation le plus souvent très faible, mais parfoiis
assez forte ou forte (Exemples : 5 octobre, 9 septembre, i3 août, 3i mars igoS;
79^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
21 septembre, 24 août, 8 mai, 10 avril 1902; cette dernière, une des plus fortes de
1902).
» Cette région a été souvent dépourvue de taches, et j'insiste sur ce fait : la pré-
sence des taches nest pas nécessaire pour qu une forte perturbation se produise, et,
quand elles existent, leur dimension n'est pas généralement proportionnelle à l'inten-
sité des troubles magnétiques correspondants. C'est ainsi que le groupe de taches qui
passait au méridien central le 11 octobre, plus étendu que celui du 3i, n'a déterminé
qu'une perturbation assez faible (variation de 8' à 9' en déclinaison). »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur une séparation ri goutteuse dans la série des terres
rares. Note de MM. G. Urbain et H. Lacombe, présentée par M. H.
Moissan.
« La cristallisation fractionnée de deux sels non isomorphes ne permet
d'obtenir à l'état de pureté que le moins soluble ou le plus abondant de
ces sels. A partir d'une certaine composition de la solution, les deux sels
cristallisent simultanément formant un mélange eiitectique et jamais, en
répétant les cristallisations, le sel le plus soluble ne pourra être débar-
rassé complètement du précédent.
» Dans le cas de sels isomorphes, les phénomènes que l'on observe sont
tout différents. Par une série de cristallisations fractionnées habilement
conduites, un mélange de sels isomorphes peut être séparé en ses consti-
tuants dans l'ordre de leurs solubilités. Après un nombre suffisant de
fractionnements, chacun d'eux pourra être obtenu à l'état de pureté. On
observe, en effet, que, dans un mélange de sels isomorphes, un terme
plus soluble diminue la solubilité d'un terme moins soluble. Les solubilités
propres de chaque sel considéré à l'état pur sont ainsi profondément mo-
difiées par la présence, dans leur dissolution, d'un sel homologue de la
série, de telle sorte que, dans des séparations par cristallisations fraction-
nées, la solubilité individuelle de chaque sel paraît moins intervenir que
la tendance que ces sels ont à se substituer les uns aux autres dans le ré-
seau cristallin.
» Cette tendance à la substitution dans le réseau cristallin est la cause
qui permet de séparer, dans quelques cas, à l'état pur, les sels les moins
solubles de ceux qui s'accumulent dans les eaux mères sans qu'on puisse
déceler dans ces dernières, même par les procédés les plus délicats, la pré-
sence des sels qui ont cristallisé en premier.
SÉANCE DU l6 NOVEMBRE fr)o3. 798
)) Pour séparer des éléments dont les propriétés varient aussi peu d'un
terme à l'autre que dans la série des terres rares, on met généralement à
profit cette remarquable propriété des sels isomorphes. C'est par des cris-
tallisations de sels relativement très solubles que l'on obtient dans cette
série les meilleurs résidtats. Les sels doubles, dont les différences de
solubilité d'un terme à l'autre sont, en général, plus grandes que celles
des sels simples, conviennent particulièrement à ce genre de séparations.
La méthode des fractionnements est actuellement et restera d'ici long-
temps la seule qui permette de séparer les terres rares entre elles, abstrac-
tion faite du cérium qui seul, dans la série, présente des oxydes supérieurs
stables qui ont toujours été utilisés pour sa séparation.
» Toutefois, le vice inhérent à la méthode des fractionnements pour la
séparation des terres rares est la présence des portions intermédiaires qui
souvent peuvent être considérablement réduites, mais qui, a priori, ne
peuvent jamais être annulées.
M 11 existe, cependant, un cas où un pareil résultat peut être atteint :
c'est celui 011 un élément usuel pouvant se séparer aisément des terres
rares présente avec elles un cas d'isomorphisme. Et encore, faut-il que la
solubilité du sel de l'élément usuel soit intermédiaire entre celles de deux
termes de la série.
» Nous avons pu réaliser ce cas en mettant à profit l'isomorphisme du nitrate double
de magnésium et de bismuth avec les nitrates doubles de magnésium et de terres rares
(G. Urbain et H. Lacombe, Comptes rendus, t. CXXXVII, jgoS, p. 568). Un premier
examen nous ayant fait rapprocher ce composé de bismuth des sels correspondants du
groupe samarium-gadoliniiim, nous avions pensé, dès le début de ces recherches, que
si aux nitrates magnésiens de ces terres, dont le fractionnement a donné à Demarçay
{Comptes rendus, t. CXXX, 1896, p. 1019; t. CXXXII, 1901, p. i484; t. CXXXIII,
1901, p. 1469) de si brillants résultats, nous ajoutions une certaine proportion de
nitrate magnésien de bismuth, cet élément usuel viendrait peu à peu s'intercaler
entre deux éléments de la série rare, jouant ainsi le rôle d'élément séparateur. Une
simple précipitation par l'hydrogène sulfuré permettant d'éliminer ensuite le bismuth,
nous devions obtenir ainsi une séparation rigoureuse pour la première fois dans la
série des terres rares.
» L'expérience a confirmé pleinement nos prévisions et les résultats
obtenus ont dépassé notre attente.
» Nous avons fractionné à l'état de nitrates magnésiens : i"* des terres riches en
samarium; 2° des terres riches en gadolinium. Dans les deux cas nous avons ajouté
aux nitrates magnésiens des terres rares une quantité notable de nitrate magnésien de
bismuth.
"794 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Après 35 séries de fractionnement portant sur i6 fractions nous avons fait les
observations suivantes :
» Le néodjme se concentre dans la fraction de tête et y demeure exclusivement tant
qu'il se trouve en présence de bismuth.
» Le samarium vient ensuite. L'oxyde extrait de la fraction 2 présente la faible
coloration jaune caractéristique du samarium. Cette coloration diminue dans les frac-
tions suivantes.
» De même la coloration jaune elle spectre d'absorption des dissolutions décroissent
d'un terme au suivant. La proportion de terres rares décroît en même temps que
s'accroît la proportion de bismuth.
» Dans la première expérience (terres riches en samarium) les fractions 11 et 12 ne
contenaient plus qu'une trace de terres rares.
» Dans la seconde (terres pauvres en samarium) les fractions 4> 5 et 6 ne renfer-
maient que du bismuth.
» Dans les fractions suivantes les terres rares apparaissent de nouveau et leur pro-
portion va en croissant jusqu'à l'extrémité du fractionnement, tandis que la proportion
du bismuth va en diminuant.
» Les dissolutions ne présentent aucun spectre d'absorption, sauf la dernière, où l'on
distingue faiblement les bandes du dysprosium. La coloration des oxydes s'accentue
à partir de la gadoline blanche jusqu'à la dernière fraction dont la terre est rouge de
brique.
)) L'ensemble de ces observations montre que le bismuth s'intercale in-
contestablement entre le samarium et le gadolinium.
» Nous serons moins affirmatifs en ce qui concerne l'europium de De-
marçay. Dans le but d'élucider ce dernier point, nous traitons actuellement
près de i''^ de terres intermédiaires entre le samarium et le holmium. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur le kermès. Note de M. J. Bougault,
présentée par M. Haller. (Extrait.)
(( Conclusions. — i" Toutes les preuves qu'on a données jusqu'ici de la
présence de Sb^O' dans le kermès sont insutfîsantes; il est probable que le
kermès n'en contient pas.
» 2*^ Le pyroantimoniate de sodium forme une partie importante du
kermès.
» 3° En s'appuyant sur ce que l'acide tartrique enlève de l'oxyde antimo-
nieux à un mélange de Sb" S^ et de pyroantimoniate, il est naturel de penser
que le kermès doit ses propriétés thérapeutiques à Sb-0"^ formé au contact
de l'acidité stomacale. »
SÉANCE DU l6 NOVEMBRE IpoS.
79^
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les acétones acétyléniques. Nouvelle méthode
de synthèse des isoxazols. Note de MM. Ch, I^Ioureu et M. Brachi.v,
présentée par M. H. Moissan.
« Nos recherches antérieures (^) ont établi que les acétones à fonction
acétylénique R — C^G — CO — R' donnaient, en réagissant sur les hv-
drazines, par transposition moléculaire avec fermeture de chaîne des
hydrazones d'abord formées, des pyrazols identiques à ceux que four-
nissent les dicétones-[3 qui en dérivent par hydratation. La présente Note
a pour objet l'étude parallèle du mode d'action de l'iiydroxylamine sur les
mêmes composés.
)) Nous avons étudié cinq acétones : l'acétylphénylacétylèrie, le propio-
nylphénylacétylène, le butyrylphénylacétylène, le benzoyiphénylacétylène
et ranisoyljihénylacétylène. En faisant réagir l'hydroxylamine sur ces
corps, nous avons constamment obtenu les isoxazols correspondants.
» La réaction se passe nécessairement en deux phases :
» i" Il y a d'abord formation d'une oxime à fonction acétylénique;
exemple :
C« H^ - G = G - CO - GH3 + tP. AzOH = H2 O + G^ H=^ - G = G — G — GH3 ;
"" : — , , , .^ , !" ,. " Hydroxylamine. Il
Acetylphenylacétylenc. p^j^
/
HO
Oxime acétylénique.
» 1^ Dans la seconde phase, l'oxime produite s'isomérise en fermant la
chaîne pour donner 1 isoxazol :
C6H«— G = G — G — GH» CH
II
Az ^
G«HS-C.
HO
Oxime acétylénique.
\
G — CH"
Az
0
S-méthyl 5-pl}énylisoxazol.
)) Les composés ci-dessous décrits ont été ainsi obtenus. On les prépare
(*) Comptes rendus, 9.6 mai igo3.
79^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
tous en chauffant à retlux une solution hydroalcoolique mixte d'acétone
acétylénique et d'hydroxylamine (chlorhydrate d'hydroxylamine 4- acé-
tate de soude). Ils ne sont pas dédoublables par l'acide chlorhydrique,
ce qui établit leur structure cyclique.
» Z-méthyl ^-phénylisoxazol O. Az C^H (CH^) (G^H^), — Ce corps, obtenu en
partant de racétylphénylacétylène C^H^— G = G — CO — CH^, se présente, après
cristallisation dans l'éther de pétrole, en feuillets blancs, légers, fusibles à 68°. Il
distille à i5i°-i52° sous iQ"""', et est facilement entraînable par la vapeur d'eau.
L'acide chlorhydrique concentré le dissout à froid; l'addition d'un excès d'eau à la
solution le précipite immédiatement sous la forme de gros flocons blancs. — En trai-
tant par la lessive de soude l'oxime du dichlorure de benzjlidène-acétone
C*> H^— CH Gl — GH Gl — GO — GH^,
Goldschmidl (') a obtenu un composé cristallisant en grosses tables qui fondaient
à 65°, soluble dans l'acide chlorhydrique concentré, et se transformant en 3-méthyl
5-phénylp3Tazol sous l'action de l'ammoniaque à 200". Ce produit est certainement
identique au nôtre.
» "è-éthyl ^-phénylisoxazolO.K.zOR{C-R^){C^]:{^). — L'acétone génératrice est ici
le propionylphénylacétylène G^H* — G = G — GO — G'^fï^ L'isoxazol bouta iSy-^-iSS"
sous 18'"'", et fond au voisinage de — 2° ; 0^ = 1,0766. Soluble dans l'acide chlorhy-
drique concentré, il est reprécipitable de cette solution par un excès d'eau.
» Le propionylphénylacétylène n'avait pas encore été préparé. Nous l'avons obtenu
en faisant réagir le chlorure de propionyle sur le phénylacétyléne sodé. Il distille à
i37°-i38" sous lô™"", et fond à +8° -h 10°; D-„^ = i ,oo/}3.
» ^-propyl^-phénylisoxazol 0.kzC^\{{C^W){C^W). — Ce corps, qui s'obtient
en partant du butyrylphénylacétylène G«H^— G = G — GO — G^H^, distille à i68°-
169" sous 18'"™, et fond entre + 5° et +10°; DV = i,o536. Soluble dans l'acide chlor-
hydrique concentré, il est, comme les précédents, précipité immédiatement de cette
solution par un excès d'eau.
)) Le butyrylphénylacétylène avait déjà été obtenu par l'un de nous, en commun
avec M. Delange, en condensant le bulyrate d'amyle avec le phénylacétyléne (^).
Nous l'avons préparé bien pur et avec de meilleurs rendements en traitant le phényl-
acétyléne sodé par le chlorure de butyryle. II distille à i48°-i5o° sous 18™";
D;-' = 0,9859.
» Z-^-diphénylisoxazol O. AzG*H(G^H'^)-. — Obtenu en partant du benzoylphé-
nylacétylène G^H^— G = C — GO — CH', le produit cristallise dans l'alcool en beaux
feuillets blancs, brillants, légers, très réguliers, peu solubles dans l'éther. Chauffé
dans un tube capillaire au bain d'acide sulfurique, il fond en partie à 142°; à partir
de 170°, il fournit un dégagement de gaz, et la fusion n'est complète que vers 190°;
par refroidissement, le produit se solidifie, et, en le chauffant de nouveau, il fond
{}) Berichte der deulsch. chem. Gea., t. XXVIII, p. i532.
(-) BuLL Soc. chim., 3« série, t. XXVII, p. 374.
SÉANCE DU t6 novembre [903. 797
complètement entre 140" et if\6°. II est insoluble dans l'acide chlorhydrique concentré.
En traitant le dichlorure de benzylidène-acétophénone
C«H5— CHCI — CHCl — CO - CH'
par le chlorhydrate d'hydroxylamine et la lessive de soude, on obtient, d'après Gold-
schmidt (•), un corps fusible à i4i°. Etant donné le mode de formation du composé
de Goldschmidt et les divers caractères qu'il en donne, ce composé est sans aucun
doute le même que le nôtre. Mais la fusion à i4i°, contrairement au dire de l'auteur,
n'est que partielle, et doit être envisagée comme un commencement de décomposition.
» ^-a/iisyl D-p/iénylisoxazol O.AzC*H(C^H* — OCH^)(C^H*). — Ce composé
dérive de l'anisoylphénylacétylène G^ H^ — G ^ G — GO — G'^H*(OGH^). II cristallise
dans l'alcool méthylique en fines aiguilles blanches, fondant à 128°-! 29". Il est insoluble
dans l'acide chlorhydrique concentré.
» En résumé, les acétones acétvléniques, en réagissant sur l'hydroxv-
lamine, fournissent des isoxazols. I^es rendements sont quantitatifs. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la ré fro graciât ion de r empois d'amidon.
Note de M. L, Maque\ne, présentée par M. Roux.
« Dans, une précédente Communication j'ai fait voir que, en dehors de
toute action biochimique, l'empois d'amidon rétrograde avec le temps,
c'est-à-dire devient en partie insoluble dans l'extrait de malt, à froid (-).
M Cette transformation est subordonnée à un grand nombre de variables
indépendantes, telles que la température de la conservation, la nature du
milieu, la concentration des liqueurs, etc.
» J'examinerai aujourd'hui Tinfluence de la température qui semble
prépondérante et celle des acides minéraux, employés à dose insuffisante
pour produire même un commencement de saccharification.
» Toutes les expériences qui suivent ont porté sur [\o'^'"' d'empois à 5 pour 100 de
fécule, préparé à 100°, puis maintenu i5 minutes en autoclave à 120°. On arrive du
reste à des résultats du même ordre avec des empois chauffés pendant une demi-
heure à iSo", en tubes scellés ou simplement obturés par un tampon d'ouate,
» Les fioles dans lesquelles on devait ajouter un réactif quelconque après la stérili-
sation recevaient en outre 5 gouttes de toluène.
» La saccharification a été faite sous volume constant, à la température ordinaire
(22° pour l'expérience I ), avec la même quantité de malt et à égalité de minéralisation.
(') berichte der deutsch. clieni. Ges., t. XXVIII, p. 254o.
(2) Comptes rendus, t. GXXXVII, p. 88.
G. H., 1903, 2» Semestre. (T. GXXXVII, N° 20.) Io5
798 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pour assurer celle-ci on a eu soin, avant d'introduire la solution d'amylase aux fioles
des expériences II et III, de neutraliser exactement leur contenu et d'ajouter à chacune
d'elles un poids de sulfate (ou chlorure) de potassium calculé de manière qu'elles en
contiennent toutes la même quantité.
» Dans les séries II et III, où l'on ne s'est pas servi de thermostat, les essais ont été
commencés et poursuivis simultanément, pour compenser l'influence des fluctuations
inévitables de la température ambiante.
» Les Tableaux qui suivent donnent, en centièmes, la valeur de la
rétrogradation déduite par le calcul, soit du poids de matière soluble con-
tenue dans le mélange saccharifié (II et III), soit de la quantité de sucre
présente dans le même mélange (I).
Expérience I. — Influence de la température.
Conservés à 36". 22". 14". 0°.
[ 3 jours 6,2 7,8 i3,3 22,1
Après 6 jours 7,4 8,1 16,7 26,8
(9 jours 6,8 8,8 18,0 28,8
Expérience II. — Influence de l'acide sulfurique.
Conservés pendant 3 jours. 6 jours. 9 jours. 12 jours.
s
o 6,9 9,0 10,6 10,4
0,0122 7,5 11,5 12,0 i3,7
SO*H- I 0,0612 9,6 12,6 14,2 i4,o
dans loo^"' 1 0,1226 8,7 12,2 i3,8 i5,2
0,6125 8,4 11,5 i3,3 i5,9
i,225o 8,0 11,2 12,7 i5,5
Expérience III. — Influence de l'acide chlorhydrique.
Conservés pendant Sjours. 6jours. gjours. lajours.
ê
o 6,5 8,0 10, 1 10,2
0,0091 10,1 10,9 12,0 12,0
HCl 1 o,o456 12,3 11,9 12,3 i3,8
dans 100^™' ) 0,0912 10,0 10,2 i3,i 12,9
0,4562 7,2 9,2 10,5 12.9
0^9125 8,3 9,9 11,9 12,7
)) De ces chiffres on tire immédiatement les conclusions suivantes :
» i** La rétrogradation est d'autant plus rapide et plus profonde que la
température est plus basse;
SÉANCE DU l6 NOVEMBRE igoS. ^799
» 2" Ce phénomène est favorisé par la présence des acides minéraux,
même à la dose de j-^^ seulement ;
» 3° Il tend vers une limite qui, en milieu neutre et à 0°, paraît être
voisine de 3o pour 100.
)) Ces derniers résultats concordent avec ceux que donne, plus rapide-
ment, Y amylo-coagulase de MM. Wolff et Fernbacli (' ) ; celle-ci n'agit donc
que pour faciliter une transformation qui est susceptible de s'accomplir
sous d'autres influences, d'ordre exclusivement physique ou chimique.
» Je ferai connaître ultérieurement la suite de ces recherches; qu'il me
soit permis, en terminant, de remercier ici mon élève, M. Goodwin, pour
l'aide qu'il a bien voulu me fournir dans la dernière partie de ce travail. «
CHIMIE VÉGÉTALE. — Influence de la nature du milieu extérieur sur la
composition organique de la plante. Note de MM. Alex. Hébert et E.
Charabot, présentée par M. Haller.
« Les recherches que nous avons effectuées dans le but indiqué précé-
demment {Comptes rendus , t. CXXXVI, p. 160, 1009 ^^ 1678) nous ont
fourni l'occasion d'étudier l'action des sels minéraux contenus dans le sol
sur la composition organique de la plante, et de compléter ainsi l'étude
qui, jusqu'alors, avait été limitée à la matière minérale (").
» Les divers échantillons de menthe poivrée prélevés dans les conditions
décrites antérieurement (/oc. cit.) ont été soumis à l'analyse; nous y avons
dosé le carbone, l'hydrogène et l'azote; l'oxygène a été calculé par diffé-
rence entre la matière organique et la somme des nombres représentant
les proportions des trois autres éléments cités.
M Nous n'indiquerons pas en détail les nombreux résultats que nous
avons obtenus, ceux-ci seront exposés dans un autre Recueil et nous ne
retiendrons ici que les conclusions qui peuvent s'en dégager.
» En premier lieu, nous avons pu vérifier un certain nombre de faits déjà signalés
à plusieurs reprises; c'est ainsi que la composition centésimale des plantes fraîches,
puis sèches, accuse une quantité d'eau, de cendres, de matières azotées bien plus
considérable chez les sujets jeunes que chez les sujets arrivés à maturité; nous n'in-
sisterons pas sur ces résultats qui ont été observés par divers savants : MM. Berthelot
(*) Comptes rendus, t. CXXXVIi, p. 718.
(®) Hébeut et Truffaut, Comptes rendus, t. CXXII, p. 1212; t. CXXVl, p. i83i,
^OO ACADÉMIE DES SCIENCES.
et André, Dehérain, etc. Toutefois, nous ferons remarquer que chez les végétaux
arrivés à maturité, et le fait est surtout manifeste quand on examine la composition
centésimale des plantes sèches, les proportions de cendres, de matière organique et
des éléments qui composent celle-ci : carbone, hydrogène, azote, oxygène, sont
très voisines les unes des autres, quel que soit le sel ajouté au sol. Ces proportions,
en effet, varient seulement entre les extrêmes :
Organes aériens. Racines.
Cendres 8,60—11,0 6,70—11,70
Matière organique 89,00—91,40 88, 3o — 93,80
Carbone 44,64—46,48 41,22 — 43,75
Hydrogène 5,67— 5,83 5,5o- 6,o3
Azote 1,16— 1,63 0,70— 1,07
Oxygène 36,14-89,78 40,82- 45,i2
» Enfin, la composition centésimale de la matière organique montre encore bien
mieux cette constance des proportions des quatre éléments organiques, malgré la
diversité des sels ajoutés. C'est ainsi que l'on peut constater que ces proportions va-
rient seulement entre les limites :
Organes aériens. Racines.
Carbone 48,94— 5i, 66 44,45— 47,60
Hydrogène 6,12— 6,45 5,99—6,55
Azote 1,28— 1,79 0,75— 1,17
Oxygène 4o',4o— 43,6o 45, 06— 48, 60
» Ces conclusions s'appliquent également à une prise d'essai faite au début de là
végétation: les teneurs en carbone, hydrogène et oxygène y sont comprises entre les
limites que nous venons d'indiquer. Exception est faite pour l'azote qui se montre en
proportion plus forte chez les jeunes plantes, ainsi que l'ont fait remarquer antérieu-
rement plusieurs chimistes.
» La formule de la matière organique (rapportée à un poids moléculaire égal à 100)
est assez uniforme: le nombre des atomes de chacun des éléments varie seulement
entre les limites
C*'iH°'i Az^o^O^.s à C*'«H«'«Az»>o8 0S
pour les organes aériens, et
C3,7H6,"Az«."502,8 à C*'»He>6Az».08O^
pour les racines.
» Par contre, s'il y a pour ainsi dire identité de composition élémentaire chez les
végétaux cultivés différemment, même avec addition au sol de substances diverses,
de très grandes variations se manifestent dans les quantités absolues de matière
végétale et de ses éléments.
» D'une façon générale, l'addition des sels au sol a été favorable et ces
sels ont, presque dans tous les cas, joué le rôle d'engrais ; quelques irré-
SÉANCE DU 16 NOVEMBRE \Ç)o'd. 80I
gularités cependant se manifestent dans ces résultats. C'est ainsi que le
nitrate d'ammonium, qui produit habituellemeut des effets favorables, a
diminué fortement la production: peut-être la dose distribuée était-elle
trop forte et a-t-elle été nocive pour les plantes. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur le rapport entre l'intensité lumineuse
et l'énergie assimilatrice chez des plantes appartenant à des types
biologiques différents. Note de M. Fr. Weis, présentée par
M. Gaston Bonnier.
« Dans une série d'expériences instituées l'été passé au laboratoire de
Biologie végétale de Fontainebleau, je me proposai de résoudre les ques-
tions suivantes :
)) i« De trouver une expression numérique de l'énergie assimilatrice
spécifique dans les mêmes conditions d'expérience chez des plantes qui,
eu égard à leurs besoins de lumière, appartiennent à des types biologiques
différents ;
,) 2« De déterminer l'énergie assimilatrice chez la même plante exposée
à des intensités lumineuses différentes.
„ J'ai installé ces premières expériences avec les plantes suivantes, qui sont à
un degré plus ou moins élevé, plantes d'ombre ou plantes de lumière : MarchanUa
polymorpha, Poiypodiam vulgare et OEnotliera biennis. Pour la première j ai
pris des thalles jeunes, vigoureux, non fructifies; pour les deux autres de jeunes
feuilles entières, mais n'ayant pas achevé complètement leur développement, riches en
chlorophylle et dans une période d'assimilation intense. Thalle ou feuilles étaient places
aussitôt après la récolte dans des tubes de verre plats à parois planes, dans lesquels se
trouvait une atmosphère particulièrement riche en gaz carbonique (8 à 10 pour 100)
et fermés par du mercure recouvert d'une mince couche d'eau. L'analyse de l'air des
tubes se faisait au moyen de l'appareil à analyses de MM. Bonnier et Mangin, immé-
diatement avant et après l'expérience.
» Afin de pouvoir comparer, on calculait l'acide carbonique absorbé et 1 oxygène
dégagé par centimètre carré de surface assimilatrice, sans tenir compte de l'épaisseur
des organes, du nombre des couches de cellules chlorophylliennes m de la quantité
absolue de chlorophylle. Cependant on déterminait toujours le poids et le volume du
thalle et des feuilles immédiatement après cliaque expérience. Celles-ci furent taites a
environ la même température (respectivement dans les trois séries d'essais a 25°,
25°, 5 et 23°C.) mesurée dans des tubes placés aux côtés des tubes d'essais.
), Une série d'expériences était établie à la lumière solaire directe, les
tubes étant placés de manière que les rayons solaires tombent à peu près
8o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
perpendiculairement aux surfaces assimilatrices; deux autres à la lumière
diffuse, respectivement soixante et quatre-vingt-dix fois plus faible que la
lumière solaire directe. L'énergie lumineuse se mesurait par le temps que
mettait du papier photographique à prendre une teinte déterminée, com-
parée à une échelle de couleurs choisie et préparée dans ce but.
» Dans les expériences à la lumière directe, les tubes d'essais étaient
placés sous des cloches de verre, entre les doubles parois desquelles pas-
sait un courant continu d'eau froide destinée à absorber les rayons calori-
fiques de la lumière solaire.
» Tous les essais durèrent i heure. Les résultats furent les suivants :
» Première série. — Lumière*' solaire directe, 25° C. Composition du mélange
gazeux avant les essais : lo, i3 pour loo CO- ; i8, lo pour loo O ; 7 1 ,77 pour 100 Az.
Marchantia. Polypodium. Œnothera.
Surface assimilatrice en centimètres carrés. . 10,92 9^57 10, 64
Poids du thalle (des feuilles) en grammes.. . 0,704 0,226 0,270
Volume du thalle (des feuilles) en centi-
mètres cubes 0,9 0,5 0,3
Volume de l'air en centimètres cubes 27,0 26,0 28,7
Oxygène dégagé par centimètre carré de sur-
face en centimètres cubes o,o46o o,o64o o, 1680
Gaz carbonique absorbé par centimètre carré
de surface en centimètres cubes o,o48o o,o65o 0,1660
Coefficient d'assimilation (résultante) ^=f-^' • 0,96 0,98 1,01
» Deuxième série. — Lumière diffuse gi^, 25°, 5 C. Composition du mélange gazeux
avant les essais : S, o5 pour 100 CO^; 18,62 pour 100 0^; 78,38 pour 100 Az^.
Marchantia. Polypodium. OEnothera.
Surface assimilatrice en centimètres carrés. . 8,53 11,71 iï>24
Poids du thalle (des feuilles) en grammes.. . o,565 0,822 0,807
Volume du thalle (des feuilles) en centi-
mètres cubes 0,8 0,5 0,3
Volume de l'air en centimètres cubes 25,5 26,7 25,6
Oxygène dégagé par centimètre carré de sur-
face en centimètres cubes 0,0227 0,0690 0,0617
Gaz carbonique absorbé par centimètre carré
de surface en centimètres cubes » 0,0706 0,0617
Coefficient d'assimilation (résultante) j:^^- •• » 0,98 i.oo
SÉANCE DU l6 NOVEMBRE igoS. 8o3
» Troisième Série. — Lumière diffuse g^, 28° C. Composition du mélange avant
les essais : 10,62 pour 100 C0-; \%,\-j pour 100 0-; ro^gi pour 100 Âz-.
Marchantia. Poly podium. Œnothera.
Surface assimilatrice en centimètrevs carrés. . 7,38 11, 5i 1 il^
Poids du thalle (des feuilles) en grammes. . . o,335 o,352 0,217
Volume du thalle (des feuilles) en centimètres
cubes 0,7 0,5 0,4
Volume de l'air en centimètres cubes 22,0 24,0 24,0
Oxygène dégagé par centimètre carré de sur-
face en centimètres cubes 0,0120 0,0270 0,0160
Gaz carbonique absorbé par centimètre carré
de surface en centimètres cubes » 0,0420 0,0270
Coefficient d'assimilation (résultante) ^=;r7=77' • » o,65 0,60
» Les chiffres indiquant le gaz carbonique absorbé et l'oxygène dégagé représentent
donc la mesure directe de l'énergie àssimilâtrice dans les conditions données d'expé-
rience, lorsqu'on ne tient pas compte de la respiration qui a lieu simultanément et en
sens inverse. Comme on sait, la lumière active beaucoup l'assimilation et a, d'autre
part, une influence retardatrice sur la respiration et, quand la température ne dépasse
pas environ 28° C, celle-ci est, relativement à l'assimilation, en bon éclairage, très
faible, ce que montre aussi la faible différence trouvée pour les coefficients d'assimi-
lation observée dans les deux premières séries d'expériences ci-dessus indiquées. Mais,
lorsque l'intensité lumineuse tombe au-dessous d'une certaine limite et que l'assimi-
lation devient très faible, cette perturbation peut avoir une influence. Elle se traduit,
entre autres, par une variation du coefficient qui exprime la résultante de l'assimilation
et de la respiration.
» De ces expériences, on peut, pensons-nous, tirer les conclusions
suivantes : VOEnothera biennis est une plante de soleil bien marquée qui,
à la lumière solaire directe et à une température favorable à l'assimilation,
assimile environ trois fois autant de gaz carbonique qu'à la lumière
diffuse. A cette dernière lumière, le Polypodium vulgare assimile, au
contraire, un peu plus énergiquement qu'à la lumière directe, et notable-
ment plus que VOEnothera. Le Marchantia polyporpha tient une place
intermédiaire entre les plantes précédentes.
» Il y aurait un notable intérêt, à la fois théorique et pratique, à avoir
des données numériques analogues, notamment pour les plantes qui
luttent pour la lumière dans nos champs et nos bois. Mais, afin de tenir
compte aussi bien des différents facteurs extérieurs que des particularités
morphologiques, anatomiques et physiologiques des plantes en question,
ces expériences devraient être instituées en grand et varier de toute
manière, afin que l'on ait le droit d'établir un classement définitif des
8o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
plantes d'après leurs besoins en lumière. Les essais ci-dessus ne doivent
être qu'une indication à cet égard. »
BOTANIQUE. — Sur la structure des cotylédons et la disposition de certaines
racines adventices dans les plantules de Labiées. Note de M. René Viguier,
présentée par M. Gaston Bonnier.
« Dans le cours des recherches que nous avons entreprises sur les
racines adventives, leur structure et leur raccord avec la tige, nous avons
eu l'occasion de faire quelques remarques sur la structure des cotylédons
et la disposition de certaines racines adventives dans les plantules de
Labiées.
» Un jeune plant, provenant de gernaination de Lamiiun album, par exemple,
présente dans tous ses membres un cylindre central à structure binaire avec disposi-
tion alterne des éléments ligneux et libériens, le plan de symétrie des cotylédons
passant par le milieu des faisceaux libériens de l'axe hypocotylé. L'examen de plan-
tules, rendues transparentes par un séjour prolongé dans une solution concentrée
d'hvdrate de chloral, additionnée de quelques gouttes de bleu d'aniline pour la colo-
ration des vaisseaux, permet d'observer macroscopiquement la course des faisceaux;
on constate ainsi la continuité parfaite du système vasculaire de la racine principale,
de Taxe hypocotylé et des cotylédons; on voit, par transparence, les faisceaux s'in-
curver au sommet de l'axe hypocotylé et pénétrer dans les cotylédons, de sorte que
la tigelle peut être considérée comme formée par la coalescence des pétioles cotylé-
donnaires.
» Une série de coupes transversales montre que la tigelle présente, sur toute sa lon-
gueur, une jdispo>ition alterne des éléments vasculaiies; les seules modifications qu'on
observe dans la partie supérieure de cet organe sont dues à la bifurcation des fais-
ceaux libériens avant leur pénétration dans le cotylédon correspondant, ainsi qu'ac
partage de chaque faisceau ligneux en deux masses qui se rendent dans l'un et l'autre
cotylédon.
» Comme cela a déjà été observé chez quelques autres plantes, la structure racine
persiste ici dans le cotylédon ; une section transversale du pétiole cotylédonnaire est
réniforme, le hile étant occupé par les vaisseaux. Les pointes primaires occupent le
plan de symétrie; les vaisseaux du bois sont disposés suivant deux arcs symétriques
et les derniers formés occupent la face interne des libers. Il n'y a aucunement ten-
dance à la disposition radiale; cette disposition est au contraire dépassée, en quelque
sorte, puisque les pointes- primaires viennent, dans les pétioles cotylédonaires, se
placer dans un plan perpendiculaire au plan qu'elles occupaient dans la tigelle.
)) La jeune tige est, au début, sans relation vasculaire avec les faisceaux de la
plantule; on voit bientôt apparaître dans le méristème vasculaire quatre petits vais-
seaux spirales dessinant les quatre angles du cylindre central et allant rejoindre l'en-
semble des faisceaux cotylédonaires. Ces quatre petits vaisseaux indiquent les pôles
SÉANCE DU l6 NOVEMBRE 19o3. Bo5
ligneux de petits fascicules élémentaires; plusieurs petits fascicules élémentaires
apparaissent successivement dans chaque angle, leur ensemble constituant un faisceau
composé.
» Il se développe dans le Lamium album, au niveau de la bifurcation des faisceaux
libériens, de fortes racines adventives; ces racines sont opposées et naissent dans le
plan qui coupe symétriquement les cotylédons ainsi que les libers de la tigelle.
)) En résumé, (hins une Labiée telle que le Lamium album :
» 1. La structure ti^e s'établit indépendamment de la tigelle et il n'y a
pas à proprement parler de passage de la racine à la tige.
» 2. Les cotylédons dans le Lamium album (ainsi que dans plusieurs
antres Labiées : Leonurus Cardiaca, Phlomis agraria, Nepela Cataria, Cala-
minlha Clinopodium, Hyssopus officinalis, etc.) présentent une disposition
alterne très nelte des éléments libériens et ligneux.
» 3. Les racines adventives qui naissent au-dessous des cotylédons sont
au nombre de deux, dans un plan perpendiculaire au plan des faisceaux
ligneux primaires de l'axe hypocotylé. »
MINÉRALOGIE. — Sur le polymorphisme des nitrates.
Note de M. Fréd. Wallerant, présentée par M. de Lapparent.
« On sait quel intérêt présente, au point de vue du polymorphisme,
l'étude des nitrates alcalins; quand on fait varier la température de cris-
tallisation, on les voit changer de système cristallin avec la plus grande
facilité; je me suis proposé de compléter les résultats connus en opérant
la cristallisation aux basses températures. Depuis les recherches de Fran-
kenheim, Lehmann et Wyrouboff, on sait que le nitrate d'ammoniaque,
quand la température baisse, cristallise successivement dans les systèmes
cubique, quadratique, orthorhombique, monoclinique quasi-ternaire. Or,
si l'on refroidit des cristaux de cette dernière forme à une température
un peu supérieure à celle de la neige-acide carbonique, on voit se produire
de nombreuses lamelles liémitropes, qui disparaissent bientôt pour donner
naissance à des cristaux homogènes uniaxes, dont la biréfringence est
inférieure à celle des premiers cristaux. Le phénomène est réversible; on
passe, autant de fois que l'on veut, d'une forme à l'autre en faisant varier
la température. C'est en outre un cas de polymorphisme direct, suivant
l'expression de Wyrouboff, c'est-à-dire que l'orientation de l'une des
formes est déterminée par celle de l'autre; en passant d'une forme à
G. R., 1903, 2» Semestre. (T. CXXXVK, IS° 20.) • "^
8o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'autre et en revenant à la première, on constate que celle-ci présente la
même teinte de polarisation. En outre, il y a contraction notable, proba-
blement dégagement de chaleur, lors du passage de la forme biaxe à la
forme uniaxe. Il est facile de montrer que cette dernière est rhomboé-
drique; on constate, en effet, que les lamelles hémitropes, que produit le
refroidissement dans les cristaux monocliniques, sont réparties en deux
systèmes, et que les sections de ces cristaux, où les lamelles font entre
elles un angle voisin de 120°, donnent naissance par transformation à des
plages sensiblement perpendiculaires à l'axe optique de la nouvelle forme.
Or j'ai montré que des lamelles hémitropes ne pouvaient se produire, par
actions mécaniques, que si le plan de macle était un plan diamétral du
cristal. Si donc deux lamelles symétriques par rapport à ce plan de macle
se fondent par la transformation en une seule plage, autrement dit si elles
deviennent parallèles, c'est que le plan diamétral se transforme en un
plan de symétrie. Par conséquent la forme uniaxe possède deux plans et,
par suite, trois plans de symétrie à 120°, passant par l'axe optique : le
cristal est donc rhomboédrique.
» On voit comme conclusion que le nitrate d'ammoniaque est susceptible
de cristalliser dans cinq systèmes, sur six que l'on distingue en tout. Il n'est
d'ailleurs pas possible de prévoir les transformations qui se produiraient
si on le soumettait à une température inférieure à celle de l'air liquide.
» f^e nitrate de césium présente d'autres particularités intéressantes :
cubique au-dessous de son point de fusion, il devient en refroidissant
rhomboédrique. Or, si l'on amène progressivement un cristal rhom-
boédrique cà la température de l'air liquide, on voit la biréfringence dimi-
nuer jusqu'à devenir nulle : le cristal est de nouveau isotrope. Mais il y a
une différence notable entre les deux passages de la forme rhomboédrique
à i'isotropie : quand le passage est déterminé par l'élévation de tempéra-
ture, la transformation est brusque, et donne naissance à un véritable
corps cubique. Au contraire, dans le cas du refroidissement, la transfor-
mation est progressive, de telle sorte que, si la bu^éfrigence est pratique-
ment nulle, théoriquement le corps est toujours un uniaxe ayant pour axe
principal un axe ternaire. Les faits observés sur le nitrate de césium
viennent donc nettement à l'appui de l'idée émise par M. Wyrouboff, que
certains corps cubiques doivent être en réalité considérés comme uniaxes,
les uns ayant pour axe principal un axe ternaire, les autres un axe quater-
naire. Cette constatation n'est pas sans importance, car il est évident que
ces différentes variétés de corps isotropes ne sauraient être considérées
SÉANCE DU j6 novembre ir)o3. 807
comme isomorphes; elle permet donc d'expliquer pourquoi certains corps
cubiques ne peuvent, contre toute attente, donner naissance à des mé-
langes cristallisés. »
GEOLOGIE. — Sur quelques analogies de faciès géologiques entre la zone cen-
trale des Alpes orientales et la zone interne des Alpes occidentales. Note de
M, Pierre Termier, présentée par M. Marcel Bertrand.
« En suivant les excursions du neuvième Congrès géologique interna-
tional au Zillertal et au Semmering, j'ai été vivement frappé de la simili-
tude, allant jusqu'à l'identité, de certains des faciès géologiques de la zone
centrale des Alpes autrichiennes et des faciès que présentent, dans les Alpes
franco-italiennes, les terrains de même âge.
» Semmering. — J'ai observé, au Semmering, sous la conduite de M. Toula, une série
de couches, parfaiiement concordantes, dirigées est-ouest, et plongeant, au nord,
sous les couches de Werfen et les calcaires du Trias (nordliche Kalkzone).
» Cette série comprend : des schistes houillers, avec flore de Schatzlar (M. Toula);
des phyllades plus ou moins métamorphiques, passant fréquemment à des micaschistes
et contenant de nombreuses intercalations de schistes verts pjrox.éniqu.es, et quelques
intercalations, plus rares, d'une roche feldspathique à riébeckite (Forellenstein ) ; des
quarlzites, fréquemment phylliteux, auxquels s'associent des calcschisles ; enfin, des
calcaires, où M. Toula a découvert des Diplopores, et qui sont, au moins dans leur
grande masse, d'âge triasique. J'insiste sur ce fait qu'il n'y a pas une seule discordance
réelle. Les discordances que l'on a signalées sont, toutes, purement locales et d'ordre
mécanique. Je ne crois pas non plus qu'il y ait de failles. Mais la série est fortement
plissée, avec des étirements intenses.
» L'analogie avec la série sédimentaire de la Vanoise (Alpes de Savoie) est saisis-
sante. Mêmes calcaires du Trias, et, sous ces calcaires, mêmes quartzites, blancs, verts
ou rosés, fréquemment phylliteux; et mêmes calcschisles. Entre un Houiller déjà
touché par le métamorphisme, mais cependant encore fossilifère, et un Trias déjà fort
cristallin, même intercalation d'une puissante série de phyllades, de poudingues séri-
ciliques, et de micaschistes. La seule dilTérence est dans le remplacement des glauco-
phanites par des roches à riébeckite, et dans la fréquence des schistes à pyroxène.
» La série cristallophyllienne ou semi-cristallophyllienne du Semmering est pétro-
graphiquement identique au Permien métamorphique de la Vanoise, et ses relations
avec le Trias et le Houiller sont les mêmes. De plus, le Trias est ici le même que dans
la Vanoise; et, comme dans la Vanoise, le métamorphisme régional a déjà touché le
Trias et le Houiller, sans les transformer intégralement.
» Zillertal. — Les Alpes du Zillertal, que j'ai visitées sous la conduite de M. Becke,
correspondent à la terminaison occidentale des Hohe Tauern. On y voit une puissante
série gneissique et granitique (Zentralgneis) s'enfoncer au nord, à l'ouest et au sud,
8o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sous une série schisteuse mélamorphique, parfaitement concordante,, que l'on appelle
la Schieferhlille.
» La Schieferhulle comprend des mai'Lres (Hochstegenkalk), des conglomérats
métamorphiques (Konglomeratgneis), des quartziles, des micaschistes et des amphi-
bolites variées; elle comprend aussi un puissant étage de calcschistes (Kalkphjllite ou
Kalkglimmerschiefer ).
» Sur la Schieferhulle il j a des lambeaux de calcaires triasiques, réputés trans-
gressifs, mais qui m'ont paru être, en réalité, toujours et absolument concordants.
» Ce Trias, qui surmonte ainsi la Schieferhulle, a les caractères du Trias de la Haule-
Maurienne : quaitzites, fréquemment sériciteux et albiliques, marbres phjlliteux,
calcaires souvent albitiques. A. Mauis, où l'on a trouvé des Dactylopores, il y a le
double faciès des calcaires delà Vanoise (marbres plivlliteux et calcaires francs).
» Je suis ariivé à la conviction que les marbres et quartziles de la Schieferhulle
sont eux-mêmes d'âge triasique. La coupe du Wolfeudorn à la Weissespilze, par le
Schlusseljoch, est, à cet égard, tout à fait démonstrative.
» Quant aux calcschistes de la Schieferhulle, il n'y a pas de doute possible : ce sont nos
Schistes lustrés. A Mairhofen, ils sont, de par l'étirenient, réduits à une bande de 3oo'"
à 4oo™ de largeur; mais celle bande, absolument continue, va s'élargissant rapidement
vers l'ouest. Elle contourne le massif par le Brenner, Sterzing et le Hfitschlal. Sa lar-
geur peut alors atteindre lo"^™; etl'ou suit cette même bande, toujours continue, jus-
qu'au delà du Gross-Glockner, soit sur plus de loo''"' de longueur. Ces Schistes lustrés
sont identiques à nos Schistes lustrés de la Maurienne, de la Tarentaise, du Piémont,
de rUbaye; ils renferment les mêmes inlercalations de roches vertes; et ils ont, avec
le Trias, les mêmes rapports que dans nos Alpes, le Trias séparant les Schistes lustrés
des gneiss, et formant, d'ailleurs, avec les uns et les autres, une série concordante.
» Ces analogies sont telles que je n'hésite pas à conclure que les Kalkphyllite (ou
Kalkglimmerschiefer) de la Schieferhulle sont, comme nos Schistes lustrés, une série
cristallophyllienne mésozoïque (postérieure aux calcaires à Diplopores) (^). Je suis
également très convaincu qu'une bonne partie des autres termes de la Schieferhulle
est d'âge triasique. Et quant aux micaschistes et aux gneiss du Zillertal, y compris le
Zentralgneis, j'y vois l'équivalent de la série cristallophyllienne du Grand-Paradis et
du Mont-Rose, c'est-à-dire de la série cristallophyllienne permo-houillère des Alpes
d'Occident. »
(^) M. Ed. Suess a exprimé, il y a treize ans, une opinion analogue; mais tous les
autres géologues autrichiens regardent les Kalkphyllite en question comme anté-
rieures au Trias, et beaucoup y voient un étage paléozoïque très ancien. Il paraît que
Charles Lory, au cours d'un voyage qu'il fil, il y a quelque trente ans, au Zillertal,
en compagnie de M. Tschermak, insista sur Videntité de ces calcschistes et des Schistes
lustrés de la Maïu-icnne.
SÉANCE DU l6 NOVEMBRE iQoS. 809
GÉOLOGIE. — Sur les puits artésiens .
Note de M. D. Pantaxelli, présentée par M. Albert Guudry.
« Tous les mineurs savent que, dans beaucoup de cas, la pression des
roches dans lesquelles sont ouvertes les galeries est énorme. Ces pressions
doivent aider au jaillissement des puits artésiens et ajouter leur influence
à celle qui dérive de la pression hydrostatique. Le problème ne pouvait
pas être résolu théoriquement; l'observation seule, dans des conditions
particulières et bien définies, peut le trancher.
)) Ces conditions ont été trouvées dans le sous-sol de Modèneoij, depuis
bien des siècles, on |)ratique des forages pour atteindre les différentes
nappes aquifères comprises dans la puissante formation argileuse qui
comble la vallée du Pô, au-dessus des terrains néogènes. Les nappes aqui-
fères sont au nombre de trois; elles ont leur point d'affleurement là où les
fleuves qui descendent des Apennins débouchent dans la plaine et elles
dérivent des difterents dépôts abandonnés pendant les divagations de ces
fleuves. Les cailloux et les graviers diminuent de grosseur, à mesure que
l'on s'éloigne des dernières collines et se fondent complètement dans la
formation argileuse, à peu près au droit de la zone où les fleuves actuels
cessent de charrier les graviers, j)our ne déposer que du sable et du limon.
» Les trois nappes aquifères, en dehors de la nappe fréalique, sont à la profondeur
de 21™, 45™ et 82'", qui correspond à i3", 11'" et 48'" par rapport au niveau de la mer.
Ces nappes, ayant la même origine à i 10°' au-dessus du niveau de la mer, sont entre
elles absolument indépendantes.
» Au moyen d'appareils enregistreurs automatiques, j'ai observé pendant plus
de cinq années les variations journalières du niveau des eaux fréatiques superficielles
et les variations du niveau piézométrique des eaux de la première nappe de 21'" dans
laquelle s'ouvre plus d'un millier de puits,
» Les variations diurnes des eaux fréati<jues ont un maximum de i™,5o; celles des
eaux profondes de i5<='"; la correspondance horaire des diagrammes enregistrés a
montré invariablement que le sens des variations est toujours de même nature, c'est-
à-dire que l'exhaussement du niveau piézométrique des eaux profondes contenues
dans une couche de gravier entre deux couches d'argile étanches, monte ou descend
avec la pluie locale, tandis qu'il ne se ressent pas des crues des fleuves qui alimentent
la nappe aquifère, quand ces crues sont dues à des pluies limitées au massif mon-
tagneux.
» Ne pouvant pas attribuer ces variations à la possibilité d'une communication
entre les deux nappes, car le niveau piézométrique des eaux profondes est toujours
8lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
très supérieur au niveau des eaux fréatiques, il ne reste pour les expliquer qu'à
recourir à l'accroissement de pression dépendant de l'imbibitiou des couches superfi-
cielles. La déduction est tliéoriquement possible, M. Volterra ayant démontré qu'une
couche de neige de o"*, 5o sur une aire circulaire de loo'^'" doit déterminer une pression
de 6™"°; il est cependant nécessaire d'en démontrer la possibilité par une autre voie.
M M. Dupuit a établi en 1861 des formules pour déteniùner le débit des
puits artésiens; soumises aux discussions les plus variées, elles n'ont reçu
aucune modification substantielle. Comme il a tenu compte seulement du
massif filtrant autour du forage, ses formules sont indépendantes de l'ori-
gine de l'eau. Cette particularité les rend inapplicables à la résolution de
mon problème, mais elles m'ont permis de calculer le coefficient moyen
d'éduction de diverses nappes, c'est-à-dire le débit moyen pour un rayon
d'orifice déterminé, à 1™ de hauteur au-dessous du niveau piézométrique.
Au moyen de ce nombre, j'ai pu calculer la vélocité dans le milieu filtrant
au fond du puits et la chute de pression correspondante; connaissant la
hauteur d'affleurement des nappes aquifères, la perte de chute représente
les résistances dues à lafiltration. L'observation constante a toujours con-
duit à des valeurs plus petites que celles qui étaient nécessaires pour élever
l'eau à son niveau piézométrique. Une nouvelle charge devait se joindre à
celle que l'eau possédait originairement et cette charge ne pouvait
dépendre que de la pression exercée par les couches superposées. Le calcul
m'a démontré que ces hypothèses sont fondées.
); De même, le fait bien connu des puits artésiens au bord de la mer,
dont le débit croît et décroît avec la marée, dépendrait de l'accroissement
de pression clans la région environnante,
» Je réserve à une publication plus étendue tous les tableaux des
nombres observés et la complète discussion de mes observations. »
GÉOLOGIE. — Sur un niveau fossUifêre nouveau du Keuper franc- comtois.
Noie de Mi\L M. Piroutet et Arm. Laurent, présentée par M. Michel
Lévy.
« Nous avons observé ilans le Keuper franc-comtois un niveau remar-
quable à la fois |)ar le mode spécial de fossilisation des organismes qu'il
renferme et par la continuité avec laquelle il se retrouve à une grande
distance. Nous l'avons trouvé en deux points éloignés de plus de 100'"" : à
SÉANCE DU t6 novembre 1903. 81 t
Salins (Jura) au lieu dit les Laffenels{') et à Bongey (Haute-Saone), aux
lieux dits le Trou- de-Tienne et Derriêre-les-Vignes {-).
» i" Position stratigraphique. — a. A Snlins, on trouve, entre le premier et le
deuxième banc de Dolomie, la succession suivante, de bas en haut :
» 1. Première Dolomie. 2. Gypse rouge et G. noirâtre (niveau du G. hématoïde).
3. Marnes, Grès et Houille. 4. Marnes bariolées, o. Deuxième Dolomie.
» C'est à la base du groupe 4, dans une couche bariolée de couleurs très vives, que
se rencontre le niveau en question,
» b. A Bougey, bien que la coupe soit mal dénudée, on voit cependant très nette-
ment que ce niveau est situé dans les Marnes bariolées qui surmontent le Grès moven
du Iveuper, à une faible distance de ce dernier et en relation avec une Marne rutilante.
» 2° Nature du gisement. — Au niveau ainsi défini se présentent, dans les deux
localités, des rognons irrégulïers formés d'une roche quartzeuse noirâtre, quelquefois
rougeàtre, comparable à une Phtanite. D'une dureté voisine de 7, elle se cas-^e irré-
gulièrement en faisant feu sous le marteau. Ces rognons sont souvent caverneux.
» A Salins, les cavités sont souvent remplies d'une matière siliceuse pulvérulente
d'un jaune roux; de plus, les Phtanites sont accompagnées d'Hématite rouge à laquelle
elles sont intimement liées, car les i^ognons offrent tous les intermédiaires entre la
roche entièrement siliceuse et celle entièrement ferrugineuse.
» A Bougey, nous n'avons pas trouvé l'Hématite. [Toutefois, dans une localité peu
éloignée, à Saponcourt, un sondage a rencontré, d'après Thirria {loc. cit., p. 3oi), du
Fer oxydé rouge à ces niveaux et avec une allure analogue.]
» En revanche, on y rencontre de nombreuses concrétions quartzeuses, souvent
zonées de rouge à l'intérieur et présentant parfois de beaux cristaux pvramidés de
diverses variétés de Quartz (hjalin, enfumé, jaune).
)) 3° Fossiles. — Ces rognons ne sont autre chose que des débris de Véo^étaur
silicifiés et empâtés dans la silice. Les échantillons recueillis appartiennent, pour la
plupart, au genre Equisetum; on trouve aussi l'empreinte de diverses feuilles parallé-
linerves et des fragments de troncs silicifiés.
» A Bougey, la conservation est remarquable et beaucoup de détails morpholo-
giques sont gardés avec une grande netteté. A Salins, la conservation est moins bonne;
toutefois, il est possible d'identifier spécifiquement les fossiles recueillis avec ceux de
Bougey.
)) Ces considérations montrent que ce niveau peut rendre des services
à la fois au point de vue stratigraphique, en donnant un nouveau point de
repère certain pour établir l'homologie dans les parties de l'étage en deux
(') La coupe des Laffenets a été donnée par Marcou {Recherches géologiques sur
le Jura salinois); mais elle est erronée pour les niveaux qui nous occupent. Pidancet
{Géologie du Jura, iS63) reproduit les mêmes erreurs.
(^) Voir Thirria, Statistique niinéralogique et géologique de la Haute-Saône,
i833, p. 3oi .
8i2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
points assez éloignés et, au point de vue paléontologique, à cause de la
rareté des fossiles bien conservés dans le Keuper de notre région. «
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Comparaison des diverses lettres au point de vue de
la vitesse de la lecture. Forrtmtion d'un alphabet rationnel. Note de
MM. AxDRÉ Broca etD. Sulzer, présentée j)ar M. d'Arsonval.
« Dans des Notes précédentes, nous avons étudié l'énergie nécessaire
pour permettre à l'appareil visuel de reconnaître une forme dans le cas
théorique oi^i, la rétine étant d'abord obscurée, une petite plage portant
soit des traits, soit une lettre, apparaît subitement. Nous avons tiré de là
des conclusions théoriques, mais il n'y avait pas lieu d'en tirer des conclu-
sions pratiques, car ce n'est pas dans ces conditions que se produit l'acte
de la lecture. Dans celui-ci, la rétine est constamment impressionnée par
du papier blanc, et, quand on fixe une lettre noire, le processus rétinien
par lequel elle est perçue est tout à fait différent de celui qui est mis en
jeu dans nos expériences précédentes. Dans celles-ci, en effet, le phéno-
mène lumineux, origine de la notion de forme, est celui de l'établisse-
ment de la sensation sur une zone rétinienne obscurée préalablement, et
l'on ne peut certainement pas reconnaître une lettre tant que la sensation
n'est pas devenue assez forte pour permettre de distinguer, au point de vue
lumineux brut, l'éclat de la lettre de celui du fond. L'étude du phénomène
nous a d'ailleurs montré que les choses étaient bien plus complexes, et que
la ])erception des formes pouvait n'avoir pas lieu pour des temps d'admis-
sion de la lumière, très courts il est vrai, mais qui donnent, par cela même,
des sensations quatre et cinq fois plus fortes que la même lumière en régime
permanent; il y a donc autre chose à considérer (pie l'établissement fie la
sensation, mais il est évident que la première condition, insuffisante, mais
nécessaire, est que la différence d'impression entre le caractère à distin-
guer et le fond ait pris une valeur notaI)le.
» Dans le cas de la lecture ordinaire, le phénomène lumineux, origine de la percep-
tion d'une forme, n'est pas l'établissement d'une sensation sur une rétine obscurée,
mais le phénomène inverse : obscuration d'une région rétinienne sur laquelle cesse
l'action de la lumière. Le phénomène primordial est donc celui de la persistance des
impressions lumineuses. Nous ne pouvons certainement pas distinguer une lettre noire
apparaissant subitement sur fond blanc, tant que la courbe de la jiersistance en fonc-
tion du temps n'aura pas baissé assez au moins pour nous permettre de diflérentier
deux plages voisines. Et comme ce temps, pour les lumières fortes, est au moins
SÉANCE DU l6 NOVEMBRE le^oS. 8l3
de o*, 02 et que, pour les lumières faibles, il s'allonge beaucoup, nous devons nous
attendre à ne rien pouvoir distinguer en un temps inférieur à o%02.
)) Nous avons constamment vérifié le fait. Alors que, dans les expériences sur fond
noir, on obtient des temps minimums très courts pour la lecture, dans les expériences
sur fond blanc nous n'avons jamais pu descendre au-dessous de o^, 02, temps minimum
de la persistance.
» La technique expérimentale est simple. Ln disque rotatif percé d'un trou réglable
découvre pendant un temps mesurable une image aérienne d'une lettre; ce disque est
blanc du côté de l'observateur, et son éclat est réglé égal à celui du fond sur lequel se
détache la lettre.
» Dans ces conditions, on observe peu de diflférences entre les diverses lettres pour
les grands diamètres apparents (acuité visuelle demandée à l'œil, |); les différences
sont masquées, car la durée de la persistance est grande par rapport au temps néces-
saire pour la mise en jeu du sens des formes qui, dans ces conditions, peut descendre
au-dessous de o%oo5. Mais, pour les diamètres apparents plus petits ( acuité visuelle, 1),
on voit que le temps nécessaire pour reconnaître un T est toujours d'environ | plus
court que celui qui est nécessaire pour reconnaître un E. Cette différence est beaucoup
moindre que celle qui ressort entre les mêmes lettres de l'étude de la rétine obscurée;
cela tient à la cause, ci-dessus indiquée, de la persistance.
» Nous pouvons tirer de là deux conclusions :
» i*' Notre alphabet actuel est mal conçu an point de vue physiologique;
il devrait être composé de caractères d'un dessin très simple comme T ou L ;
la vitesse de reconnaissance des lettres serait augmentée d'un tiers, et peut-
être la fatigue cérébrale diminuée dans une proportion plus grande encore.
0\»^-]r--
V
Vuh-
Q
Nous avons cherché les formes les plus propices, et nous les donnons ici
( /ig: i) pour les grands caractères. Pour ceux-ci, il n'y a que ces vingt-neuf
G. K., 1903, ■>' Semestre. (T. C\.XXVII, N° 20.) IO7
SiA
ACADEMIE DES SCIENCES.
formes qui soient réellement bonnes. Pour les petits caractères, où l'on
admet deux tailles de lettres et deux positions de grandes tailles par rap-
port à la liçne, on a bien plus de choix; nous donnons quelques exemples
(/«••2)(0;
l'if
\/
L1
[] nu
» 2^ Il y aurait tout intérêt à imprimer blanc sur noir au lieu de noir sur
blanc, au point de vue physiologique. Les temps nécessaires à la reconnais-
sance d'une lettre pour les acuités visuelles voisines de {, qui sont les plus
courantes, sont en effet dix fois plus courts que dans le cas de l'impression
en noir sur blanc, pour les éclairements usuels.
» Cette étude porte sur l'acte élémentaire de la lecture; il reste à voir
comment on lit les groupes de lettres et les mots complets. Dans ce dernier
acte, il est bien probable qu'on n'analyse pas toutes les lettres. Nous nous
proposons de poursuivre cette étude. »
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — La résistance électrique du corps humain.
Note de M. Stéphane Leduc, présentée par M. d'Arsonval.
« On admet jusqu'ici que la résistance électrique du corps humain est
surtout celle de la peau, et que la résistance de la peau dépend de sa vas-
cularisation et de son degré d'imprégnation liquide. L'expérience infirme
complètement cette opinion.
» Si l'on ferme un circuit électrique ayant une force électromolrice bien constante
(1) Ces figures sont extraites du Journal de Physiologie et de Pathologie géné-
rale; nous les y avons publiées en juillet, mais sans discuter leur choix dans le cas de
la lecture pratique, comme nous venons de le faire. On trouvera dans notre Mémoire
les courbes complètes du phénomène.
SÉANCE DU i6 NOVEMBRE igoS. 8i5
en plongeant successivement une main, à la même profondeur, dans des solutions de
NaCl au j^, à 0° et à 5o°, en ayant soin que le courant traverse toujours les deux,
cuves en série, on ne constate aucune variation de l'intensité du courant, par consé-
quent aucune variation de la résistance du circuit.
» En introduisant éleclrolytiquement de l'adrénaline dans la peau, on produit une
anémie intense et, malgré cette vaso-constriction, la résistance diminue beaucoup;
dans nos expériences elle est passée de 6000 ohms à 1000 ohms (1066).
» Si, avec une faible force électromotrice (2 volts), on ferme le circuit de 5 en
5 minutes, pendant le temps nécessaire à la lecture de l'intensité, malgré l'imprégna-
tion liquide résultant du contact de plus en plus prolongé des électrodes, on ne con-
state aucun changement de l'intensité.
» La résistance électrique de la peau ne dépend donc ni de sa vascula-
risation ni de son degré d'imprégnation liquide. Elle déj)end de sa com-
position chimique, de la nalnre et du nombre des ions qu'elle contient.
» Avec une force électromotrice bien constante (6 volts), une résistance du reste
du circuit négligeable par rapport à la résistance du corps, notant, à partir de ia fer-
meture du circuit, les intensités de i5 en i5 secondes, ces intensités croissent d'abord,
puis deviennent constantes.
» Ayant une des électrodes très petite par rapport à l'autre, l'influence de la résis-
tance sous cette électrode prédomine sur l'intensité. Au moment du renversement du
courant, un ion différent pénètre dans la peau sous la petite électrode, et l'intensité
monte ou baisse, suivant que la résistance devient plus faible ou plus forte, puis elle
atteint une valeur constante.
» On trace une courbe en portant les temps en abscisses, les intensités en ordonnées :
c'est à la fois la courbe des intensités et des conductibilités, pour le voltage et pour les
ions considérés. Ces courbes montrent que la résistance varie beaucoup avec la nature
des ions. Dans nos expériences, toutes les autres conditions restant semblables, la
résistance passe de 8000 ohms à 1000 ohms, par l'introduction de Tion calcium au
lieu de celle de l'ion chlore dans la peau.
» Pour l'introduction d'un même ion, on élève le voltage, de 2 en 2 volts,
attendant, avant chaque élévation, que l'intensité soit devenue bien constante;
on trace une courbe en portant les volts en abscisses, en ordonnées les résistances
calculées à l'aide de la loi d'Ohm. On constate que la résistance diminue rapidement
d'abord, puis de moins en moins après chaque élévation de la tension. Cette influence
est telle que, avec l'ion pliosphorique par exemple, lorsque le voltage passait de 2 à
12 volts, la résistance tombait de 10000 à i 200 ohms.
)) £'^/'eV?/me^ la résistance électrique du corps humain est surtout la résis-
tance de la peau, et celle-ci, comme celle de tout électrolyte, dépend de la
nature et de la concentration des ions qu'elle contient.
» Dans les mêmes conditions des lieux d'application, de grandeur des
électrodes, de nature des ions et de voltage, on obtient toujours des résultats
8lG ACADÉMIE DES SCIENCES.
identiques à eux-mêmes. I.,es mesures de la résistance électrique du corps
humain, faites dans ces conditions, sont donc comparables et utilisables
pour le diagnostic.
» Les courbes dont nous avons indiqué le tracé, prises sur (lifférents
sujets, offrent un grand nombre de particularités dont l'interprétation
constitue une véritable méthode d'analyse électrochimique des tissus sur
l'homme vivant. »
MÉDECINE. — Contribution au traitement du cancer par les rayons X.
Note de M. Biraitd, présentée par M. d'Arsonval.
« Après les statistiques impressionnantes apportées par les Américains
Pusey, Skinner, Cleaves, Smith sur la radiothérapie du cancer, les observa-
tions isolées des Européens Schiff de Vienne, Mikulicz de Breslau,
Vigourouxde Paris, Mondain d'Angers, Doumeret Lemoinede Lille, je ne
veux aujourd'hui, à l'occasion d'un cas heureux de traitement d'un cancer
inopérable du sein par les rayons X, que préciser les détails de la technique
que j'ai employée.
» La malade, M'"* M., 54 ans, consulla en janvier 1900 le D"" Polaiilon pour une
tumeur du sein gauche avec douleur irradiée dans Taisselle et le bras; le diagnostic
de tumeur maligne fut aussitôt porté, puis confirmé par le D'' Récamier, chirurgien
des hôpitaux, qui, pratiqua le 24 janvier 1900 l'extirpation du sein contenant un néo-
plasme non adhérent au pectoral; il disséqua l'aponévrose du grand pectoral, puis les
aponévroses de l'aisselle et enleva la graisse et les ganglions du creux axillaire; la réu-
nion fut ensuite immédiate et il n'y eut aucun incident sérieux; sauf des douleurs du
côté du plexus brachial.
« Le mamelon était rétracté, m'écrivait le D'' Récamier, et, à l'examen analomo-
» pathologique de la tumeur, je n'ai eu aucun doute sur sa nature.
» J'ai coupé les ganglions et j'en ai trouvé plusieurs envahis. Quant au néoplasme
» lui-même, je déclare que si ce n'était pas là un , épilhélioma typique, je n'en ai
)i jamais vu de ma vie «.
» Récidive au commencement de 1908. La malade accuse une douleur en se couchant
sur le côté gauche; son sein grossit et redevient sensible; le chirurgien revoit sa
malade, trouve plusieurs novaux de récidive cutanés et un ganglion sus-claviculaire
adhérent qui lui paraît contre-indiquer tout acte opératoire et conseille la radiothé-
rapie que je pratiquai dans les conditions suivantes :
)) Je tâchai de faire en sorte que tous les facteui's de l'expérimentation
fussent aussi constants que possible pendant toute la durée du traitement :
le voltage, i'ampérage, le nombre des interruptions du courant inducteur,
SÉANCE DU l6 NOVEMBRE 1903. 817
le vide de l'ampoule radiogène et, par suite, le radiochroïsme des rayons
employés, ne réservant qu'une seule variable, la quantité des rayons
absorbés réglée par le nombre et la durée des séances d'exposition.
» J'y arrivai pratiquemenl en me servant comme source de courant d'une batterie
d'accumulateurs à voltage constant (70 volts), d'un interrupteur Contremoulins-GaifTe
dont la constance peut être facilement maintenue avec le rhéostat du moteur, d'une
bobine de Gaiffe de o",4o d'étincelle et enfin d'une ampoule grand modèle, marque
V^oltohm de Francfort. Cette ampoule jouit de la propriété, quand on en a fait le
réglage en s'aidantde l'écran radioscopique et du radiochromomètre de L. Benoist, de
fournir avec une grande constance des rayons d'un degré déterminé de l'échelle durant
toute la séance.
» N'ayant pas affaire à un néoplasme purement superficiel, mais pouvant présenter
des racines profondes, j'employai, de propos délibéré, des rayons moyens marquant G
au radiochromomètre.
» Invariablement, la cathode était distante de o'",ii de la peau; incidence sur la
cicatrice. Voltage : 70 volts avec 3 ampères au primaire. Soit 210 watts.
)) Le Tableau suivant indique le nombre, la durée et l'espacement des séances
(23 séances) :
m s m
3o
... . . I
1 .3o
2.
2.3o
3.
3.3o
4.
3 août 4'3o
5 » 5
7 » 5 . 3o
10 )) 6
» C Uniquement, je note à la quatrième séance la disparition des douleurs ;
à la sixième, une diminution de la tumeur d'un tiers environ. Etat station-
naire ensuite jusque vers la quinzième, moment où la régression s'accentue
et où les ganglions disparaissent au-dessus de la clavicule et du côté de
l'aisselle. Actuellement, la tuméf^iction est réduite des trois quarts; la
malade ne souffre aucunement et les ganglions ont tout à fait disparu.
)) La réaction radiodermitique a été très légère et l'état général, bon
dès le début, n'a fait que s'améliorer depuis. »
i4
juillet
16
»
21
Y)
23
»
25
»
27
»
29
»
3i
»
12 aoùl
rr
17 »
. . 8
21 »
. . 8
25 »
8
3 1 »
. . 8
5 septembre . . .
.. 6
18 »
.. 8
28
.. 8
9 octobre
. . 5
23 »
.. 8
4 novembre. . . .
.. 8
8t8 académie des sciences.
MÉDECINE. — ContribiUiOTi à l'étude de la dyscrasie acide (^acide chlorhy-
driqiie). Noie de MM. A. Desgrez eL J. Adler, ])résentée par M. Bou-
chard.
« L'influence de la dyscrasie acide sur les échanges nutritifs a été
depuis longtemps mise en lumière par les travaux du Professeur Bouchard.
Les recherclies plus récentes de Cliarrin et Guillemonat ont de nouveau
appelé l'attention sur cette cause perturbatrice du métahohsme animal.
Dans nos recherches actuelles, nous avons eu pour but de pénétrer plus
avant le mécanisme de ces phénomènes en déterminant l'influence des
acides minéraux sur certains processus particuliers de l'économie. Le
mieux étudié actuellement, parmi les phénomènes synthétiques dont nos
cellules sont le siège, consiste dans la production de l'acide hippurique;
nous connaissons, en effet, et l'origine diastasique de ce corps et son mode
de synthèse, par déshydratation, aux dépens de l'acide benzoïque et du gly-
cocolle. La mesure de la puissance synthétique de la cellule vivante peut
donc se faire en dosant la quantité d'acide hippurique à laquelle elle donne
naissance.
« Nos expériences ont porté sur d-es cobayes de même âge et de même sexe. Après
avoir fixé, par tâtonnements, la dose d'acide chlorlijdrique que ces animaux peuvent
supporter en injection sous-cutanée, nous avons administré à chacun d'eux 3*""'' d'une
solution renfermant o",oo8 d'acide par i"""'', soit o5,o23 par animal. Ces cobayes
étaient réunis en un lot de six et comparés à des animaux de même poids réunis en
nombre identique. L'alimentation était la même pour cliaque série. Les dosages ont
été eflfectués sur les urines de 48 heures, par la métliode de Bunge-Schmiedeberg.
» La moyenne effectuée des résultats obtenuspendant 28 jours consécutifs
donne une élimination de 1^^,67 d'acide hippurique par kilogramme des ani-
maux témoins et de 0^,73 seuletnent par kilogramme des animaux qui ont
reçu l'acide chlorhydrique. L'influence de ce dernier sur la puissance syn-
thétique de la cellule vivante se manifeste ainsi par une réduction de cette
propriété atteignant S'y pour 100 de sa valeur normale.
» Ce premier résultat acquis, il restait à déterminer si cette influence de
la dyscrasie acide s'exercerait encore après suppression de sa causedirecte.
» Pour fixer ce nouveau point, on a renouvelé les dosages d'acide hippurique chez
les mêmes animaux deux mois après la dernière injection acide. La moyenne des
dosages efTeclués ainsi, pendant i4 jours consécutifs, coirespoml à os,42 d'acide bip-
SÉANCE DU fô NOVEMBRE 1903. 819
purique par kilogramme des témoins et àos, 17 par kilogramme des animaux injectés :
c'est encore, pour ces derniers, une réduction de 60 pour 100 de la puissance synthé-
tique de la cellule vivante.
» La cellule vivante a donc conservé, à deux mois de distance, la viciation
prenaière imprimée par la dyscrasie acide à la production et à l'activité de
ses diastases déshydratantes. Nous montrerons, dans une prochaine Note,
que cette conclusion est indépendante de la qualité de la sécrétion rénale
et de l'élaboration de la matière azotée. »
M. Fr. Fa<:cjx adresse une Note ayant pour titre : «■ Anomalies diurnes
et séculaires dans le mouvement de rotation de la Terre ».
A 4 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
COMITE SECRET.
La Section de Géographie et Navigation, par l'organe de son doven,
présente la liste suivante de candidats, pour la place laissée vacante par le
décès de M. de Bussy :
En première ligne M. Bëktkv.
En seconde ligne, ex œquo et par ordre ( M. Caspari.
alphabétique (M. Charles Lallemaxd.
Les titres de ces candidats sont disentés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à > heures un quart.
M. B.
820 ACADÉMIE DES SCIENCES.
EUR A TA.
(Séance du 12 oclobre fQoS.)
Note (le MM. G. Urbain et IL Lacombe, Sur une série de composés du
bismuth :
Page 569, ligne 11, au lieu de
3M"(A.z03)^2Bi(Az03)3.2ilPO,
lisez
3M"(Az03)2.2Bi(AzO»)^24H2 0.
Même page, ligne 26, au lieu de des sels assez fondants de, lisez des sels corres-
pondants de.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 25 NOVEMBRE 1903,
PRÉSIDENCE DE M. ALBERT GAUDRY.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Relation entre es taches solaires et le magnétisme
terrestre. Utilité de V enregistrement continu des éléments variables du Soled.
Note de M. H. Deslandres.
« La perturbation magnétique exceptionnelle et l'aurore boréale du
3r octobre ont ramené l'attention vers la question toujours pendante d'une
action directe des taches solaires sur le magnétisme terrestre.
» La connexion des deux phénomènes solaire et terrestre, consitlérés
dans leur ensemble, est actuellement bien établie. Les variations géné-
rales de l'aiguille aimantée (oscillation diurne de la déclinaison et de la
force horizontale, nombre et intensité des orages magnétiques) sont en
effet parallèles aux variations générales de la surface et de l'atmosphère
solaire avec la même période de 1 1 années.
» Mais l'incertitude et la confusion apparaissent pour chaque orage
magnétique isolé, lorsqu'on recherche le phénomène solaire, concomitant
ou non, qui lui a donné naissance, ou est du à la même cause, peut-être
extérieure au Soleil.
» Recherches antérieures. — La série des idées et des recherches sur la
question est curieuse et peut être ainsi résumée :
» Lors du grand orage magnétique de 1809, du 28 août au 4 septembre,
Carrington et Hogson, avec la simple lunette, ont vu une lueur extrême-
ment intense et de courte durée près d'une tache. En 1872, du 3 au
5 septembre, Young, qui observait au spectroscope, a noté dans une tache
au bord des déplacements extraordinaires des raies noires solaires, qui ont
coïncidé avec les écarts de l'aiguille aimantée terrestre. Aussi a-t-on pensé
que l'orage magnétique était dû à des perturbations exceptionnelles du
C. R., 1903, 2« Semestre. (T. CXXXVII, N» 21.) 1^8
82 2 ACADEMIE DES SCIENCES.
Soleil, dont le contre-coup se faisiait sentir jusqu'à la Terre; l'action pou-
vant se transmettre à travers l'espace avec une vitesse voisine de celle de
la lumière. Mais les observations analogues, ou qui ont paru analogues,
faites postérieurement, n'ont pas été accompagnées d'orages magnétiques,
peut-être parce que la perturbation solaire a été moins intense; car, à ces
observations faites dans des conditions très différentes, il a manqué une
commune mesure.
» En 1887, Marchand a posé la loi simple suivante, qui fixe sur le
Soleil la position du phénomène actif: La pertubation magnétique coïncide
sensiblement avec le passage d'un groupe de taches ou facules au méridien
central. Ces perturbations se succèdent souvent à des intervalles qui sont
des multiples delà durée de rotation ( * ).
)) Au même moment Veeder invoquait, au contraire, l'influence des
taches et facules du nord-est. Mais les deuK auteurs reconnaisseut que la
grandeur des taches et facules n'est pas toujours en rapport avec l'intensité
de la variation terrestre; ce qui diminue la valeur de la relation annoncée;
et, à ce sujet. Haie a objecté que, à l'époque du maximum, le bord est et
le méridien central présentent toujours quelques facules plus ou moins
fortes.
» Cependant, la plupart des auteurs sont plutôt favorables à la thèse
de Marchand, qui contient probablement au moins une partie de la vérité.
Maunder, en particulier, remarque que les grands orages magnétiques
du 17 novembre 1882 et du 1 3 février 1892 ont correspondu au passage
de grandes taches au méridien central et au plus grand développement
de ces taches.
» En 1900, le P. Sidgreaves, directeur de l'observatoire de Stonyhurst,
compare, dans un travail d'ensemble, les observations solaires et magné-
tiques de Greenwich et de Stonyhurst, assurément complètes, de 1880
à 1898. Il conclut à la non-vérification des lois de Marchand et de Veeder,
tout en reconnaissant la connexion générale des deux phénomènes. L'action
directe de la tache ne résulte pas de l'examen des faits, à moins que les
taches se divisent en taches actives et inactives, mais les données de
l'observation solaire ne permettent pas de faire la distinction.
» Le P. Cortie, de Stonyhurst, arrive au même résultat pour les
(^) Celte succession des orages magnétiques, réglée par la rotation du Soleil, est un
fait important qui conduit à placer dans le Soleil lui-même une des causes principales
du phénomène. La périodicité des orages magnétiques a été indiquée aussi par Terby.
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1903. 828
années suivantes, de 1898 à 1902, parti cul ièrement favorables au rappro-
chement des deux phénomènes à cause du petit nombre de taches et facules
à une époque de minimum. Ainsi, dans les premiers mois de 1902, la seule
tache de quelque importance, qui est visible du 5 au i3 mars, n'est pas
accompagnée d'une variation des aimants terrestres, et le 10 mai, alors
que le Soleil, depuis 7 semaines, n'offre aucune tache, les facules étant
extrêmement faibles en intensité et largeur, on observe un ora^'^e mao^né-
tique assez intense (écart de la déclinaison, 38' d'arc), aussi intense que
celui du 12 octobre dernier, dont il sera question plus loin.
. )) Enfin, tout récemment, Lockyer a invoqué l'influence des variations
delà chromosphère solaire. Les grandes perturbations magnétiques (avec
écart de la déclinaison supérieure à i**) se produisent en môme temps
que le maximum de fréquence des protubérances pohiires (à 3o°du pôle),
c'est-à-dire un peu avant le maximum. Aussi admet-il la possibihté d'une
action directe de ces protubérances sur les aimants terrestres.
» Les divergences et les obscurités sont donc toujours grandes dans la
question qui nous occupe, et l'on est conduit à rechercher si les observa-
tions solaires, telles qu'on les fait à l'heure actuelle, sont suffisantes.
)) Observations solaires des mois d'octobre et novembre. — Le 3i octobre,
lors de l'agitation exceptionnelle des aiguilles aimantées, le Soleil offrait
trois groupes principaux de taches et facules, à savoir : 1° un beau groupe
au méridien central (A, lat. — 25«), déjà bien développé à la rotation pré-
cédente; 2'^ au bord est, un groupe de (Jeux belles taches (B, lat. -f- 18"),
déjà détaché du bord; S'^au bord est également, un groupe (C, lat. — 22«)
en partie caché derrière le bord. De ces trois groupes, le plus important
de beaucoup par l'étendue des taches et fticules est le groupe (C), comme
le montrent nettement les épreuves faites à Meudon les 10 octobre et
5 novembre, qui présentent les trois groupes bien visibles sur le disque,
à une distance notable des bords. A noter que le i2-i3 octobre, 3o heures
après le passage du mdieu de (C) au méridien central, l'aiguille terrestre,
d'après Moureaux, a subi une perturbation (de 32') notable, mais quatre
fois plus faible que celle du 3i octobre. Au bord est, à ce moment, il y
avait une seule petite tache.
» La règle de iVIarchand est vérifiée, comme aussi, il est vrai, dans une
certaine mesure, celle de Veeder. Mais si l'on considère seulement le mé-
ridien central, ainsi que la plupart des observateurs, comment expliquer
que le groupe de beaucoup le plus fort (C) corresponde à l'orage le plus
petit (écart 82';? Comment aussi concilier ces faits avec l'orage du
824 ACADEMIE DES SCIENCES.
10 mai 1902 (écart 38'), survenu à un moment où le Soleil était sans
taches, avec des facules à peine perceptibles? Évidemment l'étendue des
taches et facules n'est pas en rapport avec l'intensité de la perturbation
magnétique.
» Faut-il invoquer l'éclat plus grand des facules de (A.), le 3i octobre,
annoncé dans la dernière séance par un fervent observateur du Soleil,
M. Quénisset, qui assure même les avoir photographiées sur le centre du
disque. Mais l'épreuve de la surface solaire faite le même jour à Meudon
avec l'appareil puissant de M. Janssen, ne montre pas ces facules, et les
positifs sur verre des épreuves de M. Quénisset, que ce dernier a eu l'ama-
bilité de m'envoyer, à mon avis, ne les montrent pas non plus. Ces facules
apparaissent, il est vrai, plus vives que les autres, le 5 novembre; mais
cela peut tenir seulement à ce qu'elles sont les plus voisines du bord.
» D'autre part, les épreuves de la chromosphère entière et des protu-
bérances du bord, fiiites à Meudon les 3i octobre, 2, 5, 6 et 7 novembre,
ne conduisent pas à d'autres résultats ('). Les groupes (A) et (C) détachent
dans la chromosphère d'énormes masses de vapeurs lumineuses; mais les
vapeurs de (A) sont moins étendues que celles de (C) et n'ont pas un
éclat supérieur au moins dans les quelques épreuves qui ont été faites. Si,
même, une supériorité d'éclat est à noter, c'est en certains petits points du
groupe (C) et le 6 novembre. Les protubérances du bord et, en parti-
culier, les })olaires n'ont rien montré qui ait paru anormal.
» Cependant les mouvements de la matière photosphérique et chromo-
sphérique sont aussi à considérer. Or les épreuves faites à Meudon en
octobre et novembre montrent les groupes (A) et (C) en variation conti-
nuelle; leurs taches changent de forme et se divisent; de même les
vapeurs de la chromosphère au-dessus de ces groupes subissent des
changements notables. Mais, le 3i octobre, cette agitation, qui d'ailleurs
est fréquente dans les taches et autour d'elles, n'a pas été exceptionnelle,
au moins sur les images que j'ai eues sous les yeux.
» La remarque précédente ne s'applique qu'aux mouvements perpendi-
culaires au rayon visuel; or les mouvements dans le sens du rayon visuel
ou radiaux peuvent dans le cas présent avoir une influence toute spéciale.
(^) Les épreuves qui représentent la chromosphère moyenne ont été faites avec
l'aide de M. d'Azambuja. On a fait aussi des épreuves de la chromosphère basse.
D'autre part, les images de la photosphère, dont il a été question plus haut, obtenues
avec l'appareil de M. Janssen, sont dues à MM. Pasteur et Coroyer.
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1903. 825
Mais leur étude est en général négligée et l'on peut dire que, sur 100
observations du Soleil, 99 au moins se rapportent aux formes et non aux
mouvements. A Meudon, il est vrai, j'ai organisé, mais pour essais seule-
ment, des enregistreurs spéciaux de la vitesse radiale de la chromosphère.
Ces appareils, qui d'ailleurs sont incomplets, ne sont pas employés tous
les jours; et le 3i on n'en a pas fait usage, l'orage magnétique n'ayant
été connu à l'observatoire que le soir. A ma connaissance la seule obser-
vation intéressante dans cet ordre de recherches est due à Fowler, qui le3i,
vers 11^, à Londres, a noté dans la tache (A) un fort déplacement de la
raie noire C de l'hvdrogène, mais cette observation a été faite 3 heures
après le commencement de l'orage et a été aussitôt arrêtée par les nuages (^).
» Insiijfisance des observations actuelles du Soleil. — Telles sont, à l'heure
actuelle, les principales indications recueillies sur l'état du Soleil le 3i oc-
tobre; elles ne permettent aucune conclusion. La difficulté principale
subsiste : il reste à trouver le phénomène solaire dont l'intensité soit en
rapport avec l'intensité du phénomène terrestre. Faut-il admettre, comme
plusieurs le proposent, d'autres causes extérieures au Soleil (-), agissant
isolément ou en accord avec la perturbation solaire? Avant de s'engager
dans cette voie, il convient, à mon sens, d'étudier d'abord à fond l'hypo-
thèse plus simple qui ramène le tout au Soleil seul. Mais alors on constate
que les observations solaires actuelles sont en réalité insuffisantes et
incomplètes, et que notre ignorance peut tenir simplement à ce défaut.
» Les phénomènes solaires, en effet, ne sont pas relevés d'une manière
continue, comme les variations magnétiques desquelles on les rapproche;
de plus, notre attention ne s'est pas encore portée sur les éléments
variables du Soleil qui ont peut-être l'importance la plus grande. Si la
cause principale est une perturbation solaire, analogue à une explosion et
très courte, elle peut échapper fticilement à des observations discontinues.
A Meudon, on fait seulement par jour une ou deux épreuves de la photo-
sphère, une ou deux épreuves de la chromosphère entière et des protubé-
rances, parfois une épreuve des vitesses radiales; les ressources en
personnel et matériel ne permettent pas de faire plus.
» D'autre part, si l'on se reporte aux Mémoires sur ces questions, on
constate que l'astronome, au moment de l'observation du Soleil, ignore le
(^) Nature anglaise, p. 1908, novembre.
(2) Parmi les causes extérieures au Soleil, je ne compte pas les différences d'incli-
naison de l'équateur terrestre par rapport à la ligne Terre-Soleil.
826 ACADÉMIE DES SCIENCES.
plus souvent s'il y a ou non une perturbation de l'aiguille aimantée. D'où
la nécessité d'organiser des avertisseurs spéciaux d'ornges maî^néliqnes,
lesquels seront utiles même aux établissements munis d'enregistreurs ma-
gnétiques; car les feuilles de ces enregistreurs sont changées une fois seu-
lement en 24 heures. Les élablissements intéressés pourraient aussi s'en-
tendre de manière à se prévenir réciproquement. Alors l'étude du Soleil
serait faite le mieux possible et au moment le plus favorable.
» Déjà en 1893 {Comptes rendus, t. CXVH, p. 716), j'ai réclamé l'obser-
vation continue des éléments variables du Soleil. J'ai demandé l'enremstre-
ment contmu : i*^ de la surface ou photosphère par la photographie
ordinaire; 2° de la chromosphère entière, basse, moyenne et supérieure (*),
avec les spectrographes enregistreurs dits des formes ; 3° des vitesses radiales
de la chromosphère avec les spectrographes enregistreurs dits des vitesses.
Les appareils nécessaires au Soleil sont plus compliqués que les enregis-
treurs magnétiques; mais ils ont été déjà étudiés, et même en partie con-
struits, à Meudon en particulier; leur succès est assuré, la dépense annuelle
étant estimée à 20 ooo''' au plus.
» L'enregistrement devra porter surtout sur les éléments jusqu'alors
négligés qui sont les vitesses radiales et la chromosphère entière supérieure
non encore obtenue. Il sera possible alors de vérifier les deux théories les
plus récentes sur l'action directe du Soled, lesquelles font intervenir, l'une,
les rayons cathodiques émis par la chromosphère supérieure (Deslandres)*
et l'autre les ions rejetés par une éruption et repoussés ensuite par le
rayonnement solaire (Arrhenius) (2).
(') Ainsi que je l'ai indiqué, en 1898 et 1894, on obtient la cliromosphère basse en
isolant, avec le spectrographe enregistreur, une raie noire du spectre solaire; pour la
chromosphère moyenne, on isole la raie brillante K du calcium; pour avoir'la chro-
mosphère supérieure, il faut isoler la raie noire qui, avec une forte dispersion, appa-
raît au milieu de la raie brillante précédente. Haie et moi nous avons obtenu l'image
de la chromosphère moyenne ; jusqu'à présent, j'ai obtenu seul, en 1894, des images
de la chromosphère basse. Mais la chromosphère supérieure n'a pas été encore
abordée; elle exige des appareils plus compliqués. Probablement, dans la question
qui nous occupe, elle a une importance toute spéciale.
(2) Les deux théoHes se confondent dans une certaine mesure; elles admettent des
jets de particules électrisées, à peu près normaux à la surface solaire. Les particula-
rités du phénomène (retard par rapport au passage dans le méridien central, intensités
variables des orages magnétiques) sont attribuables aux écarts des jets par rapport à
la normale au Soleil et aux vitesses variables des particules.
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE igoS. ^27
» Ces enregistreurs devront être établis sur plusieurs points éloignés
chi globe, pour que Tél-U'le du S deil soit absolument continue. De plus, les
enregistreurs devront être construits sur le même type. Dans cet ordre
d'idées, la Société astronomique de France a déjà, sur ma demande,
réclamé à tous les observateurs des images solaires de mêmes dimensions,
aussi comparables que possible. Cette question est d'ailleurs de celles qui
seraient utilement soumises à un Congrès international. »
GÉOLOGIE. — Sur la significaliori géologique des anomalies de la gravité.
Note de M. de Lapparent.
« Je crois opportun d'appeler l'attention de l'Académie sur certaines
conséquences théoriques particulièrement intéressantes, auxquelles con-
duit la discussion des dernières observations relatives aux variations de la
pesanteur à la surface du globe.
» Depuis que les perfectionnements apportés au maniement du pendule
ont permis d'imprimer une grande précision aux mesures et de les rendre
tout à fait comparables, ou a pu en déduire certains résultats généraux
qui, jusqu'alors, ne pouvaient être présentés qu'avec grande réserve. Le
plus saillant, tel qu'il a été formulé lors du dernier Congrès géodésique
international, serait le suivant : La pesanLeur paraît être en excès sensdHe sur
les mers, tandis quelle est en déficit sur les continents.
» De cette loi, acceptée comme un fait d'expérience, on a tiré diverses
conséquences relativement à la constitution de l'écorce terrestre. Je rap-
pellerai seulement l'hypothèse de M. Faye, que j'ai combattue en son
temps, sur l'excès de densité qu'aurait communiqué, à la partie sous-mariue
de l'écorce, le contact prolongé des eaux froides qui occupent générale-
ment le fond des mers.
)) Récemment, M. Ricco, directeur de l'observatoire de Catane, a publié
une Note importante ( ' ) sur le résultat des études auxquelles il s'était livré
relativement aux anomalies de la gravité dans le sud de l'Italie et la Sicile.
» Il résulte de ces recherches que l'anomalie de la pesanteur, nulle ou
presque nulle, soit au sommet de l'Etna, soit sur la chaîne des Apennins au
nord de Naples, augmente constamment quand on descend vers le rivage,
(* ) Riassunto délie detenninazionidi gravita, etc. {RendiconUdellall. Accademia
dei Lincec, t. XII, p. 483, 21 juin 1908 ).
828 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mais pas d'une manière uniforme. Les plus fortes valeurs de cette ano-
malie sont, en unités décimales du cinquième ordre (la valeur de l'accé-
lération étant donnée en mètres), 182 au Stromboli, i5i à I.ipari ainsi
qu'à IM'zzo (Calabre), Jj^ h Augusta (entre Syracuse et Catane), ri4 à
Castellamare di Stabbia, devant Naples.
» jEn traçant, à l'aide des observations faites en 43 stations, les courbes
isanomales, M. Ricco a reconnu qu'elles se conformaient exactement, d'un
côté, au contour de la mer Tyrrhénienne, de l'autre à celui de la merlonienne,
et que, déplus, les régions sur lesquelles les courbes étaient le plus serrées
coïncidaient justement avec celles que la statistique des observations
sismiques désigne comme étant les plus sujettes aux tremblements de
terre; par exemple, le pays compris entre le sommet de l'Etna et Catane.
D'autre part, si de l'Etna on se dirige au sud-ouest, versPantelleria, il faut,
pour passer de o à i4o, faire 10 fois plus de chemin que dans la direction
du sud-est.
» La signification de ces résultats se précise, lorsqu'on les rapproche de
ce que nous enseignent les cartes hydrographiques. En effet, on constate
que, sur tout son pourtour, la profondeur de la mer Tyrrhénienne passe
très vite de o'" à 3ooo™, pour atteindre 873 1™ dans le fond de la fosse dont
l'Italie, la Sicile et la Sardaigne définissent le périmètre. Non moins rapide
est la descente de la côte sicilienne à la fosse ionienne, dont le fond
atteint 3968'".
» On sait d'ailleurs que l'eau qui garnit ces fosses se maintient à une
température constante de i3°, d'où il suit qu'aucune cause de refroidis-
sement superficiel n'a pu y augmenter la densité de Técorce.
» Ce n'est donc pas parce qu'on passe du domaine terrestre au domaine
maritime que l'anomalie s'accroît. C'est parce qu'on se trouve sur une
région particulière de dislocation, au contact de deux compartiments, dont
l'un s'affaisse et, par conséquent, doit se comprimer en s'écrasant, tandis
que l'autre, ou bien demeure stable, ou s'élève; auquel cas il y a des
chances pour qu'il s'y produise des vides, susceptibles de se traduire par
une anomalie négative.
» Dès lors il devient probable que le fait général d'un excès de pesan-
teur sur les mers doit tenir à quelque cause de ce genre. En effet, les
observations qui ont surtout servi a l'établir sont celles qu'on a faites sur
les îles du Pacifique occidental, en particulier sur la fameuse île Bonin,
située à grande distance de la côte Asiatique, sur la traînée d'îlots qui réunit
le Japon aux îles Mariannes, et où l'anomalie positive dépasse 267 unités de
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1903. 829
cinquième ordre. Or, cette traînéeest justement bordée par deux grandes
fosses sous-marines, dont celle de l'est offre rapidement des fonds supé-
rieurs à 6000™. Il est donc légitime de penser que, dans ce cas, ce n'est
pas le voisinage de la mer, en tant que mer, mais celui de la fosse excep-
tionnelle, qui se traduit par l'augmentation de la constante de la gravité.
» L'hypothèse que nous formulons ici reçoit, ce nous semble, une
grande force des constatations récemment fiiites sur l'océan Atlantique.
Sur l'initiative de M. Helmert, et moyennant un subside de l'Association
géodésique internationale, M. Hecker(') a poursuivi, durant un voyage
entre Hambourg et Rio-Janeiro, une série de déterminations de la pesan-
teur à l'aide de la méthode proposée par M. Guillaume, et rendue pratique
par M. Mohn, méthode qui consiste à combiner les indications du baro-
mètre avec celles de l'hypsomètre, ou appareil pour mesurer la tempéra-
ture d'ébuUition de Teau. Favorisé par un temps calme, M. Hecker a pu
effectuer, à bord du navire, des mesures très précises, et, à la grande
surprise de ceux qui s'attendaient à rencontrer un excès de pesanteur sur
la mer, il a constaté que, sur toute l'étendue comprise entre Lisbonne et Bahia,
par des profondeurs allant à 3 800'", parfois à 4 5 00'", la valeur de la gravité
est absolument normale et telle quelle devrait être, à latitude égale, pour
la terre ferme au niveau de la mer.
» On ne saurait souhaiter une vérification plus complète de notre prévi-
sion. En effet, à l'inverse du Pacifique occidental, le fond de l'Atlantique,
entre Lisbonne et Bahia, affecte une allure très régulière. Les profondeurs
y varient graduellement. Nulle part, sur ce parcours, on ne rencontre
ni ne côtoie de fosses indiquant de grands effondrements.
» Même la vérification est encore plus complète qu'on ne se le figure-
rait d'après le résultat général énoncé par M. Hecker. En effet, si l'on
consulte, dans le Mémoire de ce savant, le Tableau résumé des anomalies
moyennes par sections de la traversée, on recc)nnait que, au milieu de
chiffres en général minimes, dont beaucoup n'atteignent pas 10 unités du
cinquième ordre, il se manifeste trois maxima principaux, égaux respecti-
vement à H- 146, + 58 et H- 1 14 unités de cet ordre. Or le premier maxi-
mum coïncide avec le passage brusque du banc de Gettysburg aux grandes
profondeurs qui précèdent les îles Canaries; le deuxième marque la chute
(^) liELMERT, Silzangsbericlite der k. preuss. Akademie der M'issenschaften zu
Berlin, i.yWl, 1902, p. 126. — Hecker, Verôffentlichung des k. preuss. geodd t.
Institules, igoS.
C. R., 1903, 2" Semestre. (T. CXXXVII, N» 21.) IO9
83q académie des sciences.
rapide qui a lieu entre l'îlot de Saint- Paul et l'équateur. Enfin, le troi-
sième répond au brusque relèvement du fond aux approches du cap bré-
silien de Saint-Roch.
» Il y a mieux : de Hambourg jusqu'au large de la Bretagne, de la mer
du Nord et la Manche, l'écart de la gravité n'avait été que de — i5 unités ;
en passant sur le talus sous-marin très raide qui précède la fosse de Bis-
caye, l'anomalie, toujours négative, s'est élevée à — 177. Redevenue
presque nulle le long du Portugal, elle a passé brusquement à -i-i52
devant l'embouchure du Tage, c'est-à-dire à proximité d'une fosse atlan-
tique de 5ooo".
» En définitive, la campagne atlantique de M. Hecker me semble apporter
une brillante confirmation des rapprochements établis par M. Ricco, et
cette confirmation a d'autant plus de prix qu'elle est spontanée, M. Hecker
ne paraissant pas avoir soupçonné la raison des écarts qu'il enregistrait.
» Ajoutons que, lors de la mémorable campagne du Fram, Nansen a
exécuté, sur la mer gelée et en repos, des mesures pendulaires, desquelles
il résultait que, dans les parages arctiques, la gravité n'offrait aucune ano-
malie. Enfin je rappellerai que, lors du Congrès géodésique international,
il a été établi que, la valeur de la gravité paraissant normale sur les côtes
de la mer du Nord, celles de la Méditerranée présentaient en moyenne une
anomalie positive sensible, égale à 29 unités du cinquième ordre. Or la
mer du Nord, dont la profondeur est très faible, ne porte aucune trace de
dislocations, tandis que la Méditerranée est partagée, comme on sait, en
une série de cuvettes indépendantes, qui sont de véritables abîmes : fosse
ionienne, fosse tyrrhénienne, fosse des Baléares, fosse adriatique, fosse de
Malte, etc. La première mer est un bassin d'érosion ; la seconde un bassin
de dislocations.
» Il convient aussi d'insister sur ce fait que le plus grand déficit de
pesanteur qui ait été enregistré, et qui se traduit, sur l'accélération due à
la gravité, par une diminution de ci/iq millimétrés, se produit sur l'Hima-
laya, c'est-à-dire le plus saillant de tous les bourrelets de dislocation de
notre globe.
)) Je crois donc qu'il est permis, jusqu'à nouvel ordre, de prétendre que,
la mer d'un coté, les continents de l'autre, n'interviennent dans les varia-
tions de la pesanteur que là oîi une dislocation met en contact un compar-
timent qui s'écrase et un autre qui reste fixe ou se relève. A ce point de
vue, il me paraît qu'il y aurait grand profit à tirer d'une étude systéma-
tique, entreprise avec des pendules perfectionnés, tels que celui du colo-
SÉANCE DU 2) NOVEMBRE 1903. 83 1
nel Defforges, et portant de préférence sur les régions de la Terre affectées
de brusques dislocations. Par exemple, il est vraisemblable qu'on trou-
verait un gradient très a.ccentué, c'est-à-dire un rapprochement marqué
des courbes isanomales, en même temps qu'une grande marge de varia-
tions, en expérimentant sur tout le versant méridional des monts Célestes
de l'Asie, où des cimes de Gooo'" d'altitude font directement face à des
dépressions qui vont, comme celle de Liouktchoun, jusqu'à descendre au-
dessous du niveau de la mer; ou encore sur la pente méridionale des
Alpes, en descendant vers le Piémont. De la même façon, la comparaison
des chiffres trouvés sur les îles du Pacifique, selon qu'elles seraient plus
ou moins voisines des fosses rapidement approfondies, soumettrait l'hypo-
thèse à un contrôle décisif.
» On peut ajouter que, même dans les contrées où la surface ne laisse
rien voir, la constatation des anomalies de la gravité, s'il s'en produisait,
deviendrait un moyen de diagnostiquer des dislocations cachées en profon-
deur. Enfin la relation des régions sismiques avec les rapides variations
de l'anomalie montre qu'un tel genre d'études serait éminemment propre
à faire connaître celles des contrées de notre globe qui peuvent avoir le
plus à compter avec le danger des tremblements de terre.
» Pour toutes ces raisons, nous nous permettons de recommander la
poursuite de ces études systématiques à tous les géodésiens, non plus seu-
lement à cause de leur importance au regard de la physique du globe, mais
en raison du grand secours qu'elles peuvent apporter à la connaissance
des parties invisibles de l'écorce terrestre. »
PHYSIQUE. — Sur Le renforcement qu'éprouve l'action exercée sur L'œil par un
faisceau de lumière, lorsque ce faisceau est accompagné de rayons n. Note
de M. R. Blondlot.
« En étudiant l'emmagasinement des rayons n par différents corps, j'ai
eu l'occasion d'observer un phénomène inattendu. J'avais les yeux fixés
sur une petite bande de papier faiblement éclairée, éloignée de moi d'en-
viron i'"; une brique, dont l'une des faces avait été insolée, ayant été ap-
prochée latéralement du faisceau lumineux, la face insolée tournée vers
moi et à quelques diamètres de mes yeux, je vis la bande de papier prendre
un plus grand éclat; lorsque j'éloignais la brique, ou lorsque je tournais
vers moi la face non insolée, le papier s'assombrissait. Afin d'écarter toute
83'i ACADÉMIE DES SCIENCES.
possibilité d'illusion, je disposai à demeure une boîte fermée par un cou-
vercle et revêtue de papier noir : c'est dans cette boîte complètement close
que l'on plaçait la brique, et, de cette façon, le fond obscur sur lequel la
bande de papier se détachait demeurait rigoureusement invariable; l'effet
observé resta le même. L'expérience peut être variée de différentes ma-
nières : par exemple, les volets du laboratoire étant presque clos et le
cadran de l'horloge fixée au mur assez faiblement éclairé pour que, à la
distance de 4"» on l'entrevoie tout juste sous la forme d'une tache grise sans
contours arrêtés, si l'observateur, sans changer de place, vient à diriger
vers ses yeux les rayons n émis par une brique ou un caillou préalablement
insolés, il voit le cadran blanchir, distingue nettement son contour circu-
laire, et peut même parvenir à voir les aiguilles; lorsque l'on supprime
les rayons n, le cadran s'assombrit de nouveau. Ni la production ni la ces-
sation de ce phénomène ne sont instantanées.
» Comme, dans ces expériences, l'objet lumineux est placé très loin de
la source de rayons n, et comme d'ailleurs, pour que l'expérience réus-
sisse, il faut que ces rayons soient dirigés, non vers cet objet, mais vers
l'œil, il s'ensuit qu'il ne s'agit pas ici d'une augmentation de l'émission
d'un corps lumineux sous l'influence des rayons n^ mais bien du renforce-
ment de l'action reçue par l'œil, renforcement du aux rayons n qui se
joignent aux rayons de lumière.
» Ce fait m'étonna d^autant plus que, comme la moindre couche d'eau
arrête les rayons /^, il semblait invraisemblable qu'ils pussent pénétrer
dans l'œil, dont les humeurs renferment plus de 98,6 pour 100 d'eau
(Lohmeyer) : il fallait que la petite quantité de sels contenue dans ces
humeurs les rendît transparentes pour les rayons n. Mais alors de l'eau
salée devait, selon toute probabilité, être elle-même transparente ; l'ex-
périence prouve qu'elle l'est en effet : tandis qu'une feuille de papier
mouillé arrête totalement les rayons n, l'interposition d'un vase en verre
de Bohême de 4*^*" de diamètre, rempli d'eau salée, les laisse passer sans
affaiblissement sensible. Une très faible quantité de chlorure de sodium
suffit pour rendre l'eau transparente.
» Il y a plus : l'eau salée emmagasine les rayons n, et, dans les expé-
riences décrites plus haut, on peut remplacer la brique par un vase en
verre mince, rempli d'eau salée, et préalablement insolé : l'effet est très
marqué. Il est bien dû à l'eau salée, car le vase vide n'en produit aucune.
C est la un exemple unique d'un phénomène de phosphorescence dans un
corps liquide ; il est vrai que les longueurs d'onde des rayons n sont très
SÉANCE DU 23 NOVEiMBRE 1903. 833
différentes de celles des rayons lumineux, ainsi qu'il résulte de mesures
que je compte décrire incessamment.
» Un œil d'un bœuf tué de la veille, débarrassé de ses muscles et des
tissus adhérents à la sclérotique, se montra transparent pour les rayons n
dans toutes les directions, et devenait lui-même actif par l'insolation; c'est
l'emma^asinement des rayons n par les milieux de l'œil qui est la cause
des retards observés tant à l'établissement qu'à la cessation des phéno-
mènes qui font l'objet de la présente Note.
» L'eau de la mer et les pierres exposées au rayonnement solaire emma-
gasinent des rayons n qu'elles restituent ensuite. Il est possible que ces
actions jouent dans certains phénomènes terrestres un rôle resté jusqu'ici
maperçu. Peut-être aussi les rayons n ne sont-ils pas sans influence sur cer-
tains phénomènes de la vie animale ou végétale.
» Voici encore quelques observations relatives au renforcement des
rayons lumineux par les rayons /z.
» Il suffit, pour que ce phénomène se produise, que les rayons n at-
teignent l'œil n'importe comment, même latéralement; ceci semble indi-
quer que l'œil de l'observateur se comporte comme un accumulateur de
rayons n, et que ce sont les rayons accumulés dans les milieux de l'œil
qui viennent agir sur la rétine conjointement avec les rayons lumineux.
» Il importe peu dans ces expériences que les rayons n soient émis par
\\n corps préalablement insolé, ou que ce soient des rayons primaires, pro-
duits par exemple par une lampe Nernst.
» L'hyposulfite de soude, soit à l'état solide, soit dissous dans l'eau,
constitue un puissant accumulateur de rayons /^. »
M. Alfred Picard fait hommage à l'Académie des Tomes VI et VII de
son Rapport général administratif et technique sur l'Exposition universelle
internationale de 1900. Ils sont spécialement consacrés aux congrès, aux
concours d'exercices physiques, aux cérémonies et fêtes, au mouvement
et au transport des visiteurs, à divers services, aux concessions, à la liqui-
dation et au bilan de l'Exposition.
« Trois Chapitres méritent d'être signalés à la bienveillante attention de
l'Académie ; celui des Congrès, celui des Concours d'exercices physiques
et celui de la Plate-forme mobile électrique établie pour le transport des
visiteurs dans l'enceinte urbaine.
» Les Congrès, au nombre de 127, avaient réuni 70000 adhérents,
834 Académie ïdes sciences.
parmi lesquels beaucoup plus d'étrangers que par le passé. Ils ont eu un
très vif succès, dont une large part revient aux membres de l'Académie
des Sciences, appelés à en diriger, soit la préparation, soit les débats. De
ces Congrès sont sortis un échano;e d'itlées sans précédent, une enquête
précieuse sur les diverses branches de l'activité humaine, un véritable
inventaire des connaissances au sujet d'une multitude de questions, une
énorme accumulation de ttiatériaux et de documents, des accords de la
plus haute utilité au sujet de certaines recherches et de certaines études.
Dix d'entre eux ont abouti à des unions internationales. Le souvenir de
ces belles manifestations est fixé, non seulement par des comptes rendus
sommaires et détaillés, mais aussi par des Ouvrages de grande valeur
publiés à leur occasion et concernant la Physique, la Médecine, rHygièn,e
parisienne.
)) Dans l'organisation des Concours cV exercices physiques, l'Administration
devait nécessairement penser aux enseignements scientifiques qu'ils étaient
susceptibles de fournir. M. Marey, avec son obligeance inlassable et son
absolu dévoûment à la chose publique, a bien voulu accepter la présidence
d'une commission d'hygiène et de physiologie appelée à les suivre; ses
remarquables études chronophotographiques ont éclairé d'un jour nou-
veau l'action musculaire, les mouvements qui en dérivent, le mécanisme
et la vitesse de ces mouvements.
» La Plate-forme mobile électrique pour le transport des voyageurs dans
l'enceinte urbaine a été l'une des curiosités de l'Exposition et justifie, par
suite, quelques indications. On sait que, généralement, les engins de
transport fonctionnent par intermittence. Cependant, l'idée d'engins con-
tinus et ses applications aux marchandises remontent à une époque fort
lointaine, du moins pour les parcours de faible étendue : il suffit de citer
les courroies sans fin, les chaînes à godets, les norias. En ce qui concerne
les voyageurs, la conception, si séduisante fùt-elle, n'a pris corps qu'assez
récemment et s'est traduite sous deux formes : les plans inclinés mobiles
remplaçant les escaliers et les planchers roulants horizontaux ou à incli-
naison peu accentuée. Plans inclinés mobiles et planchers roulants ont un
trait commun, la continuité dans le temps, qui permet aux passagers de les
utilisera un instant quelconque sans délai d'attente. A la continuité dans
le temps, les planchers roulants peuvent ajouter la continuité dans l'espace,
c'est-à-dire la faculté d'embarquement et de débarquement en un point
quelconque du parcours, s'ils se développent au niveau du sol, ou, tout
au moins, la multiplicité des points de montée et de descente s'ils passent
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1903. 83,5
au-dessus ou au-dessous du terrain naturel. Ils présentent une merveilleuse
capacité de trafic.
» C'est de 1880 que date le premier brevet. Deux applications ont eu
lieu à Chicago, en 1893 et à Berlin, en 1896. Mais elles étaient d'impor-
tance tout à fait secondaire relativement à celle de 1900.
» Telle cju'elle a été exécutée à Paris, la plate-forme mobile électrique
comprenait un trottoir fixe et deux trottoirs mobiles contigus qui se dépla-
çaient parallèlement au premier avec des vitesses respectives de i*" et
2™ environ par seconde. Les voyageurs accédaient du trottoir fixe au trot-»
toir à faible vitesse, puis au trottoir à grande j^itesse, ou inversement.
» Chacun des trottoirs mobiles se composait d'une chaîne de trucks,
les uns convexes, les autres concaves, qui alternaient un par un, s'emboî-
taient réciproquement, étaient réunis par des chevilles ouvrières et for-
maient un ensemble assez souple pour passer dans des courbes de faible
rayon.
» Sous les châssis et suivant leur axe longitudinal était fixée une poutre
en forme de rail renversé, faite de tronçons articulés. Cette poutre reposait
sur des galets à axe fixe, moteurs ou porteurs. Les galels moteurs rece-
vaient le mouvement de 172 treuils électriques d'une force de 5'^*"'. Des
roues adaptées aux trucks convexes roulaient sur des rails-guides.
)) La rotation des galets moteurs entraînait par adhérence la poutre
axiale et les trucks. C'était le principe des chemins de fer, mais inversé.
)) Au total, la plate- forme développait 3370™; le rayon minimum des
courbes était de 5o™ et la déclivité maximum de 0,003^5. La charge morte
atteignait 1800 tonnes; la surcharge pouvait s'élever approximativement
au même chiffre.
» L'alimentation se faisait par du courant triphasé à 5ooo volts et
25 périodes par seconde, transformé en courant continu à 5oo volts.
» Au début, le démarrage a exigé 2600 ampères et la marche 800 am-
pères. Cette dernière dépense s'est progressivement abaissée à 3 10 ampères.
» Pendant les 212 jours de fonctionnement, il n'y a eu pour ainsi dire
ni accident ni incident sérieux. Des statistiques précises ont donné : pour
le parcours du trottoir à grande vitesse, 19000"^™; pour le nombre total
des passagers, 6654 000; pour le maximum journalier de la circulation,
T 20000 voyageurs. »
836 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ASTRONOMIE. — Présentation du Tome X des « Annales de l'observatoire
de Bordeaux ». Note de M. Lœwy.
« Le Tome X des Annales de V observatoire de Bordeaux, que j'ai l'honneur
de présenter aujourd'hui à l'Académie, renferme : un Mémoire de M. A. Fé-
raud sur la convergence des coefficients du développement de la fonction
perturbatrice; la suite des recherches de M, G. Rayet sur le climat de Bor-
deaux pendant les dix années 1891 à 1900; la série des observations méri-
diennes, équatoriales, météorologiques et magnétiques des années 1894
et 1895.
» Le travail de M. A. Féraud est la continuation de ceux qu'il a publiés
dans le Tome YIII des Annales de Bordeaux. Dans le Mémoire actuel il
recherche la limite de convergence des coefficients de la fonction pertur-
batrice dans les deux cas suivants : i*^ L'une des orbites est circulaue,
l'autre elliptique et le grand axe de l'orbite elliptique est confondu avec la
ligne des nœuds; trente-quatre petites planètes remplissent sensiblement
ces conditions; 2*^ L'une des orbites est circulaire et l'autre elliptique et le
grand axe de l'orbite elliptique est perpendiculaire à la ligne des nœuds;
le nombre des planètes pour lesquelles ces conditions sont approxi-
mativement réalisées n'est pas moindre de soixante et une. Pour trois
des planètes de ce dernier groupe les développements en sin" et cos^->
déjà employés par Tisserand pour Pallas, sont d'ailleurs les seuls possibles :
c'est une recherche d'une importante actualité.
» Le Mémoire de M. G. Rayet est la suite de ses travaux sur le climat
de Bordeaux; il y compare le climat de 1891 à 1900 avec les données
relatives aux années antérieures. Cette comparaison démontre qu'il y a,
dans le climat de Bordeaux, une stabilité relative tenant à ce que le golfe
de Gascogne n'est pas directement intéressé par les grandes tempêtes
d'équinoxe qui sévissent surtout sur la Manche et la mer du Nord.
» Les observations astronomiques sont publiées sous la forme ordinaire.
Le Volume actuel renferme notamment 5354 observations méridiennes
effectuées dans les années 1894 et 1895, et qui ont eu pour principal
objet la revision des positions des étoiles du Catalogue d' Argelander-
OEltzen, comprises entre 15*^ et 20** de déclinaison australe.
» L'ensemble des matières contenues dans le Tome X des Annales de
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 190.3. 837
l'observatoire de Bordeaux fait preuve de l'activité féconde et variée de cet
établissement scientifique. »
M. Adolphe Carxot fait hommage à l'Académie du Tome II de son
Traité d'analyse des substances minérales. Il ajoute :
« Le premier Volume de cet Ouvrage a été consacré à l'exposition des
différentes méthodes appliquées à l'examen qualitatif et à l'analyse quanti-
tative des substances minérales.
)) Le Tome II comprend l'étude analvtique des éléments appelés métal-
loïdes, par opposition aux métaux qui seront étudiés dans la suite.
» J'ai cru devoir élargir un peu la catégorie assez élastique des métal-
loïdes, pour y faire entrer, à côté des éléments qui sont ainsi désignés
depuis longtemps et de ceux de découverte récente qui leur sont entière-
ment semblables, plusieurs éléments rares, que leurs propriétés et celles
de leurs principaux composés rapprochent incontestablement des métal-
loïdes classiques. Tels le germanium, le titane, le tantale, le niobium, le
tungstène, le molybdène, le vanadium.
» L'introduction de faibles quantités de ces éléments dans les métaux,
notamment dans le fer, en modifie profondément les qualités, aussi bien
que l'introduction du carbone, du silicium, du soufre, du phosphore. Il
était donc intéressant de faire passer leur étude avant celle des aciers, où
l'on peut avoir à les reconnaître et à les doser.
)) L'étude de chaque élément forme un Chapitre distinct, où sont
exposés : son état naturel, ses propriétés et celles de ses principaux com-
posés, leurs caractères distinctifs, les procédés de recherche qualitative et:
les méthodes de dosage, ainsi que les méthodes de séparation entre l'élé-
ment en question et les éléments précédemment étudiés. »
N03I1NATI0]\8.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un
Membre, dans la Section de Géographie et Navigation, pour remplir la
place laissée vacante par le décès de M. de Bussy.
G. R., 1903, 3" Semestre. (T. CXXXVII, N" 21.) » lO
838 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 53,
M. Emile Bertin obtient 49 suffrages
M. Ch. Lallemand » 3 »
Il y a un bulletin blanc.
M. Emile Berti.v, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est
proclamé élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation du Président
de la République.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com-
mission qui sera chargée de présenter une liste de candidats pour la chaire
d'Histoire générale des Sciences, actuellement vacante au Collège de
France.
Cette Commission doit comprendre trois Membres choisis dans les Sec-
tions de Sciences mathématiques, trois Membres des Sections de Sciences
physiques et le Président en exercice.
Les Membres qui ont obtenu le plus de voix sont :
Pour les Sections de Sciences mathématiques : MM. Jordan, Mascart,
Darboux;
Pour les Sections de Sciences physiques : MM. Berthelot, de Lapparext,
Perrier.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i'' Un Ouvrage ayant pour titre : « Résultats des campagnes scienti-
fiques accomplies sur son yacht par Albert F'' , Prince souverain de Monaco,
publiés sous sa direction avec le concours de M. Jules Richard. Fascicule
XXIII : Bryozoaires provenant des campagnes de X Hirondelle (i 886-1 888),
par Jules Jullien el Louis Calvet; Fascicule XXIV : Recherches sur l'existence
normale de l'arsenic dans l'organisme, par Gabriel Bertrand. »
2° La deuxième édition des « Nouveaux éléments de Géométrie » de
M. Charles Méray.
3° Un Ouvrage intitulé : « La Mécanique, exposé historique et critique
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE ipoS. 889
de son développement », par M. Ernst Mach; traduction française par
M. É. Bertrand. (Présenté par M. Emile Picard.)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations fonctionnelles et la théorie
des séries divergentes. Note de M. L. Fe.ier, présentée par M. Ém.
Picard.
« La théorie des séries divergentes peut être utile dans la résolution de
quelques équations fonctionnelles classiques; c'est ce que nous nous propo-
sons de montrer,
)j 1. Prenons l'équation
( I ) ^j^(x^ \) -^ 'h{-'^) = •^^'•
Il est bien naturel de partir de la série
x'' — (x -h i)^ + (.r -\~ iy — . . .
qui satisfait formellement à (i). Elle est divergente pour toutes valeurs
de x, mais sommable dans le sens de M. Borel, et la somme (un polynôme de
degré k) satisfait à l'équation (r). En effet, l'intégrale
r- ^_ T ^ (-0%|+«^1 ^i_^ ^ ^» ^, r ^ (.■+j)'."1 ^^
L"— 0 J '""*' L" = it J
a un sens quel que soit x. Pour le montrer, remarquons que
/.
où les fonctions ')^^{z) (v = o, i , 2, . . .j se déterminent par la relation récur
rente
(2) ).„(.)=«=, >,.,(.) = ='%i<î> (v=,, 2,3.. ..,:«),
et, par suite,
A.(r) = .7..(..),
/?v(^) désignant un polynôme de degré v. La convergence est donc prouvée.
Si l'on pose
(3) ^'"^f ^" '>-'(-) d'- (v = 0,1,2,3,...),
8/iO ACADÉMIE DES SCIENCES.
on obtient
/,
(A--V)
V = 0
)) On voit aussi facilement, a priori [c'est-à-dire sans employer la
forme (4)]» que ^a:(^) ^^t vraiment une solution de (i). Les nombres
rationnels Cv, analogues aux nombres de BernouUi, se déterminent aussi
d'utie autre façon.
» Cherchons d'abord la fonction génératrice $(::, /) des fonctions \{z);
<ï> satisfait, par suite de (2), à l'équation
^ ùz ~ Ti
avec la condition intiale <ï>(^, 0)= e^. On trouve par intégration
(I»(g,/) = ^--''.
Donc
(5) /"--'■^'=-i7^ = i;'T'^-
V =0
Les premiers Cy ont pour valeur
r _ ^ r _ ' r — ' r — '7 r — ^' r — ^^i
<-.— -^' *^'3-8' ^>5--^' ^T-7ë' ^'«—--4-' '-M- -g-' •••'
Co=-' Cav^O (v = T, 2, 3, . . .).
Gomme il n'existe qu'un seul polynôme satisfaisant à (i), les
J/A(a?) (^ = o, I, 2, .. .)
coïncident nécessairement avec les polynômes définis par la fonction géné-
ratrice -^ > dont certaines propriétés et applications intéressantes ont été
données par Hermite (^Journal de Crelle, t. 116).
» 2. Cherchons la solution de l'équation fonctionnelle
(6) .A.x-4-.)-./(^-)=7^-
En désignant par "«(;r) (^n= o, i , -^ , . . .) les polynômes de BernouUi, la série
(7) 9o(i6-)— 0,(.X-)+ 0,(^7)— ...
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE igoS. 8^1
satisfait formellement à (6). Elle est divergente pour toute valeur de ^
(excepté ^ = o). Mais l'intégrale de M. Le Roy {Annales de Toulouse,
1 900) qui correspond à ta série ( 7 )
est une fonction entière de ,r, et la limite limG(^, t) existe pour toute valeur
de X, excepté les valeurs réelles né gatives plus petites que — t .
» On voit facilement a priori que cette limite f {x) satisfait à (6).
Mais ^'^'""'^'^ est aussi une solution de (6). Donc f{x) - ^^"^ \ doit
r(d7 + i) ' 1 i^a -t- 1;
être une fonction ayant pour période un. Mais elle est précisément con-
stante. On a donc, au point de vue des séries divergentes,
c= lim( / y^ l<^nO-
» Remarquons que l'on peut résoudre de la même manière l'équation
f{x - 1) —/(x) = ^a^x\
n=0
dans certains cas intéressants, considérés par M. Le Roy dans le Mémoire
cité, par exemple si a„ a la forme
an= (û(x)x''dx.
On pourra aussi comparer à la belle solution de M. Hiu'witz (Acta mathe-
matica, t. XX). »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur un système de trois fonctions de variables
réelles. Note de M. D. Pompeiu.
« Considérons une fonction analytique
f{z) =p(x,y) + iq(x, y) (z ■=^ x H- iy),
et développons, autour d'un point régulier -«^^o+d'o» chacune des
8/(2 ACADÉMIE DES SCIENCES,
fonctions/? et q en série rie Taylor
00 00
(i) p{^^y)^y^\n ^(^»r)---2î'''"
(I
les \n et \j.n étant des polynômes homogènes.
)) On sait que
les M„ ne dépendant que du point i^x^, y^), d'où l'on conclut que l'ensemble
des deux développements (i) converge dans un cercle ayant le point
(a'o, jo) pour centre : c'est le cercle de convergence Aeji^z) au point z■^^.
» On peut se demander si cette propriété des fonctions analytiques pour-
rait être généralisée. D'une façon précise, la question peut être posée de
la manière suivante :
» Trouver un système de trois fonctions u, v, w des variables réelles x,
y, z tel qu'en développant chacune de ces fonctions, autour d'un point
régulier (^x^^, y^^, ^p), en série de ïaylor
on ait
(3) 9l-^'K,-^yl = K\(^-^^.y-^(y-y.y-^(^-^.r\''\
les (p,„, d/,„, /„, étant des polynômes homogènes de degré m et les H„, ne
dépendant que du point (j?^,, y^, z„). Il s'ensuivrait que le système (2)
converge dans une sphère qui serait, dans l'espace, l'analogue du cercle
de convergence des fonctions analytiques.
» La recherche des fonctions u, v, w peut être faite d'une façon régulière.
» En prenant dans les développements (2) les termes de premier degré,
et tenant compte de la condition (3), on obtient le système d'équations
que voici :
fOuY^fàvy ^ AM'V fduY , fàvY , fàivY fàtiY' ....
du^
dXy
)'+
\dx^
\'- /divY fduY fàvY fà^^Y
du du dv dv dw di\'
dx dy dx dy dx dy ~~ '
du du dv dv div dw
dy dz ^ dy dz '^ dy dz ~ °'
du du dv dv dw dw
dz dx dz dx ' dz dx
m
\ -h.
SÉANCE DU 2.3 NOVEMBRE I903. 843
), Or, il résulte d'une Note de Liouville, à la Géométrie de Monge, que la
solution la plus générale du système précédent est donnée par les trois
fonctions suivantes :
. _ A(a^ — «) + B(r— ^) + C(~- — f^)^
(A) '' 0^' y^^) = i.^-ar~,-{y-or+{:^-cr '
.V"(^ - «) + B" ( r - /-') -^ C"(^-_c)
dans lesquelles les A, B, C, A, . . ., C" sont, à un facteur constant près, les
neuf coefficients d'une substitution orthogonale.
)) Les fonctions 11, v, w étant aiusi définies, j'ai démontré que la condi-
tion (3) est vérifiée pour toute valeur de l'indice m.
)) Il résidte qu'en développant en série de Taylor, autour d'un point
régulier, chacune des fonctions w, v, w, le système de ces trois développe-
ments admet comme domaine de convergence une sphère.
» Le système (4) est le plus général qui réponde à la question. »
AVIATION. — Sur la possibilité de soutenir en l'air un appareil volant du genre
hélicoptère en employant les moteurs à explosion dans leur état actuel de
légèreté. Note de M. Charles Renard, présentée par M. Maurice Levy.
(( La sustentation permanente d'un appareil plus lourd que l'air au moyen
des hélices et des moteurs thermiques, pratiquement impossible avec des
moteurs pesant lo'"» par cheval, commence à être réalisable avec les moteurs
actuels dont le poids est descendu à 5'^^ par cheval, et même à un chiffre
inférieur. Elle deviendra très facile avec des moteurs pesant 2'^^^, 5oo par
cheval, réalisables aujourd'hui.
» Mais il faut pour cela employer des hélices d'un poids très réduit.
Nous avons exécuté, à l'établissement de Chalais, au moyen d'une machine
spéciale, de nombreuses expériences sur les hélices sustentatrices et nous
avons trouvé un type d'hélice qui permettra, quand on le voudra, d'enlever
un appareil de 5'"'''' avec un excédent de force ascensionnelle de S*"^' à lo""^.
)) Les propriétés de ces hélices sont résumées dans les formules sui-
vantes :
» Soient^' le diamètre de Thélice en mètres, n la vitesse angulaire en tours par
8V^ ACADEMIE DES SCIENCES.
seconde, A la poussée verticale en kilogrammes, T la puissance dépensée sur l'hélice
en kilogrammètres.
» On a
(1) A --r= 0,026/i^J?S
(2) T =: 0,01 52 1 /i^.r'.
» Le poids d'une hélice de 1™ de diamètre de ce type est de o""^, 5oo et Ton est con-
duit pour des raisons d'ordre pratique (rigidité, etc.) à les faire toutes géométrique-
ment semblables, de sorte que si /:> est le poids d'une hélice de diamètre .r, on a
(3) yj = o,5j"^ (en kilogrammes).
» Enfin l'ellort qu'elles peuvent exercer sans danger de rupture est de lo'^s pour
l'hélice de 1'" et il varie comme le carré du diamètre, de sorte que cet ell'ort limite est
donné par la relation
(4) B=rIO^^
)) Des formules (i) et (2) on déduit facilement, en éliminant /«, l'équation suivante
qui donne la poussée H d'un système à deux kélices en fonction du diamètre jl- de ces
hélices et de la puissance dépensée en chevaux y :
(5) H = 8,S5,rV^
(on a supposé dans cette formule que le rendement du mécanisme de transmission
était égal à 0,9).
» Pour que i'apj3areil s'élève, il faut que la poussée H soit plus grande
que les poids réunis du moteur et des deux hélices.
)) Soient TTTi le poids spécilique du moteur (poids par cheval), w, le poids spécifique
des hélices (poids de l'hélice de 1°^ de diamètre) et Z le j)ofds utile que l'appareil
pourra soutenir en l'air.
» On a évidemment
(6) Z=i^ 8,85^^7''— 2ra,.r^ — ra,y.
» Il est facile de démontrer avec cette formule qu'on peut enlever actuellement un
hélicoptère de S*^''" par exemple, avec un poids utile de 8''k,4, suffisant pour le bâti,
les transmissions et l'approvisionnement de combustible pour i heure.
» On peut donc, dès à présent, réaliser avec nos hélices et les moteurs
ordinaires d'automobiles Tintéressante expérience du soulèvement pi^oloiigé
d'un hélicoptère. Cette expérience fondamentale aura une grande impor-
tance, maison ne pourra l'étendre au delà des poids utiles de 8'^^ à lo'*^
qu'au prix d'un nouvel et important allégement des moteurs.
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE igoS. 845
» La fonction Z (poids utile) peut en effet s'écrire, dans le cas général où on laisse
aux poids spécifiques m^ et ttt, du moteur et de l'hélice leur généralité,
(7)
ax^ Y^ — 2nT2.r^ — ^i J-
» Si a, TOj et rn^ sont considérés comme des données expérimentales, Z apparaît ici
comme une fonction des deux variables ^ et / (diamètre des hélices et puissance du
moteur). Une analyse facile démontre que, pour les valeurs positives de x et de/, le
poids utile Z a un maximum unique toujours positif donné parFéquation
\^) ^'»= 0~^ ~fi 5 = 0,000I 2043 — T — ;.
» Le maximum du poids utile soulevé est donc proportionnel à la neu-
vième puissance du coefficient a qui ne dépend que de la perfection du type
d'hélice et sur lequel on ne peut guère espérer d'amélioration; il est inver-
sement proportionnel au carré du poids spécifique des hélices et à la
sixième puissance du poids spécifique du moteur.
» On ne peut pas beaucoup gagner sur le poids des hélices, mais il n'est pas de
limite qu'on puisse assigner à l'allégement des moteurs et de ce côté on peut espérer
une rapide augmentation du poids utile maximum Z,,^ des hélicoptères.
» L'équation (8) donne, pour le cas où nous nous sommes placé plus haut, c'est-
à-dire pour a ■=. 8,85, ■m^^=.h, t<5^_z=. o,5,
Z^.-io'^SS.
» Si l'on donne au poids spécifique (poids par cheval) du moteur des valeurs variant
de 10 à I, on obtient pour Z les coefficients suivants :
Valeurs de cj, (poids par
cheval) lo"*!? gi-e 9>^e ~^e Cs '^^s l^^e S^s .^vs ,kg
Valeurs de Z^^ (maxi-
mum du poids utile). o''s, 160 o''8,3o2 o''e,6i2 ii-SjSG 3''tf,44 xq'^^;^ Sg!-!?, 2 -î-hH 25o6''b rGooooks
» Ce Tableau fait bien ressortir l'énorme influence du poids spécifique
du moteur. Avec des moteurs de i''^ par cheval, on pourrait soulever
160 ooo*"^. Cq poids utile tombera à 220'"^ pour des moteurs de S''» par
cheval, à lo''^ pour les moteurs de 5''^ et enfin à i6os pour des moteurs
de 10'^^.
» L'importance de ces données numériques en ce qui concerne l'avenir
de l'aviation nous paraît très grande et c'est pourquoi nous avons cru devoir
les faire connaître immédiatement.
» Les aéroplanes (qui donnent une sustentation très économique) sont
certainement les appareils volants de l'avenir et nous tenons à dire ici que
C. K., 1903, 2« Semestre. (T. CXXXVII, N° 21.) I I I
846 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nous ne nous séparons pas des savants qui ont découvert ou appliqué
les remarquables propriétés des ailes attaquant l'air obliquement. Nous
ne pensons pas à ce sujet autrement que sir G. Cayley, Penaud, H. Phi-
lipps, Lilienthal, Marey, Tatin, Richet, Maxim, Hargrave, Langley, Chanute,
Drzewiecki, Ferber, etc.; mais nous croyons que les aéroplanes ont besoin,
pour être complets, de disposer de moyens pratiques de départ et d'atter-
rissage que les hélices à axe vertical, bien employées, paraissent seules
pouvoir leur procurer. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur la mesure de V effet des ondes électriques à dis-
tance au moyen du bolomètre. Note de M. C. Tissot, présentée par
M. Lippmann.
(c Nous avons signalé dans une Note précédente (') l'emploi du bolo-
mètre comme détecteur d'ondes électriques capable de fournir la mesure
de l'énergie reçue par l'antenne. Le dispositif que nous avons décrit nous
a permis d'obtenir quelques résultats intéressants.
)) Lorsqu'on donne au galvanomètre une sensibilité de 5.io^ à
6.10' mégohms, l'appareil permet de déceler, d'une manière certaine,
les ondes émises par l'un de nos postes de télégraphie sans fil, à 40*^°* de
distance.
» Pour opérer des mesures, nous utilisons un poste transmetteur de puissance no-
tablement moindre, situé à une dislance de a"""' seulement. La sensibilité du galvano-
mètre étant réduite à aSoo mégohms, on obtient alors, dans des conditions de stabilité
complète du spot, des déviations qui vont jusqu'à 260 divisions de l'échelle.
» Nous avons comparé entre elles les déviations obtenues en produisant des émis-^
sions, soit par système direct, c'est-à-dire avec l'antenne et la terre directement
reliées aux boules de l'excitateur, soit ^^t système indirect, c'est-à-dii^e à l'aide d'un
dispositif Blondlot (ou Tesla).
» Le circuit de décharge comprend un seul tour de conducteur primaire enroulé
sur un cadre carré (de 35'="% 50"=™ ou 'jo^'" de côté) et une capacité constituée par un
nombre variable de bouteilles de Leyde identiques.
» Le secondaire est relié à l'antenne et à la terre, et comprend un certain nombre
détours de conducteur engainé dans un tube épais de caoutchouc (deux en général).
» Pour chaque montage on se servait d'antennes d'émission et de réception verti-
cales de longueurs variables.
» La période des oscillations émises était mesurée en photographiant l'étincelle dis-
sociée par un miroir tournant, à l'aide du dispositif expérimental que nous avons
(*) Comptes rendus^ 9 février igoS.
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE l9o3. 847
déjà décrit ('). Le procédé fournit en même temps une évaluation de l'amortis-
sement.
» Les émissions reçues et mesurées au bolométre à faible distance pouvaient être
enregistrées simultanément par d'autres détecteurs, des cohéreurs en particulier, dis-
posés dans des stations plus éloignées (postes de télégraphie sans fil situés à 23 et
3o milles).
■>> 1° On observe d'abord que les émissions faites par le système direct
sont pins aisément reçues au cohéreur que celles qui sont produites par
n'importe quel montage indirect. Le fait ressort de la comparaison des
wattages du coinçant d'excitation avec lesquels il faut opérer pour obtenir
des communications également nettes sur cohéreur avec les montages
directs et indirects.
» Il est encore plus apparent si l'on fait porter la comparaison sur les
quantités respectives d'énergie mises en jeu dans la décharge.
» D'ailleurs, quand on emploie un wattage suffisant pour obtenir des
communications nettes à l'aide d'un montage indirect, la facilité des récep-
tions sur cohéreur paraît très sensiblement indépendante de la période du
système. C'est ainsi que l'on peut faire varier la capacité de i à 12, sans
cesser de recevoir au cohéreur.
» Il en est tout autrement avec le bolométre.
» En général, l'effet obtenu sur le bolométre est beaucoup plus marqué
avec l'émission par montage indirect qu'avec l'émission par montage
direct. Par exemple, en opérant à wattage égal du courant d'excitation et
avec des antennes identiques constituées par un conducteur unique de4o™
de longueur à l'émission et à la réception, on a :
Émission par système direct déviation 01
Émission avec cadre de 35'^™ et 2 jarres déviation 64
» 2.^ Les phénomènes de résonance sont mis en évidence de la manière
la plus nette dans la réception sur bolométre, surtout si l'on opère avec
des émissions indirectes, c'est-à-dire faiblement amorties.
» Ainsi, on fait des émissions avec cadre de 35*"", à wattage d'excitation
constant, antennes d'émission et de réception identiques (conducteur
unique de 40"^ de longueur). En faisant varier la capacité du circuit de
décharge, on obtient :
Capacité i i,4 i>8 2,2 2,6 3
Déviation 10 17 ^2 jS 5i 26
(*) Comptes rendus, 26 mars 1901.
848 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Le maximum, très marqué, correspond à la valeur 2,2 de la capacité.
Or la mesure de la période, par photographie des étincelles, donne pour
le montage avec cette même capacité la valeur T = 0,52.10"" seconde,
c'est-à-dire -7 = 89™. La période favorable correspond donc nettement à
une longueur d'onde voisine de quatre fois la longueur de l'antenne.
» Quand on opère avec des antennes multiples, la position du maximum
et sa valeur changent, et le maximum est encore plus accentué.
» Ainsi, avec des antennes multiples identiques à quatre branches paral-
lèles de 4o", on a :
Capacité
Déviation
I
2
3
4
5
6
6
26
i85
69
3o
20
» 3*^ Si l'on opère avec des antennes différentes, avec des antennes de
longueurs inégaies, par exemple, à l'émission et à la réception, il y a un
maximum marqué lorsque la période des ondes émises est voisine de celle
qui correspond aux vibrations libres de l'antenne de réception. Ainsi pour
des émissions avec cadre de 70"^™, antenne d'émission simple de 4o'"»
antenne de réception simple de 60"", on obtient :
Capacité i 2 3 4
Déviation 10 ^9 38 11
» Or, la période mesurée du cadre de 70*^"^, avec la capacité 2, est :
T = o, 72 . lo"" seconde et correspond à -^ = 54'".
» Mais la résonance est moins marquée que lorsque les antennes sont
identiques et le maximum devient d'autant moins apparent que la période
propre des antennes diffère davantage.
» Bien que les oscillations soient fortement amorties dans le système
direct, on peut encore mettre en évidence la résonance à l'aide du bolo-
mètre et observer un maximum net pour l'égalité des antennes.
» Ces résultats, qui mettent en lumière la grande sensibilité du bolo-
métre comme détecteur d'ondes électriques, indiquent nettement que la
principale des conditions à remplir pour la réalisation d'un accord élec-
trique propre à conduire à la solution de la syntonie consiste dans le choix
d'un détecteur convenable.
» Ils montrent que le cohéreur, qui paraît surtout sensible au choc du
front de l'onde, ne saurait convenir à cet objet. »
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE igoS. 849
PHYSICO-CHIMIE. — Sur la couleur des solutions aqueuses de méthylorange et
le changement quy déterminent les acides. Note de M. P. Vaillant,
présentée par M. J. Violle.
« On sait que les solutions aqueuses de méthylorange qui sont jaunes
virent brusquement au rouge au contact des acides.
» Ostwald {Grandi, cler anal. Ch., ch, VI, t. II, 1897) attribue ce changement à
ce que le mélhylorange est rouge, alors que son anion est jaune.
» Kiïster {Zeilschr. fiir anal. Ch., t. XIII, 1897, p. 127), s'appujant sur des consi-
dérations d'ordre chimique, propose une autre explication qui est la suivante :
» Le méthylorange est un acide fort complètement dissocié en dissolution étendue.
Mais par suite des propriétés basiques du radical Az(CH3)-, la majeure partie des
ions H mis en liberté se portent sur celui-ci pour former le groupement très parti-
culier :
H — Az (CH^)^— C«1F— Az2— C«H^ — SÔ^
Ce groupement, qui est également chargé en électricité positive et en électricité néga-
tive et ne peut par suite coopérer au passage du courant, est ce que Kuster appelle
un ion nul (nichtion). Cet ion nul est relativement peu coloré en rouge alors que
l'anion
Az (CPP)-^— G«H'' — Az-— C^H*— SÔ^
a une couleur jaune intense. En solution aqueuse par suite et bien qu'il intervienne
en quantité relativement faible, ce dernier détermine la coloration; mais si, par
l'addition d'un acide, on augmente la quantité d'ions H, l'anion est complètement
transformé en ion nul et la solution prend la couleur de celui-ci.
» En réalité, aucune de ces interprétations n'est d'accord avec les faits.
» Dans l'hypothèse d'Ostwald, les solutions de méthylorange devraient virer pro-
gressivement au jaune, à mesure que croît la dissociation et par suite la dilution.
» Dans celle de Kûster au contraire, l'augmentation de dissociation entraînant une
augmentation dans la proportion des ions nuls, les solutions devraient tirei d'autant
plus vers le rouge qu'elles sont plus étendues.
» Or, l'iibsorption moléculaire des solutions aqueuses de méthylorange
est indépendante de la concentration, ainsi qu'en témoignent les chiffres
suivants, obtenus au spectrophotomètre Gouv :
Nombre de Conductibilité Coefficients d'absorption.
litres moléculaire m — — _
par éq. gr. dissous. à 25°. X, = 55o;';\ X= b^^G^W 'X, = 542W,
5oo 0,202 63o-h- 9 840 +i5 II 36— 18
ïooo 0,282 63o+ 5 84o— 9 ii36-^i2
2000 0,260 63o— i4 840 — 37 ii36 — 28
85o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nombres de Conductibilité Coefficients d'absorption.
litres moléculaire — ^»»-_ —- '-
par éq. gr. dissous. à 25°. )>, = ôSo:'-;'^. }>„ = 546i^h-. ^.^ = 542i^i'-.
4ooo 0,284 63o + 2 8/40 + 82 II 36 + 28
8000 o,3oi 600+ 6 84o+i3 1186 + 27
16000 ■ 0,81 4 680 — 9 840 — 14 II 36 — i5
)) On voit, au surplus, que les conductibilités moléculaires des solutions
étudiées sont relativement considérables (plus de la moitié de celles
de H Cl, quatre fois celles de C^H^O^), ce qui rend invraisemblable
l'existence dans ces solutions d'un ion non conducteur tel que l'imagine
Kùster.
» On doit donc admettre que les solutions aqueuses de méthylorange ne
renferment que les deux éléments ordinaires de toute solution électroly-
tique : molécule complète et molécule dissociée, et que ces deux éléments
ont une même couleur jaune, en sorte qu'aucun d'eux ne peut intervenir
dans le changement de coloration que détermincFit les acides.
» Ce changement, qui est progressif, tend, lorsque la quantité d'acide
augmente, vers une limite indépendante de la nature de cet acide, mais
d'autant plus rapidement atteinte que celui-ci est plus énergique. Dans une
solution à r; de méthylorane^e, la limite est atteinte avec ^ — éq. e^r.
2 X 10+* -^ ° 200 ^ '-'
de SO^H- et ne l'est j^as encore pour - éq. gr. de CMi'O-. Les acides
faibles réputés neutres au méthylorange ne semblent l'être que par insuf-
fisance de solubilité. Ainsi B(OH)^ dont la solution saturée à froid (i éq. gr.
environ) est sans action, détermine le virage au rouge lorsqu'on opère
sur une solution saturée à la température d'ébullilion (lo éq. gr. par litre).
» Voici, au surplus, quelques-uns des résultats numériques obtenus ;
Concentration en méthylorange : 5 x io~''.
Nombre de litres Coefficients d'absorptioa
d'acide étranger. )>!• \- "ky
( 2 X lo'^ 5goo 7200 8470
SO^H' 2 X 10- 9970 i2.5oo 15270
( 2 X io~' 97^0 12270 i5ooo
i2 X 10' 4570 5470 6880
2x10- 7680 10080 12700
2 X IO~^ 9880 12770 16070
AzO^H 2x10—' roo8o 12200 15870
( 2 8000 io83o 18200
( 2 X IO~' 10800 12700 15480
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE IpoS. 85 1
K On voit, d'après ce Tableau, que l'absorption des solutions acides est
beaucoup plus grande que celle des solutions aqueuses pures, ce qui est
en désaccord complet avec l'hypothèse de Kiister.
» Les résultats qui précèdent ne peuvent guère s'interpréter que par
une transformation moléculaire du méthylorange sous l'action des acides,
transformation progressive, d'autant plus rapide que l'acide est plus éner-
gique.
» Cette transformation se produit également en solution alcoolique. En
traitant une solution concentrée de méthylorange dans l'alcool (à -^ éq. gr.
environ) par une petite quantité de H Cl, on obtient une liqueur rouge qui,
abandonnée à l'évaporation, laisse déposer de petits cristaux rouges, consti-
tuant vraisemblablement le méthylorange transformé. »
PHYSICO-CHIMIE. — Lès modes de déformation et de rupture dès fers et des
aciers doux. Note de MM. F. Os.moxd, Ch. Frémont et G. Cartaud,
présentée par M. Moissan.
« Les auteurs se sont proposé de déterminer et de classifier les modes
de déformation du fer dans les fers et les aciers doux, d'établir, pour ainsi
parler, l'alphabet de ses déformations élémentaires.
» Les principaux travaux antérieurs, que nous essayerons de relier entre
eux et de compléter, sont ceux de Martens (*), Stead (^), Mugge (^),
Ewing et Rosenhain ('), Heyn (*), Ewiug et Humfrey (" ).
» On sait que le fer, fondu ou soudé, est un agrégat de grains polyédriques ordinai-
rement équiaxes et que l'on peut assimiler aux cellules des corps organisés. Chaque
cellule est remplie par un individu cristallin de fer a, cristallisé dans le système
cubique et dont l'orientation, constante dans l'intérieur d'une cellule, varie d'une
cellule à l'autre. Enfin, à certains égards, le fer peut aussi être regardé comme amorphe
si l'on considère des déformations de tel ordre que les éléments structuraux soient
négligeables par rapport à ces déformations.
» Il faut donc admettre que le fer possède simultanément les trois structures.
(1) Stalil i/nd Eisen, t. YII, février 1887, p. 82.
(') Journ. Iron and Steel Inst., 1898, part I, p. i45 et part II, p. 187.
(») Neiies Jahrb. f. Miner., 1899, 1^ partie, p. 55.
(*) Trans. Roy. Soc. London, t. GXCIV, p. 363.
(5) Zeits. Ver. deutsch. Ingen., t. XLIV, 1900.
(«) Métallo g raphist, t. VI, avril 1908, p. 96.
852 ACADÉMIE DES SCIENCES.
amorphe, cellulaire et cristalline, possibles dans les corps inorganiques. Chacune de
ces structures entraîne des déformations qui lui sont propres.
» Dans les corps- amorphes, on sait que les déformations suivent des lois géomé-
triques. Nous appellerons ces déformations banales, parce qu'elles sont communes à
tous les corps. Dans les corps ayant une structure spécifique, les déformations banales
s'adaptent à la structure, cellulaire ou cristalline, ou les deux à la fois, engendrant
des déformations également spécifiques.
» Dans le fer, nous distinguons sept sortes de déformations élémen-
taires, en partie déjà connues, en partie nouvelles :
y> A. Déformations banales adaptées à la structure cellulaire :
» 1° Plissements microscopiques perpendiculaires ou parallèles à la direction de
l'effort (déjà connus à l'état macroscopique). Ces plissements, quand la déformation a
été poussée assez loin, donnent lieu, à l'intérieur de la masse, à des franges, signalées
par Heyn, qui paraissent alternativement sombres ou brillantes après attaque, sous
une même incidence de la lumière.
» 2° Plissements obliques connus à l'état macroscopique sous le nom de lignes de
Lilders, nouveaux sous la forme microscopique et de même nature que les franges;
» B. Déformations cellulaires pures :
)) 3° Joints des cellules, déjà connus;
» 4° Bordures écrouies, plus ou moins déchiquetées, le long des joints (non encore
décrites).
» C. Déformations cristallines pures :
» 5° Épines écrouies, courtes, en position de clivages y^ (non encore décrites), se
rattachant ordinairement aux joints^
» 6° Clivages p, connus depuis longtemps;
» 7° Lamelles de Neumann, connues depuis i848 dans les fers météoriques, obser-
vées sur certains fers terrestres, mais non utilisées pour l'étude de ces derniers (^).
» Tl résulte de nos observations et de nos expériences que :
» Pour un même acier, toutes choses égales d'ailleurs, l'application
d'efforts statiques favorise les lignes de déformation banales ou cellulaires,
prodromes d'une cassure banale après grande déformation ; la température
du bleu, les chocs, les efforts rapidement alternés favorisent les lignes de
déformation cristalline, prodromes de la rupture intercristalline, immédiate
ou ultérieure, brusque et sans déformation notable.
» Pour des aciers différents, les déformations cristallines prennent d'au-
(^) Quand nous parlons de déformations cellulaires ou amorphes, nous avons en vue
la position et la forme de ces déformations, nous ne voulons pas dire qu'elles n'en-
traînent pas aussi, en se produisant dans un corps cristallisé, certaines modifications
intimes de nature cristallographique, mais celles-ci sont alors de second ordre.
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE IQoS. 853
t;int plus le pas sur les cléformalions banales ou cellulaires et conduisent
d'autant plus facilement à la rui)lure intercrislalline, sans déformations
antécédentes notables, que la struclure cristalline est mieux développée.
» D'autres métaux ont une struclure aussi compliquée que celle du fer;
mais, d'habitude, les propriétés mécaniques respectivement afférentes à
chacun de leurs modes superposés de structure sont de la même famille.
Dans le fer a, qui constitue essentiellement tous les fers et aciers doux
industriels refroidis spontanément à partir du rouge, les propriétés mé-
caniques afférentes à chacune des structures sont très différentes, voire
même opposées.
» Le fer, corps cellulaire, est très plastique; le fer, corps cristallisé, est
fragile. Et comme les deux structures se trouvent, non séparées dans des
échantillons différents, mais superposées dans le même échantillon, elles
donnent lieu à des faits en apparence contradictoires.
» Suivant que les procédés de fabrication auront fait prédominer l'une
ou l'autre des structures, selon que l'une ou l'autre sera plus directement
visée par les efforts ou empêchée de réagir par les conditions dans lesquelles
ces efforts sont appliqués, la rupture sera consécutive à de grandes défor-
mations banales et cellulaires ou bien cristalline, brusque, sans déforma-
tions préalables.
» C'est cette dualité qui donne au fer sa position particulière parmi les
matériaux de construction et explique les ruptures imprévues qui sur-
viennent quelquefois en service dans les pièces fabriquées avec ce métal. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Influence des gaz sur la séparation des métaux par
électrolyse : Séparation du nickel et du zinc. Note de MM. Hollard et
Bertiaux, présentée par m. Arm. Gautier.
« Les métaux dont les tensions de polarisation sont supérieures à celle
de l'hydrogène (Zn, Cd, Fe, Co, Ni, Sn, Pb) ne peuvent être pratiquement
séparés successivement par accroissement graduel de la tension électrique
aux électrodes, bien que la théorie indique que chaque métal doive se dé-
poser à partir d'une tension électrique, dite tension de polarisation, qui lui
est propre.
» Cette contradiction entre la théorie et la pratique n'est qu'apparente.
Elle tient à ce que le bain est très résistant et que, par suite, le courant qui
le traverse, pour la tension électrique employée, est très faible. Ce courant
C. R., 19)3, 2» Semestre. (T. CXXXVII, N« 21.) I 12
851 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qui précipite l'un des métaux à la cathode y précipite aussi l'hydrogène du
bain; ce qui fait qu'une fraction seulement du courant est utilisée pour
le dépôt du métal, fraclion beaucoup trop faible pour déterminer la sépa-
ration complète, surtout vers la fin de l'électrolyse oîi la concentration de
ce métal dans le bain devient très petite (loi tle Nernst).
)) Le bain doit sa grande résistance surtout auoc dégagements d'hydrogène
à la cathode et d'oxygène à l anode.
» En supprimant l'un et l'autre de ces gaz, nous avons obtenu, pour la même ten-
sion électrique, un courant beaucoup plus intense et nous avons pu réaliser du même
coup les séparations de métaux.
» La suppression de l'hydrogène à la cathode nous a permis ('), par l'emploi d'une
cathode en étain ou en cadmium, de séparer des métaux comme le zinc elle cadmium.
» La suppression de l'oxygène à l'anode, par l'emploi d'une anode soluble, nous a
permis (-) de séparer des métaux comme le nickel et le zinc. Dans cet exemple
l'anode, en zinc amalgamé, plongeait dans une solution de sulfate de magnésie séparée
par un diaphragme de la solution de nickel et de zinc où plongeait la cathode en
platine.
» Malheureusement avec celte dernière méthode, une fois le nickel
retiré, on ne peut pas doser le zinc qui reste dans le bain confondu qu'il
est avec le sulfate de zinc provenant de la dissolution de l'anode.
» La méthode décrite dans la présente Note n'a pas cet inconvénient :
» Nous n'employons plus d'anode soluble, mais une anode ainsi qu'une cathode en
platine (^). Ici le dégagement d'oxygène est empêché par l'introduction dans le bain
d'acide sulfureux qui s'oxyde aux dépens de cet oxygène. Il y a longtemps que nous
avons eu l'idée de nous servir de ce réducteur sans cependant pouvoir réaliser de
séparation; parce que l'emploi de SO'' exige des précautions spéciales, que nous allons
indiquer :
» Le nickel et le zinc, à létat de sulfates, sont additionnés de sulfate d'ammoniaque
(los), de sulfate de magnésie (5s), de 5*""' d'une solution saturée de SO^ enfin d'ammo-
niaque (densité : 0,924) en excès de 25«'"'. On étend à Sûo*^""' et l'on éleclrolyse à la
température de 90'' environ (*) avec un courant de o'»'"?,!. Au bout de 4 heures au
maximum, pour des quantités de nickel qui ne dépassent pas os,25, une prise de la
liqueur du bain de i''"'' à 2'='"' ne doit plus se colorer en noir par le sulfhydrate d'am-
moniaque, ce qui indiquerait la présence de nickel. On laisse encore i heure à l'élec-
trolyse, puis on retire la cathode.
(^) Voir UoLLARD, Bai. soc. chim., t. XXIX, 1908, p. 217.
(2) Voir HoLLAUD, But. soc. chim., t. XXIX, 1908, p. 116.
(^) C'est notre appareil à cathode en toile de platine.
(^) Il importe de ne jamais laisser la température tomber au-dessous de cette
valeur.
SÉANCE DU 20 NOVEMBRE igo3. 855
Résultais expérimentaux.
Q-
Liantilés pesées.
Ni déposé.
Ni.
0,2DOO
o,25o8
Zn .
o,o5
Ni .
0;25(>0
0,2494
Zn .
o,i
Ni .
o,25oo
0,2617
Zii .
O, 25
Ni .
O,250O
o,25o3
Zn
o,5
Q
uantilés pesées.
iNi déposé,
Ni.
o,25oo
o,25oi
Zn .
I
Ni .
0, 1000
0,0969
Zn .
0,1
Ni .
0, 1000
0 , 0963
Zn .
0,5
Ni .
0, lOOO
0,0973
Zn
I
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'acide oxalacêtique. Note de M. L.-J. Sîmox,
présentée par M. A. Ha lier.
« I. L'acide oxalacélique GO-H - CH- - GO — CO-H, dont l'élher
est connu depuis les recherches de Wislicenus (1895) n'a pu êlre obtenu
que récemment et indirectement :
» lo A partir de Tacide acéljlène-dicarbonique et de l'élher dibromosuccinique
symétrique (A. Michaël et J. Biicher);
» 2° Par oxydation de Tacide malique au moyen d'eau oxygénée en présence d'un
sel de fer (Fenlon et Jones);
» 3° Par déshydratation de l'anhydride diacétyltartrique au moyen de pyridine
(A. Wohl et C. Oesterlin).
» On ne peut réussir à l'obtenir par saponification alcaline de son
élher :
» Cet éther est en effet dédoublé quantitativement par les alcahs con-
centrés en acides oxalique et acétique dans le sens de l'équation (i) :
GO^H - Cll=^-- GO - GO^H -I- H-O = GO'^H - GIP + GO-H — GO^ il.
» L'acide lui-même est décomposé par l'eau acidulée ou même par l'eau
seule en acide pyruvique et anhydride carbonique :
GO' H - CH=^ - GO - GO- H = GO= -l- GH^ - GO - GO-Ii.
» Enfm les alcalis très étendus et froids et les sels alcalins d'acides
faibles saponifient l'éther incomplètement à l'état d'éther acide
GO^G=^ H^ - CH^ - GO - GO-H
pendant que la plus grande partie subit la décomposition précédente.
856 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» On peut cependant obtenir l'acide par saponification de son éther au
moyen d'acide chlorhydrique concentré :
» L'étlier (i partie), enfermé dans un tube bouché, avec l'acide chlorhydrique pur
du commerce (4 parties), ne tarde pas, par agitation, à s'y dissoudre. Au bout de peu
de temps l'acide oxalacétique, insoluble dans l'acide chlorhydrique concentré, com-
mence à se déposer et, au bout de quarante -huit heures, la réaction est terminée. On
filtre sur colon de verre et l'on sèche sur une plaque poreuse. L'acide est ensuite lavé
avec un peu d'éther, puis dissous dans l'acétone ou l'éther acétique et précipité par
le benzène ou la ligroïne.
» Si l'éther oxalacétique n'est pas récemment distillé, il peut arriver que l'acide
ne se dépose pas, même en amorçant au moyen d'un germe. On récupère alors une
partie du produit recherché en extrayant la liqueur acide à l'éther et évaporant celui-ci
sous une cloche en présence de chaux vive.
» On peut remplacer l'éther par sa combinaison cuprique qui présente sur Téther
l'avantage de se conserver sans altération.
)) Cette méthode de saponification n'est pas exclusive à l'acide oxalacé-
tique et se recommande pour tous les cas analogues dans lesquels l'acide
cherché est décomposé par les alcalis ou par l'eau. J'ai vérifié qu'elle
s'appliquait à l'acide malonique : celui-ci, soluble dans l'acide chlorhy-
drique concentré, ne se dépose pas mais peut être extrait à l'éther.
» IL L'acide oxalacétique ne fond pas mais se décompose lorsqu'on le
chauffe: la température de décomposition varie avec la durée de chauffe.
)) Dans l'appareil habituel il se décompose à il\6°-i5o'^', mais on peut
déjà le décomposer complètement à ioo° au bain-marie en l'y maintenant
pendant 24 heures.
» Il est très soluble dans Facélone, l'alcool, l'éther acétique, un peu soluble dans
l'éther et insoluble dans les autres solvants organiques (benzène, ligroïne, sulfure de
carbone, chloroforme) qui le précipitent de ses solutions.
» Il est peu soluble dans l'acide acétique froid (i pour 100); on peut
cependant faire au sein de ce solvant une détermination cryoscopique à con-
dition d'effectuer la solution à chaud et d'opérer sur la solution sursaturée :
dans ces conditions l'acide oxalacétique reste inaltéré et se dépose
après l'opération. Par évaporation de ses solvants, il cristallise en petits
cristaux £>roupés régulièrement autour d'un centie. Examinés au micro-
scope polarisant en lumière parallèle ces cristaux présentent X apparence
très caractérislique d'une croix noire dont l'orientation ne dépend pas de la
position des cristaux mais de celle de l'analyseur.
» Action de Veau. — L'acide est soluble dans l'eau froide : les mesures
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE [|)o3. 837
cryoscopiques ont donné pour sa grandeur moléculaire des nombres accu-
sant une ionisation partielle (r i5, 1 16, 1 19 au lieu de i32).
)) L'acide peut être titré dans l'eau froide en présence de phtaléine; il se
comporte à cet égard comme l'acide oxalique. Porté à l'ébullition il se dé-
compose suivant la réaction (II) et la mesure alcalimétrique en fait foi
(Fenton).
» Mais cette décomposition se produit même à la température ordinaire;
on peut suivre ses progrès au moyen de mesures alcalimétriques. La fraction
décomposée est exprimée approximativement par le rapport a = — ^^ — ^^^
dans lequel M' est le poids moléculaire observé et M le poids moléculaire
exact i32. On a constaté par exemple qu'après 4 heures 3o minutes a = ^, et
après 1 7 heures a = i.
» Cette décomposition par l'eau froide est donc assez rapide et permet
de rendre compte des résultats auxquels conduit la saponification de l'éther
oxalacétique en solution aqueuse diluée, acide ou alcaline. Au surplus elle
mériterait d'être choisie à cause de sa simplicité comme sujet d'une étude
de dynamique chimique.
w ni. L'acide oxalacétique présente un certain nombre de réactions qui
le distinguent en particulier des acides oxalique et acétique.
» Réactions colorées. — Chlorure ferriqae : coloration rouge intense en solution
aqueuse ou alcoolique.
» ISitroprussiate de soude et potasse : coloration rouge intense que l'acide acétique
fait disparaître après avoir provoqué tout d'abord un virage violet.
» Nitroprussiate de soude et ammoniaque : coloration bleue identique par tous ses
caractères avec celle que j'ai reconnue pour l'acide pyruvique et qui doit probablement
son origine à la production de ce corps par décomposition.
» Réactions salines. — Les réactions de son sel de potassium .avec les sels métal-
liques (Ca, Sr, Ba, Fe, Zn, Co, Ni, Ag), dont le détail ne saurait trouver place ici,
distinguent très nettement l'acide oxalacétique des acides oxalique et acétique; on
peut en dire autant de son action sur le permanganate de potassium neutre.
M En résumé : l'acide oxalacétique peut être obtenu par saponification
de son éther au moyen d'acide chlorhydrique concentré; il ne diffère pas
par ses propriétés essentielles de celui que Fenton, d'une part, etWohI,
d'autre part, ont obtenu par des procédés différents. »
ACADEMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Copulation des sels de dinaphlopyryle avec les phénols.
Note do M. K, Fosse, présentée par M. A. Haller.
« Le radical dinaphlopyryle ^^v yO peut se substituer à un
atome d'hydrogène du noyau des phénols, poiir donner des corps répon-
dant à la formule générale suivante :
0( " )CH.eH^-^OH.
» Nous obtenons ces dérivés du pyrane^ à fonction phénol, par l'action
des sels de dinaphlopyryle (chlorure, bromure, sulfate) sur les phénols
généralement sodés, d'après l'équation :
CH<^§1^)0 .X + C'^W-^ ONa = NaX + HO.C«H^-^CH(^^',[|^[)o.
)) L'atome de carbone du noyau phénolique, soudé au carbone pyra-
nique est situé en position para, vis-à-vis de l'hydroxyle. Le corps obtenu
possède la constitution
/ \ /CR'X
H0\^^ / \C"'H^/
)) Si l'atome de carbone du noyau phénolique est déjà substitué en para,
l'union du radical pyryle se fait avec le carbone phénolique en position
ortho. C'est ce qui arrive dans le cas du naphtol p.
» Ces propriétés établissent l'analogie de réaction des sels de diazoïque
et des sels de dinaphlopyryle.
» Pourtant, les phénols que nous obtenons par copulation diffèrent
légèrement des azoïques. Si le parallélisme de ces deux classes de corps
était parfait, les premiers devraient avoir la formule suivante :
CH^ ^,0TT6 /C).C**H''.OH,
calquée sur celle des seconds,
R.N-.C«H\OH.
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE lO^oS. SSg
)) L'oxygène du noyau pvrajiinue devrait être uni au carbone du noyau
phénolique. Nous pensons que de lels corps instables se forment d'abord,
puis se transforment en ceux que nous isolons, par suite de la migration
du radical phénolique, de l'oxygène, sur le noyau pyranique :
CH CH-C<'H\OH
C'"!!"'
O-CH'.OIi O
» Ces phénols possèdent une propriété très curieuse, ils sont complète-
ment insolubles, à chaud et à froid, dans les alcalis à solution aqueuse,
mais se dissolvent dans les alcalis alcooliques, d'où l'addition d'eau les
précipite.
» Nous avons déjà signalé que cette propriété appartenait à un phénol
à noyau pyranique : le naphtyloldinaphtopyrane. Elle est peut-être com-
mune à tous les phénols de constitution semblable. Pour expliquer cette
insolubilité dans les lessives alcalines, nous n'admettrons pas, comme on
le fait généralement pour les orthoxyazoïques, une formule quinonique,
qui, dans ce cas, serait la suivante :
)) Nous croyons que la cause de cette insolubilité est imputable à la
présence de l'oxygène pyranique dont la basicité neutralise l'acidité de
l'hydroxyle et lui enlève la fticullé de se dissoudre dans les alcalis aqueux.
» Les deux formules suivantes traduisent cette manière de voir :
, \C-M«/7\ , \C-H«/„
co H^ o fl C/' ir ^O - H.
« Action du chlorure de dinaphtopyryle sur le phénol sodé. Phénylol-dlnaphtopy-
rane : H0(^ /^"\gÎ"h'/^' ~ ^^ ''°''^' "^'^ engendré d'après l'équation sui-
vante :
CH(g;§)0.Gl + Na O C/- tP = Na Cl + HO.C« H* Ch(^" {^;)o.
Il cristallise avec i'""' d'alcool. Desséché, il fond à 207°.
» L'analyse lui assigne la formule brute C"11'»0% et la synthèse la formule de
constitution donnée plus haut.
86o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Synthèse du phénylol'dinaphtopyrane. — j™°' d'aldéhyde /)-os.ybenzoïque et
gmoi (jg naphtol [3 en solution acétique en présence de HCl, ont donné un corps identique
au précédent, formé d'après l'égalité :
/CioJP^
HO^ ^CH.O + 2H.C'»H«OH = 2H-0 ^ H0(^ /^"XC^oH^/^-
Obtenu par les deux méthodes, ce phénol est insoluble dans les lessives alcalines, so-
luble dans la potasse alcoolique.
» Action du bromure de dinaphtopyryle sur le gayacol sodé. Goyacol dinaphtopy-
I
OCH^
soude aqueuse, soluble dans la potasse alcoolique. L'analyse lui assigne la for-
mule C^^H-^O"-. Sa constitution découle de son identité avec le corps synthétique pré-
paré par M. Rogow en condensant le naphtol [3 avec la vanilline d'après
rane : H0\ )CH/ „,„,,, )0. — Ce corps fond à 210°, il est insoluble dans la
HO^ NcH.O + 2H.GioH«OH=r2H20 + HO(f ^CH^^'"îî"^0.
I I
O CH» O CH3
» Action du chlorure de dinaphtopyryle sur le naphtol ^. Naphtylol-dinaphto-
\ /
pyrane : C /CH^ pious /^- — ^^ corps donné par cette copulation fond à
\
OH
278"; il est soluble dans la potasse alcoolique, insoluble dans les eaux alcalines. Il est
identique au corps synthétique déjà obtenu par nous en condensant l'aldéhyde oxy-
naphtoïque avec le naphtol p :
)CH.O+2H.GioH«OH=:r2H2 0+ <^ /^^\0»H«/^- "
OH OH
CHIMIE ORGANIQUE. — Synthèse de la nicotine.
Noie de M. Ame Pictet, présentée par M. A. Haller.
« J'ai réalisé une synthèse de la nicotine en partant de l'acide nicoti-
nique (^-pyridine carbonique) et en utilisant les réactions suivantes :
» L'acide nicotinique a été élhérifîé, puis transformé par l'ammoniaque en amide,
et celle-ci traitée par l'hypobromite de sodium, ce qui a fourni la ^-aininopyridine .
» J'ai préparé le mucate de cette base et je l'ai soumis à la distillation sèche; j'ai
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE TgoS. 86 1
obtenu de cette manière le k.T.-py ridylpyvrol (formule I) sous la forme d'un liquide
jaune pâle, bouillant à 25 1°.
XH
CH
CH
I
CH
Az
CH — CH
Il II
C CH
\ /
Az
H
CH-
1 1
il
-C
\
A2
-CH
II
CH
/
CH3
CH^
m.
I. II.
» J'ai fait passer les vapeurs de ce corps à travers un tube de verre chauffé au rouge
sombre; il y a alors migration du radical pyridyle, qui quitte Tazote pour se fixer au
carbone a du noyau pyrrolique. X^rt-pyridylpyrrol (formule H), qui prend ainsi nais-
sance, est un corps solide, fusible à 72° et possédant des propriétés faiblement acides.
Traité par le potassium, il donne un sel par substitution du métal à Thydrogène du
groupe AzH.
» Ce sel réagit à Pébullition avec l'iodure de méthyle, il y a remplacement du po-
tassium par CH^, mais en même temps addition d'une molécule d'iodure de méthyle à
l'azote du noyau pyridique, et l'on obtient un iodoinéthylate (formule HI), fusible
à 207°.
y> Lorsqu'on distille ce composé avec de la chaux, il perd CH-H et fournit une base
monoacide de formule C'"H'"Az-, bouillant à 276°. Celte base est identique à Visodi-
pyridine que Cahours et Etard ont obtenue en 1880, en oxydant la nicotine par le
ferricyanure de potassium, et qui a été étudiée plus tard par M. Blau sous le nom de
iiicotyrine. Ce nouveau mode de formation montre que sa constitution doit être
exprimée par la formule IV.
» Pour convertir l'isodipyridine en nicotine, il s'agissait de fixer 4^' d'hydrogène à
son noyau pyrrolique, sans réduire en même temps le noyau pjridique. J'y suis arrivé
par l'intermédiaire des dérivés halogènes. Lorsqu'on traite l'isodipyridine par l'iode
en solution alcaline, il se forme un dérivé monoiodé (point de fusion, ijo°) dans
lequel l'atome d'iode occupe probablement l'une des positions ^ du noyau pyrrolique.
Chauffé avec l'élain et l'acide chlorhydrique, ce dérivé abandonne son iode à l'état
de HI et se réduit partiellement en donnant naissance à une dihydronicotyrine
CH'-Az-, base diacide et bitertiaire, bouillant à 248° et constituant un isomère de
la nicoléine dont M. Rotschy et moi (^) avons constaté l'existence dans le tabac. Je
lui attribue la formule V.
/\
CH - CH
Il II
C CH
\ /
Az
Az
CH^
Az
IV.
CH - CH^
Il I
C CH^
\ /
Az
I
CH^
V.
CH^— CH
/\
1 1
— CH CH
\ /
Az
\/
1
Az
CH=^
\I.
C) Comptes tendus, t. CXXXII, p. 971,
C. R., 1900, 2» Semestre. (T. C.WXVII, N^ 21.)
ii3
862 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» La dihydronicotjrine donne, avec le brome en solution acétique, un tétrabro-
niure C^H^Az.C^H^BrAz.HBr.Br- qui, traité à son tour par l'étain et Facide chlor-
hydrique, perd tout son brome et fixe deux nouveaux atomes d'hydrogène.
)) Le produit de celte réaction est identique à la nicotine inaclive (for-
mule YI) que M. Rotschy et moi (') avons préparée d'autre part en chauf-
fant en tubes scellés à 200°-2ïo*' les solutions aqueuses du sulfate de
nicotine naturelle.
» Pour dédoubler la nicotine inactive en ses deux modifications optiques,
j'ai fait usage de l'acide tartrique droit. Un essai préalable, fait avec la
nicotine naturelle, m'avait montré que, en saturant la base par une solu-
tion alcoolique concentrée et bouillante d'acide tartrique, on obtient un
sel bien cristallisé, de formule C*" H' ' Az-. 2C'H''0^ 2H-O, fondant à
SS^-Sg** et possédant, en solution aqueuse, un pouvoir rotaloire [o-Jd de
-f-24«,68.
» En opérant de même avec la nicoliiie inactive, j'ai obtenu le même
sel que j'ai purifié par cristallisation dans l'alcool bouillant jusqu'à ce que
son point de fusion soit monté à 88° et que son pouvoir rotatoire ait
atteint -1-25^, i . Je l'ai alors décomposé parla soude et ai recueilli 3""' d'une
base qui s'est montrée en tous points identique à la nicotine iialurelle :
Nicotine Nicotine
du tabac. de synthèse.
„ . j,,, ... . , , \ 246'% I — 246°, 2 246«,l
Point d ebulhtion (corr.) \ ^ o^ .
^ ' { sous 730""" sous 735'"'"
20° 22°
Densité ^^-r- '. i ,oûq —, — : i ,008
4" ' y 4°
Pouvoir rotatoire [^^jo.
— x6i°,55 à 20° — 161", 19 à 20°, 5
(d'après Landolt)
» Les eaux mères alcooliques du tartrate de nicotine gauche laissent
par évaporation un sel sirupeux dont j'espère retirer la nicotine droite.
)) La première partie de ce travail (synthèse de l'isodipyridine) a été
faite avec la collaboration de M. P. Crépieux, et la troisième (dédoublement
de la nicotine inactive) avec celle de M. A. Rotschy. »
(') Berichte dei: cl. c/ic/n. Gesei/.schaft, t XXXIII, p. 2353.
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE igoS. 863
ZOOLOGIE. — Sur r action morphogéne de l'eau en ntouvemenl sur les
Bydraires. Note de M"'^ S. Motz-Kossowska, présentée par M. Y.
Delage.
« En étudiant les Hydraires méditerranéens au laboratoire Arago, à
Banyuis-sur-Mer, j'avais été frappée de voir que des représentants d'une
même espèce provenant de stations bathymétriques différentes présen-
taient des différences parfois très accentuées et très constantes, soit dans la
forme de leurs liydrothèques, soit dans le port des colonies. J'avais été
amenée à soupçonner une relation directe entre les modifications observées
chez ces formes et leurs conditions d'habitat, et cette idée s'est imposée
plus fortement à mon esprit à la lecture d'un travail de Birula ('), qui
déjà en 1898 avait signalé des faits analogues chez Canipanularia intégra et
Sertularella tricuspidata. L'observation d'un grand nombre de colonies, aussi
bien dans leur milieu naturel qu'après maintien prolongé en expérience
dans les bacs de l'aquarium, m'a fourni les résultats suivants :
» I. Modifications de l'hydrocalle et des hydrothèques. — i" Plnmularia obliqua
Saunders. — Celte espèce, que Fon ne trouve d'ailleurs que dans les endroits où
l'eau est très agitée, est représentée dans la région de Banvuls par deux formes diffé-
rentes vivant côte à côte, mais tandis que l'une (forme a) vit sur des Eponges encroû-
tantes ou sur des Floridées lamelleuses et se trouve ainsi directement exposée au choc
des vagues, l'autre (forme [3) habite exclusivement les feuilles de Posidonia caulini
et de préférence les feuilles intérieures, la feuille extérieure étant généralement recou-
verte d'algues parasites. Le périsarque de la forme a est extrêmement mince et lui
assure une très grande flexibilité; dans la forme p, au contraire, les faces latérales de
i'hydrocaule, des hydroclades et des hydrothèques sont fortement épaissies et forment
ainsi un cadre rigide qui protège la colonie contre l'écrasement par les feuilles recou-
vrantes.
» Cultivées dans un bac, directement sous le jet du robinet, des colonies [3 ont donné,
par régénération, des hydrothèques dépourvus des épaississements latéraux si carac-
téristiques pour celte forme.
» 1° Aglaophenia tnyriophyllinn L. — Cette espèce, très commune en eau profonde
et calme, a les hydrothèques munis d'une série d'épaississements dorsaux très marqués,
alignés de haut en bas. Mais, si l'on réussit à la cultiver en eau très agitée, le péri-
sarque devient uniformément mince ; de plus, les hydrothèques deviennent plus étroits
tout en gardant la môme longueur, le diamètre des hydroclades diminue presque de
moitié et les nématothèques sont plus grêles et plus courts.
(') Anii. I\Ius. Zool. Acad. Imp. Se. Saint-Pélersbourg, p. 2o3-2i4 (en russe).
864 ACADÉMIE DES SCIENCES.
)) Ces deux faits, choisis parmi un grand nombre de cas pareils, prouvent
que la présence ou l'absence des épaississements du périsarque sont des
caractères variables entre tous et liés étroitement aux conditions dans les-
quelles vivent les formes considérées. Il m'a paru utile de les signaler, car
ils sont de nature à porter la lumière sur l'origine de certaines espèces.
C'est ainsi que certaines Plumulaires du groupe de Pi. corrugata établi par
Nulting ne se distinguent de PL setacea que par des épaississements hydro-
cladiaux plus marqués; il en est de même de nombreuses Plumulaires
exotiques du groupe PL obliqua décrites par Baie, Kirchenpauer et Nut-
ting, etc. Seulement, en l'absence de données précises sur leur habitat, il
est impossible de décider si l'on doit voir dans ces formes des variétés
locales ou bien des espèces bien fixées, devenues telles à la suite de chan-
gements survenus dans leurs conditions bionomiques.
» II. Modifications dans le port des colonies. — x° Eudendriuin ramosum L. — En
eau profonde les colonies présentent un hydrocaule fascicule dans une grande partie
de sa longueur et très ramifié, les rameaux principaux, également fascicules au moins
à la base, naissant à angle presque droit. A une profondeur plus faible l'hjdrocaule,
extrêmement flexible, n'est plus fascicule que tout à fait à la base,' excepté quand la
colonie se développe dans les anfractuosités de certains Bryozoaires (Eschara), où
elle est abritée contre les mouvements de l'eau; de plus, les rameaux, moins nom-
breux, forment avec la tige des angles très aigus, ce qui assure à la colonie la flexi-
bilité nécessaire pour obéir au courant. Enfin, au niveau même de la mer, dans les
endroits très battus, les colonies sont toujours chétives, monosiphonées et à peine ra-
mifiées.
» Or, ces trois formes, entre lesquelles j'ai trouvé tous les intermédiaires, ont été
décrites par certains auteurs comme trois espèces diflférentes.
» 2° Aglaophenia Kirchenpaueri Heller. — C'est une petite espèce de 4"" à 5"=°^
au plus qui forme au niveau de l'eau de véritables tapis à la surface des Balanes {B.
perforatus). Son hydrocaule, non ramifié, se distingue par une grande rigidité, encore
accentuée parle raccourcissement des entre-nœuds. Or, en eau profonde, cette espèce
peut atteindre plus de iS'^'", les entre-nœuds sont plus longs et les exemplaires
ramifiés ne sont pas rares.
» En résumé, il résulte de mes observations que le mouvement de l'eau
détermine, avec une réduction constante dans la taille et la ramification
des colonies, un changement d'aspect se traduisant tantôt par l'augmen-
tation de la flexibilité (colonies espacées, exposées directement au cou-
rant), tantôt par l'exagération de la rigidité (colonies vivant sur les Algues
ramifiées et les Zostéracées ou bien formant des touffes serrées et obligées,
par conséquent, de lutter contre l'écrasement). Cette dernière adaptation
peut s'expliquer par l'action mécanique de contact avec des corps solides.
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE IQoS. 865
En effet, Tétude des colonies en stolonisation (la stolonisation libre étant
liée à l'agitation de l'eau, comme l'a démontré M. Giard) m'a révélé deux
faits importants :
M i*' Que le périsarque du stolon libre est bien plus mince que celui de
l'hydrorhize fixée;
» 2^ Que l'accroissement du stolon est infiniment plus rapide que celui
de l'hydrorhize. Il en résulte que le contact amène une production plus
active du périsarque et exerce une action retardatrice sur la croissance
(fait bien connu chez les végétaux). On sait, d'autre part (comparaison des
plantes cultivées à la lumière et à l'obscurité), qu'un facteur qui retarde
l'accroissement augmente la différenciation, et inversement. On peut
ainsi s'expliquer la formation des épaississements du périsarque et le rac-
courcissement des entre-nœuds chez des Hydraires qui, vivant dans une
eau très agitée, sont mis presque constamment en contact, soit avec les
végétaux qui les entourent, soit avec d'autres colonies de la même espèce.
Cette interprétation est encore corroborée par ce fait qu'ayant réussi à
cultiver isolément quelques Sertularella fusiformis, espèce qui vit habituel-
lement en touffes très denses, j'ai vu les entre-nœutls s'allonger et le péri-
sarque s'amincir.
» Il ressort également des faits que je viens d'exposer, qu'on doit faire
intervenir dans les descriptions les conditions spéciales d'habitat des types
observés, sous peine de multiplier abusivement les espèces nouvelles. )>
ZOOLOGIE. — Sur le rôle de certains éléments fi gurés chez Sipunculus nudusi.
Note de M. F. Ladreyt, présentée par M. Alfred Giard.
« Leucocytes. — Chez Sipunculus nudus, les leucocytes revêtent deux
formes essentielles : i° Plastides de i5^ à 20^ émettant de fins pseudopodes
à mouvements très actifs; noyau central ou légèrement excentrique (ami-
bocytes, phagocytes); 2" volumineux éléments de 32^ à 4^^^ composés
d'une multitude de sphérules transparentes, pas de pseudopodes, noyau
latéral (leucocytes vésiculaires, glycoleucytes).
» Les premiers jouent un rôle important dans l'excrétion et la phago-
cytose; les seconds sont surtout destinés à la mise en réserve et à la nutri-
tion de l'organisme.
» Excrétion. — Les tissus de Sipunculus nudus renferment des granulations jau-
nâtres que nous considérons comme des excréta dus à l'activité de corps chlorago-
866 ACADÉMIE DES SCIENCES.
gènes qui les déversent dans la cavité générale. Or ces amas pigmentaires se ren-
contrent dans presque tous les tissus et tous les organes (épiderme, derme, lacunes
conjonctives de l'intestin, cerveau, néphridies). Quel est le mécanisme de ce tran-
sport? Si Ton injecte dans le cœlome de Sipunculiis nudiis une solution de carmin, de
vésuvine, d'encre de Chine, on A^oit, quelques jours après l'opération, que les parti-
cules colorées, en suspension dans le liquide injecté, sont accumulées dans l'épiderme
et le tissu conjonctif ; elles sont enfermées dans des éléments plus ou moins arrondis
que nous croyons être des amibocytes devenus cellules fixes. Les néphridies débou-
chant directement au dehors, il est évident que ce transport n'a pu s'effectuer par ces
organes ; de plus, il nous est arrivé maintes fois de voir des amibocytes traversant les
parois du corps pour aboutir aux couches tégumentaires superficielles. C'est là une
première voie d'excrétion.
» L'intestin et les néphridies sont aussi des points où convergent les amibocytes. Il
est fréquent d'observer la migration de ces éléments à travers les parois de ces or-
ganes; on peut également constater dans leurs parois les éléments arrondis que nous
avons signalés plus haut; ces cellules, qu'on les rencontre dans les cellules tégumen-
taires ou dans l'épaisseur des parois intestinales et néphridiennes, présentent la parti-
cularité de se colorer en rouge par l'éosine.
» Après avoir traversé les parois intestinales, les amibocytes abandonnent leurs gra-
nulations dans les lacunes péri-inlestinales ou même dans le canal intestinal. Le pro-
cessus est un peu plus compliqué en ce qui concerne les néphridies : les granules
d'excrétion, les amvbocvtes eux-mêmes s'incorporent en quelque sorte au protoplasme
de la cellule néphridienne qui devient ainsi une sorte de rein d'accumulation (signalé
par Cuénot chez Allolobophora terrestris et les Oligochètes en général). Quand la
cellule néphridienne contient une certaine quantité de ces excréta, elle s'étire,
s'étrangle vers son tiers inférieur et toute la partie sous-jacente à l'étranglement (boule
d'excrétion), se séparant du reste de la cellule, tombe dans la cavité de la néphridie
d'où elle est expulsée grâce au mouvement ciliaire très actif dans cette région.
» Nous avons remarqué que, lorsqu'un Siponcle injecté par le cœlome éliminait par
l'anus et les orifices néphridiens, ces orifices "émettaient un mucus d'autant plus
abondant que l'injection avait été plus forte. Ce mucus contient souvent de grandes
formes d'amibocytes. Ne serait-il pas dû à une sorte de liquéfaction de certains ami-
bocytes [éléocytes, mucocytes de quelques Lumbricides (Cuenot, Rosa, etc.)], à une
fonte cellulaire analogue àcelle qui se produit pour les glandes sébacées par exemple?
» Pliagocytose. — Si, dans le cœlome de Sip. nudus, on injecte un liquide tenant
en suspension certains éléments nuisibles à l'organisme (parcelles ligneuses, Bactéries,
Nématodes), on constate que les amibocytes entourent ces éléments, formaiil autour
d'eux une sorte de gaine anhyste. Ces kystes se rencontrent quelquefois dans la cavité
des Néphridies et il est probable qu'ils sont éliminés par cette voie.
» Mise en réserve^ — Certains amibocytes accumulent dans leur protoplasme des
sphérules dont la genèse est assez semblable à celle des globules graisseux des cellules
adipeuses. Ces sphérules sont formées par du glycogène ou une matière très voisine
(réaction rouge par l'iodure de potassium) : leur accumulation donne naissance aux
corpuscules mûriformes [Plasmavcanderzellen, Wanderzellen des Holothuries
(Haraan, Ludwig)].
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE IQoS. 867
» HÉMATIES. — 4J0"»'s après injection de carmin dans le cœlome, cer-
taines hématies contiennent une inclusion toujours liquide de la matière
injectée (signalée par Cantacuzène chez Glycera convolula, par Eisig chez
les Capitelliens). Cette absorption ne s'effectue que par les hématies
adultes (2of^-32'^); les jeunes (io'*-i2i^) ne présentent jamais ces inclusions.
» Vésicules énigmatiques. — Ont-elles chez Sip. nudus la propriété
agglutinante qu'elles possèdent chez PhascoLosoma, où M. Hérubel l'a
signalée? Il nous a semblé que la pénétration des grains de carmin s'effec-
tuait, dans ces formations, lorsqu'on déterminait un état morbide des élé-
ments cœlomiques et que la tension du protoplasme de la vésicule était très
faible.
)) Conclusions. — Les amibocvtes de Sip. nudus : A. Débarrassent l'orga-
nisme de ses excréta; ils les transportent dans tous les endroits favorables à
la diapédèse (^Platten d'Eisig). Ces excréta sont rejetés au dehors : 1° par
exfoliation de Fépiderme ; 2*^ avec les fèces; S^'par les canaux néphridiens.
B. Protègent l'organisme en formant autour des éléments étrangers qui
y sont introduits (Bactéries, Nématodes) une gaine anhyste. G. Accu-
mulent du glycogène dans leur protoplasme.
» Les Hématies adultes absorbent le carmin injecté dans le cœlome. »
ZOOLOGIE. — Sur la Méduse du Victoria Nyanza. Note de M. Cii. Gravier,
présentée par M. Edmond Perrier.
« Le lac Tanganyika, situé à environ looo'^'" de la côte la plus rappro-
chée, celle de l'océan Indien, et à 800"^ d'altitude, possède, à côté d'une
faune normale d'eau douce, tout un ensemble d'animaux dont la plupart
sont étroitement apparentés à des espèces marines devenues fossiles. L'une
des formes les plus typiques de ce groupe est incontestablement une
Méduse qui, découverte en i883(D'Bôhm), ne fut étudiée qu'en 1893-1894
(R.-T. Gûntlier) et dont les affinités restent encore douteuses.
» Les Anglais, vivement intéressés par le Tanganyika Probkm et son
halolimnic group, organisèrent successivement deux expéditions scienti-
fiques : la première, en 1896, avec le j)atronage de la Royal Society , pour
exjjlorer spécialement le Tanganyika; la seconde, en 1899, ^^^'^'s les
auspices delà Royal géographie al Society, pour l'étude zoologique, géogra-
phique et géologique du Tanganyika et d'un certain nombre d'autres grands
lacs africains : Shirva, Nyassa, Kela, K.i\vu, Albert-Edouard Nyanza, Albert
868 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nyanza, Victoria Nyanza et Nivasha. Il fut reconnu que dans le Tanganyika
seul il existait, outre la faune d'eau douce dont la physionomie générale
reste la même dans toutes nappes intérieures, un certain nombre d'orga-
nismes à caiaclères marins et en même temps archaïques.
