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Full text of "Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences"

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COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 


PARIS.    —    IMPRIMEUIE   GAUTHIER-VILLARS,    QUAI    DES   GRANDS-AUGtSTINS,    55. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 

pur.i.iÉs, 

CONFORMÉMENT  A  UNE  DÉCISION  DE  L'ACADÉMIE 
PAR   MM.    LES    SECRÉTAIRES   PERPÉTUELS. 


TOME  CENT  TRENTE-SEPTIEME 

JUILLET  —  DÉCEMBRE  1903. 


PARIS, 

GAUTHIER-YILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

1905 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU   LUNDI   6  JUILLET  lî)05, 

PRÉSIDÉE  PAR  M.  MASCART. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Secrétaire  perpétufx  annonce  à  l'Acaflémie  la  perte  qu'elle  vient 
de  faire  dans  la  personne  de  M.  J.-W.  Gibhs,  Correspondant  pour  la  Sec- 
tion de  Mécanique,  décédé  à  New-Haven  (Connecticut),  le  28  avril  igoS, 
et  insiste  sur  l'importance  de  ses  travaux  de  Chimie  mathématique. 

HYDRODYNAMIQUE.  —  Sur  un  mode  simple  d'écoulement  des  nappes  d'eau 
d'infiltration  à  lit  horizontal,  avec  rebord  vertical  tout  autour,  lorsqu'une 
partie  de  ce  rebord  est  enlevée  depuis  la  surface  jusqu'au  fond.   Note  de 

M.    J.    BOUSSIXESQ. 

«  I.  Après  avoir  étudié  le  cas  simple  (^)  de  dénivellations  h  très  petites 
par  rapport  aux  profondeurs  H  de  la  nappe  sous  le  plan  horizontal  du  seuil 
de  la  source,  considérons  le  cas,  opposé,  où  le  fond  imperméable  se  con- 


(')   Voir  i'avant-dernier   Compte  rendu   (séance   du   22  juin    1908,    t.   CXXXVI, 
p.  i5i  i). 


6  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

fond  avec  ce  plan  horizontal  et  où,  par  suite,  H  s'annule.  Les  équations  (2) 
et  (3)  de  ma  Noie  précédente  deviennent 

dh  d   /„  d.li-\  d  /„  r/. 

iu.-r  =  -7-    K.  —j-~     -h  -^    K  — 7- 

'    dt         dœ  \       dx  J         dy\       dy 


(•) 


(sur  le  cont.  libre  1)  h  =  o,         (sur  le  cont.  paroi  Xi  )  ^  ==  ^• 


»  L'équation  indéfinie  n'étant  pas  linéaire,  l'intégration  générale  de  ce 
système  paraît  inabordable.  Aussi  nous  bornerons-nous  à  lui  chercher  une 
solution  particulière,  celle  qui  exprimera  la  forme  vers  laquelle  tend  la 
surface  libre,  s'il  lui  arrive  de  se  régler  comme  dans  le  cas  précédent,  c'est- 
à-dire  de  garder  très  sensiblement,  après  une  période  préparatoire,  d'inva- 
riables rapports  entre  toutes  ses  ordonnées  h,  ensemble  décroissantes. 

»  IL  Prenons  pour  état  initial  cette  forme  limite,  que  nous  appelle- 
rons A„,  censée  acquise  ainsi  par  la  fonction  h  au  bout  d'im  certain  temps; 
et,  en  comptant  désormais  t  à  partir  de  la  fin  de  ce  temps  choisie  comme 
nouvelle  origine,  nous  aurons  pour  h  le  produit,  h^T,  de  A„,  fonction  de  x  et 
de  y,  par  une  fonction,  T,  à  valeur  initiale  i,  du  temps  t  seul.  Or  l'équation 
indéfinie  ci-dessus,  divisée  par  ^Th,  c'est-à-dire  par  p.T-Ao,  devient  alors 


1'  I 

2  —  =  — 

T-        [j-Z/f 


Ix  \       dx   )         d.y\       "/   /  J 


))  Ses  deux  membres,  indépendants,  le  premier,  de  x  et  dej)^,  le  second, 
de  ty  se  réduisent  nécessairement  à  une  constante,  —  2a.  L'on  a  donc, 
d'une  part,  grâce  à  une  intégration  immédiate, 

(2)  ^-14-a^  ou  T==:^-^^,  ^'  =  TTI^' 

et,  d'autre  part,  pour  déterminer,  avec  a,  la  forme  de  A^,  le  système 

\        y  \  ri  î 

\  (sur  le  cont.  libre  7  )  A„  =  o,         (sur  le  cont.  paroi  7^,  )  -^"  =  o. 

»  Les  flux  R^ A,   ou    {Y^h^-~\v,  à  travers  l'unité  de   longueur  de 

coupes  verticales  quelconques  faites  dans  la  nappe,  seront  tous  propor- 
tionnels à  T-.  Par  suite,  le  débit  Q  du  seuil  ou  de  la  source  décroîtra 
comme  l'inverse  du  carré  (i  +  a^)-. 

»  IIL  Supposons  que,  p.,  K  étant  constants  et  la  coordonnée  y  disparais- 


SÉAXCE    DU   6    JUILLET    igo3.  7 

sant  des  équations,  le  plan  de  la  nappe  soit  la  bande,  de  longueur  indé- 
finie et  de  largeur  L,  comprise  entre  le  seuil  rectiligne  a?  =:  o  et  la  crête 
parallèle  o^  =  L,  thalweg  et  faîte  où  l'on  aura  ainsi,  respectivement,  /z^  =  o 

et  -T-^  =  o.  En  vue  de  simplifier  nos  équations,  posons 


(4) 


■  V 


h„  3c^KM 


'/■,  = 


L  '  ^  M  21J.L- 


formulesoù  ç,  r,  seront,  pour  tenir  lieu  de  o^  et  de  A,,,  une  nouvelle  variable 
indépendante  et  une  nouvelle  fonction,  croissantes  toutes  deux  de  zéro  à  i, 
où,  par  conséquent,  M  est  la  valeur  de  /i^  pour  ^i?  =  L  et  où,  enfin,  c  dé- 
signe une  constante  positive,  convenablement  choisie.  Le  système  (3), 
dans  lequel  les  dérivées  pourront  s'indiquer  par  des  accents,  deviendra 

(  (pour  1  =  0)  Ti  =:  o,  (pour  'i=  i)  -/)'  =  o  et  r,  =  [ . 

»  Multiplions  l'équation  indéfinie  par  rjTi'c?^  ou  par  ri  «iri  ;  et  intégrons, 
en  tenant  compte  des  conditions  relatives  à  ^  =  i.  Nous  aurons  l'équation 
différentielle  première  du  profil  de  la  surface  ; 


(6)  rrri'-=c2(i  —  r/');  d'où  -^  =  ^ 


Et  une  deuxième  intégration,  effectuée,  après  séparation  des  variables,  à 
partir  de  la  limite  inférieure  ^  =  o  où  ■/]  s'annule,  donnera  l'équation  finie 
du  même  profil  : 

(7)  ■     '=i=fA- 

»  L'abscisse  proportionnelle  t  de  la  surface  libre  est  donc  une  certaine 
intégrale  elliptique  de  l'ordonnée  analogue-/].  Enfin,  comme  E,  y)  atteignent 
en  même  temps  leur  limite  supérieure  i,  la  constante  c  est,  d'après  (7), 

»  Pour  la  calculer,   posons  y,  =  y^  ;  ce  qui,  transformant  l'expression 

de  c  en   ^  /    y*     (i— y)'      Jy,    donne   l'intégrale   eulérienne  ^B(|,  .}), 


8  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

égaleài^i^}|^ouà^^,vuqner(i)  =  v/^etque|r(f)  =  r(f).Donc 

(ç\\  c  =-- —T  =  o>^6236  (environ), 

vy/  2  I  (I) 

le  calcul  numérique  s'elfectuant  par  la  Table  de  Legendre  pour  les  loga- 
rithmes décimaux  de  ^(/^)  dans  l'intervalle  des  deux  limites  Ai=  i  et  «=  2. 
»  Il  n'y  a  ainsi,  pour  l'équation  de  la  nappe  entre  ses  deux  coordonnées 
relatives  ^,  r,,  qu'une  forme  unique  (sans  aucun  paramètre  variable)  qui 
assure  sa  propre  conservation  aux  diverses  époques  l.  Et,  en  effet,  l'on 

W 

rend  indépendante  de  la  donnée  M  l'expression,  A^T  ou  MriT  --^ --^—■> 

i  *  ce      I  — I —  ce  L 

de  A,  en  l'écrivant,  grâce  à  la  dernière  relation  (4),    ^  ., t^ '  (  -  -f-^j     '   tîL 

en  posant  — h  ^  =  t  ou  reculant  de  -•>  dans  le  passé,  l'origine  des  temps  t, 

que  l'on  désigne  alors  par  t.  Il  vient,  d'abord,  pour  la  dénivellation  h,  et, 
ensuite,  pour  sa  valeur  maxitna  actuelle  (correspondant  à  ■/)  =  i)  que 
nous  dénommerons  /«,„  : 

))  IV.  Ce  résultat  s'étend  au  cas  plus  général  des  équations  (3).  Effec- 
tivement, on  remarque,  en  divisant  la  première  de  ces  équations  par  a-  et 
les  deux  autres  par  a,  qu'elles  ne  contiennent  plus,  au  lieu  de  Ay  et  de  a, 

que  leur  rapport  mutuel  —  •  Appelons,  par  exemple,  '(  ce  rapport,  fonction 

de  a:  et  de  y  que  l'analogie  avec  le  cas  traité  ci-dessus  porte  à  regarder 
comme  unique,  mais  qui,  de  toute  manière,  est  indépendante  de  la  hauteur 
initiale  M  delà  nappe;  et  la  substitution,  à  /,  de  la  nouvelle  variable  t  pour 
exprimer  le  temps,  donnera,  à  la  dernière  relation  (2),  la  forme 

(..)  h=\. 

»  V.  Revenant  à  l'hypothèse  d'une  nappe  à  fond  rectangulaire  de  lon- 
gueur indéfinie,  j'appellerai  A,  par  unité  de  longueur,  le  volume  initial 
a/?/)«rc/zi (c'est-à-dire  y  compris  la  terre  ou  le  sable  interposés)  delà  nappe 
liquide.  Il  équivaut  à  l'aire  de  sa  section  verticale  faite  suivant  les  x.  Or, 
décomposons  cette  section  en  bandes  horizontales  de  dimensions  L  —  00 


SÉANCE    DU    6   JUILLET    iQoS.  9 

et  rMo,  ou   L(i  —  l)  et  Mdr,.  Elle  aura  pour  valeur  —  /    (c  —  c^)  firr, 

et  il  viendra,  à  raison  de  l'excédent  de  (8)  sur  (7),  puis  grâce  à  une  inté- 
gration par  parties  évidente,  dans  laquelle  s'annule  le  terme  intégré, 

(12)        ;  '    J,  Jr,     V'.-V  '    X       /r=V  3c     V  »  3c 

d'où  M  =  — -p  =  1,2935  j-' 

»  La  crête  de  la  nappe  est  donc,  au-dessus  du  seuil,  à  une  hauteur  h„, 
valant  i  ,2935  fois  la  hauteur  moyenne,  quotient  de  l'aire  par  la  largeur  L. 

))  Si  nous  éliminons  maintenant  M,  par  la  dernière  formule  (12),  de 
l'expression  (4)  de  a,  constante  qu'on  peut,  jusqu'à  un  certain  point, 
appeler  le  coefficient  de  tarissement,  il  vient 

/   o\  Qc^  KA        ^  KA 

(l3)  ^'  =  -r 1-^  =  5,7727— j^- 

^  4     V-'--  4!-'-L 

»  Ce  coefficient  de  tarissement  prend  ainsi  (à  part  le  facteur  numé- 
rique 9c*,  remplaçant  le  carré  plus  grand  -')  la  forme  qu'il  avait  dans  le 
cas  d'une  nappe  profonde  étudié  d'abord,  où  le  volume  apparent  A,  alors 
peu  variable,  égalait  sensiblement  le  produit  LH.  Mais  la  fonction  T, 
dans  h,  était  e""%  ou  l'inverse  de  e*'  et  non,  comme  ici,  de  i  -f-  cLt. 

»   Le  débit  de  l'unité  de  longueur  de  la  nappe,   à  travers  la  section 

verticale  d'abscisse   x^  est  K-j^A,  c'est-à-dire,  d'après  (10),   ^,^.  ^m  , 

OU    ^\,.  ,Ji  — -/i^  en  vertu  de  (6).  Sur  le  seuil,  où  yi  s'annule,  on  aura 

donc  successivement,  vu  la  seconde  relation  (10),  pour  ce  débit  qui  est 
alors  celui  de  l'unité  de  longueur  de  la  source  alimentée  par  la  nappe, 

(i4)  q=^^^,  =  ^f^=cKU„,, 

où  I  représente  la  pente  superficielle  moyenne  de  la  nappe,  quotient  de  la 
hauteur  actuelle  A,„  par  la  largeur  L.  On  remarquera  que  cette  formule 
de  q  reviendrait  à  celle,  {%KUI,  du  cas  plus  simple  examiné  dans  ma  pré- 
cédente Note  (dernière  formule  5),  si  Ton  prenait  ici,  comme  section  H  de 

débit,  la  fraction  —  (les  ~^)  de  la  section  maxima  h^. 

»  VI.  Il  reste  à  savoir  si  la  forme  primitive,  arbitraire,  de  la  nappe  tend 

c.  R.,  i9o3,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  1.)  '^ 


lO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

effectivement  à  se  régler,  c'est-à-dire  s'il  y  a  un  régime,  et  quelles  fractions 
ou  de  la  hauteur,  ou  du  volume,  primitifs,  qu'on  peut  supposer  connus 
dans  chaque  cas,  subsisteraient  encore  au  moment  où  le  régime  pourrait 
être  censé  atteint,  fractions  équivalant  précisément  aux  données  M  ou  A 
de  nos  formules  ci-dessus.  J'ai  pu  seulement  établir  qu'il  faut  répondre 
affirmativement  à  la  première  de  ces  questions. 

»  Supposons,  en  effet,  que  la  forme  initiale  de  h  présente,  par  rapport 
à  celle,  Ao,  qui  est  persistante,  d'assez  faibles  écarts  pour  permettre  de 
négliger  leurs  carrés  dans  les  calculs.  Prenant  le  cas  général  des  équa- 
tions (i),  (2)  et  (11),   soit  ^  ce  que  sont  devenus  les  écarts  en  question, 

ou  ce  qu'est  h  —  /?oT,  après  un  temps  t  modéré,  laissant  encore  t  petit.  Les 
expressions  de  h  et  de  A^  seront  alors  respectivement,  avec  nos  notations, 

l'une,  AoT-f-  L  l'autre,  A;;T='+  a^Tsou  A^T^-^-  i^Ti;  et  l'équation  (i), 

divisée,  après  suppression  des  termes  où  ne  figure  pas  s,  par  2a,T,  c'est- 
à-dire  multipliée  par  |t,  sera 

\i.     dt  cl  /^r  dz\  d  l -,r  dz 


Ç     di         dx\      dx  )         (^J'V      ({y 

»   Si  nous  adoptons  provisoirement  comme  variable  indépendante,  au 
lieu  de  t,  logT,  que  nous  appellerons  9,  cette  équation  deviendra 

,    ^ ,  u.  dz  d    /„  dz  \  d   (  ,r  dz 

(■5)  !5ê  =  s('^s)  +  ^-('^;5^ 

Complétée  par  les  deux  relations  définies  évidentes 

£  =  o     (sur  le  cont.  libre  /)  et         — ^  =  o     (sur  le  cont.  paroi  y,  ), 

elle  nous  ramène,  comme  dans  ma  Note  du  11  juin,  au  problème  du  refroi- 
dissement d'une  plaque  plane,  encore  à  bases  c  imperméables,  avec 
contour  y  maintenu  à  la  température  zéro  et  contour  y,  imperméable, 
mais  de  conductibilité  et  capacité  calorifiques  tout  autres  qu'alors.  En 
appelant  0^  la  valeur  initiale  (—  loga)  de  6,  soient  :  CVe"!^*^"^»^  la  solution 
?>\xn^\çi  fondamentale  de  ce  nouveau  problème  de  refroidissement;  e~^'^^~^o^ 
l'exponentielle  de  la  solution  particulière  (simple  ou  composée  de  plu- 
sieurs solutions  simples)  venant  après  la  solution  fondamentale;  enfin, 
£„,  la  petite  fonction  de  a;  et  de  j  qui  exprime  les  valeurs  données  de  £ 
pour  Ô  =  Op.  Comme  on  pourra,  en  modifiant  le  coefficient  a  auquel  sont 


SÉANCE    DU    6    JUILLET    IQoS.  II 

proportionnelles  les  valeurs  initiales  delà  solution  réglée  h^T,  faire  varier 
les  valeurs  correspondantes  s,,  de  quantités  en  raison  directe  du  change- 
ment même  de  a,  rien  n'empêchera  de  choisir  a  par  la  condition  d'annuler 
l'intégrale  fVt^^da,  c'est-à-dire  le  coefficient  C  de  la  solution  fondamen- 
tale. L'expression  de  e  commencera  donc  au  terme  en  e-^'*^"^»),  que  l'on 
pourra,  si  W  désigne,  dans  chaque  cas,  une  fonction  de  a?  et  de  y  généra- 
lement comparable  à  l'unité,  écrire  e^^W e^^'^^'^o^  :  ce  sera  l'expression 
asymptotique  ou  la  partie  principale  de  s.  Et  la  substitution,  à  6  —  9^,  de 
logT  -h  logo.  =  log(i  +  y.t),  donnera 


(iG)  e  =  (environ) 


(i  +  aO^' 


»  Le  cas  smiple  d'une  nappe  homogène  de  longueur  indéfinie,  comprise 
entre  le  contour  libre  ^  ==  o  et  le  contoiir-paroi  x  =  L,  permet  de  se  ren- 
seigner sur  l'ordre  de  grandeur  de  l'exposant  ^'  et  de  reconnaître  qu'il 
excède  notablement  l'unité  :  fait  d'où  résulte  l'évanouissement  rapide  des 

écarts  p  comparativement  à  la  partie  réglée,  — y->  de  h.  Mais,  à  raison 

du  coefficient  variable,  et  même  transcendant,  que  contient  le  premier 
membre  de  l'équation  indéfinie  (i5),  cette  constatation  exige  quelques 
développements  d'Analyse.  Ils  feront  l'objet  d'une  Note  spéciale.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  de  nouvelles  synthèses  effectuées  au  moyen  de 
molécules  renfermant  le  groupe  méthylène  associé  à  un  ou  deux  radicaux 
négatifs.  Action  de  V épichlorhydrine  sur  les  éthers  acétonedicarho niques 
sodés  III.  Note  de  MM.  A.  Haller  et  F.  .^Iarciî. 

tt  Dans  une  Communication  précédente  (')   nous  avons  montré  que, 

parmi  les  produits  de  la   réaction   de  l'épichiorhydrine  sur  les  acétone- 

dicarbonates  de  méthyle  et  d'éthyle,  on  pouvait  isoler  des  combinaisons  de 

la  formule 

CO-CH^  — CO^R 

CH-CH^-CH-^CH^CI 

1  I 

GO O 


(*)  Comptes  rendus,  t.  CXXXVI,  p.  ^04. 


12  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

sortes  de  cétolactones  chlorées  et  d'éthers  sels  qui  donnent  avec  la  semi- 
carbazide  des  composés  parfaitement  cristallisés.  Nous  avons  continué 
l'étude  de  ces- molécules  complexes  et  nous  avons  cherché  tout  d'abord  à 
les  éthérifier  par  ouverture  de  la  chaîne  lactonique. 

»  On  sature  une  solution  alcoolique  de  la  cétolactone  éthylique  par  de  l'acide 
chlorhvdrique  sec,  et,  après  avoir  abandonné  le  mélange  à  lui-même  pendant  48  heures, 
on  le  réduit  sous  une  cloche  à  vide.  Le  résidu  est  traité  par  de  l'eau  et  agité  avec  de 
l'éther,  La  solution  éthérée,  lavée  à  plusieurs  reprises  avec  du  carbonate  de  soude,  est 
décantée,  séchée  sur  du  sulfate  de  soude  anhydre  et  distillée.  On  obtient  par  fraction- 
nement, sous  ly""™,  une  huile  bouillant  à  198-199°  avec  un  bon  rendement. 

»  A  l'analyse,  ce  produit  fournit  des  nombres  un  peu  faibles  en  carbone,  trop  élevés 
en  chlore,  résultant  d'une  fixation  probable  d'acide  chlorhydrique  sur  la  molécule 
nouvelle,  mais  correspondant  néanmoins  à  C'^H'^O^Cl,  comme  le  montrent  d'ailleurs 
les  réactions  ultérieures. 

»  Le  nouveau  composé  ne  donne  plus  de  précipité  avec  l'acétate  de 
cuivre,  et  ne  se  combine  pas  à  Ja  semicarbazide.  Ces  faits  montrent  que  la 
fonction  cétonique  a  disparu  et  que  le  complexe  —  CO.GH-CO-R  a  été 
modifié. 

»  Si  l'on  chauffe  cet  éther  avec  de  l'eau  et  du  carbonate  de  potasse  à  l'ébullition, 
pendant  48  heures,  on  obtient,  par  refroidissement,  des  cristaux  qui  résultent  de  la 
prise  en  masse  de  l'huile  qui  s'était  déposée.  La  solution  aqueuse  ne  contient  pas  de 
chlorure  de  potassium;  évaporée  et  épuisée  avec  du  chloroforme  elle  donne  une  huile 
qui  se  décompose  à  la  distillation  en  fournissant  le  même  produit  cristallisé. 

»  Ces  cristaux  fondent  à  Sy-SS»  et  bouillent  à  i4i-i43°  sous  17'"'°.  Ils  sont  très 
solubles  dans  l'éther  et  dans  l'alcool,  possèdent  une  odeur  rappelant  celle  des  dérivés 
hydrofurfuraniques  et  répondent  à  la  composition  C^H'^O^Cl. 

»  Ce  corps  diffère  de  celui  dont  il  dérive  par  les  éléments  de  l'alcool  et 
de  l'acide  carbonique,  plus  ]°*°'  d'eau. 

))  Sa  formation  au  moyen  de  la  cétolactone  peut  s'interpréter  de  la  façon 
suivante.  L'éthéritication  de  cette  lactone  donne  d'abord  naissance  à  l'éther 
suivant  : 

CH^GO^G-H^  CH^CO^Cms 

CD  GO 

(l\  1  +C2H50H=   I 

^  '         CH-GH^-GH-GH^Gl  GH— GH^-GHOH-GH-^Gl 

CO 6  ■  CÔ^G^H^ 

»  Mais  cet  éther,  une  fois  préparé,  se  déshydrate  par  suite  de  sa  transfor- 
mation en  sa  forme  tautomère  énolique,  et  donne  naissance  à  un  dérivé 


SÉANCE    DU   6   JUILLET    iQoS. 
hydrofurfuranique  chloré  (C'-H'^O^Cl) 


i3 


(II) 


COH 

G  — CH^—CHOH 


CH^Cl 


H*0 


CH2.CO«C'H5 

c o. 


C_CH2— CH-GH*a 

I 


CO^C-H^ 

»  La  teneur  en  chlore  un  peu  élevée  qu'accuse  ce  dernier  éther  peut 
s'interpréter  en  admettant  qu'il  s'est  additionné  de  l'acide  chlorhydrique, 
grâce  à  la  double  liaison  qu'il  renferme. 

»  La  production  du  composé  cristallisé  G'-*  H''0''CI  aux  dépens  de 
l'éther  dihydrofurfuranique,  ainsi  que  sa  constitution,  peuvent  s'inter- 
préter de  la  façon  suivante  : 

CH2.CO-G2H=^ 


(III) 


GH-^CO^G^H^ 

G O, 

II 

G-GH^— GH— GH^Gi 

I 
GO^G^H'i 


H^O^GO^  +  G^H^OH 


G O 

Il  \ 

GH-GH^-GH-GtPGl 

(a) 


GH» 

G  — O 

M  \ 

C-GH^-GH.GIPGI 

I 
I  GO^G^H^ 

»  Pour  établir  à  laquelle  des  deux  formules  (a)  ou  (b)  répond  le  corps 
cristallisé,  nous  avons  éthérifié  l'acétyl-chloro-y-valérolactone  obtenue 
par  MM.  Traube  et  Lehmann  (')  dans  l'action  de  l'épichlorhydrine  sur 
i'acétylacétate  d'éthyle  sodé 

GO  GH^ .  GO .  GH  —  GO  OG^  H^ 


GH^GO.CH 

I 
GH 

I 
GH-0 

I 
GH^Gl 


G^H^OH 


I 
G— 


G 
I 


I 

GHOH 

I 
GH^Gl 


GH^.GH.GH^GI 


H'O. 


(')  Traube  et  LehmaNiN,  Deut.  cliem.  Ges.;  l.  XXXIV,  p.  1980. 


l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Nous  avons  ainsi  obtenu,  avec  un  très  bon  rendement,  le  même  pro- 
duit fondant  à  57-58°.  Sa  constitution  répond  donc  bien  à  la  formule  (b), 
c'est-à-dire  à  l'éther  éthylique  de  \'acide-iy.-chlorométhyle-cL'-methyl-cL^-dihy- 
drofurfurane-^' -carbonique. 

»  L'acide  lui-même  s'obtient  facilement  par  saponification  de  son  éther 
au  moyen  de  la  potasse  alcoolique  et  fond  à  108-109°. 

»  Action  de  l'eau  sur  la  cétolactone  chlorée. — Cette  lactone  a  été  chaufTée  à  Tébul- 
lition  avec  une  solution  aqueuse  étendue  de  carbonate  de  potasse  en  quantité  équi- 
moléculaire  pendant  [^è  heui-es.  On  observe  un  abondant  dégagement  de  GO^.  Quand 
toute  l'huile  a  disparu,  on  épuise  avec  l'éther  qui  n'enlève  presque  rien  au  liquide,  on 
évapore  à  sec  la  solution  aqueuse  et  on  lave  avec  de  l'alcool  absolu.  La  liqueur 
alcoolique  est  distillée  et  l'alcool  étant  éliminé,  on  fractionne  le  pi^oduit  restant.  On 
obtient  de  la  sorte  un  produit  bouillant  à  170-175°  sous  i3™™,  de  formule  CH^^O*, 
identique  au  composé  CH^.CO.CIP.CH'-.CHOH.CIL^OH,  déjà  décrit  par  iMM.  Traube 
et  Lehmann  {toc,  cit.),  dans  l'action  de  l'eau  sur  l'acétylchloro-Y-valérolactone. 

»  Avec  notre  cétolactone  chlorée  la  réaction  s'est  donc  passée  suivant  l'équation  : 

(GO  — GH^.CO^C^H^X 
CH.CH-.CH.CH^Cl    I +4H2  0h-C0^K2 
co o  / 

=  2C2H»OH  +  2Ka-h5C02-+-2(CIP.GO.CH^CH^CHOH.CH20H). 

»  Copulation  des  cétolactones  chlorées  dérivées  des  éthers  acétonedicarboniques 
et  benzoylacétique  açec  les  chlorures  de  diazobenzène  et  p-diazotoluène.  —  Si  l'on 
fait  agir  sur  la  solution  alcoolique  du  dérivé  sodé  de  la  cétolactone  éthjlique  une  solu- 
tion de  chlorure  de  diazobenzèue  à  0°,  on  obtient  sur  les  parois  du  vase  une  masse 
visqueuse  qui  se  solidifie  au  bout  de  quelques  heures.  On  recueille  ce  produit,  on  le 
lave  à  l'éther  et  on  le  fait  cristalliser  dans  l'alcool  bouillant.  Fines  aiguilles  fondant 
à  i83-i84°  et  répondant  à  la  formule  GiiRi'O-N^.Gl  : 

CO.GH^GO^G^H^ 

GH.GH2.GH.CH^Cl-h  HOi\^G«lL 

I  I 

CO 0 

CO^G^H^ 

=  GH'-          -hGeiP.N^-GH  — GH^GH  — GH-^Gl. 
I                                       I  I 

GO'H  GO O 

G«H».NH.N  =  G-Gir--GH.GH2G1. 

I  I 

CO^ — ^o 

»  Pojir  corroborer  notre  manière  de  voir,  quant  à  la  constitution  de  ce  nouveau 
dérivé,  nous  l'avons  préparé  par  une  autre  voie  et  nous  nous  sommes  adressés  à  la  ben- 


SÉANCE   DU   6   JUILLET    IQoS.  l5 

zoyl-chloro-Y-valérolaclone  obtenue  il  y  a  quelque  temps  par  l'un  de  nous  (^).  Celte 
lactone,  traitée  par  le  chlorure  de  diazobenzène  dans  les  mêmes  conditions  que 
ci-dessus,  a  fourni  le  même  dérivé  azoïque  ou  la  même  hydrazone  fondant  à  180-184°, 
en  même  temps  que  de  l'acide  benzoïque 

C^H3.C0.CH~G0 

I 
CH2 

I  +H0N«.C«H5 

CH-0 

GH^CI 

=  C«H»CO-H  +  G^H^NH.H  =  G  —  GH^.GH.GH-Gl. 

I  I 

GO O 

»  Nous  avons  également  répété  la  réaction  avec  l'éther  mélhylique  de  notre  céto- 
lactone  chlorée  dérivée  de  l'acétonedicarbonate  de  méthyle  et  avons  encore  obtenu'les 
mêmes  aiguilles  fondant  à  i83°-i84°. 

»   En  substituant  au  chlorure  de  diazobenzène  le  chlorure  de/>-diazoto- 

luène,  on  obtient  une  tolylhydrazone  CHV    ,.„,. 

'  ^    ^  \NHN  =  C-GH-.CH.GH='C1. 

I  I 

CO O 

cristallisant  en  aiguilles  incolores  et  fondant  à  210''.  Ce  corps  est  très 
soluble  dans  l'alcool  bouillant. 

»  Nous  continuons  l'étude  de  ces  composés,   » 


MÉDECINE.  —  De  l'action  du  sérum  humain  sur  les  Trypanosomes  du  Nagana, 
du  Caderas  et  du  Surra.  Note  de  M.  A.  Laverax. 

«  J'ai  signalé  déjà  l'action  remarquable  que  le  sérum  humain  exerce 
sur  le  Trypanosome  du  Nagana,  Tr.  Brucei{^).  J'ai  continué  mes  recherches 
sur  cette  question  et  je  les  ai  étendues  à  deux  autres  maladies  à  Trypano- 
somes :  le  Caderas  et  le  Surra;  je  me  propose  de  résumer,  dans  cette  Note, 
les  résultats  de  mes  dernières  expériences  (^). 


(*)  A.  Haller,  Comptes  rendus,  t.  GXXXII,  p.  1400.  —  Bull,  Soc.  chc/n.,  3"  série, 
t.  XXI,  p.  564. 

(^)  Comptes  rendus,  séance  du  i^""  avril  1902. 

(*)  Nous  avons  montré,  M.  Mesnil  et  moi,  que  le  Nagana,  le  Gaderas  et  le  Surra 
étaient  trois  entités  morbides  distinctes  :  Comptes  rendus,  17  novembre  1902  et 
22  juin  1908. 


l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

))  Le  sérum  humain  est  rarement  recueilli  avec  pureté  ;  aussi  s'altère-t-il, 
en  général,  au  bout  de  quelques  jours,  même  si  l'on  prend  soin  de  le  main- 
tenir à  la  glacière.  Le  sérum  qui  a  été  recueilli  avec  pureté  conserve  plus 
longtemps  son  activité  que  le  sérum  impur  mais,  lui  aussi,  il  perd  plus  ou 
moins  rapidement  ses  propriétés.  Du  sérum  humain  très  actif  au  début, 
conservé  à  la  glacière  et  resté  limpide,  avait  perdu,  au  bout  de  i  mois, 
toute  son  activité  sur  le  Trypanosome  du  Nagana. 

»  Pour  remédier  à  ces  difficultés,  j'ai  renoncé  à  conserver  le  sérum 
humain  à  l'état  liquide,  je  le  fais  dessécher  dans  le  vide  (');  lorsque  je 
veux  injecter  du  sérum  humain  à  un  animal,  je  pèse  la  quantité  voulue  de 
poudre  et  je  la  fais  dissoudre  dans  de  l'eau  distillée  stérilisée.  Le  sérum 
humain  desséché  est  aussi  actif  que  le  sérum  frais  et  il  conserve  longtemps 
ses  propriétés  ;  j'ai  de  la  poudre  de  sérum  humain  conservée  dans  un  tube 
en  verre,  bouché  par  un  tampon  d'ouate,  à  l'abri  de  la  lumière,  qui,  au 
bout  de  6  mois,  est  encore  très  active. 

»  Neuf  échantillons  de  sérum  humain  formant  un  total  de  437"™'  ont 
fourni,  après  dessiccation,  42^,26  de  poudre;  on  peut  donc  admettre,  dans 
la  pratique,  que  o^^io  de  poudre  correspondent  à  i'^'"'  de  sérum  humain. 

»  Le  sérum  des  nouveau-nés  s'est  montré  beaucoup  moins  actif  que 
celui  des  adultes  qui  seul  a  été  employé  dans  mes  dernières  expériences. 

»  1°  Action  du  sérum  humain  sur  le  Trypanosome  du  Nagana.  —  Si  l'on  injecte 
sous  la  peau  d'une  souris  naganée,  o*^™',  5o  à  i*^™'  de  sérum  humain,  on  constate  que 
les  Trjpanosomes  disparaissent  en  24  ou  36  heures,  à  moins  que  l'infection  ne  soit 
trop  avancée  au  moment  où  le  sérum  est  injecté. 

»  Pour  un  rat  de  200s  environ,  une  dose  de  2'^'"'  de  sérum  suffit  en  général  pour 
faire  disparaître  les  Trypanosomes. 

»  4  à  5  heures  après  l'injection  du  sérum  humain  les  Trypanosomes  présentent,  dans 
le  sang  des  animaux  traités,  des  formes  d'involution,  et  leur  nombre  diminue  rapide- 
ment à  partir  de  ce  moment. 

»  Les  Trjpanosomes  disparaissent  souvent  pendant  4  à  8  jours  après  une  injection 
de  sérum;  ils  ne  reparaissent  parfois,  dans  le  sang,  qu'au  bout  de  12,  18  et  même 
19  jours. 

»  En  règle  générale,  la  disparition  des  Trypanosomes  n'est  que  temporaire;  nous 
avons  observé  cependant,  M.  Mesnil  et  moi,  des  cas  de  guérison  (^). 

»  Chez  4  souris,  la  disparition  des  Trypanosomes,  à  la  suite  d'une  ou  deux  injec- 
tions de  sérum  humain,  a  été  définitive.   Deux  de  ces  souris  réinoculées  de  Nagana, 

(*)  Ce  mode  de  conservation  des  sérums  utilisés  en  thérapeutique  est  aujourd'hui 
bien  connu. 

(2)  Annales  de  l'Institut  Pasteur,  t.  XVI,  novembre  1902,  p.  800. 


SÉANCE    DU    6    JUTLÎ,ET    ipoS.  17 

après  guérison,  se  sont  infectées  de  nouveau  ;  l'atteinte  légère  de  Nagana  qu'elles 
avaient  subie  n'avait  donc  pas  suffi  à  leur  donner  l'immunité. 

»  En  repétant  les  injections  de  sérum  humain,  on  peut,  dans  tous  les  cas,  prolonger 
de  beaucoup  la  vie  des  animaux. 

»  2°  Action  du  sérum  humain  sur  le  Trypanosome  du  Caderas.  —  Le  sérum 
humain  est  aussi  actif  contre  le  Caderas  que  contre  le  Nagana. 

»  Lorsque,  à  une  souris  de  20^  environ,  ayant  des  Trypanosomes  du  Caderas  rares 
ou  même  assez  nombreux  dans  le  sang,  on  inocule  o*^™',5o  à  1"°''  de  sérum  humain  ou 
os,  10  de  poudre  de  ce  sérum  en  dissolution  dans  l'eau,  on  constate,  au  bout  de  24  à 
36  heures,  que  les  Trypanosomes  ont  disparu.  La  disparition  est  d'autant  plus  rapide  que 
les  Trypanosomes  sont  moins  nombreux,  au  m.oment  oii  le  sérum  est  injecté.  Quand 
les  Trypanosomes  sont  très  nombreux,  le  traitement  est  souvent  inefficace;  la  mort 
arrive  avant  que  le  sérum  ait  eu  le  temps  d'agir. 

»  Les  Trypanosomes  disparaissent  pendant  6  à  8  jours,  après  quoi  ils  reparaissent 
en  général,  et  il  est  nécessaire  d'intervenir  de  nouveau.  Une  fois  seulement,  sur  10, 
une  souris  a  guéri  après  une  injection  de  sérum  humain. 

»  En  pratiquant  des  injections  successives,  on  prolonge  beaucoup  la  vie  des  ani- 
maux; les  souris  non  traitées  meurent  en  6  à  8  jours,  tandis  que,  chez  les  souris  trai- 
tées, la  moyenne  de  la  survie,  après  l'inoculation  du  Caderas,  a  été  de  67  jours.  Les 
chiffres  de  68  à  70  jours  ont  été  atteints  plusieurs  fois;  une  souris  a  survécu  i  r3  jours. 
Il  arrive  un  moment  où  le  sérum  humain  n'agit  plus  sur  les  hématozoaires. 

»  La  souris  qui  a  guéri  n'avait  pas  l'immunité  pour  le  Caderas;  elle  n'a  pas  résisté 
à  une  nouvelle  inoculation  de  sang  virulent. 

»  Chez  les  rats  infectés  de  Caderas,  l'action  du  sérum  humain  est  la  môme  que 
chez  les  souris.  Pour  un  rat  de  i5oS  à  200S  on  injectera  2'"'  de  sérum  ou  O',  2.5  à  oS,  3o 
de  poudre  de  sérum  en  dissolution  dans  l'eau. 

»  Le  mode  d'action  du  sérum  humain  sur  les  Trypanosomes  du  Caderas  est  le  même 
que  sur  les  Trypanosomes  du  Nagana. 

))  Si  l'on  examine  à  différentes  reprises  le  sang  d'un  animai  cadéré  traité  par  le 
sérum  humain,  on  constate  ce  qui  suit  : 

»  I  heure  après  l'injection  de  sérum  les  Trypanosomes  ont  l'aspect  normal  et  leur 
nombre  n'a  pas  sensiblement  diminué. 

»  2  heures  après  l'injection,  à  côté  de  Trypanosomes  d'aspect  normal,  on  trouve  des 
formes  d'involulion  plus  ou  moins  nombreuses  :  Trypanosomes  déformés  en  têtards  ou 
en  boules;  le  protoplasme  des  Trypanosomes  en  voie  d'involution  se  colore  mal,  il  finit 
par  disparaître  et  l'on  ne  trouve  plus  que  les  flagelles  et  des  restes  des  noyaux. 

»  5  heures  après  l'injection,  le  nombre  des  Trypanosomes  a  sensiblement  diminué  et 
l'on  est  frappé  de  l'Inégalité  de  forme  et  de  dimensions  des  Trypanosomes;  les  parasites 
en  voie  d'involution  sont  nombreux;  le  type  en  boule  est  le  plus  commun. 

»  11  n'y  a  pas  de  leucocytose  marquée;  certains  leucocytes  renferment  évidemment 
des  débris  des  Trypanosomes  mais  la  phagocytose  ne  s'exerce  que  sur  des  parasites 
déjà  profondément  altérés;  je  n'ai  jamais  vu  un  leucocvte  en  train  d'englober  un  Tr}-- 
panosome  encore  mobile. 

»   Dans  les  heures  qui  suivent,  le  nombre  des  Trypanosomes  continue  à  décroître. 

»   3'^  Action  du  sérum  humain  sur  le  Trypanosome  du  Surra.  —  L'action  du  sérum 

C.  R.,  igoS,    2-  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  1.)  -^ 


l8  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

humain  sur  le  Trypanosome  du  Surra  est  tout,  à  fait  semblable  à  celle  de  ce  sérum  sur 
les  Trvpanosomes  du  Nagana  et  du  Caderas.  Chez  une  souris  de  i5s  à  2oS  infectée  de 
Surra,  si  l'on  injecte  i*^"""  de  sérum  ou  oS,  lo  de  poudre  de  sérum,  on  voit  disparaître 
les  Trypanosomes  en  2^  O"^'  36  heures;  au  bout  de  8  à  1 1  jours  les  Trvpanosomes  repa- 
raissent en  général.  Je  dois  dire  que  je  n'ai  fait  encore  qu'un  petit  nombre  d'expé- 
riences de  traitement  du  Suira  par  le  sérum  humain. 

»  En  résumé,  le  sérum  humain  injecté  à  des  animaux  atteints  de 
Nagana,  de  Surra  ou  de  Caderas,  fait  disparaître  temporairement,  parfois 
même  d'une  façon  définitive,  les  Trypanosomes  qui  sont  les  agents  patho- 
gènes de  ces  maladies.  Cette  action  du  sérum  humain  est  d'autant  plus 
remarquable  que  l'évolution  naturelle  de  ces  maladies  aboutit  toujours  à 
la  mort  chez  les  espèces  animales  qui  ont  servi  à  nos  expériences  et  qu'au- 
cun autre  moyen  de  traitement  n'a  donné  de  guérisons  ('). 

M  Aucune  espèce  animale  ne  fournit  un  sérum  ayant  des  propriétés 
analogues  à  celles  du  sérum  humain  ;  dans  ma  Note  antérieure  j'ai  dit  que 
le  sérum  de  singe  était  aussi  peu  actif  contre  les  Trypanosomes  du  Nagana 
quede  sérum  des  autres  Mammifères,  je  n'avais  eu  à  ma  disposition  que 
du  sérum  de  Cercopithèque,  il  était  intéressant  de  savoir  si  le  sérum  des 
singes  Anthropoïdes  ne  serait  pas  actif.  Grâce  à  l'obligeance  de  M.  Metchni- 
koff  nous  avons  pu  M.  Mesnil  et  moi  faire  l'expérience  suivante:  le  sérum 
d'un  Chimpanzé  âgé  de  deux  ans  a  été  inoculé,  à  la  dose  de  i*"'',  à  deux 
souris  infectées  de  Nagana,  pesant  l'une  23^  l'autre  i3s.  Au  moment  de 
l'injection,  les  Trypanosomes  étaient  très  rares  dans  le  sang  des  souris. 
L'injection  du  sérum  n'a  eu  aucun  efft^t  sur  l'évolution  de  la  maladie;  les 
deux  souris  sont  mortes  aussi  rapidement  qu'une  souris  témoin. 

»  I/action  du  sérum  humain  sur  les  Trypanosomes  du  Nagana,  du 
Surra  et  du  Caderas  qui  ne  peuvent  pas  se  développer  chez  l'homme,  est 
intéressante  au  point  de  vue  tliéorique,  au  point  de  vue  de  l'étude  de  l'im- 
munité; il  est  possible  aussi  qu'en  poursuivant  ces  recherches  on  arrive  à 
des  résultats  pratiques. 

»  Il  ne  peut  pas  être  question  de  traiter  de  gros  animaux  infectés  de 
Nagana,  de  vSurra  ou  de  Caderas  au  moyen  de  sérum  humain,  il  faudrait 
pour  cela  de  trop  grandes  quantités  de  ce  sérum,  mais  on  connaît  depuis 
peu  des  maladies  à  Trypanosomes  qui  s'attaquent  à  l'homme. 


(')  L'acide  arsénieux  administré,  à  dose  suffisante,  aux  rats  ou  aux  souris  infectés 
de  Nagana,  de  Surra  ou  de  Caderas,  fait  disparaître  temporairement  les  Trypanosomes 
de  la  grande  circulation  ;  il  ne  guérit  pas. 


SÉANCE    DU    6    JUILLET    1903.  19 

«  Dutloii  a  décrit  une  fièvre  irrégulière  assez  répandue  dans  certaines 
régions  de  l'Afrique,  en  Gambie  notamment,  qui  est  produite  par  un  Trvpa- 
nosome  et  il  résulte  des  recherches  récentes  de  Castellani,  confirmées  par 
Bruce,  que  la  Maladie  du  sommeil,  une  des  endémies  les  plus  graves  de 
l'Afrique  équatoriale,  a  également  pour  agent  pathogène  un  Trypano- 
some. 

»  Il  y  aura  lieu  d'étudier  l'action  pathogène  de  ces  nouveaux  Trypano- 
somes  sur  les  Mammifères  et  d'expérimenter  ensuite  le  sérum  des  animaux 
réfractaires  dans  le  traitement  de  la  Maladie  de  Dutton  et  de  la  Maladie  du 
sommeil.  » 


BOTANIQUE.  —  Remarques  sur  la  formation  du  pollen  chez  les  Asclépi adées . 

Note  de  M.  L.  Guigxard. 

«  La  formation  du  pollen  chez  les  Asclépiadées  a  été  étudiée  dans  ces 
dernières  années  par  plusieurs  auteurs,  dans  le  but  de  vérifier  l'opinion 
d'après  laquelle  les  cellules-mères  primordiales  de  l'anthère  qui  lui  donnent 
naissance,  au  lieu  de  se  diviser,  conformément  à  la  règle  générale,  chacune 
en  quatre  cellules  poUiniques,  se  transformeraient  au  contraire  directement 
en  grains  de  pollen.  On  sait  que,  dans  l'ovule  des  Phanérogames,  la  cellule- 
mère  primordiale  du  sac  embryonnaire  se  divise  fréquemment,  comme  les 
cellules-mères  primordiales  du  pollen,  en  quatre  cellules-filles,  dont  une 
seule  s'accroît  ordinairement  pour  donner  le  sac  embryonnaire.  Mais,  par- 
fois, cette  division  n'a  pas  lieu,  et  le  sac  embryonnaire  est  fourni  directe- 
ment par  la  cellule-mère  primordiale.  Une  réduction  analogue  dans  l'onto- 
genèse semblait  donc  pouvoir  se  rencontrer  aussi  dans  le  sac  pollinique  de 
quelques  plantes,  et  Sydney  H.  Vines(*),  en  particulier,  admettait  qu'elle 
existe  effectivement  chez  les  Asclépiadées. 

»  En  1901,  M.  Strasbuiger  (-),  reprenant  cette  étude,  remarqua 
d'abord  que,  dans  X Asclepias  Cornuti,  les  cellules-mères  primordiales  sont 
disposées  en  une  assise  unique  qui  dérive,  comme  à  l'ordinaire,  de  l'assise 
sous-épidermique  primitive.  Il  observa,  en  outre,  que,  dans  chacune  de  ces 
cellules-mères,  orientées  et  allongées  dans  le  sens  radial,  la  première  divi- 


(^)  Sydney  H.  Vines,  A  sLadcnts  Laxi-book  of  iJolany ,  1895,  p.  435. 
(-)  Strasbcrger,  Einige  Bemerkungen  za  der  PoUeiibildung  bel  Asclepias  {Ber. 
d.  deutsch.  bot.  GeseUscli.,  29  juillet  1901). 


20  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

sion  nucléaire,  reconnaissable  à  son  caractère  bétérolypique,  est  suivie  du 
cloisonnement  transversal  de  la  cellule.  Les  deux  celiules-fdles  se  divisent 
ensuite  et  se  cloisonnent  dans  la  même  direction,  de  sorte  cjiie  la  cellule- 
mère  primordiale  fournit  quatre  cellules  polliniques  disposées  en  une  Ci\e 
radiale.  Il  n'y  a  donc  pas  exception  à  la  règle  générale,  au  point  de  vue  du 
nombre  des  grains  de  pollen  dérivés  de  chacune  des  cellules-mères.  Mais, 
par  le  mode  de  cloisonnement,  la  formation  du  pollen  de  V  A  se  lepias  est 
analogue  à  celle  que  l'on  connaît  chez  les  Monocotylédones,  à  part  les  Or- 
chidées (*);  il  n'existe  qu'une  différence  d'importance  secondaire  :  la  dis- 
position en  file  des  cellules  de  pollen,  surtout  générale  et  régulière  dans 
la  région  médiane  du  sac  pollinique. 

»  Presque  en  même  temps,  M.  Frye(-)  étudiait  aussi  l'origine  du  pollen 
dans  plusieurs  Asckpias.  Son  travail  était  à  l'impression,  dit-il  (^),  lorsqu'il 
prit  connaissance  de  celui  de  M.  Strasburger,  dont  les  résultats  généraux 
concordaient  avec  les  siens. 

M  Au  commencement  tle  1902,  paraissait  un  Mémoire  de  M.  Gager  C*) 
sur  le  même  sujet.  La  formation  des  cellules-mères  primordiales  et  leur 
division,  accompagnée  du  cloisonnement  successif  indiqué  par  M.  Stras- 
burger, s'y  trouvent  très  nettement  décrites  et  figurées.  Dans  un  Appendice 
à  son  Mémoire,  l'auteur  fait  remarquer  (^)  qu'il  n'a  connu  les  résultats  de 
ce  savant  qu'après  avoir  achevé  ses  observations. 

»  Vers  la  fin  de  la  même  année,  M.  Frye('')  publie,  sur  l'ovule  des 
Asclépiadées,  une  étude  dans  laquelle  il  commence  par  rappeler  ses 
recherches  antérieures  sur  le  pollen;  il  y  mentionne  également  (^)les 
obserA'ations  de  M.  Strasburger,  déjà  signalées  par  lui  dans  son  premier 
Mémoire,  ainsi  que  le  travail  de  M.  Gager. 

(*)  J'ai  montré,  en  effet,  que,  chez  les  Orchidées,  le  cloisonnement  ne  se  produit 
qu'après  la  seconde  division  nucléaire,  comme  chez  les  Dicotylédones  [Recherches 
sur  le  développement  de  V anthère  et  du  pollen  des  Orchidées  (Ann.  des  Se.  nat.  : 
Bot.,  6«  série,  t.  XIV,  i883)]. 

C^)  T.-C.  Frye,  Development  of  the  pollen  in  some  Asclepiadaceœ  {Bot.  Gazette, 
nov.  1901,  p.  SaS). 

{'')  Note,  p.  33o. 

(*)  C.-Stlart  Gageu,  The development  of  the pollinium  and  sperm-cells  in  Ascle- 
pias  Cornuti  {Ann.  of  Botany,  vol.  XYI,  mars  1902,  p.  128). 

(^)  Page  i4i  • 

{^)  T.-C.  FuYj;,  A  morphological  study  of  certain  Asclepiadaceœ  {Bot.  Gazette, 
déc.  1902). 

{■')  Page  41  i. 


SÉANCE    DU    6    JUILLET    KJO^.  21 

))   Ce  court  aperçu  historique  était  nécessaire  pour  les  raisons  suivantes  : 

»  En  effet,  dans  deux  Notes  publiées  à  la  fin  de  1902,  l'une  sur  le  pollen, 
l'autre  sur  l'ovule  des  Asclépiadées  ('),  M.  Dop  paraît  ignorer  les  travaux 
dont  le  pollen  avait  été  l'objet  antérieurement.  Il  n'en  est  pas  davantage 
question  dans  le  Mémoire  plus  détaillé  qu'il  vient  de  faire  paraître  (-).  En 
admettant  qu'il  n'en  ait  pas  eu  connaissance  au  moment  de  ia  publication 
de  ses  deux  Notes  préliminaires,  on  est  d'autant  plus  surpris  de  le  voir 
passer  sous  silence,  dans  ce  Mémoire,  les  recherches  de  MM.  Frye, 
Strasburgeret  Gager  sur  le  pollen,  qu'il  cite  le  travail  de  M.  Frye  sur  l'ovule, 
où  se  trouvent  précisément  les  indications  relatives  aux  recherches  de  ces 
trois  auteurs  sur  la  question. 

»  Quant  aux  résultats  énoncés  comme  nouveaux  sous  ce  rapport  par 
M.  Dop,  ils  étaient  déjà  connus  et  l'on  peut  même  ajouter  que  la  question 
de  l'origine  des  cellules-mères  et  du  mode  de  formation  du  pollen  dans  les 
Asclepias  avait  été  résolue  d'une  façon  beaucoup  plus  approfondie  par  les 
observations  antérieures. 

))  Cependant,  sans  quitter  ce  sujet,  il  restait  encore  au  moins  une 
cjuestion  intéressante  à  élucider.  On  sait,  en  effet,  que  dans  la  tribu  des 
Périplocées,  le  pollen  ne  forme  pas  de  pollinies,  comme  dans  les  autres 
groupes  de  la  famille,  mais  des  tétrades  poUiniques  isolées.  Celles-ci  ont 
été  décrites  et  figurées,  notamment  par  M.  Schumann  (■^)  dans  le  Periploca 
Preussii  et  V Atherandra  pubescens ;  les  quatre  grains  ou  cellules  poUiniques 
peuvent  être  groupés  de  façons  diverses,  parfois  en  une  file  unique,  plus 
souvent  en  une  tétrade  allongée  comprenant  deux  cellules  au  centre  et  une 
à  chaque  extrémité.  Dans  le  Periploca  grœca,  M.  Strasburger  (^)  n'a  ren- 
contré que  cette  dernière  disposition. 

»  A  ma  connaissance,  M.  Dop  paraît  avoir  été,  cette  fois,  le  premier  à 
étudier  le  développement  des  sacs  poUiniques  et  de  leur  contenu  dans  le 


(^)  Paul  Dop,  Sur  le  pollen  des  Asclépiadées  {Comptes  rendus,  27  octobre  1902). 
Sur  le  développement  de  l'ovule  des  Asclépiadées  {Comptes  rendus ^  10  no- 
vembre 1902). 

(^)  Recherches  sur  la  structure  et  sur  le  développement  de  la  fleur  des  Asclé- 
piadées {Thèse  présentée  pour  le  doctorat  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris;  Tou- 
louse, 1908). 

(*)  Engler  et  Prantl,  Die  natiirlichen  PflanzenfamiUen  {Asclepiadaceœ,  t.  IV, 
2«  partie,  p.  196  et  fig.  64,  V  et  II). 

{'*  )  Einige  Bemerkungen,  etc.,  p.  456. 


11  ACADEMIE    DES    SCIENCË£. 

Periploca  grœca  (').  Ici,  l'anthère  possède  quatre  sacs,  au  lien  de  deux 
comme  chez  les  autres  Asclépadées.  Chacun  d'eux  débute,  comme  à  l'ordi- 
naire, par  la  diflfériencialion  d'une  assise  de  cellules  sous-épidermiques, 
qui  se  divisent  langentiellement;  les  cellules  internes  ainsi  formées 
deviennent  les  cellules-mères  primordiales.  Cette  assise  a  la  forme  d'un 
arc  qui,  suivant  l'auteur,  se  courbe  et  rapproche  progressivement  ses 
branches,  de  sorte  que  les  cellules-mères  primordiales  arrivent  à  se  toucher 
et  à  se  disposer  sur  deux  rangs  parallèles  (  -). 

»  Une  modification  analogue,  dit-il,  a  lieu  aux  quatre  angles  de  l'anthère,  et  ainsi 
s'établissent  quatre  sacs  polliniques  elliptiques  par  un  processus  qui  diffère  non  seu- 
lement de  ce  qui  se  passe  chez  les  autres  Asclépiadées,  mais  aussi  chez  la  plupart  des 
Angiospermes.  Bientôt  les  cellules  externes,  qui  enveloppent  les  cellules-mères  primor- 
diales, se  divisent  par  des  cloisons  radiales  et  tangentielles,  de  façon  à  donner  nais- 
sance à  une  masse  de  tissus  parenchymateux  enveloppant  les  cellules-mères.  Ce  cloi- 
sonnement se  fait  sans  ordre  et,  de  plus,  aucune  différenciation  spéciale  n'apparaît 
dans  ce  parenchyme.  11  ne  renferme,  en  effet,  ni  assise  nourricière  nettement  diffé- 
renciée, ni  assise  intermédiaire,  ni  assise  mécanique  (^).  Les  cellules-mères  primor- 
diales s'isolent  les  unes  des  autres,  puis  se  divisent  chacune  en  quatre  cellules-filles. 
Je  n'ai  pas  pu  suivre  en  détail  ce  cloisonnement,  mais  j'ai  tout  lieu  de  penser  que  les 
deux  cloisons  se  forment  successivement  comme  dans  les  autres  Asclépiadées. 

»  Insuffisante  quant  au  mode  de  formation  des  tétrades  de  pollen,  puisque 
l'auteur  n'a  pas  réussi  à  l'observer,  celte  description  est  complètement 
inexacte  relativement  à  la  disposition  des  cellules-mères  primordiales  et  à 
la  structure  de  la  paroi  du  sac  pollinique. 

))  J'ai  constaté,  en  effet,  que  l'arc  formé,  aux  quatre  angles  de  l'anthère, 
par  l'assise  des  cellules-mères  primordiales  ne  s'incurve  pas  en  rappro- 
chant ses  branches  de  façon  que  ces  cellules  arrivent  à  se  toucher  et  à 
se  placer  sur  deux  rangées  parallèles;  au  contraire,  l'arc  reste  toujours 
très  ouvert,  comme  chez  les  autres  Asclépiadées  et  les  cellules-mères  dont 
il  se  compose  conservent  leur  disposition  primitive  en  une  seule  assise 
presque  toujours  régulière. 

»  Après  la  première  bipartition  tangentielle  qui  se  produit  dans  l'assise 
sous-épidermique  primitive  et  donne  en  dedans  les  cellules-mères  primor- 
diales, en  dehors  une  nouvelle  assise,  celle-ci  se  divise  en  direction  cen- 

(  ^  )   Thèse  de  doctorat^  p.  84- 

(2)  Page  84,  figures  33-34. 

(*)  Ces  mots  sont  mis  en  italique  par  l'auteur  lui-même. 


SÉANCE    DU    6   JUILLET    igoS.  23 

triftige  pnr  deux  cloisonnements  tangentiels  successifs.  Des  trois  nouvelles 
assises  ainsi  formées,  la  plus  interne  deviendra  l'assise  nourricière,  la 
médiane  l'assise  intermédiaire,  l'externe  l'assise  mécanique. 

))  Les  cellules  de  l'assise  nourricière  s'allongent  rapidement  dans  le 
sens  radial  en  divisant  leur  noyau  primitif  en  deux  nouveaux  noyaux  qui 
restent  libres  dans  le  cytoplasme  :  caractère  bien  connu  pour  les  éléments 
de  l'assise  nourricière  chez  un  grand  nombre  de  plantes.  Parfois  aussi  une 
cloison  transversale  vient  séparer  les  deux  noyaux.  L'assise  nourricière  se 
distingue  également  d'une  façon  très  nette  du  reste  de  la  paroi  du  sac  pol- 
linique  par  l'abondance  de  son  protoplasme  et  la  manière  dont  elle  se  com- 
porte au  contact  des  réactifs.  Sur  la  face  interne  du  sac,  dans  la  concavité 
de  l'arc  des  cellules-mères  primordiales,  elle  se  continue  par  des  cellules 
qui  sont  moins  allongées  et  deviennent  presque  isodiamélriques  ;  elles  se 
disposent  au  centre  de  la  cavité  en  un  groupe  assez  épais,  que  les  réactifs 
permettent  cependant  de  délimiter  facilement  par  rapport  au  parenchyme 
adjacent. 

))  Les  cellules-mères  primordiales,  allongées  radialement  comme  les 
cellules  nourricières  recouvrant  la  face  convexe  de  l'arc,  présentent  dans 
le  jeune  âge  une  certaine  ressemblance  avec  ces  dernières  ;  mais,  à  défaut 
de  leur  aspect  général,  leur  novau  unique  et  plus  gros  suffirait  à  lui  seul  à 
les  en  distinguer.  Les  deux  sacspolliniques  situés  du  côté  externe  de  l'an- 
thère sont  un  peu  plus  larges  que  les  deux  autres  sacs  voisins  de  la  face 
interne  ;  dans  leur  plus  grande  largeur,  ils  montrent,  sur  la  coupe  trans- 
versale, un  arc  d'une  quinzaine  de  cellules-mères  elliptiques  allongées, 
bien  caractérisées  par  rapporta  celles  de  l'assise  nourricière.  Il  est  étrange 
que  M.  Dop  n'ait  pas  réussi  à  les  en  distinguer  et  qu'il  ait  pu  croire  à  l'ab- 
sence d'assise  nourricière,  confondant  ainsi,  sans  doute  en  raison  de  leur 
grand  développement,  les  cellules  de  celte  assise  avec  les  cellule-mères  pri- 
mordiales elles-mêmes. 

»  L'assise  située  immédiatement  sous  l'épiderme  de  la  paroi  externe  du 
sac  agrandit  ses  cellules  d'assez  bonne  heure.  Assez  longtemps  après  la  for- 
mation des  tétrades  polliniques  et  vers  la  fin  de  la  résorption  de  l'assise 
nourricière,  elle  commence  à  montrer,  sur  les  parois  internes  et  latérales 
de  ses  cellules,  des  épaississements  caractéristiques  qui  la  transforment  en 
assise  mécanique.  Sur  la  face  dorsale  de  l'anthère,  la  lignification  n'occupe 
guère  que  la  paroi  même  des  deux  sacs  polliniques  externes;  mais,  sur  la 
face  ventrale,  elle  finit  par  s'étendre  sans  interruption  entre  les  deux  sacs 
internes.  Et  pourtant  M.  Dop  ne  Fa  pas  aperçue! 


24  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  L'assise  intermédiaire,  beaucoup  plus  mince,  et  située  au-dessous  de 
la  précédente,  au  contact  de  l'assise  nourricière,  lignifie  aussi  par  endroits 
ses  membranes  cellulaires;  elle  ne  paraît  pas  jouer  un  rôle  bien  important 
dans  la  déliiscence  des  sacs  polliniques. 

»  Enfin,  contrairement  à  l'opinion  de  M.  Dop,  les  cellules-mères  pri- 
mordiales ne  s'isolent  pas  les  unes  des  autres  au  moment  de  la  formation 
des  tétrades  polliniques;  leur  séparation  n'a  lieu  que  plus  tard.  En  outre, 
l'étude  de  leur  division  m'a  montré  que  le  fuseau  nucléaire  de  la  premièi  e 
bipartition  se  place  en  général  parallèlement  au  grand  axe  de  la  cellule, 
comme  chez  les  autres  Asclépiadées;  mais  cette  division  n'est  pas  suivie  de 
la  formation  d'une  cloison  transversale;  les  deux  noyaux  frères  se  reconsti- 
tuent comme  à  l'ordinaire  et  ne  tardent  pas  à  se  diviser  à  leur  tour  dans  des  di- 
rections variables.  C'est  seulement  après  la  seconde  bipartition  nucléaire 
que  le  cloisonnement  apparaît  et  délimite  les  quatre  cellules  polliniques. 
La  tétrade,  de  forme  allongée,  présente  ordinairement  deux  cellules  au 
centre  et  une  à  chaque  extrémité;  parfois  aussi,  les  cellules  sont  groupées 
en  tétraèdre,  mais  très  rarement  en  file. 

))  Parce  mode  de  formation  des  tétrades  polliniques,  le  Periploca  diffère 
donc  des  Asclépiadées  appartenant  à  d'autres  tribus;  il  ressemble  aux 
autres  Dicotylédones  ('  )  et  aux  Orchidées.  Cette  question  méritait,  je  crois, 
d'être  définitivement  résolue.   » 


TOPOGRAPHIE  ET  AÉROSTATION.  —  Sur  lin  moyen  rapide  d'obtenir  le  plan 
d'un  terrain  en  pays  de  plaines,  d'après  une  vue  photographique  prise  en 
ballon.   Note  de  M.  Laussedat. 

«  On  emploie,  depuis  assez  longtemps  déjà,  des  photographies  de 
paysages  prises  en  ballon,  ou  même  à  l'aide  de  cerfs-volants,  pour  opérer 
la  reconnaissance  du  terrain  à  distance;  mais,  pour  reconstituer  le  plan 
d'après  ces  vues  aériennes,  il  faut  exécuter  des  constructions  graphiques 
longues  et  laborieuses. 


(')  Dans  sa  monographie  des  Apocvnées  {Natilr.  PJlanzenfam.,  t.  IV,  2, 
p.  ii3),  M.  Scliumann  fait  remarquer  qu'il  est  assez  surprenant  que  dans  celte  famille, 
pourtant  si  voisine  des  Asclépiadées,  on  ne  rencontre  un  pollen  en  tétrade  que  dans 
le  g.  Condylocarpm. 

Cette  exception  n'est  pas  la  seule,  car  j'ai  eu  l'occasion  de  constater  la  présence  de 
tétrades  dans  le  g.  Apocrnum. 


SÉANCE    DU    6    JUIT.LET    190,3.  23 

»  Dans  les  pays  de  pbiines  ou  peu' accidentes,  en  dirigeant  verticale- 
ment l'axe  optique  de  l'appareil,  on  a  toutefois  obtenu  immédiatement 
le  plan  de  la  partie  du  terrain  venue  sur  la  plaque.  Cette  expérience  a  été 
faite  à  plusieurs  reprises,  et  l'on  peut  citer  comme  l'une  des  plus  remar- 
quables celle  qui  a  été  effectuée,  dès  juin  1 885,  par  MM.  Gaston  Tissan- 
dier  etDucom,  d'un  ballon  monté,  à  son  passage  au-dessus  de  la  pointe 
de  l'île  Saint-Louis,  à  600™  de  hauteur. 

»  Seulement  la  surface  ainsi  relevée  est  toujours  nécessairement  d'assez 
médiocre  étendue,  à  moins  de  donner  au  ballon  une  grande  hauteur,  ce 
qui  finirait  par  trop  réduire  les  détails  de  l'image. 

»  D'ailleurs,  on  n'est  pas  toujours  en  état  d'amener  le  ballon  exacte- 
ment au-dessus  de  la  région  que  l'on  veut  explorer.  Il  est  donc  indispen- 
sable, dans  la  plupart  des  cas,  de  recourir  à  des  vues  prises  avec  un  appa- 
reil dont  l'axe  optique  a  été  dirigé  obliquement.  Il  est  aisé  de  voir  que, 
pour  la  même  hauteur  du  ballon,  à  mesure  que  l'obliquité  augmente,  la 
pyramide  quadrangulaire,  opposée  par  le  sommet  à  celle  qui  est  déter- 
minée par  le  centre  optique  de  l'objectif  et  les  rayons  lumineux  aboutis- 
sant aux  quatre  angles  de  la  plaque,  découpe  sur  le  terrain  un  trapèze  qui 
s'élargit  rapidement. 

»  Dans  le  cas  où  l'axe  est  vertical,  et  où,  par  conséquent,  les  limites  du 
terrain  embrassé  ont  la  même  forme  que  la  plaque,  rectangulaire  ou 
exceptionnellement  carrée,  l'échelle  du  plan  obtenu  sur  la  plaque  se 
trouve  immédiatement  déterminée  par  le  rapport  de  la  distance  focale  de 
l'objectif  à  la  hauteur  du  ballon.  Il  en  pourra  être  de  même  dans  le  cas 
d'une  vue  oblique,  après  sa  transformation  en  plan,  comme  nous  allons  le 
voir. 

»  Pour  fixer  les  idées,  nous  prendrons  un  exemple.  Supposons  le 
ballon  élevé  à  une  hauteur  de  5oo™  au-dessus  du  sol,  la  distance  focale  de 
l'objectif  de  o'",  i5,  la  plaque  du  format  de  i3^'"X  18^°^  (ce  qui  donne  un 
champ  angulaire  de  62"  dans  le  sens  de  la  largeur)  et  l'axe  optique  incliné 
de  ^0°  au-dessous  de  l'horizon  ou,  si  l'on  veut,  relevé  de  60^  par  rapport 
à  la  direction  verticale  qui  lui  aurait  d'abord  été  donnée. 

))   Dans  ce  premier^cas,  avec  une  plaque  exceptionnellement  carrée  de 

iS^'^X  i8°™,  l'échelle  étant  alors  de -"^^-^  ou  de  :j^,  la  surface  correspon- 

dante  du  terrain  serait  de  36*^*. 

»  Dans  le  second  cas,  le  trapèze  qui  circonscrirait  le  terrain  relevé  cor- 

C.  K.,  1903,  2"  Semestre.  (T.  CXXXVIl,  N°  1.)  4 


26  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

res[3ondrait  à  une   surCace  de  4^0'^''  environ,  et  la  disLance  des  points  les 
plus  éloignés  de  la  projection  du  ballon  atteindrait  3*^™. 

))  En  employant  le  procédé  graphique  de  transforma  lion,  les  construc- 
tions réussissent  encore  très  bien,  en  pareil  cas;  nous  en  avons  fait  l'expé- 
rience sur  plusieiu's  vues  photographiques  prises  de  4oo™  à  600'"  de  hauteur 
avec  un  objectif  d'une  distance  focale  de  0'°,  18  et  une  inclinaison  de  l'axe 
voisine  de  3o°;  mais  le  moyen  optique  immédiat  que  nous  cherchons  à  lui 
substituer  ne  serait  peut-être  pas  satisfaisant  jusqu'à  l'extrême  limite  de  3^™ 
de  distance. 

»  Nous  sommes,  au  contraire,  autorisé  à  croire  qu'en  inclinant  l'axe  de 
l'appareil  a  35*^,  la  transformation  optique  dont  nous  allons  indiquer  le 
principe  s'opérerait  bien,  c'èst-à-dire  donnerait  les  images  nettes  d'un  bout 
à  l'autre;  seulement  la  distance  des  points  relevés  les  plus  éloignés  serait 
réduite  à  2''''",5,  et  la  surface  du  terrain  embrassée  ne  serait  plus  que  de 
25o^'*  environ. 

»  Pour  faire  d'un  seul  coup,  d'une  station  aérienne,  le  panorama  entier 
du  terrain,  on  a  construit  (en  Russie  notamment)  des  appareils,  destinés  à 
être  suspendus  au-dessous  d'un  ballon,  qui  se  composent  de  six  chambres 
noires  réparties  sur  les  milieux  des  côtés  d'un  hexagone  régulier  en  char- 
pente, enfin  d'une  septième  qui  occupe  le  centre  de  cet  hexagone  et  dont 
l'axe  est  vertical  (  *  ). 

-»  La  station  étant  toujours  supposée  à  la  hauteur  de  5oo'",  en  inclinant 
les  axes  des  six  autres  à  35°,  la  surface  totale  embrassée  serait  encore, 
dans  ce  cas,  de  iSoo*^^  au  moins. 

))  En  faisant  varier  les  données  du  problème,  on  trouv^erait  des  résultats 
entre  lesquels  on  |)ourrait  choisu',  selon  les  circonstances.  Celles  que  nous 
avons  adoptées  dans  l'exemple  précédent,  et  dont  il  conviendra  générale- 
ment de  ne  pas  trop  s'écarter,  répondent  à  des  conditions  qu'après  la  com- 
paraison de  nombreuses  épreuves  prises  avec  des  objectifs  dont  la  distance 
focale  avait  varié  de  o"",  10  à  o'",36,  à  des  hauteurs  comprises  entre  loo*" 
et  2000"*,  nous  considérons  comme  les  plus  favorables  pour  atteindre  le 
but  proposé. 

»  Ce  but,  nous  l'avons  dit,  est  d'obtenir  la  transformation  en  plan 
d'une  vue  du  terrain  prise  d'une  station  aérienne  optiquemenl  et  sans  opé- 
ration graphique. 

(')  Pour  donner  inimédialemenl  Je  plan  d'un  espace  non  atteint  par  les  secteurs 
trapézoïdaux  qu'embrassent  les  chambres  à  axes  inclinés. 


SÉANCE    DU    6    JUILLET    I9o3.  27 

»  La  solution  suivante  est  déduite  du  principe  de  la  photographie  sans 
objectif  dont  la  théorie  a  été  si  bien  étabhe  par  M.  le  Commandant  Colson. 

»  Les  figures  i  et  2  sont  destinées  à  facililer  l'intelligence  de  cette 
solution. 

Fi  g.    I. 
Echelle -V  5^*3K''2S 


F^âKi'SS 


»   La  première  représente  le  plan  horizontal  mené  par  le  point  P,  situé 
sur  l'axe  optique  de  l'objectif  O  de  la  chambre  noire  dont  on  se  sert  pour 


Fig.  2. 


prendre  les  vues,  dirigé  verticalement  et  tel  que  OP,  =  OP  distance  focale 
de  cet  objectif,  O  et  P  étant  rabattus  sur  le  plan  horizontal. 

))  La  chambre  noire  étant  supposée  conserver  une  orientation  constante, 
les  inclinaisons  successives  de  son  axe  optique  de3o",  35°  et  45*^  au-dessous 
de  l'horizon  déterminent,  sur  la  trace  du  plan  vertical  décrit  par  cet  axe, 


28  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

les  distances  correspondantes  de  ses  rencontres  avec  le  terrain  au  point  P, 
qui  marque  la  projection  de  la  station  sur  le  plan  horizontal. 

M  Si  l'on  considère  les  arêtes  de  la  pyramide  quadrangulaire  aboutissant 
aux  angles  de  la  plaque,  pendant  la  rotation  de  la  chambre  noire  autour 
d'un  axe  horizontal  que  l'on  peut  toujours  supposer  passer  par  le  centre 
optique  de  l'objectif,  à  cause  de  la  grande  hauteur  de  la  station,  on  voit 
que  les  arêtes  décriront"  un  cône  droit  à  deux  nappes  dont  l'axe  se  con- 
fondra avec  l'axe  de  rotation  et  qui  sera  coupé  par  le  pian  horizontal  sui- 
vant les  deux  branches  d'hyperbole  tracées  sur  la  figure.  C'est  à  ces  hyper- 
boles que  s'arrêteront,  pour  chaque  position  de  l'axe  optique,  les  traces 
des  faces  de  la  pyramide,  qui  correspondent  à  la  largeur  de  la  plaque. 

»  Les  trapèzes  résultant  pour  les  inclinaisons  de  So**,  de  35°  et  de  45" 
de  l'axe  optique  sont  indiqués   sur  la   figure,  et,  en   tenant  compte   de 

l'échelle  qui  est  ici  de  ^^  X  :|^,  on  y  peut  mesurer  toutes  les  distances  à 

la  station  P<  et  les  surfaces  des  différents  trapèzes  que  l'on  trouve  être  de 
45o''=*,  230''''  et  enfin  100''''  seulement  pour  l'inclinaison  de  4^°. 

»  Le  trapèze  correspondant  à  l'inclinaison  de  3^°  est  seul  représenté 
en  lignes  pleines  sur  la  figure.  Un  autre  trapèze  CDEF,  ayant  pour  bases  la 
plus  grande  de  celles  qui  correspondent  à  l'inclinaison  de  3o°EF  et  la  plus 
petite  de  celles  qui  correspondent  à  l'inclinaison  de  45*"  j)rolongée  jusqu'aux 
bords  latéraux  de  la  plaque  en  C  et  en  D,  s'appuie  à  ce  qui  reste  de  cette 
plaque  (ABCD)et  forme  ainsi  le  fond  ABCDËF  de  la  boite  destinée  à  servir 
de  chambre  noire  sans  objectif  pour  la  transformation  des  épreuves  obte- 
nues en  ballon  avec  la  première. 

»  Cette  boîte  est  représentée  sur  la  figure  2;  à  sa  partie  supérieure,  à 
gauche,  et  un  peu  au-dessous  d'une  échancrure  pratiquée  dans  le  couvercle, 
en  O,  est  placée  une  lame  mince  métallique  percée  d'un  très  petit  trou  qui 
remplace  l'objectif.  Cette  échancrure  est  bordée  d'une  platine  rectangu- 
laire à  laquelle  est  fixée  l'une  des  extrémités  d'un  soufflet  dont  l'autre  est 
à  la  petite  base  d'une  seconde  chambre  mobile  en  forme  de  pyramide  tron- 
quée à  la  grande  base  de  laquelle  on  peut  disposer  l'épreuve  à  tr.msformer. 
Il  va  sans  dire  que  le  sommet  de  la  pyramide  doit  se  confondre  rigoureu- 
sement avec  le  centre  du  petit  trou  pratiqué  dans  la  lame  mince  dont  la 
surface  restera  parallèle  aux  bases  de  la  pyramide,  c'est-à-dire  au  plan  de 
f épreuve. 

»   Pour  cela,  cette  lame  mince  suit  les  mouvements  de  la  boîte  pyrami- 


SÉANCE    DU    6    JUILLET    igoS.  29 

dale  qui  sont  réglés  par  la  rotation  de  deux  armatures  métalliques  accro- 
chées par  l'une  de  leurs  extrémités  aux  deux  côtés  opposés  de  la  grande 
base,  dans  le  sens  delà  largeur,  et,  de  l'autre,  aux  flancs  de  la  boîte  fixe, 
oïl  elles  sont  engagées  sur  deux  pivots  qui  se  prolongent  à  l'intérieur  jusqu'à 
la  rencontre  de  la  lame  mince  qu'ils  soutiennent,  leur  axe  géométrique 
commun  passant  par  le  centre  du  petit  trou  pratiqué  dans  cette  lame  que 
M.  le  Commandant  Colson  désigne  sous  le  nom  de  sténopé. 

»  L'inclinaison  du  plan  de  l'épreuve,  ou  plutôt  celle  de  l'axe  optique  qui 
a  servi  à  l'obtenir  et  qui  doit  passer  par  le  centre  du  trou  du  sténopé,  est 
mesurée  sur  l'arc  d'un  secteur  divise,  fixé  à  la  grande  chambre,  le  long  du- 
quel se  meut  un  vernier  porté  par  l'une  des  armatures  qui  entraînent  la 
petite  chambre  pyramidale. 

M   II  ne  nous  semble  pas  nécessaire  d'entrer  ici  dans  d'autres  détails. 

»  Il  est  aisé  de  voir,  en  effet,  que,  si  l'on  place  sur  le  fond  de  la  grande 
chambre  une  pellicule  sensible  (les  dimensions  du  support  à  employer 
excluant  en  général  l'emploi  du  verre),  l'épreuve  à  reproduire  ayant  reçu 
l'inclinaison  convenable  et  étant  exposée  à  la  lumière,  on  obtiendra  sur  la 
pellicule  le  plan  cherché. 

»  Il  y  aurait  peut-être  lieu  d'examiner  le  cas  où  l'épreuve  contiendra  des 
images  d'édifices  plus  ou  moins  nombreux,  d'arbres  et  surtout  de  bois  ou 
de  forêts  se  projetant  obliquement  et  dont  la  saillie  n'est  pas  négligeable, 
mais  l'expérience  nous  a  appris  qu'en  exceptant  les  grandes  agglomérations 
(villes  ou  villages  étendus),  les  plans  construits  d'après  des  vues  aériennes 
prises  en  pays  de  plaines  ou  peu  accidentés  pouvaient  être  comparés  aux 
meilleurs  plans  levés  par  les  méthodes  dites  régulières,  et  il  en  serait  sûre- 
ment de  même  avec  les°plans  restitués  immédiatement  par  le  procédé  qui 
vient  d'être  indiqué. 

»  Avec  les  données  que  nous  avons  supposées,  les  dimensions  de  la 
grande  chambre  noire  seraient  extérieurement  de  i'"  environ,  de  o'°,95  de 
largeur  à  l'une  de  ses  extrémités  et  de  o*",  20  à  l'autre  extrémité.  En  suppri- 
mant l'inclinaison  de  l'axe  optique  de  o™,3o  et  en  partant  de  celle  de  35", 
pour  la  même  distance  focale  de  o™,i5  et  la  même  largeur  de  plaque 
de  o™,i8,  la  longueur  de  la  boîte  serait  réduite  ào'",8o  et  sa  grande  largeur 
à  o'^,72,  la  petite  restant  de  o'",  20  et  la  hauteur  étant,  dans  les  deux  cas, 
deo'",i7  ^^  o'^.iS. 

»  Il  n'y  a  pas  lieu,  d'ailleurs,  de  trop  se  préoccuper  des  dimensions  de 
cette  sorte  de  caisse  qui  peut  être  improvisée  partout  et  la  petite  chambre 
noire  destinée  à  recevoir  l'épreuve  à  transformer  avec  ses  armatures,  son 


3o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cadran  divisé  et  le  sténopé  ap()roprié  ont  seuls  besoin  d'être  très  bien 
construits  et  adîiptés  avec  soin  à  la  grande.  Au  surplus,  l'expérience  mon- 
trera le  parti  que  l'on  peut  tirer  de  cette  disposition  et  les  modifications 
qu'il  y  aurait  lieu  d'v  apporter  dans  la  pratique.  » 


MEMOIRES  PRESENTES. 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE,  —  Expériences  sur  la  résistance  de  Vair. 
Mémoire  de  M.  G.  Eiffel,  présenté  par  M.  Mascart  (Extrait  par  l'auteur). 

(Commissaires  :  MM.  Maurice  Lévy,  Sebert.) 

«  Les  nombreuses  expériences  fiiites  pour  déterminer  la  résistance 
qu'oppose  l'air  à  une  surface  en  mouvement  conduisent  à  des  résultats 
très  discordants.  L'incertitude  augmente  encore  quand,  an  lieu  d'une  lame 
mince  frappée  normalement,  on  considère  un  corps  solide  concave  ou 
convexe,  dont  les  parois  plus  ou  moins  évidées  sont  en  partie  protégées 
par  les  voisines. 

))  Comme  cette  résistance  peut  être  assimilée  à  la  pression  du  vent  sur 
une  surface  immobile,  au  moins  pour  un  vent  régulier  et  sans  à-coups,  sa 
détermination  présente  un  grand  intérêt  pratique.  Il  est  nécessaire  de  la 
connaître  soit  pour  utiliser  le  vent,  soit  pour  calculer  la  pression  exercée 
sur  les  grandes  constructions,  où  l'effet  du  vent  est  souvent  égal  ou  supé- 
rieur, pour  beaucoup  de  parties,  à  Teffet  des  charges  et  des  surcharges. 

))  Il  paraît  bien  démontré  que,  pour  une  action  normale, la  pression  est 
proportionnelle  au  carré  V-  de  la  vitesse,  au  moins  jusqu'à  5o"' par  seconde. 
Si  l'on  admet  qu'elle  est  aussi  proportionnelle  à  la  surface  S,  on  peut  la 
représenter  par  KSV-,  le  coefficient  R  désignant  la  pression  par  mètre 
carré  à  la  vitesse  d'un  mètre  par  seconde. 

))  On  admet  généralement  R  =:  0''%  i25,  mais  on  sait  que  les  résultats 
ainsi  obtenus  sont  très  exagérés. 

»  Dans  les  expériences  anglaises  on  avait  évalué  la  vitesse  par  les  indi- 
cations d'un  anémomètre  Robinson  comparé  à  l'étalon  de  Rew,  en  adop- 
tant pour  cet  instrument  le  facteur  3,  mais  les  recherches  de  M.  Dines  ont 
montré  que  ce  facteur  doit  être  ramené  à  2,20.  D'autre  part,  M.  Langley 
trouve  la  valeur  R  =  o,  08,  qui  réduit  les  effets  d'un  tiers. 

»   On  réalise  généralement  la  vitesse  à  l'aide  d'un  manège.  Il  est  bien 


SÉANCE    DU    G    JUILLET    igo3.  3l 

difficile  alors  de  ct)rriger  les  effets  dus  à  la  réaction  centrifuge,  aux  entraî- 
nements d  air  et  aux  courants  secondaires.  Quand  on  utilise  les  trains  de 
chemin  de  fer,  le  passage  de  cette  masse  développe  des  remous  considé- 
rables qui  influent  beaucoup  sur  les  résultats. 

»  Le  mouvement  rectiligne  de  la  plaque,  isolée  autant  que  possible  dans 
l'espace,  écarte  ces  inconvénients.  C'est  ainsi  que  MM.  Cailletet  et  Colar- 
deau  ont  opéré  en  observant  la  chute  d'un  corps  léger  tombant  du 
deuxième  étage  de  la  Tour  Eiffel  et  relié  à  un  tambour  supérieur  où  se  fait 
l'enregistrement.  On  déterminait  la  vitesse  à  partir  du  moment  où  le  mou- 
vement devenait  uniforme. 

»  L'appareil  qui  uous  a  sei-vi  est  relativement  très  lourd,  120*^0  environ.  11  tombe  en 
chute  libre,  à  peu  près  comme  dans  le  vide,  guidé  seulement  par  un  câble  vertical,  et 
porte  les  organes  d'enregistrement,  savoir  : 

»    I"  Un  galet  roulant  sur  le  câble  et  entraînant  un  tambour  enregistreur; 

))   2°  Un  diapason  qui  inscrit  le  temps; 

»  3"  La  plaque  d'essai  portée  par  des  ressorts  tarés  et  reliés  à  une  plume  qui  inscrit 
la  pression  sur  le  tambour, 

))  On  élimine  ainsi  l'influence  des  frottements  et  de  toutes  les  causes  qui  retardent 
la  chute,  puisque  la  vitesse  réelle  est  donnée  par  l'enregistreur. 

»  Avec  une  chute  de  90"%  la  vitesse  atteignait  4o'"  par  seconde  et  la  pression  iS'^s 
environ. 

»  Pour  éviter  la  rupture  de  l'appareil  à  fin  de  course,  le  câble  augmente  de  diamètre 
à  la  hauteur  de  20'"  au-dessus  du  sol  et  détermine,  par  l'intermédiaire  de  puissants 
ressorts,  un  freinage  énergique  qui  ralentit  la  chute  et  arrête  le  mobile  après  un  par- 
cours d'environ  lô™. 

»  Si  l'on  avait  pu  éviter  tout  glissement  entre  le  galet  et  le  câble,  la  courbe  inscrite 
aurait  permis  de  déterminer  la  pression  en  fonction  de  la  vitesse  sur  toute  la  trajec- 
toire. A  cause  des  glissements,  nous  n'avons  retenu  que  les  résultats  obtenus  pour  la 
chute  totale  de  90"^  et  de  45". 

»  Les  premiéi'es  expériences  ont  eu  pour  objet  l'étude  de  l'appareil  et  son  applica- 
tion aux  cas  les  plus  simples  :  plaques  minces,  rondes,  carrées  ou  rectangulaires, 
frappées  normalement. 

»  Les  moyennes  de  toutes  les  expériences,  exécutées  en  janvier  1900  à  la  Tour  Eilîel, 
ont  donné  : 


Surfaces 
relatives. 

Plaques  rondes. 

Plaques 

cai'rées. 

Plaques  reclang 

ulaircs, 

Diani.         K. 

Côté. 

K. 

Côtés. 

K. 

Petites  plaques  .  .  . 

I 

0,21      0,045 

0,19 

o,o48 

» 

» 

Moyennes  plaques 

2 

o,3o     o,o54 

0,27 

0,057 

» 

» 

Grandes  plaques  .  . 

4 

0,42      0,061 

o,38 

0,064 

0, 

53      X      O; 

>27 

0,067 

»  Il  en  résulte  les  conséquences  suivantes  : 

»    1°  Le  coeJJicietUY^  croit  avec  la  sur/ace,  au  moins  dans  la  limite  de  nos 


6l  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

expériences.  Ce  fait  a  donné  iieu  jusqu'à  présent  à  des  opinions  contradic- 
toires. 

»  2°  A  surface  égale,  le  coefficient  augmente  ai>ec  le  périmètre  p.  M.  Hagen 
avait  déjà  indiqué  ce  résultat. 

M   Nos  expériences  se  représentent  très  exactement  par  la  formule 

K  =r  O,  o3'->   H-  O,  02  2  p. 

))  La  valeur  moyenne  o,o54,  applicable  à  une  plaque  ronde  de  o'",3ode 
diamètre  pour  un  vent  de  4o™  pai"  seconde,  est  plus  faible  que  toutes  celles 
qui  ont  été  obtenues  jusqu'à  présent. 

»  Pour  une  plaque  carrée  de  o'"',  10  de  surface,  notre  formule  conduit 
à  K  =  0,06,  c'est-à-dire  la  moitié  de  la  valeur  0,1 25  en  usage. 

))  I.e  coefficient  de  D'Aubuisson  est  0,1 13;  la  formule  de  M.  Hagen 
donne  o,o85.  Le  coefficient  de  M.  Dines  est  o,o85;  celui  de  M.  Langley, 
0,08,  et  celui  de  MM.  Cailletet  et  Golardeau,  0,07. 

»  Nous  avons  l'intention  de  continuer  ces  recherches,  en  apportant 
diverses  modifications  à  l'appareil  et  en  étendant  les  expériences  à  des  sur- 
faces plus  grandes,  de  contours  variés,  à  des  plans  inclinés  et  à  des  formes 
différentes.  » 

M.  E.  Fraichet  adresse  un  Mémoire  portant  pour  titre  ;  «  Nouvelle 
méthode  d'essai  des  métaux  magnétiques  ». 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Maurice  Lévy,  Sarrau, 

Potier.) 

M.  H.  Arnaud  adresse  un  Mémoire  intitulé  :  «  Etude  sur  quelques  Rosa- 
cées, ou  plantes  prétendues  telles  ». 

(Renvoi  à  la  Section  de  Botanique.) 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  un  opuscule  de  M.  C/i.  Lallemand,  intitulé  :  «  Volcans 
et  tremblements  de  terre,  leurs  relations  avec  la  figure  du  globe  ».  (Extrait 
du  Bulletin  de  la  Société  astronomique  de  France,  mai  iQOj).  (Présenté  par 
M.  Darboux.) 


SÉANCE    DU    6    JUILLET    igoS.  33 


ASTRONOMIE.  —  Perturbations  séculaires  d' importance  secondaire. 
Note  de  M.  Jean  Mascart,  présentée  par  M.  Lœwv. 

«  Parmi  toutes  les  perturbations  des  divers  ordres  que  Jupiter  peut  faire 
subir  à  une  petite  planète,  il  nous  paraît  intéressant  de  séparer  la  partie 
qui  dépend  exclusivement  des  cosinus  des  multiples  de  l'élongation  de  la 
planète  :  le  groupement  rationnel  de  nos  calculs  se  prête  aisément  à  cette 
connaissance  et  nous  avons  pu  indiquer  les  valeurs  des  coefficients  M  (*) 
des  termes  en  question.  La  connaissance  de  ces  coefficients  permet  de  con- 
struire, en  coordonnées  polaires,  la  trajectoire  relative  de  la  planète  :  ces 
trajectoires  ont  des  formes  très  variées  suivant  la  région  de  l'anneau  qui  se 
trouve  intéressée,  et  leurs  déformations  successives  permettent  de  suivre 
la  valeur  d'une  perturbation  bien  définie,  d'un  à  l'autre  bord  de  l'anneau 
des  astéroïdes  (-). 

»  Jusqu'ici  les  perturbations  que  nous  calculons  représentent,  en 
quelque  sorte,  une  partie  résiduelle  :  étant  indépendantes  de  l'excentri- 
cité, cela  revient  à  dire  que,  par  liypothèse,  la  petite  planète  possédait 
originellement  une  orbite  circulaire.  Néanmoins  nous  avons  montré  l'im- 
portance de  ces  déterminations  numériques  pour  le  calcul  des  orbites,  la 
construction  d'éphémérides,  et  surtout  leurs  corrections;  en  effet,  ces  per- 
turbations sont  assez  considérables  pour  qu'il  soit  impossible  d'identifier  le 
mouvement  final  de  la  planète  avec  un  mouvement  elliptique,  fut-il 
approximatif:  même  sans  se  placer  dans  des  cas  extrêmes,  le  rayon  vec- 
teur d'une  planète  peut  fréquemment  éprouver,  du  fait  de  ces  termes 
seuls,  des  modifications  rapides  susceptibles  d'atteindre  le  centième  de  sa 
valeur,  réagissant  dans  la  même  proportion  sur  l'axe  ou  sur  l'excentricité. 

»  Et,  en  se  bornant  ainsi  aux  termes  indépendants  de  l'excentricité,  nos 
recherches  théoriques  ont  déjà  une  conséquence  pratique  :  l'éphéméride 
d'une  planète  peut  être  en  défaut,  soit  par  suite  d'une  mauvaise  orbite, 
soit  à  cause  des  perturbations  au  moment  de  la  nouvelle  opposition.  Con- 
sidérons le  cas  d'une  planète  observée  pendant  assez  longtemps,  ou  lors 
de  plusieurs  oppositions,  c'est-à-dire  dont  le  moyen  mouvement  et  l'axe 
sont  assez  exacts  :  nous  serons  dans  le  second  cas  (voir  loc.  cit.  la  Note  du 


(^)  Comptes  rendus,  i5  décembre  1902,  16  février  et  2  mars  1908. 
(^)  Bulletin  astronomique,  avril  1908. 

G.  R.,  1903,  2*  Semestre.  (T.   CXXXVll,  N"  1.) 


34 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


N,- 

N_,. 

Ng. 

N-g. 

N.,. 

N-o. 

N„. 

N-M- 

■i683.io-^ 

I  210.  10^'' 

— 3i63.io-« 

8o5.io-8 

— 8689.10-» 

4358.10-8 

—9429- 

10^* 

4  42 1 • 1 0-' 

■  417 

284 

+  983 

— 1339 

—2758 

I  182 

-4432 

1937 

•  283 

-  273 

3  081 

—  2  325 

+  555 

-  524 

-i563 

58 1 

325 

-  277 

3  252 

—2  232 

I  io5 

-  723 

-  986 

-  271 

339 
7222.10  '" 

■2967.10^^ 

I 129. I0~^ 

-3445.10-9 

I 242.1 0-9 

— 3o5i .  10-' 

— io36. 10-' 

—  609. 

lo-s 

I  179 

•1082 

2l3 

—  1491 

43 1 

-i548 

475 

-  364 

592 

■  437 

ii5 

—  750 

i56 

—  921 

258 

-  237 

336 

•  22 

37 

—  910 

193 

-  4ii 

100 

—  116 

128 

i4o 

-  144 

—  236.10-'° 

—  431.10-'» 

■—1958.10-"' 

4023.  10"" 

—  591. 

10-'» 

4667.10-'^ 

i63 

-  125 

-t-  33o 

-  464 

—  iigS 

2061 

—  355 

2  0^8 

,47 

—   91 

488 

-  359 

—  557 

39 

—  i84 

594 

i64 

-  88 

720 

—  386 

-  371 

486 

—  120 

177 

164 

-  83 

768 

—  368 

—  377 

321 

— 9035, 

10-'' 

29 

168 

—  81 

8i5 

-  363 

-  223 

— 5729.10-'^ 

244 

1638.10-" 

—7291 
—  1900 

—   32 

—  180 

3893.IO-" 

—  I  i5o. io~" 

— 2 142. 10-" 

— 5  23o.io-'2 

—  1729 

244 

—  567 

— 5o32.io-'* 

•2526 

698 

—  i4o6 

3177 

—I  479 

126 

-  472 

-4545 

•i832 

482 

—  1023 

2  186 

— I  201 

19 

—  385 

-45i4 

■1246 

3o8 

-  696 

1391 

—  900 

-  87 

—  291 

— 3275 

-  742 

168 

-  4i4 

747 

—  602 

—  121 

—  194 

—  2321 

•  53i 

n3 

—  296 

496 

—  456 

—  i3i 

—  146 

— 1863 

■  347 

7  112. IO~'^ 

—  194 

Soi 

-  317 

-  ii4 

—  101 

— 1336 

•  247 

4406 

-  i37 

ï9» 

—  234 

—  ii5 

—7394- 

10-'"' 

—  I  080 

■  204 

3497 

—  ii5 

,73 

—  201 

—  780.10-'* 

—6368 

-  844 

■  164 

2  685 

— 9016. 10-'^ 

ii3 

—  I  607.10-'^ 

—  9^0 

—5  o34 

—  778 

■9814. 10-" 

i4o6 

—5345 

5706.10-'* 

—  992 

—  721 

— 3071 

—  5ii 

■6066 

745 

—3279 

2973 

—  627 

—  528 

—1912 

-  339 

5072 

598 

—2759 

2723 

—  525 

-  467 

—1595 

-  289 

.4341 

48i 

—2347 

2061 

-  455 

-  396 

—1377 

—  246 

-3354 

359 

—1790 

1  280 

-  35i 

-  347 

— I  o53 

—  201 

-2  553 

237 

— 1336 

84o 

—  267 

-  281 

—  792 

—  i56 

-2  080 

180 

—1094 

620 

—  218 

—  240 

—  642 

—  129 

-.587 

121 

—  826 

398 

—  i65 

—  193 

-  484 

—  100 

-I  3ii 

91 

-  676 

288 

—  i36 

—  i5i 

—  392 

— 8i29.io-'« 

■I  171 

758.10-'* 

—  6o5 

23l 

—  123 

-  144 

-  355 

-7344 

■1068 

670 

-  549 

ao2 

—  IIO 

-  143 

—  319 

— 685j 

-  58o 

196 

—  294 

5i 

— 3  170. 10-'^ 

-  848.10-'^ 

-  167 

—3873 

-  326 

144 

—  161 

67.10-'^ 

—3254 

—  493 

-8957. 

io-"î 

—  2  i35 

-  3o3 

763.10-'^ 

—  i49 

5o 

— 3oi4 

-  454 

-8299 

—  1954 

-  272 

541 

—  i33 

—   6 

—2.680 

—  428 

-7354 

—  1777 

-  23l 

366 

—  ii3 

-  37 

—2269 

—  358 

— 6  i55 

—  i5o4 

-  192 

164 

—  921.10-'* 

—  21 

~i857 

—  291 

—4999 

—  I  210 

-  i65 

90 

—  794 

—  io3 

—1594 

—  264 

-4263 

— 1069 

-  i37 

2 

-  652 

—  ii5 

—  i3o5 

—  221 

—3463 

—  880 

-  106 

-  72 

—  497 

-  118 

—  992 

—  173 

— 2600 

—  672 

-  725.10-1* 

-  ii5 

—  336 

—  loq 

-  666 

—  121 

— I  715 

-  446 

-  507 

-  i3i 

—  23l 

-  89 

—  455 

—  849.io-"5 

—  Il52 

—  3l2 

-  4oo 

—  100 

—  182 

—  82 

—  356 

—  681 

-  892 

—  245 

-  3o3 

—  124 

—  i35 

—  71 

—  262 

521 

—  645 

—  i83 

-  256 

—  i3i 

-  ii4 

—  65 

—  220 

-  446 

—  538 

—  i54 

-  232 

—  99 

—  102 

-  73 

—  197 

-  396 

-  480 

—  i36 

-  203 

—  io5 

—  88 

-  48 

—  169 

-  339 

—  409 

-  116 

SÉANCE    DU    6    JUILLET    igoS.  35 

Bull,  astr.);  la  correction  de  l'éphéméride  provient  généralement  alors  de 
ce  que,  à  sa  nouvelle  opposition,  la  planète  est  dans  une  région  critique, 
à  une  élongation  telle  de  Jupiter  que  son  rayon  vecteur  éprouve  de  rapides 
perturbations.  Rien  n'est  plus  aisé  que  de  reconnaître  si  cette  circonstance 
se  présente  et,  le  cas  échéant,  d'y  remédier  à  l'aide  des  termes  M  :  la 
petite  variation  qui  en  résulte  pour  le  rayon  vecteur  permet  de  corriger 
rapidement  sur  place  l'ascension  droite  et  la  déclinaison  sans  autrement 
toucher  à  l'éphéméride. 

»  Les  termes  que  nous  donnons  à  présent  concernent  les  corrections 
importantes,  dans  le  cas  où  la  planète  n'a  pas  été  observée  pendant  une 
ou  plusieurs  oppositions  intermédiaires.    » 


GÉOMÉTRIE.  —  Sur  les  lignes  de  courbure  de  certaines  surjaces. 
Note  de  M.  E.  Blutel. 

«  Nous  avons  signalé,  dans  deux  Communications  antérieures  (^Comptes 
rendus,  t.  CXXVÏII),  la  détermination  de  certaines  surfaces  ( S  )  qui  sont 
caractérisées  par  la  propriété  géométrique  suivante  :  Lorsqu'un  point  M 
décrit  une  ligne  de  première  courbure  C  d'une  surface  S,  la  sphère 
principale  de  seconde  courbure  c'  relative  au  point  M  coupe  une  sphère 
fixe  2  sous  un  angle  constant  9.  (La  sphère  2  et  l'angle  G  varient  d'ailleurs 
avec  la  position  de  la  ligne  C.) 

»  Cette  propriété  donne  naissance  à  d'autres  propriétés  également 
caractéristiques  des  surfaces  (S);  nous  allons  en  signaler  quelques-unes. 

»  (y.).  Si  deux  surjaces  S  et  S^  ont  même  représentation  sphérique  de  leurs 
lignes  de  courbure,  les  deux  développables  normales  à  deux  lignes  de  première 
courbure  correspondantes  C  et  Cf  sont  homothétiques. 

»  Cette  proposition,  énoncée  seulement  sous  forme  directe  dans  la 
seconde  des  Notes  mentionnées  plus  haut,  entraîne  la  réciproque,  c'est- 
à-dire  que,  si  deux  surfaces  s  et  ^,  ayant  même  représentation  sphérique  de 
courbure  sont  telles  que  les  deux  développables  engendrées  par  les  plans 
normaux  à  deux  lignes  de  première  courbure  correspondantes  quelconques 
cetc^  soient  homothétiques,  ces  deux  surfaces  s  et  s^  appartiennent  à  la 
famille  des  surfaces  (S). 

«  ((i).  Soient  M  et  m  deux  points  correspondants  de  S  et  de  sa  repré- 
sentation sphérique;  soient  P  et^'  les  plans  osculateurs  en  ces  points  à  la 
ligne  de  seconde  courbure  C  sur  S  et  à  son  image  sphérique  c'  sur  la  sphère 


36  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  rayon  i  (plans  parallèles  comme  on  sait).  Les  deux  développables  A'  et  l' , 
engendrées  par  V  et  p'  lorsque  M  et  m  décrivent  respectivement  une  ligne  C 
et  son  image  sphérique,  sont  homothétiques. 

»  La  proposition  réciproque  est  vraie. 

»  Comme  conséquence,  les  deux  développables  A'  et  A'j  correspondantes 
dans  deux  surfaces  S  et  S,  qui  ont  même  représentation  sphérique,  sont 
aussi  homothétiques. 

))  Le  centre  I  de  la  sphère  D  et  le  centre  de  la  sphère  de  rayon  i,  sur 
laquelle  on  a  pris  la  représentation  sphérique,  sont  deux  points  homo- 
logues dans  l'homothétie  qui  fait  correspondre  les  deux  développables  A' 
et  S'. 

))  Il  résulte  de  là  que,  si  l'on  mène  par  le  point  I  une  parallèle  à  la  nor- 
male en  M  à  S,  et  si  Ton  prend  son  point  de  rencontre  H  avec  le  plan 
osculateur  P'  relatif  à  ce  point  M,  la  longueur  IH  reste  constante  lorsque 
M  décrit  C.  Inversement,  on  pourrait  de  cette  proposition  déduire  la  pré- 
cédente. 

»  En  parlicuher,  si  la  longueur  IH  (variable  avec  C  en  général)  est 
constamment  nulle,  les  plans  P'  relatifs  à  tous  les  points  d'une  même 
courbe  C  passent  par  le  point  I.  Chaque  développable  A'  est  alors  un  cône. 
Ce  cas  particulier  est  réalisé  quand  les  sphères  g  coupent  la  sphère  i  sous 
un  angle  droit. 

»  Ces  propositions  se  modifient  naturellement  lorsque  la  sphère  1  est 
remplacée  par  un  plan  II,  le  point  I  étant  alors  rejeté  à  l'infini.  A  la  pro- 
position (  p)  il  faut  substituer  la  suivante  : 

»  (y).  Chaque  développable  S'  relative  à  la  représentation  sphérique  est  alors 
un  cône. 

»  Mais  on  sait  (/oc.  cit.)  que  cette  représentation  sphérique  particulière 
convient  aux  surfaces  à  lignes  de  première  courbure  sphériques. 

»  La  propriété  (y)  est  donc  caractéristique  de  l'image  sphérique  des  sur- 
faces à  lignes  de  courbure  sphériques  dans  un  système. 

»  D'ailleurs,  on  sait  aussi  (ihid.)  que,  si  une  surface  admet  des  lignes 
de  première  courbure  sphériques,  on  peut  la  regarder  comme  étant  une 
surface  (S),  en  associant  à  chaque  ligne  C  une  sphère  1  quelconque  prise 
dans  un  faisceau  convenablement  choisi.  Parmi  ces  sphères  1  il  en  existe 
une  pour  laquelle  l'angle  0  est  droit,  de  sorte  que  la  développable  A'  est 
également  un  cône. 

))  Le  cas  où  la  développable  (^'  est  un  cylindre  et  où,  par  suite,  toutes  les 
développables  A'  relatives  aux  surfaces  admettant  celte  représentation  (T) 


SÉANCE    DU    6    JUILLET    igoS.  3^ 

sont  des  cylindres,  est  évidemment  contenu  dans  le  précédent.  On  peut 
classer  ces  réseaux  sphériques  (T)  en  deux  catégories  : 

»  i*^  Les  courbes  c  du  réseau  sont  des  cercles  (la  développable  S'  est 
alors  évidemment  une  droite). 

»  2'*  Le  réseau  (T)  est  l'image  sphérique  de  surfaces  S  à  lignes  de  première 
courbure  sphériques  pour  lesquelles  la  développable  A'  est  une  droite.  Ces 
dernières  coïncident  d'ailleurs  avec  les  surfaces  signalées  par  Bonnet  et 
pour  lesquelles  la  sphère  contenant  la  ligne  sphérique  C  coupe  S  sous  un 
angle  droit.   » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.   —   Sur  les  groupes  de  Mathieu.  Note 
de  M.  DE  Sêguier,  présentée  par  M.  C.  Jordan. 

«  En  poursuivant  l'analyse  indiquée  dans  une  Note  précédente 
(^Comptes  rendus,  avril  1902),  je  suis  arrivé  aux  propositions  suivantes 
qui  complètent  certains  résultats  partiels  obtenus  depuis  peu  par  M.  Fro- 
benius  (Sitz.  Akad.  BerL,  avril  1902). 

»  Soient  C  un  champ  de  Galois  d'ordre  t,  =: p"^  (yo  premier)  ;  i  une 
racine  primitive  de  C;  X^{-)  (^divisant  -  —  i)  le  groupe  d'ordre  T.q 
formé  des  substitutions  (a^z  4-  p)  (^gq  =  t:  —  i)  où  a,  p  parcourent  C  sauf 
que  a.  est  ^o;  s^{i,r,)  le  groupe   d'ordre   -(77-  — i)  des   substitutions 

i^_ — ^ha,  p,  y,  S,  ^   parcourant    C   et    00  sauf  que   aS  —  [3y  est    ^o; 

0(2,77)  d'ordre  ^~(^~-  —  \)  le  diviseur  de  <_  où  ac)  — ^y^i;  U(2,77) 
d'ordre  77(7:^  —  i)  le  groupe  des  substitutions  \xx  h-  ^y,  -^x  -f-  SjL  a,  [3, 
y,  S,  X,  y  parcourant  C  sauf  que  aS  —  Py^i. 

»  Les  équations  de  =-^(77)  peuvent  s'écrire  a*=è/j=i,  b^bi^=  bi^b/^, 
a-'b^a  =  bi,h  [/i,k=i,i,...,  i'"-'  ;  si  i?  =  2;-'  ap,  i\  b,,  =  wr'  b'^y  ;  b^,  re- 
présente (2  4-  «P)]. 

»  Les  équations  de  A.^_^  (-)  peuvent  s'écrire  (Comptes  rendus,  Le.) 
à'-^  =  b'  =  i,  bSb  =  a^bS,  1-^  =  1-  i\  n  =  ^  —  (:  +  ^ (77 -  i)  (mod.  77-1) 
si/?>  2,  7]EE^^  —  *C  (mod.  77— i)si/?  =  2;^  parcourt  une  série  de  valeurs 
(mod.  TC — i)  telles  que  les  équations  répondant  aux  valeurs  restantes 
résultent  du  système. 

»  1.  Si  dans  un  groupe  transitif  (J  de  degré  77  -t-  i  le  diviseur  fixant  un 
symbole  est  0,^(77),  il  faut  que  q  suit  égal  à  77  —  i  ou  à  :^  (77  —  i)  ou  que 
l'on  ait  77  =  2'*  —  I  =/>,  avec  q  =  i  ou  n  (n  premier  impair). 

,)   Si  ^  =  77  —  I,  0'  est  nécessairement  ^(2, 77).  Cette  proposition  a  été 


38  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

établie  récemment  par  M.  Miller  (^Comptes  rendus,  février  igoS).  Mais  la 
démonstration  actuelle  fournit  les  équations  de  4^,  qui  s'écrivent  en  adjoi- 
gnant à  celles  de  Jl.7r_,  (r)  prises  sous  la  seconde  forme 

c^  =  {caf  =.  {cby  =  i 

(^cî.  Journal  de  Mathématiques,  1902,  p.  267). 

»  Si  ^  =  ^(r:  —  i),  Q  est  nécessairement  13(2,  tt),  sauf  si  71:  =  y,  auquel 
cas  il  y  a  un  seul  autre  type  \'^(7).  Les  équations  de  t)(2,  7:)  s'écrivent  en 
adjoignant  à  celles  de  X7r_, (77)  les  suivantes,  cbi-tc  =  b_i9ca^b^i<i,  p  par- 
courant une  série  de  valeurs  mod.  (t:  —  i)  telles  que  les  équations  répon- 
dant aux  valeurs  restantes  résultent  du  système. 

»  Si  TC  =  2"  —  [  =  /?  et  ^  =  I ,  Ç  coïncide  avec  cll<>^(  2").  Si  t:  =  2"  —  i  =  /> 
el  q  ■=  n,  Q  Si  une  forme  unique  '^{p),  sauf  si  p  ^=  j,  auquel  cas  (j"  peut 
encore  être  '0(2,  7).  "^(p)  est  un  groupe  résoluble  contenant  normalement 
Jl,,(2")  dont  il  divise  Tholomorphe  et  a  pour  équations  celles  de  Xp(i'^) 
(prises  sous  la  première  ou  la  seconde  forme)  jointes  à  c^=i,  cac  =  a'% 
cb  =  bc(b  =^  b^). 

»  2.  Dans  aucun  groupe  transitif  5e  de  degré  tu  -f-  2  le  diviseur  fixant  un 
symbole  ne  peut  être  10(2,  x)  ni  4^(2,  tt).  Si  ce  diviseur  est  '<^(p),  JC  est 
nécessairement  le  groupe  des  automorphismes  de  4^(2,  2")  et  ses  équations 
s'écrivent  en  adjoignant  à  celles  de  4^(2,  2"),  d'^  =  i,  d~*ad  =  a^  ,  db  =  bd^ 
de  =  cd. 

»  3.  Un  groupe  d'ordre  7c(7û^  — i)  dont  un  des  groupes  facteurs 
est  13(2,77)  n'a  que  trois  formes  possibles  :  4^(2,  77);  le  produit  direct 
de  '0(2,  7:)  par  un  groupe  d'ordre  2;  U(2,  77)  qui  est  défini  par  les  équa- 


TT— 1 


tions  de  t)(2, 77)  où  l'on  remplace  a  ^    =1  par  a  ^    z=z  d  ^X.  auxquelles  on 
adjoint  r/-  =  i ,  dbf^  =  bl^d^  de  =■  cd. 

))  4.  Ainsi  se  trouve  établi,  indépendamment  de  la  théorie  des  carac- 
tères, ce  théorème  de  M.  Frobenius,  que  les  seuls  groupes  de  degré  p, 
ayant  /?  H- i  sous-groupes  d'ordre/?,  sont  4^(2,5),  13(2,  5),  0(2,7), 
13(2,  II)  (^).   » 


(^)  Je  profite  de  l'occasion  pour  signaler  une  inadvertance  qui  enlève  toute  valeur 
à  la  seconde  partie  de  ma  Note  du  6  octobre  dernier.  M.  Schur  a  d'ailleurs  publié 
depuis  (^Sitz.  Akad.  Berl.,  octobre  1902)  une  démonstration  élémentaire  d'un 
théorème  plus  général  de  M.  Frobenius. 


SÉANCE    DU    6   JUILLET    igoS.  89 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  fonctions  fondamentales  de  M .  Poincaré 
et  la  méthode  de  Neumann  pour  une  frontière  composée  de  polygones 
curvilignes.  Note  de  M.  S.  Zare.mba,  présentée  par  M.  Poincaré. 

«  Considérons  la  fonction /(:;)  de  la  variable  z  définie  par  l'équation 
suivante 

»  Cela  posé,  rapportons  le  plan  à  un  système  de  coordonnées  rectangu- 
laires, désignons  par  r  la  distance  de  deux  points  {a,  b)  et  (a?,  j)  et  con- 
venons d'appeler /^o/e/z/i'e/^  logarithmiques  généralisés  de  simple  couche  et 
de  double  couche,  les  fonctions  déduites  des  potentiels  logarithmiques 
ordinaires  de  simple  couche  et  de  double  couche  par  la  substitution  de  la 
fonction /([xr),  où  p.  représente  un  nombre  réel  et  positif,  à  la  fonction 
logr.  Ces  potentiels  logarithmiques  généralisés  seront  des  intégrales  par- 
ticulières de  l'équation 

d"^  a         à'  a  ., 

T^.  -t-  1— r  —  \>-'U  =  O, 

or-         ay-        ^ 

intégrales  qui,  dans  la  théorie  de  cette  équation,  joueront  le  rôle  des  poten- 
tiels logarithmiques  ordinaires  dans  celle  de  l'équation 

d"^  u        d'-  u  

»  Ces  remarques  faites,  on  étendra  aisément  la  théorie  que  j'ai  exposée 
dans  mon  Mémoire  :  Sur  V intégration  de  V équation  Au  +  c,u  =  o  (Journal 
de  Mathématiques  pures  et  appliquées,  1902),  et  dont  j'ai  résumé  les  résul- 
tats dans  ma  Note,  présentée  à  l'Académie  le  24  juin  1901,  au  cas  de  deux 
variables  indépendantes,  quitte  à  y  apporter  de  légères  modifications  néces- 
sitées par  ce  fait  qu'un  potentiel  logarithmique  ordinaire  de  simple  couche 
représente  une  fonction  harmonique  qui,  en  général,  n'est  pas  régulière  à 
l'infini.  Il  en  est  ainsi,  à  condition,  cela  va  sans  dire,  de  maintenir  l'hypo- 
thèse d'après  laquelle  l'angle  formé  par  les  normales  élevées  à  la  frontière 
en  deux  points  quelconques  est  intérieur  au  produit  d'une  constante  finie 
par  la  distance  de  ces  points.  Dans  quelle  mesure  est-il  possible  d'étendre 
les  théorèmes  énoncés  dans  ma  Note  du  24  juin  1901  au  cas  où  la  frontière 


/|0  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

se  composerait  de  polygones  curvilignes?  L'étude  de  cette  question  m'a 
conduit  au  résultat  suivant  :  désignons  par  (S)  un  polygone  curviligne  ou 
un  système  de  polygones  curvilignes,  frontière  commune  de  deux,  domaines 
dont  l'ensemble  constitue  tout  le  plan;  soit  (D')  celui  de  ces  domaines  qui 
s'étend  à  l'infini  et  (D)  le  second  d'entre  eux;  convenons  de  compter  les 
angles  de  nos  polygones  curvilignes  à  Vintérieur  du  domaine  (D)  et  soit  6  un 
de  ces  angles;  désignons  par  R  la  plus  petite  valeur  que  prend  le  rap- 
port -| — '—-Er\   ^"^'^'^  ^"^  envisage  successivement  tous  les  angles  de  (S). 

Supposons  que  R^  i,  reprenons  les  notations  de  ma  Note  citée  plus  haut 
et  considérons  un  potentiel  de  simple  couche  u  et  un  potentiel  de  double 
couche  V  vérifiant  les  équations  suivantes  : 


i^)rmr- 


du  \  f  du 

dw  j  i        \f/(v 


-h  2  '7,, 


OÙ  l'on  a  représenté  par  "X  un  paramètre  variable  et  par  c^  et  /^o  deux  fonc- 
tions données,  définies  sur  (S),  continues  en  général,  mais  pouvant  cesser 
de  l'èlre,  d'une  certaine  façon,  en  un  nombre  fini  de  jioinls. 

»  Cela  posé,  les  théorèmes  de  ma  Note  du  24  JLun  1901  seront  appli- 
cables aux  fonctions  u  ç\.v  définies  par  les  équations  précédentes,  mais  à 
condition  de  n'envisager  que  les  valeurs  de  \  vérifiant  l'inégalité  I^X  |  <^  R. 
En  outre,  si  l'on  désigne  par  9  (A)  la  densité  en  A  de  la  simple  couche  dont 
dérive  une  des  fonctions  fondamentales  de  M.  Poincaré  et  par  M  un  des 
sommets  de  l'un  des  polygones  (S),  le  produit  (p(A).AM  ,  011/?  représente 
un  nombre  positif  inférieur  à  l'unité,  pouvant  avoir  pour  des  fonctions  fon- 
damentales différentes  des  valeurs  différentes,  reste  fini  lorsque  le  point  A 
tend  vers  le  point  M.    )> 


ACOUSTIQUE.  —  Sur  les  caractéristiques  des  voyelles,  les  gammes  vocaliques 
et  leurs  intervalles.  Note  de  M.  l'abbé  Rousselot,  présentée  par 
M.  Mascart. 

((  Helmholtz  nous  a  dotés  d'une  méthode  simple  et  assez  facile  pour  dé- 
terminer les  caratéristiques  des  voyelles;  après  avoir  donné  à  sa  bouche  la 
forme  propre  à  une  voyelle  quelconque,  il  cherchait,  au  moyen  de  diapa- 
sons de  diverses  hauteurs,  à  quelle  note  était  accordée  la  masse  d'air  con- 


SÉANCE    DU    6    JUILLET    UJoS.  4l 

tenue  clans  la  cavité.  Mmïs  il  n'a  trouvé  que  les  caractéristiques  de  trois 
voyelles  (o,  a,  e);  il  s'est  trompé  pour  celles  de  ou,  i,  qui  ont  été  détermi- 
nées plus  tard  par  Kœnig.  Nous  connaissons  donc  les  caractéristiques  de 
où,  ô,  â,  è,  i,  à  savoir  :  sV-;^.^,  si\;^,  si^^,,,  si;^-,  si]^^: 

»  Helmhollz  a  eu  encore  le  mérite  de  vou'  que  sa  méthode  pourrait 
servir  à  définir  des  vérités  dialectales.  C'est  ce  qui  me  détermina,  dés  1886, 
à  faire  construire  par  Kœnig  un  diapason  à  poids  glissant,  qui  donne  de 
1720  à  i856  V.  s.  Je  m'en  servis  dans  mes  recherches  de  phonétique  et  je 
reconnus  qu'effectivement  des  différences  de  timbre  très  légères  avaient 
pour  correspondantes  des  différences  de  hauteur  très  sensibles.  De  plus, 
aidé  par  des  remarques  sur  les  variantes  d'audition,  j'eus  la  pensée  que 
les  gammes  vocaliques  des  diverses  langues  sont  transposables  et  que  Va 
pourrait  être  pris  comme  diapason.  Je  ne  pus  pas  alors  pousser  mes  re- 
cherches plus  loin,  faute  d'appareils.  Mais  l'acquisition  faite,  par  VlnstUut 
de  laryngologie  et  orthophonie,  du  grand  tonomètre  universel  de  Rœnig, 
qui  embrasse  toute  la  série  des  sons  simples,  depuis  ut.,  (32  v.  s.)  jusqu'à 
ut,  (8192)  et  au  delà  jusqu'à  180000,  m'a  permis  de  les  reprendre. 

»  Mes  premières  recherches  ont  porté  sur  mes  propres  voyelles  et,  en  vérifiant  sur 
moi-même  les  déterminations  de  Helmholtz  et  Kœnig,  j'ai  constaté  que,  pour  ce  qui 
me  concerne,  les  intervalles  d  octave  se  retrouvent  entre  les  voyelles  où  (boue),  6  (beau), 
d  (pâte),  é  (fée),  i  (pie),  comme  dans  les  voyelles  correspondantes  deTAllemagne  du 
Nord,  malgré  le  changement  de  hauteur  que  j'avais  observé  pour  mon  ci,  soit,  en  rap- 
prochant les  notes  précisées  par  Kœnig  en  vibrations  simples  de  celles  que  j'ai  déter- 
minées moi-même  ; 

où.  à.  d.  e.  i- 

k 448-  896  1792  3584  7168 

R 456  912  1824  3648  7296 

»  Même  résultat  pour  les  voyelles  correspondantes  de  l'agenais,  du  rouergat,  de 
l'anglais,  du  roumain  que  j'ai  eu^'l'occasion  d'étudier.  Il  y  a  donc  lieu  de  supposer  que 
la  hauteur  de  Va  grave  règle  celle  des  autres  voyelles  et  qu'il  existe  des  systèmes 
vocaliques  composés  de  quatre  octaves  transposables. 

»  Les  vovelles  intermédiaires  ou  {bouLeille),  o  {or),  o  {botte),  a  {patte),  à  {part 
dans  la  prononciation  parisienne),  è  {fêle),  e  {leste),  i  {Paris)  se  rangèrent  comme 
d'elles-mêmes  dans  des  intervalles  que  je  jugeai  d'abord  très  voisins  de  ceux  de  notre 
gamme  musicale  et  que  je  reconnus  ensuite  égaux  à  des  huitièmes  exacts  : 


L 

où. 
456 


10 
8  ■ 

11 
8  ' 

)) 

12 
8  ■ 

ou. 

684 

13_ 

8  ' 

» 

14 
S 

1) 

15 


912 


G.  H.,  1903,  2»  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  1) 


42  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

9  10  11  12  13  U  15 

^'  8*  ¥'  8  '  8  '  8  ■  8  ■  8 


12 
8' 

13 

8 

o. 

i368 

» 

è. 

2-36 

)) 

gi2       »        »        »      i368      »      i^qS      »      182/j 

<2.         a.         à.  è.  e.  é. 

1824     2o52     2280     w     2y36     »     3192     »     3648 

e.  i-  t- 

3648  »  »  »  5472  »  »  »  7296 

))  Le  français  ne  possède,  on  le  voit,  pour  ses  voyelles-types,  que  cer- 
tains intervalles;  mais  on  en  trouverait  d'autres  si  l'on  relevait  les  diverses 
variétés  de  timbre  que  produisent  les  combinaisons  de  la  phrase.  Et,  de 
fait,  on  a  pu  les  observer  en  rouergat. 

»  Les  voyelles  mixtes  eu  {heure^,  eu  {hœuf\  eu  (^bœu/s),  u  {fu),  â  (tue) 
possèdent,  comme  leur  constitution  physiologique  l'indique,  deux  carac- 
téristiques et  correspondent  à  deux  des  vovelles  précédentes  : 

eu è -{- â,  eu e -h  o,  eu e  H- o, 

u é  -\-  o,  û i  -\-  ou. 

Les  voyelles  nasales  ont,  outre  leurs  résonances  propres,  celles  de  cer- 
taines voyelles  pures  dont  elles  se  rapprochent  plus  ou  moins  : 

on 1 38o,  ain 2696, 

an i836,  eun 2704. 

»   J'ai  vérifié  la  méthode  par  trois  moyens  différents  : 

»  1"  Une  série  harmonique  de  32  résonnateurs  a  confirmé  pour  les 
voyelles  roumaines  les  déterminations  déjà  obtenues; 

))  2.^  Une  sirène  à  ondes  donnant  les  16  premiers  harmoniques  repro- 
duit exactement  un  a  dont  le  tracé  a  été  soumis  à  l'analyse  et  qui  a  pour 
harmonique  le  plus  intense  le  7"  son  composant.  Or,  la  fondamentale  étant 
de  i36,34  V.  s.,  celui-ci  est  de  1660  et  se  trouve  le  plus  voisin  de  la  carac- 
téristique. 

»  3°  Les  oreilles  des  sourds  sont  privées  de  la  faculté  d'entendre  cer- 
tains sons  qu'il  est  facile  de  déterminer  par  les  diapasons,  elles  tamisent 
en  quelque  sorte  les  composés  sonores  du  langage  et  deviennent  en  pho- 
nétique de  véritables  analyseurs  au  même  titre  que  les  prismes  en  Optique. 
Or,  elles  perçoivent   les  voyelles  dont  les  caractéristiques  font  partie  de 


SÉAN'CE    DU    6    JUILLET    1903.  43 

leur  champ  auditif  et  non  les  autres  qui,  ou  bien  ne  sont  pas  identifiées, 
ou  bien  se  confondent  avec  d'autres  voyelles  dont  les  caractéristiques  se 
trouvent  parmi  les  sons  non  interceptés.  » 


OPTIQUE  PHYSIOLOGIQUE.    —  Sur  une  espèce  d'oscillation  de  la  perception 
chromatique.  Note  de  M.  C  Maltézos,  présejitée  par  M.  E.-H.  Amagat. 

«  Dans  le  numéro  d'avril  1902  du  Journal  de  Physique,  nous  avons 
publié  un  travail  sur  les  phénomènes  de  la  rétine.  Un  des  phénomènes 
étudiés  alors  était  l'existence  d'une  espèce  d'oscillation  irrègalière  du  mini- 
mum lumineux  dans  le  temps.  J  ai  depuis  cherché  s'il  n'existe  pas  aussi  une 
oscillation  dans  les  perceptions  chromatiques. 

»  Pour  cela,  j'ai  d'abord  examiné  dans  le  spectroscope  un  faible  spectre 
de  bandes;  je  tournais  la  lunette  de  façon  à  observer  une  bande  rouge 
seule.  Celle-ci,  si  son  intensité  est  assez  faible,  oscille  et  s'efface  complète- 
ment, après  avoir  subi  une  faible  diffusion  par  le  contour,  puis  la  percep- 
tion de  la  couleur  revient,  la  lumière  s'efface  de  nouveau  et  ainsi  de  suite, 
sans  que  cette  bande  paraisse  incolore.  Mais  les  autres  bandes  lumineuses, 
surtout  la  violette,  deviennent  très  vite  incolores. 

))  Pour  mieux  examiner  l'oscillation  dans  les  lumières  colorées,  nous 
avons  pris  dans  la  chambre  obscure  une  flamme  de  gaz  d'éclairage  de 
dimensions  minimes,  ne  présentant  aucun  point  brillant.  J'observais  cette 
flamme  très  faible,  et  qui  paraît  blanc  bleuâtre,  à  tiavers  des  verres  colo- 
rés (rouge,  vert  et  bleu). 

»  Outre  le  cas  déjà  connu  oij  l'on  se  trouve  très  loin  de  la  flamme  et 
l'on  ne  distingue  plus  la  couleur,  et  celui  de  la  distance  moyenne  où  la 
lumière,  de  diffuse  et  presque  incolore,  devient  nette  et  colorée,  puis  s'ei- 
face  et  vice  versa,  nous  avons  à  signaler  le  cas  où  nous  nous  trouvons  assez 
près  de  la  flamme  (5o^™)  pour  qu'on  distingue  bien  sa  couleur  et  sa  forme 
à  travers  les  verres;  alors  la  lumière,  de  couleur  pure  devient  lavée,  en 
passant  par  diverses  dégradations  de  la  même  couleur  et  enfin  elle  s'efface, 
sans  devenir  avant  l'effacement,  incolore.  Et  quand  la  perception  de  la  lumière 
revient,  elle  paraît  de  couleur  pure,  après  quoi  elle  parait  se  mélanger  avec 
du  blanc.  Ce  cas  est  très  intéressant.  Il  nous  montre  que  la  lumière  colorée 
peut  s'effacer  comme  couleur  sans  passer  par  la  perception  incolore. 

»  Dans  ces  nouvelles  observations  j'ai  essayé  île  mesurer  l'intensité  de 
la  très  faible  et  minime  flamme. 


44  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Malheureusement  aucun  des  photomètres  connus  ne  peut  servir.  Seul 
ie  photomètre  Bunsen  pourrait  donner  une  idée  peu  précise  des  phéno- 
mènes. Mais  nous  pouvons  employer  comme  photomètre  une  petite  sphère, 
à  surface  catoptrique,  en  la  plaçant  très  près  de  la  faible  flamme  et  loin 
d'une  bougie  allumée.  Nous  voyons  ainsi  dans  le  globule  catoptrique  deux 
petites  taches  lumineuses  de  la  même  ïixçon  que  dans  le  photomètre  de 
Wheatstone. 

»  Tel  est  le  photomètre  simple  que  je  propose,  et  qui  n'est  pas  peut-être 
très  juste,  mais  il  est  d'égale  justesse  à  celui  de  Wheatstoîie,  et  peut- 
être  le  seul  dont  on  peut  faire  usage  pour  une  lumière  très  faible  et  de 
dimensions  minimes.  Nous  avons  mesuré  ainsi  l'intensité  de  la  flamme 
(4o"""'   de    section   maxima)    ayant   le   sommet   l^rillant,    et  nous   l'avons 

trouvée  ésale  à  tti:^  de  bougie.  De  même,  l'intensité  de  la  flamme   sans 

o  oooo  ° 

aucune  partie  brillante  a  été  trouvée  égale  à  -^ —  de  bougie.    » 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —   Conséquences  de  la  théorie  des  aciers  au  nickel. 
Note  de  M.  Ch.-Éd.  Guillaume,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  La  théorie  des  anomalies  des  aciers  au  nickel  expliquée  par  la  trans- 
formation du  fer  de  l'état  a  à  l'état  y  ou  inversement,  plus  ou  moins  modifiée 
dans  son  allure,  abaissée  dans  l'échelle  des  températures,  affectée  ou  non 
d'hystérèse  thermique,  conduit  à  quelques  résultats  intéressants. 

))  1°  L'allure  anormale  de  la  variation  du  module  d'élasticité,  observée 
aux  températures  ordinaires  dans  les  alliages  irréversibles  ou  réversibles, 
conduit  à  admettre  qu'il  se  produit,  dans  l'une  des  transformations  du  fer 
pur,  un  renversement  dans  le  sens  du  changement  du  module.  Or,  des  deux 
transformations  du  fer,  une  seule,  le  passage  p  à  y,  s'effectue  avec  une  va- 
riation importante  du  volume,  et,  si  l'on  admet  que  les  réactions  élastiques 
à  l'intérieur  d'un  solide  sont  une  fonction  des  distances  moléculaires,  on 
sera  tout  naturellement  amené  à  prévoir  une  variation  positive  importante 
du  module  dans  le  passage,  à  température  ascendante,  du  fer  p  au  fer  y. 
Certaines  expériences  de  M.  Howe,  restées  inexpliquées,  trouvent  dans 
cette  indication  leur  cause  naturelle. 

»  1^  La  réalité  de  la  transformation  du  fer  permet  de  préciser  l'expli- 
cation que  j'ai  donnée  des  résultats  trouvés  par  MAL  Nagaok»  et  Honda 
dans  l'étude  des  variations  de  volume  des  aciers  au  nickel  sons  l'action  du 


SÉANCE    DU    6    JUILLET    I9o3.  4'> 

champ  magnéLique.  Je  rappellerai  que  ces  variations  sont  jusqu'à  5o  fois 
plus  grandes  dans  ces  aciers  que  dans  le  fer,  et  que  le  maximum  d'action 
du  champ  se  produit  sur  les  alliages  d'une  teneur  telle  que,  à  la  tempéra- 
ture de  l'expérience,  ils  se  trouvent  dans  la  première  période  de  leur  trans- 
formation à  température  descendante,  caractérisée  à  la  fois  par  l'apparition 
du  magnétisme  et  la  dilatation  virtuelle,  c'est-à-dire  dans  l'état  où  ils  seront 
le  plus  sensibles  aux  causes  de  modification  de  leur  équilibre. 

»  Or,  M.  P.  Curie  a  trouvé  autrefois  {Thèse,  p.  90)  que  les  courbes 
représentant  la  susceptibilité  magnétique  du  fer  pour  des  champs  d'inten- 
sités croissantes  s'écartent  légèrement,  sur  l'axe  des  températures,  dans  la 
ré-ion  de  la  chute  la  plus  rapide  du  magnétisme,  c'est-à-dire  vers  700^  Il 
semble  donc  que  le  champ  magnétique  précipite  la  transformation  qui  fait 
apparaître  le  ferro-magnétisme.  Comme,  dans  les  aciers-nickels  à  haute 
teneur,  les  deux  transformations  se  produisent  simultanément,  cet  accrois- 
sement de  l'état  magnétique  par  l'effet  d'un  champ  intense  entraîne  néces- 
sairement une  augmentation  de  volume  à  température  constante. 

»  On  voit  ainsi^ue,  pour  le  fer  isolé  ou  en  dissolution  dans  du  nickel, 
l'état  actuel  dépend  non  seulement  de  la  température  et  de  la  pression, 
mais  aussi  du  champ  magnétique,  qui  devient  ainsi  un  troisième  facteur 
d'action  dans  l'expression  de  la  règle  des  phases  appliquée  aux  aciers. 

»  3«  On  peut  se  demander  si  d'autres  alliages  que  les  aciers-nickels 
possèdent  des  propriétés  analogues. 

»  D'abord,  toutes  les  anomalies  observées  étant  liées  aux  transforma- 
tions du  fer,  on  ne  devra  s'attendre  à  en  rencontrer  de  semblables  que 
dans  les  alliages  contenant  une  forte  proportion  de  ce  métal.  On  a  bien  en 
effet,  constaté  des  changements  de  même  nature,  toujours  irréversibles, 
dans  les  alliages  du  fer  avec  le  manganèse.  Mais  les  propriétés  réversibles 
anormales,  telles  que  la  faible  dilatabilité,  n'ont  pas  été  observées  jusqu  ic. 
ailleurs  que  dans  les  aciers-nickels.  Or  on  sait,  par  les  belles  études  de 
M.  Ch.  Maiirain  sur  les  propriétés  magnétiques  des  couches  de  passage,  que 
le  fer  à  l'état  très  disséminé  n'est  pas  sensiblement  magnétique,  à  moins 
de  se  trouver  sur  un  support  constitué  par  un  métal  magnétique.  Il  en  re- 
suite que  le  fer  très  dilué  dans  le  nickel  sera  magnétique  ou  non  magnétique 
en  même  temps  que  son  support,  c'est-à-dire  qu'il  prendra  la  température 
de  transformation  du  nickel. 

,,  Ainsi  se  trouvent  levées  les  difficultés  signalées  par  M.  Osmond,  dans 
l'application  de  la  théorie  de  M.  L.  Dumas,  fondée  sur  l'idée,  appuyée  de 
belles   expériences,   que    les    propriétés   essentielles  des  aciers-nickels   a 


/|6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

haute  teneur  en  nickel  sont  dues  aux  transformations  de  ce  métal.  Puisque 
la  transformation  du  nickel  entraîne  celle  du  fer,  les  rôles  des  deux  trans- 
formations sont  nettement  délimités;  la  première  est  essentielle  dans  la 
production  des  phénomènes  observés,  mais  la  transformation  du  fer  en- 
gendre seule  les  anomalies  de  dilatation,  d'élasticité,  etc.,  ainsi  que  la 
presque  totalité  du  dégagement  de  chaleur. 

))  Si  cette  théorie  est  exacte,  les  anomalies  réversibles  sont  le  résultat 
nécessaire  de  la  dissémination  du  fer  dans  un  dissolvant  constitué  par  un 
métal  magnétique  à  température  de  transformation  plus  basse  que  celle  du 
fer.  Le  nickel  étant  seul  dans  ce  cas,  les  aciers  au  nickel  sont  seuls  sus- 
ceptibles de  posséder  les  propriétés  exceptionnelles  qu'ils  ont  montrées  à 
l'expérience.    » 

THERMODYNAMIQUE.  —  Sur  la  diminution  du  potentiel  pour  tout  changement 
spontané  dans  un  milieu  de  température  et  de  pression  constantes.  Note  de 
M.  Ariès,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  L'objet  de  cetle  Note  est  de  démontrer,  d'une  fliçon  qui  nous  a  paru 
à  la  fois  simple  et  rigoureuse,  la  proposition  suivante,  qui  joue  un  rôle 
important  dans  la  statique  chimique: 

»  Si  un  système,  placé  dans  un  milieu  à  la  température  et  à  la  pression 
duquel  il  reste  constamment  soumis,  vient  à  subir  un  changement  spontané, 
grâce  à  la  suppression  de  certaines  liaisons  qui  empêchaient  ce  changement, 
quand  un  nouvel  état  d' équilibre  sera  établi,  le  potentiel  de  ce  système  aura 
diminué. 

»  Ce  potentiel,  exprimé  en  fonction  de  la  j^ression  p  et  de  la  tempéra- 
ture absolue  T,  étant  représenté  par  H,  sa  variation  AM  doit  être  négative. 

»  Dans  le  changemeiit  irréversible  qui  s'est  produit,  l'entropie  Z  de 
tout  l'ensemble  constitué  [)ar  le  milieu  et  par  le  svstème  aura  augmenté. 
On  doit  donc  avoir,  ppur  la  variation  A2  de  cette  entropie  : 

Ai>o. 

»   Cette  variation  comprend  la  variation  AS  de  l'entropie  du  système  et 

la  variation  d'entropie  du  milieu,  qui  est  -^ ,  AQ  représentant  la  quantité 

de  chaleur  dégagée  dans  le  milieu  par  le  système.   L'inégalité  précédente 
devient  donc 

-7|^  4-  AS  >  o 


SÉANCE    DU    6    JUILLET    lC)o3.  4^ 


OU 


(i)  AQ-+-TAS>o. 

»  Le  travail  effectué  par  le  système  est  égal  à  la  pression  constante  p,  à 
laquelle  il  reste  soumis,  multiplié  par  l'accroissement  AV  que  subit  son 
volume;  en  sorte  que,  d'après  le  principe  de  conservation,  la  quantité  AQ 
obéit  à  la  relation 

(2)  AQ  + AU  'i-p^Y  =  o, 

AU  étant  la  variation  d'énergie  du  système.  Cette  variation  s'obtient  en 
ditïérentiant  l'équation  connue 

U  =  H-f-TS~/jV, 

dans  laquelle  T  et  p  sont  à  considérer  comme  des  constantes,  ce  qui  donne 

AU  =  AH  +  TAS  -/;AV. 

Cette  valeur  de  AU  étant  transportée  dans  l'équation  (2),  il  vient 

AQ-h  AH-+-TAS  =  o, 

d'où  l'on  tire,  d'après  l'inégalité  (i), 

AH<o, 

qui  était  l'inégalité  à  démontrer.  « 


ELECTROCHIMIE.    —   Aclion  de  Viode  sur  les  pellicules  de  cuivre  obtenues 
par  ionoplastie .  Note  de  M.  Houllevigue,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  1°  Délermination  de  l'épaisseur  des  pellicules.  —  Le  procédé  que  j'ai  eu 
l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  (')  permet  d'obtenir,  sur  verre,  des 
dépots  réguliers  de  cuivre,  d'épaisseur  variable  à  volonté.  Pour  déterminer 
celte  épaisseur,  j'ai  eu  recours  au  procédé  optique  indiqué  par  Fizeau  pour 
l'argent,  et  qui  réussit  également  bien  avec  le  cuivre. 

»  Dans  Tapplication  de  cette  méthode,  j'ai  modifié  le  procédé  classique  d'ioduration, 
d'une  manière  qui  me  paraît  avantageuse;  le  grain  d'iode  n'est  pins  déposé  sur  la 
lame  de  cuivre,  mais  suspendu  au-dessus  d'elle  à  l'aide   d'une   pince  placée  dans  un 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  p.  626. 


48  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

entonnoir;  on  peut,  en  réglant  la  distance  de  l'iode  à  la  lame,  donner  aux  anneaux 
l'épanouissement  qu'on  désire,  en  même  temps  qu'on  évite  la  macule  que  le  contact 
de  l'iode  laisse  toujours  dans  la  tache  centrale. 

»  Ce  procédé  donne  rapidement  le  produit  nz  de  l'épaisseur  de  l'iodure  formé  par 
l'indice  moyen  n  de  cet  iodure;  mais  comme  on  ne  connaît  ni  n,  ni  la  densité  de 
l'iodure,  on  a  dû,  pour  en  déduire  l'épaisseur  e  de  la  lame  de  cuivre,  procéder  comme 
suit  : 

»  Une  lamelle  de  verre  mince  de  3o"""  x  4o"""  était  pesée  avant  et  après  métalli- 
sation,    ce  qui   donnait,   à    jL   de   milligramme,    le   poids  p  du  cuivre  déposé  (poids 

compris  entre  i'"î',2  et  2™s).  On  en  déduit  l'épaisseur  moyenne  e  z=z ■- 

^  ^  "  3o  X  4o  X  8,9 

Puis,  cinq  groupes  d'anneaux  formés  sur  la  lame  de  cuivre  permettent  d'évaluer  son 
épaisseur  optique  moyenne  nz;  enfin  l'ioduration   totale  de  la  lame  montre  si  la  pel- 
licule est  assez  régulière  pour  que  ce  procédé  n'entraîne  pas  d'erreurs  notables, 
j)  La  moyenne  de  quatre  déterminations  bien  concordantes  a  donné 


12,7 


))  2.^  Épaisseur  limite  pour  l'attaque  du  cuivre  par  Viode.  —  En  appli- 
quant le  procédé  décrit  ci-dessus  à  des  pellicides  de  plus  en  plus  minces, 
on  constate  qu'il  ne  donne  plus  rien  pour  les  dépôts  (l'é|)aisseur  inférieure 
à  40^^*  environ  ;  toutes  les  tentatives  pour  iodurer  ces  couches  très  minces 
ont  échoué,  et  cependant  leur  méthode  de  formation,  leur  spectre  d'ab- 
sorption, leur  oxvdabililé  prouvent  qu'elles  sont  bien  constituées  par  du 
cuivre  métallique. 

»  D'autre  part,  un  nouveau  fait  vient  confirmer  cette  inaltérabilité  des 
pellicules  très  minces  de  cuivre  ;  Lorsque,  après  avoir  produit  sur  une 
pellicule  d'épaisseur  supérieure  à  ^o^^  une  série  d'anneaux  colorés  par 
ioduratioii,  on  procède  ensuite  à  l'ioduration  complète  du  métal,  on  devrait 
s'attendre  à  voir  disparaître  toute  trace  des  anneaux  précédents;  or,  il  n'en 
est  rien  ;  quel  que  soit  le  procédé  employé,  il  reste  toujours,  autour  de  la 
tache  centrale  d' iodure,  une  zone  complètement  ou  partiellement  inaltérée. 

»  Cet  effet  s'interprète  aisément  en  admettant  que  la  couche  de  cuivre 
très  mince,  laissée  autour  de  la  tache  centrale  d'iodure  par  la  première 
ioduration,  est  inférieure  à  l'épaisseur  pour  laquelle  la  vapeur  d'iode  peut 
agir  sur  elle.  Tout  le  reste  de  la  lame  est  donc  attaqué  dans  l'ioduration 
totale,  sauf  la  zone  très  étroite  qui  borde  la  tache  centrale. 

»  Cette  explication  est  justifiée  par  les  remarques  suivantes  : 

»  1°  L'hyposulfite  de  soude  en  solution  très  étendue,  qui  dissout  l'iodure  formé, 
laisse  persister  la  trace  de  la  première  ioduration  ;  cette  trace  paraît  être  constituée 
par  du  cuivre  inaltéré. 


SÉANCE    DU    6    JUILLET    1903.  4^ 

»  2°  Bien  que  l'iodure  de  cuivre  soit  très  peu  altérable  à  la  lumière,  on  pourrait 
attribuer  l'effet  observé  à  cette  altération;  or  les  phénomènes  restent  exactement  les 
mêmes  lorsqu'on  opère  à  l'obscurité. 

»  3°  Une  lame  très  épaisse  (S"™)  de  cuivre  ne  donne  jamais  lieu  à  la  persistance 
d'anneaux  qu'on  observe  avec  les  lames  minces. 

»  4"  Une  condition  nécessaire  de  la  persistance  des  anneaux  est  que  l'ioduration 
totale  ne  commence  que  lorsque  la  première  ioduration  est  totalement  achevée  (il 
suffit  de  quelques  secondes  d'intervalle  entre  les  deux  opérations),  sans  quoi  la 
deuxième  réaction  n'est  que  le  prolongement  de  la  première,  et  la  surface  est  unifor- 
mément iodurée. 

»  5°  Sur  une  lame  de  cuivre  d'épaisseur  aussi  uniforme  que  possible,  j'ai  formé  six 
systèmes  d'anneaux  ayant  au  centre  les  épaisseurs  optiques  suivantes  : 

Numéros 

1.  2.  3.  4.  5.  6. 

«£  en  |X[JL ii5i         948         747         600         43o         3o6 

»  Le  n"  1  correspondait  à  la  transformation  totale  de  cuivre  en  iodure.  Puis  toute 
la  lame  a  été  iodurée.  Après  cette  opération,  on  a  pu  constater  que  les  taches  1,  2,  3 
étaient  nettement  visibles,  4-  à  peine  discernable,  o  et  6  n'avaient  laissé  aucune  trace. 
D'après  cela,  la  couche  de  cuivre  incapable  d'être  iodurée  ultérieurement  aurait  une 

'     •  ■   {■'  •  •   ii5i  — 600 

épaisseur  intérieure  a =  kSt^v-, 

12,7 

»  6°  J"ai  fait,  sur  de  multiples  échantillons  d'épaisseurs  variables,  les  détermi- 
nations suivantes  :  sur  une  lamelle  de  verre  cuivrée  on  formait,  par  le  procédé  décrit 
plus  haut,  de  lari^es  anneaux  d'iodure;  la  lame  était  ensuite  coupée  en  deux  par  le 
milieu  des  deux  anneaux;  l'une  des  moitiés  était  iodurée  totalement,  puis  recollée  à 
côté  de  l'autre  moitié  ;  en  examinant  l'ensemble  des  deux  demi-lames  dans  un  appareil 
à  projection,  il  était  possible  d'apprécier  (non  sans  quelque  incertitude)  quelles 
couches  avaient  résisté  à  l'ioduration  totale. 

»   Si  nt  et  m'  sont  les  épaisseurs  optiques  correspondant  à  la  tache  centrale  et  au 

bord  extérieur  de  la  zone  qui  a  résisté  à  la  deuxième  ioduration,  l'épaisseur  maxima 

j  •  •      I    .    ,  n(z  —  e') 

du  cuivre  inaltéré  est  a:  =  • 

12,7 

»  Voici  quelques  résultats  obtenus  par  cette  méthode  (')  : 

«£en|i.(jL.. i652         1876         i258         i258         i334        747 

m' ii5i          iiox  843  826  747         332 

ce 39  22  33  34  46  32 

»    Les  épaisseurs  limites  déterminées  par  les  différents  procédés  qui 


(')  L'argent  donne  naissance  au  même  phénomène  :  une  pellicule  d'argent  a  donné 

/        ^         j.   .             1927  — 1621       ,,„„ 
ne  =r  1927,   m'  =.  1621,  d  ou  x  =  -^-~ =  34'^'^- 

C.  R.,  1903.  2»  Semestre.  {T.  CXXXVII,  N"  1.)  7 


6o   •  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

viennent  rl'êlre  décrits  sont  du  même  ordre  de  grandeur  qne  les  couches 
de  passage  définies  à  l'aide  de  la  résistance  électrique,  ou  par  d'autres 
procédés.  En  tous  cas,  on  peut  représenter  les  résultats  de  cette  étude  en 
disant  que  :  La  plus  petite  molécule  de  cuivre  capable  de  réagir  chimiquement 
sur  la  vapeur  d'iode  a  des  dimensions  de  V ordre  de  4o^^,  Son  poids  est  de 
l'ordre  de  5  X  io~*^  milligramme.  » 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Simplification  deV  analyse  des  silicates  par  V  emploi 
de  l'acide  formique.  Note  de  M.  A.  Leclère,  présentée  par  M.  Ad.  Carnot. 

«  La  plupart  des  méthodes  d'analyse  des  silicates  sont  fondées  sur  le  fait 
qu'en  solution  aqueuse,  et  dans  les  conditions  favorables  à  la  formation 
des  sels  basiques,  les  sesquioxydes  comme  l'alumine,  et  les  bioxydes  comme 
la  silice  se  précipitent  à  l'état  de  sels  basiques  beaucoup  moins  solubles 
que  ceux  des  protoxydes. 

»  On  a  reconnu  depuis  longtemps  que,  dans  la  pratique,  les  séparations 
obtenues  sont  souvent  incomplètes,  et  les  difficultés  qu'elles  paraissent 
entraîner  sont  attestées  par  les  innombrables  variations  des  procédés  en 
usage.  J'ai  découvert  que  ces  difficultés  proviennent  simplement  de  ce  que 
l'acide  employé  à  la  dissolution  du  silicate  et  à  la  formation  des  sels  basiques 
n'est  pas  approprié  à  cette  opération.  L'acide  nitrique,  qui  est  le  plus  géné- 
ralement préféré,  n'est  pas  lui-même  tout  à  fait  le  plus  convenable. 

»  En  effet,  si  l'on  considère  un  état  d'équilibre  momentané  entre  une 
solution  renfermant  des  molécules  d'acide  et  un  précipité  de  sel  basique, 
on  peut  prévoir  que  la  substitution  d'une  molécule  d'oxyde  supérieur,  dans 
la  molécule  d'acide  dissous,  doit  apporter  à  cet  équilibre  une  perturbation 
d'autant  plus  considérable  que  le  poids  moléculaire  de  l'aciclç  dissous  est 
lui-même  plus  faible.  Or  l'acide  nitrique,  bien  que  d'un  poids  moléculaire 
assez  bas,  ce  qui  justifie  la  préférence  dont  il  a  été  l'objet  jusqu'à  ce  jour, 
n'est  cependant  pas  le  plus  léger  des  acides  connus;  cette  propriété  carac- 
téristique appartient  à  l'acide  formique. 

»  J'ai  dès  lors  vérifié,  par  de  nombreux  essais,  que  l'analyse  des  silicates 
et  les  diverses  séparations  qu'elle  comporte  s'opèrent  avec  la  jilus  grande 
facilité  de  la  manière  suivante  : 

»  Après  la  fusion  avec  Tune  quelconque  des  bases  qui  sont  employées  pour  rendre 
le  silicate  aUaquable  aux  acides,  on  traite  la  matière  par  une  quantité  convenable 
d'eau  bouillante  dans  laquelle  on  verse  immédiatement  de  l'acide  formique  de  manière 


SÉANCE    DU    6   JUILLET    ïgoS.  5t 

à  obtenir  finalement  un  liquide  renfermant  environ  5  pour  loo  d'acide  Cormique  libre, 
et  l'on  maintient  ce  liquide  à  ioo°  pendant  deux  jours. 

»  La  silice  et  même  l'acide  litanique  se  précipitent' entièrement,  sans  passer  par 
l'état  gélatineux,  et  peuvent  alors  être  facilement  séparés  par  filtralion.  Eu  neutralisant 
par  de  l'eau  ammoniacale  le  liquide  filtré,  et  en  le  portant  dé  nouveau  à  la  tempéra- 
ture de  l'ébuUition,  on  détermine  la  précipitation  complète  du  fer  et  de  l'alumine,  sans 
autre  entraînement  que  celui  de  la  base  en  grand  excès  qui  a  été  eluplovée  pour  rendre 
le  silicate  attaquable. 

»  La  filtration  est  facile.  La  précipitation  du  fer  à  l'état  de  formiate  est  connue 
depuis  longtemps.  J'ai  constaté  que  celle  de  l'alumine  s'effectue  aussi,  dans  ces  con- 
ditions, avec  la  plus  grande  exactitude,  et  il  est  facile  de  le  vérifier  en  opérant  sim- 
plement sur  de  l'alun  de  potasse  dissous  dans  l'eau  chaude  et  additionné  successive- 
ment d'acide  formiqué  et  d'ammoniaque  jusqu'à  neutralisation.  On  précipite  ainsi 
toute  l'alumine  et  l'évaporation  à  sec  du  liquide  fournit  toute  la  potasse  de  l'alun. 

»  En  combinant  l'emploi  de  l'acide  formiqué  à  celui  de  l'oxyde  de  plomb,  dont  il  a 
déjà  été  question  dans  une  Note  du  2g  novembre  1897,  on  obtient  une  niétliode 
d'analyse  qui  permet  de  déterminer  avec  beaucoup  de  précision  et  de  facilité  tous  les 
éléments  d'un  silicate. 

»  Il  paraît  probable  que  l'acide  formiqué  est  l'agent  le  plus  important 
de  la  séparation  par  laquelle  les  végétaux  puisent  dans  le  sol,  avec  exclusion 
de  l'alumine,  les  bases  qui  se  rencontrent  dans  leurs  cendres.  Les  acides 
organiques  d'un  poids  moléculaire  supérieur  dissolvent  en  effet  l'alumine 
avec  Une  facilité  croissante  et  arrivent  même  à  empêcher  sa  précipitation 
par  l'ammoniaque  en  excès.   » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sut  les  conditions  de  production  et  de  stabilité  de 
V acide  hyposulfureux .  Note  de  M.  J.  Aloy,  présentée  par  M.  H.  Moissan, 

«  liOrsque  l'acide  hyposulfureux  est  mis  en  liberté  par  l'action  d'un  acide 
sur  un  hyposulfile,  il  se  détruit  aussitôt  et  donne  lieu,  ainsi  que  Ta  montré 
M.  Berthelot  (^),  à  un  équilibre  très  complexe  d'où  résulte  la  formation 
simultanée  d'acide  sulfureux  et  des  acides  thioniques. 

»  Pour  déterminer  la  quantité  d'acide  hyposulfureux  existant  à  un 
moment  donné,  dans  un  tel  mélange,  j'ai  d'abord,  par  un  premier  titrage 
à  l'iode,  établi  une  relation  entre  les  proportions  des  acides  hyposulfureux 
et  sulfureux  ;  j'ai  cherché  ensuite  la  quantité  d'acide  sulfureux  en  dosant 
l'acide  sulfunque  avant  et  après  le  titrage  à  l'iode.  Cette  méthode  suppose 

(•  )  Berthelot,  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  6^  série,  t.  XVII,  p.  5o6. 


52  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

évidemment  que  l'iode  est  sans  action,  du  moins  immédiate,  sur  les  acides 
tri-  et  pentathioniqiies.  Ce  fait  a  été  vérifié  par  M.  Berthelot. 

»  Production  d'acide  hyposidfureiix  par  l'action  de  l'acide  sulfureux  sur  le 
soufre.  —  L'on  peut  obtenir  des  quantités  appréciables  d'acide  hyposulfureux  en 
saturant  par  du  gaz  sulfureux  une  solution  d'alcool  à  gS"  tenant  en  suspension  du 
soufre  neutre  lavé.  La  présence  de  l'acide  peut  être  constatée  déjà  après  5  minutes  de 
contact  par  la  réaction  de  Rose  à  l'aide  du  nitrate  d'argent;  après  i  heure,  j'ai  trouvé 
is,  8  d'acide  par  litre  à  la  température  de  20".  La  proportion  d'acide  est  beaucoup  plus 
faible  dans  l'alcool  méthylique  et  à  peu  près  nulle  dans  l'alcool  amyjique  et  l'éther. 

»  Stabilité.  —  Gomme  terme  de  comparaison  je  me  suis  servi  de  deux  solutions 
S^O^Na^  (79?=  2^)  et  HGl  (i™°'=  2').  J'ai  suivi  la  transformation  de  l'acide  hypo- 
sulfureux résultant  du  mélange  des  deux  solutions  à  la  température  de  i4°  environ  : 

Acide  hyposulfureux. 
h      m 
Après  o .    5 82 

Après  o.i5 61,8 

Après  o .  3o 56 

Après  2 44  >  2 

»  Diverses  influences  augmentent  ou  diminuent  la  stabilité  de  l'acide. 

»  Influence  du  dissolvant.  —  L'acide  hyposulfureux  est  plus  stable  dans  l'alcool 
que  dans  l'eau.  Une  solution,  dans  l'alcool  à  96°,  qui  contient  4^  d'acide  par  litre 
reste  limpide  et  ne  dépose  pas  de  soufre,  même  après  plusieurs  heures;  une  solution 
aqueuse  de  même  titre  se  trouble  après  quelques  minutes.  L'addition  d'eau  à  la  solu- 
tion alcoolique  produit  presque  immédiatement  un  précipité  de  soufre. 

»  La  présence  des  sels  neutres  augmente  aussi  la  stabilité  de  l'acide.  Ainsi,  en 
mélangeant  les  deux  solutions  types  après  les  avoir  saturées  de  sel  marin,  j'ai  trouvé  : 

Acide  hyposulfureux. 
h       m 

Après  o .   5 83,5 

Après  o .  1 5 64  5  5 

Après  2       47)8 

»  Influence  de  la  lumière.  —  La  lumière  diff"use  est  sans  action  appréciable  sur  la 
vitesse  de  décomposition  de  l'acide  hyposulfureux,  la  lumière  solaire  l'accélère  légère- 
ment : 

Acide  hyposulfureux. 

A  l'obscurité  à  24".      Au  soleil  à  24°. 
h        m 

Après  O.   5 80,4  79)9 

Après  o.  1 5 ^9 ) 7  ^7  > 7 

Après  I         47  44)  2 

»  Influence  des  acides.  ■ — Une  solution  d'acide  hyposulfureux  contenant  3s,  2  d'acide 
par  litre  a  été  préparée  par  l'action  de  l'acide  sulfurique  sur  la  quantité  théorique 
d'hyposulfite    de   baryum.   A    10*™'   de   cette  solution  j'ai   ajouté    i*^"'   d'acide   chlor- 


SÉANCE    DU    6    JUILLET    r9o3.  53 

hydrique  ou  des  proportions  équivalentes  des  acides  sulfurique,  trichloracétique  et 
acétique. 

»  Au  moment  où  5o  pour  loo  de  l'acide  avaient  disparu  dans  le  lot  normal,  les  pro- 
portions décomposées  dans  les  autres  lots  atteignaient  : 

Lot  normal.  HCl.  SO^H^.        CCPCO'H.     CH^CO-H. 

S- O^Na^  décomposé 5o  72  65  64  52 

»  La  présence  des  acides  favorise  donc  la  décomposition,  et  ce  sont  les  acides  les 
plus  ionisés  qui  agissent  le  plus  efficacement. 

»  Influence  de  l'acide  sulfureux.  —  La  décomposition  de  l'acide  hyposulfureux. 
semble  surtout  réglée  par  la  proportion  d'acide  sulfureux  existant  dans  la  solution  : 
Si  à  10'=™'  d'une  solution  S-O^Na^  (79°=  lo^)  l'on  ajoute  os,  i  de  sulfite  de  sodium,  puis 
]o'=™'  d'une  solution  HCl  (i'"»'^  iqI),  le  mélange  reste  parfaitement  limpide,  le  dépôt 
de  soufre  n'a  pas  lieu.  Si  au  contraire  on  enlève  l'acide  sulfureux  au  fur  et  à  mesure 
de  sa  production,  par  un  courant  de  gaz  carbonique,  la  décomposition  devient  rapide 
et  totale. 

»  En  résumé  :  i"  On  peut  produire  rapidement  de  l'acide  hyposulfu- 
reux par  l'action  d'une  solution  alcoolique  de  gaz  sulfureux  sur  le  soufre. 

»  2°  La  présence  d'alcool  et  des  sels  neutres  augmente  la  stabilité  de 
l'acide  hyposulfureux;  la  présence  des  acides  et  l'action  des  rayons  solaires 
facilitent  sa  décomposition. 

»  3°  Le  mode  de  destruction  de  l'acide  dépend  de  la  proportion  d'acide 
sulfureux  existant  dans  la  solution. 

))  Je  me  propose  de  faire  une  application  de  ces  résultats  à  l'étude  des 
hyposulfîtes  acides.  » 


CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Sur  V èlhèrificalion  des  hydracides. 
Note   de  M.  A.  Villiers,  présentée   par  M.  H.   Moissan.  (Extrait.) 

«  Lorsqu'un  mélange  d'hydracides  et  d'alcool  a  atteint  l'équilibre  cor- 
respondant à  une  température  déterminée,  s'il  est  ensuite  abandonné  à 
des  températures  inférieures,  on  observe  des  modifications  profondes.  La 
lenteur  avec  laquelle  ces  variations  se  produisent  et  celle  avec  laquelle 
l'acide  chlorhydrique  s'éthérifie  ne  m'a  pas  permis  de  les  étudier  d'une 
manière  complète,  mais  cependant  les  résultats  actuellement  acquis 
en  indiquent  nettement  le  sens. 

»  Avec  l'acide  sulfurique,  une  fois  qu'on  a  atteint  le  terme  de  la  rétrogradation 
lente,  due  à  la  production  de  l'éther  ordinaire,  on  constate  que  l'équilibre  final  est 
stable  et  indépendant  de  la  température.  Ce  résultat  est  dû  à  la  stabilité  des  hydrates 


54  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  Tacide  sulfurique.  Il  n'en  est  pas  de  même  pour  les  hjdracides  (*),  etj  sous  l'in- 
fluence d'un  abaissement  de  température,  un  nouvel  équilibre  tend  à  s'établir.  S'il  ne 
s'était  pas  formé  d'éther  ordinaire,  la  nouvelle  limite,  inférieure  à  la  précédente, 
serait  probablement  la  même  que  si  l'étliérification  s'était  faite  à  la  nouvelle  tempé- 
rature à  laquelle  on  maintient  le  mélange  par  suite  de  la  recombinaison  partielle  des 
éléments  des  hydrates  dissociés  des  hydracides.  Mais  l'éther  ordinaire  s'est  produit, 
lorsque  la  température  était  plus  élevée,  en  proportion  plus  grande  que  celle  qui  cor- 
respondrait à  la  température  actuelle.  Il  en  est  résulté  la  mise  en  liberté  d'une  plus 
grande  quantité  d'eau,  et  la  proportion  d'éther  éthérifîé  tend  à  s'abaisser  non  seule- 
ment jusqu'à  la  limite  correspondant  à  cette  dernière  température,  mais  jusqu'à  une 
limite  inférieure  correspondant  à  un  mélange  initial  plus  hydraté,  et  l'on  peut,  par 
suite,  observer  des  différences  considérables  entre  les  proportions  éthérifîées  dans 
deux,  mélanges  de  composition  initiale  identique,  ayant  tous  deux  atteint  leur  équi- 
libre final  à  une  même  température,  mais  dont  la  température  de  l'un  a  été  maintenue 
constante,  et  dont  l'autre  a  été  chauffé  au  delà  de  cette  température. 

»  Une  rétrogradation  semblable  peut  naturellement  se  produire,  et  la  limite 
d'éthérification  peut  varier  légèrement  sans  que  Ton  ait  eu  recours  à  un  échauffement 
artificiel  et  simplement  par  suite  de  variations  successives  dfe  la  température  ambiante, 
variations  dont  il  ne  peut  résulter  qu'un  abaissement  définitif  de  la  limite. 

»  Pour  l'acide  chlorhydrique,  la  lenteur  de  l'éthérification  est  telle  que  les  solutions 
préparées  il  y  a  25  ans  paraissent  encore  fort  loin  d'avoir  atteint  la  limite  correspon- 
dant à  la  température  ordinaire,  et  l'on  observe  encore  un  très  grand  écart  entre  les 
résultats  donnés  par  l'éthérification  directe  et  par  la  décomposition  inverse  de  l'éther 
chlorhydrique. 

»  L'éther  ordinaire  ne  se  produisant,  avec  cet  acide,  qu'à  des  températures  élevées, 
il  est  probable  qu'on  ne  doit  pas,  à  des  températures  inférieures,  constater  les  der- 
niers faits  signalés  pour  les  acides  bromhydrique  et  iodhydrique.  Dans  un  mélange 
ayant  atteint  son  équilibre  à  une  température  déterminée  et  abandonné  ensuite  à  une 
température  inférieure,  la  proportion  éthérifiée  ne  doit  s'abaisser  que  jusqu'à  la  limite 
correspondant  à  cette  dernière.  Mais  la  lenteur  de  l'éthérification  est  trop  grande  pour 
que  je  puisse  espérer  pouvoir  le  vérifier  et  déterminer  les  limites  d'éthérification  à 
la  température  ordinaire. 

»  Acide  chlorhydrique  et  alcools  divers.  —  Les  analyses  récentes  confirment  les 
observations  faites  autrefois,  relativement  à  la  vitesse  d'éthérification  de  ces  alcools. 
L'alcool  butylique  s'élhérifie  avec  une  lenteur  exceptionnelle,  et  sa  limite  est  proba- 
blement moins  élevée  à  la  température  ordinaire  comme  à  ioo°.  Pour  les  autres  alcools 
monoatomiques,  la  vitesse  décroît  lorsque  le  Jjoids  moléculaire  s'élève;  cependant,  à 
partir  d'un  certain  moment^  elle  devient  plus  grande  pour  l'alcool  amylique  que  pour 
l'alcool  isopropylique. 

»  Au  contraire,  l'éthérification  du  glycol  et  de  la  glycérine  est  beaucoup  plus  rapide 
que  celle  de  l'alcool  éthylique,  si  l'on  tient  compte  de  la  limite  qui  est  moins  élevée. 
Cette  limite  paraît  actuellement  atteinte,  pour  ces  alcools,  à  la  température  ordinaire. 


(•)  Comptes  rendus,  t.  CXXXVI,  p.  i452  et  i55i. 


SÉANCE    DU   6    JUILT.ET    1903.  55 

Elle  est  moins  élevée  qu'à  100°,  ainsi  que  cela  a  lieu  avec  l'alcool  ordinaire  et  les 
acides  broraohydiique  et  iodhydrique,  mais  elle  est  la  même  qu'à  44°î  ce  qui  semble 
indiquer  une  différence  dans  le  mode  d'action  des  hydrates  de  l'acide  chlorhydrique 
sur  le  glycol  et  la  glycérine  et  sur  l'alcool  ordinaire.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  V acétylène  bihromè  :  purification,  cryoscopie, 
analyse.  Note  de  M.  P.  Lemoult. 

«  Dans  une  Note  antérieure  {^Comptes  rendus,  t.  CXXXVI,  p.  i333), 
nous  avons  décrit  la  préparation  de  l'acétylène  bibromé  et  la  caractérisa- 
tion  de  ce  corps  par  quelques-unes  de  ses  propriétés.  Nous  sommes 
parvenu  à  l'obtenir  pur  et  à  vérifier  sa  pureté  par  la  détermination  du 
poids  moléctdaire  et  de  sa  teneur  en  brome. 

»  Préparation,  —  L'impossibilité  de  distiller  le  produit  décrit  antérieurement,  en 
raison  de  son  instabilité,  nous  a  mis  dans  la  nécessité  de  Fobtenir  pur  de  premier  jet; 
on  constate  facilement  que  l'éthylène  tribromé  CHBr=:GBr-  (matière  première)  est 
entraînable  par  la  vapeur  d'alcool  et  sa  présence  élève  le  poids  moléculaire  des  échan- 
tillons bruts;  on  élimine  ce  corps  par  fractionnement  au  moment  même  de  la  prépa- 
ration :  l'appareil  est  un  de  ceu^ç:  dont  on  se  sert  pour  les  fractionnements  sous 
pression  réduite,  les  flacons  collecteurs  étant,  pour  plus  de  commodité,  remplacés  par 
des  ampoules  à  deux  robinets,  et  le  tout  est  rempli  d'eau  bouillie;  le  ballon  dans 
lequel  on  a  mis  le  mélange  de  CHBr  =  CBr-  et  de  KO  H  alcoolique  et  le  réfrigérant 
étant  con^tarrunent  parcourus  par  un  courant  d'azote  (sans  ox.ygène).  Dès  que  les 
vapeurs  commencent  à  passer,  le  thermomètre  placé  dans  le  col  du  ballon  marque  76° 
et  reste  assez  longtemps  stationnaire  entre  76°  et  77°;  la  portion  correspondante 
condensée  se  rassemble  en  lourdes  gouttes,  sans  produire  les  stries  légères  dues  à 
l'alcool;  on  recueille  une  seconde  portion  de  77»  à  80",  puis  une  autre,  au  delà,  formée 
d'un  liquide  qui  ne  s'enflamme  pas  spontanément  à  l'air,  mais  donne  seulement 
d'abondantes  fumées. 

))  La  j^remière  portion,  la  plus  importante,  est  constituée  par  GBr^CBr  pur, 
comme  nous  allons  le  montrer,  et  l'on  doit  admettre  que  ce  corps  bout  à  ']Q°-']']° 
sous  la  pression  ordinaire. 

»  Poids  moléculaire.  —  La  valeur  de  cette  donnée  importante  nous  a  paru  le 
meilleur  critérium  de  la  pureté,  car  elle  renseigne  à  la  fois  sur  la  présence  de 
CPIBr=CBr^  et  sur  les  polymérisations  (que  nous  espérons  déterminer  ultérieure- 
ment) que  la  molécule  paraît  apte  à  subir,  ces  deux  causes  tendant  à  augmenter  le 
poids  moléculaire.  L'acide  acétique,  auquel  l'acétylène  bibronié  s'incorpore  facilement, 
est  très  propre  à  la  détermination;  toutefois  ce  corps  ne  doit  être  séparé  de  l'eau  qui 
le  recouvre  et  le  protège  (sans  s'y  dissoudre)  que  dans  un  tube  muni  d'une  longue 
pointe  très  capillaire. 


56  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Voici  le  résultat  obtenu  : 

P=z23,79,  p  =:l,2%'j2,  «=I°,l5. 

M  =:  3900-^  =  i83,3.  Théorie  pour  CBr  =  CBr  :  184. 

»  Avant  ce  fractionnement,  les  résultats  variaient  entre  200  et  220. 

»  Analyse  :  dosage  du  brome.  —  Cette  opération  n'est  pas  possible  sur  le  produit 
tel  quel,  la  chaleur  (dosage  par  la  chaux)  le  décomposant  violemment  et  le  contact 
avec  AzO^H  (procédé  Carius)  étant  éminemment  dangereux;  on  fait  alors  une  solu- 
tion titrée  du  composé  étudié  dans  l'acide  acétique  exempt  de  composés  halogènes 
(2S,34o5  dans  6^,9720,  soit  25,i32  pour  100  du  mélange)  et  la  solution  obtenue,  très 
maniable,  est  traitée  comme  d'ordinaire;  encore  faut-il,  pour  éviter  les  explosions  et 
les  projections,  s'abstenir  de  chauffer  directement  l'ampoule,  dont  la  température 
s'élève  par  rayonnement  et  dont  le  contenu  distille  lentement  en  cédant  son  brome  à 
la  chaux. 

»  0^,6760  de  la  solution  précédente,  prélevés  à  l'abri  du  contact  de  l'oxygène  atmo- 
sphérique et  contenant,  par  conséquent,  0,14476  du  corps  étudié,  ont  donné 
0^,2980  de  AgBr,  soit  Br  pour  100  :  87,67. 

Théorie  pour  CBr  ^  CBr  :  86,95. 

»  Nous  avons  donc  obtenu,  par  action  de  la  potasse  alcoolique  et  frac- 
tionnement au  moment  de  la  préparation,  l'acétylène  bibromé  pur,  dont 
la  complexité  moléculaire  et  la  teneur  en  Br  correspondent  à  la  formule 
CBr  ^  CBr  et  dont  nous  nous  proposons  de  continuer  l'étude.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  lactase. 
Note  de  MM.  Em.  Bourquelot  et  H.  Hérissey. 

«  Lorsque  Emil  Fischer  a  publié  ses  premières  recherches  sur  les 
enzymes  et  fait  connaître,  en  particulier,  le  dédoublement  du  sucre  de  lait 
par  l'émulsine  des  amandes,  l'un  de  nous  a  émis  l'opinion  que  ce  dédou- 
blement ne  devait  pas  être  rapporté  à  l'émulsine  proprement  dite  (ferment 
hydrolysant  des  glucosides),  mais  à  un  enzyme  spécial,  la  lactase,  accom- 
pagnant l'émulsine  en  question  dans  le  produit  employé  par  le  chimiste 
allemand.  Il  s'appuyait  sur  ce  fait  que,  avec  une  émulsine  conservée  depuis 
longtemps  dans  son  laboratoire,  il  n'avait  pu  réussir  à  hydrolyser  le  sucre 
de  lait,  alors  que  cependant  cette  émulsine  dédoublait  encore  les  gluco- 


SÉANCE    DU    6    JUILLET    1903,  5'] 

sides  naturels  sur  lesquels  l'action  hydrolysantc  du  ferment  des  amandes 
douces  avait  été  sig^nalée  jusqu'à  cette  époque  (  *  ). 

»  Dés  1890,  c'est-à-dire  une  année  après  la  publication  d'Emil  Fischer, 
nous  avons  fait  deux  observations  venant  à  l'appui  de  cettte  manière  de 
voir.  La  première  est  relative  à  la  solution  obtenue  en  faisant  séjourner  de 
Teau  distillée  sous  une  culture  àWspergillus  niger  développée  sur  liquide 
de  Raulin,  solution  qui,  tout  en  dédoublant  tous  les  glucosides  naturels 
dédoublés  par  le  produit  des  amandes,  est  sans  action  sur  le  sucre  de 
lait(-). 

»  La  seconde  concerne  le  suc  d'un  grand  Champignon  basidiomycète, 
le  Polyporus  siilfureus  Fr.,  qui  se  conduit  exactement  comme  le  liquide 
d' Aspergillus  {^) .  La  conclusion  la  plus  satisfaisante  était  que  l'émulsine, 
telle  qu'on  la  prépare  avec  les  amandes  douces,  est  un  produit  com- 
plexe (^)  qui  renferme  de  la  lactase,  cette  dernière  n'existant  ni  dans  le 
liquide  à' Aspergilius ,  ni  dans  le  suc  de  Polyporus  sulfureus. 

»  L'émulsine,  en  tant  que  ferment  dédoublant  des  glucosides  lévogyres, 
étant,  comme  l'on  sait,  un  ferment  très  répandu  dans  le  règne  végétal  (^), 
les  faits  que  nous  venons  de  rappeler  conduisaient  à  rechercher,  au  moins 
pour  un  certain  nombre  de  cas,  si  cette  émulsine  est  accompagnée  de  lac- 
tase. Il  y  avait  en  outre  à  se  demander  si,  d'autre  part,  la  lactase  peut  exis- 
ter sans  émulsine. 

»  Nos  recherches  sur  le  premier  point  ont  porté  sur  les  semences  de  quatre  Rosa- 
cées, amandes  amères,  amandes  de  Pêcher,  amandes  d'Abricotier,  semences  de  Pom- 
mier, et  sur  les  feuilles  du  Laurier-cerise;  tous  ces  organes  sont  bien  connus  comme 
renfermant  de  l'émulsine. 

»  Tous  ces  organes,  les  amandes  après  avoir  été  mondées  de  leur  tégument,  et  les 
feuilles  après  avoir  été  lavées  et  essuyées,  ont  été  triturés  finement,  puis  misa  macérer 
dans  de  l'eau  chargée  de  toluène,  pendant  un  temps  qui,  suivant  les  cas,  a  varié  de  12 
à  24  heures  {t  =:  \^°-i']°). 

»  Les  macérés  ayant  été  filtrés,  on  les  a  fait  agir  sur  le  lactose,  comme  l'indiquent 


(1)  Em.  Bourquelot,  Travaux  de  M.  Emil  Fischer  sur  les  ferments  solubles 
{Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie,  Ç>^  série,  iSgS,  p.  827  et  SjS). 

(-)  Em.  Bourquelot  et  H.  Hérissey,  Sur  les  propriétés  de  l'émulsine  des  Champi- 
gnons {Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie,  6"  série,  t.  II,  1896,  p.  435). 

(*)  Em.  Bourquelot  et  H.  Hérissey,  Les  ferments  solubles  du  Polyporus  sulfureus  Fr. 
{Bull.  Soc.  mycol.  de  France,  t.  XI,  iSgS,  p.  235). 

(*)  Comptes  rendus  des  séances  de  la  Société  de  Biologie,  igoS,  p.  219. 

(^)  H.  Hérissey,  Recherches  sur  l'émulsine  ^Thèse  doct.  Univ.  {Pharm.),  Paris, 

G.  R.,  >9o3,  2»  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N*  1.)  ° 


58  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

suffisamment  les  Tableaux  et  les  détails  suivants,  qui  se  rapportent  aux  amandes  de 
pêches  : 

1 .  Macéré  cru So"™' 

Lactose ....  5? 

Toluène o*^""',  5 

2.  Macéré  porté  à  loo". .  .  5o'='"' 

Lactose 5s 

Toluène o"^\5 

3.  Macéré  cru So*^™' 

Eau quantité  suffisante  pour  atteindre  les  volumes  précédents 

Toluène 0*^""^  5 

k.    Macéré  porté  à  ioo°..  .  5o''™^ 

Eau quantité  suffisante  pour  atteindre  les  volumes  précédents 

Toluène o'^'"',5 

»  Tous  ces  mélanges  ont  été  maintenus  à  l'étuve  à  35"-4o°  pendant  3  jours;  puis  on  a 
procédé  à  l'essai  de  chacun  d'eux,  afin  de  rechercher  s'il  v  avait  eu  hydrolyse  du  lac- 
t-ose  dans  le  n"  1.  Pour  cela,  on  a  eu  recours  à  deux  procédés  :  le  procédé  de  Fischer 
et  le  procédé  au  polarimètre.  Le  premier  repose  sur  les  propriétés  que  possèdent  les 
produits  d'hydrolyse  du  lactose,  glucose  et  galactose,  de  donner  avec  l'acétate  de  phé- 
nylhydrazine  des  osazones  insolubles  dans  l'eau  bouillante,  tandis  que  la  lactosazone 
est  soluble.  Le  second  repose  sur  ce  fait,  que  le  mélange  de  ces  mêmes  produits 
d'hydrolyse  possède  un  pouvoir  rotatoire  plus  élevé  que  le  lactose  qui  lui  a  donné 
naissance,  en  sorte  que,  si  le  lactose  d'une  solution  est  dédoublé  par  un  ferment  so- 
luble, la  rotation  droite  de  cette  solution  doit  augmenter. 

»  Ces  deux  procédés  ont  donné,  pour  les  quatre  semences,  des  résultats  positifs 
et  concordants. 

»  Avec  les  amandes  de  Pêcher  en  particulier,  la  rotation  primitive  de  la  solution 
n"  1  a  augmenté  de  i°8'  (/^o™,2),  et  il  s'est  formé  une  quantité  de  glucose  et  de 
galactose  qui  a  fourni  2ô,i4  d'osazones  insolubles  dans  l'eau  bouillante. 

»  Quant  au  macéré  de  feuilles  de  laurier-cerise,  alors  même  qu'on  avait  pris  soin 
de  broyer  ces  dernières  avec  du  sable,  il  est  demeuré  inactif  sur  le  lactose.  Un  essai 
particulier  avait  d'ailleurs  montré  que  ce  même  macéré  dédoublait,  assez  faiblement 
cependant,  l'amygdaline.  On  se  trouve  donc  ici  en  présence  d'un  cas  semblable  à  celui 
du  liquide  diAspergiLlus  ou  du  suc  de  Polyporiis  sulfureus. 

»  On  sait,  d'autre  part,  depuis  longtemps,  que  les  grains  de  képhir  contiennent  un 
ferment  capable  de  dédoubler  le  lactose.  Nous  avons  contrôlé  le  fait  et,  à  cette  occa- 
sion, nous  avons  essayé  sur  l'amygdaline  ce  même  produit,  qui  n'a  provoqué  aucun 
dédoublement  du  glucoside. 

»  En  résumé,  on  peut  rencontrer  la  lactase  accompagnant  l'émulsine 
(amandes  diverses  de  Rosacées,  etc.),  l'émulsine  sans  lactase  (Aspergillus 
niger,  Polyporus sulfureus,  feuilles  de  Laurier-cerise),  et  enfin  la  lactase  sans 


SÉANCE    DU   6    JUILLLT    1903.  5() 

émulsine  (kéjjhir)  :  tous  ces  faits  sont  d'accord  avec  l'hypothèse  de  Tindi- 
viduahté  des  deux  ferments.   » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  du  sodium  sur  le  tétrachlorure  du  carbone  et 
la  benzine  chlorée  ;  formation  du  triphénylméthane  et  d'hexaphènylèthane. 
Note  de  M.  Jules  Schmidlix.  (Extrait.) 

«  Quoique  le  tétraphénylméthatie  soit  un  hydrocarbure  d'une  structure 
très  simple  et  d'une  grande  stabilité  d'après  ses  propriétés  chimiques  et 
thermochimiques,  il  ne  s'obtient  pas  par  une  des  méthodes  simples 
usitées  pour  la  synthèse  des  hydrocarbures  :  c'est  ce  qui  résulte  de 
nombreuses  expériences.  L'action  du  chlorure  d'aluminium  sur  la  benzine 
et  le  tétrachlorure  du  carbone  ne  forme  que  du  triphénylméthane.  Le  té- 
trachlorure de  carbone  et  la  benzine  chlorée,  traités  par  le  sodium,  m'ont 
fourni  du  diphényle,  et  un  mélange  d'hydrocarbures,  parmi  lesquels  j'ai 
isolé  et  identifié  le  triphénylméthane  et,  en  petites  quantités,  l'hexaphé- 
nyléthane. 

»  J'ai  étudié  surLotit  l'aclion  du  sodium  sur  la  benzine  chlôi-éë  et  le  tétrachlorure 
du  carbone  étendu  avec  beaucoup  de  benzine,  à  température  ordinaire.  Elle  est  lente 
d'abord,  mais,  après  une  journée,  le  liquide  entre  en  ébuUition  et  la  réaction  devient 
tumultueuse.  Le  liquide  brun,  filtré  et  concentré,  est  soumis  à  la  distillation  dans  une 
cornue.  Entre  i5o°  et  2'yo°  on  récolte  du  diphényle  presque  pur;  à  partir  de  270°  on 
obtient  des  liquides  qui  déposent  après  quelque  temps  des  cristaux  de  triphényl- 
méthane et  d'hexaphènylèthane.  La  séparation  se  fait  par  l'acide  acétique,  Thexaphé- 
nylèthane  reste  insoluble  sous  forme  d'une  poudre  blanche.  La  dissolution  dépose  des 
cristaux,  on  les  distille  entre  35o°  et  355°  et  recristallise  dans  l'alcool;  ils  fondent  à 
92°, 5.  Pour  identifier  compîètemeni  cette  substance  avec  le  triphénylméthane,  je  l'ai 
transformé  en  pararosaniline  selon  la  méthode  de  Fischer.  Quant  à  la  poudre  blanche 
recristallisée  dans  la  benzine  elle  se  présente  sous  forme  de  petits  cristaux  incolores 
brillants,  qui  fondent  à  11^°.  C'est  le  point  de  fusion  de  l'hexaphénylèthane.  L'analyse 
a  confirmé  ce  résultat  ainsi  que  la  cryoscopie,  et  l'oxydation  au  moyen  du  bichromate 
de  soude  et  l'acide  acétique. 

))   On  peut  se  rendre  compte  de  ces  résultats  en  admettant  que  l'action 
du  sodium  sur  la  benzine  chlorée  et  le  tétrachlorure  du  carbone  fournit 
d'abord  du  chlorure  du  triphénylméthane.  Pendant  la  distUlation  qui  forme 
le  triphénylméthane,  on  remarque  un  dégagement  du  gaz  chlorhydrique. 
»   Triphénylméthane: 

3C«H'CI  +  (:CI''-^6^fa  =  (C*^H•^)''CCl^-6NaCl, 
(C'H^HXl -h  H^  =  (C"H5)^CH -h  HGI. 


6o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  L'hexaphényléthane  : 

2(C«H0'CC1  +  2Na  =  (C'R'yc  -  C(C''  H'')^  +  2NaCl. 

»  Le  fait  que  l'on  n'obtient  pas  du  tétraphénvlmélhane  ne  semble  pas 
provenir  d'une  destruction  du  produit  préalablement  formé;  mais  il  s'ex- 
plique plutôt,  parce  que  l'action  du  sodium  s'arrête  au  chlorure  du  triphé- 
nylméthane  et  que  son  action  ultérieure  se  borne  à  lier  les  molécules  iden- 
tiques et  à  former,  d'une  part,  avec  la  benzine  chlorée,  du  diphényle  et, 
d'autre  part,  de  l'hexaphénylméthane  avec  le  chlorure  du  triphéuylmé- 
thane.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Préparation  des  alcools  primaires  au  moyen  des  acides 
correspondants.  Note  de  MM.  L.  Bouveault  et  G.  Blanc,  présentée  par 
M.  A.  Haller. 

«  Nous  avons  généralisé  le  procédé  de  réduction  décrit  dans  notre 
récente  Note  (Comptes  rendus,  L  CXXXVI,  p.  1676).  Il  s'applique  aussi 
bien  aux  acides  du  poids  moléculaire  le  plus  faible  qu'à  ceux  qui  sont  les 
plus  avancés  dans  la  série;  mais,  dans  ces  cas  comme  dans  l'autre,  nous 
avons  rencontré  des  difficultés  expérimentales  assez  sérieuses. 

»  Nous  avons  tenu  à  démontrer  la  transformation  en  alcool  ordinaire  des  éthers-sels 
de  l'acide  acétique;  il  fallait  pour  cela  opérer  dans  un  milieu  tout  à  fait  exempt  de 
cet  alcool.  Nous  avons  réduit  l'acétate  d'amyle  au  moyen  de  sodium  et  de  l'alcool 
amylique.  Nous  avons  pu  recueillir  et  caractériser  une  petite  quantité  d'alcool  élhy- 
lique. 

»  L'acide  butyrique  a  été  réduit,  à  l'état  de  butyrate  de  méthyle,  au  moyen  de 
sodium  et  d'alcool  absolu.  L'alcool  butylique  formé  est  entraîné  par  la  vapeur  d'eau 
aussi  rapidement  que  l'alcool  ordinaire.  On  continue  la  distillation  tant  que  le  liquide 
donne  deux  couches  par  addition  de  carbonate  de  potassium  solide. 

»  On  traite  ensuite  tout  le  liquide  distillé  par  ce  sel  en  excès,  on  décante  la  couche 
supérieure,  mélange  des  deux  alcools,  et  on  l'abandonne  avec  une  nouvelle  quantité 
de  carbonate,  puis  on  distille  à  la  colonne  le  liquide  ainsi  desséché. 

»  loos  de  butyrate  de  méthyle  ont  fourni  3oS  d'alcool  butylique  primaire  normal  et 
25s  d'acide  butyrique  ont  été  extraits  de  la  liqueur  aqueuse  sodique.  L'alcool  ordinaire 
entraîne  avec  lui  une  notable  quantité  d'alcool  butylique  qui  lui  communique  son 
odeur  et  qu'on  ne  peut  séparer  que  par  des  fractionnements  rigoureux. 

»  Le  butanol  i  bout,  comme  l'indiquent  les  auteurs,  à  i  16";  pour  le  caractériser  au 
moyen  d'un  dérivé  cristallisé,  nous  avons  préparé  sa /»/ie'«j/«/e7/ja«e  par  combinaison 
avec  lecarbanile.  Cette  combinaison  forme  de  magnifiques  aiguilles  incolores,  fondant 


SÉANCE    DU    G    JUILLET    IQO.^.  6l 

à  5-",  très  solubles  dans  tous  les  dissolvants  organiques,  sauf  Téther  de   pétrole,  qui 
ne  les  dissout  abondamment  qu'à  chaud. 

»  La  réduction  de  caprate  (décanoate)  de  métbyle  se  fait  sans  aucune  difficulté  et 
avec  un  rendement  qui  atteint  70  pour  100;  de  plus,  tout  l'acide  qui  n'a  pas  été  réduit 
est  retrouvé;  il  ne  se  fait  en  effet  dans  cette  réaction,  ni  dans  les  suivantes,  aucun 
produit  de  polymérisation. 

»  Le  décanol-i  avait  déjà  été  obtenu  par  KrafTt  à  l'aide  de  l'aldéhyde;  nous  lui  avons 
trouvé  des  propriétés  décrites  par  cet  auteur.  11  bout  à  120°  sous  12'"'". 

»  La  réduction  du  myristate  de  métliyle  est  des  plus  aisées,  mais  la  séparation  de 
l'alcool  qui  prend  naissance,  d'avec  le  savon  qui  l'accompagne,  est  des  plus  délicates. 
Quand  on  a  chassé  l'éthanol  par  le  courant  de  vapeur  d'eau,  il  se  forme  à  la  surface  de 
la  solution  alcaline  une  huile  qui,  par  refroidissement,  se  concrète  en  une  croûte  solide, 
aisée  à  séparer  de  la  lessive  alcaline.  Elle  est  formée  d'un  mélange  de  tétradécanol  et 
de  myristate  de  sodium. 

»  On  ne  peut  en  extraire  complètement  l'alcool  que  par  la  distillation  dans  la  vapeur 
d'eau. surchauffée. 

»  L'épuisement  à  l'éther  de  la  croûte  concassée  en  petits  morceaux  permet  de  retirer 
la  majeure  partie  de  l'alcool.  Le  résidu  de  la  distillation  de  l'éther  est  ensuite  rectifié 
dans  le  vide. 

»  On  ne  peut  songer  à  se  débarrasser  du  savon  par  un  épuisement  à  l'eau,  car  il  y 
est  trop  peu  soluble;  de  plus,  l'agitation  à  l'éther  de  ces  solutions  savonneuses  donne 
des  émulsions  d'une  stabilité  désespérante. 

»  Le  tétradécanol-i  fond  à  38"  et  bout  à  160°  sous  lo"'";  il  est  identique  au  produit 
décrit  par  Krafft. 

»  Acides  aromatiques.  —  Nous  avons  constaté  avec  étonnement  que  notre  méthode 
appliquée  au  benzoate  d'éthyle  ne  donne  aucun  résultat. 

»  Il  se  forme,  au  contact  du  benzoate  d'éthyle  et  de  l'élhylate  de  sodium,  un  com- 
posé solide  grâce  auquel  le  premier  échappe  à  la  réduction.  Nous  nous  proposons  de 
vérifier  si  cette  propriété  négative  est  le  fait  de  tous  les  acides  à  carboxyle  directement 
lié  au  noyau  aromatique. 

»  Les  autres  acides  aromatiques,  à  carboxyle  non  immédiatement  lié  au  noyau, 
semblent  en  effet  se  comporter  comme  les  acides  gras. 

»  Le  phénylacétate  d'éthyle  se  réduit  en  donnant  l'alcool  phényléthylique  primaire, 
que  nous  avons  caractérisé  par  sa  phényluréthane  fondant  à  80°.  Le  groupement  car- 
boxéthyle  a  été  réduit,  mais  le  noyau  aromatique  est  resté  intact. 

»  li  était  intéressant  de  vérifier  si  le  noyau  hexahydroaromatique  s'opposerait  aussi 
à  la  réduction  des  acides  du  type  hexahydrobenzoïque.  Nous  avons  pu  nous  procurer 
ce  dernier  acide  grâce  à  l'obligeance  de  M.  Brunel,  préparateur  au  Conservatoire  des 
Arts  et  Métiers,  qui  a  bien  voulu  nous  abandonner  une  certaine  quantité  d'hexahydro- 
benzène  monochloré.  Nous  avons  aisément  transformé  ce  dernier  en  acide  par  la 
méthode  de  Grignard,  puis  l'acide  en  éther  éthylique  que  nous  avons  réduit. 

»  La  réduction  s'opère  avec  un  rendement  excellent  et  sans  la  moindre  difficulté. 
L'alcool  hexahydrobenzylique  constitue  une  huile  assez  peu  mobile,  à  odeur  mixte 
d'alcool  amylique  et  de  menthe;  il  bout  à  82"  sous  11™'". 

»   Nous  l'avons   caractérisé  au   moyen  de  sa  phényluréthane  qui  forme  de  beaux 


62  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cristaux  aiguillés  blancs,  fondant  à  82°,  très  solubles  dans  loUs  les  dissolvants  orga- 
niques, sauf  rélher  de  pétrole  qui  les  dissout  peu  à  froid. 

»  Les  éLhers  de  l'acide  benzoïque  et  de  ses  homologues  à  carboxyle  fixé 
aii  noyau  sont  jusqu'ici  les  seuls  que  notre  méthode  n'ait  pas  permis  de 
réduire.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Oxyde  d'élhylène  du  ^(j-cyctohexanediol-\  .1  et  dérivés. 
Note  de  M.  Léon  Brunel,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  J'ai  signalé  antérieurement  (*)  la  formation  transitoire  de  l'éther  oxyde 
interne  du  p-ortiiocyclohexanediol  dans  la  préparation  de  ce  glycol.  Dans 
la  présente  Communication,  j'ai  poursuivi  l'étude  de  cet  éther  oxyde  et  de 
quelques  composés  qui  en  dérivent. 

»  ttéactions  génératrices.  —  L'oxyde  d'élhylène  hydroaromatique  se  forme  dans 
des  conditions  diverses  en  partant  de  la  monoiodhydriiie  OH  —  C^H'" —  I. 

»  L'action  de  la  potasse  ou  de  l'oxyde  d'argent  sur  la  solution  éthérée  de  monoiod- 
hydrine  fournit  l'oxyde  hydroaromatique  avec  un  rendement  de  76  à  80  pour  loo-  La 
quantité  théorique  de  potasse  en  solution  alcoolique  donne  le  même  élher.  La  potasse 
en  solution  aqueuse  agita  chaud  en  produisant  l'oxyde  interne,  mais  en  moindre  quan- 
tité que  précédemment,  le  produit  s'hjdralaut  rapidement  dès  80°.  Sous  l'action  du 
ciuorure  de  calcium  fondu,  l'iodhydriiie  en  solution  élhérée  est  rapidement  transformée 
en  éther  oxyde  interne,  ce  qui  explique  la  restriction  appoi  lée  dans  une  précédente 
Note  (^),  à  propos  de  la  dessiccation  au  chlorure  de  calcium  de  la  solution  élhérée  de 
monoiodhjdrine;  l'aclioh  est  due  vraisemblablement  à  l'oxjclilorure  de  calcium  que 
renferme  le  chlorure  fondu;  toutefois  la  chaux  n'agit  pas  dans  ces  conditions. 

»  Préparation.  —  La  première  réaction  donnant  les  meilleurs  rendements  doit  être 
employée.  On  dissout  dans  ûoo*"""  d'éther  sec  loos  d'iôdhydrihe  OH  —  C^ïi'" —  I,  puis 
on  ajoute  au  liquide  refroidi  et  agité,  le  double  environ  de  la  quantité  théorique  de 
potasse  récemment  fondue  et  finement  pulvérisée;  la  réaction  s'opère  au  début  avec 
dégagement  de  chaleur.  Après  48  heures,  pendant  lesquelles  le  mélange  a  été  fréquem- 
ment agité,  on  isole  la  liqueur  éthérée  et  l'on  épuise  le  résidu  à  l'éther.  Les  solutions 
éthérées  réunies  sont  distillées.  A  S3°-85°  passe  une  petite  quantité  de  cyclohexène. 
Entre  i25°  et  i4o°  on  recueille  un  liquide  qu'on  soumet  a  la  distillation  fractionnée. 
La  portion  bouillant  à  i3i°-i32°  est  l'oxyde  d'élhylène  hydroaromatique  pur. 

»  Propriétés.  —  L'éther  oxyde  interne  du  ^-cycIohexanedioI-1.2  est  un  liquide  inco- 
lore, très  mobile,  de  densité  0,975  à  i5°,  bouillant  à  i3i",5  sous  760™"^,  ne  cristalli- 
sant pas  à  —  io°.  Il  possède  une  odeur  forte,  une  saveur  brûlante.  Ce  corps  est  insoluble 


(<)  Comptes  rendus,  t.  CXXXYI,  p.  384. 
('^)  Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  p.  io55. 


SÉANCE    DU   6   JUILLÏÏT    igoS.  63 

dans  l'eau,  très  soluble  dans  l'alcool,  Téther,  l'acétone,  l'acide  acétique.  L'analyse  et  la 
détermination  4e  sa  densité  de  vapeur  lui  assignent  la  formule  C^H*'*=Q.  Il  es|.  à 
remarquer  f[ue,  suivant  la  règle  générale,  il  bout  notablement  plus  bas  que  son  iso- 
mère, la  cyclohexanone.  Ses  réactions  sont  très  voisineâ  de  celles  de  l'oxyde  d'éthylène 
de  Wurlz. 

»  Action  de  Vhydrogène.  —  L'action  de  l'amalgame  de  sodium  à  froid  sur  la  solu- 
tion hydroalcoolique  d'oxyde  d'é|.hylène  du  ^-glycol,  celle  du  sodium  sur  la  solution 
alcoolique  boui|lanj.e  t]u  n^êrne  étjier  ne  m'ont  fourni  aucun  résultat  satisfaisant.  Au 
contraire,  en  employant  la  méthode  d'hydrogénation  si  féconde  de  MM.  Sabalier  et 
Senderens,  c'est-à-dire  en  faisant  passer  l'oxyde  d'éthylène  hydroaromatique  entraîné 
par  un  excès  d'hydrogène  sur  du  nickel  réduit  chauffé  à  i70°-i8o°,  j'ai  obtenu  par 
fixation  de  H'  le  cyclohexanol  avec  un  rendement  très  voisin  de  la  théorie 

C«H"'=0  +  H2=:C«H>'-0H. 

»  Cette  réaction,  à  la  méthode  d'hydrogénation  près,  est  calquée  sur  celle  de  Wurlz 
qui  par  hydrogénation  de  l'oxyde  d'éthylène  obtint  l'alcool  éthylique.  Il  est  probable 
que  le  procédé  est  susceptible  d'être  appliqué  aux  oxydes  d'éthylène  en  général. 

»  L'alcool  ainsi  préparé  présente  une  odeur  amylique,  bout  à  i6i°,  après  dessiccation 
sur  la  barvle  caustique,  et  cristallise  en  une  masse  fusible  à  j6°-I7°.  Ces  propriétés 
physiques  concordent  exactement  avec  celles  attribuées  par  M.  Baeyer  et  par  M.  Mar- 
kownikoff  au  cyclohexanol  G"  H*' —  OH. 

»  Action  de  Veau.  —  L'action  de  l'eau  sur  l'éther  oxyde  hydrobenzénique  m'a 
fourni  le  ^-orthocyclobexanediol  précédemment  décrit, 

C6Hio-hH'0  =  G«Hi'OH. 

\/ 
o 

»  L'hydratation  commence  vers  8o°.  A  iio°-ii5°  elle  est  très  rapide.  La  facilité  avec 
laquelle  elle  s'effectue  justifie  la  formule  donnée  plus  haut  à  l'éther  oxyde.  Elle  est  en 
effet  caractéristique  d'un  orthodérivé. 

»  J'ai  cherché  si,  en  variant  les  proportions  relatives  d'eau  et  d'éther  oxyde,  il  ne 
se  formerait  pas  de  corps  analogues  à  ceux  obtenus  par  Wurtz,  résultant  de  l'union, 
avec  fixation  d'eau,  de  deux  ou  plusieurs  molécules;  si,  par  exemple,  on  n'obtiendrait 
pas  un  composé  OH  —  G"  H*" —  0  —  G''H'° —  OH.  Le  résultat  a  été  négatif.  Le  ^-cyclo- 
hexanediol  s'est  formé  seul  avec  rendement  théorique. 

»  Action  du  bi<sulfite  de  sodium.  —  Lorsqu'on  met  en  contact  à  froid  une  solution 
de  bisulfite  de  sodium  et  l'oxyde  d'éthylène  du  ^-cyclohexanediol,  et  qu'on  agite  vive- 
ment, le  mélange  ne  tarde  pas  à  se  garnir  de  petites  écailles  brillantes;  il  s'est  formé 
un  orthocyclohexanolsulfonate  de  sodium  : 

G«H»o+  SO^NaH  —  OH  —  G^H^»—  SO^Na. 

O 

»  Gomme  il  n'y  a  pas  de  dégagement  de  chaleur  sensible,  la  réaction  est  lente  et 
encore  incomplète  après  plusieurs  jours.  Elle  est  très  rapide  à  chaud.  Pour  préparer 


64  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

le  sulfonate,  on  place  dans  les  tubes  5s  d'éther  interne  hydroaromatique,  et  une  solu- 
tion aqueuse  de  bisulfite  de  sodium  renfermant  environ  7Sde  sel,  bien  exempte  d'anhy- 
dride sulfureux.  Les  tubes  scellés  à  la  lampe  sont  chauffés  2  heures  à  iio°-ii5°.  Le 
sulfonate  peu  soluble  se  dépose  par  refroidissement.  On  l'essore  et  on  le  fait  recristal- 
liser dans  l'eau. 

»  Le  cyclohexanolsulfonate  de  sodium-i  .2  ainsi  obtenu  OH  —  C^  H'"  —  SO^  Na  -I-  H'O 
se  présente  sous  forme  de  paillettes  brillantes,  incolores,  inodores,  peu  solubles  dans 
l'eau,  à  peu  près  insolubles  dans  l'alcool.  Il  cristallise  avec  une  molécule  d'eau  qu'il  perd 
à  100°.   » 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Sur  la  teneur  des  vins  mistelles  et  des  autres  vins, 
en  acides  solubles  dans  Véther,  comme  moyen  de  différenciation.  Note  de 
M.  Ch.  Blarez. 

«  La  question  de  la  différenciation  des  mistelles  ou  moûLs  de  raisins 
non  fermentes,  et  additionnés  d'alcool,  d'avec  les  vins  liqueurs  propre- 
ment dits,  n'est  pas  encore  pratiquement  résolue. 

»  MM.  Armand  Gautier  et  G.  Halphen  viennent  de  proposer  d'appliquer 
dans  ce  but  les  résultats  d'expériences  qu'ils  ont  faites,  relativement  aux 
variations  des  composés  azotés,  aux  variations  de  l'acidité  volatile  et  totale, 
à  la  nature  des  sucres  et  aux  variations  dans  la  teneur  en  glycérine,  varia- 
tions qui  sont  corrélatives  de  la  fermentation  des  jus  sucrés. 

»  J'ai  déjà,  en  1902,  indiqué  qu'on  pouvait  mettre  à  profit  les  résultats 
de  l'analyse  des  matières  sucrées,  et  celle  des  eaux-de-vie  que  l'on  peut 
retirer  par  distillation  de  ces  produits;  mais  cela  est  insuffisant  dans  bien 
des  cas. 

»  Le  but  du  travail  dont  je  donne  ici  les  résultats  est  d'appeler  l'atten- 
tion des  chimistes  sur  les  déductions  que  l'on  peut  tirer  de  la  détermina- 
tion, au  cours  de  l'analyse  des  Hquides  dont  il  s'agit,  des  acides  solubles 
dans  l'éther.  Ces  acides  sont  l'acide  malique,  qui  se  trouve  en  très  petite 
quantité  dans  les  raisins,  généralement  très  mûrs,  avec  lesquels  on  fait  les 
mistelles,  et  l'acide  succinique  qui  se  forme  pendant  la  fermentation 
alcoolique  du  moût.  Donc,  un  moût  de  raisins  étant  donné,  qu'il  soit 
alcoolisé  par  addition  d'alcool,  ou  qu'il  ne  le  soit  pas,  si  l'on  dose  les  acides 
solubles  dans  l'éther  qu'il  renferme,  on  n'a  guère  que  l'acide  malique. 
Si  ce  moût  a  subi  une  fermentation  plus  ou  moins  avancée,  on  a,  en  plus 
de  l'acide  malique  préexistant,  de  l'acide  succinique  engendré  pendant  la 
fermentation,  plus  quelques  autres  acides  partiellement  solubles  dans 
l'éther. 


SÉANCE    DU    6    JUILLET    1903.  G5 

»  Il  résulte  de  là  un  mode  analytique  que  l'on  peut  mettre  à  profit 
pour  aider  à  différencier  les  moûts  non  fermentes  de  ceux  ayant  subi  une 
fermentation. 

»  Les  résultats  d'expériences  que  je  vais  relater  dans  le  Tableau  ci-des- 
sous montrent  que  cette  détermination  de  l'acidité  soluble  dans  l'éther 
peut  entrer  très  utilement  dans  l'analyse  des  vins  mistelles  ou  des  vins 
liqueurs. 

»  J'ai  opéré  chaque  fois  sur  25*^™'  de  vin,  réduits  à  10""'  par  évaporation  au  bain- 
marie.  J'ai  épuisé  par  cinq  traitements  successifs  au  moyen  de  25''"'  d'éther  pur  chaque 
fois.  Tout  l'éther  réuni  a  été  évaporé;  le  résidu,  dissous  dans  un  peu  d'eau  distillée, 
a  été  titré  avec  de  la  soude  décinormale  en  présence  de  phénolpntalélne. 

»  Les  résultats  sont  rapportés  au  litre  et  exprimés  en  acide  sulfurique  monohy- 
draté. 

Teneur  en  acides 
Désignation  des  vins.  solubles  dans  l'éther. 

g 
Mistelle  de  l'année  1900 o ,  264 

Mistelle  de  l'année  1901 o,333 

Mistelle  de  l'année  1902 o,2i5 

Vin  blanc  d'Algérie  sec  1902 0,9996 

Vin  blanc  de  la  Gironde  1900 0,882 

Vin  blanc  de  la  Gironde  1902 i ,  100 

Vin  de  Xérès  très  vieux o ,  820 

Vin  d'Alicante  très  doux 0,920 

»  Comme  on  le  voit,  les  différences  sont  très  importantes,  les  mistelles 
ne  renfermant  qu'environ  le  tiers  de  la  quantité  d'acides  soluble  sdi  ns 
Léther,  que  nous  avons  dosés  dans  les  autres  vins.  » 


THERMOCHIMIE.  —  Chaleur  de  neutralisation  deV acide  ferrocyanhydriqae  ; 
chaleur  de  formation  de  ses  combinaisons  avec  V  èlher  et  V acétone.  Note 
de  MM.  Chrétien  et  Guinchant,  présentée  par  M.  A.  Ditte. 

(1  Nous  avons  montré,  dans  une  Note  précédente,  que  l'acide  ferrocy- 
anhydrique  sec  absorbe  les  vapeurs  de  différents  composés  organiques  : 
l'éther,  l'acétone,  l'oxyde  d'éthylène,  l'épichlorhydrine,  l'alcool  allylique. 

»   Pensant  étudier  les  courbes  de  dissociation  des  deux  premiers  coin- 

pobcs,  nous  avons  déterminé  leur  chaleur  de  formation  afin   de  pouvoir 

contrôler  les  mesures  de  tension  de  vapeur  par  la  formule  de  Van't  Hoff 

d.   Loir   p  q       ,^  ,,  •         1  -     1      i-  •     •  ,    . 
j- =  ;^-  Comme  nous  1  avons  signale,  la  dissociation  ne  se  produit 

G    K,  1903,  2«  Semestre.  (T.  CXXXVII    N"  1.)  9 


^6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pas  en  l'absence  de  vapeur  d'eau  aux  lempératures  inférieures  à  celles  où 
commence  la  décomposition  de  l'acide  ferrocyanhydrique. 

»  Nous  avons  délerminé  la  chaleur  de  formation  des  combinaisons  de 
l'acide  ferrocyanhydrique  avec  l'éther  et  avec  l'acétone  en  les  décompo- 
sant dfins  un  calorimètre  par  la  potasse  diluée  (ç  =  lo). 

»  Acide  ferrocyanhydrique.  —  Le  calcul  fait  intervenir  la  chaleur  de  neutralisation 
de  l'acide  pour  laquelle  on  trouve  des  valeurs  discordantes. 
»  M.  Joannis  (')  donne 


Acide  dissous  -\-  4  KO  H  dissous.. =  54*^^^4 

Acide  solublp  -i-  eau  .,.,....,,,,,,,....      =    o*^»\4 


on  ç,n  déduit 


Acide  soluble  +  4  KO  H  dissous, 


54^^S8. 


M.  J.-A.  MuUer(-)  donne 

Acide  dissous  +  4  KO  H  dissous 


56c»i, 


»  Nous  avons  repris  ces  déterminations  avec  de  l'acide  cristallisé  dans  l'alcool,  l'ana- 
lyse et  le  dosage  volumétrique  en  avaient  démontré  la  pureté.  Nous  dissolvions 
2S  à  3s  d'acide  pulvérisé  et  sec  dans  600'^"^'  de  potasse  {v  —  10),  la  chaleur  de  dilution 
de  la  potasse  restante  est  nulle  à  cette  concentration.  Trois  mesures  nous  ont  donné 
les  nombres  suivants  rapportés  à  1™°'  d'acide. 


57<^-i,9 


58<'«i.2 


57c»!, 6. 


B^r^ous  admettrons  pour  la  chaleur  de  neutralisation  de  i^oi  d'acide  ferrocyanhy^ 
drique  par  4'"°'  de  potasse  la  valeur  moyenne  Sy^^ii^g  à  12°. 

»  Les  autres  nombres  nécessaires  au  calcul  des  différents  cycles  ont  été  pris  dans 
l'ouvrage  de  M.  Berthelot. 

»  Combinaison  de  l'acide  ferrocyanhydrique  avec  l'éther.  —  En  désignant  par  n 
le  nombre  de  molécules  d'éther  fixées  sur  une  molécule  d'acine,  nous  déterminions  la 
chaleur  de  combinaison  au  moyen  des  deux  cycles  suivants: 


Éther  liq.  =  éther  vap  ...  —  G''"', 7  x  n 
Ac.  sol.  +  éther  vap.  =  Combinaison  X- 
Comb.-t-4KOH 

—  FeCy«K*diss 4-Eth.  diss,     to. 


Ether  liq.  +  eau  =  éther  diss.  +  ■J'^^'jg  X n. 

Ac.  sol.  +  4 KOH  —  FeCy'^KMiss.  +  57^^'' ,9 

d'où 

X  =  —  cf  -h  57,9 H-  12,6  X  n 


»  En  désignant  par  îf  la  chaleur  de  décomposition  par  la  potasse  rapportée  au  poids 


(')  l^ERTHËLOT,  Therniochiniie  :  Données  numériques. 
(')  Ann.  de  Chim,  et  de  Phys.,  t.  XX,  1900,  p.  384- 


SÉANCE    DU   6   JUILT>ET    igO-'J.  67 

de  combinaison  qni  renferme  1™°'  d'acide,  par  x  la  chaleur  de  combinaison  rapportée 

à   1'"°^  d'étber  ^=      1  nous  avons  trouvé 
it 

a;  313  1,9.57  «pzrr6l,2  Xrr:2I,3  ^r=I0,9 

2,006  39)0  v.2,8  11,0 

1,028  39,6  11,2  10,9 

2,537  62,5  27,3  10,8 

2,3-6  60,9  26,7  II,I 

')  Ainsi,  la  combinaison  d\ine  molécule  d'acide  ferrocyanhydrique  solide  avec 
l'éther  en  vapeur  dégage  1 1*^^^  par  molécule  d'éther  fixée. 

»  La  chaleur  de  combinaison  à  partir  de  l'éther  liquide  dégagerait  seulement 
Il  —  6, 7  =  4*^"',  3.  M.  Browning  (/)  signale  qu'en  mettant  de  l'acide  solide  dans 
l'éther  liquide  le  dégagement  de  chaleur  est  suffisant  pour  porter  l'éther  à  l'ébullition. 
En  versant  quelques  gouttes  d'éther  ordinaire  sur  l'acide  pulvérisé  la  réaction  est,  en 
effet,  assez  rapide  pour  élever  notablement  la  température,  mais  l'éther  rectifié  sur  le 
sodium  ne  donne  ni  foisonnement  ni  dégagement  de  chaleur. 

»  La  combinaison  de  l'acide  dissous  avec  l'éther  liquide  dégagera  4,3  —  o,  4  =  3'^='',  9. 
Lorsqu'on  abandonne  pendant  24  heures  une  dissolution  aqueuse  d'acide  ferro- 
cyanhydrique à  la  surface  de  laquelle  on  a  versé  une  couche  d'éther  pur,  il  se  forme 
lentement,  à  la  surface  de  séparation,  de  beaux  cristaux  incolores  en  octaèdres 
cubiques.  Ces  cristaux,  qui  peuvent  atteindre  2"'"'  à  3™™,  s'effleurissent  très  rapi- 
dement à  l'air  en  perdant  leur  éther. 

»  Combinaison  de  l'acide  ferrocyanhydrique  avec  l'acétone.  —  Nous  avons 
adopté  de  même  les  données  numériques  indiquées  dans  les  cycles  suivants  : 

Acétone  liq.  =:  acétone  vap —  7^^"',  5  x  « 

Acide  sol.  -\-  acétone  vap.  =  combinaison X 

Comb.  +  41'^OH  =:  FeCy®K*dis.+  acétone  dis +  cp 

Acétone  liq.  -+-  eau  =  acétone  dis +  2 , 5  x  « 

Acide  sol.  +  4KOH  =  FeCy«K*di8 +57,9 

d'où 

X  =  —  cp  +  57 , 9  4-  I  o  X  n. 

»   Les  mesures  calorimétriques  ont  donné  les  nombres  suivants  : 

«r- 1,474         cp  1=57,99         X  =  i4,4         ^  =  9,7 
1,1 o5  58,5  10,4  9,5 

0,870  58,1  8,5  9,8 

»  La  combinaison  de  l'acide  ferrocyanhydrique  solide  avec  l'acétone  en  vapeur 
dégage  cf'^^^'^  par  molécule  d'acétone. 

»   Ces   chaleurs  de   combinaison   sont  voisines  des  chaleurs   dégagées 


(')   Trans.  Chem.  Soc,  t.  LXXVII,  1900,  p.  i233.  Berichte,  t.  XXXV,  1902,  p.  93. 


68  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

dans  la  combinaison  de  l'ammoniaque  avec  les  chlorures  métalliques  :  les 
tensions  de  dissociation  devraient  être  du  même  ordre  pour  les  deux 
genres  de  composés,  d'après  la  remarque  empirique  de  M.  deForcrand  ('  ). 
Par  exemple,  CaCP-l-  8AzH*  dégage  ii^^'  par  molécule  d'ammoniaque  eL 
sa  tension  de  dissociation  est  de  23 1™*"  à  io'',4.  Nous  ne  nous  sommes 
donc  nullement  trouvés  en  présence  d'une  tension  de  dissociation  très 
faible  ayant  pu  échapper  aux  mesures  entre  io°  et  5o°.  I/absence  de 
tension  d'éther  est  due  seulement  à  l'absence  d'agent  catalysaleur; 
M.  Baker  (')  a  signalé  un  cas  analogue  pour  la  dissociation  du  chlorhy- 
drate d'ammoniaque,  qui  peut  être  distillé  sans  décomposition  s'il  est 
parfaitement  sec.    » 


CHIMIE  ANIMALE.  —  Sur  les  acides  gras  de  la  lécithine  de  l'œuf. 
Note  de  M.  H.  Cousin,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  La  composition  des  acides  gras  qui  entrent  dans  la  constitution  de  la 
lécithine  de  l'œuf  a  déjà  été  l'objet  d'un  certain  nombre  de  travaux  et 
l'on  admet  généralement  que  ces  acides  gras  sont  un  mélange  des  acides 
oléique,  stéarique  et  palmitique.  On  sait  peu  de  chose  sur  les  proportions 
relatives  de  ces  différents  corps  dans  le  mélange,  et  je  me  suis  proposé  de 
déterminer  approximativement  ces  proportions;  dans  le  cours  de  ces 
recherches,  j'ai  pu  caractériser,  en  plus  des  acides  déjà  connus,  l'acide 
linoléique  dont  la  présence  n'avait  pas  été  signalée  jusqu'ici.  J'ai  étudié 
dans  ce  but  un  certain  nombre  d'échantillons  de  lécithines;  dans  tous 
les  cas,  les  résultats  ont  été  à  peu  près  les  mêmes. 

»  Pour  isoler  les  acides,  une  certaine  quantité  de  lécithine  est  saponifiée  an  bain- 
marie  par  la  potasse  alcoolique,  et  les  acides  gras  sont  séparés  par  l'acide  clilorhv- 
drique. 

»  En  admettant,  comme  on  Ta  fait  jusqu'ici,  que  le  mélange  est  constitué  d'une 
part  par  l'acide  oléique  C^^H^*0^,  acide  non  saturé,  d'autre  part  par  l'acide  stéa- 
rique G^^H^^O^  et  l'acide  palmitique  C^fP^O^,  qui  sont  tous  deux  saturés,  on  pourra 
employer  les  méthodes  suivantes,  qui  permettent  de  déterminer  la  proportion  de 
chaque  catégorie  d'acides  : 

»  1°  Transformer  les  acides  gras  en  sels  de  plomb  et  traiter  ceux-ci  soit  par  l'éther, 
soit  par  la  benzine  qui,  tous  deux,  ne  dissolvent  que  l'oléate  de  plomb;  on  régénère 

(')  Aiin.  de  Cliim.  et  de  Phys.,  t.  XXVIII,  1900,  p.  384  et  t.  XXIX,  p.  5. 
(-)   Chem.  Soc,  1894,  p.  612.  Bull.  Soc.  chini.  de  Paris,  t.  XIV,  1896,  p.  6. 


SÉANCE    DU    6    JUILLET    IQoS.  69 

par  l'acide  chlorhydrique  les  acides  de  chaque  partie,  ce   qui   permet  de  déterminer, 
d'une  part  la  quantité  d'acide  oléique,  d'autre  part  le  poids  des  acides  saturés. 

»  On  peut.plus  simplement  déterminer  l'indice  d'iode  de  l'acide  total.  Etant  donné 
qu'il  n'y  a  comme  acide  incomplet  que  l'acide  oléique  qui  possède  un  indice  d'iode 
égal  à  go,  on  pourra  très  simplement  calculer  la  proportion  de  chaque  catégorie 
d'acides. 

»  Or  en  employant  sur  un  même  acide  total  les  deux  méthodes  indiquées  ci-dessus, 
j'ai  constaté  que  les  chiffres  obtenus  étaient  très  diflférents.  Tandis  que  le  procédé 
d'extraction  par  les  sels  de  plomb  me  donnait  des  proportions  de  82  à  38  pour  100 
d'acide  oléique,  j'ai  obtenu  des  indices  variant  de  5i  à  78,  ce  qui  donne  une  proportion 
de  56  à  80  pour  100  d'acide  oléique. 

»  Cette  divergence  s'explique  facilement  en  admettant  dans  la  lécithine  la  présence 
d'acides  moins  saturés  que  l'acide  oléique  et  possédant  par  cela  même  un  indice  d'iode 
plus  élevé.  J'ai  donc  cherché  à  isoler  ces  acides,  et  pour  cela  j'ai  employé  une  méthode 
indiquée  par  Farnsteiner.  Cet  auteur  a  reconnu  que,  quand  on  traitait  à  chaud  par  un 
mélange  de  95^'°'  de  benzine  cristallisable  et  5^°^  d'alcool  absolu,  un  mélange  des  sels 
de  baryum  des  acides  oléique,  linoléique  et  linolénlque,  seuls  les  sels  des  acides  lino- 
léique  et  linolénique  étaient  solubles  à  froid,  l'oléale  de  baryte  se  déposant  en  grande 
partie  par  le  refroidissement  :  il  en  est  de  même  du  palmitate  et  du  stéarate,  qui  sont 
insolubles  dans  le  mélange  benzine-alcool.  En  opérant  sur  208  des  sels  de  baryum, 
épuisés  en  trois  fois  par  i^  de  benzine-alcool,  j'ai  constaté  qu'une  proportion  assez 
forte  de  sels  de  baryum  restait  en  solution  :  les  acides  régénérés  de  leur  solution  con- 
stituent un  liquide  brun  donnant  avec  les  vapeurs  nitreuses  une  masse  molle  et  non 
un  produit  solide  et  possédant  un  indice  d'iode  variant,  suivant  les  échantillons,  de  i3o 
à  i5o;  il  n'y  a  donc  pas  de  doute  sur  la  présence  d'acides  moins  saturés  que  l'acide 
oléique. 

))  D'après  ce  qui  précède,  on  peut,  en  partant  de  la  lécithine  de  l'œuf,  isoler  des 
acides  gras  appartenant  à  trois  catégories  distinctes,  et  cela  de  la  façon  suivante  : 

»  1°  Un  certain  poids  d'acides  est  transformé  en  sel  de  baryum,  puis  le  mélange  est 
traité  par  la  benzine  mélangée  d'alcool.  En  régénérant  les  acides  de  la  solution  benzé- 
nique  des  sels  barytiques,  on  obtient  la  fraction  n°  1  ; 

»  2°  On  transforme  en  sels  de  plomb  le  résidu  de  l'opération  précédente  et  les  sels 
de  plomb  épuisés,  soit  par  l'éther,  soit  par  la  benzine,  donnent  par  un  traitement  de  la 
solution  élhérée  ou  benzénique  la  fraction  n'^  2; 

»  3°  Enfin  du  résidu  de  l'opération  précédente  on  isolera  les  acides  formant  la  frac- 
tion n°  3. 

»  Voyons  quelle  est  la  composition  de  chacune  de  ces  portions. 

»  Fraction  n°  1.  —  L'indice  d'iode  élevé  de  cette  partie  des  acides  gras  indique 
qu'elle  contient  des  acides  moins  saturés  que  l'acide  oléique.  Il  résulte  d'autre  part  de 
l'examen  de  l'indice  d'iode  que  la  fraction  n''  1  n'est  pas  constituée  par  l'acide  lino- 
léique pur  dont  l'indice  d'iode  est  i8r,  mais  qu'elle  est  formée  vraisemblablement  par 
un  mélange  d'acide  oléique  et  linoléique.  Pour  caractériser  la  présence  de  l'acide  lino- 
léique, j'ai  utilisé  la  méthode  d'oxydation  par  le  permanganate  de  potasse  en  solution 
alcaline,  méthode  qui  a  été  proposée  par  Hazura  pour  caractériser  les  acides  non  saturés 
dans  un  mélange,  flazura  a  montré  en  effet  que  dans  l'oxydation  des  acides  incomplets 


70  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

par  le  permanganale  en  solution  alcaline,  il  se  formait  des  acides  oxystéariques,  acides 
alcools  contenant-  autant  de  groupements  oxhydrjles  OH  qu'il  y  a  de  valences  libres 
dans  l'acide  :  l'acide  oléique  C'^  H'^*  0^  donne  ainsi  un  acide  dioxystéarique 
C'^H^*(OH)-0-,  l'acide  iinoléique  C'^H^-0^  mène  à  un  acide  tétraoxystéarique 
C*'' FP^(OH)^0^  ;  on  peut  séparer  les  acides  dioxy  et  tétraoxystéarique  par  des  cristal- 
lisations répétées  dans  l'alcool.  Par  cette  méthode  j'ai  pu,  dans  les  produits  d'oxvda- 
tion,  isoler  l'acide  dioxystéarique  et  des  aiguilles  blanches  fondant  à  I7i°-i72°,  point 
de  fusion  de  l'acide  tétraoxystéarique;  des  combustions  de  ce  dernier  corps  ainsi  que 
des  dosages  d'argent  dans  le  sel  d'argent  montrent  qu'il  possède  bien  la  formule 
Qi8jj36Q6^  formule  de  Tacide  tétraoxystéarique.  Cette  portion  des  acides  est  donc 
formée  par  un  mélange  d'acide  oléique  et  d'acide  Iinoléique. 

»  II.  Cette  fraction  est  constituée  par  de  l'acide  oléique,  ainsi  que  cela  résulte  de 
l'indice  d'iode  (84  à  88)  et  de  l'examen  des  propriétés. 

»  III.  Les  acides  de  la  fraction  n°  3  se  présentent  sous  forme  d'une  masse  solide, 
blanche,  fondant  de  55",  3  à  56<>,  formée  par  un  mélange  d'acide  stéarique  et  d'acide 
palmitique  :  j'ai  trouvé  des  chiffres  variant  de  3o  à  [\o  pour  loo  d'acide  stéarique  et 
70  à  60  pour  100  d'acide  palmitique.  Il  n'existe  pas  vraisemblablement  d'autres  acides 
que  les  deux  corps  indiqués  ci-dessus  :  c'est  là  du  reste  un  point  que  je  me  propose  de 
reprendre* 

»  En  résumé,  dans  ce  travail,  j'ai  démontré  qu'il  existe  dans  lalécithine 
de  l'œuf,  en  outre  des  lécithines  déjà  déterminées  (stéarique,  oléique  et 
palmitique),  un  produit  du  même  ordre  dérivé  de  l'acide  Iinoléique.   » 


CHIMIE  ANIMALE.  —  Injection  intraveineuse  de  glycérine  :  dosage  de  la  glycé- 
rine dans  le  sang;  élimination  par  V urine.  Note  de  M*  Maurice  Nicloux, 
présentée  par  M.  Armand  Gautier. 

«  La  séparation  de  la  glycérine  à  l'état  de  pureté,  son  dosage  même  en 
très  petites  quantités,  par  des  méthodes  que  j'ai  fait  connaître  antérieu- 
rement ('  ),  m'ont  permis  d'aborder  la  question  de  savoir  comment  se  com- 
porte la  glycérine  introduite  dans  le  torrent  circulatoire  dans  les  heures 
qui  suivent  l'injection  et  si  cette  injection  est  suivie  d'une  élimination  par 
l'urine. 

»  Injection  dans  le  sang.  —  Dosages.  —  Les  expériences  sont  conduites  de  la  façon 
suivante  :  les  animaux,  chiens  ou  lapins,  reçoivent  par  la  veine  saphène  (chien),  par 
la  veine  jugulaire  (lapin),  as  de  glycérine  pure  en  solution  étendue  à  20  pour  100,  par 


(')  Maurice  Nicloux,  Méthode  de  dosage  de  la  glycérine  dans  le  sang  (Comptes 
rendus,  i.  CXXXVI,  1908,  p.  559). 


SÉANCE   DU   6   JUILLET    igoS.  'ji 

kilog.  de  leur  poids.  L'injection  est  faite  le  plus  rapidement  possible.  On  fait  ensuite 
des  prises  successives  de  sang  à  des  intervalles  de  tenips  détermisés  et  Ton  dose  la 
glycérine. 

»  Expérience  1.  --  Lapin  du  poids  de  a'',  4^5.  Glycérine  à  io  pour  loo  injectée  : 
24''™% 65.  Durée  de  Tinjection  :  3o  secondes.  (3n  trouve,  pour  loo'^'"'  de  sang  : 

,•   •       .  ^ 

2  minutes  après  la  fin  de  Tinjection , ,         0,87 

4  minutes  3o  secondes  après  la  fin  de  l'injection ,         0,27 

3o  minutes  »  0,18 

»  Expérience  II.  —  Lapin  du  poids  de  2'',445.  Glj'cérine  à  20  pour  100  injectée  : 
24'^'"%  45.  Durée  de  l'injection  :  i  minute  4o  secondes.  On  trouve,  pour  loo'^'"^  de  sang  : 

g 
3o  secondes  après  la  fin  de  l'injection o, 54 

5  minutes  »  o,33 

4o       »  »  o ,  1 5 

»  Les  expériences  sur  le  chien  permettent  un  plus  grand  nombi'e  de  dosages. 
»  Expérience  III.  —  Chien  du  poids  de  7"^".  Glycérine  à  20  pour  100  injectée  :  70'^'"' . 
Durée  de  l'injection:  2  minutes  i5  secondes.  On  trouve  j)0ur  100'^'"'  de  sang: 

3o  secondes  après  la  fin  de  l'injection o,54 

5  minutes  «  0,87 

3o  minutes  »  0,21 

I  heure  3o  minutes  »  o,  1 15 

I  heure  »  o,oi 

»  Expérience  IV.  —  Chien  du  poids  de  9''s,75o.  Glycérine  à  20  pour  100  injectée  : 
97'^"'%5.  Durée  de  l'injuiction  :  5  minutes.  On  trouve  pour  loo'^'"'  de  sang: 

1  minute    après  la  fin  de  l'injection o,38 

3o  minutes  »  o,  i5 

2  heures  »  , o,o3 

3  heures  3o  minutes        »  0,008 

7  heures  3o  minutes       »  o,oo4 

»  Elimination  par  l'urine,  ■ —  i-'our  résoudre  cette  question,  il  était  nécessaire 
d'établir  tout  d'abord  un  procédé  de  dosage  de  la  glycérine  dans  l'urine.  Si  l'on  opère 
sur  une  quantité  d'urine  qui  ne  dépasse  pas  5*""'  (')  il  suffit  d'entraîner  simplement 
la  glycérine  (*)  dans  l'appareil  à  entraînement  tel  que  je  l'ai  décrit.  Les  résultats  des 

(')  L'urine  normale  chez  le  chien  renferme  une  très  petite  quantité  d'une  substance 
susceptible  d'être  entraînée  par  la  vapeur  d'eau  dans  le  vide  et  qui  réduit  le  bichro- 
mate. En  opérant  sur  S*^""',  comme  il  est  indiqué,  et  a  fortioji  sur  a'"''',  comme  nous 
l'avons  fait  pour  tous  nos  dosages,  la  proportion  de  cette  substance  est  négligeable. 

(^)  Une  petite  quantité  d'urée  est  entraînée  en  même  temps;  elle  ne  gêne  pas  le 
dosage. 


clii 

Tiinée 

s 

O 

,112 

3 

,067 

I 

.409 

o 

,i58 

72  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

expériences  de  contrôle  justifient  celte  technique  très  simple.  En  possession  de  la  mé- 
thode de  dosage  nous  avons  opéré  ainsi  :  L'urine  chez  les  animaux  est  recueillie  par 
le  sondage  de  la  vessie  à  un  moment  déterminé.  Le  dosage  de  la  glycérine  se  fait 
sur  2'=™'. 

»  Expérience  V.  —  Chien  du  poids  de  14*^.  Glycérine  à  20  pour  100  injectée:  il^o'^^'. 
Durée  de  l'injection  2  minutes  i5  secondes. 

Temps  coniplé  *  Quantité  de  glj'cérine 

depuislafin  Volume  de  — >m^ 

de  l'injection.  l'urine  recueillie.        pour  loocm'  d'urine 

dm  h  m  em'  g 

de  O.   O  à  O. i5  i3  0,86 

de  o. i5  à   1 .3o  i44  2,  i3 

de  i .3o  à  2.37  62  2,71 

de  2.37  à  5.37  69  0,23 

»  Soit  éliminés  en  5  heures  37  minutes  :  4°'">746  de  glycérine  sur  286'"  injectés. 
Pour  100  :  17. 

»  Expérience  VI. —  Chien  du  poids  de9''5,  700,  glycérine  à  20  pour  100  injectée  97?'", 5; 
durée  de  l'injection  5  minutes. 

Quantité  de  glycérine 
pour  loo'""»'  d'urine.  éliminée. 

3%  8  2',  48 

4,93  2,268 

2,32  o,5io 

o,23  0,101 

o,o4  0,042 

»  Soit  éliminés  en  7  heures  45  minutes  :  5e'',  4oi  de  glycérine  sur  19g'',  5o  injectés. 
Pour  100  :  27,7. 

)'   L'examen  de  ces  Tableaux  permet  de  tirer  les  conclusions  suivantes  : 

»  i*^  La  glycérine  injectée  dans  le  sang  disparaît  avec  une  très  grande 
riipidité.  A  supposer  qu'à  l'origine  la  glycérine  restât  entièrement  dans  le 
torrent  circulatoire  pendant  le  temj)s  très  court  que  dure  l'injection,  sa  pro- 
portion dans  le  sang  serait  approximativement  3  pour  100.  Or  3o  minutes 
après  la  fin  de  l'injection  on  trouve  o,5  pour  100;  5  minutes  après,  o,3 
à  0,4  pour  100;  2  heures  après,  o,  o3  pour  100. 

»  2°  La  glycérine  est  éliminée  par  l'urine  en  proportion  notable,  et 
cela  en  un  temps  relativement  court. 

»  3**  Il  se  fait  au  niveau  du  rein  une  sélection  de  la  glycérine  d'une 
intensité  très  grande.  Je  n'en  veux  pour  preuve  que  les  chiffres  tirés 
des  expériences  IV  et  VI  dissociées  pour  la  compréhension  facile  du  texte, 


Temps  compté 
depuis  la  fin 

Volume  de 

de  l'injection. 

l'urine  recueillie. 

h      m            11      m 

de  0.   0  à  o.3o 

78 

de  o.3o  à  2 

46 

de  2         à  3.3o 

22 

de  3.3o  à  5. 20 

44 

de  5.20  à  7.45 

io5 

SÉANCE    DU   6    JUILLET    [9o3.  ^S 

mais  qui  ont  été  en  réalité  faites  sur  le  même  animal  et  le  même  jour.  On 
voit,  par  exemple,  alors  que  la  teneur  du  sang  en  glycérine  oscillait  entre 
o,38  et  o,  i5  pour  loo  pendant  les  3o  premières  minutes,  que  l'urine  éli- 
minée contenait  3,i8  pour  loo  de  glycérine,  soit  environ  lo  à  20  fois  plus; 
alors  que  la  teneur  du  sang  oscillait  entre  o,  i5  et  o,o3  pour  100  corres- 
pondant à  l'intervalle  de  temps  compris  entre  3o  minutes  et  2  heures, 
l'urine  éliminée  contenait  4>93  pour  100  de  glycérine,  soit  3o  à  100  fois 
plus;  pour  l'intervalle  de  temps  suivant  la  proportion  est  encore  plus 
grande.  C'est  là  un  fait  très  remarquable  qui  constitue  un  parallèle  inté- 
ressant entre  la  glycérine  et  un  produit  normal  de  l'organisme  :  l'urée. 
L'épithélium  rénal  fonctionne  pour  la  glycérine  introduite  dans  le  sang 
comme  il  le  fait  pour  l'urée.  » 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Les  hydrates  de  carbone  de  l'orge  et  leurs  transforma- 
tions au  cours  de  la  germination  industrielle.  Note  de  M.  L.  Llxdet,  pré- 
sentée par  M.  Schlœsing. 

«  1.  Mode  opératoire.  —  La  plus  grosse  difficulté  que  l'on  rencontre  dans  une  étude 
d'ensemble  sur  les  transformations  que  les  hydrates  de  carbone  de  l'orge  subissent  au 
cours  de  la  germination  industrielle  (')  vient  de  ce  que  l'orge  et  surtout  le  malt  ren- 
ferment des  diastases,  l'amylase  et  la  sucrase,  qui,  au  cours  des  épuisements  par  l'eau, 
modifient  la  nature  de  ces  hydrates  de  carbone.  L'épuisement  à  l'eau  glacée  évite  ces 
inconvénients,  mais  présente  des  difficultés  matérielles.  L'alcool  est  d'un  emploi  dan- 
gereux.; il  s'hydrate  en  présence  du  malt,  que  l'on  ne  peut  sécher  sans  en  modifier  la 
composition,  et  j'ai  constaté  que  la  sucrase  invertit  le  saccharose,  même  en  présence 
de  l'alcool  à  70°  G.  L. 

»  J'ai  obtenu  d'excellents  résultats  en  épuisant  l'orge,  à  la  température  ordinaire,  par 
l'eau  additionnée  de  sulfate  de  bioxyde  de  mercure.  Celui-ci  précipite  les  matières 
azotées  et  spécialement  les  diastases  qu'il  immobilise.  La  liqueur  filtrée  est  sursaturée 
par  la  baryte,  filtrée,  puis  saturée  par  l'acide  sulfurique.  On  peut  alors  sans  crainte 
concentrer  les  liquides  pour  pratiquer  ensuite  les  précipitations  fractionnées  par 
l'alcool. 

»  Le  précipité  barytique  est  susceptible  de  renfermer  la  lévosine  dont  M.  Tanret  a 
constaté  la  présence  dans  l'orge  verte;  la  teneur  de  celle-ci  en  lévosine  diminue  parla 
germination,  jusqu'à  ne  plus  représenter  queo,  i  pour  100  de  l'orge  mûre.  Je  n'ai  pas 
rencontré  de  lévosine  dans  le  précipité  barytique  du  malt  poussé  et,  dans  ces  condi- 


(')  Je  remercie  M.  Sachs,  directeur  de  la  distillerie  Springer,  à  Maisons-Alfort, 
d'avoir  bien  voulu  mettre  à  ma  disposition  des  échantillons  d'orge  en  cours  de  geimi- 
nation. 

G.  R.,  1903,  ■:'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  1.)  'O 


74  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

lions,  j'ai  cru  devoir  négliger  de  la  rechercher  dans  les  produits  intermédiaires  de  la 
germination. 

»  II.  Étude  des  gommes.  —  Quand  on  traite  par  des  additions  successives  d'alcool 
une  eau  d'orge  ou  de  malt  ainsi  préparée,  on  précij)ite  d'abord  des  gommes,  dont  le 
pouvoir  rolatoire  est  franchement  gauche  et  s'élève  jusqu'à  —  187°,  5;  puis  des  gommes 
dont  le  pouvoir  rolatoire  devient  de  plus  en  plus  droit,  pour  atteindre  le  chiffre  de 
+  78°.  Les  gommes,  dont  le  pouvoir  rolatoire  est  intermédiaire,  comme  celle  de 
M.  Lintner  ( — 26°, 8),  peuveni  être,  par  l'alcool,  dédoublées  en  gomme  gauche  el  en 
gomme  droite. 

»  Je  n'ai  pas  rencontré  de  dextrine,  contrairement  à  ce  qu'a  trouvé  M.  Jalovi'elz. 
D'ailleurs,  les  liquides  ne  donnent  aucune  coloration  par  l'iode,  comme  ils  en  donne- 
raient s'il  y  avait  eu  saccharification  diastasique  à  l'intérieur  du  grain. 

))  Ces  considérations  m'autorisent  à  admettre  que  l'orge  et  le  malt  ne  renferment 
que  deux  gommes. 

))  La  première  semble  identique  à  la  P-amjlane  de  M.  O'  Sullivan  (a^r^ — i46"). 
Elle  ne  possède  aucun  [Douvoir  réducteur.  Les  produits  d'hydrolyse  m'ont  donné  un 
mélange  de  sucres  réducteurs,  (af)  =  -i-  53°  à  +  59°),  qui  représentent  non  pas  du  glu- 
cose, comme  ce  savant  l'avait  annoncé,  mais  un  mélange  de  sucres  en  C^,  que  j'étudie 
en  ce  moment. 

»  La  gomme  droite  répond  aux  caractères  de  l'a-galaclane  que  M.  Mûntz  a  extrait, 
sous  le  nom  àe  galactine,  des  semences  de  luzerne  (  aD  = -h  84°,  6).  Son  pouvoir  réduc- 
teur est  compris  entre  3o  el  35.  L'hydrolyse  de  celte  gomme  fournil  du  galactose  el 
probablement  aussi  du  lévulose. 

»   Elles  ne  sont  ni  saccharifîables  par  la  diastase,  ni  fermenlescibles  par  la  levure. 

»  Dans  les  conditions  ci-dessus  indiquées,  on  peut,  en  présence  d'une  gomme  préci- 
pitée par  l'alcool,  déduire  de  son  pouvoir  rolatoire  sa  composition  élémentaire  en 
galactane  el  amylane. 