» Or, M. Ch. Alluaud a trouvé le i6 septembre dernier dans le Victoria
Nyanza (baie de Ravirondo), situé à 1200™ d'altitude et sans communica-
tion avec le Tanganyika, une Méduse qui doit être identifiée avec la
Limnocnida Tajiganyicœ.
B Sur les neuf individus adressés par ce voyageur naturaliste au Muséum, et qui
sont tous à l'état de maturité sexuelle, il y a deux femelles et sept mâles; aucun d'eux
ne porte de bourgeons médusoïdes sur le manubrium. L'évolution de ce Cœlentéré
semble être la même dans les deux lacs. On sait, d'après les observations de J.-E.-S.
Moore (igoS), qu'au Tanganyika, les Méduses se multiplient par bourgeonnement
depuis la fin de mars, terme de la saison humide, jusqu'en juin et juillet; alors se
développent les éléments sexuels qui parviennent à l'état de maturité en septembre et
octobre et le bourgeonnement disparaît graduellement pendant cette même période;
puis revient la saison humide et les Méduses se font de plus en plus rares à la surface.
Il est fort probable que ces animaux se retirent à une certaine profondeur pendant la
période des pluies, à la manière de tant d'animaux marins qui ne montent dans les
couches superficielles qu'au moment de la reproduction et que Hâckel a désignés sous
le nom de spani pélagiques.
» Je n'ai observé sur les exemplaires du Victoria Nyanza que des difTérences secon-
daires concernant le nombre et la distribution des organes des sens marginaux, le
nombre et la structure des tentacules, par rapport aux données fournies par R.-T.
Giinther pour la Lininoctiida du Tanganyika; il n'3' a pas à douter de l'identité des
deux formes.
» Il est à croire que la Limnocnida n'est pas, au Victoria Nyanza, le seul représen-
tant de la faune halolimnique dont l'origine paraît être sûrement marine, quoi qu'en
aient dit Gregory et Tauscli.
» La trouvaille de M. Ch. Alluaud est intéressante à tous égards. Au
point de vue zoologique et géographique, elle fait disparaître l'anomalie
apparente qui donnait au Tanganyika une place tout à fait à part parmi les
grands lacs africains. Celte grande nappe ne serait pas le seul témoin de
la vaste mer (jurassique suivant J.-E.-S. Moore) qui couvrait autrefois le
centre de l'Afrique, sur l'emplacement actuel de la région des grands lacs
et d'une partie du bassin du Congo.
» Le cas présenté par les lacs africains, dont certains animaux de carac-
tères marins affirment leur ancienne connexion avec la mer, se retrouve en
divers points du Globe, notamment au Baïkal,à la mer Caspienne, à la Tri-
nité, où J.Kennel (1890) a fait connaître une autre Méduse d'eau douce, etc.
SÉANCE DU 23 XOVKMBRi: IQoS. 869
L'adaptation progressive de la vie marine à l'existence dans l'eau douce,
si intéressante au point de vue de la biologie générale et des théories de
l'évolution, peut être saisie sur le fait, de nos jours même, dans certains
fleuves côtiers des Antilles et de l'Amérique du Sud, comme j'ai eu l'occa-
sion de le signaler récemment (Comptes rendus, i^'' décembre 1902). »
BOTANIQUE. — Sur une double fusion des membranes dans la zygospore
des Mucorinées. Note de jM. Paul Yuillemix.
« Pour former une zygospore, les filaments des Mucorinées émettent
deux branches copulatrices dont les extrémités se soudent, puis s'isolent
de leur support par une cloison.
» Les deux membranes qui constituent la cloison mitoyenne se
fusionnent entre elles à la périphérie et disparaissent au centre, permet-
tant ainsi l'abouchement des protoplasmes.
» La fusion des membranes, dont on n'a pu jusqu'ici préciser le méca-
nisme, s'effectue en deux temps, à des périodes et dans des conditions
sensiblement différentes.
» Les branches copulatrices de Sporodinia, arrivées au contact, s'apla-
tissent par compression réciproque et forment un fuseau dont le plan trans-
versal le plus large (équateur) est occupé par une cloison mitoyenne.
» Cette cloison est d'abord formée de deux disques minces comme les
membranes des filaments auxquels ils appartiennent, comme elles se
colorant en bleu par le chloroiodure de zinc. Nous l'appellerons cloison
mitoyenne primitive.
» Elle est bientôt doublée de chaque côté par une nouvelle assise un peu
plus épaisse, plus réfringente, se teintant de jaune par le chloroiodure,
puis de violet quand l'action du réactif se prolonge. La nouvelle couche
ne tapisse pas seulement la cloison mitoyenne primitive; elle se continue
sur les parois latérales des branches copulatrices jusque vers le niveau, où
apparaîtront plus tard les cloisons isolant les gamètes.
» Donc, avant la séparation des gamètes, la membrane qui revêt l'extré-
mité de chaque branche copulatrice se compose de deux assises distinctes,
indépendamment de la portion périphérique du protoplasme qui lui sert
de matrice. Chacune de ces assises se fusionne séparément avec sa congé-
nère.
G. K., igoS, .' Semestre. (T. CX.WVU N» 21 ) ' ^^
8^0 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Première fusion. — Les deux disques qui constituent la cloison mitoyenne pri-
mitive ne restent pas longtemps distincts; ils se fusionnent bientôt en un seul. Mais,
tandis que le cadre périphérique reste rigide, le cercle qu'il entoure se ramollit et
prend un aspect spongieux, sans augmenter de volume.
» Ce phénomène serait difficile à reconnaître, s'il n'était rendu manifeste par la
rétraction concomitante des plasmas avec leur nouveau revêtement. Les extrémités
des branches copulatrices se renflent en massue, s'arrondissent de nouveau et se
décollent à la périphérie. Mais le cadre circonscrivant la cloison mitoyenne primitive
demeure en place et maintient tendues les parois latérales primitives des branches
copulatrices. Entre le manchon délicat formé par ces parois et les assises nouvelles
revêtant le protoplasme règne donc un espace annulaire à coupe triangulaire. Cet
espace contient au début une masse spongieuse se colorant vivement en bleu par le
chloroiodure; cette bouillie n'est autre chose que la substance du disque, digérée par
les liquides transsudés à travers la nouvelle assise protectrice. Plus tard, l'espace
annulaire est vide; les débris de la membrane mitoyenne primitive se sont déposés à
la face interne du manchon où ils forment une série d'épaississements médians.
» A ce moment les nouvelles assises qui revêtent les sommets des branches copula-
trices sont arrivées à se toucher au centre, puisque le disque primitif est détruit ou
refoulé à la périphérie. Une cloison mitoyenne secondaire est constituée.
» Deuxième fusion. — Lorsque les gamètes se sont isolés des branches copulatrices,
la cloison mitoyenne secondaire se gonfle, puis disparaît à partir du centre; elle est
digérée par les protoplasmes qui, désormais, communiquent largement entre eux.
» A la périphérie, les membranes ne sont pas résorbées, mais se soudent et éta-
blissent la continuité entre les revêtements fournis par chaque gamète.
» A ce moment, l'espace annulaire est encore visible; il sera bientôt comblé par le
gonflement de la zygospore.
» Destinée des deux assises fusionnées. — Dès que la cloison mitoyenne primitive
est résorbée au centre, aflermie à la périphérie, la couche superficielle de la membrane
est individualisée et afl^ranchie de tout lien avec le protoplasme nourricier. Ses modi-
fications ultérieures seront entièrement passives; nous nous proposons d'y revenir.
Cette passivité, de même que sa situation, lui donne l'apparence d'une cuticule. Pour
rappeler cette apparence et, en même temps, pour la distinguer des vraies cuticules
auxquelles l'opposent son origine et sa constitution chimique, nous proposons de la
nommer cuticelle externe.
» La seconde assise n'est autre chose que la courbe charbonneuse. Nous venons de
voir son apparition précoce. La seconde fusion de membranes, qui l'intéresse directe-
ment, ne marque pas le terme de son évolution. Ses ornements caractéristiques n'ap-
paraissent, en général, chez le Sporodinia, qu'après la résorption de la membrane
mitoyenne. Chez le Spinellus, la remarquable striation delà surface est déjà ébauchée
à ce moment, mais elle s'achève après cet acte important.
» La seconde fusion de membranes, pas plus que la première, ne marque
donc pas un cataclysme dans l'évolution des enveloppes protectrices de la
zygospore. La distinction établie, d'après des vues théoriques, entre la
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE iyo3. 871
membrane des branches copulatrices et la membrane propre tle la zygo-
spore n'est pas confirmée par l'observation. »
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la jaunisse de la betterave,
maladie bactérienne. Note de M. G. Delacroix, présentée par M. Prillieux.
« Dans une séance antérieure (' ), nous avons publié, M. Prillieux et
moi-même, une première Note sur la jaunisse bactérienne de la betterave.
» Après des expériences répétées qui ont duré plusieurs années, je
viens fournir aujourd'hui quelques données nouvelles sur cette maladie
et en formuler le traitement.
» La jaunisse attaque aussi bien les betteraves sucrières que les fourra-
gères. Localisée au début dans le nord de la France, on l'a vue depuis se
répandre dans d'autres départements et vers le centre.
» La jaunisse de la betterave est caractérisée facilement par des taches irrégiilières
souvent confluentes qu'on observe sur les feuilles de betteraves et dans lesquelles le
parenchyme prend une teinte verdâlre plus pâle. Les cellules, dans ces régions en
partie décolorées, présentent des leucites à cliloroplivlle à contours moins nets, à colo-
ration affaiblie; on y voit de nombreuses bactéries mobiles.
» Les racines et les pétioles portent dans leurs éléments ces mêmes bactéries, et les
betteraves porte-graines sont également atteintes. On trouve aussi des bactéries dans
les bractées et les calices qui formeront au fruit élémentaire, à l'akène, une seconde
enveloppe en devenant concrescents entre eux.
» Le semis des graines atteintes, bien que la bactérie ne se montre pas dans la graine
elle-même, peut produire, dans l'année qui suit la récolte de la graine, des pieds de
betteraves atteints de la maladie. A partir de la quatrième annnée, après la récolte, ces
graines prélevées sur pieds malades ne m'ont jamais montré par leur développement
un seul pied présentant la jaunisse.
» Le semis de graines de première année contaminées ne m'a jamais donné un chiffre
atteignant 20 pour 100 sur la totalité des pieds obtenus avec les graines mises en expé-
rience. Par conséquent, en culture, la proportion devenant malade par ce procédé ne
doit guère dépasser i à 2 pour 100, car l'opération du démariage supprime de nom-
breuses plantes. Cette proportion augmente bientôt, car la maladie, sans qu'il soit
possible de préciser comment elle se répand exactement, gagne certainement de proche
en proche. C'est un fait indéniable. Je n'ai pu déterminer le mode de pénétration de la
bactérie dans le mésophyllede la feuille.
» Mais le procédé le plus actif d'extension n'est pas celui-là. La maladie se répand
toujours plus gravement et plus vite lorsque des porte-graines attaqués se trouvent
dans le voisinage de champs de betteraves de première année.
(*) Séance du 8 août i8g8.
8^2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» La maladie gagne dans la direction des vents dominants, les pieds atteints deve-
nant eux-mêmes une source active d'infection, car la maladie progresse continuelle-
ment, même après l'arrachage des porte-graines et jusqu'à l'époque où les racines
sont récoltées. Cette action des porte-graines est une notion courante chez les culti-
vateurs. J'en ai constaté maintes fois l'exactitude. Des expériences précises et répétées
faites dans le jardin de la Station ont corroboré le fait.
» La bactérie se cultive dans diflférents milieux, bouillon de veau, jus de betterave
peptonisé. On ensemence sans difliculté en se servant du pétiole. La bactérie est
aérobie avec un voile faible, Ipresque transparent à la surface. En vieillissant, le voile
tombe au fond du vase, donnant un dépôt blanc sale très visqueux. Sur gélose, les
cultures se disposent en plaques minces formées de colonies également à peu près
transparentes, mates, à surface finement chagrinée, devenant rapidement confluentes.
La bactérie se refuse à pousser sur milieux gélatines. C'est là un caractère qui me fait
penser que cette bactérie n'est pas décrite. Je propose de l'appeler Bacillus tabijlcans
G. Delacroix. Elle se colore par les moyens ordinaires et ne prend pas le Gram. Elle
est courtement ovale, comme forme, avec une dimension moyenne de if^,5 x \^\ Je
n'ai observé ni cils vibratiles, ni production de spores.
» J'ai déjà rapporté des expériences d'infection en partant soit de cultures bacté-
riennes, soit de feuilles malades. La culture à la deuxième génération perd tout pou-
voir virulent.
» Les essais préventifs tentés sur les graines avant semis et sur les feuilles de
plantes en végétation n'ont donné aucun résultat positif. Les graines avaient été immer-
gées dans des solutions à différents titres de sulfates de zinc, de fer, de cuivre, d'acide
phénique, de naphtol, de sublimé corrosif. Les feuilles avaient été traitées avec diffé-
rentes bouillies cupriques, additionnées ou non de doses variables de sublimé corrosif.
» Le dégât consiste à la fois dans la diminution en poids des racines récollées et dans
l'affaiblissement de leur teneur en sucre. C'est une conséquence directe d'une assimi-
lation réduite des matières de réserve dont les organes atteints sont le siège.
» Le traitement, purement jjréventif, se déduit naturellement des don-
nées précédentes. L'expérience a démontré (ju'il était suffisant et actif.
» Il comporte les indications suivantes :
)) 1*^ Employer un assolement au moins triennal;
» 2" Éviter de porter aux fumiers les feuilles malades et les enfouir
directement;
» 3° Ne semer que des graines âgées de 4 ans;
» 4° Exclure absolument les porte-graines du voisinage des champs oîi
l'on cultive la betterave. »
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE igoS. 873
GÉOLOGIE. — Sur les formations de la zone des qiiarlzites et conglomérats
inférieurs au Dévonien dans ï Oural du Nord. Note de MM. L. Duparc
el F. Pearce, présentée par M. Fouqué.
« La carte géologique de l'Oural (feuille Solikamsk par Rrotow) figure,
sous le nom de zone des quartzites et conglomérats cristallins, une large
bande de roches détritiques qui vient à l'est des formations du Dévonien
inférieur de la Kosva, et se termine en pointe vers le nord, en se rétrécis-
sant graduellement. Cette zone est séparée de celle beaucoup plus puis-
sante des schistes chloriteux, séricitiques, etc., qui vient plus à l'est, par
une bande relativement mince de Dévonien moyen et inférieur. Sur la
feuille Perm, par contre, les quartzites et conglomérats cristallins sont
réunis aux schistes chloriteux, mais restent cependant toujours nettement
séparés du Dévonien inférieur.
» Les observations que nous avons faites au point de vue tectonique
confirment bien l'individualité de cette zone des quartzites et conglomé-
rats, mais tendent par contre à établir qu'il n'y a pas, en dehors du faciès
j)étrographique, de raisons plausibles pour séparer ces formations de celles
du Dévonien inférieur.
» Cette zone est formée par une série de voûtes anticlinales et de cuvettes sjnch-
nales constituées, les premières, par des quartzites compacts ou des conglomérats à
petits éléments qui représentent le terme inférieur de la série; les secondes, par des
roches détritiques diverses appartenant aux horizons supérieurs. Les quartzites com-
pactes sont blanches, plus ou moins micacées en bancs lités d'une certaine épaisseur,
elles alternent souvent avec des conglomérats quartzeux de couleur grise, blanchâtre
ou violacée, à galets de quartz généralement petits; ces conglomérats sont probable-
ment régionaux, car ils sont très abondants dans les parties septentrionales de la
zone (Ostry, Tscherdinsky-Kammen), tandis qu'ils ne se retrouvent pas dans les anti-
clinaux qui viennent plus au sud (Asiianka, Adinoky, etc.). Nulle part nous n'avons
trouvé de terme inférieur aux quartzites et aux conglomérats ; les voûtes ne sont d'ail-
leurs jamais entamées très profondément. Quant aux formations schisteuses supé-
rieures, on ne les voit aflleurer que très rarement, par le fait qu'elles sont presque
toujours couvertes d'épaisses forêts ou de marécages; néanmoins, nous avons pu en
établir une bonne coupe le long de la cluse de la Kosva, au défilé du Touloum, le syn-
clinal étant très abaissé à cet endroit et compris entre Içs anticlinaux du Dikar à
l'ouest et du Sloudky à l'est. Lorsque l'on descend la Kosva entre les deux lignes de
rapides, on observe d'abord dans le lit de la rivière et sur la rive gauche des quart-
zites el conglomérats du flanc occidental de Tanticlinal du Sloudky qui plongent vers
874 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'ouest; plus bas en aval on voit apparaître des roches quartziteuses et séricitiques
très froissées, de couleur gris verdàtre, suivies par des types plus schisteux passant
parfois à de véritables schistes séricitiques qui semblent d'apparence cristalline, qui
sont tantôt lités en couches très minces ou, au contraire, en bancs plus épais. Ces
roches renferment des petits lits de quartz et, détail typique, des lentilles de la gros-
seur d'un pois à celle de la tête, formées par une association intime de quartz et de
sidérose; cette dernière en s'oxydant donne des taches ocreuses qui communiquent à
ces roches un aspect très particulier. Ces formations deviennent de plus en plus
schisteuses vers le haut et passent à des quartzites schisteuses gaufrées, de couleur
verdàtre, qui ressemblent absolument à certaines variétés de quartzites schisteuses
du Dévonien inférieur. Sur ces formations viennent alors des schistes argileux noirs
très redressés qui forment le cœur du synclinal ; ces formations ne se distinguent pas
des schistes argileux noirs du Dévonien inférieur. En continuant à descendre la Kosva
on retrouve, symétriquement disposées, toutes les formations indiquées, plongeant
cette fois vers l'est, et formant le deuxième flanc du synclinal. On peut donc établir
ici la succession suivante de bas en haut :
» 1, A la base, quartzites compactes et conglomérats quartzeux à petits éléments;
» 2. Schistes quartziteux très compacts, plus ou moins séricitiques, très froissés;
» 3. Quartzites schisteuses toujours séricitiques, avec lit quartzeux et lentilles ou
galets de quartzites imprégnés de sidérose. Cette formation passe à une espèce de
conglomérat à cailloux de quartzite réunis par un ciment schisteux et séricitique.
» 4. Quartzites schisteuses gris verdàtre, à surface gaufrée, renfermant toujours
plus ou moins d'éléments micacés ou séricitiques ; ces roches sont analogues à cer-
taines formations mises à la base du Dévonien.
» 5. Schistes noirs argileux, analogues à ceux du Dévonien supérieur.
)) On voit donc qu'il semble y avoir une analogie complète entre les
termes supérieurs de la série des roches qui forment la zone des quartzites
et conglomérats cristallins et les termes inférieurs des roches qui sont à la
base du Dévonien de la Kosva. Comme il n'y a pas de discordance entre les
formations supérieures et inférieures de la zone des quartzites et que, mal-
gré des recherches attentives, nous n'avons plus trouvé de dislocation
entre le Dévonien et la zone des quartzites et conglomérats, on peut en
conclure qu'il n'y a pas de raisons apparentes pour séparer les formations
des quartzites et conglomérats de celles attribuées au Dévonien inférieur.
)) Nous ajouterons que plusieurs batteries de puits faites dans la région
des quartzites et conglomérats, en des points fort différents, ont montré la
réapparition fréquente de roches analogues trouvées au Touloum; les
schistes noirs et les variétés de quartzites schisteuses à nodules de sidérose
ont été rencontrées beaucoup plus au sud, dans les synclinaux qui viennent
à l'est de la grande chaîne de i'Aslianka. »
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE IQoS. 876
GÉOLOGIE. — Sur la Structure des Hohe Tauern (Alpes du Tyrol).
Note de M. Pierre Ter3iier, présentée par M. Marcel Bertrand.
« Le massif granitique et gneissique des Hohe Tauern, entre la Granat-
spilze et le Wolfendorn, est une longue et large voûte entourée, de tous
côtés, par une couverture schisteuse métamorphique, la Schieferhïdle. Tout
autour du massif, les gneiss s'enfoncent sous cette couverture, et, entre
celle-ci et ceux-là, la concordance est parfaite. A l'ouest de la vallée de la
Floite, la voûte granito-gneissique se divise en deux voûtes secondaires, le
Tuxer Kamm et le Zillertaler Ramm, séparées par une avancée, ou un
golfe, de la SchieferhùUe : ces deux digitations anticlinales sennoient rapi-
dement vers le sud-ouest, le Tuxer Ramm un peu moins vite que le Ziller-
taler Ramm. Tout cela est connu depuis longtemps (^).
» J'ai dit, il y a huit jours, qu'au lieu d'être, comme le croient la plupart
des géologues autrichiens et allemands, une série sédimentaire régulière,
la Schieferhïdle m'a paru être une série complexe. Elle supporte, comme
chacun sait, des lambeaux de calcaires triasiques; mais elle renferme aussi,
dans son épaisseur, des larri.es de calcaires et de quartzites triasiques, et les
calcschistes (Ralkphyllite ou Ralkglimmerschiefer) qui forment l'étage
supérieur de la série, et qui sont ainsi compris entre Trias et Trias, sont
identiques à nos Schistes lustrés, et sont, au moins pour leur plus grande
partie, plus jeunes que le Trias.
» Cette complexité de la Schieferhiille saute aux yeux, quand on relève la coupe
des terrains entre le Wolfendorn et la Weissespitze, à l'extrémité ouest du Tuxer
Kamm. Entre les gneiss de la Landshuter Hiitte et les calcaires triasiques (d'âge incon-
testé) delà Weissespitze, on traverse successivement :
» 1. Marbres phylliteux, quartzites et calcaires du Wolfendorn;
» 2. Micaschistes de la Flatschspitze ;
» 3. Quartzites et marbres phylliteux du Schlûssel Joch ;
» 4. Schistes lustrés de l'Amthorspitze.
» Les calcaires triasiques de la Weissespitze sont des marbres phylliteux, identiques
au terme 3. Ils reposent en concordance sur le terme i. Mais les mêines marbres phyl-
(*) Consulter le Livret-guide du lA'^ Congrès géologique international (Vienne,
igoS), et spécialement les fascicules relatifs aux excursions VIII et IX, par MM. F.
Becke et F. Lôwl. Toutes les observations que j'ai pu faire sur le terrain confirment,
sauf quelques détails, celles qu'a publiées M. Becke : et c'est seulement dans l'interpré-
tation des phénomènes que je me sépare du savant professeur de Vienne.
876 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lileiix, accompagnés des mêmes quartzites, reparaissent dans le terme I ; et ce terme 1
est lui-même une série plovée et écrasée, où les quartzites, les marbres pliylliteux et
les calcaires se répètent et prennent une allure lenticulaire. De sorte qu'il n'est pas
douteux que ce terme 1 ne soit aussi du Trias, d'ailleurs replié sur lui-même.
» Or ce terme 1 (calcaires du Wolfendorn) se relie, sans aucune discontinuité, à
l'Hochstegenkalk du Griinberg. La coupe de la Schieferhiille à Mairhofen ne diffère
de la coupe ci-dessus que par la moindre épaisseur des Schistes lustrés.
» Entre le Pfitscher Jocli et le Hochfeiler, c'est encore la même coupe, mais avec
un plus grand développement des termes 2 et k. Les micaschistes et amphibolites de la
Greiner Scholle correspondent aux micaschistes de la Flatschspitze, et les calcaires
de la Griesscharte aux marbres du Schlïissel Joch. Les Schistes lustrés de l'Hochferner
prolongent ceux de l'Amthorspitze.
» Quel que soit le point où l'on aborde la Schieferhiille, en venant du
massif granito-gneissique, on la voit se présenter comme un paquet
^écailles ou de plis couchés. Dans ce paquet, on observe, de bas en haut :
une lame, parfois doublée, de Trias; une lame, parfois très épaisse, de
gneiss et de micaschistes, probablement permiens; une deuxième lame de
Trias; une série, paifois très réduite, parfois puissante de plus de i 000™,
de 5cAi5/e^ /w^/rej- (mésozoïques, et peut-être, partiellement, néozoïques);
enfin, une troisième lame de Trias.
» Et comme la Schieferhiille, avec cette même complexité, fait tout le
tour des Hohe Tauern, par le Gross-Glockner, le Hoher-Tenn, et Rrimml,
je crois pouvoir, dès à présent, formuler cette conclusion, qui est de
nature à changer profondément les idées généralement admises sur la
structure de la zone centrale des Alpes orientales :
» Le massif cristallin, long de 85''™ et large de i5'"" à 18''™, qui com-
prend le Gross-Venediger et les hauts sommets de Ziliertal, n'affleure au
jour que grâce à une déchirure, ou à une fenêtre, ouverte dans un système
àe nappes de recouvrement; ce massif cristallin, qui est formé de gneiss et
granités probablement permo- carbonifères (Zentralgneis), semble être,
lui-même, la carapace d'une nappe inférieure, totalement enterrée. »
PÉTROGRAPHIE. — Contribution à l' étude des roches sodiques de l'Est-Afri-
cain. Note do M. H. Arsaxdaux, présentée par M. Fouqué.
» M. A. Lacroix a montré, il y a quelques années ( ' ), que la caractéris-
tique de la région volcanique traversée par les cinquantes premiers
(') Comptes rendus, 29 mai^iSgg.
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE IQoS. ^77
kilomètres du chemin de fer de Djil)OLiLi à Harrar consiste dans le large
développement de rhvolites alcalines apparentées avec les pantellérites et
présentant fréquemment des pyroxènes et des amphiboles sodiques.
» Au cours d'une mission en Ethiopie, j'ai parcouru cette région et pu
constater que des roches analogues s'observent sur de vastes espaces dans
tout le désert Souiali-Dankali, le Choa, et se prolongent jusqu'au nord des
plateaux Gallas.
» Au point d'eau Hélabala, dans le désert Soaiali, j'ai rencontré de hautes falaises
d'une roche rubanée, à lits alternant brun violacé et brun clair offrant les caractères
généraux des rhvolites du voisinage de Djibouti, mais dépourvues de métasilicates
déterminables.
» Pendant plus de 200'^™, dans la direction du Choa, j'ai parcouru de grandes cou-
lées de roches différant un peu des précédentes. Elles sont verdâtres, grossièrement
fissiles, tantôt lithoïdes, tantôt vitreuses; dans le premier cas, elles renferment de
nombreuses lithophvses blanchâtres et contiennent des enclaves basaltiques; dans le
second cas, elles constituent de véritables obsidiennes, les unes sont vertes et parfois
translucides, les autres sont brunes et renferment fréquemment, en très grande quan-
tité, des sphéroliles dont les éléments feldspathiques sont à allongement positif lacile-
ment isolable, atteignant la grosseur d'un pois.
» Les types lithoïdes sont à peu près les seuls à renfermer du quartz bipyramidé,
dont les cristaux sont découpés d'anfractuosités arrondies. Les phénocristaux de feld-
spath sont vitreux et exclusivement alcalins : sanidine, sanidine sodique et anorthose
dépourvue de macles de l'albite, caractérisées par les extinctions et l'écartement des
axes. Ils sont accompagnés de divers métasilicates, de pyroxènes (diopside verdàtre,
aigyrine-augite et gegyrine) et d'amphiboles; celles-ci sont au nombre de deux; la cos-
syrite brune, presque noire, et une amphibole monoclinique vraisemblablement alca-
line qui ne répond à aucun type connu; elle possède, en effet, un allongement positif
avec une extinction maxima de 7° dans la zone d'allongement. La bissectrice aiguë
est négative avec un très faible écartement des axes optiques; le pléochroïsme est
intense dans les teintes vertes et jaunes, avec /î„i> ng'> iip.
» Ces métasilicates sont très variables tant par leur proportion globale que par leurs
proportions respectives; seule la cossyrite est constante.
» Quant aux éléments du second temps de cristallisation, en général de peu d'im-
portance, ils sont constitués par des microlites et parfois des sphéroliles feldspa-
thiques ainsi que par des microlites allongés de pyroxènes et d'amphiboles
sodiques.
» Ces roches se distinguent essentiellement de celles de la région de Djibouti, par
ce fait que les éléments colorés y existent surtout sous forme de phénocristaux, alors
que, dans les précédentes, l'œgyrine et la riebeckite ne se trouvent que dans la pâle
de la roche et avec une structure pœcilitique.
» Le Tableau suivant donne les résultais des analyses que j'ai effectuées des types
G K.. 1900, 2" Semestre. (T. CXXWII, N» 21.) H^
'^7^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
les plus caractéristiques des rhyolites des environs de Djibouti et de celles provenant
de divers points de la région que j'ai parcourue,
Perte au feu
SiO-
Al^O^
Fe'^0'
FeO
GaO
MgO
K^O
Na^O
Densité.
A.
B.
c.
I).
E.
F.
G.
if.
i,o
1)1
»,4
0,0
0, 2
0,4
2,2
0,9
73>9
76,0
7', 4
69,1
68,5
72,9
7i>7
66,5
11,5
12,7
.1,8
10,5
12, 1
12,4
l4,2
18,9
3,4
2,1
5,6
3,6
6,2
3,0
1,6
3,6
o>9
0,6
',4
6,4
2,2
2,4
1,6
1,3
»
0,2
0,2
0,4
0,6
0,1
»
0,2
o,i
))
0,6
0,J
0, 1
0,5
0,4
0,4
4,4
4,2
4,0
4,0
4,5
4,3
4,6
4,5
4,o
4,0
4,2
6,2
100,6
6,1
4,4
100,4
3,8
4,8
lOI ,2
100,9
ioo,9
1 00 , 5
100, (
lOI , I
2,6o
2,59
2;49
2,5l
2,47
2,46
2,42
2,6-
» A, rhjolile du Hol-Hol, environs de Djibouti. B, rhyolite de Ilelabala. C, D, E,
F, G, pantellérites. C, environs de Moullou. D, Fantaié (obsidienne verte). E, Tadet.
chamalka. F, TcheflTedonza. G, Baldji (obsidienne brune). H, microsyénite de
Karsa.
» Les caractères minéralogiques, aussi bien que les caractères chimiques, conduisent
à rapprocher ces roches du groupe de la pantellérite, caractérisé au point de vue mi-
néralogique par la présence de feldspaths exclusivement alcalins, de pyroxènes et
d'amphiboles sodiques (la cossyrite en particulier), au point de vue chimique par
l'abondance des alcalis, la faiblesse de l'alumine, l'absence presque complète de chaux
et de magnésie et la proportion variable, mais toujours élevée, de fer (avec prédomi-
nance de Fe^O^ sur FeO). Les analyses D et E montrent la prédominance de la soude
sur la potasse, caractéristique des véritables pantellérites, tandis que dans les autres
il y a à peu près égalité en poids entre les deux alcalis.
» J'ai recueilli à Karsa, sur le bord du plateau Harari, une roche diflerente des
précédentes à aspect microsyénitique; elle est holocristalline et constituée par des
feldspaths alcalins enchevêtrés, entourant des phénocristaux d'orthose plus ou moins
orientés et pénétrés d'albite secondaire. Les microlites sont associés pœcililiquement
avec de l'aegyrine et de la riebeckite distribuées irrégulièrement dans la roche et
donnant à celle-ci un aspect moucheté. Les intervalles intersertaux des feldspaths sont
remplis par du quartz.
« Gette roche offre une grande analogie avec la païsanite. J'ai donné plus haut sa
composition chimique; elle diffère de celle des autres roches de notre série par l'abon-
dance de l'alumine et une proportion moins grande de silice. Je n'ai pu déterminer
exactement les conditions de gisement de cette roche ; elle est, dans tous les cas, anté-
rieure aux pantellérites analysées, lesquelles renferment parfois des enclaves holocri-
stallines qui peuvent lui être comparées.
» Indépendamment de l'intérêt intrinsèque que présentent les types
décrits dans cette Note, il y a lieu de faire remarquer combien toutes les
SÉANCE DU 2 3 NOVEMBRE 1903. 87()
recherches qui sont poursuivies depuis quelques années dans cette partie
du continent africain tendent à montrer qu'elle constitue une vaste pro-
vince pétrographique dans laquelle abondent les types riches en alcalis, m
PÉTROGRAPHIE. — Les roches éruptives de l'île d'Eubée.
Note de M. Deprat, présentée par M. Fouqué. .
« Au cours de mes études géologiques dans l'île d'Eubée, j'ai pu observer
une série importante de roches éruptives intéressantes par leurs variétés et
par les époques géologiques de leur mise en place.
>) I. PÉRIODE PALÉozoïQUE. — Les temps paléozoïques ont vu la produc-
tion de roches assez peu abondantes comme types.
» Je distinguerai c
» Grainilites, microgranulites, porplijrites (andésites et labradorites anteterliaires),
gabbros diabasiques et mélaphyres (basaltes antelertiaires).
» Les Graiiulites sont bien développées dans le massif d'Ibagios (région septen-
trionale) au nord d'OEdipsos-bains, sous la forme de dômes puissants recouverts par les
arkoses et schistes des monts Galtzades. Elles montrent toutes les variétés possibles,
depuis les formes pegmatitiques jusqu'aux formes aplitiques.
» J'ai recueilli dans la série dévonienne de Séta, près de Manuila, des blocs d'une
MlcrogranuUte que je n'ai pu retrouver en place. Cette roche avait déjà été signalée
par Teller, comme étant en place dans cette région et, d'après la description qu'il
en a donnée, je la considère comme identique à celle que j'ai observée. C'est une roche
grise, à grands cristaux de feldspath altérés tranchant sur la couleur générale parleur
teinte claire, avec des cristaux abondants de quartz bipyramidé.
» Les séries dévonienne et carbonifère sont également percées par des Porphyrites
(andésites et labradorites anciennes), en djkes puissants qui ont fréquemment méta-
morphosé les terrains encaissants. Près de Rodino et de Gjmna, les schistes sont trans-
formés en cornéennes au pourtour des filons. Ces roches sont abondantes dans les
régions de Séta, de Steni, d'Ibagios dans le nord de l'île et dans le sud (région du
mont Oclia ).
» Des djkes nombreux de Gabbros diabasiques percent les couches paléozoïques
des monts Galtzades, de Séta et de l'Oclia. Ces roches sont ordinairement extrême-
ment altérées parle dynamométamorphisme, souvent rendues schistoïdes par laminage
et montrent des structures d'écrasement remarquables. De plus, la transformation en
tout ou partie du pyroxène en amphibole est générale. Parfois une partie de l'amphi-
bole y paraît ^v'iminvQ {P rotérobases) . Ces roches présentent fréquemment la structure
ophitique. J'ai recueilli également des échantillons de Mélaphyres dans les monts
Galtzades.
» n. Période secondaire. — La période secondaire a été le théâtre
88o ACADÉMIE DES SCIENCES.
(Vnne grantle activiié éruptive; les roches basiques principalement sont
puissamment développées.
» J'ai observé la série suivante (le trias étant mis à part) :
» Diorites, diorites quartzifères, diabases ophitiques, labradorites (porph\ rites
Jal)iadoriques), gabbros, gabbros-norites, llierzolites, harzbnrgites, dunites, welir-
lilcs, picrites, bronzitites, diallagites, hornblendites.
» Je ferai remarquer qu'un grand nombre de ces roches ont été observées en Crète
par M. Gajeux (') et qu'il a été amené également à les rattacher à la période secon-
daire.
« Les diorites sont développées au Xeronoros, à Venchia, où elles se trouvent en
fdons coupant les amas de péridotites.
» Les diabases des monts Sukaron et Pyx.aria percent nettement en filons puissants
les calcaires cénomaniens qu'elles métamorphisent au pourtour. Liles passent souvent
près d'IIagia Sophia à de véritables lahiadorites; ces roches sont fréquemment alté-
rées, montrent souvent le phénomène d'ouralitisation du pj^roxène. Je signalerai en
passant leur richesse en fer titane associé au sphène {leucoxèiie):
» Les Gabbros, que je ne distingue des diabases que par leur structure, se divisent
en deux grands groupes : les gabbros qui percent le Crétacé en dômes ou filons indé-
pendants et ceux qui se trouvent régulièrement associés aux massifs de péridotites
qu'ils traversent. L'apparition d'hypersthène les conduit parfois au gabbro-norites.
Ces roches, par apparition ou disparition d'un ou plusieurs éléments, passent souvent
aux péridotites par des transitions intéressantes.
» Les Péridotites forment d'immenses massifs intrusifs dans les terrains secondaires.
Leur mise en place témoigne d'un long effort. La consolidation du magma dans l'écorce
a dû être achevée vers la fin de la période infracrétacée, car à partir de ce moment les
contacts métamorphiques cessent complètement. Mais la roche a pour ainsi dire con-
tinué à faire ascension à l'état solide, et, grâce aux mouvements précurseurs des
grands plissements pyrénéens, les dômes ont été souvent introduits violemment dans
les couches crétacées qui présentent à leur pourtour des phénomènes de dislocation
typiques. Pendant le dépôt du flysch, les marnes profondes du magma ont été remises
en communication avec l'extérieur et les grès et schistes de ce faciès sont remplis et
métamorphisés par de nombreux petits dômes de péridotites.
» Les dômes de péridotites sont constitués par des roches passant indifféremment,
et sur des espaces fort restreints, des Iherzolites aux harzbnrgites, aux dunites, aux
picrites (ces dernières étant plus fréquemment filoniennes), aux wehriites et par ces
dernières aux gabbros à olivine.
)) De nombreux filons de bronzitites, diallagites, hornblendites traversent ces roches.
Le fer chromé y forme des amas importants. Les produits d'altération serpentineuse
sont très développés (^).
(') Les Eruptions d'âge secondaire dans file de Crète {Comptes rendus, 28 fé-
vrier 1908).
(^) Dans un voyage que j'ai effectué dans le Pinde, j'ai revu, notamment près de
SÉANCE DU 20 NOVEMBRE ]f)o3. 88t
» Tontes ces roches présentent d'intéressants phénomènes de dynamométamor-
pliisme.
» HT. PÉRIODE TERTIAIRE. — Une période de calme dans l'activité érup-
tive semble s'être établie jusqu'au Pliocène. Alors les grandes fractures ont
rejoué et sur le parcours de la caverne Vathya-Oxylithos s'est établi un
contre éruptif qui paraît avoir évolué exactement comme un cumido-volcan ;
c'est le massif volcanique d'Oxylitbos.
>^ J'ai reconnu dans ce massif une série acide importante constituée ainsi :
)) Dacites augitiques à hypersthène, hornblende, mica noir; andésites à hornblende;
rhyolites; la série se termine par une labradorite augilique.
» IV. PÉRIODE QUATERNAIRE ET ACTUELLE. — L'actlvité éruptive nc se
manifeste plus que par des émissions thermales représentées par les sources
d'OE(bpsos qui ont édifié des tufs importants. »
PHYSIOLOGIE. — De l'action morphogénique des muscles crotaphytes sur le
crâne et le cerveau des Carnassiers et des Primates. Note de M. R. Anthony,
présentée par i\î. Peirier.
« Chez l'homme, les crotaphytes sont minces, peu étendus (ils restent
distants chez l'adulte à peu près de toute la largeur de la boîte crânienne)
et ils sont par conséquent peu puissants. Au contraire, chez les Carnassiers,
beaucoup de Singes, de Lémuriens et quelques Marsupiaux, ils sont, au
moment de l'âge adulte, très épais, très étendus (se rejoignant très souvent
sur la ligne médiane sagittale) et ils sont par conséquent très puissants;
à l'état jeune ces animaux présentent la disposition humaine.
)) Chez l'homme les circonvolutions du cerveau, quoique bien marquées
et très profondes, ne s'impriment pas sur l'endocràne de la voûte. Chez le
chien et tous les autres animaux à crotaphytes puissants, leurs empreintes
y sont très vigoureuses, et, chez certains Carnassiers à crotaphytes parti-
culièrements puissants, non seulement l'endocràne, mais l'exocrâne lui-
même suit fidèlement leurs sinuosités (Mustélidés et plus particulièrement
Metzovo, de Janina, de Dervinon, les terrains secondaires percés par des roches iden-
tiques et dans les mêmes conditions que celles que je viens d'exposer. De même dans
le nord de la Thessalie.
882 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Loutre, Hermine, Furet, etc.). De plus, la paroi crânienne de l'homme
est épaisse, celle des animaux à crotaphytes puissants souvent plus mince,
parfois même transparente dans le cas de certains Mustélidés, par exemple.
» En présence de ces faits, j'ai été amené naturellement à supposer que
le muscle crotaphyte des Carnassiers et des animaux similaires devait avoir
exercé au cours de l'évolution de l'espèce, et devait exercer encore au
cours du développement ontogénique de l'individu une compression véri-
table sur le crâne, qu'il enveloppe comme dans une sangle. Or, le crâne
reçoit, on le sait, de la part du cerveau augmentant de volume, une autre
poussée très énergique de dehors en dedans. Il s'ensuit que la paroi crâ-
nienne est, chez les animaux du type carnassier, comprise entre deux pres-
sions, et l'on conçoit alors sans peine comment il se fait qu'elle s'amincit et
se moule sur les circonvolutions du cerveau. Chez l'homme, la paroi crâ-
nienne est soumise à la poussée du cerveau seule, la compression par les
crotaphytes n'existant pas; c'est ce qui explique son épaisseur et l'absence
des empreintes endocraniennes.
» J'ai voulu donner à cette manière de voir l'appui des arguments
expérimentaux :
» a. Dans deux premières expériences, j'ai enlevé à deux jeunes chiens, peu de
temps après leur naissance, leur muscle crotaphjte. L'examen anatomique pratiqué
plusieurs mois plus tard me permit de constater- que la région temporo-pariétale cor-
respondant au muscle enlevé était sensiblement plus bombée que l'autre et les
empreintes endocraniennes moins profondes. L'hémisplière cérébral lui-même était
légèrement plus développé.
» p. Ayant amené chez un jeune chien peu de temps après sa naissance, par une
vive irritation de l'exocrâne, un arrêt de développement de la boîte crânienne, j'ai
constaté 8 mois plus tard que le cerveau, enserré pendant son développement dans
une loge trop étroite, avait laissé sur l'endocrâne des empreintes d'une vigueur inac-
coutumée.
>■> Y» Chez un quatrième chien enfin, ayant enlevé dans les mêmes conditions que
précédemment une large portion de la boîte crânienne, j'ai constaté que, 1 1 mois après
la mutilation, la paroi osseuse qui s'était reconstituée présentait des empreintes endo-
craniennes aussi nettes que celles d'une paroi crânienne normale.
» En résumé : i° le crâne des Carnassiers semble être au cours du déve-
loppement, pendant les premiers mois de la vie, comprimé de dehors en
dedans parles muscles crotaphytes, et de dedans en dehors par le cerveau
augmentant de volimie. Il en résulte que l'endocrâne de la voûte se moule
en creux sur la surface du cerveau.
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE IpoS- 883
» 2° Le crâne de l'homme, subissant seulement la poussée cérébrale de
dedans en dehors, se dilate de plus en plus et son endocràne ne présente
pas d'empreintes de circonvolutions.
» 3° On peut, par conséquent, concevoir que la pression due aux muscles
crolaphytes est et a été une sorte d'obstacle au développement cérébral.
On sait, en effet, que les animaux à appareil masticateur bien développé
et qui ont, par conséquent, tels les Carnassiers, des muscles crotaphytes
considérables, ont un cerveau relativement réduit par rapport à ceux qui
ont comme l'homme un appareil masticateur peu développé et des muscles
crotaphvtes peu puissants.
» Il n'est donc pas absurde de supposer que lorsqu'au cours de la phy-
logénie, par suite de conditions d'existence nouvelles, l'animal à crota-
phytes puissants, voisin des Primates inférieurs actuels et qui devait devenir
l'homme, a fait un moindre usage de ses mâchoires (organes lui servant
primitivement non seulement à déchirer sa proie, mais à se défendre et à
attaquer), ses muscles crotaphytesont diminué de volume et de puissance et
que cette diminution de volume a permis au cerveau, désormais libre de
toute compression, de prendre le développement qu'on lui connaît.
» If Les résultats de cet ensemble de causes morphogénétiques (pression
exercée par le muscle, poussée du cerveau) se seraient accumulés au
cours de la pliylogénie et héréditairement fixés. Toutefois ces causes
agissent encore aujourd'hui, puisqu'en supprimant les muscles crotaphytes
chez un animal donné, on modifie sa surface endocranienne et l'on
augmente le volume du cerveau.
» Mon maître, M. Edm. Peirier, et moi-même avions déjà envisagé à
maintes reprises la possibilité de ce processus morphogénélique (voir § 3°
des conclusions), mes expériences actuelles viennent fournir des arguments
sérieux à cette façon de comprendre la marche de l'évolution du crâne de
l'homme. »
PHYSIOLOGIE GÉNÉRALE. — Comparaison entre les effets nerveux des rayons
de Becquerel et ceux des rayons lumineux. Note de M. Georges lîoiix,
présentée par M. Edmond Perrier.
« I. Les rayons lumineux ont divers effets tropiques (^Société de Biologie,
Il novembre iQOj). Les rayons de Becquerel n'ont aucun de ces effets.
884 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Des Vorlicelies viennent se fixer sur un tube de radium, comme s'il était vide.
Des Planaires, des Aselles viennent se cacher sous ce tube, comme sous un caillou.
Lei Daphnies, au phototropisme positif, viennent se grouper autour du tube illuminé
p;ir la lumière solaire. Le radium ne gêne pas la sortie d'un Annélide tubicole. Aucun
des nombreux animaux observés n'a fui la source radiante ou n'a été attiré par elle.
Aucun d'eux n'a présenté de reculs à la limite d'une ombre obtenue au moyen d'un
écran de plomb.
» Les effets sur les Convoluta sont curieux à considérer. Gamble et Keeble attri-
buent les mouvements oscillatoires à un effet tonique de la lumière. Je pense, au
contraire, que ces mouvements ne sont qu'un souvenir de l'excitation rythmique du
choc des vagues. Le différend est important au point de vue des théories de l'hérédité
{Bulletin du Muséum, 24 novembre 1908). La lumière a sur ces vers deux effets tro-
piques : recul à la sortie du sable, vis-à-vis de la lumière ; orientation suivant les lignes de
plus grande pente sous l'inlluence d'une augmentation de l'éclairement, d'où descente ;
la lumière a aussi un effet tonique : après une période d'insolation, ces organismes
passent à la condition de light-rlgor. Le radium ne produit pas les premiers effets,
mais détermine assez rapidement un état léthargique analogue. Seul, le radium peut
arrêter les curieux mouvements spontanés des Convoluta; la lumière contrarie égale-
ment ces mouvements (recul pendant l'ascension, arrêt par paralysie pendant la
descente); donc il est impossible d'admettre que la lumière, agent paralysant, soit la
cause de ces mouvements.
» IL Ainsi les rayons de Becquerel ont, comme les rayons lumineux,
des effets toniques, conduisant rapidement à un état léthargique, analogue
à celui de Ught-rigor; ces effets sont [)lus ou moins intenses suivant les
espèces et les régions du corj)S.
» Pour un Annélide qui nage et erre parmi les rochers supra-littoraux, Kefer-
steinia, par exemple, l'état léthargique est obtenu rapidement (20™, \^)\ il n'en est
pas de même jjour un petit Scoloplos vivant dans le sable (i2^j. Le radium a été
placé à l'entrée du tube de la Laaice conchylega : au bout de quelques instants, les
tentacules de la ïérebelle étaient rétractés et avaient perdu le sens tactile, tandis que
les branchies ne subissaient aucune altération. De même les branchies de l'Arénicole
iiC s'altéraient pas au contact prolongé de la source radiante. Seuls, les tentacules
tactiles, aussi sensibles que les téguments des Annélides supra-littorales, et comme
eux très innervés, passent lapidement à l'état de radiuin-rigor . »
)' 11 y a la un curieux contraste qui rappelle celui constaté par Danysz
chez les Vertébrés supérieurs: le radium agit fortement sur la peau, faible-
ment sur le péritoine.
» Après une application sur la peau (observations personnelles), presque immédia-
tement apparaît une rougeur qui persiste un certain temps et qui est due à un trouble
vaso-moteur, à une sorte de radiuin-i-igor des vaisseaux de la peau ; la senbibiiité
SÉANCE DU 1?) NOVEMBRE igoS. 885
tactile semble diminuée. Mais six semaines après (fin mai) des troubles beaucoup
plus profonds se produisent : boursouflure de l'épiderme, exfoliation ; fin juillet,
mêmes phénomènes; fin octobre, de même, mais cette fois il se forme une plaie qui
simule une brûlure. D'autres applications déterminent seulement des poussées pigmen-
taires;-sur un nœvus le pigment a été détruit.
» En résumé, sur les légnments (Vers, Amphibiens, Homme) l'action des
rayons du nidiiim est multiple: i° ils agissent sur les filaments nerveux
périphériques, ils produisent une sorte d'aneslhésie qui peut entraîner
chez les êtres et les organes aux fonctions extériorisées un état de
fatigue, de paralysie, souvent suivi de mort; chez les Vertébrés l'action
porte surtout sur les vaisseaux et les troubles vaso-moteurs (auxquels on
doit attribuer les paralysies centrales) sont au premier plan; 2^ ils modi-
fient d'une façon durable les cellules épithéliales et par suite la croissance
des épithéliums, qui se fait par poussées successives: à chaque poussée on
observe des troubles qui entraînent parfois des plaies ressemblant à des
brûlures; 3** ils agissent, enfin, sur la pigmentation. J'attribue une grande
importance à cette dernière action : le pigment semble lui-même radio-
actif (Griffiths) ; le rayonnement d'un pigment paraît agir sur un autre
pigment, et je suis arrivé à la conviction que c'est l'étude de la radio-acti-
vité qui donnera une explication vraiment scientifique des cas si extraor-
dinaires de mimétisme: ressemblance d'une Kallima et d'une feuille. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur l' existence, dans V organisme animal, d'une
diastase à la fois oxydante et réductrice. Note de MM. J.-E. Abelous
et J. Aloy, présentée par M. Arm. Gautier.
« Dans une Note antérieure (Com/?/e^ rendus, 22 juin igoS) nous avons
exposé les résultats de nos recherches sur quelques conditions de l'oxv-
dation de l'aldéhyde salicylique par les organes et extraits d'organes
animaux. Entre autres résultats, nos expériences nous avaient amenés à
conclure que l'oxydation de l'aldéhyde salicylique se fait mieux dans le
vide qu'en présence de l'air et que la présence d'une atmosphère d'oxv-
gène pur diminue considérablement, et peut même empêcher, cette oxyda-
tion. Il faut donc admettre que l'oxygène nécessaire est emprunté à des
combinaisons oxygénées que dissocie le ferment oxydant.
» Or, l'un de nous a établi, avec M. E. Gér-ard {Comptes rendus,
t. CXXÏX, 1899, 2^ semestre, p. 56 et 164) l'existence, dans l'org^anisme
C. R., 1903, 2" Semestre. (T. CXXXVII, N« 21.) I16
886 ACADÉMIE DES SCIENCES.
animal, d'un ferment soluble réducteur jDouvant transformer les nitrates
alcalins en nilrites. Il était permis de penser que l'oxygène ainsi enlevé
aux nitrates devait servir à des oxydations concomitantes.
» Nous avons été conduits à examiner si ces deux diastases, oxydante
et réductrice, n'étaient pas en réalité un seul et même ferment à la fois
oxydant et réducteur.
» Les expériences que nous avons faites, et dont nous présentons
aujourd'hui les résultats généraux ( ' ), nous portent, comme on va le voir,
à adopter cette conclusion.
» Nous avons étudié parallèlement l'influence de certaines conditions
sur la réduction des nitrates alcalins et l'oxydation de l'aldéhyde salicy-
lique par de l'extrait aqueux de foie de cheval.
» 1° Influence de l'air et de Voxygène. — La présence de l'air, et mieux encore
d'une atmosphère d'oxygène pur, entrave également l'oxydation de l'aldéhyde salicy-
lique et la réduction du nitrate.
» 2° Influence de la température. — L'activité de l'oxydation et de la réduction
augmente avec la température. L'optimum est entre 5o° et 55". A 6o°, on constate un
affaiblissement notable des deux actions. Toutes deux sont supprimées à 8o".
» 3° Substances empêchantes . — Il est certaines substances qui entravent, ou
empêchent même complètement, la réduction du nitrate. Ces substances agissent de
même sur l'oxydation de l'aldéhyde salic^dique.
» Ainsi, a : Le sulfhydrate d'ammoniaque (sol. saturée), dans la proportion de 2'='"''
à S"^""' pour ioqS à i5os d'extrait de foie, supprime complètement le pouvoir oxydant
et le pouvoir réducteur de cet extrait.
» b. Le sulfoc^^anate d'ammonium, à la dose de 20, et même de 10 pour 100,
empêche complètement l'oxydation et la réduction.
» c. La nicotine, ajoutée dans la proportion de 2*^'"' pour 100 à de l'extrait de foie,
diminue à la fois son pouvoir oxydant et son pouvoir réducteur.
» 4" hiérarchie des organes. — Enfin, il est à noter que les organes qui fournis-
sent les extraits les plus oxydants fournissent également les extraits les plus réduc-
teurs. Le foie, qui est l'organe le plus oxydant, est aussi le plus réducteur. Puis
viennent le rein, le poumon, la rate, l'intestin grêle, le muscle, le cerveau. Le muscle
et le cerveau, qui donnent un extrait absolument inaclif sur l'aldéhyde salicylique,
fie réduisent le nitrate que d'une façon inappréciable.
» En rapprochant tous ces faits, on voit que toutes les conditions qui
favorisent ou empêchent l'oxydation, favorisent ou empêchent également
la réduction dans des proportions sensiblement les mêmes.
f ') L'exposé détaillé de ces expériences paraîtra dans le Journal de Physiologie et
de Pathologie générale.
SÉANCE DU 93 NOVEMBRE tqoS. 887
» Il paraît donc légitime de conclure à l'identité de la diastase oxydante
et de la diastase réductrice. En réalité, il existerait dans l'organisme
animal un ferment oxydo-réducleur. Nous savons que les éléments anato-
miques n'ont à leur disposition que de l'oxygène combiné : ils vivent
anaérobiquement (Armand Gautier).
» Le ferment en question, dissociant les combinaisons oxygénées, agit
comme réducteur, et, portant l'oxygène libéré sur des substances oxy-
dables, il agit comme oxydant. Ce double rôle nous le fait api)araitre comme
l'agent des échanges respiratoires élémentaires. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la fermentation forménique et le ferment
qui la produit. Note de M. Mazé, présentée par M. Roux.
« En décembre igoo, M. le D'' Roux me remit un flacon rempli d'eau et
de feuilles mortes en pleine fermentation forménique, en me demandant
de suivre In marche de cette fermentation.
» L'examen microscopique du liquide du flacon ou du conlenu des cellules des
feuilles laissait voir un grand nombre de formes microbiennes, mais il était bien diffi-
cile d'attribuer à l'une quelconque d'entre elles, en raison de sa prédominance, la pro-
duction du gaz des marais.
)) Une semence empruntée à cette culture, avec une autre tirée d'une parcelle de
fumier bien décomposé, ont constitué le point de départ d'une série de cultures qui ont
abouti à la découverte d'un micro-organisme particulier auquel il faut attribuer le
dégagement de formène.
» Ce microbe se présente isolé, et alors il est sphérique, ou sous forme d'agrégats
plus ou moins volumineux, d'un aspect mùriforme; rappelant une grosse sarclne, en
raison de cette analogie je le désignerai provisoirement par le terme an pse 11 dosa reine,
car il ne semble pas que ses bipartitions se fassent suivant deux plans perpendiculaires.
» 11 a été rencontré dans des cultures anaérobies réalisées en pipettes Roux, avec
un milieu obtenu en filtrant le mélange suivant après un chauffage préalable à 120"
pendant un quart d'heure.
Milieu I.
Feuilles mortes (marronnier) pulvérisées 5o
Phosphate d'ammonium o,5
Carbonate de potassium o,.")
Eau ordinaire 5oo
Carbonate de calcium 2 à 3
» La présence de cet organisme coïncide toujours avec la pro luction de
formène.
888 ACADÉMIE DES SCIENCES.
)) Si, au lieu du liquide obtenu avec le milieu I, on introduit le nnélange
entier à raison de 200""' par ballon de 260'""', on obtient des cultures qui,
au bout de i5-20 jours à So", fournissent, en 24 heures, i 5o'"' à 200""' de
gaz; la proportion de formène dans le mélange est alors égale à 65-66
pour 100; le dégagement se ralentit ensuite assez brusquement, pour con-
tinuer lentement pendant des mois et même des années. C'est dans ces
cultures qu'on observe les plus belles poussées de pseudo-sarcine .
» Si l'on chauffe les cultures de i5-20 jours, on constate que la pseudo-
sarcine est tuée par un séjour de 8 minutes à 60°; dans les cultures de 2 ans
el demi elle résiste à cette épreuve; mais elle est le plus souvent tuée éga-
lement il 70°.
» Les ferments qui l'accompagnent résistent, bien entendu; ceux-ci font
fermenter le milieu précédent en dégageant seulement de l'acide carbo-
nique et de l'hydrogène, tandis que, dans les cultures qui dégagent du for-
mène, l'hydrogène est toujours absent.
)) Si l'on analyse les cultures obtenues avec des semences chauffées, on
trouve comme principaux j)roduits des acides butyrique et acétique. Après
I mois de fermentation, on obtient les chiffres suivants :
Acide acétique. Acide butyrique.
Semences chauffées à 60" 4)63i pour looo 3,ro5 pour 1000
» » 90° 4>768 » 3,483 »
» Ces corps sont absents dans les cultures qui ont donné du formène;
ils ont donc disparu, car ils y ont pris naissance, puisque les ferments buty-
iiques y étaient présents.
» Il en résulte que la fermentation forménique se greffe sur les fermen-
tations butyriques et s'alimente aux dépens des produits fournis par ces
dernières, y compris probablement l'hydrogène.
» Si ces déductions sont exactes, la production tle formène doit être
observée dans des milieux privés de substances hydrocarboiiées. Le milieu
suivant donne en effet lui dégagement de CH\
AJi/iei/ II.
l3ouillon xMarlin Doo
I2au ordinaire 5oo
Acétate de potassium i
I3ulyrate de sodium 2
l^liosphale d'ammonium i
Carbonate de calcium t>
SÉANCE DU 1^ NOVEMBRE lo,o3. 88()
» L^ richesse du mélange gazeux en formène atteint 8i pour loo;
le reste est du C0-; quelques cultures ont donné jusqu'à 90 pour loo
de CH* ; la pseudo-sarcine y est très abondante mais plus petite que dans les
cultures faites avec le mélange I. L'origine du CH' ne peut donc pas être
attribuée aux substances hydrocarbonées.
» Les essais d'isolement pratiqués avec le milieu II solidifié avec de la
gélose ont donné des résultats positifs; mais jusqu'ici il n'a pas été possible
d'obtenir de fermentations avec unesemence pure de pseudo-sarcine même
en employant des milieux préparés par une fermentation préalable du
mélange! avec une semence chauffée à 70°. J'ai pourtant obtenu des cul-
tures très actives en l'associant à deux bacilles sporogènes incapables de
fournir, soit isolément, soit réunis, du CH'. La richesse en formène du
mélange gazeux fourni par cette association a atteint 80 pour 100. C'est
donc \si pseudo-sarcine qui est l'agent de la fermentation forménique.
» M. Omeliansky a déjà étudié un autre ferment forménique; c'est une
bactérie à sj)ore terminale [baguette de tambour (' )] ; il semble donc que
l'on puisse prévoir qu'il existe différentes formes microbiennes capables de
produire du formène. »
PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur les lubercuUnes. Note de M. Béraxeck,
présentée par M. Roux.
« Les toxines tuberculeuses sont multiples. Les unes, diffusibles, pro
(luisent chez les animaux infectés leur effet nocif à distance, principalement
sur le système nerveux ; les autres, plutôt adhérentes aux corps bacillaires,
exercent une action de contact sur les tissus ambiants et provoquent de la
part de l'organisme cette réaction de défense qui aboutit aux cellules
géantes et aux tubercules.
» En étudiant chez le cobaye la marche de l'infection tuberculeuse, on
constate d'une part que les toxines causent avec une certaine lenteur la
déchéance physiologique de l'orginisme, d'autre part que les bacilles de
Koch exercent sur les phagocytes une chimiotaxie positive. Ces phagocytes
englobent les bacilles, mais en général sont impuissants à les digérer. Pour
enrayer l'évolution de la tuberculose, le i)roblème consiste donc moins à
neutraliser par des antitoxines les toxines sécrétées qu'à aui^menter la
(') Archives des Sciences biologiques, l. VII, p. 419.
890 ACADÉMIE DES SCIENCES.
résistance des phagocytes et à renforcer leur fonction bactériolytique. Je
cherche à obtenir une vaccination directe de l'organisme pendant l'évohi-
tion même de la maladie. Cette vaccination exige un certain temps pour se
réaliser, aussi s'obtiendra-t-elle plus facilement chez les espèces à tubercu-
lose lente que chez celles à tuberculose rapide.
» Existe-t-il dans les milieux de culture ou bien dans les bacilles des
substances vaccinantes? L'expérience physiologique seule nous permet de
différencier les toxines élaborées par le bacille de Koch et d'en déterminer
les propriétés pathologiques. Dans une étude de ce genre, il importe de se
rappeler que les toxines contenues dans nos milieux de culture peuvent
représenter aussi bien des modifications chimiques des substances constitu-
tives de ces milieux que des produits de sécrétion des bacilles qui y sont cul-
tivés. A des variations dans les conditions chimiques du milieu correspondent
des variations dans les produits élaborés. Les transformations qui s'accom-
plissent dans les bouillons tuberculeux sont très complexes; mais il est un
caractère qui nous renseigne sur la nature de certains échanges intervenus
entre le bacdle et son bouillon de culture, c'est la réaction chimique que
ce bouillon présente une fois la croissance de la culture achevée. En ense-
mençant des bouillons très légèrement alcalins au début, on constate après
culture que la réaction du milieu est variable. Tantôt cette réaction est
encore alcaline ou neutre, tantôt elle est devenue franchement acide.
» J'ai clierclié les condilions qui favorisent la produclion de celte acidité. Ensemen-
çons deux bouillons provenant de la même viande de veau. Un de ces bouillons n'est pas
neutralisé et garde par conséquent son acidité première; Fautre est alcalinisé jusqu'à
ce qu'il soit alcalin à la phénolphtaléine. Après 2 mois et demi de culture, ces bouillons
sont filtrés et leur acidité titrée à la phénolphtaléine. Dans le premier bouillon, la
production d'acidité a été nulle. Dans le second, fortement alcalinisé au début, l'acidité
produite répondait à 20""' de soude normale par litre. Celte expérience ne réussit pas
toujours. En se servant comme indicateur de la phénolphtaléine, le milieu est trop
alcalin et le bacille tuberculeux ne s'y habitue qu'avec peine. Il est préférable de se
servir de bouillons auxquels on ajoute après neutralisation au tournesol de 5"^"'' à
7"="'^ de soude normale par litre. On peut ainsi acclimater le bacille de Koch à des
milieux passablement alcalins et, en réponse à cet acclimatement, ce bacille élabore
des pi'oduits spéciaux. Jal cherché ensuite si ces faits se vérifiaient avec d'autres
bases que la soude. L'hydrate de chaux m'ayant donné des résultats plus constants,
j'opère comme suit. Je prépare un litre de bouillon de veau. Je prélève 600""' de ce
bouillon et, avant d'y incorporer la glycérine et la peptone, j'ajoute 400'™' d'hydrat-e
de chaux fraîchement préparée. Après filtration, stérilisation, ensemencement, ces
bouillons sont mis à l'étuve à 37°-38° pendant 2 mois à 2 mois et demi. Ils sont alors
filtrés sur papier, neutralisés par de l'hydrate de chaux, filtrés sur bougie Chamber-
SÉANCE DU ^3 NOYE^IBRE roo^. 891
lalid, puis évaporés dans le vide à froid jusqu'à consistance sirupeuse. Je désigne les
toxines ainsi obtenues sous le nom de basitoxines (TB).
» Les basitoxines ne suffisent pas à produire la vaccination cherchée, il faut les
compléter par des substances tirées directement des corps bacillaires. Après de nom-
breux essais, je me suis arrêté au procédé suivant : les bacilles tuberculeux lavés à
fond et séchés dans le vide sont traités au bain-marie pendant 2 heures à 70° environ
par de l'acide orthophosphorique à 1 pour 100 (3oo^''"' pour 7s de bacilles secs). On
agite fréquemment le ballon pendant l'extraction. Après refroidissement on filtre
plusieurs fois sur papier. A chaque centimètre cube du filtrat répondent environ
2™? de substances extraites des corps bacillaires. J'appelle les albuminotoxines ainsi
obtenues acidotoxines (AT).
» Pour les usages thérapeutiques, je me sers d'un mélange à parties
égales de AT et de TB préalablement diluées. L'action curalive de ces
toxines sera étudiée ailleurs. Ma tuberculine a été expérimentée sur le
cobaye et sur l'homme. Jusqu'à présent, chez le cobaye, je n'ai jamais
obtenu de guérison, mais seulement une survie des animaux traités allant
de I à 5 mois. Depuis plus de 2 ans ces tuberculines sont essayées chez
l'homme. Sur 90 malades, tant fébriles qu'afebriles, on a noté dans
60 pour 100 des cas traités une amélioration portant sur l'ensemble des
signes pathologiques, malgré que les | de ces malades fussent déjà arrivés
au second et au troisième degré. »
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Ampoule de Crookes pour radiothérapie.
Note de M. Oudlv, présentée par M. d'Arsonval.
« La situation des cancers de la langue, de l'utérus ou du rectum rend
leur traitement par les rayons X à peu près complètement impossible.
Profondément situés, protégés par des tissus superficiels sains, ou par des
barrières osseuses aussi difficilement pénétrables que le bassin, on ne
peut songer à les atteindre efficacement sans risquer des radiodermites
graves.
» C'est pour obvier à ces inconvénients qu'a été créée l'ampoule de
Crookes que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie.
» Elle est du type connu Chabaud-Villard, mais porte en face de Fanticathode un
prolongement en doigt de gant dont la longueur peut être de 5"='" à lo'^™; son diamètre
peut varier entre lô""" à SS""'", diamètres et longueurs en rapport avec la situation des
parties à traiter. Toute l'ampoule est soufflée dans du verre très riche en silicate de
plomb et très épais, par conséquent très peu traversé par les rayons X. Au contraire.
8f)?. ACADÉMIE DES SCIENCES.
rextrémité du doii;t de gant est en verre ordinaire. On 23eiil estimer, d'après des
radiographies, qu'il passe par ce point environ cinrfuanle fois plus de rayons de
Rôntgen que par une surface équivalente de Tanipoule.
» Nous pouvons ainsi porter ce prolongement au fond des cavités naturelles,
bouche, rectum, vagin, et amener le foyer des rayons X jusqu'au contact des tissus
malades sans risquer de léser les orifices, en faisant des expositions très courtes, de
80 à 60 secondes seulement, puisque nous réduisons énormément les distances.
» Tel que nous venons de le décrire, ce tube serait pourtant incapable de fonc-
tionner en raison des étincelles qui, jaillissant entre ses parois et le patient, le
mettraient de suite hors d'usage. Ces étincelles sont complètement supprimées par
une gaine protectrice qui enveloppe le prolongement et qui est formée par un tube
d'ébonite ou de celluloïd rempli de vaseline, de pétrole, d'essence de térébentine ou
de tout autre liquide isolant. Celte gaine du prolongement lui est fixée par un pas de
vis en ébonite luté sur le tube.
» Une couche de 2™"' à 3"'™ du liquide diélectrique suffit pour permettre de plonger
le tube dans une cavité naturelle sans qu'il se produise la moindre étincelle, même si
l'ampoule est résistante.
» La partie terminale active du tube se trouvant ainsi à une distance constante des
tissus malades, l'ampoule étant avec son osmorégulateur maintenue à une résistance
déterminée par une étincelle dérivée, on n'a plus à s'occuper que des temps d'expo-
sition.
» Pour que ce tube soit plus maniable il n'est pas fixé sur un support,
mais porte à une de ses extrémités un manche en ébonile qui permet de
le tenir comme tout autre instrument, le médecin le guidant avec la n)ain
pendant la durée de l'application. »
A 5 heures l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures et demie.
G. D.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 50 NOVEMBRE 1903,
PRÉSIDENCE DE M. ALBERT GAUDRY.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts adresse
une ampliation du Décret par lequel le Président de la République approuve
l'élection de M. Berlin, dans la Section de Géographie et Navigation, en
remplacement de M. de Bussy, décédé.
Il est donné lecture de ce Décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Bertin prend place parmi ses
Confrères.
ANATOMIE COMPARÉE. — Sur les mains scapulaircs et pelviennes des Poissons.
Note de M. Armand Sabatier.
« Dans une série de Notes insérées dans les Comptes rendus de ces der-
nières années, je me suis attaché à établir la morphologie des membres
pairs des Poissons, membres qui ont servi de base au développement des
membres chez les autres Vertébrés. Cette étude m'a conduit à démontrer
que, chez les Poissons osseux, les membres postérieurs étaient constitués
par une masse osseuse basilaire dans laquelle le membre ne s'est pas diffé-
rencié de la ceinture pelvienne. Cette masse est formée de deux parties
paires plus ou moins unies sur la ligne médiane ventrale, et composées cha-
cune de l'association ou de la fusion plus ou moins prononcée des moitiés
latérales de deux interépineux successifs dédoublés suivant un plan ver-
tical et médian. Cette pièce osseuse porte les rayons qui ne sont pas des
parties intégrantes des membres, et ne représentent que des parties d'ori-
C. R., igoS, 2' Semestre. (T. CXXXVII, N° 22.) 1*7
894 ACADÉMIE DES SCIENCES.
gine dermique analogues aux griffes, aux ongles et aux plumes des autres
Vertébrés.
» Dans le membre antérieur au contraire la différenciation s'est établie
entre la ceinture et le membre de la façon suivante : le demi-interépineux,
devenu antéro-supérieur par un mouvement de bascule dû à l'élargissement
de la cavité pharyngienne, représente en fait la ceinture scapulo-coracoï-
dienne et un très court humérus lamellaire bifide qui lui reste soudé, tandis
que le demi-interépineux devenu postéro-inférieur se fragmente par suite
d'ossifications distinctes pour former :
» T° Un os radio-cubital percé d'un trou ou espace interosseux qui sépare
les deux os de l'avant-bras dans leurs portions moyennes, tout en les lais-
sant unis par leurs extrémités. C'est d'ailleurs la conformation constante du
cartilage embryonnaire et fond;miental de l'avant-bras de tous les Vertébrés;
» 2° Un os pisiforme lamelleux, plus ou moins distinct du cubitus;
)) 3^ Cinq métacarpiens dont le radial reste soudé au radius, tandis que
les quatre autres sont indépendants et reposent sur le bord du radius,
mais surtout du cubitus et parfois aussi du pisiforme. Les métacarpiens,
qui représentent à eux seuls les doigts, reposent donc sur le bord postérieur
ou talon du deuxième interépineux. L'ensemble des deux demi-interépi-
neux latéraux forme donc proprement, le premier la ceinture et l'humérus,
et le second l'avant-bras, le pisiforme et la main, d'où ce résultat aussi
remarquable qu'inattendu, que la ceinture et l'humérus réunis sont homo-
dynames de l'avant-bras, du pisiforme et de la main.
)) Les preuves anatomiques (c'est-à-dire les connexions) de ces homo-
logies surprenantes ne me paraissent laisser subsister aucun doute sur leur
réalité. Néanmoins il convient de rechercher les faits qui peuvent apporter
à ces vues de nouveaux éléments de démonstration. Je considère qu'on
doit en trouAcr un important dans un lait qui me paraît établir que la
ceintui'e, c'est-à-dire le demi-épineux antéro-supérieur, ne diffère pas du
membre, c'est-à-dire du demî-interépineux postéro-inférieur, par l'absence
de ces appendices qui représentent les doigts, et qu'il y a sur la ceinture
scapulo-coracoïdienne, comme sur l'avant-bras, et dans une situation exacte-
ment comparable, une main représentée par un doigt exactement conformé
comme les doigts de la main radio-cubitale, et par conséquent ime main
monodactyle scapulaire. La présence de doigts sur les deux éléments consti-
tuants de la nageoire antérieure, la ceinture et le membre, est de nature à
confirmer hautement une assimilation dans la signification de ces deux
éléments, et par conséquent à établir clairement leur homodynamie.
SÉANCE DU 3o NOVEMBRE 1903. 893
» Or il existe sur la ceinture pectorale de la plupart des Poissons osseux
un appendice plus ou moins ossifié, qui ne peut avoir d'autre signification
que celle d'un doigt. Il s'agit d'un appendice composé de une ou deux
pièces qui a si bien embarrassé jusqu'à présent les anatomistes qu'on lui a
donné des noms très différents, et qu'on n'est pas parvenu à l'assimiler à
aucun des os connus chez les autres Vertébrés. C'est Vos coracoïdien des
Poissons de Gnvier, le coracoïde de Geoffroy Saint-Hilaire et d'Agassiz,
la clavicule d'Owen, la pièce accessoire de Gegenbaur, Vos de la ceinture
scapulaire secondaire de Claus et de Wiedersheim, la baguette styliforme de
Vogt, le post-claviculaire d'autres anatomistes, etc. Ces diverses dénomi-
nations, ou bien sont insignifiantes, ou bien ne résistent pas à on examen
sérieux des connexions, sur lesquelles doit se baser la détermination vrai-
ment anatomique d'un os.
» Voici d'ailleurs les caractères de forme et de connexions qui appar-
tiennent à cet appendice digitiforme. C'est un appendice allongé, composé
parfois d'un seul os, le plus souvent de deux os successifs. Il est attaché
au bord postérieur ou talon de l'os de la ceinture. Le premier article est
tantôt court, trapu, tantôt allongé; il est aplati comme le sont tous les os
de la main des Poissons osseux. Il peut être très court, réduit à une saillie
soudée à la portion scapulaire de la ceinture. Il ressemble alors au premier
métacarpien, ou métacarpien radial de la main radiocubitale. Le second
article ou terminal, est plus allongé, plus grêle, d'une ossification plus ou
moins incomplète, et se termine en pointe effilée. Il est parfois soudé au
premier, le plus souvent libre et articulé. Cette articulation est parfois
de forme identique h. celle qui rattache les rayons de la nageoire aux méta-
carpiens, chez Scarpena notamment. L'ensemble des deux articles forme
une tige articulée, légèrement anguleuse et dirigée de haut en bas et
d'avant en arrière. Cette tige est sous-dermique, par son premier article,
tandis que le second est pour ainsi dire noyé dans l'épaisseur du derme;
elle adhère très inégalement aux muscles latéraux du tronc, mais ces
relations sont tout à fait accidentelles et contingentes, et sans caractères
anatomo-physiologiques. Elles n'ont aucun rapport réel avec les cloisons
myomériques ni avec ia direction des fibres musculaires.
» Cet appendice présente donc des analogies remarquables avec les
doigts radio-cubitaux de la nageoire. L'article basilaire est un vrai méta-
carpien, et l'article terminal un rayon porté par ce dernier. Les modifi-
cations de forme et de situation générale s'expliquent facilement parce fait
896 ACADÉMIE DES SCIENCES.
que ce doigt scapulaire entraîné en haut par le mouvement de bascule de
la ceinture, débordé et recouvert par la masse, plus importante, de la main
radio-cubitale, est resté moins achevé et inactif, et a été enseveli sous la
peau, comme l'est la partie humérale de l'aile de VApterix, et comme
l'était très probablement l'humérus de X Hesperornis , de la période cré-
tacée. En outre ce doigt scapulaire a, avec l'interépineux de la ceinture,
des connexions parfaitement comparables avec celle des doigts de la
nageoire avec l'interépineux radio-cubital. Ils sont, les uns et les autres,
portés par le bord postérieur ou talon, ou base, de l'interépineux corres-
pondant. Ils présentent des variations de forme, de volume et de struc-
ture le plus souvent simultanées.
» Ainsi donc, la conception du membre thoracique comme formé de
l'association et de la différenciation de deux demi-interépineux successifs,
conduit à une détermination rationnelle de l'appendice que je viens de
décrire, et dont la signification est restée entièrement ignorée. C'est un
doigt scapulaire noyé dans le derme; et, d'un autre côté, l'existence de
cette main scapulaire monodactyle achève de confirmer la valeur de la
ceinture comme homodyname du membre radio-cubitopalmaire. Ces deux
déterminations se prêtent un appui réciproque pour établir la conception
que j'ai formulée de la morphologie des ceintures et des membres chez
les poissons osseux.
» Il faut remarquer d'ailleurs qu'au membre postérieur ou nageoire
abdominale, les deux demi-interépineux composants ne se sont pas diffé-
renciés et ont conservé la même valeur, contribuant l'un et l'autre à
former la surface articulaire destinée à porter les rayons de la nageoire.
» Il y a donc là virtuellement une main pelvienne associée à une main
tibio-péronéale. Mais ces deux mains forment une série continue qui se
scindera à la nageoire pectorale. Ici, en effet, par suite de l'inégalité de
développement et de la différenciation des deux demi-interépineux, il se
produit un écartement entre les talons de ces derniers, et, par suite, une
échancrure entre les deux mains. Quand l'inégalité reste faible, l'échan-
GrwTQ vQ^iQ èlroxtQ (^Mugil cephalus); quand l'inégalité s'accentue, la cein-
ture devenant très prédominante, l'échancrure s'élargit fortement (Esox
lucius).
» Une prochaine Note sera consacrée à l'examen de ces dispositions
chez les Chondroptérys^iens. »
SÉANCE DU 3o NOVEMBRE [goS. 897
CORRESPOND AJN CE .
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Un Ouvrage de M. Icilio Guareschi, intitulé : « Storia délia Chemica,
III : Lavoisier, sua vita e sue opère. »
2° Un Ouvrage ayant pour titre : « Poisons et sortilèges » ; 2* série,
« Les Médicis, les Bourbons, la Science au xx^ siècle », par MM. Cabanes
et L. Nass.
ASTRONOMIE. — Observations faites à Vile de la Réunion sur T éclipse de Lune
du 6 octobre igoS. Note de MM. Edmond Rordage et A. Garsault.
« Nous avons l'honneur de faire parvenir à l'Académie quelques notes
prises lors de l'éclipsé partielle de Lune du 6 octobre dernier.
» A l'heure qui correspond au lever de la lune ( 51^58", temps civil de la Réunion),
l'éclipsé est commencée depuis l'^So'"; mais l'astre n'est pas visible à cause des
nuages. A e^^iS"", une courte apparition; cependant, la nuit n'étant pas complètement
venue (et ce qui reste du disque répandant une lueur jaunâtre), les essais de photo-
graphie sont alors infructueux.
» Jusqu'à 6^58™, l'astre est complètement voilé par un rideau de nuages. A ce
moment, une trouée se produit dans ces derniers, de sorte qu'entre ô'^Sg™ et j^,
la phase maxima du phénomène peut être photographiée (pour la Réunion, le maximum
s'est produit à 6^59™22^). Il ne reste plus alors qu'un très mince croissant correspon-
dant à I dixième | du diamètre (-nnrô)- Dan* la partie du disque que l'ombre recouvre,
un point brillant rougeàtre est encore visible et semble représenter le cratère rayon-
nant d'Aristarque.
» Vers 7'Mo™, les nuages cachent de nouveau l'astre, qui n'est guère visible ensuite
que vers 7''35™. Il est alors facile de constater que le phénomène est en voie de décrois-
sance rapide. Une réverbération prononcée empêche de distinguer la topographie du
croissant très brillant. Puis, les nuages dissimulent encore l'astre tandis que Jupiter,
peu éloigné, demeure presque constamment découvert. A 7'»55'", grâce à une éclaircie,
une quatrième photographie peut être prise. Celte vue est curieuse parce qu'elle
reproduit la partie sombre du disque. A ce moment, la topographie lunaire se dis-
tingue nettement avec une longue-vue ou une simple jumelle, et cependant la photo-
graphie ne la reproduit pas encore. Le premier détail apparent est le bord oriental de
la mer des Humeurs; le cirque de Grimaldi est visible aussi, avec un peu d'attention.
Le contour oriental de l'océan des Tempêtes se dessine ensuite nettement.
898 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Puis, l'astre est encore voilé par un rideau de nuages. Ce n'est qu'à S'^ai™ qu'il
se montre de nouveau. Les contours des difTérentes mers ont successivement fait leur
réapparition. Peu à peu les cratères rayonnants d'Aristarque, de Kepler, de Kopernic,
se découvrent et scintillent. L'astre va demeurer visible jusqu'à la fin du phénomène
et deux photographies sont prises à 8*^33" et à 8*" 35™, cette dernière peu avant la
sortie de l'ombre (8*^36™29% temps civil local). A ce moment, on voit se reconstituer
complètement le contour de la mer des Crises, et c'est en cette région du bord du
disque que l'échancrement disparaîtra définitivement. Mais ce ne sera guère que vers
S'' 5o™, voire g^, que le bord du disque sera bien net. Jusque-là, la région qui s'étend
entre la mer des Crises et la partie la plus rapprochée du bord occidental du disque,
est demeurée indécise et comme recouverte d'une sorte de buée à aspect légèrement
fuligineux.
» Depuis g^ jusqu'à g'^So"' (sortie de la pénombre), la Lune brille d'un admirable
éclat, car les nuages oui disparu comme par enchantement. A l'aide d'une longue-vue
on découvre facilement les cratères d'Archimède, de Platon, de Cassini, d'Aristote,
de Posidonius, de Pline, ainsi que Manilius et la traînée blanchâtre qui relie les
monts Hémus au cratère de Bessel. L'auréole lumineuse de Tycho est réellement
éblouissante.
ASTRONOMIE PHYSIQUE, — Le dernier minimum des taches du Soleil et
remarques au sujet de la loi des zones. Note de M. J. Guillaume, pré-
sentée par M. Mascart.
« L'examen des nombres annuels obtenus pour les groupes de taches,
leur surface totale et les jours sans taches indique que le dernier minimum
des taches a eu lieu en 1901, et la comparaison des mêmes résultats par
trimestres montre qu'il a dû se produire dans le courant du troisième tri-
mestre. MhIs on constate en outre deux autres minima qui, dans l'ordre de
leur importance, se rapportent au deuxième trimestre de 1902, puis au
premier trimestre de 1901 ; d'autre part, le^ deux périodes les plus longues
de jours consécutifs sans taches ont été successivement de 89 jours dans
le premier trimestre de 1901 (12 mars-T9 avril) et de 47 jours dans le pre-
mier trimeslre de 1902 (17 mars-2mai); ces particularités indiquent qu'il
y a eu une période de minimum assez étendue.
)) Pour trouver l'époque de ce minimum, on a pris les surfaces totales
mensuelles enregistrées à l'observatoire de Lyon de janvier 1901 à juin 1908
inclusivement, et l'on a cherché à représenter ces nombres graphique-
ment; mais les taches présentent des variations successives tellement
grandes qu'il est difficile de tracer une courl)e moyenne sans beaucoup
d'arbitraire. Afin d'atténuer ces grandes irrégularités et faire disparaître
SÉANCE DU 3o NOVEMBRE igoS. 899
celles d'ordre secondaire, on a fait les moyennes des nombres mensuels
pris deux à deux, puis les moyennes des moyennes obtenues ainsi succes-
sivement, toujours par deux, jusqu'à un adoucissement convenable de la
courbe ; finalement, il en est résulté que le point le plus bas de cette courbe
est en septembre 1901.
» La recherche, dans le journal quotidien d'observations, d'une époque
plus précise, ne permet pas de fixer une date; on peut dire seulement que
le moment probable du minimum paraît être vers le commencement du
mois indiqué. Et enfin, en tenant compte des deux grandes périodes sans
taches signalées plus haut, dont l'époque moyenne est le 4 octobre, on
peut conclure que l'époque moyenne du dernier minimum des taches est
bien en septembre et adopter
1901,7.
» L'allure des taches aux environs de ce minimum m'a amené à étudier
par nos observations la loi des zones, de Sporer, dont l'énoncé est le sui-
vant (') :
« Un peu avant le minimum, il n'y a de taches que près de l'équateur solaire,
» entre +5° et — 5'^ A partir du minimum, les taches, qui avaient depuis longtemps
» déserté les hautes latitudes, s'y montrent brusquement vers ± 3o°. Puis elles se
» multiplient, un peu partout, à peu près entre ces limites, jusqu'au maximum, mais
» leur latitude movenne diminue constamment jusqu'à l'époque du nouveau mini-
» mum ».
» Pour cette étude, les observations des trois dernières années ont été
divisées en périodes limitées par la présence de taches soit près de l'équa-
teur, soit dans les hautes latitudes, ou bien dans les deux zones à la fois.
Ces périodes sont au nombre de sept :
Aux latitudes basses. Aux latitudes hautes.
Nombre
Nombre
Surface
Distance
Nombre
Surface
Distance
Périodes
de jours.
de groupes.
totale.
à l'équateur.
de groupes.
totale.
à l'équateur.
1''
. — 1900 janv. I,
août
28..
240
37
2321
0
7,6
0
0
0
2*
— août «29,
sept.
24.
• 27
4
67
6,8
3
33
32,0
3«
— sept. 25,
mai
25.
243
18
TI73
5,6
0
0
4"^
— 1901 mai 26,
févr.
i3.
. 264
7
354
6,9
9
206
38,1
5«
— 1902 févr. i4,
oct.
3.
232
0
0
20
862
24,0
6*=
. — OCt. 4,
déc.
2.
. 60
2
lOI
6,5
6
5l2
22,0
r
. — déc. 3,
déc.
3i.
• 29
0
0
3
36
19,0
(^) Comptes rendus, t. CVIII, p. 486.
900 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Les indications du Tableau ci-dessus se résument ainsi :
» 1. Jusqu'au 28 août 1900, il n'j a eu des taches que près de l'équateur.
)) 2. Les premiers signes d'activité dans les hautes latitudes paraissent s'être mani-
festés dès le 29 août de la même année, par l'apparition à — 22*^ de latitude d'un groupe
que nous avons observé jusqu'au 3 septembre. Ensuite on note, le 11 septembre, l'ap-
parition de taches voilées à — Se". Le i5, une tache s'est montrée à + 48°, suivie le 24
d'une autre plus importante à — 26°. Dans cette période, sur 7 groupes, il y en a 4 au
voisinage de l'équateur.
» 3. Durant la période suivante, les taches étaient toutes dans les basses latitudes.
» 4. Après cette accalmie des hautes régions, qui s'est prolongées mois, une petite
tache s'est montrée le 26 mai 1901 à — 52°, suivie, le 3 juin, d'une un peu plus grosse
à H- 28°. Au total, jusqu'au i3 février J902, sur 16 groupes enregistrés, il y en a 7
près de l'équateur et 9 dans les latitudes élevées.
» 5. Dans la cinquième période, on note 20 groupes qui sont tous éloignés de
l'équateur.
» 6. L'état de calme des latitudes basses a été troublé par l'apparition d'un groupe
à + 9°, 5, le 4 octobre 1902, et l'activité dans celte zone paraît s'être éteinte définiti-
vement avec la très petite tache qui a paru à — 3°, 5 de latitude, le 2 décembre.
» 7. Les 3 groupes, notés ensuite jusqu'à la fin de 1902, sont loin de l'équateur.
» Il résulte de l'étude de ces diverses périodes :
» i'' Que les taches ont commencé à paraître dans les hautes latitudes
pendant le deuxième semestre de 1900, soit environ i an avant l'époque
du minimum ;
» 1° Que les taches n'ont disparu dans les latitudes basses que vers la
fin de l'année 1902, c'est-à-dire environ i an après l'époque du minimum.
» En conclusion, la réapparition des taches dans les hautes latitudes ne
s'est pas produite « à partir du minimum » comme l'indique la loi de
Spôrer, mais vers le minimum, et elle en ^précédé l'époque. »
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Du problème de Cauchy relatif à une classe
particulière de surfaces. Note de M. W. de Tannenberg.
« Considérons une surface W, pour laquelle les rayons de courbure R
et R, en un point quelconque sont fonctions l'un de l'autre et introduisons,
suivant l'usage, les variables P et Q définies par les relations
(0 irrR;--p-' R;irR=Q-' R.-R = PQ.
» Désignons maintenant par {a^,a.,,a.^, b^,b.■,,b^) les cosinus directeurs
SÉANCE DU 3o NOVEMBRE T903. 9OI
des tangentes aux deux lignes de courbure, qui se croisent en un point
quelconque, et par c^ , c.,, c^ ceux de la normale en ce point. En6n, posons
(2) A„=P«„, B,= qb„, C,= -VQc„ (/i = i,2, 3).
» Dans ces conditions, les équations des deux nappes de la développée
de la surface W peuvent être mises sous la forme ( * )
(S) î dY =B,dA, -B,dA„
dZ =B^dA., — B^dA^,
dX, = A^dB^ — A^dB.„
(Si) \ dY, = AsdB,- A.dB^,
dZf = A, c^Ba — A2 dB, ,
et, en outre,
C,=:X, -X = A,B3-A3B„
C2 = Y,-Y = A3B,-A,B3,
C3 = Z, - Z := A,B2- A,B,.
» Ceci posé, considérons en particulier les surfaces W pour lesquelles
(3) P^-hm^q^ = k\
» La famille de ces surfaces comprend entre autres les surfaces pour
lesquelles les deux nappes de la développée sont applicables sur le para-
boloïde de révolution
2z = x--hy-, pour m = t
ou bien sur le paraboloïde imaginaire
2lZ=^X--\-y-, pour 772=1.
» Elle comprend aussi les surfaces minima pour
m = i, k ^= o.
» Je me propose de montrer comment les formules précédentes four-
nissent très simplement la solution analytique du problème de Cauchy,
relatif aux surfaces W définies par la relation (3).
(') Voir à ce sujet ma Communication du 12 mars dernier.
G. R., 1903, 1" Semestre. (T. CXXXVII, N» 22.) I18
q02 ACADEMIE DES SCIENCES.
)» Prenons, pour lignes coordonnées sur S et S', les lignes asymptotiques;
dans ces conditions :
(4) A„-^mB„— /„(m), , A„ — mB„, = ^„(^') (n = T,2,3),
et l'on peut supposer les variables u ei v choisies de manière que
dj\+ df\ + df\r=. du\ dg\^dg\ + dg^^ = ch\
Supposons maintenant qu'il s'agisse de déterminer la surface W passant
par une courbe donnée C et admettant en chaque point M de cette courbe
une normale donnée.
1) Remarquons d'abord qu'au point M, on peut déterminer, en général,
les valeurs de R et R, et, par suite, les points de contact m et m, de la nor-
male avec les deux nappes de la développée. Il suffit pour cela d'utiliser
la relation donnée entre R et R, et une relation de la forme
aRR, ^ è(R 4- R.) -H <? = o,
obtenue en exprimant que les plans tangents en m et mt, k la surface
réglée des normales, sont rectangulaires. Ces deux plans tangents et le
plan tangent à la surface W au point M déterminent complètement le
trièdre lié au point M de la surface W. On peut donc, en chaque point M
de la courbe C, calculer («„, b^, c^) en fonction de la variable t, qui fixe la
position du point M. Il résulte de là qu'on pourra aussi calculer A, , A2, A3 ,
B,, Ba, B3 en fonction de t, à l'aide des formules (2), qui sont fondamen-
tales dans la théorie actuelle.
» Les formules (5) font alors connaître par quadratures les expressions
de w et ç^ en fonction de ï,
et, par suite, aussi les expressions de/<, f.2,f3 en fonction de u et celles de
gi, gi, gs en fonction de i'. Le problème proposé peut donc être consi-
déré comme résolu.
)) L'indétermination du problème correspond au cas où les expressions
de/^,/2,/3 ou de ^, , g^, g^ en fonction de t se réduisent à des constantes.
(*) Les expressions dx, dx^, ... en fonction de /„, g^ sont connues et ont été don-
nées par M. Darboux {Théorie générale des surfaces, t. IV).
SÉANCE DU 3o NOVEMBRE IQoS. goS
Les lieux des points in, m, sur les surfaces S et S, sont des lignes asympto-
tiques : ceci est bien d'accord avec la théorie générale de la déformation.
» Dans une étude développée, j'examinerai le cas particulièrement
intéressant oii m est égal à i. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la représentation effective de certaines
fonctions discontinues, comme limites de fonctions continues. Note de
M. Emile Borel, présentée par M. Appell.
« On doit à M. Baire un résultat de la pins haute importance, qui peut
s'énoncer ainsi : la condition nécessaire et suffisante pour qu'une fonction
discontinue soit la limite de fonctions continues est quelle soit ponctuellement
discontinue sur tout ensemble parfait (').
» En un certain sens, cette proposition épuise complètement la question
de la représentation des fonctions discontinues comme limites de fonctions
continues. Cependant, si l'on observe que, non seulement les démonstra-
tions de M. Baire, mais encore l'obtention effective de la représentation
nécessitent l'introduction des nombres transfinis, on peut penser qu'à
côté de la proposition générale de M. Baire, qui dominera toujours la
question, il y aurait intérêt à connaître d'autres propositions plus particu-
lières, mais plus aisées à démontrer dans l'enseignement et à appliquer
effectivement. Je me propose ici d'obtenir, sans utiliser les nombres trans-
finis, la représentation comme limite de fonctions continues d'une fonction
discontinue telle que l'ensemble P de ses points de discontinuité soit
réductible (c'est-à-dire tel que son dérivé P' soit dénombrable). Quand on
emploie le langage créé par M. G. Cantor, on doit dire que, étant donné un
ensemble réductible P, il existe un nombre a. de la première ou de la se-
conde classe tel que l'on ait P'°'^=o; d'ailleurs à tout nombre a corres-
pondent une infinité d'ensembles réductibles P tels que P^^^ ne soit pas nul,
lorsque ^ est inférieur à oc. Lorsque l'on se place à ce point de vue, on est
amené à considérer l'introduction des nombres transfinis comme nécessitée
par la nature même de la question et à faire dépendre de la valeur du
nombre a la marche suivie pour la résoudre. Je me propose de montrer,
(*) Voir Baire, Thèse : Sur Les fonctions de variables réelles {Annali di Mate^
matica, 1899) Qt Nouvelle démonstration d'un théorème sur tes fonctions discon'-
tinues {Bulletin de la Société mathématique de France, 1900).
9^4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
au contraire, que la solution peut être basée simplement sur la notion d'en-
semble dénombrable, et, par suite, être complètement indépendante de la
valeur de oc, qui n'intervient ni directement, ni indirectement. Pour
abréger, je raisonnerai sur les fonctions d'une seule variable; il n'y a
presque rien à changer pour traiter le cas de n variables.
» Considérons une fonction f(cc), défmie dans un intervalle fmi a, b;
soit P l'ensemble de ses points de discontinuité; on suppose que P' est
dénombrable; il en résulte que P + P' est aussi dénombrable; désignons
les points de P -h P' par ûT,, «2» •••» a«, .... Désignons, d'autre part par A„
l'ensemble des points de l'intervalle a, b définis par la condition suivante :
le point X appartient à A„, si, quel que soit /?, le segment a^cr^ a une lon-
gueur supérieure à -• Il résulte du fait que P' est un ensemble fermé que
tout point déterminé oo de ab, distinct de a^, a^, ..., a^, ..., appartient à
A„ dès que n dépasse une certaine valeur. Ceci posé, il est très aisé de
former une fonction continue f„ prenant les mêmes valeurs que / aux n
points «,, «o, ..., «„, ainsi qu'en tous les points de A/^; il suffit de remar-
quer que A„ se compose d'un nombre limité d'intervalles dans chacun des-
quels/est continue et que les points a,, «2» •••' ^n» ^" nombre limité, sont
extérieurs à ces intervalles. Il est clair que lorsque n augmente indéfini-
ment la fonction y„ a pour limite/, quel que soit oo à l'intérieur de ab; le
problème proposé est donc résolu.
» On peut rapprocher ce résultat de celui qu'a obtenu récemment
M. Ernst Lindelôf (Comptes rendus, i novembre 1908 ). Dans cette inté-
ressante Note, M. Lindelôf démontre, sans V intervention des nombres trans-
finis, le théorème dit de Cantor-Bendixson ('). Ces exemples permettent
d'espérer qu'il pourra être possible d'arriver à éviter l'introduction de ces
nombres dans bien des questions où cette introduction a jusqu'ici paru
nécessaire; il semble, en effet, qu'à s'en passer on gagne toujours en sim-
plicité et en clarté. Cette remarque ne diminue d'ailleurs en rien l'intérêt
(^) Dans ses Leçons sur l'intégration et la recherche des fonctions primitives,
qui paraîtront prochainement, M. Lebesgue donne de ce théorème une démonstration
qui est au fond très analogue à celle de M. Lindelôf. Mais M. Lebesgue emploie le
langage des nombres transfînis, de sorte que l'on aperçoit moins nettement que la
théorie de ces nombres n'intervient pas. M. Lindelôf et M. Lebesgue sont arrivés à
leurs démonstrations indépendamment l'un de l'autre; chacun d'eux m'a communiqué
la sienne avant d'avoir connaissance de l'autre.
SÉANCE DU 3o NOVEMBRE igo^. gOD
philosophique ni l'importance réelle des profondes conceptions de
M. George Cantor, dont l'influence sur l'évolution des mathématiques
dans le dernier quart du xix" siècle a été, comme l'on sait, des plus consi-
dérables; cette influence subsistera tant qu'il y aura des analystes, même si
certaines formes particulières données par M. George Cantor à sa pensée
ne conservaient un jour qu'un intérêt historique. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une classe d'équations fonctionnelles.
Note de M. S. Lattes, présentée par M. Painlevé.
« 1 . La substitution
(,) X =/(«;, y,/), Y = <p(x,j,y) (/=g)
fait correspondre à toute fonction y = '\i(x) une fonction Y de X, qui sera
dite la conséquente de '^(x). Réciproquement, à une courbe Y=i{/(X)
passant par un point P correspond une antécédente passant par le même
point : c'est l'intégrale de l'équation différentielle
qui passe par P.
» Sites antécédentes successives '^^{■x^), ^2(^)» ••-» ^n('^) d'une fonc-
tion 4*0 (^) ont une limite '^^{oc) pourn infini, si cette limite a une dérivée '^' {^oc^
et si ^n{^)* ^'n(.^) tendent uniformément vers leurs limites dans un certain
domaine, cette limite vérifie l'équation fonctionnelle
(2) ^\f[a;, ^x), f (^)]| = 9[^, K^). f (^)].
w La limite des conséquentes, lorsqu'elle existe, vérifie la même équa-
tion; mais à une courbe définie dans un certain domaine correspond une
conséquente située dans un domaine distinct du premier; nous nous limi-
terons à l'étude des antécédentes, qui peuvent, au contraire, être définies
dans un domaine commun.
» 2. SoilXo,Yo,yl un élément double de la substitution, c'est-à-dire un
élément vérifiant les équations
M On peut toujours supposer ^p=j„=7^=o et ramener la substi-
9o6 ACADÉMIE DES SCIENCES,
tution (i) à la forme
X = acc-h by-hcy-\- F(.r, j, y),
(3)
[Y = Ax-hBy -{-Cy-h^{œ,y,y),
F et $ étant des fonctions qui auront des dérivées partielles du premier
ordre continues dans le domaine de l'origine et tendant vers o avec x-,y, j'.
» Les antécédentes successives sont définies dans le voisinage de l'ori-
gine et tangentes à Ox en O. Il faut chercher à quelles conditions il existe
un intervalle de convergence commun à toutes les antécédentes et à quelles
conditions ^«(^p) et y,X^) tendent uniformément vers des limites dans cet
intervalle.
» A ce sujet, j'ai établi la proposition suivante :
» Sous les conditions C ^ o et \ ^ <C ^ 5 ^^ existe un domaine — A,
+ h dans lequel toutes les antécédentes sont définies, et dans ce domaine ^^i^x),
^'^^(^x^ tendent uniformément iiers des limites. La fonction initiale ^{x^ est
une fonction nulle pour x =■ o, ainsi que sa dérivée et vérifiant dans le domaine
— h, -h h l'inégalité ^{^' (a?) -\- '-y:^ x \ <^ d\ x \, d étant un certain nombre posi-
tif fixe qui ne dépend que de la substitution. La limite est indépendante de la
fonction initiale.
)) Pour démontrer ce théorème, je résous la deuxième équation (2) par
rapport à y' :
y = \{x,y. Y) = - ^^ ~ ^ j -4- ^ Y +. . . .
» L'antécédente de ^{x^ est définie par l'équation différentielle
y^'k\x,y,^[f{x,y,y)\\,
» Intégrons cette équation par approximations successives en rempla-
çant le second membre y par une fonction y^, vérifiant l'inégalité
A
<d\x\.
Le premier membre donne j'a P^ï" quadratures. On démontre que j^o, 73, .. .
vérifient la même inégalité dans un domaine suffisamment restreint, que
les approximations convergent et que la limite de j„, c'est-à-dire l'antécé-
dente de 4", vérifie encore la même inégalité.
SÉANCE DU 3o NOVEMBRE IQoS. 907
» C'est dans cette démonstration qu'intervient l'hypothèse
aC — cA
C
<i
Le domaine ~ h, 4- A dans lequel l'antécédente remplit ces conditions ne
dépend que des données, c'est-à-dire de la substitution (i). On se retrouve
alors dans les mêmes conditions qu'au début pour passer de la première
antécédente à la deuxième et l'existence d'un domaine de convergence
commun à toutes les antécédentes est établie.
» Pour démontrer que la suite des antécédentes a une limite, je dé-
montre que si l'on ?^\<^^ — ^^_\<^a, on en déduit
I ^2 — 'l'a l< K«tA,
R étant une constante positive ne dépendant que de h et des données. On
déduit de là
» En se servant de la forme explicite de K, on constate que RA est infé-
rieur à I si A est suffisamment petit, ce qui démontre la convergence uni-
forme de la série l{^n — ^«+i )• On démontre de même que la série
est uniformément convergente.
» 3. En un élément double a?„, Vo, y'^, la valeur de —^ est
\Mj1 — __ : cela résulte du changement de variables.
» Dans le cas d'une transformation de contact, on a
» La condition \ 'Z" |<i est donc vérifiée par tous les éléments
I ^ I
doubles, éléments dont les points constituent, en général, une courbe C.
Par tout point P de la courbe C passe donc une solution C de (2) qui peut
s'obtenir comme limite d'antécédents; mais on constate que celte courbe C
a pour conséquente le point P (et les éléments de droite passant par P); ce
point P étant sur la courbe C, celle-ci est bien une solution de l'équa-
tion (2), bien que ce ne soit pas, à proprement parler, une courbe inva-
riante par la substitution (i). On voit aisément que la courbe C peut
9o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
s'obtenir par des calculs algébriques : il suffit d'éliminer y' entre les
équations f(x, y, y') = x^ , (p(a?, y,y)=y^. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur les articulations à lame flexible.
Note de M. A. Mesnager, présentée par M. Maurice Levy.
« Les articulations, dans les mécanismes de l'industrie et même dans
certains ouvrages d'art rigides, surtout aux États-Unis, sont généralement
réalisées au moyen d'un cylindre métallique tournant autour d'un axe
fixe.
)> Dans ce dernier cas oii les mouvements possibles sont de l'ordre des
déformations élastiques, et plus généralement toutes les fois qu'il s'agit de
mouvements de rotation de très petite amplitude (quelques millièmes seule-
ment), il y a un grand avantage à utiliser les jonctions par lames. On évite
ainsi le jeu inévitable des articulations à axe, jeu qui peut avoir des incon-
vénients divers, soit :
» i** En permettant un déplacement de l'axe de rotation,
» 2^* Dans certains cas, en exposant cet axe à un martelage.
» En particulier, l'articulation formée au moyen de lames plates situées
dans deux plans perpendiculaires permet fréquemment de réaliser une
excellente jonction. Quand l'angle est infiniment ;petit : on voit immédia-
tement que la rotation de l'une des pièces par rapport à l'autre se produira
autour de la droite intersection des plans des lames.
)) Quand l'angle atteint une valeur finie, l'axe de rotation se déplace,
mais son déplacement reste très petit et inférieur à /-^ ainsi qu'il résulte
d'un calcul que nous développons dans un article qui va paraître aux
Annales des Ponts et Chaussées, l étant la longueur des lames, oc l'angle
décrit.
» Ces articulations sont utilisables, notamment, dans des appareils de
précision en vue de multiplier des déplacements très petits par des leviers.
Nous avons pu réaliser ainsi un enregistreur multipliant les déplacements
par 2000. Il donne un retour au zéro absolument rigoureux lorsqu'on
supprime le frottement de la plume, et une erreur très faible, déterminée
d'avance par le calcul, lorsqu'on effectue l'enregistrement. Cette erreur
peut être réduite à 3 pour loo du déplacement moyen à enregistrer.
)) Lorsque les efforts auxquels l'articulation est soumise sont dans une
direction à peu près constante, on peut placer les lames parallèlement à
SÉANCE DU 3o NOVEMBRE igo3. 909
cette direction et supprimer celles qui seraient dans un plan perpendi-
culaire. C'est ce que nous avons fait pour les assemblages d'un certain
nombre de ponts métalliques, où l'introduction de lames flexibles nous a
permis d'éliminer d'une façon à peu près complète les efforts dits secon-
daires sans les inconvénients de l'articulation américaine qui d'ailleurs est
souvent illusoire.
)) Trois ponts sont actuellement construits dans ce système sur projets
dressés par nous : l'un sur le Beuvron (ligne de Saint-Aignan à Blois), un
second sur un canal latéral à la Dordogne, et enfin le troisième devant la
gare de Saint-Denis, sur le canal.
)) D'après les essais officiels faits contradictoirement entre le Contrôle
et la Compagnie, les efforts réels ne se sont jamais écartés dans le premier
de ces ponts de plus de ^5 pour 100 des efforts calculés, tandis que dans la
plupart des ouvrages actuels ils atteignent 5o pour 100 des efforts calculés.
Il en résulte qu'un pont muni des articulations dont nous avons parlé sup-
porte au plus des efforts égaux à 1,20 des efforts calculés, tandis que dans
les ouvrages courants il supporte des efforts égauK à 2,5 des efforts calculés,
soit le double.
)) Ces articulations s'appliquent d'ailleurs avec la plus grande facilité
aux ouvrages en béton armé qui, dans un certain nombre de cas, paraissent
devoir aujourd'hui prendre la place des ouvrages métalliques. »
THERMOMÉTRIE. — Sur la température des flammes. Note de M. Cii. Féry,
présentée par M. A. Potier.
« I. L'évaluation de la température de la flamme par le calcul comporte
des incertitudes dues à notre ignorance des valeurs numériques des cons-
tantes physiques des gaz (chaleur spécifique, pouvoir émissif) aux tempé-
ratures élevées.
)) La méthode expérimentale généralement employée consiste à plonger
dans la flamme un corps solide de petites dimensions; on admet alors que
ce corps prend la température des gaz qui l'environnent. Si, en particulier,
le corps solide choisi est la soudure d'un couple thermo-électrique, il enre-
gistre lui-même sa propre température.
» En fait, les résultats obtenus par ce procédé ont été très discordants, malgré les
corrections relatives aux pertes par conductibilité des fils du couple employé.
G. R., igoS, 2= Semestre. (T. CXXXVII, N" 22.) I I9
910 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Une autre cause d'erreurs réside dans les pertes par rtiyonnement dont la correc-
tion est incertaine, le pouvoir émissif des métaux étant mal connu à haute tempéra-
ture; ce pouvoir émissif dépend aussi de la nature des gaz de la flamme qui modifient
physiquement la surface. On sait que les flammes carbonées altèrent la pureté du
métal thermométrique (qui est toujours le platine) et changent ainsi le pouvoir thermo-
électrique de l'élément.
» A ces diverses causes qui influent sur la température du couple, ou qui altèrent
ses indications, je me permettrai d'en ajouter une autre provenant de la vitesse du
courant gazeux.
» Les gaz présentent une certaine viscosité, et la présence d'un corps solide, même
de petites dimensions, diminue la vitesse des tranches gazeuses qui l'entourent.
» Si l'on considère que la chaleur spécifique des gaz est très faible par rapport à
celle des solides, et que d'autre part les gaz sont très mauvais conducteurs par rapport
aux métaux, on s'explique aisément un certain nombre de faits, difficiles à saisir sans
la remarque précédente. On sait, par exemple, qu'un fil de platine de o™™,o2 fond faci-
lement dans la flamme du bec Bunsen ordinaire, mais que la petite perle résultant de
cette fusion se solidifie aussitôt, bien que son support soit sensiblement à la même
température qu'elle, ce qui élimine les pertes par conductibilité.
» Il se produit dans cette expérience un ralentissement des gaz incandescents autour
de la perle, et la fusion s'arrête quand l'apport de chaleur par les gaz ne peut plus
contrebalancer à 1780° les pertes par rayonnement.
» Cette simple expérience doit faire rejeter tous les résultats indiquant moins
de 1780° pour la flamme en question, et montrent que la température du Bunsen ne
saurait être déterminée par un couple au platine.
» IL La méthode qui m'a fourni les quelques résultats que je donne
plus loin n'introduit dans la flamme aucun corps solide; elle consiste en
principe à produire le renversement d'une raie métallique au moyen des
rayons émis par un corps solide porté à une température convenable. Au
moment où la raie, en passant du clair au noir, disparaît, on admet que la
température du solide est égale à celle de la flamme.
» Le corps solide choisi a été un filament de lampe à incandescence, les
rayons émis par cette lampe traversaient la flamme étudiée contenant de la
vapeur de «odium. Une lentille permettait d'obtenir sur la fente d'un spec-
troscope l'image du filament, de telle sorte que le spectre continu donné
par le charbon était traversé par la raie D qu'il a été possible de renverser
et par conséquent de faire disparaître, avec toutes les flammes étudiées, La
fente du spectroscope doit être très fine pour rendre plus sensible le
moment du renversement, et la lentille de concentration donnant l'image
du filament doit avoir une ouverture assez grande pour que toute la surface
de la lentille du collimateur soit couverte.
Moyenne 1871°
SÉANCE DU 3o NOVEMBRE IQoS. 9IÏ
)) Voici quelques résultats fournis par le bec Bunsen (pleine admission
d'air) ;
o
l'inexpérience 1870
2« » i885
3« » 1870
4^ » 1870
5« ■ » • 1895
6« » i855
7*^ » 1870
8"^ » i855
» La concordance de ces mesures est assez bonne et la moyenne obtenue
ne doit guère s'écarter de plus de 10^ de la température vraie du gaz.
» Voici quelques autres résultats obtenus de la même manière :
o
i Pleine admission d'air 1871
Demi-admission d'air 1812
, Sans air 1712
Brûleur à acétylène 2548
Alcool salé flamme libre 1 700
Vapeur d'alcool brûlant dans un Bunsen (lampe Denay-
rouse sans manchon) 1862
Même lampe (alcool carburé 5o pour 100 de benzine). 2o53
Hydrogène brûlant librement à l'air ^900
Chalumeau (gaz d'éclairage et oxygène) 2200
» (H^ et O) 2420
» La mesure de la température du fil de la lampe s'effectuait au moyen
du pyromètre à absorption qui m'a déjà servi à la mesure de la température
du cratère de l'arc électrique (^); les mesures se conduisent avec une grande
facilité.
» Remarquons en terminant que cette méthode entraîne l'adoption des
deux hypothèses suivantes : 1° Que les flammes ne sont pas luminescentes,
car s'il en était autrement les valeurs ainsi obtenues seraient trop élevées ;
2° Que le pouvoir émissif des flammes pour la longueur d'onde des raies
métalliques émises est égal à l'unité; la température mesurée serait trop
faible s'il en était autrement.
M J'ai pu produire également le renversement pour d'autres raies et en
particulier pour le lithium ; ce renversement se produit à la même tempé-
(') Comptes rendus, 26 mai 1902.
QI2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rature que pour le sodium. Il est bien difficile, dans TéLal actuel de nos
connaissances, de vérifier la première hypothèse, mais il n'en est pas de
même de la seconde : L'expérience montre que l'éclat de la raie du sodium,
produite dans un spectropholomètre, n'est pas augmenté si l'on fait passer
obliquement au travers de la flamme sodée un faisceau de lumière élec-
trique. Le pouvoir diffusant est donc nul, ce qui indique un pouvoir absor-
bant égal à l'unité ( ' ). »
ÉLECTRICITÉ. — Sur des phénomènes parùculiers présentés par les arcs
au mercure. Note de M. de Valbreuze, présentée par M. A. Potier.
« I. L'arc entre électrodes de mercure a été étudié dans des tubes en U
reliés à une trompe de Sprengel; le mode d'amorçage est celui d'Hewitt.
Lorsque la pression dans le tube froid est comprise entre 4""" et 2™"" de
mercure, on constate le phénomène suivant :
» Au début du fonctionnement, l'anode présente une plage plus ou moins grande
unifoi'mément lumineuse. Puis elle se couvre de petites étoiles extrêmement bril-
lantes formant des figures géométriques régulières; souvent ces étoiles sont au nombre
de six ou sept, occupant les sommets et le centre d'un pentagone ou d'un hexagone
parfaitement régulier; d'autres fois elles sont en grand nombre, très petites et très
mobiles, disposées régulièrement sur des circonférences concentriques. Généralement,
les difTérents aspects alternent, apparaissant et disjjaraissant avec une grande rapidité.
» A mesure que l'électrode s'échauffe, les étoiles augmentent de grosseur et
prennent la forme de perles sphériques lumineuses posées sur le mercure; ensuite
elles se groupent et se soudent, formant un disque lumineux central et un ou plusieurs
anneaux lumineux concentriques séparés par des anneaux obscurs. Enfin les anneaux
obscurs disparaissent et l'anode présente son aspect habituel, c'est-à-dire une plage
uniformément lumineuse.
(^) En réalité le pouvoir absorbant de la fiamme dépend de son épaisseur. Ce qu'il
faut entendre ici, c'est qu'une flamme de grande épaisseur a un pouvoir absorbant qui
tend vers i. Il n'est pas d'usage pour les solides de faire cette remarque, elle ne devien-
drait utile que pour des lames infiniment minces. Cej^endant il se j^ourrait que pour les
flammes donnant des raies métalliques et même sous une épaisseur infinie le pouvoir
absorbant ou émissif soit différent de i; nous voulons dire ici que le pouvoir émissif
de chaque molécule de sodium dans la flamme est le même que celui du charbon.
Pour que notre méthode soit correcte, il faut simplement que \e pouvoir émissif du
solide pris comme terme de comparaison soit égal à celui de la Jlainme épaisse qu'il
s'aiifit de mesurer.
SÉANCE DU 3o NOVEMBRE igoS. QlS
» L'explication de ce phénomène doit probablement être cherchée dans
l'existence, à la surface du mercure, d'une sorte de membrane superfi-
cielle plus ou moins perméable au courant, dont l'état vibratoire déter-
minerait la forme régulière des figures observées.
» II. Amorçage, — Il est généralement admis que les tubes à vide à une
ou deux électrodes de mercure exigent, pour leur amorçage, une différence
de potentiel de quelques milliers de volts, après quoi le passage normal du
courant s'effectue avec une chute de potentiel d'une quinzaine de volts
seulement.
» Or, en soumettant ces tubes à une différence de potentiel de 55o volts,
on constate des phénomènes d'amorçage spontané dans les conditions
suivantes :
» 1° Tubes à anode en fer et cathode en mercure. — Lorsque la pression inté-
rieure est comprise entre ©"""jô et o'"™, i5 de mercure, il se produit au-dessus de la
cathode une belle lueur veloutée violette qui occupe toute la section du tube. Ij'ne
faible lueur verdâtre borde l'anode; le reste est sombre. Le courant qui passe est
de o,oi à 0,02 ampère. I^resque toujours, au bout de quelques minutes, l'arc normal
jaillit spontanément.
» Lorsque la pression est inférieure à o™"", i5 et descend jusqu'à o"^™,oo6, le phé-
nomène préliminaire est toujours le même, mais ne se produit que si le tube est un
peu chaud : la lueur cathodique diminue d'intensité et blanchit : l'arc s'établit rare-
ment d'une façon spontanée, mais jaillit dès qu'on imprime au tube une légère
secousse.
» 2" Tubes à anode et cathode en mercure. — Les phénomènes d'amorçage spon-
tané sont beaucoup plus rares dans ces tubes que dans les précédents. Il ne se pro-
duisent que si les électrodes ont été auparavant chauflfées par le passage du courant
et lorsque la pression est comprise entre o^'^jô eto"'°%i5, c'est-à-dire au maximum
de conductibilité des tubes à vide.
» Le phénomène se manifeste par l'apparition d'une plage violette à la cathode et
d'une plage verdâtre à l'anode. Souvent la lueur remplit une partie du tube en for-
mant des stratifications violacées d'un côté et verdàtres de l'autre, avec un espace
obscur entre les deux. ITestrare que l'arc s'établisse spontanément, mais une secousse
suffit pour le faire jaillir.
» Il est à remarquer que, toutes les fois qu'un tube offre une difficulté
d'amorçage, on peut, en agitant la surface du mercure, diminuer considé-
rablement cette difficulté : probablement l'influence de ces secousses est
également explicable parla présence d'une membrane superficielle s'oppo-
sant, surtout à froid, au passage du courant. »
9l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ÉLECTRICITÉ. — Sur id suppression de V hystérésis magnétique par V action
d'un champ magnétique oscillant. Note de M. Ch. Maurain, présentée
par M. Mascart.
« De récentes expériences de M. Marconi et de M. Tissot sur un nou-
veau récepteur utilisable dans la télégraphie sans fil ont attiré l'attention
sur l'action d'un champ magnétique rapidement variable sur l'aimantation
produite dans les conditions ordinaires. Tandis que M. Marconi attribue
cette action à la suppression du retard par rapport au temps, M. Tissot
pense que c'est l'hystérésis ordinaire par rapport au champ qui est modifiée.
» J'ai effectué à ce sujet des expériences quantitatives précises dont
voici les conclusions. C'est bien l'hystérésis par rapport au champ qui est
affectée; elle est même supprimée complètement : un noyau de fer ou
d'acier étant soumis à un cycle de champ magnétique en même temps qu'à
l'action continue d'un champ oscillant de même direction, on obtient, au
lieu de la courbe d'aimantation à deux branches bien connue, une courbe
unique, sur laquelle se placent tous les points obtenus à champ croissant
ou à champ décroissant; il suffit pour cela que le noyau soit assez mince
pour que le champ oscillant pénètre, avec une intensité suffisante, jusque
dans la partie centrale.
» Le noyau étudié (ressorts pour clironomètres, non tremjjés ou trempés, de o™"',!
à o™"',i5 d'épaisseur et de o^'^jS à i"'^™ de largeur, tiges cylindriques de fer ou d'acier,
fer porphyrisé agglutiné par de la paraffine dans un tube de verre) est entouré par
deux bobines très longues; la bobine extérieure est la bobine magnétisante, où l'on
envoie un courant continu d'intensité variable ; la bobine intérieure, d'une seule couche
de fil et bien isolée, est parcourue par les oscillations électriques produites de la ma-
nière suivante : les armatures d'une bouteille de Lej^de sont reliées d'une part aux
pôles d'une bobine de Ruhmkorff, d'autre part aux extrémités de la bobine intéiùeure,
un micromètre à étincelles étant intercalé dans ce deuxième circuit.
» L'intensité d'aimantation est mesurée au moyen d'un magnétomètre à deux équi-
pages magnétiques formant système astatique; le champ directeur est produit par
deux aimants agissant sur un des équipages; j'ai pu ainsi opérer dans des conditions
de sensibilité que l'action perturbatrice causée par des lignes de tramways électriques
voisines n'aurait pas permis d'obtenir avec un magnétomètre à un seul équipage.
» Pour chaque échantillon étudié on construit la courbe cyclique d'aimantation
ordinaire, puis on recommence les expériences dans les mêmes conditions, mais en
mettant en jeu les oscillations électriques, entretenues par un courant alternatif
passant dans le primaire de la bobine de Ruhmkorff.
SÉANCE DU 3o NOVEMBRE igoS. 9l5
» On constate ainsi les faits suivants : pour les échantillons non trempés
les plus minces, il y a suppression complète de l'hystérésis, les branches
montante et descendante de la courbe d'aimantation étant tout à fait confon-
dues ; pour des échantillons plus épais, et toutes choses égales d'ailleurs,
les deux branches restent séparées, mais moins que celles de la courbe
ordinaire, et d'autant plus séparées que l'échantillon est plus épais. Pour
les échantillons trempés les phénomènes sont les mêmes, mais, à épaisseur
égale, les oscillations doivent être plus intenses (les boules du micromètre
à étincelles plus éloignées) pour que la suppression de l'hystérésis soit
complète. Pour un même échantillon, on peut obtenir la suppression par-
tielle ou complète de l'hystérésis en faisant varier l'intensité des oscilla-
tions. Dans le cas du fer porphyrisé la suppression de l'hystérésis est com-
plète. Les valeurs de l'aimantation obtenues pendant l'action des
oscillations sont plus élevées que dans les conditions ordinaires.
» Les résultats qui précèdent sont obtenus lorsqu'on alimente le pri-
maire de la bobine de Ruhmkorfï par un courant alternatif, c'est-à-dire
lorsque les effets d'induction sont symétriques; quand le primaire est ali-
menté par un courant continu interrompu, c'est-à-dire quand les effets
d'induction sont dissymétriques, les résultats sont différents: les oscilla-
tions, qui sont alors toujours de même sens au début de chaque décharge
oscillatoire, provoquent, quand elles agissent seules, une forte aimantation
d'un sens déterminé (aimantation qui persiste quand on les arrête), tandis
que les oscillations provoquées par un courant alternatif ne produisent
par elles-mêmes aucune aimantation fixe; il en résulte, lorsqu'on effectue
un cycle de champ magnétique pendant qu'agissent des oscillations pro-
venant d'effets d'induction non symétriques, une courbe d'aimantation
qui passe, pour la valeur nulle du champ, par le point représentatif de
l'aimantation due aux oscillations, au lieu de passer par l'origine; de plus
cette courbe n'est réversible, pour une intensité convenable des oscilla-
tions, que dans la partie oh le sens du champ magnétisant et celui de
l'aimantation due aux oscillations coïncident; dans l'autre partie, les deux
branches sont un peu séparées.
)) L'action continue d'oscillations permet donc d'obtenir, pour des
échantillons assez minces, des courbes d'aimantation réversibles, bien
déterminées, montant rapidement à partir de l'origine sans présenter de
point d'inflexion. Il sera intéressant de comparer, sur les mômes échan-
tillons, ces courbes aux courbes analogues qu'on peut obtenir par d'autres
procédés (vibrations, courant alternatif parcourant le noyau, production
C)l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'un dépôt électroiytique de fer dans un champ magnétique, etc.), et
d'essayer de définir d'une manière précise la courbe d' aimantation normale ;
c'est ce que je fais actuellement.
» On peut remarquer que ces expériences donnent un procédé
commode pour l'étude de la pénétration du champ oscillant, en fonction de
la fréquence, dans les noyaux magnétiques ou dans un métal quelconque
les recouvrant. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la toi de distribution régulière de la force totale
du magnétisme terrestre en France au i^"" janvier 1896. Note de M. E.
Mathias, présentée par M. Mascart.
« Pour le plus grand nombre des stations qui figurent dans le Réseau
magnétique de la France de M. Moureaux ('), la différence AT entre la
force totale de la station X au i^*" janvier 1896 et celle de l'observatoire
de Toulouse, à la même époque, peut être représentée par une fonction
du second degré des différences de longitude et de latitude géographiques
(A longitude) et (A latitude), de cet endroit et de la station de référence
adoptée.
» J'ai procédé dans cette recherche comme pour les éléments étudiés
antérieurement.
» Des tâtonnements réguliers m'ont permis de passer de la formule linéaire
(i) AT ( calculé )=:i ,3 (A longitude) + 5 (A latitude),
valable dans une aire très étendue autour de Toulouse, à la formule
AT (calculé) = 1,3 (A longitude) + 5 (A latitude) + 0.0008 (A longitude )-
— 0,0010 (A longitude) (A latitude) — 0,0008 (A latitude)'^.
(■^)
applicable dans toute la France, la Corse y comprise. AT est supposé exprimé en unités
du cinquième ordre décimal, (A longitude) et (A latitude) en minutes d'arc. On a
admis pour force totale, à Toulouse, au 1" janvier 1896, la moyenne o,45o5o des deux
nombres donnés par M. Moureaux, ou mieux 45o5o.
» La force totale T étant calculée au moyen de la composante horizontale H et de
rinclinaison \ par la formule
cos l
(') Annales du Bureau central météorologique ; année 1898,
SÉANCE DU 3o NOVEMBRE igoS. 917
on reconnaît aisément que l'erreur dT provenant d'une erreur c/H sur la composante
horizontale et d'une erreur de n minutes sur Finclinaison I est sensiblement donnée
par la formule
dT = dil -\- J2 n.
» Une erreur de 3o unités du cinquième ordre sur H s'ajoutant à une erreur de
3 minutes sur I donne une erreur totale de 66 unités du cinquième ordre sur T. On
peut dire que, tant que la différence entre les nombres calculé et observé ne dépasse
pas 70 unités du cinquième ordre, on peut considérer la différence comme inférieure
aux erreurs possibles d'observation et, par suite, la station considérée comme régu-
lière quant à la force totale; si la différence AT (observé) — AT (calculé) est supé-
rieure en valeur absolue à 70 unités, il y a anomalie.
» La formule (2) a permis de choisir, dans les 617 localités visitées par M. Mou-
reaux, 607 stations donnant une différence (obs. ) — (cale. ) inférieure en général
en valeur absolue à 100 unités du cinquième ordre et, par suite, composées de stations
régulières et d'anomalies faibles; on a pu alors écrire 607 équations à 6 inconnues de
la forme
(3) ^
» Si l'on pose
AT (observé) =:a^ + y( A longitude) +^(Alatitude) + ^( A longitude)^
+ «(Alongitude) (Alatitude) + (^ (A latitude )^
j = i,3+7', z = D-i-z', t = 0,0008 -i-t',
u =~ 0,0010 -h u', r rzi — o, 0008 + t^'
et si l'on retranche membre à membre (2) de (3), il vient
(/,) ! •^+/(^long-)+^'('^lat.) + ^'(Along.)-+«'(Along. ( A lat. ) + r'(A lat. )'
^"^^ l =AT(obs.) — AT(calc.).
» Les D07 équations du type (4) à six inconnues ^, y', z' , t' , u' , v' ont été résolues,
au moyen de la méthode des moindres carrés, par le service des calculateurs de l'ob-
servatoire de Toulouse. M. B. Baillaud a bien voulu prendre la direction de ces pé-
nibles calculs.
» Les équations (4) ont fourni la solution suivante :
a;r=i + i6,5, j' = _o,o28, ^' — +0,0407,
^' = —0,000088, w'=o,oooo8i, ('' = —0,000118.
» La loi de distribution régulière de la force totale, pour la France
entière y compris la Corse, est donnée pour la date du i*"" janvier 1896 par
la formule
(5) 1 ^'^'^ + ^^'^"^^'^72(^ïo"b-) + ^^5o457(Alat.) + o,ooo7i2(Along.)=^
t — o,ooio8i(Along.)(Alat.) — o,ooo9i8(Alat.)-,
qui concorde remarquablement avec la formule primitive (-2).
G. R., 1903, ^' Semestre. (T. CXXXVII, N" 22.) 1 :20
9l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Comme on ne peut répondre de i6 unités du cinquième ordre dans
l'évaluation de la force totale, le terme constant de la formule (5) signifie
simplement que la force totale 45o5o admise pour Toulouse est trop faible
de i6 unités.
)) La parfaite régularité de la force totale, provenant d'une parfaite régu-
larité de la composante horizontale et de l'inclinaison, peut coexister avec
une anomalie de la déclinaison atteignant ou même dépassant 20'; il en est
ainsi notamment à Chàteauneuf-sur-Loire (— 2,0', i), à Montargis (-4- 23', 4),
à Chevreuse (h- 26', 4)» à Forges-sur-Briès (+ 23', 6) et à Limay(4- 21', i).
» En des stations beaucoup plus nombreuses, la régularité de la force
totale provient d'une compensation des anomalies de t et de H, coexistant
le plus souvent avec une anomalie de la déclinaison. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — L' anomalie magnéliqiie du bassin de Paris.
Note de M. Th. Moureaux, présentée par M. Mascart.
c( La discussion de nos observations magnétiques en France, dont le
réseau comprend 617 stations, a mis en évidence de nombreuses irrégula-
rités dans la distribution normale des différents éléments. Indépendam
ment de l'anomalie bien connue du massif central, due à l'influence directe
des roches volcaniques, nous en avons constaté quelques autres, même au
milieu de terrains considérés comme soustraits à toute action sur l'aiguille
aimantée; la plus importante et la plus imprévue est celle du bassin géolo-
gique de Paris. L'étude de cette anomalie est basée sur les résultats obtenus
en i3o stations, disséminées sur douze départements, depuis la Seine-Infé-
rieure jusqu'au Cher et à la Nièvre. Dans toute cette région, les lignes iso-
magnétiques subissent des déformations accentuées et très nettes, mon-
trant que les différents éléments observés n'y sont pas exclusivement
soumis à la seule action du champ terrestre.
» La comparaison des valeurs observées, avec les valeurs calculées par
la méthode de Cauchy, a permis de dresser les Cartes des écarts observation-
calcul pour tous les éléments.
» La Carte relative à la déc/inaison D, par exemple, montre que les écarts sont tous
positifs à l'est et négatifs à l'ouest d'une ligne qui, partant de Fécamp, se dirigerait
au sud-est vers Moulins, par ou près Rouen, Rambouillet, Gien, sous un angle de Sc^
environ avec le méridien géographique. Sur cette ligne même, les écarts sont nuls et
l'observation concorde avec le calcul. La déclinaison est occidentale en France et croît
SÉANCE DU 3o NOVEMBRE IQoS. 919
de l'est à l'ouest; d'après le sens des écarts O— C, on voit que le pôle .nord de Talmant
est attiré de part et d'outre vers la ligne considérée : la force perturbatrice s'exerce
donc sur cette ligne d'attraction, en un ou plusieurs points à déterminer.
» Si nous considérons maintenant la Carte des écarts de la composante horizon-
tale H, nous remarquons que ces écarts se groupent également, selon leur sens, par
zones bien délimitées. Les écarts positifs forment trois zones, séparées l'une de l'autre
par des zones à écarts négatifs. La première s'étend sur la basse Seine, en aval du
confluent de l'Eure; la seconde comprend une région limitée au nord à Mantes, et au
sud à Toury (Loiret) ; enfin, la troisième couvre une partie des départements du Cher
et de la Nièvre, de part et d'autre de la Loire. Toutes trois peuvent être limitées par
des courbes fermées sur lesquelles les écarts O — G sont nuls pourH, et coupent chacune
en deux points la ligne d'attraction déterminée par la déclinaison.
)) Il y a lieu d'établir une distinction essentielle entre ces deux points. Les portions
de courbe auxquelles ils se rattachent sont dirigées à peu près perpendiculairement
au méridien magnétique ; mais l'une, celle qui limite les écarts positifs de H au sud
de la zone, est une ligne de répulsion pour le pôle nord de l'aimant, puisque, contrai-
rement à la loi de décroissance de H du sud au nord, cet élément a une valeur relative
plus grande au nord qu'au sud. L'autre, au contraire, limitant les écarts positifs
au nord, et où la variation de II avec la latitude est accentuée d'une façon anormale,
est une ligne d'attraction sur laquelle doit se rencontrer le centre de l'anomalie.
Comme ce centre est commun également à la ligne d'attraction de la déclinaison, il
correspond nécessairement au point d'intersection des deux lignes ; les trois points
d'intersection correspondant à la limite nord des trois zones à écarts positifs de H, sont
donc autant de centres d'anomalie. Le premier se trouverait au voisinage de Rouen ;
le deuxième dans le triangle formé par nos trois stations de Bueil, Mantes elHoudan,
vers la limite commune des déparlements de l'Eure et de Seine-et-Oise ; enfin, le
troisième, entre Sancerre et Aubigny (Cher).
» La Carte des écarts O — C de la composante verticale Z offre une vérification de
cette hypothèse. En effet, la force attractive étant supposée dans l'intérieur de la Terre
au-dessous de chacun des trois points considérés, c'est en ces points particuliers que
doivent être observés les plus grands écarts positifs de Z; ces écarts se groupent
effectivement en trois zones comprenant chacune un des trois centres d'attraction.
» Aucune de nos stations ne correspond, par sa situation géographique, à l'un quel-
conque de ces centres, qu'il serait facile de préciser en procédant à des mesures com-
plémentaires dans un faible rayon autour de chacun d'eux. Dans la région de Rouen,
le centre d'attraction, déterminé par le point d'intersection des deux lignes dont nous
avons parlé, se trouve très rapproché du point central de la zone d'anomalie de Z;
mais cette condition ne se trouve pas aussi bien réalisée pour les deux autres. Nous
avons admis jusqu'ici, pour simplifier, que l'attraction, pour chaque zone, était con-
centrée en un point, alors qu'en réalité elle peut correspondre à une ligne plus ou
moins régulière, et même à une zone de quelque étendue, dont la détermination rigou-
reuse exigerait un réseau plus serré de stations. Il n'est pas douteux, par exemple,
que le centre d'attraction situé à l'ouest de Paris, vers Houdan, ne s'étende dans la
direction du sud-est jusqu'à Rambouillet où l'anomalie, sensiblement nulle pour D
et H, atteint 0,0026 |(C.G.S.) pour Z. De même, le point central de la zone du sud.
()10 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans le bassin de la Loire, est assez éloigné, vers le nord, du point d'Intersection des
lignes de D et de H; indépendamment de l'excès +0,002^ constaté à Sancerre, on
trouve en efTet un second centre où les écarts sont de même sens et de même ordre,
vers Sully-sur-Loire et Gien.
» Les conclusions que l'on peut tirer de la comparaison des trois élé-
ments D, H et Z, relativement à la position des centres d'attraction, sont
confirmées par la discussion des observations de la force totale, dont les
écarts se distribuent sensiblement comme ceux delà composante verticale.
» Si l'on admet que l'anomalie du bassin de Paris puisse être attribuée
à l'action de roches magnétiques, la limite supérieure de la masse pertur-
batrice se présenterait comme le relief d'une montagne recouverte par les
terrains plus récents, avec des pics ou des arêtes aux points ou aux zones
désignés comme les centres d'attraction par la considération des anomalies
des éléments magnétiques. »
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur la fusibilité des mélanges de prolosulfure de hisjnulh
et de sulfure d'argent, de prolosulfure de bismuth et de sulfure d' antimoine.
Note de M. H. Pélabox, présentée par M. H. Moissan.
« Le sulfure d'argent et le protosulfure de bismuth fondus ensemble
donnent des liquides homogènes dont il est facile de déterminer avec exac-
titude le point de solidification commençante. La courbe de fusibilité de ces
mélanges peut être construite entièrement en portant en ordonnées les
températures de solidification et en abscisses, les valeurs correspondantes
du rapport de la masse de sulfure d'argent à la masse totale du mélange.
Nous désignerons par R ce rapport exprimé en centièmes.
» La courbe de fusibilité se compose de cinq portions de droites. Une première
ligne droite AB joint le point de solidification du protosulfure de bismuth, soit 685°,
au point de fusion du mélange pour lequel R a pour valeur 6,5; la température cor-
respondante, 648°, représente un premier minimum du point de solidification des mé-
langes étudiés. Si, en effet, on fait croître la proportion du sulfure d'argent jusqu'à
ce que B prenne la valeur 20,49, ^^ température de solidification s'élève régulièrement
jusqu'à 750".
» Les coordonnées des extrémités de la seconde portion de droite BG sont donc
respectivement :
R= 6,5o, T = 648°,
R = 20,49, T = 75o°.
» Si le rapport B continue à croître, la température de solidification baisse d'abord
SÉANCE DU 3o NOVEMBRE igoS. 92 1
lentement jusqu'à 782°, pour R = 34, 02, et Ton a la portion de droite CD, puis cette
température baisse plus rapidement et atteint 585° pour R = 72. On a donc une partie
droite DE plus inclinée que la précédente sur Taxe des abscisses.
» Enfin, quand le rapport R continue à croître pour atteindre finalement la
valeur 100, le point de solidification des mélanges correspondants s'élève très rapide-
ment et très régulièrement jusqu'à 845°, température de fusion de sulfure d'argent
pur. La courbe de fusibilité présente donc une seconde ordonnée minima et se ter-
mine par une partie recliligne EF très inclinée sur l'axe des abscisses.
» En résumé, la courbe de fusibilité des mélanges étudiés est une ligne polygonale
présentant deux ordonnées minima et une ordonnée maximum.
» Les deux ordonnées minima sont les températures de solidification de deux
mélanges eutectiques définis par les valeurs
Rr=r6,5,
R
72.
» L'ordonnée maximum correspond au composé défini répondant à la formule
Ag^S.4BiS.
» Le point D, intersection des deux droites CD et DE, corresj^ond au mélange dans
lequel les deux sulfures sont dans les proportions indiquées par la formule Ag"^S.2 Bi S.
» Nous avons étudié également, au point de vue de la fusibilité, les
mélanges de protosulfure de bismuth et de sulfure d'antimoine.
» La courbe de fusibilité de ces mélanges est beaucoup plus simple que celle du
mélange précédemment étudié; elle peut également être construite complètement.
Elle comprend trois portions de droites formant la ligne polygonale AHIK; la pre-
mière portion de droite aboutit au point de fusion du protosulfure de bismuth, soit
685°; la dernière s'arrête au point de fusion du sulfure d'antimoine, soit 555°.
922 ACADEMIE DES SCIENCES.
» Si l'on désigne par R le rapport, exprimé en centièmes, du poids de sulfure d'an-
timoine au poids total du mélange, les coordonnées des extrémités de la droite inter-
médiaire sont respectivement :
R = 3i,66, T=:632°,
R — 84,85, T = 59i°.
» La température de la solidification commençante diminue donc constamment au
fur et à mesure que la proportion de sulfure d'antimoine augmente dans le mélange.
» Les mélanges qui correspondent aux jDoints H et I de la courbe de fusibilité ont
une composition simple. Celui qui correspond au point H répond à la formule
3BiS.Sb-S^; l'autre à la formule BiS.4Sb^S^. L'un d'eux, au moins, doit être un
composé défini. »
CHIMIE. — Influences activantes ou paralysantes agissant sur le manganèse
envisagé comme ferment métallique. Note de M» A. Trillat, présentée
par M. Arm. Gautier.
« Les métaux envisagés comme porteurs d'oxygène demandent, pour
réaliser leur effet maximum dans un milieu donné, à être placés dans des
conditions spéciales sans lesquelles ils restent inactifs. C'est l'étude de
quelques-unes de ces conditions que je vais exposer.
)) J'ai choisi comme exemple le manganèse si abondamment répandu
dans le règne végétal et dont le rôie physiologique a été étudié par
MM. Gabriel Bertrand et Bourquelot. Comme milieu d'oxydation je me suis
adressé à une solution d'acide galHque dont la fonction phénolique répond
bien au but. Pour mieux interpréter les résultais, j'ai opéré sur des solu-
tions très étendues se rapprochant par conséquent sous ce rapport des
milieux physiologiques.
)) La méthode a consisté à mesurer directement les volumes d'oxygène
absorbés en fonction du temps au moyen d'un appareil composé de plu-
sieurs ballons de verre vert (0 <^^® 175""' de capacité, disposés en série et
plongés dans un récipient plein d'eau. Au moyen de tubes coudés, de
faibles diamètres, exactement calibrés et gradués, ils étaient reliés à des
récipients contenant de l'eau ou du mercure et dont l'ascension permettait
d'évaluer le volume d'oxygène absorbé en un temps donné, toutes correc-
(*) Le choix du verre a une importance capitale. Il en est de même du choix des
réactifs et de l'eau qui doivent présenter un grand degré de pureté.
SÉANCE DU 3o NOVEMBRE IQoS. 928
lions faites. L'appareil était construit de telle sorte que les perturbations
apportées par la température, la dilatation du verre, etc., étaient iden-
tiques pour chaque série d'essais. Au moyen de cet appareil, j'ai expéri-
menté : i** l'action des sels de manganèse; 1^ l'action des sels de manga-
nèse en présence d'une trace d'alcali; 3° les influences exercées sur la
marche de l'oxydation par la présence de certaines substances.
» 1, Sels de manganèse. — On mettait 5o*="' d'une solution cracide gallique au y^ôô
dans les ballons, on ajoutait le sel de manganèse dissous et, après agitation, on aban-
donnait l'appareil dans un local dont la température ne variait pas. En opérant sur des
solutions d'acide gallique de j~^ à ^Û^ ^vec des doses de manganèse également
variables, les volumes d'oxygène absoi'bés après 24 heures ne dépassaient pas -nj- à ^
de centimètre cube. La présence d'une petite quantité d'acide libre (acides sulfurique,
chlorhjdrique, oxalique et acétique) n'a pas favorisé l'absorption de l'oxygène.
» 2. Influence d'un alcali. — On sait que les sels de manganèse en présence d'un
alcali se transforment à l'air en bioxyde. Cette transformation a lieu à des doses infi-
nitésimales des deux réactifs, comme l'indique le tableau suivant. L'alcali lui-même
agissant séparément comme agent d'oxydation sur la solution d'acide gallique, il a
fallu évidemment tenir compte de cette action séparée. Dans ces essais, on mettait
d'abord dans les ballons l'acide gallique en solution, puis le sel de manganèse, enfin
l'alcali. {Doses employées : acide gallique So*""' au Yotô'i MnGl^o,oi; NaOH 0,01.)
Volumes d'oxygène exprimés en dixièmes de centimètre cube, absorbés par une
solution d'acide gallique en présence de la soude seule ou de la soude et du
manganèse.
Observations faites après : NaOH. NaGH + MnCP. MnCP.
3o minutes i5 35 o
1 heure 2-5 ^2 3
2 heures ... 22 48 3
4 » 33 5o 4
6 » 35 5o 4
12 » , /)0 5o 4
» En faisant varier la nature de l'alcali (soude, potasse), celle du sel de manganèse
(chlorure, sulfate, acétate); celle du corps à oxyder (hydroquinone, pyrogallol, tanin),
on a trouvé : 1° que l'accélération de l'oxydation est proportionnelle aux doses d'alcali;
2° que, pour une même dose d'alcali, l'augmentation du poids du manganèse devient
nettement paralysante à partir d'une certaine limite, après avoir été activante; 3" que
des doses infinitésimales de sels de manganèse deviennent actives en présence de
traces d'alcali.
» 3. Influences agissant sur la marche de l'oxydation. — L'introduction dans les
ballons de substances inertes, telles que le verre pilé, la porcelaine, le quartz, les
métaux en poudre ou à l'état colloïdal, apportent une perturbation considérable dans la
marche de l'oxydation en présence du manganèse, lorsqu'on la compare avec des essais
924 ACADÉMIE DES SCIENCES.
témoins. Celle constalalion n'est pas sans importance car elle démontre que ces
substances inertes peuvent jouer un rôle comme activant ou retardant dans les phéno-
mènes d'oxydation, d'une manière analogue, dans un autre d'idées, à ce qui se passe pour
le dégagement de l'acide carbonique de ses solutions aqueuses saturées. Les substances
chimiques agissant sur l'un des réactifs en présence, sur la soude par exemple, se
comportent comme paralysants; c'est une simple saturation et le ralentissement de
l'oxydation ne présente aucun intérêt. Mais l'expérience établit que ce ralentissement
peut avoir lieu à des doses si faibles que l'on ne j^eut plus, pour l'expliquer, invoquer
seulement la saturation partielle de l'un des réactifs. Tel est le cas pour l'acide arsé-
nique. En voici la démonstration :
Tableau indiquant l' influence paralysante de V acide arsénique.
(Doses: ac. gall^ique 5o'='"' au j^^; MnCP 0,02; NaOH 0,02.) •
Acide arsénique.
Temps. Témoins. 0,01. 0,001. 0,0001.
3o minutes 3o 7 25 28
1 heure /J2 7 25 3o
2 » 45 i5 3o 3o
4 » 45 20 3o 32
6 » 48 20 3o 35
» L'acide arsénique dilué au ^ „ ^,^q „ ^ a donc eu une action retardante.
» Le bichlorure de mercure, l'acide cyanhydrique, l'hydrogène sulfuré et d'autres
substances agissant comme poisons de l'organisme, ont une action analogue sur la
marche de l'oxydation, après avoir souvent provoqué au début une excitation très
nette.
» Ces phénomènes de ralentissement dans l'oxydation des substances expérimentées
peuvent être expliqués par des changements dans l'état de neutralisation du milieu
et aussi, comme sembleraient l'indiquer des essais en cours, par l'entraînement méca-
nique des substances sous l'influence de la précipitation.
» Il se dégage de ces expériences que le manganèse, envisagé comme
ferment métallique, demande, pour devenir actif, en se plaçant dans les
conditions dans lesquelles j'ai opéré, que le milieu à oxyder contienne un
alcali ou un sel alcalino-terreux. Pour la même quantité d'alcali, les doses
croissantes de manganèse agissent comme paralysants; comme dans le
cas des phénomènes diastasiques, la marche de la réaction peut être
entravée par la présence de traces de certaines substances. On voit donc
que le manganèse, pour produire son maximum d'effet dans un milieu en
un temps donné, doit réunir tout un ensemble de conditions. »
SÉANCE DU 3o NOVEMBRE 1903. 925
CHIMIE GÉNÉRALE. — Alcoylation systématique de l'arsenic.
Note de M. V. Auger, présentée par M. H, Moissan.
« On ne connaît jusqu'ici aucun procédé permettant d'introduire, à
volonté, 1 , 2 ou 3 groupes alcoylés sur la molécule de l'arsenic. D'une part,
la méthode de Cahours ('), qui consiste à chauffer le métalloïde avec un
iodure alcoolique, fournit immédiatement un mélange de dérivés tri- et
tétrasubstitués, et, d'autre part, la réaction deMeyer (^) semblait jusqu'ici
ne pouvoir fournir qu'un seul produit : le méthylarsinale de sodium. C'est
cependant en généralisant cette dernière réaction que l'on peut arriver à
introduire systématiquement des groupes alcooliques dans l'arsenic.
)) Voici le principe de la méthode : Considérons d'abord la réaction de
Meyer; elle consiste à mettre en contact, en présence d'alcool, l'arsénite
tri-sodique AsO'lNa^ avec l'iodure de méthyle : la réaction a lieu suivant
AsO^Na^H- ICH^= CH^'.AsO^Na'^-f-NaT. L'arsénite est donc passé, pen-
dant la réaction, à l'état de méthylarsinate, et, de trivalent, est devenu pen-
tavalent. Il est extrêmement vraisemblable que le processus est le suivant :
/ONa ^O
l'arsénite normal As — ONa prend la forme tautomère Na — As — ONa, et
\ONa \ONa
échange alors son atome de sodium relié à l'arsenic, contre le groupe
méthyle, en donnant le méthylarsinate CH^ — As— ONa. Si nous appliquons
\ONa
cette réaction à la molécule déjà monométhylée, nous devons d'abord
réduire l'acide méthylarsénique pour rendre l'arsenic trivalent :
CH\As = 0.
L'oxyde de méthylarsine possède deux fonctions très faiblement basiques
/ONa
et fournit, avec deux molécules de soude, le sel : CH'.As\ ^,,^ dont la
\ONa
forme tautomère est : CH^.As — ONa. Il réagit alors facilement sur une
\Na
(') Cahours, An. chem. Pharni. Lieb., t. CXXII, p. 192.
(-) G. Meyer, Ber. chem. GeselL, t. XVI, p. il\^o.
C. R., 1903, 2« Semestre. (T. CXXXVIl, N° 22.) 121
926 académie' des sciences.
molécule d'iodure de méthyle d'après :
CH«AsO-N;r -h IGH^ = (CH^')^ = Asf"^^, + Nal.
\OJNa
» Uacide cacodyliqne ou diméthylarsinique, ainsi obtenu, est susceptible
de subir une troisième méthylation en employant la même sériede réactions ;
il suffit de le réduire pour le faire passer à l'état d'oxyde de cacodyle
(CH^)^ = As — O — As = (CH')^ et de traiter ce dernier, en solution
alcoolique, par la soude et l'iodure de méthyle, pour obtenir, d'après
(CH')^ = As- ONa ou (CH')^ = As^^ + IGH^* = (CH=^)^ = As = O,
l'oxyde de triméthylarsine. J'ai constaté que, dans toutes ces réactions, il
est possible de remplacer l'iodure de méthyle par l'iodure d'éthyle; il y^a
lieu de penser qu'il en sera de même pour d'autres iodures homologues.
» Voici quelques détails succincts des manipulations.
» Réduction du niéthylarsinate de sodium. — Le sel disodique est dissous dans la
quantité minimum d'eau, à liède; on y introduit, à froid, un excès de gaz sulfureux,
puis onporteleliquideà rébullition au réfrigérant ascendant, pour terminer la réaction.
Celle-ci a lieu quantitativement suivant CH^ AsO^ Na^ + S0-— CH^ AsO + SO*Na^
Le liquide obtenu est alors additionné d'une petite quantité de carbonate de sodium,
afin de neutraliser les dernières traces d'acide sulfureux, puis évaporé à sec, dans le
vide, au bain-marie. La masse obtenue est épuisée à plusieurs reprises par le benzène
bouillant qui dissout l'oxyde de méthylarsine. Après évaporation du solvant, on obtient
celui-ci en gros cristaux incolores fusibles à gS".
» L'acide méthylarsinique pur n'est pas réduit, dans ces conditions, par le gaz sulfu-
reux. Par contre, la réduction a lieu aussitôt qu'on ajoute à celui-ci une trace d'un iodure.
En employant le mélhylarsinate de calcium en suspension dans l'eau, on obtient, par
traitement au gaz sulfureux, immédiatement une solution aqueuse, presque pure,
d'oxyde, le sulfate de calcium formé restant insoluble.
» Méthylation de l'oxyde de méthylarsine. — i™°ide l'oxyde est mise en dissolu-
tion dans l'alcool méthylique et additionnée de 2"^°' de soude, puis, à froid, de 1"°'
d'iodure de méthyle. Il se produit un échaufTement notable de la solution; on termine
au bain-marie, au réfrigérant ascendant, jusqu'à réaction neutre de la liqueur. Pour
isoler le produit formé, il est nécessaire d'enlever l'iode; pour cela, on chasse l'alcool
au bain-marie, et l'on additionne la solution aqueuse du résidu d'acide sulfurique dilué,
puis d'azotite de sodium. L'iode se précipite; on filtre, on évapore à sec, après avoir
saturé par le carbonate de sodium, et l'on reprend par l'alcool absolu. Le cacodylate de
sodium se dissout seul, et on lisole pur par cristallisation. L'acide cacodylique extrait
de ce sel a montré tous les caractères de celui qu'on obtient par oxydation de l'oxyde
de cacodyle. Il fondait à 200° et formait avec le nitrate d'argent le sel double cristal-
SÉANCE DU 3o NOVEMBRE IQoS. 927
lise : (CH^)-AsO'Ag, AgAzO^; pour l'identifier encore mieux, il a été transformé en
sulfure de cacodyle fondant à 5o°.
» Cette méthylation s'effectue avec une grande rapidité et semble plus facile que
celle qui donne naissance au méthylarsinate de sodium.
» Méthylation de V oxyde de cacodyle. — Cette opération a été effectuée exacte-
ment dans les mêmes conditions que la précédente. L'oxyde de méthylarsine formé a
été isolé à l'état d'iodure (CH^)*^ As:P.
» Introduction du groupe éthyle. — La réaction de Meyer effectuée avec de l'io-
dure d'éthyle se poursuit d'une façon bien moins nette qu'avec l'iodure de méthyle. Il
se forme une assez forte quantité d'éther provenant de la saponification de l'iodure, et
il est fort difficile de se débarrasser del'oxiiodure d'arsenic qui accompagne le produit
de la réaction. Cependant, après avoir enlevé l'iode avec le nitrate de sodium, on peut,
après évaporation du liquide au bain-marieet reprise par l'alcool, isoler l'acide éthyl-
arsinique, déjà obtenu par La Coste, par oxydation du chlorure d'éthylarsine.
» Je compte préparer, avec cet acide, l'acide mélhyléthylarsinique, ainsi que d'autres
acides mixtes alcoylés. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Séparation de l'iode dans les sels halogènes alcalins
d'avec le chlore et le brome, par sa transformation en acide iodique, et mode
de préparation de l'iode pur. Note de MM. H. Baubigxy et P. Rivals,
présentée par M. Troost.
« Si la méthode de précipitation de l'iode à l'état de sel cuivreux en pré-
sence des chlorures et bromures est susceptible d'exactitude, comme nous
l'avons montré (Note du 9 novembre igoS), elle présente du moins un
petit ennui pour la séparation ultérieure du Cl et du Br; c'est le volume
d'eau fourni par les lavages et qu'il faut ensuite réduire par évaporation.
Nous avons donc cherché s'il ne serait pas préférable, en profitant de l'oxy-
dabilité de l'iode, de le transformer tout d'abord en acide iodique, corps
stable et non volatil, puis de séparer successivement le brome et le chlore
par distillation après leur mise en liberté, opération à laquelle ils se prêtent
tous deux aisément. Cette méthode nous a donné d'excellents résultais;
elle est de plus d'une pratique simple, puisque le permanganate, qui,
d'après les indications de Péan de Saint-Gilles (i 858) oxyde instantanément
les iodures en iodates, est précisément le réactif qui nous sert à séparer le
brome d'avec lu chlore dans un mélange de chlorures et bromures addi-
tionné de CuSO', ot à en retirer ensuite le chlore si l'on ajoute de l'acide
sulfurique.
928 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» On commence par alcaliniser la solution saline (*) avec os, 5 à 1? de CO'Na^ H-ioH^O
et l'on ajoute ensuite le MnO^K petit à petit, en solution saturée et chaude, jusqu'à
ce que la liqueur reste colorée en rose. A ce moment on n'a plus que de l'acide iodique
avec un dépôt de 2MnO-, H^O. On met alors les quantités d'eau et de MnO'^K néces-
saires pour ramener à la concentration voulue (^). Le permanganate dissous, on ajoute
à froid le sel de cuivre, on ferme, on adapte le condensateur garni d'alcali et de sulfite
et l'on aide à la dissolution du CuSO* en agitant doucement par le courant d'air. On
chaufTe finalement au bain-marie et l'on distille le brome. Cette opération terminée,
on change le condensateur en ayant soin de rincer le tube abducteur et l'on distille le
chlore en réchauffant après addition d'acide SO*H^ étendu de son volume d'eau et
froid. L'acide HCI mis en liberté réagit sur l'acide permanganique et le Gl se dégage.
» L'iode resté en totalité comme acide iodique dans les eaux mères y est dosé sous
forme de Agi, en réduisant après addition de AzO^Ag par le gaz sulfureux. On ter-
mine en portant -à l'ébullition le liquide acidulé par l'acide nitrique. S'il n'y avait
qu'un seul élément. Cl ou Br, avec l'iode, on pourrait le séparer en traitant de suite la
solution iodique par le mélange de MnO^K et de SO*H^Ag. Nous donnons ici nos
résultats.
Valeur en sel d'Ag de
C03N'a°-.ioH20
MnO^K
Cl
HS0<.51
Kl.
KBr.
Na Cl.
employé.
total.
eniplo
0,0848
g
0,2l48
„
0,5
g
0,70
i5
0,2108
0,0887
II
o,586o
0,5
0,65
12
0,21 38
//
0,5
1 ,00
II
0,4276
0,0427
II
o,2i48
o,o385
0,0.385
1,0
1,0
1 ,40
0,80
II
16
o,2i38
0,0887
0,2946
1,0 (
06,3+08-,
.7)
16
Vol.
liquide.
Knrée
do
distillation.
Agi
trouvé.
AgBr
trouvi.
AgCl
trouvé.
cm'
75
Il m
1 . i5
I . i5
g
0,0849
0,2187
0,2147
0,0882
1/
g "
IIO
1 .00
0,2l34
II
0,5865
90
100
1 .00
0,4274
0,0428
II
0,2l5l
o,o382
0,0890
io5
l'' + l''20"'
0,2l4l
0,0843
0,2950
» Nous ferons remarquer que, en liqueur acide et chaude, une notable proportion
de bioxyde de manganèse accélère la décomposition de MnO*H, comme l'ont signalé
déjà quelques auteurs. Quand cette circonstance se présente à la suite de l'oxydation
d'une forte quantité d'iode, il n'y a qu'à augmenter la proportion de SO^H- et de
MnO^K pour la séparation du chlore.
» Si l'on ne voulait que doser l'iode ou déterminer la somme des impu-
retés Cl et Br qui existent dans un iodure, dans ce cas encore, aussitôt
après la transformation en acide iodique, on enlève ensemble le Cl et le Br
à l'aide du courant d'air à chaud après addition d'acide sulfurique et d'un
excès de MnO'R, en ne les recueillant que si l'on veut les titrer comme
impuretés.
(1) Cette addition est indispensable, sinon on constate toujours un léger déficit dans
le dosage de l'iode, par sujj^e peut-être de la mise en liberté d'un peu d'iode au début
et qui échappe à l'oxydation.
(2) Comptes rendus, t. CXXV, 1897, p. 527 et 609.
SÉANCE DU 3o NOVEMBRE I903. 929
» Préparation de l'iode pur. — Ce mode analytique nous a permis, en
le combinant à une propriété remarquable des iodates, d'établir un pro-
cédé de préparation de l'iode pur.
» En liqueur neutre, les iodates, comme nous Favons constaté, sont réduits à la
température ordinaire et plus rapidement encore à chaud par les sulfites alcalins. On
peut donc, après avoir chassé le chlore et le brome d'une solution d'acide iodique, y
ramener l'iode à l'état d'iodure. Il suffit de neutraliser le liquide par un alcali, soude
ou potasse, puis de chauffer à 100° pendant quelques heures avec un excès de sulfite
de soude neutre, qui décompose en même temps ce qui reste de permanganate. La
réduction terminée, on traite par le nitrate de baryum qui précipite la totalité des
acides sulfurique et sulfureux, comme le prouve un essai fait avec une solution de
sulfite neutre. Après avoir filtré la liqueur, on la retraite par un peu d'acide sulfurique
étendu pour en séparer l'excès de baryte, et l'on filtre une seconde fois.
» L'iodure ainsi obtenu ne renferme que du sulfate alcalin et est exempt de chlore,
si l'on a eu soin de contrôler la pureté des divers réactifs employés.
» Or, si, au lieu de réduire la totalité de l'acide iodique, on réserve le sixième de la
liqueur, et qu'après y avoir détruit le MnO^K par une addition ménagée d'alcool ou
d'éther pur, dont le surplus est chassé ensuite par une ébuUition prolongée, on mé-
lange à froid et après filtration cette solution d'acide iodique avec la partie qui a été
réduite, tout l'iode se sépare selon l'observation de Gay-Lussac (i8i4), pai' l'action de
l'acide SO^H^ en présence :
IO^H + 5Hl = 3H^0 4-3P.
» Qu'on filtre, lave, sèche et sublime comme d'usage, on a de l'iode parfaitement
pur et rigoureusement exempt de chlore, brome et iodure de cyanogène.
» Dans la réduction de l'iodate par le sulfite, on doit opérer en liqueur neutre; car,
même à loo", un excès d'alcali ralentit la réduction et d'autant plus énergiquement
que la liqueur est plus alcaline. En outre, il est bon de chaufter dans une atmosphère
limitée, comme celle d'un ballon mal bouché, parce qu'en solution et à l'air les
sulfites s'oxydent assez vite.
» Les bromates se comportent identiquement comme les iodates vis-à-vis
des sulfites alcalins, tandis que les chlorates en solution neutre ou alcaline
même à 100° sont entièrement irréductibles. C'est une propriété que nous
avons utilisée pour le dosage des chlorates en présence des bromates et
des iodates. »
93o ACADÉMIE DES SCIENCES.
MÉTALLURGIE. — Etude microscopique de bronzes préhistoriques de la
Charente. Note de M. G. Chesneau, présentée par M. Adolphe Carnot.
« J'ai montré précédenmment (*) que la détermination précise des élé-
ments contenus à l'état de traces dans les bronzes anciens peut fournir des
données sur la similitude ou la différence d'origine des métaux qui les
composent. Il m'a paru intéressant de compléter ces résultats par l'étude
microscopique de ces alliages, qui, en permettant de reconstituer jusqu'à
un certain point les procédés de fabrication employés, peut être non moins
féconde que l'analyse chimique en indications sur la provenance ou
l'époque relative des bronzes anciens.
» Mon examen a porté sur la hache à douille de la cachette de Venat,
dont j'ai déjà donné l'analyse, et sur une grande hache à talon, que je dois
également à l'extrême obligeance de M. Chauvet et qui provient de la ca-
chette de Biarge (commune de Chassiecq, arrondissement de Confolens)
découverte en 1896 (-). On admet que dans la période de l'âge de bronze
les haches à douille sont les plus récentes, et les haches à talon les plus
anciennes : c'est donc sur deux types d'époques aussi distantes que pos-
sible qu'ont porté les études résumées ci-après montrant que leur mode de
fabrication a été tout à fait différent.
» On sait depuis les travaux de M. H. Le Chatelier et de M. G. Charpy
(Bull, de la Société d'Encouragement, 1896 à 1898) que les bronzes nor-
maux contenant de 8 à 20 pour 100 d'étain, polis à l'alumine et léo^ère-
ment attaqués (au chlorure d'ammonium, par exemple), présentent un
réseau de cristallites de cuivre, ou d'alliage riche en cuivre, souvent vi-
sibles à la loupe, se détachant en brun foncé sur un fond clair constitué
par l'eutectique, plus riche en étain que les cristallites. L'eutectique est
formé lui-même de grains accolés, de grosseur variable, atteignant parfois
plusieurs millimètres, dont la structure cristalline est révélée par une
(^) G. Chksnea.u, Sur la composition de bronzes préhistoriques de la Charente
{Comptes rendus, 27 octobre 1908, p. 653).
(-) Pour 100 parties, elle contient, d'après l'analyse que j'en ai faite : cuivre, 84,87 ;
étain, 18,57; p'o"ib, 0,42; fer, o,o5; nickel, o,46; soufre, 0,27; arsenic, 0,28;
phosphore, o,oo5.
SÉANCE DU 3o NOVEMBRE 190^. 981
attaque énergique (acide azotique, ammoniaque concentrée) qui fait appa-
raître des stries parallèles dans chaque grain donnant l'aspect connu du
moiré métallique.
» Hache de Vénal. — Les coupes faites dans cette hache (à 10,74
pour 100 d'étain) ont toutes donné une structure très différente des
bronzes normaux. Simplement polies, elles présentent de nombreuses
soufflures bleu noirâtre, abondantes surtout au centre du lingot, et de
petites 'inclusions d'un alliage bleu pâle, dues sans doute les unes et les
autres au plomb liquaté dans l'eutectique. Par attaque au chlorure d'am-
monium, la surface se teinte irrégulièrement en brun sans apparence de
cristallites, comme le montre la figure i ci-dessous (obtenue avec le
microscope Le Chatelier, grossissement 90 diamètres), où plusieurs souf-
flures se détachent en noir. Par attaque à l'acide azotique la surface prend
un aspect cristallin confus, sans moiré métallique.
FiK. 1.
Fig. 2.
Hache de Venat.
Hache de Biaree.
» La surface de la hache montrant des traces très nettes de martelage,
j'ai pensé que l'aspect spécial de ces coupes tenait à un recuit prolongé ou
fréquemment répété destinée permettre ce martelage. Des éprouveltes de
bronze de même composition, soumises à des recuits de plus en plus longs,
à 725°, m'ont montré en effet que les cristallites s'empâtent fortement
après un recuit de i5 minutes, puis envahissent peu à peu l'eutectique et
ne sont plus discernables au bout de i heure : l'aspect est alors identique
à la hache de Venat, y compris les soufflures au centre du lingot ayant
pour origine les inclusions plombeuses. Ce résultat est dû au dédou-
blement progressif de l'eutectique en deux alliages, l'un riche en cuivre,
gSa ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'autre en étain, comme l'ont établi les études récentes sur les bronzes
de MM. Heycock et Neville. Le métal même de la hache refondu m'a
donné d'ailleurs un bronze normal à cristallites, qui, recuit pendant i heure,
a reproduit exactement l'aspect de la hache primitive.
» Il est donc hors de doute que la hache de Venat a été soumise à un
recuit très prolongé à haute température, combiné avec le martelage (*).
Ce traitement avait pour but de durcir le métal : en effet, sa dureté appré-
ciée par la méthode Brinell (enfoncement par pression de looo*^^ d'une
petite bille en acier de 10™°* dans le métal) a été trouvée nettement supé-
rieure à celle du même bronze refondu sans recuit (dans le rapport de
1,3 à i).
» Hache de fiiarge. — Toutes les coupes ont donné l'aspect d'un bronze
normal à cristallites très marquées, comme le montre la figure 2 ci-dessus,
les cristallites restant rectilignes jusqu'au tranchant. L'attaque à l'acide
azotique a nettement donné un moiré métallique à petits grains. L'arme,
dont le tranchant ébréché dénote un long service, n'a donc subi ni recuit,
ni martelage : malgré cela sa dureté atteint celle de la hache de Venat par
suite probablement de sa plus forte teneur en étain.
» Il semble donc ressortir de l'étude microscopique de ces deux bronzes
d'époques très différentes que, tout au moins dans la région de la Charente,
les haches venues de fonte étaient utilisées telles quelles au début de
l'âge de bronze, tandis que plus tard, les procédés de fabrication s'étant
perfectionnés, les métallurgistes soumettaient les pièces après démoulage
à de forts recuits combinés avec le raiartelage, en vue sans doute d'ac-
croître la dureté du métal. »
ZOOLOGIE. — Sur la ponLe du Bombyx Mori. Note de M. Jules Gal.
« Fécondées ou non, les femelles de Bombyx Mori procèdent à la ponte ;
leurs œufs sont bons quand elles ont été fécondées, Us ne se développent
pas dans le cas contraire. Si, au lieu de laisser se produire l'accouplement
complet, on en limite plus ou moins la durée, on voit diminuer régulière-
ment de 100 à o le pourcentage des graines fécondes obtenues. Ces faits
(^) Ce recuit a dû être beaucoup plus énergique que dans l'épée de bronze étudiée
par M. Osmond {Comptes rendus, 29 décembre 1902, p. 1842), où le réseau cristalli-
tique primitif était encore nettement visible.
SÉANCE DU 3o .\OVEMBRE igoS. gSS
sont connus depuis longtemps, mais on sait moins bien comment, dans ces
divers cas, varie le processus de la ponte.
« D'après Cornalia(^M//. stat. séricicole de Montpellier, 1875), « lorsque
)) l'accouplement a eu son plein effet, la ponte s'accélère et se fait com-
)) munément le premier ou le deuxième jour w ; après un accouplement
de i5 minutes, insuffisant pour une fécondation complète, « le papillonne
)) pond pas dans les premiers jours ; le nombre des œufs augmente du
)) deuxième au cinquième jour, celui-ci étant le jour où la ponte se ter-
» mme «. Cornalia ne rapportant que des observations relatives à des
accouplements de i5 minutes, 3o minutes et i heure, j'ai voulu compléter
ses résultats en étudiant l'effet d'accouplements de plus faible durée et
surtout en étudiant la ponte des femelles vier<^es.
» I. Femelles fécondées. — Neuf femelles ont été accouplées pendant 2 heures au
moins, assez longtemps pour que leurs graines fussent toutes fécondées. J'ai compté,
jour par jour, les nombres des graines émises. Ces nombres étant portés en ordonnées
et les jours en abscisses, on obtient des courbes, une pour chaque ponte, qui ont toutes
la même allure. En établissant la moyenne de ces courbes on trouve que les nombres
moyens de graines émises ont été pour les périodes de 24 heures successives :
392, 98, 29, 24, 8, I, o,
ce qui donne une courbe commençant très haut et descendant très vite, tout à fait con-
forme aux conclusions de Cornalia.
» IL Femelles insuffisamment accouplées. — D'autres femelles ont été accouplées
pendant des temps variant de 3o secondes à 45 minutes et plus. On sait depuis long-
temps qu'un accouplement minimum de 45 minutes est nécessaire pour que les
graines soient toutes bonnes; or, il faut précisément le même temps pour que la
courbe des vitesses de ponte prenne la forme descendante de la première série. Pour
un accouplement de durée moindre, les résultats sont différents. Voici comme exemple
la ponte d'une femelle accouplée 10 minutes :
90, i4o, 182, 179, 62, o.
V) La courbe s'élève conformément aux indications de Cornalia; mais, après avoir
passé par un maximum, le troisième jour, elle redescend ensuite.
» IIL Femelles vierges. — Enfin, j'ai étudié comme les précédentes 22 femelles
vierges, toutes sorties de cocons isolés, et logées séparément dans des boîtes closes. Les
courbes construites pour chaque femelle ont même allure, ce qui autorise à en prendre
la moyenne; on obtient ainsi les nombres moyens des graines comptées jour par jour
depuis le commencement de la ponte jusqu'à la fin :
n, 45, 57, 97, 91, ij5, 42, 42, 46, 2o>
abres correspondent à une courbe qui croît d'à
our, et décroît ensuite.
C. R., 1903, 2» Semestre. (T. CXXXVII, N» 23.) 122
» Ces nombres correspondent à une courbe qui croît d'abord, passe par un maxi
mum, le 6« jour, et décroît ensuite.
9^4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» C'est là un résultat nouveau. Il est intéressant de tracer sur une même feuille
la courbe de la 3^ série (femelles vierges), celle de la i""* série (femelles fécondées)
et les diverses courbes qui correspondent à des accouplements plus ou moins limités.
Celles-ci, intermédiaires entre les deux courbes extrêmes, se déforment régulière-
ment et passent de l'une à l'autre par une avance du maximum de la vitesse de ponte,
correspondant à une plus grande durée de l'acte qui assure la fécondité.
)) En somme^ tout concourt à faciliter pour le mieux la conservation de
l'espèce. Les graines fécondées sont émises très vite, mais les graines non
fécondées sont retenues plus longtemps dans l'attente d'un accouplement
possible qui les rendrait bonnes. On a vu que l'accouplement, pour pro-
duire tout son effet, doit durer un certain temps, 45 minutes environ ; or
c'est là précisément le temps nécessaire pour que la femelle cesse de rete-
nir ses graines et les ponde sans retard.
» Les observations suivantes viennent à l'appui de celles qui précèdent.
La femelle fécondée pond ses œufs très vite. Son rôle étant achevé, elle
n'a plus qu'à disparaître, de sorte que son existence est plus courte que
celle de la femelle non fécondée, qui semble vivre dans l'attente d'un
accouplement. Dans mes expériences, la durée moyenne de la vie, après
la sortie du cocon, a été :
Jours.
i''"^ série (accouplement prolongé) 9,3
2^ » (accouplement réduit) ,.. io,i
3*^ » (femelles vierges) i i , 3
ZOOLOGIE. — Sur la ponte, la fécondité et la sexualité
chez des poules carnivores. Note de M. Frédéric Houssay.
« Pour toutes les poules qui vont être comparées entre elles, il sera
question de la ponte pendant leur première année seulement. Le Tableau
suivant résume les résultats moyens pour un animal en observation ;
Nombre Poids moyen
Générations. des œufs. Poids. de l'œuf.
kg g
Granivore 97 5 , 36o 55
i^'^ Carnivore i48 8,674 58
2^ » • — 167 10,270 f6ï
3" » 145 8,426 58
» Donc l'accroissement qui se manifeste par le changement de régime tant pour le
nombre que pour le poids des œufs ne se poursuit pas indéfiniment. Je pense même
SÉANCE DU 3o NOVEMBRE IQoS. gSS
que, si l'expérience peut continuer, on verra progresser la baisse qui s'annonce. Pour
toucher en passant aux applications pratiques, on augmenterait le rendement des poules
en ajoutant à leur alimentation une forte proportion de déchets de viande fraîche,
puisque j'ai pu les nourrir exclusivement ainsi; mais il y aurait intérêt à prendre
chaque année de nouveaux sujets et à ne pas mettre en incubation les œufs des ani-
maux ainsi suralimentés.
» Voici les résultats des incubations que, pour obtenir une quatrième génération, j'ai
préparées l'été dernier dans des conditions normales, c'est-à-dire avec des poules cou-
veuses.
Début de Nombre
l'incubation. des œufs. Développements. Éclosions.
4 niai 12 4 Abandonnés.
23 » i3 4 3
2 juin 12 3 3
1 7 » 12 2 I
i*"" juillet i6 I o
21 » i5 o o
8o i4 7
» Le rapport des insuccès aux succès est à peu près l'inverse de ce qu'il est habi-
tuellement. De plus, sur les 7 poussins, il y avait 6 mâles et i seule femelle.
2 mâles moururent tout jeunes, à 7 jours et n jours; les 5 survivants provenaient
tous de la même poule qui, fait notable, excrétait avec son coq beaucoup plus d'urée
que les autres. Une élimination plus copieuse assurait à son organisme une moindre
intoxication et retardait l'infécondité. Inutile d'ajouter que la fécondation physio-
logique avait lieu et que. les coqs étaient morphologiquement féconds, ainsi que les
poules, puisqu'elles pondaient beaucoup.
» Ces expériences suggèrent d'importantes conclusions et, sans vouloir
les généraliser plus qu'il ne convient, faisons cependant remarquer ;
1° l'hérédité des intoxications alimentaires et l'incontestable action sur le
germe des modifications acquises par l'organisme en raison du régime,
l'influence du soma sur le germen, 1^ la liaison de Tauto-intoxication chez
les procréateurs avec l'infécondité totale, les arrêts de développement et
la mort précoce des produits, 3** l'accentuation des résultats de semaine
en semaine, c'est-à-dire à mesure que l'intoxication fait son œuvre sur les
organismes procréateurs adultes, 4^* enfin, l'excessive proportion des mâles.
)) Parmi les faits quelque peu nets relatifs au déterminisme du sexe
mâle, on relève les conditions précaires de l'alimentation et l'on entend
ainsi l'inanition plus ou moins marquée; il faut y ajouter l'intoxication.
Ces deux facteurs, qui influent de la même façon sur les courbes de crois-
sance, jouent aussi le même rôle dans le déterminisme de la sexualité.
936 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Il est à remarquer, de plus, que les 4 coqs de ma quatrième géné-
ration Carnivore vivent depuis 5 mois avec i seule poule en parfaite
intelligence et dans un calme absolu. Dans les conditions ordinaires, ils se
seraient, depuis plus de 3 mois, livré des combats mortels et il n'y
aurait qu^un survivant. Le dimorphisme sexuel organique que j'ai signalé
dans les poules granivores et dans les deux premières générations carni-
vores est presque supprimé à la troisième, et l'incombativité sexuelle qui
se révèle à la quatrième accentue la réduction. Ce fait apporte une infor-
mation supplémentaire pour l'important problème du passage de la poly-
gamie à la polyandrie, passage dont les divers degrés sont la monogamie
avec égalité numérique des mâles et des femelles, l'hermaphroditisme qui est
la suppression du dimorphisme sexuel, le pigméisme des mâles plus nom-
breux que les femelles avec renversement du dimorphisme sexuel : les
deux dernières conditions survenant chez les animaux fixés et chez les
parasites.
M II se peut que l'intoxication générale des germes dans ces êtres immo-
biles et surnourris soit un important facteur de la pluralité des mâles et
de l'arrêt ordinaire de leur développement. Dans ces complexes événe-
ments, il est, au reste, probable qu'il n'y a pas une seule cause en jeu. »
ZOOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Sur l' exophtalmie infectieuse de certains poissons
d'eau douce. Note de M. J. Audigé, présentée par M. Alfred Giard.
« Une infection microbienne, d'une nature particulière, et qui n'a pas
encore été décrite, du moins à ma connaissance, s'est déclarée pendant le
courant du mois d'août, à la Station de pisciculture de l'Université de Tou-
louse. Elle se caractérise essentiellement, en tant que caractères exté-
rieurs, par une exophtalmie parvenant à des proportions considérables.
)) Les animaux atteints par la maladie offrent un aspect curieux. L'un
des yeux, car il n'a été constaté que des cas d'exophtalmie unilatérale
frappant aussi bien le côté droit que le côté gauche, atteint des dimensions
de quatre à six fois supérieures à la normale. Dans ces conditions, l'orbite
devient insuffisant pour contenir l'organe de la vision. Celui-ci fait forte-
ment saillie à l'extérieur, donnant à la tète du poisson une allure asymé-
trique des plus nettes. Les sujets se tiennent à demi couchés sur le flanc,
l'œil exophtalmie tourné vers le haut. Ils semblent rechercher les lieux
obscurs; ils restent immobiles, ne prennent plus de nourriture. La colora-
tion des téguments devient plus foncée.
SÉANCE DU 3o NOVEMBRE igo3. 987
M L'affection s'est développée de préférence chez les saumons de Cali-
fornie ÇOncorhynchus Quinnat Gunth), mais a frappé aussi quelques autres
espèces (giclas or/us Cuv. et Yal, Squalius cephalus 1^.). L'âge des poissons
semble peu influer sur la propagation de la maladie. Les pltis jeunes, ainsi
que les plus gros, subissent ses atteintes.
» La contagiosité de TafFection paraît évidente. L'agent pathogène
semble pouvoir être véhiculé par divers milieux extérieurs. Des animaux
sains ont été contaminés pour avoir été {)lacéi dans des bacs ayant contenu
antérieurement des animaux malades ; de la viande, réduite en purée au
moyen d'un appareil souillé par de l'eau suspecte, a disséminé la maladie
dans des bassins jusque-là indemnçs,
» Des sections, pratiquées dans des yeux prélevés sur des animaux malades, mon-
trent que l'humeur vitrée a considérablement augmenté de volume. Elle distend les
enveloppes de l'œil, et c'est à son accroissement qu'il faut attribuer la forte saillie
exorbitaire. La chambre antérieure de l'œil renferme le plus souvent un liquide san-
guinolent ; elle subit de ce fait une légère amplification.
» L'examen microscopique, pratiqué suivant les méthodes habituelles de la bacté-
riologie, permet de constater, dans l'humeur vitrée, la présence de microorganismes
affectant la forme, soit de bâtonnets, soit de grains arrondis. Tous ont une teinte
brune accentuée. Les bâtonnets mesurent 2!^-, 5 à \^ de long, sur oH-, 3o à oi^, 35 de
large. Ils prennent peu facilement les couleurs nucléaires et se décolorent par la
méthode de Gram. Les éléments ronds mesurent de o!^,8o à 0(^,90 de diamètre.
Ils prennent plus fortement que les précédents les couleurs nucléaires. Ces éléments
ne se retrouvent pas dans l'humeur vitrée d'yeux sains.
» L'évolution de la maladie est généralement assez rapide. Le plus
souvent les poissons succombent dans l'espace de 8 à 10 jours. Cependant,
un petit nombre échappe à la mort. On peut constater que, chez ces
derniers, au bout d'une dizaine de jours, l'œil atteint devient opaque,
la cornée et le cristallin prennent une teinte laiteuse.
» Il est à remarquer que, si l'on maintient dans l'obscurité des sujets
atteints d'exophtalmie, ceux-ci ne meurent pas, mais l'œil atteint devient
opaque, comme chez ceux dont la guérison est spontanée.
» La maladie est parvenue à son maximum pendant les mois les plus
chauds; depuis le début de l'automne, ses progrès vont en diminuant.
Actuellement, le nombre des individus attaqués est fort restreint. Sans
doute, la contagiosité de celte affection est-elle facilitée par la chaleur et
enrayée par le froid.
» Je n'ai point constaté de lésions autres que celles des yeux et ne puis
938 ACADÉMIE DES SCIENCES.
expliquer encore la cause réelle du dépérissement des sujets atteints. Des
recherches complémentaires expérimentales seront poursuivies ultérieu-
rement. »
BOTANIQUE. — Contribution à f étude cytologique des Ascomycètes.
Note de M. Guilliermond, présentée par M. Gaston Bonnier.
« Nous avons continué nos recherches sur l'épiplasme des Ascomycètes
sur un grand nombre d'espèces et les résultats obtenus confirment ceux
que nous avions signalés dans de précédentes Notes.
» Les corpuscules métachromaliques sont très répandus dans l'épiplasme et se com-
portent décidément comme des matières de réserve. Ils naissent souvent au voisinage
du noyau dans les cellules mères des asques et il ne serait pas impossible que ce
dernier ait un rôle indirect dans leur sécrétion, mais rien ne permet de l'affirmer,
car le noyau, qui ne subit aucune variation de structure pendant tout le déve-
loppement, ne donne pas d'indication de son intervention dans ce phénomène.
Quelques espèces ne renferment pas de corpuscules métachromatiques, mais, par
contre, elles donnent lieu à d'abondantes productions de globules d'huile de réserve
{Leotia lubrica, Oticlea onotica, Seboria equinoplidus). Ce sont surtout les espèces
dépourvues de corpuscules métachromatiques qui sont les plus riches en huile; néan-
moins, les deux productions peuvent coexister abondamment : c'est le cas des Helvelles
{H. sulcata, H. elastica), dans lesquels on observe à la fois, outre le glycogène, une
grande quantité de corpuscules métachromatiques et de globules d'huile. Ces dernières
naissent dans les mêmes conditions que les corpuscules métachromatiques et souvent
au voisinage du noyau. Le glycogène se rencontre dans la plupart des espèces, mais il
n'est pas non plus constant. En dehors de ces différents produits, on remarque dans
Peziza vesiculosa, dans P. venosa et dans les Aleuriées, à la partie supérieure de
chaque asque, un anneau d'amyloïde qui est considéré ordinairement comme une
réserve. Nos observations établissent, à l'encontre de cette opinion, que cet anneau
résulte d'une transformation de la membrane, nécessaire à l'ouverture de l'opercule,
car, c'est suivant la ligne médiane de cet anneau que s'effectue la déhiscence, et
il persiste après l'élimination des spores.
» Cette étude nous a donné l'occasion d'étudier la formation des cellules
mères des asques.
» Elle s'accomplit dans toutes les espèces observées (Aleuriées, Helvellinées, Asco-
bolus marginatus, Ot. onotica) suivant le mode décrit par M. Dangeard dans P. vesi-
culosa, sauf dans une Pezize ressemblant extérieurement à V Al. cerea, dont nous
n'avions malheureusement que des échantillons trop jeunes pour permettre sa déter-
mination, où les cellules mères naissent d'un filainent à quatre noyaux accolés par
SÉANCE DU 3o NOVEMBRE J9o3. 989
paires : une cloison sépare bientôt ce filament en deux cellules binucléées dont la supé-
rieure fusionne ses noyaux et devient la cellule mère d'un asque. Ce procédé est
analogue à celui que vient de signaler M. Maire dans Galactinia succosa et rappelle
le développement des basides.
» Nous avons, en outre, suivi les divisions nucléaires qui s'accom-
plissent dans les cellules mères avant la formation des spores, dans
Al. cerea, Ot. onotica, P. Cortinus el P. rutUans.
» Dans les trois premières espèces, elle s'effectue par une karyokinèse analogue à
celles déci'ites par Harper. La membrane persiste jusqu'à la fin de l'anaphase. Il se
forme, à la prophase, un fuseau achromatique traversant le noyau; il renferme les
chromosomes à son équateur et est relié à chaque pôle à un centrosome entouré d'un
aster plus ou moins difficile à difl^érencier. Les centrosomes semblent avoir une origine
intranucléaire. Au début de l'anaphase, les chromosomes se disposent aux deux pôles
du fuseau et l'on peut, à ce moment, essayer de compter leur nombre qui, dans
Al. cerea, paraît être de 8 et qui, en tout cas, est très voisin de ce nombre. Dans
P. Cortinus, il est supéi'ieur à 8 et plus rapproché de 12. Ensuite, les chi-omosom^es
se soudent en une masse unique à chaque pôle, puis le faisceau s'allonge en même
temps que la membrane se résorbe. Le nucléole subsiste pendant tout le phénomène.
Dans AL eerea, la première division se fait suivant l'axe longitudinal de la cellule; dans
les deux autres, elle se produit obliquement par rapport à cet axe. Les divisions sui-
vantes s'accomplissent dans des directions variables. Les spores se délimitent, comme
l'a indiqué Harper, par recourbement des asters autour du noyau.
» Dans Peziza rutilans, on observe une karyokinèse assez différente des précédentes
et qui offre des figures beaucoup plus volumineuses. Cette espèce renferme un gros
noyau rempli de chromatine. Dans le début de la prophase, certaines figures pour»-
raient faire penser à l'existence de protochromosomes. Le fuseau achromatique se
forme aux dépens diu noyau : il laisse distinguer assez nettement sa striation. Dès la
fin de la prophase, la membrane disparaît. Les chromosomes sont i^angés au milieu du
fuseau; ils sont très gros. A Tanaphase, ils se disposent aux deux pôles et leur nombre
parait être de 12; ensuite, ils se rapprochent les uns des autres et se recourbent en U,
donnant des figures assez nettes du stade diastroïde; en même temps, le fuseau s'al-
longe beaucoup. On voit alors apparaître, autour des deux masses chromatiques, une
membrane <\m déliiiaite les deux nouveaux noyaux. Le nucléole persiste pendant tout
le phénomène. Nous n'avons pu mettre en évidence ni centrosomes, ni asters, w
GÉOLOGIE. — Sur la synthèse géologique des Alpes orientales.
Note de M. Pierre Termier, présentée par M. Marcel Bertrand.
« Aucune synthèse satisfaisante n'a encore été proposée pour la struc-
ture géologique des Alpes orientales. Les travaux de détail sont très nom-
gl\0 ACADÉMIE DES SCIENCES.
breux, et quelques-uns très parfaits (') ; mais, malgré de récents essais de
coordination (MM. Diener, Frech, Rothpletz), les relations mutuelles de
la zone calcaire septentrionale et de la zone cristalline centrale sont restées
inexpliquées. Dans le dernier Livre de M. Diener (-), où l'état actuel de
nos connaissances est si clairement présenté, il est visible que la structure
de la zone centrale demeure imprécise, sinon chaotique. Dans ce dédale
de massifs et de vallées, le fil conducteur manque.