»  J'ai  appliqué  celte  méthode  à  l'élude  de  l'orge  en  germination,  et  j'ai  précipité,  par 
des  quantités  d'alcool  identiques,  des  extraits  d'orge,  prélevés  dans  les  différentes 
couches  du  germoir,  préparés  comme  il  a  été  dit  précédemment,  et  amenés  par  l'éva^ 
poralion  dans  le  vide  au  même  volume.  J'ai  pu  constater  que  les  deux  gommes 
préexistent  dans  l'orge  crue,  que  la  galactane  augmente  progressivement  par  la  germi- 
nation, tandis  que  le  poids  d'amylane  reste  sensiblement  stalionnaire.  L'orge  crue 
renferme,  par  exemple,  os,46  de  galactane  pour  100  d'orge  sèche;  ce  chiffre  passe 
à  08,91  après  3  jours  de  germination,  à  is,  46  après  6  jours,  el  à  28,28  après  9  jours, 
tandis  que  l'amylane  représente,  pour  les  mêmes  périodes,  os,54,  os,  56,  os,65,  oî^',71. 
Dans  une  autre  expérience,  j'ai  constaté  j8,oi,  is,46,  1^,77,  2s, 25  de  galactane  et  qs,5o, 
os,5o,  os,6o,  os,  53  d'amylane. 

»  in.  Etude  des  sucres.  —  J'ai,  dans  les  liqueurs  alcooliques,  dosé  les  sucres  non 
précipités  et,  en  comparant  les  résultats  obtenus  par  l'inversion  Glerget,  qui  ne  touche 
pas  au  mallose  el,  par  l'inversion  à  100°,  j'ai  pu  constater  que,  à  aucun  moment  de  sa 
germination,  l'orge  ne  renferme  de  maltose.  Ce  fait  est  en  opposition  avec  l'opinion  de 
M.  O'  Sullivan,  de  M.  Jalowetz,  de  M.  Krober,  de  M.  Ling  el  s'accorde,  au  contraire, 
avec  les  expériences  de  M.  Diill.  L'absence  de  maltose  et  de  dextrine  prouve  qu'il  n'y 
a  pas  de  saccharification  interne  pendant  la  germination. 


SÉANCE    DU    6   JUILLET    tgoS.  j5 

»  L'orge  crue  renferme  de  o,5  à  i  pour  loo  de  saccharose,  et  celui-ci  augmente  au 
germoir  dans  là  proportion  de  l  à  3.  Le  sucre  réducteur  s'y  rencontre  en  quantité 
extrêmement  faible  (o,i  pour  loo)  :  son  pouvoir  rotaloire  est  tel  que  l'on  peut  sup- 
poser le  sucre  formé  exclusivement  par  du  glucose.  Bientôt  la  sucrase  entre  en  jeu,  four- 
nissant du  glucose  et  du  lévulose,  dont  la  somme  augmente  parallèlement  au  saccha- 
rose; ce  fait  a  été  d'ailleurs  observé  par  M.  Petit.  Mais  le  pouvoir  rotatoire  du  sucre 
réducteur  diminue  progressivement;  il  a,  dans  une  expérience,  passé  de  +46°  à 
+  28°,  7  ;  dans  une  seconde,  de  +  47°  à  +  3o°,  6  et  à  1 7°,  7  dans  une  troisième.  Le  grain 
utilise  probablement  les  deux  sucres  de  façons  différentes,  comme  je  l'ai  montré  poUr 
les  feuilles  de  betteraves,  le  glucose  présidant  à  la  respiration,  le  lévulose  assurant  la 
poussée  cellulosique  du  germe  et  des  radicelles.  Le  lévulose,  qui  était  largement  uti- 
lisé au  début,  l'est  plus  lentement  quand  la  germination  se  ralentit. 

»  IV.  Etude  de  l'amidon.  —  L'amidon,  au  cours  de  la  germination,  diminue  dans 
la  proportion  de  \  environ.  En  rapportant  les  chifTres  à  loos  de  l'orge,  supposée  sèche, 
primitivement  employée^  j'ai  constaté  60,2  d'amidon  dans  l'orge  crue,  puis  55,7  après 
3  jours  de  germination,  53,9  ^pi'ès  6  jours  et  47)4  après  9  jours.  La  transformation 
de  l'amidon  en  saccharose  a  été  reconnue  bien  des  fois.  A-t-elle  Heu  par  l'intermé- 
diaire instable  du  maltose,  comme  le  supposent  MM.  Brown  et  Morris?  Peut-elle  au 
contraire  se  passer  de  cet  intermédiaire?  La  production  d'amidon  aux  dépens  du  sac- 
charose est  classique,  et  ce  que  nous  savons  de  la  réversibilité  des  actions  diastasiques 
nous  permet  de  supposer  que  la  transformation  est  directe.  D'ailleurs,  si  le  maltose 
était  utilisé,  que  deviendrait  la  dextrine  qui  se  formerait  en  même  temps? 

»  Les  grains  d'amidon  s'attaquent  progressivement  par  la  surface;  il  suffit,  pour  le 
démontrer,  d'isoler  l'amidon  à  différents  moments  de  la  germination  et  de  constater  le 
volume  occupé  par  un  même  poids  d'amidon  déposé.  Ce  volume  diminue  dans  la  pro- 
portion de  100  à  79,  ce  qui  indique  que  les  grains  d'amidon  deviennent  de  plus  en  plus 
petits.    » 


HISTOLOGIE.  —  Recherches  sur  la  constitution  et  sur  la  structure  des  fibres 
cardiaques  chez  les  Vertébrés  inférieurs .  Note  de  M.  P.  Marceau,  présentée 
par  M.  E.  Perrier. 

«  A  la  suite  d'une  première  série  de  recherches  faites  uniquement  à 
Taide  de  coupes  de  cœur  colorées  à  l'hématoxyline  ferrique  ('),  j'avais 
admis  que  les  fibrilles  sont  absolument  continues  dans  toute  la  longueur 
des  travées  musculaires  et  qu'on  ne  peut  observer  les  limites  de  leurs  pré- 
tendues cellules  constitutives,  isolables  par  la  solution  de  potasse  caus- 
tique à  4o  pour  100,  lesquelles  sont  fusionnées  complètement  en  un  véri- 
tablesyncytium.  De  nouvelles  recherches,  faites  en  dissociant  des  fragments 

(')   Comptes  rendus  Soc.  de  Biologie,  séance  du  19  juillet  1902. 


76  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  cœur  de  Truite,  de  Grenoudle,  de  Lézard,  de  Tortue  et  d'Alligator,  à 
l'aide  de  la  solution  concentrée  de  potasse  caustique  et  surtout  de  l'acide 
azotique  à  20  pour  100,  ont  modifié  légèrement  mon  opinion,  tout  en  ne 
contredisant  aucune  de  mes  observations  antérieures. 

»  Les  travées  ou  les  parois  compactes  du  cœur  des  Vertébrés  inférieurs  sont  consti- 
tuées par  des  faisceaux  de  fibres  plus  ou  moins  allongées  et  disposées  parallèlement, 
mais  émettant  des  branches  très  obliques  plus  ou  moins  nombreuses  dont  les  unes 
s'anastomosent  avec  des  fibres  voisines  et  dont  les  autres  se  terminent  librement 
par  des  extrémités  longuement  effilées  ou  un  peu  obtuses.  Ces  fibres,  après  un  par- 
cours plus  ou  moins  long,  se  terminent  elles-mêmes  par  des  extrémités  effilées  ou 
obtuses,  cédant  ainsi  le  pas  à  d'autres  fibres,  ou  bien  s'anastomosent  avec  des  branches 
issues  de  fibres  voisines  et  continuent  leur  chemin  dans  la  même  direction.  Lorsque 
les  extrémités  effilées,  terminées  librement,  sont  nombreuses,  elles  sont  placées  côte 
à  côte  en  se  dépassant  réciproquement  à  la  façon  de  celles  des  fibres  du  bois.  Les 
fibrilles  qu'elles  renferment  sont  situées  exactement  dans  le  prolongement  les  unes  des 
autres,  ce  qui  fait  qu'à  l'examen  de  coupes  longitudinales  des  travées,  elles  paraissent 
absolument  continues  dans  toute  l'étendue  de  celles-ci.  En  d'autres  termes,  les  tra- 
vées ou  la  paroi  compacte  du  muscle  cardiaque  des  Vertébrés  inférieurs  sont  consti- 
tuées par  des  fibres  musculaires  d'un  faible  diamètre,  anastomosées  en  un  réseau  très 
compliqué  à  mailles  allongées,  mais  qui  est  hérissé  de  branches  aveugles  plus  ou 
moins  nombreuses,  de  forme  et  de  longueur  variées.  Si  par  la  pensée  on  supposait  la 
travée  distendue  latéralement  par  une  injection  interstitielle  de  liquide  qui  sépare  ses 
fibres  constitutives  sans  les  rompre,  elle  présenterait  une  disposition  assez  analogue  à 
celle  du  réseau  de  cellules  laticifères  des  Composées  liguliflores. 

V  Dans  le  cœur  des  Vertébrés  inférieurs,  les  travées  se  bifurquent  et  s'anastomosent 
entre  elles,  à  la  façon  des  fibres  elles-mêmes  dans  chaque  travée.  Après  un  nombre 
plus  ou  moins  grand  de  ces  anastomoses  et  divisions  successives,  elles  aboutissent 
toutes,  en  définitive,  soit  à  la  base  du  bulbe  aorlique,  soit  aux  anneaux  fibreux  des 
orifices  auriculo-ventriculaires,  où  elles  se  terminent  par  des  extrémités  coniques  à 
pointe  émoussée,  absolument  semblables  à  celles  qu'a  figurées  von  Ebner  pour  les 
fibres  cardiaques  des  Vertébrés  supérieurs. 

))  Les  fibres  cardiaques  des  Vertébrés  inférieurs,  d'un  faible  diamètre  en  général, 
sont  toutes  constituées  d'une  façon  analogue.  Elles  comprennent  une  colonne  sarco- 
plasmique  contenant  les  noyaux  à  la  périphérie  de  laquelle  sont  situées  des  fibrilles 
striées.  Celles-ci  sont  le  plus  souvent  disposées  en  une  seule  assise,  mais  parfois  aussi 
il  peut  y  en  avoir  deux  ou  trois  dont  les  éléments  sont  alors  répartis  sans  ordre 
apparent. 

))  Ces  fibres  sont  en  contact  direct  dans  les  travées  et  le  plus  souvent  aussi  dans  les 
parois  compactes,  puisque  dans  ces  dernières  régions  les  capillaires  et  les  cellules 
conjonctives  sont  rares.  Il  arrive  assez  souvent  que  ces  fibres,  toujours  indistinctes 
dans  les  coupes  longitudinales  des  faisceaux  des  travées  et  de  la  paroi  compacte, 
quelquefois  aussi  paraissent  mal  limitées  dans  les  coupes  transversales.  Cela  tient  à 
ce  que  la   rétraction  de  leur  sarcoplasma,  sous  l'influence  du  réactif  fixateur  ou  des 


SÉANCE    DU   6   JUILLET    T903.  ^^ 

déshydratants,  se  produit  d'une  façon  très  irrégulière,  ce  qui  en  laisse  plusieurs  en 
contact,  alors  que  d'autres  sont  fragmentées. 

»  Les  fibres  des  Ghéloniens  et  des  Crocodiliens  ont  beaucoup  d'analogie,  au  point 
de  vue  de  leur  taille  et  de  la  disposition  des  fibrilles,  d'une  part  avec  celles  des  Oiseaux, 
et  d'autre  part  avec  celles  des  Monotrèmes  (Ecliidné).  Gomme  celles  de  ces  derniers, 
elles  sont  aussi  quelquefois,  surtout  chez  les  Crocodiles,  séparées  par  des  cellules 
conjonctives  rameuses  et  quelques  capillaires;  de  plus,  elles  sont  entourées  par  un 
sarcolemme  chez  le  Crocodile. 

»  Ainsi  la  transition  entre  les  fibres  cardiaques  des  Vertébrés  inférieurs 
et  celles  des  Vertébrés  sujDérieurs,  s'établit  par  l'intermédiaire  de  celles 
des  Ghéloniens  et  des  Crocodiliens.  » 


ANATOMIE  COMPARÉE.  —  Sur  la  capsule  surrénale  des  Amphibiens .  Note  de 
M.  Ed.  GryiNfeltt,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Les  capsules  surrénales  des  Amphibiens  possèdent-elles  en  dehors  des 
cellules  du  type  cortical  et  des  cellules  chromaffiues,  éléments  essentiels 
de  la  capsule  surrénale  chez  tous  les  Vertébrés,  une  nouvelle  espèce  d'élé- 
ments histologiques?  C'est  la  question  qu'a  soulevée  Ciaccio  dans  une  Note 
récente. 

))  Ayant  étudié,  depuis  plus  d'une  année,  la  capsule  surrénale  de  divers 
Amphibiens  urodèles  et  anoures  et  ayant  recueilli  un  certain  nombre  de 
matériaux,  je  désirerais  présenter  quelques  observations  à  ce  sujet. 

»  Sliliing  a  décrit  en  1898  dans  la  capsule  surrénale  de  Rana  esculenla  des  cellules 
particulières  qu'il  a  appelées  cellules  cVété,  parce  qu'elles  apparaissent  avec  la  bonne 
saison,  puis  diminuent  de  nombre  et  prennent  des  caractères  moins  nets,  se  conservant 
jusqu'à  l'année  suivante  où  elles  reprennent  tous  leurs  caractères  et  tout  leur  dévelop- 
pement. Depuis  les  recherches  de  Stilling,  on  a  retrouvé  ces  cellules  avec  leur  caracté- 
ristiques principales  pendant  tout  le  cours  de  l'année.  C'est  ainsi  que  Bonnamour  et 
Policard  les  signalent  chez  des  Grenouilles  observées  pendant  l'hiver.  De  mon  côté,  je 
les  ai  également  retrouvées  chez  ces  animaux  pendant  toute  l'année.  Ciaccio  a  observé 
aussi  d'une  façon  permanente  les  cellules  qu'il  décrit  comme  troisième  élément  de  la 
capsule  surrénale  des  Anoures  et  qui  paraissent  répondre,  ainsi  que  l'avait  brièvement 
indiqué  Bonnamour  et  Policard,  aux  cellules  d'été  de  Stilling. 

»  Gela  n'implique  pas,  du  reste,  une  erreur  de  la  part  de  Stilling,  car  il  signale 
l'absence  des  cellules  d'été  chez  des  animaux  retirés  de  la  vase  où  ils  s'étaient  enfouis 
pour  passer  l'hiver,  par  conséquent  à  l'état  d'hibernation.  Il  est  possible  que  les  Gre- 
nouilles observées  par  Ciaccio  et  par  moi,  vivant  dans  des  climats  plus  méridionaax, 
ne  subissent  pas  une  hibernation  aussi  marquée.  D'autre  part,  il  se  peut  que  les  Gre- 
nouilles étudiées  par  Bonnamour  et  Policard  aient  été  conservées  dans  le  laboratoire, 


•78  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et,  par  suite,  ne  soient  pas  comparables  à  celles  de  Stilling  au  point  de  vue  de  l'hiber- 
nation. En  ce  qui  me  concerne,  j'ai  trouvé  pendant  tout  l'hiver  des  cellules  d'été  Carac- 
téristiques aussi  bien  dans  les  Rana  esculenta  conservées  dans  le  laboratoire  que  dans 
celles  qui  étaient  pêchées  dans  les  mares  autour  de  Montpellier. 

»  Il  ne  s'agit  donc  pas  là  d'éléments  aussi  fugaces  que  pourrait  le  faire  penser 
l'expression  de  Stilling.  Leur  forme,  leurs  divers  caractères  montrent  clairement  que 
cellules  de  Ciaccio  et  cellules  de  Stilling  sont  un  seul  et  même  élément,  et  qu'il  est 
probable  que  Ciaccio  en  a  jugé  autrement  en  prenant  trop  à  la  lettre  le  mot  de 
Soimner  zellen . 

y>  Ces  éléments  présentent,  en  outré,  la  particularité  très  singulière  de  se  rencontrer 
seulement  parmi  les  anoures  dans  le  genre  Rana.  C'est  un  fait  remarquable  et  absolu- 
ment hors  de  doute.  En  effet,  dans  les  belles  recherches  de  Giacomini,  ils  né  sont 
signalés  que  chez  Rana  temporaria,  alors  que  cet  auteur  a  étudié  en  détail  la  capsule 
surrénale  de  Rana,  Rombinator,  Rufo  et  Hyla.  J'ai  étudié  moi-même  avec  soin  une 
série  de  capsules  surrénales  à^Hyla  et  de  Rufo  recueillis  pendant  toute  l'année  dans 
les  serres  du  Jardin  des  Plantes  de  Montpellier,  et  je  n'ai  jamais  rencontré  de  cellules 
d'été  chez  ces  Anoures.  Il  n'y  en  a  pas  non  plus  chez  les  tlrodèles  examinés  par  Giaco- 
mini {Salamandra,  Salamandrina,  Spelerpes,  Triton.  Euproctas)^  ni  dans  les  divers 
Tritons  que  j'ai  viîs  (T".  marmoratus  et  T.  palmatus),  La  rareté  des  cellules  d'été 
mérite  d'être  remarquée,  et  il  ne  faudrait  pas  se  hâter  de  conclure  delà  capsule  surré- 
nale de  la  Grenouille  à  celle  de  tous  les  Amphibiens. 

»  Les  cellules  d'été  présentent  des  caractères  spéciaux  que  Stilling  a  bien  indiqués  : 
forme  globuleuse  ou  ovoïde,  noyau  excentrique  et  fortement  colorable,  protoplasma 
se  teignant  très  énergiquement  par  l'éosine  après  certains  réactifs.  La  forme  arrondie 
de  ces  cellules  se  rencontre  toujours:  jamais  elles  ne  deviennent  polygonales  pour 
constituer  des  masses  épithéliales,  et  dans  quelque  partie  de  la  capsule  surrénale 
qu'elles  se  placent,  soit  dans  les  cordons  de  cellules  corticales,  soit  autour  des  Cellules 
médullaires  ou  au  milieu  des  amas  que  ces  dernières  forment,  elles  demeurent  globu- 
leuses, sans  modeler  en  rien  leurs  contours  sur  ceux  des  espaces  que  pourraient  laisser 
libres  les  cellules.  Elles  se  montrent  donc  un  peu  comme  des  corps  étrangers  super- 
posés en  quelque  sorte  aux  éléments  des  organes  où  on  les  rencontre.  Ce  caractère,  la 
disposition  excentrique  de  leur  noyau  et  quelques  propriétés  colorantes,  m'ont  porté 
à  penser  que  ces  cellules  sont  péut-êti'e  tout  simplement  des  leucocytes  émigrés  dans 
la  capsule  surrénale,  et  qui  prennent  des  caractères  spéciaux  dans  cet  organe.  Leur 
protoplasma  se  teint  par  mélachromasie  en  rouge  violet  par  le  bleu  de  Unna,  comme 
le  fait  celui  des  Mastzellen. 

))  La  présence  de  grains  de  sécrétion  décrits  par  Ciaccio  dans  Ces  cellules  auxquelles 
il  donne  justement,  à  cause  de  ces  grains,  le  nom  de  granulifères,  ne  prévaut  pas 
contre  celte  manière  de  voir.  Il  y  a  lieu  de  poursuivre  l'étude  de  ces  cellules,  et  l'idée 
de  leur  nature  leucocytaire  pourra  bien  être  confirmée  par  la  suite,  surtout  lorsqu'on 
arrivera  à  constater  le  moment  précis  de  leur  apparition,  ce  que  je  n'ai  pas  pu  faire 
jusqu'ici. 

»  En  tout  cas,  il  faut  insister  sur  ce  fait,  qu'on  ne  les  la  trouvées  jusqu'à 
présent  que  dans  le  genre  Rana,  Stilling  les  signale  chez  R.  esculenta, 


SÉANCE    DU    6    JUIT-LET    igo3.  79 

Giacomini  ne  les  a  pas  trouvées  chez  /?.  esculenta,  mais  chez  R,  temporaria. 
Ciaccio  les  représente  chez  /?.  esculenta,  tt  donne  aussi  R.  temporaria 
comme  un  bon  exemple  pour  l'élude  de  ces  cellules.  Par  conséquent  leur 
présence  ne  paraît  bien  établie  jusqu'ici  que  dans  le  genre  Râpa  et 
peut-être   pas  dans  toutes  les  espèces  indigènes  de  ce  genre,  » 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  La  Segmentation  parthénogénétiqiie  expé- 
rimentale chez  les  œufs  de  Petrouiyzon  Planeri.  Note  de  M.  E.  Bataillox, 
présentée  par  M.  Y.  Delage. 

«  Pour  élucider  les  phénomènes  intimes  de  la  segmentation  provoquée 
chez  les  œufs  vierges  de  Vertébrés,  je  me  suis  adressé  à  un  type  autre  que 
nos  Amphibiens  vulgaires  et  présentant  sur  lui  de  sérieux  avantages, 
l/œut  de  Lamproie,  par  sa  constitution  et  son  mode  de  segmentation,  rap- 
pelle celui  de  la  Grenouille;  mais  l'absence  de  gangue  et  de  pigment,  la 
présence  d'un  micropyle  et  la  netteté  de  certains  phénomènes  consécutifs 
à  l'imprégnation  permettent  une  expérimentation  plus  précise  avec  un 
parallélisme  intéressant  entre  l'évolution  normale  et  l'évolution  parthé^ 
nogénétique. 

»  Les  œufs  vierges  portés  3o  minutes  à  35°,  suivant  la  technique  empruntée  à  Delage, 
et  que  j'avais  employée  avec  succès  pour  Ranci  temporaria,  sont  restés  inertes.  Une 
température  de  3o°  ne  m'a  pas  mieux  réussi.  Le  même  matériel  immergé  dans  les 
solutions  fortes  salines  ou  sucrées  (valeur  :  i  pour  100  de  NaCl),  pendant  i  heure, 
I  heure  3o  minutes,  2  heures,  i5  heures,  et  reporté  dans  l'eau  pure,  ne  m'a  fourni  que 
quelques  rares  débuts  de  segmentation.  Mais  j'ai  obtenu  régulièrement  de  très  belles 
morulas  et  même  des  blastulas  à  éléments  plus  ou  moins  fins,  en  plongeant  et  niain^ 
tenant  les  œufs  dans  des  solutions  de  saccharose  à  5  ou  6  pour  100  ou  dans  des  solu- 
tions isotoniques  de  ISaCl. 

»  C'est  un  premier  point  à  noter.  Je  rappellerai  que,  l'an  dernier,  avec  Ranafusca, 
je  superposais  avantageusement  à  l'action  de  la  chaleur  celle  des  solutions  sous  une 
concentration  identique.  Mon  objectif  était  de  réagir  contre  la  réhydratation  inévi- 
table sur  des  œufs  volumineux,  et  à  évolution  lente.  L'interprétation  est  d'autant  plus 
plausible  que  cette  année,  j'ai  tiré  du  même  type  Amphibien,  avec  le  seul  contact 
permanent  du  sucre  à  6  pour  100,  des  formes  morulaires  ou  blastulaires  plus  belles 
que  toutes  celles  obtenues  antérieurement. 

»  C'est  la  clef  du  phénomène  enregistré  chez  la  Lamproie.  L'œuf  a  uqe  surface  rela- 
tive plus  grande  puisqu'il  est  plus  petit,  et  son  évolution  est  sensiblement  plus  lente. 
Une  modification  brusque  de  l'équilibre  par  le  milieu  extérieur  peut  n'être  que  tran- 
sitoire et  s'eflTacer  dans  l'eau  pure  avant  la  segmentation.  On  comprendrait  ainsi  com- 
ment, chez  les  Amphibiens  et  les  Cyclostomes,  la  meilleure  condition  de  l'évolution 


8o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

expérimentale  paraît  être  le  contact  permanent  de  la  solution  la  plus  faible  qui  en- 
gendre la  division. 

»  A  ces  faits  s'en  joignent  d'autres,  non  moins  suggestifs  et  qui  viennent  tous  à 
l'appui  de  mon  hypothèse  de  la  déshydratation. 

»  Sur  l'œuf  vierge  fr;iîchenient  émis,  le  chorion  n'apparaît  pas  :  il  est  strictement 
accolé  à  la  masse  ovalaire.  Ajoutez  le  sperme  et  presque  immédiatement  (au  bout  de 
I  minute  au  plus),  le  chorion  se  détache  au  niveau  du  micropyle  où  l'œuf  montre  une 
dépression  cratériforme.  On  voit  s'étendre  progressivement  vers  le  pôle  opposé  une 
contraction  qui  chemine  comme  une  onde  annulaire.  L'œuf  devient  libre  dans  son  en- 
veloppe; il  a  réduit  son  volume;  il  est  devenu  sphérique,  et  le  point  micropylaire  qui 
correspondait  à  une  extrémité  de  l'ovale  passe  à  peu  près  au  pôle  supérieur  à  la  suite 
d'une  rotation  de  go°. 

»  L'œuf  vierge  soumis  aux  solutions  déshydratantes  présente  le  même  phénomène 
au  bout  de  24  heures,  48  heures,  ou  même  plus  tard.  Jamais  il  ne  se  divise  sans  avoir 
subi  au  préalable  ce  changement  d'allure,  et  je  me  suis  assuré  que  ce  changement 
précède  tout  mouvement  nucléaire. 

»  Mais  voici  d'autres  détails  également  significatifs.  Dans  le  sel  à  0,5  pour  100,  on 
trouve,  au  début  du  sixième  jour,  beaucoup  d'œufs  restés  inertes;  depuis  72  heures, 
aucun  d'eux  n'a  séparé  son  chorion  ;  leur  surface  est  légèrement  ridée.  On  les  porte 
dans  le  sucre  à  6  pour  loo;  le  lendemain,  la  plupart  d'entre  eux  sont  en  mouvement 
et  donnent  ultérieurement  de  belles  blastulas.  Le  passage  inverse  a  été  pratiqué  au 
bout  de  7  jours  avec  des  œufs  non  divisés  dans  le  sucre  à  6  pour  100;  immergés  dans 
la  solution  de  NaCl  à  o,65,  ils  se  sont  segmentés.  Bien  mieux,  au  bout  de  7  jours,  un 
stock  de  ces  œufs  restés  immobiles  dans  les  milieux  artificiels  a  pu  être  fécondé. 

»  Les  ébauches  issues  des  œufs  vierges  ne  dépassent  pas  le  stade  blastulaire.  Non 
seulement  les  blastomères  renferment  des  noyaux  dès  le  début  de  la  segmentation; 
mais,  dans  certains  cas,  presque  tous  ces  noyaux  sont  en  mouvemnnt.  Il  y  a  prédo- 
minance des  figures  pluripolaires. 

»  Ces  expériences  mettent  en  évidence  le  rôle  très  net  de  la  déshydrata- 
tion et  l'avantage  du  contact  permanent  de  la  solution  saline  ou  sucrée  à  la 
concentration  minima  oîi  elle  soit  encore  efficace   ». 


BOTANIQUE.   —    Le  mériphyte  chez  les  Cycadacées.  Note  de  M.  H.  Matte, 

présentée  par  M.  Guignard. 

«  Depuis  quelques  années,  on  tend  à  accorder  au  système  libéroligneux 
de  la  feuille  (mériphyte  de  M.  Lignier)  une  importance  de  plus  en  plus 
grande.  C'est  donc  dans  le  but  de  rechercher  si  celui  des  Cycadacées  peut 
donner  des  indications  sur  la  valeur  phylogénétique  de  ce  groupe  si  inté- 
ressant que  nous  avons  entrepris  sur  le  parcours  des  faisceaux  une  étude 
résumée  dans  la  présente  Note. 


SÉANCE    DU    6    JUILLET     igoS.  8l 

«  La  structure  de  l'arc  foliaire  des  Cycadacées  est  très  constante,  mais  sa  forme  est 
rendue  assez  variable  par  des  plissements  longitudinaux  qui  l'altèrent  d'une  façon 
parfois  considérable. 

»  La  rentrée  des  faisceaux  foliolaires  dans  le  rachis  ne  se  fait  par  une  trace  réelle- 
ment unifasciculée  que  dans  le  genre  Cycas;  dans  tous  les  autres  genres,  elle  est  pluri- 
fasciculée.  En  effet,  s'il  est  vrai  que  dans  les  genres  Dioon  et  Ceratozamia,  ainsi  que 
dans  la  plupart  des  espèces  du  genre  Zamia,  cette  trace  ne  paraît  constituée  que  par 
un  seul  faisceau  rentrant,  le  nombre  de  ses  pointements  trachéens  démontre  cependant 
qu'il  équivaut  à  une  trace  plurifasciculée.  Parfois,  d'ailleurs,  comme  chez  le  Dioon 
edule  Lind.  et  certains  Ceratozamia,  un  ou  plusieurs  faisceaux  marginaux  externes 
de  la  foliole  restent  indépendants  de  leurs  congénères  plus  internes  et  se  terminent  en 
pointe  libre  dans  la  base  d'inserlion  sur  le  pétiole. 

»  De  bonne  heure,  chez  les  Cycas,  Dioon,  Ceratozamia,  la  plupart  des  Zamia  et 
certains  Macrozamia,  l'arc  libéro-ligneux  pétiolaire  subit,  vers  le  plan  du  pétiole, 
un  plissement  longitudinal  rentrant  d'où  résulte  la  forme  classique  en  O.  C'est  sur  ses 
marges  que  s'insèrent  tonjours  les  traces  foliolaires. 

»  Dans  le  genre  Encephalartos,  la  forme  en  Q.  est  profondément  modifiée  et  peut 
même  ne  plus  se  reconnaître.  En  effet,  chaque  trace  foliolaire,  nettement  plurifasci- 
culée, subit,  dès  sa  rentrée,  une  torsion  qui  ramène  le  ou  les  premiers  (')  de  ses  fais- 
ceaux soit  vers  les  derniers,  soit  simplement  vers  la  partie  antérieure  du  pétiole.  Dans 
ce  dernier  cas,  le  trajet  inférieur  des  faisceaux  devenus  antérieurs  est  variable  :  ou 
bien,  sans  modifier  notablement  leur  position,  ils  se  mettent  en  rapport  avec  ceux  des 
traces  foliolaires  sous-jacentes,  ou  bien,  se  rapprochant  plus  ou  moins  du  plan  de  symé- 
trie pétiolaire,  ils  se  placent  soit  dans  la  partie  antérieure  du  segment  médullaire,  soit 
dans  sa  partie  postérieure;  là  encore,  ils  se  comportent  de  façons  diverses  suivant  les 
espèces  et  certains  peuvent  s'intercaler  dans  l'arc  pétiolaire.  Les  autres  faisceaux  des 
traces  foliolaires  s'accolent  au  bord  de  l'arc  libéro-ligneux  et  contribuent  à  son 
accroissement,  mais  jamais  ils  ne  le  font  qu'après  avoir  subi,  eux  aussi,  vers  le  plan  de 
symétrie  du  pétiole,  une  déviation  qui  fait  songer  au  plissement  de  l'O. 

»  La  résultante  de  tous  ces  faits  est  la  constitution,  à  la  base  du  pétiole,  d'un  sys- 
tème libéro-ligneux  foliaire  k  faisceaux  dispersés  et  orientés  en  tous  sens,  système 
dans  lequel  il  semble  impossible  de  discerner  une  disposition  type. 

»  Chez  quelques  espèces,  notamment  chez  VE.  Lehmanni  Lehm.  et  chez  VE. 
horridus  Lehm.,  les  faisceaux  foliolaires  rentrants  peuvent,  en  outre,  en  se  tordant, 
former  des  cordons  libéro-ligneux  très  arqués  ou  même  à  structure  absolument  con- 
centrique. 

»  Le  Zamia  muricata  Willd.  montre,  dans  la  partie  antérieure  de  son  pétiole,  un 
système  de  faisceaux  qui,  par  son  mode  de  formation  et  sa  disposition,  rappelle  celui 
du  g.  Encephalartos;  il  en  difiere,  cependant,  par  le  niveau  plus  inférieur  où  se  fait 
la  torsion  des  traces  foliolaires. 

»  Enfin,  chez  quelques  Macrozamia,  M.  spiralis  Miq.,  M.  Fraseri  Miq.,  entre 
autres,  il  n'y  a  que  le  premier  faisceau  des  traces  foliolaires  successives  qui  subisse  la 


(^)   C'est-à-dire  ceux  qui  sont  le  plus  rapprochés  du  plan  de  symétrie  pétiolaire. 
C.  R.,  190.3,  ->'  Semestre.  (T.  CXXXVII,   N»  1.)  II 


82  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

torsion,  et  il  en  résulte  la  formation  d'un  système  fasciculaire  disposé  régulièrement 
suivant  une  bande  antérieure  parallèle  à  la  marge  de  Tare  pétiolaire  et  orientée  in- 
versement. 

»  On  sait  que  chez  le  Stangeria  paradoxa  Th.  Moore,  les  deux  premières  folioles 
inférieures  sont  insérées  en  avant  du  pétiole  et  de  part  et  d'autre  de  sa  ligne  mé- 
diane antérieure,  et  qu'elles  sont,  en  outre,  contiguës  à  la  paire  suivante  qui  est  la- 
térale. Il  résulte  de  cette  disposition  que  les  traces  des  deux  premières  folioles  se 
placent  en  avant  et  dans  le  prolongement  des  branches  de  l'arc  ondulées  et  un  peu 
rentrantes  vers  le  plan  pétiolaire.  Ainsi  complété,  cet  arc  prend  la  forme  de  deux  fers 
à  cheval  accolés  par  leurs  extrémités  ;  plus  bas,  le  fer  antérieur  se  creuse  dans  le 
plan  pétiolaire. 

»  Chez  le  Bowenia  spectabilis  llook.,  les  traces  foliolaires,  après  une  torsion  en 
avant.de  leur  premier  faisceau,  constituent  un  système  libéro^ligneux  qui,  à  la  base 
du  pétiole  secondaire,  prend  la  forme  d'un  cercle  de  faisceaux  fermé  antérieurement. 

»  Les  cercles  des  deux  pétioles  secondaires  terminaux  '  unissent  en  un  seiyl  dans  le 
rachis  principal  en  isolant  temporairement  un  faisceau  dans  son  intérieur. 

»  Aux  niveaux  des  rentrées  des  pétioles  secondaires  inférieurs,  leurs  cercles  se 
fondent  de  même  dans  le  cercle  unique  un  peu  déformé  du  rachis  principal,  et,  chaque 
fois,  il  s'isole  encore  un  ou  plusieurs  faisceaux  permanents  dans  son  intérieur.  Ces 
rentrées  successives  déterminent  ainsi,  dans  la  base  du  rachis,  la  formation  d'un  cercle 
externe  de  faisceaux  entourant  complètement  un  second  cercle  interne  excentrique 
qui  enserre  lui-mênie  à  son  intérieur  un  faisceau  représentatif  d' un  troisième 
cercle.  C'est  là  une  disposition  qui  rappelle  d'une  façon  frappante  celle  de  VAn- 
giopteris  evecta, 

»  Résumé.  —  Les  traces  foliolaires  ne  sont  réellement  iinifasciculées  que 
dans  le  g.  Cycas ;  ailleurs  elles  sont  plus  ou  moins  plurifasciculées. 

»  La  forme  typique  en  ù  ne  se  montre  visible  que  chez  les  Cycas,  Dioon, 
Ceratozamia,  la  plupart  des  Zamia  et  certains  Macrozamia,  mais  partout  il 
y  a  indication  de  pli  latéral  qui  caractérise  cet  arc. 

»  Dans  le  g.  Encephalartos,  chez  certains  Zamia  et  Macrozamia,  l'arc 
foliaire  présente,  dans  la  base  du  pétiole,  une  complication  parfois  consi- 
dérable due  à  des  tensions  et  à  des  déplacements  de  faisceaux  que  nous 
attribuons  à  des  plissements  de  l'arc  foliaire. 

»  Dans  les  g.  Stangeria  et  Bowenia,  l'arc  foliaire  est  assez  différent  des 
précédents  et  celui  du  second  a  la  même  forme  que  dans  V Angiopteris , 

»  Cette  étude  s'applique  à  des  feuilles  adultes  de  troncs  d'un  âge  mûr; 
la  forme  de  l'arc  foliaire  dans  les  feuilles  de  jeunes  individus  est  généra- 
lement plus  simple  et  elle  peut  même  présenter  d'autres  caractères.   » 


SÉANCE    DU    6    JUILLET    1903.  83 


GÉOLOGIE.  "  Sur  deux  horizons  à  Céphalopodes  du  Déi^onien  supérieur  dans 
le  Sahara  oranais.  Note  de  M.  Emile  Haug,  présentée  par  M.  Munier- 
Chalmas. 

«  L'existence  de  terrains  paléozoïques  dans  le  nord  du  Sahara  est  connue 
de  longue  date,  mais  ce  n'est  qu'en  1901  que  le  Dévonien  fut  signalé  dans 
l'Extrême  Sud  oranais  par  M.  Flamand  ('),  d'après  des  échantillons  recueillis 
près  de  Charouin,  dans  le  Gourara,  pur  M.  le  commandant  Laquière. 
Calceola  sandalina  démontre  bien  la  présence,  en  ce  point,  de  l'étage 
inférieur  du  Dévonien  moyen.  C'est  à  M.  Emile  Gautier  (-)  qu'est  due  la 
découverte,  dans  la  même  région  et  dans  l'oued  Saoura,  de  Céphalopodes 
indiquant  l'existence  du  Dévonien  supérieur  ('). 

»  Je  parlerai  d'abord  d'un  lot  de  fossiles,  recueilli  par  M.  Emile  Gautier  à  Fgagira, 
dans  le  Gourara,  qui  représente  un  horizon  bien  connu  en  Europe,  appartenant  à  la 
partie  inférieure  du  Dévonien  supérieur,  à  l'étage  Frasnien.  M.  Gautier  ('•)  a  publié 
une  coupe  de  la  localité  de  Fgagiva,  dans  laquelle  il  attribue,  sur  des  déterminations 
provisoires,  au  sommet  du  Dévonien  moyen  les  «  minces  couches  calcaires  avec  bancs 
»  épais  d'argiles  intercalés  »,  d'où  proviennent  les  fossiles  en  question.  J'ai  sous  les 
yeux  plusieurs  plaquettes  de  calcaire  cristallin,  couvertes  à  la  surface  de  nombreux 
fossiles,  en  général  d'une  belle  conservation.  Sur  quelques-unes  prédominent  des  Or- 
thoceras  indéterminables,  sur  d'autres  se  trouvent  en  grand  nombre  de  très  beaux 
exemplaires  de  Bactrites  carinatus  Mûnst.  sp. 

»  Les  Goniatites  sont  plus  rares,  mais  Tornoceras  simplex  Buch  et  Gephyroceras 
intumescens  Beyr.  sont  représentés  par  plusieurs  échantillons.  Enfin,  sur  une  autre 
plaquette,  se  volent  plusieurs  exemplaires  de  Buchiola  vetrostriata  Buch  sp. 

»  L'association  de  Tornoceras  simplex,  de  GepJiyroceras  intumescens  et  de  Bac- 
trites carinatus  indique  avec  certitude  la  présence,  à  Fgagira,  de  la  zone  à  Gephyro- 


(^)   Comptes  rendus,  i"""  juillet  1901. 

(")  Ibid.,  8  décembre  1902. 

(^)  M.,  Emile  Gautier  ayant  bien  voulu,  sur  la  demande  de  M.  Douvillé,  mettre  à 
ma  disposition  les  matériaux  recueillis  dans  ses  deux  voyages  (1902  et  igoS)  dans 
l'Extrême  Sud  oranais,  je  suis  à  môme  de  donner  aujourd'hui  le  résultat  de  mes  déter- 
minations paléonlologiques.  Je  dois  également  à  M.  le  lieutenant  Bavière,  du  poste  de 
Beni-Abbès,  un  lot  de  Céphalopodes  qui  m'a  été  obligeamment  remis  par  M.  Paul 
Lemoine.  Je  tiens  à  adresser  ici  tous  mes  remercîments  à  jNLM.  Gautier  et  Bavière, 
ainsi  qu'à  MM.  Douvillé  et  Lemoine. 

(*)  Emile-F.  Gautier,  Sahara  oranais  [Annales  de  Géogr.,  n"  63,  i5  mai  igoS, 
p.  235-259;  Carte  PL  IV,  8  figures  {\o\v  fig.  2,  p.  244)]- 


84  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

ceras  intumescens,  second  niveau  du  Dévonien  supérieur,  dans  la  classification  publiée 
récemment  par  M.  Frech  (  ^). 

»  Cet  horizon  se  rencontre,  comme  on  sait,  à  Cabrières,  au  Martenberg,  à  Biides- 
heim,  etc.,  ainsi  que  dans  le  Timan. 

))  Un  niveau  incontestablement  plus  élevé  a  fourni  à  M.  Gautier  des  séries  beaucoup 
plus  riches.  Il  est  représenté  en  deux  points,  distants  d'ailleurs  d'environ  220'''°,  à 
CharoLiin,  dans  le  Gourara,  au  nord-est  de  Fgagira,  et  à  Beni-Abbès,  sur  l'oued 
Saoura,  au  sud-est  d'Igli. 

»  Le  gisement  de  Beni-Abbès  était  faiblement  représenté  dans  la  série  d'échantil- 
lons rapportés  par  M.  Gautier  lors  de  son  premier  voyage;  en  revanche,  j'ai  mainte- 
nant entre  les  ma-ins  un  lot  très  important  recueilli  à  la  même  localité  en  mars  1908 
par  M.  Gautier  et  par  M.  le  lieutenant  Bavière.  Les  Céphalopodes  sont  remarquables 
par  le  nombre  des  exemplaires,  la  variété  des  espèces  et  leur  bel  état  de  conservation. 
Ce  sont  des  moules  internes  calcaires,  colorés  en  rouge  par  du  sesquioxyde  de  fer 
anhydre;  les  détails  de  l'ornementation  et  les  cloisons  y  sont  nettement  visibles, 

»  J'ai  été  frappé  de  la  ressemblance  extérieure  que  présentent  les  échantillons  de 
Beni-Abbès  avec  ceux  de  certaines  localités  dévoniennes  de  l'Allemagne  centrale.  On 
va  voir  par  la  liste  ci-dessous  que  la  ressemblance  n'est  pas  seulement  extérieure  et 
qu'elle  porte  également  sur  le  caractère  paléontologique  de  la  série.  Voici  l'énuméra- 
tion  des  espèces  que  j'ai  pu  reconnaître  parmi  mes  matériaux  de  Beni-Abbès  : 

»  C liiloceras  subpartitum  Miinst.;  Sporadoceras  subbilobatiun  Miinst.;  id.  var. 
meridionalis  Frech.;  Sporadoceras  n.  sp.  (ou  Meneceras,  avec  le  péristome  muni 
d'une  apophyse  jugale)  ;  Aganides  sulcatus  Miinst.;  Clymenia  lœvigaia  Mûnst.;  Cl. 
cf.  pygniœa  Mûnst.;  Cl.  cf.  flexuosa  Mûnst.;  Cl.  annulata  Mûnst.  (nombreux 
exemplaires);  CL  subnautilina  Sandb.;  Cl.  n.  sp.  afF.  intracostata  ¥vQch.\  CL  n.  sp. 
afT.  plurisepta  Phil.;  Cl.  n.  sp.  (tours  beaucoup  plus  embrassants  que  la  précédente, 
section  ovale);  CL  n.  sp.;  Cl.  spinosa  Mûnst.;  Oxyclyinenia  striata  Mûnst.;  Or- 
thoceras  pi.  sp.;  Phacops  cœcus  Gûrich.;  Capulus  (?)  (Drevermann,  Fauna  der  ober- 
dev.  Tuffbreccie  von  Langenaubach,  PL  XIV,  fig.  11);  Buchiola  retrostriata  Buch.; 
Posidononiya  venusta  Mûnst. 

»  Ce  qui  frappe  d'ailleurs,  dans  cette  liste,  c'est  la  prédominance  des  espèces  du 
genre  Clymenia  s.  str.  et  l'absence  totale  des  Gonioclymenia.  C'est  précisément  là  le 
caractère  qui  différencie  le  niveau  inférieur  du  calcaire  à  Clyménies  de  la  Westphalie 
et  du  Nassau,  la  zone  à  Clymenia  annulata  àe  MM.  Denckmann  etLotz  (-),  du  niveau 
supérieur,  de  la  zone  à  Gonioclymenia  speciosa. 

»  Je  ne  doute  pas  que  ce  soit  le  niveau  inférieur  qui  se  trouve  représenté  à  Beni- 
Abbès  à  l'exclusion  du  niveau  supérieur.  Le  reste  de  la  faune  milite  également  en 
faveur  de  cette  conclusion.  Il  est  rare  de  trouver,  à  des  distances  aussi  considérables 
que  celle  qui  sépare  le  Sahara  oranais  du  Nassau,  une  association  de  formes  aussi 
remarquablement  identiques  dans  des  couches  appartenant  au  même  horizon. 


(*)  Fr.  Frech,  Veber  devonische  Ammoneen  {Beitr.  z.  Pal.  u.  Geol.  Œster.-Ung., 
t.  XIV,  p.  27-112,  P/. //-r,-  1902). 
C)  V.  Frech,  loc  cit.,  p.  104. 


SÉANCE    DU    6    JUILLET    IpoS.  85 

»  Quant  à  la  seconde  localité  de  calcaires  à  Clyménies,  celle  de  Charouin,  dans  le 
Gourara,  elle  a  fourni  jusqu'à  présent  un  nombre  d'espèces  bien  inférieur  à  celle  de 
Beni-Abbès.  Parmi  les  matériaux  recueillis  par  M.  Gautier  ne  se  trouvent  que  quelques 
exemplaires  de  Clymenia  lœvigata,  assez  bien  conservés,  mais  toutefois  partielle- 
ment polis  par  le  sable,  et  plusieurs  Goniatites  indéterminables.  Le  niveau  est  proba- 
blement le  même  qu'à  Beni-Abbès,  quoique  le  facie?  minéralogique  soit  assez  différent. 
Les  calcaires  rouge  violacé  sont  beaucoup  plus  compacts  et  rappellent  beaucoup  cer- 
tains marbres  griotte. 

»  En  résumé,  on  connaît  aujourd'hui  clans  le  Sahara  oranais,  grâce  aux 
explorations  de  M.  Gautier,  deux  niveaux  fossilifères  du  Dévonien  supé- 
rieur, nettement  définis  par  des  faunes  riches  et  bien  caractérisliques.  Leurs 
affinités  paléontologiques  avec  les  couches  de  même  âge  de  l'Allemagne 
centrale  sont  tout  à  fait  remarquables  et  accentuent  encore  le  caractère 
«  hercynien  »  ou  mieux  «  armoricain-varisque  »  des  chaînes  paléozoïques 
du  Sahara  septentrional,  sur  lequel  plusieurs  auteurs  ont  déjà  insisté.    » 


GÉOGRAPHIE   PHYSIQUE.  —  Sur  les  variations  de  la  Meuse  à  l'époque  quater- 
naire. Note  de  M.  Paul  Kois,  présentée  par  M.  de  Lapparent. 

«  L'étude  attentive  des  rivières,  de  leur  régime,  de  leurs  terrasses,  la 
comparaison  de  la  section  des  vallées  avec  la  surface  qu'elles  drainent, 
l'interprétation  des  formes  topographiques  du  sol,  montrent  qu'à  partir 
de  l'époque  paléolithique,  le  bassin  de  la  Meuse  française  a  éprouvé  des 
variations  considérables,  qui  ont  laissé  de  profondes  empreintes  dans  la 
physionomie  actuelle  du  pays  (  *  ). 

»  Ce  bassin  englobait,  à  l'est,  les  hautes  vallées  de  l'Orne,  du  Rupt  de 
Madt,  du  Terrouin  et  celle  de  la  Moselle  en  amont  de  Toul;  à  l'ouest,  la 
Voire,  la  Marne  avec  ses  affluents  dans  la  région  du  Perthois,  l'Aisne  en 
amont  d'Attigny  et  l'Aire. 

»  Il  était  limité  à  l'ouest  par  la  falaise  crétacée  et  à  l'est  par  l'ancienne 
falaise  corallienne  du  Jarnisy  et  du  pays  de  Haye. 

»  Un  grand  nombre  de  ses  affluents  avaient  une  assez  grande  puissance. 

»  La  Saônelle  drainait  tout  le  pays  oolilhique  entre  Coussey,  Chaumont  et  Langres. 
Le  Vair,  outre  son  bassin  actuel,  occupait  celui  du  Haut-Madon  en  amont  de  Mire- 
court.  La   Haute-Moselle  tout  entière,  au  lieu  de  rebrousser  à  Toul,  continuait  son 


(')  Voir  notamment  les  travaux  publiés  par  M.  VV.  Morris-Davis. 


86  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

cours  vers  l'ouest  et  venait,  par  le  Val-de-l'Ane,  confluer  à  Pagny-sur-Meuse.  Ses 
eaux  coulaient  à  45"'  au-dessus  du  fond  de  la  vallée  actuelle.  La  Loison  et  l'Olhain 
prenaient  leur  source  plus  au  sud  et  recueillaient  les  eaux  du  plateau  corallien  qui 
recouvrait  encore  tout  le  pays  de  Woëvres. 

»  Enfin,  un  affluent,  que  nous  désignerons  sous  le  nom  de  Marne-Bar,  prenait  sa 
source  au  nord  de  Chaumont,  suivait  le  cours  de  la  Marne  jusque  Saint-Dizier;  puis, 
se  dirigeant  vers  le  nord  par-dessus  le  seuil  delà  forêt  de  Belnoue,  venait  rejoindre  le 
cours  de  l'Aisne,  passait  au  défilé  du  Grand-Pré  et  atteignait  la  Meuse  par  la  vallée  de 
l'Agron  puis  celle  de  la  Bar.  Il  recueillait  au  passage  tous  les  affluents  de  la  Marne  et 
de  l'Aisne  compris  entre  la  falaise  crétacée  et  la  Meuse  actuelle. 

»  Le  bassin  de  cette  rivière  avait  8000*"""  de  superficie;  celui  de  sa  voisine,  la  Meuse, 
avait  à  Mouzon  g 500*^"''  d'étendue.  Aussi  s'explique-t-on  que  les  vallées  creusées  par 
ces  deux  cours  d'eau,  à  travers  les  calcaires  oolithiques,  aient  à  peu  près  une  égale 
importance. 

»  L'ancienne  Marne-Bar  coulait  à  70™  en  moyenne  au-dessus  du  lit  de  l'Aisne 
actuelle  et  à  5o'"  au-dessus  de  la  Marne;  son  altitude,  repérée  au  seuil  de  Belnoue  par 
les  alluvions,  atteignait  i85". 

»  A  la  môme  épo([ue,  l'Aube  ne  recevait  pas  le  tribut  de  la  Voire,  la  Marne  prenait 
naissance  sur  le  plateau  crayeux  delà  Champagne  et  l'Aisne  ne  dépassait  pas  vers  l'est 
le  bombement  jurassique  voisin  d'Attigny. 

»  Ces  affluents  de  la  Seine  étaient  fortement  en  contrebas  du  cours  de  la  Marne-Bar. 
Tous  avaient  la  limpidité  et  l'allure  tranquille  des  rivières  de  contrées  perméables;  ils 
imposaient  leur  régime  au  collecteur  en  aval  de  Paris.  Aussi  la  Seine,  dans  son  cours 
inférieur,  remplissait-elle  sa  vallée  d'une  épaisse  couche  de  tourbe,  où  l'on  a  recueilli 
des  restes  humains. 

f>  A  droite  de  la  Meuse,  la  Meurlhe  quaternaire  coulait,  vers  Metz,  à  45™  au-dessus 
de  son  lit  actuel.  Ses  affluents  de  rive  gauche,  relevés  d'autant,  ne  dépassaient  pas  les 
limites  du  Jarnisy  et  du  pays  de  Haye. 

»  La  Seille,  à  Pournoy-Ia-Chétive,  tournait  à  droite  et,  longeant  la  faille  de 
Mécleuves,  rejoignait  laNied  à  Courcelles. 

»  Toute  la  contrée  comprise  entre  la  Champagne  et  les  Vosges  était 
fermée  au  nord  par  les  massifs  forestiers  de  l'Ardenne,  du  Luxembourg  et 
du  Palatinat,  au  sud  par  ceux  de  Clairvaux,  du  Bassigny  et  des  Faucilles. 
Une  série  de  rivières  parallèles,  violentes  ou  marécageuses,  alternant  avec 
de  longues  bandes  continues  de  forêts  orientées  du  sud  au  nord,  rendaient 
la  pénétration  très  difficile  par  l'est  ou  par  l'ouest. 

))  Aussi  les  restes  de  l'industrie  paléolithique,  qui  sont  très  répandus  dans 
la  Champagne,  sont-ils  presque  inconnus  entre  cette  contrée  et  le  Rhin. 

»  Tel  était  l'état  du  pays,  lorsqu'une  série  d'événements,  en  pratiquant 
des  trouées  à  travers  tous  ces  obstacles,  vint  ouvrir  la  région  à  l'activité  de 
l'homme. 

»  La  Meurthe  à  Frouard  avait  un  bassin  plus  étendu  et  plus  ramassé  que 


SÉANCE    DU    6   JUILLET    igoS.  87 

celui  de  la  Moselle;  elle  recevait  un  puissant  appel  du  Rhin;  aussi  creusait- 
elle  son  lit  avec  plus  d'énergie.  A  un  moment  donné,  un  de  ses  affluents,  le 
Terrouin,  dans  son  allongement  vers  l'ouest,  vint  surprendre  la  Moselle  à 
Toul  et  l'entraîna  vers  Frouard.  Les  deux  rivières,  désormais  réunies,  joi- 
gnant leurs  efforts,  creusèrent  leur  vallée  commune  avec  une  énergie  dou- 
blée, et  l'enfoncèrent  d'environ  45™. 

»  Les  affluents,  sous  leur  impulsion,  entreprirent  une  violente  campagne 
d'érosion  régressive. 

»  Le  Bas  Madon  capturait  le  Haut  Vair  et  décapitait  l'Arot.  La  Seille,  surprise  à 
Pournoy,  était  entraînée  dans  la  Moselle.  Le  Rupt  de  Madt,  l'Orne  et  le  Terrouin 
sapaient  le  support  argileux  de  la  falaise  corallienne  et,  la  faisant  reculer  jusqu'aux 
côtes  de  Meuse,  nivelaient  sur  son  emplacement  les  plaines  des  Woëvres.  Par  le  fait 
de  ces  captures,  la  Meuse  perdait  sur  sa  droite  45oo'^'"  de  bassin.  Frappée  de  paralysie, 
elle  cessa  de  rouler  ses  alluvions  pour  les  déposer  dans  son  lit. 

»  Pendant  ce  temps  l'Aube,  la  Marne  et  l'Aisne  continuaient  lentement  leur  évo- 
lution et  creusaient  progressivement  leur  sillon. 

»  L'Aube  atteignait  bientôt  la  Voire;  puis  la  Marne  champenoise  capturait  sa  voi- 
sine du  Vallage,  déblayait  le  Perthois  et  allait  conquérir  jusqu'à  Chaumont  la  haute 
vallée  de  la  Saônelle.  Enfin,  l'Aire  perçait  le  bombement  d'Attigny  et  venait  détourner, 
au  défilé  de  Grand-Pré,  tout  le  reste  de  la  Marne-Bar.  Avec  cette  dernière,  la  Meuse  a 
perdu  7500"^"^-  de  son  bassin.  Des  2i5oo'""-  qu'elle  drainait  autrefois  en  amont  de 
Mézières,  il  ne  lui  en  reste  plus  que  7300  à  l'heure  actuelle. 

»  L'Aube  et  la  Marne  ainsi  renforcées  se  sont  partagé  les  têtes  champenoises  des 
rivières  de  Brie. 

»  La  Marne  et  l'Aisne,  devenues  torrentielles,  entraînèrent  leurs  troubles  jusque 
dans  la  basse  Seine  et  recouvrirent  son  fond  tourbeux  d'une  couche  de  4"^  de  fertiles 
alluvions. 

»  La  Lorraine  et  le  Barrois  avaient  dès  lors  leiu' aspect  actuel;  mais  la 
lutte  entre  les  rivières  ne  semble  pas  terminée  et  il  est  permis  d'entrevoir 
dans  l'avenir  que  les  derniers  restes  de  la  Meuse  française  seront  soutirés 
par  les  vallées  de  la  Bar  et  de  l'Ingressin,  et  que  la  Seine  sera  alors  direc- 
tement aux  prises  avec  le  Rhin. 

»  Par  toutes  les  captures,  de  larges  brèches  ont  été  creusées  dans  les 
anciennes  barrières,  les  grandes  voies  historiques  se  sont  ouvertes  de 
l'ouest  à  l'est  au  commerce  comme  à  la  guerre,  l'homme  a  pu  pénétrer 
en  Lorraine,  ainsi  que  le  prouvent  les  restes  de  l'industrie  néolithique  qui 
s'y  sont  rencontrés. 

»  Plus  taixl  les  routes,  les  canaux  et  les  voies  ferrées  ont  utilisé  les 
mêmes  passages  naturels,  dont  l'ouverture  avait  été  si  laborieuse. 

»  En  terminant,  il  est  curieux  de  remarquer  qiie  la  liitte  épique  des 


88  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

rivières,  qui  a  livré  à  l'homme  l'accès  des  plateaux  lorrains,  n'a  fail  que 
préparer  le  théâtre  ou  devaient  se  dérouler  les  guerres  acharnées  de  deux 
races,  depuis  la  plus  haute  antiquité  jusqu'à  nos  jours.  » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.    —  Sur  la  ré iro gradation  de  l'empois  d'amidon. 
Note  de  M.  L.  Maquenne,  présentée  par  M.  Roux. 

«  On  sait  depuis  longtemps  que  certaines  variétés  d'amylodextrines 
perdent  d'elles-mêmes  leur  solubilité  dans  l'eau,  mais  jusqu'ici  on  n'a  encore 
signalé  explicitement  aucune  transformation  moléculaire  de  l'amidon  sim- 
plement gélifié.  La  seule  indication  précise  qui,  à  ma  connaissance,  se 
rapproche  des  faits  exposés  dans  celle  Note  nous  a  été  fournie  par  M.  Lindet, 
qui  attribue  le  rassissement  du  pain  à  une  rétrogradation  de  Tamylodexlrine 
ou  de  l'amidon  muqueux  et  montre,  en  effet,  que  dans  la  mie  la  quantité 
d'amidon  inattaquable  par  l'acide  chlorhydrique  dilué,  à  la  température  de 
36*^,  augmente  à  mesure  qu'on  s'éloigne  du  moment  de  la  cuisson  ('). 

»  Il  suffit  cependant  de  maintenir  pendant  quelques  jours,  en  milieu 
aseptique,  une  gelée  homogène  d'amidon,  pour  la  voir,  de  translucide 
qu'elle  était  d'abord,  devenir  peu  à  peu  opaque  et  finalement  déposer  des 
grumeaux  dont  l'apparition  rappelle  le  phénomène  de  la  contraction  du 
coagulum,  étudié  autrefois  par  Grimaux.  J'ai  reconnu  que  ce  changement 
d'aspect  est  dû  à  une  transformation  de  l'amidon,  qui  tend  à  prendre  la 
forme  d'amylocellulose  décrite  par  Brown  et  Héron. 

))  Non  colorable  par  l'iode,  inattaquable  par  le  malt,  très  lentement 
hydrolysée  par  les  acides  minéraux  étendus  et  bouillants  (-),  cette  matière 
se  dissout  au  contraire  assez  bien  dans  une  lessive  de  potasse,  et  la  liqueur 
neutralisée  se  colore  à  nouveau  par  l'iode  en  bleu  pur  :  ce  caractère, 
déjà  reconnu  par  Brown  et  Héron,  semble  indiquer  dans  l'amylocellulose 
la  présence  d'une  fonction  lactonique,  résultant  sans  doute  d'une  déshy- 
dratation partielle  de  la  molécule  primitive  d'amidon. 

»  La  transformation  est  progressive;  sa  vitesse  décroît  avec  le  temps 
sans  devenir  nulle  après  20  jours  de  conservation  ;  elle  s'observe  enfin  avec 


(*)  Comptes  rendus,  l.  CXXXIV,  p.  908  et  Bult.  Soc.  chbn.,  3«  série,  t,  XXVII, 
p.  633. 

(2)  11  se  forme  ainsi  du  glucose  ordinaire,  que  l'on  a  réussi  à  faire  cristalliser, 
comme  avec  l'amidon  normal. 


SÉANCE    DU   6   JUILLET    igoS.  89 

la  pseudo-solution  d'amidon  préparée  à  iSo**  aussi  bien  qu'avec  l'empois 
ordinaire  et  par  conséquent  est  de  nature  purement  chimique,  indépen- 
dante de  l'intervention  de  tout  enzyme  ou  microorganisme. 

»  Les  résultats  suivants  donneront  une  idée  suffisante  de  l'allure  géné- 
rale du  phénomène. 

»  Expérience  I.  —  2s  de  fécule  (non  desséchée)  par  essai;  on  gélifie  par  un  chauf- 
fage de  5  minutes  à  100"  avec  ^o*^™^  d'eau,  on  conserve  avec  quelques  gouttes  de 
toluène,  puis  on  saccharifie  à  froid,  par  20*""'  d'une  même  solution  d'amylase.  Après 
24  heures  on  filtre  et  l'on  dose  l'extrait  sec  dans  la  liqueur  claire,  en  négligeant  la 

matière  soluble  apportée  par  le  malt  (environ  os,3). 

Perte  en  matière 
Extrait  soluble 

sec -^ — — ^ 

total.  absolue.  poui*  100. 

g 
Début 2,0682 

Après     2  jours 1,9518  0,1 164  5,6 

»         4  jours 1,91 52  o,i53o  7,4 

»        8  jours 1,8384  0,2298  11,1 

»        10  jours 1,7898  0,2784  i3,4 

»  Expérience  II.  —  2s  de  fécule  dans  4o"'"'  d'eau;  on  gélifie  par  2  minutes  de 
chauffe  dans  un  bain  d'eau  bouillante,  puis  on  maintient  pendant  i5  minutes  en  auto- 
clave à  110°  et  l'on  conserve  sans  addition.  La  saccharification  est  faite  à  froid 
par  10'='"'  d'une  même  infusion  de  malt  (i5s  pour  i5o'^'"'  d'eau)  et  en  présence  de 
toluène.  Après  24  heures,  on  dose  dans  les  liqueurs  filtrées  l'extrait  sec  et  le  maltose, 
en  tenant  compte,  celte  fois,  des  apports  imputables  à  la  solution  de  diastase  (08,174 
de  matière  soluble  et  0^,0828  de  maltose  pour  lo*^"*'). 

»  Le  dosage  du  maltose  a  été  effectué  par  la  méthode  à  l'hyposulfite  de  sodium, 
que  j'ai  décrite  il  y  a  quelques  années  (*). 

Différences  pour  100.  Rapport  du 

Matière  Maltose  - — ^i— — - — --  maltose  à 

soluble.  formé.  Extrait  sec.  Maltose.         l'extrait  sec. 

s  e 

Début Ij7io  1,206  »  »  o,7o5 

Après  2  jours....  i,634  1,1 36  4,4  5,8  o>695 

»  4  »  ••••  i,6o4  1,123  6,2  6,9  0,700 

»  6  »  ....  1,584  1,110  7,3  8,0  0,701 

»  8  f)  ....  i,56i  1,100  8,7  8,8  0,705 

»  12  »  ....  1,546  1,080  9,6  10,4  0,698 

»  16  »  ....  i,53i  1,066  10,5  11,6  0,696 

»  20  »  ....  i,5i5  i,o53  11,4  12,7  0,695 

»   Ces  chiffres  montrent  que  l'extrait  sec  renferme  constamment  la  même  propor- 


(*)  Bull.  Soc.  chini.,  Z^  série,  t.  XIX,  p.  926. 
G.  R.,  1900,  1'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  1.) 


12 


90  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

lion  centésimale  de  maltose;  la  portion  d'empois  qui  reste  attaquable  est  donc  tou- 
jours identique  à  elle-même,  ce  qui  témoigne  de  l'homogépéité  de  la  matière  pre- 
mière et  exclut  l'hypothèse  d'un  dédoublement  possible  de  la  fécule  en  deux  principes 
distincts,  dont  l'un  serait  transformable  en  maltose  et  l'autre  non  saccharifiable. 

»  Expérience  Ht.  —  200s  d'empois  de  fécule  à  4  pour  100  par  essai;  on  stérilise  par 
i5  minutes  de  chauffe  à  120°  et  l'on  saccharifîe  par  aS*^™^  d'extrait  de  malt,  à  froid.  Au 
bout  de  24  heures  on  dose  le  résidu  insoluble^  par  dessiccation  sur  filtre  taré  à  110°. 

Résidu  insoluble 
absolu.         pour  loo. 

Début 0.108  1,35 

Après    2  jours o ,  2 1 3  2 ,  66 

»         4     »     0,429  5,36 

»        6     »     o,566  7;  07 

»         8     »     o ,  665  8 , 3 1 

»       12     »     0,730  9>  12 

»  On  voit  qu'après  deux  semaines  la  rétrogradation  de  l'empois  atteint  environ  le 
dixième  de  la  masse  totale,  sans  être  encore  complètement  arrêtée.  Cette  substance 
est  donc  susceptible  de  se  transformer  spontanément  en  amjlocellulose,  c'est-à-dire 
en  un  corps  qui  n'est  plus  attaquable  par  les  diastases  du  malt;  sa  transformation 
s'accomplit  lentement,  avec  une  vitesse  décroissante,  ce  qui  porte  à  croire  qu'elle  est 
limitée;  enfin  il  semble  qu'elle  soit  d'autant  plus  rapide  que  l'amidon  a  été  moins 
fortement  chauffé  au  moment  de  sa  gélification. 

»  Il  est  vraisemblable  qu'elle  est  influencée  par  la  présence  des  matières  minérales 
que  renferme  la  fécule  ou  que  l'eau  arrache  au  verre  pendant  la  stérilisation;  c'est  un 
point  sur  lequel  je  me  propose  d'entref)rendre  de  nouvelles  recherches.  » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.    —   Sur  une  bactérie  oxydante,  son  action  sur  L'alcool 
et  la  glycérine.  Note  de  M.  R.  Sazerac,  présentée  par  M.  Roux. 

«  En  étudiant  un  vinaigre  de  vin,  je  fus  frappé  de  la  propriété  qu'il 
possédait  de  réduire  fortement  à  froid  la  liqueur  de  Fehling,  alors  que  la 
cuve  d'acétification  ne  contenait  pas  la  bactérie  du  sorbose  dont  la  pré- 
sence eût  pu  expliquer  le  pouvoir  réducteur  du  liquide,  par  son  action  sur 
la  glycérine  du  vin.  On  sait  en  effet  depuis  les  travaux  de  M.  G.  Bertrand, 
que  la  bactérie  du  sorbose  transforme  la  glycérine  en  un  sucre  possédant 
le  pouvoir  réducleur  à  froid,  la  dioxyacétone  (^). 

»   En  ensemençant  quelques  gouttes  du  vinaigre  en   question  sur  du 

(')  Comijtes  rendus,  t.  CXXVl,  1898,  p.  842. 


SÉANCE   DU   6   JUILLET    IQoS.  91 

bouillon  (le  levure  glycérine,  j'obtins  des  cultures  qui  au  bout  de  peu  de 
temps  réduisaient  lo  réactif  cupropotassique.  Le  voile  microbien  formé 
contenait  un  microbe  fort  différent,  par  sa  forme,  du  mjcoderma  aceti  et 
de  la  bactérie  du  sorbose.  Isolé  avec  soin  sur  plaques  de  gélose  glycérinée 
à  2  pour  100,  il  donna  constamment,  sur  bouillan  glycérine,  des  cultures 
bien  homogènes  et  possédant  le  pouvoir  réducteur  à  froid. 

»  C'est  un  bactérium  assez  gros,  dont  les  articles  croissent  isolés  ou  associés  deux 
par  deux,  quelquefois  en  forme  de  V. 

))  Il  se  colore  facilement  par  les  couleurs  basiques  d'aniline,  de  préférence  par  le 
violet  de  gentiane.  Il  ne  prend  pas  le  Gramm. 

»  Son  milieu  d'élection  est  le  bouillon  de  levure  glycérine  à  2  pour  100.  Sa  tempé- 
rature d'élection  est  au  voisinage  de  aS^-So". 

»  Il  ne  cultive  pas  sur  bouillon  de  viande.  On  n'obtient  pas  de  colonies  sur  pomme 
de  terre.  Sur  gélose  glycérinée,  la  culture  est  facile  et  donne  des  colonies  épaisses.  Je 
n'ai  pas  réussi  à  obtenir  de  cultures  sur  le  milieu  artificiel  de  Pasteur  qui  convient 
bien  au  mycoderma  aceti. 

»  Provenant  d'une  cuve  d'acétification  en  pleine  marche,  ce  bactérium 
pouvait  être  considéré,  jusqu'à  un  certain  point,  comme  un  microbe  acéli- 
fiant.  Toutefois  l'expérience  montre  qu'il  consomme  difficilement  l'alcool 
éthylique.  Il  cultive  mal  sur  le  bouillon  de  levure  alcoolisé  et  le  rendement 
maximum  en  acide  acétique  correspond  à  peine  à  la  combustion  de  5o 
pour  100  de  l'alcool  à  acétifier,  comme  il  résulte  de  l'expérience  suivante  : 

»  Une  série  de  matras  coniques  contenant  5o*^™'  de  bouillon  de  levure  alcoolisé  à 
4  pour  100  sont  ensemencés  avec  le  bactérium  et  mis  à  l'étuve  à  3o°.  L'acidité  totale 
calculée  en  acide  acétique  donne  pour  des  intervalles  de  48  heures  les  cliifTres  sui- 
vants : 

Après 

2  jours.  4  jours.  G  jours.  8  jours.         10  jours.         12  jours.         ip  jours, 

os,  i35         os,432         os,  689         os,  585         os,852         os,555         os,495 

»  On  obtient  donc  un  poids  maximum  de  oS,852  en  acide  acétique,  alors  que  le 
liquide  de  culture  contient  environ  2S  d'alcool. 

»  Ces  résultats  différencient  encore  le  microbe  étudié  du  mycoderma 
aceti  et  de  la  bactérie  du  sorbose  qui,  tous  deux,  acétifient  rapidement  et 
en  totalité  l'alcool  qui  leur  est  offert. 

»  Toutefois  ce  microbe  oxydant  semble  se  rapprocher  sensiblement  de 
la   bactérie  du  sorbose  au  point  de  vue  de  son  action  biochimique  sur  les 


92  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

alcools  polyatomiques.  Yis-à-vis  de  la  glycérine  son  action  est  identique. 
A  ce  titre  il  s'éloigne  encore  du  Tnycoderma  aceti  dont  l'action  sur  la  glycé- 
rine, bien  que  très  lente,  correspond  à  une  combustion  complète,  ainsi 
qu'il  résulte  d'un  travail  publié  en  collaboration  avec  M.  Bertrand  ('  ). 

»  L'extraction  du  corps  réducteur  contenu  dans  les  cultures  de  bouillon  glycérine 
peut  être  faite  par  la  méthode  indiquée  par  M.  G.  Bertrand  pour  la  dioxyacétone  des 
cultures  de  bactérie  du  sorbose  (^).  Le  sirop  obtenu  est  combiné  au  bisulfite  de 
sodium  en  solution  concentrée.  La  combinaison  résultante  correspond  au  composé 
bisulfitique  donné  par  la  dioxyacétone  comme  le  prouve  le  dosage  du  sodium  à  l'état 
de  sulfate ;"en  effet,  le  poids  de  sodium  contenu  dans  rs  de  la  combinaison  bisulfitique 
est  de  os,  1176;  dans  le  cas  du  composé  bisulfitique  de  la  dioxyacétone,  le  poids  du 
sodium  combiné  est  de  o^,  1186. 

»  En  décomposant  la  combinaison  bisulfitique  par  l'acide  sulfurique,  on  obtient 
un  corps  présentant  toutes  les  propriétés  de  la  dioxyacétone.  Il  possède  une  légère 
saveur  sucrée  et  fond  aux  environs  de  60°.  Le  dosage  du  carbone  et  de  l'hydrogène  a 
donné  les  chiffres  suivants  calculés  pour  100: 

0  =  89,95,  H=r6,75 

qui  concordent  bien  avec  les  chiffres  calculés  dans  le  cas  de  la  dioxyacétone 

C=r4o,  Htz=6,66. 

))  J'ai  pu  voir,  en  outre,  que  ce  bactérium  consomme  d'autres  alcools 
polyatomiques,  tels  que  l'érvthrite  et  la  sorbite,  en  donnant  des  corps  qui 
réduisent  à  froid  la  liqueur  de  Fehling,  tandis  qu'avec  certains  autres 
alcools,  tels  que  la  mannite,  il  n'y  a  pas  formation  de  corps  réducteur. 

»  Les  faits  précédents  montrent  qu'il  existe,  dans  certains  vinaigres,  une 
bactérie  oxydante,  toute  différente,  par  sa  forme  et  l'apparence  de  ses 
cultures,  de  la  bactérie  du  sorbose,  et  capable  d'oxyder  rapidement  la  gly- 
cérine pour  la  transformer  en  dioxyacétone.  Cette  bactérie  se  distingue, 
en  outre,  des  microbes  des  vinaigres  décrits  jusqu'ici,  par  son  faible  pou- 
voir acétifiant.  Je  propose  donc  de  la  ranger  dans  la  classe  des  microbes 
oxydants,  en  dehors  des  microbes  acétifiants  par  excellence,  tels  que  le 
mycoderma  aceti.   » 


(*)  Comptes  rendus,  t.  GXXXII,  1901,  p.  io54. 
(*)  Comptes  rendus,  t.  CXXVI,  1898,  p.  984. 


SÉANCE   DU   6   JUILLET    igoS.  98 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  De  la  production  (lu  glucose,  sous  Vin- 
fluence  de  la  vie  asphyxique,  par  les  tissus  du  Bombyx  mori,  aux  diverses 
phases  de  son  évolution.  Note  de  M.  F.  Maigxox,  présentée  par  M.  A. 
Chauveau. 

«  Dans  des  Notes  précédentes,  publiées  avec  M.  Cadéac  {Comptes  ren- 
dus, 28  avril  1902,  16  juin  190  ^-,  12  janvier  igoS,  avril  igoS),  nous  avons 
établi  que  les  tissus  de  Mammifères  élaborent  du  glucose,  lorsqu'on  les 
soumet,  in  vivo  ou  in  vitro,  à  diverses  influences,  telles  que  les  trauma- 
tismes,  ou  la  vie  asphyxique. 

»  Il  était  intéressant  de  vérifier  la  constance  de  cette  fonction  dans  les 
autres  groupes  de  la  série  animale.  Dans  ce  but,  j'ai  entrepris  une  série  de 
recherches,  en  m'adressant  à  des  représentants  des  différentes  classes  de 
Vertébrés  ou  d'Invertébrés. 

»  Dans  cette  Communication,  je  fais  connaître  les  résultats  obtenus  avec 
les  tissus  du  Bombyx  mori  (race  à  cocons  jaunes),  expérimenté  sous  forme 
de  larve,  de  chrysalide  ou  de  papillon. 

»  Claude  Bernard  a  déjà  signalé  la  présence  du  glucose  chez  les 
insectes  adultes,  et  l'absence  de  ce  même  élément  dans  les  formes  lar- 
vaires; le  sucre  apparaissant  pendant  le  stade  de  chrysalide.  Sur  le  Bom- 
byx mori,  j'ai  observé  les  mêmes  phénomènes. 

»  J'ai  constaté  en  outre,  que  les  tissus  de  larve,  de  chrysalide  ou  d'in- 
secte adulte,  renfermant  ou  non  du  glucose,  élaborent  toujours  du  sucre 
lorsqu'on  les  soumet  à  une  vie  asphyxique  de  18  à  il[  heures. 

»  Pour  les  larves,  il  est  nécessaire  d'opérer  sur  les  tissus  des  parois  du  corps,  le 
contenu  intestinal  renfermant  du  glucose  en  abondance.  Pour  cela,  il  suffit  d'inciser 
la  larve  sur  toute  sa  longueur,  et  de  désagréger  la  masse  viscérale  sous  un  filet 
d'eau. 

»  Pour  les  chrysalides  et  les  papillons,  on  peut  se  servir  de  l'insecte  entier  et  vivant  ; 
l'animal  étant  à  jeun,  son  tube  digestif  est  privé  de  sucre. 

»  L'aspliyxie  des  tissus  ou  des  animaux,  vivants  est  réalisée  par  leur  immersion  dans 
un  bain  d'huile.  Ce  dernier  est  stérilisé  et  privé  d'air,  par  une  ébuUition  préalable. 

»  Les  tissus,  ou  animaux,  entiers,  avant  d'être  placés  dans  l'huile,  sont  plongés  pen- 
dant quelques  instants  dans  une  solution  de  fluorure  de  sodium  à  2  pour  100,  pour 
opérer  la  destruction  des  germes  qui  pourraient  se  trouver  en  surface. 

»  En  prenant  ces  précautions,  on  se  met  à  l'abri  de  toute  putréfaction,  les  tissus 
sont  retirés  de  l'huile,  absolument  intacts,  après  un  séjour  de  24  heures. 

»   Le  bain  d'huile  est  maintenu  à  la  température  du  laboratoire. 


94  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  La  recherche  du  glucose  porte  sur  les  bouillons  de  tissus,  préparés  et  déféqués 
comme  il  a  été  dit  dans  les  Notes  précédentes.  La  recherche  qualitative  est  elTectuée 
au  moyen  de  la  phényihydrazine,  et  le  dosage  à  l'aide  de  la  liqueur  de  Fehling. 

»  Les  résultats  en  glucose,  donnés  dans  la  suite,  sont  toujours  ramenés  à  loo?  de 
tissus. 

Expérience  I  (20  juin  1902).  —  Larves  siw  le  point  défiler. 

Parois  du  corps  débarrassées  de  la  masse  intestinale..      Absence  de  glucose 
Quantité  de  glucose  formée   après  une  asphyxie  de 

26  heures 2'"?,  5 

Expérience  // (20  juin).  — Jeunes  cocons  de  un  ou  deux  jours. 

»  Les  uns  renferment  déjà  des  chrysalides,  les  autres  renferment  encore  des  larves. 
Chrysalides  et  larves  sont  séparées  et  font  l'objet  de  deux  expériences. 

Larves  (on   a  opéré  sur  l'animal  entier) Absence  de  glucose 

Quantité  de  glucose  formée  après  22  heures  d'as- 
phyxie    8'"8,  8 

Chrysalides  jeunes Absence  de  glucose 

Quantité  de  glucose  formée  après  22  heures  d'as- 
phyxie    3''s,  7 

Expérience  III  [iQ  juin),  —  Cocons  déjà  anciens 
(le  cinquième  jour  avant  la  première  éclosion). 

Chrysalides Traces   de   glucose 

Quantité  de  glucose  formée  après  17  heures  d'as- 
phyxie   3''S,6 

i<"' juillet.  —  Cocons  sur  le  point  d'éclore 
(même  origine  que  les  précédents,  jour  de  la  première  éclosion). 

Chrysalides Présence  de  glucose 

(il  s'en  est  formé  4*"",  4  depuis  le  26  juin). 
Quantité  de   glucose  formée  par   une    asphyxie    de 

17  heures 0*^2,  7 

Expérience  /F  (7  juillet).  —  Cocons  sur  le  point  d'éclore. 

Chrysalides Présence  de  glucose 

(Quantité  de  glucose  formée  après  17  heures  d'as- 
phyxie,   6'",  5 

Expérience   V  (7  juillet).  —  Papillons. 

De  même  origine  que  les  cocons  de  l'expérience  précé- 
dente. La  plupart  sont  fécondés  et  ont  déjà  pondu. .     Présence  de  glucose 

Quantité  de  glucose  formée  pendant  24  heures  d'as- 
phyxie   6*^8, 6 


SÉANCE    DU    6    JUILLET    igoS.  qS 

))  Conclusions.  —  Des  expériences  qui  précèdent,  il  est  permis  de  tirer 
les  conclusions  suivantes  : 

.  ))  1°  Les  tissus  de  vers  à  soie  ou  de  jeunes  chrysalides  ne  renferment  pas 
Irace  de  glucose,  mais  ils  peuvent  en  produire  par  une  asphyxie  de 
i8  à  24  heures  ; 

»  2*^  Le  sucre  fait  son  apparition  dans  les  tissus  de  l'animal  vers  la  fin 
du  stade  chrvsalidaire.  A  partir  de  ce  moment,  il  augmente  jusqu'à  la  trans- 
formation de  la  chrysalide  en  insecte  parfait,  dans  les  tissus  duquel  on  le 
retrouve  d'une  façon  constante; 

))  3"  Les  chrysalides  anciennes  et  les  papillons,  bien  que  renfermant 
normalement  du  glucose,  jouissent  de  la  faculté  d'en  élaborer  à  nouveau, 
sous  l'influence  de  l'asphyxie.    » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  — Sur  la  production  d' hydrogène  sulfuré  pur  les  extraits 
d'organes  et  les  matières  alhuminoides  en  général.  Note  de  MM.  J.-E. 
Abeloùs  et  H.  RiBAUT,  présentée  par  M.  Bouchard. 

«  En  1888,  M.  J.  de  Rey-Pailhade  a  montré  que,  si  l'on  mélange  du 
soufre  à  de  l'extrait  de  levure  de  bière,  ce  mélange  dégage  de  l'hydrogène 
sulfuré.  Cet  auteur,  pour  expliquer  ce  fait,  admit  qu'il  existait  dans  l'extrait 
de  levure  un  principe  immédiat,  qu'il  appela. philothion,  jouissant  de  la  pro- 
priété d'hydrogéner  le  soufre  à  froid  en  milieu  légèrement  acide.  H  observa 
des  faits  analogues  pour  des  extraits  d'organes  ou  de  tissus  animaux  et  végé- 
taux et  conclut  plus  tard  que  le  philothion  était  un  ferment  soluble  hydro- 
génant,  une  hydrogénase. 

»  Les  recherches  que  nous  avons  entre])rises  tendent  à  montrer  que 
cette  dernière  conclusion  ne  saurait  être  acceptée  et  que  la  production 
d'hydrogène  sulfuré  par  les  extraits  organiques  additionnés  de  soufre  ne 
présente  pas  les  caractères  d'une  action  diastasique. 

»  Avant  nous,  M.  Ernst  Rosing  (Thèse  de  doctorat  de  Rostock,  1891) 
étudiant  l'oxydation  de  l'ovalbumine  en  présence  du  soufre  avait  constaté  : 
i*'  que  la  production  d'hydrogène  sulfuré  était  limitée;  2°  que  les  anti- 
septiques, même  à  forte  dose,  ne  l'empêchaient  pas  et  concluait  que  ces 
deux  ordres  de  faits  plaidaient  contre  la  nature  diastasique  de  la  réaction; 
la  production  d'hydrogène  sulfuré  était  la  conséquence  de  l'oxydation  (de 
l'hydroxylation  selon  ses  propres  termes)  de  l'albumine  en  présence  de 
l'eau. 


96  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»   Voici  les  faits  que  nous  avons  observés  : 

»    1°  Si  l'on  fait  un  extrait  de  foie  (de  cheval  ou  de  veau)  en  présence  de  fluorure 

de  sodium  à  2  pour  100  i  r.  .     l  aa  ]  ;  si  l'on  mélange  cet  extrait  avec  du  soufre  et  si 

l'on  acidifie  légèrement  par  de  l'acide  tartrique,  le  mélange  abandonné  à  une  douce 
température  ou  mieux  à  la  température  de  ^o"  produit  de  l'hydrogène  sulfuré, 

»  2°  Si  l'on  soumet  l'extrait  à  l'ébullition  pendant  quelques  minutes  et  si,  après 
refroidissement,  on  ajoute  du  soufre,  il  se  produit  de  l'hydrogène  sulfuré,  que  la 
réaction  du  mélange  soit  légèrement  alcaline,  neutre  ou  légèrement  acide.  Noji  seule- 
ment l'ébullition  préliminaire  n'a  pas  supprimé  cette  réaction,  mais  elle  en  a  accru 
au  contraire  l'intensité. 

»  3°  On  peut  même  soumettre  l'extrait  à  la  température  de  120°  et  iSo"  pendant 
quelques  minutes.  Après  refroidissement  et  addition  de  soufre,  on  observe  un  déga- 
gement abondant  de  H- S,  plus  marqué  que  dans  les  cas  précédents.  La  température 
élevée  paraît  avoir  favorisé  cette  réaction. 

»  4°  On  acidifie  légèrement  l'extrait  de  foie  par  de  l'acide  tartrique;  on  porte  à 
l'ébullition;  les  albumines  se  précipitent.  On  filtre.  Le  filtrat  clair  additionné  de  soufre 
noircit,  mais  faiblement,  le  papier  à  l'acétate  de  plomb.  Le  résidu  composé  d'albumines 
coagulées,  lavé  à  plusieurs  reprises,  puis  additionné  de  soufre,  noircit  rapidement  et 
énergiquement  le  papier  réactif. 

))  5°  Si  l'on  chaufl'e  au  bain-marie  bouillant  de  l'extrait  de  foie  légèrement  acidifié 
par  l'acide  tartrique,  on  observe  la  production  d'un  peu  d'hydrogène  sulfuré.  Si,  après 
un  quart  d'heure,  l'extrait  étant  toujours  dans  le  bain-marie  bouillant,  on  ajoute  un 
peu  de  soufre,  le  dégagement  de  H- S  s'accentue  manifestement.  Les  mêmes  faits 
peuvent  être  observés  avec  l'extrait  de  levure  de  bière. 

»  6°  Dans  ces  conditions  (mélange  d'extrait  de  foie  et  de  soufre  au  bain-marie 
bouillant),  nous  avons  pu  obtenir  au  bout  de  2  heures  o8,oo38  d'hydrogène  sulfuré. 

»  7°  Nous  avons  observé  des  faits  semblables  avec  une  solution  d'ovalbumine  pure. 

»  8°  D'autres  matières  albuminoïdes  :  gélatines,  peptones,  caséine,  additionnées  de 
soufre,  ne  donnent  pas  d'hydrogène  sulfuré  à  4o°,  mais  en  produisent  au  contraire  à  la 
température  de  l'ébullition;  l'ovalbumine  donne  de  l'H-S  à  la  température  de  4o°. 

»  Nous  concluons  : 

»  1°  Que  la  production  d'hydrogène  sulfuré  par  les  extraits  d'organes 
seuls  ou  additionnés  de  soufre  ne  saurait  être  considérée  comme  un  phé- 
nomène de  nature  diastasique; 

»  2°  Que  les  matières  albuminoïdes  possèdent  à  des  degrés  divers  le 
pouvoir  de  dégager  de  l'hydrogène  sulfuré  quand  on  les  chauffe  soit  seules, 
soit  en  présence  de  soufre. 

»  Nous  nous  proposons  de  donner,  dans  une  prochaine  Note,  le  résultat 
de  nos  recherches  sur  le  mécanisme  de  cette  réaction.  » 


SÉANCE    DU   6   JUILLET    igoS.  g^ 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Étude  de  la  circulation  marine. 
Note  de  M.  J.  Thoulet. 

«  Dans  l'intention  d'étudier  la  circulation  sous-marine,  j'ai  cherché  à 
caractériser  les  eaux  de  mer  par  un  certain  nombre  de  caractéristiques, 
permettant  de  reconnaître  si  deux  échantillons  pris  à  faible  distance  l'un 
de  l'autre  font  partie  de  ce  même  fleuve  sous-marin  qu'est  un  courant.  En 
procédant  ainsi  de  proche  en  proche,  je  me  suis  proposé  de  suivre  et  par 
conséquent  de  découvrir  ce  courant  depuis  son  lieu  de  départ  jusqu'à  son 
lieu  d'arrivée.  J'ai  employé,  pour  caractéristiques  statiques,  la  densité  à 
zéro  ou  densité  normale  de  l'échantillon,  l'iialogénie  ou  poids  total  des 
halogènes,  dosé  par  titration  à  l'azotate  d'argent  contenu  dans  1"^  de 
l'échantillon,  et,  dans  la  même  quantité  d'eau,  le  poids  d'acide  sulfurique 
obtenu  par  précipitation  à  l'aide  du  chlorure  de  baryum.  Comme  caracté- 
ristique dynamique,  j'ai  choisi  la  densité  in  situ,  c'est-à-dire  ramenée  à  la 
température  possédée  alors  par  le  titre  de  l'échantillon  et  corrigée  de 
l'effet  de  compression  exercée  par  les  couches  d'eau  sus-jacentes.  Dans  un 
même  plan  parallèle  à  la  surface,  quelle  que  soit  la  profondeur,  l'eau 
s'écoule  de  l'échantillon  de  plus  faible  densité  in  situ  vers  l'échantillon  de 
plus  forte  densité  m  5iVz^,  avec  une  vitesse  proportionnelle  au  gradient  de 
densité,  c'est-à-dire  à  la  différence  de  ces  deux  densités  à  l'unité  de 
distance. 

»  Le  procédé  pratique  consiste  à  recueillir  le  plus  grand  nombre 
possible  d'échantillons  d'eaux  sur  une  même  verticale,  opération  singu- 
lièrement facilitée  par  l'emploi  de  bouteilles  Richard;  à  multiplier  les 
séries  et  à  les  analyser  au  point  de  vue  des  quatre  caractéristiques  dyna- 
miques et  statiques.  On  les  dispose  ensuite  en  schémas  correspondant  à 
chacune  des  stations.  Chaque  irrégularité  insolite  des  courbes  est  l'indice 
probable  d'un  courant,  dont  la  profondeur  est  ainsi  indiquée.  Pour  établir 
le  réseau  des  courants  sur  un  espace  de  mer  déterminé,  on  coupe  la 
masse  des  eaux  océaniques  à  des  distances  connues  de  la  surface  par  des 
séries  de  plans  parallèles,  sur  chacun  desquels  on  trace  les  aires  isopycnes 
ou  d'égale  densité  in  situ,  à  l'aide  des  schémas  verticaux  des  stations.  En 
multipliant  le  nombre  des  stations,  on  parvient  à  reconnaître  la  circu- 
lation océanique  dans  la  région  considérée,  absolument  comme  un  zoolo- 
giste se  renseigne  sur  la  structure  interne  d'un  animal  mou  par  l'examen 

C.  R.,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  1.;  l3 


98  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

de  chacune  des  sections  parallèles  qu'il  aura  pratiquées  au  microtome  à 
travers  son  corps. 

»  Le  Prince  de  Monaco  a  bien  voulu  me  confier  les  échantillons  d'eaux  recueillis 
par  lui  pendant  plusieurs  de  ses  campagnes  océanographiques  dans  l'Atlantique  nord; 
environ  120,  dont  76  compris  entre  la  surface  et  ôoSS"",  proviennent  de  la  campagne 
de  1092  aux  Açores. 

»  Tous  ces  échantillons  ont  été  analysés  (densité  à  zéro,  densité  in  situ,  halogénie, 
acide  sulfuriqiie,  ammoniaque  libre,  ammoniaque  albuminoïde)  et  les  résultats  mis 
sous  forme  de  graphiques.  Les  densités  normales  à  zéro  étant  comptées  en  abscisses, 
l'halogénie  et  la  teneur  en  acide  sulfurique  étant  comptées  en  ordonnées,  on  reconnaît 
qu'aucune  caractéristique  ne  donne  une  courbe  linéaire,  mais  que  l'ensemble  des  points 
marqués  constitue  une  bande  notablement  plus  large,  surtout  pour  l'acide  sulfurique, 
que  ne  le  comporte  l'erreur  expérimentale  évaluée  et  représentée  graphiquement. 

»  Je  me  réserve  d'étudier  en  détail  les  variations  de  chacune  de  ces  va- 
riables. Mais,  dès  à  présent,  la  vue  seule  du  graphique,  en  montrant  qu'à 
une  même  densité  normale  correspondent  plus  d'une  seule  valeur  de  l'une 
quelconque  des  caractéristiques,  permet  d'établir  trois  conclusions  : 

»  1.  L'eau  de  mer  ne  saurait  être  considérée  comme  de  l'eau  distillée 
contenant  en  solution  une  quantité  plus  ou  moins  considérable  d'un  même 
mélange  de  sels. 

»  2.  La  densité  normale  à  zéro,  l'halogénie  et  la  teneur  en  acide  sulfu- 
rique sont  bien  réellement  des  caractéristiques  statiques  des  eaux  de  mer, 
dont  elles  laissent  reconnaître  la  personnalité  et  qu'elles  permettent,  par 
conséquent,  de  suivre  de  proche  en  proche,  à  quelque  profondeur  que  ce 
soit,  dans  la  masse  même  des  eaux  océaniques. 

))  3.  Les  Tables  de  ces  diverses  variables,  et  d'autres  encore,  calculées 
d'après  des  moyennes  ou  autrement,  et  ne  donnant  qu'une  valeur  unique 
de  chaque  variable  pour  Tune  quelconque  d'entre  elles  prise  comme  terme 
de  comparaison,  ne  sont  pas  conformes  à  la  réalité.    » 

M.  V.  GÉNiN  adresse,  par  l'entremise  de  M.  Haller,  une  Note  intitulée  : 
«  Calcul  rapide  du  mouillage  et  de  l'écrémage  du  lait  ». 

(Commissaires  :  MM.  Schlœsing,  Marey,  Haller.) 

A  3  heures  trois  quarts  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  un  quart. 

M.   B. 


SÉANCE   DU    6   JUILLET    igoS.  99 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Odyrages  reçus  dans  la  séance  du  29  JUIN  1908. 

Cours  de  Physique  mathématique  de  la  Faculté  des  Sciences.  Théorie  analytique 
de  la  Chaleur  mise  en  harmonie  avec  la  Thermodynamique  et  avec  la  théorie  méca- 
nique de  la  lumière^  par  J.  Boussinesq,  Membre  de  l'Institut.  Tome  II  :  Refroidis- 
sement et  échauffement  par  rayonnement,  conductibilité  des  tiges,  lames  et  masses 
cristallines,  courants  de  convection,  théorie  mécanique  de  la  lumière.  Paris, 
Gauthier- Yillars,  1908;  i  vol.  in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Étude  sur  les  deux  derniers  cyclones  ressentis  à  Madagascar,  10,  11,  12  dé- 
cembre 1902  et  22,  28,  24  mars  1908,  par  le  R.  P.  Colin,  Directeur  de  l'Observatoire 
de  Tananarive,  Correspondant  de  Tlnslitut.  Tananarive,  Imprimerie  officielle,  1908; 
I  fasc.  in-4°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Le  livre  des  appareils  pneumatiques  et  des  machines  hydrauliques,  par  Pbilon  de 
Byzance,  édité  d'après  les  versions  arabes  d'Oxford  et  de  Constantinople  et  traduit  en 
français  par  le  Baron  Carra  de  Vaux.  (Tiré  des  Notices  et  extraits  des  manuscrits  de 
la  Bibliothèque  nationale  et  autres  Bibliothèques,  t.  XXXVIII.)  Paris,  Imprimerie 
nationale,  1902;  i  vol.  in-4°.  (Présenté  par  M.  Berthelot.) 

L'architecture  du  sol  de  la  France,  essai  de  Géographie  tectonique,  par  le 
commandant  O.  Barré.  Paris,  Armand  Colin,  1908  ;  i  vol.  in-8<^.  (Présenté  par  M.  de 
Lapparent.  ) 

Étude  géologique  de  la  Tunisie  centrale,  par  L.  Pervlnquière.  Paris,  F.-R.  de 
Rudeval,  1908;  i  vol.  in-4°.  (  Présenté  par  M.  Munier-Chalmas.  Hommage  de  l'auteur.  ) 

Philosophie  des  Sciences  sociales,  par  René  Worms.  I.  Objet  des  Sciences  sociales. 
Paris,  V.  Giard  et  E.  Brière,  1908;  i  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Giard.) 

7 raité  théorique  et  pratique  des  moteurs  à  gaz  et  à  pétrole,  par  Aimé  Witz  ; 
4"  édition,  refondue  et  entièrement  remaniée.  T.  I':  Histoire  et  classification  des 
moteurs,  étude  du  gaz  de  ville,  de  l'air  carburé;  gaz  pauvre,  gaz  des  hauts  fourneaux, 
acétylène,  pétrole,  gazoline  et  alcool.  Gazogènes,  théorie  générique  et  expérimentale 
des  moteurs,  mesure  et  calcul  de  la  puissance,  résultats  des  essais.  Paris,  E.  Bernard, 
1908;  I  vol.  in-4°.  (Présenté  par  M.  Haton  de  la  Goupillière.) 

Revue  générale  de  Botanique,  dirigée  par  M.  Gaston  Bonnier,  Membre  de  l'Ins- 
titut; t.  XV,  n°  174,  livraison  du  i5  juin  1908.  Paris,  Librairie  générale  de  l'ensei- 
gnement; I  fasc,  in-8°. 


Déterm,ination  de  la  parallaxe  annuelle  de  l'étoile  BD4-37'' 4ï3i,  par  Osten 
Bergstrand.  Upsal,  Edv.  Berling,  1902;  i  fasc.  in-4°. 

Las  ultimas  erupciones  del  volcan  Colima,  por  Severo  Diaz.  Mexico,  1908;  i  fasc. 
in-12. 


lOO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Louisiana  purchase  centennial,  dedication  cérémonies  Saint-Louis^  U.  S.  A., 
april  3o  ^'^  and  may  i«*  a""!  1908.  (  World' s  Pair  Bull.,  vol.  IV,  n«  8.)  Saint-Louis, 
(États-Unis),  igoS;  i  fasc.  in-4°. 

Report  of  tlie  State  geologist  on  the  minerai  industries  and  Geology  of  certain 
Areas  of  Vermont,  1901-1902,  George-H.  Perkins.  Albany,  1902;  i  vol.  in-8°. 

Synoptische  Tabellen  der  tàglichen  Niderschlàge  an  allen  meteorologischen 
Stationen  der  Ostseeprovinzen  im  Jahre  1900,  zusammengestellt  von  Prof.  D'^  B. 
Sresnewsky.  Jurief,  G.  Mattiesen,  1908;  i  fasc.  in-8°. 

Meteorologische  Beobachtungen  angestellt  in  Jurjew  im  Jahre  1902,  87" 
Jahrgang.  Jurief,  1908;  i  fasc.  in-S". 


ERRATA. 


(Séance  du  29  juin  iQoS.) 

Note  de  MM.  Em.  Vigouroux  et  Hugot,  Sur  l'amidure  et  l'imidure  de 
silicium  : 

Page  1670,  ligne  16,  au  lieu  de  dimidure,  lisez  diimidure. 

Même  page,  ligne  27,  au  lieu  de  un  récipient  de  fer,  lisez  un  récipient  de  verre. 
Même  page,  ligne  29,  au  lieu  de  est  continuée,  lisez  est  constituée. 
Page  1671,  ligne  2,  au  lieu  de  l'une  avant  l'autre,  après  l'amenée,  lisez  l'une  avant, 
l'autre  après  l'amenée. 


ACADÉMIE  DES   SCIENCES 

SÉANCE   DU   LUNDI    15  JUILLET  1905, 

PRÉSIDÉE  PAR  M.  MASCART. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  Stabilité  d'un  certain  mode  d'écoulement 
d'une  nappe  d'eaux  d' infiltration.  Note  de  M.  J.  Boussinesq. 

«  I.  La  stabilité  du  mode  d'écoulement  étudié  dans  ma  Note  du  6  juillet  (') 
dépend,  comme  on  a  vu  à  la  fin  de  cette  Note,  et  en  se  bornant  au  cas  d'une 
seule  coordonnée  oc  ou  ^,  de  la  seconde  racine  de  l'équation  transcendante 
caractérisant  un  certain  problème  (fictif)  de  refroidissement,  où  la  tempé- 
rature e  est  régie  par  l'équation  aux  dérivées  partielles 

l'abscisse  E  y  croît  de  zéro  à  i  et,  le  temps  (fictif)  6,  d'une  valeur  donnée  6^ 
à  l'infini;  de  plus,  u.,  K,  L,  c  désignant  des  constantes  positives,  dont  la 
dernière  est  l'intégrale  elliptique  complète 

(2)  c-=  r*-^i^= 0,86236, 

^  désigne,  d'après  les  formules  (11)  et  (10)  de  la  Note  citée,  l'expres- 
sion-5^-^^'  ^"  '^  ^^^  ^^  fonction,  croissante,  comme  ^,  de  zéro  à  i  (et  in- 
verse de  la  même  intégrale  elliptique),  définie  par  l'équation 

»   Cette  équation  indéfinie  (t)  se  trouve  enfin  complétée  par  les  deux 

(^)  Voir  le  précédent  Compte  rendu,  p.  5. 

C.  K.,  1903,  :!»  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  2.)  l4 


I02  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

conditions  aux  limites 

(4)  (pour^  =  o)     £  =  o,  (pourç^i)     ^  =  o- 

»  On  sait  que  les  solutions  simples  de  ce  système  ont  la  forme  Ce~^'V, 
avec  V  fonction  de  ^  et  C,  p  constants;  que,  de  plus,  V,  p  résultent,  si  C 
reste  arbitraire,  des  relations  ou  conditions  : 

(5)     -TïT -^ ^-V  =  o;        (pour  ç  =  o)  V  =  C),       (pour;=i)    -^=oetV  =  i, 

»  Or  la  première  (5),  multipliée  par  Y  de,  et  intégrée  entre  les  deux 
limites,  donne,  comme  on  le  sait  également, 

(6)  h^f^^^f{;^U- 

»  Cela  posé,  si  ta  plus  petite  des  racines  ^  (correspondant  à  une  fonction  V 
positive  de  E  =  o  à  ^  =  i)  atteint  pour  le  moins  l'unité,  la  racine  suivante, 
appelée  p'  à  la  fin  de  la  Note  citée,  excédera  notablement  ï;  et  l'on  a  vu 
qu'alors  la  fonction  t  tendra  vers  zéro  assez  rapidement  pour  rendre  stable 
le  mode  particulier  d'écoulement  étudié  dans  cette  Note.  Proposons-nous 
donc  de  reconnaître  que  la  première  racine  ^  n'est  pas  inférieure  à  i . 

»  II.  A  première  vue,  le  calcul  effectif  des  fonctions  V  et  des  racines  ,S, 
déterminées  par  le  système  (5),  ne  paraît  guère  praticable  que  si  l'on 
suppose  Y)  constant.  Dans  cette  hypothèse,  il  vient  immédiatement,  en 
appelant  i  l'un  quelconque  des  entiers  o,  i,  2,  3,  . . ., 

(7)  V  =  ±sin^ —^         -;z-=±- ^-cos^ —\ 

et  comme  les  deux  carrés  du  sinus  et  du  cosinus  ont  pour  valeur  moyenne  4 
entre  les  deux  limites  E  =^  o,  "C  =  i ,  la  formule  (6)  devient  simplement 

(^)  T7  ^ 4 ' 

donnant  ainsi,  pour  rd^cme  fondamentale  ou  première,  -~  et,  comme  se- 
conde racine  p',  neuf  (ois  cette  expression. 

>)  III.  Pour  se  faire  une  idée,  ici  où  tj  est  variable,  de  la  grandeur  de  p 
ou  de  p',  il  est  naturel  d'assimiler  le  corps  hétérogène  proposé,  d'une  capa- 
cité calorifique  -  fonction  de  i,  à  un  corps  homogène,  qui  aurait  pour  capa- 


SÉANCE   DU    l3   JUILLET    I9o3.  lo3 

cité  calorifique  constante  une  certaine  moyenne  entre  les  diverses  valeurs 
de  -•  Le  plus  simple  sera  donc,  à  ce  qu'il  semble,  de  prendre  la  moyenne 
arithmétique  même  de  ces  valeurs  :  hypothèse  conduisant  à  remplacer, 

'    ^-  Mais  on  peut  être  tenté  aussi,  après  mul- 

0  ' 

tiplication  de  la  formule  (8)  par  o,  de  remplacer,  non  moins  simplement, 
71  par  sa  valeur  moyenne  /  r,  c'q.  On  aura  donc,  pour  la  racine  fondamen- 
mentale  p  cherchée,  les  deux  estimations 

(9)  ^=7^^'    ^^^^i'^''"' 

oc-   /      — 

et,  pour  la  racine  suivante  ^',  9  fois  ces  valeurs  respectives. 

»   Elles  sont  aisément  calculables.  L'équation  (3)  différentiée  permet 

1 
d'introduire  0  comme  variable  d'intégration;  et  il  vient,  en  posant  tj  =  y^  : 

-^rV^Vi        y)''\l--'v.f'     '\-'''^^^^^^'> 

D'ailleurs,  d'après  (2),  c  a,  de  même,  pour  valeur,  t  /  t'  ('  ~  ï)'  ^''t» 
ou  ^  B  f  ^  j  -  ]  ;  de  sorte  qu'il  vient 

h,\  c-  '  ^(t)r(l)  _    r(f)r(i) 

Et  la  multiplication,  membre  à  membre,  des  deux  formules  (10),  (11) 
donne,  en  appliquant  trois  fois  la  relation  d'Euler  r(^«)r(i  —  n)  =  -r-^ — , 


T. 

sin  - 


-3      "'^' 


valeur  qu'U  suffira  de  porter  dans  la  première  estimation  (9). 

»   Pour  ce  qui  est  de  la  seconde  (9),  on  y  substituera  la  valeur  moyenne 

2-»  de  Y,,  résultant  des  formules  (12)  de  ma  dernière  Note,  et  qui   est  le 


lo4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

quotient  de  Taire  A  par  le  rectangle  LM.  Il  viendra  donc,  vu,  finalement, 
la  valeur  numérique  (o,  86236)  de  c,  pour  donner  une  idée  de  la  racine 
fondamentale  p,  les  deux  appréciations  de  sentiment 


(i3)  ^  =  -V?  =  1,3603, 


=  1, 7100. 


»  Elles  dépassent,  toutes  deux,  l'unité;  et,  comme  la  racine  suivante,  P', 
paraît  devoir  être  environ  9  fois  plus  grande,  il  |y  a  lieu  de  penser  qu'elle 
excède  assez  fortement  i . 

»  IV.  Mais  un  examen  attentif  fait  voir  que  la  solution  fondamentale 
et  la  racine  ^  correspondante  sont  très  simples. 

»  Observant  que  Y  est  de  l'ordre  de  petitesse  de  ^  près  de  la  limite  infé- 
rieure zéro,  alors  que  l'équation  (3)  y  donne  r\  de  l'ordre  de  sjï,,  introdui- 
sons dans  l'équation  indéfinie  (5)  le  quotient,  que  j'appellerai  U,  de  V  par  t)  -, 
quotient  dès  lors  fini  à  cette  limite  inférieure  et,  de  plus,  atteignant  une 
valeur  maxima  ou  minima  i,  comme  ri  et  V,  à  la  limite  supérieure,  oii  s'an- 
nulent les  deux  dérivées  premières  de  n  et  de  V.  La  substitution  V  =  ti^U, 

si  l'on  remplace  finalement  ——  par  sa  valeur  —  3c-yi,  puis  qu'on  divise 

par  Y),  change  l'équation  indéfinie  (5)  en 

»  Or  celle-ci,  multipliée  soit  par  7)V^,  soit  par  Y]-Ufl?^,  et  intégrée  de 
^  =  o  à  ^  =  I ,  donne,  en  effectuant  sur  le  premier  terme,  dans  les  deux  cas, 
une  intégration  par  parties,  où  le  terme  intégré  s'annule  aux  deux  limites  : 

(i5)    3o^(g-,)jr'u-,V/S  =  o,      3o'(|-i)jf^'u=-.V/|=jf'''v^'rfS. 

»  La  seconde  formule,  qui  remplace  (6)  et  où  les  deux  intégrales  ont 
leurs  éléments  positifs,  montre  que  p  n'est  jamais  inférieur  à  2.  Quant  à  la 
première  formule,  elle  fait  voir  que  ^  égale  nécessairement  2  pour  la  solu- 
tion où  U  a  partout  le  même  signe,  c'est-à-dire  pour  la  solution  fondamen- 
tale. Mais  alors  l'équation  (i4)»  ou  la  seconde  (i5),  exigent  l'annulation 

partout  de  la  dérivée --^jr»  comme  à  la  limite  supérieure;  de  sorte  que  la 


SÉANCE  DU  l3  JUILLET  [QoS.  Io5 

solution  fondamentale  revient  à  poser 

(«6)  P  =  2,         U  =  i,         Y  =  -n'     ('). 

»  V.  On  aurait  pu  le  prévoir,  même  pour  le  cas  général  de  deux  coor- 
données 30  et  y.  Car,  dans  le  problème  à  Toccasion  duquel  se  sont  présen- 
tées les  équations  précédentes,  les  petits  écarts,  J.  les  plus  simples  qu'on 


(1)  A  une  troisième  étude,  je  m'aperçois,   en  introduisant  n  au  lieu  de  ^,  comme 
variable,  dans  l'équation  différentielle  (i4),  ainsi  devenue 

que  les  autres  racines  [3  sont  également  des  nombres  entiers  et,  les  autres  fonctions  U, 
également  des  polynômes  en  r,.  L'expression  générale  de  ceux-ci  est,  à  part  un  facteur 
constant, 

?(>^)  ?(3)   ?(6)^   ^  cf(3)  cp(6)  cp(9)'>  +•••' 

où  les  deux  fonctions  /,  o  sont  elles-mêmes  les  deux  polynômes 

(6)  /(X)=:2X24-7X-3(i3-2),  o(X)  =  2(X2H-2X), 

et  où  les  racines  j3  successives  s'obtiennent  en  posant /(o)  =  o,  /(3)  =  o, /(6)  =  o, 
/(9)  =  o>  ...,  c'est-à-dire 

2  X^  -i-  7  X 

(^)  i3  =  2H 5"^^,  avec  X  multiple  de  3, 

Pour  la  deuxième  solution  simple,  celle  qui  nous  donne  la   formule   asymptotique 
des  écarts,  on  a  donc 

lO 

La  seconde  estimation  (i3)  attribuait  à  p'  presque  la  même  valeur,  savoir 

1 ,7100  X  9  =  1.5,39. 

Quand  [3  reçoit  des  valeurs  autres  que  (c),  l'expression  («'),  toujours  intégrale  de 
l'équation  différentielle  (a),  devient  une  série,  convergente  de  rj  :=  o  à  r)  ==  i,   mais 

dont  la  dérivée  grandit,  près  de  r^^i,  à  la  manière  de  (,_vi<)"^;  en  sorte  que  le  pro- 
duit de  cette  dérivée  par  y^i  —  r/'  ne  peut  pas  y  tendre  vers  zéro  comme  l'exigerait  la 
condition  relative  à  cette  limite. 

Si  la  condition  concernant  l'autre  limite  r,  =0  n'obligeait  pas  le  produit  yj^U  à  s'annu- 
ler avecT),  l'équation  différentielle  («)  admettrait  une  seconde  intégrale  en  série,  savoir 


ro6  ACADÉMIE   DES   SCIENCES, 

puisse  imaginer,  d'avec  une  première  forme  se  conservant, 


aJ. 


consistent  dans  l'excédent,  sur  cette  première  forme  A^,  d'une  autre  infini- 
ment voisine  se  conservant  aussi,  et  obtenue  par  une  variation  infiniment 

petite  Ij  du  paramètre  ^-   Il  vient  ainsi,   comme  écarts  ^,   l'expression 
-  +  n  'S-;  ce  qui  donne  e  proportionnel  à    ^      ^^    ,-  Or,  comme  cette 

formule  a  même  signe  dans  toute  l'étendue  de  la  nappe,  elle  constitue  bien 
la  solution  fondamentale  (  '  ).  » 


(^)  Une  généralisation  analogue  s'étendrait-elle  aux  autres  solutions  simples?  Il  est 
aisé  de  voir  que  non,  du  moins  en  général.  Car  V,  fonction  de  deux  variables  x  et  /, 
ne  peut  dépendre  de  la  variable  unique  Ç,  que  dans  l'expression,  tout  au  plus,  d'écarts 
initialement  fonctions  de  t  seul,  comme,  par  exemple,  quand  les  deux  formes,  l'une, 
se  conservant,  l'autre,  un  peu  altérable,  de  la  nappe  sont  de  révolution  autour  de  l'axe 
des  z,  avec  des  coefficients  K,  ij.  fonctions  de  la  distance  /•  à  l'axe. 

Effectivement,  multiplions  par  "Ç^  l'équation  indéfinie  eu  V, 

dx  \     dx  I        dy\     dy  )  X, 

et  retranchons-en  le  produit,  par  V,  de  l'équation  indéfinie  en  t, 
d   f.rdX^\    .      d  fj^d.^'- 


Il  vient,  en  appelant  encore  U  le  quotient  de  V  par  Ç-  : 

Gela  posé,  si  U  varie  uniquement  avec  ^,  les  deux  produits  K  î:^ -— — —s'écriront 

(n—\     —      ''     —    ;  et  cette  équation  (g),  développée  en  y  utilisant  (/),  sera 
\^      dZ  JI2  d{x,y)j 

Or,  elle  ne  devient  une  équation  différentielle  en  U  et  ^,  dans  le  genre  de  (a),  que 
si  l'équation  ( /)  en  Ç  admet  une  intégrale  première  reliant  explicitement  —  (Aj  Ç)^  à  ^. 
Par  exemple,  dans  le  cas  d'une  nappe  de  révolution,  où  K,  [x,  ^  dépendent  seulement 
de  r=-\/x^--\-  y^,  cas  où  l'équation  (/)  est 

une  telle  intégrale  première  ne  paraît  exister  que  si  l'on  a,  tout  à  la  fois,  [xK/-2  =  const. 


SÉANCE  DU  l3  JUILLET  jgoS.  107 


PHYSIOLOGIE.  —   Sur  les  mouvements  de  torsion  de  l'œil  pendant  la  rotation 
de  la  tête.  Note  de  M.  Yves  Delage. 

«  Les  mouvements  de  torsion  de  l'œil,  c'est-à-dire  ceux  qu'exécute  le 
globe  oculaire  autour  d'un  axe  situé  sur  le  prolongement  du  nerf  optique 
lorsque  la  tête  tourne  autour  d'un  axe  horizontal  antéro-postérieur,  n'ont 
été  étudiés  que  très  incomplètement  et  seulement  pour  les  très  faibles 
amplitudes  correspondant  aux  inclinaisons  de  la  tête  vers  l'une  ou  l'autre 
épaule.  On  n'a  employé,  pour  cette  étude,  que  l'observation  objective  au 
moven  de  quelque  tache  de  l'iris  servant  de  point  de  repère,  procédé  infi- 
dèle, ou  les  images  accidentelles,  procédé  sûr,  mais  d'une  application 
difficile.  J'ai  songé  à  utiliser  pour  la  pousser  plus  loin  l'astigmatisme 
myopique  dont  je  suis  atteint.  Ce  vice  de  réfraction  est  d'autant  plus  pré- 
cieux, dans  ce  cas,  qu'on  ne  peut  y  suppléer  par  les  besicles  cylindro- 
convexes  qui,  cependant,  rendent  l'emmétrope  myope  et  astigmate.  La 
cause  en  est  que  les  besicles  suivent  les  mouvements  de  la  tête  et  non  ceux 
du  globe  oculaire. 

»  L'image  d'une  tache  lumineuse  ronde,  sur  la  rétine  d'un  œil  myope  et 
astigmate,  est  une  ellipse  d'autant  plus  grande  que  la  tache  est  plus  éloi- 
gnée du  punctum  remotum  et  dont  le  grand  axe  est  dirigé  parallèlement 
au  méridien  le  plus  myope.  Quand  l'œil  tourne  autour  de  son  axe  antéro- 
postérieur,  le  grand  axe  de  cette  ellipse  tourne  dans  le  même  sens  que 
l'œil  et  exactement  du  même  angle.  11  suffit,  pour  mesurer  celui-ci,  de  tra- 
cer, sur  le  fond  où  le  sujet  projette  cette  image  elliptique,  les  diverses 

et  K/-  rrconsU,  c'est-à-dire  si  les  deux  coefficients  physiques  [x,  Ksont,  toua  les  deux, 

M 

inversement  proportionnels  à  /•.  Alors,  en  posant  !I  m  — r^  (avecr,  variable  de  zéro  à  i), 

a 

d'une  part,  Fintégrale  première  obtenue  donne 

[x^    '^^"~  3         a^C^         ~    3a         r/- 

et  change  l'équation  {g')  en  {a)  ;  d'autre  part,  la  même  intégrale  peut,  si  l'on  pose  aussi 
/•  1=  const.  ±  L;  (avec  ;  variable  de  zéro  à  i  en  même  temps  que  -i\),  s'écrire 

^^_2txaL2 
On  retombe  donc,  exactement,  sur  le  proljlème  d'Analyse  déjà  traité. 


Io8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

directions  que  prend  le  grand  axe  de  l'ellipse  dans  les  positions  successives 

qu'occupe  la  tête  pendant  un  tour  complet. 

»  L'appareil  dont  je  me  suis  servi  est  une  grande  caisse,  où  j'étais  assis 
et  fortement  assujetti  par  des  liens,  et  qui  tournait  au  moyen  d'un  fort 
tourillon  autour  d'un  axe  antéro-postérieiir  passant  par  la  racine  du  nez. 
Des  aides  font  tourner  la  caisse  de  i5°  en  i5°,  de  manière  à  faire  un  tour 
complet.  A  quelques  mètres  de  la  caisse,  en  face  du  sujet  qui  y  est  assis, 
est  un  tableau  au  centre  duquel  est  une  petite  tache  lumineuse  ronde, 
juste  sur  le  prolongement  de  l'axe  de  rotation  de  la  caisse.  C'est  cette  tache 
qui  donne  l'image  elliptique  dont  le  grand  axe  tourne  exactement  comme 
l'œil. 

»  Pour  marquer  d'une  façon  précise  sa  direction  dans  chacune  des  posi- 
tions successives  de  la  tète,  une  autre  tache  lumineuse  est  placée  à  l'extré- 
mité d'une  tigelle  qui  peut  tourner  autour  de  la  tache  centrale,  de  manière 
que  la  tache  lumineuse  périphérique  décrive  une  circonférence  autour  de 
la  tache  centrale  comme  centre.  La  tache  périphérique  fournit,  elle  aussi, 
une  image  elliptique,  et  l'on  règle  la  longueur  de  la  tigelle,  de  telle  manière 
que  les  deux  ellipses  soient  tangentes  aux  extrémités  de  leurs  grands  axes. 
Un  aide  manœuvre  la  tigelle  jusqu'à  ce  que  cette  tangente  soit  obtenue  et 
la  tigelle  indique  alors  exactement  la  direction  du  grand  axe  de  la  tache 
lumineuse  centrale  et  par  conséquent  la  direction  du  méridien  le  plus 
myope  de  l'œil. 

»  J'ai  pu  ainsi  déterminer,  pour  toutes  les  positions  de  la  tète  de  iS" 
en  i5°  pendant  un  tour  complet,  les  directions  correspondantes  d'un 
méridien  invariablement  lié  à  l'œil,  et  par  conséquent  les  angles  successifs 
de  rotation  de  ce  dernier. 

))  J'ai  établi  ainsi  pour  les  deux  yeux,  et  pour  les  rotations  à  droite  et  à 
gauche,  les  courbes  de  rotation  de  l'orbite  et  de  torsion  de  l'œil.  Elles  ont 
été  établies  en  prenant  pour  ligne  des  abscisses  une  circonférence  sur 
laquelle  sont  marqués  les  degrés  de  i5  en  i  5,  correspondant  aux  positions 
successives  de  la  tête  et  en  marquant  sur  les  rayons  correspondants  les 
ordonnées  indiquant  les  torsions  correspondantes  de  l'œil.  J^es  torsions 
positives,  c'est-à-dire  de  même  sens  que  la  rotation  de  la  tête,  sont  prises 
sur  le  prolongement  des  rayons,  en  dehors  de  la  circonférence  des 
abscisses,  et  les  négatives  sur  les  rayons  eux-mêmes,  en  dedans  de  la  cir- 
conférence. Les  points  successifs  marqués  sur  les  rayons  sont  réunis  par 
un  trait  continu. 

y>  Ces  courbes,  que  je  mets  sous  les  yeux  de  rAcadémie,  seront  publiées 


SÉANCE   DU    l3    JUILLET    [903.  lOQ 

dans  le  travail  in  extenso  qui  paraîtra  incessamment  dans  les  Archives  de 
Zoologie  expérimentale. 

»   Voici  les  conclusions  qui  résultent  de  leur  étude. 

»  Pour  un  même  œil  : 

))  i°Pour  chaque  inclinaison  donnée  de  l'orbite,  les  torsions  corres- 
pondantes de  l'œil  ne  sont  pas  indépendantes  du  sens  de  la  rotation  qui  a 
amené  l'orbite  à  l'inclinaison  qu'il  présente.  C'est  l'inverse  de  ce  qui  a  lieu, 
d'après  la  loi  de  Donders,  pour  la  position  de  l'œil  par  rapport  à  l'orbite 
dans  les  orientations  diverses  de  la  ligne  de  regard,  l'orbite  étant  dans  la 
position  primaire. 

»  2°  Pour  une  même  inclinaison  de  l'orbite,  obtenue  d'abord  par  rota- 
tion à  droite  puis  par  rotation  à  gauche,  non  seulement  il  y  a  une  grande 
différence  entre  les  torsions  correspondantes  de  l'œil,  mais  ces  torsions 
sont  de  sens  inverse. 

»  3*^  Au  contraire,  il  y  aune  certaine  ressemblance  entre  les  torsions  cor- 
respondant aux  inclinaisons  symétriques  par  rapport  à  la  verticale,  c'est- 
à-dire  ayant  une  valeur  angulaire  égale  de  part  et  d'autre  de  la  verticale. 

»  4°  L'allure  générale  de  la  variation  de  la  torsion  est  la  suivante.  Quand 
l'orbite  parcourt  la  circonférence  entière,  l'œil,  au  lieu  de  se  laisser 
entraîner  passivement  dans  le  mouvement  de  l'orbite,  suit  d'abord  ce  mou- 
vement avec  un  certain  retard  et  par  conséquent  se  tord  autour  de  la  ligne 
de  regard,  en  sens  inverse  de  la  rotation  de  l'orbite  {torsion  négative). 

»  A  mesure  que  le  mouvement  de  l'orbite  se  poursuit,  cette  torsion 
négative  s'accentue,  passe  par  un  maximum  qui  atteint  i5°  à  20**  ou  même 
plus,  puis  diminue  jusqu'à  s'annuler.  Puis,  le  mouvement  continuant,  la 
torsion  de  l'œil  change  de  sens  et  dew'iQui  positive,  c'est-à-dire  de  même 
sens  que  la  rotation  de  l'orbite  :  l'œil  prenant  l'avance,  en  quelque  sorte, 
sur  le  mouvement  de  celui-ci.  Cette  torsion  positive  s'accentue,  passe  par 
un  maximum  toujours  moindre  en  valeur  absolue  que  celui  de  la  torsion 
négative  (10^  à  12*^  au  plus),  puis  diminue  pour  retomber  à  zéro  quand  le 
tour  est  achevé.  Le  zéro  intermédiaire  ne  coïncide  pas  avec  le  milieu  du 
mouA^ement  de  rotation,  c'est-à-dire  avec  le  point  iSo^'où  la  tête  est  en  bas. 
Il  en  reste  écarté  de  10°  à  60*^. 

»  5°  Malgré  la  ressemblance  générale  indiquée  au  paragraphe  3  et  définie 
au  paragraphe  4,  il  y  a  des  différences  notables  entre  les  courbes  de  tor- 
sion d'un  même  œil,  selon  que  l'orbite  tourne  à  droite  ou  à  gauche.  Cela 
s'explique  par  le  fait  que  les  torsions  que  l'on  compare  se  font  en  dehors 

C.  R.,  iç,o3,  2«  Semestre.  (T.  CXXXVIl,  N»  2.)  l5 


IIO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dans  un  cas,  en  dedans  dans  l'autre  ou  inversement,  et  par  conséquent 
sous  l'action  de  muscles  différents. 

))  6''  Dans  les  rotations  de  l'orbite  en  dehors,  le  zéro  inférieur  des  torsions 
correspondantes  est  au  delà  du  point  i8o°;  dans  les  rotations  en  dedans, 
il  est  en  deçà  et  la  différence  va  jusqu'à  70°.  Les  torsions  négatives  sont 
plus  fortes  et  plus  étendues  le  long  de  la  courbe  des  abscisses  dans  la  rota- 
tion en  dehors  que  dans  la  rotation  en  dedans;  les  positives  au  contraire 
sont  plus  fortes  et  plus  étendues  dans  celles-ci  que  dans  celles-là. 

»   Pour  les  deux  yeux  : 

»  7°  Si  l'on  compare  les  deux  yeux  on  constate,  ce  qui  est  implicitement 
contenu  dans  les  conclusions  précédentes,  que  les  courbes  de  torsion  de 
l'œil  droit  et  de  l'œil  gauche  tournant  du  même  côté  (  à  droite  ou  à  gauche) 
sont  très  différentes,  tandis  que  les  courbes  de  l'œil  droit  tournant  à  droite 
et  de  l'œil  gauche  tournant  à  gauche,  ou  inversement,  ont  une  allure  sem- 
blable :  ce  qui  s'explique  parce  que  l'une  et  l'autre  sont  alors  des  rotations 
en  dehors  ou  des  rotations  en  dedans,  tandis  que  dans  le  premier  cas  les 
yeux,  tournant  du  même  côté  par  rapport  aux  directions  cardinales  de  l'es- 
pace, tournaient  morphologiquement  en  sens  inverse. 

»  8°  Entre  les  courbes  de  torsion  des  yeux  droit  et  gauche  tournant  l'un 
et  l'autre  en  dedans  ou  l'un  et  l'autre  en  dehors,  il  reste  des  différences. 
Mais  celles-ci  sont  contingentes  et  dépendent  du  coefficient  individuel, 
variable,  comme  dans  les  questions  de  physiologie,  d'un  individu  à  l'autre, 
et  variable  aussi,  dans  le  cas  actuel,  d'un  œil  à  l'autre  chez  le  même 
individu.   » 

M.  Alfred  Picard,  en  présentant  à  l'Académie  le  troisième  Volume  de 
son  «  Rapport  général  sur  l'Exposition  universelle  de  1900  »,  s'exprime 
comme  il  suit  : 

«  Une  moitié  de  ce  Volume  est  consacrée  aux  palais  et  autres  édifices 
dont  la  monographie  n'avait  pu  trouver  place  au  Tome  II.  Toutes  les  dispo- 
sitions des  bâtiments  y  sont  soigneusement  décrites  en  ce  qu'elles  avaient 
d'essentiel.  Comme  précédemment,  j'ai  eu  soin  de  rappeler  les  principes 
qui  ont  servi  de  base  aux  calculs  de  résistance  des  charpentes  métalliques. 

»  La  deuxième  Partie  traite  des  installations  hydrauliques,  mécaniques 
et  électriques,  ainsi  que  de  la  distribution  du  gaz  et  de  l'éclairage  à  l'acé- 
tylène, à  l'alcool  ou  au  pétrole. 

»   Quelques    Chapitres    me   paraissent   dignes   de    fixer   l'attention    de 


SÉANCE  DU  l3  JUILLET  IQoS.  III 

l'Académie.  Elle  me  permettra  de  lui  signaler  notamment  les  installations 
mécaniques  et  électriques. 

»  L'immense  usine  aménagée  pour  la  production  de  l'énergie  néces- 
saire à  l'éclairage  et  au  service  de  la  force  motrice  comprenait  92  chau- 
dières et  35  groupes  électrogènes,  formés  par  l'association  de  machines  à 
vapeur  et  de  dynamos. 

»  Se  rattachant  aux  types  les  plus  divers,  les  générateurs  avaient  une 
surface  de  chauffe  totale  de  17  ooo""'.  La  production  horaire  de  vapeur  par 
mètre  carré  variait  de  8''S,7  à  32*'^  et  atteignait  près  de  i5''S  en  moyenne. 
Tous  les  organes  étaient  essayés  en  vue  d'une  marche  normale  à  la  pression 
de  1 1''^  effectifs  par  centimètre  carré. 

»  Il  y  avait  3n  machines  motrices,  dont  la  puissance  oscillait  entre  400*^''^ 
et  2400*^''^;  la  force  totale  dépassait  36  ooo'"''^.  Presque  tous  les  construc- 
teurs employiiient  la  vapeur  au  maximum  de  pression;  quelques-uns  la 
détendaient  à  7''^  ou  8'^^  avant  l'admission  aux  cylindres.  La  triple  expan- 
sion et  la  surchauffe  de  la  vapeur  attestaient  leur  développement,  surtout 
dans  les  groupes  étrangers.  Enfin,  on  pouvait  constater  une  augmentation 
considérable  des  vitesses  moyennes  imprimées  aux  pistons,  vitesses  qui 
allaient  jusqu'à  5'°,4o. 

»  Les  dynamos  fournissaient,  soit  du  courant  continu  à  la  tension 
de  25o^°'*^  ou  de  5oo^°'*%  soit  du  courant  alternatif  simple  ou,  plus  généra- 
lement, du  courant  triphasé  dont  la  tension  s'élevait  à  Scoo"^"^'**.  Elles 
donnaient  une  puissance  disponible  totale  de  20400  kilowatts. 

»  Deux  convertisseurs  et  de  nombreux  transformateurs  appropriaient 
le  courant  à  ses  usages. 

»  Les  câbles  de  jonction  des  groupes  électrogènes  aux  tableaux  géné- 
raux de  distribution  mesuraient  iS"^™;  les  canalisations  principales,  60'^'°. 

))  Pour  le  seul  éclairage  public,  il  existait  335o  lampes  à  arc  et 
40000  lampes  à  incandescence.  Le  nombre  des  moteurs  répartis  dans 
l'enceinte  n'était  pas  inférieur  à  680. 

»  Aux  ressources  de  l'usine  s'ajoutait  le  contingent  des  secteurs  de  la 
région. 

))  Parmi  les  installations  spéciales  demandant,  à  certaines  heures,  le 
plus  d'électricité,  se  plaçait  le  groupe  du  Château  d'eau,  composé  des  fon- 
taines lumineuses  et  du  Château  d'eau  proprement  dit.  L'appareillage 
électrique  de  ce  groupe  n'avait  pas  exigé  moins  de  86  lampes  à  arc, 
8000  lampes  à  incandescence  et  270'^'"  de  conducteurs.  Le  Volume  que  j'ai 
l'honneur  de  déposer  sur  le  bureau  de  l'Académie  fournit  des  indications 


112      *  ACADEMIE    DES   SCIENCES. 

intéressantes  sur  les  dispositifs  au  moyen  desquels  s'obtenaient  les  jeux  de 
colorations.  Pour  les  fontaines  lumineuses,  la  manœuvre  des  verres  de 
couleur  interposés  entre  les  foyers  lumineux  et  les  réflecteurs  à  4^°  était 
assurée  à  l'aide  d'armatures  en  fer  et  de  solénoïdes,  où  l'on  envoyait  à 
volonté  le  courant  par  les  touches  d'un  clavier;  ces  touches  recevaient 
elles-mêmes  leur  mouvement  de  cylindres  analogues  à  ceux  des  boîtes  à 
musique  et  susceptibles  de  réaliser  toutes  les  variations  voulues.  Des  cla- 
viers et  des  cylindres  semblables  commandaient  les  séries  de  lampes  à 
incandescence  du  Château  d'eau. 

»  Quelques  points  particuliers  méritent  encore  une  mention  dans  cette 
analyse  succincte. 

»  Ce  sont  d'abord  les  formes  géométriques  employées  pour  les  étoiles 
qui  garnissaient  la  crête  du  palais  de  l'Électricité  et  pour  les  stalactites 
di^  la  salle  des  Illusions.  L'architecte,  M.  Eugène  Hénard,  a  eu  spéciale- 
ment recours  à  des  icosaèdres,  au  sujet  desquels  il  avait,  dès  i885,  adressé 
une  Communication  à  l'Académie. 

»  Je  citerai  encore  des  expériences  relatives  aux  pertes  de  charge  dans 
les  conduites  d'adduction  et  de  distribution  des  eaux  de  Seine.  Ces  pertes 
de  charge  n'ont  guère  dépassé  la  moitié  des  chiffres  qui  résultaient  des 
formules  de  Prony.  Ma  pratique  d'ingénieur  m'avait  amené  déjà  à  des 
constatations  du  même  ordre  sur  des  conduites  en  fonte  neuves  et  de  gros 
diamètre,  avec  des  eaux  ne  charriant  pas  de  détritus  anguleux. 

))  Enfin,  il  me  sera  permis  de  relater  des  observations  précises,  concer- 
nant la  dépression  et  la  température  des  gaz  à  la  base  des  deux  grandes 
cheminées,  ainsi  que  les  résultats  de  la  ventilation  mécanique  organisée 
dans  la  salle  des  Fêtes,  le  palais  de  l'Agriculture  et  la  galerie  des  groupes 
électrogènes,    m 

CORRESPONDANCE. 

GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.    —  Sur  l'habillage  des  sur/aces. 
Note  de  M.  M.  Servaxt. 

«  Nous  avons,  dans  une  Note  récente  ('),  montré  l'analogie  qui  existait 
entre  le  problème  de  la  déformation  des  quadriques  et  l'habillage  de  cer- 
tains éléments  linéaires;  nous  allons  montrer  ici  la  raison  de  cette  analogie. 


(')   Comptes  rendus,  2"  semestre  190-2. 


SÉANCE  DU  l3  JUILLET  1903.  Il3 

))  Habiller  une  surface  c'est  ramener  son  élément  linéaire  à  la  forme 
( I )  ds-  =  (h.-  +  <i-  -^  2  F  ch.  r/? . 

»  Soit 
(  2  )  ds-  =  E  du-  H-  2  F  du  dv  +  G  di'- , 

un  élément  linéaire  donné;  pour  le  ramener  à  la  forme  (i),  on  voit  facile- 
ment qu'il  suffit  d'intégrer  le  système  d'équations  : 

d^u  {  iJ  }  du  du        (  12  )  fdu  dv        du  dv\    ^    \  11  ]  dv  dv 


(3) 


drLd'^         /    I    i  d'J.  d'^  \    y    \\d:i.  d"^         d[i   d'J. 


—  O, 


\  \  \  dx  d''^ 

d-v  \  22  I  di'  dv        i  '2  )  /du  dv         du  dv\        (21  \  du  du  

d^  '^  \  2   ^^^^jaJV^Jï^^^j^/   2  ilH   dp  ~^' 

n   Considérons  alors  les  deux  problèmes  suivants  : 

»   I.   Ramener  de  toutes  les  façons  possibles  l'élément   linéaire  (2)  à  la 
Jorme  (i). 

»   II.  Étant  donné  un  élément  linéaire  : 

ds-  =  E,  du'-  ■+-  2Y f  du  dv  -h  G,  dv- , 

trouver  toutes  les  surfaces  qui  admettent  cet  élément  linéaire  et  cherchons  dans 
quels  cas  ces  deux  problèmes  se  ramènent  l'un  à  Vautre. 

»  Le  problème  II  dépend  de  l'intégratiori  du  système  d'équations  (Dar- 
boux,  Th.  des  surf.,  l.  III)  : 

/    d'-v 


(4) 


dtd^ 


d-v 

doL  d'ii 


(11)  d  ^  1  du  du 

l  12  )  i    d  1  l  / du  dv 

I  I   il        2  ()c-  ^'  'J  \dyi  d'^ 
d  y  Idv  dv 

,""  ^'dTi^^'Wj^.'d^ 


s  22  / 
)  2  ( 
\  12) 
\  2 


du  dv\ 

~d^     doLj 

1  + 

(22i 

i    ^     ) 

dv  dv 
,^  d} 

=  0, 

du  dv" 

- 

11/ 

2     i 

du  du 
1  dyi  dp 

=  0. 

»   Pour  que  les  deux  problèmes  soient  les  mêmes,  il  suffit  que  l'on  ait 


(5) 


(^) 


I     i. 


12 

2    il 

2    (, 


22 

2 
22 

I 


I    I     i   "^  (    2    j 


11/       ,      *  ^  2 
I     il  i    2 


—  2  '.         = 


_   \  22 

3    d 


\  22 


—  2 


12 


i    I 


2  du 


logpi' 


i  ^^  I  +  ^  '  ^  !  =  i  ^^  !  +  )  '  ^  !  —  -  A  lo 


I  ) 


<  2  il    I  I 


2  jp' 


?< 


Il4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

))  Les  équations  (5)  signifient  que  les  éléments  linéaires  (2)  et  (1')  se 
correspondent  géodésiquement;  on  en  conclut  de  suite,  d'après  les  résul- 
tats de  Dini,  que  l'on  peut  prendre  pour  (2)  une  des  trois  formes  : 

(y)  ds-  =  U'-(du-  -+-  dv^)  surface  de  révolution, 

(8)  ds''=2.{y'u  -\-\^)dudv  forme  de  S.  Lie, 

(q)  ds-  -'{u  —  v)  (\}-dii-  +  V- dv-  )         forme  de  Liouviile, 

et  pour  (2')  les  formes  correspondantes  bien  connues. 

»  Il  suffit  alors  pour  achever  le  problème  de  satisfaire  aux  équations  ((3) 
qui  se  réduisent  à  la  suivante  : 

(i3)  al\  =  \\,f^\ 

»  Considérons  d'abord  la  forme  (7).  L'équation  (i3)  est  alors  u!ie 
équation  différentielle  ordinaire  qui  s'intègre  aisément  :  on  trouve,  pour 
l'élément  linéaire  (10),  les  quadriques  de  révolution  les  plus  générales, 

(10')  ds:  =  -7-^- r ■  +  \j-av-. 

»  L'élément  linéaire  (7)  peut  s'écrire  sous  la  forme 

(n'\  ds^  = '—, -y  9'  dv^  . 

Si  c  =  o,  lélément  linéaire  (10')  convient  à  un  paraboloïde  de  révolution; 
par  conséquent,  on  saura  habiller  de  toutes  les  façons  possibles  l'élément 
linéaire 

(n")  cis'  =—- — ^ — -+^fdv-. 

\  /  /  (rto- —  I)-        f 

»  Dans  le  cas  général,  l'habillage  de  (7')  est  un  problème  équivalent  à 
la  déformation  de  la  sphère. 

»  Considérons  maintenant  l'élément  linéaire  (9);  l'équation  (i3)  est 
alors  une  équation  fonctionnelle  qui  s'intègre  aisément  :  on  trouve  pour  (i  2) 
la  forme  classique  de  l'élément  linéaire  des  quadriques  et  pour  (9) 

(9)'  'K^  (7,  -  Y,)  [(«-a)(«-P)(»-j')  "~    (r-a)(r-p)(r-j)J" 

Par  conséquent  l'habillage  d'un  élément  linéaire  de  la  forme  (9)'  se 
ramène  à  la  déformation  d'une  quadrique  et  inversement.  Ceci  nous  per- 
met de  signaler  des  éléments  linéaires  que  l'on  saura  habiller  de  toutes  les 


SÉANCE   DU    l3    JUILLET    igoS. 

façons  possibles;  en  effet,  on  sait  déformer  les  pnr;iboloïcles, 

j  .^        .             \  [    Il  flu'              ('  dv- 
ds-  =  (ii  —  v) — 

ds-  :=  (a  —  v)  (u  du-  —  ('  dv-  ) , 
on  saura  donc  habiller  les  éléments  linéaires 


ii5 


*=  =  (;. 

-^) 

diL^                  dv- 

liu-iy      (i'-i)^J 

*'=a. 

-^) 

[dir  -fA/^). 

»  Si  l'on  rapproche  les  résultats  précédents  de  ceux  obtenus  dans  la 
Note  citée  plus  haut,  on  est  conduit  facilement  à  la  proposition  suivante 
qui  peut  avoir  une  certaine  utilité  pratique  : 

»  Étant  donnée  une  surface  définie  intrinsèquement  par  ses  deux  formes 
quadratiques  fondamentales 

r/52  =  E  du-  +  2  F  du  dv  +Gdv-, 
(ï)  ==  D  du''  +  2D'  du  dv  -h  D"  dv-, 

il  faut  et  il  suffit  pour  que  la  surface  soit  une  quadrique  que  les  deux 
formes  quadratiques  ds-  et  p<î>  se  correspondent  géodésiquement 

R^  — 


ÉLECTRICITÉ.  —   Sur  la  mesure  des  coefficients  de  self -induction  au  moyen 
du  téléphone.  Note  de  M.  R.  Doxgier,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  I.  On  peut  utiliser  plusieurs  dispositifs  pour  compenser  le  décalage 
provoqué  sur  un  courant  alternatif  sinusoïdal  de  pulsation  (ù=.it,'^ 
(N  étant  la  fréquence)  par  une  bobine  de  coefficient  de  self-induction  L. 

»  1°  On  met  en  série  avec  le  circuit  de  la  self-induction  le  système 
composé  d'un  condensateur  de  capacité  C  et  d'une  résistance  non  induc- 
tive  en  dérivation  aux  bornes  du  condensateur,  système  qui  provoque  une 
avance  de  phase.  On  arrive  à  compenser  le  retard  de  phase  dû  à  la  self- 
induction  en  accroissant  d'une  manière  continue  la  résistance  non  inductive. 
Si  r^  est  la  valeur  de  la  résistance  pour  laquelle  la  compensation  est  réa- 

lisée,  l'expression  du  coefficient  de  self-induction  est  L  =  ,^,' ,-  ;  • 


Il6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  2^  Au  lieu  de  réunir  les  bornes  de  la  capacité  avec  les  extrémités  de 
la  résistance  non  inductive,  on  les  met  en  communication  avec  les  extré- 
mités du  circuit  comprenant,  disposées  en  série,  la  self-induction  à  mesurer 
et  la  résistance  non  inductive.  En  faisant  varier  d'une  manière  continue  la 
grandeur  de  cette  résistance,  on  parvient  à  annuler  l'inductance  du  sys- 
tème total.  La  relation  L  :=  C(r^  -h  L-w^)  est  alors  satisfaite,  (r^  représente 
la  résistance  de  la  portion  du  circuit  comprise  entre  les  deux  bornes  de  la 
capacité.) 

))  3°  Si  l'on  connaissait  la  fréquence  du  courant  alternatif,  chacune  de 
ces  relations  pourrait  servir  au  calcul  de  L,  au  moyen  de  la  capacité 
connue  C  et  de  l'une  des  résistances  /'^  ou  r.^  déterminée  expérimenta- 
lement. L'élimination  de  co  entre  les  égalités  précédentes  conduit  à  l'ex- 
pression très  simple 

L  =  Cr\r.-,. 

»  Cette  expression,  indépendante  de  la  fréquence,  permet  le  calcul  de  L 
en  fonction  de  la  capacité  C,  ainsi  que  des  résistances  r,  et  r.,,  lesquelles, 
pour  une  même  valeur  de  la  fréquence,  annulent  l'inductance  du  circuit 
dans  chacun  des  deux  cas  dont  il  vient  d'être  fait  mention. 

»  II.  On  obtient  la  compensation  en  intercalant  successivement  chacun  de  ces  dis- 
positifs dans  l'une  des  branches  d'un  pont  de  Wheatstone  avec  alternateur  et  téléphone  ; 
les  autres  branches  du  pont  sont  constituées  par  des  fils  métalliques  tendus,  associés 
ou  non  à  des  boîtes  de  résistance  non  inductives.  L'extinction  complète  du  son  dans  le 
téléphone  dénote  l'existence,  dans  son  circuit,  de  deux  courants  sinusoïdaux,  de  sens 
inverses,  présentant  la  même  période,  la  même  amplitude  et  le  même  décalage.  Cette 
dernière  condition,  c'est-à-dire  l'égalité  des  décalages,  est  réalisée  si  les  inductances 
des  différentes  branches  du  pont,  en  particulier  l'inductance  de  la  branche  qui  contient 
la  self-induction  à  mesurer,  sont  nulles. 

»  Afin  d'arriver  systématiquement  à  l'extinction  téléphonique,  la  résistance  en  dé- 
rivation sur  le  condensateur  est  complétée  par  un  fil  tendu  le  long  du'quel  se  déplace 
un  curseur  de  prise  de  contact  A;  deux  autres  branches  consécutives  du  pont  sont 
réalisées  avec  un  même  fil  tendu,  le  long  duquel  peut  être  déplacé  un  curseur  de  prise 
de  contact  B.  On  amène  successivement  les  curseurs  B  et  A  dans  les  positions  qui 
correspondent  au  minimum  d'intensité  du  son  dans  le  téléphone;  le  curseur  B  assure 
l'égalité  des  amplitudes,  le  curseur  A  celle  des  décalages.  Ces  réglages,  répétés  plusieurs 
fois  dans  le  même  ordre,  conduisent  à  un  son  inappréciable  à  l'oreille,  c'est-à-dire  pra- 
tiquement nul.  On  s'assure  qu'il  en  est  ainsi  en  disposant  un  interrupteur  avec  godets 
de  mercure  dans  le  circuit  du  téléphone;  le  fonctionnement  de  l'interrupteur  ne  pro- 
voque alors  aucun  changement  dans  l'audition  téléphonique.  Mise  en  pratique  sous 
cette  forme,  la  méthode  n'exige  la  connaissance  que  de  la  résistance  étalonnée  en  déri- 
vation  aux   bornes   du    condensateur.  Les   résistances   des   autres  branches    du   pont 


SÉANCE    DU     l3    JUILLET    igoS.  117 

demeurent  arbitraires  et  elles  n'interviennent  pas  dans  le  calcul  du  résultat.  On  les 
choisit  de  manière  à  réaliser  les  conditions  de  sensibilité  maximum, 

»  III.  Faibles  self- indue  lions.  —  Il  n'est  pas  possible,  même  avec  des  fils  tendus,  de 
réaliser  un  pont  de  Wheatstone  où  chaque  branche  présente  une  inductance  nulle. 
Aussi,  lorsqu'on  se  propose  de  mesurer  de  très  faibles  coefficients  d'induction,  est-il 
nécessaire,  avant  l'introduction  de  la  self-induction  et  de  la  capacité  compensatrice, 
d'annuler  le  son  dans  le  téléphone,  en  rendant  identiques  entre  elles  les  constantes  du 

temps  rg  des  différentes  branches.  On  satisfait  à  cette  condition,  en  mettant  dans  l'une 

des  branches  du  pont  une  inductance  variable,  composée  d'une  résistance  variable  en 
dérivation  sur  les  bornes  d'un  condensateur.  Cette  précaution  une  fois  prise,  il  est 
certain  que  la  capacité  compense  exactement  la  self-induction  à  mesurer  lorsque, 
après  leur  introduction,  on  a  annulé  le  son  dans  le  téléphone. 

»  La  précision  des  mesures  dépend  de  la  sensibilité  du  téléphone  emjDloyé.  Avec  le 
téléphone  ordinaire  et  la  bobine  avec  trembleur-diapason  qui  nous  a  servi,  à  M.  Lesage 
et  à  moi,  dans  les  mesures  de  résistivité  des  liquides  de  l'organisme  (*),  j'ai  pu  mesu- 
rer au  ~  près  des  self-inductions  de  l'ordre  de  grandeur  de  Soo'^'"  ou  3  x  io~''  Henry 
et  au  yi^  près,  des  self-inductions  voisines  de  2000''™  ou  2  x  io~*  Henry. 

»  Moyennes  et  grandes  self-inductions.  —  Lorsqu'il  s'agit  de  mesurer  des  coeffi- 
cients de  self-induction  supérieurs  à  10^*  Henry,  on  est  gêné  par  les  harmoniques  qui 
se  superposent  au  son  fondamental  fourni  par  le  diapason-interrupteur.  L'inductance  de 
la  capacité  ne  compense  en  effet  celle  de  la  self-induction  que  pour  une  valeur  donnée 
de  la  période  du  courant  alternatif.  On  n'obtient,  avec  le  téléphone  ordinaire,  qu'un 
minimum  de  son  et  ce  minimum  est  d'autant  moins  accusé  que  le  coefficient  de  self- 
induction  à  mesurer  est  plus  considérable. 

))  Grâce  au  monotéléphone  de  M.  Mercaclier  (-),  j'ai  pu  effectuer  au  ^ 
près  des  mesures  de  self-induction  de  l'ordre  de  i  o~-  Henry.  Cet  instrument 
ne  renforce,  en  effet,  que  les  sons  de  période  bien  déterminée  et  reste  insen- 
sible aux  harmoniques  provoquées  par  la  capacité  ou  par  les  substances 
magnétiques  contenues  dans  le  noyau  de  la  bobine.  11  présente  les  mêmes 
avantages  que  le  téléphone  optique  de  M.  Max  Wien  et  pourrait  être 
employé  avec  profit  dans  les  différents  dispositifs  que  M.  Max  Wien, 
M.  Prerauer,  ainsi  que  M.  Graetz  (^)  ont  utilisés  dans  la  mesure  des  coef- 
ficients d'induction.  » 


(1)   DoNGiER  et  Lesage,   Comptes  vendus^  t.   CXXXIV,  p.   612  et  834;  t.  CXXXV, 
p.  I I j  et  329. 

(-)  Journal  de  Physique,  1"  série,  t.  \  I,  p.  4^4;  3'^  série,  t.  IX,  p.  675. 
(3)   Wied.  Ann.,  2"  série,  t.  XLII,  XLIII,  L,  LUI. 


G.  R.,   1903,  i»  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  2.) 


Il8    .  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE.  —  Combinaison  du  sulfate  fer riq lie  avec  l'acide  sulfurique. 
Note  de  M.  A.  Recoura. 

«  Dans  des  Notes  antérieures  {Comptes  rendus,  29  février  1892  et 
12  juin  1893)  j'ai  montré  que  !e  sulfate  chromique  vert  se  combine  très 
facilement  avec  l'acide  sulfurique,  en  donnant  naissance  à  des  acides  com- 
plexes que  j'ai  appelés  acides  chromosidfuriqaes  et  qui  proviennent  de 
l'union  de  i*""'  de  sulfate  chromique  avec  i"^',  2'""'  ou  3"^"'  d'acide  sulfu- 
rique. Ces  acides  possèdent  des  propriétés  curieuses  qui  ont  fait,  depuis, 
l'objet  de  nombreuses  recherches. 

»  Je  me  propose  de  montrer,  dans  cette  Note,  que  le  sulfate  ferrique  se 
combine  lui  aussi  très  facilement  avec  F  acide  sulfurique,  en  donnant  naissance 
à  un  acide,  qui  provient  de  l'union  de  i™"*  de  sulfate  ferrique  avec  i™"^'  d'acide 
sulfurique  et  qu'on  peut  appeler  ^cide  ferrisulfurique. 

»  Pour  réaliser  cette  combinaison,  je  me  suis  placé  dans  les  conditions 
les  plus  variées;  mais  j'ai  toujours  obtenu  le  même  composé,  c'est-à-dire 
qu'il  m'a  été  impossible  de  combiner  le  sulfate  ferrique  avec  plus  de  i"""* 
d'acide  sulfurique,  contrairement  à  ce  qui  a  lieu  pour  le  sulfate  chromique. 

»  Préparation.  —  On  peut  obtenir  très  rapidement  cette  combinaison  en  procédant 
de  la  façon  suivante  :  on  fait  une  solution  concentrée  de  sulfate  ferrique  anhydre 
dans  l'eau  (1™°!  de  sulfate  dans  5oos  d'eau).  Dans  cette  solution  on  verse  de  l'acide 
sulfurique  concentré  (environ  3'""'  d'acide  pour  une  de  sulfate).  La  solution  de 
sulfate  ferrique,  qui  était  fortement  colorée  en  brun,  reste  brune.  Mais  au  bout  de 
quelques  heures  la  combinaison  commence  à  s'efl'ectuer,  la  liqueur  se  décolore  peu  à 
peu,  en  déposant  une  poudre  blanche;  au  bout  de  5  ou  6  heures,  la  décoloration  est 
complète.  On  obtient  ainsi  une  bouillie  qui  est  un  mélange  d'une  poudre  blanche, 
l'acide  ferrisulfurique  solide,  et  d'un  liquide  incolore  formé  d'eau  et  d'acide  sulfu- 
rique. La  totalité  du  sulfate  fer/ique  s'est  donc  combinée  avec  de  V  acide  suif  urique, 
et  la  combinaison,  insoluble  dans  la  solution  d'acide  sulfurique,  s'' est  séparée 
à  l'état  solide.  On  élimine  la  majeure  partie  du  liquide  par  essorage  et  l'on  achève  en 
étendant  la  substance  sur  des  plaques  de  porcelaine  poreuse.  On  lave  alors  le  produit 
sec  avec  de  l'acétone,  puis  on  l'abandonne  dans  une  atmosphère  sèche. 

»  On  obtient  ainsi  une  poudre  blanche,  très  légère,  dont  la  composition  est  expri- 
mée parla  formule  brute  {^)  Fe2  0^4  S0*,9  H"^  O,  mais  qu'il  convient,  comme  je  le 
montrerai,  de  représenter  par  la  formule  :  Fe^0^,3  S0',S0Hi-,8  H-0. 

»   y^n  augmentant  la  proportion  d'acide  sulfurique  que  Ton  verse  dans  la  dissolution 

(')  Trouvé  :  Fe'-O^^i,  SO»=r4,oo5,  H^O  =  8,98. 


SÉANCE    DU    l3    JUILLET    lC)o3.  I  19 

de  sulfate  ferrique,  on  obtient  une  combinaison  plus  rapide.  C'est  ainsi  qu'en  ajou- 
tant 6'"°'  d'acide  sulfurique,  au  lieu  de  3'"°',  pour  une  de  sulfate,  la  combinaison  se 
produit  en  2  ou  3  minutes,  mais  le  composéobtenu  a  exactement  la  même  compo- 
sition ('  ). 

»  Si  au  contraire  on  opère  avec  des  liqueurs  plus  étendues  ou  moins  riches  en 
acide  snlfurique,  la  combinaison  e>t  beaucoup  plus  longue  à  se  produire,  et  l'acide 
ferrisulfurique  ne  se  dépose  à  l'état  solide  que  par  concentration  de  la  solution. 
Mais,  quelles  que  soient  les  conditions  réalisées,  la  composition  du  produit  est  toujours 
la  même. 

»  Propriétés.  —  L'acide  ferrisulfurique  est  une  poudre  blanche  légère  qui  se  dissout 
très  rapidement  dans  l'eau,  en  donnant  une  liqueur  légèrement  colorée  en  jaune 
paille, 

»  Il  était  intéressant  de  rechercher  si  cette  solution  possédait  des  propriétés  ana- 
logues à  celles  de  l'acide  chromosulfurique  Cr20^3SO^  SO^H^,  Aq.  On  sait  que  ce 
composé  est  un  acide  bibasique  à  radical  complexe,  dans  lequel  le  chrome  et  l'acide 
snlfurique  sont  dissimulés  à  leurs  réactifs  habituels  ;  toutefois,  il  n'en  est  ainsi  que 
dans  les  solutions  récentes;  au  bout  de  peu  de  temps  l'acide  chromosulfurique  est 
détruit  par  l'eau  et  sa  dissolution  se  transforme  en  un  mélange  de  sulfate  violet  de 
chrome  et  d'acide  sulfurique. 

»  J'ai  constaté  qu'il  n'en  est  pas  ainsi  pour  l'acide  ferrisulfurique;  il  est  instanta- 
nément détruit  par  l'eau,  et  sa  solution  se  comporte  immédiatement  comme  un 
mélange  de  sulfate  ferrique  et  d'acide  sulfurique  libre.  On  peut  constater  en  effet  que, 
ni  le  fer,  ni  l'acide  sulfurique  ne  sont  dissimulés  et  que,  en  particulier,  la  totalité  de 
l'acide  sulfurique  est  immédiatement  précipitable  par  le  chlorure  de  baryum,  même 
en  liqueur  très  étendue  et  refroidie  à  0°. 

»  D'autre  part,  si  l'on  détermine  l'abaissement  du  point  de  congélation  d'une  so- 
lution d'acide  ferrisulfurique  qui  vient  d'être  faite  dans  l'eau  glacée,  on  constate  que 
cet  abaissement  est  la  somme  des  abaissements  partiels  du  sulfate  ferrique  et  de 
l'acide  sulfurique  que  renferme  l'acide  ferrisulfurique,  ce  qui  prouve  bien  que  ces 
deux  corps  ne  sont  pas  combinés  dans  la  solution.  On  trouve  en  effet  les  résultats 
suivants  : 

Abaissement  moléculaire  de  l'acide  ferrisulfurique.  .  .      78,2 

et  dans  les  mêmes  conditions  de  dilution  : 

Abaissement  moléculaire  du  sulfate  ferrique 38,8 

Abaissement  moléculaire  de  l'acide  sulfurique 40j9 

Dont  la  somme  est 79? 7 

))  La  légère  différence  que  l'on  observe  entre  78,2  et  la  somme  79,7  provient  de  ce 
que,  dans  Teau  pure,  le  sulfate  ferrique  étant  plus  hydrolyse  que  dans  le  mélange,  qui 
renferme  de  l'acide  sulfurique  libre,  son  abaissement  est  légèrement  plus  élevé. 


(1)  Toutefois  en  employant  un  grand  excès  d'acide  sulfurique,  plus  de  4o™°'  d'acide 
pour  une  de  sulfate,  on  obtient  un  hydrate  à  3'"°'  d'eau  au  lieu  de  8, 


I20  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  Il  faut  donc  en  conclure  que  l'acide  ferrisulfurique  est  immédiatement 
dédoublé  par  l'eau  en  sulfate  et  acide  sulfurique,  tandis  que  l'acide  chro- 
mosulfurique  ne  l'est  que  lentement.  Ce  fait  est  à  rapprocher  de  celui  que 
je  signalais  dans  un  travail  récent  (Comptes  rendus,  3  novembre  1902). 
Ayant  réussi  à  préparer  deux  composés  pareils  de  chrome  et  d'aluminium 
CrS0^Cl,6H-0  et  AlS0*Cl,6H-0,  j'ai  montré  que  le  premier  présentait 
toutes  les  propriétés  d'un  composé  complexe  et  n'était  détruit  par  l'eau 
qu'au  bout  de  quelque  temps,  tandis  que  le  second,  qui  avait  évidemment 
la  même  constitution,  était  immédiatement  détruit  par  l'eau. 

»  Il  en  serait  donc  des  composés  complexes  du  fer  comme  de  ceux  de 
l'aluminium;  la  dissolution  les  détruit  immédiatement,  tandis  que  les 
composés  correspondants  du  chrome,  quoique  fragiles,  ne  sont  pas  détruits 
tout  de  suite  et  on  peut  manifester  leurs  propriétés  spéciales. 

»   Malgré  cela,  il  est  possible  de  démontrer  que  le  composé 

Fe^O%4SO%9H-0 

est  bien  un  véritable  acide  à  radical  complexe;  on  peut  notamment  pré- 
parer ses  éthers,  comme  je  me  propose  de  le  montrer   ultérieurement.    » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  l' action  de  V oxyde  de  carbone  sur  le  fer 
et  ses  oxydes.  Note  de  M.  Georges  Çharpv,  présentée  par 
M.  H.  Moissan. 

«  L'action  de  l'oxyde  de  carbone  sur  le  fer  et  ses  oxydes  a  fait,  en 
raison  du  rôle  important  qu'elle  joue  dans  les  réactions  métallurgiques, 
l'objet  de  plusieurs  séries  de  recherches,  mais  les  résultats  en  sont  contra- 
dictoires. Il  semble  que,  dans  la  plupart  de  ces  études,  on  ait  insuffisam- 
ment séparé  l'action  du  gaz  sur  le  métal  et  la  dissociation  propre  de  l'oxyde 
de  carbone,  en  anhydride  carbonique  et  carbone,  qui  a  été  découverte  par 
Sir  Lowthian  Bell,  mais  dont  le  mécanisme  n'a  été  définitivement  élucidé 
que  par  les  recherches  récentes  de  M.  Boudouard. 

»  I.  En  ce  qui  concerne  l'action  de  l'oxyde  de  carbone  sur  le  fer  métal- 
lique, de  nombreux  essais  nous  conduisent  à  adopter  la  conclusion  de 
Margueritte,  savoir  que  l'oxyde  de  carbone  agit  sur  le  fer  comme  un 
cément. 

»  Nos  essais  ont  consisté  à  chauflTer  du  fer  dans  un  courant  lent  d'oxyde  de  carbone 
soigneusement  purifié.  Dans  chaque  expérience,   on   déterminait  l'augmentation  de 


SÉANCE    DU    l3    JUILLET    igo^.  121 

poids  du  métal  et  la  quantité  d'anhydride  carbonique  dégagé;  on  brûlait  ensuite  le 
métal  dans  l'oxygène  pour  déterminer  la  quantité  de  carbone  absorbé  par  ce  métal. 
Pour  éliminer  le  carbone  qui  aurait  pu,  dans  certains  cas,  se  déposer  à  l'état  libre, 
sur  la  surface  du  métal,  on  employait  ce  métal  sous  forme  de  fils  qui  pouvaient  être 
facilement  séparés  de  tout  dépôt  pulvérulent  avant  qu'on  en  effectuât  la  pesée  et  la 
combustion. 

»  On  a  constaté  ainsi  que,  au-dessus  de  700°  environ,  le  dépôt  de  carbone  pulvéru- 
lent est  pratiquement  nul.  Le  métal  reste  parfaitement  propre  et  brillant,  mais  se 
carbure  très  nettement.  Dans  la  plupart  des  expériences,  on  a  obtenu  des  chifTres 
concordants  en  cherchant  à  déterminer  cette  carburation,  soit  d'après  l'augmentation 
de  poids  du  métal,  soit  d'après  la  combustion  du  métal,  soit  d'après  le  poids  d'anhy- 
dride carbonique  dégagé.  Aux  températures  inférieures  à  75o°,  il  y  a,  en  même  temps, 
dépôt  de  carbone  pulvérulent  et  carburation  du  métal;  nous  avons  obtenu  la  cémenta- 
tion à  56o°. 

»   Le  Tableau  suivant  donne  quelques-uns  des  chiffres  ainsi  obtenus  : 

Carbone  fixé  sur  le  métal,  d'après 


Durée 

l'augmentation 

la  combustion 

le 

poids  de  CO 

Température. 

du  ehauffagc. 

de  poids  du  métal. 

du  métal. 

dégagé. 

56o. . . - 

Il 
8 

0,  10 

0,09 

Dépô 

it  de  charb 

600.  .  .  . 

8 

0,  22 

0,17 

» 

715.... 

8 

0,26 

0,28 

» 

825... 

3 

o,56 

0,57 

0,60 

925 

2 

0,69 

0,72 

» 

935.... 

2 

o,4i 

o,4i 

o>49 

I025. . . . 

2 .  3o'" 

0,60 

o,58 

o,58 

io5o. . . . 

2 

0,44 

0,47 

0,44 

1080. . . . 

2 

0,53 

0,53 

o,58 

1 125.  .  .  . 

2 

0,46 

o,5o 

0,47 

II75. . . . 

2 

0,47 

0,47 

o,5i 

ii85.... 

2 

0,53 

0,53 

0,47 

1190 

2 

o,3o 

o,36 

0,33 

»  On  voit  que  la  vitesse  de  cémentation  n'augmente  pas  sensiblement 
pour  les  températures  supérieures  à  900**;  il  n'y  a  cependant  pas  satura- 
tion, car,  lorsqu'on  prolonge  suffisamment  le  contact  du  fer  et  de  l'oxyde 
de  carbone,  on  peut,  comme  nous  l'avons  indiqué  dans  une  Noie  précé- 
dente, arriver  à  la  séparation  de  graphite  dans  le  métal. 

»  La  cémentation  sera  limitée  au  contraire  si,  au  lieu  d'opérer  dans  un 
courant  de  gaz,  on  chauiïe  de  l'acier  en  présence  d'une  quantité  limitée 
d'oxyde  de  carbone;  dans  ces  conditions,  la  carburation  s'arrête  lorsque 
la  proportion  d'anhydride  carbonique  formé  atteint  une  certaine  valeur. 


122  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  IL  En  ce  qui  concerne  l'action  de  l'oxyde  de  carbone  sur  les  oxydes 
de  fer,  les  données  connues  sont  contradictoires. 

))  Dans  les  expériences  que  nous  avons  effectuées  en  chauffant  du 
sesquioxyde  de  fer  dans  un  courant  continu  d'oxyde  de  carbone,  la  réduc- 
tion de  l'oxyde  a  été  complète  et  a  laissé  du  fer  métallique  plus  ou  moins 
carburé,  suivant  la  réaction  décrite  plus  haut,  à  toutes  les  températures 
comprises  entre  200°  et  1200";  la  réaction  est,  naturellement,  plus  rapide 
aux  températures  élevées  :  à  280°,  il  a  fallu  27  heures  de  chauffage  pour 
obtenir  un  mélange  de  charbon  pulvérulent  et  de  fer  ne  contenant  plus 
d'oxygène;  au-dessus  de  i  loo*^,  il  se  forme,  au  contact  de  la  porcelaine,  un 
silicate  de  protoxyde  de  fer  fondu  et  très  difficilement  réductible;  mais,  si 
l'on  opère  dans  une  nacelle  de  magnésie,  on  obtient  la  réduction  complète 
à  l'état  de  fer  métallique.   » 


CHIMIE.    —   Sur  i argent  dit  colloïdal.  Note  de  M.  Hanriot, 
présentée  par  M.  Armand  Gautier. 

«  Dans  une  précédente  Note  (Comptes rendus,  t.  CXXXVI,  p.  680  et  i448) 
j'ai  montré  que  la  substance  désignée  sous  le  nom  de  coUargol,  et  celle 
décrite  par  C.  Lea  comme  argent  colloïdal,  ne  peuvent  être  envisagées 
comme  des  modifications  allotropiques  de  l'argent,  mais  sont  des  corps 
complexes  renfermant  de  l'argent  métallique,  une  substance  étrangère 
(albumine,  oxyde  de  fer),  et  donnant  par  calcination  de  l'acide  carbonique 
et  de  l'hydrogène  gazeux. 

»  Pour  établir  l'origine  de  cet  hydrogène,  j'ai  préparé  un  argent  colloïdal 
où  la  substance  étrangère  n'a  pas  de  propriétés  réductrices.  Je  me  suis 
adressé  à  une  réaction  signalée  par  Ruspert  (/).  ch.  Gesellsch.,  t.  XXV, 
p.  281 5  et  4066),  à  savoir  l'obtention  de  solutions  brunes,  en  réduisant  par 
l'aldéhyde  formique  le  nitrate  d'argent  en  présence  d'un  grand  excès  de 
carbonate  de  sodium. 

»  KusperL  n'ayant  pas  isolé  le  produit  qui  se  forme,  j'ai  opéré  de  la  façon  sui- 
vante : 

))   On  prépare   une  solution   de  i5s  de  SiO^K- dans  i5o^"'' d'eau,   on   ajoute  6*^^'"' de 

N  . 

formol,  puis,  en  agitant,  ô*"™'  d'une  solution     -  de  nitrate  d'argent.  Le  liquide  devient 

jaune  brun.  On  ajoute  alors  de  l'acide  acétique,  en  évitant  d'en  mettre  avec  excès  (la 
liqueur  doit  rester  alcaline).  Au  bout  de  quelques  instants  on  obtient  un  magma  géla- 
tineux, renfei'mant  l'acide   silicargolique  mêlé  à  un  très  grand  excès  de  silice.  On  le 


SÉANCE  DU  l3  JUILLET  igoS.  123 

divise  et  on  le  lave  à  l'eau  jusqu'à  ce  que  la  liqueur  de  lavage  ne  soit  plus  réductrice; 
puis  on  épuise  le  magma  un  grand  nombre  de  fois  par  une  solution  concentrée  de 
COHv-  qui  dissout  la  silice  en  excès,  sans  toucher  à  l'acide  silicargolique.  Le  magma 
devient  alors  pulvérulent  et  la  solution  se  colore  en  jaune  brun.  On  termine  par  un 
lavage  à  l'eau  du  précipité. 

»  Le  corps  qui  reste  contient  toujours  un  grand  excès  de  silice  et  vraisemblablement 
une  petite  quantité  de  carbonate  de  potassium;  en  effet,  l'eau  laissée  en  contact  avec 
le  précipité  finit  toujours  par  devenir  un  peu  alcaline.  Séché  à  l'air,  il  constitue  une 
poudre  brune,  insoluble  dans  l'eau,  fort  peu  soluble  dans  l'ammoniaque,  très  soluble 
dans  les  lessives  alcalines  quand  la  dessiccation  n'a  pas  été  poussée  trop  loin.  Ces  solu- 
tions sont  précipitées  par  les  sels  métalliques  et  les  acides  les  plus  faibles  :  ainsi,  il 
suffît  de  les  agiter  avec  de  la  silice  gélatineuse  pour  en  précipiter  tout  l'acide  silicar- 
golique. 

»  Pour  purifier  cette  masse,  on  la  dissout  dans  la  potasse  étendue  et  on  la  sature 

par  l'acide  carbonique.  La  précipitation  n'est  pas  immédiate,  mais,  le  lendemain,  on 

obtient  la  prise  en  gelée  de  toute  la  masse.  On  la  lave  à  l'eau  et  on  la  sèche.  Elle  a  donné 

à  l'analyse  des  chiffres  variables,  mais  ici  encore  on  peut  pousser  loin  la  purification 

sans  insolubiliser  le  produit.  Celui  qui  m'a  servi  pour  la  plupart  de  ces  expériences 

renfermait  : 

H^O,  12,82;      SiO'-,  66,98;     Ag,  14,43  ; 

KOH,3,83;     APO^Fe-'OS  1,71  ;     COS   »  ;     Totalgg,;!; 

mais  j'ai  eu  à  plusieurs  reprises  des  corps  plus  riches  en  argent  (17  pour  100). 

»  Les  acides  dilués  n'attaquent  que  très  lentement  l'acide  silicargolique,  mais,  si 
on  le  met  en  contact  avec  de  la  potasse  concentrée,  il  est  décomposé;  la  solution  se 
décolore  et  renferme  du  silicate,  tandis  que  tout  l'argent  est  contenu  dans  le  précipité 
brun,  devenu  insoluble  daus  les  alcalis. 

»  La  chaleur  décompose  l'acide  silicargolique;  la  masse,  soulevée  par  le  dégagement 
gazeux,  semble  en  ébullition  comme  le  fait  l'oxalate  ferreux,  et  la  masse  est  par- 
tiellement projetée  dans  la  trompe  quand  on  opère  dans  le  vide.  Sur  2s  de  produit,  j'ai 
recueilli  CO"^,  4""%i;  H-,  4'^'"%5.  Cette  composition,  rapportée  à  l'argent,  correspond 
à  Agi3H2. 

»  Ainsi,  comme  pour  les  autres  variétés  d'argent  colloïdal,  la  décomposition  par  la 
chaleur  dégage  de  l'hydrogène  libre.  Il  semble  donc  que  ces  composés  se  rattachent  à 
un  hydrure  d'argent. 

»  Du  reste,  en  agitant  un  poids  connu  de  silicargol  avec  une  solution  titrée  d'iode, 
puis  déterminant  la  quantité  d'iode  absorbée,  on  trouve  que  celle-ci  est  plus  forte 
de  -g-  environ  que  celle  qui  correspondrait  à  la  saturation  de  l'argent.  Or  à  froid,  ni 
l'aldhéyde  formique  employée,  ni  l'acide  formique  n'ont  d'action  sur  la  solution  d'iode. 
On  ne  peut  donc  attribuer  cette  action  réductrice  à  une  petite  quantité  de  ces  corps, 
restée  combinée  avec  le  silicargol. 

»  Conclusions.  —  i^  Les  «  argents  colloïdaux  »  que  j'ai  examinés  sont 
constitués  par  des  espèces  chimiques  différant,  non  seulement  par  leurs 
propriétés,  mais  par  leurs  compositions. 


124  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  2°  Il  y  a  lieu  d'admettre  que  la  matière  albuminoïde  dans  le  collargol, 
l'oxyde  de  fer  dans  le  corps  de  C.  Léa,  la  silice  dans  le  silicargol,  ne  consti- 
tuent pas  des  impuretés,  mais  font  partie  intégrante  de  la  molécule,  non 
seulement  parce  qu'il  paraît  impossible  de  les  séparer  sans  détruire  l'argent 
colloïdal,  mais  aussi  parce  que  ces  corps  y  ont  perdu  leurs  réactions  et 
solubilités  habituelles. 

»  3°  Tous  ces  corps,  chauffés  dans  le  vide,  dégagent  de  l'acide  carbonique 
et  de  l'hydrogène,  et  ont  un  pouvoir  réducteur  plus  grand  que  celui  de 
l'argent  qu'ils  renferment.    »  "' 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  de  f  acide  hypophosphoreux  sur  la  diéthyl- 
célone  et  sur  V acètophènone.  Note  de  M.  C.  Marie,  présentée  par  M.  H. 
Moissan. 

«  Diéthylcétone.  —  On  fait  bouillir  au  réfrigérant  à  reflux  un  mélange  de  cétone 
(3"°'  à  4"°')  et  d'acide  hyperphosphoreux  (i™°^).  Au  bout  d'une  vingtaine  d'heures  la 
condensation  est  effectuée;  on  distille  alors  l'excès  de  cétone  dans  le  vide  à  6o°-8o°, 
et  l'on  obtient  finalement  un  sirop  à  peine  coloré  en  jaune.  On  sépare  l'acide 

P02H3(C2H3)CO(C-H5) 

formé  en  traitant  par  l'eau  le  produit  de  la  réaction  et  saturant  par  le  carbonate  de 
plomb  la  solution  acide  obtenue;  on  évapore  ensuite  à  sec  et  en  reprenant  par  l'alcool 
bouillant  on  dissout  le  sel  de  plomb  de  l'acide  cherché.  Ce  sel  recristallise  par  refroi- 
dissement et  correspond  à  la  formule 

»  Pour  avoir  l'acide,  on  décompose  le  sel  dissous  dans  l'eau  par  un  courant  de  H-S 
et  l'on  évapore  la  solution  ;  il  reste  un  sirop  incolore,  incristallisable  même  à  —  20°  et 
soluble  dans  les  divers  solvants  organiques.  Par  oxydation  au  brome  ou  au  chlorure 
mercurique  il  donne  facilement  l'acide  oxyphosphinique  P0'^H^(G2H^)"-G0.  Toutes 
ces  réactions  s'effectuent  comme  pour  les  cétones  que  j'ai  étudiées  précédemment. 

»  L'acide  PO^H' (C'^H^)^CO^  est  soluble  dans  l'eau,  l'alcool,  l'acétone,  l'acétate 
d'éthyle  et  insoluble  dans  le  benzène  et  le  chloroforme.  Pour  le  purifier,  le  mieux  est 
de  le  précipiter  de  sa  solution  dans  l'acétone  par  un  excès  de  chloroforme  ;  il  fond  alors 
à  108°.  11  donne  comme  tous  les  acides  oxyphosphiniques  des  sels  de  plomb  et  d'argent 
insolubles. 

»  Acètophènone.  —  On  chauffe  pendant  i5  ou  20  heures  au  bain-marie  l'acé- 
tophénone  (3™°')  avec  PO-H^ (i"""').  Les  liquides  se  mélangent  peu  à  peu;  le 
produit  est  versé  dans  l'eau  pour  séparer  l'excès  d'acétophénone  et  la  solution  est 
saturée  à  chaud  par  un  excès  de  carbonate  de  plomb.  Le  précipité  obtenu  est  séché  et 


SÉANCE    DU     l3    JUILLET     IQoS.  125 

dissous  dans  l'alcool  bouillanL  Par  refroidissement  on  obtient  le  sel 

cristallisé  en  houppes  brillantes.  Ce  sel  est  très  peu  soluble  dans  l'eau  ;  par  CIPS  il 
fournit  l'acide  PO-H' CIi-^COC''H',  sirop  incolore,  épais,  qui  ne  cristallise  que  très 
lentement,  en  une  masse  rayonnée  fusible  à  70°. 

»  Cet  acide  s'oxyde  facilement  par  le  brome  ou  le  chlorure  mercurique,  mais  le 
produit  de  la  réaction  n'est  pas  le  même  dans  les  deux.  cas.  Pour  éliminer  l'acide 
bromhydrique  ou  chlorhydrique  produit  il  faut  en  effet  procéder  à  une  série  d'éva- 
porations  à  sec  qui  ne  vont  pas  sans  une  certaine  décomposition  du  produit.  Cette 
décomposition  est  évitée  par  l'évaporation  rapide  dans  le  vide  à  60°  qui  dans  le  cas 
de  l'oxydation  mercurique  laisse  l'acide  oxyphosphinique  sensiblement  pur;  dans  le 
cas  de  l'oxydation  au  brome  on  n'obtient  pas  l'acide  lui-même  mais  sa  combinaison 
avec  une  molécule  d'acide  bromhydrique.  Cette  combinaison  se  différencie  par  son 
point  de  fusion  (190°),  sa  plus  faible  solubilité  dans  l'éther  et  son  analyse  qui  répond 
à  la  formule  PO^  IPCIPCOC^HS  HBr. 

»  Ce  produit  traité  par  l'oxyde  d'argent,  en  solution  aqueuse,  donne  Ag  Br  et 
l'acide  oxyphosphinique  qu'on  peut  avoir  alors  par  une  simple  évaporation.  On 
le  purifie  par  dissolution  dans  l'acétone  et  précipitation  par  CHCP.  Il  fond  à  170°  et 
est  soluble  dans  les  divers  solvants  organiques  sauf  CHCP. 

»  Il  x'égénère  facilement  la  combinaison  bromhydrique  précédente  par  une  simple 
évaporation  dans  le  vide  en  présence  d'un  excès  de  II  Br. 

»  Conclusions.  —  L'existence  de  ces  acides,  rajDprochée  de  celle  des 
acides  préparés  au  moyen  de  PO"H^  et  des  autres  cétones,  symétriques  ou 
non,  grasses  ou  aromatiques,  montre  que  la  réaction  qui  leur  donne 
naissance  est  générale  ;  il  en  est  de  même  de  la  réaction  d'oxydation  qui 
fournit  les  acides  oxyphosphiniques  correspondants.  » 


CHIMIE   ORGANIQUE.  —  Sur  le   chlorure  de  phénylpropargylidène 

CMl'  -  C  =  C-  CHCP. 

Note  de  MM.  Eunest  Charon  et  Edgar  Dugoujox,  présentée  par  M.  Haller. 

«  Nous  nous  sommes  proposé  d'étendre  nos  recherches  précédentes  sur 
le  chlorure  de  cinnamylidène  à  des  composés  renfermant  dans  leur  molé- 
cule le  groupement  acétylénique. 

»  Nous  nous  sommes  adressé  au  mieux  connu  des  aldéhydes  acétylé- 
niques,  à  l'aldéhyde  phénylpropargylique  C^H^  — C^C  —  CHO.  Il  existe 

C.  R.,  1903,  2«  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  2.)  J? 


136  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

deux  méthodes  de  préparation  pour  ce  composé,  celle  de  Claiseii  ('), 
celle  de  Moureu  et  Delange  (-).  Nous  avons  donné  la  préférence  à  cette 
dernière. 

»  On  peut  arriver  à  coup  sûr  à  d'excellents  rendements  dans  la  préparation  des 
aldéhydes  acétvléniques,  en  modifiant  le  procédé  décrit. 

»  Il  est  capital  d'opérer  avec  des  produits  absolument  anhydres  et  purs*  Le  phényl- 
acétylène  et  le  formiate  d'éthyle  sont  faciles  à  obtenir  tels.  Quant  à  Téther  employé 
comme  dissolvant,  il  doit  ne  donner  aucune  réaction  au  sodium,  même  par  un  contact 
prolongé.  Une  trace  d'eau  suffit  pour  donner  de  mauvais  rendements  et  même  pour 
qu'ils  soient  tout  à  fait  nuls» 

»  Oh  fait  réagir  le  dérivé  sodé  du  carbure  sur  Téther  formique  peu  à  peu,  en  main- 
tenant vers  0°,  et  l'on  suit  la  dissolution  de  ce  dérivé.  Quand  elle  est  complète  ou 
presque,  il  est  inutile  d'attendre,  on  détruit  à  o''  la  combinaison  formée  en  ajoutant 
goutte  à  goutte  de  l'acide  acétique  en  très  léger  excès.  On  étend  d'eau  et  l'on  épuise 
à  Féther. 

»  La  destruction  du  composé  intermédiaire  par  l'acide  acétique  permet  d'éviter  la 
résinification  d'une  grande  partie  du  produit,  toujours  inévitable  par  l'eau.  En  effet, 
on  forme  ainsi  de  la  soude  caustique  qui  résinifie  rapidement  les  aldéhydes  non 
saturés.  Nous  avons  obtenu  des  rendements  dépassant  5o  pour  loo  du  carbure 
employé. 

»  L'action  du  perchlorure  de  phosphore  sur  l'aldéhyde  bien  pure  a  été  conduite  de 
la  façon  suivante  : 

»  Le  perchlorure  en  quantité  un  peu  supérieure  à  la  théorie  est  introduit  dans  un 
ballon  bien  sec.  On  laisse  tomber  goutte  à  goutte  l'aldéhyde  à  la  température  ordi- 
naire. La  réaction  s'annonce  de  suite  et  le  mélange  s'échauffe  peu  à  peu.  Pour  com- 
pléter cette  réaction,  on  chauffe  quelques  instants  au  bain-marie. 

»  Le  liquide,  débarrassé  du  perchlorure  de  phosphore  non  dissous,  peut  être  ensuite 
traité  de  deux  façons  différentes  : 

»  1°  On  détruit  l'oxychiorure  de  phosphore  par  l'eau  glacée  en  agitant  bien  et  l'on 
reprend  le  chlorure  organique  par  l'éther.  La  solution  séchée  sur  le  chlorure  de  cal- 
cium et  redistillée  dans  le  vide  donne  le  composé  cherché; 

»  2°  On  distille  dans  le  vide  sans  traiter  par  l'eau,  Toxychlorure  passe  d'abord  et  il 
distille  ensuite  un  liquide  incolore  très  réfringent  passant  à  i3i°-i32°  sous  22™'", 

»  Ce  composé  a  une  odeur  assez  agréable.  Refroidi  il  cristallise  à  —  i4°-  Chauffé  à 
l'air  libre  il  se  détruit  en  partie  tiiais  distille  très  bien  sous  pression  i-éduite.  Sa  den- 
sité à  o"  est  de  1,2435. 

»  Abandonné  à  lui-même,  on  remarque  de  suite  qu'il  est  plus  stable  que  le  chlorure 
de  cinnamylidène.  Il  reste  d'abord  incolore  puis  jaunit  lentement;  il  se  dégage  bientôt 
de  l'acide  clilorhydrique,  mais  même  après  plusieurs  jours  on  peut   par   distillation 

(*)  Claisen,  Berichte  der  deiUschen  chemischen  Gesellscliaft,  vol.  XXXl,  p.  J022. 
(^)  MouftÈu  et  Delangë,  Comptes  rendus,  t.  CXXXIII,  p.  îo5. 


SÉANCE  DU  l3  JUILLET  I9o3.  127 

régénérer  la  plus  grande  partie  du  composé  primitif.  Par  l'eau  la  destruction  est  éga- 
lement très  lente.  L'eau  s'acidule,  mais  même  au  bout  de  deux  jours  on  constate  en 
dosant  l'acide  libre  qu'une  faible  partie  seulement  du  chlorure  est  détruite. 

»  On  peut  chaufTer  au  bain-marie,  la  décomposition  s'accentue,  elle  est  loin  cepen- 
dant d'être  complète.  Il  n^y  a  pas  fixation  de  l'acide  naissant  sur  la  triple  liaison  et  Ton 
peut  dans  ce  cas  régénérer  une  partie  du  chlorure  inaltéré. 

»  Cette  stabilité  de  G^H^ — G  ;=  G  —  CHGl"'',  beaucoup  plus  grande  que  celle 
de  C^I-p — CH  =:  GH  —  GHGl-,  se  remarque  déjà  dans  la  préparation  de  ces  deux 
composés  d'une  façon  très  nette. 

»  Gontrairement  aux  idées  admises  sur  l'énergie  particulière  du  groupement  acéty- 
lénique  G^H^G^G  —  GHGl-  doit,  au  point  de  vue  qui  nous  occupe  ici,  être  rangé 
entre  le  composé  saturé  et  le  composé  éthylénique. 

»  La  saturation  du  groupement  acétylénique  stabilise  complètement  le  groupe- 
ment GHGl^. 

»  On  obtient  ainsi  avec  le  chlore  un  liquide  incolore  distillant  à  i65°-ï67°  sous  28'""\ 
Refroidi  énergiquement  ce  composé  se  solidifie  mais  sans  apparence  cristalline.  Son 
analyse  correspond  à  la  formule  G'^H' —  GHGl  :=  GHGl  —  GHGl^.  Â.  l'air  ou  sous  l'eau 
il  est  très  stable. 

»  L'action  du  brome  en  solution  acétique  ou  chloroformique  donne  un  corps  cristallisé 
en  fines  aiguilles  blanches  fondant  à  107°  de  formule  C^H^ — GHBr  =  GHBr  —  GHGl'- 
Ge  chlorobromnre  est  extrêmement  stable. 

»  La  stabilité  de  ces  dérivés  malgré  leurs  liaisons  éthyléniques  n'a  rien  qui  doive 
surprendre  après  les  faits  observés  avec  les  chlorures  de  chlorç-  et  de  bromo-cinnamy- 
lidène. 

»  Si  l'on  excepte  les  transformations  isomériques  des  hydrocarbures, 
le  cas  étudié  ici  est  le  premier  exemple  de  l'action  de  la  triple  liaison  sur 
le  groupement  hydrocarboné  voisin  et  sur  les  substitutions  chlorées  dans 
ce  groupement. 

))  Nous  croyons  pouvoir  affirmer  que,  pour  être  très  réelle,  cette  action 
est  cependant,  dans  le  cas  des  substitutions  chlorées,  moins  accentuée 
que  celle  de  la  double  liaison. 

»  Cette  affirmation  seuible  contradictoire  avec  ce  que  l'on  admet  cou- 
ramment, mais  en  somme  on  n'a  jusqu'ici  étudié  que  la  saturation  du 
groupement  —  C^C  —  et  confondu  deux  phénomènes  différents  :  d'une 
part  cette  saturation  et  d'autre  part  un  phénomène  tout  autre,  le  reten- 
tissement de  ce  groupement  sur  le  reste  de  la  molécule.  L'étude  des 
composés  éthyléniques  à  ce  point  de  vue  est  elle-même  à  peine  ébauchée. 

»  De  ce  qui  précède  il  résulte  que  cette  confusion  doit  être  évitée,  il 
ne  faut  pas,  sans  aucun  fait  expérimental,  admettre  que  l'action  extérieure 
à  lui-même  du  groupement  acétylénique  est  plus  accentuée  que  celle  du 


128  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

groupement  éthylénique.  C'est  l'inverse  qui  est  vrai  pour  les  substitutions 
chlorées.  Il  peut  en  être  d'ailleurs  tout  autrement  pour  des  substitutions 
d'autre  nature.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Préparation  des  amides  secondaires.  Note 
(le  M.  J.  Tarbourieck,  présentée  par  M.  A.  Hailer. 

«  On  ne  connaît  jusqu'à  ce  jour  que  trois  amides  secondaires  :  la 
diacétamide,  la  dipropionamide  et  la  diisobutyramide,  ces  deux  dernières 
obtenues  d'une  façon  tout  à  fait  fortuite.  J'ai  essayé  de  préparer  quelques 
nouveaux  termes  de  cette  série  et,  dans  ce  but,  j'ai  mis  en  œuvre  deux 
procédés  :  le  premier,  indiqué  depuis  1868  par  M.  Armand  Gautier  (') 
et  considéré  comme  la  méthode  classique  et  générale  d'obtention  de  ces 
composés  consiste  dans  l'action  des  acides  sur  les  nitriles  correspondants; 
la  deuxième  méthode,  toute  personnelle,  consiste  à  faire  réagir  les  chlo- 
rures d'acides  sur  les  amides  primaires  en  lube  scellé. 

»  La  réaction  de  M.  Armand  Gautier  donne  lieu  à  la  formation  des 
amides  secondaires  par  simple  addition  des  deux  constituants;  j'ai  pu 
obtenir  ainsi  la  dibutyramide  normale  et  la  diisovaléramide.  Mais  il  est  à 
remarquer  que  la  combinaison  s'effectue  avec  une  difficulté  croissante  et 
avec  des  rendements  de  plus  en  plus  faibles,  en  même  temps  qu'on  aug- 
mente le  nombre  d'atomes  de  carbone  dans  la  molécule. 

»  L'action  des  chlorures  d'acides  sur  les  amides  permet  d'obtenir  ces 
composés  à  des  températures  bien  inférieures  à  celles  exigées  par  la 
méthode  précédente  et  avec  de  meilleurs  rendements.  Enfin,  en  faisant 
intervenir  des  chlorures  d'acides  d'un  nombre  d'atomes  de  carbone 
différent  de  celui  de  l'amide  primaire,  on  obtient  des  amides  secondaires 
mixtes  ou  dissymétriques,  série  dont  on  ne  connaissait  jusqu'à  présent 
aucun  terme. 

»   Je  ne  décrirai,  dans  cette  Note,  que  les  composés  symétriques  : 

»  DiBUTVRAMiDE  NORMALE.  —  1°  Préparation  par  le  iiitrile  et  l'acide  butyriques. 
—  On  cliaufTe  à  2o5°  en  lube  scellé,  pendant  4  heures,  i3s,  8  de  nitrile  butyrique  et 
lySjG  d'acide  butyrique.  Après  refroidissement,  on  distille  le  liquide  sous  la  pression 
ordinaire  :  la  plus  grande  partie  passe  avant  la  température  de  i8o°.   Le  thermomètre 

(*)   Comptes  rendus,  t.  LXVII,  1868,  p.  laSS. 


SÉANCE  DU  l3  JUILLET  igoS.  129 

s'élève  ensuite  rapidement  jusque  vers  218".  A  partir  de  celte  température,  le  liquide 
qui  distille  se  condense  par  le  refroidissement  en  une  masse  blanche  cristalline. 

»  Mais,  à  partir  de  200°,  il  y  a  toujours  une  décomposition  plus  ou  moins  avancée 
du  produit.  Aussi,  est-il  avantageux  d'arrêter  le  fonctionnement  dès  que  l'on  atteint 
cette  température.  Par  le  refroidissement,  et  au  bout  de  quelques  heures,  le  liquide 
resté  dans  le  ballon  se  prend  en  une  masse  cristalline  que  l'on  purifie  par  essorage, 
lavage  à  l'eau  distillée  et  cristallisation  dans  l'alcool.  La  dibutyramide  fond  à  107°. 

»  2°  Préparation  par  la  hutyramlde  et  le  chlorure  de  butyrile.  —  Les  deux  corps 
mélangés  dans  la  proportion  de  leur  poids  moléculaire  sont  chauffés  en  tube  scellé 
à  lao^-iSo"  pendant  6  heures.  Au  bout  de  ce  temps,  le  tube  contient  un  liquide  sur- 
nageant une  petite  quantité  d'une  matière  blanchâtre  cristalline.  On  distille  le  liquide 
au  bain-marie  dans  le  vide;  dans  ces  conditions,  la  plus  grande  partie  passe  à  la  dis- 
tillation. Le  résidu  se  solidifie  par  le  refroidissement  en  une  masse  cristalline  que  l'on 
purifie  comme  il  vient  d'être  dit.  Ce  corps  a  le  même  point  de  fusion  que  celui  obtenu 
par  l'action  de  l'acide  butyrique  sur  le  nitrile,  soit  107°.  L'analyse  démontre  qu'il  a  la 
composition  centésimale  de  la  dibutyramide. 

»  Le  produit  solide  qui  s'est  formé  en  petite  quantité  sous  le  tube  scellé  est  du  chlo- 
rure d'ammonium.  La  formation  de  ce  corps  paraît  être  corrélative  de  la  production 
en  proportion  correspondante,  c'est-à-dire  très  minime,  de  tributyramide,  qui  pren- 
drait naissance  d'après  l'équation 

2C*H^OAzH2-i-  C^IPOCI  —  AzH^Cl  -\-  {C^WOfkz. 

»  Quant  au  liquide  qui  a  passé  à  la  distillation,  il  contient  une  certaine  quantité 
de  nitrile  qui  résulte  de  l'action  déshydratante  du  chlorure  d'acide  sur  l'amide 
primaire. 

»  Diisobutyramide.  —  Hofmann  (*)  a  constaté  la  formation  de  ce  corps  à  côté  de 
l'isobutyramide  par  l'action  de  l'ammoniaque  sur  le  chlorure  de  butyrile.  En 
chauffant  à  i  io°-i  i5°  en  tube  scellé  de  l'isobutyramide  et  du  chlorure  d'isobutyrile 
en  proportions  moléculaires,  on  obtient  un  liquide  qui,  abandonné  à  lui-même,  laisse 
cristalliser  spontanément  la  diisobutyramide  en  gros  cristaux  flexibles,  incolores,  fon- 
dant à  I73°-I74°-  La  diisobutyramide  est  presque  insoluble  dans  l'eau  et  l'alcool 
froids.  Elle  est  plus  soluble  dans  ces  liquides  bouillants,  très  soluble  dans  l'éther. 

»  Dlisoçaléramide .  —  Si  l'on  chauffe  à  20o°-2o5'',  poids  moléculaire  d'acide  valé- 
rique  et  de  valéronitrile,  on  n'observe,  quelle  que  soit  la  durée  de  l'opération,  que  la 
formation  en  proportion  insignifiante  d'amide  secondaire.  On  obtient  ce  corps  en 
quantité  notable  en  portant  la  température  à  24o°-25o**  pendant  au  moins  3o  heures. 
Après  distillation  sous  pression  réduite  de  la  partie  qui  n'a  pas  réagi,  on  obtient  un 
liquide  qui,  par  refroidissement,  se  concrète  en  aiguilles  blanches  fondant  à  94°.  Ce 
corps  a  la  composition  élémentaire  de  la  diisovaléramide. 

»  On  obtient  encore  ce  composé  par  l'action  du  chlorure  d'isovaléryle  sur  l'isovalé- 
ramide  dans  les  conditions  décrites  au  sujet  de  la  dibutyramide  normale.  Ici  encore 
on   observe  la  formation  de  chlorure  d'ammonium  et  d'une  proportion  notable  de  ni- 


{')D.ch.  G.,  t.  XV,  p.  977. 


l3o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

trile.  Pour  i'eàie  cristalliser  l'amide  secondaire,  on  reprend  par  l'eau  bouillante  le 
liquide  qui  reste  après  la  distillation  au  bain-marie  dans  le  vide,  et,  par  le  refroidisse- 
ment, on  obtient  la  diisovaléramide  sous  forme  d'un  amas  feutré  de  fines  aiguilles 
blanches. 

»  Divaléramide  normale.  —  L'action  du  chlorure  de  valéryje  sur  la  valéramide  en 
tube  scellé  à  iio^-iiS"  donne  lieu  de  la  même  manière  à  la  formation  de  la  divaléra- 
mide  normale.  On  la  sép'are  comme  les  composés  précédents  en  se  basant  sur  son  inso- 
lubilité  dans  l'eau  froide.  C'est  une  substance  blanche,  cristalline,  fondant  à  loo". 
Elle  est  assez  soluble  dans  l'alcool  bouillant,  très  soluble  dans  l'élher.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Action  du  pcrsiilfate  d' ammoniaque  sur  les  oxydes 
métalliques.  Note  de  MM.  A.  Seyewetz  et  P.  Trawjtz,  présentée  par 
M.  A.  Haller.  (Extrait.) 

«  En  faisant  agir  le  persulfate  d'ammoniaque  sur  les  oxydes  métalliques, 
nous  avons  obtenu  des  réactions  qui  diffèrent  notablement  de  celles  que 
donne  l'eau  oxygénée — 

»  Conclusions.  —  Il  résulte  de  nos  expériences  que  le  persulfate  d'am- 
moniaque donne  lieu  à  des  réactions  variées  en  agissant  sur  les  oxydes 
métalliques  : 

))  1°  Avec  les  protoxydes,  il  peut  y  avoir  soit  déplacement  d'ammo- 
niaque avec  formation  probable  du  persulfate  correspondant,  soit  produc- 
tion de  sesquiôxydes  ou  de  peroxydes. 

»  Cette  dernière  réaction  est  particulièrement  intéressante  pour  la  pré- 
paration du  peroxyde  de  plomb  précipité. 

»  2°  Avec  les  sesquiôxydes  ou  les  peroxydes,  on  peut,  soit  produire  l'oxy- 
dation d'une  partie  de  l'ammoniaque,  en  dégageant  de  l'azote  en  même 
temps  qu'il  se  forme  le  sulfate  correspondant  à  l'oxyde,  soit  former  le  sul- 
fate de  l'oxyde  avec  dégagement  de  l'oxygène  d'une  partie  du  persulfate, 
soit  enfin  donner  lieu  à  des  peroxydations  complètes,  comme  celles  que  l'on 
obtient  avec  les  hydrates  de  chrome  et  de  manganèse.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Action  du  brome  sur  le  pinène  en  présence  de  Veau. 
Note  de  MM.  P.  Genvresse  et  P.  Faivre.  (Extrait.) 

«   L'action  du  brome  sur  le  pinène  a  été  l'objet  de  beaucoup  de  travaux 
de  la  part  d'un  grand  nombre  de  savants,  entre  autres  de  MM.  Tilden  et 


SÉANCE  DU   t3  juillet   igoS.  l3l 

Wallach.  Ils  sont  arrivés  à  des  résultats  contradictoires  :  M.  Tilden  conclut 
à  la  tétravalence  du  pinène  ;  M.  Wallach,  à  sa  divalence. 

»  Nous  avons  pensé  qu'il  serait  bon  de  reprendre  la  question  par  une 
autre  méthode;  nous  opérons  en  présence  de  l'eau;  nous  avons  seulement 
soin  que  la  température  ne  s'élève  pas. 

»  ...  Nous  avons  entraîné  par  la  vapeur  d'eau  l'huile  obtenue;  il  passe 
d'abord  un  liquide  incolore,  plus  léger  que  l'eau,  constitué  surtout  par  du 
pinène  inaltéré,  ensuite  une  huile  colorée  en  jaune,  plus  lourde  que  l'eau, 
dont  nous  avons  extrait  du  cymène,  et  enfm  un  liquide  qui  cristallise;  il 
reste  dans  l'appareil  à  entraînement  un  résidu  brun  visqueux. 

M  Les  cristaux  fondent  à  i67*'-i68°  après  cristallisation  dans  l'éthcr 
acétique.  Ils  sont  saturés  et  leur  analyse  corresponrl  à  la  formule 

G^»H^*^Br% 

dibromure  de  pinène.  M.  Wallach  les  avait  aussi  obtenus  par  une  autre 
méthode.  Ils  sont  très  importants,  parce  qu'ils  permettent  de  conclure  à 
la  diValence  du  pinène.  » 


PHYSIOLOGIE.  —  laflaence  du  système  nerveux  sur  l'ontogenèse  des  membres. 
Note  de  M.  P.  WintrfberTj  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  En  étudianl  l'origine  des  membres  chez  les  Batraciens,  je  fus  frappé 
de  voir  les  cellules  encore  indifférentes  du  bourgeon  naissant,  entourées 
par  les  fibrilles  nerveuses^  et  je  me  demandais  si  la  forme  et  la  différen- 
ciation du  membre  ne  seraient  point  réglées  par  le  système  nerveux. 
R.  Rubin  a  précisé  récemment  l'influence  nécessaire  du  système  nerveux 
pour  la  régénération  du  membre  chez  les  Urodèles;  mais  il  s'agissait  de 
Tapparitiôn  première  de  Torgane  et,  les  travaux  de  A.  Scllaper  sur  les 
larves  d'Anoures  montrant  que  l'ablation  de  l'encéphale  est  sans  action 
sur  la  croissance  en  général  et  sur  la  région  céphalique  en  particulier,  ne 
touchent  pas  le  sujet  d'assez  près.  Je  résolus  d'expérimenter  en  supprimant 
la  seule  innervation  du  membre  lui-même  chez  des  larves  de  Batraciens 
urodèles  et  anoures. 

»  Opérations  et  résultats.  —  .1  Siredon  pisciformis.  —  Sur  des  larves  clAxoIoil, 
prises  au  moment  où  apparaissent  les  doigts  du  membre  postérieur,  j'arrivai  après 
plusieurs  essais  à  pouvoir  sectionner  complètement  les  nerfs  qui  s'y  rendent,  i"  d'un 
seul  côté,    2°  des   deux  côtés.  Dans   les  deux  cas,  un   grand  nombre  de  larves  furent 


l32  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

opérées;  on  ne  retint  pour  l'appréciation  des  faits  que  celles  dont  le  membre  énervé 
était  absolument  inerte  et  insensible.  Au  bout  d'un  temps  variable  (6  à  12  jours)  on 
constatait  sur  tous  les  membres,  opérés  ou  non,  la  même  croissance  de  i  ou  2  doigts; 
pour  continuer  l'expérience,  en  évitant  une  régénération  nerveuse  possible,  certaines 
larves  furent  opérées  de  nouveau,  et  manifestèrent  encore  après  cela  l'apparition 
d'une  ébauche  plus  avancée. 

»  II.  Rana  temporaria.  —  Les  opérations  furent  toujours  pratiquées  sur  les  2  côtés 
des  larves.  Voici  les  résultats  relatifs  à  2  lots  de  têtards  : 

i)  Première  série  :  Développement  des  doigts.  —  19  larves  furent  rigoureusement 
choisies  au  stade  où  le  pied  commence  à  se  distinguer  sur  le  bourgeon  par  un  étran- 
glement séparant  une  palette  terminale  indivise.  5  jours  après  l'opération,  8  têtards 
survivent,  sur  lesquels  6  ont  l'ébauche  nette  de  3  doigts,  et  2  montrent  4  doigts. 
Réopérés  immédiatement,  4  seulement  sont  en  vie  5  jours  plus  tard;  1  de  ceux-ci  n'ont 
pas  progressé,  mais  les  2  autres  ont  à  ce  moment  l'ébauche  de  leurs  5  doigts,  comme 
les  témoins;  leurs  membres  étaient  toujours  restés  inertes  et  insensibles. 

»  Deuxième  série  :  Développement  des  membres  jusqu'à  complète  métamorphose.  — 
5o  têtards,  pris  à  un  stade  tout  à  fait  précoce,  subissent  le  iZ  mai  une  opération,  qui 
fut  renouvelée  les  28  mai,  2  juin,  7  juin,  22  juin,  2  juillet,  AjDrès  le  7  juin,  le  membre 
était  suffisamment  développé  pour  qu'on  pût  se  rendre  un  compte  exact  de  sa  sensibi- 
lité et  de  sa  molilitê,  et  il  devint  possible  d'attendre,  pour  intervenir  à  nouveau,  que 
la  sensibilité  reparût  à  la  naissance  de  la  cuisse.  Du  22  juin  au  2  juillet,  les  membres 
postérieurs  grandirent  rapidement,  et,  à  cette  dernière  date,  18  têtards  survivaient; 
4  d'entre  eux,  plus  avancés,  avaient  sorti  leurs  membres  antérieurs,  mais  manifes- 
taient aussi  une  sensibilité  nette  au  pincement  de  la  cuisse  et  de  très  légers  mouve- 
ments volontaires  de  celle-ci;  8  autres,  absolument  insensibles,  ou  dont  la  sensibilité 
restait  limitée  à  la  moitié  supérieure  de  la  cuisse,  furent  réopérés,  et  6  d'entre  eux 
libérèrent  dans  les  jours  suivants  leurs  membres  antérieurs. 

»  Depuis  ce  moment,  laissés  à  eux-mêmes,  les  derniers,  comme  les  premiers,  récu- 
pérèrent plus  ou  moins  rapidement  la  sensibilité  dans  les  segments  des  membres 
postérieurs,  traînés  inertes  derrière  l'animal,  en  des  attitudes  vicieuses,  malgré  l'appa- 
rition de  minimes  contractions  des  cuisses. 

»  Ces  membres,  au  point  de  vue  de  leur  forme  générale,  de  leur  longueur  totale,  de 
la  proportion  longitudinale  de  leurs  divers  segments,  et  de  la  comparaison  entre  les 
deux  côtés,  ne  diffèrent  pas  des  membres  normaux,  sauf  lésions  accidentelles  trauma- 
tiques. 

»  Dans  les  membres  les  plus  inertes  et  les  plus  sûrement  énervés  on  constate  par- 
fois, sous  l'influence  d'une  excitation  directe,  des  oscillations  des  doigts  qui  prouvent 
l'existence  de  fibres  musculaires. 

))  Nous  pouvons  donc  conclure  que  le  système  nerveux  n'est  pas  néces- 
saire dans  la  génération  du  membre,  ni  pour  sa  croissance,  ni  pour  sa  mor- 
phogénie générale,  ni  pour  sa  différenciation.  » 


SÉANCE  DU  l3  JUILLET  I9o3.  l33 


ZOOLOGIE.  —  La  distribution  géographique  des- Coléoptères  hostrychides  dans 
ses  rapports  avec  le  régime  alimentaire  de  ces  Insectes.  Rôle  probable  des 
grandes  migrations  humaines.  Note  de  M.  P.  Lesne,  présentée  par 
M.  Bouvier. 

«  L'ensemble  des  renseignements  que  l'on  possède  aujourd'hui  sur  le 
régime  des  Coléoptères  appartenant  à  la  famille  des  Bostrychides  montre 
que  ces  Insectes  se  développent,  dans  les  conditions  normales,  aux  dépens 
des  plantes  ligneuses  récemment  mortes  ou  maladives.  D'une  façon  géné- 
rale, ils  cherchent  leur  subsistance  soit  dans  le  bois,  soit  dans  les  tissus  de 
réserve  des  végétaux  angiospermes;  les  espèces  du  genre  Stephanopachys, 
qui  vivent  exclusivement  dans  l'écorce  des  Abiétinées,  sont  les  seules  qui 
fassent  exception  à  cette  règle. 

»  Si,  mettant  à  part  ce  dernier  genre,  on  étudie  les  espèces  dont  l'aire 
d'habitat  est  restée  limitée  à  l'une  des  grandes  régions  zoogéographiques, 
on  est  frappé  de  la  diversité  des  essences  auxquelles  s'attaquent  beaucoup 
d'entre  elles  et  de  la  facilité  avec  laquelle  elles  se  jettent  sur  les  arbres  ou 
les  arbustes  qui  y  ont  été  importés.  Le  régime  polyphage  est  manifeste, 
par  exemple,  chez  le  Sinoxylon  sexdentatum  de  la  région  méditerranéenne, 
chez  le  Sinoxylon  crassum  de  la  région  indo-malaise  et  chez  les  Psoa  maculata 
et  Scobicia  déclins,  de  Californie.  Une  espèc^e  du  nord  de  l'Alrique,  Liche- 
nophanes  numida,  a  été  observée  une  fois  en  nombre  dans  le  tronc  mort 
d'un  Eucalyptus  globulus  qu'elle  avait  réduit  en  poussière  ('). 

))  La  dureté  et  la  texture  des  tissus  végétaux  ne  paraissent  pas  jouer, 
dans  le  choix  des  plantes  nourricières,  un  rôle  plus  important  que  l'indi- 
génat  des  essences  ou  que  les  affinités  botaniques.  Ainsi,  les  larves  de  deux 
espèces  méditerranéennes,  Enneadesmus  irispinosus  et  Phonapate  frontalis, 
s'accommodent  aussi  bien  du  parenchyme  de  la  nervure  médiane  des 
feuilles  coupées  de  Dattier  que  du  bois  de  Tamarix,  et  plusieurs  espèces 
appartenant  aux  genres  Dinoderus  et  Rhizopertha,  quoiqu'elles  sachent 
forer  le  bois  aussi  bien  que  les  autres  Bostrychides,  et  qu'elles  s'y  déve- 
loppent fréquemment,  vivent  de  préférence  dans  divers  fruits  ou  tubercules 
desséchés,  dans  les  provisions  de  grains  amassées  par  l'homme  ou  même 
dans  les  produits  manufacturés,  tels  que  le  biscuit. 


(')  Maurice  Girard,  Annales  de  la  Société  entomologique  de  France,  1882,  Bulle- 
lin,  p.  48- 

C.  R.,  igoS,  2«  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  2.)  1^ 


l34  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Ces  faits  expliquent  la  facilité  avec  laquelle  certains  de  ces  animaux 
ont  pu  se  répandre  et  s'acclimater  dans  des  contrées  fort  éloignées  de  leur 
pays  d'origine  et  toutes  différentes  par  leur  végétation.  (J'est  ainsi  qu'il 
existe,  soit  dans  l'Amérique  du  Sud,  soit  aux  Antilles,  au  moins  quatre 
espèces  de  Bostrychides  (^)  que  tout  porte  à  considérer  comme  étant 
d'origine  africaine.  Leur  large  dispersion  en  Afrique  où  deux  d'entre  elles 
ont  donné  naissance  à  des  raCGs  locales,  leurs  aftitiités  très  étroites  avec 
leurs  congénères  restés  tbiis  Cantonnés  dans  l'ahcien  contittétit  et,  d'autre 
part,  la  conformité  absoltle  des  iridividils  américains  avec  ceux  vivant  en 
Afrique  ne  peuvetit  guère  laisser  de  doutes  à  cet  égard. 

»  Or,  si  l'on  étudie  la  distribution  géographique  de  ces  fôi^nies  impôl'- 
tées,  on  constate  que  leurs  centres  de  dispersion  en  Amérique,  Antilles  et 
Brésil  oriental,  sont  les  mêmes  que  les  centres  d'habitat  des  populations 
noires  ou  de  gens  de  couleur  et  l'on  est  conduit  à  rattacher  leur  apparition 
dans  le  nouveau  continent  au  grand  mouvement  de  migration  forcée  qui, 
durant  une  période  historique  récente,  jeta  par  dizaines  de  millions  les 
nègres  captifs  sur  les  côtes  du  Bi'ésil  et  dans  les  Antilles.  Il  est  dertain  iqUë 
les  bâtiments  négriers,  au  moment  de  quitter  TAfrique,  embarquaient, 
outre  leur  cargaison  humaine,  du  bois,  des  ustensiles,  des  fruits  et  des 
tubercules  desséchés  qui,  dans  bien  des  cas,  recelaient  des  Bostrychides 
Sous  leUfs  différents  états.  Il  n'est  pas  surprenant  qu'à  la  faveur  de  leur 
régime  varié  ceux-ci  aient  pu  s'acclimater  aux  points  d'atterrissage. 

M  D'autres  particularités  faunistiques,  susceptibles  d'une  explication 
analogue,  semblent  venir  à  l'appui  de  l'hypothèse  précédente.  L'étude  de 
la  faune  des  Bostl^chides  de  Madagascar  révèle  la  présence,  dans  la 
grande  île,  de  séHes  d'espèces  largement  répandues,  soit  en  Afrique,  soit 
dans  l'Indo-Malaisie,  et  vivant  côte  à  côte  avec  les  formes  endémiques.  Là 
composition  de  cette  faune,  telle  qu'elle  est  actuellement  connue,  est  la 
suivante  i 

Espèces  endémiques o 

i)        existant  à  la  fois  fen  Afrique  et  à  Madagascar 1 1 

»                      »                 dans  l'Asie  sud-orientale  et  à  Madagascar 5 

"                      »                 en  Afrique,  dans  l'Asie  sud-orientale  et  à  Madagascar. .  2 

»        cosmopolites 3 

w  Le  mélange  des  types  n'appartenant  pas  en  propre  à  la  faUne  insulaire 


(')  'Yylopertha  picea  dans  le  Brésil  et  la  Guyane,  AyUonulus  transversa  au  Brésil, 
Apate  terebrans  au  Brésil  et  dans  les  Antilles,  Apate  monachus  aux.  Antilles. 


SÉANCE   DU    l3   JUILLET    ipoS.  t35 

n'est  pas  sans  analosjie  avec  celui  des  races  humaines  peuplant  l'île  et  tout 
se  passe  comme  si  les  nègres  bantous,  représentés  aujourd'hui  par  les. 
Sakalaves,  et  les  Hovas  indonésiens  avaient,  les  uns  et  les  autres,  apporté 
de  leur  patrie  d'origine  un  contingent  d'espèces  xylophages  qui  serait  venu 
se  superposer  aux  formes  autochtones.  » 


PHYSIOLOGIE.  —  A  propos  d'une  diastase  tactique  dédoublant  le  salol.  Note 
de  MM.  A.  MiELE  et  V.  \yiLLEi>i,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 
(Extrait.) 

«  En  1901,  Nobécourt  et  Mercklen(')  ont  publié  une  série  d'expériences 
tendant  à  prouver  l'existence,  dans  certains  laits,  d'un  ferment  dédoublant 
le  salol  en  phénol  et  acide  salicylique.,..  Spolverini  (-)  après  des  expé- 
riences analogues,  admet  aussi  l'existence  de  ce  ferment.  De  même  que  les 
auteurs  précédents,  il  constate  qu'une  réaction  sensiblement  acide  du 
milieu  retarde  beaucoup  l'action  du  feraient  et  peut  même  l'enrayer  com- 
plètement. Enfin  A.  Desmoulières  et  Pozzi-Escot  (')  ont  cherché,  avec  un 
résultat  négatif,  si  ce  dédoublement  du  salol  ne  peut  pas  être  attribué  à 
l'action  d'une  lipase. 

»  Quelques  expériences  que  nous  avons  faites  montrent  que  l'existence 
dans  le  lait  d'un  semblable  ferment  hydratant,  dédoublant  le  salol,  est  tout 
au  moins  problématique;  presque  tous  les  faits  observés  se  peuvent  expli- 
quer par  la  simple  alcahnité  des  liquides  expérimentés. 

»  En  effet:  1°  une  solution  très  diluée  de  soude  caustique  (roôoTôô  environ),  addi- 
tionnée de  salol,  fournit,  après  quelque  temps,  la  réaction  caractéristique  de  l'acide 
salicylique  avec  le  perchlorure  de  fer.  Cette  réaction  n'est  pas  instantanée  à  froid, 
mais  elle  est  très  sensible  après  24  heures  de  maintien  de  la  liqueur  à  Sy»;  elle  est 
beaucoup  plus  prononcée  dans  une  solution  d'alcalinité  décqple;elle  est  absente  en 
milieu  légèrement  acide. 

»  Le  même  ensemble  de  phénomènes  se  présente  si,  au  lieu  d'eau,  on  emploie 
d'autres  liquides  alcalinisés.  C'est  ainsi  que  du  Ifiit  de  vache  cru  oq  bouilli,  d'abord 


(M  NoBÉcouRT  et  Mercklen,  Un  ferment  de  lait  de  femme  et  du  lait  d'ânesse 
{Bévue  mensuelle  des  maladies  de  l'enfance,  t.  XIX,  mars  1901). 

(^)  Spolverini,  Sur  les  ferments  solubles  du  lait...  {Revue  d'hygiène  et  de  méde- 
cine infantiles,  t.  I,  1902). 

(3)  Pozzi-EscoT,  Dédoublement  diastasique  du  salol  {Comptes  rendus,  t.  CXXXVI, 

n    iT>ai    i90-^-) 


l36  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

neutralisé  (pour  la  phénolphtaléine)  puis  légèrement  alcalinisé  comme  ci-dessus 
,(une  goutte  de  solution  décinormale  de  soude  pour  S-^""' de  liquide),  du  lait  de  femme  cru 
ou  bouilli,  de  la  salive,  une  solution  de  pancréatine,  ramenés  à  une  alcalinité  analogue, 
décomposent  tous  le  salol.  La  réaction  est  intensifiée  par  l'addition  d'une  quantité 
plus  grande  de  soude  caustique;  elle  est  annulée  par  l'acidification  très  légère  des 
mêmes  liquides. 

»  Il  est  à  noter  que  le  carbonate  de  soude  produit  des  effets  analogues,  mais  à  une 
concentration  supérieure  :  c'est  ainsi  qu'une  solution  au  j^  donne  la  réaction  immé- 
diatement à  loo'^,  lentement  à  la  température  de  40"- 

»  En  résumé,  dans  ces  essais,  le  dédonblement  du  salol  apparaît  comme 
une  fonction  de  l'alcalinité  du  milieu  et  se  montre  indifférent  aux  autres 
facteurs  considérés  :  nature  du  lait,  ébullition  préalable,  présence  de  cer- 
taines diastases.  Or,  il  faut  se  rappeler  que,  dans  les  expériences  de  Nobé- 
court  et  Mercklen,  dans  celles  de  Spolverini,  ce  sont  les  laits  à  réaction 
alcaline  qui  ont  fourni  les  phénomènes  sur  lesquels  on  se  fonde  pour 
admettre  l'existence  du  ferment  en  question.  On  pourrait  donc  nier  déli- 
bérément sa  présence  si  Nobécourt  et  Mercklen  n'affirmaient  (p.  i4i)  que 
du  lait  de  femme,  maintenu  pendant  un  certain  temps  à  des  températures 
supérieures  à  65**,  perdait  son  pouvoir  de  dédoubler  le  salol,  et  si  on  ne 
lisait  dans  l'exposé  des  expériences  de  Spolverini,  sur  une  chèvre  mise  à 
un  régime  omnivore,  l'apparition  au  bout  d'un  mois  de  la  réaction  en 
question  (Tableau,  p.  3oB),  en  même  temps  que  l'acidité  du  lait  augmen- 
tait (Tableau,  p.  3o5). 

»  Il  ne  nous  a  pas  été  possible  de  répéter  les  expériences  de  Spolverini, 
mais  nous  avons  fait  des  essais  analogues  à  ceux  de  Nobécourt  et  Mercklen, 
et  cela  avec  des  résultats  un  peu  différents. 

»  C'est  ainsi  qu'un  lait  de  femme  stérilisé  à  110°  pendant  une  demi-heure  nous  a 
donné  la  réaction  eu  question,  très  nettement,  quoique  plus  faiblement  qu'à  l'état  frais. 
Or,  nous  avons  pu  constater  que  l'ébuUition  avait  modifié  le  degré  d'alcalinité  de  ce 
lait  :  frais,  il  avait  fallu  en  additionner  5*^°''  de  o*^™",  225  de  solution  décinormale  de 
soude  caustique  pour  provoquer  la  coloration  rose  de  la  phénolphtaléine  ;  après  stéri- 
lisation, o'^"'',36  devenaient  nécessaires  pour  obtenir  la  même  réaction.  Cette  diminu- 
tion de  l'alcalinité  du  lait,  sous  l'influence  d'une  température  élevée,  permet  de  com- 
prendre que  certains  laits  de  femme,  peu  alcalins,  perdent  par  la  chaleur  leur  pouvoir 
de  dédoubler  le  salol. 

»  Il  nous  semble  donc  que  l'existence,  dans  certains  laits,  d'un  ferment 
dédoublant  le  salol  est  bien  problématique;  la  démonstration  péremptoire 
d'une  diastase  à  pouvoir  hydratant  devra,  en  tout  cas,  se  faire  au  moyen 
d'autres  réactifs  que  le  salol.  Nous  ajouterons  que  les  mêmes  objections 


SÉANCE  DU  l3  JUILLET  igoS.  iSn 

s'appliquent  à  l'admission  de  semblable  ferment  dans  les  organes  où  Nobé- 
coiirt  et  Mercklen  ont  cru  l'avoir  révélé  (  '  ). 

M  II  résulte  encore  de  nos  expériences  qu'il  n'existe  actuellement  aucune 
raison  d'attribuer  à  la  pancréatine,  comme  on  le  Mt,  plutôt  qu'à  l'alcali- 
nité du  liquide  intestinal,  le  dédoublement  que  subit  le  salol  dans  l'intestin 
grêle.  » 


PHYSIOLOGIE.  —  Sur  les  modificalions  (lu  chimisme  respiratoire  avec  l'âge, 
en  particulier  chez  le  cobaye.  Note  de  M.  Léopold  Mayer,  présentée  par 
M.  x\lfred  Giard. 

«  Sondén  et  Tigerstedt  (-)  ont  étudié,  dans  les  Skandin.  Arch.  fïir  Physio- 
logie, les  échanges  respiratoires  chez  l'homme,  et  l'influence  du  sexe  et  de 
l'âge  sur  l'excrétion  de  l'anhydride  carbonique:  ils  ont  montré  que  l'homme 
excrète  plus  d'anhydride  carbonique  que  la  femme  et  que  le  pourcentage 
d'anhydride  carbonique  éliminé  par  kilogramme  diminue  notablement  de 
l'enfance  à  la  vieillesse,  comme  l'avait  aussi  établi  Lorenzo  Brillo  ('). 

»  Nous  nous  sommes  proposé  de  rechercher  comment  varie,  avecrâge, 
pour  diverses  espèces  animales,  l'intensité  de  ces  combustions  respira- 
toires qui  mesurent,  en  dernière  analyse,  les  quantités  d'énergie  libérée 
par  l'organisme  au  repos  (^). 

»   Nous  avons  choisi  clans  ce  but  le  Cobaye,  le  Lapin,  le  Poulet  et  le  Canard. 

»  Nous  nous  sei^vons  de  la  méthode  de  Halsdane,  réduite  à  la  pesée  de  l'anhydride 
carbonique,  avec  les  modifications  que  nous  avons  décrites  dans  un  travail  anté- 
rieur (^). 

»  Les  dosages  ont  été  entrepris  dès  la  naissance  des  animaux  et  continués  journelle- 
ment pendant  le  premier  mois,  puis  à  des  intervalles  de  deux,  trois  et  quatre  jours. 

(^)  NoBÉcouRT  et  Mercklen,  Présence  d'un  ferment  dédoublant  le  salol  dans  les 
organes  de  l'homme  et  de  divers  animaux,  ainsi  que  dans  le  lait  de  femme  et  de 
chienne  {Comptes  rendus  de  la  Société  de  Biologie,  9  février  1901). 

(^)  Klas  Sondén  et  Robert  Tigerstedt,  Untersuchungen  ûber  die  Respiration  und 
den  Gesammtstoffwechsel  des  Menschen  {Skandinav.  Arch.  f.  PhysioL,  iSgS,  p.  i 

à  22.5). 

(^)  Lorenzo  Brillo,  Recherches  sur  la  ventilation  pulmonaire  dans  l'enfance 
{Lo  Sperimentale,  1898,  p.  218). 

(*)  Ernest  Solvay^  Formules  d'introduction  à  l'énergétique  physique  et  psycho- 
sociologique, p.  6. 

(^)  Léopold  Mayer,  Influence  d'une  révulsion  cutanée  sur  le  mécanisme  et  le  chi- 
misme respiratoire  (  Travaux  du  laboratoire  de  l'Institut  Solvay,  publiés  par  Paul 
Héger,  1901,  t.  IV,  f.  1,  p.  gS). 


l38  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Dans  leur  ensemble,  nos  résultats  confirmentles  dorinées  deSonrlén  et  Tlgersledt; 
mais,  comme  nous  suivons  les  mêmes  individus  pendant  plusieurs  années  —  de  leur 
naissance  à  leur  mort  —  au  lieu  de  comparer  entre  eux  des  sujets  différents  à  des 
âges  différents,  nous  pouvons  atteindre  ainsi  à  une  plus  grande  précision. 

»  Toutes  les  eoiirbes  de  décroissance  de  poids  de  V anhydride  carbonique  avec 
l'âge  que  nous  avons  rencontrées  Jusqu'ici  représentent  des  hyperboles. 

»  La  courbe  ci-dessous  résume  une  série  de  soixante-douze  expériences  pour  deux 
groupes,  l'un  de  deux,  l'autre  de  trois  Cobayes;  elle  représente  les  moyennes  des  expé- 
riences, les  points  un  peu  aberrants  s'expliquant  soit  par  des  mouvements  désordonnés 
des  sujets,  soit  par  des  variations  excessives  de  ten^pérature  et  de  pression  du  milieu. 


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»  On  voit  que  le  tï)ux  de  l'excrétior)  de  l'acide  carbonique,  e\trèmenieTît  éleyé  pen- 
dant les  premiers  jpurs  de  ^  vie,  toipl^e  rapidement  de  /i^jQl  'PTs  dp  la  naissance  à  2^ 
vers  le  buitièrne  jpur,  poijr  continuer  à  diminuer  lenternent  avec  l'AgP;  h  la  fin  du 
troisième  mois,  il  oscille  autour  de  iS,8o  par  kilogramme-heure,  et  les  expériences 
ultérieures  rpontrent  qu'il  décroît  progressivement,  suivant  VéqiçatÎQii  (fe  Iç.  courbe, 
pour  atteindre,  à  l'âge  adulte,  les  chiffres  généralement  admis  (pnvij'on  i?,  lo). 

»  Nous  avons  tirp  des  chiffres  de  Sonçjp'^  e(.  Tigerstedt,  et  de  peu>^  pu|^liés  par  î^îjgqus. 
Levy  et  Falk  (^),  des  courbes  dont  M.  Louis  Bastien  a  calculé  les  équatiof]^. 


(*)  A.   Mactnps-Levy   et  E.  Falk,  Arch.  fur  Anat.   u.   Physiol.,   1899  {Physiol. 
Abth.  SuppL,  p.  323  et  329). 


SÉANCE  DU  l3  JUILLET  IQoS.  l39 

»  Ces  formules  sont,  les   abscisses  x  étant  comptées   en   années,  les  ordonnées  y 
représentant  des  centimètres  cubes  de  CO-  par  kilogramitie-minute  : 

Pour  l'homme  ....      (  /  +  5o.r)  i^o-y  -V-  x)  —  i~j'i>oox  —  25oo/  +  46oooo  -^  o; 
Pour  la  femme.  .  .  .      {y  +  5o.r)  (jiy  -\-  x")  —  3i  3ooj:  ::=  2  6ooj^  +  5-Sooo  =  o  ; 

la  sexualité  femelle  s'exprimant  ici  encore  (^)  par  une  valeur  absolue  plus  grande  des 
constantes. 

»  Bastien  trouve  pour  la  courbe  ci-jointe  du  Cobaye,  les  abscisses  étant  comptées 
ëri  jours  et  les  ordonnées  en  centigrammes  de  CO'-  par  kilogramme-heure  •: 

{y  -h  "j^x)  (8/  -\-  x)  —  1 12800J?  —  ^Zooy  -h  680000  =  Oi 

»  Pour  comparer  les   résultats,   il    faut  remplacer    dans   l'équation  du  Cobaye   x 

X  os,oi  ' 

pàf  7>--v  et  y  par  y  x  t.  X  bd.  » 

^      36a         ^      "^        08,  CCI  8 


CRYPTOGAMIE.  —  Sur  la  variation  du  Bornetina  Coriutii  suivant  la  nature 
des  milieux.  Note  de  MM.  L.  Maxgix  et  P.  Vïala,  présentée  par 
M.  L.  Guignard. 

«  Le  Bornetina  Corium  présente  tin  polymorphisme  si  remarquable  que 
nous  aurions  pu  établir  plusieurs  espèces  avec  leurs  variations,  si  les  nom- 
breux essais  de  culture  croisée  ne  nous  avaient  déiliontré,  dans  la  grande 
diversité  des  formes,  l'existence  d'un  seul  et  même  type  spécifique. 

»  L'aspect  des  cultures  sur  milieu  solide  (gélose,  gélatine,  sable,  imprégnés  de  solu- 
tions nutritives)  est  constant;  ce  sont  des  lames  plus  ou  moins  étendues,  parfois  ondu- 
lées et  frisées,  semblables  au  thalle  des  Champignons  ou  Lichens  crustacés.  Dans  les 
milieux  liquides,  le  Bornetina  constitue  d'abord  un  mycélium  floconneux  qui  bientôt 
développe  une  lame  épaisse,  gaufrée  et  frisée,  d'une  grande  consistance;  celle-ci  est 
formée  parle  mycéiiunl  stérile,  à  filameills  épais  et  réfringents,  que  nous  avons  désigné 
sous  le  nom  de  cuù\  C'est  à  la  surface  de  cette  lame  que  les  spores  apparaissent  en 
gratid  nombre.  Quand  la  culture  est  vieille,  lestâmes  se  couvrent  d'ampoules  à  cavités 
fructifiées  ;  chaque  cavité,  de  forme  lenticulaire,  est  remplie  par  un  grand  nombre  de 
cordons  ramifiés,  dressés  sur  le  plancher  mycéiien  et  s'élevant  jusqu'à  la  membrane 
qui  forme  plafond  sans  adhérer  avec  elle.  Ces  cordons,  constitués  par  le  feutrage  du 
niycéliuni  stérile,  servent  de  support  au  mycéliurh  fertile;  les  spores  les  couvrent  en 
si  grand  nombi^e  qu'elles  remplissent  tout  l'espace  resté  libre  entre  eux. 

»  Dans  les   milieux  très  sucrés  ou  dans  les   milieux  minéraux  additionnés  de  sels 


(')  Voir    M.    STii;FA>owsii.A  :   Sur    la   croissance    en   poids   de    la   souris  blanche 
{Comptes  rendus,  4  niai  igoS). 


l4o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ammoniacaux,  le  Bornetina  est  tout  différent  :  il  est  réduit  à  une  membrane  mince  et 
fragile,  par  suite  de  l'absence  du  cuir. 

»  La  structure  de  ces  diverses  formes  montre  que  le  injcélium  végétatif  demeure 
remarquablement  constant  avec  ses  boucles  caractéristiques  et  la  gracilité  de  ses  fila- 
ments. Un  seul  milieu  d'où  le  sucre  était  absent,  la  décoction  de  viande,  nous  a  pré- 
senté, en  même  temps  qu'une  végétation  très  languissante,  une  forme  mjcélienne 
aberrante,  dont  les  articles  renflés  et  variqueux,  s'épaississaient  et  se  coloraient  en 
brun  dans  les  cultures  vieillies  et  semblaient  présenter  le  premier  stade  de  la  forma- 
tion des  pseudospores,  par  dissociation  du  thalle.  Le  mycélium  réfringent  stérile  offre 
des  modifications  plus  importantes  :  d'abord,  il  n'apparaît  pas  dans  certains  milieux 
et,  quand  il  s'organise,  ses  filaments  demeurent  cylindriques,  comme  dans  les  lames 
qui  couvrent  les  milieux  solides,  ou  bien  ils  deviennent  variqueux  et  prennent  la  forme 
de  chapelets. 

»  La  variation  la  plus  grande  nous  a  été  offerte  par  les  spores.  Nous  savons  qu'elles 
naissent  solitaires  dans  des  sporanges  fusiformes  et,  quand  l'endospore  est  constituée, 
l'épispore  se  développe,  dans  l'espace  laissé  entre  cette  dernière  et  la  membrane  du 
sporange,  avec  des  ornements  variés. 

»  Dans  certains  milieux  sucrés  (carotte,  haricots,  salades,  etc.),  les  ornements  sont 
composés  de  bâtonnets  assez  longs,  régulièrement  espacés;  la  spore  prend  un  aspect 
étoile  très  net.  Si  les  bâtonnets  sont  plus  rapprochés,  ils  se  fusionnent  en  bandes 
tuyautées  ou  frangées  qui  couvrent  la  spore  d'un  réseau.  La  dimension  de  ces  orne- 
ments est  de  2!^  à  3!^. 

»  Dans  d'autres  milieux  sucrés  (touraillon,  pomme  de  terre,  etc.),  les  ornements 
sont  plus  réduits  et  forment  des  mamelons  coniques  à  extrémité  arrondie  et  plus  ou 
moins  régulièrement  disposés  à  la  surface;  ils  n'ont  pas  plus  de  oS^-,5  à  il^  de  longueur. 
Enfin,  dans  les  décoctions  sucrées  de  céréales  (riz,  blé,  avoine),  de  lentilles,  les  orne»- 
ments  font  défaut  et,  sauf  quelques  exceptions,  toutes  les  spores  sont  lisses. 

»  La  dimension  des  spores  peut  varier  aussi  dans  des  limites  étendues  de  6H-  à  7!-'- 
ou  même  jusqu'à  i^V-. 

»  Nos  recherches  sur  les  relations  du  Bornetina  Corium  avec  la  compo- 
sition chimique  des  milieux  ne  sont  pas  assez  avancées  pour  nous  autoriser 
à  formuler  encore  des  conclusions;  nous  signalerons  seulement  deux  faits 
intéressants  :  d'une  part,  l'apparition  des  ornements  des  spores  dans  des 
solutions  minérales  (sucre  et  acide  tartrique)  par  l'addition  d'une  petite 
quantité  d'ammoniaque;  d'autre  part,  l'influence  de  la  lumière  sur  la  dis- 
parition des  ornements. 

»  Les  cultures  de  Bornetina^  faites  à  la  lumière,  dans  des  liquides  pro- 
duisant à  l'obscurité  des  spores  bien  ornées,  se  sont  d'abord  développées 
lentement;  la  germination  a  été  retardée  et  la  formation  des  spores  n'a 
commencé  que  [\ç>  jours  après  la  mise  en  culture  :  toutes  les  spores  sans 
exception  sont  sphériques,  lisses,  très  foncées,  avec  une  exospore  et  une 
endospore  bien  distinctes,  épaisses. 


SÉANCE    DU    l3    JUILLET    igoS.  iZjl 

»  Le  Bornetina  Corium  offre  donc  la  plus  grande  variabilité  de  forme  et 
de  grandeur  dans  la  spore,  c'est-à-dire  dans  l'organe  auquel  les  myco- 
logues accordent  assez  de  constance  j3our  établir  uniquement  sur  lui  la 
diagnose  d'un  grand  nombre  d'espèces.   » 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Influence  du  chlorure  de  sodàmi  sur  la  transpi- 
ration et  l'absorption  de  l'eau  chez  les  végétaux.  Note  de  M.  H.  Ricome, 
présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Les  végétaux  cultivés  sur  un  sol  riche  en  sels  minéraux  contiennent 
une  proportion  d'eau  plus  faible  que  ceux  qui  poussent  sur  un  sol  de 
constilution  moyenne  (').  Ce  résultat  ne  tient  pas  nécessairement  dans 
tous  les  cas  à  la  même  cause;  il  peut  être  dû,  soit  à  une  gêne  dans  l'ab- 
sorption, soit  à  une  exagération  dans  la  transpiration.  Je  me  suis  proposé 
d'étudier  la  question  à  ce  point  de  vue,  en  comparant  l'absorption  à  la 
transpiration. 

»  Les  expériences  ont  été  faites  dans  une  salle  qui  ne  reçoit  jamais  directement  les 
rayons  solaires  et  qui  n'est  éclairée  que  par  la  lumière  diflfuse.  Elles  sont  nécessaire- 
ment d'assez  courte  durée  (24  ou  36  heures).  Les  résultats  que  je  donne  ici  ont  été 
obtenus  aux  mois  de  mai  et  de  juin,  période  où  la  température  de  la  salle  n'a  pas 
dépassé  19°  et  n'a  subi,  au  cours  d'une  expérience,  qu'un  écart  journalier  inférieur 
à  2°.  Les  appareils  dont  je  me  sers  ne  peuvent  donner  de  résultais  sérieux  qu'à  une 
température  presque  constante.  L'élévation  de  la  température  en  juillet  ne  m'a  pas 
permis  de  continuer  ces  recherches.  Je  ne  m'occuperai  pour  le  moment  que  de 
l'influence  du  chlorure  de  sodium.  Les  résultats  ont  été  ramenés  à  l'unité  de  poids  de 
la  plante,  d'après  le  poids  initial. 

»  J'ai  au  préalable  étudié  des  fèves  et  des  ricins,  cultivés  sur  un  terrain  dépourvu 
deNaCl.  Au  cours  de  l'expérience,  les  racines  plongeaient  soit  dans  le  liquide  nutritif 
de  Knop  pur  (contenant  au  total  2  pour  1000  de  sels),  soit  dans  ce  liquide  additionné 
de  I  pour  100  deNaCl.  Dans  le  Knop  pur  :  la  transpiration  a  été  inférieure  à  l'absorption 
la  nuit,  supérieure  au  contraire  le  jour.  L'absorption  de  l'eau  parles  racines  est  dimi- 
nuée par  la  présence  de  NaCl  dans  le  liquide  nutritif.  La  transpiration  est  à  peine 
influencée  au  début.  Il  en  résulte  que  la  teneur  en  eau  et  la  turgescence  diminuent  et 
que  la  tige  s'incline  sous  le  poids  des  feuilles.  Il  n'est  pas  indifférent,  à  ce  point  de 
vue,  de  commencer  l'expérience  le  matin  ou  le  soir.  Dans  le  premier  cas,  l'activité  de 
la  transpiration  à  la  lumière  fait  bienlôt  perdre  à  la  tige  sa  rigidité.  Dans  le  second 
au  contraire,  la  tige  se  maintient  dressée  toute  la  nuit  à  la  condition  que  l'atmosphère 
ne  soit  pas  sèche.  Dans  les  deux  cas,  au  bout  d'un  laps  de  temps  variable  avec  la  tem- 

(')  Charabot  et  Hébert,  Comptes  rendus^  t.  GXXXVI,  p.  160  el  1009. 

G.  R.,  1903,  2°  Semestre.  (T.  GXXXVII,  N"  2.)  '9 


Pieds  SE. 

Pieds  SS, 

58 

3o 

66 

35 

142  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

pérature  et  l'état  hygrométrique  de  l'air,  la  transpiration  se  ralentit  et  devient  beaucoup 
plus  faible  qu"à  Tétat  normal.  Ce  ralentissement  dépend-il  de  la  pénétration  de  NaCl 
dans  les  tissus  ou  de  Tinsuffisance  de  Fabsorption,  incapable  d'assurer  le  renouvel- 
lement de  Teau  dans  la  plante? 

»  Pour  élucider  ce  point,  il  fallait  comparer  des  plantes  ayant  poussé  sur  un  sol 
normal  et  observées  dans  le  liquide  nutritif  (elles  seront  désignées  par  le  signe  con- 
ventionnel TE)  à  des  plantes  cultivées  sur  un  sol  salé  et  observées  les  unes  sur  le 
liquide  nutritif  pur  (pieds  SE),  les  autres  sur  ce  liquide  additionné  de  i  pour  100  de 
chlorure  de  sodium  (pieds  SS).  Les  sujets  étaient  des  plantes  vivant  normaleinenl  sur 
le  bord  de  la  mer  [Malcolinia  marUima,  Alyssum  niaritimum). 

))  Voici,  exprimés  en  milligrammes,  les  chiffres  obtenus  dans  une  expérience  sur  le 
Malcohnia.  18  de  plante  a  absorbé  par  heure  : 

Pieds  TE. 

La  nuit 64 

Le  jour 7/4 

et  transpiré  par  heure  : 

La  nuit 59  55  27 

Le  jour 91  83  59 

»  Comparons  d'abord  les  pieds  TE  et  SE,  Ces  derniers  ont  moins  absorbé  et  moins 
transpiré  que  les  premiers.  Le  double  phénomène  a  suivi  la  même  marche;  mais  il  est 
moins  intense  dans  SE  que  dans  TE,  Cela  était  à  prévoir,  les  plantes  des  sols  salés 
étant  mieux  protégées  contre  la  transpiration  ;  la  transpiration  s'y  effectue  moins  acti- 
vement et,  par  contre-coup,  l'absorption  y  est  plus  faible.  Cinq  expériences  sur  les 
Malcolmia  et  une  sur  V ALysaum  ont  fourni  des  résultats  comparables  aux  précédents. 
Dans  deux  autres  expériences  sur  les  Malcolmia,  la  marche  du  double  phénomène  n'a 
pas  différé  sensiblement  de  ce  qui  s'est  passé  pour  les  pieds  TE.  Ce  sont  là  sans  doute 
des  divergences  individuelles.  Les  échantillons  TE  et  SE  n'ont  d'ailleurs  pas  rigoureu' 
sèment  la  même  organisation,  puisqu'ils  proviennent  de  sols  de  nature  différente. 

»  La  comparaison  des  pieds  SE  et  SS  est  plus  instructive.  Dans  toutes  les  expé- 
riences, l'absorption  s'est  montrée  bien  moindre  dans  SS  que  dans  SE,  le  sel  ajouté  au 
liquide  nutritif  gênant  le  phénomène  chez  les  premiers.  La  transpiration,  au  début 
presque  identique,  n'a  pas  tardé  à  diminuer  beaucoup  dans  les  pieds  SS.  Donc  les 
pieds  du  sol  salé  transpirent  plus  dans  le  Knop  pur  que  dans  le  Knop  salé.  La  présence 
de  NaCl  dans  les  tissus  n'empêche  pas  la  plante  de  transpirer  d'une  façon  assez  intense 
quand  l'absorption  est  facilitée. 

)>  Ainsi,  d'une  part,  le  chlorure  de  sodium  extérieur  à  la  plante  entrave 
l'absorption  de  l'eau  par  les  racines;  d'autre  part,  ce  sel  contenu  dans  les 
tissus  ne  diminue  pas,  au  moins  d'une  façon  très  notable,  la  transpiration. 
Cette  double  constatation  est  en  accord  avec  le  fait  que  les  végétaux  des 
sols  salés  sont  protégés  contre  une  transpiration  trop  active.  Remarquons, 
en  outre,  que  la  méthode  de  l'absorption  doit  être  rejetée  pour  la  mesure 


SÉANCE  DU  l3  JUILLET  1903.  l43 

de  la  transpiration,  les  deux  phénomènes  étant  dans  une  assez  large  mesure 
indépendants  l'un  de  l'autre.    » 


BOTANIQUE.  —  Sur  une  greffe  en  écusson  delilas.  Note  de  M.  Lucien  Daxiel, 
présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Lorsque  l'on  sèvre  une  greffe  en  écusson  au  début  de  la  pousse  du 
printemps,  on  réduit  presque  au  minimum  l'appareil  végétatif  de  l'associa- 
tion tout  en  conservant  intact  l'appareil  absorbant.  Si  l'on  désigne  sous  le 
nom  de  capacité  fonctionnelle  d'absorption  Ca  le  pouvoir  absorbant  total 
du  sujet  et  sous  le  nom  de  capacité  fonctionnelle  de  vaporisation  et  de 
consommation  Cv  le  pouvoir  de  consommation  totale  du  greffon,  l'état  bio- 
logique de  la  symbiose,  après  sevrage,  sera  représenté  par  l'inégalité 
Cç'<C«.  Le  système  total  recevant  plus  d'eau  qu'il  n'en  consomme  est 
placé  en  milieu  humide  et  doit  en  manifester  les  conséquences  (^).  C'est 
ce  que  j'ai  cherché  à  vérifier  expérimentalement,  dans  ce  cas  particulier. 

»  Je  possédais  un  lilas  vigoureux  âgé  d'une  dizaine  d'années  et  pourvu  d'une  belle 
charpente.  A  la  base  de  la  tige,  en  1902,  se  développèrent  des  drageons.  Je  conservai 
le  plus  vigoureux  et  le  taillai  à  5o'-"'  du  sol;  j'obtins  deux  pousses  de  remplacement 
égales  sur  lesquelles,  en  août,  je  posai  4  écussons  a  œil  dormant.  Ces  écussons  réus- 
sirent, et,  en  mars  igoS,  je  procédai  au  sevrage.  Je  sectionnai  la  tige  principale  à  5«""^ 
environ  de  l'insertion  du  drageon  et  je  taillai  ensuite  chaque  rameau  à  quelques  cen- 
timètres au-dessus  de  l'écusson  supérieur.  J'avais  donc  bien  réalisé  les  conditions  indi- 
quées ci-dessus. 

»  Peu  de  temps  après  ce  sevrage,  les  écussons  poussèrent  pendant  que  des  rameaux 
adventifs  nombreux  se  développaient  sur  le  drageon  et  sur  la  tige  principale  du  sujet. 
Je  supprimai  radicalement  la  majeure  partie  des  pousses  de  la  base  et  pinçai  à  2<^™  ou 
S*^""  de  leur  origine  les  pousses  du  sommet  du  sujet.  Je  conservai  ainsi  à  ces  dernières 
deux  à  trois  de  leurs  bractées  de  la  base.  A  ce  moment  les  greffons  étaient  très  vigou- 
reux; ils  portaient  des  feuilles  très  développées  et  très  vertes;  leur  tige  avait  l'aspect 
particulier  de  tout  lilas  suralimenté.  Un  peu  plus  tard  des  pluies  survinrent  pendant 
quelques  jours.  Les  écussons  et  certaines  pousses  du  sujet  ne  tardèrent  pas  à  présen- 
ter un  rougissement  caractéristique  du  sommet  végétatif  et  des  parties  jeunes;  la 
réplétion  aqueuse  se  produisit  rapidement;  les  méristèmes  noircirent  et  furent  enva- 
his par  le  Botrytis  cinerea.  La  pluie  ayant  cessé  au  bout  de  quelques  jours,  le  beau 
temps   fit  disparaître  en   partie  les   effets   morbides.  L'attaque  du  i?o^//^/.«,  cessa  ;  la 


(1)  Voir  L.  Daniel,  La  théorie  des  capacités  fonctionnelles  et  ses  conséquences  en 
agriculture  (Rennes,  1902,  in-S»,  270  pages,  91  figures  dans  le  texte  et  20  planches). 


l44  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

région  inférieure  de  chaque  rameau  écusson,  plus  aoûtée  et  plus  résistante,  resta  bien 
vivante  et  donna  à  son  sommet  deux  pousses  de  remplacement  vigoureuses.  De  même 
le  sujet  bourgeonna  très  activement,  mais  je  supprimai  ses  pousses  en  partie  ou  les 
pinçai  sévèrement. 

»  Fin  mai,  les  pluies  étant  revenues  et  persistant  plus  longtemps,  la  pourriture  des 
nouvelles  parties  jeunes  du  greffon  et  du  sujet  a  recommencé,  avec  l'envahissement 
progressif  du  Botrytis.  Pendant  ce  temps,  les  bractées  laissées  sur  les  pousses  pincées 
du  sujet  se  sont  modifiées  d'une  façon  très  remarquable.  Tandis  que  les  bractées 
témoins  avaient,  comme  à  l'ordinaire,  S''"  à  4""'  de  long  sur  i'^™,5  à  2'=™  de  large,  les 
bractées  des  pousses  de  la  région  pincée  avaient  iS'""  à  19*^™  de  long  sur  g*"'"  à  10'™  de 
large.  Au  lieu  de  la  teinte  vert  pâle  normale,  elles  présentaient  une  couleur  verte  très 
intense,  montrant  bien  leur  rôle  actif  dans  la  suppléance  physiologique  des  feuilles 
absentes,  ou  en  nombre  insuffisant  pour  vaporiser  l'excès  d'eau  des  tissus. 

»  Au  commencement  de  juin,  craignant  la  mort  complète  des  écussons  et  même  du 
sujet  à  cause  de  l'excès  d'humidité,  j'ai  laissé  se  développer  librement  diverses  pousses 
du  sujet,  transformant  ainsi  la  greffe  ordinaire  en  greffe  avec  nombreux  rameaux 
d'appel.  Grâce  à  ce  système,  j'ai  arrêté  l'extension  de  la  pourriture  et  celle  du  Botry- 
tis. La  rupture  d'équilibre  constatée  était  donc  bien  la  conséquence  de  la  valeur  trop 
grande  qu'avait  prise  la  différence  Cr<;C«  sous  l'influence  de  variations  climaté- 
riques  excessives.  Il  en  était  de  même  pour  l'augmentation  de  la  réceptivité  vis-à-vis 
du  Botrytis.  Enfin  j'ai  constaté  que  les  modifications  caractéristiques  de  la  vie  en 
milieu  humide  se  trouvaient  dans  la  structure  du  greffon  et  du  sujet. 

»  De  celte  expérience  on  peut  donc  conclure  que,  dans  le  milieu 
humide,  la  greffe  en  écusson  avec  ébourgeonnement  radical  des  pousses  de 
remplacement  d'un  sujet  vigoureux  est  exposée  à  la  pourriture,  même  quand 
il  s'agit  de  plantes  de  capacités  fonctionnelles  voisines,  et  que  la  greffe  avec 
bourgeons  d'appel  permet  d'atténuer  l'action  nuisible  de  ce  milieu  jusqu'à 
ce  que  l'équilibre  de  nutrition  soit  rétabli  par  le  développement  de  l'écus- 
son.  C'est  ce  que  j'avais  établi  déjà  théoriquement. 

»  Si  l'on  compare  maintenant  ces  phénomènes  à  ceux  qui  se  produisent 
dans  les  greffes  oi^i  le  même  déséquilibre  de  nutrition,  au  lieu  d'être  tran- 
sitoire, est  constant  par  suite  de  différences  fondamentales  dans  les  capa- 
cités fonctionnelles  (ce  qui  est  le  cas  de  la  Vigne  française  greffée  sur  la 
Vigne  américaine  plus  vigoureuse),  on  sera  frappé  de  l'analogie  que  pré- 
sentent ces  deux  cas  au  point  de  vue  de  certaines  conditions  biologiques 
de  la  symbiose.  Les  mêmes  causes  produisant  les  mêmes  effets,  l'on  com- 
prendra : 

»  1°  Q^ae  Y  affinité  relative ,  on  différence  des  capacités  fonctionnelles  qvAvq 
le  sujet  et  le  greffon  aux  divers  moments  de  la  symbiose,  joue  un  rôle  très 
important  dans  la  réussite,  la  durée  et  la  biologie  de  toutes  les  greffes; 

»   2°  Que   les  conditions  du   milieu    extérieur  et   particulièrement  les 


SÉANCE    DU    l3    JUILLET    igoS.  1^5 

variations  brusques  de  ce  milieu  ont  une  répercussion  considérable  sur  le 
tout,  répercussion  plus  grande  que  dans  la  plante  normale; 

»  3°  Que  le  nombre  (['accidents,  considérés  comme  des  maladies  (thyi- 
lose,  pourriture  grise,  etc.),  sont,  comme  je  l'ai  indiqué  antérieurement, 
les  conséquences  d'une  nutrition  défectueuse  résultant  d'un  greffage  mal 
assorti.  Comme  dans  la  greffe  en  écusson  du  lilas  que  je  viens  de  décrire, 
greffon  et  sujet  souffrent  à  des  degrés  divers  et  chaque  plante  voit  diminuer 
sa  résistance  normale  aux  variations  excessives  du  milieu  et  augmenter  souvent 
sa  réceptivité  pour  les  maladies  crypta gamiques .    » 


MINÉRALOGIE.  —  La  cordiérite  dans  les  produits  éruptifs  de  la  montagne 
Pelée  et  de  la  Soufrière  de  Saint- Vincent.  Note  de  M.  A.  Lacroix,  pré- 
sentée par  M.  de  Lapparent. 

«  La  cordiérite  a  été  signalée  dans  les  roches  volcaniques  (andésites  et 
dacites)  de  quelques  gisements;  sa  présence  y  est  le  plus  souvent  acci- 
dentelle :  elle  y  constitue  en  effet  quelquefois  le  résidu  non  digéré  d'en- 
claves énallogènes  de  roches  anciennes  à  cordiérite  (granité,  etc.);  dans 
d'autres  cas,  elle  résulte  de  la  recristallisation  de  semblables  enclaves  dis- 
soutes dans  le  magma  ;  enfin,  elle  peut  aussi  provenir  de  la  dissolution 
dans  celui-ci  d'enclaves  originellement  dépourvues  de  cordiérite,  mais 
capables  d'en  fournir  par  leur  mélange  avec  le  magma  fondu.  Les  cas  où 
la  cordiérite  est  d'origine  magmatique  sont  peu  nombreux  et  peuvent 
même  être  discutés. 

»  Ces  considérations  étaient  nécessaires  pour  montrer  l'intérêt  que 
présente  la  découverte  de  nombreuses  roches  à  cordiérite  parmi  les  pro- 
duits des  éruptions  actuelles  de  la  montagne  Pelée  et  de  Saint-Vincent. 
Notons  tout  d'abord  que  ce  minéral  n'existe  ni  dans  la  lave  actuelle  de 
ces  volcans,  ni  dans  leurs  laves  antérieures  en  place  ;  il  constitue  un 
élément  essentiel  de  blocs  de  roches  volcaniques  inconnues  in  situ  sous 
leur  forme  présente,  rejetées  par  les  grandes  explosions.  Je  distingue  parmi 
ces  roches  trois  types  : 

»  1°  La  roche  est  blanche,  formant,  par  rapport  auv  andésites  actuelles  de  la  mon- 
tagne Pelée,  l'équivalent  des  niicrotiniles  que  j'ai  découvertes  à  Santorin.  Elle  est 
constituée  par  des  plagioclases  zones  (allant  de  l'anorthite  à  i'oligoclase)  et  du  quartz, 
avec  un    peu  d'hjpersthène   et    de  biotile.    Cette   roche   est  holocristalline,   miaroli- 


I  '16  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tique;  le  quartz  grenu  ou  microgrenu  renaplit  les  intervalles  des  feldspaths  enchevê- 
trés. De  petits  cristaux  bleus  de  cordiérite  apparaissent  çà  et  là  dans  les  cavités  raia- 
rolitiques.  Le  plus  souvent,  la  roche  prend  une  structure  porphyrique,  les  plagioclases 
sont  alors  disséminés  dans  un  magma  microgrenu  à  grands  éléments,  constitué  par  du 
quartz,  un  peu  de  plagioclases  et  plus  ou  moins  de  cordiérite;  celle-ci,  remarquable- 
ment maclée,  est  xénomorphe  quand  la  roche  est  holocristalline,  automorphe  s'il 
existe  un  peu  de  verre.  Çà  et  là,  ce  minéral  s'isole  avec  des  cristallites  d'hypersthène 
pour  former  des  nids  distincts. 

»  2°  A  la  montagne  Pelée,  ces  roches  sont  compactes,  à  aspect  de  porcelaine 
blanche,  avec  taches  bleuâtres  ou  noirâtres;  elles  sont  fréquemment  bréchiformes; 
une  pâte  fine  englobe  alors  des  fragments  à  gros  éléments.  A  Saint- Vincent,  ceux-ci 
sont  absents  et  la  roche  est  tachetée  de  bleu  foncé. 

»  Au  microscope,  les  blocs  à  grands  éléments  ont  l'aspect  de  la  lave  actuelle  de  la 
montagne  Pelée,  avec  celte  différence  que  le  verre  de  celle-ci  est  remplacé  par  du 
quartz  finement  grenu;  de  plus,  si  les  phénocristaux  de  feldspaths  sont  intacts,  tous 
ceux  des  métasilicates  ont  disparu.  Leur  place  est  occupée  par  des  cristaux  nets  de 
cordiérite,  entremêlés  ou  entourés  de  cristallites  d'hypersthène.  De  semblables  agré- 
gats forment  aussi  des  taches  ou  des  traînées,  et  corrodent  les  plagioclases.  Quand  il 
existe  un  peu  de  verre,  les  cristaux  de  cordiérite  ont  des  formes  remarquablement 
nettes.  Dans  les  variétés  bréchiformes,  on  voit  que  la  formation  de  la  cordiérite 
est  postérieure  à  celle  de  la  brèche,  la  structure  des  éléments  de  celle-ci  influant 
d'ailleurs  beaucoup  sur  l'abondance  et  la  forme  des  minéraux  néogènes. 

»  Les  tufs  anciens  de  la  montagne  Pelée  renferment  un  type  d'andésite  dont  la  pâte 
contient  du  quartz  microgrenu,  comme  dans  nos  roches,  mais  les  métasilicates  y  sont 
intacts,  la  cordiérite  n'y  existe  jamais.  Il  n'est  donc  pas  douteux  que  celle  qui  est 
décrite  plus  haut  résulte  d'une  action  métamorphique  produite  au  cours  de  l'englobe- 
ment  de  blocs  anciens  dans  la  lave  de  l'éruption  actuelle. 

))  3°  J'ai  recueilli,  sur  l'emplacement  de  l'ancien  lac  des  Palmistes,  des  blocs  ayant 
l'apparence  d'une  opale  résinile,  blanche,  noire  ou  verte,  enveloppant  et  pénétrant  des 
fragments  de  la  roche  précédente;  l'examen  microscopique  fait  voir  qu'en  réalité  cette 
pseudo-opale  est  essenliellement  constituée  par  de  fort  petits  cristaux  de  cordiérite 
à  formes  nettes,  par  des  grains  de  quartz,  des  débris  de  plagioclases,  avec  plus  ou  moins 
de  verre  renfermant  des  cristallites  d'hypersthène.  Peut-être  est-ce  à  ce  même  type 
qu'il  faut  rapporter  un  bloc  plus  cristallin  formé  par  du  quartz,  de  la  cordiérite  et  du 
verre,  que  j'ai  recueilli  à  Saint-Vincent. 

»  Des  faits  qui  viennent  d'être  exposés  on  doit  conclure  : 
»  a.  La  cristallisation  en  profondeur  du  magma  andésitique  de  la  mon- 
tagne Pelée  donne  des  microtinites,  comparables  à  des  norites  ou  à  des 
micronorrtes  quartzifères  leucocrates,  pouvant  contenir  de  la  cordiérite. 
La  présence  du  quartz  dans  cette  forme  profonde  de  l'andésite  de  l'érup- 
tion actuelle^  qui  n'est  pas  quartzifère,  ne  doit  pas  étonner;  il  résulte 
en  effet  du  calcul  des  analyses  (qui  seront  publiées  ultérieurement)  des 


SÉANCE    DU    l3    JUILLET    igoS.  l/^-y 

produits  de  l'éruption  en  cours,  qu'ils  renferment  tous  un  excès  de  silice 
sur  la  quantité  nécessaire  pour  saturer  l'alumine,  les  alcalis  et  la  chaux 
pour  donner  des  feldspaths,  la  magnésie  et  le  fer  pour  produire  des  mé- 
tasilicates.  J'ai  montré  d'ailleurs  déjà  que  les  dacites,  riches  en  quartz, 
des  pitons  du  Carbet  ont  sensiblement  la  même  composition  chimique 
que  les  andésites  de  la  montagne  Pelée.  Des  différences  dans  les  condi- 
tions de  cristallisation  du  magma  sont  donc  suffisantes  pour  expliquer  les 
différences  minéralogiques  de  ces  roches.  Quant  à  la  présence  de  la  cor- 
diérite,  elle  ne  doit  pas  surprendre  davantage,  le  magma  renfermant  de  la 
magnésie,  en  présence  d'alumine  en  excès  sur  la  quantité  nécessaire  pour 
former  des  feldspaths  avec  les  alcalis  et  la  chaux.  Nous  retrouvons  en 
outre  ici  cette  association  de  cordiérite  et  d'hypersthène  dont  j'ai  montré  la 
généralité  et  la  signification  en  décrivant  les  norites  à  cordiérite  du  Pallet. 

)>  b.  La  cordiérite  des  microtinites  est  d'origine  magmatique;  elle  est 
en  outre  vraisemblablement  primaire,  tandis  qu'il  est  incontestable  que, 
dans  les  autres  types,  elle  est  d'origine  secondaire.  Dans  le  type  2,  elle 
résulte  de  la  fusion  partielle  des  silicates  magnésiens  de  la  roche,  du 
mélange  du  produit  de  cette  fusion  avec  celui  des  éléments  blancs  ambiants 
et  de  leur  recristallisation,  peut-être  avec  intervention  d'éléments  volatils. 
C'est  là  un  cas  remarquable  de  différenciation  à  rebours,  une  roche  miné- 
ralogiquement  homogène  devenant  hétérogène  par  refusion  incomplète 
qui  permet  des  groupements  chimiques  différents  de  ceux  la  caractérisant 
à  l'état  normal. 

»  Quant  au  type  3,  il  semble  avoir  une  origine  plus  complexe  et  être 
lié  à  une  décomposition  partielle  de  la  roche  par  élimination  de  chaux  et 
d'alcalis,  les  feldspaths  ayant  parfois  entièrement  disparu  sans  être  rem- 
placés par  des  minéraux  néogènes  renfermant  leurs  éléments;  une  série 
d'analyses  en  voie  d'exécution  me  permettra  prochainement  de  discuter 
cette  question. 

»  c.  La  présence  dans  les  produits  du  volcan  de  Saint-Vincent  de  roches 
à  cordiérite,  offrant  la  plus  grande  analogie  avec  celles  de  la  montagne 
Pelée,  mérite  d'être  notée  d'une  façon  spéciale,  car  elle  apporte  un  élé- 
ment nouveau  pour  la  discussion  de  la  parenté  des  magmas  de  ces  deux 
centres  volcaniques  voisins.   » 


j48  académie  des  sciences. 


GÉOLOGIE.   —  Sur  r origine  des  plis  et  des  recouvrements  dans  les  Pyrénées. 
Note  de  M.  Joseph  Roussel,  transmise  par  M.  Michel  Lévy. 

«  Dans  une  Note  récente  (')  j'ai  fait  connaître  les  divers  chevauche- 
ments survenus  dans  la  ride  du  faîte  des  Pyrénées.  Or,  dans  chacun  des 
principaux  plis  de  cette  chaîne,  il  s'est  produit  des  phénomènes  analogues 
dont  l'élude  met  en  évidence  les  faits  suivants. 

»  Les  plis  des  Pyrénées  sont  de  trois  sortes  :  i**  les  plis  anciens  où 
affleure  le  terrain  archéen,  et  dus  au  premier  des  ridements  par  lesquels  la 
croûte  terrestre  se  maintient  au  contact  du  magma  fluide  en  voie  de  con- 
traction; 2*"  les  pUs  d'origine  relativement  récente,  ayant  pour  noyau  soit 
un  paquet  de  gneiss,  soit  un  paquet  de  schistes  cristallins  ou  autres  qui,  en 
glissant,  a  soulevé  les  assises  auxquelles  il  servait  de  substratum  et  les  a 
disposées  en  pli  (ces  glissements,  que  j'ai  déjà  eu  l'occasion  de  signaler  à 
diverses  reprises,  ont  joué  un  rôle  de  premier  ordre  dans  la  formation  de 
la  chaîne);  3°  les  plis  superficiels,  plus  récents  encore,  ayant  pour  substra- 
tum des  strates  plissées  autrement  et  dus,  le  plus  souvent,  aux  chocs  pro- 
duits par  les  détentes  et  leurs  chevauchements. 

»  Tous  les  plis  anciens  sont  déjetés  vers  le  sud.  Ceux  qui  sont  d'origine 
plus  récente  et  sont  situés  dans  les  Corbières,  les  petites  Pyrénées  et  la 
partie  la  plus  septentrionale  des  Pyrénées  proprement  dites,  sont  les  seuls 
qui  soient  déjetés  vers  le  nord. 

»  Les  plis  anciens  présentent  tous  le  phé  nomène  de  l'imbrication  et  les 
grands  mouvements  de  détente  et  de  chevauchement  que  j'ai  signalés  dans 
la  ride  des  faîtes. 

»  Ces  grands  mouvements  orogéniques  sont  survenus  à  l'époque  de  l'or- 
dovicien,  du  permien,  du  trias,  du  cénomanien,  de  l'emschérien,  du  cam- 
panien,  du  maestrichtien,  du  thanétien,  de  l'yprésien  ou  du  lutétien  et  de 
l'aquitanien.  Ils  ont,  le  plus  souvent,  causé  Témersiondu  flanc  chevauchant 
et  la  submersion  du  flanc  recouvert.  Toutefois,  ceux  du  permien,  du  céno- 
manien, du  thanétien  et  de  l'aquitanien  ont  principalement  produit  des 
émersions,  etceuxde  l'ordovicien,  du  trias,  de  l'emschérien,  du  campanien, 
du  maestrichtien  et  de  l'yprésien  des  immersions. 

(')  Comptes  rendus,  2  juin  igoS. 


SÉANCE    DU    l3    JUILLET    iQoS.  l^g 

M  Mais  les  plus  grandes  émersions  et  les  plus  grandes  submersions  ont 
été  causées  par  les  mouvements  lents  qui  ont  disposé  les  couches  dans 
l'état  de  tension. 

»  Les  mouvements  de  détente  ont  eu  non  seulement  pour  effet  de  sou- 
lever les  couches  de  la  partie  chevauchante  mais  encore  de  les  dévier 
de  leur  direction  et  de  déplisser  les  superficielles,  dont  le  glissement  a  été 
maximum,  de  telle  sorte  que  ces  dernières  reposent  en  discordance  sur 
les  profondes.  Dans  le  flanc  recouvert,  au  contraire,  les  couches  se  sont 
non  seulement  affaissées,  mais  le  plus  souvent  elles  ont  été  soumises  à  un 
plissement  si  énergique  que,  dans  la  vallée  de  l'Ara,  au  sud  du  cirque  de 
Gavarnie,j'ai  compté  jusqu'à  sept  chevauchements  superficiels  importants. 

»  L'étude  attentive  de  ces  mouvements  orogéniques  montre  qu'ils  ont 
tous  eu  pour  cause  unique  la  contraction  du  magma  fluide  servant  de  sup- 
port à  la  croûte  terrestre. 

»  La  partie  de  celle-ci  qui  correspond  aux  Pyrénées  avait  pour  appuis, 
en  arrière,  du  côté  nord,  la  masse  émergée  du  Plateau  central  français 
et  des  Cévennes  et,  du  côté  sud,  le  grand  massif  de  la  Meseta  ibérique. 
Elle  tendait  sans  cesse  à  se  séparer  de  son  substratum  et  l'observation 
montre  qu'aux  époques  de  grande  tension,  elle  s'en  est  détachée  effective- 
ment dans  quelques-unes  de  ses  parties. 

))  On  sait  que,  dans  la  plupart  des  montagnes,  et  dans  l'Himalaya 
notamment,  l'accélération  de  la  pesanteur  est  plus  faible  qu'elle  ne  devrait 
l'être,  soit  qu'il  existe  dans  ces  montagnes  des  vides  internes  ou  un  déficit 
en  matières  lourdes  (').  Or,  l'observation  des  phénomènes  de  recouvre- 
ment, dans  les  Pyrénées,  tend  à  prouver  qu'à  l'époque  des  grands  chevau- 
chements, certaines  parties  delà  chaîne  ont  cessé  de  se  maintenir  au  contact 
du  magma  fluide  sous-jacent.  Et  cette  observation  a  une  certaine  impor- 
tance; car,  lorsqu'elle  sera  confirmée,  il  suffira  des  indications  du  pendule, 
du  séismographe  et  du  magnétomèlre  pour  connaître  les  régions  exposées 
à  des  catastrophes  prochaines,   w 

(^)  Voir  DE  Lapparent,  Traité  de  Géologie,  [\^  édition,  p.  49^ 


C.  R.,   igoS,  2«  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  2.)  20 


l5o  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


PHYSIOLOGIE.  —  Recherches  expérimentales  sur  les  reines.  —  Du  rapport  de  la 
profondeur  du  sommeil  avec  la  nature  des  j^êves.  Note  de  M.  ]\.  Vaschide. 
(Extrait.) 

«  Entre  la  nature  des  rêves  et  la  profondeur  du  sommeil,  il  y  a  un 
rapport  étroit  :  le  fait  m'apparut  évident  en  1899  (')  et  mes  expériences, 
faites  depuis,  n'ont  fait  que  confirmer  mes  premières  données. 

»  ...  Il  résulte  de  mes  recherches,  laissant  de  côté  le  problème  même 
de  la  profondeur  du  sommeil  et  l'évolution  de  la  courbe  du  sommeil,  qu'il 
y  a  un  rapport  intime,  j'oserais  dire  inébranlable,  entre  la  qualité,  la 
nature,  en  d'autres  mots,  la  trame  des  rêves  et  la  profondeur  du  som- 
meil. Le  fait  nous  paraît  si  bien  établi  que,  dans  presque  aucune  de  nos 
constatations  expérimentales  (presque  cinq  cents),  nous  n'avons  trouvé 
des  écarts  à  cette  loi.  Ce  rapport  paraît  rigoureux  et  il  existerait  en  dehors 
de  toute  autre  cause  ou  influence  que  la  profondeur  du  sommeil.  Toutes 
les  fois  que  le  sommeil  est  profond,  les  rêves  se  réfèrent  à  des  souvenirs 
latents,  à  des  faits  anciens,  à  des  actions  passées  longtemps  avant,  et  qui 
n'ont  aucune  relation,  au  moins  décelable  pour  nous,  avec  l'activité  jour- 
nalière du  sujet.  Plus  le  sommeil  est  profond,  plus  ces  rêves  se  réfèrent  à 
des  sujets  lointains  .... 

»  Au  contraire,  plus  le  sommeil  est  léger  et  superficiel,  plus  les  rêves 
concernent  les  faits  immédiats  et  paraissent  puiser  leur  genèse  dans  la 
vie  quotidienne  et  les  événements  qui  précèdent  le  sommeil,  ou  parfois 
des  excitations  environnantes  durant  le  sommeil. 

»  Le  premier  sommeil  est  le  seul  reposant  et  réparateur  ;  il  semble 
qu'on  ait  besoin,  pour  le  repos,  que  la  mentalité  se  plonge  dans  sa  vie 
latente  et  qu'elle  vive  dans  ses  associations  d'idées  anciennes,  des  faits 
classés,  vécus  et  qui  demandent  un  petit  effort  à  reviviscence.  Dans  les  cas 
des  troubles  psychopathiques  et  des  névropathes,  moins  les  comitiaux,  ces 
faits  ont  une  grande  importance  ;  ils  expliquent  la  genèse  et  l'alimentation 
de  leur  mentalité  quotidienne.  Ces  sujets  ont  rarement,  pour  ne  pas  dire 
jamais,  le  sommeil  profond;  ils  ne  dorment  pas,  à  vrai  dire,  ils  s'assou- 


(^)  N.  Vaschide,  Recherches  expérimentales  sur  les  rêves.  De  la  continuité  des 
rêves  pendant  le  sommeil  {Comptes  rendus,  séance  du  17  juillet  1899). 


SÉANCE   DU    r3   JUILLET    1903.  l5l 

pissent  plus  ou  moins  profondément,  et  leur  sommeil  est  toujours  super- 
ficiel. Leur  rêve  n'est  qu'une  continuation  de  la  mentalité  de  la  veille,  et 
ils  n'arrivent  pas  à  s'arracher  à  leurs  préoccupations,  ou  à  leurs  obsessions, 
le  rêve  alimentant  toujours  d'une  manière  efficace  et  solide  les  construc- 
tions mentales  de  la  vie  de  la  veille.  Au  point  devue  de  la  psychothérapie, 
la  connaissance  de  ce  rapport  peut  être  d'une  certaine  utilité,  surtout  dans 
l'aliénation  mentale  et  la  neurasthénie,  oii  les  sujets  font,  à  cause  de  leur 
sommeil  superficiel  ou  relativement  superficiel,  la  culture,  pour  ainsi  dire, 
de  leurs  phobies,  délires,  obsessions  ou  impulsions.  » 

A  4  heures  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie. 

G.  D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  6  juillet   1908. 

Volcans  et  tremblements  de  terre,  leurs  relations  avec  la  figure  du  globe,  par 
Ch.  Lallemand.  (Extr.  du  Bulletin  de  la  Société  astronomique  de  France,  mai  iQoS.) 
Paris,  au  siège  de  la  Société;  i  fasc.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Darboux.  Hommage  de 
l'auteur.  ) 

Les  conventions  franco-anglaises  des  i4  juin  189S  et  21  mars  1899,  par  le 
lieutenant-colonel  Monteil;  avec  une  Carte.  (Extr.  de  la  Revue  hebdomadaire.) 
Paris,  Plon-Nourrit  et  C''',  1899;  i  fasc.  in-12. 

J .  Willard  Gibbs,  sa  vie  et  son  œuvre,  par  H.  Le  Chatelier.  {Revue  générale  des 
Sciences  pures  et  appliquées,  i4®  année,  n°  12,  3o  juin  1908,  p.  644-648.)  Paris. 
Armand  Colin. 

Loi  des  distances  et  des  harmonies  planétaires,  par  Azbel,  précédée  d'un  Exposé 
par  Emile  Chizat.  Paris,  Hugues  Robert  et  C'^,  1908;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de 
l'auteur.) 

Annales  de  l'Institut  national  agronomique,  Ecole  supérieure  d'Agriculture; 
2«  série,  t.  H,  fasc.  1.  Paris,  J.-B.  Baillière  et  fils,  et  librairie  de  la  Maison  rustique, 
1908;  I  fasc.  in-8°. 

Luigi  Cremona,  cenno  necrologico  letto  dal  Socio  Enrico  d'Ovidio.  (Extr.  des 
Atti  délia  R.  Accademia  délie  Scienze  di  Torino,  Vol.  XXX\'in.)  Turin,  Carlo 
Clausen,  1908;  1  fasc.  in-8°. 


552  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Royal  Society  of  Canada  :  may  meeting  1908,  at  Otawa  :  titles  and  abstracts 
of  papers;  order  of  proceedings.  Ottawa,  Ontario;  i  fasc.  in-4°.  (Hommage  du 
Président.  ) 

Abnormal  eiectrical  storage  in  the  human  System,  by  sir  James  Grant.  (Extr.  de 
Canada  médical  Journal,  juillet  1900.)  Ottawa;  i  fasc.  in-8°. 

Familiàre  Cystindiathese,  \on  EmL  Abderhalden.  Strasbourg,  Karl-J.  Trubner, 
1903  ;  I  fasc.  in-8°. 

Zusammensetzung  des  Kochsalzsurro gâtes  der  Eingeborenen  von  Angoniland 
{Britisch-Centralafrika),  yen  Em.  Abderhalden.  Bonn,  Emil  Strauss,  1908;  i  fasc. 
in-8°. 

Publicationen  des  astrophysikalischen  Observatoriums  zu  Potsdam  :  n''  44, 
Bd.  XIV.  Photometrische  Durchmusterung  des  nôrdlichen  Rimmels,  enthaltend 
aile  Sterne  der  B.  D.  bis  zur  Grosse  7,6;  Theil  III,  von  G.  Muller  u.  P.  Kempf.  — 
Photo graphische  Himmelskarte  :  Catalog,  herausgegeb.  v.  H. -G.  Vogel,  redigirt 
V.  J.  Scheiner;  Bd.  III.  20928  scheinbare  rechtwinklige  Coordinaten  von  Sternen 
bis  zur  elften  Grosse  nebst  genàhrten  Oerten  fïir  1900,0.  Potsdam,  1908;  2  vol. 
in-4°. 

Meteorological  observations  made  at  the  Adélaïde  Observatory,  and  other 
places  in  South  Australia  and  the  northern  territory  during  the  y  car  1899,  under 
the  direction  of  Charles  Todd.  Adélaïde,  1902;  i  volume  in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  physico-mathématique  de  Kasan;  2^  série:  t.  XII,  n°  2; 
t.  XIII,  n°  1.  Kasan,  1902;  2  fasc.  in-8°. 

Mémoires  de  l'Université  impériale  néo-russe;  t.  XG  et  XGI.  Odessa,  1908;  2  vol, 
in-8°.  (En  langue  russe.) 

Bulletin  de  la  Société  belge  de  Géologie,  de  Paléontologie  et  d'Hydrologie; 
t.  XVII,  fasc.  1-2.  Bruxelles,  1908;  i  vol.  in-8°. 

Archives  italiennes  de  Biologie  :  revues,  résumés,  reproductions  des  travaux 
scientifiques  italiens,  sous  la  direction  de  A.  Mosso,  traducteur  A.  Bouchard; 
t.  XXXIX,  fasc.  1.  Turin,  Hermann  Loescher,  1908;  i  vol.  in-8°. 

El  Instructor,  publicacion  mensual  cientifica,  literaria  y  de  filologia,  éditer  y 
director  D"'  Jesu^Diaz  de  Léon;  ano  XX,  num.  1,  2.  Aguascalientes  (Mexique),  1908; 
2  fasc.  in-8°. 


ERRATA. 


(Séance  du  6  juillet  iQoS.) 

Note  de  M.  de  Séguier,  Sur  les  groupes  de  Mathieu 
Page  87,  ligne  i3,  au  lieu  de  avril  1902,  lisez  avril  1901. 


ACADÉMIE  DES    SCIENCES. 

SI^.ANCE   DU   LUNDI   20  JUIf.LET  1905, 

PRESIDENCE  DE  M.  ALBERT  GAUDRY. 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Extension,  à  des  cas  oà  le  fond  est  courbe, 
du  mode  d'écoulement  gui  se  conserve  dans  une  nappe  d'eaux  d'infdtration 
reposant  sur  un  fond  plat .  Note  de  M.  J.  Boussi.vesq. 

«  I.  On  est  conduit  à  d'intéressants  résultats  d'Analyse,  sinon  même  à 
un  procédé  d'intégration  des  équations  aux  dérivées  partielles  inconnu 
jusqu'ici  dans  la  Physique  mathématique,  en  essayant  d'étendre,  à  certains 
cas  oîi  la  profondeur  H  d'une  nappe  d'eaux  d'infdtration,  sous  le  plan 
horizontal  du  seuil  de  la  source  alimentée  par  cette  nappe,  cesse  d'être 
nulle  pour  devenir  une  fonction  donnée  de  x  ei  de  y,  le  mode  stable 
d'écoulement  dans  lequel  l'altitude  h  de  la  superficie,  au-dessus  du  même 
plan,  est  le  produit  d'une  fonction  positive,  parfaitement  déterminée,  C 
de  X  et  de  y,  par  l'inverse  de  la  somme  t  =  t^  -f-  ^,  exprimant  le  temps 
compté  à  partir  d'une  origine  plus  ancienne,  d'une  quantité  arbitraire  t„, 
que  le  début  du  phénomène. 

»   La  fonction  ^  satisfait  aux  relations 

(')     ^('^■^lî)  +  |;('^^$)  =  -:^-^'        (aucomo.r)(^ou|)  =  o, 

alors  que,  dans  le  cas  général  d'un  fond  courbe,  l'altitude  h  de  la  nappe 
est  régie,  à  partir  de  valeurs  initiales  arbitrairement  données  en  x  ç\.  y 
(pour  T  :=  Tq),  par  l'équation  indéfinie  et  les  relations  adjointes 


dh  d 

^  '  di         dx 


MH-/0Sj-;^[-i(H  +  A)^^] 


(2) 

G.  R.,  igoS,  2«  Semestre.  (T.  CXXXVII.  N"  3.)  ^l 


(au  contour)  (  A  ou  -^  ]  =  o. 


l54  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

»  ir.  A  la  condition  de  rendre  la  fonction  T  du  temps  t  un  peu  plus 
compliquée  que  l'inverse  de  t,  un  mode  d'écoulement  se  conservant,  ou 
exprimé  par  la  formule  h  =  (T,  reste  possible  quand  la  profondeur  H  de 
la  nappe  sous  le  seuil  est  partout  proportionnelle  à  '(.  Posons,  en  effet,  tout 
à  la  fois,  dans  (2),  si  ;?:  est  une  constante  positive  quelconque, 

(3)  H  =  /^(:,      h  =  CY',      d'où      H+A  =  (/Î-  +  T)C      777^  =T—^. 

»  Les  conditions  (2)  au  contour  ne  cessent  pas  d'être  satisfaites;  et 
l'équation  indéfinie  (2)  devient,  en  éliminant  par  (i)  les  dérivées  de  C, 

■         T'  +  T(^  +  T)  =  o,  ou         ^^(l+')  =  A-(^-Hi 

»)  Intégrée  de  manière  que  T  fût  infini  à  l'époque  t  =  o  (toujours  anté- 
rieure à  l'instant  Tq  de  début  du  phénomène),  cette  équation  donne 

(4)  T  =  ^-^-p^,  =  — -^, 


si  I  on  pose 


(4*«)  ^-==6-";       a'où       s=-'^'t'^ 


»  III.  Mais,  pour  savoir  si  la  forme  h  =  (^T  est  encore  stable,  il  faut 
étudier  les  expressions,  qui  en  sont  voisines,  de  la  fonction  h  de  x^y  et  t, 
expressions  que  nous  écrirons 

(5)  A^^-CT  +  'C-h^^i^  +  ^^E, 

avec  £  fonction  de  x,  y  eix  donnée  initialement  très  petite.  Il  en  résulte 

»  Alors  les  relations  (2),  débarrassées  des  termes  où  ne  figure  pas  t, 
deviennent 

f  (au  contour;  I  s  ou  y-  j  =  o. 

Ce  sont  les  équations  du  refroidissement  d'un  certain  corps  diathermane, 


SÉANCE  DU  20  JUILLET  igoS.  l5l 

dont  la  conductibilité,  la  capacité  calorifique  et  le  coefficient  de  rayonne- 
ment varieraient  avec  le  temps  t,  ou,  par  suite,  avec  (];. 

»  Leur  solution  particulière  la  plus  simple  s'obtient  en  prenant  la  dif- 
férence de  deux  formes  voisines  persistantes,  c'est-à-dire  en  choisissant, 
comme  expression  de  'Cr'^z,  le  produit  de  (  par  la  dérivée  de  T  en  To,  iden- 
tique à  T'  ou  à  —  T(^  -l-T).  Il  vient  ainsi,  à  un  facteur  constant  près,  si  s, 
désigne  cette  solution  particulière,  de  signe  invariable,  et,  parconséquenf , 
fondamentale, 

»  IV.  Cela  posé,  ayant  écrit  les  formules  (6)  avec  s,  à  la  place  de  s, 
multiplions  par  e  l'équation  indéfinie  en  z^,  et  retranchons  les  résultats,  dn 
produit,  par  s,,  de  l'équation  indéfinie  (6)  elle-même.  Il  viendra,  en  appe- 
lant u  le  quotient  de  s  par  s, ,  ou  posant 


(8)  s^   -    '"-, 

l'équation  indéfinie  qui  régit  u  : 

(9)       -  ,4C  -  W?:-*^  =  l  (.v^'-^l)  +  I  (k'(-^|)  . 

»   Bornons-nous  au  cas  de  nappes  soit  cylindriques,  soit  de  révolution, 
où  u  varie  seulement  avec  Cet  T.  Alors  les  produits  K'C^^^^t^^^  deviennent 

x'^'cfû- — ■)'  l*^^^"^^)'  ^t  la  relation  (9),  divisée  finalement  par  j;,{^,  prend, 
vu  l'équation  indéfinie  (1)  en  'C,  la  forme 


du         k^^    y\->  d  fy.,^,,,du\         fy.,^^dti 

dK 

»  V.  Or,  avec  une  nappe  soit  cylindrique,  à  coefficients  R,  ji  constants, 
soit  de  révolution,  à  coefficients  K,  [7,  inverses  de  la  distance  à  l'axe,  ^  pourr.i , 
d'après  la  fin  de  ma  dernière  Note,  être  remplacé  par  une  variable  propor- 
tionnelle •/),  croissante  de  zéro  à  i,  et,  -^(A/C)^,  être  remplacé  de  même 
par  -  — -^7-^.  L'équation  indéfinie  en  u  sera  donc 


('■)  ^;^(--^Ê)  =  -^;^(--^Ê)  +  3(.-*:^)-3.K.-«.-t±i. 


rf,V'    *,; — rf-'A'    </'./      V'    7F:j-'-^^y'—'^j"  -d^ 


l56  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Elle  admet  deux  solutions  particulières,  en  série,  de  la  forme 

(12)  U=  Ar;«  -H  B-/i«+-^  4-  €'/]«+''■  4-  Dr,''^'  4-  .  . ., 

avec  coefficients  A,  B,  C,  D,  ...  fonctions  de  <}.  Si  l'on  pose,  en  effet, 

(i3)         cp(l,<];)  =  2l(X-f-H-6),  F(>.,t];)  =  l(2l  +  5  +  2J;), 

la  substitution  d'une  telle  série  (12)  dans  (1  i)  conduit,  par  l'identification 
des  termes  semblables  en  ti  dans  les  deux  membres,  d'abord,  à  prendre 

(i 4)        ^(x,  d»)  =  o,  c'est-à-dire  a  =  soit  zéro,   soit  —  i  —  ^|^, 

et,  ensuite,   à  établir,  entre  les  fonctions  A,  B,  C.  ...  de  ^,  le  système 
d'équations  différentielles  linéaires 

(  (p(a  4-3,J;)B  =  F(a,  <i)A         —  3iL(i  -  •J^)A', 

/j5x  ,'    9(a  +  G,tL)C  =  F(oc+'3,'i)B  -3ij;(l  -  J;)B', 

'   (p(a  +  9,<];)D-  F(^-  +  6'f)^^--  3(Kl-'|)C', 


»  Mais  celle  des  deux  séries  où  a  =  —  1  —  ^j;  rend  indépendant  de  n  le 
premier  terme  de  l'expression  correspondante  (8)  de  e.  Par  suite,  la  con- 
dition, £  ^=  o,  relative  à  la  limite  r,  =  o,  oblige  à  y  annuler  A,  puis  B,  C, 
D,  .  .  .  en  vertu  de  (i5);  et  il  ne  reste,  pour  exprimer  u,  que  l'autre  série, 
où  a  =  o.  L'on  y  aura  F(oi.,  <\/^  =  o. 

»  VI.  D'autre  part,  la  relation  concernant  la  seconde  limite  -/)  =  i  re- 
vient à  annuler,  à  cette  limite,  le  produit  de  sji  —  -n'  par  la  dérivée  en  v) 
de  la  série  subsistante.  Or  le  cas  particulier,  déjà  traité,  d'une  nappe  à 
fond  plat  où  k  est  infiniment  petit,  et  qu'on  retrouverait  ici  comme  cas 
limite  en  étudiant  la  fonction  u  au  voisinage  de  kx  =  o,  c'est-à-dire 
de^  =^  T,  montre  que  cette  dérivée  devient  comparable  à  l'inverse  même 
de  \/i  —  '/i^,  à  moins  qu'on  ne  réduise  la  série  à  un  simple  polynôme,  par 
l'annulation  de  tous  ses  coefficients  venant  après  l'un  quelconque  d'entre  eux. 
Il  faudra  donc  réduire  aussi  le  système  (t5)  soit  à  sa  première  équation, 
en  posant  B  =  o,  soit  aux  deux  premières,  en  posant  C  =0,  soit  aux 
trois  première?,  en  annulant  D,  etc. 

»  Dans  le  premier  cas,  il  vient  A' =  o,  ou  A  =  ^^  =  const.,  et  la  for- 
mule (8)  redonne  la  solution  simple  fondamentale  (7). 

»  Dans  le  second  cas,  à  traiter  pour  avoir,  comme  on  sait,  l'expression 
asvmptotique  des  petits  écarts,   les  deux  premières   équations  (i5)  de- 


SÉANCE    DU    20    JUILLET    IQoS,  l57 

viennenL 

»  Et  elles  donnent  (à  un  facteur  constant  près),  vu  qu'on  peut  y  annuler, 
pour  <i;  =  o,  A  en  même  temps  que  B,  si  l'on  fait  abstraction  de  la  solu- 
tion simple  précédente  u  =  const.  (déjà  trouvée)  : 

»  Pour  les  petites  valeurs  du  produit  k^,  alors  que  6  est  à  peine  infé- 
rieur à  I  Ole  Xt),  les  deux  coefficients  B,  A  sont  très  grands,  de  l'ordre 
de  (i  —  '};  '^  et,  par  suite,  l'expression  (8)  de  s  l'est,  elle-même,  de 
l'ordre  de  (r  —  J')"'^»  comme  l'indiquait  implicitement  la  deuxième  racine, 
P'r=z  i5,  obtenue  dans  ma  dernière  Note.  Mais,  ici'où  k  n'est  pas  nul  et  où 
(j/  tend  vers  zéro  à  mesure  que  t  grandit,  B  et  A  finissent  par  être  sensible- 
ment —  'V'  et  77<j'".  On  voit  donc  que  les  écarts  'C"'''^  donnés  par  (8) 
s'évanouiront  comme  ^j;'-,  alors  que  la  partie  régularisée  (T  de  h  est, 
d'après  (4),  Z.k^li,  ou  décroît  comme  <]/.  Ainsi  les  écarts  s'atténueront 
comme  le  fait  la  douzième  puissance  de  la  partie,  réglée  et,  par  conséquent, 
incomparablement  plus  vite  que  celle-ci.  C'est  bien  dire  que  la  solution 
régulière  est  encore  stable. 

»  VII.  Pour  la  1^^°"^  solution  simple,  le  dernier  coefficient,  que  j'appel- 
lerai I,  du  polynôme  (12)  résulterait  de  l'équation 

—  =(7,  —  i) — ~:  d  ou  1  = 


1  3-1/(1—'^)  ^'  ^  'Mi   —  't')        '  *  (,_(>;)('-lM6/+l) 

»  Or  un  calcul  simple  montre  que,  dans  cette  solution  spéciale,  le 
coefficient  précédant  I  et,  de  proche  en  proche,  tous  les  autres  jusqu'à  A, 
sont,  aux  deux  limites  ^  =  i  et  ']>  =  o,  des  mêmes  ordres,  soit  de  gran- 
deur, soit  de  petitesse,  que  I,  comme  on  l'a  vu  déjà  ci-dessus  pour  A,  dans 
les  formules  (17). 

»  Cette  expression  particulière  de  u  est  donc,  quand  ;]/  tend  vers  i ,  de 
l'ordre  de  grandeur  de  la  puissance  (/ —  i)  (6i '+ 1)"'™^  de  l'inverse 
de  I  —  4'  6t»  quand  6  tend  vers  zéro,  de  l'ordre  de  petitesse  de  la  puis- 
sance (i  —  i){Gi  -  i)'^™''  de  ^. 

»  Ainsi,  quoique  les  coefficients  de  l'équation  indéfinie  varient  mainte- 
nant avec  le  temps  t,  de  véritables  solutions  simples  continuent  à  exister, 
encore  distinguées  les  unes  des  autres  par  leur  rapidité  de  variation  et,  en 


i58 


ACADEMIE   DES    SCIENCES. 


particulier,  à' évanouissement  lorsque  t  grandit,  rapidité  croissante  avec  leur 
numéro  d'ordre.  Seulement,  elles  ne  sont  plus  le  produit  d'une  fonction  du 
temps  par  une  fonction  des  coordonnées  ;  et  leur  allure  est  devenue  beaucoup 
moins  régulière,  ou  plus  difficile  à  saisir  ('  ).    » 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  une  nouvelle  méthode  de  recherche 
et  de  dosage  des  traces  les  plus  faibles  d'arsenic.  Note  de  M.  Armand  Gautier. 

«  Au  cours  de  mes  publications  sur  la  recherche  et  le  dosage  des  faibles 
quantités  d'arsenic  (-),  surtout  lorsque  j'ai  voulu  donner  la  preuve  de 
l'existence  normale  et  de  la  localisation  de  ce  métalloïde  dans  les  organes 
des  animaux  (^),  j'ai  dû  vérifier,  avant  tout,  le  point  important  de  savoir  si 
la  méthode  de  carbonisation  azotosulfurique  que  j'emploie  depuis  iS'y.D 
permettait  bien  de  recueillir  la  totalité  de  l'arsenic  sans  aucune  perte.  Dans, 
CCS  derniers  temps,  j'ai  montré  que  cette  méthode  est,  en  fait,  assez  pré- 
cise pour  permettre  de  retrouver  sans  perte  2  millièmes  et  peut-être  i  mil- 
lième de  milligramme  d'arsenic  ajoutés  à  loo^  ou  1  5o*''  de  matière  orga- 


(')  En  dehors  du  cas  de  proportionnalité  de  H  à  Ç,  une  expression  de  h  régularisée 
et  de  grandeur  notable,  produit,  ÇT,  d'une  fonction  C  des  coordonnées  x  et  y  par  une 
fonction  T  du  temps  t,  est  impossible.  Car  la  division  de  l'équation  indéfinie  (2), 
soit  par  [x'CT^,  soit  par  [xî^T,  suivie,  chaque  fois,  de  deux  dllférentialions  en  t, 
montre  que  les  deux  expressions 


[jL(;|_aa'\        ax 


l(-|;j 


I 


dx  \        dx 


dy\       dy  )  _ 


se  réduisent  nécessairement  à  deux  constantes.  Si  donc  k  est  le  rapport  de  celles-ci,  il 
vient 


d_ 
dx 


K(ll-A-C) 


dX^ 
dx 


cf 

d'y 


K(H-An4^ 

dy 


=  0, 


équation  entraînant,  au  moins  dans  les  deux  cas  d'une  nappe  cylindrique  et  d'une 
nappe  de  révolution  (pourvues  toujours  supéiùeurement  d'un  plan  tangent  horizontal), 
l'annulation,  soit  de  H  —  At,  soit  de  la  dérivée  de  Ç,  c'est-à-dire  ou  la  proportionna- 
lité de  H  à  Ç,  ou  l'équilibre  de  la  nappe  liquide. 

(2)  Voir  Comptes  rendus,   t.   LXXXI,   p.    289.    —   yinn.  de  Chim.   et  de  Phys., 
5°  série,  t.  YIII,  p.  384. 

(3)  Comptes  rendus,  t.  CXXIX,  p.  929  et  980 ;  t.  CXXX,  p.   284;    t.    CXXXIV, 
p.  1894,  et  Bull.  Soc.  chim.,  3^  série,  t.  XXVII,  p.  i35  et  833. 


SÉANCE   DU   20   JUILLET    igoS.  T  Sq 

nfqiie  animale  on  végétale,  soit  à  5o  ou  100  millions  de  fois  son  poids  de 
matière  organique  étrangère  ('  ). 

»  Il  ne  semblerait  donc  pas  qu'il  y  ait  lieu  d'essayer  de  perfectionner 
une  méthode  aussi  exacte.  Cependant,  elle  est  si  délicate  à  appliquer,  sur- 
tout, elle  met  en  œuvre  tant  de  substances  diverses  (eau  distillée,  acides 
suU'urique  et  nitrique,  hydrogène  sulfuré,  ammoniaque,  acide  sulfureux 
et  bisulfites,  zinc,  etc.)  qu'il  peut  rester  quelque  incertitude,  lorsqu'il  s'agit 
d'affirmer  l'existence  de  doses  extrêmement  faibles  d'arsenic,  i  miUième 
de  milligramme,  par  exemple,  dans  des  quantités  relativement  très  grandes 
de  matières  animales  ou  végétales  où  ces  réactifs  servent  à  le  rechercher. 
J'ai  trouve,  en  effet,  que  l'eau  distillée,  l'ammoniaque  prétendue  pure, 
l'acide  nitrique,  l'acide  sulfureux  en  solution  et,  surtout,  l'hydrogène  sul- 
furé le  mieux  lavé,  autant  de  réactifs  employés  dans  la  recherche  de  l'ar- 
senic, contiennent  toujours  des  traces  de  ce  métalloïde.  Dans  les  expé- 
riences que  je  viens  de  terminer,  malgré  la  purification  de  tous  ces  réactifs, 
j'ai  constaté  que  la  quantité  totale  introduite  par  eux  tous  pour  une 
recherche  d'arsenic  dans  loo*''  de  muscle  ou  de  jaune  d'œuf,  par  exemple, 
variait  de  :1^  à  |  de  millième  de  millie:ramme. 

»  Une  autre  raison  m'a  fait  essayer  de  modifier  et  perfectionner  mon 
ancienne  méthode.  Elle  n'est  pas  applicable  lorsqu'il  s'agit  de  retrouver 
l'arsenic  dans  des  substances  très  riches  en  chlorures  solubles  telles  que 
l'eau  de  mer,  les  eaux  minérales  chlorurées,  les  viandes  salées,  le  sel  de 
cuisine,  etc.  ou  dans  les  solutions  trop  riches  en  fer,  ainsi  qu'on  le  verra. 
Quoi  qu'on  fosse,  l'arsenic  est  en  j^artie  perdu  dans  ces  divers  cas,  soit  à 
l'état  de  chlorure  qui  échappe  même  à  l'eau  alcalinisée,  soit  à  l'état  de 
sulfarséniure  de  fer. 

M  La  méthode  nouvelle  que  Je  vais  exposer  est  d'une  extrême  simplicité 
et  d'une  précision  surprenante.  Elle  peut  être  employée  à  la  recherche 
des  traces  d'arsenic  normal  dans  les  organes,  ou  lorsqu'il  s'agit  d'expertises 
légales,  mais  je  me  bornerai,  pour  le  moment,  à  exposer  sa  marche  et  ses 
résultats  pour  les  cas  ou  les  anciennes  méthodes  sont  inapplicables  ou 
incertaines. 

»  Elle  est  fondée,  en  principe,  sur  l'observation  bien  connue  que  lorsque 
l'arsenic  existe,  même  en  petite  quantité,  à  côté  du  fer,  dans  une  eau 
potable  ou  minérale,  le  fer,  en  s'oxydant  et  se  précipitant,  entraîne  tou- 
jours avec  lui  tout  ou  partie  de  cet  arsenic. 


(')  Bull.  Soc.  chùn.,  3«  série,  t.  XXIX,  p.  689. 


l6o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Mes  recherches  nouvelles  démontrent  que  cette  aptitude  du  fer  est 
absolue  et  que  cet  entraînement  de  l'arsenic  par  le  sous-sel  polyferrique 
qui  se  forme  est  si  complet,  dans  les  conditions  expérimentales  où  je  me 
place,  que  j~  de  milligramme  d'arsenic,  ajouté  sous  forme  d'arsénites  ou 
d'arséniates  à  un  litre  d'eau  pure,  ou  chargée  de  sel  marin  ou  d'autres  sels, 
est  entièrement  enlevé  par  le  fer  et  peut  être  exactement  dosé. 

»  Je  prépare  mon  réactif  de  la  façon  suivante  :  loo^^'  de  sulfate  ferreux 
commercial  sont  dissous  dans  5ooS  d'eau  distillée  avec  addition  de  25s 
de  SO'H^  pur;  cette  solution  est  traitée  par  l'hydrogène  sulfuré.  On  fait 
bouillir,  filtre  et  oxyde  à  chaud  le  sel  ferreux  par  28^  d'acide  nitrique 
exempt  d'arsenic.  De  la  solution,  on  précipite  ensuite  l'hydrate  ferrique 
par  l'ammoniaque  purifiée  d'arsenic,  et  après  lavage  on  redissout  à  froid 
cet  hydrate  dans  l'acide  sulfurique  pur  étendu.  Ce  sulfate  ferrique  contient 
encore  des  traces  d'arsenic  très  sensibles  (trouvé  :  o'"s,oo2  à  o™s,oo3  d'ar- 
senic pour  3  grammes  Fe-0'  ).  On  les  enlève  en  faisant  digérer  deux  jours 
la  solution  ferrique  avec  de  la  grenaille  de  zinc  pur  et  portant  à  l'ébullition 
dans  le  vide  {P.  Clausmann).  On  réoxyde  alors  le  sel  par  un  peu  d'acide 
nitrique  et  sulfurique  et  l'on  en  précipite  l'hydrate  ferrique  par  un  léger 
excès  d'ammoniaque  pure  qui  redissout  l'oxyde  de  zinc.  Il  ne  reste  pkis 
qu'à  laver  à  l'eau  et  ajouter  à  l'hydrate  ferrique  de  l'acide  sulfurique 
pur  étendu  et  froid.  100  centimètres  cubes  de  ce  réactif,  contenant 
3o  grammes  Fe-O^  au  litre,  m'ont  donné  un  anneau  correspondant  à 
moins  de  i  millième  de  milligramme  d'arsenic. 

»  Voici  maintenant  les  constatations  que  j'ai  pu  faire  avec  ce  précieux 
réactif.  Si  l'on  prend  2  litres  d'eau  distillée  et  qu'on  Jes  évapore  en  pré- 
sence de  4o^  d'acide  nitrique  et  lo*''  d'acide  sulfurique  sensiblement 
exempts  d'arsenic  (  '  )  et  si,  après  avoir  chauffé  jusqu'à  commencement 
d'apparition  des  vapeurs  sulfuriques,  on  étend  d'eau  et  verse  dans  l'appareil 
de  Marsh,  on  obtient  : 

Arsenic  par  litre. 

Eau  distillée  à  l'alambic  de  cuivre  étamé o™s,ooo7 

Eau  distillée  à  la  cornue  de  verre,  après  addition  de  5^, 

pour  looos  d'eau,  de  CO^Na-  pur o"^'s, 0011 

»  I  litre  de  cette  eau,  si  faiblement  arsenicale,  est  porté  à  l'ébullilion 
après  addition  de  5''"'  de  la  solution  ferrique  précédente;  après  refroi- 
dissement on  sature  par  quelques  gouttes  d'ammoniaque  pure  et,  après 

(^)  Ils  contenaient  ensemble  à  peine  o'"S,oooi  d'arsenic. 


SÉANCE    DU    20    JUILLET    1903.  161 

avoir  fait  bouillir  encore  quelques  instants,  on  filtre.  La  liqueur  filtrée 
totale,  évaporée  en  présence  d'acide  nitrique  et  sulfurique  pur,  est  chauffée 
jusqu'au  départ  de  l'acide  nitrique,  étendue  d'eau  et  versée  dans  l'appareil 
de  Marsh.  Elle  ne  donne  plus  trace  d'arsenic  ('  ). 

»  A  2  litres  de  cette  eau  ainsi  complètement  privée  d'arsenic  on  ajoute 
o™^,oo2  d'arsenic  (2  millièmes  de  milligramme  d'arsenic)  sous  forme  d'ar- 
sénite  de  soude,  puis  5  cent,  cubes  de  la  liqueur  ferrique  ci-dessus.  On 
porte  à  l'ébuUition,  on  alcalinise  par  quelques  gouttes  d'ammoniaque  et  l'on 
recueille  le  précipité  qu'on  dissout  dans  un  léger  excès  d'acide  sulfurique; 
le  sulfate  ainsi  formé  est  versé  directement  dans  l'appareil  de  Marsh.  On  ob- 
tient : 

Arsenic  ajouté  aux  2  litres  d'eau..  .      o™s, 002 
Arsenic  trouvé o™s,oo2 

»    La  totalité  de  l'arsenic  a  donc  été  entraînée  par  le  fer. 

»  Il  en  est  de  même  si  l'eau  ainsi  additionnée  de  i  mi/liardiéme  de  son 
poids  d'arsenic  est  évaporée  au  préalable  au  quart  de  son  volume  et  traitée 
ensuite  comme  ci-dessus  par  le  sel  ferrique. 

»  Ainsi  I  millième  de  milligramme  d' arsenic  par  litre  d' eau  est  entièrement 
recueilli  par  le  précipité  ferrique  qui  se  forme  à  chaud,  et  où  l'arsenic  peut 
être  exactement  et  directement  dosé  à  l'appareil  de  Marsh. 

»  Comme  contre-épreuve  de  cette  expérience,  à  i  litre  d'eau  distillée  orj 
ajoute  o™^,o5o  d'arsenic,  puis  5  cent,  cubes  de  la  liqueur  ferrique;  on  porte 
à  l'ébuUition,  et  l'on  filtre  après  neutralisation  par  l'ammoniaque  pure.  La 
liqueur  filtrée  est  additionnée  comme  ci-dessus  de  20^ d'acide  nitrique  et  10^ 
d'acide  sulfurique  purs;  on  chasse  l'eau  et  l'acide  nitrique  par  la  chaleur 
et  l'on  verse  dans  l'appareil  de  Marsh  :  l'arsenic  trouvé  est  totalement  nul. 

»  Ainsi  le  sel  poiyferrique  qui  se  précipite  dans  ces  conditions  entraîne 
si  bien  la  totalité  de  l'arsenic  présent  qu'on  n'en  retrouve  plus  la  moindre 
trace  dans  la  liqueur  et  qu'une  dose  aussi  faible  qu'un  millième  de  milli- 
gramme par  litre  d'eau  peut  être  ainsi  exactement  recueillie  et  dosée. 

))  Cette  méthode  permet  donc  de  séparer  et  mesurer  exactement  une 
substance  qui  représente  la  milliardième  partie  de  la  masse  en  expérience. 

))   Je  ne  pense  pas  qu'il  y  ait  jusqu'ici  d'exemple,  dans  les  Sciences  expé- 

(')  Du  moins  plus  de  trace  appréciable,  c'esl-à-dire  une  quantité  inférieure  à 
o'"?,ooo33  de  As. 

G.  R.,  igoS,  i'  Semestre.  (T.  CXXXVII,   N°  3.)  2  2 


l62  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

rimentales  OU  d'observation,  d'une  autre  détermination  se  faisant  avec  un 
degré  de  précision  qui  permette  de  mesurer  une  valeur  un  milliard  de  fois 
dIus  petite  que  celle  à  laquelle  il  s'agit  de  la  comparer. 

»  Le  dosage  par  celte  méthode  de  traces  d'arsenic,  i'*^^  à  o™s,ooi  par 
litre  d'eau  pure  ou  additionnée  de  Soo^  de  sel  marin  pur,  de  loo^  de  sul- 
fate de  potasse,  de  nitre,  de  chlorate  de  potasse,  etc.,  se  fait  avec  la  même 
jjrjcision. 

))  Elle  permet  de  retirer  facilement  l'arsenic  des  eaux  de  mer,  du  sel 
marin,  des  eaux  minérales,  des  sels  usuels,  des  acides  et  des  bases,  etc., 
avec  une  rapidité  et  une  exactitude  parfaites. 

»  Il  faut  seulement,  s'il  s'agit  d'acides,  de  sels  acides  ou  d'alcalis,  les 
saturer  au  préalable.  Pour  les  gaz  sulfureux,  sulfhydriques,  etc.,  on  les 
oxyde  par  barbotement  dans  l'acide  nitrique  chaud  oij  l'on  dose  ensuite, 
comme  il  est  dit  ci-dessus,  l'arsenic  condensé  et  oxydé. 

»  Par  cette  nouvelle  méthode,  j'ai  pu  m'assurer  aisément  que  l'arsenic 
existe  dans  l'eau  distillée  la  plus  pure  (environ  o"'^,ooi  par  litre),  dans 
l'ammoniaque  prétendue  pure  du  commerce  (o"^s^oio  par  loo*"""),  dans 
l'acide  nitrique  le  mieux  purifié  d'arsenic,  dans  le  nitre  pur,  dans  le  bicar- 
bonate de  soude  pur,  dans  l'acide  chlorhydrique  pur,  dans  le  chlorate 
de  potasse  fondu,  dans  le  sel  marin  même  fondu  au  rouge,  dans  l'hydro- 
gène sulfuré  parfaitement  lavé  provenant  du  sulfure  de  fer  et  de  l'acide 
chlorhydrique  pur  ou  non,  dans  l'acide  sulfureux  et  les  bisulfites,  etc. 
Ces  constatations  montrent  les  causes  d'erreurs  multiples  auxquelles  on 
est  exposé  lorsqu'il  s'agit  de  déterminer  l'origine  des  traces  d'arsenic  que 
l'on  trouve  dans  les  organes. 

»  En  ce  qui  touche  à  l'application  de  la  nouvelle  méthode  à  la  recherche 
physiologique  ou  médico-légale  de  ce  métalloïde,  on  peut,  après  avoir  dé- 
truit les  matières  animales  ou  végétales  par  le  mélange  nitrosulfurique, 
reprendre  le  charbon  azoté  par  l'eau  bouillante,  filtrer,  refroidir,  neutra- 
liser partiellement,  et  ajouter  le  sel  ferrique  tant  qu'il  ne  marque  pas  au 
ferrocyanure.  Le  précipité  qui  se  forme  à  froid,  dans  ces  conditions,  n'en- 
trahie  pas  d'arsenic.  On  filtre,  on  ajoute  5  cent,  cubes  du  réactif  ferrique 
pur  et  l'on  porte  la  liqueur  à  l'ébullition.  Après  neutralisation  par  l'ammo- 
niaque, on  filtre  encore,  on  redissout  le  précipité  ferrique  dans  un  mélange 
d'acides  nitrique  et  sulfurique  purs,  on  chauffe  tant  qu'il  se  dégage  des  va- 
peurs nitreuses  et  qu'il  reste  de  l'acide  nitrique,  on  étend  d'eau  et  Von 
verse  directement  dans  V appareil  de  Marsh.  Mais,  pour  réussir  entièrement. 


SÉANCE   DU    20   JUILLET    igoS.  l63 

cette  méthode  demande,  dans  le  cas  particulier  des  matières  animales  ou 
végétales,  une  série  de  précautions  minutieuses^que  je  me  réserve  de  faire 
ultérieurement  connaître.  » 


PHYSIOLOGIE.  —  Sur  les  mouvemenls  de  torsion  de  l'œil  dans  les  orientations 
du  regard,  V orbite  restant  dans  la  position  primaire.  Note  de  M.  Yves 
Delage. 

«  Dans  ma  précédente  Note  {Comptes  rendus,  séance  du  i3  juillet  1908 ) 
j'ai  étudié  les  mouvement  de  torsion  de  l'œil  dans  la  rotation  de  l'orbite. 
On  a  vu  que,  pour  l'étude  de  ces  torsions,  l'observateur  est  placé  dans 
une  caisse  tournant  autour  d'un  tourillon  dont  le  prolongement  passerait 
par  la  racine  du  nez. 

»  Dans  une  première  série  d'expériences,  le  tourillon  était  placé  au 
milieu  de  la  paroi  postérieure  de  la  caisse,  de  telle  façon  que  son  prolon- 
gement passait  par  le  centre  de  gravité  du  système,  ce  qui  facilitait  l'équi- 
libre de  l'appareil.  Mais,  dans  ce  cas.  Taxe  de  rotation  passant  par  le  milieu 
du  dos  de  l'observateur  et  la  lumière  centrale  étant  sur  le  prolongement  du 
tourillon,  la  ligne  de  regard  n'était  pas  perpendiculaire  au  tableau  dont 
cette  lumière  occupait  le  centre.  Il  en  résultait  que  l'œil  n'était  jamais  dans 
la  position  primaire.  Aux  points  o,  90,  180  et  270,  le  regard  était  dirigé  en 
haut  ou  en  bas,  à  droite  ou  à  gauche,  et  l'œil  était  en  position  secondaire. 
Cela  n'avait  point  d'inconvénient,  tous  les  physiologistes  s'accordant  à 
admettre  que,  dans  ces  positions,  l'œil  ne  subit  aucune  torsion.  Mais  en 
était-il  de  même  pour  les  positions  intermédiaires,  lorsque  le  regard  est 
dirigé  en  haut  et  à  droite  ou  à  gauche,  ou  en  bas  et  à  gauche  ou  à  droite? 
Il  était  à  craindre  qu'il  n'en  fût  pas  ainsi,  divers  physiologistes  admettant 
que,  dans  ces  orientations  obhques,  l'œil  subit  une  torsion.  C'est  pour  éviter 
cette  cause  possible  d'erreurs  que  j'ai  fmalement  disposé  le  tourillon  comme 
je  l'ai  indiqué  dans  la  Note  précédente. 

.)  Cela  m'a  amené  à  rechercher  si  vraiment  l'œil  subit  dans  ces  cas  une 
torsion. 

)>  L'existence  d'une  pareille  torsion  semble  résulter  de  l'expérience  bien 
connue  de  Ruete  que  je  rappelle  brièvement. 

»  Si,  l'orbite  étant  dans  la  position  primaire,  on  se  procure  une  image  accidentelle 
d'une  ligne  horizontale  et  qu'on  porte  le  regard  dans  une  des  directions  secondaires 
de  manière  à  projeter  l'image  sur  une  tenture  sur  laquelle  est  dessiné,  un  quadrillage 


l64  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

à  raies  verticales  et  horizontales,  on  constate  que  l'image  accidentelle  reste  en  coïnci- 
dence avec  une  des  lignes  horizontales  :  il  n'y  a  donc  pas  eu  de  torsion  de  l'œil.  Mais 
si  l'on  porte  le  regard  dans  une  des  directions  tertiaires,  il  n'en  est  plus  ainsi.  Si,  par 
exemple,  on  regarde  avec  l'œil  droit,  en  haut  et  à  droite,  on  voit  que  l'image  acciden- 
telle est  oblique  en  bas  et  à  gauche,  comme  si  l'œil  s'était  tordu  dans  le  sens  indirect 
(inverse  des  aiguilles  d'un  cadran).  D'où  la  croyance  à  celte  torsion. 

))  Cette  torsion  est  cependant  bien  improbable,  l'orientation  de  l'œil, 
dans  ce  cas,  se  faisant  avec  participation  du  muscle  petit  oblique,  qui  a  pré- 
cisément pour  action  de  faire  tourner  l'œil  dans  le  sens  direct. 

»  D'autre  part,  si  l'on  fait  la  même  expérience  avec  l'image  accidentelle 
(l'une  ligne  verticale,  on  constate  que  celle-ci  est  inclinée  en  haut  et  à 
droite,  comme  si  l'œil  avait  tourné  dans  le  sens  direct.  L'œil  ne  peut 
cependant  s'être  tordu  à  la  fois  dans  deux  sens  différents. 

»  Helmholtz,  rapportant  la  situation  de  Tœil  à  celle  du  plan  de  regard 
(passant  par  la  ligne  de  regard  et  par  une  droite  joignant  les  centres 
optiques  des  deux  yeux),  déclare  que  l'inclinaison  de  l'image  horizontale 
est  seule  semblable  à  celle  de  l'horizon  rétinien  par  rapport  au  plan  de 
regard,  car  l'intersection  de  l'horizon  rétinien  avec  la  tenture  est  l'image 
accidentelle  de  la  ligne  horizontale,  telle  qu'on  la  voit  sur  la  tenture,  et 
l'intersection  du  plan  de  regard  avec  la  tenture  est  horizontale  ;  en  sorte 
que  l'angle  de  l'image  accidentelle  avec  l'horizontale  sur  la  tenture  est 
dirigé  dans  le  même  sens  que  l'angle  de  l'horizon  rétinien  avec  le  plan 
de  regard  :  c'est-à-dire  que  l'angle  de  torsion  de  l'œil  est  tel  qu'il  l'a 
indiqué. 

»  Au  contraire,  les  lignes  verticales  de  la  tenture  ne  coïncident  pas  avec 
l'intersection  de'la  tenture  et  d'un  plan  passant  par  la  ligne  de  regard  et 
perpendiculaire  au  plan  de  regard.  Celui-ci  est  en  effet,  quand  on  regarde 
en  haut,  incliné  en  arrière,  en  sorte  que  son  intersection  avec  la  tenture 
est  inclinée  à  droite  quand  on  regarde  à  droite,  à  gauche  quand  on  regarde 
à  gauche.  L'inclinaison  de  l'image  verticale  par  rapport  aux  verticales  de 
la  tenture  n'indique  donc  pas  même,  d'une  façon  certaine,  l'obliquité  de 
l'horizon  rétinien  par  rapport  au  plan  de  regard. 

»  Tout  cela  est  juste  en  ce  qui  concerne  l'angle  de  l'horizon  rétinien 
avec  le  plan  de  regard,  mais  ne  nous  dit  pas  si  l'œil  a  réellement  subi  une 
torsion  négative,  de  même  ordre  que  celle  que  pourrait  lui  imprimer  un 
muscle  oblique  agissant  seul. 

»  Pour  savoir  ce  qu'il  en  est,  j'ai  étudié  par  les  procédés  de  la  Géomé- 
trie et  de  la  Trigonométrie  ce  que  devient  la  projection,  sur  un  plan  per- 


SÉANCE    DU    20   JUILLET    igoS.  l65 

pendiculaire  à  la  ligne  de  regard  dans  la  position  primaire,  d'une  croix  tracée 
sur  une  sphère  (l'œil),  lorsque  celle-ci  prend  toutes  les  positions  possibles 
en  tournant  autour  d'un  axe  passant  par  son  centre  et  parallèle  à  la  ten- 
ture,  sans  qu'il  s'y  adjoigne  aucune  torsion,  c'est-à-dire  aucune  rotation 
autour  d'un  axe  passant  par  son  centre  et  perpendiculaire  au  plan  de  pro- 
jection. 

»  J'ai  reconnu  ainsi  que  ces  projections  prennent  précisément  les  posi- 
tions de  la  croix  sur  la  tenture  dans  l'expérience  de  Ruete.  D'où  cette 
conclusion  que  l'obliquité  des  branches  de  la  croix  projetée,  dans  l'expé- 
rience de  Ruete,  n'implique  aucune  torsion  réelle  du  globe  de  l'œil. 

))  Mais,  bien  qu'il  n'y  ait  aucune  torsion  du  globe  de  l'œil,  les  plans  car- 
dinaux de  l'œil,  horizon  rétinien  (déterminé  par  le  centre  optique  et  la 
branche  horizontale  de  la  croix)  et  sagittal  rétinien  (déterminé  par  le 
centre  optique  et  la  branche  verticale  delà  croix),  ne  restent  pas  pour  cela 
horizontal  et  vertical.  Dès  que  l'œil  s'est  placé  dans  une  des  positions 
tertiaires  quelconque,  ces  plans  deviennent  obliques  comme  s'ils  avaient 
tourné  autour  d'un  axe  antéro-postérieur,  et  le  sens  de  cette  rotation  est  pré- 
cisément l'inverse  de  celui  qui  a  été  admis  par  la  plupart  des  physiologistes, 
à  la  suite  des  recherches  de  Helmholtz. 

»  Ainsi,  lorsque  l'œil  droit  regarde  en  haut  et  à  droite,  l'horizon  réti- 
nien est  incliné  vers  la  droite  comme  s'il  avait  tourné  dans  le  sens  direct  et 
non  indirect;  et  la  contradiction  constatée  plus  haut,  entre  la  rotation 
admise  et  les  conditions  anatomiques  et  physiologiques  de  l'appareil  moteur 
de  l'œil,  disparaît. 

»  Cependant,  Helmholtz  n'a  pas  commis  une  réelle  erreur  :  la  torsion 
admise  par  lui  est  exacte  si  l'on  rapporte,  comme  il  l'a  fait,  la  position  de 
l'œil  non  aux  plans  cardinaux  invariables  dans  l'espace,  mais  à  un  certain 
plan,  mobile  avec  l'œil,  qu'il  a  pris  pour  repère.  Ce  plan  est  le  plan  de 
regard,  défini  plus  haut,  dont  l'intersection  avec  la  tenture  reste  horizon- 
tale, quand  l'œil  se  place  dans  une  des  positions  secondaires  ou  tertiaires. 

«  Ainsi,  lorsque  l'œil  droit  regarde  en  haut  et  à  droite,  l'intersection  du 
plan  de  regard  avec  la  tenture  restant  horizontale  tandis  que  celle  de  l'ho- 
rizon rétinien  est  inclinée  en  bas  et  à  gauche,  ce  dernier  plan  semble  avoir 
tourné  vers  la  gauche,  dans  le  sens  indirect,  bien  que,  en  réalité,  il  soit 
incliné  vers  la  droite  dans  le  sens  direct. 

»   Cette  rotation  indirecte  est  fictive;  la  rotation  réelle  est  directe. 

»  Helmholtz  fait  comme  une  personne  qui  conviendrait  de  désigner  la 
position  de  la  tête  en  prenant  pour  position  initiale  celle  qu'elle  aurait  si 


l66  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

on  l'avait,  au  préalable,  fait  tourner  de  i8o°  sens  devant  derrière.  Quand 
quelqu'un  tournerait  la  tête  de  3o°  vers  la  droite,  cette  personne  dirait 
qu'elle  l'a  tournée  de  iSo**  vers  la  gauche  :  logiquement,  cette  personne 
aurait  raison  ;  pratiquement,  ce  serait  absurde.  C'est  cette  fâcheuse  con- 
vention, fréquemment  inaperçue,  qui  a  été  l'origine  de  la  notion  fausse 
qui  a  pris  naissance. 

»  J'ai  donné  les  formules  des  angles  que  forment  les  branches  de  la 
croix  avec  l'horizontale  et  la  verticale.  Si  l'on  appelle  9  l'angle  que  fait 
l'axe  de  rotation  avec  l'horizontale,  co  l'angle  dont  la  ligne  de  regard  a 
tourné  autour  de  cet  axe,  a  et  fi  les  angles  des  branches  horizontale  et 
verticale  de  la  croix  avec  l'horizontale  et  la  verticale,  on  a  : 

tango  (i  —  costo) 
tansfa  =        ''  '  ' 


tangp 


costo  4-  tang-cp 
cotes  (i  —  costo) 

COS(o  -+-  COt^tp 


»  Pour  CD  =  co  =  4^°»  valeur  pratiquement  maxima  de  ces  variables,  on 
a  :  az=  p=  9036'. 

M  L'angle  p  que  forme  avec  l'horizontale  la  ligne  de  plus  grande  pente 
de  l'horizon  rétinien  est  donné  par  la  formule  : 

COSp  t=  I  —  cos-©(i    -  cosco). 

»   Pour  cp  =  w  =  45°,  on  a  :  p  =  3i"24  • 

»   Cette  inclinaison  est  loin  d'èlre  négligeable.  » 


PHYSIQUE.  —  Sur  une  nouvelle  action  produite  par  les  rayons  n 
et  sur  plusieurs  faits  relatifs  à  ces  radiations.  Note  de  M.  R.  Blondlot, 

«  L'action  des  rayons  n  sur  une  petite  flamme  me  donna  l'idée  d'essayer 
s'ils  n'exerceraient  pas  une  action  analogue  sur  un  corps  solide  incandes- 
cent. A  cet  effet,  un  fd  de  platine  d'environ  o°"^,i  de  diamètre  et  i5™™  de 
longueur,  fut^porté  au  rouge  sombre  par  un  courant  électrique.  Sur  ce  fil, 
on  dirigea  un  faisceau  de  rayons  n  émis  par  un  bec  Auer  à  travers  des  écrans 
de  bois  et  d'aluminium  et  concentrés  par  une  lentille  de  quartz.  On  obser- 
vait le  fd  à  travers  un  verre  dépoli  fixé  au  même  support  que  lui,  à  environ 
3^"»  en  avant.  En  déplaçant  le  fil,  on  trouve  une  série  de  foyers,  comme 
avec  les  autres  procédés  propres  à  déceler  les  rayons  n.  Le  fil  étant  placé 


SÉANCE  DU  20  JUILLET  IQoS.  167 

à  l'un  de  ces  foyers,  lorsque  l'on  interpose  un  écran  de  plomb,  ou  simple- 
ment la  main,  sur  le  trajet  des  rayons  n,  on  voit  la  tache  lumineuse  formée 
sur  le  verre  dépoli  diminuer  d'éclat;  lorsque  l'on  enlève  ces  obstacles,  la 
tache  reprend  son  premier  éclat.  Ces  actions  ne  semblent  pas  instantanées. 

»  J'ai  généralisé  les  expériences  précédentes  en  employant,  au  lieu  d'un 
fil  chauffé  par  un  courant  électrique,  une  lame  de  platine  de  o'"™,ï  d'épais- 
seur, inclinée  de  45^  sur  le  plan  horizontal,  portée  partiellement  au  rouge 
sombre  par  une  petite  flamme  de  gaz  placée  par-dessous.  Un  faisceau  hori- 
zontal des  rayons  n  concentrés  par  une  lentille  était  dirigé  sur  la  face  infé- 
rieure de  la  lame,  de  façon  à  produire  un  foyer  à  l'endroit  chauffé;  on 
observait  la  tache  incandescente  sur  la  face  supérieure,  sans  interposition 
d'un  verre  dépoli.  Les  variations  d'éclat  sont  exactement  analogues  à  celles 
du  fd.  En  observant,  à  travers  un  verre  dépoli,  l'intensité  de  l'éclairement 
produit  sur  la  face  inférieure  de  la  lame  de  platine  par  l'ensemble  de  la 
tache  incandescente  de  la  lame  et  de  la  flamme,  on  constate  des  variations 
toutes  pareilles.  On  obtient  encore  les  mêmes  résultats  si,  au  lieu  de  faire 
tomber  les  rayons  n  sur  la  face  inférieure  de  la  lame,  par  conséquent  du 
côté  où  se  trouve  la  flamme  destinée  à  l'échauffer,  on  les  dirige  sur  la 
face  supérieure. 

»  Les  différents  effets  produits  par  les  rayons  n  :  action  sur  l'étincelle, 
sur  la  flamme,  sur  la  phosphorescence,  sur  l'incandescence,  conduisaient 
à  penser  que  ces  rayons  pouvaient  agir  en  échauffant  les  corps  qui  leur 
sont  soumis.  Pour  soumettre  cette  question  à  l'expérience,  j'installai  une 
j)ile  thermo-électrique  de  Rubens  reliée  à  un  galvanomètre  à  cuirasse. 
L'action  des  rayons  n  sur  cet  appareil  a  été  absolument  nulle,  même  dans 
les  conditions  les  plus  favorables,  bien  qu'une  bougie  placée  à  12"^  de  la 
pile  donnât  une  déviation  de  o""",5  environ  de  l'échelle;  j'ai  opéré  tant 
avec  les  rayons  n  provenant  d'un  bec  Auer  qu'avec  ceux  du  soleil,  le 
3  juillet  dernier,  à  l'heure  de  midi  :  les  rayons  n  étaient  très  intenses,  car 
•en  plaçant  devant  la  pile  un  tube  contenant  du  sulfure  de  calcium  faible- 
ment insolé,  son  éclat  était  de  beaucoup  augmenté  et  diminuait  par  l'inter- 
position d'un  écran  de  plomb  ou  de  la  main.  M.  H.  Rubens  a  fait  la  môme 
constatation,  comme  il  a  eu  l'obligeance  de  me  l'écrire;  son  appareil  était 
encore  beaucoup  plus  sensible  que  le  mien.  J'ai  cru  néanmoins  utile  de 
rechercher  directement  si  le  fd  de  platine  incandescent  ne  s'échaufferait 
pas  sous  l'action  des  rayons  n.  Pour  cela,  j'ai  eu  recours  à  l'étude  de  sa 
résistance  électrique.  Le  courant  qui  parcourt  le  fd  est  produit  par  5  accu- 
mulateurs; à  l'aide  de  rhéostats  très  résistants,  on  règle  l'intensité  de  façon 


l68  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

que  le  fil  de  platine  soit  rouge  sombre.  Ce  fil  est  tendu  entre  deux  pinces 
massives  de  laiton  A  et  B,  qui  sont  reliées  aux  bornes  d'un  électromètre 
capillaire;  sur  l'un  des  fils  de  communication  est  intercalée  une  force 
électromotrice,  réglable  à  volonté,  produite  par  dérivation  du  circuit  d'une 
pile  auxiliaire  ;  cette  force  électromotrice  est  réglée  de  façon  que  l'éleb- 
tromètre  soit  au  zéro.  Toute  variation  de  la  résistance  du  fil  de  platine  pro- 
duit une  déviation  de  l'électromètre.  Or,  les  rayons  n  ayant  été  dirigés  sur 
le  fil,  on  n'observa  aucune  déviation  du  ménisque;  l'interposition  d'un 
écran  de  plomb  ou  d'un  papier  mouillé  restait  sans  aucun  effet  sur  l'élec- 
tromètre, bien  que  l'éclat  du  fil  éprouvât  les  variations  accoutumées.  Cela 
vérifie  bien  que  les  rayons  n  n'élèvent  pas  sa  température.  Je  me  suis,  du 
reste,  assuré  que  la  méthode  était  suffisamment  sensible  par  les  expériences 
suivantes.  A  l'aide  d'un  rhéostat  à  fil,  un  aide  faisait  varier  la  résistance  du 
circuit  comprenant  le  fil  de  platine  et  les  accumulateurs,  et,  par  là,  l'intensité 
du  courant,  mais  pas  assez  toutefois  pour  que  l'observateur  aperçût  une 
variation  de  l'éclat  du  fil  ;  malgré  cela,  l'électromètre  était  dévié  de  3  divi- 
sions du  micromètre  oculaire.  Voici  encore  un  autre  contrôle  :  une  éléva- 
tion de  i*^  de  la  température  du  fil  changerait  sa  résistance  dans  le  rapport 

^'^^^  environ;  la  différence  entre  les  potentiels  de  A  et  de  B   changerait 

dans  le  même  rapport,  puisque,  la  résistance  extérieure  au  fil  étant  très 
grande,  l'intensité  ne  change  pas;  dans  mes  expériences,  cette  variation 
dévierait  l'électromètre  de  i5  divisions.  Comme  on  ne  constatait  absolu- 
ment aucune  déviation,  et  que  l'on  eût  d'ailleurs  pu  apprécier  aisément 
i  de  division,  l'élévation  de  température  était  certainement  très  inférieure 

à—  X  -  =  7^  de  de^ré  et,  par  conséquent,   tout  à  fait  insuffisante  pour 

i5        4        oo  "  '  *■ 

produire  l'augmentation  d'éclat  observée.  Il  est  ainsi  surabondamment 
établi  que  l'augmentation  d'éclat  produite  par  les  rayons  n  n'est  pas  due  à 
une  élévation  de  température. 

»  Dans  les  expériences  sur  une  lame  de  platine  qui  ont  été  décrites  plus 
haut,  l'augmentation  d'éclat  se  montrait  sur  les  deux  faces  de  la  lame. 
Étant  donné  qu'il  n'y  a  pas  d'élévation  de  température,  ce  fait  semble 
paradoxal  :  comme,  en  effet,  les  rayons  n  ne  traversent  pas  le  platine,  il 
semblait  qu'il  ne  dût  y  avoir  d'action  que  sur  la  face  de  la  lame  qui  leur 
est  exposée.  Pour  tout  concilier,  il  fallait  supposer  que  les  rayons  n,  qui 
ne  traversent  pas  le  platine  froid,  traversent  le  platine  incandescent.  J'ai 
alors  repris  l'appareil  destiné  à  montrer  l'action  des  rayons  n   sur  une 


SÉANCE   DU    20    JUILLET    igoS.  169 

petite  flamme,  puis,  derrière  la  lentille  de  quartz,  j'ai  disposé  une  lame  de 
platine  plus  grande  que  la  lentille.  L'interposition  d'un  écran  de  plomb 
entre  le  platine  et  la  source  ne  produisait  aucun  effet  sur  la  petite  flamme, 
ce  qui  vérifle  l'opacité  du  platine.  La  lame  de  platine  ayant  été  ensuite 
portée  au  rouge,  on  constata  que  l'interposition  de  l'écran  de  plomb  dimi- 
nuait l'éclat  de  la  petite  flamme  :  les  rayons  n  issus  du  bec  Auer  traversent 
donc  le  platine  incandescent.   » 


]\OMI]\ATIOI\S. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrulin,  à  la  nomination  d'un  Cor- 
respondant pour  la  Section  de  Médecine  et  Chirurgie,  en  remplacement 
de  M.  Ollier,  décédé. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  87, 

M.  Baccelli     obtient 32  suffrages 

M.  Calmette         »        4         >> 

Il  y  a  un  bulletin  blanc. 

M.  Baccelli,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  proclamé 
élu. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Étude  sur  les  déformations  moléculaires 
d'un  barreau  d' acier  soumis  à  la  traction.  Mémoire  de  M.  L.  Fraiciiet. 
(Extrait.) 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique.) 

K  Conclusions.  —  Les  limites  d'élasticité  sont  essentiellement  fonction  de 
l'écrouissage  du  métal.  Cet  écrouissage  dépend  lui-même  de  l'effort  appli- 
qué, de  la  durée  de  l'application  de  l'effort  et  du  temps  écoulé  après  cette 
application. 

»  La  limite  élastique  que  nous  déterminons  par  notre  méthode  corres- 
pond seulement  aux  premiers  glissements  moléculaires;  mais  nous  ne 
saurions  affirmer  que  les  éléments  de  volume  n'ont  pas  déjà  subi  une  modi- 
fication permanente  de  structure.  Nous  ne  sommes  pas  sûr  qu'un  effort, 

C.  R.,  1903,   .'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  3.)  23 


170  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

même  très  petit,  appliqué  à  un  barreau  pendant  un  temps  suffisamment 
long,  n'arrive  pas  à  produire  une  modification  permanente  de  la  structure 
des  éléments  de  volume  du  barreau,  sans  qu'il  se  produise,  pour  cela, 
aucun  glissement  moléculaire  permanent. 

))  Mais  les  déformations  permanentes  totales  semblent  ne  devenir  réel- 
lement appréciables  que  lorsque  la  variation  de  la  réliictance  du  barreau 
passe  par  un  maximum.  La  charge  qui  correspond  à  ce  maximum  peut 
donc  être  prise  comme  une  valeur  pratique  de  la  limite  d'élasticité  vraie.  )> 


CORRESPONDANCE. 

ASTRONOMIE.  —  Photographies  de  la  comète  Borrelly  1903  c.  Note  de 
M.  QuÉNissET,  présentée  par  M.  Wolf. 

«  Les  photographies  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  ont 
été  obtenues  à  mon  observatoire  de  Nanterre  (Seine),  à  l'aide  d'un  objectif 
à  portraits  de  o'",075  de  diamètre  et  de  o'",3oo  de  distance  focale.  Elles 
présentent  les  particularités  suivantes  : 

»  Celles  du  i4  juillet  (de  'i\^\\y''  à  22'm5'"  et  de  22''3o"  à  22*'52'")  ont 
été  combinées  de  façon  à  fournir  une  image  stéréoscopique.  Ces  épreuves 
sont  des  agrandissements  de  2  fois  les  phototypes.  Si  on  les  examine  dans 
un  stéréoscope,  on  voit  la  comète  bien  détachée  des  étoiles  environnantes 
et  paraissant  comme  suspendue  librement  dans  l'espace.  Cette  sensation  de 
relief  est  surtout  très  sensible  en  regardant  d'abord  dans  le  stéréoscope 
avec  un  seul  œil,  puis  avec  les  deux. 

»  Nous  rappellerons  que  de  semblables  photographies  stéréoscopiques 
ont  déjà  été  obtenues  par  M.  Max  Wolf  à  Tobservatoire  de  Heidelberg  pour 
la  comète  Perrine  (1902  l))  et  par  nous-même  pour  la  comète  Swift  (1899  a). 
Ces  photographies  sont  appelées  à  donner  des  renseignements  intéressants 
dans  le  cas  de  comètes  à  queues  irrégulières,  et  pourront  probablement 
fournir  des  indications  utiles  sur  le  mouvement  de  rotation  de  ces  astres. 

»  Les  phototypes  pris  le  14  juillet  montrent  une  chevelure  de  1 1'  de  diamètre  el  une 
queue  s'étendant,  en  s'aflTaiblissant  et  s'étalant  légèrement,  sur  une  longueur  de  5"4o' 
au  moins  (car  elle  atteint  le  bord  de  la  plaque  sensible). 

»  Un  phototype  pris  le  i5  juillet,  de  2^^' 17"^  à  12^  f\'j"\  accuse  une  queue  plus  fine, 
moins  longue  et  en  courbure  sensible  vers  le  sud. 

»  La  photographie  des  18-19  juillet  a  reçu  une  exposition  de  i''6'"  (de  23''44'" 
à  o'^So™).    Elle    correspond    à   peu    près    au    maximum   d'éclat   calculé  de  la    comète. 


SÉANCE  DU  20  JUILLET  igoS.  17I 

L'épreuve  que  je  présente  à  l'Académie  est  un  agrandissement  de  2,8  fois,  La  cheve- 
lure mesurée  sur  le  prototype  a  un  diamètre  de  17'  et  la  queue  s'étend  sur  une  longueur 
cVau  moins  6°.  La  queue  très  lumineuse  dans  le  voisinage  de  la  chevelure  donne  à 
celle-ci  un  aspect  nettement  piriforme.   » 


BALISTIQUE.  —  Sur  la  théorie  du  champ  acoustique.  Note  de  M.  Charbonnier, 
présentée  par  M.  le  général  Sebert. 

«  I.  Définition  du  champ  acoustique.  —  Quand  un  corps  solide  se  meut 
dans  l'atmosphère  d'une  manière  continue,  son  mouvement  se  communique 
à  l'air  environnant;  à  l'instant  t  une  certaine  portion  de  l'espace  se  trouve 
ébranlée.  Cette  portion  sera  désignée  sous  le  nom  de  champ  acoustique. 

))  Soit  un  élément  très  petit  de  surface  g,  se  déplaçant  normalement  à 
la  surface  avec  une  vitesse  V.  Appliquant  à  ce  problème  l'intégrale  connue 
de  Poisson  qui  donne  la  solution  de  l'équation  différentielle  des  petits  mou- 
vements dans  l'air,  au  moyen  de  la  somme  de  deux  intégrales  doubles,  on 
trouve  que  l'intégrale  cp  du  problème  a  pour  expression 

VcTcosX  ,  ^  . 

a  est  la  vitesse  du  son;  \  l'angle  que  fait  la  droite  qui  joint  à  l'origine  le 
point  où  l'intégrale  a  la  valeur  cp;  x  l'abscisse  de  ce  point. 

»    On  déduit  de  cette  équation  :  1°  que  les  vitesses  propres  z^  =  -7^  des 

molécules  gazeuses  sont  parallèles  à  l'axe  des  x  et  ont  pour  expression 

Va  .  ■ 

u  =  7 t-tCOSa; 

[^■KCl-t' 

2^  que  les  compressions  sont  nulles  comme  elles  l'étaient  à  l'origine. 

»   II.   Onde  neutre.  —  Pour  }.  =  -?  on  a  w  =  o.  Aucun  mouvement  ne  se 

fait  donc  sentir  sur  une  normale  à  la  direction  du  mouvement.  Quand 
l'élément  g  se  déplace,  le  lieu  des  points  où  ne  parvient  aucun  ébranle- 
ment est  une  certaine  surface  dite  onde  neutre.  Elle  limite  à  l'arrière  le 
champ  acoustique  avant  et  à  l'avant  le  champ  acoustique  arrière. 

))  a.  Le  mouvement  du  mobile  sur  sa  trajectoire  étant  représenté  par 
s  —f{t)  en  fonction  de  l'arc  s  et  du  temps  t,  l'équation  de  l'onde  neutre  est 
s  =/(/);  n  =  at  '.  n  esV  compté  suivant  la  normale  à  la  trajectoire. 


l']1  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  b.  L'onde  neutre  ne  pénètre  jamais  à  l'intérieur  de  la  développée  de 
la  trajectoire  ;  elle  est  tangente  à  cette  développée. 

»  c.  L'onde  neutre  passe  par  la  position  actuelle  du  mobile  et  y  est  tan- 
gente à  un  cône  circulaire  droit   dont  le  demi-angle  au  sommet  a  pour 

tangente  un  angle  p  tel  que  tang[^  =  ^• 

»  d.  Pour  un  mouvement  rectiligne  uniforme,  l'onde  neutre  est  un  cône 
circulaire  droit;  pour  un  mouvement  circulaire  uniforme,  la  trace  de 
l'onde  neutre  sur  le  plan  du  mouvement  est  une  spirale  d'Archimède. 

»  IIL  Champ  acoustique  sphérique.  —  Quand  V  <^  a,  le  champ  acous- 
tique avant  est  limité  à  l'avant  par  une  demi-sphère,  à  l'arrière  par  l'onde 
neutre.  Le  champ  acoustique  arrière  présente  une  disposition  inverse. 

»  On  représente  le  champ  acoustique  par  les  courbes  d'égales  vitesses 
qui  sont  tangentes  à  l'onde  neutre  à  la  position  actuelle  du  mobile. 

))  Pour  un  mouvement  rectiligne  uniforme,  les  vitesses  successives  des 
molécules  d'air  en  un  point  situé  à  une  distance  h  de  la  trajectoire  ont 

pour  expression  u  =  -. — j-^_  sin!Xcos\,  et  le  déplacement  de  l'air  :^  =  \  udl 

est  donné  par  la  formule 

^ Yff    /sin2X         sin2Ào 

871(7/1  \       2  2  " 

»  Le  déplacement  total  de  "X  =  o  à  X  =  tu  est  exprimé  par  la  formule 
^  _    Vg 
^~  Sah' 

»  Dans  le  cas  général,  comme  le  bruit  n'est  produit  que  par  un  chan- 
gement brusque  dans  les  vitesses  des  molécules  d'air,  l'observateur  per- 
cevra un  bruit  seulement  au  moment  de  son  entrée  dans  le  champ 
acoustique. 

»  IV.  Champ  acoustique  conique.  —  Il  correspond  au  cas  où  Y^a.  En 
chaque  point  de  la  trajectoire  existe  un  cône  circulaire  droit  dit  cône  sonore, 
le  long  des  génératrices  duquel  le  son  se  transmet  avec  la  vitesse  a.  Le 

demi-angle  au  sommet  de  ce  cône  a  pour  expression  cos  ^  =  -^• 

»  Les  cônes  sonores  admettent  une  enveloppe  dite  enveloppe  sonore 
qu'on  peut  tracer  d'après  ses  propriétés  géométriques, 

»  L'onde  de  tête  qui  limite  à  l'avant  le  champ  acoustique  conique  limité 
à  l'arrière  par  l'onde  neutre  est  une  surface  normale  aux  cônes  sonores. 
Elle  passe  par  la  position  actuelle  du  mobile  et  est  tangente  en  ce  point  à 

un  cône  d'angle  au  sommet  égal  à (|/. 


SÉANCE    DU   20   JUILLET    1903.  1^3 

»  Théorème.  —  a.  L'onde  de  tête  ne  pénètre  jamais  à  V  intérieur  de  l'enve- 
loppe sonore;  au  contact  elle  présente  un  point  de  rehroussement  qui  se  déplace 
sur  l'enveloppe  sonore  avec  la  vitesse  du  son. 

))  h.  Le  nombre  des  bruits  perçus  par  un  observateur  est  égal  au  nombre  de 
tangentes  qu'on  peut  mener  de  l'observateur  à  V enveloppe  sonore  et  qui  ren- 
contrent la  trajectoire;  la  direction  de  ces  bruits  est  la  direction  des  tangentes; 
leur  intervalle  est  égal  à  la  différence  des  longueurs  de  ces  tangentes  divisée  par 
la  vitesse  du  son. 

»  Corollaire.  —  Le  nombre  de  coups  de  tonnerre  produits  par  un  éclair 
est  égal  au  nombre  de  normales  que  l'on  peut  mener  de  l'observateur  à 
Téclair. 

»  V.  Partie  expérimentale.  —  1°  La  théorie  précédente  rend  parfaite- 
ment compte  des  photographies  de  projectiles  obtenues  en  particulier  par 
le  D''  Mach,  de  Vienne,  et  où  l'on  distingue  aisément  Vonde  de  tête,  Vonde 
neutre,  le  champ  acoustique  avant,  le  champ  acoustique  arrière. 

»  2'^  Elle  est  la  base  de  la  remarquable  méthode  de  mesure  des  vitesses 
des  projectiles  imaginée  par  le  colonel  Gossot,  de  l'artillerie  navale,  et  qui 
est  en  usage  depuis  plus  de  10  ans  à  la  Commission  de  Gavre.  » 


THERMODYNAMIQUE.  —  Contribution  à  f  étude  de  la  surchauffe. 
Note  de  M.  A.  Petot. 

«  On  traite  d'ordinaire,  dans  les  calculs  industriels,  la  vapeur  surchauffée 
comme  un  gaz  parfait;  et  l'on  emploie  diverses  formules  empiriques,  parmi 
lesquelles  la  plus  usitée  est  la  suivante  : 

(0  Q  =  606,5  +  o,3o5/,  +  o,48(^^ /,). 

due  à  Regnault.  Comme  ces  formules  ont  été  établies  à  une  époque  où  l'on 
n'obtenait  qu'une  surchauffe  très  modérée,  on  peut  craindre  qu'elles  ne 
soient  plus  suffisamment  exactes,  depuis  que  l'on  atteint  des  températures 
de  3oo°,  35o",  et  plus,  dans  les  surchauffeurs.  Il  semble  donc  qu'il  serait 
utile  de  reprendre  l'étude  de  la  vapeur  d'eau  surchauffée,  afin  de  com- 
pléter les  résultats  dus  à  Ciausius,  à  Hirn  et  à  Zenner. 

M  Dans  cet  ordre  d'idées,  en  partant  de  l'équation  de  Ciausius,  mise 
sous  la  forme 

/^x  _    RT  TO 


174  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

OÙ  6  est  une  fonction  arbitraire  de  t,  j'ai  obtenu  en  général,  pour  l'énergie 
interne  d'une  vapeur  surchauffée,  rexj)ression 

(3)  u  =  ?  +  p  ^+P)(;-'') 

OÙ  ^  et  p  ont  leurs  significations  ordinaires,  et  où  u  et  ii'  désignent  respecti- 
vement les  volumes  du  liquide  et  de  la  vapeur  saturée  sèche,  à  la  tempéra- 
ture /. 

»  On  remarquera  que  cette  expression  de  l'énergie  inlerne  ne  dépend 
ni  de  0,  ni  de  la  fonction  arbitraire  de  t  introduite  par  l'intégration  des 
équations  de  la  Thermodynamique;  et  qu'il  y  entre  seulement  une  des  trois 
constantes  de  Clausius.  Cela  permet  de  vérifier  expérimentalement,  d'une 
manière  relativement  simple,  si  un  fluide  donné  peut  être  considéré  comme 
admettant,  avec  une  approximation  suffisante,  une  équation  caractéristique 
de  la  forme  (2). 

»  Pour  cela,  après  avoir  amené  ce  fluide  à  l'état  de  vapeur  saturée  sèche, 
à  la  température  ^,,  on  le  surchauffe  jusqu'à  une  certaine  température  t, 
en  le  maintenant  sous  la  pression  cj,  de  saturation.  En  même  temps,  on 
mesure  la  chaleur  de  surchauffe  Q  et  le  volume  final  v.  L'équation 

(4)  Q  =  U  -  (^,  4-  pO  +  Aa,  (>  -  m;  ) 

donne  alors  la  valeur  finale  de  l'énergie  interne  U,  et  l'on  en  déduit  la 
constante  [3,  à  l'aide  de  l'équation  (3).  Si  maintenant  on  recommence  un 
certain  nombre  de  fois  cette  expérience,  en  faisant  varier  les  températures  t^ 
et  /,  on  devra,  comme  vérification,  trouver  toujours  très  sensiblement 
pour  p  la  même  valeur.  On  pourra  ensuite  déterminer  les  deux  autres 
constantes  R  et  a,  sans  particulariser  la  fonction  G  de  la  température  t,  en 
opérant  comme  l'a  fait  M.  Sarrau  ('),  pour  interpréter  les  expériences  de 
M.  Amagat.  Enfin,  on  établira  une  Table  numérique  des  valeurs  de  6  en 
fonction  de  /,  à  l'aide  de  la  relation 

.  ^  X  _     RT TQ 

qui  n'est  autre  que  l'équation  (2),  écrite  pour  le  cas  de  la  vapeur  saturée 
sèche. 

»   Il  serait,  je  crois,  très  utile  de  faire  ces  essais  pour  la  vapeur  d'eau. 

(^)   Comptes  rendus,  t.  XCI\  ,  p.  ôSg;  t.  CI,  p.  9/41 . 


SÉANCE    DU   20   JUILLET    igoS.  lyS 

Re£^nanlt  n'a  pas,  en  effet,  mesuré  réellement  la  chaleur  spécifique  G  de  la 
vapeur  d'eaLi  surchauffée,  sous  pression  constante,  dans  des  conditions 
déterminées  de  température  et  de  pression  ;  mais  seulement  la  valeur 
moyenne  C^  de  cet  clément,  sous  la  pression  de  i**^™,  pour  des 
intervalles  de  température  dont  les  h'mites  extrêmes  ont  relativement  peu 
varié.  Ses  expériences  ne  prouvent  donc  pas  que  G  soit  une  constante,  ni 
même  qu'il  faille  lui  conserver  dans  tous  les  cas  la  valeur  moyenne  0,4*^- 
Hirn  (')  a  depuis  longtemps  exprimé  cette  opinion,  et  tout  récemment 
M.  le  professeur  Bach  (-)  est  arrivé  à  la  même  conclusion,  à  la  suite  d'ex- 
périences qui  ont  donné  pour  C^  une  valeur  voisine  de  0,60. 

»  L'expression  (3)  de  l'énergie  interne  donne  d'ailleurs,  pour  la  cha- 
leur spécifique  sous  volume  constant,  la  valeur 

('>)  -|  +  ^[S+(«  +  Wâ(;7^)]- 

d'où  l'on  passe  à  celle  de  C.  J'ai  vérifié  à  l'aide  des  Tables  de  Zeuner  que 
cette  valeur  de  c  croît  avec  la  température,  dans  le  cas  de  la  vapeur  d'eau 
surchauffée,  et  qu'il  en  est  de  même  pour  la  valeur  correspondante  de  C, 
aux  environs  du  point  de  condensation.  On  arrive  donc  à  la  même  conclu- 
sion que  M.  Bach,  en  supposant  que  la  vapeur  d'eau  surchauffée  admet  une 
équation  caractéristique  de  la  forme  (2);  et  il  y  a  là,  sinon  un  argument, 
du  moins  une  prévention  en  faveur  de  cette  hypothèse.  L'expérience  seule 
pourra  élucider  la  question.  » 

CHIMIE.    —    Courbes  de  sublimation.  Note  de  M.  A.  Bouzat. 

«  J'ai  montré  (Comptes rendus,  t.  GXXXVl,  p.  iSgS)  que  les  courbes  de 
dissociation  du  groupe  sol;;^sol  4- gaz  se  déduisent  les  unes  des  autres 
d'après  une  loi  simple  :  le  rapport  des  températures  absolues  correspon- 
dant à  une  même  pression  dans  deux  systèmes  quelconques  du  groupe 
reste  constant  quelle  que  soit  la  pression.  La  vaporisation  et  la  sublimation 
ont  été  souvent  rapprochées  de  la  dissociation  ;  il  est  naturel  de  comparer 
les  courbes  de  sublimation  aux  courbes  de  dissociation  des  systèmes 
sol  l^sol  H-  aaz. 


(•)   Théorie  mécanique  de  la  chaleur,  3"  édition,  p.  435. 

('^)  Zeitschrift  des    Vereins  deutscher  liigenieure,    numéro  du   17    mai    190-2.    — 
Rullelin  de  la  Société  dea  Ingénieurs  civils  de  France,  numéro  de  juillet  1902,  p.  i43. 


176  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Je  n'ai  pu  trouver  qu'un  petit  nombre  de  corps  solides  dont  les  pres- 
sions de  vapeur  aient  été  déterminées  dans  un  assez  grand  intervalle  :  ce 
sont  l'acide  carbonique  (*),  le  sulfure  acide  d'ammonium  et  le  carbamate 
d'ammonium  (^).  Les  courbes  de  sublimation  de  ces  trois  corps  sont  assez 
exactement  reliées  aux  courbes  de  dissociation  du  groupe  sol  j^  sol  -H  gaz 

.  T 
par  la  loi  =^  =  const.  Pour  faire  la  comparaison,  je  prendrai  comme  coin- 

^  A 

posé  dissociable  le  corps  AgCI,3AzH%  dont  les  pressions  ont  été  mesurées 
par  Isambert  et  corrigées  au-dessous  de  1 100™™  par  M.  Jarry. 


Comparaison  des  courbes  de  sublimation  de  C0%  AzH^S,  CO^Az'H^  avec  la  courbe  de  dissociation  de  AgCl,3AzH\ 


AgCl,3AzH3 

CO'. 

Pressions. 

Temp.  abs. 

Temp.  abs. 

Bappurt 

mm 

0 

0 

1000.  . 

297 

195,4 

0,658 

1800.  .  . 

307,8 

203,I 

0,660 

2800.. . 

3i7 

209,5 

0,661 

35oo. . . 

321,4 

2i3,6 

0,665 

AgCI,3AzlP.      AzH5S. 
Pressions.     Temp.  abs.    Temp.  abs.     Rapport. 


AgCl,?.AzH3.  CO'Az^Hs. 
Pressions.    Temp.  abs.    Temp.  abs. 


mm 
3oo.. . 

0 

274,8 

0 

290,4 

1 ,057 

mm 
3oo. . . 

274,8 

3i3°4 

5oo..  . 

282,8 

299 

I  ,o57 

5oo. . . 

282,8 

322,6 

700..  . 

288,8 

3o4 

I  ,o53 

700... 

288,8 

329 

000.  .  . 

295,3 

3lO,2 

I ,  o5o 

1000.. . 

295,3 

334,9 

Rapporl. 

I,l4o 
I,l4l 
1,139 
I,l34 


»  Quoique  peu  nombreux,  ces  exemples  paraissent  suffisants  pour  ad- 
mettre que  les  relations  signalées  précédemment  à  propos  des  courbes 
sol::2^sol  -f- gaz  sont  aussi  vérifiées  par  les  courbes  sol  :J  gaz.  Les  courbes 
sot^sol  H- gaz  et  les  courbes  sol :^ gaz  se  déduisent  les  unes  des  autres 

T 
d'après  la  loi  y^  =  const.  Il  est  facile  de  montrer,  en  appliquant  la  formule 

de  Clapeyron,  que  cette  proposition  est  équivalente  à  une  autre  :  la  varia- 
lion  d'entropie  correspondant  au  passage  d'une  molécule  de  l'état  solide 
à  l'élat  gazeux  sous  une  pression  déterminée  a  la  même  valeur  dans  tous 
les  systèmes  sol  ;^  sol  +  gaz  et  sol  ;J gaz;  M.  Berthelot  a  fait  voir  les  con- 
séquences que  l'on  peut  tirer  de  semblables  remarques  (Thermochimie, 
t.  I,  chap.  I,  §  4).  » 


(' )  Faraday. 

(^)  Isambert,  Comptes  rendus,  t.  XCII,  p.  919  et  t.  XGIII,  p.  781.  Les  vapeurs  de 
sulfure  acide  et  de  carbamate  d'ammonium  sont  dissociées  ;  mais,  comme  la  disso- 
ciation est  complète  (Isambert,  Comptes  rendus,  t.  XCV,  p.  i355  et  t.  XCVl, 
p.  3/40),  le  nombre  de  molécules  gazeuses  mises  en  liberté  ne  varie  pas  avec  la  tem- 
pérature. 


SÉANCE    DU    20    JUILLET    T9o3.  i^'j 


ÉLECTROCHIMIE.  —  Sur  la  loi  de  recombinaîson  des  ions.  Note 
de  M.  P.  Langevix,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  I.  Les  gaz  rendus  conducteurs  de  l'électricité  justifient,  par  toutes 
leurs  propriétés,  rhvpothèse  que  les  charges  disponibles  y  sont  portées 
par  un  nombre  fini  de  centres  électrisés  ou  ions,  les  uns  positifs,  les  autres 
négatifs,  avant  tous  une  même  charge  égale  en  valeur  absolue  à  celle  que 
transporte  un  atome  monovalent  dans  l'électrolyse. 

))  Ces  ions  participent  au  mouvement  général  d'agitation  thermique  des 
molécules  du  gaz,  et  le  déplacement  moyen  de  chacun  d'eux,  nul  en 
l'absence  d'un  champ  électrique  extérieur,  s'effectue  dans  le  champ  X  avec 
la  vitesse  k^  X  dans  le  sens  des  lignes  de  force  pour  les  ions  positifs,  et  ^^X 
dans  le  sens  opposé  pour  les  ions  négatifs.  Les  coefficients  de  proportion- 
nalité k^  et  ^2  sont  les  mobilités  des  ions  des  deux  signes. 

»  L'attraction  mutuelle  des  ions  de  signes  contraires  provoque  une 
recombinaison  progressive  des  charges  qu'ils  transportent. 

»  Si  /?  et  /i  sont  les  densités  en  volume  des  charges  portées  par  les  ions 
positifs  et  négatifs,  la  recombinaison  obéit  à  la  loi 

dp         du 

a  est  le  coefficient  de  recombinaison  indépendant  du  champ  qui  existe  dans 
le  gaz. 

»  J'ai  montré  antérieurement  (  '  )  que  l'expression 


47r(A-i-+-  A-,) 


représente  le  rapport  du  nombre  des  recombinaisons  au  nombre  des  collisions 
entre  deux  ions  désignes  contraires.  L'expérience  vérifie  que,  conformément 
à  cette  signification,  le  rapport  s  est  toujours  plus  petit  que  l'unité  et 
tend  vers  cette  valeur  quand  la  pression  du  gaz  augmente. 

»  II.  J'ai  pi^,  en  suivant  de  plus  près,  du  point  de  vue  cinétique,  le 
mécanisme  de  la  collision,  montrer  que  le  rapport  s  doit,  aux  faibles 
pressions,  varier  proportionnellement  au  carré  de  la  pression;  et  j'ai  vérifié 


(*)   Ann.  de  Chini.  et  de  Phys.,  7^  série,  t.  XXVIII,  p.  l^Zj . 

G,  R.,  1903,  li»  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  3.)  ^4 


1^8  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

que  les  résultats  de  mesures  publiées  antérieurement  (')  sont  en  accord 
avec  cette  conclusion. 

»  La  collision  proprement  dite  entre  deux  ions  de  signes  contraires 
commence  au  moment  où,  après  un  dernier  choc  contre  les  molécules 
neutres  du  gaz,  les  deux  ions  en  présence  peuvent  graviter  librement  l'un 
autour  de  l'autre  en  décrivant  des  coniques.  Soit  r^  leur  distance  moyenne 
au  moment  du  dernier  choc  contre  une  molécule  neutre  :  cette  distance 
est  de  l'ordre  du  chemin  moyen  d'un  ion  et  varie  en  raison  inverse  de  la 
pression. 

»  J'admets  que  la  recombinaison  a  lieu  lorsque,  dans  leur  mouvement  rela^ 
tij,  les  centres  des  deux  ions  au  moment  du  périhélie  se  trouvent  à  une  distance 
inférieure  à  une  quantité  donnée  <s.  Si,  par  exemple,  la  recombinaison  a  lieu 
quand  les  deux  ions  viennent  effectivement  en  contact,  la  distance  <3  est  la 
somme  des  rayons  des  agglomérations  de  molécules  neutres  autour  d'un 
centre  chargé  qui  constituent  les  ions. 

»  Le  rapport  du  nombre  des  orbites  relatives  qui  satisfont  à  cette  condi- 
tion au  nombre  total  des  collisions  fournit  le  rapport  £. 

))  Si  e  est  la  charge  d'un  ion,  W  son  énergie  cinétique  moyenne,  fonction 
seulement  de  la  température,  on  obtient  pour  le  terme  principal  dans  la 
valeur  de  £  aux  basses  pressions 


(i)  m(i  + 


e" 


t2 


^^\ J  ri' 

m  est  un  coefficient  numérique  voisin  de  ^  fourni  par  la  théorie  cinétique. 

»  La  seule  quantité  variable  avec  la  pression  étant  r^,  l'expression  (i) 
est  proportionnelle  au  carré  de  la  pression. 

))  IIL  Le  Tableau  suivant  montre  que  les  valeurs  expérimentales  de  e 
pour  l'air  et  le  gaz  carbonique  satisfont  bien  à  cette  condition  que  le  quo- 
tient —  reste  constant  aux  pressions  inférieures  à  la  pression  atmosphérique  : 

Air.  CO-. 


p 

en 

atm. 

p'' 

Oi 

,20 

0. 

,01 

0, 

25 

O; 

.49 

0 

,06 

0, 

25 

I 

0. 

>27 

0, 

27 

p  en  atm. 

'• 

F" 

o,5o 

0,  i3 

0,52 

0,74 

0,27 

o,5o 

I 

o,5i 

o,5i 

»  De  plus,  il  est  remarquable  que  l'expression  (i)  peut  être  calculée  au 


(')  Loc.  cit.,  p.  483. 


SÉANCE   DU    20   JUILLET    igoS.  jng 

moyen  des  données  relatives  aux  grandeurs  moléculaires  et  qu'elle  fournit 
un  résultat  de  l'ordre  des  valeurs  expérimentales  trouvées  pour  £. 

))  e,  charge  d'un  ion,  est  voisin  de  4x  lo"'"  unités  électrostatiques  C. G. S.; 

le  quotient  ^^  est  connu  en  toute  certitude  :  en  effet,  si  cr  est  la  pression  du 

gaz,  M  le  nombre  des  molécules  par  unité  de  volume,  la  théorie  cinétique 
donne 

et  les  lois  de  l'électrolyse,  à  la  température  ordinaire, 

1,3  X  lo^'cT  =  Me, 


d'où,  par  division, 

W 


W  =^'87  X  lo^ 


<î  pris  égal  à  la  somme  des  rayons  de  deux  ions  est  de  l'ordre  lo""'  ;  /o  pris 
égal  au  chemin  moyen  d'un  ion  est,  dans  l'air  sous  les  conditions  normales, 
voisin  de  IO~^  D'où  pour  l'expression  (i),  en  prenant  m  =  -.;, 

£  =  0,20, 

nombre  tout  à  fait  d'accord  avec  la  valeur  expérimentale  0,27. 

))  IV.  En  combinant  la  loi  que  nous  venons  d'obtenir  avec  la  loi  de  pro- 
portionnalité inverse  des  mobilités  k,  et  ^2  à  la  pression,  on  obtient  ce 
résultat  que,  aux  pressions  inférieures  à  la  pression  atmosphérique,  le  coef- 
ficient de  recombinaîson  a  est  proportionnel  à  la  pression. 

»  Ce  résultat,  que  j'ai  indiqué  en  mars  dernier  dans  le  Cours  de  Physique 
du  Collège  de  France,  a  été  utilisé  par  M.  Ch.  Nordmann  pour  obtenir  les 
intéressants  résultats  de  Physique  cosmique  qui  font  l'objet  d'une  Note 
récente  (^  ).  » 


ÉLECTRICITÉ.    —  Essais  sur  la  commutation  dans  les  dynamos  à   courant 
continu.  Note  de  M.  Iliovici,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Dans  l'étude  expérimentale  de  la  commutation,  il  est  intéressant 
d'étudier  les  questions  suivantes  : 

»  1°  Variation  de  l'intensité  du  courant  dans  la  section  en  court-circuit, 
pendant  la  durée  de  la  commutation. 


(*)   Comptes  rendus,  t.  CXXXYI,  i5  juin  igoS,  p.  i43o. 


l8o  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  2°  Variation  de  la  force  électromotrice  induite  dans  la  section. 

»  3°  Variation  de  la  chute  de  tension  entre  un  balai  et  une  lame  du  col- 
lecteur, pendant  le  temps  où  la  lame  touche  le  balai. 

»  4°  Variation  de  la  chute  de  tension  entre  un  balai  et  le  collecteur,  le 
loni^  du  balai,  pour  une  position  déterminée  du  collecteur  (et  cela  pour 
plusieurs  positions  de  celui-ci). 

»  Ces  questions  doivent  être  étudiées  pour  divers  régimes  de  fonction- 
nement de  la  dynamo  :  en  faisant  varier  la  vitesse  de  rotation,  la  position 
et  la  pression  des  balais,  l'excitation,  l'intensité  du  courant  extérieur,  etc. 

»  Les  expériences  ont  été  faites  sur  une  dynamo  tétrapolaire  de  20  kw., 
1 10  volts,  900  t. /m.,  enroulement  tambour  imbriqué;  un  balai  couvrant 
deux  lames. 

))  i*^  J'ai  indiqué,  dans  une  Note  précédente  (  '  ),  deux  méthodes  pour  la 
mesure  de  l'intensité. 

M  2°  Pour  étudier  la  variation  de  la  force  électromotrice  induite  dans 
la  section  étudiée,  je  relève,  par  la  méthode  Joubert,  la  force  électromo- 
trice induite  dans  la  bobine  de  fil  fin  dont  j'ai  parlé  dans  la  Note  citée. 
C'est  très  approximativement  la  force  électromotrice  induite  dans  la 
bobine  de  l'induit. 

»  Il  résulterait  des   courbes  obtenues  que  le  terme  L-^-  -{-iM-j-y  qui 

provient  du  flux  de  self-induction  et  d'induction  mutuelle,  joue  un  rôle 
prépondérant,  lorsque  la  dynamo  est  parcourue  par  un  fort  courant. 

»  3*^  Pour  étudier  la  variation  de  la  chute  de  tension  entre  un  balai  et 
une  lame  du  collecteur,  on  relie  la  lame  à  une  bague  sur  laquelle  frotte  un 
balai,  et  l'on  relève  par  la  méthode  Joubert  la  courbe  de  différence  de 
potentiel  entre  ce  balai  et  le  point  du  balai  de  la  machine  le  plus  rapproché 
du  milieu  de  la  lame  considérée. 

»  J'ai  obtenu  des  courbes  pour  diverses  positions  des  balais.  Lorsque 
les  balais  sont  dans  la  ligne  neutre,  en  faisant  varier  l'intensité  du  courant 
dans  la  machine,  la  chute  de  tension,  qui  ne  varie  pas  beaucoup  pour  les 
positions  pour  lesquelles  la  lame  est  couverte  en  entier  par  le  balai, 
augmente  rapidement  à  la  sortie  delà  lame  de  sous  le  balai,  avec  l'augmen- 
tation du  courant,  c'est-à-dire  avec  la  tendance  à  la  production  d'étin- 
celles (-). 

(*)  Séance  du  22  juin  1908. 

(-)  A  l'entrée  la  chute  de  tension  diminue  d'abord,  puis  change  de  signe  et  augmente 
en  valeur  absolue. 


SÉANCE    DU    20    JUILLET    igo3.  181 

»  En  déplaçant  les  balais,  les  chutes  de  tension  à  l'entrée  et  à  la  sortie 
varient  dans  le  sens  contraire  :  la  chute  de  tension  à  la  sortie  diminue 
lorsqu'on  avance  les  balais  dans  le  sens  de  rotation  de  la  machine.  Le 
contraire  arrive  lorsqu'on  déplace  les  balais  dans  le  sens  contraire. 

»  4**  Pour  obtenir  la  distribution  de  la  chute  de  tension  sous  le  balai 
pour  une  position  déterminée  du  collecteur,  on  emploie  la  méthode  sui- 
vante : 

))  Un  petit  balai  très  mince  est  monté  sur  une  couroiuie  graduée  et  frotte 
sur  le  collecteur.  Ce  balai  et  le  point  du  balai  de  la  machine  le  plus 
rapproché  de  son  point  de  contact  avec  le  collecteur  sont  réunis  aux  balais 
d'un  contact  tournant.  Si  l'on  donne  à  ces  balais  une  position  fixe  et  que 
l'on  déplace  le  balai  auxiliaire  le  long  du  collecteur  en  face  du  balai  de  la 
machine,  on  relève,  à  l'aide  du  contact  tournant  la  courbe  de  la  chute  de 
tension  sous  le  balai  pour  une  position  déterminée  du  collecteur. 

»  En  donnant  aux  balais  du  contact  tournant  une  série  de  positions,  on 
obtient  une  série  de  courbes  qui  nous  montrent  la  distribution  de  la  chute 
de  tension  entre  balai  et  collecteur  pour  une  série  de  positions  de  celui-ci. 
Pour  les  positions  intermédiaires  on  obtient  les  courbes  par  interpolation. 

»  Ceci  nous  donne  encore  une  méthode  pour  l'étude  de  la  variation  de 
l'intensité  du  courant  dans  une  spire  en  court-circuit,  méthode  plus  longue 
et  moins  précise  que  les  précédentes,  mais  qui  a  l'avantage  delà  simplicité 
du  montage.  De  plus  elle  nous  donne  l'intensité  du  courant  au  même 
instant  dans  toutes  les  bobines  court-circuitées  en  même  temps. 

»  En  effet,  par  l'application  des  lois  de  Kirchhoff,  on  arrive  à  la  for- 
mule 1  =  1—1  ^ds,  ou  i=l  —  l  I      %dx,  /étant  la  longueur  d'une  lame 

couverte  par  le  balai,  x^  l'arc  de  la  circonférence  du  collecteur  entre 
l'entrée  du  balai  et  la  fin  de  la  dernière  lame  qui  précède  la  spire  en  court- 
circuit  parcourue  par  le  courant  i,  I  le  courant  dans  une  branche  de 
l'induit,  et  S  la  densité  sous  le  balai  au  point  situé  à  la  distance  x  de  l'entrée 
du  balai  pour  la  position  considérée  du  collecteur. 

»  Or,  on  a  e  =  «  -h  b^,  e  étant  la  chute  de  tension  entre  balai  et  collec- 
teur au  point  où  la  densité  est  S,  «et  6 des  constantes  faciles  à  déterminer. 

»   On  a  donc 


^{"('■-■«M*-  (')■ 


(*)  Voir  aussi    :   Arnold,    Untersuchung    der   Kommutation    {Electrotechnische 
Zeitschrift  an  18  juin  1908). 


l82  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»   La   courbe  de  i  peut  donc  se  déduire  des  courbes  données  par  la 
méthode  l\°. 

»   On  peut  aussi  déduire  i  des  courbes  données  par  le  point  3**.  » 


OPTIQUE.  —  Influence  de  la  température  sur  le  dichroïsme  des  liqueurs 
mixtes  et  vérification  de  la  loi  des  indices.  Note  de  M.  Georges  Meslix, 
présentée  par  M.  Mascart. 

«  Parmi  les  liqueurs  que  j'ai  signalées  comme  présentant  le  dichroïsme 
dans  le  champ  magnétique,  ou  seulement  sous  l'influence  de  la  pesanteur 
(dichroïsme  spontané)  (*),  il  y  en  a  un  certain  nombre  dans  lesquelles  le 
liquide  a  un  indice  qui  ne  dépasse  que  d'une  très  faible  quantité  (0,02  par 
exemple)  l'indice  moyen  du  solide;  ces  liqueurs  m'ont  paru  éminemment 
propres  à  fournir  une  vérification  de  la  loi  des  indices,  en  vertu  de  laquelle 
le  siai^ne  du  dichroïsme  change  avec  le  signe  de  la  différence  des  réfringences 
des  deux  corps  en  présence.  En  effet,  une  élévation  de  température  agit 
différemment  sur  les  indices  du  solide  et  du  liquide  que  l'on  associe,  atténue 
plus  fortement  ce  dernier  et  peut  le  rendre  inférieur  à  l'indice  du  solide, 
auquel  cas  il  devra  y  avoir  changement  du  signe  du  dichroïsme. 

»  Cette  circonstance  se  présentera  en  particulier  pour  le  sulfate  de  potasse  associé  à 
la  benzine,  cas  dans  lequel  les  différents  éléments  sont  connus  et  permettent  de  faire 
exactement  le  calcul. 

»  Les  divers  indices  du  sulfate  de  potasse,  relatifs  à  la  raie  D,  sont  compris  entre 
1,4973  et  1,4935;  le  coefficient  de  variation,  sous  l'influence  de  la  température,  est 
égal  en  moyenne  à  — 0,00002  (^);  si  nous  produisons  une  élévation  de  température  de 
4o°  (entre  20°  et  60°),  les  indices  diminuant  de  0,0008  seront  compris  entre  1,4966 
et  1 ,4927  ;  d'autre  part,  la  benzine,  dont  l'indice  à  20°  est  i ,  5oo  et  dont  le  coefficient 
de  variation  est  bien  plus  considérable  (—0,0006)  présente,  dans  ce  même  intervalle 
de  température,  une  diminution  égale  à  0,024  ;  son  indice  devenant  1,476,  le  liquide 
est  moins  réfringent  que  le  sel  et  le  dichroïsme  doit  changer  de  signe.  J'ai  constaté,  en 
effet,  que  cette  liqueur,  qui  présente  à  la  température  ordinaire  le  dichroïsme  positif, 
devient  négative  si  on  la  chauffe,  au  bain-marie,  à  60°;  par  le  refroidissement  graduel, 
elle  devient  d'abord  inactive,  puis  enfin  positive. 

»  Les  nombres  que  l'on  vient  de  donner  pour  les  coefficients  de  varia- 
tion par  la  température  se  retrouvent,  à  très  peu  près,  pour  les  différents 
liquides  et  solides;  les  coefficients  des  liquides  sont  toujours  voisins  de 

(*)   Comptes  rendus,  séances  du  i5  juin  et  du  29  juin. 
(2)  TuTTON,  J.  of  chem.  5oc.,t.  LXV,  1894,  p.  663. 


SÉANCE    DU    20   JUILLET    igoS.  l83 

—  o,ooo5,  ceux  des  solides  se  rapprochent  de  — o,oooo3  et  sont  générale- 
ment de  i5  à  3o  fois  plus  petits  que  les  premiers  :  le  calcul  précédent  peut 
donc  être  reproduit  dans  un  grand  nombre  de  cas  et  il  permet  de  prévoir 
une  inversion,  toutes  les  fois  que  l'indice  du  liquide  ne  dépassera  pas  de 
plus  de  0,02  celui  du  solide  à  la  température  ordinaire. 

»   L'expérience  m'a  donné,  en  effet,  les  résultats  suivants  : 

Signe 
du  dichroïsme 

à  20°.      à  60°. 

Borate  de  soude  et     Essence  de  térébenthine.  .  .      —  + 

1 ,47     à   1,446  1,469 

Sulfate  de  nickel  et     Benzine —  -+- 

1,492  à   1 ,467  I ,5oo 

Sulfate  de  nickel  et     Toluène —  +- 

1,492   à    1,467  1,495 

Sulfate  de  potasse  et     Benzine -+-         — 

1,497  à   1,493  i,5oo 

»  Si  la  différence  des  indices  atteint  ou  dépasse  0,02,  il  y  a  seulement  afTaiblisse- 
ment  du  dichroïsme;  on  observe  ce  phénomène  avec 

Signe  du  dichroïsme 

à  20°.  à  60°. 

Sulfate  de  zinc  et     Benzine -+-  4- (plus  faible) 

1 ,4s  à   1 ,46  1 ,5oo 

Sulfate  de  zinc  et     Toluène +  4- (plus  faible) 

1  ,  48  à   1 ,  46  1 ,  49,5 

Chlorate  de  potasse  et     Benzine -f-  +  (plus  faible) 

entre  i  ,47  et  j  ,45  1 ,5oo 

Sulfate  de  fer  et     Toluène +  (faible)  inactif 

I ,480   et   I ,471  I ,495 

»   Ce  phénomène  se  produit  aussi  bien  dans  le  cas  du  dichroïsme  spontané  que  dans 
celui  du  dichroïsme  magnétique: 

Signe  du  dichroïsme 
à  20°.  à  60°. 

Spon-  Magné- 

tané.  tique.                  Spontané.                    Magnétique. 

Acide  borique     et     Essence  de  térébenthine.  .      h-  —           +  (plus  faible)     — (plus  faible) 

<  1 ,  44  1 ,  469 

Acide  borique     et     Pétrole +  —            +  (plus  faible)     —  (plus  faible) 

<i,44  1,44 

Acide  borique     et     Chloroforme -h         —  -h  (plus  faible)     —  (plus  faible) 

<i,44  1,44 


l84  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

))  Il  peut  même  arriver  qu'une  liqueur  soit  iuactive  à  la  température  ordinaire  par 
suite  d'une  difTérence  trop  faible  entre  les  indices  et  qu'elle  devienne  dichroïque  à 
chaud  par  suite  d'un  écart  réalisé  entre  les  réfringences;  en  voici  un  exemple  : 

Signe  du  dichroïsme 

à  20°.  à  60°. 

Spon-        Magné-     Spon- 
tané, tique.         tané.  Magnétique. 

Carbonate  de  potasse     et     Essence  de  térébenthine..     Inactif     Inactif       +     -h  (plus  énergique) 

entre  1,469  et  1,44^  ^  A^9 

)>  J'ai  étudié  de  la  sorte  tons  les  cas  qui  pouvaient  donner  lieu  à  de  telles 
modifications  et  chaque  fois  le  résultat  s'est  trouvé  d'accord  avec  celui  que 
l'on  pouvait  prévoir  par  la  règle  des  indices.  Il  est  donc  naturel  d'attribuer 
ces  inversions  aux  changements  de  sens  des  réfringences  plutôt  qu'à  une 
modification  des  constantes  magnétiques  qui  aurait  pu  être  considéré 
comme  la  cause  du  phénomène  dans  un  cas  isolé.   » 


PHYSIQUE.  —  Sur  la  spectrophotomélrie  photographique. 
Note  de  M.  C.  Camichel,  présentée  par  M.  J.  Violle. 

«  a.  Homogénéité  des  plaques  photographiques  du  commerce.  —  J'ai 
étudié  cette  question  sur  un  très  grand  nombre  de  plaques  au  gélatino- 
bromure d'argent.  Le  dispositif  employé  est  le  suivant,  il  a  été  indiqué 
pour  la  première  fois  par  M,  Bonasse  (*)  dans  son  Mémoire  sur  les  actions 
photographiques  (^Annales  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Toulouse,  1 894)- 

»  Une  source  de  lumière  (lampe  de  Nernst),  maintenue  constante,  éclaire  la  fente 
d'un  spectroscope  à  3  prismes  de  flint.  La  radiation  étudiée  est  isolée  au  moyen  d'une 
fente  de  8"™  X  i™"%5  percée  dans  un  écran  métallique  mince.  Derrière  cette  fente  se 
trouve  la  plaque  photographique,  placée  sur  un  chariot  micrométrique.  Sur  cette 
plaque  je  fais  une  série  d'impressions,  dont  les  centres  sont  séparés  par  2'"™.  La  durée 
de  pose  est  maintenue  invariable. 

»  La  plaque  photographique  développée,  fixée  et  séchée  est  replacée  sur  le  même 
chariot  micrométrique  ;  une  lentille  convergente  forme,  au  centre  d'une  impression 
photographique,  une  image  réelle  y  (o'""^,  3  x  5™™)  du  filament  rectiligne  d'une  lamjDe 
de  Nernst.  Une  deuxième  lentille  forme  sur  une  pile  thermo-électrique  linéaire  une 
image  réelle  de/.  La  pile  thermo-électrique  est  reliée  à  un  galvanomètre.  En  tournant 
la  vis  micrométrique,  j'étudie  la  transparence  des  impressions  photographiques  pour 

(*)  Je  tiens  à  remercier  tout  particulièrement  M.  Bouasse,  qui  a  mis  à  ma  disposi- 
tion plusieurs  appareils  qu'il   avait  utilisés  dans  ses  recherches  sur  la  Photographie. 


SÉANCE  DU  20  JUILLET  1903.  l85 

des  points  rigoureusement  homologues,  ce  qui  est  essentiel,  étant  donnée  la  variation 
de  la  sensibilité  du  gélatinobromure  avec  la  longueur  d'onde  de  la  radiation  qui  l'im- 
pressionne. 

»  En  éliminant  avec  soin  toutes  les  causes  d'erreur,  sur  lesquelles  il  serait  trop  long 
d'insister,  j'ai  trouvé  que  les  plaques  photographiques  du  commerce  possèdent,  en 
général,  une  homogénéité  remarquable;  par  exemple,  pour  les  plaques  Lumière, 
marque  bleue,  en  désignant  par  a  et  a'  les  impulsions  galvanométriques  qui  mesurent 
les  transparences  de  deux  photographies  séparées  par  une  dislance  comprise  entrée 


cm 


et  3'^'°,  je  trouve <  7; —  pour  90  pour  100  des  plaques  étudiées. 


000 


»  b.  Le  produit  de  l'intensité  I  de  la  lumière  par  le  temps  de  pose  t  est 
maintenu  constant.  —  J'ai  vérifié  que  dans  ces  conditions  l'impression  pho- 
tographique diminue  quand  le  temps  de  pose  augmente. 

»  Voici  quelques  nombres  : 

Intensités 

en  unités  Durée  de  Déviation 

arbitraires.  pose.  galvanométrique. 

luimile 

3 I  61,0 

1,5 2  66 , 1 5 

1 3  71,8 

0,75 4  80,2 

o,5o 6  90^7 

»  Les  méthodes  photométriques  qui  supposent  l'impression  photographique 
constante,  quand  on  maintient  I^  invariable,  sont  donc  complètement  inexactes. 

»  c.  Méthode  spectrophotométrique .  —  Pour  comparer  les  intensités  I  et  Y 
de  deux  radiations  de  même  longueur  d'onde,  j'emploie  la  méthode  sui- 
vante (  '  )  : 

»  Sur  une  même  plaque  photographique,  je  fais,  à  des  époques  régulièrement 
espacées,  une  série  d'impressions  photographiques  correspondant  toutes  à  la  même 
durée  de  pose  et  à  des  intensités 

I,    KJ',    I,    K,r,    I,    ... 

»  Le  cliché  développé  est  étudié  à  la  pile  thermo-électrique.  Soient  a^,  y..,,  a,,  .  .  . 
les  impulsions  du  galvanomètre,  qui  mesurent  la  transparence  des  diverses  impressions 


(*)  Cette  méthode  n'exige  pas  que  la  source  de  lumière  soit  constante,  mais  varie 
d'une  façon  continue  avec  le  temps.  De  même,  la  plaque  photographique  peut  avoir 
une  hétérogénéité  continue. 

C.  R.,  ic)o3,  2"  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N«  3.)  ^5 


l86  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

photogi'aphiques.  Je  construis  deux  courbes  ayant  pour  abscisses  l'une  et  Fautre  les 
diverses  positions  de  la  plaque  photographique  et,  comme  ordonnées,  l'une  les  dévia- 
tions correspondant  aux  impressions  impaires,  l'autre  les  déviations  correspondant 
aux  impressions  paires.  La  première  de  ces  courbes  permet  de  se  rendre  compte  des 
variations  de  la  lampe  et  des  défauts  dhomogénéité  de  la  plaque.  Les  deux  courbes  se 
coupent  en  un  point  A,  correspondant  à  une  certaine  position  p  de  la  plaque  photo- 
graphique. Soit  ai=r/(I,  p)  la  fonction  qui  représente  la  variation  de  la  transparence 
des  impressions  photographiques  avec  l'intensité  I  de  la  radiation  et  la  position  p  de 
la  plaque.  Pour  le  point  A, 

f{\,p)r=f{kV,p), 

ce  qui  donne 

»  Les  variables  k  ei  p  sont  d'ailleurs  liées  par  une  relation  simple,  linéaire  en 
général,  et  que  l'expérimentateur  choisit  arbitrairement. 

»  d.  Du  degré  de  précision  de /a  TTiéthode précédente.  —  Pour  déterminer 
les  conditions  les  meilleures  de  l'expérience,  j'étudie  la  courbe  a  =  9(1)» 
la  pose  étant  invariable;  la  plaque  choisie  est  homogène.  Cette  courbe 
présente  un  point  d'inflexion  qui  correspond  à  l'intensité  dont  les  varia- 
tions s'apprécient  le  mieux. 

»  Voici  un  exemple  : 

»  X^oi^jSSg;  pose  :  2  minutes;  plaque  Lumière,  marque  bleue. 

I. 
Intensités 

en  a. 

unités  Déviations 

arbitraires.  galvanométriques.  I.  et. 

3oo 16  laS i5o,5 

276 20  1 00 2o4 

260 26  75 268 

325 34.  5o 820 

200 48  25 348 

175 71  o 36o 

i5o 108,5 

»   Les  nombres  précédents  indiquent  que,  dans  la  région  du  point  d'inflexion, 

,  .      dl  i 

a     aa^ri™"»     correspond      -r- =: : 

^  1         222' 

c'est-à-dire  qu'une  variation  de  y|-7  de  l'intensité  de  la  radiation  se  traduit  par  un 
changement  dans  la  déviation  galvanométrique  de  i  division  ('). 

(')  Les  divisions  de  l'échelle  du  galvanomètre  sont  de  i'"'";  il  est  facile  d'apprécier 
le  quart  de  division. 


SÉANCE  DU  20  JUILLET  igoS.  187 

»  La  précision  des  mesures  est  limitée  seulement  par  les  variations  cV inten- 
sité des  sources  de  lumière  à  comparer.  —  Si  l'intensité  des  radiations  étu- 
diées est  trop  faible,  pour  que  les  mesures  correspondent  à  la  région  du 
point  d'inflexion,  il  faudra  voiler  préalablement  la  plaque  (').    » 


CHIMIE.  —  Réactions  cataly  tiques  diverses  fournies  par  les  métaux  ;  influences 
activantes  et  paralysantes.  Note  de  M.  A.  Trillat,  présentée  par 
M.  Armand  Gautier. 

«  L'emploi  du  platine  et  du  cuivre  m'a  fourni  l'occasion  de  faire  quelques 
observations  intéressantes  sur  les  différentes  manifestations  chimiques  que 
le  contact  de  ces  métaux  peut  provoquer  et  sur  les  influences  activantes 
ou  paralysantes  qu'ds  peuvent  subir. 

»  Action  oxydante.  —  Le  ptaline  et  le  cuivre  se  prêtent  très  bien  à  l'oxydation  des 
alcools  en  présence  de  l'oxygène.  J'ai  anciennement  conseillé  l'emploi  de  cuivre  pour 
la  fabrication  de  l'aldéhyde  formique  (^);  la  préparation  de  l'aldéhyde  acétique 
réussit  également  par  le  même  procédé,  comme  je  l'ai  aussi  indiqué. 

»  Action  déshydrogénante.  —  J'ai  décrit,  eri  1891,  plusieurs  expériences  démon- 
trant qu'en  l'absence  d'oxygène  les  vapeurs  d'alcools  éthylique  ou  méthylique,  en  pas- 
sant dans  mon  appareil  (*)  sur  le  fil  de  platine  incandescent,  donnaient  les  aldéhydes 
correspondantes.  Le  remplacement  de  platine  par  le  cuivre  fournit  aussi  les  mêmes 
résultats  :  loo'^'"'  de  chacun  de  ces  alcools  ont  respectivement  donné  4)8  pour  100  et 
5,  2  pour  îoo  d'aldéhyde  éthylique  et  méthylique.  C'est  une  véritable  déshydrogénalion 
comme  l'a  fait  observer  M.  Sabatier  qui  a  fait  une  étude  si  complété  de  la  déshydro^ 
génation  catalytique. 

»  Action  de  condensation.  —  La  condensation  de  deux  molécules  d'alcool  avec  une 
d'aldéhyde  se  fait  aisément  en  présence  du  platine  et  du  cuivre. 

»  En  faisant  passer  dans  mon  appareil  un  mélange  de  vapeurs  d'alcool  méthylique  et 
d'aldéhyde  formique,  on  obtient  des  quantités  abondantes  de  méthylal  d'après  la 
réaction 

CH'-O  +  2CH3  0H  =  CW-{C\\HJf+\VO. 

»  Cette  formation  de  méthylal  est  à  rapprocher  de  la  méthode  de  préparation  des 
acétals  méthyléniques  que  nous  avons  publiée,  M.  Cambier  et  moi  (^),  et  qui  démontre 


(')   C'est  un   procédé  analogue   à   celui   qui  consiste  à  employer  dans  les  relais  des 
électro-aimants  polarisés. 

(^)  Dictionnaire  de  Wurtz,  q."  supplément  :  article  Formaldéhyde. 
(^)  Bulletin  de  la  Société  de  Chifnie,  1902,  p.  797. 
(*)   Bulletin  de  la  Société  chimique,  1894.  p.  749- 


l88  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

que  cette  classe  de  combinaisons  chimiques  se  produit  facilement  sous  l'influence  de 
traces  d'un  agent  catalytique. 

»  Action  de  saponification.  —  En  faisant 'passer  des  vapeurs  de  méthjlal  humide 
sur  la  spirale  incandescente  de  platine  ou  de  cuivre,  on  trouve,  dans  les  produits  de 
condensation,  de  l'alcool  méthylique  et  de  l'aldéhyde  formique  libre.  Cette  décompo- 
sition a  lieu  en  présence  d'une  molécule  d'eau  : 

^^KoCh'  +  H^O  =  CH^O  +  2GH30H. 

»  Obtenu  dans  un  essai  :  3s,  2  d'aldéhyde  formique  et  3«,  8  d'alcool  méthylique. 

»  L'acétate  d'éthyle  et  le  bromure  d'éthyle  sont  facilement  saponifiés  sous  l'in- 
fluence de  platine  ou  de  cuivre  incandescent.  Dans  le  cas  de  l'acétate  d'éthyle,  la 
spirale  de  platine,  ou  de  cuivre,  reste  incandescente  pendant  toute  la  durée  de  l'opé- 
ration. 

»  On  peut  encore  ajouter  que  l'influence  catalytique  se  manifeste  avec  phénomène 
d'incandescence  sur  d'autres  combinaisons  comme  l'éther  et  l'acétone  qui  fournissent 
de  l'aldéhyde  acétique  et  de  l'aldéhyde  formique  accompagnées  d'acide  acétique.  Cette 
décomposition  a  lieu  par  rupture  de  la  molécule  : 

C^H^O-ic^H^  et  CH^CO.:CFP. 

»  Réversibilité.  —  En  faisant  passer  des  vapeurs  de  trioxyméthylène  humide  sur  la 
spirale  incandescente,  j'ai  obtenu  du  méthylal  (2S,  3  pour  100  du  poids  de  trioxymé- 
thylène dans  un  cas).  Or,  la  formation  du  méthylal  ne  peut  s'expliquer  que  par  celle 
de  l'alcool  méthylique  comme  produit  intermédiaire. 

»  Superposition  des  actions  cataly tiques.  —  Comme  exemple  de  superposition 
des  actions  que  je  viens  de  signaler  je  citerai  le  cas  de  la  diméthylaniline  qui  fournit, 
après  passage  sur  la  spirale,  une  quantité  notable  de  base  tétraméthylée  : 


CH.[C»H>A./CH=]'. 


Or,  la  formation  de  cette  base  implique  :  i"  l'oxydation  du  résidu  CPP  ;  2°  la  conden- 
sation de  deux  molécules  de  diméthylaniline  avec  l'aldéhyde  formique.  J'ai  même  pu 
caractériser  la  présence  d'une  petite  quantité  de  leucobase,  ce  qui  impliquerait  en 
outre  une  nouvelle  oxydation  et  condensation. 

»  Influences  paralysantes  et  activantes.  —  Voici  quelques  observations  que  j'ai 
faites  au  cours  de  mes  essais  sur  le  cuivre.  Le  cuivre  rouge,  neuf,  est  impropre  à  la 
bonne  marche  de  l'oxydation  des  vapeurs  d'alcools  :  il  est  nécessaire  de  le  cuire  dans 
la  flamme  d'un  Bunsen  de  manière  à  faire  naître  à  sa  surface  une  légère  couche  d'oxyde. 
L'activité  du  cuivre  augmente  avec  l'usage,  du  moins  dans  le  cas  des  alcools  :  il  devient 
alors  friable  et  la  poudre  qui  en  résulte  est  quelquefois  douée  de  propriétés  voisines  de 
celles  de  la  mousse  de  platine.  Dans  un  cas,  cette  poudre  chaufî'ée  à  io5°  a  pu 
enflammer  des  vapeurs  d'alcool  éthylique.  On  peut  observer  aussi  qu'une  spirale  de 
cuivre,  amorcée  pour  l'oxydation  des  vapeurs  d'un  alcool,  se  désaiîiorce  lorsque  l'on 
change  la  nature  de  l'alcool.  Il  y  a  donc  là  comme  une  sorte  d'accoutumance. 


SÉANCE  DU  20  JUILLET  igoS.  189 

»  La  présence  de  certains  métaux  ou  sels  favorise  l'action  catalvtique  du  cuivre- 
d'autres  la  diminuent  ou  l'empêchent  même,  en  opérant  dans  des  conditions  iden- 
tiques. C'est  ainsi  que  la  présence  du  palladium,  du  platine,  du  fer,  du  plomb,  du 
zinc,  de  l'arsenic  et  du  soufre  modifient  les  propriétés  oxydantes  du  cuivre,  les  uns 
comme  le  platine  activant  les  oxydations,  les  autres  comme  le  plomb,  le  soufre  et  l'ar- 
senic, les  diminuant.  De  même,  la  présence  d'une  impureté  dans  les  vapeurs  du  produit 
traité,  diminue  ou  augmente  les  rendements  de  l'opération. 

»  Oïl  voit  que  l'action  cataly tique  des  métaux  est  très  complexe  au  point 
de  vue  des  réactions  comme  au  point  de  vue  du  catalysme.  » 


CHIMIE.    —   Sur  Vacide  ferrisulfurique  et  le  ferrisulfate  d'éthyle. 
Note  de  M.  A.  Recoura. 

«  Dans  une  Note  précédente  (Comptes  rendus,  6  juillet  igoS),  j'ai  montré 
que  le  sulfate  ferrique  se  combine  très  facilement  avec  l'acide  sulfurique, 
dans  les  conditions  les  plus  variées,  en  donnant  naissance  à  un  composé 
solide  Fe-0%3SO',SO'*H-,8H-0  que  j'ai  appelé  acide  ferrisulfurique. 
Scharizer  {Zeit.  Kryst.  Min.,  t.  XXXV),  qui  a  déjà  obtenu  ce  composé  dans 
des  conditions  particulières,  le  considère  comme  un  sel  à  la  fois  basique  et 
acide  auquel  il  attribue  la  constitution  Fe-(OH)-(SO''H)%6H-0. 

))  Contrairement  à  cette  manière  de  voir,  je  me  propose  de  montrer 
qu'il  se  comporte  comme  un  acide  bibasique,  analogue  à  l'acide  chromo- 
sulfurique.  J'ai  fait  voir,  il  est  vrai,  que,  contrairement  à  ce  qui  a  lieu  pour 
l'acide  chromosulfurique,  ce  composé  est  immédiatement  détruit  par  l'eau 
et  transformé  en  un  mélange  de  sulfate  ferrique  et  d'acide  sulfurique  libre. 
On  ne  peut  donc  songer  à  préparer  ses  sels.  Mais  je  vais  faire  voir  qu'on 
peut  préparer  ses  éthers. 

»  Ferrisulfate  d'éthyle.  —  J'ai  préparé  le  ferrisulfate  d'éthyle  de  la  façon  suivante  : 
on  dissout  20?  d'acide  ferrisulfurique  dans  200^  d'alcool  à  96'^  à  l'ébullilion.  On  obtient 
ainsi  une  liqueur  brune,  qu'on  abandonne  pendant  plusieurs  mois  dans  un  flacon 
bouché.  Si  on  l'évaporé  alors  dans  le  vide  absolument  sec,  on  obtient  une  matière 
solide,  jaune,  friable,  dont  la  composition  est  exprimée  par  la  formule 

Fe^O^,  3SOSSO*(G2H')2-f-4H2  0  ('). 

C'est  le  ferrisulfate  neutre  d'éthyle.  Je  vais  justifier  cette  formule  par  l'étude  des  pro- 
priétés de  ce  composé. 


(1)  Trouvé  Fe^ 0^=1         80^  =  4         C^H«0  =  2,02         H20  =  4,o4 


190  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Si  on  le  dissout  dans  l'eau,  on  le  dédouble  en  sulfate  ferrique  et  sulfate  neutre 
d'éthjle;  celui-ci  se  dédouble  d'ailleurs  lui-même  immédiatement,  ainsi  qu'on  le  sait, 
en  acide  sulfovinique  et  alcool.  La  dissolution  obtenue  se  comporte  en  effet  comme  un 
mélange  de  : 

Une  molécule  Fe^O^  3S0';  une  molécule  SO^HG^H^;  une  molécule  C^H^O. 

»  Cela  résulte  des  faits  suivants  : 

»  1°  La  dissolution  neutralisée  est  soumise  à  l'ébullition.  Dans  le  liquide  distillé,  on 
trouve  une  molécule  d'alcool  (trouvé  :  1,02); 

»  2°  La  dissolution  titrée  acidimétriquement  accuse  une  acidité  correspondant 
à  3™°^5  d'acide  sulfurique  (trouvé  :  3,5),  ce  qui  correspond  bien  au  mélange 
Fe^0^,3S0^-|- SO^HC^H*.  On  sait,  en  effet,  que  l'acide  sulfovinique  n'est  pas  détruit 
par  les  alcalis. 

))  3"  La  dissolution  étendue,  titrée  par  le  chlorure  de  baryum,  n'accuse  que  3'"°^ 
d'acide  sulfurique  précipitable.  On  sait,  en  effet,  que  l'acide  sulfovinique  n'est  j)as 
précipité  par  le  chlorure  de  baryum. 

»  J'ajouterai  que  le  produit  solide,  maintenu  sur  un  bain-marie  pendant  48  heures, 
est  complètement  saponifié;  il  abandonne  la  totalité  de  l'alcool  qu'il  renferme,  et  un 
titrage  acidimétrique  y  décèle  alors  4""°^  d'acide  sulfurique,  au  lieu  de  3,5  que  l'on 
trouve  dans  la  dissolution  du  produit  non  chauffé.  Tous  ces  faits  justifient  pleinement 
la  formule  que  j'ai  adoptée. 

»  11  est  à  noter  que  cet  éther  est  beaucoup  moins  stable  que  l'acide  sulfovinique.  Si 
on  le  maintient  dans  une  atmosphère  absolument  sèche,  on  peut  le  conserver  indéfini- 
ment inaltéré.  Mais,  si  on  le  conserve  dans  une  atmosphère  qui  n'est  pas  absolument 
sèche,  au  bout  de  quelques  jours  il  est  saponifié  par  la  vapeur  d'eau,  transformé  en 
acide  ferrisulfurique  et  le  titrage  acidimétrique  y  décèle  alors  4™°^  d'acide  sulfurique. 
Par  contre,  exposé  à  une  atmosphère  très  humide,  il  tombe  en  déliquescence  très 
rapidement,  et  il  est  alors,  non  pas  saponifié,  mais  dédoublé  par  l'eau  en  sulfate  fer- 
rique, acide  sulfovinique  très  difficilement  saponifiable,  et  alcool;  et  le  titrage  acidi- 
métrique n'accuse  plus  alors  que  3'""^,  5  d'acide. 

»  Ces  faits  prouvent  bien  que  ce  composé  n'est  pas  une  combinaison  de 
sulfate  ferrique,  d'acide  sulfovinique  et  d'alcool,  mais  bien  un  éther  neutre 
de  l'acide  ferrisulfurique. 

))  L'existence  de  cet  éther  caractérise  bien  la  combinaison  de  sulfate 
ferrique  et  d'acide  sulfurique  comme  un  acide  bibasique  à  radical  com- 
plexe, analogue  à  l'acide  chromosulfurique. 

»  Action  de  la  chaleur  sur  V  acide  ferrisulfurique .  —  L'action  de  la  chaleur 
sur  l'acide  ferrisulfurique  Fe"0%  3S0\S0''H-,  8H-0  fournit  des  rensei- 
gnements intéressarits  sur  la  constituLiou  de  ce  composé. 

»  Chauffé  entre  80°  et  100°,  il  perd  6H^0;  jusqu'à  i35°,  il  n'éprouve  aucune  nou- 
velle perte  d'eau.  Mais,  à  cette  température,  il  perd  simultanément  SO^H^-i-aH^O 
et  se  tranforme  en  sulfate  ferrique  anhydre.  Ce  fait  semble  indiquer  que  ces  deuxder- 


SÉANCE   DU    20    JUILLET    1903.  iqi 

nières  molécules  d'eau  sont  de  l'eau  de  constitution  et  font  partie  intégrante  de  la 
molécule  de  l'acide. 

»  Cela  est  confirmé  par  le  fait  suivant  :  l'acide  ferrisulfurique  solide,  délayé  dans 
de  l'acide  siiifuriqiie  concentré  et  chaufTé  à  25o°,  se  transforme  en  sulfate  ferrique 
anhydre  au  sein  de  l'acide  sulfurique.  On  est  en  droit  d'en  conclure  que  le  sulfate 
ferrique  ne  peut  pas  se  combiner  avec  l'acide  sulfurique.  ce  qui  confirme  bien  l'hypo- 
thèse précédente. 

»  On  doit  donc  représenter  l'acide  ferrisulfurique  par  la  formule 
Fe^'O',  3S0%  SO^H^  2H=^0  h-  ôH^O. 

Tandis  que  ce  composé  se  dissout  immédiatement  dans  l'eau,  le  composé 
à  2H^O  ne  s'y  dissout  que  lentement.  Mais  les  deux  dissolutions  ont  des 
propriétés  identiques. 

»  Production  cV acide  ferrisulfurique  par  action  de  l'acide  chlorhydrique  sur 
le  sulfate  ferrique.  —  J'ai  montré,  dans  la  Note  précédente,  que  l'acide  sul- 
furique se  combine  1res  facilement  avec  le  sulfate  ferrique;  cette  facilité  de 
combinaison  est  telle,  que  l'on  obtient  de  l'acide  ferrisulfurique  dans  des 
circonstances  tout  à  fait  inattendues.  J'ai  fait  voir  dans  des  Notes  anté- 
rieures (21  juillet  et  3  novembre  1902)  que,  quand  on  dissout  le  sulfate 
chromique  et  le  sulfate  d'aluminium  dans  l'acide  chlorhydrique  bouillant, 
cet  acide  déplace  le  tiers  de  l'acide  sulfurique  du  sulfate  et  l'on  obtient  des 
chlorosulfates  CrSO'Cl  et  Al SO' Cl.  Si  l'on  dissout  de  même  le  sulfate  fer- 
rique dans  l'acide  chlorhydrique  bouillant,  la  dissolution  dépose  des  cris- 
taux d'acide  ferrisulfurique  et  la  liqueur  renferme  du  chlorure  ferrique. 
Par  conséquent,  l'acide  chlorhydrique  a  décomposé  une  portion  du  sulfate 
ferrique,  l'a  transformé  en  chlorure  ferrique,  et  l'acide  sulfurique  libéré 
s'est  combiné  avec  une  autre  portion  du  sulfate  ferrique  et  l'a  transformé 
en  acide  ferrisulfurique.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Les  bleus  de  Prusse  et  de  Turnhull.  Une  nouvelle 
classe  de  cyanures  complexes.  Note  de  M.  P.  Ciirétie.v,  présentée  par 
M.   A.   Ditte. 

«  Les  bleus  de  Prusse  et  de  Turnbull  ne  sont  ni  des  ferrocyanures  ni  des 
ferricyanures. 

»  Bleu  de  Prusse  soluble. —  On  lui  attribue  la  composition  FeCy^PeK  ou  Fe''Cy*'K. 
La  préparation  de  ce  bleu  est  connue.  On  peut  l'obtenir  très  pur  en  enlevant  tous  les 


,Q2  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

produits  étrangers  par  dialyse.  Dans  ces  conditions,  il  n'a  pas  la  composition  précé- 
dente. Deux  bleus  solubles  obtenus,  l'un  en  liqueur  franchement  acide,  l'autre 
en  milieu  très  peu  acide,  avaient  pour  composition  (  Fe2Cy6)^KH,  ôH^O  et 
(Fe-Cy«)^K*H,2oH'2  0. 

»  En  solution,  les  bleus  solubles  donnent,  avec  les  sels  métalliques,  des  précipités 
bleus.  M.  WyrouboffC),  qui  a  préparé  ces  bleus  insolubles  à  chaud,  admet  qu'ils 
doivent  être  des  sels  correspondant  à  deux  acides  hypothétiques  Fe^Gy'-H'^  et 
Fe^Cy^^H*.  J'ai  préparé  à  froid  le  bleu  correspondant  au  baryum;  sa  composition  est 
(Fe^Cy*)'^BaK2H^i5H2  0,  et  c'est  à  ce  type  que  se  rapportent  tous  les  autres;  leur 
composition  complexe  résulte  de  la  concomittance  de  deux  réactions  :  la  double 
décomposition  de  la  coagulation  du  colloïde. 

»  Bleu  de  Prusse  insoluble.  —  Préparé  en  présence  d'un  excès  de  sel  ferrique,  sa  com- 
position est  Fe"Gyi»,i3H-^0  qui  s'écrit  (Fe2Cy«)^Fe'",  1 3  H^O;  c'est  le  sel  ferrique  cor- 
respondant au  bleu  soluble.  Il  peut  également  avoir  la  composition  plus  complexe  d'un 
sel  double  (Fe^  CyS)'"Fe«K'«-^'^ 

»  Bleu  de  Turnbull.  —  Sa  composition  est  Fe5Cyl^8H^O  ou  (Fe-Cy«)^Fe",8H2  0, 
c'est  le  sel  ferreux  correspondant  au  bleu  soluble.  Il  existe  également  des  sels  doubles 
(Fe2Cy«)'«Fe"K'"-2". 

»  Bleu  soluble  acide  ou  acide  diferrocyanhydrique.  —  La  décomposition 
spontanée  de  l'acide  ferricyanhydrique  aux  environs  de  20°  donne  nais- 
sance à  un  bleu  soluble  qui  est  l'acide  auquel  se  rattachent  les  bleus  pré- 
cédents, sa  composition  est  Fe^Cy''H,3H^0.  La  présence  du  brome  active 
beaucoup  la  réaction,  il  y  a  formation  de  bromure  de  cyanogène.  Le  pro- 
duit coagulé  redevient  en  grande  partie  soluble  lorsqu'il  a  été  puiufié  par 
dialyse. 

»  L'hydrogène  uni  au  radical  FeHly"  ne  résulte  pas  de  l'analyse;  il  est 
nécessaire,  pour  expliquer  l'acidité  du  produit,  la  formation  des  sels  cor- 
respondants et  surtout  l'action  des  alcalis  qui  donne  lieu  à  la  réaction 
suivante  : 

YeCf  H  +  4KOH  =  FeCy«K'  +  Fe(OH)«  -+-  H-0. 

»  Ce  nouveau  cyanure  complexe  se  rattache  immédiatement  aux  com- 
posés décrits  par  MM.  Étard  et  Bémond  (^);  l'acide  ferrocyanhydrique 
chauffé  à  l'abri  de  l'air  leur  a  donné  le  composé  Fe-Cy^H^  qui  bleuit  à  l'air 
en  donnant  le  cyanure  Fe^Cy"H  et  en  particulier  le  sel  d'ammonium 
Fe^Cy«.AzH%3H^O. 

))  Traité  par  les  sels  alcalins  cet  acide  complexe  donne  par  double  décom- 


(*)  Wyrouboff,  Annales  de  Chim.  et  de  Phys.,  5^  série,  t.  VIII. 
(2)  Étard  et  Bémond,  Comptes  rendus,  t.  LXXXIX. 


SÉANCE    DU    20    JUILLET    Jgo'i.  iqS 

position,  des  sels  acides;  les  chlorures  de  potassium  et  d'ammonium  ont 
donné  les  sels  (Fe-C}''')-RH,6H-0  déjà  décrits  et  (Fe-Cv«)-AzH\H,  6  H- O. 
Le  nitrate  d'argent  donne  un  bleu  insoluble,  mais  il  est  du  même  type 
(Fe=^Cy«)-Ag.  H,7H-0. 

»  Les  sels  métalliques  donnent  une  réaction  plus  complexe.  A  froid  le 
chlorure  de  baryum  donne  un  bleu  qui  contient  3  pour  100  de  baryum; 
obtenu  à  chaud  il  n'en  contient  plus.  Les  sels  de  manganèse,  de  cobalt  et 
même  de  fer  donnent  des  bleus  insolubles  dont  la  composition  est  iden- 
tique à  celle  du  bleu  acide,  il  y  a  simple  coagulation  du  colloïde. 

»  Cette  coagulation  a  également  lieu  sous  l'action  de  l'acide  chlorhy- 
drique.  L'absence  de  double  décomposition  avec  les  sels  métalliques  est 
conforme  aux  données  rie  la  Thermochimie. 

»  Étude  calorimétrique.  —  Celte  étude  a  été  faite  en  mesurant  l'effet 
thermique  qui  résulte  de  la  décomposition  du  bleu  par  la  potasse  étendue. 
Les  différents  cycles  sont  faciles  à  imaginer,  les  données  correspondantes 
ont  été  prises  dans  l'Ouvrage  à  M.  Berthelot  ('  ). 

»  J'ai  obtenu  ainsi 

Fe2Cy«H,3H-°Osol. +4K0Hdiss. 

=  FeCy«K^  diss.  +  Fe(OI[)^^  pr.  h-  4IPO  liq +  25<^='i,4 

d'où  il  résulte 

Fe2  4-Cy«+  H  +3H20liq.  =:Fe''Cy'H,3R'-0  sol +i22C«i,i5 

»   On  a  de  même 

Fe'Cyi»,  i3H'-OsoL  +  iaKOHdiss. 

=  3FeCj''K^  diss.  +  4Fe(OH)3pr. -M3H-0Iiq h-  89^»!,  19 

d'eu 

Fe'+  Cyi8+  I311--0  liq.:i^  Fe' Cy»»,  i3H20  sol +346^^1,5 

»  M.  Berthelot  a  donné 

Fe^  +  Cy'«=Fe^Cyi«pr +348^^1,  r 

»  Les  bleus  de  Prusse  solubles  précédemment  décrits  ont  donné 

Fe^+Cy''-+K-H  U  +  611^0  liq.  =  (Fe2Cy')"'KH,6H2  0  sol. .      +288^^1,64, 
Fei»  +  Cy3o  +  K^+H  +  2oH201iq.r-3(Fe2Cy«)''K«Il,2oH20sol.     +795^^1,51. 

»   Ces  nombres  conduisent  aux  conclusions  suivantes  :  si  l'on  désigne 


(')  Beiithelot,  TkerinochunLc  :  Données  numériques. 

C.  R.,  ujo3,  ■>•'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  3.)  26 


194  ACADÉMIE    DES    SCIENCE? . 

par  X-  la  chaleur  de  dissolution  inconnue  du  bleu  acide,  la  double  décom- 
position en  présence  du  chlorure  de  potassium  dégage  (—  17,6  -h  ixf"*^, 
cenombreestcertaineinentpetitet,  quelque  soit  son  signe,  la  double  décom- 
position partielle  a  lieu.  Mais  il  en  est  autrement  avec  les  sels  métalliques. 
La  formation  du  bleu  de  Prusse,  par  exemple,  dégagerait  — 29*^*^9;  elle 
n'a  pas  lieu,  il  v  a  simplement  coagulation  du  bleu  acide  comme  avec  les 
autres  sels  métalliques. 

»  Mais  à  partir  des  deux  bleus  de  Prusse  solubles  pris  à  l'état  solide,  la 
formation  du  bleu  de  Prusse  insoluble  dégagera  —  3^'^\4>  pour  le  premier 
et  +  8^*»^  pour  le  second.  Ces  nombres  montrent  l'influence  du  potassium 
qui,  grâce  aux  loi^^^  dégagées  par  son  chlorure  dissous,  détermine  le  sens 
de  la  réaction. 

w  On  peut  encore  de  ces  données  thermiques  tirer  une  autre  conclusion  ; 
en  désignant  par  a  la  chaleur  de  formation  de  Fe^Cy'H,  3H^O  à  partir  des 
éléments,  par  h  l'effet  thermique  correspondant  au  remplacement  de 
l'hydrogène  par  le  potassium,  et  supposant  que  la  complexité  des  bleus  de 
Prusse  solubles  résulte  de  la  simple  coagulation  de  l'acide  avec  le  sel 
saturé  Fe^Cy^'R,  on  peut  écrire 

5(2  -j-  4^  —  795, 5î,  •* 

ia-{-  b   ==288,64. 
»   On  lire  de  là 

b  =  49^^'»  27  et         <2  —  1 19^^',  6. 

))  Ce  dernier  nombre  est  presque  identique  à  celui  qui  a  été  déterminé 
directement,  et  ce  résultat  semble  bien  indiquer  que  la  coagulation  du  col- 
loïde joue  un  grand  rôle  dans  la  complexité  des  réactions  où  entrent  les 
bleus  solubles.   » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  sparléine.  Caractères  généraux;  acliort  de 
quelques  réducteurs .  Note  de  MM.  Cii.  Moureu  et  A.  Valeur,  présentée 
par  M.  H.  Moissan. 

(.  L^  spartéine  est  un  alcaloïde  liquide  et  volatil  qui,  depuis  une 
vingt^iine  d'années,,^  est  employé  en  thérapeutique,  sous  forme  de  sulfate, 
dans  le  traitement  des  affections  cardiaques,  comme  succédané  de  la  digi- 
tale. 11  fut  découvert  en  i  85i  par  Stenhouse,  qui  le  retira  du  genêt  à  balais 
[Spartium  scoparium),  plante  de  la  famille  des  Légumineuses  (Lieb. 
Annal.,  t.  LXXVIII,  p.  i5). 


SÉANCE    DU    20   JUILLET    igoS.  ïq5 

■>>  Depuis  cette  époque,  plusieurs  chimistes  se  sont  occupéis  de  la  spar- 
téine,  notamment  Mills,  Bernheimei%  Bamberger^  Peratoner,  Ahrens  et 
Herzig  et  Meyer.  Malgré  leurs  nombreuses  recherches,  on  ne  sait  encore  que 
fort  peu  de  chose  sur  la  structure  intime  de  cet  alcaloïde;  certains  résultats 
sont  même  demeurés  contradictoires.  Nous  avons  cru  intéressant  d'entre- 
prendre une  étude  méthodique  de  la  base,  en  vue  de  jeter  quelque  lumière 
sur  sa  constitution  chimique. 

»  La  matière  première  qui  a  servi  à  nos  recherches  n'est  autre  que  le  sulfate  officinal, 
sel  blanc,  très  soluble  dans  l'eau,  qui  nous  a  été  livré  dans  un  parfait  état  de  pureté  par 
la  maison  Merck.  Au  moyen  de  la  lessive  de  soude,  on  en  déplace  l'alcaloïde,  qu'on 
sèche  ensuite,  en  solution  éthérée,  successivement  sur  du  carbonate  de  potasse  sec  et 
sur  de  la  potasse  fondue,  et  qu'on  distille  finalement  dans  le  vide. 

»  Constantes  physiques.  —  On  obtient  ainsi,  passant  entièrement  à  188'^  (corr.)  sous 
18™™,  5,  une  huile  épaisse,  incolore,  possédant  une  saveur  très  amère  et  une  odeur 
spéciale  analogue  à  celle  de  la  pipéridine.  Sous  la  pression  de  jo^™*"  et  dans  un  Cou- 
lant d'hydrogène  sec,  elle  distille  sans  décomposition  à  la  température  de  32.5°  (corr^). 
Do=:i.o34,  et  020^1,0196;  ['/][)=:  — 16°  42  en  solution  dans  l'alcool  absolu; 
n[)=i,52g3  à  19°.  lOO'  d'eau  n'en  dissolvent,  à  la  température  de  22°,  que  os,  3o4  ;  la 
base  est,  au  contraire,  très  soluble  dans  l'alcool,  l'éther  et  le  benzène.  Elle  est  facile- 
ment entraînable  par  la  vapeur  d'eau.  Au  contact  de  l'air,  elle  s'altère  en  brunissant 
lentement. 

»  Forniule  brute.  —  Il  résulte  d^une  série  d'analyses  et  de  déterminations  crjosco- 
piquès  effectuées  par  nous,  que  la  spartéine  est  exemple  d'oxygène,  et  que  sa  formule 
brute  est  C'^H-^Az-,  celle  rtiême  qui  lui  fut  attribuée  par  Stenhouse,  et  à  laquelle 
Gerhardt  {Traité  de  Chimie  organique^  t.  IV,  p.  236)  préférait  à  tort  une  formule 
en  C'K 

»  La  spartéine  est  une  diamine  bitertiaire.  —  La  spartéine  est  une  base  forte,  à 
réaction  alcaline,  capable  de  neutraliser  les  acides  les  plus  énergiques.  On  peut  la 
titrer  très  exactement  en  présence  du  tournesol,  de  la  phtaléine  du  phénol,  ou  de 
l'hélianthine.  La  base  se  montre  nettement  monoacide  au  tournesol  et  à  la  phtaléine, 
et  diacide  à  l'hélianthine. 

»  Le  chlol-oplatinate  à  pour  formule  C^-^H-*' Az-.  2  HCI.  PtCl*+ 2  H^O,  et  le 
picrate,  qui  fond  à  208°  (corr.),  C''H2"Az^  2  G«H-^(OH)  (  Az02)\ 

»  Ces  faits  prouvent  surabondamment  que  les  deux  azotes  de  la  spartéine  sont 
basiques,  et  c|ué  ta  spartéine  est  une  diamine. 

»   De  quelle  tiature  sont  les  deux  fonctions  aminé? 

»  Mills  {Lieb.  Annal.,  t.GXXV,  p.  71)  d'une  parl^  et  Bamberger  {Lieb.  Annal.  1886, 
p.  368)  de  l'autre,  ont  clairement  établi,  en  étudiant  l'action  des  iodures  alcooliques, 
que  l'une  au  moins  des  deux  fonctions  aminé  était  tertiaire.  C'est  ainsi  qufe  l'iodurèdê 
méthjle  fournit  l'iodure  quaternaire  C'^H-'^Az^.CHH  ([a]i,  =.  —  22°,75  en  solution 
aqueUïse),  dans  lequel  hous  avons  pu  titrer  acidiniétriquenient  la  fonction  basique 
restée  libre.  Celte  dernière,  d'après  nos  expériences,  est  certainement  aussi  tertiaire  : 
la  spa^télne,  en  effet,  ne  fOrhie  ni  dérivé  nitrosé,  Hi  défivé  benzôylé  (pat-  l'action  du 
chlorure  de  benzojle  en  présence  de  soucie  caustique). 


196  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  La  spartéine  est  donc  une  diamine  ditertiaire;  en  d'autres  termes,  chacun  des 
deux  atomes  d'azote  est  uni  par  ses  trois  valences  au  carbone. 

»  Dans  la  spartéine,  il  n'existe  aucun  groupe  méthyle  lié  à  l'azote.  —  D'après 
Alirens  {Berichte,  t.  XXI,  p.  8'25),  l'un  des  deux  azotes  serait  méthylé  ;  en  chauffant 
la  spartéine  à  200°  avec  de  l'acide  iodhydrique,  il  aurait  obtenu  des  traces  d'iodiire 
de  méthyle  et  la  base  déméthylée  C'^H^^Az^.  Herzig  et  Meyer  {Monatshefte,  t.  XVI, 
p.  606),  au  contraire,  en  appliquant  leur  méthode  générale  de  déméthylation  par 
l'acide  iodhydrique,  ont  abouti  à  un  résultat  négatif.  Nous  avons  soigneusement 
repété  sur  notre  base  pure  les  expériences  de  ces  deux  savants,  et,  comme  eux,  nous 
concluons  que  la  spartéine  n'est  pas  méthylée  à  l'azote. 

»  Essais  d'hydrogénation.  —  Selon  P^hTe,n?,  {Berichte,  t.  XX,  p.  2218),  en  traitant 
la  spartéine  par  l'étain  et  l'acide  chlorhydrique,  on  obtiendrait  une  base  secondaire, 
la  dihydrospartéine  C'^H-^Az^.  Nos  expériences  nous  permettent  d'affirmer  que  la 
spartéine  n'est  pas  attaquée  dans  ces  conditions,  et  que  le  corps  décrit  sous  le  nom  de 
dihydrospartéine  dans  la  littérature  classique  n'existe  pas. 

»  Deux  autres  essais  de  réduction,  effectués  l'un  avec  le  sodium  et  l'alcool  absolu, 
l'autre  avec  le  sodium  et  l'alcool  amylique,  nous  ont  donné  le  même  résultat.  Aussi 
bien,  cette  résistance  de  la  spartéine  aux  réducteurs  concorde-t-elle  avec  ce  fait 
qu'elle  ne  décolore  pas  le  permanganate  en  solution  acide,  réactif  généralement  con- 
sidéré comme  une  excellente  pierre  de  touche  pour  les  doubles  liaisons  dans  les 
molécules. 

»  Nous  avons  voulu  ainsi  préciser  les  constantes  physiques  de  la  spar- 
téine et  donner  quelques  indications  générales  sur  sa  nature  chimique.  Sa 
grande  stabilité  à  l'égard  des  agents  réducteurs  permet  d'affirmer  presque 
à  coup  sûr  que  la  base  est  saturée,  autrement  dit  que  toutes  les  liaisons 
entre  ses  atomes  sont  des  liaisons  simples.  Il  n'est  d'ailleurs  pas  douteux, 
d'après  la  seule  inspection  de  sa  formule  brute,  que  la  molécule  de  spar- 
téine renferme  deux  et  peut-être  trois  chaînes  fermées.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  éthers  isonitrosomaloniques  et  leur  transfor- 
mation en  éthers  mésoxaliques .  Note  de  MM.  L.  Bouveault  et  A.  Wahï., 
présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  V.  Meyer  et  A.  Mûller  ont  démontré  synthétiquement  (Z).  ch.  G., 
t.  XVI,  p.  608)  (jue  l'acide  nitrosomalonique  est,  en  réalité,  un  dérivé 
isonitrosé  identique  avec  l'oxime  de  l'acide  mésoxalique;  il  s'ensuit  que  les 

éthers  isonitrosomaloniques  AzOH  =  C^        ^      constituent  les  oximes  des 

mésoxalates  correspondants  CO(^        ^    i-  Ces  derniers  corps  étant  d'une 

\GO"Il! 

préparation  difficile,  nous  avons  songé  à  les  obtenir  par  saponification  de 

leurs  oximes. 


SÉANCE  DU  20  JUILLET  igoS.  197 

»  Isonitrosomalonate  d'éthyle.  —  Cet  éther  a  été  obtenu  par  Conrad  et  BischofF 
{D.  ch.  G.,  t.  XIII,  p.  599)  dans  l'action  de  l'acide  nitreux  sur  le  malonate  d'éthyle 
sodé;  ils  le  décrivent  comme  une  huile  d'un  jaune  clair  se  décomposant  à  la  distilla- 
tion. D'après  Steyrer  et  Seng  {Mon.  f.  Ch.,  t.  XVII,  p.  633),  le  dérivé  nilrosé  ainsi 
préparé  se  décompose  à  la  distillation  même  sous  un  vide  de  2™™;  celui  qu'ils  ont 
obtenu  dans  l'action  de  l'hjdroxjlamine  sur  l'élher  désoxalique  distille  à  95°  sous  5™°^ 
avec  une  légère  décomposition. 

»  Nous  préparons  ce  produit  parfaitement  pur  avec  des  rendements  d'environ 
85-go  pour  100  de  la  théorie  en  dissolvant  le  malonate  d'éthyle  dans  i'""'  d'élhylate 
de  sodium  et  faisant  passer,  dans  la  solution  maintenue  vers  20''-25°,  un  courant  de 
nitrite  de  méthyle.  La  solution  fortement  colorée  en  orangé  rouge  est  distillée  sous 
pression  réduite  pour  chasser  la  majeure  partie  de  l'alcool.  On  ajoute  ensuite  de  l'eau, 
puis  de  l'acide  chlorhydrique  qui  met  l'éther  nitrosomalonique  en  liberté;  après  avoir 
rassemblé  à  l'éther  et  lavé  à  l'eau,  on  distille  dans  le  vide. 

»  Tu  isonitrosomalonate  d'éthyle  constitue  un  liquide  incolore,  épais,  bouillant 
à  172°  sous  12'"™  sans  décomposition;  il  est  plus  lourd  que  l'eau  (D^J  in  1,206)  dans 
laquelle  il  ne  se  dissout  pas;  il  est,  au  contraire,  miscible  avec  les  dissolvants  orga- 
niques. 

»  Si,  dans  la  préparation  de  cet  éther,  on  abandonne  à  lui-même  le  résidu  de  la 
distillation  de  l'alcool,  il  s'y  développe  des  cristaux  qui  peuvent  être  séparés  par  esso- 
rage et  recristallisés  dans  l'alcool  absolu  bouillant.  Ils  se  déposent  sous  forme  de  fines 
aiguilles  blanches  qui  constituent  le  sel  acide  de  sodium  de  l'isonitrosomalonate 
d'élhj'le  : 

/      COOC^H-^  /      COOC^IP 

C<(^  =AzOH        +  C'(    =AzONa       . 

»  Ce  sel  se  dissocie  au  contact  de  l'eau  en  donnant  une  solution  jaune  du  sel  neutre 
et  un  précipité  huileux  de  nitrosé  qui  se  dissout  lorsqu'on  ajoute  un  alcali. 

»  Action  du  peroxyde  d'azote  sur  le  nilrosonialonate  d'éthyle.  —  Nous  faisons 
barboter  des  vapeurs  de  peroxyde  d'azote  (obtenu  dans  l'action  du  sulfate  acide  de 
nitrosyle  sur  le  nitrate  de  sodium  fondu)  dans  Tisonitrosé  maintenu  à  0°.  Il  se  déclare 
une  réaction  assez  vive  accompagnée  d'un  dégagement  gazeux.  Quand  celui-ci  s'est 
arrêté  et  que  le  liquide  contient  un  excès  de  peroxyde  d'azote,  on  retire  le  ballon  de 
la  glace  en  surveillant  le  thermomètre,  et,  chaque  fois  que  la  température  atteint  io" , 
on  refroidit  avec  de  l'eau.  Lorsque  la  température  est  devenue  constante,  on  soumet 
le  produit  à  la  distillation  fractionnée  dans  le  vide.  On  constate  la  première  fois  une 
légère  décomposition  qui  ne  se  reproduit  plus;  on  obtient  deux  fractions  principales 
bouillant,  sous  i2">™  à  iS™"»,  à  gS^-iio"  et  à  iio°-i3o°. 

»  La  première  est  d'un  vert  clair,  s'échauffe  fortement  au  contact  de  l'eau  qui  la 
décolore  aussitôt  et  dans  laquelle  elle  se  dissout  très  aisément.  Refroidie,  elle  dépose 
une  abondante  cristallisation  d'hydrate  de  mésoxalate  d'éthyle 

^COOC-H^ 

^\0H 
\C00C2H5 


198  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

qui,  recristallisé  dans  un  mélange  d'éther  et  d'éther  de  pétrole,  forme  de  gros  prismes 
incolores  fondant  à  67°  et  identiques  à  ceux  décrits  par  Anschiitz  etParlato  (D.  ch.  G., 
t.  XXV,  p.  36i5). 

»  Quant  au  produit  bouillant  à  iio^-iSo",  nous  avons  constaté  qu'il  donne,  avec 
l'ammoniaque  alcoolique  et  avec  la  potasse,  des  sels  bien  cristallisés  que  nous  avons 
reconnus  identiques  à  ceux  du  nilromalonale  d'élhyle.  En  décomposant  le  sel  ammo- 
niacal par  l'acide  chloi'hydrique,  nous  avons  obtenu  du  nitronialonate  d'éthyle  par- 
faitement pur,  bouillant  à  x33°-i35°,  sous  i/^""'",  comme  celui  que  nous  avons  décrit 
il  y  a  déjà  quelque  temps  {Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  io5i). 

»  Le  peroxyde  d'azote  a  donc  agi,  dans  cette  réaction,  de  deux  manières  différentes  : 
1°  à  la  manière  de  l'acide  nitreux,  en  transformant  une  oxime  en  la  cétone  correspon- 
dante; 2"  en  cédant  au  produit  un  atome  d'oxygène. 

»  Isonitrosonialonale  de  méUiyie.  —  Le  malonate  de  méthyle  a  été  nitrosé  de  la 
même  manière  que  son  homologue  supérieur;  il  distille  dans  le  vide  à  168°  sous  16"^™ 
et  cristallise  par  refroidissement;  après  recristallisation  dans  un  mélange  d'éther  et 
d'éther  de  pétrole,  il  constitue  de  magnifiques  aiguilles  blanches,  fondant  à  67°, 
solubles  dans  l'eau.  Cet  éther  a  déjà  été  obtenu  par  M.  Muller  {Atin.  de  Chim. 
et  de  Pliys.,  7"  série,  t.  I,  p.  536)  en  traitant  l'isonitrosocyanacétate  de  méthyle  par 
l'alcool  méthylique  chlorhydrique. 

y>  Si,  dans  la  préparation  que  nous  indiquons,  on  ajoute  à  la  solution  alcoolique 
alcaline  concentrée  son  volume  d'eau,  elle  s'échauffe  fortement  et  abandonne  des  cris- 
taux qui  se  déposent,  de  leur  solution  alcoolique  ou  aqueuse,  en  magnifiques  cristaux 
jaunes.  Ces  cristaux  constituent  le  sel  de  sodium 

y      COOCH^ 
c/  =AzONa     +2IPO. 
\      COOCH^ 

»  L'éther  méthylique  est  donc  doué  de  propriétés  plus  acides  que  son  homologue 
supérieur,  car  il  donne  un  sel  neutre  stable. 

»  Action  du  peroxyde  d'azote.  —  L'opération  a  été  faite  comme  dans  le  cas  pré- 
cédent, mais  elle  n'a  donné  qu'une  assez  faible  quantité  de  nitromalonate  de  méthyle 
dont  nous  avons  analysé  le  sel  ammoniacal  obtenu  très  bien  cristallisé. 

»  Le  produit  principal  de  la  réaction  est  le  mélange  de  mésoxalate  de  méthyle  et 
de  son  hydrate;  ce  dernier,  après  une  recristallisation  dans  un  mélange  d'éther  et 
d'éther  de  pétrole,  forme  d'admirables  cristaux  tabulaires,  fondant  à  81°,  très  solubles 
dans  l'eau.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  de  V ammoniaque  sur  V oxyde  d'étliylène  du 
^-o-cyclohexanediol.  Note  de  M.  Léox  Brunel,  présentée  par  M.  Haller. 

«  J'ai  décrit,  dans  une  Note  précédente,  la  préparation  de  quelques 
dérivés  d'addition  de  l'oxyde  d'éthylène  du  [â-o-cyclohexanediol.  L'étude 
des  composés  obtenus  par  action  de  kzW  sur  cet  éther  fait  l'objet  de  la  pré- 
sente Communication. 


SÉANCE  DU  20  JUILLET  IQoS.  mq 

»  Lorsqu'on  chauITe  en  vase  clos  l'oxyde  d'élhjlène  C^H'^.O  avec  un  grand  excès 
de  AzH*  dissous  dans  l'eau  ou  l'alcool,  il  se  forme  en  quantité  sensiblement  théorique 
un  orthoaininocyclohe.vanol  suivant  la  réaction 

C^H'o.O  +  AzH^^OH.C^H"'  — AzIP. 

»  En  réduisant  la  proportion  d'ammoniaque,  on  obtient  en  outre  2  di-oxycyclo~ 
hexylamines  isomères,  l'aminé  primaire  formée  d'abord  réagissant  sur  l'excès  d'oxyde 
d'éthylènc  : 

OH  -  C«ir''  -  AzH-^H-  C«H'o.G  -  OH  --  QW  —  AzH  -  C«H'o-  011. 

))  11  semble  qu'en  poursuivant  la  réaction  on  doive  obtenir,  par  combinaison  de  cha- 
cune des  deux  aminés  secondaires  précédentes  à  l'oxyde  hydroaromatique,  des  aminés 
tertiaires  (OH  —  C'^H"')'^=  Az.  Le  résultat  est  négatif. 

))  Vorthaaminocyclohexanol,  OH  —  C^H"^—  AzH^,  est  une  masse  cristalline  inco- 
lore, à  odeur  faible  de  pipéridine,  inaltérable  à  la  lumière,  soluble  dans  l'eau  et' la 
plupart  des  solvants  organiques.  Il  fond  à  66°,  bout  à  219°  sans  altération,  est  très 
hygroscopique  et  fixe  avec  avidité  C0-. 

»   Le  chlorhydrate  cristallise  en  aiguilles  fusibles  à  175°.  L'azotate  fond  à  i44'\ 

»  Les  di-oxycycloheœy lamines,  OH  —  G" H'"—  AzH  -  CH'^—  OH  prennent  nais- 
sance quand  on  chauffe  en  tubes  scellés  1^°^  d'oxyde  d'éthylène  et  2'°^  de  solution 
alcoolique  de  AzH^  Après  refroidissement,  les  tubes  sont  garnis  d'une  abondante 
cristallisation  d'écaillés  nacrées,  constituant  la  première  aminé  que  je  désignerai  pro- 
visoirement sous  le  nom  de  ^^-di^oxycyclohexylamine;  la  deuxième  aminé  ou  [3,-6^/- 
oxycyclohexylamine  se  trouve  dans  Teau  mère  alcoolique.  On  essore  les  cristaux  et 
l'on  fait  recristalliser  de  l'alcool  bouillant.  La  p^-amine  est  isolée  par  évaporation  de 
l'eau  mère  et  traitement  du  résidu  par  la  benzine  bouillante  qui  abandonne  la  pj-amine 
par  refroidissement. 

»  La  '^i-di-oxycy clohexylamine  crhlaWhe  en  paillettes  incolores,  fusibles  à  i53", 
peu  solubles  dans  l'eau  et  l'alcool.  Le  chlorhydrate  fond  en  se  décomposant  à  266".  La 
nitrosamine  (HO  —  C'''H'*')^=  Az  —  AzO  cristallise  en  prismes  jaunâtres  fusibles 
à  i48". 

»  La  ^^-dt-oxycyçlohexylainiiie  cristallise  en  petites  aiguilles  incolores,  inodores, 
fusibles  à  ii/j".  Le  chlorhydrate  fond  à  19,^°.  La  nitrosamine  cristallise  en  petits 
prismes  jaunâtres  fusibles  à  171°.   » 


ritYStOLOGllî  VÉGÉTALE.  —  Recherches  sur  la  mUrilwn  des  plantes  cùalées. 

Note  de  M,  G.  André. 

«   Mes   essais   faisant  suite  à  ceux    que  j'ai  publiés   (^Comples  rendus, 
t.  CXXXVI,  p.  L^oi  et  1571)  ont  été  disposés  de  la  façon  suivante  , 

»   Des  Haricots  d'Espagne,  semés  le  12  juin  1902  dans  de  grands  pots  pleins  de  terre 
végétale,  à  l'obscurité,  ont  été  récoltés,  ctens  une  pi'^mière  série,  le  i*^'' juillet.  L'ani- 


200  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

lyse  a  porté  sur  les  cotylédons  d'une  part  et  sur  les  plantules  d'autre  part.  Dans  une 
deuxième  série,  les  plantes,  étiolées  du  12  juin  au  1'='' juillet,  ont  été  privées  de  leurs 
cotylédons  à  cette  dernière  date,  jDuis  abandonnées  ainsi  jusqu'au  i^  juillet,  époque 
où  on  les  a  retirées  du  sol  et  analysées.  Enfin,  dans  une  troisième  série,  l'étiolement  a 
été  poursuivi  du  12  juin  au  17  juillet,  époque  à  laquelle  a  été  effectuée  l'analyse  sé- 
parée des  cotylédons  et  des  plantules.  Voici  le  Tableau  des  expériences  : 

Première  série.  Deuxième  série.  Troisième  série. 

Etiolement  Piaules  privées  Etioiement 

du  de  du 

12  juin  au  i*"'  juillet,     leurs  cotylédons     12  juin  au    17  juillet. 

Graines.  Cqlj'Iédons.      Planlcs.     i""' au  17  juillet.     Cotylédons.     Plantes. 

Poids  de  100  unités  humides.  160,06  820,11  5 12, 02  ^gi  ,80  179,88  896,68 

Poids  de  100  unités  sèches.. .  141,46  73,4-5  35,59  27,71  26,98  62,72 

Poids  des  cendres  totales ..  .  559i3  4>48c>  4)587  4>545  8,129  6,600 
100    unités    sèches,    cendres 

déduites i85,547  68,97  3i,oo3  28,443  28,801  4^,120 

Azote  total 5,234  2,592  2,800  2,070  0,988  3,727 

Asparagine »  ijiSg  2,477  8,885  0,702  7?  707 

Hydrates  de  carbone  solubles 
dans  l'eau  (calculés  en  glu- 
cose)   10,458  4>228  0,904  0,068  0,191  0,079 

»  I.  L'examen  des  chiffres  consignés  dans  ce  Tableau  montre  que  l'ensemble  de 
100  unités  sèches  de  la  première  série  pèse,  cendres  déduites, 

68?,970  +  81g, oo3  =  995,978, 

alors  que  100  graines  sèches,  cendres  déduites,  pèsent  i85s,547.  H  y  a  donc  eu  une 
perte  de  85s, 674  de  matière  organique  pendant  18  jours  de  végétation  à  l'obscurité, 
soit  26,2  pour  100.  Les  plantules  ont  élaboré  8iS,oo3de  matière  organique  aux  dépens 
seuls  de  leurs  cotylédons,  c'est-à-dire  des  graines  initiales.  L'ensemble  de  100  unités 
sèches  de  la  troisième  série  pèse,  cendres  déduites,  692,921.  Ce  chiffre,  comparé  au  poids 
des  graines  initiales,  accuse  une  perte  de  65s, 626  de  matière  organique,  soit  48,4 
pour  100.  Pendant  ce  temps,  les  plantules  ont  élaboré  46^,120  de  matière  organique 
aux  dépens  seuls  des  cotylédons.  Du  i<='"  au  17  juillet,  elles  n'ont  donc  augmenté  le 
poids  de  leur  matière  organique  que  de  46s, 1 20  —  8 is,oo8  =  1 5s, 1 1 7. 

»  Les  cotylédons  des  plantes  de  la  première  série,  en  perdant  un  poids  de  matière 
organique  de  i85s,547  —  685,97  =  668,577,  ont  élaboré  8is,oo3  de  plante,  soit  46 
pour  100  de  cette   perte.  Dans  la  troisième  série,    les   cotylédons   ont  perdu 

180S,  547  —  28s,  801  =3  1 1  is,  746 

^,t  n'oni  produit  que  46s,  1  20  de  plante,  soit  4i  pour  100  de  la  perte  de  poids. 
»  Entre  le  i'^'"  et  le  17  juillet,  la  perte  cotylédonnaire  s'est  élevée  à 

68s,  97  —  28s,  80 1  =  45s,  1 69 


SÉANCE    DU    20    JUILLET    F  90,3.  20I 

et  le  gain  des  plantules  en  matière  organique  ne  s'est  accru  que  de 

465,120  —  3 1 s,  00.3  :=  i5s,i  I-, 

soit  33  pour  100  de  la  perte  de  poids  des  cotylédons.  L'examen  des  chiffres  fournis  par 
la  deuxième  série  montre  que  les  plantes  qui  ont  végété  sans  cotylédons,  du  i" 
au  17  juillet,  ne  pèsent  plus,  à  cette  dernière  date,  que  23s,  443,  soit  donc  une  perte 
de  3 is,  oo3  —  23s, 443  =  7s,  56o  dans  l'espace  de  17  jours. 

»  II.  Les  cendres  totales  des  plantes  de  la  deuxième  série  pèsent  sensiblement  le 
même  poids  que  celles  des  plantes  de  la  première  (4°, 545  et  4^,  587).  Or  si  les  plantes 
de  cette  première  série,  encore  munies  de  leurs  cotylédons,  n'ont  pas  pris  au  sol 
d'acide  phosphorique  et  ne  lui  ont  emprunté  que  de  très  faibles  doses  de  potasse, 
elles  lui  ont,  au  contraire,  soustrait  d'assez  fortes  proportions  de  silice  et  de  cliaux, 
ainsi  que  je  l'ai  de  nouveau  vérifié  {Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  1198). 

»  Les  plantes  étiolées  de  la  première  série  ont  emprunté  à  leurs  cotylédons  59  pour 
100  de  l'acide  phosphorique  que  ceux-ci  contenaient;  celles  de  la  troisième  série,  dont 
l'étiolement  a  duré  17  jours  de  plus,  74  pour  100. 

»  III.  La  somme  de  Vazote  total  des  cotylédons  et  des  plantes  (i""*^  et  3''  séries)  est 
inférieure  de  f^.  à  ^^  à  celle  de  l'azote  des  graines  initiales.  Les  plantes  de  la  première 
série  renferment  44  pour  100  de  l'azote  de  la  graine  initiale  ;  celles  de  la  troisième  série, 
71  pour  100.  La  transformation  de  l'azote  protéique  en  asparagine  se  poursuit,  aussi 
bien  chez  les  plantes  de  la  troisième  série  pourvues  de  leurs  cotylédons  et  pour  les- 
quelles la  dose  de  cet  amide  est  le  double  de  ce  qu'elle  était  chez  les  plantes  de  la 
première  série  (6,96  pour  100  de  la  matière  sèche  dans  ce  dernier  cas  et  i4)6  dans  le 
premier),  que  chez  les  plantes  dépourvues  de  leurs  cotylédons  (i3,84  pour  xoo  de  la 
matière  sèche).  C'est  là  un  fait  digne  de  remarque.  L'azote  de  cette  asparagine  repré- 
sente environ  22  pour  100  de  l'azote  total  dans  les  plantes  de  la  première  série, 
43  dans  celles  de  la  troisième,  38  dans  les  plantes  étiolées  dépourvues  de  leurs  coty- 
lédons. 

»  Les  hydrates  de  carbone  solubles  dans  l'eau,  à  mesure  que  progresse  l'étiole- 
ment, disparaissent  des  cotylédons.  Ceux-ci  en  contiennent  5,75  pour  100  de  la  ma- 
tière sèche  (!'■«  série)  et  seulement  0,71  (3«  série).  La  même  chose  a  lieu  chez  les 
plantes  :  celles  de  la  première  série  en  contiennent  2,67,  celles  de  la  troisième  o,i5. 
Les  plantes  dépourvues  de  cotylédons  n'en  renferment  que  o,23. 

»  Les  cotylédons  des  plantes  de  la  troisième  série  ont  transformé  leurs  hydrates  de 
carbone  solubles  dans  l'eau  et  une  grande  partie  des  hydrates  de  carbone  sacchari- 
fiables  par  les  acides  étendus  en  cellulose,  puis  en  vasculose.  La  cellulose,  qui  n'entre 
que  pour  10, 54  pour  100  de  la  matière  sèche  dans  les  cotylédons  delà  première  série, 
figure  pour  i5,85  dans  ceux  de  la  troisième  :  la  vasculose  représentant  respective- 
ment 4;53  dans  le  premier  cas  et  7,81  dans  le  second. 

»  Les  plantes  attenant  encore  à  leurs  cotylédons  et  celles  qui  en  sont  dépourvues  se 
comportent  à  ce  dernier  égard  comme  les  cotylédons  eux-mêmes.  Chez  ces  dernières 
plantes,  la  proportion  centésimale  des  hydrates  de  carbone  saccharifiables,  de  la  cel- 
lulose et  de  la  vasculose  est  sensiblement  la  même  que  chez  les  plantes  pour  lesquelles 
les  cotylédons  ont  été  maintenus  jusqu'à  la  fin  de  l'expérience  (17  juillet)  :  soit,  pour 

C.  K  ,  1903,  2»  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  3.)  ^7 


202  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

les   h-ydrales.  de  carbone  saccharifiables,    i9.,o6  et    ii,io;  pour  la  cellulose,    22,^7 
et  23,38;  pour  la  vasculose,  5,58  et  5, 96  pour  100  de  la  matière  sèche. 

»  L'ensemble  des  résultats  que  je  viens  d'exposer  montre  par  quel  mé- 
canisme la  plantnle  étiolée  se  nourrit  aux  dépens  de  ses  cotylédons  et 
quels  sont  les  emprunts  successifs  qu'elle  leur  fait  soit  en  matières  orga- 
niques, soit  en  matières  minérales.    » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  la  matière  phospho-organique  de  réserve  des 
plantes  à  chlorophylle.  Procédé  de  préparation.  Note  de  M.  S.  Posternak, 
présentée  par  M.  Armand  Gautier. 

«  J'ai  décrit,  il  y  a  3  ans  ('),  un  principe  immédiat  nouveau  que  j'avais 
isolé  des  graines  de  sapin  rouge  et  retrouvé  plus  tard  dans  toutes  les 
graines  étudiées  par  moi  (courge,  pois,  lentille,  lupin  blanc  et  jaune  ), 
ainsi  que  dans  la  pomme  de  terre.  11  s'agissait  d'un  acide  phospho-orga- 
nique, entrevu  déjà  en  1872  par  Pfeffer,  comme  faisant  partie  des  globoïdes 
inclus  dans  les  grains  d'aleurone,  et  que  Palladine,  Schulze  et  Winterstein 
ont  signalé  plus  récemment  dans  les  graines  de  moutarde  noire.  L'analyse 
des  mélanges  de  sels  barytiques  et  calciques  de  cet  acide  m'a  conduit  à  la 
formule  très  simple  CH^PO',  qui  diffère  de  celle  de  l'acide  phosphorique 
par  les  éléments  de  Y  aldéhyde  formique. 

))  Cette  constatation,  jointe  aux  observations  bien  connues  de  Schimper 
sur  l'influence  de  la  lumière  et  de  la  chlorophylle  sur  l'assimilation  des 
phosphates  minéraux,  m'a  paru  démontrer  que  ces  derniers  sels  subissent, 
dans  les  feuilles,  au  cours  de  l'assimilation  chlorophylienne,  une  transfor- 
mation indépendante  en  molécules  organiques  sans  participer,  à  ce  moment, 
à  la  synthèse  des  albuminoïdes  qui  s'y  opère.  Il  semblait  découler,  en 
outre,  de  la  composition  chimique  de  la  matière  en  question,  une  confir- 
mation directe  de  l'hvpothèse  de  Baever  sur  le  rôle  de  la  formaldéhvde 
comme  stade  intermédiaire  de  la  réduction  du  gaz  carbonique  dans  l'appa- 
reil chlorophyllien. 

»  Ma  première  publication  n'était  pas  de  nature  à  mettre  entièrement 
hors  de  doute  des  notions  d'une  telle  importance  pour  la  physiologie  végé- 
tale. Aussi,  ai-je  poursuivi  ces  recherches,  tant  au  point  de  vue  de  la  mé- 

(^)  Revue  générale  de  Botanique,  t.  XII,  1900,  p.  5. 


SÉANCE    DU    20    JUILLET    IQoS.  2o3 

ihode  de  préparation  de  la  matière  phospho-organique  qu'au  point  de  vue 
de  sa  composition  et  de  sa  constitution  chimiques. 

»  Procédé  de  préparation.  —  Il  s'applique  surtout  aux  graines  oléagineuses.  Ces 
graines,  débarrassées  de  leur  huile  et  finement  pulvérisées,  sont  soumises  à  l'extrac- 
tion répétée  à  l'acide  chlorliydrique  très  dilué.  Aux  extraits  acides  réunis,  presque 
complètement  exempts  d'albuminoïdes,  on  ajoute  de  l'acétate  de  soude  en  quantité 
suffisante  pour  remplacer  l'acide  minéral  libre  par  l'acide  acétique,  puis  de  l'acétate 
de  cuivre  jusqu'à  ce  que  le  liquide  ne  précipite  plus  par  un  excès  de  ce  dernier  sel. 
Le  précipité  bleu  vert,  formé  dans  ces  conditions,  est  essoré  à  la  trompe,  lavé  et 
soumis  à  l'action  de  l'acide  sulfhydrique.  On  sépare  le  sulfure  de  cuivre  par  fîltration, 
on  évapore  dans  le  vide  le  liquide  filtré  jusqu'à  consistance  sirupeuse  et  l'on  dessèche 
et  pulvérise  finalement  le  résidu  après  un  traitement  préalable  à  l'alcool. 

»  J'ai  obtenu  ainsi  des  graines  de  sapin  rouge,  de  chènevis,  de  colza,  de  sésame  et 
de  tournesol,  de  1  ,5  à  2,2  pour  100  de  leur  poids  d'une  poudre  blanche,  parfaitement 
soluble  dans  l'eau,  exempte  d'azote  et  de  phosphates  inorganiques  qI  contenant  près  de 
22  pour  100  de  phosphore.  Celte  poudre  est  un  mélange  de  sels  acides  de  magnésie  et 
de  chaux  (avec  un  peu  de  fer  et  de  manganèse)  de  l'acide  phospho-organique  en 
question. 

»  Voici  quelques  chiffres  recueillis  dans  des  essais  quantitatifs;  ils  montrent  la 
richesse  des  graines  en  acide  phospho-organique.  11  a  été  trouvé  : 

1^.  de  l'acide 

Phosphore       phospho-organique  P.  de  l'acide 

total  isolé  isolé 

pour  100  pour  100  en  pour  100 

Semences.  de  semence.  de  semence.  du  P.  total. 

Sapin  rouge o,656  0,600  91  )46 

Chènevis  décortiqué i,46o  i,33o  9' )44 

Tournesol  décortiqué o,83o  0,728  86,26 

»  J'ai  indiqué,  dans  le  travail  cité  plus  haut,  quelques  raisons  plaidant  en  faveur 
de  la  localisation  de  la  matière  phospho-organique  dans  les  grains  d'aleurone.  La  mé- 
thode précédemment  décrite,  appliquée  à  ces  formations  morphologiques  isolées  des 
graines,  a  fourni  des  résultats  qui  confirment  cette  manière  de  voir. 


P.  de  l'acide 

Phosphore 

phospho-organique 

p.  de  l'acide 

total 

isolé 

isolé 

pour  100 

pour  100 

en  pour  100 

de  semence. 

de  semence. 

du  P.  total. 

2,67 

2,58 

96,8 

3,83 

3,61 

94,3 

2,78 

2,-1 

97»5 

Grains  d'aleurone  de  : 

Sapin  rouge 2,67 

Chènevis 

Tournesol 

»  Pour  isoler  la  matière  phospho-organique  des  graines  de  céréales  et^de  légumi- 
neuses,  il  est  plus  avantageux  de  faire  l'extraction  avec  de  l'eau  distillée.  Les  extraits 
aqueux  sont  alcalinisés  fortement  avec  la  soude,  puis  précipités  par  un  léger  excès  de 


2o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

chlorure  de  calcium.  On  filtre  et  lave  le  précipité,  on  le  dissout  dans  l'acide  chlorhy- 

drique  dilué  et  Ton  procède  ensuite,  avec  la  solution  qui  en  résulte,  comme  il  a  été 

indiqué  plus  haut  pour  l'extrait  acide  des  giaines. 

»  J'ai  pu  isoler  de  celte  façon  la  matière  phospho-organique  des  farines  de  froment, 

de  maïs,  de  pois,  de  lentilles  et  de  haricots  blancs.  Voici  les  rendements  obtenus  pour 

ces  trois  dernières  graines  : 

P.  de  l'acide 

Phosphore     phospho-organique  P.  de  l'acide 

total  isolé  isolé 

pour  loo  pour  loo  en  pour  loo 

de  semence.  de  semence.  du  P.  total. 

J-'ois G ,  367  G ,  260  70 , 8 

Lentilles OjSgg  0,2^7  82,6 

Haricots  blancs g,5i2  g,4i8  81,6 

))  Grâce  à  cette  modification  du  procédé  initial,  il  m'a  été  possible  de  préparer  la 
matière  phospho-organique  du  suc  des  tubercules  de  dahlia,  âe^hiûbes  d^ A lli uni  cepa 
et  des  carottes.  Toutes  ces  préparations  furent  reconnues  identiques,  d'après  des  prin- 
cipes qui  seront  développés  ultérieurement. 

»  En  résumé,  il  a  été  facile  d'isoler,  de  toutes  les  graines  étudiées,  de 
70  à  go  pour  100  environ  de  leur  phosphore,  sous  forme  d'un  mélange 
des  sels  acides  d'un  acide  phospho-organique  très  riche  en  ce  métalloïde. 
TiC  même  acide  se  trouve  dans  tous  les  turbercules,  bulbes  et  rhizomes 
examinés,  c'est-à-dire  dans  les  organes  où  sont  emmagasinées  les  matières 
de  réserve;  dans  les  graines,  il  est  localisé  dans  les  grains  d'aleurone.  Ces 
formations  morphologiques  étant  d'origine  métaplasmique,  et  les  stib- 
stances  qui  les  composent  jouant  le  rôle  de  matières  de  réserve,  il  n'est  pas 
douteux  que  le  même  rôle  appartient  à  l'acide  phospho-organique  dont  je 
viens  de  parler. 

»  Il  importe  de  rappeler,  en  terminant,  que  la  quantité  de  lécithine 
isolée  des  graines  par  différents  auteurs  (Tôj)ler,  Schuize  et  Steiger,  etc.) 
est  relativement  très  faible  et  représente  de  i  à  7  pour  100  du  phosphore 
total.  Au  point  de  vue  de  la  nutrition  phosphorée  de  l'embryon  végétal, 
la  lécithine  n'occupe,  par  conséquent,'  qu'une  place  tout  à  fait  secon- 
daire.   » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  des  racines  dressées  de  bas  en  haut,  obtenues 
expérimentalement.  Note  de  M.  H.  Ricome,  présentée  par  M.  Gaston 
Bonnier. 

«   La  racine  principale  de  la  plupart  des  végétaux,  celle  de  la  Fève  no- 
tamment, se  dirige  verticalement  de  haut  en  bas.  J'ai  réussi  à  obtenir  des 


SÉANCE  DU  20  JUILLET  [903.  2o5 

racines  de  Fève  dressées  vers  le  haut,  au  moyen  d'un  artifice  d'expérience, 
à  l'aide  du  pendule. 

»  Supposons  qu'une  racine,  préalablement  orientée  de  bas  en  haut,  soit  placée  dans 
cette  position  au  bout  d'un  fil  à  plomb  oscillant.  \  chaque  oscillation,  la  racine  est 
sollicitée  par  la  pesanteur  du  côté  gauche,  par  exemple,  dans  la  première  moitié  de  la 
course  du  pendule,  du  côté  droit  dans  la  seconde  moitié,  de  sorte  qu'en  définitive,  les 
deux  actions  contraires  se  contre-balancant,  la  racine  continue  à  pousser  en  ligne  droite 
et  vers  le  haut,  suivant  la  direction  du  fil.  De  cette  façon,  l'équilibre  ne  serait  réalisé  que 
dans  un  plan;  il  est  nécessaire,  pour  empêcher  l'incurvation  de  la  racine,  qu'il  le  soit 
dans  tous  les  plans.  On  obtient  facilement  ce  résultat  en  faisant  décrire  au  pendule 
une  ellipse  et  en  lui  imprimant  un  léger  mouvement  de  rotation,  à  l'aide  d'une  torsion 
du  fil  de  suspension. 

»  Ce  dispositif  ne  réalise  pas,  il  est  vrai,  un  équilibre  stable,  à  cause  des  inégalités 
de  la  croissance  sur  les  diverses  faces  de  l'organe.  Lorsque  cette  inégalité  provoque  un 
déplacement  de  la  racine,  le  mouvement  pendulaire  ne  peut  la  ramener  dans  la  posi- 
tion primitive.  Pratiquement,  cependant,  on  obtient  ainsi  une  forte  proportion  de  ra- 
cines dressées  (environ  les  trois  quarts). 

»  Les  plantes  étaient  placées  dans  un  vase  et  orientées  de  façon  que  les  racines 
fussent  dirigées,  les  unes  vers  le' bas  dans  leur  position  normale,  les  autres  vers  le  haut 
en  position  renversée.  Le  vase  était  attaché  au  bout  d'un  fil  suspendu  au  plafond  de  la 
salle  d'expériences.  Divers  milieux  ont  été  employés  :  terre  de  bruyère,  sable  fin, 
gélose.  Ils  présentent  tous  quelque  inconvénient.  Celui  qui  a  donné  les  meilleurs  résul- 
tats, bien  que  de  prime  abord  il  paraisse  bien  hétérogène,  est  la  sciure  de  bois  humide, 
sans  excès  d'eau. 

)>  On  obtient  de  cette  façon  des  racines  qui,  dans  le  cas  le  plus  favorable, 
se  sont  allongées  de  18™™  en  24  heures,  tout  en  restant  dressées.  Les 
racines  dressées  sont  en  tout  point  comparables  aux  racines  normales. 

»  Il  était  intéressant  de  se  demander  comment  s'effectue  la  croissance 
dans  des  organes  dont  la  position  est  inverse  de  la  position  normale,  par 
rapport  à  la  direction  de  la  pesanteur.  Il  résulte  d'une  vingtaine  d'expé- 
riences qu'aucune  modification  ne  se  produit  dans  l'accroissement  longitu- 
dinal. 

»  Il  n'est  pas  rare  d'obtenir  côte  à  côte  des  racines  dressées  et  des  racines  pendantes 
parfaitement  superposables,  au  bout  de  i[\  heures  d'expérience.  Dans  l'un  et  l'autre 
cas,  la  croissance  suit  la  même  marche.  Les  traits  marqués  à  l'encre  de  Chine  de  mil- 
limètre en  millimètre  se  correspondent  à  peu  près  rigoureusement  à  la  fin  de  l'expé- 
rience. La  croissance  s'effectue  normalement.  Elle  est  maximum  dans  le  troisième 
millimètre  à  partir  de  l'extrémité,  décroît  de  part  et  d'autre  de  cette  région,  devient 
très  faible  à  partir  du  septième  millimètre.  Enfin  aucun  allongement  ne  se  produit  à 
partir  du  onzième  millimètre.  Les  racines  soumises  à  l'expérience  avaient  une  longueur 
totale  variant  de  lo'^'"  à  25<='". 


2o6  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  Par  contre,  les  différences  d'humidité  et  d'aération  du  milieu  d'inclusion  pro- 
voquent des  modifications  considérables  de  la  croissance.  Mais  ces  modifications  sont 
les  mêmes  dans  les  deux  catégories  de  racines. 

»  En  résumé,  il  est  possible  de  faire  croître  des  racines  en  sens  inverse 
de  leur  direction  normale,  c'est-à-dire  de  bas  en  haut.  On  ne  constate 
aucune  différence  d'accroissement  longitudinal  entre  les  racines  dressées 
et  les  racines  normales  pendantes,  bien  que  la  pesanteur  soit  dirigée  vers 
la  base  de  l'organe  dans  le  premier  cas,  vers  le  sommet  dans  le  second.  La 
pesanteur  n'a  donc  ni  action  accélératrice,  ni  action  retardatrice  sur  la  crois- 
sance en  longueur  des  racines.    » 


BOTANIQUE.  —  Une  Passljlorée  à  résine.  Note  de  M.  Henri  Jumelle, 
présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Cette  Passiflorée,  appelée  ola-boay  par  les  Sakalaves  dans  le  Boina, 
est  X Ophiocaulon  Firingalavense  D.  d.  G. 

»  Sans  vouloir  trop  empiéter  sur  la  description  que  donnera  sans  doute 
prochainement  de  cette  nouvelle  espèce  M.  Drake  del  Gastillo,  disons  que 
c'est  une  liane  à  tige  glabre,  munie  de  vrilles  simples,  avec  des  feuilles 
longuement  pétiolées,  cordées  à  la  base,  trilobées,  le  lobe  médian  étant 
plus  grand  que  les  deux  latéraux.  Les  fleurs  mâles,  disposées  en  grappes, 
sont  à  lobes  calicinaux  linéaires  aigus,  plus  longs  que  les  pétales,  qui  sont 
blancs.  Les  fleurs  femelles  et  les  fruits  sont  inconnus. 

»  Une  des  principales  particularités  de  la  plante  est  le  volumineux  renflement,  en 
forme  de  pain  de  sucre,  que  présente  la  partie  inférieure  de  son  tronc.  La  tige  peut 
ainsi  à  sa  base  atteindre  So^""  de  diamètre,  et  davantage,  et  n'en  plus  avoir  que  5 
à  i-^jôûplus  haut.  «  De  plus,  nous  dit  notre  correspondant,  M.  Perrier  de  la  Bathie, 
»  l'écorce  est  recouverte  d'un  enduit  de  cire  verte  qui  peut  avoir  i<="^  d'épaisseur.   » 

»  Ce  dernier  caractère  n'est,  d'ailleurs,  qu'un  point  de  contact  de  plus  entre  notre 
Ophiocaiilon  de  Madagascar  et  les  trois  espèces  déjà  connues,  et  qui  sont  VOphio- 
caiilon  cissampeloïdes  Hook.  f.,  de  Fernando-Po,  du  Gabon  et  de  l'Angola,  VOphio- 
caulon  cynanchifolium  Mast.,  des  mêmes  régions,  et  VOphiocaulon  gummiferum 
Mast.,  du  Zanguebar. 

»  Pour  tout  le  genre,  en  effet,  il  est  dit,  par  exemple,  dans  le  Pflanzenfamilien 
d'Engler,  que  la  lige  est  «  recouverte  d'une  couche  cireuse  blanchâtre  ». 

»  Et  l'on  remarquera  que  c'est  toujours  le  même  qualificatif  de  «  cire  »  qu'on  re- 
trouve dans  toutes  ces  descriptions.  Or  ce  ne  peut  être  que  la  localisation  superficielle 
du  produit  sécrété  qui  a  amené  à  employer  ce  terme;  car,  si  nous  en  jugeons  par 
l'échantillon  de  substance  que  nous  avons  reçu,  c'est  plutôt  le  nom  de  résine  que 
celui  de  CfVe  qui  convient,  du  moins  ^owv  VOphiocaulon  Firingalavense, 


SÉANCE  DU  20  JUILLET  jgoS.  207 

»  La  substance  qui  nous  est  parvenue  a  été  recueillie  par  notre  correspondant  lui- 
même,  qui  a  frappé  et  raclé  l'écorce  de  la  base  du  tronc,  puis  a  mis  le  tout  dans  un 
linge  et  l'a  fondu  dans  l'eau  bouillante. 

»  Il  nous  a  ainsi  envoyé  un  petit  bloc  ovoïde  d'une  matière  vert  brunâtre  et  terne 
extérieurement,  brillante,  au  contraire,  sur  la  coupe,  qui  rappelle  assez  bien  celle 
d'un  fragment  de  résine  de  Gardénia  de  Nouvelle-Calédonie.  L'ensemble  paraît  comme 
formé  de  nombreuses  larmes  brillantes,  incluses  dans  une  petite  quantité  de  poussière 
vert  pâle  qui  dessine  des  veines  sur  les  cassures. 

■   »  C'est  donc  déjà  là  l'aspect  d'une  résine  plus  que  d'une  cire.  Et,  d'autre  part,  le 
produit  se  comporte  à  l'égard  des  dissolvants  comme  une  résine. 

»  Etant  très  friable,  il  est  facilement  pulvérisé;  et  la  poudre  se  dissout  dans  les 
proportions  suivantes  :  9:?  pour  100  dans  le  chloroforme,  83  pour  100  dans  le  sulfure 
de  carbone,  l'éther  sulfurique  et  la  benzine,  81  pour  100  dans  l'alcool  froid  et  le 
toluène,  78  pour  100  dans  l'acétone. 

»  Dans  tous  les  cas,  ces  dissolutions  ont,  après  évaporation,  laissé  au  fond  des 
cristallisoirs  une  couche  d'une  matière  amorphe,  comme  celle  qu'on  obtient  lorsqu'on 
prépare  par  les  mêmes  procédés  la  résine  de  Gardénia. 

»  On  sait,  par  contre,  que  les  cires  animales  ou  végétales,  très  solubles  dans  le 
chloroforme,  l'éther  ou  la  benzine,  le  sont  très  peu  dans  l'alcool  froid. 

»  Mais  que  penser,  dès  lors,  de  la  localisation,  en  apparence  extérieure,  de  la  sub- 
stance dans  la  plante?  Pour  s'en  rendre  compte,  il  eût  été  désirable,  évidemment,  de 
pouvoir  examiner  un  fragment  de  la  base  du  tronc,  dans  la  partie  épaissie  où  le  pro- 
duit est  recueilli.  Malheureusement,  ne  possédant  pas  un  tel  échantillon,  nous  avons 
dû  nous  contenter  de  l'étude  d'un  petit  fragment  de  rameau  que  nous  a  obligeamment 
communiqué  M.  Drake  del  Castillo. 

»  Sur  la  section  transversale  de  cette  branche,  de  2™™  environ  de  diamètre,  liber 
et  bois  forment  un  anneau,  en  dehors  duquel  le  péricjcle  présente  une  rangée  de 
faisceaux  fibreux  bien  séparés.  Mais  ce  qui  frappe  tout  de  suite  est  la  présence  de 
nombreuses  cellules  résineuses,  qu'on  trouve  :  i"  dans  l'écorce,  principalement  dans 
la  région  profonde;  2°  vers  la  périphérie  du  liber,  immédiatement  en  dedans  de  la 
couche  péricyclique  ;  3°  dans  la  zone  périméduUaire  sclérifiée  qui  borde  la  partie 
interne  de  l'anneau  ligneux;  4°  dans  la  moelle.  En  toutes  ces  régions,  ces  cellules 
sont  disposées  suivant  des  files  longitudinales,  particulièrement  nombreuses  dans 
l'écorce  et  dans  la  moelle. 

»  La  feuille  possède,  au  reste,  les  mêmes  cellules  sécrétrices. 

»  Dans  le  pétiole,  dont  le  centre  est  occupé  par  un  groupe  circulaire  de  faisceaux 
libéro-ligneux,  se  touchant  presque  par  leurs  pointes,  les  plus  grandes  de  ces  cellules 
se  trouvent  dans  le  parenchyme,  surtout  au  voisinage  des  faisceaux  et  dans  leurs  inter- 
valles. Des  éléments  plus  petits  se  remarquent  toutefois  aussi  dans  le  liber,  et  même 
quelques-uns,  quoique  plus  rares,  dans  le  bois. 

»  Dans  le  mésophylle  du  limbe,  les  cellules  analogues  occupent  les  deux  paren- 
chymes palissadique  et  lacuneux. 

»  Donc,  bien  qu'extérieure,  en  apparence,  à  la  base  du  tronc,  la  substance  est,  en 
réalité,  intracellulaire,  et  sa  localisation  est  comparable  à  celle  des  résines  de 
Gardénia. 


2o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Toutefois,  contrairement  à  ce  qui  a  lieu  pour  ces  dernières,  il  n'y  aurait  pas  de 
sécrétion  résineuse  de  la  part  des  cellules  épidermiques  de  la  tige,  et  sur  le  renflement 
du  tronc,  ce  ne  serait  ainsi  qu'à  la  suite  de  l'exfoliation  des  assises  corticales  externes 
non  résinifères,  après  l'apparition  d'un  périderme  que  nous  n'avons  pu  voir  dans  le 
tout  petit  fragment  de  jeune  rameau  que  nous  avons  examiné,  que  les  éléments  rési- 
neux deviendraient  superficiels  et  formeraient  cette  épaisse  couche  périphérique. 

»  Et  notons  qu'on  s'expliquerait  assez  bien,  de  cette  manière,  le  résidu  relativement 
fort  que  laisse,  même  avec  le  chloroforme,  la  solution  de  notre  substance.  En  raclant 
l'écorce,  on  recueille   nécessairement  les   débris   cellulaires  qui   sont  mélangés  à  la 

résine. 

»  Quant  à  la  partie  (lo  pour  loo  environ)  soluble  dans  le  chloroforme,  mais  inso- 
luble dans  les  autres  liquides,  il  est  possible  qu'elle  corresponde  au  revêtement  cireux 
de  l'épiderme.  Lorsqu'on  reprend  par  l'alcool  la  portion  qui  s'est  dissoute  dans  le 
chloroforme,  il  reste  en  dépôt,  au  fond  de  la  solution  alcoolique,  une  substance 
blanche,  un  peu  grasse  au  toucher. 

»  Mais,  en  tout  cas,  on  voit  qu'il  reste,  au  moins  sur  la  masse  totale,  83  pour  loo 
de  résine,  8  pour  lOO  environ  représentant,  d'autre  part,  des  impuretés  constituées 
essentiellement  par  des  débris  végétaux. 

»  Telle  que  nous  l'avons  reçue,  cette  masse  avait  pour  densité  0,980  environ;  mais, 
après  qu'elle  a  été  refondue  et  pétrie,  la  densité  a  été  de  1,01/4  à  1,020. 

»  Dans  l'eau  chaude,  la  résine  commence  à  se  ramollir  vers  65°  et  est  complètement 
pâteuse  entre  SS"*  et  go°. 

»  Enfin,  d'après  les  dosages  qu'a  bien  voulu  faire,  sur  notre  demande,  M.  Duvillier, 
la  quantité  d'iode  fixé  par  100  parties  de  la  portion  soluble  dans  le  chloroforme  est 
de  34,7.  On  sait  encore  que,  d'après  M.  Buisine,  le  titre  d'iode  est  ordinairement 
beaucoup  plus  faible  (6  à  1 1  pour  100)  pour  les  cires  animales  ou  végétales.  » 


ZOOLOGIE.  —  Contribution  à  l'étude  <ie/'iEpyornis  de  Madagascar. 
Note  de  M.  Guillausie  Grandidier,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  A  côlé  de  la  faune  actuelle  de  Madagascar,  déjà  si  caractérislique  de 
ce  petit  continent  zoologique  qui  semble  être  resté  le  témoin  unique  d'un 
âge  géologique  disparu,  vivait  à  une  époque  encore  récente,  tout  un  autre 
groupe  d'animaux  dont  les  plus  remarquables  étaient  les  grands  lémuriens 
des  genres  Megaladapis  et  Archœolemur  et  les  Mpyornis.  Leur  extinction  ne 
remonte  pas  à  un  nombre  très  considérable  de  siècles,  car  ils  ont  été  con- 
temporains de  l'homme  et  sur  beaucoup  de  leurs  vestiges  on  trouve  des 
traces  de  travail  humain. 

»  Le  premier  représentant  de  cette  faune  sub-fossile  a  été  signalé  à 
l'Académie  des  Sciences,  en  i85i,  par  Geoffroy  Saint-Hilaire,  qui  avait  reçu 
de  la  côte  sud-ouest  de  Madagascar  des  œufs  et  quelques  ossements.  11  les 
avait  décrits  sous  le  nom  iV uEpyornis  maximus. 


SÉANCE    DU    2()    JUILLET     KJoS.  209 

»   Pendant  la  longue  période  qui  s'est  écoulée  de  i85i   à  1893,  sauf  les 
travaux   de  MM.  Milne-Edwards  et  A.  Grandidier  ('),  aucun  document 


^■Epyornis  ingens.  (Réduction  au  dixième  environ.) 

important  n'a  été  publié  à   ce  sujet  et  l'étude  paléonlologique  de  Mada- 


(')   Observations  sur    le    gisement  des  œufs    «^'yEpyornis,    par    A.    Grandidier, 
C.  R.,  1903,  2-  Semestre.  (T.  GXXXVLI,  N"  3.)  ^° 


2  10  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

gascar  n'a  été  reprise  que  dans  ces  dernières  années,  pendant  lesquelles 
plusieurs  voyageurs  ont  recueilli  des  collections  importantes  d'ossements 
fossiles, 

))  I^e  but  de  la  présente  Note  est  de  montrer  la  reconstitution  (*  )  de 
la  partie  inférieure  du  squelette  du  plus  grand  des  JEpyornis  qui  est,  en 
même  temps,  je  crois,  le  plus  grand  des  oiseaux  connus. 

»  J'ai  rapporté  ces  ossements,  dont  plusieurs  sont  nouveaux,  de  la 
côte  ouest  de  Madagascar,  des  environs  de  Belo,  où  ils  étaient  enfouis  dans 
les  dunes  de  sable  qui  bordent  la  mer. 

»  Ces  restes  qu'il  faut  attribuer,  momentanément  au  moins,  à  WEpyornis 
ingens  (Milne-Edwards  et  Grandidier)  [car  peut-être  dans  l'avenir  faudra- 
t-il  ramener  cette  espèce  à  V JEpyornis  Titan  (Andrews)  décrit  quelques 
mois  avant  V^p.  ingens'],  étaient  mêlés  à  de  nombreuses  coquilles  d'œufs. 
Nous  avons  pu  nous  assurer  qu'elles  avaient  appartenu  à  des  œufs  énormes 
d'une  contenance  de  9^  à  10'  semblables  à  ceux  que  Geoffroy  Saint-Hilaire, 
dans  son  Mémoire  de  i85i,  avait  attribués  à  WEpyornis maximus.  C'est  une 
erreur  qu'il  importe  de  signaler  et  de  réparer,  car  tout  semble  indiquer 
que  ces  œufs  doivent  être  rapportés  à  l'espèce  qui  nous  occupe. 

»  La  partie  du  squelette  de  VyEp.  i/igens  tel  qu'il  vient  d'être  recons- 
titué peut  être  comparée  au  squelette  d'autres  groupes  d'oiseaux  et  aider 
ainsi  à  placer  la  famille  des  jEpyornis  dans  la  série  zoologique  ;  il  en  est  trois 
avec  lesquels  il  y  a  des  analogies  frappantes,  ce  sont  \ç,s  Aptéryx,  les  Emeus 
de  la  Nouvelle-Hollande  et  les  Dinornis.  Il  est  intéressant  de  remarquer  que 
tous  ces  animaux  appartiennent  à  la  faune  océanienne  avec  laquelle  la 
faune  malgache  a  déjà  des  liens  si  étroits.  N'y  aurait-il  pas  là  une  nouvelle 
preuve  à  apporter  de  l'existence  de  la  Lémurie? 

»  Les  principales  dimensions  sont  : 

»  Fémur  :  Longueur  totale,  o"',/44;  largeur  de  la  partie  supérieure  (j  compris  la 
tête  fémorale),  o'",i9;  de  la  partie  inférieure,  o™,2o;  circonférence  au  point  le  plus 
étroit  de  la  diaphyse,  o'",265. 


{Contples  rendus  du  9  septembre  1867).  —  Sur  les  découvertes  zoologiques  faites  à 
Madagascar,  par  A.  GRA^D1D^ER  (Note  de  M.  H.  Milne-Edwards  dans  les  Comptes 
rendus  du  1 4  décembre  1868).  — Nouvelles  observations  sur  les  caractères  zoologiques 
et  les  affinités  naturelles  de  /'jEpyornis  de  Madagascar,  par  A.  Milne-Edwards  et 
A.  Gra.ndiduîr.  [Annales  des  Sciences  naturelles,  Paris,  1869). 

(^)  Cette  reconstitution  a  été  faite  au  Muséum  d'Histoire  Naturelle  de  Paris,  sous 
la  direction  de  M.  Oustalet,  par  les  soins  de  M.  Terrier,  chef  du  Laboratoire  de  taxi- 
dermie. 


SÉANCE    DU    20    JUILLET    IQoS.  2T  I 

»  Tibia:  Longueur  totale,  o^jjS;  largeur  de  la  partie  supérieure,  o™, 18  ;  delà 
partie  inférieure,  o'",i6;  circonférence  au  point  le  plus  étroit  de  la  diaphyse,  o"S2i; 
épaisseur  aiitéro-postérieure  en  ce  même  point,  o"',o46  ;  épaisseur  latérale  en  ce  même 
point,  o",o8. 

»  Métatarsien  :  Longueur  totale,  o'",42;  largeur  de  la  partie  supérieure,  o'", 17  ; 
de  la  partie  inférieure,  o-^jiô;  épaisseur  des  troclilées  :  i''^  trochlée  externe,  o'",o45; 
2*^  trochlée  médiane,  o'",o6;  3<=  trochlée  interne,  o"',o4o.  » 


.NONÉRALOGIE.  —  Les  enclaves  basiques  des  volcans  de  la  Martinique 
et  de  Saint-Vincent.  Note  de  M.  A.  L\croix,  présenlée  par  M.  tie 
Lapparent. 

((  J'ai  signalé  déjà  à  l'Académie  l'existence  d'enclaves  homœogènes  semi- 
cristallines  parmi  les  produits  rejetés  par  les  premières  értiptions  de  la 
montagne  Pelée  (1902);  j'ai  recueilli  depuis  lors  un  grand  nombre  de  ma- 
tériaux nouveaux  permettant  de  compléter  cette  étude.  Ces  enclaves  sont 
essentiellement  constituées  par  des  plagioclases  basiques,  accompagnés 
(l'hypersthène,  d'augite,  de  hornblende  et  de  titanomagnétite  ;  elles  ont 
une  structure  diabasique  ou  une  structure  à  deux  temps  distincts  de  conso- 
lidation, dont  les  éléments,  toujours  de  grande  taille,  sont  accompagnés 
d'une  quantité  plus  ou  moins  grande  de  verre  incolore.  Ce  sont  de  véri- 
tables ségrégations,  plus  basiques  que  l'andésite,  formées  en  place  et  na- 
geant dans  le  magma  à  la  façon  déglaçons;  elles  rappellent  (l'une  fyçon 
frappante  certaines  enclaves  des  andésites  à  hypersthène  récentes,  des 
andésites  à  hornblende  anciennes  de  Santorin,  des  dacites  de  Milo,  etc. 

»  Je  les  ai  rencontrées  aussi  dans  les  andésites  anciennes  de  la  montasne 
Pelée,  constituant  le  morne  La  Croix  et  le  morne  qui  domine  vers  le  nord 
l'emplacement  de  l'ancien  lac  des  Palmistes;  leur  présence  dans  ces  laves 
complète  l'analogie  frappante  que  celles-ci  offrent  avec  l'andésite  de 
l'éruption  actuelle.  Je  signalerai  aussi  comme  fort  importante,  à  ce  point 
de  vue,  l'existence  d'enclaves  tout  à  fait  semblables,  mais  plus  cristal- 
lines encore,  dans  les  dacites  des  Pitons  du  Carbet,  minéralogiquement 
différentes  des  andésites  qui  nous  occupent,  mais  chimiquement  analogues. 

»  J'ai  observé  en  outre  (particulièrement  dans  les  projections  du  3o  août), 
une  autre  catégorie  d'enclaves,  holocristallines  et  grenues,  qui  constituent 
des  norites  passant  à  des  gabbros  et  à  des  tliorites;  ce  sont  de  véritables 
roches  de  profondeur,  en  relation  intime  avec  le  magma  andésitique,  mais 
elles  en  constituent  un  terme  évolutif  beaucoup  plus  basique.  On  peut  y 


2!  2  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

reconnaître  la  forme  grenue  des  divers  Ivpes  de  labradorilesà  hypersthène 
qui  sont  si  fréquents  parmi  les  laves  anciennes  de  l'île.  Ces  norites  présen- 
tent des  variétés  leiicocrates  à  grands  éléments,  quelquefois  associées,  sous 
forme  de  traînées  ou  de  véritables  fdons,  à  des  types  mésocrates,  d'ordinaire 
finement  grenus  et  très  amphiboliques.  A  l'inverse  des  enclaves  semicristal- 
lines,  celles  qui  sont  holocristallines  et  grenues  ont  du  former  des  masses 
importantes,  consolidées  en  profondeur;  elles  ont  été  arrachées  par  le 
magma  en  voie  d'ascension  et  ont  subi,  au  cours  du  réchauffement  qui  en 
est  résulté,  des  transformations  métamorphiques  souvent  intenses,  essen- 
tiellement caractérisées  par  la  fusion  de  l'amphibole  et  des  minéraux 
voisins  et  recristallisation  chondritique  d'augite,  d'hypersthène,  d'olivine 
et  parfois  de  feldspath,  transformations  qui  ne  s'observent  jamais  dans  les 
enclaves  semicristallines  qui  n'ont  point  changé  de  milieu. 

»  Eu  résumé,  l'éruption  actuelle  de  la  Martinique  rapporte  toutes  les 
catégories  d'enclaves  homœogènes  dont  j'ai  cherché  depuis  de  longues 
années  à  suivre  la  production  dans  un  grand  nombre  de  centres  volca- 
niques; c'est-à-dire  —  des  enclaves  de  formation  très  profonde,  holocristal- 
lines et  grenues,  ayant,  les  unes  sensiblement  la  même  composition  chi- 
mique que  le  magma  englobant,  mais  avec,  souvent,  des  variations  de 
composition  minéralogique  (microtinites  à  cordiérile)  ('),  les  autres  des  types 
plus  basiques,  permettant  de  suivre  les  phases  de  l'évolution  successive  du 
magma  (noriles  décrites  plus  haut),  et  enfin  —  des  enclaves  semi-cristallines 
qui  peuvent  être  considérées  comme  des  agrégats  de  phénocristaux  de  la 
roche  et  dont  la  j)roduction,  beaucoup  plus  récente,  se  continue  vraisem- 
blablement pendant  la  dernière  phase  de  l'ascension  intratellurique  du 
magma. 