» J'ai résumé dans deux Notes précédentes les observations (') qui
m'ont convaincu de la complexité de la Schieferhûlle des Hohe Tauern
(complexité soupçonnée, il y a treize ans, par M. E. Suess) ; et j'ai dit que
cette Schieferhûlle n'est qu'un paquet ^'écailles, ou de nappes, dans les dé-
chirures duquel apparaissent les massifs granito-gneissiques d'âge permo-
houiller. Si l'on admet cette première conclusion, qui me paraît nécessaire
et évidente, la lumière se fait partout, la Zentralzone sort du chaos, la liai-
son des Alpes orientales et des Alpes suisses devient claire. C'est comme
si, sur la chaîne entière des Alpes, le brouillard se dissipait tout à coup.
» Ce que j'ai dit des Tauern occidentales est vrai aussi des Tauern orientales, jus-
qu'au Hochalmmassiv inclusivement. Sur une longueur totale de iSo""", une écaille
profonde, formée de gneiss et de granités permo-houillers, apparaît, dans cinq massifs
isolés, à travers c\n([ fenêtres de la Schieferhûlle.
» Les nappes de la Schieferhûlle s'enfoncent: à l'est, sous les vieux gneiss de la
Bundschuhmasse ; au nord-est, au nord et au nord-ouest, sous une série d'écailles où
apparaissent, avec du Trias et du Lias, du Verrucano, et même du Houiller peu méta-
morphique (Brenner); à l'ouest, enfin, sous les vieux gneiss de l'OEtzlal. Ces nappes
de la Schieferhûlle s'enracinent immédiatement au sud des Hohe Tauern.
» Les nappes qui sont posées sur la Schieferhûlle comprennent les écailles des
Radstâdter Tauern et des Tribulaun, les vieux gneiss de la Bundschuhmasse et de
rOEtztal, les phyllites du Pinzgau, et les grauwackes de Kitzbuhl et de Dienten.
Elles s'enracinent, ou s'enracinaient, dans la zone de vieux gneiss qui court au nord
du Pustertal et du Gailtal (Kreuzeck, Deferegger, montagnes qui dominent l'Eisack
entre Sterzing et Mauls). La continuation, au sud-ouest, de cette zone de racines,
passe au sud de l'Ortler.
» La zone calcaire septentrionale tout entière, du Rhâtikon à Wiener Neustadt,
n'est qu'une nappe supérieure, peut-être complexe elle-même. Sur une longueur
(') En particulier, les travaux récents de MM. Becke, Berwerth, Grubenmann et
Lowl.
(^) C. Diener, Bau undBildder Ostaloen anddes Karstgebietes. Vienne, igoS.
(') Faites cet été en compagnie de M. le professeur F. Becke»
SÉANCE DÛ 3o NOVEMBRE igoS. g^i
de 450""", cette nappe est aujourd'hui séparée de ses racines; et la largeur de ce
hiatus, de cette fenêtre, atteint 100''™. Les racines de cette nappe supérieure sont
dans la zone du Gailtal et dans les plis verticaux qui continuent cette zone à l'ouest,
par Sillian, Bruneck et le Penser Joch. Dès 1896, M. Haug proposait de rattacher la
zone du Gailtal aux Alpes calcaires du nord, en raison des analogies de faciès: ce ratta-
chement, peu compréhensible alors, s'explique maintenant.
» Les grauwackes de Kitzbiihl et de Dienten, les phjllites du Pinzgau, les massifs
de i^ieux gneiss de l'OEtztal et de la Silvretta, sont des lambeaux de nappes, isolés de
leurs racines: et ces lambeaux immenses ont été, par le laminage, façonnés en len-
tilles. Ils reposent indifféremment sur les nappes de Radstadt et des Tribulaun, ou sur
la nappe des Schistes lustrés. Quant aux Alpes cristallines à l'est de la Bundschuhmasse
et de la Schladmingermasse, elles correspondent à une carapace de vieux gneiss, sur
laquelle traînent des lambeaux de terrains paléozoïques et mésozoïques, et sous
laquelle se prolongent, plus ou moins loin, les nappes profondes {Schistes lustrés et
gneiss permo-carbonifères). En Styrie, les vieux gneiss plongent sous une série
d'écaillés (Trias, Houiller, Permien, autres terrains paléozoïques), équivalentes à celles
d'Innsbruck, de Kitzbuhl et de Radstadt. Les racines de ces écailles d'Eisenerz et du
Semmering doivent être cherchées en Garinthie.
» Enfin, la nappe triasique de l'Ortler, qui semble reposer partout sur les gneiss
permo-carbonifères, est probablement l'équivalente de la Schieferhïdle.
» Or, on sait que la nappe du Rhàtikon est la nappe supérieure des
Alpes suisses, dans la théorie de JM. Lugeon. Le raccordement des Alpes
«uisses et des Alpes orientales se fait donc désormais sans aucune diffi-
culté ; et c'est là une confirmation éclatante des déductions et des prévi-
sions de l'éminent professeur de Lausanne. Mais les racines de la nappe du
Rhàtikon doivent être cherchées plus au sud-est que ne le pensait
M. Lugeon, à lao'^'" environ du Rhàtikon, vers la Tonale Linie de
M. Salomon.
» C'est la Tonale Linie, et non pas, comme on le dit souvent, la ligne
giudicarienne , qui, au sud-ouest de Meran, sépare les iVlpes du sud des
Alpes du nord. Cette ligne du Tonale est l'axe d'un éventail alpin, bien
autrement important que notre éventail briançonnais. Son prolongement
vers l'est passe le long du Gailtal; son prolongement vers l'ouest coupe le
lac Majeur et vient, près d'Ivrée, se cacher sous les plaines. De cette zone
axiale sont parties, vers le nord ou l'ouest, toutes les nappes supérieures^
celles d'Autriche, de Bavière, de Suisse ou de France.
» Les Alpes orientales ne diffèrent des Alpes occidentales que parce
qu'elles sont plus complètes. Elles ont conservé, non seulement une
grande partie de leurs nappes, mais aussi leur zone à& racines internes, et
même une certaine étendue de la région située au sud deVéveniail. »
C. R., 1903, i« Semestre. (T. CXXXVII, N" 22.) 123
942 ACADÉMIE DES SCIENCES.
GÉOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur lin cas remarquable de cristallisation
spontanée du gypse. Note de M. Stanislas Meunier.
« Voir des boules de plâtre, abandonnées à la dessiccation après une
courte immersion dans l'eau salée, se transformer intégralement en
agrégats de cristaux de gypse dont chacun atteint o''",5 de longueur,
c'est certainement un spectacle imprévu. C'est celui auquel je viens
d'assister inopinément dans mon laboratoire du Muséum et, je crois, dans
des circonstances dignes de mention.
» Bien que ces boules aient été produites dans des conditions en appa-
rence identiques, et même quand elles provenaient d'une même expé-
rience, elles étaient loin de présenter un degré identique de cristallinité.
Comme le montrent les échantillons conservés, il y en a plusieurs qui ne
sont cristallins qu'à la loupe et oii l'on voit encore les bulles qui existaient
dans le plâtre, gâché rapidement. Dans d'autres, les cristaux sont très
visibles à l'œil nu; ils peuvent avoir jusqu'à 5°"° ou 6™™ et dépasser, par
conséquent, la plupart des grains constitutifs du gypse saccharoïde.
» Plusieurs échantillons montrent un arrangement rayonné tout à fait
remarquable et qu'on ne voit pas dans les pierres à plâtre naturelles. Ils
sont alors composés de sphérules juxtaposées, à la surface hérissée de
pointements, et pouvant avoir 8™"" ou 9™™ de diamètre.
» L'état cristallin varie a<^ec la distance à la surface dans une même
boule. Il n*est guère perceptible tant que la boule est entière, sa surface
extérieure ayant conservé à peu près l'aspect de la boule de plâtre. On y
observe seulement des croûtes de sel marin ressorti lentement de la
masse.
» Après fracture suivant un grand cercle, la boule se montre bien plus
cristalline dans sa profondeur que vers sa région périphérique où il y a
fréquemment comme une écorçe mal délimitée, de 3™°^ ou 4'"'" et de com-
pacité presque complète. A partir de cette écorce, la masse prend jusqu'au
centre les caractères d'un enchevêtrement de cristaux plus ou moins
cohérents entre eux et qui, parfois, s'égrènent au moindre choc.
» Plus d'une fois, il s'est ouvert spontanément, dans les boules, des
fissures diversement orientées et dont les parois sont plus ou moins géo-
diques, et c'est d'ailleurs un fait très facile à expliquer, car il est évident
que la cristallisation s'est accompagnée d'une diminution notable du vo-
SÉANCE DU 3o NOVEMBRE IQoS. 943
lume, contraction d'autant plus remarquable que la prise du plâtre se
fait, comme on sait, avec gonflement de la matière. C'est ainsi qu'on voit,
entre les cristaux, des interstices très fréquents et que les sphéroïdes
radiés sont loin d'être pleins.
» Enfin, il n'est pas rare de retrouver, dans la région tout à fait cen-
trale des boules, des points qui sont restés blancs et terreux, de façon à
rappeler le plâtre ordinaire; mais cette particularité ne se présente jamais
que sur une dimension extrêmement réduite, et elle paraît due à l'exis-
tence, dans le plaire, d'une petite quantité de carbonate de chaux.
» D'après mes essais, les boules cristallisées renferment environ
7,21 pour 100 de carbonate de chaux, en partie sous la forme cristalline
ou de calcite, en partie à l'état de poussière interposée dans les joints et
les interstices des grains de gypse. On peut purifier ceux-ci d'abord par
un lavage à l'eau bouillante qui dissont le chlorure de sodium, |)uis en les
mettant en suspension dans l'eau oîi circule un rapide courant d'acide
carbonique qui dissout le calcaire. Mais alors les cristaux sont un peu
émoussés, arrondis sur les angles et ne peuvent plus servir aux observa-
tions cristallographiques.
» En cherchant la cause de ces singuliers résultats, on arrive tout natu-
rellement à attribuer au sel marin une sorte de faculté cristallogénique,
analogue, dans le domaine de la voie humide, à celle qui se manifeste si
évidemment dans les réactions où intervient la chaleur. S'il en était ainsi,
un pas serait fait dans l'explication des causes qui ont amené, dans les
couches du sol, le gypse à la forme cristallisée. En particulier, du jour
serait projeté sur l'acquisition de son état saccharoïde, si fréquent dans la
région parisienne, où la pierre à plâtre constitue, à plusieurs niveaux, des
assises parfaitement stratifiées et renfermant des fossiles, les uns lacustres
ou terrestres et les autres marins, au sein d'ensembles sédimentaires où il
est légitime de croire que le sel gemme est toujours intervenu.
» Il suffit d'une étude approfondie pour acquérir la conviction que le
gypse ne s'est pas originairement déposé avec la structure entièrement
cristalline qu'il présente aujourd'hui, et pour y voir un exemple particuliè-
rement net des mouvements intimes qui sont réalisés sans répit dans la
substance des roches de toutes les catégories.
» Seulement, il parait assez compliqué de reconstituer les conditions
grâce auxquelles l'état saccharoïde a été acquis par un dépôt qui, tout
d'abord, devait être pulvérulent et assez homogène. En d'autres termes,
944 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'état saccharoide paraît être le résultai du travail moléculaire d'un préci-
pité, tout d'abord amorphe, ou dans tous les cas très fin, de sulfate de
chaux. Pourtant on sait que, dans les laboratoires, les précipités de sulfate
de chaux, quoique pouvant devenir spontanément cristallins, ne prennent
cependant pas la structure que nous avons en vue et se présentent plutôt
sous la forme aciculaire. C'est ce qui a lieu par le refroidissement des dis-
solutions chlorhydriques et c'est ce qui a lieu par l'abandon, à la dessicca-
tion, de fragments calcaires imprégnés d'une solution aqueuse de gypse.
Aussi me suis-je demandé si l'effet observé ne tiendrait pas à l'intervention
d'une substance minéralisatrice. A ce point de vue, l'attention doit d'au-
tant plus s'arrêter sur le chlorure de sodium, que le sel gemme, bien que
soustrait depuis longtemps par les eaux à la masse des terrains de Paris, a
cependant laissé dans leur épaisseur des vestiges irrécusables de sa pré-
sence antérieure. C'est ainsi qu'à des niveaux très variés les marnes gyp-
seuses ont conservé le moulage de trémies où l'on voit, sans doute possible,
la trace de cristallisations de sel marin, maintenant dissoutes.
M On sait d'ailleurs avec quelle facilité le gypse cristallise de nos jours,
dans les argiles qui constituent le fond des marais salants.
» Evidemment, la question ne sera résolue que par la répétition des
expériences dont je viens de donner un très rapide résumé; mais comme
les essais, que j'ai d'ailleurs mis en train, ne paraissent pouvoir donner de
résultais qu'à la faveur d'un délai fort long, j'ai cru pouvoir signaler tout
de suite les faits dès maintenant observés. »
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Sensation lumineuse en fonction du temps pour
les lumières colorées. Technique et résultats. Note de MM. André Broca et
D. SuLZER, présentée par M. d'Arsonval.
« Dans une Note précédente, nous avons étudié la sensation lumineuse
en fonction du temps pour la lumière blanche. Nous avons repris la même
question pour les lumières colorées. Ce problème était notablement plus
difficile à résoudre que le premier à cause de la difficulté d'obtenir des
lumières colorées d'un éclat suffisant. Nous ne pouvions donc employer
l'appareil à diffuseur par réflexion déjà décrit; la perte de lumière étant
trop grande, nous n'aurions pu atteindre des éclats comparables à ceux que
nous avons eus en lumière blanche. Après de nombreux essais infructueux,
nous nous sommes arrêtés au dispositif suivant :
SÉANCE DU 3o NOVEMBRE 1903. 945
» En L est un étalon lumineux constitué par un bec à acétylène. De part et d'autre,
respectivement, se trouvent deux systèmes optiques identiques, composés chacun de
deux miroirs Mj, Ma,, d'un objectif O et d'un prisme à réflexion totale, abC Dans le
système de gauche, Tobjeclff O donne une image réelle / de la source L, et cette image
sert à éclairer la face ab du prisme voisin, qui est doucie. Les mêmes phénomènes se
passant de l'autre côté, les deux plages voisines ba, ba' peuvent être comparées par
l'œil observateur. La distance des images réelles / aux plans de verre douci et le degré
de dépoli de ceux-ci sont choisis de telle sorte que l'éclat des plages voisines puisse
être réglé par l'intermédiaire des œils de chat O et O', tout en conservant une grandeur
suffisante malgré la présence d'une solution ou d'un verre coloré en cd. L'exactitude
de ce réglage a été contrôlée par des mesures directes. La position de l'oeil est fixée
par un tube T, pour éviter les erreurs dues à la diffusion irrégulière du verre douci.
» Un écran SS' protège l'œil contre la lumière directe. Dans le plan de l'image
réelle / est un disque en laiton à fente variable, qui permet d'admettre la lumière pen-
dant un temps mesurable à chaque instant. L'expérience se fait alors de la façon
suivante :
» On place en avant des plages ab, ba' le milieu absorbant coloré que l'on va mettre
en expérience et l'on donne au diaphragme 0 une dimension déterminée; la plage èa
prend un éclat également déterminé. On mesure cet éclat par comparaison avec celui
que prend une plage blanche mise en avant du milieu coloré, portant ombre sur la
face ôa, cachant ba' et éclairée au moyen d'un étalon lumineux.
'■' » Ces comparaisons entre lumière blanche et lumière colorée ne comportent pas
une précision supérieure à 10 pour 100, mais cela suffit largement pour notre but
actuel, qui est la comparaison des lumières de couleurs différentes et de même éclat.
94^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
au point de vue de la fonction d'établissement de la sensation. Une variation de
lo pour loo dans l'éclat lumineux n'amène pas de modification sensible dans les pro-
priétés de nos courbes qui sont dans ce cas pratiquement identiques à l'échelle près.
» Celte première mesure exécutée, on enlève le papier blanc, et l'on règle l'œil de
chato' de manière à ce que les deux plages ba, ba' aient même éclat; elles ont d'ail-
leurs même couleur. On met alors le disque en mouvement après avoir réglé sa fente.
La plage ba est éclairée par une lumière intermittente de durée connue et la plage ba'
par une lumière fixe. Avec l'œil de chat O' on rétablit l'égalité d'éclat apparent des
deux plages. La seule difficulté réside dans la fixation de l'œil, qui doit être assez
exacte pour que la plage ba vienne former son image sur une zone rétinienne adaptée
à l'obscurité, tandis que la zone correspondant à ba' est vraiment en régime perma-
nent.
» Les résultats de ces comparaisons ont permis de tracer des courbes
donnant l'éclat acquis par une lumière donnée au bout d'un temps donné,
courbes que nous ne donnons pas aujourd'hui faute de place, mais qui
sont analogues, comme forme générale, à celles- que donne la lumière
blanche (ces dernières courbes se trouvent dans notre Note de
février 1902). Il y a cependant des différences importantes entre les cou-
leurs.
)) Quand on compare les courbes correspondant à un même éclat pour
les diverses couleurs, on voit que les radiations moyennes du spectre se
distinguent nettement des extrêmes. Les courbes de notre Note déjà citée
montrent qu'en lumière blanche la sensation passe par un maximum nota-
blement plus élevé que la valeur qu'elle prend en régime permanent. Il en
est de même en lumière colorée. Mais alors que, à égalité d'éclat, en
régime permanent, le bleu donne un maximum notablement plus élevé
que le blanc, le vert ne donne qu'un maximum peu élevé, le rouge a des
propriétés intermédiaires. Nous reviendrons ultérieurement sur les résul-
tats de cette étude. Disons seulement que ces faits sont conformes aux
idées évolutives, la rétine s'étant adaptée le mieux possible pour les
radiations les plus intenses du spectre solaire, m
HYDROLOGIE. — Sur la prévision des débits des sources de la Vanne.
Note de M. Edmond Maillet.
« Considérons les deux sources de Cérilly et Armentières (Vanne) (*).
Nous possédons, d'après les ingénieurs de la Ville de Paris, le débit moyen
(') On trouvera des renseignements au sujet de ces sources dans notre Communica-
SÉANCE DU 3o NOVEMBRE igoS. 947
mensuel en litres par seconde de ces sources, et nous pouvons essayer de
prendre ces débits pour les débits Q et Q^ des formules (i) à (6) de notre
Communication du 27 octobre.
» D'après la loi de Dausse applicable à ces sources et d'après leur régime, nous
savons que le régime propre ou non influencé ne pourra guère être réalisé que dans la
saison chaude (i*"" mai-i*"" novembre), et que lorsque le débit décroîtra. Nous pren-
drons chaque année dans le Tableau des débits soit le débit en mai, soit le plus fort
débit de la saison chaude, généralement réalisé en mai, juin, juillet. Ce débit sera Q^,
et Tépoque correspondante sera le temps ^0 dans la formule (i)
(I) t -t,= o{Qo)~o{Q).
» Nous porterons en abscisses les valeurs Qo, en ordonnées les valeurs Q au bout
de 1, 2, 3. . . mois, et nous chercherons à réunir à peu près les points correspondant
à une même valeur de t — Cq par une courbe régulière. On est conduit alors au gra-
phique suivant pour Cérilly.
3oo
260
100
o*
5o
1 y
1 y
/
^../.
p^
Ai
s
',5 _,-'
é'
y 3* ,
So 100 iSo 200 2S0
Débits irutiizujc- Q o
3oo
3So
Graphique de décroissance des débits de Cérilly (Vanne).
» On voit de suite que, pour Cérilly, les courbes (i) sont, à peu près, des droites
passant par l'origine. Donc Q = Ae~^' (x := o, 1066 provisoirement, Q en litres par
secondes, t en mois).
tion du 12 mai 1902 {Comptes rendus, 1902, premier semestre, p. iio3). Les résultats
qui suivent sont extraits de notre Mémoire manuscrit cité dans notre Communication
du 27 octobre dernier.
948 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Pour Armentières, la forme des courbes est assez voisine de celle des courbes
I I
—=. 7-^1 = const.
v^Q v/Qo
[analogues aux courbes (4)].
» Si l'on applique les mêmes procédés à la Dhuis (*), dont les débits sont moins
variables, le graphique est moins net; mais il semble qu'on puisse encore, avec une
approximation suffisante, le considérer comme formé de droites passant par l'origine.
» Par conséquent : dès le commencement de juin, une prévision numérique sur la
marche du débit des sources de Cérillj et Armentières (Vanne) est possible. Si le
débit de juin est sensiblement plus fort que ne l'indique le graphique, on corrigera la
prévision en prenant ce débit pour débit initial, etc.
» La date des pluies préparatoires des crues et les premières montées sur les cours
d'eau (octobre à décembre en général) marquent à peu près le moment où le débit
des deux sources doit croître et où les prévisions cessent de s'appliquer.
» Les graphiques précédents ne s'appuient guère que sur des considérations méca-
niques; celui que nous avons fait connaître antérieurement (la mai 1902) s'appuyait,
au contraire, surtout sur des considérations météorologiques.
» Nous avons ainsi résolu expérimentalement, mais, il faut bien le dire,
grâce à des considérations théoriques qui nous ont conduit à nos gra-
phiques, le problème suivant : Trouver pour les deux sources précitées les
variables dont dépend le débit dans la période où les pluies ne profitent
plus guère à la nappe, et construire expérimentalement la relation qui lie
les variables et le débit.
» La théorie mathématique des mouvements des nappes dans la période
analogue, ébauchée par nous dans le Mémoire manuscrit précité, grâce à
des considérations critiquables en partie, a été attaquée magistralement par
M. Boussinesq (^), qui a donné des solutions dans des cas étendus (^). »
M. G. Maréchal adresse une Note sur la chaleur spécifique de la vapeur
d'eau (Extrait) :
L'auteur propose d'adopter provisoirement, pour valeur de la chaleur
spécifique C de la vapeur surchauffée, aux pressions où celle-ci est utilisée
couramment dans les machines à vapeur, l'expression
C = 0,48 -h o,ooo5/;
(*) D'après le Tableau des débits que nous devons à l'obligeance de M. Bechmann.
(*) Communications précitées de juin-juillet igoS.
(') Le développement de la présente Communication et de celle du 27 octobre sera
donné dans un Mémoire ultérieur.
SÉANCE DU 3o NOVEMBRE igoS. 9^9
t étant la température de surchauffe, c'est-à-dire T' — T; en désignant par
T' la température de la vapeur surchauffée et par T la température de la
vapeur saturée correspondant à la pression.
M. S. Leduc, à roccasion de la Communication de M. Tommasina :
« Sur la scintillation du sulfure de zinc phosphorescent, en présence du
radium, revivifiée par les décharges électriques », signale à l'Académir
un travail qu'il a |)ublié, en mars 1901, dans les Annales d' Électrobiologie,
dans lequel est décrite et étudée la phosphorescence scintillante d( s
écrans de platinocyanure de baryum sous l'influence de l'électricité.
M. Leduc ajoute que ces expériences lui paraissent pouvoir servir à l'inter-
prétation des phénomènes présentés par le spinthariscoi)e.
M. Henri Feuille adresse une INote ayant pour titre : « Appareil pour
utiliser la force dynamique de la mer ».
A 4 heures un quart l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures.
Al. B.
BULLETIN KIBLIOGKAPlilQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 2 novembre igoS.
(Suite.)
Niçellenient général de la hrance. Répertoire définissant les emplacements et
altitudes des repères, réseau de deuxième ordre, lignes comprises dans les poly-
gones J, J', Y, et dans les zones E, B, M, S, Paris, Ministère des Travaux publics,
jSgg-igoE ; 7 fasc. in-8°, (Adressés par M. Cli. Lalletnand.)
OEuvres scientifiques de Gustave Robin, réunies et publiées, sous les auspices du
Ministère de l'Instruction publique, par Louis Haffy. Physique mathématique.
Théorie nouvelle des fonctions, exclusivement fondée sur l'idée de nombre. Paris,
Gauthier-Villars, 1899, 1908; 2 vol. in-8°. (Présenté jiar M. Appell.)
C. K., lyoo, 2" Semestre. (T. CXX.WU, i\<^ 22.) I24
gSo ACADÉMIE DES SCIENCES.
Géométrie descriptive et Géométrie cotée, conforme aux programmes du 3i mai 1902
pour l'Enseignement secondaire, par Ernest Lebon, lauréat de l'Institut. Paris, Delalain
frères, 1908; i vol. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Sur quelques microorganismes intéressants, par M. B. Renault. (Extr. des Procès-
verbaux de la Société d'Histoire naturelle d' Autun, année 1903,) Autun, imp.
Dejussieu ; i fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Des deux vapeurs d'eau au point de vue cliniatologique et hygiénique, par le
D*" Onimus. Grenoble, imp. Allier frères, 1908; i fasc. in-8°.
Traité de Sylviculture. ^ ^ . Exploitation et aménagement des bois : futaies,
taillis, trufficulture, abatage et procédés de vidange, par P. Mouillefert, avec
10 pi, et 97 fig. dans le texte. Paris, Félix Alcan, 1904; i vol. in-12.
Le Opère di Galileo Galilei, edizione nazionale sotto gli auspicii di Sua Maesta il
Re d'Italia; vol. XHI. Florence, typ. Barbera, 1908; i vol. in-4''.
Beitrdge zur Lebensgeschichte von Ehrenfried Walther von Tschirnhaus, von
Prof. D''CuRT Reinhardt. ( Wissenschaftliche Beilage zum Jahresbericht der Fursten-
Landesschule St. Afra in Meissen, 1908.) i fas. in-S". (Hommage de l'auteur.)
Motion. The fundamental principles of mechanics, or the mechanics of the uni-
verse, by Herman-T.-C. Kraus. New- York, 1908; i fasc. in-8°.
Solution mathématiquement exacte du problème historique de la division d'un
angle pris à volonté en un nombre pris à volonté de parts égales, par J. Laou-
CHEWiTca. Station Petropàvlovsk du chemin de fer de Sibérie, 1908; i fasc. in-8°.
The mean right ascensions and proper motions of 254 stars, by H.-B. Evans.
(A Tliesis presented to the Faculty of Philosophy of the University of Pennsylvania. )
I fasc. in-4°.
Atlas des Erdmagnetismus fur die Epochen 1600, 1700, 1780, 1842 und igjo, von
D' H. Fritsche. Riga, 1908 ; i fasc. in-f°.
Observatorio Belloch. Hojas meteorologicas, ano 1902, julio-diciembre, Barcelone;
I fasc. in-f° oblong.
Bericht der Senckenbergischen Naturforschenden Gesellschaft in Frankfurt
am Mein, 1908. Francfort-sur-le-Mein, Knauer frères; i vol. in-8°.
Leopoldina. Amtliches Organ der kaiserlichen Leopoldino-CaroUnischen deul-
schen Akademie der Naturforscher ; Jahrg. 1901, 1902, Hefte XXXVII u. XXXVIII.
Halle, 1901-1902; 2 fasc. in-4°.
Ouvrages reçus dans la séance du 9 novembre 1908.
Ports maritimes de la France. Notice sur le port de La Pallice, par M. Viennot,
mise à jour par M. Eugène Mayer. Paris, Imprimerie nationale, 1902; i fasc. in-4°.
(Envoi de M. le Ministre des Travaux publics.)
Laboratoire d'essais du Conservatoire des Arts et Métiers : Section des Métaux,
par Pierre Breuil; avec 2 pi. h. t. Paris, publications du journal Ze Génie civil, 1908;
I fasc. in-8°.
La houille dans lesjArdennes, historique des recherches, théorie géologique,
avec 2 cartes de la zone houilleuse ardennaise et une coupe hypothétique des terrains
SÉANCE DU 3o NOVEMBRE 1908. gSl
d'Etion, par T.. Duquénois. Charleville, G. Didier, igoS; i vol. in-i6. (Hommage de
Fauteur. )
Portugalia, mater iaes para o estiido do povo portuguez. Director : Ricardo Severo.
T. I. fasc. 4, 1899-1908. Porto; i vol. in-4°.
Discurso leido en la Universidad central en la solemne inauguracion del Curso
academico de 1908-1904, por el D"" D. Amalio Gimeno y Gabanas. Madrid, 1908; i fasc.
in-4°.
Elenco délie Accademie, Società, Instituti scientifici, Direzioni di Pcriodici, ecc.
che ricevono le pubblicazioni délia fi. Accademia dei Lincei; coWindicazione délie
pubhlicazioni periodich e che mando ia cambio, 3i gennaio 1908. Rome, 1908 ; i vol.
in-i8.
Reports to the Malaria Comnxittee, eiglith séries, 10 october 1908. Londres ; i fasc.
in-8°.
Statistiek van den Handel, de scheepvaart en de in- en uitvoerrechten in Neder-
landsch-Indië, over het jaar 1902. Batavia, 1908; i vol. in-4°.
Videnskabelige Meddelelser fra den naturhistoriske Forening i Kjobenhavnfor
aaret 1908. Gopenhague, 1908; i vol. in-8°.
Die erdniagnetischen Elemente von Wurtemberg iind Hohenzollern. Gemessen
und berechnet fur Januar 1901 im Auftrage und unter Mitwirkung der K. Wiirttem-
bergischen meteorologischen Geiitralstation, von Karl Haussmann. Stuttgard, 1908;
I vol. in-4''.
Extracts from narrative Reports of the Survey of Indiafor the seasqn 1900-1901 ,
prepared under the direction of colonel St. -G. -G. GouE. Galcutta, 1908; i fasc. in-4°.
Ouvrages reçus dans la séance du 16 novembre 1908.
Hommage à M. le Professeur Chauveau, Membre de l'Institut^ Professeur au
Muséum, Inspecteur général des Ecoles vétérinaires, Professeur honoraire de l'Uni-
versité de Lyon. s. 1. n. d.; i fasc. in-8°. (Présenté par M. le Président.)
Recueil de travaux dédiés à la mémoire d' Alexis Millardet ( 1 888-1 902), par les
Professeurs delà Faculté des Sciences de Bordeaux. Bordeaux, G. Gounouilhou, 1908;
I vol. in-4°. (Envoyé en hommage par M. le Doyen de la Faculté des Sciences de
Bordeaux.)
Prophylaxie du paludisme, par A. Lateran, Membre de l'Institut. Paris, Masson
et G'", Gauthier-Villars; i vol. in-12. (Hommage de l'auteur.)
L'Asie inconnue. Dans les sables de l'Asie, par le D"" Sven Hedin, traduit du
suédois par Gharles Rabot; Ouvrage accompagné de 8 cartes et de reproductions de
photographies de l'auteur. Paris, Félix Juven, 1908; i vol. in-4°. (Présenté par M. de
Lapparent. Hommage de l'auteur.)
The scenery of England and the causes to which it is due, by the right lion. Lord
AvEBURY. Londres, Macmillan et G'^, 1902; i vol. in-8°. ( Présenté par M. de Lapparent.
Hommage de l'auteur.)
952 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Cause des énergies attractives : Magnétisme, Électricité, Gravitation, par
A. Despaux. Paris, Félix Alcan, 1902; i vol. in-S". (Présenté par M. Mascarl.)
Cours de l'Ecole des Ponts et Chaussées. Poussée des terres, stabilité des murs
de soutènement, par Jean Resal. Paris, Ch. Déranger, igoS; i vol. in-8°. (Présenté
par M. Maurice Levy.)
Les travaux mathématiques au Congrès des Sciences historiques, à Rome, en 1908 ;
par M. Ernest Lebon. (Extrait de V Enseignement mathématique, o*^ année, n" 5.)
(Présenté par M. Appell.)
L'Infralias et le Sinémurien du Portugal. Découverte du Terebratula Renierii
en Portugal; par Paul Choffat. Lisbonne, Imprimerie de l'Académie royale des
Sciences, 1908; i f'asc. in-S".
La grandine. Cagione prohabile délia grandine ; mezzi di prevenirla; razzia
elica per lanciodi bombe; aste paragrandine, Giuseppe Cona. Florence, 1908; i fasc.
in-4°.
M. le Prof. Francesco Faccin fait hommage de deux brochures intitulées :
L'eliocronometro Faccin.V3L\\e, 1908; i fasc. in-S".
Il periodo di Algol. Schio, 1908; i fasc. in-8'^.
ERRATA.
(Séance du 23 novembre iQoS.)
Note de M. Blondlol, Sur le renforcement qu'éprouve l'action exercée
sur l'œil par un faisceau de lumière, lorsque ce faisceau est accompagné
tie rayons n :
Page 881, ligne 3 en remontant, au lieu de diamètres, lisez décimètres.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 7 DÉCEMBRE 1905,
PRÉSIDENCE DE M. ALBERT GAUDRY.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Quelques observations relatives à V action des
vapeurs des composés hydrocarbonès sur les microbes animaux et sur les
insectes, et au rôle antiseptique des agents oxydants-oxydables ; par
M. Berthelot.
« Au cours de mes recherches expérimentales sur la Chimie agricole
j'ai eu occasion de faire un certain nombre d'observations sur la destruction
des microbes et des insectes nuisibles, et de comparer en particulier leur
sensibilité à Faction des vapeurs de différents composés organiques, notam-
ment des carbures d'hydrogène et de leurs dérivés oxygénés, alcools,
éthers et aldéhydes. Il me semble opportun de rappeler quelques faits
intéressants à cet égard, ainsi que leur interprétation.
» On sait que les vapeurs des aldéhydes formique, éthylique, benzylique,
campholiques (camphre ordinaire et aldéhydes primaires et secondaires
analogues) sont particulièrement efficaces à cet égard. Il en est de même
des carbures benzéniques, toluène et homologues, ainsi que de l'essence
de térébenthine, de ses isomères naturels, et des essences de serpolet,
de lavande, de thym, etc.
» Les observations physiologiques sont confirmées par l'emploi courant
de ces carbures, aldéhydes et essences pour la conservation des fourrures,
lainages et étoffes.
)> Cependant j'ai constaté, non sans quelque surprise, que la même
efficacité n'appartient pas à tous les carbures pyrogénés, tels que ceux
de l'ordre de la naphtaline.
» En particulier, celle-ci, employée à l'état pur et pulvérulent, au con-
tact de matières sohdes, n'exerce qu'une action microbicide et insecticide
G. K., 1903, 2- Semestre. (T. CXXXVII, N- 23.; ' -^
954 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nulle ou presque nulle : ce qui est en opposition avec les préjugés régnant
à cet égard et avec l'emploi assez général de cette substance dans l'économie
domestique. Entre beaucoup de faits observés, je me bornerai à citer les
suivants.
» Une chambre haute de la station de Chimie végétale de Meudon, en
raison de sa situation isolée au sein de l'atmosphère, est devenue un lieu de
prédilection, envahi chaque année, à l'automne, par des centaines de dip-
tères et autres insectes de différentes espèces, qui ont pris l'habitude d'y
déposer leurs œufs, destinés à éclore au printemps suivant. Aucune accu-
mulation de semences végétales, ou de matières spéciales susceptibles de
leur servir d'aliment, n'est conservée d'ailleurs en cet endroit. Pour obvier
à ces inconvénients, j'avais placé d'avance, au moment voulu, plusieurs
centaines de grammes de naphtaline pure et pulvérulente sur toutes les
surfaces disponibles de la pièce. Mais je n'ai réussi à obtenir aucun résultat,
ni à empêcher l'invasion de celte pièce par les insectes, qui pénétraient
par toutes les fissures; ni à détruire ces insectes, qui n'y périssaient pas
à mesure; ni à prévenir le dépôt de leurs œufs, ou leur éclosion et le
développement ultérieur des larves. Ce dernier n'a pu être empêché, après
plusieurs insuccès annuels, que par l'apposition méthodique de couches
de peinture.
» La naphtaline est demeurée d'ailleurs impuissante dans des essais laits
en d'autres lieux et circonstances pour faire périr les vers et larves vivantes.
» Tout au plus pourrait-on supposer que dans quelques cas l'odeur de
la naphtaline, et surtout celle de la naphtaline impure, aurait écarté
certains insectes; ce qui n'a pas eu lieu lors des essais précédents.
M Pour nous rendre compte de la différence des effets ainsi observés dans
l'action destructrice exercée sur les êtres vivants par différents composés
organiques, il paraît nécessaire de faire d'abord quelques distinctions,
intéressantes au point de vue des mécanismes susceptibles d'intervenir
en Chimie physiologique.
» Les agents destructeurs des insectes et des microbes animaux appar-
tiennent à plusieurs catégories différentes, telles que :
» Les poisons minéraux, sels de mercure, d'argent, de plomb, composés
arsenicaux et antimoniaux, etc., lesquels semblent agir en formant des
combinaisons spéciales, impropres à l'entretien de la vie; les gaz et vapeurs
asphyxiantes : sulfure de carbone, hydrogène sulfuré, acide cyanhy-
drique, etc., lesquels paraissent agir en vertu de mécanismes analogues;
les phénols, dont les effets participent à la fois de ceux des corps qui pré-
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE igo'^. 955
cèdent el de ceux que je vais citer; enfin les agents oxydants ou réducteurs.
» Dans ce dernier ordre, ceux-là surtout agissent et agissent souvent à
des doses très petites, qui se régénèrent au fur et à mesure de leur réaction
même : en raison de cette régénération incessante, ils semblent à l'obser-
vateur superficiel opérer en vertu de leur simple présence; phénomènes
que Berzélius a désignés sous le nom de cataly tiques, dénomination res-
suscitée en ces derniers temps.
)) En réalité ils ont pour pivot la formation de composés secondaires
instables, et souvent difficiles à isoler, engendrés en vertu d'un équilibre
mobile, qui préside à la transformation continue des composés principaux,
à la façon des ferments. Tel est le cas d'un sel manganeux, servant de
pivot à l'oxydation des composés organiques par le permanganate de po-
tasse dans un milieu acide ( ' ) ; ou bien encore à la décomposition de l'acide
chlorhydrique concentré, avec mise en liberté de chlore sous l'influence
de l'oxygène de l'air (-). Telle aussi la décomposition continue de l'eau
oxygénée par une trace d'oxyde d'argent ('); la transformation continue
du cuivre métallique en protoxyde, aux dépens des objets contenus dans
les laboratoires ou dans les musées, lorsque ces objets renferment des
chlorures alcalins dissous ('), etc.
» Telle encore l'oxydation bien connue des principes immédiats de l'or-
ganisme humain soiis l'influence de l'hémoglobine; telle l'oxydation de
l'indigo sous l'influence de l'essence de térébenthine ('), oxydation indé-
pendante de l'action spécifique de la lumière. La plupart de ces catalyses
ne sont nullement des actions de pure présence ; elles résultent, je le répète,
de l'intervention de certains intermédiaires instables, qui empruntent
l'oxygène à l'air ou à des corps suroxydés, pour le céder ensuite à d'autres
corps suroxydables. J'ai développé à différentes reprises cette théorie et
ses applications (").
(i) Voir mes expériences {Ann. de Chim. et de Phys., 5« série, t. V, 1875, p. 807-
3o8; 7« série, t. IV, 1895, p. 43i).
(2) Même Recueil, 6« série, t. XIX, 1890, p. ôiy.
(3) Même Recueil, 3« série, t. XXI, 1880, p. i64, 170; 7« série, t. XI, 1897, p. 217
et t. XXIII, 1901, p. 52, 60.
('') Même Recueil, j" série, t. IV, 1895, p. 55 1, 554.
{■>) Même Recueil, 5'^ série, t. LVIII, 1860, p. 426; et Chimie végétale el agricole,
t. III, p. 47*5 et 497.
(6) Voir notamment Chimie végétale et agricole, t. lll, p. 4^9 à 478 et p. 5o5
à 5io.
956 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Elle me paraît s'appliquer également aux actions destructrices des
insectes et des microbes animaux, exercées par les aldéhydes et par les
carbures benzéniques. Ces derniers en particulier possèdent, comme l'es-
sence de térébenthine, l'aptitude à déterminer l'oxvdation de l'indigo (vi-
sible presque immédiatement par agitation en solutions très étendues) par
l'oxygène de l'air (^). Au contraire, la naphtaline pure et les carbures peu
actifs analogues ne manifestent pas cette propriété. Ces actions rentrent
donc dans les interprétations générales signalées plus haut. »
PHYSIQUE. — Sur les forces électromotrices résultant du contact
et de r action réciproque des liquides; par M. Bertiielot.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie le numéro de décembre des
Annales de Physique et de Chimie, renfermant l'ensemble et le détail des
recherches que j'ai exécutées cette année sur les piles résultant de l'action
réciproque des liquides, tels que les acides étendus opposés aux bases
étendues, les composés oxydants dissous opposés aux corps oxydables
également dissous, etc. Ces recherches sont exposées dans dix Méraioires
et comprennent plus de deux mille déterminations expérimentales. Sans
revenir sur les résumés de ces recherches, sommairement exposées dans
les Comptes rendus, il semble opportun de rappeler que les mesures, effec-
tuées dans les conditions définies au cours de ces Mémoires, conduisent à
des valeurs bien définies, comme chiffre et comme signification, contrôlées
et vérifiées par des règles aussi assurées que celles qui résultent de l'em-
ploi d'électrodes impolarisables. J'ai démontré que les forces électromo-
trices, ainsi réalisées par l'action réciproque des liquides, sont susceptibles
de développer des courants continus, doués d'intensités capables de pro-
duire un travail extérieur d'électrolyse, également continu. Ce travail est
alimenté par les énergies des réactions chimiques, accomplies indépen-
damment et en dehors des électrodes métalliques, par le contact direct des
liquides mis en œuvre. Entre les valeurs des forces ainsi développées, il
existe une série de relations générales qui n'avaient point été énoncées
jusqu'ici.
» Cet ordre de phénomènes mérite une attention particulière, au double
(^) Même Ouvrage, p. 498; Annales de Cliim. et de Phys., l^" s., t. XII, 1869,
p. i54.
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE [90'! 93-7
point de vue des théories électrochimiqnes et de leurs applications scien-
tifiques ou industrielles. Théories et applications n'ont guère tenu compte
jusqu'ici que des effets et des forces électriques développés au contact des
liquides avec les électrodes, spécialement avec les électrodes métalliques.
Cependant il conviendrait d'envisager de plus près les effets et les forces
électriques développés lors du contact réciproque des liquides. Dans les
piles ordinaires, on s'est attaché surtout aux métaux servant d'électrodes,
et qui par leur oxydation ou leur substitution deviennent des générateui s
d'énergie chimique, transformable en électricité. Il conviendrait mainte-
nant de chercher à utiliser électriquement les énergies chimiques engen-
drées par les réactions de neutralisation et d'oxydation, non plus entre
métaux et liquides, mais entre liquides seuls, réactions qui s'accomplissent
continuellement dans les préparations du laboratoire et de l'industrie. »
MÉDECINE. — Sur un Protozoaire nouveau (Piroplasma Dônovani Lav. et
Mesn.), parasite d'une fièvre de Vinde. Note de MM. A. Laverax
et F. Mesnil.
« La découverte d'une fièvre humaine à Trypanosomes (maladie de
Dution) (') a eu, entre autres conséquences, celle d'attirer l'attention
des chercliciirs sur l'étiologie de certaines fièvres des pays tropicaux, que
l'on attribuait trop facilement au paludisme, bien que la recherche de l'hé-
matozoaire spécifique fût toujours négative et que ces fièvres ne fussent
pas influencées par la quinine.
» A la suite des publications sur les fièvres à Trypanosomes d'Afrique,
Leiahman fit remarquer que, en novembre 1900, à l'autopsie d'un malade
mort d'une fièvre rémittente contractée à Dum-dum, près de Calcutta,
autopsie faite 38 heures après la mort, il avait vu, sur des frottis de rate,
de nombreux éléments arrondis ou ovalaires de 2^ à 3^^ de diamètre, qui
montraient, après coloration par le procédé de Romanowsky, un gros et un
petit amas de chromatine. Plus tard, étudiant les frottis de rate d'animaux
ayant succombé au Nagana, il y vit des corps analogues dont la nature
trypanosomienne n'était pas douteuse. Cette ressemblance l'amenait à l'idée
que les parasites de la fièvre de Dura-dum étaient peut-être aussi des Try-
panosomes (-).
(') Voir sur rétat actuel de la question : Laveran et Mesnil, Jaiiits, i5 juillet igoS.
Ç-) Leishman, British medic. Journ., 3o mai 1908, p. i252.
958 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» A la lecture de la Note de Leishman, Donovan, médecin militaire à
l'hôpital de Madras, communiqua qu'il avait, de son côté, observé à trois
reprises les mêmes corps que Leishman dans des frottis de rate faits post
moriem et qu'il venait de les retrouver dans le sang d' une ponction de la rate
faite durant la vie chez un enfant de 12 ans souffrant de fièvre irrégulière,
sans que l'hématozoaire du paludisme ait jamais pu être trouvé. Donovan
chercha vainement des Trypanosomes dans" le sang du jeune malade et il
fit remarquer fort justement que les corps de Leishman ne paraissaient pas
pouvoir être attribués à des transformations de Trypanosomes, après la
mort du patient (').
» La vraie nature de ces corps restait donc à déterminer et Donovan, qui
était convaincu de leur nature parasitaire, voulut bien nous demander
notre opinion à ce sujet. Nous avons communiqué cette opinion à l'Aca-
démie de Médecine le 3 novembre dernier, en même temps que nous pré-
sentions les préparations et les aquarelles qui nous avaient été envoyées
par Donovan; nous avons donné une brève description du parasite sous le
nom de Piroplasma Donoçani (-).
)) Ce parasite a été depuis l'objet de deux Notes de Ronald Ross (^ ), qui
a eu comme nous à sa disposition des préparations de Donovan, et d'une
nouvelle Note de Leishman (") qui reconnaît l'identité des corps qu'il a
découverts avec ceux trouvés par Donovan. Leishman n'abandonne pas
encore complètement l'idée de Trypanosomes en voie de dégénérescence :
cette dégénérescence ne serait pas due à la mort de l'hôte, mais à la des-
truction intrasplénique du parasite durant la vie du malade.
)) Quant à Ross, il voit, dans les corps en question, un Sporozoaire nou-
veau pour lequel il croit devoir créer le genre Leishmania.
» Du 17 juin au 5 novembre igoS, Donovan a trouvé les corps en ques-
tion, à la ponction de la rate, chez 16 malades présentant les symptômes
suivants : rate et foie hypertrophiés, fièvre irrégulière, œdème paroxys-
tique des pieds, congestion des poumons; occasionnellement, hémorragies
sous-cutanées et ulcérations de la bouche. Les médicaments, quinine,
arsenic, salicylate de sodium, sont sans effet (^).
(1) Donovan, British medic. Journ,, 11 juillet igoS, p. 79.
(-) Bull. Acad. Médecine, séance du 3 novembre igoS, p. 288.
(») R. Ross, British medic Journ., i4 novembre igoS, p. 1161 et 28 novembre,
p. i/joi.
(}) Leishman, British medic. Journ., 21 novembre igoS, p. 1876.
(•^) Donovan, British medic. Journ., 28 novembre 190H, p. i4o3.
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE IQoS. qSq
)) Les préparations qui nous ont été envoyées, avec une grande libéra-
lité, par le D'" Donovan, se rapportent à plusieurs de ces cas. En plus des
frottis de rate, elles comprennent un frottis de foie renfermant également
des parasites. Un certain nombre de ces préparations ont été très bien
colorées par le D* Donovan (méthode de Romanowsky); nous avons
coloré les autres par la méthode bleu Borrel-éosine, tanin.
» Dans ces préparations, le parasite se présente sous l'aspect de petits
éléments piriformes, ovalaires ou sphériques, libres {Jig. 6-9) ou inclus
dans les hématies (Jifi'. i-5). Les éléments piriformes, que Ross ne signale
pas, sont en majorité dans certaines de nos préparations; leur forme
Fig. I et 2. — Hématies d'aspect normal contenant chacune un petit Piroplasina.
Fig. 3, 4, 5. — Hématies altérées contenant de 2 à 7 parasites.
F"ig. 6, 7, 8. — Parasites libx'es sphériques, ovalaires ou piriformes.
F'ig. 9. — Parasite piriforme en voie de division.
Fig. 10. — Deux parasites pirifoi'mes accolés provenant probablement d'une division par bipartition.
Fig. II. — Élément parasitaire sphérique, grand.
Fig. 12, i3, 14. ■ — Formes de multiplication par division i-épétée du noNau.
Fig. i5, 17. — Grands leucocytes mononucléaires avec parasites inclus dans le protoplasme et même
dans le noyau {fig- i5).
Fig. 16. — Polynucléaire avec un parasite inclus dans le protoplasme (Gross., 1000 D environ).
rappelle tout à fait celle des éléments les plus typiques du Piroplasma bige-
miniim de la fièvre du Texas (ils représentent sans doute aussi la forme
typique du parasite humain que nous décrivons). Ils mesurent 2!^, 5 à 4*^ de
long sur i^,^ de large {/ig. 7-9 V
» Dans ces éléments, comme dans les formes rondes ou ovalaires, on
distingue une sphère chromatique (sans doute karyosome) assez volumi-
neuse qui, dans les éléments piriformes, est située d'ordinaire du côté de
la grosse extrémité. Sur un même diamètre transversal que cette masse
s'en trouve généralement une autre plus petite, ronde ou bacillaire, parfois
()6'0 ACADÉMIE DES SCIENCES.
reliée à la première par un mince pédicule. Le reste du contenu des para-
sites est finement granuleux et assez clair.
» Les hématies parasitées s'altèrent rapidement; elles pâlissent, ne
prennent plus, dans les préparations colorées, la même teinte que les
hématies normales et deviennent granuleuses. La même hématie contient
un nombre de parasites qui varie de i (cas très fréquent) à 7 ou 8
(//g'. 1-5) sans que l'hématie soit nettement hypertrophiée; nous avons vu
une hématie avec i4 parasites : elle avait triplé de volume environ.
» Ross ne croit pas à l'existence de formes endoglobulaires. Il nous pa-
raît bien difficile d'interpréter autrement les nombreuses figures que nous
avons observées (sur lesquelles Donovan avait attiré notre attention) et
que Ross a vues de son côté. Remarquons simplement que : 1° quelques
globules parasités avaient encore gardé leurs réactions colorantes nor-
males, soit en entier, soit à la périphérie seulement; 2*^ la quantité de
matière en dehors des parasites est d'autant plus grande qu'il y a moins de
parasites, ce qui s'explique très facilement dans notre hypothèse, très
difficilement au contraire avec la conception de Ross de « matrices où se
produisent des spores ». Leishman croit comme nous à l'existence de
véritables formes endoglobulaires (loc, cit., p. 1377). Notons enfin que les
hématies parasitées, qui ont disparu dans les frottis faits à l'autopsie, sont
d'autant plus abondantes, dans les frottis faits pendant la vie, que la pré-
paration a été mieux réussie. Malgré tout, le nombre des formes libres
dépasse toujours celui des formes endoglobulaires.
» Cette existence de formes endoglobulaires suggère l'idée que les
parasites doivent, à un moment donné, se trouver dans la circulation péri-
phérique. Donovan nous a dit ne pas les y avoir encore rencontrés; ils
faisaient défaut dans une préparation de sang qu'il nous a envoyée.
» Nous avons vu assez souvent des parasites, toujours en parfait état,
inclus dans les leucocytes mononucléaires ou polynucléaires {^g. i5-i7)
en plus ou moins grand nombre. Certains nous ont semblé être inclus
dans les noyaux leucocytaires (Jig. i5); mais, dans ces cas, les noyaux
étaient toujours altérés.
» La reproduction des parasites j)araît se faire par bipartition (c'est le
cas le plus fréquent) et par multipartition. Dans le premier cas, la grosse
masse chromatique se divise en deux et l'élément piriforme, dont le vo-
lume n'est guère augmenté, se fend longitudinalement (fig. 9-10). Dans le
second cas, le parasite s'accroît progressivement en prenant une forme
sphérique {^g. 11); bientôt, son noyau se divise; on trouve ainsi des élé-
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE TQoS. 96 1
ments dont le diamètre peut atteindre celui d'une hématie, avec 2, 3, 4,
5, 6, au maximum 8 grosses masses chromatiques (fig\ 12-14); les petites
masses manquent souvent, ou sont en nombre inférieur à celui des
grandes. Les éléments avec 4 ^^ 8 noyaux ressemblent incontestablement
aux hématies avec autant de parasites, et i! faut parfois quelque attention
pour faire la distinction; Ross a dû confondre' ces deux catégories d'élé-
ments parasitaires. Au terme final de cette évolution, il y a vraisemblable-
ment division radiaire du parasite en éléments mononucléés ; certaines
figures en rosace, que nous avons observées, nous paraissent bien avoir
cette origine.
)) A aucun moment de leur évolution, les parasites ne contiennent de
pigment.
)) Quelle place donnera l'organisme nouveau? L'existence à peu près
constante de la petite masse chromatique, si semblable au centrosome des
Trypanosomes, devait naturellement faire penser à un Trypanosome, ou,
d'une façon générale, à un Flagellé. Pas plus que Donovan et Ross nous
n'avons pu colorer de flagelle.
» Aussi, nous pensons pouvoir éliminer cette hypothèse.
» Les faits que nous avons constatés montrent qu'il n'y a pas de diffé-
rence essentielle entre le parasite de Leishman-Donovan et les Piroplasmes
actuellement connus, en particuHer le Piroplasme-type, P. bigeminum : la
forme en poire, la division longitudinale en deux sont la règle, comme chez
le P. bigeminum; la multipartition en quatre et même plus s'observe parfois
chez les Piroplasmes. Enfin, l'existence de formes endoglobulaires lève
toute objection à cette manière de voir.
» Nous ne pouvons donc que maintenir le nom Piroplasma Donovani que
nous avons, dans notre première Note, donné au parasite.
» L'existence reconnue de cette piroplasmose humaine dans deux
régions de l'Inde aussi éloignées que Madras et Calcutta laisse supposer
que la distribution géographique de celte maladie est étendue; il y aura
lieu de faire la recherche systématique du parasite de Donovan dans les
fièvres rémittentes non palustres des régions sud-asiatiques et, en parti'
culier, de notre Indo-Chine.
» Les Piroplasmes occupaient déjà une place importante en pathologie
vétérinaire. C'est la première fois qu'on signale une maladie humaine pro-
duite par un Piroplasme bien caractérisé (' ). »
(') L'aUention a été attirée, depuis un an environ, sur une maladie particulière des
G. R., 1903, 2*^ Semestre. (T. CXXXVII, N» 23.) I '-i^>
962
ACADEMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE. — Sur la propriété d'émettre des rayons n, que la compression
confère à certains corps, et sur l'émission spontanée et indéfinie de rayons n
par l'acier trempé, le verre trempé, et d'autres corps en état d'équilibre
moléculaire contraint. Note de M. R. Blondlot.
« M. le Professeur A. Charpentier ayant bien voulu me tenir au courant
de recherches d'ordre physiologique qu'il poursuit actuellemeut concer-
nant les rayons n, recherches inédites qui promettent des résultats d'un
haut intérêt, ces expériences firent naître en moi l'idée d'examiner si cer-
tains corps n'acquerraient pas par la compression la propriété d'émettre
des rayons n. A cet effet, je comprimai, au moyen d'une presse de menui-
sier, des morceaux de bois, de verre, de caoutchouc, etc., et je constatai
immédiatement que ces corps étaient en effet devenus pendant la compres-
sion des sources de rayons n : approchés d'une petite masse de sulfure de
calcium phosphorescent ils en augmentent l'éclat, et ils peuvent aussi
servir à répéter les expériences qui montrent le renforcement qu'éprouve
l'action exercée sur la rétine par la lumière lorsque des rayons n viennent
agir en même temps sur l'œil.
)) Ces dernières expériences peuvent se faire très simplement : les volets
d'une chambre ayant été fermés de façon à laisser juste assez de lumière
pour qu'une surface blanche se détachant sur un fond sombre, par exemple
le cadran d'une horloge, apparaisse à l'observateur situé à 4"° ou 5"" comme
une tache grise sans contours arrêtés, si, une canne étant placée en avant
des yeux, on vient à la plier, on voit la surface grise blanchir; si on laisse
la canne se redresser, la surface redevient sombre. Au lieu de la canne,
on peut employer une lame de verre, que l'on fléchit, soit à l'aide de la
presse dont on se sert pour montrer dans les cours que le verre devient
biréfringent par la flexion, soit simplement avec les mains. Avec un degré
d'éclairement convenable, que l'on obtient par quelques tâtonnements,
Montagnes Rocheuses, nommée Spotted fever. Wilson et Chowning, puis Anderson,
ont décrit comme agents pattiogènes de cette fièvre des hématozoaires endoglobu-
Jaires, qu'ils rangent dans le genre Pi/oplasina {P. hominis Manson). D'après les
faits publiés jusqu'à ce jour, la nature piroplasmique des inclusions des hématies nous
paraît encore douteuse. En tout cas, la SpotLed fever n'a rien à voir avec la fièvre de
l'Inde dont nous parlons.
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE igoS. 963
ces phénomènes sont aisément visibles. Ils ne sont pas instantané s, j'en ai
donné précédemment la raison ; il importe absolument de tenir compte de
ce retard quand on veut étudier ces phénomèaes ; c'est lui sans doute qui
est cause qu'ils n'ont pas été aperçus depuis longtemps.
» Je fus alors conduit à me demander si les corps qui sont d'eux-mêmes
dans un état d'équilibre interne contraint n'émettraient pas de rayons n.
C'est ce que l'expérience démontre en effet : les lames bataviques, l'acier
trempé, le laiton écroui par le martelage, du soufre fondu à structure cris-
talline, etc. sont des sources spontanées el permanentes de rayons 7i. On
peut par exemple répéter les expériences du cadran d'horloge en employant,
au lieu du corps comprimé, un outil d'acier trempé, tel qu'un burin ou
une lime, ou même un couteau de poche, sans les comprimer ni les plier
aucunement; de même, il suffit d'approcher d'une petite masse de sulfure
de calcium phosphorescent une lame de couteau ou un morceau de verre
trempé pour en augmenter la phosphorescence. L'acier non trempé est
sans action : un burin que l'on trempe et détrempe succeisivenien t est
actif quand il est trempé et inactif quand il est déLrem,)é. Ces actions tra-
versent sans affaiblissement notable une plaque d'aluminium épaisse de
i*^'",5, un madrier de chêne épais de 3*^"*, du papier noir, etc.
» L'émission des rayons n par l'acier trempé paraît avoir une durée
indéfinie ; des outils de tour et une marque à cuirs datant du xviii* siècle,
conservés dans ma famille et n'ayant certainement pas été trempés de
nouveau depuis l'époque de leur fabrication, émettent des rayons n
comme l'acier récemment trempé. Un couteau provenant d'une sépulture
gallo-romaine située sur le territoire de Craincourt (Lorraine) et datant
de l'époque mérovingienne, ainsi que l'attestent les objets que l'on y a
trouvés (vases de verre et de terre, fibules, boucle de ceinturon, glaive
dit scramasax, etc. ) émet des rayons n tout autant qu'un couteau moderne.
Ces rayons proviennent exclusivement de la lame ; l'essai à la lime a montré
qu'en effet la lame seule est trempée et que la soie qui était destinée à être
fixée dans un manche ne l'est pas ('). L'émission des rayons n par cette
lame d'acier trempé persiste ainsi depuis plus de douze siècles et ne paraît
pas s'être affaiblie.
» La spontanéité et la durée indéfinie de l'émission de l'acier évoquent
(') Les Gaulois primitifs semblent ne pas avoir connu l'acier, car, au rapport de
Poljbe, leurs épées de fer ne piquaient pas et se pliaient dans les combats dès les
premiers coups. Le couteau dont il s'agit ici est d'origine Gallo-Romaine, et les Gallo-
Romains avaient sans doute appris des Romains à fabriquer l'acier et à le tremper.
9^4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'idée d'un nipj3rochement avec les propriétés radiantes de l'uranium,
découvertes par M. H. Becquerel, et que les corps découverts depuis par
M. et M'"^ Curie : radium, polonium, etc., présentent avec tant d'inten-
sité. Toutefois, les rayons n sont certainement des radiations spectrales :
ils sont émis par les mêmes sources que ces radiations, se réfléchissent, se
réfractent, se polarisent, possèdent des longueurs d'onde bien déter-
mmées, que j'ai mesurées. L'énergie quereprésente leur émission est vrai-
semblablement empruntée à l'énergie potentielle qui correspond à l'état
contraint de l'acier trempé : cette dépense est sans doute extrêmement
faible, puisque les effets des rayons n le sont eux-mêmes, et cela explique
la durée en apparence illimitée de l'émission.
» Une lame de fer, que l'on plie de façon à lui imprimer une déforma-
lion permanente, émet des rayons n, mais l'émission cesse au bout de
quelques minutes. Un bloc d'aluminium que l'on vient de marteler se
comporte d'une manière analogue, mais la durée de l'émission est beau-
coup plus courte encore. Dans ces deux cas, l'état de contrainte molécu-
laire est passager, et l'émission des rayons n l'est aussi.
» La torsion produit des effets analogues à ceux de la compression. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la formation d'une liste
tie deux candidats qui doit être présentée à M. le Ministre de l'Instruction
publique pour la chaire d'Histoire des Sciences, actuellement vacante au
Collège de France.
Au premier tour de scrutin, destiné au choix du premier candidat, le
nombre des votants étant ^7 '■
M. Tannery obtient 4o suffrages
M. Wyrouboff « 5 »
Il y a 2 bulletins blancs.
Au second tour de scrutin, destiné à la désignation du second candidat,
le nombre des votants étant 44 •
M. Wyrouboff obtient 89 suffrages
M. Lalande » i »
H V a 4 bulletins blancs.
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE r9o3. 965
En conséquence, la liste présentée par l'Académie à M. le Ministre
comprendra :
En première ligne M. Tannery
En seconde ligne M. Wyuouboff
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la formation d'une liste
de deux candidats qui doit être présentée à M. le Ministre de l'Instruction
publique, pour une place d'Astronome titulaire actuellement vacante à
l'Observatoire de Paris.
Au premier tour de scrutin, destiné à la désignation du premier candi-
dat, le nombre des votants étant 4^,
M. Puiseux obtient 46 suffrages
M. Hamy » 2 »
Au second tour de scrutin, destiné à la désignation du second candidal,
le nombre des votants étant 39,
M. Hamy obtient 36 suffrages
M. Boquet » 3 »
En conséquence, la liste présentée par l'Académie à M. le Minisire
comprendra :
En première ligne. M. Puiseux
En seconde ligne M. Hamy
CORRESPONDANCE.
ASTRONOMIE. — Observations des Lèonides et des]Bièlides, faites à Athènes,
en 1903. Note de M. D. Egivitis, présentée par M. Lœwy.
« L'observation des Lèonides a été faite à Athènes, cette année, pendant
trois soirées, par un temps très beau; la Lune, âgée de 25-27 jours, n'a
point gêné les observations.
» Le i4 novembre, de u'^jo'" à 18'' (t. m. d'Athènes), on a va 12 météores, dont
les radiants sont :
a= i52" l56"
0 —-h 25 -H 20
966 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le i5 novembre, de i9'*5o™ à 17'' 5o™, on a observé 187 étoiles filantes, dont les ra-
diaots sont les suivants :
a= i5o° i53° i52°
0^4- 22 + 21 H- 24
Le 16 novembre, on a aperçu 33 météores, qui ont émané, en grande partie, du
radiant suivant :
a r=: i5o° 0 rr-H 17°.
L'essaim a atteint son maxiiniini de i5^' à 16'' le i5 novembre; la couleur des mé-
téores était rouge; la vitesse modérée, et Véclat de 4'' grandeur en moyenne. Il y en
a eu un très brillant, qui a laissé une trace d'une durée de jo secondes avec diverses
couleurs, surtout bleuâtres. La chute des météores, principalement le i5 novembre,
a été régulièrement croissante et décroissante avant et après le moment du maximum.
Pendant les trois soirées on a vu tomber un assez grand nombre d'étoiles filantes des
constellations de FHydre, du Grand Chien et quelques-unes près de Régulus.
)) Les Biélides ont été observées du 22 au 24 novembre :
)) Le 22 novembre, de 7'' à 12'% on n'a vu aucune étoile filante; le ciel était très
nébuleux.
» Le 23 novembre, l'observation fut favorisée, à partir de io''3o"^ par un temps
beau, auparavant le ciel était nébuleux; on distinguait les étoiles de 6^ grandeur. De
7^46'" à 16'' on a vu i4 météores qui émanaient, en grande partie, du radiant :
a=n23'' 0 3=+ 430
» Le 24, par un temps très beau, on a vu 11 étoiles filantes, dont les radiants sont :
a zz: 26° 26°
0 = 46 43
Les météores de cet essaim étaient, en général, de S'' grandeur et possédaient une
très grande vitesse, avec des trajectoires courtes, et une couleur rouge. Un grand
nombre de ces astres ont sillonné l'espace d'une manière tellement rapide qu'ils étaient
à peine visibles, ressemblant à des grains de poussière. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Un théorème sur les ensembles mesurables .
Note de M. Emile Borel, présentée par M. Appell.
« Je voudrais signaler un théorème fort général, que je crois nouveau,
et qui me paraît de nature à pouvoir rendre de très grands services dans
de nombreuses applications à la théorie des fonctions.
» Étant donnés, dans un domaine limité, une infinité d'ensembles mesu-
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE igoS. 967
râbles, tels que la mesure de chacun d'eux ne soit pas inférieure à n, les points
communs à une infinité d'entre eux Jorment un ensemble dont la mesure n'est
pas inférieure à r,.
» On peut déduire, en parliculier, de ce théorème que la propriété pour
une fonction d'être continue en excluant des ensembles de mesure aussi petite
que l'on veut se conserve à la limite, c'est-à-dire appartient à la fonction
limite (supposée existante) d'une suite quelconque de fonctions qui la pos-
sèdent. Cette propriété appartient, par suite, à toutes les fonctions définies
jusqu'ici. Sous cette forme, cette remarque est équivalente à la proposition
suivante, encore inédite, que me communique M. Lebesgue : Toute fonc-
tion mesurable est continue en chacun de ses points, sauf pour un ensemble
de points de mesure nulle, aux ensembles de mesure nulle prés.
» En terminant, je dois signaler que la représentation simple, comme
limite de fonctions continues, d'une fonction discontinue telle que l'en-
semble P de ses points de discontinuité est dénombrable a été obtenue par
M. Lebesgue ('). Dans ma Note du 3o novembre, j'ai traité seulement le
cas où P est réductible; j'avais d'ailleurs surtout en vue de montrer com-
ment l'introduction des nombres transfinis pouvait être évitée dans une
question où, à un certain point de vue, elle aurait pu paraître nécessaire.
M. Lebesgue m'informe qu'il possède une démonstration sans nombres
transfinis du théorème général de M. Baire; c'est là un résultat dont l'im-
portance n'échappera à aucun géomètre; j'espère que cette démonstration
sera bientôt publiée. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Généralisation d'un théorème de Laguerre.
Note (le M. A. Auric, présentée par M. Jordan.
« Laguerre (t. I, p. 109) a démontré d'une manière tout à fait élémen-
taire une importante proposition, déjà indiquée avant lui par Hermite et
Biehier.
(') Sur r approximation des fondions {Bulletin des Sciences mathématiques,
novembre 1898). D'après une lettre que m'écrit M. Lebesgue, il y a lieu, dans la partie
de cette Note où il est question de points de discontinuité, de désigner par cCq, ^',,
•rj, ^3, . . ., non seulement les points de discontinuité, mais les extrémités des inter-
valles de continuité (forcément dénombrables en tout cas).
968 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Cette proposition est la suivante :
» Si une équation
¥(z) -^- ï<I'(s) = o
a loules ses racines situées d'un même côté de Vaxe des abscisses, l'équation
pY{z) + q^y{z) = o,
dans laquelle p et q sont des nomhres réels arbitraires, a toutes ses racines
réelles.
» Je me propose de généraliser cette proposition et de démontrer que :
» Lorsqu'une équation de degré /?
F(::) + î<l>(s) = o
a toutes ses racines imaginaires, dont /i(k^n — k) situées d'un môme coté
de l'axe des abscisses, l'équation
p¥(z) + q^V(z.) = o
a au moins n — o.Tx racines réelles.
» Et, réciproquement, si cette dernière équation a n — ik racines
réelles, l'équalion proposée dont, par hypothèse, toutes les racines sont
imaginaires, en a au moins k d'un môme côté de l'axe des abscisses.
» La démonstration est très simple.
)) Posons
» Parmi les [i^, tous ^^ o par hypothèse, k ont un signe déterminé, et
n — ^ le signe contraire.
)) Faisons parcourir à la variable ^ l'axe des abscisses, de[)uis —ce
jusqu'à H- ce, et étudions l'argument du produit
H
» Cet argument varie d'une manière continue,
» Pour :? = — ce, chacun des n facteurs a, à la limite, un argument égal
à zéro, de sorte que l'argument des produits est également nul à la limite.
» Lorsque z varie de — ■yz l\ + ce, l'argument de chaque facteur aug-
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE IQoS. 969
mente ou diminue d'une manière continue de o à ±n, selon que l'affixede
la racine considérée est au-dessus ou au-dessous de l'axe des x.
» Pour ^ = -^ co, l'argument de chaque facteur est égal à ± H, de sorte
que l'argument du produit est égal à ± (/z — a/;)!!.
» Il est donc évident que le vecteur représentant ce produit a décrit, à
partir de l'axe positif des abscisses, soit dans le sens direct, soit dans le sens
rétrograde, un angle égal à (n — 2.k)Jl.
» On ne considère ici que l'arc décrit au total; mais il est clair que le
vecteur a pu, en revenant sur ses pas, parcourir certains arcs dans les deux
sens opposés, sans que ce parcours influe sur l'arc total décrit.
» Si donc l'on pose
F(::)+^*(^) = Ph-ïQ,
P s'annulera toutes les fois que le vecteur se confondra avec l'axe vertical
des coordonnées, c'est-à-dire au moins (n — ik) fois, plus un nombre pair
de fois si le vecteur a recommencé, en les doublant, certains arcs compre-
nant cet axe vertical.
» De même, Q s'annulera toutes les fois que le vecteur se confondra
avec Taxe des abscisses, c'est-à-dire au moins {n — ik — i) fois, carie
départ et l'arrivée pour :; = ± co ne doivent pas être comptés.
» D'une manière générale, si l'on considère l'angle a dont la tangente
trigonométrique est égale à — -(/> et ^ réels), l'expression
pV + qQ
s'annulera toutes les fois que le vecteur se confondra avec la droite qui
correspond avec l'angle a, c'est-à-dire au moins {n — !ik) fois.
» Cette proposition ainsi généralisée semble avoir une grande impor-
tance dans la théorie des équations.
» On sait, en effet, que, par une transformation de la forme
on peut faire correspondre à l'axe des abscisses une circonférence décrite
sur Py et capable d'un angle donné. On saura alors, par la simple applica-
tion du théorème de Sturm, qu'il y a, à l'intérieur de celte circonférence,
au moins k racines; c'est là un résultat qui parait avou^ longuement préoc-
cupé Laguerre dans ses recherches sur la théorie des équations. »
C. R., 1903, 2» Semestre, (T. CXXXVII, N« 23.) I27
970 ACADÉMIE DES SCIENCES.
AVIATION. — Sur La qualité des hélices suslenlatrices. Note de M. Charles
Rexard, j3résentée par M. Maurice Levy.
« Nous avons établi (23 novembre igoS) la formule qui donne le poids
utile maximum qui peut être soutenu par un hélicoptère à deux hélices,
nous avons étudié l'influence du poids spécifique ct, du moteur; nous nous
occuperons aujourd'hui de celle du coefficient K qui dépend de la perfec-
tion de l'hélice employée. Cette perfection de V hélice ou plutôt d'une
famille d'hélices géométriquement semblables peut être mesurée par un
chiffre unique auquel nous nous proposons de donner le nom de qualité de
l'hélice sustentatrice. La notion de cette qualité résulte des considérations
suivantes que nous donnons sous forme de théorèmes :
)> Théorème I. — Dans un appareil suslentaleur quelconque utilisant la
Pi?
résistance de l'air, le rapport ?j^ du cube du poids soutenu {poussée) au carré
du travail dépensé par seconde est un nombre constant.
» Cela résulte immédiatement de la proportionnalité des résistances au carré des
A'
vitesses. Le rapport 7=^ i= co est la puissance du sustentateur.
w Théorème 11. — Dans un sustentateur orthogonal simple constitué par
un plan mince de surface S' s' abaissant verticalement, la puissance co est égale
au produit loS' du coefficient de la résistance de V air par la surface.
» loi les équations de la poussée A et du travail T sont
A^rpS'V-, T=oS'V=*
d'où, en éliminant la vitesse verticale V :
A^
— -zr O) :z: cpS'. C.Q.F.D.
» Théorème III. — Un sustentateur quelconque est équivalent {au point de
vue de la relation qui existe entre la poussée et le travail par seconde ) à un
sustentateur plan orthogonal d'une certaine surface.
» C'est une conséquence immédiate des théorèmes 1 et II. Si S' est cette surface du
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE igoS. 971
plan orthogonal équivalent, sa puissance sera 'fS' tandis que celle du sustenlateur
est ra; on aura donc, pour qu'il y ait équivalence,
.S':=T^ d'où S'— -
donc
» Théorème IV. — Un sustentateur quelconque est équivalent à un plan
orthogonal d'une surface S' égale au quotient de sa puissance par le coefficient
de la résistance de l'air.
» La surface S' est la surface équivalente du sustentateur considéré.
)) Théorème V. — Bans une famille d'hélices semblables la puissance est
proportionnelle au carré du diamètre.
» Gela résulte de l'examen des formules A = oi^n'^x'* et T = Yo«'-^' q"i donnent la
poussée et le travail par seconde; les coefficients «o et -„ étant les mêmes pour toutes
les hélices semblables.
» Corollaire. — Dans une famille d'hélices semblables la puissance est
proportionnelle à la surface du cercle décrit par l' extrémité des ailes ou surface
d'appui S de l'hélice, donc :
)) Théorème VI. — Dans une famille d'hélices semblables, la surface équi-
valente S' est proportionnelle à la surface d^ appui S.
» En d'autres termes, le rapport -g de la surface équivalente à la surface
S'
d'appui est un nombre constant. C'est ce nombre constant g^ = Q 4"®
nous proposons d'appeler la qualité de l'hélice sustentatrice.
» La signification de Q est très claire : une hélice de qualité 2, par exemple, est
équivalente au plan mince, orlliogonal d'une surface double de sa surface d'ap-
pui^^' La qualité est indépendante de la grandeur de l'hélice, elle ne dépend que
de sa forme. Elle est indépendante de la densité de l'air. Au point de vue de la forme,
le nombre d'ailes, la fraction de pas totale et le tracé du contour des ailes ont bien une
certaine influence sur la qualité, mais celle-ci dépend surtout du rapport y du pas G
au diamètre x {j est le pas relatif).
» En prenant tf — o,o85, le Tableau suivant et le diagramme qui l'accompagne
donnent les valeurs de Q mesurées à Chalais pour une série de 6 hélices de i™ de dia-
mètre ne différant entre elles que par le pas relatif.
N" des liélices. 1.
m
Pas des hélices o , 2.5
Qualité Q o,48
2.
3.
4.
5.
6.
m
o,5o
0,75
01
I ,oo
m
1 ,20
m)
i ,5o
I ,OI
1,14
0,76
0,52
o,38
972 ACADEMIE DES SCIENCES.
» Le maximum de Q correspond à riiélice n° 3 dont le pas est les trois quarts du
diamètre, Q descend très rapidement de part et d'autre de ce sommet.
Maaxnutrn de Q
j,j^ poury=o,~S
0,2ô Ô,ÔO 0,f3 , liOO
" ■ ValeziT.i' dzl pnj- ripJatif y.
i,~5 -^. i,So
» Nouvelle forme de l'équation enT,,^. — L'équation (i) en Z/,, devient facilement,
en y introduisant Q (lequel est proportionnel à A'^),
(2)
57 looQ^
» Le poids utile maximum augmente donc comme le cube de la qualité. — Il y a
donc le plus grand intérêt à améliorer la qualité, mais on ne peut le faire indéfiniment.
On peut démontrer, en efTet, que Q est proportionnel au carré du rendement p de
l'hélice considérée comme un ventilateur, et que le coefficient de proportionnalité est
très voisin de 6.
» On a donc Q = 6p-, et, comme p ne peut pas être supérieur à l'unité, Q a une
limite supérieure égale à 6. En passant de notre qualité optinia 1,14 à cette limite
supérieure de 6, on multiplierait le poids utile maximum par 200 environ et l'on pas-
serait de 10*^8 à 2* pour les moteurs de 5'^^s par cheval. Sans aller si loin, on voit qu'il
reste beaucoup à gagner sur la valeur de Q ; nous croyons qu'on peut attendre beau-
coup de l'emploi, pour les ailes, de profils courbes analogues à ceux dont les avantages
ont été mis en évidence par nombre d'aviateurs pour les aéroplanes et notamment par
le regretté Lilienthal.
» Nous serions heureux que cette Note ait pour résultat de susciter de
nouvelles expériences sur les hélices sustentatrices qui sont loin d'avoir
dit leur dernier mot. »
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE igo3. 97'
PHYSIQUE. — Sur l'intensité de V éclairement produit par le Soleil.
Note de M. Charles Fabry, présentée par M. Mascart.
(( Nos connaissances actuelles sur l'éclairement produit par le Soleil,
exprimé en fonctions de nos unités photométriques, sont fort peu précises.
Les «Grandes divergences entre les résultats trouvés par les différents obser-
vateurs s'expliquentd'ailleurs, soit par l'imperfection des méthodes, soit par
l'incertitude sur la valeur des unités photométriques employées, soit par
les conditions atmosphériques diverses dans lesquelles les observations ont
été faites.
» J'ai employé une méthode due à Bouguer pour affaiblir dans un rapport connu
l'éclaîrement solaire. Le faisceau solaire, après avoir traversé une lentille de distance
focale faible et connue, tombe sur l'une des faces de l'écran d'un photomètre de
Lummer et Brodhun. L'autre face reçoit un éclairement constant, de môme teinte que
la lumière solaire : une petite lampe électrique à incandescence est placée au foyer
d'une lentille, et éclaire l'écran à travers une cuve à faces parallèles contenant une solu-
tion de sulfate de cuivre ammoniacal de composition convenable (^). On a mesuré une
fois pour toutes le rapport de Tintensilé transmise à travers la cuve pleine d'eau à
celle que l'on obtient à travers le liquide bleu, et trouvé 6,0 comme moyenne d'un
o-rand nombre de mesures. La détermination de ce rapport est la seule comparaison
hétérochrome exigée par ces mesures (-); ce nombre n'intervient pas dans les rapports
des résultats entre eux, et toutes les mesures faites par ma méthode seront compa-
rables avec les miennes, pourvu qu'on adopte pour ce rapport la même valeur, La lampe
électrique donne une intensité lumineuse parfaitement constante, grâce à un mode de
réglage pour maintenir constante la puissance électrique dépensée.
» Une observation consiste à égaliser les éclairements des deux plages du photo-
mètre par déplacement de la lentille interposée sur le faisceau solaire. La connaissance
d'une constante instrumentale, déterminée une fois pour toutes, permet alors de cal-
culer l'éclairement solaire.
» J'exprimerai les résultats en prenant comme unité d'intensité lumineuse la bougie
décimale; m'étant servi comme étalon fondamental de la lampe Hefner, j'ai considéré
(') Voir Comptes rendus, 9 novembre 1908. En employant la notation indiquée
dans ce travail, ma cuve correspond k x ^=1 54, i-
(2) La détermination de la constante de l'appareil nécessite la comparaison de la
lampe électrique avec l'étalon photométrique (lampe Hefner). Ces deux sources de
lumière sont de teintes assez voisines pour que leur comparaison puisse èlre faite direc-
tement sans donner lieu à aucune incertitude.
g^4 ACADEMIE DES SCIENCES.
la bougie décimale comme représentée par l'intensité de la lampe Hefner, multipliée
par 1,1 3.
)) Résultats. — Les mesures ont été faites à la Faculté des Sciences de
Marseille, sensiblement au niveau de la mer, le Soleil n'étant jamais à
plus de 23° du zénith. Les nombres ont été corrigés pour les ramener à la
moyenne distance de la Terre au Soleil et au zénith (cette dernière correc-
tion est presque négligeable).
» Les nombres trouvés varient naturellement avec l'état de l'atmo-
sphère; mais, si l'on ne fait entrer en ligne de compte que les observations
faites avec ciel parfaitement beau (c'est-à-dire lorsque aucune nébulosité
n'est visible dans la direction du Soleil), les nombres ne varient que de
quelques centièmes.
)) On peut admettre que l'éclairement produit par le Soleil au zénith, à
sa moyenne distance, est, au niveau de la mer, loo ooo fois celui que donne
une bougie décimale à i™.
)) Si l'on admet que l'éclat apparent du disque solaire est uniforme, on
en déduit que i"""' du disque solaire émet normalement une intensité
lumineuse qui est, après absorption atmosphérique, de i8oo bougies. En
réalité, le bord paraît moins brillant que le centre, de sorte que ce nombre
est un minimum. Rappelons que, pour le caractère positif de l'arc élec-
trique, on trouve des intensités de i5o à 200 bougies par millimètre carré.
)) Il est intéressant de comparer le rayonnement lumineux du Soleil avec
son rayonnement calorifique total.
» Admettons que, dans les conditions de mes mesures, la quantité de chaleur reçue
ait été de 1 ,5 petite calorie par minute et par centimètre carré. Un calcul facile per-
met d'en conclure que, dans ce rayonnement tel que nous le recevons, la puissance
totale est de 0,12 watt par bougie. L'absorption atmosphérique est plus forte sur les
rayons invisibles que sur les lumineux; dans le rayonnement solaire, sans absorption
atmosphérique, la puissance par bougie doit être un peu plus forte, probablement
comprise entre o , 1 5 et 0,20 watt.
» Des observations analogues, faites en divers lieux et à diverses
époques, ne seraient peut-être pas sans intérêt. Elles fourniraient des ren-
seignements précis sur les variations de la transparence de l'atmosphère.
Faites dans les meilleures conditions possibles (dans des stations élevées),
elles pourraient conduire à des renseignements sur les variations d'éclat
du Soleil : l'erreur accidentelle sur une mesure ne dépasse guère i pour 100,
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE 1903. 975
grâce k la similitude des teintes des deux plages, et les erreurs systéma-
tiques seraient éliminées par l'emploi constant du même appareil. Ces
mesures sont plus faciles et moins affectées par l'absorption atmosphé-
rique que ne le sont les mesures calorimétriques destinées à déterminer la
constante solaire. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la direction de l'aimantation permanente dans
diverses roches volcaniques. Note de MM. Berxard Brunhes et Pierre
David, présentée par M. Mascart.
« Dans une précédente Communication ( ' ), nous avons signalé à l'Aca-
démie les propriétés magnétiques de la brique naturelle, qu'ont produite, en
divers points de la région du Puy-de-Dôme, des coulées de lave en venant
s'épandre sur des couches d'argile pliocène ou quaternaire. Sur une épais-
seur variable, qui peut atteindre 2™ ou 3'" au-dessous de ia coulée, l'argile
a été cuite; plus bas, elle a conservé la couleur et Tétat d'argile non
cuite : à cet état, elle possède une susceptibilité magnétique, variable avec
sa composition, mais elle n'a pas d'aimantation permanente. La brique
est, au contraire, aimantée. Nous avons indiqué une méthode propre à
fixer la direction de l'aimantation de cette brique naturelle.
» Quelque intérêt que pût présenter cette étude, elle était restreinte à
une espèce de roche qui est très particulière et ne se rencontre que dans
des circonstances assez rares. Des mesures poursuivies depuis deux ans
nous ont conduits à penser que toutes les roches volcaniques présentent,
à des degrés divers, la même propriété, à savoir de posséder une aimanta-
tion rémanente stable, dont la direction, bien définie dans une carrière
donnée, diffère en général de la direction du champ terrestre actuel et
nous donne probablement la direction du champ magnétique terrestre à
l'époque oi^i la roche s'est solidifiée.
» La démonstration de cette propriété, de conserver la direction d'aiman-
tation du champ magnétique où elle a été cuite, résulte pour la brique des
expériences directes de Folgheraiter, qui en a déduit une méthode d'étude
de l'inclinaison magnétique aux époques historiques d'après l'examen des
(*) Coiuplcs rendus, i5 juillet 1901.
97^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
poteries. Pour d'aulres roches, elle nous paraît résulter de comparaisons
avec la brique.
)) Dans une carrière d'argile cuite, de Royal, signalée dans notre pré-
cédente Communication, nous avons indiqué que la déclinaison, déduite de
l'examen de cubes de brique, dépassait d'environ 60° la déclinaison actuelle
et que l'inclinaison était voisine de j5°. Nous avons examiné avec soin de
nouveaux échantillons de brique naturelle de cette carrière et nous les avons
comparés avec des échantillons cubiques de lave découpés, suivant notre mé-
thode, dans la coulée qui est au-dessus de la brique.
o t
Argile cuite- n" 1 A = 52.3o (+ déclinaison actuelle)
0 :=: ^0.3o
Argile cuite n° 2. .. . Arz:54.io
0 =1 72.60
Argile cuite n° 3. .. . A = 56.45
5 =: 72. i5
Lave D° 1 Ar=52.3o '
0 zz: 69.20
Lave n» 2 A =r: 40.20
5 = 68
Lave n° 3 A = 5o
ô=:68.3o
Lave n° 4 A = 42 . 20
3 = 68.5o
» Ces nombres appellent quelques remarques :
)) 1. Les divers échantillons de lave sont d'aspect, de texture et, sans doute, de
composition, différentes. La coulée a formé une pâte qui a englobé, en les fondant, des
matières très diverses et elle ne devient homogène qu'à une hauteur de quelques mètres
au-dessus de la brique. Les divers échantillons sont pris en des points dont les plus
éloignés sont à une vingtaine de mètres Tun de Tautre.
» 2. Ces échantillons ont des intensités d'aimantation variant de i à i5. Les plus
aimantés ont une aimantation qui est d'environ quatre fois celle des briques les plus
aimantées.
» 3. Les divers échantillons de lave présentent entre eux des différences dans les
directions d'aimantation plus grandes que n'en présentent les briques. La slablllté de
leur aimantation doit être moindre. Néanmoins, quand ou tient compte des causes
d'erreur inévitables en ce genre de déterminations, on ne peut s'empêcher de penser
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE igoS. 9^7
que la lave qui. en enidant. a ciiif l'argile, a. dans l'en.<<emhle. la même direction
d'aimantation que cette argile cuite. La lave, elle aussi, aurait donc conservé la
direction cV aimantation du champ terrestre à Vépoque de la coulée.
» Nous avons ici, en tous les cas, une contre-épreuve caractéristique. Dans une cave
très voisine de la carrière de briques, on atteint la partie inférieure de la couche
d'argile, et l'on reconnaît qu'elle repose elle-même sur une coulée de basalte. Cette
coulée est évidemment antérieure à l'autre; entre les deux s'est écoulée la période
nécessaire pour le dépôt de la couche d'argile. Or, un échantillon cubique découpé
dans ce basalte nous a donné une direction d'aimantation très différente des échan-
tillons de la lave supérieure, une déclinaison de 1° à l'ouest de la déclinaison actuelle
et une inclinaison de 59° 4o'- H nous semble que ce fait seul suffirait pour affirmer que
cette première coulée n'est pas contemporaine de l'autre, et que celte autre est con-
temporaine de la cuisson de l'argile. »
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Rôle du temps dam la comparaison des éclats
lumineux en lumiètT. coloi^èe. Noie de MM. A\drk Broc a et D. Srr.zFiî,
présentée par M. d'Arsonval.
« On sait combien est délicate la comparaison photométrique de deux
plages de couleurs différentes. Cela tient à ce que les sensations colorées
suivent des lois distinctes. Tout le monde connaît le phénomène de Pur-
kinje :
» Si l'on donne même éclat apparent à deux plages respectivement rouge et bleue,
pour une certaine intensité lumineuse, la plage bleue semblera notablement plus
claire que l'autre quand on diminuera dans le même rapport l'éclaireraent des deux
plages; elle semblera au contraire moins claire que l'autre, quand on augmentera dans
le même rapport l'éclairement des deux plages. Helmhoitz a montré que ce phéno-
mène s'expliquait si l'on admettait que les courbes qui relient la sensation permanente
à l'intensité étaient difiTérentes pour les deux couleurs. Les expériences directes ont
montré qu'il en était bien ainsi (Charpentier, Macé de Lépinay et Nicati. puis Kr.nig et
Dieterici). Le phénomène ne se produit que pour des éclats assez bas.
» Nous avons constaté un phénomène du môme genre quand le temps
intervient, mais ce phénomène se produit pour tous les éclats usuels, et
d'autant plus que l'éclat est plus grand. Il est d'ailleurs infiniment plus
prononcé que le phénomène Purkinje. Nous l'avons constaté en suivant
une voie inverse de celle qui a amené à la connaissance du phénomène de
Purkinje. Nous avons conclu son existence de l'étude des courbes de la
sensation en fonction du temps pour les diverses lumières colorées, et
l'expérience directe a vérifié nos conclusions.
C. R., igoS, 2" Semestre. (T. CXXXVTI N° 23 ) I 28
978
ACADÉMIE DES SCIENCES.
)) Nous reproduisons dans la figure ci-jointe les courbes que nous avons
tracées d'après nos mesures, en suivant la technique indiquée dans notre
précédente Note. Nous en avons indiqué les principaux résultats. Aujour-
Millicmes de seconde
d'hui nous allons en indiquer un autre, nous réservant de discuter ulté-
rieurement l'ensemble de la question.
» On voit immédiatement d'après ces courbes que si une lumière bleue et une autre
quelconque ont le même éclat en régime permanent, il n'en sera plus de même quand
la lumière n'agira sur l'œil que pendant un temps assez court. Dans ces conditions, le
bleu montant, à égalité d'éclat, beaucoup plus vite et plus haut que les autres cou-
leurs, aura toujours un éclat prépondérant pour les temps courts.
» De même, si Ton égalise en régime permanent les éclats de deux plages respec-
tivement rouge et verte, la plage rouge deviendra plus éclatante pour les éclairements
de courte durée. Le phénomène sera très net mais beaucoup moins prononcé que pour
le bleu et le vert. Dans ce dernier cas, on peut arriver à égaliser, pour un temps d'éclai-
rement assez court, aux environs de o^'e^i, les éclats de deux plages dont l'une, verte,
a le même éclat qu'un papier blanc éclairé par gS lux, et l'autre, bleue, le même éclat
qu'un papier blanc éclairé par 33 luv.
» L'expérience directe a vérifié les prévisions de la théorie. Éclairons
par deux lumières différentes, bleue et verte par exemple, les deux plages
d'un' photomètre et donnons-leur le même éclat apparent. Puis mettons en
mouvement, en avant de ces plages et aussi près d'elles que possible, un
disque rotatif muni d'une fente convenable, nous verrons la plage bleue
prendre une prépondérance considérable. Remplaçons la plage bleue par
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE 190.3. 979
une rouge : celle-ci prendra une jjrépondérance encore très nette quoique
moins grande.
)) Mais, à côté de la vérification cherchée, cette nouvelle expérience nous
a montré un fait nouveau. Quand on compare comme nous venons de
le faire une plage verte et une bleue, cette dernière prend pour les
premiers éclairs un éclat vraiment énorme. Si les éclairs se renouvellent
toutes les secondes, on voit très nettement à chaque fois l'éclat du bleu
baisser, pour se fixer k une valeur à peu près constante, toujours supérieure
à celle du vert, au bout de 10 ou 1 5 éclairs. Si les éclairs ne se renou-
vellent que toutes les deux secondes, l'abaissement que nous venons de
décrire devient beaucoup moins net. En comparant le rouge et le vert, le
phénomène se montre encore pour le rouge, mais dans une mesure bien
plus faible.
)) Ceci nous montre que la fatigue rétinienne due au bieu s'accumule
dans la rétine, el met un temps relativement très long à se dissiper, alors
même que l'action de la lumière a été très courte. Ces phénomènes existent
pour le rouge, mais à un degré infiniment moindre. »
THERMOCHIMIE. — Sur une nouvelle méthode pour le calcul des chaleurs
de combustion et sur quelques-unes de ses conséquences. Note de
M. P. Lemoult.
« Nous avons montré qu'on peut calculer la chaleur de combustion des
carbures et de leurs dérivés oxygénés en faisant la somme des appoints
dus aux groupes élémentaires [(c^sec^); — (c- = 6"-); ... (c — H)| et de
ceux des groupes fonctionnels {Comptes rendus, t. CKXXYl, p. 890
et t. CXXXVII, p. 5i5 et 656).
» Celte méthode nous a conduit à deux séries de formules
(i) C, = lo'jn -f- A,,
(2) C. = 463m + A.B^ ii5,75/2 -h A'^,
la première pour les composés acychques, la seconde pour les composés
cycliques {n étant le nombre d'atomes de C ; m étant le numéro d'ordre du
carbure cyclique générateur).
» Ces formules se ramènent à un seul type, quand on met en évidence
les nombres x et y d'atomes de C et d'il du carbure C H\ Ou a, en effet,
980 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pour les carbures acycliques saturés, C" H-"+-, A, = 55, n = x,y = 2 /î -h 2;
C, = i57Ai + 55fE^ 102/i + (2^ H- 2) — B^I02^- H — ^ j ;
pour les carbures cycliques x = [\m -i- 2, y — 2m + 4 el A. = 3i4; or
Co — 463w -f- 3i4^^^ 102(4^^2 -r 2) 4- -- (2m -f- 4) ^^ \o-ix -h —y.
» Donc, la chaleur de combustion :; d'un carbure quelconque ( exemj)l
de liaison miilliplc) C IP est donnée par
(a) ^=/(O'[i0=.ro2^4-^^/;
celle formule comprend les carbures cycliques à chaînes latérales saturées
qui n'étaient représentés ni par (1), ni par (2) et les carbures hych'o-
cyciiques. Le trimélhylène fait exception.
Avec une légère modification, la relation (a) s'étend aux carbures mono-
élhyléniques; pour eux A, = 28^^'; or .r =/ï, j — in,
C, = i^-n -}- 28eeez I02/Z + -^. -m 4- 28eesio2.x' -^ — J4- 28*^=*';
leur chaleur de combustion ^ =/(C' 11^) comprend non seule.nent l'ap-
point normal io2vi; + —y, mais encore un surcroît d'énergie K dont la
valeur atteint 28^"*'; pour les carbures monoacétyléniques, il en est de
même, mais on doit prendre K = 57^'''; de même aussi pour les carbures
à plusieurs liaisons multiples
([i) s = 102:1; -h ^j' -f- K,
la valeur de K étant facile à calculer pour chaque série. Exemple : le téré-
benlhène (monoéthylénique) G'Ml'% cale, 1490^'''; mes., 1488^'''.
» Dans le cas des composés oxygénés, on peut donner également une
relation analogue à a. ou p; un de ces corps C'H- O^' peut en effet être
considéré comme un carbure C' H' qui a subi un commencement de com-
bustion ; son pouvoir calorifique a donc diminué d'une quantité qui doit
varier avec le nombre et la nature de ceux de ses éléments que la combus-
tion a affectés, c'est-à-dire doit varier suivant la fonction qui est apparue
avec la présence de l'oxygène dans la molécule; il faut donc retrancher de
l'appoint normal 102:17 H y une quantité 9 variable avec chaque fonc-
tion; les <p sont d'ailleurs en relation simple avec les apports des groupes
SÉANCE DU 7 DÉCEMBrxE IQoS.
foiiclioniiels ; ainsi, par exemple, pour les alcools primaires.
981
/(,_0H) = 8
— «Cal
102
— 8 = 45C"'.
» En outre, nous avons vu qu'il faut modifier le calcul quand la molé-
cule contient une liaison multiple (en général retrancher 12^''''); en tenant
compte de toutes ces considérations, la formule générale, qui donne z pour
un composé C'H-^O^', est
)) Voici le Tableau des principales valeurs de K et de © :
Composé
salure. étliylénique. acétylénique.
/j ;= o (carlnires). Ki=:o K^maS'^''^ K3=r57*^'''i
p-^O Ki = 0 K2=:(28 — I2)C''l IV3=(57— I2pl
élhyléno-
acélylcniquc.
Si /? :^ o, il faut faire exception pour les alcools tertiaires, où K^, ■=■ 20^"', et
pour les anhydrides d'acides, où Ro= 4^"''
(p( = 45^^^ alcools primaires et secondaires.
tpj=: 5i^=^ alcools tertiaires, phénols, etc.
cp, := SS^'^' éthers oxydes et acétals.
tfj rr: Sg*'^'*' aldéhydes ; cf!j =: 45'^'*' cétones.
io6'-^'' .,
Ci, ^ acides.
1 06 . ,
'i. = acides.
' 2
,4lOal
Tg
go-
o
Cal
anhydrides d'acides.
éthers sels.
çp, =r 38*^"^ quinones.
(p'^ = 0 anthraquinone. Etc.
» Par exemple, acétylacétate de méthyle, Cli'' — CO — GH- — CO- — CH* : cale,
5. 102 + 4-55 — 45 — 90 =: Sgâ"-''; mes., 594*^-'^
» La formule y qui remplace l'ancienne méthode de calcul, en donnant
les mêmes résultats qu'elle, comporte quelques conclusions :
» 1° Tous les z sont des cotes de points placés dans un plan P,
55
z = io2,x ■+- —y,
distribués sur des lignes droites de ce plan et régulièrement espacés ; le
plan origine des cotes est tantôt ^ = o, tantôt un plan parallèle;
» 2° La persistance des facteurs 102 et — est l'expression des lois
de l'homologie et de l'isomérie ;
)) 3° z dépend de ^ et de j et non du nombre de liaisons simples que
les C échangent entre eux, ni de celles qui existent entre les C et les H ; or
9^2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ces deux nombres varient d'un composé à l'autre; donc l'appoint calori-
fique de chacune de ces liaisons ç^ et w est nul : les atomes de C et les
atomes de H des composés organiques saturés sont les uns à l'égard des
autres dans une indépendance thermique absolue; une liaison éthylénique
correspond à un emmagasinement de 28^^^ (r. = — 28^"'), une liaison
acétylénique à un autre de -+- 5^^^^ (^'^ = — 57^^'). Il en est même pour le
triméthylène qui possède une surcharge d'environ 3o^^' et ces faits sont
d'accord avec la tendance que présentent ces corps ou leurs dérivés à
retourner au type normal.
» 4° On a vu que ^, = o, r^ = — 28^^', (^3 = — ^'J^'"'^ : par une extrapola-
tion simple, on trouve c, = — 3^*'. 28 environ ; donc, quand 2'^^ de C échan-
gent entre eux 4 valences pour donner par conséquent i™"' de carbone-
vapeur, ils emmagasinent 84^^' environ, ce qui porte la chaleur de
combustion de l'ensemble C- = 24 à 2.102 + 84 = 2 8 8^"*' environ ; d'oi^i il
résulte que la chaleur de vaporisation de 24^ de carbone-diamant atteint
288 — 2.C)\^^\3 = 100^^' environ (chaleur de dépolymérisation). M. Ber-
thelot a donné comme minimum de cette quantité 88^*' (Ann. de Ch. et de
Phys., 4* série, t. IX, p. 475). De là résulte également que la chaleur de
formation de la molécule de carbone-vapeur à partir de ses 2'** pris sous
la forme qu'ils ont dans les composés organiques serait de — 84^^' environ
(à savoir : — 288 + 2,102). De même la chaleur de formation de la molé-
cule d'hydrogène à partir de ses 2^* serait de — i4*^"^ »
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches SU?' les azoïqiies. Nouveau mode de jorma-
tion des dèrwès indazyliques . Note de M. P. Freundler, présentée par
M. H. Moissan.
« L'étude des azoïques possédant une fonction alcool ou éther-oxyde
ortho-substituée a mis en évidence la facilité avec laquelle le noyau
indazylique prend naissance (').
« Les acétals o-azobenzoïque et o-hydrazobenzoïque fournissent à cet
égard un exemple encore plus frappant. En effet, la transformation de ces
composés en indazols s'effectue à une température assez basse et sous
l'influence d'agents peu énergiques; de plus, elle implique une modifica-
tion préalable des groupements fonctionnels, qui ne s'effectuerait pas
habituellement dans les conditions dans lesquelles j'ai opéré.
C) Comptes rendus, l. CXXXVl, p. ijû6; l. CXXXVil, p. 53 1.
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE 1908. 988
» 1° Uacëtal o-hydrazohenzoïque , dont je décrirai prochainement la
préparation, peut être recristallisé sans altération dans de l'alcool bouillant
contenant un peu de soude. Mais si l'on effectue la purification en l'absence
d'alcali ('), on constate qu'au bout de quelques minutes de chauffage,
l'hydrazoïque a disparu : il s'est transformé intégralement en acétal o-inda-
zylhenzoïque :
,CH(0CH»)2
^AzH-AzH'
z=2CH^0H
CH(OCIP)-
.CH
Az
\
/■
/ \
CH(0GH^)-2
» Si Ton prolonge la durée de ropéralion, on obtient une certaine quantité de l'al-
tléhjde correspondante; néanmoins, la vitesse d'hydrolyse du second groupement acétal
paraît être beaucoup moindre que la vitesse de formation de la chaîne indazjlique.
XCHx
» Valdehyde indazyl-o-henzoïque, C*^H*\ I ) Az.CH^.GHO, cristallise dans
Az /
l'éther en longues aiguilles blanches, fusibles à 94", S-go". Elle se dissout dans les acides,
et notamment dans l'acide nitrique pur, bouillant, sans s'oxyder; par refroidissement,
le nitrate se dépose sous la forme de fines aiguilles dissociables par l'eau, hlivdrazone
cristallise en petits prismes jaunâtres qui fondent en se décomposant vers 191°. Cette
aldéhyde se transforme quantitativement dans l'acide indazyl-o-benzoïque fusible
à 2o4° {loc. cit.), lorsqu'on la chauffe au bain-marie avec de l'azotate d'argent ammo-
niacal. Cette dernière réaction suffît pour établir sa constitution.
)) 2° L'aldéhyde^-azobenzoïque s'obtient facilement en chauffant l'acétal
correspondant avec de l'acide sulfurique dilué (10 pour 100). Si l'on
applique cette réaction à Visomêre orlho, on observe une décoloration
presque immédiate de la masse, et l'on obtient un mélange de deux sub-
lances qui sont X acide indazyl-o-henzoïque (en quantité prépondérante) et
un produit basique dont l'étude n'a pu être encore faite, faute de matière.
Ici encore, la transformation est intégrale et extrêmement rapide.
» L'acide indazylbenzoïque a pris naissance de la façon suivante :
» L'acétal étant saponifié, le groupement azoïque a été réduit en grou-
pement hydrazoïque par l'une des fonctions aldéhydiques qui a été trans-
(^) M, Wohl a déjà signalé le fait que les acétals sont saponifiés en milieu neutre et
qu'une petite quantité d'alcali empêche complètement Thydrolyse (/). ch. G., t. XXXIII,
p. 9,760).
9^4 ACADÉMIE DES SCIENCES,
formée elle-même en carboxyle
..CHO
OHC
,cno
-hir-0 —
HO^C
AzH— AzIP
)) Le second groupement aldéliydique qui n'a pas été modifié s'unit
ensuite avec la chaîne hydrazoïque pour donner naissance à l'acide inda-
zylbenzoïque ;
CO^II
.CHO
= rp-o +
)) Ce second exemple est encore plus typique que le premier; il n'est,
d'ailleurs, pas unique en son genre, et j'aurai prochainement l'occasion
d'en mentionner de tout à fait semblables.
» L'acide indazyl-o-benzoïque obtenu dans celte réaction a été identifié avec le pro-
duit préparé à partir de l'alcool o-nitrobenzjdique. Sa constitution est, d'ailleurs,
démontrée par les faits suivants : soumis à l'action de la chaleur, il fournit du phé-
njlindazol; oxydé par l'acide chromique en solution acétique, il se transforme en
acide o-azobenzoïque. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de V acide cyanhydriqiœ sur l'aldéhydate
d'ammoniaque et les combinaisons analogues. Note de M. Makcfx
Deléimxk.
« On sait que l'action de l'acide cyanhydrique sur les aldéhydates
d'ammoniaque, suivie de celle de l'acide chlorhydrique concentré, con-
stitue un des modes de synthèse des a.-amino-acides, découvert il y a
plus d'un demi-siècle par Strecker. Erlenmeyer et ses élèves ont, par la
suite, établi que la réaction donnait un a-amino-nitrile (accompagné d'imino-.
dinitrile) que l'acide chlorhydrique changeait en oc-amino-acide. Généra-
lement, on traduit ces transformations par les schémas :
R.CHO + AzH='->R.CH
OH
Azll-
+ CAzH->R.CH:
CAz
,AzH2
R.CH
/CO-H
\AzH-
)) Liubavin a donné une interprétation différente : l'acide cvanhydrique
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE IQoS. CjSj
arracherait l'ammoniaque pour faire du cyanhydrate et l'aldéhyde mis en
liberté agirait sur ce cyanhydrate pour former l'amino-nitrile
B. R.CH(f ?^,, + CAzH = R.CH : O + CAzH, ÂzH^= R.CHcf^'^J,, + H^O.
\AzH^ \AzH-
» Comme preuve, il a effectué des synthèses d'amino-acides, à partir
des aldéhydes et du cyanure d'ammonium.
» Or ces deux façons d'écrire les réactions sont en défaut si l'on
s'adresse à des dérivés azotés, sans oxygène, comme l'éthylidène-imine
(CH^^ — CH = AzH)% la méthylène-méthylimine (CH-= Az — CWy, etc.
A moins d'admettre que des traces d'eau jouent un rôle incessant par suite
de fixations et de mises en liberté alternatives, il faut modifier les for-
mules A etB. Tout d'abord, la conséquence que Liubavin a tirée de ses
expériences peut se renverser : l'aldéhyde prendrait l'ammoniaque du
cyanure pour former un aldéhydate sur lequel réagirait l'acide cyanhydrique
suivant les équations A. Tout se ramène au premier cas.
» Voici maintenant les résultats auxquels on arrive indifféremment avec l'aldéhy-
date d'ammoniaque ou l'éthylidène-imine opposés à Tacide cyanhydrique en présence
ou non de solvants (eau, alcool absolu, élher anhydre, chloroforme). La réaction est
sensiblement
C. 4(CH^CH:AzH) + 5GAzH = CAz.AzH''-i-2AzH2CH(CH5)GAz + AzH[CH(CIP)CAzp.
Aminopropionitrile. Iminopropionitrile.
» Il ne se fait que la moitié de l'aminopropionitrile qu'on devrait avoir d'après
l'équation A. Je considère ce résultat comme une conséquence de l'existence des
groupes AzH^^ p„^P„3^ dans la molécule d'aldéhydate d'ammoniaque ou de son
dérivé anhydre. On aurait, par exemple :
^ ^ , ^/CH(CH=')-AzH\^„ ^„3 ^, „ /Az = Cll.CH3 , r v ir a H3
(I) AzH/^^/^^^3j_^^^j/CH.CIP + CAzH:=CH3.CH^^^^^^^^j^3 + CAzH,AzH3,
..„3 P„/Az = CH.CH3 /AzH.CH(CH3)CAz
(a) ^"•C"\Az = CH.CH^ + "^^^'"=^"-^"\AzH.CH(CH^)CAz,
('K^ rmrH/^""-^"^^"')^^^_urA vr- AzH^CH(CH3)GAz
(Ci) L.n ^n\y^2H.CH(GH3)CAz"^ +CAz(CH3)CII.AzH.CH(CH3)CAz.
» La formation instanlanée de cyanure d'ammonium justifie Téquation (i); l'équa-
tion (2) est semblable à celle qui exprime l'action de CAzH sur les hydramides aro-
matiques; mais tandis que l'action s'arrête là avec ces derniers, l'éthylidène-bis-
aminopropionitritrile réagit encore une fois suivant (3) comme je l'ai constaté
C. R., 1903, 1' Semestre. (T. CXXXVII, N° 23.) 1^9
986 ACADÉMIE DES SCIENCES,
directement. Cette substance, ainsi que l'éthylidène-aminopropionitrile
CHV = Az.CR{CW)CXz,
s'obtient en distillant dans le vide les produits de la réaction C; j'ai constaté aussi que
le dernier corps fixe instantanément GAzH sur sa double liaison en donnant l'imino-
propionitrile.
» La proportion d'amino- et d'iminopropionitrile exprimée en C diffère de celle qui
se déduirait des équations (i), (2), (3); cela lient à ce qu'une fraction de l'éthylidène-
imine réagit sous la forme dépolymérisée à laquelle elle retourne si facilement. Cette
modalité devient dominante si l'on part de la méthylène-mélhylimine qui donne
88 pour 100 de l'aminonitrile sarcosique CAz.CH^. AzH.CH^ prévu par une réaction
de l'imine dépolymérisée; mais il se fait aussi un peu de cyanhydrate de mélhyl-
amine et de métliylimino-diacétonitrile, d'après un processus sans doute analogue à
celui qui est invoqué par l'élhylidène-imine.
» Dans ces réactions, ainsi que dans celles efFectuées avec l'éthylidène-étliylimine
CH^.CHizzAz.C^H^ et l'éthylidène-isoamylimine CH^CH= AzC^H'» (iso), il est
facile d'isoler les sulfates d'aminonilrile à l'état pur et de passer de là aux amino-
acides; ce sont là des détails qu'on trouvera ailleurs.
» Ce qui est démontré, c'est que les équations classiques qui font inter-
venir les éléments de l'eau et expriment un rendement théorique en amino-
nitrile doivent être modifiées. Le plus simple, c'est d'abord d'exprimer
que l'acide cyanhydrique se fixe sur les doubles liaisons des imines,
comme il le fait avec les aldéhydes, les hydrazones et les oximes :
CH^CH=AzH ->CH^CH(CAz)AzH^
CH^CH =zAzR ->CH^CH(CAz)AzHR,
CH^ CH = O -> CH^ CH(C Az)OH,
CH^ CH = AzOH -> CH^ CH(CAz) AzH . OH.
» Le parallélisme est complet. Dans les cas particuliers où les produits
azotés initiaux sont polymérisés, il faut s'attendre à des réactions plus
complexes dont le mécanisme a été interprété plus haut pour un cas donné,
et il faudrait encore modifier les équations pour les aldéhydates homo-
logues qui contiennent l'aldéhyde et l'ammoniaque en proportions diffé-
rentes. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Nouvelle réaction de l'hydroxylamine.
Note de M. L.-J. Smox, présentée par M. H. Moissan.
» Cette réaction est la suivante : lorsqu'on ajoute à une solution diluée
d'un sel d'hydroxylamine quelques gouttes d'une solution très étendue de
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE igoS. 987
nitroprussiate de sodium et un léger excès d'alcali — soude ou polasse —
puis, qu'on porte peu à peu à l'ébullition, la liqueur, d'abord jaune, change
de teinte en se fonçant. La coloration passe au rouge orangé et se fixe
finalement à une très belle teinte rouge cerise que la dilution amène au rose
franc. Pendant la chauffe, il se dégage des gaz azote et oxyde azoteux.
» Cette réaction est très sensible ; avec une solution au millième de chlorhydrate
d'hydroxylamine, la coloration obtenue est assez intense pour supporter, sans cesser
d'être visible, une nouvelle dilution au millième. La sensibilité n'atteint pas cepen-
dant le millionième, car j'ai constaté que pour les solutions très étendues la propor-
tion des substances à employer pour observer la réaction a une influence assez impor-
tante pour en atténuer la sûreté.
» Comme pour la plupart des réactions colorées de ce genre, la teinte est fugace et
disparaît plus ou moins rapidement, suivant son intensité. L'addition d'alcali et
d'ammoniaque est sans inconvénient, mais il n'en est pas de même des acides.
» La réaction se produit avec tous les sels d'hydroxylamine sur lesquels
je l'ai essayée (chlorhydrate, sulfate, oxalate, phosphate) et avec Thydroxy-
lamine libre.
)) Par contre, les oximes ne fournissent rien de semblable, ainsi que je
l'ai vérifié sur un certain nombre de types différents.
» Les oximes, aldéhydiques et cétoniques, grasses ou aromatiques, dont
les échantillons m'ont été gracieusement offerts par MM. Bouveault et
Wahl, ne donnent qu'un résultat négatif : aldoximes isobutylacétique,
benzoïque, /^-méthoxA^phénylacétique, propanonoxime, octanonoxime 2,
nitrosomalonate d'élhyle, nitrosoacétylacétate d'éthyle.
» Il en est de même des oximes des glucoses (dextrose, mannose, galac-
tose et arabinose), que j'ai pu essayer grâce à l'amabilité de MM. Ma-
quenne et Roux.
» Cette réaction nouvelle de l'hydroxylamine, qui ne peut prétendre
à remplacer la réaction habituelle sur l'hydrate cuivrique, pourra cepen-
dant, je l'espère, être utihsée dans certaines circonstances. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Nouvelle înèthode de préparation des aldéhydes >
Note de M. L. Bouveault, présentée par M. A. Haller.
« Il y a peu de temps {Comptes rendus, t. CXXXir, p. 38), M. Biaise
a trouvé que les nitriles se combinent avec les dérivés organo-halogéno-
magnésiens de M. Grignard, pour donner des produits d'addition que les
988 ACADÉMIE DES SCIENCES,
acides étendus décomposent avec formation de cétones :
R - C = Az -H M§(^ = R _ c = Az - Mg - X,
R'
R'
R — C =Az - M§ - X + H-0 = R - CO -H ^Is^^^^-
I I \A.
R' R'
w Cette découverte, très intéressante au point de vue scientifique, l'était
moins au point de vue pratique, parce qu'il est en général plus aisé de
préparer les acétones que les nitriles. Il n'en aurait pas été de même si la
réaction avait pu être étendue au plus simple des nitriles, à l'acide cyanhy-
drique; car ce composé, qui est d'une préparation très aisée, aurait fourni
toutes les aldéhydes. Malheureusement le formionitrile ne se comporte pas
comme ses congénères, son atome d'hydrogène est doué de propriétés
trop négatives; il se comporte comme le ferait un acide halogène :
HC Az 4- Mii{t = RH -h M^^^^
'Ï3
.X ^\CAz
)) Tout récemment, M. Constantin Béis (Comptes rendus, t. GXXXVll,
p. 373) a montré que l'on pouvait étendre aux amides la propriété de se
combiner aux dérivés organo-magnésiens.
)) Cette publication m'a engagé à mettre au jour un travail au sujet
duquel j'ai déposé un pli cacheté dans les archives de la Société chimique
le 1" juin 1903.
» M. Béis a conslaté que ces amides fournissent la léaclioa
K _ CO — Az 112 _^ Mg(^^ = R _ G - 0 — M g - X,
R'
mais que celte condensation est gênée par une réaction secondaire due à la négativité
des atomes d'hydrogène du groupement AzH% cette réaction secondaire devient pré-
pondérante pour l'acétamide, totale pour la formiamide qui ne fournit pas d'aldé-
hydes. J'étais, de mon côté, si persuadé de l'influence néfaste de l'acidité du groupe
amide que je n'ai pas voulu essayer la condensation avant d'avoir réussi à conjurer cet
inconvénient. Aussi me suis-je adressé aux amides disubstituées et, en particulier,
aux formiamides disubstituées qui, ne possédant plus d'atome d'hydrogène négatif,
doivent subii- totalement la condensation
„_C0-A<«+Mg<f=ll-C/'''\R' .
\IV ^\X |\o — Mg — X
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE IQoS. 9^9
,, J'ai, en ellet, constaté cette condensation avec la diméthylformiamide, la pipéri-
dylformiamide, la méthyl et l'éthylformianilide.
» Les combinaisons organo-métalliques complexes traitées par l'eau, puis par
l'acide sulfurique étendu, sont décomposées suivant l'équation
„ p/^^\R' /R /OH
R
>. Le manuel opératoire est des plus simples et les rendements sont assez bons ; de
plus, la réaction semble d'une extrême généralité. Etant donné un éther halogène RX
d'alcool ou de phénol, on obtiendra par ce procédé l'aldéhyde R - CHO. J ai a des.
sein appliqué la méthode dans des séries très différentes.
» La formylpipéridine avec le chlorure d'isobutyl-magnésium m'a donne de 1 aldé-
hyde isovalérique.
",, La diméthylformiamide m'a permis de transformer le chlorure disoamyle en
aldéhyde isobutylacétique ^JJ'3)cH - CfP- CtP-CHO identique au produit que
l'ai déjà obtenu en collaboration avec M. Wahl.
)> Enfin on peut, avec l'éthylformianilide, transformer le bromobenzène en aldéhyde
benzoique. , , i
„ Les mêmes réactifs m'ont permis de préparer l'aldéhyde hexahydrobenzoïque
à partir du chlorocyclohexane et l'aldéhyde a-toluique à partir du chlorure de
benzyle.
« Je continue ces recherches; je compte préparer un certain nombre
de termes de cette fonction aldéhyde dont on connaît si peu d'échantillons
dans la série grasse. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la migration phènyliquc.
Note de M. Marc Tiffeneau, présentée par M. Haller.
« J'ai montré antérieurement {Comptes rendus, t. CXXXIV, p. 847,
i5o6) qu'en soumettant l'iodhydrine du mélhoéthénylphène à l'action de
l'azotate d'argent on même simplement de HgO on obtient après forma-
lion intermédiaire probable de l'oxyde d'éthylène correspondant, puis
migration du phényle, la phénylacétone d'après l'équation
CCH^ _ C -^OH^ _^G«H^ - G 0->C«H^ - CH^- CO - GH^
,, Je suis parvenu à réaliser la même transformation en utilisant le dé-
990 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rivé magnésien obtenu par action du bromure de phénylmagnésium sur la
monochloracétone et en le soumettant à l'action de la chaleur [en pré-
sence (') ou non de bromure de phénylmagnésium] de façon à évaporer
la majeure partie de l'éther.
» La réaction principale est la suivante (rendement en phénylacétone :
5o pour loo) :
/CH^Cl /CH^\
CE' - C - OMgBr->MgBrCl + C'H^ - C 0->C"H' - GH^' — CO - CH^
\CH^ \CW
)) J'ai effectué également la même réaction avec des composés ne con-
tenant plus le groupe C"H^ ou dans lesquels ce C"H" est éloigné de la
fonction chlorhydrine, et j'ai trouvé que dans ces cas il n'y a pas migration
mais formation des aldéhydes correspondantes d'après les équations sui-
vantes s'appliquant chacune aux cas que j'ai étudiés :
/CH^Cl
( I ) CH^ - CH2— C — OMgBr-vCH^ - CH- - C( V '^CH^ - CH=^ - CH - CHO,
, X CH^\ /CH-Cl ru^\
(^) r^TT3 /^^ - ^H- - CH=^ - G - OMgCl > ^'^ )GH - GH^ - GH^ - CH — CHO,
GHV ^^j^3 ^ GHV I
//CH-Cl
(3) C^' H^ - CH^ - C - OMgGl -> C* H^ - CH^ - GH - CHO.
Xgh^*
CH
CH
M Ces faits suffisent à démontrer que, lorsque les groupes voisins de la
fonction haloïdrine sont autres que des phényles, il n'y a pas migration, de
sorte que la migration moléculaire que j'ai observée semble bien particu-
lière au cas où le groupe CH'^ est voisin de la fonction haloïdrine.
» Il reste dès lors à établir une distinction fondamentale entre les migra-
tions moléculaires phényliques que j'ai étudiées, et le cas général et clas-
sique de la transformation des oxydes d'éthylènes en aldéhydes ou cétones
par migration d'un hydrogène.
C) En présence d'un excès de C^H^MgBr il se fait en outre, par suite d'une réaction
secondaire complexe, du méthylstilbène fusible à 82° déjà décrit par Klages (^e/vc/i/e^
t. XXXV, p. 2648).
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE IQoS. 99 1
» Ce cas classique peut être représenté par la formule suivante :
CFP— G-C-H
/\/\ =r:CII^— CH*-CO — GIP
H 0 GH^
et la transforniation pinacolique n'en est qu'un cas particulier, comme le montre le
schéma ci-dessous :
^"'^C- C^^^l^' = GH^-G- GO- GIP.
O
» On peut donc conclure que dans le passage de la forme oxyde d'éthylène
peu stable à la forme stable correspondante : aldéhyde ou cétone, lejoAe-
nyle est plus mobile que Vhydrogène, et celui-ci à son tour plus mobile
que les radicaux alkylés (éthyle, amyle, benzyle); de sorte que dans les
divers systèmes :
C«H'^-C — CH-, CH^-CH-CH-R, etc.
/\/ \ /
R O O
c'est toujours le phényle qui migre, tandis que dans les systèmes corres-
pondants où CH^ est remplacé par un radical alcoolique, c'est toujours
l'hydrogène et non pas l'alkyle qui migre.
» Enfin, dans les systèmes tels que
R/X^^'\R
O
ne présentant plus d'atome d'hydrogène libre, c'est le phényle qui migre
de préférence (^ ). »
(!) En effet, tandis que la pinacone yGOU — GOH^ se transforme en
pinacoline (GIP)^ — G — GO — GH% l'acétophénone pinacone se transforme en
(G«H^)^(GH3)G— GO — GH* par migration de l'un des phényles et non pas en
G8tP(GH^)2 — G — GO — G«H5 (Thorner et Zincke, Berichte, t. XI, p. 1989; t. XIII,
p. 640.
99"^
ACADEMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les éthers de l'acide isopyromucique.
Note de M. G. Chavanne, présentée par M. H. Moissan.
« Dans une Communication antérieure {Comptes rendus, t. CXXXIII,
p. 167), j'ai établi que l'acide isopyromucique ne s'éthérifie pas par les pro-
cédés habituels (alcools et H Cl ou SO''H'). D'autre part, ses sels alcalins
réagissent difficilement, même en tubes scellés, sur les iodures alcooliques ;
il ne se produit pas d'éther en quantité appréciable.
)) Cette difficulté dans l'éthérification confirme ma conclusion anté-
rieure, d'après laquelle l'acide isopyromucique n'est pas un acide propre-
ment dit, mais un composé à caractère phénoIiquCo
M J'ai pu cependant obtenir les éthers mélhylique et éthylique en
employant comme moyen d'alcoyiation les sulfates diméthylique et diéthy-
lique. Cette méthode, récemment proposée et appliquée en Allemagne,
donne d'excellents résultats et mérite d'être recommandée à l'attention
des chimistes pour des cas analogues.
» Dans cette réaction, un seul des radicaux alcooliques du sulfate est
remplacé par un atome de sodium, et l'on obtient, à côté de l'éther, l'éthyl-
sulfate de sodium correspondant, d'après l'équation
SO-^^^ -+- C'H'O-ONa = SO-^^^, + C^H^O-OR.
\0R \ONa
» On prépare risopyromucale de sodium en suspension dans l'alcool méthvlique
en ajoutant à l'acide (1™°'), dissous dans l'alcool mélhylique absolu, 1™°^ de mé-
thylate de sodium, puis on introduit en une seule fois 1™"' de sulfate diméthylique.
Le mélange s'échauffe elle sel alcalin se dissout; on termine la réaction au bain-marie,
puis on distille la plus grande partie de l'alcool et l'on précipite le méthylsulfate de
sodium par un excès d'éther; on essore et l'on chasse le dissolvant par distillation. Le
résidu qui se concrète par refroidissement est purifié par distillation sous pression
réduite, ou mieux par dissolution et cristallisation fractionnées dans l'éther absolu.
» U isopyromucate de me thy le C^H^O'- .OCW cristallise dans l'éther en
longues aiguilles incolores fondant à 60**; il distille à iSo^^-iSS" sous 20™"^.
» Visopyromucale d'éthyle C^ H^ O^ . OC^ H^ fond à 62° et peut également
être distillé sous pression réduite.
» JJisopyromucate de benzyle C^îPO^ .OCH-CH^ forme des prismes
très réfringents fondant à 7 1'^. Il a été préparé, avec un rendement d'ailleurs
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE IQoS. 998
peu satisfaisant, par l'action directe du chlorure de benzyle sur l'isopyro-
mucate de sodium.
» Les deux premiers éthers sont très solubles dans l'eau et l'alcool,
moins facilement dans l'éther qui les enlève péniblement à leur solution
aqueuse, difficilement dans l'éther de pétrole; l'éther benzylique est inso-
luble dans l'eau, mais soluble dans les solvants organiques. Ils jaunissent
rapidement à la lumière.
» Dans ces composés le groupement alcoolique est fixé sur l'oxhydrile
phénolique : ils ne donnent plus avec le chlorure ferrique la coloration
verte caractéristique de l'acide et ils ne réagissent plus sur le chlorure de
benzoyle même à l'ébullition.
y> Ils ont conservé les propriétés de l'acide qui ne sont pas liées à la présence du
groupe phénolique. Ce sont encore des réducteurs énergiques; ils réduisent instanta-
nément le permanganate de potassium en liqueur acide, neutre ou alcaline et l'azotate
d'argent ammoniacal, lentement l'azotate d'argent acide. Les alcalis caustiques, même
en solution étendue {-^ normale), les décomposent sans régénérer l'acide qui est égale-
ment détruit dans ces conditions; quand on emploie l'eau de baryte à chaud, il y a
formation de carbonate de baryum, ce qui accuse l'enlèvement d'anhydride carbonique.
» Au contraire, ils sont stables en milieu neutre ou acide. L'eau n'altère pas l'éther
méthylique en tubes scellés à 190°, tandis qu'elle agit au contraire sur l'acide isopyro-
mucique dès 140" en donnant de l'anhydride carbonique et un composé cristallisé en
fines aiguilles jaunes groupées en houppes fondant mal à i55°-i6o°. Le dosage des
éléments et la cryoscopie dans l'acide acétique lui assignent la formule C^H'^0'; il
paraît donc dû à la condensation de 2™°^ d'acide (C^H'^0^) avec élimination de 1™°^ CO^
et i"°i H^O.
)) L'acide sulfurique de concentration moyenne (20 pour 100) au bain-marie, et l'acide
chlorhydrique concentré et froid, n'altèrent pas les éthers méthylique et éthylique.
)) En résume : les éthers méthylique et éthylique de l'acide isopyromu-
cique ne peuvent s'obtenir par aucune des méthodes habituelles ; je les ai
isolés par l'emploi des sulfates diméthylique et diéthylique.
» Leur stabilité vis-à-vis de l'eau et des acides dilués les rapproche plutôt
des éthers de phénols que des éthers-sels. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sitr les hydrates d'alcool éthylique.
Note de MM. E. Yarexxe et L. Godefroy, présentée par M. Troost.
« On connaît depuis longtemps l'hydrate d'alcool à 3'"°^ d'eau
C=^HS OH 4- 3H^0,
C. R., 1903, 2" Semestre. (T. CXXXVII, N" 23.) 1 jO
994 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lequel correspond à 02^°', 3 d'alcool mélangé à 47^"', 7 d'eau, le tout à i5°,
donnant le maximum de contraction.
» Pour étudier les mélanges et combinaisons d'alcool et d'eau, nous
avons utilisé un appareil imaginé par l'un de nous (E. Varenne) en mars
1902, et que nous avons l'honneur de présenter à l'Académie sous le nom
de chwno-stiliscope . C'est, en somme, un capillo-viscosimètre à pression
constante, de construction très simple, de fonctionnement très précis,
mais sur lequel nous n'insisterons pas dans celte Note.
» Pour opérer avec cet appareil, il suffit de le remplir du liquide à étu-
dier et de noter exactement le temps de passage T du trait supérieur au
trait inférieur. La valeur T représente le temps d'écoulement du volume
de liquide compris entre les deux traits de l'appareil.
» Or, la loi de Poiseuille est représentée par la formule
dans laquelle Q est le nombre de millimètres cubes de liquide écoulé pen-
dant une seconde, H la hauteur de chute, D le diamètre intérieur du tube
capillaire et / sa longueur.
» Si l'on représente par V le volume total de liquide écoulé pendant le
temps T, on a
V = QT; d'où K^' = ^.
» Dans le cas du chrono-stiliscope, les valeurs —j— et V élaiit constantes,
on peut écrire
K = ^-
» Donc le coefficient de dépense K de chaque liquide est fonction in-
verse du temps d'écoulement T observé; à condition bien entendu que la
température soit la même. Les variations de R sont donc liées à celles
de T.
» Pour appliquer ce jirincipe au cas qui nous occupe ici, nous avons d'abord déler-
miné isolément les temps d'écoulement de l'alcool absolu et de l'eau distillée; puis
nous avons, avec ces deux mêmes produits, préparé une série de mélanges contenant :
5'°^ d'alcool + 95^'°' d'eau, 10^°' d'alcool + 90'^°^ d'eau, etc., et, pour chacun d'eux,
nous avons noté le temps d'écoulement. Pour éviter les corrections de température,
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE igoS. gç)5
nous avons opéré dans une salle à température constante. Plusieurs opérations ont été
faites sur le même mélange, et nous avons pris la moyenne de toutes celles dont la
concordance était suffisamment rigoureuse.
» Les résultats obtenus sont consignés dans le Tableau suivant:
Temps
Temps
Volume
Volume
d'écoulement
Volume
Volume
d'écoulement
d'alcool.
d'eau.
en secondes.
d'alcool.
d'eau.
en secondes.
ICO
0
228'
45
55
465'
95
5
284
4o
60
460
90
10
828
85
65
447
85
i5
348
3o
70
4o8
80
20
883
25
75
366
75
25
4i6
20
80
3i5
70
3o
442
i5
85
264
65
35
473
10
90
226 .
60
40
484
5
9-5
200
55
45
502
0
100
168
5o
5o
483
» En prenant pour ordonnées les temps écoulés et pour abscisses les
richesses en alcool, nous avons construit une courbe qui représente les
variations de T, et, par conséquent, celles de K.
» Cette courbe, dont l'ensemble est ellipsoïde, présente plusieurs
sommets, correspondant chacun à une valeur limite de R et, par con-
séquent, à un hydrate défini.
» Le plus important se trouve entre l'abscisse 55 et l'abscisse 5o ; c'est l'hydrate déjà
signalé G^H^4- 8H^0, dont l'existence se trouverait ainsi confirmée.
» Le second est situé exactement à l'abscisse 35 et correspond à la formule
G2H^ + 6H20.
» Un troisième, également bien défini, se trouve au voisinage de l'abscisse 65 et
répond sensiblement à la formule
C2H5.0H + 2H20.
» Indépendamment de ces trois hydrates nettement caractérisés, il semble exister
deux autres hydrates que nous signalons pour le moment et dont nous continuons
l'étude. L'un, entre les abscisses 85-90, dont la composition serait
3(C2H'.OH)-i-2H20;
l'autre entre les abscisses i5-io qui renfermerait environ 22"°' d'eau.
99^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
)) On aurait donc les hydrates suivants :
1° C-U^OH + 2fPO,
2« C2H^0H + 3H-0,
3« Cni^OH -h 6IP0,
4^^ 3(C-H^0H)-f- 2H^0(sesquihydrate),
5"" C-H\OH +22H-O.
» Nous poursuivons ces recherches en les détaillant et les appliquant à
d'autres alcools que l'alcool éthyliqne.
» Il convient d'ajouter que notre méthode de chrono-stiliscope est géné-
rale et peut s' appliquer à d'autres cas intéressants (vitesses de dissociation,
d'éthérification, poids moléculaires, etc.). Nous nous réservons de pour-
suivre ce genre d'études. Et même déjà, à titre documentaire, nous avons
constaté que le coefficient K„j des mélanges d'alcool et d'essence de téré-
benthine est sensiblement la moyenne arithmétique des coefficients K^,,.
et Res3 de l'alcool et de l'essence. Dans ce cas, il y a donc simple dissolu-
tion et pas de combinaison. Il y a là une intéressante méthode de vérifi-
cation et de recherches. )>
CHIMIE VÉGÉTALE. — Production et distribution de quelques substances orga-
niques chez le Mandarinier. Note de MM. Eug. Cha rabot et G. Lai^oue,
présentée par M. Haller,
« Dans une précédente Note {Comptes rendus, t. CXXXVl, p. 1467),
nous avons signalé l'intérêt que présente l'étude de la distribution des
substances organiques chez les plantes à divers stades du développement
de celles-ci. Nous avons fait connaître en même temps les premiers résul-
tats que nous avons obtenus dans cette voie en opérant sur le Géranium.
Depuis, nous avons examiné un ensemble de cas susceptibles de conduire
à des conclusions offrant un certain caractère de généralité. Et c'est pré-
cisément l'un de ces cas que nous allons envisager en étudiant la distri-
bution et la circulation de quelques substances organiques dans le Man-
darinier {Citrus madurensis).
» L'un de nous (Comptes rendus, t. CXXXV, p. 58o) a observé que
l'essence extraite des rameaux de Mandarinier renferme des proportions
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE IQoS. 997
,,1 . , , , -, , . . . ,/COOCH^ (0 ^,
notables de methylanthranilate de methyle, G HV „ ,,„3 ) v . JNous
étudierons, dans ce qui va suivre, la répartition de cette substance et de
quelques autres entre les feuilles et les tiges de Mandarinier. Les résultats
de nos expériences, trop nombreux pour pouvoir trouver place dans celte
Note, seront publiés dans un autre Recueil; nous nous bornerons donc à
faire ici l'exposé des conclusions auxquelles nous avons été conduits.
» Développement des feuilles et des tiges. Eau et matière sèche. — Le dosage de
l'eau et de la matière sèche a été effectué : d'une part, sur les jeunes pousses recueillies
en juin igoS, trois mois après la coupe des rameaux, vieux; d'autre part, sur des rameaux
vieux qui avaient été prélevés en mars 1908. Ces dosages ont permis de constater les
faits que voici :
» Au premier stade de la végétation, les tiges sont moins riches en eau que les
feuilles. Il en est encore ainsi au second stade, et l'on peut même ajouter que la
différence ne fait que s'accentuer. La tige subit un accroissement plus sensible
que la feuille.
» Acidité volatile. — L'étude de l'acidité volatile présente, en dehors de l'intérêt
relatif aux phénomènes d'éthérification in vii'o, celui de fournir des indications pré-
cieuses relativement à la genèse des acides dans les végétaux. Dans cet ordre d'idées,
les résultats que nous avons recueillis jusqu'ici nous paraissent concorder, ainsi que
nous aurons l'occasion de le montrer plus tard, avec l'opinion de MM. Berthelot et
André : ces savants pensent que les acides sont, chez la plante, des produits de réduc-
tion incomplète de l'acide carbonique.
» L'acidité volatile va en diminuant sensiblement depuis la tige jusqu'au bois.
Dans un même organe elle est plus notable lorsque celui-ci est jeune que lorsque son
développement est plus avancé. Mais, en valeur absolue, la quantité d'acide volatil
est plus élevée chez une feuille vieille que chez une feuille jeune. Il découle de
cette dernière observation que, au fur et à mesure de la végétation, il se forme une
quantité d'acide volatil supérieure à celle qui disparaît.
» Methylanthranilate de mélhyle, composés terpéniques. — Pour étudier la dis-
tribution de l'huile essentielle et, en particulier, du methylanthranilate de méthyle,
nous avons opéré plusieurs coupes de jeunes pousses et de rameaux vieux. Les feuilles
et les tiges ont été distillées à part et, au cours de quelques opérations, nous avons
non seulement recueilli l'essence qui se sépare de l'eau après distillation, mais encore
extrait celle que les eaux tiennent en dissolution. Ainsi, les richesses en essence des
tiges et des feuilles ont été déterminées à deux stades différents de la végétation et les
diverses huiles essentielles obtenues ont été soumises à l'analyse. Des résultats fournis
par nos expériences nous avons pu dégager les conclusions que nous allons formuler :
» C'est lorsque la feuille est jeune que les composés odorants se forment le plus
activement. Ils sont plus abondants dans la feuille que dans la tige, surtout lorsque
les organes sont jeunes. Plus tard, une nouvelle quantité de methylanthranilate de
méthyle apparaît dans la feuille, tandis que le poids de ce corps contenu dans la
C)()8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tige s'accroît aussi, mais dans des proportions moindres. Le poids de terpèiies
diminue dans la feuille; toutefois, la perte que subit cet organe est inférieure au
gain que réalise la tige, ce qui montre qu'il n'y a pas eu consommation de ces corps,
mais que, au contraire, il s'en est formé une quantité assez importante dans l'inter-
valle considéré.
» Nous avons constaté que l'essence extraite des feuilles vieilles est sensiblement
plus riche en méthylanthranilate de méthyle que celle retirée des tiges. De même, les
huiles essentielles extraites des eaux de distillation renferment une proportion de cette
substance plus notable que les essences qui se séparent spontanément. En d'autres
termes, le méthylanthranilate de méthyle est plus soluble dans l'eau que les composés
terpéniques. Il semble donc que l'essence de feuilles s'enrichisse pendant la végéta-
tion en produits soluhles, à l'inçerse de ce qui a lieu dans l'essence de tiges. On
observe, en effet, que la première renferme une proportion croissante de méthylan-
thranilate de méthyle, tandis que la seconde, au contraire, s'enrichit sensiblement
en composés terpéniques.
» Cette constatation, relative à l'accumulation des produits les moins solubles dans
l'essence de la tige, cependant que l'huile essentielle de la feuille réunit les produits
les plus solubles, nous permettra, en essayant de la généraliser, de jeter quelque
lumière sur les phénomènes de circulation des matières odorantes chez les plantes. »
CHIMIE AGRICOLE. — Sur les caractères chimiques ries vins provenant de
vignes atteintes par le mildew . Note de M. Emile Maxceau, présentée par
M. Troost.
« Le Peronospora viticoia ou mildew se développe en parasite, comme
on sait, sur divers organes de la vigne et tout particulièrement sur les
feuilles. Les conditions de la végétation sont anormales, et le raisin, même
indemne de toute attaque cryptogamique, qui provient de ces vignes,
donne un vin défectueux et sujet à des altérations multiples.
)) Pour préciser la différence de composition chimique existant entre
de tels vins et des vins normaux, il importe, tout d'abord, d'obtenir des
vins comparables, provenant de deux vignes identiques dont l'une serait
atteinte du mildew et dont l'autre serait indemne.
)) Mais cette immunité exige l'emploi des pulvérisations cupriques et
l'on peut se demander si les sels de cuivre, dont l'action est manifeste sur
la coloration des feuilles, n'ont pas une influence plus profonde.
» Pour mettre en évidence l'influence du mildew, aussi bien que l'in-
fluence problématique des sels de cuivre, nous avons séparé une vigne en
trois parties, au début de la végétation. L'une des parcelles ne reçut aucun
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE igoS. 999
traitement cuprique. Une seconde parcelle reçut trois sulfatages, comme
en reçoivent ordinairement les vignes de la même région. Enfin, sur la
troisième parcelle, nous avons multiplié le nombre des pulvérisations,
dans le but d'exagérer l'influence des sels de cuivre. Cette parcelle a été
sulfatée quatorze fois.
» L'expérience a débuté le 12 juin igoS, sur une vigne de végétation homogène,
plantée en pinot noir depuis 26 ans. La surface, d'environ 3o ares, affecte la forme
d'un rectangle qui fut partagé en trois rectangles contigus égaux.
» La partie non sulfatée fut bientôt envahie par le mildew. Les deux autres parcelles
furent préservées et conservèrent leurs feuilles vertes.
» La récolte eut lieu le i*"" octobre igoS. L'apparence des grappes était identique
sur les trois parcelles; le mildew ne s'était pas développé sur les grappes.
» Sur la récolle de chaque parcelle, on préleva 5o''S de raisins dont on retira, suivant
la méthode champenoise, 25' de moût de cuvée. Ces moûts subirent les mêmes mani-
pulations, fermentèrent dans le môme cellier.
» L'analyse des moûts donne comme principaux résultats :
» Le moût de la vigne atteinte de inildew est un peu moins sucré et plus acide que
les moûis de vigne sulfatées; ces deux derniers possèdent la même densité, mais on
trouve plus de sucre et moins d'acidité pour la vigne sulfatée avec excès. Les matières
minérales sont moins abondantes dans le premier moût, sans que cette diminution
atteigne l'acide phosphorique et la potasse, dont les poids sont peu différents pour les
trois moûts.
» Mais il existe une disposition très remarquable entre les poids de matières orga-
niques azotées. Nous avons obtenu les chiffres suivants, par litre de moût :'
Azote total. Azote ammoniacal.
s g
Parcelle atteinte de mildew i j^jo o> 17^
» sulfatée 3 ^fois 0,940 o, i64
» sulfatée i4 fois 0,800 o, i5o
» Nous entendons par azoLe aniinoiiiacal l'azote dosé par distillation du moûtavec
la magnésie.
» L'analyse des vins donne des résultats correspondants. La fermentation a été aussi
complète que possible dans les trois vins, qui ont conservé moins de is de matières
réductrices par litre.
» Le vin de la vigne atteinte de mildew est moins riche en alcool et plus acide, mais
il se distingue surtout des deux autres par un poids très élevé de matières azotées.
» Nous avons trouvé, par litre de vin :
Azote total. Azote ammoniacal.
g g
Parcelle atteinte de mildew 0,860 0,024
» sulfatée 3 fois o,456 0,011
» sulfatée i4 fois o,36o 0,0 lo
1000 ACADEMIE DES SCIENCES.
» L'influence du mildew est très nette. Il n'en est pas de même pour
l'influence des sulfatages qui reste douteuse.
)) Nous avons étudié, depuis lo ans, les variations des poids d'azote
total dans les moûts et dans les vins de la région champenoise. Les
influences des saisons, du cépage, du mode de culture, du sol sont très
caractérisées, mais les maxima relatifs d'azote correspondent à des vignes
atteintes de mildew. L'expérience actuelle confirme et précise ces obser-
vations antérieures.
» Si l'on cherche à isoler par la chaleur, parla concentration, par divers
réactifs, les matières albuminoïdes contenues dans un \m de Champagne
normal, on obtient des précipités complexes, dissociables, soumis à des
modifications incessantes. Ces précipités contiennent toujours des tannins,
et la présence de ces tannins, même en proportion très fiiible, explique
cette instabilité que nous avons étudiée dans les gallotannates en 1896.
» En traitant comparativement, pour en précipiter des tannâtes albu-
minoïdes, des vins de vignes atteintes de mildew et des vins normaux, ou
peut obtenir des précipités bien plus abondants dans les premiers vins.
» Ces albumines, combinées à des poids variables de tannin et à d'autres
substances, jouent un rôle très important dans la préparation des vins
mousseux et tout particulièrement des grands vins de Champagne. Elles
constituent l'un des aliments de la levure pendant la seconde fermentation
ou prise de mousse; une partie de ces albumines se précipite et modifie la
nature du dépôt dans la bouteille. Après la prise de mousse, dans le vin
dégorgéel limpide, des changements d'équilibre chimique, dont les causes
sont multiples, peuvent provoquer des précipités qui s'agglomèrent sous
la forme d'une barre longitudinale ou, parfois, d'une lentille. Cette préci-
pitation s'accompagne souvent d'un développement microbien que favorise
l'excès de matières azotées.
)) Ces accidents sont très fréquents dans les vins mousseux provenant de
vignes atteintes du mildew.
» En résumé, ces vins se distinguent d'un vin normal qui leur soit com-
parable par un ensemble de caractères chimiques dont le plus mportant,
de beaucoup, est la proportion exagérée de matières albuminoïdes. »
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE igoS. lOOI
MINÉRALOGIE. — Su/ la délerminalion de la forme primitive des cristaux.
Note de M. Fred. Wallerant, présentée par M. de Lapparent.
« Bien des difficultés, rencontrées en Cristallographie, proviennent de
ce que, en général, nous ne savons pas déterminer la forme primitive,
et de ce que nous sommes obligés d'adopter un parallélépipède, n'ayant
que des rapports lointains avec cette forme primitive. J'ai déjà donné une
solution du problème, basée sur la considération des groupements natu-
rels; je voudrais montrer aujourd'hui que les macles artificielles (macles
secondaires des cristallographes allemands) fournissent des renseignements
plus complets : chaque macle naturelle nous donne soit une face, soit une
arête de la forme primitive, tandis qu'une macle artificielle nous fournit à
la fois une face et une arête de cette même forme.
» On sait que, dans la déformation par translation proportionnelle, défor-
mation qui préside à la production des macles artificielles, une droite et
une seule, la rangée principale, vient occuper une position symétrique
relativement au plan de glissement. Or j'ai démontré que, dans une trans-
lation proportionnelle, un polyèdre ne pouvait se transformer en son symé-
trique relativement au plan de glissement, que si ce dernier était un plan
diamétral ayant pour direction conjuguée la rangée principale. Pour appli-
quer ce théorème aux systèmes réticulaires, il faut chercher les plans diamé-
traux d'un tel système; ceux-ci doivent évidemment se retrouver dans le
noyau; or les plans diamétraux d'un parallélépipède sont, d'une part les
plans parallèles aux faces, passant par le centre, et ayant pour directions
conjuguées les arêtes du parallélépipède, d'autre part les plans diagonaux
ayant pour directions conjuguées les droites qui joignent les milieux de
deux arêtes opposées.
» Par conséquent, en déterminant le plan de glissement et la rangée
principale d'une macle artificielle, on obtient soit une face et une arête
de la forme primitive, soit un plan diagonal et une diagonale de cette
même forme. On détermine donc ainsi deux éléments de la forme primitive,
qui se trouvera complètement définie par l'étude d'une seconde macle
artificielle. »
C, K., 1903, 2' Semestre. (T. CXXXVII, N» 23.) ' -'* '
I002 ACADEMIE DES SCIENCES.
ZOOLOGIE. ~ Revision des Némalodes libres, marins, de la région de Cette.
Note de M. Etienne de Rouville, présentée par M. Alfred Giard.
« Ayant, depuis bientôt deux ans, entrepris la revision des Nématodes
libres, marins, de la région de Cette, je publie aujourd'hui mes premiers
résultats.
» Les dix-sept genres et les vingt espèces que j'ai examinés ont été
recueillis dans le seul Canal des B ourdi gués ; trois espèces et un genre sont
nouveaux pour la Science. En voici la liste par ordre alphabétique :
» 1° Genre Acantopharynx M.; l'espèce de Cette est VA. oculala M. {Enoplus
gracilis Eb.).
» 2° GenvQ Anticoma B. Espèce nouvelle : A. Calveti. Caractères : queue plas grande
que celle des quatre espèces de Bastlan. Contrairement à A. acuminata Eb. et à
A. acuminata trouvée en 190 1 par von Daday dans l'Adriatique, mon espèce ne pos-
sède aucune dent. Contrairement à A. tyrrhenica de M. (Naples), mon espèce
présente de petites soies sur tout le corps. Enfin, contrairement à A. leptura {Steno-
lainius lepturus M.), elle ne possède pas, dans la région céphalique, les papilles très
saillantes de l'espèce de Marseille. Je dédie cette espèce nouvelle à mon collègue et
ami, M. Calvet.
» 3° Genre Chromadora B. Je considère, pour le moment, cette espèce comme
la C. natans B.
» 4° Genre Comesoma B. L'espèce de Cette est la C. vulgaris B. (Comesoma
vulgare de M. ).
» 5° Genre Cyatholainius B. Distincte des deux, espèces de Naples, mon espèce
rappelle beaucoup le C. cœcus B.
» 6° Genre Desmodora^e M. L'espèce de Cette est le B. augusticollis v. Daday
(Adriatique), bien distinct des deux espèces étudiées par de Man. Une seconde espèce
est encore douteuse pour moi.
» 7" Genre Enoplus Duj. et Bast. Mon ver est VE. tridentatus trouvé en i845 par
Dujardin à Cette.
» 8° Genre Eurystoma M. L'espèce de Cette est \Eu. ornatuni Eb. {Enoplus
ornatus Eb. Eurystoma tenue M.).
» 9° Genre Leptosomatum B. Mon Nématode est le Z,. bacillatum Eb., retrouvé en
1876 par de Man à Naples.
» 10° Genre Monohystera B. J'ai trouvé à Cette, à côté de M. fdiformis B. et de
M. gracilis de M., une espèce nouvelle : M. de Mani. Sa cavité buccale est très com-
pliquée et sera figurée dans mon Mémoire. Corps brusquement rétréci dans la région
de la queue. Je dédie cette espèce à M. le D'" de Man.
» 11° Genre Oncholaimus Duj. et Bast. Genre représenté à Cette par O. albidus
de M. et O. Dujardinii de M., qui vivent en compagnie avec ISotomastus Benedeni)
Poljdora flaça et P, ciliata.
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE igoS. lOo3
» 12° Genre Phanodenna B. Ce ver se distingue des trois espèces déjà décrites
dans la Méditerranée par son armature buccale qui présente deux sortes de mandi-
bules. Espèce douteuse.
» i3° Genre Sabatieria nov. gen. Ce ver rappelle tout d'abord un des genres :
Comesoma, Spira ou Aracolaimus, mais se distingue facilement de ces Nématodes :
a. Spicules beaucoup plus courts, et pièce accessoire dirigée en arrière; b. Queue
beaucoup moins large que celle à''Ar. elegans. Cavité buccale passant directement,
sans se rétrécir, dans l'œsophage. Bulbe œsophagien légèrement renflé. Organes laté-
raux spiroïdes. Je dédie ce genre nouveau à mon maître, M. le Professeur A. Sabatier.
» i4° Genre Spilophora B. Ce ver rappelle par sa queue la Sp. gracilicaudata
de jM. et le Cyath. longicaudalas de M. 11 existe cependant entre ces vers certaines
différences essentielles : les organes latéraux de ma Spilophora Giardi ont de nom-
breux tours de spire. Mon espèce n'a pas les deux dents « de requin » de la Sp. gra-
cilicaudata, mais possède dans la bouche six petites éminences coniques (dents?); sa
queue est encore plus effilée; elle n'a pas, d'autre part, la bouche caractéristique des
Cyatholaimus, et elle possède des organes latéraux. Cuticule présentant des séries
transversales de points très fins. Pas d'yeux. En arrière des organes latéraux, deux
séries de trois soies chacune et opposées latéralement. Je dédie cette espèce nouvelle
à M. le Professeur A. Giard.
» i5° Genre Spira B. C'est la Spira parasitifera B. Les algues filiformes, ectopa-
rasites sur ce ver, ne se trouvaient que sur la queue.
» i6" Genre Sfmplocostonia B. {Amphisteiius M. Enopliis Eb. p.). L'espèce de
Cette est le S. teniiicolis de M. {EnopLus tennicolis Eb., Amphistenus agilis M.).
Elle est particulièrement allongée, très mince et très élégante.
» 17° Genre Terschellingia de M. Mon ver est la T. commuais de M. Une seconde
espèce de ce genre, dont je n'ai observé que des femelles, se distingue de la précé-
dente par les caractères tirés de la couleur, de la forme de la queue, des soies cépha-
liques et de l'œsophage.
» Tels sont les Nématodes libres récoltés dans le canal des Bourdigues.
Vu l'espace limité dans lequel j'ai effectué mes pêches, j'espère pouvoir
bientôt enrichir cette collection de vers, déjà considérable. Ces premiers
résultats donnent bien, me semble-t-il, raison à Marion qui, en 1870,
écrivait : « Cette grande famille des Nématodes libres atteindra un jour
l'importance du grand groupe des Annélides. »
ZOOLOGIE. — Sporozoaùe parasite des Moules et autres Lamellibranches
comestibles. Note de M. Louis Léger, présentée par M. Alfred
Giard.
« Le Sporozoaire qui fait l'objet de la présente Communication est extrê-
mement fréquent dans les Moules {Mytilus edulis L.) du golfe du [Calvados.
jOo4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Aux environs du laboratoire de Luc-siir-Mer où j'ai fait ces recherches,
presque loutes les Moules de laille moyenne sont infestées. L'aire de
répartition du parasite est d'ailleurs bien plus grande, car, d'après les
observations que J. Gucrin, de la Faculté des Sciences de Rennes, a bien
voulu faire sur ma demande, les Moules de la baie de Bourgneuf, dans la
Loire-Inférieure, sont également envahies.
» Le parasite s'observe en outre dans les Mactres (M. solida L.), les
Donax {D. viltatus da Costa), les Tapes (T. yO////«5/ra Mont.), les Tellines
(2'. ballhica L.), jusque sur les côtes du Boulonnais, mais moins fréquem-
ment que dans les Moules. Par contre, les Huîtres (0. edulis L.) m'ont
toujours paru indemnes, ainsi que les Moules (/!/. gallo-provincialis Lam.)
de la Méditerranée.
» Le plus souvent, on rencontre le parasite uniquement sous forme de sporocvstes
isolés, géminés ou en amas irréguliers de nombre variable, situés dans les vaisseaux
des filaments branchiaux. Parfois on en trouve aussi quelques amas moins importants
dans le tissu conjonctif des palpes labiaux et autour de l'intestin, du foie et du rein.
L'épithélium intestinal m'a toujours paru indemne.
» Les sporocystes mûrs, longs de laH-, sont ovoïdes, acuminés aux pôles et ren-
fernjent un sporozoïte unique très long (25S^- à 28I-''), car il est repb'é deux fois à leur
intérieur.
» Le sporozoïte a la forme d'un vermicule qui va en s'effilant vers l'extrémité posté-
rieure. L'avanl se termine par un rostre court au-dessous duquel se voit souvent un
pelit espace clair comme une vacuole dans laquelle l'iiématoxyline ferrique colox^e un
corpuscule effilé. Le noyau est situé vers le tiers antérieur et montre un gros karyo-
some et quelques petits grains chromatiques. Le reste du cytoplasme du sporozoïte est
jaunâtre et finement granuleux.
» La paroi du sporocyste est épaisse, à double contour et très résistante. Elle est
entourée d'une large zone piriforme, homogène, d'aspect gélatineux.
)) Sous cette forme de sporocyste mûr, le parasite rappelle beaucoup un
organisme que Aimé Schneider ( ') a signalé dans les cellules du tissu con-
jonctif du manteau des Soien. Comme il n'a pas vu d'autres stades de déve-
loppement, il le regarde avec quelque doute comme un Sporozoaire du
groupe des Coccidies et lui donne le nom générique de Nematopsis.
» Sans pouvoir affirmer que le parasite des Moules soit spécifiquement
identique à celui des Solen que je n'ai pas réussi à retrouver dans les quel-
(') A. ScuNEiDER, Signalement d'un nouveau Spofozoai're {Tablettes zoologiques.
Poitiers, 1892).
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE 1903. IOo5
ques individus que j'ai examinés, je suis convaincu qu'il s'agit tout au
moins d'un organisme très voisin, et je nommerai Nemalopsis Schneideii
l'espèce que j'ai trouvée dans les Mollusques précités.
» Dans la Moule, les sporocystes niùrs s'accumulent dans les capillaires branchiaux
forniant, par places, des amas ou des traînées qui s'accroisi-ent peu à peu en rétré-
cissant le canal sanguin. Chaque traînée peut renfermer jusqu'à 70 sporocystes, mais
il n'est pas rare de trouver des sporocystes isolés ou des groupes très peu nombreux.
Ces amas parasitaires sont disséminés assez irrégulièrement dans les branchies; toute-
fois, on n'en voit pas sur leur bord libre. En général, plus la Moule est grosse, plus
les sporocystes sont nombreux, et, dans un exemplaire de taille moyenne, c'est par
milliers qu'on les compte sur chaque lame branchiale.
» Cette extrême fréquence des sporocystes s'explique facilement par leur persistance
dans l'hôte après chaque infection nouvelle. Au contraire, les stades végétatifs se
voient très rarement, car on ne peut les observer que durant la période aiguë d'une
infection. Aussi ai-je dû examiner un nombre considérable de Moules avant de trouver
les formes que je considère comme appartenant au cycle endogène du parasite. Ce
sont des corps en croissant, de forme plus ou moins renflée selon leur taille, qui se
développent dans l'épithélium rénal et se \ oient tantôt fixés par une de leurs pointes
entre les cellules, tantôt appliqués à leur surface par leur côté concave, tantôt libres
dans la ca\ité du rein. Les plus gros atteignent une longueur de 3o!^-; ils montrent un
noyau central avec un gros karyosome et de fines granulations chromatiques sur un
réseau. Leurs mouvements extrêmement lents sont à peine perceptibles.
» Sur le vivant, on remarque que ces croissants sont de deux sortes : les uns forte-
ment réfringents renfermant des grains de pigment; les autres, tout à fait hyalins et
si pâles qu'on a peine à les distinguer, bien que leur cytoplasme soit chargé de petits
grains sphériques. Je ne puis encore dire s'il s'agit ici d'une différence sexuelle, mais
j'ai vu plusieurs fois des croissants étroitement accolés deux à deux par leur côté pri-
mitivement concave.
» J'ai observé une fois un de ces couples dans le tissu conjonctif périrénal, ce qui
me porte à penser que, comme chez certaines Coccidies, les copulas émigrent dans les
zones conjonctives sous-épithéliales d'où les sporocystes se répandent dans le sang
pour s'accumuler peu à peu dans les vaisseaux. Comme ces sporocystes ne peuvent
être mis en liberté qu'à la mort de l'animal, il est possible que l'évolution du Nema-
lopsis comporte, comme celle des Hémococcidies, un changement d'hôte.
» Il est à noter que presque toutes les Moules infestées hébergent des Pinnothères
eux-mêmes parasités par une Grégarine gymnosporée, VAggregata cœlomica Léger.
» Mes observations sont encore trop incomplètes pour en déduire le
cycle évolutif du parasite; toutefois, elles montrent que le Nemalopsis est
incontestablement un Sporozoaire du groupe Coccidies-Grégarines . C'est,
selon toute probabilité, une Coccidie monozoïque, mais son évolution
diffère certainement de celle des Coccidies monozoïques typiques (^Bar-
IOo6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rouxia, Echinospora, etc.) en raison de la localisation différente des stades
végétatifs et des sporocystes.
» Les Moules infestées par les Nematopsis ne montrent pas d'altérations
pathologiques générales caractéristiques; leur coquille est souvent, il est
vrai, irrégulièrement épaissie, mais ceci indique un vice de nutrition qui
peut s'observer indépendamment de l'invasion parasitaire.
» Au point de vue de Fhygiène alimentaire, ces moules parasitées ne
paraissent pas devoir être considérées comme nuisibles d'après les expé-
riences que j'ai faites sur moi-même. J'ai absorbé, en effet, à trois reprises
différentes, douze Moules vivantes dont les branchies étaient criblées de
Nematopsis sans en ressentir aucun malaise. »
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — De la filosité des pommes de terre. Note de
M. G. Delacroix, présentée par M. Prillieux.
u Le terme de filosité désigne pour le tubercule de la pomme de terre
une tendance à développer des bourgeons qui s'allongent considérablement
et restent grêles.
» Plantés dans le sol, les tubercules filants ne donnent généralement que des pousses
mal venues, ne produisant parfois aucune tige aérienne ou n'en émettant que de
malingres qui ne tardent gas à se dessécher. Quelquefois, la végétation, tout en res-
tant faible, arrive à se poursuivre, et, sur certaines variétés, on constate les symp-
tômes de la frisolée, afTection bien connue par ses symptômes, qui ont déjà été
observés et décrits au xvni^ siècle, mais dont la cause reste encore obscure; les feuilles
sont alors d'un vert pâle, gaufrées, appliquées contre la tige. Dans un sol riche, favo-
rable à la pomme de terre, les tubercules peuvent prendre naissance; mais, replantés,
ils présentent inévitablement les caractères de la maladie.
» A l'arrachage, les tubercules, voués à la filosité, ne montrent j^as de caractère
qui permette de les reconnaître avec certitude. Ce n'est que vers la fin de l'hiver que
la présence des germes filants commence à se rencontrer.
» A ce moment,, ces tubercules sont souvent ou plus mous ou plus durs qu'à l'état
normal, et, à l'examen microscopique, on y trouve, mais pas nécessairement, divers
organismes •.Bacillus solanincola G. Del., B. caulivorus Prill. et Del., plus rare que
le premier, et aussi Fusarium, Solani (de Martius) Sacc, espèce saprophyte, qui
peut pénétrer les tubercules, grâce à l'état de demi-asphyxie dans lequel ils sont sou-
vent placés pendant la période de repos hivernal. Les deux bactéries ramollissent les
tubercules; le Fusarium Solani, au contraire, les durcit.
» Ces organismes pouvant être absents, on ne peut leur attribuer la cause de la
filosité, non plus qu'à la sécheresse possible du sol, qui n'est ici qu'une circonstance
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE igoS. 1007
accessoire. La cause réelle doit être cherchée plus haut; et la présence de certains
organismes dans le tubercule d'une part, de l'autre la production de la fîlosité sont
deux manifestations d'apparence très différente d'une cause unique.
» Cette cause réside dans l'état de déchéance et d'infériorité vitale dont
peuvent être atteintes nombre de variétés de pommes de terre ; la
déchéance est amenée par le procédé exclusivement employé dans la cul-
ture pour la multiplication de la pomme de terre.
» Ce procédé n'est qu'un bouturage perfectionné, et la reproduction sexuée étant
absente, la variation est réduite à son minimum et ne peut provenir que du milieu
extérieur, le terrain ou les agents atmosphériques. Or, ces conditions peuvent être
défavorables, et, de ce fait le milieu interne, c'est-à-dire la cellule, membrane et con-
tenu, se modifie chimiquement. L'action de la cause étant incessante, ces caractères
acquis deviennent héréditaires dans la série des générations suivantes, et la pénétration
d'organismes qui, à l'état normal, sont sans doute sans action sur la plante est rendue
ainsi possible et fréquente. On sait d'ailleurs qu'Emile Laurent a pu, en affaiblissant
des tubercules de pommes de terre, les faire parasiter par des races de bactéries
banales, qu'il parvenait ainsi à douer d'une puissante virulence. Dans le cas actuel,
l'effet aggrave encore la cause, de sorte que le tubercule, mal muni de réserves par
suite de la végétation défectueuse de la planle-mère, incapable peut-être d'élaborer
les diastases destinées à une convenable utilisation de ces réserves, ce tubercule
végète d'une façon misérable et devient incapable de perpétuer l'espèce.
» La germination anticipée des tubercules à la lumière, qui permet d'éliminer les
tubercules filants, suivie d'une culture rationnelle, peut être un palliatif; mais il est
insuffisant, car la filosité reparaît au bout de quelques générations.
» Le semis des graines est un moyen certain, mais le résultat exige plusieurs années
de recherches et d'observations multiples. Ce procédé est d'un usage courant en horti-
culture et en agriculture, et l'on doit reconnaître que la reproduction sexuée, quand
elle est suivie d'une sélection bien conduite des produits du semis, permet seule de
modifier dans une large mesure et d'améliorer au profit de l'homme les qualités natu-
relles que présentent certains végétaux.
» Parmentier, qui avait déjà observé la dégénérescence des pommes de
terre, conseillait le semis comme le seul moyen d'y remédier ; et, depuis
le xviii'' siècle, cette méthode appliquée à la pomme de terre a donné les
meilleurs résultats.
» Mais le problème étant ainsi posé, sa solution n'est plus du domaine
de la pathologie végétale et devient un sujet d'agronomie pure. »
IOo8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
GÉOLOGIE. — Sur le système permien dans les Pyrénées françaises et espagnoles.
Note de M. J. Caralp, présentée par M, de Lapparent.
« Longtemps le système permien n'a été connu qu'aux deux extrémités
des Pyrénées et seulement sous la forme des grès rouges.
» Des recherches poursuivies pendant plusieurs années m'ont permis de
constater non seulement que ce système était largement représenté dans
toute la chaîne, y compris le versant espagnol, où sa présence n'avait
jamais été soupçonnée, mais qu'en dehors des grès rouges, équivalents du
Rothliegendes d'Allemagne, c'est-à-dire de l'étage moyen ou saxonien, on y
pouvait reconnaître : d'abord l'étage supérieur, formé de dolomies métal-
lifères et de brèches calcédonieuses (Ariège), ou d'argilites rouges avec
conglomérats très puissants (vallée de la Sègre en Catalogne); ensuite
l'étage inférieur, autrefois complètement ignoré.
)) Ce dernier est susceptible de deux faciès; l'un continental, analogue à
l'Autunien de l'Aveyron et de l'Hérault; l'autre, marin, et inconnu jus-
qu'ici dans l'Europe occidentale.
» J'ai eu la bonne fortune de découvrir ce faciès marin, il y a dix ans,
dans les environs de Saint-Girons. Depuis lors, je l'ai retrouvé dans
d'autres localités de l' Ariège, ainsi qu'à Lez (Haute-Garonne) et dans la
vallée de l'Aude.
» La faune que j'ai recueillie est relativement riche et variée. Elle renferme des
Crinoïdes, des Bryozoaires, des Brachiopodes, des Lamellibranches, des Gastropodes,
des Ammonées et quelques Trilobites. Son principal intérêt réside dans les Ammonées,
dont plusieurs, comme Fa reconnu M. Haug, se rapprochent des types découverts par
M. Gemmellaro aux environs de Palerme. Elles se rapportent aux genres Daraelites,
Paraceltites, Gasirioceras, etc.; d'autres, telles que Pronorites, sont apparentées
aux formes d'Artinsk (Oural); quelques-unes enfin sont spéciales aux Pyrénées.
» Par ses Pronorites et Gasirioceras, le Permien de FAriège a des affinités avec le
Carboniférien; mais l'abondance des Paraceltites et la présence de Daraelites lui
impriment un cachet plus récent.
» Les couches fossilifères de Saint-Girons, presque exclusivement com-
posées de schistes verdâtres ou brunâtres, appartiennent donc à YArtinsHen.
se plaçant à la hauteur des couches d'Artinsk (Oural), du val de Sosio
(Sicile) et du Salt-Range (Inde). Elles attestent que, dans la région
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE IQoS. 1009
pyrénéenne, la mer a persisté jusqu'à l'époque saxonienne. Pendant le
Carboniférien, celte mer formait sur l'emplacement de la chaîne une nappe
très étendue. Pendant le Permien inférieur, il n'y a plus sur la partie nord
qu'un golfe, une sorte de fjord, largement ouvert sur la Méditerranée et
remontant jusqu'aux hautes Pyrénées, mais probablement sans dépasser
le plateau de Lannemezan ; car, dans la vallée d'Aure, le Rouiller présente
déjà des alternances marines et continentales et, plus à l'ouest, le Permien
et le Rouiller sont exclusivement continentaux.
» Mais cette histoire ne s'applique qu'au versant nord de la chaîne, et
la réfi^ion où les formations sont demeurées continentales indique une
autre succession de phénomènes.
» En effet, j'ai constaté que le Permien inférieur, en concordance à peu
près parfaite avec le Carboniférien supérieur, était recouvert en discor-
dance par les argiliteset les grès rouges du Permien moyen, lesquels, à leur
tour, supportaient en discordance et même en transgressivité les couches
du Trias.
» Comme, d'autre part, le Rouiller d'eau douce ou Stéphanien est en
discordance sur le Carboniférien inférieur marin ou Dinantien, on peut en
inférer que, dans les Pyrénées, le Permien, absolument distinct du Trias, se
divise en deux groupes, l'un composé de l'étage supérieur et de l'étage
moyen, l'autre faisant corps avec l'ensemble du Carboniférien : analogies
que confirme la composition minéralogique des assises.
» La première émersion des Pyrénées, sous forme de dômes, date de la
fin des temps dinantiens. Dans les synclinaux et les dépressions intermé-
diaires s'accumulèrent alors, au sein de lacs d'eau douce, les sédiments du
Rouiller, puis ceux du Permien inférieur. Un mouvement du sol, produi-
sant la discordance saxonienne, inaugura le dépôt des étages moyen et supé-
rieur; après quoi la discordance triasique accuse une invasion progressive
de la mer, atteignant son apogée avec les temps jurassiques. »
GÉOLOGIE. — Observations relatives à la tectonique de la haute imllée de la
Jalomita (^Roumanie). INote de M. J. Beiu;erox, présentée par M. Michel
Lévy.
« La haute vallée de la Jalomita (Roumanie) traverse, suivant une
direction nord-sud, l'extrémité nord-est des Carpathes méridionales. Sur
G, R., 1903, 2« Semestre. (T. CXXXVII, N" 23.) 1^2
lOlO ACADEMIE DES SCIENCES.
le flanc sud de ce massif, formé par des schistes à séricite, reposent, en
discordance de str atificalion, des assises secondaires. Grâce à des galeries
ouvertes dans ces dernières pour la recherche du charbon, j'ai pu, assisté
de M. Mrazec, professeur à l'Université de Bucarest, reconnaître l'allure
des couches.
» Celles du Jurassique inférieur sont toujours laminées, étirées; parfois le charbon
du Lias forme des amas irréguliers, contournés, comme à Brandus. Les calcaires blancs
du Jurassique supérieur et du iNéocomien, constituent de grands îlots ou klippes,
entourés par le Génomanien comme à Zanoaga, ou encore situés au contact du Céno-
manien et du Barrêmien comme près de Sinaïa. Des traces de plissements, de lami-
nages, s'y reconnaissent. Par suite de l'élirement du Lias et du Dogger, ces calcaires
reposent parfois directement sur les schistes à séricite.
» Le Génomanien recouvre rarement le Néocomien; mais souvent il repose sur le
Lias et le Dogger, ou encore sur les schistes à séricite. Il est souvent plissé à sa partie
inférieure; les miroirs de glissement et les contacts anormaux entre ses différentes
assises y sont fréquents.
)) En résumé, tous les terrains secondaires dont il vient d'être parlé
présentent, dans la haute vallée de la Jalomita, des indices certains de
charriage. M. Mrazec avait déjà reconnu de pareils accidents dans le
Permien et dans le Jurassique de la région située au sud-ouest de celle
qui nous occupe. Ce ne sont pas de simples glissements sur le versant
méridional des Garpathes; l'allure des couches indique bien qu'il y a eu
refoulement.
» La manière dont se présente le Barrêmien vient encore à l'appui de cette hypo-
thèse, il forme bordure extérieure au Génomanien; l'ensemble des lils calcaires et des
lits marneux est contourné avec plis enchevêtrés les uns dans les autres. On y ren-
contre, comme sur la route de Moroeni à Sinaïa, des blocs énormes de calcaire blanc
du Jurassique supérieur, roulés, arrondis par le frottement.
» Les accidents observés à la base des klippes jurassiques de la haute
vallée de la Jalomita établissent que celles-ci ne sont pas les restes de
massifs jurassiques en place, en partie détruits par les érosions d'âge pos-
térieur; mais, ainsi que l'admet M. Lugeon, elles appartiennent à la partie
inférieure d'une nappe de charriage; ce ne sont plus que des lambeaux
qui apparaissent par suite de déchirures dans le manteau que forment les
terrains plus récents.
» Il est difficile de préciser la région d'où est venue la nappe en ques-
tion. L'allure des couches montre que, d'une manière générale, il y a eu
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE IpoS. loit
charriage vers Test et vers le sud; donc la nappe s'est avancée sous l'action
H'nne force venant sensiblement du nord-onest.
» Le temps m'a manqué pour établir avec certitude l'âge de ce charriage, mais
il est à remarquer que, dans le Sénonien, apparaissent des klippes jurassiques ou
formées de fragments de calcaires jurassiques. D'autre part les coupes publiées par
JMM. Mrazec et Tesseyre montrent que les assises tertiaires ont subi de très nom-
breuses dislocations, et même leurs principales dislocations, avant le Sarmatique su-
périeur. Peut-être le charriage que je viens de signaler date-t-il de cette époque.
» Si l'on rapproche ces faits de ceux signalés par M. Uhlig dans la Tatra
et interprétés par M. Lugeon comme résultant de charriages qui se seraient
produits du sud vers le nord, on est amené à considérer les nappes de
charriage de la région carpathique comme provenant de la dépression
occupée par le bassin tertiaire de Hongrie, c'est-à-dire d'une région en
forme de cuvette. C'est d'ailleurs un fait général comme j'aurai l'occasion
de le prouver en décrivant d'autres régions où j'ai eu occasion d'étudier
des nappes de recouvrement. »
A 4 heures et demie l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures.
G. D.
BULLETIX BIBLIOGRAPHIQUE.
OuVlîAGES REÇUS DANS LA SÉANCE DU 23 NOVEMBRE igoS.
Exposition universelle internationale de rgoo. Rapport général administratif et
technique, par Alfred Picard, Membre de l'Institut. T. M, -« Partie : Congrès,
concours d'exercices physiques et de sports, cérémonies et fêtes, auditions musicales,
matinées littéraires et dramatiques. 8" Partie : Visiteurs de l'Exposition. T. VII.
9" Partie: Services divers de l'Exposition. iC Partie: Concessions d'expositions
payantes, d' établissements de spectacle ou de consommation et d' établissements
divers, ii^ et dernière Partie: Liquidation et bilan de l'Exposition. Paris, Impri-
merie nationale, igoS; 2 vol. in-4°. (Présentés en hommage par l'auteur.)
Traité d'analyse des substances minérales, par Adolphe Carxot, Membre de
IOI2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de l'Institut. Tome II. Métalloïdes. Paris, V^^Ch. Dunod, 1904; i vol. in-8°. (Hommage
de l'auteur.)
Résultat des campagnes scientifiques accomplies sur son yacht par Albert I^'',
Prince souverain de Monaco, publié sous sa direction avec le concours de M. Jules
Richard; fasc. XXIII: Bryozoaires provenant des campagnes de ^Hirondelle
(1886-1888), par Jules Julien et Louis Calvet, avec 18 planches; fasc. XXIV:
Recherches sur l'existence normale de l'arsenic dans l'organisme, par Gabriel
Bertrand, avec 5 figures dans le texte. Imprimerie de Monaco, 1908; i vol. et i fasc.
in-f". (Présenté en hommage par S. A. S. le Prince Albert de Monaco.)
Nouveaux éléments de Géométrie, 'par Ch. Méray, Correspondant de l'Institut;
nouvelle édition refondue et augmentée. Dijon, P. Jobard, 1908; i vol. in-8°.
La Mécanique, exposé historique et critique de son développement, par Ernst
Mach. Ouvrage traduit sur la 4" édition allemande par Emile Bertrand, avec une Intro-
duction de M. Emile Picard, Membre de l'Institut. Paris, A. Herniann, 1904; i vol.
in-S". (Présenté par M. Emile Picard.)
La Vie, par Edouard Peyrusson. Discours prononcé à la séance solennelle de rentrée
de l'École de Médecine de Limoges, le 12 novembre 1908. Limoges, Ducourlieux et
Goût, 1908; I fasc. in-8''.
Annales de l'Observatoire de Bordeaux, publiées par G. Rayf.t, Directeur de
l'Observatoire; t. X. Paris, Gauthier-Villars; Bordeaux, Feret et fils, 1902; i vol.
in-8°. (Présenté par M. Lœwy.)
Suite cariche eleltriche generate dai raggi Asui mctalli nel vuoto: Memoria del
prof. AuGusTO RiGHi. Bologne, 1908; i fasc. in-4".
Veber die lonisierung der Luft durch eine elektrisierte Spitse. von A. RiGiir.
(Extr. de Physikalische Zeitsclirifl, 4*^ année, p. 64 1-645.) Leipzig, S. Hirzel, 1908;
I fasc. in-4".
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI li DÉCEMBRE 1905,
PRÉSIDENCE DE M. ALBERT GAUDRY.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
SPECTROSCOPIE. — Caractères principaux des spectres de lignes et de bandes.
Considérations sur les origines de ces deux spectres. Note de xM. II.
Deslandres.
« Les gaz illuminés ont deux modes vibratoires essentiellement distincts,
qui ont été décelés par l'analyse spectrale et correspondent aux spectres
de lignes et de bandes. La présente Note expose les caractères principaux
des deux classes de spectres, et quelques remarques critiques ou nouvelles
sur leur origine probable. La question est particulièrement intéressante
avec les corps simples qui, comme l'azote, ont à la fois un spectre de lignes
et un spectre de bandes.
» La distinction entre les deux classes de spectres a été faite au début
de l'analyse spectrale, avec de faibles appareils et par de simples diffé-
rences d'aspect. Plus tard, elle a paru superficielle, lorsque l'emploi
d'appareils puissants a montré que les bandes se résolvent aussi en lignes
ou raies fines. Mais ensuite l'étude complète des spectres de bandes a
révélé des différences profondes avec les spectres de lignes, et actuellement
la distinction apparaît bien tranchée et appuyée sur des faits précis.
» J'ai contribué à ce dernier résultat par les recherches poursuivies sur
les spectres de bandes de 1884 à 1890 et, dans une Note des Comptes rendus
(t, ex, 1890, p. 74î), j'ai résumé les points communs et les différences
caractéristiques des deux spectres; mais, depuis, le fossé qui les sépare
s'est encore agrandi.
» Les deux spectres ont une propriété commune importante : ils sont
formés l'un et l'autre par la répétition de groupements de raies sem-
C. H., .900. 2" Semestre. (T. CKXXVU, N" 2-4 ) ^^^
lOl4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
hlables, tels que doiiblels, Lriplets, qiiadriiplets, etc. (Mascart, Liveing
et Dewar, Cornu, Deslandres); mais leurs différences sont fortes et nom-
breuses. Ainsi : i° dans les spectres de lignes, la répétition des grou-
pemenls est réglée par une fonction de la forme N — A —- .^
(Balmer, Rydberg, Rayser et Range), et dans une bande parla fonction
N = A + B(//2 H- y?)'- (Deslandres), N étant le nombre de vibrations;
A, B, A" des constantes elm un nombre entier; 2° le spectre de bandes a plu-
sieurs bandes et l'ensemble des raies est donné par une fonction de la forme
N = /(^n'-p-) X rn'- -+- B/r -|- '^(p') à trois paramètres indépendants m, n, p
qui prennent les valeurs des nombres entiers (Deslandres). Le spectre
de bandes est assimilable à une Table à trois entrées, le spectre de lignes
à une Table d'une seule entrée; 3*^ lorsque la pression des gaz augmente,
les raies du spectre de lignes sont déplacées vers le rouge, mais non les
raies des bandes (Humphreys et Mohler^; 4° dans un champ magnétique
intense, les raies du spectre de lignes sont divisées en composantes mul-
tiples (Lorenlz et Zeeman); dans les mêmes conditions, les raies des
bandes ne sont pas modifiées (Becquerel et Deslandres, Range).
» La cause de ces différences caractéristiques est difficile à discerner,
car elle est liée à la nature intime de la matière qui nous est inconnue.
» Les recherches antérieures sur la question sont nombreuses, et l'on
peut citer les noms de Mitscherlich, Diacon, Plucker, HittorF, Wullner,
Angslrom, Thalen, Gouy, Lockyer. Elles ont conduit à l'opinion suivante,
généralement admise : les spectres de lignes sont dus aux corps simples,
aux atomes proprement dits, et les spectres de bandes, aux corps com-
posés, à de véritables molécides. Ces derniers, en effet, se montrent aux
températures basses avec une excitation électrique ou chimique faible. Si
l'on augmente la température ou l'excitation électrique, il y a dissociation,
et le spectre de lignes peut seul subsister. Dans le cas des corps simples
qui donnent à la fois les deux spectres, les bandes sont attribuées à une
modification allotropique du corps, comparable à l'ozone.
» En 1886, j'ai porté la recherche sur un terrain tout nouveau en signa-
lant et interprétant les différences exposées plus haut dans la structure
générale des deux spectres. Le spectre de bandes, qui est représentable
par une fonction de trois paramètres indépendants, est analogue à l'en-
semble des sons émis par un corps solide qui vibre de la façon la plus
générale, suivant les trois dimensions de l'espace. Ce problème du corps
sonore, et tous les problèmes similaires de variations périodiques, con-
SÉANCE DU l\ DÉCEMBRE igoS. lOl5
duisent aussi à une fonction de trois paramètres, lesquels correspondent
aux trois dimensions de l'espace. Aussi ai-je ajouté : Darfs le spectre de
bandes, tout se passe comme si l'atome était un petit corps solide vibrant
dans tous les sens de la façon la plus générale; de plus, le nombre et la
disposition des atomes dans la molécule doivent correspondre au nombre
et à la disposition des raies qui forment le groupement (doublets, triplets
dont la répétition forme les spectres. D'autre part, le spectre de lignes est
comparable aux sons d'une corde ou d'un corps qui vibre dans une seule
direction.
» Ces différences s'accordent mal avec l'opinion qui rapporte les
spectres de bandes aux molécules et les spectres de lignes aux atomes; car
on ne voit pas pourquoi la molécule aurait une vibration plus générale
que l'atome. Aussi, dans le cas de l'azote, qui donne plusieurs spectres de
bandes distincts, et en plus un spectre de lignes, ai-je attribué les spectres
de bandes aussi bien à l'atome qu'à la molécule. Le spectre de bandes du
pôle négatif, formé par la répétition de raies simples, serait dû à l'atome,
et les spectres de bandes du pôle positif, formés par des groupements plus
complexes, ont été rapportés à des molécules (Comptes rendus, t. CIIl,
p. 375; t. CIV, p. 972; t. ex, p. 748 et môme Tome, p. 457).
» J.e spectre de lignes, d'autre part, est évidemment un mode vibra-
toire différent et moins général. Il se substitue au précédent, avec l'azote
en particulier, d'une manière progressive. J'ai étudié le phénomène avec
une bobine de Ruhmkorff et un tube à vide muni d'électrodes d'aluminium.
On a les bandes, lorsque les pôles de la bobine sont reliés au tube spec-
tral sans addition d'un condensateur. L'étincelle se divise alors en deux
parties de couleur différente, qui sont la gaine autour de la cathode et la
partie positive. Chacune émet toutes les bandes, les bandes dites positives
étant les plus fortes du côté positif, les bandes dites négatives étant plus
intenses autour de la cathode. De plus, la gaine négative émet aussi les
spectres de lignes de l'azote et de l'aluminium, mais faibles et dans le
voisinage immédiat de la cathode. Je ne sais si le fait a été déjà signalé,
mais il est net (*).
» Si, ensuite, on ajoute un condensateur de capacité croissante, le
(') La bobine de Ruhmkorff, employée pour produire l'étincelle, est un appareil
complexe; il serait bon de vérifier si la machine électrique, plus simple, donne le
même résultat. J'aurais fait l'expérience, si l'Observatoire de Meudon possédait une
machine électrique.
IOl6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
spectre de lignes se montre dans la partie positive et croît peu à peu aux
dépens des bandes qui, finalement, disparaissent; en même temps, la
gaine négative s'évanouit ou diminue beaucoup.
» En résumé, les deux spectres peuvent apparaître en même temps,
mais le spectre de lignes correspond à une intensité plus grande du courant
qui produit l'étincelle; il subsiste seul lorsque ce courant atteint une
certaine valeur. Quant aux modifications intimes qui accompagnent la
variation spectrale, elles restent toujours très obscures.
» Or, récemment, la nature des spectres de lignes a été éclairée d'une
vive lumière par la théorie des électrons de Lorentz et les expériences de
Zeeman. En admettant simplement une charge électrique constante portée
par les dernières particules de la matière, appelées électrons, Lorentz
explique la plupart des phénomènes optiques et électriques. La vibration
lumineuse est due au mouvement de l'électron autour d'un centre qui
l'attire proportionnellement à la distance. Si un champ magnétique inter-
vient, d'après la théorie, une vibration simple se divise en trois vibrations
distinctes. Or, ce résidtat a été vérifié par Zeeman et s'applique exac-
tement à la plupart des raies des spectres de lignes. De plus, les mesures
sur l'effet Zeeman et plusieurs autres sur les rayons cathodiques et les
rayons Becquerel s'accordent sur le point suivant : l'électron a une charge
(négative) égale à celle de l'atome d'hydrogène dans l'électrolyse, mais
a une masse environ mille fois plus ftiible.
» On est alors conduit à considérer les atomes chimiques comme formés
par l'agglomération d'électrons positifs et négatifs, ces derniers étant les
plus mobiles. Si l'on ajoute ou retranche un électron négatif, on a les ions
positifs ou négatifs, si souvent invoqués dans ces dernières années. Ces
théories, qui ex[)liquent un grand nombre de faits jusqu'alors non reliés
entre eux, sont très dignes d'attention.
» Dans cet ordre d'idées, le spectre de lignes a été attribué assez logi-
quement au mouvement de l'électron négatif autour de l'ion positif; car,
bien que la théorie n'explique pas tous les effets du champ magnétique,
l'action d'une charge négative paraît indiscutable, et il est naturel de
choisir comme centre d'attraction l'ion positif, bien qu'alors la loi d'attrac-
tion de Lorentz (attraction proportionnelle à la distance) apparaisse a priori
singulière.
« D'autre part, comment explique-t-on le spectre de bandes? Dans le
Traité de Spectroscopie de Kaiser, qui est le plus récent et le plus complet
sur la matière, Runge, cpii a fait un Chapitre entier du Livre, attribue le
SÉANCE DU l\ DÉCEMBRE IQoS. 1017
spectre de bandes aux mouvements de l'ion positif (T. II, p. 66d), car la
masse relativement beaucoup plus grande de l'ion positif explique bien
l'insensibilité du spectre au champ magnétique. Cette opinion a été adoptée
par la plupart des auteurs; or, à mon avis, elle est inadmissible, car l'ion
positif et l'électron négatif qui tournent ensemble ont nécessairement le
même spectre : c'est ainsi que les deux composantes d'une étoile double
ont la même durée de révolution,
» L'ion positif, supposé nécessaire au spectre de lignes, peut intervenir
simplement pour donner dans le champ magnétique deux nouvelles raies
composantes, environ mille fois plus rapprochées que les composantes
ordinaires de l'effet Zeeraan. La recherche de ces nouvelles composantes
est même proposée aux observateurs qui, plus favorisés que moi, ont à
leur disposition un fort électro-aimant et des spectroscopes extrêmement
puissants, tels que l'appareil à échelons de Michelson ou l'interféromètre
de Pérot et Fabry, Si Ton choisit une raie intense, qui donne la division
ordinaire, mais très forte, il semble possible d'obtenir les nouvelles raies
et de vérifier leur liaison avec une charge positive.
)) Dans l'état actuel de nos connaissances, d n'est pas nécessaire défaire
Intervenir des charges électriques pour la genèse du spectre de bandes ( ' ).
Il est plus sage de conserver la conception première tirée de la loi de suc-
cession des raies. L'analogie avec l'ensemble des sons d'un petit corps
solide qui vibre de la façon la plus générale conduit à attribuer les bandes
non aux mouvements du centre de l'atome, comme le demande Runge,
mais aux mouvements intérieurs de cet atome, ou à d'autres variations pé-
riodiques, mais intérieures. On peut d'ailleurs concevoir un atome formé
d'électrons positifs et négatifs qui sont associés deux àdeux de manière à
se neutraliser, et cependant sont capables de donner naissance à des
ondes lumineuses.
» Le courant électrique, qui, d'après la théorie de Lorentz, est formé
par des électrons en mouvement, doit produire dans le gaz trois effets
principaux, que je range dans l'ordre des intensités croissantes : i" l'élec-
tron négatif, par ses chocs contre la molécule, provoque la vibration la
(') Ij'insensibilité au champ magnéli(|iie a élé reconnue d'abord pour les bandes
de i'azole et du cyanogène par Becquerel et moi, ensuite pour les bandes du mercure
par Runge, mais avec de simples spectroscopes à réseau. On n'a pas, à ma connais-
sance, employé les appareils interférentiels, plus puissants; il serait bon de le faire;
et, dans ce cas, l'extincteur d'Hamy serait utile.
I0l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
plus générale, qui est un spectre de bandes; 2° la molécule est décom-
posée en molécules plus simples et même en alomes qui donnent alors le
spectre de bandes le plus simple (*), celui du pôle négatif {voir même
Tome, p. 4^7)5 3*^ l'électron négatif s'unit à l'atome pour l'émission d'un
système d'ondes nouveau et plus restreint qui est le spectre de lignes. Ces
distinctions s'accordent assez bien avec les expériences précédentes sur
l'apparition des deux spectres.
» L'atome chimique interviendrait ainsi tout entier ou privé au plus d'un
électron, pour la production des deux spectres. Mais peut-on se figurer
des systèmes capables d'avoir à la fois deux modes vibratoires aussi diffé-
rents? Le monde astronomique offre des exemples de systèmes semblables
qui peuvent être un guide utile dans les recherches relatives à l'atome. On
peut citer, en particulier, un amas d'étoiles soumises à la seule loi de la
gravitation. Dans le cas simple d'un amas sphérique et homogène, l'attrac-
tion à l'intérieur est proportionnelle à la distance au centre, et toutes les
étoiles ont la même période, qui correspond au spectre de lignes (^).
D'autre part, si l'on écarte de leurs positions une ou plusieurs étoiles,
l'amas entier revient à son équilibre normal par des oscillations qui
peuvent se produire dans tous les sens et être rapprochées du spectre de
bandes.
» L'étude théorique d'amas plus complexes, et l'étude expérimentale
des spectres eux-mêmes poursuivie avec des appareils plus puissants,
pourraient conduire à une explication générale des phénomènes ou, tout
au moins, à une théorie utile, capable de prévoir des faits nouveaux. »
(' ) D'après ces idées et les résultats d'une Note précédente, le rayonnement catho-
dique pourrait servir à décomposer les gaz en leurs éléments, et même il conviendrait
d'essayer Faction sur les gaz réputés corps simples. Ce rayonnement, par des dispositifs
faciles à imaginer, serait rendu beaucoup plus intense que dans les tubes à vide em-
ployés d'ordinaire.
(^) L'électron négatif arrivant dans un atome constitué comme l'amas d'étoiles,
participe au mouvement général des petites étoiles, étant attiré, comme suppose
Lorentz, par une force proportionnelle à la distance ; mais ses oscillations, probable-
ment à cause des chocs, sont amorties rapidement. L'électron, pendant un temps très
court, aurait le don d'extérioriser l'énergie interne et la période propre de l'atome.
SÉANCE DU l\ DÉCEMBRE IQOD. IOI9
SPECTROSCOPIF.. — Éludes spectroscnpiqaes du sang faites au mont Blanc
par M. le /)'" Henocqae. Note de M. J. Jaxsse.w
« L'année dernière, j'avais signalé au D^ Henocque, que la Science a si
malheureusement perdu, l'intérêt d'études de spectroscopie du sang à
diverses altitudes sur les flancs du mont Blanc.
» Le D'" Henocque avait un amour si grand de la Science et, en outre,
il se sentait si bien préparé pour ces études qu'il accepta de suite ma pro-
position et pendant l'automne de 1902 il fit de remarquables observations
dans le massif du mont Blanc, observations dont je demande à rendre
compte à l'Acaviémie.
» Ces observations portent sur le temps de réduction de l'oxyhémoglo-
bine du sang en rapport avec la fatigue du sujet et l'élévation de la station,
c'est-à-dire avec la rareté plus ou moins grande de l'air.
» Quanta l'appréciation du degré de cette réduction, elle est donnée
par l'apparition et le degré d'intensité de bandes spéciales d'absorption
dans le spectre donné par le sang du sujet, suivant la méthode créée par
le D'" Henocque, et qui lui a servi dans ses belles investigations hémato-
spectroscopiques. Car il n'est que juste de rappeler que c'est au D^" He-
nocque que la Biologie doit la méthode d'étude spectroscopique du sang
pratiquée journellement aujourd'hui.
» Je viens de dire que la méthode due au D'" Henocque est basée sur
l'examen spectroscopique du sang. Or, au début de ces études, pres-
sentant tout le service que la Spectroscopie pouvait rendre ici, le D'" He-
nocque me demanda un instrument d'analyse spectrale d'une application
facile. Je lui signalai le spectroscope à vision directe que j'avais imaginé,
fait construire et présenté à TAcadémie, instrument très maniable et qui
permet, en effet, un examen aussi facile que rapide. Le D'" Henocque
l'adopta immédiatement et en fit la base de la méthode si simple, si efficace
que la Science lui doit, et dont on ne saurait trop lui faire honneur.
» Quant aux observations du mont Blanc, je dirai qu'elles ont pleine-
ment confirmé ses prévisions et je déplore ici que la mort nous ait enlevé
un savant aussi éminent que modeste et dévoué à la Science.
» Je rappelle encore que le D'" Henocque a écrit un Livre d'un haut
intérêt sur la Spectroscopie du sang. Livre qui est aujourd'hui entre les
mains de tous les physiologistes et les médecins. »
I020 ACADEMIE DES SCIENCES.
BOTANIQUE FOSSILE. — Découverte de strohiles de Séquoia et de Pin dans le
Portlandien des erwirons de Boidognc-siir-Mcr. Note de MM. R. Zeiller
etP.FLICHE.
(( M. le D*^ Sauvage, Conservateur des Musées de Boulogne-sur-Mer,
à qui nous adressons ici nos vifs remercîments, a bien voulu nous commu-
niquer quelques fossiles végétaux du Portlandien moyen, faisant partie
des collections qui lui sont confiées. Ces fossiles ont été recueillis aux envi-
rons de Boulogne-siir-Mer. Ce qui est déterminable comprend un Cyca-
deoidea, de très petite taille, qui nous semble nouveau, et des strobiles ou
cônes de Conifères; ceux-ci surtout sont dignes de fixer l'attention.
» L'un d'eux appartient cerrainement aux Cupressinées, entendues dans
leur sens le plus large; une écaille, en effet, placée dans la région basilaire
du strobile, a été complètement découverte par suite de la destruction de
celles qui la recouvraient; elle est manifestement amincie en coin, du
sommet très élargi à la base d'insertion. Le strobile est elliptique, aplati
par compression, de taille faible, 24'""" de longueur sur 15™"" de largeur;
les écussons sont de forme rhomboïdale, allongée transversalement, avec
une dépression centi-ale très marquée; ils présentent une arête transver-
sale, très nette vers les extrémités surtout. Tous ces caractères sont ceux
des Séquoia; on voit aussi des rides transversales, allant des bords de l'écus-
son à la dépression centrale, un peu moins marquées cependant que chez
les espèces vivantes, qui présentent d'ailleurs, le 5. gigajitea tout au moins,
d'assez fortes différences sous ce rapport; il nous semble que, si cette atté-
nuation des rides est un caractère spécifique, elle a été un peu exagérée
par les incidents de la fossilisation.
» La présence du genre Séquoia dans le Portlandien présente un intérêt
particulier; car, s'il a déjà été trouvé souvent à l'état fossile, il n'avait pas
été rencontré, jusqu'à présent, d'une façon certaine, au-dessous de l'in-
fracrétacé; il avait bien été quelquefois présumé dans le Wealdien, mais
sur des données qui étaient loin de commander la conviction. Celte ori-
gine relativement assez récente d'un type important, si manifestement
étranger et en voie d'extinction dans la nature actuelle, ne laissait pas
d'être un peu surprenante. La présence d'une espèce dans le Portlandien
recule déjà sensiblement l'existence bien constatée du genre, et tendrait à
justifier l'attribution qu'on lui a faite quelquefois des rameaux feuilles
décrits sous le nom de Sphenolepidium.
SÉANCE DU l/j DÉCEMBRE igoS. I02I
» Deux autres cônes nous paraissent appartenir d'une façon certaine à
des Abiétinée?. L'un d'eux était très allongé; ce qui en reste mesure 86"™
de longueur; il est aplati par suite de compression, et sa plus grande
largeur est de 23™'^; à l'état de vie, il était certainement à section circu-
laire; comme nous venons de le dire, il nous semble également certain,
d'après la forme et la disposition des écailles, qu'il s'agit d'une Abiétinée.
Les écailles étant toutes plus ou moins usées vers leur extrémité, la déter-
mination du genre est plus indécise; cependant la dyssymétrie de la base
du strobile, sa courbure en arc à grand rayon, nous font penser qu'il s'agit
d'un Piniis, ce nom étant entendu dans son sens le plus strict; l'écusson
ayant dû avoir fort peu de saillie, à en juger par la façon dont il s'est usé,
même sur les écailles les mieux conservées, il est très probable que celui-ci
appartient à la section des Strobiis. Malgré l'imperfection de son état de
conservation, ce fossile présente déjà de l'intérêt, étant donné le peu que
nous savons jusqu'à présent sur les Abiétinées en général et sur le genre
Pinus en particulier, antérieurement à l'Infracrétacé.
)) Le troisième strobile de Botdogne est encore bien plus intéressant,
parce que si, à raison même de son très bon état de conservation exté-
rieure, on ne voit pas d'écaillé découverte dans son ensemble, l'écusson,
très bien conservé, présente une telle ressemblance avec ceux des Pins
actuels que l'attribution à ce genre semble absolument certaine.
)) Ce strobile est de petite tadle pour un Pin, puisqu'il a 35'"™ de longueur
sur 25™™ de largeur dans son état d'aplatissement actuel, dû à la compres-
sion, comme pour le précédent; il est de contour sensiblement elliptique,
un peu atténué cependant vers son sommet; il est nettement un peu dyssy-
métrique; les écussons, de forme rhomboïdale à grand axe transversal,
sont très sensiblement renflés et présentent une arête transversale chez un
grand nombre d'écaillés très bien conservées ; au centre, parfois légère-
rement déprimé, est un ombilic avec un mucron bien accusé, mais de
petites dimensions. On voit que ce sont tous les caractères des Pins à deux
et à trois feuilles; l'impression d'ensemble n'est pas sans rappeler, parmi
les espèces européennes, un petit cône de Pin laricio. L'espèce est nou-
velle, comme on pouvait s'y attendre; nous lui donnons le nom de M. le
D"^ Sauvage.
)) Celte présence d'un strobile de Pin bien conservé dans le Portlandien
moyen présente un grand intérêt, car, jusqu'à présent, l'existence du genre
Pinus dans le Jurassique n'avait en sa faveur que des feuilles quinées du
Spitzberg déterminées par Heer, et un fragment de strobile décrit par
C. R., igoS, 2" Semestre. (T. CXXXVII, N" 24.) T^^
I022 ACADEMIE DES SCIENCES.
Saporta sous le nom de Pinus Cœmansi, douteux comme origine et dont
l'attribution au genre n'était pas sans donner aussi quelque })rise au
doute ('). Il était étonnant dès lors de le voir déjà assez largement repré-
senté dans le Barrêmien de la Haute-Marne. Au point de vue de l'histoire
du genre, le strobile de Boulogne donne lieu à une remarque intéressante :
il n'appartient pas aux espèces qui, par la forme de leur écusson, se rap-
prochent des autres Abiétinées, celles à écailles non épaissies au sommet,
dont le genre Ahies îowxmX, le type; il n'appartient en effet ni à la section
des Strohus, ni à un type archaïque rencontré jusqu'à présent, pour la pre-
mière fois, dans le Barrêmien et se terminant dans l'Albien où il présente
son maximum de développement avec le P. mammilifer Sap.; c'est chez les
groupes les plus évolués du genre dans la nature actuelle, les Tœda et les
Pinastcr, qu'il faut chercher ses analogues, et il est remarquable de con-
stater la présence de ce type de strobiles aussi nettement caractérisé à un
niveau relativement aussi ancien. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur la suppression de V hystérésis magnétique par un champ
magnétique oscillant. Note de M. P. Duhem.
<( Sous ce titre, M. Maurain a présenté récemment à l'Académie une
Note (^) fort intéressante, dans laquelle il vérifie et développe certaines
vues de M. Tissot; il indique, en terminant cette Note, quelles sont les
recherches auxquelles elle le conduit. Je voudrais, à ce propos, soumettre
à l'Académie quelques indications au sujet des problèmes abordés par
M. Ch. Maurain; ces indications se tirent d'une théorie des phénomènes
d'hystérésis que j'ai développée en de nombreuses publications ( ').
» En cette théorie, un rôle essentiel est joué par une ligne que j'ai
rvomméQ ligne des états naturels: tracée dans le plan où l'on prend pour
(*) Nous ne parlons pas ici des quelques autres fossiles, cônes ou simples graines,
du Jurassique ou même du l^hélien, qui ont été décrits sous ce même nom générique
de Pinus, mais entendu dans le sens linnéen, et qui ne sauraient être rapportés avec
quelque probabilité au genre Pbiiis proprement dit.
(2) Comptes rendus, séance du 3o novembre igoS, t. CXXXVII, p. 914.
(^) Voir notamment : Mémoires in-j° de V Académie de Belgique, iSgS, t. LIV ;
1897, t. LVI; 1901, t. hWl. — Zeitschrift fiir physikalische Chemie, 1897, Ed. XXH;
1897, Bd. XXIII; 1899, Bd. XXVIII; 1899, Ed. XXXIII; 1900, Ed. XXXIV; 1901,
Ed. XXXVII. — Journal of physicai Chemistry, 1900, Vol, IV.
SÉANCE DU l4 DÉCEMBRE igo'5. ïOlS
abscisses les valeurs 3t du champ magnétique et pour ordonnées les va-
leurs de l'intensité Olo de l'aimantation, elle passe par l'origine des coor-
données et est symétrique par rapport à ce point.
M I. Lorsque le champ magnétique 3C, au lieu d'être maintenu rigoureu-
sement invariable, subit des variations petites et nombreuses autour d'une
valeur invariable St^, l'intensité d'aimantation tend vers une valeur OlL^;
DTl^ est l'ordonnée du point qui, sur la ligne des états naturels, a pour
abscisse 3e„. Cette valeur une fois atteinte, les petites variations du champ
magnétique autour de la- valeur SCq n'imposent pins à l'intensité d'aiman-
tation que de petites oscillations autour de la valeur OIIq.
» II. Si l'on maintient invariable le champ magnétique .ICo, mais si la
température éprouve des oscillations petites et fréquentes autour d'une
valeur invariable; ou bien encore, si l'aimant est soumis à des secousses
mécaniques petites et nombreuses, l'aimantation tend, comme dans le cas
précédent, vers la valeur OHj, qui, une fois atteinte, demeure stable.
» La première de ces deux propositions suppose que le champ magné-
tique ne varie qu'avec une très petite vitesse; c'est, en effet, une propo-
sition àQ Statique; l'étude des oscillations magnétiques rapides exigeait que
l'on posât les principes d'une Dynamique des systèmes affectés d'hystérésis.
)) Nous avons posé ces principes en un Mémoire ( ' ) présenté à la classe
des Sciences de l'Académie de Belgique, le 7 mai 1901, et nous les avons
tout particulièrement appliqués à l'aimantation déterminée par un champ
magnétique de direction constante, mais dont l'intensité varie avec une
vitesse notable; ils nous semblent donner une représentation très com-
plète et très simple des phénomènes constatés par divers expérimentateurs,
notamment par M. Ch. Maurain, au cours de sa thèse de doctorat, et par
M. Max Wien.
» Parmi les questions que nous avons examinées se trouve celle-ci (-) :
» Un champ magnétique subissant une oscillation double et symétrique
entre deux valeurs finies — n et + Yi, on demande quelle est la forme limite
de l'effet qu'il produit lorsque la durée d'oscillation tend vers o. On trouve
que ce cycle magnétique, décrit très rapidement entre deux valeurs finies,
équivaut à un cycle magnétique décrit lentement entre deux valeurs inû-
niment petites, c'esL-à-dire qu'il n'aimante pas le fer. C'est, en effet, une
(') Sur les déformations permanentes et l'hystérésis; septième lAIéinoire : Hysté-
résis et viscosité (Mémoires in-4° de l'Acadéniié de Belgique, t. LXII).
(2) Lac. cit., Chap. III, § 8.
I024 ACADÉMIE DES SCIENCES.
loi très généralement admise qu'une action magnétique oscillant très rapi-
dement autour de la valeur o, telle que celle qui agit en un champ hertzien,
ne peut aimanter même le fer doux.
)) Au lieu de faire osciller le champ magnétique entre deux valeurs
égales et de signes contraires, — y, et + tj, on peut le faire osciller entre
deux valeurs quelconques, JCj, — yi et 3t^ -h r, ; les raisonnements que nous
avons développés n'ont besoin, pour être appliqués à ce cas plus général,
que de modifications insignifiantes. Si l'on fait tendre vers o la durée de
l'oscillation, on constate que l'oscillation produite très rapidement entre les
valeurs 3e„ — 7, et 5€o + r,, qui diffèrent de 3Co de quantités finies, équivaut
à une oscillation produite très lentement entre deux valeurs différant infi-
niment peu de CfCo.
» Dès lors, si un morceau de fer est soumis simultanément à deux
champs finis, de même direction, l'un d'intensité constante 3Co, l'autre
oscillant avec une extrême rapidité entre deux valeurs égales et de signes
contraires — vi et h-Tj, les choses se passeront comme s'il était soumis à
l'action d'un champ éprouvant autour de la valeur je^ des oscillations très
lentes, très petites et très nombreuses; en vertu de notre proposition I,
l'aimantation tendra vers la valeur DlLy, ordonnée, sur la ligne des états
naturels, du point d'abscisse 'it^.
)) M. Cil. Maurain écrit à la fin de sa Note : « L'action continue d'oscilla-
)) tions permet donc d'obtenir. . . des courbes d'aimantation réversibles,
)) bien déterminées, montant rapidement à partir de l'origine sans présen-
» ter de point d'inflexion. Il sera intéressant de comparer, sur les mêmes
» échantillons, ces courbes aux courbes analogues que l'on peut obtenir
» par d'autres procédés (vibrations, . . .) et d'essayer de définir d'une
» manière précise la courbe d' aimantation normale. )>
» Si les vues théoriques que je viens d'esquisser sont exactes, l'emploi
de inhî^ations mécaniques C) fournira à M. Maurain la même courbe que
l'emploi à' oscillations électriques ; cette courbe d'aimantation normale sera
identique à celle que j'ai nommée ligne des états naturels; l'accord de mes
propositions théoriques avec les résultats obtenus jusqu'ici par les expéri-
mentateurs, notamment avec les observations si démonstratives de
M. Ewing et de lord Rayleigh, me permettent d'espérer cette nouvelle
confirmation de mes hypothèses.
(') Je ne me prononce pas ici sur les autres procédés mentionnés par M. Maurain,
car je n'en ai pas fait l'étude lliéorique.
SÉANCE DU l4 DÉCEMBRE I9o3. 1020
» En terminant, je signalerai une dernière remarque : M. Marconi avait
attribué les effets produits en son récepteur à la suppression de la viscosité
magnétique et M. Tissot à la suppression de Y hystérésis; la théorie que j'ai
proposée et qui est, si je ne me trompe, un peu antérieure aux opinions
que je viens de rappeler, fait intervenir simultanément la viscosité et Thys-
térésis, et c'est précisément l'intervention de la viscosité qui détermine la
suppression de l'hystérésis par les oscillations électriques rapides. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Préparation directe du cyclohexanol et de la cyclo-
hexanone à partir du phénol. Note de MM. Paul Sabatier et J.-B.
Senderens.
« Nous avons montré antérieurement {Comptes rendus, t. CXXXIl, 1901,
p. 210 et 566) que notre méthode générale d'hydrogénation par le nickel
réduit permet de fixer 6^* d'hydrogène sur le benzène et ses homologues,
et d'obtenir ainsi facilement les carbures cyclohexaniques. Les analogies
permettaient de prévoir que l'hydrogénation directe du noyau aromatique
pourrait être réalisée de la même façon dans d'autres cas. En effet, en
appliquant notre méthode, M. Van der Laan à Groningue est parvenu à
hvdrogéner le phénol : en opérant avec du nickel réduit, maintenu entre
i4o« et i6o«, il a préparé un liquide dont une portion, isolée par rectifi-
cation, puis traitée par la soude dduée, ensuite par l'éther, lui a donné
une certaine quantité de cyclohexanol C*^H"OH, qui peut ensuite, par
oxydation à l'acide chromique, être transformé en cyclohexanone (Aca-
démie des Sciences d' Amsterdam, 27 octobre igoS).
» De notre côté, sans avoir connaissance de ce résultat, nous sommes
arrivés à préparer directement à partir du phénol, soit le cyclohexanol,
soit la cyclohexanone :
CH- - CH=^ - CO
CH2-CH--CH-
« Sur du nickel réduit, maintenu à 2i5''-23o°, on dirige le mélange de
vapeurs de phénol et d'hydrogène en excès. A cette température, l'hydro-
génation du noyau se fait rapidement et tend à donner le cyclohexanol ;
mais, ainsi que nous l'avons montré, il y a quelques mois, pour les divers
alcools secondaires {Comptes rendus, t. GXXXVI, igoS, p. 988), le cyclo-
hexanol est, par l'action du nickel, dissocié en majeure partie et fournit la
I026 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cétone correspondante. Par suite, le liquide condensé est constitué par un
mélange où domine la cyclohexanone, à côté d'une certaine dose de cyclo-
hexanol et d'un peu de phénol qui a échappé à la transformation. Mais ce
dernier, qui peut être éliminé facilement par distillation du mélange, n'y
existe qu'en proportion faible, qui n'a guère dépassé 5 pour loo de la
quantité totale employée.
)) Le mélange, ainsi obtenu très aisément, de cyclohexanone et de cyclo-
hexanol, est un liquide d'odeur agréable un peu camphrée, qui passe à la
distillation de i55*^ à i65°, et où la séparation par rectification de l'alcool
et de sa cétone serait une opération délicate, à cause du faible écart de
leurs points d'ébullition. Mais en suivant les méthodes catalytiques que
nous avons instituées antérieurement (^Comptes rendus, t. CXXXVl, p. 988
et t. CXXXVIl, 1903, p. 3oi), on peut facilement transformer le mélange
soit en cyclohexanone pure, soit en cyclohexanol pur.
» Préparation de la cyclohexanone. — On fait passer la vapeur du mélange (sans
hydrogène) sur du cuivre réduit, maintenu vers 33o° : la cétone n'est pas modifiée;
l'alcool est transformé en cétone, avec mise en liberté d'hydrogène.
» La liqueur obtenue est constituée par la cyclohexanone sensiblement pure, qu'une
seule rectification suffît à extraire : c'est un liquide incolore, d'odeur de propanone
légèrement camphrée, bouillant à i55°,5 (corr.), identique à la cyclohexanone que
Bœyer a préparée à partir de l'acide pimélique {Ann. der Chem. i/nd Pharm.,
t. CCLXXVIIl, 1894, p. 100) et que MarkownikofT a formée à partir du dérivé nitré
de l'hexanaphtène du Caucase {Ann. der Chem. und Pharm., t. GCGII, 1898, p. 19).
» Pour cette préparation, il importe de ne pas trop élever la température du cuivre.
Déjà à 38o° l'alcool subit une destruction partielle : une petite portion se scinde en
eau et cyclohexène bouillant à 81°; une partie plus importante régénère le phénol
qui se décompose lui-même un peu en donnant des traces de produits pyrogénés
supérieurs.
» Préparation du cyclohexanol. — Les vapeurs du mélange, entraînées par un
excès d'hydrogène, sont dirigées sur du nickel réduit, maintenu à i4o°-i5o'' : dans
ces conditions, il y a hydrogénation régulière de la cétone qui se transforme en alcool,
sans produits accessoires. Le liquide obtenu est du cyclohexanol presque pur, qui se
solidifie dans l'eau froide et peut être aisément purifié par cristallisation. 11 bout à
161° (corr.), comme celui qu'avaient déjà préparé Bœyer et MarkownikofT.
» On voit que l'application de nos méthodes générales, hydrogénation par le nickel,
catalyse par le cuivre, permet de produire facilement soit le cyclohexanol, soit la
cyclohexanone, composés qui jusqu'à présent n'avaient pu être atteints que par des
méthodes laborieuses et compliquées.
)) Le procédé est général, et nous avons déjà pu l'appliquer avec succès
aux crésols, ainsi que nous aurons l'honneur de l'indiquer dans une pro-
chaine Communication. »
SÉANCE DU l4 DÉCEMBRE igoS. 1027
M. Jaxssen présente, à rAcadémie, « l'Annuaire du Bureau des Longi-
tudes pour Tannée 1904 ».
NOMINATIONS.
M. le Ministre de l'Instruction publique invite l'Académie à désigner
l'un de ses Membres pour faire partie de la Commission du contrôle de la
Circulation monétaire, au Ministère des Finance?.
L'Académie procède à un vote et M. Moissan est réélu.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la formation d'une liste
de deux candidats qui devra être présentée à M. le Ministre de l'Instruction
publique, pour une place d'Astronome titulaire vacante à l'Observatoire.
Au premier tour de scrutin, destiné à la désignation du premier candi-
dat, le nombre des votants étant 49,
M. Bossert obtient 35 suffrages
M. Renan » 11 »
M. Boquet » 2 »
Il y a un bulletin blanc.
Au second tour de scrutin, destiné à la désignation du second candidat,
le nombre des votants étant 4o,
M. Renan obtient 35 suffrages
M. Boquet » 5 „
En conséquence, la liste présentée à M. le Ministre de l'Instruction
publique comprendra :
En première ligne M. Bossert
En seconde ligne i^l. Renan
CORRESPONDANCE.
M. G.-W. HiLL, nommé Correspondant pour la Section d'Astronomie,
adresse ses remercîments à l'Académie.
1028 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i** Un Ouvrage de M. A. Bergel, ayant pour litre : « Physique du globe
et Météorologie «. (Présenté par M. de Lapparent.)
2" Un Ouvrage de M. J.-W. Gibhs, traduit par M. G. Roy, intitulé :
« Diagrammes et surfaces thermodynamiques )>. (Présenté par M. Poincaré.)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. ~ Sur les équations auv dèr'wèes partielles linéaires
du second ordre. Note de M. Hadamard, présentée par M. Poincaré (').
(c La fonction qui joue un rôle essentiel dans l'intégration de l'équation
de Laplace à n variables est, pour n"^ i, une puissance négative de la
quantité C=l(xi — xl)-. C'est donc à de telles singularités qu'il convient de
s'adresser si l'on veut généraliser au cas de n^ i les solutions logarith-
miques introduites par M. Picard pour les équations à deux variables.
» Les résultats auxquels on parvient ainsi mettent en évidence un fait
qui s'était déjà présenté à propos de Téquation AU = -^ -^ et du principe
d'Huygens : ils sont de forme profondément différente, suivant le nombre
des variables.
» I. Proposons-nous de trouver, pour une équation linéaire du second
ordre donnée, que nous supposerons analytique, une solution de la forme
(i) U=F.C^
p étant un exposant quelconque et F une fonction, non identiquement
nulle, régulière dans le voisinage de la surface C = o.
» Supposons d'abord celle-ci elle-même régulière, au moins dans le
domaine considéré, et laissons de côté le cas connu de. p entier positif. On
sait que la surface C = o doit être caractéristique.
» i** Pour/7 entier négatif, le problème est, en général, impossible;
» 2° Au contraire, pour/? non entier, il est possible et même indéter-
miné. Il est remarquable que le mode d'indétermination de F est exacte-
ment le même que dans le cas de p entier et ^ i .
» IL Mais le cas ainsi traité n'est pas celui du problème que nous avons
à aborder. Dans celui-ci, en effet, C = o n'est pas une surface régulière :
(*) Cette Note a été présentée à la séance du 7 décembre.
SÉANCE DU l4 DÉCEMBRE I()()3. IO29
c'est le conoïde caractéristique ayant pour sommet un point quelconque O;
elle a ce point comme point conique. Alors p ne peut plus être quelconque :
on doit avoir
n — 2
/?, étant un entier positif. La solution U (M, O) correspondant h p,z= o est,
d'ailleurs, seule intéressanle, les autres s'en déduisant d'une manière évi-
dente par différenliation.
M Dès lors, pour n pair, il résulte immédiatement de ce qui précède
quil n'existe, en général, aucune solution de la forme i\). On devra donc,
pour atteindre le but, faire appel aux logarithmes (comme dans le cas du
plan), ou à des singularités plus compliquées.
» Au contraire, pour n impair, la solution existe avec toutes les pro-
priétés requises.
» III. Ce qui précède n'est, en somme, que la généralisation de résul-
tais connus. Il y a lieu d'insister un peu plus sur l'application de la fonc-
tion U pour le type hyperbolique.
» Les auteurs qui, à la suite de Kirchhoff, ont traité des cas plus ou
moins étendus d'équations de ce type, tels que MM. Volterra, Tedone,
Coulon, d'Adhémar, ne sont point partis de la fonction U, mais d'intégrales
de forme sensiblement diUérentc. Ces dernières ne sont pas seulement
singulières en un point de l'espace à ^dimensions, mais le long de toute
une ligne, à savoir une certaine parallèle à l'axe des t. Or une telle ligne,
quoique jouant un rôle parliculier dans les applications physiques, est
dépourvue de loule liaison analytique avec l'équation.
» L'introduction de la solution correspondante est donc certainement
artificielle. Il n'y a qu'une intégrale dont la considération doit « /?rw/'ï s'im-
poser : c'est (pour n impair) l'intégrale U(M, O) définie tout à l'heure.
» Nous allons voir qu'il en est bien ainsi dans le cas de trois variables.
L'intégrale U étant définie pour une équation analytique quelconque, la
méthode que nous allons exposer fournira la solution du problème de
Cauchy pour toute équation de celte espèce.
)) Pour déduire de l'intégrale U(M,0) des ftnmules toutes semblables
à celles de M. Volterra, il suffit de s'en servir pour former la nouvelle
intégrale
tj(M)^- / U(M,0)cp(^)^^
C. K., 1903, 2' Semestre. (T. CXXWII, i\° 24.) ï^^
Io3o ACADÉMIE DES SCIENCES.
OÙ la quadrature est étendue à un arc d'une ligne L décrite par le point O,
les coordonnées de ce point étant fonctions de /.
» La quantité ID est imaginaire au nnoins pour certaines positions du
point M. Il est aisé de voir, comme pour l'intégrale de l'équation d'Euler,
ou celles proposées par M. Levi-Civita pour l'équation des ondes cylin-
driques, que la partie réelle t), de lo, obtenue en limitant l'arc d'intégra-
tion au point où le conoïde caractéristique de sotnmet M ])erce la ligne L,
satisfait encore à l'équation différentielle.
» Pour l'équation des ondes cylindriques, en prenant pour L une paral-
lèle à l'axe des t, avec (p(/) = T, on retrouve l'intégrale de M. Volterra.
Mais on peut dans tous les cas répéter son raisonnement sans modification
en partant de la fonction tD,. On obtient ainsi une formule où n'intervient
plus queU. Cette formule est, il est vrai, d'une nature assez exception-
nelle : elle contient deux intégrales, l'une double étendue à une certaine
aire, l'autre curviligne étendue au contour de cette aire et dont chacune,
prise à part, est dépourvue de sens, leur somme seule pouvant être définie.
On peut d'ailleurs toujours la transformer en une somme d'intégrales de
forme usuelle, en admettant que les données aux limites soient dérivables
et faisant intervenir leurs dérivées.
y> Ici, encore, l'influence du nombre des variables apparaît comme consi-
dérable. On sait, en effet, que l'équation des ondes sphériques possède la
propriété d'Huygens, c'est-à-dire que son intégrale résiduelle est nulle,
mais qu'il n'en est pas de même pour l'équation des ondes cylindriques.
Or les formules obtenues montrent que, à ce point de vue, toutes les équa-
tions à trois variables se comportent comme V équation des ondes cylindriques .
)) Il en serait d'ailleurs de même pour toute valeur de n pour laquelle
on pourrait appliquer une méthode analogue à la précédente. Il faut donc
s'attendre à voir subir à celle-ci des modifications assez profondes pour le
cas de n pair, puisque alors le principe d'Huygens peut être vrai. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une généralisation de la théorie des frac-
tions continues algébriques. Note de M. E. Goursat, présentée par
M. Emile Picard.
« On sait que M. Hermite, généralisant la théorie des fonctions algé-
briques, a posé le problème suivant :
» Etant données n séries S,, So, . .., S„ procédant suivant les puissances
croissantes de x, déterminer les polynômes i:.^, Xo, . ., X„ de degré ^^.,, [j...
SÉANCE DU l^j DÉCEMBRE TQoS. Io3l
[x„, de façon que la somme S, X, H- . .-h S„X„ commence par un terme de
degré a, 4- w-o ■+- . . . H- ^y.„ -h n — i .
)) Il en a donné une solution très simple dans le cas où les S; sont des
exponentielles e"'\ mais il ne semble pas que l'on ait résolu depuis le pro-
blème pour d'autres catégories de fonctions.
» Je me propose d'indiquer une solution très simple du même problème,
lorsque toutes les fonctions S, sont de la forme (i — a?)"; poiu' fixer les
idées, je supposerai le nombre des S^ égal à trois, et je prendrai
S, = I , S, = (i - x)"\ S3 = (i - xf.
n Rappelons d'abord quelques résultats (') empruntés à la théorie des
fonctions hvpergéométriques du troisième ordre. On appelle série hyper-
géométrique du troisième ordre la série
+ 00
bi. b,, X J ^ {i .7n){bi.m){b.2.m)
où (l.m) représente le produit X(>.-f- i) . . . (1 + m — i). Cette série se
réduit à un polynôme si l'un des nombres a,, «3, a^ est un entier négatif,
sans qu'aucun des nombres ^,, b^ soit un entier négatif. Nous désignerons
ce polynôme par
gC;- "r "'
» La fonction F satisfait à une équation différentielle linéaire du troi-
sième ordre de la forme
(V) .•H.r-.)g + (Aa,-+R)^g+((;x + D);| + Er = o,
A, B, C, D, E étant des constantes dont il serait facile d'avoir l'expression.
Si aucun des nombres b,, b.„ b, - b., n'est entier, l'intégrale générale de
l'équation (2) est représentée, dans le domaine de l'origine, par la formule
C, Cl, Co étant des constantes arbitraires.
(1) Anna/es de f École Normale supérieure, t. XII, 2« série, p. 278.
Io3i ACADÉMIE DES SCIENCES.
)> Supposons maintenanrque l'on prenne
a^ = ~ 1, <2o = — m — u., «3.= — n — V,
hf = I — m, b.y = i — /),
1, {X, V, étant trois entiers positifs et aucun des nombres m, n, m — n,
n'étant un nombre entier.
» La formule (3) devient
nr-' [ — ^'' — ''' — V-^ — /' —
y = CGx
(4) +(:,^-G^(
(m — À, — ;j., m — ii
«i H- t , m — /« -H f , jc
\ ' \n -h i, /i — m -\- 1, a
G), G^, Gv étant trois polynômes d'un degré marqué par leur indice.
La nouvelle formule (4) représente l'intégrale générale de l'équation
linéaire (2) correspondante dans tout le plan de la variable complexe a;.
On voit que cette intégrale n'admet qu'un seul point singulier véritable, le
point X =^ o. iMais le point œ = 1 est pour cette équation un point à appa-
rence singulière, et les racines de l'équation déterminante fondamentale
relative à ce point sont 0,1 et b^ -h b^ ~ (a^-h a.-,-i- a^) ou ). -h [x 4- v 4- 2.
On peut donc choisir les constantes G, C,, Co, de telle façon que le déve-
loppement de l'intégrale j suivant les puissances de i — ^~i?ommence par
un terme de degré ). -h ;jl + v -+- 2 . En changeant x en i — x dans cette
intégrale, on voit que le développement de
'^ "^ \'n -^ i, m — n ^ i, i — xj
suivant les puissances de x commencera par un terme en x'-^^^^''^-. Les po-
lynômes Gx, G^, G^ donnent donc une solution du problème d'Hermite.
» H est clair que la méthode peut être étendue à un nombre quelconque
d'expressions (i —x)""^, (i — x)'"'-, . . ., (1 — .r)"V, pourvu qu'aucun des
nombres m^, mi— m^ ne soit entier. Dans le cas où p = i, la solution que
l'on obtient paraît, au premier abord, différente de la solution que l'on
doit à M. Padé pour ce cas particulier {Comptes rendus, t. CXXXII, p. 754),
mais il est facile de vérifier l'identité des deux formules.
SÉANCE DU l4 DÉCEMBRE I9o3. Io33
» La solution du problème pour la fonction exponentielle peut se dé-
duire de la précédente, en la considérant comme un cas limite. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur F équation différentielle de Riccati du
second ordre. Note de M. George Wallexberg, présentée par
M. E. Picard.
« Par l'équation de Riccati du second ordre je comprends l'équation
différentielle, déjà traitée par M. Vessiot (Ann. Fac. de Toulouse, t. IX) et
par moi (^Journ. de Crelle, t. 121, p. 210-217), tî<^nt l'intégrale générale est
de la forme
Cl Çi -+- C2 >52 + >î3
OÙ c^ et Co sont les constantes arbitraires. Cette équation s'écrit
( B) («0 + y) y" — 2 y'- + ( 60 + b^y)Y' -\- d,, + d^ y -+- d.,y'- -+- d^y'^ = o,
où <7o et df s'expriment, d'une certaine manière rationnelle, par les autres
coefficients (fonctions de la variable indépendante z) et par les déri-
vées «' , ci', //„, b\. Par la substitution u — > elle peut être trans-
0001 <-'o~^f
formée dans une équation différentielle du second ordre en u, dont l'inté-
grale générale, à un facteur près en z, est la dérivée logarithmique de
l'intégrale générale d'une équation différentielle homogène du troisième
ordre (loc. cit., p. 21 5).
» 1. a. Si Ton en connaît trois intégrales particulières y,, y.^, y^, l'in-
tégration de l'équation (B) n'exige que deux quadratures. En effel, l'inté-
grale générale peut s'écrire
y — -> '
C'i -I- Co A -+- ;jL
où
«0 + y-i '
i /'t^'..-'^i"o+^"'o)(.ri— .Va) j.
,j ^^ '''" "*"•/' ffJ («o+.riM«u-l-Jal
«0 + 73
» b. Si l'on en connaît quatre intégrales y,, y.,, y.,, y^, l'intégration
de l'équation ( B) peut être effectuée sans aucune quadrature; car, ilans
Io34 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ce cas, 1 et y. s'expriment rationnellement, à l'aide des coefficients de (B).
par y,, Ko, Vg, JK4 et leurs dérivées premières.
» c. Entre l'intégrale générale et cinq intégrales particulières de l'équa-
tion (B), il existe la relation
<^*(y - yô ^2(7 - jo) j -r^!
ï . (:)''. — Ji ) 'f2 (.>'/, — y '2 ) .r. ~ y 3
7:-. — j. Xr, - ,y-2 Xs — y^
= 0,
où c, et r^ sont des constantes arbitraires, y, et yo des constantes numé-
riques. Cette relation peut être généralisée à des équations (B) d'ordre n;
elle correspond à la constance du rapport anharmonique de quatre inté-
grales d'une équation de Riccati.
)) II. a. Une intégrale première de l'équation (B) est de la forme
(C) c,==.,K^^'-^'"-^^"<^'>.,l'-
^ ^ y+ '^3,,+ «3,7 H- «3,7^ Rrs
OÙ c, est la constante arbitraire et les a sont des fonctions de la variable
indépendante z qui remplissent les deux conditions suivantes :
» 1. Les équations de Riccati R, = o et R3 = o possèdent une intégrale
communey = n, racine de l'équation
» 2. a, 3= c/^^^''^ où A, = Il - 4^>„^,,'
y/Â7 ayant le même signe comme la racine en (i).
)) [En multipliant l'équation (B) par l(j — r,), où \ dépend seulement
de la variable z, elle prend la forme (a, R,yR3 — a, R, R3 = o, d'où l'on
obtient l'intégrale [:)remière (C).]
» On peut aussi dire : Pour que l'intégrale générale de l'équation de
Riccati
soit une fonction linéaire du paramètre c^, les conditions {i) et {1) sont néces-
saires et suffisantes .
)) h. Entre les 1 1 coefficients des deux intégrales premières d'une équa-
tion (B)
/^x Ri R2
(D) C^ = C(.^^y <^2 = ^2 ^'
SÉANCE DU l4 DÉCEMBRE ipoS. Io35
il existe les six relations suivantes : les trois premières sont fournies par la
condition que les équations de Riccati R , = o, R, = o» R3 = ^ doivent pos-
séder, deux à deux, une intégrale commune. En outre, on a
ce/
et enfin la relation purement algébrique
qui exprime, par exemple, que l'intégrale (A) est une conséquence des
équations (D).
» On obtient des cas spéciaux remarquables pour A, = o et pour
a, r= a, = o. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Procède simple permettant d'obtenir, sur la paroi
d'un cylindre qui tourne, de grandes pressions avec de faibles efforts. Note
de i\T. Albert Hérissox, présentée par M. Léaulé.
« Soient, d'une part, un cylindre creux, à paroi suffisamment épaisse,
tournant autour d'un arbre et, d'autre part, un patin pouvant s'appuyer
dans le sens du rayon contre l'intérieur de la paroi sous l'action d'un
organe de serrage; cet organe peut être d'un système quelconque, mais il
est supposé irréversible, comme un coin à angle faible ou une vis.
)) Le cvlindre tournant dans un sens déterminé, la pression p exercée
par le patin sera constante j)Our un même effort y* exercé sur l'organe de
serrage. Si l'on augmente cet effort, l'organe de serrage et le patin par-
courront un certain chemin et le patin pourra ainsi s'avancer vers l'exté-
rieyr par suite de l'élasticité de la matière; p augmentera donc en même
temps que f.
» Supposons que, sur une partie de la surface externe de la paroi du
cylindre, dans la moitié par exemple de la section droite, on enlève de la
matière de manière à amincir cette paroi; tant que le patin se trouve en
regard de la partie non amincie, pour un effort^, on obtient une pression p.
Aussitôt que, par la rotation du cylindre, la partie amincie arrive devant le
patin, la résistance de la paroi étantmoindre, celle-ci s'ovalise sous l'action
de p et le patin peut s'avancer vers l'extérieur sans que Teffort^ait changé.
Lorsque, par suite de la rotation, la paroi à épaisseur normale revient alors
lo36 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(levant le patin, ce dernier, qui ne peut revenir en arrière, puisque l'ori^ane
de serrage est irréversible, exerce sur la paroi beaucoup moins élastique
une pression très considérable.
» J'ai construit sur ce principe des embrayages dont la puissance n'a de
limite que la résistance du métal. »
Physique. ■— Moteur à comhusLion par compression.
Note de M. Cajjnevel, présentée par M. d'Arsonval.
« Le moteur que j'ai Thonneur de présenter à l'Académie est de la famille
des moteurs à combustion. Les tentatives qui ont été faites jusqu'ici n'ont
pas donné de résultats heureux ni bien encouras^eants, mais ce|)endant ils
méritaient de n'être pas abandonnés, si l'on considère les avantages qu'ils
offrent et que j'énumère ci-dessous en partie :
» 1° La suppression totale de tout organe d'allumage, ce qui simplifie
considérablement le moteur;
» 2° ]^e fonctionnement sans explosion, par conséquent sans bruit, sans
choc sur les organes mécaniques tels que billes, vilebrequins, clave-
tage, etc;
» 3** La combustion parfaite de tous les mélanges gazeux, même ceux
non explosifs, soit trop riches ou trop pauvres, ce qui permet d'obtenir un
meilleur rendement et une grande élasticité dans la puissance du moteur.
» 4° La combustion par compression est forcément complète, d'où sup-
pression des mauvaises odeurs à l'échappement.
» C'est à Beau de Rochas que semble revenir l'idée première d'enflammer les
iiK'langes gazeux par compression; en effet, dans son brevet d'allumage spontané il
l^révoit qu'en augmentant la compression on pourrait allumer, mais il ne le réalise
pas. Depuis, de nombreux, essais ont été vainement tentés, entre autres par Gardie et
Bra} ton, en Angleterre, puis par Diesel, en Allemagne, qui fut plus heureux.
» Sans la moindre intention de critiquer le moteur Diesel, tout le monde sait qu'il est
relativement compliqué de pompes, air comprimé, etc., et le distributeur de pétrole
qui fonctionne au moment de la combustion est des plus délicats.
') Le moteur que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie n'a rien qui
diffère du moteur connu réalisant le cycle, suivant Beau de Rochas, à
quatre temps, les soupapes occupent la partie supérieure du cylindre afin
d'éviter les canaux et les espaces nuisibles.
» Le fond des cidasses des cylindres est divisé en trois orifices qui sont occupés
Fig. I.
■■>^v ■; \
G. R., 1908, i" Semestre. (T. CXXWll, N- 24.
i36
lo38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
deux par les soupapes et l'autre par de petits pistons qui semblent jouer le plus grand
rôle. Ces petits pistons sont commandés par des excentriques et ce sont eux qui déter-
minent le point d'allumage en déterminant le volume des chambres de compression.
Les tiges d'excentriques sont de longueur variable, de façon à régler une fois pour
toutes les chambres de compression à un même volume.
» Le carburateur à pulvérisation est soumis à l'action d'un régulateur à force centri-
fuge, lequel ouvre les orifices d'air lorsque le moteur s'emballe.
» Le moteur fonctionne comme les moteurs à quatre temps; il est mis en
route à la main avec une manivelle en donnant un peu d'avance à l'allu-
mage en faisant descendre un peu les j)etit3 pistons.
» L'allumage se fait par une forte compression, environ So^*"^ à l'arrière
du piston moteur.
» Les petits pistons servent non seulement à déterminer le point précis
d'allumage mais encore à faire de l'avance à l'allumage. »
OPTIQUE. — Sur une nouçe/le jnélhode de mesure des épaisseurs et des indices.
Note de MM. J. Macé de Lépixay et H. lîuissOxX.
« Nous avons étendu la méthode que nous avons décrite dans une pré-
cédente Communication ( ' ) à des lames plus épaisses et douées de pouvoir
rolatoire.
» Cette méthode consiste dans l'observation des anneaux des lames
parallèles et des franges des lames mixtes. En retranchant de l'ordre d'in-
terférence des premiers, pi^ le double de celui des dernières, pf, on a
l'ordre d'interférence p^ des anneaux qu'aurait donnés une lame d'air de
même épaisseur
)> La même relation subsiste, à des entiers près, entre les parties frac-
tionnaires de ces ordres d'interférence, dont deux sont seules directement
obtenues, et permet de calculer la troisième, celle de p,,. En appliquant
aux anneaux dans l'air la méthode des excédents fractionnaires, on obtient
sans incertitude l'épaisseur de la lame, si l'on en a déjà une valeur
approchée.
w Nous avons ainsi mesuré à 01^,01 près des épaisseurs atteignant 3^"*, 6.
( ' ) Comptes rendus, t. CXXXV, p. ?,83.
SÉANCE DU t4 décembre 1903. loSp
On a, de la sorte, une excellenle méthode de mesure des dilatations, en
opérant à différentes températures. Elle présente l'avantage de ne pas faire
intervenir nue autre dilatation, celle d'un support par exemple, comme
dans la méthode Fizeau. La seule condition est que la lame ait des faces
planes et parallèles sur une faible étendue, quelques millimètres carrés.
» Si la substance de la lame est cristallisée, on doit opérer en lumière polarisée
parallèlement à une des directions principales. Si elle est douée de pouvoir rotatoire
dans la direction normale aux. faces, il n'y a rien de changé dans l'aspect des anneaux,
le retard sur une moitié du parcours du faisceau qui traverse deux fois la lame étant
exactement compensé par l'avance sur l'autre moitié (on pourrait d'ailleurs prendre
de la lumière naturelle). Mais pour les franges mixtes, il n'en est plus de même; il n'y a
pas, en général, interférence complèle. les deux vibrations qui se superposent n'ayant
plus même direction. Il y a lieu, alors, de polariser circulairement la lumière par l'in-
terposition d'un mica quart d'onde (il suffit d'ailleurs qu'il soit quart d'onde pour les
rayons moyens). L'interférence peut alors être complète et les franges deviennent
visibles. Pour avoir l'ordre d'interférence que l'on aurait observé, sans l'existence du
pouvoir rotatoire, il faut ajouter à celui que l'on a mesuré, ou en retrancher selon le
.oc
sens de la lumière circulaire, la quantité - — > p étant le pouvoir rotatoire spécifique de
la substance étudiée.
w Indices. — L'épaisseur de la lame une fois connue, l'indice absolu N
est donné en fonction de l'ordre d'interférence p/ des anneaux dans la
lame et de la longueur d'onde dans le vide A par la relation
(■2) N=^-
» Pour avoir la valeur de/;/, il est utile de calculer d'abord l'ordre d'in-
terférence des franges
(3) /V=*-^4^^
qui est environ six fois plus petit. On en déduit ensuite/»/ par la relation (i),
car/?^ est déjà connu.
» Le calcul ^^ Pf se présente sous deux formes différentes : d'une ma-
nière directe en introduisant dtms (3) des valeurs approcheras des indices.
On a ainsi une valeur aj)prochée de p^ dont la j)artie entière est correcte,
dans des conditions spéciOées plus loin. La partie fractionnaire obtenue
par l'observation donne la valeur exacte àe pf. On en déduit pi, puis N.
» Un autre procédé consiste à appliquer aux nombres pf, relatifs aux
différentes radiations employées, la méthode des excédents fractionaires.
in4o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Une discussion approfondie établit que le premier mode de calcul doit seul être
employé quand les valeurs approchées des indices sont aflectées d'erreurs dont les
signes peuvent êlre dilTérents. L'ordre de grandeur de ces erreurs fixe la limite d'épais-
seur des lames auxquelles le calcul peut s'apj^liquer sans que l'on ait à craindre d'in-
certitude. Par exemple, si les indices sont connus avec une approximation de io~^,
l'épaisseur ne doit pas dépasser i'="\25. Si, au contraire, les erreurs sur les indices
sont toutes de même signe, comme c'est le cas lorsque l'on passe d'un échantillon à un
autre de même nature, qui peut différer un peu du premier par la pureté ou la consti-
tution physique, le second calcul s'applique. On utilisera ainsi les résultats obtenus
avec une première lame pour passer à des lames plus épaisses.
» La raison en est que les erreurs de signes différents affectent les rapports des
ordres d'interférence, utilisés dans la méthode des excédents fractionnaires, de quan-
tités qui entraînent une incertitude plus grande que dans le calcul direct ; au con-
traire, si les erreurs sont de même signe, les rapports en sont beaucoup moins
affectés.
» Nous avons pu mesurer les indices de plusieurs échantillons de quartz.
La précision obtenue atteint, avec des lames de S'^'", 6 d'épaisseur, quelques
unités du septième ordre décimal. Nous avons constaté ce fait intéressant
que divers quartz n'ont pas rigoureusement le même indice. Les différences
observées s'élèvent jusqu'à six unités du sixième ordre décimal. De plus,
sur quatre mesures effectuées en des régions différentes d'un môme bloc
de quartz, distantes de quelques centimètres les unes des autres, trois ont
donné des indices identiques, la quatrième, des indices supérieurs aux
autres de quaire unités du sixième ordre. Ainsi se manifestent des anom;i-
lies dans un milieu parfaitement homogène en apparence. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur l'ionisation par le phosphore. Note de M. Eugèxe Blocsi,
présentée j^ar M. Mascart.
« Dans un précédent travail (Comptes rendus, déceu)bre 1902) j'ai
démontré pour la première fois d'une façon nette la présence des ions dans
l'émanation du phosphore, et» prouvant l'existence d'un courant de satu-
jation. J'ai montré en même temps que ces ions étaient exceptionnels par
leur très faible mobilité et leur faculté de condenser la vapeur d'eau sim-
plement saturante. Malgré l'opinion contraire de G.-C. Schmidt (Ann. der
Physik, mars igoS), ces faits paraissent contirmés par l'ensemble des
travaux récents de Harms, EIsLer et Geitel, Gockel {Phys. Zeitschr., 1903,
passim). Harms, en particulier, a pu retrouver le courant de saturation.
» La présente Note a pour but de compléter ces confirmations par
quelques faits nouveaux.
SKANCK DU l4 DÉCEMBRE Tr|0.3. Io4l
« I. Si, pour une vitesse connue du courant gazeux qui passe sur le^phospliore, on
mesure, avec un électromèlre convenablement étalonné, la quantité maximum cFélec-
tricité que l'on peut extraire du gaz, le quotient de la densité électrique cubique par
la charge d'un ion donnera le nombre d'ions par centimètre cube. Si l'on admet pour
la charge d'un ion le nombre de J.-J. Thomson (/j x lo"'*» unités électrostatiques), on
trouve que les nombres d'ions par centimètre cube sont de l'ordre de lo''. Ce nombre,
notablement plus grand que celui qui avait été indiqué par Barus {Phil. Mag., 6« série,
t. III, 1902, p. 90), est du même ordre que ceux que l'on trouve dans l'ionisation par
les rayons de Kontgen d'intensité moyenne.
» Si l'on répète la mesure précédente à une distance difTérente de la source d'ioni-
sation, en déplaçant simplement le long du tube où passe l'émanation l'électrode qui
sert à recueillir les ions, on peut, de la comparaison du nouveau nombre et de
l'ancien, déduire [q coefficient de recombinaison n. des ions du phosphore (méthode
de Townsenrl, P/h7. Trans., 1899, p. i/14)- Les nombres trouvés, variables avec la
vitesse du courant gazeux, sont de l'ordre de 3, c'est-à-dire mille fois plus faibles que
le coefficient correspondant pour le cas de l'ionisation par les rayons de Rontgen,-qui
est égal à 33oo (Townsend et Langevin). Les nombres obtenus sont, du reste, d'accord
avec les mobilités déterminées précédemment.
» H. M. Langevin, dans sa thèse, a introduit dans l'élude des gaz ionisés le rap-
port -. := ' Al et /i., désignant les mobilités des ions des deux signes : il en
a montré toute l'importance théorique et a donné une mélhode pour le mesurer direc-
tement, dans le cas où l'on crée une ionisation instantanée entre deux plateaux parallèles
à l'aide d'une seule décharge d'un tube de Crookes. Celle méthode repose sur l'emploi
de la formule
dans laquelle Q^ rej^résente la quantité maximum d'électricité que l'on peut extraire du
gaz par unité de surface des plateaux, Q la quantité totale que l'on en extrait par unité
de surface (|uand la densité superficielle sur les plateaux est 1.
» J'ai refait le calcul de M. Langevin pour un condensateur cylindrique et obtenu
une équation identique à l'équation (() avec la seule différence que les quantités Qg, Q
et a se rapportent maintenant à l'unité de longueur du condensateur, et, en outre, la
quantité a à l'unité d'angle solide. D'autre part, si, au lieu d'une ionisation instantanée
dans un gaz immobile, on produit une ionisation uniforme dans un gaz entraîné avec
une vitesse constante parallèlement aux génératrices du condensateur cylindrique,
l'armature centrale recueillera en ses points successifs des quantités d'électricité cor-
respondantes à celles que recueille le plateau de M. Langevin à des instants successifs.
Si donc cette électrode centrale est assez longue pour ne laisser échapper aucun ion,
elle recueillera au total la même quantité d'électricité que le plateau de M. Langevin,
et l'on pourra appliquer encore à la mesure de z la formule (i), en mesurant simple-
ment en plus la vitesse du gaz.
» En somme, cette remarque permet de transformer la méthode de M. Langevin, qui
ne s'appliquait qu'aux rayons de Rontgen, en une méthode de courant gazeux appli-
Io42 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cable à des cas d'ionlsalion Lien di/Térenls (phosphore, gaz de la (lamme. elc). L'ap-
plication de la méthode à l'émanation du phosphore m'a fourni, pour le rapport ^,
des nombres compris en moyenne entre 0,7 et i, c'est-à-dire un peu inférieurs à
l'unité et de l'ordre de l'unité. Comme s représente, en théorie, d'après M. Langcvin,
le rapport du nombre des recombinaisons au nombre tolal des collisions entre ions de
signes contraires, les nombres trouvés expérimentalement sont bien d'accord avec ceux
que la théorie permettait de prévoir en vertu de la très faible mobilité des ions du
phosphore.
» En résumé, les mesures tout à fait indépendantes des mobilités, des
coefficients de recombinaison, et du rapport s = 7 — jj^ — t-t pour les ions
4T: ( A', -+- A',)
dn phosphore, conduisent à un ensemble de résultats parfaitement cohé-
rents, et qui constituent par leur accord la meilleure démonstration d'une
véritable ionisation. »
ÉLECTRICITÉ. — Étude d'une résistance de contact. Note de M. A. Bs.axc,
présentée par M. J. Violle.
(( La résistance étudiée est celle d'un cohéreur formé d'un plan d'acier
et d'une bille d'acier dont les surfaces sont polies avec soin.
» Le plan d'acier est porté par une tige rigide, la bille par un ressort de flexion, de
sorte que, dans la position verticale du ressort, la bille ne touche pas le plan vertical.
On établit le contact en inclinant tout l'appareil, le ressort fléchissant simplement par
le poids de la bille; la pression est réglée par l'inclinaison de l'appareil. Le tout est
placé, autant que possible, à l'abri des trépidations et des ondes sonores un peu
intenses. On obtient ainsi une résistance pouvant dépasser 10 000 ohms.
» La résistance est mesurée à l'aide d'un pont de Wheatstone; le courant est fourni
par un accumulateur, et Ton a intercalé entre l'accumulateur et le pont une boîte de
résistance à plots, qui permet de faire varier rapidement l'intensité.
); Coliération. — Quand on établit brusquement à travers le cohéreur un
courant d'intensité déterminée, la résistance part d'une certaine valeur et
diminue progressivement pendant plusieurs heures, d'abord rapidement,
puis plus lentement, en paraissant tendre vers une limite. C'est à cette
chute de résistance progressive sous l'action du courant que je réserverai
le nom de cohération par le courant. Me proposant de revenir sur ce phé-
nomène, je me contenterai j)our le moment d'en indiquer les caractères
généraux.
» La chute de résistance due à la cohération cs[ irréversible ; elle persiste,
SÉANCE DU l4 DÉCEMBRE IQoS. Io4'^
même quand le courant ne passe plus, pourvu qu'on évite les chocs. Elle
est d'autant plus grande et plus rapide que l'intensité du courant est plus
grande. Elle est facilitée par des trépidations très légères.
)) Quand la cohération est à peu près terminée pour une certaine inten-
sité, elle l'est complètement pour les intensités plus faibles, et la résistance
est alors très stable. Au contraire, si l'on augmente l'intensité, une nou-
velle cohération se produit et la valeur limite de la résistance est la même
que si l'intensité actuelle avait été établie brusquement.
f> Entre les intensités faibles et les intensi/és relativement grandes, il
existe une région où une faible augmentation de l'ititensité produit une
grande augmentation de cohération. Cette région de sensibilité maxima est
assez étroite, surtout si le cohéreur n'est pas complètement à l'abri des
trépidations.
)) Résistance avanl la cohération. — Si l'on donne au courant une faible
intensité, de sorte que la vitesse de cohération soit faible, et qu'on aug-
mente cette intensité graduellement, la résistance diminue. Si l'on revient
ensuite en arrière, la résistance augmente, mais en prenant des valeurs un
peu inférieures aux premières.
y Ceci est dû à la cohération qui s'est effectuée pendant le temps néces-
saire aux mesures. En effet, si l'on mesure la résistance pour une première
intensité, puis qu'on passe à une intensité plus grande, mais en n'établis-
sant cette dernière que pendant le temps nécessaire pour s'assurer, par le
sens de la déviation du galvanomètre, que la résistance a diminué, sans la
mesurer, on retrouve ensuite rigoureusement la valeur primitive quand
on revient à la première intensité.
» Donc, antérieurement à toute cohération, la résistance du contact dépend
d'une manière réversible de V intensité du courant qui le traverse. Elle diminue
quand l'intensité augmente.
)) Résistance après la cohération. — Quand la cohération est sensiblement
terminée pour une intensité, il est facile de mesurer la résistance pour des
intensités plus faibles, car elle ne varie plus avec le temps. Cette résistance
présente le même caractère que précédemment : elle varie d'une manière réver-
sible avec l' intensité .
» Si la cohération est faible, la résistance varie, comme précédemment,
en sens inverse de l'intensité. Si la cohération est grande, le sens de la
variation est changé : la résistance diminue quand l'intensité diminue.
Entre les deux, il existe un degré de cohération pour lequel la résistance
ro'i/i ACADEMIE DES SCIENCES.
est constante, c'est-à-dire pour lequel accidentellement la loi de Oliin est
applicable.
» Ces résultats se retrouvent identiquement quand la cohération a été
produite par une étincelle.
» Influence du changement de sens du courant. — Le changement de sens
du courant n'a aucun effet quand il n'y a pas encore de cohération, ou
quand la cohération est terminée. I) a une action très nette sur la cohé-
ration elle-même.
» Pour une intensité donnée, alors qu'une rupture du courant suivie de
son rétablissement n'a pas d'effet appréciable, chaque inversion produit au
début de la cohération une chute de résistance, qui continue ensuite avec
une vitesse plus grande qu'avant l'inversion. Puis à mesure que la cohé-
ration avance, la chute de résistance produite par l'inversion diminue.
Plus tard, à l'inversion, la résistance commence par augmenter pendant
un certain temps, pour diminuer ensuite beaucoup plus lentement, après
un maximum.
)) Enfin, quand la cohération est à peu près terminée, il n'y a plus aucun
effet.
» Tous les pfiénomènes observés pour l'acier se retrouvent avec le laiton, quoique
beaucoup plus difficilement observables.
» En somme, une résistance de contact a une nature très dilFérente de
celle d'une résistance métallique : elle est une {o\\ci\on réversible do l'in-
tensité toutes les fois qu'elle n'est pas en train de varier par l'effet du
passage du courant. Elle é[)rouve en outre une diminution irréversible
toutes les fois qu'elle est traversée par un courant suffisant pendant un
temps appréciable, et ce dernier })hénomène dépend du sens du courant. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur les efforts développés dans le choc d' éprouvettes
entaillées. INote de M. A. Pérot, présentée par M. Michel Lévy.
« Il m'a paru intéressant de chercher à mesurer les efforts développés
par le choc d'un mouton sur une éprouvette entaillée, cas dans lequel !a
déformation est limitée à une étroite région ; une première méthode aurait
consisté à enregistrer le mouvement ou la vitesse du mouton pendant le
choc, et à en déduire par différentiation les valeurs de l'accélération et de
SÉANCE DU l4 DÉCEMBRE 1903. lO^D
la force à chaque instant. Les phénomènes se passant en des temps extrê-
mement courts, (le l'ordre du dix-millième de seconde, dans certains cas,
les courbes doivent donner lien à des interprétations difficiles ; aussi m'a-t-il
semblé préférable d'inscrire directement les efforts en abscisses et les dépla-
cements du mouton en ordonnées, de telle sorte que l'aire de la courbe
donnât directement le travail,
» Voici comment ce plan d'expériences a été réalisé (' ) :
» L'éprouvette entaillée est encastrée dans une sorte d'étau mobile autour d'un axe
horizontal (chabotte du mouton de la marine légèrement modifiée). Cet élau repose
sur un ressort puissant. La tôle du mouton porte une plaque photographique qui, pro-
tégée au repos par une plaque métallique, est démasquée au moment du choc ; un fais-
ceau de rayons parallèles, issus d'un trou vivement éclairé, tombe sur un miroir porté
par l'axe de l'étau, traverse un prisme redresseur, est réfléchi par un miroir et traverse
une lentille qui forme une image du trou. Au moment du choc, cette image se forme
sur la plaque photographique portée par la tète du mouton et, par développement, oii
obtient une courbe dont les ordonnées sont les déplacements mêmes du mouton, et
dont les abscisses sont proportionnelles aux déformations du ressort et par suite aux
efforts.
)) Les figures suivantes donnent un exemple des courbes obtenues avec
des éprouvette's différentes d'un même métal. La première est relative à
une entaille aiguë, la deuxième et la troisième à de larges entailles à fond
plat.
» Ces courbes donnent lieu aux remarques suivantes :
» i** Les efforts exercés croissant très vite, l'intervalle de temps corres-
pondant à la production de l'effort sur le ressort est inférieur à o,ooo5
(période de déformation élastique);
(') Avec l'aide de M. Henri Michel-Lévy, qui a bien voulu se charger d'effectuer
une grande partie des expériences.
G. R., 1903, 2" Semestre. (T. GX.XXVII, N» 24.) ^^7
Io46 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» 2° Ils sont limités à une valeur qui dépend des qualités du métal, et
sont analogues pour les trois courbes;
» 3° Les courbes présentent des oscillations dues au ressort. Ces oscilla-
tions décroissent suivant une même loi exponentielle dans les différentes
courbes obtenues ;
» If Les sensibilités du ressort mesurées, soit par un tarage direct, soit
par une mesure du travail, dans le cas oii l'éprouvette n'ayant pas cassé,
la force vive du mouton a été dépensée tout entière sur l'éprouvette, sont
les mêmes, aux erreurs expérimentales près.
» Je ferai connaître ultérieurement les résultats obtenus pour différents
métaux, en faisant varier les conditions du choc (hauteur, forme de l'en-
taille, etc.). ))
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — La Sensation lumineuse en fonction du temps pour
les lumières colorées. Discussion des résultats. Note de MM. Axdré Broca
et D. SiJLZER, présentée par M. d'Arsonval.
« Quand une lumière blanche ou colorée, constante, agit sur la rétine,
la sensation qu'elle produit n'atteint pas immédiatement sa valeur perma-
nente. Elle y arrive en suivant une loi que nous avons étudiée expérimen-
talement. La figure de notre Note précédente résume nos expériences en
lumière colorée, celle de notre Note du i4 avril 1902 résume nos expé-
riences en lumière blanche. Nous pouvons exposer ainsi les résultats de
ces études :
» On peut distinguer dans la variation de la sensation en fonction du
temps les trois phases suivantes :
» 1° Pour les temps courts, l'excitation est insuffisante pour donner une
sensation égale à celle qui correspond au régime permanent. Dans cette
région, la courbe se confond avec une droite d'autant plus inclinée sur
l'axe des temps que l'intensité employée est plus forte.
)) 2"^ Après avoir atteint cette valeur, la sensation la dépasse, tout en
contitiuant à varier proportionnellement au temps.
» 3*^ Au bout d'un temps d'autant plus court que la lumière est plus
forte, la courbe s'infléchit, passe par un maximum et tend ensuite lente-
ment vers la sensation pernianenLe, qu'elle atteint au bout de 2 à 3 secondes.
Ce temps est très long par rapport à ceux qui correspondent au premier
passage par la valeur de la sensation permanente et par la valeur du maxi-
SÉANCE DU l4 DÉCEMBRE igoS. IO47
mum, car ceux-ci sont de l'ordre du dixième de seconde pour les éclats les
plus faibles dont nous nous sommes servis, et de Tordre du centième pour
les plus forts.
)) Nos courbes étant construites pour une dépense constante d'énergie
lumineuse, par unité de temps et par unité de surface rétinienne, nous
donnent une indication précise sur la sensibilité de la rétine à chaque
instant. Elles nous donnent donc la marche du phénomène de l'adaptation
de la rétine à la lumière.
» Nous voyons que, pendant les deux premières périodes ci-dessus décrites, la sen-
sation croît proportionnellement au temps, c'est-à-dire à la quantité d'énergie dé-
pensée sur la rétine depuis l'origine du temps. C'est ce qu'on peut appeler la période
d'addition. L'inflexion de la courbe au bout de cette période montre que la rétine
devient moins sensible; une même dépense d'énergie produit une augmentation de
sensation moindre qu'au début. C'est une première manifestation de la fatigue de la
rétine et des réflexes de défense qui en sont la conséquence. La lumière continuant à
agir, les phénomènes de fatigue et de défense deviennent assez grands pour que non
seulement la sensibilité, mais la sensation elle-même diminue, malgré la continuation
de l'action extérieure.
» Nous savons que la sensation est accompagnée d'une dépense de pourpre visuel,
ainsi que de la migration du pigment rétinien qui diminue la surface attaquable par
t
s
.6
Lux
200-
^
y \lert_Nagel gS
^^^
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y'^_ Sensation permanente Rouge ven et blanc gS
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/' ^
/''/V'''
0
M
5) œ
0 o
IVlillièmes de seconde
la lumière, et qui limite de cette manière la dépense possible de pourpre par unité de
surface et par unité de temps; les deux phénomènes font partie : le premier des
phénomènes de fatigue, le second des réflexes de défense. L'ensemble des deux doit
évidemment donner à la courbe un aspect analogue à celui que nous avons décrit et
I048 ACADÉMIE DES SCIENCES.
conforme en tout à l'expérience, car ces phénomènes doivent se manifester d'autant
plus vite et l'abaissement après le maximum doit être d'autant plus grand que la
lumière est plus intense.
» Ces vues sont encore corroborées par le rapprochement des résultats de l'examen
des courbes relatives à la luriiière colorée et de l'expérience sur la fatigue à longue
échéance décrite dans notre dernière Note. On voit, en effet, immédiatement que la
couleur pour laquelle, à égalité d'éclat, le maximum est le plus marqué, est le bleu,
qui donne aussi la fatigue la plus longue à disparaître; le vert est, aux deux points
de vue, la couleur qui donne les j^hénomènes les moins marqués. Nous avons fait
reproduire ci-dessus trois courbes caractéristiques qui font sauter le phénomène aux
yeux, en y joignant la courbe correspondante relative au blanc.
S S
» Nous avons donc le droit d'appeler ondalaLion de fatigue le rapport — ^^^^ en
appelant S la sensation permanente et S„( la sensation maxima. Ce rapport, sans nous
donner une mesure mathématique de la fatigue rétinienne due à l'emploi d'une
lumière donnée, nous donne cependant une indication précieuse sur ce phénomène.
» Nous pouvons donc résumer ainsi nos expériences :
» Le bleu produit, à égalité d'éclat, une fatigue très supérieure au blanc.
» Le rouge produit une fatigue à peu près égale à celle du blanc de
même éclat.
» La région moyenne du spectre (vert de Nagel) produit une fatigue
beaucoup plus faible que celle du blanc de même éclat. On voit même
(figure de la Note précédente), pour cette dernière couleur, avec un éclat
égal à celui d'un papier blanc éclairé par 25 lux (Sulzer), l'ondulation de
fatigue disparaître complètement, alors que l'acuité visuelle donnée à l'œil
est déjà très bonne.
» Le blanc qui nous a servi de comparaison n'est pas celui de la lumière
solaire, impossible à obtenir assez constante, mais celui d'un bec Auer.
» Nous nous réservons d'étudier ultérieurement les diverses sources
usuelles au point de vue qui nous occupe. Nous nous contenterons de
dire maintenant en conclusion pratique de notre étude : les sources
modernes à très liaiiLe température comme l'arc électrique ou les lampes à
incandescence très poussées, sont nuisibles à l'œil, au lieu que les manchons
à incandescence, dont réjnission est surtout dans le vert, sont au contraire
très favorables au point de vue de V hygiène oculaire. On devrait toujours
imprimer sur du papier teinté de rose, ou de jaune.
» Qu'il nous soit permis maintenant tle tirer de tout cela encore une
conséquence philosophique. On sait depuis Langley que la radiation qui, à
égalité d'énergie, donne à l'œil la meilleure acuité visuelle est le jaune vert.
Ch.-Efl. Guillaume a fait remarquer qu'elle coïncide à peu près avec le
SÉANCE DU l4 DÉCEMBRE IQoS. Io49
maximum d'énergie du spectre solaire, et que, par conséquent, l'œil avait
évolué de manière à utiliser le mieux possible la radiation solaire. Mais le
sens lumineux semblait ne pas se conformer à la loi de l'évolution : le bleu
produit une même notion d'éclat avec une énergie beaucoup plus faible
que le vert ou le rouge. Les faits actuels nous montrent au contraire que le
bleu se conforme à la loi générale. Ce que l'évolution doit réaliser, en effet,
c'est le fonctionne ment le plus économique des organes, et la grandeur de
l'énergie extérieure qui le produit importe peu; ce qui importe, c'est l'éco-
nomie en énergie phvsiologique, et celle-ci est certainement d'autant plus
grande que la fatigue est moindre. Nous |)onvons donc dire :
» Les radiations moyennes du spectre, pour lesquelles il présente son maxi-
mum d'énergie, sont celles Dour lesquelles l'œil humain fonctionne le plus éco-
nomiquement. Il
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Emission de rayons n {rayons de Blondlot) par
l'organisme humcdn, spécialement parles muscles et parles nerfs. Note de
M. AuG. Charpentier, présentée j)ar M. d'Arsonval.
« En répétant à mon laboratoire, et dans des conditions diverses, quel-
ques-unes des expériences qu'a instituées M. Blondlot sur la production et
les effets des rayons n, et dont il a bien voulu me rendre témoin, j'ai eu
l'occasion d'observer une série de faits nouveaux qui me paraît avoir une
certaine importance au j)oint de vue physiologique.
» On sait qu'une manière commode d'observer les ravons de Blondlot
est de les recevoir dans l'obscurité sur une substance phosphorescente
assez peu lumineuse dont ils augmentent l'éclat. Il faut ensuite naturelle-
ment les différencier d'autres agents physiques produisant le même effet.
On peut aussi prendre comme objets d'épreuve des substances fluores-
centes; ainsi je me suis servi souvent avec avantage de platino-cyanure de
baryum dont je réglais l'intensité lumineuse à l'aide d'un sel de radium
recouvert de papier noir et placé à une distance variable.
)) Or j'ai reconnu d'abord que le petit objet phosphorescent ou fluores-
cent augmentait d'intensité lumineuse quand on l'approchait du corps. En
outre cette augmentation est plus considérable au voisinage d'un muscle, et
d'autant plus grande que le muscle est contracté plus fortement. Il en est
de même au voisinage d'un nerf ou d'un centre nerveux, où l'effet augmente
avec le degré de fonctionnement du nerf ou du centre. On peut par ce
,o5o ACADÉMIE DES SCIENCES.
moyen, et quoique l'observation soit assez délicate, reconnaître la présence
d'un nerf superficiel et le suivre (nerf médian, nerf cubital, filets divers
voisins de la peau).
» Ces effets ne s'observent pas seulement au contact de la peau, ils sont
perçus à distance, à l'intensité près. Ils sont transmis à travers les sub-
stances transparentes pour les rayons n (aluminium, papier, verre, etc.),
et arrêtés par l'interposition de substances opaques pour les mêmes rayons,
plomb (incomplètement), papier mouillé. Ils ne sont pas dus à une aug-
mentation de température au voisinage de la peau, car ils persistent quand
on interpose plusieurs lames d'aluminium ou de carton séparées par des
couches d'air et formant écran calorifique.
» Ces rayons se réfléchissent et se réfractent comme les rayons n. J'ai
produit des foyers réels, manifestés par des maxima d'éclairement, à l'aide
de lentilles de verre convergentes. La position de ces foyers, ou maxima
quoique difficile a bien délimiter, m'a permis de reconnaître que l'indice
de réfraction des rayons émis par le corps était tout au moins de l'ordre
de grandeur de celui déterminé par M. Blondlot pour les rayons n.
» J'ai répété les mêmes expériences avec succès sur une lentille plan-
convexe formée par de l'eau salée à 8 pour looo contenue dans une cupule
d'aluminium.
)) On pourrait se demander si le corps humain émet réellement ces
rayons, ou s'il ne fait que les emmagasiner pendant le jour ou à la lumière,
à la façon des corps insolés qu'étudie M. Blondlot. Or après un séjour noc-
turne de 9 heures dans une complète obscurité, les phénomènes se
montrent les mêmes, et plus faciles à observer encore à cause de l'adapta-
tion plus parfaite de l'œil.
» il me semble donc démontré dès maintenant que le corps humain
émet des rayons /î, et que dans l'organisme ce sont les tissus dont le fonc-
tionnement est le plus intense qui les émettent en plus grande quantité. Il
y a là en particulier une nouvelle méthode d'étude pour l'activité muscu-
laire et nerveuse, et l'importance de ces nouveaux faits est capitale en ce
qui concerne cette dernière, les réactions extérieures du système nerveux
étant nulles jusqu'à présent, puisqu'on n'apprécie ses effets que secondai-
rement par la contraction musculaire ou par la sensation.
)) Il y a là en outre la base de nouvelles méthodes d'explorations cliniques.
• On peut par exemple, avec quelque attention, délimiter l'aire du cœur,
organe en activité musculaire presque continuelle, et un petit objet lumi-
nescent promené dans la région cardiaque au voisinage de la surface
SÉANCE DU l4 DÉCEMBRE igoS. lo5l
cutanée manifeste par ses changements d'éclat la limite et la surface de
projection de cet organe. Nous reviendrons prochainement sur la délimi-
tation extérieure des centres nerveux, et d'autres organes encore à l'étude.
» Le champ de cette nouvelle méthode est donc très vaste, et ces con-
séquences de la belle découverte de M. Blondlot pourront permettre de
nombreuses études dans l'ordre physiologique et médical. »
CHIMIE MINÉRALE. — Action du mélange oxygène et acide chlorhydrique
sur quelques métaux. Note de M. Camille Matigxox.
<( Daus une Note précédente (') j'ai démontré que le mélange oxygène
et acide chlorhydrique attaquait l'or, le platine, le tellure à des tempéra-
tures bien inférieures à la température d'oxydation du gaz chlorhydrique
par l'oxygène. Des expériences nouvelles m'ont permis de généraliser cette
réaction; tous les métaux de la mine du platine sont chlorurés par ce
mélange.
» Palladium. — Le palladium qui se rapproche de l'argent est attaqué à froid. Une
petite lame de palladium pesant 28,6, abandonnée au contact d'une solution chlorhy-
drique concentrée dans un flacon plein d'oxygène, a diminué de poids régulièrement
en même temps que la solution prenait une teinte brune de plus en plus foncée; api^ès
quelques semaines, oS,23 de palladium étaient passés en solution. La solution, qui pré-
sente tous les caractères du palladium, a permis d'isoler le chlorure palladeux PdCP.
» Ruthénium. — Le ruthénium a été employé seulement sous forme de mousse. A
la température ordinaire, il se produit une attaque manifeste, mais extrêmement lente;
on peut la reconnaître grâce à la teinte foncée de la solution chlorhydrique de chlo-
rure qui s'accentue avec le temps. Après plusieurs mois de contact, on peut caractériser
le ruthénium et un mélange d'hyposulfite de soude et d'ammoniaque qui fournit une
coloration pourpre.
» En tube scellé à I25°, la chloruration est complète après quelques heures, l'oxy-
gène contenu dans le tube est absorbé en totalité et la solution concentrée abandonne
des cristaux d'un chlorhydrate de chlorure.
» Iridium. — L'iridium fondu, abandonné à l'air au contact de la solution chlor-
hydrique, ne colore pas cette solution à moins qu'il ne contienne du fer; il n'y a
donc pas d'attaque à froid. Le même iridium maintenu en présence des mêmes réac-
tifs dans un tube scellé pendant 6 à 8 heures à la températur-e de i5o° est attaqué
nettement, la liqueur brunit; une dose notable d'oxygène est absorbée, comme on
le constate à l'ouverture. Les chlorures d'ammonium, de potassium, de césium préci-
(^) Matignon, Comptes rendus, t. GXXXIV, p. i497«
Io52 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pilent la liqueur en donnant les chloroiridates correspondants dont la forme et sur-
tout la couleur caractérisent la présence de l'iridium.
» L'iridium mousse s'attaque plus facilement que le précédent.
» Rhodium. — Les essais ont été faits avec du rhodium en grenailles. Il n'est pas
attaqué à froid, mais à i5a°, la clilo ru ration, quoique lente, devient très nette, la
solution piend alors la belle teinte rose des sels de rhodium ; à aoo*' la dissolution est
plus rapide et dans le même temps la teinte rose se fonce davantage.
» Le rhodium, isolé de la solution puis réduit par l'hydrogène, est dissous dans le
bisulfate de potassium. Le produit d'attaque repris par l'eau donne une solution jaune
que l'acide chlorhydrique fait virer au rouge.
» Dans une exjîérience un peu prolongée il fui possible de dissoudre plus de \^^ de
rhodium.
)) Th.Wilm (*) avait reconnu que le rhodium actif précipité de ses solutions parle
fer, le zinc, se dissolvait facilement dans l'acide chlorhydrique au contact de l'air.
» Osmium. — A l'état de mousse, il passe lentement en solution à la température
de i5o°, la liqueur prend alors une teinte jaune vert tout à fait caractéristique de la
présence de l'osmium.
» Le mélange oxygène et acide chlorhydrique constitue donc un agent
chlorurant d'une grande généralité, comme le faisaient prévoir des consi-
dérations théoriques (-). Il forme en outre un excellent réactif pour
déceler la présence du fer dans l'or, i'ii^idium et le rhodium fondus. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la constitution et les propriétés des aciers au silicium.
Note de M. Léon Guillet, présentée par M. Ditte.
« De nombreuses recherches ont déjà été faites sur la constitution des
ferrosiliciums et sur l'influence que pouvait avoir le silicium sur les
propriétés du fer.
» Poursuivant les recherches que nous avons entreprises sur des aciers
spéciaux, nous avons étudié deux séries d'aciers au silicium, tant au point
de vue micrographique qu'au point de vue mécanique.
» Micrographie. — Quel que soit le pourcentage en carbone des aciers,
les vues micrographiques sont semblables pour une même dose de silicium.
» Elles ne diffèrent que par la plus ou moins grande quantité de perlite ou de
graphite :
>) De o à 5 pour loo de silicium, les aciers ont même structure que les aciers au
carbone ; le silicium s'y trouve à l'état de dissolution dans le fer ;
(*) Berichte, t. XIV, p. 629.
(^) Comptes rendus, t. CXXXIV, p. i^g-j.
SÉANCE DU l/j DÉCEMBRE igoS. lo53
» De 5 à 7 pour loo, on voit de la perlite et du graphite ; le graphite est entouré
de plages blanches plus ou moins importantes, dont nous n'avons pu défuiir la nature ;
» De 7 à j8 pour loo, on ne voit que des plages blanches, souvent bordées de
graphite ; parfois on distingue autour de ce graphite quelques éléments brillants ;
» De II à 3opour loo, on trouve des cristaux qui se développent au fur et à mesure
que le pourcentage en silicium est plus élevé, et qui sont entourés d'un eutecliqiie,
» En résumé, nous distinguons dans les aciers au silicium 3 groupes
principaux :
» Premier groupe. — Aciers dont tout le carbone est combiné de
o à 5 pour loo de silicium ;
» Deuxième groupe. — Aciers dont le carbone est en partie à l'état
combiné, en partie à l'état de graphite, de 5 à 7 pour 100 de silicium ;
» Troisième groupe. — Aciers dont tout le carbone est à l'état de graphite.
Ce sont ceux renfermant plus de 7 pour 100 de silicium.
» Mais ce dernier groupe doit être subdivisé :
» 1° Aciers formés par une solution fer-silicium et contenant des quantités très
faibles qui se présentent sous forme de grains brillants, lesquels correspondent
nettement à la formule Fe^Si; ils ont pu être isolés par le chlorure de cuivre
ammoniacal.
» Ce composé est toujours en petites quantités, o, t pour 100 au maximum.
» 2° Aciers renfermant des cristaux très nets qui ont pu être isolés par la méthode
indiquée par MM. Carnot et Goûtai et qui correspondent bien à la formule FeSi.
» Essais mécaniques. — Les aciers à 0,200 de carbone et renfermant
moins de 7 pour 100 de silicium sont seuls susceptibles d'être laminés;
il en est de même des aciers à 0,900 de carbone et qui contiennent moins
de 5 pour 100 de silicium.
» Ces aciers seuls ont été étudiés au point de vue mécanique.
» Les résultais de ces recherches peuvent être résumés comme il suit :
» La charge de rupture et la limite élastique sont plus élevées dans
les aciers au silicium que dans les aciers ordinaires à même teneur en
carbone; mais elle ne croît pas sensiblement avec la teneur en silicium.
Leur résistance au choc (méthode Frémont) est peu élevée, leur dureté est
plus grande que dans les aciers au carbone ordinaires.
Carbone.
Silicium.
R.
0,208
0,409
60,2
0,117
I ,600
56,5
0,277
5, 120
6j,7
G. R., 1903, 2» Semestre. (T. CXXXVII, N° 24.)
Chiffre
A
Résistance
de
E.
pour 100.
v_
au
choc.
Brinell.
45,3
17
57,2
6 ■
l53
45 , 2
16
09,2
8
i59
02,6
0
0
0
248
\.yu, N=
■ 24.)
i3«
Io54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Les résultats obtenus avec le dernier de ces aciers s'expliquent par
la présence du graphite.
Chiffre
A
Résistance
de
Carbone.
Silicium.
R.
E.
pour 100.
\]_
au
choc.
Brinell.
0,878
0,433
I l5,2
62,5
5,5
10,4
2
3o2
o,835
I , l56
io3,9
62,5
4,5
10,4
4
293
0,968
2,090
io5,4
76,8
3
0
3
277
» Influence des traitements. Recuit. — Un recuit à 900", peu prolongé, adoucit
les aciers au silicium; quand le temps est suffisamment long, il y a précipitation
du carbone à l'état de graphite; l'acier devient très fragile et ne possède aucun
allongement.
» Trempe. — La trempe durcit singulièrement les aciers au silicium ; l'acier à 0^208 C
et à 0,409 Si, nous a donné, après trempe à 850" dans l'eau à + 15",
R = 83,8 — E=: 5o,9, A pour 100 = 9, 2 = 28,5, Résistance au choc = 6''S'^.
» D'une façon générale, la résistance au choc est plus élevée après trempe qu'avant.
» Dans les aciers à haute teneur en carbone, elle atteint 7''5™, ce qui est très élevé
pour des aciers possédant une charge de rupture de i4o''^.
» Ceci explique pourquoi les aciers au silicium sont particulièrement utilisés pour
la confection des ressorts.
)) En résumé : L'étude que j'ai faite de la constitution et des propriétés
mécaniques des aciers au silicium montre que :
)) 1° Seuls les aciers contenant moins de 5 pour 100 de silicium peuvent
être utilisés;
» 2** Ces aciers offrent une plus grande résistance au choc après trempe
qu'avant; cette résistance est relativement élevée pour les aciers à haute
teneur en carbone;
» 3^ Certaines anomalies existent entre la constitution déjà établie, et
que nous avons retrouvée, des ferrosiliciums industriels et des aciers au
silicium, notamment en ce qui est de l'existence du composé Fe^Si;
» 4° Nos recherches, comme celles de M. Osmond, semblent prouver
l'existence de deux solutions du silicium dans le fer; l'une serait proba-
blement la solution Fe — Si; l'autre, la solution Fe — Fe-Si. »
CHIMIE MINÉRALE. — Nouvelle méthode de détermination des points critiques
des fers et aciers. Note de M. O. Boudouard, présentée par M. Troost.
« Au cours d'un travail présenté à Y Iran and Steel Institute de Londres,
relatif à la détermination des points de transformations allotropiques du
SÉANCE DU l4 DÉCEiMBRE igoS. lo55
fer et de ses alliages par la mesure des variations de la résistance électrique
en fonction de la température ( '), j'ai signalé l'importance des phénomènes
de thermoélectricité qui se produisaient dans les échantillons des métaux
étudiés; ces phénomènes étaient dus à une inégale répartition de la cha-
leur dans les barreaux, cette inégalité provenant elle-même du mode de
chauffage employé et des phénomènes thermiques qui se produisent dans
les barreaux aux points critiques. J'ai également montré que les courbes
construites en prenant comme abscisses les températures du métal et
comme ordonnées les pouvoirs thermoélectriques accusaient très nette-
ment les points de transformations allotropiques de chaque métal.
» M. Saladin a décrit récemment (-) une méthode d'enregistrement
photographique des points critiques des aciers dérivant du procédé
Roberts-Austen et utilisant les phénomènes calorifiques qui accompagnent
les transformations moléculaires des métaux, phénomènes mis en évidence
par M. Osmond. Le grand avantage du dispositif de M. Saladin consiste en
ce qu'il opère sur une plaque sensible fixe : on obtient des clichés exempts
de toute erreur personnelle de l'observateur ; de plus, si l'on emploie un
four à résistance électrique bien connu, une longue observation qui peut
exiger une durée de 8 heures et plus ne dérange l'opérateur que trois fois,-
et quelques minutes chaque fois : pour donner le courant, pour le couper
au bout d'un temps déterminé une fois pour toutes, enfin pour retirer la
plaque sensible et la développer au bout d'un autre temps déterminé. La
méthode instituée par M. Saladin permettant d'étudier et d'enregistrer tous
les phénomènes susceptibles d'être représentés par une fonciion à deux
variables, sous la condition que chacune des deux variables puisse être
représentée par la rotation proportionnelle d'un miroir, j'ai pensé l'utiliser
pour l'enregistrement photographique des courbes de thermoélectricité.
Dans ce cas particulier, j'ai pu encore simplifier le dispositif expérimental
décrit dans le Mémoire de M. Saladin.
» Description de V appareil. — La méthode de M. Saladin nécessite deux couples
thermoélectriques, l'un destiné à donner les températures du métal étudié, l'autre les
diflTérences de température de ce métal et d'un métal de comparaison ne subissant pas
de transformations aux. températures auxquelles on fait les essais (platine, acier à
{^) Journal of the Iron and Steel Institute, igoS (I); Bulletin de la Société
d'encouragement pour l' Industrie nationale, octobre igoS.
(-) Réunion des membres français et belges de l'Association internationale des
méthodes d'essais, séance du 28 février 1908.
Io56 ACADÉMIE DES SCIENCES.
25 pour loo de nickel). Dans la mienne, un seul couple, celui des températures,
suffit; de plus il est inutile d'employer un métal de comparaison. Un galvanomètre
sensible enregistre la difTérence de potentiel d'origine thermoélectrique existant entre
les deux extrémités de l'échantillon du métal chauffé.
» Chaque barreau de métal employé mesure lo™ de longueur et a un diamètre de
i"^""; il est percé en son milieu d'un trou de 5™™ de diamètre destiné à loger le couple
thermoélectrique devant donner la température du barreau. A chacune des extrémités
du barreau, on fait un trait de scie dans lequel on mate un fil de platine à l'aide d'un
morceau de fil de fer; les deux fils de platine convenablement isolés sont mis en com-
munication avec le galvanomètre sensible. Le tout est introduit dans un tube de por-
celaine analogue à celui m'ayant servi pour mes recherches sur les résistances
électriques et chauffé au moyen d'un four à résistance électrique qui permet d'atteindre
la température de 1200° au bout d'une heure et demie.
» Le montage de l'appareil, tel qu'il est installé au Laboratoire de M. le professeur
Le Chalelier, au Collège de France, comprend, en suivant la marche des rayons lumi-
neux, les parties suivantes : 1° source lumineuse projetant directement un rayon
lumineux sur le miroir du galvanomètre sensible; 2° galvanomètre sensible avec miroir
renvoyant le rayon sous un angle quelconque dans un plan horizontal; 3" prisme à
réflexion totale convenablement disposé, qui rend verticales les oscillations horizon-
tales du rajon ; 4° galvanomètre des températures avec miroir renvoyant le rayon sous
un angle quelconque dans le plan horizontal; 5° lentille biconvexe permettant la mise
au point; 6° écran en verre dépoli pour suivre à l'œil le phénomène, ou plaque photo-
graphique pour l'enregistrer.
» Comme source lumineuse, j'utilise un trou très petit percé dans une fenêtre de
clinquant et éclairé par un bec Auer. Le galvanomètre sensible est du type Desprez-
d'Arsonval avec aimants horizontaux; le galvanomètre des températures est un galva-
nomètre Le Chatelier qui donne une déviation de i4'"'" à i4™™,5 par 100^ entre 44^°
et loSS". Les miroirs sont plans et platinés. La chambre noire nécessaire au fonction-
nement de tout l'appareil mesure environ i™,5o de longueur sur o'",5o de largeur;
elle est installée sur une paillasse de laboratoire surmontée d'une hotte, à l'abri des
trépidations du sol.
» Dans chaque expérience, la durée du chauffage est de i heure i5 minutes, et celle
du refroidissement est au moins de 6 heures. Chaque fois, on a soin de tracer au préa-
lable les axes des coordonnées sur la plaque sensible, eu faisant osciller d'une pelite
quantité chacun des deux galvanomètres; cela se fait aisément en y lançant successi-
vement le courant développé dans la soudure d'un couple thermoélectrique auxiliaire
plongé dans la vapeur d'eau bouillante. L'échelle des températures est facilement dé-
terminée; pour le point de fusion de l'or, on emploie l'artifice indiqué par M. Saladin.
» Dans une prochaine Note, je donnerai les résultats auxquels je suis
arrivé en étudiant les aciers au nickel. »
SÉANCE DU l4 DÉCEMBRE I9o3. 1037
CHIMIE MINÉRALE. - Sur les fers météoriques.
Note de MM. F. Osaioxd et G. Cartaud, présentée pnr M. Moissan.
« Il nous a paru intéressant d'appliquer aux fers météoriques les pro-
cédés d'investigation actuellement usités pour l'analvse micrographique
des fers et des aciers terrestres.
» Nous avons eu à notre disposition deux échantillons de fers octaé-
driqiies. M. Stanislas Meunier a bien voulu nous prêter une plaquette du
fer de Caille etM. Paul Regnard une rognure provenant du découpage à la
scie, hit dans ses ateliers,- d'une météorite rapportée par M. Ward de la
région de Tombouctou.
» On sait que les fers octaédriques se composent de trois constituants
structuraux : la kamacite, la plessite et la tîenite.
» La kamacite de Caille se résout en grains diversement orientés, ce qui peut faire
soupçonner un recuit antérieur de la plaquette. La kamacite de Tombouctou, vierge
de traitement thermique, est du type classique, avec nombreuses lignes de Neumann.
La distribution de ces lignes sur une face taillée perpendiculairement à un axe qua-
ternaire semble justifier les conclusions de Linck et montrer que les'fers octaédriques
sont bien des assemblages poljsynthétiques de cinq cubes maclés suivant la loi de la
fluorine (1). Mais nous ne pouvons rien affirmer, l'échantillon ayant subi une défor-
mation notable.
» La ptesstie est dans tous les cas un mélange de kamacite et de tœnite, ce
qui confirme d'autres observations antérieures C^). Il en est de deux types, d'ailleurs
connus : l'un reproduit, à petite échelle, la disposition générale de la météorite; l'autre
montre une division en grains de la kamacite, la tœnite se rassemblant dans les joints
des grains. Cette seconde disposition se produit quand un îlot de plessite est bordé
de bandes de kamacite appartenant à des individus cristallins différents; les grains de
kamacite à l'intérieur de la plessite dépendent tantôt de l'un, tantôt de l'autre de ces
individus adjacents.
» La tœmte n'est homogène que sur les plus minces lamelles. Dès qu'elle acquiert
quelque épaisseur, l'intérieur des lamelles passe progressivement à la kamacite, comme
Tschermack l'avait observé sur Ilimaë (^). Le fait est donc usuel : il se rattache vrai-
semblablement à l'existence de ces bandes de passage, que l'attaque par les sels cui-
vriques ou mercuriques a révélées à Daubrée et à M. Stanislas Meunier (*) et, en tous
(*) Apud CoEEN, Meteoritenkunde, p. 80.
(^) Ibicl., p. 104-108.
(^) Ibicl., p. loi.
{') Stan. Meunier, Comptes rendus, t. LXIV, p. 685 et Météorites iEacvclopédie
"emy, t. II, Appendice, 2^ Cahier).
Frém
io58
ACADEMIE DES SCIENCES.
cas, il explique les divergences considérables (de i3 à 34 pour loo de nickel) relevées
entre les différentes analyses de ttenites ('). Ces divergences étaient inévitables,
puisque les analyses, souvent au moins, ont été faites sur des mélanges.
» Prenons {fig- i) les courbes de transformation magnétique des alliages de fer et
de nickel pendant le refroidissement. Les ordonnées sont les températures et les
abscisses les compositions centésimales. On a supposé, pour plus de simplicité, que
les deux transformations du fer coïncidaient dans tous les cas, ce qui n'est pas exact
pour les alliages au-dessous de lo pour loo environ. Les lignes pleines ABCD repré-
Fi£
Fig. 2.
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800
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1 600
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sentent le début des transformations et sont connues assez exactement par les expé-
riences de Hopkinson, de MM. Le Chatelier, Guillaume, Dumont, Dumas, Guillet et
de l'un de nous. Les lignes pointillées AE, FG, CD représentent la fin des transfor-
mations : les expériences citées fournissent des renseignements qui permettent de les
tracer dans leur allure générale. Les lignes EF, EE', FF' sont hypothétiques.
» Tel quel, ce diagramme nous avait été dessiné, dès le mois d'octobre 1900, par
Bakhuis Roozeboom, dans une communication privée, comme la conséquence la plus
probable des faits alors connus, cela sous toutes réserves. Et tout ce que l'on a trouvé
depuis n'a fait que confirmer ces sagaces prévisions.
» D'après ce diagramme, les alliages dont la teneur en nickel est infé-
rieure à OE pour 100 sont une solution solide non saturée de nickel dans
le fer, solution homogène du type cristallin du fer oc : elle correspond aux
fers météoriques dits cubiques, formés de kamacite pauvre en nickel.
(') ^/>«û? Cohen, Meteoritenkunde, p. ici.
SÉANCE DU l4 DÉCEMBRE igoS. loSg
» Les alliages dont la teneur en nickel est supérieure à OF pour loo
sont une solution homogène non saturée de fer dans le nickel, du type
cristallin du nickel a. Les météorites de cette composition sont très rares
et leur origine est mise en doute.
» Les alliages dont la teneur en nickel est comprise entre OEet OF sont
des mélanges de deux solutions solides saturées contenant respectivement
OE et OF pour loo de nickel.
» La solution à OE pour loo est la kamacite, la solution à OF pour loo
est la ttenite. Cette classe comprend tous les fers météoriques octaédriques.
» En d'autres termes, les fers météoriques, soit qu'ils aient passé par
l'état liquide, soit qu'ils aient été formés, comme le pense M. Stanislas
Meunier, par réduction de chlorures (les deux origines sont d'ailleurs
également vraisemblables), ont été, au-dessus des lignes ABCD, des solu-
tions solides homogènes de fer y et de nickel [3. Au refroidissement, celte
solution a laissé déposer, selon sa teneur, de la kamacite suivant AB, ou
de la tœnite suivant BCD, de la kamacite et de la taenite simultanément
suivant EF. La plessite est l'eutectique kamacite-taenite.
» Maintenant, la figure i est tracée d'après les alliages terrestres. Les
transformations y subissent des retards considérables dans la série dite
irréversible. Pour un refroidissement infiniment lent, comme a dû l'être
celui de planètes, le diagramme de refroidissement doit plutôt coïncider
avec celui que nous obtenons au chauffage (/%'. 2). La théorie reste d'ail-
leurs la même, et l'on explique ainsi que la liquation ait pu se faire, à
une température relativement élevée, dans les météorites, alors qu'elle est
impossible dans nos alliages quand le commencement des transformations
est abaissé au voisinage de la température ordinaire.
» Les fers météoriques représentent, par suite de la lenteur extrême du
refroidissement, l'état d'équilibre normal des alliages de fer et de nickel.
Tous nos alliages terrestres correspondants sont métastables. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la préparation du sesquiséléniure d'iridium. Note
de MM. C. Chabrié et A. Bouchonnet, présentée par M. H. Moissan.
« Parmi les quatre combinaisons du soufre et de l'iridium qui ont été
décrites, une seule paraît avoir une existence indiscutable, c'est le sesqui-
sulfure d'iridium. On sait, en effet, que Berzelius et Bôttger n'étaient pas
d'accord sur les propriétés du composé qu'ils ont décrit comme étant le
Io6o ACADÉMIE DES SCIENCES.
protosulfure, que le bisulfure n'est pas mieux défini, et que le trisulfure
de Berzelius semble bien être un dérivé du ruthénium et non de l'iridium.
» Il était donc raisonnable, dans l'étude des combinaisons séléuiées, de
chercher à obtenir d'abord le séléiiiure correspondant au sesquisulfure.
» Comme ce sulfure a été préparé par l'action de l'hydrogène sulfuré
réagissant à chaud sur une solution de sesquichlorure d'iridium, nous avons
fait passer un courant d'hydrogène sélénié dans une semblable solution en
chauffant légèrement.
» L'hydrogène sélénié a été obtenu en préparant d'abord du séléniure de fer par
combinaison directe du sélénium et du fer en limaille, puis en attaquant ce protosé-
léniure de fer par l'acide chlorhydrique en ayant soin de laver le gaz dans de l'eau
avant de le diriger dans la solution du sel d'iridium. Nous avons obtenu de celte ma-
nière un précipité noir qui a été recueilli par filtration, lavé à l'eau chargée d'hydro-
gène sélénié et séché dans le vide.
» La poudre sèche est noire, brillante, et ne semble pas cristallisée. On ne peut,
d'ailleurs, pas constater son action sur la lumière polarisée, parce qu'elle est absolu-
ment opaque.
» Comme Tacide azotique ordinaire ne l'altère ni à froid ni à chaud, on peut la laver
avec ce réactif afin d'être assuré que le produit ne contient pas de sélénium libre.
» L'acide azotique fumantréagit un peu si l'on fait l'opération à 200° en tube scellé;
la liqueur prend une couleur verdàtre.
» Le mébinge d'azotate, de chlorate et de carbonate de potassium au rouge n'attaque
qu'incomplètement le séléniure d'iridium.
» C'est l'eau régale qui parvient le mieux à le dissoudre à chaud après un temps
fort long et lorsque les acides azotique et chlorhydrique sont en proportions égales.
» Pour analyser le produit, on le chaufi'e pendant 6 à 7 heures avec un poids d'eau
régale 100 fois supérieur au sien (20S de réactif pour os, 200 de séléniure) et l'on
renouvelle l'eau dissolvante à mesure que son volume diminue jusqu'à complète disso-
lution, puis on ajoute de l'acide chlorhydrique en excès.
» On laisse refroidir, on ajoute de l'eau et un fort excès d'acide chlorhydrique et Ton
dose le sélénium par la réduction de l'acide sélénieux au moyen du gaz sulfureux
(procédé Berthier). Il faut que le gaz sulfureux passe pendant une journée entière
dans la solution à la température du bain-marie. On recueille le sélénium qui est pesé
par la méthode des filtres tarés.
» Si, à la liqueur dans laquelle le sélénium s'est précipité, on ajoute du bisulfite de
soude afin de la rendre moins acide, et que l'on continue à faire passer le gaz sulfu-
reux, l'iridium se précipite à son tour en poudre noire. 11 n'y a pas moyen de se
tromper et de ne pas saisir le moment où, tout le sélénium s'étant précipité, l'iridium
n'a pas encore été mis en liberté. Le sélénium, au moment où il se précipite, est
rouge (variété y), puis il se concrète en une masse noire qui se rassemble au fond de
la liqueur claire, tandis que l'iridium se précipite tout de suite en une poudre noire.
» D'ailleurs, l'iridium ne se précipite pas tant que la liqueur est fortement chlorhy-
drique. Enfin, nous nous sommes assurés que le premier précipité oxydé ne donnait
SÉANCE DU l4 DÉCEMBRE Tgo^. Io6l
pas de résidu fixe à la calcinalion et que le second était entièrement inattaquable par
l'acide nitrique.
» Les cliifFres des analyses concordent bien avec la formule Ir'Se'' qui corres-
pond au sesquiséléniure.
» Nous avons pensé réussir à obtenir ce produit sous la forme cristallisée
en chauffant ses éléments constituants dans un tube scellé de verre de
Bohême maintenu résistant à la température du rouge, pendant 8 heures,
au moyen d'un garnissage en sable interposé entre le tube de verre et la
gaine de fer qui le contenait et qui subissait directement l'action de la
chaleur.
» C'est la disposition qui a été imaginée autrefois par Frledel dans son travail sur
les thiohypophosphites {^) et qui a été aussi employée, par lui et par l'un de nous, pour
obtenir les sélénioliypophosphites cristallisés ("-).
» Dans le cas actuel, le résultat a été fort médiocre. En mettant, dans une expérience,
les éléments en proportions théoriques, et, dans une autre, un excès de sélénium qu on
enlevait ensuite, avec de l'acide nitrique, nous avons obtenu une masse noire confu-
sément cristalline qui se diflerenciait surtout du produit précédemment décrit, préparé
par voie humide, par une résistance beaucoup plus grande encore aux réactifs.
» Ainsi, ni l'eau régale, ni l'eau de brome, ni le mélange des nitrates et chlorates
alcalins n'ont eu d'action. Nous l'avons fondu à haute température avec le fluorure de
plomb sans provoquer de double décomposition.
)) Le sesquiséléniure d'iridium doit donc être préparé par voie humide
comme le sesquisulfure, et il est amorphe comme lui. »
CHIMIE. — Sur les acétates alcalino-terreux. Note de M. Albert Colso\,
présentée par M. G. Lemoine.
« Le chlore, agissant à froid sur l'acétate de plomb en solution acétique,
fait apparaître la tétravalence de ce métal; tandis qu'au contactde l'acétate
de baryte, il ne modifie pas la bivalence du baryum et le transforme prin-
cipalement en acétochlorure BaCl.C-H-^O- cristallisé avec i'"^^ d'acide
acétique (^).
» A la suite de cette constatation, j'ai cherché à produire par le même
(') Ch. Friedel, Comptes rendus, t. CXIX, 1894, p. 160.
(^) Ch. Friedel et C. Coabrié, Bull. Soc. chim., t. XIII, 1890, p. i63.
(^) Comptes rendus, t. CXXXVII, octobre 1900, p. 660.
C. R., 1903, i' Semestre. (T. CXXXVII, N° 24.) 1^9
Jo62 ACADÉMIE DES SCIENCES.
procédé les acétochlorures de magnésium et de calcium. Dans ce but, j'ai
préparé les acétates de ces métaux, exempts d'eau, en usant de l'artifice
dont je m'étais servi à l'endroit du plomb et de la baryte, c'est-à-dire en
ajoutant à l'acide acétique une quantité suffisante d'anhydride. L'attaque de
la magnésie par ce mélange fournit l'acétate Mg (G- H^ O')" + i , 5 G- H'' O' ,
identique au sel que l'on obtient en dissolvant le magnésium métallique
dans l'acide acétique glacial.
» L'attaque de la chaux en morceaux par l'acide acétique, additionné d'anhydride,
est lente : on constate à la longue un foisonnement qui quintuple le volume initial
de la chaux et donne une masse volumineuse amorphe qui, filtrée, fortement comprimée
et séchée dans le vide, répond à la constitution :
Ca(C2H30^)-+C2H*02
quelle que soit la nature de la chaux.
» Si l'on agit sur une petite quantité de chaux, oS'',75 pour loo?'' d'acide dissolvant,
surtout par ébullitions suivies de refroidissements, on obtient des cristaux durs,
grenus, transparents, ayant pour composition, eux aussi, Ca(C-H^O^)^ + C-H^O'.
» Cet acétate paraît donc exister sous divers états physiques, et la molécule d'acide
acétique qui s'ajoute constamment au sel normal Ca(G^H^O^)- n'est pas nécessaire-
ment caractéristique de la cristallisation du composé; c'est le point sur lequel j'insiste.
» La lenteur de l'attaque de la chaux par l'acide acétique pur, et l'inaction complète
du même acide sur le marbre, m'ont conduit à étudier la solubilité de la chaux cris-
tallisée, obtenue au four électrique, dans les liquides acétiques.
» Dans l'acide acétique pur en grand excès, la chaux cristallisée perd assez rapide-
ment sa transparence; elle foisonne sans grand échaulFement au point d'occuper, au
bout d'une demi-heure, 5 à 6 fois le volume initial : le sel formé possède la constitu-
tion ci-dessus indiquée, et semble se transformer en cristaux par un contact de plu-
sieurs semaines avec un excès d'acide acétique.
» L'anhydride acétique me paraissait devoir réagir sur la chaux cristallisée plus
énergiquement que l'acide acétique cristallisable à cause du dégagement de chaleur
considérable qui résulte de l'union directe des deux corps.
» L'expérience prouve au contraire qu'il n'y a aucune action si l'on opère dans des
tubes bien secs et scellés à la lam2:)e pour éviter Thumidité atmosphérique. Même
à la température de 187° après 10 minutes d'ébullition, la chaux reste transparente et
ne varie pas de poids. Toutefois, si Ton ajoute de l'acide acétique au mélange de chaux
et d'anhydride, l'attaque se fait à froid et avec Tallure de l'attaque par l'acide acétique
pur. Cette sorte de catalyse tient peut-être à ce que l'acide acétique se renouvelle
constamment dans cette réaction
CaO 4- C*HeO^+2(C2H'^0^)^-Ca(C2 11302)2+ C^H«0%H20,
l'hydrate C*H60%H20 formant aussitôt -.C^H^O^.
» Ajoutons que la chaux de marbre obtenue à 1000° durcit dans l'anhydride acé-
tique par suite d'une transformation superficielle en acétate.
SÉANCE DU l/j DÉCEMBRE IQoS. Io63
)) Action du chlore. — loo^ d'acide acétique dissolvent 6^ à 7^ d'acétate
calcique vers loo*' et deux fois moins vers 20*^. Le même poids d'acide
dissout environ lo^ d'acétate magnésien à i5°. Si l'on sature de chlore sec
l'une ou l'autre de ces solutions, il se dépose des corps solides qui ont
l'aspect et la composition des acétates mis en solution. Il semble donc que
le chlore n'a pas réagi. Cependant, en évaporant dans le vide une solution
magnésienne saturée de chlore depuis 2 jours, j'ai constaté que le résidu
solide renfermait du chlore précipitable par l'azotate d'argent, mais dont
la proportion ramenée à MgCl" correspond à peine à 2 pour 100 du ma-
gnésium initialement dissous.
» Toutefois, si l'on ajoute i à 2 pour 100 d'eau aux solutions acétiques
de mae^nésium ou de calcium, saturées de chlore, elles prennent la teinte
jaune des composés oxygénés du chlore, et il sort de la solution magné-
sienne plus concentrée, des mélanges d'acétate et de chlorure de magné-
sium hydratés en proportions variables. Dans certaines expériences, j'ai
même isolé d'assez gros cristaux déliquescents de chlorure de magnésium
hexa-hydraté MgGP,6H^O. L'eau facilite donc l'action du chlore sur les
dissolutions acétiques de magnésium ; le métal est partiellement transformé
en chlorure, mais dans aucun des cas précités je n'ai obtenu d' acétochlorure
de calcium ou de magnésium. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action des acides bromosuccinique et bibromosucci-
nique sur les bases pyridiques et quinoléiques . Note de M. Louis Dubreuil,
présentée par M. Haller.
« Dans une Communication antérieure (^Comptes rendus, t. XXXII,
p. 4 18), M. Simon et moi avons brièvement indiqué la formation d'acide
fumarique dans l'action de la pyridine et la quinoléine sur l'acide mono-
bromosuccinique en solution alcoolique. J'ai entrepris de préciser l'étude
de cette réaction et de la généraliser dans différentes directions. Ce sont les
premiers résultats obtenus qui font l'objet de la présente Communication :
ils portent sur l'action des acides bromosuccinique et bibromosuccinique sur
la pyridine, la quinoléine et la quinaldine successivement en solution
aqueuse et en solution alcoolique.
» Acide bromosuccinique. ~ Cette action consiste le plus souvent dans
l'enlèvement d'une molécule d'acide bromhydrique :
CO^H— CHBr-CH2 — GO^H -> CO^H — CH = CH — CO^H.
loG/J ACADÉMIE DES SCIENCES.
» En solution alcoolique il y a pour les trois bases étudiées formation du
fumarate correspondant : fumara te monopyridique, monoquinoléique, diqui-
naldique, avec un rendement quantitatif.
» Ces sels, en cristaux aciculaires blancs, fondent respectivement à 198°, i53°etio4°.
Leur analyse complète a été effectuée, et Ton a isolé leur acide qui a été caractérisé
comme acide fumarique par l'examen de ses propriétés et l'analyse de son sel d'argent.
» Les choses ne se passent plus de même en liqueur aqueuse. Dans ces
conditions la pyridine seule se comporte comme précédemment et donne
le même fumarate ; la quinoléine transforme Tacide brome en oxyacide et
Ton obtient le malate monoquinoléique : quant à la quinaldine, elle se
combine simplement à l'acide pour donner le bromosuccinate diqui-
naldique.
» Tous ces sels, bien cristallisés, ont été analysés complètement. Le malate mono-
quinoléique fond à i5i° : l'acide malique qu'on en extrait est inactif; le bromosucci-
nate diquinaldique, extrêmement soluble dans l'eau, est très altérable : par simple
dissolution dans l'alcool chaud il est transformé en un mélange de fumarate et de brom-
hydrate de quinaldine. U fond à 67°.
» Acide bibromosuccinique , — H y a également lieu ici de distinguer
suivant la nature du solvant employé.
» En solution alcoolique, l'acide n'est pas altéré : on recueille les bibro-
mosuccinates monopyridique, diquinoléique et monoquinaldique : la seule
différence porte donc sur le nombre des molécules de base combinées à
l'acide, et ceci est indépendant des proportions relatives de la base et de
l'acide. L'on a toujours obtenu les mêmes sels en faisant varier la propor-
tion de base de 1"^°' à 4™"' pour i d'acide.
» Tous ces sels sont bien cristallisés : on a fait leur analyse complète et isolé
leur acide : ils fondent respectivement, le sel monopyridique à 107°, le sel diquino-
léique à 108° et le monoquinaldique à i33°.
» En solution aqueuse, il y a, au contraire, enlèvement d'acide bromhy-
drique
(I) CO^H - CHBr - CHBr - GO-H^GO-H - GBr = GH - GO^H,
(II) GO=^H~-GBr = GH - GO-H-^GO^H - G =G -CO-H.
» Dans le cas de la pyridine et de la quinoléine, les 2''* de brome sont
ainsi éliminés : il y a création d'une liaison acétylénique (IT), et l'on peut
isoler les acétylènes dicarbonates, monopyridique et monoquinoléique. En
outre, au moins dans le cas de la pyridine, on peut isoler le terme inter-
médiaire (ï) de la débromuration, le bromofumarate monopyridique.
SÉANCE DU l4 DÉCEMBRE iQoS. Io6,^
» Pour la quinaldine, la débromuralion est incomplète ( 1) et l'on n'a
pu obtenir que le bromomaléate monoquinaldique sans constater la for-
mation d'acétylène dicarbonate.
» L'acétylène dicarbonate monopyridique se décompose à 210°, ainsi que l'acétylène
dicarbonate monoquinoléique : le bromofumarate monopyridique se décompose à 200°
et le bromomaléate monoquinaldique fond à i3o°. Tous ces sels cristallisent bien : on
les a analysés complètement et l'on a extrait leurs acides qui ont été caractérisés par
leurs propriétés.
» En résumé, l'action des bases pyridiqnes et quinoléiqnes sur les
dérivés bromes de l'acide succinique varie avec la nature de la base et celle
du solvant : elle conduit, suivant le cas, aux acides malique, fumarique,
bromofumarique, bromomaléique et acétylène dicarbonique. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un nouveau phénol triiodè.
Note de M. P. Brexans, présentée par M. A. Haller.
(( Dans des Communications antérieures ('), j'ai fait connaître les
isomères diiodés du phénol OH - CH^" i. 2 .4, 1.2.6, i.3.6, 1.3.5
et 1.3.4 ainsi que les nitrobenzènes et les anilines iodés qui leur ont
donné naissance. Je me propose de décrire ici les composés iodés que j'ai
obtenus en partant de Vorthonitraniline diiodée AziP — CHH- — AzO"
1.4.6.2 par la série des réactions suivantes : Le sulfate diazoïque de cette
nitraniline a été décomposé avec l'iodure de potassium et changé en un
nitrobenzène triiodè AzO"- CH^' i. 3. 5 .6. Ce dérivé nitré a donné par
réduction une aniline triiodée AzH' — C^H'P 1.3.5.6. Cette base a été
diazotée et le diazo chauffé en présence d'eau m'a fourni le phénol triiodè
OH — C" HU* 1.3.5.6. Je vais indiquer les conditions dans lesquelles ces
transformations ont été effectuées et exposer les propriétés de ces corps
nouveaux,
» I. Nitrobenzène triiodè, AzO^— G«HnM. 3.5.6. - Pour diazoter l'orthoni-
iraniline iodée AzH2—C«nn-^— Az 02 1.4.6.2, on dissout 3o5 de ce composé dans
120^'"' d'acide sulfurique. La solution est versée, peu à peu et en agitant, dans laS'^'"'
d'eau glacée; le sulfate de cette base se précipite ainsi très divisé. Au mélange refroidi
(1) Comptes rendus, t. CXXXII, p. 83i; t. CXXXIV, p. 307; t. CXXXV, p. 177;
t. GXXXVI, p. 236 et 1077.
I066 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et maintenu vers 5", on ajoute en continuant à agiter une solution de 5s, ^5 de nitrite
de soude dans 5o'^°'' d'eau, puis on laisse la température remonter vers i5°.
» Pour obtenir le nilrobenzène triiodé, on verse goutte à goutte dans la solution de
ce diazo une dissolution concentrée de i3s d'iodure de potassium; de l'azote se dégage
et un précipité coloré se sépare. On achève la réaction en chauffant peu à peu la li-
queur vers 6o°; après refroidissement et dilution, on purifie le précipité total obtenu
par dissolution dans l'alcool bouillant. La solution maintenue à l'ébullition 4 heures
avec du noir animal, puis filtrée, laisse déposer à froid un corps formé de prismes
dont la formule de composition est AzO- — C^H^P; c'est l'isomère 1.3.5.6.
» Il cristallise en gros prismes jaunes fusibles à 124°. Soluble à chaud dans l'alcool
méthodique, l'alcool, il est plus soluble dans les autres solvants usuels.
» II. Aniline triiodée, AzH^ — C^H^P 1.3.5.6. — Le corps précédent est réduit et
changé en aniline triiodée i .3.5.6 au moyen du prolochlorure d'étain. A cet effet, on
verse une dissolution alcoolique saturée chaude de 20s de dérivé nitré dans une solu-
tion chlorhydrique de 28? du sel d'étain, et l'on maintient quelques minutes la liqueur
à l'ébullition. On distille une partie de l'alcool et l'on entraîne le reste avec la vapeur
d'eau. On additionne le produit de la réaction d'un excès de lessive alcaline étendue et
refroidie; on recueille la base ainsi séparée, on la lave et on la dissout dans l'alcool
chaud. La solution filtrée laisse cristalliser à froid l'aminé en aiguilles colorées. On
l'obtient à l'état de pureté en faisant bouillir quelques heures sa solution alcoolique
avec du noir animal.
» Cette aniline triiodée est en aiguilles incolores, soyeuses, fusibles à j 16°. Peu
soluble dans l'éther, la ligroïne, elle est plus soluble dans le benzène, l'alcool et l'acide
acétique.
» L'amide acétique correspondant AzH — CO — CIP — G^H^P cristallise en fines
aiguilles, soyeuses, volatilisables à partir de 200° et fondant à 227°. Ce corps est peu
soluble dans les solvants organiques.
» III. Phénol triiodé OH — C^H^l* i .3.5.6. — Pour diazoter Vaniline triiodée
et la transformer en triiodophénol, on opère ainsi : dans. 4o'^°'' d'acide sulfurique
refroidi vers 0°, on introduit par petites portions, et en agitant, 06,^5 de nitrite de
soude, puis 4^71 de la triiodaniline^ Le mélange, agité encore 2 heures sans refroidir,
est versé avec précaution dans 120s de glace pilée contenue dans un ballon. On porte
peu à peu la liqueur vers 60°, puis à l'ébullition à l'aide de vapeur d'eau qu'on fait
arriver dans le vase relié avec un réfrigérant à reflux. Au bout de 3o minutes, on
abandonne le tout au refroidissement. Pour purifier le produit de la réaction, formé
d'une masse pâteuse, on le triture dans un mortier avec une solution alcaline étendue ;
une partie entre en dissolution. La solution filtrée et additionnée d'acide chlorhy-
drique donne un précipité coloré qu'on traite par l'acide acétique étendu bouillant.
Une partie du phénol se dissout et cristallise à froid en aiguilles incolores. En renou-
velant plusieurs fois ce traitement, on obtient )8,5o de phénol triiodé.
» Par évaporation de sa solution dans un mélange de benzène et de ligroïne, ce
corps se sépare en aiguilles prismatiques, fusibles à ii4°> très solubles dans les sol-
vants organiques.
» Son ÉTHER ÉTHYLiQUE C^H^ — O — G^H^P 1.3.5.6 Cristallise en fines aiguilles
incolores, soyeuses, fusibles à 120°.
SÉANCE DU l4 DÉCEMBRE ï^o'5. 1067
» L'éther acétique G^H^O^ — C«Hn^i.3.5.6 est en fines aiguilles incolores,
fusibles à 128°, solubles surtout à chaud dans l'alcool et l'acide acétique. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Stéréoisomêrie dans les èlhers camphocarhoniqaes sub-
stitués et l'acide mèihylhomocamphorique . Acide étiiylcamphocarbonujue .
Note de J. Minguix, présentée par M. Haller.
» Méthylcamphocarbonates de méthyle stéréoisomères. — Quand on méthyle le
^/GH3
camohocarbonate de méthyle, on obtient le composé (a) G*Hi*( | \G0"^GH^ fon-
^ ^-^GO
dant à 85° et de pouvoir rotatoire dans l'alcool : ai, = 4- ly^a.^' ('). Ge méthylcampho-
carbonate de méthyle est accompagné d'un liquide qui, lavé à la potasse étendue pour
le débarrasser du camphocarbonate de méthyle, ne donne plus de réaction colonmé-
trique avec le perchlorure de fer et qui, distillé, puis abandonné à une basse tempéra-
ture, fournit à la longue des cristaux, ayant des points de fusion très variables.
» Gette masse cristalline, essorée, donne finalement un liquide passant entre
i35°-i4o° sous une pression de iS™'". Son pouvoir rotatoire dans l'alcool est ocd= + 1^°-
Soumis à l'analyse, il répond à la composition du méthylcamphocarbonate de méthyle.
« Saponifié en tubes scellés à 180° par de la potasse alcoolique, il donne du camphre
méthyle identique à celui que fournit dans les mêmes conditions le méthylcamphocar-
bonate de méthyle (a) {-). Il résiste à l'action de l'acide chlorhydrique, ce qui montre
que nous n'avons pas affaire à la forme énolique. Nous sommes donc autorisés à consi-
dérer ce liquide comme le stéréoisomère du dérivé x et nous l'appellerons /?«e7A//c«/n-
phocarbonate de méthyle p. Quant à la masse cristalline, que nous avons séparée de
ce liquide, c'est un mélange isomorphe des isomères a et p. En effet, par des fusions
fractionnées, suivies d'essorage, on obtient du composé a fondant à 85°. Les différentes
fractions ont des pouvoirs rotatoires variables et compris entre +17" et 4-^5«. Leur
saponification donne toujours du camphre méthyle et leur analyse fournit des nombres
correspondant au méthylcamphocarbonate de méthyle.
» Éthylcamphocarbonales de méthyle stéréoisomères. — Quand on fait réagir
riodure d'éthyle sur le camphocarbonate de méthyle en présence de méthylate de
sodium, on obtient un liquide qu'on débarrasse de l'éther caniphocarbonique par un
lavage à la potasse, et qui, soumis à la distillation, passe à 162° sous une pression de i"".
Gette substitution du radical éthyle est très lente, comme l'a fait observer M. Brïihl (=*)
à propos de la préparation de l'éthylcamphocarbonate d'éthyle.
» Abandonné à lui-même, ce liquide laisse déposer des cristaux solubles dans les
(') MiNGUiN, Comptes rendus, t. GXIl, p. 1869.
(2) MiNGUiN, Comptes rendus, t. GXV, p. 120.
(=*)B RUHL, Berichte, 3" série, t. XXXV, p. 3619.
Io68 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dissolvants ordinaires, fondant à 60°, et de pouvoir rotatoire dans l'alcool ao = + 58°.
» Saponifié par de la potasse alcoolique à la température de 220'', il fournit du
camphre éthjlé et |de petites quantités d'acide élhylcamphocarbonique. Le liquide
restant, soumis de nouveau à la distillation, passe à peu près à la même température
que le produit primitif. Son pouvoir rotatoire dans l'alcool est y.f^:= -\-S-°,S. La po-
tasse alcoolique à 220° réagit aussi sur ce composé en donnant de l'éthylcamphre et
de l'acide éthylcamphocarbonique.
» L'analyse du produit solide et du liquide montre qu'on a affaire dans chaque cas
à de l'éthylcamphocarbonate de mélhyle C^H^^/ , XCO^CIP. Nous avons donc deux
\co
éthylcamphocarbonates de méthyle, comme nous avons deux méthylcamphocarbonates
de méthyle. .Cette stéréoisomérie entrevue par M. Brïthl (') a été mise en évidence
récemment par M. Haller dans le dérivé propylé de l'éther camphocarLonique (2).
» Acides méthylhomocamphoriques stéréoisomères. — L'on soumet le camphre
cyanométhylé à l'action de la potasse alcoolique (3), on obtient un acide méthylhomo-
.-CHcCH'
camphorique (a) OW'(^ xCOOH^ p^j^^^ ^^ fusion J78°-i8oo. Pouvoir rotatoire
\C00H
dans l'alcool aj) — + 26°3i. Quand on saponifie le méthylcamphocarbonate de méthyle
en tubes scellés vers 200°, il se forme, en même temps que du méthylcamphre, le sel
de sodium d'un acide ayant pour point de fusion i43°et pour pouvoir rotatoire dans
l'alcool ai, = + 38012. Il se dépose sous forme de houppes cristallines d'un mélange
d'alcool et d'eau. Son sel de calcium est nettement cristallisé en fines aiguilles et donne
par calcination du méthylcamphre.
» Malgré une petite différence dans le point de fusion, nous considérons cet acide
comme l'acide p-méthylhomocamphorique de Rochussen {'*) obtenu en hydratant
l'anhydride de l'acide a-méthylhomocamphorique. Nous devons dire que M. Brûhl,
par une saponification à une température beaucoup plus basse, a obtenu de l'acide
méthylcamphocarbonique et un produit visqueux qu'il considère comme le stéréoiso-
mère de ce dernier (^).
» Acide éthylcamphocarbonique . — Dans le même ordre d'idées, nous avons voulu
préparer l'acide éthylhomocamphorique-p, en saponifiant à 220° l'éther éthylcampho-
carbonate de méthyle. Nous sommes tombés cette fois sur de l'acide éthylcampho-
carbonique G«Hi\ |\COOH, qui se présente d'abord sous forme d'une masse
\C0
(') Bruhl, Berichte, 3^ série, t. XXXV, p. 3625,
(-) A. Haller, Comptes rendus, t. CXXXVI, p. 790.
(') Haller et Minguin, Comptes rendus, t. CXVIH, p. 690.
{'*) Inaugural dissertation, 1897, Bonn.
(') Bruhl, Berichte, 3« série, t. XXXY, p. 3625.
SÉANCE DU l/| DÉCEMBRE IQoS. To()9
visqueuse, cristallisant à la longue en fines aiguilles. Il est très probable que dans des
conditions con\enables on pourrait, connue dans le cas du dérivé méthylé et allylé (M;
provoquer la rupture du novau. »
CHIMIE ORGANIQUE. — lodures de mercurammonium des aminés primaires
et des aminés tertiaires. Note de M. Maurice François.
)) Les iodures de mercurammonium dérivés des aminés sont jusqu'ici
peu connus. Après les dérivés de l'ammoniaque, j'ai étudié ceux de l'ani-
line (") et, depuis, ceux d'autres aminés primaires. Ces recherches montrent
que les iodures de mercurammonium dérivés des aminés primaires forment
une série parallèle de celle des dérivés de l'ammoniaque, dans laquelle,
toutefois, l'hydrogène de l'ammonium est remplacé tant par des radicaux
organiques que par du mercure.
» Par la réaction de l'iodure mercurique sur les aminés primaires ou leurs
sels, on peut obtenir :
» 1° Des iodoniercurates de formule générale (RAzH-.HIj" (Hgl^ j" ; tel est Tiodo-
nicrcurate d'aniline G^H^ AzH^. HI.HgP,
» 2° Des chloroiodomercurates de formule (RAzHMIl )' (R AzH-. HCl)"(HgP)";
tel est le chloroiodomercurate d'aniline (CH^AztP.Hl)- (G^H'AzHMlGl) (Hgl-).
Ges composés ne sont pas des dérivés ammoniés proprement dits.
» 3° Des composés de formule (RAzH^)" (Hgl-)", cristallisés, soKibles dans l'al-
cool, l'étlier et dans un excès de base, dissociables.
» 4° Parmi ces composés, ceux de formule (RAzH-)2Hgr^ se produisent facilement
comme l'iodure de di})hénylmercurodiammonium ( G^H^ Az H-)- tigl-. l^ar la soude
caustique, ils se transforment en un nouveau composé, amorphe, insoluble, résultant
de la substitution du mercure à riiydrogène dans le groupe AzH-; tel est l'iodure de
trimercurodipliényldiammonium cristallisé ( G^H' AzHg)-HgP ou Hg^ (G^H^)'- Az-I-,
» 5° Les autres composés de formule (RAzH'^)"(Hgr^)" donnent également par
l'action de la soude caustique des dérivés dans lesquels l'iij'drogène est remplacé par
du mercure. Ainsi, pour l'ammoniaque, en partant de (Azir*)*(HgP)^ ou Hg^lI^^Az^P^
on avait obtenu Hg^Az^I''; on a obtenu à l'état cristallisé le composé correspondant
d'aniline Hg^(G«H^)*AzU«.
)) Par leurs propriétés, les composés de ces deux dernières séries se rapprochent de
l'iodure de dimercurammonium He^AzI.
(') tiALLER, Comptes rendus, t. GXXXVI, p. 788. — Buuhl, Berichte, o" série,
t. XXXVI, p. 363 r.
('-) François, Thèse de la Faculté des Sciences de Paris. 1901, n" J052.
C. R., 1903, a» Semestre. (T. CXXXVII, N° 24.) '4<^
jono ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Ainsi les composés des aminés primaires de la forme (RA7H-)"(Hgl-)"
traités par une solution de soude caustique se transforment en nouveaux
composés azotés insolubles plus riches en mercure. Les bases tertiaires ou
fonctionnant comme telles donnent facilement comme les primaires des
composés de la forme (R^\z)"(HgI- )'% mais la manière dont se com-
portent ces composés vis-à-vis de la soude est toute différente.
)) Soit l'iodure de mercuropyridyldiammonium {CHT" Azy-ligP déjà connu. Je Tal
préparé très pur en grands cristaux incolores, en cbauftanl au bain-marie dans une fiole
los d'iodure mercurique avec loo'"'''' d'alcool à 90° et ajoutant peu à peu de la pyri-
dine jusqu'à ce que tout liodure mercurique soit dissous. Par refroidissement, le
composé cristallise. On jette les cristaux sur un filtre; on les essore rapidement au
papier et on les enferme aussitôt.
» Ces cristaux ne sont pas altérés par un contact prolongé avec la soude caustique
à 25 pour 100. 11 y a plus, ces cristaux peuvent prendre naissance dans une liqueur
très alcaline, par exemple lorsqu'on précipite par la pyridine un mélange à parties
égales de réactif de Nessler et de soude caustique à aS pour 100. La soude caustique
est donc sur eux sans action à froid, ce qui pouvait être prévu, puisque les composés
de formule (R^Az)" (Hgl-)" ne contiennent pas d'hydrogène remplaçable par du
mercure.
» Si l'on pousse plus loin l'action de la soude en chaufi"ant les cristaux pulvérisés
avec de la soude à 25 pour 100 en présence d'un courant de vapeur d'eau, le composé
incolore se transforme peu à peu en une substance brune pulvérulente. On constate à
l'analyse que cette substance brune ne contient pas d'azote et qu'elle est constituée par
de l'oxyiodure de mercure. Cette réaction est facile à expliquer ; le corps (G^H^ Az)"^IIgI-
se dissocie en iodure mercurique et en pyridine qui est entraînée par la vapeur d'eau ;
la soude agit alors à la manière ordinaire sur l'iodure mercurique formé en le trans-
formant en oxyiodure. Dans les mêmes conditions, les composés des aminés primaires
donnent un nouveau composé ammonié insoluble et c'est ainsi qu'a été obtenu le
composé d'aniline Hg^(C''H-5)^Az-P cité plus haut. »
CHIMIE ORGANIQUE. -- Sur l' éthérificatiori de l'acide pliosphorique par la
glycérine. Note de M. P. Carré, présentée par M. H. Moissan.
« En raison de l'importance commerciale des glycérophosphates,
l'éthérification de l'acide phosphorique par la glycérine a déjà fait l'objet
d'un assez grand nombre de travaux. Nous retiendrons ceux de MM. Adrian
et Trillat (') qui, en dehors de l'acide glycérophosphorique, ont isolé un
(^) Journal de Pli. .et Chim., 6'' fasc, p. 226.
SÉANCE DU l4 DÉCEMBRE igoS. IO71
diéther sur lequel je reviendrai dans une prochaine Note; et les expé-
riences de MM. Irnbert et Belugou (' ) qui ont étudié la vitesse et la limite
d'éthérification de proportions équimoléculaires d'acide phosphorique et
de glycérine à diverses températures et à divers états d'hydratation, sans
mentionner la formation d'un diéther.
» L'étude des éthers phosphoriques du mannide et de l'érhytran (-)
m'ayant montré que la limite d'éthérification est plus reculée dans le vide
qu'à l'air libre, j'ai pensé que l'emploi du vide permettrait également
d'augmenter le rendement de l'acide glycérophosphorique ; les résultats
m'ont amené à revoir aussi quelques éthérifications à l'air libre.
» J'ai constaté que l'acide phos|)horique peut former avec la glycérine
trois éthers à l'air libre et dans le vide :
» i'' Un monoéther, l'acide glycérophosphorique ordinaire, mono-acide
à l'hélianthine et diacide à la phtaléine ; 2° un diéther monoacide à l'hé-
lianthine et à la phtaléine ; 3^ un triéther neutre aux indicateurs colorés.
» Les quantités relatives de ces éthers ont été déterminées en se basant
sur la façon dont ils se comportent aux indicateurs colorés, eux et l'acide
phosphorique ; la proportion de triélher était fournie par la quantité d'acide
ne se manifestant plus aux indicateurs colorés, après avoir vérifié toute-
fois que cet acide se retrouvait par un dosage au pyrophosphate de
magnésium, après destruction de la matière organique.
» La limite d'éthérification est d'autant plus reculée que la température
est plus élevée et surtout que la pression est plus basse ; cette limite peut
devenir très voisine de 100 pour 100 sous la pression très faible obtenue
avec la trompe à mercure.
» Le Tableau suivant (•^) résume les diverses expériences faites à ce sujet sur
des proportions équimoléculaires d'acide PO^H^ et de glycérine anhydre :
(*) Bulletin Soc. chiin., t, XXI, p. gSo.
(-) P. Carré, Comptes rendus, 1908, p. 3o6 et 456.
(^) Il n'est pas négligeable de remarquer que les résultats obtenus ne sont compa-
rables que si l'on opère dans des conditions identiques de température et de pression,
et aussi de masse; en ellet, des expériences faites sur des quantités de produits
variant du simple au triple ne m'ont pas absolument fourni la même vitesse ni la même
limite d'éthérification; et cette différence est d'autant plus sensible c[ue la pression est
plus élevée. Dans le vide de la trompe à mercure, les limites sont les mêmes avec 2s
et avec 5o" de produits, la vitesse est seulement un peu plus faible.
1072 ACADEMIE DES SCIENCES.
-S 2
Ouaiililc pour loo de
Temps PO^H'lolal
de enlré en
chauffage. Triéther. Dicllier. Monoélhcr. combinaison,
heures
O O O 21,8 21,8
2 » » 4 5 -5 '4)5
5 » » 1 0 , 7 1 0 , 7
i5 » 1,2 i5,6 i6.8
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5^1 35 0,4 i5,i 48,5 64
p^ f 5o 0,8 19,3 45,3 65,4
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. ^ i 3 » 4)2 1 4 ) • 18.3
|j r. i 8 » 12 21,2 33,2
ël] 12 0,8 16,3 43,4 60, 5
•3; £ 1 1 5 17 22 , J 48 71)8
2^1 i8Apparit''^"dela mousse. 2,6 20 49? i 7^)7
^ \ 25 3,1 22,5 47 72,6
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"^ «5 g p =" \ 6 3,5 47,6 25,7 76,8
è" ^^^-è { 8 4,3 46,7 23,2 74,2
• S P , • 1 75 Masse se boursoufle , . i3,i 38,8 47,6 99,5
|li"l^ ) ^^^ ^^'^ ^^ ^''^ 99)3
2 -o "g g èi 200... 91,4 7,6 » 99
^ -Il £ ^^ S [ 25o 98,8 » » 98,8
=• j 12 8,1 47,6 27,4 83,1
_• '^ I 36 Masse commence à
I 5 ^ ] mousser 11, 4 59,6 20,8 94'8
I .§ re j 5o 1 4 , 1 63 , 4 1 3 , 6 91,1
£ 1= "^ i . '
I- g* f Les résultats étant moins bons qu'à la température de ii5°, cette
H I expérience n'a pas été continuée.
» 11 nous montre que, à la température de loS" et à l'air libre, conditions dans
lesquelles se sont placés MM. Imbert et Belugou, il se forme déjà une petite quantité
SÉANCE DU l4 DÉCEMBRE iQoS. 1078
de cHéther. Le tiiélher se forme déjà à l'air libre, mais toujours en très faible propor-
tion; l'emploi de la trompe à eau ne permet pas d'élever au-dessus de 4 à 5 pour 100
la proportion de ce triétlier; mais dans le vide de la trompe à mercure on parvient
à transformer la presque totalité de l'acide phosphorique en Iriéther. Lorsqu'on opère
dans le vide le maximum de la quantité totale d'acide phosphorique entré en combi-
naison est indiqué par l'apparition de mousse (') qui bien souvent ne permet pas de
prolonger le chauffage; excepté sous la pression très faible donnée par la trompe
à mercure (la mousse se borne à décupler le volume primitif).
» Jusqu'ici on ne paraît pas s'être préoccupé de savoir ce que devenait
le diéther, qui se forme dans les conditions où se fait réthérilication
industrielle, lors de la transformation du mélange éthérifié en glycéroplios-
phates, ce qui explique les résultats assez divergents trouvés par différents
auteurs en analysant des glycérophosphates de diverses provenances.
« Dans une prochaine Note je compte revenir sur l'étude de ces trois
éthers, et sur les conditions de transformation du di et du triétlier en acide
glycérophosphorique ordinaire. »
ZOOLOGIE. — L'origine réelle des perles fines. Note de M. Louis Bouïa.v,
présentée par M. Yves Delage.
(( J'intitule cette Note « l'Origine réelle des perles fines », parce qu'il
existe, pour ces productions, une origine apparente qui a mis en défaut la
perspicacité des naturalistes qui se sont occupés récemment de la question.
>) Dans les Mémoires parus durant ces dernières années, les auteurs
semblent d'accord, en effet, pour distinguer deux sortes de perles :
» 1° Les perles de nacre qui se forment, comme la coquille, aux dépens
de la sécrétion de l'épithélium externe du manteau de certains mollusques.
» 2P Les perles fines, proprement dites, qui naîtraient (selon l'opinion
classique) dans l'épaisseur même du manteau, indépendamment du revê-
tement externe de la paroi du corps.
» Je me propose de démontrer que, contrairement à cette opinion, la
perle fine, bien qu'elle semble naître dans l'intérieur des tissus de l'Acé-
phale, est cependant une production de l'épithélium externe du manteau,
au même titre que la coquille et les perles dites de nacre.
(') A moins que l'on opère au-dessous de 100",
I074 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» J'a\ais déjà indiqué (') ([ue, si l'on introduit dans le manteau d'une Haliolis (sans
léser l'épilliélium qui revêt sa face externe) des aiguilles de nacre, ces corps étrangers
restent dans les tissus sans provoquer aucune sécrétion, tandis que, au contraire, si
l'on introduit ces aiguilles de nacre entre le manteau et la coquille (au-dessus de l'épi-
tliéliuni externe), ces aiguilles sont promptement recouvertes par la sécrétion nacrée.
» Le résultat négatif de la première partie de cette expérience n'avait pas paru
suffisamment concluant au point de vue de la formation des perles fines. Il est nette-
ment établi maintenant que le noyau de la plupart des perles est constitué par un
distome. L'action du parasite sur les tissus pouvait être dilFérente de celle exercée par
une aiguille de nacre.
» L'étude d'un stade caractéristique de l'évolution du distome parasite vient heu-
reusement compléter les résultats de ma première expérience.
)) J'ai utilisé pour ce travail les moules perlières de Billiers qui avaient
également servi aux recherches effectuées en 1902 par Lyster Jameson (-)
et l'avaient conduit à des conclusions tout à fait différentes des miennes.
» Les distomes parasites qui infestent le corps de ces mollusques cheminent à travers
les tissus pour gagner l'extérieur. Quelques-uns s'égarent dans la cavité située entre le
manteau et la coquille et se trouvent emprisonnés dans cette chambre hermétiquement
close. Ce sont ces égarés qui vont servir de noyaux aux perles fines.
» Ne pouvant quitter leur prison, ils se logent dans un repli de l'épithélium externe
du manteau, qu'ils dépriment pour former une petite logette.
» On aperçoit alors l'animal entouré par l'épithélium épaissi, sous la forme d'une
petite masse sphérique, au milieu de laquelle on distingue ses principaux organes.
» Ce stade, qui avait échappé aux observateurs, est très important, car il donne
la clef du mode de formation des perles fines. Je l'appellerai le stade de Yencapu-
chonnemenl. J'ai cru nécessaire de le fixer nettement à l'aide d'une série de clichés
photographiques.
» En l'étudiant sur des séries de coupes, on constate que l'organisme du mollusque
réagit contre l'envahissement du parasite, et que la sécrétion de l'épithélium qui
tapisse la logette donne naissance aux premières couches de la perle.
» Plusieurs cas peuvent se présenter :
» 1° La dépression de l'épithélium peut être peu profonde et rester
largement béante. 11 se forme alors une demi-perle, qui se soude
promptement avec la coquille ;
» 2" Le capuchon épithélial peut être plus prolond, tout en conservant
(^) L. BouTAN, Production artificielle des perles chez- les Haliotis {Comptes ren-
dus, t. GXXVII, 1898).
(^) Lyster Jamesox, On the origin of pearls {Derby leclinical collège, 1902).
SÉANCE DU lf\ DÉCEMBRE IQoS. IO75
un large orifice. La perle qui se forme reste creusée sur la face qui regarde
la coquille d'un orifice central.
)) 3" Le capuchon épithélial ne forme plus qu'un tube étroit le reliant au
reste de l'épithélium. La perle en forme de poire, ou presque sphérique,
présente un pédicule déforme variable.
)) 4" Enfin, et c'est le cas le plus général, les bords du capuchon se
soudent. La cavité parasitaire se trouve séparée du reste de l'épilhélium
externe et s'enfonce dans les tissus. La perle qui se forme est sphérique.
)) Dans tous les cas, même dans le dernier, où la perle est logée dans
l'intérieur du manteau, la perle a une origine épithéliale et représente une
sécrétion de l'épithélium externe du manteau. Il était important de cons-
tater ce fait. On avait nié qu'il fût possible d'obtenir de véritables perles
fines par la trépanation de la coquille et l'introduction de corps étrangers
entre la coquille et le manteau. On voit que, en réalité, la trépanation imite
expérimentalement le mode de pénétration du parasite. Le jour oii cette
imitation sera parfaite le problème de la production artificielle des perles
fines sera résolu. »
BIOLOGIE GÉNÉRALE. — Su7' les facteurs élémentaires de rhérédité.
Note de M. Georges Coutagxe, présentée par M. Alfred Giard.
« Lorsqu'il y a croisement fécontl entre deux individus présentant, pour
ini même caractère ou un même groupe de caractères a, l'un une moda-
lité a^, l'autre une modalité nettement différente a^, ces modalités a^ et a.,
semblent déterminées héréditairement dans les produits issus du croisement
par des/acteurs doués d'une certaine autonomie. En effet, il arrive souvent,
dans ces croisements a^X a.^, qne le ou les facteurs élémentaires de la
modalité a^ qui ont été apportés par l'ovule d'une part, et le ou les facteurs
élémentaires de la modalité «, qui ont été apportés par le spermatozoïde
d'autre part, se disjoignent au cours de l'évolution du sujet croisé, de telle
sorte que ces facteurs différents sont très inégalement répartis dans les
j)roduits sexuels mûrs, ovules et spermatozoïdes, et sans qu aucune réaction
modificatrice qualitative des facteurs de a^ et de a^ les uns sur les autres semble
résulter de leur association, avec bipartitions successives, dans une longue
série de mêmes cellules, œuf et blastomères jusqu'aux cellules germinales.
» Je propose d'appeler mnémon de «, et de a, 'es facteurs élémentaires
1076 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de V hérédité A<à a ^ et de a.^ ; toute hypothèse complémentaire sur le nombre,
la nature et le mode d'action de ces facteurs étant écartée de cette simple
définition.
» Un mot nouveau me semble en effet nécessaire pour la clarté du langage, car ceux
qui ont été employés jusqu'à ce jour pour désigner les facteurs élémentaires de l'héré-
dité, tels que gemmules, pangènes, déterminants, etc., sont adaptés à des théories
particulières basées sur des hypothèses très discutables et très discutées, et ne sont
guère susceptibles de servir sans ambiguïté ailleurs que dans l'exposé et la discussion
de ces théories.
» L'emploi du mot mnémon, défini comme je viens de le faire, implique en lui-
même une hypothèse; mais celle-ci est très large, et elle échappe en tout cas aux
critiques qui ont été adressées aux différentes hypothèses beaucoup plus détaillées qui
font résider les facteurs de riiérédité dans des a particules représentatives ». Cette
hypothèse, qui revient en somme à concéder tout simplement à certains facteurs de
l'hérédité une certaine autonomie tout au moins temporaire, est compatible même
avec la théorie dite biochimique qui fait déterminer les caractères par la nature
qualitative des substances chimiques qui constituent les plastides initiaux. C'est à
l'étude expérimentale de l'hérédité que l'on devra recourir pour être renseigné sur
le nombre de mnémons différents que renferment les différentes cellules reproduc-
trices, sur le nombre de cellules ou d'organes dans lesquels chacun d'eux déter-
mine un certain nombre de caractères, en un mot sur toutes les particularités de
leur nature et de leur fonctionnement.
)) Lorsque les modalités «, et a^ d'un même caractère a sont peu dis-
tinctes, ou que, étant distinctes, elles peuvent fusionner, en un mot lorsque
le caractère considéré a varie non plus d'une façon discontinue, mais d'une
façon continue, on est amené, par extension, à appeler aussi mnémons de «;,
et de «o les facteurs héréditaires de ces modalités a^ eÀ a^. Mais l'indépen-
dance mutuelle de ces mnémons n'est plus aussi probable dans ce cas que
dans le cas précédent, et l'on ne peut dire a priori si les différentes et très
nombreuses modalités intermédiaires entre a, et a^que présentent les pro-
duits du croisement rt, x «« doivent être attribuées à des combinaisons en
différentes proportions de mnémons a^ et de mnémons a^, ou si de la réac-
tion mutuelle des mnémons a^ sur les mnémons a^ il peut résulter des
mnémons a^, a^, a,^, ... facteurs de nombreuses modalités «o, «g, ^f^, . . .
intermédiaires entre a^ et a^.
» En d'autres termes l'idée de mnémons distincts cohabitant dans l'œuf
fécondé et dans les blastomères qui déiivent de cet œuf est donnée par
l'élude de l'hérédité des caractères polytaxiques ; on ne saurait l'étendre
sans de grandes précautions à Tétude de l'hérédité des caractères non
SÉAiNCE DU I ] DÉCEMBRE igoS. IO77
polytaxiqiies. J'appelle polytaxiqiie tout caractère variant d'une façon dis-
continue, c'est-à-dire présentant plusieurs modalités nettement disjointes,
plusieurs taxies.
» Chaque taxie différente semble déterminée {)ar une sorte particulière
de mnémon. Mais il n'en est peut-être pas de même pour les différentes
modalités dont sont susceptibles les caractères non polytaxiques. Toutefois,
il est présumable que ces modalités sont déterminées par un mécanisme
ayant tout au moins quelque analogie avec celui de la détermination des
taxies. En sorte que rétude des croisements entre taxies différentes est
susceptible de fournir directetneiit ou indirectement des données inté-
ressantes sr.r la nature et le fonctionnement de tous les facteurs élémen-
taires de rtiérédité, »
GÉOI.OGIE. — Sur la géologie et l'hydrologie souterraine du Caucase occi-
dental. Note de MM. A. Yermoloff et E.-A. Martel, présentée par
M. Albert Gaudry.
« Conformément aux ordres de Sa Majesté Le Tsar, le Ministère de
l'Agriculture et des Domaines de Russie s'occupe actuellement décoloniser
et de remettre en valeui- le littoral et les vallées du Caucase occidental,
jadis occupés par les Tcherkesses.
» En exécution du programme tracé, et pour apprécier les ressources
et l'intérêt de celte région, nous y avons effectué, d'août à novembre 1908,
un voyage de recherches, rayonnant autour des stations climatériques récem-
ment fondées par le prince d'Oldenbourg et le Mmistère de l'Agriculture
à Guélendjik, Touapsé, Sotchi, Gagri, Soukhoum, etc.
» Celte exploration sera relatée dans un Ouvrage consacré au Versant
maritime du Caucase occidental, de Novorossiisk à Poli.
» Le premier résultat de noire élude aura été de fixer les idées sur la géologie de la
région, qui est marquée d'un point d'interrogation, comme inexplorée, sur la Carte
géologique officielle de la Russie, publiée en 1892.
» Complétant les travaux exécutés depuis celte date par MM. les ingénieurs Kon-
chin, Serguéieir, Constanlinofl" et le professeur Lagorio, les investigations de 1908
permettront d'appliquer au Caucase occidental les conclusions d'ensemble rapportées
par iM. Marcel Bertrand du Caucase central (Congrès géologique de 1897).
» Les coupes des vallées de la Sotchi, de la Mzimla, de la Bzib et l'examen micro-
scopique des échantillons recueillis éclaircironl certains détails controversés, par
G. R , 1903, 2« Semestre. (T. CXXWII, N" 24.) M^
1078 ACADÉMIE DES SCIENCES.
exemple sur les curieux, conglomérats, supposés jurassiques el composés d'éléments
éruplifs verts (diabases, porphyrites), de la vallée de Krasni-Poijana.
» Les remarquables sources sulfureuses de Matsesta et Agouri près Sotchi, qui
feront l'objet d'une Note spéciale, autorisent à se demander si le g^'pse qui, jusqu'ici,
n'a pas été rencontré dans la contrée, n'existe pas là à une jjrofondeur relativement
faible.
» 'L'orographie du Caucase occidental n'est connue que des topographes chargés
des nouveaux levés militaires au 4-5^0 ^^ ^'^^ ingénieurs, qui ont fait les tracés des
routes projetées dans ces parages; car leurs travaux n'ont pas été livrés à la publicité.
Aussi les plus récents Ouvrages géographiques contiennent-ils, à son sujet, des erreurs
attribuant, par exemple, 4^75™ au mont Ochten, qui n'atteint pas 2900™, et 35oo™ au
col de Maroukh, qui est un passage praticable aux mulets, bien au-dessous de la limite
des neiges.
» Les premiers glaciers du Caucase commencent au massif du Fichta-Ochten,
à 40'^'" au nord de Sotchi ; d'abord simples petits glaciers de sommets, comme ceux des
Pyrénées ou des Alpes orientales, ils se développent, vers l'est, sur les cimes de l'Aba-
gua, Agepsta, Loyoub, Loyoub-Soucha (325o™ à 36oo'") autour des sources de la Mzinta
et de la magnifique vallée de Krasni-Poijana (altitude 600'"), appelée à devenir un
sanatorium et station alpestre de grande utilité.
» A partir de la cime du mont Psycb (8780'") les glaces de la crête centrale s'élèvent
progressivement vers l'est jusqu'au Doungous-Oroun (Elbrouz); mais elles n'atteignent
nulle part les altitudes de 55oo'" et de 4663'" portées en i8g4 sur la carte du supplé-
ment n° 112 des Peterinanii's Mittheilangen^ et que Merzbacher (1901) révoquait
judicieusement en doute.
» En hydrologie souterraine, l'anticlinal remarquable de crétacique, qui s'épanouit
en hauteur et largeur de Touapsé à Soukhoum Kalé, et qui forme, en avant de la
crête centrale, ww véritable pré-Caucase calcaire, a formellement confirmé tous les
principes déduits des récentes explorations souterraines accomplies en France et en
Europe; un petit nombre seulement de descentes peu profondes (i5™ à 20™) dans les
abîmes, et de pénétrations dans les cavernes peu étendues a été possible, les gouffres et
couloirs s'étant trouvés obstrués très près de leurs orifices; aux environs de Gagri, les
rivières souterraines de la Bégherepsta, de la Podzeurnaia, de la Gagripsch, de la
Mitchich, de Novi Athou, etc., se sont montrées toutes impénétrables, comme Vaucluse;
mais Jeur situation géologique et topographique, et surtout leur température, infé-
rieure de 4° à 5° à la normale, c'est-à-dire à la moyenne annuelle du lieu de Témer-
gence, ont nettement prouvé qu'elles sont des résurgences d'eaux englouties sur les
hauts plaleaux du voisinage.
» L'exploration détaillée du massif crétacé de l'Arabik (2660"'), au-dessus de Gagri,
a pleinement confirmé cette conclusion, en révélant, entre 1800™ et 2800™ d'altitude,
une zone considérable d'absorption des eaux atmosphériques, toute percée de lapiaz,
puits à neige et points d'engouffrement des pluies, exactement comme les pré-alpes
(de constitution géologique identique) du Dauphiné, de Savoie, de Suisse, etc. (Dévo-
luy, Vercors, Glârnisch, etc.).
w Cette similitude entre les avant-monls des deux grandes chaînes, et aussi avec le
Karst et les Causses, consacre efficacement les nouvelles notions sur la circulation des
SÉANCE DU ï\ DÉCEMBRE rpoS. 1079
eaux, souterraines du calcaire et sur Tabsence. ou du moins Textrême rareté, de
vraies nappes d'eau dans les roches de cette nature. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — La préfendue fermentation alcoolique des tissus ani-
maux. Note de M. F. Batelli, présentée par M. A. Ghauveau.
« Dans une série de publications, Stoklasa avait annoncé que Ton peut
extraire des tissus des animaux supérieurs une enzyme transformant le
glucose en alcool et anhydride carbonique. Les résultais de Stoklasa ont
été d'abord confirmés par ses élèves et surtout par Simacek, puis parFein-
schmidt.
)) D'autre part, M"*" Borrino, tout en confirmant les résultats de Stoklasa,
a attribué la fermentation alcoolique obtenue par les extraits des tissus
animaux aux nucléoprotéides qu'ils renferment.
)) Contrairement aux auteurs précédents, Cohnheim, dans un travail
récent, émet l'hypothèse que la prétendue fermentation alcoolique des tis-
sus doit être rapportée à la présence des microoganismes. Stoklasa et Si-
macek, dans deux travaux qui viennent de pavailre (Centralhlatt/iir Physio-
logie, Vol. XVII, n*' 17), combattent avec vivacité l'opinon de Cohnheim
et confirment les résultats de leurs précédents travaux.
» J'ai fait dans le laboratoire de Physiologie de l'Université de Genève
un très grand nombre d'expériences pour contrôler les recherches que je
viens de citer sur la fermentation alcoolique des extraits des tissus animaux.
J'ai suivi la méthode donnée par Stoklasa, consistant à soumettre les tissus
animaux frais (muscles, foie, poumons de chien, de lapin ou de bœuf) à une
forle pression pour en extraire le suc. Ce suc est traité par un mélange
d'alcool et d'élher et le précipité obtenu lavé rapidement h l'élher et séché
dans le vide. Cet extrait sec est ajouté à une solution de glucose ou de
saccharose à différentes concentrations; le tout est conservé à une tempé-
rature constante de SS^-Sg". Je me suis aussi servi d'un extrait de sang
préparé en suivant la méthode de Stoklasa.
» Les résultats de mes expériences ont été les suivants :
» i. Si la solution de sucre renfermant l'extrait des tissus est additionnée d'une
substance antiseptique en quantité suffisante, la fermentation alcoolique n'a pas lieu;
ce qui avait déjà été constaté par Simacek. Ainsi les substances suivantes : le thymol
en poudre dans la proportion de 1 pour 100 si l'on prend soin de bien agiter; le
toluol à 2 pour 100 en agitant souvent; le chloroforme; le fluorure de sodium
à I pour 100; Tarsenite de potasse à i pour 100; l'acide salicylique à i pour 100, em-
pêclient complètement la fermentation.
To8o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» 2. Si ranliseplique e'^t en trop faible quantité, la fermentation alcoolique a lieu
en réalité avec les phénomènes décrits par Stoklasa et ses élèves, c'est-à-dire qu'il y a
acidité, dégagement de CO', formation d'alcool, quelquefois odeur butyrique. On
obtient ce résultat en employant comme antiseptiques : le toluol à 2 pour loo en évi-
tant d'agiter; le fluorure de sodium à 5 pour 1000, l'acide salicylique à ?. pour 1000,
des grains de tliymol.
» 3. Toutes les fois qu'on obtient la fermentation nlcoolique, on trouve que le
liquide renferme des bactéries en forme de bâtonnets très mobiles ou des cocci en
chaîne dont j'ai constaté la présence au microscope. Lorsque la substance antiseptique
n'est pas en quantité suffisante, on observe généralement un nombre assez considéraijie
de ces bâtonnets au bout de quatre heures, quand il n'y a encore aucun dégagement
appréciable de CO^.
» 4. La fermentation commence généralement un peu plus tard, lorsque la solution
renferme 3o pour 100 de saccharose, mais elle devient bientôt très active. L'examen
microscopique du liquide prouve la présence d'un très grand nombre de bâtonnets
mobiles. Cette solution concentrée de saccharose n'est donc pas suffisante pour empê-
cher le développement des microorganismes, dans ces conditions, comme il est admis
par Simacek.
» Les résultats de mes expériences m'amènent à conclure dans le même
sens que Cohnheim, c'est-à-dire que la fermentation alcoolique du sucre,
obtenue i/ï vitro par les extraits d'orj^i^anes d'animaux supérieurs, serait due
à la présence de microorganismes et non à l'action d'une enzvme ou d'un
nucléoprotéide d'origine animale, m
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Contribution à l'étude de l'amylo-coaguJase,
Note de M. A. Bgidiiv, présentée par M. B.oux.
'( La Note très intéressante publiée dans les Comptes rendus de l'Aca-
démie des Sciences du 2 novembre 1903, j);!r MM. Wolf et A. Fernbach,
au sujet de l'amylo-coag^ulase, m'amène à indiquer quelques expériences
dans lesquelles j'ai constaté la présence de cette diastase. Les phénomènes
de coagulation dont j'ai été témoin étaient provoqués par les diastases du
mucor ^ employé dans le procédé amylo, pour la saccliarification et la fer-
mentation industrielle des matières amylacées.
)) Au cours d'essais ayant pour but de déterminer l'activité (hastasique
des moûts de maïs dans lesquels le mucor se dévelopj)e en cidture abso-
lument pure, j'ai été amené, pour éliminer le maltose et le glucose, formés
par la mucédinée, à traiter les moûts fdlrés par 5 ou 6 volumes d'alcool, à
centrifuger le précipité ainsi obtenu, puis à le redissoudre dans des solu-
tions d'amidon soluble de Lintner à 4 pour 100.
SÉANCE DU î/j DÉCEMBRE IOo3. 1081
)) On opérait la saccharification à 3']''-3S° C, température optima choi-
sie pour le travail industriel des muccdinées.
» Dans les échantillons prélevés tout au début du développement du
mucor, on remarquait que le liquide restait opalescent, et ne donnait que
très peu de s^lucose, sans aucun précipité.
» Les échantillons prélevés quand la mucédinée avait fait de 80^ à [ lo^
de glucose par litre montraient une activité diastasique beaucoup plus
grande, et qui variait de 2» à 3^ par litre et par heure (soit de 6000'^^ à
'^ooo''^ de glucose produits par 24 heures dans une cuve de 1000''').
» Mais, avec ces solutions, on observait toujours, au bout de i heure,
une coagulation très nette et un dépôt d'amidon assez volumineux.
» Enfin, les échantillons de moûts prélevés après l'addition de levure et
vers la fin de la fermentation montraient une activité diastasique bieufdus
faible que les échantillons précédents, et les phénomènes de coagulation
étaient bien moins sensibles.
M Ces faits viennent donc appuyer les expériences de MM. Wolf et
Fernbach, et confirment que l'on est en droit d'admettre l'existence d'une
coagulation qui précède la transformation de l'amidon soluble en dextrine.
Ils montrent que la diastase, mise en évidence par les travaux de ces au-
teurs, n'existe pas seulement dans les graines des céréales en germination,
mais qu'elle existe aussi dans les cultures de mucédinées sacchari/iantes . On
ne saurait se défendre de voir une analogie entre ces faits et ce qui se passe
dans la solubilisation de la caséine qui, elle aussi, est précédée d'une coa-
gulation,
» D'aïitre part, si nous examinons ce qui se passe dans le précipité
d'amidon produit au début de la saccharification, nous constatons qu'une
partie de l'amylase est entraînée par l'amidon coagulé, ainsi que le dé-
montre l'expérience suivante, du 21 juillet dernier :
» On a prélevé oo*^'"' de moût filtré aseptiquemeiit, au moment où le mucor avait
fabriqué lOO' de glucose par litre, et on les a précipités avec 25o*^°'' d'alcool à 96". On
a centrifugé rapidement, redissous le précipité essoré dans de Tamidon à 4 pour joo, et
ramené la solution aw volume de 5o"°\ On place le flacon à l'étuve à 36" G. , à ji^'So™
du matin. Ce liquide renfermait à ce moment 2? de sucre par litre.
» A 2^, on trouve au fond d'un liquide parfaitement clair un magnifique précipité.
On trouve à ce moment 7s de sucre, soit 5e de sucre fabriqué, ou 2s par heure et par
litre. On décante la moitié du liquide pour séparer le liquide clair; on remet à l'étuve
pendant 3 heures; à 5^ on trouve dans le liquide clair ; 95,5 de sucre par litre,
soit 2B, 5 de sucre fabriqué pendant cette dernière période. Cela représente oS, 8 par
heure et par litre.
Io82 ACADÉMIE DES SCIENCES,
') On trouve dans le liquide trouble iis,5, d'où 4^)5 de sucre produit dans cette
dernière période, ou is, ^ par heure et par litre.
» On voit donc par là que l'action de l'amylo-coagulase a pour efFet de
précipiter une partie de l'amylase avec l'amidon,
» On voit en outre :
» i*' Que cette amylase précipitée continue à manifester une partie de
son activité, même après sa précipitation ;
» 2° Que l'activité diaslasique de la solution diminue assez rapidement
par suite de la précipitation de l'amylase par l'amidon.
)) C'est encore là un exemple qui montre l'antagonisme de ces deux
diastases, et que, comme la papaïne de Wurtz, la diastase peut se trouver
entraînée dans les précipités d'amidon qu'elle devrait transformer.
)) J'ai d'ailleurs pu constater qu'une petite portion de diastase se
précipite et se fixe sur les éléments insolubles du moût en lin de fermen-
tation ; malgré lo ou i5 lavages à l'eau et centrifugations pour éliminer
les diastases dissoutes, on constatait encore une production de sucre très
nette en mettant les matières insolubles, lavées, dans de l'amidon soluble
de Lintner.
» Enfin, la pratique de ces essais montre que la précipitation par l'amylo-
coagulase est toute différente de celle que l'on observe dans les solutions
d'amidon. Cette dernière précipitation, désignée par M. Maquenne sous
le nom de rétrogradation des solutions d'amidons (Comptes rendus, 26 juillet
1903), est provoquée [)ar les sels alcalins que contiennent les diverses
variétés d'amidons, et par les alcalis enlevés au verre lui-même des vases
employés pour les expériences. Je démontrerai, dans une publication
ultérieure, que des traces d'alcalis produisent ce phénomène. »
PHYSIOLOGIE GÉNÉRALE. — Corrélations fonctionnelles entre les glandes à
venin et l'ovaire chez le Crapaud commun. Note de M. C Phisalix, pré-
sentée par ]M. A. Chauveau.
« Quand, à l'époque du frai, on compare l'état des glandes cutanées
chez le Crapaud mâle et le Crapaud femelle, on est surpris des différences
que ces glandes présentent dans les deux sexes. En examinant la peau du
dos par sa face iriterne, on voit, chez le màle, les glandes à venin remplies
de leur produit de sécrétion blanc-jaunàtre, tandis que, chez la femelle,
c'est à peine si l'on trouve çà et là quelques petites taches blanches. La
SÉANCE DU I '} DÉCEMBRE ipoS. lo83
grande majorité des glandes paraît vide et cette vacuité se traduit par l'as-
pect de la peau, qui est beaucoup moins rugueuse que chez l'animal revenu
à la vie terrestre, après l'époque du frai. Comment expliquer ce phéno-
mène ?
» Les glandes cutanées fourniraient-elles des matériaux à l'ovaire pour
l'élaboration des œufs? Cette hypothèse parait d'autant plus vraisemblable
qu'à l'époque de la ponte, la glande génitale est en suractivité fonctionnelle
et que les crapauds à peine sortis de la période hibernale restent longtemps
accouplés sans prendre aucune nourriture.
)) Pour vérifier l'exactitude de cette hypothèse, il fallait trouver dans les
œufs les mêmes principes actifs que dans les glandes à venin et démontrer
que ces principes ne préexistent pas dans l'ovaire. Or c'est précisément ce
qui ressort des expériences que je vais résumer.
» Au moment delà ponte, les œufs agglutinés par une matière albumineuse forment
des cordons gluants qui distendent les oviductes. Après les avoir extraits de l'abdomen,
on les dessèche dans le vide et on les plonge dans le chloroforme. Le liquide se colore
en jaune et laisse, après distillation, un résidu huileux, à odeur de poisson, à réaction
acide, dont l'inoculation à la grenouille détermine des symptômes analogues à ceux
que provoque le venin lui-môme. L'intoxication se manifeste par un affaiblissement
musculaire qui augmente progressivement et aboutit à la paralysie; si la dose est
faible, le co^ur, quoique ralenti, continue à battre; pour provoquer l'arrêt du cœur en
systole caractéristique de la Bufotaline, il faut inoculer une quantité double du même
extrait chloroformique. Cela montre que, dans les œufs comme dans le venin, le poison
du système nerveux, la Bufoténinc, est plus abondant ou plus actif que le poison
cardiaque.
» Les principes actifs du venin existent donc dans les œufs. Reste à
savoir si, dans le cours du développement, ces principes se transforment
et sont utilisés à la nutrition des cellules ou si, au contraire, ils restent
intacts pour se localiser dans l'ovaire. Dans ce dernier cas, ils fourniraient
une preuve matérielle de la continuité du plasma germinatif et ce serait
une confirmation à la théorie de Weissmann. Il résulte de mes expériences
que seule la première alternative est exacte.
» Des œufs de crapaud, au nombre de i5oo environ, ont été desséchés dans le vide
et plongés dans le chloroforme, ils ont cédé à ce liquide une quantité de poison suffi-
sante pour tuer lo grenouilles; c'est dire que, pour extraire une seule dose mortelle, il
faut à peu près i5o œufs. En traitant de la même manière 3oo têtards de crapaud, soit
un nombre double de celui des œufs, on devrait obtenir, si le poison n'avait pas
disparu, une quantité au moins égale à celle fournie par les œufs. Il n'en est rien.
L'extrait chloroformique de ces 3oo têtards, inoculé en entier à la grenouille, est
dépourvu de toute toxicité.
Io84 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Il résulte de celle expérience que les poisons conlenus dans l'œuf disparaissent
pendant les premières phases embryonnaires. La réapparition de ces substances
toxiques dans l'organisme est corrélative du développement des glandes à venin.
Les poisons fabriqués par ces glandes rentrent dans le sang par le mécanisme de la
sécrétion interne, et, à l'époque oîi l'ovaire entre en activité, ils se fixent sur les cellules
germinatives pour contribuer à la formation et au développement de l'œuf.
» L'existence de substances toxiques clans les œufs n'est pas très rare ;
on l'a signalée chez certaines espèces de poissons , et tout récemment
M. Loisel l'a démontrée pour les Oursins. Il est donc probable que ces
poisons jouent un rôle important dans l'ovogenèse et le développement
embryonnaire. Peut-être constituent-ils un substratum matériel de l'Iiéré-
dité, et servent-ils à transmettre la caractéristique chimique de l'espèce.
S'il en est réellement ainsi, et les récentes expériences de M. Houssay sur
les poules carnivores concordent avec cette manière de voir, on conçoit
que les modifications nutritives imprimées aux cellules corporelles puis-
sent retentir, par l'intermédiaire de substances solubles, sur l'évolution
des cellules germinatives. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Les conditions spéciales de la circulation
dans des glandes en activité. Note de MM. G. Moussu et J. Tissot, pré-
sentée par M. Chauveau.
« Récemment, lord Kelvin a eu l'idée d'expliquer la constance de la
température du corj)S des animaux à sang chaud, dans les milieux exté-
rieurs à température élevée, par l'intervention de processus réducteurs
endothermiques.
» Dans une Note récente, M. Chauveau (^), s'élevant contre cette ma-
nière de voir, a montré que les faits sur lesquels s'appuie lord Kelvin (ruti-
lance du sang chez les sujets chauffés, richesse du sang veineux en oxy-
gène) n'ont pas la signification qu'il leur attribue. Il a montré aussi que les
conclusions de Cl. Bernard, relatives à la dépense énergétique dans les
glandes en activité, sont gravement entachées d'inexactitude, parce qu'il
a omis, dans son calcul des combustions intraorganiques, de tenir compte
d'un facteur essentiel, le débit sanguin.
)) A l'instigation de M. Chauveau, nous avons répété lés expériences de
(*) A. Chauveau, L" animal t lie rnios la t {Comptes rendus, t. CXXXVl, igo3, p. 792).
SÉANCE DU l4 DÉCEMBRE [90,3. Io85
Cl. Bernard en nous adressant à la glande parotidienne du bœuf, glande
douée d'une grande activité et dont les vaisseaux et nerfs sont facilement
accessibles à l'opérateur.
» Dispositif expérimental. — Le canal de Sténon, le nerf parotidien (^) et l'artère
faciale sont mis à nu au niveau du bord antéro-inférieur du masséter. Une canule est
placée dans le canal de Stenon et une autre dans Tartère. La veine parotidienne est
mise à nu dans toute sa longueur par une deuxièn^ie incision sur le bord postérieur de
la parotide. Toutes les branches veineuses qui ne proviennent pas de la parotide sont
liées, puis une canule très large est placée au confluent de la veine avec la jugulaire.
» On détermine le débit sanguin et la valeur de l'écoulement de salive pendant
l'état de rej)os et pendant l'état d'activité de la glande. Cette activité est provoquée par
l'excitation du nerf parotidien à l'aide d'une machine à courants induits. Le sang et la
salive sont recueillis pendant une minute et pesés. Dans certaines expériences, il était
prélevé i*^'"' du sang recueilli afin de faire la numération des globules après une dilu-
tion convenable.
» Expérience 1. — 10 juillet 1908. Vache bretonne en parfait état destinée à la
boucherie. Le Tableau ci-dessous indique les valeurs du débit sanguin pendant l'état
de repos et l'état d'activité ( Voir le Tableau n° 1).
« Les déterminations l et 2 ont une valeur trop forte parce que les modifications
circulatoires produites dans la glande par le traumatisme expérimental persistent
encore. Si l'on compare la moyenne des déterminations n° 5, 6, 7, 8, soit 20^, i 5, à celle
des déterminations n° 3 et 4, soit iSyS.oo, on voit que le débit sanguin était environ
7 fois plus fort pendant l'état d'activité que pendant le repos.
» Expérience 11. — 22 novembre 1908. Vache bretonne en bon état, bien qu'atteinte
de tuberculose au début. Les résultats sont contenus dans le Tableau n» 2.
» On remarquera dans cette expérience la valeur considérable du débit salivaire par
rapport à celle du débit sanguin et l'augmentation considérable aussi du nombre de
globules rouges constatée dans le sang veineux à ce moment.
Tableau N° 1.
Numéros
d'ordre
des
détermination
État
de la
s. glande.
Poids
de sang
écoulé
par minute,
1
Repos
35, 5o
2
Repos
49.4»
3
Activité
i35,/40
4
Activité
189,60
5
Repos
20, 38
6
Repos
16,39
7... .
Repos
2 2,65
8...
Repos
22,83
Tableau N"
2.
État
de la
glande.
Nature
du
sang.
Poids
de sang
veineux
écoulé
par min.
Poids
de la
salive
écoulée
par min.
Nombre
de globules
rouges
du sang.
Repos
Veineux
68
8
7850000
Activité
Veineux
182
25,80
8760000
Activité
»
Veineux
Artériel
108
93
9900000
63ooooo
( ' ) Moussu, Nerf sécrétoire de la glande parotide {Soc. de Biol. 1888).
C. P.., 1903, 2' Semestre. (T. CXXXVII, N" 24.)
i4'^
IO.S6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Ces deux expériences font ressortir trois faits :
» 1" L'augmentation du débit sanguin pendant l'état d'activité, et l'importance
énorme de ce facteur danslle calcul de la dépense de la glande ;
« 2" La valeur considérable que peut atteindre le débit salivaire, par rapport au
débit sanguin ;
» 3" L'augmentation considérable de larichesse du sang veineux en globules rouges
pendant l'état d'activité, augmentation d'autant plus forte que le débit salivaire a une
valeur plus considérable, par rapjDort à celle du débit sanguin.
» IL'saute immédiatement aux jeux que cette augmentation globulaire peut expli-
quer la richesse en oxygène du gang veineux pendant l'état d'activité. Il apparaît
aussi facilement que la sécrétion de la salive prive le sang d'un volume énorme d'eau
par rapport à sa masse et le concentre. Ainsi donc, l'augmentation de la richesse en
globules rouges^du sang veineux et par suite sa teneur en oxygène qui s'y lie intime-
ment ne sont que le résultat d'une concentration du sang due à la sécrétion salivaire
qui prive le sang d'une partie de son eau.
» Il résulte de ces faits que deux facteurs importants doivent entrer en
ligne dans le calcul de la dépense de la glande ;
» I** L'oxygène entrant dans la glande doit être calculé sur un volume
de sang artériel égal au volume de sang veineux qui s'écoule par minute,
augmenté du volume de salive sécrétée pendant le même temps.
)) i'^ L'oxygène sortant de la glande se calcule sur le volume du sang
veineux écoulé par minute.
» Nous démontrerons dans une autre Note que l'application de cette
manière de calculer donne une confirmation éclatante aux conclusions de
M. Chauveau. »
M. A. Grandidier présente à l'Académie, au nom de l'auteur M. Jules
de Schokalsky, le premier fascicule du premier grand Atlas de Géographie
oaru en Russie et s'exprime comme il suit :
« Cet Atlas a élé commencé par feu le professeur Pétri et est achevé
par M. de Schokalsky, adjoint au Président de la Section de Géographie
phvsique à la Société de Géographie russe. Les Cartes des pays étrangers
sont copiées, avec des corrections et des additions, de celles de l'Atlas de
Wagner et Debes à Leipzig, mais la Carte de la Russie à „Q^^,,^p en 8 feuilles
et les 1 1 autres Cartes particulières consacrées à cet Empire sont entière-
ment neuves. Ces Cartes sont les plus complètes qui aient encore paru, et
beaucoup de documents encore manuscrits ont été utilisés pour leur
rédaction.
SÉANCE DU l'i DÉCEMBRE TQoS. T087
» Ce premier fascicule contient : la mappemonde, la France, les États
danubiens et la Grèce et 2 feuilles de la Russie d'Europe. »
M. D. Lechaplaix adresse une « Note relative à la direction des aéro-
stats )'.
M. Cardin adresse une Note « Sur la formation des alcoolates cupro-
alcalins ».
(Commissaires : MM. Troost, Moissan, TIaller.)
La séance est levée à l\ heures et demie.
M. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHinUE.
OUVBAGKS REÇUS DANS LA SÉANCE DU CîS NOVEMBRE igoS.
(Suite.)
Gnipo notable de manchas solares ohservadas et 5 de oclubre de igoS. Obser-
vador : Francisco José Zamora. (Sociedad astronomica de Mexico : Circular iium. 13.)
Mexico^ 1903 ; i feuille in-8°.
The electrolytic de termina lion 'of manganèse and ils separalion froni zinc and
iron, by Georges-Philipp Scholl. Easton, Pa., 1908; r fasc. in-S",
The rapid precipilation of mêlais in the electrolytic way , by Franz Frederick
ExNER. Easlon, Pa., igoS; i fasc. in-8°.
The réduction of nilric acid in melallic nitrates to ammonia. by the electric
carrent and the quantitative estimation of nilric acid, by William Hastings Easton.
Philadelphie, igo3; i fasc. in-8°.
The prolotyle as the basis ofele/nenfal individualty,hyNo/<.^E. Aronstam. (E\tr.
de The médical âge, 25 juin igoi.) Détroit, Mich.; i fasc. iri-S".
The spermatogenesis of Oniscus asellus Linn., wilh especial référence ta the his-
tory of the chromalin, by Louise Nichols. ( Exlr. de The Proceedings of the american
philosophical Society, vol. XLI, n" 168.) i fasc. in-8°.
Cold Spring Harbor monographs : I. Talorcheslia Longicornis, by Mabel
E. Smallwood; II. Collembola of Beach, by C.-B. Davenport. Brooklyn, N. Y., igo3;
2 fasc. in-8°.
On the discharge of electricity from hot platinium, by Harold-A. Wm.son. {Phil.
Trans., A, vol. CCII, rgo3, p. 243-275.) Londres; i fasc. in-4''.
Io88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
A nxethod for the investigation of fossils by sériai sections, by W.-J. Sollas.
{Phil. Trans., B, vol. CXCVI, 1908, p. 259-263.) Londres, i fasc. 111-4".
Die schweizerischen Molassekolilen \vestlich der Reass, mit 3 Tafeln, von D'' Ernst
KissLiNG. {Beitràge zur Géologie der Schweiz. Geotechnische Série, Llef. II.)
Berne, 1908; i fasc. in-4°.
Sveriges Geologiska Undersôkning; série C«, 11° 3; série G, n°* 193, 194; série
Ka, n"* 116, 118„ 122; série Ac, n° 7. (Textes et Gartes. ) Stockholm, 1902-1908; i fasc.
in-4°, 6 fasc. in-8° et 4 feuilles de cartes en conleur in-f'*.
L'Étal indépendant du Congo. Documents sur le pays et les liahitants. (Annexe
aux Annales du Musée du Congo. Ethnographie et Anthropologie ; série IV, fasc. 1
et 2.) Bruxelles, 1908; 2 fasc. in-f°.
Subject list of works on the minerai industries and allied sciences in the Library
of the Patent Office. (Patent Office Library séries: n° 13. Bibliographical séries:
n° 10.) Londres, 1908; i vol. in- 18.
Almanaque nautico para el ano 1905, calculado de orden de la superioridad en
el Instituto y Observatorio de Marina de San Fernando. San Fernando, 1908; i vol.
in-4°.
ERRA TA.
(Séance du 3o novembre iQoS.)
Note de MM. H. Baubigny el P. Rivais, Séparation de l'iode dans les sels
halogènes alcalins d'avec le chlore et le brome, etc. :
Page 928, ligne 16, au lieu de SO^H^Ag, lisez SO*H^
Note de M. GuilUermond, Contribution à l'étude cytologique des Asco-
mycètes :
Page 989, lignes 7 el 16, au lieu de Peziza Gortinus, lisez Peziza Gatinus.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE DU LUNDI 21 DÉCEMBRE 1905,
PRÉSIDÉE PAR M. ALBERT GAUDRY.
M. Albert Gaudry prononce Tallocution suivante :
« Messieurs,
» Quelques-uns de nos Confrères, auxquels est échu l'honneur de pré-
sider notre séance annuelle, vous ont entretenus du rôle magnifique de la
Science dans la Société moderne. En choisissant cette année pour votre
président un paléontologiste, vous avez dû penser qu'il serait malhabile
pour vous parler de l'époque présente. Souffrez donc que je vous transporte
un moment dans le monde des fossiles.
» Aussi bien, en exposant l'état actuel de la Paléontologie, m'est-il
permis de croire que je traite un sujet digne d'intérêt pour notre Académie.
M. Edmond Perrier a écrit : Grâce à Cuvier, une Science nouvelle est
créée, qui, j^essuscitant les animaux et les plantes des temps anciens, va
nous raconter en détails l'histoire du passé de notre planète;. . . les
doctrines de Lamarck et de Geoffroy Saint-Hilaire lui ouvrent les plus
vastes horizons. » Oui, cette triade de savants de l'Académie et du Jardin
des Plantes a fondé la Paléontologie : c'est là un titre d'honneur que nul
ne conteste à notre pays. En travaillant pour la Paléontologie nous pensons
faire acte de patriotisme.
» Notre grand Cuvier a connu trop peu d'animaux fossiles pour établir
leurs enchauiements. Celui que Lamarck appelait le Sublime Auteur de
toute chose lui a semblé avoir tiré les espèces les unes des autres, en com-
mençant par les plus simples pour terminer par les plus parfaites. Mais
nulle part Lamarck n'a donné des exemples de leur descendance. Geoffroy
Saint-Hilaire a été plus loin; ayant étudié les Reptiles fossiles de la Nor-
mandie, il prétendit qu'ils étaient les ancêtres des animaux actuels. Il a eu
des envolées prophétiques. Pourtant, en i83o, lors des fameuses discussions
C. R., 1903, 2' Semestre. (T. CXXXVII, N» 25.) ^^^
Togo ACADÉMIE DES SCIENCES.
avec Guvier, il sembla, faute de preuves, avoir tort. Le bon Geoffroy est
mort, sans avoir eu la joie de voir découvrir les anneaux des chaînes mer-
veilleuses que son génie avait devinées.
» Encore en 1872, Darwin constatait le manque des gradations néces-
saires pour démontrer les descendances des êtres : C'est là peut-être,
ajoutait-il, U objection la plus sérieuse qu'on puisse opposer à ma théorie.
Je crois que V explication provient de V imperfection des documents que
la Géologie met à notre disposition. Un des Chapitres de V Origine des
Espèces est intitulé : Pauvreté de nos collections paléontologiques.
» Nous ne saurions plus tenir ce langage. Quand on passe à Cromarty,
dans le nord de l'Ecosse, on aperçoit une colonne érigée en Thonneur de
l'ouvrier carrier Hugh iNIiller; en cassant des pierres, l'ouvrier de Cromarty
admirait qu'on y trouvât des créatures fossiles, et il en tirait des pensées si
hautes qu'il est devenu un des paléontologistes célèbres de la Grande-Bre-
tagne. Beaucoup de gens sont comme Miller; c'est chose étonnante que
l'ardeur avec laquelle, dans tous les pays du monde, on brise les roches
pour surprendre les secrets des temps passés : bâtis hier, les Musées de
Paléontologie sont aujourd'hui trop petits.
» Alcide d'Orbigny a étabh une longue série d'étages, ayant chacun des
formes spéciales, et bientôt on a subdivisé ces étages en zones dont les
espèces offrent des nuances successives. Au lieu d'entités distinctes, nous
découvrons des enchaînements, et l'œuvre de la Création présente à nos
esprits charmés le spectacle d'une évolution qui s'avance majestueuse dans
l'immensité des âges.
» Aucun visiteur de la nouvelle galerie de Paléontologie du Muséum ne
met plus en doute que d'abord il y a eu le règne des Invertébrés, c'est-
à-dire des êtres les moins élevés, qu'au règne des Invertébrés a succédé celui
de Poissons et de Reptiles, incomplètement vertébrés à leur début; qu'en-
suite il y a eu le règne des puissants Vertébrés à sang froid^ plus tard celui
des Mammifères, plus tard enfin celui de l'Homme.
» Assurément, en face du connu se dresse encore un vaste inconnu. Mais
déjà de nombreux stades d'évolution apparaissent, surtout chez les êtres
supérieurs, dont la complicalion fournit plus de moyens de comparaison.
Par exemple, nous savons qu'à l'aurore du Tertiaire il n'y avait pas ces
élégants Quadrupèdes, si rapides à la course, que nous admirons sous le
nom de Chevaux et de Ruminants; le noble Éléphant n'existait pas; on ne
voyait ni Rhinocéros, ni Tapirs, ni Ours, ni Hyènes, ni Chiens, ni Chats, ni
Singes. Peu à peu les Quadrupèdes sont devenus plus Chevaux, plus Rumi-
SÉANCE DU 2 1 DÉCEMBRE I9o3. 1091
nants, plus Éléphants, plus Rhinocéros, plus Tapirs, plus Ours, plus
Hyènes, plus Chiens, plus Chats, plus Singes.
» On n'aurait pas imaginé que des travaux de science pure, ayant pour
objet l'histoire de l'évolution, dussent avoir une application pratique;
cependant, comme cliaque phase de développement des êtres correspond à
une époque déterminée, elle offre le meilleur moyen pour fixer l'âge des
terrains ; ainsi elle prolite à toutes les industries qui se basent sur les faits
géologiques.