»  A  Saint-Vincent,  les  enclaves  homœogènes  (-)  sont  beaucoup  moins 
variées  comme  origine,  mais  infiniment  plus  abondantes  comme  nombre. 
Ce  volcan  peut  être  cité  comme  l'un  de  ceux  dans  lesquels  la  quantité  de  ces 
produits  est  le  plus  considérable.  Ce  sont  des  enclaves  holocristallines  gre- 
nues, essentiellement  caractérisées  par  des  plagioclases  basiques  (allant 
jusqu'à  l'anorthite),  vitreux,  accompagnés  par  un  péridot  très  ferrifère, 
par  de  la  hornblende,  de  l'augite  et  un  peu  de  titanomagnétile.  Certaines 
éruptions,  et  particulièrement  celle  d'octobre,  ont  rejeté  une  quantité 
considérable  de  morceaux   transparents  de  feldspaths,  provenant   de    la 

(^)   Comptes  rendus  de  la  séance  précédente,  p.  i^ô. 

(-)  Ces  enclaves  sont  aussi  abondantes  dans  les  tufs  anciens  de  la  Soufrière  :  c'est 


SÉANCE  DU  2()  JUILLET  1903.  2l3 

démolition  de  ces  enclaves,  alors  que  dans  les  cendres  de  la  vallée  de  la 
Wallibu,  on  rencontre  des  blocs  de  ces  roches  pesant  jusqu'à  des  milliers  de 
kilogrammes.  On  y  distingue  des  types  pétrographiques  variés,  suivant  que 
l'élément  ferromagnésien  associé  au  feldspath  est  du  péridot  (troctolite) ,  de 
la  hornblende  (diorite)  ou  du  pyroxène  et  de  l'olivine  (gabhro  à  olivine). 
Leur  structure  varie  de  la  pegmatoïde  à  la  finement  grenue.  I/examen  des 
gros  blocs  montre  que  ces  types  n'ont  pas  d'indépendance  individuelle; 
ce  sont  des  faciès  de  variation  d'un  même  magma,  les  termes  les  plus  difjfé- 
rents  s'associant  les  uns  aux  autres  sous  forme  de  traînées,  de  lits  rubanés 
ou  entrelacés  de  pseudo-filons,  etc. 

»  Toutes  ces  roches  sont  nettement  plus  basiques  que  la  lave  actuelle  et 
même  que  les  laves  anciennes  de  la  soufrière  de  Saint- Vincent,  qui  sont 
des  labradorites  à  hypersthène,  augile  et  olivine;  l'hypersthène  y  constitue 
une  rareté.  L'évolution  calcique  du  magma  est  évidente,  et  peut-être 
n'est-il  pas  inutile  à  cet  égard  de  faite  remarquer  que  les  mêmes  tufs  de 
projection  renferment  avec  une  certaine  abondance  des  enclaves  énallo- 
gènes  provenant  à  l'évidence  du  métamorphisme  de  roches  sédimentaires 
calcaires  qui  n'affleurent  nulle  part  dans  le  voisinage.  La  cristallinité  de 
quelques-unes  de  ces  enclaves  métamorphiques  n'est  pas  moins  grande  que 
celle  des  roches  similaires  de  la  Somma;  j'y  ai  observé  en  particulier  des 
roches  à  anorthite,  pyroxène  et  wollastonite,  d'autres  àanorthite,  pyroxène 
et  amphibole,  enfin  des  quartzites,  riches  en  anorthite  et  en  pyroxène.    » 


PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  Contribution  à  l'étude  des  altérations 
congénitales  du  système  neiveux  :  pathogénie  de  l'anencéphalie.  Note  de 
MM.  Claude  Vurpas  et  André  Léri,  présentée  par  M.  Bouchard. 

«  Les  diverses  opinions  sur  le  mécanisme  des  pseudencéphalies  et  des 
anencéphalies  peuvent,  d'une  façon  générale,  être  groupées  sous  deux 
chefs  :  une  première  conception  est  celle  de  l'hydropisie  embryonnaire 
(Marcot,  Morgagni,  Virchow);  plus  tard,  d'après  les  résultats  de  l'examen 
anatomique  du  névraxe  d'anencéphales,  cette  hydrocéphalie  a  été  consi- 
dérée, ainsi  d'ailleurs  que  la  plupart  des  malformations  observées  à  la 


l'une  d'elles  que  j'ai  décrite  en  1898  dans  mes  Enclaçes  des  roches  volcaniques  (476)> 
d'après  un  échantillon  que  m'avait  communiqué  M.  de  Lapparent,  auquel  il  avait  été 
donné  comme  provenant  de  Trinidad. 


2l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

naissance,  comme  étant  de  nature  toxi-infectieuse  [Pierret  ('  ),  Ruffer  (-), 
Vaschide  et  Vurpas  (^)].  La  seconde  opinion  est  celle  de  l'arrêt  de  déve- 
loppement, qu'il  soit  dû  à  une  compression  de  la  lête  de  l'embryon  par  le 
capuchon  cé()halique  de  l'amnios  [Dareste  ("*),  Péris]  ou  qu'il  ait  pour 
origine  des  modifications  de  la  lame  médullaire,  provoquées  par  des  incur- 
vations exagérées  du  corps  de  l'embryon  pendant  les  premiers  stades  de 
la  vie  intra-utérine  (Lebedef). 

»  Dans  trois  cas  de  pseudencéphalie  qu'il  nous  a  été  donné  d'observer,  la  concep- 
tion de  rhydrocéphalie  infectieuse  intra-utérine  nous  a  paru  confirmée  à  la  fois  par 
l'histoire  pathologique  des  parents,  par  les  parlicularilés  de  la  gestation,  par  l'état 
analomique  des  organes,  aussi  bien  celui  du  système  nerveux  que  celui  des  autres 
viscères. 

»  Dans  les  trois  cas  il  y  avait  eu  infection  de  la  mère  pendant  la  grossesse;  dans 
l'un,  congestion  pulmonaire  au  huitième  mois  et  accouchement  prématuré  à  8  mois  |; 
dans  le  second,  syphilis  secondaire  en  pleine  évolution  ;  dans  le  troisième,  signes 
d'infection  utérine  depuis  un  précédent  avortement,  règles  irrégulières,  douloureuses 
et  abondantes,  urines  albumineuses. 

»  Dans  deux,  cas  où  les  membranes  n'étaient  pas  rompues  à  l'entrée  de  la  parturiente, 
on  a  pu  noter  un  hydramnios  abondant  (6*1  dans  un  cas,  5^  dans  l'autre). 

»  L'examen  analomique  nous  a  montré  une  rupture  nette  au  niveau,  soit  de  l'extré- 
mité cervicale  de  la  moelle,  soit  du  bulbe,  au-dessus  desquels  un  tissu  inflammatoire 
vasculo-conjonctif  occupait  la  place  du  cerveau;  dans  un  cas,  on  voyait  à  la  partie 
antérieure  de  cette  néoformation  une  petite  zone  de  substance  nerveuse  cérébrale  très 
nettement  séparée  des  centres  nerveux  sous-jacents;  il  y  avait  ainsi  une  véritable 
solution  de  continuité  entre  les  parties  antérieures  du  cerveau  et  la  moelle,  à  l'endroit 
où  avait  eu  lieu  sans  doute  l'éclatement  du  cerveau. 

»  Nous  avons  enfin  noté  l'existence  d'une  méningite  très  intense  tout  autour  du 
système  nerveux  central;  le  tissu  inflammatoire  entourait  les  nerfs  jusque  dans  leurs 
canaux  osseux  et  enveloppait  les  ganglions.  Dans  un  cas  même,  outre  la  méningite 
hémorragique  formant  à  la  moelle  un  manchon  aussi  épais  que  la  moelle  elle-même, 
il  y  avait  une  inflammation  très  nette  Ae  toutes  les  séreuses  :  le  péritoine,  les  plèvres, 
le  péricarde  très  épaissis  contenaient  une  certaine  quantité  de  liquide,  leurs  faces 
pariétales  et  viscérales  étaient  recouvertes  de  granulations  brunâtres,  peu  adhérentes, 
rappelant  l'aspect  en  langue  de  chat.  Dans  un  cas,  un  caillot  sanguin  occupait  tout  le 
bassinet  du  rein  droit. 

»  Les  divers  phénomènes  que  nous  avons  observés  dans  Thistoire  pathologique  de 


(1)  Pierret,  Thèse  Jaboulay,  i8S6.  —Soc.  Anthropologie,  Lyon. 
(-)  PvUFFER,  Thèse  Univ.,  Oxford. 

(*)  Vaschide  et  Vurpas,  Essai  sur  la   psycho physiologie  des  monstres  humains, 
p.  loS. 

(*)  Dareste,  Recherches  sur  la  production  artificielle  des  monstruosités,  p.  384- 


SÉANCE  DU  20  JUILLET  igoS.  2l5 

cette  monstruosité  par  l'examen  soit  des  parents,  soit  des  foetus  ont  donc  été  les  sui- 
vants :  maladies  toxi-infectieuses  de  la  mère  au  cours  de  la  grossesse,  hydramnios 
abondant,  inflammation  particulièrement  intense  non  seulement  du  système  nerveux, 
mais  encore  de  toutes  les  séreuses  viscérales.  L'hydramnios  peut  être  diversement 
interprété  :  mais,  qu'il  soit  dû  à  une  sécrétion  exagérée  de  la  séreuse  amniotique  ou 
à  l'éclatement  d'une  hydrocéphalie  fœtale  (la  solution  de  continuité  complète  consta- 
tée dans  un  cas  entre  la  moelle  cervicale  et  les  parties  subsistantes  du  cerveau  nous 
fait  paraître  cette  seconde  hypothèse  beaucoup  plus  probable),  d'une  façon  comme  de 
l'autre  on  se  trouve  toujours  ramené  à  l'idée  d'une  infection  soit  maternelle,  soit  fœ- 
tale. Le  processus  inflammatoire  et  hémorragique  caractérisé  par  une  méningo-myé- 
lile  très  intense,  un  tissu  réactionnel  de  néoformation  et  la  présence  d'hémorragies, 
non  seulement  au  niveau  du  système  nerveux,  mais  encore  au  niveau  d'autres  viscères 
(bassinet  du  rein  droit  par  exemple)  sont  la  signature  de  l'infection. 

))  Nos  constatations  apportent  une  confirmation  clinique  et  anatomique 
aux  faits  décrits  par  Pierret,  Ruffer,  Vaschide  et  Vurpas  et  montrent 
que  : 

))  i"  L'anencéphalie  et  la  pseudencéphalie  ne  sont  pas  dues  à  un  arrêt 
de  développement  fœtal. 

»  2°  Elles  sont  dues  à  l'éclatement  d'un  cerveau  en  voie  de  développe- 
ment sous  l'influence  de  l'hypertension  ventriculaire  provoquée  par  une 
hydrocéphalie  intra-utérine. 

»  3°  Cette  hydrocéphalie  s'accompagne  d'inflammation  de  tout  l'axe 
cérébro-spinal,  surtout  des  méninges,  et,  dans  certains  cas,  de  toutes  les 
séreuses  viscérales. 

»  4*^  Toutes  ces  lésions  sont  sous  la  dépendance  d'une  même  cause,  l'in- 
fection ou  la  toxi-infection. 

»  D'une  façon  plus  générale,  ces  diverses  considérations  parlent  dans 
le  même  sens  que  les  récentes  recherches  de  Charrin  et  Léri  (' )  sur  les 
lésions  des  centres  nerveux  des  nouveau-nés  issus  de  mères  malades,  et 
portent  à  penser  que  les  altérations  dites  congénitales  des  différents 
organes,  du  système  nerveux  en  particulier,  sont  en  réalité  «  acquises  » 
au  cours  de  la  vie  intra-utérine  et  sont  la  conséquence  de  toxi-infections 
de  la  mère  ou  de  l'enfant  pendant  la  gestation.  » 

(^)  Charrlx  et  Léri,  Comptes  rendus^  16  mars  1908. 


2l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  Sur  les  gaz  organiques  de  la  respiration 
clans  le  diabète  sucré.  Note  de  M.  J.  Le  Goff,  présentée  par  M.  Armand 
Gautier. 

«  Dans  l'haleine  des  personnes  atteintes  de  diabète  sucré  grave,  on  a 
signalé  une  odeur  attribuée  à  l'acétone;  mais  la  caractérisation  définitive  et 
le  dosage  de  cette  substance  n'ont  pas  été  faits. 

»  J'ai  eu  à  ma  disposition  un  homme  de  [\i  ans,  diabétique  depuis  6  ans  ;  ce  malade 
a  maigri  de  lo''^  depuis  6  mois.  Il  élimine  chaque  jour  de  3'  à  5'  d'urine  contenant  de 
4os  à  75s  de  glucose  et  une  assez  forte  proportion  d'acétone.  Ses  urines  prennent  nette- 
ment la  coloration  rouge  sang  par  le  perchlorure  de  fer  (réaction  de  Gerhardt). 

»  Les  globules  rouges  de  son  sang  m'ont  donné  d'une  façon  très  caractéristique  la 
réaction  basophile  ;  fixés  par  l'aicool  et  l'éther  anhydres,  ils  se  colorent  par  les  cou- 
leurs basiques,  refusant  de  prendre  les  couleurs  acides. 

»  11  m'a  été  facile  d'amener  ce  malade  à  faire  barboter  l'air  qu'il  expire  dans  un 
flacon  laveur  contenant  de  aSos  à  3oos  d'eau  distillée  bouillie  :  pendant  i5  à  3o  minutes 
et  même  i  heure  par  intervalles  de  3  minutes  suivis  chacun  d'un  repos  d'égale  durée. 
Dans  l'eau  de  lavage  j'ai  pu  caractériser  l'acétone  par  la  réaction  bien  connue 
deLieben,  encore  sensible  avec  une  liqueur  contenant  un  millionième  de  ce  corps. 
J'ai  obtenu  un  précipité  caractéristique  avec  25oS  d'eau  dans  laquelle  l'air  expiré  avait 
passé  seulement  pendant  5  périodes  de  3  minutes,  soit  en  tout  i5  minutes. 

»  Pour  doser  l'acétone  j'ai  fait  barboter  pendant  3o  minutes  l'air  expiré  dans  un  flacon 
laveur  muni  des  billes  de  verre  mouillées  par  3oos  d'eau  distillée  bouillie;  j'ai  trans- 
formé en  iodoforme  l'acétone  dissous  en  ajoutant  à  cette  eau  quelques  gouttes  d'une 
solution  de  soude  et  un  excès  de  la  solution  suivante  : 

s 
Iode I 

Kl 10 

Eau joo 

»  Le  précipité  d'iodofornie  a  été  dosé  par  la  méthode  d'Argenson  (').  J'ai  obtenu  les 
résultats  suivants  : 

]3  juin  1903.  —  Quantité  d'acétone  éliminée  par  les  pou- 
mons en  24  heures is, 076 


(')  Elle  consiste  à  transformer  l'iodoforme  en  iodure  de  potassium  par  la  potasse  en 
solution  alcoolique  et  à  doser,  par  le  nitrate  d'argent,  l'iodure  formé. 


SÉANCE    DU    20    JUILLET    igoS.  217 

»  Ce  môme  jour  le  malade  a  rendu  4'  d'urine  contenant,  par  litre,  ySs  de  glucose 
et  o",  885  d'acétone. 

18  juin.  —  Acétone  éliminée  en  24  heures  par  les  poumons.  i",856 
»   Quantité  d'urine,  3i,5oo,  contenant  par  litre  48s, 5  de  glucose  et  is,i35  d'acétone. 

26  juin.  —  Acétone  éliminée  en  24  heures  par  la  respiration.  2", 760 
»   Quantité  d'urine,  4S5oo,  contenant  par  litre  58s,  2  de  glucose  et  is,  212  d'acétone. 

»  Il  est  difficile  de  préciser  le  rôle  joué  par  l'acétone  dans  l'atmosphère 
pulmonaire,  mais  il  est  probable  que  ce  corps  doit  ralentir  les  échanges 
respiratoires;  d'ailleurs,  on  ne  le  rencontre  que  dans  les  cas  de  diabète 
grave. 

))  M.  Armand  Gautier  m'a  fait  remarquer  que  de  l'alcool  et  d'autres  corps 
analogues  peuvent  se  rencontrer  aussi  dans  les  gaz  expirés  et  donner  nais- 
sance à  la  réaction  de  Lieben  ;  qu'il  y  avait  donc  lieu  d'éliminer  l'action  de 
l'alcool  en  remplaçant,  suivant  sa  méthode,  la  solution  de  soude  par  celle 
d'ammoniaque. 

»  Pour  cela,  j'ai  pris  246'^'"'  d'eau  dans  laquelle  les  gaz  expirés  s'étaient  lavés  pendant 
une  heure.  Je  les  ai  divisés  en  deux  parties  de  123"^™'  :  dans  la  première,  j'ai  ajouté  de 
la  soude  et  la  solution  iodoiodurée;  j'ai  obtenu  6o'"s  d'acétone.  Dans  la  deuxième,  j'ai 
ajouté  de  l'ammoniaque  et  la  solution  iodoiodurée.  Je  n'ai  obtenu  que  55™s  d'acétone. 
Ce  résultat  semble  indiquer  qu'à  côté  de  l'acétone  il  existe,  dans  les  gaz  de  la  respira- 
tion des  diabétiques,  d'autres  substances  donnant  la  réaction  de  Lieben  et  que  je  me 
propose  d'étudier.  » 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Sur  l'entretien  de  V irritabilité  de  certains 
organes  séparés  du  corps,  par  immersion  dans  un  liquide  nutritif  artificiel. 
Note  de  MM.  E.  Hédon  et  C.  Fleig. 

«  L'expérience  de  Locke  nous  a  appris  que  l'irritabilité  du  cœur  des 
Mammifères  persiste  fort  longtemps  par  circulation,  dans  les  coronaires, 
d'un  liquide  nutritif  artificiel  ne  contenant  que  des  sels,  un  peu  de  glycose  et 
saturé  d'oxygène.  D'autre  part,  Conheim  ayant  montré  que,  pour  l'intestin, 
la  simple  immersion  de  l'organe  dans  du  sang  défibriné  suffît  pour  entre- 
tenir les  contractions  péristaltiques  pendant  plusieurs  heures,  il  y  avait  lieu 
de  se  demander  si  le  même  résultat  pouvait  être  obtenu  avec  le  liquide  de 
Locke,  ou  un  autre  liquide  mieux  approprié. 

G.  R.,  1903,  2»  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  3.)  29 


2l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Un  segment  d'intestin  grêle  de  lapin,  sacrifié  par  saignée,  est  excisé  et  plongé  dans 
le  liquide  de  Locke  à  la  température  de  3j°,C  Immédiatement  les  contractions  péris- 
taltiques  apparaissent  très  énergiques,  et  l'on  peut  en  observer  les  ondes  avec  la  plus 
grande  facilité,  grâce  à  la  transparence  du  liquide;  ces  contractions  persistent  fort 
longtemps,  s'affaiblissent  peu  à  peu  et  disparaissent  au  bout  de  4  à  5  heures. 

»  Nous  avons  cherché  alors  à  obtenir  une  survie  plus  longue,  en  modifiant  et  com- 
plétant la  solution  de  Locke.  Celle-ci  manque,  en  effet,  de  beaucoup  d'éléments  miné- 
raux du  plasma  sanguin,  ou  contient  certains  de  ces  éléments  en  trop  faible  proportion. 
Gomme  elle  est  privée  de  Ph,  S  et  Mg,  nous  y  avons  introduit  ces  éléments,  sous  forme 
de  phosphate  disodique  et  de  sulfate  de  magnésie,  et  corrélativement  avons  abaissé  le 
titre  en  NaCl;  comme,  d'autre  part,  son  alcalinité  est  très  faible  par  rapport  à  celle 
du  sang,  nous  avons  augmenté  la  dose  de  bicarbonate  de  soude  en  la  portant  de  os,  3  à 
is,  5  et  même  2?,  5  par  litre.  La  composition  du  liquide  ainsi  modifiée  devient  donc  : 
pour  looos  d'eau,  NaCi,  6;  KCI,  0,3;  GaCP,  0,1;  SO^Mg,  o,3;  PO^HNa^,  o,5; 
CO^Nali,  1,5;  glucose,  i;  oxygène  à  saturation.  Un  fragment  d'intestin  grêle  de 
lapin,  plongé  dans  ce  liquide,  continue  à  se  mouvoir  pendant  9-12  heures  à  37°. 

))  Avec  ce  liquide  et  cette  technique  simple,  on  peut  maintenant  recher- 
cher l'influence  d'un  élément  chimique  déterminé  sur  l'irritabilité. 

»  Locke  a  déjà  montré,  pour  le  cœur,  que  les  contractions  rythmiques  ne  persistent 
longtemps  que  si  le  liquide  salin  (liquide  de  Ringer  qui  est  la  base  de  cette  composi- 
tion) est  additionné  de  glucose  et  saturé  d'oxygène. 

»  Pour  l'intestin,  nous  avons  vu  que  la  présence  du  glucose  dans  le  liquide  n'est 
pas  nécessaire,  et  que  cet  organe  est  loin  d'exiger  autant  d'oxygène  que  le  cœur;  car, 
dans  un  liquide  sans  glycose  et  sans  oxygénation  spéciale,  la  durée  des  contractions 
pérlstaltiques  ne  paraît  pas  sensiblement  diminuée. 

»  Pour  les  sels,  comme  il  a  été  dit  plus  haut,  SO^Mg  et  PO^IINa^  ne  paraissent  pas 
né('essaires,  mais  leur  présence  augmente  notablement  la  durée  de  la  survie.  Au  con- 
traire, parmi  les  autres  éléments,  CO^NaH  et  CaCl-  sont  absolument  indispensables. 
Sans  bicarbonate  de  soude  ou  sans  sel  de  calcium,  les  mouvements  pérlstaltiques  ne 
persistent  que  peu  de  temps,  et  l'intestin  devient  complètement  inerte;  mais  ses  mou- 
vements peuvent  néanmoins  être  réveillés  par  l'addition  de  ces  sels  au  liquide,  même 
après  plusieurs  heures  d'immobilité. 

»  L'expérience  est  particulièrement  remarquable  avec  le  sel  de  calcium.  Lorsqu'on 
a  préparé  un  liquide  nutritif  absolument  dépourvu  de  calcium,  l'intestin,  après  une 
période  d'activité  généralement  très  courte,  devient  complètement  immobile.  Si  alors 
on  ajoute  au  liquide  le  sel  de  calcium,  les  mouvements  pérlstaltiques  apparaissent 
instantanément  et,  à  partir  de  ce  moment,  continuent  comme  dans  le  liquide  complet. 
Cette  expérience,  d'une  grande  simplicité,  revêt  ainsi  une  forme  très  saisissante.  La 
quantité  de  sel  de  calcium  nécessaire  pour  provoquer  le  péristaltisme  est  d'ailleurs 
très  inférieure  à  la  dose  Indiquée  dans  la  formule,  qui  est  déjà  plutôt  une  dose  for- 
tement stimulante,  qu'on  pourrait  avec  avantage  abaisser  à  o,o5  par  litre;  car  l'in- 
testin peut  encore  accuser,  par  un  péristaltisme  évident,  quoique  faible  et  passager. 


SÉANCE   DU    20   JUILLET    igoS.  219 

la  présence  de  0^2,002  à  o-^SjOcS  de  Ca  CP  par  litre.  D'autre  part,  les  divers  sels  de  Ca 
ont  la  même  action  que  le  chlorure. 

))  La  conservation  de  l'irritabilité  avec  ce  liquide  nutritif  se  manifeste 
aussi  pour  d'autres  organes  que  l'intestin  grêle. 

»  Le  gros  intestin,  le  rectum,  la  vessie,  l'utérus  gravide,  et  en  général  tous  les 
organes  à  fibres  lisses  et  pourvus  de  ganglions,  présentent  des  contractions  rythmiques 
spontanées  au  contact  du  liquide.  Dans  un  cas,  les  mouvements  spontanés  d'un  utérus 
de  lapine  pleine  persistèrent  pendant  20  heures.  D'autres  organes  ne  présentent  aucun 
mouvement  spontané,  mais  conservent  cependant  très  longtemps  leur,  irritabilité, 
comme  on  s'en  aperçoit  en  y  appliquant  un  excitant  artificiel.  Ainsi,  l'œsophage  du 
lapin  reste  immobile  (sauf  au  niveau  du  cardia,  animé  de  mouvements  rythmiques), 
mais  se  contracte  chaque  fois  qu'on  l'excite  par  un  courant  induit,  et  cela  pendant 
plus  de  12  heures. 

M   La  durée  de  la  survie  dépend  d'ailleurs  de  la  température  du  liquide. 

»  L'intestin  grêle  du  lapin  présente  déjà  des  contractions  rythmiques  vers  26°C.  et, 
maintenu  à  cette  température,  il  conserve  son  irritabilité  plus  longtemps.  Si  l'on 
refroidit  très  progressivement  le  liquide,  les  contractions  péristaltiques  continuent  à 
une  basse  température  (jusqu'à  i5°C.  )•  Dans  le  liquide  refroidi  à  o°C.  et  maintenu  à 
la  glacière,  l'intestin  conserve  son  irritabilité  pendant  un  temps  très  long  (5  et  même 
6  jours),  phénomène  sur  lequel  nous  nous  proposons  de  revenir. 

»  Les  expériences  qui  viennent  d'être  exposées  constituent  une 
technique  très  simple  pour  diverses  recherches  sur  la  physiologie  des 
fibres  musculaires  lisses  et  striées.  Il  est  facile,  avec  l'intestin,  d'étudier 
les  contractions  d'un  organe  ganglionnaire  et  l'influence  de  divers  agents 
chimiques  sur  ces  mouvements.  On  peut  se  servir  d'un  œsophage  de  lapin, 
relié  à  un  myographe,  pour  l'étude  du  muscle  strié  des  Mammifères,  avec 
le  même  avantage  que  d'un  gastrocnémien  de  grenouille  isolé.  Excité  par 
des  chocs  d'induction,  cet  organe  donne  une  série  de  secousses,  et,  après 
épuisement  complet,  se  restaure  spontanément  dans  le  liquide  nutritif. 

))  L'excitabilité  des  muscles  du  squelette  et  des  nerfs  moteurs  peut  être 
entretenue  pendant  quelques  heures  après  la  mort,  par  une  circulation  du 
liquide  nutritif  dans  les  vaisseaux;  mais,  pour  ce  qui  concerne  les  centres 
nerveux,  ce  liquide  paraît  impuissant  à  prolonger,  d'une  manière  notable, 
leur  irritabilité.  Les  neurones  sympathiques  périphériques  paraissent,  pour 
leur  nutrition,  beaucoup  moins  exigeants  que  les  neurones  centraux  ;  car 
il  nous  paraît  évident  que  les  mouvements  rythmiques  des  organes  comme 
l'intestin  témoignent  d'une  intégrité  de  fonction  des  ganglions  périphé- 
riques entretenue  par  le  liquide  nutritif.    « 


220  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIRURGIE.  —  De  la  formation  ducal. 
Note  de  MM.  V.  Cornil  et  P.  Coudray,  présentée  par  M.  Lannelongue. 

«  A.  Fractures  fermées.  —  Les  expériences  ont  été  faites  sur  les  côtes 
et  le  radius  du  lapin.  Les  premiers  phénomènes  de  la  réparation  doivent 
être  étudiés  à  la  surface  de  l'os,  à  une  certaine  distance  de  la  fracture. 

»  Déjà,  après  un  jour,  les  élémeiiLs  conjonctifs  du  périoste  prolifèrent  et  devenus 
de  véritables  ostéoblastes,  ils  forment  à  sa  partie  interne  deux  couches;  ces  grandes 
cellules  accolées  à  l'os  envahissent  déjà  les  canaux  de  Havers  superficiels. 

»  Au  bout  de  deux  jours,  ces  ostéoblastes,  souvent  en  karyokinèse,  accompagnent 
les  vaisseaux  qui.  du  périoste,  pénètrent  dans  les  canaux  de  Havers  superficiels; 
ceux-ci  s'agrandissent  en  se  remplissant  de  cellules  qui  résorbent  le  tissu  osseux  voi- 
sin ;  le  même  phénomène  existe  dans  les  canaux  de  Havers  longitudinaux.  Il  en  résulte 
que,  sur  les  coupes  transversales,  la  périphérie  osseuse  est  festonnée  ou  crénelée.  Sur 
les  coupes  obliques,  les  dépressions  de  la  surface  paraissent  plus  allongées.  L'os  découpe 
ainsi  à  sa  superficie  paraît  soulevé  par  places.  C'est  en  ce  point  que  va  naître,  au  troi- 
sième jour,  l'ossification  nouvelle  sous-périostique. 

»  Après  trois  jours,  les  ostéoblastes  sous-périostiques  et  ceux  de  la  moelle  se  sont 
multipliés  et  découpent  plus  profondément  la  surface  de  l'os,  après  avoir  envahi  une 
couche  de  canaux  de  Havers  situés  au-dessous.  C'est  au  niveau  des  lamelles  ainsi 
découpées  que  se  montrent  des  travées  ossiformes,  bordées  d'ostéoblastes  et  contenant 
dans  leur  intérieur  de  gros  ostéoplastes,  travées  en  continuité  directe  avec  l'os  ancien 
et  qui  doivent  être  considérées  comme  de  Tos  nouveau. 

»  Au  bout  de  quatre  jours,  l'ossification  sous-périostique  est  très  étendue,  parfois 
même  exubérante.  Des  travées  osseuses  parties  de  la  surface  de  l'os  où  elles  sont 
épaisses  s'élèvent  du  côté  du  périoste  où  elles  se  terminent  en  pointes  libres,  sans 
atteindre  la  portion  fibreuse  externe  de  cette  membrane. 

»  Les  vaisseaux  anciens  des  canaux  de  Havers  et  du  périoste  qui,  déjà  le  deuxième 
jour,  montraient  des  divisions  directe  et  indirecte  de  leurs  cellules,  pénètrent  dans  l'os 
nouveau  avec  le  tissu  conjonclif  et  les  ostéoblastes. 

»  Du  côté  du  foyer  de  la  fracture,  les  extrémités  présentent  une  modification  des 
cellules  des  ostéoplastes  et  des  signes  d'ostéite  raréfiante. 

»  Après  quatre  ou  cinq  jours,  l'ossification  sous-périostique  étant  déjà  très  éten- 
due, on  voit  apparaître  des  cellules  et  des  capsules  de  cartilage  immédiatement  sous  le 
périoste.  Les  grandes  cellules  fusiformes  se  cerclent  d'une  mince  capsule  qui  se  colore 
en  violet  par  l'hématoxyline.  Les  cellules  plus  volumineuses,  plus  turgides,  s'entourent 
de  la  même  capsule.  Ces  capsules  cartilagineuses  deviennent  plus  épaisses,  s'écartent 
les  unes  des  autres,  et  la  substance  fondamentale  qui  les  sépare  devient  cartilagineuse. 
Cette  couche  cartilagineuse  sous-périostique  est  séparée  des  lamelles  osseuses  en  voie 
de  formation  par  des  ostéoblastes;  le  cartilage  ne  concourt  généralement  pas  encore 
à  l'ossification. 


SÉANCE    DU    20    JUILLET    igo^.  221 

»  C'est  aussi  au  bout  de  quatre  ou  de  cinq  jours  que  les  fragments  qui  ont  pré- 
senté les  signes  d'ostéite  raréfiante  que  nous  avons  signalés  commencent  à  donner  des 
signes  de  réparation. 

»  Des  travées  ossiformes  se  montrent  à  Tex-trémité  de  ces  fragments;  on  en  voit 
également  sur  l'os  ancien  qui  forme  la  paroi  du  grand  canal  médullaire.  Toutes  ces 
néoformations  osseuses  sont  bordées  d'ostéoblastes,  et  Ton  n'y  voit  pas  de  cellules  car- 
tilagineuses. 

»  L'ossification  médullaire  se  poursuit  les  jours  suivants  ainsi  que  celle  des  extré- 
mités, en  même  temps  qu'augmentent  l'os  et  le  cartilage  sous-périostiques. 

»  Après  neuf  jours,  l'os  périostique  nouveau,  formé  de  travées  anastomosées,  s'unit 
aux  travées  analogues  venues  de  l'extrémité  des  fragments  pour  former  à  chacune  de 
ces  extrémités  une  masse  exubérante  à  la  périphérie  de  laquelle  se  trouve  un  tissu 
cartilagineux  abondant.  Cette  virole  cartilagineuse  très  épaisse  ayant,  sur  une  coupe 
longitudinale,  la  forme  d'un  conoïde  à  base  sous-périostale,  s'enfonce  entre  les  deux 
bouquets  osseux  et  les  sépare  au  niveau  du  centre  de  la  fracture  qu'elle  remplit.  Les 
esquilles  microscopiques  plus  ou  moins  nombreuses,  primitivement  entourées  de  sang 
et  de  fibrine,  sont  détruites  par  des  cellules  géantes  qui  s'y  accolent  dès  le  quatrième 
jour  et  disparaissent  vers  le  dixième  jour. 

»  Lorsque  les  deux  extrémités  osseuses,  au  lieu  d'avoir  la  même  direction,  sont 
disposées  à  angles  obtus,  c'est  dans  le  sinus  de  cet  angle  que  la  formation  ostéo-carti- 
lagineuse  est  la  plus  abondante. 

»  A  partir  du  quinzième  et  jusqu'au  vingt-cinquième  jour,  ce  cartilage,  examiné 
aux  bords  des  lamelles  osseuses,  offre  des  indices  d'ossification  et  disparaît  peu  à  peu, 
si  bien  qu'il  n'en  reste  qu'un  petit  îlot  au  vingt-cinquième  jour.  Ce  cartilage  a  servi  à 
l'ossification  qui  unit  les  bouquets  osseux  provenant  de  chacune  des  extrémités  des 
fragments.  On  observe  du  cartilage  sérié  dont  les  capsules  s'ouvreut  dans  l'espace  mé- 
dullaire vascularisé  en  contact  avec  elles. 

»  Le  plus  souvent,  la  transformation  osseuse  du  cartilage  est  irrégulière,  les  travées 
qui  s'ossifient  à  leurs  bords  contenant,  à  leur  intérieur,  de  nombreuses  capsules  carti- 
lagineuses. Ces  dernières  peuvent  s'ossifier,  la  cellule  cartilagineuse  se  transformant 
directement  en  osléoplaste.  La  multiplication  des  cellules  cartilagineuses  se  fait  par 
division  directe  ou  indirecte  de  leurs  novaux.  Le  premier  mode  est  de  beaucoup  le 
plus  habituel. 

»  Dans  le  bouquet  des  lamelles  osseuses  qui  s'élèvent  de  la  surface  et  des  extrémités 
des  deux  fragments  et  qui  confinent  au  cartilage  sous-périostique  et  au  cartilage  inter- 
fragmentaire, les  lamelles  tenant  à  l'os  sont  épaisses,  tandis  que  celles  qui  s'unissent 
au  cartilage  sont  minces  et  les  aréoles  qu'elles  forment  sont  à  petit  diamètre. 

))  B.  Fractures  ouvertes.  —  Nous  avons  étudié  comparativement  des  frac- 
tures du  radius,  avec  plaie,  chez  des  lapins. 

»  Deux  fois  sur  trois  cas,  il  existait  du  pus  dans  le  cal  lui-même  sur  des  animaux 
sacrifiés  au  bout  de  12  et  de  20  jours.  Nous  avons  constaté  l'existence  du  cartilage 
dans  ces  deux  cas.  Dans  la  fracture  de  20  jours,  l'os  nouveau,  trabéculaire,  coiffant 
les   deux  extrémités  de  l'os   était   considérable,   formé  de  travées  minces.  11  y  avait, 


222  ACADEMIE    DES   SCIENCES. 

entre  les  deux  agglomérations  osseuses,  une  virole  cartilagineuse  épaisse  sous  le  pé- 
rioste, mince  entre  elles.  Ce  cartilage  était  en  voie  d'ossification  très  active;  la  plu- 
part des  travées  en  train  de  s'ossifier  contenaient  des  cellules  cartilagineuses  dans  leur 
intérieur. 

»  En  résumé,  le  processus  du  cal  est  celui  de  l'ostéite  où  l'ossification  nouvelle  est 
visible  dès  le  quatrième  jour,  comme  Fa  montré  M.  Lannelongue  dans  l'ostéomyé- 
lite. » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Observations  concernant  les  variations  du  niveau  de 
la  mer  depuis  les  temps  historiques  et  préhistoriques.  Note  de  M.  Pu.  Négris, 
présentée  par  M.  Gaudry. 

«  On  reconnaît  sur  la  carte  de  l'Amirauté  (Roadstead  of  Santa  Maura, 
1864),  à  l'entrée  sud  du  détroit  de  Leucade,  entre  cette  île  et  le  continent, 
deux  môles  dirigés  l'un  vers  l'autre.  J'ai  observé  sur  les  lieux  que  la  plate- 
forme supérieure  de  ces  môles,  large  de  8"^  environ,  se  trouve  aujourd'hui 
de  2™, 40  à  2™, 60  sous  l'eau.  Elle  est  très  sensiblement  régulière,  ne  pré- 
sentant que  les  irrégularités  inhérentes  au  mode  de  construction  par  enro- 
chement. Les  deux  bras  laissent  entre  eux  un  espace  libre  de  80™  environ, 
avec  une  profondeur  de  7™  à  8"^.  Ils  n'atteignent  ni  l'un  ni  l'autre  la  côte  : 
celui  de  l'Ouest  s'arrête  à  80""  ou  100°^'  du  rivage  de  Leucade,  qui  en  cet 
endroit  s'abaisse  en  pente  douce  sous  la  mer,  pour  atteindre  contre  le 
môle  la  profondeur  de  3°^;  ce  dernier  commence  aussitôt  à  la  profondeur 
de  2™, 60.  Le  bras  oriental  se  termine  à  2™  de  profondeur,  contre  le  talus 
plus  raide  d'un  îlot  rocheux,  qui  a  du  fournir  les  blocs  de  ce  brns;  mais  il 
ne  tarde  pas  à  prendre,  lui  aussi,  la  profondeur  de  2™,  4o  à  2°",  60,  que  pré- 
sente la  surface  des  deux  môles  qui  s'étend  sur  une  longueur  de  SSo"^  et 
plus,  sans  compter  le  vide  qui  sépare  les  deux  bras. 

))  On  est  en  droit  de  conclure  de  ces  données  que  le  rivage  occidental, 
tel  qu'il  était  à  l'époque  de  la  construction  des  môles,  se  trouve  aujour- 
d'hui sous  la  mer,  à  Torigine  du  môle  occidental,  à  la  profondeur  de  3'°  : 
que,  d'autre  part,  le  bras  oriental  qui  partait  des  carrières  a  empiété  dès 
l'origine  sur  l'ancien  rivage,  pour  faciliter  le  transport  des  blocs  :  c'est 
pourquoi  le  môle  commence  ici  à  un  niveau  un  peu  plus  élevé,  qu'il  con- 
serve pendant  quelques  mètres  seulement. 

»  Les  môles  sont  élevés  sur  un  sol  sableux  qui  exclurait  toute  idée  de 
tassement,  si  d'ailleurs  cette  crainte  n'était  combattue  par  l'état  régidier 
de  la  plate-forme,  aussi  bien  sur  les  points  où  l'on  a  les  plus  grandes  pro- 


SÉANCE    DU    20   JUILLET    igoS.  223 

fondeurs  qu'aux  extrémités  opposées,  sauf  tout  contre  l'île  rocheuse,  à 
l'Est,  où  la  surélévation  du  môle  a  été  suffisamment  justifiée.  C'est  donc 
de  3™  que  se  serait  élevée  la  mer  depuis  la  construction  des  môles,  qui 
doivent  sans  doute  dater  de  l'établissement  des  Corinthiens  dans  le  détroit 
où  ils  bâtirent  l'ancienne  Leucade  et  creusèrent  un  canal  de  navigation. 
Le  môle  paraît  destiné  à  former  un  port  excellent  devant  cette  ville  antique 
et  à  protéger  le  canal  de  navigation  contre  les  apports  de  la  mer.  Comme 
les  Corinthiens  s'établirent  à  Leucade  255o  ans  environ  avant  notre  époque, 
on  peut  conclure  que  c'est  depuis  25oo  ans  environ  que  la  mer  est  montée 
de  3"^^ 

))  Il  est  très  remarquable  que  ce  chiffre  soit  très  sensiblement  d'accord 
avec  les  chiffres  trouvés  par  d'autres  observateurs  dans  des  régions  très 
éloignées  les  unes  des  autres.  Ainsi  le  professeur  Anton  Gnirs  a  trouvé 
que,  depuis  l'époque  romaine  en  Tstrie,  il  y  a  un  mouvement  positif  de  la 
mer  de  a""  au  moins  (^Jahreshericht  des  K.  u.  K.  Mar.  Unterrealschule  in  Pola, 
iqoo-igoi,  p.  2o,  note);  et  le  D^'  Schweinfurth  arrive  à  la  même  conclu- 
sion à  Alexandrie  (F.  Noack,  MilLheilungen  des  K.  d.  Arch.  Inst.  Ath.  Ah- 
theiliing,  t.  XXV,  1900,  p.  228).  Il  s'agit,  dans  l'un  et  l'autre  cas,  d'époques 
éloignées  de  nous  de  2000  ans  environ,  et  le  mouvement  positif  est  donné 
approximativement  comme  un  minimum,  tandis  que  le  chiffre  de  3*", 
trouvé  par  nous,  est  donné  comme  un  chiffre  exact  et  se  rapporte  à 
25oo  ans. 

»  Si,  d'autre  part,  on  observe  que,  sur  toutes  les  côtes  de  l'Asie  mi- 
neure, de  l'Egypte,  de  la  Grèce,  de  l'istrie,  de  l'Italie,  les  exemples  d'en- 
vahissement de  la  mer  sont  nombreux,  tandis  que  les  exemples  de  recul 
de  la  mer  sont  rares  et  plus  que  douteux,  on  peut  considérer  comme 
démontré,  dans  la  Méditerranée,  que  la  mer  a  envahi  les  continents  depuis 
2  5oo  ans,  et  que  le  mouvement  positif  est  de  3™. 

»  Pouvons-nous  trouver  le  point  le  plus  bas  que  la  mer  ait  atteint  dans 
son  mouvement  de  régression?  Les  surfaces  d'abrasion  qui  se  trouvent  à 
Modon,  dans  le  Péloponèse,  taillées  aussi  bien  sur  le  flysch  redressé  que 
sur  le  calcaire  qui  perce  à  travers  ce  flysch,  vont  nous  permettre  de  ré- 
soudre cette  question.  La  carte  de  l'Amirauté  de  Modon  nous  montre  que 
ces  surfaces  d'abrasion,  qui  avaient  été  observées  pour  la  première  fois 
par  les  géologues  de  l'expédition  scientifique  de  Morée  (^Géologie,  p.  338), 
s'arrêtent  très  exactement  à  la  profondeur  de  3  brasses,  aussi  bien  à  l'ouest 
de  Modon,  où  Philippson  marque  du  calcaire,  qu'à  l'est,  où  le  même  géo- 
logue marque  du  flysch.  k  l'est,   les  surfaces  d'abrasion  sont  dues  aussi 


224  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

bien  au  flot  qu'aux  courants;  à  l'ouest,  au  contraire,  elles  proviennent 
seulement  du  flot.  Il  est  clair  que  ces  surfaces  taillées  sur  des  surfaces 
fortement  redressées,  dont  les  tranches  apparaissent  tout  le  long  de  la 
surface  d'abrasion,  donnent,  par  leur  extrémité  la  plus  profonde,  le  point 
limite  que  la  mer  n'a  pas  dépassé,  soit  que  l'érosion  soit  due  au  flot  ou 
aux  courants.  Cette  limite  est  donc  3  brasses  ou  5™, 48. 

»   Occupons-nous  maintenant  de  déterminer  le  temps  qui  s'est  écoulé 
depuis  que  la  mer  a  atteint  cette  limite. 

»  Le  délroit  de  Leucade  va  nous  permettre  de  résoudre  cette  question.  Pendant  le 
creusement  du  nouveau  canal  de  navigation  M.  Sakellaropoulos,  le  directeur  des  tra- 
vaux, a  constaté  que  la  lagune  à  travers  laquelle  était  creusé  le  canal  présentait  o™,3o 
à  o™,4o  d'eau,  4'"  à  4"')5o  de  boue,  dont  2™,5o  à  3™  de  boue  molle  et  l'^jaS  à  i'°,75 
de  boue  tenace,  mais  de  même  aspect,  et  contenant  les  mêmes  coquilles  marines  que 
la  boue  supérieure.  La  surface  de  séparation  des  deux  couches  de  boue  se  trouvait 
donc  à  très  peu  près  à  la  profondeur  de  3™,  qui  correspond  au  niveau  que  devait  avoir 
la  mer  à  l'occupation  du  détroit  par  les  Corinthiens  et  plutôt  au-dessous.  On  en  con- 
clut que  la  boue  molle  s'est  déposée  depuis  cette  époque,  et  la  boue  tenace  avant 
cette  époque.  La  différence  des  deux  dépôts  doit  sans  doute  tenir  au  trouble  produit 
dans  la  lagune  par  les  courants  auxquels  l'ouverture  du  canal  donna  lieu,  ou  à 
d'autres  circonstances  en  rapport  avec  ce  fait,  telle  que  la  plus  ou  moins  grande 
salinité  de  la  lagune  avant  et  après  l'ouverture  du  canal. 

»  Admettons  les  chiffres  moyens  de /4">25  pour  la  boue  totale,  de  2"',75  pour  la 
boue  molle.  Les  deux  espèces  de  boue  proviennent  toutes  deux  des  eaux  superficielles 
des  côtes  qui  entourent  la  lagune.  On  peut  admettre  que  les  quantités  de  boue 
déposées  sont  proportionnelles  aux  temps  employés  pour  leur  formation.  On  trouve 
ainsi  que,  puisque  la  boue  de  2^,75  d'épaisseur  a  mis  2600  ans  pour  se  déposer,  la 
boue  totale  de  4'"»  25  aura  exigé  386i  ans.  C'est  là  l'époque  à  partir  de  laquelle  les 
boues  ont  commencé  à  se  déposer  dans  la  lagune,  c'est-à-dire  l'époque  à  partir  de 
laquelle  la  mer  l'a  occupée,  et,  à  ce  moment,  elle  se  trouvait  à  4'",  60  environ  au- 
dessous  du  niveau  actuel,  tandis  que,  sSoo  ans  environ  avant  notre  époque,  elle  se  trou- 
vait à  —  3.  Ces  profondeurs  sont  proportionnelles  aux  temps  correspondants.  Si  nous 
admettons  la  même  proportionnalité  pour  la  profondeur  limite  de  5°*,  48,  nous  trouve- 
rons qu'elle  aura  été  atteinte  4566  ans  avant  notre  époque.  Mais  il  est  peu  probable  que 
cette  profondeur  limite-  ait  été  atteinte,  car  il  est  certain  que  la  mer  commence  son 
travail  d'érosion  au-dessous  de  son  niveau  moyen. 

»  Nous  pouvons  donc  admettre  que  le  point  de  régression  limite  a  été 
atteint  liooo  à  45oo  ans  avant  notre  époque  et  qu'il  est  compris  entre  la 
profondeur  limite  de  5™48  obtenue  à  Modon  par  les  surfaces  d'abrasion, 
et  la  profondeur  de  4™>6o  qu'atteignent  les  boues  dans  la  lagune  de  Leu- 
cade.  » 


SÉANCE  DU  20  JUILLET  igo3.  225 


HYDROLOGIE.  —  Sur  V appUcatwïi  de  la  fliiorescéine  à  l'hydrologie  souterraine. 

Note  de  M.  E.-A.  Martel. 

«  L'emploi  de  la  fluorescéine  pour  la  recherche  des  relations  entre  les 
pertes  et  les  réapparitions  de  rivières  (imaginé  par  Ten  Brink  en  1877  et 
de  plus  en  plus  généralisé)  a  donné  lieu  récemment  à  divers  Mémoires  ou 
Notes,  dont  certaines  conclusions  me  paraissent  tout  au  moins  prématurées 
et  établissent  en  tout  cas  que  ce  sujet  est  très  insuffisamment  élucidé. 
Gomme  je  l'étudié  moi-même  assidûment  depuis  1896,  aussi  bien  à  l'air 
libre  que  sous  terre,  en  examinant  la  marche  des  eaux  intérieures  parmi  les 
obstacles  qu'elles  rencontrent,  je  demanderai  la  permission  de  fixer  un  peu 
les  idées,  en  résumant  très  sommairement  ce  qui  parait  acquis  actuellement 
sur  la  question  : 

»  I''  La  solution  de  fluorescéine,  même  très  concentrée,  se  décoloreaw 
soleil  Qu.  moins  de  24  heures. 

"  ^°  ^"  liooo'oooo'  ^ïi  plem  jour,  mais  à  l'ombre,  elle  ne  commence  à  se 
décolorer  qu'au  bout  d'une  semaine  au  moins. 

)>  30  Dans  l'obscurité  complète  je  conserve,  depuis  1897,  ^es  échan- 
tillons de  solutions  absolument  inaltérées. 

»  4°  La  décoloration  partielle  par  l'argile,  reconnue  par  M.  Trillat 
{Comptes  rendus,  i3  mars  1899)  est  moindre  sous  pression  qu'à  l'air  libre, 
remarque  importante,  puisque  j'ai  montré  que,  dans  les  réservoirs  des 
cavernes,  l'eau  peut  atteindre  plusieurs  atmosphères  de  pression  {Comptes 
rendus,  28  décembre  1896). 

)'  5°  La  fluorescéine,  même  dans  une  eau  très  chargée  d'argile, /le  ^e 
décante  pas,  contrairement  à  ce  qui  a  été  admis  jusqu'ici;  au  jour  sans 
soleil  {voir  2«)  elle  se  décolore  lentement,  sans  être  entraînée  par  l'argile  qui  se 
dépose  au  fond  du  vase  d'essai. 

»  6«  La  coloration  n'est  modifiée  ni  par  le  fdtre  en  papier,  ni  par  la 
bougie  du  filtre  Chamberiand,  système  Pasteur. 

»  7*»  La  vitesse  de  propagation  souterraine  peut  varier  dans  la  propor- 
tion de  I  à  200  au  moins;  j'ai  constaté  5-,5oà  l'heure  à  Padirac  (mai  1903) 
et  loSo'^à  l'heure  à  Bramabiau  (septembre  1897),  soit  i32'»  à  25'<"^^  par 
jour.  Les  causes  de  ralentissement  dans  l'écoulement  des  eaux  souterraines 
sont  les  éboulements  rocheux,  amas  de  sable  ou  d'argile,  rétrécissements, 
siphonnements  ou  conduites  forcées,  expansions  en  bassins;  bref,  toutes 
les  diminutions  de  section,  multiplications  de  frottement  et  stagnations. 

C.  R.,  1903,    2"  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  3.)  3o 


22b  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  8°  L'accélération  est  produite  par  l'augmentation  de  la  pente  et  sur- 
tout par  celle  du  débit  (vitesse  de  Bramabiau,  5™,i8  par  minute,  avec  débit 
inférieur  à  i""' par  seconde,  et  17'°, 5o  par  minute  avec  3"' par  seconde; 
vitesse  du  Rhin  à  Ragaz,  S""™  par  heure  pour  200^""'  par  seconde  et  4  pour 
1000  de  pente;  vitesse  de  la  Tamina  à  Ragaz,  3'"^  par  heure,  débit  g*"'  par 
seconde  et  5o  pour  1000  de  pente;  le  torrent  coule  moins  vite  que  le  fleuve 
(août  1900). 

»  9°  Les  expériences  de  TenBrink  et  Rnop  (iS^'y)  au  Danube-Aach  et  de 
MM.  Miqiiel  et  Dienert  (^Rapports  de  la  Commission  de  Montsouris  sur  les 
sources  du  bassin  de  la  Seine,  1 901-1903)  ont  fourni  des  vitesses  égales  à 
celles  de  la  fluorescéine,  pour  les  dissolutions  de  sel  et  la  levure  de  bière 
(et  même  parfois  inférieures). 

»  10°  La  remise  en  marche  de  colorations  souterraines  est  bien  l'œuvre 
des  crues  internes  ;  mais,  en  raison  de  l'absence  de  décantation  (§  5°  et  1 7°), 
on  ne  doit  pas  se  prononcer  encore  sur  la  façon  dont  elle  se  réalise;  je 
pense  qu'elle  provient  d'une  baisse  qui,  après  le  jet  de  la  fluorescéine, 
arrête  l'eau  colorée  de  bassins  de  retenue,  momentanément  privés  d'écou- 
lement, puis  remis  en  mouvement  (voire  même  anastomosés)  par  une 
chasse  de  crue.  Elle  peut  aussi  qItq  fictive,  par  subdivisions  inégales  du 
cours  souterrain. 

»  1 1°  Les  eaux  troubles  des  torrents  glaciaires  et  des  crues  diminuent, 
jusqu'à  l'annulation  complète,  la  coloration  même  très  forte. 

»  12"  Mais  l'expérimentateur  peut  remédier  à  cela  par  la  décantation 
ou  le  filtrage  des  particules  argileuses  (§  5°  et  6°). 

»  i3"  Il  est  exact  que  la  propagation  de  la  fluorescéine  semble  moins 
rapide  que  celle  de  l'eau  qui  la  véhicule;  en  eau  très  calme,  j'ai  trouvé,  à 
Padirac  (22  mai  1903),  une  vitesse  de  12"^  par  heure  pour  la  tête  d'une 
coloration  et  de  4™  seulement  pour  la  queue,  soit  un  retard  des  |  pour  la 
fin  de  la  couleur.  En  espaçant  les  jets  de  couleur,  les  derniers  finissent 
toujours  par  rejoindre  les  premiers. 

»  Mais  il  pourrait  bien  y  avoir  là  (le  fait  étant  contraire  aux  consé- 
quences physiques  de  la  parfaite  incorporation  moléculaire  de  la  fluores- 
céine dans  l'eau,  §  5°  et  6*^)  une  illusion,  produite  par  une  notion  insuffi- 
sante des  conditions  matérielles  de  l'écoulement,  et  surtout  des  variations 
incessantes  de  vitesse  causées  par  les  obstacles  rencontrés.  Ici,  surtout,  la' 
circonspection  s'impose. 

»  i4**  En  tout  cas,  ce  retard,  s'il  est  réel,  et  surtout  les  risques  de 
retenue  dans  l'argile  (§4°)  4"!  peuvent  aboutir  à  la  dilution  et  à  l'invisi- 


SÉANCE  DU  20  JUILLET  IQoS.  227 

bilité  complètes,  en  cas  de  très  long  ou  de  très  lent  parcours,  permettent 
de  dire  qu'un  résultat  négatif  tiendra  le  plus  souvent  à  la  trop  petite  quan- 
tité de  fluorescéine  employée.  Quel  que  soit  l'inconvénient  d'un  excès  de 
coloration,  c'est  le  seul  moyen  de  compenser  les  nombreux  éléments  d'in- 
succès des  expériences.  Et  le  précieux  fluorescope  de  MM.  Trillat  et  Mar- 
boutin  doit  être  utilisé  bien  plus  comme  correctif  de  ces  éléments  que 
comme  moyen  d'épargner  la  substance  ou  d'en  restreindre  les  effets. 

»  1 5**  Il  faut  jeter  la  fluorescéine ,  non  pas  lentement  et  par  petites  quan- 
tités à  la  fois,  mais,  au  contraire,  rapidement  et  abondamment,  afin  de 
commencer  toute  expérience  avec  le  maximum  possible  de  coloration. 

»  16"^  L'absence  de  décantation  se  manifeste  aussi  sous  terre  :  à  Padirac, 
du  20  mai  au  7  juin  igoS,  avec  730^  de  fluorescéine,  j'ai  maintenu  coloré, 
pendant  i5  jours,  un  bassin  de  Sooo""' à  6000""',  sans  qu'aucune  trace  de 
couleur  soit  demeurée  ensuite  perceptible  (à  l'œil  nu),  même  sous  5"  de 
profondeur;  la  décoloration  a  été  lente  et  progressive  à  partir  du  troi- 
sième jour. 

»  17°  La  propagation  de  la  couleur  en  eau  très  calme  se  fait  en  minces 
filaments  vasculaires,  à  la  surface  ou  entre  deux  eaux,  mais  sans  chute  vers 
le  fond  {%  5«  et  17*^). 

»  18**  Toute  expérience  devrait  être  faite  de  préférence  lors  des  crues 
et  même  dans  les  trois  états  d'eaux  basses,  moyennes  et  hautes,  les  diffé- 
rences de  résultats  devant  être  éminemment  instructives.  » 

A  4  heures  et  demie  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  trois  quarts. 

M.   B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  i3  juillet   igoS. 

Exposition  universelle  internationale  de  1900.  Rapport  général  administratif 
et  technique,  par  M.  Alfred  Picard,  Membre  de  l'Institut;  t.  III.  'f  Partie:  Palais  et 
autres  édifices  ou  bâtiments  généraux  de  l'Exposition  universelle  internationale 
de  1^00;  parcs  et  jardins;  tour  de  000'^  (suite).  —  5«  Partie  :  Eaux;  force  motrice; 
éclairage.  F  ATI?,,  Imprimerie  nationale,   igoS;   i   voL   in-^".  (Hommage  de  l'auteur.  ) 


228  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Recherches  sur  les  instruments,  les  méthodes  et  les  dessins  topographiques,  par  le 
Colonel  A..  Laussedat,  Membre  de  l'Institut;  t.  II.  2^  Partie  :  Développement  et  pro- 
grès de  la  Mélrophotographie  à  l'étranger  et  en  France.  Paris,  Gauthier-Villars, 
igoS;  I  vol.  in-8".  (Hommage  de  l'auteur.) 

La  Phthiriose  de  la  Vigne,  parL.  Mangin  et  P.  Viala;  avec  5  planches  et  55  figures 
dans  le  texte.  Paris,  bureaux  de  la  Beç>ue  de  Viticulture,  1908;  i  fasc.  in-4°.  (Présenté 
par  M.  Guignard.  Hommage  des  auteurs.) 

Mémoires  de  la  Société  académique  d'Agriculture,  des  Sciences,  Arts  et  Belles- 
Lettres  du  département  de  l'Aube;  t.  XXXIX,  3*  série,  année  1902.  Troyes,  Paul 
Nouel  ;  I  vol.  in-S". 

Bulletin  de  la  Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  de  la  Sarthe;  2"  série, 
t.  XXXI,  années  1902-1908,  fasc.  1.  Le  Mans,  imp.  de  l'Institut  de  Bibliographie, 
1908;  I  fasc.  in-8°. 

{A  suivre.) 


ERRATA. 


(Séance  du  6  juillet  1903.) 

Note  de  M.  Maurice  Nicîoux,  Injection  intraveineuse  de  glycérine;  dosage 
de  la  glycérine  dans  le  sang;  élimination  par  l'urine  : 

Page  72,  ligne  6,  au  lieu  de  2  minutes  i5  secondes,  lisez  6  minutes. 

Même  page,  ligne  8  en  remontant,  au  lieu  de  3o  minutes,  lisez  3o  secondes. 

(Séance  du   i3  juillet   igoS.) 

Note  de  M.  Léopold  Mayer,  Sur  les  modifications  du  chimisme  respira- 
toire avec  l'âge,  en  particulier  chez  le  Cobaye  : 

Page  107,  ligne  i\,  au  lieu  de  Halsdane,  lisez  Haldane. 

Même  page,  ligne  34,  au  lieu  de  physique,  lisez  ph^sio-. 

Même  page,  ligne  87,  au  lieu  de  respiratoire,  lisez  respiratoires. 

Même  page,  ligne  38,  au  lieu  de  Héger,  lisez  Heger. 

Page  189,  ligne  4,  au  lieu  de  3 1800,37  r=  2600JK,  lisez  3i3ooa?  —  2600 j. 

Même  page,  ligne  7,  au  lieu  de  Bastien,  lisez  M.  Bastien. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SEANCE  DU   LUNDI  27  JUILLET  1903, 

PRÉSIDÉE  PAR  M.  MASCART. 


MEMOIRES  ET  COMMUNiCATlOIMS 

DKS    MEMBRES    ET     DRS    CORRESPONDANTS     DE    L'ACADÉMIE. 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Préparation  et  propriétés  d'un  siliciure  de  ruthénium  (  '  ). 
Note  de  MM.  Hexri  Moissax  et  Wiliîem  Maxchot. 

«  Lorsque  Ton  chauffe  ;ia  fonr  électrique  un  mélange,  de  1^,5  de 
ruthénium  en  poudre  et  de  7^  de  sihcium  cristalhsé,  placé  dans  une  nacelle 
de  charbon  au  milieu  d'un  Lube  de  même  substance,  on  obtient  rapide- 
ment la  fusion  du  mélange,  puis  la  combinaison  se  produit;  elle  est  accusée 
par  un  rapide  dégagement  de  vapeur,  enfin  le  liquide  redevient  tranquille 
et,  à  ce  moment,  on  arrête  l'expérience.  Cette  dernière  ne  demande  pas 
plus  de  2  à  3  minutes  avec  un  courant  de  600*°*!'  sous  120^°''^.  Au  moment 
de  la  combinaison,  une  certaine  quantité  de  métal  a  été  volatilisée  sous 
forme  de  vapeur  brune.  Il  est  important  que  le  courant  du  four  électrique 
soit  très  constant;  sans  quoi,  les  résultats  ne  sont  pas  comparables.  Cette 
expérience  a  été  répétée  plusieurs  fois  dans  un  creuset  de  charbon  et  a 
toujours  donné  les  mêmes  résultats. 

»  On  obtient,  dans  ces  conditions,  un  culot  métallique  bien  fondu  et 
qui  présente  toujours  le  môme  aspect  lorsque  l'on  fait  varier  le  poids  du 
silicium  du  simple  au  double.  Cette  substance  est  concassée,  réduite  en 
poudre,  puis  traitée  par  une  lessive  de  soude  au  bain-marie  et,  ensuite,  par 
un  mélange  d'acide  fluorhydrique  et  d'acide  nitrique.  Il  reste,  après  ces 
traitements,  des  cristaux  blancs,  brillants,  mélangés  à  des  quantités  va- 


(')  Nous  avons  poursuivi  ces  recherches  au  moyen  d'un  bel  échantillon  de  ruthé- 
nium métallique  qui  nous  a  été  remis  par  M.  Mathey,  de  Londres.  Nous  tenons  à 
adresser  à  ce  grand  industriel  tous  nos  remerciements. 

G.  K.,  1900,  -A-  Semestre.  (T.  GX.\.\Vn,   iN"  4.)  3l 


23o  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

riables  de  carborundum  que  l'on  peut  séparer,  grâce  à  leur  différence  de 
densité,  au  moyen  de  l'iodure  de  méthylène. 

»  Le  même  composé  peut  être  obtenu  dans  un  état  de  pureté  plus 
grand,  en  chauffant  au  four  électrique,  dans  un  creuset  de  charbon,  un 
mélange  de  i^',  5  de  ruthénium,  i5s  de  silicium  et  5^  de  cuivre.  La  réaction 
se  produit  alors  avec  plus  de  régularité  à  la  température  d'ébuUition  du 
siliciure  de  cuivre  et,  après  le  même  traitement  que  précédemment,  on 
obtient  un  siliciure  de  ruthénium  très  bien  cristallisé,  exempt  de  siliciure 
de  carbone  et  répondant  à  la  formule  Ru  Si.  Le  rendement  est  d'environ 
80  pour  100  du  poids  du  ruthénium  mis  en  expérience  ('). 

))  Propriétés  physiques.  —  Les  cristaux  que  l'on  préj>are  ainsi  se  présen- 
tent en  prismes  terminés  par  des  pyramides,  ou  sous  forme  de  dendrites  à 
arêtes  bien  arrêtées.  Ces  cristaux  très  brillants  possèdent  une  couleur 
blanche  et  un  aspect  métallique.  Dans  certaines  préparations,  nous  avions 
obtenu  une  substance  de  couleur  plus  foncée,  mais  cela  tenait  à  une  oxy- 
dation superficielle.  Ces  derniers  criï.taux  reprennent  tout  leur  éclat  dès 
qu'on  les  maintient  quelques  instants  au  contact  de  fluorliydrate  de  fluo- 
rure de  potassium  fondu. 

))  Leur  densité  est  de  5, 40  à  la  température  de  -f-  -V-  L'action  du  sili- 
cium sur  le  ruthénium  fournit  donc  un  siliciure  formé  avec  augmentation 
de  volume.  Ce  siliciure  de  ruthénium  est  très  dur.  Il  raye  avec  facilité  le 
cristal  de  roche,  la  topaze  et  le  rubis.  Sa  poussière  est  sans  action  sur  une 
surface  bien  polie  de  diamant.  Il  est  volatil  au  four  électrique. 

»  Propriétés  chimiques.  —  Ce  siliciure  de  ruthénium  est  un  composé  très 
stable.  Cependant  le  fluor  l'attaque  à  froid  en  produisant  une  vive  incan- 
descence. Le  chlore  l'attaque  lentement  et  incomplètement  vers  5oo°. 
Mais  au  ronge,  la  combinaison  se  produit  avec  un  dégagement  de  chaleur 
notable.  Même  à  plus  haute  température,  l'attaque  n'est  pas  complète. 

»  Les  vapeurs  de  brome  et  d'iode  réagissent  lentement  sur  ce  sili- 
ciure en  poudre,  à  une  température  de  600°.  La  réaction  est,  en  tous 
points,  comparable  à  celle  du  chlore. 

»  Brusquement  chauffé,  le  siliciure  de  ruthénium  brûle  dans  l'oxygène 
avec  une  belle  incandescence.  Du  reste,  les  oxydants,  tels  que  le  chlorate 


(')  Lorsque  l'on  emploie  dans  cette  préparation  une  quantité  de  cuivre  plus  grande, 
il  se  forme  un  autre  siliciure  moins  riche  en  silicium  qui,  légèrement  chauffe,  prend 
feu  dans  un  courant  de  chlore. 


SÉANCE    DU   27    JUILLET    îgo3.  23i 

de  potassium  en  fusion,  l'attaquent  d'une  façon  progressive,  mais  sans 
incandescence.  On  perçoit  en  même  temps  l'odeur  du  peroxyde  de  ruthé- 
nium RuO'.  De  même  le  bichromate  de  potassium  en  fusion  l'attaque 
lentement. 

»  La  vapeur  de  soufre  au  rouge  sombre  décompose  ce  sdiciure;  à  la 
même  température  il  est  lentement  attaqué  par  le  sodium  et  le  magnésium 
en  fusion. 

»  Le  siliciure  de  ruthénium  n'est  pas  attaqué  par  tous  les  acides  à  leur 
température  d'ébullition,  et  le  mélange  d'acide  nitrique  et  d'acide  fluorhy- 
drique,  qui  ne  fournit  aucune  action  à  froid,  ne  réagit  à  chaud  qu'avec 
une  extrême  lenteur. 

»  La  potasse  et  le  carbonate  de  potassium  fondus  attaquent  plus  diffici- 
lement le  siliciure  que  le  métal.  Il  en  est  de  même  pour  le  mélange  de  ces 
composés  avec  l'azotate  de  potassium.  Par  contre,  un  mélange  de  bisulfate 
et  d'azotate  de  potassium  attaque  lentement  ce  siliciure,  avec  production 
de  perruthénate. 

))  On  sait  avec  quelle  facilité  l'hypochlorite  de  potassium  attaque  le 
ruthénium.  Cette  solution  n'exerce  aucune  action  sur  le  siliciure.  Cette  sta- 
bilité du  siliciure  de  ruthénium,  soit  en  présence  des  hvpochlorites  alcalins, 
soit  en  présence  d'un  mélange  d'acide  nitrique  et  d'acide  fluorhydrique, 
démontre  bien  que  notre  nouveau  composé  ne  renferme  ni  métal  ni  sili- 
cium libre. 

»  Analyse.  —  Ce  dosage  est  assez  délicat.  Pour  attaquer  le  siliciure  de 
ruthénium,  nous  avons  employé  un  artifice  indiqué  par  Joly  dans  ses  belles 
recherches  sur  les  composés  de  ce  métal  ('  ).  Nous  avons  fait  agir  sur  un 
poids  déterminé  de  siliciure  un  mélange,  bien  exempt  d'oxygène,  de  chlore 
sec  en  excès  et  d'oxyde  de  carbone.  Il  faut  avoir  soin  de  faire  cette  attaque 
au-dessous  du  rouge  naissant  pour  que  le  chlorure  anhydre  sublimé  ne 
soit  pas  trop  difficile  à  détacher  du  verre.  Le  chlorure  de  silicium  produit 
dans  cette  réaction  est  recueilli,  transformé  en  silice  et,  du  poids  de  cette 
dernière,  il  est  facile  de  déduire  le  poids  de  silicium  du  composé.  Le 
mélange  formé  de  chlorure  de  ruthénium  et  du  résidu  de  siliciure  non 
attaqué  (résidu  très  faible  lorsque  l'attaque  a  été  assez  longue)  est  chauffé 
dans  un  courant  d'hydrogène  pour  réduire  le  chlorure  à  l'état  de  métal, 


(;')  A.  Joly,  Acùion  du  chlore  sur  le  ruthénium  {Comptes  rendus,  t.  CXIV,  1892, 
p.   191). 


Théorie 

4. 

pour  Ru  Si 

77.98 

78,17 

21  ,o3 

21,83 

282  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

puis  pesé  après  refroidissement  dans  une  atmosphère  d'acide  carbonique. 
On  reprend  ensuite  par  une  solution  d'hypochlorite  à  chaud,  qui  dissout  le 
ruthénium  et  laisse  le  résidu  de  siliciure.  La  différence  entre  les  deux  pesées 
doime  le  poids  de  ruthénium. 

»  Dans  la  plupart  de  nos  analyses,  en  partant  de  0,2  de  siliciure,  l'at- 
taque était  complète  après  l'^So'".  INous  avons  obtenu  ainsi  les  chiffres 
suivants  : 

1.  2.  3. 

Ruthénium 77,94  77'^^  " 

Silicium »  20,17  22,10 

»  Conclusions.  —  En  résumé,  à  la  température  de  fusion  du  ruthénium, 
ce  métal  se  combine  avec  facilité  au  silicium  pour  donner  un  siliciure  de 
formule  Ru  Si  de  densité  5,4o,  parfaitement  cristallisé,  possédant  une 
grande  dureté  et  très  stable  en  présence  de  la  plupart  des  réactifs.  » 


CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Arsenic  dans  les  eaux  de  mer,  dans  le  sel  gemme,  le  sel 
de  cuisine,  Jes  eaux  minérales,  etc.  Son  dosage  dans  quelques  réactifs  usuels. 
Note  de  M.  Armand  Gautier. 

«  On  savait  depuis  longtemps  que  les  eaux  de  mer  contiennent  une 
faible  proportion  d'arsenic;  je  viens  de  m'assurer  qu'à  la  façon  du  phos- 
phore il  y  est  en  partie  dissous,  en  partie  organisé  et  contenu  dans  les 
constituants  du  plankton,  tout  particulièrement  dans  les  algues  microsco- 
piques où  il  accompagne  l'iode  (^).  Mais  jusqu'ici  la  difficulté  de  recueillir 
la  totalité  de  traces  d'arsenic  en  présence  des  masses  de  chlorures  de  l'eau 
de  mer  a  rendu  impossible  pour  ces  eaux  toute  détermination  exacte,  même 
en  bloc,  de  cet  important  élément. 

»  La  méthode  que  j'ai  décrite  (voir  p.  i58)  m'a  permis,  au  contraire,  de 
doser  facilement  l'arsenic  dans  les  eaux  de  mer,  le  sel  marin,  le  sel  gemme, 
les  eaux  minérales.  Dans  le  but  de  poursuivre  utilement  mes  recherches 
sur  l'arsenic  physiologique  normal,  je  l'ai  dosé  de  même  dans  l'eau  distillée 
et  dans  les  réactifs  généralement  utilisés  dans  ce  cas. 

»  A.  Eau  de  mer;  sources  salées.  —  Dans  l'eau  de  mer  de  l'Atlantique 


(*)  Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  p.  833. 


SÉANCE    DU    27    JUILLET    ipoS.  233 

(côtes  de  Bretag^ne),  j'ai  essayé  de  doser  l'arsenic  sous  ses  trois  formes  : 
minéral,  organique  et  organisé. 

»  L'eau  filtrée  sur  biscuit  de  Sèvres  a  été  additionnée,  par  litre, 
de  10  cent,  cubes  de  solution  de  sulfate  ferrique  pur  d'arsenic  ('),  portée 
alors  à  Fébullition,  saturée  d'ammoniaque  et  filtrée.  L'arsenic  minéral  a 
été  dosé  en  recueillant  le  précipité  ferrique,  le  dissolvant  dans  l'acide  sulfu- 
rique  étendu  et  versant  directement  dans  l'appareil  de  Marsh,  comme  il  est 
dit  (p.  161);  on  dose  ainsi  l'arsenic  minéral.  La  liqueur  où  s'était  produit  ce 
précipité  a  été  additionnée,  après  filtration,  de  3o'"' d'acide  nitrique  pur  et 
distillée  à  sec  au  bain  de  sable  dans  une  cornue  de  verre  vert  (-),  munie 
d'un  récipient  suivi  d'un  réfrigérant  et  d'un  tube  terminal  de  Will  et  Wa- 
rentrapp  garni  de  solution  de  potasse  pure  et  chaude,  le  tout  assemblé  par 
rodages  à  l'émeri.  Les  vapeurs  acides  non  condensées  et  le  chlore  s'échap- 
paient bulle  à  bulle  à  travers  une  solution  de  potasse  pure  (=*),  destinée  à 
recueillir  et  détruire  les  vapeurs  de  chlorure  d'arsenic  qui  pouvaient  se 
produire.  Après  dessiccation  complète  et  légère  calcination  du  résidu  sec 
de  la  cornue,  la  hqueur  acide  distillée  et  la  solution  alcaline  des  tubes 
de  W.  et  W.,  furent  mélangées,  neutralisées,  additionnées  de  lo*""'  de  solu- 
tion ferrique,  portées  à  Fébullition,  etc.  On  précipite  et  dose  ainsi  l'arsenic 
organique. 

»  Toutes  corrections  faites  des  faibles  traces  d'arsenic  introduites  par  le 
réactif,  cette  expérience  a  donné  : 

Pour  I  liti'e. 

.      r-         /  •   -     ^  o  ,       ,        .        (  Arsenic  minéral.  .  .  o"»s,ooq 

A.  Eau  de  mer  puisée  a  60^^  des  côtes  \ 

1    r>     .  ^  -       7  /.       ,  {  Arsenic  organique.  o^s, 0008  (environ) 

de  Bretagne  et  a  o'"  de  profondeur .    j  . 

(  Arsenic  organisé. .  .        Indosable  en  i  litre 

B.  Même  eau  de  mer Arsenic  total o™s,  010 

»  Les  déterminations  suivantes  sont  aussi  intéressantes,  parce  qu'elles 
ont  été  faites  sur  l'eau  de  l'Atlantique  puisée  au  voisinage  des  Açores, 
et   sur  la  même  verticale,  mais  à  différentes  profondeurs .  Elles  avaient  été 


(')   Cette  solution  ferrique  contenait  3o^'  de  Fe-0^  au  litre. 

(^)   On  s'était  assuré  que  dans  ces  conditions  le   verre  ne  cédait  pas  à  l'acide   une 
quantité  sensible  d'arsenic. 

(^)  Elle  contenait  o™?,  oo44  de  As  pour  100  et  o"'S, ooo4  pour  la  quantité  employée. 


234  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

recueillies,  avec  toutes  les  précautions  convenues  d'avance,  par  les  soins 
et  sous  les  yeux  de  son  Altesse  le  Prince  de  Monaco  que  je  ne  saurais  trop 
remercier  : 

Eau  de  l'Atlantique  (Açorcs). 
Sondages.  Profondeur.  As  par  litre. 

S.    iSg/}...    lo™  o,o25 

Id i335  o,oio 

S.    1427   {t=:2'^,-) 5943  (à  G"Mi 11  8"^  du  fond)       0,080 

»  Il  semble  donc  que  dans  les  parages  volcaniques  l'arsenic  abonde 
surtout  dans  les  grands  fonds.  Nous  verrons,  en  effet,  tout  à  l'heure,  que 
les  émanations  venues  des  profondeurs  terrestres  entraînent  avec  elles  des 
vapeurs  de  chlorure  de  sodium  très  arsenical.  A  sa  surface,  l'eau  de  la  mer 
s'enrichit  moyennement  en  arsenic  grâce  peut-être  à  la  fois  au  plankton 
qui  la  peuple  et  à  l'évaporation. 

»  Les  eaux  des  sources  salées  sont  toutes,  on  le  sait,  plus  ou  moins  arse- 
nicales, particulièrement  les  eaux  ferrugineuses  et  les  chlorurées  sodiques. 
Ma  nouvelle  méthode  permet  d'y  doser  l'arsenic  avec  grande  précision  et 
rapidité.  Le  chlorure  de  sodium  n'empêche  en  rien  l'entminement  de  l'ar- 
senic par  le  sel  ferrique  qui  s'insolubilise  à  chaud.  J'en  donnerai  comme 
exemple  le  dosage  que  j'en  ai  fait  dans  l'eau  salée  de  Misserey,  près  Besan-' 
çon,  eau  provenant  d'infiltrations  naturelles  passant  sur  une  couche  sali- 
fère  de  54™  d'épaisseur  placée  à  lyS"^  de  profondeur.  Cette  eau  est  presque 
saturée  de  sel  dont  elle  contient  326^  par  litre.  Elle  a  donné  : 

Arsenic  par  litre  o'"s,  010. 

))  C'est  la  richesse  en  arsenic  des  eaux  de  mer  de  surface  à  l'entrée  de 
la  Manche  (*). 

»  B.  Sel  marin,  sel  gemme.  —  Il  m'a  paru  probable  que  le  sel  marin 
issu  des  eaux  de  mer  arsenicales  devait  contenir  une  proportion  sensible  de 
cet  élément.  C'est  ce  que  confirment  les  analyses  suivantes  : 


(^)  J'ai  des  raisons  de  penser  que  l'arsenic  et  l'iode  varient  beaucoup  dans  les  eaux 
de  mer  même  prises  sur  un  même  point,  et  suivant  des  conditions  qui  nous  échappent 
encore  et  n'ont  pas  de  relation  sensible  avec  les  saisons. 


SÉANCE  DU  y 7  JUILLET  igoS.  235 

Arsenic 
pour  loos 
Origine.  •        de  sel. 

mg 
Sel  blanc  fin Côtes  de   Bretai^ne o,oo3 

Sel  blanc  fin Sables  d'Olonne o,ooi 

„  ,      .     ,         .  .         {  Sables  d'Olonne,  (    Partie  soluble    o'"8,o35  )  ,^ 

bel  cris  de  cnisme.    <  ,, .   ,       •         {    r,        •    •       ;    7  /      ^,  0,043 

(     sur  1  Atlantique.!  Partie  insoluble  o'^o, 010  ) 

Sel  dit  anglais  (^).       (Acheté  chez  Potin  à  Paris) o,oi5 

As  pour  loo';"'' 

Origines.  de  seL 

(  Stassfurth  (très  bel  échan-  )  ""^     ^ 

Sel  seinine  {  ...        ^  ,  o,ooa3 

(  tillon  transparent)         ) 

(Salines  de   Saint-Nicolas,  |  /'«/•^/e  5o/«èfe. ..  .      o^s^oof)  )  . 

I  près  Nancy  \  Partie  insoluble..     o™s,oo5  ) 


j 


Montagne  de  sel  de  Djebel-  j 

Id.         l      Amour    (  Sud-Oranais)  [ o,ooo 

(       (bel  échantillon)  ] 

Chlorure  de  sodium  fondu  au  rouge  (Origine  inconnue) ,      o,o3o 

Chlorure  de  sodium  recueilli  dans  une  fissure  volcanique  du  Vésuve. .  .      o,  175 

»  Le  chlorure  de  sodium  coalient  donc  toujours  de  l'arsenic,  surtout 
s'il  est  d'origine  volcanique  directe  et  lors  même  qu'il  a  été  fondu  au  rouge. 

»  Nous  tirerons  de  ces  analyses  un  autre  enseignement.  De  tous  les  sels 
usuels,  le  sel  gris  de  cuisine  est  le  plus  riche  en  arsenic. 

»  Le  sel  marin  me  paraît  donc  constituer  l'une  des  sources  principales  à 
laquelle  nous  puisons  tous  les  jours  l'arsenic  qui  nous  est  nécessaire  et 
que  certains  de  nos  organes  emmagasinent  avec  une  surprenante  avidité. 

»  Au  point  de  vue  médico-légal,  il  y  ^  lieu  de  tenir  compte  aussi  de  cette 
introduction  continue  d'arsenic  dans  l'économie  par  le  sel  de  cuisine.  Mais 
il  faut  remarquer  que  les  quantités  ainsi  absorbées  sont  très  minimes 
(environ  un  décimilligramme  par  mois).  Surtout  il  ne  faut  pas  oublier  que 
j'ai  montré  que  le  foie,  le  sang,  l'estomac,  les  muscles,  etc.  des  mammi- 
fères ne  contiennent  pas  d'arsenic  à  l'état  normal  ou  une  quantité  qui  ne 
parait  pas  généralement  supérieure  à  -j-^  de  milligramme  par  loo^  (-). 

))  G.  Eaux  minérales.  —  J'ai  eu  la  curiosité  de  doser  l'arsenic,  par  ma  nou- 
velle méthode,  dans  quelques  eaux  minérales  où  plusieurs  habiles  analystes 
l'avaient  déjà  déterminé.  J'ai  particulièrement  examiné,  à  ce  point  de  vue, 
les  eaux  de  Vichv  où  l'arsenic  avait  été  dosé  suivant  d'autres  procédés  et 


(1)  Ce  sel,  fin,  opaque,  paraît  mélangé  d^ine  très  faible  proportion  d'épices. 
(^)  Si  Ton  corrige  l'arsenic  obtenu  de  celui  qu'apporte  l'ensemble  des  réactifs» 


236  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

en  agissant  sur  de  grandes  quantités  d'eau,  en  particulier  par  M.  Willm, 
dont  on  conuait  la  haute  précision. 
»   Voici  nos  résultats  comparatifs  : 

Arsenic  par  litre. 

Sources  de  Vichy  (•).  A.  Gautier.      E.  Willm. 

mg  m?r 

Grande  Grille 0,28  0,82 

Puits  Ghomel 0,24  0,82 

Hôpital o,i4  0,48 

Célestins  (-) 0,12  » 

Hauterive o,3i  0,82 

w   Mes  analyses  ont  été  faites  sur  100  cent,  cubes  d'eau  seulement. 

)>  Saufjîour  la  source  de  VHôpital,  on  remarquera  la  concordance  très 
satisfaisante  des  nombres  de  M.  Willm  et  des  miens.  Pour  l'eau  dite  de 
ï Hôpital,  deux  dosages  faits  sur  100  et  200  cent,  cubes  d'eau  m'ont  donné 
ce  même  poids  de  i4  centimilligrammes  d'arsenic  par  litre.  Cette  eau 
aurait-elle  subi  quelques  variations  en  arsenic  avec  le  temps? 

»  D.  Réactifs  divers.  —  J'ai  voulu  me  servir  enfin  d'une  méthode  si  com- 
mode et  si  sûre  pour  déterminer  les  quantités  d'arsenic  que  les  réactifs 
prétendus  purs  ordinairement  employés  à  la  recherche  physiologique  ou 
médico-légale  de  ce  métalloïde  introduisent  dans  les  dosages  faits  par  les 
anciens  procédés.  Voici  mes  résultats  ; 

Arsenic. 

Eau  distillée  à  l'alambic  de  cuivre  étamé,  après  mé-       ^^^^ 

lange  de  is  CO^  Na^  par  litre 0,0007  par  litre 

Eau  distillée  à  la  cornue  de  verre  avec  i  pour  1000 

deCO^NalIpur o,oo[i  » 

Ammoniaque  dile  pure  du  commerce 0,0010   pour  100'"'" 

Ammoniaque  faite  avec  du  sulfate  de  potasse  pur 

d'arsenic  et  de  la  soude  caustique. dite />«A-e o,oo33         » 

Bicarbonate  sodique  pur  du  commerce .-  .  0,016     pour  loos 

Nitre  pur  du  commerce 0,001 5  » 

Sulfate  de  potasse  d'il  pur o ,  006  » 

Le  même  purifié  par  (SO*)^Fe^,    ce  réactif   conte- 
nant 3os  Fe^O^  au  litre 0,0000         » 

Sulfate    ferrique    purifié,    contenant   3os  Fe'^0*    au 

litre o,ooo4  pour  100""' 


(^)  Eaux  puisées  par  moi  et  embouteillées  sur  place. 

(■'')  L'eau    dite   des   Célestins   provient   de    trois   sources  analysées  séparément  par 
M.  Willm.  Nous  n'avons  pu  savoir  exactement  celle  qui  correspondait  à  notre  analyse. 


SÉANCE    DU    27    JUILLET    1903.  aSy 

Acide  nitrique  spécialement  puriHé 0,00028  en  loos 

Solution  concentrée  dans  Teau  de  gaz  sulfureux,.  .  .  o,oo5     en  loo*"'"' 
Hydrogène  sulfuré  obtenu  par  FeS  ordinaire  et  HCl 

ordinaire  et  lavé  attentivement  aux  acides   et   à 

l'eau quantité  considérable  (^) 

Hydrogène  sulfuré  purifié 0,0008 

Zinc  pur o ,  0000  en  20s 

))  Ainsi,  la  plupart  des  réactifs  prétendus  purs  dont  on  se  sert  habi- 
tuellement dans  les  recherches  d'arsenic  par  les  anciennes  méthodes  : 
l'eau  distillée,  l'acide  nitrique,  l'acide  sulfureux,  les  bisulfites,  l'ammo- 
niaque et  son  carbonate,  et  surtout  l'hydrogène  sulfuré,  contiennent 
tous  une  trace,  et  ce  dernier  gaz  une  quantité  relativement  très  grande 
d'arsenic.  On  peut  à  peu  près  négliger  la  dose  inappréciable  d'arsenic 
qu'introduit  la  méthode  au  fer,  mais  il  n'en  est  pas  de  même  quand  on 
recourt  aux  anciennes.  J'ai  calculé  que,  avec  mon  ancienne  méthode,  la 
plus  perfectionnée,  on  peut  apporter,  par  l'emploi  de  loo^  d'acide  nitrique 
spécialement  purifié  et  l'ensemble  des  autres  réactifs,  de  o™s,ooi  à  o'"^,ooo5 
d'arsenic.  Quoique  très  faibles,  ces  quantités  deviennent  inquiétantes  s'il 
s'agit  de  s'assurer  de  l'existence  ou  de  l'absence  de  l'arsenic  physiolo- 
gique dans  des  tissus  et  des  organes  où  l'on  n'en  trouve  que  des  traces  de 
l'ordre  de  grandeur  de  celle  qu'introduisent  les  réactifs  eux-mêmes. 

»  Je  reviendrai  sur  ce  point  très  important  dans  une  prochaine  Commu- 
nication.   » 


MÉCANIQUE.  —  Sur  les  ondes-cloisons.  Note  de  M.  P.  Duhem. 

«  Nous  avons  montré  (-)  que,  en  un  fluide  visqueux,  les  seules  ondes 
possibles  sont  des  ondes  qui  séparent  constamment  les  deux  mêmes  masses 
fluides.   Une  de  ces  ondes  incapables  de  propagation  étant  d'un  certain 


(^)  L'arsenic  apporté  par  un  courant  de  bulles  de  rapidité  moyenne,  venant  barboter 
durant  1  heures  dans  de  l'acide  nitrique  pur  porté  à  100°  placé  dans  un  ballon  à  long 
col  qui  ne  cédait  pas  d'arsenic  à  l'acide,  a  été  de  o'"8,  080.  Je  donnerai  ailleurs  la  mé- 
thode de  purification  de  l'hydrogène  sulfuré. 

(^)  Des  ondes  qui  peuvent  persister  en  un  fluide  visqueux  {Comptes  rendus, 
t.  GXXXUI,  i4  octobre  1901,  p.  579).  —  Recherches  sur  l'Hydrodynamique, 
II®  Partie  {Annales  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Toulouse,  2"  série,  t.  IV,  1902). 

G.  K.,   icjoS,  ■!'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  4.)  ^2 


238  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ordre  n  par  rapport  aux  composantes  ii,  v,  w  de  la  vitesse,  est  seulement 
d'ordre  {n  —  \)  par  rapport  à  la  densité  p.  Nous  avons  ensuite  étendu  ('  ) 
cette  proposition  à  tous  les  milieux  élastiques  dénués  de  viscosité,  qu'ils 
soient  vitreux  ou  cristallisés,  affectés  de  déformations  très  petites  ou  de 
déformations  finies. 

»  Ces  ondes  dénuées  de  propagation,  semblables  à  des  cloisons  étanches, 
partaient  le  milieu  en  cellules  telles  qu'aucune  masse  matérielle  ne  puisse 
passer  d'une  cellule  à  l'autre. 

))  Considérons  celles  de  ces  ondes-cloisons  qui  sont  du  premier  ordre 
par  rapport  à  u,  r,  w^;  le  long  d'une  des  ondes,  la  vitesse  relative  des  deux 
masses  qu'elle  sépare  est  nulle.  Une  telle  onde  est,  en  général,  surface  de 
discontinuité  pour  les  six  quantités 


»  Considérons  hquadrique  Q  des  pressions,  représentée  par  l'équation 

+  2(T,-f- T,)YZ  -4-  2(1V+  T^)ZX  +  2(T,  -f-  T,)YZ  =  1. 

))  Lorsqu'on  s'approche  d'un  même  point  M  d'une  onde-cloison,  la  qua- 
drique  Q  tend  vers  deux  formes  limites  distinctes  Q,,  Qa,  selon  que  l'on 
chemine  du  côté  1  ou  du  côté  2  de  l'onde.  Entre  ces  deux  quadriques  Q, , 
O  existe  une  relation.  Si  a,  (3,  y  sont  les  cosinus  directeurs  de  la  normale 
à  V onde- cloison,  menée,  par  exemple,  du  côté  2  au  côté  1,  on  a,  au  point  M, 

(N,  +  v,),a-h(T,+T,),p  +  (T^  +  T,),T  =  (N:,+v,),oc4-(T,  +  T,),p  +  (T^  +  T^),y, 
(T,+T,),a  +  (N^-t-v^),(^  +  (T,-  +  T,),y  =  (T.  +T,),a  +  (N,.  +  v^)2p  4- (T,  +  T,),y, 
(T^4-T^),oc+(T,  +  T,),^4-(N,+v,),y  =  (T^+T^)oa  +  (T,  +  T^)2[3+(N,4-v,),y. 

»   Le  plan  diamétral  conjugué  à  la  direction  (a,  [i,  y)  de  la  normale  à 


(1)  Sur  le  mom'ement  des  milieux  vitreux,  affectés  de  viscosité,  et  très  peu  dé- 
formés {Comptes  rendus,  t.  CXXXVI,  9  mars  igoS,  p.  692).  —  Sur  les  ondes  au 
sein  d'un  milieu  vitreux,  affecté  de  viscosité,  et  très  peu  déformé  {Jbid.,  i3  mars 

1903,  P-  733)- ^^^  ondes  du  premier  ordre  par  rapport  à  la  vitesse  au  sein  d'un 

milieu  vitreux,  doué  de  viscosité,  et  affecté  de  mouvements  finis  {Ibid.,  6  avril  1908, 
p.  858).  —  Des  ondes  du  second  ordre,  par  rapport  à  la  vitesse  au  sein  des  milieux 
vitreux,  doués  de  viscosité,  et  affectés  de  mouvements  finis  {Ibid.,  4  mai  igoS, 
p.  1082). 


SÉANCE    DU    27    JUILLET    igoS.  289 

V onde- cloison  a  même  orientation  en  la  quadrique  Q,  quen  la  quadrique  Q,. 

»  Cette  relation  n'empêche  pas  les  deux  quadriques  Q,,  Q.,  d'avoir,  en 
général,  leurs  axes  principaux  orientés  différemment. 

»  Supposons  le  milieu  limité  par  une  surface  libre  soumise  à  une  pres- 
sion normale  II,  cette  pression  étant  uniforme  ou  continûment  variable 
d  un  point  à  l'autre  de  la  surface  libre.  Soient  1,  [j.,  v  les  cosinus  directeurs 
de  la  normale  à  la  surface  libre,  cette  normale  étant  dirigée  vers  l'intérieur 
du  milieu.  Nous  aurons,  en  tout  j)oint  de  la  surface  libre, 

(T,  4-  T,  )  X  -+-  (N,  +  V,.)  ;..  4-  (T^  +  T.)  V  =  %, 
(T,.  4-  T,.)l  4-  (T^4-T,)  'j.  4-  (N,4-  V,)  V  =  Hv. 

Ces  égalités  nous  enseignent  que  la  normale  à  la  surjace  libre  marque,  en 
chaque  point  de  cette  surface,  l'un  des  axes  principaux  de  la  quadrique  Q 
relative  au  même  point. 

»  Nous  avons  vu  qu'en  général  l'orientation  des  axes  principaux  de  la 
quadrique  Q  subissait  un  changement  brusque  au  travers  d'une  onde-cloi- 
son du  premier  ordre  par  rapport  à  u,  v,  w.  Si  donc  L  désigne  la  ligne  d'in- 
tersection d'une  telle  onde-cloison  avec  la  surface  libre,  la  normale  en  M 
à  la  surface  libre  subira  un  brusque  changement  de  direction  lorsque  le 
point  M  traversera  la  ligne  L.  D'où  la  proposition  suivante  : 

»  L'intersection  d'une  onde  cloison,  du premù^r  ordre  par  rapport  aux  com- 
posantes de  la  vitesse,  avec  la  surface  libre  qui  limite  le  milieu,  est  une  arête 
de  cette  dernière  surface  ;  cette  arête  peut  d'ailleurs  se  dessiner  en  saillie  ou  en 
creux. 

»  Au  cours  de  ces  dernières  années,  les  expérimentateurs  ont  observé, 
dans  les  conditions  les  plus  variées,  qu'un  milieu  continu  en  mouvement 
pouvait  se  diviser  en  cellules  persistantes  et  que  les  surfaces  cloisonnant  le 
milieu  se  marquaient  à  la  surface  libre  par  des  arêtes  saillantes  ou  ren- 
trantes; M.  H.  Bénard  (*)  a  étudié  ce  phénomène,  avec  un  soin  extrême, 
dans  les  liquides  qu'un  échauffement  inégal  anime  de  mouvements  tour- 
billonnaires;  M.  G.  Cartaud  (-)  l'a  rencontré  en  diverses  autres  circons- 
tances.  Ces  observations  semblent   trouver  leur  explication  complète  et 


(')  H.  Bénard,  Journal  de  Physique,   3«  série,  t.  IX,    1900,   p.  5i3;  t.   X,  1901, 
p.  254. 

{-)  Revue  générale  des  Sciences,  i4''  année,  1908,  p.  ii^. 


24o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

générale  dans   les  lois  qui   président  auK  mouvements  des   milieux  vis- 
queux. )) 


CHIMIE  ORGANIQUE.    —    5wr  le  cyclohexane  el  ses  dérivés  chlorés. 
Note  de  MiNT.  Paul  Sabatier  et  Alph.  Mailhe. 

«  En  appliquant  au  benzène  la  méthode  générale  d'hydrogénation 
directe  par  calalvse  que  l'un  de  nous  a  instituée  avec  M.  Senderens,  on  le 
transforme  très  aisément  en  cyclohexane  CH*-  semblable  à  celui  qui  existe 
dans  les  pétroles  du  Caucase  (*).  C'est  un  corps  d'odeur  agréable  qui, 
lorsqu'il  est  pur,  cristallise  fiicilement  au  voisinage  de  0°.  Point  de 
fusion  6'',  5.  Point  d'ébuîlilion  (dans  la  vapeur)  sous  ^55"""  :  81",  o. 

Densité  à  i3<^,5 0,7843 

»        à  /î 4" ,  6 •         o ,  7.55 1 

))  M.  le  professeur  Evknian,  de  Groningue  (Pays-Bas),  a  bien  voulu  en 
étudier  la  réfraction;  il  a  trouvé  comme  indices  à  i3'',5  : 

«a I>  42777 

«p  1 ,4353i 

«y 1,43972 

))  Ce  cyclohexane  est  idcLitiné  j)ar  ses  propriétés  physiques  à  celui  que 
Zélinski  a  j)réparé  synlhétiquement  à  j)arlir  de  l'aciiie  pimélique  (-). 

»  L'existence  du  noyau  aromatique  a  été  établie  dans  le  carbure  de  Zélinski,  par 
l'action  du  brome  qui  le  change  en  tétrabromobenzène. 

))  La  température  très  basse  (70°  a  180°)  où  a  lieu  la  fixation  d'hydrogène  dans  la 
synthèse  du  cyclohexane  à  partir  du  benzène  en  présence  du  nickel  réduit  ne  permet 
pas  de  penser  qu'une  transposition  moléculaire  ait  pu  s'accomplir.  Nous  avons  pu 
démontrer  que  le  noyau  ai'omatique  persiste  réellement  dans  le  carbure  :  en  effet,  les 
vapeurs  de  cyclohexane  synthétique  issu  du  benzène,  dirigées  seules  sur  du  nickel 
récemment  réduit,  maintenu  entre  270°  et  280",  sont  décomposées  régulièrement  en 
régénérant  du  benzène  el  de  l'hydrogène  qui,  à  cette  température,  réagit  aussitôt 
sur  le  benzène  pour  le  transformer  en  méthane,  qu'on  recueille  sensiblement  pur.  Le 
benzène  formé  a  été  caractérisé  par  sa  transformation  en  nitrobenzène  de  point  d'ébul- 
lition  bien  défini.  La  réaction  définitive  peut  se  formuler  : 


(*)  Paul  Sabatier  et  J.-B.  Senderens,  Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  1901,  p.   1284. 
(-)  Zélinsky,  Ber.  der  dentsch.  ckein.  Ges.^  1901,  P-  2799. 


SÉANCE    DU    27    JUILLET     IQoS.  24 1 

»  La  présence  du  novau  aromatique  clans  le  cvclohexane  se  trouve  ainsi 
établie  :  on  verra  plus  loin  qu'elle  est  également  démontrée  par  les  réac- 
tions des  dérivés  chlorés. 

»  Dérivés  chlorés.  —  Les  travaux  antérieurs  de  Markow^nikoff  et  de 
Fortey  sur  le  cvclohexane  du  pétrole  avaient  indiqué  la  formation  directe, 
par  l'action  du  chlore  sur  le  carbure,  d'un  dérivé  monochloré  bouillant 
vers  142°,  puis  de  dérivés  dichlorés  mal  étudiés  et  de  dérivés  polychlorés 
liquides  indiqués  sans  aucune  précision.  Pouvant  disposer  de  quantités 
importantes  de  cvclohexane  synthétique  absolument  pur,  nous  avons 
étudié  sa  chlornration  directe.  On  a  fait  agir  le  chlore  sur  le  carbure 
refroidi  au  voisinage  de  0°  :  l'action,  qui  est  d'abord  très  énergique,  donne 
lieu  à  une  substitution  d'autant  plus  avancée  qu'elle  est  plus  prolongée. 
La  présence  du  chlorure  d'iode  ou  d'antimoine  n'a  aucune  utilité.  Celle  du 
chlorure  d'aluminium  est  nuisible  en  donnant  naissance  à  des  corps  gou- 
dronneux très  condensés. 

»  Le  produit  de  chaque  opération  est  agité  avec  un  excès  de  potasse 
diluée,  lavé  à  l'eau  pure  et,  après  dessiccation,  soumis  à  des  distillations 
fractionnées.  On  sépare  facilement  le  dérivé  monochloré,  puis,  par  un 
grand  nombre  de  distillations  fractionnées  effectuées  sous  do'""^,  nous 
avons  pu  isoler  les  dérivés  dichlorés,  trichlorés,  tétrachlorés. 

»  MoNOCHLOROCYCLOHEXANE.  —  C'est  uii  liquide  incolore  d'odeur  agréable,  un  peu 
piquante,  qui  bout  sans  décomposition  à  1 4 1", 6-1 42", 6  (corr.)  sous  y^g"^'^.  Sa  densité 
est  voisine  de  celle  de  l'eau,  savoir  dl  z=  i  ,0161  ;  <iy'  ^  0,9976. 

»  Traité  par  la  potasse  alcoolique  pendant  plusieurs  heures  au  réfrigérant  ascen- 
dant, il  donne  du  cvclohexène  CH^**  bouillant  à  83^-84°. 

»  DiCHLOiiOCYCLOHEXAN'ES.   —    La    distillation    fractionnée    sous    5o™™    sépare    deux, 
liquides  distincts,  d'odeur  piquante  non  désagréable. 
»  Le  premier  passe  en  deux  fractions  égales  : 

de  io5°,  4  à  106", 4 f/°  =  1 ,2o56 

de  106°,  4  à  107°,  4 ^''0=1  ,2060 

))  Sous  761™™  il  bouta  189°  en  se  décomposant  assez  fortement  et  perdant  de  l'acide 
chlorhydrique.  Soumis  à  un  refroidissement  intense  au  moyen  de  neige  carbonique, 
il  se  prend  en  une  masse  qui,  ramenée  à  la  température  ordinaire,  dépose  un  peu  de 
composé  cristallisé  de  même  formule  fondant  à  98°. 

»  Chauffé  longtemps  au  réfrigérant  ascendant  avec  de  la  potasse  alcoolique,  il  se 
transforme  surtout  en  chlorure  de  naphtylène  C^H'Cl,  bouillant  à  i43°,  identique  à 
celui  qu'avait  obtenu  Markownikoflf,  et  qui  fournit  avec  l'acide  sulfurique  concentré 
une  coloration  rouge  intense.  Ce  chlorure  est  accompagné  d'une  petite  quantité  d'hexa- 
terpène  C'IP,  qui  donne  avec  l'acide  sulfurique  une  réaction  violette. 


212  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  Le  deuxième  liquide,  d^  =i  ,2222,  bout  à  1 12°,4 -ïi3°,4  sous  60™"^%  et  à  196° 
sous  760™""  en  se  détruisant  fortement.  La  comparaison  des  densités  et  des  points 
d'ébullition  avec  les  dérivés  similaires  du  benzène,  conduit  à  penser  que  c'est  le 
dérivé  i  .2. 

»  Trichloroctclohexanes.  —  Nous  avons  pu  isoler  deux  dérivés  liquides  et  un 
solide:  ils  possèdent  une  odeur  piquante,  très  persistante,  qui  est  fort  désagréable 
quand  elle  est  très  diluée. 

»  Le  premier,  </g  =  i,3535,  bout  à  i39'',5-i4i°,5  sous  5o"'"\  Sous  7/45™",  il  bout  à 
221°  en  se  décomposant  assez  fortement. 

»  Le  second,  dl=z  i,36ii,  bout  à  i43°,5-i45°,  5,  sous  5o'"";  l'ébullition  sous  745°"" 
a  lieu  à  226°  avec  destruction  partielle. 

»  Le  troisième  est  formé  de  cristaux  incolores,  épais,  issus  d'un  prisme  incliné,  très 
solubles  dans  le  chloroforme,  d'où  ils  cristallisent  aisément.  <i°  =  i,  5 io3.  Il  fond  à  66°, 
et  bout  à  i5o°,4-ï5i°54  sous  5o""".  Il  bout  à  233°  sous  745"™,  avec  décomposition  par- 
tielle. Les  analogies  amènent  à  croire  que  c'est  le  dérivé  i  .3.5.  Traité  à  100°  en  tube 
scellé  par  la  potasse  solide  un  peu  alcoolique,  il  perd  3  H  Cl  et  se  change  en  benzène 
pur,  qui  a  été  cai'actérisé  par  sa  transformation  intégrale  en  nitrobenzène.  C'est  une 
nouvelle  preuve  de  la  persistance  du  nojau  aromatique  dans  le  cyclohexane  primitif. 

»  Têtrachlorocyclohexanes.  —  L'action  du  chlore  poursuivie  au  soleil  détermine 
une  chloruration  plus  avancée  avec  dépôt  abondant  de  tétrachlorocyclohexane  cristal- 
lisé. Celui-ci,  recrislallisé  dans  le  chloroforme,  se  présente  en  prismes  allongés,  sans 
doute  anorthiques,  dont  les  faces  latérales  forment  un  angle  plan  voisin  de  54°.  La 
densité  est  <i°=:i,64o4-  Chlore  pour  100  :  calculé,  63,9;  trouvé,  63,2.  Son  odeur 
désagréable  rappelle  un  peu  celle  de  l'iodoforme.  Il  fond  à  173°  et  peut  être  sublimé 
sans  se  détruire.  Chauffé  en  tube  scellé  à  joo"  pendant  20  heures  avec  de  la  potasse 
solide  un  peu  alcoolique,  il  perd  3  H  Cl  et  se  transforme  complètement  en  monochloro- 
bènzène  C^H^Cl,  bouillant  à  i3i°-i32".  C'est  une  troisième  démonstration  de  la  for- 
mule hexagonale  du  cyclohexane. 

»  Le  liquide  qui  a  déposé  le  dérivé  précédent  nous  a  donné,  par  distillations  frac- 
tionnées, un  dérivé  tétrachloré  liquide,  épais,  d'odeur  désagréable,  dl=zi,56j^,  qui, 
sous  5o™™,  bouta  170°, 5-172°, 5. 

M  liR  clilortiration  peut  être  poussée  encore  plus  loin  grâce  au  concours 
des  rayons  solaires.  Nous  poursuivons  l'étude  des  produits  obtenus.  » 


CORRESPONDAJ\CE. 

ASTRONOMIE.  —  Photographie  de  la  comète  Borrelly,  i9o3c.  Note 
de  M.  QuÉNissET,  présentée  par  M.  Wolf. 

«  La  photographie  de  la  comète  Borrelly,  que  j'ai  l'honneur  de  pré- 
senter à  l'Académie,  a  été  obtenue  à  mon  observatoire  de  Nanterre  le 


SÉANCE    DU    27    JUILLET    igo3.  243 

24-25  juillet  1903  à  l'aide  d'un  objectif  à  portraits  de  o'°,075  de  diamètre 
et  o",3oo  de  distance  focale.  L'exposition  de  la  plaque  sensible  a  duré  i^, 
de23''9™  à  0*^9". 

»  Le  phototype  présente  les  particularités  suivantes  : 

»  La  chevelure  mesure  16'  de  diamètre,  c'est-à-dire  un  peu  plus  que  la  moitié  du 
diamètre  apparent  de  la  Lune.  On  distingue  plusieurs  queues  :  une  première  aigrette 
lumineuse  assez  fine,  la  plus  occidentale,  de  55'  de  longueur;  une  deuxième  branche 
plus  large,  mais  bien  moins  lumineuse,  que  l'on  suit  facilement  sur  le  phototype, 
sur  une  longueur  de  3°3o';  une  aigrette,  plus  lumineuse,  très  fine  vers  la  chevelure, 
mais  s'élargissant  insensiblement  jusqu'à  un  centre  de  condensation  bien  marqué, 
situé  à  i°3o'  du  noyau  de  la  comète;  ensuite  cette  aigrette  se  prolonge,  en  devenant 
plus  faible,  jusqu'à  3°2o'  environ;  enfin,  vis-à-vis  du  centre  de  condensation  de  l'ai- 
grette précédente,  mais  rejetée  plus  à  l'est,  on  observe  une  queue,  la  plus  large,  la 
plus  lumineuse  et  la  plus  longue,  qui  atteint  au  moins  7°5o'.  Cette  branche  est  elle- 
même  très  irrégulière.  » 


CHRONOMÉTRIE.    —    Sur  les     conditions    de    la   synchronisation. 
Note  de  M.  Andrade,  présentée  par  M.  H.  Poincaré. 

«  Régime  d'une  horloge  synchronisée.  —  Soient  I  le  moment  d'inertie 
d'un  balancier  synchronisé;  m  l'écart  au  point  mort;  I(Ro-h/-)M  le  mo- 
ment de  rappel  où  la  fonction  rest  une  fonction  paire  fort  petite,  à  laquelle 

se    rattachent  les  perturbations  d'isochronisme;   l(\-hl)—  le  couple 

d'amortissement  où  /  est  une  fonction  de  la  vitesse  ~  =  u'  ;  nous  suppo- 
sons cette  fonction  et  sa  dérivée  petites  par  rapport  à  1^  qui  est  lui-même 
petit.  Soit  encore  IF(;)  le  moment  de  la  force  synchronisante,  fonction 
périodique  du  temps,  de  période  V. 

»  Pendant  que  l'échappement  n'agit  pas  sur  le  balancier,  le  mouve- 
ment de  celui-ci  est  défini  par  l'équation 

(')  S?  +  (^«  +  0^+(R.  +  '-)«  =  F(0; 

posons  alors  k'T  =  27û,  k'^  =  R'^ ,  R^  —  R',^  =  a^;  et  faisons  le  changement 

de  variables 

u  =y  s'm/i:' t  -+-  z  cosk't, 

(^)  \  W  j,  .    ,, 

-p  =yco&/ct —  z  smX:  t. 


244  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Soit  /(,  une  époque  quelconque,  mais  fixe  dans  le  raisonnement  qui  va 
suivre;  soient  j^,  z^  les' valeurs  fie  j,  z  à  l'époque /„  et  Y^,  Z^,  les  valeurs 
des  mêmes  variables  à  l'époque  t^  +  T .  Nous  envisagerons  l'échappement 
comme  ae^issant  instantanément  à  l'époque  t,  et  si  nous  considérons  une 
fonction  û  de  y^  et  z^  qui  dépend  sensiblement  du  seul  argument 
y/y-  -{-  z\^^  po,  et  qui,  même  dans  une  certaine  étendue  des  amplitudes  uLi- 
lisables,   est   sensiblement  constante,    nous  aurons    en  taisant  -ttt"  =  !-'•' 


Y.  = 


(3) 


p.::o+(i-  À)ro+acosA-  /,  +  /  ^ dl, 

(i  -  }.).^„  +  ;..  y,  -  o  suU-'/,  -   /  -^, dl. 

l'échappement  frappant  presque  au  point  mojt,  on  aura  sensiblement 


^  _  ^  <^7o  ~  Po 

t'-^û  Po 


»   Soit  (j'o>  -o)  '®  point  double  de  la  substitution  (3)  et  posons 
V  =  J-Jo'  \z=:z  —  z,; 

(3)  pourra  s'écrire  dans  un  voisinage  suffisant  de  (y,,,  c^)  : 

(4)  AY,=:-;xA^o+(i->.)A/,-P-sin^-7,(^Ar„~^A.O, 

\      Po  Po  / 

(5)  AZ,=  (i-l)àz,+  i.Ay,-acosk't,('-^^Ay,-'-^AzX 

\     Pc  po  / 

))   Posons  encore 

AY^)  =  V]  sin/^;  A/o  =  ^î5'n^î 

AZ„  =  YjCos/;  Ago=:£CosO; 

en  formant  les  combinaisons 

(4)  cosi?:^,  —  (5)  sinX-7,  ;  et  (4)  .sin>?:7,  H- (5)  cosX-'/<, 

nous  obtenons 

'/)  sin  ('i  —  /c' t  f)  =^  —  fx£cos(0  — X:'^^)^-(I  —l)^s\n(fi  —  k't^), 
yiCOs(-/_  —  k'tf)-—  —  [j,£sin(0  — ^'/,)  +  (i  — A)£Cos(0  —  k' t^)  —  -^  £sin(0  —  a„). 


SÉANCE    DU    27    JUILLET    igoS.  245 

d'où  l'on  déduit 

a,sin(6  —  7)  +  (i  —  X)cos(0  —  '/)—  ^sin(0  —  a„)cos(7  —  ^-'/,) 

»  Si  le  module  de  la  parenthèse  facteur  de  £  est  moindre  que  i  dans  un 
voisinage  suffisant  de  (jo'  -o)>  1^  substitution  dont  (3)  est  l'expression 
approchée  sera  convergente,  à  la  manière  des  sabstilutions  à  une  variable 
de  M.  Kœmgs. 

»   Or,  on  a 


I  |x  sin  (0  - /J  +  (  I  -  >.)  cos  (0  -  x)  |<  v^(  1  -  ^y 
»   La  condition 


(6)  ^(ï_X)^  +  ^.^+-A^<i 

assurera  donc  la  convergence  des  substitutions  répétées  |  y^,  z^  1 1  Y^,,  Z^  \  et 
par  suite  un  régime  limite  périodique  pour  le  mouvement  du  balancier  de 
l'horloge  synchronisée. 

))  Réglage  de  la  force  synchronisante.  —  On  peut  d'ailleurs  régler  la  force 
synchronisante  pour  que  la  valeur  de  p^  soit  donnée  à  l'avance. 

»   Soit,  en  effet,  donné  en  série  de  Fourier 

F(/)  =  A„  +  A,  cosk' t  —  C,  ?,ink' l  +. ..; 
faisons 

y^=  po  sina„,  >.  =  ^-cosp, 

^0=:^  Pocosa,,,  .x:=:  i?- sin^; 

le  point  double  de  la  substitution  (3)  sera  donné  par 

i^  sina„+  o-p„  sin(a„  +  p)  =  ^  A,, 

(7)  _    ^       ,     ; 

f   £2cosa,+  o-p^cos(a„-h  (i)  =  -^(.,, 

qui  définiront  à  leur  tour  la  force  synchronisante  dans  ses  éléments  in- 
fluents. 

»  Quelques  conséquences.  —  (6)  nous  apprend  que  l'on  pourra,  avec 
l'amortissement  naturel  de  l'horloge,  réaliser  la  synchronisation  tant  que 
I  p.  I  est  suffisamment  inférieur  à  sj^.!. 

»    Quand  les  valeurs  de  |  [j.  \  deviennent  plus  considérables,  il  sera  néces- 

C.  R.,  1903,  ?.'  Semestre.  (T.  CXXXVIT,  N°  4  )  ^^^ 


246  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

saire  d'employer  l'amortissemenL  additionnel  électromagnétique  de  Cornu. 

»  L'influence  des  levées  de  l'échappement  ne  doit  pas  modifier  d'une 
manière  bien  notable  les  conclusions  que  nous  venons  de  former  pour  un 
échappement  à  impression  instantanée. 

»  Généralisation  d'un  théorème  de  Cornu.  —  Si  l'on  suppose  /=  o  =  z  et 
si  l'on  supprime  l'échappement,  la  substitution  |  j^,  ^^^  1 1  Yq,  Z^  |  devient 
rigoureusement  une  transformation  du  plan  par  similitude  directe,  et  le 
théorème  relatif  à  un  régime  limite  périodique  établi  par  Cornu  (Mémoire 
de  1894)  pour  une  force  synchronisante  petite  et  un  amortissement  petit, 
devient  débarrassé  de  ces  hypothèses  restrictives  par  la  considération  du 
pôle  de  similitude  de  la  transformation  précédente.    » 


OPTIQUE.  —  Sur  la  mesure  du  dichroïsme  des  cristaux. 
Note  de  M.  Georges  Meslix,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Lorsqu'on  reçoit  dans  la  loupe  dichroscopique  de  Haidinger  un  fais- 
ceau de  lumière  naturelle  et  que,  après  avoir  intercalé  un  cristal  en  avant  de 
la  loupe,  les  deux  images  prennent  des  colorations  différentes,  on  dit  que 
le  cristal  est  dichroique.  Pareillement  on  dit  qu'il  y  a  dichroïsme  lorsque  ce 
cristal  présente  des  teintes  différentes  suivant  la  direction  dans  laquelle  la 
lumière  le  traverse. 

»  La  cause  fondamentale  de  ce  phénomène  réside,  comme  on  le  sait, 
dans  l'inégale  absorption  des  vibrations  suivant  leur  orientation  ;  mais  la 
production  des  deux  couleurs  provient  essentiellement  de  ce  que  la  loi  de 
l'absorption  qui  varie  avec  la  direction,  varie  aussi  dans  le  spectre  avec  la 
longueur  d'onde,  c'est-à-dire  avec  la  radiation  considérée,  de  telle  sorte 
que,  si  l'on  envisage,  d'une  manière  générale,  le  dichroïsme  comme  la  pro- 
priété en  vertu  de  laquelle  les  vibrations  principales  sont  inégalement  mo- 
difiées, il  peut  arriver  qu'avec  certains  cristaux  les  deux  images  soient 
colorées  de  la  même  façon,  si  l'inégalité  de  modification  s'étend  suivant 
la  même  loi  à  tout  le  spectre.  Pourtant,  de  tels  cristaux  manifesteront  encore 
la  propriété  dont  ils  jouissent,  en  donnant  deux  images  dont  les  intensités 
seront  différentes;  elles  pourront  même  être  blanches  si  le  cristal  absorbe 
éfi^alement  les  différentes  teintes,  tout  en  présentant  une  absorption  variable 
avec  la  direction.  Il  est  vrai  que  ce  dernier  cas,  qu'on  pourrait  appeler  le 
dichroïsme  blanc,  s'observera  malaisément  s'il  est  peu  intense,  la  loupe 
dichroscopique  ne  présentant  pas  une  grande  sensibilité  pour  apprécier, 


SÉANCE    DU    27    JUILLET    190'^.  2^7 

dans  ces  conditions,  des  différences  d'intensité.  Pareillement,  de  tels  cris- 
taux n'offriront  pas  deux  teintes  lorsqu'on  les  observera  par  transparence 
dans  diverses  directions;  ils  seront  seulement  plus  ou  moins  colorés  ou 
même  plus  ou  moins  absorbants  sans  coloration. 

«  J'ai  pensé  que,  sur  de  semblables  corps,  la  propriété  fondamentale 
(inégalité  d'absorption)  avait  pu  échapper  à  l'observation  ordinaire,  et  j'ai 
cherché  à  la  mettre  en  évidence  par  un  dispositif  qui  donnât  naissance  à 
des  couleurs,  même  dans  le  cas  du  dichroïsme  blanc. 

»  On  peut  y  parvenir  en  remarquant  que  si  l'on  fait  tomber  un  faisceau 
de  lumière  naturelle  sur  un  tel  cristal,  que  nous  supposerons,  pour  fixer  les 
idées,  être  un  cristal  uniaxe  dont  nous  mettrons  l'axe  horizontal,  les  deux 
composantes  V  et  H,  primitivement  égales,  seront  inégalement  modifiées 
par  l'absorption;  elles  constitueront,  à  la  sortie,  un  faisceau  de  lumière 
partiellement  polarisée  qui,  reçu  sur  un  polariscope  à  teintes,  donnera  des 
colorations  caractéristiques. 

»  J'ai  utilisé  un  polariscope  à  lame  biquartz,  de  Soleil,  c'esl-à-dire  un  polariscope 
à  lunules  d'Arago  dans  lequel  la  plaque  de  cristal  de  roche  est  remplacée  par  la  double 
lame  à  deux  rotalions  dont  l'analyseur  biréfringent  fournit  deux,  images.  En  tournant 
cet  analyseur  à  45''  de  l'axe  du  cristal  à  étudier,  on  amène  l'une  des  deux  images  à  se 
former  à  droite  et  au-dessus  de  l'autre,  et  c'est  dans  cette  position  que  les  différences 
de  couleurs  apparaissent  le  plus  nettement  avec  les  cristaux  dichroïques. 

»  Par  exemple,  avec  une  tourmaline  très  mince  et  à  peine  colorée  (cristal  négatif), 
les  parties  inXernes  placées  en  regard  sont  roses,  tandis  que  les  deux  demi-disques 
extérieurs  sont  verts;  avec  une  plaque  de  quartz  enfumé  (cristal  positif)  qui  manifeste 
à  la  loupe  de  Haidinger  un  dichroïsme  à  peine  sensible,  les  deux  demi-disques 
internes,  voisins  l'un  de  l'autre,  sont  colorés  en  vert,  tandis  que  les  parties  externes 
présentent  une  teinte  rose,  le  polariscope  étant  orienté  comme  précédemment.  On  sait 
que  dans  les  cristaux  négatifs  la  vibration  perpendiculaire  à  l'axe  est  la  plus  absorbée, 
tandis  que  dans  les  cristaux  positifs,  c'est  la  vibration  parallèle  à  l'axe  qui  présente  la 
modification  la  plus  importante. 

»  On  verra  donc  de  suite,  par  la  disposition  des  colorations,  à  quelle  espèce  de 
dichroïsme  on  aura  affaire  et  cette  méthode  présentera  son  maximum  de  sensibilité 
pour  les  corps  qui  ne  donnent  que  de  faibles  indications  avec  la  loupe  de  Haidinger. 

»  De  plus,  on  pourra  mesurer  ce  dichroïsme  de  la  façon  suivante  :  il  suffit  de  con- 
stituer la  lumière  naturelle  qui  éclaire  l'appareil  par  un  faisceau  de  lumière  polarisée 
traversant  une  lame  épaisse  de  quartz  taillée  parallèlement  à  l'axe;  la  dépolarisation 
est  complète  lorsque  le  polariseur  est  à  45°  des  axes  de  la  lame,  et  le  polariscope 
permet  d'ailleurs  de  s'en  assurer;  lorsqu'on  Intercale  ensuite  le  cristal  convenablement 
orienté,  des  couleurs  prennent  naissance  et  l'on  tourne  le  polariseur  jusqu'à  ce  qu'elles 
disparaissent;  les  deux  composantes  V  et  II  sont  alors  inégales  entre  elles,  puisque  les 
amplitudes  redeviennent  ensuite  égales  lorsqu'on  les  modifie  par  des  absorptions  dif- 


2^8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

férentes  dans  le  cristal  ;  si  l'on  désigne  par  A^  el  A./,  les  coefficients  qui  multiplient  les 
amplitudes,  on  a,  lorsque  la  lumière  naturelle  est  reconstituée,, 

VA^=HA/„  d'où          -^— —  —  —  tanga, 

Al,  H 

a  étant  l'angle  qui  définit  la  position  du  polariseur  par  rapport  à  la  lame  dépolarisante. 
On  pourra  en  déduire  immédiatement  la  différence  des  coefficients  d'absorption  de  la 
lame  cristalline. 

))  Si  l'on  veut  appliquer  celte  même  méthode  aux  cristaux  colorés  ou  à 
ceux  dont  l'absorption  varie  dans  l'étendue  du  spectre  pour  les  différentes 
directions  de  vibrations,  on  ne  pourra  plus  employer  le  polariscope  de 
Soleil  dont  la  grande  sensibilité  tient  à  l'emploi  de  la  lumière  blanche. 
L'adjonction  d'un  producteur  de  teinte  sensible  ne  suffisant  pas  toujours  à 
rendre  la  méthode  utilisable,  j'ai  alors  modifié  le  dispositif  en  employant 
un  polariscope  à  franges  (de  Sénarmont);  en  intercalant  des  verres  colo- 
rés et  en  produisant  la  disparition  des  franges,  on  mesure  le  dicliroïsme 
dans  les  différentes  régions  du  spectre.  Pour  les  petits  cristaux,  on  utilisait 
le  système  convergent  convenablement  modifié  d'un  microscope  polarisant 
dont  l'oculaire  était  remplacé  par  le  polariscope  de  Sénarmont.   » 


OPTIQUE.  —  Du  dichroïsme  électrique  des  liqueurs  mixtes. 
Note  de  M.  J.  Chaudifr,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Dans  une  série  de  Notes  sur  le  dichroïsme  magnétique  ('),  M.  Meslin 
a  étudié  les  modifications  que  subit  la  lumière  naturelle,  lorsqu'elle  tra- 
verse certaines  liqueurs  mixtes  (liquides  contenant  en  suspension  des  par- 
ticules cristallines),  placées  dans  un  champ  magnétique.  Il  a  également 
signalé  une  modification  analogue  produite  dans  un  champ  électnque  avec 
la  liqueur  constituée  par  le  sulfure  de  carbone  et  l'hélianthine  ;  sur  ses 
conseils,  je  me  suis  proposé  de  vérifier  si  d'autres  liqueurs  mixtes  présen- 
taient cette  propriété  et  de  déduire  les  lois  du  phénomène  de  cette  étude 
expérimentale. 

»  Une  cuve  en  verre  est  placée  sur  un  support  en  ébonite,  entre  deux  plateaux  mé- 
talliques circulaires  et  parallèles,  soigneusement  isolés.  Un  faisceau  de  lumière  paral- 
lèle aux  plateaux  traverse  la  cuve;  il  est  reçu  à  sa  sortie  sur  un  polariscope  à  biquarlz 

(')  Comptes  rendus,  séances  des  G  et  i4  avril,  4  niai,  2  et  5  juin  1908. 


SÉANCE  DU  27  JUILLET  IQoS.  249 

de  Soleil.  L'un  des  plateaus.  communique  avec  le  sol,  l'autre  est  relié  soit  à  l'un  des 
pôles  d'une  machine  de  Wimshurst,  soit  à  l'armature  interne  d'une  bouteille  de  Leyde 
dont  l'armature  externe  est  au  sol. 

»  On  vérifie  d'abord  que  le  champ  électrique  produit  ne  donne  pas  naissance  au 
phénomène  de  Kerr  :  pour  cela,  on  constate  que  le  liquide  constituant  de  la  liqueur 
mixte,  placé  dans  la  cuve,  ne  manifeste  pas  de  biréfringence,  puis  on  ajoute  au  liquide 
des  particules  cristallines,  et,  en  maintenant  le  champ  primitif,  on  observe  au  polari- 
scope  les  modifications  subies  par  la  lumière.  Un  certain  nombre  de  liqueurs  présentent 
un  dichroïsme  sensible;  mais,  avec  ces  liqueurs  actives,  le  dichroïsme  exige  un  cer- 
tain temps  pour  apparaître  et  pour  disparaître  après  la  suppression  du  champ.  Par  ce 
caractère,  le  phénomène  étudié  se  différencie  du  phénomène  de  Kerr,  qui  est  instantané. 

»  La  plupart  des  liqueurs  actives  présentent  le  dichroïsme  spontané  ('),  qu'il  faut 
déduire  du  dichroïsme  total  observé. 

»  Résultats.  —  i^  Les  liquides  qui  entrent  dans  la  composition  des 
liqueurs  actives  sont  des  composés  non  oxygénés,  à  constante  diélectrique 
peu  élevée.  Les  principaux  liquides  employés  sont  : 

Le  sulfure  de  carbone.  Le  xylène. 

La  nitrobenzine.  L'essence  de  térébenthine. 

Le  cinnamène.  Le  tétrachlorure  de  carbone. 

Le  cumène.  Le  chloroforme. 

La  benzine.  Le  pétrole  lampant. 

Le  toluène.  L'amylène. 

»  L'eau,  les  alcools,  les  aldéhydes,  les  acétones,  les  acides  et  d'une 
façon  générale  les  liquides  à  constante  diélectrique  élevée,  associés  à 
divers  solides,  n'ont  pas  donné  de  dichroïsme  appréciable. 

»  Les  solides  actifs  présentent,  sans  exception,  une  structure  cristalline  ; 
les  principaux  sont  les  suivants  : 

L'acide  gallique.  L'acide  borique. 

L'acide  pyrogallique.  Le  citrate  de  potasse. 

L'acide  picrique.  Le  benzoate  de  chaux. 

La  chrysophénine.  Le  benzoate  d'ammoniaque. 

L'hélianthine.  Le  bicarbonate  de  soude. 

»  Il  ne  paraît  pas  exister  de  relation  directe  entre  les  caractères  chi- 
miques du  solide  et  le  dichroïsme  électrique  qu'il  peut  produire  lorsqu'on 
l'associe  à  un  liquide  convenable  ;  le  phénomène  semble  dépendre  de  la 
constitution  physique  des  particules  cristallines  (forme  lamellaire,  indice, 
densité). 

(')  Comptes  rendus,  séance  du  29  juin  igo3,  p.  1642. 


25o  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  2^  Comme  le  dichroïsme  magnétique,  le  dichroïsme  électrique  est 
susceptible  d'être  caractérisé  par  un  signe;  mais,  pour  un  même  solide, 
le  dichroïsme  peut  être  positif  ou  négatif  suivant  le  liquide  qui  le  tient  en 
suspension.  Ainsi,  l'acide  borique  présente  le  dichroïsme  positif  avec 
l'amylène,  et  le  dichroïsme  négatif  avec  le  cinnamène,  le  cumène,  la 
benzine,  l'essence  de  térébenthine  et  le  pétrole.  Le  benzoate  de  chaux 
présente  le  dichroïsme  positif  avec  le  pétrole  et  l'amylène,  et  le  dichroïsme 
négatif  avec  le  cinnamène  et  le  cumène. 

»  Des  changements  de  signe  peuvent  aussi  se  produire,  lersqu'on  associe 
à  un  même  liquide  des  solides  différents  :  la  benzine  avec  la  chrysophé- 
nine,  le  citrate  de  potasse  et  le  benzoate  de  chaux  donne  naissance  à  un 
dichroïsme  positif,  tandis  que  ce  liquide  donne  naissance  à  un  dichroïsme 
négatif  avec  l'hélianthine,  l'acide  borique,  l'acide  gallique  et  le  benzoate 
d'ammoniaque. 

»  De  ces  inversions  il  résulte  que,  dans  le  champ  électrique  comme 
dans  le  champ  magnétique,  le  signe  du  dichroïsme  dépend  des  deux  con- 
stituants des  liqueurs  mixtes,  et  que  l'effet  observé  est  un  effet  relatif. 

))  3°  Le  dichroïsme  des  liqueurs  actives  à  la  fois  dans  un  champ  magné- 
tique et  dans  un  champ  électrique,  n'est  pas  toujours  affecté  du  même 
sis^ne  :  avec  le  sidfure  de  carbone,  l'hélianthine  présente  un  dichroïsme 
positif  dans  le  champ  magnétique  et  négatif  dans  le  champ  électrique;  on 
constate  un  changement  de  signe  analogue  en  associant  la  chrysophénine 
au  sulfure  de  carbone. 

»  De  plus,  les  modifications  subies  à  la  sortie  de  la  liqueur  par  les  com- 
posantes principales  de  la  lumière  parallèles  et  perpendiculaires  aux  lignes 
de  force  du  champ,  sont  différentes  dans  le  champ  magnétique  et  dans  le 
champ  électrique.  Tandis  que  la  lumière  émergente  est  polarisée  en 
général  rectilignement  dans  le  champ  magnétique,  elle  est  polarisée  ellipti- 
quement dans  le  champ  électrique  et  j'ai  observé  une  biréfringence  notable 
avec  toutes  les  liqueurs  étudiées,  w 

PHYSIQUE.  —  Sur  la  séparation  des  mélanges  gazeux  par  la  force  centrifuge. 
Note  de  MM.  G.  Claude  et  E.  Democssy,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  Parmi  les  moyens  que  l'un  de  nous  a  été  amené  à  envisager  en  vue  de 
l'extraction  économique  de  l'oxygène  de  l'air,  un  des  premiers  qu'il  ait  eu 
à  expérimenter  a  été  l'action  de  la  force  centrifuge  sur  les  éléments  inéga- 
lement denses  qui  constituent  l'atmosphère.  Les  essais  effectués  à  ce  propos 


SÉANCE  DU  27  JUILLET  igoS.  201 

n'avaient  fourni,  aux  allures  employées,  que  des  résultats  négatifs,  et  la 
méthode  n'avait  paru  susceptible  d'en  donner  d'appréciables  qu'à  la  con- 
dition, peu  pratique,  d'atteindre  des  vitesses  de  l'ordre  des  vitesses  molé- 
culaires des  gaz.  Aussi  cette  voie  avait-elle  été  abandonnée  pour  d'autres, 
lorsque,  dans  ces  dernières  années,  des  recherches  analogues  furent  entre- 
prises, tant  en  France  qu'en  Italie.  Ces  recherches,  au  dire  de  leurs  auteurs, 
auraientdonnéd'assez  bons  résultats  pourfournir,  en  quantités  abondantes, 
avec  des  vitesses  voisines  de  celles  employées  dans  nos  propres  essais,  de 
l'air  suroxygéné  au  taux  de  3o  pour  100. 

))  Nous  avons  jugé  alors  qu'il  était  intéressant  d'instituer  de  nouvelles 
expériences  plus  précises,  pour  fixer,  autant  que  possible,  les  conditions 
de  la  séparation. 

»  Voici  le  dispositif  auquel  nous  nous  sommes  arrêtés  :  le  mélange  gazeux  à  étudier 
est  introduit  dans  un  solide  tube  d'acier,  de  3*^™  environ  de  diamètre  intérieur,  et  d'une 
longueur  de  5o'"\  Ce  tube,  fermé  à  ses  deux  extrémités  par  des  bouchons  à  vis  munis 
de  robinets  pointeaux,  est  divisé  en  trois  compartiments,  par  deux  cloisons  internes 
symétriquement  placées  au  voisinage  des  deux  extrémités.  Ces  cloisons  servent  de 
siège  à  des  soupapes  appliquées  au  repos  par  des  ressorts.  Le  tube  est  fixé  perpendi- 
culairement par  son  milieu  à  un  axe  horizontal,  qu'un  moteur  électrique  peut  faire 
tourner  à  la  vitesse  angulaire  relativement  élevée  de  36oo  tours  par  minute,  ce  qui 
représente,  pour  l'extrémité  du  tube,  une  vitesse  linéaire  de  94™  par  seconde.  Il  n'a 
pas  paru  prudent  de  dépasser  cette  vitesse,  d'ailleurs  notablement  plus  grande  que  celles 
des  appareils  industriels  cités  2:)lus  haut. 

»  Sous  l'action  de  la  force  centrifuge,  les  soupapes  s'ouvrent  vers  la  périphérie  dès 
que  le  tube  est  en  mouvement,  de  manière  à  établir  une  large  communication  entre 
le  compartiment  central  et  les  deux  petites  chambres  périphériques,  qui  reprennent 
leur  indépendance  à  l'arrêt.  Létanchéité  absolue  des  soupapes  et  des  robinets  et  leur 
parfait  fonctionnement  ont  été  soigneusement  vérifiés  au  cours  de  chaque  essai. 

»  Le  mélange  gazeux  à  séparer  est  introduit  sous  pression,  cette  condition  augmen- 
tant la  différence  de  densités,  paraissant  favorable  à  la  séparation  et  favorisant  les 
diverses  opérations.  Il  est  introduit  dans  le  tube  par  un  ajutage  central,  obturable 
par  le  jeu  d'un  bouchon  à  vis.  Les  robinets  des  extrémités  étant  ouverts,  les  sou- 
papes se  lèvent  et  une  forte  purge  balaie  l'atmosphère  préexistante.  On  ferme  les  ex- 
trémités, puis  l'ajutage  central;  le  tube  plein  de  gaz  sous  pression  est  mis  en  mouve- 
ment pendant  un  temps  qui  a  varié,  suivant  les  essais,  de  i  demi-heure  à  x  heure.  Le 
tube  étant  arrêté,  des  échantillons  de  gaz  sont  prélevés  dans  les  trois  compartiments, 
recueillis  sur  le  mercure  et  analysés  à  l'aide  de  l'eudiomètre  Schlœsing. 

7)  Voici  quelques-uns  des  résultats  obtenus  : 

))  Air.  —  Pression  du  mélange,  5*^'"  ;  vitesse  de  rotation,  36oo  tours;  durée  de 
l'expérience,  3o  minutes. 

Composition  initiale  :  oxygène 20,96  pour  100 

Compartiment  du  milieu. .  .  .      20,90  » 


Composition  finale.  ..  .   .  ^  .  .  .  „, 

'  Compartiments   extérieurs..      20, bb 


252  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

7>  Les  petites  différences  de  composition,  d'ailleurs  inverses  de  celles  que  l'on  pou- 
vait attendre,  sont  de  l'ordre  des  erreurs  d'expérience.  Donc,  pas  de  séparation  obser- 
vable. 

»  En  vue  d'augmenter  non  seulement  les  différences  de  densités,  mais  encore  leur 
rapport,  de  nouveaux  essais  ont  été  effectués  sur  des  mélanges  gazeux  autres  que  l'air. 

»  Oxygène  et  acide  carbonique.  —  Pression  du  mélange,  6''*"';  vitesse,  36oo  tours; 
durée  de  l'expérience,  i  heure. 


Gaz  initial. 

CO-  pour  loo 46,7 

O  pour  100 48)4 

»  L'oxygène  renfermait  une  petite  quantité  d'azote.  Ici  encore,  pas  de  séparation 
appréciable. 

»  Hydrogène  et  acide  carbonique.  —  Pression  du  mélange,  ^^tm .  vitesse,  36oo 
tours  ;  durée  de  l'expérience,  4o  minutes. 


Gaz 

final. 

"  ' 

Extrémités. 

Milieu. 

1.                 2. 

52,  I 

52,3        52, 

I 

46,9 

46,9        47> 

I 

Gaz  initial. 

CO^  pour  100 52,3 

H  pour  1 00 47  1 1 

»  Pas  plus  que  dans  les  expériences  précédentes,  il  ne  paraît  y  avoir  de  séparation. 

»  Répétons  que  ces  essais  ont  été  faits  avec  toutes  les  précautions  dési- 
rables; ils  ont  été  renouvelés  plusieurs  fois,  et  les  différences  observées 
n'ont  jamais  dépassé  o,  3  pour  100,  dans  l'un  ou  l'autre  sens.  L'eudiomèlre 
de  M.  Schlœsing  permet  des  analyses  rigoureuses  ;  toutes  les  conditions, 
chambres  périphériques  petites  par  rapport  au  compartiment  central, 
vitesse  de  rotation  considérable,  durée  de  l'expérience  très  prolongée, 
mélange  gazeux  sous  pression,  gaz  de  densités  très  différentes,  paraissent 
propres  à  amplifier  les  différences  de  composition  finale,  à  supposer  qu'à 
ces  vitesses  il  y  ait  une  tendance  appréciable  cà  la  séparation.  Pourtant  nos 
résultats  montrent  que,  si  une  telle  tendance  existe,  elle  ne  saurait  pro- 
duire que  des  modifications  de  l'ordre  des  faibles  erreurs  d'expérience.  Si 
la  contradiction  entre  nos  conclusions  et  celles  des  expérimentateurs  ita- 
liens, par  exemple,  tient  seulement  à  la  différence  entre  notre  appareil 
tubulaire  et  l'appareil  en  forme  d'essoreuse  de  ces  auteurs,  il  y  aurait  là 
quelque  chose  de  curieux  à  élucider  au  point  de  vue  de  la  théorie  des  gaz. 
»  Mais  il  conviendrait,  avant  tout,  d'être  fixé  exactement  sur  les  résul- 
tats des  autres  expérimentateurs,  et  jusqu'à  plus  ample  informé  il  nous 
faut  admettre  que  la  séparation  des  mélanges  gazeux  par  la  force  centri- 


SÉANCE    DU    27    JUILLET    fpoS.  2S3 

fuge  ne  peut  donner  que  des  résultats  infiniment  inférieurs  aux  résultats,  si 
remarquables,  obtenus  par  l'intermédiaire  de  la  liquéfaction.  » 


MÉCANIQUE  CHIMIQUE.  —  Sur  les  lois  et  les  équations  de  l' équilibre  chimique . 
Note  de  M.  Ariès,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Considérons  un  système  chimique  en  équilibre  et  partagé  en  <p  phases. 
Les  changements  réversibles  qu'il  peut  subir  obéissent,  avant  tout,  à  cer- 
taines équations  de  liaisons,  qui  expriment  que  les  corps  en  jeu  passent 
d'une  phase  à  l'autre  sans  changer  de  masse,  ou  se  transforment  en  suivant 
les  règles  des  proportions  définies. 

»  Parmi  les  modifications  virtuelles,  c'est-à-dire  compatibles  avec  les 
seules  équations  de  liaisons,  on  peut  en  concevoir  qui  consistent  à  rendre 
minimum  le  nombre  q  des  corps  coexistants;  ce  nombre  est  toujours  le 
même,  quelle  que  soit  la  modification  choisie.  Ces  q  corps,  que  nous  dési- 
gnerons par«,,  a.,  ...,  a,,,  sont  les  constituants  indépendants  &w  système. 
Les  r  autres  corps  A,,  Ao,  ...,  A^,  qui  existent  aussi  dans  le  système  en 
équilibre,  ne  pourront  être  produits  qu'aux  dépens  des  premiers. 

»  cj,,  CT2,  ...,  Tôy  et  n,,  ITo,  ...,  n,.  étant  respectivement  les  poids  molé- 
culaires des  corps  a  et  A,  leur  équivalence  qualitative  s'exprimera  au 
moyen  de  /■  équations  distinctes  de  la  forme 

(j)  \\i=k\v,^-{-k\u.-^...-\-k]vs^         (i=  i ,  '2,  .  .  .,r), 

k] ,  k'- ,  . . .,  kj  étant  des  constantes  numériques  simples. 

»  Si  l'on  représente,  d'une  façon  générale,  par  x]  ou  .r]  .  la  proportion 
moléculaire  du  corps  «,  ou  du  corps  A^  existant  à  l'état  de  mélange  dans  la 
^leme  phase^  Je  potentiel  H_j  de  cette  phase,  fonction  de  la  pression  p  et  de 
la  température  T,  sera  aussi,  évidemment,  une  fonction  homogène  et  du 
premier  degré  en  x\,  x'._,,  . . .,  x^^,  -^y+i»  •  •  •-  •^\+r-  On  aura  donc,  d'après  la 
formule  d'Euler, 

H^  =  51^^/4  i={i,  2,  ..  .,  q,  q  ^  \,  ...,  q  -j- /•), 


en  posant 


»   h]  est  le  potentiel  moléculaire  et  individuel  de  l'un  des  q  -\-  r  corps  en 
jeu  ;  il  est  du  degré  zéro  par  rapport  aux  x. 
C.  R.,  1903,  >»  Semestre.  (T.  CXXXVH,  N°  4.) 


3fi 


254  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

»  Le  potentiel  total  H  du  système  est,  d'ailleurs, 

H  =  11,  4- H,  4-... +  H^. 

))  Si  le  système  est  en  équilibre  dans  un  milieu  de  température  et  de 
pression  données,  sans  qu'aucun  changement  compatible  avec  les  liaisons 
ait  une  tendance  à  se  produire,  c'est  que  l'entropie  de  l'ensemble  constitué 
par  le  milieu  et  par  le  système  ne  peut  plus  augmenter  et  que,  par  consé- 
quent, le  potentiel  du  système  ne  peut  plus  diminuer  (').  Il  est  minimum, 
ainsi  que  l'exige  le  principe  de  Lejeune-Dirichlet  que  l'on  retrouve  dans 
la  Statique  chimique,  et  l'on  doit  avoir,  quelles  que  soient  les  variations  </a? 
compatibles  avec  les  liaisons, 

(2)  dR  =  o  et  r/=^H>o. 

»  L'équation  différentielle  (2)exprime  que  le  potentiel  d'an  système  en 
équilibre  chimique  reste  constant  pour  toute  modification  virtuelle  élé- 
mentaire du  système.  C'est  encore  le  principe  des  modifications  ou  des 
vitesses  virtuelles  de  la  Mécanique  rationnelle,  appliqué  à  la  Statique  chi- 
mique. 

»  De  ce  principe  on  déduit,  sans  avoir  autrement  besoin  de  former  les 
équations  de  liaisons,  les  deux  lois  données  par  Gibbs,  et  qu'observent  les 
potentiels  A,  lois  fondamentales  qui  suffisent  à  poser  toutes  les  équations 
de  l'équilibre. 

»  Première  loi.  —  Si  Von  considère  la  modification  virtuelle  consistant 
simplement  à  faire  passer  d'une  phase  s  à  une  autre  phase  s'  la  proportion  dx 
de  Cun  des  q  -\-  r  corps  actifs,  V équation  (2.)  se  réduira  à 

dR  —  (h'i  —  h'.)  dx  —  o, 
d'oà  l'on  tire 

(3)  /»;=/<. 

»  Le  potentiel  d'une  même  masse  de  l  un  quelconque  des  corps  a  la  même 
valeur  dans  toutes  les  phases  que  ce  corps  occupe. 

»  L'indice  supérieur  qui  affecte  la  lettre  h  devient  sans  objet,  on  pourra 
le  supprimer. 

M  Deuxième  loi.  —  Considérons  la  modification  qui  consiste  à  faire  varier 
de  dx,  dans  l'une  des  phases,  la  proportion  moléculaire  du  corps  A,,    cette 

(')   Voir  Comptes  rendus  du  6  juillet  1908. 


SÉANCE  DU  27  JUILLET  igoS.  255 

variation  devant  être  compensée  dans  des  phases  quelconques  par  des  variations 
correspondantes  des  proportions  de  ses  constituants  <2,,  «,1  •  •  •»  ^^'  Ces  der- 
nières variations  seront,  diaprés  la  formule  (i), 

—  k\  dx,      —  kj  diT,     . . .,      —  kj dx, 

et  r équation  (2)  deviendra 

d\\  =  (h,^^,-  —  X-;  A,  —  kj/u  —  ...  —  /c'I/i^)  dx  =  o, 

d'où  l'on  tire 

(4)  h^^.  =  k\h,+k]h,+...^k]h^         (i=i,  2,  ...,r). 

»  Toute  réaction  chimique  se  produit  avec  la  même  équivalence  entre  poten- 
tiels moléculaires  qu'entre  poids  moléculaires,  et,  notamment,  le  potentiel 
de  tout  corps  composé  est  égal  à  là  somme  des  potentiels  de  ses  consti- 
tuants. 

))  lies  équations  (3)  sont  en  nombre  égal  au  nombre  des  x  diminué  de 
q  -[-  r;  il  existe  r  équations  (4)»  ^n  sorte  qu'il  manquerait  encore  q  équa- 
tions pour  déterminer  tous  les  x  en  fonction  de  p  et  de  T,  étant  entendu 
que  la  fonction  H  est  connue;  mais  les  dérivées  h  de  cette  fonction  sont  du 
degré  zéro  par  rapport  aux  x  :  les  équations  (3)  et  (4)  suffisent  donc  à 
fixer  la  composition  de  chaque  phase. 

»  Les  proportions  absolues  des  constituants  indépendants,  qui  peuvent 
servir  à  définir  entièrement  le  système,  donnent  lieu  à  q  équations  de 
liaisons,  et  interviennent  pour  déterminer  d'une  façon  complète  toutes 
les  quantités  x,  et,  par  suite,  les  masses  des  diverses  phases  du  système.   » 


CHIMIE.  —  Sur  une  combinaison  de  deux  corps  qui,  par  élévation  de  tem- 
pérature, s'unissent,  puis  se  séparent  au-dessous  de  —  'jcf.  Note  de 
M.  D.  Gernez,  présentée  par  M.  L.  Troost. 

«  J'ai  démontré  antérieurement  {Comptes  rendus,  t.  CXXXVI,  j).  889  et 
i322)  qu'avec  les  nombreux  dissolvants  de  l'iodure  mercurique  on  peut 
préparer  des  solutions  qui  ont  pour  caractère  commun  d'abandonner,  par 
refroidissement,  à  toute  température  jusqu'à  —192°,  l'iodure  sous  la  forme 
jaune  instable.  Les  solutions  dans  l'acétone  ont  en  outre,  aux  basses  tem- 
pératures, des  propriétés  spéciales  que  je  vais  indiquer. 

»   Dans  un  tube  de  verre   très  propre,  de  2™'"  de  diamètre  intérieur,  fermé  à  l'une 


256  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  ses  evtrémités,  on  fait  tomber  quelques  cristaux  d'iodure  mercurique  rouge  et  l'on 
introduit,  à  l'aide  d'un  entonnoir  en  verre  étiré,  une  couche  d'acétone  de  6'='"  à  8'='"  de 
hauteur;  on  chauffe  le  tube  au  bain-marie  vers  56°, 4,  température  d'ébuUilion  de 
l'acétone,  en  le  maintenant  presque  horizontal  pour  obtenir  une  solution  saturée 
homogène.  On  dresse  ensuite  le  tube  verticalement  et  on  le  maintient  dans  cette  posi- 
tion environ  un  quart  d'heure  pour  que  les  parcelles  solides  en  suspension  dans  le 
liquide  aient  le  temps  de  se  déposer.  On  le  retire,  l'essuie  rapidement  avec  du  papier 
buvard  et  on  l'enfonce  dans  un  ballon  plein  d'air  liquéfié.  Après  un  séjour  qui  peut  être 
indifféremment  prolongé  un  quart  d'heure  ou  plusieurs  jours,  on  l'enlève  rapidement, 
on  se  hâte  d'en  mouiller  la  surface  avec  une  goutte  d'alcool  qui  empêche  la  vapeur 
d'eau  ambiante  de  se  congeler  sur  le  tube  et  permet  d'en  voir  le  contenu.  On  constate 
qu'il  est  solide,  d'un  blanc  à  peine  jaunâtre  d'abord,  mais  qu'il  passe  rapidement,  par 
les  nuances  intermédiaires,  au  jaune  citron.  Au  bout  de  quelques  secondes,  échauffé 
à  l'air  ambiant  par  l'intermédiaire  du  verre,  le  solide  fond  en  un  liquide  sensiblement 
incolore,  laissant  un  noyau  cylindrique  jaune  qui  diminue  rapidement  et  disparaît. 
C'est  le  phénomène  que  présentent  les  solutions  d'iodure  mercurique  dans  les  dissol- 
vants qui  ont  été  solidifiés  par  refroidissement  dans  l'air  liquéfié  ou  ailleurs  et  que 
l'on  chauffe  ensuite  au  delà  du  point  de  fusion  du  dissolvant.  Mais  avec  l'acétone  il 
s'en  produit  un  autre  tout  à  fait  imprévu  :  à  peine  la  masse  intérieure  est-elle  fondue 
que,  dans  le  liquide  qui  continue  à  se  réchauffer,  commence  une  solidification  partant 
spontanément  des  deux  régions  du  liquide  qui  s'échauffent  le  plus  vile  :  l'extrémité 
effilée  du  tube  et  la  surface  libre  du  liquide  en  contact  avec  l'air.  Deux  masses  opaques 
de  couleur  jaune  orangé  naissent  de  ces  deux  régions,  vont  à  la  rencontre  l'une  de 
l'autre  et  envahissent  en  quelques  secondes  la  totalité  du  liquide.  Cet  effet  est  tout  à 
fait  semblable  à  la  solidification  d'un  liquide  surfondu.  On  peut  du  reste  le  provoquer 
en  chauffant  un  point  du  tube  avec  le  bout  du  doigt.  Dès  que  cette  solidification  s'est 
produite,  si  l'on  immerge  le  tube  dans  de  la  neige  carbonique  mouillée  d'un  peu  d'acé- 
tone qui  donne  une  bouillie  dont  la  température  constante  est  de  — 79",  la  masse  solide 
qui  remplissait  d'abord  le  tube  diminue  graduellement,  elle  n'occupe  plus,  après 
quelques  minutes,  que  les  ^„  de  la  hauteur  initiale  et,  après  une  heure,  la  température 
étant  toujours  ^79°,  elle  est  réduite  à  j\.  Ce  résidu  se  transforme  lui-même  en  iodure 
mercurique  rouge  au  bout  d'un  temps  plus  long. 

»  Lorsque  l'on  relire  le  tube  de  l'air  liquide,  si,  au  lieu  de  le  maintenir  vertica- 
lement dans  un  bain  froid  à  température  constante,  on  le  lient  horizontalement  dans 
l'air,  on  observe  la  succession  des  mêmes  phénomènes  :  solide  jaunâtre,  devenant 
jaune  citron  par  échauffement,  fondant  bientôt  en  un  liquide  incolore,  envahi  aussitôt 
après  par  une  masse  solide  à  partir  des  deux  points  extrêmes.  Peu  après,  cette  masse 
se  résout  en  un  liquide  incolore  qui  dépose  des  flocons  dont  le  volume  diminue  peu  à 
peu  et  qui  ne  forme  qu'un  dépôt  mince  lorsque  le  tube  a  pris  la  température  ordi- 
naire. Ce  dépôt  est  formé  d'iodure  mercurique  jaune  qui  peu  à  peu  se  transforme  en 
rouge. 

»  Tels  sont  les  effets  que  l'on  observe  dans  des  tubes  de  verre  de  a"""^  de  diamètre 
intérieur  et  dont  l'épaisseur  est  de  o™'",6  à  o^'^jS.  Si  l'on  emploie  des  tubes  très 
minces,  de  o™"^,2  d'épaisseur,  réchauffement  par  l'air  ambiant  est  plus  rapide  et  les 
effets  analysés  ci-dessus  peuvent  se  mêler  :  ainsi,  il  arrive  dans  ce  cas  que  la  solidifî- 


SÉANCE  DU  27  JUILLET  IQoS-  237 

cation  eu  masse  jaune  orangé  commence  à  se  produire,  quand  la  fusion  du  solide  jaune 
citron  n'est  pas  encore  terminée,  mais  la  solidification  de  Tun  accélère  la  fusion  de 
l'autre. 

))  On  peut  interpréter  ces  phénomènes  de  la  manière  suivante  :  dans 
l'air  liquide,  Tacélone  s'est  solidifié  en  retenant  l'iodure  mercurique 
dissous  et  il  présente  la  couleur  des  solutions  solidifiées  à  ces  basses  tem- 
pératures qui  est  presque  blanche,  comme  l'iodure  orlhorhombique. 
Réchauffée,  cette  masse  sohde  jaunit  graduellement  jusqu'à  la  teinte 
citron  :  arrivé  à  —  94°>9»  température  de  fusion  de  l'acétone,  le  dissol- 
vant fond,  mais  l'iodure,  au  lieu  de  se  déposer,  comme  il  arrive  au  sortir 
des  autres  dissolvants,  contracte  avec  l'acétone  une  combinaison  molécu- 
laire solide.  Cette  combinaison  persiste  inaltérée  entre  des  limites  assez 
étroites  de  température.  Au-dessous  de  —79°,  elle  se  détruit  graduellement 
et  presque  complètement  en  i  heure,  abandonnant  l'iodure  sous  la  forme 
instable  jaune  qui,  elle-même,  devient  ultérieurernent  la  forme  rouge  qua- 
dratique (').  On  peut  donc  admettre  que  l'acétone  forme  avec  l'iodure 
mercurique  une  combinaison  jaune  orangé  solide  qui  se  produit  par  l'élé- 
vation de  la  température  un  peu  au  delà  de  —  94°,  9»  mais  qui  n'est  stable 
que  jusqu'à  une  température  inférieure  à  —  79°,  puisqu'elle  se  détruit 
complètement  à  cette  température. 

))  Cette  combinaison,  amorcée  en  un  point,  puis  plongée  dans  l'air  liquéfié 
ne  s'y  développe  pas  ;  mais  la  partie  formée  se  comporte  comme  un  corps 
distinct,  car  sa  couleur  orangé  pcàlit,  mais  très  peu,  et  son  aspect  est  tout  à 
fait  différent  de  celui  que  présentent  les  deux  iodures  à  la  même  tempé- 
rature. Si,  après  l'avoir  produite  dans  tout  le  tube,  on  l'immerge  dans  l'air 
liquide,  elle  y  persiste  en  une  masse  tout  à  fait  homogène,  ayant  les  pro- 
priétés que  j'ai  indiquées;  on  peut  en  conclure  qu'elle  est  stable  aux  tem- 
pératures inférieures  à  celle  où  elle  s'est  formée.  » 


(>)  Sile  tube  est  maintenu  horizontal  et  si  le  dépôt  n'est  pas  très  épais,  la  transfor- 
mation des  cristaux  jaunes  en  rouges  commence  en  quelques  points  espacés  ;  chaque 
cristal  rouge  grossit  aux  dépens  de  la  matière  jaune  ambiante  de  manière  à  former 
des  taches  transparentes  circulaires  de  diamètre  graduellement  croissant,  dont  le 
cristal  d'iodure  rouse  est  le  centre. 


258  ACADÉMIE   DES   SCI0NCES. 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Séparation  et  dosages  simultanés  de  la  baryte,  de  la 
strontiane  et  de  la  chaux.  Note  de  M.  Lucien  Robin,  présentée  par 
M.  Ad.  Carnot. 

('  J'ai  cherché  à  doser  successivement  les  terres  alcaline-terreuses  * 
barvte,  strontiane,  chaux,  en  mettant  en  œuvre  des  méthodes  simj)les  et 
cependant  capables  de  fournir  des  résultats  satisfaisants. 

»   Voici  le  mode  opératoire  que  je  propose  : 

))  Les  substances  à  analyser  étant  traitées  de  telle  sorte  que  les  terres 
alcalino-terreuses  se  trouvent  réunies  en  dissolution,  sous  forme  de 
chlorures  ou  de  nitrates,  on  opérera  ainsi  qu'il  suit  : 

»  Si  la  liqueur  est  acide,  la  rendre  légèrement  ammoniacale,  ajouter  du  sel  ammo- 
niac (3  pour  100  environ)  bien  exempt  d'acide  sulfurique,  et  après  avoir  acidifié 
légèrement  par  l'acide  acétique,  porter  à  ébullition,  puis  ajouter  dans  le  liquide 
bouillant,  d'une  solution  saturée  de  bichromate  de  potasse  jusqu'à  excès  assez  notable 
(la  liqueur  doit  posséder  une  teinte  rougeâtre). 

»  Laisser  bouillir  5  minutes  encore,  faire  refroidir  sous  un  courant  d'eau,  et 
recueillir  le  chromate  de  baryte  sur  un  filtre  taré;  le  laver  d'abord  avec  une  solution 
à  0,5  pour  100  environ  d'acétate  d'ammoniaque  légèrement  alcalinisée  par  de  l'am- 
moniaque, et  tiède;  puis  terminer  par  une  solution  alcoolique  (alcool  à  gS",  10  parties; 
eau  distillée,  90  parties). 

»  Porter  le  filtre  à  l'étuve  ioo°-iio°  pendant  1  heures  au  moins  et  peser  le  chro- 
mate de  baryte  pour  calculer. 

»  Le  liquide  débarrassé  de  la  baryte  est  rendu  ammoniacal  puis  mis  à  bouillir.  On 
introduit  alors  environ  3  à  4  pour  100  de  sulfate  d'ammoniaque  cristallisé  pur  etaprès 
avoir  maintenu  à  100°  pendant  un  quart  d'heure,  en  prenant  soin  de  maintenir  la 
liqueur  un  peu  alcaline,  par  l'addition  d'ammoniaque,  faire  refroidir  et  recueillir  le 
sulfate  de  strontiane.  (La  liqueur  doit  posséder  une  teinte  jaune  d'or.) 

»  Laver  avec  de  l'eau  chaude  renfermant  à  peu  près  o,5  à  i  pour  100  de  sulfate 
d'ammoniaque  et  rendue  légèrement  ammoniacale,  puis  avec  la  solution  alcoolique 
à  10  pour  100. 

»  Sécher  à  l'étuve,  incinérer  et  peser  le  sulfate  de  strontiane. 

»  Le  filtrat,  étant  porté  à  80°  environ,  sera  additionné  d'oxalate  d'ammoniaque  et, 
après  agitation,  abandonné  au  repos  pendant  une  demi-heure. 

»  L'oxalate  de  chaux  sera  recueilli  sur  un  filtre,  lavé  à  l'eau  chaude  légèrement 
ammoniacale,  séché  puis  calciné,  pour  transformer  en  carbonate  ou  en  sulfate. 

»  Nous  avons  pratiqué  des  dosages  sur  des  liqueurs,  dont  la  teneur  a  été 
déterminée  par  les  méthodes  les  plus  parfaites  : 

»  Dosage  de  la  baryte  à  l'état  de  sulfate.  Dosage  de  la  strontiane  à  l'état 
de  carbonate.  Dosage  de  la  chaux  à  l'état  de  sulfate. 


SÉANCE    DU   27    JUILLET    igoS.  239 

»  Ces  dosages  ont  été  faits  sur  des  volumes  croissants  5'"'',  io""\  20""', 
étendus  à  200'''°'  à  peu  près,  afin  de  pouvoir  contrôler  si  la  concentration 
pouvait  avoir  quelque  influence  fâcheuse. 

))  Enfin,  nous  avons,  dans  une  dernière  série  de  dosages,  prélevé  80*""' 
de  la  liqueur  calcique,  afin  d'augmenter  la  teneur  en  chaux,  et  voir  si  dans 
de  telles  conditions,  cette  dernière  n'était  pas  entraînée  d'une  façon  ap- 
préciable par  le  précipité  de  snlfate  de  strontiane. 

))    Voici  les  résultats  obtenus  : 

liaryle.  Slrontianc.  Chaux. 

S*^™' de  liqueur  renferment o,o565  o,o368  o,oi5" 

Chiffres  fournis  par  la  méthode  exposée  : 

gyj,  5cm3 0,0575  o,o353  o,oi63 

sur  lo*^™' 0,1162  0,0706  o,o3io 

sur  20*^™' o ,  23oo  o ,  1 432  o ,  0604 

sur  20'='°' pour  la  baryte  et  la  strontiane  )  „  ,  „o 

^    ,  ,     -^  ,  }    0,2287  0,l4lQ  O,20OO 

et  sur  So'"'"   pour  la  chaux j  '  ^ 

»  On  voit,  par  l'examen  de  ce  petit  Tableau,  que  les  teneurs  trouvées 
ont  augmenté  presque  mathématiquement  et  que,  par  conséquent,  le  pro- 
cédé décrit  fournit  des  résultats  très  satisfaisauts,  en  un  temps  très  court 
et  sans  difficulté  opératoire. 

))  Il  est  évident  que  cette  méthode  peut  parfaitement  s'appliquer  à  la  re- 
cherche et  à  la  séparation  qualitative  des  alcalis  terreux,  après  leur  préci- 
pitation en  bloc  par  le  carbonate  d'ammoniaque,  et  redissolution  dans  l'eau 
chlorhydrique.    » 

CHIMIE   ORGANIQUE.  —  Sur  la  condensation  des  éihers  acétyléniques  avec  les 
alcools.  Note  de  M.  Cu.  Moureu,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  J'ai  montré  dernièrement,  en  commun  avec  M.  Delange,  que  les 
acides  acétyléniques  fixaient  1™°'  d'eau  sous  l'influence  des  alcalis  à  l'ébul- 
lition,  en  donnant  des  acides  p-cétoniques.  En  vue  d'éclaircir  le  mécanisme 
de  cette  hydratation,  j'ai  pensé  qu'il  y  aurait  intérêt  à  connaître  tout 
d'abord  le  mode  d'action  des  alcoolates  alcalins  sur  les  mêmes  composés, 
et  c'est  ainsi  que  j'ai  été  conduit  à  faire  réagir  sur  les  éthers  acétyléniques 
les  alcools  sodés,  en  solution  dans  l'alcool  correspondant  et  en  l'absence 

d'eau. 

»  Il  résulte  de  mes  expériences  qu'il  se  forme  ainsi  des  produits  de 
condensation  résultant  de  l'addition  pure  et  simple  d'alcool  aux  éthers 


26o  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

acétyléniques.  La  présente  Note  a  spécialement  pour  objet  la  condensation 
du  phénylpropiolate  de  méthyle  avec  l'alcool  méthylique,  cas  particulier 
dont  j'ai  fait  une  étude  approfondie. 

»  Lorsqu'on  traite  le  phénylpropiolate  de  méthyle  par  le  méthylate  de  sodium  en 
solution  méthylique,  une  vive  réaction  se  déclare  presque  aussitôt,  qui  colore  légère- 
ment le  mélange  et  provoque  rapidement  l'ébullition  de  l'alcool.  Suivant  les  conditions 
dans  lesquelles  on  opère,  l'éther  acétylénique  peut  fixer  i™"'  ou  2'""^  de  méthanol. 

»  I.  Fixation  de  2™°^  d'alcool  méthylique  sur  le  phénylpropiolate  de  méthyle.  — 
L'éther  acétylénique  (278,7)  est  ajouté  avec  précaution  à  une  solution  de  méthylate 
de  sodium  dans  l'alcool  méthylique  (4^ de  sodium  dans 92s  d'alcool  méthylique  absolu). 
Après  avoir  chaufFé  le  mélange  à  reflux  pendant  i5  heures,  on  l'introduit  dans  des 
tubes  scellés,  que  l'on  maintient  ensuite  au  voisinage  de  126°  pendant  4  heures.  La 
liqueur  ainsi  obtenue,  limpide  et  à  peine  colorée,  esl  versée  peu  à  peu  dans  un  excès 
d'eau  glacée,  et  le  tout  est  immédiatement  agité  avec  de  l'éther.  On  décante  la  couche 
éthérée,  et,  après  l'avoir  lavée  à  l'eau  et  séchée  très  soigneusement  sur  le  sulfate  de 
soude  anhydre,  on  évapore  l'éther  et  l'on  distille  le  résidu  dans  le  vide. 

»  Acétal  dimélhyllque  du  benzoylacétate  de  méthyle 

C6H^—  C(OCiP  )^—  CIP—  CO-^CH^ 

La  majeure  partie  de  ce  résidu  passe,  après  rectification,  à  1 46'^- 1/47°  sous  16™'",  sous 
la  forme  d'une  huile  incolore,  fortement  réfringente,  et  possédant  une  odeur  agréable- 
ment aromatique;  Nu=i,5oo4  à  21";  D^*  =  1  , 1 12.  D'après  sa  composition  centési- 
male et  son  poids  moléculaire  déterminé  par  la  crj^oscopie,  ce  liquide  répond  à  la 
formule  brute  Gi^H>«0^  (soit  C'R^  —  C  =  C -- CO'^Cii^  + -iCAV^O).  Nous  allons 
montrer  'que  toutes  ses  propriétés  l'identifient  complètement  avec  l'acétal  diméthy- 
lique  du  benzoylacétate  de  méthyle. 

»  a.  La  réfraction  moléculaire  concorde  très  exactement  avec  la  constitution  sup- 
posée. 

»  b.  Si  l'on  traite  le  produit,  en  solution  alcoolique,  par  quelques  gouttes  de  solu- 
tion étendue  de  chlorure  ferrique,  la  liqueur  obtenue,  d'abord  à  peine  jaunâtre,  rougit 
progressivement  jusqu'au  rouge  vif  (au  bout  de  i  heure).  Ce  fait  se  conçoit  aisément  : 
l'acidité  du  sel  ferri([ue,  si  faible  soit-elle,  a  suffi  à  hydrolyser  la  fonction  acélal,  et 
l'éther  ^-cétonique  qui  en  résulte,  à  mesure  qu'il  est  mis  en  liberté,  colore  en  rouge  la 
solution  de  sel  ferrique. 

).  c.  Acide  G«H«—  G(0CHS)2— CH^— GO^H.  —  En  saponifiant  le  produit  par  la 
soude  aqueuse  (à  12  pour  100)  à  froid,  ou  obtient  de  belles  aiguilles  incolores,  dont 
l'analyse  concorde  avec  la  formule  G^H^— G(OGH3)2— GH^— GO^Na  +  SH^O. 
L'acide  correspondant  (beaux  prismes  blancs)  s'isole  en  traitant  à  0°  le  sel  alcalin  par 
la  quantité  calculée  d'acide  sulfurique  dilué,  et  en  agitant  la  liqueur  avec  de  l'éther. 

»  11  s'altère  lentement,  dès  la  température  ordinaire,  en  perdant  de  l'anhydride  car- 
bonique, et  en  dégageant  une  odeur  aromatique  de  plus  en  plus  forte;  la  décomposition 
s'accélère  avec  la  température  et  est  très  rapide  vers  gS".  L'odeur  aromatique  observée 
est  due  à  la  production  d'une  huile  qui  passe  à  la  distillation  vers  94"  sous  23'"'",  et 
qTii,  d'après  l'analyse  élémentaire  et  ses  réactions,  est  constituée  par  un  mélange  de 


SÉANCE    DU    27    JUILLET    190.3.  26 1 

deux  produits  :  l'acétal  dimélhylique  C^H^—  C(OCH^)- — CIP  et  le  a-méthoxystyro- 
lène  C«  H5  —  G  (  O  CH*  )  =  CH^ 

»  d.  Méthoxystyrolène  C^H^—  C(0CH3)=:  CH^.—  Cette  huile,  en  effet,  sous  l'ac- 
lion  du  chlorure  d'acétyle  en  présence  de  pyridine,'  fournit  un  liquide  aromatique 
bouillant  sans  décomposition  à  197°  (corr.)  sous  la  pression  normale  (Do=i,oi58; 
«1,:=  1,3968  à  21°),  et  dont  la  composition  élémentaire  est  celle  du  méthoxystyrolène. 
Ce  nouveau  corps,  hydrolyse  par  l'acide  sulfurique  à  5  pour  100,  se  transforme  en 
acétophénone  CHI' —  CO  —  CIP,  qui  a  été  caractérisée  par  son  point  d'ébullition,  son 
point  de  fusion  et  celui  de  sa  semi-carbazone. 

»  11.  Fixation  de  1™°'  d'alcool  méthyuque  sur  le  phénylpropiolate  de  méthyle.  — 
Si  l'on  opère  à  la  température  d'ébullition  du  mélange  réagissant  (éther  acétylénique, 
mélhylate  de  sodium,  alcool  méthylique),  on  obtient  constamment,  quelles  que  soient 
les  proportions  relatives  des  corps  mis  en  œuvre,  à  côté  d'un  très  grand  excès  de  l'éther 
diméthoxylé  qui  vient  d'être  décrit,  de  petites  quantités  de  l'éther  monométhoxylé 

C«H^-  C(OCH*)  :=  CH  —  GO^CH^ 

»  La  présence  de  ce  dernier  est  attestée  par  l'analyse  et  la  saponification  du  produit; 
l'acide  monométhoxylé  CH^—  G(OCH*)  =  GH  —  CO-H  est  facile  à  séparer  de  l'acide 
diméthoxylé,  grâce  à  sa  faible  solubilité  dans  l'éther  et  l'alcool  méthylique.  Il  se  pré- 
sente au  microscope  en  parallélogrammes  plus  ou  moins  allongés;  il  se  décompose 
lentement  à  partir  de  160°,  et  presque  instantanément  vers  igo",  en  gaz  carbonique  et 
méthoxystyrolène  identique  à  celui  dont  il  a  été  parlé  plus  haut. 

»   Cet  acide  est  donc  l'acide  a-méthoxycinnamique  encore  inconnu 

G«ir^-C(OGIP):=GH  — GOni. 

»  Dans  le  même  ordre  d'idées,  nous  rappellerons  que  Nef  a  obtenu  l'w-éthoxystyro- 
lène  CH»  — GH  =  GH(0GM-P)  en  chauffant  le  phénylacétylène  avec  de  l'alcool  en  pré- 
sence de  potasse  caustique  solide  {Lieb.  Annal.  1899),  et  que  Ruhemann  et  ses  élèves, 
en  traitant  le  phénylpropiolate  d'éthyle  par  divers  phénols  sodés,  ont  donné  naissance 
à  des  dérivés  cinnamiques,  tels  le  composé  G"H^  —  G(OG^H-^)  =  CH —  CO'CrW 
{Chem.  Soc,  1900-190 1). 

))  Résumé.  —  Le  phénylpropiolate  de  méthyle  peut  fixer,  sous  l'action 
(kl  méthylate  de  sodium,  2^""!  ou  i»""' d'alcool  méthylique,  par  saturation 
totale  ou  partielle  de  la  fonction  acétylénique.  Les  composés  nouveaux 
ainsi  formés  se  rattachent  aux  acides  benzoylacétique  et  cinnamique. 
Nous  ajouterons  que  le  rendement  est  en  général  voisin  des  ^  du  rendement 
théorique.    » 


C.  K.,  1903,  2«  Semestre.  (T.  CXXXVll,  N'  4.)  '■*^ 


202  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  conslitiuion  du  cyanure  d'allyle.  Note 
(le  M,  R.  Lespieau,  présentée  parM.  Haller.  (Extrait.) 

«   Le   cyanure    d'allyle  provenant   de  l'action  à  froid   du   cyanure   de 
potassium  sur  le  bromure  d'allyle,  il  serait  naturel  de  l'écrire 

CH-  =  CM  —  CH-  —  C  Az  ; 

cependant,  à  l'heure  ac.tuelle,  cette  formule  n'est  point  admise,  on  en  pré- 
fère une  autre,  CH'  —  CH  =  CH  —  C  Az,  proposée  par  Kekulé  et  confirmée 
par  le  fait  que  la  fixation  de  brome  sur  le  cvanure  d'allyle  fournirait  le 
nitrile  CH'^  —  CHBr  —  CHBr  —  CAz  (Palmer,  American  chemical  Journal, 
t.  XI,  p.  89)... 

»  Ayant  repris  ces  recherches,  j'ai  obtenu  des  résultats  très  différents  : 

»  J'ai  fait  agir  84^  de  brome  parfaitement  sec  sur  3gs  de  cyanure  d'allyle  desséché 
par  distillation  sur  l'anhydride  phosphorique;  les  deux  corps  étaient  fortement  dilués 
dans  du  chloroforme  pur;  la  température,  pendant  les  9  heures  que  dura  l'addition, 
fut  maintenue  entre  —  i[\°  et  —  10°.  (Avec  des  corps  moins  secs,  entre  -f-  10  et  +  3o, 
on  obtient  qualitativement  les  mêmes  résultats  que  ci-dessous.) 

»  Il  s'est  fait  un  peu  d'acide  bromhvdrique;  à  la  distillation,  sous  i3'"'",  il  se  pro- 
duisit 5s  de  résidu  carbonisé;  deux  fractions  s'indiquèrent  nettement  :  j°  de  60°  à  100°, 
2°  de  125°  à  i35°  (environ  l\o^).  De  cette  dernière  j'ai  isolé  [\o^  d'un  nitrile  bouillant 
de  i38",5  à  iSg"  sous  20™"*,  5,  présentant  toutes  les  propriétés  du  composé 

CH2  Br  —  CH  Br  —  GH^  —  C  Az 

que  j'ai  précédemment  décrit  {Comptes  rendus,  t.  GXXXVI,  p.  i265). 
»   En  particulier,  saponifié  par  l'acide  chlorhjdrique,  il  donne  l'acide 

CH^Ci  —  CHBr  —  CH2—  CO-H, 

tandis  qu'avec  l'acide  bromhydrique,  on  a  très  nettement  l'acide 

CH^  Br  —  CH  Br CH^  _  GO^  H 

fondant  à  5o°. 

»  Quant  à  la  portion,  assez  abondante,  qui  passe  de  60°  à  100°,  je  ne  crois  pas  qu'elle 
renferme,  du  moins  en  quantité  sérieuse,  le  nitrile  CH* —  CHBr  —  CHBr  —  CAz;  elle 
paraît  bien  plutôt  être  un  mélange  de  produits  de  substitution  monobromés  du  cya- 
nure d'allyle  :  son  contact  produit  des  brûlures  douloureuses  ;  si  on  la  fractionne  de 
5°  en  5°  à  la  distillation  et  qu'on  fasse  l'étude  cryoscopique  de  ces  diverses  portions, 
on  trouve  des  nombres  variant  de  i5o  à  160;  les  acides  qu'on  en  tire  par  saponifica- 
tion m'ont  donné   le   nombre    i65   à   la   cryoscopie,   ce   qui  correspond  exactement  à 


SÉANCE    DU    27    JUILLET    igoS.  203 

))   Je  crois  donc  pouvoir,   à  la  suite  de  ces  recherches,  considérer  le 
cyanure  d'allyle  comme  répondant  bien  à  la  formule 

CH'=:  CH-CH-CÂz.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —    Contribution  à  V étude  des  quinones-dicétones. 
Note  de  M.  OEchsxer  de  Coninck,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  J'ai  montré  récemment  que  l'attaque  de  l'acide  chrysophanique  par 
un  excès  d'acide  sulfurique,  à  chaud,  fournissait  une  certaine  quantité 
d'anhydride  carbonique  et  une  très  forte  proportion  de  gaz  sulfureux  se 
dégageant  brusquement  vers  la  fin  de  la  réaction.  Or,  d'après  les  recherches 
de  Liebermann  et  de  O.  Fischer,  l'acide  chrysophanique  est  une  dioxy- 
méthvlanthraquinone;  il  m'a  donc  semblé  intéressant  d'étudier  l'action 
de  SO^H-  sur  d'autres  quinones  en  me  plaçant  dans  les  mêmes  conditions 
expérimentales. 

»  Anthraqulnone.  —  J'ai  fait  l'expérience  avec  un  échantillon  d'anthraquinone  du 
commerce.  Celle-ci  présente  une  très  grande  résistance;  il  se  dégage  une  certaine 
quantité  de  CO'^  puis  le  gaz,  sulfureux  apparaît  et  se  dégage  brusquement. 

»  Le  résultat  a  été  le  môme  avec  un  échantillon  pur  et  bien  cristallisé  d'anthra- 
quinone. 

»  Alizarine.  —  L'expérience  a  été  faite  avec  de  l'alizarine  du  commerce  et  avec  de 
l'alizarine  purifiée  et  sublimée. 

»  Les  résultats  ont  été  conformes  aux  précédents.  J'ai  remarqué,  toutefois,  que 
l'alizarine  est  un  peu  moins  résistante  que  Tanthraquinone. 

»  Purpurine.  —  La  purpurine,  commerciale  ou  purifiée,  se  con>porte  comme 
l'alizarine;  à  peu  près  aussi  résistante  que  cette  dernière,  elle  est  moins  résistante  que 
l'anthraquinone  à  l'action  de  SO^H^  en  excès. 

))  Phénanthrènequinone.  —  Cette  quinone  présente  une  résistance  remarquable; 
puis  elle  fournit  peu  à  peu  CO-,  et,  vers  la  fin,  le  dégagement  de  SO"^  devient  très 
abondant. 

»  a-Naphloquinone.  —  Elle  se  comporte,  d'une  manière  générale,  comme  les 
autres  quinones  étudiées. 

»  En  réfléchissant  à  ces  résultats  fournis  par  toute  une  série  de  dérivés, 
j'ai  été  amené  à  penser  que  la  molécule  de  ces  quinones-dicétones, 
quinones-phénols,  etc.,  se  coupe,  à  une  température  donnée,  et  sous  l'ac- 
tion puissante  de  SO"*!!-,  entre  les  groupements  (CO)  et  les  groupements 
benzéniques,  substitués  ou  non;  ensuite,  ces  derniers  groupements  se  dé- 
composent et  agissent  par  leurs  groupes  (CH)  sur  l'acide  sulfurique  qui  est 


264  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

alors  énergiqiiement  réduit.  Ainsi  peut  s'expliquer  le  dégagement  brusque 
et  très  abondant  de  SO"  que  j'ai  observé  dans  presque  toutes  mes  expé- 
riences. 

»  L'alizarine  et  la  purpurine  sont  sensiblement  moins  résistantes  que 
Tanthraquinone;  ce  fait  n'est  pas  isolé;  je  l'ai  rencontré  en  étudiant,  au 
même  point  de  vue,  d'autres  fonctions  aromatiques.  Il  peut  s'expliquer  en 
remarquant  que  toute  substitution  dans  une  molécule  aromatique  diminue  la 
stabilité  de  celle-ci.  Te  développerai  ce  point  dans  un  Mémoire  plus  étendu .    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Les  m.atières  alhuminoïdes  du  grain  de  mais. 
Note  de  MM.  Doivard  et  Labbé,  présentée  [)ar  M.  A.  Ditte. 

«  Nous  avons  décrit,  dans  une  Note  précédente,  les  propriétés  spéciales 
de  la  maïsine,  matière  albuminoïde  extraite  du  maïs  au  moyen  de  l'alcool 
amylique  bouillant. 

))  Les  quantités  de  maïsine  ainsi  extraites  restent  toujours  inférieures 
aux  teneurs  du  maïs  en  zéïne,  indiquées  par  Ritthausen.  H  y  a  lieu  de 
penser  qu'il  existe  simultanément  dans  le  grain  de  maïs  diverses  matières 
albuminoïdes  plus  ou  moins  analogues.  Nous  avons  fait  le  dosage  complet 
de  ces  albuminoïdes  dans  le  grain  de  maïs  et  nous  avons  reconnu  ainsi 
qu'ils  étaient  en  plus  grande  quantité  que  Ritthausen  ne  l'avait  trouvé. 

»  Pour  déterminer  la  teneur  du  grain  de  maïs  en  matières  albuminoïdes 
totales,  nous  avons  utilisé  la  propriété  la  plus  générale  des  albumines  du 
groupe  des  glutens  de  céréales  qui  est  leur  solubilité  dans  l'alcool  potas- 
sique. Nous  avons  soumis  à  une  longue  agitation  à  froid  répétée  à  diverses 
reprises  avec  de  nouveaux  liquides  de  lavage  alcoolo-potassiques,  du  maïs 
blanc  préalablement  déshuilé  et  desséché,  et  contenant  alors,  d'après  le 
dosage  en  azote,  14,(32  pour  100  de  matières  azotées  totales. 

'  »  20S  de  maïs  ont  été  agités  8  heures  consécutives  avec  200'""'  d'alcool  à  70°,  con- 
tenant 38  de  KO  H  par  litre,  et  cette  opération  a  été  recommencée  quatre  fois  avec 
d'égales  quantités  du  liquide  potassique. 

»  La  quantité  de  matières  organiques  solubilisées  était  fournie  par  l'extrait  des 
liquides  de  lavage  complétés  à  un  volume  donné,  diminué  du  poids  des  cendres  dans 
chaque  cas.  On  a  obtenu  ainsi  9,84  pour  100  de  matières  albuminoïdes.  H  y  a  donc 
dans  le  maïs  4 178  pour  100  de  matières  azotées  qui  ne  sont  pas  des  albumines,  ou  du 
moins  des  albumines  ayant  les  propriétés  des  glutens. 

»  D'autre  part,  la  composition  des  9,84  pour  100  des  matériaux  albuminoïdes  a  été 
établie  de  la  façon  suivante  : 


SÉANCE    DU    27    JUILLET    igoS.  265 

»  a.  La  maïsine  du  mélange  étant  exclusivement  soluble  dans  l'alcool  amylique  à 
chaud,  la  masse  totale  ainsi  traitée  à  trois  reprises  successives  a  abandonné  un  poids 
correspondant  à  5,27  pour  100  de  maïsine  dans  le  grain  de  maïs. 

»  b.  L'alcool  éthylique,  bon  dissolvant  de  la  maïsine,  dissout  aussi  d'autres  albumines, 
mais  non  pas  la  totalité  de  celles  du  maïs.  Si  l'on  traite  le  même  maïs  par  l'alcool  à 
90",  on  obtient  6,90  pour  100  d'albumine  solubilisée. 

»  Nous  sommes  ainsi  amenés  à  admettre  que  l'albumine  du  grain  de 
maïs  est  un  mélange  de  trois  matières  albuminoïdes  distinctes,  au  moins. 

ç  1   1  ,  /  La  maïsine  a,  soluble  dans  l'alcool  amylique  ; 

,  y  La    maisine  p,  insoluble  dans  lalcool  amylique  et  soluble   dans 

,,  ,       ,  {       l'alcool  éthylique  à  Qo°; 

lalcool  \  ^  .  .       ,   1  f     1 

.  -y     A      \  maisine  Y,  insoluble  dans  1  alcool  amylique   et  insoluble  dans 

pO  Ici  S  Si  CI  U  G  CtôllQllj  i>i  1*1      1"  ( 

^  Il  alcool  ethylique  a  go". 

»  On  peut  obtenir  séparément  ces  trois  maïsines  d'un  même  échantillon 
de  maïs. 

»  20S  de  maïs  épuisés  par  l'alcool  amylique  donnent  une  masse  correspondant 
à  5,27  pour  100  de  maïsine  a.  Le  môme  maïs  épuisé  à  nouveau  par  l'alcool  éthylique 
à  90°  donne  i,43  pour  100  de  maïsine  p,  alors  que  par  différence  le  même  échantillon 
accusait  1,60  pour  100. 

»  Epuisé  finalement  par  l'alcool  potassique,  à  quatre  reprises  consécutives  de  huit 
heures  d'agitation  chacune,  il  abandonne  encore  2,2  pour  100  de  maïsine,  alors  que  le 
dosage  par  différence  n'en  accusait  que  1 ,61  pour  100. 

))  Si,  en  résumé,  on  ramène  ces  chiffres  au  maïs  naturel,  sa  teneur  en 
ces  diverses  variétés  de  maïsine  est  la  suivante  : 

Matières  azotées  totales  (par  l'azote) 11,86  pour  100 

Maïsine  a, 4,82         » 

Maïsine  p 1,82         » 

Maïsine  y > i ,  33         » 

Matières  azotées  non  extractibles 4;  90  » 

»  La  maïsine  p,  qu'on  peut  obtenir  aisément  en  traitant  par  l'alcool  à  90° 
du  maïs  ou  du  résidu  d'amidonnerie  de  maïs  préalablement  épuisé  pendant 
637  heures  à  l'alcool  amylique,  est  une  matière  tout  à  fait  analogue  comme 
aspect  et  propriétés  à  la  maïsine  a.  Mais  elle  est  moins  riche  en  azote.  Sa 
composition  centésimale  est  la  suivante  :  C  :  55, 5o;  II  :  7,8);  O  (pardiff.): 
20,73;  Az  :  i4,58;  Soufre  :  0,62;  Cendres  :  0,72.  Elle  est  insoluble  dans 
l'alcool  amylique  bouillant  à  la  pression  ordinaire;  cependant,  sous  l'in- 
fluence d'une  ébullition  très  prolongée,  elle  se  dissout  peu  à  peu  dans  ce 
solvant,   dans  la  proportion  des  |  environ.  Elle  est  transformée  de  cette 


266  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

façon  en  une  matière  de  propriétés  identiques  à  la  maïsine  a.  Ces  faits,  et 
divers  autres  que  nous  publierons  prochainement,  nous  amènent  à  penser 
qu'il  n'y  a,  entre  les  diverses  maïsines  que  des  différences  très  faibles  de 
constitution,  comme  par  e-^emple  des  degrés  d'hydratation  différents.  « 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Emploi  de  la  homhe  calorimétrique  pour  démontrer 
l'existence  de  V arsenic  dans  l'organisme.  Note  de  M.  Gabriel  Bertrand. 

c(  Dans  un  Mémoire  paru  il  y  a  peu  de  temps  ('  ),  j'ai  réussi  à  expliquer 
les  contradictions  qui  se  sont  élevées  entre  les  chimistes,  nombreux  et 
habiles,  qui  se  sont  occupés  de  la  question  de  l'arsenic  normal.  J'ai  montré 
que,  jusque-là,  aucune  des  expériences,  du  moins  sous  la  forme  oii  on  les 
avait  publiées,  ne  contenait  de  preuves  définitives,  ni  de  l'absence,  ni  de 
l'existence  de  ce  métalloïde  chez  les  animaux  et  les  plantes. 

î)  Les  quantités  d'arsenic  qui  existent  à  l'état  normal  dans  les  tissus  sont 
en  fi^énéral  trop  petites  pour  qu'on  puisse  les  découvrir  avec  certitude  à 
l'aide  des  méthodes  alors  en  usage.  D'autre  part,  les  réactifs  incomplète- 
ment purifiés  introduisent  toujours  des  traces  d'arsenic  au  cours  des  expé- 
riences. 

»  Dans  ces  conditions,  si  l'on  opère  sur  un  organe  facile  à  détruire,  et, 
par  suite,  qu'on  emploie  peu  de  réactifs,  l'arsenic  introduit,  joint  à  l'arsenic 
normal,  peut  être  en  quantité  trop  faible  pour  être  reconnaissable. 

»  Si,  au  contraire,  on  examine  un  organe  résistant  beaucoup  à  la  des- 
truction, on  est  obligé  de  prendre  une  plus  forte  quantité  de  réactifs  : 
l'impureté  s'accumule  dans  le  résidu  de  l'attaque,  et  il  arrive  un  moment 
où,  le  degré  de  sensibilité  de  la  méthode  de  recherche  étant  atteint,  on 
voit  apparaître  de  l'arsenic.  Plus  la  destruction  est  difficile,  plus  on  est 
exposé  à  trouver  de  métalloïde. 

»  C'est  en  perfectionnant  la  méthode  classique  de  Marsh,  au  point  de 
pouvoir  déceler  aisément  un  demi-millième  de  milligramme  d'arsenic,  et 
en  trouvant  des  procédés  de  purification  des  réactifs  qui  permissent  d'uti- 
liser une  méthode  aussi  sensible,  que  j'ai  rendu  possible  une  bonne 
démonstration  de  l'existence  normale  de  l'arsenic  dans  l'organisme. 

»   D'assez  nombreuses  expériences  sur  des  matériaux  bien  choisis  m'ont 

(^)  Sur  la  recherche  et  sur  La  preuve  de  l'existence  de  l'arsenic  chez  les  animaux 
{Ann.  de  Chimie  et  de  Physique,  7"  série,  t.  XXVIII,  igoS,  p.  242-275). 


SÉANCE  DU  27  JUILLET  igoS.  267 

alors  forcé  d'admettre  que  l'arsenic  existe  vraiment  à  l'état  normal  chez  les 
animaux  et  les  plantes,  et,  qu'au  lieu  d'être  localisé  dans  certains  organes, 
il  se  rencontre  au  contraire,  sans  doute  au  même  titre  que  le  soufre,  le  fer 
ou  le  phosphore,  dans  tous  les  tissus  de  l'organisme.  D'après  ces  expé- 
riences, les  poils,  les  ongles,  les  cornes,  et,  en  général,  les  tissus  kérati- 
niques  sont  les  plus  riches  de  tous;  la  glande  thyroïde,  très  difficile  à 
détruire,  est  relativement  pauvre. 

»  Néanmoins,  j'ai  cru  nécessaire  de  trouver  une  méthode  de  démon- 
stration plus  précise  encore  que  celle  dont  je  me  suis  servi.  Or,  toutes  les 
difficultés  actuelles  résident  dans  la  destruction,  d'ailleurs  incomplète,  des 
matières  organiques,  destruction  qui  entraîne  l'emploi  de  quantités  no- 
tables d'acides  sulfurique  et  nitrique,  puis  de  gaz  sulfureux,  d'hydrogène 
sulfuré,  d'ammoniaque,  sans  compter  l'usage  d'objets  en  verre,  de  papier 
à  filtrer,  etc.  J'ai  pensé  qu'on  arriverait  peut-être  au  but  désiré,  en  brû- 
lant, d'une  manière  intégrale,  la  substance  organique  sèche  dans  un  vase 
clos,  tout  en  platine,  en  présence  d'oxygène  pur. 

»  M.  Berthelot  avait  déjà  proposé  et  mis  en  pratique  l'emploi  de  sa 
bombe  calorimétrique  pour  le  dosage  des  divers  corps  simples  contenus 
dans  les  composés  organiques. 

»  J'ai  essayé  si  des  organes  secs,  d'origine  animale  ou  végétale,  subi- 
raient, malgré  leur  structure  et  leur  richesse  en  sels  alcalins,  une  combus- 
tion aussi  cori:iplète  que  des  composés  organiques  définis,  et  si,  après  cette 
combustion,  on  pourrait  retrouver  les  traces  d'arsenic  qui  y  étaient  con- 
tenues. Le  succès  de  mes  expériences  a  été  si  complet  (')  que  je  considère 
aujourd'hui  l'emploi  de  la  bombe  de  M.  Berthelot  comme  absolument 
indiqué  dans  tous  les  cas  où  il  s'agira  de  la  recherche  et  du  dosage  de  très 
petites  quantités  d'un  élément  quelconque  contenu  dans  un  organe. 

»  L'allumage  de  la  substance  est  assuré,  d'après  un  artifice  de  M.  Berthelot,  à  l'aide 
d'une  mèche  de  fulmi-coton,  prise  dans  une  boucle  du  fii  de  platine  au  travers  duquel 
on  envoie  le  courant  électrique.  Mais  ici,  on  doit  prendre  du  fulmi-coton  préparé  avec 
des  acides  absolument  purs.  S'il  est  nécessaire,  on  accumule  dans  la  bombe  le  produit 
de  plusieurs  combustions. 

«  Celles-ci  terminées,  on  transvase  le  contenu  de  la  bombe  dans  une  capsule,  et  l'on 
évapore  à  sec  avec  précaution  pour  chasser  l'acide  nitrique  dû  à  la  combustion  par- 
tielle de  l'azote;  on  reprend  le  résidu  par  quelques  gouttes  d'acide  sulfurique  et  un 
peu  d'eau,  et  on  introduit  directement  la  solution  dans  l'appareil  de  Marsh. 


(1)  La  bombe  en  platine  donne  seule  des  résultats  exacts;  avec  les  bombes  émaillées, 
on  introduit  toujours  des  traces  d'arsenic. 


268  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Avec  du  camphre  ou  du  sucre  purs,  on  n'obtient  pas  la  plus  petite  trace 
d'enduit  arsenical;  au  contraire,  quelques  grammes  d'écaillé  de  tortue  de 
mer,  d'épongé,  de  blanc  ou  de  jaune  d'œuf,  etc.  suffisent  à  donner  des 
anneaux  d'arsenic  très  nets. 

»  Ces  résultats,  d'une  méthode  très  simple  et  très  précise,  vérifient 
ceux  que  j'avais  déjà  publiés  et  lèvent  tous  les  doutes  concernant  l'existence 
normale  de  l'arsenic  dans  l'organisme.  » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Influence  de  la  température  sur  la  production  d'hy- 
drogène sulfuré  par  les  matières  alhuminoïdes ,  les  extraits  d'organes  ani- 
maux et  les  extraits  de  levure  de  bière,  en  présence  du  soufre.  Note  de 
MM.  J.-E.  Abelous  et  h.  Ribaut,  présentée  par  M.  Bouchard. 

«  Dans  une  Communication  précédente,  nous  avons  montré  que  l'on 
pouvait  soumettre  des  solutions  d'albumine,  ou  des  extraits  de  foie  de 
cheval  et  des  extraits  de  levure  de  bière,  à  la  température  de  ioo°  et  même 
de  120*^-1  So*^,  sans  leur  faire  perdre  la  propriété  de  dégager  de  l'hydrogène 
sulfuré  à  froid  en  présence  de  soufre,  en  milieu  légèrement  acide. 

«  Nous  avons  étudié  l'action  de  diverses  températures  sur  l'activité  de 
cette  réaction,  afin  d'en  établir  la  courbe  en  fonction  de  la  température. 

»  Nous  nous  sommes  servis  d'albumine  desséchée,  d'extrait  de  foie  de 
cheval  et  d'extrait  hydro-alcoolique  de  levure  de  bière. 

»  1°  Albumine.  —  On  broie,  dans  un  mortier,  is  d'albumine  desséchée  avec 
25*^"' d'eau  distillée,  i^  de  soufre  lavé  et  o""',5  d'acide  tartrique  à  j^  ('). 

»  Un  tel  mélange  est  introduit  dans  un  ballon  maintenu  par  un  bain-marie  pendant 
2  heures,  aux  températures  de  45°,  6o°-62°,  8o°,  gS".  Pendant  tout  ce  temps  un  cou- 
rant de  gaz  inerte,  azote  ou  hydrogène  pur,  entraîne  l'hydrogène  sulfuré  formé,  dans 
une  solution  d'iode  centinormale.  On  apprécie  la  quantité  de  H^S  formé  par  le  dosage 
de  l'iode  restant,  par  l'hyposulfite  de  soude.  Voici  les  résultats  obtenus  : 

FPS  formé. 

m? 

A  45° o,56i 

A  6i°-62° o,6i2 

A  8o° 0,710 

A  95° •••  o,833 


(1)  L'acidification  du  mélange  est  nécessaire  pour  éviter  la  production  de  II' S,  due 
à  l'action  de  l'alcali  du  verre  sur  le  soufre. 


SÉANCE  DU  27  JUILLET  1903.  269 

»  2°  On  répèle  l'expérience  avec  de  l'extrait  de  foie  de  cheval  préparé  par  macéra- 
tion de  loos  de  foie  pulpé  dans  loos  d'une  solution  de  fluorure  de  sodium  à  2  pour  100. 
Cette  macération,  après  avoir  été  abandonnée  à  f\o°  pendant  24  heures,  est  filtrée. 

»  io">'  du  filtrat  sont  mélangés  à  is  de  soufre  lavé.  On  ajoute  20<^'"'  d'eau  distillée  et 
Qcm'^5  d'acide  tarlriqne  au  ^. 

»  Résultais  : 

H- S  formé. 

A  /4-^° 0,740 

A  63" 0,986 

A  80° 1,27 

A  gS" 1 ,  56 

»  Enfin,  dans  une  dernière  série  d'expériences,  nous  avons  étudié  l'action  de  la  tem- 
pérature sur  de  l'extrait  hjdro-alcoolique  de  levure  de  bière,  préparé  par  le  procédé 
indiqué  par  De  Rey-Pailhade  pour  extraire  ce  qu'il  appelle  le /-?/««VofA«OAi. 

»    10"'"'  de   cet  extrait  filtré  et  limpide  étaient  additionnés   de  is  de  soufre   et  de 

2ocm3  (j'ggy      L'extrait  de  levure   étant   franchement  acide,  il   n'était  pas   nécessaire 

d'ajouter  de  l'acide  tartrique  comme  dans  les  cas  précédents. 

»  Résultats  : 

H^S  formé. 

A  45" o,4i6 

A  65" 0,595 

A  80° 0,782 

A  95° I,  i3o 

»  En  présence  de  ces  faiLs  il  ctai^t  indiqué  d'étudier  l'influence  de  tem- 
pératures plus  élevées. 

»  On  introduit  dans  une  ampoule  10'='"' d'extrait  de  levure,  is  de  soufre  et  20="' d'eau. 
On  fait  le  vide,  ou  remplit  l'ampoule  par  un  gaz  inerte,  puis  on  fait  le  vide  de  nou- 
veau. On.  scelle  à  la  lampe,  et  on  laisse  dans  l'autoclave  à  125°  le  mélange  pendant 
I  heure  3o  minutes.  Au  bout  de  ce  temps  on  introduit  le  contenu  de  l'ampoule  dans 
un  ballon  plongé  dans  un  bain-marie  d'eau^DoulIlante,  en  opérant  dans  un  courant  de 
gaz  inerte  qui  balaie  l'hydrogène  sulfuré  formé.  Le  mélange  est  ainsi  traité  pendant 
3o  minutes  au  bain-marie  bouillant.  Le  résultat  est  le  suivant  : 

H^S  formé. 

A  95° i'"^.'o 

A  125° 2"s,3o 

»  On  voit  que  la  production  de  H'S,  dans  ces  trois  séries  d'expériences, 
croît  avec  la  température.  Ces  faits  sont  absolument  contraires  à  l'hypo- 
thèse d'un  ferment  soluble  hydrogénant  le  soufre.  Des  expériences  ulté- 
rieures pourront  seules  expliquer  le  mécanisme  de  la  production  d'hydro- 

G.  R.,    1903,  .«  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  4.)  ^^ 


2^70  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

gène  sulfuré.  Mais,  d'ores  et  déjà,  on  peut  conclure  que  le  philothioa  en 
tant  qu'hydrogénase  n'existe  pas.    » 

PHYSIOLOGIE.  —  Recherches  sur  l' immunité  naturelle  des  Vipères  et  des 
Couleuvres.  Note  de  IVL  C.  Phisalix,  présentée  par  M.  Edmond 
Perrier. 

«  En  1781,  Fontana,  après  avoir  fait  mordre  des  Vipères  entre  elles,  ou 
leur  avoir  inoculé  du  venin  avec  une  lancette,  arrivait  à  cette  conclusion 
que  (i  le  venin  de  la  Vipère  n'est  point  un  poison  pour  son  espèce  ». 
Duméril,  Guyon,  Viaud-Grand-Marais,  Waddell  ont  répété  ces  expériences 
et  sont  arrivés  au  même  résultat. 

»  D'autres  expérimentateurs  comme  Mangili,  Cl.  Bernard,  Weir- 
Mitchell,  Fayrer  affirment  que  les  Serpents  peuvent  être  empoisonnés  par 
leur  venin;  seulement  la  mort  serait  très  tardive  :  dans  les  expériences  de 
Weir-Mitchell,  elle  survenait  dans  un  délai  de  36  heures  à  i4  jours.  Wad- 
dell, critiquant  les  expériences  de  Weir-Mitchell,  attribue  la  mort  tardive 
des  Crotales  à  une  septicémie  ou  à  d'autres  causes  accidentelles.  Dans 
21  expériences  faites  avec  le  venin  de  Cobra,  cet  auteur  a  toujours  constaté 
le  même  fait  :  «  le  Cobra  inoculé  avec  son  propre  venin  n'éprouve  aucun 
»   symptôme  d'empoisonnement  »  . 

))  C'est  pour  élucider  la  cause  de  ces  contradictions  que  j'ai  entrepris 
de  nouvelles  expériences. 

»  Voici  comment  j'ai  procédé  :  du  venin  sec  de  Vipère  est  dissous  dans  l'eau  salée 
pliysiologique  au  litre  de  i  pour  100,  et  la  solution  est  injectée,  à  doses  progressive- 
ment croissantes,  dans  la  cavité  péritonéale  de  Vipères  ou  de  Couleuvres.  Jusqu'à  la 
dose  de  40""?,  le  venin  ne  produit  pas  de  troubles  appréciables.  A  partir  de  /45"'s  jus- 
qu'à 6o™s,  on  commence  à  observer  des  troubles  chez  l'animal  inoculé.  Ils  consistent 
dans  une  sorte  de  torpeur  qui  rend  le  serpent  moins  sensible  aux  excitations,  plus 
paresseux  à  se  mouvoir  et  moins  actif  dans  ses  mouvements. 

»  Cet  état  de  torpeur  somnolente  peut  durer  plusieurs  jours  avec  quelques  inter- 
valles de  réveil  relatif  pendant  lesquels  le  reptile  se  déplace  lentement.  On  observe 
des  contractions  spasmodiques  du  rectum  et  de  l'anus,  et  des  émissions  abondantes 
d'urine. 

»  Puis,  peu  à  peu,  les  accidents  s'atténuent,  l'animal  redevient  plus  vigoureux  et 
plus  vif;  au  bout  de  4^5  joui^s  il  a  repris  ses  allures  habituelles.  Pour  déterminer 
sûrement  la  niort,  il  faut  arriver  aux  doses  massives  de  ioo™s  à  120'"". 

»  Les  accidents  évoluent  alors  plus  rapidement.  Au  bout  d'une  heure,  il  y  a  dimi- 
nullon  de  la  sensibililé  et  faiblesse  muL-ciilaire,  la  respiration  est  ralentie.  Bientôt,  les 


SÉANCE  DU  27  JUILLET  1903.  271 

symptômes  s'aggravent,  la  parésie  augmente,  le  corps  reste  étendu,  flasque,  et  réagit  à 
peine  aux  excitations;  la  sensibilité  et  le  mouvement  disparaissent  en  commençant  par 
l'extrémité  caudale.  La  respiration  devient  de  plus  en  plus  rare,  et  l'animal  meurt  par 
arrêt  respiratoire,  le  cœur  continuant  à  battre.  La  survie  est  de  20  à  3o  heures. 

»   A  l'autopsie,  on  trouve  un  peu  d'exlravasation  sanguinolente  autour  du  foie  et  le 

long  de  l'aorte;  cependant,  les  globules  rouges  sont  intacts  et  l'hémoglobihe  ne  diffuse 

pas.  L'expérience  directe  m'a  montré,  d'autre  part,  qu'une  solution  de  venin  à  i  pour  100 

dans  l'eau  salée  n'a  aucune  inHuence  sur  les  globules  de  Vipères  ou  de  Couleuvres  lavés 

^ou  non  lavés. 

»  D'après  l'évolution  des  symptômes,  il  est  évident  que  le  système  nerveux  est  frappé 
par  le  venin;  mais  on  pourrait  croire,  si  Ton  en  juge  par  la  dose  énorme  de  poison 
nécessaire  à  produire  les  premiers  phénomènes  d'intoxication,  que  ce  système  nerveux 
possède  une  très  grande  résistance;  il  n'en  est  rien.  Si,  au  lieu  d'inoculer  le  venin  sous 
la  peau  ou  dans  l'abdomen,  on  l'introduit  dans  la  cavité  crânienne,  il  suffit  de  doses 
très  faibles  pour  déterminer  l'empoisonnement.  J'ai  fait  l'expérience  sur  la  Couleuvre  à 
collier.  Avec  une  fine  canule,  introduite  par  le  trou  occipital,  j'injecte  quelques  gouttes 
d'une  solution  concentrée  de  venin.  Or,  tandis  que  chez  des  Couleuvres  témoins,  ino- 
culées dans  les  mêmes  conditions,  mais  avec  de  l'eau  salée,  il  ne  se  manifeste  aucun 
trouble,  les  Couleuvres  qui  ont  reçu  de  2"s  à  4™s  de  venin  sont  immédiatement  prises 
d'accidents  caractéristiques.  Tout  d'abord,  c'est  un  tremblement  généralisé  que  l'on 
perçoit  à  la  main,  dès  que  le  venin  a  touché  les  centres  nerveux.  Puis  les  muscles  s'af- 
faiblissent et  leurs  mouvements  sont  incoordonnés,  de  telle  sorte  que  l'animal  posé  à 
terre  ne  peut  fuir;  dès  qu'il  lève  la  tête,  celle-ci  est  agitée  de  petits  tremblements  et 
retombe  bientôt  affaissée  sur  le  sol.  Quelquefois,  il  y  a  de  l'emprostotonos.  La  respi- 
ration, très  ample  au  début,  ne  tarde  pas  à  s'affaiblir  ;  elle  devient  rare  et  intei-milténte. 
La  parésie  augmente  rapidement,  et,  au  bout  de  quelques  heures,  la  Couleuvre  enveni- 
mée est  absolument  flasque;  les  réflexes  sont  faibles  et  limités.  Cet  état  peut  durer 
pendant  plusieurs  jours,  et  se  termine  le  plus  souvent  par  la  mort. 

»  A  l'autopsie,  on  trouve  une  vive  inflammation  des  méninges,  surtout  au  niveau 
des  hémisphères  cérébraux.  Ces  faits  sont  à  rapprocher  de  ceujt  que  MM.  Roux  et 
Borrel  ont  constatés  avec  la  toxine  tétanique,  et  c'est  là  un  nouveau  point  d'ànâloo-ie 
entre  les  toxines  et  les  venins. 

»  Il  résulte,  des  expériences  précédentes,  que,  chez  la  Vipère  et  la  Couleuvre,  les 
symptômes  d'empoisonnement  sont  sensiblement  les  mêmes,  que  le  venin  soit  introduit 
dans  le  péritoine  ou  dans  la  cavité  crânienne.  Mais,  dans  le  premier  cas  (injection 
intra-péritonéale),  il  faut  25  fois  plus  de  venin  pour  produire  le  même  résultat.  Il  est 
donc  certain  que  la  plus  grande  partie  du  poison  n'arrive  pas  aux  centres  nerveux. 
Que  devient-il?  C'est  ce  que  j'examinerai  dans  un  prochain  travail. 

»  En  résumé,  l'immunité  naturelle  des  Vipères  et  des  Couleuvres  n'est 
pas  absolue;  si  elle  est  très  élevée  (5oo  à  600  fois  plus  grande  que  celle  du 
cobaye)  quand  le  venin  pénètre  par  la  voie  cutanée  ou  péritonéale,  elle  est 
beaucoup  plus  faible  (elle  n'est  plus  que  25  à  3o  fois  plus  grande  que  celle 
du  cobaye)  quand  le  venin  est  mis  directement  en  contact  avec  le  cerveau. 


272  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Une  Vipère  pourrait  donc  être  tuée  dans  un  combat  avec  une  de  ses  sem- 
blables si  les  crochets  venimeux  pénétraient  dans  le  crâne;  mais,  en  raison 
delà  dureté  des  os,  celte  éventualité  doit  être,  sinon  impossible,  du  moins 
extrêmement  rare,  et  l'on  peut  admettre  l'aphorisme  de  Fontana  en  le  mo- 
difiant de  la  manière  suivante  :  «  Le  venin  de  la  Vipère  n'est  pas  un  poison 
w  pour  son  espèce  »  dans  les  conditions  naturelles  de  l' inoculation. 

))  S'il  en  était  autrement,  l'arme  qui  sert  à  procurer  la  nourriture  de 
l'individu  deviendrait  un  instrument  pour  la  destruction  de  l'espèce;  l'ex- 
périence et  l'observation  s'accordent  pour  montrer  que  la  Vipère  ne  fait 
pas  exception  aux  lois  générales  de  la  Biologie.  « 


ZOOLOGIE.  —  Sur  la  spermato genèse  des  Crustacés  Décapodes. 
Note  de  M.  Alphonse  Labbé,  })résentée  par  M.  Yves  Delage. 

«  Voici  le  résumé  succinct  des  résultats  que  m'a  donnés  l'élude  de  la 
spermatogenèse  chez  les  Décapodes  (Homarus,  Palinurus,  Galathœa,  Eupa- 
gurus,  Porcellana,  Maia,  Stenorhynchus,  Inachus,  Carcinus,  Cancer,  etc.), 
à  l'exception  des  Caridœ  et  à'Astacus,  faite  au  laboratoire  de  Roscoff'. 

»  Divisions  maturatives.  —  Rien  n'autorise  à  affirmer,  comme  le  fait  Sabalier, 
l'origine  conjonctive  des  spermatogonies.  Les  divisions  des  spermatocytes  se  suivent 
rapidement,  mais  sont  précédées  d'un  long  stade  syiiapsis,  dans  lequel  le  filament  nu- 
cléinien  est  déroulé,  quoique  condensé  à  un  pôle.  Les  tétrades  s'organisent  par  une 
première  division  longitudinale,  et  une  deuxième  division  qui  me  paraît  être  égale- 
ment longitudinale.  Le  cenlrosome  n'est  pas  visible  aux  pôles  du  fuseau.  Le  nucléole 
libéré  à  la  première  division  persiste  dans  le  cytoplasme,  jusqu'à  la  spermatide. 

»  Transformations  de  ta  spermatide.  —  J^es  phénomènes  de  transformation  de  la 
spermatide  en  spermatozoïde  peuvent  être  résumés  ainsi  : 

»  a.  Apparition  dans  le  cytoplasme  de  la  spermatide,  à  côté  du  noyau,  d'une  vési- 
cule {vésicule  interne)  plus  colorable  que  le  reste  du  cytoplasme;  cette  vésicule 
grandit,  refoule  le  noyau,  se  creuse  d'un  canal  (canal  acrosomien)  par  la  convergence 
de  deux  invaginations,  l'une  distale,  l'autre  proximale  par  rapport  au  noyau  ;  cette 
vésicule  prend  la  forme^  suivant  les  genres,  d'une  sphère,  d'une  amphore,  d'une  coupe 
ou  d'un  cylindre.  —  b.  Disparition  presque  complète  du  cytoplasme  qui  ne  persiste 
que  sous  forme  de  prolongements  raofiV^  partant  d'un  anneau  au-dessus  du  noyau.  — 
c.  Persistance  de  la  membrane  cellulaire  de  la  spermatide,  sous  la  forme  d'une  (^e5«CM/e 
externe  qui  peut  se  dédoubler,  se  cliver,  ou  présenter  des  étranglements,  c'est-à-dire 
qui  peut  revêtir  les  formes  les  plus  variées  suivant  les  espèces  étudiées.  —  d.  Appari- 
tion à^ anneaux  mitochond riens  avec  grains  mitochondriens,  à  des  places  déterminées 
autour  de  la  vésicule  interne.  —  e.  Persistance  du  noyau  au-dessous  des  prolongements 
radiés  et  de  la  vésicule  interne.  —  f.  Enfin,  apparition  entre  le  noyau  et  le  fond  de  la 


SÉANCE   DU   27    JUILLET    rgoS.  27^ 

vésicule  interne  cFune  petite  éminence  (tigelle  des  anciens  auteurs)  qui  croît  en 
remontant  plus  ou  moins  haut  dans  le  canal  acrosomien  et  que  j'appellerai  V appareil 
acrosomien  :  cet  appareil  se  trouve  constitué,  dans  la  règle,  d'une  base  en  forme  de 
ligne  ou  d'angle  trièdre,  vivement  colorable  par  les  colorants  basiques,  et  d'un  petit 
cylindre  achromatique  au  haut  duquel  on  reconnaît  une  pointe  conique  fortement 
chromatique  :  tout  cet  acrosome  se  colore  jjlus  énergiquement  que  la  chromatine. 

»  On  reconnaîtra,  avec  quelques  détails  de  plus,  dans  ce  bref  énoncé, 
les  descriptions  déjà  données  du  spermatozoïde  des  Décapodes  par  Gilson 
et  Hermann.  Cet  ensemble  compliqué  de  vésicules,  de  coupoles,  de 
tigelles  avait  donné  aux  spermies  de  ces  animaux  une  place  à  part,  et 
l'on  n'aurait  su  y  reconnaître  les  organes  ordinaires  du  spermatozoïde  des 
autres  animaux.  C'est  qu'on  effet,  on  n'avait  pas  trouvé  les  spermatozoïdes 
mûrs  définitifs,  qui  sont  bien  différents  de  la  description  précédente. 

»  Chez  Hojnarus,  le  spermatozoïde  mûr  est  formé  d'un  appareil  acrosomien,  court 
semblable  à  celui  que  je  viens  de  décrire;  d'un  anneau  cytoplasmique  d'où  partent  les 
trois  prolongements  radiés,  et  d'un  noyau  longuement  cylindroïde.  Chez  Mata,  le  sper- 
matozoïde mûr  est  à  peu  près  semblable,  sauf  que  l'appareil  acrosomien  est  lono-  et 
aigu,  et  le  noyau  vésiculeux.  Dans  les  autres  genres  que  j'ai  étudiés,  la  forme  du  sper- 
matozoïde varie  peu  et  rie  diffère  de  ces  deux  types  extrêmes  que  par  des  différences 
de  détail.  Je  puis  affirmer  que  les  descriptions  faites  jusqu'ici  des  spermatozoïdes  des 
Décapodes  ne  s'appliquent  qu'à  des  spermatozoïdes  non  mûrs. 

»  Les  transformations  qui  légitiment  cette  affirmation  se  font  soit  dans  les  sperma- 
lophores,  soit  dans  le  corps  de  la  femelle.  La  fécondation,  chez  les  Brachyures  tout  au 
moins,  est  interne,  quoi  qu'on  en  ait  pu  penser,  et,  après  la  copulation,  on  trouve  de 
nombreux  spermatozoïdes,  mûrs,  entre  les  œufs.  C'est  sous  la  forme  que  je  viens  de 
décrire  que  se  produit  la  fécondation.  Le  spermatozoïde,  tel  qu'on  le  connaissait  subit 
deux  séries  de  transformations  : 

»  a.  Une  invagination.  L'appareil  acrosomien  remonte  dans  le  canal  acrosomien 
jusqu'à  ce  qu'il  arrive  à  son  orifice  supérieur,  et  il  entraîne  avec  lui  toute  la  partie 
inférieure,  c'est-à-dire  les  prolongements  radiés  et  le  noyau.  Lorsque  l'invagination 
est  complète,  le  spermatozoïde  a  sa  forme  définitive,  mais  se  trouve  entouré  d'une 
sorte  de  coque  protectrice  formée  par  les  vésicules  externe  et  interne.  Ce  phénomène 
est  facile  à  voir  chez  le  Homard  et  le  Maia; 

»  b.  Une  dévagiaation  par  disparition  des  enveloppes  vésiculaires  protectrices.  Le 
résultat  est  un  spermatozoïde  muni  d'un  acrosome  antérieur,  un  anneau  cytoplas- 
mique avec  prolongements  radiés,  et  un  noyau.  Ily,'',  du  reste,  de  nombreuses 
variantes,  sur  lesquelles  je  ne  puis  insister.  Chez  Maia,  par  exemple,  on  trouve  deux 
formes  de  spermatozoïdes,  les  uns  nucléés,  les  autres  anucléés,  qui  ont  une  évolution 
différente. 

»  Ces  phénomènes,  quelque  étranges  qu'ils  puissent  paraître,  sont  bien 
en  rapport  avec  l'immobilité  des  spermatozoïdes  des  décapodes;  la  conden- 


27/i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

sation  du  cytoplasme,  ou  mieux  de  ses  parties  albumineuses  dans  Id  vési- 
cule interne,  la  corrélation  entre  l'accroissement  de  ces  vésicules  et  la  dis- 
parition du  cytoplasme,  montrent  que  cette  vésicule  a  peut-être  un  rôle 
nutritif  pour  le  spermatozoïde,  qui,  par  suite  de  son  immobilité  dans  les 
spermatophores  ou  les  poches  copulatriees,  peut  attendre  longtemps  le 
moment  d'entrer  en  action.  Les  phénomènes  osmotiques  me  paraisseut  jouer 
un  rôle  considérable  dans  tonte  l'histoire  des  spermatozoïdes  des  Déca- 
podes, notamment  dans  le  clivage  des  vésicules  externes,  dans  l'invagina- 
tion et  la  dévagination  des  spermatozoïdes. 

»   Ces  résultats  ainsi  que  les  considérations  théoriques  qui  y  donnent 
lieu  seront  développés  dans  un  Mémoire  ultérieur.  » 


EMBRYOLOGIE.  —  Production  artificielle  de  larves  géantes  chez  un  Echinide. 
Note  de  M.  F. -A.  Jaxssexs,  j)résentée  par  IVÎ.  Alfred  Giard. 

«  On  sait  que  Jacques  Loeb  a  publié  eu  1893,  dans  les  Biological  lectures, 
de  Woods  Holl,  une  méthode  pour  produire  artificiellement  des  larves 
doubles  à  l^aide  des  œufs  d'Arbacia. 

»  Le  savant  américain  fertilise  les  œufs  de  cet  Echinide  dans  l'eau  de  mer  normale. 
Entre  10  à  00  minutes  après  la  fécondation,  il  transporte  les  œufs  dans  l'eau  de  mer 
additionnée  de  100  pour  100  d'eau  douce.  Dans  ces  conditions  il  voit  se  former  des 
hernies  dont  les  dimensions  atteignent  parfois  celles  de  l'œuf  lui-même.  Il  arrive  qu'il 
ne  se  forme  cju'z/ne  hernie  semblable.  D'autres  fois  il  s'en  forme  deux  et  parfois  un 
grand  nombre.  Ces  hernies  persistent  après  qu'on  a  remis  les  œufs  dans  Verni  de  mer 
normale.  Il  les  appelle  extra-ovat.  D'après  Loeb,  les  deux  pai-liés  de  l'œuf  se  déve- 
loppent et  il  se  forme  ainsi  des  larves  géminées  plus  ou  moins  complètes. 

»  Pendant  un  séjour  à  la  station  de  Naples,  sur  le  conseil  de  M.  Curt 
Herbst,  j'ai  entrepris  de  contrôler  les  conclusions  de  Loeb  et  je  suis  arrivé 
à  des  résultats  très  différents  des  siens. 

»  Mon  mode  opératoire  est  absolument  le  même  que  celui  de  Lœb,  mais  j'ai  eu  tou- 
jours bien  soin  d'i^o/e/' depuis  le  premier  moment  de  leur  développement  les  individus 
dont  je  voulais  poursuivre  l'évolution.  Il  se  présente  d'ordinaire  deux  cas.  Ou  bien 
l'extra-ovat  se  sépare  immédiatement  de  l'œuf  dès  son  retour  dans  l'eau  de  mer  nor- 
male, et  dans  ce  cas  jamais  les  deux  parties  ne  se  développent.  Ou  bien  l'extra-ovat 
reste  adhérent  à  l'œuf.  Dans  ce  dernier  cas  le  sort  ultérieur  de  l'évolution  est  fonction 
du  degré  d'adhérence.  Si  cette  dernière  est  forte,  il  ne  se  produit  jamais  qu'une  seule 
blastule  plus  ou  moins  déformée  et  monstrueuse.  Cette  blastule  peut  donner  naissance  à 
une  larve  plu/eus  qui,  elle   aussi,  sera   plus   ou  moins  déformée.    Mais  il  se  peut  que 


SÉANCE    DU    27    JUILLET    IQoS.  0.^5 

l'extra-ovaL  ne  tienne  que  faiblement  à^l'œuf,  el  dans  ce  cas,  après  le  stade  de  la  morale, 
il  se  forme  deux  blastules  différentes  qui  se  séparent  après  un  temps  plus  ou  moins 
long.  Je  ne  suis  pas  parvenu  à  obtenir  plus  que  des  gastrules  réduites  dans  ce  dernier 
cas.  Le  développement  ne  semble  pas  aller  au  delà. 

»  Au  cours  de  ces  recherches  de  contrôle  j'ai  constaté  que  souvent  les 
œufs  à  hernie  sont  capables  de  se  souder  deux  à  deux.  J'ai  isolé  de  ces 
œufs  agglutinés  depuis  le  premier  moment  de  leur  soudure  jusqu'à  leur 
transformation  en  pluteus  et  j'ai  trouvé  des  monstres  doubles  se  compé- 
nétrant  plus  ou  moins.  Les  images  sont  analogues  jusqu'à  im  certain  point 
à  celles  qui  ont  été  décrites  par  Lœb  comme  provenant  (Vun  seul  œuf ,  et 
\)i\r  Morgan  et  Driesch  comme  jumeaux  provenant  de  deux  œufs  différents 
plus  ou  moins  fusionnés. 

))  Mais  il  arrive  que  certains  de  ces  monstres  ont  des  dimensions  telles 
qu'il  me  parut  dès  l'abord  impossible  d'admettre  qu'ils  provenaient  de 
deux  œufs  seulement.  Je  pus  observer  alors,  en  y  regardant  de  plus  près, 
un  fait  très  intéressant  et  qui,  à  ma  connaissance,  n'a  pas  été  signalé  jusqu'à 
présent.  J'ai  trouvé  dans  l'ovaire  iVArbacia  un  parasite  dont  je  n'ai  pu, 
jusqu'à  présent,  établir  l'identité,  mais  qui  appartient  certainement  à  la 
grande  subdivision  des  Rhizopodes.  Les  dimensions  de  cet  animal  sont  très 
variables.  11  émet  d'énormes  pseudopodes  qui  parviennent  parfois  à 
englober  un  œuf  entier  et  à  l'introduire  dans  la  masse  de  l'animal.  Il  est 
souvent  possible  de  reconnaître,  dans  un  seul  individu,  deux,  trois  ou  un 
plus  grand  nombre  d'œufs  encore  sphériques.  Ces  Rhizopodes  restent  bien 
vivants  dans  l'eau  de  mer  normale  à  côté  <ies  œufs  qui  se  développent 
après  la  fécondation.  Dans  l'eau  de  mer  mêlée  d'eau  douce,  ils  ne  meurent 
pas  immédiatement.  Mais,  quand  on  reporte  les  œufs  et  les  parasites  dans 
l'eau  de  mer  normale,  ces  derniers  se  contractent  brusquement  et  meurent. 
Il  arri\e  souvent  que  les  œufs  s'accolent  par  leurs  hernies  à  ces  masses 
désormais  inertes  et  constituent  avec  elles  des  sphères  plus  ou  moins  irré- 
gulièrement bossuées.  J'ai  isolé  de  ces  sphères  composées  d'un  parasite  et 
d'un  nombre  variable  d'œufs.  Ce  nombre  peut  aller  jusqu'à  dix  et  je  suis 
persuadé  qu'il  peut  le  dépasser.  Les  œufs  se  développent.  Au  stade  de  la 
morule  on  voit  encore  très  bien  les  éminences  appartenant  à  chacun  d'eux, 
Après  ce  moment,  les  contours  se  régularisent  et  bientôt  la  sphère  plus  ou 
moins  régulière  se  met  en  mouvement.  Les  œufs  d'Arbacia  sont  encombrés 
d'enclaves  colorées  en  rouge.  Par  suite,  il  est  malheureusement  impossible 
d'observer  ce  qui  se  passe  à  ce  moment.  Toujours  est-il  que,  après  5  à 
8  jours,  on  voit  apparaître   une  larve  plus  ou  moins  globuleuse  pourvue 


2'76  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'un  système  cilié  ayant  une  unité  remarquable,  d'une  boucFie  et  d'un 
anus.  Souvent  l'archentéron  fait  défaut.  D'autres  fois  il  n'est  pas  visible  à 
cause  de  l'opacité  de  la  larve.  Parfois  on  voit  un  archentéron  en  relations 
avec  l'anus,  mais  n'allant  pas  jusqu'à  la  bouche.  Dans  ce  cas  on  trouve 
dans  ce  tube  digestif  embryonnaire  les  mêmes  parties  que  dans  celui  des 
larves  pluteus  normales.  Le  squelette  fait  souvent  défaut  à  ces  larves 
géantes.  D'autres  fois  il  est  représenté  par  des  baguettes  de  forme  plus 
ou  moins  complexe.  Dans  les  larves  plus  petites  le  squelette  est  souvent 
mieux  formé. 

»  Je  n'ai  jamais  trouvé  de  monstres  doubles  ou  multiples,  ni  de  larves 
géantes  dans  les  cultures  ne  renfermant  ^<ir^  de  parasites.  » 


PHYSIOLOGIE.  —  Inscription  de  F  état  variable  de  la  tension  du  fil  de  Vergo- 
graphe;  équation  du  mouvement  et  expression  du  travail.  Note  de  MM.  A. 
Imbeiît  et  J.  Gagxière,  présentée  par  M.  Marey. 

«  Voici  l'appareil  que  nous  avons  employé  pour  obtenir  cette  inscrip- 
tion : 

»  Nous  nous  sommes  servis  d'un  tambour  ordinaire  entouré  d'un  cercle  en  acier 
dont  le  plan  est  perpendiculaire  à  celui  de  la  membrane  du  tambour  et  qui  est  fixé  à 
la  face  métallique  de  celui-ci;  en  outre,  une  mince  tige  métallique  réunit  la  plaque 
d'aluminium,  collée  sur  la  membrane  de  caoutchouc,  au  point  du  cercle  en  acier  dia- 
métralement opposé  à  celui  auquel  la  face  métallique  du  tambour  est  fixée.  Le  cercle 
en  acier  est  réuni  d'une  part  à  là  pièce  mobile  qui  porte  le  stylet  inscripteur  du  sou- 
lèvement et  d'autre  part  au  fil  qui  se  rend  au  médius,  de  telle  sorte  d'ailleurs  que  la 
tige  aboutissant  à  la  membrane  du  tambour  soit  dans  le  prolongement  de  ce  fil.  Le 
tambour  entouré  du  cercle  en  acier  est  relié  à  la  manière  ordinaire  avec  un  tambour 
inscripleur.  Grâce  à  cette  disposition,  toute  traction  exercée  sur  le  fil  déforme  le  cercle 
en  acier,  cette  déformation  agit  en  soulevant  la  membrane  du  tambour  explorateur  et 
le  stylet  du  tambour  inscrij^teur  trace  sur  le  cylindre  les  valeurs  successives  de  cette 
traction. 

»  Les  tracés,  obtenus  dans  les  conditions  indiquées  dans  nos  Notes 
précédentes,  montrent  que  la  tension  du  fil,  c'est-à-dire  la  force  motrice, 
augmente  rapidement  au  début  de  chaque  contraction  et  atteint  un  maxi- 
mum après  un  temps  très  court,  alors  que  le  soulèvement  du  poids  est 
encore  très  minime.  Après  ce  temps,  qui  est  environ  de  i  trentième  de 
seconde,  la  tension  du  fil  baisse,  tandis  que  le  poids  continue  son  ascension, 
mais  cette  tension  ne    devient  jamais  nulle,  sauf  dans  quelques  cas  où  le 


SÉANCE    DU    27    JUILLET    TQoS.  277 

poids  soulevé  est  faible  (i*^^).  Après  avoir  passé  par  un  minimum,  la  tension 
augmente  de  nouveau  pour  atteindre  sa  valeur  initiale  et  se  maintenir 
constante  pendant  toute  la  durée  du  soutien,  puis  elle  diminue  de  nouveau 
pendant  le  relâchement  musculaire  et  reprend  sa  valeur  primitive  après 
une  série  d'oscillations  dues  à  l'élasticité  des  diverses  pièces  de  l'ergo- 

graphe. 

»  Si  l'on  réalise  l'inscription  d'une  assez  longue  suite  de  contractions 
successives,  la  fatigue  se  traduit,  sur  le  tracé  de  la  tension  du  fil,  par  des 
modifications  analogues  à  celles  que  nous  avons  décrites  antérieurement 
pour  le  soulèvement  et  la  force  de  contraction  musculaire  :  ralentissement 
dans  la  vitesse  d'augmentation  et  de  diminution  de  la  tension  aux  diverses 
périodes  d'une  même  contraction  et  diminution  de  la  tension  maxima  du 

début. 

»  On  peut  obtenir  simultanément  l'inscription  du  soulèvement  du  poids, 
de  la  force  de  contraction  musculaire  et  de  la  tension  du  fil. 

»  En  appelant  M  la  masse  du  corps  soulevé,  l'équation  du  mouvement 
réalisé  pendant  le  travail  à  l'ergographe  est 

(■)  Mg^=/-M„.. 


On  tire  de  là 


f^Mg  +  M'^^ 


»  Or  les  valeurs  successives  de/ aux  diverses  époques  du  mouvement 
peuvent  être  mesurées  sur  nos  tracés.  Dès  lors,  connaissant /en  fonction 

du  temps  /,  l'équation  (i)  peut  être  intégrée,  et  la  vitesse  -£  du  mobile 

peut  être  connue  pour  chaque  instant. 

»  On  peut  profiter  de  l'équation  (i)  pour  étudier  le  travail  effectué  pen- 
dant la  période  ascensionnelle  du  mouvement.  En  effet,  le  travail  de  la 
force  /  pendant  le  déplacement  dy  serR  fdy  et  le  travail  total,  pendant  la 
durée  T  du  soulèvement,  sera 

T=fydy=£[Mgdy-^U^^dy)  =  M[gy+l[^y], 

car  la  constante  est  nulle,  puisque,  à  l'origine,  7  =  o  et  que  la  vitesse  du 
mobile  est  nulle  aussi. 

»   Nos  équations  et  nos  graphiques  nous  donnent  les  valeurs  successives 

C.  R.,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVU,  N»  4.)  ^7 


2-^8  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

de  y  et  de  -—}  et  nous  permettent  ainsi  de  pénétrer  plus  intimement  dans 

la  question,  puisqu'il  est  possible,  non  seulement  de  calculer  le  travail 
total  entre  des  limites  de  temps  déterminées,  mais  d'en  connaître  la  valeur 
à  chaque  instant  et  d'en  suivre  les  variations.    » 


PATHOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  quelques  processus  de  gommificadon. 
Note  de  M.  G.  Delacroix,  présentée  par  M.  Prillieux. 

«  Canne  à  sucre.  —  La  production  de  gomme  dans  la  tige  de  la  Canne 
à  sucre  est  un  phénomène  qui  s'observe  fréquemment  à  la  suite  de  plaies 
d'insectes,  de  blessures  quelconques,  d'affections  cryptogamiques,  pour 
lesquelles,  le  plus  souvent  d'ailleurs,  une  plaie  d'insecte  est  la  porte 
d'entrée  du  champignon.  La  cause  première  de  cette  formation  gommeuse 
n'est  pas  nettement  établie,  et  il  en  a  été  de  même  jusqu'ici  de  son  mode 
de  formation.  C'est  ce  dernier  fait  seulement  que  je  veux  faire  ressortir  ici. 

»  A  la  suite  de  l'attaque  du  Borer  {Diatrœa  striatalis),  par  exemple,  on  voit 
souvent,  dans  le  voisinage  de  la  galerie,  la  gomme  jaune  pâle  sourdre  en  très  fines 
gouttelettes,  et  fréquemment  ces  régions  gommipares  montrent  une  teinte  rouge  pâle, 
dont  l'apparition  semble  liée  à  la  réaction  de  la  plante,  car  on  l'observe  dans  l'attaque 
de  parasites  fort  divers  de  la  Canne. 

»  Des  coupes  transversales,  fixées  par  l'alcool  fort  et  rapidement  colorées  par  le 
carmin  aluné  ou  le  rouge  de  ruthénium,  montrent  des  sufTusions  gommeuses  abon- 
dantes, que  l'on  voit  s'amasser  généralement  dans  le  vaisseau  annelé  qui  occupe  la 
pointe  du  faisceau,  et  qui  ne  tarde  pas  à  se  déchirer  dès  que  le  faisceau  grandit. 

»  L'espace  schizogène  qui  environne  le  vaisseau  de  la  pointe  s'emplit  également  de 
gomme.  Cependant,  il  est  facile  de  se  rendre  compte  que  ce  n'est  point  là  le  lieu  de 
formation  de  cette  gomme.  Les  parois  des  vaisseaux,  et  aussi  parfois  des  tissus  paren- 
chymateux  du  bois  se  colorent  souvent  en  jaune  brunâtre,  mais  on  ne  les  voit  pas  se 
liquéfier  et  se  transformer  en  gomme.  C'est  exclusivement  le  liber  qui  est  le  siège  de 
la  gbmmification.  Quand  on  suit  les  phases  du  phénomène  depuis  son  début,  on  voit 
les  éléments  du  liber,  plus  spécialement  les  cellules  annexes,  épaissir  notablement 
leur  membrane  à  partir  delà  région  la  j^lus  externe  du  liber. 

»  Une  observation  attentive  montre  que  cet  épaississement  siège  dans  le  cadre 
intercellulaire.  Puis,  comme  on  l'observe  dans  la  gommose  des  Amygdalées,  les  cellules 
s'isolent  peu  à  peu,  en  même  temps  que  leur  membrane  propre  s'amincit,  semblant  se 
liquéfier  du  côté  externe,   et   la  cellule  disparaît  au  milieu  de  la  masse  gommeuse. 

»  Je  n'ai  pu  voir  bien  nettement  comment  la  gomme  arrive  à  s'épancher  à  la  pointe 
du  faisceau,  dans  la  région  du  vaisseau  primaire.  Il  m'a  semblé,  en  plusieurs  circons- 
tances, que  c'est  la  discission  des  éléments  du  parenchyme  ligneux  delà  région  moyenne 
du  faisceau  qui  permet  le  passage. 


SÉANCE   DU    27    JUILLET    1903.  279 

))  Aurantiacées.  —  Chez  les  Citrus,  Orangers,  Mandariniers,  Citronniers, 
la  formation  de  la  gomme  se  montre  assez  souvent  sans  qu'on  puisse  non 
plus  en  préciser  la  cause.  Le  Fusarium  Limonis  Briosi  n'est  pas  en  tout  cas 
la  seule.  Sur  des  Orangers  venant  de  l'ile  de  Chio,  où  j'ai  étudié  la  forma- 
tion de  cette  gomme,  je  n'ai  pu  découvrir  d'autre  organisme  que  de  très 
nombreuses  cochenilles. 

»  Sur  les  Aurantiacées,  comme  l'a  déjà  déclaré  Savastano,  la  gomme  prend  nais- 
sance par  un  processus  identique  à  celui  de  la  gomme  des  Amygdalées.  L'évolution 
des  îlots  de  parenchyme  est  seulement  un  peu  dilTérenie;  il  ne  s'y  accumule  pas  de 
réserves  amylacées,  et  généralement  la  liquéfaction  débute  par  le  bord  du  massif  de 
parenchyme  gommipare,  alors  que,  cliez  les  Amygdalées,  c'est  généralement  au  centre 
qu'elle  commence. 

))  Khaya  Senegakiisù .  —  On  observe  bien  souvent  une  formation  abon- 
dante de  gomme  sur  cette  plante  à  la  suite  des  blessures  fréquentes  dont 
elle  est  le  siège.  La  gomme  qui  prend  naissance  ne  paraît  nullement  affec- 
ter la  santé  de  l'arbre,  d'après  M.  Dybo>vski  qui  m'a  communiqué  les  échan- 
tillons. 

»  M.  Mallèvre  a  bien  voulu,  il  y  a  quelques  années,  examiner,  sur  ma  demande, 
cette  gomme  au  point  de  vue  chimique.  Elle  est  constituée  par  un  mélange  d'arabane 
et  de  galactane  et,  comme  la  plupart  des  gommes,  fournit  des  cendres  riches  en  cliaux. 
Elle  est  peu  soluble  dans  l'eau  et  la  partie  dissoute  contient  une  oxydase  qui  bleuit  la 

teinture  de  gaïac. 

»  La  formation  de  la  gomme  dans  les  tissus  est  exactement  la  même  que  celle  des 
Amygdalées  et  des  Orangers.  L'évolution  du  parenchyme  gommipare  est  identique; 
néanmoins,  là  non  plus,  on  n'observe  pas  d'accumulation  de  réserves  amylacées  dans 
ce  parenchyme.  » 


GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE.  —  Sur  les  effondrements  de  la  plaine  de  Serran. 
Note  de  M.  Gustave-F.  Dollfus,  présentée  par  M.  de  Lapparent. 

«  Le  21  juin  dernier,  aux  environs  de  Paris,  sur  la  plaine  située  entre 
Sevran  et  Aulnay,  près  de  la  ferme  de  Fontenay,  par  56-  d'altitude,  il  s'est 
produit  un  effondrement  elliptique  de  12-  sur  i5-,  avec  des  parois  descen- 
dant à  pic  sur  une  profondeur  de  i5-  à  17'".  Jusqu'à  i-,io  du  sol,  le  trou 
s'est  rempli  d'une  eau  verdàtre  et  séléniteuse. 

).  Le  phénomène  n'est  pas  rare  dans  la  contrée,  où  on  l'a  observé  notam- 
ment en  iG85  et  en  i858.  Des  entonnoirs  ayant  cette  origine,  connus  dans 


28o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

le  pays  sous  les  noms  de  torrents  et  de  bouillons,  se  voient  au  Bois  Saint- 
Denis,  aux  Bois  Royaux,  entre  Bondy  et  le  Petit  Groslay,  sur  la  rive  droite 
du  canal  de  l'Ourcq. 

»  D'après  la  constitution  géologique  de  la  région,  il  est  visible  que  ces 
effondrements  affectent,  avec  le  limon  superficiel,  l'épaisseur  entière  du 
calcaire  dit  de  5<2mï-0we/?,  et  atteignent  l'assise  des  sables  de  Beauchamp. 
C'est  donc  à  ce  niveau  qu'il  est  naturel  de  chercher  la  cause  du  phéno- 
mène. 

))  D'un  autre  côté,  en  remontant  vers  Gressy,  la  série  des  effondrements 
semble  jalonner  un  parcours  souterrain,  qui  continuerait  au  sud-ouest  la 
direction  du  ruisseau  de  l'Arneuse  et  celle  du  cours  supérieur  de  la  Beu- 
vronne.  Cette  dernière,  descendant  des  hauteurs  de  Dammartin,  court  au 
sud-ouest  jusqu'à  Gressy-Souiily,  point  où  elle  se  coude  brusquement  à 
l'est,  pour  rejoindre  la  Marne  par  le  défilé  de  Claye.  D'autre  part,  tandis 
qu'en  amont  de  Souilly  la  pente  moyenne  du  thalweg  est  de  2™  par  kilo- 
mètre, dans  le  cours  inférieur,  au  lieu  de  diminuer,  comme  c'est  la  règle, 
elle  atteint  3™,3o.  Mais  la  Beuvronne  supérieure  trouverait  son  prolonge- 
ment naturel,  à  l'O.-S.-O.,  avec  une  pente  kilométrique  de  i™,3o,  dans  la 
dépression  où  a  été  creusé  le  canal  de  l'Ourcq,  devant  Villeparisis,  Vau- 
j ours  et  Livry. 