» Cette Paléontologie ne ressemble guère à celle du milieu du siècle
dernier; celle-là ne nous montrait cjuc des espèces fixes, toujours immo-
biles : c'était un peu triste. Depuis l'enfant, qui jette une pierre dans l'eau
pour y produire des oncles, juscju'à l'astronome suivant la marche des corps
célestes, nous aimons tous le mouvement. Or maintenant la Paléontologie
nous révèle une nature en continuel mouvement : tout remue, tout change.
Un os s'allonge ou se raccourcit, s'épaissit ou s'amincit, se complicpieou se
simplifie; une dent a des tubercules ({ui se disposent tantôt en lames, tantôt
en mamelons, tantôt en pointes, tantôt en croissants. Il y a une satisfaction
immense dans la contemplation de cette perpétuelle diversité. Le Dieu
qu'aujourd'hui les paléontologistes adorent est un Dieu d'une aciivité
infinie, qui nous donne l'exemple d'un travail incessant.
» En ce moment, la science des fossiles prend un nouvel essor par les
expéditions lointaines. Plusieurs de nos vaillants officiers commencent à
nous faire connaître l'intérieur de l'Afrique. M. de Lapparent vous a pré-
senté en diverses occasions les pièces qu'ils ont rapportées. Puissent-ils nous
ramener un Okapi pour nous offrir une idée de l'aspect de nos fossiles dans
l'état de vie!
» Madagascar est un centre d'importantes découvertes. M. le profes-
seur Boule vous montrera au Muséum, parmi une cjuantité d'échantil-
lons, de magnifiques Ammonites, des os énormes de Dinosauricns expé-
diés par M. Bastard et beaucoup d'autres explorateurs. Voulant continuer
l'œuvre magistrale de son père à Madagascar, M. Guillaume Grandidier a
recueilli de curieux Mammifères fossiles. Le fils d'un autre de nos Confrères,
M. Paul Lemoine, vient de faire clans le même pays de fructueuses
recherches.
» En présence des découvertes extraordinaires des savants argentins et
surtout des frères Ameghino, M. André Tournoucr a eu la généreuse
pensée que la Science française devait en avoir sa part, et voici que, pour
la cinquième fois, il est en Patagonie. Il nous envoie des monceaux de
1092 ACADÉMIE DES SCIENCES.
bêtes fossiles inconnues. Pyrotherium, Astrapotkerium, Leontinia étaient
vraiment de bizarres et gigantesques créatures!
» La Paléontologie végétale, fondée dans noire pays par Adolphe Bron-
gniart, progresse en même temps que la science fondée par Cuvier. Grâce à
MM. Zeiller, Grand'Eury, Bernard Renault, Fayol, nous croyons cheminer
dans les forêts d'autrefois, nous assistons à la genèse des végétaux qui
vivaient il y a plus d'un million d'années; on nous montre des grains de
pollen pénétrant dans le nucelle, des enveloppes de graines presque aussi
nettes que chez les espèces actuelles, des vaisseaux ponctués, des trachées
déroulées, etc. Les microbes accumulés dans la houille nous apprennent que,
dès les anciens jours, les corps organisés les plus petits ont été les plus
importants.
» Si l'étude des animaux et des plantes fossiles doit beaucoup à la France,
la Paléontologie humaine ne lui doit pas moins : Boucher de Perthes,
Lartet, de Mortillet ont été ses initiateurs; M. Piette et d'autres ardents
chercheurs ont entrepris de nous dire nos origines.
» Dernièrement, le prince de Monaco, avec M. l'abbé de Villeneuve, a
découvert à Menton des squelettes humains; les savants français, auxquels
il en a confié l'étude, sont frappés de leurs rapports avec ceux des Austra-
liens. Ces recherches sont trop isolées pour que nous osions présenter leurs
résultats comme certains.
» Mais, pour les Arts et l'Industrie, nous avons en ce moment des
révélations surprenantes. MM. Rivière, Capitan, Cartailhac, aidés par
M. l'abbé Breuil, ont apporté plusieurs fois à l'Académie les reproductions
de peintures qui ornaient les parois de diverses cavernes; vous avez vu de
remarquables représentations d'animaux, notamment de Mammouths, et
aussi de sujets humains. Pourquoi ont-elles été faites dans des galeries abso-
lument obscures? Notre confrère de l'Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres, M. Salomon Reinach, s'appuyant sur des coutumes de certains
Australiens, vient de nous dire que ces représentations étaient des talis-
mans, au moyen desquels les chasseurs s'imaginaient attirer le gibier. Une
lampe trouvée par M. Rivière renfermait des résidus charbonneux, sem-
blables, suivant M. Berthelot, à ceux que laisserait la combustion d'une
substance grasse, telle que le suif ou le lard. M. Moissan a constaté que les
matières colorantes des peintures étaient des oxydes de fer et de manganèse.
On ne peut sans émotion manier les reliques de nos premiers aïeux. En face
d'énormes Pachydermes, du Bison, de l'Ours, du Lion et de FHyène des ca-
vernes, n'ayant pour se défendre que des instruments de silex, ils ont osé
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE igoS. lOv^S
lutter, et ils ont vaincu : c'étaient des artistes, c'étaient des braves ; lionneur
à leur mémoire!
» Ainsi, des horizons inconnus se découvrent à nous. Pour les embrasser,
nous sommes insuffisants. Messieurs, demandez à vos amis qu'ils viennent
à notre aide. Nous leur promettons grands plaisirs, plaisirs de philosophes
qui tâchent de comprendre les mystères de la vie, plaisirs d'artistes et de
poètes, qui aiment les spectacles grandioses. J'ai vu à Canyon City, dans
les Montagnes Rocheuses, un os de la cuisse d'un Atlaiitosaurus , qui avait
à lui seul la hauteur d'un homme. Quand, à New-Haven, on mesure les
restes prodigieux des Dinosauriens découverts par Marsh, on est dans la
stupeur. Un jour viendra où, dans quelque musée, on réunira les restaura-
tions des fossiles de toutes les contrées et de tous les âges; la vision en sera
si étrange qu'on se demandera si ce n'est pas un rêve.
» Ce rêve semblera très beau ; ce ne sera pas un cauchemar. Il ne faut
point, parce qu'il y a eu autrefois des êtres gigantesques, conclure que la
Terre a été un théâtre de luttes et de désordres. On a exagéré les idées de
Darwin sur le struggle for life. Les forts n'ont pas anéanti les faibles.
Lorsqu'un type est arrivé à son épanouissement, il meurt; que ce soit une
Ammonite, ou un Brontosaurus , ou un Pyrolherium, il meurt, pendant que
des types moins perfectionnés perpétuent la vie. Les Carnivores ont été rares
sur les anciens continents. Chose triste pour notre espèce, c'est l'homme
qui a poussé les cris de guerre, c'est lui qui change les jolies campagnes en
champs de carnage. Au moment où les Mammifères fossiles ont eu leur
apogée, le roi des animaux était le pacifique Dinotherium; figurez-vous ce
géant escorté des Mastodontes, de VHclladotherium, de VAiicylotheriuin :
c'était vraiment la personnification de la nature puissante et calme des
anciens jours. Les géologues, qui étudient le règne minéral, découvrent
parfois les traces de révolutions violentes, comme celles dont la Martinique
vient d'être la victime. Nous, paléontologistes, nous contemplons les lentes
et harmonieuses évolutions du monde animé.
» Messieurs, je peux le dire par ma longue expérience : l'existence du
paléontologiste est charmante; nous allons en tous pays comparer les mou-
vements de la vie dans les âges passés, et, de temps en temps, dans un coin
de montagne où meurt le murmure humain, nous nous arrêtons pour
creuser les roches et interroger la grande nature. Deux fois différentes,
notre Académie a chargé celui qui vous parle de faire des fouilles à Pi-
kermi. Plus de quarante années se sont écoulées; j'ai vu disparaître tour à
tour les hommes qui formaient alors l'Académie; mais l'Académie ne
1094 ACADÉMIE DES SCIENCES.
meurt pas, et, vieillard aujourcrimi, je lui dis de tout cœur merci pour le
bonheur qu'elle a jeté sur mes jeunes années. C'est que j'ai passé mes
meilleurs jours au pied du Pentélique. Quand, à mon retour, on m'a dit :
« Vous avez dû avoir des moments de lassitude dans votre ravin de Pi-
» kermi? » j'ai répondu : « C'est vrai, j'ai été quelquefois oppressé en me
» sentant si cliétif devant les restes des plus imposantes créatures. Mais,
» lorsque, avant de quitter la Grèce, j'ai gravi l'Acropole où tant de mer-
» veilles du génie humain sont réunies, j'ai repris ma force. Appuyé contre
» une colonne du Parthénon, je me suis dit : Qu'importe que l'homme ait
» un corps très petit, puisque Dieu a doté son âme du génie; qu'importe
» que nous soyons nés d'hier, que le passé ait été pour les êtres sans raison,
» si le présent est à nous et si l'avenir nous est réservé ».
» Je sors du monde des fossiles, et je rentre dans l'époque actuelle.
Immédiatement j'ai une impression de tristesse. J'ai à vous rappeler la
perte de notre Confrère vénéré, M. de Bussy. Il avait succédé au gé-
néral Perrier, dont M. Darboux va tout à l'heure vous retracer la belle
carrière. Il nous a été enlevé le 24 avril à l'âge de 8i ans. Un marin digne
de l'apprécier, M. Guyou, a prononcé devant vous son éloge. Il vous a
assuré que son nom restera à côté de celui de Dupuy de Lôme : Bussy,
a-t-il dit, a su discipline?' entre les mains du constructeur ce métal
indocile qu'était V acier. Il l'a rendu facile à travailler. Le remplacement
des lourdes plaques de tôle par celles d'acier a été un événement dans la
marine. M. de Bussy a construit de nombreux cuirassés, le Redoutable ,
la Dévastation, le Foudroyant^ le Dupuy-de-Lôme, son chef-d'œuvre.
Quelle fascination ce doit être de voir lancer à la mer ces puissants navires
de combat! M. de Bussy est resté modeste et même timide.
» Le 25 mai, le professeur de la Sorbonne, M. Munier-Chalmas, était
élu dans la Section de Minéralogie. Moins de 3 mois après, il mourait
subitement. Je me le rappelle presque enfant, déjà séduit par la grandeur
de la Géologie, ne voulant étudier rien autre chose. Il n'aimait pas les
livres, même ceux des savants les plus habiles, et il n'en a jamais fait; le
seul qui lui plût, c'était celui de la Nature passée, dont les feuillets, pour
me servir des expressions de mes premiers maîtres, sont déchirés, noircis
par le temps. La Géologie, comme le sphinx de Thèbes, présente des
énigmes; heureusement, ceux qui n'en trouvent pas le sens ne craignent
plus d'être dévorés. M. Munier-Chalmas avait une ardeur singulière pour
les deviner et les faire deviner aux autres. Il n'est pas un point du bassin
SÉANCE DU 2 1 DÉCEMBRE igoS. 1095
de Paris qu'il n'ait fouillé, pas une roche ou un fossile de nos Musées qu'il
n'ait scruté. Sa curiosité d'esprit avait donné au laboratoire de Géologie
de la Sorbonne une vie intense; sa mort y produit un grand vide.
» Un de nos Associés étrangers, sir Gabriel Stokes, s'est éteint dans sa
84^ année. La vieille Université de Cambridge, avec ses bâtiments couverts
de lierre, ses larges cours aux vertes pelouses, où règne un religieux silence,
inspire les méditations scientifiques. Stokes a été une de ses gloires. Notre
Associé étranger lord Kelvin et notre Vice-Président M. iMascart ont
exposé ses œuvres; après eux, je ne saurais rien ajouter.
» Nous avons perdu plusieurs Correspondants nationaux. La dernière
séance publique de l'Académie avait eu beu le 22 décembre 1902; le len-
demain, 23 décembre, mourait à Marseille M. Reboul, Correspondant
de la Section de Chimie. Il avait fait de belles recherches sur les éthcrs
notamment sur un éther nouveau qu'il a appelé le glycide.
» Le 12 janvier, M. Sirodot, Correspondant de la Section de Botanique
à Rennes, nous a été enlevé. Un des maîtres de la Cryptogamie, M. Bor-
net, vous a rappelé ses ingénieuses études sur les organismes unicellulaires
colorés en vert, sur les Floridées d'eau douce, sur les Vers à soie et sur le
gisement du mont Dol, où, dans un espace de i4oo'", on a trouvé les restes
d'une centaine de Mammouths.
» Peu de jours plus tard, également à Rennes, nous perdions M. Le-
chartier, qui avait été nommé Correspondant de la Section d'Économie
rurale pour ses recherches de Chimie et de Géologie agricoles.
» Nous avons eu aussi le regret d'apprendre la mort de Correspondants
étrangers : M. Cremona à Rome et M. Lipschitz à Bonn, tous deux de la
Section de Géométrie, M. Wiilard Gibbs de New-Haven, qui appartenait
à la Section de Mécanique; M. Gibbs a été l'un des rénovateurs de la Ther-
modynamique.
» Le chagrin que toutes ces pertes nous causent a été adouci par plu-
sieurs satisfactions :
)) Nous avons pu nous adjoindre comme Membre titulaire le fils de l'un
de nos Confrères les plus aimés, M. Théophile Schlœsing.
» M. Bertin, le créateur de notre nouvelle flotte, a remplacé M. de Bussy,
dans la Section de Géographie et Navigation.
» M. Léon Labbé, l'éminent défenseur des intérêts hygiéniques de nos
soldats, a été élu Académicien libre.
» M. Koch, le microbiologiste bien connu de Berlin, a été choisi comme
Associé étranger.
1096 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» L'Académie a nommé Correspondants : MM. de Forcrand, Nœther,
Benoît, Lorentz, Baccelli et Hill.
» Elle a continué à patronner la Mission de TEquateur, dont le com-
mandant Bourgeois est le chef. Un Rapport de M. Poincaré a montré que,
malgré des difficultés extrêmes, les officiers de la Mission de l'Equateur
ont accompli une œuvre de haute valeur : un éloge venant de M. Poincaré
est une récompense.
» M. Lacroix, chef de la Mission de la Martinique, a clairement établi
ce qui s'est passé à la Montagne Pelée : La lave en fusion a formé un dôme
immense, surmonté d'une aiguille de plus de 3oo™ : Je Val vu surgir
peu à peu, a dit M. Lacroix, et donner à la Montagne Pelée une hauteur
supérieure à celle de tous les volcans des Antilles Si imposante que
soit cette manifestation, ce ri est pas elle quia causé les dévastations ;
ce sont les nuées ardentes qui ont brûlé, asphyxié les êtres vivants, et
détruit tout ce qu elles rencontraient. Nous avons été tranquillisés en
Sachant sains et saufs les membres de la Mission de la Martinique. Il n'est
pas de soldats qui aient vu le feu de plus près ; comme l'Armée, la Science
a des braves. Nous adressons nos félicitations à M. Lacroix et à ses compa-
gnons, MM. RoUet de Flsle et Giraud. Je crois pouvoir ajouter à leurs
noms celui de M™" Lacroix, qui. est restée à côté de son mari dans ses deux
voyages : l'Académie apprécie tous les dévouements.
» M. Jean Charcot, dont vous patronnez l'expédition, doit parvenir en
ce moment à la Terre Alexandre. Les explorateurs des régions antarctiques
ne découvriront pas, comme Christophe Colomb, un nouveau Monde
habité; mais tôt ou tard, sous les glaces, ils trouveront sans doute des ter-
rains remplis de fossiles, ainsi que dans les régions boréales, indiquant une
vie abondante, là où l'on n'a plus que le spectacle de la mort, preuve ter-
rible de l'instabilité de toute chose. L'Académie envoie ses vœux bien loin,
bien loin, aux explorateurs des régions antarctiques.
» Avant de donner la parole à nos éininents Secrétaires perpétuels pour
acclamer nos nombreux et distingués lauréats, j'ai plaisir à mentionner que
les admirateurs de M. Brouardel et de M. Chauveau leur ont offert des
médailles gravées en souvenir de leurs œuvres scientifiques. Nous nous
associons aux hommages rendus à des Confrères que chacun de nous
honore.
» L'Académie est heureuse d'apprendre que l'un des prix Nobel vient
d'être donné, moitié à M. et M'"*^ Curie, moitié à notre cher Confrère,
M. Henri Becquerel.
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE igoS. IO97
» Je n'ai pas à vous rappeler que M. Roux a remis à l'Institut Pasteur
les cent mille francs du prix Osiris décerné par l'Institut de France, mais je
tiens à noter que personne n'en a été étonné. Nous sommes habitués à voir
de grands esprits unis à de grands cœurs. Cela montre qu'un poète illustre,
chanté récemment sous cette coupole par un jeune poète plus illustre en-
core, a eu raison d'appeler avec amour notre pays « notre douce France ».
PRIX DÉCERNÉS.
ANNÉE 1903.
GEOMETRIE.
PRIX FRANCOEUR.
(Commissaires : MM. Poincaré, Emile Picard, Appell, Jordan;
Darboux, rapporteur.)
L'Académie décerne le prix Francœur à M. Emile Lemoixe, pour l'en-
s^emble de ses travaux en Géométrie.
PRIX PONCELET.
(Commissaires : MM. Poincaré, Appell, Emile Picard, Jordan;
Darboux, rapporteur.)
L'Académie décerne le prix Poncelet à M. Hilbert, professeur à l'Uni-
versité de Gœttingue, pour ses travaux sur les principes de la Géométrie.
C. K., 1903, 2* Semestre. (T. CXXXVII, N° 25.) l44
1098 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MÉCANIQUE.
PRIX EXTRAORDINAIRE DE SIX MILLE FRANCS.
(Commissaires : MM. Maurice Levy, Bouquet de la Grye, Hatt, Sarrau;
Guyou, rapporteur.)
La Commission propose d'attribuer la moitié du prix à M. Mai-gas,
ingénieur en chef de la Marine, pour ses études relatives à la stabilité des
navires de combat et ses travaux relatifs à la navigation sous-marine, et de
répartir l'autre moitié, en parts égales, entre les lieutenants de vaisseaux
Jehenxe, Gaillard et I^erimaix, le premier pour ses travaux relatifs à l'ap-
plication de la télégraphie sans fd à la marine, les deux autres pour les per-
fectionnements qu'ils ont apportés aux appareils destinés à la transmission
des ordres ou des indications de tir pendant le combat.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
PRIX MONTYON.
(Commissaires : MM. Sarrau, Boussinesq, Léauté, Sebert;
Maurice Levy, rapporteur.)
La Commission décerne le prix à M. Bodix, professeur à l'Ecole cen-
trale des Arts et Manufactures, pour la conception et l'exécution du
nouveau svstème de cantilever réalisé au viaduc du Yiaur.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
PRIX PLUMEY.
(Commissaires : MM. Guyou, Sebert, Léauté, Sarrau;
Maurice Levy, rapporteur.)
La Commission décerne le prix à M. Marchss, professeur adjoint à
l'Université de Bordeaux, pour l'enseignement libre de Mécanique appli-
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE igo3. IO99
qiiée qu'il a créé, et plus particulièrement pour ses remarquables Leçons
sur les machines à vapeur, les machines thermiques et les instruments de
mesures industrielles.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par rAcadémie.
PRIX FOURNEYRON.
(Commissaires : MM. Sarrau, Léauté, Sebert, Boussinesq-,
Maurice Levy, rapporteur.)
Le prix n'est pas décerné. La Commission maintient le sujet du prix
pour le concours de iqoj :
Recherches théoriques ou expérimentales sur les turbines à vapeur.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
ASTRONOMIE.
PRLX PIERRE GUZMAN.
(Commissaires : MM. Janssen, Wolf, Callandreau, Radau ;
Lœwy, rapporteur.)
Le prix n'est pas décerné.
PRIX LALANDE.
(Commissaires : MM. Lœwy, Callandreau, Wolf, Radau, Janssen;
Deslandres, rapporteur.)
La Commission propose, à l'unanimité, de décerner le prix Lalande à
M. Campbell, de l'observatoire Lick (Californie).
M. Campbell, attaché depuis i5 ans à cetj observatoire, comme astro-
IIOO ACADÉMIE DES SCIENCES.
nome ordinaire d'abord, et ensuite comme directeur, a tiré le meilleur
parti possible du grand instrument et de la situation favorable de l'obser-
vatoire, La Spectroscopie stellaire et l'Astronomie physique l'ont attiré
d'une manière toute spéciale, et dans ce nouvel ordre de recherches il a
fait des découvertes importantes.
11 a abordé et poursuivi les deux applications principales de l'analyse
spectrale aux astres, c'est-à-dire la recherche de la composition chimique,
des variations d'éclat pour les diverses couleurs et la recherche de la
vitesse radiale.
C'est à lui que Ton doit les études les plus complètes sur les nombreuses
étoiles temporaires signalées dans les dernières années; il a pu les suivre
dans la phase ultime de leur déclin, la plus difficile pour l'observation, et
reconnaître leur transformation plus ou moins complète en nébuleuses. Les
spectres des étoiles variables, de plusieurs étoiles singulières l'ont aussi
beaucoup occupé; il a découvert un grand nombre d'étoiles qui offrent
dans leurs spectres des raies notables de même origine, à la fois brillantes
et obscures, et qui forment ainsi en quelque sorte un type nouveau.
Dans la recherche des vitesses radiales son œuvre est importante. Il est
le premier par le nombre des étoiles reconnues doubles par le spectroscope ;
il en a découvert environ 3o. L'une d'elles même a des variations de
vitesses radiales qui sont liées à deux périodes et est donc un système
triple.
Entre temps, il a dirigé une des missions américaines envoyées aux Indes
pour observer l'éclipsé totale du Soleil de 1898. Les résultats obtenus sur
le spectre et la rotation de la couronne solaire offrent le plus grand
intérêt.
Ces travaux multiples assurent à M. Campbell une des premières places
parmi les astronomes contemporains.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
PRIX VALZ.
(Commissaires : MM. Lœwy, Wolf, Radau, Janssen;
Callandreau, rapporteur.)
La Commission, à l'unanimité, décerne le prix Valz à M. Borrelly,
astronome à l'observatoire de Marseille, pour ses découvertes de comètes.
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE FQoS. I lOI
La carrière d'observateur de M. Borrelly remonte à la fondation de
l'observatoire de Marseille. Son activité scientifique ne s'est jamais ralentie.
Au début, en 1869 et 1871, il fut envoyé comme Chef de station à
Valence, à Orange et à Barcelonnette pour l'observation des étoiles filantes
d'août et de novembre.
Il a découvert des étoiles variables et des nébuleuses, trouvé 20 petites
planètes.
En ce qui concerne les comètes, l'activité scientifique de M. Borrelly
mérite d'être signalée plus particulièrement :
En 1871, il participe à la découverte de la comète 187 1 I (Winnecke) et
constate le premier retour de la comète périodique de Tutle : 1871 IV.
En 1873, il découvre, après Tempel, la comète 1783 II, puis la comète
1873 III (Borrelly).
En 1874, il participe à la découverte de la comète 1874 H, puis découvre
les comètes 1874 IV (Borrelly) et 1874 VI (Borrelly).
Le 1^'' février 1875, il redécouvre la comète périodique de Winnecke :
1875 IL
En 1877, il découvre la comète 1877 I (Borrelly) et la comète 1877 III
(SwifL-Borrelly-Block).
En 1889, découverte de la dernière comète de l'année : 1890 1 (Borrelly).
Le 23 juillet 1900, découverte d'une nouvelle comète : 1900 II (Borrelly).
Le 2 septembre 1902, découverte, après Perrine, de la comète b 1902.
Le 21 juin 1903, découverte de la comète c 1903.
La Commission est heureuse de constater que l'observatoire de Marseille,
comme celui de Nice, a largement participé aux découvertes récentes de
comètes.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
PRIX G. DE PONTÉCOULAlNT.
(Commissaires : MM. Lœwy, Callandreau, Poincaré, Wolf;
Radau, rapporteur.)
Le prix qui porte le nom de M. de Pontécoulant étant destiné à encou-
rager les recherches de Mécanique céleste, la Commission, à l'unanimité,
propose de l'attribuer à M. U. Axdoyer, dont les beaux travaux, relatifs à
II02 ACADEMIE DES SCIENCES.
la Théorie de la Lune et à celle des petites planètes, ont depuis longtemps
fixé l'attention des astronomes.
Nous en trouvons le germe dans une Thèse de doctorat extrêmement
remarquable, Su/- la Théorie des orbites intermédiaires. On appelle ainsi
des courbes par lesquelles le mouvement d'un astre est représente plus
exactement que par l'ellipse képlérienne, et qui se prêtent mieux aux
approximations successives. M. Andoyer en établit la théorie générale, en
partant des équations différentielles de Laplace, et il en fait une très heu-
reuse application au cas particulier de la Lune. Il est revenu sur le même
sujet dans plusieurs Notes, auxquelles se rattachent deux Mémoires, ré-
cemment publiés, Sur les cas de commensurahilité approchée dans le
problème des trois corps (1902) et Sur la Théorie des petites planètes
dont le moyen mouvement est sensiblement double de celui de Jupiter
(1903). Il s'agit là d'un problème d'une importance capitale, sur lequel,
depuis quelque temps, se concentrent les efforts d'un grand nombre de
géomètres, et le dernier travail de M. Andoyer en a éclairci certaines
difficultés : il fait comprendre qu'il est des cas où la détermination d'une
première orbite peut devenir illusoire.
Il faut signaler ensuite les recherches de M. Andoyer sur les formules
générales de la Mécanique céleste. On y trouve surtout une ingénieuse
application de la méthode des coefficients indéterminés, inspirée par la
méthode que Laplace a suivie dans sa Théorie de la Lune.
Le Mémoire de M. Andoyer sur l'extension du théorème de Poisson,
relatif à Finvariabilité des grands axes, contient des recherches qui s'ap-
pliquent à un problème beaucoup plus général, et les résultats ont une
rande portée théorique.
Une série de travaux concernant la Théorie de la Lune, que M. Andoyer
poursuit depuis dix ans, ont pour origine le désaccord constaté, à partir du
8^ ordre, entre la série qu'il avait trouvée pour la variation et les coeffi-
cients deDelaunay. M. Andoyer a donc entrepris la tâche, très délicate et
en même temps très laborieuse, de vérifier les calculs de Delaunay par
deux méthodes essentiellement distinctes, qui se contrôlent de manière
qu'il est possible de répondre des résultats. Il a constaté ainsi que les coeffi-
cients de Delaunay sont souvent entachés de légères erreurs, au moins
lorsqu'il s'agit de termes très élevés, de ceux du 8'^ ou du 9^ ordre. Ces
erreurs, il est vrai, se traduisent par des fractions de seconde; ce n'en
sont pas moins des erreurs, puisque les coefficients s'expriment ici par
SÉANCE DU 2 1 DÉCEMBRE IQoS. IIo3
des rapports de nombres entiers, qui devraient toujours être rigoureuse-
ment exacts.
Les deux méthodes dont M. Andoyer a fait usage sont conformes aux
principes exposés dans ses précédents Mémoires; elles se rattachent, par
quelques points, aux- travaux de Hill et de Nevvcomb. En les développant,
et en simplifiant le mécanisme des calculs, M. Andoyer est arrivé à consti-
tuer une méthode qui permettrait d'établir, dans un espace de temps rela-
vement court, une Théorie de la Lune très propre à servir de base à de
nouvelles Tables : on la trouve exposée dans un Opuscule très intéressant
que M. Andoyek a récemment publié sur la Théorie de La Lune, et qui
contient aussi une belle généralisation des théorèmes d'Adams.
11 y a là un ensemble de recherches qui révèlent un talent de premier
ordre, et que l'Académie sera sans doute heureuse d'encourager.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
PHYSIQUE.
PRIX HÉBERT.
(Commissaires : MM. Mascart, Lippmann, Violle, Potier;
H. Becquerel, rapporteur.)
La Commission décerne le prix à M. E. Goldsteix, astronome-physicien
à l'Observatoire de Berlin.
Parmi les travaux qui ont attiré l'attention de la Commission, nous cite-
rons principalement un ensemble de recherches dues à M. E. Goldstein.
Ces recherches, relatives aux décharges électriques dans les gaz raréfiés,
ont été poursuivies sans interruption depuis plus de 3o années au cours
desquelles l'auteur a fait des observations remarquables et a découvert une
espèce particulière de rayons.
Antérieurement aux travaux de sir W. Crookcs, puis ensuite, parallè-
lement à CCS derniers, M. E. Goldstein a étudié les diverses particularités
IIo4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
des apparences lumineuses qui accompagnent les décharges électriques
dans les tubes à gaz raréfiés. L'un des premiers, il a signalé l'importance
prédominante des rayons cathodiques découverts peu de temps auparavant
par Hittorf, et il a observé diverses particularités de ces rayons dont l'in-
térêt a grandi avec les découvertes ultérieures.
Dans ses premiers travaux, M. Goldstein n'avait pas adopté les idées
de sir W. Crookes sur la matière radiante, et il rattachait toutes les ap-
parences observées à des causes purement optiques, c'est-à-dire à des trans-
formations d'énergie analogues à celles qu'on observe dans les phénomènes
lumineux.
On sait combien les hypothèses émises par Crookes ont été fécondes et
comment elles se sont merveilleusement adaptées à l'étude des nouveaux
rayons, mais on ne saurait méconnaître que les expériences délicates de
M. E. Goldstein aient établi des faits qui ont exercé une influence utile sur
Finterprétation des phénomènes.
En 188G (*), M. Goldstein reconnut qu'en employant une cathode per-
forée, on rencontrait près de la cathode des rayons qui n'avaient pas les
propriétés des rayons cathodiques, et qui ne paraissaient pas déviés par
un champ magnétique. Il leur donna le nom de rayons-canaux {Kanal-
strahlen).
L'expérience a appris depuis que ces rayons, extrêmement absorbables,
étaient partictdièrement actifs pour exciter la phosphorescence de diverses
substances et pour ioniser l'air. Ils sont très faiblement déviés dans un
champ magnétique intense, et en sens contraire de la déviation des rayons
cathodiques. Cette propriété permet d'assimiler ces rayons à des charges
d'électricité positive, transportées par des masses réelles ou fictives, plus
grosses, et se déplaçant avec des vitesses notablement moindres que celles
qui, chargées négativement, semblent constituer les rayons cathodiques.
La présence des Kanalstrahlen dans le rayonnement des corps radio-
actifs donne un nouvel intérêt à la découverte de M. Goldstein.
Nous mentionnerons encore l'observation faite par le même auteur des
colorations que prennent certains sels sous Finfluence des rayons catho-
diques ; le chlorure de sodium devient brun et le bromure de potassium se
colore en bleu foncé, colorations qui disparaissent ensuite, soit lentement
à la lumière, soit en quelques minutes par une élévation de température.
(') Berliner Sitzungsberichte, t. XXXIX, p. 691.
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE igo3. Ilo5
Les résultats que nous venons de résumer ont paru assez importants à la
Commission pour mériter l'attribution du prix Hébert.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
PRIX HUGHES.
(Commissaires : MM. Mascart, Lippmann, Becquerel, Moissan;
Potier, rapporteur.)
La Commission propose, à l'unanimité, de décerner le prix Huches à
M. Pierre Picard, pour les perfectionnements introduits dans la télé^-ra-
phie, perfectionnements qui ont eu pour effet d'augmenter la rapidité des
transmissions sur les câbles sous-marins, et de permettre l'emploi des
appareils imprimeurs à la réception. M. Picard a modifié dans ce but à la
fois le mode de transmission, l'organe récepteur proprement dit et la syn-
chronisation du Baudot. Un signal quelconque, trait ou point, est trans-
mis au moyen, de deux émissions, très courtes, d'égale durée et de signes
contraires; c'est l'intervalle entre ces émissions qui caractérise le si^-nal. Le
câble est isolé à la station transmettrice, en dehors du temps de ces émis-
sions, et seulement au moment où le manipulateur vient toucher la butée
de travail ou la butée de repos, le câble est mis en rapport avec le pôle
d'une pile positive dans un cas, négative dans l'autre; à cet effet, le mani-
pulateur n'agit pas directement sur le câble, mais par l'intermédiaire de
deux relais spéciaux; le contact de la clef avec l'une des butées permet à
une pile locale de charger un condensateur, le courant de charge excite
pendant un temps très court le relais correspondant et met pendant ce
temps le câble en rapport avec la pile positive si la clef touche la butée de
travail, négative si elle est amenée sur la butée de repos.
A la station réceptrice, en vertu de la capacité électrostatique du câble,
on observera un courant, d'intensité variable, changeant de signe chaque
fois que le manipulateur aura passé d'une position à l'autre; pour enre-
gistrer ces changements, l'appareil récepteur proprement dit est constitué
par la bobine mobile des appareils de lord Kelvin, reliée d'une part au
câble, de l'autre à la terre par l'intermédiaire d'un condensateur; au lieu
du siphon recorder, la bobine porte un index en aluminium, relié à une
pile, lequel oscille entre deux butoirs communiquant avec les deux extré-
mités d'un relais différentiel dont le milieu esta la terre, et dont l'armature
C. R., i^o3, 2* Semestre. (T. CXXXVII, \'' 25.) l/jS
IIo6 ACADEMIE DES SCIENCES.
reproduit fidèlement les mouvements du manipulateur transmetteur et peut
actionner un récepteur quelconque.
Si Ton veut, au lieu du Morse, employer pour la transmission un appa-
reil tel que le Baudot, rien n'est changé au mécanisme de la transmission
proprement dite, mais le système de correction qui assure le synchronisme
parfait des transmetteurs et récepteurs doit être modifié, surtout si un
même câble doit servir pour transmettre dans les deux sens. M. Picard a
réussi, par d'ingénieux artifices, à vaincre les difficultés qui avaient arrêté
ses prédécesseurs, et la possibilité d'employer les appareils multiples et
imprimeurs sur des câbles sous-marins est aujourd'hui un fait acquis.
L'échange des dépêches entre Marseille et Alger se fait depuis 3 ans par
ces procédés, et, depuis le mois d'avril de cette année, on a établi une
correspondance directe entre Paris et Alger; cette communication a été
inaugurée lors du voyage du Président de la République. Actuellement le
service fonctionne dans les conditions suivantes : trois câbles réunissent
Alger et Marseille; des distributeurs doubles Baudot sont installés sur
chaque câble à chacune de ses extrémités; d'autre part, une ligne aérienne
unique relie un distributeur quadruple installé à Paris à un autre à
Marseille. Des trois câbles, l'un sert à une transmission dans les deux sens,
entre Alger et Marseille, tandis que les deux autres ne transmettent que
dans un seul; de là diverses combinaisons, que l'on peut réaliser en modi-
fiant les liaisons entre les secteurs du distributeur quadruple de Marseille
avec ceux des trois distributeurs doubles; il en résulte que, suivant les va-
riations du trafic, Marseille peut toujours rentrer sur un des secteurs
reliant Paris et Alger.
En 1898, on avait reconnu la nécessité de poser un quatrième câble
entre Marseille et Alger pour suffire au trafic et faire cesser les retards
considérables qui se produisaient constamment. Depuis l'emploi de l'ap-
pareil Baudot et des dispositifs Picard les retards ont disparu, les trois
câbles existants sont largement suffisants et le pubhc reçoit des télégrammes
imprimés.
On ne saurait donc mettre en doute l'importance des progrès réahsés;
la Commission est heureuse d'avoir à proposer à l'Académie pour le prix
Hughes, décerné cette année pour la première fois, l'auteur de recherches
sur la Télégraphie, objet des études de son généreux créateur.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE IQoS. II07
TRIK GASTON PLANTÉ.
(Commissaires : MAL Lippmann, Becquerel, Yiolle, Potier;
Mascart, rapporteur.)
La Commission décerne le prix à M. Hospitalier pour l'ensemble de ses
travaux, en particulier pour l'appareil enregistreur, dit ondographe, qui
permet de traduire, par un tracé mécanique, la forme des courants alterna-
tifs et des tensions qui les produisent, avec le décalage de ces deux élé-
ments, ainsi que celle des puissances absorbées, et plus généralement,
d'étudier tout phénomène électrique susceptible d'être reproduit réguliè-
rement, de manière à le transformer en système périodique.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
STATISTIQUE.
PRIX MONTYON.
(Commissaires : MM. de Freycinet, Brouardel, Halon de la Goupillière,
Laussedat; Alfred Picard, rapporteur.)
Neuf concurrents se sont présentés en 1903 pour le prix Montyon de
Statistique à décerner par l'Académie des Sciences.
Six d'entre eux ont du être écartés, soit que leurs productions ne ren-
trassent pas dans la formule du prix, soit qu'elles fussent manifestement
insuffisantes.
Aucun des trois autres n'a paru mériter l'attribution du prix. Mais la
Commission les a jugés dignes d'une mention très honorable. Ce sont
MM. LOXCQ, DE MONTESSUS DE BaLLOIIE Ct RaZOUS.
Dans un Mémoire très consciencieux et très documenté, M. Loncq expose
le résultat de ses études sur la répartition de la tuberculose pour le dépar-
llo8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tement de l'Aisne, montre coml)ien la population urbaine est plus éprouvée
que la population rurale, chiffre l'influence de la densité des agglomé-
rations, fait voir la propagation du mal parmi les membres d'une même
famille, insiste sur l'importation du fléau dans les villages par les individus
revenant de la ville ou par les militaires réformés comme tuberculeux.
M. de Montessus de Ballore, chef d'escadron d'artillerie hors cadres,
produit des recherches statistiques sur les efTets de la loi de recrutement
du 1 5 juillet 1889 dans la subdivision d'Abbeville. Les points de vue aux-
quels s'est placé l'auteur et dont quelques-uns n'ont, d'ailleurs, pas de rela-
tion avec la loi sont les suivants : mouvement de la population masculine
de 20 ans, répartition suivant l'habitat et la profession, pertes à l'incorpo-
ration et sur l'incorporation pendant le service, tuberculose, engagements
et rengagements, exode des campagnes vers les villes, criminalité. Il établit
notamment que le nombre des soldats atteints de tuberculose est assez res-
treint, que les pertes subies par l'efTectif incorporé diminuent sensiblement
de la première année à la seconde et de la seconde à la troisième, que la
discipline militaire moralise la jeunesse. Son travail atteste beaucoup de
sagacité.
Quant à M. Razous, licencié es sciences mathématiques et es sciences
physiques, il s'est efl'orcé de poser des principes rationnels pour fixer l'em-
placement des usines ou autres établissements industriels, soit en France,
soit dans les colonies. Son Mémoire débute par un examen didactique et
général de la question, basé sur les recherches du prix minimum de vente
des produits. Une seconde partie est consacrée à l'indication des circons-
tances auxquelles les principaux centres industriels de France et d'Angle-
terre ont dû leur naissance et leur essor. Le dernier Chapitre applique les
enseignements des deux premiers à un grand nombre d'industries spéciales.
Ce travail intéressant prouve l'érudition technique et professionnelle,
l'esprit d'investigation et la perspicacité de son auteur.
Là tuberculose dans V Aisne; par M. Emile Loncq,
rapport de ]\L Brouardel.
M. Emile Lonco, secrétaire du Conseil départemental d'hygiène de
l'Aisne, a voulu se rendre compte de la répartition de la tuberculose dans
le département de l'Aisne.
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE igo3. . 1109
Son étude statistique aboutit à ce résultat : le tribut payé par la popula-
tion urbaine est de 30,17 pour 10000 habitants, celui de la population
rurale est de 26,57.
La densité de la population fait \^arier le taux de la mortalité tubercu-
leuse de 3i à 19, ce qui s'explique facilement par la multiplicité des contacts
et des conditions de contagion dans les espaces resserrés.
Parmi les modes de transmission, M. Loncq étudie plus particulièrement
les tuberculoses familiales et cite des exemples dans lesquels on voit des
familles tout entières disparaître en quelques années lorsqu'un de ses
membres devient tuberculeux.
Il insiste également sur l'importation de la tuberculose, par le retour
dans leur village des individus qui étaient allés chercher fortune dans les
villes et par le rapatriement des militaires réformés pour tuberculose.
Cette étude très consciencieuse, très documentée, a paru à votre Com-
mission mériter une mention très honorable.
Rapport sur le Mémoire de M. F. de Montcssus de Ballore, Chef d'es-
cadron d'Artillerie hors cadres, ayant pour titre : « Étude statistique
sur les effets de la, loi de recrutement du i'!^ juillet 1889, dans la sub-
division d'Abbevillc », par M. Laussrdat.
L'auteur, commandant du Bureau de Recrutement de cette subdivision,
a pensé que l'étude des effets de la loi qui a été en vigueur pendant 14 ans
devait avoir de l'intérêt à la veille de la promulgation de celle qui établira
un service militaire plus court, supprimant les dispenses et écartant la con-
sidération de ce que l'on avait qualifié d'intérêts primordiaux de la société,
devant le besoin d'égalité absolue de l'époque présente.
Son travail porte sur les classes de 1889 à 1898, la classe 1899 n'étant
pas encore libérée au moment où il a été entrepris. Ces dix classes ont
fourni à la subdivision d'Abbeville un contingent de i5ooo hommes en
nombres ronds, et les éléments de la statistique envisagée par l'auteur sont
extraits des registres matricules et des listes de tirage.
Parmi les points de vue assez nombreux auxquels il s'est placé successi-
vement, nous citerons les suivants dont il convient d'ailleurs de remarquer
que plusieurs sont indépendants de la loi de recrutement :
Mouvement de la population masculine de 20 ans. Répartition de la
population suivant l'habitat et la profession. Incorporation. Pertes à l'in-
IIIO ACADEMIE DES SCIENCES.
corporation et sur l'incorporation pendant le service. Tuberculose. Engagés
et rengagés. Exode des campagnes à la ville. Criminalité.
A propos du mouvement de la population masculine de 20 ans, en com-
parant les nombres d'inscrits par périodes triennales, on constate ce phéno-
mène, qui mérite d'être signalé, d'une natalité sensiblement plus forte pen-
dant la seconde période, que l'on peut vraisemblablement attribuer à un
réveil du patriotisme après la guerre de 1870-71, mais qui n'a malheureu-
sement pas persisté, la diminution déjà constatée antérieurement ayant
reparu pendant les deux périodes suivantes.
En admettant qu'il faille 5 000 habitants pour constituer une ville, il y
aurait dans la subdivision d'Abbeville 16 pour 100 de citadins contre
84 pour 100 de campagnards, comprenant d'ailleurs un grand nombre
d'ouvriers dans les usines éloignées des villes, dont le total serait de
5i pour 100 avec ceux des villes, celui des agriculteurs étant de 43 pour 100
et celui des professions libérales ou des sans-profession de 6 pour 100
environ.
Les pertes à l'incorporation, dues à diverses causes, sont assez sensibles,
de 18 pour 100 ; mais celles sur l'incorporation pendant le service sont, au
contraire, minimes, 4?^ pour 100, ce qui prouve que les malingres ont
été soigneusement éliminés par les Conseils de revision et surtout par les
Commissions de réforme.
En ce qui concerne la tuberculose, l'auteur, après avoir étudié l'influence
de l'habitat et celle de la profession sur l'ensemble du contingent, constate,
en arrivant aux immatriculés, que, grâce au mécanisme du fonctionnement
de la loi sur le recrutement et à la sévérité des Commissions de revision,
le nombre des sujets atteints par cette dangereuse maladie était assez
restreint.
Un fait important à signaler en général, à propos de la santé, consiste
dans la diminution sensible des pertes subies par l'eff'ectif incorporé d'année
en année. Ainsi, pour les jeunes soldats recrutés dans la subdivision d'Ab-
beville, ces pertes ont été successivement de 2,86 pour 100 la première
année, de 1,16 pour 100 la seconde et enfm de o, 52 pour 100 seulement la
troisième.
Les engagements volontaires de 4 ans et de 5 ans et les rengagements
n'atteignent en tout que f[, 13 pour 100 de l'effectif incorporé, c'est-à-dire
un chiffre bien faible, s'il doit rester le même avec une loi de recrutement
de deux ans qui suppose, comme l'a fait remarquer l'auteur au début de
son travail, « une solide organisation des cadres inférieurs, de façon à com-
SÉANCE DU 2 1 DÉCEMBRE IQOS. IIIT
penser en quelque mesure la diminution d'esprit militaire qui ne peut man-
quer de résulter d'un plus court passage à la caserne ».
Deux questions, l'une démographique et l'autre d'ordre moral, sont
examinées avec soin à la lin de ce Mémoire.
La dépopulation des campagnes au profit des villes doit-ell,e être consi-
dérée comme un effet direct du métier militaire?
La criminalité étant sûrement plus grande dans les villes que dans les
campagnes, l'esprit militaire y contribuerait-il ? ou les jeunes soldats venus
de la campagne se pervertiraient-ils à la caserne?
La première de ces deux questions, résolue par l'affirmative par la plu-
part des publicistes, n'est confirmée que dans une assez faible proportion
par les données de la statistique, puisque 8,21 pour 100 des hommes
n'ayant pas fait de service militaire passent de la campagne à la ville contre
11,07 P<5ur 100 d'anciens soldats. Le phénomène si regrettable de l'exode
des campagnes à la ville est donc bien plus complexe, et il est produit par
d'autres causes que celle de la fréquentation temporaire des villes par de
jeunes soldats dont les familles continuent à habiter la campagne et qui
s'efforcent de les y rappeler.
La réponse à la seconde question est encore plus rassurante. Il est vrai
que la criminalité est plus grande dans les villes que dans la campagne, et,
en ne considérant que ce qui se passe dans la campagne (toujours dans la
subdivision d'Abbeville), on constate que les agriculteurs sont plus crimi-
nels que les ouvriers, qui le sont plus que les personnes ayant une profes-
sion libérale ou sans profession, ce qui témoigne de l'influence de l'instruc-
tion sur la moralité.
Mais l'auteur établit, d'un autre côté, très nettement que la discipline
militaire contribue aussi à moraliser très sérieusement la jeunesse appelée
sous les drapeaux, puisque le nombre des condamnés qui n'ont pas fait de
service est deux fois et un quart plus grand que celui des condamnés ayant
servi.
Toute cette discussion des effets de la loi de recrutement du 1 5 juillet 1889
et des questions qui s'y rapportent directement ou indirectement est
appuyée de Tableaux numériques dressés avec le plus grand soin et parfai-
tement ordonnés.
Votre rapporteur estime que l'auteur a fait preuve à la fois de beaucoup
de sagacité et d'un excellent esprit; il a l'honneur de vous proposer de lui
attribuer une mention très honorable.
III2 ACADEMIE DES SCIEJ^CES.
Éléments statistiques permettant de fixer rationnellement en France
et dans nos colonies remplacement d'établissements industriels à
créer; par M. Paul Razous. Rapport de M. A. Picard.
M. Paul Razous, licencié es sciences mathématiques et es sciences phy-
siques, membre de TJnstitut des Actuaires français, ancien inspecteur du
travail dans l'industrie, soumet au jugement de l'Académie des Sciences,
pour le concours du prix Montyon de Statistique (1903), un Mémoire
manuscrit intitulé : « Eléments statistiques permettant de fixer rationnelle-
ment en France et dans nos colonies l'emplacement d'établissements indus-
triels à créer ».
Ce Mémoire se divise en trois Parties.
Tout d'abord, l'auteur présente une étude didactique et générale de la
question, en partant de ce principe que la position d'un établissement
industriel doit être choisie de manière à réduire au minimum le prix de
vente des produits. Il passe successivement en revue les éléments constitu-
tifs de ce prix : achat et transport à l'usine de la matière première; dépense
de combustible minéral ou végétal, de vapeur d'eau pour usages industriels
divers, d'eau, de force motrice; main-d'œuvre; transport des produits
fabriqués jusqu'au lieu de consommation; acquisition des terrains et con-
struction des bâtiments de l'usine. Chacun des éléments ainsi envisagés est
l'objet d'un examen attentif, avec toutes les subdivisions nécessaires. En ce
qui concerne, par exemple, le prix de la matière première, M. Razous
distingue suivant que cette matière est lourde et encombrante ou au con-
traire peu encombrante et légère, suivant qu'elle vient de l'intérieur ou de
l'étranger, suivant que le transport a lieu au moyen de véhicules attelés,
d'automobiles, de voies ferrées. Pour la force motrice, il considère les
divers cas des machines à vapeur, des machines à gaz, à pétrole ou à
essence, des moteurs hydrauliques, des dynamos. En ce qui touche la main-
d'œuvre, il se place dans la double hypothèse d'une industrie faisant large-
ment appel à la main de l'homme et d'une industrie à machinisme déve-
loppé; son analyse porte sur le travail industriel dans les pays agricoles,
sur l'emploi des ouvriers étrangers, sur le travail à domicile, etc. L'auteur
accumule les données pratiques, les chiffres empiriques. Incidemment, il
donne une formule mathématique pour le calcul du prix de transport des
matières premières ou des combustibles végétaux, supposés uniformément
répartis autour de lusine.
SÉANCE DU lil DÉCEMBRE !9o3. IIl3
Dans une deuxième Partie, M. Razous rappelle, sous forme de Tableau,
les circonstances qui ont contribué à la création et à l'essor des principaux
centres industriels de la France et de F Angleterre.
Enfin, la troisième Partie, très étendue et essentiellement concrète,
applique les principes et les enseignements des deux premières à un grand
nombre d'industries spéciales. Ici encore les faits et les chiffres expéri-
mentaux abondent. L'exploitation des forêts et le travail du bois sont
étudiés, non seulement pour la France, mais pour nos principales colonies.
Le Mémoire de M. Razous atteste l'érudition technique et profession-
nelle, l'esprit de recherche et la perspicacité de son auteur, qni a du certai-
nement dépenser beaucoup de temps et de travail pour en réunir les maté-
riaux. Une mention très honorable lui est attribuée.
L'Académie adopte les conclusions de ces Rapports.
CHIMIE
PRIX JECKER.
(Commissaires : MM. Troost, Gautier, Moissan, Ditte, Lemoine;
A. Haller, rapporteur.)
La Section de Chimie a décerné, à l'unanimité et sans discussion, le
prix Jecker à M. L. Bouveault, maître de Conférences de Chimie orga-
nique à la Faculté des Sciences de Paris.
Depuis 17 ans qu'il appartient à l'Université, l'effort scientifique de
M. Bouveault a été continu et s'est exercé sur les sujets les plus variés de la
Chimie organique. Il a tendu principalement à la création de nouvelles
méthodes pour la préparation de composés appartenant à des fonctions en
général peu compliquées. Son travail de thèse l'a conduit tout d'abord à
l'obtention de nitriles, d'éthers et de nitriles [5l-cétoniques, de cétones et de
dérivés aminés du pyrazol.
Plus tard, avec M. Barbier, la condensation des aldéhydes avec Tacé-
tone ordinaire les amena à la synthèse de cétones une ou deux fois non
saturées. Ces dernières ont la curieuse propriété de pouvoir être déshydra-
C. R., 1900, 2« Semestre. (T. CXXXVII, N» 25.) l4o
Ill4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tées en donnant des hydrocarijures aromatiques. Sa collaboration avec le
savant maître de Lyon a eu pour résultat un travail d'ensemble sur les
principes immédiats contenus dans les essences de linaloé, à^anthropogon
schœnantJius, de lémon grass, de citronelle, de géranium et de roses, tra-
vail qui a été couronné par la synthèse totale des corps fondamentaux de
la série des produits isolés dans ces essences, la métbylhepténone et l'acide
géranique.
M. Bouveault s'est également occupé de la question si complexe du
camphre et des terpènes, a préparé un nouvel hydrocampliène liquide,
a donné la constitution, indiscutée aujourd'hui, des composés des séries
isolauronique et ^-campholénique et a enfin pu apporter à celle de la
phorone du camphre le contrôle d'une synthèse totale.
En traitant les hydrocarbures aromatiques ou les éthers des phénols par
le chlorure éthyloxalique, en présence du chlorure d'aluminium, il a
obtenu des éthers et des acides glyoxyliques aromatiques, qui l'ont conduit
à des acides et à des aldéhydes aromatiques de toutes sortes.
A part trois ou quatre, les alcools primaires sont des produits dont l'ob-
tention est extrêmement difficile. On réussit maintenant à les préparer
assez facilement, grâce au procédé que viennent de généraliser MM. Bou-
veault et Blanc, et qui consiste à hydrogéner par l'alcool absolu et le
sodium les éthers-sels des acides correspondants.
Nous ne saurions énumérer les multiples contributions que M. Bouveault
a apportées dans beaucoup d'autres questions de Chimie, où il a su montrer
la même précision, la même originalité.
Mais, si étendu et si varié que soit son avoir personnel dans le domaine
de la recherche, M. ïîouveault a encore d'autres titres à la haute distinction
dont dispose l'Académie. Passionné pour la Science, il possède une qualité
précieuse entre toutes, et dont devrait être doté tout maître attaché à notre
haut enseignement : celle de communiquer, de faire partager à la jeunesse
qui l'entoure, son amour, son enthousiasme pour le travail si captivant de
la recberche.
Dans les diverses Facultés où il a professé depuis qu'il a abordé la car-
rière scientifique, il a fait école, a formé des élèves qu'il a associés à ses
travaux.
C'est M. Bongert avec lequel il a étudié les dérivés o et c acylés des
éthers acéto-acétiques. C'est M. Locquin qui collabore à ses recherches
concernant l'action de l'acide nitreux ou du chlorure de nitrosyle sur ces
mêmes éthers acéto-acétiques ou leurs dérivés alcoylés de substitution.
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE igo'5. Illj
Ce sonl M. Tétry avec lequel il a élucidé quelques points relatifs à la
constitution de certains dérivés de la pulégonc, et M. Walil, son prépara-
teur, dont l'ingéniosité, le savoir et la grande habileté nous font présager
un digne émule du maître qui Ta formé.
Tant de titres sont plus que suffisants pour justifier le choix de la Section
de Chimie.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
PRIX LA CAZE.
(Commissaires : MM. Arm. Gautier, Moissan, Ditte, Lemoine,
Haller, Berthelot, Schlœsing, Duclaux; Troost, rapporteur.)
M. GuxTz a débuté dans la carrière scientifique par un ensemble de
recherches tliermochimiques sur les composés que le fluor forme avec les
métalloïdes et avec les métaux.
Ses déterminations calorimétriques lui ont permis de rendre compte du
grand écart qui existe entre les propriétés de l'aôide fluorhydrique et des
fluorures alcalins ou alcalino-terreux d'une part et celles de l'acide chlorhy-
drique et des chlorures, bromures et iodures correspondants d'autre part.
C'est également par une étude thermochimique des divers produits de la
décomposition par l'eau des composés de l'antimoine que M. Guntz
réussit à éclaircir les nombreuses contradictions que les recherches de ses
devanciers avaient introduites dans leur histoire.
L'existence des sels de sous-oxyde d'argent était depuis longtemps
discutée. Les expériences antérieures peu concordantes n'avaient pas
réussi à fixer l'opinion des chimistes. M. Guntz, après avoir déterminé les
conditions de production régulière d'un sous-sel d'argent parfaitement
défini et bien cristallisé, le sous-fïuorure d'argent, a pu préparer le sous-
oxyde et les sels de sous-oxyde d'argent également bien définis; il a pu
fixer leurs propriétés et expliquer parleur production et leur décomposition
l'influence de la lumière sur les sels halogènes d'argent.
Il a ainsi établi définitivement l'existence des sels de sous-oxyde d'argent
mise jusqu'alors en doute.
Le lithium était jusque dans ces derniers temps un métal que l'on ne pré-
parait qu'en petite quantité. Sa préparation par l'électrolyse de son clilo-
rure fondu paraissait cependant au premier abord une opération facile;
Ill6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mais, lorsque M. Guntz voulut reprendre ce même procédé pour obtenir des
quantités importantes de ce métal afm d'en compléter Fétude, il s'aperçut,
en faisant des mesures quantitatives, que le rendement était très différent
dans des opérations en apparence très analogues, et que, de plus, il était
toujours excessivement faible par rapport à l'intensité du courant électrique
employé.
En recherchant les causes de ces différences et de ce faible rendement,
il fut amené à constater que cette décomposition du chlorure de lithium était
généralement compliquée de la production d'un produit accessoire, le sous-
chlorure de lithium, dont la proportion varie avec les conditions de l'expé-
rience, par la réaction du chlorure sur le lithium mis en liberté. Cette
étude très délicate lui a permis de fixer les conditions dans lesquelles on
doit se placer pour une préparation régulière et économique.
Grâce aux ingénieuses dispositions qu'il a adoptées, M. Guntz a pu
obtenir de grandes quantités de lithium, à l'aide desquelles il a constaté
les affinités énergiques qui le placent en tête des métaux alcalino-terreux.
Ce métal brûlant dans l'azote peut servir avantageusement à la préparation
de l'argon, et, s'enflammant au rouge dans l'hydrogène, donne un hydrure
cristallisé très stable, formé avec un grand dégagement de chaleur.
Les études qu'il a entreprises sur les amalgames et sur l'activité chimique
des métaux retirés de leurs amalgames à basse température, l'ont conduit à
préparer le baryum et le strontium métalliques, ainsi que leurs hydrurcs,
dans un état de pureté qu'aucun expérimentateur n'avait encore atteint.
M. Guntz a publié en collaboration, tant avec son illustre maître
qu'avec plusieurs de ses élèves, un ensemble d'autres recherches qui ne
le cèdent en rien, comme importance et comme rigueur, à celles que nous
venons d'énumérer.
La Commission, appréciant le mérite et l'originalité des travaux de
M. GuxTz, lui a décerné le prix La Caze (Chimie) pour l'année 1903.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1903. III
MIXERALOGÏE ET GEOLOGIE
PRIX DELESSE.
(Commissaires : MM. Fouqiié, Bertrand, Michel Lévy, Gaiidry;
de Lapparent, rapporteur.)
M. Emmanuel de Marcerie est bien connu du monde des géologues et
des géographes, d'abord pour Tétendue de son savoir, ensuite pour le zèle
profondément désintéressé avec lecjuel, interrompant des travaux person-
nels où il avait montré qu'il se placerait parmi les meilleurs, il a assumé,
dans l'intérêt des travailleurs, des taches faites pour rebuter, par Fénor-
mité du labeur à accomplir, tout autre courage que le sien.
Après avoir étudié avec fruit la région des Corbières, M. de Margerie a
publié, en collaboration avec le général de la Noë, un magistral Ouvrage,
Les formes du terrain, le premier où aient été exposés rationnellement
les principes du modelé terrestre. Ensuite, sur l'invitation des Congrès
géologiques internationaux, il a présidé à la rédaction d'un Dictionnaire
méthodique des bibliographies géologiques, œuvre de patience et de pré-
cision, qui a exigé une grande somme de travail.
Mais ce qui le recommande surtout à la gratitude des géologues, c'est
sa traduction du grand Ouvrage de notre illustre Associé de Vienne,
M. Edouard Suess, c'est-à-dire du livre magistral qui a pour titre La face
de la Terre. A cette traduction, enrichie de cartes et de dessins parfaite-
ment choisis pour en faciliter l'usage, M. de Margerie a joint des notes,
d'une ampleur souvent égale à celle du texte, et où sont accumulés tous
les renseignements recueillis, depuis l'apparition de l'édition originale,
sur les innombrables sujets traités par M. Suess. On ne saurait trop insister
sur le mérite de cette publication, qui a rendu accessible et profitable à
tous nos compatriotes, et même à d'autres, une œuvre pleine d'aperçus
profonds, mais difficiles à suivre dans le texte allemand.
L'attribution à M. de Margerie du prixDelesse sera la juste récompense
d'une activité inspirée par le seul amour de la Science, et dont toutes les
manifestations font ressortir, avec une grande distinction de style, l'alliance
Ul8 ACADEMIE DES SCIENCES.
précieuse d'une érudition aussi sûre que vaste et d'un sens critique très
délié.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
(GEOGRAPHIE PHYSÏOUE.
PRIX GAY.
(Commissaires : MM. Bouquet de la Gr^^e, Guy ou, Bassot, Hatt;
Grandidier, rapporteur.)
Le R. P. Cou.v, le fondateur et directeur de l'observatoire de Tanana-
rive, a déterminé, depuis i4 années qu'il habite Madagascar, avec une très
grande précision, une série considérable de positions géographiques. Il a
d'abord fixé les coordonnées de l'observatoire de Tananarive par 749 obser-
vations astronomiques.
En 1893, il a exécuté la triangulation et le nivellement géodésique de la
région qui s'étend de Tananarive au bord de la mer, à Andovorante, sur
une distance de 2[ i^-'°, et fixé le long de cette route la latitude et la longi-
tude de trois stations.
Attaché en 1896 au corps expéditionnaire par le général Voyron en qua-
lité de géodésien du Service géographique de l'État-Major, il a triangulé
dans la région orientale, avec une brigade lopographique, une superficie de
125"'"' et déterminé les coordonnées d'Ampanotomaizina. Pendant cette
campagne, il a été cerné et attaqué par une forte bande de Fahavalos, de re-
belles, a pansé au milieu des balles son chef de service qui avait été griè-
vement blessé, a relevé sous une vive fusillade un soldat de son escorte mor-
tellement atteint et a reçu à ce sujet les félicitations du général Gallieniqui
l'a proposé pour la croix.
Dans une seconde mission que lui a confiée le général Gallieni en 1897,
il a relié la triangulation de l'Imerina avec celle du Corps expéditionnaire
à Andriba et formé un réseau couvrant i5 goo"""', qu'il a jalonné d'observa-
tions astronomiques.
En 1898, il a accompli une troisième mission sur la côte occidentale de
Madagascar, où il a fixé les positions géographiques de six stations par
670 observations.
SÉANCE DU 2[ DÉCEMBRE igoS. Ilig
En 1900, dans une quatrième mission quelui a confiée le général Penne-
quin sur la côte orientale, il a déterminé les coordonnées astronomiques
des ports importants de Valomandry, de Marosika et de Mahanoro.
En 1901, il a triangulé une superficie de 8000""°' autour du massif cen-
tral de l'Ankaratra et observé les positions géographiques de Betafo et
d'Antsirabé.
En 1902, il a fixé la longitude d'Ambatolampy pendant qu'il faisait sa
série d'observations magnétiques autour du massif d'Ankaratra.
Enfin, cette année, il fait la Carte très détaillée à -^^-^ des environs de
Tananarive sur un rayon de 3o''™.
En résumé, sans parler des travaux astronomiques, magnétiques et
météorologiques qu'a faits le R. P. Colin et qui sont nombreux et très im-
portants, nous constatons qu'au point de vue purement géographique, le
seul qui nous intéresse pour l'attribution du prix Gay « qui doit cette année
être décerné à l'auteur d'un travail ayant pour but la détermination, aussi
précise que possible, d'une série de positions géographiques dans une
des colonies françaises w, ses observations, qui dépassent de beaucoup le
nombre de 2000, ont fourni 17 positions géographiques, 7 latitudes et
2 longitudes isolées, et que son réseau géodésique s'étend sur une superficie
de SioGo"""'.
Cet ensemble de travaux d'une haute précision a décidé la Commission
du prix Gay à décerner ce prix au R. P. Coli.v.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
BOTANIQUE.
GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES.
(Commissaires : MM. Bornet, Guignard, Prillieux, Perrier;
VanTieghem, rapporteur.)
L'Académie avait proposé en 1901 la question suivante :
Rechercher et démontrer les divers modes de formation et de aévelop-
pement de V œuf chez les Ascomycètes et les Basidiomy cèles.
I120 ACADEMIE DES SCIENCES.
Deux Mémoires ont été présentés. La Commission estime que, dans l'un
comme dans l'autre, la question n'est traitée que d'une façon incomplète.
Elle ne décerne donc pas le prix.
L'Académie adopte cette proposition.
PRIX BORDIN.
(Commissaires : ]MM. Guignard, Bornet, Prillieux, Bonnier;
Van Tieghem, rapporteur.)
L'Académie avait proposé la question suivante :
Démontre]^, s'il y a lieu, par l'étude de types nomhj^eux el variés, la
généralité du phénomène de la double fécondation, ou digamie, c est-
à-dire de la formation simultanée d'un œuf et d'un trophime, chez les
Angiospermes.
Aucun Mémon^e n'ayant été présenté, la Commission décide de retirer
le sujet proposé.
Cette décision est approuvée par l'Académie.
PRIX DESMAZIÈRES.
(Commissaires : MM. Bornet, Van Tieghem, Bonnier, Prillieux;
Guignard, rapporteur.)
La Commission décide qu'il n'y a pas lieu de donner le prix.
PRIX MONTAGNE.
(Commissaires : MM. Van Tieghem, Bornet, Guignard, Bonnier, Zeiller;
Prillieux, rapporteur.)
L'étude de la structure et de l'évolution des noyaux dans les Champi-
gnons Basidiomycètes a été le sujet de très délicates et très intéressantes
recherches que M. Maire a exposées dans un important Mémoire où il
traite de la cytologie non seulement des Basidiomycètes proprement dits,
mais aussi des Urédinées considérées comme dépendant du même groupe.
Les noyaux des Champignons qui sont extrêmement petits ont longtemps
échappé à l'observation, ils ne deviennent visibles que quand on parvient à
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1903. I I - r
les colorer à l'aide d'une technique toute spéciale et des plus délicates; mais
le travail de M. Maire montre combien l'étude, bien dirigée, de ces petits
corps peut apporter à la Science de données importantes et contribuer à
éclairer les questions les plus hautes et les plus obscures de l'organisation
des végétaux.
M. Maire a fait, dans l'exposé de ses recherches, deux parts distinctes :
Tune comprend la description très détaillée de ses nombreuses observations
sur les noyaux dans la série des espèces des Basidiomycètes dont il a étudié
des types variés en contrôlant les études cytologiques, maintes fois contra-
dictoires, qui avaient été faites avant lui; l'autre est consacrée aux théories
qui touchent à la phylogénésie, à l'évolution nucléaire et à la sexualité des
Basidiomycètes; il a jugé avec raison qu'il convient de ne pas mêler aux
faits précis des considérations où la manière de voir de chacun joue tou-
jours un rôle considérable.
Les cellules des Basidiomycètes contiennent tantôt un seul noyau, tantôt
deux noyaux accouplés. A la germination, le filament produit par la spo-
ridie d'une Urédinée, aussi bien que celui qui naît de la basidiospore du
Champignon le plus élevé en organisation, est composé de cellules à un
seul noyau, contenant deux chromosomes. Ce n'est que plus tard que
toutes les cellules des Basidiomycètes contiennent chacune deux noyaux
accouplés dont les divisions sont simultanées et parallèles. M. Maire attache
une importance considérable à cette paire de noyaux intimement unis qui
caractérise les cellules du tronçon individuel le plus important des Basidio-
mycètes et donne naissance à des générations de pareils couples de noyaux
jusqu'à la formation de la baside. Là, les deux noyaux accouplés de la jeune
baside se fusionnent pour former un gros noyau, dans lequel se confondent
les quatre chromosomes des deux éléments associés; puis, ce gros noyau
unique, ainsi formé à l'intérieur de la baside, se divise en deux noyaux con-
tenant chacun seulement deux chromosomes. Il y a donc là réduction du
nombre des chromosomes. La division se répète très peu après et il se pro-
duit ainsi dans la baside quatre noyaux qui pénètrent isolément dans les
spores qui se forment à l'extrémité des stérigmates.
Peut-on voir dans ces faits la preuve de Fexistence d'une fécondation
dans les Champignons basidiomycètes? M. Maire ne le pense pas.
La fécondation, dans les végétaux supérieurs, là où elle n'est pas con-
testable, est caractérisée par la fusion de deux noyaux sexuels dont l'union
constitue l'œuf. Ce dernier contient un nombre double de chromosomes et
donne naissance, par des divisions successives, à toute une lignée de pareils
C. R., igoS, a' Semestre. (T. CXXXVTI, N» 25 ) 1 4?
IÏ22 ACADEMIE DES SCIENCES.
noyaux jusqu'à un stade défini où se produit une réduction numérique des
chromosomes dans, les noyaux qui sont l'origine d'une nouvelle lignée
aboutissant aux noyaux sexuels. Dans les Basidiomycètcs, le noyau produit
dans la baside par la fusion des deux noyaux associés contenant chacun deux
chromosomes donne naissance aux noyaux des spores qui ne contiennent,
eux aussi, que deux chromosomes. Il y a là une différence que M. Maire
considère comme essentielle et d'où i4 résulte que la fusion des noyaux
accouplés dans la baside est, selon lui, un phénomène de tout autre nature
que celui qui caractérise une fécondation véritable.
Cet important travail de M. Maire a paru à la Section de Botanique
digne d'une récompense de l'Académie. Elle vous propose de lui accorder
le prix Montagne.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
PRIX THORE.
(Commissaires : MM. Bornet, Guignard, Van Tieghem, Bonnier;
Prillieux, rapporteur.)
La maladie de la Yigne que l'on désigne sous le nom de Rot blanc ou de
Rot liçide a été signalée comme fort dangereuse, en France, dès 1886, et a
été l'objet déjà de nombreuses études. Elle a pris dans ces dernières années,
en Hongrie, un développement considérable et M. de Istvaxffi évalue à
8 millions de francs le dommage qu'elle y a causé en 1901.
Directeur de l'Institut ampélographique royal hongrois, M. de Istvanffi
a fait de cette maladie et du parasite qui la produit une étude très appro-
fondie et pubhé sur ce sujet tout spécial un Mémoire de près de 3oo pages
accompagnées de plus de 200 figures dont un grand nombre en couleur et
d'une très belle exécution.
M. de Istvanffi étudie et décrit avec le plus grand détail les altérations
des tissus des divers organes de la Vigne, jeunes sarments, feuilles,
grappes et grains de raisin dans lesquels pénètre et se développe le mycé-
lium du Coniothyrium Diplodiella. Parmi les faits intéressants qu'il
signale, on peut citer particulièrement la formation de tissu cicatriciel à
l'intérieur des jeunes rameaux altérés parla pénétration du parasite et la
production de bourrelets de forme singulière au-dessus des entrenœuds sur
lesquels la maladie a causé une décortication annulaire.
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE IQoS. II 23
En ensemençant le Coniothyrium Diplodiella dans des milieux conve-
nables, M. de Istvanffi en a suivi tout le développement, depuis la germi-
nation de la spore jusqu'à la formation complète des pycnides qu'il a
observées à partir de leur première origine. Des ensemencements de spores
sur des raisins lui ont permis de voir la pénétration des filaments du Cham-
pignon à travers la cuticule et leur développement à l'intérieur de la pulpe
des grains dont il a figuré les colorations successives qui manifestent à
l'extérieur toutes les phases de la maladie.
Une deuxième partie du Mémoire de M. Istvanffi est consacrée à l'étude
comparative des remèdes proposés pour combattre le Rot livide. L'auteur
assure en avoir découvert un nouveau beaucoup plus efficace que ceux qui
ont été employés jusqu'ici, mais il ne fait pas connaître la substance dont
il préconise l'emploi et se réserve d'en faire l'objet d'une publication ulté-
rieure.
Sans tenir compte de cette dernière partie du travail de M. de Istvanffi,
la Commission a pensé que l'étude très détaillée qu'a faite l'auteur des
tissus de la Vigne attaquée par le Coniothyrium Diplodiella et de toutes
les phases du développement de ce Champignon a une réelle valeur et vous
propose de lui accorder le prix Thore.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
ECONOMIE RURALE.
PRIX BIGOT DE MOROGUES.
(Commissaires : MM. Miintz, Schlœsing père, Chauveau, Roux;
Schlœsing fils, rapporteur.)
L'Ouvrage auquel la Commission est unanimement d'avis d'attribuer le
prix Bigot de Morogues est la Géologie agricole de M. Eugène Rislek.
M. Risler (est-il besoin de le rappeler?) est l'éminent agronome qui,
pendant de longues années, a dirigé avec une si haute distinction et un si
complet dévouement l'Institut national agronomique. En même temps, il
II24 ACADÉMIE DES SCIENCES.
eut à y professer FAgriculture comparée. Il reconnut dès Fabord que cette
science devait comprendre la climatologie, Fliistoire de Pagriculture, la sta-
tistique et la géologie agricole et, comme sur cette dernière l'Ouvrage néces-
saire manquait, il entreprit de le composer. Ainsi est né son magistral
Traité,
Le plan qu'il y a suivi est à la fois le plus clair, le plus scientifique et le
plus pratique ; il repose sur l'adoption de la classification des Traités de Géo-
logie, parmi lesquel est pris essentiellement comme modèle le grand Traité
de M. de Lapparent, et sur l'emploi constant des cartes géologiques. Après
la description très sobre de chaque terrain, Fauteur parcourt les divers pays
de France où ce terrain est en affleurement et pousse aussi, dès qu'il est utile,
ses excursions à l'étranger. Il y relève tous les renseignements intéressant
l'agriculture : analyses des sols, résultats d'essais d'engrais, indications
variées concernant les amendements en usage et leurs gisements, les sys-
tèmes de culture, les procédés de drainage et d'irrigation, les plantes fores-
tières, les races de bétail, le climat, la situation économique. Pour mieux
faire comprendre ses leçons par des exemples, il décrit des exploitations
rurales et fait voir le profit qu'elles peuvent tirer d'une judicieuse adaptation
de leurs méthodes aux ressources des terrains sur lesquels elles se trouvent
placées. De pareilles études ressort avec évidence la relation, parfois très
étroite, qui existe entre la formation géologique d'un sol et le système de
culture qui lui convient. Et cette relation conduit à des applications im-
médiates. C'est ainsi que, selon les vues de JM. Risler, les propriétaires
bretons auraient grand bénéfice à emprunter les améliorations réalisées à
Jersey sur des terres granitiques ou siluriennes analogues aux leurs; c'est
ainsi que les Champenois devraient apprendre de leurs confrères de l'Ar-
tois, de la Flandre ou du sud de F Angleterre ce qu'il est possible de faire
des sols crayeux et que les Lorrains devraient établir des herbages sur
leurs marnes du lias comme on Fa fait avec succès dans le Charolais et
le Nivernais.
Tant de documents précieux, réunis et commentés avec une expérience
consommée des choses de l'agriculture, constituent un ensemble dont la
portée dépasse de beaucoup le titre de Géologie agricole. L'Ouvrage de
M. RiSLiiR est presque à lui seul un Traité complet d'agriculture comparée.
11 offre, en outre, un caractère de nouveauté et d'originalité exceptionnel,
parce que l'auteur a tiré de ses notes personnelles de voyage ou de son
propre fonds une grande pçirtie des observations et des conclusions qu'il
formule. On comprend par là que la Géologie agricole n'ait été que len-
SÉANCE DU 2 1 DÉCEMBRE igoB. 1 I aS
lement écrite ; sa publication représente un travail de plus de 20 années, ou
plutôt elle est le fruit de toute une carrière, bien digne d'être louée et
honorée.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
AIVAT03IIE ET ZOOLOGIE.
PRIX SAVIGNY.
(Commissaires : MM. Perrier, Giard, Delage, Chatin, Grandidier;
Bouvier, rapporteur.)
Ce prix est accordé à M. R. Fourtau, Ingénieur civil au Caire, Membre
de l'Institut égyptien.
Depuis longtemps fixé au Caire, M. Fourtau a consacré son talent d'ingé-
nieur, de pénibles explorations et des recherches très savantes à l'étude
géologique de l'Egypte. Grâce à sa connaissance des Invertébrés fossiles et
à ses aptitudes d'observateur, il est parvenu à jeter une vive lumière sur
l'histoire des terrains qui avoisinent la mer Rouge, et l'on peut prévoir le
jour où les dépôts égyptiens seront inscrits sur les cartes avec la même pré-
cision que ceux de l'autre rive méditerranéenne.
M. Fourtau s'est d'abord intéressé à la géographie physique et à la struc-
ture générale de la région érythréenne. Après avoir débuté par une curieuse
étude sur les puits artésiens et les puits forés de V Egypte, il a fait paraître
coup sur coup deux estimables opuscules, l'un consacré à la côte ouest du
Sinaïj l'autre à la partie septentrionale du désert arabique. Ces deux
Mémoires sont d'une lecture captivante et remplis d'observations originales.
Quand il les écrivit, l'auteur était déjà très documenté sur la géologie de
l'Egypte et il a profité de ses connaissances pour expliquer le faciès des
régions précitées. On ne saurait mieux comprendre, ni traiter plus large-
ment, la géographie physique d'une contrée.
M. Fourtau est bon géographe parce qu'il présente avant tout les qua-
lités d'un excellent géologue. Les douze Notes ou Mémoires qu'il a consa-
II 26 ACADEMIE DES SCIENCES.
crés jusqu'ici à la stratigraphie égyptienne sont remplis d'aperçus nouveaux
et suggestifs : il y montre que le grès nubien sans fossiles s'est formé suc-
cessivement à des époques diverses; qu'entre ce substratum et les
couches éocènes prédominantes en Egypte s'intercalent les dépôts du céno-
manien et du crétacé supérieur; que la barre rocheuse d'Alexandrie,
derrière laquelle se forma le delta nilotique, remonte à l'époque quaternaire
et s'appuie sur les calcaires du pliocène supérieur; enfin que l'Egypte
était submergée ou incomplètement découverte au début de la période
quaternaire, et que les silex taillés qu'on y trouve sont bien postérieurs à
l'époque paléolithique. On ne saurait entrer dans le détail des nombreuses
études que M. Fourtau a consacrées aux terrains tertiaires d'Egypte : elles
sont longues et approfondies, très concluantes toutes les fois que l'observa-
teur a pu réunir des matériaux suffisants, marquées au coin d'une sage pru-
dence dans le cas contraire. Si M. Fourtau n'hésite nullement à établir
qu'aux environs des Pyramides les fossiles du sable pliocène proviennent
d'une dissémination anormale et sont issus de couches fort diverses; s'il
interprète avec une grande netteté les trois niveaux à Poissons qu'on trouve
au même lieu dans les strates lutétiennes ; par contre, il ne croit pas qu'on
puisse fixer exactement Fâge des bois pétrifiés du désert ; bien plus, malgré
sa connaissance profonde du sujet, il hésite à tenter un essai de classification
des terrains éocènes du pays égyptien.
Pour donnera ses recherches stratigraphiques toute la rigueur désirable,
M. Fourtau s'est efforcé de connaître à fond les nombreux Oursins qui,
avec les Ostrea, sont les fossiles les plus caractéristiques de l'Eg^^te. Il
s'est fait, en quelque sorte, le paléontologiste des Echinides égyptiens, et a
su acquérir une véritable autorité dans cette matière. Après s'être essayé
dans maintes Notes préliminaires il a publié, dans les Mémoires de V Institut
égyptien, une Revision des Echinides fossiles de l'Egypte qui est une
œuvre approfondie et de longue haleine. Ce travail suffirait pour justifier
vos suffrages, tant il est riche en faits nouveaux et écrit avec précision ; pour-
tant, il n'a pas satisfait l'auteur et a été suivi par deux suppléments non
moins volumineux qui en font un ensemble des plus complets.
Pour mettre plus en lumière la belle conscience scientifique de M. Four-
tau, il est nécessaire d'ajouter que ce laborieux savant ne recule pas devant
des recherches zoologiques pour couronner son œuvre. Persuadé à juste
titre que la faune moderne est la suite des faunes éteintes et peut servir à
les expliquer, il s'est fait le continuateur des Savigny, des Audouin et des
Rosières, et a entrepris dans ce but une étude complète des Echinides
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE IQoS. II27
actuellement vivants dans le golfe de Suez. L'important manuscrit qui est
le résultat de cette étude a été déposé pour le présent concours; comme les
œuvres précédentes, il mérite des éloges et fait honneur à ce bon Français
qui continue en Egypte les nobles traditions de la France.
L'Institut s'est rarement trouvé en présence d'un tel ensemble de travaux
relatifs aux régions de la mer Rouge; votre Commission estime hautement
cette œuvre et vous propose de décerner le prix Savigny à M. Fourtau.
Un autre travailleur, M. Krempf, a présenté pour le même prix un cer-
tain nombre d'Opuscules et de Notes originales qui méritent d'attirer
l'attention.
Pour étudier les Hexactiniaires anormaux groupés sous le nom de Sti-
chodactylinés, M. Krempf a entrepris un voyage dans la mer Rouge; il a
séjourné plusieurs mois à Djibouti, à Obock, aux îles Mossoka dans le
golfe de Tadjoura, partout recueillant un précieux matériel qu'il étudie
pour en faire le sujet d'un travail étendu.
A en juger par les Notes déjà publiées dans nos Comptes rendus, le
voyage de M. Krempf promet d'être fructueux pour la Science. Grâce aux
recherches de ce jeune zoologiste, on sait aujourd'hui que les Stichodacty-
linés constituent un groupe de convergence établi sur un caractère unique,
et qu'il convient de les scinder en deux parties, dont l'une doit rester dans
les Hexactiniaires, tandis que l'autre mérite de former un groupe à part,
plus voisin des Hexacoralliaires. M. Krempf a également établi que ces
derniers sont très différents des Hexactiniaires avec lesquels on a toujours
tendance à les confondre; que plusieurs d'entre eux (Oculines, Madré-
pores, etc.) présentent une énorme hypertrophie de certains tentacules qui
occupent une position constante et flottent comme des boyaux dans la cavité
du corps; que tous présentent dans leur squelette un beau substratum
organique et que tous également sont associés à des Zooxanthelles, ce qui
explique l'importance des radiations lumineuses pour la biologie des
Coraux.
Ces recherches sont intéressantes et méritent d'être encouragées. Votre
Commission propose M. Krempf pour une mention très honorable.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
1128 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX DA GAMA MACHADO.
(Commissaires : MM. Giard, Delage, Bouvier, Chatin;
Edmond Perrier, rapporteur.)
La comtesse Maria vo\ Lixden a déjà soumis au jugement de l'Académie,
pour ce même concours, deux beaux Mémoires sur le développement des
couleurs dans Taile des Papillons, qui peuvent se résumer dans cette pro-
position à la fois saisissante et concise : La généalogie des Papillons est
inscrite sur leurs ailes.
Dans ces Mémoires, la comtesse von Linden a suivi pas à pas le dévelop-
pement du dessin et des couleurs dans l'aile en voie de développement sous
l'étui de la chrysalide et montré comment le dessin s'était primitivement
développé sur le réseau serré des nervures d'une aile analogue à celle des
Névroptères, s'était conservé sous forme d'un réseau pigmenté lorsque les
petites nervures avaient disparu et s'était ensuite graduellement modifié
sous l'influence de circonstances secondaires, en même temps qu'apparais-
saient des teintes diverses dans un ordre déterminé, toujours le même pour
toutes les espèces.
Quelle était la cause de l'apparition des couleurs, quelle était la nature
môme de ces couleurs? M"^ de Linden n'avait pas abordé ces questions;
elle nous en apporte aujourd'hui la solution.
Des observations nombreuses, des expériences précises, des analyses
chimiques rigoureuses portant principalement sur la matière colorante des
ailes des Vanesses qui sont les Papillons dont les teintes sont le plus
variées, établissent les faits suivants.
Le pigment rouge des Vanesses a pour origine la chlorophylle; il cris-
tallise dans le même système et présente les mêmes bandes d'absorption
que le pigment rouge, dans lequel se transforme la chlorophylle dans cer-
taines conditions. La transformation de la chlorophylle en pigment rouge
se fait assez souvent dans les cellules des plantes, notamment dans celles de
l'écorce des fruits, sous l'action du soleil; elle se produit aussi, mais dans
de tout autres conditions, dans l'épithélium de l'intestin des Chenilles^; la
chlorophylle se change d'abord en chlorophyllane, celle-ci en pigment
rouge. Ce pigment est ensuite transporté dans l'épiderme de la Chenille.
L'analyse chimique montre qu'on doit le considérer comme une substance
albuminoïde colorée par une matière analogue à la bilirubine dont on
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE KJoS. I I 29
connaît les rapports étroits avec Tliémoglobine. Ce pigment se retrouve
dans riiypoderme de la chrysalide, comme dans celui du Papillon et se
conserve jusque dans les cellules du blastoderme. C'est en quelque sorte
le pigment fondamental; toutes les autres couleurs résultent du degré
d'oxydation ou de réduction quïl a subi. La marche de l'oxydation est
indiquée par les changements qu'éprouve la couleur de l'hypoderine des
chenilles et des chrysalides au cours de leur développement ontogé-
nétique. Ce pigment appartient par ses propriétés à la catégorie des
pigments respiratoires, bien qu'une fois déposé dans l'aile il n'intervienne
plus dans les échanges gazeux entre l'animal et l'atmosphère. Il jette une
sorte de pont entre la chlorophylle et l'hémoglobine, et semble indiquer
que les pigments respiratoires des animaux et ceux qui forment la base de
leurs couleurs auraient pour origine le pigment chlorophyllien.
On ne saurait exagérer l'importance d'une telle conclusion qui rend vrai-
semblable l'opinion suivant laquelle les animaux issus des végétaux par
la perte de la faculté de produire le pigment chlorophyllien et, par
conséquent, de fabriquer les hydrates de carbone dont la cellulose est un
des types, auraient ensuite, par une alimentation végétale, récupéré les
dérivés de ce pigment et l'auraient fixé sur une trame albuminoïde. L'hé-
moglobine, pigment respiratoire des animaux, aurait ainsi pour origine la
chlorophylle, pigment respiratoire des plantes : ce qui ne serait pas sans
resserrer l'union de plus en plus étroite qui se révèle entre les deux règnes
si unanimement jadis opposés l'un à l'autre.
Il a semblé à votre Commission que des travaux précis d'observation et
d'expérimentation, aboutissant à des conclusions d'un ordre aussi général,
devaient mériter à l'auteur le prix Da Gama Machado, dans l'objet duquel
le Mémoire de la comtesse de Linden rentre si exactement.
a La couleur des ailes du Papillon, dit en terminant la comtesse de
Linden, est donc une question d'oxydation et non une question de sélection
comme le veulent les darvvinistes. »
Il ne parait pas, en effet, établi dans le cas présent que la sélection natu-
relle soit intervenue en quoi que ce soit dans la disposition des couleurs sur
les ailes des Papillons, et l'auteur, dans ses précédents Mémoires, a parfai-
tement mis en relief l'intervention dans ces dispositions de causes dé-
terminantes tout à fait étrangères à la sélection, comme, par exemple, la
superposition des ébauches des ailes aux incisions du corps chez la chr^^sa-
lide. Mais l'opposition que signale ici la comtesse de Linden entre l'oxyda-
tion et la sélection pourrait être relevée partout. C'est, en effet, l'essence
C. R., 1903, j" Semestre. (T. CXXXVII, N« 25.) l4^
Il3o ACADÉMIE DES SCIENCES.
même de l'œuvre de Darwin de ne pas tenir compte des causes qui ont
déterminé l'apparition des caractères; ces causes sont indifférentes à la
théorie, et c'est là tout à la fois ce qui fait sa faiblesse et sa force. Les
caractères une fois réalisés, pour une cause quelconque, Darwin nous
montre comment ceux qui sont avantageux ont été conservés et détinissent
nos espèces actuelles, tandis que les autres oui disparu; il ne cherche pas
à expliquer l'apparition des caractères, mais la conservation de certains
d'entre eux que nous nommons spécifiques ; son livre ne traite pas, ce que
grâce à des disciples trop zélés on est en train d'oublier, de V origine des
formes vissantes, mais de Voiigine des espèces, c'est-à-dire de l'origine
de la discontinuité qu'on observe actuellement entre les formes vivantes.
C'est l'objection principale à la doctrine de l'évolution qu'il prétend ainsi
supprimer; mais il y a un tout autre terrain, celui sur lequel se plaçait
Lamarck, qu'il s'agirait d'explorer, et c'est celui sur lequel s'est engagée
la comtesse de Linden : rechercher les causes physiologiques qui ont déter-
miné les formes vivantes. Il est évident, par exemple, que la sélection
naturelle n'intervient aucunement dans la réalisation des deux modes de
bourgeonnement qui ont déterminé, comme l'auteur de ce Rapport l'a
montré (' ), les deux types fondamentaux de structure des animaux, le
type ramifié et le type segmenté, pas plus que dans la réalisation dans
ce dernier type des embranchements des Echinodermes, des Mollusques,
des Tuniciers, des Vertébrés liés à des attitudes forcées des ancêtres des
animaux qui les composent, ou au mode normal de fonctionnement de
l'hérédité qui constitue la Tachy genèse (-).
La sélection naturelle ne laisse rien voir du mécanisme suivant lequel les
choses ont été faites; elle intervient seulement pour conserver certaines
choses déjà existantes en dehors d'elle et en détruire certaines autres.
Darwin n'a pas dit davantage; c'est dans la direction indiquée par Lamarck
que se trouvent les explications, et c'est dans cette direction que le travail
de la comtesse de Lixdex est tout plein de documents précieux.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
(') Edmo-Nd Perrier, Les Colonies animales et Trailc de Zooloi^ic.
(-) Edmond Perrier et Charles Gravier, La Tachy genèse {Annales des Sciences
tLaturelles, '6" série, l. XVI, 1902, p. 2o8-2j4 el p. 017).
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE igoS. ii3l
MEDECINE ET CHIRURGIE
PRIX MONTYON.
(Commissaires : MM. Marey, Guyon, crArsonval, Lannelongue, Lavcran,
Roux, Brouardel, Labbé; Bouchard, rapporteur.)
La Commission décerne un des prix à M. Dominici.
M. Dominici soumet à Texamen de rAcadémie une série de Mémoires
sur les organes hémato-poïétiques et les organes lymphoïdes à l'état normal
au cours des infections.
M. Dominici s'est proposé d'établir d'une façon exacte la structure de
ces organes, de faire l'histoire des éléments cellulaires qui en proviennent
au point de vue morphologique et du rôle qu'ils jouent à l'état normal et
à l'état pathologique.
M. Dominici a d'abord imaginé un liquide fixateur nouveau qui lui a
fourni le moyen d'avoir des résultats, toujours comparables à eux-mêmes,
dans l'étude des diverses parties du système hémo-lymphatique.
Les travaux de M. Ehrlich distinguent d'une façon absolue entre le sys-
tème myélogène et le système lymphoïde.
Le premier a pour organe la moelle des os qui élabore les hématies, les
cellules à granulations diverses et les mastzellen.
Le second a pour organes la rate, les ganglions lymphatiques, les folli-
cules de l'intestin et élabore les hématoblastes, les cellules mononucléaires
de diverses tailles sans granulations et les plasmazellen.
En étudiant ces systèmes à l'état normal et à l'état pathologique, surtout
dans certaines infections, M. Dominici montre que, si la moelle osseuse est
bien le centre principal hématopoïétique, les organes lymphoïdes peuvent
dans certaines circonstances accomplir la fonction myélogène. Inversement,
le système myélogène est capable de produire des éléments lymphoïdes.
Telle est la conclusion générale de ces Mémoires qui abondent en détails
nouveaux et intéressants.
j,32 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La Commission décerne un autre prix au travail de M. Jeax Camus,
intitulé : Les hémoglobinuries.
Différents faits nouveaux ont été établis par JNI. Camus.
Dans rhémoglobinurie due à la destruction des globules du sang-, il faut,
pour que l'hémoglobine apparaisse dans les urines, que le plasma sanguin
contienne assez d'hémoglobine pour être fortement coloré en rouge. Pour
un homme de 65'^^, cela correspond à 0^,28 d'hémoglobine dans la totaUté
du plasma, ce qui serait fourni par la destruction de la totalité des globules
de Sd'""' de sang.
L'hémoo-lobine musculaire introduite dans le sang donne aussi de l'hémo-
globinurie. Mais, à Tinverse de l'hémoglobinurie globulaire, des quantités
d'hémoglobine musculaire trop faibles pour colorer le plasma sanguin suf-
fisent pour produire une coloration rouge intense des urines. Le suc des
muscles rouges introduit dans le sang produit l'hémoglobinurie. Le suc des
muscles blancs ne la produit pas. Elle n'est pas provoquée par l'injection
de sucs extraits de divers autres organes.
Des lésions musculaires diverses produisent l'hémoglobinurie. Il y a
donc une hémoglobinurie musculaire expérimentalement établie. L'auteur
estime que certaines hémoglobinuries pathologiques sont d'origine muscu-
laire. Dans l'hémoglobinurie paroxystique du cheval, il y a atrophie mus-
culaire aiguë (Lucet, Cadiot).
Dans l'hémoglobinurie a frigore de l'homme, il y a des symptômes
musculaires; le travail musculaire peut provoquer Taccès; on peut se de-
mander si le froid ne provoque pas Taccès en produisant le tremblement
musculaire du frisson.
M. J. Camus a laissé en dehors de son étude toutes les autres causes
d'hémoglobinurie et, en particulier, les toxiques et les infectieuses. Il si-
gnale cependant Faction globulicide de l'urine humaine sur les globules du
sano-, d'où il résulte que des hémorragies diverses des voies urinaires, à
partir des glomérules, surtout si elles sont très légères, peuvent mettre de
l'hémoglobinurie en liberté dans F urine et provoquer de fausses hémoglo-
binuries urinaires.
La Commission décerne un autre prix à M. Robert Lœwy.
Dans la pratique chirurgicale abdominale, on peut se trouver en pré-
sence de lésions difficiles ou impossibles à traiter par les procédés ordi-
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE IQoS. II 33
naircs. C'est ainsi que parfois on ne parvient pas à maîtriser les hémor-
ragies des organes glandulaires ou à arrêter les épancliements des liquides
septiques.
La méthode des grciTes péritonéales permet d'échapper à ces graves in-
convénients. Sa mise en pratique peut être effectuée de deux manières dif-
férentes :
Lorsqu'il s'agit de déchirures glandulaires, on bourre la plaie à l'aide
d'un fragment d'épiploon, prélevé sur le patient lui-même, et on le fixe
ensuite par des sutures. L'hémorragie se trouve ainsi, non seulement ar-
rêtée sur-le-champ, mais, en outre, elle ne peut survenir secondairement.
En effet, le péritoine greffé se transforme en tissu conjonctif intimement
adhérent à l'organe soumis à ce traitement.
Dans le second mode opératoire, on réunit les deux parties de l'organe
blessé par des sutures habituelles, mais pour empêcher tout suintement
ultérieur, on le recouvre d'une large plaque péritonéale fixée par une suture
en coulisse, plaque semblable à ces pièces de caoutchouc que l'on applique
sur une perforation de chambre à air. L'emploi de ces deux modes opéra-
toires principaux ou de leur combinaison conduit à des applications mul-
tiples. Il permet d'assurer l'étanchéilé des sutures dans les cas de plaies de
l'intestin, du foie, de la vessie, etc.; de créer (comme nous l'avons vu)
ou de compléter l'hémostase ; il peut servir à oblitérer des orifices quel-
conques, à créer des cloisonnements artificiels, à péritoniser des moignons,
à protéger des surfaces dénudées,. etc.
C'est un procédé de sécurité dans les cas ordinaires où les sutures sont
possibles, un procédé de choix dans les cas difficil'es. Cette méthode pré-
sente comme avantages de n'exiger aucun préparatif spécial, aucune
technique particulière; elle est pratique, sûre, et constitue un procédé
d'urgence. Elle a été employée avec succès par les chirurgiens.
La Commission accorde les trois mentions à MM. Nicolle et Re.mlixger ;
NoBECouRT, Merklex ct Sevix ; Cil. MoxoD et J. Vawerts.
Traité de Technique microbiologique ,
par MM. Nicolle et Remlinger.
Le contenu de ce Livre répond parfaitement à son titre, il a été écrit par
des hommes de laboratoire qui, non seulement, possèdent à fond la tech-
nique mais qui la perfectionnent sur bien des points. C'est ce qui lui donne
Il34 ACADÉMIE DES SCIENCES.
un caractère d'originalité qni manque d'ordinaire à cette sorte d'ouvrages.
La clarté du plan, la sûreté de la documentation en font un guide com-
mode, utile aux débutants comme aux bactériologistes exercés.
Diastasc de rorganismc agissant sur le salol,
par MM. Nobecourt, Merklen et Sevin.
Ncncki a montré que le suc pancréatique dédouble non seulement les
graisses neutres mais une série d'éthers organiques et qu'il décompose le
salol en pbénol et acide salicylique. Gley a fait voir que, chez les chiens
dépancréatisés, le dédoublement du salol se faisait aussi bien que chez les
animaux témoins. Partant de ces faits, MM. Nobecourt et Merklen ont
recherché l'action exercée in vitro par différents organes et liquides de
l'organisme sur le salol. Ils ont vu que tous les organes, le sérum, la bile,
le lait dédoublent le salol. Cette action est de nature diastasique, les or-
ganes chauffés à 65** perdent cette propriété.
Une observation intéressante est que les laits de femme, de chienne et
d'ànesse dédoublent le salol, tandis que ceux de vache et de chèvre sont le
plus souvent inactifs sur ce corps.
MM. Nobecourt et Sevin ont étudié le ferment amylolitique dans le sang
et le lait. Ils montrent que le ferment apparaît rapidement après la nais-
sance dans le sérum de l'enfant et ils comparent la richesse en amylase du
sang des enfants normaux et des enfants malades.
De leurs recherches sur les ferments du lait ils tirent des déductions
pratiques au point de vue de l'allaitement.
Traite de Technique opératoire,
par MM. Ch. Monod et J. Vanverts.
Dans cet Ouvrage, les auteurs ont su mettre à la disposition des chirur-
giens, sous une forme nouvelle, tous les renseignements qui leur sont
nécessaires au moment d'entreprendre une opération.
La Commission accorde des citations à MM. Lagriffe, Laval et
3Ialuerbe, Ségal.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE igoS. Il 35
PRIX BARBIER.
(Commissaires : MM. Bouchard, Guignard, Laveran, Guyon ;
Lannelongue, d'Arsonval, rapporteurs.)
La Commission partage le prix Barbier entre MM. Axthoxy et G lover.
M. Anthony a adressé à F Académie une série de recherches toutes inté-
ressantes à des titres divers. Je n'en retiendrai que deux : l'une sur la téra-
tologie du sternum, Mémoire très bien coordonné et intéressant à lire
malgré l'aridité du sujet, qui n'est qu'apparente. Après avoir rappelé les
classifications de Geoflroy Saint-Hilaire et de L. Blanc sur les monstruo-
sités simples et doubles, selon l'anatomic philosophique actuelle, M. An-
thony entre dans le cœur de son sujet en procédant à une étude complète
et détaillée des malformations du sternum chez tous les Mammifères. Cette
étude n'existait pas; la lacune est maintenant comblée; elle est faite avec
le plus grand soin dans les trois variétés de monstres dits lamhdoïdes ^ hy~
psiloïdes et hétoïdes. M. Anthony a passé en revue les anomalies dans les
divers groupes de Mammifères en faisant connaître les diverses dispositions
que prend le sternum. Il a montré que les hémisternums d'un des deux
sujets des monstres doubles chez les hypsiloïdes s'unissent non entre eux,
mais à ceux de l'autre deux à deux. Il y a là toute une série de dispositions
que M. Anthony fait connaître et qui ont nécessité un très ong labeur de
la part de l'auteur, labeur qui n'a pas été stérile, tant s'en faut; il y a là de
nombreux points élucidés et d'autres nouvellement établis.
Une seconde série de publications de M. Anthony a trait aux relations des
muscles avec leurs tendons et à la recherche des influences qui modifient
leurs rapports, arrivant ainsi à déterminer la raison de la formation des
muscles digastriques. Son maître, M. Marey, et les élèves de ce dernier.
Roux, Anthony, etc. ont établi que la longueur réelle de la fibre musculaire
est proportionnelle à l'amplitude du mouvement qu'elle commande;
M. Anthony a étudié la position respective des muscles et des tendons, et
montré l'influence de la compression réciproque des muscles les uns par
les autres. Il a découvert cette condition générale importante que les effets
de la compression s'exerçaient chaque fois qu'un muscle se trouvait, au
moment de sa contraction, empêché par un mécanisme quelconque
Il36 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'augmenter son volume transversal. Le fait par un muscle d'être placé
entre un plan résistant et un autre muscle, ou entre deux muscles le croisant
perpendiculairement, constitue la réalisation de cet empêchement. Or le
résultat morphologique de la compression est la titans formation tendi-
neuse. A un premier degré de compression, le muscle s'aplatit et prend, sur
sa partie comprimée, un aspect nacré caractéristique. A un deuxième
degré la transformation en tendon au niveau de la compression est com-
plète. A un troisième degré le tendon disparaît à son tour et le muscle trans-
porte son implantation au point où la compression n'existe plus.
On voit par là que la compression est un ag^ent morphogénétique des
plus puissants. M. Anthony a expérimentalement pu modifier chez les ani-
maux, par la compression, la disposition des tendons et établir une rela-
tion de cause à effet entre elle et la présence du tendon. Par des expé-
riences multipliées il a pu ainsi, par la compression, modifier la disposition
normale des tendons, le développement du crâne et même celui du cer-
veau.
Il y a là des faits nouveaux importants et nombreux qui me font demander
à la Commission d'accorder le prix Barbier à M. Anthony.
M, Marey a suivi ces travaux de près et a constaté le soin avec lequel
ils ont été faits, longuement suivis et confirmés par les dissections du Mu-
séum d'Histoire naturelle.
Le docteur J. Glover a soumis au jugement de la Commission une
Nouvelle méthode thérapeutique basée sur l'application de V air chaud
comme procédé de chauffage des liquides pulvérisés non volatils.
Cette méthode est aujourd'hui couramment appliquée au traitement
des affections des voies respiratoires et des premières voies dig'estives
(nez et sinus nasaux, arrière-nez et oreilles, pharynx, larynx, trachée et
bronches, etc.).
L'idée de chauffer un liquide non volatil et de le pulvériser en même
temps, par un courant d'air chaud, est heureuse.
Il est possible, en effet, de chauffer l'air à très haute température dans
un serpentin métallique rougi de façon à le stériliser complètement.
Les calories emmagasinées 'par cet air peuvent chauffer ensuite à une
température voulue un liquide non volatil et lui conserver exactement cette
température pendant la pulvérisation, par ce fait que le liquide pulvérisé
n'est pas volatil.
Il n'en peut être de même en employant la vapeur ou l'air avec un liquide
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE IQoS. 113;
volatil, même préalablement chauft'és, car il est impossible de calculer
d'avance le refroidissement intense que subira le liquide par évaporation
lors de sa pulvérisation.
L'expérience montre qu'en employant le procédé imaginé par M. Glover,
le liquide pulvérisé conserve une température constante, condition essen-
tielle dans nombre d'applications.
La fixité du liquide employé permet en outre :
1° De doser rigoureusement la quantité du médicament pulvérisé;
2^ Le traitement local direct;
3° L'autopulvérisation à température constante dans les voies natu-
relles ;
Et enfin 4° Une rigoureuse asepsie.
Les conclusions de ces Rapports sont adoptées par l'Académie.
PRIX BREANT.
(Commissaires : MM. Marey, Bouchard, Guyon, d'Arsonval, Lannelongue,
Laveran; Roux, rapporteur.)
La Commission partage les arrérages du prix entre M. E. Chambo.v et
M. le D"^ A. BoRREL.
Ulnsiitul de vaccine aniinalc, son hisloife depuis sa fondation en i86/i;
Par Ernest Chambon,
Le Mémoire manuscrit de M. Ciiambox est le résumé de sa vie consacrée
tout entière à l'établissement de la vaccine animale en France. Il est en
même temps une histoire du perfectionnement de la vaccination anti-vario-
lique depuis 18G4.
Pendant la première moitié du xix^ siècle, la vaccine animale pratiquée
à Naples était restée pour ainsi dire inconnue dans tous les autres pays.
C'est M. Chambon et son collaborateur Lannoix qui, en ayant entendu
parler au Congrès de Lyon, Font introduite en France en 1864, après s'être
instruits à Naples des procédés du D"" Negri.
L'institut fondé par M. Chambon a subi bien des vicissitudes; presque
délaissé après 1870, il revient en vogue à chaque épidémie de variole. Il ne
faut pas moins que toute une série d'accidents de syphilis vaccinale sur-
C. R., 1903, 2"^ Semestre. (T. CXXXVII, N' 25.) l49
il38 ACADÉMIE DES SCIEx\CES.
venus à la suite de vaccinations de bras à bras pour faire accepter la vaccine
animale par tous les médecins.
Les luttes soutenues en faveur de la vaccine animale sont racontées de la
façon la plus véridique et la plus attachante par M. Chambon. Au lendemain
du vote de la loi sur la vaccine obligatoire son Mémoire est plein d'intérêt.
Grâce à une persévérance et à un désintéressement qui ne se sont pas
démentis pendant 4o ans, M. Chambon est parvenu à faire instituer un
service régulier de vaccination et de revaccination dans les hôpitaux, dans
les écoles, dans les mairies de Paris.
Presque tous les instituts de vaccine animale de l'étranger et de France,
même celui de l'Académie de Médecine, procèdent de l'institut de M. Cham-
bon qui s'est toujours fait un devoir d'accueillir ceux qui venaient s'initier
à son école.
Nul n'a plus fait que M. Ch.uibox pour hâter la disparition de la variole;
aussi la Commission du prix Bréant lui décerne-t-elle le titre de lauréat.
Séi^ie de Mémoires sur la théorie parasitaire du cancer, sur les
épithélioses et notamment sur la clavelée;
Par M. le D"" Borrel.
Depuis 1890, M. BoKREL a publié une série de Mémoires sur la théorie
parasitaire du cancer.
Neisser, Pfeiffer, Malassez, Durier et Wickham ont décrit des coccidies
dans les tumeurs épithéliales. M. Borrel a montré que les figures regardées
comme coccidies n'étaient autre chose que des cellules enkystées à évolu-
tion spéciale.
Plus tard, la théorie coccidienne est remise en faveur par les travaux de
Thomas, de Foa, de Ruffer, de Soudakewitch qui mirent en évidence dans
les cellules des tumeurs épithéliales des corps ronds isolés ou multiples.
M. Borrel considère ces formations comme le résultat d'une dégénérescence
muqueuse et son avis est accepté par tous les anatomo-pathologistes.
De nouvelles formes parasitaires sont décrites par Sawtchenko, Podwi-
sotsky et Leyden qui les a caractérisées sous le nom Aq formes en œil de
pigeon. Grâce à des méthodes histologiques très délicates M. Borrel a
montré, par la comparaison avec les cellules spermatiques du cobaye, que
des formes pareilles existaient en histologie normale et qu'elles sont dues à
une évolution atypique de l'archoplasma de la cellule cancéreuse.
La conclusion de ce premier Mémoire est que la théorie coccidienne du
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE igoS. II 89
cancer n'est pas prouvée, qu'à la vérité certaines coccidies bien connues en
se développant dans les cellules épithéliales donnent lieu à de véritables
tumeurs, mais que d'autres organismes tels que les levures font aussi proli-
férer les cellules épithéliales.
M. Borrel pense que d'autres microbes sont capables de la môme action.
En effet, un certain nombre de virus agissent sur les cellules épithéliales.
Dans la vaccine, la variole, la fièvre aphteuse, la clavelée, la peste
bovine, etc., on observe des proliférations épithéliales. Aussi M. Borrel
réunit-il toutes ces affections sous le nom à' épilhélioses et il en fait l'histo-
logie pathologique dans un second Mémoire. La clavelée y est particuliè-
rement étudiée. Le virus claveleux qui détermine dans le poumon, par
exemple, de véritables adénomes est certainement un microbe très petit
puisqu'il passe à travers les fdtres qui retiennent la plupart des bactéries. Il
en est de même des virus de la fièvre aphteuse, de la peste bovine, du
molluscum conta giosum . Il semble donc que tous ces virus des épithélioses
ont le caractère d'extrême petitesse. En tous cas ces microbes traversant les
filtres ne sont pas ceux qui ont été décrits comme sporozoaires dans les cel-
lules.
La grande différence qui existe entre ces épithélioses et Tépithélioma
véritable, c'est que dans les premières les tumeurs sont constituées par la
prolifération des cellules des organes où elles se développent, tandis que
dans l'épithélioma c'est la même cellule cpie celle de la tumeur primitive qui
pullule dans les tumeurs secondaires.
Un autre Mémoire est consacré au cancer de la souris et M. Borrel
donne une preuve de plus de sa nature infectieuse en signalant des épidé-
mies de cage où la contagion est indéniable. Comme Moreau et Jensen, il a
réussi à transmettre ce cancer par inoculation (dans un cas sur dix environ).
Les études de M. Borrel sur la clavelée ont abouti à un résultat pratique
d'une haute importance. Par un procédé qu'il décrit, M. Borrel arrive à
obtenir des quantités illimitées de virus claveleux pur; elles lui ont servi à
obtenir avec des animaux immunisés un sérum anti-claveleux qui permet
de guérir la clavelée s'il est donné assez tôt et qui employé en même temps
que le virus donne le moyen de claveliser les animaux sans danger. Des
essais faits sur plus de 10 000 moulons ont donné des résultats tout à fait
satisfaisants.
La Commission a accordé à M. Borrel le titre de lauréat.
Les conclusions de ces Rapports sont adoptées par TAcadémie.
II /[O ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX GODARD.
(Commissaires : MM. Bouchard, Lannelongiie, Marey, Laveran;
Gayoïi, rapporteur.)
Le travail de MM. Halle et Motz : ContrUnilion à V Analomie patJio-
lo<^ique de la vessie, nous donne, pour la première fois, une description
synthétique des lésions de la vessie, dans la cystite chronique.
Il a pour base Tétude anatomique et histologique de loo vessies chroni-
quement enflammées, recueillies à la clinique de Necker, dans la dernière
période décennale : il est donc le fruit d'une longue et patiente observation
scientifique.
Les auteurs étudient d'abord les lésions macroscopiques : capacité et
forme de la vessie, épaisseur des parois, aspect de la face interne, de la sur-
face de coupe et de la face externe, si profondément modifiés par l'inflam-
mation chronique.
Passant à l'étude histologique, ils décrivent méthodiquement les lésions
inflammatoires productives et régressives, dans toutes les couches du réser-
voir urinaire.
Dans la muqueuse, les lésions épithéliales, desquamation, exulcération,
prolifération; celles du derme muqueux^, hémorragies interstitielles, abcès
microscopiques; les néoformations vasculo-embryonnaires : granulations,
villosités, végétations; les néoformations épithéliales, verrucosités papillo-
glandulaires, leucoplasie; les lésions destructives et nécrotiques, pseudo-
membranes, ulcérations sont successivement Tobjet d'une minutieuse des-
cription.
Dans la couche musculaire, toujours hypertrophiée, les auteurs recon-
naissent et distinguent les divers degrés de la sclérose musculaire avec les
dégénérescences variées àt\diï\hTQ cellule qui la compliquent : atrophie
simple, dégénérescence granuleuse, hyaline, myosite aiguë.
Dans la couche cellulo-adipeusc extei'ne'û^ dccvi\eni cette fibro-adipose
inflammatoire qui est un processus général et constant dans les inflamma-
tions chroniques de l'appareil urinaire; avec les lésions vasculo-nejveuses
qui l'accompagnent.
Vingt-six planches, dessinées d'après nature, éclairent la description
histologique.
Résumant, dans une étude d'ensemble, les lésions de la trame vasculo-
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE IQoS. Il4l
conjonctive, dans la paroi vésicale chroniquement enflammée, MM. Halle
et Motz formulent cette conclusion essentielle :
(( Dans la cystite chronique, la paroi vésicale est modifiée dans toute son
épaisseur, depuis la muqueuse jusqu'à la couche fibro-séreuse externe. »
Et le terme de cystite clironique interstitielle totale qu'ils proposent
restera comme justement caractéristique.
Dans les cas complexes, fréquents, où un obstacle mécanique, ou quelque
dystrophie, ajoute ses effets à ceux de l'inflammation chronique, les auteurs
cherchent à distinguer, des lésions inflammatoires banales, les lésions tro-
phiques concomitantes : ils abordent ainsi l'étude si complexe des dégéné-
rescences primitives de la paroi musculaire de la vessie chez les prosta-
tiques.
En résumé, cette consciencieuse étude marque un progrès réel dans nos
connaissances sur l'anatomie pathologique de la vessie : la clinique et la
thérapeutique ne peuvent manquer d'en tirer grand profit.
La Commission propose à l'Académie d'attribuer le prix Godard à
MM. les D-^^ N. Halle et îî. Motz.
Elle accorde une mention honorable à M. le D'" J.-B. Hillaiuet, pour
son Mémoire intitulé : « Le dernier terme de la copulation chez les Mammi-
fères ».
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
PRIX LALLEMAND.
(Commissaires : MM. Marey, Laveran, Guyon;
d'Arsonval, Bouchard, rapporteurs.)
La Commission partage le prix entre M"" Joteyko et MM. Gakxier et
CoLOLIAX.
Elle accorde une mention très honorable à M. le D*" Giuseppe Pagano,
pour ses « Etudes sur la fonction du cervelet »,
M"'- J. Joteyko a soumis à l'Académie deux travaux intéressants sur l'in-
nervation musculaire.
Dans le premier, intitulé Effets pJiysiologiques des ondes induites de
Il42 ACADÉMIE DES SCIENCES.
fermeture et de rupture dans la fatigue et V aneslhésie des muscles et
des nerfs, Fauteur élucide par des expériences bien conduites et par une
analyse minutieuse beaucoup de points restés obscurs ou controversés sur
cette question.
Dans un second Mémoire plus important et qui a pour titre Etude sur
la contraction du muscle strié et ses excitants, M"^ Joteyko démontre
expérimentalement qu'z7 existe dans le muscle deux éléments fonction-
nellement différents et doués d' une excitabilité inégale. La contraction
rapide serait le fait de la substance anisotrope du muscle tandis que la con-
traction lente serait l'apanage du sarcoplasme suivant une théorie soutenue
par Bottazzi (de Florence).
M"^ Joteyko par des excitants bien choisis, tantôt chimiques, tantôt
physiques, arrive à séparer nettement Fun de Fautre ces deux modes de
contraction du muscle strié et à expliquer nombre de faits pathologiques
tels que Fatonie musculaire ou les contractures hystériques.
Ces patients travaux, dans le détail desquels nous ne pouvons entrer,
jettent un jour nouveau sur le mécanisme de la contraction et de Finnerva-
tion des muscles et ouvrent une voie aux investigations.
MM. Garnjer et CoLOLiAx ont soumis au jugement de l'Académie des
études sur la thérapeutique des maladies mentales. On y trouve d'intéres-
sants renseignements sur les méthodes de liberté appliquées au traitement
des aliénés et sur l'usage du séjour au lit. Ces méthodes nouvelles, déjà
appliquées en France, méritaient d'être mieux connues.
Les conclusions de ces Rapports sont adoptées par l'Académie.
PRIX DU BARON LARREY.
(Commissaires : MM. Lannelongue, Laveran, Guyon, Bouchard,
Brouardel; Marey, rapporteur.)
HYGIÈNE MILITAIRE. — Recherches expérimcntcdes sur le brûlage, pro-
cédé de désinfection radicale, d^ asepsie du casernement et du mobilier
du soldat; par le D*' Paul Godiiv.
M. Godin montre que le brûlage est le moyen le plus sûr et le meilleur
de créer l'asepsie dans les logements militaires. Ce flambage superficiel
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE igoS. I l43
suffit à détruire les germes infectieux, et cette destruction a été constatée
par les moyens les plus rigoureux dont la Science dispose : Fexamen histo-
logique, les cultures et les inoculations aux animaux.
Votre rapporteur considère ce travail comme pouvant mériter un prix.
Le même auteur présente également au prix Larrey une brochure dont
voici le titre : « Nouveaux essais d'application de Vearth system (latrines
à terre). »
Excellent travail qui fait ressortir les avantages hygiéniques de ce mode
d'enlèvement des matières fécales. On peut conclure avec l'auteur que ce
système s'impose pour toutes les localités qui n'ont pas le tout à Végout,
mais disposent d'une surface de terrain où l'on puisse déposer les matières
usées en attendant leur nitrification.
Pour ces deux travaux la Commission décerne le prix Larrey à
M. GoDIX.
Elle accorde une mention à M. G. -H. Lemoixe et une autre à M. le
D*" Jules Régxault.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
PRIX BELLION.
(Commissaires : MM. Bouchard, Marey, Guyon, Lannelongue;
Laveran, rapporteur.)
Le prix est décerné à M. le D^" F. Batfesïi, de Bastia, pour l'ensemble
de ses travaux sur la prophylaxie du paludisme en Corse.
Une mention très honorable est accordée à M. le D'' H. Glatard, pour
son travail sur la diphtérie nasale.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
Il44 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX MEGE.
(Commissaires : MM. Bouchard, Marey, Lannelongue, Laveran ;
Guyon, rapporteur.)
La Commission décerne le prix. Mège (arrérages) à M. le D'' A.
MoxpROFir, pour son Ouvrage « Chirurgie des ovaires et des trompes ».
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par TAcadémie.
PRIX CHAUSSIER.
(Commissaires : MM. Bouchard, Brouardel, Lannelongue, Laveran;
Guyon, rapporteur. )
La Commission propose à l'Académie d'attribuer le prix Chaussier à
M. le D*" Ai-FRKD FouRNiER, professeur honoraire à la Faculté de Médecine
de Paris, Membre de l'Académie de Médecine. L'importance scientifique,
médicale et sociale de son œuvre, a déterminé la désignation de
M. Fournier aux suffrages de T Académie.
Personne n'a plus attentivement étudié la syphilis que M. Fournier, et
n'a fait dans un champ, souvent exploré, d'aussi remarquables décou-
vertes; personne n'a mis aussi nettement en lumière le rôle pathologique
de cette redoutable maladie; personne enfin n'a mieux démontré sa néfaste
influence sur l'espèce humaine, ne s'est attaché avec plus d'ardeur et de
suite à la combattre et à indiquer les mesures qui peuvent mettre obstacle
à son extension. Un labeur prolongé et ininterrompu, un enseignement
public qui, dès son début, devint célèbre, la tribune académique et, enfin,
la fondation de la Société de prophylaxie sanitaire et morale, ont permis à
M. Fournier d'édifier une œuvre dont l'étendue et l'unité ont assuré l'ac-
tion puissante qu'elle exerce dans le présent, et prolongeront son influence
dans l'avenir.
M. Fournier n'a rendu à l'enseignement auquel il s'est consacré d'aussi
grands services, et n'a conduit aussi loin les recherches qu'il a poursui-
vies, qu'en raison de sa haute valeur médicale. Il est de ceux qui veulent
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE ipoS. Il45
que l'étude approfondie d'une question spéciale resserre, au lieu de le
détacher, le lien scientifique qui unit les vérités les unes aux autres.
L'étude de la syphilis, aussi largement envisagée, ne pouvait être main-
tenue seulement sur le terrain médical; elle pose de graves questions d'hy-
giène et de médecine légale. Chacun de ces points a été soigneusement
examiné par M. Fournier.
La détermination précise des rapports étiologiques de la syphilis avec
l'ataxie locomotrice et la paralysie générale ont été le point de départ
d'une étude d'ensemble qui a enrichi la Clinique d'un chapitre important
et nouveau. Nous savons aujourd'hui que la syphilis n'est pas seulement
capable de produire des accidents spécifiques. Elle fait plus et fait autre
chose, car elle est responsable de manifestations qui n'ont plus rien de
syphilitique comme nature, mais qui ont certainement une origine syphi-
litique.
Ces résultats éloignés de la syphilis, si longtemps méconnus, établissent
déjà la perpétuation de son action sur l'individu. Les travaux de l'auteur
sur l'hérédité syphilitique ont établi qu'elle lui survit dans sa descendance.
La mortalité des enfants de syphilitiques peut être évaluée à 68 pour loo;
la contamination des générateurs n'est pas seulement l'une des causes de
la dépopulation, elle a encore pour conséquence l'infériorité native de la
constitution, l'imperfection ou les déviations du développement physique
ou intellectuel. Enfin, l'hérédité spécifique peut se manifester tardivement,
l'adolescence, l'âge mûr, la vieillesse elle-même ne mettent pas à l'abri; il
n'y a pas de délais de prescription pour ses effets.
M. Fournier admet deux sortes d'hérédité syphilitique : l'une qui trans-
met la syphilis en nature ; Tautre qui ne se manifeste que par de simples
tares n'ayant plus rien de syphilitique, consistant en des dystrophies
d'ordre commun.
Au point de vue social, la syphilis est donc un des fl«aux dont l'humanité
a le plus à souffrir. Les formes variées que l'observation pénétrante de
M. Fournier a su démasquer soulèvent, au point de vue de la médecine
légale, les plus délicats problèmes. Là, encore, il y a nécessité de tenir
compte des conséquences immédiates et des effets éloignés, on pourrait dire
lointains, de la contamination spécifique, et là encore, M. Fournier n'a pas
seulement posé les questions, il a fourni les éléments qui permettent de les
discuter, d'arriver à des solutions positives, ou de se maintenir dans le
doute que parfois commande l'interprétation des faits les mieux étudiés.
A mesure que les recherches de M. Fournier établissaient l'étendue
C. R., 1903, 2' Semestre. (T. CXXXVII, N° 25.) ï5o
Il46 ACADÉMIE DES SCIENCES.
insoupçonnée des responsabilités de la syphilis, celles qui lui incombaient
comme médecin et comme citoyen lui apparaissaient plus grandes.
Il s'attachait à tirer du traitement si puissant des accidents primitifs et
secondaires tout ce qu'il peut donner de garanties dans le présent et l'ave-
nir. Ses études sur la syphilis et le mariage ont nettement établi les con-
ditions qui permettent l'admissibilité à la procréation, pour les sujets
entachés de syphilis. Elles doivent être rigoureuses; mais fort heureuse-
iïient elles peuvent être remplies. Combien s'abaisserait encore la natalité
s'il en était autrement ! M. Fournier s'est attaché, avec non moins d'ardeur
à chercher à tarir les sources de la syphilis.
Il faut pour cela plus que de la science, il faut en venir à l'apostolat.
C'est l'évolution que nous avons vu avec autant d'intérêt que de satisfaction
s'accomplir chez M. Fournier. Il emploie chaque jour, avec plus d'activité,
la haute autorité que la Science lui confère, à la réalisation des mesures
capables d'étendre, aussi loin que possible, la prophylaxie de la S3q3hilis.
Pareil exemple est salutaire. Il est aussi nécessaire pour l'avenir de l'hu-
manité, de combattre la syphilis que la tuberculose et l'alcoolisme.
Le prix Chaussier ne comporte pas l'acte de candidature; la Commis-
sion a pensé que l'œuvre de M. Fournier est de celles qui se désignent
d'elles-mêmes pour une récompense exceptionnelle ; elle vous demande de
sanctionner son choix.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
PHYSIOLOGIE.
PRIX MONTYON.
(Commissaires : MM. d'Arsonval, Marey, Bouchard, Chauveau, Giard;
Roux, rapporteur.)
La Commission partage le prix entre MM. Artsius et Victor Hexri.
Les Notes et Mémoires présentés par M. Arthus ont trait à la coagula-
tion du sang.
Partant du fait, démontré par Pekelharlng,'^que le plasma du sang
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE IQoS. I l/jy
fluoré à 3 pour loo ne contient pas de fibrin-ferment, M. Arthus propose
de se servir de ce plasma comme réactif sensible du fîbrin-ferment. Bien
préparé, ce plasma donne un caillot lorsqu'on lui ajoute du fîbrin-ferment,
il permet un dosage assez précis de la quantité de fibrin-ferment contenue
dans une liqueur organique quelconque.
Les faits principaux découverts par M. Artbus sont que le fd^rin-fer-
ment ne se trouve que dans les liqueurs sanguines; la macération ou les
extraits des divers organes, bien débarrassés de sang, ne contiennent
jamais de fibrin-ferment; mais les tissus contiennent des substances qui
provoquent la production plus précoce du fibrin-ferment. M. Artbus a fait
voir aussi qu'à la suite de saignées répétées la production du fibrin-ferment
est accélérée dans le sang des dernières prises.
A ces divers Mémoires M. Arthus a joint un traité de Physiologie et un
traité de Chimie physiologique qui se distinguent par la clarté de l'expo-
sition.
Su/^ l'action des diastases.
Les lois formulées, avant M. V. Hexri, sur la vitesse d'action de l'inverr
tine sur le sucre s'écartent de celles trouvées pour l'inversion au moyen des
acides, d'où la conclusion que les diastases sont des agents de transforma-
tions d'allure toute spéciale.
M. V. Henri cherche à faire rentrer les lois de l'action des diastases dans
celles de la Chimie ordinaire. Il s'attache à déduire la loi d'action des
diastases de quelques hypothèses simples sur l'état libre ou combiné
auquel le ferment se trouve dans le liquide, et de la loi d'action des masses
que les travaux de l'école d'Ostwald ont montré applicable aux vitesses
des transformations chimiques en général. Cette loi, qui fait intervenir
dans l'expression de la vitesse la masse de tous les corps qui entrent réelle-
ment en réaction, a permis déjà, dans le cas de corps chimiques définis, de
préciser le rôle de certains catalyseurs qui se retrouvent inaltérés à la fin
de la réaction. Ln l'appliquant à l'invertine, M. Henri cherche à préciser
un peu la nature du rôle joué par le ferment et surtout à faire entrer l'action
de l'invertine dans le groupe général des actions catalytiques.
La vérification par l'expérience de la loi établie a /?/vori justifie les hypo-
thèses de M. V. Henri. Une loi analogue régit l'action de l'émulsine sur
Famygdaline.
L'action de l'amylase sur l'amidon est trop complexe pour qu'on puisse
tirer de son étude une loi quantitative.
II 48 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Une mention est accordée à M. Bouxhiol pour ses « Recherches biolo-
giques et expérimentales sur la respiration des Annélides Polychètes ».
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
PRIX PHILIPEAUX.
(Commissaires : MM. d'Arsonval, Marey, Bouchard, Chauveau,
Lannelongue; Guignard, rapporteur.)
Une expérience séculaire semblait avoir montré que la greffe ne peut
réussir qu'entre plantes de même famille et que cette réussite est propor-
tionnelle au degré de parenté des conjoints. Le principal avantage de cette
opération consiste, comme on sait, en ce qu'elle permet de conserver dans
toute leur intégrité les propriétés de la plante qui fournit le greffon, ce qui
n'est possible qu'autant qu'il n'y a pas de réaction réciproque entre le gref-
fon et le porte-greffe ou sujet.
C'est surtout dans le but d'étudier, d'une façon méthodique et appro-
fondie, cette influence réciproque du sujet et du greffon, si intéressante en
pratique horticole et en biologie, que M. Daniel a entrepris depuis une
quinzaine d'années un grand nombre d'expériences sur des plantes appar-
tenant aux familles les plus diverses, mais autant que possible sur des
espèces annuelles ou à cycle de développement assez réduit pour permettre
d'en saisir plus facilement et plus rapidement les modifications héréditaires.
Il a imaginé des procédés nouveaux (greffages sur germinations, gref-
fages de rameaux à fleurs, greffages mixtes, etc.), qui lui ont donné des
réussites là où l'on n'avait eu jusqu'alors cjue des insuccès. Pour les greffes
ordinaires, l'un des résultats les plus saillants consiste en ce que la réussite
n'est pas fonction absolue de l'analogie des organes reproducteurs, comme
le voudrait le principe de la parenté botanique, mais aussi, et dans une
large mesure, de l'analogie de nutrition. La similitude des capacités fonc-
tionnelles d'absorption et d'assimilation prime la similitude des caractères
sexuels, qui sont les caractères dominants dans la classification botanique :
de là des limites de réussite plus étendues en général pour la greffe que
pour la fécondation croisée.
Poussant plus avant ces recherches, M. Daniel a étudié le mode de sou-
dure des greffes et la structure anatomiquc du bourrelet, afin d'en connaître
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE igoS. Il 49
les conséquences physiques et biologiques et d'établir une théorie ration-
nelle de la greffe.
Dans les greffes entre plantes éloignées, l'union du sujet et du greffon
n'a lieu que par les parenchymes; dans les greffes entre plantes voisines, ou
greffes ordinaires, la soudure se fait toujours en partie par les parenchymes,
en partie par des vaisseaux moins nombreux qu'à l'ordinaire, moins larges
et beaucoup plus irréguliers et recourbés en tous sens. Ces modifications de
structure dans le bourrelet retentissent sur les sèves, qui peuvent elles-
mêmes être modifiées en quantité et en qualité et, par suite, déterminer
des variations.
Entre les tissus du sujet et ceux du greffon, Strasburger a vu s'établir
des communications protoplasmiques à travers les membranes cellulaires.
Il peut donc y avoir mélange des protoplasmes, comme il peut y avoir péné-
tration réciproque des produits élaborés par ces protoplasmes. Pour qui
connaît les modifications remarquables déterminées par le parasitisme
naturel et les conséquences de la fusion des cellules sexuelles, il ne paraît
pas surprenant de voir des variations plus ou moins analogues se produire
par soudure de cellules végétatives et parasitisme artificiel.
M. Daniel a obtenu de nombreuses modifications de ce genre dans les
plantes herbacées (Choux, Tomates, Navets, Composées diverses, etc.), où
le sujet imprimait au greffon quelques-uns de ses caractères et inversement.
Les plantes ligneuses peuvent offrir des faits analogues et l'on connaît
quelques exemples qui ne peuvent guère être considérés autrement que
comme des hybrides de greffe. Tel est, notamment, le cas du célèbre néflier
de Bronvaux, qui présente des rameaux hybrides entre le sujet et le greffon
et des rameaux types des espèces associées, le tout sur une même branche
sortie au voisinage du bourrelet.
M. Daniel ne s'est pas borné à étudier cette question controversée de
l'influence directe du sujet sur le greffon et réciproquement, il a recherché
en même temps si cette influence se transmettait à leurs produits, autre-
ment dit si elle retentissait sur la postérité du greffon et vice versa, comme
sur la reproduction sexuelle. 11 est résulté de ces recherches que l'hérédité
des caractères modifiés par la greffe était variable suivant les plantes et les
familles considérées. Tantôt elle est totale, tantôt partielle, tantôt nulle.
Dans certains cas, la transmission de certains caractères du sujet était frap-
pante dans les descendants du greffon (Chou fourrager et Carotte résistant
au froid; races nouvelles de Haricots, etc.). Il y a là un sérieux argument
contre l'absolutisme exagéré des théories de Weissmann, pour lequel toute
Il5o ACADÉMIE DES SCIENCES.
variation ne peut avoir qu'une origine sexuelle, la grefTe n'exerçant, selon
cet auteur, aucune influence sur le plasma germinatif.
Sans accorder cependant, dès aujourd'hui, à l'action réciproque du sujet
et du grefTon une importance plus grande qu'il ne convient et qui ne pourra
être appréciée à sa juste valeur que par des observations étendues, on peut
dire du moins qu'une plante greffée ne se comporte pas comme une plante
normale. Ses fonctions sont plus ou moins modifiées, ainsi que sa durée, sa
résistance aux parasites, etc. Ces faits doivent attirer l'attention, surtout à
l'époque où le greffage de la Vigne, par exemple, offre un si grand intérêt
économique.
En résumé, les travaux de M. Lucien Daniel ont fait faire un progrès
considérable à l'étude de ces difficiles questions ; la Commission décerne
à leur auteur le prix Philipeaux.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
PRIX LA CAZE.
(Commissaires : MM. Marey, Bouchard, Guyon, Lannelongue, Laveran,
Chauyeau, Giard, Brouardel; d'Arsonval, rapporteur.)
Sur la proposition de la Commission, le prix La Caze (Physiologie) est
décerné par l'Académie à M. le professeur Charles Richet, pour l'en-
semble de ses travaux.
Les travaux de M. le professeur Ch. Richet sont nombreux, variés et
importants.
La plupart d'entre eux étant aujourd'hui classiques, nous nous bornerons
à rappeler les principaux :
En Physiologie, on doit à M. Richet une importante étude du suc gas-
trique qui sert de base au diagnostic des dyspepsies;
L'analyse de la contraction des muscles des invertébrés qui a mis en lu-
mière d'importants faits nouveaux tels que l'addition latente, la contracture
latente, le tétanos rythmique, etc. ;
L'analyse de la régulation thermique par la polypnée et Je frisson ;
En chaleur animale, une étude très complète des rapports existant entre
les combustions respiratoires et la surface cutanée;
Enfin l'étude de la période rèfractaire montrant que cette loi est gêné-
SÉANCE DU 2 1 DÉCEMBRE IQoS. Il5l
raie et s'applique aussi bien aux centres nerveux qu'au muscle cardiaque.
A côté de ces travaux de Physiologie pure, il en est d'autres dont la
Médecine et la Thérapeutique expérimentale ont plus particulièrement
bénéficié.
M. Richet a le premier annoncé que le sang- des animaux vaccinés contre
une infection peut, lorsqu'il est transfusé à un animal sensible, lui conférer
une immunité plus ou moins complète. On sait quel parti la Sérothérapie
a tiré plus tard de ce fait.
M. Richet a introduit en Thérapeutique un médicament nouveau, le
chloralose, indiqué les propriétés diurétiques du lactose, établi un traite-
ment particulier de l'épilepsie, étudié expérimentalement les différents
traitements de la tuberculose et établi l'efficacité de la Zomothérapie.
Enfin M. Richet a rendu et rend chaque jour les plus grands services
aux médecins et aux physiologistes par la publication de deux œuvres
considérables : « Le Dictionnaire de Physiologie » et la « Bibliographia
medica ».
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
PRIX POLRAT.
(Commissaires : MM. Marey, Bouchard, Mascart, Chauveau;
d'Arsonval, rapporteur.)
La question posée pour le prix Pourat était la suivante : Action des cou-
rants de haute fréquence sur les phénomènes de la vie.
Le travail le plus étendu et le plus complet sur la question, soumis au
jugement de la Commission, est du à M. le D^" J. Dexoyès, de Montpellier.
Dans une Thèse faite sous la direction de ^L le professeur Imbert, et qui
comprend près de 4oo pages, l'auteur passe en revue tous les travaux exé-
cutés sur la question à la suite des premières Communications faites sur cet
agent thérapeutique nouveau.
Il énumère ensuite ses recherches personnelles tant physiologiques que
pathologiques. Ces recherches, fort nombreuses et comportant entre autres
des centaines d'analyse d'urine, ont trait aux applications de la haute fré-
quence en oto-laryngologie, au traitement des névrites, à son action sur la
sécrétion urinaire, à son action sur l'évolution de la tuberculose expérimen-
tale, etc. Sept Mémoires séparés sont joints à la Thèse et traitent individuel-
II 52 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lement chacune de ces questions. Le nombre d'observations et d'expé-
riences personnelles faites par M. Denoyès, tant sur Thommc sain que sur
l'homme malade ou les animaux, est considérable; les résultats signalés,
sans être tous nouveaux, sont bien observés. La partie purement technique
est parfaitement décrite et les expériences faciles à refaire et à contrôler.
En somme, travail d'ensemble de longue haleine, consciencieux, original
et rempli de données numériques.
MM. Rfgxier et Bruiiat ont soumis au jugement de la Commission un
travail original qui, pour porter sur un point limité, n'en est pas moins
intéressant.
Ces auteurs ont plus particulièrement étudié Faction des courants de
haute fréquence sur certaines diastases ou catalases.
Ils montrent entre autres que :
1° Les courants de haute fréquence atténuent la vitalité des cellules et
des ferments qu'elles renferment;
2^ Qu'ils sont susceptibles de détruire complètement l'activité vitale et
physiologique des catalases et de l'oxydase hématiques et de la catalase des
levures;
3° Que le rôle de l'élévation de température, quand elle existe, paraît
négligeable.
Leurs expériences confirment, par d'autres voies, les faits signalés dès le
début par MM. d'Arsonval et Charrin.
En conséquence votre Commission vous propose :
I** D'attribuer le prix Pourat à M. Dexoyès;
2° Une mention honorable à MM. Regmer et Brihat.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
SÉANCE DU 2[ DÉCEMBRE igoS. Il 53
HISTOIRE DES SCIENCES.
PRIX BINOUX.
(Commissaires : MM. Bouquet de la Grye, Berthelot, Grandidier, Guyou;
Daiboux, rapporteur.)
L'Académie décerne le prix: Binoux à M. H. -G. Zeutheiv, Correspon-
dant de l'Institut, Professeur à l'Université de Copenhague, pour ses ma-
gistrales études sur l'Histoire des Sciences.
PRIX GENERAUX.
MÉDAILLE LAVOISIER.
L'Académie a décerné la médaille Lavoisier à M. Carl Graebe, profes-
seur de Chimie à l'Université de Genève, pour ses travaux en Chimie
organique.
Cette médaille lui a été remise à l'occasion de son jubilé scientifique, par
M. Moissan, au nom de l'Académie, le 20 septembre iqoS.
MÉDAILLE BERTHELOT.
Sur la proposition de son Bureau, l'Académie a décidé de décerner la
Médaille Berthelot à :
M. Graebe, professeur à l'Université de Genève, pour l'ensemble de
ses travaux, à l'occasion de son jubilé scientifique;
M. RouvEAULï (prix Jecker);
M. GuNTz (prix La Caze, de Chimie);
M. Chavanne (prix Cahours);
C. R., 190.3, 2« Semestre. (CXXXVII, N''25.) l5l
II 54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. Victor Henri (prix Montyon de Physiologie);
M. Arthus (prix Montyon de Physiologie);
M. Capelle (prix Montyon : Arts insalubres).
PRIX MONTYON (ARTS INSALUBRES).
(Commissaires : MM. Moissan, Haller, Schlœsing-, Troost;
Gautier, rapporteur.)
La Commission du prix Montyon (Arts insalubres) ne décerne pas de
prix et accorde une mention à M. Edouard Capfxle pour son Ouvrage Sur
r éclairage et le chauffage par V acétylène.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
PRIX WILDE.
(Commissaires : MM. Berthelot, Maurice Levy, Mascart, Moissan;
Lœwy, rapporteur.)
M. Collet, doyen de la Faculté des Sciences de Grenoble, a exécuté,
durant une dizaine d'années, une série d'expériences méthodic[ues d'un
haut intérêt, relativement à l'étude de l'intensité de la pesanteur.
Entourant ses travaux de toutes les garanties exigées par la Science
moderne, il a procédé, en prenant Paris pour origine, à la détermination
relative de la pesanteur.
Comme champ d'opération, M. Collet a choisi, le long du parallèle
moyen, de l'Océan à Turin, dix stations appartenant aux régions les plus
diverses avec de grandes différences d'altitudes; en y ajoutant Marseille
dans le but de pouvoir disposer d'un contrôle indépendant de celui que
présente l'analyse intrinsècjue de ses observations.
M. Collet a pu ainsi apporter une preuve nouvelle et importante du fait
curieux remarqué déjà dans diverses autres occasions, à savoir : que, sous
les massifs montagneux, il se manifeste un déficit croissant de la pesanteur
à mesure que le relief du sol devient plus considérable, tandis que des
excédents se révèlent, au même niveau, dans le voisinage de l'Océan.
M. Collet a ainsi réussi à fournir un ensemble d'observations et de
résultats précieux pour l'étude de la figure de la Terre.
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE IQoS. Il55
La Commission est d'avis qu'il convient de récompenser ces études si
prolongées et si utiles, et propose de décerner, à ce savant, le prix Wilde.
IjCS conclusions de ce Rapport sont adoptées par TAcadémie.
PRIX TCHIHATCHEF.
(Commissaires : MM. Perrier, Bouquet de la Grye, Borne t. Van Tieghem ;
Grandidier, rapporteur.)
Les explorations en Asie de M. le D'" Svex Hedix sont parmi les plus
remarquables et les plus importantes qui aient jamais été faites dans le
centre de ce continent, dont les immenses territoires nous sont fermés,
les uns par les éléments qui en rendent Tapproche difficile et dangereuse,
les autres par leurs habitants, qui s'opposent à ce que des étrangers pénè-
trent dans leur pays.
Dans un premier voyage qui a duré 3 années, du 23 février 1894 au
2 mars 1897, il a parcouru les plateaux neigeux du Pamir, franchi les
monts Alaï, gravi jusqu'à une hauteur de 63oo"^ les pentes glacées du
Mous-tag-ata, le Père des Monts de glace^ puis, au péril de sa vie, il a
pénétré dans le vaste désert de Takla-Makane, où toute végétation est
absente, où il n'y a pas d'eau, où des vents violents soulèvent sans cesse
des vagues de sable qui menacent à tout moment d'engloutir les voyageurs,
où il n'a échappé à la plus terrible des morts, à la mort par la soif, que
grâce à son extraordinaire énergie. Enfin, après avoir exploré le sud-est
du Pamir et de l'Indou-Kouch, il a gagné Pékin par la route qu'avait
suivie 600 ans auparavant Marco Polo.
Malgré les difficultés et les dangers qu'il a eu à surmonter dans ce pre-
mier voyage, M. Sven Hedin n'a pas hésité à en accomplir un second
qui a duré 2 ans, du 24 juin 1899 au i4 mai 1901. Il a commencé par
relever le cours du Yarkend-Daria et du Tarim inférieur sur une longueur
de 2000'^™; puis, pénétrant dans les déserts orientaux, il a exploré l'ancien
Lop-Nor et le Kara-Kochoum, où il a découvert, à moitié ensevelies sous
la poussière et le sable, les ruines d'une ancienne ville chinoise remontant
au Hi* siècle après J.-C. Abandonnant la région des lacs, il a franchi plu-
sieurs grandes chaînes, notamment les quatre de l'Arka-tag, dont l'altitude
est supérieure à celle du mont Blanc, a atteint un grand lac salé, a suivi la
vallée du Tchimen-tag et a reconnu et sondé le Koum-Kôll, a exploré une
Il56 ACADÉMIE DES SCIENCES.
partie du Gobi, a effectué le nivellement du Lop-Nor Kara-Koclioum et,
escaladant de nouveau FArka-tag, est parti pour le Thibet et Lhassa. A
deux reprises, il a tenté, sous un déguisement mongol, de pénétrer dans la
ville sainte, mais en vain, et il lui fallut se diriger vers le Ladak. Après
une rapide excursion dans l'Inde, il revint à Leh, gagna Kargalik et arriva
le i4 niai 1901 à Kachgar, où il a fermé la boucle de ses itinéraires.
Ces deux voyages, qui comptent parmi les plus difficiles et les plus dan-
gereux que Ton puisse imaginer, n'ont pas eu seulement pour la géographie
de très importants résultats, comme on peut s'en rendre facilement compte
par l'aperçu très sommaire des routes que le D^ Sven Hedin a suivies
et dont beaucoup traversent des régions inconnues, sur lesquelles il nous
a rapporté des notions toutes nouvelles et dont il a fait un excellent levé
topographique, mais toutes les brandies des sciences en ont profité. Aussi
la Commission du prix Tchihatchcf a-t-elle été unanime à attribuer ce prix
au D'' SvEx HediiV.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
PRIX CUVIER.
(Commissaires : MM. Gaudry, Perrier, Giard, Delage;
Bouvier, rapporteur.)
Le prix Cuvier doit être attribué à l'auteur de l'Ouvrage récent « le plus
remarquable sur l'étude des ossements fossiles, de l'Anatomie comparée ou
de la Zoologie ». En vous proposant de le décerner à M. Eugè.ve Simon, qui
vient de faire paraître le dernier fascicule de son Histoire iiatiirelle des
Araignées, votre Commission fait plus que de se conformer strictement
aux conditions prescrites, elle rend hommage à un zoologiste aussi modeste
qu'éminent et donne le premier couronnement à une carrière scientifique
qu'on pourrait citer comme modèle.
M. Simon a consacre la plus grande partie de son existence et de sa
fortune au développement de sa science d'élection, la Zoologie. Son pre-
mier travail date de i8G4; c'est l'œuvre d'un jeune homme que l'histoire
des animaux passionnait dès l'âge le plus tendre, et qui avait hâte d'offrir à
ses favoris les prémices de son intelligence. Trop sévère pour ses débuts,
l'auteur est le premier aujourd'hui à critiquer l'in-octavo où il se révéla.
Pourtant cette Histoire naturelle des Araignées n'est pas un livre banal;
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE igoS. ilSn
sans avoir la vaste envergure du monumental Ouvrage qui vient de la rem-
placer sous le même nom, elle dénote des connaissances précoces et un sens
d'observation affine qui lui ont valu, pendant près de 3o années, Festime
des zoologistes.
Depuis celte époque jusqu'au présent jour, M. Simon n'a pas cessé un
instant de se livrer aux recherches. C'est par centaines qu'il faut compter
ses Notes et ses Mémoires, dont plusieurs sont des œuvres de tout premier
ordre. A notre époque où, par bonheur, les hommes de science sont si
nombreux, bien peu pourraient se faire gloire d'une production aussi
étendue et aussi importante.
Désireux de voir par lui-même et d'étendre le champ de ses investi-
gations, M. Simon a exploré de nombreux points du globe et en a magis-
tralement fait connaître les productions naturelles. D'abord limités à
l'Espagne, au Maroc et à notre colonie algérienne, ses voyages se sont
progressivement étendus à des régions plus éloignées : il a parcouru
l'Egypte, le littoral de la mer Rouge, Ceylan, les îles Philippines, l'Afrique
australe et n'a pas consacré moins de i ans à ses explorations faunistiques
dans le Venezuela. Sans autre mission que celle qu'il s'était donnée à lui-
même pour le progrès de la Science, il n'a pas oublié un instant les intérêts
de son pays; c'est à nos collections nationales qu'il songeait en faisant ses
récoltes et c'est au développement de la Zoologie qu'il les a consacrées. Car
en dépit de sa timidité naturelle, ce paisible savant a toute l'ardeur d'un
maître; il incite au labeur et favorise les recherches autour de lui. Chacun
de ses voyages a été suivi d'une éclosion scientifique où ont rivalisé de zèle
les zoologistes de France et de l'étranger. En dehors des travaux qui lui
sont propres, ses explorations au Venezuela ont fourni la matière de
36 Mémoires; celles aux Philippines, à Ceylan et dans l'Afrique australe
des publications moins nombreuses, mais également appréciées. Combien
de missions, même parmi les plus fructueuses, pourraient mettre en ligne
de semblables résultats î
Grâce à ces voyages et à ses aptitudes d'observateur, INI. Simon est
devenu fort instruit dans toutes les branches des sciences biologiques. Il
aurait pu les cultiver toutes avec un égal succès, mais il a sagement borné
son champ d'études à trois groupes de prédilection, les Oiseaux, les Crus-
tacés et les Arachnides, enrichissant chacun d'eux de contributions aussi
suggestives que variées.
Dans la première de ces classes, il s'est particulièrement occupé des
Oiseaux -Mouches; il en a réuni une collection sans égale et leur a con-
II 58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sacré un Catalogue qui restera longtemps un Ouvrage de chevet pour les
ornithologistes.
Dans la classe des Crustacés, il s'est volontairement restreint au sous-
ordre des Phyllopodes, qui l'attiraient parleur distribution curieuse et par
les phénomènes bizarres que présente leur apparition brusque dans les eaux
douces. 11 a étudié ces animaux de la même manière que les Oiseaux-Mouches,
c'est-à-dire avec la préoccupation constante de laisser derrière lui une œuvre
durable. Sa riche collection de Phyllopodes est actuellement au Muséum et
sa consciencieuse Etude sur les Crustacés du sous-ordre dans tous les
laboratoires.
Mais c'est aux Arachnides non parasitaires : Araignées, Scorpions, Pédi-
palpes, Solifuges, Faucheurs et Chernètes, que M. Simon a donné le meil-
leur de son infatigable activité et de son zèle scientifique; c'est par eux
qu'il avait débuté dans la voie des recherches, c'est sur eux qu'il a publié
la plupart de ses travaux. Il passe justement pour le premier des arachno-
logues et jouit à ce titre d'une réputation universelle.
En se faisant l'historiographe des Arachnides, ce n'est pas une tâche
médiocre qu'il a prise en charge : dans le seul ordre des Araignées, sa
collection renferme au minimum 20000 espèces et distance de très loin les
plus riches et les plus belles.
Par la précision du détail, l'étendue de l'ensemble et la richesse des
résultats, l'œuvre de M. Simon sur les Arachnides dépasse de beaucoup
celle des Walckenaer, des Koch et des Thorell; aussi bien, on ne sauraitla
résumer en quelques pages et le mieux sera d'attirer l'attention sur deux
grands Traités qui la dominent : Les Arachnides de France et V Histoire
naturelle des Ai^aignées.
Le premier de ces Ouvrages est consacré à la description de tous les
Arachnides propres à notre pays; il en étudie la structure, les mœurs,
l'habitat et ne comprend pas moins de 8 Volumes avec 23 planches. C'est
une œuvre maîtresse qu'ont étudiée et étudieront longtemps tous les zoolo-
gistes européens.
UHistoire naturelle des Araignées a un caractère tout autre. Encore
plus étendue que l'Ouvrage précédent, elle offre au lecteur un tableau
complet de tous les genres d'Araignées qui habitent la surface du globe,
signale dans chaque genre les habitudes des espèces les plus curieuses,
rajeunit la classification et, dans une étude magistrale, expose les carac-
tères du groupe tout entier. Des travaux synthétiques d'une pareille enver-
gure ne laissent pas d'être aussi rares que précieux; ils sont le fruit d'une
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE I903. IlSg
laborieuse carrière et le résultat de connaissances longuement accumulées.
Le premier fascicule de l'Ouvrage fut publié en 1892 et le dernier vient
à peine de paraître ; dans son ensemble, V Histoire naturelle des Araignées
forme deux énormes Volumes où sont répandues près de 3ooo figures ori-
gmales, toutes dessinées d'après nature par l'auteur. C'est un monument de
valeur inestimable qui place M. Simon au premier rang des zoologistes et
le désigne sans conteste pour le prix Cuvier.
En vous proposant M. E. Smox pour ce prix, votre Commission a exclu-
sivement en vue V Histoire naturelle des Araignées; au surplus, elle tient
à rendre hommage à ce savant éminent et manifeste son estime profonde
pour l'ensemble de l'œuvre qu'il a su accomplir.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
PRIX PARKIN.
(Commissaires ; MM. Fouqué, Bouchard, Mascart, Brouardel;
Michel Lévy, rapporteur.)
On connaît les beaux travaux de MM. Lacroix et Giraud sur les récentes
et meurtrières éruptions de la Martinique 5 ils ont notamment déterminé
avec précision l'étendue de la zone dévastée, le caractère des lésions obser-
vées sur les victimes, enfin l'influence exercée par la chute des matériaux
soUdes et la sortie des gaz, d'une part sur la végétation, d'autre part sur la
production des phénomènes météorologiques et électriques qui ont con-
stamment accompagné la sortie des nuées ardentes.
La Commission estime donc qu'il y a lieu de partager le prix Parkin
entre MM. Lacroix et Giraud.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
PRIX PETIT D'ORMOY (SCIENCES MATHÉMATIQUES).
(Commissaires : MM. Poincaré, Appell, Jordan, Darboux;
E. Picard, rapporteur.)
Sur la proposition de la Commission le prix est décerné, par l'Acadé-
mie, à M. Jacques Hadamard pour Fensemble de ses travaux mathé-
matiques.
Il6o ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX PETIT D'ORMOY (SCIENCES NATURELLES).
(Commissaires : MM. Bornet, Van Tieghem, Perrier, Giard;
Albert Gaudry, rapporteur.)
M. Berxard Rexault est un des savants qui ont jeté le plus de lumière
sur l'histoire des plantes dans les temps passés. Depuis quarante ans, il n'a
cessé de faire connaître à l'Académie les résultats de ses recherches. Dumas
a mis en relief la grande part qu'il a prise au Mémoire d'Adolphe Bron-
gniart sur les graines silicifiées. Il a poussé si loin l'Anatomie végétale que
ses nombreux Ouvrages sont remplis de figures où les détails d'organisation
sont aussi finement rendus qu'ils pourraient l'être dans des coupes de plantes
actuelles. Ses travaux les plus originaux sont ceux qu'il a entrepris depuis
une dizaine d'années sur les Bactéries des terrains primaires (Mouiller et
Permien). Une multitude de figures rend leur compréhension facile. Il a
trouvé des Bactéries en profusion dans la houille et montré que l'aspect de
la houille, resté inexpliqué jusqu'à ce jour malgré les efforts des géologues,
était dû à l'action des Bacilles et des INIicrocoques. Avec M. Bertrand, il a
découvert que les bogheads étaient constitués par l'accumulation des thalles
d'Algues microscopiques du genre Pila;\e nombre de ces thalles est évalué
à aSoooo par centimètre cube du boghead d'Autun. M. Bernard Renault
s'est également occupé de la composition des cannels. Pour bien com-
prendre le mode de formation des combustibles anciens, il s'est attaché à
l'examen des tourbes. Ses recherches sur les organismes microscopiques ont
embrassé des combustibles de tous les âges et tous les pays : c'est assurément
une des œuvres les plus étendues et les plus surprenantes qu'ait produites
la Paléontologie ; son intérêt s'accroît par la considération du rôle immense
que les combustibles végétaux jouent dans l'industrie moderne. De tels tra-
vaux, qui ont exigé une application continue au microscope, attestent non
seulement une, grande puissance d'observation, mais aussi un ardent amour
de la Science.
Votre Commission, à l'unanimité, vous propose de décerner le prix Petit
d'Ormoy (Sciences naturelles) à M. ISerxard Renault.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE IQoS. I161
PRIX BOILEAU.
(Commissaires : MM. Maurice Levy, Sarrau, Léauté, Sebert;
Boussinesq, rapporteur.)
A l'unanimité, la Commission décerne le prix Boileau, dont le but est
d'encourager les progrès de l'Hydraulique, à M. Marius-Georges Graxd-
jEAN, docteur es sciences, pour son Mémoire Sur le régime permanent
graduellement varié qui se produit à la partie amont des tuyaux de
conduite et sur l'établissement du régime uniforme dans ces tuyaux.
C'est une contribution importante, la première qui ait été poussée aussi
loin, à l'étude de la capitale question d'Hydraulique urbaine énoncée dans
le titre du Mémoire. L'auteur l'aborde au moyen d'une puissante analyse,
qu^il conduit jusqu'aux résultats numériques, confirmés par les expériences
de M. Bazin sur la distribution des vitesses dans les grandes conduites en
ciment lissé.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
PRIX ESTRADE-DELCROS.
(Commissaires : MM. Gaudry, Darboux, Berthelot, Moissan;
Mascart, rapporteur.)
Dans une série de travaux poursuivis au Bureau central météorologique
pendant i4 ans, M. Léox Teisserenc de Bort a montré toute Timportance
que présenterait, pour les progrès de la Science, l'observation directe de
l'état de l'atmosphère dans l'air libre à différentes altitudes. Il résolut donc
de se consacrer exclusivement à ce genre de recherches.
Dès l'année i8f)(], il fit à Trappes une installation complète pour acquérir
d'abord la pratique des ballons-sondes et des cerfs-volants. Il put ainsi
améliorer la construction de ces appareils et réalisa tout un ensemble d'en-
registreurs d'une légèreté exceptionnelle, qui devaient rapporter au retour
de ces explorations l'histoire complète du voyage avec le tracé des phéno-
mènes rencontrés dans le trajet.
Depuis le printemps de 1898, on a lancé, au moins deux fois par semaine,
C. U., i<j<j3, 2= Semestre. (CXXXVII, N-25.) 132
Il62 ACADÉMIE DES SCIENCES.
un total de plus de 84o ballons-sondes. La plupart de ces ballons sont détruits
par le voyage et la chute, mais les instruments enregistreurs, grâce à une
instruction en plusieurs langues et à une prime, sont retournés à Tobser-
vatoire de départ par les personnes qui les retrouvent. 11 ne s'en perd pas
plus de 3 à 4 pour loo, quand les ballons tombent en mer ou dans des lieux
inhabités ; ils parviennent quelquefois à de très grandes distances, au hasard
des vents, jusqu'au delà de Berlin.
En altitude, 38o de ces ballons ont dépassé i3ooo™, 234 se sont élevés
à i4ooo" et 89 à iSooo™.
Pour les cerfs-volants, divers perfectionnements ont permis de les faire
monter à 4ooo"^ et même 0900", plus de 1000™ au-dessus du mont Blanc.
Les observations recueillies par ces méthodes si nouvelles sont très
imprévues. La température, par exemple, au lieu de diminuer d'une façon
régulière à mesure qu'on s'élève, présente dans son allure des changements
considérables suivant l'état de l'atmosphère. La variation annuelle, que
l'on croyait limitée aux couches basses, se manifeste encore jusqu'à 10'^"^,
avec un retard croissant sur celle qui s'observe près du sol.
Le fait le plus singulier est l'existence, vers 10''™, d'une couche dont la
température cesse de décroître et se maintient à peu près uniforme sur
plusieurs kilomètres d'épaisseur, formant ainsi une couche isotherme.
La trajectoire des ballons est souvent très différente de celle que l'on
pourrait prévoir par les vents inférieurs et détermine le régime des mou-
vements de l'air au voisinage de centres de haute et basse pression. Nous
ne pouvons donner ici qu'un court aperçu des conséquences importantes
de ces observations.
Les travaux de M. Teisserenc de Bort ont attiré l'attention des savants
étrangers et tous ceux qui s'appliquent aux mêmes recherches, avec les
ressources que fournissent leurs gouvernements, sont venus à l'Observatoire
de Trappes pour s'initier aux métliodes et faire usage des mêmes appareils.
Ils ont contribué, pour une grande part, au mouvement considérable qui
se fait actuellement en différents pays dans la même voie et qui a provoqué
la réunion à Berlin, au mois de mai dernier, d'un Congrès d'aérostation
scientifique.
Pendant ce temps, M. Teisserenc de Bort organisait en Danemark, avec
le concours des Instituts météorologiques de Copenhague et de Suède, une
station temporaire destinée à faire des lancers de cerfs-volants et de ballons-
sondes d'une manière continue, pendant près d'une année, dans une région
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE igoS. Il63
située sur le trajet des principales bourrasques qui traversent l'Europe,
pour déterminer la nature des phénomènes à diverses altitudes.
Les résultats obtenus dans cette station franco-scandinave feront l'objet
d'une importante publication.
Le premier Volume, actuellement imprimé, renferme l'ensemble des
données recueillies. Le second Volume sera consacré à la discussion des
conséquences qui en résultent pour le régime des courants et des échanges
de température dans l'atmosphère.
N'ayant obtenu aucune contribution de l'État pour ses expériences très
onéreuses, M. Teisserenc de Bort a pu, heureusement pour la Science, y
consacrer des dépenses considérables sur ses ressources personnelles. C'est
là une initiative et un genre de recherches qui méritent tous les encoura-
gements de l'Académie des Sciences.
La Commission attribue le Prix Estrade-Delcros à M. Léox Teisserenc
DE BORT.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
PRLX CAHOURS.
n (Commissaires : MM. Troost, Gautier, Ditte, Haller;
Moissan,* rapporteur.)
Le prix Cahours est partagé entre MM. Marquis et Chavaxne.
PRIX SAINTOUR.
(Commissaires : MM. Berthelot, Gaudry, Maurice Levy,
Haton de la Goupillière; Darboux, rapporteur.)
L'Académie décerne le prix à M. Marcel Brillouin, pour ses travaux
de Physique mathématique.
ri64 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX TRÉMONT.
(Commissaires : MM. Darboux, Rerthelot, Mascart, Léauté;
Maurice Levy, rapporteur.)
La Commission décerne le prix à M. Charles Frémont pour ses
recherches expérimentales et sa méthode de détermination de la limite
d'élasticité des métaux employés dans Fart des constructions.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
PRIX GEGNER.
(Commissaires : MM. Berthelot, Van Tieghem, Gaudry, Perrier;
Darboux, rapporteur.)
Le prix est décerné à M. Jean-Henri Fabre, Correspondant de l'Aca-
démie, pour ses travaux sur les Sciences biologiques.
PRIX LANNELONGUE.
Commissaires : MM. Albert Gaudry, Mascart, Berthelot, Maurice Levy,
Bornet; Darboux, rapporteur.)
Sur la proposition de la Commission administrative, ce nouveau prix
dû à la libéralité de M. le Professeur Lannelongue, Membre de l'Institut,
est attribué par l'Académie à M™^ V''^]\epveu.
PRIX FONDÉ PAR M"« la Marquise DE LAPLACE.
Le Président remet les cinq Volumes de la Mécanique céleste, V Expo-
sition du Système du monde et le Traité des Probabilités à M. Ré.my
(Louis-Gabriel), entré, en qualité d'Elève Ingénieur, à l'Ecole nationale
des Mines.
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE IQoS. 1 l65
PRIX FONDÉ PAR M. FÉLIX RIVOT.
Conformément aux termes de la donation, le prix Félix Rivot est
partagé entre MM. Rémy" (Louis-Gabriel) et Breyxaert (Fraxçois-
Ferxaxd-Marie), entrés les deux premiers en qualité d'Elèves Ingénieurs
à l'École nationale des Mines; et MM. Gillier (Louis-Emile- André) et
BouTELOup (Pierre- Joseph), entrés les deux premiers au même titre à
l'Ecole nationale des Ponts et Chaussées.
PROGRAMME DES PRIX PROPOSÉS
POUR LES AMÉES 1904, 1905, 1906 ET 1907.
GEOMETRIE.
GRAND PRIX DES SCIENCES MATHEMATIQUES.
(Prix du Budget : Sooo^''.)
L'Académie a mis au concours, pour igo^, la question suivante :
Perfectionner, en quelque point important, l'étude de la convergence des
fractions continues algébriques .
l66 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX BORDIN (Sooof»-).
L'Académie a mis de nouveau au Concours, pour 1904, la question
suivante :
Développer et perfectionner la théorie des surfaces applicables sur le para-
holoïde de révolution.
PRIX VAILLANT (4ooof»).
Ce prix biennal sera décerné, en 1904, à l'auteur du meilleur Mémoire
sur la question suivante :
Déterminer et étudier tous les déplacements d'une figure invariable dans les-
quels les différents points de la figure décrivent des courbes sphériques.
PRIX FRANCOEUR (1000^^).
Ce prix annuel sera décerné à l'auteur de découvertes ou de travaux
utiles au progrès des Sciences mathématiques pures et appliquées.
PRIX PONCELET (2000^^).
Ce prix annuel, fondé par M"^^ Poncelet, est destiné à récompenser
rOuvrage le plus utile aux progrès des Sciences mathématiques pures ou
appliquées, publié dans le cours des dix années qui auront précédé le
jugement de l'Académie.
Une donation spéciale de M""" Poncelet permet a l'Académie d'ajouter
au prix qu'elle a primitivement fondé un exemplaire des OEuvres complètes
du Général Poncelet.
SÉANCE DU 2 1 DÉCEMBRE igoS. I 167
MÉCAMQUE.
PRIX EXTRAORDINAIRE DE SIX MILLE FRANCS,
DESTINÉ A RÉCOMPENSER TOUT PROGRÈS DE NATURE A ACCROÎTRE l'eFFICACITÉ
DE NOS FORCES NAVALES.
L'Académie décernera ce prix, s'il y a lieu, dans la prochaine séance
publique annuelle.
PRIX MONTYON (MÉCANIQUE) (700'^'^).
Ce prix annuel est fondé en raveur de « celui qui, au jugement de l'Aca-
» demie, s'en sera rendu le plus digne, en inventant ou en perfectionnant
» des instruments utiles aux progrès de l'Agriculture, des Arts mécaniques
)> ou des Sciences >> .
PRIX PLUMEY (2 500^0-
Ce prix annuel est destiné à récompenser « l'auteur du pcrfectionne-
» ment des machines à vapeur ou de toute autre invention qui aura le
» plus contribué au progrès de la navigation à vapeur ».
PRIX FOURNEYRON (i goo"^").
L'Académie met de nouveau au concours, pour igoS, la question sui-
vante ;
Etude théorique ou expérimentale des turbines à vapeur.
Il68 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ASTR0N03IIE.
PRIX PIERRE GUZiMAN (100000^'').
]yjme yeuvc Guzman a légué à l'Académie des Sciences une somme de
cent mille francs pour la fondation d'un prix qui portera le nom de prix
Pierre Guzman, en souvenir de son fils, et sera décerné à celui qui aura
trouvé le moyen de communiquer avec un astre autre que 1« planète
Mars.
Prévoyant que le prix de cent mille francs ne serait pas décerné tout de
suite, la fondatrice a voulu, jusqu'à ce que ce prix fût gagné, que les inté-
rêts du capital, cumulés pendant cinq années, formassent un prix, toujours
sous le nom de Pierre Guzman, qui serait décerné à un savant français, ou
étranger, qui aurait fait faire un progrès important à l'Astronomie.
Le prix quinquennal, représenté parles intérêts du capital, sera décerné,
s'il y a lieu, pour la première fois en igoS.
PRIX LALANDE (540^0-
Ce prix annuel doit être attribué à la personne qui, en France ou
ailleurs, aura fait l'observation la plus intéressante, le Mémoire ou le
travail le plus utile aux progrès de l'Astronomie.
PRIX YALZ (460*').
Ce prix annuel est décerné à l'auteur de l'observation astronomique la
plus intéressante qui aura été faite dans le courant de l'année.
PRIX JANSSEN.
Ce prix biennal, qui consiste en une médaille d'or destinée à récom-
penser la découverte ou le travail faisant faire un progrès important à
l'Astronomie physique, sera décerné en 1904.
SÉANCE DU ai DÉCEMBRK î9o3. I 1 6()
M. Janssen, dont la carrière a été presque entièrement consacrée aux
progrès de l'Astronomie physique, considérant que cette science n'a pas
à l'Académie de prix qui lui soit spécialement affecté, a voulu combler
cette lacune.
PRIX G. DE PONTÉCOULATNT (700'^').
Ce prix biennal, destiné à encourager les recherches de Mécanique
céleste, sera décerné dans la séance publique annuelle de igoS.
PRIX DAMOISEAU (2000"^').
Ce prix est triennal. I/Académie a mis au concours, pour rooD, la ques-
tion suivante :
Il existe une dizaine dé comètes dont l'orbite, pendant la période de visibi-
lité, s'est montrée de nature hyperbolique. Rechercher, en remontant dans le
passé et tenant compte des perturbations des planètes, s'il en était ainsi avant
l'arrivée de ces comètes dans le système solaire.
GEOGRAPHIE ET ]\AYIGATION.
PRIX BINOUX (2000").
Ce prix annuel, attribué alternativement à des recherches sur la Géogra-
phie ou la Navigation et à des recherches sur V Histoire des Sciences, sera
décerné, en 1904, à l'auteur de travaux sur la Géographie ou la Navigation.
C. n., lyoj, :■" 6'e/>;eA7/-t'. (CX.WVIL ^'■25.) l53
II70 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE.
PRIX HEBERT (looo'^').
Ce prix annuel est destiné à récompenser l'auteur du meilleur Traité 011
de la plus utile découverte pour la vulgarisation et l'emploi pratique de
l'Electricité.
PRIX HUGHES (2 5oo"^).
Ce prix annuel, dû à la libéralité du physicien Hughes, est destiné à
récompenser l'auteur d'une découverte ou de travaux qui auront le plus
contribué au progrès de la Physique.
PRIX KASTNER-BOURSAULT (2000'^).
Ce prix triennal sera décerné, s'il y a lieu, en 1904, à l'auteur du
meilleur travail sur les applications diverses de l'Electricité dans les Arts,
l'Industrie et le Commerce.
PRIX GASTON PLANTÉ (3ooo<').
Ce prix biennal est attribué à l'auteur français d'une découverte, d'une
invention ou d'un travail important dans le domaine de l'Electricité.
L'Académie décernera ce prix, s'il y a lieu, en igo5.
PRIX L. LA CAZE (loooo'O.
Ce prix biennal serA décerné, dans la séance publique de iQoS, à l'au-
teur, français ou étranger, des Ouvrages ou Mémoires qui auront le plus
contribué aux progrès de la Physique. Il ne pourra pas être partagé.
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE igoS. Il
STATISTIQUE.
PRIX MONTYON (joo"-).
L'Académie annonce que, parmi les Ouvrages qui auront pour objet un.e
ou plusieurs questions relatives à la Statistique de la France, celui qui, à son
jugement, contiendra les recherches les plus utiles, sera couronné dans la
prochaine séance publique. Elle considère comme admis à ce concours
annuel les Mémoires envoyés en manuscrit, et ceux qui, ayant été imprimés
et publiés, arrivent à sa connaissance.
CHIMIE.
PRIX JECKER (loooo'').
Ce prix annuel est destiné à récompenser les travaux les plus propres
à hâter les progrès de la Chimie organique.
PRIX L. LA GAZE (10000^').
Ce prix biennal sera décerné, dans la séance publique de iQoS, à l'au-
teur, français ou étranger, des meilleurs travaux sur la Chimie. Il ne pourra
pas être partagé.
PRIX BORD IN (3 000^0-
L'Académie met au concours, pour l'année igoS, la question suivante :
Des siliciures et de leur rôle dans les alliages métalliques.
II72 ACADEMIE DES SCIENCES.
MINERALOGIE ET GEOLOGIE
PRIX DELESSE (i4oo<^').
Ce prix biennal, fondé par M""^ V^^ Delesse, sera décerné, dans la
séance publique de l'année 1900, à l'auteur, français ou étranger, d'un
travail concernant les Sciences géologiques, ou, à défaut, d'un travail
concernant les Sciences minéralogiques.
PRIX FONTANNES (2000^^).
Ce prix triennal, attribué à V auleur de la meilleure publication paléonto-
logique, sera décerné, s'il y a lieu, dans la séance publique de 1905.
PRIX ALHUMBERT (igoo^O-
L'Académie a mis au concours, pour sujet de ce prix quinquennal à
décerner en 1906, la question suivante :
Étude sur Cage des dernières éruptions volcaniques de la France.
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
PRIX GAY (i5oo").
L'Académie a mis au concours pour sujet du prix Gay, qu'elle doit
décerner en 1904, la question suivante :
Étudier les variations actuelles du niveau relatif de la terre ferme et de la
SEANCE DU 2 1 DÉCEMBRE I9o3. II 73
mer, à l'aide d'observations précises, poursuivies sur une portion déterminée
des côtes de l'Europe ou de l' Amérique du Nord.
PRIX GAY (i5oo'"').
L'Académie a décidé que le prix Gay, qu'elle doit décerner dans sa
séance publique de l'année igoS, sera allrihué à un explorateur du Conti-
nent africain qui aura déterminé avec une grande précision les coordon-
nées géographiques des points principaux de ses itinéraires.
BOTANIQUE
GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES.
(Prix du Budget : 3ooo*'''.)
L'Académie met de nouveau au concours, pour l'année 1900, la question
suivante :
Rechercher et démontrer les divers modes de formation et de développement
de l'œuf chez les Ascomycètes et les Basidiomycétes .
PRIX DESMAZIÈRES (j6oo").
Ce prix «/i/ïwe/ est attribué « à l'auteur, français ou étranger, du meil-
» leur ou du plus utile écrit, publié dans le courant de l'année précédente,
» sur tout ou partie de la Cryptogamie ».
11^74 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX MONTAGNE (iSoo"-).
M. G. Montagne, Membre de l'Institut, a légué à l'Académie la totalité
de ses biens, à charge par elle de distribuer chaque année, sur les arré-
rages de la fondation, un prix de t5oo^^' on deux prix : l'un de looo*^',
l'autre de Sûo*^'', au choix de Ir Section de Botanique, aux auteurs, français
ou naturalisés français, de travaux importants ayant pour objet l'anatomie,
la physiologie, le développement ou la description des Cryptogames infé-
rieures (Thallophytes et Muscinées).
PRIX DE LA FONS-MÉLICOCQ (goo^').
Ce prix triennal sera décerné, s'il y a lieu, dans la séance annuelle
de 1904, « au meilleur Ouvrage de Botanique, manuscrit ou imprimé, sur
» le nord de la France, c'est-à-dire sur les départements du Nord, du Pas-
» de-Calais, des Ardennes, de la Somme, de l'Oise et de r Aisne ».
PRIX THORE (200*0.
Ce prix annuel est attribué alternativement aux travaux sur les Crypto-
games cellulaires d'Europe et aux recherches sur les mœurs ou l'ana-
tomie d'une espèce d'Insecte d'Europe. (Voir page 11 75.)
Il sera décerné, s'il y a lieu, dans la séance annuelle de igo5, au
meilleur travail sur les Cryptogames cellulaires d'Europe.
ECONOMIE RURALE.
PRIX BIGOT DE MOROGUES (1700"^).
Ce prix décennal sera décerné, dans la séance annuelle de 191 3, à l'Ou-
vrage qui aura fait faire le plus de progrès à l'Agriculture de France.
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE IQoS. uyS
AIVATOMIE ET ZOOLOGIE
PRIX SAVIGNY (i3oo'').
Ce prix annuel, fondé par M'"* Letellier pour perpétuer le souvenir de
Le Lorgne de Savigiiv, ancien Membre de l'Institut de France et de l'Insti-
tut d'Egypte, sera employé à aider les jeunes zoologistes voyageurs qui ne
recevront pas de subvention du Gouvernement et qui s'occuperont plus
spécialement des animaux sans vertèbres de l'Egypte et de la Syrie.
PRIX THORE (2oo'0.
Voir page \\'i[\.
Ce prix alternatif sera décerné, s'il y a lieu, en 1904, au meilleur travail
sur les mœurs et l'anatomie d'une espèce d'Insectes d'Europe.
PRIX DA GAMA MACHADO (1200'').
Ce prix triennal, attribué aux meilleurs Mémoires sur les parties colo-
rées du système tégumentaire des animaux ou sur la matière fécondante
des êtres animés, sera décerné, s'il y a lieu, en 1906.
MÉDECINE ET CHIRURGIE.
PRIX MONTYON.
(Trois prix de aSoo'''', trois mentions de i 5oo^'. )
Conformément au testament de M. A. de Montyon, il sera décerné,
tous les ans, un ou plusieurs prix aux auteurs des Ouvrages ou des décou-
vertes qui seront jugés les plus utiles à \ art de guérir.
1176 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'Académie juge nécessaire de faire remarquer que les prix donl il
s'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions propres à
perfectionner la Médecine ou la Chirurgie.
Les pièces admises au Concours n'auront droit au prix qu'autant qu'elles
contiendront une découverte parfaitement déterminée.
Si la pièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son
travail où cette découverte se trouve exprimée; dans tous les cas, la Com-
mission chargée de l'examen du concours fera connaître que c'est à la dé-
couverte dont il s'agit que le prix est donné.
PRIX BARBIER (2000").
Ce prix annuel est attribué à « l'aut'eur d'une découverte précieuse dans
» les Sciences chirurgicale, médicale, pharmaceutique, et dans la Botanique
» ayant rapport à Vart de guérir » .
PRIX BRÉANT (looooo^').
M. Bréant a légué à l'Académie des Sciences une somme de cent mille
francs pour la fondation d'un prix à décerner « à celui qui aura trouvé
)) le moyen de guérir du choléra asiatique ou qui aura découvert les causes
» de ce terrible fléau ».
Prévoyant que le prix de cent mille Jrancs ne sera pas décerné tout de
suite, le fondateur a voulu, jusqu'à ce que ce prix fût gagné, que Vintérêt
du capital fût donné à la personne qui aura fait avancer la Science sur la
question du choléra ou de toute autre maladie épidémique, ou enfin que ce
prix pût être gagné par celui qui indiquera le moyen de guérir radicale-
ment les dartres ou ce qui les occasionne.
Les concurrents devront satisfaire aux conditions suivantes :
i** Pour remporter le prix de cent mille francs, il faudra : « Trouver une
» m.édication qui guérisse le choléra asiatique dans r immense majorité des cas » ;
Ou : « Indiquer d'une manière incontestable les causes du choléra asiatique, de
» façon qiî en amenant la suppression de ces causes on fasse cesser l'épidémie » ;
SÉANCE DU 2 1 DÉCEMBRE igoS. ^ 1177
Ou enfin : « Découvrir une prophylaxie certaine et aussi évidente que l'est,
» par exemple, celle de la vaccine pour la variole » .
1^ Pour obtenir le prix annuel, représenté par l'intérêt du capital, il
faudra, par des procédés rigoureux, avoir démontré dans l'atmosphère
l'existence de matières pouvant jouer un rôle dans la production ou la
propagation des maladies épidémiques.
Dans le cas où les conditions précédentes n'auraient pas été remplies, le
prix <2«7ïMe/ pourra, aux termes du testament, être accordé à celui qui aura
trouvé le moyen de guérir radicalement les dartres, ou qui aura éclairé leur
étiologie.
PRIX GODARD (1000").
Ce prix annuel ^er^i donné au meilleur Mémoire sur l'anatomie, la phy-
siologie et la pathologie des organes génito-urinaires.
PRIX LALLEMAND (1800'').
Ce prix annuel est destiné à « récompenser ou encourager les travaux
relatifs au système nerveux, dans la plus large acception des mots ».
PRIX DU BARON LARREY (750").
Ce prix annuel sera décerné à un médecin ou à un chiruro^ien des
armées de terre ou de mer pour le meilleur Ouvrage présenté à FAca-
démie et traitanl un sujet de Médecine, de Chirurgie ou d'Hygiène mili-
taire.
PRIX BELLION (i4oo").
Ce prix annuel, fondé par M"* Foehr, sera décerné aux savants « qui
» auront écrit des Ouvrages ou fait des découvertes surtout profitables à la
)) santé' de l'homme ou à l' amélioration de l'espèce humaine ».
C. R., 1903, 2» Semestre. (GXXXVU, N" 25. ) l54
II-8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX MÈGE (loooo'^').
Le D*" Jean-Baptiste Mège a légué à l'Académie « dix mille francs à donner
)) en prix à l'auteur qui aura continué et complélé son Essai sur les causes qui
» ont retardé ou favorisé les progrés de la Médecine, depuis la plus haute anti-
» quité jusque nos jours.
» L'Académie des Sciences pourra disposer en encouragements des intc-
» rets de cette somme jusqu'à ce qu'elle pense devoir décerner le prix. »
L'Académie des Sciences décernera le prix Mège, s'il y a lieu, dans sa
séance publique annuelle de 190/1.
PRIX SERRES (7500'»).
Ce prix triennal ii sur i Embryologie générale appliquée autant que possible
» à la Physiologie et à la Médecine » sera décerné en iQoS par l'Académie
au meilleur Ouvrage qu'elle aura reçu sur celte importante question.
PRIX DUSGATE (2.5oo'').
Ce prix quinquennal sera décerné, s'il y a lieu, en iqoS, à l'auteur du
meilleur Ouvrage sur les signes diagnostiques de la mort et sur les moyens
de prévenir les inhumations précipitées.
PRIX CHAUSSIER (ioooo'\).
Ce prix sera décerné tous les quatre ans au meilleur Livre ou Mémoire
qui aura paru pendant ce temps, soit sur la Médecine légale, soit sur la
Médecine pratique, et aura contribué à leur avancement.
L'Académie le décernera en 1907.
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE igo'5. 1179
PHYSIOLOGIE.
PRIX MONTYON (750*^').
L'Académie décernera annuellement ce prix de Physiologie expérimen-
tale à l'Ouvrage, imprimé ou manuscrit, qui lui paraîtra répondre le mieux
aux vues du fondateur.
PRIX PHILIPEAUX (900"^).
Ce prix annuel de Physiologie expérimentale sera décerné dans la pro-
chaine séance publique.
PRIX POUR AT (looo"^»).
L'Académie rappelle qu'elle a mis au concours, ponr l'anaée 1904, la
question suivante :
Les phénomènes physiques et chimiques de la respiration aux grandes alti-
tudes.
PRIX MARTIN-DAMOURETTE (1400'^').
Ce prix biennal, destiné à récompenser l'auteur d'un Ouvrage de Phy-
siologie thérapeutique, sera décerné, s'il y a lieu, dans la séance publique
annuelle de 1904.
PRIX POURAT (!ooo").
(Question proposée pour Tannée 1905.)
Les origines du glycogène musculaire.
Il8o ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX T.. LA GAZE (loooo").
Ce prix biennal seva décerné, clans la séance publique de J907, à Tau-
teiir, français ou étranger, du meilleur travail sur la Physiologie. Il ne
pourra pas être partagé.
HISTOIRE DES SCIENCES.
PRIX RINOUX (2000'»).
Ce prix alternatif sera décerné, en igoS, à l'auteur de travaux sur
V Histoire des Sciences.
Voir page 1 169.
PRIX GENERAUX.
MEDAILLE ARAGO.
L'Académie, dans sa séance du i4 novembre 1887, a décidé la fondation
d'une médaille d'or à l'effigie d'Arago.
Cette médaille sera décernée par l'Académie chaque fois qu'une décou-
verte, un travail ou un service rendu à la Science lui paraîtront dignes de
ce témoignage de haute estime.
MÉDAILLE LAVOISIER.
L'Académie, dans sa séance du 26 novembre 1900, a décidé la fonda-
tion d'une médaille d'or à l'effigie de I.avoisier.
o
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE IQoS. Il8l
Cette médaille sera décernée par l'Académie, aux époques que son
Bureau jugera opportunes et sur sa proposition, aux savants qui auront
rendu à la Chimie des services éminents, sans distinction de nationalité.
Dans le cas où les arrérages accumulés dépasseraient le revenu de deux
années, le surplus pourrait être attribué, par la Commission administrative,
à des recherches ou à des publications originales relatives à la Chimie.
MÉDAILLE BERTHELOT.
L'Académie, dans sa séance du 3 novembre 1902, a décidé la fondation
d'une médaille qui porle pour titre : « Médaille Berlhelot ».
Chaque année, sur la proposition de son Bureau, l'Académie décernera
un certain nombre de « Médailles Berthelot » aux savants qui auront
obtenu, cette annce-là, des prix de Chimie ou de Physique; à chaque
Médaille sera joint un exemplaire de l'Ouvrage intitulé : La Synthèse
chimique.
PRIX MONTYON (ARTS INSALUBRES).
(Pi'ix de aSoo'^'' et mentions de i5oo*'".)
Il sera décerné chaque année un ou plusieurs prix aux auteurs qui
auront trouvé les moyens de rendre un art ou un métier moins insalubre.
L'Académie juge nécessaire de i^ire remarquer que les prix dont il
s'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions qui dimi-
nueraient les dangers des diverses professions ou arts mécaniques.
Les pièces admises au concours n'auront droit au prix qu'autant qu'elles
contiendront une découverte parfaitement déterminée.
Si la pièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son
travail où cette découverte se trouve exprimée; dans tous les cas, la Com-
mission chargée de l'examen du concours fera connaître que c'est à la dé-
couverte dont il s'agit que le prix est donné.
PRIX ^ WILDE.
(Un prix de /4000''': ou deux prix de 2ooo<''". )
M. Henry Wilde a fait donation à l'Académie d'une somme de cent trente-
sept jnille cinq cents Jrancs. Les arrérages de cette somme sont consacrés à
II 82 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la fondation à (Derpétuité d'un prix annuel qui porte le nom de Prix
Wilde.
L'Académie, aux termes de cette donation, a la faculté de décerner au
lieu d'un seul prix de quatre mille Jrancs, deux prix de deux mille francs
chacun.
Ce prix est décerné chaque année par l'Académie des Sciences, sans
distinction de nationalité, à la personne dont la découverte ou l'Ouvrage
sur V Astronomie^ la Physique, la Chimie, la Miîiéralogie, la Géologie ou la
Mécanique expérimentale aura été jugé par l'Académie le plus digne de
récompense, soit que cette découverte ou cet Ouvrage ait été fait dans
l'année même, soit qu'il remonte à une autre année antérieure ou posté-
rieure à la donation.
PRIX TCHÏHATCHEF (3ooo").
M. Pierre de Tchihatchef a légué à l'Académie des Sciences la somme
de cent mille francs .
Dans son testament, M. de Tchihatchef stipule ce qui suit :
« Les intérêts de cette somme sont destinés à offrir annuellement une
)) récompense ou un encouragement aux naturalistes de toute nationalité qui
M se seront le plus distingués dans l'exploration du continent asiatique
» (ou îles limitrophes), notamment des régions les moins connues et, en
» conséquence, à l'exclusion des contrées suivantes : Indes britanniques,
» Sibérie proprement dite, Asie Mineure et Syrie, contrées déjà plus ou
» moins explorées.
» Les explorations devront avoir pour objet une branche quelconque
» des Sciences naturelles, physiques ou mathématiques.
» Seront exclus les travaux ayant rapport aux autres sciences, telles
» que : Archéologie, Histoire, Ethnographie, Philologie, etc.
» Il est bien entendu que les travaux récompensés ou encouragés
» devront être le fruit d'observations faites sur les lieux mêmes et non des
» œuvres de simple érudition. »
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE IQoS. Il83
PRIX LECONTE (ooooo'^).
(]e prix doit être donné, en un seul prix, tous les trois ans, sans préférence
de nationalité :
i'* Aux auteuis de découvertes nouvelles et capitales en Mathématiques,
Physique, Chimie, Histoire naturelle, Sciences médicales;
2*^ Aux auteurs d'applications nouvelles de ces sciences, applications qui
devront donner des résultats de beaucoup supérieurs à ceux obtenus
jusque-là.
L'Académie décernera le prixLeconte, s'il y a lieu, en 1904.
PRIX JEAN-JACQUES BERGER (iSooo*^').
Le prix Jean-Jacques Berger est décerné successivement par les cinq
Académies à l'OEuvre la plus méritante concernant la Ville de Paris; il
sera décerné, par l'Académie des Sciences, en 1904.
PRIX DELALANDE-GUÉRINEAU riooo*^').
Ce prix biennal sera décerné en 1904 « au voyageur français ou au savant
» qui, l'un ou l'autre, aura rendu le plus de services à la France ou à la
» Science » .
PRIX JEROME PONÏI (3 500*^^).
Ce prix biennal sera accordé, en 1904, à l'auteur d'un travail scientifique
dont la continuation ou le développement seront jugés importants pour la
Science.
PRIX HOULLEVIGUE (Sogo^')-
Ce prix est décerné à tour de rôle par l'Académie des Sciences et par
l'Académie des Beaux-Arts.
L'Académie le décernera, en 190/i, dans l'intérêt des Sciences.
Il84 ACADÉMIE DES SCIENCES.-
PRIX CAHOURS (3ooo*^' ).
M. Auguste Calîours a légué à l'Académie des Sciences la somme de
cent mille francs .
Conformémeut aux vœux du testateur, les intérêts de cette somme se-
ront distribués chaque année, à titre d'encouragement, à des jeunes gens
qui se seront déjà fait connaître par quelques travaux intéressants et plus
particulièrement par des recherches sur la Chimie.
PRIX SAINTOUR (SoGo^^r)
Ce prix annuel est décerné par l'Académie dans l'intérêt des Sciences.
PRIX TRÉMONT (1100^^).