»  Ces  caractères,  et  notamment  l'excès  tout  à  fait  anormal  de  la  pente  en  aval  de 
Souilly,  indiquent  que  l'ancienne  Beuvronne  débouchait  à  Sevran  dans  la  plaine 
Saint-Denis,  et  que  son  cours  supérieur  a  dû  être  capturé  par  un  petit  affluent  de  la 
Marne. 

»  Or,  cette  ancienne  Beuvronne  trahit  une  disposition  générale  du  sol  qui  portait 
les  eaux  à  s'écouler  vers  Sevran.  Il  est  tout  naturel  que  cette  disposition  se  soit  tra- 
duite, non  seulement  à  la  surface,  mais  en  profondeur,  et  que,  par  suite  du  relève 
ment  général  des  couches  vers  Dammartin,  où  se  fait  sentir  le  prolongement  de  l'axe 
du  pays  de  Bray,  un  cours  d'eau  souterrain,  engendré  par  l'absorption  des  eaux  sur 
l'affleurement  des  sables  bartoniens,  ait  été  amené  à  suivre  la  même  direction.  Près 
de  Sevran,  où  toutes  les  assises  dessinent  un  pli  synclinal,  prolongeant  celui  qui  a  été 
nettement  reconnu  à  Saint-Denis,  ce  cours  souterrain  serait  établi  au  niveau  même 
des  sables,  où  il  a  échappé  aux  conséquences  de  la  capture  de  la  Beuvronne,  et  il  irait 
déboucher  dans  la  berge  de  la  Seine  vers  Saint-Denis. 

»  En  circulant  à  travers  la  couche  des  sables  bartoniens,  le  ruisseau  caché  délaie- 
rait et  emporterait  peu  à  peu  cette  assise  essentiellement  meuble,  de  façon  à  provoquer 
de  temps  à  autre  un  effondrement  partiel  de  la  nappe  calcaire  qu'elle  supporte.  Les 
puissantes  venues  d'eaux  profondes  qu'on  observe  dans  les  forages  des  environs  de 
Saint-Denis  trouveraient  une  explication  dans  l'existence  de  cette  rivière  souterraine; 
existence  qu'il  y  aurait  intérêt  à  vérifier  par  quelques  travaux,  en  vue  de  l'alimentation 
des  communes  du  nord  de  Pans,  si  mal  pourvues  en  eau  potable. 


SÉANCE    DU    27    JUILLET    1903.  28 1 

»  Diverses  considérations  donnent  à  penser  que  la  décapitation  de  la 
Beiivronne  n'a  dû  avoir  lieu  qu'à  l'époque  du  pléistocène  moyen.  Jusque-là, 
l'importance  des  érosions,  dont  la  plaine  Saint-Denis  porte  le  témoignage, 
exige  l'intervention  d'un  plus  grand  volume  d'eau.  La  capture  par  la  brèche 
de  Claye  aurait  pu  être  facilitée,  lors  du  pléistocène  moyen,  par  la  grande 
crue  à  la  faveur  de  laquelle  la  Marne  a  réussi  un  moment  à  déverser  ses 
alluvions  jusqu'à  Livry.  Après  la  retraite  de  la  Marne,  l'affluent  de  Claye 
aurait  capturé  la  haute  Beuvronne,  et,  tandis  que  la  partie  occidentale  de 
cette  dernière,  la  plus  rapprochée  du  coude  de  capture,  devenait,  sous  la 
forme  de  l'Arneuse,'  tributaire  de  la  Marne,  il  restait,  entre  l'Arneuse 
d'une  part,  la  Morée  et  la  Mollette  devenues  sans  force,  de  l'autre,  une  ré- 
gion intermédiaire  marécageuse.  » 

PHYSIQUE  INDUSTRIELLE.  —  Sur  une  nouvelle  méthode  physique  de  recherche 
et  de  détermination  du  mouillage  des  vins.  INote  de  M.  Georges  M  aneuvrier, 
présentée  par  M.  E.-H.  Amagat. 

«  Parmi  les  procédés  variés  de  falsification  des  vins,  l'addition  d'eau  ou 
mouillage  est  celui  qu'on  rencontre  le  plus  fréquemment.  Les  chimistes 
mettent  le  mouillage  en  évidence  en  déterminant  préalablement,  par  l'ana- 
lyse quantitative,  les  principaux  éléments  constitutifs  du  yin  suspect  et  en 
appliquant  à  ces  résultats  une  série  de  règles  empiriques  (telles  que  la 
Somme  alcool-acide)  dont  chacune  constitue  un  degré  de  probabilité  de 
mouillage  et  dont  l'ensemble  établit  une  quasi-certitude.  Mais  ils  ne 
peuvent  aller  plus  loin,  c'est-à-dire  déterminer  la  proportion  du  mouil- 
lage, qu'autant  qu'ils  ont  à  leur  disposition  un  échantillon  du  même  vin, 
non  mouillé,  et  qu'ils  peuvent  en  comparer  les  éléments  avec  ceux  du 
vin  suspect. 

»  J'ai  pensé  qu'on  pourrait  arriver  aux  mêmes  conclusions,  plus 
sûrement  et  beaucoup  jdus  rapidement,  par  la  considération  et  l'étude  de 
l'une  des  propriétés  physiques  du  vin,  pourvu  que  celle-ci  fût  susceptible 
d'une  mesure  précise,  et  que  les  variations  dues  à  l'addition  d'eau  —  toutes 
choses  égales  d'ailleurs  —  en  fussent  aisément  appréciables.  J'ai  trouvé 
qu'en  particulier  la  conductibilité  électrique,  ou  son  inverse,  la  résislivitè, 
répondait  précisément  à  ces  conditions.  On  peut  établir  par  l'expérience  : 

»  1°  Qu'un  vin  quelconque,  bien  déterminé  par  sa  provenance  et  par 
son  âge,  est  doué  d'une  résistivité  électrique  caractéristique,  qui  varie 
entre  des  limites  restreintes  pour  les  divers  échantillons  dudit  vin  ; 


282 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


»  2°  Que  la  résistivité  d'un  vin  donné  augmente  nettement  et  notable- 
ment dès  qu'on  l'additionne  d'eau,  même  en  faible  proportion,  sans  tou- 
cher, bien  entendu,  à  aucun  des  autres  éléments,  car  l'addition  d'une 
substance  soluble,  saline  ou  acide,  ferait  varier  la  résistivité  en  sens  inverse. 


Courbe  de  mouillage  d'un  vin  type. 


2o 
19 

18 

1G 
15 
U 
1!» 
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10 

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7 
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JL I 

y \ 


15      9      155    15,Ô      3t5        55 


A3 


62 


74 


0^:,  Les  abscisses  donnent,  en  millimèlres,  les  déplacements  d'un  curseur,  (jui  correspondent  aux 

résistances  de  compensation  du  vin  mouillé. 
Oy,  Les  ordonnées  donnent  en  centimètres  cubes  l'eau  ajoutée  à  un  volume  donné  (24cm3)  du  vin  pur. 

»  Gela  étant,  voici  comment  on  peut  établir  une  méthode  physique  de  recherche^ 
qui  me  paraît  pouvoir  prendre  place  à  côté  de  la  méthode  chimique. 

»  Dans  le  cas  où  l'on  n'a  pas  d'échantillon  du  vin  type,  non  mouillé,  on  déterminera 
la  résistivité  du  vin  suspect.  Si  elle  dépasse  nettement  les  limites  fixées  par  les 
mesures  antérieures  (consignées  dans  des  Tableaux  numériques)  sur  les  vins  de  même 
provenance,  on  peut  en  conclure  que  le  vin  est  mouillé.  Et  la  probabilité  de  cette 
conclusion  est  au  moins  égale  à  celle  qu'on  déduit  de  l'application  des  règles  empi- 
riques des  chimistes. 


SÉANCE    DU    27    JUILT.ET    IQoS.  9.83' 

»  Dans  le  cas,  qui  est  fréquent,  où  l'on  possède  un  échantillon  du  vin  type,  on  n'a 
plus  besoin  de  déterminer  la  résistivité  absolue  du  vin  suspect.  On  préparera,  avec 
le  vin  tvpe,  un  certain  nombre  de  mélanges  de  via  et  d'eau  dans  des  proportions 
déterminées  et  croissantes,  par  exemple  2S,  yj,-^,  •••;  jusqu'à  j,  |^  et  |.  Puis  on 
comparera  les  résistances  de  deux  colonnes  identiques,  l'une  du  vin  type  non  mouillé 
et  l'autre  des  mélanges  successifs.  L'opération  consiste  à  équilibrer,  dans  chaque  expé- 
rience, par  une  résistance  compensatrice,  l'accroissement  de  résistance  de  la  colonne 
à  vin  mouillé  par  rapport  à  la  colonne  à  vin  sec.  En  portant  ensuite  en  abscisses  les 
nombres  ainsi  obtenus  (résistances  compensatrices)  et  en  ordonnées  les  fractions  de 
mouillage,  on  construira  une  courbe,  que  j'appelle  courbe  de  mouillage.  Il  suffira 
ensuite  de  faire  une  seule  expérience  avec  le  vin  suspect,  c'est-à-dire  «  mettre  dans 
»  l'appareil  de  mesure  une  colonne  de  ce  vin,  identique  aux  colonnes  précédentes,  et 
»  établir  la  compensation  ».  En  portant  en  abscisse  sur  la  courbe  le  nombre  ainsi 
obtenu,  on  obtient  immédiatement  la  fraction  de  mouillage  par  Tordonnée  qui  corres- 
pond à  cette  abscisse. 

»  Toutes  les  méthodes  connues  de  mesure  de  conductibilité  des  liquides 
peuvent  être  utilisées  pour  ce  genre  de  recherches,  pourvu  qu'elles  soient 
à  la  fois  commodes  et  sensibles.  La  plus  précise  paraît  être  la  méthode  de 
M.  Lippmann,  par  l'emploi  de  l'électromètre  capillaire  et  du  courant  con- 
tinu. La  méthode  que  Kohlrausch  a  fondée  sur  l'emploi  des  courants  alter- 
natifs, du  pont  de  Wheatstone  et  du  téléphone,  paraît  être  plus  expéditive 
et,  par  suite,  plus  pratique.  C'est  par  cette  méthode  (récemment  employée 
avec  succès  pour  d'autres  usages  par  MM.  DongieretLesage)  que  j'ai  con- 
struit les  courbes  de  mouillage  dont  j'ai  donné  ci-dessus  un  spécimen.    » 

MM.  HÉDox  et  FxEiG  adressent  une  nouvelle  Note  relative  à  l'influence 
de  la  température  sur  la  survie  de  certains  organes  séparés  du  corps  et  à 
leur  reviviscence  dans  un  liquide  nutritif  artificiel. 

MM.  FovEAU  DE  CouRMELLES  ct  P.  Barberix  adressent  une  Note  ayant 
pour  titre  :  «  Pouvoir  bactéricide  comparatif  de  diverses  lumières  ». 

M.  W.  DE  FoxviELLE  adrcsse  une  Note  «  Sur  l'explication  donnée  par 
Fontenelle  de  la  nature  des  queues  des  comètes  ». 

A  4  heures  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  un  quart. 

G.  D. 


284  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


BULLETIN     BIBMOGHAPIIIOUK. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  i3  juillet  1908. 
(Suite.) 

Sur  le  Mémoire  présenté  au  Congrès  international  des  Sciences  historiques,  par 
M.  Ernest  Lebon.  (Extrait  des  Memorie  délia  Societa  degli  Spettroscopisti  italiani, 
vol.  XXXII,  année  1908.)  Catane  ;  i  fasc.  in-4°.  (Hommage  de  M.  E.  Lebon.) 

Magnetische  und  meteorologische  Beobachtungen  an  der  K.  K.  Sternwarte  zu 
Prag  im  Jahre  1902;  auf  ôffentliche  Kosten  herausgegeb.  v.  Prof.  D*"  L.  Weinek; 
63.  Jahrgang.  Prague,  1908;  i  fasc.  in-4*'. 

The  seven  âges  of  création;  cosmos  and  the  mysteries  expounded,  by  John- 
M.  RussELL.  San-Francisco,  1902;  i  vol.  in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Circular  of  the  school  of  industrial  art  of  the  Pennsylvania  Muséum;  twenty- 
seventh  season,  1908-190/4.  Philadelphie;  i  fasc.  in-8°. 

The  geographicalJournal,  including  the  Proceedings  of  the  Royal  geographical 
Society;  vol.  XXII,  n"  1.  Londres;  i  fasc.  in-8°. 

The  Journal  of  the  Franklin  Institute  devoted  to  Science  and  the  mechanic  Arts: 
vol.  CLVI,  n°  1,  july  1908.  Philadelphie;  i  fasc.  in-8°. 

Census  of  India  \(^oi  : 

Vol.  VII  :  Calcutta,  town  and  suburbs;  parts  1,  III,  IV.  8  vol.  in-f°. 

Vol.  XII  :  Hyderahad;  parts  I,  II.  2  vol.  in-f°. 

Vol.  XVII  :  Punjab  and  nort-west  frontier  province;  part  I.  i  vol.  in-f". 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE  DU   LUNDI  5   AOUT  1903, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GAUDRY. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

PHYSIQUE.  —  Relations  cuire  les  piles  à  plusieurs  liquides; 
par  M.  Berthelot. 

«  Soit  un  élément  de  pile,  M  |  A  |  M',  à  un  seul  liquide  et  dont  les  deux 
électrodes  sont  constituées  par  deux  métaux  différents,  M,  M'.  Soit  la  force 
clectromotrice  a^,  correspondant  à  la  somme  des  trois  potentiels  existant 
aux  contacts  MA,  AM',  MM';  soient  ê^  pour  le  même  liquide  et  les  élec- 
trodes M'  et  M",  et  y^  pour  M  et  M":  le  calcul  indique  entre  ces  trois  forces 
la  relation 

['I  av  +  €,=  7„ 

relation  que  j'ai  vérifiée  expérimentalement  d'une  manière  générale  pour 
divers  liquides  A,  B,  C,  ...  (  '  ). 

))  Je  me  propose  d'établir  une  relation  analogue,  tant  a  priori  qu'expé- 
rimentalement, pour  les  éléments  de  pile  constitués  par  la  réaction  de 
deux  liquides,  A  et  B,  contenus  dans  deux  vases  différents,  concentriques 
par  exemple;  l'expression  a^^  représentant  la  force  électrornotrice  d'un  tel 
élément,  et  la  somme  AB,  le  potentiel  développé  au  contact  de  ces  deux 
liquides;  je  montrerai,  en  outre,  comment  la  force  électromotrice  d'un 
élément  de  pile  à  deux  liquides  est  liée  avec  celles  des  éléments  renfer- 
mant un  seul  liquide,  les  deux  électrodes  étant  supposées  différentes  entre 
elles.  Je  comparerai,  comuie  toujours,  les  résultats  du  calcul  avec  ceux 
de  l'expérience. 

(')   Comptes  rendus,  29  juin  igoS,  p.  i6o3. 

C.  W.,  1903,  j°  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  5.)  38 


-aS6  académie  des  sciences. 

1. 

))   Commençons  par  la  dernière  étude. 

))   Soit  l'élément  à  deux  liquides  et  deux  électrodes  différents 

M|A.B|M',         et         a^, 

sa  force  électromotrice;  elle  peut  être  représentée  par  la  somme  des  poten- 
tiels existant  aux  quatre  contacts  suivants  : 


a^„  =  MA  +  AB   +  BM'  4-  MM'. 
))   Envisageons  l'élément  réciproque  :  M'|â.B|M  et  a^^,  on  aura 


a^A=MB  +  BA   +AM'-hMM'. 

»  Comparant  la  somme  de  ces  deux  quantités  avec  la  somme  des  deux 
quantités  a^^  relatives  à  un  élément  à  un  seul  liquide  et  à  deux  électrodes 
différentes,  on  obtient  l'équation 

^AK  -+-  o'-BA  =  ^'-A  +  a,5  +  AB    +  BA  . 

»  En  admettant  que  la  somme  AB  +  BA  (')  soit  nulle,  —  ce  qui  revient 
à  admettre  AB  =  —  BA  ,  égalité  non  évidente  a  priori,  —  l'équation  pré- 
cédente se  réduit  à 

[2]  a^ij  +  a,5A  =  a^  -H  a,j . 

M  Or  voici  des  déterminations  qui  établissent  l'exactitude  de  la  rela- 
tion [2];  en  tenant  compte,  bien  entendu,  du  signe  électrique  de  chacune  de 
ces  déterminations  et  des  limites  d'erreur  résultant  de  la  combinaison  de 
quatre  valeurs  expérimentales  distinctes,  ainsi  que  des  petites  différences 
électriques  qui  existent  d'ordinaire  entre  les  états  de  deux  électrodes  d'un 
même  métal. 


(')  Au   bas  de  la   page    1607    des   Comptes   rendus  du   26  juin   1908,  au   lieu   de 
A  B+  AB   ,  on  doit  lire  AB   +  BA  . 


SÉANCE    DU    3   AOUT    1908 

1.   SO*Zii  =A;  BO^'H^  =  B. 

M'=Cu.  I 


287 


M  =  Zn 

^AR  =  I  ,  08 

a^  = I , o3 


2,11 


2,07 


M  =  Ca;  .M'=  Pt. 
0,34    / 

o,38  i     ^'7^ 
0,43 


0,07 


»   2.   SO''Na-=:  A(');  BO='H^  =  B. 


^AP.  =  I  7  09 
a,;  ^=  1,01 
a_^   ==  I  ,  o3 


«I! 


I  ,04 


4i 


2,10 

2,07 


3.  SO''Na2  =  A;  SO^H-  =  B. 


a^B^r  j,o3 
aBA=I,I2 

«A  =i,o3 
ag    :^  I ,06 


2  ,  ID 


2,09 


0,29  ) 
0,43  i 
0,35  ) 
0,37    ) 


o,3o  I 
o,56  ( 
0,35  / 
0,57  i 


))   4.   S0^Na2  =  A;  SO^Zn  =  B. 

2,06 
2,06 


2'AB=I,00 
=fUA  =  I  ,  06 

'^A  =1  ,o3 
au   =  I  ,  o3 


o,38  j 
0,52  i 
0,35  / 
0,43  ( 


5.   SO^H-  =  A;  BO^H='  =  B. 


î'ab^OjSS 
^liA  =  I  ,  46 
a  ^  = I , 06 
ap   =1  ,o4 


2,29 
2,  r  I 


6.  SO'Zn  =  A;  SO''H-  =  B. 


^AI!=I  )00 
^tliA^'^ig 

a^    =:r  j  ,o3 
a,{    =  I  ,06 


2,22 
2,09 


0,80 

0,72 
0,72 

0,86 
0,92 

0,90 
0,78 


o,5d  I 

0,t)4    ) 

o         i        0,94 

0,07     I 


...  0,93 

0,43  ) 

>      1 ,  00 


M  =  Zn;   M'=  Pt. 
1,44   I 


F, 45  ^ 
1,44  l 
l,4l    ) 


1,33  / 

1,45  i 

1,35  I 

',4i  i 


1 , 3 1  I 
1 ,  5o  j 
1,3.5  ) 
1,61 


1,39  I 

1 ,55  ^ 

1,35  i 

1,44  i 


1,58  i 

'i,58  i 

t,6i   / 

i,4i   i 


f,58  j 

f,6o  ) 

1,44  } 

i,6i  j 


2,89 


2,78 
2,76 

2,81 
2,96 

2,94 
2,79 

3,16 
3 ,02 

3,18 
3,o5 


(')  Les  chiffres  indiqués  pour  CuPt,  ZnPt,  avec  a^  et  SO^Na-,  à  la  page  i6o3,  ne 
sont  pas  exacts. 


288  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


II. 

»   Comparons  maintenant  des  éléments  de  pile,   constitués  chacun  par 
la  réaction  de  deux  liquides  A  et  B. 

»   Soit  a^ij  pour  l'élément  terminé  par  le  système  d'électrodes  MM',  et 

a,.^^,  par  MM;  soit  ê^;.  par  M'M"  ;  soit  y^,5  par  MM" ,  elc. 


a^^  +  c<f.^  répond  à  la  somme  des  potentiels  MA  +  AB  +  BM'  -+■  MM'  +-  MB  +  B  A  +  AxM'  +  MxM' 
ê,^+g,..  _  _  ÂE\  +  AB+Mr  +  M'M"  +  M'B^BA--AM"  +  M'M" 


Somme  :  MA+AM"+  BM"+  MB  +AB  +BA  +AB  +  BA  +  2MM" 
Tau  +  Yda  répond  à  la  somme  des  potentiels  MA  +  AB  +  BM" -h  MM"  +  MB  +  AB  +  AM"  +  M"M 

»  La  troisième  somme  sera  ég.de  à  la  somme  des  deux  autres,  pourvu  que 
l'on  admette  l'égalité  AB  -i-  BA  -t-  AB  -t-  BA  —  AB  -f-  BA,  et  l'on  aura  alors  : 

1         2  3         4  5         6 

[3]  a^^u  +  a^A  -+-  ^-'xn  +  ^nx  =  Ta  a  +  Tba- 

»  En  fait,  j'ai  reconnu  que  cette  équation  se  vérifie,  par  la  comparaison 
d'un  grand  nombre  de  données  expérimentales;  comparaison  que  je  sup- 
prime pour  ne  pas  trop  allonger  cette  Note. 

»  Je  rappellerai  la  relation  constatée  dans  ma  Note  précédente  entre  la 
force  électromotrice  des  piles  à  deux  liquides  et  deux  électrodes  diffé- 
rents, avec  celles  des  mêmes  piles  à  électrodes  identiques.  Soient 

a^f^  la  force  de  l'élément  M  I  AB  |  M, 
0,^,  celle   de   l'élément     M'(AB)M', 
/ab  celle  de   l'élément     M"(AB;M"; 

on   aura,    en    comparant  les  éléments  à   électrodes  MM'  différentes  aux 
éléments  à  électrodes  identiques,  MM  et  M'M', 

|4]  ^^-AB  —  «liA  =  «AB   -^  f^AB» 

^AB   —  ^BA    =   ^AB    +/aB. 

Tab—  Tba  =  «Ai;  +/vB- 


SÉANCE    DU    3    AOUT    igoS.  289 

»  En  réunissant  les  équations  [2  j  et  [4  | 
[5]  2x„,  =        («„,  +  d^^)  H-  (a^  -h  a^), 

relations  susceptibles  d'être  utilisées  dans  les  vérifications. 

III. 

))  En  tenant  compte  seulement  des  inversions  enlre  les  deux  électrodes 
terminales,  pour  les  éléments  de  pile  constitués  par  des  liquides  identiques 
et  disposés  dans  le  même  ordre  relatif,  les  relations  [3]  et  [4]  demeurent 
applicables  aux  piles  à  3,  4»  5,  ...  liquides  contenus  dans  des  vases  poreux 
concentriques,  ou  consécutifs.  Il  suffit,  pour  le  montrer  a  priori,  d'observer 
que  les  formules  précédentes  ne  dépendent  que  de  ces  électrodes,  et  de 
remplacer  la  valeur  relative  au  contact  entre  deux  liquides,  tels  que  AB 
et  BA,  par  la  somme  des  valeurs  des  deux  contacts  entre  liquides  conli- 
gus,  AB  +  BC  et  CBh-BA;  ou  par  un  plus  grand  nombre,  s'il  s'agit  de  piles 
à  4»  5  liquides,  etc.;  bien  entendu  pourvu  que  l'on  admette  par  hypothèse 
que  la  différence  électrique  entre  les  deux  sommes  AB  -+-  BC  et  CB  -h  BA 
et  analogues  est  nulle. 

»  J'ai  vérifié  en  fait  l'exactitude  approximative  de  ces  résultats  du  calcul 
pour  3,  4»  5  liquides;  mais  je  supprime  ces  vérifications  expérimentales 
pour  abréger. 

»  On  démontre  de  même  l'exactitude  de  la  relation  suivante  entre  les 
éléments  à  trois  liquides  et  les  éléments  à  deux  liquides  : 

»  Soient  les  forces  des  éléments  de  pile  constitués  par  trois  liquides  iden- 
tiques, mais  distribués  dans  un  ordre  différent,  avec  deux  électrodes  iden- 
tiques x\IM  : 

M|ABC|M     répondant  à     rt^Bc  î 
M|BAC|M     à     «u.vc;  M|ACB|i\I     à     a^a^'^ 

»   Soient  encore  les  éléments  à  deux  liquides 

M|AB|M...«^b;     M|AC|i\l...a,c;     M|BC|M...«,^;. 
[6]  «ABC  +  «BAC  +  «ACB  =  «AB  +  «Ac  +  «BC         (élcctrodes  MM). 

»  Pour  le  démontrer,  il  suffit  d'admettre  entre  la  somme  de  deux  contacts 
liquides  la  relation  AC  4-  CB  =  AB.  On  ramène  ainsi  les  éléments  à  trois 
liquides  aux  éléments  à  deux  liquides. 


290  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  On  peut  également  formuler,  sous  les  mêmes  réserves,  une  relation 
entre  les  piles  à  trois  liquides  et  les  piles  à  un  liquide,  avec  deux  électrodes 
différentes  MM';  relation  analogue  à  l'équation  [2],  relative  à  deux  liquides; 
soit  : 

[7]  ^-AHC  +  «r.BA  H-  <^BA(:  +  «y-CAi!  -^  °^Acn  -^  «'-lîCA  =  2(a^  +  «15  +  <^'c)- 

»  En  général,  soit  un  élément  de  pile  constitué  par  une  suite  de  n  liquides 
concentriques  ou  consécutifs.  A,,  A2,  A3,  . . .,  A^,  compris  entre  deux  élec- 
trodes M  et  M';  la  force  électromotrice  de  cet  élément  étant  y-x,A,...\J  le 
nombre  des  éléments  qui  pourront  résulter  des  arrangements  différents  de 
ces  éléments  et  électrodes  sera  représenté  par  i  .2 .'5  . .  .n.  Si  l'on  admet 
les  compensations  sns-indiquées  entre  les  différences  de  potentiel  des 
liquides  en  contact,  on  obtient  la  relation  que  voici  entre  la  somme  des 
forces  électromolrices  des  éléments  à  n  liquides  et  celles  des  éléments  à 
un  seul  liquide  compris  entre  les  mêmes  électrodes. 


-A,  ~^  '^'\,^^  •  ■  -^^  ^y  \' 


))  Il  est  facile  de  construire  des  formules  analogues  aux  précédentes  et 
d'autres  encore  pour  les  éléments  de  pile  à  3,  4»  5,  . . .  liquides;  ces  rela- 
tions se  vérifiant  approximativement,  d'après  les  données  expérimentales. 
Cependant,  la  valeur  de  semblables  vérifications  devient  moins  certaine, 
à  mesure  que  l'on  y  fait  concourir  à  chacune  d'elles  un  plus  grand  nombre 
de  données,  en  raison  de  la  proximité  des  valeurs  numériques  observées 
dans  les  comparaisons  et  des  compensations  qui  en  résultent  entre  les 
quantités  similaires,  ainsi  que  je  l'ai  montré  plus  haut.  Ces  compensations 
ne  fournissent  d'ailleurs  aucune  indication  sur  les  valeurs  individuelles 
relatives  aux  contacts  AB  et  analogues  et  n'autorisent  pas  à  les  considérer 
comme  nulles. 

»  Les  mêmes  circonstances  rendent  difficile  l'évaluation  exacte  de  l'in- 
fluence réciproque  des  liquides  interposés;  quoique  cette  influence  soit 
nettement  manifeste  dans  bien  des  cas.  A  cet  égard,  il  convient  de  rappeler 
aussi  l'égalité  entre  certaines  sommes  ou  différences  de  potentiels,  telle 
que  celle  que  j'ai  établie  entre  la  force  électromotrice  du  système  : 
acide  H-  base,  et  la  somme  de  celles  des  deux  systèmes  :  acide  -h  sel,  et 
base  +  sel.  » 


SÉANCE    DU    3    AOUT    igoS. 


^91 


Remarques  concernant  les  relations  entre  les  piles  constituées  par  les  mêmes 
liquides,  compris  entre  deux  électrodes  différentes  ou  identiques;  par 
M.  Berthelot. 

«  Yoici  les  mesures  obtenues  avec  divers  éléments  de  pile,  terminés 
par  deux  électrodes  métalliques  différentes,  en  opérant  toujours  avec  des 
liqueurs  de  même  concentration  moléculaire. 

»  Système  à  trois  liquides  et  deux,  électrodes  différentes,  dont  l'une  au  moins  est 
chaque  fois  en  contact  avec  un  liquide  différent  : 

S0*Za.S0''Na2.S0*H= 


ZnCu  :  o,g-  - 
ZnPt  :  1,52- 
CuPl  :  0,57  - 


SO^Zn.SO^H-. 

-  CuZn  :  1 ,  1 1   —2,08 
-PtZn  :  1,36  =  2,88 

-  PtCu   :  0,82  ::=  0,89 


»  Deux  liquides  : 


ZnCu 
ZnPt 
CuPt 


SO^Na=.SO*Zn. 

CuZn  :  1 ,06 
I  ,89  +  PlZn  :  I  ,55 
o,38  +  PtGu  :  0,52  : 


o>94 


2,00 

2,94 
0,90 


1  ,  CD  -i-  I  ,  I  2  =  2  ,  I  D 

1 ,63  +  1 ,55  =:  8, 18 
o,5i  -1-0, 4o  =  0,91 


SO'Na-SO^H-. 
I  ,o3  -I-  I  ,  12  =;  2  ,  l5 
1 ,49  -H  I  ,3o  =  2,82 
o ,  80  +  o ,  56  =  0 ,  86 


SO'Na2.SO*H2.SO*Zn. 
I  ,o3  -H  I  ,  16  :=  3,08 
1,44+1,40  =  2,84 
0,89+0,81  1=0,70 


SO^Zn.SO'H- 
I  ,o3  +  I  ,  19=  2,22 
I  ,60  +  1  ,58  :=  3, 18 
0,53  +  0,40=^0,93 


»    Un  liquide  : 

ZnCu 
ZnPt 
CuPt 


SO'  Na-. 

I  ,o3  X  2  =  2,06 

1,19  X  2  :=  2,88 
0,35  X  2  =  0,70 


SO^Zn. 
I  ,o3  X  2  =:  2  ,06 

1,44x2  =  2,88 
0,57  X  2  =  I ,  j4 


SO'H-. 
I  ,  08  X  2  =  2  ,  1  6 

1 ,61  X  2  ^  3,22 
0,59  X  2  =  1,18 


»  On  remarquera  que  les  piles  ZnCu  et  réciproques  offrent  des  valeurs  à  peu  près 
identiques,  malgré  la  diversité  des  liquides  en  contact  avec  chaque  métal.  En  outre, 
ces  valeurs  sont  à  peu  près  les  mêmes  pour  les  piles  à  deux  liquides  et  pour  les  piles 
à  un  seul  liquide;  comme  si  la  force  électromotrice  dépendait  seulement  des  deux 
métaux,  quel  que  fût  le  liquide  en  contact.  Cette  relation  a  été  observée  également  en 
prenant  pour  les  liquides  A,  B,  C  : 

»   Les  trois  systèmes  formés  par  SO^Na-,  SO^Cu,  SO*H^: 

»   Les  trois  sj-stèmes  formés  par  SO^Na-,  SO^Zn,  SO*H- 

»   Les  trois  systèmes  formés  par  SO^Na'^,  SO^Cu,  SO*Zn 

»  Les  trois  systèmes  formés  par  SO^Na-,  SO^Zn,  NaOH; 

»  Par  SO^Na'-,  SO^Cu,  NaOH;  par  SO^Zn,  SO^Cu,  NaOH; 

«  Par  SO^NaS  SO^HS  NaOH;  par  SO^Cu,  SO^H^,  NaOH; 

»  ParSO^Zn,  SO^H-,  NaOH;  par  SO^Zn,  SO^Cu,  NaOH;  à  l'exception  des  sys- 
tèmes où  l'électrode  Zn  est  en  contact  avec  un  alcali  libre,  ou  bien  avec  un  sel  de 
cuivre. 

»  Avec  tous  ces  systèmes  les  valeurs  ZnCu  et  CuZn  sont  presque  identiques;  les 


292  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

écarts  sont  plus  marqués,  lorsque  le  platine  forme  l'une  des  électrodes,  sans  être  ce- 
pendant considérables. 

»  On  peut  rendre  compte  de  ces  observations  jusqu'à  un  certain  point, 
en  remarquant  que  les  valeurs  observées  paraissent  dépendre  surtout  de 
la  différence  électrique  qui  résulte  du  contact  des  deux  métaux  avec  l'oxy- 
gène (de  l'air),  c'est-à-dire  de  la  différence  de  leurs  chaleurs  d'oxydation, 
plutôt  que  de  la  nature  des  liquides  qui  sont  en  contact  avec  ces  métaux, 
laquelle  joue  un  rôle  secondaire.  En  effet,  Zn  +  O  dégage  :  S^^^'^S; 
Cu -f- O  :  37^'''', 7;  Pt  +  O  :  environ  18^"'.  Dès  lors  la  différence  ZnCu, 
estimée  pour  une  seule  valence,  d'après  la  loi  de  Faraday,  équivaudrait 
à  ^(83,5  —  37,7)  =  22^^\9,  ce  qui  répond  à  i^°'So  sensiblement.  ZnPt 
équivaudrait  à  32^*',  7  ^i^°'S4;  CuPt  à  9^^',8^EO^'^'S4;l^oul6S  valeurs  voi- 
sines des  forces  électromotrices  observées. 

»  Il  y  aurait  dès  lors  une  diversité  essentielle  entre  les  forces  électro- 
motrices des  éléments  de  pile  à  deux  électrodes  métalliques  différentes, 
lesquelles  dépendraient  principalement  de  l'opposition  des  deux  métaux 
extrêmes,  le  rôle  des  contacts  entre  liquides  et  métaux  étant  subordonné; 
et  les  forces  électromotrices  des  éléments  de  pile  à  électrodes  identiques, 
lesquelles  dépendent  au  contraire  des  contacts  entre  un  même  mêlai  et 
deux  liquides  différents.    » 

CHIMIE  MINÉRALE.    —   Sur  un   carbure  double  de  chrome  el  de  tungstène. 
Note  de  MM.  Henri  Moissaîv  et  A.  Kouznetzow. 

«  Nous  ne  connaissons  jusqu'ici  qu'un  très  petit  nombre  de  carbures 
doubles  métalliques. 

»  MM.  Carnot  et  Goûtai  (')  ont  indiqué  l'existence  de  plusieurs  de  ces 
composés  dans  les  ferrochromes  et  dans  les  aciers. 

»  D'autre  part,  à  la  suite  de  longues  recherches  publiées  par  l'un  de 
nous  sur  les  carbures  métalliques  (-),  M.  Williams  nous  a  appris  à  pré- 
parer les  carbures  doubles  de  fer  et  de  tungstène,  de  fer  et  de  chrome,  de 
fer  et  de  manganèse  ( ^  ). 

(*)  Carnot  et  Goutal,  Recherches  sur  l'état  où  se  trouvent  le  silicium  et  le  chrome 
dans  les  produits  sidéruigiques  {Comptes  rendus,  t.  CXXVI,  1898,  p.  1240)  et 
Recherches  sur  la  constitution  chimique  des  fontes  et  des  aciers,  par  MM.  Carnot 
et  Goutal  {IV'^  Congrès  de  Chimie  appliquée,  t.  I,  p.  4'8). 

(-)  H.  MoissAN,  Le  four  électrique.  G.  Steinheil,  1897. 

(^)  P.  Williams,  Sur  un  carbure  double  de  fer  et  de  tungstène  {Comptes  rendus, 


SÉANCE    DU    3    AOUT    IpoS.  2q3 

»  En  étudiant  différents  alliages  de  tungstène,  nous  avons  eu  l'occasion 
de  préparer  un  carbure  double  de  chrome  et  de  tungstène  que  nous  dé- 
crivons dans  cette  Note.  Nous  rappellerons,  tout  d'abord,  qu'il  existe 
différents  carbures  de  chrome  (')  tels  que  (Ir^'C  —  Cr^C-  et  deux  carbures 
de  tungstène  de  formule  Tu-C  et  TuC. 

»  Lorsque  l'on  prépare  au  four  électrique  un  certain  nombre  d'alliages 
de  tungstène  et  de  chrome,  en  partant  d'un  mélange  d'oxydes  que  l'on 
réduit  par  le  charbon,  on  s'aperçoit  que,  si  ces  alliages  ne  renferment  que 
de  20  à  36  pour  100  de  tungstène,  ils  sont  assez  facilement  attaquables 
par  l'acide  chlorhydrique  concentré.  Dans  ce  cas,  si  l'on  n'a  pas  employé 
un  trop  grand  excès  de  carbone,  il  reste  toujours  le  même  résidu  cristallisé 
dont  la  composition  constante  répond  à  la  formule  d'un  carbure  double  : 
Tu-C,  SCr^'C-. 

»  Préparation.  —  Pour  préparer  ce  carbure  double,  on  chauffe  au  four 
électrique,  dans  un  creuset  de  charbon,  un  mélange  de  100^  de  sesqui- 
oxyde  de  chrome,  45^'  d'acide  tungstique  et  3os  de  coke  de  pétrole  ou  de 
charbon  de  sucre.  La  durée  de  la  chauffe  est  de  5  minutes,  et  il  est  utile 
de  ne  pas  employer  un  courant  d'une  trop  grande  intensité:  400  ampères 
sous  'yS  volts  sont  suffisants.  Nous  obtenons  ainsi  un  culot  d'apparence 
métallique,  homogène  et  bien  fondu,  présentant  dans  sa  cassure  l'aspect 
de  cristaux  enchevêtrés. 

»  Ce  culot  métallique  est  pulvérisé^  puis  traité  à  chaud  par  l'acide 
chlorhydrique;  on  lave  à  l'eau  et  l'on  fait  digérer  ensuite  avec  une  solu- 
tion ammoniacale  concentrée,  de  façon  à  dissoudre  les  parcelles  d'acide 
tungstique  qui  peuvent  se  trouver  comprises  entre  les  lamelles  cristal- 
lines. Cette  poudre  est  enfin  lavée  à  l'eau  et  séchée. 

»  Nous  avons  pu,  en  outre,  préparer  le  même  carbure  double  par  une 
autre  méthode.  Nous  tondons  au  four  électrique,  toujours  en  évitant 
autant  que  possible  la  vapeur  de  carbone  de  l'arc,  un  mélange  de  chrome 
et  de  tungstène  métallique  additionné  d'une  petite  quantité  de  charbon 
de  sucre  en  présence  d'un  grand  excès  de  cuivre.  Nous  avons  employé  les 
proportions  suivantes  :  tungstène,  7*'', 5  ;  chrome,  lo^;  carbone,  o*'',  2; 
cuivre,  i5o^.  La  masse  est  fondue  rapidement,  dans  un  creuset  de  char- 
bon, et  l'on  maintient  le  cuivre  à  l'ébullition  pendant  i  ou  2  minutes. 
Après  refroidissement,  il  reste  dans  le  creuset  un  culot  métallique  homo- 

t.  CXXVII,   p.   4io)   6t   Carbures  doubles  de  fer  et  de  chrome,  de  fer  et  de  man- 
ganèse {Comptes  rendus,  t.  CXXVII,  1898,  p.  483). 
(')  H.  MoissAX,  Le  four  électrique,  p.  208. 

C.  K.,  1903,    ^»  Semestre.  (T.  CXXXVU,  N°  5.)  3() 


294  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

gène  qui  est  attaqué  par  un  excès  d'acide  nitrique  et  qui  abandonne  de 
petites  géodes  cristallines  à  aspect  métallique,  qui  sont  formées  du  même 

carbure  double  : 

Tu-C,3CrH:-. 

»  Propriétés  physiques.  —  Ce  carbure  double  a  une  densité  de  8,4 1  à  22^, 
Il  se  présente  sous  forme  de  grains  cristallins  gris,  d'aspect  métallique  et 
très  durs.  Il  raye  en  effet  le  quartz  et  la  topaze  avec  la  plus  grande  facilité. 
Sa  poussière  produit  sur  la  surface  bien  polie  d'un  rubis  très  dur  des  stries 
profondes;  il  ne  raye  pas  le  diamant  tendre;  il  n'est  pas  magnétique. 

»  Propriétés  chimiques.  —  Le  carbure  double  de  chrome  et  de  tungstène 
est  attaqué  par  le  chlore  gazeux  vers  l\oo°  ;  il  produit  des  chlorures  chro- 
mique  et  tungstique  et  laisse  un  résidu  de  carbone  amorphe;  le  brome,  à 
la  température  de  Soo",  réagit  beaucoup  plus  lentement  et,  à  cette  même 
température,  l'iode  n'exerce  aucune  action. 

»  Chauffé  sur  la  lame  de  platine  dans  l'air,  ou  à  la  pointe  du  dard  bleu 
du  chalumeau  à  oxygène,  sur  un  fragment  de  chaux  vive,  il  ne  présente 
aucun  phénomène  de  combustion.  Il  se  scorifie  lentement  à  la  surface,  dans 
la  flamme  du  chalumeau. 

»  Au  rouge  sombre,  la  vapeur  de  soufre  n'exerce  aucune  action  sur  ce 
nouveau  composé. 

»  Il  présente  d'ailleurs  une  très  grande  stabilité  et  n'est  attaqué  ni  par 
l'acide  nitrique,  ni  par  l'acide  sulfurique,  ni  par  les  acides  chlorhydrique 
ou  fluorhydrique.  L'eau  régale  n'a  pas  d'action  sur  lui  et  le  mélange  d'acide 
nitrique  et  d'acide  fluorhydrique  ne  l'altère  pas. 

»  La  potasse  et  les  carbonates  alcalins  en  fusion  ne  l'attaquent  qu'avec 
une  extrême  lenteur.  Mais,  au  contraire,  une  décomposition  assez  vive  se 
produit  lorsque  l'on  ajoute  à  ces  composés  de  l'azotate  de  potassium  ou  de 
sodium.  De  même,  le  chlorate  de  potassium  en  fusion  le  transforme  rapi- 
dement en  un  mélange  de  chromate  et  de  tungstate  alcalin. 

»  Une  autre  réaction  assez  curieuse  nous  est  fournie  par  l'acide  chlor- 
hydrique gazeux  au  rouge  sombre.  Lorsque  l'on  chauffe  ce  chlorure  double 
dans  une  cloche  courbe,  au  contact  d'une  atmosphère  limitée  d'acide 
chlorhydrique,  ce  dernier  gaz  est  en  partie  décomposé;  il  se  condense, 
au-dessus  du  carbure  double,  du  protochlorure  de  chrome  blanc,  un  peu 
plus  loin,  du  chlorure  de  tungstène  marron,  et  l'on  retrouve,  mélangée  à 
l'acide  chlorhydrique,  une  notable  quantité  d'hydrogène  et  de  méthane. 

»  Analyse.  —  Ce  carbure  double  a  été  attaqué  dans  un  creuset  de  platine  par  un 
mélange    de   carbonate    et  d'azotate    alcalin  :   une   partie   de   carbonate   de   soude   et 


SÉANCE    DU    3    AOUT    igoS.  I>g5 

liuit  parties  de  nilrale.  Après  refroidissement,  la  masse  a  été  traitée  par  l'eau  et 
acidifiée  par  l'acide  nitrique.  Nous  portons  ensuite  à  rébullition  et  nous  ajoutons 
quelques  gouttes  d'alcool  pour  réduire  l'acide  chromique  à  l'état  de  sel  de  chrome.  La 
solution  est  ensuite  exactement  neutralisée  par  la  potasse  de  façon  que  le  tungstène  et 
le  chrome  restent  en  solution.  Le  tungstène  est  alors  séparé  sous  forme  de  tungàtate 
mercureux.  Dans  le  liquide  filtré,  on  précipite  le  mercure  par  l'hydrogène  sulfuré, 
puis,  après  une  nouvelle  filtration,  le  sel  de  chron^e  est  ramené  à  l'état  d'acide  chro- 
mique au  moyen  du  brome.  Enfin,  cet  acide  chromique,  précipité  en  solution  acétique, 
par  le  nitrate  mercureux,  permet  de  doser  le  chrome  sous  forme  de  sesquioxjde. 

»  Le  dosage  du  carbone  a  été  effectué  de  la  façon  suivante  :  3°  de  carbure  ont  été 
attaqués  par  le  chlore  sec,  l)ien  exempt  d'oxygène  à  la  température  du  rouge  sombre. 
Après  refroidissement,  la  nacelle  contenant  le  résidu  de  carbone  a  été  chauffée  dans 
un  courant  d'hydrogène  sec,  puis  pesée.  Cette  nacelle  a  été  disposée  dans  un  tube  de 
verre  traversé  par  un  courant  d'oxygène  pur.  Le  carbone  est  brûlé  puis  pesé  sous 
forme  d'acide  carbonique.  Ces  différents  dosages  nous  ont  donné  les  chiffres  suivants  : 

Théorie  pour 
1.  2.  3.  Tu-C,  3Cr3C-. 

Chrome 5o,g3         01,27  »  5i,ii 

Tungstène 39,61  39,68  »  39,80 

Carbone »  w  8,71  9>09 

»  Conclusions.  —  En  résumé,  nous  avons  préparé  par  différents  pro- 
cédés lin  carbure  dotible  de  chrome  et  de  ttingstène  de  formule  Tu^C, 
3Cr*C".  Ce  carbure  double  est  comparable  aux  composés  analogues  indi- 
qués par  MM.  Carnot  et  Goûtai  dans  les  produits  sidérurgiques.  Sa  den- 
sité est  de  8,4i-  C'est  un  carbure  très  stable,  inattaquable  par  les  acides 
et  par  les  principaux  réactifs  et  remarquable  par  sa  très  grande  dureté.  Ce 
fait  nous  amène  à  penser  que  l'addition  de  tungstène  aux  aciers  chromés 
pourrait  peut-être  donner  naissance  à  ce  composé  et  produire  en  même 
temps  dans  ces  aciers  des  propriétés  nouvelles  et  spéciales.  » 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  L'arsenic  exisle-l-il  dans  tous  les  organes 
de  V économie  animale?  Note  de  M.  Armand  Gautier. 

«  Lorqu'd  y  a  trois  ans  j'annonçai  que  l'arsenic  existe  normalement 
dans  certains  tissus  de  l'économie  animale  et  spécialement  dans  les  organes 
ectodermiques,  58  années  s'étaient  écoulées  depuis  le  mémorable  Rapport 
de  la  Commission  nommée  en  1841  par  l'Académie  des  Sciences,  Rapport 
qui  avait  conclu  à  l'absence  absolue  de  l'arsenic  dans  les  tissus  de  l'homme 
et  des  mammifères.  A  la  suite  des  expériences  de  cette  Commission,  com- 
posée de  ïhénard,  J.-B.  Dumas,  Boussingault  et  V.  Regnault,  tous  les 
chimistes  admirent,  d'une  manière  absolue,  que  l'arsenic  n'existe  pas  chez 
les  animaux. 


2()6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Je  montrai,  en  1899  ('),  que  non  seulement  l'arsenic  fait  partie 
constiluante  de  l'économie,  mais  qu'il  se  localise  particulièrement  dans  cer- 
tains organes  et  paraît  absent  de  plusieurs  autres,  «  soit  que  ce  métalloïde 
»  ne  s'y  trouve  réellement  pas,  soit  que  sa  quantité  puisse  être  inférieure 
»   à  la  limite  de  sensibilité  de  la  méthode  ».  Je  cite  ici  mes  paroles. 

»  J'établis  en  même  temps  que  l'arsenic  s'élimine  par  la  desquamation 
épidermique,  les  poils,  les  cheveux,  les  plumes  et  le  sang  menstruel. 

»  En  annonçant  ces  faits,  je  prévoyais  assurément  des  doutes  et  des 
objections.  Elles  me  vinrent  d'abord  de  l'Allemagne  où  quelques  savants 
toxicologistes  ou  physiologistes  avaient  voulu  reproduire  mes  expériences. 
Elles  étaient  trop  délicates  pour  être  répétées  et  réussies  d'emblée. 

»  Depuis,  les  essais  se  sont  multipliés,  et,  sur  mes  indications  directes 
ou  indirectes,  MM.  Lepierre  à  Porto,  Pagel  à  Nancy,  Imbert  à  Montpellier, 
G.  Bertrand  à  Paris,  et  d'autres,  ont  retrouvé  l'arsenic  dans  les  organes  où 
j'avais  annoncé  sa  présence. 

»  Ce  dernier  savant,  continuant  ces  recherches,  est  arrivé,  depuis,  à  pen- 
serque  l'arsenic  existe  dans  tous  les  organes  des  animaux,  et  que  sa  pré- 
sence est  nécessaire  à  toute  cellule  vivante.  Dans  les  muscles  et  testicules  de 
poissons,  organes  oi^i,  pour  les  mammifères  que  j'ai  examinés,  j'avais  admis 
l'absence  d'arsenic,  ou  du  moins  une  proportion  inférieure  à  la  limite  que 
je  considérais  alors  comme  étant  inappréciable  ou  incertaine,  il  a  trouvé 
pour  100  grammes  (état  frais)  :  testicules  de  squale,  3  millièmes  de  milligr,, 
muscles  de  grondin,  o'"s,  001 2  ;  muscles  de  serran,  o™^,  00 1 5. 

»  Avant  de  chercher  la  signification  de  ces  résultats  et  d'essayer  de  les 
confirmer  ou  infirmer  par  de  nouvelles  déterminations,  il  fallait  étudier  de 
près  les  causes  d'introduction  et  de  pertes  de  l'arsenic  par  chacun  des 
réactifs  employés  et  par  leur  ensemble.  Voici  mes  déterminations  : 

M  a.  Quantité  d'arsenic  introduile.  —  En  opérant  par  ma  méthode  de 
destruction  des  matières  organiques  (celle  qui  a  fourni  à  M.  G.  Bertrand 
les  résultats  ci-dessus),  on  utilise  les  réactifs  suivants  contenant,  d'après 
mes  expériences  les  plus  récentes,  les  quantités  d'arsenic  que  j'indique  ici  : 

Pour  :  Arsenic  introduit. 

100^  d'acide  nitrique o™s^ 00028 

20?;  d'acide  sulfurique indosable 

5o=  de  zinc  pur indosable 

I  litre  d'eau  distillée o'"S,ooo6 

Courant  de  W^ S,  purifié  de  As,  et  passant  ensuite 

dans  l'acide  nitrique  chaud  durant  2  heures  ....  o™s,ooo6 

(')  Comptes  rendus,  t.  GXXIX,  p.  929;  t.  GXXX,  p.  284;  t.  GXXXIV,  p.  1894  et 
Jhdl.  Soc.  chini.,  3«  série,  t.  XWIl,  p.  i35  et  843. 


SÉANCE    DU    3    AOUT    igoS.  297 

»  Si  l'hydrogène  sulfuré  obtenu  avec  FeS  et  H  Cl  n'a  été  que  lavé  à 
travers  plusieurs  flacons  à  acide  chlorhydrique  étendu  et  eau  distillée 
(comme  le  fait  l'auteur  cité),  il  apporte,  dans  le  résultat  final,  un  supplé- 
ment d'arsenic  que  j'ai  dosé  plusieurs  fois  et  qui  est,  en  moyenne,   de 

o"'°,ooo7  ('). 

»  Par  conséquent,  dans  une  recherche  d'arsenic,  après  destruction  de  la 
matière  organique  parles  quantités  moyennes  de  loo^  d'acide  nitrique  pur 
et  i5s  d'acide  sulfurique  exempt  d'arsenic  (y  compris  celui  qu'on  verse 
dans  l'appareil  de  Marsh)  et  en  se  servant  d'hydrogène  sulfuré  non  spé- 
cialement purifié,  on  augmente  très  approximativement  le  résultat  des 
quantités  d'arsenic  suivantes  : 

Pour  loos  d'acide  nilrique o"'s, 00028 

Pour  1 5«  SO^  H^ indosable 

Pour  3oos  à  35os  d'eau  distillée o^s,  00020 

Pour  IPS  incomplètement  pur o™?,ooo7 

Total  de  l'arsenic  introduit.,  .      o'^s,  ooiiS 

»   Soit  environ  i  millième  de  milligramme. 

))  Si  l'hydrogène  sulfuré  a  été  purifié,  l'arsenic  introduit  par  les  réactifs 
se  réduit  à  o™s,ooo43  ou  o™«,ooo5. 

,,  b.  Quantité  d'arsenic  perdue.  -  D'autre  part,  les  pertes  en  arsenic 
sont-elles  sensibles?  J'ai  pensé  que  si  ma  méthode  de  destruction  des  ma- 
tières organiques  faisait  perdre  de  l'arsenic,  cette  perte  serait  d'autant  plus 
forte  que  la  masse  d'arsenic  présente  serait  plus  grande.  Après  m'être 
assuré  que  la  chair  naturelle  de  bœuf  ne  donnait  pour  ainsi  dire  pas  d'ar- 
senic, j'ai  ajouté  cà  ioo«  de  cette  chair  des  quantités  variables  d'arsenic  et 
j'ai  d'osé  ensuite  à  l'appareil  de  Marsh  les  quantités  de  ce  métalloïde  que 
l'en  retirais.  Voici  mes  dosages  :  ,  .  »   .       • 

J  As  uitroduit.  As  trouve. 

nig  ni  g 

loos  de  muscle  de  bœuf 2  2 

I  0,88 

„         .)       0,010  0,010 

„         ))       0,002  0,0028 

„         ),       o ,  0000  o ,  0006 

),  Il  ne  semblerait  donc  pas  y^voir  de  perte  sensible  d'arsenic  dans  l'at- 
taque et  la  carbonisation  des  matières  animales  par  le  mélange  nitro-sulfu- 
rique.  Toutefois,  puisque  ajoulant  à  loo^  de  chair  musculaire  2  miUièmesde 

(M  En  faisant  passer  H^S  impur  à  travers  quatre  à  cinq  laveurs  à  HCl  pur  de  plus 
en  plus  étendu,  puis  dans  de  l'eau,  la  totalité  de  ce  gaz,  en  barbotant  bulle  à  bulle 
en  AzO^H  chaud,  m'a  donné  o'"s,o8o  d'arsenic. 


298  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

milligramme  d'arsenic,  on  les  retrouve  à  peu  près  exactemenl,les  réactifs 
ayant  introduit  un  minimum  de  0^^,0005,  et  la  chair  musculaire  en  conte- 
nant une  trace,  comme  on  l'a  dit,  on  devrait  obtenir  : 

mg 

Arsenic  ajouté 0,002 

»         naturel  de  la  chair 0,0006 

»         introduit  par  les  réactifs  ....      o,ooo5 

Total o,oo3i     (Au  lieu  de  o^s^oo^S  trouvé) 

»  Il  y  a  donc  bien  une  perte.  Elle  se  fait  surtout  par  le  charbon  azoté  qui 
reste  après  lavage  à  l'eau.  En  effet,  quand  on  reprend  ce  charbon  résiduel 
d'une  première  attaque  par  une  nouvelle  quantité  d'acides  azotique  et 
suHurique,  on  y  trouve  encore  une  trace  d'arsenic  qui,  pour  loo^  de  ma- 
tière initiale,  est  d'environ  o™^,  ooo5  à  o™^,  0006.  L'arsenic  introduit  par  les 
réactifs  étant  de  o™^,  ooo5  (voir  plus  haut),  il  s'ensuit  que,  à  i  ou  2  dix- 
millièmes  de  milligramme  près,  le  gain  compense  la  perte  si  l'on  agit 
avec  H- S  pur,  et  que  le  gain  d'arsenic  est  de  0^^,0007  si  l'on  se  sert  d'hydro- 
gène sulfuré  impur. 

»  Ces  faits  établis,  il  est  possible  maintenant  de  répondre  à  la  question 
de  savoir  si  les  traces  d'arsenic,  qu'on  peut  trouver  dans  les  organes  que 
j'ai  jugés  très  pauvres  ou  privés  d'arsenic,  y  préexistaient  ou  non,  puisque 
je  viens  de  montrer  qu'en  employant  loo^  d'acide  nitrique  contenant 
o™s,ooo23  d'arsenic,  10^  à  lo^de  SO*H-  pur,  et  un  courant  de  W-^ purifié, 
les  pertes  compensent  à  peu  près  exactement  les  gains.  Les  résultats  que 
j'ai  obtenus  dans  ces  conditions  n'ont  donc  pas  à  subir  de  corrections  sen- 
sibles. Les  voici  : 

Acide  Arsenic  réel 

nitrique  Arsenic  calculé  pour  loo»' 

Matières  examinées.  ejiiployé.  trouvé.  de  matières  fraîches. 

loos  viande  fraîche  de  bœuf 100  0,0006  0,0006 

Id.                     100  0,0008  0,0008 

IOOÎ5  viande  fraîche  déjeune  veau 60  0,0006  0,00072 

Id.                                 So  0,0010  0,001 

loos  chair  de  grondin  (bien  privée  de 

peau  et  d'arêtes) go  0,006  0,006 

1008  chair  de  maquereau   (bien  privée 

d'aponévroses  et  d'arêtes) 90  o,ooi5  o,oo25 

200S  testicule  de  taureau 80  0,0020  0,0012 

Id.                i/jO  o,oo30  0,0010 

4s,  5  membrane  coquillère  œuf  de  poule.  20  0,001  0,028 

1  io§  jaune  dœuf  de  poule 126  o,ooo4  (faible)        o,ooo3 

I  litre  de  lait  (Ferme   d'Arcy  ;    M.  Ni- 
colas )   (  *  ) I  60  O  ,  0008  O  ,  OOO'l- 

(')  J'ai  trouvé  en  outre,  dans  la  bière  de  Maxéville  :  arsenic  par  litre  :  o™s, 0002 
à  o'^s,ooo3,  quantités  insignifian.tes  dans  ce  cas. 


SÉANCE  DU  3  AOIT  IQoS.  299 

»  Ainsi,  toutes  corrections  faites,  l'arsenic  paraît  bien  présent  à  l'état 
de  minimes  traces  dans  la  chair  des  mammifères.  Ce  qui  semble  encore 
confirmer  cette  conclusion,  c'est  la  présence  du  même  métalloïde  dans  la 
chair  de  poisson  en  quantités  cette  fois  très  supérieures  à  toute  erreur 
possible.  M.  G.  Bertrand  l'avait  déjà  annoncé  pour  cette  chair  que  je  n'avais 
pas  examinée.  Mais  je  dois  remarquer  qu'il  a  trouvé  à  peine  o™&',ooi5  d'ar- 
senic dans  la  chair  de  poisson  (')  et  qu'il  introduisait  par  l'hydrogène 
sulfuré  impur  qu'il  employait  et  par  l'eau  distillée  une  quantité  d'arsenic 
que  j'ai  montré  plus  haut  être  de  0^^,0007  à  o^^jOoog,  ce  qui  rend  ses 
résultats  discutables.  La  membrane  coquillère  de  l'œuf  est  fortement  arse- 
nicale, comme  l'avait  dit  le  même  auteur. 

»  Je  dois  relever  maintenant  quelques  lignes  du  Mémoire  publié  par 
lui  aux  Annales  de  Chimie  et  de  Physique  (-),  juin  190,3,  où  ce  savant,  sans 
s'attribuer  à  proprement  parler  la  découverte  de  l'arsenic  normal,  semble 
en  revendiquer,  ou  à  peu  près,  la  démonstration.  Il  écrit  (p.  a48)  : 

»  Ce  n'est  pas  seulement  le  métalloïde  (l'arsenic)  qui  était  contenu  dans  la  matière 
organique  qu'on  isole  par  l'appareil  de  Marsh,  c'est  aussi  celui  qu'on  y  introduit  par 
les  réactifs.  .  ..  Dans  toutes  les  recherches  qui  ont  été  publiées  jusqu'ici  concernant 
l'existence  de  l'arsenic  dans  l'organisme,  on  a  négligé  d'établir  ce  rapport  (entre 

l'arsenic  préexistant  et  l'arsenic  introduit) En  général,  la  quantité  d'arsenic  existant 

à  l'état  normal  dans  les  organes  était  bien  inférieure  à  celle  qu'on  pouvait  découvrir 
avec  l'appareil  de  Marsh,  et  l'on  n'a  obtenu  des  résultats  positifs  qu'avec  des  réactifs 
incomplètenien t  purifiés. 

»  L'auteur  oublie  qu'avant  de  me  servir  des  réactifs  que  j'avais  pré- 
parés et  purifiés  pour  mes  études,  j'y  ai  recherché  l'arsenic  à  plusieurs 
reprises  en  évaporant  jusqu'à  fumées  blanches  un  mélange  de  3oo^  d'acide 
nitrique  et  100^'  d'acide  sulfurique,  étendant  d'eau  le  résidu  et  faisant  subira 
la  totalité  de  cette  solution  le  traitement  complet  pour  la  recherche  de  r arsenic 
par  Vappai^eil  de  Marsh  (•').  C'est  après  m'être  assuré  par  deux  fois  que, 
dans  ces  conditions,  je  n'avais  aucun  anneau  que  j'ai  commencé  mes 
attaques  où  j'employais  généralement  des  quantités  d'acides  beaucoup  plus 
faibles.  Je  m'étais  donc  demandé,  comme  il  le  suggère,  «  quelle  propor- 
tion de  l'arsenic  obtenu  revenait  à  l'organe  examiné  et  quelle  proportion 


(')  Il  paraît  très  variable  dans  la  chair  de  poisson.  Dans  une  expérience  que  je  n'ai 
pas  citée  dans  le  Tableau  ci-dessus,  j'ai  trouvé,  pour  100?  chair  de  grondin,  o"'S, 067, 
résultat  extraordinaire  que  je  ne  donne  que  pour  mémoire. 

(2)   7"  série,  t.  XXVIII,  p.  242- 

(»)  Voir  BulL  Soc.  chiin.,  3«  série,  t.  XXVll,  p.  847. 


3oo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

était  due  à  l'emploi  des  réactifs  »  ;  celle-ci  était  nulle  dans  les  conditions  où 
je  me  plaçais. 

»  Si,  contrairement  à  ces  calculs  de  probabilité,  mes  réactifs  avaient 
introduit  l'arsenic  que  j'obtenais,  ils  l'auraient  introduit  dans  tous  les  cas. 
Or,  j'ai  trouvé  constamment  ce  métalloïde  dans  la  thyroïde,  le  thymus,  la 
peau,  les  poils,  les  cheveux,  les  cornes,  les  plumes,  les  os,  le  sang  mens- 
truel ;  je  ne  l'ai  pas  trouvé  dans  le  sang  ordinaire  ni  dans  les  autres  organes, 
oîi  il  n'existe  pas,  ou  du  moins  où  il  n'existe  qu'en  quantité  excessivement 
faible  comme  dans  les  muscles  de  mammifères.  Ces  centaines  d' expériences 
négatives  sujjiraient  à  établir  la  pureté  des  réactifs  employés  (  *  ). 

»  J'ai  démontré  l'existence  de  l'arsenic  dans  l\i^  de  cheveux  et  de 
poils  (-)  attaqués  par  6oS  d'acide  nitrique  et  4^  d'acide  sulfurique  alors 
que  4oo^  du  mélange  de  ces  deux  acides  n'en  donnait  pas  trace.  Dans  loo^  de 
corne  de  bœuf,  j'ai  trouvé  o™^,o33  d'arsenic  (^),  M.  G.  Bertrand  en  trou- 
vait o™^,  5oo  (^).  Il  a  trouvé  o™^,oi43  d'arsenic  au  minimum  dans  loo^  de 
jauned'œuf  (^);  je  n'en  ai  trouvé  que  o™^^  0004.  Tout  ceci  me  paraît  démon- 
trer que,  s'il  y  a  eu  introduction  d'arsenic,  ce  n'est  pas  dans  mes  expé- 
riences. 

»  Quant  au  choix  des  matériaux  d'études  sur  lesquels  il  insiste,  je  pense 
que  ma  démonstration  de  l'existence  de  l'arsenic  dans  la  peau  et  ses 
annexes,  le  cerveau,  la  thyroïde,  le  thymus  des  animaux  terrestres,  alors 
que  tous  leurs  autres  organes  en  sont  à  peu  près  dénués,  est  plus  convain- 
cante comme  preuve  de  la  présence  non  fortuite  de  l'arsenic  dans  l'éco- 
nomie que  l'observation  de  son  existence  chez  les  poissons  et  les  êtres 
inférieurs  marins  qui  vivent  et  se  nourrissent  au  sein  d'un  milieu  essen- 

(')  Toutefois,  je  m'empresse  de  reconnaître  que  mes  premières  expériences  faites 
sur  la  glande  thyroïde  et  la  glande  mammaire,  m'ont  donné  des  résultats  beaucoup 
trop  élevés,  soit  que  l'hydrogène  sulfuré  que  j'employais  alors,  et  que  j'ignorais  d'abord 
contenir  de  l'arsenic,  en  ait  introduit  une  quantité  sensible,  soit  pour  toute  autre  cause 
qui  m'échappe.  J'ai  fait  moi-même  toutes  les  expériences  de  méthode  et  de  contrôle, 
j'ai  assisté  à  toutes  les  autres;  mais  l'on  comprend  que  les  détails  de  nombreuses  mani- 
pulations aient  dû  être  confiés  à  des  tiers,  et  qu'il  ait  pu  se  glisser,  surtout  au  début, 
quelque  manque  de  précaution  dont  ils  méconnaissaient  l'importance,  celle,  par 
exemple,  de  placer  un  tube  à  coton  à  la  suite  du  dernier  laveur  à  H- S  pour  arrêter 
les  moindres  gouttelettes  d'un  liquide  pouvant  contenir  des  traces  d'arsenic. 

(-)  Comptes  rendus,  t.  CXXX,  1900,  p.  28^. 

(2)   Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  286. 

C^)  Et  o""?,  020  dans  loo^  de  corne  de  bélier. 

(S)  Comptes  rendus,  t.  CXXXVI,  p.  1084.  —  Trouvé  -^  de  milligramme  d'arsenic, 
en  moyenne,  en  un  seul  œuf,  dont  la  moitié  au  moins,  dans  le  jaune  qui  pèse  de  i6s  à  i8^. 


SÉANCE  DU  3  AOTJT  1903.  3oi 

tiellement  arsenical.  Un  bœuf  des  pâturages  de  Normandie  qui  possède  de 
l'arsenic  dans  sa  peau,  ses  poils,  sa  glande  thyroïde,  et  qui  n'en  a  qu'une 
quantité  infinitésimale  ou  nulle  dans  son  sang  et  ses  muscles,  donne  une 
démonstration  autrement  frappante  de  la  présence  non  accidentelle  de  ce 
métalloïde  dans  les  tissus  que  si  Ton  vient  à  le  rencontrer  dans  une 
éponge,  une  holoturie  ou  même  un  poisson,  animaux  vivant  en  pleine  eau 
de  mer  arsenicale  et  se  nourrissant  d'algues  riches  en  arsenic.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Transformation  des  aldéhydes  et  des  cétones  en  alcools 
par  hydrogénation  cataly tique.  Note  de  MM.  Paul  Sabatier  et  J.-B. 
Senderens. 

«  Dans  plusieurs  Notes  antérieures  {Comptes  rendus,  t.  CXXXVI, 
i"  sem.  1903,  p.  738,  921  et  983),  nous  avons  fait  connaître  que  l'emploi 
du  cuivre  réduit  permet  d'obtenir  facilement  par  catalyse  le  dédoublement 
régulier  des  alcools  primaires  ou  secondaires  en  aldéhydes  ou  cétones 
correspondantes  et  hydrogène  libre.  Le  nickel  récemment  réduit  est  d'un 
usage  beaucoup  moins  recommandable,  parce  que,  aux  températures 
mêmes  où  il  agit  sur  les  alcools,  il  exerce  déjà  sur  les  aldéhydes  et  les 
cétones  une  destruction  catalytique  assez  énergique. 

»  Au  contraire,  en  opérant  avec  du  nickel  réduit  à  des  températures 
plus  basses,  nous  avons  pu  appliquer  d'une  manière  très  avantageuse  notre 
méthode  générale  d'hydrogénation  directe  aux  aldéhydes  et  aux  cétones, 
qui  sont  ainsi  transformées  en  alcools  correspondants.  La  réaction  se  pro- 
duit déjà  à  température  très  peu  élevée,  mais,  pour  la  poursuivre  pratique- 
ment et  conserver  au  métal  son  activité,  il  convient  de  maintenir  la  tempé- 
rature de  ce  dernier  un  peu  au-dessus  du  point  d'ébuUition  de  l'alcool  qui 
est  engendré. 

»  Ainsi,  de  l'aldéhyde  éthylique  (bouillant  à  21°),  dont  les  vapeurs  étaient  entraî- 
nées par  l'hydrogène  sur  le  nickel  réduit,  a  fourni  immédiatement  à  la  température 
ordinaire  une  réaction  intense,  manifestée  par  réchauffement  local  du  métal  et  par 
une  forte  diminution  du  volume  gazeux  :  après  quelque  temps,  l'alcool  formé  demeu- 
rant en  partie  au  contact  du  nickel,  celui-ci  a  perdu  son  activité,  mais  l'a  recouvrée 
complètement  par  chauffe  au-dessus  de  80°,  et  dans  ces  conditions,  il  a  continué  indé- 
finiment à  produire  l'hydrogénation.  La  température  de  1/40"  était  d'ailleurs  encore 
plus  favorable  à  la  transformation,  qui  s'accomplit  rapidement  sans  aucune  perturba- 
lion,  ni  aucune  destruction.  Le  gaz  dégagé  est  de  l'hydrogène  pur.  Le  liquide  recueilli 
distille  à  partir  de  70°,  et  fournit  : 

I  volume,  passant  entre 70°  et  75° 

8  volumes       »  »       76°  et  78° 

G.  R.,  igoS,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  5.)  4f> 


302  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Il  ne  reste  qu'une  queue  de  distillation,  extrêmement  faible,  constituée  par  un 
peu  d'acétal.  On  voit  que  la  transformation  en  alcool  éthylique  a  été  presque  totale  en 
une  seule  opération. 

»  Alch^hydes.  —  Les  vapeurs  de  méthanal,  produites  en  cliaufTant  dans  le  courant 
d'hydrogène  du  trioxymélhylène  solide,  ont  donné  lieu,  sur  le  nickel  maintenu  à  90", 
à  une  transformation  régulière  en  alcool  méthylique,  qu'on  a  recueilli. 

»  Le  propanai  a  été  régulièrement  transformé,  à  i02°-i45",  en  alcool  propylique, 
sans  aucune  réaction  accessoire. 

»  Le  méthyl-2-propanal  (aldéhyde  isobutyrique)  a  fourni  facilement,  de  i35"  à  160", 
l'alcool  isobutylique  (bouillant  à  107").  Ce  n'e^t  qu'au-dessus  de  200"  qu'une  décom- 
position de  la  molécule  se  produit  d'une  manière  appréciable. 

»  Le  méthyl-2-butanal-/^  (aldéhyde  amylique),  qui  bout  à  98",  est  transformé  régu- 
lièrement, à  i35"-i65'',  en  alcool  amylique  ordinaire  (bouillant  à  i3i'',5),  sans  aucune 
destruction  ni  aucune  production  accessoire  appréciable. 

»  Célones.  —  La  propanone  (acétone  ordinaire),  traitée  à  ii5"-i25",  donne  lieu  à 
une  transformation  très  avancée  en  alcool  isopropylique,  sans  aucune  production  de 
pinacone.  Le  liquide  recueilli  est  formé  d'alcool  secondaire  avec  une  petite  proportion 
de  cétone,  qui  peut  être  aisément  séparée  par  distillation  et  soumise  à  une  nouvelle 
hydrogénation. 

»  La  raéthyjéthylcétone,  ou  butanone  (bouillant  à  80", 6),  fournit  aisément  à  i3o° 
le  butanol-2  (bouillant  à  99"),  sans  aucune  formation  accessoire. 

»  La  diéthylcétone,  ou  pentanone-3  (bouillant  à  102"^'),  donne  rapidement,  à  i3o"-i/4o' , 
le  pentanol-3  (bouillant  à  116°). 

»  La  méthylpropylcétone,  ou  pentanone-2  (bouillant  à  102"),  fournit  facilement, 
à  i3o°-i5o°,  le  pentanol-2  (bouillant  à  118"). 

»  La  méthylisopropylcétone  ou  méthyL2-pentanone-3  (bouillant  à  95°)  se  transforme 
rapidement  à  i3o°-i5o°  en  métl)yl-2-pentanol-3  (bouillant  à  ii2°,o). 

»  La  méthylbutylcétone  ou  hexanone-2  (bouillant  à  127°)  fournit  aisément  à  lao" 
rhexanol-2  (bouillant  à  i36°). 

))  Auties  métaux.  —  Le  cobalt  réduit  agit  à  la  manière  du  nickel,  mais  avec  une 
activité  moindre  :  ainsi,  avec  un  même  appareil,  dans  des  conditions  identiques  de 
température,  de  vitesse  de  l'hydrogène,  de  débit  du  liquide  à  hydrogéner,  nous  avons 
trouvé,  pour  la  butanone,  avec  le  nickel,  un  rendement  de  |;  avec  le  cobalt,  un  rende- 
ment un  peu  inférieur  à  |. 

»  Le  cuivre  réduit  peut  également  être  utilisé;  mais,  vis-à-vis  des  aldéhydes,  il 
n'agit  guère  au-dessous  de  2oo«  et  ne  révèle  une  activité  liydrogénante  réelle  qu'à  des 
températures  où  déjà  il  effectue  facilement  le  dédoublement  de  l'alcool  en  aldéhyde  et 
hydrogène,  ce  qui  limite  nécessairement  la  réaction.  Avec  l'aldéhyde  propylique,  à 
200",  on  a  pu  atteindre  un  rendement  de  i. 

»  Avec  les  célones,  le  cuivre  agit  à  partir  de  températures  plus  basses,  mais  il  peut 
fournir  des  produits  d'hydrogénation  incomplète  :  nous  aurons  l'occasion  de  revenir 
sur  ce  sujet. 

»  La  mousse  de  platine  n'agit  que  très  faiblement  et  ne  peut  pas  servir  à  réaliser 
pratiquement  l'hydrogénation  des  aldéhydes  et  des  cétones. 


SÉANCE    DU    3    AOUT    1903.  3o3 

»  En  résumé,  l'action  directe  de  l'iiydrogèiie  en  présence  da  nickel  ré- 
duit permet  de  transformer  très  aisément  les  aldéhydes  et  les  cétones  for- 
méniques  en  alcools  correspondants.  Cette  méthode  présente  sur  le  pro- 
cédé habituellement  suivi  (action  du  sodium  ou  de  l'amalgame  de  sodium 
en  présence  de  l'eau)  le  grand  avantage  de  ne  donner  aucun  produit  ac- 
cessoire, tel  que  les  pinacones,  et  de  fournir  du  premier  coup  un  rende- 
ment très  élevé  en  rdcool.  Les  propriétés  catalytiques  des  métaux  permet- 
tent donc  d'effectuer  facilement  les  deux  réactions  inverses  :  le  cuivre 
réduit  réalise  commodément  la  scission  des  alcools  en  hydrogène  et  aldé- 
hydes ou  cétones;  au  contraire,  le  nickel,  en  présence  d'hydrogène  à  tem- 
pérature moins  haute,  transforme  ces  dernières  en  alcools.    » 


CORRESPONDANCE. 

ASTRONOMIE.    —    Résidu  des  perturbations  séculaires.   Note   de  M.   Jean 
3Iascart,  présentée  par  M.  O.  (>allandreau. 

«  Après  les  perturbations  qui  ne  dépendent  que  de  l'élongation,  l'action 
de  Jupiter  sur  une  petite^planète  se  manifeste  principalement  p.ir  les  termes 
séculaires  du  premier  degré  par  rapport  à  l'excentricité,  et,  si  leur  carac- 
tère séculaire  n'est  qu'apparant,  ces  termes  pourront  du  moins  être  utilisés 
pour  une  amplitude  très  suffisante  de  l'élongation  0;  et,  connaissant  les 
coefficients  M,  on  est  conduit  à  calculer  ceux,  N,  qui  importent  dans  la 
perturbation  R  du  rayon  vecteur  de  la  planète  au  Soleil.  Si  l'on  conserve 
les  notations  que  nous  avons  adoptées  ('  ),  0,1  voit  que  tous  les  termes  en  N 
du  groupe  sont  donnés  par  les  termes  séculaires  de  $0  et  Iq^  respec- 
tivement des  formes  B,  ^6  et  —  B,/>B;  par  l'intermédiaire  des  quadratures 
^V__  HT)^Ô  et  /*(—  GT)'/0,  ces  quantités  proviennent  donc  de  l'une  des 
cinq  formes 

lpcoskH-\-tq?,\x\m,     ''P'-^'''J\      %p%q^\n2.k^  4-  ^^---^' cos '2^9, 

lplq\lpsyn'ik^  -lqcos-6kh]-i-  '^=^  [^/>  cos  3y^0  4- r^^  sin  3^6], 

'^Pl±}£  [S^^cos/fO  4-^^sin^-Ol. 


(')   Comptes  rendus,  17  février  1902. 


3o4 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


a. 

N„. 

N-.5 

>',3. 

N-„. 

N,4. 

N-,i. 

4,206 

-26483.  IO-3 

9234. 

10-5 

— 1 4 1 90 • I °~' 

8734.10-5 

-4245. 

10-9 

8x5.10-» 

4,106 

— i3oii 

3941 

—  7060 

I  558 

—2128 

325 

4,100 

—  5885 

I  721 

-  3287 

587 

—  997 

1x3 

4)070 

—  3929 

920 

' 

-  2 120 

334 

-  689 

594.10-1» 

3  5969 

—  i  167 

193 

-    687 

59286.10-1= 

-   198 

64 

3,845 

-26753. 10-" 

25l2. 

10-" 

—     i38 

3899 

—     4^2. 

10-10 

—        X2 

3,802 

— -16004 

ii46 

—81764.10-'- 

488 

—   242 

—        X2 

3,763 

— I04l2 

548 

—52  585 

659 

—   i55 

—        10 

3,700 

-    4968 

120 

— 24400 

— 

967 

-7898. 

lo-i-^ 

—   689.10-1= 

3,63i 

—    2662 

—   i65. 

io-'= 

—  12882 

-- 

880 

—8  552 

—  428 

3,082 

—  i526 

-  378 

—  7247 

— 

620 

— 2o58 

-  281 

3,5i5 

-     781 

—   370 

-  3596 

— 

895 

—  1007 

—    162 

3,472 

—     5o5 

—  326 

—  2804 

— 

284 

—  638 

—     110 

3,442 

-     376 

—   283 

-  1698 

— 

226 

-  468 

—     86 

3,421 

—     3o3 

-   249 

—  I  355 

— 

189 

-   371 

—     70 

3,277 

—  7476.10^" 

-  939- 

10-'-^ 

-     3i6 

— 

57 

-   835. 

lO-l-^ 

—    xgo.iQ-i^ 

3, 147 

—  2  173 

-   349 

— 87268.10-16 

— 

18697. 10-16 

—   222 

-     58 

3,129 

—  1842 

-   3o5 

--34^0 

— 

i6o4i 

-    186 

-     49 

3,106 

—  i483 

—   253 

— 5858i 

— 

i3  112 

—   148 

-    4o 

3,075 

—  I  io4 

-   Ï97 

—48018 

— 

994i 

-    107 

-     3o 

3,029 

-    717 

-    i35 

— 27406 

— 

66i3 

— 6751. 

10-16 

—  1923.  10-16 

2,997 

—    534 

-   io5 

—20  167 

— 

5oo4 

—4920 

-1434 

2,956 

—     363 

—     72 

-13472 

— 

33x7 

-3  255 

—     975 

2,922 

-     263 

-     56 

-  9583 

— 

2  553 

—2  295 

—     704 

2,901 

—       223 

-     45 

—  8006 

— 

2017 

—  2024 

-    —     537 

2,879 

-        176 

-     39 

—  6819 

— 

1721 

—  r485 

-     467 

2,824 

—       106 

-     24 

-  8687 

— 

I  043 

-   85i 

—     276 

2,771 

—  644i.  10-16 

— I 564. 

10-16 

—  2  208 

— 

644 

—   5oo 

—      168 

2,761 

-  5333 

-  i3i5 

—  1806 

— 

535 

—  407 

-      187 

2,733 

-  4584 

~i  ii3 

-  i552 

— 

447 

—  355 

—     112 

2,705 

—  3458 

-  882 

-  1147 

— 

349 

-   254 

-     88 

2,673 

—  2671 

-  671 

—     84i 

— 

260 

—    i84 

-     65 

2,65o 

—  2066 

-   546 

—     670 

— 

209 

—   i46 

-     5i 

2,618 

-  i534 

-   4i5 

-     489 

— 

i5ô 

—   io5 

-     33 

2,598 

—    I  232 

—  337 

—     385 

— 

ii4 

—8210. 

lo-i' 

— 2970.10-''' 

2,583 

-   iii5 

—    3oo 

—     352 

— 

IIO 

—7688 

-2596 

2,572 

—     995 

—   276 

-     3ii 

— 

lOI 

-6568 

—2401 

2,5oo 

—       502 

--    149 

—        lOI 

— 

52 

-3i63 

-X189 

2,433 

—   234 

-     79 

—     770.10-'^ 

— 

267.IO-1'' 

-i544 

-  595 

2,424 

-  244 

-     72 

—     701 

— 

246 

— 1402 

-   542 

2,4l2 

-        2l5 

-     65 

—     620 

— 

217 

-1233 

-  478 

2,395 

-  178 

-     54 

—     5ii 

— 

180 

—1009 

-   394 

2,371 

143 

-     43 

—     4û5 

— 

189 

-  790 

—   291 

2,353 

I  2  I 

-     38 

-     840 

— 

122 

—  646 

—   209 

2,33i 

—       975.10-1^ 

—   807. 

IO-'6 

-     271 

— 

100 

—     521 

—   208 

2,3oo 

-       722 

—     230 

—      "97 

— 

72 

—  875 

-    x5i 

2,266 

-       467 

-    i65 

—        125 

— 

46 

—   233 

-     95 

2,2l4 

—     3o8 

—    102 

-       80 

— 

3o 

-   147 

-     61 

2,187 

-     235 

-     78 

-       61 

— 

28 

—      IIO 

-     46 

2,1 55 

-      .67 

-     57 

-       43 

— 

16 

-  76 

—     82 

2,i36 

-     ^37 

-     48 

-       34 

— 

18 

-   62 

-     26 

2,123 

-        123 

-    4i 

-       3i 

— 

12 

-  ^ 

—       23 

2,108 

-     io3 

-    35 

-       76 

— 

10 

-  45 

—      x8 

SÉANCE    DU   3    AOUT    [903.  3o5 

»  Les  propriétés  caractéristiques  des  coefficients  N  correspondants  sont 
les  suivantes  :  ils  sont  en  général  supérieurs  aux  coefficients  M  de  même 
ordre,  pour  les  petites  valeurs  de  l'indice,  et  au  bord  de  l'anneau  voisin  de 
Jupiter;  mais  il  faut  tenir  compte  de  ce  qu'ils  sont  multipliés  par  l'excen- 
tricité; ils  décroissent  plus  vite  que  les  M,  en  revanche,  soit  pour  n  crois- 
sant, soit  pour  a  décroissant. 

«  Ces  termes  présentent  les  mêmes  applications  que  les  termes  en  M 
dans  les  questions  qui  touchent  aux  calculs  d'orbites,  et  il  importe  parti- 
culièrement d'en  tenir  compte  dans  les  cas  suivants  : 

»    i^  Le  calcul  d'une  orbite  avec  de  peu  nombreuses  observations; 

»   2°  La  correction  d'un  éphéméride  dans  le  cas  d'une  forte  excentricité; 

«  3"  La  correction  d'un  éphéméride  quand  la  planète  n'a  pas  été 
observée  pendant  une  ou  plusieurs  oppositions  intermédiaires. 

>y  Par  une  interpolation  à  vue  les  chiffres  que  nous  donnons  suffisent 
dans  l'appréciation  des  parties  principales  de  ces  diverses  erreurs;  pour 
connaître  plus  rigoureusement  encore  le  mouvement  de  l'astre  troublé,  il 
faudrait  également  calculer  les  termes  périodiques  des  divers  ordres  par 
rapporta  l'excentricité,  et  ceux  qui  dépendent  de  l'écart  (s)  avec  une 
relation  de  commensurabilité,  termes  qui  fourniraient  une  interpolation 
rigoureuse.  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.   -   Sur  les  fonctions  quasi-périodiques.  Note  de 
M.  EscLANGON,  présentée  par  M.  P.  Painlevé. 

«  Dans  une  Note  parue  aux  Comptes  rendus  en  novembre  dernier  (*) 
j'avais  indiqué  une  extension  de  la  notion  de  périodicité  en  étudiant  une 
classe  de  fonctions  que  j'ai  appelées  quasi-périodiques  et  qui  jouissent  de 
certaines  propriétés  analogues  à  la  périodicité. 

»  Par  une  lettre  datée  de  Riga  et  adressée  par  M.  P.  Bohl  à  M.  Pain- 
levé,  j'ai  appris  que  cette  conception  n'est  pas  nouvelle.  M.  Bohl  y  avait 
été  amené  avant  moi  en  se  posant  le  problème  suivant,  qu'il  traite  dans 
sa  Thèse  et  dans  un  très  intéressant  Mémoire  publié  en  russe,  intitulé  : 
Sur  la  représentation  des  fonctions  d'une  variable  par  des  séries  trigonomé- 

(  '  )  EscLANGON,  Sur  une  extension  de  la  notion  de  périodicité  (  Comptes  rendus, 
t.  CXXXV,  24  novembre  1902). 


3o6  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

triques  avec  plusieurs  arguments  proportionnels,  Dorpat,  1893.  Voici  le  pro- 
blème résolu  par  M.  Bohl  : 

»   A  quelles  conditions  une  fonction  iJ;(/)  définie  pour  toutes  les  valeurs 
réelles  de  t  est-elle  développable  en  série  uniformément  convergente 

(1)  U^-^  U.^-i-  ...  ^  U.,+  ... 

dans  laquelle  u^  est  un  polynôme  entier  en 

sin  27v  —  cos  7.-  —  ( [x  =  f ,  2 . . . . ,  w )? 

On  peut  toujours  supposer,  bien  entendu,  qu'entre  les  nombres 

I        I  I 

n'existe  aucune  relation  linéaire  homogène  à  coefficients  entiers,  le  cas  où 
il  n'en  est  pas  ainsi  se  ramenant  exactement  à  ce  dernier,  M.  Bohl  trouve 
comme  condition  nécessaire  et  suffisante  celle-ci  :  |/(^  +  '^)— /(Ol  ^^^^^  ^^^^ 
infiniment  petit  lorsque  — ,  —  ^  •  •  ■■>  —  diffèrent  infiniment  peu  de  nombres 

entiers. 

M  A  la  forme  de  la  définition  près,  les  fonctions  (|/(/)  ainsi  obtenues  sont 
les  fonctions  que  j'ai  appelées  quasi-périodiques .  J'ignorais  entièrement  ces 
recherches  de  M.  Bohl  ;  je  tiens  à  lui  restituer  la  priorité  qui  lui  est  due. 

))  Poursuivant  un  but  un  peu  différent  de  celui  de  M.  Bohl  j'ai  été  amené 
à  étudier  l'ensemble  des  périodes  a  qui,  vis-à-vis  d'une  même  fonction 
quasi-périodique/(:r),  peuvent  jouer  le  rôle  attribué  à  a,,  a^,  .  .  .  ,  a,„,  et 
j'ai  été  conduit  ainsi  à  définir  exactement  Vordre  périodique  et  le  corps  des 
périodes  attachés  à  la  fonction  f(x).  Relativement  à  l'ordre  de  périodicité, 
j'ai  établi  quelques  résultats  sur  les  fonctions  de  fonctions  simplement 
périodiques,  notamment  le  théorème  suivant  : 

))   Soit  F{u^,u.,,  . . .,  u^j)  une  fonction  des  variables  m,,  w^,  . .  . ,  Up,  qui n  est 

constante  par  rapport  à  aucune  de  ces  variables.  Si  Von  remplace  u^^u^ Up 

par  les  fonctions  périodiques  non  constantes  u^[jr),  u.,(a-),  ...,  Uj,(^x')  dont 
les  périodes  respectives  af,  a^,,  . . .,  ap  sont  indépendantes,  la  jonction  quasi- 
périodique 

/(x)  :=Vlu^{x),  u.,(a)),  ...,  iip(x)] 

est  exactement  d'ordre  p. 


SÉANCE    DU    A   AOUT    1903.  Son 

»  J'ai  étudié  ensuite  les  développements  en  série  des  fonctions  quasi- 
périodiques  en  recherchant  surtout  des  développements  caractéristiques 
uniques  pour  chaque  fonction.  Outre  le  développement  (î)  qui  sert  de 
(léfiiiilion  à  M.  Bohl,  mais  qui  n'est  pas  unique,  il  est  clair  qu'on  peut, 
sous  certaines  conditions  analogues  aux  conditions  dites  de  Dirichlet,  déve- 
lopper une  fonction  quasi-périodiquey(ic)  en  série  de  la  forme 


^^■"  ■  Zà^"'^' 


COS2-a? 

a. 


B,„.„,     ,„  s'ui2-œ 


1)1, 


c/i 


développement  unique  et  uniformément  convergent  si/(œ)  est  continu,  et 
si  «,,  «2»  •  •  •»  (ip  constituent  une  base  minimum  de  périodes. 

»  Enfin,  sous  d'autres  conditions  en  général  remplies,  j'établis  qu'une 
fonction  quasi-périodique  est  développable  en  une  série  uniformément 
convergente 

dans  laquelle  le  terme  général  Sa(if)  est  une  fonction  simplement  pério- 
dique. Les  périodes  correspondant  aux  divers  termes  de  la  série  sont 
incommensurables  deux  à  deux  et  appartiennent  au  corps  des  périodes. 
De  plus,  ce  développement,  s'il  est  possible,  ne  l'est  que  d'une  manière, 
et  enfin  une  fonction  quasi-périodique  continue  quelconque  peut  toujours 
être  représentée  avec  une  approximation  donnée  e  par  une  série  de  cette 
forme. 

»  Les  termes  Sa.{x)  peuvent  èlre  calculés  de  plusieurs  manières,  dont 
l'une  est  basée  sur  cette  propriété  très  importante  que,  si  /(x)  est  une 
fonction  quasi-périodique,  la  quantité 

},  \J{^)  +  /(^  -K  A)  +.  • .  ^/[^  +  {n  -  i)A]  j 

a  une  limite  pour  n  uilini,  et  cela  quels  que  soient  x  et  h.  Cette  limite  est 
une  constante  si  h  est  extérieur  au  corps  des  périodes.  Cette  propriété 
paraît  d'ailleurs  caractéristique,  mais  s'applique  au  cas  plus  général  où 
l'ordre  de  périodicité  est  infini.  Elle  est  susceptible  d'une  application 
curieuse,  en  permettant  de  donner  aux  moyennes  calculées  dans  les  obser- 
vations météorologiques  une  interprétation  précise.    » 


3o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  fonctions  de  n  variables  représentées  par 
des  séries  de  polynômes  homogènes.  Note  de  M.  H.  Dulac,  présentée  par 
M.  P.  Painlevé. 

«  La  théorie  des  séries  de  Ta^^lor  et  de  Mac-La urin  à  plusieurs  variables 
présente,  dès  ses  débuts,  une  importante  lacune  qui  a  été  signalée  par  plu- 
sieurs niathématiciens  (').  Pour  nous  borner  au  cas  de  deux  variables,  soit 

(i)      Y{x,y)^  "^fn{oo,y)^    2(^«.o^"+««-.,i^"'"'j+---+«o,/i7") 

une  série  de  polynômes  homogènes.  Dans  les  théories  classiques,  on  sépare 
chaque  terme y^^  en  ses  éléments  et  l'on  considère  la  série  double  : 

Si  cette  série  (2)  converge  absolument  pour  x  =  x^,  y  z=i  y^^  elle  converge 
absolument  dans  le  domaine  |  a?  |  <^  |  ^^  |,  [  J  |  <C  Jo»  ^^  représente,  dans  ce 
domaine,  une  fonction  analytique  et  holomorphe  de  x^  y.  D'où  une  suite 
de  conséquences  classiques. 

»  Mais  si  on  laisse  intacts  les  termes  de  la  série  (i),  que  peut-on  dire  sur 
la  convergence  d'une  telle  série  et  sur  la  fonction  qu'elle  représente?  En 
particulier,  si  une  série  (i)  converge  uniformément  pour  toutes  les  valeurs  réelles 
de  x,  y  suffisamment  petites,  converge-t-elle  pour  les  valeurs  imaginaires  et 
représente-t-elle  une  fonction  analytique  de  x,  y,  holomorphe  pour  a?  =  o, 

»   L'alfirmative  paraissait  très  probable;   mais  il  n'en   existait  pas   de 


(')  Voir  une  Note  de  M.  Painlevé  {Comptes  rendus,  2"  semestre  1899,  p.  27). 

(^)  En  dehors  de  son  intérêt  général,  la  question  se  pose  dans  des  applications  im- 
purtaiites.  Par  exemple,  dans  sa  discussion  des  équations  différentielles  du  premier 
ordre  (théorie  des  centres),  M.  Poincaré  établit  la  convergence  uniforme  d'une  certaine 
série  (1)  pour  x,  y  réels  et  petits.  Mais  la  fonction  ¥{x,  y)  ainsi  représentée  est-elle 
sûrement  holomorphe  pour  x=:o,  y  =:  o?  C'est  un  point  de  rigueur  qui  restait  à 
trancher.  En  réalité,  la  démonstration  citée  de  M.  Poincaré  établit  la  convergence 
dans  un  domaine  D  bien  plus  étendu  que  le  domaine  réel  voisin  de  l'origine,  mais  ce 
domaine  D  ne  comprend  pas  l'ensemble  des  valeurs  complexes  de  x  et  de  y  voisines 
de  zéro. 


SÉANCE  DU  3  AOUT   rgoS.  3o9 

démonstralion  rigoureuse.  J'ai  pu  établir  cette  démonstration  :  une  série 
dont  les  termes  sont  des  polynômes  homogènes,  à  un  nombre  quelconque  de 
variables,  définit  une  fonction  holomorphe  dans  le  voisinage  de  V origine,  à 
condition  que  cette  série  soit  uniformément  convergente  dans  le  domaine  D 
formé  par  l'ensemble  des  valeurs  des  variables  réelles  et  voisines  de  zéro.  Ce 
théorème  reste  vrai,  même  en  supposant  le  domaine  D  bien  moins  étendu. 
Par  exemple,  la  série  (i)  définit  une  fonction  holomorphe  pour  x  =  y  =  o, 
si  cette  série  (i)  converge  uniformément  pour  x  et  y  coordonnées  des  dif- 
férents points  d'un  arc  de  courbe  (autre  qu'une  droite  passant  par  l'origine) 
tracé  dans  le  plan  réel  xoy. 

»  Lemme.  —  Si  un  polynôme  /(^,,  oc.;,,  .  .  .,  x^)  homogène  ou  non,  de 
degré  au  plus  égal  à  n par  rapport  à  chacune  des  variables,  reste  inférieur  en 
module  à  un  nombre  M,  lorsque  les  affixes  des  variables  x^,  x.,^  .  ..,x^  occu- 
pent, chacune  dans  son  plan,  toutes  les  positions  possibles,  respectif' ement  sur 
des  arcs  de  courbe  C, ,  Co,  .  .  . ,  G^,  /e^  coefficients  du  polynôme  sont  inférieurs 
en  module  à  MV  ;  \  ne  dépend  ni  des  coefficients  du  polynôme,  ni  de  son 
degré,  et  ne  dépend  que  des  arcs  C^,  C.,  .  .  .,  C^  considérés. 

»  Avant  d'établir  le  cas  général,  je  considère  les  deux  cas  particuliers 
suivants  :  i°  un  polynôme /(a;),  de  degré  n,  reste  inférieur  en  module 
à  M,  lorsque  x  est  réel  et  varie  entre  o  et  i  ;  2°  le  module  àef{x)  reste 
inférieur  à  M,  quand  x  décrit  un  arc  de  courbe  C. 

))  Théorème.  —  La  série  F  =  lj„{x,,x., .  ..,x^),  dont  les  termes  sont  des 
polynômes  homogènes  de  degré  égal  à  l'indice,  définit  une  fonction  holomorphe 
pour  x,  =  x.,...  =  x^=o,sila  série  F  est  uniformément  convergente  lorsque, 
x^  ayant  une  valeur  fixe,  les  affixes  de  x,,  x.„  . . .,  x^^^  occupent,  chacune 
dans  son  plan,  toutes  les  positions  possibles  respectivement  sur  des  arcs  de 
coMr6e  C,,  Ca,  . . .,  Cy_,.    » 

ANALYSE   MATHÉMATIQUE.    —    Sur  les  intégrales  de   S.   Lie. 
Note  de  M.  N.  Saltykow,  présentée  par  M.  Appell. 

«   Les  considérations  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  con- 
cernent les  critiques  sur  les  intégrales  de  S.  Lie.  Soient  les  2/i  -h  i  variables 
x,,x.„  ...,  x,„z,p^,p.„  ...,jD„  vérifiant  la  relation  différentielle 
(i)  dz=p^dxt+p.dx.,  +  .  ..-h  pndx,^, 

liées  par  une  équation 

(2)  ¥{X^,X.^,  ...,X,„Z,p^,p.„  .  .  .,p,t)  —  <1) 

C.  R  ,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVll,  N»  5.)  4' 


(3) 


3lO  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

la  dérivée  y-  ne  s'annulant  pas.  S.  Lie  définit  l'intég^rale  de  l'équation  (2), 

comme  un  système  des  /^  +  i  équations  identifiant  les  égalités  (i)  et  (2). 
L'intégrale  contenant /^  constantes  arbitraires,  dont  l'élimination  des  équit- 
tions  la  représentant  ne  donne  que  l'équation  (2),  est  dite  son  intégrale 
complète.  Par  conséquent,  d'après  S.  Lie,  le  système 

h^,  b.^,  . . .,  /;„  étant  n  constantes  arbitraires,  représente  une  intégrale  com- 
plète que  nous  dirons  de  classe  q.  Les  n  équations  quelconques  du  sys- 
tème (3^  étant  résolubles  par  rapport  à  h^,  b^,  .  . .,  b^,  il  suffit  de  supposer, 
par  exemple,  que  le  déterminant  fonctionnel 

p  /?'  ?1>  ?2>   •  •  •  ,  yy>  <j^2>  4^3>   •  •  •  >  'K- 

est  distinct  de  zéro,  en  y  désignant 

i  =  \ 

»  Par  conséquent,  l'intégrale  (3)  peut  être  mise  sous  la  forme  implicite 
suivante  : 

(4)  ^  (r=i,2,  ...,  n). 

{     i  rV^i>  ^2'    •  •  •  '  ^«'   ^■■>  Pli  P^^    •  •  •■>  Pn)  —  ^r 

)>  Comme  l'intégrale  étudiée  est  de  classe  q,  il  est  nécessaire  que  le  déter- 
minant fonctionnel 

F,  F,,  Fj,  . . .,  F,; 


D 


^1  Pli  P21   •  •  •  1  pu 


s'annule  identiquement,  ainsi  que  tous  ses  mineurs  depuis  le  premier  ordre 
jusqu'à  Tordre  q  inclusivement.  De  plus,  le  système  (3)  étant  complet,  il 
s'ensuit  que  les  équations  (4)  forment  aussi  un  système  complet.  Ces  deux 
dernières  propriétés  des  équations  (4)  sont  non  seulement  nécessaires, 
mais  aussi  suffisantes  pour  définir  une  intégrale  complète  de  classe  q. 
))   Il  en  résulte,  en  écrivant  l'équation  (2)  sous  la  forme  suivante 


SÉANCE    DU    3    AOUT    igoS.  3li 

que  les  fonctions  F , ,  F. , . . . ,  F„  sont  les  intégrales  de  l'équation  linéaire  aux 
dérivées  partielles  d'une  fonction/ 

^--H^  +  [H,/]  =  o, 

OU  bien  les  n  —  i  dernières  équations  (4)  sont  les  intégrales  du  système 
canonique  généralisé,  correspondant  à  l'équation  (5). 

»  Il  y  a  donc  une  analogie  entre  les  problèmes  de  Jacobi,  pour  la 
recherche  des  intégrales  complètes  de  Lagrange  et  de  S.  Lie  concernant 
ses  intégrales.  Or,  les  intégrales  de  Lagrange  existent  dans  un  certain 
domaine.  Quant  aux  intégrales  complètes  de  S.  Lie,  elles  n'existent  que 
pour  des  équations  d'une  forme  toute  particulière  ('). 

»  Par  exemple  :  Pour  admettre  une  intégrale  complète  de  classe  n  —  i, 
l'équation  (2)  doit  être  linéaire  par  rapport  à p^,  p.,  ...,pnOU  indépendante 
de  ces  dernières  variables;  pour  avoir  une  intégrale  complète  de  classe  n, 
l'équation  (2)  doit  être  indépendante  de  toutes  les  variables  p. 

»  EnÇm, pour  admettre  une  intégrale  de  classe  q,  l'équation  (2)  doit  satis- 
faire à  la  condition  que  les  n  —  q  équations  {^\)  quelconques,  la  première  y 
comprise,  étant  résolues  par  rapport  àp^,  p^,  ..•,pn-q,  deviennent  linéaires  par 
rapport  à  toutes  les  variables  p , 

»  Le  fait  constaté  introduit  ufl  désaccord  dans  les  considérations  tradi- 
tionnelles sur  la  généralité  des  notions  de  S.  Lie.  Car  ce  n'est  que  pour 
des  équations  exceptionnelles  qu'il  y  a  à  considérer,  outre  les  intégrales 
complètes  classiques,  encore  celles  de  S.  Lie.  De  plus,  il  y  a  encore  à  noter 
que,  en  liant  les  variables  ^,,  jt,,  .. .,  .r„  par  des  relations,  on  modifie  le 
caractère  primitif  des  équations  aux  dérivées  partielles,  en  leur  substituant 
de  nouvelles  relations  obtenues  par  S.  Lie,  comme  résultat  de  certaines 
éliminations. 

»  Cependant,  on  lie  intimement  les  recherches  de  S.  Lie  à  la  théorie  des 
équations  aux  dérivées  partielles.  Or,  après  tout,  ce  point  exige  bien  des 
réserves.  Une  intégrale  complète  de  S.  Lie  étant  un  système  des  intégrales 
des  équations  canoniques,  on  conçoit  manifestement  que  l'éminent  géo- 
mètre ne  traite,  en  réalité,  que  de  la  théorie  des  équations  canoniques.  En 
effet,  toutes  ses  méthodes  d'intégration  ne  cherchent  qu'à  associer  les  inté- 


(')  Cel  éminent  géomètre  s'en  est  occupé  en  1898  dans  son  Mémoire  :  Ucbr 
BeruhrungsLransfunnationen  und  Dijj'eventialgleichungea  {Berichle  a.  cl.  v.  d. 
k.  .s.  Gesel.  der  Wis..  Leipzig). 


3 12  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

grales  des  équations  canoniques  de  façon  à  en  tirer  w  -h  i  équations  for- 
mant un  système  complet,  sans  se  soucier  d'ailleurs  s'il  détermine  une  in- 
tégrale complète  de  Lagrange  ou  bien  celle  de  S.  Lie.  Quant  à  la  théorie 
des  équations  aux  dérivées  partielles,  son  point  le  plus  délicat  consiste  à 
former  un  système  complet  de  n -{-  i  équations,  de  la  manière  que  les  va- 
leurs/?,, p^,  ...,/?„  présentent  précisément  les  dérivées  partielles  du  pre- 
mier ordre  de  la  fonction  z  par  rapport  ax^,  x.^,  .  ,.,  x,„  ce  qui  n'arrive 
que  si  notre  système  complet  est  résoluble  par  rapport  à  s  et  à  toutes  les/?. 
Donc,  pour  tirer  des  recherches  de  S.  Lie  une  conséquence  relative  aux 
équations  aux  dérivées  partielles,  des  considérations  complémentaires  sont 
mdispensables,  concernant  les  relations  entre  les  intégrales  des  équations 
canoniques  et  celles  des  équations  aux  dérivées  partielles.    » 

OPTIQUE.  —   Sur  les  changements  de  phase  par  réflexion  normale  dans  le 
quartz  sur  V argent.  Note  de  MM.  J.  Macé  de  Lépinay  et  H.  Buissox. 

«  Les  résultats  qui  font  l'objet  de  cette  Note  ont  été  obtenus  au  cours 
de  recherches  préliminaires  sur  l'application,  à  la  mesure  des  grandes 
épaisseurs,  de  la  méthode  que  nous  avons  eu  l'honneur  de  communiquer 
antérieurement  à  l'Académie  (*). 

»  Pour  cette  mesure,  on  observe  les  anneaux  des  lames  épaisses  à  faces 
parallèles  (Lummer-Michelson),  soit  en  lumière  réfléchie,  soit  en  lumière 
transmise.  Dans  ce  dernier  cas,  les  deux  faces  de  la  lame  doivent  être  fai- 
blement argentées  (Boulouch,  Fabry  et  Pérot).  Lorsque  l'épaisseur  de  la 
lame  s'accroît,  cette  dernière  disposition  s'impose  de  plus  en  plus. 

»  En  lumière  réfléchie,  les  divers  systèmes  d'anneaux  dus  à  la  radiation 
principale  et  à  ses  satellites  s'enchevêtrent  d'autant  plus  que  l'épaisseur 
de  la  lame  est  plus  grande.  En  lumière  transmise,  chaque  anneau  brillant 
étant  très  étroit,  ces  divers  systèmes  se  séparent  et  il  devient  possible  de 
faire  porter  la  mesure  exclusivement  sur  la  radiation  principale. 

»  Mais  alors  se  présente  une  difficulté.  Des  deux  faisceaux  interférents, 
l'un  a  traversé  directement  la  lame,  l'autre  s'est  réfléchi  deux  fois  dans 
l'intérieur  de  la  lame  sur  l'argent.  Or,  chacune  de  ces  réflexions  sous  inci- 
dence normale  est  accompagnée  d'un  changement  de  phase,  par  rapport  à 
la  réflexion  sur  l'air,  qui  modifie  l'ordre  d'interférence.  Il  importe  donc 
d'en  connaître  la  valeur. 


(•)   Comptes  rendus,  t.  GXXXV,  p.  288. 


SÉANCE    DU    3    AOUT    igoS.  3l3 

il  A  ce  sujet,  nous  ne  pouvions  considérer  comme  suffisants  les  résultats 
des  expériences  de  Wernicke  (')  et  de  Rath  (^). 

»  Le  dispositif  même  des  mesures  d'épaisseur  nous  a  permis  d'évaluer 
ce  changement  de  phase.  Nos  expériences  ont  porté  exclusivement  sur  le 
quartz. 

»  Bans  une  première  méthode,  la  lame  étudiée  (^)  est  argentée  simultanément  sur 
les  deux  faces,  à  mi-hauteur  seulement.  Elle  est  recouverte  d'un  écran  percé  de  deux 
petites  ouvertures  :  l'une,  A,  en  face  de  la  partie  argentée  ;  l'autre,  B,  en  face  de  la  partie 
découverte.  Une  image  monochromatique  de  la  source  de  lumière  (tube  de  Michelson) 
tombe  sur  l'ouverture  B.  On  mesure  en  lumière  réfléchie  le  diamètre  df,  du  premier 
anneau  sombre.  Déplaçant  la  lame,  de  manière  à  substituer  l'ouverture  A  à  B,  on 
mesure  en  lumière  transmise  le  diamètre  c/,  du  premier  anneau  brillant. 

»  On  en  déduit  les  ordres  d'interférence  au  centre,  pQ  -+-  hdl  dans  le  premier  cas  et 
Pi  H-  /idl  dans  le  second,  po  et/>2  étant  des  nombres  entiers,  dont  l'un  au  moins  "est 
inconnu,  et  h  un  coefficient  connu. 

»  A  part  une  petite  correction,  correspondant  à  la  différence  des  épaisseurs 
en  A  et  en  B,  l'accroissement  d'ordre  d'interférence  dû  aux  deux  réflexions  quartz- 
argent  est  donné  par 

P2  —Po  +  /'  (^2  —  ^0  )  =  ^2  +  '2 

rj.2  étant  entier  et  z^  fractionnaire. 

»  Ce  nombre  mesure  le  retard  de  phase,  évalué  en  période,  produit  par  la  double 
réflexion. 

»  Dans  une  seconde  méthode,  la  région  A  n'est  argentée  que  sur  l'une  des  faces, 
celle  qui  est  opposée  à  la  source,  et  l'on  mesure  les  diamètres  des  anneaux  sombres 
réfléchis,  of,  en  A  et  rf^  en  B.  A  part  la  correction  des  différences  d'épaisseur,  le  retard 
de  phase,  produit  cette  fois  par  une  seule  réflexion,  est 

Pi—Po  +  h  (dl  —  ^^)— (7,4-£i. 

»  De  ces  deux  méthodes,  la  première  s'impose  dans  le  cas  des  fortes  argentures  ;  la 
seconde,  dans  le  cas  des  faibles  argentures.  On  réalise  ainsi,  chaque  fois,  les  meil- 
leures conditions  de  visibilité  des  anneaux. 

))  Pour  les  argentures  moyennes,  les  deux  méthodes  ont  pu  être 
employées  simultanément,  et  nous  ont  donné  un  contrôle  et  un  renseigne- 
ment précieux,  nous  permettant  de  déduire  l'effet  d'une  seule  argenture  de 
celui  d'une  argenture  double,  donné  par  la  première  méthode. 

»   Nous  pouvons  ainsi  réunir  l'ensemble  de  toutes  nos  déterminations 


(*)  Wernickiî,  Wied.  Ann.,  t.  LI,  p.  448  et  t.  LU,  p.  5i5;  1894. 
(^)  Kath,  Wied.  Ann.,  t.  LXII,  1897,  p.  828. 

(')  La  lame  a   r"'  d'épaisseur.  J^es   satellites  de  la  raie  princi[>ale   n'interviennent 
alors  pas. 


3l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dans  un  Tableau  unique,  s'étendant  depuis  les  argentures  extrêmement 
faibles  jusqu'à  celles  qui  sont  presque  opaques. 

Épaisseur  d'argent 

en  p-i).  (')•  R-  V.  B  (2). 

73 "  (*)  o,63  o,65 

4o o,65  o,655  0,67 

87 o,63  0,64  o,65 

3i OjSg  o,63  o,64 

i5 0,61  o,63  o,63 

1 3 o ,  5o  0,56  0,67 

7 o,  20  o,  3i  o,36 

5 o ,  1 3  0,18  o ,  3o 

»   De  l'examen  de  ces  nombres  ressortent  les  conclusions  suivantes  : 

»  1°  Pour  chaque  radiation,  l'excédent  fractionnaire  e,  tend  vers  zéro 
avec  l'épaisseur  d'argent.  Comme  il  en  est  de  même  du  changement  de 
phase  ^, -f-£,,  nous  en  concluons  que  ^,  =  0.  Il  s'agit  donc  bien  d'un 
retard  de  phase,  dont  les  valeurs  se  confondent  avec  celles  de  e,  et  sont 
données  par  le  Tableau  précédent  C). 

»  2"  Ce  retard  de  phase  croît  d'abord  avec  l'épaisseur  de  la  couche 
d'argent,  mais  ne  tarde  pas  à  atteindre  une  valeur  limite  indépendante  de 
l'épaisseur. 

»  3°  Cette  valeur  limite  dépend  peu  de  la  longueur  d'onde.  Elle  croît 
légèrement  quand  celle-ci  diminue.    » 


OPTIQUE.  —  Focimètre  photo grammétrique  pour  l'optique  microscopique 
(^instrument  vérificateur  de  microscopes).  Note  de  M.  V.  Legros,  pré- 
sentée par  M.  Marey. 

«  Cet  instrument,  combiné  par  nous  sur  la  demande  et  avec  le  concours 
du  constructeur  M.  Stiassnie  qui  l'a  établi,  est  destiné  à  transporter,  dans 
la  pratique  courante  de  l'atelier  de  construction  et  des  centres  d'études 


(•)  Les  épaisseurs  d'argent  ont  été  mesurées  par  la  méthode  Fizeau. 

('-)  R,  V,  B  désignent  les  radiations  rouge,  verte,  bleue  du  cadmiun. 

(^)  La  mesure  n'a  pu  être  faite,  l'argenture  étant  opaque  pour  le  rouge. 

(*)  S'il  y  avait  avance  de  phase,  comme  nous  avons  toujours  compté  £1  positive- 
ment, qi  serait  un  entier  négatif,  égal  à  —  1  ;  l'avance  aurait  la  valeur  absolue  i  —  e,, 
et  comme  cette  avance  doit  tendre  vers  zéro  quand  l'épaisseur  d'argent  diminue, 
£,  tendrait  vers  1,  ce  qui  est  contraire  au\  observations. 


SÉANCE   DU    3   AOUT    igoS.  3^5 

microscopiques,  les  résultats  qui  ont  fait  l'objet  de  notre  Communication 
(lu  29  janvier  1900. 

»   La  base  C  est  un  cercle  divisé  :  du  centre  du  plateau  portant  le  vernier 
s'élève  une  colonne  verticale  D,  terminée  par  un  manchon  horizontal  T. 


Dans  ce  manchon  coulisse,  sous  l'action  d'une  crémaillère  et  d'un  pignon p, 
une  maîtresse-tringle,  sur  laquelle  se  meuvent,  également  sous  l'ac- 
tion de  pignons  p',  //',  deux  autres  manchons  portant  les  organes  de  la 
partie  optique.  Ces  divers  manchons  peuvent  chevaucher  l'un  sur  l'autre  : 
leurs  déplacements  sont  mesurés  par  des  verniers.  Le  manchon  conduit 
par/y  a  en  outre  un  mouvement  lent  commandé  par  une  visa  tête  divisée  V. 

»  L'un  des  organes,  A,  de  la  partie  optique  représente  le  corps  d'un 
microscope  ordinaire  avec  sa  platine  P.  Son  objectif  peut  recevoir,  sur  un 
élément  de  revolver,  un  léger  déplacement  pour  la  mise  au  point  paral- 
lactique. 

»  La  platine  et  la  sous-platine  sont  pourvues  de  mouvements  de  cen- 
trage et  de  rotation.  La  platine  P  peut  recevoir  les  micromètres  sur  ses 
deux  faces.  L'ouverture  de  la  sous-platine  est  armée  de  mâchoires  à  vis  de 
serrage  pour  recevoir  les  systèmes  optiques. 


3l6  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  Distance  focale  principale  d'un  objectif.  —  Cet  objectif  est  ajusté  en  O,  et  centré.  Un 
micromètre  est  fixé  sur  la  platine  P,  la  graduation  tournée  vers  O,  les  traits  verticaux, 

»  Le  microscope  est  mis  au  point  sur  ce  micromètre,  et  l'objectif  O  est  amené  en 
contact  avec  lui,  et  baigné  s'il  y  a  lieu  clans  son  liquide  d'immersion.  A  l'aide  exclu- 
sivement d'un  seul  des  mouvements  de  la  sous-platine,  l'un  ou  l'autre  selon  la  longueur 
à  mesurer,  on  met  au  point  sur  le  micromètre  l'image  d'une  verticale  très  éloignée 
fournie  par  l'objectif.  La  marche  de  la  sous-platine  donne  déjà  la  distance  frontale. 
Par  un  mouvement  de  totalité  de  la  maîtresse-tringle  on  amène  à  l'estime  le  point 
nodal  d'avant  du  système  optique  0,  à  l'aplomb  de  l'axe  de  rotation.  En  agissant  alors 
sur  le  cercle  on  amène  successivement  l'image  de  la  verticale  en  coïncidence  avec 
deux  traits  du  micromètre  symétriques  par  rapport  au  trait  central.  Si  2/  est  l'inter- 
valle de  ces  traits,  2a  l'angle  observé,  on  a  pour  la  longueur  focale/, 

/=:  /cota. 

»  La  différence  entre/  et  la  distance  frontale  donne  la  position  du  point  nodal. 

»  On  détermine  les  mêmes  éléments  pour  l'autre  extrémité  de  l'objectif  en  retour- 
nant celui-ci  entre  les  mâchoires  de  la  sous-platine.  Pour  un  objectif  à  court  foyer  il 
pourra  être  nécessaire  défaire  usage  dans  cette  détermination  d'un  micromètre  minus- 
cule, monté  sur  un  tronc  de  cône  qui  s'engage  dans  l'objectif.  Il  peut  arriver  encore 
que  le  foyer  principal  de  ce  côté  tombe  à  l'intérieur  de  la  lentille  extrême.  En  ce  cas, 
on  trace  sur  le  sommet  de  cette  lentille  une  petite  croix  noire,  et  l'on  met  successi- 
vement au  point  avec  le  microscope  cette  croix  et  l'image  des  objets  éloignés  donnée 
par  l'objectif.  L'intervalle  dont  le  microscope  a  avancé  représente  la  profondeur  du 
plan  focal  à  l'intérieur  de  la  croix  noire. 

»  Oculaires.  —  La  détermination  des  constantes  des  oculaires  s'effectue  de  la  même 
manière;  et  avec  les  mêmes  variantes  selon  les  types. 

»  Angle  d'ouverture.  — •  La  sous-platine  est  complètement  enlevée.  L'objectif  à 
essayer  est  monté  sur  le  microscope,  et  son  foyer  est  amené  sur  l'axe  de  rotation.  A 
cet  effet  on  fixe  le  micromètre  sur  la  face  postérieure  de  la  platine.  On  amène  le  plan 
de  cette  face  à  passer  par  l'axe  de  rotation,  au  moyen  de  repères  tracés  sur  les  man- 
chons. On  met  au  point  sur  le  micromètre  et  on  l'enlève.  L'angle  d'ouverture  est  dès 
lors  l'angle  pour  le  parcours  duquel  le  champ  optique  reste  illuminé  par  une  source 
lumineuse  unique  et  étroite  située  dans  le  plan  d'horizon  de  l'axe  optique.  Uouver- 
ture  numérique  s'en  déduit  selon  les  conventions  établies. 

»  Distorsion.  —  L'objectif  à  essayer  est  fixé  en  O.  Le  microscope  est  pourvu  d'un 
grossissement  faible,  exempt  de  distorsion  appréciable  pour  l'étendue  du  champ  de 
l'objectif  O;  ainsi  que  de  la  chambre  claire  à  angle  variable  du  D*"  Malassez,  M,  calée 
dans  une  position  telle  que  les  arêtes  du  prisme  soient  verticales.  On  fait  choix  d'une 
vue  comprenant  un  certain  nombre  de  verticales,  qui  donnent  pour  images,  dans  la 
chambre  claire,  des  droites  verticales;  dans  l'objectif,  des  lignes  plus  ou  moins  incur- 
vées. On  amène  l'une  des  droites  à  constituer  la  corde  de  l'une  des  courbes;  et  on  lit 
sur  le  micromètre  la  distance  du  sommet  de  la  courbe  au  centre,  la  longueur  de  la 
flèche  et  la  hauteur  de  corde  correspondante.  Il  ressort  de  là  une  idée  nette  de  l'erreur 
dont  peut  être  affectée  du  fait  de  la  distorsion  la  mesure  de  la  longueur  focale  (').   » 

(')  L'instrument  se  distingue  essentiellement  d'une  simple  réduction  en  miniature 


SÉANCE    DU   3    AOUT    igoS.  ^l"] 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Sur  le  tèlèMnc.  Note  de  M.  L.  Torres, 
présentée  par  M.  Appell. 

«  Les  appareils  de  démonstration  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à 
l'Académie  (*)  constituent  un  système  que  j'ai  nommé  télékine,  destiné  à 
commander  de  loin  la  manœuvre  d'une  machine  au  moyen  d'un  télégraphe 
avec  ou  sans  fil. 

»  Il  y  a  lieu  d'établir  une  différence  radicale  entre  le  télékine  simple  et 
le  télékine  multiple.  Le  premier  sert  à  commander  seulement  un  mouve- 
ment à  un  degré  de  liberté  (par  exemple  celui  d'un  levier  qui  tourne 
autour  de  son  axe);  le  second  sert  à  commander  plusieurs  mouvements 
différents. 

))  Le  télékine  simple  est  constitué  par  un  appareil  télégraphique  qui,  à 
chaque  signal  transmis,  fait  avancer  d'un  pas  une  aiguille  qui  tourne  sur 
un  cadran,  comme  dans  le  télégraphe  Bréguet,  et  d'un  servomoteur  dont 
les  mouvements  sont  commandés  par  cette  aiguille.  On  a  recours  à  un 
servomoteur  électrique,  et  le  rôle  de  l'aiguille  se  limite  à  entraîner  un  ou 
plusieurs  balais,  qui  glissent  sans  frottement  appréciable  sur  un  disque 
garni  de  plots;  la  position  de  l'aiguille  détermine  l'établissement  ou  l'inter- 
ruption des  contacts  qui  peuvent  avoir  lieu  entre  les  balais  et  les  plots,  et 
règle,  par  ce  fait,  la  marche  du  servomoteur. 

»  La  commande  peut  se  faire  de  plusieurs  manières;  j'en  indiquerai  trois,  qui  me 
paraissent  particulièrement  intéressantes.  Nous  supposerons,  pour  fixer  les  idées,  que 
l'aiguille  de  l'appareil  télégraphique  commande  un  servomoteur  destiné  à  manœuvrer 
la  barre  du  gouvernail  d'un  bateau. 

»  1°  Coinmande  directe.  —  L'aiguille  sert  elle-même  de  commutateur;  elle  doit 
admettre  trois  positions,  qui  correspondent  au  repos,  à  la  marche  en  avant  et  à  la 
marche  en  arrière  du  moteur.  Gela  permettra  d'amener  chaque  fois  le  gouvernail  à  la 
position  voulue. 

»  2°  Orientation  arbitraire  du  gouvernail  par  rapport  au  bateau.  — Sur  le  même 
axe  que  l'aiguille  de  l'appareil  télégraphique  est  monté  un  disque  D,  en  matière  iso- 
lante, qui  porte  deux  plots,  P,  P',  en  forme   d'arc  de  cercle,    embrassant  chacun   un 

du  banc  d'optique  classique,  par  la  méthode  photogrammétrique  de  détermination 
des  constantes  fondamentales.  Les  détails  de  son  emploi  et  la  discussion  des  erreurs 
de  la  méthode,  tant  en  Photographie  qu'en  Microscopie,  sont  exposés  dans  un  Ou- 
vrage :  la  Focimétrie  photogrammétrique,  actuellement  à  l'impression. 

(*)  Une  boîte  pourvue  d'une  hélice  et  d'un  gouvernail,  dont  les  mouvements 
peuvent  être  commandés  à  distance  au  moyen  de  la  télégraphie  sans  fil. 

C.  K.,  igoS,  a«  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  5.)  42 


3l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

angle  presque  égal  à  deux  droits  et  laissant  entre  eux  deux  espaces  E,  E'  diamétrale- 
ment opposés.  Ce  disque  n'a  aucune  liaison  mécanique  avec  Taiguille  et  peut  tourner 
librement.  L'aiguille  porte  un  balai  qui  glisse  sur  les  deux  plots  P,  P'.  Un  courant 
électrique  qui  passe  par  le  balai  et  par  le  plot  avec  lequel  il  est  en  contact,  fait  que  le 
disque  D,  commandé  directement  par  le  servomoteur,  tourne  dans  un  sens  quand  le 
contact  a  lieu  avec  P  et  dans  le  sens  contraire  quand  il  a  lieu  avec  P';  cela  a  pour 
effet,  un  moment  de  réflexion  le  fait  comprendre  aisément,  de  ramener  un  des 
espaces  E,  E',  toujours  le  même,  en  contact  avec  le  balai  ;  en  d'autres  termes  :  le  disque, 
entraîné  par  le  servomoteur,  marche  de  telle  sorte  que  le  diamètre  E,  E' prend  la  même 
orientation  que  le  balai, 

»  3°  Détermination  arbitraire  du  rhunib  du  bateau.  —  Imaginons  un  disque  A 
qu'on  peut  orienter  arbitrairement,  comme  le  disque  D  du  cas  antérieur;  montons  une 
boussole  sur  l'axe  de  ce  disque,  et  dans  sa  périphérie  deux  buttoirs  B,  B',  entre  les- 
quels est  emprisonnée  une  des  extrémités  de  la  boussole,  tout  en  lui  laissant  un  cer- 
tain jeu,  de  façon  qu'elle  ne  touche  pas  les  deux  buttoirs  en  même  temps.  La  boussole, 
en  touchant  un  des  buttoirs,  établira  un  courant  et  fera  marcher  le  servomoteur  dans 
un  certain  sens  si  le  courant  passe  par  B,  et  dans  le  sens  contraire  s'il  passe  par  B' ;  le 
servomoteur  agira  directement  sur  le  gouvernail  et  le  déviera,  dans  chaque  cas,  de 
façon  à  faire  que  le  diamètre  du  disque  A  équidistant  de  B  et  de  B'  vienne  se  placer 
dans  la  direction  du  méridien  magnétique.  Or,  comme  l'on  peut  orienter  arbitraire- 
ment ce  diamètre  par  rapport  au  bateau,  on  peut,  en  somme,  orienter  le  bateau  par 
rapport  au  méridien  magnétique. 

»  Le  télékine  multiple  sert  à  manœ  ivrer  plusieurs  appareils  A,,  Ao, 
A3,  ...  avec  une  seule  ligne  de  télégraphie  sans  fil.  Pour  faire  que  chaque 
signal  agisse  sur  l'appareil  auquel  il  est  destiné,  et  non  pas  sur  un  autre,  on 
met  à  profit  la  différence  de  durée  de  ces  signaux,  différence  analogue  à 
celle  qui  existe  entre  les  points  et  les  traits  du  télégraphe  Morse.  A  cet  effet, 
il  y  a  un  appareil,  nommé  distributeur,  qui  envoie  chaque  trait  dans  un  cir- 
cuit y  et  chaque  point  dans  un  circuit  a. 

»  En  passant  dans  le  circuit  y  le  courant  fait  avancer  d'un  pas  une 
aiguille  C,  qui  sert  de  commutateur. 

»  Le  courant  du  circuit  a  agit  chaque  fois  sur  l'un  des  appareils  A,,  A., 
A3  ...  ;  sur  celui  qui  est  en  circuit  quand  le  courant  passe,  et  c'est  préci- 
sément l'aiguille  C  qui,  par  sa  position,  que  nous  pouvons  régler  arbitraire- 
ment, déterminera  l'entrée  en  circuit  de  tel  appareil  que  nous  voudrons,  à 
l'exclusion  de  tous  les  autres. 

»  Les  organes  mécaniques  du  commutateur  et  de  cJiacun  des  appareils  A],  A2,  A3  .  .  . 
étant  les  mêmes  que  ceux  d'un  télékine  simple,  il  me  suffira  de  donner  une  description 
sommaire  du  distributeur. 

»  Il  comprend  :  1°  une  pièce  M,  d'inertie  relativement  considérable,  qui  porte  deux 
plots  P,  P',  et  tend  à  tourner  autour  d'un  axe,  sous  l'action  d'un  ressort  qui  la  pousse; 
2°  une  pièce  N,  qui,  dans  sa  position  normale,  empêche  la  pièce  M  de  tourner,  et  qui 


SÉANCE    DU    3    AOUT    lÇ)o3.  3ig 

porte  119  plot  T.,  lequel  peut,  dans  certains  cas,  entrer  en  contact  soit  avec  P,  soit 
avec  P'. 

»  Tout  signal  électrique  reçu,  point  ou  trait,  agit  sur  un  électro  E,  qui  déplace  la 
pièce  N  et  permet  le  mouvement  de  la  pièce  M,  entraînée  par  le  ressort;  dès  que  le 
courant  cesse,  un  ressort  antagoniste  de  l'électro  E  ramène  la  pièce  N,  et  dans  ce 
mouvement  de  retour,  le  plot  r  vient  en  contact  soit  avec  P,  soit  avec  P';  cela  dépend 
de  l'angle  parcouru  pendant  la  durée  du  signal,  point  ou  trait,  par  la  pièce  M  qui  est 
à  entraînement  lent  à  cause  de  son  inertie. 

»  Quand  le  courant  passe  par  P,  il  agit  sur  le  commutateur  ;  quand  il  passe  par  P',  il 
agit  sur  l'appareil  A,  qui  se  trouve  en  circuit;  dans  les  deux  cas,  il  agit  sur  un  électro 
dont  l'action  remet  les  pièces  M  et  N  dans  leur  position  normale,  prêtes  à  recevoir  un 
nouveau  signal. 

»  Parmi  les  nombreuses  applicalions  dont  le  télékine  est  susceptible,  on 
peut  signaler  les  essais  de  ballons  dirigeables,  qui  pourraient  être  réalisés 
avec  une  économie  très  considérable  et  sans  aucun  danger  pour  l'expéri- 
mentateur; et  la  direction  des  torpilles  sous-marines,  qui  serait  particuliè- 
rement intéressante,  si  l'on  peut  obtenir  la  syntoniedu  télégraphe  sans  fil, 
poi]r  empêcher  que  l'ennemi  puisse  envoyer  des  signaux  et  perturber  la 
commande  de  l'appareil  (').  » 

CHIMIE   PHYSIQUE.    -  Nouvelles  lois  de  tonomélrie,  qiion  peut  déduire 
des  expériences  de  Raoult.  Note  de  M.  E.  Wickebsheimek. 

«  Nous  adopterons,  dans  ce  Travail,  les  notations  de  Raoult  ainsi  que 
le  numérotage  des  équations  qu'il  fait  figurer  dans  son  Ouvrage  Tono- 
métrie  (-). 

»  L'équation  de  Clapeyron-Glausius  devient,  par  une  transformation 
facile, 

/    \  d'  _  T'  df         ou 

/désignant  la  tension  de  vapeur  du  dissolvant,  T  la  température  absolue, 
M'  le  poids  moléculaire,  L2  la  chaleur  latente  de  vaporisation,  d' la  densité 
de  vapeur  latente  réelle,  c^la  densité  de  vapeur  théorique. 

»    Si  l'on  considère  une  dissolution  aqueuse  étendue  dont  l'abaissement 


(')  Qu'il  me  soit  permis  de  remercier  M.  Kœnigs,  qui  m'a  ouvert  son  laboratoire 
de  Mécanique  de  la  Sorbonne  et  m'a  donné  toute  sorte  de  facilités  pour  y  construire 
le  télékine,  et  aussi  à  M.  O.  Rochefort,  qui  m'a  prêté  les  appareils  de  télégraphie  sans 
fil  nécessaires  à  mes  expériences,  et  m'a  aidé  à  les  régler  en  vue  de  celte  application. 

(^)  Collection  Scientia,  1900.  C.  Naud,  éditeur,  à  Paris. 


320  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

du  point  de  congélation  est  C  et  qui,  à  cette  température  de  congélation, 
possède  une  tension  de  vapeur/',  on  a 

('3)  f  =  '>988™^-^'. 

OÙ  L  est  la  chaleur  latente  de  fusion  de  la  glace,  T  la  température  de 
congélation  de  l'eau  pure. 

»  D'autre  part,  d'après  la  loi  de  Raoult  et  Recoura,  -—/-  est  propor- 

tionnel  à  -t'  quelle  que  soit  la  température;  on  peut  donc  écrire,  quelle 
que  soit  la  température  T', 

substituant  T'  à  T  dans  (2),  on  a 

(■5)'  (^),.=  ,.,jM'^.Ji'-988- 


cl )r       L2X  M'x  5  dV 

»  Dans  cette  équation,  on  peut  remplacer -iî^7  par  ''— r^  -  «  si  l'élévation 

»  de  la  température  d'ébullition  (ici  T')  de  la  dissolution  n'excède  pas 
»  trop  un  degré  »  comme  le  dit  textuellement  Raoult.  Divisant  ensuite, 
membre^à  membre  (i5)  el  (i5)',  il  vient 

CL.         T^ 

»  Je  crois  être  le  premier  à  signaler  cette  loi  qui  a  échappé  à  Raoult 
aussi  bien  qu'aux  auteurs  tels  qu'Arrhénius  et  Van't  Hoff  qui  ont  discuté 
les  résultats  de  Raoult.  Cette  loi  peut  s'énoncer  ainsi  : 

»  Première  loi.  —  Les  dépenses  de  chaleur  nécessaires  pour  séparer  d'une 
dissolution  une  même  fraction  du  dissolvant  à  l'état  solide  ou  à  l'état  de 
vapeur  sont  dans  le  rapport  du  carré  des  températures  absolues  de  congélation 
et  d'éhuUition. 

))  Raoult,  se^bornaaL  à  comparer  les  équations  (-2)  et  (i3)  où  T  repré- 
sentait le  point  de  glace  dans  chacune  d'elles,  était  arrivé  à  l'équation 

CL,  =  Al.o 

et  la  loi  qu'elle  exprime  est  un  cas  particulier  de  la  mienne.  Il  va  de  soi 
que  la  loi  que  je  viens  de  formuler  n'est  valable  que  dans  les  limites,  indi- 
quées par  Raoult,  où  les  équations  (i3)  et  (i5)  sont  vraies,  c'est-à-dire 
pour  les  dissolutions  étendues. 


SÉANCE    DU    3   AOUT    190^.  32 t 

»  La  première  loi  tonométrique,  dite  loi  de  Raoult,  s'écrit  ainsi  : 

(21)  ■LzfLu'=  Aconst., 

A  s'appelle  la  diminution  moléculaire  de  tension  de  vapeur,  M  désigne  le 
poids  moléculaire  de  la  substance  fixe  dissoute,  P  le  poids  de  cette  sub- 
stance dissoute  dans  loo^  du  dissolvant. 

»  La  deuxième  loi,  dite  de  Raoult  et  Recoura,  s'écrit  ainsi  : 


(i« 


/— /'  M  Xioo  _  ri' 


/.P  M'       ~"  d 

»   Comparant  (i/j)  à  (21),  il  vient 

/  p  X  A  X  1 00  d' 


A 

X  100 

M' 

M' 
28,8 

:>    ( 

l'où 

_  A 

X  i 

100 

»   Or,  par  définition,  r/  = 

([i')  d'=^  ^^^""^Bconsl. 

^     ^  28,8 

»  Avant  d'interpréter  ce  résultat,  il  faut  se  rappeler  que  la  loi  de  Raoult 
est  restreinte  à  un  même  dissolvant,  tandis  que  celle  de  Raoult  et  Recoura 
est  tout  à  fait  générale;  mais  l'une  et  l'autre  supposent  les  dissolutions 
étendues. 

»   Revenons  à  l'équation  (^')  ;  elle  peut  s'énoncer  ainsi  : 

»  Deuxième  loi.  —  Quelle  que  soit  la  substance  fixe  (non  électrolyte)  dis- 
soute dans  un  dissolvant  donné,  la  densité  de  la  vapeur  saturée  de  la  dissolution 
est  constante,  c  est-à-dire  indépendante  de  la  nature  et  du  poids  de  la  sub- 
stance dissoute,  lorsque  la  dissolution  est  étendue. 

»  Si  l'on  mesure  la  densité  de  la  vapeur  émise  par  un  dissolvant  conte- 
nant des  substances  organiques  quelconques,  ma  deuxième  loi  permettra 
de  fixer  le  degré  de  précision  de  celle  de  Raoult;  ensuite,  si  l'on  répète 
l'opération  successivement  avec  des  dissolvants  différents,  on  vérifie  de 
même  celle  de  Raoult  et  de  Recoura, 

»  Lorsque  les  dissolutions  sont  concentrées,  la  densité  de  vapeur 
saturée  devient  une  fonction  assez  compliquée  de  la  tension  de  vapeur,  du 
poids  de  la  substance  dissoute,  de  son  poids  moléculaire  et  de  celui  du 
dissolvant 

,  _  /— /'        100  M  4-  l^M' 
u)  "  —  ~Y~  ^   28,8.PMM'  ' 

par  application  de  la  formule  (22  bis)  tle  l'Ouvrage  de^Raoult. 


3^1  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

->  Je  signalerai,  pour  terminer,  une  correction  à  faire  an  coefficient  1,988, 
rjni  est  trop  élevé  de  j^  environ. 

')   Ce  coefficient  provient  de  la  réduction  de  l'expression  numérique 

13,596  X  760  X  28,8 
/i^S  X  ?.73  X  1,2982 

»  En  effectuant  les  opérations  arithmétiques,  on  trouve  1,98 335. 
»  Bemarqiie.  —  T' désignant  la  température  absolue  d'ébullition,  la  for- 
mule d'Arrhénius  (27)  s'écrit 

A  T'- 

p  X  M  ^  0,01988  J-; 

T  désignant  la  température  de  congélation,  la  formule  de  Van't  Hoff  (28) 

s'écrit 

C  T- 

-  X  M  —  0,01988  y-- 

"^  \ 

Divisant  membre  à  membre,  on  a 

AL2  _  T'2 

cc;  "~  T^' 

ce  qui  est  exactement  ma  première  loi.    » 

PHYSIQUE.  —  Courbes  de  pression  des  systèmes  unwarlants  qui  comprennent 
une  phase  gazeuse.  Note  de  M.  A.  Bouzat. 

«  J'ai  montré  {Comptes  rendus,  t.  CXXXVI,  p.  i395  et  L  CXXXVII, 
p.  175)  que  les  courbes  de  dissociation  des  systèmes  sol. ^  sol.  H-  gaz.  et  les 
courbes  de  sublimation  (courbes  sol. ^  gaz.)  peuvent  être  rangées  dans  un 
même  groupe  et  sont  reliées  par  la  loi  suivante  :  le  rapport  des  tempéra- 
tures absolues  correspondant  à  une  même  pression  dans  deux  systèmes 
quelconques  du  groupe  est  constant  quelle  que  soit  la  pression. 

»  Les  courbes  liq.^sol.4-  gaz.  ne  se  déduisent  pas  des  courbes  du  pre- 

.  T  . 

mier  groupe  d'après  la  loi  ?|^  =  const.;  mais  elles  forment  un  deuxième 

groupe,  dans  lequel  la  même  relation  est  vérifiée.  Les  courbes  sol. ^liq.+gaz. 
constituent  de  même  un  troisième  groupe.  J'ai  trouvé  sept  exemples  du 
deuxième  groupe;  le  troisième  groupe  comprend  la  classe  importante  des 
hydrates  de  gaz.  Les  courbes  liq.T-liq.-4- gaz.  sembleraient  devoir  former 
un  quatrième  groupe,  qui  comprendrait  aussi  les  courbes  de  vaporisation 
(courbes  liq.^gaz.);  mais  les  exemples  de  courbes  liq.^liq . -h  gaz. 
manquent  jusqu'ici. 


SÉANCE    DU    3    AOUT    I903.  323 

»   Il  y  a  lieu  d'observer  que  les  systèmes  du  premier  groupe 

(sol.^so].  +  gaz.     et     sol.^gaz.) 

ne  renferment  que  des  phases  pures.  Au  contraire,  dans  les  autres  sys- 
tèmes, le  liquide  peut  dissoudre  partiellement  le  solide  et  le  gaz;  on  con- 
çoit que,  par  suite  de  ce  phénomène  secondaire,  la  loi  soit  vérifiée  avec 
moins  d'exactitude;  les  hydrates  de  gaz  très  solubles,  comme  ceux  de 
l'acide  chlorhydrique  et  de  l'acide  bromhydrique,  s'éloignent  même  nette- 
ment des  autres  composés  de  leur  groupe. 

T 
»  De  la  relation  ^  =  const.  il  résulte  que,  lorsque  deux  courbes  d'un 

même  groupe  ont  un  point  commun,  elles  doivent  coïncider.  Qu'arrive-t-il 
quand  deux  courbes  de  groupe  différent  se  rencontrent?  Pour  s'en  rendre 
compte,  il  n'y  a  qu'à  comparer  les  rapports  des  températures  absolues  qui 
correspondent  à  deux  pressions  déterminées  dans  chaque  système.  On  voit, 
de  cette  façon,  qu'en  un  point  déterminé  du  plan  une  courbe  sol.^liq.  -f-gaz. 
fait  en  général  avec  l'axe  des  températures  un  angle  plus  grand  qu'une 
courbe  sol.  ^^  sol.  +  gaz.  ou  sol.  ^  gaz.;  celle-ci  un  angle  plus  grand  qu'une 
courbe  liq.^gaz.;  cette  dernière  enfin,  un  angle  plus  grand  qu'une  courbe 
liq.^  sol.  -f-  gaz. 

»  A  titre  d'exemple,  j'indiquerai  pour  quelques  systèmes  de  chaque  groupe 
le  rapport  ~^  des  températures  absolues  qui  correspond  aux  pressions  de  900°''"  et 
de  3oo'"™;  les  Tableaux,  complets  paraîtront  dans  un  Mémoire  détaillé. 


Valeurs  de  —^ 


Groupe  1. 


sol.  ^  liq.  +  gtiz. 


Hydrate  de  CH'Cl....      i,o33 
Hydrate  de  Cl t,o32 


Groupe  U. 


sol.  :^  sol. -f- gaî    et    sol,  ;^  gaz. 

AzH<Gl,3AzH' 1,070 

ZnCI-,6A.zH3 1,073 

CO-Az2H«(sol^8az).     1,062 


Gi'oiipe  111. 


liq. 


Cl 

C«H^F 

CH^COCH' 


1, 102 
1 ,100 
',097 


Groupe  IV. 
liq.  v^  sol.  -t-gaz. 

AzO'AzH',4AzH'...      1,109 

Se  02,2  H  Cl 1,111 

AzH*I,  3AzH3 1,098 


»  En  résumé,  on  peut  distinguer  quatre  groupes  de  systèmes  univariants  : 
le  groupe  I  des  systèmes  sol.  ;=- liq. -f- gaz,  le  groupe  II  des  systèmes 
sol.  ^  sol.  4- gaz  et  des  systèmes  sol.  'ï gaz,  le  groupe  III  des  systèmes 
liq.  ^ liq.  -H  gaz  et  des  systèmes  liq.  ^  gaz,  le  groupe  IV  des  systèmes 
liq.  ^sol.  -I-  gaz.  A  ces  quatre  groupes  s'applique  la  loi  suivante  :  le  rapport 
des  lempéraLiires  absolues  correspondant  à  une  même  pression  dans  deux  sys- 
tèmes quelconques  d'un  même  groupe  est  constant  quelle  que  soit  la  pression. 


324  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

D'après  la  formule  de  Clapeyron,  cette  proposition  est  équivalente  à  une 
autre  :  la  variation  d'entropie  qui  résulte  de  la  mise  en  liberté  d'une  molécule 
de  gaz  sous  une  pression  déterminée  a  la  même  valeur  pour  tous  les  systèmes 
d'un  même  groupe.  D'-âuire  part,  quand  quatre  courbes  de  groupes  différents 
se  rencontrent,  les  angles  formés  par  leurs  tangentes  avec  l'axe  des  tem- 
pératures vont  en  général  en  décroissant  de  la  courbe  I  à  la  courbe  IV.  Il 
résulte  de  là,  d'après  la  formule  de  Clapeyron,  que  les  variations  d'entropie 
qui  correspondent  au  passage  d'une  molécule  de  l'état  solide  ou  de  l'état 
liquide  à  l'état  gazeux  sous  une  pression  déterminée  décroissent  aussi  du 
groupe  I  au  groupe  IV.  » 


CHIMIE  ANALYTIQUE.    —   Dosage  de  la  pyridine  en  solution  aqueuse. 
Note  de  M.  Maurice  François,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Il  n'existe  pas  de  procédé  exact  permettant  de  doser  la  pyridine  en 
solution.  Le  dosage  au  moyen  d'un  acide  titré,  en  présence  des  indicateurs 
colorés,  ne  donne  pas  de  résultats  satisfaisants,  même  entre  des  mains 
habiles.  J'ai  essayé  une  méthode  employée  pour  les  alcaloïdes  et  consistant 
à  ajouter,  à  la  solution  à  titrer,  un  excès  de  solution  d'iode  dans  l'iodure  de 
potassium  et  à  titrer  l'iode  resté  en  solution  après  dépôt  du  periodure  de 
pyridine  cristallisée  décrit  par  MM.  Prescott  et  Trowbridge  (').  Malheu- 
reusement, je  me  suis  aperçu  que  la  pyridine  n'est  pas  entièrement  préci- 
pitée et  que  la  composition  du  dépôt  est  variable. 

»  Le  dosage  à  l'état  de  chloraurate  m'a  fourni,  au  contraire,  des  résultats 
très  précis.  Les  développements  que  j'ai  donnés  sur  l'existence  de  plusieurs 
combinaisons  de  pyridine  et  de  chlorure  d'or  (-)  montrent  qu'il  n'était  pas 
permis  de  décider  a  priori  si  le  dosage  à  l'état  de  chloraurate  était  appli- 
cable; je  demande  la  permission  d'exposer  brièvement  la  méthode. 

»  Elle  repose  sur  les  faits  suivants  : 

»  1°  Les  diverses  combinaisons  de  pyridine  et  de  chlorure  d'or  étant  chauffées  en 
présence  d'acide  chlorhydrique  et  de  chlorure  d'or  retournent  toutes  à  l'état  de  chlor- 
aurate ordinaire  C^H^  AzHGl.  AuCF. 

»  2°  Le  chloraurate  ordinaire  supporte  la  température  de  ioo°  sans  changer  de 
poids  et  sans  s'altérer  en  aucune  façon.  Si  l'on  met  dans  une  petite  capsule  tarée  un 


(')  Prescott  et  Trowbridge,  Amer.  chem.  Society,  t.  XVII,  p.  865. 
(^)   Comptes  rendus,  22  juin  igoS. 


SÉANCE    DU    3    AOUT    igoS.  325 

poids  déterminé  de  chloraurate,  si  on  le  dissout  dans  l'eau  additionnée  de  quelques 
gouttes  d'acide  chlorhydrique,  qu'on  évapore  au  bain-marie  bouillant  et  qu'on  pèse 
après  séjour  dans  un  exsiccateur,  on  observe  que  le  poids  du  chloraurate  n'a  en  aucune 
façon  varié. 

»  3°  Le  chloraurate  C^H^AzHCl.AuCl»  est  sensiblement  insoluble  dans  l'éther  pur, 
tandis  que  le  chlorure  d'or  y  est  très  soluble.  En  laissant  en  contact  prolongé  à  une 
température  constante  de  20°  l'éther  pur  avec  un  excès  de  chloraurate  pur,  pesant  le 
résidu  d'évaporation  de  loo™'  d'éther  saturé  et  renouvelant  plusieurs  fois  la  même 
expérience  sur  le  même  chloraurate,  j'ai  trouvé  que  loo"''  d'éther  dissolvent  os,oo8 
de  chloraurate  (à  la  température  de  20°),  correspondant  à  oS,ooi5  de  pyridine. 

»  Marche  du  dosage.  —  La  pyridine  étant  supposée  amenée  à  l'état  de  solution 
aqueuse  diluée  ou  à  l'état  de  chlorhydrate  dissous,  on  mesure  de  cette  solution  une 
prise  d'essai  correspondant  à  oS,  100  au  moins  de  pyridine  ;  on  la  place  dans  un  verre  de 
Bohême  cylindrique  de  laS'^'"',  y  ajoute  20  à  3o  gouttes  d'acide  chlorhydrique,  puis  un 
excès  de  chlorure  d'or  pur  dissous.  Il  se  forme  un  précipité  et  l'on  est  assuré  qu'il  y  a 
un  excès  de  chlorure  d'or  si  la  liqueur  surnageante  est  fortement  jaune.  On  porte  alors 
sur  un  bain-marie,  de  préférence  en  faisant  plonger  la  partie  inférieure  du  verre  dans 
la  vapeur;  on  évapore  à  siccité.  Aussitôt  que  l'évaporation  est  complète  et  qu'on  ne 
perçoit  plus  l'odeur  d'acide  chlorhydrique,  on  porte  dans  un  exsiccateur  pour  éviter 
que  la  matière  desséchée  absorbe  l'humidité.  On  lave  alors  le  dépôt  rapidement  par 
décantation  avec  de  l'éther  pur  exempt  d'aldéhyde  et  l'on  reçoit  les  liquides  de  lavage 
sur  un  fdtre  sans  plis  ;  on  fait  ensuite  passer  le  précipité  sur  le  filtre  au  moyen  d'un  jet 
d'éther  et  on  lave  le  filtre  à  l'éther.  La  présence  d'un  excès  de  chlorure  d'or  se  reconnaît 
au  début  à  ce  que  l'éther  s'est  coloré  en  jaune,  la  fin  du  lavage  à  ce  qu'il  passe  inco- 
lore. Ces  opérations  exigent  au  plus  5o'^'"'  d'éther. 

»  Le  verre  retenant  un  peu  de  chloraurate  adhérent,  on  le  lave  avec  de  l'eau  dis 
tillée  bouillante  qui  dissout  le  chloraurate;  on  réunit  cette  eau  de  lavage  dans  une  pe- 
tite capsule  de  Saxe  tarée  et  on  l'évaporé  au  bain-marie;  dans  la  même  capsule  on 
ajoute  le  filtre,  on  recouvre  d'un  couvercle  et  l'on  chauffe  très  modérément  pour  char- 
bonner  le  filtre.  La  capsule  est  ensuite  découverte  et  la  calcination  peut  se  faire  sans 
crainte  de  pertes.  On  pèse  l'or  resté  comme  résidu. 
»  A  196,6  d'or  correspondent  79  de  pyridine. 

»  La  pyridine  se  laissant  entraîner  par  la  vapeur  d'eau  avec  une  extrême  facilité,  il 
est  généralement  possible  de  l'amener  à  l'état  de  solution  aqueuse  ou  de  chlorhydrate 
dissous  en  la  mettant  en  liberté  par  un  réactif  approprié  et  faisant  un  entraînement 
par  la  vapeur  d'eau.  Il  convient  de  faire  suivre  le  réfrigérant  de  Liebigd'un  tube  effilé 
plongeant  de  quelques  centimètres  dans  l'acide  chlorhydrique  dilué  qui  retient  les 
vapeurs  de  pyridine  entraînées  au  début.  Cet  acide  est  placé  dans  un  matras  jaugé  et 
l'on  recueille  100'^'"'.  La  pyridine  est  si  facilement  entraînée  qu'elle  passe  presque  en 
entier  dans  les  10  ou  20  premiers  centimètres  cubes.  Pour  les  composés  contenant  de 
riodure  de  mercure  et  de  la  pyridine,  on  place  la  prise  d'essai  dans  un  petit  ballon 
avec  i5s  d'iodure  de  potassium  et  i^  de  potasse  en  solution  étendue  et  l'on  fait  passer 
la  vapeur. 

»    Vérifications.  —  Pour  vérifier  l'exactitude  de  ce  procédé  de  dosage,  on  a  employé 
des  solutions  de  pyridine  de  titre  déterminé.  Celles-ci  ne  peuvent  guère  être  obtenues 
C.   R.,  1903,  2»  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N-  5  )  '\^ 


32()  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

en  partant  de  pvridiue  libre  qu'il  est  difficile  d'obtenir  absolument  pure  et  sèche.  On  a 
préféré  préparer  et  purifier  par  plusieurs  cristallisations  des  sels  de  pyridine  et  Ton  a 
choisi  parmi  ceux-ci  l'azotate  et  le  tartrate  acide.  Ce  dernier,  que  Ton  obtient  facilement 
très  pur,  est  un  des  rares  sels  de  pyridine  non  déliquescents. 

»  On  pesait  exactement  une  prise  d'essai  de  ces  sels  dans  un  matras,  on  mettait  la 
pyridine  en  liberté  par  addition  de  soude  et  l'on  entraînait  par  la  vapeur  d'eau;  on 
recueillait  ainsi  à  l'état  de  dissolution  un  poids  absolument  déterminé  de  pj^ridine. 

»   En  effectuant  alors  le  dosage  suivant  le  mode  indiqué  plus  haut,  on  a  trouvé 

En  partant  de  os,  25o6  d'azotate 08,34/  d'or         Théorie  :  os,  346 

En  partant  de  qs,  246  de  tartrate  acide. ...     os,  208  d'or         Théorie  :  o^,  210 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  amides  secondaires.  Note  de  M.  Tarbouriech, 

présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  I,  Amides  mixtes  ou  dissymétriques.  —  Dans  une  Note  précédente  ('), 
j'ai  montré  que  les  chlorures  d'acides  agissant  sur  les  amides  primaires  en 
tube  scellé  à  la  température  de  iio°-ii5°  donnent  lieu  à  la  formation 
d'amides  secondaires. 

»  L'un  des  avantages  de  cette  méthode  est  de  permettre  l'obtention 
d'amides  secondaires  mixtes  ou  dissymétriques,  de  formule  générale 

R  -  AzH  -  R  , 
dans  laquelle  R  et  R'  représentent  deux  radicaux  différents  d'acides  gras. 

»  La  préparation  de  ces  corps  se  fait  dans  les  conditions  indiquées  au  sujet  des 
amides  secondaires  symétriques,  c'est-à-dire  en  chauffant  l'amide  et  le  chlorure 
d'acide,  mélangés  en  proportion  moléculaire  pendant  six  heures.  Toutefois  le  rende- 
ment est  moins  avantageux  que  dans  le  cas  précédent.  Il  y  a  souvent  formation  de 
chlorure  d'ammonium  et  d'une  quantité  variable  de  nitrile.  La  séparation  de  l'amide 
secondaire  se  (ait  en  distillant  dans  le  vide  au  bain-marie  l'excès  de  chlorure  d'acide 
et  le  nitrile  formé  et  dissolvant  dans  l'eau  bouillante  le  résidu.  J'ai  pu  obtenir  par  cette 
méthode  les  composés  suivants  : 

«  Butytopropionamide.  —  Belles  lamelles  blanches  fondant  à  log". 

»  Isohulyropropionamide.  —  Fines  aiguilles  fondant  à  i4o'\ 

»  hoK'aLéropropionaniide .  —  Amas  feutré  d'aiguilles  blanches  fondant  à  68°. 

»  hobutyrobutyramide.  —  Point  de  fusion,  io3". 

»  Isovalérobutyramide.  —  Point  de  fusion,  88". 

»  IsobiUyroisoi'alprafflide.  —  Point  de  fusion,  94". 

»  Isobutyroi'aléramide.  —  Point  de  fusion,  84". 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXVII,  p.  i?.8. 


SÉANCE    DU    3    AOUT    Hjoû.  327 

»  II.  Quelques  propriétés  des  amides  secondaires. 

»  Solubilité.  —  Les  amides  secondaires  sont  très  solubles  dans  l'élher,  assez  solubles 
dans  l'alcool  fort,  le  benzène,  le  xylène.  L'évaporation  de  ce  dernier  dissolvant  permet 
en  général  de  les  obtenir  sous  forme  de  très  beauv  cristaux.  La  solubilité  dans  l'eau 
va  en  diminuant  au  fur  et  à  mesure  qu'augmente  la  richesse  en  carbone;  la  diacéta- 
mide  se  dissout  facilement  dans  Teau,  la  dipropionamide  est  peu  soluble,  la  dibutvra- 
mide  et  ses  homologues  supérieurs  sont  à  peu  près  insolubles. 

»  Volatilité.  —  Les  amides  secondaires  se  volatilisent  à  des  températures  relati- 
vement basses.  Quand  le  point  de  fusion  est  assez  élevé,  comme  pour  la  propiona- 
mide  (iSS"),  le  corps  se  volatilise  avant  que  l'on  atteigne  le  point  de  fusion.  D'une 
manière  générale,  la  volatilisation  de  ces  composés  est  déjà  notable  à  partir  de  loo"^. 

»  Rôle  chimique.  —  On  pourrait  penser  que  les  amides  secondaires  possèdent,  de 
même  que  les  amides  primaires,  la  propriété  de  se  combiner  à  divers  chlorures  métal- 
liques pour  donner  des  sels  doubles,  tels  que  chloroplatinales,  chloroaurates,  etc. 
Cependant  il  n'en  est  rien. 

»  Si  l'on  dissout  dans  la  plus  petite  quantité  possible  d'alcool  froid  i  molécule  de 
chlorure  de  platine  et  si  l'on  mélange  cette  solution  avec  une  deuxième  solution  faite 
à  chaud  de  2  molécules  d'amide  secondaire  (dipropionamide)  dans  l'alcool,  on  con- 
state, par  le  refroidissement  de  la  liqueur,  que  la  dipropionamide  recristallise  sans 
qu'elle  soit  entrée  en  combinaison  avec  le  chlorure  de  platine. 

»  Si  d'autre  part  on  évapore  jusqu'à  siccité  au  bain-marie  le  mélange  ci-dessus  aci- 
dulé par  l'acide  chlorlijdrique,  on  observe  pendant  l'évaporation  le  dégagement  d'acide 
propionique  et  la  formation  d'un  précipité  nettement  cristallin,  qui,  après  lavage  avec 
un  mélange  éthéro-alcoolique,  présente  à  l'analyse  la  composition  du  chloroplatinate 
d'ammoniaque. 

»  Dans  le  même  sens,  une  solution  benzénique  concentrée  et  froide  d'acide  picrique 
étant  mélangée  avec  une  solution  benzénique  et  chaude  de  dipropionamide,  on  cons- 
tate, par  le  refroidissement,  la  formation  de  cristaux  qui,  après  plusieurs  recristallisa- 
tions dans  le  benzène  bouillant,  possèdent  le  point  de  fusion  de  la  dipropionamide 
pure. 

»  Il  résulte  des  faits  ci-dessus  :  i*^  que  l'introduction  dans  sa  molécule 
d'un  deuxième  radical  d'acide  fiut  perdre  à  la  propionamide  son  caractère 
basique  et  la  propriété  qu'ont  les  amides  primaires  de  se  combiner  à  cer- 
tains chlorures  métalliques  et  à  l'acide  picrique;  2"  qu'en  présence  des 
acides  minéraux  la  dipropionamide  est  rapidement  hydrolysée  avec  trans- 
formation en  sel  ammoniacal.    » 


3-28  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHLMIE  ORGANIQUE.  —  Réduction  des  éthers-sels  des  acides  à  fonction 
complexe.  Note  de  MM.  L.  Bouveault  et  G.  Blanc,  présentée  par 
M.  A.  Haller. 

«  Nous  avons  soumis  à  la  réduction,  au  moyen  du  sodium  et  de  l'alcool 
absolu,  des  éthers-sels  d'acides  non  saturés,  d'acides-alcools,  d'acides 
[3-cétoniques  et  d'acides  bibasiques. 

»  Acides  non  saturés.  —  L'oléate  d'éthyle,  dans  lequel  la  double  liaison  est  éloignée 
du  carboxélhyle,  nous  a  fourni  Valcool  o lé iq ue  O^W^0,\iquiàe  incolore  bouillant 
à  207°  sous  i3'""\  Cet  alcool  se  combine  à  l'isocjanate  de  phénjleen  donnant  une  phé- 
nylurélhane  cristallisant  partiellement;  les  cristaux  fondent  à  38". 

»  Le  p-hexylcrotonate  d'éthyle  nuz/^  =  ^^^  —  GO^C^IP,  produit  de  déshydra- 
tation du  pp-hexylméthyl-p-oxypropionate  d'éthyle  (obtenu  par  la  condensation  de  la 
méthylhexylcétone  avec  l'iodacétate  d'éthyle  sous  l'influence  du  zinc),  a  donné  nais- 

sance  à   un  alcool  saturé,  le  3-méthylnonanol       p„3  yCH  —  CH^— CH-OH,   liquide 

incolore  bouillant  à  ii4°-ii6°  sous  i4""". 

»  La  double  liaison  a  été  également  réduite  dans  le  cinnamate  d'éthyle  qui  a  fourni 
de  l'alcool  phénylpropylique. 

»  Acides-alcools.  —  Les  éthers  des  acides-alcools  que  nous  avons  expérimentés  ne 
se  réduisent  pas  d'une  manière  régulière.  Le  phénylglycolate  d'éthyle  ne  nous  a  fourni 
qu'une  trace  de  phénylglycol. 

»  Le  p-oxy-(3[3-hexylméthylpropionate  d'éthyle  et  l'hydroxygéraniate  d'éthyle  qui 
proviennent  de  la  condensation  de  la  méthylhexylcétone  et  de  la  méthylhepténone 
avec  l'iodacétate  d'éthyle,  subissent  dans  l'hydrogénation  la  décomposition  inverse; 
ils  donnent  les  produits  d'hydrogénation  (alcool  secondaire  et  pinacone)  des  acétones 
génératrices  et  de  l'acétate  d'éthyle. 

»  Acides  ^-cétoniques.  —  Mes  recherches  ont  porté  sur  les  éthers  acétylacétiques 
mono  et  disubstitués.  Dans  tous  les  cas,  le  phénomène  d'hydrogénation  est  accom- 
pagné du  dédoublement  de  la  molécule  par  fixation  d'une  molécule  d'alcool 

Cli^^  -  CO  -  C  -  CO^ C^  H^  +  C^  H^^  O  =  CH2 -  GO^ G^  H '  +  Cil  -  CO^ C^  11^ 
R     R'  R      R' 

))  Chacun  des  deux  éthers  est  alors  réduit  pour  son  compte.  La  réaction  extrême- 
ment nette  pour  les  éthers  acétylacétiques  disubstitués  se  fait  moins  bien  dans  le  cas 
des  éthers  monosubslitués. 

»  Nous  avons  préparé  l'alcool  isobutyléthylique  par  hydrogénation  de  l'éther  iso- 
butylacétylacétique  et  l'alcool  méthylpropyléthylique  au  moyen  de  l'éther  méthylpro- 
pylacétylacétique  ;  ces  deux  alcools  étaient  déjà  connus. 


SÉANCE  DU  3  AOUT  IQoS.  829 

»  Celle  réaction  esl  intéressante  en  ce  qu'elle  permet  d'obtenir  très  simplement  des 
alcools  primaires  de  constitution  compliquée. 

»  Acides  bibasiques.  —  En  principe,  en  réduisant  les  éthers  des  acides  bibasiques, 
on  obtient  les  glycols  biprimaires  correspondants,  mais  l'obtention  de  ces  glycols  est 
extrêmement  laborieuse  pour  les  acides  bibasiques  les  plus  simples,  à  cause  de  la 
solubilité  dans  l'eau  et  de  l'insolubilité  dans  l'éther  des  glycols  obtenus;  il  est  très 
difficile  de  les  séparer  de  la  soude  et  des  sels. 

»  Nous  avons,  de  plus,  constaté  que  tous  les  éthers  d'acides  bibasiques  susceptibles 
de  se  condenser  sous  l'influence  du  sodium  ou  de  Téthylate  de  sodium,  se  réduisent 
très  mal  :  ils  sont  en  effet  transformés  en  dérivés  sodés  qui  les  font  échapper  à  la  réac- 
tion. C'est  ce  qui  arrive  pour  les  éthers  de  la  plupart  des  acides  des  séries  succinique 
et  adipique. 

»  Nous  avons  obtenu  avec  Tsta-diméthylsuccinate  d'éthyle  le  2-diméthylbutane- 
diol  14,  liquide  incolore  et  visqueux,  bouillant  à  laS"  sous  10°"". 

»  L'aa-diméthylglutarate  d'éthyle  nous  a  fourni  le  2-diméthylpentanediol  i5  bouil- 
lant à  i34°  sous  lo""'^. 

»  La  réduction  de  l'adipate  d'éthyle  est  particulièrement  laborieuse;  elle  nous  a 
fourni  une  très  petite  quantité  d'hexanediol  16,  bouillant  à  i5i°  sous  12°"",  fondant 
à  35°,  identique  au  produit  récemment  obtenu  par  M.  Hamonet  {Comptes  rendus, 
t.  CXXXYI,  p.  245). 

»  Le  p-méthyladipate  d'éthyle  conduit  au  3-méthylhexanediol  16,  liquide  visqueux, 
bouillant  à  i55°  sous  12'"'". 

»  L'hydrogénation  des  éthers  méthyliques  des  acides  subérique  et  sébacique  se  fait 
beaucoup  plus  facilement.  On  obtient,  dans  le  premier  cas,  l'octanediol  iS  qui  distille 
à  172°  sous  20"^",  et  forme,  après  cristallisation  dans  un  mélange  d'alcool  et  de  benzène, 
de  beaux  cristaux  fusibles  à  63°  ;  dans  le  second  cas,  le  décanediol  1. 10  qui  bouta 
179°  sous  II'"'"  et  cristallise  aussitôt.  Il  se  dépose  du  benzène  en  magnifiques  cristaux 
incolores  fondant  à  7  1°,  5.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  de  la  phényl/iydrazine  sur  les  bromures  et 
iodures  alcooliques.  Note  de  M.  .1.  Allain-Le  Caxu,  présentée  par 
M.  A.  Ditte. 

«  M.  Emile  Fischer  ('),  en  faisant  réagir  à  chaud  le  bromure  d'éthyle 
sur  la  phénylhydrazine,  a  montré  qu'on  obtenait  un  ensemble  de  corps 
d'où  l'on  pouvait  isoler  facilement  au  moyen  de  la  soude  caustique  le  com- 
posé C«H^Az•^  H^(C-H5)- Br. 

»  Avec  l'iodure  d'éthyle  la  réaction  était  si  vive  qu'elle  devenait  dange- 
reuse; aussi  MM.  Genvresse  etBourcel  (-)  ont-ils  pris  soin  de  dissoudre  ce 
corps  dans  l'alcool  absolu.  J'ai  complété  ce  travail. 


(')  Deuts.  chem.  Ges.,  t.  IX,  p.  885. 
(-)    Comptes  rendus,  t.  CXXVIII,  p.  564. 


33o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Successivement  j'ai  opéré  avec  le  bromure  d'éthyle,  les  iodures  de 
mélhyle,  d'éthvle,  de  propyle  normal,  d'isopropyle,  d'isobdtvle  et  d'iso- 
amyle,  en  variant  les  proportions  des  réactifs  et  les  quanlités  d'alcool. 

»  J'ai  pu  isoler  ainsi  quatre  sortes  de  cristaux  :  des  cristaux  formés  par  des 
sels  contenant  une,  deux  et  trois  molécules  de  phénylhydrazine  et  dont 
l'acidité  se  titre  facilement  à  la  phtaléine  du  phénol,  et  des  cristaux  ne  s'y 
titrant  pas  et  contenant  deux  groupes  alcooliques  avec  une  molécule  d'halo- 
gène et  une  molécule  de  phénvihydrazine. 

»  Bromure  cféthyle  et  phénylhydrazine.  —  Si  l'on  verse  de  la  phénylhydrazine 
dans  une  solution  alcoolique  très  concentrée  de  bromure  d'éthyle  on  obtient  d'abord 
un  bromure  de  phénylhydrazine  bibasique  (C*H*Az2H*)2HBr,  qui  peu  à  peu  se  trans- 
forme en  un  sel  n'ayant  plus  qu'une  molécule  de  phénylhydrazine,  en  même  temps  que 
se  dépose  le  composé  neutre  C^tt'^Az2H2(C-H^)-Br.  Ce  dernier  est  séparé  du  précédent 
grâce  à  sa  plus  grande  solubilité  dans  l'alcool  absolu. 

))  Iodures  de  méthyle,  d'éthyle  et  phénylhydrazine.  —  En  solutions  concen- 
trées la  réaction  de  la  phénylhydrazine  sur  les  iodures  de  méthyle  et  d'éthyle  doit  être 
effectuée  dans  un  mélange  de  glace  et  de  sel  ;  elle  donne  encore  de  Viodhydrate  6i6a- 
5/^«e  de  phénylhydrazine  (C''H^Az2IP)-HI  ;  mais  celui-ci  se  chajjge  rapidement  en 
iodhydrate  monobasique  en  même  temps  qu'il  se  dépose  une  giande  quantité  du  sel 
neutre.  On  les  sépare  au  moyen  de  l'alcool  absolu  dans  lequel  le  sel  neutre  est  moins 
soluble  que  les  iodhydrates  de  phénylhydrazine. 

»  Les  cristaux  du  composé  C'^H'' Az-H'^(GH^)^I  sont  généralement  très  gros,  mais  les 
faces  striées  réfléchissent  mal;  tandis  que  les  cristaux  du  composé  CHi^  Az"^  H^(G^  H*)- 1 
sont  très  brillants.  Ils  sont  orlhorhombirjues  comme  les  cristaux  du  sel  brome  corres- 
pondant (C«H«Az'-H2)  (C2H^)2Br. 

»  lodure  de  propyle  norjual  et  phénylhydrazine.  —  L'iodure  de  propyle  réagit 
également  sur  la  phénylhydrazine.  Si  l'on  opère  en  solution  concentrée,  il  se  dépose 
d'abord  de  l'iodhvdrate  tribasique  de  phénj  Ihydrazine  sous  la  forme  de  cristaux  feu- 
trés (C^H^Az-H^)'!!!.  Cet  iodhydrate  passe  rapidement  à  la  forme  bibasigue  el  donne 
en  dernier  lieu  de  l'iodhydrate  monobasique.  Il  ne  semble  pas  se  déposer  de  sel 
neutre  C^H"^  A-H-(C-*H")°^I  ;  maison  peut  en  obtenir  les  cristaux  en  versant  de  l'éther 
et  de  l'eau.  Le  liquide  se  sépare  en  deux  couches.  La  couche  aqueuse  dissout  l'iodhy- 
drate de  phénylhydrazine;  la  couche  éthérée  retient  le  sel  neutre,  d'où  il  cristallise 
alors,  quoique  dif/icilenient,  par  évaporation  dans  le  vide.  En  redissolvant  les  cristaux 
formés  dans  douze  fois  au  moins  leur  poids  d'eau  chaude,  on  obtient  par  refroidis- 
sement de  petites  aiguilles  très  brillantes  du  corps  cherché.  Elles  sont  monocliniques. 

»)  lodure  d'isoaînyle  et  phénylhydrazine.  —  Au  fur  et  à  mesure  que  le  poids  ato- 
mique de  l'iodure  alcoolique  grandit  la  phénylhydrazine  réagit  sur  celui-ci  plus  len- 
tement et  moins  complètement.  Aussi  doit-on  opérer  toujours  en  solution  alcoolique 
très  concentrée  et  est-il  bon  même  de  chauffer.  Toutefois  il  ne  faut  pas  que  la  tempé- 
rature s'élève  trop  et  l'on  doit  ajouter  de  temps  en  temps  de  l'alcool.  Sans  cela  on 
obtiendrait  de  Viodure  d'ammonium,  produit  ultime  de  la  réaction.  H^n  opérant  avec 
précaution  on  obtient  successivement  les  iodhydrates  tribasique  et  bibasique  de 
phénylhydrazine,  mais  il  ne  se  dépose  plus  ici  de  cristaux  monobasiques.   Ils  n'appa- 


SÉANCE    DU    3    AOUT    1903.  33 1 

raissent  que  si  l'on  évapore  la  solution.  Quand  l'acidité  du  liquide  n'augmente  plus, 
on  retend  de  deux,  fois  environ  son  poids  d'eau,  en  agitant  fortement;  on  voit  alors 
nager,  au  milieu  d'une  huile  insoluble,  une  poudre  cristalline. 

»  Elle  constitue  le  composé  neutre  C^H'Az-  H-(C^H*'  )I.  Il  ne  reste  plus  qu'à  filtrer 
à  la  trompe,  à  laver  à  l'eau  et  à  Féther.  La  poudre  grise  obtenue  se  dissout  très  facile- 
ment dans  l'alcool,  d'où  elle  se  dépose  en  tables  clinorhomblques,  épaisses,  brillantes, 
légèrement  colorées,  solubles  seulement  dans  80  fois  leur  poids  d'eau  bouillante  et 
presque  insolubles  dans  l'eau  froide. 

»  Dans  toutes  ces  réactions,  quand  on  augmente  la  quantité  d'alcool,  on  enlève  à 
l'acide  une  partie  de  la  phénylhydrazine  qui  lui  était  combinée. 

»  En  résumé,  j'ai  fait  voir  que,  même  en  solution  alcoolique,  le  bromure 
d'éthyle  pouvait  donner  du  bromhydrate  bibasique  de  phénylhydrazine, 
qu'ensuite  il  se  formait  en  même  temps  le  bromhydrate  monobasique  et  un 
sel  neutre,  le  bromure  de  phénylhydrazine  diéthylé;  qu'il  en  était  de  même 
avec  les  iodures  de  méthyle  et  d'éthyle,  ainsi  qu'avec  les  iodures  d'ordre 
plus  élevé,  que  toutefois  ceux-ci  donnaient  d'abord  de  l'iodhydrate  triba- 
sique  de  phénylhydrazine.  Enfin,  j'ai  donné  la  préparation  et  fait  connaître 
les  propriétés  des  iodures  de  phénylhydrazine  dipropylée  et  diamylée.    » 


THERMOCHIMIE.  —  Recherches  thermochimiqiies  sur  les  matières  colorantes . 
La  rosaniline  et  la  pararosaniline.  Note  de  M.  Jules  Schmidliiv. 

«  On  envisage  les  matières  colorantes  sous  un  point  de  vue  général, 
comme  étant  toutes  des  combinaisons  non  saturées,  pourvues  de  doubles 
liaisons.  La  double  liaison,  représentation  usuelle  d'un  groupe  non  sa- 
turé, entraîne  nécessairement  sur  quelques  points  de  la  molécule  un  excès 
d'énergie,  une  endolhermie  locale  qui  donne  lieu  à  une  certaine  tension 
et  qui  est  peut-être  la  cause  directe  de  l'absorption  de  certains  rayons 
lumineux. 

M  Par  des  recherches  thermochimiques  sur  les  phénomènes  de  neutrali- 
sation, je  me  suis  proposé  de  contribuer  à  la  connaissance  de  la  nature  des 
matières  colorantes  en  général,  et  de  la  rosaniline  et  pararosaniline  en  par- 
ticulier. La  faible  solubilité  de  la  rosaniline  et  de  ses  sels  oblige,  afin  d'ob- 
tenir une  dissolution  rapide,  d'opérer  dans  des  solutions  d'acides  étendues. 

»  Dans  la  suite  des  expériences  on  a  rencontré  une  particularité  très 
intéressante,  mais  qui  rend  l'expérimentation  très  difficile.  On  remarque 
qu'd  y  a  en  dehors  de  la  neutralisation  un  second  phénomène  thermique 
d'une  durée  prolongée  qui  est  tantôt  négatif,  tantôt  positif  et  accompagné 
d'une  coloration  ou  décoloration,  causée  probablement  par  une  hydratation 
ou  phénomène  inverse. 


332  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Ainsi  la  dissolution  de  la  hase  de  la  rosaniline  dans  l'acide  acétique 
donne  lieu  à  deux  phénomènes  thermiques,  correspondant  à  deux  diffé- 
rentes réactions  d'une  vitesse  très  différente.  Supposons  que  l'effet  ther- 
mique de  la  première  minute  soit  dû  à  la  neutralisalfon,  tandis  que  la 
chaleur  absorbée  pendant  les  six  minutes  suivantes  réponde  à  une  déshy- 
dratation. En  même  temps  on  observe  une  augmentation  de  l'intensité  de 
la  couleur  rouge,  proportionnelle  à  l'absorption  de  la  chaleur  chaque 
minute.  C'est  ce  que  j'ai  constaté  à  l'aide  d'un  colorimètre. 

»  Premier  phénomène  : 

(AzH2C«H*)-^C0H  incolore  +  C^H^O^ 


(AzH2C''H^)^GC8H*AzH2C-HiO-incolore4-7 


Cal    9,-j_ 


»   Deuxième  phénomène  : 

(  Az  W  C«  IP y-  C  C«  H^  Az  W  C^  H*  O^  incolore 

_^H20  +  (AzH2C'^H*)2C=G«H*=AzH2C-^H30^  coloré  —  3^=^1,39. 

»  Si  l'on  dissout  l'acétate  dans  l'acide  acétique,  la  réaction  se  termine 
immédiatement,  un  phénomène  secondaire  n'a  pas  lieu,  le  composé 
coloré  reste  coloré.  Mais  il  en  est  autrement  avec  les  acides  minéraux 
étendus  (HCl -4-  iooH-0,  Il-SO' +  200H-O),  tous  les  sels  dissous 
donnent  ici  deux  phénomènes  successifs,  un  premier  qui  répond  avec  le 
monochlorhydrate  à  la  fixation  de  2'"«'  H  Cl  et  à  la  chaleur  de  dissolution 
du  trichlorhydrate,  et  un  second  qui  paraît  répondre  à  une  hydratation  du 
dernier  composé.  Eu  même  temps  on  observe  une  décoloration  graduelle. 

I.  Phase:       (AzH2C«H^)^C  =  C^H^^  AzH^Cl  coloré  +  2HCI 

->(HClAzH2C«H^)-^C  =  C6H'*  =  AzH^Cl  coloré  +  4cai,  18. 

II.  Phase:     (HClAzIPC«H*)2C  =  C«H^=:  AzH-^Cl  coloré  +  H^O 

-> (HClAzH'-C« H* )»COH  incolore +  4^»!, 56. 

I.  Phase:       (HCl  AzH'-G«H*)^C  =  C'^H'*^:  AzH^Cl  solide  coloré 

->(HClAzH2C'^H^)2C  =  C«H^=  AzIPCl  dlss.  coloré  — 2C«i,  1 5. 

IL  Phase:     (HClAzIPC«H*)^C  =  C«H*=  AzH^Cl  4- H^O  coloré 

->(HC!AzH-2C*H*)»G0H  incolore  +4Cai^j4. 

»  Quant  à  la  base  pure,  en  se  dissolvant  dans  un  acide  minéral  étendu, 
elle  donne  une  liqueur  incolore. 

»  Avec  le  sulfate  dissous  dans  l'acide  sulfurique,  on  observe  également 
les  deux  phénomènes,  avec  deux  dégagements  de  chaleur  successifs  : 

I.  Phase  :       Base  incolore H-  6c^'^  79     sel  du  corbinol  incolore. 

II.  Phase  :      Sel  du  carbinol  incolore..      +  4'^''^  i3     sel  coloré  anhydre. 


SÉANCE   DU    3  AOUT    igo3.  333 

»   De  même  en  dissolvanl  l'oxalate  dans  H  Cl  : 

I.  Phase  :       Base  incolore +8c«i,oo     sel  incolore. 

II.  Phase  :      Sel  incolore -+-  4Cai^  ^^     ggi  coloré  anhydre. 

»  On  voit  que  tous  ces  phénomènes  secondaires  sont  identiques;  nous 
aurions  donc  pour  la  chaleur  d'hydratation,  en  moyenne  :  +  4^^\4o. 

»  La  réaction  inverse  de  la  déshydratation  de  l'acétate  fournil  :  —3^''\3ç). 

»  Les  deux  phénomènes  réciproques  sont  de  même  ordre,  Lien  que  les 
deux  quantités  de  chaleur  n'aient  pas  une  concordance  bien  nette,  parce 
que  les  deux  réactions  sont  superposées  et  ne  peuvent  être  évaluées  isolé- 
ment que  d'une  manière  approchée. 

»  A  la  transformation  d'un  sel  incolore,  dérivé  du  carbinol,  en  sel 
anhydre  coloré,  répond  une  absorption  de  chaleur  d'environ  4^^',  énergie 
qui  est  emmagasinée  dans  les  doubles  liaisons  du  système  quinoïde  qui 
s'établit  par  suite  de  la  perte  d'eau. 

»  Si  l'on  considère  la  chaleur  dégagée  par  minute  égale  à  la  quantité  de 
substance  transformée,  on  peut  établir  à  l'aide  des  chiffres  obtenus  pour 
le  phénomène  d'hydratation  du  chlorhydrate  que  cette  réaction  eslunimo- 
léculaire  et  se  représente  par  l'équation  :  log  = =  ^a. 

»  On  trouve  pour  a,  coefficient  de  vitesse  de  la  réaction,  une  valeur 
constante. 

CHALEURS   m  NEUTRALISATION  DES  SELS  DE  LA  ROSANILLNE  ET  PARAROSANILINE. 

Pararosaniline.     Rosaniline. 
Monochlorhydrates. 

Base  dissoute  dans  (HCl  -h  looH^O) ^t8,53         +18,75 

Chlorhydrate  dissous +  8,89         +  8,66 

Base  solide  +  HCl  diss.=  Chlorhydrate  solide -i-H^O -Mo,i4         -|-io,i3 

Trichlorhydrates. 

Chlorhydrate  dissous  dans  (HCl  -h  100  H-0) +  8,89         +   8,66 

Trichlorhydrate  dissous -\-   i  ,99         -i-  2,81 

Chlorhydrate  solide -I- 2 HCl  diss.  =  Trichlorhydrate  solide.  .      +  6,35  +  6,4o 

Sulfates. 

Base  dissoute  dans  (H-SO^-h  200  H^O) -f-21 ,20         +21 ,5i 

Sulfate _l_jo,58         +10,92 

Base  solide  +  IHjSO^  diss.  =  sulfate  solide  +  H-0 +10,62         +10,09 

G.  R.,   1903,  2»  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N'  5.)  44 


334  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

AcélaLes, 

Base  dissoute  dnns  acide  acétique  2,7  pour  loo ,  +  5,19  -|-   5  ,4^ 

Acétate  dissous ....  -1-   i  ,  33  -r-    i  ,  09 

Base  solide  4- C^H^O^  diss.  =  acétate  solide  +  H«0 +3,86  -t-  3,84 

Oxalales. 

Base  dissoute  (HCl  +  iooH^O  +  iC'O'i^') H-iQ^yO  +19,67 

Oxalate  diss.  (I1C1+  looH^O) +12, 43  +15,74 

Base  solide +  jC-OMI?diss.  =Oxalate  solide  +  H^O +7,27  +6,93 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  le  dosage  de  V ammoniaque  dans  les  rnns,  et  son 
rôle  dans  la  différenciation  des  mistelles  d'avec  les  vins  de  liqueur.  Note  de 
M.  J.  Laborde. 

«  La  présence  de  l'ammoniaque  dans  les  vins  a  fait  déjà  l'objet  de 
travaux  assez  importants  (*),  et,  tout  récemment  (^Comptes  rendus, 
8  juin  1903),  MM.  Gautier  et  Halphen  ont  étudié  de  nouveau  le  phéno- 
mène de  la  disparition  de  l'ammoniaque  des  moûts  de  raisin  pendant  la 
fermentation  alcoolique  de  ces  moûts. 

»  En  1898,  j'avais  employé,  pour  doser  l'ammoniaque  des  moûts  et  des 
vins,  le  procédé  préconisé  par  M.  Mûntz  :  on  sature  l'acidité  par  le  carbo- 
nate de  soude,  on  distille  à  basse  température  (35°  environ)  à  l'aide 
du  vide,  pour  chasser  les  bases  volatiles  en  les  recueillant  dans  une  quan- 
tité suffisante  d'acide  sulfurique,  puis  on  alcalinise  le  liquide  distillé  avec 

de  la  soude  et  on  le  distille  à  100°  dans  SO^'H"  — ,  qui  est  titré  avec  de  l'eau 

10    ^ 

de  chaux  et  de  l'hélianthine  comme  indicateur. 

»  MM.  Gautier  et  Halphen  ont  déplacé  les  bases  volatiles  par  la  ma- 
gnésie et  la  distillation  à  loo'';  ils  ont  vu  que,  en  titrant  alcalimétrique- 
ment  le  liquide  distillé,  on  trouvait  un  chiffre  d'azote  ammoniacal  souvent 
plus  élevé  que  celui  qui  était  fourni  par  le  même  liquide,  acidifié  par  H  Cl 
et  traité  par  PtCP  pour  doser  l'ammoniaque  à  l'état  de  chloroplatinate,  la 
différence  provenant  de  l'existence  de  certaines  bases  cycliques  accom- 
pagnant AzH^  et  les  bases  acycliques. 

{')  Al.  MiJNTZ,  Comptes  rendus,  t.  CXXIV,  p.  334-  —  Al.  Mïintz  et  Rousseaux, 
Bévue  de  Viticul.,  1897,  p.  1-3.  —  J.  Laborde,  Annales  de  V Institut  Pasteur,  1898, 
p.  517. 


SÉANCE   DU    3   AOUT    ïgoS.  335 

»  Il  était  intéressant  pour  moi  de  savoir  si  ce  dernier  fait  se  reproduirait 
en  employant  la  méthode  de  M.  Miintz,  car,  dans  ce  cas,  les  résultats  dé 
mon  travad  de  1898  devenaient  incertains.  Pour  cela,  j'ai  procédé,  dans 
de  nouvelles  expériences,  au  dégagement  des  bases  volailles,  comparati- 
vement, par  les  deux  mélhodes  de  distillation,  et  au  doscige  de  ces  bases 
dans  les  liquides  distillés,  d'abord  alcalimétriquerîient,  et  ensuite  par  le 
chlorure  de  platine. 

»  Les  liquides  sur  lesquels  j'ai  opéré  étaient  :  i"  des  moûts  de  raisin  conservés  en 
bouteilles,  depuis  la  dernière  récolte,  par  la  pasteurisation;  2"  des  moûts  conservés 
par  l'addition  d'alcool  qui  en  avait  fait  des  mistelles;  3"  des  moûts  de  la  première 
catégorie  ayant  perdu  la  moitié  environ  de  leur  sucre  par  fermentation  dans  difFérenles 
conditions.  Le  Tableau  suivant  indique  ces  conditions  et  les  résultats  obtenus  polir  les 
liquides  ci-dessus  et  pour  des  vins  divers,  les  chiffres  étant  rapportés  au  litre  : 

Procédé  Munlz  :  Procédé  à  la  magnésie  : 

AzH''  dosé  par  AzH^  dosé  par 

Nature  des  liquides.  ralcaliinétric.     le  platine.  ['alcalimétrie.      le  platirié. 

Moût  de  cépages  rouges  pasteurisé.      197, 5  i97>5  181,0  j8i,5 

Mislelle  de  cépages  rouges  divers.  .  »  »  i56,3  i54,o 

Moût  de  chasselas  pasteurisé d  »  67,-5  66,5 

Mistelle  de  chasselas »  »  54 jO  53,5 

Moût  de  cépages  blancs  divers  pas- 
teurisé       i3i,5  (3 1,0  136,9  126,0 

Même  moût,  incomplètement  fer- 
menté à  25"  avec  levure  d'Algérie 

P^re ■-^9'9  ■^9>^  29'9  29*8 

Même  moût,  incomplètement  fer- 
menté à  35°  avec  même  levurepure       82,6  82,0  82,6  83, o 

Même  moût,  incomplètement  fer- 
menté à  25°  avec  levure  sauvage 
pure 124,8  I2^,l  122,5  123,2 

Même  moût,  incomplètement  fer- 
menté à  3o"  avec  levure  algérienne 
et  microbes  de  la  tourne  (' ) 40.. j  \t  ,">  4o,i  4')5 

Même  moût,  incomplètement  fer- 
menté à  3o°  avec  même  levure  et 
ferment  mannitique  (') 92,2  92)3  9152  9i)0 

Moût  de  cépages  rouges  divers,  fer- 
menté à  25°  avec  levure  algérienne 
pure 75,5  74,3  70,8  74,3 

Vin  de  la  Gironde  de  1899,  forte- 
ment tourné 69,5  69,8  68,6  69,0 

Vin  sain  de  la  Gironde  de  1902  ....  »  »  8,4  8,5 

Vin  de  Sauternes  de  1893 i9:0  '9)4  i9»9  "20,0 


(')  L'acidité  volatile  de  ces  liquides  était  voisine  de  2s  par  litre. 


336  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  On  voit  que  :  i°  les  résultats  fournis  par  les  deux  méthodes  de  distillation  sont 
presque  toujours  tout  à  fait  comparables  pour  cette  classe  de  liquides  naturels;  2"  la 
quantité  d'AzIP,  restant  dans  des  moûts  assez  riches  en  ammoniaque  et  ayant  perdu 
environ  la  moitié  de  leur  sucre  par  fermentation  alcoolique  pure,  peut  être  supérieure 
à  la  teneur  ammoniacale  (')  de  beaucoup  d'autres  moûts  non  fermentes;  3°  sauf 
quelques  rares  exceptions,  le  dosage  de  AzH^,  par  alcalimétrie  ou  par  le  platine,  a 
donné  des  résultats  parfaitement  concordants,  soit  dans  les  moûts  et  mistelles,  soit 
dans  les  liquides  fermentes  normalement  ou  en  présence  de  microbes. 

»  Le  fait  de  l'exislence  de  bases  cycliques  volatiles,  et  de  leur  augmen- 
tation pendant  la  fermentation,  signalé  par  MM.  Gautier  et  Halphen  dans 
des  moûts  et  des  vins  du  midi  de  la  France,  ne  se  retrouve  donc  pas,  d\ine 
manière  sensible,  pour  les  moûts  et  les  vins  du  Bordelais  :  la  réaction  par 
le  brome,  caractéristique  de  ces  bases,  n'ayant  pu,  en  outre,  être  jamais 
obtenue. 

»  Au  contraire,  les  résultats  de  mes  dosages  de  1898  par  la  méthode  de 
M.  Mûntz  sont  pleinement  confirmés,  ainsi  que  les  conclusions  de  mon 
travail,  qui  sont  les  suivantes,  au  sujet  de  l'ammoniaque  seulement  : 

»  D'une  manière  générale,  l'ammoniaque  contenue  naturellement  dans 
le  moût  de  raisin  est  utilisée  avec  avidité  (-)  par  les  levures,  comme  l'avait 
déjà  montré  M.  Duclaux,  mais  il  peut  en  rester,  dans  le  vin,  des  quantités 
plus  ou  moins  grandes,  en  relation  avec  la  nature  du  moûr,  sa  richesse 
ammoniacale,  la  variété  de  levure,  les  conditions  physiques  et  chimiques 
de  la  fermentation,  et  avec  l'influence  qu'exercent,  sur  le  milieu  fermen- 
tescible  et  sur  la  levure,  les  ferments  de  maladie  qui  peuvent  se  développer 
en  même  temps  qu'elle. 

))  Ces  conclusions,  vraies  pour  des  liquides  complètement  fermentes,  le 
sont  aussi,  comme  l'ont  montré  d'ailleurs  mes  dernières  expériences,  pour 
des  moûts  incomplètement  fermentes  tels  que  ceux  qui  servent  à  la  fabri- 
cation des  vins  de  liqueur.  Ces  derniers,  même  produits  par  des  fermenta- 
tions tout  à  fait  exemptes  de  microbes,  peuvent  donc  contenir  des  quan- 
tités d'azote  ammoniacal  très  supérieures  à  la  limite  de  lo"'»  par  litre, 
admise  par  MM.  Gautier  et  Halphen,  et  j'ai  rencontré,  notamment,  bien 
des  vins  de  Sauternes,  qui  sont  des  vins  de  liqueur  par  excellence,  conte- 
nant de  16""^  à  25""^  à' azote  ammoniacal  par  litre.  » 


(^)  Elle  peut  varier  depuis  quelques  milligrammes  jusqu'à  plus  de  200  milligrammes 
par  litre. 

(2)  Mes  expériences  de  1S98  montrent  en  etTel  que  AzH^  est  utilisé  dès  le  début 
de  la  fermentation. 


SÉANCE    DU    3    AOUT    1903.  337 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  le  ferme  ni  du  s  alol  contenu  dans  certains  laits. 
Note  de  M.  A.  Desmouijère.  (Extrait.) 

«  MM.  Miele  et  Willem  ont  présenté  à  l'iVcadémie  (séance  du  1  3  juil- 
let 1903),  une  Note  ayant  pour  titre  A  propos  d'une  diastase  lactique  dédou- 
blant le  salol.  Cette  Note  présente,  sur  nombre  de  points,  une  grande  simi- 
litude avec  une  Communication  que  nous  avons  faite  au  mois  de  février 
dernier  à  la  Société  de  Pharmacie  de  Paris  (').  Rappelons  d'ailleurs  que 
nous  avons  fait  abstraction  de  l'existence  d'un  ferment,  et  montré,  par  une 
série  d'expériences  relatées  dans  notre  travail,  que  la  seule  réaction  des 
liqueurs  expliquait  les  faits  constatés. 

»  Nous  avons  même  donné  l'explication  de  certains  faits  qui  avaient  pu 
faire  croire  à  l'existence  d'un  ferment,  et  signalé  une  cause  d'erreur  dans 
le  procédé  indiqué  par  MM.  Nobécourt  etMerkIen,  pour  caractériser  dans 
les  laits  ce  ferment  du  salol,  dont  l'existence,  après  nos  recherches,  appa- 
raissait comme  bien  hypothétique.   » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  les  propriétés  et  la  composition  chimique  de  la 
matière  phospho-organique  de  réserve  des  plantes  à  chlorophylle.  Note  de 
M.  S.  PosTERNAK,  présentée  par  M.  Armand  Gautier. 

«  J'ai  montré  dans  une  Note  antérieure  (-)  qu'il  est  possible  d'isoler  de 
tous  les  tubercules,  graines  et  rhizomes  examinés,  une  matière  phospho- 
organique  de  réserve  que  l'on  obtient  sous  forme  de  mélange  des  sels 
acides  de  magnésie,  de  chaux  avec  un  peu  de  fer  et  de  manganèse. 

»  Il  est  facile  de  préparer,  à  partir  de  ce  mélange,  par  une  méthode  qiri 
sera  décrite  ailleurs,  l'acide  phospho-organique  libre  et  ses  sels  définis 
dont  les  propriétés  méritent  d'être  étudiées  de  près. 

»  Acide  libre.  —  L'acide  libre  desséché  dans  le  vide  sur  l'acide  suifurique  se  pré- 
sente sous  l'aspect  d'un  liquide  très  épais,  transparent  et  coloré  en  jaune.  Il  est  soluble 
en  toutes  proportions  dans  l'eau  distillée,  assez  soluble  dans  l'alcool  absolu,  insoluble 


(M  A.  DesmoulièRE,  Sur  le  ferment  du  salol  contenu  dans  certains  laits  {Journ. 
de  Physique  et  de  Chimie,  i'^'"  mars  igoS,  et  Bulletin  des  docteurs  en  Pharmacie, 
février  igoS). 

(2)  Comptes  rendus,  l.  CXXXVII,  p.  202. 


338  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dansl'élher,  le  benzène,  le  chloroforme  et  l'acide  acétique  glacial.  D'une  saveur  acide, 
il  ne  paraît  présenter  aucune  tendance  à  la  cristallisation.  Refroidi  à  —  20°,  le 
liquide  s'épaissit  davantage  et  se  laisse  étirer  en  fils.  GliaulTé  au  bain-marle,  ou  mieux, 
encore,  à  l'éluve  au-dessus  de  100°,  l'acide  libre  brunit  fortement.  A  la  température 
de  125°,  on  observe  même  la  formation  de  menus  flocons  d'une  substance  mélanoïde 
insolubles  dans  l'eau  et  dont  je  n'ai  pas  encore  fait  l'étude. 

»  Les  solutions  aqueuses  de  cet  acide,  neutralisées  avec  la  potasse  ou  la  soude  au 
méthylorange  ou  à  la  phénolphtaléine  et  évaporées  à  sec,  donnent  dès  vernis  transpa- 
rents. Tous  les  essais  pour  faire  cristalliser  les  sels  d'alcalis  sont  restés  sans  résultat* 

»  Les  conditions  de  précipitation  de  l'acide  phospho-organique,  par  les  sels  métal- 
liques, ressemblent,  en  général,  à  celles  de  l'acide  phosphorique.  Cependant,  le  per- 
chlorure  de  fer  précipite  les  solutions  de  l'acide  libre,  si  elles  ne  sont  pas  trop  diluées 
et  le  nitrate  d'argent  donne  un  précipité  blanc  avec  le  phosphate  organique  neutre  de 
soude.  L'acétate  d'urane  agit  comme  sur  les  phosphatés  minéraux. 

»  Les  précipités  des  phosphates  organiques  de  magnésie,  de  chaux,  de  baryte  et  de 
strontiane  sont  amorphes.  Le  premier  est  facilement  soluble  dans  l'acide  acétique,  le 
deuxième  moins,  les  deux  derniers  y  sont  presque  insolubles.  Ils  sont  tous  facilement 
solubles  dans  les  acides  minéraux.  Les  solutions  des  sels  de  magnésie  et  de  chau\ 
dans  l'acide  acétique  se  coagulent  par  la  chaleur.  Le  cbagulum,  qui  se  cedissout  après 
refroidissement,  est  composé  de  corpuscules  sphériques  ressemblante  s'y  méprendre, 
par  leur  aspect  et  leurs  propriétés,  aux  globoïdes  décrits  par  PfelTer  dans  les  grains 
d'aleurone. 

»  L'acide  phospho-organique  est  précipité  par  la  liqueur  magnésienne  à  l'état  de  sel 
ammoniaco-magnésien  amorphe  ;  le  sel  de  soude,  complètement  saturé,  est  précipité 
par  la  même  liqueur  à  l'état  de  globoïdes  assez  grands  pour  être  visibles  à  l'œil  nu. 

»  La  liqueur  molybdique,  préparée  d'après  les  prescriptions  de  Fresenius,  ne  donne 
aucune  réaction  à  froid  lorsque  la  concentration  de  l'acide  est  faible  (au-dessous  de 
I  pour  100).  A  l'ébullition,  on  observe  l'apparition  des  cristaux  caractéristiques  de 
phosphate  molybdoanlraoniacal,  due  à  la  décomposition  de  l'acide  phospho-organique. 
Avec  les  solutions  plus  concentrées  on  obtient  un  précipité  blanc,  et  la  quantité  de  la 
liqueur  molybdique  nécessaire  pour  provoquer  cette  réaction  est  en  raison  inverse  de 
la  concentration  de  l'acide.  Le  précipité  est  extrêmement  soluble  dans  l'eau  distillée 
et  insoluble  dans  l'acide  nitrique  de  1,2  de  densité. 

»  Les  solutions  des  sels  phospho-organiques  de  soude  possèdent  la  propriété  de  dis- 
soudre des  quantités  notables  de  sels  neutres  de  magnésie,  de  chaux  et  de  manganèse, 
complètement  insolubles  dans  l'eau  distillée.  De  ces  dissolutions,  lol^sque  la  concen- 
tration totale  des  matières  en  présence  ne  dépasse  pas  5  pour  looj  cristallise  aisément 
un  sel  double  de  chaux  et  de  soude  en  longues  aiguilles  très  fines  et  molles,  se  réunis- 
sant en  houppeSi  C'est  la  seule  combinaison  cristallisée  de  l'acide  phospho-organique 
que  j'aie  pu  obtenir  jusqu'ici. 

»  La  quantité  d'alcali  nécessaire  pour  saturer  l'acide  en  question  varie  suivant  l'in- 
dicateur coloré  mis  en  OHivre.  En  titrant  l'acide  avec  une  solution  dédinormale  de 
soude,  on  constate  que,  pour  faire  virer  la  phénolphtaléine  ou  la  teinture  de  tournesol, 
il  est  nécessaire  d'ajouter  une  fois  et  demie  le  volume  de  soude  que  l'on  emploierait 
pour  le  changement  de  la  coloration  du  méthylorange.  Pour  précipiter  tout  l'acide  de 


SÉANCE    DU    3    AOUT    1903.  339 

la  solution  avec  de  la  baryte  décinormale,  il  faut  employer  deux,  fois  ce  volume.  C'est 
ce  qui  établit  que  Tacide  étudié  par  nous  est  au  moins  tétrabasique. 

»  Enfin,  pour  terminer  avec  les  propriétés  de  Tacide  phospho-organique,  notons 
qu'il  précipite  d'une  façon  parfaite  toutes  les  solutions  neutres  ou  acides  des  albumi- 
noïdes  d'origine  animale  ou  végétale,  y  compris  les  solutions  naturelles,  comme  le 
sérum  sanguin  et  le  blanc  d'œuf.  Le  précipité  obtenu  avec  des  albumoses  est  formé  de 
globules  énormes,  très  solubles  dans  les  acides  et  les  alcalis  dilués,  dans  les  sels 
neutres  à  froid  et  même  dans  l'eau  à  la  température  d'ébullilion.  Le  précipité  se 
reforme  après  refroidissement. 

w  Composition  chimique  de  l'acide,  —  Nous  ne  communiquerons  ici  que  les  ré- 
sultais de  l'analyse  de  Facide  libre  et  du  sel  ciistallisé  double  de  soude  et  de  cliaux. 
On  a  trouvé  pour  deux  préparations  différentes,  sécbées  à  1 10°  jusqu'à  poids  constant  : 

Calculé  pour 
1.  2.  C-H^P-O".       CH'PO^ 

P 25,89  26,00  26,07  24,28 

C 9,87  9,97  10,08  9,87 

H 3,70  3,66  3,36  3,90 

»  L'analyse   du    sel   double   de  soude  et  de  cbaux  a  donné,  pour  deux  préparations 

différentes  sécbées  à  1 10°  : 

Calculé  pour 
1.  2.         ftC2H''P^O'l\a''-hC^H'P-09Ca2. 

C 7,2.5  7,43  7^45 

H 1 ,34  1 ,49  I  >24 

P 19,42  19? '3  19,26 

Ca 8,4i  8,16  8,98 

Na J'^?79  i9?«>2  19,08 

Cendres 81, 3o  81, 33  81, 3& 

Ce  sel  cristallise  avec  8™°^  d'eau. 

«  La  composition  centésimale  de  l'acide  libre  correspond  donc  à  la  formule 
C'^H^P-0^  qui  se  distingue  de  celle  indiquée  antérieurement  par  moi  par  {  moléc.  d'eau. 

»  Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  l'acide  phospho-organique  de  réserve 
des  plantes  vertes  présente  des  propriétés  caractéristiques  qui  permettent 
de  le  différencier  facilement  des  autres  combinaisons  phosphorées  connues 
et  de  l'identifier  avec  certitude.  Les  faits  que  je  viens  d'exposer  seront, 
comme  on  le  verra  prochainement,  d'une  grande  utilité  pour  la  discussion 
de  la  constitution  chimique  de  ce  corps  intéressant.    » 


34o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PHYSIOLOGIE  ANIMALE.  —  De  l' excrétion  chez  les  Ilydroïdes.  Noie  de  M.  A. 
Billard,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier, 

«  Fraipont  ('),  Clans  (^),  de  Varenne  (''),  Merejkowsky  ('*),  Jickeli  (^) 
et  Zoja  (*)  ont  signalé,  en  certains  points  de  l'ectoderme  de  différentes 
espèces  d'Hydroïdes  des  cellules  glandulaires  granuleuses,  Jickeli,  chez 
V Obelia  plicata  et  le  Plamulariahalecioïdes,  leur  attribue  un  rôle  dans  la  pro- 
duction du  périsarque.  Il  s'appuie  sur  cette  observation,  entachée  d'erreur, 
que  ces  cellules  n'existent  qu'à  l'extrémité  même  des  branches,  oi^i  le 
périsarque  est  très  mince,  et  disparaissent  lorsque  l'épaisseur  du  péri- 
sarque augmente. 

»  J'ai  repris  l'étude  de  ces  cellules  chez  différentes  espèces  {Campanu- 
laria  angulata,  C.  jlexuosa,  Obelia  dichotoma,  0.  longissima,  0.  geniculata, 
Sertularia  pumila,  Plumularia  echinulala)  où  l'on  peut  très  facilement  les 
observer  à  l'état  vivant  à  cause  de  leurs  contours  nets  et  de  la  réfringence 
de  leurs  granulations. 

»  Chez  le  C.  angulata,  XO.  dichotoma,  \0.  geniculata,  le  P.  echinulala,  il  y  en 
a  de  deux  sortes,  les  unes  finement,  les  autres  grossièrement  granuleuses.  Les  pre- 
mières représentent  le  stade  jeune  des  secondes.  Le  C.  jlexuosa  et  VO.  longissima  ne 
possèdent  que  des  cellules  finement  granuleuses,  tandis  qu'on  ne  voit  jamais  que  des 
cellules  à  grosses  granulations  chez  le  S.  pumila. 

»  Comme  l'a  déjà  remarqué  de  Varenne  chez  les  C.  angulata  et  C  jlexuosa,  ces 
cellules  sont  douées  de  mouvements  amiboïdes  et  j'ai  constaté  ce  fait  chez  toutes  les 
espèces  citées  plus  haut.  Chez  VO.  dichotoma,  une  de  ces  cellules  m'a  montré  un 
déplacement  de  17^^,2  en  i  minute. 

»  Ces  cellules,  contrairement  à  l'opinion  de  Jickeli,  se  rencontrent  dans  toutes  les 
parties  de  l'Hydroïde,  elles  sont  surtout  abondantes  à  l'extrémité  des  stolons  et  des 
branches,  mais,  dans  ces  dernières,  elles  sont  moins  nombreuses  que  dans  les  stolons. 
Dans  les  colonies  âgées  d'O.  dichotoma,  dans  les  stolons  qui  ont  donné  naissance  à 
une  grande  quantité  déjeunes  colonies,  l'ectoderme  est  très  riche  en  cellules  granu- 
leuses. Dans  certains  endroits,  elles  sont  si  nombreuses  qu'elles  se  touchent.  J'ai  ob- 
servé le  même  fait  dans  les  colonies  âgées  du  C.  angulata  et  du  P.  echinulata. 

(»)  Arch.  Zool.  exp.,  t.  VIII,  1 879-1880. 

(2)  Arb.  Zool.  Inst.  Wien,  Bd.  IV,  i88i. 

(*)  Arch.  Zool.  exp.,  t.  X,  1882. 

(*)   Arch.  Zool.  exp.,  t.  X,  1882. 

(^)  Morph.  Jahrh.,  Bd.  VIII,  i883. 

(«)  Boll.  scient.  Ann.,  15,  1898  et  Mitth.  Zool.  Stat.  ISeapel,  Bd.  X,  1898. 


SÉANCE    DU    3   AOUT    l()o3.  3\i 

»  Ces  dernières  observations  pernieLlent  d'expliquer  le  rôle  de  ces 
cellules.  Elles  ne  servent  pas  à  la  formation  du  périsnrqne,  puisqu'elles 
existent  encore  aux  points  où  celui-ci  est  très  épais.  Ce  ne  peut  être  des 
cellules  de  réserve,  car,  au  lieu  d'augmenter  en  nombre  avec  l'âge,  elles 
devraient  diminuer  ou  même  disparaître. 

))  Il  est  donc  naturel  de  penser  qu'il  s'agit  là  de  cellules  glandulaires 
excrétrices,  qui  accumulent  les  substances  de  déchet  dues  à  l'activité  phy- 
siologique. 

))  Cette  hypothèse  explique  très  bien  l'abondance  de  ces  cellules  granu- 
leuses à  l'extrémité  des  rameaux  et  des  stolons  où  l'accroissement  est 
rapide  et  où,  par  conséquent,  les  produits  de  désassimilation  doivent  se 
former  en  grande  quantité;  elle  explique  aussi  naturellement  leur  accumu- 
lation dans  les  vieilles  colonies  ou  dans  les  parties  âgées  dont  le  fonction- 
nement vital  a  entraîné  la  formation  d'une  quantité  d'excréta  d'autant  plus 
grande  qu^il  a  eu  plus  de  durée.  L'excrétion  chez  les  Hydroïdes,  du  moins 
chez  les  Calyptoblastiques,  semble  donc  localisée  dans  certaines  cellules 
de  l'ectoderme.  Ces  cellules  ne  peuvent  se  débarrasser  de  leurs  produits, 
le  périsarque  au  dehors  et  la  lamelle  de  soutien  au  dedans  leur  opposant 
une  barrière  qu'elles  ne  peuvent  franchir. 

))  J'ai  essayé  l'action  de  divers  réactifs  sur  ces  cellules,  mais  malheureusement  les 
résultats  obtenus  ne  permettent  pas  de  se  prononcer  sur  la  nature  chimique  des  gra- 
nulations. Ces  essais  ont  porté  sur  les  cellules  granuleuses  du  C.  angulata.  L'eau  dis- 
tillée, les  acides  acétique,  sulfurique,  azotique,  chlorhydrique  à  j^  dissolvent  les  gra- 
nulations (^).  Une  solution  étendue  de  soude,  de  carbonate  de  sodium,  l'ammoniaque, 
ne  les  dissolvent  pas.  Elles  sont  également  insolubles  dans  l'alcool,  le  chloroforme, 
l'éther,  la  benzine  et  le  xjlol.  Elles  ne  sont  pas  formées  de  matière  minérale,  car  elles 
disparaissent  par  la  calcination  sur  une  lame  de  mica.  D'ailleurs  on  ne  peut  pas 
non  plus  reconnaître  la  présence  de  calcium  ou  d'acide  phosphorique.  La  réaction  de 
la  murexide  donne  un  résultat  négatif,  ce  qui  démontre  Tabsonce  d'urales.  Dans  l'ac- 
tion de  l'iode  dans  l'iodure  de  potassium  à  2  pour  100,  ces  cellules  montrent  une  élec- 
tivité  un  peu  plus  grande  pour  l'iode  que  les  autres,  aussi  peut-on  affirmer  que  ces 
granulations  renferment  une  substance  azotée. 

»  J'ajouterai  que  j'ai  constaté  l'action  dissolvante  des  acides  faibles  sur  les  cellules 
granuleuses  de  VO.  dicholoma,  du  ^.  pumila  et  du  P.  echinulata.  Cette  facile 
solubilité  des  granulations  dans  les  acides  explique  leur  disparition  après  l'action  des 
réactifs  fixateurs  acides,  surtout  lorsque  l'action  du  réactif  a  été  prolongée,  comme 
j'ai  pu  le  constater  sur  des  coupes. 

»   J'ai  essayé  l'action  des  colorants  dans  deux  espèces  jusqu'à  présent  (C  angulaLa, 

{})  Il  n'y  a  pas  d'efTervescence  avec  les  acides. 

C.  R.,  1903,  1"  Semestre,  (T.  GXXXVII    N"  5.)  4  > 


'à/[-i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

O.  dichotonia).  L'hémaloxyline  ferrique  colore  fortement  les  granulations,  de  même 
que  le  carmin  à  l'alun.  Chez  VO.  dichotonia,  j'ai  observé  que  les  granulations,n'étaient 
colorées  ni  j^ar  l'éosine,  ni  par  la  tliionine  (colorant  de  la  mucine),  mais  prennent  la 
coloration  rouge  de  l'orange  en  employant  la  solution  triacide  d'Ehrlich. 

»  Lorsque  les  granulations  ont  été  dissoutes  par  l'action  des  réactifs,  il  reste  dans  la 
cellule  glandulaire  un  réseau  proLoplasmique  plus  ou  moins  régulier,  en  un  point 
duquel  se  trouve  un  noyau  plus  petit  que  celui  des  cellules  voisines. 

»  En  résumé,  il  existe  des  cellules  excrétrices  amiboïdes  dans  recto- 
derme  de  beaucoup  d'Hydroïdes  calyptoblastiques,  mais  la  nature  de  l'ex- 
crétion n'a  pu  être  fixée.  » 


ANATOMIE  COMPARÉE.  —  Les  lois  mécaniques  dans  le  développement  du  crâne 
des  Cavicornes.  Note  de  M.  U.  Duerst,  présentée  par  M.  Edmond 
Perrier. 

«  Après  avoir  prouvé  que  c'est  seulement  à  la  suite  de  la  production  dé 
la  couche  épidermique  de  corne  que  se  constitue  le  noyau  osseux,  j'ai 
essayé  d'étudier  l'influence  du  poids,  de  la  grandeur  et  de  la  forme  des 
cornes  sur  la  forme  et  les  rapports  des  os  du  crâne. 

»  Je  crois  pouvoir  formuler  de  la  façon  suivante  les  résultats  de  mes 
recherches  comparatives  et  expérimentales  (  '  )  jui  ont  porté  sur  i  ido  têtes 
de  Bovidés  et  Ovidés  : 

»  1*^  Le  poids,  la  grandeur  et  la  forme  de  la  corne  sont  les  fadeurs  prin- 
cipaux des  caractères  cranio logiques  chez  les  Bovidés  et  les  Ovidés. 

»  2"  L'action  des  cornes  dépend  de  leur  poids  et  de  la  position  de  leur 
centre  de  gravité  qui  est  due  à  leur  forme.  Cette  action  s'étend  aussi  au  dé- 
veloppement des  muscles  et  intervient  ainsi  dans  les  caractères  du  sque- 
lette qui  sont  sous  leur  dépendance. 

))  3"  Les  influences  extérieures  qui  agissent  sur  le  développement  des 
poils  et  de  la  peau  s'étendent  à  la  corne,  comme  étant  produite  par  la  peau, 
et  à  la  cheville  osseuse  qui  la  suit  à  son  développement;  par  cela  à  la  con- 
formation de  la  tête  osseuse  et  par  suite  à  celle  de  l'animal  entier,  déter- 
minant ainsi  les  caractères  des  races,  des  variétés  et  même  des  espèces. 

»  4°  I^cs  caractères  les  moins  dépendants  de  l'influence  du  dévelop- 

(^)  Eludes  expérimentales  sur  la  nwrphogénie du  crâne  des  Cavicornes  :\.  L'in- 
Jhiencc  du  décornage  partiel  sur  le  développement  des  caractères  craniologiques 
{Merteljahrsschrift  natujforsch.  G  ese  Use  h.  Zurich,  1903,  llefl  111,  p.  SÔo-SjS). 


SÉANCE   DU    3   AOUT    !9o3.  343 

pement  des  cornes  sont  :  la  forme  des  dents;  la  forme  du  corps  des  pré- 
maxillaires; la  forme  des  hyoïdes;  la  forme  des  lacrymaux;  la  forme  des 
sutures  des  pariétaux. 

»  Selon  l'espèce  des  animaux  le  déplacement  du  centre  de  gravité  produit  des 
caractères  un  peu  différents,  mais  on  peut  observer  les  conditions  générales  sui- 
vantes : 

»  Si  le  centre  de  gravité  des  cornes  lourdes  touche  la  partie  postérieure  de  Toccipi- 
lai  ou  assez  loin  en  arrière  la  ligne  de  traction  latérale  entre  les  bases  des  cornes  ou 
chignon,  il  se  produit  im  front  bombé. 

»  Chez  les  Taurins  la  suture  sagittale  reste  ordinairement  normale  et  il  ne  se  forme 
que  deux  bosses  latérales  sur  les  frontaux,  correspondantes  aux  lignes  de  la  plus 
grande  traction  (Zébus  des  Indes  à  longues  cornes),  tandis  que  chez  les  Buffles  tout 
le  front  se  bombe  (Arnis).  Un  changement  dans  la  direction  des  cornes  de  ces  ani- 
maux peut  créer  des  fronts  plans. 

»  En  raison  de  la  position  des  pariétaux  et  de  Toccipital,  cette  conclusion  ne  s'étend 
pas  au  Mouton,  où  le  bombement  du  front  résulte  de  la  diminution  des  cornes. 

»  Le  front  devient  />/««  si  le  centre  de  gravité  du  crâne  tombe  à  peu  près  au-dessous 
du  chignon;  soit  lorsque  de  longues  cornes  sont  disposées  presque  verticalement,  ou 
que  celles-ci  sont  des  petits  cônes  de  forme  variée  qui,  par  leur  légèreté,  ne  peuvent 
pas  produire  d'effet  sur  la  silhouette  du  front. 

»  Si  la  ligne  de  gravité  tombe  en  avant  du  chignon,  il  peut  en  résulter  chez  les 
Bovidés  un  front  concave  ou  creux,  ou  du  moins  la  formation  d'un  angle  avec  les 
naseaux.  Chez  les  Ovidés  à  cornes  très  lourdes  et  grosses  où  la  ligne  de  gravité  tombe 
en  avant  du  chignon  et  où  le  développement  des  sinus  frontaux,  qui  dépend  égale- 
ment du  poids  des  cornes,  devient  très  accentué,  le  front  est  aussi  creux. 

»  Indépendamment  de  la  forme  de  la  corne,  le  poids  et  la  grandeur  agissent  aussi 
sur  la  formation  de  la  ligne  de  traction  latérale  entre  les  bases  des  cornes.  De  lourdes 
cornes,  dirigées  vers  le  côté,  provoquent  ordinairement  un  chignon  tendu  en  ligne 
droite.' Si  les  bases  des  cornes  se  rapprochent  et  si  les  cornes  sont  dirigées  vers  le 
haut,  le  chignon  devient  concave.  Si  le  poids  diminue,  la  traction  diminue  et  le 
chignon  se  relève  pour  former  une  bosse  qui  augmente  jusqu'à  celle  de  l'animal  dé- 
pourvu de  cornes  où,  chez  les  Bovidés,  le  chignon  ne  forme  qu'une  pointe  plus  ou 

moins  aiguë. 

»  L'action  des  cornes  se  fait  même  sentir  dans  l'arrangement  des  trabécules  osseux 
qui  se  disposent  exactement  dans  la  direction  de  la  traction  ou  se  courbent  sous  l'in- 
fluence de  la  pression. 

),  L'action  du  poids  des  cornes  se  montre  aussi  dans  la  forme  des  autres  os.  La 
sllualion  des  orbites,  celle  des  trous  susorbitaires  et  la  longueur  de  la  suture  coronale 
dépendent  complètement  de  la  grandeur  et  du  poids  des  cornes. 

»  En  général,  on  peut  dire  que  la  diminution  des  cornes  permet  au  crâne  de 
s'étendre'dans  le  sens  de  sa  longueur,  tandis  que  la  corne  le  comprime  dans  le  sens  de 

sa  largeur. 

»  L'action  des  cornes  sur  les  angles  des  sutures  fronto-pariétale  et  pariéto-occi- 
piiale  est  faible;  cependant  on  arrive,  par  certaines  déformations  des  cornes,  à  changer 


344  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

la  direction  normale  de  ces  sulures.  Les  pariétaux  sont  plus  larges  chez  les  animaux 
à  cornes  fortes  que  chez  ceux  à  cornes  courtes.  L'occipital  est  toujours  plus  large  chez 
les  animaux  à  cornes  lourdes.  Les  crêtes  des  muscles  y  sont  plus  fortes,  le  trou  occi- 
pital plus  petit,  les  condjles  et  le  basioccipital  plus  larges  et  l'apophyse  mastoïdienne 
plus  forte.  Avec  la  diminution  du  poids  des  cornes  l'occipital  se  tire  en  longueur  et 
les  crêtes  musculaires  diminuent,  le  trou  occipital  s'agrandit  et  la  boîte  crânienne 
reçoit  plus  d'ampleur.  Les  os  de  la  base  du  crâne  sont  influencés  pareillement,  même 
la  rangée  des  dents  du  maxillaire  devient  plus  arquée  sous  la  pression  des  cornes.  La 
partie  faciale,  comme  le  sous-maxillaiie,  est  moins  influencée  par  un  changement  de 
la  forme  des  os  que  par  la  situation  changée  de  leurs  parties. 

»  Il  convient  de  rappeler  finalement  la  grande  influence  qu'exercent 
sur  le  degré  du  développement  de  ces  caractères  l'âge  et  le  sexe  de 
l'animal  et  le  milieu  dans  lequel  il  vil.    » 


ZOOLOGIE.  —  L'appareil  digestif  des  Silphidte.  Note  de  M.  L.  Bordas, 
présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  L'appareil  digestif  des  Silphidœ  est  remarquable  par  sa  longueur,  ses 
nombreux  replis,  par  l'atrophie  du  gésier,  la  structure  histologique  de  l'in- 
testin postérieur,  et  la  présence  d'une  ampoule  terminale  offrant  quelque 
analogie  avec  la  vésicule  rectale  des  Dysticides.  Mais,  ce  qui  caractérise 
surtout  la  partie  postérieure  de  l'organe,  c'est  la  présence  de  petites  saillies 
liémisphériques  affectant  la  forme  de  deux  cercles  concentriques  :  le 
cercle  interne  correspond  à  une  dépression  et  l'espace  annulaire  est 
occupé  par  une  rangée  unique  de  grosses  cellules.  Cette  structure  histolo- 
gique rappelle  celle  des  glandes  rectales  des  Lépidoptères. 

»  L'organe  tout  entier  comprend,  chez  les  Silpha  atrata  L.  et  Silpha  tho- 
racica  L.,  trois  parties  d'inégales  dimensions.  IJintestin  antérieur  esl  courl 
et  se  trouve  localisé  dans  le  thorax.  Il  ne  comprend  que  rœsoj)hage  et  le 
gésier.  Ce  dernier,  tout  à  fait  rudimentaire,  est  tapissé  intérieurement  par 
(le  longues  soies  chitineuses,  barbeleeset.de  couleur  brimâtre,  surtout  dis- 
posées le  long  de  six  bourrelets  longitudinaux  peu  accentués. 

»  h' intestin  moyen,  cylindrique,  est  à  peu  près  rectiligne.  Sa  partie  anté- 
rieure est  large  et  hérissée  de  tubercules  courts  et  arrondis;  la  région  pos- 
térieure a  un  diamètre  plus  étroit  que  la  première  et  porte,  implantées 
perpendiculairement  à  ses  parois,  des  papilles  tubuleuses,  dont  la  longueur 
égale  presque  le  diamètre  de  l'intestin. 

»  La  région  antérieure  de  l'intestin  postérieur  du  Sitpha  a^ra^rt  est  courte  et  reçoit, 


SÉANCE    DU    3   AOUT    iQoS.  3^5 

à  son  origine,  les  quatre  tubes  de  Malpighi.  Ses  parois  présentent  des  stries  longitudi- 
nales correspondant  à  des  replis  internes.  Ces  striations  s'arrêtent  brusquement  sui- 
vant une  ligne  transversale  à  peu  près  régulière,  marquant  l'origine  de  la  seconde 
partie  de  l'intestin  postérieur. 

»  Cette  seconde  partie  est  très  longue  et  décrit  de  nombreuses  sinuosités.  Sa  surface 
est  recouverte  des  petites  éminences  signalées  plus  haut.  Ces  petits  tubercules  sont 
presque  tangents;  ils  cessent  brusquement  vers  l'extrémité  postérieure  de  l'intestin  ; 
la  portion  libre  de  cet  organe  qui  va  s'ouvrir  dans  l'ampoule  rectale  est  très  courte  et 
comprend  deux  assises  de  fibres  musculaires  obliques  et  longitudinales,  h^ampoule 
rectale  est  assez  volumineuse;  ses  parois  sont  minces,  transparentes  et  plissées. 

»  Histologie.  —  La  pluj3art  des  entomologistes,  Frci)z<-I  (  i  886),  Faussek 
(i88';7),  Mingazzini  et  Bizzozero  (1889),  Môbiisz  (1897),  Rei)gel  (1898), 
Gorka  (1901),  etc.,  qui  se  sont  occupés  de  l'histologie  du  tube  digestif  des 
Coléoptères,  ont  eu  tout  spécialement  en  vue  l'intestin  moyen.  Uintesliri 
posté/'ieur  présente  cependant,  chez  les  Silphidœ,  des  particularités  histolo- 
giques  intéressantes  que  nous  résumons  ci-dessous. 

»  Une  section,  faite  dans  la  première  partie  de  V intestin  terminal,  présente  à  con- 
sidérer, en  allant  de  l'extérieur  vers  l'intérieur  :  1°  des  fibres  musculaires  longitudi- 
nales, disposées  irrégulièrement  en  groupes  de  faisceaux  non  contigus  et  assez  éloignés 
les  uns  des  autres;  2°  une  assise  de  fibres  musculaires  circulaires,  formant  un  revête- 
ment régulier  complet  et  bien  compact.  Les  fibres  sont  généralement  disposées  en 
deux,  parfois  en  trois  assises,  étroitement  unies  entre  elles,  sans  apparition  de  méats; 
3"  intérieurement,  se  trouve  une  très  mince  membrane  basilaire,  supportant  Vas- 
sise  épithéliale  qui  constitue  la  quatrième  couche.  Cette  dernière  présente,  dans  la 
première  zone  intestinale,  en  arrière  de  l'embouchure  des  tubes  de  Malpighi,  de  nom- 
breux replis,  affectant  quelque  ressemblance  avec  ceux  de  l'intestin  moyen.  Dans  la 
seconde  partie,  au  contraire,  cette  assise  est  à  peu  près  uniforme,  régulière,  et  le  lumen 
intestinal  est  ovale  ou  simplement  triangulaire. 

»  Les  cellules  constituant  la  membrane  épithéliale  sont  hautes,  cylindriques  et  à 
parois  latérales  généralement  indistinctes.  Le  protoplasme  cellulaire  apparaît  sous  la 
forme  de  fibrilles  parallèles,  très  minces,  régulières  et  à  direction  perpendiculaire  à 
la  membrane  basale.  Parfois,  cependant,  il  existe  entre  les  fibrilles,  et  surtout  autour 
des  noyaux,  des  plages  de  protoplasme  finement  granuleux.  Les  noyaux  sont  ovales  et 
toujours  situés  vers  le  quart  interne  de  l'épaisseur  de  l'assise.  Enfin,  le  bord  libre  des 
cellules  est  recouvert  d'une  membrane  ou  intima  chitineuse,  hyaline  et  transparente, 
qui  se  continue,  par  d'insensibles  transitions,  avec  le  protoplasme  celltilaire. 

»  Nous  savons  que  la  plupart  des  insectes  possèdent,  vers  l'extrémité 
postérieure  de  l'intestin,  des  bourrelets  épithéliaux  désignés  par  les  histo- 
logistes  (Chun,  etc.)  sous  le  nom  de  glandes  rectales.  Le  nombre  de  ces 
formations  est  très  variable.  Ainsi,  on  en  trouve  2  ou  4  chez  les  Diptères. 
Les  Hyménoptères,  Névroptères  et  Orthoptères  en  ont  6,  tandis  que  les 


^/[6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Lépidoptères  en   possèdent  jusqu'à  3oo.  Jusqu'ici,  on  n'en   a  signalé  ni 
chez  les  Coléoplères,  ni  chez  les  Hémiptères. 

«  Les  replis  épitliéliaux  concaves  de  l'intestin  postérieur  des  Silplia  peuvent 
cependant  être  homologués  aux  glandes  rectales  des  autres  insectes,  attendu  que  ces 
glandes  ne  sont  que  des  modifications  de  l'épithélium  du  rectum.  Dans  leur  état 
général,  les  bourrelets  sont  connexes  et  proéminent  dans  la  cavité  intestinale,  mais  ils 
peuvent  être  moins  saillants,  peuvent  s'aplanir,  s'afTaisser,  devenir  peu  à  peu  concaves 
et  finalement  s'évaginer  vers  l'extérieur.  C'est  ce  qui  arrive  chez  les  Silpha,  dont  la 
seconde  partie  de  l'intestin  comprend  : 

))  1°  Quelques  faisceaux  de  muscles  longitudinaux  externes,  très  espacés  les  uns  des 
autres; 

»   cî°  Des  muscles  circulaires  comprenant  une  ou  deux  couches  de  faisceaux; 

»  3"  L'assise  épithéliale  interne,  formée  par  deux  sortes  de  cellules  :  les  unes  apla- 
ties, rectangulaires,  à  protoplasme  strié  et  à  gros  noyaux  sphériques  placés  vers  le 
bord  interne,  et  les  autres  formant  une  dépression  à  convexité  externe,  dont  l'ensemble 
peut  être  comparé  aux  glandes  rectales  des  Lépidoptères.  Les  cellules  limitant  ces  dé- 
pressions sont  généralement  au  nombre  de  huit  et  se  continuent  directement  avec  les 
cellules  aplaties  de  l'assise  latérale.  Leur  hauteur  est  double  de  celle  de  leurs  voisines. 
Le  protoplasme  est  finement  strié  et  les  noyaux,  sphériques  ou  ovales,  sont  localisés 
vers  la  base,  contrairement  à  ce  qui  existe  pour  les  cellules  aplaties.  Enfin,  les  hautes 
cellules  des  dépressions  sont  bordées  intérieurement  par  une  intima  chitineuse,  assez 
épaisse  et  légèrement  denticulée,  tandis  que  celle  qui  recouvre  le  reste  de  l'épithélium 
est  très  mince.  » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  les  Hétéropodes  recueillis  pendant  les  campagnes  de  l' H \- 
rondelle  et  de  la  Princesse-Alice  faites  sous  la  direction  de  S.  A.  le  Prince 
de  Monaco.  Note  de  M.  A.  Vayssière,  présentée  par  M.  Bouvier. 

«  Il  est  toujours  assez  difficile  de  déterminer  des  Mollusques  à  téguments 
aussi  fragiles  que  ceux  que  possèdent  les  Hétéropodes;  frais,  ces  téguments 
se  déchirent  facilement,  aussi  ne  pêche-t-on  souvent  que  des  individus  in- 
complets. Mais  lorsque  ces  mêmes  animaux  ont  séjourné  de  nombreuses 
années  dans  l'alcool  ou  dans  le  formol,  la  difficulté  n'a  fait  qu'augmenter, 
les  tissus  ont  perdu  leur  coloration,  sont  devenus  plus  ou  moins  opaques 
et  l'ensemble  du  corps  est  déformé. 

»  Dans  ces  conditions  très  défectueuses,  si  l'on  peut  à  la  rigueur  déter- 
miner avec  certitude  le  genre  auquel  appartiennent  ces  Mollusques,  il  n'en 
est  pas  de  même  au  point  de  vue  spécifique.  Jja  détermination  serait  très 
douteuse  si  l'on  ne  s'adressait  qu'à  des  caractères  externes;  il  faut  donc 


SÉANCE    DU    3    AOUT    IQoB.  3^7 

chercher  parmi  les  caractères  organiques  ceux  qui,  par  leurs  variations, 
peuvent  le  mieux  être  utilisés. 

»    Il  n'en  est  pas  qui  se  prête  plus  coaimoflément  à  l'examen  du  natu- 
raliste que  l'étude  des  pièces  chitineuses  de  la  cavité  buccale,  pièces   for- 
mant les  organes  que  l'on  nomme  radida  et  mâchoires.  Grâce  à  leur  nature 
chimique,  ces  pièces  ne  sont  pas  attaquées  par  les  liq  lides  conservateurs 
quels  qu'ils  soient,  ni  même  déformées,  et  peuvent  ainsi  être  étudiées  avec 
|)resque  autant  de  facilité  que  sur  des  animaux  frais. 

))  Il  est  regrettable  que  la  plupart  des  natcu^alistes  qui  s'occupent  de  la 
détermination  des  Gastéropodes  pourvus  de  coquille,  ne  se  basent  que  sur 
les  caractères  conchyliologiques  pour  établir  leur  diagnose.  Ces  détermi- 
nations se  trouvent  par  cela  même  incomplètes  et  devront  être  plus  tard 
revues  dans  le  sens  que  nous  venons  d'indiquer, 

)>  Son  Altesse  le  Prince  de  Monaco  nous  ayant  confié  l'étude  des  Hétéro- 
podes  recueillis  pendant  les  campagnes  d'exploration  de  VHirondclle  et  de 
la  Princesse- Alice  (1885-1902),  nous  avons  basé enpartie  nos  déterminations 
sur  la  structure  des  pièces  radulaires,  ce  qui  nous  a  permis  de  mieux  pré- 
ciser les  caractères  spécifiques  de  ces  animaux. 

»  Pendant  ces  différentes  campagnes  d'exploration,  il  a  été  pris  quatorze 
espèces  ou  variétés  d'Hétéropodes,  réparties  dans  les  trois  familles  que  l'on 
a  créées  depuis  longtemps  :  C]arinaridés,  Firolidés  et  Atlantidés;  dans  ce 
nombre  il  y  en  a  cinq  de  nouvelles.  Une  Cariiiaria  (Car.  Grimaldi),  une 
Cardiopoda  (Gard.  Uichardi),  deux  Firola  (Fir.  Souleyeli  et  Gegenbauri^  et 
une  Firoloida  (Fir.  Kowalewskyi)  (  '  ). 

»   Voici  l'énumération  de  ces  divers  types  d'Hétéropodes  : 


Cariiiaria  méditer ranea  Per.  el  Les. 

»  »  variété. 

))  Grinialdi,  nov.  sp. 

Cardiopoda  Ricliardi  nov.  sp. 
Firola  hippocampus  Philippi. 

»  Mutica  Les. 

»  coronata  Forsk. 


Firola  Souleyeli,  nov.  sp. 

»  Gegenbauri  nov.  sp. 

Firoloida  Desmarelii,  Les. 

»         Kowalewskyi,  nov.  sp. 
Oxyrus  Keraudreni,  Me.  Andr. 
Itlania  Lesueuri  Souleyel. 
»         Quoyana  Soulej. 


»   Les  trois  familles  entre  lesquelles  ces  diverses  espèces  peuvent  être 


(')  Dans  notre  travail  sur  ces  Mollusques,  qui  va  paraître  dans  la  luxueuse  publica- 
tion de  S.  A.  le  Prince  de  Monaco,  nous  faisons  une  description  détaillée,  avec  nom- 
breux dessins  à  l'appui,  de  ces  espèces  nouvelles,  ainsi  que  de  celles  déjà  connues  qui 
ont  été  prises  pendant  ces  diverses  campagnes  scientifiques. 


348  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

réparlies  n'ont  pas  toutes  la  même  valeur  systématique,  aussi  croyons-nous 
devoir  insister  sur  la  nécessité  de  diviser  le  groupe  des  Hétéropodes  en 
deux  sections  et  non  en  trois  d'égale  valeur;  en  agissant  ainsi  nous  ne  fai- 
sons que  suivre  l'exemple  de  quelques-uns  de  nos  prédécesseurs  (De  Blain- 
ville,  Woodward,  Rattray,  P.  Fischer,  etc.). 

»  Les  Carinaridés  et  les  Firolidés  peuvent  être  réunis  et  former  la  section 
que  nous  désignerons  sous  l'appellation  de  Plèrotrachéacés,  le  nom  géné- 
rique de  Plerotrachea,  créé  en  1775  par  Forskal,  ayant  servi  à  l'origine  à 
grouper  des  Mollusques  appartenant  aux  genres  Carinaria  et  Firola.  Tous 
ces  Mollusques  sont  caractérisés  «  par  la  présence  d'une  masse  viscérale 
»  arrondie,  proéminente,  placée  à  la  partie  médio-dorsale,  ou  postéro-dor- 
»  sale  du  corps,  protégée  ou  non  par  une  petite  coquille;  leur  mésopodium 
»   est  transformé  en  une  nageoire  arrondie  ». 

»  Quant  à  la  famille  des  Atlantidés,  elle  forme  à  elle  seule  la  deuxième 
section  que  nous  nommerons  Atlantéacès ;  section  comprenant  «  les  types 
»  ayant  une  masse  viscérale  allongée,  complètement  enfermée  dans  la 
»  cavité  générale  du  corps;  ce  dernier  est  recourbé  et  rétractile  dans  une 
»   coquille  spirale.  » 


GÉOLOGIE.  —  Coupes  des  terrains  tertiaires  de  la  Patagonie. 
Note  de  M.  André  Tournouër,  présentée  par  M.  Albert  Gaudry. 

«  Malgré  la  multitude  et  la  remarquable  conservation  des  ossements  de 
Mammifères  terrestres  trouvés  dans  les  terrains  tertiaires  de  la  Patagonie, 
il  est  difficile  de  fixer  leur  âge,  parce  qu'ils  sont  tous  complètement  diffé- 
rents de  ceux  de  l'hémisphère  boréal,  soit  en  Europe,  soit  en  Asie,  soit 
aux  États-Unis.  Heureusement  on  voit  en  Patagonie  un  étage  marin  dont 
les  fossiles  se  rapprochent  de  ceux  de  nos  p^ys  et  qui  peut  ainsi  offrir  un 
point  de  repère.  On  a  appelé  cet  étage  le  Patagonien  et  M.  Ortmann  en  a 
décrit  de  nombreuses  espèces  rapportées  par  M.  Hatcher;  il  les  a  attri- 
buées au  Miocène.  J'en  ai  recueilli  des  échantillons  que  j'ai  soumis  à 
l'examen  de  nos  plus  savants  spécialistes.  M,  Priem  a  déterminé  les  restes 
de  Poissons,  M.  Cossmann  les  coquilles  de  Mollusques,  M.  Canu  les  Bryo- 
zoaires, M.  Lambert  les  Oursins.  Leurs  déterminations  confirment  celles 
de  M,  Ortmann  :  les  fossiles  marins  se  rapprochent  de  ceux  du  Miocène  ou 
de  l'Oligocène  supérieur  de  nos  pays. 

w  M.  Ameghino  prétend  depuis  longtemps  que  le  Patagonien  est  au- 


SÉANCE    DU    3    AOUT    I903.  'i/jg 

dessous  des  couches  à  Nesodon  du  Santacruzien  et  au-dessus  des  couches 
à  Pyrotherium  du  Deseado.  On  a  élevé  des  doutes  sur  ces  assertions.  J'ai 
relevé  plusieurs  coupes  graphiques  qui  ne  laissent  pas  d'incertitudes  à  cet 
égard  ;  je  les  ai  dessinées  devant  la  Société  géologique  de  France.  En  voici 
le  résumé  : 

»  1°  A  la  base  sont  des  argiles  colorées,  avec  concrétions  ferrugineuses,  dont  on  ne 
peut  dire  l'épaisseur,  car  elles  descendent  au-dessous  du  niveau  de  la  mer.  La  partie 
visible  a  45™  de  puissance.  Vers  le  tiers  inférieur  sont  intercalées  des  argiles  blan- 
châtres avec  des  restes  de  Mammifères  très  différents  de  ceux  de  toutes  les  autres 
assises.  J'ai  trouvé,  à  Gasamayor,  le  Notostylops  marinus,  le  Trigotiostylops  Wort- 
jnani,  le  Notopithecus  adapinus,  etc. 

»  2°  Au-dessus  des  argiles  du  premier  étage  se^  présentent  d'autres  argiles  qui 
renferment  une  riche  faune  d'animaux  gigantesques  el  étranges  :  Pyrotherium 
Ronieri,  Asliapotheriuni  Voghti,  Leontinia  Gaudryi,  grands  Edentés,  etc.  Dans 
deux  de  mes  voyages,  j'ai  fait,  au  Deseado,  des  fouilles  qui  m'ont  procuré  des  séries 
considérables  de  cette  faune  continentale. 

»  3°  Immédiatement  au-dessus  vient  la  formation  marine  du  Patagonien  dont  les 
fossiles  ont  été  étudiés  par  MM.  Ljdekker,  Smith  Woodward,  Ortmann,  etc.  J'ai  vu, 
dans  le  bas,  des  couches  de  sable  avec  coquilles  fossiles  mal  conservées,  et,  dans  le 
haut,  des  bancs  de  grès  qui  ont  fourni  un  grand  nombre  d'invertébrés,  Ostrea  Bene- 
kei,  Pecten  centralis,  Isechinus  prœsursor,  etc. 