Ce prix annuel est destiné « à aider dans ses travaux tout savant, ingé-
nieur, artiste ou mécanicien, auquel une assistance sera nécessaire pour
atteindre un but utile et glorieux pour la France ».
PRIX GEGNER (3 800^').
Ce prix annuel est destiné « à soutenir un savant qui se sera signalé par
des travaux sérieux, et qui dès lors pourra continuer plus fructueusement
ses recherches en faveur des progrès des Sciences positives ».
PRIX LANNELONGUE (1200^').
Ce prix annuel, fondé par M. le professeur Lannelongue, Membre de
l'Institut, sera donné pour un but utile, au choix de r Académie, de préfé-
rence toutefois pour une œuvre humanitaire d'assistance.
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE I903. Il85
PRIX FONDÉ PAR M'"^ la Marquise DE LAPLACE.
Ce prix, qui consiste dans la collection complète des Ouvrages de
Laplace, est décerné, chaque année, au premier élève sortant de l'École
Polytechnique.
PRIX FÉLIX RIVOT (2 5oo'"').
Ce prix annuel sera partagé entre les quatre élèves sortant chaque
année de l'Ecole Polytechnique avec les n*'^ I et 2 dans les corps des
Mines et des Ponts et Chaussées.
PRIX PETIT D'ORMOY.
(Deux prix de loooo'^'". )
L'Académie a décidé que, sur les fonds produits par le legs Petit d'Or-
moy, elle décernera /om5 /e^ deux ans un prix de dix mille francs pour les
Sciences mathématiques pures ou appliquées, et un prix de dix mille francs
pour les Sciences naturelles. Elle décernera les prix Petit d'Ormov, s'il v
a lieu, dans sa séance publique de 1906.
PRIX CUVIER (iSoo*^').
Ce prix triennal, attribué à l'Ouvrage le plus remarquable sur la
Paléontologie zoologique, l'Anatomie comparée ou la Zoologie, sera
décerné dans la séance annuelle de 1906, à l'Ouvrage qui remplira les
conditions du concours, et qui aura paru depuis le i^'^ janvier 1904.
PRIX PARKIN (3400*^0.
Ce prix /ng^wa/ est destiné à récompenser des recherches sur les sujets
suivants :
« i^ Sur les effets curatifs du carbone sous ses diverses formes et plus
G. R., 190.3, a' Semestre. (CXXXVII, N"25.) l55
II 86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» particulièrement sous la forme gazeuse ou gaz acide carbonique, dans
» le choléra, les différentes formes de fièvre et autres maladies;
)) 2° Sur les effets de l'action volcanique dans la production de maladies
» épidémiques dans le monde animal et le monde végétal, et dans celle des
» ouragans et des perturbations atmosphériques anormales. »
Le testateur stipule :
« 1° Que les recherches devront être écrites en français, en allemand
» ou en italien ;
)) 2? Que l'auteur du meilleur travail publiera ses recherches à ses pro-
» près fraii et en présentera un exemplaire à l'Académie dans les trois
» mois qui suivront l'attribution du prix;
» 3° Chaque troisième et sixième année le prix sera décerné à un tra-
» vail relatif au premier desdits sujets, et chaque neuvième année à un
» travail sur le dernier desdits sujets. »
T/Académie ayant décerné pour la première fois ce prix en 1897, attri-
buera ce prix triennal, en l'année 1906, à un travail sur le premier desdits
sujets, conformément au vœu du testateur.
PRIX BOILEAU (i3oo»^).
Ce prix ^rze/z/^a/ est destiné à récompenser les recherches sur les mou-
vements des fluides, jugées suffisantes pour contribuer au progrès de
l'Hydraulique.
A défaut, la rente triennale échue sera donnée, à titre d'encouragement,
à un savant estimé de l'Académie et choisi parmi ceux qui sont notoire-
ment sans fortune.
L'Académie décernera le prix Boileau dans sa séance annuelle de 1906.
PRIX JEAN REYNAUD (10000^').
]^/[me yve jgjju Rcyuaud, « voulant honorer la mémoire de son mari
et perpétuer son zèle pour tout ce qui touche aux gloires de la France » ,
a fait donation à l'Institut de France d'une rente sur l'État français, de la
somme de dix mille francs^ destinée à fonder un prix annuel qui sera suc-
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1903. 1 187
cessivement décerné par les cinq Académies « au travail le plus méritant,
relevant de chaque classe de l'Institut, qui se sera produit pendant une
période de cinq ans ».
« Le prix J. Reynaud, dit la fondatrice, ira toujours à une œuvre origi-
» nale, élevée et ayant un caractère d'invention et de nouveauté.
» Les Membres de l'Institut ne seront pas écartés du concours.
» Le prix sera toujours décerné intégralement; dans le cas où aucun
» Ouvrage ne semblerait digne de le mériter entièrement, sa valeur sera
» délivréeàquelquegrandeinfortunescientifiqiie, littéraire, ou artistique. »
L'Académie des Sciences décernera le prix Jean Reynaud dans sa séance
publique de l'année 1906.
PRIX DU BARON DE JOEST (2000^'').
Ce prix, décerné successivement par les cinq Académies, est attribué
à celui qui, dans l'année, aura fait la découverte ou écrit l'Ouvrage le plus
utile au bien public. Il sera décerné par l'Académie des Sciences dans sa
séance publique de 1906.
PRIX PIERSON-PERRIN (aooo'^.
Ce nouveau prix biennal, destiné à récompenser le Français qui aura
fait la plus belle découverte physique, telle que la direction des ballons,
sera décerné, pour la première fois, à la séance publique de 1907.
PRIX ESTRADE-DELCROS (Sgoo*^').
M. Estrade-Delcros a légué toute sa fortune à l'Institut. Conformément
à la volonté du testateur ce legs a été partagé, par portions égales, entre les
cmq classes de l'Institut, pour servir à décerner, tous les cinq ans, un prix
sur le sujet que choisira chaque Académie.
Ce prix ne peut être partagé. Il sera décerné par l'Académie des
Sciences, dans sa séance publique de 1908.
11 88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CONDITIONS COMMUNES A TOUS LES CONCOURS.
Les pièces manuscrites ou imprimées destinées aux divers concours de
l'Académie doivent être directement adressées par les auteurs au Secré-
tariat de l'Institut, avec une lettre constatant l'envoi et indiquant le
concours pour lequel elles sont présentées.
Les Ouvrages imprimés doivent être envoyés au nombre de deux
exemplaires.
Les concurrents doivent indiquer, par une analyse succincte, la partie
de leur travail où se trouve exprimée la découverte sur laquelle ils appellent
le jugement de l'Académie.
Les concurrents sont prévenus que l'Académie ne rendra aucun des
Ouvrages ou Mémoires envoyés aux concours; les auteurs auront la liberté
d'en faire prendre des copies au Secrétariat de l'Institut.
Par une mesure générale, l'Académie a décidé que la clôture de chaque
concours serait fixée a^ii premier Juin de l'année dans laquelle doit être
jugé ce concours.
Le montant des sommes annoncées pour les prix n'est donné qu'à litre
d'indication subordonnée aux variations du revenu des fondations.
Nul n'est autorisé à prendre le titre de Lauréat de l'Académie, s'il n'a
été jugé digne de recevoir un Prix. Les personnes qui ont obtenu des ré-
compenses, des encouragements ou des mentions, n'ont pas droit à ce titre.
LECTURES.
M. Gastox Darboux, Secrétaire perpétuel, lit l'Éloge historique de
François Perrier, Membre de l'Académie.
M. B. et G. D.
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE igoS.
I I
89
TABLEAUX
DES PRIX DÉCERNÉS ET DES PRIX PROPOSÉS
DANS LA SÉANCE DU LUNDI 21 DÉCEMBRE 1903.
TABLEAU DES PRIX DECERNES.
ANNÉE 1903.
GÉOMÉTRIE.
Prix Francœur. — Le prix est décerné à
M. Emile Lemoine 1 097
Prix Poncelet. — Le prix est décerné à
M. Hilbert 1097
mécanique.
Prix extraordinaire de six mille francs.
— Le prix est partagé entre MM. Maugas,
Jehenne, Gaillard, Germain , 1098
Prix Montyon. — Le prix est décerné à
M. Bodin 1098
Prix Plumey. — Le prix est décerné à
M. Marchis 1098
Prix Fourneyron. — Le prix n'est pas dé-
cerné 1099
ASTRONOMIE.
Prix Pierre Guzman. — Le prix n'est pas
décerné i "99
Prix Lalande. — Le prix est décerné à
M. Campbell 1099
Prix Valz. — Le prix est décerné à M. Bor-
relly "oo
Prix G. de Pontécoulant. — Le prix est
décerné à M. H. Andoyer noi
PHYSIQUE.
Prix Hébert. — Le prix est décerné à
M . E. Goldsteiii n o3
Prix Hughes. — Le prix est décerné à
M. Pierre Picard i io5
Prix Gaston Planté. — Le prix est décerné
à M. Hospitalier 1 107
STATISTIQUE.
Prix Montyon. — Le prix n'est pas décerné.
Des mentions très honorables sont accor-
dées à MM. Emile Loncq, de Montessus
de Ballore, Paul Razous 1 107
CHIMIE.
Prix Jecker. — Le prix est décerné à
M. L. Bouveault iii3
Prix La Gaze. — Le prix est décerné à
IM. A. Guntz II i5
MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE.
Prix Delesse. — Le prix est décerné à
M. Emmanuel de Margerie 1 1 17
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
Prix Gay. — Le prix est décerné au R. P.
Colin 1 n 8
BOTANIQUE.
Grand Prix des Sciences physiques. — Le
prix n'est pas décerné 1 1 19
Prix Bordin. — Le prix n'est pas décerné. 1120
iigo
ACADEMIE DES SCIENCES.
Prix Desmazières. — Le prix n'est pas dé-
cerné 11-20
Prix Montagne. — Le prix est décerné à
M. René Maire 1120
Prix Thore. — Le prix est décerné à
M. G. de Istvanffi, , 1122
ÉCONOMIE RURALE.
Prix Bigot de Morogues. — Le prix est dé-
cerné à M. Eugène Risler m 3
ANATOMIE ET ZOOLOGIE.
Prix Savigny. — Le prix est décerné à M. /?.
Fourtau. Une mention très honorable est
accordée à M. Krempf 1 1 25
Prix Da Gama Maciiado. — Le prix est dé-
cerné à la comtesse Maria von Linden.. 1128
MÉDECINE ET CHIRURGIE.
Prix Montyon. — Des prix sont décernés
à MM. Dominici, Jean Camus, Robert
Lœwy. Des mentions sont accordées à
MM. Nicolle et Remlinger ; Nobecourt,
Merklen et Sevin; Cli. Monod et J. Van-
verts. Des citations sont accordées à
MM. Lagrijfe, Laval et Malherbe,
Ségal
Prix Barbier. — Le prix est partagé entre
M. Anthony et M. Glover
Prix Bréant. — Le prix annuel (arrérages)
est partagé entre M. E. Chambon et M. A.
Rorrel
Prix Godard. — Le prix est décerné à
MM. Halle et Metz. Une mention hono-
rable est accordée à M. J.-B. Hillairet. .
Prix Lallemand. — Le prix est partagé
enlre M"'= Joteyko et MM. Garnier et
Cololian. Une mention très honorable est
accordée à M. Giuseppe Pagano
Prix du baron Larrey. — Le prix est dé-
cerné à M. Paul Godin. Des mentions
sont accordées à MM. G,- H. Letnoine,
Jules Régnault .,...•....
Prix Bellion. — Le- prix est décerné à
M. F. Battesti. Une mention très hono-
rable est accordée à M. R. Glatard
Prix Mège. — Le prix (arrérages) est dé-
cerné à M. A. Monprofit
Prix Chaussier. — Le prix est décerné à
M. Alfred Fournier
I 1^0
n'|i
1242
II ',3
1.44
,144
PHYSIOLOGIE.
Prix Montyon. — Le prix est partagé entre
M. Arthus et M. Victor Henri. Une men-
tion est accordée à M. Jean Bounhiol... 11 46'
Prix Philipeaux. — Le prix est décerné
à M. Lucien Daniel 1148
Prix La Gaze. — Le prix est décerné à
M. Charles Richet i i5o
Prix Pourat. — Le prix est décerné à
M. J. Denoyès. Une mention est accordée
à MM. Régnier et Bruhat 1 15 1
HISTOIRE DES SCIENCES.
Prix Binoux. — Le prix est décerné à
M . H. -G. Zeuthen 1 1 53
PRIX GÉNÉRAUX.
MÉDAILLE Lavoisier. — La médaille Lavoi-
sier est décernée à M. Cari Graebe 11 53
Médaille Berthelot. — Des' médailles Ber-
thelot sont accordées à MM. Cari Graebe,
Bouveault, Guntz, Chavatine, Victor
Henri, Arthus, Capelle 1 153
Prix Montyon (Arts insalubres). — Le prix
n'est pas décerné. Une mention est accoi--
dée à M. Edouard Capelle 1 154
Prix Wilde. — Le prix est décerné à
M. Collet n54
Prix Tchihatcuef. — Le prix est décerné
à M. Sven Hedin 11 55
Prix Cuvier. — Le prix est décerné à
M. Eugène Simon 11 56
Prix Parkin. — Le prix est partagé entre
M. Lacroix et M. Giraud i xôg
Prix Petit d'Ormoy (Sciences mathéma-
tiques). — Le prix est décerné à M. /.
Hadamard i iSg
Prix Petit d'Ormoy (Sciences naturelles).
— Le prix est décerné à M. Bernard
Renault 1 1 Go
Prix Boileau. — Le prix est décerné à
M. Marins-Georges Grandjean 1 i6r
Prix Estrade-Delcros. — Le prix es! dé-
cerné à M. Léon Teisserenc de Bort. ii6i
Prix Gahours. — Le prix est partagé entre
M. Marquis et M. Chavanne ... 1 163
Prix SaintoUr. — Le prix est décerné à
M. Marcel Brillouin 1 163
Prix Trémont. — Le prix est décerné à
M. Ch. Frémont 1 164
Prix Gegner. — Le prix est décerné à
M. /.-//. Fabre 1 164
Prix Lannelongue. — Le prix, décerné
pour la première fois, est attribué à
M"= V''° Nepveu 1 164
Prix Laplace. — Le prix est décerné à
M. Rémy 1 164
Prix Félix Rivot. — Le prix est partagé
entre MM. Réniy, Breynaert, G illier,
Bouteloup ,...•... . 1 165
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE IQoS,
II91
PRIX PROPOSES
pour les années 1904, iqoS, 1906 et 1907,
géométrie.
1904. Grand prix des Sciences mathéma-
tiques. — Perfectionner, en quelque point
important, l'étude de la convergence des
fractions continues algébriques ii65
1904. Prix Bordin. — Développer et per-
fectionner la théorie des surfaces appli-
cables sur le paraboloïde de révolution.. n66
1904. Prix Vaillant. — Déterminer et étu-
dier tous les déplacements d'une figure
invariable dans lesquels les différents
points de la figure décrivent des courbes
sphériques 1 166
1904. Prix Francœur i [66
1904. Prix PoNCELET 1166
MÉCANIQUE.
1904. Prix extraordinaire de six mille
FRANCS. — Destiné à récompenser tout pro-
grès de nature à accroître l'efficacité de
nos forces navales i i6n
1904. Prix Montyon 1167
1904. Prix Plumey 1167
1905. Prix Fourneyron. — Étude théorique
ou expérimentale sur les turbines à va-
peur 1 167
ASTRONOMIE.
1904. Prix Pierre Guzman 1168
1904. Prix Lalande 1168
1904. Prix Valz 1 168
1904. Prix Janssen. — Médaille d'or des-
tinée à récompenser la découverte ou le
Travail faisant faire un progrès important
à l'Astronomie physique 1168
1905. Prix G. de Pontecoulant 11G9
1905.. Prix Damoiseau. — Il existe une di-
zarine de comètes dont l'orbite, pendant
la période de visibilité, s'est montrée de
nature hyperbolique. Rechercher, en re-
montant dans le passé et tenant compte
des perturbations des planètes, s'il en
était ainsi avant l'arrivée de ces comètes
dans le système solaire i iG()
géographie et navigation.
1904. Prix Binoux 1 169
PHYSIQUE.
1904. Prix Hébert 1170
1904. Prix Hughes 1170
1904. Prix Kastner-Boursault 1170
1905. Prix Gaston Planté 1170
1905. Prix L. Lacaze 1 170
statistique.
1904. Prix Montyon 1 171
CHIMIE.
1904. Prix Jecker 1171
1905. Prix L. La Gaze 1171
1905. Prix Bordin. — Des siliciures et de
leur rôle dans les alliages métalliques... 1171
minéralogie et géologie.
1905. Prix Delesse 1 1 72
1905. Prix Fontannes 1172
1905. Prix Alhumbert. — Étude sur l'âge
des dernières éruptions volcaniques de la
France 1172
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
1904. Prix Gay. — Étudier les variations
actuelles du niveau relatif de la terre
ferme et de la mer, à l'aide d'observations
précises, poursuivies sur une portion dé-
terminée des côtes de l'Europe ou de
l'Amérique du Nord , 1172
1905. Prix Gay. — Le prix sera attribué à
un explorateur du Continent africain qui
aura déterminé avec une grande précision
les coordonnées géographiques des points
principaux de ses itinéraires 1173
botanique.
1905. Grand prix des Sciences physiques.
— Rechercher et démontrer les divers
modes de formation et de développement
I IQ2
ACADEMIE DES SCIENCES.
de l'œuf chez les Ascomycètes et les Basi-
diomj'cètes 1 1 -.-'.
1904. Prix Desmazières ii-3
1904. Prix Montagne 1 1';4
1904. Prix de la Fons-Melicocq n^^
1905. Prix Thore n^j
ecojvomik rurale.
1913. Prix Bigot de Morogues 1174
ajvatomie et zoologie.
1904. Prix Savigny 1175
1904. Prix Thore 1 1 75
1906. Prix da Gama Machado 1175
MÉDECINE ET CHIRURGIE.
1904. Prix Montyon i
1904. Prix Barbier i
1904. Prix Bréant i
1904. Prix Godard i
1904. Prix Lallemand i
1904. Prix du baron Larrey i
1904. Prix Bellion i
1904. Prix Mège i
1905. Prix Serres i
1905. Prix Dusgate i
1907. Prix Ch.vussier i
175
176
176
177
177
177
■77
.78
,78
178
178
PHYSIOLOGIE.
1904. Prix Montyon 1T79
1904. Prix Philipeaux 1179
1904. Prix Pourat. — Les phénomènes phy-
siques et chimiques de la respiration aux
grandes altitudes 1179
1 904 . Prix Martin-Damourktte 1 1 79
1905. Prix Pourat. — Les origines du gly-
cogène musculaire 1179
1907. Prix L. La Gaze 1180
HISTOIRE DES SCIENCES.
1905. Prix Binoux 1180
PRIX GENERAUX.
Médaille Akago i t8o
Médaille Lavoisier 1 180
1904. Médaille Berthelot nSi
1904. Prix Montyon, Arts insalubres 1181
1904. Prix Wilde 1181
1904. Prix Tchihatchef 1182
1904. Prix Leconte ii83
1904. Prix Jean-Jacques Berger ii83
1904. Prix Delalande-Guérineau ii83
1904. Prix JÉRÔME Ponti ii83
11J04. Prix Houllevigue ii83
1904. Prix Cahours 1 184
1904. Prix Saintour 1184
1904. Prix Trémont 1 184
1904. Prix Gegner 1184
1904. Prix Lannelongue 1 184
1904. Prix Laplace ii85
1904. Prix Rivot 1 185
1905. Prix Petit d'Ormoy ii85
1906. Prix Cuvier ii85
1906. Prix Parkin ii85
1906. Prix Boileau 1186
1906. Prix Jean Rey'naud i t86
1906. Prix du Baron de Joest 1 1 87
1907. Prix Pierson-Perrin 1 187
1908. Prix Estrade-Delcros 1 187
Conditions communes à tous les concours •.•• nS
Avis relatif au titre de Lauréat de l'Académie n*
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1903,
ÏI93
TABLEAU PAR ANNÉE
DES PRIX PROPOSÉS POUR 1904, 1905, 1906 ET 1907.
1904
géométrie.
Grand prix des Sciences mathématiques. —
Perfectionner, en quelque point important, l'étude
de la convergence des fractions continues algé-
briques.
Prix Bordin. — Développer et perfectionner
la théorie des surfaces applicables sur le parabo-
loïde de révolution.
Prix Vaillant. — Déterminer et étudier tous
les déplacements d'une figure invariable dans
lesquels les difl'érents points de la figure dé-
crivent des courbes sphériques.
Prix Francœur. — Découvertes ou travaux
utiles au progrès des Sciences mathématiques
pures et appliquées.
Prix Poncelet. — Décerné à l'auteur de l'Ou-
vrage le plus utile au progrès des Sciences ma-
thématiques pures ou appliquées.
mécanique.
Prix extraordinaire de six mille francs. —
Progrès de nature à accroître l'efficacité de nos
forces navales.
Prix Montyon.
Prix Plumey. — Décerné à lauteur du per-
fectionnement des machines à vapeur ou de toute
autre invention qui aura le plus contribué aux
progrès de la navigation à vapeur.
ASTRONOMIE.
Prix Pierre Guzman. — Décerné à celui qui
aura trouvé le moyen de communiquer avec un
astre autre que Mars.
A défaut de ce prix, les intérêts cumulés pen-
dant cinq ans seront attribués, en igoS, à un sa-
vant qui aura fait faire un progrès important à
l'Astronomie.
Prix Lalanjde.
G. R., 1903, 2" Semestre. (CXXXVII, N'>25. )
Prix Valz.
Prix Janssen. — Astronomie phjsique.
géographie ou navigation.
Prix Binoux.
physique.
Prix Hébert. — Décerné à l'auteur du meil-
leur traité ou de la plus utile découverte pour
la vulgarisation et l'emploi pratique de l'Élec-
tricité.
Prix Hugues. — Décerné à l'auteur d'une dé-
couverte ou de travaux qui auront le plus con-
tribué aux progrès de la Physique.
Prix Kastner-Boursault. — Décerné à l'au-
teur du meilleur travail sur les applications
diverses de l'Électricité dans les A.rts, l'Industrie
et le Commerce.
STATISTIQUE.
Prix Montyon.
CHIMIE.
Prix Jecker. — Chimie organique.
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
Prix Gay. — Étudier les variations actuelles
du niveau relatif de la terre ferme et de la mer,
à l'aide d'observations précises, poursuivies sur
une portion déterminée des côtes de lEurope ou
de l'Amérique du Nord.
BOTANIQUE.
Prix Desmazières. — Décerné à l'auteur de
l'Ouvrage le plus utile sur tout ou partie de la
Cryptogamie.
i56
i>94
ACADEMIE DES SCIENCES.
Prix Montagne. — Décerne aux auteurs de
travaux importants aj^ant pour objet l'Anatoniic,
la Physiologie, le développement ou la descrip-
tion des Crj ptogames inférieures.
Prix de la Fons-Mélicocq. — Décerné au
meilleur Ouvrage de Botanique sur le nord de
la France, c'est-à-dire sur les départements du
Nord, du Pas-de-Calais, des Ardennes, de la
Somme, de l'Oise et de l'Aisne.
anatomie et zoologie.
Prix Savigny, fondé par M"» Letellicr. — Dé-
cerné à de jeunes zoologistes voyageurs qui ne
recevront pas de subvention du Gouvernement
et qui s'occuperont plus spécialement des animaux
sans vertèbres de l'Egypte et de la Syrie.
Prix Tiioue. — Décerné aux recherches sur
les mœurs ou l'anatomie d'une espèce d'Insectes
d'Europe.
medecine et chirurgie.
Prix Montyox.
Prix Barbier. — Décerné à celui qui fera une
découverte précieuse dans les Sciences chirurgi-
cale, médicale, pharmaceutique, et dans la Bo-
tanique ayant rapport à l'art de guérir.
Prix Bréant. — Décerné à celui qui aura
trouvé le moyen de guérir le choléra asiatique.
Prix Godard. — Sur l'anatomie, la physiologie
et la pathologie des organes génito-urinaires.
Prix Lallemand. — Destiné à récompenser ou
encourager les travaux relatifs au système ner-
veux, dans la plus large acception des mots.
Prix du baron Larrey. — Sera décerné à un
médecin ou à un chirurgien des armées de terre
ou de mer pour le meilleur Ouvrage présenté à
l'Académie et traitant un sujet de Médecine, de
Chirurgie ou d'Hygiène militaire.
Prix Bellion, fondé par M"» Foehr. — Dé-
cerné à celui qui aura écrit des Ouvrages ou fait
des découvertes surtout profitables à la santé
de l'homme ou à l'amélioration de l'espèce hu-
maine.
PrixMèqe. — Décerné à celui qui aura con-
tinué et complété l'essai du D' Mège sur les
causes qui ont retardé ou favorisé les progrès de
la Médecine.
PHYSIOLOGIE.
Prix Montyon. — Physiologie expérimentale.
Prix Philipeaux. — Physiologie expérimentale.
Prix Pourat. — Les phénomènes physiques et
chimiques de la respiration aux grandes altitudes.
Prix Martin-Damourettë. — Physiologie thé-
rapeutique.
PRIX GÉNÉRAUX.
MÉDAILLE Arago. — Cette médaille sera dé-
cernée par l'Académie chaque fois qu'une décou-
verte, un travail ou un service rendu à la Science
lui paraîtront dignes de ce témoignage de haute
estime.
MÉDAILLE Lavoisier. — Cette médaille sera dé-
cernée par l'Académie tout entière, aux époques
que son Bureau jugera opportunes et sur sa pro-
position, aux savants qui auront rendu à la Chi-
mie des services émiuents, sans distinction de
nationalité.
MÉDAILLE Berthelot. — Déccmée, sur la pro-
position du Bureau de l'Académie, à des lauréats
de prix de Chimie et de Physique.
Prix Montyon. — Arts insalubres.
Prix H. Wilde.
Prix Tchihatchef. — Destiné aux naturalistes
de toute nationalité qui auront fait, sur le conti-
nent asiatique (ou iles limitrophes), des explo-
rations ayant pour objet une bi'anche quelconque
des Sciences naturelles, physiques ou mathéma-
tiques.
Prix Leconte. — Décerné : i° aux auteurs de
découvertes nouvelles et capitales en Mathéma-
tiques, Physique, Chimie, Histoire naturelle,
Sciences médicales ; 2° aux auteurs d'applications
nouvelles de ces sciences, applications qui devront
donner des résultats de beaucoup supérieurs à
ceux obtenus jusque-là.
Prix J.-J. Berger. — Décerné à l'œuvre la plus
méritante concernant la Ville de Paris.
Prix Delalande-Guérineau.
Prix Jérôme Ponti.
Prix Houllevigue.
Prix Caiiours. — Décerné, à titre d'encoura-
gement, à des jeunes gens qui se seront déjà fait
connaître par quelques travaux intéressants et
plus particulièrement par des recherches sur la
Chimie.
Prix Saintour.
Prix Trémont. — Destiné à tout savant, artiste
ou mécanicien auquel une assistance sera néces-
saire pour atteindre un but utile et glorieux pour
la France.
PrixGegner. — Destiné a soutenir un savant
qui se sera distingué par des travaux sérieux
poursuivis en faveur du progrès des Sciences
positives.
Prix Lannelongue. — Donné pour un but
utile, de préférence toutefois pour une œuvre
humanitaire d'assistance.
Prix Laplace. — Décerné au premier élève
sortant de l'École Polytechnique.
Prix Rivot. — Partagé entre les quatre élèves
sortant chaque année de l'École Polytechnique
avec les n"' 1 et 2 dans les corps des Mines et
des Ponts et Chaussées.
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE IQoS.
1195
19015
Grand prix des Sciences physiques. — Re-
chercher et démontrer les divers modes de for-
mation et de développement de l'œuf chez les
Ascomycètes et les Basidiomycéles.
Prix Bordin. — Des siliciures et de leur rùlc
dans les alliages métalliques.
Prix Fouuneyuon. — Étude théorique ou expé-
rimentale sur les turbines à vapeur.
Prix G. de Pontécoulant. — Mécanique cé-
leste.
Prix Damoiseau. — Il existe une dizaine de
comètes dont Forbite, pendant la période de
visibilité, s'est montrée de nature hyperbolique.
Rechercher, en remontant dans le passé et tenant
compte des perturbations des planètes, s'il en
était ainsi avant l'arrivée de ces comètes dans le
système solaire.
Prix Gaston Planté. — Destiné à l'auteur fran-
çais d'une découverte, d'une invention ou d'un
travail important dans le domaine de l'Électricité.
Prix La Gaze. — Décerné aux Ouvrages ou
Mémoires qui auront le plus contribué aux pro-
grès de la Chimie et de la Physique.
Prix Delesse. — Décerné à l'auteur, français
ou étranger, d'un travail concernant les Sciences
géologiques ou, à défaut, d'un travail concernant
les Sciences minéralogiques.
Prix Fontannes. — Ce prix sera décerné à
l'auteur de la meilleure publication paléontolo-
gique.
Prix Alhumbert. — Étude sur l'âge des der-
nières éruptions volcaniques de la France.
Prix Gay. — Le prix sera attribué à un explo-
rateur du Continent africain qui aura déterminé
avec une grande précision les coordonnées géo-
graphiques des points principaux de ses itiné-
raires.
Prix Thore. — Botanique.
Prix Dusgate. — Décerné au meilleur Ouvrage
sur les signes diagnostiques de la mort et sur
les moyens de prévenir les inhumations préci-
pitées.
Prix Serres. — Décerné au meilleur Ouvrage
sur l'Embryologie générale appliquée autant que
possible à la Physiologie et à la Médecine.
Prix Pourat. — Les origines du glycogène
musculaire.
Prix Binoux. — Histoire des Sciences.
Prix Petit d'Ormoy. — Sciences mathéma-
tiques pures ou appliquées et Sciences naturelles.
1906
Prix Da Gama Machado. — Décerné aux meil-
leurs Mémoires sur les parties colorées du sys-
tème tégumentaire des animaux ou sur la matière
fécondante des êtres animés.
Prix Cuvier. — Destiné à l'Ouvrage le plus
remarquable soit sur le régne animal, soit sur la
Géologie.
Prix Parkin. — Destiné à récompenser, cette
année, des recherches sur les effets curatifs du
carbone sous ses diverses formes.
Prix Boileau. — Hydraulique.
Prix Jean Reynaud. — Décerné à l'auteur du
Travail le plus méritant qui se sera produit pen-
dant une période de cinq ans.
Prix du Baron de Joest. — Décerné à celui
qui, dans l'année, aura fait la découverte ou écrit
l'Ouvrage le plus utile au bien public.
1907
Prix Chaussier. — Décerné à l'auteur du meil-
leur Ouvrage, soit sur la Médecine légale, soit sur
la Médecine pratique, qui aura paru pendant les
quatre années qui auront précédé le jugement de
^Académie.
Prix La Caze. — Décerné aux Ouvrages ou
1196 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Mémoires qui auront le plus contribué aux pro- 1 Prix Pierson-Perrin. — Décerné au Français
grès de la Physiologie. | qui aura fait la plus belle découverte physique.
1908
Prix Estrade-Delcros.
1915
Prix Bigot de Moroguks.' — Décerné à l'auteur de l'Ouvrage qui aura fait faire le plus de pro-
grès à l'Agriculture en France.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 28 DÉCEMBRE 1903,
PRÉSIDENCE DE M. ALBERT GADDRY.
RENOUVELLEMENT ANNUEL
DU BUREAU ET DE LA COMMISSION CENTRALE ADMINISTRATIVE.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Vice-
Président pour l'année 1904, lequel doit être choisi dans l'une des
Sections des Sciences physiques.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 4^,
M. Troost obtient 44 suffrages,
M. Schlœsing » i »
Il y a un bulletin blanc.
M. Troost, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé
élu.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de deux de
ses Membres {|ui devront faire partie de la Commission centrale adminis-
trative pendant l'année 1904.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 4i»
M. Bornet obtient 4i suffrages,
M. Maurice Levy » 4^* »
M. Léauté » i »
MM. BoRXET et Maukice Levy, ayant réuni la majorité iibsolue des
suffrages, sont réélus.
C. R., 1903, 2» Semestre. (T. CXXXVII, N» 26.) iSy
IigS ACADÉMIE DES SCIENCES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE GÉNÉRALE. — Recherches sur la densité du chlore.
Note de MM. H. Moissan et Blxet du Jassoxeix.
« La détermination de la densité du chlore a fait le sujet de nombreux
travaux. Dm reste, cette expérience est assez difficile à réaliser, d'abord
parce que la préparation du chlore pur est une opération chimique déli-
cate, et ensuite parce que ce gaz attaque la plupart des métaux et des
matières ori^aniques hydrogénées : suif, caoutchouc et gomme laque.
» Gay-Lussac et Thénard (*) ont exécuté, en 1811, une bonne détermi-
nation de la densité du chlore; ils ont donné le chiffre 2,4?. Bunsen a
indiqué, plus tard, le chiffre 2,4^^82. Ludwig(-), en i868, est arrivé au
nombre 2,4807 à H- 20°. 11 a fait une série de déterminations de 20° à 200°
et ses chilïres proviennent d'un grand nombre d'expériences. Jahn (^) a
trouvé à la lempéraliire de 20*^ le nombre 2,4821. Enfin M. Leduc (^),
dans deux séries de recherches, a donné les chiffres 2,489 puis 2,^191. La
première détermination a porté sur un échantillon de chlore industriel
liquéfié, la seconde sur un gaz préparé en décomposant le bichromate de
potassium par l'acide chlorhydrique. M. Leduc regarde le dernier chiffre
comme le plus exact.
» Nous avons été amenés à reprendre cette densité, et nous avons fait
varier successivement nos méthodes dans des expériences que nous résu-
mons aujourd'hui.
» Nos déterminations ont toujours été faites, soit à la température ordi-
naire, soit à o**, et nous n'avons pas abordé l'importante question de la
densité du chlore aux différentes températures, question qui a été élucidée
par les beaux travaux et la discussion de V. et C. Meyer, de Seelheim, de
Meier et Crafts et de Lieben.
(*) Gay-Lussac et Thénard, Recherches physico-chimiques, t. II, 181 1, p. i25.
(-) I^UDWiG, lierichte, i. I, j868, p. 282.
(^) Jahn, Rerichte, t. XV, 1882, p. 1242.
(*) Leduc, Comptes rendus, t. CXVI, 1898, p. 968 et t. GXXV, 1897, p. 571.
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE igoS. 1199
» Dans la détermination de la densité du chlore, nous avons à considé-
rer deux points importants : 1° préparer du chlore pur; 2° déterminer la
densité dans un ballon de verre sans robinet, ne renfermant ni air ni humi-
dité.
» Préparation du chlore. — Le chlore était préparé dans un appareil
entièrement en verre, ne comprenant ni caoutchouc, ni liège, ni gomme
laque. Cet appareil était muni d'un tube de sûreté à mercure recouvert
d'acide sulfurique, dont la hauteur était supérieure à yô*"™, pour éviter toute
rentrée d'air par dépression. Le chlore provenait de l'action de l'acide
chlorhydrique pur et concentré sur du bioxyde de manganèse naturel de
très bonne qualité et lavé au préalable par de l'acide chlorhydrique
étendu. Nous avions préparé nous-mêmes l'acide chlorhydrique, en par-
tant de chlorure de sodium purifié par différentes cristallisations et d'cicide
sulfurique pur. Le chlore était lavé dans deux batboteurs contenant de
l'eau distillée. Il perdait les dernières traces d'acide chlorhydrique qu'il
pouvait entraîner en passant sur une colonne de bioxyde de manganèse
suj)erficiellement poreux et chauffé au bain-marie à 5o°. Il était enfin des-
séché en traversant trois barboteurs à acide sulfurique concentré, puis de
longs tubes de verre remplis de chlorure de calcium fondu; finalement, il
passait dans un tube à boules décrit par l'un de nous (') et maintenu à la
température de — 3o°.
» Nous avons effectué avec ce chlore gazeux trois séries de détermi-
nations :
» Première série d' expériences . — Des ballons de verre, à long col effilé,
ont été remplis de chlore sec par déplacement de l'air, en utilisant la
grande densité de ce gaz, puis scellés à la température connue d'un bain
d'eau d'une grande masse. Après une pesée, effectuée avec un ballon
compensateur, comme tare, le chlore était absorbé par une solution de
soude exactement privée d'air. Il restait toujours une petite bulle rési-
duelle dont il était tenu compte. Le ballon, lavé et séché, était ensuite
pesé plein d'air atmosphérique, puis jaugé à l'eau distillée. Pour ces pre-
mières expériences, nous employons donc la méthode de Dumas. Nous
avons obtenu ainsi les chiffres suivants :
(^) H. MoissAN, Description d'un nouvel appareil pour la préparalion des gaz-
purs {Comptes rendus, t. CXXXYII, 1908, p. 363).
I20O ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pression. Température. Densité.
mm
i 770 12,5 2,/468
2 761 12,5 2,5o6
3.. 765 10 2,424
k 763 12,6 2,478
5 762,1 10 2,456
•» Dans cette première série de déterminations, la moyenne était donc
de 2,4606 et l'écart maximum, enire deux expériences, était de 0,082. La
présence constante d'un résidu non absorbable par une solution alcaline,
l'impossibilité de dessécher rigoureusement un ballon de verre rempli par
déplacement et l'incertitude qui règne sur les conditions de la deuxième
pesée nous ont conduits bientôt à employer une autre méthode.
» Deuxième série d'expériences. — Le chlore était pré()aré comme nous
l'avons indiqué précédemment; puis, pour obtenir ce gaz bien exempt
d'air, nous avons commencé par le liquéfier au moyen d'un mélange d'acé-
tone et d'acide carbonique {*). Nous avons employé, pour le conserver, de
petites ampoules de verre de 4*^°'' environ, renfermant à peu près 2"'°', 5 de
chlore liquide. De plus, nous avons fait le vide, au préalable, dans le ballon
à densité, renfermant la petite ampoule scellée pleine de chlore liquide,
de façon à avoir un appareil aussi exempt d'air que possible. Le détail de
nos manipulations paraîtra aux Annales de Chimie et de Physique dans un
Mémoire qui est à l'impression.
» Nous avons obtenu ainsi les chiffres suivants :
Pression. Température. Densité.
lum
6 754 O 2,494
7 75o o 2,489
» Nous n'avons pas tardé à remarquer que la dessiccation du chlore par
le chlorure de calcium était très difficile à obtenir. Pour avoir une bonne
dessiccation, il fallait employer un courant de gaz très lent. Nous avons
alors varié légèrement notre modus faciendi, et nous avons recueilli une
vingtaine de centimètres cubes de chlore liquide dans un tube de verre qui
contenait des fragments de chlorure de calcium bien déshydraté; ce tube
était scellé et le chlore liquide restait en contact pendant plusieurs
semaines avec le chlorure de calcium. On préparait enfin de petites am-
{}) H. MoissAN, Comptes rendus, t. GXXXIII, 1901.
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1903. I20I
poules comme nous l'avons indiqué précédemment et la densité du chlore
était ensuite déterminée.
)) Ces nouvelles expériences nous ont donné les nombres suivants :
Pression. Température. Densité.
UJUI
8 761 o 2,433
9 759 o 2,609
10 769 o 2,468
11 . 753 o 2,335
)) Ces dernières déterminations comportent un certain nombre de causes
d'erreur que nous discuterons dans le Mémoire, mais dont la principale
est due à la détente brusque du chlore : lorsque ce liquide passe à l'état
gazeux, il produit une série d'ébullitions qui amènent des oscillations dans
la pression intérieure du billion et qui font, en dernier lieu, rentrer une
petite quantité d'air dans l'iippareil.
» Troisième série d'expériences. — Pour éviter les inconvénients de la
méthode précédente, nous avons fait écouler l'excès de chlore du ballon,
maintenu à o** par un orifice absolument capillaire. De cette façon, il n'y
a pas de refroidissement par une délente trop brusque et il ne se produit
plus de rentrée d'air.
» D'autre part, après avoir pesé le ballon plein de chlore sec à 0°, sous
la pression atmosphérique, il nous a semblé que le seul moyen d'éviter
les incertitudes sur le poids d'air qui remplissait le ballon quand on le
pesait plein de ce gaz, consistait à le peser rigoureusement vide. On le
jauge ensuite sur une bonne balance, opération qui est relativement facile.
Nous avons obtenu ainsi les nombres ci-dessous :
Pression. Température. Densité.
1*^ 762 , 2 o • 2 , 494
14 766,5 o 2,487
15 758,9 o 2,486
16 766,2 o 2,493
» Cette nouvelle série d'expériences nous a donné des chiffres assez
concordants dont la moyenne est de 2,490 et dont l'écart maximum entre
les chiffres extrêmes n'est plus que 0,008.
» Mais nous avions encore une petite cause d'erreur à éliminer, cause
qui tient à ce que le chlore liquide renferme une certaine quantité de gaz
I202 ACADEMIE DES SCIENCES.
en solution. On voil, en effet, au moment où le chlore liquide passe à
l'état solide, des gaz se dégager brusquement dans l'axe de la masse jaune
en partie solidifiée. Nous avons repris alors ces déterminations avec du
chlore qui avait été liquéfié, puis solidifié dans nos petites ampoules de
verre et au-dessus duquel on avait fait le vide, avec une trompe à mercure
à double chute, avant de sceller le tube. En opérant dans les mêmes con-
ditions que précédemment, nous avons obtenu les chiffres suivants :
Température. Pression. Densité.
16 o° 7,57,7 2,488
17 0° 760,6 2,492
» Nous estimons que ces dernières déterminations sont les plus exactes
de notre travail; elles ne diffèrent que de 0,004. Nous en avons pris la
moyenne : 2,490, chiffre qui se confond avec la moyenne de la série pré-
cédente, et nous regardons ce nombre comme représentant la densité la
plus rapprochée du chlore qui ait été obtenue jusqu'ici.
» Nous avons discuté pour celte dernière série, comme pour les précé-
dentes, les conditions diverses de l'expérience : pesées, détermination de
la pression atmosphérique, jaugeage du ballon, etc., et nous avons étudié
l'étendue de ces différentes causes d'erreur dans nos déterminations.
» Conclusions . — En résumé, nous voyons que, si nous prenons la den-
sité du chlore par la méthode de Dumas, en opérant sur du chlore préparé
dans les conditions ordinaires, la densité peut osciller entre 2,424 et
2,5o6.
» Les principales causes d'erreur de ces déterminations sont : i** la
présence de l'air qui vient du ballon à densité, et qui, de plus, a été
amené par le courant de chlore; 2** la difficullé de sécher complètement le
gaz chlore; 3° quand on utilise le chlore liquéfié, la solubilité de diffé-
rents gaz dans ce liquide.
» En éliminant successivement toutes ces causes d'erreur, nous sommes
arrivés à trouver, pour la densité, à la température de o'*, du chlore extrait
du chlorure de sodium, le nombre 2,490. »
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE igoS. l2o3
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur de nouvelles synthèses effectuées au moyen des
molécules renfermant le groupe méthylène associé à un ou deux radicaux
négatifs. Action de V épichforhydrine sur l'acétylacétone sodée. Note
(le MM. A. Hai.ler et G. Blanc.
« Tandis que l'épichlorhydrine agit sur les éthers acétoacétique (' ),
benzoylacétiqiie (^) et acélone-dicarbonique sodés (') par sa fonction
oxyde, pour donner naissance à des lactones chlorées, il n'en est plus
ainsi avec l'acélvlacétone sodée. Le caractère franchement acide de celte
dicélone, la stabilité de ses sels, et en particulier de son sel sodique,
semblent être un obstacle à l'addition pure et simple de l'épichlor-
hydrine à son dérivé sodé, comme le fait arrive avec les autres composés
mélhéniques.
» Quand on traite l'acétylacétone sodée, préparée par l'action de
l'éthylate de sodium sur la dicétone, par de l'c'pichlorhydrine, il ne se
passe aucune réaction à froid. On chauffe alors au bain-marie et, au bout
de très peu de temps, le liquide se trouble et il se dépose du chlorure de
sodium en même temps qu'd se dégage une forte odeur d'éther acétique.
Au bout de i[\ heures la réaction est terminée, c'est-à-dire qu'on recueille,
dans certains cas, à peu près la quantité théorique de chlorure de sodium
en même temps que de l'acétate de sodium.
» Après avoir éliminé le chlorure de sodium par filtration, on distille
dans le vide et l'on recueille des quantités considérables d'éther acétique et
d'alcool. Le résidu est repris par de l'eau et la solution épuisée à Télher.
D.ins le liquide aqueux on constate la présence de plus ou moins grandes
quantités d'acétate de sodium.
» La liqueur éthérée est soumise à la distillation pour enlever l'éther,
puis fractionnée sous pression réduite. On obtient ainsi une première frac-
tion boudiant entre 5o** et 100° sous lo"-™, et une autre distillant entre 100°
et lôo** sous la même pression.
(') W. Traubb et E. Lehmann, Ber. deutsch. cheni. Ges., t. XXXII, p. 720.
(^) A. Halliïr, Bull. Soc. chi/n., 3" série, t. XXI; Comptes rendus, t. CXXXII,
p. 1459.
(*) A. Haller et F. March, Comptes rendus, t. GXXXVI, p. 434«
I2o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» En soumettant la première portion à une série de fractionnements, on
arrive assez facilement à isoler un produit A distillant à 70'* sous 8""°, ou
à 8i°-82° sous i5™". (^e liquide est homogène et de nouvelles distillations
dans le vide n'altèrent pas son point (i'ébuUition.
» Quant à la portion de liquide bouillant entre 100" et 160" sous 10™™,
il est absolument impossible d'en tirer un corps bouillant d'une façon con-
stante. Si l'on veut le fractionner, on constate tout de suite que, même
sous pression réduite, l'ébullition commence vers 4o** et il se dégage de l'eau
avec formation correspondante d'un produit résineux. Nous avons aban-
donné, pour le moment, l'étude de cette fraction et avons porté nos
recherches sur le produit A.
» Ce produit, qu'on obtient avec un rendement d'environ 3o pour 100
de l'acétvlacétone employée, est un liquide mobile, incolore, très soluble
dans tous les dissolvants, sauf l'éther de pétrole, d'une odeur particulière
et agréable.
» Son analyse conduit à la formule C^H"'0^, et son mode de formation
peut être expliqué par l'équation
^IJj^Q^CHNa + CH'^CLCH - CIP + H'Oh- C'IPOH
= CH^ . CO . CH2 . CH* CH OH . CH^ OH + C^ H' 0' O H» + Na Cl.
» Le composé C^H'^0^, qui peut aussi se concevoir sous sa forme tau-
tomère CH' . CO H = CH . CH' OH . CH- OH, subit ensuite au cours de l'opé-
ration une déshydratation et donne CH^^O^
CH^C0H = CH — CH'-CHOH-CH^OH
= H^0-hCH3-C = CH ou CH»-G = CH
Il II
O CH» O CH«
\/ I I
CH.CHîOH CH^'-CHOH.
» La densité D*^ — 0,988; /2[) à i4°=i,/^^47-
» Sa réfraction molécul.iire égale 3o,4. La réfraction calculée pour un
oxygène d'éther oxyde et un oxygène d'hydroxyle égale 30,8.
» Ce corps est extrêmement sensible à l'action des alcalis et des acides;
les uns et les autres le résinifient promplement en donnant des corps
visqueux, inodores et brunâlres. L'amnoniaqie se combine peu à peu en
fournissant un corps incrisLaliisable soluble dans l'eau. L'action de l'iso-
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE IQoS. l2o5
cyanate de phényle sur cet alcool ne conduit pas non plus à un corps
cristallisé et bien défini. Pour ces différentes raisons la fonction alcool est
assez difficile à mettre en évidence. Nous avons cependant réussi à pré-
parer une petite quantité d'éther acétique, en traitant le composé C*H'^0-
pardu chlorure d'acélyleen présence de pyridine. Cet éther C* H^OCOCH'
est un liquide incolore, bouillant à igo'^-igS*', insoluble dans l'eau. Quand
on fait agir sur l'alcool C*H'"0^ en solution dans léther anhydre la quan-
tité théorique de sodium puis de l'iodure de méthyle, on obtient, avec un
très mauvais rendement, une huile insoluble dans l'eau, d'odeur très forte
rappelant celle du cinéol et bouillant de 160^ à 170**. Ce corps répond à
la formule C^H'*0- et non C^H'^OS ce qui prouve qu'au cours de la
préparation du composé sodé, il y a eu hydrogénation et que la partie ainsi
hydrogénée est devenue stable, tandis que l'autre s'est résinifiée au con-
tact du sodium; ce qui explique le mauvais rendement.
» La réduction pendant la formation du dérivé sodé prouve aussi que
la double liaison est en ap par rapport à l'oxygène oxydique. On a alors
tenté de préparer l'alcool saturé par les différentes autres méthodes de
réduction ; mais on n'a obtenu que des produits de polymérisation.
» Des essais d'oxydation, au moyen du permanganate de potasse, n'ont
également pas abouti à des produits bien définis.
» Isomérisation spontanée de l'alcool C^W^O'- en iinecétone. —Abandonné
pendant plusieurs mois à lui-même, l'alcool C^H'^O* se transforme peu à
peu, plus rapidement au contact de traces d'alcali, en un produit d'une
odeur très forte et qui est insoluble dans l'eau.
» Ce corps bout à 'jo''-']5° sous i5°"", et fournit avec la semicarbazide
deux produits de condensation. Ainsi, en solution étendue, on obtietit un
très beau corps C^H^'N^O cristallisant en belles aiguilles blanches fon-
dante 116*^, et qui est assez soluble dans l'eau.
» Cette élimination de 2™"' d'eau au cours de cette condensation donne
immédiatenient à penser que le deuxième oxygène du composé cétonique
est aussi cétonique et situé en y par rapport au premier. Quoi qu'il en soit
de cette interprétation, quand on condense la semicarbazide avec le corps
cétonique en solution concentrée, on obtient un deuxième produit qui se
présente sous la forme d'un corps blanc, cristallisé en petits prismes, à peu
près insolubles dans tous les réactifs et fondant à 280** avec décomposition.
» Nous nous proposons de continuer cette étude dans le but d'établir la
constitution de cette cétone, et partant celle de l'alcool dont elle dérive. «
C. K., 1903, a* Semestre. (ï. CXXXVII, N» 26,) *^^
2o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE VÉGÉTALE. — La potasse soluble dans l'eau du sol et son
utilisation par les plantes. Note de M. Th. Sciilœsi\g fils.
c( On a vu (^Comptes rendus, 12 février 1900) que des plantes, cultivées
sur des sols artificiels de sable quartzeux qu'on arrosait de liquides conve-
nables, avaient montré la faculté de s'alimenter en potasse exclusivement
aux dépens de solutions ne renfermant que quelques millionièmes d'alcali
( i™s, 8 et 7™^, 5 de K- O par litre), c'est-à-dire du même ordre de pauvreté
que celles qui imprègnent les sols naturels.
)/ Dans les sols naturels eux-mêmes, les plantes exercent-elles réellement
cette faculté? La potasse leur vient-elle par l'eau, qui pourtant ne leur en
offre que d'infimes proportions à la fois, ou bien la prennent-elles sur le
stock des composés dits insolubles qu'elles attaqueraient directement par
les sucs acides de leurs racines?
» J'ai cherché à répondre à cette question comme je l'ai fait déjà à
propos de l'acide phosphorique (^Comptes rendus, 6 janvier 1902). J'ai
cultivé des maïs sur des terres naturelles de constitutions variées; à côté
se trouvaient des terres semblables, entretenues en état d'humidité comme
les premières, mais sans culture. En fin d'expérience, on a dosé la potasse
soluble à l'eau dans les dilïérentes terres et comparé deux à deux les
résultats, en vue de constater et de mesurer, s'il était possible, la perte de
potasse que chaque terre aurait subie du chef de la végétation.
» Extraire d'une terre la potasse soluble à l'eau, comme aussi l'acide
phosphorique soluble, est une opération qui ne va pas sans quelque diffi-
culté et qui est fuit laborieuse. Je l'ai considérablement améliorée en
modifiant le procédé que j avais d'abord pratiqué (traitements successifs
de la terre par l'eau en des fl icons qu'on agitait longuement, dont on
extrayait le liqiiitle après repos, pour introduire ensuite de l'eau neuve et
agiter de nouveau, etc.) et en substituant à ces traitements le lavage
continu par déplacement.
» Au fond d'une simple cloche à douille, ayant environ 7*=™ de diamètre
et portant à sa partie inlérieure un bouchon traversé par un tube qui se
relève verticalement, on dispose loo^ de la terre à laver, en une couche
uniforme reposant sur un lit de grés de quelques millimètres d'épaisseur,
lequel est supporté lui-même par un peu de gravier.
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE T9o3. 1207
)) On introduit par le tube une petite quantité d'eau qui chasse l'air du
gravier, du grès et de la terre, et qui noie le tout. Il n'y a plus, pour pro-
céi}er nu lavage, qu'à faire tomber l'eau goutte à goutte dans la cloche,
après avoir fixé rorifice du tube par où s'écoulera le liquide à une hauteur
telle que la terre reste constamment recouverte d'une couche d'eau de
^cm ^ 3cm y/ga^, employée au lavage contient un peu d'azotate de calcium
pur (roo*^ de CaO par litre) destiné à coaguler l'argile de la terre. Dans
ces conditions, le liquide sortant de la cloche est parfaitement limpide et
n'a nul besoin de passer sur un filtre avant l'analvse qu'il doit subir. Une
étude préalable m'a conduit à adopter un débit de o',3 à l'heure, soit à
peu près de 7^ en 24 heures. Ainsi le lavage n'a pas une durée par trop
longue et fournit des liqueurs qu'un fonctionnement beaucoup plus lent
ne rendrait pas beaucoup moins pauvres. On recueille le liquide sortant
de la cloche par lots de 7' ou de i4*, qu'on soumet séparément au dosage
de la potasse.
» I/épuisement d'une terre par l'eau ne s'achève, pour ainsi dire,
jamais; les doses de potasse qu'on extrait vont diminuant sans s'annuler.
Je poursuis le lavage jusqu'à ce que, dans les deux séries de résultats cor-
respondant l'une à une terre cultivée, l'autre à la même terre sans culture,
je rencontre deux chiffres à très peu près égaux. A partir de là, on peut
admettre que les deux terres ont sensiblement la même teneur en potasse
soluble et, de fait, elles continuent ensuite à donner des chiffres sensible-
ment pareils. Si l'on atlditionne, dans chaque série de dosages, les pre-
miers résultats, jusqu'à ceux qu'on trouve égaux de part et d'autre comme
il vient d'être dit, et qu'on prenne la différence des deux sommes, celle-ci
représentera l'excès de potasse soluble de l'une des terres sur l'autre.
» Cette manière de raisonner suppose que le lavage suit une marche
régulière, s'effectue dans des conditions toujoiu's les mêmes; ce que
j'obtiens par l'emploi d'un dispositif qui permet de distribuer aux terres
qu'on lave des volumes d'eau rigoureusement égaux dans un même temps.
En outre, une comparaison aussi délicate que celle qu'on se propose de
faire entre les terres exige des dosages de potasse extrêmement précis;
tous les soins sont donnés à ces dosages et, en particulier, on prend la
précaution d'évaporer les grands volumes de liquide qu'on traite, non pas
dans du verre ni dans de la porcelaine qui pourrait abandonner un peu
d'alcali, mais dans du cuivre d'abord, puis dans du platine.
» Le Tableau suivant présente le résumé des analyses effectuées sur les
I2o8
ACADEMIE DES SCIENCES.
liquides de lavage. J'en rapproche les dosages de potasse dans les plantes
entières (parties aériennes et racines) venues sur chaque terre.
I. Terre
de Boulogne
non
cultivée, cultivée.
II. Terre
de Galande
non
cultivée, cultivée.
III. Terre
de Joinville
non
cultivée, cultivée.
IV. Terre
de Neauphle
non
cultivée, cultivée.
K-0 soluble à l'eau \
par kilogramme de j i" lot. 298 2i4 io5 78 168 89 io5 57
terre sèche ( épuise- [ 2« lot. 126 92 44 3o 3i 22 68 42
ment continu pour l 3* lot. 24 19 29 » i3 12 47 33
I, II et III; épui- l 4" lot. » » » » 11 10 35 28
sèment en flacon j 5^ lot. » » » » 10 » 28 »
pour IV). I
443 325 178 io3 233 i33
Difl'érence par kilogramme de — .— ^^ ^i— - » — .- ^ ^-.. - -- --^^ —
terre sèche 118 65 1 00
DifTérence pour les 36''s de 1
terre mis en œuvre dans | i i8"'sx36= 4^,2 (') 65™sx36 = 2S,3 ioo'"sx36rr=3s,6 i23"sx36= 4^,4
chaque culture. )
K^O totale dans les plantes
eniières 55,7 2?, 3 4^» ï 58,2
» On voit que chaque lot de liquide se rapportant à une terre cultivée
corUient moins de potasse que le lot de même rang se rapportant à la même
terre non cultivée. Il est par là mis hors de doute que les quatre sortes de
terre ont subi, du fait de la culture, des pertes sensibles en potasse soluble
à l'eau.
» Évaluant ces pertes comme il a été indiqué, on trouve qu'elles repré-
sentent les trois quarts ou la totalité de la potasse contenue dans les
plantes.
)) Tout s'est donc passé comme si les plantes avaient prélevé la plus
grande partie de leur potasse sur la portion de l'alcali existant à l'état
soluble dans les terres, à la condition, bien entendu, qu'on accorde, ici
comme dans le cas de l'acide phosphorique, au sens du mot solahle
l'extension con>>idérablequi paraît nécessaire à la suite de mes expériences,
c'est-à-dire qu'on ap[)elle solubles des composés qui fournissent des disso-
lutions contenant des proportions de potasse de l'ordre des millionièmes
(*) Le chiffre de 4^>2 est un minimum pour l'excès de potasse dans la terre non cul-
tivée, car on s'est arrêté dans l'épuisement avant d'avoir deux résultats égaux.
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE IQoS. Ï209
et moins encore. J'avais déjà eu l'occasion d'énoncer ce résultat sans en
fournir la démonstration. C'est d'ailleurs le même que j'ai obtenu pour
l'acide phosphorique. Ainsi, de plus en plus, portion assimilable d'un
principe fertilisant tend à devenir synonyme de portion soluble à l'eau. »
ASTRONOMIE. — Sur le premier Volume du Catalogue photographique du Ciel
publié par M . A. Donner, Directeur de l'Observatoire d'HelsingJors. Note
de M. Lœwy.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie, au nom de M. A. Donner, le
premier Volume paru du Catalogue photographique du Ciel pour la zone
attribuée à l'Observatoire d'Helsingfors.
» M. Donner, Directeur de cet él;iblissement, est im des premiers et des
plus énergiques collaborateurs de l'œuvre internationale de la Carte photo-
graphique du Ciel. La réiiion dont \\ a entrepris l'exploration comprend
tout l'espace entre -+- Sg** et +4?° de déclinaison boréale. La partie
de cette bande céleste, qui a été la première mise en exécution, en
embrasse toute la largeur dans l'étendue de q'' à \i^ d'ascension
droite; et, comme chaque A'olume contiendra les résultats analogues de
3 heures en 3 heures, celui qui est offert à l'Académie porte le n° 4.
» Ce qui caractérise l'œuvre actuelle, c'est qu'elle fournit déjà des con-
clusions définitives. Elle contient, non seulement les coordonnées recti-
lignes desastres photographiés, maisencore leurs coordonnées équatoriales,
de telle sorte que tous ces résultats sont rendus immédiatement utdisables
pour les multiples recherches auxquelles ils sont di^stitiés. Le plan adopté
par M. Donner, bien qu'il diffère un peu de celui qui a été conseillé par la
Conférence astrophotographique internationale, est excellent, mais il
exige des eiïorls notables et ininterrompus. M. Donner n'a pas hésité à
s'engager dans cette voie pour assurer à son œuvre les plus grandes chances
de succès; il a, dans ce but, pris toutes les dispositions nécessaires pour
qu'elle puisse être menée à bonne fin d'ici à une douzaine d'années, époque
à laquelle M. Donner se propose de résigner ses fonctions officielles.
» Pour donner aux résultats une homogénéité aussi parfaite que possible,
les constantes de chaque cliché ont été déterminées à l'iiide des données
tirées de l'ensemble de tous les clichés adjacents rattachés les uns aux
autres par des mesures effectuées sur des images stellaires communes, mé-
I210 ACADEMIE DES SCIENCES.
thode que j'ai signalée et dont j'ai démontré la haute portée dans plusieurs
Mémoires successifs.
» Lorsqu'on examine en détail les travaux d'observations et de calculs
sur lesquels repose cet Ouvrage, on est frappé de la rigueur des procédés
mis en praiique, de Ja clarté d'exposition et de la judicieuse économie qui
ont présidé à la publication, ainsi que de la part contributive personnelle
si notable de M. Donner dans l'exécution de toutes les recherches d'une
nature si variée qui s'y rapportent.
)) L'Académie remarquera peut-être avec étonnement le nombre si
fiiible ( 12485) d'images stellnires correspondant à une plage aussi vaste de
la sphère céleste. Mais ce fait si imprévu s'explique aisément; en effet, par
un pur haçard, on avait entrepris la photographie de la région de l'espace
la plus pauvre en étoiles. Parmi les sept volumes suivants, il y en aura qui
renfermeront cinq ou six fois plus de positions stellaires. L'épaisseur com-
parative des huit volumes permettra ainsi de se rendre compie grosso modo
de la richesse slellaire relative des régions respectives de l'espace dans la
zone considérée.
» Il y a lieu de féliciter M. Donner d'avoir, pour la partie de l'œuvre
internationale qui le concerne, inauguré d'une manière si heureuse la
publication du Catalogue photographique. »
M. R. Zeiller présente à l'Académie, dans les termes suivants, au nom
de M. Michel Lévy, directeur du Service des topographies souterraines, en
même temps qu'au sien, le volume de Texte de la Flore fossite des gîtes de
charbon du Tonkin, qui complète l'Ouvrage dont l'Atlas avait été déposé sur
le bureau de l'Académie il y a un peu plus d'un an.
« La plus grande partie du travail est consacrée aux gîtes de charbon du
Bas-Toukin, Hongay, Kébao et Dongtrieu, dans lesquels il a été recueilli
un total de 54 espèces, dont i[\, c'est-à-dire près de la moitié, avaient déjà
été observées, soit en Europe, soit dans l'Lide ou en Australie, dans des
couches appartenant à l'étage rhétien ou confinant à cet étage; les 3o
autres sont nouvelles, et l'une d'elles constitue un type générique nouveau
d'E(piisétinée qui ne laisse pas de ressembler un peu, du moins en appa-
rence, aux Annularia houillers; mais, sur ces 3o espèces, i8 sont étroitement
alliées à des types spécifiques, soit du Rhétien, soit du Permotrias ou du
Lias, et pour quelques-unes les ressemblances sont telles qu'on peut dire
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE IpoS. 1211
que ce ne sont que des formes représentatives de certaines de nos espèces
de la flore rhétienne de l'Europe. L'âge rhélien de ces couches n'est, en
somme, pas discutable.
» L'examen détaillé de la flore des gisements de Hongay et de Kébao
a permis en outre de déterminer le niveau relatif des principaux faisceaux
exploités et a montré notamment, en ce qui regarde Hongay, que les
couches de Nagotna sont les plus récentes du système et que celles de
Hatou sont au contraire plus anciennes; quant à celles de Kébao, elles
semblent correspondre à un horizon encore un peu plus bas, mais la flore
n'en est pas assez complètement connue pour permettre à cet égard une
affirmation formelle, et peut-être sont-elles contemporaines de celles de
Hatou.
» Les gisements de Yen-Bai, sur le haut Fleuve Rouge, n'ont fourni
qu'une douzaine de formes spécifiques de plantes, accompagnées de
quelques coquilles; mais l'étude des unes et des autres concorde pour
faire considérer les charbons de ces gisements comme étant d'âge mio-
pliocène, sans qu'il soit possible toutefois de préciser davantage.
» Enfin la dernière partie de l'Ouvrage est consacrée à la description
des quelques fossiles végétaux qui ont été recueillis par M. l'Ingénieur en
dief des Mines Leclère dans les gîtes de charbon rhéliens du Yun-Nan et
du Rouei-Tcheou, et qui sont pour la plupart identiques à ceux qu'on
rencontre dans les gîtes similaires du Bas-ïonkin. »
Note de M. Alfred Picard, accompagnant la présentation du Recueil des
plans de son Rapport sur l' Exposition universelle de 1900.
« J'ai fait successivement hommage à l'Académie des Sciences des sept
Volumes de mon Rapport administratif et technique sur l'Exposition uni-
verselle de 1900. Elle me permettra d'y ajouter aujourd'hui le recueil des
plans au ^^qui accompagnent la publication.
» Ces plans sont au nombre de quatre : plan du rez-de-chaussée et plan
de l'étage des constructions édifiées dans l'enceinte urbaine; plan des ser-
vices divers organisés dans la même enceinte; plan de l'annexe du bois de
Vincennes.
» Ils n'appellent que de très courtes explications.
)) L'Académie m'autorisera à passer rapidement sur les deux premiers.
I2I2 ACADEMIE DES SCIENCES.
car l'ordonnance d'ensemble de l'Exposition est encore présente à la
mémoire de tous; un simple coup d'œil suffirait au besoin pour* réveiller les
souvenirs. Je me borne à rappeler les grandes idées directrices du pro-
gramme que les circonstances ont conduit à réaliser.
» Au premier rang se place le rétablissement de la perspective qui,
avant i855, avait toujours été ménagée avec un soin jaloux dans l'ancien
carré Marigny, entre les Champs-Elysées et l'Hôtel des Invalides. De là sont
nés la nouvelle avenue, bordée par les deux palais des Arts, et le pont
Alexandre TH.
)) Une seconde pensée maîtresse a été l'utilisation des berges de la
Seine, la transformation du fleuve en une sorte de grand canal vénitien.
Cette transformation n'avait pas seulement pour objet de fournir des motifs
séduisants et originaux de décoration; elle devait entraîner le remplace-
ment, depuis si longtemps désiré, des ports de tirage par des ports droits,
servir ainsi les intérêts permanents de la navigation et doter Paris d'un nou-
vel embellissement définitif qui s'ajouterait à celui de l'avenue Alexandre III.
» Les organisateurs ont aussi atlacbé une extrême importance à ce que
l'entrée principale touchât la place de la Concorde, afin de mettre l'Expo-
sition en contact avec les quartiers du centre de la capitale. Près de i3 mil-
lions de visiteurs sont passés par cette entrée et par celle de l'avenue des
Champs-ElyNées.
» Dans la distribution des palais, les Champs-Elysées et l'Esplanade des
Invalides formaient le domaine des Beaux-Arts et des Arts décoratifs : le
public trouvait, delà sorte, au seuil même de l'enceinte, les manifestations
les plus brillantes du génie français. L'Industrie et l'Agriculture avaient leur
siège principal au Champ de Mars. Sur les quais de la Seine s'échelon-
naient notamment le palais de la Ville, les serres, le palais de l'Economie
sociale et des Congrès, l'admirable série des palais et pavillons étrangers,
les palais de la Guerre, de la Navigation et des Forêts. Les colonies occu-
paient le parc du Trocadéro. D'immenses jardins ininterrompus reliaient
d'ailleurs ce parc au fond du Champ-de-Mars, laissant la vue s'étendre sans
obstacle et offrant de vastes espaces aux foules.
» Mon unique regret est de n'avou' pu élever aux Champs-Elysées,
comme m'y incitaient des considérations philosophiques, le palais de l'En-
seignement et de l'Éducation. C'est, en effet, par l'éducation et l'enseigne-
ment que l'homme entre dans la vie; c'est aussi la source de tous les pro-
grès. Des objections, d'ailleurs sans fondement, inspirées par la crainte de
SÉANCE DU 2 S DÉCEMBRE IQoS. 121 3
voir porter atteinte aux plantations, ont déterminé l'abandon, sur ce point,
du programme initial. THiisque l'occasion s'en présente, j'indiquerai que,
loin d'être réduit, le nombre des gros arbres dans le périmètre de l'Expo-
sition a été augmenté d'une centaine.
» Le troisième plan offre peut-être plus d'intérêt, car il montre ce qu'on
ne voyait guère, les installations multiples, complexes et variées, établies
pour assurer, dans l'enceinte urbaine, les services divers indispensables à
la vie d'une populeuse cité.
» Ici, le mieux est de céder la parole aux chiffres.
» Avant tout, il fallait pourvoira l'assainissement. Plus de iS'"" d'égouts
y ont concouru, et parmi eux un égout pneumatique, fonctionnant à l'air
comprimé, pour la berge basse de rive gauche du fleuve.
» La viabilité à l'intérieur ou aux abords a exigé i3 700"' de pavage en
bois, 19300™' de pavage en pierre, 47 Soo"' d'empieirement, 124 000"'' de
gravillonage, 10 700""' de trottoirs. De nombreuses passerelles franchis-
saient les voies publiques qui demeuraient ouvertes à la circulation exté-
rieure, notamment l'avenue d'Antin, le boulevard de Latour-Maubourg, la
place de l'Aima, le carrefour Rapp-Bosquet, le quai Debilly et le quai
d'Orsay. Trois autres passerelles étaient jetées au-dessus de la Seine. Des
passages ménagés sur le pont Alexandre III maintenaient la continuité des
relations entre l'est et l'ouest de Paris, au droit des Champs-Elysées et de
l'Esplanade, même pour les tramways.
» Des voies ferrées, raccordées à la gare du Champ-de-Mars et mesurant
II i5o'", avaient été aménagées pour le transport des matériaux et des
produits exposés.
)) La superficie des parcs et jardins n'était pas inférieure à 26'"*.
» Une abondante alimentation en eau s'imposait absolument. Elle fut
demandée soit aux réservoirs municipaux, soit à la Seine. Le réseau de
distribution des eaux de la Ville comprenait 4^'""» 5oo de tuyaux, dont le
diamètre allait jusqu'à o™,Go. Quant aux eaux de Seine, elles étaient
refoulées à 21"* de hauteur par des pompes j)uissantes à vapeur, capables
de fournir 1'"' à la seconde, et par d'énormes conduites en fonte.
» Le service mécanique comportait des chaudières d'une surface totale
de chauffe de 17000'"', d'immenses carneaux de fumée, deux cheminées
d'une hauteur de 80™, des canalisalions de vapeur posées en grande partie
sous galerie et développant 3'^'°, des conduites jumelles affectées au retour
des eaux chaudes, 37 machines motrices d'une puissance totale de 36000*^''*,
G. R., 1903, 2' Semestre. (T. CXXXVII, N' 26.) I Sg
I2l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
/^kin jp conduites fl'air comprime, 4o ventilateurs pour la Salle des Fêtes, le
palais de l'Agriculture et la galerie des Groupes électrogènes.
» Un service jumeau du précédent, le service électrique, avait des
groupes électrogènes d'une puissance de 20000 kilowatts, 60'^™ de canali-
sations pour courant continu ou alternatif, 2 tableaux généraux, 2 grands
convertisseurs, 260 transformateurs. Ses ressources s'augmentaient de
celles des secteurs. Il alimentait 335o lampes à arc et 4o<^oo lampes à
incandescence, pour le seul éclairage public, sans compter les abonne-
ments particuliers; il livrait aussi le courant nécessaire à 677 moteurs.
L'éclairement opéré par ses soins dans les palais ou au dehors variait de 3
à 24 bougies décimales par mètre carré, alors que les voies parisiennes ne
reçoivent ordinairement pas plus de 2 bougies décimales. Dans l'ensemble,
l'émission journalière des groupes électrogènes a atteint 38 600 kilowatts-
heure.
» L'éclairage des parcs et jardins était partiellement réservé au gaz,
qui fournissait en outre de la force motrice. Tl existait 2200 lanternes ou
becs et ^^^ de rampes d'illumination, desservis par 37''™ de canalisations
et recevant le gaz, soit à la pression ordinaire, soit avec une surpression.
» Diverses zones avaient été affectées à des essais d'éclairage par l'acé-
tylène, l'alcool et le pétrole.
» Outre les voies ferrées, l'outillage de la manutention comprenait
52 appareils de levage d'une puissance de i* à 45^ Le poids des objets
exposés introduits dans l'enceinte est passé de 32 600* en 1889 à 79000^
en 1900; pour apprécier l'importance de service de la manutention, on doit
ajoutera ce dernier chiffre 35 000* de combustible.
» Le transport mécanique des visiteurs s'effectuait par le chemin de fer
électrique et la plate-forme mobile, dont le trafic a été de 9300000 voya-
geurs, ainsi que par 29 chemins élévateurs et 8 ascenseurs.
» Rien n'a été négligé pour le service médical, dont l'organisation et la
direction ont fait grand honneur à M. le D^ Gilles de la Tourette, puis à
M. le D*" Beurnier, chirurgien des hô})ilaux. Quatre postes médicaux étaient
répartis dans le périmètre. 20000 personnes ont reçu des soins; le nombre
des visiteurs malades ou indisposés n'a pas dépassé 1750, alors qu'en 1889
il avait atteint 454o. Une surveillance minutieuse était exercée dans l'in-
térêt de l'hygiène, qui a été parfaite.
)) Les mesures les plus prudentes devaient être prises pour la défense
contre le feu. A cet effet, l'administration avait installé 10 postes de pom-
piers militaires (auxquels se joignaient des postes de pompiers civils),
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE I[]o3. I2l5
132 bouches d'eau, 892 robinets de secours et 97 avertisseurs, desservis
par 5']^°^ de fils. Tout le personnel était exercé à la manœuvre des robinets
de secours; pas un point des palais ne restait en dehors de la zone d'action
de ces robinets. Les commencements d'incendie, généralement dus à des
courts-circuit?, ont été très fréquents, et le nombre des appels aux pom-
piers s'est élevé à 61; mais, dans la plupart des cas, l'extinction a pu être
presque instantanée et aucun sinistre de quelque gravité ne s'est produit
dans les galeries. Ce résultat est dû, pour une large part, à l'ignifugeage
auquel étaient soumis les bois et les tissus, d'après les principes posés par
Gay-Lussac dès 1821.
» Enfin le service postal et télégraphique avait 7 bureaux et 82 cabines
téléphoniques. Les lignes télégraphiques mesuraient 28'^'" et les lignes
téléphoniques 3 10''™. Il a été expédié ou reçu, tant à Paris qu'au bois de
Vincennes, 9800000 correspondances ordinaires postales et 99000 télé-
grammes.
» Le quatrième plan est relatif à l'annexe du bois de Vincennes, siège
des concours d'exercices physiques, des expositions se rattachant à ces
concours (automobiles et cycles), des expositions encombrantes comme
celle du matériel des chemins de fer, des expositions dangereuses (acéty-
lène ; moteurs à pétrole, à éther), des cités ouvrières, etc.
)) Je ne fatiguerai pas l'Académie de sa descrij)tion. On y retrouve, avec
moins d'ampleur, des installations analogues à celles de l'enceinte urbaine.
» Les plans, au sujet desquels je viens de donner des explications som-
maires, ont été exécutés par M. Gentil. Ils témoignent de ce que l'on peut
obtenir aujourd'hui par la lithographie et la photographie, procédés beau-
coup plus cxpéditifs et plus économiques que la gravure sur cuivre.
» Ces plans offrent d'ailleurs une particularité intéressante : le litho-
graphe les a établis, non d'après une minute d'ensemble, mais d'aj)rès des
dessins partiels à échelles très diverses.
» Chacun des dessins élémentaires était photographié et ramené à
l'échelle uniforme de 0,001. On faisait ensuite un calque des épreuves, en
y dessinant très soigneusement les traits et les écritures, et l'on photolitho-
graphiait ce calque à l'échelle de moitié, c'est-à-dire à l'échelle définitive.
» Les matrices ainsi obtenues fournissaient des épreuves à report qui,
bien repérées entre elles et décalquées sur pierres lithographiques, con-
duisaient à l'épreuve d'ensemble en noir.
I2lG ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Des calques en IraiLs opaques, pris sur le fond de plan du noir et
insolés sur des feuilles de zinc préalablement enduites d'une préparation
photographique au bitume de Judée, servaient à préparer, par transposi-
tion, les planches lithographiques de couleur.
» Les diverses couleurs étaient tirées successivement à l'aide de presses
mécaniques. Eu égard aux difficultés de repérage pour des dessins de
pareilles dimensions, il eût été impossible de tirer simultanément plusieurs
couleurs. »
ZOOLOGIE. — Sur les mains scapulaires et pelviennes chez les Poissons
chondroptérygiens. Note de M. Armand Sabatieiî.
« Dans ma Note du 3o novembre 1908, j'ai établi que chez les Poissons
osseux il existe non seulement des mains de l'avant-bras et de la jambe,
c'est-à-dire des mains terminales des membres, mais encore des mains des
ceintures, c'est-à-dire des mains scapulo-coracoïdiennes et pelviennes. Exa-
minons si, chez les Chondroptérygiens, on ne retrouve pas une disposition
de même nature.
» Dans une Note insérée dans les Comptes rendus du 5 décembre 1898,
j'ai établi par une comparaison du membre thoracique du Lophius pisca-
iorius avec celui des Squalidés, quelles étaient les parties qui, dans ce
dernier, correspondaient aux éléments du premier. La position basilaire
humérale et antibrachiale du membre antérieur des plagiostomes étant
constituée par une masse cartilagineuse continue, la distinction des parties
composantes est loin d'être aussi marquée que chez les Poissons osseux.
Les pièces osseuses qui forment chez ces derniers autant d'os distincts se
réduisent chez les Poissons cartilagineux à des saillies plus ou moins pro-
noncées, et ne peuvent être déterminées que par une appréciation des
rapports généraux, et en particulier par leurs relations avec le trou du
canal nerveux qui correspond au trou nerveux radio-cubital des Poissons
osseux.
» En procédant ainsi, on distingue chez les Squalidés une ceinture
scapulo-coracoïdienne portant, sur sa face postérieure, une saillie perforée
par un canal bifurqué parcouru par les nerfs destinés aux membres et
présentant vers son sommet des surfaces articulaires pour la main du
membre formée de trois métacarpiens aplatis qui portent de nombreuses
phalanges cartilagineuses et articulées qu'il faut bien se garder d'assimiler
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE [90^. 12 1 7
aux rayons dermiques des Poissons osseux. La saillie est bien l'avant-bras
perforé par le canal nerveux qui s'est bifurqué dans l'épaisseur du carti-
lage.
)) Plus près de la li£;ne médiane se distingue, dans certaines espèces, et
notamment chez Acanthias vulgaris et A. Blairmlle, une autre saillie légè-
rement recourbée qui répond bien au piriforme des Poissons osseux. Ces
deux saillies, plus les métacarpiens et les phalanges, constituent le domaine
virtuel du demi-interépineux postérieur. Parfois le j)iriforme est effacé et
se confond avec l'avant-bras, comme chez certains Poissons osseux. La
face inférieure du cartilage est, à ce niveau, creusée d'une fosse coraco-
scapulaire comparable à celle des Osseux et destinée comme elle à l'inser-
tion des muscles moteurs de la main. Le bord antérieur de celte fosse, et
par conséquent le bord antérieur de la ceinture, forme une crête amincie
qu'il convient de bien étudier. Chez Scyllium, cette crête porte, vers son
extrémité interne, une saillie piononcée et assez limitée. Chez Acanlhias
Blainville Risso, cette saillie se prolonge en dehors sous forme d'une crête
très convexe en avant et qui forme comme une voûte saillante arrondie
surplombant la racine des membres; et enfin, chez Acanthias vulgaris,
cette crêle, devenue horizontale et rectiligne, est occupée dans presque
toute sa longueur par une série très réguhère de cinq tubercules sphé-
riques bien saillants, qui se distinguent d'autant mieux qu'ils sont calcifiés
et révèlent par là un degré d'évolution plus avancé que le reste de la
masse cartilagineuse. Ces saillies, qui ne correspondent pas à des disposi-
tions spéciales des muscles, me paraissent ne pouvoir être interprétées que
comme des vestiges d'une main mono- ou pentadactyle de la ceinture,
formant pour ainsi dire comme uwe épaulette placée au-dessus de l'ori-
gine du membre radio-cubilal, et de la main qui lui appartient. Celte
dernière est d'ailleurs elle-uiôme virtuellement ou même réellement penta-
dactyle, car, s'il semble que le nombre des métacarpiens soit réduit à
trois, il ne faut pas oublier que certains d'entre eux, l'interne, et le moyen
surtout, peuvent être considérés comme la synthèse de deux nîétacar-
piens, et d'autant plus que ce caractère synthétique du squelette des
Chondroplérygiens est très accentué. Il y a d'ailleurs, chez les Rajidés,
des mains radio-cubitales pentadactyles à métacarpiens plus ou moins
inégaux. Comme chez les Téléostéens, il y a donc chez les Squalidés les
vestiees d'une main de la ceinture située sur la crête de la fosse coraco-
scapulaire; seulement cette main est devenue ici plus ventrale, comme
d'ailleurs la main cubito-radiale elle-même.
121 8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» L'examen de la ceinture et du membre antérieur si remarquables des
Rajidés va confirmer hautement les précédentes conclusions. La main si
considérable des Rajidés ne doit pas être comprise comme le simple
résultat de l'élargissement vers la région céphalique de la main radio-
cubitale des Squalidés. En effet, cette dernière n'est articulée qu'avec la
saillie radio-cubitale qui constitue le membre, et a sa base en arrière du
canal nerveux et de ses orifices qui perforent cette saillie. Or, telle n'est
certes pas la situation et les rapj)orts de la main des Rajidés. Étudiée chez
Torpédo, ou chez Myliobates ou chez Raie qui représentent trois formes
progressives de cette main, on trouve toujours les saillies arliculaires de
la ceinture disposées en deux groupes distincts : i° le groupe postérieur
composé de plusieurs surfaces articulaires, et situées en arriére ou au
niveau des trous nerveux qui se sont ici dédoublés et portés à quatre; 2° la
saillie antérieure, située sur la crête antérieure de la fosse coraco-scapu-
laire et tout à fait en avant des trous nerveux. Si le premier groupe répond
très évidemment aux articulations de la main radio-cubitale des Squalidés,
il est impossible de nier que la saillie elliptique antérieure correspond
comme situation et conmie rapports aux saillies coracoïdiennes des Squa-
lidés. Mais tandis que chez ces derniers il n'y a que des vestiges de la main
de la ceinture, chez les Raies cette main a confirmé et manifesté hautement
sa signification en ce sens que la saillie articulaire porte un doigt très volu-
mineux articulé avec elle, composé d'un Métacarpien probablement syn-
thétique constitué par une série d'articles, et porteur d'un nombre consi-
dérable de phalanges. Il v a donc là une puissante main de la ceinture qui,
s'unissant sans interruption ou lacune à celles du membre radio-cubital,
constitue l'élargissement céphalique si étonnant du membre antérieur des
Rajidés. Ici, comme dans le membre postérieur des Téléosléens, mais pour
des raisons différentes, les deux mains de la ceinture et du membre se sont
juxtaposées et ajoutées.
» Chez les Téléostéens le défaut de différenciation des deux demi-
interépineux constituants et leur soudure plus ou moins complète ont main-
tenu en contact les deux saillies articulaires qui portent les rayons et qui
représentent virtuellement les deux membres pelviens et les deux mains
d'un même côté. Chez les Rajidés la différenciation avancée des deux pièces
constituantes, leur soudure et leur développement très considérable ont
maintenu en contact les deux mains et assuré leur continuité.
» L'élude du bassin et du membre postérieur des Squalidés et des
Rajidés va donner encore plus de solidité à ces résultats. Ce bassin pré-
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE IQoS. 1219
sente une forme générale dont les variétés se ramènent facilement à un
type commun. Contrairement à ce qui a lieu chez les Téléostéens, la diffé-
renciation de la ceinture et du membre est déjà assez accentuée, et pres-
que autant qu'au membre antérieur. Celte ceinture se compose d'une plaque
ou lame transversale droite ou courbe à concavité postérieure. Elle répond
exactement à la pièce coracoïdienne et forme la j)artie ischio-pubienne de
la ceinture. Cette plaque présente à ses deux extrémités un élargissement
saillant en arrière, bien plus accentué chez les Raies que chez les Squales.
n Sur cette plaque se trouve un trou ou foramen nerveux chez les Squa-
lidés et deux foramens antéro-postérieurs chez les Rajidés. Elle représente
la saillie du membre postérieur, car elle est exactement comparable à la
saillie du membre sur la ceinture antérieure. La ceinture fournit latéra-
lement une tige ou pointe qui se porte en haut et en arrière et représente
l'iléon. Sur la saillie du membre, c'est-à-dire en arrière des foramens
nerveux, s'articulent par deux surfaces distinctes deux métatarsiens qui
portent des phalanges. Mais en avant des foramens et sur le bord antérieur
du pubis s'élève une saillie conique, courte chez les Squales, allongée et
volumineuse chez les Raies et qui représente exactement, par sa situation,
sa forme, ses connexions, le doigt coracoïdien de la ceinture antérieure.
C'est donc un vrai doigt ou main monodactyle de la ceinture pelvienne,
mais réduit à la portion métatarsienne et dépourvu de phalanges. Ce doigt
est d'ailleurs articulé avec la ceinture chez les Rajidés et chez la plupart
des Squalidés sur une saillie pubienne, qui correspond à la belle tête arti-
culaire antérieure de l'épaule. On a jusqu'à présent désigné cette saillie
comme processus ou apophyse prépubienne, sans soupçonner sa significa-
tion. Mais c'est bien une main monodactyle et probablement synthétique
de la ceinture pelvienne.
» Il y a donc chez les Sélaciens (Squales et Raies) comme chez les
Poissons osseux, pour chaque paire de membres, des mains de la ceinture
distinctes des mains du membre.
» D'oii résulte que dans ces deux groupes les ceintures et les membres
résultent également de la différenciation de deux pièces homodynames,
moitiés latérales de deux supports successifs distincts ou fusionnés des
nageoires impaires.
» Une prochaine Note se rapportera au cas d'autres Vertébrés. »
1^20 ACADEMIE DES SCIENCES.
GÉOLOGIE. — Sur la limite du Jurassique et du Crétacé dans la région orien-
tale des Pyrénées et sur l'existence de deux époques distinctes de formation
des calcaires à couzeramte. Note de MM. Cii. Depéret et O. Mengel.
« L'un des traits caractéristiques de l'histoire géologique des Pyrénées,
des Corbières et d'une partie du nord de l'Espagne est l'existence d'une
longue phase iVémersion continentale qui embrasse la majeure partie des
temps Jurassiques et le commencement des temps Crétacés. Ce grand fait
est établi par une lacune de tous les étages jurassiques, vraisemblablement
à partir du Balhonien et de tous les termes du grand élage iVéocomien. Par-
tout, dans cette vaste région, on voit les calcaires Urgo-Aptiens (i'aciès à
Rudistes de l'Aptien inférieur) reposer sur les dolomies jurassiques
(Bajocien-Bathonien), ou même, par suite d'érosions, sur des termes plus
anciens de la série sédimentaire.
» Dans certaines parties des Pyrénées, telles que l'Ariège, la limite du
Jurassique et de l'Aptien se reconnaît aisément grâce à l'intercalation
d'une couche de Bauxite, qui semble être un produit de décalcification des
calcaires sous-jacents, dans leur longue phase d'émersion. La Bauxite se
retrouve dans le Languedoc, dans le chaînon de Saint-Ehinian et jusque sur
les plateaux des environs de Bédarieux, toujours déposée dans les anfrac-
tuosités des calcaires jurassiques inférieurs ou basiques et toujours recou-
verte par le terme le plus ancien du Crétacé de la région (en Languedoc,
c'est l'étage de Rognac).
» Mais, dans toutes les Corbières et dans les chaînons orientaux des
Pyrénées, ce point de repère si précieux de la Bauxite fait défaut et la
séparation précise du Jurassique et des calcaires Urgo-Aptiens devient
alors très difficile. Il existe, en effet, presque toujours dans celte région,
au-dessus du Toarcien raarno-schistenx à Ilildoceras hifrons très fossilifère,
une série assez épaisse de dolomies noires et de calcaires dolomitiques sans
fossiles, qui ont parfois l'apparence de passer graduellement aux calcaires
aptiens, eux-mêmes plus ou moins dolomitiques. Cette zone dolomitique
inférieure a été jusqu'ici rapportée tantôt au Jurassique, tantôt à la base de
l'Aptien, sans raison décisive dans l'un des deux sens.
» Les levés géologiques exécutés sur les feuilles de Perpignan et de
Prades pour le service de la carte de France nous ont jiermis de découvrir
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1903. I22I
un criierium important et tout à fait nouveau pour fixer la limite du Juras-
sique et du Crétacé dans cette région.
» La vallée de l'Aglv, entre Espira et Estagel, est un large synclinal crétacé à allure
dissymétrique, dont Faiie sud très redressée ou même verticale s'appuie sur les
schistes siluriens de la région de Millas. On y observe la série suivante de haut en bas :
» Aptien. — 2. Marnes noires à Oslrea aquila.
» 1. Calcaires compacts gris bleu à Teucasia (Urgo-aptien).
» Brèche-hmite. — Brèche polygénique d'épaisseur variable (i'"'" à iC^"^ et plus).
» Jurassique {Bajocien-Bathonien 2-1). — Calcaires dolomitiques foncés et
doiomies noires pulvérulentes, parfois grises ou même blanches.
» Toarcien. — 2. Marnes schisteuses rosées à Uildoceras bifrons. Hammaloceras
insigne, Cœloceras crassum, etc.
» 1. Calcaires marneux à Bclemniies Iripartitus.
» Charnienthien. — 2. Calcaires roses et calcaires à grains de f(uartz à Penta-
crinus jurensis.
» 1. Calcaires bleus compacts à Pentacrines et Polypiers.
» Sinémurien et ? Infra-lias. — Doiomies foncées et calcaires dolomitiques bré-
choïdes, cloisonnés (cargneules).
)) Celte coupe a d'abord l'intérêt de nous faire connaître la composition
du Lias dans cette région où il n'avait pas été signalé. Mais son intérêt
principal réside dans la présence constante, entre les doiomies supratoar-
ciennes et les calcaires aptiens, d'une brèche polygénique à gros éléments,
dont l'épaisseur est variable suivant les points et dépasse parfois une dizaine
de mètres. Les fragments, très anguleux, sont formés de calcaires d'âges
divers : calcaires noirs et doiomies du Lias inférieur ou du Jurassique;
calcaires gris, roses ou blancs du Lias moyen; le ciment est compact, de
couleur grise, rosée ou jaune, donnant un marbre-brèche d'assez bel
aspect, depuis longtemps exploité aux carrières de Beixas.
» La diversité d'origine des éléments de cette brèche atteste des phé-
nomènes assez énergiques de démantèlement et de transj)ort des calcaires
basiques et jurassiques ayant précédé la formation de la brèche. Nous
voyons là la marque d'un changemettt de régime assez brusque qui a
accompagné ou précédé de peu le retour offensif de la mer aptienne sur
une région depuis longtemps soustraite au domaine maritime. Il s'agit donc
là d'une yénl^ihi^brcche-limite , par laquelle nous faisons débuter le Crétacé
inférieur dans toute la longue bande méridionale de la vallée de l'Agly.
Kous avons suivi cette brèche, depuis Baixas par Estagel, jusqu'au delà
de Latone, et nous pensons qu'elle est destinée à remplacer la Bauxite
C, R., iQoS, 2* Semestre. (T. CXXXVII, N° 26.) 160
J222 ACADEMIE DES SCIENCES.
dans toute cette région orientale des Pyrénées, comme critérium de la
limite entre les terrains jurassiques et crétacés.
» L'état de cette brèche nous a amenés en outre à une observation
intéressante au sujet de l'âge des phénomènes de métamorphisme de
contact qui ont provoqué la formation des calcaires à couzeranite (dipyre),
si caractéristiques de la région pyrénéenne. Ces phénomènes se sont
reproduits dans notre région à deux époques distinctes.
» En effet, les calcaires et marnes du Lias moyen et supérieur, entre
Calce et Estagel, sont métamorphiques et remplis de cristaux de couze-
ranite. Ceci est parfaitement conforme aux observations faites par
M. Lacroix dans l'Ariège, et plus à l'ouest.
» En outre, dans les environs de Baixas et d'Estagel, la brèche-limite
du Crétacé inférieur contient de nombreux fragments de calcaires liasiques
remplis de dipyre et déjà métamorphiques avant leur incorporation dans
la brèche de base de l'A-ptien.
» Mais, d'autre part, les calcaires urgo-apLiens, superposés à cette
brèche, sont eux-mêmes remplis en certains points (carrières de Baixas,
Estagel) de magnifiques cristaux de couzeranite, et nous nous sommes
assurés que ces cristaux existent dans des couches remplies de sections
indiscutables de rudistes crétacés.
» Il est donc nécessaire^ d'admettre dans cette région deux époques
distinctes de métamorphisme : la première est antérieure à la brèche de
base de l'étage urgo-aptien, et doit être probablement contemporaine de
la formation des calcaires à couzeranite de l'Ariège, c'est-à-dire d'âge
jurassique (post-liasique).
» La deuxième époque de métamorphisme est sûrement postérieure
à l'Aptien, et pourrait être même assez récente géologiquement, puisque
nous n'avons jusqu'ici aucun moyen de préciser sa limite supérieure. »
NAVIGATION. — De V influence de la surimmersion sur la vitesse.
Note de M. J.-A. Normand.
« Il y a huit ans, dans une Note intitulée : le Problème de la vitesse, j'ai
indiqué la surimmersion comme l'un des moyens les plus efficaces d'ac-
croître la vitesse des navires et de résoudre des problèmes de construc-
tion navale insolubles autrement. La surimmersion n'est admissible, il est
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1903. 1223
vrai, que dans des limites restreintes et à la condition de ne pas compro-
mettre la navigabilité.
» Etant donné un bâtiment type, de grandeur absolue invariable, une
addition aux poids constitutifs entraînera des conséquences très différentes
suivant que le déplacement devra être conservé ou qu'il pourra être aug-
menté par surimmersion.
)) Soient pour le bâtiment type, un bâtiment de combat, par exemple :
D, déplacement total en tonneaux de 1000*^5;
/?!, poids de coque armée avec artillerie, munitions, équipage, vivres;
p.2, poids de l'appareil moteur complet, avec rechanges et eau de réserve;
/?3, poids du combustible;
p», vitesse maxima en nœuds;
n, exposant de la vitesse suivant lequel varie la puissance dans le voisinage de la puis-
sance maxima.
On a
(1) D-^/^,+/;, + /^3-
M Le poids par cheval de l'appareil nioleur étant supposé constant, ainsi
que l'utilisation, ce qui est très admissible à la condition essentielle que
l'acuité et la surface propulsive soient modifiées suivant l'immersion et la
vitesse, il faut poser
(2) (.' = «1
') On a, par différentialion :
(3) clD --— fipt -f- dp., 4- c/p^
et
. , X , (' /dp,, 2 r/D\
" \ /'2 3 D y
» Quand le rayon d'action du bâtiment type doit être conservé, il faut
poser
(5) • v,=^b\f,
d'où
, 9. dï)
1224 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et la formule (4) devient
(6) do='-['^-\'^P^±^\
» Ces formules fournissent la variation de la vitesse dans un nombre
illimité d'hypothèses, parmi lesquelles on peut considérer les suivantes :
» i*' Une addition dp^ est faite à la coque : une réduction équivalente
est opérée sur l'appareil moteur pour conserver môme déplacement :
r/D = o, dp, = o, dp.;, = — dp^ ,
d'où, par la formule (\),
(7) rfr, = -- '- *!.
» 2," Malgré l'addition dpf, l'appareil moteur et le rayon d'action du
type sont conservés et il en résulte une surimmersion.
» La formule (6) donne, avec dp., = o,
(8) dv.,= '" ^^"
on 1
» 3° Une addition dp.^ est faite à l'appareil moteur, une réduction équi-
valente étant opérée sur la coque armée et le combustible pour conserver
même déplacement.
» La formule (4) donne, avec <^D = o,
^ -^ ^ •' n p.,
» 4*' Malgré l'addition dp., à l'appareil moteur, le poids de coque et le
rayon d'action sont conservés avec surimmersion.
» La formule (6) donne, avec J/?, ^ o,
(.0) ,/,^='1/'!ei_i^i^^\.
» Le rapport des réductions de vitesses, avec et sans surimmersion dans
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE IQOS. 122.^
le cas (l'une addition à la coque armée est donc
et celui des accroissements de vitesse, avec et sans surimmersion, dans le
cas d'une augmentation de puissance,
(12) '^'"
3
D - -: ih
» Ces rapports, dont la somme est égale à l'unilé et qui sont indépen-
dants de la vitesse el de l'exposant «, présentent les valeurs approxima-
tives suivantes, aux conditions d'essais, pour les divers types de bâtiments
de combat :
dv-, dv^
dv, dvj
Cuirassés de premier rang 0,10 Oj9o
Croiseurs de première classe 0,17 o,83
Croiseurs de troisième classe 0,21 0)79
Contre-torpilleurs non blindés 0,28 0,72
Torpilleurs non blindés o,3r 0,69
» Il résulte de ce Tableau que, pour un grand cuirassé de grandeur
absolue invariable, l'addition à la coque armée d'un poids susceptible de
réduire sa vitesse d'un nœud, si le poids de l'appareil moteur est diminué
d'une quantité équivalente pour conserver le même déplacement, n'entraî-
nera qu'une réduction i" X 0,10 = o", 10, si le poids de l'appareil moteur
est conservé et une suriminersion admise.
)) Quand, pour ce même cuirassé, le poids de l'appareil moteur est aug-
menté de manière à accroître la vitesse d'un nœud, les autres parties con-
stituantes, cuirasse, artillerie, combustible, élant diminuées d'autant, afin
de conserver le même déplacement, si l'on conserve les poids anciens de
cuirasse et artillerie, et le même rayon d'action, et si l'on admet la surim-
mersion, l'accroissement de vitesse sera i" X 0,90 = o",9o. Or ces poids
représentent la puissance offensive et défensive et, question de naviga-
bilité mise à part, leur conservation présente une importance beaucoup
plus grande que la perte d'un dixième de nœud.
» J'ai eu récemment l'occasion d'appliquer et de vérifier la théorie
exposée ci-dessus.
1226 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Le torpilleur Cyclone de 3o", 5 clant pris comme type et sa grandeur
absolue, son appareil moteur et son rayon d'action étant conservés, un
blindage fut ajouté. L'augmentation de déplacement fut obtenue par
surimmersion, la hauteur des œuvres-mortes étant réduite au milieu,
mais conservée aux extrémités pour assurer la navigabilité.
» Les caractéristiques du Cyclone étaient :
» La modification entraîna les variations :
dD = 37'^, 5, dp, = 33t^ dp., = o, dp, = 4«.
» La réduction de vitesse devait être, d'après (8), en donnant à n sa
valeur moyenne, 2", 5 à grande vitesse; dans les torpilleurs, 2", 07. En
effet, la vitesse maxima moyenne des deux torpilleurs ainsi modifiés,
Siroco et Mistral, atteignit 28", 3, résultat sans précédent, eu égard à la
charge excessive aux essais : 37 j)our 100 du déplacement total, au lieu
de 10 à i5 pour 100, dans la plupart des conlre-tor[)illeurs étrangers
de 3o". Elle n'eût pas dépassé 23" si, pour conserver le déplacement du
type, le poids de l'appareil moteur eût été diminué des 33*^,5 ajoutes à la
coque.
)) L'une des causes qui limitent la surimmersion est la réduction qui en
résulte dans l'angle d'évanouissement de stabilité. A ce point de vue, tout
ce qui contribue à l'abaissement du centre de gravité général facilite la
réalisation des grandes vitesses, en permettant d'attribuer à la carène une
fraction plus grande du volume de la coque.
)) Du reste, un volume trop grand d'œuvres-mortes est souvent plus
nuisible à la navigabilité qu'un volume trop faible; car, s'il assure le re-
dressement dans les inclinaisons excessives, il est la cause principale de
ces inclinaisons. Il peut donc se faire qu'en augmentant l'immersion du
bâtiment choisi comme type, on améliore ses qualités nautiques, en même
temps qu'on rend plus facile la solution du problème. »
M. Jansseiv fait hommage à l'Académie d'un Volume qu'il vient de
publier sous le titre : « Lectures académiques. Discours ».
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE r9o3. 1227
MEMOIRES PRESENTES.
M. Paul Audollent soumet au jugement de l'Académie, à propos de la
Communication de M. Charpentier, du i4 décembre dernier, une récla-
mation de priorité relative à « l'Émission de radiations par la généralité
des corps de la nature ».
(Renvoi à la Section de Médecine.)
M. HoxRi Revel adresse plusieurs Communications relatives à la navi-
gation aérienne.
(Renvoi à la Commission d'Aéronautique.)
M. Paul Radiot demande l'ouverture de deux plis cachetés qu'il a
déposés à l'Académie le i*"" avril 1889 et le 5 juin 1898, et dont le dépôt a
été accepté.
Ces deux plis, inscrits sous les n^* 4382 et 4918, sont ouverts en séance
par M. le Secrétaire perpétuel. Ils renferment des Notes sur la direction
des ballons.
Ces Notes et la Communication du même auteur, du 24 décembre 1903,
sont renvoyées à l'examen de la Commission d'Aéronautique.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Un Ouvrage de M. E. Mathias, ayant pour titre : « Le point critique
des corps purs ».
2° Un Ouvrage de IM. A. Lacroix ,*\n\.'\iu\Q ; « Matériaux pour la Miné-
ralogie de Madagascar. Les roches alcalines caractérisant la province
pétrographique d'Ampasindava ». (Présenté par M. Michel Lévy.)
MM. Axdoyer, Axtiioxv, Artiius, Borrelly, Brillouix, Jean Ca3ius,
1228 ACADÉMIE DES SCIENCES.
E. CiiAMBOx, G. Chavanne, J. Collet, L. Daxsel, h. Domixici, Glover,
E. GoLDSTKiiv, A. GuNTZ, VicTOîî Mexri, Hospipauer, Lucien Lagriffe,
la comtesse M. vox Lindex, E. Loxcq, R. Maire, Marchis, Moxprofit,
F. DE MoxTEssus DE Iîallore, M"'^ veiive rVEPVEU, p. PïCAiîD, Behxard
Rexault, Eue. Simon, Svex Hedix, Léon Teisseîiexc de Bort, II. -G.
Zeuthen adressent des remercîmeiits à l'Académie pour les distinclions
dont leurs travaux ont été l'objet dans la dernière séance publique.
M. le Ministre de l'Instruction publique transmet à l'Académie une
Lettre du Vice-Consul de France à Roustchouk, relative à un tremblement
de terre qui s'est fiiit sentir, en Bulgarie, le 27 novembre dernier.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — 5"//^ une propriété des fonctions. Note de
M, H. Lebesgue, présentée par M. E. Picard.
« Dans une Note des Comptes rendus (7 décembre igoS), M. Borel a
signalé une propriété appartenant à toutes les fonctions qui ont été définies
jusqu'à présent. Comme l'a dit M. Borel, j'avais rencontré cette propriété
sous une forme un peu différente.
» Je dis qu'une fonction /(ic) est mesurable si, quels que soient a et b,
l'ensemble des valeurs de x, pour lesquelles on a « <if{^)<i b, est mesu-
rable. Les fonctions continues sont mesurables. La limite (Fune suite con-
vergente de fonctions mesurables est mesurable. Je ne sais pas s'il existe
des fonctions non mesurables; les fonctions actuellement connues sont
toutes mesurables.
» J'ai démontré, dans mon cours du Collège de France, que toute fonc-
tion mesurable bornée est la dérivée de son intégrale indéfinie, sauf pour
des valeurs de x formant au plus un ensemble de mesure nulle. Cela résulte
d'une propriété que j'ai démontrée incidemment sans l'énoncer : Si / (^)
est mesurable, il est possible, sauf si x appartient à un certain ensemble de
mesure nulle, de trouver un intervalle (a, ^^ comprenant x et dans lequel on a :
!/(«.') -/(x)|<^,
sauf pour des valeurs de x' appartenant à un ensemble de mesure £o([3 — a);
et cela quels que soient ^^ et So. Si l'on adopte les idées de M. Baire ( ') rela-
( ' ) Sur les fonctions de variables réelles ( An/iali di Mateniatica, j 900 ).
SÉANCE DU 28 ])i;CEMiJI!i-: 190 3. jn'2C)
tivemenl •• la cléfinilion du maximum et du minimum d'une fonction quand
on néglige une certaine classe d'ensembles, on pourra dire que, sauf pour les
points d'un certain ensemble de mesure nulle, toute fonction mesurable est
continue quand on néglige les ensembles de mesure t, z étant aussi petit que
l'on veut (').
» On passe facilement de cet énoncé à celui de M. Borel, de sorte que
toute fonction mesurable jouit de la propriété de M. Borel ; d'ailleurs toute
fonction qui jouit de cette propriété est évidemment mesurable, c'est une
propriété caractéristique des fonctions mesurables.
« Quand on veut démontrer seulement que les fonctions actuellement
définies jouissent de la propriété de M. Borel, il suffit, comme le fait
M. Borel, de remarquer que cette propriété appartient aux fonctions con-
tinues et qu'elle se conserve à la limite. Ce dernier fait est une conséquence
immédiate d'une propriété presque évidente et très générale que j'ai déjà
eu l'occasion d'appliquer à l'intégration terme à terme des séries à restes
bornés (-) : Lorsque l'on a une série corner génie de fonctions mesurables, quels
que soient 'c y et c., on peut toujours trouçer n assei grand pour que l'ensemble
des valeurs de x, pour lesquelles certains des restes d' indices supérieurs à n sont,
en valeur absolue, supérieurs df £,, soil de mesure inférieure à z.,. De sorte
que : toute série convergente de fonctions mesurables est uniformément conver-
gente quand on néglige certains ensembles de mesure z, z étant aussi petit que
l'on veut.
» La propriété qu'a remarquée M. Borel est susceptible d'une autre
forme qu'il est souvent commode d'employer pour étendre aux fonctions
mesurables des théorèmes vrais pour les fonctions intégrables : Toute fonc-
tion mesurable f ne diffère d'une certaine fonction inlégrableo.^ qu'aux points
d'un ensemble de mesure t aussi petite que l'on veut. Si / est bornée et
comprise entre /et L, on peut prendre Çg comprise entre ces mêmes limites;
lorsqu'on opère ainsi, l'intégrale de Çe ^^^^^^ vers celle de/quand t tend vers
zéro. Cela donne un procédé permettant de définir facilement l'intégrale
des fonctions mesurables bornées. En se servant de la propriété relative
( ') Mais non nul; l'énoncé que j'avais donné à M. Borel est inexact. Les ensembles
que l'on^néglige ne sont pas de mesure nulle, mais, si l'on veut, de densité nulle au
point considéré.
(-) Voir ma Thèse Intégrale, longueur, aire {Ànnali cli Mateniatica, 1903),
p. 29.
C. U., 1900, 2' Sc/neslre. (T. GXWVIL N» 28 ) I (j '
[2Jo ACADEMIE DES SCIENCES.
aux séries on voit directement qu'il est applicable à toutes les fonctions
bornées actuellement connues ( ' ). »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations linéaires aux déniées
partielles. Note de M. J. Le Roux, présentée par M. E. Picard.
»{ M. Hadamard a donné, dans une Note récente des Comptes rendus,
d'intéressantes propriétés des intégrales des équations linéaires aux dérivées
partielles du deuxième ordre. Ces propriétés peuvent s'étendre, au moins en
partie, aux équations d'ordre supérieur. J'ai fait dans ma Thèse ( Pari^, 1 894 )
une étude détaillée des singularités accidentelles pour les équations du
deuxième ordre à deux variables indépendantes, en me basant sur une cer-
taine représentation analytique des intégrales, obtenue par une généralisa-
tion de la méthode de Riemann. J'ai montré ensuite comment la même
représentation analytique, et par suite la même méthode, pouvait s'appli-
quer aux équations d'ordre supérieur à deux variables indépendantes
(Journal de Liomille, 1898) et aux équations à plusieurs variables, d'ordre
quelconque (Journal de Liouville, 1900).
» Si l'on prend, par exemple, les équations linéaires à trois variables
indépendantes, les solutions pouvant être représentées par des intégrales
doubles de la forme
i ff(y., ti)u{a;,y, z, a, [î) dv. d^,
plus des intégrales simples et des solutions particulières en nombre limité.
(') Dans une iXote des Comptes rendus (3o nov. 1900), M. Borel a indiqué que, dans
mes Leçons sur l'intégration et la recherche des fonctions primitives, se trouve une
démonstration du théorème de Cantor-Bendixon. Je me permets de compléter ici cette
indication.
Le théorème dont il s'agit comprend deux parties :
I. Tout ensemble fermée est la somme d'un ensemble parJ'aitY.^ et cV un ensemble
clénombrable E2.
II. El est l'un des dérivés de E.
La démonstration que je donne de la propriété I est identique à celle qu'a indiquée
M, Lindelôf dans les Comptes rendus du 2 novembre 1908; je n'y emploie pas le
langage des nombres transfinis. Mais, pour la propriété II, que ne démontre pas
M, Lindelôf, il est Indispensable d'avoir la notion générale de dérivé, c'est-à-dire celle
de nombre transfînl.
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE igoS. I23t
» La limite du champ d'intégration relatif à l'intégrale double peut
comprendre une partie fixe arbitrairement choisie, et une partie variable
(dépendant de x,y,z). Cette dernière partie doit être définie par une
érpiahon de la forme
(1) |3 = o(.r, y, s, 7.\
la fonction 9 étant telle que l'équation (i), quand on y regarde a, ,8 comme
des constantes, définit une intégrale complète de l'équation aux dérivées
partielles des caractéristiques. Quant à Télément d'intégrale, il comprend
une fonction arbitraire /(y., 8) et une intégrale primitive u(x, y, z, a, p) de
l'équation considérée, qu'on peut toujours supposer régulière dans un
domaine restreint des variables x, y, z.
)) Il saute alors aux yeux que, pour obtenir des intégrales à singularités
accidentelles, nous disposons : 1° de la partie fixe arbitraire de la limite
du champ d'intégration; 2** de la fonction arbitraire /(x, ^) à laquelle nous
pouvons attribuer telles singularités qu'il nous plaira.
» Un exemple simple fera nettement comprendre le sens et la portée
de la méthode. Soit
)> Intégrons d'abord, par rapport à [3, entre les limites p^ = const, et
p, = o(ir, y, z, aV Si Ton suppose u{x, y, z, a, 8) développé en série
suivant les puissances de p — o„,
11 = Uo(x,y, z, a.) 4- ^—^n, + ' j^^'" n.-h....
on aura
^'■?
la fonction U étant, en général, régulière pour <p = cp^.
» Considérons maintenant les racines a de l'équation
(2) ?(^'5^..n z, y.) — o(x^, y^, z,, a) = o.
Soit 7-, l'une d'entre elles. Intégrons par rapport à a suivant un lacet
partant d'un point quelconque a,, et entourant le point a,. On obtient pour
1 1>32 ACADÉMIE DES SCIENCES
l'intégrale une expression de la forme
(3) U = 2^iJ '.o(a-.r,.,a,)
àoj.r, r, z-, g.) _ (Jcp(.y,,,., ^^^^
» La fonctioniqiii figure en dénominateur dans le premier terme
VV^> J » -■♦ ^0» Ju» --oj — -j^; ^ ^ '
où a, désigne une racine de l'équalion ( 2 ), s'annule sur le conoide carac-
téristique ayant pour sommet le point it'o, yo» ^0» lï^^is elle n'est pas, en
général, holomorphe dans le voisinage de ce point.
» Dans le cas de 1 équation, -y—, + -t-:j — -r::^ = o, on peut prendre pour
intégrale complète de l'équation caractéristique
X cos y. +• j sin X — :: — p = o,
et, pour intégrale primitive correspondante,
z< = 1 .
» La méthode précédente conduit alors à l'intégrale
\'{œ - .To Y + {y — ro)- - (5 - ^0)'
» Sojl, dans le cas général,
o — o„ = a{x — x^,) -i- b{y — Vo) -^ c{z — :?„)+.. .,
les coefficients «, b, c sont des fonctions de a satisfaisant, quel que soit ce
paramètre, à une équation algébrique homogène, d'ordre égal à celui de
réquation[^considérce : c'est l'équation caractéristique au point .T(,, j„, s„ :
V(a, b, c) — . o.
Les valeurs de a correspondent aux points de la surface de Riemann rela-
tive à cette équation algébrique. Le premier terme de l'intégrale ( 3j est
doncanalogueà une période polaire d'une intégrale abélienne. En prenant
dans les développements du numérateur et du dénominateur un nombre
limité de termes, on aura même de véritables intégrales abéliennes,
lorsque l'intégrale complète (1) sera convenablement choisie. Ce résultat
intéressant paraît assez inattendu. »
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRI' IOo3. 1233
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Convergence des radicaux superposés périodiques .
Note (le iM. Paul Wiernsberger, présentée par M. Appell.
« Considérons l'expression y 2 ± y 2 ±. . .± y'2 formée de radicaux
superposés portant sur le nombre 2 et séparés par les signes -f- ou — ;
supposons ces signes au nombre de pq et se reproduisant périodiquement
dans le même ordre, de q en q. On voit facilement que cette expression
est égale au côté d'un polygone régulier ('), de rayon i, d'ordre 2.'"^-^- et
dont l'indice y.j, satisfait à la relation
(c.^-- - -^ V-'
en désignant jjar î^. le nombre -I- i ou — i, suivant que le [7-'^'"^ signe de la
période est + ou — .
» Il suit de là que, pour/> = 00, a^, tend vers une limite qu'il atteint par
valeurs croissantes ou décroissantes, si le nombre des signes négatifs de la
période est pair, ou par valeurs oscillantes si le nombre en est impair.
Cette limite, dont a^, est d'ailleurs une valeur approchée à .,^,,^+i près, est
une fraction <^ - ésale à
La fraction irréductible /, qui lui est égale, a pour dénominateur un
nombre simplement pair et le côté a; du polygone régulier, de rayon i et
d'indice i, satisfait à la relation
.T == ^/ 2 + 3, \/2 + s, V 2 + . . . +c,^. , \/ 2 -h l,,X .
Tl en résulte que tonte expression de la forme proposée, indéfiniment pro-
(') I^a somme des angles d'un polygone l'égnlier de n côtés étant ( // — '^^)~, J^'P"
pelle n son ordre, e son espèce et - -c^ - son indice.
' Il :i
[234 ACADÉMIE DES SCIENCES.
longée, est convergente et représente le côté d'nn polygone régulier, de
rayon i et d'ordre simplement pair.
» On peut montrer, d'une manière analogue, qu'une expression pério-
dique mixte, daus laquelle les signes ne se reproduisent périodiquement
qu'à partir d'un certain rang, représente le côté d'un polygone d'ordre
impair, si l'avant-période n'a qu'un signe, ou d'ordre doublement pair, si
elle en a plusieurs. Les côtés des polygones dont l'ordre est une puissance
de 2 sont représentés par des radicaux superposés, en nombre fini. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Suj' un nom'eau système de train routier dit à
propulsion continue. Note de M. Charles Renard, présentée par
M. Maurice Levy.
« Nous avons expérimenté avec succès, d'abord en petit puis en grand,
sur un train de 3o à 35 tonnes, un nouveau système de trains routiers
dont les propriétés caractéristiques sont les suivantes :
» 1° Propulsion et frénage continus. — La locomotive n'est pas un trac-
teur, mais une simple usine d'énergie distribuée à toutes les voitures du
train qui deviennent ainsi automobiles par délégation.
» Cette distribution d'énergie ne se fait pas électriquement, mais ciné-
matiquement, au moyen d'un arbre longitudinal dit arbre du train, lequel
est brisé à la cardan dans les intervalles des voitures pour permettre au
train d'évoluer.
)) Le moteur attaque Y arbre du train, lequel met simultanément en mou-
vement toutes les voitures {propulsion continue). On les arrête simultané-
ment en frénant sur cet arbre (frénage continu). On voit immédiatement
que ce système âe propulsion continue transforme le Irain en une sorte de
locomotive articulée dont toutes les roues sont couplées. Dès lors, la faculté
locomotrice du train n'est plus limitée par l'adhérence des roues de la
locomotive, puisque tous les véhicules se remorquent eux-mêmes. La loco-
motive perd son caractère habituel de lourdeur. En fait.^ une voilure de
course, de 1200''^ à i5oo''^ en charge, devient une locomotive capable de
traîner i5 à 20 tonnes sur toutes les pentes et quel que soit l'état visqueux
et mou de nos routes ou chaussées ordinaires. Grâce à la légèreté spéci-
fique des moteurs actuels, ces trains légers qui ne détériorent plus les
routes peuvent encore avoir des vitesses importantes variant de 20'"" à 25''™
en palier à 4^"" on S'''" dans les pentes maxima de 10 à 12 pour 100.
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1903.
1235
» 2" Tournant correct. — Mais il ne suffisait pas de gravir toules les
pentes, il fallait aussi plier le train à toutes les sinuosités de la route et lui
donner cette propriété que nous avons appelée le tournant correct, et grâce
à laquelle la locomotive semble poser des rails sur lesquels tout le reste
du train passe avec une scrupuleuse fidélité, quelle que soit sa longueur.
Outre Vattelage de puissance qui donne la i)ropulsion continue, les voi-
tures doivent donc être réunies par un attelage de direction. Voici comment
doit être construit cet attelage pour le cas où toutes les voitures sont à
quatre roues avec arrière-train moteur fixe et avant-train mobile à cheville
ouvrière {fig- 1).
et .^/n/icdé/;ie/it.^^^ \ '' ,' '
ff / j /ty^irt N \ U',
7) . 7c/nc?/i.
'^^Wû
» Il suffit de considérer un groupe de deux voitures, V, et Vo. Car si V.,
suit V,, il est évident qu'avec le même dispositif V3 suivra Va et ainsi de
suite jusqu'à la queue du train.
» Première proposition. — Après une période de mise en train généralement très
courte, si Vj décrit un cercle autour d'un centre O, V, tournera autour du même
centre (le rayon de giration R2 de V* peut d'ailleurs différer de Rj).
» Deuxième pi'oposilion. — Si a est l'empatLement (distance de l'avant-train à
i'arrière-train), b la longueur du timon et c la queue (distance de la tète du timon
de V2 à I'arrière-train de V, ), on a
(0
RJ — R2— («5+ 62)__c2.
La démonstration de cette proposition est très facile :
» On a {fig. i)
12'3(J ACADÉMIE DES SCIENCES,
d'où, en ajoutant et supprimant les parties communes.
]\l = {a'^ b') — c'-+ni
Ri- l\l--{a'--^- h'-) — C-.
C. Q. F. I).
» Troisicine ]>roposilion. — Pour que Vo suive V, quand Vj décrit un cercle de
rayon quelconque., il faut et il sufllt (|ue H,=: Rj, c'est-à-dire que c'- = «-+ b-\ donc :
» Le Lournant sera correct pour tous les rayons de courbure si^/« queue est l'Iiy-
Fig. 2.
'/ ■■■/ -^^ V/- "/ "-■/ '■)■ -::■■/ ■■•yy- -y ■.'/^■/■lyé^/'^r'-yi-y /■,
poténuse d'un triangle rectangle dont le limon et l'empattement sont les deux
autres cotés.
» Quatrième proposition. — Dans le cas où Vi décrit une trajectoire à ravou de
courbure progressivement variable, le tournant nest pas absolument correct, mais
dans la pratique il l'est suffisamment pour que les légers écarts des dernières voitures
ne constituent pas une gène pour le conducteur.
)) En fait, le pilote peut conduire un Irain de lo voitures dans les
méandres les plus capricieux de nos roules et de nos villages sans avoir à
s'occuper d'autre chose que de la conduite de sa locomotive.
» Cette propriété du tournant correct peut être donnée à des trains ordi-
naires qui n'ont pas la propulsion continue, mais elle ne réussit pas bien,
car le train est alors sous tension et cette tension tend à le rectifier en fai-
sant riper les voitures vers le centre (fait d'expérience), le tournant
correct ne l'est donc véritablement que quand il est Joint à la propulsion
0
continue.
» 3° Attelage élastique. — Il est le complément indispensable du
système, mais nous ne pouvons en parler aujourd'hui.
» En résutné, grâce à V emploi simultané de la propulsion continue, du
tournant correct et de Vattclage élastique, on peut faire évoluer sur toutes
les pentes et dans toutes les courbes de nos routes ou chemins ordinaires
des trains importants remorqués par des locomotives de faible poids. Ce
système a déjà la sanction de l'expérience. De nouveaux essais vont avoir
lieu incessamment et nous serons heureux d'en rendre témoins les
Membres de l'Académie des Sciences. »
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE I903. I2.?i']
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Nouveaux dispositifs électromécaniques d'em-
brayage et de changement de vitesse progressifs. Note de M. Paul
Gasnier, présentée par M. d'Arsonval.
« Il n'a pas été réalisé jusqu'ici de système mécanique satisfaisant de
transmission de mouvement, permettant d'obtenir, entre des limites éten-
dues, et pour des puissances importantes, une variation continue de la
vitesse.
» Aussi, dans bien des applications où il est utile de graduer la vitesse,
emploie-t-on le moteur électrique dont la souplesse et la facilité de ma-
nœuvre sont justement appréciées.
» Mais, lorsque l'énergie motrice est fournie sous forme mécanique,
l'emploi de la transmission électrique nécessite la transformation complète
en énergie électrique de toute l'énergie motrice. La dynamo génératrice,
d'une part, la dynamo réceptrice, d'autre part, ont chacune, au rendement
près, la puissance totale du moteur.
)) J'ai réalisé un nouveau système de transmission que j'ai qualifié
à' électromécanique , en raison de ce qu'il constitue une véritable association
des procédés électriques et des procédés mécaniques.
» Ce dispositif permet d'obtenir, par des manœuvres très simples, une
variation continue de la vitesse de l'organe commandé, depuis l'arrêt
jusqu'à un maximum, et il présente sur la transmission électrique pure
l'avantage de ne nécessiter que des machines dynamos d'une puissance
normale bien inférieure à la puissance motrice, le tiers ou le quart seule-
ment par exemple. Cela tient à ce qu'une fraction, variable avec la vitesse,
mais toujours importante, de la puissance motrice, est transmise directe-
ment par le moteur lui-même à l'arbre commandé; le reste seulement de
la puissance motrice est absorbé par une des dynamos travaillant en géné-
ratrice pour être restituée j)ar l'autre dynamo travaillant en réceptrice.
))__^Cette transmission convient surtout, en raison de la liaison existant
entre le moteur et l'arbre commandé, aux cas oii il y a de petites distances
à franchir, comme, par exemple, dans les voitures automobiles. Elle est
alors supérieure à la transmission électrique pure, au point de vue du
poids et du rendement.
» Le principe de la transmission électromécanique est le suivant :
» Un train d'engrenages épicycloïdaux est employé de manière que
C. R., igoS, 2» Semestre. (T. CXXXVII, N» 26.) I02
1238 • ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'arbre commandé soit conduit à la fois par le moteur et par une dynamo
que j'appellerai dynamo d'embrayage, ces deux machines étant séparées
et pouvant, par conséquent, prendre des vitesses différentes.
» Soit, par esem.{)le, un train épicycloïdal à engrenages droits, composé
d'un pignon central concentrique à un pignon extérieur plus grand mais
denté intérieurement; les deux dentures étant réunies par un nombre
quelconque de pignons satellites tournant fous sur des arbres fixés sur un
support.
» Il suffit de combiner les trois parties : pignon extérieur, pignon cen-
tral, support des satellites, chacune avec l'un des trois organes : moteur,
dynamo d'embrayage, arbre commandé, pour obtenir le résultat voulu.
» Prenons, par exemple, le pignon extérieur relié au moteur, le pignon
central à la dynamo d'embrayage, et le support des satellites à l'organe
commandé. On a ainsi un ensemble qui constitue un nouvel embrayage
électromécanique progressif. La position de débrayage correspond au cir-
cuit ouvert de la dynamo que nous supposerons, pour simplifier, excitée
séparément.
» Le moteur, tournant à vitesse constante, et l'arbre commandé, c'est-
à-dire le support des satellites étant fixe, la dynamo tourne en sens inverse
du moteur. Si l'on ferme alors la dynamo sur un rhéostat, elle deviendra
génératrice, ralentira de vitesse, et le support des satellites se mettra à
tourner dans le sens du moteur, de manière à ce que le couraîit circulant
dans la dynamo crée sur le pignon central un couple correspondant au
couple résistant de l'arbre commandé.
» La vitesse de la dynamo, nécessaire pour créer ce courant, sera d'au-
tant plus faible que le rhéostat aura moins de résistance. Lorsque, à la
limite, la dynamo se trouvera en court-circuit, elle tournera à une vitesse
très faible, et l'embrayage sera obtenu avec le bénéfice d'une réduction de
vitesse déterminée par le rapport du pignon extérieur au pignon central.
On pourrait, avec ce dispositif, réaliser toutes les vitesses de zéro à un
maximum, mais ce serait à la manière d'une courroie qui patine ou d'un
cône d'embrayage qui glisse; c'est-à-dire sans accroissement du couple
moteur lorsque la vitesse diminue.
» Il est possible d'éviter la perte par effet Joule dans le rhéostat de
démarrage et de récupérer en énergie mécanique, sur l'arbre commandé
ou sur l'arbre moteur, à volonté, ce que l'on perd en énergie thermique
dans les résistances.
» Il suffit pour cela de supprimer le rhéostat et de le remplacer par une
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1903. 1289
force coutre-électromotrice, variable et réglable à volonté, produite par
une seconde dynamo placée soit sur l'arbre moteur, soit sur l'arbre com-
mandé. On transforme ainsi V embrayage simple électromécanique décrit plus
haut en un véritable changement de vitesse électromécanique progressif .
» Considérons, par exemple, le cas où la moitié de la puissance du
moteur, supposé à vitesse constante, est absorbée dans le rhéostat; le
couple moteur sur l'arbre commandé correspond donc, an rendement
près, au couple du moteur mais seulement à la moitié de la puissance mo-
trice. Si l'on dispose sur l'arbre commandé la seconde dynamo, et que,
sans changer la vitesse de cet arbre, on reçoive dans cette dynamo toute
la puissance qui était perdue dans le rhéostat, on voit qu'on aura, toujours
au rendement près, doublé la puissance utilisée sur l'arbre commandé,
sans en avoir changé la vitesse, par conséquent on y aura aussi doublé le
couple moteur.
M Dans le dispositif que j'ai réalisé, la seconde dynamo est calée sur
l'arbre du moteur. Lorsque cette dynamo a une force contre-électromotrice
nulle, on est absolument dans le cas de l'embrayage simple électroméca-
nique décrit plus haut : la dynamo d'embrayage étant en court-circuit
tourne très lentement. Si l'on vient alors à inverser la force électromotrice
de la seconde dynamo, elle envoie du courant dans la dynamo d'embrayage
et, après l'avoir arrêtée complètement, on inverse le sens de rotation;
celle-ci tourne alors dans le sens du moteur et devient elle-même motrice.
)) Lorsque sa vitesse est égale à celle du moteur, les engrenages du
train épicycloïdal ne travaillent plus du tout, l'ensemble tourne d'un bloc,
l'arbre commandé ayant la vitesse du moteur. Dans ces conditions, une
partie de la puissance motrice est enlevée au moteur par la seconde
dynamo et reportée par la dynamo d'embrayage sur le pignon central; le
reste de la puissance motrice est transmis directement par l'engrenage
extérieur.
» On peut aller plus loin et augmenter encore la vitesse de la dynamo
d'embrayage, ce qui fait tourner l'arbre commandé plus vite que l'arbre
moteur. »
MÉCANIQUE CHIMIQUE. — Sur l'extension de la formule de Clapeyron à tous
les états indifférents. Note de M. L. Ariès, présentée par M. Mascarl.
« Un système chimique se transformant, même avec variation des pro-
portions moléculaires M,, M,, ..., M^ des constituants indépendants «^ ,
(i = i, 2, ..., q-hr),
12 '|0 ACADÉPvlIE DES SCIENCES.
c?o, ..., (^q, qui définissent sa composition, on a, avec les notations déjà
employées (^),
(i) H,= :s.r;A,
( 2 ) ^H, = V, dp — S, ciT -hl hi dxi
(3) n, = -^->, -4-A7cj2-l-...+ Xfc7^ ]
(4) \^,^h\h,-^-k\li,-^-... + 1^h^ \ (^-ï'^' ••"'')•
» Etudions d'abord les phénomènes qui se passent dans la 5^*^™^ phase,
et remplaçons dans les équations (i) et (2) les potentiels h^^i par leurs
valeurs (4); en posant, d'une façon générale,
< = < + ^,^q^^ + 1^^ ^U + • • • + K^',.r^
il vient
H^ = m\ A, -H m^ /i2 -h . . . + rn'^h^,
(5) û?H^ = V^ dp — S^ dT + A, r/m", + h^ dm\ -h . . . + A^ û?/?2^.
» On voit facilement, eu égard aux relations (3), que m\ est la propor-
tion moléculaire du constituant «/, existant dans la ^''^™^ phase, quand tous
les constituants indépendants sont amenés à s'y trouver seuls, par une
modification virtuelle, opérée dans cette phase.
» L'équation différentielle (5) prouve que l'état chimique réel des corps
mélangés dans chaque phase est sans influence sur l'expression du poten-
tiel de cette phase, qiu' est une fonction homogène et du premier degré en
m\, 7n\, ..., m^; et alors, on a
hi étant du degré zéro par rapport aux m, on a aussi
dhi s dhi ç dhi . , . .
» Les m n'étant pas tous nuls, le déterminant symétrique D^, formé par
leurs coefficients différentiels, dans les q identités de celte forme, est nul.
» En différentiant les équations (6), il vient
(7) '^V,= '^ dp + ^dT+ f^rfm:+ |f .K + ...+ 1^ Mr
(8) - ''^' = Sî^ * + 7F -^T H- § dm\ +^-^dm-, + ...+ ^h dm',,
(9) rfA, = ^ dp+ '^ dr + p, dm] +^dm{ + ...+ p, dm,.
^^•^ dp ^ ôT dni\ < dm% 2 ^jy^s^ q
(*) Voir Comptes rendus du 27 juillet et du 9 novembre igoS.
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE igoS. 12^1
» Le déterminant D^ étant nul, on tirera des équations de la forme (9),
en éliminant dm\, dm\, ..., dm]^^
(■o) 2D;'-(.tt,- f^dp - ^rfT) = o,
l'indice / étant arbitrairement choisi de i à </, et D^''^' représentant le
coefficient de ^r— 7 dans le déterminant D..
dm)
)) Supposons maintenant que le système soit à l'état indifférent et puisse
aussi subir une transformation à tensions fixes, M,, Mo, ..., M^ restant
invariables.
» Représentons par AV^, AS^, ù>.m\ , Am^, . . ., Am^ les variations, dans la
phase considérée, du volume, de l'entropie et des proportions des consti-
tuants, pendant la transformation à tensions fixes : substituées respective-
ment à dV^, dS^, dm\, dm^^, ,. ., dm^ , ces variations satisferont aux équa-
tions (7), (8) et (9), dans lesquelles on fera dp, dT et dh nuls.
» On tirera ainsi des équations (7) et (8) :
» Et les q équations de la forme (9), devenues homogènes par rapport
aux Am, donneront
£)(y, 1) — D(y,2) j3.y,n • • • £)cy,</)
» Dans les dénominateurs de ces dernières équations, on peut inter-
vertir l'ordre des indices supérieurs, mis entre parenthèses, puisque le
déterminant D^ est symétrique, et l'équation (10), étant elle-même homo-
gène en Dj^'-", Dj-'^\ . . . , D^''^\ . . . , D^^'^', on peut y remplacer ces coef-
ficients par les quantilés proportionnelles Am\, Aw^, . . . , Aw;' , . . ., Am^^,
ce qui donnera, en définitive, eu égard aux équations (i i),
AS^ dT — AV^ dp -h \m\ dh^ + bjn\ dh.. H- . . . -f- \m'^dh,j == o.
» Si l'on ajoute, membre à membre, les équations de cette forme se
rapportant aux cp phases, les coefficients des dh seront nuls, puisque
les quantités totales M,, Mo, ...,My des constituants indépendants sont
invariables pendant la transformation à tensions fixes; et l'on aura, en
I2/|2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
appelant AV et AS les variations de volume et d'entropie, subies par le
système tout entier
d'oïl l'on tire, AL étant la chaleur latente de transformation, absorbée par
le système,
oljO _ AS _ AL
dT ~~ ÂV ~ TÂV*
)) C'est la formule de Clapeyron généralisée, qui s'applique à tous les
états indifférents. Elle prouve que ces états se succèdent dans une direction
déterminée, si la température, la pression (systèmes univariants) et, au
besoin, les quantités des constituants (systèmes bivariants) viennent à
changer; la température reste liée à la pression par une relation que l'on
peut figurer au moyen d'une courbe. On voit facilement que, pour un
même système défini par la nature de ses constituants indépendants, toute
courbe d'un état univariant est rencontrée tangentiellement par les courbes
des états bivariants. »
OPTIQUE. — Sur l'intensité lumineuse des étoiles et leur comparaison as^ec
le Soleil. Note de M. Charles Fabkv, présentée par M. Mascart.
« Si l'on veut rapporter aux unités photométriques ordinaires l'intensité
de la lumière que nous recevons d'un astre, il faut la définir par Véclaire-
ment que cet astre produirait sur un écran normal aux rayons lumineux.
On l'exprimera en prenant comme unité l'éclairement d'une bougie déci-
male à 1*° de distance. Les rapports des intensités des étoiles entre elles
étant assez bien connus, il suffit de faire les mesures sur une seule étoile.
» J'ai employé dans ces mesures le même étalon secondaire qui m'avait
servi dans mes mesures de photomélrie solaire (^). Sa teinte, identique à
celle de la lumière solaire, est assez peu différente de celle des étoiles
blanches pour que les mesures ne présentent aucune incertitude.
» Le moyen le plus simple pour comparer la lumière d'une étoile à celle
d'une source artificielle consiste à s'éloigner progressivement de celle-ci
jusqu'à ce qu'elle apparaisse comme une étoile identique à celle que
l'on veut mesurer. Si alors d est la distance, en mètres, à laquelle on se
(^) Comptes rendus, 7 décembre 1908.
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE IpoS. 1243
trouve de la source artificielle, et i son intensité lumineuse, l'éclairement
produit par l'astre est ^^ Un dispositif facile à imaginer permet de ramener
à des directions voisines les deux points lumineux et de tenir compte des
pertes de lumière correspondantes.
» C'est cette méthode très directe que j'ai employée d'abord. Elle présente quelques
difficultés : il faut disposer d'un espace découvert étendu (•) et il est difficile de
réitérer la même mesure, car les expériences successives ne sont pas réellement indé-
pendantes. J'ai préféré, plus lard, employer une méthode moins directe, mais plus
précise :
» Je produis une étoile artificielle dont je puis faire varier l'intensité dans un rap-
port connu. Une source de lumière constante, à laquelle on donne la teinte convenable
par absorption, et dont il est inutile de connaître l'intensité, est placée en avant d'un
système optique de très court foyer (objectif de microscope). La petite image ainsi
formée occupe le foyer d'un objectif, et le faisceau parallèle parvient à l'observateur
par réflexion sur une lame de verre à 45°- L'observateur peut ainsi voir, à côté l'une
de l'autre, l'étoile à mesurer et l'étoile artificielle; il fait varier à volonté l'intensité
de cette dernière, en déplaçant la source le long d'une règle divisée. On détermine la
constante de l'appareil en faisant une mesure dans laquelle on prend comme étoile un
étalon photométrique placé à une distance connue.
» Résultats. — Les mesures ont été faites sur l'étoile Véga, au voisinage
du zénith. Les variations des nombres trouvés en fonction de l'état de
l'atmosphère donnent lien aux mêmes remarques que dans le cas de la
lumière solaire.
» J'ai trouvé que l'éclairement produit par Véga au niveau de la mer,
par temps clair, est identique à celui que produit une bougie décimale
à 780"" de distance; ou, ce qui revient au môme, que cet éclairement est
de 1,7 X IO-^
)) Les astronomes expriment les intensités des astres par un chiffre, appelé
grandeur, d'autant plus élevé cjue l'astre est plus faible. Simple indication
arbitraire autrefois, la notion de grandeur a pris, par suite des progrès
des comparaisons photométriques, la signification précise suivante : lorsque
les grandeurs de deux astres diffèrent d'une unité, le rapport de leurs
intensités lumineuses est 2,5. Admettant pour Véga la grandeur 0,2, le
nombre que je viens de donner permet de calculer, en unité photomé-
trique, l'éclairement produit par un astre de grandeur connue. On trouve
ainsi, entre la grandeur g d'un astre et l'éclairement E qu'il produit,
(*) Les mesures ont été faites au bord de la mer, sur la plage des Lecques ( Var).
1244 ACADÉMIE DES SCIENCES.
exprimé en bougie-mètre, la relation suivante :
E = 2,1 X io"(o,4y ou ^ = — i4,2 — 2,51ogE.
» Ces formules relient la notation des astronomes avec les unités em-
ployées par les physiciens.
» Comparaison avec la lumière solaire. — Comparant ces résultats avec
celui que j'ai indiqué pour le Soleil, on trouve que la lumière que nous re-
cevons du Soleil est 60 milliards de fois plus intense que celle de Véga (*).
Ce nombre est sensiblement d'accord avec celui de Zollner; la plupart des
autres observateurs ont trouvé des chiffres plus faibles, c'est-à-dire que
l'intensité de la lumière solaire a été estimée plus bas.
» On peut exprimer le même résultat en calculant la grandeur du Soleil,
définie comme celle des étoiles. On trouve ainsi le chiffre —26,7.
)) Pour les étoiles dont la parallaxe est connue, on peut alors calculer
le rapport de Xquts intensités absolues avec celle du Soleil. Si g est la gran-
deur d'une étoile, et/? sa parallaxe (exprimée en secondes), on trouve, pour
le rapport des intensités absolues :
Soleil 0/ i-\,r
^^^=i,r7.-(2,3>.
» Le Soleil, vu d'une étoile de parallaxe p, apparaîtrait comme une étoile
de grandeur ^= — 0,1 — 5 log/?. »
PHYSIQUE. — Sur ta différence ae température des corps en contact.
Note de M. E. Rogovsky, présentée par M. Lippmann.
« Deux corps de nature différente mis en contact présentent une diffé-
rence du potentiel électrique; on peut se demander, par analogie, s'il n'existe
pas aussi une différence finie de température des corps en contact à leur
surface de séparation. Quand la température de deux corps est en équi-
libre, cette différence n'apparaît pas. Mais quand la surface de séparation de
(*) Ce résultat et les suivants sont indépendants des incertitudes provenant des
comparaisons hétérochromes, car le même étalon secondaire a servi à toutes les me-
sures; ils peuvent être affectés d'une erreur systématique due à ce que l'absorption
atmosphérique serait systématiquement différente la nuit et le jour. Cette cause d'er-
reur serait atténuée si les observations étaient faites dans une station élevée.
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE igoS. 1 2^5
deux corjDs est traversée par un flux de chaleur, on peut supposer que cette
différence aura lieu, à cause de la conductibilité différente de ces corps.
)) Pour les métaux, dans ce cas M. Wiedemann (Pogg. An/i., t. XCV,
i8j5, p. 337) ne l'a pas trouvée, quand le contact entre les métaux était
parfait. Mais M. I^espretz (Pogg. Ann.y t. CXLII, 187 1, p. 626) a prouvé
qu'à la surface de séparation de l'eau et de la nitroglycérine, quand le flux
de chaleur y passe, il existe une différence finie entre les températures de
ces substances de part el d'autre de la surface de contact, atteignant 2*^ à 3".
» Les recherches de M. de Smoluchowski ( Wïed. Ann., t. LXIV, 1898,
p. loi; Sitzb. (l. Wien. Ak., t. CVII, 1898, p. 3o4; t. CVIII, 1899, p. 5,
393), confirmées par celles de M. Gehrcke {Brudes Ann., t. Il, 1900,
p. 102), ont constaté cette différence thermique entre le gaz et les corps
solides (près de 7° pour l'hydrogène).
» La théorie cinétique des gaz permet d'expliquer ce saut des tempé-
ratures.
)) Dans les expériences décrites dans ma Note précédente (Comples
rendus, t. CXXXVI, 1903, p. 1391) sur la conductibilité extérieure des fils
d'argent plongés dans l'eau et parcourus par le courant électrique, la vitesse
des courants d'eau dans lesquels les fils étaient plongés, surpassant la
vitesse critique de M. Osborn Reynolds, une couche stagnante de dimen-
sions appréciables ne pouvait pas se former, étant enlevée par le courant
d'eau tourbillonnaire, et nous ne pouvons faire que deux hypothèses : ou
bien il se forme autour d'un fil à cause de l'adhérence une couche d'eau,
d'épaisseur moléculaire, ou bien il ne s'en forme pas du tout. Dans le pre-
mier cas, nous pouvons facilement calculer la température de la snrfacede
l'eau contiguë à celle du fil de l'équation
/ ^ '0
^ = A- ; 5
OÙ- q est le flux de chaleur par unité de surface de la couche adhérente,
£ l'épaisseur de cette couche, k la conductibilité intérieure de l'eau, /' la
température de la surface intérieure de la couche et /^ celle de la surface
extérieure égale à la température de l'eau ambiante.
» Admettons, d'après les <3xpéiiences de M. Bède, que l'épaisseur de la couche d'eau
adhérente soit au plus de o'"™,oo64. INous pouvons, à l'aide de la formule précédente,
et les nombres donnés dans la Table insérée dans ma Note citée, calculer la Table sui-
vante, où I est le courant électrique en ampères traversant le fil, 0 l'excès de la tempé-
rature du fil sur la moyenne entre la température de l'eau à l'entrée du tube et à la
SK^rtie; A^ est la dilTérence des températures des surfaces intérieure et extérieure de la
C» R., 1903, 2» Semestre. (T. CXXXVII, N« 26.) 1^3
1246
ACADÉMIE DES SCIENCES.
couche d'eau, o™'",oo64 de l'épaisseur supposée être adhérente au fil; o' la dilTérence
de température du fil et celle de la surface de l'eau adjacente au fil dans la dernière
A^
supposition; et la dernière colonne donne le rapport ^;;- en pour loo. La seconde Table
donne les mêmes valeurs pour le fîl d'argent de o™", 281 de diamètre, la couche d'eau
adhérente ayant l'épaisseur e =r o™™, 00272 trouvée des nombres de M. Bède par
l'interpolation.
Fil d'argent de o™'",4i5 de diamètre.
I.
ampère
I .
10
20
32
O, 12
4,38
i3,o4
25,22
M".
o
0,001
0,109
0,449
i'i99
A<
-^ 100.
o Pour loc.
0,12 I
4,28 2,6
12,59 2j^
24, o3 4,8
Fil d'argent de o'"™, 281 de diamètre.
M
M". û . 0
I.
a m
I .
5 .
10
18
0°.
0
0
0
Pour 100
0,09
0,001
0,09
I
i,o4
o.o36
1 ,00
3,5
4,66
0, i46
4,5i
3,1
3,78
0,488
i3,29
3,5
-» Nous voyons que la différence S des températures du fil et de l'eau à
la surface de séparation ne peut se réduire à plus de 5 pour 100 à cause de
formation d'une couche d'eau adhérente et, par conséquent, celte diffé-
rence reste toujours et atteint dans les conditions de nos expériences 24".
» L'épaisseur de ia couche adhérente diminuant avec la température, la
valeur de \t est encore plus petite.
» Si l'épaisseur de la couche adhérente était supposée nulle, la même
conclusion s'imposerait âj/b/Z/on. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur les décharges glissantes. Note de M. J. de Kowalski,
présentée par M. Lippmann.
« Les expériences que j'ai l'honneur de présenter ont été exécutées en
partie en collaboration avec mon élève M. Ed. Lietzau; elles contribuent
à ce qu'il me semble à la connaissance des décharges glissantes à la surface
des isolants.
)) Beaucoup de savants comme MM. Du Moncel, Rosetti, Bertin ('),
M. Toepler (-) et autres ont trouvé que, si la surface d'une plaque isolante,
opposée à la surface sur laquelle nous produisons la décharge glissante,
est couverte d'une couche conductrice, la décharge glissante se produit
(') E. Mascart, Électricité statique, Yoi. Il, § 713 et suiv.
(-) Ann. de Wiedemann, Vol. LXVI, p. 1061.
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE IQoS. 12,^'J
plus facilement et est accompagnée d'un phénomène lumineux plus brillant.
On remarque, d'autre part, qu'en employant un condensateur industriel
pour des courants alternatifs de haute tension, on obtient des décharges
de rupture de ces condensateurs dans la direction parallèle aux surfaces
isolantes, et il est très probable qu'il faut l'attribuer aux décharges glis-
santes.
» Il m'a donc paru intéressant d'étudier ce phénomène au point de vue
quantitatif dans des conditions se rapprochatit autant que possible de celles
qu'on trouve dans les applications industrielles des condensateurs.
» Voici comment étaient disposées ces expériences :
» On lançait dans un petit. transformateur, ayant un rapport de transfor-
mation égal à I : 438, un courant alternatif à travers une résistance, de
manière qu'on pût régler la différence de potentiel aux bornes de l'en-
roulement primaire du transformateur de 3o-i 10 volts; le courant alter-
natif employé avait une fréquence de 54 volts par seconde. Des bornes
secondaires du transformateur partaient des conduites bien isolées à deux
électrodes munies de pointes en platine. Au moyen d'un interrupteur à
pendule intercalé dans le circuit primaire, on pouvait limiter le temps pen-
dant lequel se produisait la décharge à^ de seconde.
» 1. Une plaque en verre ayant une surface de 4o''™ X ^o""' et une épaisseur de o'™,25
était couverte d'une feuille d'étain sur une de ses surfaces, l'autre surface était minu-
tieusement polie et nettoyée. On réunissait la feuille d'étain avec un des pôles du
circuit secondaire, la pointe de l'autre pôle étant placée au milieu de la plaque. De
cette façon on pouvait produire le phénomène connu sous le nom de rose de Lich-
tenberg. La plaque étant posée verticalement, on pouvait facilement photographier le
phénomène et mesurer la relation entre l'étendue de la rose et la tension des décharges.
Le Tableau suivant donne les résultats obtenus d'une grande série d'e^p'-riences :
Tableau L
volts
p= 43
volts
s = 188.34
un
/• = 4o
P= 68
s :r= 29784
/•= 82
P=: 90
S =39420
/•=: IIO
P=rltO
s =48180
/■ =: 1:^0
» Le rayon de la rose de Lichlenberg est sensiblement proportionnel à la diffé-
rence du potentiel employé pour la produire.
» 2. Une série d'expériences ont été exécutées pour prouver que la décharge à la
surface de l'isolant suit exactement le chemin tracé sur la surface opposée de la
plaque par le conducteur qu'on y appliquait.
» Les expériences ont été exécutées de la façon suivante : sur une des surfaces de
1248 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la plaque on collait des bandes découpées dans une feuille d'étain et avant des lar-
geurs et des formes dilTérentes (zigzags, carrés, triangles, etc.); sur l'autre surface
on disposait les électrodes en pointes de platine, de façon qu'elles tou.cliaient le verre
dans des points opposés à la bande conductrice. Les photographies des phénomènes
correspondants démontrèrent que les décharges prenaient de préférence le chemin
tracé.
)) 3. Les expériences furent e\.éculées d'une manière analogue aux expériences de
la série 2, mais on recouvrait la surface de la plaque opposée à la décharge, après y
avoir appliqué la bande d'étain, d'une forte couche de paraffine.
)) Le phénomène des décharges glissantes ne se produisait plus : une tension relati-
vement basse, une de iSSoc^^^i^ suffisait déjà pour percer la plaque de verre. Notons
encore un détail intéressant : nous obtenions la rupture du verre toujours aux bords
delà bande. Le même phénomène se répétait dans d'autres conditions encore, que
voici : Une des surfaces de la plaque en verre était munie d'une feuille d'étain d'une
forme carrée ayant 20*^"^ x ao'^'" d'étendue. Elle était, de plus, recouverte complè-
tement d'une couche épaisse de paraffine. Nous disposions sur l'autre côté de la plaque
en verre, bien nettoyée, les deux électrodes en pointe dans la direction de la diago-
nale du carré. Il se produisit une décharge glissante sur le verre jusqu'aux pointes
opposées aux bords du carré en étain, et c'est là que le verre fut percé.
» k. Enfin une série de mesures ont été elTectuées pour trouver les longueurs des
décharges qui se produisaient dans trois cas différents : a, entre deux électrodes sur
la surface d'une plaque en verre, dont la surface opposée était couverte d'une feuille
de platine; b, entre deux électrodes disposées sur la surface d'une plaque en verre non
recouverte de platine; c, dans l'air libre.
» Le Tableau suivant donne les résultats de ces expériences.
Tableau IL
a. Plaque en verre avec la feuille d'étain.
Longueur de la dOcharge. Dill'érence de potenliel.
'iini \olls
i5o 29-84
200 37280
200 ^i6io
h. Plaque en verre sans la feuille d'étain.
Longueur de la décharge. Didérencc de potentiel.
uim volls
120 43 890
100 32710
80 2 1 620
60 14 56o
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1903. 1249
c. Déchaigcs (Unis l'air libre.
Longueur de la décharge. Différence de potentiel,
uiui volts
99 • 43890
71 32710
46 21 620
3o 14560
» Nous voyons donc que les décharges se produisent le plus facilement
dans le cas où la surface opposée est conductrice. »
PHYSIQUE. — Diffusiomêlre. Note de M. J. Thovert,
présentée par M. J. Violle.
« Dans une Note antérieure (^Comptes rendus, t. CXX.XII[, p. 1197) on
a indiqué comment l'observation des rayons lumineux déviés en traversant
une cuve de diffusion pouvait servir à la détermination exacte de la con-
stante de diffusion. Avec une ftiible hauteur de liquide et des conditions
initiales convenables, la durée de l'expérience pouvait être limitée à 4 ou
5 heures.
» En poursuivant les recherches sur les dissolvants autres que l'eau, il
a paru nécessaire d'organiser un procédé d'observations plus rapide
encore, pour éviter des irrégularités d'expériences qui sont fréquentes lors-
qu'on emploie des liquides beaucoup plus dilatables et volatils que l'eau.
)) On a donc observé le système diffusant dès le début de l'expérience.
Pendant les premiers temps, la concentration de part et d'autre du plan
de séparation initial des liquides est une fonction exponentielle de la dis-
tance verticale de chaque point à ce plan; la dérivée de la concentration
dans le sens de la hauteur a sa valeur maxima sur ce plan et est repré-
sentée par la formule
de Cl — c-i _
c,, c, désignent les concentrations initiales des liquides mis en présence,
D la constante de diffusion, / l'instant de l'observation.
de , .
« On utilise cette relation en prenant pour mesure de y- l'abaissement
maximum des rayons lumineux traversant la cuve de diffusion; cet abaisse-
I25o ACADÉMIE DES SCIENCES.
ment est proportionnel à la dérivée de Findice de réfraction -7-, et par suite
de .
aussi à -j- si l'on est en présence de faibles variations de concentration ; la
quantité c^ — c^ est évaluée en mesurant la différence des indices, n^ — n.,,
des liquides mis en expérience.
» Voici le dispositif et la marche d'une expérience conduisant à la détermination
de D. L'appareil comprend un collimateur prenant la lumière de deux fentes croisées,
l'une horizontale, l'autre verticale, et une lunette munie d'un oculaire microraétrique.
Entre le collimateur et la lunette on interpose d'abord une cuve à faces parallèles con-
tenant un des liquides; puis dans ce liquide on place une cuve à section carrée,
présentant une diagonale parallèle à la direction des rayons lumineux, et contenant le
second liquide. Les rayons sont déviés par le double prisme constitué par la cuve
carrée; dans la lunette l'image de la fente verticale est dédoublée; la dislance A des
deux images, mesurée par le micromètre disposé horizontalement, se relie à la difle-
rence des indices des deux liquides par la formule ii^ — «0= ■^— ; «p désignant la lon-
gueur (ocale de la lunette.
» On remplace ensuite ces cuves par la cuve de diffusion, peu volumineuse et
maintenue dans une cuve plus grande contenant de l'eau pour atténuer le plus possible
les variations de température pendant l'expérience; on introduit le liquide le plus
léger d'abord, sur une hauteur de deux centimètres environ, puis on amène au fond
une égale quantité du liquide le plus lourd par un tube assez capillaire pour que
l'écoulement soit très lent. Dans la lunette, on voit l'image de la fente horizontale
s'étaler; avec le micromètre disposé verticalement on relève la distance entre la frange
de déviation maxima et la position initiale de l'image, alors que la cuve contient
un liquide homogène. Celte distance, z, mesure la dérivée de l'indice par la relation
-7— = — : a désignant la longueur traversée de la cuve de diffusion.
» On fait deux observations, z^, z^ en des instants t^, f„, et l'on calcule D par la
formule
D = "'^^
» En employant une cuve dont la longueur est de 2'^"^,45 et faisant les observations
à 5 minutes d'intervalle, on a
D — A'M 4 — 4r ) X 10-
)» On obtient ainsi des résultats très satisfaisants par une expérience
dont la durée ne se piolonge pas au delà de 2J à 3o minutes. On mesure
des abaissements, z, correspondant en moyenne à une déviation de ~;
dans la cuve de 2*^™, 45 cela s'obtient avec une différence initiale des indices
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE IQoS. ïi5ï
de l'ordre de 7^; les solutions que l'on met en présence diffèrent donc
généralement de moins de i pour 100 dans leur concenlratiorî. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur une nouvelle méthode de préparation de quelques
fluorures anhydres et cristallisés. Noie de M. Defacqz, présentée par
M. H. Moissan.
« Les méthodes de préparation des fluorures anhydres et cristallisés
sont assez nombreuses; M. C. Poulenc (^) en a donné deux, mais il est
nécessaire de passer par le fluorure amorphe correspondant. La première
consiste, quand le fluorure est volatil, à sublimer le composé amorphe
dans un milieu approprié; pour la seconde les fluorures sont amenés à
l'état cristallin par dissolution des composés amorphes dans des sels
convenablement choisis, en fusion.
)) Nous avons utilisé, dans celte étude, le fluorure manganeux, dont la
facile préparation a été indiquée par MM. Moissan et Venturi (^).
» En étudiant sur ce corps l'action des combinaisons halogénées métal-
liques, nous avons été assez heureux pour obtenir, avec un certain nombre
d'entre elles et dans des conditions déterminées, des phénomènes de
double décomposition.
» Nous ne traiterons dans cette Communication que de la préparation
du fluorure de calcium anhydre et cristallisé résultant de l'action du
fluorure de mane^anèse sur le chlorure de calcium fondu.
» Pour éviter, autant que possible, l'action de l'air sur ce mélange fondu, nous
avons employé les deux, dispositifs suivants : 1° Le produit mélangé est placé dans un
creuset de platine dont le couvercle est percé d'une petite ouverture circulaire qui
livre passage à un tube de porcelaine recourbé qui amène du gaz carbonique sec; ce
creuset est directement chauffé au chalumeau; le deuxième dispositif consiste à
placer le creuset de platine contenant le mélange et couvert dans un deuxième en por-
celaine qui lui-même est introduit dans un troisième creuset en terre, au milieu d'une
brasque de charbon de bois pulvérisé. On porte le tout à une température qui peut
varier de 8oo<' à i^oo".
» Nous nous servons du fluorure manganeux amorphe et du chlorure de calcium
récemment fondu que nous mélangeons dans les proportions de i fois le poids molé-
culaire du fluorure pour 5 fois celui du chlorure, c'est-à-dire :
Fluorure de manganèse los
Chlorure de calcium 5os
(*) C. Poulenc, Annales de Chimie et de Physique, 7^ série, t. Il, mal 1894.
(2) H. Moissan et Venturi, Comptes rendus, t. CXXX, rgoo, p. ii58.
1232 ACADEMIE DES SCIENCES.
» Après deux heures de chauffe vers 1000°, on laisse refroidir le creuset; la masse
fondue que l'on retire est rose; après élimination, par l'alcool à gS", du chlorure de
manganèse formé et du chlorure de calcium en excès, on obtient un produit blanc,
quelquefois très légèrement jaunâtre à aspect cristallin.
» Examiné au microscope il se présente comme un mélange d'octaèdres et d'une
autre substance cristallisée dont nous n'avons pu définir la forme.
« Analysé qualitativement, on constate que ce produit contient du chlore; l'analyse
quantitative nous confirme que nous sommes en présence d'un mélange de fluorure et
de fluochlorure. Pour éviter la formation de ce composé nous diminuons la quantité
de chlorure de calcium, en prenant i partie de chlorure manganeux et 1 parties (au
lieu de 5) de chlorure de calcium. Après avoir opéré comme précédemment, c'est du
fluochlorure que nous isolons.
» Nous avons alors étudié l'action du chlorure de manganèse fondu sur le fluorure
de calcium. Nous avons fait le mélange suivant :
Fluorure de calcium los
Chlorure de manganèse 3os
qui a été soumis pendant 2 heures à une température voisine de 1000°. La masse
fondue que l'on relire, après avoir été épuisée par l'alcool à 93°, laisse un résidu blanc
que nous avons reconnu composé d'un mélange de fluorure et de fluochlorure de calcium.
» Donc, en traitant le fluorure de manganèse par le chlorure de calcium, il s'est
formé du fluorure de calcium et du chlorure de manganèse, mais à son tour le chlo-
rure de manganèse réagit sur le fluorure de calcium, il se produira donc dans la masse
en fusion deux réactions se limitant l'une l'autre; il faudrait donc, pour que l'on
obtînt du fluorure de calcium, que la quantité de chlorure de manganèse soit faible
par rapport à celle du chlorure de calcium, ce que l'on peut obtenir soit en diminuant
la quantité du fluorure, soit en augmentant celle du chlorure, le fluochlorure ne pou-
vant se former puisqu'il est détruit par le chlorure de calcium.
» En résumé : i*^ La transformalton du fluorure de manganèse en fluo-
rure de calcium sera totale lorsque la quantité de chlorure de manganèse
par rapport à celle de chlorure de calcium sera très faible.
)) 2° Il se formera du fluochlorure de calcium quand, par suite de la
réaction, le chlorure de calcium sera intégralement transformé en chlorure
manganeux, ce qui aura lieu quand on prendra les proportions indiquées
par l'équation
MnF--+- 2CaCl-= Ca F-CaCl" + MuCl".
» Cette réaction est, du reste, assez générale; nous avons pu l'efTectuer
non seulement avec le chlorure, m;iis aussi avec le bromure et l'iodure de
calcium, de même qu'avec les chlorures, bromures et iodures de stron-
tium et de baryum; elle nous a permis de préparer les fluochlorures, les
SÉANCE DU liH DÉCEMBRE 1()()3. 1253
fliiobromures, les fluoiodures des métaux alcalino-lerrcux; ces composés
feront l'objet d'une prochaine Communication.
» Préparaiion du fluorure de calcium. — On elVeclue le mélange ; lluoiure de
manganèse et chlorure de calcium dans les proporlions suivantes :
Fluorure manganeux los
Chlorure de calcium loos
» On chaufl'e ce mélange pendant i heures à iooo"-i20o°. Le produit fondu obtenu
est rose; on le concasse et on le traite par l'eau froide; quand la masse est complète-
ment désagrégée, on décante et l'on épuise par l'eau acidulée chlorhydrique qui dis-
sout les produits brunâtres provenant de l'oxydation du mélange fondu.
» Après quelques minutes d'ébullition on obtient un résidu très blanc à aspect cris-
tallin : c'est du fluorure de calcium cristallisé dont l'analyse correspond à la for-
mule CaF^.
» Quand la fusion a été faite entre 800° à 1000°, le fluorure obtenu est cristallisé en
octaèdres; quand elle a été efî'ectuée entre i20o°-i4oo°, ce sont des cubes parfaits que
l'on obtient (').
» Propriétés. — Le fluorure de calcium ainsi préparé est cristallisé, soit
en octaèdres, soit en cubes; nous ne parlerons pas de ses propriétés si
nombreuses et si connues; cependant nous en indiquerons quelques-unes
qui sont, pour nous, particulièrement intéressantes ;
M Nous avons montré qu'il était soluble dans le chlorure de manganèse
fondu et qu'il s'en séparait à l'état cristallisé par refroidissement; il est éga-
lement soluble dans le mélange chlorure de manganèse et chlorure de
calcium.
» Nous avons démontré aussi qu'il était partiellement décomposable
par le chlorure de manganèse en fusion et donnait du fluochlorure de cal-
cium; cette propriété n'est du reste pas spéciale au chlorure manganeux.
M. C. Poulenc a constaté la formation du fluochlorure en traitant le fluorure
calcique par les chlorures alcalins fondus. »
CHIMIE GÉNÉRALE. — L' osmose électrique dans l' ammoniac liquide.
, Note de M. Marcel Ascoli, présentée par M. H. Moissan.
« Dès le début de ses recherches sur l'osmose électrique (-), M. Jean
Perrin a constaté que ce phénomène, qui résulte de la charge que prennent
(*) Nous avons pu préparer par le même procédé les fluorures de baryum, de stron-
tium, de lithium, de magnésium.
(-) Jean ÇLerrin, Examen des conditions qui déterminent le signe et la grandeur
C. R., 1903, T!» Semestre. (T. CXXWH, N° 26. ) l64
123/4 ACADEMIE DES SCIENCES.
au contact l'un de l'autre un solide et un liquide, se produit avec inten-
sité pour les liquides ionisants, et pour ceux-là seulement. Le pouvoir ioni-
sant de l'ammoniac liquéfié étant considérable (' ),— ou, en d'autres termes,
les solutions de sels dans ce liquide étant conductrices, — fait en accord
avec la grandeur de la constante diélectrique, 22, de ce liquide (-), il était
intéressant de vérifier si, au sein de l'ammoniac liquide, on pouvait obser-
ver l'osmose électrique, c'est-à-dire supposer qu'il y a électrisation de
contact.
y) Nous avons employé un dispositif analogue à celui de M. Perrin, en opérant dans
un bain d'acétone refroidie aux environs de — 60° par de la neige carbonique (^). Le
chlorure de chrome, qui constitue une cloison poreuse parfaite pour les solutions
aqueuses, ne peut convenir ici en raison d'une propriété qui fera l'objet d'une pro-
chaine communication; c'est avec de l'alumine j^ure, calcinée, que nous avons fait le
bouclion poreux devant servir à l'osmose. Le gaz ammoniac pur et très soigneusement
desséché est condensé dans l'appareil refroidi; le remplissage présente quelques diffi-
cultés qui tiennent à la volatilité du liquide et à la facilité avec laquelle il dissout les
» Les résultats ont été les suivants : l'équilibre hydrostatique étant
établi, on observe que, si Ton crée une différence de potentiel entre les
deux parties du liquide que sépare le bouchon d'alumine, le liquide se
déplace en sens inverse du courant, mais très faiblement; quelquefois
même, on n'a pas eu de transport appréciable. Mais il suffit d'introduire
dans le liquide ime parcelle de sodium pour que le liquide bleu qui se
forme alors (solution de sodammonium dans l'ammoniac) (') subisse un
déplacement notable à travers le bouchon d'alumine, cette fois dans le sens
du courant. L'introduction du sodium dans le liquide a donc produit une
électrisation positive du liquide, et négative de l'alumine. On n'a pas à
s'étonner de ce sens d'électrisation, puisqu'on ignore quels sont les ions
en présence dans la solution ; d'autre part, il est vraisemblable que, en
solution ammoniacale, ce ne sont plus, comme en solution aqueuse, les
ions H"^ et 0H~ qui jouent le principal rôle. La question de l'ionisation au
sein de l'ammoniac liquide étant encore à traiter, il est prudent de s'en
de l'osmose électrique et de V électrisation par contact {Comptes rendits, t. CXXXYI,
p. i388; voir aussi Ibid., p. i44i et i. CXXXVII, 1908, p. 5i3).
(') C. Frenzel, Zeitschrift fur Elektrochemie, t. VI, 1900, p. 485.
(■-) H. -M. GooDWiN et M. de Kay Thompsox, Physical Review, t. Vllf, 1S99. p. 38.
(■') FIenr[ Moissan, Comptes rendus, t. CXXXIII, 1901, p. 768.
(') A. JoANNis, Comptes rendus, t. CIX, 1889, p. 900.
SÉANCE DU 2S DÉCEMBRE 1903. 1255
tenirau fait expérimental, à savoir que, comme le font prévoir la conslanle
diélectrique de l'ammoniac liquifié et la conduclibililé des solutions ammo-
niacales, l'osmose électrique se produit dans ce liquide. »
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur la dissociation des carbojiales a'cali/is.
Noie de M. P. Lebeau, présentée par M. H. Moissan.
« Nous avons montré, dans une communication antérieure, que le car-
bonate de lilhium pouvait être complètement volatilisé dans le vide
au-dessous de 1000° par suite de sa dissociation en anhydride carbonique
et oxyde de lithium.
» Nous avions tout d'abord pensé, en nous basant sur les faits généra-
lement ailmis concernant la stabilité des autres carbonates alcalins, que
cette propriété éloignait un peu le carbonate de lithium de ces derniers.
Il nous a cependant paru nécessaire de faire quelques expériences nou-
velles, en opérant dans les mêmes conditions que pour le carbonate de
lithium. Ce sont les résultats de ces observations que nous publions
aujourd'hui.
)) Carbonate de sodium. — On a constaté jusqu'ici que ce sel se décontiposail fai-
blement au rouge blanc et que sa dissociation était favorisée par un courant d'air bien
dépouillé d'anhydride carbonique ou par un courant de vapeur d'eau qui produit de
l'hydrate de sodium. En le chauffant dans le vide, nous avons vu la dissociation com-
mencer vers 700° et devenir très sensible vers iooo'\ Voici les pressions observées :
Pression
Pression
en millimètres
en millimètres
TempcraLure.
de mercure.
Température.
de mercure.
70a
I
0
io5o
16
780
1,5
1080
19
820
2,5
1 100
21
S80
10
I i5o
28
990
12
II 80
38
1010
II
1200
■ 4i
» Si, après a\oir chauffé à 1200°, on laisse ensuite la température s'abaisser, l'absorp-
tion de l'anhydride carbonique ne se produit que d'une façon très incomplète, la
majeure partie de l'oxyde de sodium étant combinée avec la couverte du tube de por-
celaine, dans lequel a lieu l'expérience. D'autre part, si l'on élève de nouveau la tem-
pérature, les pressions observées diffèrent parfois notablement des premières. Ce fait
s'e\.plique aisément : le système étant essentiellement variant. L'oxyde de sodium pro-
duit peut en effet se dissoudre dans le carbonate de sodium fondu, et en outre se
j 2') (3
ACADEMIE DES SCIEXCES.
déposer dans les parties relativement froides de l'appareil, où il n'agira plus sur la
couverte du tube et pourra alors absorber une partie du gaz carbonique, pour donner
du carbonate neutre et même du bicarbonate de sodium. On conçoit que dans ces con-
ditions, il n'existe pas de limite bien fixe pour la tension de CO". Toutefois, si l'on
détermine les pressions résultant de l'action progressive de la chaleur sur un sel n'ayant
pas encore été chauffé, on obtient des séries de résultats très voisines et qui se rap-
prochent le plus des tensions réelles de dissociation.
» En maintenant environ is de carbonate de sodium à la température de 1000", et en
faisant le vide d'une façon continue à l'aide de la trompe à mercure, nous avons pu
en produire la volatilisation complète.
» Carbonate de potassium. — Le carbonate de potassium est considéré comme beau-
coup plus stable que celui du sodium, et l'on admet, qu'il ne perd de l'anhydride carbo-
nique qu'à très haute température. Dans le vide, il se dissocie sensiblement à partir
de 790". \ ers 1000° sa décomposition devient tout à fait comparable à celle du carbo-
nate de sodium et comme ce dernier il peut être complètement volatilisé.
Pressions
en millimètres
Température.
de mercure.
-3o
0
790
0,5
810
I
890
3
Pressions
en millimètres
Température.
de mercure.
960
5
970
9
1000
12
1090
'7
» Carbonate de rubidium. — Le carbonate de rubidium que nous avons utilisé a été
préparé à l'aide de chloroplalinate de rubidium pur obtenu par précipitation frac-
tionnée, au moj^en du chlorure de platine, d'un chlorure de rubidium sensiblement
pur. Nous avons rejeté les premières et les dernières portions susceptibles de ren-
fermer, les unes de petites quantités de potassium, les autres un peu de cœsium. Le
chloroplatinate lavé à l'eau bouillante, puis desséché, a été réduit par l'hydrogène. Le
chlorure résultant a été transformé en sulfate. Ce dernier, traité par l'eau de baryte en
léger excès, a donné une solution d'hydrate de rubidium. Le baryum a été éliminé par un
courant de gaz carbonique et, après filtration, on a carbonate jusqu'à saturation. La
solution de bicarbonate ainsi produite a été évaporée à sec et le résidu calciné et
fondu.
)) Le carbonate de rubidium commence à se dissocier dans le vide un peu au-
dessous de n^o" •
Pression
l^iession
en millimètres
en millimètres
Température.
de mercure.
Température.
de mercure.
0
690
0
0
900
10
740
2
990
18
83o
6
1020
20
870
8
1080
33
» A partir de 1000", la dissociation se produit plus rapidement que pour les carbo-
25'
SÉANCE DU 2S DÉCEMBRE Kjo'l
nates de potassium et de sodium, et la volatilisation complète est obtenue facilement.
» Carbonate de cœsiiim. — Le carbonate de cœsium a été purifié par dissolution dans
l'alcool concentré bouillant. Dans le cours de ces traitements, nous avons constaté la
formation d'un carbonate hydraté cristallisé contenant i5,47 pour 100 d'eau, ce qui
correspond sensiblement à la formule 3(CO^Cs2) loH^O qui exige i5,5.^| pour 100
d'eau.
» La dissociation du carbonate de cœsium devient sensible vers 600°. Elle se produit
avec intensité au-dessus de 1000" et devient comparable à celle du carbonate de
lithium.
Pression
en millimètres
ciiipératuro.
de mercure.
0
610
2
680
4
8o5
6
860
8
890
12
980
32
Température.
1000
io5o
1090
I i3o
I i5o
1180
Pression
en millimètres
de mercure.
63
90
121
137
107
). Ces déterminations permettent de conclure que tous les carbonates
alcalins sont dissociables dans le vide au-dessous de 800°. Il se forme du
gaz carbonique et un oxyde alcalin volatil, ce qui entraîne une sorte de
volatilisation de ces carbonates, dont nous nous proposons d'étudier les
applications, ainsi que nous l'avons indiqué à propos de notre communi-
cation sur le carbonate de lithium. Nous ajouterons que, si l'on considère
la répartition généralement admise des métaux alcalins, en deux sous-
groupes, comprenant ; i" lithium et sodium, 2° potassium, rubidium et
cœsium, on remarque que la facilité de dissociation décroît avec le poids
atomique dans le premier groupe et croît avec lui dans le second. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les c(.-aminomi.riles.
Note de M. Marcel Delépi.xe.
« Les a-aminonitriles peuvent être considérés comme des aminés
a-cyanées; ainsi, l'a-aminopropionitrile CH''— CH(AzH-) — CAz peut aussi
bien s'écrire a-cyanoéthylamine CH'CH(CAz) - AzH^ L'introduction du
groupe négatif CAz au voisinage de l'aminogène amène une diminution
de la basicité. En comparant à cet égard les sulfates de méthyl- et d'éthyl-
amine avec ceux d'aminoacétonitrile et d'aminopropionitrile, on trouve
les chaleurs de neutralisation suivantes pour i»""' d'acide sulfurique :
Méthylamine 3o<^3', i (calculée)
a-cyanométhylamine. . 19''"', 9 (à 2i"j
Ethylamine 3o™',4
a-cyanoéthjlamine. . 2o<^'>,55 (à 14")
1258 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» La diiîiinuLion considérable, voisine de lo^''', se IradiiiL par la saveur
nettement acide des sulfates d'aminés cyanées, leur acidité au tournesol et
à la phtaléine; les sels minéraux d'aminopropionitrile, d'aminoacétonilrile,
de niéthyiaminoacétonitrile, etc., sont acides de tout leur acide à la phta-
léine et neutres au niélhylorange; vis-à-vis du tournesol, on n^itteint le
bleu franc que par saturation de tout l'acide du sel, mais, vers le dernier
tiers, une teinte rouge violacé apparaît. On en déduit que lesaminonitriles
considérés sont monobasiques au méthylorange, indifférents à la phtaléine
et presque indifférents au tournesol.
» Ce sont donc des bases moyennes de force très inférieure à celle de.-^
alcalis et des aminés grasses, mais supérieure à celle des aminés aroma-
tiques ou quinoléiques.
» J'ai étudié plus spécialement quelques réactions chimiques de l'a-ami-
nopropionitrile et du méthylaminoacétonitrile, vis-à-vis des anhydrides
d'acides et des éthers isocyaniques.
» Par sa fonction aminé, le premier donne facilement l'acétyl- et le ben-
zoylaminopropionitrile, respectivement fusibles à 102° et 108°.
» Par cette même fonction, l'un et l'autre aminonitriles donnent avec
les éthers isocyaniques des urées cyanées qui ne sont autres que des nitriles
d'acides hydantoïques. Effectivement, il suffit de chauffer au bain-marie
ces nitriles avec de l'acide chlorhydrique dilué dans deux volumes d'alcool
(comme dissolvant) pour obtenir très facilement des hydantoïnes. Ainsi,
l'a-aminopropionitrile et l'isosulfocyanate de phényle donneront successi-
vement :
CAz - CH - Q.W
I
C^H^Az:CS4- AzH-
CO*H -CH -CH^
I
^ CH'AzH - es -AzH
/AzH.C^H'
» J'ai préparé l'a-cyanéthylphényliirée COx . „ Vu m k \r\\z "^1^' fonda i35"et
conduit à la i-phényl-4-niéthylhydantoïne fusible à 172°; Ta-cyanéthylnaéthyl-
/AzH.CH^
sulfourée CS\ . \a r\x(r\ \r^U3' P''oduit visqueux conduisant à la 1,/4-diaiéthyl-
sulfohydanloïne, fusible à i68°-i69"; l'a-cyanéthjlphénylsulfourée crislallisable et
transformable en i-phényl-4-méthjlsulfohydantoïne fusible à 180°; la cyanotrirnéthyl-
snlfourée CS\ . ^TT,s/.r,» ^4 conduisant à i-S-diméthvlsulfohydantoïne, fusible
\Az(C.IP)CH-.CAz "^ •'
/AzH C H"
à 9/4°, 5; la mélhylcjanoraéthylphénylurée C0\ ' , r\i%\rvii /^ \ ' fusible à 83° et
CAz
-GH-
-CH^*
c«
H^
•AzH
- es
-AzH
c«
H-
*Az(
(Il \
co-
cs -
(4)
CH-
AzH
CH^
(2)
(3)
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE IQoS. I^Sc)
transformable en i-phényl-3-méthylhydantoïne fusible à 109", 5. Ce sont là des
réactions que Ton pourrait multiplier.
» Enfin, considérant que l'a-nminopropionitrilc CH' — ■CH(AzH-) — CAz
contient un carbone asymétrique, je l'ai dédoublé an moyen de l'acide
^/-tartrique. Cet acide forme un sel acide hydraté CMi^'\z^ C"H'''0", H^O
ayant un pouvoir rotatoire [aj„ = 4-18^ environ, en solution aqueuse à ~.
Si l'on précipite sa solution aqueuse saturée par un volume d'alcool h 96**,
on obtient un premier précipité ayant fa]j,=: -m3°; en ajoutant ensuite un
volume d'éther, on détermine un second précipité ayant [(/.]„= -f-iS**, sen-
siblement identique au produit initial, et il reste dans les eaux mères
éthéro-alcooliques un tartrate ayant [a]j>= -i-2 3''. Le premier précipité
est du J-tartrate de /-aminopropionitrile rpie l'on peut transformer facile-
ment en un sulfate lévogyre [a]„= — ii°,/| et en un /-benzoylaminopro-
pionitrile, fusible à 123", 5, très lévogyre; [a]i,= — 55°, 84.
)) Le tartrate |a.]„= + 23'' donne un sulfate et un benzoylaminopro-
pionitrile dextrogyres ayant respectivement [«.]„= +10° et 41"» 3, par
conséquent souillés de racémique, ce qui se conçoit, le tartrate de la base
dextrogyre étant le plus soluble. Il est évident que l'on pourrait, au con-
traire, avoir les produits droits purs en parlant d'acide /-tartrique; c'est
une vérification que je n'ai pas faite.
)) Je limite là cet aperçu des propriétés des oc-aminonitriles; on voit que
ces corps se prêtent à toutes les réactions que leur double fonction permet
de prévoir, y compris le dédoublement optique, s'ils ont un carbone
asymétrique. J'ai laissé de côté les opérations qui conduisent aux amino-
acides. Un Mémoire plus complet et plus détaillé paraîtra au Bulletin de
la Société chimique. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Combinaison du saccharose avec quelques sels
métalliques. Note de M. D. Gauthier.
« On sait que le saccharose a la propriété de s'unir au chlorin^e, au bro-
mure, à l'iodure de sodium; qu'il s'unit également au chlorure de potas-
sium. Nous avons réussi à obtenir avec d'autres sels un certain nombre de
combinaisons analogues nettement définies.
» L'iodure de potassium nous a fourni un composé bien cristallisé
répondant à la formule
C'-H-0",KT, 2Tr-0;
I26o ACADÉMIE DES SCIENCES.
quelques-uns des cristaux de ce corps ont des dimensions de plusieurs
centimètres.
» Le chlorure, le bromure, l'iodnre de lithium ont donné des composés
semblables au précédent :
C'-IP-O", LiCl, '2H'0,
C'-H=^-0'', LiBr, 2H=^0,
C'-H220", Lil, 2H-O.
>. T.e bromure et l'iodure de calciimi nous ont donné les corps :
C'-H--0", CaBi-, 3H-0
C'2H--0", Cal-, 3H-0.
» Le chlorure et le bromure de strontium nous ont également fourni des
produits bien cristallisés, mais très longs à se former.
» Le chlorure, le bromure et l'iodure de baryum nous ont donné des
combinaisons formées de cristaux volumineux qui sont anhydres et
répondent aux formules :
2C'-H"0", BaCl-,
2C'-H--0", BaBr^
2C'-H--0", BaP.
» Nous nous proposons de faire l'étude des propriétés de ces corps et
nous poursuivons nos recherches en vue d'obtenir des combinaisons nou-
velles avec d'autres sels. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la Lransformation des a-glycols primaires en
aldéhydes correspondantes. Note de M. Tiffeneau, présentée par
M. Halier.
« La transformation bien connue du phénylglycol
CM1« — CHOH -CH-OH
en phénylacétylaldéhyde CMi'^-- CH- — CHO (Zincke, Liebigs Annalen ,
t. CCXVI, p. 3oi) par l'action de l'acide sulfurique au \ ne fournit, apriori,
aucun renseignement sur la nature de cette réaction. Je suis parvenu, en
étudiant les homologues du phénylglycol, substitués en a, à montrer que
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE r9o3. 1261
les aldéhydes résultant de cette transformation conservent la même struc-
ture que le glvcol initial el qu'il y a, dans ce cas, passai^e de la fonction
alcool vinvlique instable à la forme aldéhyde, par simple migration d'un
atome d'hvdroçène.
» Les phénylijlvcols sur lesquels j'ai effectué mes recherches ont été préparés par
une méthode que j'ai indiquée antérieurement {Comptes rendus, t. CXXXIV, p. 846)
et qui consiste à faire réagir l'iodure de méthylmagnésium sur les benzoylcarbinols
ou sur leurs éthers acétiques.
C«H»— CO — CH^- OH + aCH^Mgl z= CfP+ C=H'^(CH^) C(OMgl) — CH^OMgl,
C6H^— CO — CH^— CO^— CH»+ SCH^Mgl
= (CH3)-^— C(OMgl) — CH*+C«K^(CH=*)-C(OMgI)— CH^OMgl.
» Il suffit de décomposer par l'eau les dérivés magnésiens ainsi préparés pour obte-
nir les glycois qu'on purifie par distillation fractionnée dans le vide et par cristal-
lisation dans l'éther de pétrole. Cette méthode a été, depuis, appliquée avec succès
par M. Kling {Comptes rendus, t. CXXXVII, p. 7-56 ) au cas de l'acétol et de son élher
acétique.
» Le mélhylphényl^lycol dissymétrique (2-phénylpropane-diol-i.2)
C«H^(CH') — COH — CH^OH
obtenu par l'une ou l'autre des réactions ci-dessus fond à 38°.
« Le méthyl-/J-tolylglvcol dissymétrique (2-/>-lolyipropane-diol-i.2)
GH» — C«H^(CH3) — G OH — GH-OH
fond à 36°. Je l'ai préparé comme le précédent soit en faisant agir SIMgGH^ sur
l'acétate de /j-toluylcarbinol (fond à 84°), soit encore par action de alMgGH^ sur
/>-toluylcarbinol GH^G«H^— GO — GH^OH (fond à 88°).
» Ges deux glycois, traités à chaud par l'acide sulfurique au j, sont transformés
avec élimination de H-0 en aldéhydes correspondantes d'après la réaction
R— (GH») — GOH — GH-OH = H^O 4- R — (GH^) — GH - GHO.
» G'est ainsi que le mélhylphénylglycol fournit l'aldéhyde hydratropique (' ) bouil-
lant à 2o4° (semi-carbazone fusible à i56°-i57°) et le mélhylphénvltolylglycol, l'aldé-
hyde/?-méth3lhydratr()|)ique bouillant à 2i9°-22i° (semi-carbazone fusible à i52°).
» Si l'on rapproche ces faits, de ceux que j'ai antérieurement exposés concernant la
migration phénylique, on voit que le mélhylphénylglycol se transforme sans chan-
gement de structure en aldéhyde hydratropique
(I) G"=H5(GH'') — G(OH) — GH^OH = H20-f-G«H5(GH2)GH — GHO,
(') J'ai observé également la formation d'aldéhyde hydratropique par ébullition
d'une solution alcoolique d'acétate de potassium contenant la chloihydrine du méthyl-
phéiîylglycol dissymétrique {Bull. Soc. chini., 3" série, t. XXVII, p. 643).
G. R., igo3, 2» Semestre. (T. CWXVII, N» 26.) l65
1262 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tandis que son iodhydrine ou sa chlorhydrine conduit à la phénylacétone avec migra-
tion moléculaire.
(Il) C«HS(CH3) — G(OH) — GHn=:HI-HG«Hs— CH2- GO — GH».
» Il en résulte évidemment que la réaction (I) doit s'effectuer par un mécanisme
tout autre qpe celui de la réaction (II); or, cette dernière ne saurait être envisagée
aytreiment qu'avec formation intermédiaire d'pxjde (i'ét|iylène G''H^(G11^ ) — G — GJI-
O
et migration ultérieure du G^H*; on est donc conduit à conclure que parmi les deui^
seules formes intermédiaires possibles de Ici réaction (I)
G«H«(GH3) — G(OH) - GH^OH = H^O + G^H5(CH3) — G — CH^
O
G«H*(GH3) - G(OH) — GH^OH = H^O + G«H^(GH3) — G = GHOH,
il faut rejeter la forme oxyde d'éthylène et adopter la forme alcool vinylique.
» En résumé, la transformation des a-glycols primaires en aldéhydes sous
l'action de l'acide sulfurique constitue ime réaction toute sjDéciale due à la
formation intermédiaire d'un alcool vinylique; elle se distingue ainsi très
nettement de toutes les réactions oîi il y a au contraire formation intermé-
diaire d'un oxyde d'éthylène, formation qu'on réalise soit par l'élimination
de riiydracide chez les halohydrines dérivées de ces a-glycols, soit encore
par l'élimination de l'eau chez ces a-glycols lorsque le nombre des substi-
tutions carbonées rend impossible la formation d'alcool vinylique, ce qui est
le cas des pinacones. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les éthers nitriques des acides-alcools.
Note de M. Jbl. Duval, présentée par M. H. Moissan.
« Nitrate d'acide acétoxy acétique . — L'analyse du nitrate d'acide glycolique brut
(voir Comptes rendus du 12 octobre dernier) fournissait un chilFre trop élevé pour le
carbone, l'hydrogène étant néanmoins assez exact : j'en ai donc déduit qu'il devait se
former, pendant la nitralion, un autre produit provenant d'une condensation de l'acide
glycolique; j'ai indiqué dernièrement qu'une huile se déposait pendant que cristal-
lisait le nitrate d'acide glycolique. L'étude de ce composé huileux, purifié au moyen
de henzo-ligroïne, m'a conduit à admettre la formation de nitrate d'acide acéloxyacé-
tiqije, répondant à la formule
GH^OAzO^— GO^ — GIP— GO^H.
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE IpoS. 1203
» Huile légèrement ambrée, soluble dans l'eau, l'alcool, l'élher, peu soluble dans le
benzène, insoluble dans la ligroïne.
» Analyse. — Trouvé : C, 26,95; H, 2,82; Az, 8,12.
» Théorie pour CII^O AzO'^— CO^ — CH'^— CO^H : G, 26,8(; H, 2,78; Az, 7,82.
» Nitrate d'acide lactique. — En 1872, Wisliceous a montré que l'acide lactique
sirupeux est un mélange en proportions fort variables d'eau, d'acide lactique, d'an-
hydride lactique et de lactide. Gomme, d'une part, l'anhydride et le lactide sont facile-
ment extraits par l'éther et que, d'autre part, l'anhydride peut également s'éthérifier,
en opérant la nitration directement sur l'acide libre, je me serais trouvé, après extrac-
tion à l'éther, en présence de quatre composés, savoir : l'acide nitrolactique, l'anhy-
dride lactiqu(;, l'anhydride nitrolactique et le lactide. Force m'était donc de m'adres-
ser, soit à l'acide lactique pur et cristallisé décrit en 189.5 par MM. Kraft et Dyes, mais
dont la préparation et la conservation sont délicates, soit à un sel de l'acide lactique,
l'anhydride ne formant pas de sels stables. D'ailleurs, je compte simplifier la purifica-
tion des nitrates d'acide glycolique et glycérique, et améliorer grandement les rende-
ments en employant des sels au lieu des acides libres.