»  4°  Au-dessus  des  couches  marines,  on  observe  très  nettement  en  concordance  avec 
elles  les  couches  de  la  puissante  formation  continentale  dont  l'ensemble  est  connu 
sous  le  nom  à^Étage  santacruzien.  Le  Nesodon  y  abonde  avec  V Astrapotherium,  le 
Protypolherium,  le  Proterotherium,  le  Diadiaphorus,  le  Theosodon,  nombreux 
types  d'Édentés,  etc.  C'est  dans  le  Santacruzien  que  MM.  Ameghino,  Moreno  et 
d'autres  ont  fait  leurs  plus  belles  récoltes  de  fossiles.  J'en  ai  rapporté  d'importantes 
séries  provenant  du  mont  Leone  et  surtout  des  bords  du  Rio-Coyle. 

»  5°  Enfin,  au-dessus  du  Santacruzien,  apparaît  l'étage  qui  a  été  appelé  le  Téliuelch, 
formé  d'accumulations  considérables  de  cailloux  roulés,  au  milieu  desquels  sont  des 
fossiles  marins,  notamment  VOstrea  Ferrarisi,  qui  ressemble  beaucoup  à  XOstrea 
patagonica. 

»  Puisque  les  couches  marines  du  Patagonien  sont  du  Miocène  ou  de 
l'Oligocène  supérieur,  les  couches  à  Pyrotherium  du  Deseado  et  les  couches 
à  Notostylops  de  Gasamayor  qui  sont  au-dessous  sont  oligocènes  ou  éocènes  ; 
celles  du  Santacruzien,  qui  sont  certainement  au-dessus,  ne  peuvent  être 
plus  anciennes  que  le  Miocène.  Cette  constatation  est  d'une  importance 
considérable,  car  les  fossiles  du  Santacruzien  sont  à  un  stade  d'évolution 
absolument  différent  de  celui  des  animaux  miocènes  de  l'hémisphère 
boréal.  C'est  la  première  fois  qu'on  trouve  une  pareille  inégalité  dans 
l'état  de  développement  d'animaux  du  même  âge.   « 

C.  R.,  iyo3,  y."  Semestre.  (T.  CWXVII,  N°  5.)  4^ 


^5o  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  la  constitution  géologique  des  environs  de  Mirsa  Matrouh 
i^Marmariquc).  Note  de  M.  D.-E.  Pachundaki,  présentée  par  M.  All)ert 
Gaudry. 

«  Grâce  à  l'obligeance  du  général  Hunter  pacha,  directeur  du  service 
des  Gardes-côtes  d'Egypte,  j'ai  pu  visiter  les  environs  du  port  de  Matrouh, 
dans  la  Marmarique,  situé  à  environ  260'^"*  à  l'ouest  d'Alexandrie,  près  do 
la  frontière  de  la  Cyrénaïque.  Comme  cette  région  n'a  pas  encore  été 
décrite,  je  crois  intéressant  de  signaler  à  l'Académie  les  principaux  résul- 
tats de  nia  visite. 

»  Au  point  de  vue  géographique,  la  région  côtière  peut  être  considérée 
comme  formée  de  deux  terrasses  venant  buter  contre  le  grand  plateau  de 
la  Marmarique  qui  s'étend  jusqu'à  l'Oasis  de  Syouah.  Ces  deux  terrasses 
sont  séparées  par  une  chaîne  de  petites  collines  que  les  Bédouins  désignent 
sous  le  nom  d'  «  el  Haggou».  La  terrasse  inférieure  s'étend  sur  une  largeur 
de  2'"°  environ  jusqu'à  la  mer.  Son  altitude  moyenne  est  de  6™.  La  terrasse 
supérieure  a  une  largeur  de  près  de  5''™,  avec  une  altitude  moyenne 
de  25'". 

»  La  falaise  qui  borde  le  rivage  et  sur  laquelle  est  construit  le  fort  des 
Gardes-côtes  est  formée  d'un  calcaire  sableux  qui  renferme  des  espèces 
marines  actuelles  telles  que  Pectunculus  violacescens,  Strombus  Mediterra- 
neus,  Arca  barbata,  etc.,  et  ne  peut  être  assimilé  qu'au  tufPeau  coquiller  des 
environs  d'Alexandrie.  J^ai  même  retrouvé  au-dessus  de  ce  luffeau  les 
sables  à  Hélix  avec  Hélix  nuculla  Parreyss,  E.  Guimeti  Bgt,  E.  serrulata 
Beck,  Chondrus  sulcidens  Mousson,  Buliminm  Gaillyih^^i* 

)>  La  chauie  de  hauteur,  pldcée  entre  les  deux  terrasses,  est  formée  par 
un  calcaire  pisolithique  qui  est  incontestablement  l'équivalent  du  calcaire 
du  Mex  des  environs  d'Alexandrie. 

w  Mon  attention  s'est  surtout  portée  sur  le  plateau  de  la  Marmarique, 
et,  eu  tête  de  l'Oady  el  Chagg,  qui  en  descend,  j'ai  pu  relever  la  coupe  sui- 
vante de  bas  en  haut  : 

»  a.  Calcaire  ocreux  de  2'",  70  d'épaisseur  visible  coiUeftant,  outre  de  nombreux 
Foraminifères  et  plusieurs  espèces  de  Bryozoaires  :  Arbacinasp.  n.,  Temiiechinus  alL 
stelUdatus  Dune  el  Slad.,  Clypeastcr  pseudoptacunarius  Fuchs,  C.  Bo  h  If  si  F  nchs, 
Brissopsis  sp.,  Ostrea  Virlctc  Deàh.,  Pecten  crisiato-costalus  Sacco,  P.  cf  Ziziniœ 
Blancl<.,  P.  opercularis  Lmk.,  P.  Zitteli  l'uclis,  P.  substriatus  d'Orb.,  Spondylus 
crassicostatus  Lmk.,  Turrileilci  sp.,  Proto  calhedralis  Hast. 


SÉANCE    DU    3    AOUT    l()o3.  35 1 

»  b.  Brèche  calcaire  de  2'»,3o  d'épaisseur,  coupée  de  luinachelles  épaisses  i'Ostrea 
Virleti  Des,h.,  et  O.  vestita  Fuclis,  mêlées  à  quelques  Pecten. 

»  c.  Calcaire  rougeâtre  de  2™,5o  d'épaisseur  conlenant  des  masses  de  Bryozoaires, 
Clyp.  Roh/fsi  el  Clfpeaster  sp.  n. 

»  d.  Calcaire  plus  clair  de  2™  d'épaisseur  à  Echinolampas  aniplus  Fuchs  et  Pecten 
stibmalvinœ  Blanck. 

»  e.  Calcaire  blanchâtre  de  3'",5o  d'épaisseur  avec  Spondylus  crassicosta  Lmk. 
Amphiope  afT.  arcuata  Fuchs,  Scutetla  sp.  n.,  Clypeaster  sp.  n. 

)>  /.  Calcaire  jaunâtre  de  2'"  d'épaisseur  dont  la  partie  inférieure  a  été  corrodée  par 
les  agents  atmosphériques  sur  une  épaisseur  de  près  de  o'^SyS.  On  y  rencontre  Echi- 
nolampas amplus  Fuchs,  Agassizia  Zitleli  Fuchs,  Clypeaster  sp. 

»  Cette  faune  est  caractéristique.  Nous  avons  là  les  mêmes  espèces,  ou  à 
peu  près,  que  dans  la  faune  de  Syouah,  si  bien  décrite  par  MM.  Zittel  et 
Fuchs,  et  nous  devons  synchroniser  l'ensemble  de  ce  plateau  avec  la  base 
du  deuxième  étage  méditerranéen,  VReUQÛQu. sensu slricLo .  f/i  particularité 
la  plus  remarquable  de  cette  faune  me  semble  être  la  préseace  du  2,enre 
Temnechinus,  que  je  suis  le  premier  à  signaler  dans  les  formations  du  bassin 
méditerranéen,  ce  genre  d'Echinide  n'étant  conuj,  jusqi'à  ce  jour,  que 
dans  l'Inde  et  dans  le  crag  d'Angleterre. 

))  La  région  de  Mirsa  Matrouh  semble  donc  composée  par  des  formations 
identiques  à  la  région  Alexandrine  qui  seraient  venues  buter  contre  le 
horst  miocène  du  plateau;  le  pliocène  y  semble  mal  représenté;  mais 
peut-être  un  jour  pourra-t-on  signaler  la  présence  de  formations  d'eau 
douce  appartenant  à  cet  étage,  car  j'ai  trouvé  dans  les  éboulis,  au  pied  du 
plateau,  Helix quadridentata  Blanckenhorn,  qui  est  bien  caractéristique  des 
formations  similaires  au  sud  du  Mariout.  » 


PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.    -  Les  sensibilisatrices  du  bacille  tuberculeux. 
Note  de  MM.  J.  Bordet  et  O.  Gevgou,  présentée  par  M.  Roux. 

((  L'un  de  nous  a  montré,  en  1900,  que  si  l'on  met  en  contact  des  cellules 
(globules  rouges)  on  des  microbes  avec  l'immunsérum  approprié  (lequel 
contient,  on  le  sait,  une  sensibilisatrice  spécifique),  ces  éléments  deviennent 
capables  d'absorber  énergiquement  la  matière  globulicide  ou  microbicide 
du  sérum  (alexine).  S'appuyant  sur  cette  donnée,  Bordet  et  Gengou  ont 
décrit  une  méthode  qui  permet  de  déceler,  dans  les  sérums,  l'existence 
d'une  sensibilisatrice.   Ainsi,  si  l'on  prépare  un  mélange   en  proportions 


352  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

convenables  de  bacilles  typhiques,  de  sérum  frais  d'homme  ou  d'animal 
neuf,  et  de  sérum,  préalablement  chauffé  à  55°,  de  convalescents  de  fièvre 
typhoïde,  on  constate  que  l'alexine  du  sérum  neuf  est  absorbée  par  les 
bacilles;  en  effet,  des  globules  rouges  bien  sensibihsés,  introduits  au  bout 
de  quelque  temps  dans  le  mélange,  n'y  subissent  pas  l'hémolyse.  En  consé- 
quence, le  sérum  des  convalescents  possède  une  sensibilisatrice,  conférant 
au  bacille  typhique  le  pouvoir  de  fixer  l'alexine.  Nous  avons  recherché,  en 
employant  cette  mélhode,  si  le  co])aye  peut  élaborer  une  sensibilisatrice 
active  à  l'égard  du  bacille  tuberculeux;  voici  les  résultats  que  nous  avons 
obtenus. 

»  Si  l'on  injecte  à  des  cobayes  le  bacille  humain  vivant,  l'animal,  chez 
lequel  la  tuberculose  se  généralise  bientôt,  ne  produit  pas  de  sensibilisa- 
trice. L'essai  du  sérum  donne  régulièrement,  à  toutes  les  périodes  de  la 
maladie,  un  résultat  négatif.  Au  contraire,  si  l'on  inocule  à  des  cobayes, 
sous  la  peau,  à  deux  ou  trois  reprises,  le  bacille  aviaire  (notre  échantillon 
provenait  du  pigeon  et  avait  été  cultivé  longtemps  sur  pomme  de  terre 
glycérinée),  lequel  est,  comme  on  sait,  peu  dangereux  pour  ces  animaux, 
ceux-ci  résistent  et  produisent  bientôt  dans  leur  sang  une  sensibilisatrice 
provoquant  l'énergique  absorption  de  l'alexine  par  le  bacille.  Chose  assez 
curieuse,  celte  sensibilisatrice  manifeste  une  activité  égale  vis-à-vis  du 
bacille  humain  ou  du  bacille  aviaire  ;  en  effet,  pour  obtenir  la  fixation  d'une 
même  dose  d'alexine  par  des  volumes  égaux  d'émulsion,  soit  de  bacilles 
humains,  soit  de  bacilles  aviaires,  il  faut  mettre  en  œuvre  la  même  quantité 
de  sérum  sensibilisateur.  Un  sérum  obtenu  par  injection  du  bacille  aviaire 
ne  permet  donc  pas  de  distinguer  l'une  de  l'autre  les  deux  races  du  microbe 
tuberculeux. 

»  Si  l'on  injecte  à  des  cobayes  neufs  un  mélange  de  bacilles  tuberculeux 
humains,  tués  par  le  chauffage  à  70°,  et  de  ce  sérum  sensibilisateur,  puis, 
au  bout  d'une  quinzaine  de  jours,  un  mélange  analogue,  mais  contenant 
des  bacilles  simplement  desséchés  au  préalable,  on  constate  que  les  ani- 
maux deviennent  plus  résistants  vis-à-vis  du  bacille  humain  vivant.  Si  on 
leur  inocule  ce  microbe,  ainsi  qu'à  des  témoins  non  traités,  ils  survivent 
notablement  plus  longtemps  que  ces  derniers  ;  néanmoins,  si  on  les  sacrifie 
au  bout  de  3  mois  environ,  on  trouve  que  les  organes  internes  sont  farcis 
de  tubercules;  il  s'agit  donc  d'un  simple  ralentissement  dans  l'évolution  de 
la  maladie.  Et  si,  à  ce  moment,  on  éprouve  leur  sérum,  on  trouve  qu'd  est 
très  nettement  sensibilisateur.  Si  donc  la  propriété  sensibifisatrice  ne  pa- 


SÉANCE    DU    3    AOUT    I9o3.  353 

riiît  pas  tOLiL  à  fait  inuLile,  au  moins  est-elle  incapable  d'enrayer  la  maladie. 
Au  reste,  des  cobayes  tniilés  simplement  par  des  injections  de  bacilles  hu- 
mains tués  à  70°,  puis  de  bacilles  desséchés,  peuvent  acquérir  le  pouvou- 
sensibilisateur  du  sérum,  et  Ton  sait  depuis  longtemps  que  leur  résistance 
au  bacille  vivant  n'est  pas  considérablement  accrue.   » 

M.  T.  SocRBÉ  adresse  une  Note  intitulée  :  «  Alcoométrie  pondérale  » . 
(Renvoi  à  la  Section  de  Physique.) 

M.  O.  Dony-Hénault  adresse  une  Note  «  Sur  la  radioactivité  du  per- 
oxyde d'hydrogène  ». 

M.  C.  deLiebhaber  adresse,  par  l'entremise  de  M.  Brouardel,  une  «  Note 
sur  la  thermographie  sidérale  ». 

La  séance  est  levée  à  4  heures  un  quart. 

M.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGKAPHIlQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  20  .juillet  igoS. 

Service  ^géographique  de  l'Armée.  Rapport  sur  les  travaux  exécutés  en  1902. 
Paris,  1908;  i  fasc.  in-8°. 

Département  de  l'Eure.  Rapports  du  Conseil  central  et  des  Conseils  d'arrondis- 
sement d'hygiène  publique  et  de  salubrité,  année  1902.  Évreux,  1908;   i  fasc.  in-8«. 

Les  lampes  électriques  à  incandescence  et  leur  appareillage,  par  E.  Sartiaux. 
Conférence  faite  au  Conservatoire  national  des  Arts  et  Métiers,  le  22  mars  1903.  Paris, 
F.  Baranger,  igoS;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 


Le  second  viaduc  sur  la  Pétrusse  à  Luxembourg,  par  Eug.  Perron.  Luxembourg, 
imp.  Huss,  1908;  I  fasc.  in-4°.  (Hommage  de  l'auteur.) 


354  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

The  ^vellcoine pliysiologlcal  research  laboratories founded  1894,  Walter  Dawson, 
Director.  Londres;  i  fasc.  in-S". 

The  heat  of  a  change  in  connection  with  changes  in  dielectiic  constants  and  in 
volumes,  by  C.-L.  Speyers.  (Evtr.  de  Tlie  american  Journal  of  Science,  vol.  XVI, 
juin  1908.)  I  fasc.  in-8°. 

A  review  of  the  Siluroid  fishes  or  catfishes  of  Japan,  by  David  Starr  Jordan  and 
Henri-W.  Fowler.  (Exlr.  de  The  proceedings  of  the  United  States  national  Muséum, 
vol.  XXVI,  p.  897-911.)  Washington,  1908;  i  fasc.  in-8<'. 

On  the  relations  of  the  fishes  of  thefaniily  Lampridœ  or  Opahs,  by  Théodore  Gill. 
(  i*lxtr.  de  The  proceedings  of  the  United  States  national  Muséum,  vol.  XXVI, 
p.  915-924.)  Washington,  1908;  i  fasc.  in-8°. 

Atlas  geologiczny  Galicyi;  z.  XIV.  Pilzno  i  Ciezhowice  (si.  V,  p.  5);  Brzostek 
i  Strzyzow  (si.  VI,  p.  5);  Tyczyn  i  Dynow  (si.  Vil,  p.  5);  opracowal  D""  Josrf 
Grzybowski.  Cracovie,  1908.  Texte,  i  fasc.  in-8°.  Atlas,  i  fasc.  in-f". 

Nachrichten  von  der  kônigl.  Gesellschaft  der  Wissenschaften  zu  Gôttingen. 
Geschâftliche  Mitteilungen,  1908,  Heft  1.  Gœttingue,  1908;  i  fasc.  in-8°. 

Memorias  de  la  Sociedad  espanola  de  Historia  natural;  t.  II,  Memorias  !=>  y  2". 
Madrid,  1908;  i  fagç.  iii-S". 


OUVHAGRS    REÇUS   DANS    LA    SÉANCE    DU    27    JUILLET    1908. 

Institut  de  France.  Académie  des  Sciences.  Commission  de  Sismologie.  Rapport 
présenté  à  l'Académie  dans  la  séance  du  iZ  juillet  1908,  par  M.  A.  de  Lapparent. 
Paris,  Gauthier-Villars;  i  fasc.  in-4°. 

Association  française  pour  l'avancement  des  Sciences;  Compte  rendu  de  la  81'= 
session;  Montauban,  1902  ;  2*  Partie  :  Notes  et  Mémoires.  Paris,  Masson  et  C'*^,  1908  ; 
I  vol.  in-8°. 

Traité  élémentaire  de  Physique,  par  Ganot-Maneuvrier ;  22^  édition,  entièrement 
refondue  conformément  aux  programmes  officiels  de  l'Enseignement  secondaire,  con- 
tenant 822  gravures  et  i  planche  en  couleur.  Paris,  Hachette  et  G'",  1908  ;  i  vol.  in-r2. 
(Présenté  par  M.  Amagat, ) 

La  Géographie.  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie;  t.  VIII,  n°  1,  année  1908, 
10  juillet.  Paris,  Masson  et  G'*;   i  fasc.  in-4''. 


Antràge  an  die  internationale  Association  der  Akademien  seitens  der  von  ihr 
ernannten  Kommission fïir  Hirnforschung.  (Extr.  des  Berichten  der  mathem.-phys. 
Klasse  der  kônigl.  sàchs.  Gesellschaft  der  Wissenchaften  zu  Leipzig,  séance 
du  8  juin  1908.)  1  feuille  double  in-8''. 

Bericht  an  die  k.  s.  Gesellschaft  der  Wissenschaften  liber  die  am  5.  Juni  1908  in 
London  abgehaltene  Sitzung  der  von  der  internationalen  Association  der  Aka- 
demien niedergaetzten  Kommission  zur  Gehirnerforschung,  erstattet  von  den 
Delegierten  Paul  Flechsig  und  Wilhelm  His.  (Extr.  id.  supra.)  i  fasc.  in-8". 


SÉANCE    DU    3    AOUT    igoS.  355 

Mondalengo  i  koitfattad  framstdilning,  af  J.  B.  [J.  Bkrgman].  Gœteboro, 
Bonniers,  1902;  i  fasc.  in-i2  oblong,  (  Hommage  de  railleur.) 

Fader  var  ôfversatt  till  «  Mondalango  »  (  Verldsspmket)...,  af  J.  B.  [J.  Bergman]. 
Gœteborg,  Bonniers,  1902;  i    fasc.  in- 12. 

Zieklen  van  rijst,  iabak,  tkee  en  andere  cultuurgewassen,  die,  door  Insecten 
wordeii  veroorzaakt,  door  D""  J.-C.  Koningsberger  ;  met  5  platen.  {jMededeelingen 
uit  S' Lands  Plantentuiii,  LXIV.)  Batavia,  G.  IvolfTet  C'**,  1908;  i  fasc.  in-8". 

Orientation,  déclinaison,  inclinaison,  variations  du  Jd  à  plomb  et  de  l'aiguille 
aimantée,  par  le  C'^  de  Moiîiana;  i""^  Partie.  Saint-Sébastien,  1900;  i  fasc.  in-f";  auto- 
graphié;  exemplaire  n"  12.  (Hommage  de  l'auteur.) 

The  fundamental  theorem  of  chemisLry,  by  Edward  Beckham.  Philadelphie,  chez 
l'auteur,  1908;  i  fasc.  in-4°. 

Carte  de  l'empire  de  Russie  et  des  États  qui  lui  sont  contigus,  par  E.  Koverski  ; 
texte  et  atlas.  Saint-Pétersbourg,  1908;  i  étui  in-8°  oblong  et  i  fasc.  in-8°. 

Astronomische  Arbeitender  k.  k.  Gradmessungs-Bureau^  Bd.  XH.  Làngenbe- 
stimmungen.  Prague,  Vienne,  Leipzig,  1900;  i  fasc.  in-4°. 

Ueber  die  Réduction  der  auf  physischen  Erdoberjlàclie  beobachteten  Schwerebe- 
schleunigungen  auf  ein  gemeinsames  ISiveau,  von  F,-R.  Helmert  ;  2'«  Mittlieilung. 
Berlin,  1908;  j  fasc.  in-8".  (Hommage  de  l'auteur.) 

Jahresbericht  der  Direktors  der  kôniglichen  geodàtischen  Instituts  fiir  die  Zeit 
von  April  1902  bis  April  1908.  Potsdam,  1908;  i  fasc.  in-8°. 

Jahrbùcher  der  k.  k.  Central- Anstalt  fur  Météorologie  und  Erdmagnetismus. 
Officielle  Publication,  Jahrgang  1901  ;  neue  Folge,  Bd.  XXXVHI.  Vienne,  1902-1908  ; 
I  vol.  et  1  fasc.  iu-4°. 

Annual  report  of  the  Smithsonian  Institution,  1900.  U.  S.  national  Muséum. 
Washington,  1902;  i  vol.  in-8°. 

Proceedings  of  the  United  States  national  Muséum;  vol.  XXHI,  XXIV.  Washing- 
ton, 1901,  1902;  2  vol.  in-8°. 

Bulletin  of  the  United  States  national  Muséum  :  N°  39,  parts  H-0.  Washington, 
1893-1899;  7  fasc.in-8°.  N°  50,  part  H.  Washington,  1902;  r  vol.  in-8".  I\"5I.  Washing- 
ton, 1902;  I  fasc.  in-8''. 

The  physical  Review,  a  journal  of  expérimental  and  theoretical  Physics,  con- 
ducted  vvith  the  coopération  of  the  american  physical  Society,  by  Edward  L.  Nichols, 
Ernest  Merritt  and  Frederick  Bedell;  vol.  XVII,  number  1.  Lancaster,  Pa.  et 
New-York,  1908;  i  fasc.  in-S*^. 

The  Journal  of  the  Collège  of  Science,  Impérial  Universily  of  Tokyo,  Japan\ 
vol.  XVIH,  art.  2;  vol.  XIX,  art.  1  and  o.  Tokyo,  1908;  3  fasc.   iii-4". 


356  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ERRATA. 


(Séance  du  6  juillet  1903.) 

Note  de  M.  C.  Maltézos,  Sur  une  espèce  d'oscillation  de  la  perception 
chromatique  : 

Page  44,  ligne  i4,  au  lieu  de  ,^,  lisez  ^Ûôt,- 


ACADÉMIE  DES   SCIENCES. 

SÉANCE   DU   LUNDI   10   AOUT  1905, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GAUDRY. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS     DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président,  en  annonçant  à  l'Académie  la  perle  qu'elle  vient  de 
faire  dans  la  personne  de  M.  Munier-Chalmas ,  s'exprime  comme  il  suit  : 

('  J'ai  la  douleur  d'annoncer  à  l'Académie  la  perte  bien  inattendue  de 
M.  Munier-Chalmas,  M.  Bergeron,  sous-directeur  de  son  laboratoire  de 
recherches  à  la  Sorbonne,  nous  apprend  par  dépêche  la  mort  subite  de 
notre  cher  et  éminent  Confrère,  survenue  à  Aix-les-Bains,  samedi  8  août. 
M.  Munier-Chalmas  avait  été  nommé  dans  la  Section  de  Minéralo£:ie  le 
20  mai  de  cette  année;  il  n'y  a  donc  pas  trois  mois  qu'il  faisait  partie  de 
l'Académie;  vraiment,  c'est  nous  quitter  trop  tôt! 

»  Il  était  également  habile  en  Géologie  et  en  Paléontologie.  C'était  un 
chercheur,  un  curieux  de  la  Nature,  découvrant  sans  cesse  quelque  chose 
de  nouveau  dans  la  grande  histoire  des  temps  passés.  Comme  il  avait  la 
passion  de  la  Science,  il  la  communiquait  à  ses  élèves.  Aussi  il  a  eu  un  rôle 
considérable  dans  la  chaire  de  Géologie  de  la  Sorbonne;  sa  mort  va  pro- 
duire un  vide  profond.  L'Académie  voit  avec  tristesse  disparaître  cet  homme 
encore  jeune,  d'une  étonnante  vivacité  d'esprit,  qui  semblait  appelé  à  lui 
faire  longtemps  honneur.  Je  lève  la  séance  en  signe  de  deuil.  » 

AÉRODYNAMIQUE.  —  Sur  l' aérodynamique  et  la  théorie  du  champ  acoustique. 
Note  de  M.  le  général  Sebert. 

«  La  Note  de  M.  le  commandant  Charbonnier,  de  l'Artillerie  coloniale, 
sur  la  théorie  du  champ  acoustique,  que  j'ai  présentée  à  l'Académie  dans 
la  séance  du  i'3  juillet  dernier,  et  la  nouvelle  ÎN^ote  du  même  auteur,  en 

C.  R.,  ico3,  2=  Semestre.  (T.  CXXXVII,   N»  6.)  47 


358  ACADEMIE   DES   SCIENCES. 

date  de  ce  jour,  sur  l'application  de  celte  théorie  à  la  détermination  du 
frottement  intérieur  des  gaz  sont  de  nature  à  appeler  de  nouveau  l'atten- 
tion sur  ]es  phénomènes  sonores,  encore  peu  connus,  qui  se  produisent 
au  passage,  dans  l'atmosphère,  de  mobiles  animés  de  mouvements  très 
rapides  et  sur  les  conséquences  que  la  connaissance  de  ces  phénomènes 
peut  entraîner  pour  les  théories  acoustiques  et  pour  l'aérodynamique  en 
générai. 

»  Il  n'est  peut-être  pas  inutile  de  rappeler  l'état  de  nos  connaissances  à 
ce  sujet,  car  les  documents  qui  en  contiennent  l'exposé  se  trouvent  presque 
exclusivement  consignés  dans  les  publications  spéciales  d'artillerie,  par  ce 
motif  que  les  services  militaires  se  sont  trouvés,  à  peu  près  seuls,  en  me- 
sure, jusqu'à  ce  jour,  d'étudier  ces  phénomènes  ou  de  les  utiliser. 

»  C'est  en  l'année  1887,  au  cours  de  ses  études  pour  l'établissement  du 
nouveau  fusil  connu  sous  le  nom  de  fusil  Lehel,  que  M.  le  colonel  Journée, 
alors  capitaine,  a  observé,  pour  la  première  fois,  dans  le  tir  des  armes 
à  grande  vitesse  initiale,  la  production  d'un  bruit  violent  analogue  à  une 
détonation,  parfois  suivi  d'une  sorte  de  roulement  prolongé,  paraissant 
émaner  du  projectile  même  et  distinct  du  bruit  produit  par  l'explosion  de 
la  charge  de  l'arme  ('  ). 

»  Il  avait  constaté  que  ce  phénomène  n'apparaît  que  lorsque  la  vitesse 
initiale  du  projectile  est  notablement  supérieure  à  la  vitesse  de  propagation 
du  son  dans  l'air,  et  il  avait  reconnu  que  le  bruit  initial  perçu  par  un  ob- 
servateur semble  provenir  du  point  de  la  trajectoire  situé  sur  la  normale 
passant  par  la  position  de  cet  observateur. 

»  Par  une  série  d'expériences  ingénieuses,  il  avait  cherché  à  déterminer 
les  conditions  de  production  et  les  causes  du  phénomène,  et  il  avait  cru 
pouvoir  déduire  de  ses  observations  que  tout  projectile  animé  d'une  vitesse 
supérieure  à  la  vitesse  du  son  dans  l'air  émet,  pendant  son  parcours,  un 
son  continu  analogue  à  une  détonation. 

»  Il  avait  signalé  et  vérifié,  par  ces  expériences,  que  ce  fait  donnait 
l'explication  des  anomalies  constatées  par  les  expérimentateurs  qui  avaient 
cherché  à  déterminer  la  vitesse  du  son  dans  l'air,  en  utilisant  le  tir  réel  de 
pièces  d'artillerie  et  notamment  dans  les  essais  récemment  entrepris,  par 


(*)  Journée,  Note  manuscrite  du  25  octobre  1887  et  Comptes  rendus,  t.  (^VI,  28  jan- 
vier 1888,  p.  244-  —  Sebert,  Bulletin  de  la  Société  française  de  Physique,  1888, 
p.  35.  (Par  suite  d'une  erreur  d'impression,  là  formule  qui  donne  la  valeur  de  l'angle 
au  sommet  du  cône  sonore  a  été  substituée  à  celle  de  l'angle  complémentaire.) 


SÉANCE    DU    lO    AOUT    1903.  SSg 

la  Commission  de  Gàvre,  pour  effectuer  cette  détermination  à  l'aide  de 
bouches  à  feu  nouvelles  à  grandes  vitesses  initiales. 

»  Ces  essais  avaient  donné,  pour  la  vitesse  supposée  du  son,  des  valeurs 
toujours  trop  grandes  et  M.  le  capitaine  Jacob,  de  l'artillerie  de  la  marine, 
avait  été  amené  à  rechercher  si  ces  écarts  pouvaient  s'expliquer  par  l'in- 
fluence de  la  grande  intensité  des  vibrations  produites  par  le  tir  de  la 
pièce,  mais  ses  calculs  ne  l'avaient,  le  plus  souvent,  conduit  qu'à  îles 
termes  correctifs  insuffisants  ('). 

M  Les  travaux  d'Hugoniot  devaient  d'ailleurs  établir,  peu  de  temps  après, 
que  la  formule  de  Laplace,  employée  pour  le  calcul  de  la  vitesse  du  son, 
s'établit  rigoureusement  quelle  que  soit  l'amplitude  des  vibrations  ou  la 
vitesse  de  translation  des  particules  gazeuses  déplacées  (-). 

))  Vers  la  même  époque  avaient  été  publiés  les  premiers  résultats  des 
remarquables  expériences  du  D*"  E.  Mach,  de  Vienne,  Sut-  la  fixation  pho- 
tographique des  phénomènes  auxquels  donne  lieu  le  projectile  pendant  son 
trajet  dans  l'air.  Les  photographies  obtenues  montraient,  pour  les  projec- 
tiles animés  de  vitesses  supérieures  à  34o"^,  l'existence  d'ondes  à  contours 
permanents  ou  ondes  stationnaires  mises  en  évidence  par  les  variations  du 
pouvoir  réfringent  des  couches  d'air  ébranlées  (^). 

»  Contrairement  à  l'hypothèse  admise  par  M.  Journée,  le  D""  Mach  attri- 
buait le  bruit  de  détonation  perçu  par  un  observateur,  lors  du  tir  d'un 
projectile  animé  d'une  grande  vitesse,  à  l'arrivée  à  l'oreille  de  cet  observa- 
teur du  contour  extérieur  de  l'onde  condensée  accompagnant  le  projectile 
dans  son  parcours  et  il  expliquait  les  bruits  de  roulement  prolongé  entendus 
quelquefois,  par  les  réflexions  de  cette  onde  sur  le  sol,  les  nuages  ou  les 
autres  obstacles  naturels. 

»  Ces  questions  provoquèrent,  au  cours  des  années  suivantes,  d'inté- 
ressants travaux  dus  à  MM.  de  Labouret,  Gossot,  Moisson,  Jacob  et  Char- 
bonnier, officiers  d'artillerie  de  la  marine,  et  à  MM.  Hartmann  et  Devé,  de 
l'artillerie  de  terre. 

M  M.  de  Labouret,  parlant  des  observations  faites  par  M.  Journée,  avait 
déterminé,  par  le  calcul,  les  conditions  dans  lesquelles  le  son,  paraissant 


(')  Jacob,  Mémorial  de  L'ArliLierie  de  ta  Marine,  t.  XVI,  1888,  p.  563. 

(-)  HuGONiOT,  Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées,  4*^5^116,  t.  111,  1887, 

P-  477- 

(^)  E.   Mach  et  P.    Salcher,  Sitzungsberichte   der    kaiserliclien    AAade/nie   der 

Wissenschaften  in  Wien,  1887,  ^^'id.  XGV. 


36o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

émis  par  le  projectile,  devait  parvenir  à  l'observateur  et  indiqué  le  moyen  de 
tracer,  à  chaque  instant,  le  contour  de  la  surface  limite  de  l'onde  sonore 
émanée  de  ce  projectile  (  '  ). 

»  M.  Gossot,  dès  l'année  1 890,  déduisit  de  ces  résultats  une  méthode  pour 
la  détermination  de  la  vitesse  des  projectiles,  au  cours  de  leur  trajet,  sans 
l'interposition  des  cadres  cibles  habituellement  employés  à  cet  effet  et  en 
faisant  simplement  usage  de  résonnateurs  analogues  à  ceux  déjà  utilisés  par 
M.  Journée.  Cette  méthode,  consacrée  aujourd'hui  par  la  pratique,  a  rendu 
les  plus  grands  services  pour  l'étude  des  trajectoires  des  bouches  à  feu  nou- 
velles, à  grande  portée,  de  l'artillerie  de  la  marine  (^  )  et  a  pu  être  emj)loyée 
également  pour  les  essais  balistiques  des  nouveaux  fusils  étudiés  par 
l'artillerie  de  terre (^). 

»  M.  Hartmann,  en  1890,  analysa  et  commenta,  dans  \di  Revue  cV Artillerie, 
les  expériences  et  les  travaux  ci-dessus  mentionnés  de  MM.  Journée,  Mach, 
de  Labouret  et  Gossot  et  fit  également  connaître  les  nouvelles  expériences 
de  photographie  de  projectiles  effectuées  par  le  D*"  E.  Mach  en  collabora- 
tion avec  son  fils  L.  Mach  et  le  professeur  P.  Salcher,  ainsi  que  les 
recherches  de  ce  dernier,  effectuées  avec  le  concours  du  D'"  Mach  et  de 
M.  Whitehead,  sur  les  phénomènes  qui  accompagnent  l'écoulement  de 
l'air  à  haute  pression  (^),  mais  il  ne  déduisit  de  ces  études  aucune  conclu- 
sion au  sujet  des  questions  controversées  de  l'origine  et  de  la  nature  du 
bruit  perçu  (^). 

»  M.  Moisson,  en  1891,  discuta  ces  expériences,  au  point  de  vue  phy- 
sique, en  cherchant  à  concilier  les  hypothèses  contradictoires  émises.  Il 
rappelle  accessoirement  le  phénomène  de  la  production  des  auréoles  qui 
ont  été  souvent  observées  dans  le  tir  des  projectiles  et  il  attribue  le  bruit 
produit  par  le  projectile  et  qu'il  désigne  sous  le  nom  de  claquement  par 
la  rentrée  brusque  de  l'air  dans  le  vide  qui  se  produit  à  l'arrière  ("). 


(1)  De  LABOLRiii,  Mémorial  de  l'Artillerie  de  la  Marine,  t,  XVI,  1888,  p.  366. 

(-)  Gossot,  Mémorial  de  l'Artillerie  de  la  Marine,  t.  XIX,  1891,  p.  181. 

(^)  Dkvé,  Revue  d'Artillerie,  t.  XLVII,  1896,  p.  478. 

(*)  E.  Macu  et  1\  Salcukr,  Sitzungsberichte,  etc.,  Band.  XCVIII,  Januar  1889. 
—  E.  Macu  et  L.  Uach,  Sitzungsberichte,  etc.,  Band.  XCVIII,  Xovember  1889.  — 
E.  Macu,  Sitzungsberichte,  etc.,  Band.  XCVIII,  October  1889.  —  E.  Uxm,Sitzungs- 
berichte,  etc.,  Band.  XCVIII,  October  1888.  —  P.  Salcher,  Mittheilungen  aus 
dem  Gebiete  des  Seesresens,  t.  XVIII,  1890. 

(^)  Hartmann,  Revue  d'Artillerie,  t.  XXXVII,  1 890-1891,  p.  63,  397  et  493. 

(«)  MoissoN,.J/e/;io/7a/  de  l'Artillerie  de  la  Marine,  t.  XX,  1891,  p.  85;. 


SÉANCE  DU  lO  AOUT  igoS.  36 I 

»  Enfin  M.  Jacob,  en  1892,  et  M.  Charbonnier,  en  1893,  ont  cherché 
à  étabUr  la  théorie  analyli(jiie  du  problème,  le  premier  en  prenant,  comme 
point  de  départ,  la  loi  adiabatiqne  de  l'écoulement  des  gaz  (*),  le  second 
en  développant  et  complétant  la  théorie  exposée  par  M.  de  Labouret,  et  en 
en  faisant  rap()lication  à  d'autres  phénomènes  physiques  comme  le  bruit 
de  la  foudre  (-). 

M  Dans  ses  derniers  travaux,  M.  Charbonnier  a  donné  finalement  une 
nouvelle  théorie,  qui  paraît  définitive  et  complète  (*). 

»  Cette  théorie  donne  le  moyen  d'établir,  pour  chaque  point  de  l'espace, 
l'équation  qui  définit  l'état  sonore  de  ce  point  quand  l'atmosplière  est 
parcourue  par  un  mobile  dont  le  mouvement  est  connu.  Elle  permet  de 
déterminer  les  contours  de  la  région  ébranlée  à  chaque  instant,  qui  est 
dénommée  ^iiv\m  champ  acoustique,  et  elle  donne  la  forme  de  l'onde  neutre 
qui  sépare,  à  chaque  instant,  les  portions  antérieure  et  postérieure  de  ce 
champ  acoustique,  portions  dans  lesquelles  les  vitesses  de  déplacement 
des  molécules  gazeuses  sont  de  signe  contraire.  Par  le  tracé  des  courbes 
d'égale  vitesse  de  ces  molécules  gazeuses,  M.  Charbonnier  donne  le  moyen 
de  représenter  complètement,  à  chaque  instant,  un  champ  acoustique 
donné  et  il  fait  l'application  de  ce  système  à  un  certain  nombre  de  cas 
particuliers  :  d'abord  à  des  mobiles  animés  de  vitesses  inférieures  à  la 
vitesse  du  son,  puis  à  des  projectiles  animés  de  vitesses  plus  grandes. 

»  Il  retrouve  ainsi,  pour  ces  derniers,  la  forme  de  l'onde  conique  de 
léte  des  photographies  du  D'  Mach,  et  le  cône  sonore  qui  se  déplace  avec 
le  projectile. 

»  11  rend  compte  complètement  des  phénomènes  sonores  observés,  en 
admettant  que  l'oreille  ne  perçoit  un  bruit  de  détonation  que  lorsque  la 
vitesse  des  molécules  gazeuses  qui  la  frappent  varie  brusquement  et  non 
par  gradation  continue. 

»  Dès  lors,  il  démontre  que  le  bruit  de  détonation  ou  de  claquement 
du  projectile  ne  peut  être  distingué  du  bruit  de  l'explosion  de  la  pièce  que 
si  ce  projectile  se  meut  avec  une  vitesse  supérieure  à  la  vitesse  du  son  dans 
l'air  et  si  l'observateur  se  trouve  placé  dans  une  certaine  région  déterminée 

(*)  Jacob,  Mémorial  de  l'Artillerie  de  la  Marine,  t.  XX,  1892,  p.  33  et  229. 

(2)  Charbonnier,  Mémorial  de  l'Artillerie  de  la  Marine,  t.  XXI,  1893,  p.  547. 

(^)  Charbonnier,  Théorie  du  champ  acoustique,  Mémoire  manuscrit.  Ruelle, 
juin  1903,  et  Comptes  rendus,  t.  CXXXVll,  p.  171.  (Cette  Xote  a  été  présentée  dans 
la  séance  du  i3  juillet  1900,  bien  ({u'elle  n'ait  été  insérée  que  dans  le  Compte  rendu 
de  la  séance  du  20  juillet.) 


362  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

de  l'espace.  Il  arrive  même  à  celte  conclusion  que,  dans  le  cas  de  tirs  à 
grandes  distances,  l'observateur  peut  parfois  percevoir  deux  détonations 
émanées  du  projectile;  ce  son  étant  perçu  dans  la  direction  des  tangentes 
que  l'on  peut  mener  à  une  courbe  qu'il  dénomme  ejweloppe  sonore  et  qui 
est  le  lieu  des  normales  à  l'enveloppe  des  cônes  sonores. 

»  L'application  de  ces  mêmes  règles  à  l'étude  des  bruits  produits  par  les 
éclairs  en  zigzag  permet  d'expliquer  les  coups  de  tonnerre  multiples  et 
montre  qu'il  n'est  pas  plus  possible  de  déduire,  de  la  durée  d'arrivée  du 
bruit,  la  distance  du  lieu  de  production  de  la  foudre,  que  de  mesurer,  à 
l'aide  de  télémètres  acoustiques,  la  distance  des  bouches  à  feu,  tirant  à 
grandes  vitesses  initiales,  dont  on  aperçoit  le  feu  ou  la  fumée. 

»  M.  Charbonnier  rend  compte  aussi  de  la  production  des  ondes  dila- 
tées observées  par  M.  Mach  à  l'arrière  des  projectiles,  ainsi  que  de  celle 
des  ondes  réfléchies  à  la  rencontre  des  obstacles  et  il  explique  par  des  ré- 
flexions de  ce  genre  les  roulements  prolongés  que  l'on  perçoit  dans  cer- 
tains cas.  Il  donne  encore  le  moyen  de  calculer  les  déplacements  imprimés 
aux  molécules  gazeuses  et  en  vertu  desquels  peuvent  fonctionner  les  ré- 
sonnateurs  employés,  comme  appareils  enregistreurs,  dans  la  méthode 
des  mesures  des  vitesses  des  projectiles  proposée  par  M.  Gossot. 

»  M.  Charbonnier  fait  enfin  l'application  de  la  théorie  qu'il  a  établie 
à  l'étude  de  quelques  phénomènes  particuliers,  notamment  à  celle  du  son 
produit,  à  différentes  distances,  par  un  diapason  vibrant  et  à  celle  de  la 
rotation  d'un  corps  animé  d'un  mouvement  circulaire  uniforme.  Il  évalue 
aussi  le  déplacement  de  l'air  dans  le  voisinage  d'une  automobile  marchant 
à  une  vitesse  déterminée,  ainsi  que  les  effets  du  vent  rencontrant  un  ob- 
stacle tel  qu'un  mât,  etc. 

»  Ces  travaux  de  M.  Charbonnier  mè  paraissent  de  nature  à  apporter  de 
grandes  simplifications  dans  l'établissement  des  théories  élémentaires 
d'acoustique  et  d'aérodynamique,  car  ils  jettent  une  grande  clarté  sur  les 
phénomènes  complexes  qu'étudient  ces  théories. 

»  La  nouvelle  Note  qu'il  adresse  aujourd'hui  à  TAcadémie  en  est  une 
preuve,  car  elle  montre  que  la  théorie  du  champ  acoustique,  établie  par  lui, 
peut  suggérer  une  façon  nouvelle  d'envisager  la  question  du  frottement 
intérieur  ou  de  la  viscosité  des  gaz  qui  provoque  encore  en  ce  moment 
d'importantes  recherches. 

»  Si  l'on  adoptait  cette  manière  de  voir,  la  façon  de  présenter  les  calculs 
qui  concernent  la  détermination  de  cette  viscosité  devrait,  sans  doute,  être 
l'objet  d'importantes  modifications.  » 


SÉANCE   DU    lO   AOUT    igoS.  363 


CHIMIE  MINÉRALE.   —   Description  d'un  nouvel  appareil  pour  la  préparation 
des  gaz  purs.  Note  de  M.  Henri  Moissax. 

«  Tous  les  chimistes  savent  combien  la  préparation  des  gaz  purs  est 
longue  et  délicate.  Cette  préparation  est  le  plus  souvent  très  difficile, 
parfois  même  impossible  par  suite  des  réactions  ou  de  la  forme  même  des 
appareils  employés.  Nous  donnerons  dans  cette  Note  la  description  d'un 
appareil  très  simple  qui  permet  d'obtenir  rapidement  la  plupart  des  gaz 
dans  un  grand  état  de  pureté. 

»  I.  Dessiccation  des  gaz.  —  Lorsque  nous  voulons  dessécher  un  gaz, 
nous  employons  soit  des  flacons  à  plusieurs  tubulures,  soit  des  éprouvettes 
desséchantes  qui  contiennent  des  matières  avides  d'eau  :  ponce  poreuse 
mouillée  d'acide  sulfurique,  chlorure  de  calcium  fondu  ou  poreux,  chaux 
vive,  etc.  Toutes  ces  matières  sont  imprégnées  d'air,  parfois  même  de  diffé- 
rents gaz.  Elles  donnent  souvent  naissance  à  des  réactions  secondaires 
produisant  des  impuretés  :  telle  l'attaque  lente  du  caoutchouc  des  appareils 
par  l'acide  sulfurique  froid  qui  produit  un  dégagement  continu  de  gaz 
acide  sulfureux.  De  plus  les  bouchons  de  liège  ou  de  caoutchouc  ne  perdent 
que  lentement  l'humidité  qu'ils  contiennent. 

))  Description  d'un  appareil  servant  à  la  dessiccation  des  gaz.  —  Pour 
toutes  ces  raisons,  nous  avons  remplacé  cet  ensemble  volumineux  de 
flacons  et  d'éprouvettes  par  deux  petits  appareils  en  verre  d'un  très  petit 
volume  {fig.  i). 

»  Le  premiers,  de  So'^"',  a  la  forme  d'un  cylindre  fermé  à  ses  deux 
extrémités;  il  porte,  à  la  partie  supérieure,  deux  tubes  soudés,  l'un 
plongeant  jusqu'au  fond  de  l'appareil  et  l'autre  débouchant  dans  l'espace 
annulaire. 

»  Le  second  tube  b,  qui  va  faire  suite  au  premier,  est  un  tube  en  U 
de  13"'"',  portant  sur  l'une  de  ses  branches  quatre  boules  de  moyenne 
grandeur  et,  sur  l'autre,  deux  plus  petites.  Cette  série  de  parties  cylin- 
driques et  de  sphères  a  pour  but  de  changer  à  chaque  instant  la  vitesse  du 
gaz,  de  le  mélanger  et  de  le  forcer  à  s'étaler  sur  la  paroi  de  verre  refroi- 
die. Ces  deux  appareils  sont  placés  dans  des  vases  de  Dewar  remplis  de 
liquides  réfrigérants  à  des  tem|)éraLures  qui  varient  de  — So*^  à  —200°. 
Nous  utilisons  pour  dessécher  les  gaz,  au  moyen  de  cet  appareil,  le  pro- 


364  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cédé  purement  physique  de  la  condensation  de  l'eau  à  très  basse  tempé- 
rature ('). 

»  Nous  nous  sommes  assuré  d'abord  que,  lorsqu'un  gaz  saturé  d'humi- 
dité traversait  cet  appareil  avec  la  vitesse  de  i'  en  lo  minutes,  toute  la 
vapeur  d'eau  était  retenue  à  la  température  de  — 5o°.  Une  série  de  tubes 
desséchants,  pesés  au  préalable,  n'augmentaient  pas  de  poids  lorsqu'ils 
étaient  traversés  par  un  volume  de  3'  d'air  ainsi  desséché.  En  réalité,  le  gaz 
renferme  encore  une  trace  d'eau  qui  correspond  à  la  tension  de  vapeur  de 
la  glace  à  — 5o°.  Mais,  pour  nous  autres  chimistes,  cette  petite  quantité 
est  certainement  plus  faible  que  celle  que  peut  nous  fournir  le  verre  ordi- 
naire et  les  bouchons  employés  dans  la  plupart  de  nos  expériences. 

»  Si  nous  voulons  une  autre  preuve  de  la  dessiccation  suffisamment 
grande  de  ces  gaz,  nous  la  trouverons  dans  l'expérience  suivante  :  de  l'air 
saturé  d'humidité  est  lentement  desséché  dans  notre  appareil  à  des  tem- 
pératures décroissantes  de  —  lo",  —  20'',  —  3o°,  — /|0°,  —  jo",  —  80** 
et  — 100°;  c'est  à  peine  si  à  la  température  de  — -  3o°  le  gaz  qui  a  traversé 
nos  deux  tubes  fournit  encore  une  trace  de  fumée  perceptible  avec  le 
fluorure  de  bore.  L'appareil  que  nous  proposons  nous  fournit  donc  une 
véritable  dessiccation  physique  sans  adjonction  de  réactifs  ou  de  matières 
poreuses  pouvant  amener  nombre  d'impuretés. 

»  Lorsque  l'on  veut  dessécher  un  courant  de  gaz  assez  rapide,  il  faut 
augmenter  la  longueur  de  l'appareil  dessiccateur,  ou  mieux,  le  faire  con- 
struire en  métal  :  platine  ou  laiton.  Dans  ce  cas,  le  refroidissement  se  fai- 
sant plus  vite  à  cause  de  la  bonne  conductibilité  du  métal,  la  dessiccation 
est  aussi  complète  que  possible. 

»  \\.  Purification  des  gaz.  —  Jusqu'ici,  pour  purifier  les  gaz,  on  s'était 
contenté,  le  plus  souvent,  d'obtenir  un  dégagement  très  long  de  façon  à 
chasser,  autant  que  possible,  l'air  des  appareils  le  plus  souvent  très  volu- 
mineux. Cette  méthode  peut  fournirdes  résultats  approches  lorsqu'il  s'agit 
de  gaz  assez  lourds  comme  le  chlore  et  l'acide  carbonique  qui  repoussent 
devant  eux  l'air  contenu  dans  tout  l'appareil.  Dans  une  préparation  d'acide 


(')  En  1899,  nous  avions  déjà  eu  l'occasion  d'indiquer  cette  méthode,  soit,  pour 
séparer  le  fluor  de  l'acide  fluorhydrique,  soit  pour  dessécher  les  gaz  [Comptes  t^endus, 
t.  CXXIX,  1899,  p.  799).  Nous  sommes  revenu  sur  le  même  sujet  à  propos  de  l'action 
de  l'acide  carbonique  complètement  dessécl)é  sur  Thydrure  de  jiotassium  {Comptes 
rendus,  t.  CXXXVI,  1908,  p.  728). 


SÉANCE    DU    JO   AOUT    igoS.  365 

carbonique  exécutée  dans  l'appareil  classique  formé  d'un  flacon  à  deux 
tubulures,  d'un  flacon  laveur  et  d'une  éprouvette  à  bicarbonate  'de  soude, 
nous  avons  trouvé  que  le  quatrième  litre  de  ^az  ne  renfermait  plus  que 
0,88  d'air  atmosphérique.  Au  contraire,  la  même  expérience  faite  avec  un 
gaz  léger  comme  l'ammoniac  nous  a  donné,  pour  les  huit  premiers  litres 
dégagés,  les  chiffres  suivants  : 


Premier    1 

tre,  air.  .  . 

•      98 

00 

P 

3ur 

100 

Cinquième 

litre,  air.  .  . 

4,10 

P 

Dur   roo 

Deuxième 

»         .  . 

•      92 

00 

» 

Sixième 

»           .  . 

i,4o 

» 

Troisième 

»         .  . 

.    48 

00 

» 

Septième 

))           .  . 

0,93 

» 

Quatrième 

»         .  . 

21 

10 

)) 

Huitième 

»            .  . 

0,89 

» 

»  Dans  tous  ces  appareils,  les  tubes  de  sûreté  qui  permettent  la  rentrée 
de  l'air  sont  aussi  l'une  des  causes  qui  empêchent  d'obtenir  des  gaz  purs. 
Enfin,  même  avec  des  appareils  continus,  comme  ceux  de  Deville  ou  de 
Kipp,  on  sait  que  la  solubilité  de  l'oxygène  et  de  l'azote  dans  les  liquides 
acides  que  renferment  ces  appareils  amène  des  traces  d'impuretés. 

»  Le  principe  de  notre  appareil  est  des  plus  simples.  Il  consiste  à  liqué- 
fier le  gaz  dans  un  tube  de  quelques  centimètres  cubes  de  volume,  puis  à 
le  solidifier  et  à  faire  le  vide  dans  cet  appareil  au  moyen  d'une  trompe  à 
mercure.  Nous  laissons  ensuite  le  corps  solide  reprendre  l'état  liquide, 
puis  l'état  gazeux  et  se  dégager  par  un  simple  retour  à  la  température 
ordinaire.  Si  le  gaz  solidifié  est  pur,  on  peut  le  recueillir  dans  des  flacons 
pleins  de  mercure  si  ce  métal  n'est  pas  attaqué.  Si  le  gaz  solidifié  est  impur 
par  suite  d'une  préparation  défectueuse,  on  détermine  une  distillation 
fractionnée  et  l'on  sépare  les  produits  gazeux  qui  se  dégagent  au  commen- 
cement et  à  la  fin  de  l'opération.  On  peut  ainsi  recueillir  le  gaz  qui  se  pro- 
duit lorsque  le  point  d'ébullition  est  constant. 

),  Description  de  i appareil.  -  Il  se  compose  d'un  petit  tube  cylindrique c 
{fis-  0  ^^®  ^^"'*^  ^®  ^^""'  fermé  à  l'extrémité  inférieure  et  la'^sant  passer  à 
la  partie  supérieure  deux  tubes,  l'un  qui  plonge  dans  l'appareil  et  l'autre 
qui  est  soudé  à  la  partie  supérieure  de  l'espace  annulaire.  Cet  appareil, 
tout  en  verre,  est  d'environ  S^""'  à  io^'"\  Lorsque  l'on  veut  condenser  une 
grande  quantité  de  gazon  en  augmente  un  peu  le  volume. 

»  Pour  obtenir  un  gaz  pur  par  cette  nouvelle  méthode  on  dispose  l'appa- 
reil producteur  de  gaz  comme  pour  une  préparation  ordinaire  (A"^.  i  et  2); 
puis  on  le  fait  suivre  de  nos  deux  tubes  dessiccateurs  à  la  suite  desquels  se 
trouve  un  robinet  à  trois  voies  qui  permet  d'envoyer  le  gaz  dans  le  con- 
densateur ou  de  le  faire  se  dégager  sur  une  cuve  à  mercure  par  un  tube 
de  80*^'"  de  hauteur.  Notre  petit  condensateur  est  relié  à  une  trompe  a 

c.  R.,  1903,  2*  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  6.) 


366 


ACADEMIE    DES   SCIENCES. 


mercure  au  moyen  d'un  caoutchouc  épais.  Dans  des  expériences  délicates, 
nous  remplaçons  toujours  les  joints  de  caoutchouc  épais,  par  des  tubes  de 


FiK.    I. 


verre  ou  de  plomb  réunis  à  frottement  doux  au  moyen  de  gomme  laque. 
»  Lorsque  la  quantité  de  gaz  solidifié  est  assez  grande,  on  peut,  vu  le 


Fi? 


petit  volume  du  condensateur,  supprimer  la  trompe  et  laisser  l'appareil 
s'échauffer  lentement  au  contact  de  l'air  atmosphérique.  On  laisse  perdre 


SÉANCE    DU    lO    AOUT    igoS.  36o 

les  premiers  5oo''"'  et  bientôt  on  obtient  du  gaz  pur.  Dans  ce  cas  le  tube 
de  dégagement  fait  suite  au  condensateur. 

»  Par  contre,  s'il  s'agit  de  recherches  très  exactes  on  devra  opérer 
autrement.  Après  avoir  solidifié  le  gaz,  le  vide  est  fait  exactement  dans 
l'appareil,  puis  on  étire  et  l'on  ferme,  avec  un  chalumeau,  le  tube  de  verre 
qui  réunit  le  condensateur  à  la  trompe.  Dès  lors  on  n'a  i)lus  à  craindre  la 
petite  quantité  d'humidité  que  peut  donner  le  tube  de  caoutchouc  le  mieux 
desséché.  Il  est  bon  aussi,  au  préalable,  de  chauffer  légèrement  le  tube 
abducteur  de  80*=™  de  hauteur  par  lequel  le  gaz  doit  se  dégager  sur  la  cuve 
à  mercure. 

»  Nous  indiquerons  comme  exemples  les  préparations  suivantes  : 

»  Acide  carbonique.  —  L'acide  carbonique  est  produit,  comme  d'habitude, 
par  l'action  de  l'acide  chlorhydriquè  sur  le  marbre.  Il  est  lavé  dans  une 
solution  de  bicarbonate  alcalin,  puis  purifié  au  moyen  d'une  longue 
colonne  de  bicarbonate  de  sodium.  Les  deux  premiers  tubes  dessiccateurs 
sont  maintenus  à  une  température  de  —70°  par  un  mélange  d'acétone  et 
d'acide  carbonique,  puis  on  refroidit  le  condensateur  dans  de  l'oxygène 
liquide  à  —  182^*.  Tout  l'acide  carbonique  se  solidifie  dans  ce  dernier  appa- 
reil sous  la  forme  d'une  croûte  épaisse.  On  tourne  alors  le  robinet  à  trois 
voies,  de  façon  à  isoler  l'appareil  producteur  de  gaz  du  condensateur. 

w  Au  moyen  de  la  trompe,  on  fait  le  vide  dans  le  condensateur  (résultat 
obtenu  en  quelques  instants)  jusqu'à  ce  que  le  mercure  monte  de  76*^™  dans 
le  tube  abducteur.  Lorsque  le  vide  est  obtenu,  on  ferme  le  robinet  de  la 
trompe,  on  retire  le  vase  de  Dewar  contenant  l'oxygène  liquide,  et,  par 
échaufl'ement,  l'acide  carbonique  ne  tarde  pas  à  prendre  l'état  gazeux  et  à 
se  dégager.  On  le  recueille  dans  des  flacons  bien  secs  remplis  de  mercure 
sec,  et,  sil'on  a  soin  de  rincer  les  flacons  avec  l'acide  carbonique  qui  se 
dégage,  puis  de  les  remplir  à  nouveau  de  mercure  sec  et  de  recueillir  enfin 
un  échantillon  de  gaz,  on  obtient  ainsi  de  l'acide  carbonique  pur. 
47*"°',  I,  traités  par  une  solution  alcaline  exempte  de  gaz,  ne  laissent  dans 
le  tube  gradué  qu'une  bulle  presque  imperceptible. 

»  Le  dégagement  d'acide  carbonique  du  condensateur  peut  être  arrêté 
à  volonté  en  replaçant  le  condensateur  dans  l'oxygène  liquide. 

»  Acide  iodhydrique.  —  Ce  gaz  est  préparé  par  la  méthode  ordinaire  : 
action  de  l'iode  sur  le  phosphore  en  présence  de  l'eau  {fig.  i).  Nous  avons 
utilisé  l'appareil  classique  de  M.  Etard.  Les  deux  tubes  dessiccateurs  a  el  b 
sont  maintenus  à  —  32°  et  le  tube  condensateur  c  à  —  60°.  On  obtient 
dans  ce  dernier  appareil  un  solide  blanc  sur  lequel  on  fait  le  vide  avec  faci- 


368  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

lité.  Il  fond  par  nne  élévation  de  température  d'une  trentaine  de  degrés 
en  un  liquide  complètement  incolore  qui  prend,  peu  à  peu,  sous  l'action 
de  la  lumière  une  faible  teinte  rose.  Le  gaz  qui  se  dégage  par  élévation  de 
température  est  pur,  bien  qu'il  ait  été  préparé  dans  un  appareil  volumi- 
neux renfermant  un  grand  excès  d'air. 

»  Acide  chlor hydrique.  —  Préparation  au  moyen  de  chlorure  de  sodium 
fondu  et  d'acide  sulfurique.  Les  dessiccateurs  sont  maintenus  à  —  80°,  le 
condensateur  à  —  iSo'^.  On  obtient  un  solide  blanc  sur  lequel  le  vide  est 
fait  et  qui  donne  ensuite  par  réchauffement  un  liquide  transparent  puis  un 
gaz  entièrement  absorbable  par  l'eau  bouillie. 

M  Hydrogêne  phosphore.  —  Ce  gaz  obtenu  par  différents  procédés  est 
purifié  et  desséché  dans  nos  premiers  tubes,  maintenus  à  une  température 
de  —  80°;  puis  il  est  solidifié  dans  le  condensateur,  au  moyen  d'oxygène 
liquide  à  —  182°.  Après  avoir  tourné  le  robinet  à  trois  voies,  on  fait  le 
vide  dans  l'appareil  ;  il  reste  un  solide  blanc  qui  fournit  un  liquide  inco- 
lore en  dessous  de  —  i3o".  Il  suffit  ensuite  de  laisser  l'appareil  se 
réchauffer  lentement  pour  obtenir  un  gaz  qui  se  dégage  sur  la  cuve  à 
mercure  sans  attaquer  ce  métal  et  qui  a  perdu  toute  propriété  d'être  spon- 
tanément inflammable  au  contact  de  l'air. 

))  Hydrogène  sulfuré.  ■—  Ce  gaz  a  été  préparé  par  l'action  de  l'acide  sul- 
furique étendu  sur  le  sulfure  de  fer.  Les  tubes  dessiccateurs  ont  été  main- 
tenus à  —  70"  et  le  condensateur  à  —  loo**.  Pendant  toute  la  durée  de  la 
condensation,  l'hydrogène  a  traversé  l'appareil  et  s'est  dégagé  par  la 
trompe  à  mercure.  On  a  séparé  ensuite  le  condensateur  de  l'appareil  pro- 
ducteur de  gaz  et  l'on  a  fait  le  vide  dans  le  condensateur.  Il  est  resté  dans 
cet  appareil  un  solide  blanc,  qui,  par  élévation  de  température,  fournit  un 
liquide  incolore,  puis  un  gaz  complètement  absorbable  par  une  solution 
alcaline. 

»  Oxyde  azotique.  —  Préparation  au  moyen  du  cuivre  et  de  l'acide  azo- 
tique étendu  [  fîg.  -^  (' )] • 

»  Le  premier  tube  d(  ssiccateur  cylindrique  a  était  maintenu  à  —60°,  le 
second  dessiccateur  à  boules/»  à  —100°;  enfin,  le  condensateur c  à  — 182*^. 
Pendant  toute  la  durée  de  la  préparation,  une  fois  l'expérience  mise  en 
marche  et  lorsque  l'air  a  été  à  peu  près  expulsé,  nous  avons  recueilli  du  gaz 


(^)  Nous  avons  choisi  ce  procédé  de  préparation  parce  qu'il  fournit  un  gaz  impur. 
M.  Bertlielot  a  démontré  depuis  longtemps  que,  par  l'action  de  l'acide  nitrique  sur  une 
solution  bouillante  de  sulfate  ferreux,  on  obtient  de  l'oxyde  azotique  pur. 


SÉANCE   DU    TO   AOUT    T9o3.  369 

azote  qui  traversait  tout  l'appareil  sans  se  condenser.  Puis,  en  étudiant  les 
composés  solidifiés  dans  chacun  de  nos  tubes,  nous  avons  reconnu  facde- 
ment  que  le  premier  tube  contenait  de  la  glace  provenant  de  l'humidité 
entraînée  par  le  gaz,  le  deuxième  une  petite  quantité  de  protoxyde  d'azote 
solide,  provenant  de  l'action  complexe  qu'exerce  le  cuivre  sur  l'acide 
nitrique,  enfin  notre  condensateur  renfermait  plusieurs  centimètres  cubes 
de  bioxyde  d'azote  solide.  Ce  dernier  a  été  séparé  de  l'appareil  producteur 
soumis  à  l'action  du  vide  et,  par  fusion  puis  ébullition,  il  nous  a  donné  du 
bioxyde  d'azote  pur. 

»  Cette  dernière  expérience  nous  a  donc  permis,  par  des  procédés  pure- 
ment physiques,  de  séparer,  dans  une  réaction  gazeuse  complexe,  l'eau, 
l'oxvde  azoteux,  l'oxyde  azotique  et  l'azote.    » 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  Sur  l'analyse  mécanique  des  sols. 
Note  de  M.  Th.  Schlœsixg  père. 

«  On  a  vu,  dans  ma  Communication  du  29  juin,  qu'il  est  possible  de 
classer  en  un  certain  nombre  de  lots,  dans  l'ordre  de  grandeur  décrois- 
sante, les  sables  fins  d'une  terre  végétale,  en  ayant  recours  à  la  fois  aux 
temps  que  ces  sables  emploient  k  parcourir  au  sein  de  l'eau  une  hauteur 
donnée,  et  aux  poids  des  dépôts  formés  pendant  les  intervalles  successifs 
de  ces  temps. 

»  Je  me  propose  maintenant  d'indiquer  les  moyens  d'exécuter  cette 

sorte  d'analyse. 

»  Je  me  sers  d'un  appareil  figuré  ci-dessous,  dont  la  pièce  essentielle  est 
une  allonge  A,  cylindrique  sur  une  longueur  de  33'^"»,  terminée  d'un  côté 
par  un  goulot,  de  l'autre  par  un  entonnoir  évasé  et  un  bout  de  tube  qui 
n'a  pas  plus  de  o*^'°,3  de  diamètre  intérieur  sur  i*=",5  de  long.  Ce  tube  est 
assez  étroit  pour  que  l'allonge,  remplie  d'eau  et  placée  debout  sur  un 
support,  !e  goulot  bouché,  retienne  indéfiniment  son  liquide.  Elle  le 
retiendra  encore  si  le  bouchon  porte  un  tube  bb  deux  fois  recourbé  et 
plein  d'eau  jusqu'en  n  au  niveau  de  l'extrémité  de  d.  Mais,  si  l'on  verse 
en  n  la  moindre  quantité  d'eau,  aussitôt  une  quantité  égale  s'échappera 
de  d.  On  voit  tout  de  suite  comment  cette  allonge,  munie  de  son  tube  b  et 
remplie  d'une  eau  chargée  d'éléments  terreux,  peut  servir  à  classer  les 
sables  déposés  par  le  liquide.  Ceux-ci  tombent  tour  à  tour  sur  la  paroi  de 
l'entonnoir  et  loulent  de  là  vers  le  tube  d;  ils  ne  s'en  échappent  pas 
spontanément;  mais  l'opérateur  peut  les  chasser  dehors,  à  mesure  qu'ils 
arrivent,  et  en  faire  autant  de  lots  successifs  qu'il  voudra,  de  la  manière  la 


370 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


plus  simple,  en  ajoutant  de  l'eau  en  n,  goutte  à  goutte,  dans  la  mesure 
nécessaire  pour  que  d  ne  s'obture  pas. 

»  Voici  quelques  détails  utiles  sur  l'emploi  de  cette  allonge.  Il  est 
entendu  que  l'échantillon  de  terre,  d'un  poids  de  lo^  à  12s,  a  été  complète- 
ment lavé  avec  de  l'acide  nitrique  faible,  puis  mis  à  digérer  avec  de  l'eau 
distillée  légèrement  ammoniacale,  enfin  débarrassé  du  sable  grossier  par 
des  lavages  suivis  de  décantations.  Les  eaux  décantées  sont  versées  avec 
tout  ce  qu'elles  contiennent  dans  l'allonge  dont  le  tube  c^  a  été  bouché;  on 


achève  de  remplir  avec  de  l'eau  pure  la  partie  cylindrique,  en  laissant  libre 
l'espace  compris  au-dessus,  et,  après  avoir  adapté  au  goulot  un  bouchon 
plein,  on  agite  fortement,  en  renversant  et  relevant  vivement  l'allonge; 
puis,  la  tenant  debout,  on  remplace  le  bouchon  plein  par  un  autre  à  deux 
trous,  qui  porte  le  tube  hh  d'avance  rempli  d'eau  jusqu'en  n  et  bouché.  On 


SÉANCE    DU    lO   AOUT    igoS.  87 1 

place  l'allonge  sur  son  support,  on  obture  le  deuxième  Irou  de  son  bouchon, 
on  débouche  bb,  puis,  plaçant  une  petite  capsule  tarée  sous  rf,  on  débouche 
ce  tube  et  l'analyse  commence.  Depuis  le  moment  où  l'on  a  cessé  d'agiter 
jusqu'à  celui  où  l'on  débouche  d,  il  s'est  écoulé  4o  à  5o  secondes,  pendant 
lesquelles  l'agitation  du  liquide  s'est  presque  entièrement  calmée. 

»  J'ai  adopté,  pour  les  temps,  une  série  commençant  par  5  minutes,  et 
dont  les  termes  croissent  comme  les  puissances  de  2.  D'autre  part,  la  hau- 
teur du  liquide  dans  l'allonge,  depuis  la  surface  jusqu'au  fond  de  l'enton- 
noir, est  de  36o'"™.  Avec  ces  données,  en  prenant  la  minute  pour  unité  de 
temps  et  le  millimètre  pour  unité  de  longueur,  on  peut  dresser  le  Tableau 
suivant  où  sont  inscrits  : 

»  Les  temps  pendant  lesquels  se  forment  les  dépôts  successifs  désignés 
par  les  lettres  D,,Do,  ...,  dans  ma  Note  du  29  juin;  les  poids  des  sables  de 
grandeurs  décroissantes  S^,S.^,  ...  ;  les  vitesses  de  chute  qui  différencient  ces 
sables. 


Temps  de  formation  des  dépôts. 

5  minutes pour  Dj 

lO"" 

20™ 

4o™ 

jl»  20" 

2''40™ 

5'' 20™ 


de 
» 


;5° 
10" 
20" 
4o" 

ll>20" 
2^40" 

5^20""  »  1 0^/40"^ 
10^40"^  »  21^20™ 


D3 
De 

D, 
Ds 
D. 


Poids  des  sables  et  vitesses  de  chute. 


S,=    Di  — D..  de 

S2=2Do  — D3.  » 

S3=:2D3  —  D^.  » 

St=:  2D^  — D5.  » 

S5=2D5-D«.  >. 

S6  =  2D6  — D7.  » 

S7=r2D-j  —  Dg.  )) 

Ss^aDg  — Dg.  » 


»        a 

mm 

72 

36 
18 

9 
4,5 

2,25 

i,i3 

o,56 


■72 

36 
18 

9 
4,5 

2,25 

i,i3 
o,56 
o,a8 


Tout  ce  qui  demeure   en   suspension  dans  le  liquide  de  l'allonge  après 
21  heures  20  minutes  est  considéré  et  dosé  comme  argile. 

»  Pendant  la  récolte  des  quatre  ou  cinq  premiers  lots,  il  est  nécessaire 
que  l'opérateur  surveille  de  près  l'arrivée  des  sables  en  d  et  les  expulse 
avant  que  leur  accumulation  ne  produise  l'obstructiort  du  tube.  Toutefois, 
il  doit  ménager  autant  que  possible  les  additions  d'eau  en  n,  car  chacune 
d'elles  fait  sortir  du  tube,  en  même  temps  que  le  sable,  une  petite  quan- 
tité d'argile  que  la  théorie  n'a  pas  prévue.  C'est  surtout  au  moment  où  l'on 
va  passer  d'un  dépôt  au  suivant,  qu'il  convient  de  purger  le  tube  d  de  tout 
le  sable  qu'il  contient,  afin  que  chaque  dépôt  comprenne  bien  tout  le  sable 


(')  Les  dépôts  s'arrêtant  à  Dg,  on  ne  peut  poser  S9  =  2  Dg  —  Dio;  mais  Sgpeut  être 
déterminé  par  extrapolation,  parce  que  les  poids  des  derniers  sables  décroissent,  en 
général,  assez  régulièrement. 


372  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

qui  lui  nppartient.  Ces  précautions  ne  sont  plus  nécessaires  par  la  suite, 
les  sables  devenant  beaucoup  plus  fins  et  moins  abondants.  Les  additions 
d'enn  en  n  peuvent  alors  être  confiées  à  un  petit  flacon  de  Mariolte  F,  dont 
le  débit  est  retardé  par  un  tube  capillaire  ce  d'un  très  petit  diamètre  inté- 
rieur. Le  flacon  que  j'emploie  donne  12'^'"'  en  24  heures,  soit  une  g^outte 
en  8  minutes,  et  ce  débit  a  toujours  été  suffisant.  En  somme,  les  additions 
d'eau  en  /^,  pendant  toute  la  durée  d'une  analyse,  ne  dépassent  pas  le 
volume  de  iS"""',  en  sorle  que  l'argile  ajoutée  de  ce  fait  aux  dépôts  D  n'est 
pas  la  centième  partie  de  celle  qu'on  dosera  plus  tard. 

)>  Une  opération  qui  dure  plus  de  21  heures  et  qui,  par  suite,  s'exécute 
en  partie  pendant  la  nuit  doit  pouvoir  se  continuer  sans  être  surveillée. 
On  vient  de  voir  qu'un  flacon  de  Mariotte  à  débit  lent  pourvoit  à  la  sortie 
des  sables.  Il  reste  à  confier  à  quelque  mécanisme  le  soin  de  changer  en 
temps  voulu  les  capsules  qui  reçoivent  les  derniers  dépôts.  J'ai  recours  à 
une  horloge  dont  l'aiguille  des  minutes  a  été  supprimée  et  celle  des  heures 
remplacée  par  un  disque  D,  en  métal  mince  de  i5*^™  de  diamètre,  qui  fait 
une  révolution  en  12  heures.  Quatre  capsules  tarées  1,2,  3,  4»  en  cuivre 
élamé,  à  fonds  plats,  quadrangulnires,  de  22™'"  de  large  sur  L\vi^^  de  long, 
sont  juxtaposées  sur  un  chariot  E  qui,  d'un  côté,  est  tiré  par  un  poids  P 
d'une  dizaine  de  grammes,  et,  de  l'autre,  est  retenu  par  un  fil  enroulé  sur 
un  tambour  en  liège  G.  Ce  tambour,  de  3^™  de  diamètre,  porte,  à  la  hauteur 
du  centre  du  disque  D,  quatre  aiguilles  m,,  in.^,  m^,  rUt,,  de  4™"*,  6*""°,  8™™, 
jQinm  (]g  saillie,  et  plantées  dans  les  prolongements  de  deux  diamètres  per- 
pendiculaires entre  eux.  Dans  le  disque  sont  pratiquées  des  fentes  y*,,  /o» 
y"g,  de  3™"*,  5'"'",  7"""^  de  long,  chargées  de  régler  les  déplacements  du 
chariot. 

w  La  capsule  1  se  trouve  la  première  sous  le  tube  d\  le  chariot  est  alors 
retenu  par  m,  qui  bute  derrière  le  disque.  Mais,  au  bout  de  i  heure  20  mi- 
nutes, la  fente  y,  arrive  à  la  hauteur  de  m,;  celle-ci  passe,  le  tambour 
tourne,  le  chariot  marche;  mais  le  tambour  ne  fait  qu'un  quart  de  révolu- 
tion, rn.^  venant  buter  à  son  tour  derrière  le  disque;  la  capsule  2  demeure 
donc  sous  d\  elle  y  restera  pendant  2  heures  4o  minutes,  jusqu'à  ce  que  la 
fente  f.^  se  présente  devant  m.,  et  la  laisse  passer.  Alors  la  capsule  3  rem- 
placera la  capsule  2  et  restera  sous  «^pendant  5  heures  20  minutes,  temps 
au  bout  duquel  f^  arrivera  devant  l'aiguille  jn^.  Ce  sera  le  tour  de  la 
capsule  4  à  remplacer  la  précédente.  A  partir  de  ce  moment,  l'horloge  n'a 
plus  à  intervenir;  mais  la  nuit  sera  passée  avant  que  ne  soient  écoulées  les 
10  heures  l\o  minutes  assignées  au  séjour  de  la  capsule  4  sous  l'allonge,  et 
l'opérateur  sera  revenu  au  laboratoire  pour  mettre  fin  à  son  analyse. 


SÉANCE    DU    lO    AOUT    igoS.  3']3 

))  Il  est  commode  de  commencer  une  analyse  dans  le  courant  de 
l'après-midi;  l'opérateur  doit  être  présent  pendant  i  heure  20  minutes; 
après  ce  temps,  il  se  fait  remplacer  par  l'horloge  et  le  flacon  de  Mariotte, 
et  l'analyse  est  terminée  le  lendemain  dans  la  matinée. 

»  La  manière  la  plus  simple  de  marquer  sur  le  disque  D  les  places  des 
fentes  y,,  /.,,  f^  est  de  l'amener  à  un  repère  fixe  qui  servira  désormais  de 
point  de  départ,  et  de  le  laisser  tourner  au  gré  de  l'horloge.  Aux  moments 
précis  o\x  une  montre  bien  réglée  indique  que  i  heure  20  minutes,  puis 
ensuite  2  heures  4o  minutes,  puis  encore  5  heures  20  minutes  se  sont 
écoulées,  on  marque  sur  la  circonférence  du  disque  des  points  coïncidant 
avec  les  aiguilles  w,,  Wo,  Wj. 

»  Des  vitesses  différentes  de  chute  au  sein  de  l'eau  sont  un  moyen  pré- 
cieux de  classer  des  sables^  encore  faut-il  savoir  à  quelles  dim.ensions  de 
ces  sables  elles  correspondent.  C'est  à  l'observation  sous  le  microscope 
qu'il  appartient  de  fournir  ces  renseignements.  Or  les  catégories  S,,  S^,  ... 
ne  se  trouvent  pas  séparées  les  unes  des  autres  entre  les  mains  de  l'obser- 
vateur; il  faut  les  chercher  dans  les  dépôts  successifs  D,,  Do,  . . .;  heureuse- 
ment, S,  est  formé  des  sables  les  plus  gros  de  D,,  83  des  sables  les  plus 
gros  de  Do,  et  ainsi  de  suite;  il  suffira  donc  de  chercher  dans  chaque  dépôt 
les  grains  de  dimension  maxima. 

»  On  ne  peut  se  flatter,  dans  une  recherche  de  ce  genre,  d'obtenir  des 
résultats  ()récis.  En  effet,  les  vitesses  de  chute  dépendent  à  la  fois  de 
la  pesanteur  et  d'actions  retardatrices  du  liquide  ambiant.  Tous  les 
sables  des  sols  ayant  à  peu  près  même  densité,  on  peut  dire  que  l'action 
de  la  pesanteur  est  proportionnelle  à  leurs  volumes,  tandis  que  la  résis- 
tance de  l'eau  dépend  surtout  de  leurs  surfaces  et  de  leurs  formes,  et 
comme,  pour  un  même  volume,  formes  et  surfaces  sont  infiniment  variées, 
il  arrive  que  des  grains  qui  devraient  être  réunis  en  raison  de  leurs  vo- 
lumes sont  en  réalité  répartis  dans  des  dépôts  diflérents  en  raison  de 
leurs  formes  ou  de  leurs  surfaces.  Le  classement  par  les  vitesses  de  chute 
présente  donc  des  imperfections  (')  qui  se  répercutent  dans  les  résultats 
de  l'examen  microscopique. 

»  En  outre,  il  y  a  toujours  de  l'arbitraire  dans  le  choix  des  grains  qu'on 
examine  plus  spécialement  comme  représentants  de  toute  une  catégorie. 


(')  Ces  imperfections  sunl  communes  à  lous  les  modes  de  lévigalion;  dansions, 
les  séparations  résultent  de  difïerences  entre  les  vitesses  en  sens  inverses  du  liquide  et 
des  corpuscules  solides. 

G.  R.,    lyuS,    1'  Semestre.   (T.  CXWVII,  N"  G.)  "*9 


3';4  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

»  Néanmoins,  en  multipliant  les  observations,  on  arrive  à  trouver  des 
limites  de  dimensions,  pour  chaque  catégorie,  qui  ne  laissent  pas  d'être 
instructives;  en  voici  qui  ont  été  observées  sur  des  sables  de  diverses 
terres. 

Limites  des  plus  grands 
Catégoi'ies  diamètres  des 

de  grains  en  millièmes 

sables.  de  millimètre. 

Si 90-70 

S, 8o-65 

S3 7o-5o 

S4 5o-3o 

Sg 35-20 

Sg 2o-î5 

b-f,    Og,    O9 10-5 

»  Au-dessous  de  5  millièmes  de  millimètre  commence  la  série  des  sables 
argileux  qui  aboutit  aux  sables  invisibles  et  capables  de  rester  en  suspen- 
sion indéfinie  dans  l'eau  pure,  qui  constituent  l'argUe  colloïdale.    » 


Rectifications  relatives  à  une  Note  de  M.  Armand  Gaiîtièr,  «  Arsenic  dans 
les  eaux  de  mer,  dans  le  sel  gemme,  le  sel  de  cuisine,  les  eaUcc  minérales,  etc. 
Son  dosage  dans  quelques  réactifs  usuels  » . 

Quelques  erreurs  (confusion    de   milligrammes  avec  millièmes  de  milligramme) 

s'élant  glissées  pages  234  et  335,  dans  la  INote  du  27  juillet,  on  croit  devoir  rétablir 

ici  les  deux  petits  Tableaux  numériques  tels  qu'ils  auraient  dû  être  composés  : 

Page  234  : 

Eau  de  l'Atlantique  (Açores). 

Sondages.  Profondeur.  As  par  litre  d'eau. 

S.  1394 10"  0,025 

Id l335  0,010 

S.   1427  (f=  2",  7) 5943  (à  6™  ou  8">  du  fond)       0,080 


Page  235  : 


Arsenic 
pour  100» 
Origine.  de  sel. 


mg 

Sel  blanc  fin Côtes  de  Bretagne o,oo3 

Sel  blanc  fin Sables  d'Olonne 0,001 

_.  ,      .     ,         .  .         (  Sables  d'Olonne,  (    Partie  soluble    o'"S,o35  )  ,^ 

Sel  gris  de  cuisine.    <            i,i   ,       •             r»       •    •       #    ,  /  o,o45 
(     sur  1  Atlantique. (  Partie  insoluble  o^^,o\o  ) 

Sel  dit  anglais, . .  .       (Acheté  chez  Potin) o,oi5 


SÉANCE    DU    lO    AOUT    TQoS.  3'^5 


Origine 


Arsenic 

pour  100» 

de  sel. 


Sel  gemme.  Stassfurlh  (très  bel  échantillon) o,oo25 


Salines  de  SaitM-Nicolas,  \  Partie  soluble...     o°'s,oo9 


o,oi4 


Id-  près  Nancy  (Partie  insoluble.     o™s,oo5 

Id.  Montagne  de  sel  de  Djebel-Amour  (Sud-Oranais)  (bel 

échantillon) 0'°^^ 

Chlorure  de  sodium  fondu  au  rouge  (Origine  inconnue) o,o3o 

Chlorure  de  sodium  recueilli  dans  une  fissure  volcanique  du  Vésuve..     0,170 


NÉCROLOGIE.  —  Sur  la  mort  de  M.  Prosper  Henry. 
Note  de  M.  Janssen. 

«  L'accident  déplorable  qui  a  causé  la  mort  de  M.  Prosper  Henry  pen- 
dant une  excursion  qu'il  faisait  en  Suisse,  m'a  vivement  peiné  et  c'est  une 
perte  sensible  pour  la  France. 

»  J'estimais  tout  particulièrement  MM.  Henry. 

)>  L'Astronomie  leur  doit  de  nombreuses  découvertes  de  petites  planètes 
et  d'intéressantes  observations  astronomiques;  l'initiative  de  la  Carte  pho- 
tographique du  Ciel  dont  ils  ont,  avec  l'aide  de  l'Observatoire  de  Pans, 
exécuté  d'importantes  parties.  Il  faut  rappeler  encore  les  grands  travaux  de 
construction  d'objectifs  et  de  miroirs  qui  ont  répandu  le  nom  des  frères 
Henry  dans  le  monde  entier.  A  Meudon,  nous  leur  devons  les  object.ts  de 
notre  équatonal,  le  plus  grand  qui  existe  en  Europe,  le  miro.r  de  i-  de 
diamètre  de  notre  télescope,  miroir  d'une  rare  perfection.  Enfin  je  ne  dois 
pas  oublier  que  MM.  Henry  ont  généreusement  donné  à  l'observatoire  du 
sommet  du  mont  Blanc  l'optique  de  la  lunette  de  16-  d'ouverture  montée 
en  sidérostat  qui  y  est  placée.  Cette  mort  sera  bien  cruelle  pour  M.  Paul 
Henry  en  raison  de  la  tendre  amitié  qui  unissait  les  deux  frères  :  je  lui  ottre 
ici  toutes  mes  condoléances.   » 


CORRESPONDANCE 

M    le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'Académie  que  le  Tome  CXXXV 
des  Comptes  rendus  {2^  semestre  1902)  est  en  distribution  au  Secrétariat. 


3^6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  relations  entre  les  intégrales  complètes 
de  S.  Lie  et  de  Lagrange.  Note  de  M.  J\.  Saltykow,  présentée  par 
M.  Appell. 

«  Le  problème  dont  il  s'agit  a  été  traité  dans  mes  deux  Notes  :  «  Consi- 
dérations sur  les  travaux  de  MM.  S.  Lie  et  A.  Mayer  »  (Comptes  rendus, 
t.  CXXVIII,  p.  2^4  et  suiv.).  Je  veux  lui  apporter  ici  plusieurs  simplifica- 
tions. 

»   Considérons  l'équation 

(1)  /?,  +  H(a7,,  ^2» X^,p.,,p^ ^Pn)=  O' 

admettant  l'intégrale  complète  de  S.  Lie, 

(2)  ' 


_  _d^  _  ^  à^i  \k  =  \ ,  2,  . .  .,  n  —  q 


i~l 


Soit  le  déterminant  fonctionnel 

^    ^  V  Z>,,  b,,  .  .  .,  b„_, 

distinct  de  zéro,  en  décrivant 

I     _    ^?     _  V-^  n 

i  =  l 

Formons  le  système  canonique 


ou  le  système  canonique  généralisé  formé  par  les  équations  (4)  et  la  sui- 
vante 

n  —  l 

/r\  dz  ^,         V^     <?H 


SÉANCE    DU    lO   AOUT    TQoS.  877 

»   Nous  allons  démontrer  le  théorème  suivant  : 

»  L'intégrale  générale  du  système  canonique  (4)  est  déterminée  par  les 
équations 

(fi)  i    ^1  _  V  ^  _ 


a,,  a.,,  .  .  .,  a^-i  étant  n  —  \  nouvelles  constantes  arbitraires.  Pour  avoir 
l'intégrale  générale  du  système  (4)-(5),  il  faut  joindre  aux  équations  (6)  la 
première  équation  {2). 

»  S.  Lie  a  obtenu  (')  un  résultat  analogue  en  partant  de  la  théorie  de 
Clebsch  du  problème  de  PfafT.  Notre  théorème  formulé  présente  une  ana- 
logie avec  la  théorie  connue  de  Jacobi.  On  obtient  la  démonstration  en  fai- 
sant voir  que  les  fonctions 

/(^)'  ^2 ^n^Pi^P^,    ••■^Pn)  {S  =  \,1 n  —  \), 

Z         r  (^37, ,  X,^,   .  .  .,  X^,  P'it  P%->  •  •  •  y  Pn) 

sont  les  intégrales  de  l'équation  linéaire  aux  dérivées  partielles  correspon- 
dant au  système  (4)-(5),y^  et  F  représentant  les  résultats  que  l'on  obtient 
en  éliminant  des  fonctions 


db 


les  valeurs  h^,  b^,  . . .,  ^„_,  définies  par  les  n  —  i  premières  équations  (6) 
que  nous  désignerons  par  F^,  Fj,  . . .,  F„_,. 

M  Le  théorème  énoncé  présente  Tavantage  de  donner  les  intégrales  des 
équations  canoniques  sous  forme  canonique,  c'est-à-dire  que  les  fonctions 
Fj,  f,z  —  F  jouissent  des  propriétés  suivantes  : 


(F,.F,)  =  o,  (/.,/0  =  o. 


o,    (J-^S, 


I,     G  =  S, 

[F„z-F]  =  o,  [f,z-F]=f, 

pour  toutes  les  valeurs  des  indices  ^  etcr  de  i  à  /z  —  i. 

(*)  Mathematische  Ann.,  Bd.  VIII,  p.  2i5. 


378  ACADÉMIE   DES   SCIENCES» 

»  Cela  élant,  il  est  aisé  de  former  immédiatement  les  intégrales  en  invo- 
lution  des  équations  canoniques  considérées  définissant  une  intégrale  com- 
plète de  Lagrange.  En  effet,  le  déterminant  (3)  ne  s'annulant  pas,  il  admet 
au  moins  une  paire  de  mineurs  conjugués  d'ordre  q  et  n  —  q  —  i  dis- 
tincts de  zéro. 

»    Soient  ces  derniers  déterminants 

\bi,  b,,...,bj  \b^+„bg+„...,b,,_J 

))  Il  en  résulte  que  les  intégrales  du  système  (4), 

étant   en   involution,    sont  de  plus  résolubles   par  rapport  à  toutes   les 

variables  j02»/^3  5  •  •  -^Pn^  et  l'intégrale  complète  de  Lagrange  de  l'équation  (i) 
s'obtient  par  une  quadrature. 

»   Le  même  résultat  s'obtient  par  des  éliminations  seulement,  en  remar- 
quant que  la  fonction 

i  =  l 

est  en  involution  avec  les  fonctions  F^+,,  F^^o,  . . .,  F„_,,/, ,  /,,...,  /  . 
»    Par  conséquent,  l'intégrale  cherchée  est  définie  par  !a  formule 

z-  =  (f[x,,  x„  .  ..,oc,_^,  (F,  ),  (F2),  . . .,  (Fy),  bq^, ,  6,, ,,  .  ..,b,_,  ] 

les   parenthèses  (F,)  désignant  le  résultat  de  substitution  dans  les  fonc- 
tions Fj  des  valeurs  /?,»  P^ /J«»  définies  par  le  système  (7)  et  a,  <2,, 

«0,  ...,  «^,  ^y+,,  ^y+2»  •  •  •»  ^^«-1  étant  n  constantes  arbitraires.  » 


AÉRODYNAMIQUE.  —  La  théorie  du  champ  acoustique  et  le  frottement 
intérieur  des  gaz.  Note  de  M.  P.  Charbonnier,  présentée  par  M.  le 
général  Sebert. 

«   L   On  sait  que  le  frottement  intérieur  ou  viscosité  des  gaz  est  mis  en 
évidence  et  mesuré  par  le  mouvement  que  prend  un  plan  solide  S,  primiti- 


SÉANCE    DU    lO   AOUT    IQoS.  879 

vement  au  repos,  quand,  dans  son  voisinage,  une  autre  surface  plane 
solide  So  parallèle  est  animée  d'un  mouvement  déterminé  dans  son  plan. 
La  théorie  cinétique  des  gaz  attribue  cette  transmission  de  mouvement  à 
la  pénétration  de  proche  en  proche  dans  le  milieu  de  molécules  gazeuses 
animées,  au  contact  de  la  surface  Sq,  d'une  certaine  vitesse. 

»  II.  Or  lalhéorie  du  champ  acoustique  (Comptes  rendus,  20  juillet  1903), 
donne  une  explication  beaucoup  plus  simple  de  ce  phénomène. 

»  Au  contact  de  la  plaque  mobile  So  la  couche  gazeuse  voisine  de  cette 
plaque  prend  une  vitesseyv,  formule  où  V  est  la  vitesse  du  point  l  consi- 
déré de  la  plaque  et  où  /  est  le  coefficient  de  frottement  du  gaz  sur  le 
solide. 

))  La  théorie  du  champ  acoustique  démontre  alors  que  si  l'on  considère 
dans  le  milieu  un  certain  point  P,  à  une  distance  d  du  point  I,  et  si  X  est 
l'angle  de  la  direction  PI  avec  la  direction  de  la  vitesse  V,  la  vitesse  dont 
est  animé  l'air  en  P  a  pour  expression 

/  V  dcr 

-, — 7?  cos7.; 

k'Kd?- 

dn  est  la  surface  d'un  élément  de  la  plaque  So  en  I. 

»  L'intégration  de  cette  équation  étendue  à  toute  la  surface  n  de  la 
plaque  So  donnera,  en  un  point  quelconque  de  l'espace,  la  valeur  de  la 
vitesse  V  résultante  pour  les  molécules  d'air  qui  s'y  trouvent. 

»  On  sait  d'ailleurs  que  toutes  ces  vitesses  V  seront  parallèles  aux 
vitesses  V  de  la  plaque  So- 

»  III.  Il  en  résulte  que  si  la  plaque  en  mouvement  Sq  est,  par  exemple, 
un  disque  circulaire  horizontal  mobile  autour  de  son  centre  et  la  plaque 
primitivement  en  repos  S  est  une  surface  de  même  nature  mobile  de  la 
même  manière,  les  vitesses  V  en  chaque  point  de  celle-ci  auront  une  ré- 
sultante et  la  plaque  se  mettra  à  tourner,  entraînée  par  la  vitesse  V  com- 
muniquée à  l'air  par  un  mécanisme  inverse  de  celui  qui  entraîne  l'air  au 
contact  de  la  plaque  So- 

»  IV.  Il  résulte  de  cette  explication  que  le  frottement  intérieur  des  gaz 
peut  être  rattaché  à  la  théorie  du  champ  acoustique  et  qu'il  n'existe  pas,  à 
proprement  parler,  de  propriété  physique  des  gaz  à  laquelle  ce  mot  puisse 
être  appliqué.  Les  mesures  où  l'on  essaye  de  déterminer  ce  frottement  ne 
font  connaître  que  la  valeur  de/,  coefficient  de  frottement  du  gaz  sur  le 
solide  employé  comme  surface  fixe. 

»  On  remarquera  que  la  loi  de  l'indépendance  du  frottement  intérieur  et 


^^^  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

de  la  pression  du  gaz  devient  une  loi  analogue,  entre  gaz  et  solide,  à  celle 

que  l'expérience  a  vérifiée  pour  le  frottement  entre  deux  solides.  » 


MÉTÉOROLOGIE.  —  Le  cercle  de  Bishop,    couronne  solaire   de   1908. 
Note  (le  M.   F. -A.  Forel. 

«  Je  viens  de  constater,  trois  jours  de  suite,  la  réapparition  de  la  cou- 
ronne solaire  que  nous  avons  déjà  vue  en  1884,  ^«près  l'éruption  du  Kra- 
katoa  et  que  nous  avons  appelée  cercle  de  Bishop.  Ce  phénomène  est  assez 
important  par  les  conclusions  qu'on  doit  en  tirer;  il  est  assez  urgent  d'en 
faire  confirmer  l'observation  et  la  nature,  pour  que  j'incite,  sans  plus  tarder, 
les  physiciens  à  en  suivre  l'apparition  et  le  développement,  et  à  collaborer  à 
l'étude  de  cette  belle  manifestation. 

»  Le  cercle  de  Bishop  (voir  Comptes  rendus,  t.  XGIX,  1884,  p.  289  et  423,  t.  G 
i885,  p.  ii32)  est  une  couronne  circumsolaire,  formée  de  deux  parties  :  immédia- 
tement autour  du  Soleil  est  un  limbe  d'argent  bleuté,  éclatant,  avec  un  rayon  de  lo" 
environ;  il  est  bordé  extérieurement  par  un  cercle  rouge  cuivré,  de  quelque  20°  de 
largeur;  le  rayon  moyen  du  cercle  rouge,  ou  plus  exactement  le  rayon  de  la  partie 
moyenne  de  ce  cercle,  est  de  iS"  environ  (la  mesure  que  j'en  ai  faite  en  ,884  m'avait 
donne  12°  a  i5s  celle  d'hier  18°).  Le  cercle  cuivré  se  fond  en  dedans  avec  l'argent  du 
hmbe,  en  dehors  avec  le  bleu  du  ciel;  mais  les  contours  sont  mal  limités,  l'extérieur 
spécialement,  et  cette  décroissance  donne  à  l'azur  une  teinte  étrange,  qui  pa'raît  surtout 
étonnante  lorsque,  comme  hier,  des  alto-cumulus  blancs  passent  devant  ce  fond 
assombri  et  font  contraste  avec  lui. 

»  L'observation  que  je  viens  d'en  faire  reproduit  absolument,  dans  tous 
ses  détads,  celle  du  phénomène  de  i884;  c'est  le  cercle  de  Bishop  qui 
apparaît  de  nouveau  dans  le  ciel  de  notre  Europe  centrale. 

»  Rappelons  quelques  points  de  sa  première  manifestation,  il  y  a  iq  ans 
de  cela.  -^ 

»  Le  cercle  cuivré  circumsolaire  a  été  observé  pour  la  première  fois  à  Honolulu 
îles  Sandwich,  par  le  révérend  Sereno  Bishop,  le  5  septembre  i883,  o  jours  après 
éruption  du  Krakatoa  ;  il  a  été  vu  dans  des  latitudes  de  plus  en  plus  élevées,  pendant 
1  hiver  de  i883-i884;  dans  l'été  de  x884,  nous  l'avons  observé  constamment  en  Suisse 
et  dans  toute  l'Europe  centrale;  il  a  même  été  vu  en  i885  et  jusqu'en  juillet  1886  La 
pâleur  du  phénomène  était  telle,  qu'il  était  difficile  à  constater  dans  la  plaine,  à  cause 
de  la  lumière  diffusée  sur  une  atmosphère  inférieure  chargée  de  poussières  éoliennes- 
en  revanche,  sitôt  que  nous  nous  élevions  à  1000-,  à  2000-,  à  4ooo-  au-dessus  de  la 
mer,  le  cercle  cuivré  devenait  de  plus  en  plus  brillant.  Il  apparaissait  surtout  lorsque 


SÉANCE    DU    lO    AOUT     190.3.  38 1 

le  disque  éblouissant  du  Soleil  était  masqué  par  un  écran  opaque  assez  éloigné  de 
nous,  la  cime  d'une  montagne  ou  un  nuage  épais;  la  couronne  rougeâtre  illuminait 
alors  l'azur  du  ciel  dans  les  échancrures  du  nuage  ou  de  la  montagne. 

»  Nous  avons  tous  interprété  les  phénomènes  de  i883-i886,  en  admet- 
tant l'existence  d'un  anneau  de  poussières  volcaniques  extrêmement  fines, 
entourant  la  Terre  dans  les  hautes  couches  de  l'atmosphère;  la  couronne 
du  cercle  de  Bishop  était  un  phénomène  de  diffraction,  causé  par  ces 
poussières. 

»  Ce  phénomène  se*  reproduit  presque  exactement  dans  les  mêmes 
conditions  cette  année;  nous  l'attendions  à  la  suite  des  grandes  éruptions, 
si  riches  en  cendres  volcaniques,  de  la  Martinique  du  printemps  de  1902, 
à  la  suite  des  phénomènes  crépusculaires  de  l'été  et  de  l'automne  de  1902; 
nous  en  avions  recommandé  la  recherche  et  l'observation.  Nous  ne 
sommes  donc  pas  étonnés  de  le  revoir  et  nous  lui  attribuons  la  même 
cause  qu'au  phénomène  de  188/4,  <les  cendres  volcaniques  très  fines  et 
suspendues  dans  les  couches  de  la  haute  atmosphère. 

)>  Le  cercle  de  Bishop  que  je  viens  de  revoir  les  i*"",  2  et  3  août,  dans  des 
conditions  très  favorables,  par  une  limpidité  admirable  de  l'atmosphère,  à 
Fin-Haut  en  Valais  entre  i4oo™  et  2100™  d'altitude,  est  beaucoup  plus 
pâle  qu'en  i884;  je  ne  l'aurais  peut-être  pas  remarqué  si  je  n'avais  été 
habitué  à  le  rechercher.  Mais  tout  observateur  prévenu  saura  le  recon- 
naître dans  des  conditions  suffisamment  propices,  surtout  dans  de  hautes 
altitudes,  au-dessus  de  2000"^,  le  soleil  du  milieu  du  jour  étant  masqué  par 
un  écran  opaque,  cime  de  montagne,  nuage  ou  corps  d'un  ballon. 

»  Je  me  permets  d'en  recommander  l'étude  aux  alpinistes  et  aux  aéro- 
nautes;  il  serait  fort  intéressant  de  déterminer  la  constance  ou  l'incon- 
stance de  cette  apparition. 

»  En  effet,  tandis  qu'après  l'éruption  de  Krakatoa  nous  avons  eu,  pen- 
dant tout  l'hiver,  l'illumination  constante  des  grands  feux  crépusculaires, 
et,  pendant  les  années  suivantes,  l'observation  constante  du  cercle  de 
Bishop,  tellement  que  nous  avons  pu  parler  d'un  anneau  continu  de 
poussières  volcaniques  entourant  la  Terre  dans  les  hautes  couches  de 
l'atmosphère;  actuellement,  après  l'éruption  de  la  montagne  Pelée,  il  n'en 
est  pas  de  même.  Les  manifestations  du  phénomène  crépusculaire  ont  été 
discontinues.  J'ai  constaté  des  illuminations  crépusculaires  anormales  du 
6  au  1 1  juillet,  du  3  au  22  août,  les  i3,  24  et  surtout  du  28  au  3o  octobre, 
oîi  elles  ont  eu  l'éclat  des  grands  crépuscules  krakatoesques,  les  12-14  no- 
vembre, les  18-24  décembre  1902,  les  6-8  janvier,  les  22-27  janvier  1903. 

C.  R.,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  6.)  5o 


^^2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Cette  discontinuité,  nous  l'avons  expliquée  en  supposant  que  les  poussières 
chassées  dans  la  haute  atmosphère  par  les  volcans  de  la  Martinique  y  for- 
meraient, au  lieu  d'un  anneau  continu,  des  nuages  discrets  et  isolés  qui 
passeraient  successivement  au-dessus  de  nos  contrées. 

»  Tl  serait  donc  très  intéressant  de  constater  si  la  même  discontinuité 
existe  dans  les  apparitions  du  cercle  de  Bishop  de  l'été  de  1903,  et  si  nous 
pouvons  en  tirer  une  conclusion  analogue  à  celle  exigée  par  l'irrégularité 
des  illuminations  crépusculaires  de  Tannée  dernière.    » 

• 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  quelques  combinaisons  binaires  de  l'uranium. 
Note  de  M.  A.  Colani,  présentée  par  M.  A.  Ditte. 

«  Par  l'action  de  H=^S  sur  le  chlorure  uraneux  au  rouge,  Hermann  a 
obtenu  le  sulfure  amorphe  US(U  =  i2o);  de  même  Uhrlaub  a  préparé 
l'azoture  U^Az^en  chauffant  le  chlorure  uraneux  dans  un  courant  de  AzH^ 
J'ai  pensé  qu'on  pouvait  généraliser  ces  réactions  et  réaliser,  au  moyen 
de  UC1%  les  combinaisons  de  l'uranium  avec  les  métalloïdes  des  deuxième 
et  troisième  familles.  Mais,  au  lieu  du  chlorure  uraneux  très  avide  d'eau  et 
facilement  volatil  au  rouge,  j'ai  employé  le  chlorure  double  UCl%NaCl 
de  M.  Moissan;  ses  avantages  sont  multiples  :  il  est  très  maniable,  peu 
hygroscopique  et  n'est  guère  plus  volatil  que  Na  Cl.  On  peut,  de  cette  ma- 
nière, opérer  à  des  températures  comprises  entre  la  température  de  fusion 
du  chlorure  double  et  looo*'  environ,  alors  qu'avec  UCl-  on  ne  peut 
dépasser  la  température  du  ramollissement  du  verre,  à  cause  de  la  grande 
volatilité  du  chlorure. 

»  Sulfure.  —  En  chauffant  une  nacelle  contenant  ce  chlorure  double  dans  un 
courant  de  H^S  à  une  température  qui  peut  varier  de  5oo°  à  1000",  on  obtient  direc 
tement  le  sulfure  US  cristallisé  en  grandes  tables  carrées  extrêmement  minces.  On 
reprend  la  masse  par  l'eau  privée  d'air,  pour  dissoudre  Na  Cl,  on  lave  à  l'eau,  à  l'alcool, 
à  l'éther  et  l'on  sèche  dans  le  vide  sec.  Hermann  avait  antérieurement  préparé  US 
cristallisé  par  fusion  avec  du  borax  de  US  amorphe.  Au  rouge  US,  comme  tous  les 
corps  dont  il  sera  question,  décomposant  l'eau  avec  une  grande  énergie,  il  faut  un 
courant  de  H^S  parfaitement  sec.  Il  est  plus  aisé  d'employer  un  courant  d'hydrogène 
rigoureusement  sec,  entraînant  de  la  vapeur  de  soufre. 

»  Le  même  composé  se  forme  encore,  par  fusion  dans  un  courant  d'hydrogène, 
deUGP,NaCl  avec  des  sulfures  de  sodium,  de  magnésium,  d'aluminium,  d'anti- 
moine, ou  avec  du  protosulfure  d'étain  (procédé  de  M.  Mourlot).  Le  sulfure  ainsi 
préparé  ne  renferme  que  des  traces  du  métal  employé.  Les  cristaux  ont  toujours  le 
même  aspect,  mais  ils  sont   trop  minces  pour  se  prêter  à  des  mesures.  Avec  le  bisul- 


SÉANCE    DU    lO   AOUT    igoS.  383 

fure  d'étain,  on  a  des  cristaux  quadratiques  mesurables,  doués  d'un  vif  éclat  métal- 

1 
lique.  Ils  sont  très  aplatis  suivant  p  (ooi).  On  observe  les  faces  p  (ooi),  6^(iii)  et 

a' (ici),  rare  (mesures  faites  par  M.  de  Schulten). 

»  Séléniure.  —  J'ai  obtenu  par  des  procédés  identiques  le  séléniure  USe. 

»  Les  cristaux  sont  analogues  à  ceux  de  US,  mais  excessivement  minces  et  non 
mesurables.  Si  USe  a  été  préparé  à  trop  basse  température,  il  peut  être  pyrophorique. 
L'acide  azotique  fumant  réagit  énergiquement  sur  lui,  avec  parfois  inflammation  du 
séléniure.  Pour  l'analyse,  on  ellectue  l'attaque  par  l'acide  chlorhjdrique  brome;  elle  a 
lieu  sans  projection;  on  chasse  le  brome  en  excès  par  un  courant  d'acide  carbonique; 
on  précipite  le  sélénium  par  l'acide  sulfureux  et  dans  la  liqueur  filtrée  on  dose  l'ura- 
nium à  l'état  de  U*0^(^). 

»  Vers  iooo°,  avec  un  courant  de  H  rapide  entraînant  très  peu  de  sélénium,  j'ai 
obtenu  une  fois  le  séléniure  cristallisé  U^Se^  analogue  au  sulfure  U*S'  préparé  par 
Alibegoff(^). 

»  Telluriire.  —  Un  mélange  d'hydrogène  et  de  vapeur  de  tellure  réagit  très  mal 
sur  UCP,NaCl  vers  65o°  ;  vers  looC  on  obtient  de  grandes  paillettes  très  brillantes, 
en  quantité  trop  faible  pour  l'analyse.  J'ai  eu  de  meilleurs  résultats  par  fusion,  dans 
un  courant  de  H  à  1000°,  de  UCl^NaCl  avec  du  Na^Te  contenant  un  grand  excès  de 
tellure.  Ce  tellurure  est  cristallisé  en  tables  carrées,  noires,  à  éclat  métallique.  L'ana- 
lyse effectuée  comme  celle  du  séléniure  conduit  à  la  formule  U'*Te^.  Je  n'ai  pu  jus- 
qu'ici préparer  le  tellurure  UTe. 

»  Azoture.  —  L'azoture  déjà  connu  U^Az-  se  forme  facilement  par  calcination  au 
rouge  vif  de  UGP,NaCl  dans  un  courant  de  AzH^  sec.  Après  dissolution  de  NaCl  on 
a  une  poudre  cristalline,  à  éclat  métallique  (^). 

»  Phosphure.  —  Le  phosphure  PH^  réagit  mal  au  rouge  sur  le  chlorure  double 
uraneux  ;  on  a  seulement  quelques  paillettes  cristallisées.  Par  fusion  de  UCP,NaCl 
avec  du  phosphure  d'aluminium  dans  un  courant  d'hydrogène  vers  1000",  traitement 
de  la  masse  refroidie  par  l'eau,  l'eau  acidulée  par  l'acide  chlorhydrique,  ou  l'éther,  on 
obtient  une  poudre  noire  cristalline,  retenant  toujours  un  peudeAPO*  insoluble  dans 
les  acides.  Défalcation  faite  de  cette  impureté,  son  analyse  conduilà  la  formule  U^P^  ('*). 

))  Arséniure.  —  En  faisant  agir  au  rouge  vif  l'arséniure  d'hydrogène  surUCPNaCl 
on  obtient  quelques  tables  carrées  bien  formées.  Par  double  échange  avec  l'arséniure 
de  sodium  contenant  un  grand  excès  d'arsenic,  il  se  forme  une  poudre  cristalline 
répondant  à  la  formule  U^As^('^). 

»  Antinioniure.  —  Enfin,  par  fusion  du  chlorure  double  uraneux  en  excès  avec  un 
mélange  à  équivalents  égaux  d'aluminium  et  d'antimoine,  j'ai  préparé  un  alliage  blanc 
d'argent  d'antimoine  et  d'uranium,  en  poudre  ou  en  masses  spongieuses,  infusible, 
ne  contenant  pas  d'aluminium  libre.  L'analyse  a  donné  :  U  42,2  pour  100,  Sb  67,6.  La 


(1)  Calculé  pour  USe  :  U6o,3  —  Se39,6.  Trouvé  :  U59,5  — Se39,4. 

(2)  Calculé  pour  U^Se^  :  U66,9.  Trouvé  :  66,2. 

('0  Calculé  pour  U^Az^  :  U  92,7  —  Az  7,2.  Trouvé  :  U  92,4  — Az  7. 
{'*)  Calculé  pour  U^P^  :  U  85,3  —  P  i4,6.  Trouvé  :  U86,4  — Pi4,2. 
{')  Calculé  pour  U^As^  :  As  29,4.  Trouvé  :  3o,3. 


384  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

teneur  élevée  en  antimoine  lient  à  ce  qu'une  jDartie  de  l'aluminium  sert  à  transformer 
UCP  en  excès  en  U^CP.  Cet  alliage,  chauffé  au  four  Leclerc  et  Forquignon  dans  un 
courant  d'hydrogène,  perd  lentement  de  l'antimoine  sans  qu'on  arrive  à  la  formule 

»  La  partie  non  pulvérulente  de  cet  alliage,  agitée  dans  un  flacon,  donne  des  étin- 
celles comparables  à  celles  produites  parle  carbure  et  qui  sont  dues  à  la  même  cause. 

»  Les  combinaisons  de  ruranium  avec  les  métalloïdes  trivalents  brûlent 
mal  à  l'air;  mais,  projetées  dans  la  flamme  d'un  bec  Bunsen,  elles  donnent 
de  vives  étincelles.  Elles  sont  toutes  violemment  attaquées  par  l'acide  azo- 
tique concentré.    » 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  La  nature  et  V appréciation  de  la  réaction  alcaline 
du  sang.  Note  de  M.  H.  Labbé,  présentée  par  M.  A.  Ditte. 

«  Divers  expérimentateurs  ont  déjà  reconnu  et  cherché  à  mesurer  l'al- 
calinité du  sang,  pour  en  faire  découler  certaines  conséquences  physiolo- 
giques ou  chimiques.  Mais  la  nature  de  cette  alcalinité  est  spéciale  et  elle 
dépend  uniquement  de  la  façon  dont  se  comporte  le  sang  vis-à-vis  des 
divers  indicateurs  colorés  :  d'après  l'opinion  classique,  le  sang  serait,  en 
réalité,  un  liquide  à  fonction  acide;  sa  réaction  alcaline  ne  serait  due 
qu'à  la  présence,  en  quantités  notables,  de  sels  minéraux  d'acides  polyba- 
siques,  en  particulier  des  phosphates  et  des  carbonates.  Les  bicarbonates 
alcalins,  les  seuls  qui  peuvent  exister  dans  le  sang,  ne  participent  à  aucune 
alcahnité,  puisqu'ils  sont  neutres  aux  indicateurs  colorés.  Les  phosphates 
dimétalliques,  comme  le  phosphate  disodique,  possédant  au  contraire  une 
réaction  alcaline  au  tournesol,  jouent  un  rôle  dans  cette  alcalinité.  J'ai 
reconnu  que  ce  rôle  n'était  ni  exclusif,  ni  même  prépondérant. 

»  Si  l'on  cherche,  en  effet,  à  mesurer  non  plus  l'alcalinité  apparente  du  sang,  mais 
son  acidité  réelle,  provenant  de  la  troisième  fonction  acide  très  faible  de  l'acide  phos- 
phorique,  on  doit  y  parvenir  en  précipitant  les  phosphates  par  une  solution  titrée  de 
chlorure  de  baryum,  sel  neutre,  et  arriver  ainsi  à  la  neutralisation  complète  du  sérum 
sanguin.  11  n'en  est  rien,  dans  la  réalité,  et  l'on  n'observe  jamais  une  disparition  de  la 
réaction  alcaline,  il  se  produit  seulement  une  notable  diminution  de  celle-ci  :  l'alcali- 
nité n'est  donc  pas  due  uniquement  aux  sels  acides  d'acides  polybasiques;  elle  est  la 
somme  de  deux  alcalinités,  dont  l'une  a  bien  celte  nature,  mais  dont  l'autre  est  une 
alcalinité  réelle  qui  ne  peut  provenir  que  de  bases  ammoniacales  ou  alcaloïdiques,  dont 
la  présence  constante  est  du  reste  connue,  dans  le  sang,  depuis  les  travaux  de  M.  A-. 
Gautier  en  particulier. 

»   On  peut  aisément  réaliser  la  séparation  quantitative  des  deux  alcalinités  du  sérum 


SÉANCE   DU    lO   AOUT    ipoS.  385 

sanguin  :  dans  2'"^'  de  sérum  frais  dilués  avec  2'"^'  d'eau  distillée,  on  fait  tomber  goutte 
à  goutte  une  solution  centinormale  de  SO*H-,  et  l'on  suit  la  décroissance  de  l'alcalinité 
par  la  touche  d'un  papier  de  tournesol  sensibilisé  et  glacé;  on  s'arrête  lorsqu'il  ne  se 
produit  plus  de  tache  visible.  Si  l'on  tenait  compte  du  champ  assez  étendu^  qui  existe 
entre  la  disparition  de  l'alcalinité  et  l'apparition  de  l'acidité,  on  diminuerait  en  effet  la 
sensibilité  et  la  précision  de  la  méthode.  Dans  ces  conditions,  les  résultats  concordent 
à  J^^  de  centimètre  cube  près.  Ce  premier  chiffre  mesure  l'alcalinité  totale. 

»  2'^'"'  du  même  sérum  sont  ensuite  neutralisés  à  froid  par  2^'°'  d'une  solution  con- 
contrée  de  BaCP  ;  le  résultat  est  du  reste  identique  si  l'on  chauffe  le  mélange,  on  suit 
encore  la  disparition  d'alcalinité  par  addition  de  la  solution  sulfurique  titrée.  Le 
nouveau  chiffre  obtenu  mesure  l'acalinité  basique,  toujours  inférieure  au  chiffre  pré- 
cédent. La  différence  des  deux  chiffres  est  l'alcalinité   apparente  due  aux  phosphates 

minéraux. 

»  Dans  la  série  de  déterminations  ainsi  faites,  la  moyenne  de  l'alcalinité  totale  (expri- 
mée en  centimètres  cubes  de  solution  sulfurique)  a  été,  par  centimètre  cube  de  sérum, 
de  S^'^'jôS;  la  moyenne  de  l'alcalinité  phosphatique  de  o'^'"%9;  et  la  moyenne  enfin  de 
l'alcalinité  basique  de  2'"^\']0.  Cette  dernière  alcalinité,  due  aux  alcaloïdes  ou  leuco- 
maïnes,  vraisemblablement  du  genre  de  la  guanidine,  créalinine,  etc.,  ne  semble  pas 
jusqu'à  présent  être  due  à  l'ammoniaque  elle-même,  car  les  nombres  obtenus  avant 
ou  après  ébullition  de  la  liqueur  sont  sensiblement  constants. 

»  Pour  vérifier  si  la  mesure  de  Talcalinitâdue  aux  phosphates  dans  ce  dosage  pour- 
rait donner  une  indication  approximative  de  la  quantité  réelle  des  phosphates  du  sérum, 
j'ai  déterminé  l'alcalinité  apparente  au  tournesol  d'une  solution  titrée  de  phosphate 
disodique  contenant  par  litre  0^,76  de  sel  anhydre.  Le  dosage,  fait  dans  les  mêmes 
conditions  que  ci-dessus,  a  exigé,  par  centimètre  cube  de  la  solution,  o'="'%57  d'acide 
centinormal;  il  s'ensuit  que  la  concentration  moyenne,  en  phosphates  du  sérum  san- 
guin, déterminée  par  celte  méthode,  est  de  1,16  pour  1000  environ,  ce  qui  est  conforme 
aux  déterminations  faites  par  divers  auteurs.  Quant  à  l'alcalinité  basique  du  sérum, 
en  l'exprimant  en  ammoniaque,  elle  correspond  à  une  teneur  moyenne  de  o,46 
pour  1000  en  cette  base. 

»  11  n'est  pas  inutile  de  rappeler  que  ces  moyennes  ne  devront  être  établies  que  sur 
un  très  grand  nombre  de  déterminations. 

»  Cette  méthode,  dont  la  simplicité  permet  l'utilisation  clinique,  pourra 
fournir  des  résultats  du  plus  haut  intérêt  dans  l'étude  de  diverses  maladies. 
Dès  à  présent,  on  peut  noter  que  les  variations  pathologiques  observées 
dans  l'alcalinité  totale  semblent  provenir  surtout  des  variations  de  l'alcah- 
nité  basique.  Cette  conclusion  provisoire  est  conforme  aux  théories  qui 
tendent  h  accorder,  dans  divers  processus  pathologiques  et  surtout  l'uré- 
mie, une  grande  part  dans  la  production  des  phénomènes  d'auto-intoxi- 
cation, aux  ptomaïnes,  leucomaïnes  ou  toxines  circulant  dans  le  sérum 
sanguin.  » 


386  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.    —    Phènols  libres  el  sulfoconjugués.    Méthode   de 
dosage.  Le  soufre  dit  «  neutre  »  existe-t-il  dans  l'urine?  Note  de  M.  L. 

MoNFET. 

«  Les, phénols  produits  dans  l'intestin  se  divisent  en  deux  groupes  : 
l'indol  et  le  scatol,  qui  proviennent  des  albuminoïdes;  le  phénol  et  le  cré- 
sol,  des  hydrocarbonés.  Ils  sont  en  partie  neutralisés  par  la  sulfoconju- 
gaison. 

»  L'agent  de  la  sulfoconjugaison  est  l'acide  sulfureux,  qui  provient,  pour 
la  plus  forte  part,  de  la  transformation  de  la  taurine  en  sulfites  dans  l'in- 
testin, et  de  celle  du  soufre  des  aliments,  en  sulfures  et  en  sulfites.  Les 
dérivés  sulfoconjugués,  sont  des  sulfites  doubles  d'indol,  de  scatol  et  de 
potassium;  de  phénol,  de  crésol  et  de  potassium,  que  l'on  retrouve  dans 
l'urine,  à  l'état  de  sulfates  doubles  d'indol,  etc. 

»  Dans  l'ictère,  la  sulfoconjugaison  a  lieu  tout  de  même,  et  cela  âiix 
dépens  du  soufre  des  aliments  azotés.  Par  contre,  si  de  l'alimentation  on 
retranche  ces  derniers,  la  sulfoconjugaison  se  fait  encore,  et  cette  fois  grâce 
à  la  taurine. 

»  Les  dérivés  sulfo  se  divisent  en  deux  groupes  :  groupe  indol-scatol  et 
groupe  phénol-crésol;  le  premier,  facilement  décomposable  par  les  acides 
minéraux  et  même  par  l'acide  oxalique. 

»  Quant  au  groupe  phénol,  est-il,  comme  on  le  croit  généralement,  dé- 
composé par  les  acides  forts?  Celte  question  sera  résolue  bientôt,  en  éta- 
blissant s'il  y  a  identité  absolue  entre  le  phénolsulfate  de  potasse  de  l'urine 
et  le  phénolsulfate  synthétique.  D'ores  et  déjà  nous  affirmons  que  ce  der- 
nier est  indécomposable  par  les  acides  minéraux  les  plus  énergiques,  quelle 
que  soit  la  durée  de  l'ébullition;  il  ne  l'est  que  par  l'action  combinée  d'un 
acide  et  d'un  oxydant  :  par  l'acide  chlorhydrique  et  le  chlorate  de  potasse, 
ou  par  l'acide  nitrique  nitreux,  par  exemple.  Cette  question  d'identité 
résolue  par  l'affirmative,  ce  serait  donc  le  soufre  du  groupe  phénolsulfo  qui 
jusqu'à  ce  jour  aurait  passé  pour  soufre  neutre  de  l'urine. 

»  Dosage  des  phénols  libres  et  des  phénols  sulfoconjugués.  —  On  doit  opérer  sur 
l'urine  et  les  fèces  de  2^  heures. 

»  1°  A  loo*^'"'  d'urine  décolorée  par  le  noir  animal,  on  ajoule  2''™'  d'acide  acétique  et 
jQcm'  d'extrait   de  Saturne.  On  filtre,  on   prélève  55"*"'  du   liquide  filtré,  qu'on  étend 


SÉANCE   DU    lO  AOUT    igoS.  887 

d'eau  distillée;  on  ajoute  goutte  à  goutte  de  l'ammoniaque,  en  agitant,  jusqu'à  préci- 
pitation complète  du  sel  plombique.  Ce  précipité  est  lavé  à  plusieurs  reprises  par 
décantation  avec  de  l'eau  ammoniacale;  on  le  jette  sur  un  filtre  sans  pli,  où  l'on  achève 
son  lavage.  On  le  dissout  alors  avec  S'^"''  d'acide  nitrique  ordinaire,  on  lave  à  l'eau  dis- 
tillée pour  faire  environ  Se'-'"'  de  liqueur,  que  l'on  porte  à  l'ébullition  dans  un  ballon 
à  fond  plat.  Après  5  minutes  d'ébullition,  on  laisse  refroidir  et  l'on  ajoute  peu  à  peu 
jQcm'  ^  15cm'  (jg  solution  saturée  de  carbonate  de  potasse;  on  filtre  et  l'on  com- 
plète loo*^™'.  Les  phénols  sulfoconjugués  sont  finalement  amenés  à  l'état  de  picrate  de 
potasse.  On  les  dose  en  comparant  la  teinte  obtenue  à  celle  de  solutions  types  de 
phénol  pur,  amené  dans  les  mêmes  conditions  à  l'état  de  picrate  de  potasse.  Les 
résultats  sont  traduits  en  phénol. 

»  2°  \^QS  fèces  sont  employées  pures  ou  diluées  selon  leur  consistance.  ioo""Mu  li- 
quide filtré  sont  additionnés  de  is  d'acide  tartrique  et  distillés  aux.  deux  tiers.  Le 
produit  distillé  est  additionné  de  5*^™'  d'acide  nitrique;  on  porte  à  l'ébullition  et  l'on 
achève  comme  plus  haut  la  transformation  des  phénols  en  picrate  de  potasse. 

»  L'urine  ne  contient  que  des  traces  de  phénols  libres,  retenus  par  le 
noir  animal. 

»   Les  fèces  ne  renferment  pas  de  phénols  sulfoconjugués. 

))  Nous  nous  proposons  de  faire  connaître  ultérieurement  les  résultats 
qui  concernent  le  phénolisme  et  la  sulfoconjugaison  à  l'état  normal  et  dans 
les  principales  maladies,  résultats  qui  reposent  déjà  sur  plus  de  deux  cents 
analyses  d'urines  et  de  fèces.  » 


BOTANIQUE.  —   Une  Acrasiée  bactériophage.  Note  de  M.  Padl  Vuillemi.v, 

présentée  par  M.  Guignard. 

«  On  sait  aujourd'hui  que  les  amibes  se  nourrissent  de  Bactéries  vivantes 
et  l'on  admet  qu'une  telle  nourriture  leur  est  absolument  indispensable. 

))  En  est-il  de  même  pour  les  organismes,  tels  que  les  Mycétozoaires, 
présentant  une  phase  amiboïde?  Les  résultats  obtenus  sur  cette  question 
sont  assez  contradictoii^es. 

»  Lister  avait  bien  vu  que  des  Bactéries  indéterminées  sont  englobées  et  digérées 
par  les  zoospores  et  les  amibes  de  diverses  Myxogastrées,  mais  il  na  pas  établi  que 
ce  mode  d'alimentation  fût  habituel,  suffisant,  ni,  à  plus  forte  raison,  nécessaire. 

»  Chrzaszcz  a  pu  nourrir  le  Physaruin  leucophœum  fevox  de  Saccharomyccs  et 
de  Mycoderina,  mais  non  de  Bactéries  acétiques. 

»  Lad.  Celakovsky  a  vu  le  Bacillus  Megatheriuin  digéré  par  les  zoospores  de 
Chondrioderma   dijforme,   pourvu  qu'il  ait  été,  au  préalable,   tué  par  la   chaleur, 


388  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tandis  que  les  Bactéries  englobées  vivantes  restaient  inaltérées  au  bout  de  2  heures 
et  demie. 

»  Le  D""  Pinoy  réussit  à  cultiver  le  Chondrioderma  dijforme  et  le  Didyniiurn 
effusurn  en  présence  du  seul  Bacillus  luLeus  Fliigge;  mais  il  ne  nous  dit  pas  de  quelle 
nature  sont  les  relations  des  deux  êtres.  De  plus,  il  semble  avoir  eu  recours  seule- 
ment à  l'analyse  pour  établir  que  les  cultures  fertiles  ne  contenaient  pas  d'autre  orga- 
nisme que  la  Mjxogastrée  et  la  Bactérie. 

»  En  ce  qui  concerne  les  Acrasiées,  le  Dictyostelium  mucoroides  a  fait  l'objet  des 
expériences  de  Nadson.  Cet  auteur  annonce  qu'il  a  obtenu  des  cultures  pures  du  Mj- 
cétozoaire  sur  des  milieux  liquides  ou  solides,  en  l'absence  de  tout  microorganisme 
différent;  mais  ces  cultures  étaient  chétives  et  ne  présentaient  aucune  forme  norma- 
lement développée.  Toutes  les  fructifications  vigoureuses  étaient  accompagnées  de 
Bactéries  variées.  Le  Bacillus  Jluorescens  liquefaciens  Fliigge  était  son  associé 
habituel. 

»  Nadson  croit  que  les  deux  organismes  se  rendent  de  mutuels  services  et  que  la 
Bactérie  favorise  indirectement  le  Dictyostelium,  en  produisant  de  l'ammoniaque  qui 
rend  alcalin  le  milieu  de  culturel 

M  Depuis  le  i5  mai  dernier,  je  cultive  le  Dictyostelium  mucoroides  dans 
des  tubes  à  essai  bouchés  au  coton,  placés  à  l'abri  de  la  kimière  à  la  tem- 
pérature du  laboratoire,  et  contenant  de  la  gélose  additionnée  de  5  pour  1000 
de  peptone  et  de  20  pour  1000  de  maltose. 

»  La  semence  prise  dans  les  têtes  blanches  renferme  souvent  avec  les  spores  une 
Bactérie,  qu'il  est  facile  d'en  isoler  par  des  repiquages  successifs.  C'est  un  Bacille  fluo- 
rescent fétide,  comme  celui  de  Nadson,  mais  il  ne  liquéfie  pas  la  gélatine.  Tous  les 
tubes  où  se  montrent  les  Dictyosleliuni  contiennent  aussi  des  Bactéries;  les  fructifi- 
cations du  Mycétozoaire  reposent  sur  des  colonies  bactériennes.  Les  pédicelles  capités 
apparaissent  au  bout  de  3  jours  en  été,  dans  les  conditions  indiquées. 

»  Si  la  semence  n'a  pas  apporté  de  Bactéries,  rien  ne  pousse;  rien  du  moins  n'est 
visible  à  l'œil  nu,  car  au  microscope  on  découvre  des  amibes  issues  des  spores.  Dans 
ces  semis  en  apparence  stériles,  il  suffit  d'introduire  le  Bacille  isolé,  pour  mettre  le 
développement  en  train.  L'expérience  suivante  est  assez  démonstrative  pour  nous  dis- 
penser d'en  rapporter  d'autres. 

»  Le  7  juillet,  nous  ensemençons  trois  tubes  A,  B,  C.  L'un  (A)  présente  des  Bac- 
téries et  des  débuts  de  fructifications  au  bout  de  3  jours  (lo  juillet).  Rien  de  visible 
dans  les  autres.  Le  jo  juillet,  nous  semons  le  Bacille  pur  dans  le  tube  B;  les  fructifi- 
cations apparaissent  3  jours  plus  tard  (i3  juillet).  Le  tube  C,  où  l'on  ne  voit  encore 
rien,  est  ensemencé  de  Bacille  le  i3  juillet;  les  fructifications  se  montrent  le  16  juillet. 

»  La  culture  pure  mixte  du  Dictyostelium  et  du  Bacille  fluorescent  est  ainsi  réa- 
lisée par  synthèse. 

»  Dans  tous  les  cas  où  nous  avons  ensemencé,  de  Bacille  fluorescent,  les  cultures  en 
apparence  stériles,  de  3  à  7  jours  après  l'introduction  des  spores  du  Mycétozoaire,  le 
résultat  a  été  positif. 


SÉANCE    DU    lO    AOUT    igo3.  38q 

»  Au  lieu  de  Bacille  fluorescent,  nous  introduisons  la  Bactérie  pyocyanique  dans  une 
culture  de  5  jours,  en  apparence  stérile.  Le  résultat  est  négatif.  La  Bactérie  pousse 
seule,  bien  que  le  microscope  décèle  des  corps  amiboïdes.  Etant  données  les  propriétés 
alcalinigènes  de  la  Bactérie  pyocyanique,  cette  expérience  contredit  Topinion  de  Nad- 
son  sur  le  rôle  de  la  Bactérie  commensale. 

»  Eflfeclivement  l'examen  microscopique  nous  montre  que  les  Bacilles  sont  englobés 
par  les  amibes  et  subissent  dans  les  vacuoles  les  dégénérescences  du  type  décrit  par 
Pfeffer. 

))  Donc,  dans  les  conditions  de  l'exjDérience,  un  Mycétozoaire  du  groupe 
des  Acrasiées,  le  Dictyoslelium  mucoroides,  ne  s'est  développé  que  parallèle- 
ment à  des  Bactéries  déterminées.  Celles-ci  n'agissent  pas  indirectement 
en  modifiant  le  milieu  ;  elles  servent  d'aliment  aux  corps  amiboïdes  qui  les 
englobent  et  les  digèrent.   » 


GÉOLOGIE.    —   Sur  le  passage  du  Rhin  par  la  vallée  du  Douhs  et  la  Bresse 
pendant  le  Pliocène.  Note  de  M.  le  général  deLamothe. 

«  L'étude  des  anciennes  alluvions  du  bassin  du  Doubs,  bien  qu'elle  ne 
soit  pas  complètement  terminée,  m'a  conduit  à  quelques  conclusions  inté- 
ressantes au  point  de  vue  de  l'histoire  géologique  de  la  région  comprise 
entre  la  Bresse  et  l'Alsace,  conclusions  que  je  vais  résumer  brièvement. 

»  Dans  le  fond  de  la  vallée  du  Doubs,  jusqu'à  20™  environ  de  hauteur, 
on  trouve  des  lambeaux  d'une  nappe  presque  exclusivement  formée  de  galets 
roulés,  empruntés  surtout  aux  terrains  du  Jura  (calcaires  et  chailles),  et  en 
nombre  moins  considérable  à  ceux  des  Vosges  (granité  à  amphibole,  por- 
phyrites  vertes  et  brunes,  quarlzites  du  grès  vosgien,  etc.).  Je  citerai 
notamment  les  lambeaux  d'Osselle,  de  Torpes,  de  Thoraize,  du  Chêne 
marié.  La  stratification  est  horizontale;  les  éléments  sont  de  petite  dimen- 
sion (S*^""  àô*^'");  ceux  du  Jura  sont  remarquablement  arrondis;  ceux  des 
Vosges  ont  souvent  des  formes  polyédrales  ;  la  plupart  sont  généralement 
très  frais. 

M  Au-dessus  de  cette  nappe  à  éléments  calcaires,  et  jusqu'à  \[\iS^  au 
moins  au-dessus  du  thalweg,  on  observe,  depuis  Rozet  jusqu'à  Délie,  des 
amas  de  galets  remarquablement  roulés,  souvent  très  volumineux  (o"*,  20 
à  o"",  3o  de  diamètre),  et  d'un  aspect  complètement  différent.  Ils  sont  très 
altérés,  sauf  les  quartzites;  on  n'y  trouve  ni  granité  des  Ballons,  ni  por- 
phyrites  des  Vosges,  et  les  calcaires  du  Jura  y  font  défaut. 

C.  R.,  1903,  2-  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  6.)  -^  I 


^9^  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  Ainsi  que  je  l'ai  annoncé  antérieurement  ('),  les  matériaux  sont  pour 
la  plupart  identiques  à  ceux  qui  composent  le  gravier  du  Sundgau  entre 
Délie,  Volkensberg  et  Allklrch,  gravier  dont  l'oHgine  rhéno-rhodanienne 
a  été  nettement  établie  par  Delbos  et  M.  Gutzwilier.  Les  plus  remarquables 
parmi  ces  galets  sont  les  quartzi tes  jaunâtres  ou  blancs  avec  mica  blanc  du 
Trias  du  Valais,  les  quartzites  gris  verdâtre  originaires  probablement  des 
dépôts  miocènes  du  bassin  du  Rhin,  les  protogynes,  les  silex  à  radiolaires, 
les  calcaires  noirs  alpins,  les  grès  et  calcaires  "du  Flysch. 

))  En  général,  toute  trace  de  stratification  a  disparu,  et  les  galets  sont  le 
plus  souvent  enveloppés  dans  un  lehm  jaunâtre. 

»  Bien  que  tous  ces  dépôts  soient  très  démantelés,  on  peut  v  distinguer 
plusieurs  niveaux.  Le  plus  net  comprend  une  série  de  lambeaux  que  l'on 
peut  suivre  depuis  Dôle  où  leur  altitude  relative  est  de  Go»"  jusqu'à  Fesches- 
le-Châtel  où  elle  atteint  75-.  C'est  à  cette  nappe  que  l'on  doit  rapporter  la 
majeure  partie  des  cailloutis  qui  forment  le  sol  des  forêts  de  Chaux  et 
d'Arne;  en  amont,  elle  est  représentée  par  les  cailloutis  de  Routelle,  d'Os- 
selle,  de  Montferrand,  d'Hyèvre,  deBranne,  d'Isle-sur-Doubs,  de  Lougres, 
de  Voujaucourt,  de  Dampierre. 

«  On  remarque  que  partout  les  galets  de  la  partie  supérieure  sont  beau- 
coup plus  petits  que  ceux  des  parties  profondes  ;  ils  semblent  en  outre  avoir 
un  caractère  plus  vosgien.  Une  couche  plus  ou  moins  épaisse  de  lehm 
recouvre  la  plupart  de  ces  lambeaux. 

>'  Au-dessus  de  ce  niveau,  on  trouve,  dans  les  bois  de  Vomaie  et  d'Oive- 
ret,  les  débris  d'une  nappe  plus  élevée  de  20»»  à  25°^,  recouverts  de  limon. 
Cette  terrasse  me  paraît  avoir  une  individualité  propre  et  j'y  rattache 
les  cailloutis  d'Etouvans,  delà  citadelle  de  Besançon  et  de  la  terrasse  haute 
de  Montferrand,  dont  l'altitude  relative  est  la  même. 

»  Enfin,  les  dépôts  les  plus  élevés  semblent  marquer  le  niveau  supé- 
rieur atteint  par  les  alluvions;  l'altitude  au-dessus  du  thalweg  de  ceux  qui 
sont  les  mieux  conservés  (Col  de  Deluz,  Bois  de  Branne,  ferme  le  Fahy  au 
nord-est  de  Délie  à  la  cote  5 12)  est  très  uniforme  et  comprise  entre  140"" 
et  1 50»";  les  gisements  de  galets  épars  de  la  Côte  des  Buis,  de  Chaudanne 
et  de  Plenise,  se  rattachent  naturellement  à  ces  dépôts;  il  n'y  a  aucune 
trace  de  limon. 

»  Le  prolongement  jusqu'au  voisinage  de  Bâle,  à  travers  le  Sundgau,  de  ces  diflérents 


(^)  De  Lamothe,  Bulletin  de  la  Soc.  géol.  de  France,  4^  série,  t.  I. 


SÉANCE   DU    lO   AOUT    1903.  3<^I 

niveaux  présente  beaucoup  d'incertitude.  La  dénudation  produite  par  les  cours  d'eau 
issus  du  Jura  a  modifié  complètement  la  topographie  de  cette  région,  et  le  lehm  qui 
recouvre  presque  partout  les  cailloutis  masque  les  terrasses  et  rend  les  observations 
très  difficiles  et  incertaines.  Comme  je  me  propose  de  traiter  cette  question  dans  un 
Mémoire  en  préparation,  je  me  bornerai  à  faire  remarquer  que  la  surface  supérieure 
du  niveau  le  plus  élevé  du  Doubs  prolongé  vers  le  Sundgau,  même  avec  la  pente  très 
faible  qu'il  présente,  passe  à  aS"'  environ  au-dessus  des  cailloutis  d'Oberhagenthal, 
La  dénudation  que  ces  derniers  ont  dû  subir  en  raison  de  leur  position  topographique 
suffit  à  expliquer  cette  particularité.  Dans  tous  les  cas,  il  faut  en  conclure  que  les 
cailloutis  les  plus  élevés  du  Sundgau  ne  s'arrêtent  pas  brusquement  au  débouché  du 
Rhin  dans  la  plaine  d'Alsace,  comme  on  l'a  supposé,  mais  se  prolongent  à  plus  de  180*"" 
jusqu'au  bord  de  la  dépression  bressanne. 

))  J'ajouterai  que  la  séparation  entre  les  alluvions  vosgiennes  et  les  alluvions  rhénanes 
est  d'une  remarquable  netteté  sur  la  lisière  ouest  du  Sundgau.  Les  premières  sont 
cantonnées  sur  les  hauteurs  au  nord  et  à  l'ouest  d'une  ligne  allant  de  Monlbéliard  à 
Fesches-le-Chàtel  et  de  là  à  Montreux;  elles  ne  dépassent  pas  la  cote  4^5.  C'est  seu- 
lement au  pied  de  ces  hauteurs,  à  70™  ou  80™  au-dessus  du  thalweg,  (jue  l'on  voit  les 
cailloutis  alpins  se  mélanger  aux  débris  vosgiens. 

»  En  résumé  :  \°  Le  Rhin  a,  pendant  une  longue  période,  suivi  les  vallées 
du  Doubs  et  de  l'Allaine  entre  Délie  et  Dole  ;  il  les  a  creusées  sur  une  pro- 
fondeur de  i2o"-i3o'",  jusqu'à  i5'"-2o™  au-dessus  du  thalweg  actuel. 

»  La  date  de  ce  phénomène  peut  être  facilement  précisée.  Si  les  caillou- 
tis d'Azans,  dont  j'ai  reconnu  également  l'identité  avec  ceux  du  Sundgau, 
sont  réellement  contemporains  des  sables  de  Trévoux,  comme  l'ont  sup- 
posé MM.  Delafond  et  Deperet,  on  doit  admettre  que  l'écoulement  du 
Rhin  vers  la  Bresse  avait  déjà  lieu  pendant  la  période  de  remblai  qui  cor- 
respond à  la  formation  de  ces  sables.  D'autre  part,  M.  Guîzwiller  a  montré 
que,  à  l'époque  des  cailloutis  de  Rheinfelden-Monchenstein-Schonenbuch- 
Wenzweiler,  le  Rhin  coulait  déjà  dans  la  direction  du  nord. 

»  Le  passage  du  Rhin  par  la  vallée  du  Doubs  a  donc  eu  lieu  pendant  le 
Pliocène  moyen  et  une  partie  du  Pliocène  supérieur. 

»  qP  Postérieurement  à  cette  époque,  la  vallée  du  Doubs  a  encore  été 
creusée  de  i5™-2o'"  par  le  Doubs  et  ses  affluents,  remblayée  sur  i>o'"  avec 
des  matériaux  jurassiens  et  vosgiens,  puis  déblayée.  » 

M.  E.  MossÉ  adresse  une  Note  relative  à  un  système  de  voie  automotrice, 
permettant  aux  véhicules  de  circuler  sans  le  secours  de  moteurs. 

La  séance  est  levée  à  3  heures  et  demie. 

M.  B. 


392 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPBIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  3  août  igoS. 

La  paix  par  l'union  des  peuples,  par  J.  Polo.  Nantes',  Bourgeois,  igoS;  i  bro- 
chure in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Département  of  the  inlerior  United  States  geological  survey  :  i°  Preliminary 
report  on  the  Ketchikan  mining  district,  Alaska;  2°  A  reconnaissance  of  the 
iiorth-western  portion  of  seward  peninsula,  Alaska;  3°  The  geology  and  petro- 
graphy  of  crater  lake  national  par k;  4°  The  forests  of  Oregon;  5°  The  forests  of 
Washington  a  revision  of  estimâtes;  6°  Forest  conditions  in  the  cascade  range, 
Washington;  7°  Forest  conditions  in  the  olynipic  forest  reserve,  Washington; 
8°  Forest  conditions  in  the  northern  Sierra  Nevada,  California.  Washington, 
Government  printing  office,  1902;  8  vol.  in-4°. 

Report  of  the  chief  of  the  weather  bureau,  1900-1901  ;  vol.  II.  Washington, 
Government  printing  office,  1902;  i  vol.  in-4°. 

Memoirs  of  the  natioJial  Academy  of  sciences,  vol.  VIL  Washington,  Government 
printing  office,  1902;  i  vol.  in-4°. 

On  the  lakes  of  south-eastern  Wisconsin,  Madison,  Wis.  Published  by  the 
State,  1902;  I  vol.  in-8°. 

//  /•.  Istituto  sperimentale  per  le  coltivazioni  dei  tabacchi  e  la  visita  del  VII 
congresso  internazionale  d'agricoltur-a.  Torre  Xnnunzialdi,  G.  Maggi,  igoS;  i  vol. 
in-4<'. 


ACADÉMIE   DES   SCIENCES 

SÉANCE   DU   LUNDI   17    AOUT  1905, 

PRÉSIDENCE  DE  M.   ALBERT  GAUDRY. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  rend  compte  du  récent  Congrès  de  l'Asso- 
ciation géodésique  internationale,  qui  vient  de  se  tenir  à  Copenhague,  du 
4  au  i4  août.  Il  indique  les  principales  questions  qui  y  ont  été  traitées  et 
signale  avec  reconnaissance  l'accueil  qui  a  été  fait  par  le  Gouvernement 
danois  aux  Membres  du  Congrès. 

M.  Bouquet  de  la  Grye  ajoute  quelques  mots. 

M  le  Président  dit  que  l'Académie  est  heureuse  que  quelques-uns  de 
ses  Membres  les  plus  éminents  aient  été  à  Copenhague  faire  une  fois  de 
plus  honneur  à  la  Science  française. 

ASTRONOMIE   PHYSIQUE.  -  Observations  spectrales 
de  la  comète  Borrelly  (igoSc).  Note  de  M.  H.  Deslandres. 

«  Le  spectre  de  la  comète  Borrelly  a  été  étudié  à  Meudon  avec  la  grande 
lunette  double  de  l'observatoire.  M.  Millochau,  aide-astronome,  assiste  de 
M.  Jacques,  a  pris  une  part  active  aux  observations  qui  ont  été,  d  ailleurs, 
fortement  contrariées  par  le  mauvais  temps. 

»  La  grande  lunette  n'est  pas,  à  beaucoup  de  points  de  vue,  1  instrument 
le  plus  convenable  pour  ce  genre  d'études.  On  a  dû  construire  un  spectro- 
.raphe  spécial  dont  la  chambre  a  une  longueur  focale  (oM.)  beaucoup 
plus  petite  que  le  collimateur,  long  de  o"',55,  le  prisme  étant  en  flmt  léger 
avec  un  angle  de  6o«.  Ou  obtient  ainsi  la  concentration  de  lumière  qui, 
avec  une  fente  large  du  collimateur,  est  nécessaire  dans  le  cas  des  comètes 

.  Le  spectre  a  été  observé  les  5,  6et  7  août  dans  la  région  lumineuse  et 
ensuite  photographié  dans  le  bleu,  le  violet  et  l'ultra-violet  avec  une  pose 

G.  R.,  .903,    2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  7.) 


'6()'\  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  2  heures.  La  fente  du  sj3ectrographe  était  dirigée  dans  le  sens  de  l'allon- 
gement du  noyau,  de  la  chevelure  et  de  la  queue. 

))  Or,  d'une  manière  générale,  cette  comète  a  le  spectre  ordinaire  de. 
ces  astres,  observé  dans  la  niajorité  des  cas,  et  constitué  surtout  par  les 
bandes  du  carbone  attribuées  aux  hydrocarbures  et  au  cyanogène.  Quelques 
raies  supplémentaires,  la  plupart  faibles,  apparaissent  près  du  noyau,  se 
détachant  ainsi  sur  un  spectre  continu  peu  intense.  Le  Tableau  suivant 
résume  les  résultats  : 

Longueurs 
d'onde.       Intensité.  Remarques. 

4786,9  4  Bande  tournée  vers  le  violet,  plus  intense  près  du  noj'au  ;  est  la 

bande  bleue  la  plus  forte  des  hydrocarbures. 

4715,2  3  Bande  tournée  vers  le  violet,  plus  intense  près  du  noyau;  est  la 

bande  bleue  suivante  des  hydrocarbures. 

4697,1  2,5       Bande  tournée  vers  le  violet,  phis  intense  près  du  noyau;  est  la 

bande  bleue  suivante  des  hydrocarbures. 
468,  i5         8  Bande  floue  qui  semble  dégradée  dans  les  deux  sens. 

I    ,„^^'        -      1  Paquet  très  court,  faible  et  flou. 

(  4356,2     \ 

43i4,4  7  Très  courte,  fine,  semble  dégradée  vers  le  rouge;  est  atlribuable 

aux  hydrocarbures. 

4299,0  0.  Courte  et  dégradée  surtout  vers  le  violet. 

421 5, 8  3  Très  courte,  coïncide  avec  une  bande  du  cyanogène. 

4193,0  I  Très  courte,  coïncide  avec  une  bande  du  cyanogène. 


4ioJ,4 
4o63 , 3 


/; 


Large  partie  floue  dégradée  du  côté  rouge. 


4o52,2  7  Très  courte  et  fine. 

4043 , 2  3  Courte  et  floue. 

J   ,     o'      I        '^  Partie  large  et  floue,  un  peu  dégradée  vers  le  rouge. 

(  3098 , 1   )  -  .     ,, 

j   o  oK       (        i  Large  partie  floue. 

388, 10       10  Très  longue,  très  intense  près  du  noyau,  dégradée  vers  le  violet; 

est  la  bande  caractéristique  du  cyanogène. 
386,90         5  Longue;  est  la  bande  suivante  du  cyanogène. 

»  Le  spectre  est  presque  identique  à  celui  de  la  comète  b  1893  (Ror- 
dame)  qui  a  été  aussi  visible  à  l'œil  nu  dans  la  même  région  du  ciel  et  a 
été  observé  par  Campbell  à  l'observatoire  Lick. 

»   A  noter  les  particularités  suivantes  : 

M  I  °  Les  bandes  qui  composent  le  groupe  bleu  des  hydrocarbures  (1  478) 
sont  séparées,  alors  que,  avec  la  plupart  des  comètes,  elles  apparaissent 


SÉANCE    DU     17    AOUT    I()o3.  3ç)5 

confondues.  Le  même  fait  avait  été  signalé  déjà  dans  la  comète  Rordame, 
et  avait  permis  d'affirmer  avec  une  certitude  plus  grande  la  présence  du 
spectre  des  hvdrocarbures. 

»  2°  La  bande  ultra-violette  >.  388  du  cyanogène,  qui  est  la  plus  forte  du 
spectre,  et  la  suivante  1  387  offrent  dans  leur  intervalle  une  diminution 
brusque  de  lumière,  qui  se  présente  seulement  dans  l'illumination  élec- 
trique du  gaz  aux  basses  pressions  et  n'apparaît  pas  aussi  tranchée  dans  la 
combustion  du  gaz  cyanogène  et  dans  l'arc  électrique.  On  pourrait  en 
conclure  que  le  gaz  de  la  comète  est  illuminé  par  une  cause  d'ordre  élec- 
trique, et  cette  conclusion,  en  effet,  a  déjà  été  présentée  par  MM.  Hassel- 
berg  et  Yogel,  à  propos  de  certaines  particularités  des  bandes  lumineuses 
du  carbone  observées  dans  les  comètes  antérieures.  Mais,  d'autre  part,  des 
différences  sérieuses  apparaissent  :  les  hydrocarbures  et  le  cyanogène,  illu- 
minés électriquement  aux  basses  pressions  dans  nos  laboratoires,  donnent 
bien  le  spectre  cométaire  avec  ses  particularités,  mais  ils  donnent  en  plus, 
avec  une  intensité  notable,  le  spectre  de  lignes  de  l'hydrogène  et  le  spectre 
de  bandes  de  l'azote,  qui  ne  se  montrent  pas  dans  les  comètes.  C'est  ainsi 
que,  dans  les  épreuves  précédentes,  j'ai  cherché  vainement  la  bande  ■X392, 
caractéristique  de  l'azote  aux  basses  pressions,  qui  est  la  bande  la  plus  forte 
de  l'aurore  boréale  terrestre.  Cependant,  les  théories  les  plus  récentes 
attribuent  à  la  même  cause  la  lumière  de  Taurore  boréale  et  la  lumière  des 
comètes. 

))  On  peut,  il  est  vrai,  concilier  dans  une  certaine  mesure  ces  résultats 
en  apparence  opposés.  La  cause  de  la  lumière  cométaire  est  électrique, 
mais  faible;  elle  est  assez  intense  pour  illuminer  le  corps  composé,  mais 
insuffisante  pour  le  dissocier  (')  et  faire  naître  le  spectre  particulier  des 
composants,  hydrogène  et  azote.  De  plus,  d'après  les  très  belles  recherches 
de  MM.  Liveing  et  Devar,  l'apparition  des  bandes  du  carbone  telles  que 
X388  est  considérée  comme  liée  à  la  présence  de  l'azote  (^);  or,  cette 
dépendance  est  très  probable,  mais  non  absolument  certaine. 


(')  On  conçoit  que,  dans  la  comète,  les  conditions  d'illumination  soient  difTérenles 
de  celles  du  laboratoire.  On  peut  admettre  que  les  gaz  cométaires,  tout  en  étant  illu- 
minés électriquement,  ont  une  température  très  basse,  qui  gêne  la  dissociation. 

(^)  M.  Berthelot,  d'autre  part,  a  remarqué  depuis  longtemps  déjà  que  les  bandes 
en  question  doivent  être  émises  non  par  le  cyanogène,  mais  par  l'acide  cyanlivdrique, 
si  l'on  admet  la  présence  nécessaire  de  Ta/.ote. 


396  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  3°  Le  7  août,  le  spectre  cométaire  a  été  photographié  entre  deux 
spectres  terrestres  de  comparaison,  ainsi  que  dans  les  recherches  spec- 
trales antérieures  sur  les  planètes  et  la  loi  de  leur  rotation.  Or,  de  même 
qu'avec  les  planètes,  la  raie  cométaire  };388  a  été  trouvée  inclinée  légère- 
ment par  rapport  aux  raies  terrestres  voisines.  Les  différents  points  de  la 
comète  ont  des  vitesses  radiales  différentes  par  rapport  à  la  Terre.  Ces 
différences,  dans  le  cas  d'une  planète  ordinaire,  étaient  dues  à  sa  rotation, 
mais,  dans  le  cas  présent,  elles  ont  été  rapportées  à  la  force  répulsive 
émanée  du  Soleil  que  tous  les  auteurs  admettent  depuis  Kepler  pour 
expliquer  la  queue,  et  qui  éloigne  du  noyau  les  petites  particules  comé- 
taires  avec  une  vitesse  rapidement  croissante. 

))  En  effet,  la  fente  du  spectrographe,  comme  on  l'a  dit  plus  haut,  était 
parallèle  à  la  queue  cométaire,  qui  est  directement  opposée  au  Soleil  ;  elle 
contenait  le  noyau  et  une  partie  de  la  chevelure  du  côté  opposé  au  Soleil. 
Or,  d'après  l'inclinaison  des  raies,  cette  dernière  partie  de  la  comète  se 
rapproche  plus,  ou  s'éloigne  moins  delà  Terre  que  le  noyau;  de  plus, 
le  7  août,  la  position  de  la  comète  était  telle,  par  rapport  au  Soleil  et  à  la 
Terre,  que  la  force  répulsive  rapprochait  les  particules  de  la  Terre;  donc 
l'inclinaison  observée  peut  être  rapportée  à  la  répulsion  solaire;  et  même 
être  considérée  comme  une  vérification  expérimentale  de  cette  répulsion. 

))  Sur  les  trois  épreuves  obtenues,  celle  du  7  août  est  la  seule  qui  offre 
les  spectres  de  comparaison  disposés  en  vue  de  la  recherche  des  mouve- 
ments intérieurs;  depuis,  le  mauvais  temps  persistant  a  arrêté  toute  obser- 
vation nouvelle  et  d'ailleurs  la  comète,  qui  se  meut  rapidement  dans  le 
ciel,  n'est  plus  visible  maintenant  que  très  bas  sur  l'horizon,  dans  des 
conditions  peu  favorables  à  la  photographie  spectrale.  Aussi  le  résultat 
expérimental  précédent  constaté  sur  une  seule  épreuve  et  son  interpré- 
tation sont  présentés  avec  de  grandes  réserves;  ils  sont  publiés  surtout 
pour  fournir  une  indication  utile  aux  astronomes  dont  les  stations  sont 
mieux  situées  que  la  nôtre  pour  l'étude  de  la  comète  dans  la  seconde 
moitié  de  sa  course. 

»  Ce  premier  résultat  affermit  mes  convictions  antérieures  sur  l'utilité 
de  la  méthode  spectrale  dite  de  l'inclinaison  pour  la  reconnaissance  des 
mouvements  intérieurs  dans  les  astres  et  dans  les  comètes  en  particulier. 
Très  probablement,  cette  méthode,  appliquée  aux  comètes  dans  les  condi- 
tions les  plus  favorables,  avec  des  appareils  bien  appropriés  au  but,  per- 
mettra de  déceler,  d'une  part,  les  mouvements  dus  à  la  force  répulsive 


SÉANCE    DU    17    AOUT    igoS.  897 

solaire  et,  d'autre  part,  la  rotation  de  l'astre  qui,  d'après  certains  indices, 
se  ferait  autour  de  la  ligne  joignant  la  comète  au  Soleil.  L'observation 
devra  être  poursuivie  d'une  manière  continue  pendant  la  course  de  la 
comète  près  du  Soleil,  la  fente  du  spectrograplie  étant  parallèle  à  la  queue 
pour  l'étude  de  la  force  répulsive  et  perpendiculaire  à  la  queue  pour  la 
recherche  de  la  rotation. 

»  L'obstacle  principal  est  le  faible  éclat  de  la  comète  (le  noyau  étant 
mis  à  part);  d'où  la  nécessité  d'appareils  astronomiques  et  spectraux  très 
lumineux,  et  aussi  peut-être  d'une  station  de  grande  altitude.  Dans  lespec- 
tro^raphe  employé  par  nous,  le  ra])port  de  la  partie  couverte  de  l'objectif  de 
la  chambre  à  la  distance  focale  était  |;  mais  on  pourrait,  pour  cette  chambre, 
comme  pour  l'appareil  astronomique,  atteindre  le  rapport  {,  qui  assure 
cinq  fois  plus  de  lumière.  D'autre  part,  comme  les  comètes  sont  en  général 
prés  de  l'horizon,  les  stations  de  montagne  ont  des  avantages  évidents  sur 
les  stations  de  faible  altitude,  surtout  lorsqu'on  utilise  le  spectre  ultra- 
violet.  » 


ACOUSTIQUE.  —  Sur  le  phénomène  aérodynamique  produit  par  le  Ur 
des  canons  grêlifuges.  Note  de  M.  J.  Violle. 

«  Le  tir  des  canons  contre  la  grêle  donne  Heu  à  un  phénomène  acous- 
tique curieux,  qui  m'a  immédiatement  frappé  par  l'analogie  étroite  qu'il 
présente  avec  certains  faits  caractéristiques  signalés  dans  mes  travaux 

antérieurs. 

))  A  la  détonation  proprement  dite  succède  un  long  sifflement  se  pro- 
lon'^eant  inégal  pendant  dix  à  quinze  secondes.  Ce  sifflement,  que  nos 
paysans  bourguignons  appellent  la  vibration,  est  pour  eux  le  signe  qui  a  la 
vertu  magique  de  disperser  les  orages,  de  faire  taire  le  tonnerre,  de  conjurer 

la  grêle. 

»  Sans  chercher  pour  le  moment  ce  qu'il  peut  y  avoir  de  vrai  dans  cette 
vertu  si  désirée,  je  veux  m'attacher  uniquement  au  phénomène  aérodyna- 
mique très  intéressant  qui  se  produit  dans  ces  circonstances  et  que  j'étudie 
depuis  quelque  temps  déjà.  Je  me  bornerai  aujourd'hui  à  ce  que  révèle 
l'observation  immédiate  par  l'œil  et  par  l'oreille,  sans  l'emploi  d'aucun 
appareil.  A  l'oreille,  premier  bruit  du  coup  mis  à  part,  semble  siffler  une 
fusée  d'artifice  :  nature  et  variations  du  son  qui  procède  par  saccades,  sui- 


398  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

vant  une  trajectoire  irrégulière,  rappellent  le  sifflement  d'une  fusée  lancée 
en  l'air. 

))  Le  canon  grêlifuge  lance  effectivement  un  projectile,  bien  qu'il  ne  soit 
chargé  qu'à  poudre  (à  la  dose  d'une  centaine  de  grammes  seulement). 
Grâce  à  la  superposition  d'un  vaste  cône  en  tôle  qui  Itii  donne  l'aspect  d'un 
énorme  tromblon,  il  se  trouve  à  même  d'envoyer  presque  à  chaque  coup, 
en  dehors  d'une  masse  gazeuse  qui  peut  être  lancée  à  grande  distance, 
une  belle  couronne  de  fumée,  en  forme  de  tore,  semblable  à  celle  que  sait 
produire  un  fumeur  habile,  qui  s'élève  dans  l'atmosphère,  plus  ou  moins 
chassée  par  le  vent,  tandis  que,  comme  l'on  sait,  les  particules  compo- 
santes roulent  sur  elles-mêmes  et  autour  de  l'axe  circulaire  de  la  couronne, 
le  mouvement  sur  chaque  section  droite  à  l'intérieur  de  l'anneau  étant  de 
même  sens  que  le  mouvement  de  translation.  C'est  à  l'existence  de  ce 
remarquable  projectile  gazeux  qu'est  lié  le  sifflement  prolongé  qui  frappe 
l'oreille  et  qui  se  rattache  manifestement  aux  principes  développés  si 
heureusement  par  M.  le  commandant  Charbonnier,  et  si  nettement  mis  en 
évidence  par  notre  savant  Confrère  M.  le  général  Sebert  dans  la  dernière 
séance  de  l'Académie. 

■»  Il  importe  d'en  étudier  avec  soin  les  diverses  circonstances,  ainsi  que 
je  l'ai  entrepris.  » 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  Exemples  d'analyse  mécanique  des  sols. 
Note  de  M.  Tu.  Schlœsing  père. 

«  Je  me  propose  de  présenter,  dans  cette  Note,  des  exemples  de  l'ana- 
lyse mécanique  des  sols  telle  que  je  la  pratique,  depuis  que  j'ai  adopté  le 
procédé  de  classement  des  sables  fins  décrit  dans  deux  Notes  antérieures. 

»  On  a  l'habitude,  dans  plusieurs  laboratoires  de  chimie  agricole,  de 
prélever  des  échantillons  destinés  aux  analyses  sur  une  provision  de  terre 
sèche  et  pulvérulente,  qui  a  traversé  le  tamis  conventionnel  à  mailles 
de  i""™.  C'est  une  pratique  à  laquelle  j'ai  renoncé,  après  avoir  reconnu  que 
je  n'arrivais  jamais  à  tirer  d'un  même  flacon  deux  échantillons  identiques. 
De  quelque  nature  que  soit  la  terre,  je  commence  par  la  sécher  ;  j'en  pèse 
l'^s  que  je  délaye  dans  l'eau  ordinaire;  le  tout  est  jeté  sur  un  tamis,  au- 
dessus  d'une  terrine.  Le  tamisage  se  fait  ainsi  sans  broyage,  les  matériaux 
restés  sur  le  tamis  sont  pesés  après  lavage  et  dessiccation;  leur  poids,  dé- 
duit de  i^^,  fera  connaître  le  poids  de  la  terre  fine  et  sèche. 


SÉANCE    DU    17    AOUT    IQoS.  SgC) 

>i  Tous  les  éléments  qui-ont  traversé  le  tamis  se  rassemblent  rapidement 
au  fond  de  la  terrine.  Après  décantation  du  liquide  éclairci,  le  dépôt  est 
transvasé  dans  une  large  capsule  et  soumis  à  l'action  ménagée  de  la  chaleur. 
Un  moment  vient  où  il  forme  une  pâte  qu'on  peut  manier  sans  qu'elle 
adhère  aux  doigts.  Alors  on  la  corroie  jusqu'à  ce  qu'elle  soit  bien  homogène, 
on  l'emmagasine  à  l'abri  de  la  dessiccation.  Ses  éléments,  intimement 
mêlés,  ne  pourront  plus  se  séparer,  et  l'on  sera  certain  que  tous  les  échan- 
tillons qu'on  en  tirera  auront  rigoureusement  la  même  constitution. 

»  Depuis  que  M.  P.  de  Mondésir  a  fait  connaître  son  excellent  calcimètre, 
je  dose  le  calcaire  hn  et  grossier  à  part  avec  son  appareil,  et  n'ai  plus  à  m'en 
occuper  au  cours  de  l'analyse  mécanique,  ce  qui  permet  de  traiter  immé- 
diatement par  l'acide  nitrique  étendu  l'échantillon  destiné  à  cette  analyse, 
sans  prendre  la  peine  de  le  délayer  lentement  dans  l'eau,  selon  l'ancien 
usage. 

»  La  terre  est  ensuite  lavée  sur  filtre  avec  l'acide  au  millième,  puis 
transvasée  dans  un  flacon  et  mise  en  digestion  avec  de  l'eau  ammoniacale, 
après  quoi  elle  est  prête  pour  l'analyse;  celle-ci  commence  par  la  sépa- 
ration du  sable  grossier,  opérée  à  l'aide  de  lavages  suivis  de  décantations  ; 
ce  qui  reste  à  faire  a  été  décrit  en  détail  dans  la  Note  qui  précède  celle-ci. 

Premier  exemple.  —  Terre  du  domaine  des  Grands-Champs,  près  le  Châtelet-en-Brie, 
pour  100  parties  de  terre  tamisée  et  sèche.  Sable  grossier  .-Si,  56. 

Poids 

des 

dépôts  successifs. 

D, 22 , 2.5  pour  1 00  S, 

Do 8,67  »  S. 

D3 6 ,  87  »  S3 

D4 4,89  »  S, 

D5 3, 5i  »  Ss 

Dg 2,54  »  Sg 

D7 1 ,95  »  S7 

Dg 1 ,  49  »  ^0 

D9 I  j29  »  S9 


Poids 

des 

sables  fins. 

i3,58  poi 

iir  100 

10,47 

)) 

8,85 

» 

6,28 

» 

4,47 

» 

3,  i3 

» 

2,4l 

» 

'-69 

» 

1,21  (extrapolé) 

53,46  52,09 

»  On  remarquera  que  le  total  des  dépôts  Dj,  D.,,  .  .  .;  dépasse  celui  des  S,,  Sg,  .  .  . , 
il  en  doit  être  ainsi,  puisque  les  dépôts  \)i,  D^,  .  .  .  contiennent  des  éléments  argi- 
leux que  le  calcul  proscrit  des  sables  Sj,  S2,   ...  ;  le  poids  de  ces  éléments  eijt  la  diffé- 


4oo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

rence  entre  le  total  des  dépôts  et  celui  des  sables,  et  devra  être  ajouté  au  poids  d'argile 
dosé  dans  le  liquide  extrait  de  l'allonge. 

Le  dosage  de  l'argile  dans  ce  liquide  m'a  donné i3,45  pour  loo 

Ajoutant  la  différence  53,46  —  52,09,  ou 1,87  « 

On  a  pour  l'argile  totale 14,82         » 

»  On  voit  que  la  terre  des  grands  champs  est  très  meuble;  car,  pour  une  proportion 
très  modérée  d'argile,  elle  contient  3i,56  pour  100  de  sable  grossier,  et  de  plus  la 
somme  des  trois  premiers  termes  de  la  série  des  sables  fins  Si,  S,,  S3,  s'élève  à 
82,90  pour  100. 

»  D'après  des  expériences  rapportées  dans  ma  Note  du  29  juin,  l'argile,  fùt-elle  très 
abondante,  ne  doit  pas  gêner  la  chute  des  sables  fins.  Il  était  utile  de  donner  de  ce  fait 
une  preuve  décisive.  A  cet  effet,  l'allonge  a  été  remplie  de  nouveau  avec  le  délayage 
d'un  second  échantillon  de  terre  de  même  poids  que  le  premier  et  préparé  de  la  même 
façon.  Mais,  au  lieu  de  recueillir  les  dépôts  successifs,  on  les  a  laissés  s'accumuler  au 
fond  de  l'allonge  pendant  21  heures  20  minutes,  durée  de  l'analyse  précédente;  puis, 
on  a  décanté  le  liquide  argileux,  le  plus  possible,  sans  entamer  le  dépôt;  après  quoi 
celui-ci  a  été  remis  en  suspension  dans  un  volume  d'eau  pure  légèrement  ammoniacale 
égal  au  volume  du  liquide  argileux  décanté;  on  a  procédé  alors  à  l'analyse.  Dans  cette 
nouvelle  opération,  les  sables  étaient  égaux  en  quantités  et  en  dimensions  à  ceux  de  la 
première;  seulement  leur  chute  avait  lieu  au  sein  d'un  liquide  qui  ne  contenait  plus, 
en  éléments  argileux,  que  ceux  qui  s'étaient  précipités  avec  ces  sables  pendant  le  repos 
de  21  heures  20  minutes. 

»  Voici  les  résultats  de  cette  épreuve.  Je  reproduis  à  côté  des  poids  des  sables  ceux 
qu'a  donnés  la  première  analyse,  afin  de  faciliter  les  comparaisons  : 

Poids 
des 
Poids  Poids  sables  fins 

des  des  de  la 

dépôts  successifs.  sables  fins.  1"  expérience. 

Di...      22, 3o  pour  100  S,...      i3, 68  pour  100  i3,58  pour  loo 

D2...       8,62         »  S,..       10,35         »  10,47         " 

D3...       6,89         »  S3...       8,91  »  8,85 

D,...       4,87  «  S4...       6,37         .)  6,28 

D3...       3,37         .)  S5...       4,37         >'  4,47 

Dg...       2,37  .)  Se...       3,02         »  3,i3         » 

D,...        1,72         »  Sv...       2,17         »  2,4o         » 

Dg...        1,27  »  Sg...       1,70         »  1,69         » 

D9...       0,84  >)  S9...        i,3o         »  i>2i 

52,25  51,87  52,09 

»  Dans  les  expériences  de  ce  genre,  on  ne  peut  demander  une  concordance  plus 
grande.  La  présence  de  l'argile  n'a  donc  pas  exercé  d'influence  sur  le  classement  des 
sables  fins,  et  son  élimination  préalable  serait  une  complication  inutile. 

»  Pour  doser  l'argile  dans  la  deuxième  analyse,  il  faut  l'extraire  de  deux  liquides  ; 


SÉANCE    DU    17    AOUT     l9o3.  4oi 

celui  d'où  les  sables  se  sont  déposés   une   première   fois,   et  celui   qui  a  servi  à  les 
classer. 

Dans  le  premier  liquide,  j'ai  trouvé 18,73  d  argile 

Dans  le  deuxième       »  »  *^>9^       " 

Total 14,67       » 

La  première  analyse  avait  donné 14,02       » 

»  En  présentant  des  exemples  d'analyse  mécanique  avec  classement  des 
sables  fins,  j'ai  pour  but  essentiel  de  montrer  à  la  fois  que  l'argile  n'inter- 
vient pas  dans  ce  classement,  et  que  des  analyses  d'une  même  terre  répé- 
tées dans  des  conditions  différentes  donnent  des  résultats  concordants,  ce 
qui  confirme  l'exactitude  de  la  méthode.  Aussi  pour  abréger,  je  mettrai 
tout  de  suite  en  regard,  dans  les  Tableaux  que  je  veux  encore  produire,  les 
nombres  fournis  par  deux  analyses  exécutées  l'une  en  présence,  l'autre  en 
Tabsence  de  l'argile. 


Deuxième  exemple. 


Terre  du  domaine  de  Gaiande,  par  Moissy-Cramayel,  en  Brie, 
pour  100  parties  de  terre  tamisée  et  sèche. 


I.  —  Argile  présente. 
Sable  grossier i4,ï3  pour  100. 


D,. 
D2, 
D3. 
D4 
Dv 

De 
D, 
Ds 
Do 


3/4,38  p.  100 

I2,o4 

8,59 
5,48 
3,46 
2,38 
1,63 
1 ,26 
1 ,  16 


S,. 

S,, 

S3, 

s,. 

Sa 
Se 

S7 
Ss 

So 


22,36  p.  100 

j5,49 
11,70 

7,5o 

4,54 

3,i3 

2,00 

1,36 

0,97 


70,38 


69,0.5 


TI.  —  Argile  éliminée. 

Sable  grossier 14,28  pour  !  00. 

Di..     34,67  p.  100       Si..      22,68  p.  100 


D... 
D3. 
D,. 
D,. 
De. 
D,. 
D,. 


ii;99 
8,56 

5,37 

3,39 

2,27 

1 ,53 

] ,  10 

o>77 

69,65 


S,. 
S3. 
S4. 
S5. 

Se. 

S-. 

S,. 

So. 


i5,42 
11,75 

7,35 
4,5i 
3,01 

1,96 
1,43 
i,o4 

69,15 


Argile  dans  le  liquide  de  l'allonge. 
Dans  les  dépôts  D  :  70,30  —  69,03. 


it),i7 

1,27 


Total 16, 4; 


Argile  dans  le  liquide  de  l'allonge.      i5,02 
Dans  le  liquide  de  l'analyse i ,  i4 

Total 16,16 


),  Ces  analyses  montrent  encore  que  l'argile  n'apporte  aucun  trouble  dans  le  classe- 
ment des  sables  fins  ;  quant  à  la  terre  qui  en  a  été  l'objet,  on  peut  conclure  des  nombres 
ci-dessus  qu'elle  est  encore  assez  meuble,  bien  qu'elle  ne  contienne  que  i4,i5  pour  100 
de  sable  grossier;  mais  les  premiers  lots  des  sables  fins,  qui  se  rapprochent  bien  plus 
du  sable  grossier  que  des  sables  argileux,  donnent  un  total  de  49,55  pour  100. 
G.  R.,  1903,  o..  Semestre.  (T.  CXXXVII.  N°  7.)  -* 


402 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


Troisième  kxempliî.  —  Terre  de  Lacanau  (Gironde),  très  argileuse  et  contenant 
7  pour  loo  de  calcaire.  Pour  loo  parties  de  terre  tamisée  et  sèche. 


I.  —  Argile  présente. 


oaJJie  giussic 

1  ,u 

D,.. 

6,5i  p.  100       Sj  .  . 

I  ,22 

D,.. 

5,29 

S,.. 

.    3,76 

D3.. 

6,82 

S3.. 

6,66 

D,.. 

6,98 

s,.. 

7.89 

D,... 

6,07 

s,.. 

6,97 

De.. 

5,17 

So.. 

6,25 

D,.. 

4,09 

S;.. 

4,47 

Ds.. 

3,71 

Ss.. 

.     3,60 

D,.. 

3,82 

%.. 

•     2,90 

48,46 


43,7: 


Argile  dans  le  liquide  de  l'allonge.     [\0 ,Z(y 
Dans  les  dépôts  D  :  48,46  —  43,72  .       4 ,  74 

Total 45, 10 


II.  —  Argile  LMiminée. 
Sable  grossier 
100 


D... 

6,33 

D^.. 

5,32 

D3... 

6,66 

D,.. 

6,86 

D,.. 

5,84 

De.. 

4.77 

D,.. 

3,70 

D«.. 

3,02 

D,.. 

2,34 

Si.. 

.        1  ,  y  .j 

1,01  p 

S,.. 

3,98 

Sa.. 

6,46 

S,.. 

7,88 

S,.. 

6,91 

Se.. 

5,84 

s,.. 

4,38 

s«.. 

3,70 

s,.. 

3,00 

43,16 

100 


44,84 

Argile  dans  le  liquide  de  l'allonge.  [\0 ,  45 

Dans  le  liquide  de  l'analyse 3,29 

Dans  les  dépôts  D  :  44,84  —  43, 16.  1 ,68 

Total 45,42 


»  Les  poids  des  diverses  catégories  de  sables  fins  sont  encore  ici  concordants, 
malgré  une  proportion  d'argile  très  considérable. 

»  Dans  cette  terre  de  Lacanau,  tout  concourt  à  produire  une  extrême  compacité  :  la 
proportion  du  sable  grossier  est  très  faible;  les  premières  catégories  de  sable  fin 
donnent  un  total  peu  important,  pendant  que  les  dernières  gardent  presque  l'égalité 
avec  elles;  enfin  l'argile  atteint  la  proportion  de  45  pour  100. 

»  J'ai  analysé  plusieurs  autres  terres,  entre  autres  celle  de  Joinville- 
le-Pont,  extrêmement  sableuse;  une  terre  de  lande,  remarquable  par  une 
proportion  considérable  de  sable  très  fin;  une  terre  du  département  de 
l'Aisne,  qui  contient  l'énorme  proportion  de  55  pour  100  d'argile;  ces 
analyses  ont  montré,  comme  les  précédentes,  que  le  classement  des  sables 
fins  réalisé  par  ma  nouvelle  méthode  fournit  d'utiles  renseignements  sur 
la  nature  des  sols,  et  que  la  présence  de  l'argile  n'apporte  aucun  trouble 
dans  ce  classement.  » 


SÉANCE  DU  17  AOUT  1903.  4^^ 


CORRESPONDANCE. 

MÉCANIQUE  ANALYTIQUE.  —  Sur  le  rapport  des  travaux  de  S.  Lie  à  ceux 
de  Liouville.  Noie  de  M.  N.  Saltykow,  présentée  par  M.  Appoll. 

«  Dans  la  Note  qui  va  suivre,  je  reprends  les  résultats  obtenus  dans 
ma  Note  précédente  sous  un  point  de  vue  plus  général  appartenant  à  J. 

Liouville. 

u   Considérons  l'équation 

(l)  /?,-t-H(^-,,a:,,  ...,X^,p.„p^ Pn)  =  ^' 

et  le  système  canonique  correspondant 

y^^  dx,  dpr+y  dx,  dx,.+  , 

»  On  simplifie  le  problème  si,  au  lieu  d'une  intégrale  complète  de  S.  Lie 
de  classe  q  pour  l'équation  (i),  on  ne  considère  que  n  -  i  intégrales  en 
involution  du  système  (2) 

(3)       F,{X,,  X,,...,  X„,  p„  p„  .  ..,Pa)  =  ^s  (5  =z  I  ,  2,  .  .  .,  /i  -  l), 

donnant  ^relations  liant  les  variables  ^,,07,,  ...,^«.  En  effet,  la /i"^"*"  équa- 
tion contenant  la  variable  z,  dont  l'ensemble  avec  les  équations  (i)  et  (3) 
représente  l'intégrale  de  S.  Lie,  s'obtient  par  une  quadrature  (')• 


(»)  Supposons,  en  effet,  que  les  équations  (i)  et  (3)  donnent 

x„.q^i='^ç{x„x^,  ...,x„^,,b„b,,  ...,^,-,)  (^'=1,2,  ...,r/), 

On  voit  aisément  que  les  fonctions  4./,  ont  la  forme  suivante 

i  =  i. 

les  fonctions  A^.  vérifiant  les  relations 

<jA/,  _  (JA/ 


4o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Or,  il  est  ici  nécessaire  de  constater  le  fait  que  la  priorité  de  traiter 
des  intégrales  en  question  revient  à  J.  Liouville,  qui  a  démontré  l'impor- 
tant théorème  suivant  : 

))  Etant  données  n  —  i  intégrales  en  ùwolution  quelconques  du  système 
canonique  (2),  son  intégrale  générale  s  obtient  par  une  quadrature. 

»  Effectivement,  dans  son  article  :  Note  sur  l'intégration  des  équations 
différentielles  de  la  Dynamique  présentée  au  Bureau  des  Longitudes  le 
if^juin  i853  {Journal  de  Liouville,  t.  XX,  i855,  p.  iSy),  en  donnant  les 
formules  relatives  aux  intégrales  (3)  résolubles  par  rapport  à /Jo,  /?3,  ...,pn^ 
J.  Liouville  annonce  que,  dans  ses  Leçons  au  Collège  de  France,  il  a  donné 
de  longs  développements  sur  la  même  question  pour  le  cas  où  la  der- 
nière condition  n'était  plus  satisfaite.  Ce  point  important  est  étudié  dans  la 
Thèse  de  A.  Lafon  :  Sur  V intégration  des  équations  différentielles  de  la  Méca- 
nique; Paris,  1854.  Les  résultats  en  question  s'interprètent  aisément 
comme  il  suit  :  Les  équations  (3)  étant  résolubles  par  rapport  à/?o,  p^,  ..., 
Vn-q^  ^n-q+\y  ■•,  ^«,  mcttons  le  système  (2)  sous  la  forme  d'un  nouveau 
système  canonique 


(4) 


dPk  ^  _   dW  cLvn-g-^-i    _  _  ^H  , .  _ 

d-^y  àoTk'  dx,       ~        0{-p„-ç^,)      <.^  -  ''  2,  ...,  q). 


»  En  vertu  des  équations  (3),  formant  de  même  un  système  des  inté- 
grales en  involution  par  rapport  au  système  (4),  la  relation 

dz'  =  p,  dx,-^...  -]rpn-q  dx^^^  -  x,,^^^,  dp^_^^,  —_,—  x,^  dp^ 

est  une  différentielle  exacte,  dont  l'intégrale  s'obtient  par  une  quadrature 

z'=Y{x,,  x.„  ...,  a7„_,/, /j„_y^, ,  ...,/j„,  Z>,,  Z>2.  ...,  b„_,)  +  b^. 


pour  tous  les  indices  k,  l  de  i  k  n  —  q.  lien  résulte  donc  immédiatement  que  l'intégrale 

n-r, 


/.  =  i 


6„  étant  une  constante  arbitraire,  jointe  aux  équations  (3),  définit  l'intégrale  com- 
plète de  S.  Lie  en  question. 


SEANCE    DU    17    AOUT    IQoS.  4o5 

h^  étant  une  constante  arbitraire  et  le  déterminant  fonctionnel 


/  ÔY     dY 
^(  ôx,_'  dx^' 

dY 

ÔY 

'  àpn 

\ 

bi,  62,  .., 

•  ,    ^«-1 

(5) 

ne  s'anniilant  pas.  Cela  étant,  l'intégrale  générale  de  tous  les  deux  sys- 
tèmes (2)  ou  (4)  est  définie  par  les  mêmes  formules 


l      _  dY                      _  ÔY  /k  =  i,'5,...,7i 

I  tk  — "   "S '                  H—o-hi  —         ■   "^ 1 

/Q\      )             d'^'/c                  ^  opn-<i+i  \i  =  1 ,  2.,  .  . .,  q 
dbs 


dY  ,  . 

Œs  {s  =  1,1,.  ..,  n  —  1). 


»  La  théorie  développée  présente  l'avantage  de  traiter  la  question  sous 
une  forme  tout  à  fait  générale,  en  s'affranchissantdes  restrictions  de  S.  Lie 
relatives  aux  intégrales  (3). 

»  En  effet,  pour  passer  des  intégrales  en  involution  (3)  quelconques  à 
l'intégrale  générale  du  système  (2),  il  nous  appartient  dès  à  présent  le 
choix  des  variables /?a,  yop,  •  •  •  ?  ^'y»  ^5»  •  •  •  ♦  de  différents  indices  a,  ^,  . . .,  y, 
S,  ...,  par  rapport  auxquelles  il  est  le  plus  avantageux  de  résoudre  les 
équations  (3),  afin  d'éviter  les  difficultés  qui  peuvent  s'y  présenter.  Il  va 
sans  dire  aussi  que  les  formules  indiquées  dans  notre  Note  précédente  : 
Sur  les  relations  entre  les  intégrales  complètes  de  S.  Lie  et  de  Lagrange,  ne 
représentent  qu'un  cas  particulier  des  formides  (6). 

»  S'il  s'agit,  enfin,  d'une  intégrale  complète  de  Lagrange  de  l'équa- 
tion (1),  on  tire  immédiatement  du  système  (6)  les  équations  nécessaires 
pour  former  l'intégrale  requise.    » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.   —   Les  fonctions  entières  d'ordre  zéro. 
Note  de  M.  Edm.  Maillet,  présentée  par  M.  C.  Jordan. 


«  Soit  (  '  ) 

(0  ?.(^)=2 


/.(/") 


<r^/ 


(>)  l^oiir  la  notation,  t^(57/- notre  Communication  du  9  février  1908,  p.  348:  e^{x)  —  x. 
ey{x)  =e^,  ei{x)^e''M\  ...  ;  logo^  — ^^  logi^  =  loga;,  log,.x- =  log  logio:,  .... 


4o6  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

OÙ  £  peut  être  pris  aussi  petit  qu'on  veut  dès  que  m  est  assez  grand  et  p  fini. 
Pour  k  =  o,  9,  (ct)  est  une  fonction  entière  d'ordre  fini  p  ;  pour  k^  \,  cp,  {oc) 
est  une  fonction  entière  à'ordre  zéro  (au  sens  de  M.  Borel). 

»  Avec  cette  notation,  la  catégorie  des  fonctions  entières  d'ordre  zéro 
apparaît  comme  aussi  étendue  que  celle  des  fonctions  entières  d'ordre  fini 
ou  infini.  Nous  avons  essayé  d'en  esquisser  une  classification. 

»  Posons 

»   Définilion.  ~  1°  Soit  k  ^=^  1.  Si  l'on  a,  quel  que  soit  |  a?  |  =  r, 

M,<E(r,  r,p+£), 

M^  étant  le  maximum  du  module  d'une  fonction  entière  9(^)  pour  \oc  |  =  r, 
et  e  tendant  vers  zéro  quand  r  croît  indéfiniment,  et  si,  pour  une  infinité 
de  valeurs  de  r  indéfiniment  croissantes 

M,  =  E(7-,  i,p-6,) 

(e,  analogue  à  e),  nous  dirons  que  <p(a;)  est  d'ordre  (o,  i,  p). 
»   2°  Soit  ^  ^  I .   Si  l'on  a,  quel  que  soit  \x\  =:  r, 

M,<  £(/-,)?•,  p -h  e) 

pour  une  valeur  finie  de  p;  et  si,  pour  une  infinité  de  valeurs  de  r  indéfi- 
niment croissantes, 

M^>E(/-,^-,  p-  £,), 

nous  dirons  que  9(^7)  est  d'indice  k. 

»  En  suivant  la  même  marche  que  pour  les  fonctions  entières  d'ordre 
fini  ou  infini  non  transfini,  nous  avons  obtenu  les  résultats  suivants  : 

»   I.   La  série 

(2)  (S^{x)  =^a,nX"\ 

0 

ow,  dés  que  m  dépasse  une  certaine  limite  jx  finie,  les  termes  sont  tels  que 

(3)  \a„,\Se       ^P     ^ 
a  son  module  au  plus  égal  à 


SÉANCE    DU    17    AOUT    igoS.  407 

dés  que  |  x  |  dépasse  une  certaine  limite  finie  'i  (e,  s,  finis,  positifs,  aussi  petits 
qu'on  veut,  pourvu  que  a  et  ç  soient  choisis  suffisamment  grands). 

»   IL   Tout  étant  posé  comme  ci-dessus,  s  il  y  a  dans  la  série  (2)  une  infinité 
de  valeurs  de  m  telles  que 

(4)  |«.|>e     ^^    K 

c  est-à-dire  si  <^{x)  est  d'ordre  (o,  1,  p),  il  y  a  une  infinité  de  valeurs  de  x 
telles  que,  pour  |  ^  [  =  r, 

12' 


a  ,„  oc 

0 


P-e, 


»  III.  DÉFINITION.  —  Si,  pour  r'=:\x\^'i.i  on  peut  trouver  un  nombre  ^ 
fixe  tel  que 

p  -£  f.-(-£ 

r  ^         <  M^  <  r  ^        , 

00 

quel  que  soit   x,  nous  dirons  que  la  fonction   (p(a7)  =  V  «,„a;'"  est  d'ordre 

0 
(o,  I,  p)  et  à  croissance  régulière.  Sinon  la  fonction  a  sa  croissance  irré- 
gulière. 

»  IV.  Tout  étant  posé,  comme  dans  I  et  II,  soient  m^ ,  m.,  (^m.^  ^  m^)  deux 
indices  de  coefficients  «,„  satisfaisant  à  (4)»  aucun  coefficient  «,„  d'indice  com- 
pris entre  m^  el  m.,  ny  satisfaisant.  Si  lim— ^  =  i,  quand  m^  croit  indéfini- 
ment, (s^{xya  sa  croissance  régulière. 

»   Quand  k'y>  \,  les  résultats  que  nous  avons  obtenus  sont  moins  précis  : 

»   V.   La  série 


{ihis)  '^{x)-=^a,„x'\ 

0 

où,  dés  que  m  dépasse  une  limite  finie  |x,  les  termes  sont  tels  que 

\cim\=ek{m)        P     ^ 

a  son  module  au  plus  égala  H''^^)'"^*''  pour  \x\=^  r,  dés  que  r  dépasse  une 
certaine  limite  finie  E. 

»  VI.   Tout  étant  posé  comme  ci-dessus  (V),  s'il  y  a  dans  la  série  (a  bis) 
une  infinité  de  valeurs  de  m  telles  que 

\(i,n\le;,{m)       ^     \ 


4o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

c  est-à-dire  si  '^^{^oo)  est  d'indice  k,  il  y  a  une  infinité  de  valeurs  de  x  telles  que, 
pour  \x\^=  r, 


2^" 


rpl' 


>^(i-£)log^r^ 


»  Toutes  ces  propriétés  s'étendent  de  suite  aux  fonctions  monodromes 
aux  environs  d'un  point  singulier  essentiel  isolé. 

»   Il  y  a  des  fonctions  d'ordre  o  et  d'indice  infini;  exemple  :  V 


0 

leur  module  maximum  pour  |  ^  |  =  r,  assez  grand,  est  plus  grand  que  celui 
de  tout  polynôme  et  plus  petit  que  r'^^'f^'',  si  grand  que  soit  l'entier  k,  au 
moins  aux  environs  de  certaines  valeurs  de  r. 

»  Il  reste  à  étudier  les  modules  des  racines  des  fonctions  entières 
d'ordre  o.  A  cet  égard  nous  avons  indiqué  déjà  quelques  résultats  à  pro- 
pos des  fractions  quasi-algébriques  (')  qui  sont  des  fonctions  entières 
d'ordre  o.  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  intégrales  de  Fourier-Cauchy . 
Note  de  M.  Carl  Stormer. 

«  Dans  une  Communication  publiée  récemment  (-),  j'ai  donné  un 
résumé  de  quelques  résultats  que  j'ai  obtenus  dans  la  théorie  des  inté- 
grales définies  à  n  dimensions  contenant  des  paramètres,  et  qui  seront 
l'objet  d'un  Mémoire  plus  étendu. 

»  Comme  application,  j'ai  traité  une  classe  d'intégrales  définies  qu'on 
peut  convenablement  appeler  intégrales  de  Fourier-Cauchy  et  qui  ont  des 
propriétés  remarquables,  dont  quelques-unes  ont  déjà  été  indiquées  par 
Cauchy  (^). 


(1)  Comptes  rendus,  1901,  1^  sem.,  p.  989,  et  Journal  de  l'École  PolytecJinigue, 
1908. 

(-)  Videnskabs-Selskabels  Skri/ter,  I.  Malh.  naturv.  Klasse,  1908,  n°  4,  Chris- 
tiania. 

(3)  Voir  Mémoire  sur  l'intégration  des  équations  linéaires  aux  différences  par- 
tielles et  à  coefficients  constants,  par  M.  A.Cauciiy  {Journal  de  l'École  royale  poly- 
technique, Cahier  XIX,  1828,  p.  5ii,  etc.). 


SÉANCE    DU    T7    AOUT    igoS.  4o9 

»  Ayant  complété  depuis  en  certains  points  mes  résultats,  je  me  permets 
d'en  donner  ici  un  court  résumé. 

))  Soient  n  variables  réelles  ;,,  '^a,  ...,  l,,  assujetties  à  appartenir  à  un 
domaine E,  borné,  parfait  et  mesurable;  soit/ (;,,  ;,,  ...,^«)  une  fonction 
réelle  de  E,,  ^o,  ..-,  l„  ayant  une  valeur  bien  déterminée  pour  tout  point 
(E,,  ...,  l„)  à  l'intérieur  de  E  et  qui  est  bornée  et  intégrable  pour  tout 
domaine  parfait  et  mesurable  E'  intérieur  à  E  et  sans  point  commun  avec 
sa  frontière.  Supposons,  de  plus,  l'existence  de  l'intégrale  définie  généra- 
lisée Se/(Co  Eo,  ...,  In)  de  i\2in^\Q  sens  de  M.  Jordan  ('). 

»  Gela  posé,  soient /i  autres  variables  réelles  7.^,  a.,  ...,  a„  assujetties  à 
recevoir  toutes  les  valeurs  réelles  possibles  et  désignons  par  D  le  domaine 
infiniment  grand  constitué  par  tous  les  points  (a,,  a.,  ...,  a„);  D  sera,  en 
d'autres  termes,  l'espace  à  n  dimensions.  Désignons  ensuite  par  DE  le 
domaine  à  2/z  dimensions  constitué  par  l'ensemble  des  valeurs  de  a,,  a,, 
7.3,  ...,a„,  E,,  Eo,  ...,  In-  Enfin,  soit  r  une  quantité  non  négative,  définie 

par  la  relation 

r-  =  a^  +  a^  +  ...  +  se";. 

»  Cela  posé,  j'ai  démontré  d'abord  que  l'existence  de  l'intégrale  définie 
généralisée  Se/(^,,  l,,---,  ln)de  entraîne  l'existence  de  l'intégrale  définie 
générafisée  suivante,  que  l'on  peut  appeler  une  intégrale  de  Fourier- 
Cauchy  (-)  : 

S„.e-^-^'"V°'.'^.-^-.)' . .  .6A/:?«-^«"/(?, ,  E„  . . .,  In)  de. 


(271)' 

k  étant  un  paramètre  réel  ou  complexe  tel  que  la  partie  réelle  de  k-  soit 
positive  et  x,,  x._,  ...,  x,,  ayant  des  valeurs  réelles  ou  complexes  finies 
quelconques. 

»  Dans  chaque  domaine  K,  situé  dans  la  partie  du  plan  de  la  variable 
complexe  k,  où  k'  a  sa  partie  réelle  positive,  l'intégrale  existe  et  représente 
une  fonction  analytique  régulière  de  ^'.  Considérons  le  cas  où  le  domaine  R 
est  situé  à  droite  de  l'axe  imaginaire  et  appelons  l{k)  la  fonction  analy- 
tique de  k  reprébcntée  par  l'hitégrale. 

),   J'ai  démontré  alors  que  cette  fonction  analytique  I(^)  est  une  fonction 

entière  transcendante  (ou  un  polynôme)  de  ),  et  que,  pour  toute  valeur  de  k 


(1)  Cours  d'Analyse,  t.  I  el  II. 

(2)  Voir  le  Mémoire  de  Cauchy  précédemment  cité,  p.  5i2,  etc. 

C.  R.,  1903,  2«  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  7.)  ^ 


4lO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

différente  de  zéro,  I(^)  est  une  fonction  entière  transcendante  (ou  un  poly- 
nôme) de  chacune  des  variables  .^,,  x.^^  . ..,  £r„. 
»  Au  lieu  de  l'intégrale  de  Fourier 


(271)'' 


que  l'on  obtient  en  faisant  ^•  =  o  dans  l'intégrale  de  Fourier-Gauchy  et  dont 
l'existence  n'est  nullement  supposée  ici,  nous  considérerons  cette  fonction 
analytique  !(/")  qui  rend  dans  les  applications  les  mêmes  services  que  l'in- 
tégrale de  Fourier. 

»  Gela  posé,  faisons  tendre  k  vers  zéro  par  valeurs  positives.  J'ai  établi 
alors  avec  toute  rigueur  la  propriété  suivante,  indiquée  par  Gauchy  (') 
sans  démonstration  suffisante  : 

»  i*'  Si  le  point  E,  =  cT,,  ;o  =  ^fo,  . . .,  E„  =  .t,^  est  à  l'extérieur  de  E,  on 
aura 

limI(/^)  =  o; 

A-=o 

»  2"  Si,  au  contraire,  ce  point  est  à  l'intérieur  de  E  et  si  de  plus  la 
fonction  /(^, ,  Eo,  . . . ,  H„)  est  continue  en  ce  point,  on  aura 

\'\ml{k)=f{x^,x.„...,x„). 

»  Cependant,  je  viens  de  voir  qu'd  y  a  encore  des  cas  très  étendus  où  1  (k) 
admet  une  limite;  en  effet,  j'ai  réussi  à  établir  un'théorème  qui  comprend 
comme  cas  particulier  les  cas  i"  et  2°. 

»  Introduisons  à  cet  effet  la  notation  de  valeur  moyenne  sphérique 
de/(E,,  ^2>  •••'  D  au  point  a7,,a;2,  ...,x,^).  Soit  s'  une  hypersphère  de 
centre  {x^,  . . . ,  x^)  et  de  rayon  e,  défmie  par  l'inégalité 

et  soit  F (^,,  ^2»  ••»'  ^«)  une  fonction  égale  à/(E,,  l^,  ...,  ;^)  si  le  point 
(^,,  ^2»  •  •  •  »  ^«)  est  à  l'intérieur  de  E  et  égale  à  zéro  si  ce  point  est  à  l'ex- 
térieur ou  sur  la  frontière  de  E.  Cela  posé,  Texistence  de  l'intégrale  définie 
généralisée  Se  /(^,,  ^2.  •  •  •  »  ^«)«^e  entraîne  l'existence  de  l'intégrale  définie 
généralisée  SiF(E4,  I2,  •••»  In)  (^e  pour  tout  point  (x^,  ...,  x,^)  appartc- 
nantà  Eounon.  Comme,  d'autre  part,  l'intégrale  S^f/e  représente  l'étendue 


(')  Loc.  cit.,  p.  5i4-5i6. 


SÉANCE    DU    17    AOUT    igoS.  4^ I 

de  £'  et  possède  une  valeur  finie  et  différente  de  zéro,  le  rapport 

Mf.  ■=  c — xr~" 


Se'  de 


aura,  pour  tout  point  x,,...,  ^«  et  pour  toute  valeur  i  finie  et  différente 
de  zéro,  une  valeur  finie  qu'on  peut  appeler  valeur  moyenne  de 
/(E,,  Eo,  ...,  ^„)  dans  la  sphères'.  , 

»  Alors,  si  Me  tend  vers  une  limite  fixe  quand  s  tend  vers  zéro,  cette  limite 
sera  a  ppelée  valeur  moyenne  sphérique  de  /(  E ,  ,'^2  »  •  •  •  -  ^«)  ^>  «  poi"^*^  ^^  "  •  •  '  '  ^«^ 
et  sera  désignée  par  la  notation  M/(a;, ,  .  . .  ,  -tc^). 

»  Cela  posé,  si  cette  valeur  moyenne  sphérique  existe  au  point (X , , . .  •  ,X„), 
le  théorème  en  question  est  que 

lim.  l{k)=.  U/(x,,JC.,,  ...,oc„). 

„  Dans  une  prochaine  Communication,  je  me  propose  de  développer 
d'autres  propriétés  remarquables  de  cette  fonction  1  (k).    » 

CHIMIE  MINÉRALE.  -  Diagramme  donnant  les  propriétés  des  aciers  au  nickel. 
Note  de  M.  Léon  Guillet,  présentée  par  M.  Ditte. 

«  Dans  de  précédentes  Notes  (')  j'ai  étudié  la  structure  des  aciers  au 
nickel  bruts  de  forge  et  l'influence  que  pouvaient  avoir  sur  certaine  struc- 
ture différents  traitements. 

,)  J'ai  pensé  que,  étant  donnée  la  classification  très  simple  a  laquelle 
l'avais  été  conduit  et  la  loi  établie  par  M.  Osmond  de  l'équivalence  du 
carbone  de  trempe,  du  nickel  et  du  manganèse,  il  serait  possible  de  tra- 
duire ces  résultats  dans  un  diagramme  très  simple. 

),  Dans  les  diverses  séries  d'aciers  au  nickel  que  j'ai  étudiées,  les  pre- 
miers aciers  à  structure  martensitiques  sont  :  l'acier  à  0,120  pour  100  C 
et  12  pour  100  Ni,  et  l'acier  à  0,800  pour  100  C  et  7  pour  100  Ni. 

>,  Les  premiers  aciers  à  structure  polyédrique  sont  :  l'acier  a  o.i2D 
pour  100  C  et  27  pour  100  Ni,  et  l'acier  à  0,796  pour  100  C  et  1 5  pour  100  Ni. 

>>  Sur  deuK  axes  de  coordonnées  je  porte,  d'une  part,  les  teneurs  en 
carbone  (O^)  et,  d'autre  part,  les  teneurs  en  nickel  (Oj).  Les  points  A,  B, 
A',  B'  représentent  les  aciers  dont  je  viens  de  parler. 

""TTT^ds  par  acier  ma^nsiticjue  celui  dont  la  structure  est  entièrement  mar- 
tensi^tique;  cela  est  facile  à  reconnaître  au  microscope,  un  tel  acier  ne  présentant 
aucune  zone  blanche  non  orientée. 


4 12  ACADÉMIE    DES  SCIENCES. 

»   La  droite  AB  est  le  lieu  des  points  correspondant  aux  premiers  aciers 

martensi tiques  ;  la  droite  A/B'  est  le  lieu  des  points  correspondant  aux  pre- 
miers aciers  polyédriques. 


Dinde/ % 
-     £     29 


E'zs 


C      (3 


A 


■len5)tiauct 


Ar 


B' 


ferT 


0,25  0.50  0.75  1,00 


Carbone  /o 


»  Ces  deux  droites  coupent  l'axe  O^  en  un  même  point:  i,65o  pour  looC. 
Or,  M.  Osmond  a  montré  que  i  ,G5o  pour  loo  C  est  le  pourcentage  le  plus 
favorable  à  la  formation  de  l'austenile  dans  les  aciers  au  carbone  par  trempe 
spéciale. 

»  La  droite  AB  coupe  l'axe  des  y  au  point  i3  ;  la  droite  A'B'  au  point  29. 

»  Pour  vérifier  ce  diagramme,  j'ai  étudié  par  la  micrographie  un  très  grand  nombre 
d'éclianlillons,  mais  j'ai  porté  toute  mon  attention  sur  les  aciers  qui  se  trouvent  sur  la 
limite. 

»  Pour  les  obtenir,  j'ai  procédé  de  la  façon  suivante  :  j'ai  cémenté  des  aciers  extra- 
doux contenant  de  o  à  25  pour  100  de  nickel,  jusqu'à  ce  que  la  couche  superficielle 
présentât  soit  l'aspect  martensitique,  soit  l'aspect  polyédrique,  et  cela  sous  une  très 
faible  épaisseur.  Cette  couche  était  enlevée  au  tour  et  le  carbone  était  dosé.  Mais  ces 
expériences  extrêmement  longues  n'ont  pu  être  faites  qu'en  très  petit  nombre.  Parmi 
les  aciers  que  nous  avons  examinés,  certains  étaient  exactement  sur  la  limite.  Ceci  est 
très  facile  avoir  pour  les  produits  qui  se  trouvent  à  la  démarcation  des  aciers  marten- 
sitiques  et  des  aciers  à  fer  y;  en  effet,  leur  structure  est  polyédrique,  mais  on  trouve, 
sur  les  bords  de  polyèdres,  des   fers   de   lance   qui   annoncent   un  commencement  de 


SÉANCE    DU    17   AOUT    igoS.  4l3 

transformation,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  indiqué.  Pour  les  aciei's  formant  la  limite  entre  le 
premier  et  le  second  groupe,  le  microscope  seul  ne  donne  aucune  indication;  mais  une 
décarburation  même  très  faible,  un  recuit  à  900''  dans  l'oxyde  de  fer,  fait  apparaître 
des  taches  blanches  non  orientées  de  fer  a. 

»  Par  une  autre  série  d'expériences,  nous  avons  voulu  déterminer  les  points  qui  se 
trouvent  sur  l'axe  Oy;  à  cet  effet,  nous  avons  préparé  une  série  d'alliages  fer-nickel, 
ne  contenant  pas  de  carbone,  en  réduisant  des  mélanges  d'oxvdes  de  fer  et  de  nickel 
par  l'aluminium.  Après  de  nombreux  tâtonnements,  nous  avons  pu  abaisser  la  teneur 
en  aluminium  à  2  pour  xoo;  dans  quelques  essais  même,  nous  n'en  avons  pas  eu  traces. 
Les  résultats  micrographiques  auxquels  je  suis  arrivé  sont  les  suivants  : 

»  A  26,25  de  nickel,  on  a  de  la  martensite  très  nette  -|-  du  fer  y. 

»   A  28,40,  des  polyèdres  nettement  formés  ;  mais,  au  centre,  de  la  martensite  très  fine. 

»  Dès  les  environs  de  3o  pour  100  de  nickel,  il  n'y  a  plus  que  des  polyèdres  très  nets. 

»  Nous  n'avons  pu  préciser  l'autre  point  de  l'axe  des  /  :  les  expériences  par  alu- 
minolhermie  nous  ont  donné  des  résultats  incertains. 

»  Quelques-unes  de  nos  observations  ont  porté  sur  des  aciers  contenant  de  0,900 
à  r,65o  de  carbone;  ils  ont  bien  donné  les  résultats  prévus  par  le  diagramme. 

»  Enfin  j'ai  examiné  des  aciers  renfermant  plus  de  j  ,65o  de  carbone;  rien  n'était 
changé  dans  la  structure  ordinaire  de  ces  aciers  par  une  addition  de  nickel. 

»  Dans  l'établissement  du  diagramme,  il  faut  tenir  compte  de  zones  de  transition; 
j'ai  montré,  en  efFet,  que  certains  aciers  étaient  formés  de  fer  a  et  de  martensite,  ou 
de  fer  y  et  de  martensite. 

»  Mes  expériences  ont  montré  que  ces  zones  correspondaient  aux  espaces 
GDC'(fera  + martensite)  et  EDE',  le  point  G'  correspondant  à  10  pour  100  Ni  et  le 
point  E'  à  25  pour  100  Ni. 

»  En  résumé,  le  diagramme  divise  le  plan  en  qtialre  espaces,  à  savoir  : 
ODC  correspondant  aux  aciers  à  même  structure  que  les  aciers  au  carbone. 
C'DC  »  formés  de  fer  a.  -+-  martensite. 

CDE'  ))  »       de  martensite  pure. 

E'DE  »  ))      de  martensite  -+-  fer  y. 

EDF  »  ))       de  fer  y. 

»  11  permet  ainsi  de  déduire  de  la  composition  de  l'acier  sa  structure 
et,  par  conséquent,  ses  propriétés  mécaniques.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  le  tétraméthyldiamino-diphénylène-phényl- 
méthane  dissymétrique  et  le  colorant  qui  en  cléjwe.  Note  de  MM.  A.  Guvot 
et  M.  Gkanderye,  présentée  par  M.  Haller.  (Extrait.) 

«   En  1901,  M.  Haller  et  l'un  de  nous  (')  avons  fait  remarquer  que  l'on 
pouvait  concevoir  et  préparer  une  série  de  colorants  présentant,  vis-à-vis 

(*)  A.  Haller  et  A.  Guyot,  Bull.  Soc.  chiin.,  t.  XXV,  3"^  série,  1901,  p.  700. 


4l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

du  diphénylène-jDhénylméthane,  les  mêmes  rapports  que  les  colorants  du 
Iriphénylméthane  vis-à-vis  de  ce  carbure.  A  l'appui  de  celte  manière  de 
voir,  nous  avons  préparé  et  décrit  sous  le  nom  AQhleuJluoréniqué,  un  colo- 
rant nouveau  et  nous  avons  préparé  depuis  un  certain  nombre  de  repré- 
sentants de  cette  nouvelle  série. 

»  Préparation  du  tétraméthyl-diamino-diphénylène-phénylméthane  dissy- 
métrique. —  Le  dérivé  o-aminé  de  la  leucobase  du  vert  malachite  a  été 
dissous  dans  l'acide  sulfurique  à  ^,  et  traité  par  une  dissolution  de  nilrite 
de  sodium  à  basse  température,  puis  à  loo"^,  de  façon  à  décomposer  ledia- 
zoïque.  Le  rendement,  dans  ces  conditions,  a  été  de  i6  pour  loo  du  rende- 
ment théorique. 

»  La  différence  est  représentée  par  l'o-phénol,  produit  normal  de  la 
réaction  que  nous  avons  identifié,  ainsi  que  son  dérivé  acétylé,  au  corps 
préparé  par  condensation  directe  de  l'aldéhyde  o-saiicylique  avec  la  dimé- 
thylaniline. 

»  Le  tétramélhyldiamino-diphénylène-phénylméthane  dissymétrique  se 
présente,  quand  il  a  été  plusieurs  fois  cristallisé  par  précipitation  de  la 
benzine  au  moyen  d'alcool  bouillant,  sous  forme  de  fins  cristaux  blancs, 
fondant  à  i^Q";  très  solubles  dans  la  benzine,  très  peu  dans  l'alcool. 

»  Colorant  fluorénique  correspondant  au  vert  malachite.  —  La  leucobase  précé- 
dente donne,  sous  l'influence  des  oxydants,  une  coloration  violet  sale. 

»  Pour  préparer  ce  colorant  en  quantité  notable,  nous  avons  oxydé  sa  leucobase, 
dissoute  dans  l'acide  chlorhydrique  étendu,  au  moyen  de  pâte  de  peroxyde  de  plomb. 

»  Son  chlorhydrate  est  très  soluble  dans  l'eau  bouillante,  et  se  prend,  par  refroidis- 
sement, en  une  masse  cristalline  feutrée. 

»  Ces  aiguilles  filamenteuses,  longues,  fines,  noires  ou  brillantes,  à  reflets  mordorés, 
sont  solubles  dans  l'alcool. 

»  Nous  en  avons  préparé  le  nitrate 

CH3\        / \        /\ /NCH3 

NOS    \  / 


par  double  décomposition  au  sein  de  l'eau  bouillante,  du  chlorhydrate  du  colorant  et 
du  nitrate  de  potassium  ou  de  plomb  ;  ce  sel  a  le  même  aspect  que  le  chlorhydrate. 

»  Le  colorant  que  nous  avons  ainsi  obtenu  n'est  ni  substantif  ni  fluorescent;  il  teint 
légèrement  les  bandelettes  mordancées  en  alumine  et  en  fer,  ainsi  que  la  laine,  mais 
avec  beaucoup  moins  d'intensité  que  ne  le  fait  le  bleu  fluorénique.  La  nuance  est 
d'un  violet  grisâtre,  sans  brillant.  » 


SÉANCE   DU    17    AOUT    IQoS.  4i5 


ANATOMIE  ANIMALE.    -  Un  liquide  fixateur  isotoriique  avecl' eau  de  mer. 
Note  de  M.  31. -C.  Dekiiuyzen,  présentée  par  M.  Yves  Delage. 

«  Un  liquide  fixateur  hypertoniqne  à  l'égard  des  tissus  se  comporte 
comme  un  agent  déshydratant  et  cause  facilement  des  rétractions,  tandis 
qu'un  fixateur  hy  potonique  tond  à  produire  des  gonflements.  Ces  remarques 
ne  peuvent  certainement  expliquer  qn'une  partie  des  phénomènes  qu'on 
observe  lors  de  l'action  si  peu  étudiée  et  si  compliquée  des  réactifs  fixateurs 
sur  le  protoplasma  vivant,  mais  il  est  ituUile  d'insister  longuement  sur 
l'importance  de  l'emploi  de  fixateurs  isotoniques.  Le  célèbre  liquide  de 
Flemming  exerce  une  pression  osmotique  trois  fois  plus  grande  environ 
que  celle  qui  règne  dans  l'organisme  à  sang  chaud,  et  c'est  justement  à 
cause  des  rétractions  considérables  des  cellules  délomorphes  des  Mammi- 
fères que  j'ai  tâché  de  composer  des  liquides  isoioniques,  et  je  suis  arrivé  à 
de  bons  résultats. 

»  Je  me  bornerai  ici  à  faire  connaître  un  liquide  fixateur  pour  les  ani- 
maux de  mer,  à  l'exception  des  Téléostéens  toutefois.  La  pression  osmo- 
tique du  sang  ou  de  l'hémolymphe  des  Invertébrés  et  des  Sélaciens  est  à 
peu  près  égale  à  celle  de  l'eau  de  mer  (Botti-zi,  Quinton,  Rodier).  La  pres- 
sion osmotique  se  mesure  par  le  point  de  congélation,  indiqué  ordinaire- 
ment par  la  lettre  A. 

»  A  a  varié  pour  l'eau  de  mer,  à  RoscofF,  pencl;int  mon  séjour  au  mois  de  juillet, 
entre  —  2'',oo5  et  —  2°,099C.  Nous  omettrons  le  signe  — .  L'hémolymphe  à^ Echinas 
acutus  a  Anr2°,o26,  le  sang  de  Sipunculus  niidus  2",  088,  celui  de  Maja  squinado 
2°, 070,  celui  de  Mastelus  lœvis  2", 064,  celui  de  ScyUium  canicula  2°,o4o,  celui  de 
Raja  mosaica  2°,o85,  celui  de  Squatina  angélus  2", 064  :  tous  animaux  de  RoscofF. 
Bottazzi  a  trouvé  pour  l'eau  de  mer  de  Naples  2",  29.  Au  Helder  j'ai  trouvé,  27  fé- 
vrier 1900,  A  de  l'eau  de  mer  :  i°,534  et  i",543  (pleine  mer  et  basse  mer)  :  Tinlluence 
du  Zuyderzée  et  des  grandes  rivières  se  fait  sentir.  Pour  une  station  zoologique  située 
dans  les  parages  de  l'Atlantique,  il  nous  faudra  donc  un  liquide  fixateur  à  A  i~  2*^,06 
environ.  J'en  ai  composé  un  qui  m'a  été  insj^iré  par  le  liquide  d'Altmann  (2,5 
pour  100  K^Gr-0'',  I  pour  100  OsO*)  et  qui  donne  des  résultats  satisfaisants  pour  la 
fixation  des  cellules,  1res  difficiles  à  traiter,  du  sang  du  Sijjoncle,  pour  le  plankton, 
es  Cydippes,  les  granulations  des  cellules  glandulaires,  etc. 

■>■>  Il  fallait  d'abord  connaître  A  pour  les  difTérentes  concentrations  d'une  solution 
de  K- Gr- O^  dans  de  l'eau  pure,  et  puis  i  le  coefficient  d'ionisation.  Les  pour  100 
désignent  le  poids  du  sel  dissous  dans  100^  d'eau.  Appareil  de  Beckmann. 


4l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

o  " 

A3,95op.  iooK2Cr20^  =  o,632,  /=2,55     A  1,498    p.  100  K^Cr^Q^  =  0,29.5,  «  =  3,i4 
A3, 194  »  =0,535,  «■=  2,67     Ao,98i6  »  =0, 197,  «■=  3,23 

A2,482  »  =0,435,  /=  2,80       AO,4925  »  =:0,  Io4,   «  =  3,37 

A2,ii6  »  ^r  o,38o,  <'  =  2,  86     Ao,3i45  »  =0,075,  «  :=  3,8i 

A2,ooo  »  :=  o, 358,  «■=  2,85     Ao,i562  »  =  o,o4o,  i  =:  4,08 

Ai, 968  >)  =o,35o,  i  =  2,83 

n  Le  bichromate  de  potassium  ne  s'ionise  donc  pas  en  Iv,  K,  Cr^0'(/=3),  mais, 
par  hydrolyse,  il  se  dissocie  davantage.  Aussi  la  couleur  jaune  des  solutions  diluées 
semble-t-elle  indiquer  la  présence  d'ions  CrO*. 

»   Pour  rOsO*  j'ai  trouvé  : 

A2  pour  100  =  o'^  162,  i:=\,io, 

Ao,927     pour  100  1=  0°, 086,  izzzi, 26, 

Ao,4733  pour  100  =  o°,o5r ,         i  =  i  ,47. 

»  Deux  fois  j'ai  lâché  d'aller  plus  loin  dans  la  dilution  de  la  solution  aqueuse  d'Os  O^, 
mais  les  déterminations  de  A  donnaient  des  résultats  très  irréguliers  et,  dans  l'une  des 
expériences,  il  s'était  formé  une  poudre  noire;  probablement  de  l'osmium  a-t-il  été  mis 
en  liberté  parle  platine  du  mélangeur  de  l'appareil  de  Beckmann. 

»  Pour  faire  le  liquide  fixateur  isotonique  à  l'eau  de  mer  on  prépare  25o""^  d'une 
solution  3  2,5  pour  100  de  bichromate  de  potassium  dans  l'eau  de  mer  filtrée.  Le  poids 
spécifique  en  est  i  ,o46  (à  .19°),  A  =  2°,  322. 

»  On  y  ajoute  25'^'"'  d'acide  nitrique  à  6,3  pour  100  (la  solution  normale  de  la  volu- 
métrie)  :  A  du  mélange  s'élève  alors  à  2°, 412;  ensuite  on  ajoute  54'^°*^  d'une  solution  à 
2  pour  100  d'acide  osmique.  A  est  alors  abaissé  jusqu'à  2", 042,  à  cause  de  la  grande 
quantité  d'eau  introduite.  Voilà  le  liquide  prêt.  Son  poids  spécifique  est  i  ,o38à  2o°C. 

»  Ce  liquide  a  le  grand  avantage  de  pouvoir  être  mêlé  à  l'eau  de  mer  sans  que  sa 
pression  osmotique  varie.  Même  dilué  avec  deux  fois  son  volume  d'eau  de  mer, 
quoique  ne  contenant  alors  que  o,63  pour  100  de  Iv-Gr-0'',  0,16  pour  100  d'acide 
nitrique  et  0,1  pour  loo  d'OsO*,  il  fixe  admirablement  les  cellules  du  sang  de 
Sipunculus  niidus,  si  sensibles  aux  réactifs,  si  toutefois  on  a  soin  d'y  laisser  couler 
lentement  le  sang,  pris  à  l'animal  par  une  pipette  capillaire,  et  en  agitant  la  pipette 
dans  le  liquide  fixateur,  tandis  que  le  sang  coule.  Il  faut  absolument  que  le  liquide 
viscéral  du  Siponcle  se  mélange  très  rapidement  et  très  intimement  au  liquide 
fixateur. 

»  Pour  les  Cydippes  (pour  lesquels  ce  fixateur  réussit  admirablement),  les  Térébel- 
liens  ou  pour  de  toutes  petites  pièces  d'organes,  il  faut  préférer  le  liquide  non  dilué. 
J'y  ai  laissé  les  Cydippes  pendant  3  heures  :  les  cadavres,  qui  nagent  d'abord  auprès 
de  la  surface,  gagnent  alors  lentement  le  fond  du  tube.  On  lave  à  l'eau  de  mer,  puis 
on  passe  dans  des  mélanges  filtrés  d'alcool  et  d'eau  de  mer  de  plus  en  plus  riches  en 
alcool. 

»  Quant  à  l'acide  osmique,  il  faut  absolument  le  peser  et  non  pas  se  fier  au  poids 
indiqué  du  contenu  du  tube.  Pour  préparer  rapidement  l'acide  nitrique  à  la  concen- 
tration dite  normale,  il  convient  de  diluer  l'acide  fort  avec  de  l'eau  distillée  jusqu'à 


SÉANCE  DU  17  AOUT  igoS.  417 

ce  qu'on   ait   obtenu  un  mélange  d'un  poids   spécifique  de    1,060  à    i5"  G.   Puis   on 
dilue  55,7  de  ce  mélange  jusqu'à  un  volume  de  100'''"'.    » 

CHIMIE  ANIMALE.  —  De  la  présence  de  V acide  lactique  dans  les  muscles  des 
Invertébrés  et  des  Vertébrés  inférieurs.  Note  de  M.  Jean  Gautrelet, 
présentée  par  M.  Yves  Delage. 

«  J'eus  occasion,  au  sujet  d'études  hémo-alcalimétriques,  de  faire  à 
Roscoff  des  recherches  d'acide  lactique  dans  le  sang  de  divers  Invertébrés 
et  Vertébrés.  C'est  ainsi  que  j'ai  élabH  sa  présence  dans  les  hémolyniphes 
de  Maia,  de  Homarus,  de  Carcinus,  dans  le  liquide  cavitaire  de  Sacculina, 
dans  les  sangs  de  Raja,  Scfllium,  Mwtelus,  Testudo  et  Emys. 

»  Je  n'entrerai  pas  dans  les  détails  d'expériences  que  j'ai  consignées 
ailleurs  (').  Je  ne  veux  signaler  ici  que  les  recherches  parallèles  d'acide 
lactique,  que  je  fis  dans  les  muscles  de  certains  de  ces  animaux. 

»  Expérience.  —  4^0^  de  muscles  de  Scylliiim  canicula  étaient  réduits  en  menus 
morceaux  délayés  dans  six  fois  leur  poids  d'eau;  le  tout  macérait  12  heures  environ. 
On  passait  à  travers  un  linge  et  l'on  exprimait  à  la  presse,  La  masse  exprimée  était 
reprise  par  une  nouvelle  quantité  d'eau  et  filtrée,  et  ce,  un  certain  nombre  de  fois 
successivement. 

»  Les  eaux  de  lavage  de  la  viande  étaient  portées  à  l'ébullition  pour  coaguler  les 
albumines. 

»  Le  liquide  était  filtré,  concentré  et  additionné  d'un  léger  excès  d'acétate  neutre 
de  plomb  qui  précipitait  les  chlorures,  phosphates,  sulfates.  Pas  d'acide  urique  à 
signaler.  On  filtrait  à  nouveau  et  traitait  le  liquide  par  du  sous-acétate  de  plomb 
ammoniacal  :  nouveau  précipité. 

»  Le  filtratum  était  alors  débarrassé  de  l'excès  de  plomb  par  un  courant  d'hydro- 
gène sulfuré,  évaporé  au  bain-marie  et  abandonné  au  frais.  La  créatine  se  séparait  en 
magnifiques  cristaux  fort  abondants. 

»  Les  eaux  mères  de  la  créatine  étaient  acidulées  par  l'acide  sulfurique  et  agitées 
avec  de  l'éther  à  différentes  reprises.  Celui-ci  dissolvait  l'acide  sarcolactique,  que 
mettait  en  évidence  le  réactif  d'Lieffelmann. 

»  D'ailleurs,,  la  solution  éthérée,  évaporée  et  saturée  à  chaud  par  le  carbonate  de 
zinc,  puis  refroidie  après  filtration,  donnait  des  cristaux  de  sarcolactate  de  zinc. 

»  Nous  avons  suivi  une  marche  identique  et  mis  en  évidence  la  pré- 
sence d'acide  lactique  dans  les  muscles  de  Mustelus  parmi  les  Sélaciens, 


(1  )  Jean  Gautrelet,  Les  pigments  respiratoires  et  leurs  rapports  avec  l'alcalinité 
apparente  du  milieu  intérieur  {Thèse  Fac.  Sciences.  Paris,  Schleicher  et  G'»,  édi- 
teurs). 

C.  K.,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  7.)  ^^ 


4l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  Maia  parmi  les  Crustacés.  Notons  que  nous  n'avons  pas  obtenu  avec 
ces  derniers  les  cristaux  de  créatine,  si  remarquablement  abondants  chez 
les  Poissons,  ou  du  moins  chez  les  Sélaciens.  » 

ZOOLOGIE.  —  Sur  la  présence  de  Microsporidies  du  genre  Thelohania 
chez  les  Insectes.  Note  de  M.  Edmond  Hesse,  présentée  par  M.  Alfred 
Giard. 

«  Les  Microsporidies  du  genre  Thelohama,  caractérisé,  comme  on  le 
sait,  par  ses  pansporoblastes  octosporés,  n'ont  été  jusqu'ici  observées  que 
chez  les  Crustacés  dont  elles  parasitent  les  muscles. 

))  J'ai  rencontré  aussi  les  Ihelohania  chez  les  Insectes  et  je  décrirai  briè- 
vement, dans  cette  Note,  deux  espèces  que  j'ai  trouvées  :  l'une,  dans  les 
larves  de  Tanypus  varias  Meig.  {Thelohania  pinguis  n.  sp.);  l'autre,  dans 
celles  de  Limnophilus  rhombicus  Linné  (^Thelohania j anus  n.  Sj).). 

»•  Thelohania pinguis.  —  Cette  Micro'iporiclie  n'est  pas  fréquente  :  sur  looo  larves 
examinées  2  seulement  étaient  infestées.  Le  pnrasite  envahit  exclusivement  le  corps 
graisseux  de  l'hôte;  il  le  distend,  formant  des  tumeurs  très  volumineuses  qui 
emplissent  toute  la  cavité  générale,  compriment  fortement  les  organes  et  parfois  même 
se  rompent  en  mettant  en  liberté  dans  le  cœlome  les  pansporoblastes  qu'elles  con- 
tiennent. 

»  Ces  pansporoblastes  renferment  chacun  8  spores;  presque  tous  sont  sphériques  et 
mesurent  6!^  à  61^, 5" de  diamètre;  quelques-uns  ont  la  forme  d'ellipsoïdes  mesurant  l^^ 
sur  7^-.  Les  spores,  d'une  seule  sorte,  sont  généralement  ovoïdes,  parfois  piriformes; 
leur  longueur  est  de  3S^-  à  3H-,5;  leur  plus  grande  largeur,  2H-.  Le  filament  spiral  est 
dévaginé^'par  l'action  de  la  glycérine  sur  les  spores  fraîches  :  il  a  2oH-  de  long. 

»  Thelohania  janiis.  —  Je  n'ai  observé  jusqu'à  présent  qu'une  seule  fois  cette 
Microsporidie,  sans  doute  également  très  rare.  Elle  parasite  les  larves  de  Limnophilus 
rhombicus  L.,  aux  environs  de  Grenoble.  Comme  l'espèce  précédente,  elle  envahit  les 
corps  graisseux  en  respectant  les  muscles. 

»  Dans  le  cas  que  j'ai  étudié,  le  parasite  formait  des  îlots  assez  volumineux  dans  la 
région  thoracique  et  dans  la  partie  postérieure  de  l'abdomen.  Ces  îlots  renfermaient, 
en  quantité  à  peu  près  égale,  des  pansporoblastes  à  macrospores  et  des  pansporoblastes 

à  microspores. 

»  Les  pansporoblastes  à  macrospores  sont  sphériques  (5!^  de  diamètre)  ou  ellip- 
soïdes (4^5  de  large  sur  51^,5  à  6!^  de  long);  ils  renferment  4  macrospores  incurvées 
en  forme  de  haricot  et  ayant  2!^  de  large  sur  6!^-  de  long. 

»  Les  pansporoblastes  à  microspores  sont  tous  sphériques  (5l\5  de  diamètre)  :  ils 
renferment  8  microspores  ovoïdes,  non  incurvées,  mesurant  iV-  de  large  sur  3i^  de 
long.  L'action  de  l'eau  iodée  sur  ces  microspores  provoque  la  sortie  du  filament,  long 
de  24!^  à  25!^^.  Je  n'ai  pas  observé  sa  dévaginalion  chez  les  macrospores. 

»  Les  caractères  des  pansporoblastes  de  cette  espèce  la  dilïérencient  donc  nette- 
ment des  autres  Thelohania  dont  tous  les  pansporoblastes  renferment  8  spores  sem- 


SÉANCE    DU    17    AOUT    IOo3.  /jiq 

blables;  mais  je  ne  crois   pas  qu'ils  soient   suffisants,   du  moins   dans   l'état  actuel  de 
nos  connaissances,  pour  justifier  la  création  d'un  genre  nouveau. 

»  Ainsi  les  Microsporidies  du  genre  Thelohania  ne  sont  pas  propres  aux 
Crustacés  comme  on  pouvait  le  croire  jusqu'ici;  elles  ne  sont  pas  davan- 
tage spécialisées -comme  parasites  musculaires.  J'ai,  du  reste,  observé  chez 
les  Insectes  d'autres  espèces  de  Thelohania  que  je  me  propose  de  décrire 
prochainement.    » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  le  développement  posl-embryonnaire  des  Ixodes.  Note  de 
M.  A.  Bonnet,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Le  développement  des  Ixodes  comprend  deux  stades  ])rincipaux  avant 
d'arriver  à  l'état  adulte  :  la  larve  hexapode  et  la  nymphe  octopode. 

»  En  suivant  attentivement  l'évolution  de  la  larve  en  nymphe  et  de  la 
nymphe  en  adulte  de  V Ixodes  hexagonus  Leach,  on  constate  que  les  larves 
et  les  nymphes  jeunes  sont  d'une  couleur  brune,  qui  s'éclaircit  peu  à 
peu  et  qui  devient  finalement  blanche. 

»  Par  la  méthode  des  coupes,  j'ai  vu  qu'en  même  temps  que  se  fait  ce  changement 
de  couleur,  il  se  produit  une  histogenèse  1res  active,  et  j'ai  été  amené  à  subdiviser  ces 
états  larvaires  et  nymphaux.  chacun  en  deux  stades,  de  telle  sorte  que  le  développe- 
ment post-embryonnaire  des  Ixodes  comprend:  1"  larve  brune;  2"  larve  blanche; 
3"  nymphe  brune;  4°  nymphe  blanche. 

»  La  larve  brune  doit  sa  coloration  à  un  vilellus  abondant  remplissant  presque  com- 
plètement le  corps.  Le  tube  digestif  n'est  pas  entièrement  développé  :  il  est  formé 
dans  la  région  buccale,  mais  ne  se  prolonge  pas  au  delà  de  sa  sortie  du  cerveau;  dans 
la  région  anale  le  rectum  seul  est  formé.  Entre  ces  deux  portions  terminales,  je  n'ai 
pu  distinguer  aucune  indication  du  tube  digestif,  tout  fintérieur  de  Fanimal  étant 
rempli  par  une  masse  vitelline  sans  différenciation. 

»  I^es  muscles  des  pièces  buccales  et  des  pattes  sont  bien  constitués  et  se  conser- 
veront pendant  toute  la  vie  de  l'animal;  les  muscles  dorso-ventraux  ne  sont  qu'à  l'état 
d'ébauches. 

»  Peu  à  peu  ces  larves  brunes  deviennent  blanches,  et,  à  mesure  que  se  fait  cette 
modification  de  couleur,  il  se  produit  une  rapide  histogenèse.  L'hypoderme  prolifère 
activement,  principalement  aux  points  où  les  muscles  dorso-ventraux  se  rattachent 
aux  parois  du  corps.  Les  nombreuses  cellules  nées  de  cette  prolifération  se  placent 
immédiatement  sous  l'hypoderme,  ou  émigrent  le  long  des  muscles  dorso-ventraux  et 
s'assemblent  pour  former  la  paroi  des  Ciecums  digestifs  et  de  l'estomac  proprement 
dit,  et  résorbent  presque  immédiatement  le  vitellus. 

»  Pendant  la  résorption  progressive  de  la  masse  vitelline,  la  larve  blanchit  de  plus 
en  plus  et  son  rectum  se  remplit  de  concrétions  uriques. 

»  En  même  temps  les  muscles  dorso-ventraux  prennent  un  développement  de  plus 
en  plus  grand. 


420  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Chez  celte  larve  l'appareil  génital  apparaît  sous  forme  de  deux  ébauches  indé- 
pendantes :  la  glande  génitale  est  représentée  par  un  petit  amas  cellulaire  au  milieu 
du  corps  de  la  larve;  les  conduits  génitaux  sont  formés  par  une  faible  prolifération 
hypodermique  immédiatement  en  arrière  du  cerveau. 

»  La  larve  devenue  complètement  blanche,  c'est-à-dire  lorsque  son  tube  digestif 
est  formé  dans  son  entier  et  que  le  vilellus  a  disparu,  se  nourrit  très  activement  aux 
dépens  de  son  hôte.  Au  bout  d'un  certain  temps,  elle  accomplit  sa  première  méta- 
morphose en  donnant  la  nymphe  brune.  L'étude  de  l'organisation  de  cette  nymphe 
montre  qu'elle  est  remplie  d'une  substance  vitelline  analogue  à  celle  que  j'ai  constatée 
chez  la  larve  brune,  et,  de  même  que  chez  cette  dernière,  le  tube  digestif  manque 
dans  la  région  moyenne.  De  même,  les  muscles  dorso-ventraux  sont  à  l'état  rudimen- 
taire  et  formés  de  fibres  musculaires  isolées. 

»  Cette  nymphe  brune  va  évoluer  de  la  même  façon  que  la  larve  de  même  couleur  et 
deviendra  progressivement  blanche.  Une  nouvelle  prolifération  hypodermique  se  pro- 
duit, et  les  cellules  ainsi  formées  régénèrent  la  région  moyenne  du  tube  digestif,  les 
régions  œsophagienne  et  anale  ayant  subsisté  ;  le  vitellus  se  résorbe  d'abord  dans  les 
cœcums  digestifs,  puis  dans  l'estomac,  en  même  temps  que  le  rectum  se  remplit  de 
concrétions  uriques. 

»  Les  muscles  dorsaux-ventraux  se  reconstituent  également.  Quant  aux  organes 
génitaux,  ils  ont  pris  pendant  la  métamorphose  un  grand  développement  :  la  glande 
génitale  est  devenue  volumineuse  et  émet  en  avant  deux  prolongements  latéraux;  les 
conduits  génitaux  sont  bien  développés  et  très  contournés;  toutefois,  ils  ne  sont  encore 
en  relation  ni  avec  la  glande,  ni  avec  l'extérieur. 

)i  La  nymphe  blanche  se  nourrit  quelque  temps  aux  dépens  de  son  hôte,  puis  subit 
une  dernière  mue  métamorphique  et  se  transforme  ainsi  en  adulte. 

»  L'évolution  post-embryonnaire  des  Ixodes  montre  donc  une  répétition 
de  phénomènes  d'histogenèse  absohiment  semblable,  à  l'état  de  larve  et  à 
l'état  de  nymphe,  qui  ont  pour  effets  principaux  la  reconstitution  du  tube 
digestif  moyen  et  la  résorption  du  vitellus.  » 

M.  AuRic  adresse  une  Note  «  Sur  l'existence  probable  d'un  anneau 
autour  de  Jupiter  ». 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Wolf.) 

M.  S.  DE  MoKRZECKT  adrcssc  ime  Note  «  Sur  l'emploi  de  la  thérapie 
intérieure  en  cas  de  chlorose  et  autres  maladies  des  arbres  fruitiers  et 
des  ceps  de  vigne  ». 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Prillieux.) 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 

G.  D. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE  DU   LUNDI  24   AOUT  1905, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GADDRY. 


ME3IOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

PHYSIQUE.  —  Piles  à  plusieurs  liquides  différents  avec  électrodes  métalliques 

identiques,  par  M.  Berthelot. 

«  J'ai  montré  quelles  relations  existent,  d'après  l'expérience  et  d'après 
les  hypothèses  de  la  théorie,  entre  les  forces  électromotrices  des  éléments 
de  piles  à  électrodes  métalliques  différentes,  constituées  par  i,  2,  3,  ..., 
n  liquides  concentriques  ou  consécutifs.  Je  vais  exposer  d'autres  expé- 
riences sur  les  éléments  de  piles  à  plusieurs  liquides,  terminés  par  des 
électrodes  identiques,  et  comparer  les  données  observées  avec  la  théorie. 

»  J_iOrsque  les  électrodes  sont  identiques,  il  n'y  a  pas  en  principe  de 
différence  de  potentiel  dans  un  élément  renfermant  un  liquide  unique; 
mais  seulement  dans  les  éléments  constitués  par  2,  3,  4,  5,  ...  liquides 
séparés,  de  composition  différente.  J'examinerai  cette  fois  seulement  les 
éléments  dans  lesquels  les  deux  liquides  distincts  et  terminaux,  c'est-à-dire 
en  contact  avec  les  électrodes  métalliques,  sont  les  mêmes.  J'ai  opéré  avec 
trois  métaux  :  zinc,  cuivre,  platine.  Toutes  les  dissolutions  possèdent 
des  concentrations  équivalentes:  i^'^^^d'  pour  les  corps  monovalents, 
jmoi__  ,q1  pour  les  corps  divalents. 

I. 

»  Soient  d'abord  les  éléments  terminés  par  deux  sels  chimiquement 
neutres,  tels  que  : 

»  1°  Le  sulfate  de  zinc  et  le  sulfate  de  soude  :  SO^Zn  =  A;  SO''Na^=B;  C,  D,  E  ... 
répondent  à  SO^HS  SO*Cu,BO^HS  NaOH,  etc. 

»   (1)   Éléments  à  deux  liquides  :  AB.  —  On  a  trouvé  : 

Électrodes  ZnZn  :  o^"»S  00.         CuCu  :  o^°'So3.         PtPt  :  o^°'So6. 
C.  R.,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  8.)  ^^ 


422  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»   (II)  Éléments  à  trois  liquides  :  ACB.   —  Mêmes   contacts   entre   électrodes  et 
liquides  : 


C  =  SO^H^. 

G=:S0*CU. 

C  =:  BO'H». 

C  =  NaOH 

ZnZn 

o,oi 

•0.00 

0,02 

0,00 

CuCu 

o,o5 

0,08 

o.oo5 

o,o3 

PtPt 

o,o5 

o,o5 

o,o3 

o,o5 

lémenti 

à  quatre  liquides  :  AGDB. 

CD  =  S0'Cu.S0<H2. 

CD  ==  SO'fP.Na 

OH. 

ZuZn   :  0,07 

0,00 

CuCu  :  0,0/4 

0,01 

PtPt 

'.        » 

0,08 

»   2°  Sulfate  de  zinc  et  sulfate  de  cuivre.  SO*Zn  =  A;  SO' Gu  =  B. 
»   (I)  Eléments  à  deux  liquides  :  AB 

ZnZn  :  o^°^Soi.  CuCu  :  o^'°^So7. 

»  (II)  Eléments  à  trois  liquides  :  ACB. 


PtPt  :  o^"'^  02. 


C  =  SO''  Na^. 

C 

=  S0^H2. 

C  =  BO'H'. 

ZnZn    :  0,02 

o,o3 

0,  10 

CuCu  :  0,08 

o,o4 

0,0.5 

PtPt    :  0,08 

0,07 

o,o5 

»  (III)   Éléments  à 

quatre  liquides  : 

ACDB. 

CD  =  SO"Na-.SO^H^ 

DC  =  SO''H=.SO«lNa 

2 

CD  =  SO^Na^.BO^H^ 

CD  ^  Borax. BO-^ H 

ZnZn    :  0,01 

o,o3 

o,o3 

0,02 

CuCu  :  o,o5 

0,02 

0,  10 

0,08 

PtPt    :  0,06 

0,06 

0,07 

0,00 

DC=  BO' H'.  Borax 

CD  =  SOMi^NaOH. 

ZnZn    :  o,o3 

0,01 

CuCu  :  o,o4 

0,07 

PtPt    :  o,oi5 

» 

»  (IV)  Eléments  à 

cinq  liquides  :  ACDEB. 

CDE  = 

50*H^NaOH.SO^Na= 

EDC  =  SO*Na-.NaOH.SO<H\ 

ZnZn    :  0,07 

0,o5 

CuCu  :  0,  II 

o,o4 

PtPt    :  o,o4 

o,oi5 

»  Il  convient  de  remarquer  ici  que  le  sulfate  de  cuivre  mis  en  rapport 
avec  une  électrode  de  zinc  donne  bientôt  lieu  à  une  précipitation  du  métal 
et  à  une  polarisation  progressive,  qui  trouble  les  mesures  ultérieures. 

»   3°  Je  supprime,  pour  abréger,  les  éléments  terminés  parSO^Cu^  A; 


SÉANCE    DU    l(\   AOUT    igoS.  4^3 

SO^Na^  =  B,  avec  2,  3,  4,  5  liquides,  lesquels  ont  fourni  des  résultats  ana- 
logues aux  précédents. 

))  Avant  d'examiner  les  éléments  terminés  par  un  acide,  ou  par  un  alcali, 
résumons  les  indications  des  Tableaux  précédents.  Ce  qui  frappe  d'abord, 
c'est  la  petitesse  générale  des  forces  électromotrices  (ou  plutôt  des  diffé- 
rences de  potentiel). 

»  Dans  certains  cas  même,  —  où  elles  sont  à  peu  près  nulles,  ou  très  voi- 
sines de  zéro,  —  le  signe  électrique  s'intervertit  au  bout  de  quelques 
minutes.  Je  rappellerai  d'ailleurs  que  ces  mesures  répondent  à  la  période 
initiale  des  phénomènes,  à  partir  du  moment  où  l'imbibition  de  la  paroi 
poreuse  est  devenue  régulière;  la  polarisation  et  le  changement  de  com- 
position résultant  des  échanges  accomplis  au  travers  de  cette  paroi  ne 
tardent  pas  à  troubler  ce  premier  équilibre  relatif,  dans  un  grand  nombre 
de  cas. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  durant  la  période  initiale  que  je  viens  de  définir,  les 
valeurs  observées  sont  très  faibles. 