» En conséquence, en opérant selon la méthode décrite par Henry en 1878 et qui
cohsiste àéthérifier directement l'acide lactique impur, on n'obtiendra jamais, comme
je l'ai d'ailleurs vérifié evpérimentalement dans des conditions variées, qu'un mélange
d'acide nitrolactique et des anhydrides qu'il forme.
» On ajoute peu à peu 20s de lactate de zinc à un mélange de 25s d'acide azotique
fumant, et de 4oS d'acide sulfurique concentré, en évitant une trop forte élévation de
température; on verse sur la glace, on extrait à l'éther qu'on lave abondamment, on
évapore la solution bien décantée, puis on sèche pendant deux semaines dans le vide,
d'abord sur la potasse, ensuite sur l'acide sulfurique.
» Analyse. — Trouvé : G, 26,72; H, 3,83; Az, 10,66.
)> Théorie pour GH^ — CHO AzO- — GO^H : G, 26,66; H, 3,70; Az, 10,87.
» Liquide huileux légèrement jaunâtre, miscible à l'eau, l'alcool, l'éther, le ben-
zène, insoluble dans la ligroïne.
» Nitrate d'acide ^-oxyhatyrique. — On le prépare exactement comme le dérivé
lactique correspondant, en opérant également sur le sel de zinc sec. Placé dans le
vide sulfurique, il cristallise en aiguilles légèrement colorées en jaune; on le pulvé-
rise, puis le replace dans le vide sur la potasse solide, puis sur l'acide sulfurique.
» Gristaux incolores excessivement solubles dans l'eau, l'alcool, l'éther, le benzène,
moins solubles dans la ligroïne et fondant à 45°.
» Analyse. — Trouvé : G, 82, 3i; H, 4)76; Az, 9,68.
» Théorie pour GH» - GH^ — GHO AzO^ — GO^I : G, 82,21; H, 4,69; Az, 9,89.
)) ISitroglycolate de niéthyle. — On éthérifie en évitant, comme toujours, une trop
grande élévation de température; on verse sur la glace où le produit rtitré précipite;
on le lave alors deux fois avec un peu d'eau; on le neutralise et le sèche en l'agitant
avec du carbonate de soude sec. Enfin, on rectifie dans le vide.
» Liquide incolore d'odeur agréable, neutre au tournesol, bouillant avec forte
décomposition à i65° sous la pression ordinaire, mais sans décomposition dans le vide
où, sous 28™'°, il disLille à 82^,5. Soluble dans l'alcool, l'éther, le benzène, insoluble
dans l'eau et la ligroïne, il brûle au contact d'un corps incandescent.
1264 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Analyse. — Trouvé : C, 20,56; H, 3,88; Az, 10,44-
» Théorie pour CH-0 AzO^— CO-GH^ : C, 26,66; H, 8,70; Az, 10,87.
CHIMIE ORGANIQUE. — Actioîi de i' acide carbonique sur les solutions aqueuses
d'aniline en présence des nitriles. Note de M. Louis Meunier, présentée
par M. Mois>aii.
« I. ISitrites alcalins. — Si l'on fait pa.^ser un courant de gaz carbonique
pur dans une solution aqueuse contenant une molécule de nitrite de soude
pour deux molécules d'atnline, on constate que l'on peut transformer
presque intégralement l'aniline en diazoamidobenzène.
» L'expérience suivante le prouve:
» Dans une solution composée de : aniline 4^»65, iiitrite de soude is, '72,
eau distdlee 230'^'"', on fait passer un courant de gaz carbonique débarrassé
de toute trace d'acide minéral par lavage dans une solution de bicarbo-
nate de soude;. au bout d'un quart d'heure, la liqueur se trouble en jaune
citron ; abandonnée au repos pendant 3 jours elle dépose 1^,39 de diazo-
amidobenzène tusible à 92°.
En faisant passer à nouveau le courant dans la liqueur filtrée, et aban-
donnant au repos pendant 10 jours, on obtient un nouveau précipité
pesant 0^,95. La liqueur filtrante, saturée d'acide carbonique et aban-
donnée à nouveau pendant 5 jours, donne un précipité pesant 0^,66; et
ainsi de suite. Vers la fin de l'opération, lorsque le gaz carbonique se
trouve en excès dans la solution, d y a dégagement d'azote, formation de
phénol et de paraoxyazobenzol C H^ — Az = Az — C' H' — OH.
» IL Nilrile d'argent. — Le passage d'un courant de gaz carbonique
dans une solution contenant une molecal e de nitrite d'argent pour deux
molécules d'aniline détermine la précipitation assez rapide de la totalité
de l'aniline à l'état de sel d'argent du diazoamidobenzène
C«fJ5_Az = Az-Az- C'^H^
I
Ao-
» Théorie de la formation du diazoamidobenzène. — Pour expliquer le méca-
nisme de la formation du diazoamidobenzène par Taclion du gaz carbonique sur
la solution aqueuse de nitrite de soude et d'aniline, nous démontrerons préalablement :
» 1° Que l'acide carbonique est susceptible de former une combinaison avec
l'aniline. Ditle (^) avait signalé que par l'action de l'anhydride carbonique sur
(') Comptes rendus, t. CV, 1887, p. 612.
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1903. 1265
l'aniline, même refroidie, il n'y avait pas la moindre fixation de §az carbonique en
opérant à la pression atmosphérique. J'ai reconnu qu'il, n'en était pas de même si l'on
faisait réagir le gaz carbonique sur Taniline en solution aqueuse, c'est-à-dire dans les
conditions normales pour la formation du sel.
» Si l'on retourne deux tubes gradués identiques, remplis de gaz carbonique, le
premier sur ji d'eau distillée, le second sur j' d'eau distillée additionnée de los d'ani-
line, on constate que l'ascension du liquide dans le deuxième tube est incomparablement
plus rapide que dans le premier, ce qui indique qu'en présence de l'aniline il y a, non
seulement dissolution dans l'eau, mais encore combinaison. Il est bien évident que
celte combinaison formée par un acide faible et une base faible est très instable,
et qu'elle s'hydrolyse presque complètement en présence de Teau.
» 2" Que l'acide carbonique ne déplace pas l'acide nitreux dans le nitrite de soude
dans les conditions de l'expérience précédente. Celte constatation a été faite en plon-
geant un papier iodo-amidonné dans une solution aqueuse de nitrite de soude, saturée
d'acide carbonique; le papier ne bleuit pas. L'acide carbonique étant incapable de
déplacer l'acide nitreux dans le nitrite de soude, la formation du diazoamidobenzène
ne peut s'expliquer que de la façon suivante :
» L'acide carbonique réagit sur l'aniline pour donner du carbonate d'aniline, qui
fait double décomposition avec le nitrite de soude pour former du nitrite d'aniline :
G«H5— AzH3 — AzO^ Par perte d'une molécule d'eau, ce nitrite d'aniline, corps
instable, se transforme en nitrosamine :
C^H^-AzH-AzO,
ou plutôt, en sa forme tautomère isodiazoïque,
OH3— Az = Az — OH
qui réagit sur l'aniline non carbonatée pour donner le diazoamidobenzène
C« H^ - Az = Az - Az H - C H5.
^ » Cette expérience s'applique d'ailleurs à la formation du diazoamidobenzène par
l'action du nitrate de soude sur un sel neutre quelconque d'aniline, avec cette diffé-
rence que le diazoamide se forme par réaction de l'hydrate isodiazoïque sur l'aniline
provenant de l'hydrolyse du sel neutre.
» Conséquences. - i<^ Si l'on fait réagir le gaz carbonique sur l'aniline
en présence de nitrite d'argent, il y a formation de diazoamidobenzène, par
le même mécanisme que nous venons de décrire, mais ce diazoamide se
transforme immédiatement en sel d'argent insoluble au contact du carbo-
nate d'argent, qui a pris naissance dans la réaction, ou du nitrite d'argent
qui n'a pas encore réagi.
» 2« Niementowski et Rozskowski (*) ont prétendu qu'il y avait ^rèci-
{') Niementowski et Rozskowski, Zeitsch. f. physik. Chem., t. XXII, 1897, p. 45.
1266 ~ ACADEMIE DES SCIENCES.
pitation d'un mélange de diazoamidobenzène et de sel de sodium par
action simple du nitrite de soude sur une solution aqueuse et étendue
d'aniline; ce fait est inexact pour deux raisons :
M a. L'action du nitrite de soude sur l'aniline en solution dans l'eau
distillée bouillie, pure, conservée à l'abri de l'air, ne donne pas de préci-
pité appréciable, même au bout de i mois; dans l'eau ordinaire, et même
dans l'eau distillée non bouillie, il y a formation de précipités notables,
dont le poids augmente avec la dilution. J'ai trouvé en effet qu'un mélange
de 4^» ^5 d'aniline et de 1^,72 de nitrite de soude fournissait, au bout
de 23 jours, des précipités pesant 0^,006, 0^,(1092, o^,oi5o suivant qu'il
était dissous dans 25o'"°', Soo*""', igoo*""' d'eau du Rhône. De même, un
mélange de 9^,8 d'aniline et de 3^,45 de nitrite de soude, dissous dans
2' d'eau distillée non récemment bouillie fournissait, après 12 jours, un
préci[)ité pesant o^,o35o.
» La formation du précipité observé par Niementowski et RozskoWski
est donc due à la présence de l'acide carbonique dans l'eau, et, contrai-
rement à ce qui a été. admis jusqu'à présent, l'action du nitrite de soude pur,
en solution dans l'eau disiillée bouillie, ne donne pas de diazoamidobenzène.
» b. Il ne saurait y avoir formation du sel de sodium du diazoamido-
benzène dans une solution aqueuse, attendu que ce dérivé, que l'on pré-
pare par action du sodium sur une solution de diazoamidobenzène dans
l'éther anhydre, s'altère immédiatement au contact d'une trace d'hu-
midité. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la rétrogradation de l'empois d'amidon.
Note de M. L. Maquenne, présentée par M. Roux.
« Une Communication toute récente de M. Boidin (') m'oblige à [)ré-
senter aujourd'hui les résultats de quelques essais que j'ai entrepris au
mois d'août dernier en vue de connaître le rôle que jouent les alcalis dans
la t-étrogradation de l'amidon.
» Les expériences qui suivent ont porté chacune sur 40"™' d'empois de
fécule à 5 pour 100, préparée avec de l'eau pure, stérilisé à 120° et addi-
tionné, après refroidissement, de quantités variables de potasse.
» La rétrogradation a duré 5 jours, à la température ordinaire; on a
(*) Comptes rendus, l. GXXXVII, p. 1081.
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1903. 1267
saccharifié, comme d'habitude, vers 11°, après avoir nentraHsé l'alcali
libre et ajouté une proportion de sulfate de potassium calculée de manière
que la minéralisation fût la même partout :
Potasse en milligrammes o 5,6 28 56 56o
Rétrogradé insoluble pour 100. . . 5,8 10, 4 3,6 3,5 o
» Ces chiffres montrent clairement que, employés à dose croissante
et dans les conditions indiquées ci-dessus, les alcalis favorisent, pui^
retardent et empêchent la rétrogradation de l'empois; on ne saurait d'ail-
leurs admettre qu'ils en sont la seule cause, puisque les acides, ainsi que
je l'ai fait vqir dans ma dernière Note, agissent d'une façon analogue,
» En raison de l'importance du sujet sur lequel j'ai pour la première
fois appelé l'altention il y a quelques mois, je demanderai en même temps
à l'Académie la permission de définir, plus exactement que je n'ai pu
le faire jusqu'ici, ce que l'on doit entendre par le mot rétrogradation.
» La rétrogradation de l'empois, préparé en présence seulement d'eau
pure et des matières minérales que renferme l'amidon ou que lui cède
le verre, est le phénomène, essentiellement progressif, par suite duquel ce
corps tend à reprendre une forme voisine de celle qu'U présente dans
l'amidon cru ('),
» Entre son état initial et son état final, sous lesquels l'empois est en totalité ou seu-
lement en partie saccharifiable par l'amylase, existent des modifications intermédiaires,
probablement fort nombreuses, qui se succèdent l'une à l'autre en formant des mé-
langes de plus en plus résistants à l'action du malt ou des acides minéraux.
» La première étape de cette évolution est représentée par une coagulation, c'est-
à-dire par une transformation du liquide, d'abord transparent s'il a été préparé dans
l'autoclave, en une gelée opaline chargée de grumeaux. Celle-ci, toute semblable à
l'empois vulgaire, est comme lui à peu près entièrement soluble dans l'extrait de malt,
à froid.
» Le terme ultime, qui n'apparaît qu'avec le temps, mais se trouve déjà dans l'em-
pois de fécule à 5 pour 100 après moins d'une heure de conservation dans la glacç, est
l'amvlocellulose, reconnaissable à ce qu'elle ne se colore plus par l'iode et résiste à
l'extrait de malt, dans les conditions où celui-ci dissout rapidement l'empois frais,
liquide ou gélatineux. Sa proportion dans l'empois rétrogradé est à la fois fonction du
temps, de la température et de la composition chimique du milieu.
» L'existence des formes intermédiaires ressort de ce fait que l'attaque diaatasique
d'un empois rétrogradé est d'autant plus profonde que l'on fait agir le malt à une tem-
(^) Je démontrerai prochainement que la fécule norna^le possède les principaux
caractères de l'amidon rétrogradé.
1268 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pérature pins élevée : les résidus sont alors autant de variétés ou de mélanges d'amy-
locelluloses inégalement condensées.
» En un mot, l'empois d'amidon liquide doit être considéré comme un
colloïde, doué de propriétés semblables à celles des corps que Graham nous
a autrefois appris à connaître, et sensible aux mêmes influences qui agissent
sur ceux-ci. Il n'est pas impossible, par conséquent, que, en l'absence de
toute matière étrangère, l'empois d'amidon se conserve indéfiniment sans
altération. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Préparation d' alcools hydro-aromatiques .
Note de M. Léon Bruxel, présentée par M. A. Haller.
« Dans un précédent travail (^) j'ai obtenu le cyclohexanol en appli-
quant la méthode d'hydrogénation de MM. Sabatier et Senderens à un
composé aromatique oxygéné : l'éther-oxyde interne du p-cyclohexanediol.
Ce résultat m'a conduit à étendre le procédé à d'autres corps oxygénés,
notamment aux phénols.
» Une publication récente (-) de MM. Sabatier et Senderens qui citent
une Communication de M. Van der Laan sur l'obtention du cyclohexanol
à partir du phénol me conduit à faire connaître quelques résultats obtenus
dans cette direction.
» J'ai Fait porter jusqu'ici mes essais d'hydrogénation sur le phénol, les
trois crésols, le thvmol, le carvacro). MM. Sabatier et Senderens s'étant
réservé, dans leur Note, l'application de leur méthode aux phénols tolué-
niques, je ne parlerai pas des alcools obtenus par hydrogénation des
crésols.
» Le procédé appliqué est à peu de chose près celui décrit pour la pré-
paration des carbures hydro-aromatiques. H est peu avantageux d'entraîner
les vapeurs du composé phéuolique par un courant d'hydrogène. Le phénol
liquéfié, s'il est nécessaire, par la chaleur est introduit dans le tube conte-
nant le nickel au moyen d'une ampoule à robinet. La vitesse d'écoulement
est réglée pour qu'il y ait toujours un assez grand excès d'hydrogène. La
température d'hydrogénation varie de 170° à 200° suivant les phénols mis
(') Comples rendus, t. CXXXVII, p. 63.
(^) Comptes rendus, t. CXXXVII, p. io25.
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE igoS. 1269
en réaction. L'activité du nickel n'est pas sensiblement diminuée après
400 heures de service.
» Phénol. — Ce corps est facilement transformé en cyclohe.vanol par passage dans
le tube à nickel chauffé à I70°-I75°, la vitesse du courant d'hydrogène étant de 250*^"''
à la minute et l'écoulement du liquide étant réglé de façon à laisser passer environ 12?
de phénol à l'heure. Le rendement est voisin de la théorie. Dans mes premières expé-
riences, le phénol était liquéfié par une petite quantité d'eau qui ne gênait nullement
la réaction. Le cyclohexanol C^H^^ — OH, ainsi obtenu après purification est iden-
tique à celui de MM. Baeyer et Markownikofl' et, par conséquent, à celui que j'ai
préparé antérieurement. Sa phényluréthane, fusible à 82°, est identique à celle de
M. Baeyer et de M. Bouveault. Traité par le chlorure de zinc, il fournit du cjclo-
hexène avec un assez bon rendement.
» Thymol. — Pour l'hydrogénation de ce phénol, la température du tube d'hydro-
génation est maintenue entre 180" et iSS".
» Pour éviter de chauiler l'ampoule contenant le thymol, celui-ci est dissous dans
l'hexahydrolhymol provenant d'opérations précédentes; ce com230sé, qui est liquide,
dissout abondamment le thymol. Dans la réaction il se forme une petite quantité d'eau
et de carbure par suite de la déshydratation partielle de l'alcool hydroaromatique.
L'hexahydrothymol C'"H'^ — OH, purifié par distillation, est un liquide sirupeux,
incolore, à odeur forte de menthe, insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool, Tacide
acétique, plus léger que l'eau, bouillant à 2i4° à la pression normale. Ce composé est
vraisemblablement un stéréoisomère du menthol.
» Carvctcrol. — L'hydrogénation du carvacrol s'opère assez lentement. La tempé-
rature du tube à nickel doit être maintenue vers i95°-20o° et l'écoulement du phéno^
réglé à 4° à l'heure,' la vitesse du courant d'hydrogène étant de i3o'^'"^ à iSo*^""^ à la
minute. Dans ces conditions, on obtient, après une rectification séparant un peu d'eau
et de carbure, l'hexahydrocarvacrol C^IP^ — OH. C'est un liquide sirupeux, incolore,
d'odeur légère de thym, insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool, plus léger que l'eau,
bouillant à 2i8°-2i9° à la pression ordinaire. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur Voxydation au gayacoi par la laccase.
Note de M. Gabuiel Bertrand, présentée par M. Roux.
« D'une manière générale, comme je l'ai déjà fait observer, les com-
posés nettement oxydables par la laccase sont ceux qui, appartenant à la
série cyclique, possèdent au moins deux des groupements OH ouNH^ dans
leur noyau et dans lesquels ces groupements sont situés, les uns par
rapport aux autres, soit en position ortho, soit surtout en position para.
» Cette relation m'a permis, non seulement de caractériser la laccase,
mais aussi de découvrir la tyrosinase, qui s'attaque à des composés d'une
constitution différente.
G. R., 1903, j° Semestre. (T. CXXXVll, N» 26.) 166
1270 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Après avoir déterminé, au moins d'une manière générale, quels sont
les corps susceptibles de subir l'action des ferments oxydants, il fallait
étudier une nouvelle question, très importante au point de vue du rôle que
ces ferments peuvent jouer dans l'organisme; c'est la constitution chi-
mique des produits engendrés au cours de l'oxydation.
» Lorsqu'on opèie avec l'hydroquinone, que j'avais prise tout d'abord
à cause de la netteté de la réaction, il y a départ des deux hydrogènes phé-
noliques et production de quinone.
» Mais le phénomène est en général plus compliqué : une proportion
notable du carbone peut même être séparée à l'état d'acide carbonique.
Avec le pyrogallol, qui donne cependant un corps bien cristaUisé, la purpu-
rogalline, on ne peut savoir exactement ce qui se passe, la constitution de
ce singulier produit d'oxydation n'ayant pu encore être établie d'une façon
certaine.
» Je rapporterai aujourd'hui les résultats que j'ai obtenus en étudiant
l'action de la laccase sur le gayacol.
» En faisant réagir le suc de divers champignons sur une solution
aqueuse de gayacol, M. Bourquelot a vu le liquide se colorer en rouge
orangé, puis laisser déposer un précipité rouge ('). Mais, comme je l'ai
démontré, le suc de champignons renferme à la fois de la laccase et de la
tyrosinase; on ne peut savoir, a priori, laquelle de ces deux oxydases inter-
vient dans la transformation du gayacol, ce corps ét;int, comme on sait,
l'éther monométhylique de la pyrocatéchine : G" 11' OH OCH^ Il est même
permis de se demander, d'après la richesse des champignons en diaslases
de toutes sortes, s'il n'y a pas là autre chose qu'une simple action oxyda-
sique, s'd n'y a pas en même temps une transformation accessoire.
» Je me suis assuré, à l'aide de laccase type, provenant du latex de
l'arbre à laque, que c'est uniquement à cette oxydase qu'on doit rapporter
la transformation du gayacol par le suc des champignons. Le gayacol devient
par suite un véritable réactif de la laccase.
» Ce point acquis, j'ai préparé une certaine quantité du produit d'oxy-
dation pour en déterminer les propriétés et la constitution chimique.
» C'est une poudre formée de cristaux excessivement fins, de couleur rouge pourpre
foncé, avec un léger reflet vert métallique. Elle est insoluble dans l'eau, faiblement
soluble dans l'éther, un peu plus dans Falcool, davantage encore dans le benzène. Ses
meilleurs dissolvants sont le chloroforme et l'acide acétique. Toutes ces solutions ont
(^) Comptes rendus, t. CXXIII, 1896, p. SiS-Sij.
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE IQoS. I27I
la même couleur rouge acajou. Si Ton ajoute de l'eau à la solution acétique concentrée,
la substance dissoute se précipite en flocons denses, violet pourpre, qui, une fois
séchés, fondent au bloc Maquenne entre +i35'^ et + i4o°.
» D'après sa composition et ses propriétés, le produit qui résulte de
l'action de la laccase sur le gayacol est formé par l'union de 4™°' de gayacol
ayant perdu chacune 2^* d'hydrogène :
4C"'H''.OH.OCH='-l-0-=(C«H\O.OCH^)''-l-2H-0.
» C'est une tétragayacoquinone, dont la constitution est représentée par
la formule suivante :
V ^\0.C1P
/O.CH'
\0
I
\0.CH3
^ ^\0 -
» La tétragayacoquinone se dissout dans la potasse et la soude diluées en donnant
des solutions rouge brun, virant bientôt au vert intense puis, lentement, au jaune sale.
Avec l'ammoniaque, la dissolution est moins facile et la coloration primitive persiste.
» Traitée par la poudre de zinc, en solution acétique, elle est réduite dès la tempé-
rature ordinaire, avec une extrême facilité. La solution se décolore presque coniplète-
ment et, si l'on filtre et qu'on reçoive le liquide dans l'eau, il se précipite des flocons
blancs de tétragayacohydroquinone
C«H5
C«H3
C«H
/OH
\0.CH5
/O.CH^
\0
\O.CH^
I /o.ap
^ *^ \0H
dont le point de fusion est compris entre + 1 15° et + 120°.
» La tétragayacohydroquinone se colore peu à peu en rose au contact de l'air, par
retour au corps primitif. Cette oxydation devient extrêmement rapide en présence des
solutions alcalines.
» Les formules ci-dessus ont été établies, non seulement par l'analyse
1272 ACADEMIE DES SCIENCES.
élémentaire, qui a donné de très bons chiffres, mais encore par la détermi-
nation du point de congélation des solutions acétiques (').
» En outre, l'existence des deux fonctions phénoliques de la tétragaya-
cohydroquinone a été prouvée : premièrement, par la production d'un
dérivé diacétylé, fondant vers + i55°-i6o*', en faisant bouillir la substance
avec un excès d'anhydride acétique en présence de chlorure de zinc;
deuxièmement, par l'introduction de deux et seulement deux nouveaux
groupes CH^ en traitant cette même substance par un excès d'iodure de
méthyle et d'alcoolate de sodium.
)) La laccase est donc susceptible de provoquer soit uniquement l'oxy-
dation, soit à la fois l'oxydation et la condensation des corps sur lesquels
elle exerce son activité. Le second cas s'est présenté ici avec un corps
dont la molécule renferme un seul oxhydrile phénolique et la condensa-
tion a eu pour résultat de fournir, précisément comme dans le cas plus
simple de l'hydroquinone, un dérivé à fonction quinonique.
» On verra plus tard l'intérêt qui s'attache à cette remarque quand il
s'agira d'interpréter le mécanisme des actions oxydantes de l'organisme. »
CHIMIE YÉGÉTALE. — Sur le développement des plantes grasses annuelles;
étude des hases minérales. Note de M. G. André.
« L'étude du développement des plantes grasses présente plusieurs par-
ticularités remarquables dues à la faiblesse de leur transpiration, à la
quantité énorme d'eau que renferment leurs organes aériens et à leur mode
de respiration. Ces végétaux emmagasinent, connue on sait, des doses
notables de certains acides organiques, saturés presque complètement par
les bases venues du sol. La répartition de l'un de ces acides (oxalique)
dans les différents organes du Mesembrianthemum cristallinumdi été étudiée,
il y a plusieurs années déjà, par MM. Berthelot et André (^Ann. Chim. et
Phys., e*' série, t. X, 1887, p. 343).
» Je me suis proposé, dans une série de recherches faites sur trois sujets
(^Mesembrianthemum cristallinum, M. tricolor, Sedum azureum), d'appro-
fondir la composition chimique de ce genre de végétaux, en opérant sur
la plante totale prise à différents moments de sa végétation. Je m'occuperai
(') Voir pour les détails et les analyses le Mémoire qui paraîtra dans le Bulletin
de la Société chimique et dans les Annales de l'Institut Pasteur.
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE IQoS. 1278
aujourd'hui des variations de laproporlion desbases(polasseet chaux) que
contiennent les tissus de ces plantes.
Eau
dans
100 parties
de plante
fraîche.
I. 9 juin 1902 96,44
II. 20 juin 96,1.5
III. 4 juillet (floraison complète). 96,18
IV. 18 juillet (fin de la floraison), 94,34
V. !'='■ août ( fructification) 92,07
I. 2 mai 1902 96,52
II- 2 juin 96,19
III. i3 juin (début de la floraison). 95,78
IV. i'^'' juillet (floraison) 96,27
V. i5 juillet 96,33
VI. 29 juillet (fructification) 94,66
I. 16 avril 97,67
II. 10 mai 96,30
III. 25 juin 93 , 58
IV. 10 juillet 93,33
V. 25 juillet 92 , 18
VI. 18 août (début de la floraison). 90,89
VII. 12 septembre 9^, 17
VIII. i5 octobre (fructification) ... 90,97
Dans 100 parties
de
matière sèche.
CaO.
6,62
4,82
5,58
4,3o
4,4o
^99
2, 10
2,06
2,53
2,08
2,65
,3o
, 1 1
,83
,42
,64
'79
'9^
,82
K=0.
4,93
3,32
3,77
3, i5
3,48
i3,33
8,94
7,01
9,00
10,08
9,53
II, 4i
i3,88
))
16,81
l5,2I
14,93
15,76
15,39
Poids
de
100 unités
sèches.
s
21 ,46
118,76
i63,8o
340,40
5i2,3o
3,60
24,06
157,5
383,1
661,5
993,1
4,11
99>70
807,40
2093,26
4o3i ,4o
6286,80
5979,50
6980,50
Dans
100 plantes sèches.
CaO.
g
1,420
5,724
9,i4o
14,687
22,541
0,0719
o,5o5
3,244
9^692
18,759
26,870
o,o53
1 , 106
i4,77'^
29,724
66,ii4
111,638
116, 600
126, i35
K=0.
s
i,o57
8,942
6,175
10,722
17,828
0,481
2 , 1 5o
II ,o4o
34,479
66,679
94,833
0,468
i3,838
»
35i ,877
618, 175
94i,i54
942,869
1066,428
» I. La quantité de cendres laissées par les plantes grasses est, en
général, considérable; les cendres solubles y prédominent ('). Chez les
deux Mesembrianthemum que j'ai examinés, elle oscille aux environs
de 3o à 34 pour 100 de la matière sèche. La potasse représente, à certains
moments, la moitié des cendres du M. cnstallimim et le tiers de celles du
M. tricolor. Cette ascension de la potasse se continue, même pendant la
fructification, comme il ressort du Tableau précédent, alors que l'ascension
de cet alcali est, le plus souvent, achevée chez beaucoup de plantes
annuelles au moment de leur floraison. Une faible partie de cette potasse
existe à l'état de nitrate.
» II. Il est remarquable de voir que les trois plantes grasses que j'ai
(') Hervé-Mangon, Comptex rendus, t. XCVI, i883, p. 80.
1274 ACADÉMIE DES SCIENCES.
étudiées se comportent, vis-à-vfs de l'absorption de la potasse et de la
chaux, de façon assez différente bien qu'elles aient végété dans des condi-
tions analogues (champ d'expériences de la station de Chimie végétale de
Meudon). Chez le M. cristallinum, la teneur centésimale de la plante en
chaux est comprise, pendant le cours de la végétation, entre ^ et -ji; de la
teneur centésimale de la plante en potasse; chez le M. tricolor, elle est
comprise entre jet |; chez le Sedum azureum, dans lequel la proportion
des cendres n'est que la moitié de celle des deux espèces précédentes,
la proportion centésimale de la chaux surpasse, au contraire, celle de la
T ^ CaO . T . ^ ^
potasse. J^e rapport j^—- varie, comme hmites extrêmes, entre 1,26 et
1,48. La quantité d'eau renfermée dans ces trois végétaux est cependant
très sensiblement la même à des époques comparables de leur végéta-
tion. D'ailleurs, l'ascension de la chaux, comme celle de la potasse, se fait
encore au moment de la fructification, bien que d'une façon beaucoup
moins marquée chez le M. cristallinum que chez les deux autres plantes.
» En résumé, la base qui domine dans les cendres du M. cristallinum est
la potasse; chez le M. tricolor, cette base domine encore, mais elle est en
moindre proportion que chez la plante précédente. Enfin, chez le Sedum,,
la chaux l'emporte sur la potasse.
» L'excès de la potasse sur la chaux, ou réciproquement, n'altère donc
pas le caractère de plante grasse que possèdent ces trois végétaux, c'est-
à-dire de plante à transpiration faible et à respiration-peu active. »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur une culture de sarrasin en. présence d'un mélange
d'algues et de bactéries. Note de MM. Bouilhac et Giustiniaxi, présentée
par M. Schlœsing fils.
« Après les découvertes relatives à la fixation de l'azote par action
microbienne auxquelles sont liés les noms de Berthelot (1884), Hellriegel
et Wilfarth(i888), Schlœsing fils et Laurent (1892), et d'un grand nombre
d'autres savants, plusieurs auteurs ont utilisé les connaissances qui ont
été par là acquises pour chercher les moyens d'en faire profiter l'agricul-
ture, et divers essais ont été faits pour reconnaître les avantages que l'on
pourrait retirer de l'introduction des microorganismes dans la terre arable
au point de vue de la nutrition azotée des végétaux supérieurs. Ce sont
des recherches poursuivies dans cette voie avec un but essentiellement
pratique, que nous allons exposer.
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE IQoS. I2']5
» On sait que certaines algues associées à des bactéries jDeuvent prospé-
rer dans des solutions dépourvues d'azote, et donner ainsi des récoltes
abondantes. Nous nous sommes alors demandé si, pour cultiver des plantes
supérieures, nous ne pourrions pas remplacer les engrais azotés par des
microorganismes de cette nature.
» Les sols que nous avons employés pour ces cultures expérimentales
étaient formés de sable provenant de la pulvérisation d'un grès de Fon-
tainebleau, et les microorganismes que nous avons utilisés étaient un mé-
lange de Nostoc punctiforme et à' Anabœna recouverts de bactéries.
» Expérience I. — Une expérience préliminaire indiquera les quantités d'azote
susceptibles d'être fixées par ce procédé. Nous avons préparé quatre pots contenant
chacun 2'^s,5oo de sable additionné de sels minéraux non azotés et de carbonate de
chaux. Deux de ces pots furent pris comme témoins et la surface des deux autres fut
en même temps ensemencée avec des algues. Ces pots furent placés en plein air dans
un jardin voisin du laboratoire et arrosés régulièrement. Six semaines plus tard nous
avons mis fin à l'expérience et nous avons dosé l'azote dont nos sols s'étaient enrichis.
Ceux sur lesquels les algues avaient été ensemencées contenaient en moyenne
37™s d'azote, tandis que les deux autres en renfermaient à peine 4"^° apportés vrai-
semblablement par les eaux météoriques.
» Expérience II. — Pour reconnaître dans quelle mesure l'azote ainsi fixé par
les microorganismes pouvait contribuer au développement d'une plante supérieure,
nons avons disposé des cultures expérimentales dans les conditions suivantes :
- )) Nous avons rempli trois grands pots avec du sable dont nous avons indiqué la
provenance, préalablement lavé aux acides. Ces pots contenaient lo'^s de sable aux-
quels avait été mélangée une solution nutritive minérale dépourvue d'azote et du
carbonate de chaux; ils furent ensemencés le même jour avec du Sarrasin (18 grains
dans chaque pot). Le pot n° 1 avait été choisi comme témoin.
» On répandit à la surface des deux autres une petite quantité d'algues et de bac-
téries et quelques gouttes de délayure de terre pour introduire les microbes de la
nitrification. Ces pots furent placés en plein air et arrosés régulièrement. Après 6 se-
maines de végétation, les algues s'étaient développées abondamment sur les pots 2
et 3, et le Sarrasin y atteignait une hauteur variant entre 3o<='" et 42"^'", tandis que les
plantes de la culture témoin ne dépassaient pas lo'^'". Voici le résumé des résultats ob-
tenus :
Azote trouvé
dans
Malicrc sèche. les récoltes.
g ing
Pot n° 1 témoin 1,10 29,24
Pot n° 2 3,75 71,55
Pot n° 3 7) 10 127,27
» Ainsi, grâce à la présence d'un mélange de ces algues et de bactéries à
la surface d'un sol qui, au début de la culture, était entièrement privé de
1276 ACADÉMIE DES SCIENCES.
matières organiques, le Sarrasin a pu prendre un développement normal
et fixer une quantité d'azote qui est considérable par rapport à la faible
surface du milieu où les algues se sont développées.
» Conclusion. — Ces expériences montrent avec quelle rapidité le Nosloc
punctiforme et V Anabœna recouverts de bactéries, en végétant sur un sol
entièrement dépourvu de matières organiques, l'enrichissent en azote. Elles
montrent encore qu'une plante, telle que le Sarrasin, peut prospérer,
grâce à ces microorganismes, et prendre son développement normal.
» Toutefois, ces cultures expérimentales, limitées à une seule plante,
présenteraient par cela même un intérêt restreint; mais nous ferons con-
naître bientôt les nouvelles expériences que nous avons entreprises pour
apprécier dans quelle mesure ces résultats méritent d'être généralisés. »
ZOOLOGIE. — Sur V évolution subie par les Poissons du genre Atherina aans
les eaux douces et saumâtres du midi de la France. Note de M. Louis Roule,
présentée par M. Edmond Perrier.
« Deux espèces d'Alhérines habitent les eaux douces et saumâtres du
midi de la France; j'ai signalé le fait dans une Note précédente (séance du
3o mars iQoS). Depuis, j'ai eu l'occasion d'acquérir à leur endroit plu-
sieurs notions complémentaires, que je résume dans ce qui suit.
» \^ Atherina lacustris G. Bp., l'une de ces espèces, fréquente les eaux saumâtres des
estuaires. Elle est capable, pourtant, de s'avancer en eau douce; mais elle ne remonte
jamais bien loin, du moins en notre pays. Peut-être convient-il de mettre en cause le
régime torrentiel de nos cours d'eau méridionaux; ces derniers, sujets à des crues ra-
pides et à des dessèchements intenses, n'aboutissent à aucun lac qui les régularise, et
n'olïrent point aux Alhérines des conditions favorables de vie. Partant, les représen-
tants de cette espèce composent, sur notre littoral, des groupes isolés, relativement
peu nombreux, séparés par des intervalles de côtes marines où ne se trouvent point
d'autres A. lacustris.
» \JA. Riqiieti L. R., la seconde espèce, vit dans les eaux douces du canal du Midi;
elle occupe ce dernier en entier, depuis les environs d'Agde jusqu'à Toulouse. Elle s'y
cantonne de façon exclusive; on ne l'a point signalée ailleurs; malgré mes investiga-
tions, je ne l'ai pas rencontrée dans la Garonne, ni dans ses affluents, ni dans les rivières
languedociennes. Elle présente partout les mêmes caractères, et compose un type fort
homogène. Elle se reproduit en mars, à la même époque que les espèces marines; j'ai
pu recueillir des alevins de différentes tailles, nés dans le canal. Son contact avec VA,
lacustris, dans la région d'Agde, où le canal se jette dans l'étang de Thau et commu-
nique avec la mer par l'Hérault canalisé, est remarquable. On n'y voit aucune forme
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE igo!! 1277
transitionnelle. Dès que le canal se soustrait à l'influence marine, VA. lacustris dispa-
raît, et VA. Riqueil se montre, pullulant (reml)lée, s'asseniblant par troupes, véri-
tables miniatures des bancs d'Atliérines de la mer.
•e
» Quelques conclusions intéressantes résultent de telles conslalalions.
Dans la limite oi!i il est permis déjuger d'a|)rès les faits observés, on peut
admettre que ces deux espèces, ainsi localisées aujourd'hui, ne représen-
tent point les vestiges de formes pourvues autrefois d'une aire plus consi-
dérable d'extension. S'il en était ainsi, on trouverait par ailleurs d'autres
témoins de l'ancienne répartition : ce qui n'est pas. Il paraît plus véritable
que ces espèces ont évolué sur place. L\4. lacustris ?[ pris naissance, en
chaque localité habitée par elle, aux dépens de 1'^. i?ojr/Y marine, le type
le phis proche. \JA. Riqueti s'est façonnée, dans le canal du Midi, aux
dépens des A. lacustris logées au fond de l'étang de Thau et à l'embou-
chure de l'Hérault. Celle-ci est la plus récente; son origine, sans doute, ne
remonte pas très haut, car le canal fut ouvert en 168 1. IJA. Riqueti offre
ainsi le cas d'une forme vivante dont la création serait toute moderne;
seules, les causes naturelles l'ont produite, l'action humaine ayant borné
son rôle à creuser le canal où elle est apparue.
)) Une conclusion nouvelle porte sur le mode évolutif lui-même. Les
deux espèces n'offrent entre elles aucune transition ménagée; leurs zones
d'habitat s'affrontent et ne se pénètrent pas. I^a première cède brusque-
ment la place à la seconde. Les conditions sont telles que l'influence
directe du milieu paraît s'être exercée sur tous les individus pris en masse,
et non sur certains plus aptes, qui se conserveraient par sélection et
feraient souche à eux seuls. L'évolution, guidée ici par l'adaptation au
milieu, procède jiar saut, nullement par gradations oîi la sélection natu-
relle aurait prise. Dans cet exemple, l'opinion des Lamarckiens s'accorde
mieux avec les choses que celle des Darwiniens, et les naturalistes qui
pensent que les transformations sont capables de se manifester brusque-
ment paraissent avoir raison sur ceux qui présument le contraire. »
PHYSIQUE BIOLOGIQUE, ~ Nouveaux faits sur les rayons n d'origine physio-
logique; localisations /le/veuses. Note de M. Augustin Charpentier,
présentée par M. d'Arsonval.
« J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie une série de nouveaux
faits que m'a j^résentés l'étude des radiations émises par le corps vivant,
radiations dont j'ai signalé l'existence dans ma Note du i/| décembre der-
nier. Les problèmes que soulève cette question sont si nombreux qu'on
G. R., 1903, 2» Semestre. (T. CXXXVII, N" 26.) 167
1278 ACADÉMIE DES SCIENCES.
m'excusera d'exposer sans beaucoup d'ordre les diverses constatations que
je fais chemin finsant.
)) T. On pouvait êlre assuré que l'émission de rayons n par le corps
vivant n'était pas un phénomène propre à l'homme. Il se retrouve, en effet,
chez les divers animaux de laboratoire (lapin, grenouille, etc.)» et se
retrouve sans nul doute chez les animaux inférieurs.
» Ce sont, encore ici, les muscles et les nerfs qui en forment la princi-
pale source, et ils en fournissent d'autant plus qu'ils sont en état de fonc-
tionnement plus actif.
)) II. La grenouille, qui, malgré sa petitesse, est un très bon sujet
d'étude, peut servir à donner une preuve de plus que l'augmentation de
phosphorescence constatée dans ces expériences n'est pas due à une éléva-
tion de température : il est facile en cette saison de la maintenir à une
température sensiblement inférieure à celle de l'air du laboratoire; les lois
générales du phénomène n'en sont pas modifiées.
» On peut du reste, sur les animaux à sang chaud, faire une constatation
analogue en chauffant l'objet d'épreuve phosj)horescent (qui émet alors
plus de lumière) à une température supérieure à celle du corps, vers /\0°
ou lin peu plus. La phosphorescence augmentera comme précétiemment
pu voisinage des muscles, des nerfs et des centres nerveux, même à l'état
de repos, et s'avivera encore davantage par le fonctionnement.
» III. Les rayons ji et les rayons d'origine physiologique agissent sur
toutes les phosphorescences, comme l'a prévu M. Blondlot. J'avais vu en
été la radiation n du Soleil influencer la luminescence du ver luisant com-
mun {lampyre nocliluque); actuellement j'ai à ma disposition des cultures
de bacilles phosphorescents (^photobacterium phosphorescens , phosphohac-
lerium ilaliciun) que je dois à l'obligeance de M. le professeur Macé et qui
réagissent vis-à-vis du cœur, des muscles et des centres nerveux, sensible-
ment de la même manière que le sulfure de calcium.
» On sait que chez ces bacilles la phosphorescence diminue quand la
température s'élève au-dessus de 26° ou 3o°.
» IV. Comme les solides soumis à une contrainte mécanique émettent
généralement des rayons n, j'ai recherché ces derniers dans les tendons
pendant la contraction musculaire (tendon d'Achille, tendon de l'extenseur
du gros orteil, etc. ) Je n'y ai trouvé aucune augmentation de luminescence
de l'objet d'épreuve, quelque forte que fût la contraction. En revanche les
points d'insertion et les parties osseuses comprimées par les tendons
brillent nettement sous l'influence de l'activité musculaire. Or les tendons
eux-mêmes sont très pauvres en nerfs, tandis que les points précédents sont
SÉANCL: du 28 DÉCEMBRE 1903. 1279
très riches en terminaisons nerveuses, dont la compression suffirait à expli-
quer l'effet de radiation constaté. D'autres raisons sur lesquelles je revien-
drai confirment cette interprétation.
» V. J'ai observé que la compression mêm.e légère d'un nerf augmentait
notablement son pouvoir d'aviver la luminescence, soit au-dessus soit au-
dessous du point comprimé; si la compression se prolonge, la radiation
nerveuse finit par diminuer. Cette question mérite une étude spéciale, et
sera approfondie.
» VI. Il est facile de se convaincre que la partie la plus importante de
l'émission physiologique de rayons n a lieu par le système nerveux et surtout
par ies cenlres.
» Le trajet de la moelle épinière se marque sur toute sa longueur par
une augmentation de phosphorescence de l'objet d'épreuve en regard des
parties extérieures les plus voisines. Vis-à-vis des renflements cervical et
lombaire la radiation est plus forte et plus étendue. Vient-on à faire con-
tracter les bras du sujet, l'éclat augmente au renflement cervical. Il aug-
mente aussi en remontant la moelle jusqu'au cerveau.
• » Si l'on ne produit qu'une -contraction unilatérale des bras, on voit
dans la région cervicale l'illumination d'abord plus marquée du même côté.
Puis, vers le haut de la moelle, elle passe du côté opposé, a gauche si le
sujet contracte le bras droit, en une région un peu variable suivant les
individus, mais généralement située plus bas que le bulbe.
» YII. Ces expériences seront facilitées quand on saura, mieux qu'au
jourd'hui, localiser les faisceaux d'origine.
» Je me suis servijusqu'à présent dans ce but de tubes droits en plomb,
de S*^"" à lo'^'" de longueur, dont une extrémité est placée contre le corps
et l'autre contient intérieurement une petite rondelle de liège ou de carton
recouverte de sulfure phosphorescent. J'ai utilisé aussi des tubes de verre
ou de différents métaux. Chaque faisceau de rayons, pour agir sur l'ob-
jet, doit suivre la lumière du tube.
» On ne peut utiliser de larges écrans parce que chaque partie du sul-
fure est influencée par les autres, et l'ensemble donne un éclat d'apparence
uniforme en fonction delà masse totale des rayons qui rencontrent l'écran.
» La localisation dans la profondeur du corps rencontrera d'autres diffi-
cultés, car il faudra tenir compte des propriétés particulières aux différents
tissus superposés.
» VIII. Dès maintenant on peut faire des expériences très curieuses sur
la topographie de certains cenlres nerveux superficiels. Par exemple, les
zones i\hQ?> psycho-inolrices de l'écorce cérébrale doivent se manifester par
1200 ACADEMIE DES SCIENCES.
une émission localisée de rayons n durant leur fonctionnement spécial.
C'est ce que j'ai constaté pour quelques-unes des mieux limitées. Parmi
ces dernières est la zone dite centre de Broca, centre du langage articulé. Sa
projection sur le crâne est déterminée avec une certaine précision d'après
des règles appliquées par les chirurgiens. Or, pendant que le sujet parle,
soit à voix haute, soit même à voix basse, l'objet d'épreuve promené sur le
côté du crâne augmente plus ou moins de clarté à gauche dans la région
voisine de ce centre, et offre un maximum qui correspond, dans les limites
de i*'"* à 2*^™, au point de repère connu en clinique. Ceci, en se mettant à
l'abri des radiations plus lointaines, musculaires ou autres, par des écrans
convenables.
» Or, rien de pareil ne s'observe du côté droit (sur les sujets qui m'ont
servi). On a bien une légère augmentation de clarté vis-à-vis de la circon-
volution de Broca, mais elle provient du centre opposé ou de centres plus
profonds intéressés dans les actes vocaux, car en braquant très obliquement
le tube de plomb de façon à ne viser que le centre de Broca, l'émission
fonctionnelle devient très faible ou nulle.
» J'ai des raisons de croire que la pensée non exprimée, l'attention,
l'effort mental donnent lieu à une émission de rayons agissant sur la phos-
phorescence. J'y reviendrai prochainement.
» TX. Le fonctionnement d'autres zones motrices donne lieu également
à des maxima moins bien délimités, mais répondant aux régions corticales
que l'on s'accorde à faire intervenir dans l'espèce (écriture, mouvements
des membres supérieurs, etc.). L'excitation des nerfs sensibles donne
lieu à des constatations analogues.
» X. En résumé, tout centre nerveux qui fonctionne ajoute à son émis-
sion de repos de nouveaux rayons n en proportion de son degré d'activité.
Ces rayons se transmettent en divergeant suivant les lois de l'Optique, tra-
versent avec plus ou moins de réfraction les milieux successifs et se mani-
festent par une augmentation de luminescence de l'objet d'épreuve, aug-
mentation variable suivant l'intensité de l'émission et suivant sa distance. »
PHYSIOLOGIE. — Délerminaiion du minimum perceptible et de la durée de la
perception lumineuse chez- les personnes dont la vue est affaiblie. Note de
M. S. ^Durand, présentée par M. Alfred Giard.
« Les divers procédés employés habituellement pour la déterminalion
de l'acuité visuelle ne peuvent s'appliquer qu'aux cas dans lesquels cette
acuité est encore suffisante pour la perception des images. Mais il peut être
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1903. 1281
utile parfois, lorsque l'œil n'est plus capable de les distinguer nettement,
de mesurer néanmoins d'une manière précise la quantité de lumière mini-
mum qu'il peut percevoir.
)) La méthode que nous avons imaginée permet d'effectuer avec préci-
sion la mesure de ce minimum pour des sujets dont la vision est plus ou
moins diminuée. Cette méthode repose sur le principe suivant :
)) Le sujet étant placé, la tète dans une position fixe, devant une image
réelle (flamme d'une bougie) dont l'intensité peut varier d'une façon
connue, ou donne à cette intensité une valeur telle que Toeil de l'observa-
teur ne l'aperçoive plus; on note cette intensité qui mesure le minimum de
lumière perceptible.
w Dans les expériences que nous avons pratiquées à la clinique médi-
cale de M. le professeur Mossé, nous nous sommes servi d'un appareil
construit sur les données de M. Camichel, maître de conférences de Phy-
sique à la Faculté des Sciences. Nous avons cherché, d'une part, le minimum
perceptible et, d'autre part, mesuré la durée de la perception lumineuse.
» 1° Dans le premier cas, on cherche par tâtonnements à se rapprocher le plus pos-
sible du minimum perceptible; on le détermine ensuite exactement, soit par l'emploi
des piles de glaces ou des disques tournants.
» Les piles de glaces sont placées sur le trajet des rayons lumineux dont elles atté-
nuent rintensité. On se sert à celte fin de paquets de lamelles couvre-objet, groupés
comme les poids d'une boîte. Nous avons pu ainsi établir la couche des variations du
minimum perceptible chez des diabétiques atteints de cataracte et suivre les diverses
}diases de la maladie. Par l'emploi des disques tournants on obtient des résultats
beaucoup plus précis. On atténue alors la lumière à l'aide de disques à segments
évidés que l'on fait tourner sur le trajet du faisceau lumineux (voir Note de M. Cami-
chel, Comptes rendus, t. CXXXVII, 16 novembre 1908). L'appareil se compose de
deux disques de cuivre divisés en quatre segments, dont deux opposés évidés. L'un de
ces disques porte une graduation et se trouve fixé sur un axe auquel on Imprime un
mouvement de rotation. Le second est mobile par rapport au premier dont il peut être
rendu solidaire au moyen d'une vis de serrage. On peut ainsi, en faisant tourner le
disque mobile sur le disque fixe, obtenir des segments de grandeur connue et aussi
petits que l'on veut.
» 2° Dans le deuxième cas, au Heu d'atténuer la lumière jusqu'à l'obtention du
minimum perceptible, on mesure la durée de la pei'ception correspondant à des inten-
sités lumineuses connues. L'œil du sujet étant impressionné par une lumière de faible
intensité, on note, au moyen d'un chronomètre à pointage, le moment où l'oeil ne per-
çoit plus celte lumière.
« Les résultats obtenus sont résumés par la loi suivante :
» Pour des impressions courtes, la durée de la perception est propor-
tionnelle à l'intensité lumineuse.
1282 ACADÉMIE DES SCIENCES.
• « C'esL-à-dire que l'œil se fatigue d'autant moins vite que l'intensité
lumineuse est plus grande. Ce résultat peut être intéressant au point de
vue des phénomènes de fatigue de l'œil et permet, comme dans le premier
cas, de suivre les variations du minimum perceptible et l'évolution d'une
"cataracte. »
PHYSIOLOGIE. — Le mal des montagnes.
Note de M. Kronecker, présentée par M. Marey.
« Le Conseil fédéral suisse, avant d'accorder la concession concernant
"le chemin de fer de la Jungfrau, chargea M. Kronecker, en 1889, d'une
expertise physiologique ayant pour but de déterminer si les circonstances
"spéciales d'un chemin de fer établi dans ces conditions ne sauraient être
préjudiciables, tant aux employés et ouvriers, qu'aux voyageurs. Celait
•demander une étude approfondie de cette maladie connue sous le nom
de mal des montagnes, afin de déterminer les conditions qui en font naître
ou en atténuent les symptômes.
)) En fait de documents précis sur cette question, on ne possédait guère
que les beaux travaux de Paul Bert sur les effets de la pression baromé-
trique, et les observations faites par M. Chauveau sur les changements de
la circulation du sang, étudiés au moyen du sphygmographe, dans une
ascension au sommet du mont Blanc. M. Kronecker, en instituant de
nouvelles expériences, s'adjoignit plusieurs de ses élèves et divers physiolo-
gistes à titre de collaborateurs. Nous allons énumérer les principaux
résultats obtenus dans une série d'expériences faites à diverses altitudes.
» El d'abord, pour étudier l'influence de l'altitude toute seule, on prit 6 personnes
d'âges et de sexes difl'érents, auxquelles on épargna tout eflbrt musculaire, en les
faisant porter de Zermatl ( t 6oo'"d'altitude) jusque sur le plateau du Breithorn (ojSo'").
A cette altitude, elles avaient les lèvres nettement cjanosées, un peu de diminution
de l'appétit et de répulsion pourle vin; mais toutefl'ort musculaire leur était pénible:
vingt pas de marche les essoufflaient; les moindres elTorts, comme le maniement de
quelques instruments, ne pouvaient se faire qu'avec des intervalles de repos.
)» Au point de vue de l'exhalation de l'acide carbonique pendant le repos, elle fut la
même à la faible altitude de Brienz que sur le Cornergrat (33oo'"); mais, dans les
ascensions de montagnes, celte exhalation s'éleva beaucoup au-dessus de la proportion
normale : elle dépassait 9, 11 et même 12 pour loo. M. Jackson note dans un passage
pénible sur le Scheideck une élimination particulière de l'azoLe par les urines; celte
élimination, au lieu de se faire en entier sous forme d'urée, était représentée ])o\xr
moitié de sa valeur par des substances alioxuriques. On vit sur des sujets placés dans
des chambres pneumatiques se reproduire un certain nombre des phénomènes énu-
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE IQoS. 1283
mérés ci-dessus et toujours on o])serva que les accidents étaient au minimum chez les
sujets entraînés aux courses dans la montagne.
» M. Rronecker arrive à cette conclusion que les effets du mal des mon-
tagnes tiennent à l'action mécanique de la pression atmosphérique dimi-
nuée et que la diminution delà proportion d'oxygène peut être poussée
extrêmement loin sans que l'animal en souffre sensiblement, si la pression
reste normale.
» Des lapins qu'on faisait respirer par un tube trachéal communiquant avec l'inté-
rieur d'un gazomètre plein d'air étaient rapidement asphyxiés lorsque l'air qu'ils res-
piraient avait une pression de 20"^™ à So"^"^ au-dessous de l'air ambiant.
)) Pour M. Kronecker, le mécanisme des accidents tient à la stagnation
du sang dans le poumon, la pression du sang étant très faible dans les
vaisseaux de cet organe, un faible changement dans la pression de l'air
inspiré peut produire des perturbations considérables dans le cours du
sang; les sujets atteints du mal des montagnes sont dans un état analoo^ue
à cehn' des malades atteints d'insuffisance mitrale. Ces derniers, du reste,
sont très préparés à subir le mal des montagnes et l'éprouvent déjcà k de
faibles altitudes, dans ces deux sortes de troubles de la circulation. Deux
méthodes peuvent atténuer ces troubles : l'une, purement mécanique,
l'excitation forcée, est analogue à l'expérience de Valsalva; la seconde,
agissant sur le système nerveux, provoque des contractions réflexes au
moyen d'excitations périphériques de la peau. »
PHYSIOLOGIE. — Sur les modificalions que subit la respiration par suite de
V ascension et de V acclimatement à l'altitude du mont Blanc. Note de
M. J. Vallot.
« J'ai mis cà profit les séjours de longue durée que j'ai f\tits à mon obser-
vatoire du mont Blanc pour étudier les modifications produites par l'alti-
tude dans la respiration et l'amélioration qui survient par suite de l'accli-
matement.
)) Les expériences ont été faites au cours de quatre séjours, de deux
semaines chacun, à l'observatoire, en 1898, 1899 et 1900. Elles portent
sur des sujets menant la vie active ordinaire. Elles comprennent 123 déter-
minations complètes des éléments physiques de la respiration, faites sur
moi-même, et 21 déterminations faites sur un de mes compagnons. En
i-yM
ACADÉMIE DES SCIENCES.
outre, ijo (Ictermlnalions comparalives ont été faites dans la vallée. Les
conclusions ont été tirées de la moyenne des quatre expéditions.
» Les inspirations se faisaient par la bouche, à travers un compteur à gaz
et une valvule de Muller. Chaque expérience était prolongée pendant une
durée de i5 minutes, après un repos au moins égal.
)) Dans chacune des stations le volume d'air inspiré a montré une variation diurne
considérable, étroitement liée aux repos, atteignant en moyenne un quart du volume
total. Chaque repos provoque une augmentation brusque, suivie d'une diminution de
même valeur, mais un peu plus lente.
» Le volume d'air inspiré, mesuré à la température du corps humain et à la pression
du lieu, subit de grandes variations, tant par suite de l'ascension que par suite de
l'acclimalenient à l'altitude expérimentée. L'augmentation du volume inspiré est
produite par l'accroissement du nombre des inspirations et par l'aiigmenlation de leur
amplitude. Chez moi, le nombre d'inspirations a augmenté pendant la première
semaine, l'amplitude des inspirations restant sensiblement la même; tandis que la
deuxième semaine, le nombre des inspirations restant slationnaire, leur amplitude
s'est mise à augmenter régulièrement. La figure suivante montre, en litres par minute
et pour chaque jour successif passé au mont Blanc, la quantité d'air respiré par
minute, mesurée à 36" et à la pression du lieu.
Fis.
Ascension l
» Le jour de l'arrivée, c'est-à-dire après deux journées d'ascension, on observait
une augmentation de i5 pour loo, causée par l'ascension, mais qui ne persistait pas
entièrement, car il se produisait ensuite une petite diminution de 7 pour 100 pendant
les deux premières journées du séjour. C'est sous l'empire de cette dépression que je
souffrais du mal de montagne. L'état maladif cessait vers le troisième jour, lorsque la
quantité d'air inspirée recommençait à augmenter. L'augmentation continuait alors
régulièrement jusqu'à la fin du séjour. En deux semaines elle était de 3o pour 100.
» La densité de l'air étant plus faible de 33 pour 100 à la station supérieure, par
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE iQoS. 1285
suite de la dillérence de la pression atmosphérique, la variation de la quantité «Z^.yo/«e,
c'est-à-dire ramenée à o" et à 760™"", de l'air inspiré a suivi la marche figurée sur le
graphique suivant.
Fisr. 2.
Ascension i s 3 4 5' 6 j ^9 fO 11 izDesccnte
» Le jour de l'arrivée, malgré l'augmentation du nombre d'inspirations causée par
l'ascension, on trouvait encore un abaissement de la quantité absolue de 23 pour loo.
La dépression des deux jours suivants conduit la perte à 29 pour 100, mais l'ampli-
tude des mouvements respiratoires, augmentant ensuite progressivement, le déficit de
la quantité absolue d'air inspiré n'était plus que de i4 pour 100 au bout de deux semaines.
Les modifications des mouvements respiratoires produites par racclimatemenl étaient
donc arrivées, en peu de temps, à compenser plus de la moitié des 3o pour 100 que
la différence de pression atmosphérique avait fait perdre.
» Ces résultats, tirés de la moyenne de mes quatre expéditions, se sont trouvés
confirmés sur mon compagnon au cours de deux de ces expéditions.
» En examinant les graphiques, on voit que la respiration continuait à être en
croissance à la fin du séjour, et que l'augmentation ne semblait pas près de s'arrêter.
L'acclimatement paraissait déjà à peu près complet, et le mal de montagne avait dis-
paru depuis le troisième jour.
» On trouvera les Tableaux des chiffres observés de la complète discussion de mes
observations dans le Tome VT des Annales de V Observatoire du mont Blanc, actuel-
lement en préparation. »
PHYSIOLOGIE GÉNÉRALE. — Sur une relation entre le travail et le travail dit
statique, énergéliquement équivalents à l'er go graphe. Note de M. Charles
Hexry et de M"^ J. Ioteyko, présentée par M. Alfred Giard.
« Pour trouver une valeur de la dépense du travail statique, à l'ergo-
graphe, nous suivons une méthode dont le principe a été appliqué avec
succès j)ar Coulomb dans l'évaluation du travail de la locomotion : d'une
part, nous recueillons un ergogramme à une grande vitesse du cylindre,
. R., 1903, ■>' Semestre. (T. CXXXVII. N° 26.) 168
28G
ACADÉMIE DES SCIENCES.
aux rythmes rapides de i6o ù loo conlraclions à la minute : nous obtenons
ainsi des aires au lieu de lignes; d'autre part, nous soutenons un poids
pendant un temps connu, opérant dans les deux cas jusqu'à épuisement et
nous admettons que dans les deux cas la fatigue est la même.
» La figure i représeiile deux de nos graphiques réduits d'un tiers : le poids est
de 6^s pour le travail statique, de S"^? pour l'ergogramme : le rythme est de i5o con-
tractions à la minule. Le travail statique étant toujours associé à du travail dynamique
Fis. I.
MHMiB«
et réciproquement, nous devons retirer de la contraction dynamique tous les éléments
statiques et de la contraction statique tous les éléments dynamiques, afin de comparer
du travail exclusivement statique à du travail exclusivement dynamique de même
dépense.
» La dépense est proportionnelle au temps (Haughton), au raccourcissement et à la
charge (Chauveau). il n'y a pas lieu de se préoccuper des durées respectives des tra-
vaux statique et dynamique dans nos deux expériences de comparaison, car chacune
des portions de ces travaux représente la dépense maxima pendant l'intervalle de
temps qu'elle a duré; en effet, si l'un des termes statique ou dynamique, au cours
d'une expérience, pouvait,, par exemple, être augmenté, l'autre augmenterait en même
temps puisqu'il y a inséparabilité entre ces deux termes; la somme augmenterait donc
par là même : ce qui est impossible, puisqu'elle représente par définition la dépense
maxima.
» D'autre part, dans nos deux expériences, les raccourcissements sont sensiblement
les mêmes; il en est de même, en général, des poids; et quand les poids ne sont pas
les mêmes, les dépenses sont ramenées à l'égalité par une correction facile, puisqu'elles
sont proportionnelles aux poids. Dans ces conditions les divers éléments dynamiques
et statiques de nos deux expériences sont comparables.
» Appelant CiD la dépense totale, ^ le travail, P le travail statique, p le poids dans
1287
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE igo3.
l'expérience ergographique, G' le travail, m' le travail statique d'établissement, II' le
Iravaii statique de régime,/?' le poids soutenu lors de l'expérience de soutien, on peut
poser, a et ,3 étant des coefficients de proportionnalité,
(')
(û
-,/z;.
^') = ?(n'
m'~^. 1
G est la somme des ordonnées maxima (/<-. i, gr. n« 2) multipliée par p. G' est le
produit de p' par la hauteur à laquelle on le soulève pour le soutenir ensuite (/îg-. i,
gr. n« 1). Il' est obtenu en multipliant, suivant la définition du travail statique, le
poids par la durée de la sustentation : le poids tombe bien un peu, mais si lentement
qu'on doit le considérer comme soutenu intégralement de même que dans la période
d'établissement m'. Le terme P comprend : 1° le travail statique lors du soulèvement
du poids y;>, et que l'on peut considérer comme égal au produit du poids par le temps,
la vitesse changeant peu ; 2° le travail statique lors de la descente du poids; ce travail
est la différence entre Taire parabolique en chute libre et l'aire de la courbe de sou-
tien; mais l'arc de parabole se confondant sensiblement ici avec une droite et l'aire
parabolique étant très petite, on peut considérer ce travail comme représenté par
l'aire de soutien, sensiblement la moitié du poids multiplié par le temps.
» Bornée à cela, la méthode ne nous fournirait que des nombres voisins
des maxima de dépense et ne permettrait pas de préciser la nature de la
fonction cherchée. Pour avoir une suite de valeurs de travaux dynamiques
et statiques équivalents énergétiquement, nous avons comparé dans une
première série, à des ergogrammes purs, des travaux statiques et des tra-
vaux ergographiques mêlés systématiquement; dans une deuxième série,
a ces travaux mêlés des travaux mêlés de même nature, continuant tou-
jours chacune des deux expériences de comparaison jusqu'à l'épuise-
ment.
» Si dans la première expérience G désigne le travail de l'ergogramme pur
i^J' f'ë- 2)) ^ les travaux statiques afférents au travail ergographique; si, dans la
Fis. 2.
deuxième expérience, w' est le travail statique d'établissement de la sustentation, t' le
^/•ar«// d'établissement de la même, II' le travail statique de sustentation, I^' les tra-
Iâ88 ACADÉMIE DES SCIENCES. .
vaux statiques afférents au travail ergographique & , on a, dans la première série d'ex-
périences,
(2)
(D
(^G-.'-e') = p(II'+P'+^'-^^F);
et, dans la deuxième série, x désignant le travail d'établissement, II le travail statique
de sustentation de la première expérience :
<3) ©
^[(^
G + 4
P
(C'+-')
P' 4- H' + ra' — ^ ( Il + CT + P )
P
» Nous avons obtenu ainsi, entre autres, les nombres suivants
Kilogram-
mètres. Kilogs-seconde.
0,645 (J.) 86,1 [form.(i)]
0,541 (J.) 82,35 »
0,678 (J.) 73,5 »
1,96 (D.) 281 »
Kilogram-
mètres. Kilogs-seconde.
o,o57 (J.) 1,8 [for m. (2)]
0,075 (J.) 9)66 »
o, i44 (J-) ï8j6 »
o,i89(J.) 23,9 »
Kilogram-
mctrcs. Kilogs-seconde.
o,i95(J,) 28,6 [form.(2)]
0,200 (J.) 19,32 »
0,394 (J.) 55,3 »
0,172 (J-) 9,i7[form.(3)]
» La fonction cherchée est remarquablement représentée par une droite :
)) Les travaux dynamiques croissent proportionneUement aux travaux sta-
tiques énergétiquement équivalents; le coefficienl de proportionnalité est »
PHYSIOLOGIE. — Recherches sur le rôle de la glande interstitielle du testicule.
Hypertrophie compensatrice expérimentale. Note de MM. P. Ancfx et
P. Bouix, présentée par M. x\Ured Giard.
(( L'action générale du testicule sur l'organisme est connue depuis long-
temps. On l'a attribuée à une sécrétion récrémentitielle du liquide sper-
matique.
» Les recherches morphologiques sur la structure du testicule des Mammi-
fères, parvenues dans ces dernières années à un grand degré de perfection,
ont montré que cet organe renferme, non seulement des tubes séminifères
avec les divers éléments de la lignée spermatogénétique et leur syncytium
nourricier, mais encore des celUiles disséminées entre ces tubes et dési-
gnées sous le nom de cellules interstitielles. Ces cellules, découvertes par
Leydig, en 1840, et bien connues depuis les recherches de beaucoup d'au-
teurs (KôLLiKER, LuDwiG, Hansemann, Lubahsgh, Tourtseux, Lenkossèk,
J\ein.ke, Plato, Fr'iedmaisn, Beissner, Mathieu, Pvegaud et Sénat, Gan-
FiNi, etc.), re|3résentent de véritables éléments glandulaires. Nous-mêmes
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE £903. 1 289
avons monlré qu'elles offrent tous les signes cytologiques d'une grandeacti-
vité glandulaire, qu'elles renferment de nombreux produits de sécrétion
et qu'elles passent par toutes les phases d'un cycle sécrétoire. Dans leur
ensemble, elles constituent donc un organe interposé aux canalicules sé-
minifères et que nous avons appelé glande interstitielle du testicule.
» Quelle est la signification physiologique de cette glande? Presque tous
les auteurs qui ont étudié les cellules interstitielles en ont fait des éléments
trophiques pour les cellules séminales. Seuls quelques auteurs leur soup-
çonnent un rôle de sécrétion interne, sans d'ailleurs en fournir la preuve
et sans montrer quelle serait leur action.
» Dans plusieurs travaux précédents, nous avons réuni un groupe de
faits d'ordre morphologique, physiologique et chimique, qui, rapprochés
les uns des autres, nous ont autorisés à formuler l'hypothèse suivante:
l'action générale sur r organisme, reconnue Jusqu'ici au testicule tout entier,
doit être rapportée à la glande interstitielle.
» Nous avons entrepris une série d'expériences pour démontrer le bien
fondé de cette manière de voir. Nous avons tout d'abord cherché à prouver :
l'^que la glande interstitielle ne sert pas seulement à la nutrition des
éléments séminaux; 2° qu'elle a une action générale sur l'organisme.
» 1° Nous avons monlré, par la sténose des voies excrétrices du sperme chez l'adulte
(ligature ou résection du canal déférent, injections sclérogènes dans Fépididyme) que
les deux glandes du testicule, séminale et interstitielle, sont relativement indépendantes
l'une de l'autre. Cette sténose produit en effet la dégénérescence progressive des
éléments séminaux, tandis que les cellules interstitielles conservent leur intégrité mor-
pliologique.
» 2° Pour démontrer l'action générale delà glande interstitielle sur l'organisme, nous
avons institué certaines expériences en partant de la notion biologique suivante : on
sait que l'ablation des représentants d'un système glandulaire pair amène au bout d'un
certain temps l'hypertrophie compensatrice de la glande opposée. L'organisme con-
tinue ainsi à bénéficier, après l'opération, d'une quantité de produits égale à celle qui
lui était fournie par le système glandulaire tout entier. Si nous enlevons un testicule,
les deux glandes du testicule opposé (séminale et interstitielle) s'hypertropliieront;
mais si, sur le testicule restant, nous réséquons le canal déférent, la glande séminale
dégénérera. Dans ces conditions, nous n'aurons une hypertrophie de la glande intersti-
tielle que si cette glande possède un autre rôle qu'un rôle trophique vis-à-vis des
éléments séminaux, c'est-à-dire une action générale sur l'organisme.
» Nous avons fait cette expérience sur des Lapins et des Cobayes. Après avoir en-
levé un testicule et ligaturé le canal déférent du testicule opposé, nous avons laissé
nos animaux en expérience pendant 6 mois. L'examen du testicule nous a montré les
faits suivants : Au point de vue macroscopique, ce testicule est diminué de volume*
il est mou et présente à la coupe une couleur brun chocolat, très différeiile de la teinte
1290 ACADÉMIE DES SCIENCES.
blanc rosé des testicules normaux, fait intéressant si on le rapproche de l'aspect
offert par les testicules largement pourvus de cellules interstitielles. Sur coupes
microscopiques, le testicule montre des transformations profondes. Les tubes sémi-
nifères sont diminués de diamètre; la plupart des cellules séminales ont disparu; cer-
tains tubes ne renferment plus que des spermatogonies et le syncytium sertolien ;
d'autres montrent encore quelques spermatocyles; dans aucun nous n'avons retrouvé
de spermatides ni de spermatozoïdes. La glande interstitielle, au contraire, a pris un
développement considérable. Elle constitue, entre les canalicules séniinifères dégénérés,
de larges traînées richement vascularisées. Les cellules constitutives de cette glande
sont nettement orientées autour des vaisseaux sanguins, auxquels elles forment des
gaines plus ou moins épaisses. Elles présentent toutes les signes d'une grande activité
sécrétoire.
» En somme, la glande séminale est dégénérée; la glande inlerstilielle, non seule-
ment a conservé son intégrité, mais a même au moins doublé de volume.
» Nous pouvons donc conclure : 1° la glande interstitielle n'a pas pour
rôle unique d'assurer la nutrition des éléments séminaux; 2° elle a une
action générale sur l'organisme.
» Nous montrerons prochainement que seule, dans le testicule, elle a
cette action générale, et que c'est à elle qu'il faut reconnaître l'influence
accordée jusqu'ici au testicule tout entier. »
BIOLOGIE GÉNÉRALE. — 5///' les croisements entre taxies différentes.
Note de M. Georges Coutagxe, présentée par M. Alfred Giard.
« Je résumerai, dans les quatre propositions suivantes, \, B, C et D,
tous les faits que j'ai constatés au cours de mes recherches expérimentales
sur les croisements entre taxies différentes chez les vers à soie dumûrier(*).
Je me servirai, pour ce résumé, des termes mnèmons et taxies dont j'ai
donné la définition dans une Note précédente (^).
» A. Les mnémons antagonistes restent qttalitatiçenie/it inaltérés; ils sont hétéro-
dynames (croisements mendéliens). Dans certains croisements entre deux taxies a,
et «2 O" constate les particularités suivantes : 1° tout individu issu d'un œuf croisé
«1 X «2 ou «2 X «1 ne diffère en rien, au point de vue morphologique, des sujets do
Lune des taxies pures, «, par exemple. On dit alors que le caractère a^ est dominant
(') Bulletin scientifique de la France et de la Belgique, dirigé par A. Giakd,
t. XXXVII, janvier 1908.
(-) Sur les facteurs élémentaires de l'hérédité {Comptes rendus, séance du i4 dé-
cembre 1908, p. 1075).
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE IQoS. 1291
et le caractère a., récessif ; 1" à la génération suivante, les produits du croisement entre
eux des sujets croisés de première génération qui ne présentaient que l'apparence a,,
mais qui possédaient à l'état latent le caractère a.^, présentent les uns le caractère a,
et les autres le caractère a^, dans la proportion de 3rt, pour la^.
» On désigne souvent le caractère dominant par le sj^mbole D, et le symbole réces-
sif par le symbole R.
» B. F^es mnéinons antagonistes restent qualitativement inaltérés; ils sont hoino-
dynames. Dans certains croisements entre deux taxies a, et a.2, il arrive que tous les
individus issus des œufs «i x a.y se partagent y^a/" moitié qxx\.v^ les deux taxies «, et «.,•
Les générations suivantes dans lesquelles interviennent comme parents des sujets
croisés de première génération ne témoignent également aucune hétérodynamie entre
les mnémons primitifs de a, et a.2.
» C. Les mnémons antagonistes réagissent entre eux ; il y a combinaison et for-
mation d'une nouvelle taxie. Dans certains croisements entre deux taxies «, et «,? il
arrive que tous les individus issus des œufs croisés «j X «2 se partagent entre trois
taxies «,, «, 6t une nouvelle taxie présentant une combinaison des deux taxies primi-
tives.
» D. Les mnémons antagonistes réagissent entre eux ; il y a combinaison, puis
destruction de la poly taxie. Dans certains croisements entre deux taxies a, et a.^, il
arrive que tous les individus issus des œufs croisés «i x «2 sont identiques en ce qui
concerne le caractère a qui présente alors une modalité intermédiaire entre «j et a^.
En d'autres termes, il y a fusion des caractères «, et «2 à la première génération
croisée. Mais à la seconde il y a variation désordonnée : les produits du croisement
entre eux des sujets croisés de première génération présentent, pour le caractère a,
toutes sortes de modalités intermédiaires entré a-, et a^, y compris les modalités ai
et «2 elles-mêmes.
» La poly taxie du caractère a est détruite, et dans les croisements ultérieurs
entre eux ou avec les sujets de taxies pures a, et a^ des individus de différentes géné-
rations issus du croisement r/, x aj, les mnémons ne paraissent plus guère différer de
ceux des caractères non polylaxiques ordinaires, c'est-à-dire des caractères variables à
variabilité continue.
» Le moile B a élé signalé d'une façon précise pour la première fois par
Grégor Mendel, en i865, chez Pisum salwum. De nombreux cas de croi-
semenls mendéliens ont élé observés de nouveau ces dernières années par
de Vries, Correns/jTschermak, Balcson, Cuénot, etc.
)) Le mode B semble bien moins fréquent. Je l'ai observé pendant les
trois années 189J, 1896 et 1897, dans les croisements entre deux races
de vers à soie dont l'une était à cocons blancs, l'autre à cocons jaunes. Mais
j'ai constaté aussi des croisements mendéliens entre ces deux mêmes races.
» La sexualité est une sorle particulière de ditaxie qui paraît suivre, à
certains égards, les mêmes lois hérédilaires que les caractères polytaxiques
à mnémons homodvnames. Il en est de même de l'hétérostylie, dilaxique
I2Q2 ACADEMIE DES SCIENCES.
OU tritaxiqne, des Primula, Limim, Oxalis, Pulmonaria, Lylhrum, Nar-
cissiis, elc.
)) Le mode C est encore plus rare que le mode B, du moins je ne l'ai
observé qu'une fois, dans un croisement de 1895, entre deux variétés de
vers à soie, dont l'une était à vers jnoncaiids, l'autre avers zébrés. En 1896,
la moitié environ des 829 sujets issus du croisement furent à vers mori-
cauds, et l'autre moitié à vers à la fois moricauds el zébrés. En 1897, chez
les descendants, au nombre de 820, des représentants de cette nouvelle
taxie croisés entre eux, les vers à la fois moricauds et zébrés furent au
nombre de 386, et les vers moricauds au nombre de i3j. En outre le carac-
tère ver zébré, qui avait été latent en 1896, reparut chez a/p sujets, et aussi
le caractère ver blanc chez 54 sujets. Ce dernier caractère était alors latent
depuis au moins 3 générations.
» Le mode D est connu depuis longtemps ; c'est celui que présentent en
général les hybridations, c'est-à-dire les croisements entre espèces diffé-
rentes.
» J'ai constaté encore, et c'est là un fait très intéressant, que les mêmes
mnémons, c'est-à-dire les mnémons d'une même taxie dans une même race,
pouvaient réagir suivant l'un ou l'autre des quatre modes A, B, C ou D,
suivant qu'ils étaient mis en présence, par le croisement, de tels ou tels
autres mnémons antagonistes, choisis dans d'autres races ou d'aulres
espèces. »
PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — Sur le phototropisme des Arliozoaires supérieurs.
Noie de M. Georges Boiix, présentée par M. Edmond Perrier.
c( Dans maintes circonstances on a abusé du mot phototropisme,
•>■) Les figures représentent des expériences eiTecluées dans des cuvettes de porcelaine
sur des Convoluta (I à TV) el sur des Néréides (V), Les flèclies indiquent la direction
des rayons lumineux; les liachures, les ombres portées; les traits contournés, les ani-
maux; la première ligne représente l'état initial, la seconde l'état final, au bout du
temps t (r heure pour I, IV, V; 10 minutes pour II et III). Il semble que les Vers se
portent vers la lumière, qu'il y ait phototropisme positif. Rien n'est plus faux.
« Si, dans l'expérience I, on observe ce qui se passe entre l'état initial et l'étal final,
on constate que les Convoluta traversent la ligne de séparation de l'ombre et de la
lumière dans les deux sens (sans reculs) : au début les individus qui marchent en
sens contraire de la lumière sont en même nombre que ceu.r qui marchent dans le
sens de la lumière (par conséquent pas de phototropisme); mais ceux qui viennent de
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE igoS. 1298
la région éclairée sont, comme je Tai montré {Comptes rendus, 20 novembre 1908),
dans un état de fatigue latente (*) qui se manifeste dès que l'excitation lumineuse
cesse : les Convoluta qui viennent de pénétrer dans une ombre s'y arrêtent et des-
sinent bientôt une bande verte en bordure de l'ombre; les individus qui vont vers
l'ombre ne s'étalent pas à sa surface, et l'ombre, sauf sur la bordure, se dégarnit peu
à peu par rapport à la lumière. La répartition finale est due à un effet tonique.
» De même en II et en III : les Vers commencent par se répandre partout, mais peu
à peu l'ombre disparaît; les individus qui sont dans l'ombre sont plus fatigués en III
qu'en II et y restent plus longtemps.
» En IV, un faisceau de lumière traverse la cuvette, bordé par des ombres pro-
jetées artificiellement; comme dans les cas précédents les Vers se placent surtout en
bordure des ombres.
» En V, les Néréides, après avoir circulé dans tous les sens, se reposent dans
l'ombre portée où elles ont pénétré par hasard.
» Dans tous ces cas, il n'y a pas de phototropisme : il y a arrêt à l'entrée de
l'ombre, dû à la fatigue provoquée par la lumière. C'est ce que n'ont pas vu
Gamble etKeebledans un Mémoire sur les Convoluta qui vient de paraître
(^Quarterly Journal, décembre 1903) et Ferronnière {Thèse, Paris, 1901);
les figures ci-dessus rappellent étrangement celles de ces auteurs, qui
concluent au phototropisme positif.
)) De plus, j'ai reconnu qu'il suffit d'incliner de 1° le fond du vase pour
obtenir des figures différentes, qui varient d'ailleurs suivant l'heure de la
marée et le degré de l'éclairement. Or, Gamble et Reeble ont négligé
l'influence des pentes et une foule d'autres conditions que j'ai indiquées
dans le Bulletin du Muséum (novembre igoS).
» Pour les Hediste diversicolor,\\ faudrait considérer en outre la composition
de l'eau. Ces Néréides peuvent vivre dans trois conditions : a, eaux salées
(^) Beaucoup plus intense sur la porcelaine que sur le sable.
G. R,, 1903, 2° Semestre. (T. CXXXVII, N" 26.)
169
1294 ACADEMIE DES SCIENCES.
relativement profondes ; b, mince couche d'eau saiimâtre; c, mince couche
d'eau douce. En b seulement elles perçoivent les ombres à distance et
se dirigent vers elles, et elles reculent quand elles sont sur le point de
s'engager dans une tache fortement éclairée; ce double phototropisme (pho~
totaxié) négatif n'existe plusen a etenc, où lafatigueagissantseuleentraîne
des apparences de phototropisme positif ; il semble qu'en b l'acuité visuelle
soit accrue ; serait-ce par les rayons N ( ' ) ?
» Ici j'ai voulu simplement attirer l'attention des Biologistes sur la com-
plexité d'un problème important : il suffira, pour s'en convaincre, de lire
le Mémoire-de Mitsukuri sur les Littorines et celui que je viens de faire
paraître sur les Convoluta. Au commencement du xx*' siècle, il est temps
d'apporter dans les expériences plus de précision que ne le faisaient
Trembley et Réaumur; or, l'élégant Mémoire de Gamble et Keeble, ca-
pital à un autre point de vue (cellules vertes), demeure, malgré l'emploi
de lumières monochromatiques, manifestement en arrière (^). »
PHYSIOLOGIE. — Action de V anéthol sur V organisme. Note
de MM. E. Varenne, J. Roussel et L. Godefroy, présentée par M. Troost.
« On sait que, dans certaines contrées, de grandes quantités d'anis sont
consommées comme condiment, dans le pain, les gâteaux secs et différents
aliments. Les confiseurs, et surtout les distillateurs en font un usage con-
sidérable. Or, malgré l'emploi séculaire de l'anis, quelques physiologistes
ont accusé l'essence d'anis de provoquer certains troubles organiques;
mais il est vrai que d'autres ont toujours soutenu son innocuité.
» Récemment, le D'' S. Lalou, dans un travail important sur certaines
essences (^Thèse de doctoral es sciences, Paris, iQoS) déclare qu'il a employé
des doses considérables d'essence d'anis et d'anélhol sans pouvoir obtenir
chez le client ni secousses, ni attaques. Des doses énormes n'ont provoqué
que des phénomènes d'intolérance. Des doses de 3^ par kilogramme
d'animal n'ont pu déterminer aucun signe d'intoxication.
» Des essais prolongés depuis plusieurs années nous amènent à la même
(*) G. BoHN, Des rayons N considérés comme facteur éthologique {Comptes
rendus de la Société de Biologie, 26 décembre igoS).
(2) Voir Nagel, Bot. Zeit., t. LIX, p. 298-299, et BonN, Comptes rendus de la
Société de Biologie, 21 novembre rgoS.
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE igoS. 1290
conclusion que celle du D^" Lalou : l'anéthol semble se refuser à être
toxique. Et sa constitution chimique le fait supposer, a priori :
cm
^/Cnr=:GH— CH^
\OCtP
On voit que ce corps peut être antiseptique par son groupe aromatique et
analgésique par son groupe oxyméthylique. Et, en pratique, il est incon-
testable que l'infusion, l'alcoolat d'anis, etc., donnent d'excellents
résultats contre certains troubles gastro-intestinaux.
» Pendant plus de 3 ans, nous avons pu suivre une série (entre autres) de douze
lapins qui, tous les jours, absorbaient dans leur nourriture chacun une dose de 25s de
graine d'anis. Ces animaux n'ont jamais manifesté le moindre malaise; il étaient nor-
malement gras, vifs, d'un beau poil, se reproduisaient très régulièrement; leur chair
était légèrement parfumée et agréable à manger. D'autres expériences faites sur une
autre série de lapins avec de Valcoolat d'anis ont donné les résultats suivants (dont il
faudrait, si possible, écarter l'aclion de l'alcool lui-même) :
» Examen du sang :
Mâle A. — Hématies 7 S^oooo Leucocytes 7800
Mâle B. — » 7825000 » 8200
» Les éléments sanguins ne sont pas déformés et l'on compte seulement par milli-
mètre cube :
Mâle A. — Hématies déformées i5o
Mâle B. — » 90
» Et, en somme, la formule leucocytaire peut s'écrire :
Mâle A. Mâle B.
Polynucléaires neutrophiles 74 65
» acidophiles o,5 7
» basophiles 6 i,5
Mononucléaires 2 2
Lymphocytes 17 19
Formes anormales ou indécises 4)5 5,5
Total des éléments leucocytaires 100 100
» D'autres expériences faites tout récemment sur une série de six chiens ont donné
des résultats analogues. Nous donnions chaque jour à chacun des chiens de i"^s à 5'*s
d'anéthol, puis ensuite, comparativement, d'essence d'anis par kilogramme d'animal.
Cette expérience a duré du 6 octobre au 20 novembre igoS. Il ne s'est produit aucun
trouble chez les animaux; au contraire, et l'un d'eux surtout, \enu en fort mauvais état
de la fourrière, s'est très rapidement guéri d'une gastro eiilérile. L'administration du
1296 ACADÉMIE DES SCIENCES.
produit était des plus faciles : Fanélhol ou l'essence d'anis étaient broyés dans un
mortier avec du sucre et le produit était ajouté à la pâtée de chaque chien; l'absor-
ption était régulièrement complète.
» Enfin, nous avons essayé sur nous-mêmes l'action de l'anéthol à la dose de os,5o
et is par 24 heures. Après un mois d'essais, nous n'avons rien constaté de particulier.
L'essence d'anis s'élimine rapidement par les poumons et j^ar l'urine; cette élimina-
tion commence de 10 à i5 minutes après l'absorption.
» A ce propos, nous pensons avoir trouvé un réactif intéressant permettant de
caractériser l'anéthol. On verse dans un tube à essais 2*^""' à 3''™' d'acide acétique cristal-
lisable, puis 3*"'' du liquide dans lequel on recherche l'anéthol, puis 5*^""^ d'acide chlor-
hydrique fumant. On chaufi'e; s'il y a de l'anéthol, il se développe une belle couleur
verte. Dans ces mêmes conditions, l'estragol donne une coloration améthyste, et le
mélange d'anéthol et d'eslragol donne une coloration lie de vin foncée. Nous revien-
drons sur cette réaction importante pour la recherche de l'anéthol; mais nous ne
pouvons développer davantage ici ce résumé d'observations accumulées depuis plu-
sieurs années et que nous espérons poursuivre grâce à l'obligeance de M. le D"" Moussu,
professeur de Pathologie à l'École d'Alfort.
» Quant à présent, nous concluons : les essences d'anis (Albi, Alicante,
Tours, Russie) ne sont pas toxiques; l'anéthol n'est pas toxique et il est
même probable que, sous différentes formes médicamenteuses, il prendra
rang dans la Thérapeutique. »
PHYSIOLOGIE. — De l'action du radium sur les différents tissus.
Noie de M. J. Danysz, présentée par M. Roux.
« Une première série d'expériences dont nous avons relaté les résultats
dans une Note présentée ici, le 16 février de cette année, nous ont permis
de constater, entre autres choses, que, de tous les tissus d'un animal, c'est
l'épiderme et le tissu nerveux qui sont relativement les plus sensibles à
l'action des rayons du radium. De nouvelles recherches nous ont permis de
préciser un peu les rapports entre les quantités de radium employé, la
pureté des composés radioactifs, les temps d'exposition, d'une part, et,
d'autre part, les effets produits.
» Nous nous sommes servi cette fois d'un échantillon de bromure de
radium pur de do™^ (échantillon n° 4) et d'un autre échantillon d'un
composé à parties égales de chlorure de radium et de baryum de 23™^
(échantillon n° 3) et nous avons fait agir ces deux sels parallèlement sur
de petits animaux, à distance.
» On enfermait des souris dans de petites cages en bois de S*^"" de haut sur io<=°' de
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE l^o3. 1297
large et ôc- de profondeur et l'on plaçait le radium sur la cage, sur une planchette
munie d'une ouverture, de façon que les rayons n'avaient pas de bois à traverser.
» Le radium a été maintenu en place pendant 4, 8, i4, 24 et 48 heures et pendant
10 et 20 jours.
)) L'exposition de 4 et de 8 heures aux rayons des échantillons n°« 3 et 4 n'a produit
aucun effet appréciable.
» L'exposition de i4 heures aux rayons du n° 3 n'a produit aucun effet; l'exposition
aux rayons du n° 4 a produit, 20 jours après, une alopécie et une dermite assez grave
sur la tête et sur le dos. Bien que la dermite ne soit pas encore complètement guérie
(après 6 mois), la souris se porte bien. A la place du poil gris il a repoussé du poil
blanc.
» L'exposition de 24 heures aux rayons du n° 3 a produit au bout de 21 jours une
légère alopécie, sans dermite, sur la tête et le cou; l'exposition aux rayons du n° 4
a provoqué une abj^écie au bout de 16 jours, une congestion étendue de la peau de la
tête et du dos après 21 fours et la mort au bout de 82 jours.
» L'exposition de 48 heures aux rayons du n" 3 a produit l'alopécie et la dermite
après 17 jours, une paralysie des membres et la mort après 44 jours.
» L'exposition de 48 heures aux rayons du n» 4 de deux souris adultes a produit
après i5 jours une congestion profonde de la peau, une paralysie des membres et la
mort après 22 jours. La même expérience répétée sur 6 petites souris de i mois, pla-
cées dans la même cage avec leur mère dans un nid de ouate, a produit une chute de
poils complète sur le dos et les flancs déjà après 4 jours (du commencement de l'expé-
rience) et a amené la mort par cachexie de tous ces petits animaux après 10 jours,
sans qu'il y ait eu congestion de la peau. La mère est morte paralysée après 28 jours.
» Enfin, il a fallu 20 jours d'une exposition ininterrompue aux rayons du n° 3 pour
amener la paralysie et la mort de deux souris, avec congestion de la peau et 10 jours
d'une exposition ininterrompue aux rayons du n° 4 pour paralyser et tuer deux souris
sans alopécie et sans congestion appréciable de la peau.
» Dans ce dernier cas, la peau était ramollie, comme bouillie; elle se déchirait à la
moindre traction. J'ai constaté, en outre, que 25"S de bromure de radium pur pro-
duisent sensiblement les mêmes effets que 5o™s du même sel.
» La gravité des atteintes augmenle donc avec la pureté du produit et le
temps de l'exposition.
» L'examen microscopique des lésions produites sur le système nerveux
cérébral dans les cas de paralysie et de mort ra[)ides provoquées par l'appli-
nation du radium sur la colonne vertébrale ou sur le cerveau, après trépa-
nation, a relevé surtout des troubles vasculaires.
» Sur des coupes de cerveau et de moelle que M. Manouélian a bien
voulu préparer pour nous, on trouve les capillaii^es rompus et la substance
nerveuse noyée dans du sang. Les cellules nerveuses ne présentent aucune
altérationappréciable. La paralysie et la mort de l'animal semblent résulter,
dans ce cas, d'un processus hémorragique intense.
1298 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Mais, si ces lésions sont le plus apparentes, on ne peut pas en conclure
que l'action des rayons du radium porte uniquement sur les vasomoteurs et
les capillaires. Dans les cas de mort en 10 à 12 jours, il y a paralysie ou
cachexie et ramollissement de la peau sans congestion appréciable; il est
donc évident qu'il y a aussi une action directe sur les cellules épitliéliales
et nerveuses.
» Les expériences précitées nous montrent aussi que les tissus, et notam-
ment les épithéliumsdes jeunes animaux, sont beaucoup plus sensibles que
les tissus des adultes, ce qui revient à dire que les jeunes cellules sont plus
sensibles que les cellules âgées.
)) Ce fait est important à noter parce qu'il expliquerait l'action en
quelque sorte spécifique des rayons du radium sur les néoplasmes qui
peuvent être atteints et profondément modifiés à travers la peau et une
couche de muscles et sans que ces derniers tissus soient attaqués d'une
façon appréciable.
)) Pour trouver quelques indications sur la nature de l'action nécrotique
des rayons du radium, nous avons fait agir le tube n** 3 et les émanations
de quelques milligrammes de bromure de radium pur invitro sur une série
de diastases, de sérums et de produits microbiens actifs.
» Je me bornerai à noter, pour le moment, qu'un sérum hémolytique
de chien perd complètement ses propriétés hémolysantes après un contact
de 3 jours avec le tube n° 3, tandis que l'activité de la Irypsine avait élé
sensiblement augmentée par suite d'une exposition aux émanations
pendant i4 heures. L'action du tube n** 3 sur les produits microbiens tels
que la toxine diphtérique et la diastase protéoly tique du charbon, ainsi que
surla'ricine s'est montrée à peu près nulle, même après une exposition
prolongée. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur une conséquence de la fécondation croisée.
Note de M. Leclerc du Sablon, présentée par M. Gaston Bonnier.
« Les expériences sur l'hybridation et la fécondation croisée ont ordi-
nairement pour but d'étudier les caractères de la plante résultant de la
fécondation^ d'une oosphère par du pollen appartenant à une autre espèce
du même genre ou à une autre race de la même espèce. Je me suis proposé
seulement de rechercher les modifications qui pouvaient être produites
sur une plante, notamment sur le péricarpe, à la suite de la fécondation
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE rpoS. 1299
de l'oosphère par un pollen étranger. On avait déjà remarqué que des
cépages de Vignes à raisins blancs, fécondés par du pollen appartenant à
une variété à raisins noirs, pouvaient produire des grains colorés ; c'est
aussi une opinion répandue que les Melons cultivés dans le voisinage des
Concombres perdent de leurs qualités. J'ai recherché par des expériences
précises dans quelle mesure la fécondation croisée modifiait la composi-
tion chimique des fruits.
» J'ai d'abord opéré sur des Melons {Cucuryiis Melo) et des Concombres {Cucumis
sativus). J'ai dosé le sucre et les matières amylacées dans le péricarpe : 1° d'un
Melon fécondé par du pollen de Melon; 2° d'un Melon fécondé par du pollen de
Concombre; 3° d'un Concombre fécondé par du pollen de Melon; [^° d'un Concombre
fécondé par du pollen de Concombre. J'ai obtenu les résultats suivants :
Matières
Sucres amylacées Total
pour 100. pour 100. pour 100.
Melon X Melon 24,3 11,0 35,3
Melon X Concombre 5,8 10,8 16,6
Concombre X Melon i,3 8,4 9,7
Concombre X Concombre 1,1 9,5 10,6
» Les chiffres portés à ce Tableau représentent la proportion de matière dosée rap-
portée à 100 parties de matière desséchée. Les fruits ont été cueillis et analysés au
moment de leur maturité aj)parente. Les caractères extérieurs du péricarpe n'ont pas
été modifiés par la fécondation croisée, mais le Melon fécondé par du pollen de
Concombre n'avait pas le goût sucré ordinaire des Melons. Le résultat de l'analyse
montre que l'influence du pollen de Concombre a diminué la proportion de sucre
d'une manière considérable. Par contre, le pollen de Melon n'a pas provoqué la for-
mation de sucre dans le Concombre.
» D'autres expériences ont porté sur deux races de Cucurbita Pepo : la Courge
olive et la Courge à la moelle, cultivées dans des conditions identiques. En opérant
comme sur le Melon et le Concombre, j'ai obtenu :
Matières
Sucres. amylacées. Total.
Courge olive X C. olive 10, 3 43, i 53,4
Courge olive x C. à la moelle i3,4 24,9 38,3
Courge à la moelle X C. olive 3,6 21,8 25,4
Courge à la moelle x C. à la moelle. . . 6,7 3o,4 37, i
» Comme pour les Melons et les Concombres, l'apparence extérieure du fruit n'est
pas modifiée par l'influence du pollen étranger; mais la somme des matières de
réserves hydrocarbonées est diminuée. Il est à remarquer que, bien que la Courge
olive renferme plus de réserves que la Courge à la moelle, l'influence du pollen de la
Courge olive diminue les réserves de la Courge à la moelle.
j3oo ACADEMIE DES SCIENCES.
» Il résulte de ces expériences que le pollen étranger modifie non seule-
ment, comme on le sait, les caractères de la plantiile, mais encore ceux
du péricarpe, sur lequel il n'agit pas directement. D'ailleurs, il ne semble
pas que le pollen d'une première plante agissant sur le pistil d'une seconde
plante communique toujours au péricarpe de cette seconde plante les
caractères du péricarpe de la première; il y a seulement modification des
caractères et, dans les cas que j'ai observés, modification désavantageuse
par suite de la diminution des réserves. En multipliant les expériences,
on obtiendrait vraisemblablement des modifications dans des sens très
divers.
» Comme application pratique, on ne doit donc pas, conformément
d'ailleurs à une opinion répandue parmi les jardiniers, cultiver dans le
voisinage les unes des autres des Cucurbitacées différentes, mais appar-
tenant au même genre et pouvant s'hybrider. De plus, le fait que l'élément
mâle peut étendre son influence non seulement sur le produit de la
fécondation, mais sur certaines parties de l'organisme maternel, pourrait,
s'il était étendu aux animaux, avoir une certaine portée. »
BOTANIQUE. — Sur un hybride vrai de chasselas par vigne vierge
(Ampélopsis hederacea). Note de M. Grille.
« On sait que Millardet avait tenté l'hybridation de la vigne par
la vigne vierge. En novembre 1901, il rendait compte de ses expé-
riences : il avait obtenu environ cinquante plantes en tout semblables aux
vignes françaises qui leur avaient servi de mère. La vigne vierge n'avait
laissé aucune trace de sa paternité. Il appela cette hybridation au résultat
négatif yaw^^e hybridation, ou hybridation sans croisement des caractères.
» En 1901 et 1902, je réalisai moi-même cette expérience, en hybridant
le chasselas par le pollen de la vigne vierge. Sur les six plantes obtenues,
il se trouva cinq faux hybrides, mais la sixième se révéla un véritable
hybride.
» Elle portait au-dessus des cotj'lédons quatre très petites feuilles linéaires, puis
deux feuilles arrondies, une feuille lancéolée parfaitement régulière, une autre feuille
lancéolée portant à gauche un petit éperon (ces quatre dernières feuilles étaient por-
tées sur de larges pétioles); puis quatre feuilles irrégulières se rapprochant de celles
de la vigne, tout en ayant tendance à la forme hastée; enfin deux autres feuilles se
rapprochant aussi de celles de la vigne et ayant une forme à peu près régulière.
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1903. l3oi
» En dehors de la diversité de leurs formes, ces feuilles avaient une teinte et un
aspect spécial très différents de ceux des autres vignes; elles étaient de types variés
et fantaisistes, de telle sorte qu'il était impossible de les confondre ni avec celles du
chasselas, ni avec celles de la vigne vierge. Elles avaient notamment, dès leur premier
développement, une teinte vert olive qui les distinguait nettement des feuilles de chas-
selas dont la teinte rougeâtre est très accentuée.
» Celte vigne, dont la croissance a été exlrêmenîent lente, ne pourra
sans doute pas survivre à l'hiver, niais son existence a suffi à prouver la
possibilité d'obtenir de véritables hybrides de vigne et de vigne vierge. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur le rôle de Voxalale de calcium dans la
nutrition des végétaux. Note de M. Amar, présentée par M. Gaston
Bonnier.
« Dans une Note précédente ( ^ ) j'ai indiqué comment, par l'observation
et l'expérimentation, j'avais été autorisé à considérer les cristaux d'oxalate
de calcium comme un produit d'excrétion et la possibilité d'obtenir des
plantes entièrement dépourvues de ces cristaux.
» La question se posait alors de savoir quelle était la raison utile de la
formation des cristaux, quel en était le rôle.
» A cet effet, j'ai cultivé différentes espèces de plantes appartenant à
des familles variées, dans une solution nutritive mère contenant des pro-
portions graduées de nitrate de chaux, variant de o«,oi à os,5o pour 1000.
» La formule de la solution mère était la suivante : eau distillée, looos;
nitrate d'ammoniaque, 0^,400; sulfate de magnésie, 0^,2.30; phosphate de
potassium, 0^,400; azotate de potassium, os,25o; sesquioxyde de fer,
traces.
» Mes expériences ont porté sur le Sarrasin, le Ricin, Lychnis dioïca, Lychni
Githago à partir de la graine; Ficus C'rt/vcr/ et Bégonia cultivés par boutures. J'ai fait
neuf lots de graines ou boutures de chaque espèce, cultivant le premier lot dans la
solution mère dépourvue de produit calcique, les huit autres lots, dans celle même
solution, contenant :
Pour le deuxième lot. . . . 0,01 de nitrate de chaux
Pour le troisième lot 0,02 »
Pour le quatrième lot. . . . o,o5 »
(•) Comptes rendus, 6 avril 1908.
C. !{., 1903, 2« Semestre, (T. CXXXVII, N- 26.) 1 70
ï3o2
ACADEMIE DES SCIENCES.
Pour le cinquième lot. ... o,io de nitrate de chaux
Pour le sixième lot o, i5 »
Pour le septième lot 0,20 »
Pour le huitième lot o,3o »
Pour le neuvième lot o,5o »
» Lorsque ces plantes ont acquis un développement suffisant, j'en ai étudié et com-
paré pour chaque espèce l'assimilation résultante et voici les chiffres que j'ai obtenus,
indiquant la quantité de GO- décomposé par unité de surface ( i"^'"' ) :
Lychnis Githago.
5 août 1903.
Soleil.
Température : 23°.
Durée de l'expérience : 26 minutes.
Premier lot . .
Deuxième lot.
Troisième lot.
Quatrième lot ,
Cinquième lot
Sixième lot. . .
Septième lot. .
Huitième lot . ,
cm'
o , o48o
o,o52i
o,o538
o , o566
0,0681
o,o65i
0,0699
0,0677
Neuvième lot les sujets ont péri.
Lychnis dioïca.
9 apùt 1900.
Soleil.
Température : 21°.
Durée : 20 minutes.
cm'
Premier lot 0,0122
Deuxième lot o , 0266
Troisième lot. 0,0276
Quatrième lot o,o3i2
Cinquième lot 0,0^00
Sixième lot o , o45o
Septième lot 0,0461
Huitième lot 0,0467
Neuvième lot 0,0472
)) Les résultats obtenus pour le Sarrasin, le Ricin, Bégonia et Ficus Carica ont été
à peu près du même sens, avec cette particularité cependant que, pour le Ricin, malgré
le renouvellement fréquent des expériences, les sujets des quatre premiers lots se sont
arrêtés de bonne heure dans leur développement après l'apparition des premières
vraies feuilles ; et pour le Bégonia, la respiration semble l'avoir remporté sur l'assimi-
lation pour les boutures des trois premiers lots.
» Ces chiffres indiquent nettement une assimilation dont l'intensité est d'autant
plus grande que la proportion de nitrate de chaux ajoutée à la solution mère est plus
grande et ce, jusqu'à un certain point, variable suivant l'espèce étudiée et à partir
duquel l'activité de cette assimilation se maintient à peu près constante pour des pro-
portions plus grandes de ce sel.
» Il semble donc résulter tout d'abord que la chaux, sous forme de nitrate et tout
au moins pour les plantes étudiées, est nécessaire dans une proportion minima (variable
suivant les espèces) au bon fonctionnement physiologique de la plante.
» L'étude histologique des plantes expérimentées montre que les cristaux d'oxalate
de calcium ne font leur première apparition que dans les feuilles de sujets développés
à la faveur de solution nutritive contenant une certaine proportion minima {variable
encore suivant l'espèce étudiée) de nitrate de chaux.
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE igoS. 1 3o3
» Assez rares tout d'abord, ces cristaux deviennent de plus en plus nombreux à
mesure que la proportion de ce sel augmente.
» Par exemple chez Lyclinis Githago, ce n'est que dans les feuilles des sujets du
quatrième lot (os,o5 pour 100 de nitrate de chaux) qu'est décelée la présence de
quelques rares cristaux. Sans être abondants, ces cristaux sont plus nombreux dans les
feuilles des sujets du cinquième lot, et tandis que l'intensité du phénomène assimila-
toire demeure à peu près constant dans chacun des lots suivants, ces cristaux y
deviennent de plus en plus nombreux.
» Ces expériences et ces observations permettent les conclusions sui-
vantes :
)) La chaux (sous forme de nitrate) nécessaire à la constitution et par
suite au bon fonctionnement physiologique de la plante, est entièrement
assimilée jusqu'à une certaine proportion, variable avec l'espèce ; au-dessus
de cette proportion elle est éliminée sous la forme de cristaux d'oxalate de
calcium, comme étant inutile. Il semble résulter par suite que, contraire-
ment à ce que pensent certains auteurs tels que Bôhm, Schimper et Groom,
la formation de Voxalale de chaux aurait pour but l'élimination de la chaux
superflue, plutôt que l'élimination de l'acide oxalique. »
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. ~ Sur la Nielle des feuilles de tabac.
Note de M. H. Bouygues, présentée par M. Gaston Bonnier.
« Pendant les vacances de 1903, il m'a été permis de me rendre compte
de l'importance des dégâts que la Nielle occasionne dans les plantations de
tabac de la vallée du Lot. Cette année du reste a été particulièrement favo-
rable au développement de la maladie. J'ai visité de nombreux champs de
tabac appartenant à 34 communes des cantons de Puy-l'Evèque, Catus,
Luzech, Cahors, etc. Partout, j'ai trouvé, à des degrés différents, il est vrai,
mais toujours sensibles, les atteintes du mal. Certains champs, et ils étaient
les plus rares, n'avaient que quelques plants atteints par la maladie. Pour
d'autres, et c'était la majorité, la proportion des plants malades aux plants
sains variait de I à 4-
« Enfin, pour d'autres champs, le nombre des plants avariés atteignait
les :j^ de la récolte.
» Ces observations, prises un peu partout, m'ont permis d'établir la
moyenne approchée des pieds contaminés (^). Elle s'élève pour l'arrondis-
sement de Cahors seul aux | de la récolte totale de 1903.
(* ) Je ne dis pas détruits.
1*^0 1 ACADÉMIE DES SCIENCES.
>) La perle est, de ce fait, considérable. En effet : les tabacs niellés sont
classés comme tabacs de qualité inférieure ou même comme tabacs non
marchands. On peut dès lors juger quel a été le degré de perte subie par
bon nombre de cultivateurs en cette année de 1903.
» C'est à la suite de pareilles constatations que j'ai décidé de reprendre
l'étude de cette maladie, dont l'évolution est encore mal connue et dont
la nature se prête à des opinions différentes.
» La Nielle {'^) ou rouille blanche ou maladie mosaïque [Blattfleckenkranklieil (-)
ou Mosaïkkranklieit (^)] se présente sous la forme de macules desséchées, de couleur
blanc jaunâtre intéressant les deux faces du limbe. Ces taches peuvent être disséminées
ou rapprochées. Dans ce cas elles s'unissent entre elles et dessinent, sur le limbe, une
figure dont les contours sinueux enclavent, çà et là, des portions du parenchyme
vert. L'ensemble rappelle de loin une mosaïque ; d'où le nom de Mosaïkkrankheit
par lequel les Allemands désignent cette maladie.
» La section transverse de la feuille, quand elle traverse une macule, montre un
aspect biconcave dû à un amincissement considérable. Son étude anatomique révèle
l'affaissement complet des cellules épidermiques, des faces du limbe, des parenchymes
palissadique et lacuneux et la disparition presque totale du contenu cellulaire. De
plus, il existe autour de la tache un périderrae local s'établissant aux dépens des
cellules vivantes voisines des tissus mortifiés.
» Ce périderme, dont les éléments cellulaires sont subéro-lignifîés, délimite le con-
tour de la macule, c'est-à-dire le foyer d'infection.
» L'évolution de la maladie mosaïque débute toujours par la face supérieure du
limbe. Çà et là la coloration verte s'atténue et passe au jaune verdàtre. Ce commence-
ment de chlorose est accompagné du flétrissement et de l'affaissement du tissu épider-
mique correspondant. Il en résulte la formation de cupules le plus souvent puncli-
formes. Peu à peu le diamètre de ces cupules augmente, ce qui leur permet de se
fusionner si elles sont nées très rapprochées; leur concavité se creuse de plus en plus
par suite de la mortification et de l'affaissement progressifs des parenchymes palissa-
diques et lacuneux; l'épiderme de la face inférieure se flétrit et s'affaisse à son tour;
enfin la dessiccation des tissus mortifiés se produisant, la tache apparaît sous la forme
d'une macule biconcave de couleur blanc jaunâtre. Devenues très friables, les macules
peuvent être emportées par le vent, ou bien, lors de la récolte, tomber dans le séchoir,
ou se détacher du limbe au moment de la mise en manoque. Les feuilles sont alors
criblées de perforations nombreuses qui leur enlèvent toute valeur marchande.
(^) Ed. Prillieux, Maladies des plantes agricoles, t. L
(^) W. Beijerinck, Ueber eiii Contagium vivum fluidum als Vrsache der Flecken-
krankheil der Tabaksblàller ( Verhandelingen der koninklijke Akademie van
Wetenschappen te Amsterdam, 1898, p. i).
(■^) IwANOWSKi, Ueber die Mosaïkkrankheit der Tabakspflanze {Botanisches Cen-
tralblatt, n° 42, igoS, p. 4o).
SÉANCE DL' 28 DÉCEMBRE IQoS. t3o5
» L'époqr.c de l'apparition des premiers signes distinctifs de la Nielle
n'est pas fixe. La période de manifestation peut s'étendre depuis le moment
où les plants sont encore en nourrice sur la couche chaude et ont atteint
en hauteur de 4*^"" à G*^™, jusqu'à l'époque de la véraison. Toutefois l'appa-
rition des premiers symptômes de la maladie, un mois après la transplan-
tation des jeunes plants, est le cas le plus fréquemment réalisé. Des pluies
fines, même très légères, favorisent la manifestation de la maladie. Des
chaleurs persistantes enrayent, au contraire, son développement.
» L'infection d'un champ de tabac formé de plants provenant d'un
même semis peut être générale ou partielle : parfois avec de grands écarts.
Dans plusieurs cas, je n'ai trouvé qu'un seul plant absolument sain sur
5oo plants; ailleurs, au contraire, 80 plantes saines contre 20 malades.
» Les plants de tabac, dépourvus des caractères de la maladie de 3o à
60 jours après l'époque de la transplantation, se conservent généralement
indemnes jusqu'à la livraison, même s'ils sont entourés par des individus
contaminés.
» Quant à la nature même de la maladie, les recherches personnelles
auxquelles je me suis livré à ce sujet m'amènent à lui attribuer, avec
MM. Prillieux (') et Iwanowski (-), une origine bactérienne : opinion
opposée à celle de M. Beijerinck (^), qui attribue la maladie à l'existence
d'un Contagium vivum fluidum à l'intérieur de la plante.
» Les recherches que je poursuis me font espérer qu'il sera possible de
lutter avec succès contre cette maladie redoutable dont les dégâts peuvent
se chiffrer par des sommes importantes pour les planteurs de tabac. »
GÉOLOGIE. — Sur le glaciaire de la Garonne. Note de M. L.-A. Fabre,
présentée par M. de Lapparent.
« Les vallées pyrénéennes prémontagneuses du Job, de l'Ourse et de
Nistos s'orientent presque parallèlement à la basse vallée montagneuse de
la Garonne qu'elles avoisinent. Elles débouchent non loin du fleuve, soit
dans la haute vallée de plaine, soit dans la Neste-Garonne. Aucune de ces
vallées secondaires ne paraît avoir alimenté de glacier propre. Elles sont
(^) Loc. cit.
(-) Loc, cil.
(*) Loc. cit.
l3ob ACADÉMIE DES SCIENCES.
cependant encombrées de matériaux glaciaires et flavio-glaciaires. Les
différences que présentent ces matériaux aux divers points de vue de la
pétrographie, de la morphologie et de la distribution topographique con-
duisent à y distinguer deux âges.
» Un puissant amas fluvio-glaciaire ancien, formé de blocs et cailloutis siliceux
patines, englobés dans des argerènes ocreuses, s'étale près de Malvésie, en aval du col
qui, par Saint-Pé d'Ardets, fait communiquer la haute vallée du Job avec celle de la
Garonne : le glacier plélstocène garonnais a dispersé ses blocages granitiques jusqu'au
voisinage de ce col. Plus en aval, sur le massif crétacé qui sépare les deux vallées, on
trouve des lambeaux du deckenschotter pyrénéen.
» Dans la vallée moyenne de l'Ourse, à hauteur de la large coupure qui, par Siradan,
s'ouvre dans la vallée de la Garonne, on observe une moraine fraîche et de nombreux
blocs granitiques : ces derniers se relient à l'aval au glaciaire pléistocène garonnais.
» Plus à l'ouest, la branche orientale de la vallée de Seich-Nistos, qui remonte
jusqu'au voisinage de celle de l'Ourse, est encombrée par un véritable complexe gla-
ciaire et fluvio-glaciaire ancien ; à hauteur de Lombrès, sa masse argilo-caillouteuse
compacte acquiert un profil remarquablement bombé. De part et d'autre, le débouché
des vallées secondaires de Génerest et de Nestier est pour ainsi dire barré par le
deckenschotter. Au milieu des alluvions qui bordent la rive droite de la Neste-
Garonne, les calcaires crétacés dessinent de capricieux persiliages. Dans leurs ensel-
lements gisent des blocages variés : granités souvent anguleux, aux faces vives et
fraîches, dans des gangues sableuses; quartzites, grès et poudingues siliceux, patines,
fréquemment roulés, sporadiquement cantonnés dans les zones basses. Certains d'entre
eux, très volumineux, dépassent ioo°''.
» Ces matériaux si différents ne sauraient provenir d'une même glacia-
tion montagneuse. Les plus anciens se rattachent naturellement à la gla-
ciation anté-pléistocène qui alimenta le deckenschotter pyrénéen. Des-
cendu en suivant la vallée antécédente de la Garonne, l'ancien glacier
s'est partiellement déversé par des cols mitoyens, dans les vallées latérales
du Job, de l'Ourse et de Nistos. Le glacier pléistocène n'a utilisé que la
coupure de Siradan pour se canahs'er dans la vallée de l'Ourse : il a remanié
la plus grande partie des vestiges de !a glaciation précédente. Seuls ont
subsisté latéralement quelques blocs gigantesques et certains autres, défilés
dans les basses anses rocheuses.
» Une régression marine sensible a affecté les rivages gascons à la fin du
Miocène ; elle a pu modifier assez les conditions géographiques de l'écran
pyrénéen pour y faire naître ou y développer l'englaciation. La phase
d'étalement du deckenschotter, que l'on sait être postérieure au Miocène,
peut alors se rattacher à l'oscillation positive des lignes de rivage qui a
caractérisé les débuts du troisième élage méditerranéen ou. Pliocène marin. »
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE igoS. 1807
GÉOLOGIE. — Sur les racines de quelques nappes de charriage des Alpes
occidentales. Note de M. Ejiile Haug, présentée par M. Michel Lévy.
« La division des Alpes du Dauphiné et de la Savoie en zones, proposée
par Charles Lory en 1866, peut être appliquée, avec certaines modifica-
tions, d'ailleurs radicales, à toute l'étendue des Alpes occidentales. C'est
ce que j'ai essayé de faire dans un article publié en 1896 et dans deux Mé-
moires, dont certaines conclusions sont aujourd'hui assez généralement
adoptées. Si, pour d'autres points, je me suis trouvé conduit à modifier
ma première manière de voir, c'est que je n'avais pas tout d'abord tenu
un compte suffisant des grands phénomènes de charriage dont M. Maurice
Lugeon, dans une récente synthèse, a montré le rôle tout à fait prédomi-
nant dans la tectonique des Alpes suisses. Je vais essayer, dans ces lignes,
d'exposer sommairement comment je conçois aujourd'hui les relations qui
existent entre les nappes de charriage et les zones tectoniques où doivent
être cherchées leurs racines. Je me suis arrêté, pour certains points, à une
interprétation assez différente de celle de plusieurs de mes confrères.
» Je ne parlerai ici ni des « Chaînes subalpines », ni de la « première zone alpine »
de Lory, car les nappes de charriage qui y ont été signalées sont restées en continuité
avec leurs racines; il ne peut donc j avoir aucun doute sur leur origine.
» La zone des Aiguilles d'Arves et du val Ferret (« deuxième zone alpine » de
Lory) est très resserrée en arrière des trois massifs cristallins du mont Blanc, du
Pelvoux et du Mercanlour; elle s'étale, par contre, largement dans les intervalles
compris entre ces massifs, eL son bord externe est une des plus importantes lignes de
contact anormal de toutes les Alpes occidentales, ainsi que je le montrais dès 1896.
Entre le Mercantour et le Pelvoux, c'est-à-dire dans l'tJbaye et dans l'Embrunais, elle
est charriée sur la première zone. Entre le l^elvoux et le mont Blanc, elle semble éga-
lement s'être étendue en recouvrement sur tout'l'avanl-pays.
» En effet, nous avons pu établir, M. Lugeon et moi, que le massif de Sulens se
compose d'au moins trois nappes superposées. La présence, dans la nappe moyenne,
de brèches éocènes identiques à celles de la Tarantaise, nous a conduits à chercher
dans la zone des Aiguilles d'Arves la racine de cette nappe.
» C'est surtout au nord du mont Blanc que le charriage du bord externe de la zone
des Aiguilles d'Arves vers l'extérieur de la chaîne donne lieu à d'intéressants phéno-
mènes de recouvrement. Ce bord externe se continue sur la rive droite du Rhône par
le pli de la Lizerne et des DIablerets, qui est couché sur une très grande largeur, de
manière à s'étendre par-dessus les jilis de la Dent de Mordes et duMuveran, par-dessus
la lame de Néocomien à Céphalopodes et même par-dessus la zone triasique et juras-
sique de Bex. J'ai développé ces conclusions dès 1896, et M. Maurice Lugeon les a
l3o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
adoptées avec de légères modifications. J'en ai déduit, déplus, que toutes les Alpes cal-
caires suisses, ainsi que les massifs cristallins de l'Aar et du Gothard, ne sont autre
chose que l'épanouissement du faisceau des Aiguilles d'Arves et du val Ferret.
» M. Lugeon a démontré que la zone interne des Préalpes a sa racine dans ce même
faisceau, sur la rive droite du Rhône valaisan, et ce résultat concorde fort bien avec
nos anciennes conclusions relatives à la racine de la nappe moyenne de Sulens, qui
correspond exactement à cette zone interne. La nappe inférieure de Sulens est carac-
térisée parle Néocomien à Céphalopodes et par un Malm semblable à celui des hautes
chaînes calcaires de Savoie. Il est évident que sa racine est située moins loin vers l'in-
térieur des Alpes que celle de la nappe moyenne. Elle ne peut se confondre avec l'une
des racines droites du mont Joli, décrites par MM. Bertrand et Rilter, car on connaît
les nappes auxquelles ces racines ont donné naissance. J'en conclus qu'elle se trouve
dans la zone immédiatement suivante, c'est-à-dire dans le faisceau du mont Blanc. Sur
la rive droite du Rhône, la nappe inférieure de Sulens a son équivalent dans la lame
de Néocomien à Céphalopodes de Cheville, qui, privée de sa racine, s'intercale entre
le faisceau de Mordes et le pli couché des Diablerets, c'est-à-dire entre la terminaison
des hautes chaînes de Savoie et la continuation du val Ferret. La lame de Néocomien
de Cheville, le massif amygdaloïde du mont Blanc et la racine de la na2:)pe inférieure
de Sulens occupent donc rigoureusement la même position par rapport à la zone des
hautes chaînes de Savoie, au nord-ouest, et par rapport à la zone des Aiguilles d'Arves,
au sud-est.
» J'indiquerai dans une prochaine note la position probable des racines
correspondant aux nappes supérieures, »
PÉTROGRAPHIE. — Contribution à r élude des roches basaltiques
de l'Est- Africain. Note de M. H. Arsandaux, présentée par M. Michel Lévy.
« Les roches basaltiques ainsi que les roches alcalines que j'ai étudiées
dans une Note précédente (') sont, parmi les roches éruptives, celles qui
m'ont paru offrir les développements les plus considérables dans les pays
Dankali et Issa-Somali, ainsi que .sur les bords des plateaux qui limitent ces
territoires au sud et au sud-ouest.
)) Ces basaltes se subdivisent naturellement en deux groupes ; l'un d'eux
est constitué par des roches âpres au toucher, très faiblement magnétiques,
et offrant avec constance le faciès doléritique. L'autre groupe comprend
des roches compactes magnétiques en général, dans lesquelles l'olivine
n'est pas constante ; ces dernières roches sont le plus souvent microlitiques.
(*) Comptes rendus, 23 novembre igoS.
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE IQo!^. l3o()
» Les roches du premier groupe sont toujours les plus récentes des séries volcaniques
auxquelles elles apjaarliennent; je ne les ai rencontrées que dans les régions basses du
pays. Celles du second groupe existent aussi bien sur les plateaux que dans lesrégions
basses du pays; je les ai trouvées soit à la surface, soit à un niveau inférieur; dans le
premier cas, j'ai pu constater en bien des endroits qu'elles reposaient directement sur
des calcaires, des grès ('), des schistes cristallins; dans le second, des falaises abruptes,
des canons, des failles, me les ont montrées recouvertes par les roches alcalines aux-
quelles il est fait allusion plus haut, ou bien par les basaltes doléritiques dont il vient
d'être question.
» L'étude des lames minces montre que les roches du premier groupe sont à peu
près holocristallines et constituées par des groupements ophitiques de feldspaths
basiques et d'augite associés k de l'olivine en grains bien développés et abondants,
ainsi qu'à de la magnétite et i\. de l'ilménite. Ces roches sont de véritables basaltes
doléritiques, elles représentent bien un terme de passage des basaltes à structure
microlitique aux diabases à olivine. Les feldspaths déterminés par leurs extinctions
répondent en moyenne au labrador Ab"* An '% leurs termes extrêmes sont le labrador Ab'An^
et la bytownite; l'olivine, limpide, vert clair, renferme fréquemment en assez grande
abondance de petits octaèdres de picotite jaune de miel, ainsi que des inclusions
vitreuses.
» Les roches qui constituent le second groupe sont microlitiques ou ophitiques;
dans ce dernier cas, ce sont les plus récentes des roches volcaniques auxquelles elles
sont associées. Les minéraux qui les constituent sont les mêmes que ceux des dolé-
rites; cependant les microlites feldspathiques y descendent souvent à l'andésine, et
dans un cas (basalte à anorthite du Gubbet-Karab), les phénocristaux de feldspath
sont constitués par de l'anorthite, et atteignent un développement assez considérable.
Ces roches comprennent : des basaltes francs, des labradorites, des labradorites dolé-
ritiques. Dans les types porphyriques, les phénocristaux feldspathiques sont quel-
quefois zones, parfois ils se groupent ophitiquement avec de l'augite, tout eu gardant
les uns et les autres des formes géométriques nettes; dans ce cas, l'augite montre des
traces manifestes d'actions mécaniques (cassures, torsion, extinctions roulantes);
l'olivine se présente le plus souvent en très petits grains; dans les basaltes francs,
elle renferme quelquefois de petits octaèdres de picotite.
» Dans ces deux grotipes pétrographiques, l'ilménite 'et la magnétite
sont abondantes, cependant il est à remarquer que d'une façon général
les roches de la côte en sont notablement moins chargées que celles de l'in-
térieur; dans les labradorites doléritiques en particulier, la mai>nétite en
gros octaèdres, Tihiiénite en lames, sont moulées ainsi que les "microlites
feldspathiques par l'augite qui, dans ce cas, est brune, 'violacée, et lé^^c-
rement polychroïque.
e
{') Les calcaires sont de deux âges, ils sont vraisemblablement les uns primaires,
les autres jurassiques; les grès qui leur sont toujours postérieurs ne renferment jjas
de fossiles. Je me propose d'établir ces faits ultérieurement.
C. R., 1903. '.0 Semestre. (T. CXXXVII, N» 26.) 17!
l3lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
» J'ai effeclué les analyses en bloc de ces diverses roches ( ^ ) ; en voici les résultats :
a. b. c. d. e. f. g. h. i.
SiO^ 46,6 48,7 48,9 46,3 49,8 49>3 49,2 46,2 5o,i
Ti02 1,4 t,7 1,4 1,8 3,8 3,9 2,3 4,0 1,3
A.1-0^ ■. • ■ • 18,8 i5,7 18,9 20,1 17,9 16,0 18,0 19,0 19,6
Fe^O* 0,4 4,5 0,3 2,7 2,9 3,3 3,i i,3 1,8
FeO 9,1 12,5 9,0 10,0 11,5 II, I 8,9 i3,2 9,5
CaO 10,6 10,1 12,2 9,3 7,1 8,6 8,8 7,7 7,1
MgO 12,2 6,0 6,0 7,8 4,6 5,2 4,9 4,7 4,9
K^O 0,2 0,5 0,3 0,7 0.8 0,6 0,7 0,7 1,2
Na^O 2,1 3,3 3,0 2,9 3,2 2,9 2,7 2,7 3,i
Perte au feu ... . 0,1 1,0 o,5 0,7 0,0 o,5 i,5 i,5 i,5
101,5 101,0 100,5 101,6 101,6 101,4 100,1 101,0 100,1
Densité 3, 00 3, 01 2,98 2,94 2,97 2,92 2,91 3, 01 2,87
» a, b, c, roches de la côte ; d, f,/, g, Ji, /', j, roches de l'intérieur.
» (pb) -- pays bas ;( P) = plateaux ; («?')=:= niveau inférieur; ( /i 5) :=r niveau supé-
rieur.
» a. Basalte dolérilique. Yabélé, près Djibouti ; b. Labradorite, Sommet double
(Ghissi), près Djibouti ; c. Basalte à anorthite, fond du Gubbet-Karab.
» d. Basalte doiéritique, Ouarainalka {p b) ] e. Labradorite, Karakourkoura (P./ii).
» y. Labradorite, Guildessa {p b) ; g. Labradorite doiéritique, Karakourkoura
{V.ns).
» h. Labradorite doiéritique, Irna (P. ns)\ i. Basalte. Arto, Djebel Guemel (/J ^).
)) y. Labradorite, Baldji {pb. n i).
» L'interprétation de ces résultais conduit à admettre pour ces roches
une composition minéralogique qui concorde avec les déterminations
microscopiques, notamment en ce qui concerne la nature des feldspaths,
et la constatation de la présence ou de l'absence de l'olivine (sauf pour
l'analyse 6).
» Au point de vue magmatique, toutes ces roches sont caractérisées
par une haute teneur en alumine. De plus, les roches de l'intérieur sont
très notablement plus riclies en TiO^ et FeO^ que celles de la côte; la dif-
férence qui existe entre elles est encore accusée })ar les valeurs du para-
mètre magmatique ^ ,^ , qui font rentrer les premières dans le cinquième
J-
47
,3
3
,4
17
,8
4
,2
1 1 ,
,5
7:
,1
4
,5
I
il
2,
,8
I ,
,6
lOI
,3
2,93
(') Toutes les roches dont il vient dètre question sont mélanocrates; des types
beaucoup plus clairs, des basaltes se rapportant à mon second groupe, se rencontrent
assez avant sur le plateau Choa ; ce sont ces basaltes qui recouvrent superficiellement
la vaste plaine au milieu de laquelle se trouve Adis-Abeda.
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE igoS. l3ll
subrang de la nouvelle classification américaine, et les secondes dans le
quatrième.
M L'application à mes résultats du calcul des paramètres établis j ar
M. Michel Lévy (') permet d'observer la même scission dans mes roche?,
lorsque l'on considère le paramètre C défmi i>ar ce savant; cette applica-
tion montre en outre que, au contraire de ce que l'on eût pu supposer en
raison de l'important développement des roches alcalines dans les régions
envisagées, notre série basique, dont le paramètre moyen de fumerolle est
élevé (9 = 3,46), diffère nettement de la série alcaline et basique qui ren-
ferme des roches telles que les néphéiinites et les téphrites.
)) D'après ce qui précède, les roches qui font l'objet de cette étude sont
donc susceptibles d'une distinction magmatique en relation avec la posi-
tion géographique de leurs gisements; elle s'accompagne de variétés struc-
turelles qui, elles, ne dépendent que des conditions de consolidation. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur les lacs de la haute Eiigadine.
Note de M. André Delebecque, présentée par M. Michel Lévy.
« Il est à remarquer que, dans les montagnes, les longues dépressions
formant col entre deux vallées sont presque toujours occupées par une
série de lacs ayant sensiblement le même niveau. Le phénomène est parti-
culièrement frappant aux Sept-Eaux, à la Bernina, à la Maloja.
M Je voudrais dire quelques mots sur les lacs de ce dernier passage, que
j'ai visités pendant l'été de 1908.
» Ces lacs, au nombre de quatre, sont, en descendant le cours de l'Inn
à partir de la Maloja, ceux de Sils, de Silvaplana, de Campfer et de Saint-
Moriz. Le lac de Saint-Moriz paraît être entouré d'une ceinture continue
de roche en place; mais l'opinion courante, et à laquelle le professeur
Heim (^) a prêté l'appui de sa grande autorité, est que les trois autres sont
dus au barrage du cours de l'Inn par des affluents latéraux, l'Ova da Fex
pour le lac de Sils, l'Ova del Vallun pour le lac de Silvaplana, la Suvretta
da Saint-Moriz pour le lac de Campfer (^).
(') Michel Lévy, Contribution à l'étude des magmas chimiques, etc. Paramètres
magmatiques [Bulletin des Serçices de la Carte géologique de France, t. XV, 1908-
1904, n° 96).
(-) A. Heim, Die Seen des Oberengadin {Schweiz-Âlpenclub).
(*) Voir la carte suisse Oberengadin au ^yJ-^-û ^^ ^^ carte géologique suisse au î-ûo'ôitïïi
feuille 20 (Sondrio-Bormio).
loi 2 ACADEMIE DES SCIENCES.
» D'apiès ce savant, la masse d'eau de l'Inn, dont le cours supérieur a
été l'objet d'une capture importante de la part de la rivière Maira affluent
du lac de Corne, n'a plus eu la force de repousser les dépôts de ces affluents,
derrière lesquels se sont formés les trois lacs dont nous nous occupons. Ces
trois lacs sont d'ailleurs sensiblement au môme niveau, 1800™, 1794™ et
1794™ et leurs profondeurs respectives sont, d'après les sondages très pré-
cis des ingénieurs fédéraux, 71"", 77™ et 34'".
» Cette interprétation me paraît devoir être modifiée après un examen
attentif des lieux. Outre que la profondeur de 77™ du lac de Silvaplana
nous obligerait à attribuer une hauteur au moins égale au cône de déjec-
tion (ie la rivière Ova del Vallun, ce qui est assez invraisemblable, il est
facile de reconnaître que, si l'on fait abstraction des cônes de déjection
des trois torrents en question, on se trouve en présence d'une nappe d'eau
continue s'étendant depuis la Malaja jusqu'au barrage qui sépare les lacs
de Campfer et de Saint-Moriz. Et les torrents latéraux, bien loin de con-
tribuer à la formation des lacs, ont simplement comblé en partie par leurs
cônes (le déjection une nappe d'eau déjà existante, tout comme le torrent
issu du Val Fedo est en train de combler le lac de Sils; ils ont divisé en
trois le bassin primitivement unique.
» L'ancien lac, qui s'étendait depuis la Maloja jusqu'au barrage de
Campfer, avait une longueur d'environ 12'™, ce qui est digne de remarque.
Les lacs de haute montagne sont en effet souvent très profonds, mais leurs
dimensions horizontales sont en général très restreintes. Ainsi le lac Lanoux,
le lac le plus étendu des Pyrénées et l'un des lacs de haute montagne les
plus considérables, n'a, à l'aUiLude de 21 54™, qu'une longueur de 2'^'", 5
avec une surface de 84*"^ et une profondeur de 54".
» Cet important bassin paraît être tout entier dans la roche en place.
Toutefois, ni à l'amont du côté de la Maloja, ni à l'aval du côté de Campfer
et de Saint-Moriz, je n'ai pu suivre une ceinture rocheuse absolument con-
tinue, et, bien que cela paraisse peu vraisemblable, il n'est pas absolument
impossible que l'écoulement de la vallée primitive se soit fait par des gorges
étroites, actuellement comblées par des dépôts morainiques, qui seraient
alors la cause de la formation du bassin lacustre (').
» Dans le cas très probable oii la cavité du lac Maloja-Campfer est un
bassin entièrement rocheux, je ne crois pas, pour bien des raisons que j'ai
exposées tout au long dans mon Livre sur les Lacs français, qu'il faille
(') Tel est peiil-êU^e le cas de certains lacs du Cumberland et du Westmoreiand,
comme l'ii fait remarquer le professeur J.-E. Marr, de Cambridge.
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE J903. • i3i3
l'attribuer à des mouvements tectoniques; d'autre part, les roches cristal-
lines et cristallophyliennes qui constituent les barrages de Campfer et de
la Maloja étant en général peu fissurées, il semble difficile de faire inter-
venir l'érosion aqueuse. L'excavation par les glaciers me paraîtrait être le
facteur le plus vraisemblable. »
ÉCONOMIE RURALE. — Sur la relation qui existe entre la proportion de gluten
contenu dans les différents blés et la proportion des matières azotées totales.
Note de M. E. Fleurent, présentée par M. Schlœsing.
« Dans deux Communications faites à l'Académie en 1897 ('), Aimé
Girard insistait sur la nécessité de modifier les anciennes méthodes
d'analyse des blés et sur les services que pouvait rendre, à l'agri-
culture et à la meunerie, l'application d'un système nouveau, mettant en
évidence les résultats qui caractérisent la valeur individuelle des produits
destinés à être transformés en farine panifiable. C'est que, à cette époque
déjà, l'attention des intéressés était attirée par les conséquences de la
diminution progressive du gluten des blés de grande culture, diminution
telle que, sur le marché de Paris, la richesse moyenne des farines avait
passé de 10,10 en 1871, à 7,80 en 1893, soit une perte de 2,3 pour 100.
Dans un travail publié au Bulletin n° 6, année 1899, du Ministère de V Agri-
culture'] ai montré qu'il fallait rechercher cette diminution dans le rempla-
cement, irraisonné et de plus en plus grand, des vieux blés français par les
variétés à grand rendement d'importation étrangère; de plus, dans une
étude présentée en 1900 au Congrès international de la Meunerie, j'ai
prouvé que, dans le même ordre d'idées, les critiques faites contre le
système de la mouture moderne étaient sans fondement.
» Cependant, si, depuis quelques années, les méthodes rationnelles
d'analyse ont pénétré peu à peu dans le contrôle des moulins, elles sont
restées à peu près lettre morte pour l'agriculture; il s'ensuit que la valeur
industrielle des blés a continué à baisser de telle façon que les grains
donnant des farines à 6,5-7 P°^^ ^^^ de gluten sont, à l'heure actuelle,
couramment offerts aux meuniers qui, bien entendu, ne peuvent les payer
au prix correspondant à celui des blés plus riches que la boulangerie leur
réclame. On aura une idée de l'importance qu'a prise la culture de ces blés
(') Comptes rendus, t. CXXIV, 1897, P- ^7^ ^^ 926.
l3l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
inférieurs en lisant le Rapport que vient de publier M. Vuaflart, Directeur
de la Station agronomique du Pas-de-Calais, Rapport qui montre que, sur
29 variétés de la grande culture du Nord, 11 seulement peuvent être
réputées comme bonnes, 5 sont douteuses et i3 sont reconnues mauvaises,
les farines qu'elles produisent contenant 6 à 7 pour 100 de gluten seule-
ment. La situation critique à laquelle conduira à bref délai la continuation
de cet état de choses n'est d'ailleurs plus niée par personne et la Société
des agriculteurs de France vient de se joindre à l'Association nationale de
la meunerie française pour nommer une Commission chargée d'étudier les
moyens d'y porter remède.
» La question étant ainsi posée, il me paraît utile déportera la connais-
sance de l'Académie quelques observations générales recueillies au cours
des études que je poursuis depuis huit années sur la composition en matières
azotées des blés français et étrangers.
» Lorsqu'on examine, clans les publications anciennes et modernes, les textes relatifs
à la composition des blés, on est frappé de ce fait que les matières azotées y sont tou-
jours calculées en bloc d'après le dosage de l'azote total et que c'est ce dosage qui
dirige la classification. Souvent même, par une interprétation absolument erronée,
c'est ce total des matières azotées qu'on exprime sous le nom de gluten.
» On s'exposerait à de cruels mécomptes en continuant à baser, sur cette méthode,
la recherche des meilleurs blés à cultiver. En effet, en dehors des cas que je citerai
plus loin, la loi qui tend à admettre que la quantité de gluten contenu dans le grain
de blé est proportionnelle à la quantité totale des matières azotées ou autrement dit
o-j uten
que le rapport r^ -, — est un chiffre constant comporte de nombreuses excep-
^ '^^ matières azotées
lions. Le Tableau suivant, qui donne la composition de ij blés choisis parmi ceux que
j'ai analysés depuis l'année iSgS, donne une idée des erreurs qu'on peut commettre en
adoptant la valeur absolue de cette règle. Ce Tableau se rapporte à des blés de grande
culture, choisis parmi les variétés anciennes et nouvelles, de manière à représenter
l'image fidèle des produits offerts actuellement à l'industrie meunière.
Rapport Classification
Blé entier. du ayant pour base ;
Matières aux Matières
azotées matières azotées
Variétés. totales. Gluten. azotées. totales. Gluten.
pour 100 pour 100
Pel elDer (1895) i3,o5 8,66 0,66 i^-" rang 3«rang.
Nouette de Lausanne (1901). . . i3,oo 7? 10 0,54 2<= » 9*= »
Bordeaux (1896) 12,92 8,92 0,69 3" » 2" »
Dattel (1901) 12,28 8,3o 0,67 4"^ » 5« »
Pel et Der (1902) 12, aS 9,4» 0,77 5= » i'^'' »
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE igoS. l3l5
Rapport Classification
Blé entier. du ayant pour base :
Maticrcs aux Matières
azotées matières azotées
^'''"'"^'*^'^- totales. Gluten. azotées. totales. Gluten.
pour 100 pour 100
Bordeaux (1902) i.^go 8,5o 0,71 6" rang 40,.^^
Mouton(i896) 11,39 8,1, 0,71 70 >, 6« ,)
Roux (Gharente-Iofér.) (1895). 11,27 6,53 o,58 8« ,, ije „
^^"^1(^902) ,0,20 7,4o 0,72 9e >, 7e «
Des Landes (1895) 10,16 6,o5 0,69 io« » i3« »
Blanc (Gharente-Infér.) (1895). 9,98 6,76 0,68 ne „ loe „
Blanc de Bergues (1895) 9,86 5,91 0,60 la» ,, ,4e „
DeLouesmes(i896) 9,74 7,20 0,74 iS^ „ 8^ »
Goldendrop(i9oi) 9,70 5,90 0,60 14e « 15e „
Gris deSaint-Laud(.9oo).... 9,89 6,4o 0,68 iS'' » ,2- »
Victoria roux (1900) 8,70 5, 80 6,66 i6« » i6« »
Stand'up(,895) 7,89 5,65 0,72 17e >, i„e „
» Ge Tableau montre en outre : 1° que des blés qui contiennent une même quantité
de matières azotées totales peuvent avoir une teneur en gluten différant de i 3
à 1,82 pour 100; '2^ inversement que des blés contenantla même proportion de gluten
peuvent avoir une richesse en matières azotées différant de 0,4 à 8,26 pour 100.
» Gette variation est due, pour la plus grande partie, à la différence entre les pro-
portions d'enveloppes et de germe contenus dans les diverses variétés, différence qui
peut atteindre 6 pour 100 du poids total. Elle s'atténue lorsque les blés présentent
une richesse supérieure à 10 pour 100 de gluten, ainsi qu'on peut le voir en exami-
nant la composition des blés tendres russes et des blés durs, pour lesquels la classifi-
cation suit assez rigoureusement la richesse en azote total.
.) Le Tableau }3récédent, qui se rapporte à des blés dont la culUire est
considérée comme rémtinératrice, montre (et l'éttide faite par M. Vua-
flart conduit à des conclusions identiques) que la richesse en gluten n'est
pas incompatible avec le rendement, et qu'elle est surtout une question de
variété.
» Mais la meilleure conclusion que l'on puisse en tirer, c'est que, pour
la recherche des blés destinés à donner satisfaction à la fois à la boulan-
gerie et à l'agriculture, le dosage de l'azote total est insuffisant ; il doit être
remplacé par le dosage du gluten, sur lequel repose la valeur industrielle
des produits allant à la mouture. Dans une prochaine Communication, je
montrerai, d'ailleurs, qu'en se plaçant dans des conditions bien déter-
minées, ce dosage conduit toujours à des résultats concordants. »
l3l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. Fréd. RiEsz adresse mic Note ayant pour litre : « Théorème relatif
aux corrélations ».
M. T. Lemoyne adresse une Note « Sur quelques propriétés des cubiques
nodales ».
M. Marcei.lix Recoupé adresse une « Note relative à des mesures ther-
mométriques aux gelées du printemps ».
A 5 heures l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures et demie.
M. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OUVBAGES REÇUS DANS LA SÉANCE DU ^3 NOVEMBRE IQoS.
(Suite.)
Report of the meteorological Service of Canada, by R.-F. Stupart, Director, for
the year endecl decejyiber ?)i, 1901. Ottawa, 1908; i vol. in-^".
Royal Society. Reports of the sleeping sickiiess Commission ; i\°^ II-IV.
Londres, 1908; 3 fasc. in-8°.
The astronomical and astrophysical Society of America: 1^, 3*^ and 4''^ meetings
1900-1902. 3 fasc. in-8<*.
Zeitschrift des Mdhrischen Landesniuseums, herausgegeb. v. der Mâhrischen
Museumsgesellschaft (deuische Sektion); Bd. III, Hefte 1, 2. Brunn, 1908; 2 fasc.
in-8°.
Casopis Moravskébo Murea Zemskébo : R. III, G. 1, 2. Brunn, 1908; 2 fasc. )n-8°.
Atti délia Fondazione scientifica Cagnola; Vol. XVIII, [899-1908. Milan, 1908;
I fasc. in-S".
Annali deW Ufficio centrale meteorologico e geodinamico italiano ; Série II:
Vol. XIII, parte I, 189» ; Vol. XVIII, parte I, 1896. Ronae, 1901-1902; 2 vol. \n-[\°.
Memorie delta Regia Academia di Scienze, Lettere ed Àrti in Modena ; Ser. III,
Vol. IV. Modène, 1902; i vol. in-zi".
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE IQoS. i3ir.
Ouvrages reçus dans la séance du 3o novemrre igoS.
Lavoisier. sua vita e sue opère, del D"- Icilio Guareschi. {Storia délia Chimica,
t. m.) (Extrait de Suppl. Ann. di Chimica, 1902-1903, vol. XIX.) Turin, 1908;
I vol. in-4°. (Présenté par M. Berthelot. Hommage de l'auteur.)
Poisons et sortilèges; 1^ série : Les Médicis, les Bourbons, la Science au
xx« siècle, par MM. Cabanes et L. Nass. Paris, Plon-Nourrit et G'«, 1908 ; i vol. in-12.
(Présenté par M. Berlhelot pour le concours du prix. Montyon, Médecine et Chirurgie.)
Production électrique des rayons chimiques pour les applications médicales, par
le D' Stéphane Leduc. (Extrait des Annales d'Electrobiologie, mars-avril 1901.)
Paris, Félix Alcan, 1901 ; i fasc. in-8°.
Mesure et développement de l'audition chez les Sourds-Muets, expériences faites
à Bourg-la-Reine sous le contrôle de M. le professeur Gariel, par R. Marage. Paris,
Masson et C'" (igoS) ; i fasc. in-4°.
Locomotion aérienne pratique et rationnelle, par J"» Valeton. Paris, irap. Mounier,
Jeanbin et C'*, igoS.
Concours général des Lycées et Collèges du département de la Seine et de Ver-
sailles : Distribution des prix, année igoS. Paris, Delalain frères, igo3; i fasc.
in-4°.
Instituto medico Virgilio Machado. Lisbonne, igoS; i fasc. in-4°. (Hommage de
M. le Professeur Virgilio Machado.)
Metodo grafico per la determinazione del tempo coW eliocronometro Faccin,
del Prof. Francesco Faccin. Pavie, igoS; i fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
L' eliocronometro Faccin, Nota del Prof. F. Faccin. Pavie, igoS.
Zur Météorologie des Aequators, nach den Beobachtungen am Muséum Goeldi
in Para, von J. Hann. Vienne, igo2; i fasc. in-8°. (Hommage de M. le Prof. Emil-A.
Goeldi, Directeur du Musée.)
Géométrie nouvelle, par Th. Klimentok. (En langue russe.) Kharkof, igoS; 1 fasc.
in-8°.
The world is idea, hy Herman Gasser. Chicago, igoS; i fasc. in-12.
Catalogue of polish scientijic literature; T. IH, n« 1, igoS. Cracovie, igoS; 1 fasc.
in-8°.
Transactions of the clinical Society of London; vol. XXXVL Londres, Longmans
Green et C'% igoS ; i vol. in-8°.
Ouvrages reçus dans la séance du 7 décembre igoS.
Preuves de l'antique stabilité des côtes de Gascogne, par B. Saint-Jours. Bordeaux,
imp. G. Gounouilhou, igoS; i fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
L''Adour et ses embouchures anciennes, par B. Saint-Jours. Dax, H. Labèque,
igoS; I fasc. in-S". (Hommage de l'auteur.)
Poissons des cotes d'Espagne et de Portugal {Océan Atlantique)^ par Adolphe
Gligny; P^ Partie. Boulogne-sur-Mer, igoS; i fasc. in-4°.
C. R., 1903, 2' Semestre. (T. CX.X.VV1I, N" 26.) I72
l3l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Annales de la Société d'émulation du département des Vosges ; 79* année, igoS.
Paris, Epinal; i vol. in-8°.
Prof. D^ Th. Bredichin's « Mechanische Untersuchun gen iiber Com.etenform.en\>,
in svstematischer Darstellung, von R. Jàbcermann ; mil fûnfzehn Tafeln. Saint-Péters-
bourg, 1908; I vol. in-4°.
The semidiiirnal tides in the northern part of the Indian Océan, by R.-A. Hahris.,
(Extrait de Monthly Weather Review, mars igoS.) i fasc. in-4°.
A nnual Report of the Smithsonian Institution^ 1901, U. S. national Muséum..
Washington, igoS; i vol. in-8°.
Nineteenth anniial Report of the « Bureau of Animal Industrie »; U. S. Dépar-
tement of Agriculture. Washington, igoS; i vol. in-8°.
Annals of the New-York Academy of Sciences, vol. XV, part I. Lancaster
Pa., igoS; I vol. in-8°.
Organization of the New-York Akademy of Sciences. {Annals of the New-York
Academy of Sciences, vol. XV, part I, p. log-iSa.)
California Academy of Sciences, Proceedings, S""** séries: Zoology, vol. III, n°5, 6;
Botany, vol. II, n°lO; Geology,vo\.\\., n° 1 ; 7)/afA.-/*/?j5., vol. I, n° 8. San-Francisco,
igo2-igo3; 5 fasc. in-8°.
Memoirs of the California Academy of Sciences, vol. III: The Paleontology and
Stratigraphy of the marine pliocène and pleistocene of San Pedro, California,
by Ralph Arnold. San-Francisco, igoS; i vol. in-4°.
The Journal of the British Astronomical Association, vol. XIV, n° 1. Londres,
igoS ; I fasc. in-8°.
Publications of the Lick Observatory, vol. VI. Sacramento, ïgo3; i vol. in-4°.
Publications of the Yerkes Observatory, vol. III. part 1. : The Rumford spectro-
heliograph of the Yerkes Observatory, by Geohge E. Hale and F. Ellerman. Chicago,
igo3 ; I fasc. in-4°.
Report of the Director of the Yerkes Observatory, for the period july i, J8gg to
june 3o, igoa. Chicago, s. d. ; i fasc. in-8°.
Anales del Inslituto y Observatorio marina de S an- Fernando ; SQCcion 2^: Obser-
vaciones meteorologicas y seismicas, and igoi. San-Fernando, igoa; i fasc. in-f°.
Anales del Maseo nacional de Montevideo] T. V: Flora Urugnaya, autor:
J. Arkchavaleti ; t. II, pp. i-xi,vin + 1-160. Montevideo, igo3; i fasc. in-4°.
La Naiuraleza, periodico cientifico de la Sociedad mexicana de Hisloria natural,
pub. bajo la dir. del S^ D' Manuel M. Villada; 2* série, t. III, n° 5-10. Mexico,
igoo-igo3; 3 fasc. in-4°.
Estadistica Ganalera de la Republica mexicana, publicada por la Direccion
gênerai de Estadistica, a cargo del D"" Antonio Penafiel, igo2. Mexico, igo3; i fasc.
in-4° oblong.
Assiniboia, Saskatchewan, Alberta, Lake Louise, Banff. Ottawa, 1900 ; 3 feuilles
petit-colombier et 2 feuilles double-raisin. (Cartes adressées par le Department of
the Interior du Canada. )
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE igo3. iSig
Ouvrages reçus dans la séance du i4 décembre 1908.
Annuaire pour l'an 1904, publié par le Bureau des Longitudes^ avec des Notices
scientifiques. Paris, Gauthier- Villars; i vol. in-i8. (Présenté par M. Janssen.)
Diagrammes et surfaces thermodynamiques, par J.-W. Gibbs; traduction de
M. G, Roy, avec une InlroHuction de M. B. Brunhes. (Série physico mathématique,
Sciencia, n° "22.) Paris, G. Naud, 1908; i fasc. in-S". (Présenté par M. Poincaré.)
Physique du Globe et Météorologie, par Alphonse Berget. Paris, C. Naud, 1904;
I vol. in-8°. (Présenté par M. de Lapparent. )
Détermination des points de transformations allotropiques du fer et de ses al-
liages par la mesure des variations de la résistance électrique en fonction de la tem-
pérature, par O. Boudouard. Paris, Ph. Renouard, 1908; i fasc, in-4''.
Les Canards considérés à l'état sauvage et comme Oiseaux d'agrément et de
domesticité ; l'élevage des jeunes Canards, par Gabriel Rogeron. Paris, J.-B.
Baillière et fils, 1908; i vol in-8°. (Présenté par M. E. Perrier. )
Société de secours des Amis des Sciences. Compte rendu du quarante-sixième
exercice; 4o® séance publique annuelle tenue le \(^juin 1908 dans l'amphithéâtre
Richelieu, à la Sorbonne. Paris, Gauthier-Villars, 1908; i vol. in-8°.
Mémoires de la Société d' Agriculture, Sciences, Belles-Lettres et Arts d'Orléans;
5" série, t. III, n° 1, i^"" semestre 1908. Orléans, imp. Goût et G'«, 1908; i fasc. in-8°.
Bulletin mensuel de l'Observatoire central de Belgrade; année 1902, vol. I; par
Milan Nedelkoyitch, Directeur de l'Observatoire. Belgrade, Imprimerie royale, 1908;
I vol. in-4". (Présenté par M. Lœwy. )
Grand Atlas universel de Marks, dressé par E.-J. Pétri et J.-M. Shokolski; 1''® li-
vraison. Saint-Pétersbourg, Marks, 1904; i fasc. in-folio. (En langue russe.) (Pré-
senté par M. A. Grandidier.)
JVuova teorica délia legge d'oscillazione del pendolo avuto riguardo alla rotazione
délia Terra, per Mouni (Antonio). lesi, A. Spinaci, 1908; i fasc. in-8°.
La résonance optique comme cause de réflexion et absorption sélective de la
lumière, par le Prof. J. Kossonogoff. KielF, 1908; i fasc. in-8°. (En langue russe.)
Journal and proceedings of the Royal Society of New South Wales; vol. XXXVI,
1902. Sydney, 1908; i vol. in-8.
Ouvrages reçus dans la séance du 28 décembre 1908.
Lectures académiques, discours, par J. Janssen, de l'Institut, Académie des Sciences.
Paris^ Hachette et C'<', 1908. (Hommage de l'Auteur.)
Exposition universelle internationale de 1900. Rapport général administratif
et technique, par M. Alfred Picard, Membre de l'Institut : P/a«5 généraux. Paris,
l320 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Imprimerie nationale, igoS ; i étui in-4°, contenant /j feuilles pliées. (Hommage de
l'Auteur.)
Flore fossile des gîtes de charbon du Tonkin, parR. Zeiller, Membre de l'Institut :
Texte. Paris, Imprimerie nationale, 1908; i vol. in-4°. (Hommage de l'Auteur.)
Matériaux pour la Minéralogie de Madagascar. Les roches alcalines caractéri-
sant la province pétrographique d' Ampasindava, 2* Mémoire, par A. Lacroix.
(Ext. des Nouvelles Archives du Muséum, 4" série, t. V.) Paris, Masson et C'®, iQoS;
I vol. in-4°. (Présenté par M. Michel Lév3^ Hommage de l'Auteur.)
Matériaux d'étude topographique pour V Algérie et la Tunisie; Cahiers du Ser-
vice géographique de l'Armée, ^4^ série, n° 19. Paris, 1908; i fasc. in-8°. (Envoi de
M. le Ministre de la Guerre. )
Le point critique des corps purs, par E. Mathias. Paris, C. Naud^, 1904; i vol.
in-8°. (Présenté par M. Berthelot. Jlommage de l'Auteur.)
Maladies professionnelles, étude technique sur leur assimilation aux accidents
du frayai/. Paris, Imprimerie nationale, l'goS; i vol. in-8°. (Adressé par M. le Ministre
du Commerce et de l'Industrie.)
Catalogue photographique du Ciel. Zone de Helsingfors, entre + 89° et + 47°,
publié par Anders Doniner. Première série : Coordonnées rectilignes et équatoriales,
t. IV. Clichés de 9"^ à 12''. Helsingfors, 1908; i vol. in-4°. (Présenté par M. Lœwy. )
Le général G. de La Noë, par Emm. de Margerie. Paris, A. Colin, 1902; i fasc.
in-S».
Un essai de Bibliographie géologique, par Emm. de Margerie. Besançon, typogr.
Jacquin, 1908; i fasc. in-8°.
Contribution à l'étude de la dépopulation rurale du sud-ouest de la France, par
M. le D*" GuiRAUD. (Extrait des Comptes rendus de l'Association française pour
l'avancement des Sciences, Congrès de Montauban, 1902.) i fasc. in-8''.
Diffusion de l'acide sulfocyanique dans les deux règnes organiques, son action
sur le calomel; études parle Prof. Egide Pollacci. Turin, Bocca frères, 1904; i vol.
in-S". (Hommage de l'Auteur.)
Examen de la méthode de la prédiction du temps de M. N. Demtschensky, par
M. A. Klossovsky. Odessa, 1908 ; i vol. in-8°.
M. le D"" ScHARDï, professeur de Géologie à Neuchâtel, adresse [les sept Opuscules
suivants :
Mélanges géologiques sur le Jura neuchâtelois et les régions limitrophes ; 2^ fasc.
(Extrait du Bulletin de la Société neuchâteloise des Sciences naturelles; t. XXIX,
année 1900-1901.)^! fasc. in-12.
Les blocs exotiques du massif de Hornfluh. (Extrait du Bulletin de la Société
vaudoise des Sciences naturelles, t. XXXVllI, n° 143. ) Lausanne, Corbaz et C'«, 1902 ;
I fasc. in-12.
Vannes d'eau au tunnel du S impion. (Exlr. du Bulletin de la Société vaudoise
des Sciences naturelles, t. XXXVIIl, n°' 143-144, 1902.) i fasc. in-12.
Avalanche du glacier Bossboden (Simplon). (Extr. des Eclogœ geologicœ helçe-
tiœ, vol. VII, n° 4.) i fasc. in-12.
SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE igoS. l32ï
Revue géologique suisse pour l'année 1901, par H. Schardt et Ch. Sarasin. {Eclogœ
geologicce helveliœ; vol. VII, n° (i.) Lausanne, Georges Bridel, 1908; i fasc. in-12.
Description géologique de la région des gorges de l'Areuse; avec 5 planches et
20 clichés. Lausanne, G. Bridel et C'^, 1908; i fasc. in-12.
Note concernant la vitesse de propagation de la fluorescéine dans les eaux sou-
terraines, à propos de la Note de MM. Fournier et Magnin et de la Notice de M. Le
Couppey de la Forest, par H. Schardt. (Exir. du Bulletin de la Société belge de
Géologie, t. XVII, année 1908, p. 298-800.) i fasc, in-8°.
L'État indépendant du Congo. Documents sur le pays et ses habitants. Annexe
aux Annales du Musée du Congo. Ethnographie et Anthropologie; série IV, fasc. III.
Agriculture. Bruxelles, 1908; i fasc. in-f".
Album des Aies amazonicas, organisado pelo Prof. D"" Emilio A. Goeldi; fasc. 2,
estampas 18-24. Rio-Janeiro, Alveset C'*, 1902; i fasc. in-4°.
Report to the governement of Ceylon on the pearl oyster fisheries of the gulf of
Manaar, by W. A. Herdman, wilh supplementary reports upon ihe Marine biology
of Ceylon, by other naturalists; pub. by The Royal Society. Londres, 1908.
U. S. Department of Agriculture. Bureau of animal industrie. Spécial report on
diseuses of the horse. Washington, 1908; i vol. in-8°.
Annual report of the Smithsonian Institution, 1900. U. S. national Muséum.
Washington, 1902; i vol. in-8°.
Proceedings of the United States national Muséum, vol. XXIII, XXIV ; pub. under
the direction of the Smilhsonian Institution. Washington, 1901 ; 2 vol. in-B".
Rapporto annuale dello /. R. Osseri'atorio astronomico-meteorologico di Trieste
per l'anno 1900, redatto da Edoardo Mazelle; vol XVII. Trieste, 1908; 1 fasc. in-4°.
Buletinul lunar al obhervatiunilor meteorologice din Romania, pub. de Stefan-
C. Hepites; anul XI, 1902. Bucharest, 1908; i vol. in-4°.
Annales de l'Observatoire physique central Nicolas, pub. par M. Rykatchew,
année 1901 ; i""^ et 2* Parties. Saint-Pétersbourg, 1908; 2 vol. in-4°.
Mémoires du Comité géologique : vol. XVI, n° 2 (texte et atlas); vol. XVII, n* 3 ;
vol. XX, n° 1; nouvelle série, n»" 1, 2, k. Saint-Pétersbourg, 1902-1908; i vol. et
6 fasc. in-4°.
l322 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ERRATA.
(Séance du 7 décembre iQoS.)
Note de M. Renard, Sur la qualité des hélices susteiitatrices
Page 970, ligoe 20, au lieu de wS', lisez cpS'.
Page 971, ligne 3, au lieu de
9S' — ra d'où S'=-,
lisez
'*S' = oi d'où 5'=-.
?•
Page 972, ligne 4, au lieu de A% lisez K^
(Séance du i4 décembre iQoS.)
Note de M. Bloch, Sur l'ionisation par le phosphore :
Page io4i, formule, au lieu de
2. = Lf,.2V
lisez
(0
i:<=L I
FIN DU TOME CENT TRENTE-SEPTIEME.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
TABLES ALPHABÉTIQUES
JUILLET - DECEMBRE 1903.
TABLE DES MATIERES DU TOME CXXXVII.
Pages.
Académie. — M. le Secrétaire perpétue/
annonce à lAcadémie que le Tome
CXXXV des Comptes rcmliis (•>/ se-
mestre 1909,) est en dislribulion au
Secrétariat 175
— M. le Président annonce à l'Académie
que, en raison de la séance publique
annuelle des cinq Académies qui doit
avoir lieu le lundi îiG octobre, la
séance hebdomadaire de l'Académie
des Sciences sera remise au lende-
main mardi 27 octobre 'iSg
— M. le Secrétaire perpétuel annonce
que le Tome XLVI des « Mémoires de
l'Académie des Sciences » est en dis-
tribution au Secrétariat (V>,()
— M. Troost est élu Vice Président de
l'Académie pour l'année 190/1 i r()7
— MM. Bornet et Maurice La^v sont
réélus membres de la Commission
centrale administrative pendant l'an-
née 1 904 1197
Acétylène et ses dérivés. — Sur l'acé-
C. H., 1903, -2» Semestre. ( T. CXXXVII.)
Pages,
lyîène bibromé : purification, cryo.s-
copio, analyse; par M. P. Lcmoult... 05
— Sur la condensation des étiiers acéty-
léniques avec les alcools; par M. Ch.
Mou r eu 2 J9
— Action d'une trace d'eau sur la décom-
position des hydrures alcalins par
l'acétylène; par M. Henri Moissan.. {63
— Sur les acétones acétyléniques. Nou-
velle méthode fie synthèse des iso-
axols ; par M M . Ch . Moureu et
M. BracJùn 70*5
Aciers. — Conséquences de la ihéurie des
aciers au nickel ; par M. Cit. -Ed. Guil-
laume 4^
— Étude sur les déformations molécu-
laires d'un barreau d'acier soumis à
la traction ; par M. Z. Fraichet iCc)
— Diagramme donnant les propriétés des
aciers au nickel ; par M. Léon Guillet. \ \ i
— Sur les propriétés et la constitution
des aciers au manganèse ; par M. Léon
Guillef 480
1-73
^J^^^
'^1\
TABLE DES
Paf{t>s.
— M. E. Fraiclid adresso une Noie inti-
tulée : (I lUufles sur les déformations
élastiques d'un barreau d'acier sou-
mis à la traction » ^i^'i
— Les modes de déformations et de mix-
ture des fers et des aciers doux; par
MM. F. Osmotid, Cli. Frémont,
G. Cartaud 8 "> i
— Sur la propriété d'émettre des rayons //
que la compression confère à certains
corps, et sur l'émission spontanée et
indéfinie des rayons n par l'acier
trempé, le verre trempé et d'autres
corps en état d'équilibre moléculaire
contraint; par M. /?. Bloudlot f)r)>
— Sur la constitution et les propriétés
des aciers au silicium; par M. Léon
Guillet I o'y>
— Nouvelle méthode de détermination
des points critiques des fers et des
aciers; par M. O. Boudouard io')|
Acoustique. — Sur les caractéristiques
des voyelles, les gammes vocaliques
et leurs intervalles; par M. l'abbé
Rousselot /Il)
— Sur la théorie du champ acoustique;
par M. Charbonnier i G i
— Sur l'Aérodynamique et la théorie du
champ acoustique; par M. le général
Sebert '^'y']
— La théorie du champ acoustique et le
frottement intérieur des gaz ; par
M. P. Charbonnier 'Î7S
— Sur le phénomène aérodynamique pro-
duit par le tir des canons grêlifuges;
par M. J . Vinlle 'Î97
AÉRONAUTiouK. — Sur im moyen rapide
d'obtenir le plan d'un terrain en pays
de plaines, d'après une vue photo-
graphique prise en ballon ; par
M . Laussedat i'\
— L'emploi des ballons à ballonnet d'a-
près la théorie du général Meusnier;
par M. Henry de Fa Vaidx -\\\
— Sur la possibilité de soutenir en l'air
un appareil volant du genre hélicop-
tère en employant les moteurs à ex-
plosion dans leur état actuel de légè-
reté ; par M. Charlea Renard 8 j 3
— Sur la qualité des hélices sustenta-
trices; par M. C/iar/es Renard. , . .. çijo
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 1 39.)
— M. D. Lechaplain adresse une <i Note
MATIERES.
Paf;cs.
relative à la direction des aérostats » . tos;
— M. Henri Rnvel arlresse plusieurs Com-
munications relatives à la Navigation
aéi ienne 1 927
— Ouverture de deux plis cachetés ren-
fermant des Notes sur la direction des
ballons; par M. J'anI Radiât 1727
Air atmosphérique. — Expériences sur
la résistance de l'air; par M. CT.£(//é/, îo
— Sur la séparation des mélanges gazeux
par la force centrifuge; par MM. G.
Claude et E. Demoussy 2 "io
— Sur la température d'inflammation et
sur la combustion lente du soufre dans
l'oxygène et dans l'air; par M. He/iri
Moissan '> i7
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication Gi8
— Sur l'extraction de l'oxygène par la
liquéfaction partielle de l'air avec
retour en ai*rière; par M. Georges
Claude 7«3
Voir aussi Argon.
ÂLBUMiNOiDEs (Matières). — Sur la pro-
duction d'hydrogène sulfuré par les
extraits d'organes et les matières al-
buminoïdes en général ; par M\L Abe-
lous et H. Ribaut 9^
— Les matières albuminoïdes du grain
de maïs; par MM. Donardel Labbé. 2G4
— Intluence de la température sur la
production d'hydrogène sulfuré par
les matières albuminoïdes, les extraits
d'organes animaux et les extraits de
levure de bière, en présence du sou-
fre; par MM. J.-E. Ahelous et H.
Ribaut 26S
— Sur la production d'hydrogène sulfuré
par les extraits d'organes et les ma-
tières albuminoïdes en général ; par
M. Emm. Pozzi-Escot 495
Alcools. — Préparations des alcools pri-
maires au moyen des acides corres-
pondants; par MM. L. Bouveaidt et
G. Blanc Co
— Sur une bactérie oxydante, son action
sur l'alcool et la glycérine; par M. if.
Sazenae 90
— Sur la condensation des éthers acéty-
léniques avec les alcools; par M. Ch.
Moureu ^59
— M. y. .Ço.v/'/je adresse une Note intitulée
« Alcoométrie pondérale » 3 33
— Tiansformation des aldéhydes et des
TABLE DES MATIERES.
l325
cétones en alcools par hydrogénation
cataly tique; par MM. Paul Sabaticr
et J.-B. Senderens
— Sur les éthers nitriques des acides-
alcol?; par M. H. Duval
— Sur l'oxydation de la glucose dans le
sang ; par M. L. Jolly
— Sur les hydrates d'alcool éthylique:
par MM. E. Varenne et L. Godefroy.
— M. Gardin adresse une Note « Sur la
formation des alcoolates cupro-alca-
lins »
— Préparation d'alcools hydro-aromati-
ques ; par M. Léon Brunel
— La prétendue fermentation alcoolique
des tissus animaux ; pi{rM.F.Iiafe/li.
Voir aussi Chimie organique.
Aldéhydes. — Voir Chimie organique.
Alimentaires (Matières). — Les ma-
tières albuminoïdes du grain de maïs;
par MM. Labbé et Donard
— Étude sur quelques pains anciens; par
M. L. Lindet
— Sur les matières grasses et l'acidité
des farines ; par M. Balland.
— Sporozoaire parasite des Moules et
autres Lamellibranches comestibles;
par M. Louis Léger
— Sur la relation qui existe entre la pro-
portion de gluten contenu dans les
ditlérents blés et la proportion des
matières azotées totales; par M. E.
Fleurent
Voir aussi Fins.
Aluminium et ses composés. — Sur une
combinaison du sulfate d'aluminium
avec l'acide sulfurique; par M. E.
Baud
Amides. — Préparation des amides secon-
daires; par M. J . Tarbnuriech
— Sur les amides secondaires ; par
M. TarbouriecJi
— Actions des composés organomagné-
siens mixtes sur les amides. Nouvelle
méthode de préparation des cétones;
par M. Constantin Beis
— Application de la pyridine à la prépa-
ration de quelques dérivés amides;
par M. P. Freundler
Voir aussi Chimie organique.
Amidon. — Les hydrates de carbone de
l'orge et leurs transformations au
cours de la germination industrielle;
par M. L. Lindet
Pages.
99 >
iO(S7
r>,()8
1 07 I
'i.C)\
G()4
724
1 ! I j
i9''-
3>.G
712
yj
Pages.
— Sur la rétrogradation de l'empois d'a-
midon ; par M. L. Maqucnne 88
— Étude sur quelques pains anciens; par
M. L. Lindet 6() 4
— Sur la coagulation de l'amidon; par
MM. J. Wolfet A. Fernbach 718
— Sur la rétrogradation de l'empois d'a-
midon ; par M. L. Maquenne 797
— Contribution à l'étude de l'amylo-coa-
gulase ; par M. A . Boidin 108 1
— Sur la rétrogradation de l'empois d'a-
midon; par M. L. Maquenne 1266
Aminés. — Voir Chimie organique.
Analyse mathématique. — Sur les grou-
pes de Mathieu ; par M. de Séguier... 87
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication I J2
— Sur les fonctions fondamentales de
M. Poincaré et la méthode de Neu-
mann pour une frontière composée
de polynômes curvilignes; par M. S.
Zarembn 3g
— Sur les fonctions quasi- périodiques;
par M. Esclaugon 3o5
— Sur les fonctions de n variables repré-
sentées par des séries de polynômes
homogènes; par M. H. Dulac 3o8
— Sur les intégrales de S. Lie; par M. N.
Saltfkoiv 809
— Sur les relations entre les intégrales
complètes de S. Lie et de Lagrange;
par M. N. Saltjkoa- 37G
— Sur le rapport des travaux de S. Lie à
ceux de Liouville; par M. iV. Sal-
tykow 4o3
— Les fonctions entières d'ordre zéro;
par M. Edm. Maillet 405
— Sur les intégrales de Fourier-Cauchy;
par M. Cari Stôimer 408, 4 J^'
— Sur le problème de S. Lie; par M. iV.
Saliykow 433
— M. Stodolkiewitz adresse une Note
« Sur un mode d'intégration des
équations dilférentielles partielles du
premier ordre » 45G
— Sur les équations aux différences qui
possèdent un système fondamental
d'intégrales; par M. Alfr. Guldberg. 4*^^
— Sur les fonctions monodromes et les
équations différentielles; par M.Ed/n.
Maillet 478
— Sur une classe d'équations ditTéren-
tielles linéaires; par M. Alexander
Chessin 5 1 1
326 TABLE DES
Pages.
- Sur les relations eulre la théorie des
intégrales doubles de seconde espèce
et celle des intégrales de différen-
tielles totales ; par M. Emile Picard . 4 j i
- Sur la nouvelle fonction Ea("C) ; par
]\I. Mitta^-Leffler 'y>\
- Sur les équations linéaires aux diffé-
rences finies; par M. Alf. Gul(Wcrg. îGo
- Sur les périodes des intégrales doubles
et leurs rapports avec la théorie des
intégrales doubles de seconde espèce;
par M. Emile Picard J94
- Sur les équations linéaires anx diffé-
rences finies; par M. Alf. Giddberg. 614
- Sur les groupes de tiansformationsdes
équations linéaires aux différences fi-
nies; par M. Alf. Giddberg GSg
- Sur la résolution pratique des équa-
tions ; par M. Rabat 64 1
- Sur la détermination des classes sin-
gulières de séries de Taylor ; par
M. EmUe Borel Cigj
- Sur quelques points de la théorie des
ensembles; par M. Emst Lindelôf . . (J97
- M. Prosper de Lafitle adresse un Mé-
moire ayant pour titre : « Le carré
magique de 3. Solution générale du
problème » J^i
- Sur l'approximation des fondions par
les irrationnelles quadratiques; par
M. S. Piiiclierle 734
- Sur la nature analytique des solutions
de certaines équations anx dérivées
partielles du second ordre ; par M. S.
Bernsuin "88
- Sur les équations fonctionnelles et la
théorie des séries divergentes; par
M. L. Fcjer SSg
- Sur un système de trois fonctions de
variables réelles; par M.D.Po/i/pcii/. 8', 1
- Sur la représentation effective de cer-
taines fonctions discontinues ; par
M. Emile Borel goS
- Sur une classe d'équations fonction-
nelles; par M. S. Lattes goî
- Un théorème sur les ensembles mesu-
rables; par M. Emile Borel 9GG
- Généralisation d'un théorème de La-
guerre ; par M. A. Auric gG7
- Sur les équations aux dérivées par-
tielles linéaires du second ordre; par
M. Hadamnrd io.>.8
- Sur une généralisation de la théorie
des fractions continues algébriques;
MATIERES.
Pages,
par M. E. Gouriat io3o
— Sur l'équation différentielle de Riccati
de second ordre ; par M. George Wal-
lenberg i o33
— Sur une propriété des fonctions; par
M. H. Lebesgiœ 1^9.8
— Sur les équations linéaires aux déri-
vées partielles; parM. /. Le Roux. . . i23o
— Convergence des radicaux superposés
périodiques ; par M. Paul If'ierns-
berger 1 233
Voir aussi Géométrie , Hydrodyna-
mique, Mécanique, Mécanique cé-
leste.
Anatomie animale. — Recherches sur la
constitution et sur la structure des
fibres cardiaques chez les Vertébrés
inférieurs; par M. F. Marceau 75
— Sur la capsule surrénale des Amphi-
biens; par M. Ed. Grynfeltt 77
— Les lois mécaniques dans le dévelop-
pement du crâne des Cavicornes; par
M. U. Duerst 3^2
— L'appareil digestif des Silp/ddœ; par
M. L. Bordas 3(4
— Un liquide fixateur isotonique avec l'eau
de mer; par M. M.-C. Dekhuyzen.. . 4 '5
— Liquide fixateur isotonique avec l'eau
de mer, pour les objets dont on ne
veut pas éliminer les formations cal-
caires; par M. M.-C. Dekhuyzen . . . /\!\5
— Sur les mains scapulaires et pelviennes
des poissons; par M. Armand Saba-
lier 893 , 1216
— Les myélocytes du bulbe olfactif; par
M. Joannes Chatin 489
Voir aussi Zoologie.
Anatomie pathologique. — De la forma-
tion du cal; par MM. /^. Comil et
P. Coudray 220
Anatomie végétale. — Voir Botanique.
Argent et ses composés. — Sur l'argent
dit colloïdal; par M. Hamiot 122
— Sur les changements de phase par
réflexion normale dans le quartz sur
les métaux ; par MM. /. Macé de Lé-
pinay el H. Buisson 3 1 2
— Sur la fusibilité des mélanges de pro-
tosulfure de bismuth et de sulfure
d'argent, de protosulfure de bismuth
et de sulfure d'antimoine; par M. U.
Pélabon 920
Argon. — Sur le dosage de l'argon dans
l'air atmosphérique; par M. Henri
TABLE DES
Pages.
Moisson 900
— Nouvelle préparalion de l'argon; par
MM. H. Moisson et A. Rigaut 778
Arsenic. — Sur une nouvelle méthode de
recherche et de dosage des traces les
plus faibles d'arsenic ; par M. Armand
Gautier r58
•- Arsenic dans les eaux de mer, dans le
sel gemme, le sel de cuisine, les eaux
minérales, etc. Son dosage dans quel-
ques réactifs usuels; par M. Armand
Gautier ïôi.
— Rectifications relatives à la Noie pré-
cédente; [)ar M. Armand Gautier. .. 374
— Emploi de la bombe calorimétrique
pour démontrer l'existence de l'arse-
nic dans l'organisme; par M. Ga-
briel Bertrand 9.66
— L'arsenic exisle-l-il dans tous les or-
ganes de l'économie animale? par
J\L Armand Gautier 295
— Alcoylation systématique de l'arsenic;
par AL F. Auger 9'i5
MATIÈRES. 1827
Pages.
Astronomie. — M. C. de Licbhaher
adresse une Note : « Sur la thermo-
graphie sidérale » 353
— M. Aurie adresse une Note « Sur
l'existence probable d'un anneau au-
tour de Jupiter » 420
— M. Fr. Faccin adresse une Note inti-
tulée : « Anomalies diurnes et sécu-
laires dans le mouvement de rotation
de la Terre » 819
— Présentation du Tome X des « Annales
de l'observatoire de Bordeaux « ; par
M. Lœivy 836
— Sur le premier volume du Catalogue
photographique du Ciel publié par
M. A. Donner^ directeur de l'obser-
vatoire d'ilelsingfors; par M. Lœ^ry. 1209
— Sur l'intensité lumineuse des étoiles et
leur comparaison avec le Soleil; piir
M. Charles Fabry " • • • < 2 4'^
Voir aussi Comètes, Eclipses, Étoiles
fdantes, Mécanique céleste, Observa-
toires, Planètes, Soleil.
B
Bactéries. — Sur une bactérie oxydante,
son action sur l'alcool et la glycérine;
par M. R. Sazerac 90
— MM. Fovcau de Courmelles et P. Bar-
berin adressent une Note ayant pour
titre : « Pouvoir bactéricide compa-
ratif de diverses lumières » 28 >
— Une Acrasiée bactériophage; par
M. Taul Vuillenùn 087
— Sur une maladie bactérienne du tabac,
le chancre ou anlliracnose \ par M. 6'.
Delacroix '\'i'\
— Nécessité d'une symbiose microbienne
pour obtenir la culture des Myxomy-
cètes ; par M. Pinoy 58o
— Sur la jaunisse do la betterave, mala-
die bactérienne; par M. G. Delacroix 871
- Sur une culture de sarrasin en pré-
sence d'un mélange d'algues et de
bactéries; par MM. Bouilhac et Glus-
tanini 1 274
Voir aussi Infectieuses {maladies).
Baryum et ses composés. — Action du
chlore sur l'acétate de baryum ; par
M. Albert Colson 660
— Sur les acétates alcalino-terreux; par
M. Albert Colson 1 06 1
— Séparation et dosages simultanés de la
baryte, do la strontiane et de la
chaux ; par M. Lucien Robin 258
Bismuth. — Sur une série de composés
du bismuth; par MM. G. Urbain et
H. Lacombe 'j''8
— Errata se rapportant à celle commu-
nication 8 >.o
— Sur la fusibilité des mélanges de soufre
et de bismuth ; par M. H. Pclahon. . G 48
— Sur la fusibilité des mélanges de proto-
sulfure de bismuth et de sulfure d'ar-
gent, de protosulfure de bismuth et
de sulfure d'antimoine; par M. H
Pclabon y^t.
Botanique. — Remarques sur la forma-
tion du pollen chez les Asclépiadées;
par M. L. Guignard • i)
— M. H. Arnaud adresse un Mémoire
intitulé : « Études sur quelques Rosa-
cées, ou plantes prétendues telles ».
— Le mériphyte chez les Cycadacées;
par M. H. Matte 80
— Sur la variation du Bornetina Corium
suivant la nature des milieux; par
MM. L. Mangin et P. Fiala. ...... iSg
— Sur une gretfe en écusson de Lilas;
.73.
i328
TABLE DES MATIERES.
Pages.
par M. Lucien Daniel i4 ^
- Une Passitlorée à résine; par M. Henri
Jumelle 20G
- Une Acrasiée bactériophage ; par
Pniil Vuillemln 38;
- Sur la formation de l'œuf et la multi-
plication d'une antipode dans lesJon-
cées; par M. Marcellin Laurent .... 499
- Influence de l'eau sur la structure des
racines aériennes d'Orchidées; par
M. Gaston Bonnier 5(>5
- Sur le genre Ascodcsmis\ par M. P.- A.
Dangeard j '8
- Sur le développement de l'embryon des
Joncées; par M. Marcellin Laurent. . 532
- Nécessité d'une symbiose microbienne
pour la culture des Myxomycètes;
par M. Pinoy 58o
Un nouvel hybride de gretîe; par
M. Lucien Daniel 7G J
■ Sur les nectaires e.\tra-floraux des Hc-
vea\ par MM. Aug- Dagiiillon et M.
Coupin 7G-
- Recherches cytologiques sur le Galac-
tina succosa ; par M. R. ISIaire 7G9
- Sur la structure des cotylédons et la
disposition de certaines racinesadven-
tives dans les plantules de Labiées;
par M. René Viguier 8o4
- Sur une double fusion des membranes
dans la zygospore des Mucorinées;
par M. Paul Vuillemin ijGy
- Contribution à l'étude cytologique des
Ascomycètes; par M. Guilliemiond. . ijjS
- Errata se rapportant à cette commu-
nication I o8y
Voir aussi Chinne végétale, Paléonto-
logie végétale. Pathologie végétale.
Physiologie végétale, Viticulture.
l'ages.
BuoiMt: ET SES COMPOSÉS. — Sur l'acétylène
bibromé : purification, cryoscopie,
analyse; par M. P. Lenundt 55
— Action du brome sur le pinène en pré-
sence de l'eau; par MM. P . Genvresse
et P. Faivrc 1 3o
— Action de la phénylhydrazine sur les
bromures et iodures alcooliques; par
M. /. Allais Le Canu 3 29
— Action de l'acide borique sur les iodu-
res; son emploi pour la séparation de
l'iode des iodures en présence de bro-
mures et chlorures; par MM. H.
Bauhigny et P. Rivais G Jo
— Conditions de séparation de l'iode sous
forme d'iodure cuivreux, dans un
mélange de chlorures, bromures et io-
dures alcalins; par MM. H. Baubigny
et P. Rivais 733
— Séparation de l'iode dans les sels halo-
gènes alcalins d'avec le chlore et le
brome, par sa transformation en acide
iodique, et mode de préparation; par
MM. H. Baubigny et P. Rii>als r)>.-
— Errata se rapportant à cette commu-
nication 1088
— Action des acides bromosuccinique et
bibromosuccinique sur les bases pyri-
diques et quinoléiques; par M. L.
Dubreuil 1 oG3
Bulletins bibliographiques. — 99, i5i.
2-.'.7, '284, 353, 392, 447j 4^6, 47'-^ j
486, 538, 58G, G78, 726, 949, ion,
1087, i3iG.
Bureau des Longitudes. — M. Janssea
présente à l'Académie « l'Annuaire du
Bureau des Longitudes pour l'année
1904 » 1027
Candidatures. — M. Ed. Caspari prie
l'Académie de le comprendre parmi
les candidats à la place vacante, dans
la Section de Géographie et Naviga-
tion, par suite du décès de M. de
Bussy G 1 3
— M. Ch. Lallemand prie l'Académie de
vouloir bien le comprendre parmi les
candidats à la place vacante, dans la
Section de Géographie et Navigation,
par suite du décès de M. de Bussy. Ckji
— Liste de candidats présentés pour la
place laissée vacante, par le décès de
M. de Bussy, dans la Section de Géo-
graphie et Navigation : 1" M. Dertin,
■2' M. Caspari, 3" M. Charles Lalle-
mand 819
Capillarité. — Sur un capillarimèlre;
par MM. E. Tassilly elA. Chamber-
land 645
Carbone. — Sur l'état du carbone vapo-
risét par M. Berthelot 589
TABLE DES
Pages
— Sur une variété de carbone lilamen-
Uuix; par MM. Co/istant et Henri
Pe'ldbon 7o(j
Chimie Agiucole. — Sur l'analyse méca-
nique des sols; par M. Tli. SclUœ-
si/tg père oGij, j<j<j
— La potasse soluble dans l'eau du sol et
son utilisation par les plantes, par
M. Th. Schlaeting fils l'^oG
Chimie Analytique. — Simplification de
l'analyse des silicates par l'emploi de
l'acide formique; pur M. J. Lcclère . 5<>
— Sur une nouvelle méthode de recher-
che et de dosage des traces les plu's
faibles d'arsenic; par M. Armand
Gautier i J8
— Arsenic dans les eaux de mer, dans le
sel gemme, le sel de cuisine, les eau\
minérales, etc. Son dosage dans quel-
ques réactifs usuels; par M. Armand
Ginilicr •.< > '
— Rectifications relatives à la Noie pré-
cédente; par M. Armand Gautier. .. 3; i
— Séparation et dosages simultanés de la
baryte, delà strontianeet de la chaux ;
par M. Lucien Robin 258
— Emploi de la bombe calorimétrique
pour démontrer l'existence de l'arse-
nic dans l'organisme; par M. Gabriel
Bertrand 26G
— Sur le dosage de l'ammoniaque dans les
vins et son rôle dans la ditl'éronciation
des mistelles d'avec les vins de li-
queur ; par M. /. Laburde j Lj
— Sur l'analyse mécanique des sols; par
M. Th. Schlœsing père 369, Jijy
• - Recherche et dosage dei'urée dans les
tissus et dans le sang des animaux
vertébrés ; par M. Gréhant j J8
— Phénols libres et sulfo-conjugués. Mé-
thode de dosage. Le soufre dit neutre
exisle-t-il dans l'urine? par M. L.
Monfet J6G
— Sur le dosage du vanadium dans les
produits métallurgiques; par M. Em.
CamjMii^iu! 57(j
— Sur le dosage de l'Argon dans l'air at-
mosphérique; par M. Henri Moissan. (ino
— Action de l'acide borique sur les io-
dures; son emploi pour la sé|)aration
de l'iode des iodures en présence de
bromures et chlorures; par .MM. //.
Baubignf et P. liwals G5<>
— Sur la séparation et le dosage du fer
MATIERES. 1029
Pages.
et de l'acide phos[)liorique dans les
eaux : par M. H. Causse 708
— Conditions de séparation de l'iode sous
forme d'iodure cuivreux, dans un mé-
lange de chlorures, bromures, et io-
dures alcalins; par MM. H. Baubigny
et P. Bivals 733
— Sur une séparation rigoureuse dans la
série des terres rares; par MM. G.
Urbain et H. Lacombe -<yi
— M. Adolphe Carnot fait hommage à
l'Académie du Tome II de son 1' Traité
d'analyse des substances minérales ». 83/
— Influence des gaz sur la séparation des
métaux par électrolyse : séparation
du nickel et du zinc; par MM. Hollard
et Bertiaux 853
— Séparation de l'iode dans les sels halo-
gènes alcalins d'avec le chlore et le
brome, par sa transformation en acide
iodique, et mode de préparation de
liode pur; par MM. H. Baubigny et
P. Rimls <j i7
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 1088
Voir aussi Alimentaires (Matières),
Préhistoriennes {Etudes), Vins.
CuiMiE BIOLOGIQUE. — Sur les acides gras
de la lécilhine de l'œuf; pur M. H.
Cousin 08
— Sur la production d'hydrogène sulfuré
par les extraits d'organes et les ma-
tières albuniinoïdes en général; par
MM. J.-E. Abelous et H. Ribaut .. . (j5
— Sur les modifications du chimisme res-
piratoire avec l'âge, en particulier
chez le cobaye ; par M. LéopnldMayer. 1 37
— Errata se rapportant à cette commu-
nication '^8
— Influence de la température sur la pro-
duction d'hydrogène sulfuré par les
matières albuminoïdes, les extraits
d'oiganes animaux et les extraits de
levure de bière, en présence du
soufre; par MM. J.-E. Abehias et H.
Ribaut '08
— Emploi de la bombe calorimétrique
pour démontrer l'existence de l'arse-
nic dans l'organisme; par M. Gabriel
Bertrand 2GG
— L'arsenic existe-t-il dans tous les or-
ganes de l'économie aiumale; par
M. Arnutnd Gautier ^(jj
— La nature et l'appréciation de la réuc-
i33o
TABLE DES MATIERES.
Pages,
tion alcaline du sang; \)arM.H.Lfibùc. 384
— Phénols libres el sulfo-conjugoés. Mé-
thode de dosage. Le soufre dit nc.uuc
existe-l-il dans l'urine?; par M. L.
Monfct 386
— De la présence de l'acide lactique dans
les muscles des Invertébrés et des
Vertébrés inférieurs; par M. Jean
Gautrclct 4 1 ^
— Recherche et dosage de l'urée dans le
sang des animaux vertébrés; par
M. Nestor Gre'linnt 558
— Sur l'oxydation de la glucose dans le
sang, par M. L. JoUy 77 1
— Contribution à l'élude de la -dyscrasie
acide (acide chlorhydrique) ; par
MM. /. Adler et ./. Desgrez 818
— Sur l'existence, dans l'organisme ani-
mal, d'une diastase à la fois oxydante
el réductrice; par MM. J.-E. Àbelons
et /, Aloy 885
— Quelques observations relatives à l'ac-
tion des vapeurs des composés hydro-
carbonés sur les microbes animaux
elsur les insectes, et au rôle antisep-
tique des agents oxydanis-oxydables;
par M. Bertlielot g J3
— La prétendue fermentation alcoolique
des tissus animaux ; par M. F. Bntelli. 1 079
Voir aussi Fhysiolo^ie animale.
Chlmie générale. — Sur la diminution
du potentiel pour tout changement
spontané dans un milieu de tempéra-
ture el de pression constantes; par
M. E. Ariès 46
— Courbes de sublimation; par M. A.
Bouzat , 175
— Sur les lois el les équations de l'équi-
libre chimique ; par M. Ariès ,>,53
— Sur une combinaison de deux corps
qui, par élévation de température,
s'unissent puisse séparent au dessous
de — 79"; par M. D. Cernez 235
— Description d'un nouvel appareil pour
la préparation des gaz purs ; par
M. Henri Moissan 563
— Sur les lois du déplacement de l'équi-
libre chimique; par M. E. Ariès .... 7)8
— Sur la couleur des solutions aqueuses
de aiéthylorange el le changement
(ju'ydéterminenl les acides; par M. P.
Vaillant ,S jq
— Sur l'extension de la formule de Cla-
peyron à tous les états indiflerents:
Pages,
par M. E. Ariès 1239
— Sur la dissociation des carbonates al-
calins; par M. P. Lebeaii 1255
Chimie minkralk. — Sur les conditions
de production et de stabilité de l'acide
hyposulfureux ; par M. /. Aloj 5i
— Combinaison du sulfate fenique avec
l'acide sulfurique; \i^v }\ . A . Rccoura . 1 18
— Action du persulfate d'ammoniaque sur
les oxydes métalliques; par MM. A.
Scjcwetz et P. Trawllz i3o
— Réactions catalytiques diverses four-
nies par les mélaux ; influences acti-
vantes et paralysantes ; par M. A .
Trillat 187
— Préparation el propriétés d'un siliciure
de ruthénium; par MM. Henri Mois-
san et Wilhem Manchot 229
— Sur un carbure double de chrome et
de tungstène; par MM. Henri Mois-
san el A. Kouznetzoïv 262
— Sur quelques combinaisons binaires de
l'uranium; par M. A. Colsnn 882
— Sur la température d'inflammation et
sur la combustion lente du soufre
dans l'oxygène et dans l'air ; par
I\L Henri Moissan 547
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 628
— De l'action de l'acide carbonique sous
pression sur les phosphates métal-
liques ; par M. A. Barilte' 566
— Sur l'état du carbone vaporisé; par
M. Bertlielot 589
— Sur la fusibilité des mélanges de soufre
el de bismuth; par M. H. Pélabon. . 648
— Sur le kermès; par M. /. Boi/gaule. .. 794
— Influences activantes ou paralysantes
agissant sur le manganèse envisagé
comme ferment métallique ; par M . A.
Trillat 922
— Action du mélange oxygène et acide
chlorhydrique sur quelques mélaux;
par M. Camille Matignon io5 1
— Sur la préparation du sesquiséléniure
d'iridium; par MM. C. C/iabrie' elA.
Bouclionnet * "'^g
— Recherches sur la densité du chlore;
par MM. Moissan et Binet du Jasso-
neix ' ' 98
— Sur une nouvelle méthode de prépara-
tion de quelques fluorures anhydres
el cristallisés; par M. Defacqz i.'.Ji
Voir aussi Aciers, Aluminium, Argent,
TABLE DES MATIÈRES.
l33l
Pages.
Jrgoii, Arsenic, Baryum, Bisnnilli,
Brome, Carbone, Çliimie a/ialf tique,,
Cyanures, Dissociation, Fer, Iode,
Ojrygcne, P/iosp/iore, Radio-activite',
Zinc.
CiiiMiii; ORGANIQUE. — Sur l'acélylène bi-
bromé : purificaLion, cryoscopie, ana-
lyse ; par P. Lemoult 55
— Action du sodium sur le tétnichlorurc
de carbone et la benzine chlorée :
formation de Iripliénylmélliane et
d'hexapliénylélhane ; par M. Jules
Schmidlin 5fj
— Oxyde d'étliylènedu ^-cyclohexanediol-
1 .2 et dérivés ; par M. Le'on Bruuel. . G?.
— Action de l'acide hypopliosphoreux sur
la diéthylcélonc et sur l'acétophé-
none; par M. C. Marie 124
— Sur le chlorure de pliénylpropargyli-
dène C^HS— C = C - CH Cl'^; par
MM. Ernest Cliaron et Edgar Du-
gnujon I '25
— Préparation des amidcs secondaires ;
par M. /. Tàrbouriech 128
— Action du brome sur le pinèue en pré-
sence de l'eau; par MM. P. Genvrcsse
et P. Faivre 1 3o
— Sur la spartéine. Caractères généraux;
action de quelques réducteurs; par
MM. Ch. Moureu et J . Valeur 194
— Sur les élhers isonitrosomaloniques et
leur transformation en élhers mésoxa-
liques; par MM. L. Bonveault et J.
IVahl 195
— Action de l'ammoniaque sur l'oxyde
d'éthylène du îî-(7-cyclohexanediol ;
par M. Léon Bruncl 198
— Sur le cyclohexane et ses dérivés chlo-
rés; par MM. Paul Sabalier et Jlpli.
Mailhe 1^0
— Sur la condensation des étiiers acétylé-
niques avec les alcools; par M. Ch.
Moureu iSg
— Sur la constitution du cyanure d'allyle ;
par M. R. Lcspieau zGa
— Contribution à l'étude des quinones-
dicétones; par M. OEchsner de Co-
ninck 263
— Transformation des aldéhydes et des
cétones en alcools par hydrogénation
catalytique ; par MM. Paul Sabaticr
et J -B. Sendereiis ]o 1
— Dosage de la pyridine en soUilion
aqueuse; par M. Maurice François.. y.i\
l'ages.
- Survies amides secondaires; par M. Tar-
bouriech 326
- Réduction des éthers-sels des amides
à fonction complexe ; par MM. L.
Bouveault et G. Blanc 328
- Action de la phénylhydrazine sur les
bromures et les iodures alcooliques;
par M. J . Allain Le Canu Sag
Sur le télraméthyldiamino-diphény-
lène-phénylméthane dissymétrique et
le colorant qui en dérive; |)ar MM. A.
Guyot et M. Granderyc 4 ' 3
Sur la nitrosite de la pulégone; par
M. P . Genvrcsse 074
Les chaleurs de combustion des com-
posés organiques, considérées comme
propriétés additives. Alcools et phé-
nols. Éthers-oxydes. Aldéhydes et cé-
tones ; par M. P. Lemoult 5i5
Action de l'acide phosphoreux sur la
mannite. Remarque sur le mannide;
par M. P. Carré • 517
Dérivés et produits d'oxydation de l'a-
cide nitropyromucique; par M. R.
Marquis 520
Recherches sur la formation des azoï-
ques. Réduction de l'éther-oxyde or-
tho-nitrobenzil-mélhylique; par M. P.
Freundler 621
Sur les éthers nitriques des acides-al-
cools ; par M. H. Duval 671
Fixation anormale du trioxyméthylène
sur certains dérivés organomagnésiens
aromatiques; par MM. M. Tiffeneaa
et R. Delange 573
Actions des composés organomagné-
siens mixtes sur les amides. Nouvelle
méthode de préparation de cétones;
par M. Constantin Béls J75
Sur les produits de condensation du
tétraméthyldiamidophényloxanthranol
avec le benzène, le toluène et la dimé-
Ihylanilinc; par MM. J. Haller et A.
Guyot 606
Sur le calcul de la chaleur de com-
bustion des acides organiques, de
leurs anhydrides et des éthers-sels;
par M. P . Lemoult 630
Recherches sur l'isoglucosamine : par
^L L. MiUjuenne 658
Sur une méthode de synthèse des dé-
rivés dihalogénés symétriques do la
benzophénone: par AL F. Bodroux.. 710
Application de la pyridine à la prépa-
l352 TABLE
P
ration de quehiues dérivés amidés ;
par M. P. Freundicr
— Sur l'emploi de l'amalgame de magné-
sium en Cliimie organique ; par
M. Louis Meunier
— Sur l'aldéhyde orlhololuique, par M.//'.
Four nier
— Action des dérivés organomagnésiens
sur l'acétol et ses éthers-sels; par
M. André Kling
— Sur les acétones acétyléniques. Nou-
velle méthode de synthèse des isoxa-
zols; par MM. Ch. Moureu et M.
Brachin
— Sur l'acide oxalacétique; par M. L.-J.
Simon
— Copulation des sels de dinaphtopyryle
avec les phénols; par M. R. Fosse. ..
-^ Synthèse de la nicotine; par M. Juté
Pictet
— Alcoylation systématique de l'arsenic ;
par M. V. Auger
— Recherches sur les azoïques. Nouveau
mode de formation des dérivés inda-
zyliques ; par M. P. Freundler
— Action de l'acide cyanhydrique sur
l'aldéhydale d'ammoniaque et les
combinaisons analogues; par W. Mar-
cel Deleplne
— Nouvelle réaction de l'hydroxylamine;
par M. L.-J . Simon
— Nouvelle méthode de préparation des
aldéhydes; par M. L. Bouvetmlt
— Sur la migration phénylique ; par
M. Marc Tiffenemi
— Sur les éthers de l'acide isopyroaiuci-
que; par M. C. Clummne
— Sur les hydrates d'alcool éthylique;
par MM. E. Varenne et L. Godefroy.
— Préparation directe du cyclohexanol
et de la cyclohexanone à partir du
phénol; par MM. Paul Sdhaliev et
J.-B. Senderens
— Sur les acétates alcalino-lerreux; par
M. Albert Colson
— Action des acides bromosuccinique et
bibromosuccinique sur les bases pyri-
diques et quinoléiques; par M. Louis
Diibreuil
— Sur un nouveau phénol triiodé; par
M. P. Brenans
— Stéréoisomérie dans les éthers cam-
phocarboniques substitués et l'a-
cide mélhylhomocamphorique. Acide
DES MATIERES.
agcs.
71 i
-iG
-36
79^
855
85S
8G0
9>.5
t)8'2
1)8-1
y8G
9^7
'J9'^
1061
ioG3
1 oG ")
Pages.
élhylcamphocarboiiiquc; par M. J.
Minguiti 1 0G7
— lodures de mercurammonium des ami-
nés primaires et des aminés tertiai-
res ; par M. Mmirice François ioG<j
--- Sur de nouvelles synthèses etîectuécs
au moyen des molécules renfermant
le groupe méthylène associé à un ou
deux radicaux négatifs. Action de l'é-
pichlorhydrine sur l'acctylacétone so-
dée; par MM. A. Hallcrel G. Blanc. r>()3
— Sur les a-aminonitriles; \)ixr M. Marcel
Delépine i J-^'
— Combinaisons du saccharose avec quel-
ques sels métalliques; par M. D.
Gauthier 12 jy
— Sur la transformation des a-glycols
primaires en aldéhydes correspon-
dantes; par M. Tilf'encau l'iGo
— Sur les éthers nitriques des acides-
alcools ; par M. //. Duval i -^^i.
— Action de l'acide carbonique sur les
solutions aqueuses d'aniline en pré-
sence des ni tri tes; par W.Louis Meu-
nier 1 2G4
— Préparation d'alcools hydro-aromati-
ques ; par M. Léon Brunel iiG8
Voir aussi Chimie biologir/ue, Chimie
végétale, Colorantes {Matières)., Ethé-
rifîcation, Glycérine.
Chimie physique. — Sur la diminution de
potentiel pour tout changement spon-
tané dans un milieu de température
et de pression constantes. Note de
M. Ariès 47
— Courbes de sublimation; par M. A.
Bouzat 17^
— Nouvelles lois de tonométrie, qu'on
peut déduire des expériences de
Raoult; par M. E. IVickershelmer . .. Siy
— Courbes de pression des systèmes uni-
varianls qui comprennent une phase
gazeuse ; par M. A. Bouzat S'^i
— Un liquide fixateur isotonique avec l'eau
de mer; par M. .l/.-C Dekhuyzcn.
4i5, 445
— M. le Secrétaire perpétuel signale les
trois premiers numéros du « Journal
de Chimie physique », publié par
M. Philippe- A. Guye Gi3
— Sur les lois du déplacement de l'équi-
libre chimique; par M. E. Ariès .... 738
— Sur l'extraction de l'oxygène par la
liquéfaction partielle de l'air avec rc-
TA13LE DES MATIERES.
i333
Pages.
loup en arrière ; par M. Gcori^^cs
Claude j83
— Sur la couleur des solutions aqueuses
de mélhylorange et le changement
qu'y déterminent les acides ; i)ar M. P.
Vaillant 8 jQ
— Sur l'extension de la formule de Cla-
peyron à tous les états inditférents;
par M. L. Ariès i i j()
— L'osmose électrique dans l'ammoniac
liquide; par M. Marcel Ascnli lijj
Voir aussi Ionisation, Radioactivité.
CiiiAiiE VKGÉrAu:. — Les hydrates de
carbone de l'orge et leurs transform:!-
tions au cours de la germination in-
dustrielle ; par M. L. Liiidet yj
— Influence du chlorure de sodium sur la
transpiration et l'absorption de l'eau
chez les végétaux ; par M. H. Ricôinr. i \ i
— Sur la matière plio?pho-organique de
réserve des plantes à chioro[)hylle.
Procédé de séparation; par M. S. Pos-
tcniak loi
— Recherches sur la nutrition des plantes
étiolées; par M. G. André 1 99
— Les matières albuminoïdes du grain
de maïs; par MM. Doiiard et L<d)bc. 26 j
— Sur les propriétés et la composition
chimique de la matière phos|)ho-or-
ganique de réserve des plantes à chlo-
rophylle par M. .S'. Poster/iafi 377
— Sur la constitution de l'acide phos-
pho-organiquede réserve des plantes
vertes et sur le premier produit de
réduction du gaz carbonique dans
l'acte de l'assimilation chlorophyl-
lienne ; par M. S. Pasternak 43G
— De l'influence de i'aliineulalion miné-
rale sur la production des sexes chez
les plantes dioïques; par M. Emile
Laurent G8i(
— Influence de la nature du milieu exté-
rieur sur la composition organique de
la plante; par MM. Alex. Hébert et
E. Chandjot 7()()
— Production et distribution de quelques
substances organiques chez le Manda-
rinier; par MM. Eug. Charabot Qi G.
Lntouc 99(5
— Sur l'oxydation du gayacol par la lac-
case ; par M. Gabriel Bertrand 1 269
— Sur le développement des plantes
grasses annuelles; étude des bases
minérales , par M. G. André 1 272
Pages .
— Sur une culture de sarrasins en pré-
sence d'un mélange d'algues et de
bactéries; par MM. Bouilhac et Gius-
tinitud 1 '^74
— Sur le rôle de l'oxalate de calcium
dans la nutrition des végétaux ; par
M . Aniar i jo i
— Sur la relation qui existe entre la pro-
portion de gluten contenu dans ditle-
rents blés et la proportion des ma-
tières azotées totales; par M. E. Feu-
rent 1 3 1 3
Voir aussi Chinùe agricole.
CumuKGiE. — De la formation du cal; par
MM. J'. Corail et /*. Coudray 220
— Nouveau perforateur à ressort, den-
taire et chirurgical ; par MM. J. Ber-
cut et A. Douât G74
Chlore et ses composks. — Sur l'éthéri-
fication des hydracides; par M. A.
Filliers 53
— Action du sodium sur le tétrachlorure
decarbone et la benzine chlorée; for-
mation de triphénylméthane et d'he-
xaphényléthane; par M. Jtdes Scluni-
dlin 5,j
— Sur le chlorure de phénylpropargyli-
dène C«Hs — C = G — CH Gl'^; par
MM. Ernest Char on et Edgar Du-
g'>"jon 1-25
— Influence du chlorure de sodium sur la
transpiration et l'absorption de l'eau
par les végétaux ; par M. H. Rieônie. i.\ 1
— Sur le cyclohexane et ses dérivés chlo-
rés; par :\[M. Paul Sabatier et Ap/t.
Mailhe 240
— Action du chlore sur l'acétate de ba-
ryum : par M. Albert Colson 6Gu
— Sur les acétates alcalmo-terreux ; par
M. Albert Colson 1 uG i
— Action du , mélange oxygène et acide
clilorhydrique sur quelques métaux ;
pa r M . Camille Matignon 1 u j i
— Recherches sur la densité du chlore;
par .MM. Moissan et Binet du Jas-
soneix 1 1 9s
Voir aussi Iode.
Cnno-Mii:. — Sur un carbure double de
chrome et de tungstène; par MM. H.
Moissan et A. Kouznetzow 292
GuKONOMKTRiE. — Sur les couditions de la
synchronisation 243
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication
)334 TABLE DES
Pages.
— Sur la relation entre la pression et la
marche des chronomèircs ; par
M. Paul DUislicini 700
— Rennarques sur la Note de iM. P. Di-
tislicim, relative à l'action de la pres-
sion atmosphérique sur la marche des
chronomètres; par M. CIi.-Ed. Guil-
laamc 7o3
Collège de France. — MM. Jordan, Mas-
cnrt, Darhoux, Berthelnt, de Lnppa-
rcnt, Pcrricr sont nommés membres
d'une Commission chargée de présen-
ter une liste de candidats pour la
chaire d'Hisloire générale des Scien-
ces, vacante au Collège de France. . . 838
— Liste de candidats présentée à M. le
Ministre de l'Instruction publique
pour la chaire d'Histoire des Sciences,
vacante au Collège de France :
r M. Tatmery, a" M. Wjroubi\{f. . . . 964
Colorantes (Matières). — Recherches
thermochimiques sur les matières co-
lorantes. La rosalinine et la pararosa-
niline; par M. Jidcs Sclimidlln 33 1
— Sur le tétraméthyldiamino-diphény-
lène-phénylméthane dissymétrique et
le colorant qui en dérive; par MM. ^.
GuyoL et M. Grandcrye /i 1 3
— Colorants azoïques, solides, dérivés de
l'a-aminoanthraquinone; par M. Char-
les Laitllt 661
— Sur la couleur des solutions aqueuses
MATIERES.
Pages.
de méthylorange et le changement
qu'y déterminent les acides ; par M. P.
Vaillant 819
Comètes. — Photographie de la comète
Borrelly, 1903 c; par M. Quénissrt . 170
— Photographie de la comète Borrelly,
1903 c; par M. Quénisset "X^i
— M. fF. de Fonviellc adresse une Note
« Sur l'explication donnée par Fonle-
nelle de la nature des queues des co-
mètes » , . . iSS
— Observations spectrales de la comète
Borrelly (1903 r); par M. H. Des-
landres 393
Commissions. — MM. Jordan, Mascart,
Darhoux, Berthelot, de Lapparenl,-
Perrier sont nommés membres d'une
Commission chargée de présenter une
liste de candidats pour la chaire d'His-
toire générale des Sciences, vacante
au Collège de France 838
— M. Moissan est réélu membre de la
Commission de contrôle de la Circu-
lation monétaire 1027
Cristallisation. — Voir Minéralogie,
Crustacés. — Voir Zoologie.
Cyanures. — Les bleus de Prusse et de
Turnbull. Une nouvelle classe de cya-
nures complexes ; par M. P. Chrétien. 191
— Sur la constitution du cyanure d'allyle ;
par M. R. Lespieau. 263
Voir aussi Chimie organique.
I)
DÉCÈS DE Membres et Correspondants.
— M. le Secrétaire perpétuel annonce à
l'Académie la mort de M. J.-W.
Gibbs, Correspondant pour la Section
de Mécanique 5
— M. le Président annonce à l'Académie
la mort de M. Munier-Chahnas,
Membre de la Section de Minéralogie. 357
— M. le Secrétaire perpétuel annonce la
mort de M. Rudolf Lipschilz, Corres-
pondant pour la Section de Géomé-
trie 541
DÉCRETS. — M. le Ministre de l'Instruc-
tion publique adresse ampliation du
Décret par lequel le Président de la
République approuve l'élection de
M. Bertln dans la Section de Géogra-
phie et Navigation, en remplacement
de M. de Bussy, décédé 893
DiASTASES. — A propos d'une diastase lac-
tique dédoublant le salol ; par MM.
A. Mlele et F. Willem 1 35
— Sur l'existence, dansl'organismeanimul,
d'une diastase à la fois oxydante et
réductrice ; par MM. J .-E. Ahelous et
J. Aloy 885
Dissociation. — M. P. Lcbeau. — Sur la
dissociation des carbonates alcalins. . i255
Dissolutions. — Nouvelles lois de tono-
métrie, qu'on peut déduire des expé-
riences de Raoul t. Note de M. E.
Wickersheimer 3 1 9
TABLE DES MATIÈRES.
i3:H5
E
Pages.
Eaux naturelles. — Sur la séparation et
le dosage du fer et de l'acide phos-
phorique dans les eaux ; par M. H.
Causse -,o3
Voir aussi Hydrologie.
Éclipses. — Observation de l'éclipsé de
Soleil du 20 septembre 1903, faite à
l'ile de la Réunion; par MM. Edmond
Bordage et A. Gnrsault 63 j
— Observations faites à l'île de la Réunion
sur l'éclipsé de Lune du G octobre
igoS; par MM. Edmond Borda ge et
A. Garsaidt 8q-
ÉcoLE Polytechnique. — M. le Minlstie
de la Guerre invite l'Académie à lui
désigner deux de ses Membres pour
faire partie du Conseil de perfection-
nement de l'École Polytechnique Î92
— MM. Haton delà Goupillière, H. Poin-
crt/e sont désignés pour faire partie du
Conseil de perfectionnement de l'École
Polytechnique 5 1 1
Économie rurale. — Voir Chimie agri-
cole, Chimie végétale, alimentaires
{Matières), Fins, Viticulture.
ÉLECTBICITÉ. — Sur la mesure des coeffi-
cients de self-induction au moyen du
téléphone ; par M. R. Dongier 1 1 5
— Essais sur la commutation dans les
dynamos à courant continu; par
M. Illovici j -,v
— Du dichroïsme électrique des liqueurs
mixtes ; par M. /. Chaudier -^48
— Sur le rôle des noyaux métalliques
des bobines; par M. B. Eginitis 438
— M. A. Berthier adresse une Note inti-
titulée: 0 Transformateur aclino-élec-
trique, pour la transformation de
l'énergie lumineuse en énergie élec-
trique » 4-1
— Conditions qui déterminent le signe et
la grandeur de l'électrisation par con-
tact; [)ar M. Jean Pcrrin 5i3
— Électrisation de contact (IV) et théorie
des solutions colloïdales ; par M. Jean
Perrin 55/j
— Changement de résistance électrique
du sélénium sous l'inlluence de cer-
taines substances; par M. A.B. Grif-
fîilis '. . G47
Pages
— Cohésion diélectrique des gaz à basse
température ; par M. ^. Bout y 74 1
— Sur les phénomènes particuliers pré-
sentés par les arcs au mercure; par
M. de Valbreuze g 1 2
— Étude d'une résistance de contact; par
M. A. Blanc i Oj 2
— Sur les décharges glissantes ; par M. ■/.
de KowalsJd .. 12^6
— L'osmose électrique dans l'ammoniac
liquide ; par M. Marcel Ascoll i253
Voir aussi Électrochimie, Radioactivité,
Télégraphie .
ÉLECTROciiiMiE. — Action de l'iode sur
les pellicules de cuivre obtenues par
ionoplaslie ; par M. Houllevigue 47
— Relations entre les piles à plusieurs
liquides; par M. Berthelot aSj
— Remarques concernant les relations
entre les piles constituées par les
mômes liquides, compris entre deux
électrodes différentes ou identiques;
par M. Berthelot 29 1
— Piles à plusieurs liquides différents
avec électrodes métalliques identi-
ques ; par M. Berthelot 421
— Influence des gaz sur la séparation des
métaux par éiectrolyse : séparation du
nickel et du zinc; par MM. Hollard et
Bertiaux §53
— Sur les forces électromotrices résultant
du contact et de l'action réciproque
des liquides; par M. Berthelot 956
— L'osmose- électrique dans l'ammoniac
liquide ; par M. Marcel Ascoli 1253
Voir Ionisation.
Errata. — 100, i52, 228, 356, 444, 488,
628, 820, gSa, 1088, i322.
Ethérification. — Sur l'éthérificalion des
hydracides; par M. A. Villiers 53
— Action de l'acide phosphoreux sur la
mannite. Remarques sur la niannite ;
par M. P. Carré 517
— Sur l'éthérificUion de l'acide phospho-
rique par la glycérine ; par M. P.
Carré 1070
Étoiles filantes. — Observations des
Léonides et des Riclides, faites à
Athènes, en 1903 ; par M. D. Egi-
nitis 9G5
i336
TABLE DES MATIERES.
Pages.
Expositions. — Présentation du Tome III
de son a Rapport général sur l'Expo-
sition universelle de 1900 » ; par M.
Alfred Picard 1 1 o
— M. Alfred Picard fait hommage à
J'Académie du quatrième Volume de
son Rapport général concernant l'Ex-
position universelle de 1900 43f>
— M, Alfred Picard piésente à l'Acadé-
mie le Tome V de son « Rapport
général administratif et technique sur
Pages.
l'Exposition universelle internationale
de 1900 » 490
— M. Alfred Picard fait hommage à
l'Académie des Tomes VI et VII de
son « Rapport général administratif et
technique de l'Exposition universelle
internationale de 1 900 » 833
— Note de M. Alfred Picard, accompa-
gnant la présentation du Recueil des
plans de son Rapport sur l'Exposition
universelle de 1900 lai i
Fer et ses composés. — Chaleur de neu-
tralisation de l'acide ferrocyanhydri-
que ; chaleur de formation de ses
combinaisonsavecl'élher et l'acétone;
par MM. P. Chrétien et Giùnchanl.. G)
— Combinaison du sulfate ferrique avec
l'acide sulfurique; par M. A. Recoura. i iS
— Sur l'action de l'oxyde de carbone sur
le fer et ses oxydes; par M. Georges
Cliarpy 1 20
— Sur l'acide ferrisulfurique et le ferri-
sulfate d'éthyle; par M. A. Recoura . 189
— Les bleus de Prusse et de Turnbidl,
une nouvelle classe de cyanures com-
plexes ; par M. P. Chrétien 191
— Sur la séparation et le dosage du fer
et de l'acide phosphorique dans les
eaux ; par M. H. Causse 708
— Les modes de déformation et de
rupture des fers et des aciers doux ;
par MM. F. Osinnnd, G. Carlaad et
Ch. Frémnnt 8")i
— Sur les fers météoriques; 'par MM. F.
Osmnnd et G. Cartaud to j-
Voir aussi Aciers.
Ferments. — Sur le ferment du salol con-
tenu dans certains laits; par M. A.
DesniouHère 33"
— M. Emni. Pozzi-Escot adresse une
Note relative à « l'action de la cha-
leur sur les levures » 538
— Étude des ferments digestifs chez quel-
ques Invertébrés ; par M. Victor
Henri. 7^3
~ Sur la fermentation forménique et le
ferment qui la produit; par M. Mazé . 887
— Influences activantes ou paralysantes
agissant sur le manganèse envisagé
comme ferment métallique ; par M. A.
Trillat 922
— La prétendue fermentation alcoolique
des tissus animaux ; par M, F. Batelli. 1079
Voir aussi Amidon, Diastases, Lac-
case, Lactase.
Force centrifuge. — MM. G. Claude et
E. Demnussy. — Sur la séparation
des mélanges gazeux par la force
centrifuge 25o
G
Géodésie. — M. le Secrétaire perpétuel
rend compte du Congrès de l'Associa-
tion géodésique internationale, tenu à
Copenhague du 4 au 14 août 1903. . .
GÉOGRAPHIE. — M. A. Grandi<iier piésenle
à l'Académie, au nom de l'auteur,
M. Jules de Scliokalsky, le premier
fascicule d'un Atlas de Géographie . .
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.— Sur les effondre-
ments de la plaine de Sevran; par
593
loSG
M. Gustave-F. Dnllfus 279
— Sur les lacs de la haute Engadine ; par
M. André Delehecque 1 3 1 1
Voir aussi Physique du globe.
GÉOLOGIE. — Sur deux horizons à Cépha-
lopodes du Dévonien supérieur dans
le Sahara oranais; par M. Emile
Haug 83
— Sur les variations de la Meuse à l'époque
quaternaire; par M. Paul Bois 85
TABLE DES
Sur l'originft fies plis el des recouvre-
ments flans les Pyn^nées; par M. Jo-
sepJi Rnnssel 148
Sur les effondrements de la plaine de
Sevran ; par M. Gustnve-F- Dollfus.. 779
Coupes des terrains tertiaires de la Pa-
tagonie; par M. André Toiirnoticr.. . 3î<S
Sur la constitution géologique des en-
virons de Mirsa Matrouh (Marma-
rique); par M. D.-E. Vnchandnki.. . )5f)
Sur le passage du Rhin par la vallée du
Doubs et la Bresse pendant le Plio-
cène; par M. le génénd de LamniJie. 389
Sur les relations de structure des
Alpes françaises avec les Alpes suisses;
par M. Kilian jo >
Sur le rôle des Charriages dans les
Alpes delphino-provenf:ales et sur la
structure en éventail des Alpes brian-
çonnaises; par M. W. Kilian J3C)
Sur leTuroniend'Abou-Roach (Egypte);
par M. R. Fourtau 18 1
Sur les phases du plissement des zones
intra-alpines françaises; par M, TF.
Kilian 621
Sur la structure tectonique de l'île
d'Eubée; par M. Deprat OrjG
Sur quelques analogies de faciès géo-
logiques entre la zone centrale des
Alpes orientales et la zone interne des
Alpes occidentales; par M. Pierre
Termier 807
Sur les puits artésiens; par M. D.
Pantanelli 809
Sur un niveau fossilifère nouveau du
Keuper franc-comtois; par MM. M,
Piroutet et Arm. Laurent 810
Sur la signification géologique des
anomalies de la gravité; par M. de
Lapparent 89.7
Sur les formations de la zone des quart-
zites et conglomérats inférieurs au
Dévonien dans l'Oural du Nord; par
MM. L. Duparc et F. Pearce 873
Sur la structure des Hohe Tauern
(Alpes du Tyrol); par M. Pierre
Termier S7 5
"Les roches éruptives de l'île d'Eubée;
par M. Deprat 879
- Sur la synthèse géologique des Alpes
orientales; par M. Pierre Termier . . 919
Sur un cas remarquable de cristal-
lisation spontanée du gypse ; par
M. Stanislas Meunier c^\>
MATIÈRES. l337
Pages.
— Sur le système permien dans les Pyré-
nées françaises et espagnoles; par
M. /. Caralp 1008
— Observations relatives à la tectonique
de la haute vallée de la Jalomita
( Roumanie) ; par M. /. Bergemn . . . 1009
— Sur la géologie et l'hydrologie sou-
terraine du Caucase occidental ; par
MM. A. Yermolnffei E.-A. Martel. . 1077
— Sur la limite du Jurassique et du Cré-
tacé dans la région orientale des
Pyrénées et sur l'existence de deux
époques distinctes de furmalion des
calcaires à couzeranile; par MM. Ch.
Depéret et O. Mengrl 1110
— Sur le glaciaire de la Garonne; par
M. L.-A. Fahre i 3o'j
— Sur les racines de quelques nappes de
charriage des Alpes occidentales; par
M. Emile Rang i "507
Voir aussi Géographie physique, Mi-
néralogie, Paléontologie, Pétrogra-
phie, Physique du globe, Volcaniques
(phénomènes).
GÉOMÉTRIE. — Sur les lignes de courbure
de certaines surfaces; par M. E.
Blulel 35
— Sur l'habillage des surfaces; par W. M.
Servant 112
— M. Eugène Ferron SLàveiSQwnMévCiOwe
intitulé : « Détermination analytique
des éléments géométriques de l'anse
de panier rigoureuse à n centres,
étant données l'ouverture et la tlèclie
de la courbe » 453
— Sur les courbes gauches à torsion con-
stante; par M. W. de Tannenherg . . 692
-- Sur la détermination des figures inva-
riantes des transformations cycliques ;
par M. Kabut 73^
— Du problème de Cauchy relatif à une
classe particulière de surfaces. ; par
M. fï. de Tannenberg 909
— M. T. Lemnyne adresse une Note « Sur
quelques propriétés des cubiques no-
dales » i3iC»
Glucose. — Voir Sucres.
Glycérine. — Injection intraveineuse de
glycérine ; dosage de la glycérine dans
le sang; élimination par l'urine; par
M. Maurice Nicloux 70
— £rr<7frt se rapportant à cette communi-
cation 228
— Sur une bactérie oxydante, son action
i338
TABLE DES MATIERES
Pafffs.
sur l'alcool et la glycérine; par M. R.
Sazerdc
— Sur l'élhérification de l'acide phospho-
rique par la glycérine; par M. P.
Ofï
Pages.
Carré 1 070
Gravité. — Sur la signification géolo-
gique des anomalies de la gravité; par
M. de Lapparcnt 827
H
HisToiRii DES SCIENCES. — Sur la mort de
iM. Frosper Henry \\yàvM. Jnnssen.. 07
— M. le Secrétaire perpéluel signale
quatre nouveaux Volumes de « l'Inter-
national Catalogue of scientific litera-
ture, first annual issue » 41^
Histologie. — Les myélocites du bulbe
olfactif; par M. Jouîmes Chadn 489
Voir aussi Analonùe animale.
HvDROGRAPHiE. — ObservBtions concer-
nant les variations du niveau de la
mer depuis les temps historiques et
préhistoriques; par M. Ph. Négrls. . 'i-ii
— Sur l'emploi du tachéographe Schrader
pour les travaux d'Hydrographie;
par M^L F. Schrader et Ch. Saiccr-
ivein 7S I
Hydrologie.— Sur l'application de la fluo-
rescéine à l'hydrologie souterraine;
par M. E.-A. Martel iib
— Sur la courbe des débits d'une source;
par M. Edmond Maillet 676
— Sur la prévision des débits des sources
de la Vanne; par M. Edmond Maillet. 946
— Sur la géologie et l'hydrologie souter-
raine du Caucase occidental ; par
MM. A. YermolnJfQ\.E.-J. Martel. 1077
HvoRODVNAMiQUE. — Sur Un mode simple
d'écoulement des nappes d'eau d'infil-
tration à lit horizontal, avec rebord
vertical tout autour, lorsqu'une partie
de ce rebord est enlevée depuis la
surfacejusqu'au fond ; par M. J . Bous-
sines(i' 5
— Sur la stabilité d'un certain mode
d'écoulement d'une nappe d'eaux d'in-
filiration ; par M. J . Boussinesq. ... loi
— Extension, à des cas où le fond est
courbe, du mode d'écoulement qui se
conserve dans une nappe d'eaux d'in-
filtration ie[)0sant sur un fond plat ;
par M. ./. Boiissinesq . 1 53
— Sur les ondes-cloisons; par M. P.
Didiem 287
HvposuLFUREUx (AciDE).— Sur les con-
ditions de production et de stabilité de
l'acide hyposulfureux; par M./. Aloy. 5i
1
Infectieuses (Maladies).— De l'action du
sérum humain sur les Trypanosomes
du Nagana, du Caderas et du Surra ;
par M. A. Lnveran 1 5
— Sur les rapports qui existent entre le
Surra et le Nagana, d'après une expé-
rience de Nocard ; par MM. Vallée et
Carré . 6-24
— Présentation par M. Laveran de son
Ouvrage sur la « Prophylaxie du Pa-
ludisme » 777
— Sur un Protozoaire nouveau (Piro-
plasma Donovani Lav. et Mesn.),
parasite d'une fièvre de l'Inde ; par
MM. A. Laveran et F. Mesnll 957
— Sur l'exophtalmie infectieuse de cor-
tains Poissons d'eau douce; par M. 7.
Audigé 986
Voir aussi Pathologie i^égétale.
Insectes. — Voir Zoologie.
Iode et ses composés. — Action de l'iode
sur les pellicules de cuivre obtenues
par ionoplastie; par M. Houllevigue . . 47
— Sur une combinaison de deux corps qui,
par élévation de température, s'unis-
sent puis se séparent au-dessous de
— 79"; par M. D. Cernez 255
— Action de l'acide borique sur les iodu-
res; son emploi pour la séparation de
l'iode des iodures en présence de
bromures et chlorures; par MM. H.
Baubigny et P. Rivais G5o
— Conditions de séparation de l'iode sous
forme d'iodure cuivreux, dans un
mélange de chlorures, bromures et
iodures alcalins; par MM. //. Baiihi-
gny et P. Rivais 753
— Séparation de l'iode dans les sels halo-
TABLE DES
Pages.
gênés alcalins d'avec le chlore et le
brome, par sa transformation en acide
iodique, et mode de préparation de
l'iode pur; par MM. H. Baiibigny et
P. Rivais ,j.,-
— Erraui se rapportant à cette commu-
^n'cation ,088
— Sur un nouveau phénol triiodé; par
M . P . Brenaris io65
— loduresde mercurammonium des ami-
nés primaires et des aminés tertiaires;
par M. Maurice François 1069
Ionisation. — Sur la loi de recombinai-
son des ions; par M. P. Lan^evin.., 1-7
MATIERES. i33q
Pages.
— Conditions qui déterminent le signe et
la grandeur de l'éleclrisation par con-
tact (III) ; par M. Jean Penin 5 1 3
— Électrisation de contact (IV) et théorie
des solutions colloïdales; parM./ert/;
Perrin 5(3^
— Sur l'ionisation par le [)hosphore ; par
M. Eugène Blodi jo^'o
— Errata se rapportant à cette Communi-
cation 13.22
IniDiuM. — Sur la préparation du sesqui-
séléniure d'iridium; par MM. C. Cha-
hrié lii J. Bouchon net loSq
r.
Laccase. — Sur l'oxydation du gayacol
par la laccase; par M. Gabriel Ber-
^rand ,,,6g
Lactase. — Sur la lactase; par MM. Em.
Bourcjuelot et He'rissej 56
Lait. — M. /"'. Ge'nin adresse une Note
intitulée: « Calcul rapide du mouil-
lage et de l'écrémage du lait » 98
— Sur le ferment du salol contenu dans
certains laits ; Note de M. J. Des-
inottlière 33-
M
Magnétisme. — M. E. Fraichet adresse
un Mémoire portant pour titre:
« Nouvelle méthode d'essai des mé-
taux magnétiques )i 3.2
— Sur la suppression de l'hystérésis ma-
gnétique par l'action d'un champ ma-
gnétique oscillant; par M. Ch. Mau-
^"i" 91',
— Sur la suppression de l'hystérésis ma-
gnétique par un champ magnétique
oscillant ; par M. P. Duheni lo?.
Magnétisme terrestre. — Sur la pertur-
bation magnétique du 3 1 octobre (903;
par M. Th. Moureaux ^oS
— Remarques sur le dernier groupe de
taches solaires et les perturbations
magnétiques; par M. F. Quénlsset..
— Quelques remarques sur la perturbation
magnétique du i3 octobre 1903; par
M. Em . Marchand -89
— Relation entre les taches solaires et le
magnétisme terrestre. Utilité de l'en-
registrement continu des éléments
variables du Soleil ; par M. H. Des-
landres
— Sur la loi de distribution régulière de
C. R., 1903, 3» Semestre. (T. GXXXVII
747
8'2i
la force totale du magnétisme terres-
tre en France au i"'" janvier 1896 ;
par M. E. Mathins
— L'anomalie magnétique du bassin de
Paris ; par M. Th. Moureaux
— Sur la direction de l'aimantation per-
manente dans diverses roches volca-
niques ; par .AIM. Bernard Brunhcs
et Pierre David
Manganèse. — Influences activantes ou
paralysantes agissant sur le manga-
nèse envisagé comme ferment métal-
lique ; par M. A. Trillat
MÉCANIQUE. — Sur les ondes-cloisons ;
par M. P. Duheni
— Sur l'aérodynamique et la théorie du
champ acoustique; par M. le général
Sehert
— La théorie acoustique et le frottement
intérieur des gaz; par M. P. Char-
bonnier r-ir
'/'7
— M. René de Saussure adresse une
Note intitulée: « Hypothèse sur la
nature et la force »
— Note accompagnant la présentation du
Tome II de la seconde édition de son
•) 174
916
918
975.
237
357
378
3 04
i34o
TABLE DES MATIERES.
Pages.
« Traité de Mécanique rationnelle » ;
par M. Jppell 68-2
— M. J.-N. Pnnnff adresse un Mé-
moire « Sur la propagation de l'at-
traction » , 701
— Généralisation de la propriété fonda-
mentale du potentiel ; par M. J. de
Saint- Germain ^36
Voir aussi Chrononiétrie, Hydrodyna-
mique, Mngriétisnie, Mécanique cé-
leste, Navigation.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Expéricdces sur
la résistance de l'air; par M. G. Eif-
fel '. . 3o
— Étude sur les déformations moléculai-
res d'un barreau d'acier soumis à la
traction ; par M. L. Fraichet 169
— Sur le télékine ; par M. L. Torres.. . 817
— M. E, Mossé adresse une Note relative
à un système de voie automotrice,
permettant aux véhicules de circuler
sans le secours de moteurs Sgi
— Sur le phénomène aérodynamique pro-
duit par le tir des canons grêlifuges;
par M. /. Fiulle 897
— M.L. Belzecki adresse une Note «Sur
la courbe d'équilibre d'un fil flexible
et inextensible, dont leséléments sont
sollicités par les pressions d'un rem-
blai 447
— Détermination expérimentale de la
pression momentanée résultant du
choc ; par M. Eingeliiia/m , . G44
— Les modes de déformation et de rup-
ture des fers et des aciers doux; par
MM. F. Osmnml C art and et Ch.
Frémont 8 j i
— Sur les articulations à lame flexible;
par M. Mcsnager 908
— M. Henri Feuille adresse une Note
intitulée: « Appareil pour utiliser la
force dynamique de la mer » 949
— Procédé simple permettant d'obtenir,
sur la paroi d'un cylindre qui tourne,
de grandes pressions avec de faibles
efforts ; par M. Albert Hérisson io35
— Moteur à combustion par compression;
par M. Canneçel io36
- Sur les efforts développés dans le choc
d'éprouvettos entaillées; par M. A.
Pages.
Pérot 1044
~ Sur un nouveau système de train rou-
tier dit h propulsion continue-^ par
M. Charles Renard i234
— Nouveaux dispositifs électromécaniques
d'embrayage et de changement de vi-
tesse progressifs; par M. Paul Gas-
nier 1 287
MÉCANIQUE CÉLESTE.— Perturbations sé-
culaires d'importance secondaire ;
par M. Jean Mascart. 33
— Résidu des perturbations séculaires ;
par M . Jean Mascart 3o3
MÉCANIQUE CHIMIQUE. — V(jir Chimie gé-
nérale .
Médecine. — Pathogénio et traitement
du rhumatisme ; par M. L. Pénières. 626
— Présentation de son Ouvrage sur la
« Prophylaxie du paludisme » ; par
M. Laveran 777
Voir aussi Infectieuses {maladies), Phy-
siologie pathologique, Rayons X, Tu-
berculose .
MÉTÉOROLOGIE. — Le ccrcle de Bishop,
couroime solaire de J9o3;par M. F.-
A. Forel .' 38o
— Description d'un orage très localisé;
par M . Jean Mascart 468
— M. Marcellin Recoupé adresse une
« Note relative à des mesures ther-
mométriques aux gelées du prin-
temps » 1 3 1 6
Microscope. — Focimètre photogrammé-
trique pour l'optique microscopique
(instrument vérificateur de micros-
cope); par M. V. Legros i43
— Étude microscopique de bronzes pré-
historiques de la Charente; par M. G.
Chesneim 980
Minéralogie. — Sur une nouvelle espèce
minérale; par M. A. Lacroix 582
— Sur le polymorphisme des nitrates; par
W. Fréd. JVcdlerant 8o5
— Sur un cas remarquable de ci islallisa-
lion spontanée du gypse; par M. Sta-
nislas Meunier 942
— Sur la détermination de la forme pri-
mitive des cristaux; par M. Fréd.
Wallerant 1 00 1
Voir aussi Pétrographie.
TABLE DES MATIERES
i34i
N
Pa{;es.
Navigation. — M. Eugène Mesnard
adresse une Noie intitulée: « Flot-
teurs à fil conducteur, pour la Ma-
rine » 5o4
— De l'influence de la surimmersion sur
la vitesse; par M. J.-A. Normand.. 1223
Navigation aérienne. — Voir Aéronau-
tique.
Nominations. — M. Baccelli est élu Cor-
respondant pour la Section de Méde-
Pages.
cine et Chirurgie, en remplacement de
M. OUier, décédé 1 69
M. G.-PF. HUl est élu Correspondant
dans la Section d'Astronomie, en
remplacement de M. Schinparelli, élu
Associé étranger 778
M. Berlin est élu Membre de la Sec-
tion de Géographie et Navigation, en
remplacement de M. de Bussy,
décédé 837
o
Observatoires. — Liste de candidats
présentée à M. le Ministre de l'In-
struction publique pour une place
d'Astronome titulaire, vacante à l'Ob-
servatoire de Paris : i" M. Puiseux.
2° M, Hamy 96^
— Présentation du Tome X des Annales
de l'Observatoire de Bordeaux » ; par
M. Lœwy HST)
— Liste de candidats présentée à M. le
Ministre de l'Instruction publique,
pour une place d'Astronome titulaire
vacante à l'Observatoire: i°-M. Bos-
sert, 2° M. Renan 103.7
Océanographie. — Voir Physique du
Globe, Zoologie.
Optique. — Influence de la température
sur le dichroïsme des liqueurs mixtes
et vérification de la loi des indices;
par M. Georges Meslin 182
— • Sur la mesure du dichroïsme des cris-
taux ; par M. Georges Meslin 'x |G
— Du dichroïsme électrique des liqueurs
mixtes; par M. /. Chaudier 248
— Sur les changements de phase par ré-
flexion normale dans le quartz sur
l'argent; par MM. /. Macc deLëpinay
et H. Buisson j 1 2
— Fociraètre phologrammélrique pour
l'optique microscopique (instrument
vérificateur de microscopes) ; par
M. V. Legros 3 1 4
— Sur un réfractomètre à réflexions; par
M. Th. Fautier Gi J
— Sur une solution pratique du problème
de la photométrie hétérochrome; par
M. Charles Fabry 743
— Sur la détermination des maxima et
minima de transparence; par M. C.
Camichel 788
— Mesure des très petits angles de rota-
lion ; par M. Marcel Brillouin 786
— Sur l'intensité de l'éclairement jjroduit
par le Soleil ; par M. Charles Fabry. 973
— Sur une nouvelle méthode de mesure des
épaisseurs et des indices; par MM. /.
Macé de Lépinay et H. Buisson. . . . io38
— Sur l'intensité lumineuse des étoiles et
leur comparaison avec le Soleil ; par
M. Charles Fabry 1242
— Diffusiomètre ; par M. J. Thoverl 1249
Voir aussi Photographie .^ Radioactivité,
Rayons cat}iodi<iues, Rayons N, Rayons
X, Spectroscopie, Vision.
Oxyde de carbone. — Sur l'action de
l'oxyde de carbone sur le fer et ses
oxydes; par M. Georges Charpy. . . 120
Oxygène. — Sur la séparation des mélanges
gazeux par la force centrifuge; par
MM. G. Claude Qi E. Denioussy.. . . 25o
— Sur l'extraction de l'oxygène par la
liquéfaction partielle de l'air avec re-
tour en arrière; par M. Georges
Claude 783
— Action du mélange oxygène et acide
chlorhydrique sur quelques métaux ;
par M. Camille Matignon io5i
i342
TABLE DES MATIERES.
Pages.
Paléontologie. — Contribution à l'élude
de Y JEpyoniis de Madagascar; par
M. Guillaume Grandidicr •>o8
— M. le Secrétaire perpétuel signale plu-
sieurs Mémoires de M. G. Capellini
et notamment des travaux sur les
Baleines fossiles trouvées en Italie. . . 4^1
— Observations paléontologiques dans
l'Alaska ; par M. Albert Gaudry . . . 553
Paléontologie végétale. — Découverte
de strobiles de Séquoia et de Pin dans
le Porllandien des environs de Boulo-
gne-sur-Mer; par MM. R. Zeiller et
P. Fliche loio
— M. Z<:7Y/t'r présente à l'Académie le Vo-
lume de texte de la Flore fossile des
gîtes de charbon du Tonkin 1210
Pathologie végétale. — Sur quelques
processus de gomniification ; par
M. G. Delacroix 278
— M. iS. de Mokrzecky adresse une Note
« Sur l'emploi de la thérapie inté-
rieure en cas de chlorose et autres
maladies des arbres fruitiers et des
ceps de vigne » 4'io
— Sur une maladie bactérienne du tabac,
le chancre ou anthracnose ; par
M . G . Delacroix 454
— Surl'appareil végétatif delà rouillejaune
des Cér éa 1 es ; pa r IM . JaAob Eriksson . 578
— Un nouvel hyliride de greffe; par
M. Lucien Daniel 7 65
— Sur la jaunisse de la betterave; mala-
die bactérienne; par M. G. Delacroix. 871
— Sur les caractères chimiques des vins
provenant de vignes atteintes par le
mildew; par M. Emile Ma/iceau. . . . 998
— De la filosiié des pommes de terre ; par
M. G. Delacroix 1006
— Sur la Nielle des feuilles de tabac; par
M . H. Bouygues 1 3o3
Perles fines. — Sur l'acclimatation et la
culture des Pmtadines, ou huîtres
perlières vraies, sur les côtes de
France, et sur la production forcée des
perles lines; par M. Raphaël Dubois . 611
— Remarques à propos de la Communi-
cation de M. Raphaël Dubois, du 19
octobre 1903 "Sur les huîtres perliè-
res vraies »; par M. Edm. Perrier.. 682
I'a{;cs
— L'origine réelle des perles fines; par
M . Louis Boutiin 1073
Pétrographie. — La cordiérite dans les
produits éruptifs de la montagne Pelée
et de la Soufrière de Saint-Vincent;
par M. A . I^acroix 145
— Les enclaves basiques des volcans de
la Martinique et de Saint-Vincent;
par M. A. Lacroix 211
— Sur les granités à œgyrine et riebeckite
de Mndagascar et leurs phénomènes
de contact ; par M. Lacroïr 533
— Contribution à l'élude des roches sodi-
ques de l'Est- Africain ; par M. //.
Arsandaux 876
— Des roches éruptives de l'île d'Eubée;
par M. Deprai 879
— Contribution à l'étude des roches ba-
saltiques de l'Est -Africain; par
M. H. Arsandaux 1 3o8
Phosphore et ses composés. — Action
de l'acide hypophosphoreux sur la
diéthylcétone et sur racétophénone;
par M. C. Marie vi^
— Sur la matière phospho-organique de
réserve des plantes à chlorophylle.
Procédé de préparation; par M. S.
Posternal, 202
— Sur les propriétés et la composition
chimique de la matière phospho-orga-
nique de réserve des plantes à chloro-
phylle ; par M. Posternak 337 439
— Action de l'acide phosphoreux sur la
mannite. Remarque sur le mannide;
par M. P. Carré 517
— De l'action de l'acide carbonique sous
pression sur les phosphates métalli-
ques ; par M. A. Barillé 566
— Sur la séparation et le dosage du fer et
de l'acide phosphorique dans les
eaux ; par M. H. Causse 708
— Sur l'ionisation par le phosphore ; par
M . Eugène Bloch io4o
— Errita se rapportant à cette Commu-
nication l3'22
— Sur l'éthérification de l'acide phospho-
rique par la glycérine; par M. P.
Carré 1070
Phosphorescence. ~ Voir Radioactivité,
Rayons N.
TABLE DES MATIÈRES.
l343
Pages.
)84
1209
Photographie. — Sur la spectrophotomé
trie photographique; par M. C. Ca-
niichcl
— Sur le premier Volume du Catalogue
photographique du Ciel publié par
M. J. Donner, Directeur de l'Obser-
vatoire d'Helsingfors; par RI. Lœwy.
~ Sur un moyen rapide d'obtenir le plan
d'un terrain en paysde plaines, d'après
une vue photographique prise en bal-
lon ; par M. Laussedat 24
Physico-chi.mie. — " 'r Chimie physique.
Physiologie a.nimale. - Sur les mouve-
ments de torsion de l'œil pendant la
rotation de la tête ; par M. Yves De-
i"^<' 107
— Influence du système nerveux sur l'on-
togenèse des membres; par M. P.
JVintrcherl , 3 ,
— Sur les modifications du chimisme
respiratoire avec l'âge, en particulier
chez le cobaye; par M. Lénpnld
Maycr ,3^
— Enaia à cette Communication xi^
— Sur les mouvements de torsion de l'œil
dans les orientations du regard, l'or-
bite restant dans la position primaire,
|)ar M . Yves Délasse , G3
— Recherches sur l'immunité naturelle
des Vipères et des Couleuvres; par
M . C. Phisnlix .,70
— De l'excrétion chez les Hydroïdes; par
1\! . A. Billard 3^0
— Sur la résistance des Épinoches aux
changements de la pression osmolique
du milieu ambiant; par M. Michel
Siedlecki
— Sur la production de sucre dans le sang
pendant le passage de ce dernier à
travers le poumon; par MM. R.
Lépirie ot Boulud 4-75
— L'action des solutions des sels alcalins
et alcalinoterreux sur les Epinoches;
par M . Michel Siedlecki 5-.i5
— Recherche et dosage de l'urée dans les
tissus et dans le sang des animaux
vertébrés; par M. Nestor Gréhant. .
— Du rôle de la compression dans la loca-
lisation des tendons : par M. R. An-
t lion y
— Recherches expérimentales sur l'olfac-
tion des vieillards; par M. Vaschide.
— M. C. Fleig adresse deux Notes ayant
pour titres: « Mode d'action chimique
469
558
622
627
Faoes.
des savons alcalins sur la sécrétion
pancréatique » et « Mécanisme de
l'action de la sapocrinine sur la sécré-
tion pancréatique » (')35
- Etude des contractions musculaires et
des réflexes chez le Stichopus rrgalis ;
par M. Victor Henri 6G9
- Sur le sucre virtuel du sang ; par
MM. 1\. Lépine et Botdiid CSG
- I.e sens olfactif de l'Escargot {Hélix
pomatia); par M . Emile Yung 720
- !\égiilarisation osmotique des liquides
internes chez les Echinodermes; par
MM. Victor Henry et .S'. Laloii 721
- Sur la régénération chez les Amphi-
biens des membres postérieurs et de
la queue, en l'absence du système
nerveux: par M. P. pp'intrebert 761
- Ktude des ferments digestifs chez quel-
ques Invertébrés; par M. Victor
Henry -53
- De l'action morphogénique des muscles
crota[)hytes sur le crâneet le cerveau
des Carnassiers et des Primates; par
M . R. Anthony ^g (
Comparaison entre les effets nerveux
des rayons de Becquerel et ceux des
rayons lumineux; par M. Georges
^"l'n 883
■ Sur l'action morphologique de l'eau en
mouvement sur les Hydraires: par
M'"" Mntz-Kossonska . .". 863
Sur le rôle de certains éléments figu-
rés chez Si/mnculus niulus L. ; par
M. F. Lcidreyt . . ^c^j
Sur les facteurs élémentaires de l'héré-
dité; par M. Georges Coiitagne 1075
Corrélations fonctionnelles entre les
glandes à venin et l'ovaire chez le
crapaud commun; par M. C. Phim-
ii-^ 1082
Les conditions spéciales de la circula-
lion dans des glandes en activité; par
MM. G. Moussu et /. Tissot (084
Le mal des montagnes; par M. Kronec-
^'^'' 1 282
Sur les modifications que subit la res-
piration par suite de l'ascension et
de l'acclimatement à l'altitudedu mont
Blanc; par M. y. Vallot i.j83
Sur les croisements entre taxies diffé-
rentes; par M. Georges Coutagne. , . 1290
Action de l'anéthol sur l'organisme;
par MM. E. Vurenne,J. Roussel, L.
17/,.
l344 TABLE DES
Pages.
Godefroy 1294
Voir aussi Chimie biologique, Physique
biologique, Sang.
Physiologie expérimentale. — La pro-
duction du glucose, sous l'influence
de la vie asphyxique, par les tissus du
Bombyx mori, aux diverses phases de
son évolution ; par M. F. Maignon. . gS
— Injection intraveineuse de glycérine;
dosage de la glycérine dans le sang:
élimination par l'urine; par M. Mau-
rice Nicloux 70
— Errata relatif à cette Communication. 228
— Recherches expérimentales sur les
rêves. Du rapport de la profondeur
du sommeil avec la nature des rêves ;
par M. N. Vaschide i5o
— Sur l'entretien de l'irritabilité de cer-
tains organes séparés du corps, par
immersion dans un liquide nutritif
artificiel; par MM. E. Hédon et C.
Fleig 217
— Inscription de l'état variable de la ten-
sion du fil de l'ergographe; équation
du mouvement et expression du tra-
vail: par MM. A. Imbert et J. Ga-
gnère 276
— MM. Hédon et Fleig adressent une
nouvelle Note relative à l'influence de
la température sur la survie de cer-
tains organes séparés du corps et à
leur reviviscence dans un liquide nu-
tritif artificiel 288
— Sur l'équation générale des courbes de
fatigue; par M. Charles Henry et
M"""/. Joteyko 44 1
— Élevage des larves parthénogénéiiques
d'Astéries dues à l'action de l'acide
carbonique; par M. Yves Delage . . . . 449
— La parthénogenèse par l'acide carboni-
que, obtenue chez les œufs après
l'émission des globules polaires; par
j\l. Yves Delage 47^
— Sur l'excitation des nerfs et des muscles
par décharges de condensateurs; par
M. /. Cluzet 670
— Sur la ponte, la fécondité et la sexua-
lité chez des poules carnivores; par
M. Frédéric Houssay 934
— Quelques observations relatives à l'ac-
tion des vapeurs des composés hydro-
c^irbonés sur les microbes animaux et
sur les insectes, et au rôle antisepti-
que des agents oxydants-oxydables;
MATIERES.
Pages,
par M. Berthelot gSS
— Sur une relation entre le travail et
le travail dit statique énergétique-
ment équivalents à l'ergographe; par
M. Charles Henry et M"" J. Joteyho. 1285
— Recherches sur le rôle de la glande in-
terstitielle du testicule. Hypertrophie
compensatrice expérimentale ; par
MM. P. Ancel et P. Bouin 1288
Physiologie pathologique. — Contribu-
tion à l'étude des altérations congé-
nitales du système nerveux : patho-
génie de l'anencéphalie; par MM. Cl.
Vurpas et A . Léri 21 3
— Sur les gaz organiques de la respira-
tion dans le diabète sucré; par M. J .
le Goff. 216
— De la formation du cal ; par MM. F.
Cornil et P. Coudray 220
— Les sensibilisatrices du bacille tuber-
culeux; par MM. /. Bordet et O.
Gengou 35 1
— Le siège des convulsions épileptiformes
toniques et cloniques; par M. Nino
Samaja 678
— Contribution à l'étude de la dyscrasie
acide (acide chlorhydrique ); par
MM. A. Desgrez et /. Adler 818
— Sur les tuberculines; par M. Béraneck. 889
— Le mal des montagnes ; par M. Kro-
necker 1 282
Physiologie végétale. — Influence du
chlorure de sodium sur la transpira-
tion et l'absorption de l'eau chez les
végétaux; par M. H. Ricôme i4i
— Recherches sur la nutrition des plantes
étiolées ; par M. G. André 199
— Surdesracinesdressées de bas en haut,
obtenues expérimentalement ; par
M. H. Ricôme 204
— Sur la production de glycogène chez
les Champignons cultivés dans des
solutions sucrées peu concentrées; par
M . Emile Laurent. 45 1
— La germination des Orchidées ; par
M. Noël Bernard 483
— Variation morphologique des feuilles
de Vigne à la suite du greffage ; par
M. A. Jurie 5oo
— Influence de l'eau sur la structure des
racines aériennes d'Orchidées ; par
M. Gaston Bonnier 5o5
— Recherches sur la transpiration des
feuilles vertes dont on éclaire soit la
TABLE DES MATIERES.
i345
Pages,
face supérieure, soit la face inférieure;
par M . Ed. Griffon 629
— De l'influence de l'alimentation miné-
rale sur la production des sexes chez
les plantes dioïques; par M. Emile
Laurent 689
— Influence de la nature du milieu exté-
rieur sur la composition organique de
la plante; par MM. Alex. Hébert et
E. Cliarabot. 799
— Sur le rapport entre l'intensité lumi-
neuse et l'énergie assimilatrice chez
des plantes appartenant à des types
biologiques ditterents ; par M. Fr.
ff^eiss 801
— Sur une conséquence de la fécondation
croisée; par ^\. Le clerc du Sahlon.. 1298
Voir aussi Chimie végétale, Pathologie
végétale.
Physique biologique. — La résistance
électrique du corps humain ; par
M . Stéphane Leduc 8 1 4
— Émission de rayons n (rayons de Blon-
dlot) par l'organisme humain, spécia-
lement par les muscles et parles nerfs;
par M. Aug. Charpentier 1049
— Nouveaux faits sur les rayons « d'ori-
gine physiologique; localisations ner-
veuses; par M. Augustin Charpentier. 1277
— Sur le phototropisme des Artizoaires
supérieurs; par M. Georges Bohn . . . lag'i
Voir aussi Physiologie végétale, Radio-
activité, Rayons N, Vision.
Physique DU globe. — Étude de .'a circu-
lation marine ; par M. /. Ti.,,idet. . . 97
— Observations concernant les variations
du niveau de la mer depuis les temps
historiques et préhistoriques; par
M. Ph. Négris iii
— Sur la transparence de la mer; par
M. Thoulet 748
Pages.
— Sur l'emploi du tachéographe Schrader
pour les travaux d'Hydrographie; par
MM. F. Schrader et Ch. Sauenvein. 781
— Sur la signification géologique des ano-
malies de la gravité ; par M, de Lap^
parent 827
— Sur les lacs de la haute Engadine ; par
^L André Delehecque i3i i
Voir aussi Magnétisme terrestre.
Physique mathématique. — Voir Hydro-
dynamique, Mécanique, Thermody-
namique .
Planètes.— Observations delà planète MA
(24 août 1903), faites à l'observatoire
de Besançon; par M. /•. Chofardet.. 453
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 488
— M. S. Socolow adresse une Note
« Sur les corrélations qui existent
entre les éléments des orbites du
système planétaire » G28
— Observations de Mars à la grande
lunette de l'observatoire de Meudon ;
par M. G. Millochau 636
Préhistoriques (Études).— M. le Secré-
taire perpétuel signale le « Bulletin
de la Société normande d'études pré-
historiques, TomeX, année 1902 ».. 56o
— M. le Secrétaire perpétuel signale un
Volume de M. R. Verneaa intitulé
« Les anciens Patagons. Contribution
à l'étude des races {)récolombiennes
de l'Amérique du Sud » 635
— Sur la composition de bronzes préhis-
toriques de la Charente; par M. Ches-
neau 653
— Étude microscopique de bronzes pré-
historiques de la Charente; par
M. Chesneau 93o
Pyridine. — Voir Chimie organique.
R
Radioactivité. — M. O. Dony-Hénnult
adresse une Note : « Sur la radioacti-
vité du peroxyde d'hydrogène « 353
— M. Adrien Muller adresse un Mémoire
intitulé : « Radioactivité et ionisa-
tion ; ptiénomènes généraux et théo-
rie » 478
— Sur la phosphorescence scintillante que
présentent certaines substances sous
l'action des rayons du radium ; par
M. Henri Becquerel 629
Sur la scintillation du sulfure de zinc
phosphorescent, en présence du ra-
dium, revivifiée par les décharges
électriques; par AL Th. Tommasinn. 745
Remarques au sujet de la Communica-
tion précédente de M. Tommasina
« Sur la scintillation du sulfure de zinc
1346
TABLE DES MATIERES.
phospliorescent »; par M. S. Leduc.
— Comparaison enlre les elîels nerveux
des niyons de Becquerel et ceux des
rayons lumineux; par M. Georges
Bolifi
— De l'action du radium sur les ditl'éreiits
tissus; par M. J. Dmiy.sz
Voir aussi Imiisatioit.
Ravonscâtiiodiques. — Simplicité des spec-
tres de la lumière cathodique dans les
gaz azotés et carbonés; par M. H.
De.sldiulres
Rayons N. — Sur une nouvelle action pro-
duite par les rayons N et sur plusieurs
faits relatifs à ces radiations; par
M. R. BloncUnt :
— Sur de nouvelles actions produites par
les rayons N: généralisation des phé-
nomènes précédemmerit observés; [lar
M. H. Blomllnt .' . ..
— Sur l'eumiagasinement des rayons N par
certains corps; par M. R. Blmnllot...
— Sur le renforcement qu'éprouve l'ac-
tion exercée sur l'œil par un faisceau
de lumière, lorsque ce faisceau est
accompagné de rayons N ; par iM. R.
BloiuUot
— IirT<ita<iii, rappoilant à cette Communi-
cation
— Sur la propriété d'émettre des rayons
'apes.
949
88Ji
I Ltijri
45;
6S4
83 1
(J.T2
N que la compression confère à cer-
tains corps, et sur l'émission sponta-
née et indéfinie de rayons N i)ar
l'acier trempé, le verre trempé, et
d'autres corps en étal d'équilibre
moléculaire contraint; par M. R.
B'i))i(llot
— Émission de rayons n (rayons de Blon-
dlot) par l'organisme humain, s|)écia-
lement par les muscles et |jar les
nerfs ; par M. Ja;^. Charpentier. . .
— M. Paul Aiulollent adresse une récla-
mation de priorité relative à l'émis-
sion de radiations par les corps
— Nouveaux faits sur les rayons N d'ori-
gine physiologique ; localisations ner-
veuses; par M. Augustin Charpen-
tier
Rayons X ou rayons Hokntgen. -- Dia-
gnostic des calculs biliaires par la ra-
diographiepiéliminaire; par MM. /17c///-
rldire et Irifroit
— Contribution au traitement du cancer
par les rayons X ; par M. Biraud. . . .
— Ampoules de Crookes pour radiothé-
rapie; par M. Oudiri
RtTHÉNiuM. — Préparation et propriétés
d'un siliciure de ruthénium; par
W.\\. Henri Moissan QXfFilheni Man-
chot
Pages.
()G2
'"i9
I2'J«7
8'>.
-I
SiG
891
229
S
Sang. — Injection intraveineuse de glycé-
rine; dosage de la glycérine dans le
sang; élimination par l'urine; par
M. Mcnirice Niclnux jo
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication .viS
— La nature et l'appréciation de la réac-
tion alcaline du sang; par M. H.
Ldbbé 38 )
— Sur la production de sucre dans le sang
pendant le passage de ce dernier à
travers le poumon; par MM. /?. Lé-
pine et Boulud 4-j
— Recherche et dosage de l'urée dans les
tissus et dans le sang des animaux
vertébrés; par M. Nestor Grëhant.. 558
— Sur le sucre virtuel du sang; par i
MM. R. Lépine et Roulud 6S6 î
— Sur l'oxydation de la glucose dans le
sang par M. Z. /y//j 7-1 I
— Études spectroscopiquesdu sang faites,
au mont Blanc, jnir M. le D"^ Hcunc-
qiie ; par M . /. Jaussen ' o 1 9
Voir aussi Infectieuses {Maladies).
Silicium et siîscomposks.— Simi)lificalion
de l'analyse des silicates par l'emploi
de l'acide formique; par M. A. Le-
cLèrc 5o
— Errata se rapportant à une Communi-
cation de M. Hugiit du 29 juin 1908,
sur l'amidure et l'iraidure de silicium. 100
-^ Préparation et propriétés d'un siliciure
de ruthénium; par MM. Hrnri Mois-
san et fFilhe/n Manchot 229
— Sur la constitution et les propriétés
des aciers au silicium; par M. Le'on
Guillet io52
Soleil. — Le cercle deBishop, couronne
solaire de 1908; par M. F.- A. Forel. 38o
— Observations du Soleil faites à l'obser-
898
973
"j4
184
>9j
4^7
9"9
TABLE DES
Pages.
vatoire de Lyon pendant le deuxième
trimestre de njoB; par M. J. Guil-
laiinif -j 3 1
— Observation de réclipse de Soleil du
20 septembre 1908, faite à lîle de la
Kéunion; par MM. Edninnd Bonlngc
et A. GarsauU (}3 ",
— Remarques sur le dernier groupe do
taches solaires et les [lerturbalions
magnétiques ; par .M. F. Quénissct. . . -\-
— Relation entre les taches solaires et le
magnétisme terrestre. Utilité de l'en-
registrement continu des éléments
variables du Soleil: par M. //. Dcslan-
dres
— Le dernier minimum des taches du
Soleil et remarques au sujet de la loi
des znnes: par M. /. GuiUaiimc
— Sur l'intensilé de l'éclairement produit
par le Soleil; par M. Charlfs Fabry.
— Sur l'intensité liimineuse des étoiles et
leur comparaison avec le Soleil; par
M. Charles Fobry ^':>.\^^
Solennités scientifiques.— M. \^Mnue
de Saini-Just-c/i-Ch(i!issëc (Oise) urie
l'Académie de vouloir bien se faire
représenter à l'inauguration du monu-
ment élevé à la mémoire ûelicné-Just
Hdûy et Fnleiitiii Haaj, le 8 no-
vembre prochain G35
— Allocution relative à la Médaille remise
à M. Chnuvcau; par M. ,-/. Gaiidry,
Président ". . -;-3
SpAUTÉiNE.— Sur laspartéine. Caractères
généraux; action de quelques réduc-
teurs ; par MM. C/i. Moiiren et J.
Valeur
Spectuoscopie. — Sur la si)ectropholon)é-
trie photograjihique; par M. C. Ca-
inichel
— Obs(>rvations spectrales de la comèle
Borreliy (igoSr); par M. H. DcsUin^
dres
— Simplicité des spectres de la lumière
cathodique dans les gaz azotés et
carbonés; par M. H. Deslnndres. . .
— Sur la détermination des maxima et
minima de transparence: par iM. C.
Cnmichel ^yg
— Sur la température des flammes; par
M. Ch. Féry
— Caractères principaux des sjteclres d
MATIÈRES. i3/^^
Pages,
ligneset de bandes. Considérationssur
les origines de ces deux spectres; par
M. H. Deshiiidres j o 1 3
— Études spectroscopiques du sang faites,
au mont Blanc, par M. le D' Henoc-
que; par M. J . Janssen 10 19
Spéléologie. — Sur l'application de la
fluorescéine à l'hydrologie souter-
raine ; par M . E.-A . Martel nS
— Sur la géologie et l'hydrologie souter-
raine du Caucase occidental; par
MM. -4. Yermoloff ei E.-A. Martel. 1077
Sucres. — Les hydrates de carbone de
l'orge et leurs transformations au
cours de la germination industrielle ;
par M. L. Lindet ^3
- La production du glucose, sous l'in-
fluence de la vie asphyxique, par les
tissus du Bombyx mari, aux diverses
phases de son évolution ; par M. F.
Mnignnr, ^^3
~ Sur la production de glycogène chez les
Champignons cultivés dans ries solu-
tions sucrées peu concentrées; par
M. Emile Laurent 45,
- Sur la production de sucre dans le sang
pendant le passage de ce dernier à
travers le poumon; par MM. R. Lé-
pine et Boulud ^-5
- Action de l'acide phosphoreux sur la
mannite. Remarque sur le mannide :
par M. P. Carré 5,-
- Recherches sur l'isoglucosamine ; par
M. L. Maqnenne (353
- Sur le sucre virtuel du sang ; par
MM. h. Lépine et Boulud <;8(;
- Sur l'oxydation de la glucose dans le
sang ; par M. L. Jolly --7 1
- Combinaisons du saccharose avec quel-
ques sels métalliques; par M. D.
Gauthier j.^5g
ULFATES. — Combinaison du sulfate fer-
rique avec l'acide sulfurique, par
M . A. Recoura | | s
- Action du persulfatud'anunoniaque sur
les oxydes métalliques; par MM. A.
Seyewetz et P. Trawtlz i3o
- Sur l'acide ferrisulfurique et le ferri-
sulfate d'élhyle ; par M. A. Recoura. 189
- Sur une combinaison du sulfate d'alu-
uiitiium avec l'acide sulfurique ; par
M. E. Bauil 402
i348
TABLE DES MATIERES.
Pages.
TÉLÉGRAPHIE. — SuF le télékine ; par
M. L. Torrcs 817
— Sur le fonctionnement de cohéreurs
associés; par M. Albert Turpain. . . . 662
— Sur la mesure de l'effet des ondes
électriques à distance au moyen du
bolomètre; par M. C. Tissni 846
ToNOMÉTRiE. — Nouvelles lois de tonomé-
trie, qu'on peut déduire des expé-
riences de Raoult ; par M. E. Wic-
ker.sheimer 3 1 9
Topographie. — Sur un moyen rapide d'ob-
tenir le plan d'un terrain en pays
de plaines, d'après une vue photogra-
phique prise en ballon; par M. Laits-
sedat 2/1
Thérapeutique. — Pathogénie et traite-
ment du rhumatisme; par M. L. Pé-
nières 626
— Contribution au traitement du cancer
par les rayons X; par M. Biraud... 816
— Sur les tuberculines; par M. -5e/v7//f?c/?\ 889
Thermochimie. — Chaleur de neutralisa-
tion de l'acide ferrocyanhydrique;
chaleur de formation de ses combi-
naisons avec l'éther et l'acétone, par
MM. Chrétien et Gidncliant G 5
— Emploi de la bombe calorimétrique
pour démontrer l'existence de l'arse-
nic dans l'organisme ; par M. Gabriel
Bertrand 266
— Recherches thermochimiques sur les
matières colorantes. La rosaniline et
la pararosaniline ; par M. Jules Schmi-
dlin 33 1
— Les chaleurs de combustion des com-
posés organiques, considérées comme
propriétés additives. Alcools et phé-
nols. Ethers-oxydes. Aldéhydes et ce-
Pages,
tones ; par M. P . Le moult 5i5
— Sur le calcul de la chaleur de combus-
tion des acides organiques, de leurs
anhydrides et des éthers-sels ; par
M. P . Lemoult 656
— Sur une nouvelle méthode pour le
calcul des chaleurs de combustion et
sur quelques-unes de ses conséquen-
ces; par M. P. Lemoult 979
Thermodynamique. — Sur la diminution
du potentiel pour tout changement
spontané dans un milieu de tempéra-
ture et de pression constantes ; par
M. Ariès 47
— Contribution à l'élude de la surchauffe;
par M. A. Petot 170
— Courbes de sublimation; par M. A.
Bouznt 175
— Courbes de pression des systèmes uni-
variants qui comprennent une phase
gazeuse; par M. A. Bouzat 822
— Sur les lois du déplacement de l'équi-
libre chimique ; par M. E. Ariès.. . 788
— M. G. Mr//-ec/i(7/ adresse une Note sur
la chaleur spécifique de la vapeur
d'eau 948
— Moteur à combustion par compression;
par M. Cannevel io36
— Sur l'extension de la formule de Cla-
peyron à tous les états indifférents ;
par M. L. Ariès 1289
Thermométrie. — Sur la température des
flammes; par M. Ch. Féry 909
— Sur la différence de température des
corps en contact; par M. E. Rogovsfti. 1244
Tuberculose. — Les sensibilisatrices du
bacille tuberculeux; par MM. /. Bor-
det et O. Gengnu 35 1
— Sur les tuberculines; '^d.vM. Béraneck. 889
u
Uranium. — Sur quelques combinaisons
binaires de l'uranium ; par M-. A.
Colson 382
Voir aussi Radioactivité.
Urée. — Voir Chimie biologique .
TABLE DES MATIERES.
i349
Pages.
Vins. — Sur la teneur des vins mistelles
et des autres vins, en acides solubles
dans l'éther, comme moyen de diffé-
renciation; par M. Cil. Blarez G4
— Sur une nouvelle méthode physique
de recherche et de détermination du
mouillage des vins; par M. Georges
Maneuvrier '28 r
— Sur le dosage de l'ammoniaque dans les
vins, et son rôle dans la différenciation
des mistelles d'avec les vins de
liqueur; par M. /. Lahorde 334
— Sur les caractères chimiques des vins
provenant de vignes atteintes par le
mildew ; par M. Emile Manceau. . . . 998
Vision. — Sur une espèce d'oscillation de
la perception chromatique ; par M. C.
Mahézos • 43
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 356
— Sur les mouvements de torsion de l'œil
pendant la rotation de la tête; par
M. Yves Delage 107
— Sur les mouvements de torsion de l'œil
dans les orientations du regard, l'or-
bite restant dans la position primaire;
par M . Yves Déloge 1 63
— Comparaison des diverses lettres au
point de vue de la vitesse de lecture.
Formation d'un alphabet rationnel ;
par MM. André Broca Çii D. Siilzer.. 8iî
— Sur le renforcement qu'éprouve l'ac-
tion exercée sur l'œil, par un faisceau
de lumière, lorsque ce faisceau est ac-
compagné de rayons N; par M. R.
Blondlot 8 3 1
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 9 J2
— Sensation lumineuse en fonction du
Pages.
temps pour les lumières colorées.
Technique et résultats; par MM. An-
dré Broca et D. Sulzer 944
— Rôle du temps dans la comparaison des
éclats lumineux en lumière colorée ;
par MM. André Broca et D. Sulzer. 977
— La sensation lumineuse en fonction du
temps pour les lumières colorées. Dis-
cussion des résultats ; par MM. An-
dré Broca et D. Sulzer 1046
— Détermination du minimum percep-
tible et de la durée de la perception
lumineuse chez les personnes dont la
vue est affaiblie; par M. S. Durand. 1280
Viticulture. — Sur le phénomène aérody-
namique produit par le tir des canons
grêlifuges; par M. /. Fiolle 397
— Variation morphologique des feuilles
de vigne à la suite du greffage ; par
M. A , Jurie 5oo
— Sur un hybride vrai de chasselas par
vigne vierge {Ampélopsis hederacea)\
par M. Grille 1 3oo
Volcaniques (Phénomènes).— La cordié-
rite dans les produits éruptifs de la
montagne Pelée et de la Soufrière de
Saint-Vincent; par M. A. Lacroix.. i45
— Les enclaves basiques des volcans de
la Martinique et de Saint-Vincent ;
par M. A. Lacroix 211
— Sur la direction de l'aimantation per-
manente dans diverses roches volcani-
ques; par M. Bernard Brunhes et
Pierre David 975
— AL le Ministre de t Instruction publi-
que transmet à l'Académie une Lettre
relative à un tremblement de terre en
Bukarie 1 228
Zinc et composés. — Sur la composition du
peroxyde de zinc ; par M. Kuriloff. . . 618
— Sur la phosphorescence scintillante que
présentent certaines substances sous
l'action des rayons du radium; par
M . H. Becquerel 629
— Sur la scintillation du sulfure de zinc
phosphorescent, en présence du ra-
dium, revivifiée par les décharges
électriques; par M. Th. Tommasina.
— Remarques au sujet de la Communica-
tion précédente; par M. S. I^educ. . .
— Influence des gaz sur la séparation des
métaux par électrolyse : séparation du
745
946
i35o
TABLE DES MATIERES.
nickel el du zinc; par MM. Bcrtiaux
et Holt/ifd
Zoologie. — La se.Q;men talion parlhéno-
génétiqiie (expérimentale chez les œufs
de Petn/iny.son Planer i'^ par AL E.
Bataillon
— La distribution géographique des Colé-
optères bostrychidf^s dans ses rap-
ports avec le réginne alimentaire de
ces Insectes. Rôle probable des gran-
des migrations humaines; par M. P.
Les ne
— Sur la spermatogenèse des Crustacés
décapodes; par M. Alphonse Labbc .
— Production artificiellede larves géantes
chez un Echinide; par M. F. -A.
Jansscns
— Sur les Hétéropodes recueillis pendant
les campagnes de V Hirondelle et de la
Princesse Alice, faites sous la flirec-
tion de S. A. le Prince de Monaco ; par
M . A. Vayssicrc
— Sur la présence de Microsporodics du
genre Thelohania chrz les Insectes ;
par M. Edmond Hesse
— Sur le développement |)Ost-embryon-
naire des Ixodes ; par M. A. Bonnet.
— - Sur la résorption phagocytaire des pro-
duits génitaux inutilisés, c\\%7.V Ec/ù-
nocardiwr, cordatuni Penn; par MM.
Maurice Caullery et Michel Siedlec/d.
— Sur les afîinilés du genre Oreosonia\
par M. G.- A. Boulans^er , .
— Sur les mouvements oscillatoires des
Convolula roscoffensis ; par M . Genr-
s;es Bohn
— L'origine phagocytaire des Crustacés
décapodes; par M. L. Cuénot
— Sur la non- régénération des sphéridies
853
79
1 33
3 jG
ii8
i ' ;>
196
323
576
619
Pages.
681
7-^9
863
865
867
893
932
chez les Oursins ; par M , Yces Délace.
— Evolution des Diplosomidés (Ascidies
composées); par M. Antoine Pizon.
— Sur l'action morphogène de l'eau en
mouvement sur les Hydraires; par
M'"" Motz-KossmvsKa
— Sur le rôle de certains éléments figurés
chez Sipu'iculiis nitdiis L; |>ar M. 7^.
Lndreyt
— Sur la Méduse du Victoria Nyanza; par
M . Ch. Gravier
— Sur les mains scapulaires et pelviennes
des Poissons : par M. Armand Saha-
tier
— Sur la ponte du Bombyx Mnri; par
M. fuies Gai
— Sur la ponte, la fécondité et la sexua-
lité chez des poules carnivores; par
M. Frédéric Houssay 984
— Sur l'exophialmie infectieuse de cer-
tains Poissons d'esu douce: par M. /.
Audigé 93G
— Uevisiondes Ncmatodes libres, marins,
de la région de Cette; par M. Etienne
de Rnuville 1002
Sporozoaire parasite des Moules et
autres Lamellibranches comestibles;
par M . Louis Léger 1 oo3
— Sur les mains scapulaires et pelviennes
chez les Poissons chondroplérygiens ;
par M . A rmand Sabatler 1116
— Sur l'évolution subie par les Poissons
du genre Ailurlna dans les eaux dou-
ces et saumàtres du midi de la
France; par M. Loid'i Roule 1276
— Sur le phototropisme des Artiozoaires
supérieurs; par M. Georges Bohn. . . 129-2
Voir aussi Perles Jines, Physiologie
( un m a le.
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pagfs.
ABELOUS (J.-E.). — Sur la production
d'iiydrogène sulfuré par les extraits
d'organes et les matières albuminoïdes
en général. (En commun avec M. H.
Ribaut. ) 9^
— Influence de la température sur la pro-
duction d'Iiydrogène sulfuré [)ar les
matières albuminoïdes, les extraits
d'organes animaux et les extraits de
levure de bière, en présence du soufre.
(En commun avec M. H. Ribaut.). u68
— Sur l'existence, dans l'organisme ani-
mal, d'une diastasc à la fois o.xydanle
et réductrice (En commun avec M. /.
Jloj. ) 885
ADLER (J.). — Conlribution à l'étude de
la dyscrasie acide (acide chlorhy-
drique). (En connnun avec M. A.
Dfsgrcz. ) 8 1 8
ALLAIN-LE CANU (J.). - Action de la
phénylhydrazine sur les bromures et
iodures alcooliques 3^9
ALOY (J.). — Sur les conditions de [)ro-
duction et de stabilité de l'acide hypo-
sulfureux 5 1
— Sur l'existence, dans l'organisme ani-
mal, d'une diastase à la fois oxydante
et réductrice (En commun avec M. /.-
E. Abelous. ) 885
AMAR. — Sur le rôle de l'oxalate de cal-
cium dans la nutrition des végétaux. i3oi
ANCEL (P.). — Recherches sur le rôle de
la glande interstitielle du testicule.
Hypertrophie compensatrice expéri-
mentale (En commun avec M. P.
Boula. ) 1288
ANDOYER. (H). — Le prix G. de Ponté-
coulant lui est décerné (Astronomie;, i loi
MM. Pages.
— Adresse des remerciments à l'Acadé-
mie \ii'^
ANDRADE. — Sur les conditions de la
synchronisation ijS
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 444
ANDRÉ (G. ) — Recherches sur la nutri-
tion des plantes étiolées 199
— Sur le développement des plantes
grasses annuelles; étude des bases
miaéralos 1272
ANTHONY ( R. ) — Du rôle de la compres-
sion dans la localisation des tendons 622
— De l'action morphogénique des muscles
crotaphytes sur le crâne et le cerveau
des Carnassiers et des Primates 881
— La moitié du prix Barbier lui est
attribuée (Médecine et Chirurgie). . . 11 35
— Adresse des remerciments à l'Acadé-
mie I2i8
APPELL. — Noteaccompagnant la présen-
tation du Tome II de la seconde édition
de son « Traité de Mécanique ration-
nelle » 682
ARIÈS (E.). — Sur la diminution du po-
tentiel pour tout changement spontané
dans un milieu de température et de
pression constantes 46
— Sur les lois et les équations de l'équi-
libre chimique 253
— Sur les lois du déplacement de l'équi-
libre chimique 738
— Sur l'extension de la formule de Cla-
peyron à tous les états indifférents. . 1239
ARNAUD ( H.) adresse un Mémoire intitulé :
« Étude sur quelques Rosacées, ou
plantes prétendues telles » 32
ARSANDAUX(H.). — Conlribution à l'é-
i352
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages,
tude des roches sodiques de l'Est-
Africain ^76
— Contribution à l'étude des roches ba-
saltiques de i'Est-Africain i3o8
ARSONVAL (d'). — Rapport sur le con-
cours du prix Barbier (Médecine et
Chirurgie) 11 35
— Rapport sur le concours du prix La Caze
( Physiologie j 1 1 5o
— Rapport sur le concours du prix Pourat
(Physiologie) i i5i
ARTHUS. — La moitié du prix Montyon
(Physiologie) lui est attribuée 1 1,46
— La médaille Berthelot lui est décer-
née Il 54
— Adresse des remercîments à l'Académie l'iiS
MM. Pages.
ASCOLI (Marcel). — L'osmose électrique
dans l'ammoniac liquide . i253
AUDIGÉ (J.), — Sur l'exophtalmie in-
fectieuse de certains Poissons d'eau
douce 986
AUDOLLENT (Paul) adresse une récla-
mation de priorité relative à l'émission
de radiations par les corps i2'j(7
AUGERfV.) — Alcoylation systématique
de l'arsenic 99.5
AURIC adresse une Note « Sur l'existence
probable d'un anneau autour de Jupi-
ter » 4'^o
AURIC (A.). — Généralisation d'un théo-
rème de Laguerre 967
B
BACCELLI(G.) est élu Correspondant pour
la Section de Médecine et Chirurgie,
en remplacement de M. Ollier, décédé. 169
— Adresse ses remercîments à l'Acadé-
mie 445
BALLAND. — Sur les matières grasses et
l'acidité des farines 724
BALLORE (uiî Montessus de). — Une
mention très honorable lui est ac-
cordée dans le concours du prix Mon-
tyon (Statistique) j 107
— Adresse des remercîments à l'Acadé-
mie 1 228
BARBERIN (P.) adresse une Note ayant
pour titre : « Pouvoir bactéricide com-
paratif de diverses lumières « (En
commun avec M. Foveau de Cour-
melles. ) 280
BABILLÉ (A.). — De l'action de l'acide
carbonique sous pression sur les phos-
phates métalliques 566
BATAILLON (E.). — La segmentation
parthénogénétique expérimentale chez
les œufs de PMromyzon Plaiieri. ... 79
BATELLI ( F. ). — La prétendue fermenta-
tion alcoolique des tissus animaux. . . T079
BATTESTl (F.). — Le prix Bellion lui est
décerné. (Médecine et Chirurgie ) . . . 1 1 43
BAUBIGNY (H.). - Action de l'acide bo-
rique sur les iodures; son emploi pour
la séparation de l'iode des iodures en
présence de bromures et chlorures ( En-
commun avec M. P. Rivais.) 65o
— Conditions de séparation de l'iode sous
forme d'iodure cuivreux, dans un mé-
lange de chlorures, bromures et io-
dures alcalins. (En commun avec
M. P. Rivais.) 753
— Séparation de l'iode dans les sels ha-
logènes alcalins d'avec le chlore et
le brome, par sa transformation en
acide iodique, et mode de prépara-
tion de l'iode pur. (En commun avec
M. P. Rivais. ) 927
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 1088
BAUD (E.). — Sur une combinaison du
sulfate d'aluminium avec l'acide sul-
furique 492
BECQUEREL (Henri). — Sur la phospho-
rescence scintillante que présentent
certaines substances sous l'action des
rayons du radium 629
— Rapport sur le concours du prix
Hébert (Physique; iio3
BÉIS ( Constantin). — Actions des compo-
sés organomagnésiens mixtes sur les
amides. Nouvelle méthode de prépa-
ration de cétones 675
BELZECKI (L.) adresse une Note « Sur
la courbe d'équilibre d'un fil flexible
et inextensible, dont les éléments sont
sollicités par les pressions d'un rem-
blai )) , 447
BÉRANECK. — Sur les tuberculines. . . . 889
BERCUT (J. ). — Nouveau perforateur à
ressort, dentaire et chirurgical. (En
commun avec M. A. Donat.) 674
TABLE DES AUTEURS.
i353
MM. Pages.
BERGERON (J.). — Observations rela-
tives à la tectonique de la haute val-
lée de la Jalomita (Roumanie ) loog
BERNARD (Noël). — La germination des
Orchidées 483
BERNSTEIN (S.). — Sur la nature analy-
tique des solutions de certaines équa-
tions aux dérivées partielles du second
ordre 778
BERTHELOT (M.). - Relations entre les
piles à plusieurs liquides «Bj
— Remarques concernant les relations
. entre les piles constituées par les
mêmes liquides, compris entre deux
électrodes différentes ou identiques., '^gi
— Piles à plusieurs liquides différents avec
électrodes métalliques identiques. . . . 42^1
— Sur l'état du carbone vaporisé ôBg
— Quelques observations relatives à l'ac-
tion des vapeurs des composés hydro-
carbonés sur les microbes animaux et
sur les insectes, et au rôle antisep-
tique des agents oxydants-oxydables. g33
— Sur les forces électromolrices résultant
du contact et de l'action réciproque
des liquides gOB
— M. le Secrétaire perpétuel annonce à
l'Académie la mort de M. J.-fV.
Gibhs, Correspondant pour la Section
de Mécanique 5
— Annonce la mort de M. Rudolf Lip-
schltz. Correspondant pour la Section
de Géométrie 541
— Est nommé membre de la Commission
chargée de présenter une liste de can-
didats pour la chaire d'Histoire géné-
rale des Sciences, vacante au Collège
de France 838
~ Signale un Opuscule de M. Cli. Lallc-
nuificl, intitulé : « Volcans et tremble-
ments de terre, leurs relations avec
la figure du globe », 82. — Plusieurs
Mémoires de M. G. Capellini et no-
tamment des travaux sur les Baleines
fossiles trouvées en Italie, 43i- — Le
« Bulletin de la Société normande
d'études préhistoriques, Tome X,
année 1902 », 5fio. — Divers Ou-
vrages de M. Bouchard, de M. Ch.
Lallemand, de M. L. Ru{iy, 69?. —
Un « Recueil de travaux dédiés à la
mémoire d'Alexis Millardet » ; divers
Ouvrages de lord Jvebury, de M. Sven
Hedin et de M. Jet m Resul, 778. —
MM. Pages-
Divers Ouvrages de M. Icilio Gua-
r^,vc/«etdeMM. Cabanes qI L. Nass,
897. — De M. A. Berget et de
M. J.-W. Gibbs, 1028. —De M. E.
Mathias et de M. A. Lacroix, 1227.
— Annonce à l'Académie que le Tome
CXXXV des Comptes rendus (2* se-
mestre 1902) est en distribution au
Secrétariat 875
BERTHIER (A.). - Adresse une Note in-
titulée : « Transformateur actino-
électrique, pour la transformation de
l'énergie lumineuse en énergie élec-
trique » 471
BERTIAUX. — Influence des gaz sur la
séparation des métaux paréleclrolyse:
séparation du nickel et du zinc. (En
commun avec M. Hollard.) 853
BERTIN (Emile) est porté sur la liste
de candidats présentés pour la place
laissée vacante, par le décès de M. de
Bussj, dans la Section de Géographie
et Navigation • 819
— Est élu membre de la Section de Géo-
graphie et Navigation, en remplace-
ment de M. de Bussy, décédé 807
BERTRAND (Gabriel). — Emploi de la
bombe calorimétrique pour démon-
trer l'existence de l'arsenic dans l'or-
ganisme 2G6
— Sur l'oxydation du gayacol par la lac-
case 1 269
BILLARD (A.). — De l'excrétion chez les
Hvdroïdes 340
BINET DU JASSONEIX. — Recherches
sur la densité du chlore. (En commun
avec M. Moissan.) 1 198
BIRAUD. — Contribution au traitement du
cancer par les rayons X 816
BLANC (A.). — Étude d'une résistance de
contact 1042
BLANC (G.). — Préparations des alcools
primaires au moyen des acides cor-
respondants. (En commun avec M. L.
Bouveault.) 60
— Réduction des éthers-sels des acides à
fonction complexe. (En commun avec
M. L. Bom'eaull.) 828
— Sur de nouvelles synthèses effectuées
au moyen des molécules renfermant
le groupe méthylène associé à un ou
deux radicaux négatifs. Action de l'épi-
chlorhydrinesur l'acétylacétone sodée
(^En commun avec M. A. Hallcr.). . . i2o3
l354 TABLE DES
MM. Pages.
BLAREZ (Ch.)- — Sur la teneur des vins
mistelles et des autres vins, en acides
solubies dans l'élher, comme moyen
de différenciation C^'\
BLOCH (EuG.)- — Sur l'ionisation par le
phosi)hore 1 040
— Erratd se ra[)portant à cette Commu-
nication I 3it
BLONDLOT (R.)- — Sur une nouvelle ac- ,
tion produite par les rayons n et sur
plusieurs faits relatifs à ces radia-
tions 16G
— Sur de nouvelles actions produites par
les rayons // : généralisation des phé-
nomènes précédemment observé?.. . . G84
— Sur l'emmagasinement des rayons n
par certains corps 799
— Sur le renforcement qu'éprouve l'ac-
tion exercée sur l'œil par un faisceau
de lumière, lorsque ce faisceau est
accompagné de rayons n 83 1
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication g5a
— Sur la propriélé d'émettre des rayons n
que la compression confère à certains
corps, et sur l'émission spontanée et
indéfinie de rayons n par l'acier
trempé, le verre trempé, et d'autres
corps en état d'équilibre moléculaire
contraint 962
BLUTEL (E.). — Sur les lignes de cour-
bure de certaines surfaces 35
BODIN. — Un prix Montyon (Mécanique)
lui est décerné 1098
BODROUX (F.). — Sur une méthode de
synthèse des dérivés dilialogénés sy-
métriques de la benzophénone 710
BOHN (Gkorges). — Sur les mouvemenîs
oscillatoires des Convotuta j-oscoffen-
sis 576
— Comparaison entre les effets nerveux
des rayons de Becquerel et ceux des
rayons lumineux 883
— Sur le phototropisme des Ariiozoaires
supérieurs 19.92
BOIDIN (A.). — Contribution à l'étude de
l'amylo-coagulase loSo
BOIS (Paul). — Sur les variations de la
Meuse à l'époque quaternaire 8')
BONNET (A.). — Sur le développement
post-embryonnaire des Ixodes 419
BONNIER (Gasto.n). — Influence de l'eau
sur la structure des racines aériennes
d'Orchidées 5o5
AUTEURS.
MM. Pages.
BORDAGE (Edmond). — Observation de
j'éclipse de Soleil du 20 septembre
1903, faite à l'île de la Réunion. (En
commun avec M. J. Gnrsaidt.) 635
— Observations faites à l'île de la Réunion
sur l'éclipsé de Lune du 6 octobre 1 903 .
(En commun avec M. J. Garsaiilt.). 897
BORDAS (L.). — L'appareil digestif des
Silpli'ulœ 344
BORDPLT (.1.). — Les sensibilisatrices du
bacille tuberculeux. (En conimum
avec M. O. Gengou.) 35 1
BOREL (Emile). — Sur la détermination
des classes singulières de séries de
Taylor 695
— Sur la représentation effective de cer-
taines fonctions discontinues 900
— Un théorème sur les ensembles mesu-
rables <'(î6
BORNET est réélu membre de la Commis-
sion centrale administrative pendant
l'année 1 904 1 1 97
BORREL (A.). — La moitié des arrérages
du prix Bréant lui est attribuée (Mé-
decine et Chirurgie) 1 1 37
BORRELLY. — Le prix Valz lui est dé-
cerné (Astronomie) iioo
— Adresse des remercîments à l'Académie. i-^îS
BOSSERT est porté sur la liste d« can-
didats présentée à M. le Ministre de
l'Instruction publique, pour une place
d'Astronome titulaire vacante à l'Ob-
servatoire de Paris 1027
BOUCHARD. — Rapport sur le concours
du prix Montyon (Médecine et Chi-
rurgie ) 1 1 3 1
— Rapport sur le concours du prix Lal-
l&mand (Médecine et Chirurgie) i i4i
BOUCHONNET (A.). — Sur la préparation
du sesquiséléniure d'iridium. (En
commun avec M. C. Chabrie.) loSg
BOUDOUARD (0.). — Nouvelle méthode
de détermination des points critiques
des fers et des aciers io54
BOUGAULT (.T.). — Sur le kermès 794
BOUILHAC. — Sur une culture de sarrasin
en présence d'un mélange d'algues
el de bactéries. (En commun avec
M. Giustiniani.) 1 274
BOUIN (P.). — Recherches sur le rôle de
la glande interstitielle du testicule.
Hypertrophie compensatrice expéri-
mentale. (En commun avec M. P.
Ancel.) ia88
âges.
(7^
686
.91
MM. ,
BOULANGER ^G.-A.). - Sur les affinités
du genre Oreosoma 5>,3
BOULUD. — Sur la production de sucre
dans le sang pendant le passage de ce
dernier à travers le poumon. Œn
commun avec M. R. Lcplnc.) . .
— Sur le sucre virtuel du sang. (En corn
mun avec M. R. Lépine.).
BOUNHIOL. - Une Mention lui est ac-
cordée dans le concours du prix Mon-
tyon (Physiologie) ,,48
BOUQUET DE Juk GRYE pronoiice quel-
ques paroles au sujet du Congrès de
l'Association géodésique internatio-
nale, tenu à Copenhague du 4 au i/,
août igo3
BOURQUELOT (Ém!)." -"sur' ia lactaVe"
(En commun avec M. Hérissej.)
BOUSSINESQ ( J.). - Sur un mode simple
d'écoulement des nappes d'eau d'in-
filtralion à lit horizontal, avec rebord
vertical tout autour, lorsqu'une partie
de ce rebord est enlevée depuis la
surface jusqu'au fond ,
~ Sur la stabilité d'un certain mode
d'écoulement d'une nappe d'eaux d'in-
filtralion _ _ _
— Extension, à des cas où le fond est
courbe, du mode d'écoulement qui se
conserve dans une nappe d'eaux d'in-
filtration reposant sur un fond plat. .
— Rapport sur le concours du prix Boi-
leau -.
BOUTAN (Louis). — L'origine réelle des
perles fines j^^-o
BOUTELOUP (PiERRE-JosEPu). -"une
part du prix Félix Rivot lui est attri-
buée _ ,
BOUTY (E.). — Cohésion diélectrique des
gaz à basse température --41
BOUVEAULT (L.). - Préparations dés
alcools primaires au moyen des acides
correspondants. (En commun avec
M. G. Blanc.)
— Sur les éthers isoniirosomaloniques et
leur transformation en éthers méso-
xaliques, (En commun avec M. A
Wahl.)
— Réduction des éthers-sels des acides à
fonction complexe. (En commun avec
M. G. Blanc.) j.^S
— Nouvelle méthode de préparation des
aldéhydes gg_
— Le prix Jecker lui est attribué (Chimie). iii3 |
C. R., 1903, -2' Semestre. (T. CXXXVII.)
TABLE DES AUTEURS. ,355
M^I- Pages.
— La medadle Berthelol lui est décernée. ii53
BOUVIER. — Rapport sur le concours du
prix Savigny (Anatomie et Zoologie), iiaô
— Bapport surle concours du prix Cuvier. 11 56
BOUYGUES (H.). - Sur la Nielle des
feuilles de tabac 1 3o3
BOUZAT(A.). — Courbes de sublimation. 175
— Courbes de pression des systèmes uni-
variants qui comprennent une phase
gazeuse 3^3
BRACHIN (M.). — Sur les acétones acéVy.
léniques. Nouvelle méthode de syn-
thèse des isoxazols. (En commun avec
M. Ch. Moiircu.) ^n5
BRENANS (P.). —Sur un nouveau phénol
tri'odé ,o65
BREYNAERT (François-Fernand-xMarie).
— Une part du prix Félix Rivot lui
est attribuée 1 ((35
BRILLOULN (Marcel ). — Mesure des très
petits angles de rotation 786
— Le prix Saintour lui est décerné 1 163
— Adresse des remercîments à l'Académie. 1218
BROCA (André). — Comparaison des di-
verses lettres au point de vue de la
vitesse de lecture. Formation d'un
alphabet rationnel. (En commun avec
M. D. Sulzcr.) ^12
— Sensation lumineuse en fonction du
temps pour les lumières colorées.
Technique et résultats. (En commun
avec M. B. Sulzcr.) g4|
— Rôle du temps dans la comparaison des
éclats lumineux en lumière colorée.
(En commun avec M. D. Sulzcr.) . . . 977
— La sensation lumineuse en fonction du
temps pour les lumières colorées.
Discussion des résultats. (En commun
avec M. D. Sulzcr.) 10(6
BRUHAT. — Une mention honorable lui
est accordée dans le concours du prix
Pourat (Physiologie) ii5?.
BRUNEL (Léon). — Oxyde d'élhslcne du
P-cyclohexanediol-i .5» et dérivés ... 62
— Action de l'ammoniaque sur l'oxyde
d'éthylène du p-o-cyclohexanediol. . . 198
— Préparation d'alcools liydro-aromati-
qiios tîGS
BHUNIIES (Bkhxaru). — Sur la direction
de l'aimantation permanente dans di-
verses roches volcaniques. (En com-
mun avec M. Pierre Dacid.) 97^
BUISSON (H.). — Sur les changements de
phase par réflexion normale dans le
175
i53
ii65
60
196
i3
)0
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pa[rus.
qiiariz sur lari-'eiU. (En commun
avec M. /. Macé de Lépinay.) 'ji:^
— Sur une nouvelle métliodo de mesure
MM. Pages,
des épaisseurs et des indices. (En
commun avec M. /. Macé de Lépi-
nay.) io38
c
CALLANDREAU. — Rapport sur le con-
cours du prix Valz (Astronomie). ... i loo
CAMICHEL (C). — Sur la spectrophoto-
métrie photographique 184
— Sur la détermination des maxima et
minima de transparence 788
CAMPAGNE (Em.). — Sur le dosage du
vanadium dans les produits métallur-
giques 570
CAMPBELL. — Le prix Lalande lui est
décerné. (Astronomie) 1099
CAMUS (Jean). — Un prix Montyon lui
est décerné. (Médecine et Chirurgie). 11 3a
— Adresse des remerciments à l'Aca-
démie 1 228
CANNEVEL. — Moteur à combustion par
compression loSC)
CAPELLE (Édouaki) ). — Une mention lui
est accordée dans le concours du prix
Montyon. (Arts insalubres ) 1 164
— La médaille Berthelot lui est décernée. ii54
CARALP (J.). — Sur le système permien
dans les Pyrénées friinçaises et espa-
gnoles 1008
CARDIN adresse une Note « Sur la forma-
tion des alcoolates cupro-alcalins » . . 1087
CARNOT (Adolphe ) fait hommage à l'Aca-
démie du Tome II de son a Traité
d'analyse des substances minérales » . 807
CARRÉ. — Sur les rapports qui existent
entre le Surra et le Nagana, d'après
une expérience de Nocard. (En com-
mun avec M. Vcdléc ) G24
CARRÉ (P.). — Action de l'acide phos-
phoreux sur la mannite. Remarque
sur le mannide h 7
— Sur l'éthérification de l'acide phospho-
rique par la glycérine 10-0
CARTAUD (G.). — Les moiles de défor-
mations et, de rupture des fers et des
aciers doux. (En commun avec
MM. F. Osmond et Ch. F rémont). . . 85 1
— Sur les fers météoriques. (Eu coiuiuuii
avec M. F. Osmond) 101)7
CASPARI (Ed.j prie l'Académie de le
comprendre parmi les candidats à la
place vacante, dans la Section de Géo-
graphie et de Navigation, par suite du
décès de M. de Bussy 61 3
— Est porté sur la liste de candidats pré-
sentés par la Section 819
CAULLERY (Maurice). — Sur la résorp-
tion phagocytaire des produits géni-
taux inutilisés, chez X EcJnnocardium
cordatum Penn. (En commun avec
M. Michel Sicdlecki. ) 496
CAUSSE (H.). — Sur la séparation et le
dosage du fer et de l'acide phospho-
rique dans les eaux 708
CHABRIÉ (C. ). — Sur la préparation du
sesquiséléniure d'iridium, (En com-
mun avec M. J. BoucJionnet.) 1069
CHAMBERLAND (A.). — Sur un capillari-
mètre. (En commun avec M. E. Tas-
slly.) 645
CHAMBON (E.). — La moitié des arré-
rages du prix Bréant lui est attribuée
(Médecine et Chirurgie) 1 107
— Adresse des remerciments à l'Académie. 1228
CHARABOT (E.). - Innuence de la na-
ture du milieu extérieur sur la com-
position organique de la planle. (En
commun avec M. Alex. Hébert.). . . . 799
— Production et distribution de quelques
substances organiques chez le Manda-
rinier. (En commun avec M. G. La-
louc.) 996
CHARBONNIER (P.j. — Sur la théorie du
champ acoustique « 7 1
— La théorie du champ acoustique et le
frottement intérieur des gaz 378
CHARON (Ernest). — Sur le chlorure de
phénylpropargylidène
C''H5— C^C — CHCl-2.
(En commun avec M. Edgar Dugou-
jon.) 1251
CHARPENTIER (AuG.)- — Émis.^ion de
rayons n (rayons de Blondlot) par
l'organisme humain, spécialement par
les muscles et par les nerfs 1049
— Nouveaux faits sur les rayons n d'ori-
gine physiologique; localisations nei'-
vt'uses 1 277
489
1 1 63
1228
G53
MM.
CHARPY (Georges). — Sur l'aclion de
l'oxyde de carbone sur le fer et ses
oxydes ,20
CHATIN(JoANNESj. — Les myélocytesdii
bulbe olfactif "
CHAUDIER (J.j. — Du dichroïsme élec-
trique des liqueurs mixtes 248
CHAVANNE (G.). - Sur les éthers de
l'acide isopyromucique 992
— La médaille Berthelot lui est décernée. 1 1 Vi
— La moitié du prix Cahours lui est attri-
buée
— Adresse des remercîmenls à l'Académie.
CHESNEAU (G.). — Sur la composition de
bronzes préhistoriques de la Charente.
— Étude microscopique de bronzes pré-
historiques de la Charente 930
CHESSIN (Alexandek). — Sur une classe
d'équations différentielles linéaires. . . 5 1 1
ClIOFARDET (P.). _ Observations de la
planète MA (24 août 1908), faites à
l'Observatoire de Besancon 453
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication
CHRÉTIEN (P.). -Chaleur de neutraiisà-
tion de l'acide ferrocyanhydrique;
chaleur de formation de ses combi-
naisons avec l'clher et l'acétone. (En
commun avec M. Guinc/iant.) 65
— Les bleus de Prussa et de Turnbull.
Une nouvelle classe de cyanures com-
plexes
CLAUDE (G.). — Sur la séparation des
mélanges gazeux par la force centri-
fuge. (En commun avec M. E. De-
nioiissY.).
— Sur l'extraction de l'oxygène par la li-
TABLE DES AUTEURS.
Pages.
48.S
670
l'jr
1357
^^- . Pages.
quéfaction partielle de l'air avec re-
tour en arrière -33
CLUZET (J.). — Sur l'excitation des nerfs
et des muscles par décharges de con-
densateurs
COLANI (A.). — Sur quelques combinai-
sons binaires de l'uranium 382
COLIN (LE R. P.). - Le prix Gay lui est
décerné (Géographie physique) iit8
COLLET (J.). _ Le prix Wilde lui est
décerné j 154
— Adresse des remercîments à l'Académie. 1228
COLOLIAN. — Une part du prix Lalle-
mand lui est attribuée (Médecine et
Chirurgie) 1,41
COLSON (Albert). — Action du chlore
sur l'acétate de baryum 660
— Sur les acétates alcalino-terreux io(ii
CONSTANT. — Sur une variété de car-
bone filamenteux. (En commun avec -
M. Henri Pélabon.). 706
C0RNIL(V.). — De la formation du cal.
(En commun avec M. P. Coudrny.). 220
COUDRAY (P.). - De la formation du cal.
(En commun avec M. V. Comil.)... 220
COUPIN (H.). — Sur les nectaires extra-
floraux des Hevea. (En commun avec
M. Aiig. Daguillon.) 767
COUSIN (H.). — Sur les acides gras de la
lécithine de l'œuf ' 68
COUTAGNE (Georges). - Sur les fac-
teurs élémentaires de l'hérédité 1075
— Sur les croisements entre taxies diffé-
rentes 1290
CUÉNOT (L.). — L'organe phagocytairc
des Crustacés Décapodes 61 g
D
DAGUILLON (Auc). — Sur les nectaires
extra-floraux des //(?w^. (En commun
avec M. H. Coupin.) 767
DANGEARD (P.-A.). - Sur le genre Asco-
desmis 5^8
DANIEL (Luciim). — Sur une greffe en
écusson de Lilas \ ,43
— Un nouvel hybride de greffé 765
— Le prix Philipeaux lui est décerné
(Physiologie) j,5o
— Adresse des renierciments à l'Académie. 1228
DANYSZ (.1.). — De l'action du radium
sur les différents tissus , .,96
DARBOUX (Gaston). — M. le Seaétahe
perpétuel rend compte du Congrès de
l'Association géodésique internatio-
nale, tenu à Copenhague du 4 au \\
août 1903 3g3
— Est nommé membre de la Commission
chargée de présenter une liste de can-
didats pour la chaire d'Histoire géné-
rale des Sciences, vacante au Collège
de France 333
— Rapport sur le concours du prix Fran-
cœur (Géométrie) 1097
— Rapport sur le concours du prix Poii-
i358
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages,
celet (Géométrie) 1097
— Rapport sur le concours du prix Binoux
(Histoire des Sciences) 1 1 53
— Rapport sur le concours du prix Sain-
tour ii63
— Rapport sur le concours du prix Ge-
gner 1,64
— Rapport sur le concours du prix Lan-
nelongue 1164
— Signale quatre nouveaux Volumes de
« l'International Catalogue of scientific
lilerature, first annual issue », 445.
— Les trois premiers numéros du
« Journal de Chimie physique », pu-
blié par M. Philippe- J. Giiye, 61 3.
— Un Volume de M, R. Femeaii inti-
tulé : « Les anciens Patagons. Contri-
bution à l'étude des races précolom-
biennes de l'Amérique du Sud », 635.
— Divers Ouvrages de S. A. S. Al-
bcrt ler^ Prince de Monaco; de
M. Charles Méray, de M. É. Ber-
trand, 838.
— Annonce que le Tome XLVI des « Mé-
moires de l'Académie des Sciences »
est en distribution au Secrétariat 629
DAVID (Pierre), — Sur la direction de
l'aimantation permanente dans di-
verses roches volcaniques. (En com-
mun avec M. Bernard Bninhes?).. . . 975
DEFACQZ. — Sur une nouvelle méthode
de préparation de quelques fluorures
anhydres et cristallisés i25\
DEKHUYZEN (M.-C). - Un liquide fixa-
teur isotonique avec l'eau de mer ... 4i5
— Liquide fixateur isotonique avec l'eau
de mer, pour les objets dont on ne
veut pas éliminer les formations cal-
caires 445
DELACROIX (G.). - Sur quelques pro-
cessus de gommification -^78
— Sur une maladie bactérienne du tabar,
le chancre ou anthracnose
— Sur la jaunisse de la betterave; ma-
ladie bactérienne 87 1
— De h^losité des pommes de terre.. . . 1006
DELAGE (Yves). — Sur les mouvements
de torsion de l'œil pendant la rotation
de la tète 10-
— Sur les mouvements de torsion de l'œil
dans les orientations du regard, l'or-
bite restant dans la position primaire. i63
— Élevage des larves parthénogénétiques
d'Astéries dues à l'action de l'acide
(J4
MM. Pages,
carbonique 449
— La parthénogenèse par l'acide carbo-
nique, obtenue chez les œufs après
l'émission des globules polaires 473
— Sur la non-régénération des sphéridies
chez les Oursins 68 1
DELANGE (R.). — Fixation anormale du
trioxyméthylène sur certains dérivés
organomagnésiens aromatiques. (En
commun avec M. M. Tiffeneau.). . . . 5y3
DELEBECQUE (André). — Sur les lacs de
la haute Engadine i3i 1
DELÉPINE (Marcel). — Action de l'acide
cyanhydrique sur l'aldéhydate d'am-
moniaque et les combinaisons ana-
logues 9S4
— Sur les a-aminonitriles 1257
DEMOUSSY (E.). — Sur la séparation des
mélanges gazeux par la force centri-
fuge. (En commun avec M. G.
Claude.) aSo
DENOYÈS (J.). — Le prix Pourat lui est
décerné ( Physiologie ) 1 1 5 1
DEPÉRET (Ch.). — Sur la limite du Ju-
rassique et du Crétacé dans la région
orientale des Pyrénées et sur l'exi-
stence de deux époques distinctes de
formation des calcaires à couzeranite.
(En commun avec M. O. Mengel.). . . 1120
DEPRAT. — Sur la structure tectonique
de l'île d'Eubée 666
— Les roches éruplives de l'île d'Eubée.. 879
DESGREZ (A.). — Contribution à l'étude
de la dyscrasie acide (acide chlorhy-
drique). (En commun avec M. /.
y/dler.) 8i8
DESLANDRES (H.). - Observations spec-
trales de la comète Borrelly (1903 c). ogo
— Simplicité des spectres de la lumière
cathodique dans les gaz azotés et car-
bonés 457
— Relation entre les taches solaires et le
magnétisme terrestre. Utilité de l'en-
registrement continu des éléments va-
riables du Soleil 82 1
— Caractères principaux des spectres de
lignes et de bandes. Considérations
sur les origines de ces deux spectres. ioi3
— Rapport sur le concours du prix La-
lande (Astronomie) 1099
DESMOULIÈRE (A.). — Sur le ferment du
salol contenu dans certains laits 337
DITISHEIM (Paul). - Sur la relation
entre la pression et la marche des
TABLE DES
MM. Pa,es.
chronomètres -,00
DOLLFUS (GusTAVE-F.). - Sur les effônl
drements de la plaine de Sevran lyç)
DOMINICI. — Un prix Montyon (Méde-
cine et Chirurgie) lui est décerné. . . 1 i3i
— Adresse des remercîments à l'Académie. 1228
DONARD. — Les matières albuminoïdes
du grain de maïs. (En commun avec
M- L^'bbé.) 264
DONAT (A.). — Nouveau perforateur à
ressort, dentaire et chirurgical. (En
commun avec M. /, Bercut.). ... 67;
DONGIER (R.). _ Sur la mesure des
coefficients de self-induction au moyen
du téléphone 1,5
DONY-HÉNAULT (0.) adresse une Note
« Sur la radioactivité du peroxyde
d'hydrogène » 353
DUBOIS (Raphaël). — Sur l'acclimatation
et la culture des Piniadines, ou huî-
tres perlières vraies, sur les côtes de
France, et sur la production forcée
des perles fines gj j
DUBREUIL (Louis). — Action des acides
bromosuccinique et bibromosucci-
nique sur les bases pyridiques et qui-
noléiques ,og3
DUERST (U.). - Les lois mécaniques
E
EGINITIS (B.;. - Sur le rôle des noyaux
métalliques des bobines 43^
EGINITIS (D.). - Observations des Léo-
nides et des Biélides, faites à Athènes,
en igoS
EIFFEL (G.). — Expériences sur la résis
965
AUTEURS. ,35^
MM. o
Pages.
dans le développement du cràno des
Cavicornes 3/,^
DUGOUJÛN (Edgar). — Sur le chlorure
de phénylpropargylidène
Cnp— CesC-CHCI^.
(En commun avec M. Ernest Chn-
''"'''') 125
DUHEM (P.). — Sur les ondes-cloisons . . 287
— Sur la suppression de l'hystérésis ma-
gnétique par un champ magnétique
oscillant ^^^^
DULAC (H.). — Sur les fonctions de n va-
riables représentées par des séries de
polynômes homogènes 308
DUPARC (L.). — Sur les formations de la
zone des quartzites et conglomérats
inférieurs au Dévonien dans l'Oural
du Nord. (En commun avec M. F.
J'earce.) * 33
DURAND (S.). - Détermination du mini-
mum perceptible et de la durée de la
perception lumineuse chez les per-
sonnes dont la vue est affaiblie 1280
DUVAL (H.). — Sur les éthers nitriques
des acides-alcools 5-,!
— Sur les éthers nitriques des acides-
^'^oo's ,^6^
tance de l'air 3^
ERIKSSON (LvKOBj. — Sur l'appareil' vé-
gétatif de la rouille jaune des Cé-
•■éales 5 g
ESCLANGON. - Sur les fonctions quasi-
périodiques 3^,5
FABRE (Jean-Henri). - Le prix Gegner
lui est décerné ,,g/
FABRE (L.-A.). - Sur le glaciaire "de 'la ^
Garonne or
FABRY (Charles). - Sur une' solution
pratique du problème de la photomé-
trie hétérochrome _/3
— Sur l'intensité de l'éclairement produit ^
par le Soleil 3
— Sur l'iniensité lumineuse des étoiles et ^
leur comparaison avec le Soleil 1242
FACCIN (Fr.) adresse une Note intitulée :
« Anomalies diurnes" et séculaires
dans le mouvement de rotation de la
Terre »
FAIVRE (P.). - Action du brome sur le
pinène en présence de l'eau. (En
commun avec M. P. Gem>resse.)
FÉJER (L.). —Sur les équations fonction-
nelles et la théorie des .séries diver-
gentes
FERNBACH (A.). -Sur la' coagulation de
l'amidon. (En commun avec M J
woif.) • ;
175.
819
i3o
839
718
i36o
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pai;es.
FERRON (Eugène) adresse un Mémoire
intitulé : a Détermination analytique
des éléments géométriques de l'anse
de panier rigoureuse à n centres,
étant données l'ouverture et la flèche
de la courbe » i j J
FÉRY (Ch.). — Sur la température des
flammes 909
FEUILLE (Henri) adresse une Noie inti-
tulée : « Appareil pour utiliser la force
dynamique de la mer » ()49
FLEIG (C). — Sur l'entretien de l'irrita-
bilité de certains organes séparés du
corps, par immersion dans un liquide
nutritif artificiel. (En commun avec
M. E. Hédon.) 217
— Adresse une Nouvelle Note relative à
l'influence de la température sur la
survie de certains organes séparés du
corps et à leur reviviscence dans un
liquide nutritif artificiel. (En commun
avec M. E. Hédon:) 9,83
— Adresse deux Notes ayant pour titres :
« Mode d'action chimique des savons
alcalins sur la sécrétion pancréatique »
et « Mécanisme de l'action de la sapo-
crinine sur la sécrétion pancréatique ». 6 j j
FLEURENT (E.). - Sur la relation qui
existe entre la proportion de gluten
contenu dans les différents blés et la
proportion des matières azotées to-
tales i3i >
FLICHE (P.). — Découvcrle (\(i sLrubilos
de Séquoia et de Pin dans le Portlan-
dien des environs de Boulogne-sur-
Mer. (En commun avec M. R. Zeil-
1er.) 1 010
FONVIELLE (W. de; adresse une Note
« Sur l'explication donnée parFonte-
nelle de la nature des queues des co-
mètes »... -283
FOREL (F.-A.). - Le cercle de Bishop,
couronne solaire de 1908 38o
FOSSE (R.). — Copulation des sels de di-
MM. Pages.
naphtopyryle avec les phénols 8>8
FOURNIER (Alfred). — Le prix Chaus-
sier lui est décerné (Médecine et Chi-
rurgie) 1 144
FOURNIER (H.). — Sur l'aldéhyde orlho-
toluique 716
FOURTAU (R.). — Sur le Turonien
d'Abou-Roach (Egypte) 584
— Le prix Savigny lui est décerné (Ana-
tomie et Zoologie ) 1 1 25
FOVEAU DE COURMELLES adresse une
Note ayant pour titre : « Pouvoir bac-
téricide comparatif de diverses lu-
mières ». (En commun avec M. P.
Barberln.) :>,83
FRAICHET (E.) adresse un Mémoire por-
tant pour titre : « Nouvelle méthode
d'essai des métaux magnétiques »... Sa
— Étude sur les déformations molécu-
laires d'un barreau d'acier soumis à la
traction 1 69
— Adresse une Note intitulée : « Éludes
sur les déformations élastiques d'un
barreau d'acier soumis à la traction ». 586
FRANÇOIS (xMaurice). — Dosage de la
pyridine en solution aqueuse 3>4
— lodures de mercurammonium des
aminés primaires et des aminés ter-
tiaires I olu)
FRÉMONT (Ch.). — Les modes de défor-
mations et de rupture des fers et
des aciers doux. (En commun avec
MM. F. Osniond et G. Cartaud.) ... 85 1
— Le prix Trémont lui est décerné 1 1^4
FREUNDLER (P.). — Recherches sur la
formation des azoïques. Réduction de
l'élher-oxyde orlho-nitrobenzyl-mé-
Ihylique 5^1
— Application de la pyridine à la prépa-
ration de quelques dérivés amidés. . . 712
— Recherches sur les azoïques. Nouveau
mode de formation des dérivés inda-
zyliques 9S2
GAGNIÈRE (J.). — Inscription de l'état
variable de la tension du fil de l'ergo-
graphe; équation du mouvement et
expression du travail. (En commun
avec M. À. Imhert.) 27G
GAILLARD. — Une part du prix extraoi -
dinaire de Gooo'^'' (Mécanique) lui est
attribuée to'.iS
GAL (Jules). — Sur la ponte du Bombyx
Mari 982
GARNIER. — Une part du prix Lailemand
lui est attribuée (Médecine et Chi-
Pages.
(il 5
l'^B-
^7
MM.
rurgie)
GARSAULï {A.). — Observation do
l'écIipse de Soleil du 20 septembre
i<)o3, faite à l'île de la Réunion. (En
connaïun avec J\l. Edmond Bor-
driife.)
— Observations faites à l'île de la Uéunion
sur l'éclipsé de Lune du 6 octobre
1903. (En commun avec M. Edmond
Bordagc) «ç^y
GASNIER (Paul). — Nouveaux dispositifs
électromécaniques d'embrayage et de
changement de vitesse progressifs. . .
GAUDRY (Albeut). — M. le Président
annonce à l'Académie la mort de
M. Municr-Chcdmas, membre de la
Section de Minéralogie
— Présente quelques remarques au sujet
du Congrès de l'Associalion géodé-
sique internationale J93
— Observations paléontologiques dans
l'Alaska 553
— Allocution relative à la médaille remise
à M. Cliauveim 773
— Allocution de M. le Fré.sident à la
séance publique annuelle du ii dé-
cembre 1 903 1 089
— Rapport sur le concours du prix Petit
d'Ormoy (Sciences naturelles)
— Annonce à l'Académie que, en raison
de la séance publique annuelle des
cinq Académies qui doit avoir lieu le
lundi 26 octobre, la séance liebdoma-
daire de l'Académie des Sciences sera
remise au lendemain mardi 27 oc-
tobre
GAUTHIER (D.). — Combinaisons du sac-
charose avec quelques sels métal-
liques
GAUTIER (ArxUAnd). — Sur une nouvelle
méthode de recherche et de do.sage
des traces les plus faibles d'arsenic. .
— Arsenic dans les eaux de mer, le
sel gemme, le sel de cuisine, les eaux
minérales, etc. Son dosage dans quel-
ques réactifs usuels \>:i>.
— L'arsenic cxiste-t-il dans tous les or-
ganes de l'économie animale? \>x)5
— Rectifications relatives à la Note du 27
juillet 1903 37/j
— Rapport sur le concours du prix Mun-
tyon (Arts insalubres) 1 154
GAUTRELET (Jkan). - De la présence de
l'acide lactique dans les muscles des
TABLE DES AUTEURS.
MM.
1 160
!K)
i J8
i36i
Pages.
1-7
Invertébrés et des Vertébrés infé
rieurs
GENGOU (O.j. — Les sensibilisatrices du
bacille tuberculeux. (En commun
avec M. /. Bordât.) 3)1
GÉNIN (V.) adresse une Note intitulée :
« Calcul rapide du mouillage et de
l'écrémage du lait » gS
GENVRESSE (P.). — Action du brome
sur le pinène en présence de l'eau.
(En commun avec M. P. Faivre.). . . £3o
— Sur le nitrosile de la pulégone 4g4
GERMAIN. — Une part du prix extraor-
dinaire de 6000^'' (Mécanique) lui est
attribuée 1098
GERNEZ (D.). — Sur une combinaison de
deux corps qui, par élévation de tem-
pérature, s'unissent puis se séparent
au-dessous de — 79" ^55
GIRBS (.I.-W.). — Sa mort est annoncée à
l'Académie 5
GILLIER (Louis-Émile-André). — Une
part du prix Félix Rivot lui est attri-
buée I iG5
GIRAUl). — La moitié du prix Parkin lui
est attribuée 1 159
GIUSTINIANI. — Sur une culture de sar-
rasin en présence d'un mélange d'al-
gues et de bactéries. (En commun
avec M. BouUhac.) 1 274
GLATARD [IX.). — Une mention très ho-
norable lui est accordée dans le con-
cours du prix Bellion (Médecine et
Chirurgie.) 1143
GLOVER (j.). — La moitié du prix bar-
bier lui est attribuée (Médecine et
Chirurgie) r i35
— Adresse des remercimenls à l'Acailé-
mie 1 228
GODEFROY (L.). — >Sur les hydrates d'al-
cool éthylique. (En commun avec
M. E. Varenne.) 993
— Action de l'anéthol sur l'organisme.
(En commun avec MM. E. Farennc
et J . Roussel.) 1 294
GODIN (Paul). — Le prix du baron Lar-
reylui est décerné (Médecine et Chi-
nirgie)
GOLDSTEIN (E.). — Le prix Hébert lui
est décerné (Physique)
— Adresse des remercimenls à l'Académie.
COURSAT (E.). — Sur une généralisation
de la théorie des fractions continues
algébriques [o3o
i[ I?.
I Kl )
I 228
l362 TABLE
MM. Pa
GRAEBE (Carl). — Lettre de remercî-
ments à l'Académie, pour la médaille
Lavoisier et la médaille Berthelot
qu'elle lui a décernées à l'occasion de
son Jubilé
— La médaille Lavoisier lui est décernée, i
— La médaille Berthelot lui est décernée, i
GRANDERYE (iM.). — Sur le tétramé-
thyldiamino-diphénylène-phénylmé-
thane dissymétrique et le colorant qui
en dérive. (En commun avec M. A.
Gufol.)
GHANDJEAN (Marius-Georges). — Le
prix Boileau lui est décerné i
GRANDIDIER (A.) présente à l'Académie,
au nom de l'auteur M. Jules de Scho-
kalsky, le premier fascicule d'un Atlas
de Géographie •. i
— Rapport sur le concours du prix -Gay
(Géographie physique) i
— Rapport sur le concours du prix Tchi-
hatchef i
GRANDIDIER (Guillaume). — Contribu-
tion à l'étude de WEpyornis de Mada-
gascar
GRAVIER (Ch.). — Sur la Méduse du
Victoria Nyanza
GRfiHANT (Nestor). — Recherche et do-
sage de l'urée d^ns les tissus et dans
le sang des animaux vertébrés
GRIFFITHS (A.-B.). — Changement de
résistance électrique du sélénium sous
l'influence de certaines substances.. .
GRIFFON (Ed.). — Recherches sur la
transpiration des feuilles vertes dont
on éclaire soit la face supérieure, soit
la face inférieure
GRILLE. — Sur un hybride vrai de chas-
selas par vigne vierge { Ampélopsis
hederacea ) i
GRYNFELTT (Ed.). - Sur la capsule sur-
rénale des Amphibiens
GU1GNARD(L.). — Remarques sur la for-
mation du pollen chez les Asclépia-
dées
-- Rapport sur le concours du prix Des-
mazières (Botanique) i
— Rapport sur le concours du prix Phi-
lipeaux (Physiologie) i
GUILLAUME (Ch.-Ed.). — ■ Conséquences
de la théorie des aciers au nickel
— Remarques sur la Note de M. P. Dl-
tisheiin, relative à l'action de la pres-
sion atmosphériiiue sur la marche des
DES AUTEURS.
MM. Pages.
chronomètres 703
GUILLAUME (J.). - Observations du So-
leil faites à l'Observatoire de Lyon pen-
dant le deuxième trimestre de igoj. . 4ïi
ji I — Le dernier minimum des taches du So-
i53 leil et remarques au sujet de la loi
1 '3'j des zones 89S
GUILLET (Léon). — Diagramme donnant
les propriétés des aciers au nickel. . . 411
— Sur les propriétés et la conslitulion des
aciers au manganèse 480
'\\i — Sur la constitution et les propriétés
des aciers au silicium loSa
1 6 1 GUILLIERMOND. — Contribution à l'étude
cytologique des Ascomycètes 988
~ Errata se rapportant à cette Commu-
nication 1088
o8(l GUINCHANT. — Chaleur de neulralisation
de l'acide ferrocyanhydrique; chaleur
118 de formation de ses combinaisons avec
l'éther et l'acétone. (En commun avec
133 M. Chrétien.) 65
GULDBERG (Alfr.). — Sur les équations
aux différences qui possèdent un sys-
•10% tème fondamental d'intégrales 4^'G
— Sur les équations linéaires aux difîé-
867 renées finies 56o
- Sur les équations linéaires aux diffé-
rences finies 61 '(
5J8 — Sur les groupes de transformations
des équations linéaires aux différences
finies 689
GJT GUNTZ. — Le prix La Gaze lui est décerné
(Chimie) 1 1 15
— La médaille Berthelot lui est décernée. ii53
— Adresse des remercîments à l'Académie. 1228
j.»9 GUYON. — Rapport sur le concours du
prix Godard (Médecine et Chirurgie). 1 140
— Rapport sur le concours du prix Mège
(Médecine et Chirurgie) 1 144
— Rapport sur le concours du prix Chaus-
sier (Médecine et Chirurgie) 1 i4î
GUYOT (A.). — Sur le tétraméthyldia-
mino-diphénylène-phénylméthane dis-
19 symétrique et le colorant qui en
dérive. (En commun avec M. 31.
Graiidcrjc.) \\'^
- Sur les produits de condensation du té-
148 tramcthyldiamidophényloxanthranol
avec le benzène, le toluène et la
diméthylaniline. (En commun avec
M. J. Haller.) 606
GUYOU.— Rapport sur le concours du prix
extraordinaire de 0000*^' ( Mécanique). 1098
TABLE DES AUTEURS.
i363
H
MM. Pages.
HADAMARD, — Sur les équations aux
dérivées partielles linéaires du second
ordre 102S
— Le prix Petit d'Ormoy (Sciences ma-
thématiques) lui est décerné .' 1 169
HALLE (N.j. — Le prix Godard lui est
décerné (Médecine et Chirurgie). ... 1 1 io
HALLER (A.). — Sur de nouvelles syn-
thèses etfectuées au moyen de molé-
cules renfermant le groupe méthylène
associé à un ou deux radicaux néga-
tifs. Action de l'épichlorhydrine sur
les éthers acétonedicarboniques so-
dés IIL (En commun avec M. F.
Mardi.) Il
— Sur les produits de condensation du
lélraméthyldiamidophényloxanthranol
avec le benzène, le toluène et la di-
méthylaniline. (En commun avec
M. A. Giiyot.) Oo(>
— Rapport sur le concours du prix Jecker
((Chimie) 1 1 13
— Sur de nouvelles synthèses effectuées
au moyen des molécules renfermant
le groupe méthylène associé à un ou
deux radicaux négatifs. Action de
l'épichlorhydrine sur l'acétylacétone
sodée. (En commun avec M. G.
Blanc.) I -20 3
HAMY est porté sur la liste de candidats
présentée à M. le Ministre de l'Ins-
truction publique pour une place
d'Astronome titulaire, vacante à l'Ob-
servatoire de Paris 965
IIANRIOT. — Sur l'argent dit colloïdal . . 129.
HATON DE LA GOUPILLIÈRE est désigné
pour faire partie du Conseil de per-
fectionnement de l'École Polytech-
nique 5ii
HAUG (É.MILE). — Sur deux horizons à
Céphalopodes du Dévonien supérieur
dans le Sahara oranais 83
— Sur les racines de quelques nappes de
charriage des Alpes occidentales .... iSo;
ilKBERT (Alex.). — Influence de la na-
ture du milieu extérieur sur la com-
position organique de la plante. ( En
commun avec M. E. Cliarabot.) 799
HÉDON (E.j, — Sur l'entretien de l'irri-
tabilité de certains organes séparés du
MM. Pages.
corps, par immersion dans un liquide
nutritif artificiel. (En commun avec
M. C. Fleig.) 017
— Adresse une nouvelle Note relative à
riuducnce de la température sur la
survie de certains organes séparés du
corps et à leur reviviscence dans un
liquide nutritif artificiel. (En com-
mun avec M. C. Flcig.) 283
HENRI (Victor). — Élude des contrac-
tions musculaires cl des réilexes chez
le Stichopus rcgalis 669
— Régulation osmotique des liquides in-
ternes chez les Echinodermes. (En
commun avec M. S. Lalou.) 79.1
— Étude des ferments digos'ifs chez quel-
ques Invertébrés 763
— La moitié du prix Montyon (Physio-
logie) lui est attribuée 1 146
— La médaille Berthelot lui est décernée. ii54
— Adresse des remercîments à l'Académie. 1228
HENRY (Charles). — Sur l'équation gé-
nérale des courbes de fatigue. (En
commun avec M"" /. Joteyko.) 441
— Sur une relation entre le travail et le
travail dit statique énergéliquement
équivalents à l'ergographe. (En com-
mun avec M"'^ J. Joteyko.). ic.8i
HÉRISSEY. — Sur la lactase. (En com-
mun avec M. Ém. Bnurqaclot.) 5G
HÉRISSON (Albert). — Procédé simple
permetlant d'obtenir, sur la paroi
d'un cylindre qui tourne, de grandes
pressions avec de faibles efforts io35
HESSE (Edmond). — Sur la présence de
Microsporidies du genre Thelohania
chez les Insectes 4 ' 8
HILBERT. — Le prix Poncelet lui est dé-
cerné (Géométrie) 1097
HILL (G.-W.) est élu Correspondant dans
la Section d'Astronomie, en remplace-
ment de M. SckiaparrlU, élu Associé
étranger 778
— Adresse ses remercîments à l'Académie. 1027
HILLAIRET (J.-B.). — Une mention ho-
norable lui est accordée dans le con-
cours du prix Godard (Médecine et
Chirurgie) 1 1 4 1
HOLLARD. — Influence des gaz sur la sé-
paration des métaux par électrolyse :
i364
TABLE DES AUTEURS.
MM. - Pages.
séparation du nickel et du zinc. (En
commun avec M. Bcrtiaitx.) 853
HOSPITALIER. — Le prix Gaston Planté
lui est décerné (Physique). i 107
— Adresse des remercîments à l'Académie. jsîS
HOULLEVIGUE. ~ Action de l'iode sur
les pellicules de cuivre obtenues par
MM. Pages.
ionoplastie 47
HOUSSAY (Frédéric). — Sur la ponte, la
fécondité et la sexualité chez des
poules carnivores 934
HUGOT. — Errata ?e rapportant à une
Communication du 29 juin 1908, sur
l'amidure et l'imidure de silicium . . . 100
I
ILIOVICI. — Essais sur la commutation
dans les dynamos à courant continu. 179
IMBERT (A.). — Inscription de l'état va-
riable de la tension du fil de l'ergo-
graphe; équation du mouvement et
expression du travail. (En commun
avec M. /. Gagnière.) 27G
INFROIT. — Diagnostic des calculs bi-
liaires par la radiographie prélimi-
naire. (En commun avec M. Mau-
rlairc.) 482
ÏSTVANFFI (de). — Le prix Thore lui est
décerné (Botanique) iraa
JANSSEN (J.). — Sur la mort de M. Pros-
fier Henry 37")
— Études spectroscopiques du sang faites,
au mont Blanc, par M. le D'' He-
nocquc i <> ' 9
— Présente à l'Académie « l'Annuaire des
Longitudes pour l'année 1904 » 109.7
— Fait hommage à l'Académie d'un Vo-
lume qu'il vient de publier sous le
titre : « Lectures académiques. Dis-
cours » T2 '6
JANSSENS (F.-A.). — [Production artiO-
cielle de larves géantes chez un Echi-
nide 074
JEHENNE. — Une part du i)rix extraordi-
naire de 6000''^ lui est attribuée (Mé-
canique) 109S
.lOLLY (L.). — Sur l'oxydation de la glu-
cose dans le sang 771
fORDAN est nommé membre de la Com-
mission chargée de présenter une liste
de candidats pour la chaire d'Histoire
générale des Sciences, vacante au Col-
lège de France 838
.IOTEYKO(M"'- J.). -Sur l'équation gé-
nérale des courbes de fatigue. ( En
commun avec M. Charles Henry.).. . 44'
— La moitié du prix Lallemand lui est
attribuée (Médecine et Chirurgie). . . 1141
— Sur une relation entre le travail et le
travail dit statique énergétiquement
équivalents à l'ergographe. (En com-
mun avec M. Charles Henry.) 0,85
JUMELLE (Henri). — Une Passidorée à
résine 206
JURIE (A.). — Variation morphologique
des feuilles de vigne à la suite du
gretïage 5oo
K
KILIÂN (\V.), — Sur les relations de
structure des Alpes françaises avec les
Alpes suisses ">ot.
— Sur le rôle des Charriages dans les
Alpes delphino-provençales et sur la
structure en éventail des Alpes brian-
çonnaises ■)3r)
— Sur les phases du plissement des zones
Lntra-alpines françaises 6>.i
KLING (André). — Action des dérivés
organomagnésiens sur l'acétol et ses
éthers-sels 7 )(')
KOUZNETZOW (A.). - Sur un carbure
double de chrome et de tungstène.
(En commun avec .M . Henri Mnissan.). 29-2
KOWALSKl (.1. DE). — Sur les décharges
glissantes 12 iC
KREMPF. — Une mejition très honorable
TABLE DES AUTEURS.
l365
MM. Pages.
lui est accordée dans le concours du
prix Savigny (Analomie et Zoologie), iviy
KRONECKER. — Le mal des montagnes . 128/
MM.
KURILOFF.
Sur la composition du per-
Pages.
o.\yde (!e zinc Gi!
LABBÉ. — Les matières albuminoïdes du
grain de maïs. (En commun avec
M. Donard.) ■>.(\'\
LABBÉ (Alphonse). — Sur la spermato-
genèse des Crustacés décapodes ■>-■!
LABBÉ (H.). — La nature et l'apprécia-
tion de la réaction alcaline du sang. . 384
LABORDE (J.). — Sur le dosage de l'am-
moniaque dans les vins, et son rôle
dans la différenciation des mistelles
d'avec les vins de liqueur 334
LACOMBE (H.). - Sur une série décom-
posés du bismuth. (En commun avec
M. G. Urbain.) 568
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 8>o
— Sur une séparation rigoureuse dans la
série des terres rares. (En commun
avec M. G. Urbain.) 792
LACROIX (A.). — La cordiérile dans les
produits éruptifs de la montagne Pelée
et de la Soufrière de Saint-Vincent. . l'o
~ Les enclaves basiques des volcans de la
Martinique et de Saint-Vincent -iw
— Sur les granités à œgyrine et riebeckite
de Madagascar et leurs phénomènes
de contact 533
— Sur une nouvelle espèce minérale 582
— La moitié du prix Parkin lui est attri-
buée I, j()
LADREYT (F.). — Sur le rôle de certains
éléments figurés chez Sipuncidus nu-
/''"•^ L S(i5
LAFITTE (Piiospta dk) adresse un Mé-
moire ayant pour titre : « Le carré
magique de 3. Solution générale du
problème » -3 ,
LAGRIFFIÎ. — Une cilalion lui est ac-
cordée dans le concours du prix Mon-
tyon (Médecine et Chirurgie) n34
— Adresse des remercîments à l'Académie, x'xi^
LALLEMAND (Cii.) prie l'Académie de
vouloir bien le comprendre parmi les
candidats à la place vacante, dans la
Section de Géographie et Navigation,
par suite du décès de M. de Busxy . . 69a
— Est porté sur la liste de candidats pré-
sentés par la Section 8i()
LALOU (S.). — Régulation osmolique des
liquides internes chez les Echino-
dermes. (En commun avec M. Victor
Henri.) -^ j
LALOUE (G.). — Production et distribu-
tion de quelques substances organi-
ques chez le Mandarinier. (En com-
mun avec M. Eug. Charabot.) (,96
LAMOTHE (de). — 'Sur le passage du
Rhin par la vallée du Doubs et la
Bresse pendant le Pliocène 389
LANGE VIN ( P.). - Sur la loi de recombi-
naison des ions 1 77
LAPPARENT (de). - Sur la signification
géologique des anomalies de la gra-
vité S'ij
— Est nommé meivibi 0 de la Commission
chargée de présenter une liste de can-
didats pour la Chaire d'Histoire géné-
rale des Sciences, vacante au Collège
de France 838
— Rapport sur le concours du prix De-
Icsse (Minéralogie et Géologie) 1117
LATTES (S.). — Sur une classe d'équa-
tions fonctionnelles 90^
LAURENT (Arm.). — Sur un niveau fos-
silifère nouveau du Keuper franc-com-
tois. ( En commun avec M. M. Firou-
iet.). 810
LAUKENT (Emile). — Sur la production
de glycogène chez les Champignons
cultivés dans des solutions sucrées
peu concentrées 451
— De l'influence de l'alimentation miné-
rale sur la production des sexes chez
les plantes dioïques O89
LAURENT (Margellin). — Sur la forma-
tion de l'œuf et la multiplication d'un»
antipode dans les Joncées 499
— Sur le développement de l'embryon des
Joncées ',31
LAUSSEDAT. — Sur un moyen rapide
d'obtenir le plan d'un terrain en pays
de plaines, d'après une vue photogra-
phique prise en ballon 24
LAUTH (Charles). — Colorants azoïques,
i366
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages,
solides, dérivés de l'a-aminoanthra-
quinone <'>t3 1
LAVAL. — Une citation lui est accordée
dans le concours du prix Montyon
(Médecine et Chirurgie ) i l'M
LA VAULX (Henry de). — L'emploi des
ballons à ballonnet d';)près la théorie
du général Meusnier 7 i9
LAVERAN (A.). — De l'action du sérum
humain sur les Trypanosomes du Na-
gana, du Caderas et du Surra i5
— Présentation de son Ouvrage sur la
« Prophylaxie du paludisme » 777
— Sur un Protozoaire nouveau {Pim-
plasma Doiiovani Lav. et Mesn.), pa-
rasite d'une fièvre de l'Inde. (En
commun avec M. F. Mcsnil.) <)!)7
— Rapport sur le concours du prix Bel-
lion (Médecine et Chirurgie) 1 i\'i
LEBEAU (P.). — Sur la dissociation des
carbonates alcalins r255
LEBESGUE (H.). — Sur une propriété des
fonctions 1 2^>.S
LECHAPLAIN (D.) adresse une « Note
relative à la direction des aérostats ». 1087
LEGLERC DU SABLON. - Sur une con-
séquence de la fécondation croisée. . 1298
LECLÈRE (A.). — Simplification de l'ana-
lyse des silicates par l'emploi de
l'acide formique 5o
LEDUC (Stéphane). —La résistance élec-
trique du corps humain 814
— Remarques au sujet de la Communica-
tion précédente de M. Tommasina
« Sur la scintillation du sulfure do
zinc phosphorescent » 949
LÉGER (Louis). — Sporozoaire parasite
des Moules et autres Lamellibranches
comestibles ioo3
LE GOFF (J.). — Sur les gaz organiques
de la respiration dans le diabète
sucré a 1 6
LEGROS (V.). — Focimètre photogram-
métrique pour l'optique microsco-
pique (instrument vérificateur de mi-
croscopes ) j 1 4
LEMOINE (Emile). — Le prix Francœur
lui est décerné (Géométrie) , 1097
LEMOINE (G. -H.). — Une mention lui est
accordée dans le concours du prix du
baron Larrey (Médecine et Chirurgie). 11 43
LEMOULT (P.). — Sur l'acétylène bi-
bromé : purificntioii, cryoscopie, ana-
lyse 55
MM. Pages.
— Les chaleurs de combustion des com-
posés organiques, considérées comme
propriétés additives. Alcools et phé-
nols. Éthors-oxydes, Aldéhydes et
cétones 5 1 5
— Sur le calcul de la chaleur de combus-
tion des acides organiques, de leurs
anhydrides et des éthers-sels 050
— Sur une nouvelle méthode pour le cal-
cul des chaleurs de combustion et sur
quelques-unes de ses conséquences. . 979
LEMOYNE (T.) adresse une Note « Sur
quelques propriétés des cubiques no-
dales M i3iG
LÉPINE (R.). — Sur la production de
sucre dans le sang pendant le passage
de ce dernier à travers le poumon.
(En commun avec M. Boidud.) 476
— Sur le sucre virtuel du sang. (En com-
mun avec M. Boulud.) 686
LÉRI (A.). — Contribution à l'étude des
altérations congénitales du système
nerveux : pathogénie de l'anencépha-
lio. (En commun avec M. Cl. Viir-
pas.) 2 1 3
LE ROUX (J.). — Sur les équations li-
néaires aux dérivées partielles 1280
LESNE (P.). — La distribution géogra-
phique des Coléoptères boslrychides
dans ses rapports avec le régime ali-
mentaire de ces Insectes. Rôle pro-
bable des grandes migrations hu-
maines 1 33
LESPIEAU (R.). — Sur la constitution du
cyanure d'allyle \>.Q>i
LÉVY (Maurice). — Rapport sur le con-
cours du prix Montyon (Mécanique). 1098
— Rapport sur le concours du prix Plu-
mey (Mécanique) 1098
— Rapport sur le concours du prix Four-
neyron (Mécanique) 1099
— Rapport sur le concours du prix Tré-
mont 1 1 64
— Est réélu membre de la Commission
centrale administrative pendant l'an-
née 1904 ... 1197
LÉVY (Michel). — Rapport sur le con-
cours du prix Parkin 1 1 59
LIEBHABER (C. de) adresse une Note :
« Sur la thermographie sidérale »... 353
LINDELOF (Ernst). — Sur quelques
points de la théorie des ensembles.. . 697
LINDEN (M"* Maria von). — Le prix Da
Gama Machado lui est décerné (Ana-
TABLE DES
MM. Pages,
tomie et Zoologie) 1 1 28
— Adresse des remercîments à l'Académie. r>.28
LINDET (L.). — Les hydrates de carbone
de l'orge et leurs transformations au
cours de la germination industrielle . 73
— Étude sur quelques pains anciens 664
LIPSCllITZ (Rudolf). — .Sa mort est an-
noncée à l'Académie 541
LŒWY. — Présentation du Tome X des
« Annales de l'Observatoire de Bor-
deaux » v.!36
— Uapport sur le concours du prix Pierre
Guzman (Astronomie) 1099
AUTEURS. 136-7
MM. Pages.
— Rapportsur le concours du prix Wilde. 11 54
— Sur le premier Volume du Catalogue
photographique du Ciel publié par
M. A. Donner, Directeur de l'Obser-
vatoire d'Helsingfors 1 209
LŒWY (Robert). — Un prix Montyon
(Médecine et Chirurgie) lui est dé-
cerné 1,3.^
LONCQ. — Une mention très honorable
lui est accordée dans le concours du
prix Montyon (Statistique) 1 107
— Adresse des remercîments à l'Académie. 1228
M
MACÉ DE LÉPINAY (.1.). - Sur les chan-
gements de phase par réflexion nor-
male dans le quartz sur l'argent. (En
commun avec M. H. Buisson.) 3 r:>.
— Sur une nouvelle méthode de mesure
des épaisseurs et des indices. (En
commun avec M. H. Buisson.) 10 JS
MAIGNON (F.). - La production du glu-
cose, sous l'influence de lavieasphy-
xique, par les tissus du Bombyx
mori, aux diverses phases de son évo-
lution q3
MAILHE (Alph.). — Sur le cyclohexane
et ses dérivés chlorés. (En commun
avec M. Paul Sohatier.) 240
MAILLET (Edm.). — Les fonctions entières
d'ordre zéro 4o5
— Sur les fonctions monodromes et les
équations différentielles 478
— Sur la courbe des débits d'une source. 676
— Sur la prévision des débits des sources
de la Vanne n^G
MAIRE (R.). — Recherches cylologiques
sur le Galactina succosa 769
— Le prix Montagne lui est décerné (Bo-
tanique) Ij.^O
— Adressedes remercîments à l'Académie. r'^H
MAIRE DE SAINT-J UST-EN-CHAUSSÉE
(Oise) (Le) prie l'Académie de vou-
loir bien se faire représenter à l'inau-
guration du monument élevé à la mé-
moire de René-Just Hauj et Falen-
tin Haûy, le 8 novembre prochain . . . 633
MALHERBE. — Une citation lui est ac-
cordée dans le concours du prix Mon-
tyon (Médecine et Chirurgie) 113;
MALTÉZOS (C). - Sur une espèce
d'oscillation de la perception chroma-
tique 43
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 35g
MANCEAU (Emile). —Sur les caractères
chimiques des vins provenant de
vignes atteintes par le mildew 998
MANCHOT (WiLHEM). — Préparation et
propriétés d'un siliciure de ruthénium.
(En commun avec M. Henri Mois-
*««•) 229
MANEUVRIER (Georgesj. - Sur une
nouvelle méthode physique de re-
cherche et de détermination du mouil-
lage des vins 28 1
MANGIN (L.). - Sur la variation du Bor-
neliitn Corinin suivant la nature des
milieux. (En commun avec M. P.
yidla.) ,3g
MAQUENNE (L.). — Sur la rétrogradation
de l'empois d'amidon 88
— Recherches sur l'isoglucosaminc 658
— Sur la rétrogradation de l'empois
d'amidon ygj
— Sur la rétrogradation de l'empois
d'amidon j 266
MARCEAU (F.). — Recherches sur la con-
stitution et sur la structure des fibres
cardiaques chez les Vertébrés infé-
rieurs -s
MARCH (F.). — Sur do nouvelles syn-
thèses effectuées au moyen de molé-
cules renfermant le groupe méthylène
associé à un ou deux radicaux néga-
tifs. Action de l'épichlorhydrine sur
les éthers acétonedicarboniques so-
dés III. (En commun avec M. A. Rai-
i368
TABLE DES AUTEURS.
MM,
1er.)
MARCHAND (E.M.). — Quelques remar-
ques sur la perturbation magnétique
du 3i octobre 1908
MARCHIS. — Le prix Plumey lui est dé-
cerné (Mécanique)
— Adresse des remercîments à l'Académie.
MARÉCHAL (G.) adresse une Note sur la
chaleur spécifique de la vapeur d'eau.
MAREY. — Rapport sur le concours du
prix du baron Larrey (Médecine et
Chirurgie)
MARGERIE (Emmanukl de). — Le prix
Delesse lui est décerné (Minéralogie
et Géologie)
MARIE (C). — Action de l'acide hypo-
phosphoreux sur [la diéthylcétone et
sur l'acétophénone
MARQUIS (R.). -^ Dérivés et produits
d'oxydation de l'acide nitropyromu-
cique
— La moitié du prix Cahours lui est at-
tribuée
MARTEL (E.-A.). — Sur l'application de
la fluorescéine à l'hydrologie souter-
raine
— Sur la géologie et l'hydrologie souter-
raine du Caucase occidental. (En com-
mun avec M. A. Ycrmolojf.)
MASCART est nommé membre de la Com-
mission chargée de présenter une liste
de candidats pour la chaire d'Histoire
générale des Sciences, vacante au
Collège de France
— Rapport sur le concours du prix Gas-
ton Planté (Physique)
— .Rapport sur le concours du prix Es-
trade-Delcros
MASCART (.Ieax). -• Perturbations sécu-
laires d'importance secondaire
— Résidu des perturbations séculaires.. .
— Description d'un orage très localisé. . .
MATHIAS (E.). - Sur la loi de distribu-
tion régulière de la force totale du
magnétisme terrestre en France au
i" janvier 1896
MATIGNON (Camille). — Action du mé-
lange oxygène et acide chlorhydrique
sur quelques métaux
MATTE (H.). — Le mériphyte chez les
Cycadacées
MAUCLAIRE. — Diagnostic dos calculs bi-
liaires par la radiographie prélimi-
naire. (En «ommun avec M. Infroit.).
Pages.
I I
789
1098
1228
948
Hiyi
124
1 16c
838
1161
33
3o3
i68
OiO
80
48'.
MM. Pages.
MAUGAS. — La moitié du prix extraor-
dinaire de 6000"' lui est attribuée
(Mécanique) rogS
MAURAIN (Ch.). —Sur la suppression de
l'hystérésis magnétique par l'action
d'un champ magnétique oscillant. . . . 914
MAYER (LÉopoLDj. — Sur les modifica-
tions du cliimisme respiratoire avec
l'âge, en particulier chez le cobaye. . 137
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 228
MAZÉ. — Sur la fermentation forméniquc
et le ferment qui la produit 887
MENGEL (0.). — Sur la limite du Juras-
sique et du Crétacé dans la région
orientale des Pyrénées et sur l'exis-
tence de deux époques distinctes de
formation des calcaires à couzeranite.
(En commun avec M. Ch. Depcret.). 1220
MERKLEN. — Une mention lui est ac-
cordée dans le concours du prix Mon-
tyon (Médecine et Chirurgie) 1 133
-MESLIN (Georges). — Influence de la
température sur le dichroïsme des li-
queurs mixtes et vérification de la loi
des indices 1 82
— Sur la mesure du dichroïsme des cris-
taux 24G
MESNAGER (A.j. — Sur les articulations
à lame flexible 908
MESNARD CEuGÈxE) adresse une Note
intitulée : « Flotteurs à fil conducteur,
pour la Marine » 5o4
MESNIL (F.;. — Sur un Protozoaire nou-
veau {Piroplasnia Donocani Lav. et
Mesn.), parasite d'une fièvre de l'Inde.
(En commun avec M. A. Laverait.) . 937
MEUNIER (Louis). — Sur l'emploi de
l'amalgame de magnésium en Chimie
organique 714
— Action de l'acide carbonique sur les
solutions aqueuses d'aniline en [)ré-
sence des nitrites 1 264
MEUNIER (Stamslas). — Sur un cas re-
marquable de cristallisation spontanée
du gypse 942
MIELE (A.). — A propos d'une diastase
lactique dédoublant le salol. (En com-
mun avec M. F. Wilk-ni.) i35
MILLOCHAU (G.). — Observations de
Mars à la grande lunette de l'Obser-
vatoire de Meudou 63G
MINGUIN (J.). — Stéréoisomérie dans les
éthers oamphocarboniques substitués
TABLE DES AUTEURS.
l369
MM. i'ajîop.
et l'acide méthylhomocamphorique.
Acide éthylcamphocarbonique lofiy
MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
(Le) adresse amplialion du Décret par
lequel le Président de la République
approuve l'élection de M. Bertif/ dans
la Section de Géographie et Naviga-
tion, en remplacement de M. rfc Bu.ssy,
décédé 893
— Transmet à l'Académie une Lettre rela-
tive à un tremblement de .terre en
Bulgarie 1228
MINISTRE DE LA GUERRE (Le) invite
l'Académie à lui désigner deux de ses
• membres pour faire partie du Conseil
de perfectionnement de l'École Poly-
technique 192
iMITTAG-LEFFLER (G.). — Sur la nou-
velle fonction Ea(.ï- j 55}
MOISSAN( Henri). — Préparation et pro-
priétés d'un siliciure de ruthénium.
(En commun avec M. Wilhcm Man-
cllOt.) •2'29
— Sur un carbure double de chrome et de
tungstène. (En commun avec M. Â.
Kouznetznw.) 7.92
— Description d'un nouvel appareil pour
la préparation des gaz purs 363
— Action d'une trace d'eau sur la décom-
position des hydrures alcalins par
l'acétylène 463
— Sur la température d'inllamnialion et
sur la combustion lente du soufre
dans l'oxygène et dans l'air 547
— Errata se rapportant à cette tilommu-
nicalion 6>8
— Sur le dosage de l'argon dans l'aij- at-
mosphérique 600
— Nouvelle préparation de l'argon. (En
commun avec M. A. Rigaut.) 773
— Recherches sur la densité du chlore.
(En commun avec M. Binet du Jas-
soneix.) 1 1 9<S
— Est réélu membre de la Commission de
contrôle de la Circulation monétaire. 1027
— Rapport sur le concours du prix Ca-
hours 1 163
MOKRZECKY (S. de) adresse une Note
« Sur l'emploi de la thérapie inté-
rieure en cas de chlorose et autres
MM. Pajîes.
maladies des arbres fruitiers et des
ceps de vigne » 420
MONFET (L.). '— Phénols libres et sulfo-
conjugués. Méthode de dosage. Le
soufre dit « neutre » existe-t-il dans
l'urine? 386
MONOD (Ch.). — Une mention lui est ac-
cordée dans le concours du prix Mon-
tyon (Médecine et Chirurgie) j i33
MONPROFIT (A.). — Le prix Mège (arré-
rages) lui est décerné (Médecine et
Chirurgie) 1 144
— Adresse ses remercîmenls à l'Aca-
démie 1228
MOSSÉ (E.) adresse une Note relative à
un système de voie automotrice, per-
mettant aux véhicules de circuler sans
le concours de moteurs Bgi
MOTZ (B.). — Le prix Godard Ini est
décerné (Médecine et Chirurgie) .... j i4o
MOTZ-KOSSOWSKA (M"'" S.). — Sur l'ac-
tion morphogène de l'eau en mouve-
ment sur les Hydraires 863
MOUREAUX (Tu.).' — Sur la perturbation
magnétique du 3i octobre igoS 705
— Lanomalie magnétique du bassin de
Paris 918
MOUREU (Ch.). — Sur la spartéine. Ca-
ractères généraux ; action de quelques
réducteurs. (En commun avec M. A.
Valeur.) 194
— Sur la condensation des éthers acétylé-
niques avec les alcools 239
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 444
-- Sur les acétones acétyléniques. Nou-
velle méthode de synthèse des isoxa-
zols. (En commun avec M. M. Bra-
'•/">'•) 795
MOUSSU (G.). — Les conditions spéciales
de la circulation dans des glandes en
activité. (En commun avec M. /.
Ti.ssot.) 1084
MULLER (Adrien) adresse un Mémoire
intitulé : « Radio-activité et ionisa-
tion ; phénomènes généraux et théo-
rie )) 478
MUNIER-CHALMAS. - Sa mort est an-
noncée à l'Académie 357
1.^7^
TABLE DES AUTEURS.
N
MM. Pages.
NÉGRIS (l'n.)- — Observations concer-
nant les variations du niveau de la
mer depuis les temps historiques et
préhistoriques -m
NEPVEU (M'"" V^«). — Le prix Lannc-
longue lui est attribué m(i(
— Adresse ses remercîments à l'Acadé-
mie 1 9.'lS
NICLOUX (Maurice). — Injection intra-
veineuse de glycérine; dosage de Ja
glycérine dans le sang : élimination
MM. Pages.
par l'urine 70
— Errata SQ rapportant à cette Commu-
nication 228
NICOLLE. — Une mention lui est accordée
dans le concours du prix Montyon
(Médecine et Chirurgie) 1 loà
iNOBECOURT. — Une mention lui est ac-
cordée dans le concours du prix Mon-
tyon (Médecine et Chirurgie) 1 133
NORMAND (A.). — De l'influence de la
surimmersion sur la vitesse irii.
œCHSNEIl DE CONINCK. — Contribution
à l'étude des quinones-dicétones ....
OSMOND (P.). — Les modes de défor-
mations et de rupture des fers et
des aciers doux. (En commun avec
o
>.G3
MM. C/i. Fre/nont eX G. Car tau./.). 85 1
— Sur les fers météoriques. (En commun
avec M. G. Cariaud.) 1057
OUDIN. — Ampoule de Crookcs pour ra-
diothérapie 891
PACHUNDAKI (D.-E.). — Sur la consti-
tution géologique des environs de
Mirsa Matrouh (Marmarique) Sw
PANOFF(A.-N.) adresse un Mémoire « Sur
la propagation de l'attraction » 781
PANTANELLI (D.). — Sur les puits arté-
siens 809
PEARCE (F.). — Sur les formations de la
zone des quartzites et conglomérats
inférieurs au Dévonien dans l'Oural
du Nord. (En commun avec M. L.
Duparc.) IS-S
PÉLABON (H.). — Sur la fusibilité des
mélanges de soufre et de bismuth, . . G48
— Sur une variété de carbone filamen-
teux. (En commun avec M. Cons-
tant.) 7o(»
— Sur la fusibilité des mélanges de pro-
tosulfure de bismuth et de sulfure
d'argent, de protosulfure de bismuth
et de sulfure d'antimoine 9>.o
PÉNIÈRES (L.). — Pathogénie et traite-
ment du rhumatisme , G26
PÉROT (A.). — Sur les efforts développés
dans le choc d'éprouvettes entaillées. io/i4
PERRIER (Edm.). — Remarques à propos
de la Communication de M. Raphaël
Dubois, du 19 octobre 1903, « Sur les
huîtres perlières vraies » 68?.
— Est nommé membre de la Commission
chargée de présenter une liste de can-
didats pour la chaire d'Histoire géné-
rale des Sciences, vacante au Collège
de France 838
— Rapport sur le concours du prix Da
Gama Machado (Anatomie et Zoo-
logie) 1 1<8
PERRIN (Jean). — Conditions qui déter-
minent le signe et la grandeur de
l'électrisation par contact 513
— Électrisation de contact (IV) et théorie
des solutions colloïdales 564
PETOT (A.). — Contribution à l'étude de
la surchaufl'e 173
PHISALIX (C). — Recherches sur l'im-
munité naturelle des Vipères et des
Couleuvres 270
— Corrélations fonctionnelles entre les
glandes à venin et l'ovaire chez le
Crapaud commun 1082
PICARD (Alfred). — Présentation du
Tome m de son « Rapport général
TABLE DES
MM. Pages,
sur l'Exposition universelle de 1900 ». iio
— Fait hommage à l'Académie du qua-
trième Volume de son Rapport géné-
ral concernant l'Exposition univer-
selle de 1900 43o
— Présente à l'Académie le Tome V de
son « Rapport général administratif
et technique sur l'Exposition univer-
selle internationale de 1900 » 490
— Fait hommage à l'Académie des Tomes
VI et VII de son « Rapport général
administratif et technique de l'Expo-
sition universelle internationale de
1900 » 83j
— Rapport sur le concours du prix Mon-
tyon (Statistique) 1 107
— Note accompagnant la présentation du
Recueil des plans de son Rapport sur
l'Exposition universelle de «900 1211
PICARD (Emile). — Sur les relations
entre la théorie des intégrales dou-
bles de seconde espèce et celle des
intégrales de différentielles totales. . . 54 1
— Sur les périodes des intégrales doubles
et leurs rapports avec la théorie des
intégrales doubles de seconde espèce. 594
— Rapport sur le concours du prix Petit
d'Ormoy (Sciences mathématiques).. iiSg
PICARD (Pierre). — Le prix Huguos lui
est décerné ( Physique) i loj
— Adresse des remercîments à l'Acadé-
mie 1 228
PIGTET(Amé). — Synthèse de la nico-
tine 860
PINCHERLE (S.). - Sur l'approximation
des fonctions par les irrationnelles
quadratiques 734
PINOY. — Nécessité d'une symbiose mi-
crobienne pour obtenir la culture des
Myxomycètes 'J8o
PIROUTET (M.). - Sur un niveau fossi-
AUTEURS. 187 l
MM. Pages,
lifère nouveau du Keuper franc-com-
tois. (En commun avec M. Ami.
Laurent.) 810
PIZON (Antoine). — Évolution des Di-
plosomidés (Ascidies composées). . . . 769
P01NCARÉ (H.) est désigné pour faire
partie du Conseil de perfectionnement
de l'École Polytechnique on
POMPEIU (D.). — Sur un système de
trois fonctions de variables réelles. . . 84 1
POSTERNAK (S.). — Sur la matière phos-
pho-organique de réserve des plantes
à chlorophylle. Procédé de prépara-
tion 'i-OI
— Sur les propriétés et la composition
chimique de la matière phospho-or-
ganique de réserve des plantes à chlo-
rophylle 337
— Sur la constitution de l'acide phospho-
organique de réserve des plantes
vertes et sur le premier produit de
réduction du gaz carbonique dans
l'acte de l'assimilation chlorophyl-
lienne 439
POTIEU. — Rapport sur le concours du
prix Hugues (Physique) i io5
POZZI-ESCOT (Emm.). — Sur la produc-
tion d'hydrogène sulfuré par les
extraits d'organes et les matières al-
buminoïdes en général 49^
— Adresse une Note relative à « l'action
de la chaleur sur les levures » 538
PRILLIEUX. — Rapport sur le concours
du prix Montagne (Rotanique) 11 20
— Rapport sur le concours du prix Thore
(Rotanique) 1 122
PUISEUX est porté sur la liste de candi-
dats présentée à M. le Ministre de
l'Instruction publique pour une place
d'Astronome titulaire, vacante à l'Ob-
servatoire de Paris 9G5
QUÉNISSET (F.). - Photographies de la
comète Rorrelly, igoSc i-
— Photographie de la comète Rorrelly,
• 9<j3<:- , ■là
— Remarques sur le dernier groupe de
taches solaires et les perturbations
magnétiques 747
G. K., 1903, 2« Semestre. (T. GXXXVIL)
176
l3']2
TABLE DES AUTEURS.
R
MM. Pages.
RABUT. — Sur la résolution pratique des
équations • 64 1
— Sur la détermination des figures inva-
riantes des transformations cycliques. y3-?.
RADAU. — Rapport sur le concours du
prix G. de Ponlécoulant (Astronomie), i loi
RADIOT (Paul). — Ouverture de deux
plis cachetés renfermant des Notes
sur la direction des ballons 1227
RAZOUS. — Une mention très honorable
lui est accordée dans le concours du
prix Montyon (Statistique) 1107
RECOUPE (Marcellin) adresse une « Note
relative à des mesures thermomé-
triques aux gelées du printemps »... i3t6
RECOUR A (A.). — Combinaison du sul-
fate ferrique avec l'acide sulfurique.. 11 85
— Sur l'acide ferrisuifurique et le ferri-
sulfate d'élhyle 189
RÉGNAULT (Jules). — Une mention lui
est accordée dans le concours du prix
du baron Larrey (Médecine et Chi-
rurgie) 1143
REGNIER. — Une mention honorable lui
est accordée dans le concours du prix
Pourat (Physiologie) ii52
REMLINGER. — Une mention lui est ac-
cordée dans le concours du prix Mon-
tyon (Médecine et Chirurgie) j i33
RÉMY (Louis-Gabriel). — Le prix La-
place lui est attribué 1 1 64
— Une part du prix Félix Rivot lui est
attribuée 1 1 65
RENAN est porté sur la liste de candidats
présentée à M. le Ministre de l'Ins-
truction publique, pour une place
d'Astronome titulaire à l'Observatoire
de Paris 1027
RENARD (Charles). — Sur la possibilité
de soutenir en l'air un appareil volant
du genre hélicoptère en employant les
moteurs à explosion dans leur état
actuel de légèreté 843
— Sur la qualité des hélices sustenta-
trices 970
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 1 322
— Sur un nouveau système de train rou-
tier dit à propulsion continue i234
RENAULT (Bernard). — Le prix Petit
MM. Pages.
d'Ormoy (Sciences naturelles) lui est
décerné 1 160
— Adresse des remercîments à l'Acadé-
mie -. I2'.8
RIBAUT (H.). — Sur la production d'hy-
drogène sulfuré par les extraits d'or-
ganes et les matières albuminoïdes en
général. (En commun avec M. J.-E.
Abelous.) 95
— Influence de la température sur la pro-
duction d'hydrogène sulfuré par les
matières albuminoïdes, les extraits
d'organes animaux et les extraits de
levure de bière, en présence du
soufre. (En commun avec M. J.-E.
Abelous.) 2G8
RICHET (Charles). — Le prix La Caze
(Physiologie) lui est décerné i i5o
RICOME (H.). — Influence du chlorure de
sodium sur la transpiration et l'ab-
sorption de l'eau chez les végétaux. . 141
— Sur des racines dressées de bas en
haut, obtenues expérimentalement. . . 204
RIESZ (Fréd.) adresse une Note ayant
pour titre : « Théorème relatif aux
corrélations » 1 3 1 6
RIGAUT (A.). — Nouvelle préparation de
l'argon. (En commun .avec M. H.
Moisson.) 773
RINGELMANN. — Détermination expéri-
mentale de la pression momentanée
résultant du choc 644
RISLER (Eugène). — Le prix Bigot de
Morogues lui est décerné (Économie
rurale) H23
RIVALS (P.). — Action de l'acide borique
sur les iodures; son emploi pour la
séparation de l'iode des iodures en
présence de bromures et chlorures.
(En commun avec M. H. Baubigny.). 65o
— Conditions de séparation de l'iode sous
forme d'iodure cuivreux, dans un mé-
lange de chlorures, bromures et iodu-
res alcalins. (En commun avec M. H.
Baubigny.) 7^3
— Séparation de l'iode dans les sels halo-
gènes alcalins d'avec le chlore et le
brome, par sa transformation en acide
iodique, et mode de préparation de
l'iode pur. (En commun avec M. H.
1244
1276
1294
TABLE DES
Batibigny.) g,^^
— Errata se rapportant à celte Commu-
nication 1088
ROBIN (Lucien). — Séparation et dosages
simultanés de la baryte, de la stron-
tiane et de la chaux 2 58
ROGOVSKY (E.). - Sur la différence de
température des corps en contact . . .
ROULE (Louis). — Sur l'évolution subie
par les Poissons du genre Atherina
dans les eaux douces et saumâtresdu
midi de la France
ROUSSEL (J.). — Action de ranétho'l
sur l'organisme. (En commun avec
MM. E. Varenne et L. Godefmj.) . .
ROUSSEL (Joseph). — Sur l'origine des
AUTEURS. i3^3
MM. p
plis et des recouvrements dans les
Pyrénées j^g
ROUSSELOT. — Sur les caractéristiques
des voyelles, les gammes vocaliques
et leurs intervalles 40
ROUVILLE (ETIENNE de). —Revision des
Nématodes libres, marins, de la région
de Cette ,^5^,,
ROUX. — Rapport sur le concours du
prix Bréant (Médecine et Chirurgie). 1 187
- Rapport sur le concours du prix Mon-
tyon (Physiologie) 1,46
ROVEL (Henri) adresse plusieurs Com-
munications relatives à la Navigation
aérienne i22„
SABATIER (Armand). — Sur les mains
scapulaires et pelviennes des Pois-
sons 8^3
— Sur les mains scapulaires et pelviennes
chez les Poissons chondroptérygiens. . 1216
SABATIER (Paul). - Sur le cyclohexane
et ses dérivés chlorés. (En commun
avec M. Jlph. Mailhe.) 240
— Transformation des aldéhydes et des
cétones en alcools par hydrogénation
calaly tique. (En commun avec M. /.-
B. Serulerens.) _ _ 3qj
— Préparation directe du cyclohexanol et
de la cyclohexanone à partir du phé-
nol. (En commun avec M. J.-B. Sen-
^ d<rens.) ^^,.^5
SAINT-GERMAIN (A. de). - Généralisa-
tion de la propriété fondamentale du
potentiel qg
SALTYKOW (N.). - Sur" les "inlégralès
.d^S.Lie ?.... 3,g
— Sur les relations entre les intégrales
complètes de S. Lie et de Lagrange. . 3-6
— Sur le rapport des travaux de S. Lie à
ceux de Liouville 4^3
— Sur le problème de S. Lie ." . .' 433
SAMAJA (NiNo). — Le siège des convul-
sions épileptiformes toniques et clo-
niques' ^ .
SAUERVVEIN (Ci,.). - Sur l'emploi "du
tachéographe Schrader pour les tra-
vaux d'Hydrographie. (En commun
avec M. F. Schrader.) , . _ ^gj
SAUSSURE (René de) adresse une Note
intitulée : « Hypothèse sur la nature
de la force » 5Q4
SAZERAC (R.). — Sur une bactérie oxy-
dante, son action sur l'alcool et la
glycérine .
SCHLŒSING (Th.).' - Sur 'l'analyse mél ^"^
canique des sols sgg
— Exemples d'analyse mécanique des sols. 3c)8
SCHLŒSING (Th.) Fils. - Rapport sur
le concours du prix Bigot de Morogues
( Economie rurale ) j j 23
— La potasse soluble dans l'eau du sol et
son utilisation par les plantes 1206
SCHMIDLIN (Jules). — Action du sodium
sur le tétrachlorure de carbone et la
benzine chlorée : formation de triphé-
nylméthane et d'hexaphényléthane . . 59
— Recherches thermochimiques sur les '
matières colorantes. La rosaniline et
la pararosaniline 331
SCHRADER (F.). - Sur l'emploi du ta-
chéographe Schrader pour les travaux
d'Hydrographie. (En commun avec
M. Ch. Sctiiera'cin.) -^g i
SEBERT. — Sur l'Aérodynamique et la
théorie du champ acoustique 357
SEGAL. — Une citation lui est accordée
dans le concours du prix Montyon
( Médecine et Chirurgie ) , , 34
SÉGUIER (de). — Sur les groupes de
Mathieu 3
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 5r,^
SENDERENS (J.-B.). - Transformation
i374
MM.
TABLE DES
Pages.
des aldéhydes et des cétones en alcools
par hydrogénation catalytique. (En
commun avec M. Paul Stibaticr.) 3oi
— Préparation directe du cyclohexanol et
de la cyclohexanone à partir du phé-
nol. (En commun avec M. Paul Sn-
batier.) i o'25
SERVANT (M.). — Sur l'habillage des
surfaces 1 1 ^
SEVIN. — Une mention lui est accordée
dans le concours du prix Montyon
(Médecine et Chirurgie) ii3'i
SEYEWETZ (A.). — Action du persulfate
d'ammoniaque sur les oxydes métal-
liques. (En commun avec M. P. Tra-
ivitz.)
SIEDLECKI (Michel). — Sur la résistance
des Épinoches aux changements de la
pression osmotique du milieu am-
biant
— Sur la résorption phagocytaire des
produits génitaux inutilisés, chez
\ Echinocardium cordatum Penn. (En
commun avec M. Maurice Canllery.).
— L'action des solutions des sels alcahns
et alcalino-terreux sur les Epinoches. 5-25
SIMON (Eugène). — Le prix Cuvier lui
est décerné 1 1 56
— Adresse des remercîments à l'Acadé-
mie
SIMON (L.-L). — Sur l'acide oxalacé-
tique
— Nouvelle réaction de l'hydroxylamine.
i3o
469
I96
1228
855
986
AUTEURS.
MM. l'afjes.
SOCOLOW (S.) adresse une Note « Sur
les corrélations qui existent entre les
éléments des orbites du système pla-
nétaire » (v>.8
SOURBÉ(T.) adresse une Note intitulée:
« Alcoométrie pondérale » 353
STODOLKIEWITZ adresse une Note « Sur
un mode d'intégration des équations
différentielles partielles du premier
ordre » i 56
STÔRMER (Carl). — Sur les intégrales
de Fourier-Cauchy 408
— Sur les intégrales de Fourier-Cauchy. 436
SULZER (D.). — Comparaison des di-
verses lettres au point de vue de la
vitesse de lecture. Formation d'un al-
phabet rationnel. (En commun avec
M. André Broca 812
— Sensation lumineuse en fonction du
temps pour les lumières colorées.
Technique et résultats. (En commun
avec M. André Br'oca. ) 944
— Rôle du temps dans la comparaison des
éclats lumineux en lumière colorée.
(En commun avec M. André Broca. ) . 977
~ La sensation lumineuse en fonction du
temps pour les lumières colorées. Dis-
cussion des résultats. (En commun
avec M. André Broca. ) 1046
SVEN IIEDIN. - Le prix Tchihatchef lui
est décerné 1 1 55
— Adresse des remercîments à l'Acadé-
mie 122
TANNENBERG(W.de). — Sur les courbes
gauches à torsion constante 692
— Du problème de Cauchy relatif à une
classe particulière de surfaces 900
TANNERY est porté sur la liste de candi-
dats présentée à ^Me Ministre de l'Ins-
truction publique pour la chaire d'His-
toire des Sciences, vacante au Collège
de France 964
TARBOURIECH (J.) — Préparation des
amides secondaires 128
— Sur les amides secondaires 3-26
TASSILLY (E.). — Sur un capillarimètre.
En commun avec M. A. Cluiinher-
land 64 i
TERMIER (Pierre). — Sur quelques ana-
logies de faciès géologiques entre la
zone centrale des Alpes orientales et
la zone interne des AI pes occidentales . 807
— Sur la structure des Ilohe Tauern
(Alpes du Tyrol) 873
— Sur la synthèse géologique des Alpes
orientales 939
TEISSERENC DE BORT(Léon). — Le prix
Estrade-Delcros lui est décerné 1 iGi
— Adresse des remercîments à l'Académie. 1 2.'.8
TiiOULET (J.). Étude de la circulation
marine 97
— Sur la transparence de la mer 748
THOVERT (J.). — Diffusiomètre 1249
TIFFENEAU (M.). — Fixation anormale
du trioxyméthylène sur certains déri-
vés organomagnésiens aromatiques.
( En commun avec M. R. Delanoë.). . 578
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
— Sur la migration pliénylique 989
— Sur la transformation des a-glycols pri-
maires en aldéhydes correspondantes, i '260
TISSOT (C). — Sur la mesure de l'effet
des ondes électriques à distiince au
moyen du bolomètre 846
TISSOT (J.). — Les conditions spéciales
de la circulation dans les glandes en
activité. (En commun avec M. G.
Moussu. ) 1 084
TOMMASINA(Tii.). — Sur la scintillation
du sulfure de zinc phosphorescent, en
présence du radium, revivifiée par les
décharges électriques 745
TORHES(L.). - Sur le téléldne 817
TOURNOUER (André). - Coupes des
terrains tertiaires de la Patagonie... 348
1375
MM Pages.
TRAWITZ (P.). — Action du persulfate
d'ammoniaque sur les oxydes métal-
liques. (En commun avec M. J.
Seycivetz.) i3o
TRILLAT (A.). — Réactions catalytiques
diverses fournies par les métaux; in-
fluences activantes et paralysantes. . . 187
— Influences activantes ou paralysantes
agissant sur le manganèse envisagé
comme ferment métallique 922
TROOST. — Rapport sur le concours du
prix La Gaze (Chimie) 1 1 15
— Est élu Vice-Président de l'Académie
pour l'année 1904 ' 197
TURPAIN (Albert). — Sur le fonction-
nement de cohéreurs associés 362
u
URBAIN (G.). — Sur une série de com-
posés du bismuth. (En commun avec
M. H. Lacnmhe.) 5Gf
— Errata se rapportant à cette Communi-
cation 820
— Sur une séparation rigoureuse dans la
série des terres rares. ( En commun
avec M. //. Lacomhe. ) 792
VAILLANT ( P. ). — Sur la couleur des so-
lutions aqueuses de méthylorange et
le changement qu'y déterminent les
acides 84g
VALBREUZE (DE). — Sur les phénomènes
particuliers présentés par les arcs au
mercure 912
VALEUR ( A. ). — Sur la spartéine. Carac-
tères généraux ; action de quelques
réducteurs. (En commun avec M. Ch.
Mourcu. ) 1 94
VALLÉE. — Sur les rapports qui existent
entre le Surra et le Nagana, d'après
une expérience de Nocard. (En com-
mun avec M. Carré.) . . G24
VALLOT (J.). — Sur les modifications qite
subit la respiration par suite de
l'ascension et de l'acclimatement à
l'altitude du mont Blanc r?,83
VAN TIEGHËM. — Rapport sur le con-
cours du Grand Prix des Sciences
physiques 1119
— Rapport sur le concours du prix Bordin
( Botanique ) 1 1 20
VAN VERTS (J.). — Une mention lui est
accordée dans le concours du prix
Montyon ( Médecine et Chirurgie ) . . . 1 1 33
VARENNE (E.). - Sur les hydrates d'al-
cool élhylique. ( En commun avec
M. L. Godefroy.) 993
— Action de l'anéthol sur l'organisme.
(En commun avec MM. J. Roussel %i
L. Godefroy.) 1 29 {
VASCHIDE (N.). — Recherches expéri-
mentales sur les rêves. Du rapport de
la profondeur du sommeil avec la na-
tu re des rêves 1 5o
— Recherches expérimentales sur l'olfac-
tion des vieillards 627
VAUTIER (Th.). — Sur un réfractomètre
à réflexions f) 1 5
VAYSSIÈRE (A.). - Sur les Hétéropodes
recueillis pendant les campagnes de
V Hirondelle et de la Prineessc Alice,
faites sous la direction de S. A. le
Prince de Monaco 346
VIALA (P.). — Sur la variation du Bor-
netina Corium suivant la nature des
milieux. (En commun avec M. L.
Man^in.) 1 39
1376
MM. Pages.
VIGOUROUX (ÉM.). — Errata se rappor-
tant à une Communication du 29 juin
igoS, sur l'amidure et l'imidure de
silicium 100
VIGUIER (René). — Sur la structure des
cotylédons et la disposition de cer-
taines racines adventives dans les
plantules de Labiées 804
VILLIERS (A.). — Surl'étliérification des
hydracides 53
VIOLLE (J.). — Sur le phénomène aéro-
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
dynamique produit par le tir des ca-
nons grêlifuges 397
VUILLEMIN (Paul). — Une Acrasiée bac-
tériophage 3?^7
— Sur une double fusion des membranes
dans la zvgospore des Mucorinées. . . 869
VURPÂS (Cl."). — Contribution à l'étude
des altérations congénitales du sys-
tème nerveux : pathogénie de l'anen-
céphalie. (En commun avec M. A.
Léri.) '2 13
w
VVAHL (A.). — Sur les étliers isonitroso-
maloniques et leur transformation en
éthers mésoxaliques. (En commun
avec M. L. BoiweauU.) 196
WALLENBERG (George). — Sur l'équa-
tion différentielle de Riccati du se-
cond ordre io33
WALLERANT (Fréd.). - Sur le poly-
morphisme des nitrates 8o5
— Sur la détermination de la forme pri-
mitive des cristaux looi
WEIS (Fr.). — Sur le rapport entre l'in-
tensité lumineuse et l'énergie assimi-
latrice chez des plantes appartenante
des types biologiques différents 801
WICKERSHEIMER (E.). — Nouvelles lois
de tonométrie, qu'on peut déduire des
expériences de Raoult 319
VVIERNSBERGER (Paul). — Convergence
YERMOLOFF (A.). — Sur la géologie et
l'hydrologie souterraine du Caucase
occidental. (En commun avec M. E.-
des radicaux superposés périodiques. i'233
WILLEM (V.). — A propos d'une diastase
lactique dédoublant le salol. (En com-
mun avec M. A. Miele.) r35
WINTREBERT (P.). — Influence du sys-
tème nerveux sur l'ontogenèse des
membres 1 3 1
— Sur la régénération chez les Amphi-
biens des membres postérieurs et de
la queue, en l'absence du système
nerveux 761
VVOLF ( J.). — Sur la coagulation de l'ami-
don. (En commun avec M. A. Fern-
hnch.) 718
WYROUBOFF est porté sur la liste de can-
didats présentée à M. le Ministre de
l'Instruction publique pour la chaire
d'Histoire des Sciences, vacante au
Collège de France 9G4
A. Martel.) 1 077
YUNG ( Emile). — Le sens olfactif de l'Es-
cargot {Hélix pomntla) 720
ZAREMBA(S.). — Sur les fonctions fon-
damentales de M. Poincaré et la mé-
thode de Neumann pour une frontière
composée de polynômes curvilignes. .
ZEILLER (R.). — Découverte de strobiles
de Séquoia et de Pin dans le Portlan-
dien des environs de Boulogne-su r-
Mer. (En commun avec M. P. Fliche.).
jy
— Présente à l'Académie le Volume de
texte de la Flore fossile des gùes de
charbon du Tonhin 1210
ZEUTHEN (H. -G.). — Le prix Binoux lui
est décerné. (Histoire des Sciences) . 1 153
— Adresse des remercîments à l'Acadé-
mie 1228
O.VUTHIER-VILLARS, LMrRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SEANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
33845 Pai'is. — Quai des Grands-Auguslins, 55.
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