»  Il  doit  en  être  ainsi,  en  effet,  d'après  l'interprétation  que  j'ai  donnée 
(ce  Volume,  p.  292)  des  valeurs  considérables  et  différant  notablement 
entre  elles  de  la  force  électromotrice  observable  avec  un  élément  terminé 
par  deux  électrodes  métalliques  différentes,  valeurs  qui  se  retranchent 
l'une  de  l'autre. 

»  Ces  valeurs  sont  à  peu  près  proportionnelles  à  la  différence  des  cha- 
leurs d'oxydation  des  deux  métaux.  Dès  lors,  dans  le  cas  où  le  métal  des 
deux  électrodes  est  identique,  les  différences  des  deux  potentiels  devraient 
être  nulles;  ou,  du  moins,  ne  manifester  que  de  petites  inégaHtés,  attri- 
buables,  en  partie,  aux  différences  d'état  entre  les  échantillons  d'un  même 
métal,  et  surtout  à  la  diversité  des  deux  liquides  neutres,  A,  B,  mis  en  con- 
tact avec  le  métal  M. 

»  Dans  les  exemples  cités,  les  ions  acides  de  ces  deux  liquides  (SO*  )  sont 
d'ailleurs  les  mêmes;  mais  cette  condition  n'est  pas  nécessaire. 

))  Quant  aux  liquides  intermédiaires  entre  les  extrêmes  C,  D,  E,  F,  la 
somme  de  leurs  influences  a  été  trouvée  faible;  même  dans  le  cas  où  \\ 
s'agit  d'un  alcaH,  tel  que  NaOH:  en  contact  avec  un  acide  auquel  il  se 
combine;  ou  bien  avec  un  sel  métallique  dont  d  précipite  l'oxyde,  comme 
SO'Cu.  Bien  entendu  ceci  s'applique  seulement  aux  premiers  instants  du 
contact,  avant  que  la  composition  des  deux  liquides  et  les  matières  conte- 
nues dans  la  paroi  poreuse  aient  été  notablement  modifiées. 

»  Avant  d'aller  plus  loin,  il  est  essentiel  d'établir  que  la  presque  identité 


4^4  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

des  potentiels  totaux  observés  avec  les  piles  à  2,  3,  4,  5  liquides,  terminées 
par  les  mêmes  liquides,  en  contact  avec  les  mêmes  électrodes,  fï implique 
nullement  que  les  potentiels  individuels  développés  aux  contacts  des  liquides 
intermédiaires,  pris  deux  à  deux,  soient  nuls  ou  très  petits.  En  fait,  cette  iden- 
tité résulte  des  compensations,  attribuables  pour  la  plupart  à  la  loi  des 
contacts,  et  conformément  aux  développements  donnés  à  cet  égard  dans 
mes  Notes  précédentes.  C'est  ce  que  je  vais  préciser. 

»  Soient,  en  effet,  M  |  A.B  |M  un  élément  formé  par  deux  liquides  diffé- 
rents et  séparés,  A  et  B,  compris  entre  deux  électrodes  du  même  métal  M; 

»  M  I ACB  [M  un  élément  formé  par  trois  liquides  A,  C,  B  ; 

»  M I  AGDB  I  M  ;  M I  ACDEB  |  M  un  élément  à  4  et  5  liquides. 

»  Les  sommes  des  potentiels  respectifs  seront  : 


MA  +  BM  (entre  métaux) 


AB  (2  liquides), 

AG  +  CB  =AB  (3  liquides), 

AG  +  CD  +  DB  =AB  (4  liquides), 

AGH-GD4-DE  +  EBrr:AB(5  liquides). 


»  Ces  égalités  résultent,  bien  entendu,  d'une  hypothèse  non  évidente 
a  priori,  d'après  laquelle  la  loi  des  contacts  serait  supposée  applicable  aux 
chaînes  de  liquides  différents.  Les  potentiels  AB,  AC,  etc.,  peuvent  avoir 
des  valeurs  quelconques;  mais  on  voit  que  leurs  sommes  se  réduisent  au 
chiffre  extrême,  par  suite  des  compensations. 


IL 

»  Examinons  maintenant  un  élément  terminé  à  l'un  de  ses  pôles  par  un 
acide,  et  à  l'autre  pôle  par  un  sel  neutre. 

»   1°  SO*H^i=A;  SO^Na^^B. 
»  (I)  Deux  liquides  AB  : 

ZnZn  :  0,11.         GuGu  :  0,06,         Pt  :  0,18. 
»  (II)  Trois  liquides  AGB  : 


C  =  SO<Zn. 

C 

^SO^Cu. 

ZnZn   :  0,06 

0,  12 

GuGu  :  0,01 

o,o5 

PtPt    :  0,26 

0,20 

SÉANCE    DU    24    AOUT    igoS. 

),  2°  S0Mi2  — A;  SO^Zn  =  B. 
»  (I)  Deux  liquides  AB  : 

ZnZii:o,o8.  CuCu  :  0,08.  PtPt:o,o^ 

»  (II)  Trois  liquides  ACB  : 

C=SO^Cu. 
ZnZn   :   o,o3 
CuCu  :   0,00 
PlPt    :   0,08 


425 


0,11 
o,o4 


o,  10 


»  3°  SO^H^^rA;  SO^Cu^B. 
»   (I)  Deux  liquides  AB  : 


ZnZn  :  0,02.  CuCu  :  0,06. 


C  =  S0*Na2. 
o,  I  I 
o,  i3 
0,17 


»  (II)  Trois  liquides  ACB: 

C  =  SO«Zn. 
ZnZn  :  0,12 
CuCu  :  o,  i3 
PtPt    :  0,18 

»  4°  SO^Znrr  A;  BO^H^^B. 
»  (I)  Deux  liquides  AB  (')  : 

ZnZn  :  0,01.  CuCu  :  0,0^. 

»  (II)  Trois  liquides  ACB,  C  =  S0*Na2(i)  : 

ZnZn  :  o,o3.  CuCu  :  0,02. 

»  (TII)  Quatre  liquides  : 

CD  =:S0^Cu.S0^H2. 
ZnZn  :  0,02 
CuCu  :  0,02 
PtPt    :   0,002 


PtPt 


C  =  NaOH. 
0,08 
0,09 


Pt  :  0,02. 


PtPt  :  0,02. 


CD=S0*Na2S0*Cu. 
o,o3 
0,002 
0,02 


CD  =  SO<CuSO*Na^ 
0,02 
o,oo5 
0,02 


»  D'après  ces  Tableaux,  l'acide  borique,  acide  faible,  et  le  sulfate  de 
zinc  ou  de  cuivre,  étant  liquides  terminaux,  leur  influence  sur  la  valeur 
absolue  du  potentiel  est  analogue  à  celle  des  sels  neutres,  c'est-à-dire 
presque  nulle.  Mais  il  en  est  autrement,  en  fait,  pour  l'acide  sulfurique, 
les  différences  de  potentiel  étant  alors  accrues,  sans  cependant  acquérir  des 
valeurs  excessives.  Elles  le  sont  particulièrement  avec  les  électrodes  de 
platine. 


(*)  Mêmes  valeurs  sensiblement  avec  les  systèmes  SO*Cu.BO*  H*  et  SO^Na^.BO'H*. 


426 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


»  Les  écarts  entre  les  groupes  à  deux  liquides  et  à  trois  liquides  sont  ici 
plus  marqués  que  dans  les  Tableaux  précédents.  Cette  divergence  résulte 
en  majeure  partie  de  la  difficulté  d'écarter  les  complications  attribuables 
au  mélange  des  liquides,  à  travers  la  paroi  poreuse.  En  effet,  j'ai  reconnu 
par  des  essais  spéciaux  que  la  moindre  trace  d'acide  sulfurique,  ou  d'un 
acide  fort,  ajoutée  à  un  sel  neutre,  fait  varier  la  force  électromotrice  bien 
plus  rapidement  que  l'addition  des  sels  neutres  en  faible  proportion. 


III. 


»   Soit  maintenant  un  élément  constitué  par  un  sel  neutre  et  un  alcali. 


).   i"  S0*Na2=A;  NaOH  =  B. 
»   (1)  Deux  liquides  AB  : 

ZnZn  :  o,34.         CuCu  :  0,19. 
))   (II)  Trois  liquides  ACB  : 


C  =  SO^Zn. 
ZnZn   :   0,82 
CuCu  :   0,19 
PtPt    :   0,28 

»  2°  SO^Zn=A;  NaOH=:B. 
))   (I)  Deux  liquides  AB  : 


C  =  SO^Gu. 
0,82 
0,20 
0,34 


PtPt  :  o,4i 


C  =  S0^H2. 
0,35 
0,20 
0,22 


ZnZn  :   o,34. 

Cu Cu  :   0,21. 

PlPt  :  o,3i 

»  (11)  Trois 

liquides  ACB  : 

C  =  SO'Cu. 

C  =  SO*Na^ 

C  =  SO*H^ 

ZnZn  :  o,34 

0,32 

0,28 

CuCu  :  0,20 

0,19 

0,18 

PlPt    :  o,38 

o,3i 

0,39 

»  3°  SO*Cu=:A;  NaO  =  B. 
»  (I)  Deux  liquides  AB  : 


ZnZn  :   o,33. 

CuCu  :   0,26. 

PlPt  :  0,19 

uides  ACB  : 

C  =  SO»Zn. 

C  =  S0S\a2. 

C  =  SO*H^ 

ZnZn  :  o,33 

0,34 

0,35 

CuCu  :  0,25 

0,27 

0,28 

PtPt  :  o,4o 

o,38 

0,39 

SÉANCE   DU    24   AOUT    iQoS.  l\l'j 

»  On  voit  d'abord  que  les  valeurs  trouvées  sont  à  peu  près  les  mêmes 
pour  les  systèmes  terminés  par  les  mêmes  liquides,  dans  chacun  des  trois 
groupes  à  deux  et  trois  liquides  envisagés  séparément. 

))  En  outre,  la  comparaison  des  trois  groupes  entre  eux  fournit  des  va- 
leurs d'ordinaire  fort  voisines.  Mais,  contrairement  à  ce  qui  a  été  observé 
pour  les  systèmes  oi^i  les  électrodes  sont  en  contact  avec  deux  solutions 
salines,  les  potentiels  observés  cette  fois  ont  des  valeurs  notables.  Avec  les 
électrodes  de  zinc,  ils  sont  voisins  d'un  tiers  de  volt,  ce  qui  correspond  à 
gcai  environ;  avec  les  électrodes  de  cuivre,  ils  sont  voisins  d'un  quart  à  un 
cinquième  de  volt,  ce  qui  correspond  à  5^^^  ou  6^*'.  Avec  les  électrodes  de 
platine,  ils  ont  oscillé  entre  un  et  deux  cinquièmes  de  volt,  chiffres  cor- 
respondant à  5^*'  et  9^^\  Le  contact  d'un  alcali  avec  les  métaux  mis  en 
œuvre  exerce  donc  une  influence  toute  particulière. 

»  Je  suis  porté  à  attribuer  cette  influence  à  la  relation  électrochimique 
spéciale  qui  existe  entre  les  oxydes  de  ces  métaux  :  zinc,  cuivre,  platine 
notamment  et  la  base  alcaline.  En  effet,  les  oxydes  des  métaux  mis  en  pré- 
sence des  acides  tendent  à  former  des  sels,  dans  lesquels  les  oxydes  jouent 
le  rôle  électropositif  au  point  de  vue  chimique;  et  ce  rôle  subsiste  d'ordi- 
naire vis-à-vis  des  sels  neutres.  Au  contraire,  ces  mêmes  oxydes,  ceux  de 
zinc  et  de  platine  en  particulier,  mis  en  présence  des  alcalis,  tels  que  la 
soude,  tendent  à  former  des  sels  dans  lesquels  les  oxydes  métalliques 
jouent  le  rôle  d'acide,  c'est-à-dire  le  rôle  électronégatif,  au  point  de  vue 
chimique.  Il  en  résulte  que,  dans  les  éléments  de  pile  envisagés  ici,  les  deux 
électrodes,  l'une  étant  mise  en  présence  d'un  sel  neutre,  l'autre  en  pré- 
sence de  la  soude,  tendent  à  ajouter,  dans  une  certaine  mesure,  leurs 
potentiels;  au  lieu  de  les  retrancher,  comme  dans  les  cas  oîi  le  rôle  électro- 
chimique des  métaux  qui  constituent  les  deux  électrodes  est  le  môme. 
Ainsi,  dans  ce  dernier  cas,  la  différence  des  deux  potentiels  tend  à  devenir 
nulle;  tandis  que,  dans  le  cas  d'un  alcali,  il  en  est  autrement. 

IV. 

»  Opposons  un  acide  libre  à  une  base  libre,  vis-à-vis  de  deux  électrodes 
métalliques  identiques,  dans  un  même  élément  de  pile. 

»  Acide  sulfurique  et  soude  :  SO^H^— A;  NaOH  =  B. 
»  (I)  Deu\  liquides  AB  : 

ZiiZii  :  0,23.         CuGu  :  o,i3.         Pt  :  0,60. 


428 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


»  (II)  Trois  liquides  ACB 


C  =  SO^Zn. 

C  =  SO'Cu. 

C  =  SO<Na= 

ZnZn  :  0,20 

0,20 

0,19 

CuCu  :   0,11 

0,09 

0,  12 

PtPt   :   0,53 

o,56 

0,52 

ides  ACDB  : 

CD  =  SO^Zn.SO^N, 

1^ 

CD  = 

SO^CuSO'Na- 

ZnZn  :   0,28 

0,19 

CuGu  :  0,  i3 

0,  i3 

PtPt    :  0,57 

o,5o 

»  La  relation  fondamentale  entre  les  piles  formées  de  différents  liquides 
séparés  est  ici  vérifiée.  Mais  les  valeurs  observées  sont  considérables;  ce 
qui  se  rattache  évidemment  à  la  réunion  des  deux  influences,  exercées  l'une 
à  un  pôle  par  l'acide,  l'autre  à  l'autre  pôle  par  l'alcali  :  influences  qui 
tendent  à  s'ajouter.  Je  ne  veux  pas  entrer  ici  dans  la  discussion  des  hypo- 
thèses que  l'on  pourrait  faire  à  cet  égard,  pour  préciser  davantage  le  calcul 
des  forces  électromotrices.  Je  me  bornerai  à  constater  une  fois  de  plus  la 
vérification  expérimentale,  dans  les  conditions  chimiques  les  plus  diverses, 
de  la  loi  des  contacts,  en  tant  qu'applicable  aux  chaînes  liquides. 


»  L'étude  du  dernier  groupe  des  liquides  étudiés  dans  le  présent 
Mémoire  nous  ramène  à  la  relation  que  j'ai  signalée  au  début  de  ces  études 
entre  les  forces  électromotrices  des  trois  éléments  constitués,  l'un  par  la 
réaction  d'un  acide  sur  une  base  donnant  lieu  à  un  sel,  les  autres  par  les 
réactions  de  ce  sel  sur  son  acide  et  sur  sa  base  séparément  : 

(1)  E  =  £,  +  3, 

et  plus  généralement  par  la  réaction  de  deux  liquides  entre  eux  et  sur  le 
produit  de  leur  action  réciproque. 

»  Cette  équation  peut  être  envisagée  à  divers  points  de  vue  et  notam- 
ment à  celui  des  chaînes  liquides  qui  interviennent  dans  la  mesure  des 
quantités E,  s,,  t^. 

»  Soient  trois  liquides  séparés  A,  B,  C  et  des  électrodes  constituées  par 
un  même  métal  M  ;  on  peut  former  trois  éléments  de  pile  avec  les  liquides 


SÉANCE    DU    2/|    AOUT    1903.  429 

précéflents,  pris  deux  à  fleux  selon  l'ordre  suivant  : 

MlÂ.BliM;      M|A.C|M;      A1lC.B|M. 

»  En  admettant  la  loi  des  contacts  pour  les  liquides,  on  obtient  entre 
les  potentiels  du  premier  clément  et  ceux  des  deux  autres  éléments,  dis- 
posés comme  ci-dessus,  la  relation 

E  =  e,  +  s,; 
car 

m  +  ÏÏ\Î  -+-  AB  =  MA  +  CM  4-  MC  +  ÏÏM  4-  ÂC  4-  C;B. 
»   Or 

CM  -^  MC  =  o ;  \C-h  C.B  =  A  R. 

»  Les  expériences  relatives  à  la  relation  signalée  plus  haut  peuvent  donc 
être  regardées  comme  fournissant  une  démonstration  delà  loi  des  contacts, 
en  tant  qu'applicable  aux  chaînes  liquides, 

»  Cependant,  ainsi  que  j'ai  eu  occasion  de  le  faire  observer  à  diverses 
reprises  et  de  le  démontrer  par  mes  mesures  d'intensité  et  mes  expériences 
d'électrolyses  extérieures  à  la  pile,  l'égalité  entre  les  deux  termes  de 
l'équation  (r)  s'applique  uniquement  aux  potentiels  électriques,  mais  non 
aux  quantités  de  chaleurs  dégagées  de  part  et  d'autre  et  au  travail  exté- 
rieur accompli  par  les  trois  éléments.  Toutes  les  fois  que  E  répond  à  une 
réaction  exothermique,  telle  que  :  la  combinaison  d'un  acide  et  d'une  base  ; 
ou  l'action  réciproque  de  deux  sels  formant  immédiatement  un  sel  double 
très  stable  à  l'état  ordinaire;  ou  bien  encore  une  réaction  oxydante  ou 
réductrice,  accomplie  presque  instantanément  au  contact  des  deux  liquides  ; 
j'ai  constaté  que  l'énergie  intérieure  correspondant  à  cette  réaction  et 
entretenue  par  elle  est  susceptible  d'intervenir,  non  seulement  pour  pro- 
duire de  la  chaleur,  mais  aussi  pour  se  transmettre  en  partie  au  dehors  sous 
la  forme  d'un  courant  électrique,  qui  .développe  un  travail  électrolytique 
continu,  extérieur  à  la  pile  :  tandis  que  les  réactions  e,  et  £^  (action  d'un  sel 
neutre  sur  un  acide,  ou  sur  une  base,  etc.),  —  à  résultante  thermique 
presque  nulle,  sinon  même  négative,  —  puisent  dans  le  milieu  ambiant  les 
énergies  qui  entretiennent  les  potentiels  de  la  pile  qu'elles  concourent  à 
former.  Par  conséquent,  elles  ne  sont  pas  susceptibles  d'entretenir  un 
travail  électrolytique  extérieur;  et  celui-ci  ne  tendra  à  se  produire  que 

C.  R.,  1903,  ?.'  Semestre.  (T.  CXXXMI,  N"  8.  ^7 


/|3o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

suivant  ]a  proporlion,  exlrêmement  faible,  qui  répond  à  l'emmagasinement 
continu  de  ces  énergies  extérieures. 

»  Dans  le  premier  élément  (acide  -+-  base),  au  contraire,  le  travail  exté- 
rieur est  entretenu  en  raison  de  l'énergie  fournie  en  un  temps  donné  et 
d'une  façon  continue  par  la  réaction  chimique.  En  étudiant  les  réactions 
oxydantes  en  particulier,  j'ai  montré  que  Ton  réalise  ainsi,  au  moyen  de 
l'énergie  fournie  par  le  contact  des  deux  liquides,  accompli  en  dehors  des 
électrodes  métalliques,  on  réalise  ainsi,  dis-je,  dans  plusieurs  cas,  des 
piles  qui  travaillent  en  conservant  une  force  électromotrice  constante; 
c'est-à-dire  qui  possèdent  les  mêmes  caractères  que  les  piles  ordinaires,  oîi 
la  force  électromolrice  est  fournie  surtout  par  la  réaction  chimique  accom- 
plie entre  une  électrode  métallique  et  le  liquide  où  celle-ci  est  plongée. 
Ce  sont  là,  je  le  répète,  des  circonstances  capitales  au  point  de  vue  de  la 
théorie.   » 


M.  Alfred  Picard  fait  hommage  à  l'Académie  du  quatrième  Volume  de 
son  Rapport  général  concernant  l'Exposition  universelle  de  1900. 

«  Ce  Volume  est  presque  exclusivement  consacré  à  l'organisation  et  aux 
traits  caractéristiques  des  groupes  et  des  classes  de  la  Section  française,  y 
compris  les  colonies  et  pays  de  protectorat. 

»  Tous  les  membres  de  l'Académie  des  Sciences  l'ayant  reçu  ou  devant 
le  recevoir  incessamment,  M.  Picard  croit  inutile  d'en  faire  l'analyse,  mais 
il  considère  comme  un  devoir  de  rendre  hommage  à  ceux  de  ses  éminents 
Confrères  qui,  élus  présidents  de  groupe  ou  de  classe,  ont  bien  voulu  ac- 
cepter ce  mandat,  le  remplir  avec  tant  d'éclat,  et  contribuer  pour  une  si  large 
part  au  brillant  succès  de  la  Section  française  :  le  regretté  M.  Faye  (classe  de 
la  Géographie,  de  la  Cosmographie  et  de  la  Topographie);  M.  d'Arsonval 
(classe  des  applications  diverses  de  TÉlectricité);  M.  le  colonel  Laussedat 
(groupe  des  instruments  et  procédés  généraux  des  Lettres,  des  Sciences 
et  des  Arts;  classe  des  Instruments  de  précision);  M.  Marey  (classe  de  la 
Photographie);  M.  Mascart  (groupe  de  l'Électricité;  classe  delà  production 
et  de  l'utilisation  mécaniques  de  l'Électricité);  M.  Moissan  (classe  de 
i'Électrochimie);  M.  Potier  (classe  de  l'Éclairage  électrique);  M.  Prii- 
lieux  (classe  des  Insectes  utiles  ou  nuisibles);  M.  Sarrau  (classe  de  l'Aéro- 
station)  ;  M.  Troost  (classe  des  Arts  chimiques  et  de  la  Phiwmacie).    » 


SÉANCE  DU  24  AOUT  ï9o3. 


V3i 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  plusieurs  Mémoires  de  M.  le  professeur  G.  CapelUni  et 
notamment  des  travaux  sur  les  Baleines  fossiles  trouvées  en  Italie. 
(Présentés  par  M.  Albert  Gaudrv.) 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Obscîvatio/is  du  Soleil  faites  à  V  Observatoire  de 
Lyon  (^équatorial  Brûnner  de  o'",i6)  pendant  le  deuxième  trimestre 
de  1903.  Note  de  M.  J.  Guillausie,  présentée  j)ar  M.  Mascart. 

((   Il  y  a  eu  67  jours    d'observation   dans  ce  Lrim^^strc;    les  jjrincipaux 
faits  qui  en  résultent  sont  les  suivants  : 


Tableau  I. 


Dales       Nombre     Pass.      Laliludcs  uioyoïincs      Surfaces 

extrêmes     d'obser-  au  mér.  - — ■~«i      -^ — ■— ■• moyennes 

d'observ.     valions,   central.         S.  N.  réduites. 


28-   6 

3-14 

7-8 

I  I 

S-i3 
25-26 
27-28 
1 8-20 

20 

24 
24-27 
24-  2 
3o-  5 
24-  2 


Avril  1900.  —  0,09. 


8 

1 1 

2 

I 

6 
2 
2 
2 
I 
I 
2 
8 
3 
8 

22  j. 


2,0 

8,7 

9,9 

12,4 

i3,5 

21,8 

23,  I 

23,6 
23,8 

25,7 
27,8 
28,7 
29,0 
29  î  4 


Mai 


—  16 

—  '9 

— 21 


-(-23 

4- 20 
-+-2r 

-H22 

-4-23 


-iG 

-14 

-20 


-1-20 


17°, 6     -1-20", o 


0,23. 


26-  5 

7 

2,1 

3o-   1 

2 

6,3 

— 20 

2-  5 

2 

8,3 

— 15 

7 

1 

11,1 

—20 

-16 


164 

3oi 
i3 
10 
10 
5 
27 

7 
6 
3 

4 

53 

iG 

i5j 


Taches. 


Dates         Nomliro      l>abs.      Latitudes  moyennes    Surfaces 
cxlrèmes      d'obser-    au  mér. -». — - — »■■      -^    moyennes 

d'observ.      valions,    central.         S.  i\  réduites. 


I2-l5 

lG-22 
2J-27 

3o 
20- 1 G 


1 1  - 1 G 
12 
8 
i5 

20-23 

15-27 

16-27 

18-20 

1-  J 


2Gj. 


3 
10 

9 
2 

3 
i9J- 


Mai  igoS  (suite). 


22 ,  3 

23,3 
2  1,9 

20.6 


•7 


24 

5 

4i 

/ 

14 

>^ 

38 

-21^,3     -l-iG",G 


Juin.  —  0,26. 


7.1 
10,7 

12,1 

i3,  i 

'9,o 
19.8 
21  ,G 

23,  o 

23,7 
3o,8 


—  21 

—  14 
— 15 
— 00 

—25 


-f-20 
+21 
-f-20 


I 
1 1 
21 

4 
i3 

3 

26 
56 

78 

3 

1 1 


— 20", 6     -i-'io'',8 


432  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Tableau  II.  —   Distribution  des  taches  en  latitude. 

Sud.  Nord. 

1903.  90°.      40°.      30°.       20°.        to°.     0°.    Somme.  Somme.  0".      10°.       20°.     30\       40°.     90° 


» 


Surfaces 

Totaux 

lotales 

mensuels. 

réduites. 

i4 

772 

9 

233 

II 

aSo 

Avril »       »         1         ()  »  7  7         »        3       4 

Mai »       »         I         3  »  4  5         »        5        » 

Juin »        »        4  3  »  y  4  »       2        2 

Totaux..        »       »        6       12  »  i8  i6         »      lo        6         »       »  34  i235 

Tableau  III,  —  Distribution  des  facules  en  latitude. 


- 

10° 

Nord. 

Totaux 
mensuels. 

Surfaces 

totales 

réduiteg. 

luimc. 

Somme. 

0" 

.       20° 

30°. 

,     40°. 

90°. 

'- 

— - 

-- 

-^~- 

^-- 

— — , 

i3 

17 

1 

4 

7 

2 

3 

3o 

i5,9 

1=1 

10 

» 

5 

3 

9, 

» 

24 

14,2 

19 

12 

I 

3 

6 

2 

» 

3r 

i5,9 

Totaux..       7       7     i5      i5       2  4(5  39  2     12      16       G       3  85  46,0 

»  Taches.  —  Le  nombre  des  groupes  de  taches  enregistrés  est  double  de  celui  du 
trimestre  précédent  (voir  Comptes  rendus,  t.  CXXXVI,  p.  994),  soit  34  groupes  au 
lieu  de  17,  mais  leur  surface  totale  n'a  augmenté  que  d'un  tiers  environ  ;  on  a,  en  efTet, 
1235  millionièmes  au  lieu  de  jSi. 

»  En  ce  qui  concerne  leur  répartition  entre  les  deux  hémisphères,  le  nombre  des 
groupes  a  augmenté  de  10  au  sud  (18  au  lieu  de  8)  et  de  7  au  nord  (  16  au  lieu  de  9) 

»  Le  groupe  le  plus  important  a  traversé  le  disque  solaire  du  i"""  au  i5  avril,  à  19° 
de  latitude  australe;  il  a  occupé,  dans  son  plus  grand  développement,  une  surface 
de  4oo  millionièmes  de  l'aire  de  l'hémisphère  visible.  Sa  tache  principale  a  atteint  la 
limite  de  visibilité  à  l'œil  nu;  elle  était  accompagnée  d'autres  très  petites,  et  entourée 
de  belles  facules. 

»  D'autre  part,  le  nombre  des  jours  où  le  Soleil  a  été  vu  sans  taches  est  de  j3,  d'où 
résulte  un  nombre  proportionnel  de  0,19,  légèrement  plus  faible  que  le  nombre 
obtenu  (0,22)  dans  le  trimestre  précédent. 

»  Régions  d'activité.  —  Le  nombre  des  groupes  de  facules  a  diminué  de  5  au  sud 
de  l'équateur  (45  au  lieu  de  5i)  et  augmenté  de  8  au  nord  (39  au  lieu  de  3i);  au 
total,  on  a  noté  3  groupes  de  plus  que  dans  le  premier  trimestre  (85  au  lieu  de  82 ). 

»  Leur  surface  totale  a  auginenté  d'un  quart  environ,  soit  46,o  millièmes  au  lieu 
de  3:2,1.  » 


SÉANCE    DU    24   AOUT    1903. 


/lH3 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  le  problème  de  S.  Lie. 
Noie  de  M.  N.  Saltvkow. 

«   Considérons  le  système  de  q  équations  en  involution 

(i)  M^,,x,,  . . .,  .r„  p, ,  p,,  .  . .,  Pn)  =  0  (X:  =  T ,  2 q), 


,  et  le  déter- 


p,,p,,...,p,,  désignant  les  dérivées  partielles  ^,^,  '"'d^, 
minant  fonctionnel 

étant  distinct  de  zéro.  Supposons  cpio  le  svslème  linéaire  complet 

(2)  (ÂJ)  =  ^  i^k  =  i,'2,...,q) 
admette  r  intégrales  di-l!nclcs 

(3)  /.v/;,..../;./..-...^/.  (r<'2n-q), 

telles  que  les  parenthèses  de  Poisson  formées  de  chaque  paire  de  ces  der- 
nières ne  donnent  plus  de  nouvelles  intégrales  du  système  (2).  Les  r  -  7 
dernières  intégrales  (3)  n'étant  pas  en  involut.on,  S.  Lie  a  donne  une 
méthode  pour^achever  Tmlégration  des  équations  (2)  et  (i)  (')•  Nous 
allons  la  présenter  comme  une  généralisation  de  la  théorie  des  équations 
canoniques.  Commençons  i)ar  chercher  des  fonctions  d»,,  $,,  . . .  des  quan- 
tités/,,/,, ...,  /r.  en  involution  avec  ces  dernières.  En  désignant  par  a,-, 
les  parenthèses  (/,,„/^,),  formons  le  déterminant 


A  = 


a, 
a., 


i,r-q 


7..>.> 


a... 


■2,r'  q 


'-r    q,r-q 


'■r-q,i         -'•r    q,-2 

S'il  est  nul,  ainsi  que  tons  ses  mineurs  depuis  le  premier  ordre  jusqu'à 
l'ordre  a  -  1 ,  le  nombre  des  fonctions  a>  est  f^..  Par  conséquent,  notre  pro- 


(')  S.  Lie,  Math.  Ann..  Bd.  VIll,  p.  27.3;  Bel.  XI,  p.  ^64- 


434  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

blême  revient  à  intégrer  le  système  linéaire  complet  formé  par  les  équa- 
tions (2)  et  les  suivantes 

(4)  (0„/)  =  O  (i=zl,2,  ...,|7.). 

)>  Or  comme  on  le  sait,  sans  connaître  les  fonctions  <!>,,  on  forme  sans 
difficulté  un  système  équivalent  à  (4)-  De  plus,  le  nombre  r  — q  —  u.  élant 
pair('),  que  nous  désignerons  par  2p,  on  parvient,  par  des  intégrations 
successives,  à  un  système  complet  des  7^  —  p  équations 

(5)  (/a'/)  =  o  {k  =  i,i,...,q),  B,(/)  =  o  («=r,2,...,/i-^-p), 
admettant  un  système  complet  des  n  +  p  intégrales  indépendantes 

\^^  yi'      /a»        ••••      /y      ./y^i'        •••>       Jri      Jr+ ■>      fn+.ç 

que  l'on  obtient,  dans  le  cas  le  moins  favorable,  par  un  nombre  des 
n  —  q  —  [j.  —  ç  opérations  d'intégration  d'ordre 

2/i  —  2^  —  2[X   —   2p,        2//  —  2^  —   2|X  — -   20  —  2,         .  .  .,        4,        2. 

»  Enfin,  on  obtient  par  une  quadrature  l'intégrale 

v  7  /  *"■      ./»+p-4-)  ♦ 

formant  avec  les  équations  (6)  le  système  complet  des  intégrales  du  sys- 
tème remplaçant  le  système  (5),  quand  on  considère  /  comme  fonction 
des  variables  x,  p  et  z,  les  parenthèses  de  Poisson  étant  remplacées  par 
celles  de  Weiler. 

»  Les  fonctions  0  étant  inconnues,  nous  résumons  dans  le  seul 
théorème  suivant  toutes  les  considérations  compliquées  de  S.  Lie,  relatives 
à  l'intégration  du  système  (2)  : 

))  Soient  les  équations  (5)  résolubles  par  rapport  à  -f^,  -—<>  ■   -,        *    - 

En  égalant  les  fonctions  {Ç))  et  (j)  à  des  constantes  arbitraires  b^ib^,  ...,  ^„+p^, , 


(')  Pour  le  démontrer,  S.  Lie  introduit  sa  tliéorie  de  groupes.  Or  celte  conclusion 
devient  évidente,  en  remarquant  ([u'un  déLerminant  gauche  symétrique  peut  ne  pas 
s'annuler  s'il  n'est  d'un  ordre  pair. 


SÉANCE    DU    24    AOUT    igoS.  435 

on  en  tire 

o{œ^,  .ro.  ...,£r„_p,  b^,  h.,,  ...,  f^j,+p)  -^  fhi+ç,\-n 


le  déterminant  fonctionnel 


j)/'9i>  ?2,  •..,  'fp, jvj^ 


bf,  h.2i  ...  ;  .  . . ,  t;„+p 
^'/«///  distinct  de  zéro.  Cela  posé,  parmi  les  n  —  q  ^  ^  équations 

(9)         1-2^+»-.-=".    (»  =  ?^'.?  +  ^ «  +  ?)• 

1  =  1 

/f^  «,  étant  des  constantes  arbitraires,  U  existe  un  système  de  n  —  q  —  ^  équa- 
tions distinctes  résolubles  par  rapport  à  x^^,,  x^^.^ ^„-p.  l^es  résultats 

d'élimination  de  leurs  premiers  membres  des  valeurs  b^,  b.^,  ..  .,  ^„+p  repré- 
sentent les  intégrales  requises  du  système  (2). 

))  La  démonstration  de  ce  dernier  théorème  se  fait  d'une  manière  ana- 
logue, comme  dans  la  première  méthode  de  Jacobi. 

»  Enfin,  le  système  complet  des  intégrales  des  équations  (2)  étant 
connu,  l'intégrale  complète  du  système  (i)  s'obtient  sans  difficulté. 

»  Le  théorème  énoncé  présente  un  résultat  très  important,  dont  S.  Lie 
a  enrichi  la  théorie  des  équations  étudiées,  en  indiquant  en  même  temps 
un  cas  très  général,  quand  l'intégration  du  système  (2)  s'achève  par  une 
quadraturer.En  effet,  il  est  aisé  de  formuler  le  théorème  suivant  : 

),  Le  système  (2)  admettant  n -\-  ^{^  <n  -  q)  intégrales  (6),  telles  que  le 
déterminant  correspondant  A  s  annule,  ainsi  que  tous  ses  mineurs  depuis  le 
premier  ordre  jusqu'à  r ordre  /i  —  y  -  f  -  i,  l'intégration  des  équations  (2) 
s'achève  par  une  quadrature. 

»  Le  théorème  de  Liouville  généralisé  (Comptes  rendus  du  24  juillet  1899  : 
Sur  la  théorie  des  équations  aux  dérivées  partielles)  ne  présente  qu'un  cas 
particulier  de  ce  dernier  théorème  correspondant  à  p  =  o;  car,  dans  ce 
cas,  le  nombre  des  intégrales  connues  se  réduisant  à  n,  et  tous  les  mineurs 
de  A  s'annulaut,  il  s'ensuit  que  les  intégrales  données  sont  en  involution.  » 


436  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  intégrales  de  Foiirier-Cauchy.  Noie  ;ie 

M.  Ca«l  Stormer. 

«  Nous  avons,  dans  une  précédente  Communicalion  (' ),  énoncé  le 
théorème  fondamental,  que 

lim  I  {k)  =  M/(^, .  ...,  x„), 

M/Çœ,,  .  .  a7„)  étant  ce  que  nous  avons  i\p\w\é  imleur  moyenne  sphérigue 
(le    /(.r,,  ...,  J?„)  au  point  (.r ,  x,,). 

»  Ce  n'est  pas  ici  l'endroit  de  citer  les  nombreuses  applications  de  ce 
résultat.  Nous  nous  bornerons  à  signaler  la  conséquence  suivante; 

))  Supposons  n  =  3,  el  le  point  (,r,,  oc.,,  x^)  situé  sur  une  surface  de  dis- 
continuité pour  la  fonction  /(Ç),  i-j^  ^O?  <le  manière  que  cette  fonction 
tende  vers  les  valeurs  A  et  B,  selon  que  (E,,  E2,  i^)  tend  vers  le  point 
{x^,  X2,  ^3)  suivant  un  chemin  situé  tle  l'un  ou  de  l'autre  côté  de  cette 
surface.  Alors,  si  la  surface  admet  un  plan  langent  au  point  (x^,  x.,,  x.^^, 
on  aura 

»  Si,  au  contraire,  le  point  (r,,  x.,,  o^.,)  est  un  point  conique  ordinaire, 
on  aura 

lun  l  (  A-)  = -?—  , 

quand  le  rapport  des  deux  parties  de  la  sphère  i  séparées  par  la  surface  de 

discontinuité  tend  vers-  lorsque  s  lend  vers  zéro,  etc. 

7  ^ 


P 
»   Le  théorème  que  liml(y?:)  =  My"(^,,  ....  x^)   donne   un   théorème 

/f  =  0 

important  sur  V intégrale  de  Fourier 

"  —  (2  t:)"  ^^  '   . .  .6  "  «     "    /  (^ç, ,  Ço,  . .  . ,  Cj,)  ae, 


(')    Comptes  rendus,  séance  du  ly  août  igoS,  p.  4o?» 


SÉANCE    DU    24    AOUT    i(j()3.  437 

dans  le  cas  où  cette  intégrale  existe,  étant  définie  comme  intégrale  définie 
généralisée  ('). 

»   En  effet,  j'ai  établi  que  si  k  tend  vers  zéro  par  valeurs  positives,  alors 
l'intégrale 

tend  vers  (")  la  valeur  !„  obtenue  en  y  substituant  directement /t:=o,  c'esl- 
à-dire  que  !„  =  liml(A). 

A=:0 

»  En  combinant  cela  avec  le  résultat  précédent,  on  aura  donc  ce  résultat  que 

sous  V hypothèse  de  l'existence  non  seulement  de  V intégrale  de  Fourier,  mais 
aussi  de  la  valeur  moyenne  sphérique  def(^  E , ,  Ço ,  • . . ,  ç„  )  au  point  (^x^,  . . . ,  x„  ) . 
»  Quant  à  la  fonction  analytique  I(^),  il  y  a  encore  des  propriétés  inté- 
ressantes à  signaler  à  son  sujet.  En  effet,  comme  I(^)  est  une  fonction 
entière  transcendante  de  x^,x.^,  .  .  .,£•?„,  elle  admet  pour  k^o  des  déri- 
vées de  tous  les  ordres  par  rapport  à  ces  variables.  Si  k  est  à  l'intérieur  du 
domaine  k,  alors  ces  dérivées  s'obtiennent  en  dérivant  dans  l'intégrale 

sous  le  signe  d'intégration  (^),  ce  qui  donne 

--)X+|J.+  ...-f-v 

_A^ la) 

â.v]  dx^_  ...  dxl    ^   ^ 

»   Si  l'on  fait  brusquement  y^  =  o  au  second  membre,  on  n'obtient  que 
e  divergente  : 

S,Ee«'"^'-^'". .  .e''"'^"-'-'"(iœ,y{ia,y. .  .(iy-ny/Cin  l.,  •  •  •.  In) de. 


l'intégrale  divergente  : 


(2tc)" 

ce  qui  n'aura  pas  de  sens;  mais  cela  n'empêche  pas  que  la  dérivée 


dx\  ÔJc^ . . .  ÔJi^l 


tIW 


(')  Voir,  par  exemple,  Jordan,  Cours  d'Analyse,  t.  II,  1894,  p.  8j,  elc. 
(2)  Voir  mon  Mémoire  cité  dans  la  Note  dernière,  théorème  6. 
(*)  Loc.  cit.,  théorème  5  et  p.  18. 

G.  R..   ujoS,  2»  Semestre.  (T.  CXXWIl,  ^•  8.);  ^^'^ 


438  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

peut  ten(]re  vers  une  limite  déterminée  quand  k  tend  vers  zéro  par  va- 
leurs positives.  En  effet,  j'ai  démontré  que  si,  par  exemple,  la  fonction 
/(^,,  ^2>  ••  »  ^rt)  est  une  fonction  analytique  de  ç,,  Ça,  ...,  E^  régulière  au 
point  (a?,,  x.^y  ...,  ^„),  alors  on  aura,  si  ce  point  est  à  l'intérieur  de  E, 

OÙ  g{\^,  1-2^  •••»  ^«)  (iésigtic  la  dérivée 


ï7/(^<'^^ -')•    '^ 


^^^(^^^..(;^); 


ÉLECTRICITÉ.  —   5'?^r  le  rôle  des  noyaux  métalliques  des  bobines. 
Note  de  M.  B.  Egixitis,  présentée  par  M.  J.  Violle. 

(t  I^a  sensibilité  de  réchauffement  des  pôles  aux  variations  de  la  self- 
induction  du  circuit  de  décharge  nous  a  servi  à  étudier  l'influence  des 
noyaux  métalliques  des  bobines  de  self-induction.  Les  expériences  ont  été 
faites  en  opérant  sur  des  étincelles  consécutives. 

»  Nous  avons  étudié  l'influence  du  fer,  du  laiton  et  du  cuivre.  D'après 
nos  expériences,  cette  influence  varie  avec  la  valeur  de  la  self-induction 
de  la  bobine,  la  nature  et  le  diamètre  des  noyaux,  la  nature  des  pôles,  la 
distance  explosive,  etc. 

»   Les  résultats  de  cette  étude  sont  les  suivants  (*)  : 

»  1.  L'influence  d'un  noyau  dépend  de  la  forme  de  la  bobine.  —  Deux  bobines 
ayant  la  même  self-induction,  dont  Tune  est  construite  en  longueur  et  l'autre  en 
épaisseur,  donnent  des  résultats  dilTérents.  Avec  une  bobine  longue,  l'effet  d'un  nojau 
esl plus  grand  qu'avec  une  bobine  courte. 

»  2.  Deux  noyaux  de  mêmes  dimensions,  mais  dont  l' un  est  creux  et  l'autre 
plein,  n'ont  pas  le  même  effet  sur  la  décharge.  —  .Ainsi,  deux  noyaux  de  fer  de  iS™™ 
de  diamètre,  dont  l'un  est  creux  et  l'autre  plein,  introduits  dans  une  bobine,  n'ont  pas 
donné  les  mêmes  résultats. 

»  3.  L'action  d\in  noyau  diminue  quand  la  self-induction  augmente,  et  aug- 
mente quand  son  diamètre  augmente  (au  moins  jusqu'à  une  certaine  limite). 

»  k.   Un  noyau  peut  n'avoir  aucune  influence.  —   Ainsi,   un   noyau  de  laiton  de 


(')  Quelques-uns  de  ces  résultais  ont  été  publiés  l'année  passée  dans  les  Comptes 
rendus  et  dans  un  journal  hellénique. 


SÉANCE    DU    24    AOUT    igoS.  489 

2oraai  dg  diamètre,  ou  de  cuivre  de  40"^™  de  diamètre,  introduits  dans  une  bobine  de 
0,0006  henry,  n'ont  aucune  influence, 

»  5.  L'action  d^m  noyau  dépend  de  la  température  des  pôles,  de  leur  nature  et 
de  la  distance  explosive.  —  Nous  citerons  seulement,  comme  exemple,  la  destruction 
de  l'effet  d'un  noyau  par  l'augmentation  artificielle  de  la  température  Initiale  des 
pôles. 

»  (3.  Un  noyau  de  fer  a  une  action  plus  forte  qu'un  noyau  de  laiton,  dont  V ac- 
tion est  elle-même  plus  forte  que  celle  d'un  noyau  de  cuivre.  » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  la  constitution  de  V acide  phospho-organique  de 
réserve  des  plantes  vertes  et  sur  le  premier  produit  de  réduction  du  gaz 
carbonique  dans  L'acte  de  V  assimilation  chlorophyllienne.  Note  de  M.  S. 
PosTERXAK,  présentée  par  M.  Armand  Gautier. 

«  Nous  avons  montré  (')  que  la  composition  de  l'acide  phospho-orga- 
nique de  réserve,  déposé  dans  les  graines,  tubercules,  rhizomes,  etc., 
correspond  à  la  formule  C-H^P-0'',  dont  quatre  atomes  d'hydrogène  sont 
susceptibles  d'être  remplacés  par  des  métaux  monovalents. 

»  La  constatation  suivante  domine  toutes  les  autres  au  point  de  vue  de 
la  constitution  de  ce  corps  :  chauffé  avec  les  acides  minéraux  étendus,  il 
est  décomposé  quantitativement  en  inosite  et  en  acide  phosphorique . 

»  168,26  d'acide  phospho-organique  ont  été  soumis  à  l'action  de  ôo*^""'  d'acide  sulfu- 
■rique  au  tiers,  et  chauffés  à  i5o''-i6o°,  pendant  3  heures.  Après  refroidissement,  on  a 
isolé  du  contenu  du  tube  f\^,oi  d'inoslte  cristallisée  pure,  pesée  anliydre.  Elle  repré- 
sentait 97,8  pour  100  du  carbone  total  de  l'acide  décomposé. 

»  De  saveur  douce,  celte  inosite  n'agit  pas  sur  la  lumière  polarisée  et  donne  les 
réactions  de  Scherer  etdeGallols.  ElIefondà2iS°(n.c.);  elle  cristallise  avec  2"*"'  d'eau. 
Elle  répond  à  la  formule  C^'H'-O^.  Les  mesures  crlstaliographiques,  que  je  dois  à  Tobli- 
geance  de  M.  Wyrouboff,  ne  laissent  aucun  doute  sur  son  identité  avec  l'inosite  inac- 
tive isolée  par  Scherer  du  tissu  musculaire,  et  pir  VohI,  Gintl,  Tanret,  etc.,  des 
feuilles  et  d'autres  produits  végétaux. 

»  A  première  vue,  on  serait  enclin  à  admettre  que  cet  acide  phospho- 
organique  présente  la  structure  chimique  de  l'élher  hexaphosphorique  de 
l'inosite.  Cette  supposition  doit  être  écartée. 

»  Une  première  objection  résulte  de  la  composition  centésimale  de  notre  acide  qui  se 
montre  plus  riche  en  eau  que  l'élher  en  (jiiestlon  dont  la  formule  s'écrirait  (CH^PO*)*. 


(')   Comptes  rendus,  t.  CXXXV'Tl,  p.  33-. 


44o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Notre  composé  pliospho-organique  présente,  en  outre,  une  résistance  absolue,  même  à 
ioo°,  à  l'action  de  tous  les  alcalis,  quelle  que  soit  leur  concentration,  ce  qui  ne  saurait 
être  dans  l'hypothèse  d'un  éther.  Enfin,  l'étude  cryoscopique  des  solutions  aqueuses 
de  l'acide  pur  a  fourni  des  nombres  confirmant  bien  notre  formule. 

Concentration  Abaissement  Poids 

Provenance  en  grammes  d'acide  du  point  moléculaire 

de  l'acide.  pour  looï  d'eau.        décongélation.  trouvé. 

Graines  de  sapin  rouge 1,64  o»'77  '7' 

»  3,28  0,345  177 

Graines  de  colza 3,29  o,335  181 

»  6,02  o,65o  i85 

Graines  de  chènevi; 5, 08  o,5o8  i85 

»  Le  calcul,  pour  la  formule  C^H»P-0^  donne  238.  L'écart  est  dû  à  la  dissociation 
électroljtique  de  la  substance  dissoute  et  se  rapproche  de  celui  observé  par  M.  Raoult 
pour  l'acide  phosphoreux.  Le  poids  moléculaire  de  l'éther  inositophosphorique  serait 
de  660. 

»  La  décomposition  subie  j3ar  l'acide  phospho-organique  sous  l'influence 
des  acides  minéraux  doit  donc  être  exprimée  par  l'équation 

3C'B'V^0'  -h  3n-0  =(Cl]  .OEy  -h  6WP0\ 

Inosiie. 

d'où  il  ressort  que   chaque  molécule  d'acide  contribue  à  la  synthèse  de 

CH.OH  — 
l'inosite  par  le  e^roupement   1  .   Dès  lors,  en  tenant  compte  de  la 

^  ^       ^  CH.OH—  ^ 

tétrabasicité  de  l'acide  et  en  éliminant  l'hypothèse  de  l'union  directe  du 

phosphore  au  carbone  —  auquel  cas,  comme  on  le  voit  par  l'exemple  des 

acides  oxyphosphiniques,  la  décomposition  par  les  acides  minéraux  serait 

impossible  —  on  peut  se  représenter  la  constitution  du  corps  étudié  de 

deux  façons  différentes  : 

(OH)^  /H 

CH.OH  -  O.P  CH  _  o.PO(OH)=^ 

ou  I  i   )0  ,  ou         0(  ^       ^  . 

CH.OH -O.P(f  \CH-O.PO(OH)^ 

^(OH)^  \H 

»  La  première  de  ces  formules  suppose  l'existence  de  deux  oxhydriles  à 
fonction  alcoolique  qu'il  a  été  impossible  de  déceler  par  un  traitement 
répété  de  l'acide  avec  du  chlorure  de  benzoyle  en  milieu  alcalin.  Il  ne 
reste  donc  que  la  deuxième  formule  qui  est  celle  d'un  acide  anhydro-oxy- 
mélhylène-diphosphorique. 


SÉANCE    DU    24    AOUT    IQoS.  441 

»   Cette  formule  de  constitution  offre  un  grand  intérêt  au  point  de  vue 
de  l'assimilation  chlorophyllienne. 

»  Les  expériences  de  Schimper  (')  ont  montré  que  la  transformation  des 
phosphates  minéraux  dans  les  feuilles  en  molécules  organiques  phospho- 
rées  est  subordonnée  au  bon  fonctionnement  de  l'appareil  chlorophyllien. 
On  sait,  d'autre  part,  que  les  produits  de  phosphosynthèse  sont  trans- 
portés, au  fur  et  à  mesure  de  leur  formation,  vers  les  cellules  parenchyma- 
teuses  et  embryonnaires  de  la  plante,  et  vers  les  lieux  de  dépôt  des  matières 
de  réserve.  On  en  conclura  que  le  groupement  organique  associé  à  l'acide 
phosphorique  dans  notre  composé  est  né  pendant  l'acte  même  de  la  réduc- 
tion chlorophyllienne  du  gaz  carbonique. 

»  Ce  groupement  n'est  autre  que  l'éther  d'un  isomeYe  alcoolique  CH.OH 
de  l'aldéhyde  formique,  COH^ 

»  Cet  isomère,  à  en  juger  par  les  résultnts  de  la  décomposition  de  l'acide 
étudié,  n'est  pas  capable  d'exister  à  l'état  isolé.  Il  donne  naissance  à  l'ino- 
site  en  se  sextuplant,  comme  l'oxyde  de  carbone  réduit  par  le  potassium  se 
condense  en  hexaphénol, 

«  Normalement,  l'alcool  CH.OH  formé  dans  les  feuilles  est  utilisé  par 
les  chloroplastes,  au  moment  même  de  sa  production,  pour  la  synthèse  de 
sucres  et  hydrates  de  carbone,  de  l'acide  anliydro-oxyméthylène-diphos- 
phorique,  des  albuminoïdes,  etc.  Si,  pour  une  cause  quelconque,  cette 
utihsation  ne  peut  avoir  lieu,  il  y  a  formation  d'inosile  que  l'on  a  retrouvée, 
en  effet,  presque  exclusivement  dans  les  parties  vertes  de  la  plante. 

»  La  production,  par  oxydation  de  l'inosite,  de  l'hexaphénol  (Maquenne) 
obtenu  déjà  à  partir  de  l'oxyde  de  carbone  (Lerch),  peut  être  considérée 
comme  une  démonstration  de  la  parenté  de  l'inosite  avec  l'acide  carbo- 
nique, dont  elle  dérive  par  simple  réduction.    » 

PHYSIOLOGIE.   -  Sur  l'équation  générale  des  courbes  de  fatigue. 
Note  de  M.  Chaules  Henry  et  de  M"«  J.  Joteyko. 

«  En  faisant  passer  des  courbes  de  sentiment  par  les  sommets  successifs 
des  ordonnées  des  ergogrammes,  on  obtient,  comme  courbes  de  hit.gue, 
parfois  des  droites,  mais,  d'ordinaire,  des  courbes  qui  présentent  souvent 
un  pomt  d'inflexion,  très  rarement  deux,  quelquefois  aucun.  Si  nous  cher- 
chons une  relation  entre  l'effort  à  chaque  instant  et  le  temps  nous  trou- 
vons pour  l'équation  de  i3  ergogrammes,  choisis  parmi  les  plus  caracte- 

(1)  Botanische  Zeitung,  1888,  p.  65. 


442  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

risliques,  dans  une  série  déjà  étudiée  (^Comptes  rendus,  3o  mars  i9o3),  une 
relation  du  troisième  degré 

(i)  7]  —  H  —  6f^^  4- /;/2  —  c/, 

7}  étant  l'effort  à  chaque  instant,  H  l'effort  maximum  initial  (en  millimètres), 
t  le  temps  (unité  =  i  secondes). 

»  Voici  les  constantes  de  ces  ergogrammes,  suivies  de  l'écart  naoyen  e  entre  la  courbe 
calculée  et  la  courbe  observée  : 

Sujets.  H.                       a.  b.                       c.  e. 

Si 64  o,ooi3o9  0,1247  4jo6  i,33 

S2 59  0,002433  0,1826  4>72  i,o5 

S3 43  0,002285  o,i5ii  3,36  —0,386 

Dj .  . .  .  77  0,000933  0,0823  2,96  1,48 

D2 .  .  . .  58  o,oo362  0,1736  3,77  0,7 

D3 .  .  .  .  02  0,00487  0,1 833  3,47  0,2 

D4 . . . .  4^  0,00247  0,0822  2,i3  0,4 

D5 .  . . .  4'^  0,01266  0,3743  4>o6  0,1 

K, 65  o,oo5336  0,2734  4^73  i,53 

K2 57  0,00228  0,112  3  0,9 

K3 56  0,001 56  0,0778  2,06  1,3 

K4 45  0,001 5  0,045  i,5o  0,3 

K5 44  0,007003  0,2253  3,02  0,44 

))  On  voit  que  H  diminue,  a  augmente  avec  la  fatigue  :  b  et  c  sont  plus 
capricieux,  en  attendant  qu'ils  se  régularisent  par  le  jeu  des  moyennes  sur 
un  grand  nombre  d'ergogrammes. 

»  11  est  généralement  admis  que  le  muscle  ne  consomme  pas,  dans  les  contractions 
initiales,  les  mêmes  substances  que  dans  les  contractions  finales  :  normalement,  il 
consomme  des  hydrates  de  carbone  et  très  peu  d'albnminoïdes;  ce  n'est  que  dans  la 
fatigue  qu'il  consomme  notablement  ces  dernières,  d'où  production  de  déchets  azotés 
très  toxiques.  Cette  remarque  suggère  une  interprétation  de  la  constante  négative  a, 
laquelle  étant  très  petite  caractérise  bien  la  perte  de  puissance,  très  petite  au  bout  du 
temps  I,  due  à  l'intoxication  locale  par  ces  toxines;  en  même  temps,  cette  perte  de 
puissance  grandit  très  vite  avec  le  temps,  et  c'est  bien  le  cas  du  terme  en  at^. 

»  Quand  a  et  b  sont  nuls,  la  courbe  est  une  droite.  On  rencontre  une  droite  pour 
courbe  de  fatigue  quand  on  excite  électriquement  les  muscles  de  l'homme;  or,  dans 
ces  cas,  la  fatigue  est  toujours  relativement  faible,  car  l'application  des  courants  fara- 
diques  est  très  douloureuse  et  l'on  n'emploie  que  des  poids  beaucoup  plus  légers  que 
lors  de  l'excitation  volontaire.  Quand,  au  myographe,  le  poids  est  soutenu  par  un  sup- 
port, les  tracés  des  muscles  isolés  de  la  grenouille  sont  des  droites  :  ce  qui  n'arrive 
plus  quand  le  travail  statique  vient  s'ajouter  au  travail  dynamique  (Kronecker). 
Gomme  dans  le  cas   des  faibles  fatigues,  ce  sont  les   hydrocarbonés  seuls  qui  sont 


SÉANCE    DU    24    AOUT    igoS. 


443 


consommés,  nous  devons  considérer  la  constante  c  comme  proportionnelle  à  la  perle 
de  puissance  due  à  la  diminution  des  réserves  disponibles  d'hydrates  de  carbone. 

»  Au  nombre  des  causes  qui  peuvent  lutter  contre  la  fatigue,  on  aperçoit  Taction 
des  centres  nerveux  et  l'excitation  de  la  cellule  motrice  par  les  toxines  très  diluées. 
Mosso  a  montré,  avec  le  ponomètre,  que  l'edort  nerveux  nécessaire  pour  produire  la 
contraction  grandit  quand  le  nombre  des  contractions  grandit.  On  sait,  d'autre  part, 
qu'un  grand  nombre  de  poisons,  quand  ils  sont  très  dilués,  excitent,  au  lieu  de  tuer, 
la  cellule  vivante.  On  est  donc  conduit  à  voir,  dans  la  constante  positive  b,  une  mesure 
de  l'action  nerveuse  et  de  l'excitation  par  les  toxines  diluées. 

»  Il  est  d'ailleurs  possible  de  vérifier  celte  conséquence.  L'alcool,  en  général,  excite 
les  centres  nerveux  et  par  là  le  nauscle.  Or,  si  l'on  compare  les  équations  d'ergo- 
grammes  tracés  avant  et  après  ingestion  d'alcool,  on  constate  que  dans  ceux-ci  la 
constante  b  augmente,  en  général  (^),  a  diminuant  toujours.  Exemples  : 


Ei'gogranimes  normaux. 


Sujets. 

R.... 

R. ... 
J.  J.. 
J.  J.. 


H. 


a.  b.  c. 

0,006667  o  0,433 

0,02643  0,3364  2,021 

28,5     0,006994  0,1699  2,7 

33,5     0,0107  0,0294  o,385 


29 
3i 


0, 1 
0,2 
o,  I 
0,5 


Ergogrammes  après  alcool  (-). 


Sujets. 

R 

R.  .  . . 
J.  J.. 
J.  J.. 


H 

32 

33 


o,oo49 
0,00206 
27         0,00288 
36,5     0,0042 


b.  c.              e. 

0,1195  i,2o5  0,4 

0,076  1,354  0,2 

0,1786  3,384  0,3 

0,1791  3,226  0,5 


»  Dans  des  cas  de  fatigue  faible,  la  constante  a  peut  être  positive,  quoique  très 
petite  :  elle  marque  sans  doute  l'excitation  par  une  classe  particulière  de  toxines  dans 
le  cas  suivant  d'une  courbe  de  fatigue  de  muscles  de  grenouille  excités  électriquement 
avec  quelques  repos,  dont  l'équation  est  (£=ro,4)  : 

7j  =  20  4-  o , 000  00 1  335  ^'  --f-  o ,  000  299 7  ^^  —  o ,  208  45 1. 
»   En  résumé,  l'équation  générale  des  courbes  de  fatigue  est  de  la  forme 

'/]  =  H  ±  cU"^  4-  ht-  —  ci  ; 

dans  des  cas  très  rares  elle  atteint  le  quatrième  degré. 

»   On  peut  facilement  déduire  de  l'équation  (>)  ^^  relation  de  l'etlort 

Oi-i-  rj.,  +. .  .-Wii  (^qj^^Qiiç^i  de  f aligne  de  Jote}ko)  avec  le  tem])s. 


moyen 


t-vi 


»   En  intégrant,  on  trouve,  pour  ce  quotient  Q  : 

Q  =  ^  r  r,f/^  =  II  -  ^  al'  -+-  ^  ^^'  —  ^  ^-^  ' 


(*)  La  constante  b  étant  la  somme  de  deux  termes,  le  terme  marquant  l'excitation 
centrale  peut  augmenter  toujours,  b  diminuant  parfois. 

(2)  Les  tracés  ont  été  pris  respectivement  i''20™,  l'S  i'>20'"  et  3o'"  après  l'ingestion. 


444  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»   L'aire  de  l'er^ogramme  n'est  malheureusement  encore  qu'une  mesure 
très  imparfaite  de  la  puissance  dépensée.  » 


La  séance  est  levée  à  3  heures  trois  quarts. 


M.   B. 


ERRATA. 


(Séance  du   2-7  juillet  iQoS.) 

Note  de  M.  Andrade,  Sur  !es  conditions  de  la  synchronisation  : 
Page  244)  lignes  7  et  8,  supprimer  le  facteur  2  dans  les  définitions  de  X  et  [x. 

,  lise:    1 

Page  245,  dans  rinégalilé  (6)  au  lieu  de  Q(po),  lisez  |l>(po^|. 
Page  246,  ligne  4)  <3!<^  ^'^"  de  impression,  lisez  impulsion. 
Même  page,  ligne  5,  au  lieu  de  0  =  z,  lisez  o  =  r. 


Note  de  M.  Moureu,  Sur  la  condensation  des  éthers  acétyléniques  avec 
les  alcools  : 

Page  269,  ligne  9  en  remontant,  au  lieu  de  sons  l'inlluence  des  alcalis  à  l'ébuUition, 
lisez  sous  l'influence  des  alcalis  en  solution  alcoolique  à  l'ébuUition. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES 

SÉANCE   DU   LUNDI   51    AOUT  1903, 

PRÉSIDÉE  PAR  U.  BOUQUET  DE  LA  GRYE. 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  quatre  nouveaux  Volumes  de  1'  «  International  Cata- 
logue of  scientific  literature,  first  annual  issue  :  K.  Paleontology  ;  O. 
Human  Analomy;  P.  Physicai  Anlhropology;  Physiology,  including  expéri- 
mental Psychology,  Pharmacology  and  expérimental  Palhology,  part  II  ». 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  rappelle,  à  cette  occasion,  qu'il  a  déjà  entre- 
tenu plusieurs  fois  l'Académie  de  l'œuvre  du  Catalogue  uilernalional  de 
littérature  scientifique,  entreprise  par  la  Société  Royale  de  Londres,  avec  la 
coopération  des  principaux  Étals.  I!  indique  que  la  réunion  du  Comité 
international  chargé  du  contrôle  de  ce  travail  aura  lieu  l'anute  prochaine, 
à  Londres,  au  moment  de  la  Pentecôte,  en  même  temps  que  l'assemblée 
i^énérale  de  l'Association  internationale  des  Académies. 

M.  G.  Baccelli,  nommé  Correspondant  pour  la  Section  de  Médecine  et 
Chirurgie,  adresse  ses  remerciments  à  l'Académie. 

ANATOMIE  ANIMALE.  —  Liquide  fixateur  isoionique  avec  l'eau  de  mu ,  pour 
les  objets  dont  on  ne  veut  pas  éliminer  les  formations  calcaires.  Note  de 
M.  M.-C.  Dekhuvzex,  présentée  par  iM.  Y.  Delage. 

«  Pour  fixer  les  larves  des  Oursins,  qui  contiennent  des  formations  cal- 
caires extrêmement  délicates,  d  convient  d'employer  un  liquide  isotonique 
avec  l'eau  de  mer,  et  qui  ne  contienne  pas  d'acide  libre.  Si  l'on  voulait  main- 
tenir cette  condition  avec  une  rigueur  absolue,  je  doute  qu'on  parvienne 
iamais  à  la  réaliser.  Les  réactifs  fixateurs  utilisables  contiennent  toujours 

r 

G.  H.,  igoS,  2«  Semestre.  (T.  CX.XXV1I,  N"  9.)  ^9 


446  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

une  petite  quantité  d'ions  H  soit  par  impureté  (la  formaldéhyde  conte- 
nant de  l'acide  formique,  parce  que  COH-  s'oxyde  un  peu  en  formant 
CO-H-),  soit  par  hydrolyse  (le  sublimé,  le  bichromate  de  potassium),  soit 
par  ionisation  (le  chlorure  de  platine,  qui  n'est  autre  chose  que  du 
PtCl^H-).  Si  l'on  se  tient  dans  les  limites  pratiques,  on  pourra  se  servir 
d'un  liquide  que  j'ai  composé  par  voie  théorique  et  dont  les  résultats  dans 
la  fixation  ont  été  satisfaisants.  Dans  une  Communication  précédente,  j'ai 
décrit  un  liquide  isotonique  avec  l'eau  de  mer,  qui  contenait  du  bichromate 
de  polassium,  du  tétroxyde  d'osmium  et  dé  l'acide  nitrique  :  nous  l'appel- 
lerons liquide  A,  et  celui  que  nous  décrirons  maintenant  liquide  B. 

»  Pour  composer  un  liquide  analogue  au  liquide  A,  mais  sans  acide  nitrique,  nous 
pourrons  calculer  comme  suit.  Nous  avions  pris  de  Teau  de  mer,  qui  avait  son  point 
de  congélation  à  2°,oo5.  (Ici  et  dans  tout  ce  qui  suit,  les  températures  sont  comptées 
au-dessous  de  zéro.)  C'est  moins  que  d'ordinaire;  les  grandes  pluies  l'avaient  un 
peu  diluée.  Avant  d'y  dissoudre  le  bichromate  de  potassium,  l'eau  de  mer  fut  refroi- 
die à  o",  pour  rendre  l'hydrolyse  minime.  Dans  un  volume  de  Soo'^"^'  d'eau  de  mer 
à  i5°,  puis  refroidie,  on  dissout  12s,  5  de  K-Cr-C  recristallisé  et  fondu.  Le  point  de 
congélation  était  2°,  355.  Une  autre  portion  de  la  même  eau  de  mer,  dans  laquelle  on 
avait  dissous  la  même  quantité  de  K-Cr-0^  sans  refroidir  d'avance,  avait  donné  un 
A  ^2^,390.  L'influence  de  l'hydrolyse  est  donc  bien  sensible.  J'avais  remarqué  le 
même  fait  à  l'occasion  de  déterminations  de  A  de  solutions  de  bicarbonate  de  soude. 
Il  est  vrai  que  l'hydrolyse  se  produira  à  la  longue  dans  la  solution  préparée  à  l'eau 
refroidie,  mais  nous  sommes  du  moins  avertis  qu'il  doit  se  former  une  toute  petite 
quantité  d'ions  H.  C'est  peu  de  chose,  on  ne  pourra  pourtant  pas  en  éviter  la  forma- 
tion, parce  qu'il  n'est  pratiquement  pas  possible  d'exclure  l'acide  carbonique  de  nos 
réactifs  fixateurs,  ni  des  autres  réactifs  de  technique  microscopique,  mais  on  est,  du 
moins,  averti. 

)■>  Il  faut  maintenant  y  ajouter  de  la  solution  de  tétroxyde  d'osmium  (l'acide  os- 
miqué)  à  2  pour  100  dans  de  l'eau  distillée.  Pour  calculer  combien  il  en  faut  mettre 
nous  appellerons  x  le  volume  de  la  solution  de  K^Cr'^O^  à  2  |  pour  100  à  A  =1  2°, 355 
et  y  le  volume  de  l'OsO*  à  2  pour  100  à  A=zo°,  162.  Nous  voulons  obtenir  un  mélange 
à  Az=2°,o6o,  point  de  congélation  moyen  de  l'eau  de  mer  et  des  hémolymphes,  etc., 
de-  :iniin,Hi\  mruins  à  RoscolL  Nous  avons  maintenant  la  relation  exacte  à  très  peu  près  : 

2,355^  -t-  o,  162/  =  2  ,060  {x  -\-  y), 
donc 

^  =  6,434/, 

c'est-à-dire  que  toujours,  en  employant  ces  deux  liquides  originaux  et  en  exigeant  que 
le  point  de  congélation   soit   2'% 060,    nous   devrons   diluer   la   solution    de   K'^Cr'O" 
(\  f  '^  ' 
\-yf  X  2  i  pour  100,  c'est-à-dire  à  2,16  pour  loo,  et  la  solution  d'Os  O^  a 

I 

X  2  pour  100=0,27  pour  joo. 


7,434 


SÉANCE    DU    3l    AOUT    igoS.  44 7 

,)   Ces  deux  concenlralions  ne  s'éloignent  que  fort  peu  de  celles  usitées  dans  notre 

liquide  A  avec  de  bons  résultats. 

»  Pour  composer  pratiquement  le  liquide  B  on  met  ,r  +y  —  200^"''  et  Ton  calcule 

la    quantité    des   deux  solutions   originales  qu'il   faut   mélanger.    On   trouve   36^™', g 

d'OsO*  à  2  pour  100  et  ij^"^',!  de  K-Gr-0^  à  2,5  pour  100  dans  notre  eau  de  mer. 
,)  Le  résultat  de  l'expérience  a  bien  confirmé  le  calcul.  On  avait  pris  par  mégarde 

172'^"'',  T  de  la  dernière,  et  aô^^^^Ng  de  la  première  solution.  On  avait  donc 

2,355  X  172, 1  4-0,162  X  26,9==  199  X  A, 

ce  qui  donne  A  —  2^o585.  La  détermination  expérimentale  a  donné  une  fois  2^o5o  et 
une  fois  •i'',ol\5. 

»  J'ai  confié  à  M.  Y.  Delage  ces  deux  liquides  pour  des  fixations  très 
délicates  de  larves  d'Astéries.  Il  m'autorise  à  dire  que  le  résultat  a  été 
absolument  parfait  et  supérieur  à  celui  que  lui  avaient  donné  tous  les  autres 
réactifs.  » 

M.  L.  Belzecki  adresse  une  Note  «  Sur  la  courbe  d'équilibre  d'un  fil 
flexible  et  inextensible,  dont  les  éléments  sont  sollicités  par  les  pressions 
d'un  remblai  ». 

La  séance  est  levée  à  3  heures  et  demie. 

G.   L). 


BULLETIN    BIBLIOGUAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du   10  août   1900. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  L'Académie  des  Sccences,  pa.  MM. 
les  Secrétaires  perpétuels  ;  t.  CXXXV,  juillet-décembre  .902.  Pans,  Gauth^er-Villars; 

I  vol.  in-4'^. 

Incendies  en  foret.  Évaluation  des  dommages:  contentieux;  mesures  préserva- 
trices; constatations;  principes  des  expertises,  etc.,  par  A.  Jacquot,  ^^^^^^^ 
Eaux  ^t  Forêts.  Paris-Nancy,  Berger-Levrault  et  ce,    igoS;  x  vol.  m-b».   (Hommage 

'^l^^onU^ie  sur  le  littoral  breton,  par  M.  A.-Y.  Le  Buas,  retraité  ^e  U  -anne- 
iBulLde  la  Marine  marchande,  t.  IV,  livraison  II,  novembre  .902.)  i  fasc.  .n-b  . 
(Hommage  de  l'auteur.) 


448  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Ministère  de  la  Marine  :  Annuaire  de  la  Marine  pour  1908.  Paris,  Imprimerie 
nationale;  i  vol.  in-8°. 

Mémoires  publiés  par  la  Société  nationale  cl' Agriculture  de  France;  t.  CXI, 
Paris.  Philippe  Renouard,  1908;   i   vol.  in-S". 

Mémoires  de  V Académie  de  Stanislas,  1902-1903;  CLIIP  année,  S''  série,  t.  XX. 
Nancy,  Berger-Levrauit  et  C'^,  iQoS;  j  vol.  in-8°. 

Journal  de  Chimie  physique  :  Électrochimie,  Thermochimie,  Radiochimie, 
Mécanique  chimique,  Stœchiométrie,  pub.  par  P. -A.  Guye;  t.  I.  n"  1,  juillet  190J. 
Paris,  Gauthier- Villars;  Genève,  H.  Kûndig;  j  fasc.  in-8°. 


On  the  effect  of  absorption  on  ihe  resolçing  power  of  prism  trains,  and  on 
methods  of  mechanically  compensating  this  effect,  by  F.-L.-O.  Wadswobth.  (Extr. 
de  The  philosophical  Magazine,  mars  1908.)  Londres;   i  fasc.  in-S". 

Einige  Bemerkungen  liber  die,  in  den  neueren  Werken  der  kosmischen  Physik, 
gegebenen  Auseinandersetzungen  in  Bezug  auf  die  Kometenschsveife,  von  R.  Jae- 
GERMANN.  {Bul.  de  l'Acad.  imp.  des  Sciences  de  Saint-Pétersbourg,  t.  XVIII,  n°  4, 
avril  jgoS.)  i  fasc.  in-8°. 

The  geological  structure  of  Monzoni  and  Passa,  by  Maria  M.  Ogilvie  Gordon. 
{Transactions  of  the  Edinburgh  geological  Society  ;  vol.  VIIÏ,  spécial  part.)  Edim- 
bourg; I  vol.  in-8°. 

Prodromus  Florœ  batavœ;  vol.  I  ;  Phanerogamœ  et  Cryptogamœ  vasculares ; 
ipars  II  :  Dicotyledonœ-Calrciflorœ;  ed'iiio  ahera.  Nimègue,  F.-E.  Macdonald,  1902; 
I  vol.   in-8°. 

Census  of  India  1901  ;  Vol.  XIX:  Central  India,  by  captain  C.-E.  Luard  ; 
parts  1-3.  Lucknow,  1902;  3  vol.  in-f"\ 


ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

SÉANCE   DU    LUNDI   7   SEPTEMBRE  1905, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GAUDRY. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

PHYSIOLOGIE  ANIMALE.  —  ÉLemge  des  larves  parthé no  génétiques  d'Astéries 
dues  à  l'action  de  Vaoide  carbonique.  Note  de  M.  Yves  Delage. 

«  Il  y  a  quelques  mois,  j'ai  eu  l'honneur  de  faire  connaître  à  l'Académie 
(séance  du  20  octobre  1902)  le  résultat  de  mes  expériences  sur  l'acide 
carbonique  comme  agent  de  choix  de  la  parthénogenèse  expérimentale 
chez  les  Astéries.  J'avais  obtenu,  dès  cette  époque,  des  larves  parfaitement 
constituées,  qui  ont  vécu  6  semaines,  mais  qui  étaient  si  peu  avancées 
qu'elles  rappelaient  plutôt  les  larves  Auricularia  des  Holothuries  que  les 
Bipinnaria,  beaucoup  plus  compliquées,  des  Astéries.  C'étaient,  en  réalité, 
des  Bipinnaria  arrêtées  au  stade  de  leur  développement  où  elles  n'ont  pas 
encore  de  bras. 

»  Je  me  suis  efforcé,  cette  année,  de  conduire  le  plus  loin  possible  dans 
leur  développement  ces  larves  parlliénogénéLiques  expérimentales,  afin  de 
déterminer  si  vraiment  elles  ont  en  elles  ce  qui  est  nécessaire  pour  pa- 
rachever un  développement  normal,  comme  celles  qui  proviennent  d'œufs 
fécondés. 

»  Mes  larves  de  l'année  dernière  étaient  restées  stationnaires  et  avaient 
fini  par  mourir  faute  d'aliments.  Mac  Bride  a  montré  que  le  même  phéno- 
mène se  produit  chez  les  larves  Pluteus  des  Oursins,  provenant  d'œufs 
fécondés,  et  n'a  pu  les  élever  qu'en  renouvelant  chaque  jour  une  fraction 
importante  de  l'eau  de  mer  oii  elles  vivent  et  la  remplaçant  par  de  l'eau 
prise  loin  au  large  et  chargée  de  cette  poussière  alimentaire  qui  abonde 
dans  le  plankton. 

»  J'ai  employé  le  même  procédé  et  j'ai  essayé  en  outre  l'alimentation 
artificielle  par  du  vitellus  de  jaune  d'œuf  et  par  une  culture  de  Chlorelles. 

C.  R.,  1903,  ■!'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  10.)  °^ 


45o  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  Le  simple  renouvellement  de  l'eau  de  mer  ne  donne  pas  ici,  tant  s'en 
faut,  des  résultats  aussi  favorables  que  pour  les  Pluteus,  Les  larves  ainsi 
traitées  sont  restées  naines,  avec  des  bras  rudimentaires,  et  n'ont  pas  montré 
les  premiers  rudiments  des  organes  de  l'adulte.  L'alimentation  au  moyen 
du  vitellus  ou  des  Chlorelles  a  donné,  surtout  la  dernière,  des  résultats 
bien  meilleurs. 

»  L'agitation  de  l'eau  où  vivent  les  larves,  au  moyen  d'une  lame 
immergée  mise  en  mouvement  par  un  petit  moteur,  dont  Fabre-Domergue 
d'abord,  puis  Browiie,  ont  fait  connaître  les  avantages,  s'est  montrée,  ici 
aussi,  très  utile,  sinon  au  début,  au  moins  pour  les  stades  avancés  du 
développement. 

»  L'ombre  est  aussi  très  nécessaire,  ainsi  que  l'a  montré  Mac  Bride. 
Enfin,  je  crois  pouvoir  dire  que  l'aération  de  l'eau  par  injection  de  bulles 
d'air  donne  de  bons  résultats,  mais  mes  essais  dans  cette  voie  sont  trop 
récents  pour  que  je  puisse  me  prononcer. 

»  Malgré  tous  les  soins  apportés  à  cet  élevage,  le  développement  se 
poursuit  avec  une  grande  lenteur,  à  tel  point  que  mes  larves,  âgées  aujour- 
d'hui de  3  mois,  ne  sont  pas  encore  métamorphosées.  Comme  on  n'a  point 
encore  fait  l'élevage  méthodique  des  larves  d'Astéries  provenant  d'œufs 
fécondés,  il  est  impossible  de  dire  si  ces  dernières  se  développeraient  plus 
vite  que  mes  larves  parthénogénétiques. 

»  Je  crois  que  si  le  développement  naturel  est  plus  rapide  que  celui  de 
mes  larves,  cela  doit  tenir  plutôt  aux  conditions  défectueuses  de  l'élevage 
en  vase  clos  qu'au  remplacement  du  spermatozoïde  par  l'acide  carbonique. 

»  Voici  maintenant  la  description  rapide  de  l'évolution  de  celles  de  mes 
larves  qui  sont  actuellement  les  plus  avancées  : 

»  Le  traitement  des  œufs  par  l'acide  carbonique  a  eu  lieu  les  7  et  1 1  juin.  Le  len- 
demain, les  larves  nagent  sous  la  forme  de  blastules  ciliées.  Le  surlendemain,  elles 
sont  à  l'état  de  gaslrules.  Le  troisième  jour,  les  vésicules  eutérocœles  commencent  à  se 
former;  le  cinquième  jour,  la  larve  est  complète  avec  bouche,  estomac,  intestin,  anus 
et  deux  vésicules  entérocœles  entièrement  isolées,  la  gauche  ouverte  au  dehors  par 
riiydropore. 

»   A  partir  de  ce  moment,  l'évolution  continue  plus  len^tement. 

»  A  la  fin  du  premier  mois,  les  bras  de  la  Bipinnaria  commencent  à  poindre,  les 
deux  vésicules  s'avancent  en  bas  vers  l'estomac  qu'elles  tendent  à  englober  et  en  haut 
dans  le  lobe  frontal. 

»  A  la  fin  du  deuxième  mois,  les  larves  ont  beaucoup  grandi;  tous  les  bras  de  la 
Bipinnaria  ont  poussé  et  sont  très  longs;  les  vésicules  entérocœles  se  sont  rejointes  et 
fusionnées  dans  le  lobe  frontal;  en  bas,  elles  se  sont  divisées,  fournissant  chacune  une 


SÉANCE  DU  7  SEPTEMBRE  igoS.  45 1 

vésicule  splanchnocœle  qui  entoure  l'estomac,  tandis  qu'elles-mêmes  s'arrêtent  un  peu 
au-dessous  de  l'orifice  œsophago-stomacal. 

»  Vers  le  milieu  du  troisièine  mois,  les  trois  bras  à  papilles  adhésives  et  la  ventouse 
ciliée  de  la  Brachiolaria  se  montrent,  ainsi  que  les  cinq  lobes  de  l'appareil  aquifère, 
formés  aux  dépens  de  la  partie  inférieure  de  l'hydrocœle  gauche,  et  cinq  spicules,  à 
l'opposé  de  l'appareil  aquifère,  sur  la  face  droite  de  l'estomac. 

»  C'est  à  ce  stade  que  correspondent  les  photographies  que  je  mets  sous  vos  yeux 
et  qui  sont  dues  à  l'obligeance  et  à  l'habileté  de  M.  Bull. 

»  Enfin,  aujourd'hui,  les  larves  âgées  de  3  mois  révolus  approchent  du  moment  de 
la  métamorpliose. 

»  Les  appendices  adhésifs  delà  Brachiolaria  sont  très  développés,  très  puissants.  La 
larve,  devenue  moins  agile,  se  laisse  passivement  entraîner  par  le  courant  d'eau  et 
souvent  tombe  au  fond  où  elle  se  fixe  pour  un  certain  temps.  L'appareil  aquifère,  bien 
développé,  montre  les  cinq  tentacules  terminaux  de  l'Astérie,  sous  la  forme  d'autant  de 
protubérances  digitiformes,  environ  deux  fois  plus  longues  que  larges.  Le  disque 
dorsal  de  l'Astérie  est  bien  dessiné  et  dégagé  du  corps  de  la  Brachiolaria,  qu'il  sur- 
plombe comme  un  bouclier;  son  contour  est  divisé  par  cinq  profondes  échancrures  en 
autant  de  lobes  correspondant  aux  cincj  bras  de  l'Astérie.  Enfin,  les  spicules  se  sont 
développés  en  larges  plaques  ajourées  dont  cinq,  logées  dans  les  cinq  lobes  du  disque, 
sont  les  terminales  de  la  future  Astérie,  tandis  que,  plus  en  dedans,  alternant  avec  les 
précédentes,  on  entrevoit  les  cinq  premières  interradiales. 

»  Ainsi,  l'Astérie  est  dessinée  avec  tous  ses  organes  essentiels,  et  il  n'y 
n  pas  de  doute  que  ces  larves  n'aient  en  elles  tout  ce  qu'il  faut  pour  former 
des  Astéries  normales.  Y  arriveront-elles  ?  I^a  seule  chose  qui  m'inquiète 
est  que  leur  nombre,  très  grand  au  début  de  l'expérience,  est  aujourd'hui 
bien  réduit  par  les  accidents,  les  pertes  et  les  tâtonnements  de  l'élevage; 
que  ces  accidents,  ces  pertes  vont  continuer  et  que  les  tâtonnements  de 
l'élevage  vont  recommencer  au  moment  du  changement  de  régime  après 
la  métamorphose. 

»  L'expérience  continue.  J'aurai  l'honneur  d'en  soumettre  les  résultats 
à  l'Académie.  » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  SiŒ  la  prodaclion  de  glyco<^ène  chez  les  Cham- 
pignons cultivés  dans  des  solutions  sucrées  peu  concentrées.  Note  de 
M.  Emile  Laurent. 

«  La  production  de  réserves  hydrocarbonées  est  liée,  chez  les  Champi- 
gnons (glycogène)  comme  chez  les  plantes  vasculaires  (amidon),  à  une  ali- 
mentation abondante  en  substances  sucrées  ou  analogues.  Il  me  parait 
inléressant  de  signaler  une  exception  à  cette  règle;  je  l'ai  constatée  à  plu- 


4^2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

sieurs  reprises  chez  des  moisissures  qui  s'étaient  développées  l'été  dernier 
dans  des  solutions  organiques  très  diluées,  additionnées  d'oxalate  acide  de 
potassium  à  i  pour  looo  et  d'acide  chlorliydrique  à  i  pour  2000. 

»  Un  certain  nombre  d'essais  faits  avec  ce  dernier  corps  ont  montré  que 
le  fait  est  exact,  tout  au  moins  chez  les  quatre  espèces  :  Mucor  racemosus, 
Sclerolinia  Liherliana,  Botrytis  cinerea  et  Saccharomyces  cerevisiœ, 

»  Elles  ont  d'abord  été  cultivées  à  i8"-20"  dans  la  solution  nutritive  suivante  : 
eau,  1000''°'';  phosphate  d'ammoniaque,  i^^;  phosphate  de  potassium,  iS;  sulfate  de 
magnésium,  08, 5;  sucre  candi  (très  pur),  25?. 

))  Le  développement  est  relativement  lent;  si  l'on  prend,  avec  un  fil  de  platine, 
quelques  filaments  mycéliens  et  qu'on  les  plonge  dans  une  goutte  de  solution  iodée,  on 
les  voit  se  colorer  assez  fortement  en  rouge;  au  microscope,  ces  filaments  apparaissent 
pourvus  d'importants  dépôts  de  gljcogène. 

»  On  observe  la  même  chose  avec  une  goutte  du  liquide  de  culture  de  la  levure  de 
bière.  Mais  la  production  de  glycogène  est  encore  bien  plus  abondante  quand,  à  la 
solution  précitée,  on  ajoute  i  pour  1000,  voire  même  i  pour  2000  d'acide  chlorhy- 
drique.  La  croissance  des  champignons  ne  semble  pas  en  être  contrariée;  les  filaments 
mj'céliens  et  le  dépôt  de  levure  sont  alors  extraordinairement  riches  en  gljcogène. 
L'iode  leur  communique  une  coloration  très  foncée,  et  l'on  voit  au  microscope  les 
cellules  vraiment  bourrées  de  réserves  glycogéniques. 

»  Le  procédé  est  excellent  pour  obtenir  une  forte  production  de  glyco- 
gène par  les  moisissures.  Avec  la  levure  de  bière,  il  donne  d'aussi  bons 
résultats  que  la  culture  dans  des  solutions  à  io-i5  pour  100  de  saccha- 
rose, que  j'ai  indiquées  autrefois  (^),  avec  cette  différence  que  la  produc- 
tion cellulaire  est  moins  importante. 

»  Comment  convient-il  d'interpréter  ce  résultat  qui,  de  premier  abord, 
semble  paradoxal? 

»  La  solution  minérale  employée  (phosphate  d'ammoniaque  et  de 
potassium,  sulfate  de  magnésium  additionné  de  sucre)  convient  au  déve- 
loppement de  beaucoup  de  moisissures.  Cependant,  elles  n'y  végètent  pas 
avec  la  luxuriance  qui  caractérise  Y Aspergillus  niger  ensemencé  dans  le 
liquide  Raulin.  Le  mélange  n'est  pas  parfait,  c'est-à-dire  ne  renferme  pas 
tous  les  corps  simples  nécessaires.  Je  soupçonne  aussi  que  l'assimilation 
des  matières  albuminoïdes  aux  dépens  du  sucre  et  de  l'ammoniaque  est 
moins  rapide  que  la  pénétration  de  l'aliment  hydrocarboné.  Dès  lors,  la 
croissance  est  retardée,  et  une  quantité  de  substance  sucrée  devient  dispo- 
nible et  constitue  une  réserve  tle  glycogène. 

(')  yinnales  de  l'Institut  Pasteur,  t.  III,  1889,  p.  120. 


SÉANCE    DU    7    SEPTEMBRE    IQoS.  453 

»  Je  me  suis  assuré  que  cette  interprétation  est  fondée,  en  cultivant  les 
espèces  étudiées  dans  la  solution  minérale  sucrée  additionnée  d'extrait  de 
touraillons  (maltopeplone)  à  2,5  pour  looo.  Toutes  se  sont  développées 
beaucoup  plus  rapidement  que  dans  la  solution  minérale  simplement 
sucrée.  Par  contre,  la  production  de  glycogène  était  de  beaucoup  dimi- 
nuée; môme  les  fdaments  de  Mucor  racemosus  se  coloraient  en  jaune  par 
l'iode.  La  différence  était  frappante.    » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  Eugène  Ferron  adresse,  par  l'entremise  de  M.  le  Ministre  de  l'Ins- 
truction publique,  un  Mémoire  intitulé  :  «  Détermination  analytique  des 
divers  éléments  géométriques  de  l'anse  de  panier  rigoureuse  à  /ï  centres, 
étant  données  l'ouverture  et  la  flèche  de  la  courbe  ». 

(Commissaires  :  MM.  Maurice  Levy,  Boussinesq,  Léauté.) 


CORRESPONDANCE. 

ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  planète  MA  (24  août  1903)  faites  à 
l'Observatoire  de  Besançon,  avec  l'éqiiatorial  coudé.  Note  de  M.  P.  Cno- 
FARDET,  présentée  par  M.  Lœwy. 

Nombre 

Dates.  Temps  moyen  ^^ 

1903.  Étoiles.      de  Besançon.  Am.  ADP.  comparaisons. 

h        m        s  m        s  ,'      ^" 

Août  28 a  II.    8.36  +0.52,28  +^.0,1  12.9 

3,  h  i3.4o.37  +1.27,88  +5.54,6  12:6 

Sept.     I c  i3.4i.   9  -'•   ^''^  -  "-'^'^  '"'^ 

2 c  14.59.24  -i.5o,35  +  2.   5,5  12:9 

Positions  moyennes  des  étoiles  de  comparaison  pour   1903,0. 

Ascension  Réduction  Dislance  Hcduction 

droite  au  polaire  au 

Étoiles.     Gr.  Calalogues.  moyenne.  jour.  moyenne.  jour. 

a...     9       Munich.  31572  ^lf^Z^l^l  +3U7  97°56'.45",o  -24,3 

b        '  f)        \  (Paris  32606  ^ 

"  +Munich,  31496)  22.39.31,71  +3,49  98.  7-33,9  -^'y^ 

c...     9       Munich,  3i549  ^2.4i.-^o,3>  +3,5o  98- ■9-43,2  -24,5 


454  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

Positions  apparentes  de  la  planète. 

Ascension  Distance 

Dates.  droite  Log.  fact.  polaire  Log.  fact. 

1903.  apparente.  parallaxe.  apparente.  parallaxe. 

Il        m        s  "         /         ir 

Août   28 22. /JS.  18,22  î-ogi,,  98.   0.2.5,9  0,867,1 

3i 22. /41.   3,08  ï.2i5,j  98.18.  6,j  0,857,, 

Sept.      1 22.40.19,70  1.287,1  98.17.   8,8  o,856,j 

2 22.89.33,46  ï.465,j  98.21.2/4,2  0,846,1 

«  Remarques.  —  Le  3i  août,  une  étoile  de  12^  grandeur,  très  voisine  et  sur  le 
même  parallèle  que  la  planète,  contrarie  un  peu  les  pointés. 

»  I.e  2  septembre,  le  ciel  étant  nébuleux,  l'éclat  de  la  planète  est  d'une  faiblesse 
extrême.  » 


PATHOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  une  maladie  bactérienne  du  tabac,  le 
((  chancre  d  ou  «  anthracnose  ».  Note  de  M.  G.  Delacroix,  présentée  par 
M.  Prillieux. 

«  Les  cultivateurs  de  tabac  et  les  fonctionnaires  préposés  à  l'inspection 
de  cette  culture  connaissent  bien  une  maladie  désignée,  suivant  les  loca- 
lités, sous  les  noms  cV anthracnose,  noir,  charbon,  pouriiture .  Des  observa- 
teurs très  dignes  de  foi  l'observent  depuis  3o  ans  au  moins,  sans  qu'elle 
ait  fait,  à  ma  connaissance  du  moins,  l'objet  d'aucune  recherche  scientifique. 
Elle  a  été  généralement  confondue  avec  cette  affection  mal  définie,  due 
sans  doute  à  diverses  causes,  la  rouille.  Cependant,  quand  on  suit  le  déve- 
loppement de  la  maladie  que  j'ai  en  vue,  on  observe  des  symptômes  bien 
précis  permettant  de  la  caractériser. 

»  Les  premières  apparences  du  mal  se  montrent  généralement  vers  la  fin  de  juillet, 
peut-être  un  peu  plus  tôt  dans  les  régions  plus  méridionales  de  la  France  (Lot,  par 
exemple),  alors  que  les  pieds  de  tabac  repiqués  ont  atteint  de  o"\  2  à  o'",3.  Sur  la  tige 
et  sur  la  nervure  principale  des  feuilles  moyennes  prennent  alors  naissance  des  taches 
oblongues,  où  le  tissu  se  déprime  Irrégulièrement,  où  la  surface  est  comme  un  peu 
bosselée.  La  coloration  de  ces  taches,  à  peine  modifiée  au  début,  vire  bientôt  vers  le 
jaune,  puis  vers  le  brun  fauve,  pour  prendre  ensuite  une  teinte  souvent  un  peu  noi- 
râtre et  livide.  La  tache  s'étend  en  surface,  se  creuse  dans  sa  partie  centrale,  et,  de 
même  aussi,  l'extension  en  longueur  est  parfois  considérable.  Des  taches  très  étroites, 
ayant  à  peine  o''™,5  de  largeur,  peuvent  occuper  sur  la  tige,  dans  la  direction  de  l'axe, 
une  dimension  de  o*",!  et  plus.  Lorsque  de  telles  taches  arrivent  à  rencontrer  l'inser- 
tion d'une  fe\jille,  elles  blfnrauent  le  plus  souvent  et  gagnent  la  nervure  principale. 


SÉANCE  DU  7  SEPTEMBRE  igoS.  4^5 

Mais,  comme  je  viens  de  le  dire,  les  nervures  peuvent  être  envahies  isolément  et  pri- 
mitivement. 

»  Les  taches  âgées,  sur  liges  et  nervures,  se  décolorent  un  peu  avec  l'âge  au  moins 
dans  leurs  parties  centrales  qui  se  dessèchent  et  blanchissent.  Dans  les  parties  super- 
ficielles de  la  tache,  les  cellules  mortes  ont  perdu  leur  contenu  brun  qui  est  remplacé 
progressivement  par  de  l'air.  A  ce  moment,  le  centre  déprimé  se  déchire  irrégulière- 
ment même  dans  la  profondeur  des  tissus,  ce  qui  a  fait  supposer  à  tort  l'action  d'un 
insecte. 

))  Le  bord  delà  tache  est  maintenant  occupé  par  une  marge  brune  proéminente,  où 
l'examen  au  microscope  ne  permet  pas  de  trouver  la  trace  d'une  production  subéreuse. 
Dès  lors,  la  lésion,  qui  ne  montre  aucune  tendance  à  la  cicatrisation,  est  devenue  un 
véritable  chancre. 

»  Au  début,  le  parenchyme  cortical  est  seul  intéressé;  le  tissu  s'y  voit  coloré  en 
brun  intense  sur  une  coupe  à  l'œil  nu  ;  au  microscope  les  tissus  montrent  cette  teinte 
brune  plus  ou  moins  marquée,  aussi  bien  sur  la  membrane  que  le  contenu  cellulaire, 
où  le  protoplasma,  les  leucites  chlorophylliens,  le  noyau  forment  une  masse  coagulée 
brunâtre,  autour  de  laquelle  fourmillent  de  nombreuses  bactéries  visiblement  mobiles. 
Un  peu  plus  lard,  la  lésion  gagnant  en  profondeur,  le  cylindre  central  et  la  moelle 
dans  la  tige,  les  faisceaux  et  le  parenchyme  dans  la  nervure  sont  attaqués  à  leur  tour 
et  présenlent  les  mômes  lésions.  Le  noyau  volumineux  des  grandes  cellules  du  paren- 
chyme, de  la  moelle  et  de  la  nervure,  conserve  ici  assez  longtemps  son  apparence,  et 
les  cavités  cellulaires,  riches  en  suc,  montrent  encore  plus  de  bactéries  que  le  paren- 
chyme cortical. 

»  La  lige  et  les  nervures  qui  portent  de  ces  chancres  profonds  conservent  une  rigi- 
dité faible;  l'action  du  vent  suffit  pour  les  briser. 

»  Les  nervures  secondaires  sont  souvent  envahies,  comme  la  nervure  primaire; 
l'élendue  de  la  tache  est  simplement  proportionnée  à  la  dimension  de  la  nervure.  Le 
limbe  de  la  feuille  présente  également  des  lésions,  qui  peuvent  être  de  deux  sortes. 

),  L'infection  peut  se  propager  au  limbe  et,  dans  ce  cas,  c'est  dans  le  voisinage 
immédiat  de  la  nervure  atteinte  que  le  mal  débute.  Le  limbe  attaqué  se  colore,  sur 
une  ligne  étroite  et  à  bord  irrégulier,  en  jaune  bien  net,  puis  en  brun  et  cette  colora- 
tion gagne  souvent,  en  se  répartissant  très  irrégulièrement  en  taches  de  formes  et  de 
dimensions  variées,  toute  la  partie  verte  comprise  entre  les  deux  nervures  secondaires, 
à  moins  qu'une  période  franchement  sèche  et  chaude  ne  vienne  arrêter  le  développe- 
ment du  mal.  Le  limbe  envahi  montre  les  altérations  des  nervures  avec  des  bactéries 
dans  les  cellules.  D'un  autre  côté,  lorsque  la  portion  atteinte  de  la  nervure  principale 
se  trouve  comprise  entre  deux  nervures  secondaires  successives  également  envahies, 
et  si  le  limbe  circonscrit  est  resté  intact,  la  croissance  qui  reste  normale  pour  cette 
portion  de  limbe  est  au  moins  retardée,  sinon  abolie  dans  les  nervures.  D'où  la  pro- 
duction de  boursouflures,  de  cloques  dans  le  limbe  resté  sain  :  c'est  une  lésion  de 
nature  mécanique. 

»   La  maladie  du  chancre,  qui  s'est  moatrée  cette  année,  en  France,  dans 
des  régions  fort  éloignées   entre  elles,   en  Meurthe-et-Moselle,  en  Dor- 


456  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dogne,  clans  le  Lot,  amène  l'inutilisation  des  feuilles  atteintes.  Le  dégât  a 
atteint  parfois  le  cinquième  de  la  récolte  supposée. 

»  Les  infections  que  j'ai  faites  m'ont  montré  la  nature  bactérienne  de  la 
maladie.  Je  proposerai  de  nommer  la  bactérie  qui  la  produit  BaciUas  œru- 
ginosus,  à  cause  de  la  coloration  qu'elle  imprime  à  certains  milieux  de  cul- 
ture. Je  la  crois  non  décrite.  Son  étude  et  celle  de  quelques  particularités 
relatives  à  la  maladie  feront  l'objet  d'une  Communication  ultérieure.  » 


M.  SïODOLKiEwiTz  adrcssc  une  Note  «  Sur  un  mode  d'intégration   des 
équations  différentielles  partielles  du  premier  ordre  ». 


La  séance  est  levée  à  /j  heures. 


G.  D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  17  août  1908. 

Le  Pachyœna  de  Vaugirard,  par  Marcellin  Boule.  {Mémoires  de  la  Soc.  géolo- 
gique de  France  :  Paléontologie,  Mém.  n°  28.)  Paris,  1908  ;  i  fasc.  in-8°. 

Obserçations  sur  les  cours  d^eau  et  la  pluie  centralisées  pendant  l'année  1901  par 
le  Service  hydroniétrique  du  bassin  de  la  Seine.  Résuj7ié,  par  M.  Edmond  Maillet, 
sous  la  direction  de  MM.  Salva  et  F.  Launay.  Ponts  et  Chaussées  :  Service  hydromé- 
triqiie  du  bassin  de  la  Seine;  texte,  i  fasc.  in-8°;  atlas,  i  fasc.  iu-f°. 

Note  sur  la  formation  du  système  solaire,  par  M.  Aurig.  Montélimar,  Astier  et 
Niel,  1894  ;  I  fasc.  in-8°. 

Annales  des  Ponts  et  Chaussées;  78"  année,  'è"  série,  t.  IX,  1908,  i'^''  trimestre, 
i""^  Partie  :  Mé?noires  et  documents  relatifs  à  l'art  des  constructions  et  au  service 
de  l'ingénieur.  Paris,  E.  Bernard;  i  vol.  in-8°. 

{A  suivre.) 


ACADÉMIE  DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU   LUNDI   14  SEPTEMBRE  1903, 

PRÉSIDÉE  PAR  M.  BOUQUET  DE  LA  GRYE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

SPECTROSCOPIE.   —  Simplicité  des  spectres  de  la  lainière  cathodique 
dans  les  gaz  azotés  et  carbonés.  Noie  de  M.  H.  Deslaxdres. 

«  Importance  de  la  lumière  cathodique.  —  La  lumière  cathodique  (ou 
négative)  est  la  lumière  spéciale  qui  entoure,  ainsi  qu'une  gaine,  le  pôle 
négatif,  dans  l'illumination  électrique  des  gaz  raréfiés;  elle  se  distingue, 
par  la  couleur  et  le  spectre,  des  autres  parties  de  l'étincelle  qui  forment  la 
lumière  dite  du  pôle positij.  Lorsque  la  pression  diminue,  la  gaine  calho- 
diqne  s'élargit  ;  et,  aux  pressions  très  basses,  elle  envahit  le  tube  à  vide  tout 
entier.  A  son  contact,  le  verre  devient  phosphorescent,  et  c'est  alors  que 
les  rayons  spéciaux  issus  de  la  cathode,  dits  rayons  cathodiques,  appa- 
raissent avec  netteté.  Ils  donnent  une  tache  brillante  sur  le  verre;  de 
plus,  ils  illuminent  faiblement  le  gaz  sur  leur  passage,  la  couleur  et  le 
spectre  étant  à  peu  près  les  mêmes  qu'avec  la  gaine  cathodique  aux  pres- 
sions plus  hautes. 

»  La  lumière  cathodique  est  intéressante  comme  due  à  l'action  des 
rayons  cathodiques  sur  le  gaz,  et  aussi  comme  étant  la  seule  lumière 
connue  des  gaz  aux  très  basses  pressions.  A  ce  point  de  vue,  elle  doit  fixer 
l'attention  des  astronomes  qui  rencontrent  des  gaz  très  raréfiés  dans  l'at- 
mosphère du  Soleil,  les  comètes  et  les  nébuleuses. 

»  Résumé  des  observations.  —  J'ai  cherché  autrefois  déjà  la  lumière 
cathodique  dans  l'air  et  l'azote  ('),  et  j'ai  relevé  avec  soin  son  spectre  spé- 
cial, qui  est  un   spectre  de  bandes.  Même  j'ai  annoncé  que  la  bande  la 

(')  Spectre  du  pôle  négatif  de  l'azote.  Loi  générale  de  répartition  des  raies  dans 
les  spectres  de  bandes  {Comptes  rendus,  t.  CllI,  1886,  p.  375). 

C.  R.,  1903,  2»  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  11.)  ^ï 


458  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

plus  forte  (X391)  devait  exister  intense  dans  l'aurore  boréale  terrestre;  sa 
présence  a  été  reconnue  plus  tard  par  Paulsen. 

»  Or  j'ai  fait  récemment  la  même  recherche  sur  les  gaz  carbonés  (com- 
posés oxygénés  et  hydrogénés).  La  comète  brillante  de  cette  année,  qui 
montre  si  nettement  les  bandes  du  carbone  (')  avait  ramené  mon  attention 
vers  ces  gaz  dont  j'ai  relevé  le  premier  en  1888  les  bandes  ultra-violettes, 
mais  dans  la  partie  positive  seulement.  Il  restait  à  reconnaître  la  lumière 
cathodique,  au  moins  dans  la  région  ultra-violette. 

»  Les  gaz  étudiés  (oxyde  de  carbone,  acide  carbonique  et  acétylène  pur 
aimablement  fourni  par  M.  Moissan)  ont  été  illuminés  dans  des  tubes 
spectraux,  à  partie  capillaire  et  à  électrodes  d'aluminium,  fermés  par  une 
lame  de  quartz.  Pour  chaque  gaz,  on  a  fait  deux  épreuves  distinctes  : 
a.  Une  épreuve  qui  offre  juxtaposés  les  spectres  de  la  partie  capillaire 
et  delà  gaine  négative,  la  pression  du  gaz  étant  voisine  de  3'"'";  b.  Une 
épreuve  qui  présente  juxtaposés  deux  sj^ectres  de  la  partie  caj)illaire, 
obtenus  l'un  à  la  pression  de  3'""",  l'autre  à  une  pression  inférieure  à  ^  de 
millimètre.  La  comparaison  des  deux  spectres  sur  chaque  épreuve  fait  res- 
sortir les  raies  et  bandes  propres  à  la  lumière  cathodique. 

))  Dans  la  partie  lumineuse  déjà  reconnue  et  dans  la  première  moitié  de 
la  région  ultra-violette  (de  1  Zjoo  à  X  3oo),  la  lumière  cathodique  ou  négative 
offre  à  peu  près  le  même  spectre  que  la  lumière  positive;  mais,  dans  la 
seconde  moitié  du  spectre  ultra-violet  (de  1  3oo  à  Xioo),  elle  présente  un 
spectre  spécial  caractéristique,  qui  est  un  spectre  de  bandes  nouveau  et 
s'ajoute  aux  cinq  spectres  de  bandes  du  carbone  déjà  connus.  Ce  spectre 
nouveau  est  surtout  net  et  intense  avec  les  composés  oxvgénés;  avec  les 
composés  hydrogénés,  l'hydrogène  et  le  spectre  continu  intense  qu'il  émet 
dans  cette  région  sont  une  gêne  sérieuse. 

»  Cependant  ce  s])ectre  est  situé  troj)  loin  dans  l'ultra-violet  jiour  avoir 
un  intérêt  astronomique;  s'il  est  émis  par  les  comètes,  il  est  arrêté  par 
l'atmosphère  terrestre.  Mais  il  a  par  lui-même  une  importance  réelle, 

»  La  case  I  de  la  planche  ci-contre  donne  une  vue  d'ensemble  du  spectre 
nouveau;  au-dessous  (case  II)  est  le  spectre  du  ])ole  positif  déjà  décrit  et 
publié  en  1888,  et  qui  offre  dans  la  même  région  deux  spectres  de  bandes 
distincts.  D'autre  part,  les  longueurs  d'onde  et  nombres  de  vibrations  des 


(^)  Spectre  de  bandes  des  composés  hydrogénés  et  oxygénés  du  carbone  {Comptes 
rendus, l.CW,  1888,  p.8fi'2),el  Obse/vations  spectrales  de  la  comète  Borrelly  (19080) 
{Comptes  rendus,  même  Tome,  p.  898 ), 


46o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

têtes  des  nouvelles  bandes  ont  été  déterminés  par  comparaison  avec  le 
spectre  du  fer  de  Kayser  et  Runge.  Le  Tableau  suivant  résume  les 
mesures  (')  : 


Inlensité 
(lo  étant  la 
plus  forte). 


Longueur  d'onde 
ramenée  au  vide 


2 I 90 , D I 

7 2800, 36 

7 2825,93 

4 2353,23 

8 2420, 29 

8 2446,69 

4 2470, 10 

3 25o5,39 

5 255i , 20 

6 2578,39 

4 2607,95 

4 2689,63 

[  2 2694,80 

I  3 2728,06 

1 2753,65 

1 2786,51 

\   10 2888,86 

I  10 2897,11 


Nombres  de  vibrations 
ramenés  au  vide 

N. 

4565 1,4 

43473,4 
42995,5 
42496,5 

4i3i8,8 
40872,9 
4o4o3,6 
89915,0 
89198,1 
88784,6 
38844,8 
87884,6 
87108,7 


36728,5 
363i5,5 
35887,1 
34675,8 
34516,8 


Dispersion 
employée. 

1  qu 

2  sp 
2  sp 
2  sp 
2  sp 
2  sp 
2  sp 

1  sp 

2  sp 
2  sp 
I  sp 
I  sp 

I  sp 
I  sp 
I  sp 

1  sp 

2  sp 
2  sp 


»  Les  seize  premières  bandes  du  Tableau  sont  toutes  semblables  et 
tournées  vers  le  rouge;  mais  les  deux  dernières,  très  intenses,  qui  sont 
dégradées  dans  les  deux  sens,  et  ont  une  structure  différente,  d'ailleurs 
très  curieuse  ('),  doivent  cire  mises  à  part.  Il  sera  question  seulement  des 
premières  bandes  dans  ce  qui  va  suivre. 

»   Ces   recherches   expérimentales  ont  été  faites  avec  le  concours  de 


(*)  Pour  avoir  toutes  les  bandes,  faibles  et  fortes,  on  a  dû  employer  trois  spectro- 
graphes  de  transparence  et  de  dispersion  différentes,  comprenant  successivement  un 
prisme  de  quartz,  un  et  deux  prismes  de  spath  d'Islande.  La  dernière  colonne  indique, 
pour  chaque  raie,  le  prisme  employé.  Avec  deux  prismes  de  spath,  les  longueurs 
d'onde  sont  mesurées  à  moins  de  0^,10. 

(^)  Ces  deux  dernières  bandes,  dont  l'aspect  rappelle  les  raies  H  et  K  des  protubé- 
rances photographiées  au  bord  solaire  extérieur,  ont  été  vues  seulement  avec  les 
composés  oxygénés  du  carbone.  Peut-être  sont-elles  dues  à  l'oxygène;  on  n'a  fait 
aucune  reclierche  spéciale  pour  reconnaître  leur  origine. 


SÉANCE  DU  l4  SEPTEMBRE  IQoS.  4^1 

deux  assistants,  M.  crAzambiija  et  M.  Kannapell,  qui  m'ont  aidé,  le  pre- 
mier dans  les  observations  spectrales,  et  le  second  dans  les  calculs. 

))  Propriétés  de  la  lumière  cathodique.  —  Les  bandes  précédentes  forment 
im  spectre  bien  net  et  distinct;  car  elles  obéissent  aux  lois  générales  sui- 
vantes que  j'ai  posées  de  i885  à  1888  et  qui  caractérisent  le  spectre  de 
bandes  dû  à  un  même  corps  :  le  spectre  est  formé  par  la  répétition  de 
groupements  de  raies  semblables  tels  que  raies  simples  ou  doublets,  tri- 
plets,  ...,  octuplets,  etc.,  et  la  répétition,  représentable  par  une  Table  à 
trois  entrées,  est  réglée  par  une  fonction  de  trois  paramètres  m,  n,  p  et  de 
la  forme  N  =/(n-p-)x.  m'- -h  Bn-  ^o(p-);  N  étant  le  nombre  de  vibra- 
lions,  m,  Ti,  p  les  nombres  entiers  successifs,  B  une  constante,  /  et  9  des 
fonctions  qui  peuvent  être  quelconques. 

»  En  effet,  les  arêtes  des  bandes  peuvent  être  groupées  en  séries  arith- 
métiques égales,  de  la  façon  suivante  : 

Série  I.  Série  II.  Série  III.  Série  IV. 

"      n""      ^-^        ■  j^  ^  _^, 

observés.     Intervalles.         observés.  Intervalles.         observés.  Intervalles.        observés.  Intervalles. 


4565i4 
434734 


21780 


2i546 
4i3i88  429955 


2I20-  21226 

391981  408729  4249G'5 

20893  2o883  20929 

371087  387846  4o4o36 

206 II  2o588 

367235  383448  399150 

20293  2o3o4 

363 I 55  3-8846 

19975 
358871 

»  A  de  faibles  différences  près,  les  intervalles,  dans  chaque  série,  sont 
en  progression  arithmétique,  et  les  quatre  séries  sont  superposables.  Les 
nombres  de  vibrations  sont  disposés  de  manière  que  les  intervalles  égaux 
des  séries  sont  sur  une  même  ligne  horizontale. 

»  Les  paramètres  n  et  p  qui  fournissent  les  arêtes  des  bandes  ont,  dans 
ce  spectre,  le  premier  huit  valeurs  différentes  et  le  second  quatre  seule- 
ment. Mais  le  paramètre  m,  qui  donne  les  raies  d'une  même  bande,  a  un 
nombre  plus  grand  de  valeurs  (de  o  à  3o  ou  :\o). 


/,62  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

»  Toutes  les  bandes  du  spectre  sont  en  effet  semblables,  et  formées  de 
raies  dont  les  intervalles  successifs  sont  en  progression  arithmétique.  La 
case  III  montre  une  de  ces  bandes  résolue  en  raies  fines  et  représentable 
tout  entière  par  la  formule 

N  =  4  1 3 [865  —  0,00913490(4/^  -t-  3)^ 

Les  écarts  entre  les  nombres  observés  et  calculés  sont  tous  inférieurs  à  la 
raison,  et  l'écart  moyen  quadratique  a  la  valeur  0,147  qiii  correspond  à 
l'erreur  de  pointé. 

))  Mais  le  point  capital,  sur  lequel  je  veux  insister,  est  que  les  bandes 
n'offrent  qu'une  seule  série  arithmétique,  alors  que,  dans  les  cinq  spectres 
de  bandes  connus  du  carbone,  observés  au  pôle  positif,  le  nombre  des 
séries  est  plus  grand.  Ainsi,  le  spectre  de  droite  de  la  case  II  a  des  bandes 
formées  de  deux  séries  arithmétiques  enchevêtrées  (voir  le  dessin  des 
Comptes  rendus,  t.  CVI,  1888,  p.  842)  et  les  autres  spectres  du  carbone 
ont  des  bandes  encore  plus  complexes.  Autrement  dit,  le  spectre  du  pôle 
négatif  est  formé  par  la  répétition  de  raies  simples,  alors  que  les  cinq 
autres  spectres  de  bandes  du  carbone  observés  au  pôle  positif  sont  formés 
par  la  répétition  de  doublets  ou  de  groupements  plus  compliqués. 

))  Ces  différences  sont  curieuses;  or  elles  se  retrouvent  aussi  avec  le  gaz 
azote,  qui  a,  comme  on  sait,  un  spectre  de  bandes  spécial  au  pôle  négatif 
et  trois  spectres  de  bandes  distincts  au  pôle  positif.  Le  spectre  de  bandes 
néo^atif  est  formé  par  la  répétition  de  raies  simples,  alors  que  les  trois 
positifs  présentent  au  mouis  des  triplets,  l'un  d'eux  même,  le  plus  réfran- 
oible,  étant  formé  par  des  octuplets.  Une  bande  négative  de  l'azote 
(■X39i,45,  N2554)  est  représentée,  résolue  en  raies  fines,  dans  la  case  IV 
de  la  Planche,  au-dessous  de  la  bande  négative  du  carbone;  elle  offre  à 
première  vue  une  seule  série  arithmétique  et  est  très  semblable  à  la  bande 
du  cari)one  ('). 

))  En  résumé,  dans  Les  gaz  de  l'azote  et  du  carbone^  la  lumière  cathodique 
a  une  simplicité  remarquable,  et  cette  propriété,  qui  est  probablement 
générale,  devra  être  recherchée  dans  les  autres  gaz. 

»    On  peut  chercher  à  pénétrer  la  nature  intime  du  phénomène  et  pré- 


(•)  Les  deux  bandes  diffèrent  en  ce  sens  qu'elles  sont  l'une  tournée  vers  le  rouge 
et  l'autre  vers  le  violet;  mais  elles  ont  à  peu  près  la  même  raison  et  présentent  cha- 
cune, à  la  même  distance  de  la  tète,  un  espace  obscur,  où  les  raies  sont  à  peine  per- 
ceptibles. 


SÉANCE    DU    l4    SEPTEMBRE    I9o'3.  4^3 

senter  le  résultat  d'une  manière  plus  saisissante,  mais  en  s'appuyant  un 
peu  sur  riiypoLhèse.  J'ai  déjà  développé  en  1890  les  raisons  qui  font 
dépendre  de  la  structure  on  de  la  formule  chimique  du  gaz  illuminé,  le 
nombre  et  le  groupement  des  raies  dont  la  répétition  forme  les  spectres 
de  bandes.  Or  les  nombreux  spectres  du  carbone  et  de  l'azote  énumérés 
plus  haut  sont  dus  à  des  états  allotropiques  différents  des  corps  simples 
ou  à  des  combinaisons  avec  les  éléments  de  l'eau.  Dans  ces  conditions,  les 
spectres  du  pôle  positif,  formés  par  la  répétition  de  raies  multiples,  cor- 
respondent à  de  véritables  molécules  ayant  plusieurs  atomes;  les  spectres 
négatifs,  au  contraire,  sont  dus  à  un  atome  unique;  aussi  peut-on  dire  ; 
Lorsque  le  rayonnement  cathodique  qui,  étant  faible,  ionise  les  gaz,  est  assez 
fort  pour  les  illuminer  et  donner  un  spectre  de  bandes,  il  les  décompose  en  leurs 
éléments  chimiques  les  plus  simples. 

»  Lorsque  l'étincelle  électrique  est  plus  nourrie,  le  spectre  de  bandes 
disparaît,  comme  on  sait,  et  fait  place  à  un  spectre  de  lignes  (qui  est 
d'ailleurs  le  seul  spectre  donné  par  certains  gaz).  Cette  troisième  phase, 
caractérisée  par  l'action  du  champ  magnétique  sur  les  raies,  sera  examinée 
ultérieurement.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Action  d'une  trace  d'eau  sur  la  décomposition 
des  hydrures  alcalins  par  V acétylène.  Note  de  M.  Hexki  Moissax. 

«  En  étudiant  l'action  de  l'acide  carbonique  sur  les  hydrures  alcalins, 
nous  avons  démontré  que,  si  cet  acide  carbonique  est  séché  avec  un  très 
grand  soin,  il  ne  réagit  pas  à  la  température  ordinaire  sur  les  hydrures,  et 
que,  au  contraire,  s'il  renferme  une  petite  quantité  de  vapeur  d'eau  cor- 
respondant à  la  tension  de  la  glace  à  —  70°,  la  combinaison  se  fait  instan- 
tanément avec  production  d'un  formiate  (').  Nous  avons  étendu  ces 
recherches  à  une  autre  réaction,  celle  de  l'acétylène  sur  les  hydrures  alca- 
lins, réaction  que  nous  avons  indiquée  précédemment  (-). 

))   Nous  avons  démontré  que,  à  la  température  ordinaire,  sous  pression 


(1)  H.  JNIoissAN,  Étude  de  la  combinaison  de  l'acide  carbonique  el  de  l'/iydrure 
de  potassium  {Comptes  rendus,  t.  CXXXVI,  1908,  p.  728). 

(2)  H.  Moissxy,  Préparation  des  carbures  et  des  acétylures  acétyléniques  par 
l'action  du  gaz  acétylène  sur  les  hydrures  alcalins  et  alcali  no- terreux  {Comptes 
rendus,  t.  CXXXVI,  1908,  p.  lôii). 


464  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

réduite,  le  g^az  acétylène  réagissait  &ur  les  hydrures  avec  dégagemenl  d'Iiy- 
drogène  et  formation  d'acétyliire  acctyléniqiie 

2KU  +  2C-H-=3C-R-,C-H-  +  n-. 

»  Si  l'on  fait  arriver  le  gaz  acétylène  sur  l'hydrure  de  potassium  ou  l'hy- 
drure  de  sodium  à  la  pression  ordinaire,  la  réaction  est  assez  violente,  et, 
en  même  temps  cju'il  se  dégage' de  l'hydrogène,  la  surface  de  l'hydrure 
devient  noire,  charhone,  et  parfois  même  il  se  produit  une  légère  incan- 
descence. Le  dégagement  de  chaleur  est  en  effet  très  grand,  et  nous  nous 
proposons,  par  la  suite,  de  le  déterminer  au  moyen  du  calorimètre. 

))  Le  gaz  acétylène  employé  dans  l'expérience  précédente  avait  été  des- 
séché simplement  au  moyen  d'un  tube  eu  U  rempli  de  fragments  de  potasse. 
Au  contraire,  si  le  gaz  acétylène  est  parfaitement  desséché,  le  résultat  de 
l'expérience  est  tout  autre. 

M  Le  gaz  acétylène,  préparé  par  décomposition  du  carbure  de  calcium 
pur  au  contact  d'un  grand  excès  d'eau  bouillie,  a  été  desséché  tout  d'abord 
par  de  la  potasse,  puis  conservé  pendant  deux  jours,  dans  une  cloche  à 
robinet  en  présence  de  potasse  refondue  avec  soin  au  creuset  d'argent. 
Cette  cloche  est  réunie  par  un  tube  de  plomb  avec  un  premier  tube  dessic- 
cateur  rempli  de  bâtons  d'acide  métaphosphorique  vitreux  auquel  fait  suite 
le  tube  à  hydrure  alcalin  ;  les  joints  ont  été  faits  à  la  gomme  laque,  et  tout 
l'appareil,  séché  complètement,  ainsi  que  nous  l'avons  établi  dans  nos 
précédentes  expériences. 

»  Le  vide  a  été  maintenu  dans  cet  appareil  au  moyen  d'un  trompe  à 
mercure,  et,  après  48  heures,  en  tournant  lentement  le  robinet  de  la  petite 
cloche  de  verre  contenant  l'acétylène,  on  laissait  arriver  ce  gaz  au  contact 
de  l'hydrure  de  potassium. 

»  En  soulevant  plus  ou  moins  la  cloche  qui  contient  le  gaz  acétylène,  on 
produit  dans  le  tube  à  hydrure  une  tension  qui  peut  être  mesurée. 

»  On  étire  ensuite  et  l'on  soude  l'extrémité  effdée  de  ce  tube  ;  un  volume 
déterminé  de  gaz  acétylène  sec  se  trouve  au  contact  de  l'hydrure.  Aucune 
réaction  ne  se  produit  à  la  température  ordinaire.  On  refroidit  peu  à  peu 
une  extrémité  du  tube  dans  de  l'oxygène  liquide.  Le  gaz  acétylène  se 
condense  aussitôt  sous  forme  d'une  neige  blanche;  on  retire  le  tube  du 
vase  qui  contient  l'oxygène  liquide;  l'acétylène  reprend  l'état  gazeux, 
revient  plus  ou  moins  rapidement  à  la  température  ordinaire,  sans  produire 
aucune  réaction. 

»  On  porte  ensuite  ce  tube  scellé  dans  un  bain  d'eau  dont  on  élève  très 


SÉANCE  DU  l4  SEPTEMBRE  1903.  /,65 

lentement  la  température.  On  remarque  alors  qu'une  réaction  vive  se  pro- 
duit, avec  incandescence  et  mise  en  liberté  de  carbone  qui  noircit  l'hvdrure, 
à  la  température  de  -f- 42".  L'expérience  a  été  répétée  plusieurs  fois  et  a 
toujours  donné  les  mêmes  résultats.  Entre  —  80"  et  +  4^"»  l'hydriire 
n'exerce  aucune  réaction  sur  le  gjiz  acétylène  sec. 

»  Nous  préparons  maintenant  un  tube  scellé  renfermant  l'hydrure  et  l'acé- 
tylène, ainsi  que  nous  l'avons  indiqué  précédemment,  et  nous  disposons 
au  préalable  dans  ce  tube  de  verre  une  petite  ampoule  contenant  quel- 
ques milligrammes  d'eau  et  un  peu  de  mercure  qui  n'agira  que  par  son 
poids.  L'ampoule  restant  fermée,  nous  vérifions  une  fois  de  plus  que  le  gaz 
acétylène  sec  n'a  pas  d'action  sur  l'hydrure  de  potassium.  Nous  refroidis- 
sons l'extrémité  inférieure  du  tube  à  —  Go^  et  nous  brisons  l'ampoule.  On 
laisse  alors  le  tube  se  réchauffer  lentement  et,  i  ou  1  minutes  plus  tard, 
une  réaction  vive  se  produit  en  un  point  de  l'hydrure  avec  mise  en  liberté 
de  carbone,  puis  la  décomposition  s'étend  rapidement  à  toute  la  surface 
du  corps  solide. 

»  Dans  cette  expérience  on  voit  donc  la  réaction  partir  d'un  point 
déterminé,  puis  se  propager  rapidement  de  proche  en  proche  et  gagner 
la  totalité  de  l'hydrure. 

M  Ces  expériences  ont  été  variées  de  bien  des  façons  et  nous  ont  sans 
cesse  donné  les  mêmes  résultats.  En  plaçant,  par  exemple,  entre  le  tube  à 
hydrure  et  la  trompe  à  mercure,  un  tube  en  caoutchouc  qui  avait  été  des- 
séché au  préalable  par  un  courant  d'air  sec,  on  remarque  que  le  gaz  acé- 
tylène qui  a  traversé  le  tube  en  caoutchouc  réagit  toujours  sur  l'hydrure  de 
potassium  à  la  température  ordinaire.  Cela  tient  à  ce  que  la  dessiccation  du 
caoutchouc  est  illusoire  et  que  ce  corps  renferme  des  quantités  variables 
d'humidité. 

))  Dans  une  autre  expérience,  faite  avec  un  tube  scellé,  contenant  de 
l'acétylène  sec,  de  l'hydrure  de  potassium  et  une  ampoule  renfermant 
3™s  d'eau,  nous  avons  remarqué  le  phénomène  suivant  :  on  a  cassé  l'am- 
poule lorsque  le  bas  du  tube  était  à  —  80",  mais  par  suite  du  mouvement 
imprimé  au  tube,  une  petite  quantité  d'hydrure  était  tombée  à  la  partie 
inférieure,  au  contact  des  3™^^  de  glace.  Nous  avons  laissé  ensuite  s'élever 
lentement  la  température  et  nous  avons  été  très  surpris  de  voir  qu'aucune 
réaction  ne  se  déclarait  entre  le  gaz  acétylène  et  l'hydrure  de  potassium. 
L'hydrure  avait  gardé  sa  couleur  blanclie,  aucun  dégagement  de  chaleur 
ne  s'était  produit;  mais  lorsque,  après  quelques  heures,  nous  avons  agité 
le  tube  et  que  les  fragments  de  verre  de  l'ampoule  sont  venus  érailer  la 

C.   R.,   1903,  •-«  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  11.)  <^^^ 


466  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

surface  de  i'hydrure  alcalin,  une  réaction  vive  s'est  déclarée  dans  toute  la 
masse,  accompagnée  môme  d'une  incandescence. 

,  »  L'explication  de  cette  expérience  est  des  plus  simples.  Au  fur  et  à 
mesure  que  la  température  de  la  glace  s'était  élevée,  la  vapeur  d'eau  avait 
été  absorbée  par  I'hydrure  tombé  au  fond  du  tube,  de  telle  sorte  qu'il 
s'était  formé  de  la  potasse  à  peine  hydratée.  La  tension  de  vapeur  de  ce 
nouveau  composé  avait  été  suffisante  pour  produire  à  la  surface  de  I'hy- 
drure une  couche  uniforme  d'acétyiure  acétylénique  tellement  mince 
qu'aucun  point  de  I'hydrure  n'avait  atteint  la  température  de  +l^2P. 

»  Mais  aussitôt  que  les  fragments  de  verre  avaient  déchiré  cette  pouche 
protectrice,  la  trace  d'eau  que  renfermait  l'acétylène  avait  déterminé  la 
transformation  complète  de  I'hydrure. 

»  Nous  avons  cité  cette  exj)érience  parce  qu'elle  démontre  bien  l'in- 
fluence de  l'état  physique  des  corps  dans  les  réactions  et  qu'elle  fait  com- 
prendre aussi  la  délicatesse  de  ces  recherches. 

))   Conclusions.    —    Ces   nouvelles  expériences  établissent   donc  quelle 

peut  êlre  l'action  d'une  trace  d'eau  sur  une  réaction  chimique.  Elles  sont 

comparables  à  celles  que  nous  avons  décrites  précédemment  à  propos  de 

la  synthèse  des  formiates  au  moyen  de  l'acide  carbonique  et  des  hydrures. 

»  Le  gaz  acétylène  sec  ne  réagit  sur  I'hydrure  de  potassium  qu'à  la  tem- 
pérature de  -+-42°.  Si  le  gaz  contient  une  trace  d'eau,  cette  dernière 
modifie  les  conditions  de  la  réaction  qui  peut  se  produire  dès  lors  à  la  tem- 
pérature ordinaire.  Nous  attribuons,  ici  encore,  ce  changement  au  déga- 
gement de  chaleur  qui,  une  fois  commencé  en  un  point,  détermine  une 
élévation  de  température  et  cette  dernière  amène  i'hydrure  à  -h  42°  et 
détermine  par  conséquent  une  combinaison  totale.    » 


CORRESPONDANCE. 

ANALYSE  MATHEMATIQUE.  —  Sur  les  équalions  aux  différences  qui  possèdent 
un  système  fondamental  d'intégrales.  Note  de  M.  Alfr.  Guldberg, 
présentée  par  M.  Emile  Picard. 

«  L'importance  des  équations  différentielles  qui  possèdent  un  système 
fondamental  d'intégrales  est  bien  connue.  Or,  il  est  bien  visible  que  les 
raisonnements  employés  pour  déterminer  ces  équations  peuvent  se  répéter 
pour  le  cas  où,  au  lieu  des  équations  différentielles,  on  regarde  les  équations 
aux  différences. 


SÉANCE    DU    I  'i,  SEPTEMBRE     I()o3.  467 

»   Considérons,  en  effet,  le  svslème  d'équations. aux  différences 

^Xi  =  Yi{t^,  X^,  X.-,,  ..  :,  OCn)  (ï  =  ï  ,  2,   ,  .  . ,  n), 

et  supposons  que  la  solution  générale  de  ce  svsfème  a:,,  .  . .,  x^  s'exprime 
d'une  manière  déterminée,  toujours  la  même,  par  m  solutions  particulières 

(0  <' ^,;,...  ;<-,...,<' 

et  n  constantes  arbitraires  a  par  des  formules 

x,  =  o.(x':\..,,x':';  ...,<'\  ...,<"';  a a„)  («  =  1,2 n) 

qui  subsistent  lorsqu'on  y  remplace  les  solutions  (t)  par  m  autres  solutions 
particulières  irréductibles  quelconcjues. 

»  Il  est  clair  que  l'on  peut  démontrer,  d'une  manière  analogue  à  celle 
employée  dans  le  cas  des  équations  différentielles,  que  la  solution  générale 
d'un  tel  système  est  définie  par  les  équations  d'un  groupe 

^i  =  f(^ ^«;  « ^««) 

où  les  variables  e  sont  remplacées  par  les  constantes  d'intégration,  et  les 
paramètres  a  par  des  fonctions  de  la  variable  indépendante  t.  De  plus,  ce 
groupe  est  m  fois  transitif;  on  en  conclut,  d'après  un  théorème  connu  de 
Sophus  Lie,  que  m  ne  peut  surpasser  n  -h  2. 

))   Dans  le  cas  ^  =:  i  on  aura  les  trois  types  d'équations  : 

»    L'équation  aux  différences 

Ax  =  P(t)x, 

dont  l'intégrale  complète  est 

x=f(l)a; 

))   L'équation  aux  différences 

Ax  =  V(t).v-^q{t), 
dont  l'intégrale  complète  est 

X  =  f(l)a  -h  o(^); 
»   L'équation  aux  différences 

Ax-{-V{t)(xAx-^x-)  -+-q(t)x  -+-R(0  =  O' 
dont  l'intégrale  complète  est 

X  =   ^ — ^ •    » 

^l{t)a-\-o{t) 


4^8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


MÉTÉOROLOGIE.  —  Description  d' un  orage  très  localisé.  Noie  de 
M.  Jeax  Mascart,  présentée  par  M.  Deslandres. 

«  Dans  la  situation  météorologique  rapidement  variable  de  ces  temps 
derniers,  un  orage  local  fut  aperçu  [)ar  différentes  personnes,  notamment 
à  Colombes  (Seine)  et  à  Mitry  (Seine-et-Marne).  Voici  son  aspect  dans 
cette  dernière  station  : 

»  Le  jeudi  3  septembre,  après  une  journée  légèrement  orageuse  (baromètre,  758"'™), 
le  ciel  se  découvrit  vers  le  soir,  et  la  Lune,  qui  devait  être  pleine  4  jours  après,  se  leva 
dans  un  ciel  d'une  pureté  absolue  :  dans  la  direction  N-N-W,  un  nuage  de  peu 
d'étendue,  à  peine  élevé  de  i5°  au-dessus  de  l'horizon,  présentait  une  masse  gris 
bleu,  de  forme  presque  parfaitement  rectangulaire.  Vers  7''45'",  des  éclairs  très 
brillants  commencèrent  à  sillonner  le  nuage  sans  que  l'on  entendît  le  moindre  bruit  et, 
jusque  vers  8^3o™,  un  feu  d'artifice  ininterrompu  illumina  ce  nuage.  Le  spectacle  était 
saisissant  et  féerique  :  la  forme  et  le  tracé  des  nombreux  éclairs,  nettement  visibles, 
s'étendaient  dans  toutes  les  directions  et  illuminaient  l'intérieur  du  nuage,  faisant 
ainsi  saillir  les  formes  de  gros  cumuli  très  pittoresques.  Aucun  bruit  ne  troublait  la 
nuit  très  pure  et  constellée. 

»  Vers  9^*15'"  le  phénomène  était  terminé  (^)  :  peu  à  peu,  des  nuages  se  formèrent 
sur  place  et,  vers  10'',  le  ciel  était  presque  entièrement  couvert.  11  ne  plut  pas  cette 
nuit-là. 

»  Or,  quelle  est  la  situation  météorologique,  particulièrement  en  ce  qui  concerne 
le  nord  de  Paris? 

»  Le  mercredi  2,  à  Paris,  éclairs  toute  la  journée.  On  doit  encore  attendre  un  ciel 
nuageux,  en  France,  pour  le  lendemain  jeudi  :  en  eflfet,  les  observations  du  3,  7''  du 
matin,  montrent  qu'une  dépression  circonscrite,  signalée  la  veille,  a  traversé  la  France 
du  sud-ouest  au  nord-est  pour  se  trouver  près  de  Hambourg,  tandis  qu'une  zone  de 
hautes  pressions  se  propage  vers  le  nord  de  l'Europe.  Effectivement,  le  jeudi,  à  Paris, 
le  ciel  est  nuageux  avec  une  faible  pluie. 

»  Le  lendemain  malin,  vendredi  4,  à  7'',  la  situation  s'est  modifiée  dans  l'ouest,  car 
des  dépressions  s'avancent  du  large  sur  le  golfe  de  Gascogne  et  les  Iles  Britanniques  : 
la  température  a  tendance  à  se  relever,  avec  orages  dans  l'ouest  de  la  France.  Ces 
troubles,  très  circonscrits,  qui  traversent  la  France  du  sud-ouest  au  nord-est  à  partir 
du  golfe  de  Gascogne,  peuvent  prendre,  au  reste,  une  importance  considérable  avec 
leur  grande  vitesse  de  translation  ;  c'est  ainsi  qu'une  petite  dépression,  insignifiante 
en  apparence,  signalée  sur  le  golfe  de  Gascogne  le  dimanche  matin  6  septembre,  se 
trouvait  le  soir  même  au  sud  de  Paris  et,  12  heures  après,  au  sud  de  Hambourg.  Sui- 
vant cette  rapide  trajectoire,  on  signale  des  pluies   très   abondantes,  84"'"   à   Bllbao, 

(')  Le  nuage  paraît  s'être  élevé  très  légèrement  sur  l'horizon. 


SÉANCE  DU  l4  SEPTEMBRE  iguS.  469 

43'"'^  à  Biarritz,  29™'"  à  Bordeaux^  3o™™  à  Paris  en  5  heures   de  temps   (5"^   à    10^), 
Si"""^  à  Saiiit-Maur,  i8^°'  à  Bruxelles,  etc. 

»  Existe-t-il  un  trouble  analogue,  susceptible  d'avoir  engendré  l'orage 
local  que  nous  signalons? 

»  Dans  les  dépêches  du  Bureau  météorologique  on  ne  signale  rien,  au  nord  de 
Paris,  en  fait  d'éclairs  ou  de  pluies;  loin  de  là,  à  Hambourg,  dans  la  nuit  du  jeudi  au 
vendredi,  on  note  une  pluie  inappréciable  au  pluviomètre.  Seule,  la  station  de  Saint- 
Maur  signale  un  orage,  jeudi  soir,  entre  10^  et  1 1'\ 

»  Cependant,  en  examinant  de  plus  près  les  cartes  du  Bureau  météorologique,  on 
peut  noter  un  foyer  de  perturbation  dans  le  voisinage  de  notre  phénomène.  Le  jeudi 
matin,  une  petite  dépression  circulaire  de  ÔS™'",  très  circonscrite,  est  appréciable  à 
l'est-sud-est  de  Paris,  avec  tendance  à  se  diriger  vers  le  nord  :  vent  du  nord  à  Paris, 
sud-ouest  à  Belfort  et  Besançon,  sud  à  Nancy  et  au-dessous  de  la  dépression.  Le  jeudi 
soir,  ce  petit  mouvement  a  légèrement  remonté,  avec  les  mêmes  caractères  généraux: 
vent  de  nord-est  à  Paris,  ouest-sud-ouest  à  JNancy,  et  sud-ouest  à  Belfort,  mais  tou- 
jours à  Test  et  sud-est  de  Paris,  une  petite  zone  à  65™™  au  milieu  d'un  état  de  hautes 
pressions.  La  même  situation  subsiste  sur  la  carte  de  ']^  du  matin  le  vendredi,  quoique 
un  peu  moins  nette. 

»  Nous  ne  voulons  pas  dire  que  l'orage  local  que  nous  signalons  soit  dû 
à  la  petite  perturbation  permanente  que  l'on  peut  retrouver  sur  les  cartes; 
mais,  tant  que  l'on  ne  possédera  pas  d'autres  donnéessur  cet  orage,  il  nous 
a  paru  intéressant  de  rapporter  l'aspect  bizarre  sous  lequel  il  s'est  pré- 
senté, et  de  le  rapprocher  d'un  examen  plus  complet  de  la  situation 
générale  en  France  au  même  instant.    » 


PHYSIOLOGIE.  —  Sur  la  résistance  des  Èpinoches  aux  changements  de  ta 
pression  osmotique  du  milieu  ambiant.  Note  de  M.  Michel  Siedlecki  (de 
Cracovie),  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Il  est  établi  depuis  longtemps  que  l'Epinoche  (Gasterosteus  aculeatus) 
peut  vivre  aussi  bien  dans  l'eau  douce  que  dans  l'eau  saumâtre.  Près  des 
embouchures  des  ruisseaux  allant  à  la  mer,  qui  se  remplissent  complète- 
ment d'eau  salée  pendant  le  flux  et  ne  contiennent  que  de  l'eau  douce 
pendant  le  reflux,  l'Epinoche  vit  aussi  normalement  que  dans  les  endroits 
où  jamais  l'eau  de  mer  ne  peut  arriver.  M.  Giard,  qui  a  également  observé 
ces  faits,  a  établi  par  des  expériences  que  l'Epinoche  peut  passer  direc- 
tement de  l'eau  douce  à  l'eau  de  mer  et  vice  versa,  et  s'adapte  brusque- 
ment à   son   milieu  nouveau.  Les  observations  de  INl.   Gianl,    dont  nous 


470  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

avons  constalé  la  parfaite  exactiliule  an  cours  de  nos  recherches,  et  le  fait 
que  l'Épinoche  de  l'eau  douce  transportée  en  eau  de  mer  peut  vivre  dans 
cette  dernière  d'une  façon  tout  à  fait  normale  pendant  plusieurs  semaines, 
suggèrent  l'idée  que  cet  animal  est  très  réfractaire  aux  changements  de  la 
pression  osmotique  du  milieu  ambiant.  Nous  avons  alors  tenté  d'étudier,  à 
Wimereux,  la  résistance  des  Épinoches  à  des  solutions  possédant  une 
haute  pression  osmotique,  comme  celles  du  sucre,  de  la  glycérine  et  des 
sels  divers. 

»  1.  Quelques  Epinoches  ont  été  placées  dans  une  solution  de  i  pour  loo  de  sucre  de 
betterave.  Après  24  heures  nous  avons  transporté  les  animaux  dans  une  solution 
à  2  pour  100  de  sucre,  et  les  jours  suivants  nous  avons  renouvelé  le  liquide  en  aug- 
mentant sa  concentration  de  i  pour  loo  par  jour.  Ainsi  nous  sommes  arrivé  à  tenir 
les  animaux  dans  une  solution  contenant  10  pour  100  de  sucre.  Les  Epinoches  se  sont 
comportées  d'une  façon  tout  à  fait  normale  ;  elles  prenaient  leur  nourriture  et  nageaient 
comme  dans  l'eau  douce.  Une  cencentration  plus  forte  du  liquide  a  provoqué  un  affai- 
blissement des  animaux,  qui  ont  même  cessé  de  prendre  la  nourriture;  dans  une  solu- 
tion à  i5  pour  100  de  sucre  les  animaux  mouraient  en  3  jours. 

»  Les  animaux  pris  dans  l'eau  douce  et  placés  brusquement  dans  une  solution 
contenant  i5  pour  100  de  sucre  ont  vécu  aussi  longtemps  (3  jours)  que  ceux  qui  ont 
passé  préalablement  par  des  solutions  à  concentration  croissante. 

»  Ces  faits  prouvent,  d'un  côté,  une  résistance  très  prononcée  à  l'augmentation  de 
la  pression  osmotique;  d'un  autre  côté,  ils  démontrent  que  cette  résistance  reste  la 
même,  aussi  bien  dans  le  cas  où  il  s'agit  de  s'opposer  à  l'action  brusque  d'une  solution 
fortement  concentrée,  que  dans  celui  où  la  quantité  de  sucre  a  été  augmentée  très 
lentement  dans  les  solutions. 

»  2.  Les  expériences  faites  avec  des  solutions  de  glycérine  ont  été  moins  démon- 
stratives que  les  précédentes  pour  le  rôle  de  la  pression  osmotique,  par  suite  de 
l'action  très  compliquée  de  ce  liquide.  Les  Epinoches  supportaient  une  solution 
de  6  pour  100  de  glycérine  et  ne  mouraient  que  dans  une  solution  de  7  pour  100, 
après  avoir  vécu  48  heures  dans  ce  liquide.  Traités  par  la  glycérine,  ces  Poissons 
présentaient  les  phénomènes  d'hyperesthésie  et  perte  du  sens  de  l'équilibre;  très  sen- 
sibles à  la  moindre  secousse,  ils  nageaient  sur  le  côté  ou  sur  le  dos;  ils  tournaient  sur 
place  et  même  prenaient  leur  nourriture  en  exécutant  des  mouvements  touj:  à  fait 
désordonnés.  11  faut  donc  admettre  que  l'action  de  la  glycérine  ne  consiste  pas  seule- 
ment en  une  augmentation  de  la  pression  osmotique;  ce  liquide  se  comporte  comme 
un  venin  agissant  sur  le  système  nerveux  et,  en  solution,  peut  tuer  une  Epinoche  avant 
que  les  limites  de  la  pression  osmotique  à  laquelle  l'animal  peut  résister  soient 
dépassées. 

»  3.  Les  expériences  avec  des  animaux  placés  dans  des  solutions  de  sels  alcalins  ou 
bien  alcalino-terreux  prouvent  aussi  que  la  toxicité  de  ces  solutions  n'est  pas  déter- 
minée par  leur  pression  osmotique  et  n'est  même  pas  proportionnelle  à  cette  pression. 
Nous  avons  déterminé,  au  moyen  d'expériences,  le  minimum  de  la  concentration 
nécessaire  ])our  chaque  solution  des  divers  sels,  qui  doit  tuer  une  Epinoche  en  24  heures 


SÉANCE    DU    l4    SEPTEMBRE    igoS.  /jni 

environ.  PourKCI  cette  concentration  est  de  o,  i  pour  loo;  pour  NaCl  3,5  à  4  pour  loo; 
pour  \a-SO*  5  à  6  pour  loo;  pour  xMgSO*  6  à  7  pour  100,  etc.  La  comparaison  de  ces 
exemples  démontre  suffisamment  l'action  spécifique  des  sels  et  le  rôle  tout  à  fait  secon- 
daire de  la  pression  osmotique  dans  ces  solutions. 

»  4.  Les  Epinoches  sont  aussi  réfractaires  à  la  diminution  de  la  pression  osmotique 
du  milieu  ambiant  qu'à  son  augmentation;  placées  dans  l'eau  distillée  suffisamment 
aérée,  elles  vivent  dans  ce  liquide  d'une  façon  tout  à  fait  normale. 

»  Le  degré  de  la  résistance  aux  cliangemenls  de  la  pression  osmotique  varie  suivant 
les  propriétés  individuelles  des  Epinoches,  Les  individus  vigoureux,  bien  nourris  et 
d'une  taille  moyenne,  sont  les  plus  réfractaires;  les  jeunes  Poissons,  d'une  longueur 
de  2"='"  à  S*"*",  et  les  grosses  femelles  à  ovaires  gonflés  succombent  ordinairement  très 
vite,  même  dans  des  solutions  relativement  peu  concentrées;  mais,  les  petites 
Epinoches  aussi  bien  que  les  grandes  femelles  sont  les  plus  difficiles  à  nourrir;  par 
conséquent  elles  s'affaiblissent  et  perdent  leur  résistance  très  facilement. 

»  La  pression  osmotique  du  milieu  atteint  en  première  ligne  la  surface  du  corps  et 
des  branchies.  La  protection  de  ces  deux  parties  du  corps  est  assurée  par  l'épithélium 
couvert  d'un  enduit  de  mucus.  Nous  croyons  que  cette  couche  épilhéliale  représente 
une  membrane  résistante  à  la  pénétration  de  certains  corps  dissous  vers  l'intérieur  de 
l'organisme  et  surtout  vers  le  sang.  Avec  l'afTâiblissement  de  l'organisme,  provoqué 
par  une  nutrition  insuffisante,  la  résistance  de  cette  couche  diminue  et  les  animaux 
succombent  très  facilement.  Le  même  fait  se  produit  quand  on  transporte  les  Epi- 
noches dans  des  solutions  par  lesquelles  la  couche  épilhéliale  est  en  partie  désagrégée, 
comme,  par  exemple,  dans  la  solution  de  Na^  CO^  ;  la  résistance  des  animaux  diminue 
tellement  qu'ils  succombent  en  quelques  minutes  même  dans  des  solutions  très 
faibles. 

»  Nous  pouvons  conclure  que  la  pression  osmotique  du  milieu  ambiant, 
agent  très  puissant  pour  d'autres  animaux  et  pour  les  végétaux,  n'a  que 
très  peu  d'influence  sur  les  fonctions  vitales  des  Epinoches,  grâce  à  leur 
surface  protégée  par  une  couche  pourvue  de  certaines  qualités  des  mem- 
branes hémiperméables,  » 

M.  A.  Berïhier  adresse,  de  Genève,  une  JNole  intitulée  :  «  Transforma- 
teur actino-électrique,  pour  la  transformation  de  l'énergie  lumineuse  en 
énergie  électrique   » . 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Mascart.) 

La  séance  est  levée  à  3  heures  et  demie. 

G.   D. 


47^  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE, 


Ouvrages  reçus  DA^s  la  séance  du  17  août  iqoS. 

(Suite.) 

Experlments  in  radioaclivity  and  Ihe  production  of  hélium  from  radium,  bvsir 
William  Ramsay  and  Frederick  Soddy.  s.  ].,  juillet  igoS;  i  feuille  en  placard. 

Elenco  délie  stelle  doppie  rinvetiute  nelle  lastre  fotograjîche  pubblicate  nelle 
1°  Volume  del  CaLalogo  fotografico  stellare,  corrispondente  alla  zona  vaticana  : 
P.  Angelo  Rodriguez,  Direttore  délia  Specola  vaticana.  Rome,  1908;  i  fasc.  in-4°. 

Microbiologie.  Vitcdité  des  germes  des  organismes  microscopiques  des  eaux 
douces  et  salées,  par  M.  A.  Certes.  Rome,  F.  Cuggiani,  1908;  1  fasc.  in-^". 

On  the  évolution  of  the  Proboscidea,  bj^  C.-W.  Andrews.  {Philosophie.  Transact. 
of  the  R.  Soc.  of  London,  série  B,  vol,  CXCVI,  p.  99-118.)  Londres,  1908;  i  fasc. 
in-4°. 

Relative  Schweremessungen  in  Wïirttemberg.  111.  Messungen  auf  der  Linie  : 
Ulm-Freudenstadt,  mityFiguren;  mit  einem  Anhang:  Versuche,  dem  Magazin- 
thermometer  und  dem  Pendel  gegen  Temperaturdnderungen  die  gleiche  Trdgheit 
za  geben,  von  K.-R.  KocH.  Stuttgard,   1908. 

Muni.  Guinea  continental  espanola;  granda  mapa  en  escala  de  i  :  200000,  en  dos 
hojas,  por  D.  Enrique  d'Almonte.  {Roletin  de  la  Real Sociedad geographica,  t.  XLIV, 
suplemento.)  Madrid,  1908;  2  feuilles  pliées  en  i  fasc.  in-8". 

Ergebnisse  der  meteorolo gischen  Reobachtungen  an  den  Landenslationen  in 
Rosnien-Hercegovina,  im  Jahre  1899.  Vienne,  1902;   i  fasc.  m-[\°. 

Rulletin  mensuel  de  VOhservatoire  météorologique  de  l'Université  d'Upsal; 
vol.  XXXIV,  année  1902,  par  le  D""  H.  Hildebrand  Hildebrandsson.  Uj)sal,  1902-1908; 
I  fasc.  in-4°. 

Revue  météorologique.  Travaux  du  réseau  météorologique  du  sud-ouest  de  la 
Russie.  1901-1902;  2"  série,  vol.  VI  et  Vil,  par  A.  Klossovski.  Odessa,  1908;  i  fasc. 
in-4°. 

{A  suivre.) 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE   DU    LUNDI  *il    SEPTEMBRE   1903, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GAUDRY. 


3IÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  La  parthénogenèse  par  C acide  carbonique, 
obtenue  chez  les  œufs  après  l'émission  des  globules  polaires.  Note  de 
M.  Yves  Delage. 

«  J'ai  montré  antérieurement  (')  que,  pour  déterminer  le  dévelop- 
pement parthénogénétique  des  œufs,  chez  les  Astéries,  au  moyen  de  l'acide 
carbonique,  il  fallait  f^iire  intervenir  cet  agent  pendant  l'émission  des  glo- 
bules polaires.  Les  œufs  encore  pourvus  de  leur  vésicule  germinalive  ou 
ceux  ayant  émis  depuis  quelque  temps  leurs  deux  globules  sonl  absolument 
réfractaires  au  réactif. 

),  Ce  n'est  pas  cependant  le  fait  de  posséder  ou  non  la  chromatine  des 
globules  polaires  qui  intervient  ici.  J'ai  constaté,  en  effet,  que  le  dévelop- 
pement parthénogénétique  s'effectue  aussi  bien  chez  les  œufs  n'ayant  émis 
aucun  globule,  chez  ceux  qui  en  ont  émis  un  seul  ou  chez  ceux  qui  ont 
émis  les  deux.  Mais,  dans  le  cas  où  aucun  globule  n'a  été  émis,  il  faut  que 
les  phénomènes  caryocinétiques  précédant  cette  émission  aient  commence, 
et,  dans  le  cas  où  les  deux  globules  ont  été  émis,  il  faut  que  les  phéno- 
mènes caryocinétiques  corrélatifs  de  l'émission  du  second  globule  ne  soient 
pas  achevés.  En  d'autres  termes,  il  faut,  dans  le  premier  cas,  que  1  œut  soit 
déjà  sorti  de  l'état  de  repos  qui  précède  l'émission  des  globules;  dans  le 
second  cas,  que  l'œuf  ne  soit  pas  retombé  dans  l'état  de  repos  qui  smt 
l'émission  du  second  globule.  Il  faut  que  l'œuf  soit  dans  cet  état  labile, 


(')  Comptes  rendus,    séances   des  x3   et  20  octobre   1902,   et  Arch.   Zooi.  exp., 
série,  t.  X,  1902,  p.  31 3-235. 

C.  R.,   1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXMI,  N"  12.) 


474  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'équilibre  instable,  qui  se  rencontre  pendant  les  phénomènes  de  cinèse 
et  qui  n'existe  plus  quand  la  cellule  est  à  rélat  de  repos  cinétique. 

»  J'ai  montré  aussi,  dans  mes  recherches  antérieures  sur  ces  sujets,  que 
l'œuf  de  l'Oursin  [Paracentrolus  (^=z  Slrongyiocentrotus)]  est  absolument 
rebelle  à  l'action  de  l'acide  carbonique  et  expliqué  que  cela  tient  au  fait 
que  les  œufs  de  ces  animaux  émettent  leurs  globules  dans  l'ovaire  maternel 
et  sont  tous,  au  moment  où  ils  sont  émis  ou  au  moment  où  l'on  peut  les 
recueillir  efficacement  dans  la  glande,  pourvus  de  leur  pronucléus  femelle 
et  retombés  à  l'état  de  repos  après  l'émission  de  leurs  deux  globules. 

»  Je  me  suis  demandé  s'il  ne  serait  possible,  par  des  moyens  artificiels, 
de  faire  passer  les  œufs  d'Oursin  à  cet  état  de  labilité  qui  rend  efficace 
l'application  de  l'acide  carbonique  pour  déterminer  la  parthénogenèse. 

»  Deux  moyens  se  sont  présentés  à  mon  esprit  :  le  secouage  et  l'élévation 
de  la  température. 

»  Le  secouage  est  depuis  longtemps  connu  comme  un  agent  excitant 
passablement  efficace  :  il  permet  de  hâter  la  maturation  spécifique  des 
œufs  et,  même  dans  certains  cas,  de  déterminer  un  commencement  de 
parthénogenèse;  on  sait  aussi  qu'il  est  un  agent  très  actif  de  tératogenèse  ; 
enfin,  c'est  lui  qui  permet  l'ovotomie  et  la  blastotomie  quand  on  veut  les 
appliquer  en  grand  sur  un  nombre  considérable  d'œufs  ou  d'embryons. 

»  Ici  cependant,  il  ne  suffit  pas  à  déterminer  la  parthénogenèse.  Les 
œufs  secoués,  puis  abandonnés  à  eux-mêmes,  ne  se  développent  pas.  Les 
œufs  secoués,  traités  ensuite  par  l'acide  carbonique  à  froid,  ne  se  déve- 
loppent pas  non  plus. 

»  La  chaleur  seule  ne  donne  pas  non  plus  de  résultats.  Muis  j'ai  réussi 
en  employant  simultanément  ces  deux  agents. 

»  Les  œufs  sont  secoués  dans  Teau  de  nier  à  la  température  ordinaire,  modérément, 
pendant  5  à  6  minutes.  (Il  faut  absolument  éviter  le  secouage  énergique  habituellement 
employé  pour  obtenir  rovolomie  ou  la  blastotomie).  Ils  sont  ensuite  placés  dans  la 
solution  carbonique,  comme  dans  mes  expériences  antérieures,  mais  à  la  température 
de  28°  à  3o°.  La  solution  est  préparée  avec  de  l'eau  de  mer  portée  à  35'^  environ,  de 
manière  qu'après  le  refroidissement  produit  par  le  changement  de  vases  et  l'intro- 
duction de  la  petite  quantité  d'eau  de  mer  où  les  œufs  ont  été  secoués,  la  température 
finale  soit  de  28°  à  00°.  On  abandonne  le  tout  au  refroidissement  naturel  et,  après 
I  heure  environ,  on  remplace  la  solution  carbonique  par  de  l'eau  de  mer  naturelle 
(stérilisée,  bien  entendu),  à  la  température  ambiante. 

»  L'expérience  ayant  été  faite  dans  la  soirée,  j'ai  observé  le  lendemain  matin  que 
60  pour  100  environ  des  œufs  étaient  segmentés.  Les  plus  avancés  avaient  une  tren- 
taine de  blastomères.  J'ai  pu,  par  les  réactifs  colorants,  mettre  en  évidence  le  noyau 
et  démontrer  ainsi  que  c'étaient  des  segmentations  véritables.  Un  bon  nombre,  d'ail- 


SÉANCE  DU  21  SEPTEMBRE  IQoS.  4^5 

leurs,  étaient  aussi  belles  et  aussi  régulières  que  celles   obtenues   par   la   fécondation. 

»  Les  œufs  témoins  n'ont  pas  montré  une  seule  segmentation. 

»  D'autres  œufs  de  la  môme  mère,  traités  par  les  procédés  au  chlorure  de  manganèse, 
au  chlorure  de  potassium,  avec  ou  sans  traitement  consécutif  à  l'acide  carbonique,  ont 
été  le  siège  des  phénomènes  que  j'ai  décrits  ailleurs  sous  le  nom  de  dégénérescence 
vésiculaire,  mais  aucun  ne  s'est  véritablement  segmenté. 

M  II  s'en  faut  de  beaucouj),  cependant,  que  ce  mode  de  traitement  soit 
aussi  efficace  que  celui  des  œufs  d'Astéries,  en  voie  d'émission  de  leurs 
globules,  par  l'acide  carbonique  seul  et  à  froid.  Tandis  que  ceux-ci  m'ont 
donné  des  larves  Agées  aujourd'hui  de  trois  mois  et  demi  et  en  voie  de 
se  métamorphoser,  les  œufs  d'Oursins,  tr-aités  par  le  procédé  ci-dessus, 
n'ont  pas  dépassé  le  stade  à  32  blastomères.  Il  sont  ensuite  entrés  en  dé- 
générescence. 

»  J'attribue  ce  fait,  en  partie,  à  une  cause  accidentelle,  le  soleil  ayant 
frappé  directement  le  vase  où  étaient  les  embryons;  en  partie  à  l'imper- 
fection du  procédé,  dont  les  conditions  optimes  sont  encore  à  trouver.  Il 
faudra  faire  varier  les  conditions  du  secouage  et  la  température  de  la  solu- 
tion chaude  de  C0-;  peut-être  fciire  intervenir  encore  d'autres  agents. 
C'est  là  le  sujet  d'une  longue  et  patiente  recherche  que  je  n'ai  pu  entre- 
prendre encore,  vu  l'époque  avancée  de  l'année,  qui  ne  permet  plus  de  se 
procurer  un  matériel  suffisant. 

»  Mais,  dès  maintenant,  un  point  reste  acquis,  c'est  que  l'on  peut,  par 
des  agents  mécaniques  (secouage)  ou  phvsiques  (chaleur),  mettre  les  œufs 
d'Oursins  réduits,  au  repos  et,  par  suite,  rebelles  à  l'action  de  l'acide  car- 
bonique, dans  un  état  de  labilité  nucléaire  qui  les  rend  sensibles  à  cette 
action  et  leur  permet  de  se  segmenter  parthénogénétiquement.    » 


PHYSIOLOGIE.  —  Sur  la  production  de  sucre  dans  le  sang  pendant  le  passage 
de  ce  dernier  à  travers  le  poumon.  Note  de  MM.  H.  Lépine  et  Boulud. 

«  D'après  Cl.  Bernard,  le  sang  de  la  carotide  renferme  moins  de  sucre 
que  celui  du  ventricule  droit;  les  dosages  qu'il  rapporte  montrent,  en  effet, 
que  la  différence  pourrait  atteindre  le  quart  et  même  près  du  tiers.  Mais 
Cl.  Bernard  ne  connaissait  pas  la  cause  d'erreur  résultant  de  l'acide  glycu- 
ronique  fortement  conjugué  (qui,  dans  quelques  cas,  est  plus  abondant 
dans  le  sang  de  la  carotide).  De  plus,  il  ne  noua  renseigne  pas  sur  les 
conditions  particulières  où  se  trouvaient  ses  animaux;  aussi  peut-on  douter 


-^/^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

que  ses  chiffres  soient  exacts  et  correspondent  à  un  état  normal.  Dans  nos 
expériences,  chez  des  chiens  sains,  nous  n'avons  jamais  vu  que  le  sucre 
dans  le  ventricule  droit  fût  en  proportion  supérieure  d'un  cinquième  à 
celui  de  la  carotide.  Dans  l'expérience  que  nous  avons  rapportée  à  l'Aca- 
démie le  4  m;ii  de  cette  année,  l'excès  n'est  guère  que  d'un  sixième. 

M  Quoi  qu'il  en  soit,  il  demeure  incontestable  qu'il  se  détruit  du  sucre  pen- 
dant la  traversée  du  poumon.  Or,  malgré  cette  perte,  nous  avons  trouvé, 
ce  qui  avait  échappé  à  CI.  Bernard,  que,  le  plus  souvent,  chez  des  chiens 
dans  des  conditions  parfaitement  normales,  nourris  de  viande  et  à  jeun 
depuis  i5  heures,  les  matières  sucrées  étaient  en  proportion  plus  forte 
dans  le  sang  de  la  carotide  que  dans  celui  du  ventricule  droit.  En  effet,  le 
pouvoir  réducteur,  soit  avant,  soit,  ce  qui  est  plus  important,  après  le 
chauffage  en  présence  de  l'acide  tartrique  (pour  décomposer  l'acide  glycu- 
ronique  fortement  conjugué),  était  plus  élevé  dans  le  sang  carotidien;  de 
plus,  très  souvent,  le  pouvoir  rotatoire  à  droite  y  était  aussi  plus  prononcé. 

»  Nos  expériences,  au  nombre  de  vingt,  ont  été  faites  avec  le  manuel 
opératoire  que  nous  avons  décrit  dans  notre  Note  du  4  mai  (').  Nous  avons 
préparé  presque  tous  nos  extraits  de  sang  d'après  la  nouvelle  méthode  re- 
commandée par  MM.  Bierry  et  Portier  (-)  qui  consiste,  comme  on  sait,  à 
précipiter  les  matières  albuminoïdes  au  moyen  du  nitrate  acide  de  mercure 
suivant  les  indications  de  M.  Patein,  et  qui  a  l'avantage  de  donner  des  so- 
lutions parfaitement  limpides,  très  favorables  à  l'examen  polarimétrique, 
et  un  précipité  franchement  rouge  avec  la  liqueur  de  Fehling.  Dans  le  plus 
grand  nombre  de  nos  expériences,  l'excès  du  pouvoir  réducteur  (évalué 
en  glucose)  dans  le  sang  carotidien  après  le  chauffage  a  varié  entre  os,  06 
et  o^',2o. . 

»  On  pourrait  supposer  que  la  moindre  proportion  de  sucre  dans  le  cœur 
droit  tient  à  ce  que,  par  un  hasard  singulier,  la  sonde  aurait  récolté  du  sang 
de  la  veine  cave  supérieure,  à  l'exclusion  de  celui  de  la  veine  cave  infé- 
rieure, plus  sucré.  Mais,  dans  toutes  nos  expériences,  la  sonde  était  bien 
introduite  dans  le  ventricule,  ainsi  que  le  montraient  ses  oscillations,   et  il 


(')  Dans  quelques  cas,  au  lieu  de  nous  borner  à  recueillir  simultanément  les  deux 
sangs,  nous  avons  fait  une  nouvelle  prise  à  la  carotide,  immédiatement  après  la  pre- 
mière, afin  de  nous  renseigner  sur  le  degré  de  l'hyperglycémie  qui  peut  éventuelle- 
ment survenir  après  un  frottement  un  peu  prolongé  de  la  sonde  sur  le  ventricule  droit. 
Nous  l'avons  trouvée  assez  légère. 

(-)  Bierry  et  Portier,  Comptes  rendus  de  la  Société  de  Biologie,,  1902,  p.  1276. 


SÉANCE    DU    2T    SEPTEMBRE    IQoS.  /l-yy 

est  difficile  d'admettre  que  ie  sang  des  deux  veines  n'y  soit  pas  parfaite- 
ment mélange. 

»  On  peut  encore  moins  supposer  que  l'augmentation  du  sucre  dans  la 
carotide  tienne  à  la  concentration  du  sang  pendant  la  traversée  du  pou- 
mon ;  car  un  calcul  très  simple  montre  que  la  quantité  d'eau  exhalée  pen- 
dant quelques  secondes  par  un  chien  est  beaucoup  trop  faible,  par  rapport 
à  celle  du  sang  qui  circule  à  travers  le  poumon,  pour  expliquer  une  aug- 
mentation de  plusieurs  centigrammes  de  sucre  par  litre.  De  plus,  dans 
cette  hypothèse,  les  différentes  matières  sucrées  du  sang  devraient  aug- 
menter parallèlement;  or,  il  n'en  est  pas  ainsi,  et  souvent  le  polarimètre 
permet  de  reconnaître  dans  le  sang  carotidien  une  augmentation  re/a/^Ve  du 
pouvoir  dextrogyre  par  rapport  au  pouvoir  réducteur. 

»  Cet  excès  de  matières  dextrogyres  (et  réductrices)  ne  provient  pas  du 
poumon,  mais  du  sang  lui-même  : 

))  On  sait  depuis  douze  ans  (')  que,  dans  du  sang  normal,  maintenu  une 
demi-heure  environ  à  58°  (pour  anéantir  son  pouvoir  glycolytique),  il  se 
produit  une  certaine  proportion  de  sucre.  Depuis  plusieurs  mois,  nous 
avons  repris  l'étude  approfondie  de  cette  glycogénie  hématique,  et,  entre 
autres  faits  nouveaux,  nous  apportons  aujourd'hui  celui-ci,  que  le  sang 
carotidien,  reçu  dans  Teau  à  58°,  produit,  en  général,  moins  de  sucre  que 
le  sang  du  ventricule  droit,  dans  les  mêmes  conditions,  ce  qui  s'explique 
en  admettant  que  l'hydrate  de  carbone  qui  lui  donne  naissance  (et  que, 
pour  ne  rien  préjuger,  nous  appellerons  sucre  virtuel)  a  subi  pendant  la 
traversée  du  poumon  une  diminution  corrélative  de  la  production  de 
sucre. 

))  Ce  sucre  virtuel  n'est  pas  de  la  zoamyline;  car  on  constate  l'augmen- 
tation du  sucre  dextrogyre  et  réducteur  dans  l'extrait  de  sang  carotidien, 
sans  avoir  besoin  de  le  chauffer  en  présence  d'un  acide,  c'est-à-dire  dans 
des  conditions  où  l'hydrolysation  de  la  zoamyline  est  impossible.  Il  pourrait 
être  identique  avec  celui  dont  les  travaux  modernes,  surtout  ceux  du  pro- 
fesseur F.  Millier  et  de  Schondorff,  ont  fait  connaître  l'existence  dans  la 
molécule  d'albumine,  et  que  Blumenthal  et  Langstein  ont  particulièrement 
étudié  dans  les  albuminoïdes  du  sang.  Nous  nous  proposons  de  revenir  sur 
ce  point  dans  une  Communication  ultérieure. 

»  En  attendant,  nous  résumerons  cette  Note  en  disant  que,  dans  le  sang 
qui  traverse  le  poumon,  il  faut  admettre,  non  seulement  un  processus  gly- 

(M  Lépine  et  Barral,  Comptes  rendus,  25  mai  et  surtout  22  juin  i8gi. 


478  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

colytiqne,  mais  un  processus  glycogénique,  qui  a  passé  jusqu'ici  inaperçu, 
et  qui  l'emporte  le  plus  souvent  sur  le  processus  glycolytique  dans  les  con- 
ditions normales  que  nous  avons  précisées.   » 


MEMOIRES  PRESENTES. 

M.  AnRiKN  MuLLER  adrcssc  un  Mémoire  intitulé  :    «  Radio-activité   et 
ionisation;  phénomènes  généraux  et  théorie  ». 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Becquerel.) 

CORRESPONDANCE. 

ANALYSE  MATHÉIVL\TIQUE.  —  Sur  les  /onctions  monodromes  et  les  équations 
différentielles.  Note  de  M.  Edm.  3îaillet,  présentée  par  M.  C.  Jordan. 

«  I.  Nous  avons  obtenu  le  critère  suivant  de  croissance  irrégulière  des 
fonctions  entières  d'ordre  infini  non  transfmi.  Soit 


(0  ?(^)=2''" 


X" 


une  fonction  entière  d'ordre  infmi  (/•,  p),  où  p  est  fini  :  on  sait  qu'il  y  a, 
pour  m  assez  grand,  une  infinité  de  coefficients  <2,„  tels  que 

(2)  7^=(log,m)''^^^l 

les  autres  étant  plus  petits  que  ne  l'indique  cette  formule. 
»  Si  0,  est  un  nombre  positif  satisfaisant  à  l'inégalité 

l0g;t+,  (m,  H-  0,  )  >  (' Jog;;.^,  m^ 

((',  —  I  positif,  aussi  petit  que  l'on  veut,  dès  que  m,  est  assez  grand,  mais 
fini)  et  s'il  y  a  une  infinité  de  valeurs  de  m^  telles  que,  parmi  les  coeffi- 
cients d'indices  m,,  m,  H-  t,  .  . .,  m,  +  0,  consécutifs,  un  au  plus  satisfait  à 
la  condition  (2)  dès  que  m^  dépasse  une  limite  fixe,  la  fonction  9('^)  est 
à  croissance  irrégulière. 

»   Les  dérivées  de  9(37)  sont  en  môme  temps  à  croissance  irrégulière. 


SÉANCE  DU  21  SEPTEMBRE  igoS.  4-79 

Ceci  s'élend  de  suite  aux  fonctions  monodromes,  aux  environs  d'un  point 
critique  isolé. 

»   II.   L'équation  différentielle 

OÙ  A, ,  . . .,  k^^^  sont  des  polynômes  en  x  à  coefficients  rationnels,  possède 
X;  intégrales  indépendantes  qui  sont  des  fonctions  entières  d'ordre  ^  r  ou 

A.' 

des  polynômes. 

»   III.   Considérons  le  système 

dxx 


clt 


Cl  i^^OC  ^  -\r  ...-+-  f(f ,  ,j  X 1^ , 


ona^^,  ...,  a^n  sont  des  fonctions  quasi-entières  aux  environs  d'un  point 
singulier  essentiel  isolé  commun  que  nous  pouvons  supposer  être  t  =cc. 

»  Si  ces  fonctions  (')  a^^,  ...,  a„„  sont  d'ordre  au  plus  égal  à  celui 
de  e^^^  {\tf)  pour  /  =  oo,  x^,  ...,  x,^  sont  d'ordre  de  grandeur  au  plus  égal 
à  celui  de  e^n  2(|  tf'^^)  (s  positif,  fini,  aussi  petit  que  l'on  veut)  pour  t  =  ce. 

»  Si,  en  particulier,  a^^,  ..  .,  a,„i,  sont  des  polynômes  de  degré  au  plus 
égal  à  zj,  ou  égales  à  un  polynôme  +  un  terme  monodrome  et  fini  pour 
t  =  co,  on  peut  trouver  un  nombre  1  positif  tel  que  j^,  [,...,  (a7„  |  soient 
d'ordre  au  plus  égal  à  e^i^'"'^'. 

j>  IV.  Toute  fonction  cp  quasi-entière  pour  /  =  co  solution  (plus  généra- 
lement toute  solution)  d'une  équation  différentielle  linéaire  homogène, 
dont  les  coefficients  sont  des  fonctions  quasi-entières  pour  ^  =  co  d'ordre 
non  transfini  (yi-,  p),  est  d'ordre  au  plus  égal  à  (^•  4-i,  p)  ou  à  e/^^.^(\  ^f  |^'^^)-  Si 
l'équation  différentielle  a  pour  coefficients  des  polynômes,  9  est  d'ordre 
fini.  De  môme,  pour  les  solutions  de  la  forme  x^  w„,  où  "X  =  constante  et  Wo 
fonction  quasi-entière  pour  l  =.  co, 

»  Dans  le  cas  où  les  coefficients  des  équations  différentielles  de  III  et  IV 
sont  des  fonctions  méromorphes  ayant  le  point  singulier  essentiel  isolé 
/  :=  co  commun,  les  mêmes  propriétés  restent  vraies  en  dehoj's  de  cercles 


(*)  Noire  procédé  de  démonsLralion  est  une  extension  d'une  méthode  de  M,  Liapou- 
noir  (Picard,  Analyse,  t.  III,  p.  862). 


48o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(le  même  rayon?)  (■/)  limité  aussi  petit  que  l'on  veut) ayant  pour  centres  les 
pôles  des  coefficients,  quand  ces  fonctions  méromorphes  sont  d'ordre  fini 
ou  des  fractions  rationnelles. 

»  V.  Soit  Xf,  ...,  a7„  un  système  de  solutions  d'un  système  linéaire 
homogène  d'équations  différentielles  entre  ^,,  ....  x^,  dont  les  coefficients 
sont  des  polynômes  ou  des  fractions  rationnelles  :  si  x^,  par  exemple,  est 
une  fonction  entière,  son  ordre  est  fini  et  sa  croissance  régulière,  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  les  propriétés  et  la  constitution  des  aciers  au  man- 
ganèse. Note  de  M.  Léon  Guillet,  présentée  par  M.  A.  Ditte. 

«  Les  aciers  au  manganèse  ont  fait  l'objet  d'une  étude  importante  de  la 
part  de  M.  Hadfield  (').  De  plus,  M.  Osmond  a  montré  que  les  aciers  au 
manganèse,  non  magnétiques,  possèdent  la  structure  polyédrique  (-). 

»  J'ai  repris  l'étude  complète  des  aciers  au  manganèse,  tant  au  point  de 
vue  micrographique  qu'au  point  de  vue  mécanique.  Mes  recherches  ont 
porté  sur  deux  séries  d'aciers  très  purs  :  la  première  renferme  de  o,ioo 
à  o,  25o  pour  loo  de  carbone,  le  manganèse  va  en  croissant  de  o  à  33 
pour  loo  ;  la  deuxième  contient  de  ©,'700  à  o,  qSo  pour  100  de  carbone  et 
le  manganèse  croît  de  o  à  12  pour  100. 

»   Les  principaux  résultats  de  ces  recherches  peuvent  être  résumés  ainsi  : 

»  Micrographie  des  aciers  bruts  de  forge.  —  H  y  a  u'ie  similitude  très  grande 
entre  les  aciers  au  manganèse  et  les  aciers  au  nickel;  mais  il  faut  beaucoup  moins  de 
manganèse  (moins  de  la  moitié)  pour  produire  le  même  effet  que  le  nickel.  De  plus, 
dans  les  aciers  suffisamment  carbures  (renfermant  plus  de  o,  5oo  pour  100  de  carbone 
environ  )  on  n'observe  pas  de  martensite  pure,  mais  bien  de  la  marlensite  et  de  la  troos- 
tlte,  voire  même  parfois  de  la  troostite  pure. 

»  Le  Tableau  suivant  résume  la  constitution  des  aciers  bruts  de  forge  : 

Classes.                   Microstructure.  Aciers  à  faible  teneur  en  G.              Aciers   carbures. 

I perlite  de  o  à  5  0/0  Mn                     de  o  à  3  Vo  Mn 

II .  .  .  martensile  ou  troostite  de  5  à  12  ''/o  Mn                    de  3  à  7  7o  Mn 

III..  .                       fer  Y  teneur  en  Mn  >  12  °/o  teneur  en   Mn  >-  7  °/o 

»  Les  aciers  de  la  deuxième  classe  sont  à  martensite  lorsqu'ils  renferment  moins  de 
o,5oo  pour  100  de  carbone;  ilssontà  troostite,  lorsqu'ils  en  contiennent  davantage. 

(')  Iron  and  Steel  Institut. 
(^)  Bulletin  des  Mines. 


SÉANCE  DU  21  SEPTEMBRE  IQoS.  48 I 

»  Comme  pour  les  aciers  au  nickel,  cette  deuxième  classe  doit  subir  une  subdivi- 
sion, suivant  que  l'acier  est  formé  de  fer  et  de  martensite;  de  martensite  pure  ou  de 
martensite  et  de  fer  y. 

»  Micrographie  des  aciers  trempés.  —  Les  transformations  micrographiques  obte- 
nues par  recuit,  trempe,  écrouissage  ou  refroidissement  sont  identiques  à  celles  que 
nous  avons  déjà  signalées  pour  les  aciers  au  nickel. 

»  Les  aciers  formant  la  limite  entre  la  deuxième  et  la  troisième  classe  présentent  les 
phénomènes  déjà  signalés.  C'est  ainsi  que  le  recuit,  la  trempe,  l'écrouissage  elle  refroi- 
dissement à  —  78°  ont  produit  de  la  martensite  dans  les  aciers  polyédriques  à  12,9 
pour  100  j\In  de  la  première  série  et  37,2  pour  100  Mn  de  la  deuxième  série. 

»  Propriétés  mécaniques.  —  Nous  avons  pratiqué  sur  ces  aciers  des  essais  à  la  trac- 
tion, au  choc  par  la  méthode  Frémont  et  à  la  dureté  par  la  méthode  Brinell. 

»  Les  résultats  obtenus  sont  en  concordance  absolue  avec  la  microslructure. 

»  Les  aciers  perliliques  offrent  une  charge  de  rupture  un  peu  plus  élevée  que  les 
aciers  au  carbone  ordinaires,  et  cela  d'autant  qu'ils  contiennent  plus  de  manganèse. 
Ils  offrent  une  très  grande  résistance  au  choc.  Ceci  prouve  nettement,  au  contraire 
de  ce  qui  a  été  admis  dans  le  monde  métallurgique  à  la  suite  des  recherches  de 
M.  Hadfield,  que  le  manganèse  ne  rend  pas,  par  lui-même,  les  aciers  fragiles  et  que 
ceux-ci  ne  le  sont  que  lorsque  la  somme  C  +  Mn  est  en  quantité  suffisante  pour 
amener  la  structure  martensitique. 

»  Les  aciers  à  fer  y  ont  des  propriétés  mécaniques  très  remarquables  qui  ont  été 
indiquées  pour  la  première  fois  par  M.  Hadfield. 

»  Le  Tableau  suivant  donne  quelques  résultats  sur  aciers  bruts  de  forge  : 


Composition 

Essais 

. -^-^ 

au  choc 

Manga- 

(méthode 

Carbone. 

nèse. 

Structure. 

R. 

E. 

A  p.  100. 

II  ''  '). 

Frémont). 

0,'2;3 

1,3 

Perlite 

42,5 

28,2 

24,5 

73,4 

kgm 
39 

0,104 

'H 

Perlite 

49>7 

28,6 

17,5 

58,2 

36 

0,286 

2,1 

Perlite 

55,7 

40,7 

i5,5 

57,2 

28 

0,276 

5,6 

Martensite 

7''9 

71.9 

0,2 

2,9 

3 

o,o34 

6,1 

Martensite 

118,3 

84,3 

0,2 

0 

3 

0,  i56 

12,9 

Ac 

ier  sur  la  limite 

65,5 

3o,o 

3,5 

6,0 

12 

0,296 

33,5 

Polyèdres 

61,4 

34,2 

4,5 

74,6 

28 

0,873 

0,5 

Perlite 

114,9 

09,5 

6 

9 

3 

o,84o 

2,0 

Perlite 

io5,4 

79.1 

I 

3 

3 

0,934 

3,0 

Perlite 

100,9 

82,8 

0,5 

0 

3 

0,762 

5,1 

Martensite  -h  fer  y 

86,6 

60,2 

2 

3 

0 

0,700 

7>2 

Ac: 

ier  sur  la  limite 

56,5 

4i,4 

6,0 

7.5 

10 

0,960 

12,0 

Polyèdres 

89,6 

61,8 

i5,o 

'4,7 

23 

en  On 

a  adnnlé 

;  nout 

'  la  striction  1  =; 

S-.v 

;  -_ —   X  1 

00. 

C.  R.,  1903,  0'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N->  12.) 


64 


/,82  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

»  En  résumé,  les  résultats  que  j'ai  obtenus  montrent  la  coïncidence  par- 
faite (les  essais  métallographiques  et  mécaniques.  De  plus,  j'ai  pu  établir 
la  grande  similitude  qui  existe  entre  les  aciers  au  manganèse  et  au  nickel. 

»  Enfin  les  essais  au  choc  montrent  nettement  que  les  aciers  peu  car- 
bures et  à  teneur  inférieure  à  4  ou  5  pour  loo  de  manganèse,  ne  sont  nul- 
lement fragiles. 

»  J'espère  pouvoir  résumer  ces  résultats  dans  un  diagramme  aussi  simple 
que  celui  que  j'ai  donné  pour  les  aciers  au  nickel.    )> 


PATHOLOGIE.  —  Diagnostic  des  calculs  biliaires  par  la  radiographie  préli- 
minaire. Note  de  MM.  Mauclaire  et  Infroit,  présentée  par  M.  Lanne- 
longue. 

«  Ayant  observé  une  malade  chez  laquelle  des  calculs  biliaires  vésicu- 
laires  avec  péricholécystite  et  adhérences  intestinales  avaient  donné  le 
syndrome  de  l'obstruction  intestinale  par  cancer,  l'un  de  nous,  en  présence 
d'une  autre  malade,  jugea  opportun  de  faire  pratiquer  la  radiographie  de 
i'hypochondre  droit  avant  l'intervention  chirurgicale,  qui  fut  pratiquée  le 
ig  août  dernier  à  l'Hôtel-Dieu. 

»  Nous  avons  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  le  cliché  de  cette 
radiographie  préliminaire  :  l'épreuve  montre  bien  les  calculs  emprisonnés 
dans  le  bas-fond  de  la  vésicule.  D'après  nos  recherches  bibliographiques, 
nous  croyons  être  en  présence  du  premier  cas,  en  France,  pour  lequel  les 
rayons  X  aient  pu,  d'une  façon  aussi  nette,  confirmer  le  diagnostic  cli- 
nique, qui  avait  d'ailleurs  été  posé. 

»  Jusqu'ici,  la  composition  chimique  des  calculs  biliaires  a  rendu 
difficile  leur  projection  en  radiographie;  leur  situation  dans  une  partie  du 
corps  que  la  respiration  met  constamment  en  mouvement  est  déjà  un 
obstacle,  mais  le  plus  important  paraît  dû  à  la  composition  chimique  de 
ces  calculs.  Les  uns  sont  exclusivement  composés  de  cholestérine,  corps 
transparentaux  rayons  X;  d'autres  sont  formés  de  cholestérine  et  d'une 
faible  quantité  de  matières  minérales;  d'autres  enfin  sont  surtout  compo- 
sés de  substances  minérales.  Le  plus  grand  nombre  des  calculs  sont  formés 
de  cholestérine.  Jusqu'ici  les  résultats  radiographiques  ont  été  négatifs, 
tout  au  moins  à  notre  connaissance. 

))  Mais,  si  la  composition  chimique  joue  un  grand  rôle,  le  manuel  opé- 
ratoire radiographique  a  aussi  son  importance. 


SÉANCE  DU  2  1  SEPTEMBRE  I903.  483 

»  On  a  recommandé  de  faire  coucher  le  malade  sur  le  ventre,  pour  que  la  vosicule  soil 
le  plus  près  possible  de  la  plaque  sensible.  Mais,  chez  quelques  malades,  la  pression 
sur  le  côté  droit  est  très  douloureuse  et  l'immobilité  est  impossible.  C'était  le  cas 
chez  notre  malade. 

»  Or,  voici  de  quelle  façon  l'un  de  nous  a  procédé.  Un  tube  osmo-régulateur  petit 
modèle,  fonctionnant  sur  une  machine  statique  à  huit  plateaux,  est  placé  à  75""  de  la 
plaque  sensible;  la  malade  était  couchée  sur  le  dos,  directement  sur  la  table  radiogra- 
phique,  avec  interposition  de  la  plaque.  Une  bande  de  toile  de  o'",3o  sur  o"%^o  com- 
primait fortement  l'abdomen,  à  l'aide  de  brides  reliées  à  la  table.  L'ampoule  était  peu 
pénétrante,  et  la  durée  d'exposition  fut  de  10  minutes. 

»  En  opérant  ainsi,  nous  pensons  que  les  insuccès  de  radiographies  vésiculaires  sur 
le  vivant  seraient  moins  nombreux.  On  cherche  trop  souvent  à  diminuer  le  temps  de 
pose,  ce  qui  oblige  à  employer  des  tubes  trop  pénétrants. 

»  Pour  une  autre  malade  de  1  Hôtel-Dieu,  chez  laquelle  la  vésicule  biliaire  était 
très  volumineuse,  la  radiographie  donna  un  résultat  négatif  :  il  s'agissait,  en  effet,  du 
cancer  de  la  tète  du  pancréas.  Une  cholécystostomie  fut  pratiquée  pour  remédier  mo- 
mentanément à  l'ictère  par  rétention. 

»  Nous  avons  recueilli  quelques  calculs  secs  qui  ont  été  radiographiés  sur  une  même 
plaque,  en  y  joignant  ceux  provenant  de  notre  malade  après  la  cholécystostomie 
simple,  car  la  cholécysteclomie  d'emblée,  sans  ouverture  préliminaire  de  la  vésicule, 
n'avait  pu  être  faite  à  cause  des  adhérences  nombreuses  et  résistantes. 

»  Sur  l'épreuve  de  ces  calculs,  radiograpliiés  à  sec,  on  note  que  :  i"  leur  degré  de 
transparence  aux  rayons  X  est  en  raison  inverse  de  la  quantité  de  matières  minérales 
qu'ils  contiennent;  2°  le  volume  de  ces  calculs  n'a  aucune  inlluence  sur  le  résultat 
positif  ou  négatif  de  la  radiographie;  3°  ilans  une  même  vésicule,  on  peut  rencontrer 
des  calculs  de  compositions  différentes,  comme  dans  notre  cas.  On  constate,  en  effet, 
que  deux  calculs  très  opaques  se  voient  très  nettement;  les  autres  ne  laissent  qu'une 
traînée  d'intensité  inégale. 

»  Nous  nous  proposons  de  continuer  ces  recherches  pour  des  calculs 
contenus  dans  le  canal  cholédoque  (car  ici  la  radiographie  préliminaire 
permettrait  au  chirin^gien  de  se  guider  plus  facilement  dans  le  choix  des 
voies  d'accès  sur  les  différentes  portions  du  canal  cholédoque  dans 
lesquelles  le  calcul  peut  être  enclavé).  Cela  est  important,  car  des  adhé- 
rences anormales  rendent  souvent  assez  difficile  l'exploration  du  cholé- 
doque dans  sa  totalité.    » 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  La  germination  des  Orchidées.  Note  de 
M.  NoiiL  Beuxard,  présentée  par  IM.  Gaston  Bonnier. 

«  Grâce  à  l'obligeant  concours  d'ur)  amateur  d'Orchidées,  lAI.  Magne, 
j'ai  pu  reprendre  des  observations  et  des  expériences  sur  la  germination 
des  CaUleya  et  des  Lœlia.  J'en  indiquerai  ici  les  premiers  résultats. 


484  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Les  graines  des  Caltleya,  des  Lœlia  ou  de  leurs  hybrides  sont  au 
nombre  de  celles  dont  on  obtient  le  plus  facilement  la  germination  dans 
les  serres,  où  on  les  sème  généralement  sur  de  la  sciure  de  bois  humide. 
Au  bout  d'une  quinzaine  de  jours,  les  embryons  donnent  de  petites  sphé- 
rules  à  peine  plus  grosses  qu'eux,  mais  rendues  plus  apparentes  par  leur 
verdissement.  Ils  restent  plus  ou  moins  longtemps  à  cet  état;  parfois  ils  ne 
le  dépassent  pas,  et  le  semis  est  tôt  ou  tard  détruit  par  l'envahissement  de 
moisissures;  sinon,  après  un  temps  variable  qui  peut  atteindre  i  ou  2  mois, 
le  développement  s'accuse  et  se  poursuit.  La  germination  est  toujours 
irrégulière  et  lente  :  souvent,  après  4  ou  5  mois,  les  plantules  les  plus 
avancées  ne  dépassent  pas  5™™.  Ces  plantules  ont  alors  la  forme  de  toupies 
au  pôle  élargi  desquelles  se  forme  le  bourgeon  terminal;  elles  se  montrent 
toujours  infestées  à  leur  pointe,  oia  s'attache  le  suspenseur,  par  un  cham- 
pignon filamenteux  endophyte.  Les  expériences  suivantes  montreront  que 
'  la  pénétration  de  ce  champignon  est,  en  sus  des  conditions  qu'exige  la 
germination  des  graines  en  général,  une  condition  supplémentaire  néces- 
saire et  suffisante  pour  la  germination  de  celles-ci.  C'est  ce  que  j'avais 
suggéré  antérieurement,  sans  pouvoir  donner  la  démonstration  précise  que 
je  fournirai  ici. 

»  J'ai  reçu  de  M.  Magne  des  graines  hybrides  de  Cattleya  Mossiœ,  Lœlia  purpu- 
rata  et  des  plantules  obtenues  en  serre  parla  germination  de  graines  de  même  origine. 
Les  graines  étaient  incluses  dans  un  fruit  mûr;  j'en  ai  fait  un  grand  nombre  de  semis 
aseptiques.  Pour  cela,  en  principe,  j'ai  j^rojeté  et  réparti  uniformément  la  fine 
poussière  que  forment  ces  graines  sur  de  larges  surfaces  de  gélose  glycérinée  stérile; 
puis,  après  quelques  jours,  j'ai  prélevé,  pour  les  transporter  dans  des  tubes  de  culture, 
les  graines  qui  restaient  extérieures  aux  colonies  microbiennes  qui  s'étaient  dévelop- 
pées. Ces  semis  définitifs  ont  été  faits  en  tubes  inclinés,  sur  de  la  gélose  à  2  pour  100 
additionnée  d'une  décoction  faible  et  limpide  de  salep;  ils  sont  restés  stériles.  Les 
jeunes  plantules  m'ont  été  envoyées  dans  des  tubes  flambés,  j'en  ai  isolé  quelques-unes 
en  les  débarrassant  de  leur  tégument  et  je  les  ai  semées,  après  lavages  à  l'eau  stérile, 
dans  des  tubes  de  culture  sur  gélose  au  salep.  Il  s'est  développé  dans  ces  cultures  un 
hyphomycète  et  un  coccobacille  que  j'ai  cultivés  sur  le  même  milieu,  séparément  ou 
ensemble.  L'hyphomycète  donne  des  filaments  qui  rampent  à  la  surface  du  milieu  de 
culture  ou  s'étendent  sur  les  parois  humides  du  tube;  il  ne  donne  pas  de  filaments 
dressés  aériens. 

»  Dans  les  semis  aseptiques  de  graines,  laissés  à  l'étuve  à  9,8°  à  une  bonne  lumière 
diffuse,  j'ai  obtenu  la  formation  des  sphérules  vertes,  mais  non  la  germination.  L'em- 
bryon ovoïde  des  graines  mûres,  qui  a  en  moyenne  ibo^-  de  plus  grand  diamètre,  se 
gonfle,  verdit,  et  atteint  3oo!^-  à  35o!-'-;  quelques-unes  de  ses  cellules  épidermiques  s'al- 
longent en  courtes  papilles  sans  former  jamais  de  véritables  poils.  Un  embryon,  dont 
le  développement  est  exceptionnel,  a  atteint  5oo!^,  présenté  des  cloisonnements  cellu- 


SÉANCE  DU  21  SEPTEMBRE  igoS.  /,85 

laires  dans  sa  zone  moyenne  et  formé  quelques  stomates.  L'étal  de  ces  embryons  reste 
stallonnaire  après  loo  jours  de  culture;  pour  des  semis  d'autres  espèces,,  datant  de 
5  mois  et  où  la  plupart  des  embryons  ont  fini  par  se  flétrir,  il  n'a  pas  été  dépassé. 
Mais,  dès  que  l'on  transporte  les  foraines  à  cet  état  dans  une  culture  pure  de  l'hy- 
phomycète  dont  j'ai  parlé  plus  haut,  elles  ne  tardent  pas  à  germer,  soit  qu'on  les 
place  sur  le  milieu  de  culture  même,  soit  simplement  sur  les  parois  humides  du  tube 
où  ce  champignon  étend  ses  hyphes.  Dans  les  premiers  jours  les  filaments  mycéliens 
pénètrent  dans  la  partie  moyenne  du  suspenseur  et  envahissent  rapidement  les  cellules 
adjacentes  de  l'embryon;  la  germination  commence  aussitôt,  elle  devient  évidente  dès 
les  dix  premiers  jours;  au  quinzième,  les  plantules  ont  pris  leur  forme  caractéristique 
en  toupie  et  portent  de  longs  poils  absorbants.  Au  contraire,  si  les  semis  sont  conta- 
minés par  des  moisissures  difTérentes  ou  par  des  bactéries,  les  graines  sont  détruites 
rapidement.  Pourtant,  le  coccobacille  dont  j'ai  parlé,  qui  seul  ne  provoque  pas  la 
germination,  peut,  sans  désavantage,  être  associé  à  Fhyphomycète  nécessaire.  Des 
graines  semées  depuis  87  jours  dans  l'épaisse  zooglée  que  forment  ces  deux  microor- 
ganismes sont  entrées  et  restent  en  pleine  végétation  ;  après  ce  temps,  les  plantules  ont 
atteint  4™""  et  formé  leurs  bourgeons  terminaux;  la  germination  est  parfaitement  ré- 
gulière et  le  résultat  comparable  aux  meilleurs  de  ceux  qu'obtiennent  les  horticul- 
teurs. Il  y  a  donc  bien  là,  en  définitive,  une  action  spécifique,  particulière  à  l'hypho- 
mycète  qui  parasite  normalement  ces  plantes  et  qui  est  nécessaire  à  leur  germination. 
Les  expériences  qui  précèdent  donnent,  pour  identifier  ce  champignon,  un  critérium 
décisif  qui,  jusqu'à  présent,  a  manqué;  je  reviendrai  par  la  suite  sur  ce  point. 

»  Le  cas  que  j'ai  étudié  ici  donne,  à  ce  que  je  crois,  le  premier  exemple 
certain  d'un  organisme  qui  ne  peut  normalement  pas  dépasser  un  état 
embryonnaire  sans  la  pénétration  d'un  parasite,  pas  plus  qu'un  œuf  ne 
peut,  en  général,  poursuivre  son  évolution  sans  être  fécondé.  En  repre- 
nant une  expression  qui  a  été  appliquée  aux  Lichens,  on  pourrait  dire  que, 
par  ces  expériences,  a  été  faite  la  synthèse  de  plantules  d'Orchidées.  Ces 
plantules  ne  sont  pas,  en  effet,  comparables  à  celles  de  la  plupart  des 
plantes,  formées  des  cellules  qui  dérivent  d'un  œuf;  elles  sont  des  com- 
plexes formées  de  semblables  cellules  et  d'un  parasite  nécessaire:  elles 
ont,  en  un  mot,  la  valeur  de  Mycocécidies.   » 

lia  séance  est  levée  à  3  heures  trois  quarts. 

G.  D. 


486  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


BULLETIN    UIULIOGKAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  17  août  igoS. 
(  Suite.) 

Verhandlungen  der  russisch-kaiser lichen  mineralogischen  Gesellschaft  zu  Sainl- 
Petersburg;  2^  série,  Bd.  XL,  Lief.  1,  mit  3  Tafeln.  Saint-Pétersbourg,  igoS;  1  fasc. 
i.i-8°. 

Materialeii  zar  Géologie  Russlands,  herausgegeb.  v.  der  kaiserlichen  mineralo- 
gischen Gesellschaft;  Bd.  XXI,  Lief.  1,  mit  6  Tafeln.  Saint-Pétersbourg,  1908;  i  fasc. 
in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  ouralicnne  des  Amis  des  Sciences  naturelles  ;  suppléments 
au  Tome  XXII  :  i  fasc.  in-8°  et  i  fasc.  in-f<^;  Tome  XXIII  ;  i  fasc.  in-8°.  Saint-Péters- 
bourg, 1902. 

Memorias  de  la  Sociedad  espanola  de  Ilistoria  natural;  t.  I  :  Introduccion  y 
Memoria  i''.  Madrid,  igoS;  i  fasc.  in-8". 

Boletin  demografico  de  la  Republica  meœicana,  1901  ;  ano  IV,  num.  (i. 
Mexico,  1902;  I  vol.  in-4°. 

Censoy  division  territorial  del  Estado  de  Puebla  verificados  en  \  900.  Mexico,  1 908  ; 
I  voL  in-4°. 

Censo  de  la  Republica  mexicana  practicado  en  1900.-  Extranjeros  résidentes. 
Mexico,  igoS;  i  vol.  in-8°. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  24  août   igo3. 

Exposition  universelle  internationale  de  igoo.  Rapport  général  administratif  et 
technique,  par  M.  Alfred  Picard,  Membre  de  l'Institut,  Président  de  Section  au  Conseil 
d'Etat,  Commissaire  général;  t.  IV.  Paris,  Imprimerie  nationale,  igo3;  r  vol.  in-/4°. 
(Hommage  de  l'auteur.) 

M.  Albert  Gaudry  présente  en  hommage,  au  nom  de  M.  le  professeur  sénateur 
Giovanni  Capellini,  les  8  Opuscules  suivants  : 

Balenottere  nùoceniche  di  San  Michèle  pressa  Cagliari  ;  con  due  tavole. 
Bologne,  iSqg;  i  fasc.  in-4''. 

Di  uno  uovo  di  Jîpyornls  nel  Museo  di  Storia  naturale  di  Lione,  e  di  altrc  uova 
e  ossa  fossili  dello  slesso  uccello  raccolte  a  Madagascar  neW  ultiino  decennio  del 
secola  A'LY.  Bologne,  igoo;  i  fasc.  in-^". 

Balenottera  niiocenica  del  Monte  Titano,  Repubblica  diS.  Marino.  Bologne,  igoi  ; 
I  fasc.  in-4°. 

Discorso  di  apertura  délia  yY.YI  Adunanza  générale  estiva  tenuta  dalla  Società 
geologica  italiana  in  Spezia;  seduta  7  settembre  igo2.  Rome,  1902;  i  fasc.  in-8°. 


SÉANCE  DU  21  SEPTEMBRE  IQoS.  487 

Sulle  ricerche  e  osseixazioni  di  Lazzaro  Spallanzuni  a  Porto  Venere  e  nei  din- 
lorni  délia  Spezia.  Rome,  1902;  i  fasc.  in-8°. 

Nota  espUcative  délia  carta  geologica  dei  dinlorni  del  golfo  di  Spezia  e  val  di 
Magra  inferiore;  2*^  edizione  1881.  Rome,  1902;  i  fasc.  in-S". 

Balenefossili  toscane.  I.  Balaena  etrusca.  Bologne,  1902;  i  fasc.  in-4°. 

A^rinzi  di  Squalodonte  nella  arenaria  di  Grumi  dei  Frati presso  Schio;  con  una 
tavola.  Rome,  1908;  i  fasc.  in-4°. 

Annual  report  of  tlie  Direclor  of  the  Allegheny  Ohservatory,  for  theyear  ending 
december  3i,  1902,  by  F.-L.-O.  Wadswortd.  Cincinnati,  1908;  i  fasc.  in-8°. 

The  Institution  of  mechanical  Engineers.  Proceedings,  n°  1,  jaouary-february  1908. 
Londres;  i  vol.  in-8<», 

Proceedings  of  the  american  Academy  of  Arts  and  Sciences;  vol.  XXXIX,  n°  1-3, 
june  1908.  Boston,  Mass.;  3  fasc.  in-S". 

Analele  Academiei  romane;  série  II;  t.  XXIV,  1901-1902;  t.  XXV,  1902-1908. 
Bukarest,  1902-1908;  2  vol.  in-4°. 

Academia  Româna,  Discursuri  de  receptiune  :  XXV.  Mijloce  de  im-estigatiune 
aie  meteorologiei;  diseurs  de  Stefan  G.  Hepites,  eu  respuns  de  D-'  I.  Félix.  Bukarest, 
1908;  I  fasc.  in-4°. 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  8t  août  1908. 

La  question  sardinière  :  Rapport  de  M.  Charles  Bernard  à  M.  Camille  Pelletan, 
Ministre  de  la  Marine;  Rapport  de  MM.  J.  Kunstler  et  Charles  Bénard  à  la  Chambre 
de  Commerce  de  Bordeaux.  Bordeaux,  imp.  J.  Pechade,  1908;  i  fasc.  in-8°. 

Rapport  sur  la  question  de  la  sardine,  par  M.  C.  Bénard  et  M.  J.  Kunstler.  (Extr. 
dvi  Registre  des  délibérations  de  \a  Chixmhre  de  commerce  de  Bordeaux;  séance  du 
10  juin  1908.)  Bordeaux,  imp.  F.   Pech  ;  i  fasc.  in-4<'. 

Ogmios  ou  Orphée,  par  H.  Lizeray.  Paris,  Vigot  frères,  1908  ;  i  fasc.  in-12. 

JJ éclairage  électrique,  revue  hebdomadaire  des  transformations  électriques,  méca- 
niques, thermiques  de  l'énergie.  Direction  scientifique  :  A.  d'Arsonval,  A.  Blondel, 
G.  LipPMANN,  D.  M0NNIER,  H.  PoiNCARÉ,  A.  PoTiER,  A.  WiTZ,  J.  Blondin;  10"  année, 
t.  XXXVI,  n«33,  i5  août  1908.  Paris,  C.  Naud;  i  fasc.  in-4°. 

On  a  probable  relationship  between  the  solar  prominences  and  corona,  by 
William  J.-S.LocKYER.  (Extr.  de  Monthly  Notices  of  the  Royal  astronomical  Society , 
vol.  LXIII,  n°  8.)  Londres,  1908;  l  fasc.  in-8°. 

A  historical  sketch  of  the  expérimental  détermination  of  ll.e  résistance  the 
air  to  the  motion  of  projectiles,    by  Francis  Kashforth.  Cambridge,  1908;  i  fasc. 

in-8". 

International  Catalogue  of  scientific  literature,  first  annual  issue  :  Vol.  III,  part  2  : 
Q,  Physiology,  including  expérimental  Psychology,  Pharmacology  and  expéri- 
mental Pathology;  Vol.  XIII,  O.  Human  Anûtomy;  Vol.  XIV,  P.  Physical  Anthro- 
pology;  Vol.  XV  :  Paleontology.  Londres,  Ilarrison  et  fils;  Paris,  Gauthier- Villars  ; 
léna,  Gustav  Fischer,  1908;  4  vol.  in-8°. 

Catalogue  of  canadian   Birds ;  part  II:   Birds   of  Prey,    Woodpeckers,    Fly- 


488  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Calchers,  C?'ows,  Jays  and  Blackbirch;  by  John  Macoun.  Ottawa,  igo3;  i  vol.  in-8". 

Concorsi  a  premio  delR.  IstiluLo  di  Scienze,  Leltere  éd.  Arti,  proclama li  nclV 
adunanza  solenne  del  i(\  inaggio  igoS.  Venise,  igoS;  i  fasc.  in-8°. 

Sistema  allerno  positivo,  estudio  de  mathematicas  que  comprende  los  factures 
para  resolver  exactement  todas  las  dimensiunes  de  distancias,  pianos  y  cuerpos, 
por  J.  Francisco  Tadeo  Palacios.  Guatemala,  igo3  ;  i  fasc.  ïn-12. 

Natuurkundig  tijdschrift  voor  Nederlandscli-Indië ;  Deel  LXlï.  Amsterdam,  igo3; 
I  vol.  in-8°. 

Archives  du  A/usée  Teyler;  série  II,  vol.  VIII.  S'^  partie,  llaarlem,  Paris, 
Leipzig,  igoS;  i  fasc.  in-/4°. 

Publications  of  tJie  astronomical  Laboratory  at  Groningen;  n"'  10,  11.  Gro- 
ningue,    igo2  ;  2  fasc.  in-4°. 

Observations  made  at  the  Royal  magnetical  and  meteorological  Observatory  at 
Batavia;  vol.  XXIV,  igoi.  Batavia,  igoS;  1  fasc.  in-f". 

Annales  du  Musée  du  Congo  :  Botanique.  Série  V  :  Etudes  de  Systématique  et  de 
Géographie  botaniques  sur  la  flore  du  bas  et  du  moyen  Congo,  par  Eji.  dr 
W^ildeman;  vol.  I,  fasc.  1.  Bruxelles,  igo3;  i  fasc.  in-f'^. 


ERRATA. 


(Séance  du  7  septembre  iQoS.) 
Note  de  M.  P.  Chofardel,  Observations  de  la  planète  MA,  etc.  : 


Page. 


Au  lieu  de  : 

Lisez  : 

Log.  facl. 

Log.  fact. 

Dates. 

parallaxe. 

parallaxe 

Août  3i 

T , 2 1 5„ 

T  ,  2  I  5 

Sept.     I 

î,237„ 

T,237 

2 

T,465„ 

T,/i65 

ACADÉMIE   DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU    LUNDI  28  SEPTEMBRE  1903, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GAUDRY. 


ME3IOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

HISTOLOGIE.  —  Les  myéiocytes  du  bulbe  olfactif. 
Note  de  M.  Joaxnes  Chatin. 

«  Le  bulbe  olfactif  a  été  longtemps  considéré  comme  un  simple  ren- 
flement du  nerf  de  la  première  paire,  étendant  ses  faisceaux  avant  de 
s'épanouir  sur  le  locus  luteus  de  la  membrane  pituitaire. 

»  Les  recherches  histologiques  n'ont  pas  ratifié  cette  conception  des 
anciens  analomistes  :  elles  ont  montré  que,  loin  d'être  uniquement  formé 
par  des  fibres  nerveuses,  le  bulbe  renferme  de  nombreuses  cellules  gan- 
glionnaires; dès  1877,  j'insistais  sur  la  valeur  fonctionnelle  de  ce  «ganglion 
olfactif»,  formant  une  sorte  de  relais  nerveux;  disposé  sur  le  trajet  de  l'im- 
pression olfactive,  entre  la  membrane  réceptrice  et  le  centre  percepteur. 

))  Les  travaux  ultérieurs  ont  pleinement  confirmé  mon  appréciation,  en 
précisant  de  mieux  en  mieux  les  détails  relatifs  à  la  structure  du  bulbe, 
Mais,  comme  il  arrive  souvent  en  pareil  cas,  plusieurs  auteurs  ont  cru  pou- 
voir passer  d'un  extrême  à  l'autre  ;  après  avoir  d'abord  assigné  au  bulbe 
une  structure  des  plus  simples,  puisqu'on  le  réduisait  à  un  amas  de  fibres 
nerveuses,  on  ne  tarda  pas  à  le  doter  d'une  série  de  couches  réguliè- 
rement stratifiées,  à  texture  définie,  tantôt  fibreuse  et  tantôt  celluleuse. 

»  Il  s'en  faut  de  beaucoup  qu'il  en  soit  toujours  ainsi;  dès  qu'on  multi- 
plie les  types  d'étude,  chez  les  Carnivores  et  les  Rongeurs,  on  constate  que 
ce  schéma  se  trouve  souvent  peu  conforme  à  la  réalité  des  faits.  Je  n'insiste 
pas  sur  les  variations  topographiques,  amenant  à  se  confondre  telles 
couches  présentées  comme  entièrement  distinctes;  je  crois  pins  utile  de 
mettre  en  lumière  certains  éléments  qui  ont  été  généralement  méconnus. 

G.  R.,  1903,  2»  Semestre.  (T.  GX.X.X.VII,  H"  13  )  65 


490  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

»  Tels  sont  les  myélocytes  sur  lesquels  l'attention  paraît  s'être  rarement 
arrêtée,  et  qui  offrent  pourtant  ici  un  intérêt  tout  particulier. 

))  Il  serait  suj)erflu  de  rappeler  les  caractères  du  myélocyte  nerveux  : 
dans  une  longue  série  de  Mémoires  (1888-1899),  j'^^  ^^^^  connaître  son 
mode  de  constitution,  sa  karyomégalie,  sa  fréquence  dans  divers  groupes 
zoologiques,  etc.  ;  aussi  me  suffîra-t-il  aujourd'hui  d'étudier  sa  répartition 
dans  le  bulbe  olfactif  et  de  rechercher  les  particularités  qu'il  peut  y  pré- 
senter. 

»  D'une  façon  générale  et  sans  s'arrêter  à  la  notion  des  couches  strati- 
fiées, on  peut  regarder  le  bulbe  comme  limité  en  avant  et  en  arrière  par 
deux  zones  de  fibres  (fibres  antérieures  ou  externes,  fibres  postérieures  ou 
internes)  entre  lesquelles  se  trouve  disposé  le  relais  ganglionnaire  compre- 
nant les  glomérules,  les  cellules  nerveuses  proprement  dites  et  les  myélo- 
cytes. 

))  Ceux-ci  se  rencontrent  surtout  (mais  non  exclusivement)  vers  les  fron- 
tières antérieure  et  postérieure  de  ce  relais.  Ils  s'y  montrent  avec  leurs 
caractères  habituels  :  noyau  volumineux;  cytoplasme  somatique  peu  abon- 
dant et  réduit  à  une  mince  zone  périnucléaire  ;  prolongements  de  dimen- 
sions et  de  volume  variables,  pouvant  se  différencier  en  prolongements  den- 
dritiques  et  en  prolongement  cylindraxyle,  ce  qui  distingue  le  myélocyte 
du  grain,  tel  qu'on  le  définit  maintenant. 

»  L'élude  des  myélocytes  du  bulbe  olfactif  établit  donc,  une  fois  de 
plus,  l'intime  parenté  de  ces  éléments  avec  les  cellules  nerveuses;  d'autre 
part,  elle  achève  de  dégager  la  réelle  valeur  que  l'on  doit  attribuer  an  gan- 
glion ;  enfin,  elle  vient  à  l'appui  des  rapprochements  tentés,  depuis  quelques 
années,  pour  homologuer  le  relais  olfactif  et  le  relais  rétinien.  » 

M.  Alfred  Picard,  en  présentant  à  l'Académie  le  Tome  V  de  son 
((  Rapport  général  administratif  et  technique  sur  l'Exposition  universelle 
internationale  de  1900  »,  s'exprime  comme  il  suit  : 

a  Ce  Volume  est  principalement  consacré  aux  Sections  étrangères.  Il 
met  en  lumière  l'immensité  de  l'effort  que  la  plupart  des  Etats  ont  fait 
pour  répondre  dignement  à  l'invitation  de  la  France  et  dont  notie  pays  ne 
saurait  leur  être  trop  reconnaissant. 

»  Des  indications  sur  les  résultats  de  l'étude  comparative  à  laquelle  ont 
donné  lieu  les  produits  français  et  les  produits  étrangers  m'entraîneraient 


SÉANCE  DU  28  SEPTEMBRE  igoS.  49  ^ 

beaucoup  trop  loin.   L'Académie  voudra  bien  cependant  me  permettre 
deux  observations  capitales. 

»  Au  début,  beaucoup  d'esprits  clairvoyants  n'étaient  pas  sans  appréhen- 
sion pour  certaines  branches  de  l'activité  nationale,  qui  relèvent  plus 
particulièrement  des  applications  scientifiques.  Les  grands  progrès  réalisés 
au  delà  de  nos  frontières  autorisaient,  sinon  des  craintes  sérieuses,  du 
moins  des  doutes  au  sujet  de  l'issue  du  concours.  En  fait,  la  France  est 
sortie  de  l'épreuve  à  son  honneur.  On  peut  le  constater  sans  présomption. 
Mais  il  serait  imprudent  de  se  dissimuler  que  nos  rivaux  ont  fait  de  vastes 
conquêtes  et  que,  pour  garder  nos  positions,  nous  devons  plus  que  jamais 
nous  livrer  à  un  travail  opiniâtre,  à  d'infatigables  recherches,  reculer  sans 
cesse  les  bornes  de  nos  connaissances,  entretenir  chez  nous  l'émulation  du 
labeur  et  de  la  Science. 

»  Je  viens  de  parler  de  la  Science.  Personne  ne  me  reprochera  d'attester, 
et  c'est  là  ma  seconde  observation,  que  sur  ce  terrain  les  peuples  étrangers 
ont  rendu  un  hommage  unanime  aux  qualités  ataviques  de  notre  race,  à  la 
clarté,  à  la  netteté,  à  la  puissance  synthétique  de  l'esprit  français.  Ce  sont 
des  qualités  que  nous  ont  léguées  nos  devanciers  et  auxquelles  nous  ne 
saurions  rester  trop  fermement  attachés. 

))   Parmi  les  Chapitres  dont  se  compose  ce  Volume,  il  en  est  un  qui  me 
paraît  mériter  spécialement  la  bienveillante  attention  de  l'Académie  :  celui 
des  musées   centennaux.  Les   expositions  ne   constituent  pas  seulement 
des  manifestations  économiques,  des  entreprises  organisées  pour  le  plaisir 
des  yeux;  s'en  faire  une  pareille  conception  serait  réduire  singulièrement 
leur  rôle  et  leur  portée.  Elles  doivent  être  avant  tout  des  œuvres  d'éduca- 
tion et  d'instruction  publiques.  A  ce  point  de  vue  élevé,  les  musées  rétros- 
pectifs formaient  à  la  fois  l'un  des  éléments  les  plus  brillants  et  l  un  des 
fovers  d'enseignement  les  plus  féconds  du  concours  de  1900.  Jalonnant 
par  des  repères  habilement  choisis  l'évolution  de  l'activité  française  au 
cours  du  siècle  et  quelquefois  même  depuis  une  époque  plus  lointaine, 
disposés  pour  la  plupart  avec  une  extrême  compétence,  ils  retenaient  le 
visiteur,  hu  montraient  les  anneaux  successifs  de  la  chaîne  ininterrompue 
qui  relie  les  générations  entre  elles,  l'éclairaient  sur  la  solidarité  humaine 
à  travers  le  temps  et  ranimaient  sa  foi  en  l'avenir. 

»  Quelques-uns  de  ces  musées  otfraient  un  intérêt  spécial  :  tels  ceux  de 
la  Géooraphie,  de  la  Topographie,  des  Instruments  de  précision,  de  a 
Mécanique,  de  l'Électricité,  de  la  Chimie,  presque  tous  créés  sous  la  haute 
direction  de  membres  de  l'Académie  des  Sciences  :  le  regrette  M.  Faye, 


49^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

M.  le  colonel  LaussedaL,  M.  Mascart,  M.  Troost.  Grâce  à  la  généreuse 
obligeance  des  grandes  institutions  d'enseig:nement  supérieur,  des  indus- 
triels et  des  collectionneurs,  les  organisateurs  ont  pu  édifier  un  véritable 
monumentà  la  gloire  des  savants  français  du  siècle,  accumuler  les  reliques 
des  hommes  (|ui  ont  tant  fait  pour  la  Science  et  pour  le  pays.  C'est  ainsi 
que,  dans  le  musée  de  la  Chimie,  les  appareils  et  instruments  ayant  appar- 
tenu aux  laboratoires  de  l'immortel  Lavoisieret  de  ses  successeurs,  jusqu'à 
l'illustre  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie,  M.  Berthelot,  étaient  religieu- 
sement rangés  et  classés  dans  de  vastes  vitrines,  avec  les  spécimens  des 
produits  dus  à  leur  génie  :  le  salon  contenant  ces  vitrines  éveillait  l'im- 
pression d'un  sanctuaire  dédié  à  la  Science. 

»  Le  souvenir  des  expositions  rétrospectives  est  perpétué  dans  des 
rapports  admirablement  illustrés  qui  resteront  comme  des  documents  de 
premier  ordre  pour  l'histoire  du  mouvement  intellectuel  ou  matériel  au 
cours  du  xix^  siècle.    » 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  3I11MSTRE  DE  LA  Guerre  invite  l'Académie  à  lui  désigner  deux  de 
ses  Membres  pour  faire  partie,  cette  année,  du  Conseil  de  perfectionne- 
ment de  l'Ecole  Polytechnique. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  une  combinaison  du  sulfate  d'aluminium 
avec  V acide  sulfurique.  Note  de  M.  E.  Raud,  présentée  par  M.  H. 
Moissan. 

«  Lorsqu'on  attaque  la  bauxite  par  l'acide  sulfurique  étendu  de  son 
volume  d'eau,  soit  pour  l'analyse  de  ce  minerai,  soit  pour  la  fabrication 
du  sulfate  d'aluminium,  il  arrive  parfois,  après  un  certain  temps  de  chauf- 
fage, qu'il  se  dépose  un  magma  cristallin  qui  occasionne  de  violents  sou- 
bresauts. Si  on  laisse  alors  refroidir,  toute  la  matière  se  prend  en  une  masse 
ayant  la  consistance  du  miel. 

»  Ce  fait  avait  déjà  été  signalé  en  1861  par  Persoz,  puis  par  Sainte-Claire 
Deville  ('),  mais  le  composé  ainsi  formé  n'avait  pas  été  étudié. 

»   Ce  n'est  cependant  pas  du   sulfate  d'aluminium  ordinaire  qui   aurait 

(')  Afin.  Chifti.  et  Phys.,    3"  série,  t.  LXI,  p.  Sog. 


SÉANCE    DU    28    SEPTEMBRE    rpoS.  /igS 

été  précipité  par  l'acide  sulfiirique,  car  le  produit  obtenu  ne  se  dissout  que 
très  difficilement  dans  l'eau  froide. 

»  Si  l'on  répète  l'expérience  précédente  en  remplaçant  la  bauxite  par 
l'alumine  hydratée  pure,  le  même  phénomène  se  produit.  Il  n'est  donc  pas 
dû  aux  impuretés  de  la  bauxite. 

))  On  arrive  encore  au  même  résultat  si  l'on  chauffe  une  dissolution  de 
sulfate  d'aluminium  hydraté  dans  de  l'acide  sulfurique  à  73  pour  100 
d'acide  pur. 

»  C'est  à  ce  dernier  procédé  que  j'ai  eu  le  plus  particulièrement  recours 
dans  cette  étude. 

»  En  employant  des  acides  moins  concentrés,  on  finit  toujours,  en  pro- 
longeant suffisamment  l'ébullition,  par  obtenir  le  dépôt  cristallin,  lorsque 
l'acide  a  atteint  la  concentration  de  'jj  pour  100. 

»  C'est  ainsi  que,  dans  l'attaque  de  la  bauxite  par  l'acide  étendu  de  son 
volume  d'eau,  ce  phénomène  se  produit  lorsqu'on  a  laissé  l'acide  se  con- 
centrer jusqu'à  cette  limite. 

»  Le  produit  obtenu  a  été  essoré  à  l'aliri  de  l'humidité,  puis  comprimé  entre  des 
plaques  poreuses  pour  en  extraire  la  majeure  partie  de  l'acide  retenu  mécaniquement, 
puis  lavé  à  l'acétone  comme  l'a  indiqué  récemment  M.  Recoura  pour  l'acide  ferrisul- 
furique  ('). 

»  Enfin  la  purification  a  été  achevée  par  un  lavage  à  l'éther  anhydre  et  un  nouvel 
essorage. 

»   On  obtient  ainsi  une  poudre  cristalline  bien  blanche,  avant  pour  composition 

APOS4SOS4H20     (^). 

»  Cette  composition  est  comparable  à  celle  des  acides  chromosulfurique  et  ferrisul- 
furique  de  M.  Recoura.  Ce  corps  se  dissout  très  lentement  dans  l'eau  froide.  En  opé- 
rant avec  2S  de  matière  et  aoû*^™'  d'eau  à  20"  et  en  agitant  continuellement,  la  dissolu- 
tion n'est  complète  qu'au  bout  de  3  heures. 

»  A  chaud  la  dissolution  est  beaucoup  plus  rapide. 

»  Étant  donnée  l'impossibilité  d'une  mesure  thermique  exacte,  il  est 
difficile  de  savoir  s'il  s'agit  d'une  simple  juxtaposition  de  i™"*'  d'acide  sul- 
furique et  de  1™°'  de  sulfate  d'aluminium,  ou  s'il  y  a  eu  modification  molé- 
culaire (polymérisation  ou  formation  d'un  radical  complexe). 


(')   Comptes  rendus,  t.  CXXXVII,  i3  juillet  1908,  p.  118. 
(2)  Analyse  :  Al-0^  =  20,72;     80^=64,60;     H20=i4,68. 
ThéoVie  :  AP 0^=20, 65;     803=64,78;     H- 0=  14,57. 


494  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

w  Ce  sont  ces  deux  dernières  hypothèses  qui  paraissent  les  plus  vrai- 
semblables. 

»  Les  sels  acides  sont  généralement  plus  solubles  que  les  sels  neutres 
correspondants;  d'autre  part,  la  lenteur  de  la  dissolution  semble  bien 
indiquer  une  modification  moléculaire  et  les  particules,  d'abord  cristallines, 
deviennent  floconneuses  avant  de  se  dissoudre. 

»  La  production  du  composé  qui  nous  occupe  est  donc  la  résultante  de 
trois  phénomènes  concomitants  :  déshydratation  partielle  du  sulfate  d'alu- 
minium hydraté  Al^(SO*)%  16H-O,  combinaison  avec  l'acide  sulfurique 
et  modification  moléculaire. 

»  Action  de  l'acide  sulfurique  concentré.  —  Le  sulfate  d'aluminium  hydraté  se 
dissout  dans  l'acide  sulfurique  concentré  et  la  dissolution  se  maintient  limpide  à  froid. 
Mais  il  suffit  de  chauffer  celle-ci  pendant  quelques  minutes  à  iio°-i20°  pour  qu'elle  se 
prenne  en  une  masse  pâteuse. 

»  Après  lavages  et  essorage,  le  produit  a  la  même  composition  que  le  précédent  à 
l'eau  de  cristallisation  près. 

»  Celte  solubilité  du  sulfate  d'alumine  dans  l'acide  sulfurique  concentré  est  d'autant 
plus  curieuse  que  l'acide  sulfurique  diminue  la  solubilité  des  sulfates  dans  l'eau  comme 
l'a  montré  M.  Engel  (^)  et  notamment  celle  du  sulfate  d'aluminium. 

»  Ainsi,  tandis  que  d'après  Poggiale  100  parties  d'eau  dissolvent,  à  20°,  106  parties 
de  sulfate  d'alumine,  j'ai  constaté  que  100  parties  d'un  mélange  de  T"^  d'acide  avec 
2^"i  d'eau  n'en  dissolvent  que  6,45  parties. 

»  Je  me  propose  d'étudier  la  solubilité  du  sulfate  d'aluminium  dans  de 
l'acide  sulfurique  à  différentes  concentrations,  solubilité  qui  pourrait  pré- 
senter des  particularités  intéressantes.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  --  Sur  le  jiitrosite  de  lapulégone. 
Note  de  M.  P.  Genvresse. 

((  Les  nitrosites  des  cétones  cycliques,  possédant  une  ou  plusieurs 
doubles  liaisons,  n'ayant  pas  été  préparés  jusqu'à  présent,  nous  avons 
essayé  de  les  obtenir.  Nous  avons  opéré  sur  la  carvone  et  sur  la  pulégone; 
nous  n'avons  pas  encore  pu  avoir  de  produit  cristallisé  avec  la  carvone;  il 
n'en  a  pas  été  de  même  avec  la  pulégone. 

»  Le  nitrosite  de  la  pulégone,  C*"H*^0,  Az-0^  peut  s'obtenir  de  deux  manières  : 
soit  avec  le  peroxyde  d'azote,  soit  avec  les  vapeurs  nitreuses,  préparées  par  l'amidon 

(*)  Comptes  rendus,  t.  CIV,  21  février  1887,  p,  5o6. 


SÉANCE  DU  28  SEPTEMBRE  1903.  495 

et  l'acide  nitrique;  à  partir  de  ce  moment  la  marche  est  la  même,  soit  que  l'on  parle 
du  peroxyde  d'azote,  soit  des  vapeurs  iiitreuses. 

»  On  dissout  la  pulégone  dans  l'éther  de  pétrole;  on  place  la  solution  dans  un 
mélange  réfrigérant  de  glace  et  de  sel,  et  on  la  sature  soit  par  du  peroxyde  d'azote, 
soit  par  des  vapeurs  nitreuses;  une  huile  se  sépare;  on  attend  au  lendemain  pour  que 
la  précipitation  soit  bien  complète,  on  décante  la  partie  lourde  et  on  la  soumet  à 
l'entraînement  par  la  vapeur  d'eau;  peu  de  chose  passe;  on  enlève  ensuite  l'eau 
condensée  et  l'on  abandonne  le  liquide  à  lui-même;  au  bout  de  quelques  jours,  huit 
au  plus,  il  se  forme  des  cristaux  qu'on  essore  et  qu'on  fait  ensuite  cristalliser  à 
plusieurs  reprises  dans  l'alcool. 

»  L'analyse  élémentaire  de  ces  cristaux  correspond  à  la  formule  C'"!!'*^,  Az-O^  ; 
nous  avons  trouvé  pour  leur  poids  moléculaire,  en  opérant  en  solution  acétique  par  la 
méthode  de  Raoult,  le  nombre  239,5  ;  la  formule  G'"H'®,  Az^O*  exigerait  le  nombre  228. 

»  Le  nitrosite  de  la  pulégone  est  formé  de  belles  aiguilles  soyeuses  incolores,  fondant 
à  68°-69°;  il  est  soluble  dans  l'alcool,  plus  à  chaud  qu'à  froid,  ce  qui  permet  de  le 
purifier;  il  est  aussi  soluble  dans  le  chloroforme,  l'acide  acétique,  etc.;  il  agit  sur  la 
lumière  polarisée;  sa  déviation  pour  la  raie  D  est,  en  solution  chloroformique,  de 
+  28° i3'  à  la  température  de  28". 

»  Il  est  entraînable,  mais  difficilement,  par  la  vapeur  d'eau;  le  groupe  Az-0'  se  fixe 
sur  la  double  liaison  de  la  pulégone  ;  en  effet,  si  l'on  dissout  le  corps  précédent  dans  le 
chloroforme  ou  la  benzine,  et  que  l'on  traite  la  solution  par  le  brome,  ce  dernier  ne  se 
décolore  pas.  Ce  corps  possède  le  caractère  des  nitrosites  ;  en  eflet,  en  présence  de 
Facide  sulfuriaue  et  du  phénol,  il  donne  une  magnifique  coloration  vert  émeçaudo. 

»  Traité  par  Thydrogène  naissant,  il  donne  de  l'ammoniaque  et  une  huile  que  nous 
ne  sommes  point  parvenu  à  faire  cristalliser. 

»  Son  oxime  est  également  une  huile  incristallisable. 

»  Enfin  nous  ne  sommes  point  parvenu  à  le  combiner  avec  les  ammoniaques,  la  ben- 
zylamine  ou  la  pipéridine.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  production  cl* hydrogène  suif uré par  les  extraits 
d'organes  et  les  matières  albuminoldes  en  général.  Note  de  M.  Emm. 
Pozzi-EscoT.  (ExLrait.) 

«  ....  Si  l'on  fait  un  extrait  de  levure  de  brasserie,  Icvin-e  b;\sse,  sui- 
vant une  des  méthodes  que  j'ai  indiquées,  et  en  partictdier  au  saccharose 
additionné  de  chloroforme  ou  de  fluorure  de  sodium,  et  si  l'on  mélange 
cet  extrait  avec  du  soufre  en  fleur,  ce  mélange  dégage,  à  la  température 
ordinaire,   une  grande  quantité  d'hydrogène  sulfuré,  et  cela  en  quelques 

heures. 

))  Le  même  extrait,  additionné  de  chloioforme,  mais  non  de  soufre,  ne 
donne  lieu  à  aucun  dégagement  d'hydrogène  sulfuré,  en  12  heures,  à  la 
température  ordinaire.... 


49^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Si  l'on  soumet  l'extrait  précédent  à  l'ébuUition  pendant  3  minutes, 
puis  qu'après  refroidissement  on  l'additionne  de  chloroforme  et  de  soufre 
en  fleur,  on  ne  constate,  en  12  heures,  à  la  température  ordinaire,  aucun 
dégagement  d'hydrogène  sulfuré. 

»  ....  L'extrait  aqueux  de  levure  a  été  porté  à  Tébullition  en  présence 
de  soufre  :  il  a  donné,  immédiatement,  un  abondant  dégagement  d'hydro- 
gène sulfuré,  à  chaud;  mais,  après  refroidissement,  le  vase  a  été  purgé  de 
toute  trace  de  ce  gaz  par  barbotage  d'acide  carbonique,  et  abandonné 
pendant  12  heures  à  la  température  du  laboratoire  :  il  n'a  dégagé  aucune 
trace  d'hydrogène  sulfuré. 

))  D'autre  part,  de  l'extrait  aqueux  de  levure,  très  actif,  a  été  abandonné, 
en  présence  de  bisulfite  de  soude  ;  il  a  dégagé,  au  bout  d'un  certain  temps, 
de  l'hydrogène  sulfuré,  de  façon  notable.... 

»  De  ces  expériences,  et  de  quelques  autres,  il  paraît  permis  de  con- 
clure que  la  production  d'hydrogène  sulfuré  en  abondance  et  sans  limite, 
par  les  extraits  d'organes,  et  en  particulier  par  l'extrait  de  levure,  est  bien 
due  à  un  phénomène  de  nature  diastasique....  » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  la  résorption  phagocylaire  des  produits  génitaux  inutilisés^ 
chez  /'Echinocardium  cordatum  Penn.  Note  de  MM.  Maurice  Caullery 
et  Michel  Siedlecki,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Dans  des  recherches  déjà  assez  anciennes  (*),  M.  Giard  a  reconnu 
les  profondes  transformations  que  subissent,  en  dehors  de  la  période  de 
reproduction,  les  glandes  génitales  de  certains  Echinodermes  et  en  parti- 
culier de  l'^'cAmocarâ^mmcor^a^wm  Pennant,  Oursin  Spatangoïde  abondant 
dans  le  sable  de  la  plupart  de  nos  plages.  Ces  glandes,  après  l'époque  de 
la  ponte  (juin-juillet,  dans  la  Manche)  diminuent  de  volume,  prennent  une 
teinte  foncée  et  renferment,  au  lieu  de  cellules  génitales,  de  grands 
éléments  sphériques  vacuolaires.  De  plus,  avec  l'approche  de  l'hiver,  se 
produisent  de  nombreux  cristaux.  Sur  les  indications  de  M.  Giard,  nous 
venons  de  reprendre  l'étude  de  ces  phénomènes,  pour  laquelle  on  dispose 
maintenant  de  ressources  techniques  bien  plus  grandes. 


(  ')  Sur  une  fonction  nouçelle  des  glandes  génitales  des  Oursins  {Comptes  rendus  , 
t.  LXXXV,  5  novembre  1877). 


SÉANCE  DU  28  SEPTEMBRE  igoS.  4g-7 

»  Nos  observations  sont  limitées  jusqu'ici  à  l'étude  des  glandes  génitales  de  VEchino- 
cardium,  à  l'époque  présente  de  l'année  {septembre). 

y>  Il  est  facile  de  constater,  in  vivo,  les  principaux  faits  énoncés  par  ]\T.  Giard  : 
réduction  de  volume  et  changement  de  couleur  des  glandes,  présence  des  cristaux  et 
des  éléments  vésiculeux.  Ceux-ci  sont  sphériques  et  mesurent  de  35f^  à  [\o^  de  dia- 
mètre; leur  protoplasme,  concentré  à  la  périphérie,  enclave  un  grand  nombre  de 
petites  sphérules  assez  réfringentes,  mesurant  environ  1^  et  réparties  sur  un  hémi- 
sphère; au  milieu  d'elles,  on  observe  souvent  un  ou  deux  amas  de  pigment  jaune  bru- 
nâtre (c'est  ce  pigment  qui,  par  son  abondance  plus  ou  moins  grande,  donne  la  teinte 
générale  à  la  glande);  la  vacuole  centrale  hyaline  occupe  presque  tout  le  volume  dtj 
l'élément. 

»  Considérons  successivement  les  mâles  et  les  femelles. 

1)  A.  Mâles.  —  In  vivo,  on  constate,  sur  des  dilacéralions,  outre  les  éléments  pré- 
cédents, de  petits  corps  coniques,  isolés  ou  en  paquets.  Ce  sont  des  têtes  de  spermato- 
zoïdes. Mais  nous  n'avons  vu  aucun  spermatozoïde  intact  et  mobile.  Passons  maintenant 
à  l'examen  des  matériaux  fixés  et  colorés  (coupes  et  dilacérations).  Nous  constatons 
d'abord  que  les  éléments  vésiculeux  sont  unicellulaires.  Chacun  renferme  un  noyau 
unique,  périphérique;  le  contenu  de  la  grande  vacuole  ne  se  teint  pas;  les  sphérules 
décrites  plus  haut  prennent  une  teinte  brune  par  l'acide  osmique  et  ne  retiennent  pas 
les  colorants;  certaines  d'entre  elles  offrent,  à  leur  intérieur,  de  petites  vacuoles.  Au 
milieu  de  ces  sphérules  on  trouve  :  1°  des  têtes  de  spermatozoïdes  agglutinées  ou 
isolées;  2"  tous  les  stades  de  dégénérescence  de  ces  sjDcrmatozoïdes  et  de  leur  trans- 
formation en  sphérules.  Autour  du  spermatozoïde  il  apparaît  d'abord  une  gaine  de  la 
substance  brune  formant  bientôt  une  sphérule  ;  puis  le  spermatozoïde  se  recourbe  par 
son  extrémité  effilée,  prend  une  forme  en  croissant,  devient  une  petite  sphère  qui  se 
colore  massivement  par  la  safranine  ou  l'hématoxyline  et  enfin  se  dissout  graduellement 
dans  la  sphérule  qu'il  a  produite.  Les  mêmes  processus  peuvent  affecter  un  groupe 
de  spermatozoïdes  agglutinés. 

»  De  tout  cela  ressort  que  les  cellules  vésiculeuses,  qui  maintenant  forment  la  masse 
de  la  glande,  sont  des  phagocytes,  bien  individualisés,  ayant  absorbé  chacun  un  grand 
nombre  de  spermatozoïdes;  la  digestion  de  ces  spermatozoïdes  produit  les  sphérules 
qui  finalement  se  dissolvent  pour  constituer  le  liquide  de  la  vacuole  centrale,  en  lais- 
sant, comme  résidu,  du  pigmentjaune  brunâtre. 

»  Les  coupes  montrent  la  disposition  respective  des  phagocytes,  pressés  les  uns 
contre  les  autres,  sans  tissu  interposé;  contre  l'épitliélium  pariétal  on  voit  des  cellules 
spéciales  que  nous  regardons  comme  des  spermatogonies  régénérant  ultérieurement 
la  glande.  Les  coupes  montrent  aussi  que  tous  les  spermatozoïdes  reconnaissables 
sont  à  l'intérieur  des  phagocytes.  Donc,  tous  les  produits  génitaux  restant  dans  le 
testicule,  à  la  fin  de  la  période  de  ponte,  sont  phagocytés. 

»  B.  Femelles.  —  Les  ovaires  offrent  un  tableau  tout  à  fait  semblable.  In  vivo,  on 
y  constate  :  a.  des  cellules  vésiculeuses  analogues  à  celles  de  la  description  précédente 
et,  en  outre,  b.  de  petits  ovules  d'apparence  normale;  c.  des  ovules  réduits  à  la  vési- 
cule germinative  plus  ou  moins  hypertrophiée  avec  nucléole  souvent  très  gros  et  aune 

C.  R.,  1903,  '1'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  13.J  66 


498  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

mince  couche  protoplasmique;  d.  de  nombreux  corps  sphérlques  ayant  jusqu'à  25t^ 
de  diamètre,  formés  d'une  substance  compacte  et  finement  granuleuse.  A  ces  carac- 
tères on  distinguera  immédiatement  les  femelles  des  mâles.  Sur  les  matériaux  fixés  et 
colorés,  coupes  ou  dilacérations,  on  reconnaît  d'abord  que  les  cellules  vésiculeuses 
sont  des  phagocytes  digérant  des  fragments  d'ovules  (corps  sphériques  d  ci- dessus). 
Les  coupes  montrent  la  structure  générale  des  acini  :  a.  une  paroi  épithéliale  sou- 
tenue par  de  nombreuses  fibres  musculaires  ;  [3.  au  contact  de  la  paroi,  se  trouve  encore 
une  couche  à  peu  près  continue  d'ovules,  plus  ou  moins  petits,  paraissant  normaux, 
par  l'aspect  du  noyau  et  la  colorabilité  du  protoplasme;  y-  immédiatement  au-dessous, 
vient  une  zone  où  les  ovules  sont  plus  ou  moins  morcelés  en  fragments  sphériques 
(conf.  d  ci-dessus),  entre  lesquels  on  aperçoit  des  noyaux  et  un  protoplasme  appar- 
tenant évidemment  à  des  phagocytes.  Les  noyaux  des  ovules  restent  sphériques,  ont 
une  tendance  à  s'hypertrophier;  le  réseau  chromatique  gonfle  d'abord  puis  disparaît 
peu  à  peu;  le  nucléole  grandit  aussi,  puis  se  fragmente.  0.  Enfin,  intérieurement  à 
cette  zone,  on  trouve  les  phagocytes  vésiculeux,  dont  les  plus  périphériques  ren- 
ferment des  fragments  d'ovules  bien  reconnaissables.  Ces  inclusions  se  fragmentent 
jusqu'à  avoir  la  taille  des  petites  sphérules  que  nous  avons  décrites  plus  haut.  Les 
colorations  à  la  safranine  et  surtout  à  l'hématoxyline  ferrique  présentent  toutes  les 
transitions  depuis  le  protoplasme  normal  des  ovules  jusqu'à  la  teinte  brune  des  sphé- 
rules sous  l'action  du  liquide  de  Fleraming. 

»  Donc,  chez  les  femelles  aussi,  il  y  a  phagocytose  totale  des  éléments  sexuels  non 
évacués  et  les  produits  terminaux  de  cette  digestion  sont  les  mêmes  que  chez  les  mâles, 
malgré  la  diff"érence  des  matériaux  initiaux. 

1)  Si  l'on  rapproche  les  résultats  précédents  obtenus  dans  les  deux 
sexes,  on  constate  un  parallélisme  complet  et  le  fait  dominant  est  \!a  phago- 
cytose totale  des  éléments  sexuels  différenciés,  restant  dans  les  glandes  géni- 
tales après  In  période  de  ponte.  On  remarquera  qu'il  ne  se  forme  pas  de 
graisse.  Nous  n'avons  pas  pu,  dans  l'état  actuel  des  tissus,  résoudre  deux 
questions  qui  se  posent  partout  où  il  y  a  phagocytose  :  1°  l'origine  et  la 
nature  des  phagocytes  ;  1°  le  moment  exact  de  leur  intervention. 

»  Dans  de  nombreux  groupes  du  règne  animal,  on  a  déjà  constaté  l'inter- 
vention de  la  phagocytose  pour  amener  la  résorption  des  produits  sexuels 
inutilisés;  mais  l'intensité  de  ces  phénomènes,  chez  V Echinocardium  cor- 
datmn,  fait  de  cet  animal  un  exemple  très  favorable  à  leur  étude  et,  d'une 
façon  générale,  à  celle  des  échanges  entre  la  glande  génitale  et  le  reste  de 
l'organisme.  Nous  comptons  les  suivre  aux  diverses  phases  de  leur  cycle 
annuel.   » 


SÉANCE   DU   28   SEPTEMBRE    igoS.  499 

BOTANIQUE.  -  Sur  la- formation  de  l'œuf  et  la  multiplication  d'une  anti- 
pode dans  les  Joncées.  Note  de  M.  Maecellin  Laurent,  présentée  par 
M.  Gaston  Bonnier. 

«  Différents  auteurs  ont  étudié  l'anatomie  générale  des  Joncées.  ainsi 
nue  leur  système  floral;  mais  on  a  en  grande  partie  néglige  I  embryogénie 
^t  c'est  cetl  lacune  que  je  me  suis  proposé  de  -«^bler  dans  es  deux  genres 
Juncus  et  Lu.ula.  Je  vais  exposer  aujourd'hu.  la  format.on  de  1  œuf  et  d  un 
tissu  antipodial  particulier,  qui  laisse  son  empremte  dans  la  grame  mure. 

sac-   mal-ré  un  grand  nombre  de  coupes,  je  n  ai  pu  constaiei 

deux  en  avant  et  une  en  amere,  celle  du  milieu,  loujou        "^^        '      .  ,      ,i,„g„. 

Jancus,  eues  peuvent  s'allonge,  plus  ou  -ins  dans  le  8-  -  ^J.-  .--- [-....^^^  ^^ 

sious  de  rovule  1  si  -'-^ -^"^^Xt  a  rondLttri'Ltipode  ^Mlanedevient 
les  antipodes  sont  ovoïdes.  A  1  appiocne  ae  w  fo.tement que 

proéminente,  s'avance  vers  Initéneur  comme  1  oosphe,  e  et  -  -'»-?'"         .^^  ^^  .J,,, 
les  deux  antipodes  latérales  restées  plus  petites.  Les  deux  triades  sup 
rieures  sont  ainsi  disposées  de  la  même  façon.  ,,„„hé  à  suivre  la  germina- 

„  Au  sujet  de  la  pollinisation  et  de  la  f-°f;  -,  ^^^  f^Ii^ ^dans  l'e'au  pure, 
tion  des  tétrades  polliniques:  elles  ne  germe      -»'    ""-J',.,,,^^  ,,^„y„„,  ,„,,  .,„„t 

ni  dans  les  différents  liquides  sucres  que  J  «^t*»  ."■  ';'       ^|,^^         „ent  tort  bien 
pas  depouvoirosmotiquesensn^le  et  restent  in^^^^^^^^^^^^^  ^__^^   ^^,^,^„^„^ 

dans  Peau  en    présence   du  stigmate  et   les  v       J  particulier  dans 

environ  ..-.  La  fécondation  est  directe  ^-^^"^        t  "/.r  l'es  du  stigmate 
/.  bufonius  dont  les  fleurs  -""°"J°"'■^'="="•'°.«™  ';„,  „,r  un  pore  terminal;  mais 
se  recourbent  jusqu'au  -".""-^f  '  7''''3' ,   2Ty  ^  Ijou's  protandrie. 
il  n'en  est  pas  partout  ainsi,  et  dans   e  «-"  ^^;  f ;;/„;        ^,„,  l  partie  mucila- 
,  Dans  tous  les  cas,  plusieurs  t«l>es  polliniques  s  en  a  .  , 

gineuse  de  l'épiderme  externe,  P-'-"'--'"-,';!':"/;;,  ,f  I^:  „,  l'un  d'elix  tra- 
feur  sortie  du  micropyle,  dans  l'assise  epitbeliale  du  nu  e  k    e    e        ,^  ^^   ^^^^^^^  ^^ 

verse  la  calotte  formée  de  deux  ou  '"-;;-^,:^;'  colore  fortement  par  l'héma- 
roosplière  qu'il  contourne  quelquefois    son  extrémité  ^^tryonnaire.  Il  en 

toxyCne,  mais  sans  prendre  l'a^pect  br,  lant  ^^  "O  ^  ,  ;_^;r„^3„4  aux  c6tés  de 
est  ainsi  de  l'anthérozoïde,  en  forme  '''"'='  1",*.,^  _J„ia^5.  Après  la  fécondation, 
l'oosphère  i  à  ce  moment,  il  n'y  a  pas  trace  des  deux  syne,  g.des.     p 


^OO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'œuf  se  renfle  vers  l'intérieur  où  se  porte  le  noyau,  tandis  que  son  autre  extrémité  se 
remplit  de  vacuoles. 

»  Au  pôle  opposé  du  sac  embryonnaire,  les  trois  antipodes  existent  encore,  mais  les 
deux  latérales  en  voie  de  régression  ne  tardent  pas  à  disparaître.  L'antipode  médiane, 
au  contraire,  a  grandi  considérablement;  son  noyau  s'est  divisé  en  plusieurs  autres 
(trois  ou  quatre)  de  taille  inégale;  ces  nouveaux  noyaux  se  multiplient  à  leur  tour  et 
se  portent  sur  le  pourtour  de  l'antipode  de  plus  en  plus  volumineuse;  le  protoplasme 
forme  à  sa  surface  une  gaine  très  chromatique  dans  laquelle  se  disséminent  les  noyaux; 
il  ne  se  produit  pas  de  membrane,  et  l'antipode  mère  en  était  également  dépourvue, 
puisque  c'est  à  sa  périphérie  de  plus  en  plus  grande  que  se  répandent  les  énergides. 
Les  premiers  noyaux  de  l'albumen  viennent  au  contact  de  la  masse  ainsi  formée;  elle 
disparaît  lentement  à  mesure  que  l'albumen  se  développe,  et  elle  fonctionne  ainsi 
comme  un  second  endosperme  absorbé  par  le  premier.  Mais  la  place  qu'elle  occupait 
reste  vide,  entourée  par  un  tissu  membraneux  que  l'on  retrouve  dans  la  graine  mûre 
et  qui  sépare  la  graine  en  deux  moitiés  :  d'un  côté,  l'embryon  et  l'albumen;  de  l'autre, 
le  nucelle  persistant  au-dessous  de  la  chalaze.  Après  avoir  joué  un  rôle  d'absorption, 
la  masse  antipodiale  semble  remplir  maintenant  un  rôle  protecteur  en  empêchant  la 
digestion  du  nucelle  par  l'albumen.   » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Variation  morphologique  des  feuilles  de  Vigne 
à  la  suite  du  greffage.  Note  de  M.  A.  Jurie,  présentée  par  M.  Gaston 
Bonnier. 

«  A  deux  reprises,  en  J901  ('  ),  j'ai  signalé  diverses  variations  produites 
par  le  greffage  mixte  dans  la  Vigne,  concernant  le  sexe,  la  résistance  phyl- 
loxérique,  la  précocité,  etc.  Cette  année,  j'ai  obtenu  des  modifications 
assez  accentuées  dans  la  nature  morphologique  de  la  feuille  de  certaines 
Vignes,  à  la  suite  de  leur  greffage  sur  divers  sujets  américains.  C'est  ainsi 
que  l'angle  des  nervures,  la  forme  générale  de  la  feuille  et  les  accidents  de 
la  surface  ont  varié  d'une  façon  très  sensible. 

»  1°  Angles  des  neri>ares.  —  Dans  ma  première  série  d'expériences,  commencées 
en  1900,  j'ai  grefl'é  le  Sémillon  du  Bordelais  sur  Rupestris  du  Lot. 

»  On  sait  que  les  feuilles  de  ces  deux  Vignes  sont  très  distinctes  par  les  angles  des 
nervures  médiane,  primaire  et  secondaire,  comme  par  la  villosité  relative  des  faces 
inférieures. 

»  Dans  le  Sémillon,  la  somme  des  angles  est  de   110°,   alors   que  dans  le  Rupestris 


(^)  A.  JuRiE,  Sur  un  cas  de  déterminisme  sexuel  produit  par  la  greffe  mixte 
{Comptes  rendus,  2  septembre  1901).  —  Un  nouveau  cas  de  variation  de  la  Vigne 
à  la  suite  du  greffage  mixte  (  Comptes  rendus,  i2>  décembre  1901). 


SÉANCE  DU  28  SEPTEMBRE  igoS.  5ol 

du  Lot  elle  est  seulement  de  71°  environ;  en  outre,  le  premier  a  des  feuilles  velues 
tandis  que  le  second  a  des  feuilles  glabres. 

»  J'ai  remarqué  dans  ces  essais  que  les  greffons  avaient  fréquemment  des  feuilles 
dont  les  angles  des  nervures  avaient  varié  plus  ou  moins  et  présentaient  une  valeur 
totale  moyenne  de  go'*  environ,  c'est-à-dire  assez  sensiblement  intermédiaire  entre  la 
somme  des  angles  des  feuilles  du  sujet  et  celle  des  angles  du  greffon.  De  plus,  le  sinus 
pétiolaire,  très  ouvert  dans  les  feuilles  du  Rupestris  et  presque  fermé  dans  celles  du 
Sémillon,  était  aussi  nettement  intermédiaire  comme  ouverture  dans  les  feuilles 
modifiées  des  greffons. 

»  Une  deuxième  série  d'expériences,  commencées  en  1902,  est  non  moins  caracté- 
ristique. Le  Limberger,  cépage  d'Autriche-Hongrie,  a  été  greffé  sur  Colorado,  toujours 
comparativement  avec  des  témoins.  La  somme  des  angles  du  premier  est  de  108° 
quand  celle  du  second  est  de  90°  seulement;  les  feuilles  des  greffons  ont  présenté  des 
angles  dont  la  somme  n'est  plus  que  de  92°,  c'est-à-dire  au  voisinage  de  la  caracté- 
ristique du  sujet.  Les  sinus  pétiolaires  présentaient  des  ouvertures  sensiblement  inter- 
médiaires entre  celles  des  types  greffés. 

»  Or,  l'on  sait  que  ces  sommes  des  angles  ainsi  formés  par  les  nervures  médiane, 
primaire  et  secondaire,  ont  été  considérées  par  M.  Ravaz  comme  des  caractères  de  tout 
premier  ordre  pour  la  détermination  des  variétés  américaines.  Peut-être  la  fixité  de 
ces  caractères  n'est-elle  pas  aussi  absolue  que  l'admet  cet  auteur;  quoi  qu'il  en  soit,  si 
la  somme  des  angles  considérés  est  quelquefois  variable  dans  les  Vignes  franches  de 
pied,  il  est. incontestable  qu'elle  varie  beaucoup  plus  après  greffage  et  que  la  variation 
observée  est  nettement  spécifique,  c'est-à-dire  que  le  sujet  imprime  plus  ou  moins  ses 
caractères  propres  à  la  feuille  du  greffon, 

»  2°  Forme  générale.  —  J'ai  greffé  en  1899  le  Limberger  sur  ioi-i4  Millardet 
r=i  Riparia-Rupestris.  La  feuille  du  Limberger  est  normalement  semblable  au  type 
général  du  Vilis  vinifera.  De  même  le  Riparia  Rupestris  présente  une  forme  bien 
connue  et  caractéristique  bien  différente  du  type  Vinifera,  par  ses  trois  lobes  pointus, 
dont  le  médian  est  particulièrement  allongé.  Les  greffons  du  Limberger  sur  101-1/4 
ont  pris  une  forme  sensiblement  intermédiaire  sous  le  rapport  des  lobes  entre  les  feuilles 
des  types  associés. 

»  3°  Accidents  de  la  surface.  —  Dans  les  greffes  déjà  décrites  de  Sémillon  sur 
Rupestris  du  Lot,  j'ai  remarqué  que  non  seulement  la  somme  des  angles  avait  varié, 
mais  que  les  feuilles  des  greffons  avaient  perdu,  en  partie,  leur  tomentum  sous  l'in- 
fluence du  sujet  glabre.  Mais  cette  variation  a  été  plus  sensible  encore  dans  des  greffes 
de  Furmint,  cépage  hongrois,  sur  Rupestris  Martin,  effectuées  il  y  a  une  dizaine 
d'années.  Le  Furmint  présente  un  tomentum  très  accentué,  alors  que  le  Rupestris 
Martin  est  glabre.  Tous  les  Furmint  greffés,  au  nombre  d'une  douzaine,  possèdent 
aujourd'hui  des  feuilles  presque  glabres. 

))  En  résumé,  les  exemples  que  je  viens  de  citer  montrent  la  grande 
variabilité  de  certains  caractères  morphologiques  de  la  feuille  de  la  Vigne 
sous  l'influence  du  greffage. 

»  Ils  prouvent  nettement  que  cette  influence  est  spécifique  et  réalise,  à 


5o2  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

des  degrés  divers,  une  sorte  d'hybridation  asexuelle  entre  les  deux  plantes 
associées.  Ils  justifient,  une  fois  de  plus,  la  théorie  de  M.  Lucien  Daniel 
sur  la  variation  dans  la  greffe.  » 


GÉOLOGIE.  —  Sur  les  relations  de  structure  des  Alpes  françaises  avec  les  Alpes 
suisses.  Note  de  M.  Kiliax,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

«  La  structure  de  la  portion  des  Alpes  comprises  entre  l'Arve  et  le  Rhin 
est  actuellement,  grâce  aux  beaux  travaux  de  synthèse  de  M.  Maurice  Lu- 
geon,  expliquée  d'une  façon  qui  semble  définitive,  au  moins  dans  ses  grands 
traits. 

»  Il  est  intéressant  de  rechercher  si  les  grands  accidents  (plis  à  racines 
externes  et  plis  à  racines  internes),  signalés  par  notre  éminent  confrère 
suisse,  se  continuent  dans  les  Alpes  françaises  et  comment  ils  s'y  com- 
portent. Les  lignes  qui  suivent  résument  les  résultats  auxquels  nous  ont 
conduit  une  étude  attentive  de  la  question  et  près  de  vingt  années  d'explo- 
rations sur  le  terrain  ainsi  que  la  lecture  des  travaux  si  remarquables  de 
nos  collègues  de  la  Carte  géologique  de  France. 

»  I.  Les  plis  dits  autochtones,  c'est-à-dire  non  charriés  de  M.  Lugeon, 
prennent  en  France  un  grand  développement  du-côté  externe  de  la  chaîne 
alpine.  Ils  comprennent  la  plus  grande  partie  des  chaînes  subalpines  de  la 
Savoie  et  du  Dauphiné  avec  leurs  plis-failles  (Chartreuse,  Vercors),  leurs 
plis  hésitants  ('),  déversés  tantôt  vers  l'ouest,  tantôt  vers  l'est  dans  le  Ver- 
cors  et  dont  l'enracinement  est  clairement  prouvé  tant  par  la  continuité  de 
faciès  qui  relie  les  sédiments  de  ces  chaînes  avec  ceux  des  régions  extra- 
alpines avoisinantes,  que  par  la  nature  des  dépôts  détritiques  de  l'époque 
tertiaire  qui  s'y  rencontrent.  Cette  zone  exempte  de  grands  charriages  se 
poursuit  par  le  Diois,  les  Baronnies,  Moustiers-Sainte-Marie,  jusqu'au 
nord-ouest  de  Grasse  et  de  Nice,  où  elle  prend,  dans  ce  qu'on  a  récem- 
ment appelé  les  Préalpes  maritimes,  une  structure  particulière  caractérisée 
par  la  fréquence  des  plis-failles  déjetés  vers  le  sud. 

»  I  bis.  A  cette  zone  de  chaînes  en  place  il  convient  de  rattacher  les 
massifs  cristallins  des  Aiguilles-Rouges,  de  Belledonne,  de  la  Mure,  dont 
la  disparition  au  sud  de  la  Mure  coïncide  avec  l'apparition  d'une  ligne  de 
chevauchement  séparant  le  Beauchaîne  du  Diois  (M.  Paquier). 

(^)  Cette  heureuse  expression  est  due  à  M.  Termier. 


SÉANCE    DU    28    SEPTEMBRE    igoS.  5o3 

»  II.  Si  nous  essayons  de  suivre,  en  France,  les  nappes  (plis)  à  racines 
externes  de  M.  Lugeon,  nous  arrivons  aux  conclusions  suivantes  : 

»  a.  Un  premier  faisceau  {plis  de  Mordes,  Diahlerets,  etc.)  a  sa  continuation, 
ainsi  que  l'ont  excellemment  fait  voir  MM.  M.  Bertrand,  Ritter  et  M.  Lugeon  lui- 
même,  dans  l'extrémité  sud  du  massif  du  mont  Blanc  et  le  mont  Joly;  ces  plis  ont  été 
charriés  par-dessus  la  zone  de  Belledonne  au  nord  d'Albertville.  Leur  continuation 
méridionale  comprend  la  zone  isoclinale  de  Petit-Cœur,  col  de  la  Madeleine,  avec  les 
noyaux  cristallins  de  Rocheray,  des  Grandes-Rousses  et  du  Pelvoux  qui  paraissent  en 
mains  endroits  n'être  que  les  racines  de  plis  couchés  vers  l'ouest  et  enlevés  par  l'éro- 
sion. A  ce  faisceau  appartient  très  probablement  aussi  la  région  à  structure  imbri- 
quée (^)  connue  sous  le  nom  de  zone  du  Gapençais,  en  partie  chevauchée  (Embru- 
nais)  par  les  plis  du  faisceau  suivant  et  qui,  comprenant  l'aire  synclinale  de  la 
Haute-Bléone  et  du  Haut-Var,  s'infléchit  au  sud-est  vers  le   massif  du  Mercantour. 

»  b.  Un  deuxième  faisceau,  comprenant  les  nappes  g iaronnaises  de  M.  Lugeon,  a 
ses  racines  au  sud-est  du  mont  Blanc,  dans  le  val  Ferret,  et  se  poursuit  en  France  par 
la  bande  isoclinale  desChapieux-Cormet  d'Arèches-Moûtiers  que  continue  indiscutable- 
ment la  zone  des  Aiguilles  d'Arves  ou  zone  du  Flysch.  Représentée  entre  le  col  de  la 
Seigne  et  le  Lautaret  par  un  simple  faisceau  isoclinal  (racine  possible  de  plis  couchés, 
disparus?)  cette  bande  présente  au  sud  du  Pelvoux  de  grandioses  phénomènes  de 
charriage  qui  atteignent  leur  maximum  d'intensité  dans  l'Fmbrunais  (E.  Haug)  et 
dans  rUbaye  (W.  Kilian  et  E.  Haug)  et  recouvrent  en  partie  le  faisceau  a;  elle  passe 
ensuite  à  l'est  du  Mercantour  où  elle  reprend  la  structure  imbriquée  isoclinale  (col  de 
Tende). 

»  c.  Un  troisième  faisceau,  celui  qui  a  fourni  \e5  Préalpes  internes  de  M.  Lugeon, 
passe  en  France  dans  le  voisinage  du  Petit  Saint-Bernard  :  il  comprend  le  flanc  o>iest 
de  Véventail  houiller  de  la  zone  du  Briançonnais,  plis  du  versant  ouest  du  mont  Jovet, 
de  Salins-Moutiers,  des  Encombres,  du  grand  Galibier,  tous  isoclinaux  et  souvent  im- 
briquées, puis  au  sud  de  la  Guisane  présente  les  nappes  empilées  et  reployées  étudiées 
par  M.  Fermier,  et  celles  que  nous  avons  décrites  près  de  Guillestre  et  d'Escreins;  la 
structure  isoclinale  simple  réapparaît  ensuite  dans  les  chaînes  situées  au  nord-est  de 
Meyronnes  et  de  Larclie. 

»  C'est  à  ce  faisceau,  ou  même  au  précédent,  qu'il  convient  d'attribuer  les  lambeaux 
de  recouvrement  de  Sulens  et  des  Annes  en  Haute-Savoie,  rattachés  par  M.  Lugeon  à 
des  plis  plus  intérieurs. 

»  III.  Les  plis  à  racines  externes  sont  séparés  en  Suisse  des  nappes  à 
racines  internes,  par  un  système  de  grands  plis  couchés  affectant  notamment 
les  schistes  lustrés  du  Simplon.  La  continuation  de  ces  plis,  en  France, 
passerait  à  l'est  de  la  zone  houillère,  dans  une  région  où  les  accidents  sont 
actuellement  (probablement  par  suite   d'un  phénomène  postérieur  à  la 


(*)  Décrite  par  M.  E.  Haug. 


5o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Striction  alpine)  (*)  déversés  vers  l'est.  On  doit,  selon  nous,  leur  rattacher 
les  schistes  plissés  du  sommet  du  mont  Jovet  et  la  quatrième  écaille  décrite 
par  M.  Termier  dans  le  Briançonnais,  qui  ont  leur  origine  .dans  la  bordure 
occidentale  de  la  bande  des  schistes  lustrés. 

»  IV.  Quant  aux  nappes  à  racines  internes  de  M.  Lugeon,  toutes  issues 
d'une  zone  situé  au  sud,  au  sud-est  et  à  l'est  de  la  zone  des  schistes  lustrés, 
rien,  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  n  autorise  à  supposer  quelles 
aient  existé  dans  les  Alpes  françaises,  dont  toutes  les  masses  charriées 
signalées  jusqu'à  ce  jour  (Sulens,  Annes,  Ubaye,  Embrunais,  Briançonnais) 
appartiennent,  ainsi  que  nous  venons  de  le  montrer,  aux  faisceaux  des 
plis  à  racines  externes  si  nettement  définis  en  Suisse  par  M.  Lugeon. 

»  Nous  croyons  donc,  avec  M.  Lugeon,  que  les  Alpes  françaises  ne 
possèdent  plus  que  des  témoins  isolés  de  l'ancien  manteau  de  nappes 
charriées  (plis  couchés)  qui  les  recouvrait,  mais  il  semble  bien,  d'après 
certains  indices,  que  ce  manteau  n'y  possédait  ni  la  complexité,  ni  l'im- 
portance qu'il  atteignait  dans  les  Alpes  suisses  et  surtout  à  l'est  du  Rhin.  » 

M.  René  de  Saussure  adresse  une  Note  intitulée  :  «  Hvpothèse  sur  la 
nature  de  la  force  ». 

M.  Eugène  Mesnard  adresse  une  Note  intitulée  :  «  Flotteurs  à  fil  conduc- 
teur, pour  la  Marine  »  : 

\-,^  flotteur  à  fil  conducteur  2,  pour  but,  d'une  part,  d'indiquer  la  position 
de  l'épave  d'un  navire  supposé  perdu  corps  et  biens;  d'autre  part,  d'aug- 
menter les  chances  de  sauvetage  de  cette  épave. 

La  séance  est  levée  à  3  heures  trois  quarts. 

M.  B. 

(•)  Plissement  en  retour  ou  Riick/altung-  (Heiiii). 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE   DU   LUNDI   5  OCTOBRE  1905, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GAUDRY. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    KT    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

BOTANIQUE.  —  Influence  de  Veau  sur  la  structure  des  racines  aériennes 
d'Orchidées.  Note  M.  Gaston  Boxnier. 

«  Lorsque  les  racines  aériennes  des  Orchidées  épiphytes  sont  appliquées 
étroitement  sur  un  support,  sur  le  bois  d'une  liane,  par  exemple,  ou  sim- 
plement sur  les  parois  en  bois  du  vase  dans  lequel  on  les  cultive  en  serre, 
cet  aplatissement  produit  mécaniquement  un  effet  sur  la  structure  de  la 
racine;  mais  cette  action  n'a  guère  pour  résultat  que  de  déformer  les  tissus 
de  l'écorce,  soit  le  tissu  cortical  proprement  dit,  soit  le  tissu  du  voile  aéri- 
fère  qui  l'entoure.  Cette  déformation  se  produit  dans  un  plan  perpendicu- 
laire à  la  surface  du  support. 

»  Or,  on  constate,  chez  un  assez  grand  nombre  d'Orchidées  cultivées  en 
serre,  que  ces  racines  aplaties  contre  le  support  présentent  une  tout  autre 
modification,  uniquement  lorsque  la  racine  rampe  horizontalement  ou  peu 
obliquement  sur  la  surface  du  support.  Ce  changement  de  structure,  beau- 
coup plus  important,  consiste,  le  plus  souvent,  en  une  production  anor- 
male de  tissus  secondaires  dans  le  péricycle  de  la  racine  aérienne. 

»  Considérons,  par  exemple,  une  racine  de  Lœlia  crispa  qui  rampe  hori- 
zontalement sur  un  support  en  bois  et  qui  est  aplatie  à  la  surface,  et  faisons 
une  coupe  transversale  de  cette  racine  {fig>  i).  Nous  constaterons  d'abord 
la  déformation  du  voile  cp  et  du  tissu  cortical  te  dans  un  plan  perpendicu- 
laire à  la  surface  du  support,  mais  nous  serons  frappés  du  changement  qui 
s'est  produit  dans  le  cylindre  central  de  la  racine.  Un  tissu /jf,  constitué  par 
des  assises  régulières,  se  trouve  développé  en  forme  de  croissant  dans  le 
péricycle  de  la  racine.  De  plus,  ce  tissu,  qu'on  ne  saurait  confondre  avec  la 
production  d'une  radicelle,  a  un  plan  de  symétrie  qui  ne  coïncide  pas  avec 

G,  H,,  190.3,  a*  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  14.)  ^7 


5o6 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


celui  de  la  déformation  de  Técorce.  Ce  plan  de  symétrie  fait  un  angle  de  60'' 
à  90''  avec  le  plan  de  symétrie  de  l'aplatissement  général  de  la  racine,  et 
c'est  toujours  au-dessus  de  la  ligne  de  contact  que  se  produisent  ces  tissus 
secondaires  /}  dont  la  section  a  la  forme  d'un  croissant;   la  partie  la  plus 


7C/ 


ta 


Schéma  (riine  coupe  transversale  d'une  racine  aérienne  de  Lœlia  crispa, 
appliquée  horizonLalement  sur  un  support  :  s,  support;  e,  eau  ;  c^,  voile; 
as,  assise  subéreuse;  ic,  tissu  cortical;  end,  endoderme;  b,  bois; 
/,  liber;  y*,  tissu  secondaire  anormal. 

épaisse  de  ce  tissu  anormal  est  donc  toujours  située  vers  le  haut,  c'est-à-dire 
vers  la  partie  latérale  supérieure  de  la  racine  croissant  horizontalement 

Lfig-  ■)• 

»  Remarquons  encore  que,  si  la  racine  est  onduleuse  et  ne  s'appuie  que 
çà  et  là  sur  le  support,  on  n'observera  aucune  déformation  du  cylindre  cen- 
tral dans  les  régions  où  la  racine  ne  touche  pas  le  support. 

»  Si  l'on  suit  le  développement  de  ce  tissu  péricyclique  secondaire,  on 
constate  d'abord  que  les  cellules  qui  sont  entre  le  bois,  le  liber  et  l'endo- 
derme ne  se  lignifient  pas  dans  toute  la  zone  où  doit  se  former  le  futur  tissu 
secondaire,  tandis  qu'elles  se  lignifient  et  se  transforment  en  un  tissu  sclé- 
reux  sur  le  reste  du  pourtour  du  cylindre  central.  En  même  temps,  l'endo- 


SÉANCE    DU    5    OCTOBRE    I9o3.  5o7 

derme,  dans  loute  la  partie  correspondant  aux  cellules  péricyclques  à  parois 
cellulosiques,  se  différencie  d'une  manière  interrompue,  laissant  çà  et  là 
des  cellules  non  épaissies  {end,  fi  g.  2)  entre  les  cellules  lignifiées  et  à 
parois  épaisses.  Bienlôt,  on  voit  app;u'aître  des  cloisonnements  tangenticls 


Fij;.   2. 
end' 


end 


Portion  de  la  coupe  que  représente  la  figure  i,  vue  u  un  plus  fort 
.grossissement  :  ec,  écorce;  enrf,  endoderme;  e«rf',  parl.e  épaissie  de 
rendoderme;  p.  partie  externe  du  péricycle;  6,  bois;  l,  liber;  fs,  tissu 
secondaire  péricycliquc. 

,lnn.  celles  (le  ces  cellules  non  ligniaées  qui  sont,  en  dehors  .les  faisceaux 
du  liber;  nuis  le  cloisonnement  gagne  les  cellules  péricycliques  qu.  sont 
en  dehors  des  faisceaux  du  bois.  Il  se  forme  ainsi  peu  à  peu  une  sorte  d  as- 
sise .énéralrice  continue  (fs,  fig.  2)  fonctionnant  avec  intensde,  dont  le 
maximum  d'épaisseur  correspond  au  futur  plan  de  sjraetne  de  ce  Ussu 
secondaire.  11  se  produit  un  certain  nombre  de  cloisonnements  radu.ux  et 
c'est  de  la  sorte  que  prend  naissance  ce  tissu   composé  de  f.les  régulières 
de  cellules  dont  l'ensemble,  comme  surajouté  au  cylindre  central,  allecle 
en  coupe  la  forme  d'un  croissant.  Pendant  asse.  longtemps  ce  „ssu  anor- 
mal tranche  nettement  sur  le  reste  du  cylindre  central,  parce  que  ceku-c, 
est  presque  entièrement  lignifié  tandis  que  les  tissus  secondau-es  pency- 
cliques  sont  restés  cellulosiques;  mais,  lorsque  la  racine  dev.ent  très  agee 
l'assise  génératrice  péricyclique  cesse  de  fonctionner  et  les  cellules  qu  elle 


5o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

a  formées  se  lig^nifient  et  se  sclérifient  à  leur  tour,  se  Iransformaiit  pour  la 
plupart  en  des  sortes  de  fibres  ponctuées  dont  on  distingue  1res  bien  la 
forme  et  la  structure  par  des  coupes  longitudinales. 

»  Or  ces  fibres  sont  orientées  dans  le  sens  de  l'axe  de  la  racine;  ces  élé- 
ments allongés  seraient,  au  contraire,  perpendiculaires  à  cet  axe  s'il  s'agis- 
s^iit  de  la  naissance  d'une  radicelle;  d'ailleurs,  on  ne  voit  dans  ce  tissu 
péricyclique  anormal  ni  vaisseaux,  ni  éléments  libériensvenantse  raccorder 
au  bois  ct«u  liber  du  cylindre  central;  enfin,  aucune  différenciation  quel- 
conque n'indique  la  production  d'une  coiffe. 

»  Cette  altération  du  cylindre  centr.il  vers  le  haut,  dans  les  racines 
aériennes  d'Orchidées,  lorsqu'elles  sont  aplaties  horizontalement  ou  peu 
obliquement  sur  un  support,  est  pîus  ou  moins  variable  suivant  les  espèces 
et  sur  une  même  racine. 

))  On  observe  souvent,  chez  d'autres  racines  d'Orchidées,  une  formation 
de  tissus  secondaires  analogue  à  celle  que  nous  venons  de  décrire,  sinon 
parfois  plus  intense  {Caltleya  ciirina)  ou,  au  contraire,  plus  réduite 
{SophrojuUs  cernua).  La  sclérificalion  de  tissus  correspondants  est  souvent 
rapide  chez  les  racines  des  Catlleya  Mossiœ  et  Phalœnopsis  grandijlora,  mais 
le  tissu  anormal  y  est  formé  par  un  moins  grand  nombre  d'assises. 

»  D'autres  Orchidées  offrent  dans  le  cylindre  central  des  modifications 
d'ortire  différent,  mais  orientées  de  la  même  manière  que  les  tissus  secon- 
daires anormaux  et  présentant  un  maximum  d'altération  correspondant  à 
la  partie  la  plus  épaisse  des  formations  précédentes.  Par  exemple,  les  ra- 
cines aplaties  et  dirigées  horizontalement  sur  le  support  du  Dendrobium 
speciosum  n'ont  pas  de  tissus  secondaires  péricy cliques,  mais  les  tissus  pri- 
maires normaux  présentent  comme  un  secteur  non  sclérifié  dont  le  rayon 
médian  fait  un  angle  de  5o°  à  70°  avec  le  plan  de  symétrie  de^ l'aplatisse- 
ment des  tissus  corticaux.  La  modification  analogue  qu'on  observe  chez  le 
Cirrhopetaliim  pulchrum  ne  se  révèle  que  par  une  sclérification  et  une 
lignification  moindre  dans  le  secteur  intluencé.  L'altération  du  cylindre 
central  est  encore  moindre  pour  les  racines  adhérentes  horizontalement 
au  support  dans  d'autres  Ovç\\\(\ç,q,?,  (^Aeranlhes  Arachnitis,  par  exemple) 
où  l'on  trouve  simplement  un  arc  tion  sclérifié  en  dehors  des  faisceaux  du 
bois  et  du  liber.  Enfin,  on  n'observe  aucune  altération  du  cylindre  central, 
même  chez  les  racines  les  plus  aplaties,  chez  plusieurs  espèces  iV Angrœciim 
el  de  TœniophyUum. 

»  Restait  à  chercher  (juelle  pouvait  être  la  cause  de  ces  productions  qu'on 


SÉANCE  DU  5  OCTOBRE  igoS.  Sog 

n'observe  clans- les  racines  normales  (l'aucane  Orchidée  ni  même,  en  gé- 
néral, (l'aucune  MonocoLylédone. 

»  Un  examen  microscopique  des  racines  à  l'élat  frais  ou  traitées  par 
divers  colorants  ne  pouvait  indiquer  de  relation  entre  la  formation  de 
ces  tissus  et  l'attaque  des  racines  par  des  insectes  ou  des  champignons. 
En  effet,  les  racines  observées  n'avaient  aucune  rhizocécidie  due  à  des 
insectes,  et  les  mycorhizes  constitués  par  les  fdamenls  de  champignons 
microscopiques  n'atteignaient  jamais  le  cylindre  central  et  présentaient 
une  distribution  assez  homogène  tout  autour  de  la  racine. 

»  Grâce  à  l'obligeance  de  M.  Finet,  qui  a  bien  voulu  mettre  à  ma  dispo- 
sition les  serres  où  il  cultive  de  nombreuses  espèces  d'Orchidées,  j'ai  pu 
établir  des  expériences  qui  paraissent  résoudre  la  question.  J'ai  laissé 
croître  des  racines  d'Orchidées,  appartenant  aux  espèces  citées  plus  haut, 
restant  adhérentes  aux  plants  qui  les  ont  produites,  dans  des  tubes  conte- 
nant ou  ne  contenant  pas  des  sphagnums  maintenus  constamment  humides. 
Certains  de  ces  tubes  étaient  en  verre  noirci,  d'autres  en  verre  transparent. 

»  La  lumière  n'était  pas  une  cause  des  modifications  produites,  car  on 
ne  trouvait  pas  de  différence  de  structure  entre  les  racines  s'étant  allon- 
gées dans  les  tubes  transparents  ou  celles  qui  croissaient  dans  les  tubes 
opaques.  Mais  dans  tous  les  tubes  remplis  de  sphagnums  imbibés  d'eau, 
partout  où  les  racines  étaient  en  contact  direct  avec  le  milieu  humide,  il 
se  produisait  des  modifications  analogues  à  ceHes  qui  ont  élé  décriles  plus 
haut,  sauf  c|ue  la  couj)e  transver^ale  ne  présentait  pas  la  foiaie  d'un  crois- 


Fis 


j/X 


^S^v^' 


Coupe  transversale  du  cylindre  central   d'une  racine  de  Lœlia  crispa, 
qui  s'est  accrue  dans  un  tube  rempli  de  sphagnums  humides. 

santou  d'un  secteur  dans  les  tissus  secondaires  ou  dans  les  tissus  altérés, 
mais  une  forme  irrégulière,  en  rapport  avec  le  voisinage  immédiat  de 
l'humidité.  Parfois  même,  les  tissus  secondaires  pouvaient  se  former  sur 
tout  le  pourtour  du  cylindre  central,  dans  une  même  coupe  transversale; 
c'est  ce  que  montre  la  figure  3,  pour  une  coupe  de  racine  de  Lœl/a  crispa 


5lO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pratiquée  à  un  niveau  où  la  racine  aérienne  était  en  contact  direct  avec  les 
sphagnums  humides,  de  tous  les  côtés  à  la  fois.  En  ne  considérant  que 
cette  coupe,  on  croirait  avoir  sous  les  yeux  certaines  racines  de  Dracœna 
à  formations  secondaires  péricycliques  régulières. 

»  Or,  si  nous  revenons  aux  racines  aériennes  aplaties  horizontalement 
un  peu  obliquement  sur  les  supporis  ou  sur  les  lianes,  et  cultivées  dans  les 
serres  oîi  elles  sont  perpétuellement  arrosées,  on  peut  remarquer  facile- 
ment que  l'eau  vient  se  recueillir  dans  des  sortes  de  gouttières  étroites  for- 
mées en  dessus,  à  la  jonction  du  support  et  de  la  racine  qui  s'y  appuie 
{e,  fig.  i).  Il  en  résulte  que  la  partie  de  la  racine  qui  est  la  plus  voisine  de 
cette  eau  correspond  précisément  au  lissu/^  qui  présente  en  section  la  forme 
d'un  croissant  (^o-.  i). 

»  Les  modifications  des  tissus,  qui  sont  dues  à  l'humidité,  comme  le 
montrent  les  expériences  que  je  viens  de  citer,  devraient  donc  se  produire 
de  façon  à  présenter  leur  maximum  d'épaisseur  non  dans  le  plan  de  symétrie 
de  l'aplatissement,  mais  dans  un  plan  faisant  avec  ce  dernier  un  angle  plus 
ou  moins  grand,  et  au-dessus  de  la  ligne  de  contact  de  la  racine  avec  le 
support;  c'est  précisément  ce  qui  a  lieu. 

»  Ainsi  s'explique  également  l'absence  de  modifications  chez  les  racines 
des  mêmes  espèces  lorsqu'elles  rampent  verticalement,  ou  presque  vertica- 
lement, puisque  l'eau  ne  peut  y  être  retenue  entre  la  racine  et  le  support. 

«  En  résumé,  le  contact  de  l'eau  exerce  une  action  sur  les  racines 
aériennes  de  beaucoup  d'Orchidées,  soit  en  empêchant  la  sclérification  ou 
la  lignification  des  tissus  du  cylindre  central,  ce  qui  s'exphque  tout  natu- 
rellement lorsqu'on  compare  cette  modification  cà  celle  que  présentent  les 
racines  aquatiques;  soit,  ce  qui  est  plus  remarquable,  en  provoquant 
un  tissu  de  réaction  dans  le  péricycle,  capable  de  protéger  le  reste  du 
cylindre  central  contre  l'influence  de  l'eau. 

))  Remarquons  en  terminant  que  le  voisinage  de  l'eau  peut  provoquer 
en  certains  cas  l'apparition  de  radicelles  chez  les  racines  non  aplaties 
d'Orchidées.  Bien  que  les  tissus  surnuméraires  que  je  viens  de  décrire  ne 
s'organisent  en  aucune  façon  de  manière  à  ébaucher  de  jeunes  radicelles 
latentes,  il  n'est  pas  moins  remarquable  que,  sous  l'influence  d'une  même 
cause,  le  même  tissu  péricyclique  des  racines  puisse  manifester  son  activité 
de  ces  deux  manières  différentes  dans  leurs  résultats,  mais  très  analogues 
dans  leur  origine.  » 


SÉANCE    DU    5    OCTOBRE    ïÇ)o3.  5i 


IVOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  désignation  de  deux  de 
ses  Membres  qui  devront  faire  partie,  cette  année,  du  Conseil  de  perfec- 
tionnement de  l'École  Polytechnique. 

MM.  Hatox  de  la  Goupillière,  H.  Poincaré  réunissent  la  majorité  des 
suffrages. 

CORRESPONDANCE. 

L'Académie  avait  décidé  de  s'associer  à  la  célébration  du  jubilé  de  M.  le 
professeur  Graebe,  et  elle  avait  chargé  M.  Moissan  de  lui  apporter  la 
médaille  Lavoisier  et  la  médaille  Berthelot,  qu'elle  lui  avait  décernées 
sur  la  proposition  du  Bureau. 

M.  Graebe  adresse  ses  remercîmenls  en  ces  termes  : 

«  Je  suis  extrêmement  touché  que  l'Académie  des  Sciences  ait  bieu 
voulu  charger  un  de  ses  Membres  les  plus  illustres,  M.  Henri  Moissan, 
de  me  remettre  personnellement  ces  médailles.  J'ai  été  très  heureux  et 
flatté  que  les  noms  de  trois  des  plus  grands  représentants  de  la  Science 
française,  ceux  de  Lavoisier,  de  Berthelot  et  de  Moissan,  aient  figuré  à  mou 
jubilé.  C'est  pour  moi  un  témoignage  d'honneur  exceptionnel  et  bien 
au-dessus  de  mes  mérites.  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  une  classe  d'équallons  différentielles  linéaires. 
Note  de  M.  ALEXAiVj)ER  CiiEssi.v,  présentée  par  M.  Appell. 

«  Il  s'agit  ici  de  généraliser  les  résultats  obtenus  dans  la  Note  Sur  une 
classe  d'équations  différentielles  réductibles  à  L'équation  de  Bessel  {Comptes 
rendus,  ii  mai  i9o3). 

»   Soit,  encore,  JK  une  fonction  de  a;  définie  par  l'équation  dilléreutielle 

(  1  )  r«.  -t-  «.  y,n-^  +  f^2ym-i  +  ■  ---v-  a,,y  =  f{x), 

où  <2,,  rto,  .  .  . ,  «,„  sont  des  constantes;  mais,  cette  fois, 

(2)  j,=  D(")7,_,,         y.=y,  {k  =  i,i,...,ni) 


5l2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

OÙ  D^"^  dénote  l'opération  plus  générale 


(!"■ 


A, 


d'^- 


d 


'«  dx^'  ""  ""'  dx"-^  -T-. .  .  ^  -„-,  ^^^^  +  A„, 


les  coefficients  A„,  A,,  .  .  . ,  A„  étant  des  fonctions  de  x. 

»   Par  un  calcul  tout  semblable  à  celui  employé  dans  ladite  Note,  on 
amènera  le  problème  à  l'intégration  d'une  équation 

(3)  Df'"n'  =  -G(P+/(a-). 

»   Soient,  encore,  G,,  Go,  ... ,  G,„  les  racines  de  l'équation 


(4) 


G  +  «„,_..G-  — .  .  .±G'"=o; 


soit,  aussi,  \}v\^  la  solution  générale  de  (3)  pour  G  =:  G;..  On  s'assurera, 
comme  dans  la  Note  précédente,  que  dans  le  cas  de  m  racines  distinctes 
la  solution  générale  de  l'équation  proposée  est  de  la  forme 


(5) 


y  =  y^^kW\i 


A  =  l 


»   D'ailleurs,  les  coefficients  hj^  sont  donnés  par  les  formules 


A  = 


I      G, 

K         . 

.  .     Gf-' 

\      Go 

K    ■ 

. .     G^r' 

I        %n 

K.    . 

»  Dans  le  cas  de  racines  multiples  la  formule  doit  être  modifiée.  La 
solution  générale  de  l'équation  proposée  est  alors  une  fonction  linéaire  des 
intégrales  [w]^^  et  de  leurs  dérivées  par  rapport  aux  racines  de  (4).  Par 
exemple,  si  6j=  Gj_,  =  . . .  =  G,,  on  aura 


/— 1 


(6)  r  =  2<-.^+2:c;[H. 

e  =  0  A  =  (4-1 

»   Comme  les   constantes  arbitraires  dans   les  fonctions  [w],,       ,^     > 
■ — W^>  '••  sont  indépendantes,  on  voit  bien  que  l'expression  (6)  contient 

Ci'}  j 

mn  constantes  arbitraires;  c'est  donc  la  solution  générale  de  l'équation 
proposée,   » 


SÉANCE    DU    5    OCTOBRE     lyo'^.  513 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Conditions  qui  déterminent  le  signe  et  la  grandeur 
de  V électrisation  par  contact  (III).  Note  de  M.  Jean  Perrin,  présentée 
par  M.  Mascart. 

«  Pour  étudier  le  signe  et  la  grandeur  de  la  charge  que  prend  un  solide 
par  contact  avec  un  liquide,  j'ai  continué  à  observer  le  mouvement  que  la 
charge  égale  et  contraire  imprime  à  ce  liquide  sous  l'action  d'un  champ 
électrique  (osmose  électrique). 

«  J'ai  déjà  signalé  que  des  traces  de  certains  électrolytes  suffisent  à 
déterminer  le  phénomène.  Par  exemple,  tous  les  acides  monobasiques, 
même  très  dilués,  chargent  d'électricité  positive  la  surface  des  paillettes  de 
chlorure  de  chrome.  Plus  brièvement,  l'ion  H+ charge  positivement  cette 
paroi  ;  l'ion  négatif  0H~  des  bases  la  charge  au  contraire  négativement.  Les 
autres  ions  monovalents  agissent  beaucoup  moins,  s'ils  agissent  ('). 

«  Le  rôle  des  ions  polyvalents  me  paraît  remarquable,  en  lui-même,  et 
par  ses  conséquences. 

»  Ils  ne  chargent  pas  non  plus  très  notablement  les  parois.  Si,  par 
exemple,  à  une  solution  très  faiblement  acide  on  ajoute  du  nitrate  de  cad- 
mium ou  du  chlorure  de  magnésium,  la  charge  positive  de  la  paroi  ne  varie 
pas  sensiblement.  De  même,  si  l'on  ajoute  à  une  solution  faiblement  alca- 
line du  sulfate  ou  du  ferricyanure  de  potassium,  la  charge  négative  de  la 
paroi  ne  varie  pas  sensiblement. 

»  Mais,  en  de  tels  cas,  l'ion  polyvalent  ajouté  avait  même  signe  que  l'ion 
actif  H+ou  OH-déjà  prédominant.  Si,  au  contraire,  on  ajoute  à  une  solution 
maintenue  alcaline  un  ion  polyvalent  positif,  la  charge  négative  de  la  paroi 
décroît  beaucoup. 

»  De  même,  l'addition  d'un  ion  polyvalent  négatif  diminue  toujours 
beaucoup,  en  solution  maintenue  acide,  la  charge  positive  de  la  paroi. 

»  Pour  un  même  ion  polyvalent,  cette  action  paralysante  croit  avec  la  teneur  : 
une  paroi  qui  prend  une  charge  100  dans  une  solution  raillinormale  en  H+  prendra 
une  charge  25  si  celte  même  solution  devient  miliinormale  en  sulfate,  une  cliarge  5  si 
elle  devient  centinormale  en  sulfate. 

»   Pour  une  même  concentration,  Taclion  paralysante  croît  beaucoup  avec  la  valence. 


(')  La  charge  positive  causée  par  Ag+-  et  TK  sur  le  chlori.ro  de  chroine  résulte  du 
fait  que  la  solution  devient  alors  faibleiuenl  aculo. 

C.   H.,   Kjo.-J,  2-  S,:mestrc.  (T.   C.XXXVll,   ^'>   14.)  ^^ 


5l4  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Dans  les  oonditions  où  l'ion  SO*  abaisse  au  quart  de  sa  valeur  la  charge  positive  d'une 
paroi,  l'ion  FeCy''  des  ferricjanures  l'abaisse  au  trentième,  et  l'ion  FeCv''  des  ferro- 
cjanures  ne  laisse  plus  subsister  de  charge  mesurable. 

»  J'ai  étudié  : 

»  Les  ions  positifs  divalents  :  Mg,  Ca,  Ba,  Go,  Mn,  Cd; 

»  Les  ions  négatifs  divalents  :  SO'^,  GO^,  G'O*  ; 

»  Les  ions  négatifs  trivalents  :  PO*,  FeGj%  G^O'^H^  des  citrates; 

»  Les  ions  négatifs  tétravalents  :  FeGy^  des  ferrocjanures. 

»  Le  corps  chargé  par  contact  a  été  le  plus  souvent  la  variété  insoluble  de  chlorure 
de  chrome,  mais  le  silex,  l'or  mussif,  le  sulfure  de  zinc,  l'alumine  calcinée,  m'ont  éga- 
lement fourni  des  résultats.  Je  donnerai  ailleurs  le  détail  des  déterminations.  Dès  à 
présent,  je  remercie  M.  Baudouin  qui  a  bien  voulu  m'aider  au  cours  de  ce  travail. 

»   En  résumé,  et  réservant  ici  toute  théorie  : 

»  a.  L'osmose  électrique  donne  un  moyen  facile  d'étudier  la  charge  de 
contact  entre  un  solide  quelconque  et  un  liquide. 

»  b.  Cette  charge  est  en  moyenne  beaucoup  plus  grande,  quand  le  corps 
est  un  bon  ionisant,  tel  que  l'eau.  Elle  est  due  à  des  ions  présents  dans  le 
liquide. 

))  c.  Les  seuls  ions  directement  très  actifs,  dans  l'eau,  sont  les  ions  H"^ 
et  OH~.  Chacun  d'eux  charge  la  paroi  de  son  signe.  Quand  leurs  actions 
sont  comparables  à  concentration  égale,  la  paroi  n'a  pas  de  charge  dans 
l'eau  pure,  et  la  sensibilité  du  phénomène  pour  un  léger  excès  d'acide  ou 
de  base  atteint  ou  dépasse  celle  du  tournesol.  Sinon,  le  point  de  neutralité 
est  déplacé,  comme  il  arrive  avec  certains  indicateurs  colojés. 

»  d.  Tout  ion  polyvalent  positif  diminue  l'action  des  ions  OH"  présents, 
et  tout  ion  polyvalent  négatif  celle  des  ions  H"^.  Cette  action  paralysante 
grandit  avec  la  concentration,  et  surtout  avec  la  valence. 

»   Je  crois  impoi  tant  de  rappeler  : 

»  b' .  QxxQ  les  colloïdes  en  solution  dans  l'eau  sont  probablement  formés 
de  granules  chargés  électriquement  (Picton  et  Linder). 

»  c' .  Que  le  signe  de  cette  charge  est  parfois  extrêmement  sensible  au 
plus  léger  excès  d'acide  ou  de  base  (Hardy). 

»  d .  Que  les  colloïdes  sont  coagulés  par  addition  d'électrolytes;  que 
cette  action  coagulante  devient  très  grande  quand  l'électrolyte  ajouté 
contient  un  ion  polyvalent  de  signe  opposé  à  celui  du  colloïde,  et  d'autant 
plus  grande  que  la  valeur  de  cet  ion  est  plus  élevée  (Schuize,  puis  Hardy). 

»  Le  parallélisme  est  évident;  j'espère  montrer  qu'il  en  résulte  diffé- 
rents progrès  dans  la  théorie  physico-chimique  des  colloïdes  et  par  con- 
séquent de  la  matière  vivante.    » 


SÉANCE  DU  5  OCTOBRE  lC)o3. 


5l5 


THERMOCHIMIE.  —  Les  chaleurs  de  combustion  des  composés  organiques, 
considérées  comme  propriétés  addiùves.  Alcools  et  phénols.  Éthers-oxydes, 
Aldéhydes  et  célones.  Note  de  M.  P.  Lemoult. 

«  Dans  une  Note  antérieure  {Comptes  rendus ,  t.  CXXXVl,  p.  896),  nous 
avons  montré  comment  on  peut,  à  l'aide  de  cinq  conventions  fondamen- 
laies,  calculer  la  chaleur  de  combustion  des  soixante  carbures  qui  ont  été 
l'objet  de  mesures  directes  et  obtenir  entre  les  deux  séries  de  résidtats  une 
concordance  satisfaisante.  Ces  conventions,  bases  numériques  du  calcul, 

f(c'  =  c'M  et  /(c'=^c')  répétés  dans  une  même  molécule  perdent  40^*'.. 

„  Ces  résultats  ont  été  étendus  à  toutes  les  séries  de  composés  orga- 
niques. 

„  Composés  hydroxylés  (alcools  et  phénols  mono  ou  polyatomiques).  -  Ces  coi'ps 
contiennent,  outre  les  groupes  élémentaires  déjà  connus,  le  groupe  fonctionnel  C  -  OH, 
auauel  correspond  le  «  groupe  élémentaire  »  c  —  OH. 

„  a  Alcools  primaires  et  secondaires.  -  Admettons  que  l'appoint  dû  a  ce  groupe 
s'élève  ici  à  8c-->i;  la  chaleur  de  combustion  de  ceux  de  ces  corps  qui  dérivent  de  car- 
bures saturés  C-H^"+UOH)  est  représentée  par  C  =  iS;»  4- 10,  c'est-à-dire  par  des 
points  régulièrement  distribués  sur  une  droite  appartenant  au  groupe  j  _  p-^  +  H, 
dont  il  a  été  question  déjà  {loc.  cit.,  p.  898).  >       .      ,  .    . 

„  Pour  ceux  qui  sont  plusieurs  fois  alcool,  le  calcul  se  fait  très  simplement,  le 
groupe  relatif  à  chaque  fonction  intervenant  avec  sa  valeur  propre.  Par  exemple  : 


Mesuré. 
Cal 


Alcool  élhylique 82.5,7 

Alcool  heptylique.  ..  .  iii3,9 

Alcool  isoamylique.  .  .  796 

Erythrite 5o2,6 


Calculé. 
Cal 

I  109 
5o3 


Mesuré.  Calculé. 

Cal  Cal 

Mannite 728,5  727 

Camphol(moy.) i472,6  ^^^o 

Rhamnose 7^8,5  717 

Inosite  (moy.) 66/+  664 


.,  b.  Alcools  tertiaires,  phénols,  naphtols,  etc.  -  Pour  ces  corps,  la  convention 
n  c-  -  OH )  =  8<^»i  conduit  à  des  résultats  trop  élevés  et  nous  admettrons  que  1  appoint 
d  ce  groupe  se  réduit  ici  à  -H  2Cai;  la  convention  s'étend  aux  alcools  tertiaires  «cy- 
cliques, ainsi   qu'aux  dérivés  hydroxylés   des  carbures  acychques,  mono  ou  poly^a- 


5i6 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


lents;  en  voici  quelques  exemples  ; 

Mesuré.        Calculé. 
Cal  Cal 

Triméllijlcarbinol  ....  633,6  632 
Dimélhyléthjlcarbinol.  789,6  789 
Crésol(méta) 881  883 


Naphtol  a 

Naphtol  p 

Hydrothymoquinone 


Mesuré. 

Cal 

1188,5 
I  190 
i3o8,.5 


Calculé. 
Cal 

II89 

i3o3 


»  c.  Dérivés  hydroxylés  à  molécule  non  saturée.  —  La  présence  d'une  liaison 
double  ou  triple  diminue  l'appoint  du  groupe  fonctionnel;  il  faut  annuler  cet  appoint, 
puis  retrancher  4*^"^;  voici  quelques-uns  des  résultats  obtenus  : 

Mesuré.       Calculé.  Mesuré. 

Cal  Cal  Cal 

Alcool  allylique 442 


Êthjlvinjlcarbinol 


753,2 


756 


914 


AUyldiméthylcarbinol 
Diallylméthylcarbinol  .    1201,4 


Calculé. 
Cal 

9i5 
1202 


»  Dans  le  cas  des  alcools  primaires  et  secondaires,  la  règle  précédente  peut  s'énon- 
cer :  faire  le  calcul  comme  d'ordinaire,  puis  retrancher  [2'^'^'.  Nous  retrouverons  cette 
valeur  — la^ai  dans  un  grand  nombre  de  séries,  comme  étant  la  mesure  du  trouble 
apporté  par  la  présence  d'une  liaison  multiple. 

»  Nous  avons  donné,  à  titre  d'exemples,  quelques-uns  des  résultats  ;  le  détaïLparaîtra 
dans  un  autre  Recueil  (y4/i«.  c/e  C/»'/«.  et  de  Phys.).  Dans  l'ensemble,  sur  62  cas 
examinés,  il  y  en  a  10  (16  pour  100)  où  l'approximation  est  inférieure  au  j-^-^  (en 
général  les  premiers  termes  de  séries);  11  (18  pour  100)  où  elle  est  comprise  entre 
TTô  ^^  ¥515'  ^*-  4i  (66  pour  loo)  OÙ  elle  est  supérieure,  souvent  de  beaucoup,  à  ô-q-o- 

»  Ethers  oxydes.  —  Ces  corps  contiennent  le  groupe  C  —  0  —  G  auquel  correspond 
le  groupe  élémentaire  c  —  o,  reproduit  deux  fois,  soit  c — O  —  c  pour  lequel  nous 
admettrons  la  convention,  absolument  générale,  pour  les  molécules  saturées 

/(c  — O  — c)  =  l8C»lzr:2  X  9. 

Ceci   nous   donne,   pour   les   éthers   oxydes  de  formule  C''n-/'+'  —  O  —  O'II-'"'"^',  la 
valeur  de.la  chaleur  de  combustion 


C=:  157/1 +  23  à  condition  que 


P-^P 


et 


PP 


))   Donc  C  est  indépendant  de  p  ei p'  et  ne  dépend  que   de   leur  somme;  en  outre, 
C  est  représenté  par  des  points  d'une  nouvelle  droite  du  groupe  y  =  i5-j:'-j-  R. 


Mesuré.     Calculé. 

Éther  diéthylique 65i'^''',7     65o*^'"' 

»     méthylphényliqiie     9o5^''^,5     goi^"' 
Formol  diéthylique..  .  .      773^"', 75  774*^''' 


Mesuré.  Calculé. 

Ether  éthylpliéuylique.      io57*^'^,2  io58*^''^ 

»      diméthvlrésorcy- 

lique io23f"'"'  102.0 


Cal 


»  Quand  la  molécule  n'est  pas  saturée,  il  faut  (comme  plus  haut )  faire  le  calcul 
comme  on  vient  de  l'indiquer,  puis  retrancher  à  la  valeur  obtenue  12*''';  j)ar 
exemple  : 

Mesuré.         Calculé. 

Méthyleugénol i459'^-''',4     1457*^"' 

Asarone 1076'^'^',  8     i58i'^"' 


Mesuré.         Calculé. 

Safrol 1244c"', 7      I245c«l 

Isoeugénol 1278'^''' 


1282'^'''l 


SÉANCE  DU  5  OCTOBRE  1903.  5l7 

»  Sur  24  cas,  il  y  en  a  I  (4  pour  100)  où  l'approximation  est  inférieure  à  -^  (c'est 
le  I"  terme  de  la  série,  oxyde  de  méthyle),  4  (17  pour  100)  où  elle  est  comprise  entre 
Tiïo  ^^  TuTTî  ^^  enfin   19  (79  pour  100)  où  elle  est  supérieure,  et  souvent  de  beaucoup, 

'^    200- 

»  Aldéhydes  et  Cétones.  —  Le  groupe  fonctionnel  de  ces  2  séries  est  C  =  O,  auquel 
correspond  le  groupe  élémentaire  c-=0;  nous  admettons  f  {c^=  0)  =  i2^^^  pour 
les  aldéhydes  et/(c-=  o)  =  e*^'"^  pour  les  cétones  dans  le  cas  des  molécules  saturées  et 
la  convention  de  retranclier  i2*^'i  (toujours  la  même  quantité)  au  résultat  obtenu 
quand  la  molécule  ne  sera  pas  saturée.  Ceci  nous  conduit,  pour  les  corps  de  formule 
CpH'-i'+^—CO  —  Cp'\:i-P'+^  avec  p  -hp'=n,  p  ou  p'  pouvant  être  nul,  aux  formules 
C  =  157 «  —  89  et  C  =  157/*  —  45  (droites  y=zioja:  +  A).  Donc  un  aldéhyde  et  une 
cétone  ayant  même  nombre  d'atomes  de  C  ont  des  chaleurs  de  combustion  différant 
de  6^="'  environ.  Voici  quelques-uns  des  résultats  obtenus  : 


Mesuré.        Calcule. 


Cnl  Cal 


Aid.  propylique 434;3  432 

Acétone 426,9  4^6 

Aid.  benzoïque 84i)7  84° 

Benzophénone i558,i  i556 


Mesuré.  Calculé. 
Cal  Cal 

Ca m ph re  ( B led t ) 1 4 ' 4 ; 5  1 4 ' 5 

Benzoïne  1672,5  1670 

Aid.  cinnaniiqiie 1112,9  i  109 

Benzalacétone 1262,5  1266 


»  A  citer   encore   le   fiirfurol,  qui   donne  par   la  formule  à   deux  doubles   liaisons 
adoptée  ordinairement  564*^''^  alors  que  la  valeur  mesurée  est  559*^''', 8.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  de  l'acide  phosphoreux  sur  la  maiinite. 
Remarque  sur  le  mannide.  Note  de  M.  P.  Carré,  présentée  par 
M.    H.    Moissan. 


«  L'acide  phosphoreux  (')  réagit  sur  la  naannite  pour  donner  un  éther 
qui  résulte  de  la  combinaison  de  2™°'  d'acide  avec  1™°^  d'alcool,  sans  qu'il 
soit  possible  de  constater  au  préalable  la  formation  d'un  éther  mo/ioacide. 
Si  l'action  de  l'acide  phosphoreux  est  suffisamment  prolongée,  on  détermine 
une  déshydratation  de  la  mannite,  avec  production  de  mannide,  lequel 
entre  à  son  tour  en  réaction,  pour  donner  un  nouvel  éther  phosphoreux. 

»  20S  d'acide  phosphoreux  sont  chauffés  à  i25°-i3o°  dans  le  vide  (18'"'»)  avec  45e 
de  mannite  (à  l'air  libre  les  résultats  sont  les  mêmes,  mais  ils  sont  atteints  moins  rapi- 
dement, et  la  limite  d'éthérification  est  un  peu  moins  élevée).  L'éthérificalion  est  tout 
d'abord  très  rapide;  elle  diminue  ensuite,  passe   par  un  minimum,  croît  de  nouveau 


(*)  P.  Carré,  Comptes  rendus,  t.  CXXXVl,  4  mai  1908,  p.  1067. 


5l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pour  atteindre  un  maximum  sensiblement  constant,  ainsi  que  le   montre  le  Tableau 

suivant  : 

Temps  Quantité  pour  loo 

de  chauffe.  d'acide  éthérifié. 

h        m 

I . 3o  58 

3  405 1 

5  43 

10  47,6 

20  57,4 

5o  65,5 

70  67 

100  66,8 

»  Le  départ  d'eau  est  finalement  compris  entre  2'"°'  et  3™°^ 

»  Afin  de  déterminer  la  nature  des  éthers  formés,  nous  avons  préparé  les  sels  de 
calcium  correspondants.  L'élhérificalion  est  arrêtée  après  i  heure  de  chauffe,  et  le  mé- 
lange repris  par   l'eau   est  saturé  par  le  carbonate  de  chaux  et  la  chaux  à  la  phtaléine. 

»  La  solution  aqueuse,  séparée  du  phosphite  de  calcium  par  filtration  et  additionnée 
d'alcool,  fournit  un  précipité  cristallin  qui,  lavé  à  l'alcool,  essoré  et  séché  à  froid  dans 
le  vide  sulfurique,  répond  à  la  formule  P^.  (0H)2. 0-Ca.  02(  CH-)2(CH0H)*,  ainsi 
que  le  prouve  l'analyse. 

»  Il  en  résulte  que  i'éther  phosphoreux,  formé  à  cet  instant  de  l'éthérification,  pro- 
vient de  la  fixation  de  2""°^  d'acide  sur  1""°^  de  mannite,  et  a  pour  constitution 
P2(0H)*02(CH2)-^(CH0H)*. 

»  D'autres  opérations,  faites  avec  des  proportions  très  différentes  de  mannite  et 
d'acide  phosphoreux,  nous  ont  toujours  conduit  à  I'éther  précédent,  après  un  temps 
très  court  d'éthérification. 

»  Les  sels  de  calcium,  préparés  après  3  à  4  heures  de  chauffage,  indiquent  un  mélange 
de  I'éther  ci-dessus  et  d'un  éther  phosphoreux  du  mannide  renfermant  1°*°^  d'acide 
pour  1™°^  d'alcool. 

»  Le  sel  de  calcium,  isolé  après  100  heures  de  chauffage,  répond  à  la  formule 
[O.P.(OH).OCMP03]2Ca.  Ce  dernier  nous  indique  la  disparition  totale  de  I'éther 
phosphoreux  formé  tout  d'abord  avec  la  mannite  ;  il  ne  reste  plus  qu'un  éther  du 
mannide  ayant  pour  constitution  P  .(OH)^.O.G^H^O*. 

»  Le  minimum  constaté  lors  de  l'éthérification  provient  donc  de  ce  que  nous  obser- 
vons, au  début,  l'éthérification  des  alcools  primaires  de  la  mannite,  et  que  i'éther 
phosphoreux  formé  réagit  sur  un  excès  de  mannite  pour  donner  du  mannide;  ce  der- 
nier, qui  ne  renferme  plus  que  des  alcools  secondaires  (voir  la  remarque  faite  plus  loin 
sur  la  formule  du  mannide),  s'éthérifîe  beaucoup  plus  lentement.  La  destruction  de 
I'éther  mannitique  étant  plus  rapide  que  la  combinaison  du  mannide  avec  l'acide  phos- 
phoreux, il  en  résulte  une  diminution  de  la  quantité  d'acide  éthérifié. 

))  En  résumé,  l'acide  phosphoreux  est  éthérifié  très  rapidement  par  la 
mannite  pour  donner  I'éther  P-(OH)^0-(CH-)-(CHOH)\ 


SÉANCE  DU  5  OCTOBRE  IQoS.  SlQ 

,,  T.'éthérification  passe  ensuite  par  un  minimum  pour  remonter  très 
lentement,    et  fournit    finalement   un    éther    phosphoreux   du    mannide 

P(OH)^O.C/H''0^  .         , 

«  Ces  éthers  sont  monoacides  à  l'hélianthine  et  à  la  phtaléme,  de  même 
que  les  éthers  phosphoreux  des  autres  alcools  polyatomiques,  déjà  étudies. 
Ils  sont  peu  stables  en  solution  aqueuse  et  saponifiés  lentement  par  1  eau 
froide. 

»  Remarque  sur  la  formule  du  mannide.  -  L'éthérification  des  acides  phosphoreux 
et  phosphoriques  par  la  mannite  nous  ayant  conduit  à  des  éthers  du  mannide,  nous 
avons,  après  saponification,  isolé  le  mannide  ainsi  formé. 

,,  Ce  produit  nous  a  donné  les  mêmes  constantes  physiques  que  celui  obtenu  par 
M.  Fauconnier  {')  en  faisant  agir  l'acide  chlorhydrique  sur  la  mannile. 

»  M.  Fauconnier  attribue  au  mannide  la  formule  suivante  : 

CH-^OH-CH-CH-CH-CH-CH^OH. 

o  o 

„  Si  ce  corps  conserve  deu^c  fonctions  alcools  primaires,  sa  vitesse  d'éthérification 
doit  être  la  même  que  celle  de  la  mannite.  Or  elle  s'en  éloigne  beaucoup  et  se  rap- 
proche bien  plus  de  la  vitesse  d'éthérification,  caractéristique  des  alcools  secondaires, 
ainsi  que  le  montre  le  Tableau  ci-dessus. 

>,  Nous  avons  en  outre,  pour  plus  de  certitude,  préparé  du  mannide  par  le  procède 
de  M  Fauconnier,  et  avons  chauffé  ce  mannide  avec  une  quantité  équimoleculaire 
d-acide  phosphoreux  dans  les  mêmes  conditions  que  le  mélange  d'acide  et  de  mannite. 
Le  Tableau  suivant,  indiquant  la  marche  de  l'éthérificatlon,  nous  montre  encore, 
si  on   le  compare   au  premier,   que  le   mannide   ne  doit  plus  renfermer  de  fonctions 

alcools  primaires  : 

Temps  Quantité  pour  loo 

de  chauffe  d'acide  élhérifié. 


h        m 


Il        m  o 

i.3o  ï^'7 

3  ï6 

5  '-^^'^ 

34,4 

20  54,1 

5o  66 

70  7^ 

100  70^7 

>,  Il  nous  paraît  donc  plus  naturel  d'admettre  que  le  mannide  conserve   deux  fonc- 
tions alcools  secondaires. 

»   M.  Fauconnier  décrit  le   mannide   comme  n'agissant    pas    sur   l  oxychlorare   de 


(1)  Bulletin  Soc.  ch.  de  Paris,  t.  XLI,  p.  119. 


520  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

phosphore.  Ce  dernier,  mélangé  au  mannide,  nous  a  donné,  vers  5o°-6o°,  un  vif  déga- 
gement d'acide  chlorhvdrique,  ainsi  que  cela  se  produit  avec  tous  les  corps  renfermant 
des  fonctions  alcools.  » 


CHIMIE   ORGANIQUE.   —  Dérivés  et  produits  d' oxydation  de  L' acide  nitropyro- 
mucique.  Noie  de  M.  11.  Marquis,  j)résentée  par  M.  II.  Moissan. 

«  Dans  une  Note  précédente  ('),  j'ai  montré  comment  on  pouvait 
préparer  le  nilropyromucate  d'étli}de  en  nitrant  le  pyromiicate  au  moyen 
(lu  mélange  d'acide  azotique  tnraanlet  d'anhydride  acétique. 

»  L'acide  nitropyjomucique  s'ohlienl  facilement  en  saponifiant  l'élher 
élhylique  par  l'eau  à  i8o°;  mais  on  peut  éviter  l'emploi  des  tubes  scellés 
eu  elïectuant  la  saponification  au  moyen  d'acide  sulfurique  d'une  concen- 
tration convenable  et  bouillant.  Il  convient  d'employer  un  mélange  de 
jvoi  so*H-  et  1^°'  H^O,  mélange  qui  bout  vers  i5o";  lorsque  la  saponifica- 
tion est  terminée,  on  étend  d'ean  et  l'on  extrait  l'acide  à  l'élher,  dans 
lequel  il  est  extrêmement  soluble. 

»  N itropy roinucale  de  méthyle.  —  On  le  prépare,  soit  par  la  nilration  du  pyro- 
miicate de  méthyle,  en  opérant  comme  pour  l'éther  élhylique,  soit  en  chauffant 
l'acide  pendant  5  à  6  heures  avec  de  l'alcool  méthylique  à  i  pour  loo  de  MCI.  Le 
nilropyromucate  de  méthyle  cristallise  en  lamelles  nacrées  fondant  à  78°, 5;  il  est  tout 
à  fait  semblable  à  l'élher  élhylique,  mais  notablement  plus  soluble  dans  l'alcool. 

»  Chlorure  de  nitropyromucyie.  —  Ce  composé  s'obtient  en  traitant  l'acide 
nitropyromucique  par  la  quantité  convenable  de  perchlorure  de  phosphore,  au  bain- 
marie.  L'oxychlorure  de  phosphore  étant  distillé  dans  le  vide,  au  bain-marie,  le  résidu 
refroidi  cristallise  peu  à  peu.  On  le  dissout  dans  le  chloroforme,  qui  laisse  un  peu 
d'acide  non  attaqué  et  l'on  évapore  la  solution  dans  le  vide  sec.  Le  chlorure  de  nitro- 
pyromucyie cristallise  en  lamelles,  grasses  au  loucher,  fondant  à  38°,  très  solubles 
dans  le  chloroforme  et  dans  l'élher,  insolubles  dans  l'éther  de  pétrole;  il  n'est  décom- 
posé qu'assez  lentement  par  l'eau  froide. 

»  Ain'ide  nitropyromucique.  —  On  dirige  un  courant  de  gaz  ammoniac  sec  dans  la 
solution  éthérée  du  chlorure,  le  précipité  est  lavé  avec  très  peu  d'eau  froide  pour 
enlever  le  chlorure  d'ammonium,  puis  cristallisé  dans  l'alcool  bouillant;  on  obtient 
des  cristaux,  soyeux  blancs,  fondant  à  161°,  assez  solubles  dans  l'alcool,  un  peu  solubles 
dans  l'eau,  très  peu  solubles  dans  l'élher. 

»  Anilide  nitropyromucique.  —  On  ajoute  goutte  à  goutte  la  quantité  convenable 
d'aniline  dans  la  solution  éthérée  du  chlorure,  il  se  forme  un  abondant  précijDité  jaune 
qui,  séché,  est  lavé  à  l'eau  froide  et  cristallisé  dans  l'alcool  bouillant.  Il  se  dépose  des 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  p.  5o5, 


SÉANCE  DU  5  OCTOBRE  igoS.  52  1 

aiguilles  jaune  citron  fondant  à  i8o°,  peu  solubles  dans  l'alcool  froid,  presque^inso- 
lubles  dans  l'éther,  insolubles  dans  l'eau. 

»  P.-toluide  nitropyvomucique.  —  Elle  s'obtient  comme  l'anilide  et  cristallise  en 
prismes  jaunes  fondante  162",  un  peu  plus  solubles  dans  l'alcool  que  l'anilide. 

»  Oxydation  de  l'acide  nitropyromucique.  — .  Si  l'on  soumet  l'acide  nilropyro- 
mucique  à  l'action  du  permanganate,  de  l'acide  chromique  ou  de  l'acide  azotique,  on 
n'obtient  guère  que  des  produits  de  destruction  totale. 

»  L'oxjdalion  régulière  se  fait  assez  bien  avec  le  bioxyde  de  sodium,  mais  l'emploi 
de  ce  réactif  présente  un  inconvénient  à  cause  de  l'action  destructive  de  l'alcali  formé 
sur  l'acide  nitropyromucique. 

»  On  évite  cet  écueil  en  employant,  au  lieu  de  l'acide,  l'éther  éthylique  que  son 
insolubilité  dans  l'eau  préserve,  dans  une  certaine  mesure,  de  l'action  des  alcalis  ;  il  est 
saponifié  peu  à  peu  et  oxydé  à  mesure  ;  on  ajoute  le  bioxyde  de  sodium  par  portions 
et  l'on  règle  la  température  de  façon  à  éviter  que  la  liqueur  se  colore   en  rouge  foncé. 

»  Lorsque  tout  l'éther  a  disparu,  on  étend  d'eau  et  l'on  sursature  d'acide  chlorhy- 
drique;  il  se  dégage  des  vapeurs  nitreuses  provenant  de  la  destruction  de  l'azotile  de 
sodium  formé  et,  par  épuisement  à  l'éther,  on  peut  extraire  un  acide  que  tous  ses 
caractères,  ainsi  que  la  combustion  et  l'analyse  du  sel  d'argent,  permettent  d'identifier 
avec  Vacide  funiarique. 

»  Les  résultats  de  l'oxydation  viennent  confirmer  la  position,  (^  ou  7)  que  j'avais 
précédemment  assignée  au  groupe  AzO'  dans  l'acide  nitropyromucique. 

»  En  ce  qui  concerne  le  mécanisme  de  cette  oxydation,  on  doit  admettre  que,  par 
une  hydratation  préalable,  le  noyau  furfuranique  a  été  ouvert,  pour  donner  un  composé 

CO^H 

/ 
(AzO*)CH  =  C.  (Az02)CH2  — GO  — GO^H      GH-GO^H 

1  )0        +H-^0=:  I  ->  Il  et     AzO*-li 

AzO^  — G  =  GtK  AzO^  — GH  — GHO  GH  — GO^H 

(I)  (II)  (III) 

intermédiaire  dont  la  constitution  serait  représentée  par  la  formule  (II),  ce  compose 
étant  transformé  en  acide  fumarique  par  oxydation  et  perle  de  AzO^H.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  la  formation  des  azoïques.  Réduction  de 
l'éther- oxyde  ortho-nitrobenzyl-méthylique.  Note  de  M.  P.  Freundler, 
présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  J'ai  montré  (  '  )  que  la  réduction  de  l'alcool  o-nitrobenzylique  au  moyen 
delà  poudre  de  zinc  et  de  la  soude  alcoolique  était  extrêmement  complexe  : 
on  obtient,  en  effet,  divers  produits  dont  la  formation  est  due  à  la  fois  à  l'oxy- 


(^)  Comptes  rendus,  t.  GXXXVl,  p.  870. 

G.  R.,  1903,  2«  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  14.)  ^^9 


532  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dation  de  la  fonction  alcool  et  à  la  réduction  totale  du  groupement  nitré; 
ces  produits  renferment  par  conséquent  des  fonctions  aldéhyde,  acide  et 
aminé.  L'alcool  o-azobenzylique  CH'OH.C«H\  Az  =  Az.C«H\  CH-OH, 
produit  normal  de  la  réaction,  prend  également  naissance  en  petite  quan- 
tité, mais  il  se  transforme  par  distillation  en  alcool   indazyl-o-benzylique 

CHV    I      /Az.C''H\CH-OH;  son  existence  m'avait  échappé  lors  de  mes 

premières  recherches. 

»  Désirant  éviter  les  réactions  secondaires  qui  résultent  de  la  présence 
de  la  fonction  alcool,  j'ai  entrepris  l'étude  de  la  réduction  de  l'éther-oxyde 
méthylique  correspondant.  (]et  élher  se  prépare  facilement  à  partir  du 
chlorure  d'o-nitrobenzyle  ('). 

»  57S  d'éther  nitré  sont  dissous  dans  25o*"'  d'alcool  à  96  pour  100,  additionnés  de 
25s  de  soude  caustique  et  de  5o*^'"'  d'eau,  et  réduits  a  cliaud  par  la  poudre  de  zinc, 
selon  la  méthode  habituelle.  Après  fillration,  on  traite  par  l'oxyde  jaune  de  mercure,  on 
chasse  l'alcool,  et  l'on  isole  successivement  du  résidu  les  produits  neutres  et  basiques, 
puis  les  produits  acides. 

»  Dans   ces  conditions,  on  obtient  environ   1 5s  de  substances  neutres  et  basiques, 

constitués    par   des  proportions   sensiblement  égales  à'étlœr-oœyde  o-aminohenzyl~ 

méthylique  AzH^.C^H^ CH^OCH»  {oxalate  fusible  à   124°),  aVéther-oxyde  o-azo- 

benzyl méthylique    CH»0.  CH".  C«H*.  Az  =  Az.  CH^  CH'-.O  CH^    (prismes    rouges 

fusibles  à  68°,  5)  et  d'une  résine  jaunâtre,  soluble  dans  l'éther  et  les  acides,  qui  possède 

/  /CIl^ 

tous  les  caractères  de  la  benzylène-imine  j  C  H* 


\AzH 

»  Quant  aux  produits  acides  dont  la  quantité  totale  est  notablement  supérieure  à  iSe, 
ils  sont  constitués  principalement  par  de  Vacide  antliranilique  (8s  environ)  et  par  de 
Vacide  indazyl-o-benzoïque  déjà  obtenu  dans  la  réduction  de  l'alcool  o-nitro- 
benzylique. 

»  Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  l'éther  o-nitrobenzyl-méthylique  est 
saponifié  partiellement  par  les  alcalis,  contrairement  à  ce  qui  a  lieu  géné- 
ralement dans  le  cas  des  éthers-oxydes.  Cette  saponification  doit  être 
attribuée  évidemment  à  la  présence  du  groupement  électronégatif  AzO^; 
un  fait  analogue  a  d'ailleurs  été  signalé  à  propos  des  éthers  phénoliques 
(anisol,  etc.),  qui  sont  hydrolyses  peu  à  peu  par  la  potasse  alcoolique 
bouillante.  On  remarquera  toutefois  que  l'alcool  o-nitrobenzylique  qui 
résulte  de  cette  saponification  n'a  donné  naissance  qu'à  des  produits 
acides, 

(')  Ann.  Chem.,  t.  CGGV,  p.  109. 


SÉANCE  DU  5  OCTOBRE  1903.  5'-i3 

»  D'anire  part,  une  portion  de  l'éther  nitré  a  été  réiluite  avant  d'être 
saponifiée;  elle  résiste  alors  à  l'action  des  alcalis;  mais  ici  encore,  comme 
dans  le  cas  de  l'alcool  o-nitrobenzylique,  le  produit  normal  de  la  réduction 
(élher-oxyde  azoïque)  est  accompagné  de  quantités  notables  du  dérivé 
aminé  correspondant. 

))  Des  résultats  absolument  identiques  ont  été  obtenus  avec  l'éther 
o-nitrobenzyl-éthylique. 

»  L'oxyde  o-azobenzyl-méthylique  mentionné  plus  haut  possède  la  pro- 
priété curieuse  de  perdre  une  molécule  d'alcool  méthylique  et  de  se 
transformer  en  èther  indazyl-henzylique  lorsqu'on  le  chauffe  vers  i5o«'-200" 

dans  le  vide  : 

y^^Az=  Az\   /\ 


GH-.OCH*  CH'O.CH^ 

/  \     /  Âz  \ 


=  CH^OH 


;Az 


CH- 


\^ / 

CH-.OCH'. 


»   Il  en  est  de  même,  d'ailleurs,  du  dérivé  élhylique. 

»  J'ai  signalé  (')  déjà  la  facilité  avec  laquelle  les  azoïques  à  fonction 
alcool  orthosubstituée  se  transforment  en  indazols  par  déshydratation  ;  il 
est  singulier  que  cette  tendance  à  la  formation  d'un  noyau  indazylique  soit 
assez  forte  pour  provoquer  l'élimination  d'une  molécule  d'alcool.   » 


ZOOLOGIE.   —  Sur  les  affinilcs  du  genre  Oreosoma. 
Note  de  M.  G. -A..  Boulanger,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 


«  Établi  par  Cuvier  et  Valenciennes  pour  un  petit  Poisson  de  forme 
bizarre,  le  genre  Oreosoma  a  été  rapporté  tour  à  tour  à  diflérentes  familles. 
Placé  par  ses  fondateurs  parmi  les  Joues  cuirassées,  à  la  suite  des  Épinoches, 
transféré  par  Gûnther  à  la  famille  des  Percidés,  dans  le  voisinage  du  Pen- 
taceros,  par  Lowe  à  celle  des  Zéidés  ou  Cyttidés,  il  a  fait  l'objet,  il  y  a 
quelques  années,  d'une  Note  de  M.  le  professeur  Léon  Vaillant,  insérée 


(>)  Comptes  rendus,  t.  GXXXVI,  p.  n36. 


524  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dans  les  Comptes  rendus  (t.  CXVf,  iSgS,  p.  598).  Dans  cette  Note, 
M.  Vaillant  complète  et  reclifie  sur  quelques  points  la  description  de  ses 
prédécesseurs,  détermine  la  j)rovenance  de  l'individu  type,  recueilli  par 
Pérou  dans  l'Atlantique,  un  peu  à  l'ouest  de  la  colonie  du  Cap,  mentionne 
un  second  individu,  un  peu  plus  grand,  acquis  par  le  Muséum,  et  se  pro- 
nonce en  faveur  des  Berycidés  comme  la  famille  la  plus  propre  à  recevoir 
le  genre  Oreosoma. 

»  L'aspect  de  VOreosoma  atlanlicum  semblait  indiquer  l'état  jeune  d'un 
Poisson  acanthoptérygien  dont  l'adulte  restait  à  découvrir.  Grâce  aux 
récoltes  faites  par  M.  J.-D.-F.  Gilchrist  sur  le  Peter- Faure  dans  le  voisinage 
du  cap  de  Bonne-Espérance,  dont  une  partie  m'a  été  soumise  par  mon  col- 
lègue, je  crois  être  à  même  de  faire  connaître  cette  forme  adulte  et  en 
même  temps  de  confirmer  l'opinion  émise  par  Lowe  sur  la  position  systé- 
matique du  genre  ci-devant  si  problématique. 

»  Le  Poisson  en  question,  mesurant  a/JS"^™  de  longueur  totale,  provient  d'une  pro- 
fondeur de  80™  environ,  à  quelques  milles  du  cap  de  Bonne-Espérance. 

»  Il  répond  par  sa  forme  au  Cyttus,  mais  en  diffère  par  le  corps  couvert  d'écaillés 
portant  chacune  un  petit  tubercule  scléreux  arrondi,  rendant  le  Poisson  très  âpre  au 
toucher;  les  grands  tubercules  coniques  qui  donnent  un  aspect  si  bizarre  au  type 
décrit  et^fîguré  par  Cuvier  et  Valenciennes  ne  sont  représentés  que  par  une  série  de 
tubercules  mousses,  relativement  beaucoup  plus  petits  et  assez  irréguliers,  de  chaque 
côté  du  ventre  et  par  une  double  ou  triple  série  de  tubercules  encore  plus  réduits  sur 
la  ligne,  médiane,  entre  les  nageoires  ventrale  et  anale. 

))  La  ligne  latérale,  un  peu  sinueuse,  décrit  une  forte  courbe  en  avant.  La  nageoire 
dorsale,  continue,  se  compose  de  6  rayons  épineux  et  de  3o  rayons  mous;  le  plus  long 
rayon  épineux,  le  deuxième,  ne  mesure  que  la  moitié  du  plus  long  rayon  mou; 
l'anale  a  3  rayons  épineux  et  28  rayons  mous.  La  nageoire  pectorale  est  courte  et 
arrondie;  la  ventrale,  de  même  longueur,  est  formée  d'une  épine  et  de  7  rayons 
mous.  La  nageoire  caudale,  insérée  sur  un  pédicule  assez  court  et  mince,  n'a  que 
i3  rayons  bien  développés  et  est  tronquée  arrondie.  La  tête  est  grande,  mesurant 
les  I  de  la  longueur  totale  (nageoire  caudale  exclue);  il  y  a  une  très  grande 
fontanelle  à  sa  face  supérieure,  couverte  de  petites  écailles  à  plusieurs  tubercules, 
comme  sur  la  nuque;  l'œil  mesure  les  |  de  la  longueur  de  la  tête;  les  prémaxillaires 
sont  très  protractiles  et  le  maxillaire  s'étend  jusqu'au-dessous  du  quart  antérieur  de 
l'œil;  les  os  superficiels  du  crâne,  ainsi  que  l'opercule,  sont  rugueux  et  striés.  La 
région  pectorale  est  tronquée  en  avant,  précédée  d'une  échancrure  correspondant  à 
l'os  urohyal.  Il  y  a  7  rayons  branchiostèges.  Les  branchies  sont  au  nombre  de  trois 
doubles  et  une  simple,  sans  fente  en  arrière  de  celle-ci;  les  branchiospines  sont  plus 
longues  que  les  filaments  branchiaux  et  au  nombre  de  20  à  la  branche  inférieure  du 
premier  arceau;  les  pseudobranchies  sont  très  développées. 

»   Tous    ces   caractères   indiquent   des   rapports  très    étroits    avec   les 


SÉANCE  DU  5  OCTOBRE  l9o3.  525 

membres  de  la   famille  des  Zéidés,  dont  notre  Poisson  Saint-Pierre  (Zeus 
faher)  est  le  type  bien  connu. 

»  La  réduction  des  arcs  branchiaux  et  des  rayons  de  la  nageoire 
caudale  s'oppose  à  tout  rapprochement  des  Bérycidés;  et  en  outre  j'ai 
pu  m'assurer  que  les  sous-orbitaires  ne  sont  pas  étalés  en  lame  interne 
soutenant  le  globe  de  l'œil  et  que  l'os  hypural  ne  porte  pas  le  petit 
tubercule  ou  éperon  caractéristique  des  Bérycidés  ainsi  que  de  la  plupart 
des  Perciformes. 

»  Il  y  a  quelque  temps  (  *  ),  j'ai  fait  ressortir  les  caractères  que  les  Zéidés 
possèdent  en  commun  avec  les  Pleuronectidés,  qu'on  a  si  longtemps  asso- 
ciés, à  tort,  aux  Gades  et  autres  Anacanthes.  M.  Thilo(-)  était  arrivé,  de 
son  côté,  aux  mêmes  conclusions,  sans  que  j'eusse  connaissance  de  son 
travail.  Bien  que  les  Zéidés  ne  puissent  être  considérés  comme  les  ancêtres 
des  Pleuronectidés,  M.  Thilo  et  moi  avons  fait  voir  qu'ils  en  sont  néanmoins 
très  voisins  et  qu'ils  sont  probablement  dérivés  d'un  type  commun.  Ce 
type  semble  représenté  par  un  genre  fossile  de  l'Eocène  supérieur,  Amphi- 
stium,  dont  j'ai  publié  une  restauration,  et  il  n'est  pas  sans  intérêt  de  faire 
observer  que  le  genre  Oreosoma,  sous  le  rapport  de  la  brièveté  des  rayons 
épineux  de  la  dorsale,  formant  une  série  continue  avec  le  reste  de  la 
nageoire,  se  rapproche  davantage  du  type  fossile  que  ne  le  font  les  autres 
représentants  connus  de  la  famille  des  Zéidés. 

»  La  famille  des  Zéidés  renferme  six  genres  dans  la  nature  actuelle  : 
Grammicolepis,  Oreosoma,  Cyttiis,  Cyltopsis,  Zenion  et  Zeus.  Ce  dernier  a 
laissé  des  restes  dans  l'Oligocène  et  le  genre  Cylloides,  du  même  âge,  est 
considéré  comme  voisin  de  Cyltus.  Les  premiers  exemples  de  Pleuronec- 
tidés, très  voisins  de  nos  Turbots,  ont  été  trouvés  dans  l'Eocène  supérieur, 
ainsi  que  le  genre  Amphistimn.    » 


PHYSIOLOGIE.  —  L'action  des  solutions  des  sels  alcalins  et  alcaline-terreux 
sur  les  Épinoches.  Note  de  M.  Michel  Siedlecki,  présentée  par  M.  Alfred 
Giard. 

«  Il  est  évident  que  les  Epinoches,  placées  dans  des  solutions  salines,  sont 
soumises  aussi  bien  à  l'augmentation  de  la  pression  osmotique,  qu'à  une 


(')  Anii.  and  Mag.  nat.  Hist.,  t.  X,  1902,  p.  295. 
(^)  Zool.  Aiizeig.,  t.  XXV,  1902,  p.  3o5. 


526  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

action  spécifique  de  leur  milieu  nouveau.  Nous  avons  déjà  signalé  que  la 
pression  osmotique  n'a  que  peu  d'influence;  ce  fait  constaté,  nous  avons 
tenté  d'étudier  l'action  spécifique  des  solutions  des  sels  alcalins  etalcalino- 
terreux,  qui  se  trouvent  le  plus  souvent  dans  le  milieu  ambiant  ou  bien 
dans  la  nourriture  des  Epinoches.  Nous  avons  donc  étudié  l'action  des 
chlorures  de  K,  Na  et  Li,  ainsi  que  des  sulfates,  azotates,  carbonates  et 
phosphates  des  deux  premiers  éléments  ;  ensuite  les  chlorures  de  Ba,  Sr,  Ca 
et  Mg,  et  le  sulfate  de  Mg. 

»  L'action  de  toutes  les  solutions  de  ces  divers  sels  dépendait  seulement  de  la  con- 
centration du  liquide  et  pas  de  sa  quantité;  ce  fait  prouve  que  l'organisme  des  Epi- 
noches n'est  pas  capable  d'extraire  les  sels  du  milieu  ambiant  et  de  les  accumuler  dans 
son  intérieur;  les  sels  agissent  alors  surtout  sur  les  cellules  qui  entrent  en  contact 
immédiat  avec  ces  solutions.  Le  degré  de  la  résistance  à  l'action  de  ces  liquides  varie 
avec  les  individus,  suivant  les  propriétés  des  parties  toucliées  immédiatement  par  la 
solution.  Les  animaux  de  taille  moyenne,  bien  nourris  et  vigoureux,  sont  en  général 
plus  réfractaires  que  les  grands  exemplaires  qui  s'affaiblissent  très  vite  en  captivité; 
chez  ces  derniers,  l'affaiblissement  général  produit  une  diminution  de  la  résistance  de 
la  surface  du  corps  et  entraîne  la  mort  assez  rapidement. 

»  1.  Les  sels  de  potassium  sont  très  toxiques  pour  les  Epinoches.  A  concentration 
mortelle,  tous  provoquaient  les  mêmes  symptômes;  au  moment  de  la  mort  le  corps  est 
raide,  toutes  les  nageoires  fortement  distendues,  les  épines  se  hérissent,  les  opercules 
restent  ouverts  ;  tous  ces  symptômes  sont  dus  aux  crampes  de  tous  les  muscles  du  corps. 

»  Le  degré  de  toxicité  des  divers  sels  de  K  varie  asssez  considérablement;  nous 
l'avons  représenté  dans  le  Tableau  suivant  : 

Sel 

Concentration  des  solutions 

en  quantités  pour   loo.  .  . 

Mort  provoquée,  en  heures. 

»  La  toxicité  des  sels  de  K  change  donc  suivant  le  degré  de  leur  acidité,  les  sels 
légèrement  acides  étant  moins  toxiques  que  les  neutres,  ceux-ci  moins  que  les  basiques. 
K^CO^  agit  le  plus  énergiquement  parce  qu'il  provoque  une  désagrégation  de  la  couche 
épithéliale  recouvrant  les  branchies. 

»  2.  Les  sels  de  sodium  n'agissent  qu'en  solutions  relativement  très  concentrées; 
seul  Na-CO^,  qui  provoque  une  dissolution  de  l'épithélium  sur  les  branchies,  tue  une 
Épinoche  assez  rapidement  en  solution  de  o,  i  à  o,  2  pour  loo.  Aucun  des  autres  sels 
de  Na  n'est  nuisible  à  ces  poissons  à  cette  concentration,  qui  peut  se  rencontrer  dans 
leur  milieu  naturel;  de  plus,  les  Epinoches  sont  très  réfractaires  à  l'action  des  sels  qui 
se  trouvent  le  plus  souvent  dans  leur  milieu  ambiant,  comme  Na  Cl  et  Na'SO*. 
L'action  nuisible  de  Na  Cl  commence  à  une  concentration  dépassant  3  pour  loo,  donc 
voisine  ou  légèrement  supérieure  à  celle  de  Na  Cl  dans  l'eau  de  mer;  Na^SO*  n'est 
toxique  qu'en  solutions  de  5  à  6  pour  loo.  Ces  deux  sels  tuent  les  animaux  très  lente- 
ment et  ne  provoquent  ni  excitation  ni  crampes  avant  la  mort. 


K^HPO'. 

KAzO^ 

K'SO*. 

IvCI. 

K-CO 

o,4  à  o,5 

O , 2  à  0,3 

o ,  2  à  o ,  3 

0,2 

o,  1 

24 

M 

i8   à   20 

24 

5 

SÉANCE  DU  5  OCTOBRE  igoS.  627 

»  3.  L'action  du  chlorure  de  lithium  ressemble  à  celle  des  sels  de  potassium  ;  il  pro- 
voque une  hypereslhésie  suivie  d'un  grand  afFaiblissemenl  et  tue  les  Épinoches  en 
24  heures  à  la  concentration  de  o,5  à  i  pour  100. 

»  4.  Les  chlorures  des  alcalino-terreux.  sont  d'autant  plus  actifs  que  leur  poids  molé- 
culaire est  plus  considérable.  BaCl^  en  solution  à  o,  5  pour  100  provoque  une  forte 
excitation  de  l'animal,  des  crampes  tétaniques  et  la  mort  en  18-24  heures;  Sr  Cl*  pro- 
voque des  symlômes  analogues,  mais  plus  faibles  en  solution  de  2  à  3  pour  100.  Par 
contre  CaCl^  et  MgGl^  à  doses  mortelles  (3  à  4  pour  100  pour  CaCl-  et  5  pour  100 
pour  MgCl-),  causent  d'abord  un  affaiblissement  général  et  une  apathie  des  animaux, 
qui  restent  sans  mouvement  en  respirant  très  peu  et  lentement;  la  mort  vient  souvent 
sans  que  l'animal  change  de  position.  Les  mêmes  symptômes  s'observent  sur  des  ani- 
maux placés  dans  une  solution  de  6  à  7  pour  100.  Les  Épinoches  se  comportent  en 
présence  des  sels  de  Ca  et  Mg  de  la  même  façon  qu'en  présence  des  sels  de  Na  ;  elles  sont 
donc  particulièrement  adaptées  à  résister  vigoureusement  à  l'action  de  ces  sels,  qui 
sont  les  principaux  constituants  de  leurs  cendres. 

»  Nous  avons  tenté,  dans  d'autres  expériences,  d'étudier  l'action  du  mélange  des 
solutions  des  divers  sels.  Pour  ces  expériences  nous  avons  choisi  d'abord  le  mélange 
de  KCl  avec  CaCl'.  Nous  avons  préparé  quatre  mélanges  dont  chacun  contenait  So'^'"' 
de  la  solution  normale  de  KCl,  à  quoi  nous  avons  ajouté  :  dans  le  premier  (I),  So*^"'; 
dans  le  deuxième  (II),  100"^"';  dans  le  troisième  (111),  iSo*^"*';  et  dans  le  quatrième  (IV), 
200'''"'  de  la  solution  normale  de  CaCl-,  et  en  outre  suffisamment  d'eau  pour  avoir  i^  de 
chaque  liquide;  KCl  était  dans  ces  solutions  à  une  concentration  qui  tue  uneEpinoche 
en  10  à  18  heures.  Les  animaux  ont  vécu,  dans  la  solution  I,  20  à  28  heures  ;  dans  la  IP, 
28  à  4o  heures;  dans  la  IIP,  36  à  90  heures;  dans  la  IV',  i3  à  18  heures.  Cette  expé- 
rience démontre  que  :  i"  l'action  de  KCl  est  atténuée  par  celle  de  CaCP;  2°  qu'en 
mélangeant  ces  deux  sels  en  diverses  proportions,  on  arrive  à  un  optimum  du  mé- 
lange, dans  lequel  l'action  toxique  de  K  est  presque  entièrement  neutralisée.  Cet 
optimum  était  en  notre  cas  la  solution  III;  nous  somines  arrivé  à  y  faire  vivre  les 
Epinoches  pendant  une  semaine,  Nous  avons  ensuite  essayé  beaucoup  d'autres  mé- 
langes de  divers  sels,  mais  nous  n'avons  pas  obtenu  de  résultats  semblables  à  ceux  du 
mélange  de  KCl  avec  CaCP;  au  contraire,  certaines  solutions,  inoffensives  si  elles 
étaient  employées  seules,  devenaient  toxiques  après  avoir  été  mélangées.  Nous  nous 
proposons  de  donner  des  détails  sur  ce  sujet,  dans  notre  travail  définitif. 

»  Le  fait  que  les  sels  de  K  peuvent  être  rendus  inoffensifs,  par  la  seule 
présence  des  sels  de  Ca  dans  la  même  solution,  a  une  grande  importance 
pour  les  Epinoches,  qui  souvent  vivent  dans  des  marais  où.  les  sels  de  K, 
provenant  des  débris  organiques,  peuvent  facilement  se  trouver;  les  ani- 
maux résistent  dans  la  nature  à  la  toxicité  de  ces  sels,  parce  que  toujours 
dans  les  marais  les  sels  de  Ca  sont  aussi  présents.   » 


528  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BOTANIQUE.  —  Sur  (e  genre  Ascodesmis.  Note  de  M.  P. -A.  Dangeard, 
présentée  par  M.  Guignard. 

«  On  sait  qu'un  certain  nombre  d'Ascomycètes  possèdent  à  l'origine  du 
périthèce  des  filaments  copulateurs  qui  ont  été  assimilés  à  des  anthéridies 
et  à  des  oogones,  c'est-à-dire  à  des  gamétanges.  Un  intérêt  spécial  s'atta- 
chait au  genre  Ascodesmis,  découvert  par  M.  Van  Tieghem,  parce  que, 
jusqu'ici,  on  admettait  que  la  formation  du  périthèce  y  résulte  des  dicho- 
tomies successives  d'un  filament  mycélien  unique  ('). 

))  Nous  avions  été  frappé  cependant  par  la  ressemblance  que  présente 
ce  filament  avec  celui  qui  produit  les  rosettes  chez  le  Pyronema  :  cette 
analogie  nous  a  conduit  à  la  découverte  de  rameaux  accouplés  par  paires, 
semblables  à  ceux  des  Gymnoascus  :  leur  nombre  est  variable  pour  chaque 
périthèce;  on  en  trouve  de  six  à  dix  environ  dans  V Ascodesmis  nigricans. 

»  Chaque  couple  est  constitué  par  deux  rameaux  enroulés  l'un  sur 
l'autre  en  spirale;  au  début,  ils  ne  présentent  aucune  différence  bien  sen- 
sible; un  peu  plus  tard,  l'ascogone  se  distingue  facilement  à  son  contenu 
plus  riche  en  cytoplasme  et  à  son  diamètre  légèrement  supérieur  à  celui  de 
l'anthéridie. 

»  Nos  observations  montrent  que,  dès  les  premières  dichotomies  du  fila- 
ment générateur,  la  branche  qui  fournira  les  anthéridies  se  différencie  de 
celle  qui  donnera  naissance  aux  ascogones;  ces  organes  ne  seraient  donc 
pas  portés  sur  un  même  rameau  comme  chez  les  Eremascus,  mais  provien- 
draient de  branches  différentes  comme  chez  les  Pyronema. 

»  Les  anthéridies  et  les  ascogones  sont  plurinucléés  :  nous  avons  cherché 
la  trace  d'une  communication  directe  entre  les  deux  rameaux  accouplés, 
mais  sans  parvenir  à  la  découvrir  :  le  cytoplasme  se  raréfie  de  bonne  heure 
dans  les  anthéridies  et  disparaît  sur  place  avec  les  noyaux  qu'il  contient. 
Le  cytoplasme  disparaît  également  au  sommet  de  l'ascogone;  cette  partie 
qui  s'isole  par  une  cloison  du  reste  de  l'organe  est  donc  identique  au  tri- 
chogyne  des  Monascus. 

»  On  ne  voit  ordinairement  que  trois  ou  quatre  noyaux  dans  l'anthéridie  ; 
l'ascogone  en  renferme  sept  ou  huit;  il  n'en  reste  finalement  que  quatre 


(')  Van  Tieghem,  Sur  le  développement  du  fruit  des  Ascodesmis  {Bull.  Soc.  bota- 
nique de  France,  t.  XXIII,  1876,  p.  271). 


SÉANCE  DU  5  OCTOBRE  I903.  529 

OU  cinq  après  séparation  du  trichogvne;  mais  ces  derniers  ont  aiigmenlé 
de  volume  et  ils  possèdent  un  gros  nucléole;  ce  sont  les  seuls  qui,  lors  du 
bourgeonnement  de  l'ascogone,  fournissent,  après  utie  ou  plusieurs  bipar- 
titions, les  noyaux  copulateurs  des  asques. 

»  Les  paraphyses  proviennent  de  ramifications  basihiires  au  filament 
initial;  elles  contiennent  plusieurs  noyaux. 

M  Comment  concilier  l'existence  de  ces  organes  cojnilaleurs  chez  les 
Ascomycètes  avec  l'absence  de  fusions  nucléaires  dans  l'oogone,  alors 
qu'il  s'en  produit  plus  tard  à  la  naissance  des  asques. 

»  Nous  sommes  en  mesure  mainlenant  d'en  donner  une  ex|^]icaUon 
rationnelle. 

))  Lorsque  les  Siphomycèles  ont  passé  de  la  vie  aquatique  à  la  Aie 
aérienne,  leurs  sporanges  sont  devenus  des  conidiophores  de  formes 
variées,  isolés  on  inclus  dans  des  conceplacles;  or  les  gamélanges  ne  sont 
que  des  sporanges  à  spores  affaiblies  (');  il  est  naturel  qu'Us  aient  subi  une 
différenciation  analogue  à  celle  des  sporanges;  ils  se  sont  transformés  en 
gamétophores  à  gamètes  extérieurs.  Le  gamétophore  fertile,  ou  ascogone, 
équivalent  d'un  conidiophoi'e  à  spores  affaiblies,  donne  naissance  à  des 
gamètes  qui  s'unissent  jDar  deux  grâce  à  l'absence  de  cloison.  L'origine  dif- 
férente des  noyaux  copulateurs  montre  bien  qu'il  s'agit  de  la  formation 
d'un  œuf  comme  nous  l'avons  toujours  soutenu  :  le  mode  de  germination 
est  encore  celui  d'un  œuf  puisque  le  produit  en  est  un  asque  ou  spoi'ange 
comme  chez  les  Péronosporées;  efifin,  la  réduction  chromatique  qui,  selon 
nos  observations,  intervient  h  ce  moment,  ne  laisse  aucun  doute  sur  la 
nature  sexuelle  du  |)hénomène. 

»  Avec  cette  interprétation,  qui  nous  paraît  définitive,  la  sexualité 
des  Champignons  supérieurs  rentre  dans  le  schéma  général  de  la  fécon- 
dation.  » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Recherches  su.r  la  trciDspi ration  des  feuilles  vertes 
dont  on  éclaire  soit  la  Jace  supérieure,  soit  la  face  inférieuie.  Note  de 
M.  El).  GiuFFox,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«   J'ai  montré,  dans  une  Note  récente,  que  les  feuilles  vertes  dé(;om]iosent 
moins  énergiquement  le  gaz  carbonique  lorsqu'elles  sont  éclairées  par  la 


(^)   Consuller  notre  Théorie  de  la  sexualité  {Le  Botaniste,  Ç)"  série,  p.  263 ~ 
C.  R,,  1903,  2-  Semestre.  (T.  CXXWH,  N"  14.)  70 


53o  ACAIJRMIK     1)1-:  S    SCIENCKS. 

face  inférieure  an  lieu  de  l'être  par  la  face  supérieure,  comme  cela  se  pro- 
duit dans  les  conditions  naturelles;  j'ai  conclu,  en  outre,  que  le  développe- 
ment du  tissu palissadique  dans  le  mésophylle  est  bien,  comme  on  l'a  sou- 
vent avancé,  favorable  à  l'assimilation  chlorophyllienne. 

))  J'ai  naturellement  été  amené  à  me  demander  dans  quelle  mesure  ce 
développement  peut  influer  sur  la  transpiration  des  feuilles  vertes  que  l'on 
éclairerait  comme  il  vient  d'être  dit. 

»  A  cet  efTeL,  prenons  deux  plantes  en  pot  appartenant  à  la  même  espèce  et  aussi 
semblables  que  possible,  puis  exposons-les  pendant  le  même  temps  aux  mêmes  condi- 
tions de  milieu;  il  sera  facile,  par  la  méthode  des  pesées  successives,  de  calculer  leurs 
capacités  transpiiatoires  propres.  Renversons  ensuite  une  d'entre  elles  et  disposons 
l'expérience  de  façon  que  la  lumière  frappe  directement  la  face  inférieure  comme  elle 
frappait  auparavant  la  face  supérieure.  On  verra  alors  que  le  rapport  des  deux  capa- 
cités transpiraloires  sera  changé  par  suite  de  la  diminution  de  la  quantité  de  vapeur 
d'eau  émise  par  la  plante  renversée.  L'abaissement  de  la  transpiration  peut  ainsi  aller 
de  1  à  o,85  pour  le  Datura,  à  0,74  avec  l'Erable,  à  0,82  avec  le  Coleus,  à  0,89  avec 
un  Musa,  qu'il  suffît  de  retourner  et  non  de  renverser,  l'unique  feuille  laissée  sur  la 
tige  étant  peu  inclinée  par  rapport  à  un  plan  vertical.  Rien  de  semblable  ne  se  pro- 
duit à  l'obscurité. 

»  Au  lieu  de  faire  l'expérience  sur  une  plante  entière,  faisons-la  sur  une  feuille  seu- 
lement que  Ton  introduit  dans  un  tube  à  essai,  comme  dans  les  recherches  de  Mariolte 
et  de  Guettard  et  plus  tard  de  Dehérain.  Il  est  facile  de  découper,  dans  deux  feuilles 
bien  comparables  d'un  même  rameau  ou  de  deux  rameaux  voisins,  des  surfaces  égales. 
On  assujettit  chaque  feuille  à  la  bordure  saillante  et  interrompue  d'un  petit  cadre  en 
bois  noirci,  de  façon  qu'une  face  ne  reçoive  pas  de  lumière,  mais  qu'il  y  ait  néanmoins 
au-dessous  d'elle  un  certain  espace  communiquant  avec  la  cavité  du  tube  à  essai,  ce 
qui  permet  à  la  vapeur  d'eau  émise  de  se  diffuser  dans  l'air  environnant.  Dans  ces  con- 
ditions, la  transpiration  est  toujours  plus  faible  si  c'est  la  face  supérieure  qui  reçoitla 
lumière  ;  elle  passe  de  i  à  0,74  avec  le  Laurier-cerise,  à  0,69  avec  le  Phytolacca  et 
le  Cerisier,  à  0,70  avec  la  Vigne  vierge. 

»  Mais  si,  tout  en  opérant  avec  la  méthode  de  Guettard,  l'on  emploie  des  feuilles 
coupées,  l'augmentation  de  poids  du  tube  ou  encore  la  diminution  de  poids  des  feuilles 
montrent  que,  comme  dans  la  première  série  d'expériences,  la  transpiration  baisse  si 
la  lumière  éclaire  la  face  inférieure  (i  à  0,80  avec  le  Laurier-Tin,  30,90  avec  la  Vigne- 
vierge,  à  o,85  avec  le  Dahlia,  à  0,72  avec  leChêne). 

»  Comment  faut-il  interpréter  ces  résultats?  La  transpiration  est  évi- 
demment réglée  parla  plus  ou  moins  grande  facilité  avec  laqiielle  les  gaz 
s'échappent  au  travers  de  l'épiderme,  mais  elle  l'est  aussi  par  la  plus  ou 
moins  grande  rapidité  avec  laquelle  l'eau  se  renouvelle  dans  les  cellules 
qu'elle  quitte  en  se  vaporisant. 

»   Or,  dans  les  feuilles,  les  faisceaux  libéro-ligneux  ont  leur  bois  tourné  du  côté  du 


SÉANCE  DU  5  OCTOBRE  igoS.  53 I 

tissu  palissadique;  de  plus,  c'est  dans  ce  tissu  qu'ils  se  terminent  quand  ils  ne  s'anas- 
tomosent pas  avec  d'autres.  Le  tissu  lacuneux,  au  contraire,  ne  reçoit'pas  directement 
l'eau  des  vaisseaux  ou  des  cellules  vasculaires  qui  coiffent  les  terminaisons  libres  des 
faisceaux.  Aussi,  quand  un  éclairement  intense  le  fait  transpirer  rapidement,  comme 
cela  arrive  dans  la  première  série  d'expériences  (pot  renversé),  l'eau  ne  se  renouvelle 
pas  assez  vite  et  la  transpiration  baisse,  d'autant  que,  dans  ce  cas,  le  tissu  palissa- 
dique, riche  en  chlorophylle  et  mieux  pourvu  en  eau,  vaporise  peu  de  cette  dernière, 
car  il  ne  reçoit  qu'une  lumière  atténuée.  Au  contraire,  quand  la  face  supérieure  reçoit 
la  lumière  directe,  le  parenchyme  en  palissade  transpire  davantage;  comme  d'autre 
part  il  est  bien  disposé  pour  la  facile  pénétration  des  rayons  lumineux  dans  le  tissu 
sous-jacent  qui  est  le  tissu  lacuneux,  ce  dernier  fonctionne  bien,  lui  aussi,  quoique 
plus  lentement  que  dans  le  cas  précédent  au  début  et  son  eau  se  renouvelle  plus  faci- 
lement; la  transpiration  totale  de  la  feuille  doit  donc  augmenter. 

»  Si  une  feuille,  tenant  encore  à  la  plante,  est  placée  dans  un  milieu  clos,  comme  dans 
la  deuxième  série  d'expériences,  la  vitesse  delà  transpiration  baisse  de  ce  fait;  alors, 
quand  la  face  inférieure  regarde  la  lumière,  l'eau  se  renouvelant  mieux  cette  fois  dans 
le  tissu  lacuneux  à  cause  de  la  consommation  plus  faible,  l'avantage  d'un  tissu  très 
poreux  au  point  de  vue  de  la  transpiration  l'emporte,  et  la  feuille  dégage  au  total  plus 
de  vapeur  d'eau. 

»  Enfin,  si  la  feuille  est  coupée  et  mise  aussi  dans  un  espace  clos,  comme  dans  la 
troisième  série  d'expériences,  l'avantage  indiqué  ci-dessus  e\isle  encore  du  fait  de 
l'air  saturé,  mais  le  renouvellement  de  l'eau  est  rendu  très  difficile;  le  lissu  palissadique 
ne  recevant  plus  d'eau  en  cède  peu  au  tissu  lacuneux  et  la  transpiration  totale  de  la 
feuille  baisse. 

»  On  ne  peut  guère  faire  intervenir  à  la  place  des  considérations  précédentes  le  rôle  des 
stomates.  D'abord  les  expériences  ne  durent  pas  longtemps  ;  ensuite,  dans  la  deuxième 
série  d'expériences,  les  stomates  frappés  par  la  lumière  auraient  dû  se  fermer  et 
pourtant  la  transpiration  a  été  plus  grande  surtout  au  début;  enfin,  dans  la  première 
série  (pot  renversé  ),  on  obtient  les  mêmes  résultats  à  la  lumière  diffuse  si  les  feuilles 
sont  placées  au-dessus  d'un  écran  qui  diminue  l'éclairement  de  la  face  inférieure. 

»  Le  tissu  palissadique,  s'il  favorise  l'assimilation  chlorophyllienne,  tend  donc,  toutes 
choses  égales  d'ailleurs,  à  réduire,  mais  aussi,  par  suite  de  ses  relations  avec  les 
réserves  d'eau  des  faisceaux,  à  régulariser  la  transpiration  des  feuilles  restées  à  la 
lumière.  En  l'absence  de  ce  tissu  les  plantes  des  lieux  secs  ne  pourraient  résister  à  la 
grande  évaporation  dont  elles  sont  le  siège  et  au  manque  d'eau  du  sol.  Mais,  en  outre, 
son  orientation  du  côté  de  la  lumière  fait  que,  dans  les  lieux  suffisamment  pourvus 
d'eau,  les  fortes  chaleurs,  au  moins  dans  un  grand  nombre  d'espèces,  ne  dessèchent 
pas  trop  le  tissu  lacuneux  situé  du  côlé  de  l'ombre  et,  l'irrigation  des  parenchymes 
étant  assez  rapide,  la  transpiration  se  poursuit  sans  péril  pour  les  feuilles  et  permet 
à  ces  dernières  île  profiler  de  la  lumière  vive  pour  assimiler  activement.  » 


53  2  ACADÉ.MIK    DES    SCIENCES, 


BOTANIQUE.  —  Sur  le  développement  de  C embryon  des  Joncées. 
Noie  (le  i\l.  i^Iahcelux  Laurent,  piésenlée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  J'ai  moiilrc  dans  une  Note  |)récc(k'nLe  (')  comment  s'opère  la  forma- 
tion de  l'œut  des  Joncées;  j'éludie  maintenant,  dans  les  mêmes  espèces,  le 
développement  embryonnaire  : 

»  Aussitôt  l'oosphère  fécondée,  l'œuf  se  divise  transversalement  et  donne  deux 
cellules  inégales  :  la  cellule  supérieure,  plus  volumineuse,  constitue  l'embryon  pro- 
prement dit;  la  cellule  inférieure,  le  suspenseur  (je  considère  l'enibrjon  dans  la 
position  qu'il  occupe  pendant  la  germination).  C'est  en  général  la  cellule  inférieure 
qui  se  divise  ensuite  dans  le  même  sens,  et  l'on  compte  alors  trois  éléments  superposés 
dont  deux  appartiennent  au  suspenseur;  la  troisième  segmentation  frappe  la  cellule 
embryonnaire  et  elle  a  toujours  lieu  dans  le  sens  vertical  ;  elle  peut  d'ailleurs  se  pro- 
duire la  première  après  la  division  de  l'œuf.  Au  stade  suivant,  la  cellule  supérieure  du 
suspenseur  se  divise  transversalement  pendant  que  les  deux  cellules  embryonnaires, 
par  des  cloisonnements  rapides  en  tous  sens,  forment  déjà  un  épidémie  de  plusieurs 
cellules  coifiant  deux  cellules  centrales;  ces  dernières  en  se  multipliant  vont  former  Je 
corps  même  de  l'embryon,  et  c'est  leur  développement  qui  dirige  celui  de  l'épiderme. 

»  La  cellule  supérieure  du  suspenseur  se  divise  plus  tardivement  par  des  cloisons 
verticales;  elle  forme  un  plateau  qui  sépare  la  partie  provenant  de  la  cellule  embryon 
des  deux  cellules  inférieures  du  suspenseur;  ces  dernières,  d'abord  très  vacuolisées, 
grandissent  considérablement,  puis  leur  protoplasma  se  réduit  à  une  couche  de  plus 
en  plus  mince  autour  du  noyau  également  en  voie  de  régression. 

»  L'embryon  qui  jusque-là  était  pyriforme,  la  pointe  dirigée  vers  le  micropyle, 
devient  ovoïde  par  suite  de  la  multiplication  en  hauteur  et  en  diamètre  de  l'assise 
plateau  du  suspenseur  persistant;  les  cellules  périphériques  de  cette  assise  se  relient  à 
l'épiderme  général  et  permettront  plus  tard  par  leur  grande  taille  de  séparer  les  tissus 
provenant  de  la  cellule  embryonnaire  initiale  de  ceux  provenant  de  la  cellule  sus- 
penseur.  C'est  dans  la  région  appartenant  au  suspenseur  que  l'activité  cellulaire  plus 
faible  au  début  se  concentre  maintenant;  pendant  que  les  deux  cellules  inférieures 
du  suspenseur  disparaissent  complètement,  l'extrémité  de  l'embryon  de  plus  en  plus 
large  vient  s'appliquer  contre  le  tégument  où  il  subsiste  pourtant  encore  un  reste  de 
la  calotte.  Cette  extrémité  se  différencie  en  radicule  pendant  que  la  région  supérieure, 
plongée  dans  l'albumen,  constitue  le  cotylédon;  les  deux  organes  se  continuent  exac- 
tement sans  aucune  ligne  de  démarcation,  mais  le  développement  nous  a  montré  que 
l'un  provient  de  la  cellule  suspenseur  et  l'autro  de  la  cellule  embryonnaire  primitive. 

»  La  différencialion  s'arrête  à  ce  stade  dans  les  Jancus  à  rhizome  vivace  et  souvent 
aussi   dans  les  Jancus  annuels;  mais,  chez  ces  derniers,   elle  peut  être  poussée  plus 


(')   Comptes  rendus,  -28  sej)tembre  igo3. 


SÉANCE  DU  5  OCTOBRE  I9o3.  533 

loin  :  on  voit,  en  effet,  la  gemmule  apparaître  à  la  base  du  cotylédon,  au-dessus  du 
raéristème  radiculaire;  elle  présente  aussitôt  un  épidémie  de  grandes  cellules  et  elle 
s'accroît  dans  une  gaine  dont  les  bords  serrés  s'enlr'ouvrent  lentement  devant  elle; 
elle  ne  se  montre  au  dehors  que  plusieurs  jours  après  la  germination.  L'a\e  hypocotylé 
peut  être  considéré  comme  nul. 

»  Dans  le  genre  Luzula,  l'embryon  atteint  toujours  ce  degré  de  différenciation  ;  son 
développement  ne  diffère  de  celui  des  J uncus  que  par  une  nouvelle  division  de  la 
cellule  suspenseur  dont  trois  éléments  au  lieu  de  deux  disparaissent. 

»  Certains  auteurs  ont  considéré  l'embryon  des  Joncs  comme  indiffé- 
rencié. Gœbel  ('),  en  parlant  du  /.  glaucus,  dit  que,  «  même  au  moment 
»  de  la  germinalion,  l'embryon  n'est  qu'un  amas  cellulaire  sans  aucune 
»  différenciation  ».  Je  viens  de  montrer  que,  dans  la  graine  encore  attachée 
au  placenta  et  à  peine  mûre  (les  capsules  ont  été  incluses  dans  la  paraf- 
fine avant  la  déhiscence),  l'embryon  des  différentes  espèces  de  Juncus 
(J.  glaucus,  J.  maritimus,  J.  lampocarpus,  J.  siipinus,  J.  bufonuis,  J.  tenws) 
était  au  moins  différencié  en  une  radicule  avec  ses  trois  initiales  bien  ;ippa- 
rentes  et  un  cotylédon  beaucoup  plus  dévelopi)é.  L'embryon  des  Joncs 
vivaces  comme  /.  glaucus  est  tout  au  plus  incomplet,  n'ayant  pas  de  gem- 
mule. 11  n'y  a  pas  à  tenir  compte  de  la  tigelle  qui  apparaît  généralement 
très  tard  dans  les  Monocotylédones. 

»  En  dehors  de  la  différenciation  assez  grande  de  l'embryon,  il  ressort 
de  cette  étude  que,  dans  les  Joncées,  le  suspenseur  persiste  en  partie,  et 
joue  un  rôle  très  important  :  réduit  d'abord  à  quelques  cellules,  il  se 
développe  tardivement,  puis  il  devient  le  principal  centre  d'activité  cellu- 
laire et  il  constitue  la  radicule.  Cette  radicule  est  endogène,  car  la  coiffe  ne 
se  développe  qu'après  l'exfoliation  des  deux  ou  trois  éléments  inférieurs 
du  suspenseur.    » 

MINÉRALOGIE.  —  Sur  les  granités  à  œgyrine  et  riebeckite  de  Madagascar 
et  sur  leurs  phénomènes  de  contact.  Note  de  M.  Lacroix,  jjrésentée  par 
M.  Michel  Lévy. 

«  Les  granités  alcalins  d'x\mpasibitika  {^),  sur  la  côte  nord-ouest  de  Mada- 
gascar, constituent  des  types  pétrographiques  n'ayant  pas  jusqu'à  présent 


(')  Biologisches  Centralblalt  du  i'^''  septembre  1900,  n°  17,  t.  XX,  p.  071. 

(2)  Le  développement  de  celte  Note  sera  donné  dans  un  Mémoire  étendu  des  Nou- 
velles Archives  du  Muséum  (igoS).  Les  collections  étudiées  m'ont  été  envoyées  par 
M.  Villiaume. 


534  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'équivalents.  Us  sont  essentiellement  caractérisés  parla  grande  abondance 
d'un  pyroxène  et  d'une  amphibole  ferrosodiques,  l'aegyrine  etla  riol)eckite, 
dont  la  teneur  peut  atteindre  près  de  l\o  pour  loo.  lis  constituent  des 
filons,  souvent  rubanés;  leurs  salbandes  sont  alors  finement  grenues  et 
exclusivement  segyriniques,  tandis  que  leur  centre  est  pegmatoïde  et  riche 
en  riebeckite,  dont  les  cristaux  peuvent  atteindre  près  d'un  décimètre. 

))  Les  feldspaths  sont  tous  alcalins  :  orthosc,  anorthose  et  parfois  albite; 
ces  roches  renferment  beaucoup  de  zircon  et  un  niobotantalate  octaé- 
drique  du  groupe  du  pyrochlore. 

»  La  composilion  chimique  de  ces  granités  n'est  pas  moins  remarquable;  ils  con- 
tiennent de  64  à  71  pour  100  de  silice,  sont  très  peu  alumineux  (7  à  10  pour  100),  ne 
contiennent  que  fort  peu  de  chaux  (o  à  i,3  pour  100)  et  de  magnésie  (0,26  à 
0,64  pour  100),  mais  par  contre,  ils  sont  riches  en  oxydes  de  fer  (10  à  11  pour  100)  et 
en  alcalis  (6,3  à  8,6  pour  100).  Le  fer  s'y  trouve  essentiellement  à  l'état  de  Fe-0^  et 
ce  n'est  que  dans  les  types  riches  en  riebeckite  que  la  proportion  de  FeO  dépasse 
1,5  pour  100;  parmi  les  alcalis,  la  soude  l'emporte  sur  la  potasse,  et  d'autant  phis  que 
la  teneur  en  métasilicates  est  plus  élevée. 

»  On  ne  peut  guère  comparer  ces  roches  qu'à  celle  {rockhallite)  qui,  d'après 
M.  Judd,  constitue  le  petit  îlot  de  Rockhall,  avec  celle  réserve  toutefois  que  cette 
dernière  roche  ne  contient  pas  de  potasse.  Elles  se  rapprochent  au  point  de  vue  chimique 
des  grorudites  de  Norvège,  décrites  par  M.  Brôgger;  dans  la  série  des  roches  volca- 
niques,  on  peut,  à  ce  même  point  de  vue  chimique,  les  comparer  aux  pantellérites . 

»  Mais  il  existe  une  caractéristique  qui  manque  à  toutes  ces  roches  qui 
viennent  d'être  énumérées  :  c'est  la  richesse  en  zircon  qui,  dans  nos  gra- 
nités, n'est  jamais  inférieure  à  r  pour  100  et  peut  même  dépasser  7  pour  100; 
de  plus,  à  l'inverse  de  ce  qui  a  lieu  d'ordinaire  dans  les  roches  granitiques, 
le  zircon,  au  lieu  d'être  le  plus  ancien  minéral  formé,  est  ici  Tun  des  der- 
niers; il  constitue  des  plaques  xénomorphes,  groupées  en  grand  nombre 
au  milieu  du  quartz,  pour  constituer  des  pseudomorphoses  d'amphibole. 
Sa  production,  sous  l'influence  d'émanations,  ayant  accompagné  la  mise 
en  place  des  granités,  n'est  pas  douteuse;  la  présence  de  celles-ci  est 
encore  précisée  par  la  fréquence,  dans  les  mêmes  roches,  de  mouches  de 
galène  et  surtout  par  les  imj)ortants  phénomènes  de  contact  qu'il  me  reste 
à  décrire. 

))  Les  granités  d'Ampasibitika  traversent  et  métamorphisent  les  assises 
gréseuses  du  lias. 

))  Certains  grès  sont  transformés  en  quartzites,  d'un  noir  bleuâtre,  conte- 
nant de  l'orthose,  beaucoup  de  riebeckite,  un  grenat  mélanite  manganési- 
fère  et  un  peu  de  fluorine.  Ils  sont  injectés  par  de  nombreux  lits,  de 
quelques  centimètres  d'épaisseur,  de  granité  à   œgyrine,  riche  en   grenat 


SÉANCE  DU  5  OCTOBRE  igoS.  535 

mélanite;  clans  d'autres  cas,  ces  graniles  contiennent  eiiK-niêmes  de  la 
riebeckite.  Il  est  souvent  difficile  de  distinguer  ces  quartzites  feldspathisés 
et  amphibolisés  de  véritables  microe:ranites. 

»  Des  grès  argilocalcaires  présentent  un  autre  type  de  métamorphisme; 
ils  sont,  eux  aussi,  injectés,  lit  par  lit,  par  le  granité;  ils  sont  alors  essen- 
tiellement constitués  par  de  grandes  plages  pœcilitiques  de  biotite,  d'or- 
those  et  de  quartz,  englobant  de  petites  paillettes  de  biotite,  des  grains  de 
pyroxène  et  des  cristaux  automorpbes  de  plagioclases  basiques;  ces  roches 
métamorphiques  rappellent,  par  leur  composition,  des  micromonzonites. 
Les  veinules  granitiques  injectées  ont  subi  des  modifications  endomorphes; 
leur  amphibole  sodique  est,  en  effet,  accompagnée  par  de  la  biotite.  Enfin, 
il  faut  noter,  au  milieu  d'elles,  l'abondance  d'une  épidote  de  cérium 
{allanile)  biréfringente,  qui,  à  leur  voisinage,  se  développe  dans  la  roche 
métamorphique  en  plages  de  plusieurs  millimètres  de  diamètre. 

»  Une  dernière  catégorie  de  roches  métamorphiques  est  caractérisée  par 
des  cornéennes,  micacées,  pyroxéniques  (augite  îegyrinique  ou  œgyrine) 
ou  amphiboliques  (arfvedsonite  plus  ou  moins  riche  en  fer),  renfermant 
en  abondance  de  Va  fluorine  microscopique,  régulièrement  distribuée. 

»  Les  diverses  roches  métamor^ihiques  dont  il  vient  d'être  question  ont 
donc  un  grand  intérêt  minéralogique.  Mais  elles  ont  une  portée  plus  géné- 
rale; la  réalité  d'apports  émanés  du  magma  éruptif  v  est,  en  effet,  aussi 
frappante  que  dans  le  cas  des  contacts  des  Iherzolites,  si  éloignées  de 
composition;  leur  évidence  est  mise  en  lumière,  dans  le  cas  qui  nous 
occupe,  par  la  nature  des  minéraux  métamorphiques  développés  dans 
les  sédiments;  ce  ne  sont  pas,  en  effet,  seulement  des  feldspaths  alcalins 
qui  apparaissent  dans  ceux-ci,  mais  encore  le  pyroxène  et  l'amphibole 
sodiques  caractéristiques  du  magma  modificateur,  minéraux  jusqu'à  pré- 
sent inconiuis  dans  les  roches  métamorphiques  de  contact. 

»  La  présence  de  \2i  fluorine  est,  eu  outre,  pour  la  première  fois  signalée 
dans  de  semblables  conditions;  il  semble  que  le  fluor  soit  l'un  des  éléments 
les  plus  fréquents  des  émanations  des  granités  alcalins;  j'ai  signalé  déjà, 
en  effet,  la  présence  de  la  fluorine  dans  les  granités  à  riebeckite  de 
l'Yemen  et  de  Corse,  je  rappellerai  en  outre  que  le  gisement  de  crvolite  et 
de  fluorures  voisins,  de  Pike's  Peak  au  Colorado,  que  j'ai  eu  l'occasion 
d'étudier  sur  place  il  y  a  quelques  années,  se  trouve  au  milieu  d'un  granité 
à  riebeckite;  il  est  associé  à  des  veines  quartzeuses,  très  riches  en  zircon, 
dont  la  comparaison  s'impose  avec  le  développement  secondaire  de  zircon 
que  je  viens  de  signaler.    »  ^ 


536  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


GÉOLOGIE.  ~  Sur  le  rôle  des  Charriages  dans  les  Alpes  delphino-proven cales 
et  sur  la  structure  en  éventail  des  Alpes  briançonnaises .  Noie  de  M.  W. 
KiLiAN,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

«  Une  étude  attentive  de  la  tectonique  des  Alpes  delphino-provençales 
permet  de  formuler  les  constatations  suivantes  (')  : 

»  a.  Il  existe  des  passages  nombreux  et  graduels  entre  les  plis  (anti- 
clinaux) normaux  et  les  plis-failles  (^faille  de  Voreppe,  pli-faille  de  la  mon- 
tagne de  Lure)  comme  entre  ces  derniers  et  la  structure  isoclinale  imbri- 
quée (Charmant-Som,  nord  de  Saint-Pierre  d'Entremont,  etc.);  cette 
dernière  passe  à  son  tour  fréquemment  (Grand  Galibier-Col  de  l'Eychauda, 
Escreins-Haute-Ubaye,  elc.)  et  d'une  façon  très  nette  aux  plis  couchés 
et  aux  nappes  charriées  les  mieux  caractérisées.  Ces  modifications  se  pro- 
duisent parfois  le  long  d'un  même  axe  anticlinal. 

»  b.  Les  nappes  de  charriage  ne  sont  donc  qu'une  simple  forme  du  plis- 
sement de  l'écorce  terrestre  dont  elles  représentent  un  terme  extrême; 
leur  production  apparaît  partout  comme  relativement  récente,  quoiqu'elles 
aient  souvent  subi  elles-mêmes  des  ploiements  et  des  ondulations  subsé- 
quentes (exemple  :  environs  de  Guillestre,  Briançonnais  méridional). 

»  c.  Elles  ne  peuvent  être  considérées  comme  antérieures  au  plissement  prin- 
cipal, les  traces  d'une  phase  initiale  de  bossellement  (dômes,  cuvettes,  etc.) 
étant  manifestement  prouvées  [Dévoluy,  Castellane  (-),  etc.]  dans  les 
régions  mêmes  qu'ont  affectées  postérieurement  les  plis-failles  et  les  autres 
accidents  contemporains  des  charriages  ou  même  antérieui-s  à  ces  derniers. 

))  d.  Les  massifs  cristallins  déjà  plissés  à  l'époque  hercynienne  et  lepris, 
après  une  immersion  souvent  très  longue,  par  les  plissements  alpins,  ont 
eu  parfois  sur  la  propagation  des  charriages  une  influence  incontestable 
en  en  limitant  l'extension  horizontale  vers  les  régions  plus  externes;  absence 
des  charriages  et  réduction  de  la  structure  isoclinale  à  l'ouest  de  Belle- 


(•)  Plusieurs  des  faits  énoncés  dans  cette  Note  ont  été  déjà  signalés  isolément  par 
nos  confrères  et  amis,  MM.  Haug,  Lugeon  et  Termier;  en  les  présentant  ici  avec 
d'autres  observations,  dans  un  enchaînement  logique  qui  nous  a  conduit  à  des  conclu- 
sions nouvelles,  nous  tenons  à  rendre  hommage  aux  beaux  travaux  de  ces  savants  et  à 
reconnaître  le  charme  profond  de  leur  amitié. 

(2)  D'après  MM.  P.  Lory  et  Ph.  ZiJrcher. 


SÉANCE    DU    5    OCTOBRE    IQoS.  537 

donne,  mais  grand  développement  des  plis  couchés  et  charriés  dans  l'in- 
tervalle compris  entre  les  massifs  du  Pelvoux  et  du  Mercantour,  coïnci- 
dence de  la  présence  des  klippes  de  Sidens  et  des  Annes  avec  l'atténuation 
(abaissement  des  axes  anticlinaux)  de  la  zone  cristalline  de  Belledonne  vers 
lenord  et  l'ennoyagede  l'extrémité  sud  du  mont  Blanc;  iU  onl  été  escaladés 
par  les  plis  couchés  et  ont,  en  les  relevant  ainsi,  empêché  le  déroulement 
de  ces  plis  vers  des  régions  déprimées  où  ils  auraient  échappé  à  l'action 
destructive  de  l'érosion. 

»  e.  Les  régions  dans  lesquelles  la  structure  isoclinale,  imbriquée, 
règne  exclusivement,  ne  sont  souvent  autre  chose  que  les  emplacements 
des  racines  de  plis  couchés  et  charriés,  actuellement  détruits  par  l'érosion. 
C'est  le  cas  notamment  en  arrière  des  massifs  cristallins  qui  avaient 
motivé  un  relèvement  de  ces  nappes  charriées  (Moutier  en  Tarentaise, 
Galibier,  etc.). 

)) /.  Toutes  les  masses  charriées  (^  des  Alpes  delphino-provençales 
proviennent  manifestement,  sauf  quelques  accidents  minimes,  des  chaînons 
les  plus  externes,  de  plis  couchés  et  déversés  vers  V extérieur  àQ  la  chaîne; 
il  en  est  de  même  pour  la  structure  imbriquée. 

M  g.  Les  plis  situés  à  l'est  de  la  zone  axiale  de  V éventail  alpin  ont  une 
allure  différente  de  ceux  qui  constituent  le  flanc  occidental  de  cet  éventail  ; 
ils  sont  déversés  vers  l'intérieur  de  l'arc  alpin,  mais  on  n'y  a  point  constaté 
de  plis  couchés  et  de  charriages  dirigés  vers  l'est.  Leur  acuité  paraît  moins 
grande  et  les  phénomènes  d'étirement  y  sont  moins  accentués. 

))  h.  On  a  signalé,  au  sommet  de  cet  éventail  asymétrique  [que  nous 
considérons  (^)  comme  un  massif  central  comparable  à  celui  du  Pelvoux, 
mais  possédant  encore  en  grande  partie  sa  couverture  sédimentaire^,  en 
Savoie  (Lias  plissé  du  mont  Jovet,  décrit  par  M.  Bertrand)  et  dans  le 
Briançonnais  (4^  écaille  de  M.  Termier)  des  paquets  de  couches  plissées 
paraissant  provenir  de  racines  situées  plus  à  l'est,  c'est-à-dire  dans  une 
région  oi^i  les  plis  sont  actuellement  déversés  vers  l'Italie.  » 


(')  Les  plus  grands  charriages  constatés  dans  les  Alpes  delphino-provençales  ne 
dépassent  pas  35''™  à  40""".  (On  sait  qu'en  Suisse  M.  Lugeon  cite  des  déplacements 
de  80'''".) 

(^)  A,  F.  A.  S.  Congrès  de  Boulogne,  1899. 


C.  R.,   1908,  2=  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N«  14.)  7^ 


538  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

M.  Emm.  Pozzi-Escot  adresse  une  Note  relative  à  «.  l'action  de  la  chaleur 
sur  les  levures  ». 

La  séance  est  levée  à  Zj  heures. 

G.  D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  7  septembre   igoS. 

Recueil  des  travaux  du  Comité  consultatif  d'Hygiène  publique  de  France  et  des 
actes  officiels  de  l' Administration  sanitaire;  t.  XXXI,  année  1901.  Ministère  de 
rintérieur  el  des  Cultes,  Direction  de  l'Assistance  et  de  l'Hygiène  pubHques.  Melun, 
Imp.  administrative,  1908;  i  vol.  in-8°. 

Recherches  de  Biologie  expérimentale  appliquée  à  l'Agriculture:  Travaux  du 
Laboratoire  de  Botanique  de  l'Institut  agricole  de  l'État,  à  Gembloux,  pub.  par  Emile 
Laurent;  t.  I.  Bruxelles,  1901-1908  ;  i  vol.  in-8°.  (Hommage  de  TAuteur.) 

Ausgewàhlte  Methoden  der  analytischen  Chemie,  von  Prof.  D""  A.  Classen;  Bd.  II, 
uuter  Mitwirkung  von  H.  Cloeren,  mit  i33  Abbildungen  und  2  Spectraitafeln. 
Brunswick,  Friedrich  Vieweg  et  fils,  1908;  i  vol.  in-8°. 

M.  N.  Passerini  adresse  les  deux  Opuscules  suivants  : 

Sopra  la  valutazione  délia  energia  calorifica  immagazziaata  dai  vegetali. 
Pise,  1908;  I  fasc.  in-8°. 

Prove  difecondazione  incrociata  sul  frumento,  esseguite  presso  l'Istituto  agrario 
di  Scandicci  (Firenze).  Pise,  1908;  i  fasc.  in-8°. 

Calcul  de  hautes  colonnes,  par  Alberto  Leuschner.  Coïmbre,  1908;  i  fasc.  in-12. 

Guide  to  the  search  department  of  the  patent  office  library,  with  appendice; 
1^^  édition.  Londres,  1908;  i  fasc.  in-12. 

Tvorba  zeme  ajeji  sopky,  napsal  JanRak,  1908  ;  i  fasc.  in-12. 

Sistema  alterno  positivo,  por  J.  Francisco  Tadeo  Palacios  ;  parte  I.  Guatemala,  1908; 
I  fasc.  in-12. 

Publications  of  tlie  United  States  naval  Observatory  :  second  séries,  vol.  III  :  Eros 
and  référence  stars;  zodiacal  stars;  prime  vertical  observations  1882-188/4- 
Washington,  1908;  i  vol.  \n-[\°. 

List  and  catalogue  of  the  publications  issued  by  the  U.  S.  Coast  and  geodetic 
Survey,  1816-1902,  by  E.-L.  Burchard,  llbrarian.  Washington,  1902;  i  vol.  in-4°. 

U.  S.  Coast  and  geodetic  Survey.  Geodesy.  A  bibliography  of  Geodesy; 
2"'!  édition,  by  James  Howard  Gore.  Washington,  1908;  i  vol.  in-4°. 


SÉANCE  DU  5  OCTOBRE  I903.  539 

United  States  Geological  Survey  : 

Minerai  résout  ces  of  the  United  States,  calendar  year  1901.  Washington,  1902; 
I  vol.  in-8°. 

Bulletin;  n°«  191,  191-207.  Waslilnglon,  1902;  i4  fasc.  in-8°. 

Proceedings  of  the  Boston  Society  of  natural  History  ;  vol.  XXX,  n°^  3-7;  vol. 
XXXI,  n°  1.  Boston,  1902-1903;  6  fasc.  in-8°. 

Memoirs  of  the  Boston  Society  of  natural  History  ;  Vol.  V;  n'^  8  :  Observations 
on  living  Brachiopoda,  by  Edward-S.  Morse.  i\°  9  :  The  skeletal  system  of  Nec- 
turus  maculatus  Raf.,  by  Harris  Hawthorne  Wilder.  Boston,  1902-1903  ;  2  fasc.  in-4''. 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du   i4  septembre  igoS. 

Annals  of  Harvard  Collège  Observatory;  vol.  XLVIII,  n°*  3,  k.  Cambridge, 
iMass.,  1908;  2  fasc.  in-4°. 

Index-Catalogue  of  médical  and  veterinary  Zoology,  parts  2,  3.  Was- 
hington, 1908;  2  fasc.  in-8°. 

Technology  quarterly  and  proceedings  of  the  Society  of  Arts,  Massachusetts 
Institute  of  Technology;  vol.  XVI,  n°  2.  Boston,  1908;  i  fasc.  in-8°. 

The  american  Ephemeris  and  nautical  Abnanac  1880  and  1906;  supplément 
for  ]866.  Washington,  2  vol.  et  i  fasc.  in-8°. 

The  Atlantic  coaster's  nautical  Almanac,  1884-1892.  Washington,  188/4-1891; 
9  fasc.  in-8''. 

The  Pacific  coaster's  Abnanac,  i885,  1886,  1888,  1890-1908.  Washington,  i885- 
1902  ;  17  fasc.  in-8°. 

Almanac  catalogue  of  zodiacal  stars.  Washington,  1864  ;  i  fasc,  in-8°. 

Tables  of  the  Moon,  by  Benjamin  Peirce.  Washington,  i865;  1  vol.  in-4*'. 

Tables  of  Melpomene,  by  E.  Schubert.  Washington,  1860;  i  fasc.  in-4°. 

Tables  lo  facilitate  the  réduction  of  places  of  the  fixed  stars.  Washington,  1878; 
I  vol.  in-8°  cartonné. 

7 lie  éléments  of  the  four  inner  planets  and  the  fundamental  constants  of  Astro- 
nomy,  by  Simon  Newcomb.  VVashington,  1895;  i  vol.  in-8°. 

Beport  to  the  Secretary  of  the  Navy  on  récent  improvements  in  astronomical 
instruments,  by  Simon  Newcomb.  Washington,  i884;  i  fasc.  in-8°. . 

Rapport  sur  les  travaux  du  Bureau  central  de  l'Association  géodésique  interna- 
tionale en  1902,  suivi  du  programme  des  travaux  pour  l'exercice  1908.  E.-J.  Brill, 
Leide,  1908;  i  fasc.  in-4°. 

Société  industrielle  de  Mulhouse  :  Programme  des  prix  proposés  à  décerner 
en  igo4.  Mulhouse,  V''^'  Bader  et  C'®,  1908  ;  1  fasc.  in-8°. 

Royal  Society:  Pieports  of  the  sleeping  sickness  Commission,  n"  1.  London,  1908; 
I  vol.  in-8'', 

The  journal  of  the  Collège  of  Science,  impérial  University  of  Tokyo,  Japan. 
Vol.  XVII,  art.  11;  vol.  XVIII,  art.  3;  vol.  XIX,  C  et  7.  Tokyo,  Japan;  i9o3;4broch. 
in-8°. 


54o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  21   septembre   iqoS. 

Annales  de  la  Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Industrie  de  Lyon,  t.  IX,  1901, 
t.  X,  1902.  Paris,  1902-1903;  2  vol.  in-8°. 

Mémoires  de  l' Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts  de  Lyon,  t.  VIII. 
Paris,  1908;  I  vol.  in-8°. 

Determ-inazioni  di  azimut  e  di  latitudine  eseguite  nel  i885  ;  nella  stazione  astro- 
nomica  di  Termoli,  n°  XLII.  Ulrico  Hœpli,  1  fasc.  in-4°. 

Archives  italiennes  de  Biologie,  t.  XXXIX,  fasc.  II.  Turin,  1908  ;  i  broch.  in-8°. 

Rendiconto  délie  tomate  e  deilavori,  delV  Accademia  di  Archeologia,  Lettere  e 
Belle-Arti  :  gennaio  ad  aprile  1902,  maggio  a  dicembre  1902,  Napoii,  1902-1908;  2  vol. 
in-8°. 

Indice  générale  dei  lavori  pubblicati  dal  MDCGLVII  al  MDCCCCII  :  NapoH, 
1908  ;    I  fasc.  in-8°. 

Atti  délia  reale  Accademia  di  Archeologia,  Lettere  e  Belle-Arti,  vol.  XXII,  1902. 
Napoii,  1902;  I  vol.  in-4°. 

Catalogo  fotograjlco  stellare  zona  vaticana;    vol.  I.  Roma,  1908;  i  vol.  in-4". 

Annuaire  géologique  et  minéralogique  de  la  Russie,  vol.  VI,  livr.  4-5.  Novo- 
Alexandria,  1908;  i  fasc.  in-4''. 

MonLhly  weather  Review,  vol.  XXXI,  11°  6,  1908,  Washington,  1908;  i  fasc.  in-^". 

Sitzungsberichte  der  kôni gl.-hôhmischen  Gesellschafl  der  Wissenschaften.  Ma- 
thematisch-nalurwissensehaftliche  Classe,   1902.  Prag,  1908;  i  vol.  in-8°. 

Annals  of  llie  Cape  observatory,  vol.  I.  London,  1898;  i  fasc.  in-4°. 

Greenwicli  :  observations,  1896.  London,  1898;  i  vol.  m-t\°. 

Greenwich  spectroscopic  and  photographie  results,  1896-1897.  London,  1898;  2  vol. 
in -4°. 

Prace  matematyczno-fizyczne,  t.  XIV.  Warszawa,  1908;  i  vol.  in-8°. 

Rendiconti  e  Memorie  délia  H.  Accademia  di  Scienze,  Lettere  ed  Arti  degli 
Zelanti  Acireale ;  8"  série,  vol.  I,  1901-1902.  Acireale,  1908;  i  vol.  in-d°. 

Flora  of  the  upper  Gangetic  plain,  and  of  the  adjacent  siwalik  and  sub-hima- 
layan  tracts,  vol.  I,  part  I.  Calcutta,  1908;  i  vol.  in-12. 

Bollettino  tecnico  délia  coltivazione  dei  tabacchi,  n''^  3-4.  Torre  Annunziata,  1908; 
I  vol.  in-8°. 


ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

SÉANCE   DU   LUNDI   12   OCTOBRE  1905, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GAUDRY. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'Acarlémie  la  perte  qu'elle  vient 
de  faire  dans  la  personne  de  M.  HudoIJ  iJpschùz,  Correspondant  pour  la 
Section  de  Géométrie,  décédé  à  Bonn,  le  7  octobre  1903. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  relations  entre  la  théorie  des  intégiales 
doubles  de  seconde  espèce  et  celle  des  intégrales  de  dijjérentielles  totales.  Note 
de  M.  Emile  Picard. 

«  1.  J'ai  déjà  appelé  l'attention  sur  les  difficultés  qui  se  présentent  dans 
l'évaluation  précise  du  nombre  p^  des  intégrales  doubles  distinctes  de 
seconde  espèce  relatives  à  une  surface  algébrique 

f{x,y,  z)  =  o, 

que  nous  supposons  avoir  seulement,  comme  il  est  permis,  des  singularités 
ordinaires  et  être  placée  arbitrairement  par  rapport  aux  axes  (voir  en  par- 
ticulier Acta  mathematica,  t.  XXVI).  En  désignant  par  Q(^,  j,  z)  un  poly- 
nôme en  X,  y,  z  s'annulant  sur  la  courbe  double,  le  point  capital  consiste 
à  reconnaître  si  l'on  peut  avoir  l'identité 

Q(^, /,  s)  _  ÔP^       dn 


(') 


f'z  ^-^  ^f 


A  et  B  étant  des  fonctions  rationnelles  de  œ,  y  el  z  (bien  entendu,  dans  les 
dérivations,  z  est  regardée  comme  fonction  de  .r  ety).  La  grande  difficulté 
provient  de  ce  que  A  et  B  peuvent  devenir  infinies  le  long  de  certaines 
lignes  pour  lesquelles  le  premier  membre  de  l'identité  précédente  reste 
fini. 

G.  K.,  1903,  2°  Semestre.  (T.   CXXXVII,  N°  15  ;  72 


542  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  2.  Il  étsiit  essentiel  d'approfondir  la  question  plus  que  je  ne  l'avais 
fait  précédemment;  j'indiquerai  ici  la  marche  suivie  dans  le  fascicule  qui  va 
bientôt  paraître  du  Tome  H  de  ma  Théorie  des  fondions  algébriques  de  deux 
variables.  Dans  l'identité  ci-dessus,  on  peut  faire  disparaître  les  lignes  d'in- 
fini inconnues  de  A  et  B  et  les  remplacer  par  un  nombre  déterminé  de  lignes 
d'infmi.  D'après  un  théorème  fondamental  que  j'ai  établi  antérieurement, 
on  peut  tracer  sur  la  surface  p  —  i  courbes  algébriques  particulières 


C,   ,  \j.y  ,  .    .    •    ,  VJ 


telles  qu'il  existe  une  intégrale  de  différentielle  totale  de  troisième  espèce 
ayant  seulement  pour  courbes  logarithmiques  une  autre  courbe  algébrique 
arbitrairement  choisie  et  la  totalité  ou  une  partie  des  courbes  C,,  C.,  . .  ., 
Cp_^  et  de  la  courbe  à  l'infuii  de  la  surface;  de  plus  cette  intégrale  n'aura 
aucune  autre  ligne  d'infini  en  dehors  de  lignes  du  type  j  =  const. 
»   Ceci  posé,  désignons  par 

g^{x,y)  =  o,  ...,  g^_^{x,y)  =  o 

les  projections  des  p  —  i   courbes  C  sur  le  plan  des  xy.  On  peut   alors 
démontrer  que  si 

Q 

n 

peut  se  mettre  sous  la  forme  (i),  on  ne  diminue  p  is  la  généralité  en  suppo- 
sant que  A  e/  B  sont  de  la  forme 


oîi  M  et  N  sont  des  polynômes  en  x  et  z,  à  coefficients  rationnels  en  y, 
s'annulant  sur  la  courbe  double;  pour  y  arbitraire,  les  quotients 


M  N 

—     et     — 


deviennent  infinis  seulement,  à  distance  finie,  sur  la  courbe  C,.  Nous  avons 
ainsi  éliminé  toute  courbe  d'infini  de  A  et  B  en  dehors  des  courbes  déter- 
minées C^,  ...,  Cp_,  (en  laissant  de  coté  bien  entendu  les  courbes  du  type 
Y  =  const.). 

»  3.  La  recherche  théorique  du  nombre  des  intégrales  doubles  de 
seconde  espèce  ne  présente  plus  maujtenant  de  difficulté  essentielle.  Ce 
problème  se  ramène  à  reconnaître  si,  pour  un  polynôme  Q  en  x,  y  et  z 


SÉANCE    DU    T2    OCTOBRE     igoS.  Ô43 

dont  le  degré  est  limité,  on  a 

Tz     ^-^     ^y 

»   Prenons  d'abord  le  cas  le  plus  simple  où  p  =  i.  Alors  A  et  B  sont  de 
la  forme 

A  =  ^r .  B-  ^,  . 

M  et  N  étant  des  polynômes  en  ^  et  z,  à  coefficients  rationnels  en  7,  s'an- 
nulant  sur  la  courbe  double. 

»   Considérons  maintenant  la  courbe  entre  x  et  :; 

/(a;,j,s)  =  o, 

renfermant  le  paramètre  y.  Nous  pouvons  former,  par  des  opérations 
rationnelles  en  7,  un  système  d'intégrales  abéliennes  relatives  à  celle 
courbe  : 

Ç\,dx,      ...,       fhpdx,       j'].,dx,      ...,      J  Indx; 

les  2/j  premières  forment  un  système  d'intégrales  distinctes  de  seconde 
espèce,  et  l'intégrale 

est  une  intégrale  de  troisième  espèce,  ayant  comme  seuls  points  singuliers 
logarithmiques  les  points  à  rinfmi  O,  et  O,,  avec  les  périodes  logarilb- 
fniq^ies  +1  et  — 1  (nous  désignons  par  O,,  O.,  ...,  0,„  les  m  points  à 
rinfmi  de  la  courbe,  qui  sont  distincts  au  point  de  vue  de  la  rationalité  par 
rapport  à  y).  Les  I  et  les  J  sont  rationnels  en  a?,  y  et  z. 

»   On  démontre  que  l'on  peut  supposer  que  B  est  de  la  forme 

les  a  et  les  c  étant  des  fonctions  rationnelles  de  y.  Nous  avons  maintenant 
à  écrire  que 

(2)  /■;        Oy 

est  la  dérivée  par  rapport  à  x  d'une  fonction  rationnelle  de  x,  y  et  z.  En 
exprimant  ce  fait,  on  trouve  ip  +  m  -i  relations  linéaires  entre 


544  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

et  leurs  dérivées  premières;  aucune  irrationalité  par  rapport  à  j  ne  s'in- 
troduit, et  ces  relations  contiennent  rationnellement/.  Il  est  alors  aisé  de 
montrer  que,  si  l'on  peut  satisfaire  à  ce  système  de  2/?  H-  m  —  i  équations 
différentielles  linéaires  à  coefficients  rationnels  en  y  entre  les  a  et  les  c, 

on  pourra  mettre  —  sous  la  forme  demandée.  Or  c'est  là  un  problème 
élémentaire  ('). 

»  4.  Dans  le  cas  où  p  est  quelconque,  la  solution  repose  sur  une  analyse 
analogue.  Aux  fonctions  rationnelles  I  et  J,  il  faut  en  adjoindre  d'autres 
se  rapportant  à  chacune  des  courbes  C.  On  forme  une  intégrale  abélienne 

I  H^f/œ         (H/ rationnelle  en  j:-,  j  et  ^) 

relative  à  la  courbe  entre  x  et  z-,  /(ay,  y,  z)  =  o,  qui  a  pour  points  singu- 
liers logarithmiques  le  point  à  l'infini  0<  et  les  points  de  la  courbe  C,  ayant 
la  valeur  considérée  du  paramètre  y,  avec  les  périodes  logarithmiques  +  i 
en  ces  points  et  —d^  en  O,  {d^  étant  le  degré  de  C,).  On  montre  alors  que 
l'on  peut  mettre  B  sous  la  forme 


B=:a,l,4-.  .  .4-a,^,L^+yJ,+.  .  .  +  y^J^,^  4- -^,  H, +.  .  . -f- '/ip_,  H 


p-o 


les  a  et  les  y  étant  des  fonctions  rationnelles  de  y  et  les  yi  des  constantes. 

»  On  écrit  alors,  Bayant  cette  nouvelle  valeur,  que  la  différence  (2) 
est  la  dérivée  par  rapport  à  x  d'une  fonction  rationnelle  de  x,  y  el  z.  Ceci 
nous  donne  2p-+-m  —  î  relations  linéaires  entre  les  a,  les  y,  leurs  dérivées 
premières  et  les  constantes  -/i. 

»  Le  problème  est  donc  ramené  à  reconnaître  si  l'on  peut  déterminer 
les  constantes  n,  de  manière  que  les  équations  différentielles  linéaires  pré- 
cédentes puissent  être  vérifiées  par  des  fonctions  rationnelles  de  j,  pro- 
blème ne  présentant  aucune  difficulté  théorique. 

M  En  résumé,  quand  on  connaît  un  système  de  courbes  C,  il  est  possible 
de  reconnaître  si  une  identité  de  la  forme  (i)  est  possible,  et  par  suite  de 
dénombre/^  les  intégrales  distinctes  de  seconde  espèce. 


(')  Il  n'est  pas  sans  intérêt  de  remarquer  que  le  problème  que  nous  venons  de  traiter 
généralise  le  problème  fondamental  relatif  à  l'existence  des  intégrales  de  différentielles 
totales  de  seconde  espèce  (transcendantes).  Dans  ce  problème,  Q  est  nul,  ainsi  que 
les  c;  en  suivant  la  méthode  du  texte,  on  forme  immédiatement  le  système  d'équations 
différentielles  donnant  les  a,  d'une  manière  plus  rapide  qu'à  la  page  i65  du  Tome  I  de 
ma  Théorie  des  /onctions  cdgébriques  de  deux  variables. 


SÉANCE   DU    I^i   OCTOBRE    igoS.  §4^ 

»   5.  Ajoutons   quelques    remarques  importantes.   On  peut,  à  chaque 

courbe  C^,  faire  correspondre  une  expression  y?>  où  Qj  est  un  polynôme 

en  X,  y,  z  susceptible  de  la  forme  indiquée.  De  plus,  aucune  combinaison 
linéaire  à  coefficients  constants 


ne  peut  se  mettre  sous  la  forme 


C,Q.^.. 

.+ 

Cp 

1-1  ^^p-i 

)rme 

/; 

^(z) 

-h 

à 

(tÙ^ 

U  et  V  étant  des  polynômes  en  x  et  z-,  à  coefficients  rationnels  en  j.  Enfin 
toute  expression  -jr>  susceptible  de  la  forme  (i),  peut  s'écrire 

AtQi4-...4-Ap_iQp_,  à   /U\  à  fV'' 


■  4-Ap_iyp_,       à  /u\       à__fy_\ 


les  A  étant  des  constantes,  U  et  V  ayant  la  signification  ci-dessus. 

»  Toules  les  considérations  que  nous  venons  de  développer  sont  utili- 
sables, quand  on  a  pu  déterminer  un  système  de  courbes  C.  Elles  sont 
numériquement  applicables  à  une  surface  donnée,  mais  on  comprend 
qu'elles  ne  permettent  guère  d'énoncer  sur  le  nombre  p^  des  intégrales 
doubles  distinctes  de  seconde  espèce  des  propositions  générales.  C'est  en 
les  combinant  avec  l'étude  des  périodes  de  certaines  intégrales  doubles 
que  je  suis  arrivé,  après  bien  des  efforts,  à  obtenir  quelques  lois  générales 
que  j'indiquerai  dans  la  prochaine  séance.  Arrêtons- nous  seulement 
aujourd'hui  sur  des  cas  particuliers  très  simples,  qui  nous  donneront  cepen- 
dant l'occasion  de  faire  une  remarque  générale  sur  le  nombre  Oj,. 

»  6.  Nous  avons  déjà  eu  l'occasion  d'utiliser  la  facilité  avec  laquelle 
s'appliquent  nos  théories  générales  aux  surfaces  dont  l'équation  est  de  la 
forme 

»  A  la  vérité,  elles  ne  rentrent  pas  dans  la  catégorie  des  surfaces  à  sin- 
gularités ordinaires,  mais  cependant,  avec  peu  de  modifications,  les  théo- 
rèmes généraux  trouvent  leur  ajjplication.  Il  y  a  en  particulier,  pour  ces 
surfaces,  un  nombre  p  qui  a  une  assez  grande  analogie  avec  la  lettre 
désignée  plus  haut  de  la  même  manière  (voir,  en  particulier,  Annales  de 
l 'Ecole  Normale,  1901  et  1903). 


546  .  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»   Si,  pour  la  surface  (3),  le  nombre  p  est  nul,  toute  expression  de  la 
forme 

(P  polynôme  en  oo  et  y), 


P(^,.r) 


susceptible  de  la  forme  j — I-  y-'  peut  s'écrire 

M  et  N  étant  des  polynômes  en  a-,  à  coefficients  rationnels  en  y. 
»   Prenons,  en  particulier,  les  surfaces 

où.  f(x)  et  F (7)  sont  des  polynômes  arbitraires  de  degrés  2/7 -f-1  et2.q-hi. 
Sous  cette  condition  que  les  polynômes  précédents  ne  présentent  pas  de 
particularités  spéciales,  on  peut  démontrer  que  l'on  a  pour  la  surface  pré- 
cédente p  =  o,  et  l'on  en  déduit  que  le  nombre  po  des  intégrales  doubles 
distinctes  de  seconde  espèce  est  donné  par  la  formule 

»  7.  Le  résultat  précédent  peut  être  inexact  dans  certains  cas  parti- 
culiers. Supposons  que /(^)  et  F(j)  soient  du  troisième  degré.  On  aura 
bien  po  =  4>  s'il  est  impossible  de  satisfaire  à  l'équation 

^^     =  C  -     ••  (C  étant  une  constante  convenable) 


v/7(^)        v/F(r) 

en  prenant  pour  x  une  fonction  rationnelle  de  j  (ne  se  réduisant  pas  à 
une  constante);  mais,  dans  d'autres  cas,  il  n'en  sera  pas  de  même.  Par 
exemple,  si  les  deux  polynômes /et  F  sont  identiques,  le  nombre  p  n'est 
plus  nul,  et  l'on  démontre  que 

po  ^=  ^» 

pourvu  toutefois  que  les  fonctions  elliptiques  correspondant  au  polynôme 
du  troisième  degré /(a?)  n'admettent  pas  la  multiplication  complexe. 

»  Les  conclusions  sont  encore  différentes  si  nous  sommes  dans  un  cas 
de  multiplication  complexe.  La  valeur  du  nombre  0  a  changé  et  cette  mo- 
dification a  sa  répercussion  sur  la  valeur  de  p^.  On  trouve  alors 


SÉANCE   DU    12    OCTOBRE    igoS.  647 

»  8.  Les  exemples  précédents  suffisent  i)onr  appeler  l'attention  sur  une 
circonstance  extrêniemeuL  remarquable  :  je  veux  parler  du  caractère  arith- 
métique de  l'invariant  0^.  Ce  nombre  ne  dépend  pas  seulement  de  questions 
de  configurations  et  de  singularités  relatives  à  la  surface  algébrique.  La 
nature  arithmétique  des  coetficients  de  l'équation  de  la  surface  influe  sur 
sa  valeur.  Ainsi,  pour  la  surface 

z-^:=J(^x)  /{y)  (/  polynôme  du  troisième  degré), 

le  nombre  po  est  égal  à  trois  en  général.  Ce  nombre  s'abaisse  à  deux,  quand 
les  coefficients  de  f{x)  satisfont  aux  conditions  arithmétiques  relatives  à 
la  multiplication  complexe.  L'invariant  po  est  donc,  à  ce  point  de  vue,  bien 
différent  de  son  analogue  ip  dans  la  théorie  des  courbes  algébriques 
(yw  étant  le  genre  de  Riemunn),  ou  des  genres  géométrique  et  numérique 
o„  et  Pu  aujourd'hui  classiques  dans  la  théorie  des  surfaces  algébriques.  » 

CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Sur  la  température  d'inflammation  et  sur  ai 
combustion  lente  du  soufre  dans  l'oxygène  et  dans  l'air.  Note  de 
M.  Henri  Moissan. 

«  Nous  avons  démontré  que  les  trois  variétés  de  carbone  dégagent  de 
l'acide  carbonique  bien  avant  leur  température  d'inflammation  et  que  le 
charbon  de  bois  en  particulier  brûle  très  lentement,  dans  l'oxygène,  dès 
la  température  de   loo'',  en  produisant  une  petite  quantité  d'acide  carbo- 
nique ('). 

))  Nous  avons  étendu  cette  étude  à  l'action  de  l'oxygène  sur  le  soufre. 

»   On  sait  depuis  longtemps  que,  au-dessous  de  sa  température  d'inflam- 
mation, le  soufre  peut  devenir  phosphorescent  dans  l'air  (=^).  M.  Joubert 
a  fait  remarquer  que  cette  phosphorescence  apparaît   à  une  température 
d'environ   200°  (^).  R.  Heumann  a  démontré  que,  à  i8o<^,  ce  phénomène 
était  accompagné  de  la  production  d'anhydride  sulfureux  {"). 


(1)  H.  MoissAN,  Sur  la  température  d' inflaniinalion  et  sur  la  combustion  dans 
l'oxygène  des  trois  variétés  de  carbone  {Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  1902,  p.  921). 

C^)  Berzélius,  Traité  de  Chimie,  2"  édition  française,  l.  1,  i845,  p.  177. 

(»)  JouBERï,  Sur  la  phosphorescence  du  phosphore,  du  soufre  et  de  l'arsenic 
(Comptes  rendus,  t.  LXXVllI,  1878,  p.  i853). 

(*)  K.  Heumann.  Verbrennung  des  Scha'efeis  mit  weisser  Phosphorescenz flamme 
(Berichte,  t.  XVI,  i883,  p.  189;  voir  aussi  :  Oscar  JACOBSE^i,  même  Recueil,  ménle 
Tome,  p.  478). 


548  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Température  d'inflammation  du  soufre  dans  l'oxygène.  —  I.e  soufre  em- 
ployé dans  nos  premières  expériences  était  du  soufre  ordinaire  en  canons, 
tel  que  le  livrent  les  raffineries.  L'oxygène,  contenu  dans  un  cylindre  en 
acier,  avait  été  préparé  par  électrolyse  de  l'eau  et  titrait  de  99,2  à  99,3. 
Il  faut  avoir  soin  de  faire  l'analyse  du  gaz  de  chaque  cylindre  avant  de 
commencer  une  série  d'expériences.  Lorsque  l'oxygène  renferme  une 
teneur  plus  grande  en  azote,  il  doit  être  rejeté. 

»  L'appareil  au  moyen  duquel  ont  été  faites  les  premières  expériences 
se  composait  d'un  petit  tube  en  U,  d'une  contenance  de  20*""'  environ,  dans 
lequel  circulait  un  courant  assez  lent  d'oxygène.  Un  fragment  de  soufre 
de  i^^à  -i^i  était  disposé  au  fond  du  tube  et  la  température  de  ce  dernier, 
indiquée  par  un  thermomètre,  vérifié  au  préalable,  était  maintenue  con- 
stante au  moyen  d'un  bain  de  nitrates  fondus. 

»  Les  résultats,  obtenus  dans  ces  conditions,  étaient  assez  variables. 
Bien  que  la  vitesse  du  courant  d'oxygène  fût  constante  et  que  son  débit 
atteignît  i'  en  10  minutes,  les  résultats  oscillèrent  etitre  307*^  et  325°.  En 
réalité,  nous  obtenions  des  températures  trop  élevées,  parce  qu'il  se  for- 
mait, avant  la  combustion,  de  l'anhydride  sulfureux  dont  la  quantité 
variait  d'après  la  surface  du  soufre  liquide  au  fond  du  tube  en  U  et  qui 
affaiblissait  la  propriété  comburante  de  l'oxygène.  Dans  ces  conditions, 
nous  obtenions  une  température  d'inflammation  irrégulière  et  certainement 
trop  élevée. 

»  Dans  une  seconde  série  d'expériences,  nous  avons  placé  le  soufre 
dans  une  petite  nacelle  disposée  au  milieu  d'un  tube  de  verre  horizontal 
fermé  par  des  plaques  de  même  substance  à  parois  parallèles.  Deux  aju- 
tages latéraux  permettaient  l'entrée  et  la  sortie  du  gaz  oxygène.  Enfin  une 
pince  thermo-électrique  de  M.  Le  Chatelier  servait  à  prendre  la  température 
du  soufre  au  moment  exact  où  l'on  voyait  l'incandescence  se  produire  en 
regardant  dans  l'axe  du  tube.  Cet  appareil,  d'une  longueur  de  ôo*^^""  environ, 
était  chauffé  sur  40"^™  au  moyen  d'un  bain-marie,  formé  de  nitrates  en  fusion. 
Dans  ce  cas,  la  température  était  prise  auprès  du  soufre,  c'est-à-dire  à 
l'endroit  même  où  se  produisait  le  phénomène  de  l'inflammation.  Nous 
avons  obtenu  ainsi  une  série  de  chiffres  plus  exacts  que  les  précédents  et 
compris  entre  +2^5*^  et  -t-280".  Cependant  cette  expérience  comporte 
encore  des  causes  d'erreur.  L'acide  sulfureux  qui  se  produit  avant  l'inflam- 
mation donne  un  mélange  gazeux  dans  lequel  le  litre  de  l'oxygène  diminue. 
De  plus,  le  diamètre  intérieur  du  tube  étant  de  i*'*",  8,  le  gaz  qui  le  traverse 
avec  la  même  vitesse  que  précédemment  n'est  pas  en  équilibre  de   tempe- 


SÉANCE   DU    12    OCTOBRE    IQoS.  54g 

rature  avec  le   bain  de  nitrates,  et  les  chiffres  trouvés  doivent  être  trop 

faibles. 

»  Nous  avons  alors  modifié  notre  ex}3érience  de  la  fttçon  suivante  :  du 
soufre  fondu  a  été  maintenu  dans  une  atmosphère  d'acide  carbonique 
pour  empêcher  toute  formation  d'anhydride  sulfureux  et  l'oxygène  a  été 
chauffé  dans  le  bain  de  soufre  liquide  au  milieu  duquel  se  produisait 
l'expérience.  Pour  cela,  nous  avons  placé  i5oS  de  soufre  en  fusion  au  fond 
d'un  matras  de  250'"'.  Grâce  à  un  tube  de  verre  recourbé  à  angle  droit, 
nous  faisions  arriver  à  la  surface  un  courant  assez  rapide  d'acide  carbo- 
nique sec.  Le  gaz  oxygène  était  amené  par  un  tube  de  verre  étroit  dont 
l'extrémité  plongeait  complètement  sur  une  longueur  de  5""^  à  6^"^  dans  le 
soufre  liquide  et  était  terminée  par  une  pointe  effdée. 

»  Le  o-az  oxygène  se  dégageait  bulle  à  bulle  avec  une  lenteur  beaucoup 
plus  grande  que  dans  les  expériences  précédentes.  Un  thermomètre  indi- 
quaitla  température  du  soufre  liquide.  Enfin,  le  matras  était  placé  sur  un 
bain  de  sable  que  l'on  chauffait  avec  précaution.  Dans  ces  conditions,  tant 
que  la  température  est  inférieure  à  282°,  l'oxygène  se  dégage  bulle  à  bulle 
au  travers  du  soufre  liquide  en  donnant  de  l'acide  sulfureux,  mais  sans 
produire  d'incandescence.  Au  contraire,  lorsque  cette  température  est 
atteinte,  une  réaction  plus  vive  s'annonce  par  une  petite  explosion  qui  est 
suivie  immédiatement  du  phénomène  d'incandescence.  A  partir  de  cette 
température,  la  combinaison  de  l'oxygène  et  du  soufre  se  produit  avec 
flamme  et  avec  un  dégagement  de  chaleur  qui  va  en  s'accentuant  et  qui  ne 
tarde  pas  à  élever  la  température  du  soufre  en  fusion.  La  température 
d'inflammation  du  soufre  dans  l'oxygène  sous  une  pression  d'une  atmo- 
sphère est  donc  de  +  282"  ('). 

»  Température  (V inflammation  du  soufre  dans  l'air.  —  En  répétant  la 
même  expérience  avec  de  l'air,  la  température  d'inflammation  est  de  363°. 
Cette  combustion,  au  milieu  du  bain  de  soufre  fondu,  se  fait  avec  une 
flamme  bleue,  mais,  comme  elle  se  pro  luit  dans  un  liquide  jaune,  elle 
paraît  verte.  Lorsque  la  température  s'abaisse  k  36o%  la  petite  flamme 
ne  se  forme  plus  et  dès  lor>,  si  le  courant  d'acide  carbonique  n'est  pas  très 
rapide  à  la  surfoce  du  soufre,  il  se  fait  une  série  de  détonations  dues  au 
mélange  d'air  et  de  vapeurs  de  soufre.  C'est  qu'en  effet,  la  température 


(1)  La  plupart  des  ouvrages  de  Chimie  indiquent,  pour  cette  température  d'inûam- 
mation,  le  cliiffre  de  260°,  d'ailleurs  sans  indication  bibliographique. 

G.  R.,  1903,  2^  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  15.)  7^^ 


55o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'inflammation  de  celle  vapeur  de  soufre  est  moins  élevée  que  celle  du 
soufre  liquide  et  se  produit  dans  l'air  vers  285°  (^  ). 

»  Cette  température  d'inflammation  s'élève  rapidement  lorsque  l'air 
renferme  de  l'acide  sulfureux.  Dans  un  mélange  de  gS  pour  loo  d'air  sec 
et  de  5  pour  loo  d'anhydride  sulfureux,  la  température  d'inflammation 
est  voisine  de  445°.  Dans  un  mélange  de  90  pour  100  d'air  sec  et  de  10 
pour  100  d'anhydride  sulfureux,  l'inflammation  ne  se  produit  plus  à  465°. 

»  Combustion  lente  du  soufre  dans  V oxygène.  —  Après  avoir  déterminé 
cette  température  d'inflammation,  nous  avons  disposé  i^  à  2^  de  soufre 
Ibndu  au  fond  d'un  tube  en  U  à  +220°,  et  il  nous  a  été  facile,  en  faisant 
passer  un  courant  d'oxygène  dans  ce  tube,  de  voir  que  l'acide  sulfureux 
se  produisait  en  quantité  notable  en  dessous  du  point  d'inflammation  du 
soufre. 

»  En  effet,  il  suffisait  de  faire  passer  le  gaz  qui  sortait  du  tube  en  U  dans 
un  petit  condensateur  maintenu  à  —80°  [au  moyen  d'un  mélange  d'acé- 
tone et  d'acide  carbonique  (-)]  pour  condenser  de  l'acide  sulfureux  solide 
qu'il  nous  a  été  facile  ensuite  de  caractériser.  En  effet,  ce  corps  solide  est 
devenu  liquide  vers  —  75",  puis  a  pris  l'état  gazeux  à  —  8°.  Le  gaz,  re- 
cueilli sur  le  mercure,  avait  une  odeur  caractéristique,  s'absorbait  par  la 
potasse  et  sa  solution  aqueuse  décolorait  le  permanganate  de  potassium. 

w  Dans  une  autre  expérience,  on  a  fait  passer  un  courant  d'oxygène  dans 
le  tube  en  U  contenant  du  soufre  liquide  à  +  200°  et  le  gaz  barbotait 
ensuite  dans  une  solution  d'acétate  de  plomb. 

»  Nous  avons  vu  se  former,  dans  ces. conditions,  un  précipité  blanc  de 
sulfite  de  plomb,  qui,  traité  par  l'acide  cblorhydrique,  a  dégagé  de  l'acide 
sulfureux  que  l'on  a  absorbé  par  une  solution  de  potasse.  Après  avoir  per- 
oxyde cette  solution  par  l'eau  de  brome,  puis  chassé  l'excès  de  brome, 
nous  avons  pu  caractériser  l'existence  d'une  notable  quantité  d'acide  sulfu- 
rique  au  moyen  du  chlorure  de  baryum. 

»  Ainsi,  à  80°  au-dessous  de  son  point  d'inflammation,  le  soufre,  en  pré- 
sence de  l'oxygène,  donne  lieu  à  une  combustion  lente  bien  caractéristique. 

»   Nous  avons  remarqué  aussi  que,  dans  cette  combustion  lente,  il  ne  se 


(')  Nous  avons  aussi  remarqué  que,  si  les  bulles  d'air  traversent  le  soufre  fondu 
entre  3oo°  et  35o°,  chaque  bulle  diminue  nettement  de  volume  en  s'élevant  au  travers 
du  soufre  liquide. 

(2)  H.  MoissAN,  Sur  une  nouvelle  méthode  de  inanipulatlon  des  gaz  liquéfiés  en 
tubes  scellés  {Comptes  rendus,  t.  GXXXIII,  p.  768). 


SÉANCE  DU  12  OCTOBRE  1903.  55 1 

produisait,  mélangé  à  l'acifle  sulfureux,  que  des  traces  impondérables 
d'acide  sulfurique,  si  l'on  a  soin  de  recueillir  les  prodints  de  la  combustion 
dans  une  liqueur  qui  demeure  constamment  alcaline,  ainsi  que  l'a  conseillé 
M.  Berthelot.  On  sait,  au  contraire,  que  dans  la  combustion  vive,  même 
dans  le  verre  seul,  il  se  forme  toujours  de  ranhy<lride  sulfurique  dont  la 
teneur  a  été  mesurée  par  M.  Berthelot  ('  )  et  parfois  des  traces  d'anhydride 
persulfurique  (Schutzenberger). 

»  Il  nous  restait  îi  reconnaître  si  cette  combustion  lente  pouvait  se  pro- 
duire à  des  températures  plus  basses.  Mais  dans  ces  phénomènes  le  temps 
intervient  et  nous  avons  dû  modifier  notre  méthode  expérimentale. 

»  Nous  avons  cherché  tout  d'abord  une  réaction  assez  sensible  pour 
déceler  des  traces  d'acide  sulfureux,  et  nous  avons  utilisé  la  réaction  de 
Fordos  et  Gélis.  Des  fragments  de  soufre  étaient  disposés  dans  un  tube 
en  U  traversé  lentement  par  un  courant  d'oxygène  maintenu  à  la  tempéra- 
ture de  100°.  Le  soufre  restait  solide  et  le  gaz  barbotait  ensuite  dans  une 
solution  alcaline.  Ce  dernier  liquide  était  introduit  dans  un  appareil  à 
hydrogène  contenant  du  ziuc  et  de  l'icide  chlorhydrique  pur,  et  il  se  pro- 
duisait une  petite  quantité  d'hydrogène  sulfuré,  facilement  reconnaissable 
par  son  action  sur  un  papier  à  l'acétate  de  i)lomb.  Mais  cette  réaction  ne 
peut  s'appliquer  dans  ce  cas.  Si  l'on  remplace,  eu  effet,  le  courant  d'oxy- 
gène par  de  l'azote  pur,  les  résultats  sont  identiques,  bien  ([u'il  ne  se  soit 
pas  produit  d'acide  sulfureux.  Cela  tient  à  ce  que  la  tension  de  vapeur  du 
soufre  à  100°  et  même  à  do*^  n'est  pas  négligeable.  Nous  avons  déjà  appelé 
l'attention  sur  ce  phéiiomène  au  sujet  de  la  préseuc3  Jdu  soufre  en  nature 
dans  l'eau  chaude  de  la  source  sulfureuse  de  la  grotte  à  Bagnères-de- 
Luchon  (-). 

»  Nous  avons  alors  placé  0^,2  de  soufre  dans  un  tube  de  verre  fermé 
à  l'une  de  ses  extrémités  et  l'on  a  chauffé  ce  soufre  de  façon  à  l'amener  à 
l'état  liquide,  puis  ou  a  lait  le  vide  dans  l'appareil  pour  enlever  les  gaz 
qu'il  pouvait  contenir  (^).  Après  2  heures,  ou  a  laissé  le  soufre  se  solidifier 


(1)  Bertuiîlot,  Sur  la  chaleur  de  formation  des  oxydes  du  soufre  {Annales  de 
Chimie  et  de  Physique,  5<=  série,  t.  XXII,  1881,  p.  422). 

(2)  H.  iMoisSAX,  Sur  la  présence  de  Vargon  dans  le  gaz  de  la  source  Bordeu  à 
Luchon  et  sur  la  présence  du  soufre  libre  dans  l'eau  sulfureuse  de  la  grotte  et 
dans  les  vapeurs  de  hu.'uage  {Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  1902,  p.  1278). 

(^)  Celle  préparalion  était  suffisante  pour  nos  recherches,  mais  nous  tenons  à  rap- 
peler à  ce  sujet  les  ex-périences  si  originales  de  Ch.  Malus  sur  la  solubilité  des  gaz 
dans  le  soufre  et  sur  sa  viscosité  en  présence  de  l'anhydride  sulfureux  {Annales  de 
Chimie  et  de  Physi(jue,  7"^  série,  t.  XXIV,  1901,  p.  490- 


552  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

en  maintenant  toujours  le  vide,  puis  on  a  remjoli  ensuite  à  froid  le  tube 
d'oxyoène  sec.  Enfin,  on  l'a  scellé  en  ayant  soin  d  étirer  très  finement  la 
pointe.  Dans  ces  conditions,  nous  avons,  en  présence,  de  l'oxygène  et  du 
soufre  dans  un  espace  clos. 

))  Lorsque  le  tube  vient  d'être  ainsi  préparé  si  nous  refroidissons  l'extré- 
mité effilée  à  —  i86°,  nous  voyons  se  condenser  dans  la  pointe  une  très 
petite  quantité  de  liquide  qui  reste  transparent  tant  que  le  tube  ne  renferme 
que  de  l'oxygène  pur.  Ce  liquide  est  de  l'oxygène  liquéfié  qui  reprend  l'état 
gazeux  dès  que  la  température  s'élève  de  quelques  degrés.  Si  au  contraire 
notre  gaz  renferme  des  traces  d'acide  sulfureux,  nous  voyons  un  corps 
solide  se  condenser  à  l'intérieur  de  la  pointe  effdée,  corj)s  solide  qui  ne  se 
dissout  pas  dans  la  gouttelette  d'oxygène  liquide,  et  qui  ne  reprend  du 
reste  son  état  gazeux  que  par  un  réchauffement  beaucoup  plus  intense 
que  le  précédent. 

M  Un  certain  nombre  de  tubes  scellés,  renfermant  du  soufre  et  de  l'oxy- 
gène et  ne  fournissant  pas  de  dé[)ôt  blanc  par  refroidissement  de  la  pointe 
à  une  température  oscillant  entre  —  iSj'^et  —  190°  ont  été  maintenus  à  des 
températures  variables.  A  la  température  de  i5o'',  après  12  heures  de 
chauffe  :  formation  d'un  léger  dépôt  blanc  solide  qui  augmente  nettement 
avec  la  durée  de  la  chauffe.  Il  en  est  de  même  à  100°.  Il  en  est  encore  de 
même  à  une  température  voisine  de  20°  lorsque  l'expérience  dure  un 
mois. 

))  Pour  reconnaître  si  ce  dépôt  blanc  ainsi  condensé  à  —186°  était  bien 
de  l'acide  sulfureux,  nous  avons  séparé  rapidement  {)ar  un  trait  de  chalu- 
meau la  partie  effilée  et  refroidie  avant  que  cette  neige  ait  pu  reprendre 
l'état  liquide.  Nous  avons  cassé  la  pointe  de  ce  petit  tube  dans  2'^"''  d'eau 
distillée  et  nous  avons  obtenu  un  liquide  légèrement  acide  qui  décolorait 
une  solution  très  étendue  de  permanganate  de  potassium  et  fournissait 
ensuite,  avec  une  goutte  d'une  solution  de  chlorui'e  de  baryum,  un  préci- 
pité blanc  de  sulfate  de  baryum  insoluble  dans  l'acide  nitrique  étendu. 

»  Nous  avons  pu  démontrer  ainsi  que  le  soufre  octaédrique,  le  soufre 
prismatique  et  le  soufre  insoluble  brûlaient  lentement  dans  l'oxygène,  non 
seulement  à  la  température  de  loo'^,  mais  môme  à  la  température  ordi- 
naire. 

))  L'action  est  beaucoup  plus  lente  dans  l'air,  mais  elle  se  poursuit  néan- 
moins et,  après  3  mois  à  une  température  qui  a  oscillé  entre  t6^  et  2.6^, 
nous  avons  pu  caractériser  la  foriualion  île  traces  d'anhydride  sulfureux. 

»  Conclusions.  —  En  résumé,  la  température  d'inflammation  du  soufre 
est  de  282°  dans  l'oxygène  et  de  3  J3"  dans  l'air  à  la  pression    atmosphé- 


SÉANCE  DU  12  OCTOBRE  igoS.  553 

rique.  De  plus,  la  combustion  ou  la  combinaison  lente  du  soufre  avec 
l'oxygène  se  prochiit  bien  avant  la  température  d'inflammation.  Ainsi, 
à  ioo°,  cette  combinaison  est  manifeste  après  ï2.  heures;  elle  donne  une 
quantité  d'acide  sulfureux  que  l'on  peut,  par  refroidissement  à  — iSG**, 
amener  à  l'état  solide  et  caractériser. 

))  Ce  procédé  délicat  nous  a  permis  de  reconnaître  que  ce  phénomène 
de  combustion  lente  se  produisait  avec  les  différentes  espèces  de  soufre, 
même  à  la  température  ordinaire,  et  nous  pouvons  dire  que,  d'une  façon 
con-.tante,  le  soufre  exposé  à  l'air  y  brûle  très  leulement  en  donnant  des 
traces  d'anhydride  sulfureux. 

»  Nous  voyons  donc  que  ce  phénomème  de  la  combustion  lente  s'étend 
pour  le  charbon  et  le  soufre  à  des  températures  beaucoup  plus  éloignées  du 
point  d'inflammation  que  l'on  ne  pouvait  le  soupçonner  tout  d'abord.  » 


PALÉONTOLOGIE.  —  Obsen^ations  paléontologifjues  dans  l'Alaska. 
Note  de  M.  Albert  Gauduv. 

«  Par  l'intermédiaire  de  notre  confrère  M-  Edmond  Perrier,  nous  avons 
des  nouvelles  de  M.  Obalski,  auquel  ie  Muséum  d'Histoire  naturelle  a  confié 
une  mission,  M.  Obalski  est  arrivé  à  Yukon,  sur  la  frontière  de  l'x^laska, 
au  64°3o'  de  latitude  et  au  i[\cf  de  longitude.  Le  pays  où  il  se  trouve  ren- 
ferme, paraît-il,  beaucoup  d'or;  mais,  comme  il  est  absolument  glacé,  par 
conséquent  sans  végétation  et  sans  habitations,  les  pauvres  chercheurs  d'or 
endureîitde  grandes  souffrances.  Ils  sont  obligés,  pour  obtenir  l'or,  de 
creuser  des  terrains  quaternaires  d'une  douzaine  de  mètres,  formés  de 
couches  de  boues,  de  sables,  de  galets.  De  même  qu'en  Sibérie,  ces  couches, 
gelées  jusque  dans  leurs  parties  les  pîu-.  profondes,  renferment  une  multi- 
tude d'ossements;  il  n'y  a  pas  de  cadavres  avec  letirs  chairs.  M.  Obalski 
écrit  :  Ce  nest  que  défenses  gigantesques  de  MariuiDuths,  ossements  f/ions- 
trueuXy  restes  de  Bœufs  musqués,  de  Bisons,  a  Elans,  de  Cerfs.  Tout  cela  gît 
epars,  retiré  des  fonds  glacés.  Il  y  a  aussi  du  Cheval,  dont  les  photographies 
ont  été  envoyées  au  Directeur  du  Muséum. 

»  Il  convient  de  rapj)eler qu'en  1875  un  autre  voyageur  fiançais,  M.  Al- 
phonse Pinart,  avait  fait  une  importante  expédition  dans  TAlaska  et  signale 
la  profusion  des  débris  des  Mammouths.  J'ai,  à  cette  époque,  communiqué 
à  l'Académie  une  molaire  de  l'un  de  ces  animaux  rapportée  par  M.  Pinart; 
ï)('s  lauics,  extrêmement  serrées,   présentent  l'exagérai ioii  i\Q<>  caractères 


554  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

du  Mammouth.  Ainsi  il  semble  que   cette  espèce  ait  eu  ses  traits  les  plus 
accentués  dans  les  régions  très  froides. 

»  L'accord  des  voyageurs  des  diverses  nations,  au  sujet  de  l'abondance 
extrême  des  grands  Herbivores  fossiles  dans  les  contrées  boréales,  prouve 
de  jdus  en  plus  qu'à  une  éj^oque  très  peu  ancienne,  alors  que  les  hommes 
vivaient  déjà  depuis  bien  longtemps,  le  nord  de  notre  planète  avait  un 
climat  moins  dur  que  de  nos  jours.  Le  régime  des  Steppes  à  plantes  her- 
bacées a  précédé  le  régime  des  Toundras  actuelles,  dont  le  sol  profondé- 
ment glacé  ne  porte  que  des  Mousses.  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.   —  Sur  la  nniweUe  fonction  Ea(^). 
Note  de  M.  G.  Mittag-Lei-flkr. 

«  Dans  ma  Note  du  2  mars  de  cette  année,  j'ai  introduit  la  nouvelle 
fonction 

__,       •        \  JC  Ju  ce 

L«(^;  =  i  -h  f^T^i^^TTy  H-  r(i  +  a.2)  "^  r(i4-a.3)  -+"•••' 

où  a  désigne  une  constante  positive,  que  j'ai  supposée  être    plus  petite 

que  2. 

))   Cette  fonction  se  comporte,  en  réalité,  de  deux:  minières  très  diffé- 

renles  suivant  que 

o  <:^  a  <  2  ou  a^2. 

»  Examinons  d'abord  la  première  hypothèse  o  <;  a  ■<  2.  On  doit  alors 
distinguer  trois  cas  : 

»  1°  Le  module  r  de  x(^x  ■=^  re^'^^  augmente  indéfiniment  le  long  d'un 
vecteur  situé  dans  l'angle 

TT  TU 

2"  —  a-  ^p">a.-' 

2         '  ""^        2 

»  Dans  ce  cas,  le  module  |  Ea(^)|  s'approche  en  même  temps  indéfini- 
ment de  zéro. 

))  1^  Le  module  \x\  augmente  indéfiniment  le  long  d'un  des  deux 
vecteurs 

»  Dans  ce  cas,  le  module  |  Ea(.r)  |  s'approche  en  même  temps  indéfini- 
ment de  -• 


SÉANCE   DU    12    OCTOBRE    igoS.  555 

»  3**  Le  module  \x\  augmente  indéfiniment  le  long  d'un  vecteur  situé 
dans  l'angle 

T  71 

Dans  ce  cas,  le  module  |  E^{x)  \  augmente  en  même  temps  au  delà  de  toute 
limite,  tandis  que 

diminue  indéfiniment. 

»  On  voit  qu'on  retombe  pour  a  =  i  sur  les  propriétés  connues  de  la 
fonction  E,  (d?)  =  e^. 

»   Examinons  maintenant  la  deuxième  hypothèse 

a^  2. 

»  Quand,  dans  cette  hypothèse,  \x\  augmente  au  delà  de  toute  limite, 
le  long  d'un  vecteur  quelconque  dont  l'argument  ç  est  soumis  à  la  res- 
triction 

-  :û  <  O  <  H-  77, 

le  module  |  Ea(^)  [augmente  simultanément  au  delà  de  toute  limite,  tandis 
que  la  somme 


E.(->  -2^ 


1      . 2  ur  +  « 
-    l  -!- - 


où  la  sommation  embrasse  tous  les  nombres  entiers  réels  [a  remplissant  la 
condition 


2  a7ï  -i-  o 


<  '  ^ 


diminue  en  même  temps  indéfiniment.  Quand,  d'un  autre  côté,  dans  cette 
hypothèse  a^2,  le  module  \x\  augmente  indéfiniment  le  long  d'un  vecteur 
d'argument 


le  module 


iî"W-Er 


ces    n  SI  11 


(a=2mH-&,   o^2r>— i;   m  =  i,  2,  3,  . . .) 
diminue  en  même  temps  indéfiniment. 


556  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

»   On  a  donc  dans  cette  hypothèso  a^  2 

1 

/•=  » 

lim  e-'^  I  E^{x)  \  =  o,  x  =^  re'^""  (o  <  Ô<  i). 


))   La  fonction 


Ea(^)  (a>2) 


partage  avec  sin^r  la  propriété  bien  connue  que  son  module  augmente,  au 
delà  de  toute  limite,  en  même  temps  que  \x\,  quand  x  va  vers  l'infini  le 
longd'un  vecteur  quelconque,  à  l'exception  à'unseul.  On  peut  se  demander 
s'il  existe  des  fonctions  entières  transcendantes  dont  le  module  augmente 
au-dessus  de  chaque  limite  en  mé.ne  temps  que  \x\,  quand  x  va  vers 
l'infini  le  long  d'un  vecteur  déterminé  quelconque.  La  réponse  est  affirma- 
tive, comme  le  montre  l'exemple  suivant  : 

qui  a  été  indiqué  par  M.  H.  von  Kocli  et  auquel  on  pourrait  ajouter,  d'après 

une  remarque  de  lui, 

g{x)  ^'^Jx), 

où  g(^x)  désigne  une  fonction  entière  rationnelle.  La  différence  entre  une 
telle  fonction  entière  transcendante  et  la  fonction  entière  rationnelle  peut 
être  caractérisée  comme  il  suit  :  la  seconde  s'approche  de  l'infini  pour 
toutes  les  directions  d'une  manière  uniforme  et  la  première  d'une  manière 
non  uniforme. 

»   Une  question  plus   profonde    est  la    suivante   :    la   fonction    Ea(a?) 

(o  <I  a-  <!  2)  augmente  vers  l'infini  seulement  dans  l'angle  —  a-  <;cp<^oc- 

qu'on  peut  amoindrir  autant  qu'on  veut  en  diminuant  a.  Existe-t-il  des  fonc- 
tions entières  qui  ne  deviennent  infinies  que  si  |a7|  augmente  le  long  d'un 
seul  vecteur,  mais  qui  diminuent  indéfiniment  quand  \x\  augmente  le  long 
de  tous  les  autres  vecteurs? 

))   Un  de  mes  élèves,  M.  J.  Malmquist,  vient  d'en  former  un  exemple 
dans  la  fonction 

S(^)=il       r        '"'"\         1  (0<X<I). 

»  M.  E.  Lindelot,  en  se  rattachant  à  ma  Note  du  1  mars  et  en  s'appuyant 


SÉANCE    DU    12    OCTOBRE     [QoS.  607 

sur  un  théorème  fort  remarquable  trouvé  par  lui  (Acta  Soc.  Se.  Fenn., 
l.  XXXr,  n°  3,  p.  29),  a  formé  une  autre  fonction  de  la  même  nature 
(BulL  des  Se.  math.,  août  igoS).  Une  autre  fonction,  semblable  à  celle  de 
M.  LindelôF,  est  la  suivante  : 

n  Les  fonctions  Ë;(^)  et  ^^(a?)  s'approchent  en  réalité  indéfiniment 
de  zéro  quand  \x\  augmente  au  delà  de  toute  limite  le  long  d'un  vecteur 
déterminé  quelconque  situé  dans  l'angle 

o  <  o  <  2-, 
tandis  qu'elles  augmentent  au-dessus  de  chaque  limite  quand  x  va  vers 
l'infmi  le  long  de  l'axe  réel  positif. 

»  Je  ferai  la  remarque  suivante  qui  se  rattache  immédiatement  à  la  pro- 
priété énoncée  de  ces  fonctions  : 

»    Si  l'on  pose 


ou 


on  obtient  en  E{j')  une  nouvelle  fonction  entière  transcendante  possédant 
la  propriété  bien  remarquable,  qui  paraît  à  première  vue  paradoxale, 
qu'elle  s'approche  indéfiniment  de  zéro  quand  x  va  vers  l'infini  le  long  d'un 
vecteur  déterminé  quelconque.  L'explication  est  la  même  qu'auparavant.  La 

fonction  diminue  avec  --^  d'une  manière  non  uniforme. 

1  -^  1  — 

,,  On  voit  facilement  que  les  fonctions  Ë;(^),  E^(x),  F.{x)  ne  sont  pas 
de  genre  fini.  Existe-il  des  fonctions  de  genre  fini  qui  possèdent  la  même 
propriété  que  j'ai  fait  ressortir  pour  ces  fonctions? 

,)  La  réponse  est  négative  à  cause  d'un  théorème  dû  à  M.  Phragmén  et 
dont  la  démonstration  sera  publiée  prochainement.  Ce  théorème,  qui  se 
rattache  à  la  propriété  fondamentale  de  la  fonction  Ea(a?)  (o  <  a  <  2)  et 
qui  amène  une  précision  inespérée  au  théorème  é\émtnlc\irequ  une  fonction 
entière  dont  le  module  a  une  limite  supérieure  finie  est  nécessairement  une  con- 
stante, est  exprimé  ainsi  par  sou  auteur  : 

»  Soient  oc  et  p  deux  quantités  satisfaisant  aux  inégalités 


o<a<2,  ()<p<- 

C.  H.,  1903,  2"  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  15.)  7  » 


>^58  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  supposons  que  la  fonction  entière  Y  {x)  satisfasse  aux  deux  conditions  sui- 
vantes : 

»   En  posant 

X  =  re'"^, 
on  a  :    i ° 


|i('^)K      ^^  pour  —  a-^(p<a 


F(.a7)|^B  pour 


7.   -, 

2 


A  ^/  B  étant  deux  constantes  ;  je  dis  que  cette  fonction  l\x)  sera  nécessaire- 
ment une  constante. 

))  A  ce  théorème  s'en  rattache  un  autre  phis  profond  encore  qui  ouvre, 
avec  le  premier,  une  vue  toute  nouvelle  sur  l'étude  de  la  croissance  des 
fonctions  entières  : 

»   Soient  a  et  p  deux  quantités  satisfaisant  aux  inégalités 

0<7.  <2, 

o<p<l, 

et  supposons  qu  une  fonction  entière  a>(a7)  satisfasse  aux  deux  conditions 
suivanies  : 

»  1°  I  <l^(a?)  I  g- 1*1^  reste  au-dessous  d'une  limite  finie  quand  x  reste  dans  un 
certain  angle  rectiligne  d'étendue  octû  et  ayant  son  sommet  à  l'origine; 

»  2"  I  $(ip)  I  reste  au-dessous  d'une  limite  finie  quand  x  reste  dans  l'un  ou 
l'autre  de  deux  angles,  conligus  de  côté  et  d'autre  à  l'angle  nommé,  ces  deux 
angles  pouvant  d'ailleurs  être  d'étendue  arbitrairement  petite. 

»    Cela  posé,  on  au^a  nécessairement,  dans  l'angle  nommé  d' étendue  (^r., 

l""r^,  =o, 

P  désignant  une  quantité  supérieure  à  Vanité,  mais  d'ailleurs  arbitraire,  et 
cette  expression  convergera  uniformément  vers  sa  valeur  limite  dans  tout  cet 
angle.   )> 


MEMOIRES  LUS. 


PHYSIOLOGIE  COMPARÉE.    —   Recherche  et   dosage  de  l'urée  dans  les  tissus 
et  dans  le  sang  des  animaux  vertébrés.  Note  de  M.  IVestor  Gréiiant. 

«   Il  y  a  longtemps  que  je  me  suis  occupé,  pour  la  première  fois,  de  la 
question  de  l'urée  au  point  de  vue  physiologique  et,  dans  ma  Thèse  de 


SÉANCE    DU    12    OCTOBRE    igoS.  SSq 

Doctorat  es  Sciences  (1870),  j'ai  tiémontré  que  la  ligature  des  uretères  et 
la  néphrotomie  sont  deux  opérations  identiques  quant  à  leurs  consé- 
quences et  qu'elles  sont  suivies  de  l'accumulation  de  l'urée  dans  le  sang 
et  dans  les  tissus. 

»  C'est  en  perfectionnant  le  procédé  de  Millon  que  j'obtiens,  en  décom- 
posant l'urée  dans  le  vide  par  les  vapeurs  nitreuses,  des  volumes  égaux 
d'acide  carbonique  et  d'azote,  qui  donnent  à  mon  procédé  de  dosage  une 
exactitude  mathématique. 

»  Je  ne  puis  donner  ici  les  détails  complets  de  la  technique  que  j'em- 
ploie; il  suffira  de  résumer  les  opérations  successives  qui  sont  nécessaires  : 

»  Un  poids  mesuré  de  substance,  muscles  hachés  ou  sang  défibriné,  est  additionné 
d'un  poids  double  d'alcool  à  90";  au  bout  de  24  heures,  on  sépare  à  la  presse  le 
liquide  alcoolique  qui  est  évaporé  dans  le  vide  à  5o",  pour  éviter  la  dissociation  par- 
tielle de  l'urée,  qui  a  lieu,  comme  l'a  démontré  le  D'"  Quinquaud,  quand  on  chaude 
des  solutions  d'urée  au  bain-marie  d'eau  bouillante. 

»  Le  résidu  de  l'évaporation,  repris  par  l'eau,  a  été  décomposé  par  la  liqueur  verte 
obtenue  en  faisant  dissoudre  os,  8  de  mercure  dans  l'acide  nitrique;  les  gaz  sont 
recueillis  à  l'aide  de  la  pompe  à  mercure  dans  une  cloche  de  80^"''  à  go^'"'. 

»  Chaque  centimètre  cube  d'acide  carbonique  sec  à  0°  et  à  760'""  de  pression  cor- 
respond à  2™s,683  d'urée  pure. 

Poids  d'urée 
contenus  dans  icxjs  de 

muscles.  sang. 

Lapin 0,042  0,043 

Cobaye .  .  o,o45  o,o45 

Canard o  o 

Grenouilles o,o44 

Carpe 0,02 1 

Raie 1 ,37 

»  Eu  résumé,  il  y  a  chez  les  Mammifères  autant  d'urée  dans  le  sang  que 
dans  les  muscles. 

»   Le  sang  et  les  muscles  de  l'oiseau  ne  contiennent  pas  d'urée. 

»  100^  de  muscles  de  la  raie  renferment  1^,37  d'urée,  ou  Gj  fois  plus 
que  le  même  poids  de  muscles  de  carpe  et  3o  fois  plus  d'urée  que  les 
muscles  du  cobaye. 

))  Il  paraît  donc  que  les  reins  de  la  raie  sont  insuffisants  pour  excréter 
l'urée  qui  se  trouve,  à  l'état  normal,  accumulée  dans  les  muscles  et  dans  le 
sang,  comme  chez  les  Mammifères  auxquels  on  aurait  lié  les  uretères. 


56o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Il  y  a  plusieurs  années  (  '  ),  nous  avons,  le  professeur  JolyeL  et  moi,  fait 
des  recherches  comparatives  sur  la  torpille  à  Arcachon;  le  cœur  ayant 
été  enlevé,  nous  avons  excité  avec  l'appareil  à  chariot  l'un  des  appareils 
électriques  et  laissé  l'autre  au  repos;  à  plusieurs  reprises,  nous  avons 
trouvé  dans  l'organe  électrisé  un  plus  grand  poids  d'urée  que  dans  l'organe 
au  repos.  C'est  un  premier  pas  que  nous  avons  fait  dans  la  recherche  du 
lieu  de  formation  de  l'urée  dans  l'organisme  animal.    » 


CORRESPOND  AIV  CE . 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  le  «  Bulletin  de  la  Société  normande  d'études  préhisto- 
riques. Tome  X,  année  1902  ».  (Présenté  par  M.  Albert  Gaudry.) 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  équalio/is  linéaires  aux;  différences  finies. 
Note  de  M.  Alf.  Guldberg,  présentée  par  M.  Emile  Picard. 

«  La  présente  Note  se  réduit  à  quelques  remarques  très  simples,  qui 
n'ont  peut-être  pas  encore  été  faites,  et  qui  peuvent  présenter  quelque 
intérêt.  Comme  elles  ont  trait  à  des  questions  isolées,  je  les  introduis  dans 
des  numéros  séparés. 

»  I.  La  considération  des  analogies  qui  existent  entre  les  équations 
algébriques  et  les  équations  différentielles  linéaires  a  conduit  à  des  résul- 
tats importants.  Or,  il  est  bien  visible  que  les  raisonnements  employés 
peuvent  se  répéter  pour  le  cas  où,  au  lieu  des  équations  différentielles 
linéaires,  on  regarde  les  équations  linéaires  aux  différences  finies. 

«   Considérons  l'équation  linéaire 

(i)      X ( j)eeej,,,-i-  a:;'v,,«  ,  +  . . .  4-  a;;-" V,  ,  +  Â|f  r,=  o. 

»   si  l'on  posej^j;  =  Vj.,u^  et  si  l'on  remarque  que 

^'^  ^/- =  «.r  +  7 '^  «x- H-   •  •  •   -+-  A'' ''^. 

on  trouve  une  transformée,  dont  la  loi  se  trouve  immédiatement;   nous 


(*)  Comptes  rendus  de  la  Société  de  biologie,   1891. 


SÉANCE  DU  12  OCTOBRE  HJoS. 


56i 


l'écrivons  ainsi 


(2)         ' 

f  -^  (/2<'^^«  +  a;^:  r^+„  „ ,  ^  A"-'  «,.  +  ç',.^,,  A"  w,.  =  o. 

))  De  l'équation  (2)  on  déduit  d'abord  directement  le  théorème  connu 
de  la  réduction  de  l'ordre  de  l'équalion  (i),  si  l'on  en  connaît  des  solu- 
tions particulières.  De  plus,  si  j^'^  mis  à  la  place  de  v^;  satisfait  aux  k 
équations 


l'équation  (1)  aura  k  solutions  de  la  forme 


X(^-0(^n))^O, 


où  x'-P''  désigne  x  (^x  —  i)  ...  (-r  — /?  H-  1). 

»    En  effet,  dans  noire  hypothèse,  (2)  devient 

_£__X(^Xj1;')A^^.+ ...  v.'^^A^/.^o. 
))   Or,  celte  équation  a  pour  solution 


LL    •         l  9  tA^  y  tAy        y 


X 


(A-l) 


»  Inversement,  si  l'équation  (i)  a  des  solutions  ('i),  les  équations  (x) 
sont  satisfailes. 

»  2.  On  démontrera  facilement  de  l'équation  (2)  qu'un  système  fonda- 
mental de  solutions  de  l'équation  (i)  peut  se  mettre  sous  la  forme 


y.  =^7^      y: 


yT  =  C^^r-"^^T^ 


où  aucune  des  fonctions  r^;  n'est  identiquement  nulle. 

»   3.   Soient  y^,\  y^^\  •  •  •  ■>  yT  '^^'^  système  fondamental  de  solutions  de 
l'équation  (i).  En  écrivant  l'équalion  (i)  sous  la  forme 


X(j)  = 


7^ 

Va,-+.       . 

.  .        y.r^n 

J^^ 

J  .1+  1 

J  X+ll 

yr 

J^.         • 

..      v"' 

^^(y.y^'---yr)=-o, 


502  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»   On  voit  immédiatement  que  Ton  a 

formule  tout  à  fait  analogue  à  celle  de  Liouville  pour  les  équations  diffé- 
rentielles linéaires. 
»   4.   Soient 

P;«==  J..-MM  -f-  Ay  '  j,.,,_,  + . . .  ^  A;r>,  -^  o, 

deux  équations  linéaires,  et  soit  m  ~  n  =  -x.  Pour  déterminer  l'équation 
linéaire  qui  donne  les  solutions  communes  à  P„,  =  o,  Q„=  o,  dans  le  cas  où 
il  en  existe,  nous  remarquerons  qu'on  peut  déterminer  des  fonctions  r,, 
Ao,  . ..,  r^  de  a?  tel'es  que  la  différence 

''/«  -  (Q«^!.-H  ^-^  Q«+j..-,  -i- . . .  -^  /vQ«)' 

où  Q„^^  désigne  7,^,^^,-1- B;;;^v,_,„^^^_,-f....a- 11';';^^.^.^^^,  ne  contienne 
que7^^,,_,,7^.^„_o,  etc. 

»  Nous  pouvons  donc  écrire  Pidentilé 

R  désignant  une  expression  linéaire  aux  différences  analogue  à  P  et  Q, 
mais  renfermant  au  plus  j^+„_,.  Les  solutions  communes  à  P,„=  o,  Q„=  o 
sont  communes  à  Q„=  o,  R  =  o  et  inversement.  On  continuera  ainsi,  de 
proche  en  proche,  et  quand  le  reste  sera  nul,  la  dernière  expression 
employée  sera  l'équation  linéaire,  donnant  les  solutions  communes  aux 
deux  équations  proposées.   » 


ÉLECTRICITÉ.    —  Sur  le  fonctionnement  de  cohéreurs  associés.  Note 
de  M.  Albert  Turpaîn,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Nous  nous  sommes  proposé  d'étudier  les  particularités  que  présente 
le  fonctionnement  de  plusieurs  cohéreurs  réunis  à  une  même  antenne. 

»  On  détermine  la  sensibilité  d'un  cohéreur  par  la  distance  à  laquelle  un 
radiateur  est  susceptible  d'agir  nettement  sur  le  cohéreur.  La  netteté 
d'action  est  donnée  par  la  valeur  du  courant  qui,  après  cohésion,  parcourt 
un  galvanomètre  très  sensible. 

«  On  constate  que,  si  un  cohéreur  est  en  circuit  fermé,  la  sensibilité  est  bien 


SÉANCE  DU  12  OCTOBRE  IQoS.  563 

plus  grande  quesiiest  en  circuit  ouvert,  c'est-à-dire  si,  au  moment  de  l'émis- 
sion des  ondes,  une  seule  des  électrodes  du  cohéreur  est  reliée  à  l'antenne 
et  à  un  pôle  de  la  pile  dont  le  courant  doit  ultérieurement  le  traverser, 
l'autre  électrode  du  cohéreur  étant  isolée.  Cette  constatation  se  fait  en 
reliant  l'électrode  isolée  du  cohéreur  à  la  terre  et  au  second  pôle  de  pile, 
après  que  les  ondes  ont  été  émises. 

»  Cohéreurs  associés  en  dérivation.  —  Si  Ton  associe  plusieurs  cohéreurs  en  déri- 
vation, l'une  des  électrodes  de  chaque  cohéreur  étant  reliée  à  Tantenne  commune, 
l'autre  électrode  étant  (circuit  fermé)  ou  non  (circuit  ouvert)  reliée  au  reste  du  circuit, 
on  constate  les  faits  suivants  : 

»  i»  Les  cohéreurs  conservent  la  même  sensibilité  relative,  qu'ils  soient  tous  en 
circuit  ouvert  ou  qu'ils  soient  tous  en  circuit  fermé,  mais  la  sensibilité  de  chacun  d'eux, 
est  bien  moindre  en  circuit  ouvert  qu'en  circuit  fermé. 

»  2°  On  peut  alors  très  simplement  et  très  rapidement  obtenir  l'ordre  de  sensibilité 
de  plusieurs  cohéreurs  associés.  Pour  cela,  tous  les  cohéreurs  étant  en  circuit  fermé, 
on  produit  une  émission  d'onde  telle  qu'un  seul  cohéreur  se  trouve  cohéré  par  celte 
émission.  Ceci  fait,  on  met  ce  cohéreur  en  circuit  ouvert  en  isolant  l'une  de  ses  élec- 
trodes. On  cherche  alors  par  une  nouvelle  émission  d'ondes  à  produire  la  cohésion 
d'un  des  cohéreurs  laissés  en  circuit  fermé.  On  met  ce  deuxième  cohéreur  en  circuit 
ouvert  et  l'on  continue  jusqu'à  ce  qu'on  ait  épuisé  les  cohéreurs  à  classer. 

»  On  s'est  assuré  que  la  sensibilité  de  chaque  cohéreur  est  la  même,  qu'il  soit  mis 
seul  en  expérience  ou  qu'il  soit  entouré  de  cohéreurs  voisins  expérimentés  en  même 
temps  que  lui. 

»  Cohéreurs  associés  en  série.  —  Nous  avons  étudié  le  fonctionnement  d'une  chaîne 
de  cohéreurs  disposés  les  uns  à  la  suite  des  autres.  Si  les  cohéreurs  sont  tous  déco- 
Jiérés,  il  semble  qu'il  y  a  alors  dans  le  circuit  :  cohéreurs  —  pile  —  galvanomètre  — 
cohéreurs,  autant  de  coupure  que  de  cohéreurs.  En  efTet,  la  sensibilité  relative  de 
chaque  cohéreur  a  été  trouvée  la  même  que  l'on  ait  ou  non  pratiqué  une  coupure  dans 
le  circuit  au  moment  de  l'émission  des  ondes. 

»  Pour  évaluer  ici  la  sensibilité  de  chacun  des  cohéreurs,  on  opère  ainsi  :  après 
l'émission  des  ondes,  par  rétablissement  de  ponts  conducteurs  reliant  des  godets  de 
mercure  dont  la  distribution  est  facile  à  imaginer,  on  dispose  successivement,  dans  le 
circuit  pile  —  galvanomètre,  chacun  des  cohéreurs  étudiés  pris  seul  et  l'on  se  rend 
ainsi  compte  du  degré  de  cohésion  que  l'émission  d'ondes  a  produit  sur  lui. 

«  On  constate  ainsi  que  la  connexion  d'une  antenne  avec  une  électrode  d'un  cohé- 
reur augmente  la  sensibilité  de  ce  cohéreur.  C'est  ainsi  que,  si  l'on  fait  varier  le  point 
d'attache  de  l'antenne  avec  le  circuit  comprenant  plusieurs  cohéreurs  disposés  en 
série,  l'ordre  de  sensibilité  des  cohéreurs  associés  change. 

»  ApplicalioTis.  —  Nous  avons  appliqué  les  résultats  de  cette  étude  expé- 
rimentale :  1°  à  la  réalisation  de  dispositifs  nous  permettant  de  suivre  et 
d'enregistrer  la  marche  des  orages  ;  2«  à  la  réalisalion  de  (lisi)ositifs  ti^ès  sen- 


564  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

sibles  utilisables  tant  en  télégraphie  saiis  fil  qu'en  télégraphie  hertzienne 
avec  conducteur.  » 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Électnsation  de  contact  (IV)  et  théorie  des  solutions 
colloïdales.  Note  de  M.  Jean  Perriîv,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  L'électrisation  de  contact  que  prend  un  corps  plongé  dans  l'eau  joue 
un  rôle  insuffisamment  reconnu,  et  peut-être  capital,  en  différents  pro- 
blème^que  les  physico-chimistes  et  les  biologistes  s'accordent  à  considérer 
comme  importants.  Tel  me  paraît  être  le  cas  pour  les  teintures,  pour  les 
entraînements  de  corps  solubles  par  certains  précipités,  et  surtout  pour  les 
solutions  colloïdales,  auxquelles  se  rapporte  la  présente  communication. 

»  Il  est  très  probable,  comme  on  sait,  que  toute  solution  colloïdale  est 
formée  de  granules,  invisibles  au  microscope,  mais  beaucoup  plus  gros 
que  des  molécules  (car  ils  diffusent  fortement  la  lumière),  et  chargés  élec- 
triquement (car  ils  suivent  ou  remontent  les  lignes  de  force  quand  on  les 
place  dans  un  champ  électrique). 

)j  A  ma  coimaissance,  on  n'a  pas  expliqué  de  façon  satisfaisante  :  com- 
ment peut  se  former  une  telle  suspension;  comment  elle  peut  subsister 
indéfiniment  y  sans  que  les  plus  gros  des  granules  s'accroissent  aux  dépens 
des  plus  petits,  grâce  au  solvant  interposé,  jusqu'à  réunion  complète  en 
une  seule  masse,  ainsi  que  font  dans  un  nuage  les  grosses  gouttes  aux  dépens 
des  petites;  comment  il  arrive  parfois  que  ces  granules  grossissent  ou 
décroissent  réversiblement  quand  on  change  la  composition  du  liquide 
où  ils  baifi^nent;  comment  enfin,  si  l'on  dépasse  certaines  limites,  une 
coag^ulation  irréversible  se  produit,  notamment  sous  l'influence  d'ions 
polyvalents. 

»  Bref,  il  faut  indiquer  des  causes  qui  assurent  un  équilibre  stable  pour 
un  certain  diamètre  du  granule.  Dans  ce  but,  je  proposerai  une  théorie 
que- résume  la  phrase  suivante  :  la  tension  superficielle  et  la  cohésion  facto- 
risent r accroissement  d'un  granule,  mais  l'électrisation  de  ce  granule  est  une 
cause  interne  de  dislocation,  et  l'on  conçoit  quil  existe  un  diamètre  pour  lequel 
ces  deux  influences  opposées  s  équilibrent.  C'est  ce  que  je  vais  tâcher  de 
préciser. 

»  D'abord,  il  est  raisonnable  de  supposer  que  la  charge  électrique  des 
granules  est  due  aux  causes  qui  déterminent  l'électrisation  par  contact 
d'une  grande  paroi,  et  de  chercher  à  appliquer  les  lois  trouvées  pour  ces 


SÉANCE  DU  12  OCTOBRE  igoS.  565 

parois.  Je  rappelle  que  j'ai  signalé  plusieurs  de  ces  lois,  et  en  particulier 
comment  cette  électrisation  parait  due  à  la  présence  des  ions  H"^  ou  0H~ 
et  comment  elle  peut  être  beaucoup^amoindrie  par  des  traces  d'ions  poly- 
valents de  signe  opposé. 

»  Mais,  dans  le  cas  de  très  petites  surfaces,  la  charge  électrique  n'est 
plus  assimilable  à  une  couche  homogène,  et  on  doit  la  regarder  comme 
formée  par  un  ou  plusieurs  centres  distincts,  valant  chacun  un  électron 
(charge  d'un  ion  monovalent),  une  plus  petite  quantité  d'électricité  n'étant 
pas  réalisable. 

M  Imaginons  alors  qu'en  une  solution  sursaturée,  vis-à-vis  d'une  sub- 
stance A,  se  trouve  ou  se  forme  un  germe  de  cette  substance.  Ce  germe, 
d'abord  extrêmement  petit,  ne  portera  presque  jamais  de  charge,  et  il 
grossira;  puis,  au  delà  d'une  certaine  taille,  il  portera  en  moyenne  un 
électron  et  nulle  cause  encore  ne  l'empêchera  de  grandir;  puis  il  portera 
deux  électrons,  qui  se  repousseront  et  qui  distendront  le  granule  formé. 

»  Cette  répulsion  pourra  être  assez  grande  pour  amener  la  segmentation 
du  granule,  après  quoi  chacun  des  deux  granules  grossira  comme  avait  fait 
le  granule  primitif,  puis  se  segmentera  de  nouveau,  et  ainsi  de  suite.  Ainsi 
font,  dans  la  cellule  vivante,  les  leaciles,  les  chromomères,  le  centrosome  (^et 
peut-être  tout  microsome).  On  peut  admettre  que  la  segmentation  se  pro- 
duira chaque  fois  que  l'énergie  électrique  rendue  disponible  par  cette  seg- 
mentation sera  supérieure  à  celle  qui  correspond,  du  fait  de  la  cohésion,  mais 
surtout  du  fait  de  la  tension  superficielle,  à  la  réunion  des  deux  fragments. 

»  Si  la  répulsion  de  deux  électrons  n'a  pas  suffi  pour  segmenter  le 
granule,  cette  segmentation  pourra  se  produire  lorsque  le  granule,  devenu 
plus  gros,  portera  un  plus  grand  nombre  d'électrons.  Toutefois,  au  delà 
d'une  certaine  taille,  on  n'aura  plus  le  droit  de  négliger,  comme  j'ai  fait 
ici,  les  électrons  de  signe  opposé  qui  flottent  dans  le  liquide  ;  le  granule  sera 
de  plus  en  plus  assimilable  à  un  feuillet  électrique  fermé,  et  les  actions 
électriques  n'auront  plus  chance  de  l'emporter  sur  la  tension  superficielle 
(et  la  cohésion). 

»  Bref,  si  une  substance  prend  au  contact  de  l'eau  une  faible  tension 
superficielle  et  une  forte  électrisation,  l'état  stable  du  système  sera  réalisé 
par  une  émulsion  de  granules  de  diamètre  fixé,  dispersés  dans  l'eau. 

»  Si  l'on  accroît  l'électrisation  de  contact,  on  diminue  la  grosseur 
(moyenne)  du  grain  qui  correspond  à  l'équdibre  stable;  si  l'on  diminue 
cette  électrisation,  on  accroît  cette  grosseur;  si,  enfin,  on  la  diminue  au- 
dessous  d'une  certaine  valeur  critique,  la  segmentation  devient  impossible, 

G.  R.,  igoS,  li»  Semestre.  (T.  CXXXVII,   N"  15.)  75 


566  ACADÉMIE    DES.  SCIENCES. 

et  les  granules  s'agrcgcaL  par  tension  siiperflciellf',  en  même  temps  que  ics 
plus  petits  se  résorbent  :  c'est  la  coagulation. 

»  Il  devient  alors  aisé  de  comprendre  les  divers  phénomènes  observés 
quand  on  ajoute  à  une  solution  colloïdale  des  traces  d'acide,  d'alcali  ou 
d'ions  polyvalents.  Je  montrerai  ailleurs  comment  on  peut,  à  cet  égard, 
préciser  un  peu  les  considératipns  formulées  par  Hardv,  à  la  suite  de  ses 
belles  expériences. 

»  On  remarquera  que  la  théorie  qui  précède  donne  un  fondement  phy- 
sique simple  à  la  théorie  granulaire  de  la  matière  vivante,  telle  qu'elle  a 
été  présentée  par  Nœgeli,  Altmann,  et  beaucoup  d'autres  biologistes.  )> 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  De  l'action  de  i acide  carbonique  sous  pression  sur  les 
phosphates  mèlalliques.  Note  de  M.  A.  Basillé,  présentée  par  M.  U. 
Moissan. 

«  Dans  un  précétlent  travail  (*),  après  avoir  étudié  le  mode  d'aclion 
de  l'acide  carbonique  sous  pression  sur  les  phosphates  de  calcium,  nous 
avons  reconnu  l'existence  d'un  composé  que  nous  avons  nommé  carhono- 
phosphate  de  calcium.  Il  était  intéressant  d'étendre  cette  étude  aux  autres 
phosphates  métalliques.  Les  résultats  obtenus  nous  permettent,  en  effet, 
de  conclure  à  l'existence  de  cinq  autres  carbonophospliates  (bibasiques  et 
tribasiques). 

»  A.  Nos  expériences  nous  ont  amené  à  constater  que  les  phosphates 
tribasiques  de  potassium,  de  sodium,  d'ammonium,  de  calcium,  de  baryum 
et  de  magnésium  se  combinent  jjvec  l'acide  carbonique  sous  pression,  en 
présence  de  l'eau,  pour  donner  naissance  à  un  phosphate  bibasique  et  au 
bicarbonate  correspondant;  ces  résultats  n'étant  obtenus  qu'après  évapo- 
ration  de  la  dissolution  carbonique,  soit  dans  le  wàc,  soit  à  l'étuve  à  une 
douce  chaleur.  Avant  cette  dissociation  finale,  il  existe,  dans  la  dissolution 
carbonique,  un  composé  intermédiaire,  peu  stable,  auquel  nous  avons 
donné  le  nom  de  carhonophosphale  trihasique. 

»   Cette  réaction  est  établie  par  la  formule  suivante  : 

2(P0^M/^')4-4(C03H-)=:(P0^M'-I-I)-2G0-,  2((:0Mli\r)-t-oH-0. 

CarboDopliosphate  Uùbasiquc. 


(')   Phosphates  de  calcium.  Action  de  l'acide  carbonique.  {Thèse  de  Docl.  Univ 
Paiis  :  Pharm.) 


SÉANCE    DU    12    OCTCBRE    ïCp'i.  367 

»  Par  dissociatioti,  on  a  : 

(Po■■:^^-Ii)-2Ct)^  '2(co\n.yi')  =  2(^0'w^H)^'i{con-iM')-hiCO'  /. 

»  Les  carbonophosphales  ne  peuvent  exister  qu'en  dissolution  et,  sous 
cet  état,  ils  se  dissocient  toujours  au  contact  de  l'air  avec  une  rapidilc 
plus  ou  moins  grande. 

»  Si  Ton  met,  dans  un  flacon  plein  et  bouclié,  les  dissolutions  de  carbonophosphates 
de  Ca,  de  Ba  et  de  Mg,  on  voit  se  former  plus  ou  moins  rapidement,  au  sein  du 
liquide,  de  très  beaux  cristaux  de  phosphate  bibasique.  Celte  précipitation  est  en 
rapport  avec  la  quantité  de  bicarbonate  correspondant  existant  dans  la  dissolution.  En 
effet,  en  mélangeant,  dans  un  flacon  plein  et  bouc'ié,  une  dissolution  carbonique  de  l'un 
de  ces  trois  phosphates  bibasiques  avec  une  dissolution  de  bicarbonate  correspondant, 
on  obtient  également  une  précipitation  de  ])hosphale  bibasique.  Chacune  de  ces  réac- 
tions s'opère  dans  les  mêmes  limites  et  dans  les  mêmes  propoitions. 

)  B.  Tous  les  autres  phosphates  bibasiques  ou  tribasiques  sont  plus  ou 
moins  solubles  (kms  l'eau  chargée  d'acide  carbonique  sous  pression,  sans 
y  subir  aucune  transformation.  Le  Tableau  suivant  donne  les  résultats 
obtenus  avec  les  divers  phosphates  mis  en  expérience  : 


Tableau  indiquant  l'action  de  l'acide  carbonique,   à  la  presssion  de   10^0  et  en  présence 
de  l'eau  sur  les  phosphates  métalliques. 


Quaiiiii:-s  de 


ruospliatei  mis  en  cxpcrien;  o. 


l''-0»  dissoi 
par  litre. 


pliuspliales 

concspoiiiianl 

a  I"0'. 


1°  Phosphates  donnant  des  carbonophosphates  :  phos- 
phates de  potassium,  de  sodium  et  d'ammouinm  lii  et 
tribasiques  (  piiosphates  alcalins  solubles  dans  l'eau  et 
indiqués  pour  mémoire). 


Phosphate   iricalciijiu' 0,482 

;>  bicalcique   .  .  0,878 

:>  lribaryti({u  .  o,2o-'| 

»  Libaryli(jue.  ..  o,4i92 

»  trimagnési(jii  .  2,299 

bimagncsique 2,bo->.!\ 


s 
0,923 

2,127 

1,319 

1,474 

5,4oo 

8,1-70 


2°  Phosphates  simplement  dissous  par  C0-. 

Phosphate  aminoniaco-magnésien. .  3,075  ii,f>4*J 

»  trililhique 9,io35  16,027 

tristrOntianique 0,4398  i,4652 

H  bistronsianique ",77^  2,ob3 


!"li.>spliatcà  mi-,  eii  expéi  ieiicc. 

^liosphalc   tritiianganeuv 

»  d'alumine  tribasique.    .. 

de  gluciiiium  bibasique. 

;>  tri  ferreux 

»  bifeneux 

»  trizinciquc 

->  trinickclique 

de  cadmium  tribasique  . 

utaneux 

>  urani(|ue 

slanneux  tribasique  .  . .  . 
»  Iricuprique 

dicuprique 

triplomljiqU(' 

mercuriqiîe 

r,  mercureux 

basique  d'argent 


(Juaiuilcs  de 

phuspliates 
r-O^disMias     currespondaul 
par  lilre.  à  H'O». 


o,3c)56 
o ,  26b 

",3747 
0,429 

0,456 

0,2023 

I ,3583 
o,3i79 


1 ,3417 

0,740 

0,84.7 

i,o83 

1,091 

o ,  676 

3,5io5 

i,«77 


Traces. 
Néant. 


0,1734 
0,4335 
0,5202 

0,2  20 
Ô , 2 I 68 
0,1879 

0,1-5 


0,6264 
1 ,326 
1,564 

1.397 
0,903 s 
1 , 3 1 2 
i,o3  ! 


»    Il  est  intéressant  t!e  constater  que  les  phosphates  dont  les  bases  peuvent 


568  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

donner  des  bicarbonates  sont  les  seuls  qui  soient  attaqués  et  décomposés 
par  l'acide  carbonique  et  les  seuls  par  suite  qui  puissent  donner  des  carbo- 
nophosphates.  Telle  est  la  cause  pour  laquelle  le  phosphate  de  lithine  et  le 
phosphate  de  slronliane  font  exception  à  cetle  règle  dans  chacun  de  leur 
groupe. 

»  C.  En  ce  qui  concerne  les  phosphates  dimétalliques,  bien  que  dans 
aucun  cas  l'acide  phosphorique  ne  puisse  abandonner  i™^'  de  métal  à 
l'acide  carbonique,  il  résulte  néanmoins  de  nos  expériences  que  les  phos- 
phates bibasiques  des  métaux  dont  les  phosphates  tribasiques  nous  ont 
donné  des  carbonophosphates  paraissent  donner  lieu  également  à  une 
combinaison  avec  l'acide  carbonique  sous  pression  en  présence  de  l'eau; 
mais  ici,  la  dissociation  régénère  le  phosphate  bibasique  tel  qu'il  a  été  mis 
en  expérience. 

))  Il  y  aurait  donc  deux  sortes  de  carbonophosphates  métalliques  :  l'un 
correspondant  aux  phosphates  bibasiques,  l'autre  aux  phosphates  triba- 
siques. Le  premier,,  que  l'on  pourrait  appeler  par  analogie  carbonophosphale 
bibasique,  aurait  pour  formule  générale 

(P0'HÎVr=^)=2C0-, 

elle  second,  le  carbonophosphate  tribasique,  serait  constitué  par  la  sou- 
dure d'un  carbonophosphate  bibasique  avec  le  bicarbonate  correspondant 

(P0*HM'2)=^2C0-.2(C0^HM'). 

M  Enfin  nous  avons  démontré  expérimentalement  que  les  phosphates 
dimétalliques  sont  toujours  plus  solubles  dans  l'eau  chargée  d'acide  carbo- 
nique que  les  phosphates  trimétalliques  correspondants.  La  présence  de  i™°' 
de  bicarbonate  métallique  explique  cette  différence  pour  les  dissolutions 
de  carbonophosphates  tribasiques.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  une  série  de  composés  du  bismuth.  Note  de 
MM.  G.  Urbain  et  H.  Lacombe,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  On  n'avait  signalé  jusqu'à  ces  dernières  années  de  cas  d'isomorphisme 
des  terres  rares  qu'avec  les  métaux  alcalino-terreux.  MM.  Wjrouboff  et 
Verneuil  {B.  Soc.  c/u,  3^  série,  t.  XXT,  1899,  p.  1 18)  ont  tenté  de  généra- 
liser cette  analogie.  M.  Goste  Bodman  (/?er.  chem.  GeselL,  t.  XXXI,  1898, 
p.  1237;  Z.  anorg.  Chem.,  t.  XXVH,  1901,  p.  i^f\)  a  établi  que  les  nitrales 


SÉANCE    DU    12    OCTOBRE    I9o3.  5f>Ç) 

et  les  sulfates  simples  des  terres  rares  peuvent  cristalliser  en  toutes  pro- 
portions avec  le  nitrate  et  le  sulfate  simple  de  bismuth.  Ce  rapprochement 
est  le  seul  argument  d'ordre  chimique  qui  permette  de  faire  considérer 
les  métaux  rares  comme  trivalents.  Nous  avons  pensé  que  l'analogie  entre 
les  terres  rares  et  le  bismuth  pouvait  .être  poussée  plus .  loin,  et  nous 
avons  observé  un  très  grand  nombre  de  faits  qui  légitiment  ce  rappro- 
chement. 

))  Il  résulte  de  nos  recherches  que  le  bismuth  est  aux  terres  rares  ce 
que  le  zinc  est  au  magnésium.  Nous  nous  bornerons,  dans  celte  première 
Note,  à  décrire  une  classe  nouvelle  de  nitrates  de  bismuth. 

»  La  formule  générale  de  ces  nitrates  est3M"(AzO^)-.2Bi(AzO')"\2iH-0, 
dans  laquelle  M"  représente  du  magnésium,  ou  du  zinc,  ou  du  nickel,  ou 
du  cobalt,  ou  du  manganèse. 

»  Ces  nitrates  appartiennent  au  même  type  que  les  nitrates  doubles  des  terres 
rares  avec  les  nitrates  correspondants  de  la  série  magnésienne.  Ils  se  présentent  sons 
la  même  forme  et  sont  complètement  isomorphes  avec  eux. 

»  Ces  composés  se  préparent  en  dissolvant  à  chaud  dans  le  moins  possible  d'acide 
nitrique  de  densité  i,3  les  nitrates  simples  magnésiens  avec  le  nitrate  de  bismuth 
dans  les  proportions  théoriques.  Pendant  le  refroidissement,  la  cristallisation  peut  être 
provoquée  par  des  germes  de  nitrate  double  de  didyme  et  de  magnésium. 

»  Les  cristaux  ainsi  obtenus  sont  volumineux.  Dans  l'acide  nitrique  fumant,  les 
cristaux  que  l'on  obtient  sont  plus  petits  et  mieux  formés.  Ces  sels  sont  déliquescents. 
Le  sel  de  nickel  et  celui  de  magnésium  sont  moins  déliquescents  que  ceux  de  zinc  et 
de  cobalt.  Le  sel  de  manganèse  est  le  plus  déliquescent  de  la  série.  Tous  ces  sels 
s'effleurissent  dans  l'air  sec.  Par  l'ensemble  de  leurs  propriétés,  ces  sels  se  rappro- 
chent le  plus  des  sels  assez  fondants  de  gadolinium  dans  la  série  des  terres  rares. 

»  Comme  tous  les  sels  de  bismuth,  ils  sont  décomposés  par  l'eau. 

»  Set  de  magnésium  :  3Mg(AzO^)-.  sBi  (  AzO^)*.  24H'0.  —  Ce  sel  est  incolore. 
Il  fond  sans  décomposition  à  71".  Son  poids  spécifique  à  16",  déterminé  par  l'inter- 
médiaire de  l'essence  de  térébenthine,  est  Dî!;=2,32. 

»  Sel  de  zinc  :  3Zn(Az03)^2Bi(  AzO^)^24H"-0.  —  Ce  sel  est  incolore.  Il  com- 
mence à  fondre  à  67°,  5,  mais  il  se  décompose  alors  en  formant  à  la  faveur  de  l'eau  de 
cristallisation  un  sous-nitrate  de  bismuth.  Poids  spécifique  DJJ;  =  2,75. 

«  Sel  de  nickel  :  3Ni(Az03)2.  2Bi(  AzO^)^  24  H^O.  —  Sel  vert.  Il  fond  sans  dé- 
composition à  69°.  Poids  spécifique  D}^  =;  2,5i. 

»  Sel  de  cobalt  :  3Co(  AzO*)^  2  Bi(AzO-^)^  2411-0.  —  Sel  rouge,  un  peu  pins 
orangé  que  le  composé  correspondant  de  néodyme.  Il  fond  sans  décomposition  à  58". 
Poids  spécifique  D}^  =  2  ,48. 

»  ^e/ <ie  ma/z^anè^e  .•  3Mn(AzO-^)-.  2Bi(  AzO^)^  24H-O.  —  Ce  sel  est  rose  pâle. 
C'est  le  plus  instable  des  sels  de  cette  série.  Il  ne  subsiste  pas  en  présence  de  ses  com- 
posants solides  au  sein  d'une  liqueur  nitrique.  Il  fond  sans  se  décomposer  à  43°-44""" 
Poids  spécifique  DJ^  r=:  2,42.   » 


i-^O  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  le  dosage  du  vanadium  dans  les  produils 
métallurgiques.  Noie  de  M.  Em.  Campagxr,  présentée   par  M.  A.  Haller. 

((  Lés  mélhodes  de  dosage  du  vanadium  dans  ses  alliages  et  ses  miiiferais 
peuvent  être  considérablement  simplifiées,  tout  en  gagnant  en  exactitude, 
si  l'on  lient  compte  des  faits  suivants  :  i°  l'élher  ch:!rgé  d'acide  chlorhy- 
drique  dissout  le  chlorure  ferrinue,  tandis  qu'il  ne  dissout  pas  les  oxy- 
chlorures  de  vanadium;  2°  l'oxychlorure  VOCi^  est  réduit  en  YOCl^ 
par  ébullilion  prolongée  avec  de  l'acide  cillorhydriquo,  tandis  que  le 
chlorure  ferriqne  n'est  pas  altéré.  Par  transformation  des  chlorures  en 
sulfates,  on  obtient  du  sulfate  de  divanadyle  bleu  V-0-(SO'')-  et  du  sulfate 
ferrique;  au  moyen  d'une  liqueur  titrée  de  permanganate  on  peut  déter- 
miner la  quantité  d'oxvgène  nécessaire  pour  transformer  le  sulfate  de 
divanadyle  en  sulfate  vanadique  ^-0^(80*)^  et,  par  suite,  la  quantité  de 
vanadium  présente  dans  la  liqueur. 

»   Les  réactions  suivantes  rendent  compte  eie  ces  faits  : 

V-0*H-6HC1  =  2VOCl-  +  3H-0  +  Cl-. 

2YOCi--i-2H-SO^=:  V-0-(SO")-H-4HCl. 
5[V-0-(S0^)-]  +  2KMnO^+  8H^SO'' 

=  5[V-0-(SO'')^]-l-K^SO'4-2MnSO''-4-8Ii-0. 

»  S'il  s'agit  de  doser  le  vanadium  dans  un  acier,  on  attaque  5s  de  métal  en  perçures 
par  60*^™' d'acide  azotique  de  densité  1,20  ajouté  par  petites  portions.  On  complète 
l'attaque  à  douce  température,  puis  on  évapore  au  bain  de  sable  en  chanfTant  fortement 
à  la  fin,  de  manière  à  transformer  tous  les  azotates  en  oxjdes;  on  redissout  ceuv-ci  par 
5Qcm3  (j'3(.j(|g  clilorhydrique  pur  et  concentré.  La  liqueur  de  chlorures  obtenue  est 
extraite  par  l'élher  au  moyen  de  l'appareil  employé  par  M.  Garnol  pour  l'application 
de  la  méthode  de  Rothe.  La  presque  totalité  du  fer  est  i-etenue  par  l'éther,  la  liqueur 
aqueuse  renferme  tout  le  vanadium  et  les  autres  métaux  :  manganèse,  nickel,  cuivre, 
chrome,  etc.,  et,  en  outre,  une  petite  quantité  de  fer.  On  la  recueille  et  l'on  chasse 
l'élher  qu'elle  tient  en  dissolution  en  la  maintenant  à  douce  température  quelque  temps, 
puis  on  la  concentre  à  faible  volume.  Le  résidu  est  additionné  de  So*^"^'  d'acide  chlorhy- 
drique  pur  et  concentré  et  évaporé  à  nouveau.  Cette  opération  est  destinée  à  opérer 
la  transformation  totale  de  VOCt*  en  VOCl-,  condition  essentielle  de  l'exactitude  du 
dosage;  pour  être  assuré  de  ce  résultat,  l'ébuUilion  en  présence  d'un  grand  excès 
d'acide  chlorhydrique  est  répétée  trois  fois.  Au  résidu  de  la  dernière  évaporation  on 
ajoute  y^""'  d'acide  sulfurique  pur  et  concentré  et  l'on  chauffe  jusqu'à  apparition  de 
fumées  blanches.  On  laisse  refroidir,  on  reprend  par  sog''""'  à  300*^™"  d'eau  cliaude;  on 


SÉANCE    DU    12    OCTOBUE    lC)o3.  5']\ 

obtient  ainsi  une  liqueur  plus  ou  moins  fortement  colorée  en  bleu  suivant  la  quantité 
de  vanadium  présente  et  tenant  de  la  silice  en  suspension.  Si  celle-ci  est  en  proportion 
gênante,  on  la  sépare  par  filtration. 

»  La  liqueur  est  alors  titrée  par  le  permanganate;  en  opérant  à  60°  environ,  le 
point  Hnal  de  l'oxydation  est  très  net  et  la  coloration  rose  persiste  longtemps.  Le  titre 
de  la  solution  de  permanganate  (environ  is  de  sel  cristallisé  par  litre)  est  déterminé  au 
moyen  d'une  liqueur  de  vanadate  de  soude  préparée  en  partant  d'un  poirls  connu 
d'anhydride  vanadique  pur.  La  réduction  du  vanadate  peut  être  réalisée  soit  au  moyen 
de  Tacide  chlorliydrique  comme  il  a  été  décrit  plus  haut,  soit  au  moyen  de  l'acide 
sulfureux. 

))  La  même  méthode  est  applicable  aux  ferrovanadiums  ;  si  la  proportion  de  métal 
rare  dépasse  25  pour  100,  on  peut  encore  l'abréger  en  se  dispensant  d'éliminer  au 
préalable  le  fer.  Dans  ce  cas,  la  liqueur  ayant  servi  au  dosage  du  vanadium  peut  être 
à  nouveau  réduite  par  l'hydrogène  sulfuré  puis  retitrée  par  le  permanganate;  on 
obtient  un  chiffre  correspondant  aux  quantités  présentes  de  vanadium  et  de  fer  et  il 
est  facile  d'en  conclure  la  proportion  de  fer  dans  le  métal. 

»  Dans  le  cas  du  cuprovanadium,  on  attaque  le  métal  par  l'acide  azotique  et  l'on  dose 
électrolvtiquement  le  cuivre.  La  liqueur  résiduelle  est  évaporée  à  sec,  de  façon  à  obtenir 
le  vanadium  et  le  fer  sous  forme  d'oxydes,  que  l'on  traite  comme  il  a  été  dit  plus  haut, 
mais  sans  séparer  le  fer  dont  la  proportion  est  généralement  très  faible. 

«  Si  l'alliage  ou  le  rainerai  examiné  contenait  du  chrome,  celui-ci  serait  compté 
comme  vanadium  en  opérant  comme  il  a  été  décrit.  Le  dosage  volumétrique  successif 
du  vanadium  et  du  chrome  coexistant  dans  une  solution  fera  l'objet  d'une  Note 
ultérieure.  )) 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  éthers  nitriques  des  acides -alcools.    Note 
de  M.  lï.  DuvAL,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Jusqu'ici  les  éthers  nitriques  des  acides-alcools  ont  été  peu  étudiés. 
Reinsch  en  iS'jg,  Dessaignes  en  i852,  Demole  en  1877,  P"^^  Kekulé 
en  i883,  étudièrent  l'acide  nitrotartrique.  En  1870,  Henry  en  préparait 
l'éther  diéthylique,  puis  trois  ans  plus  tard  le  nitrate  d'acide  lactique  et 
SOL  ether  éthylique,  le  nitroglycolate  d'éthyle,  le  nitromalate  diéthy- 
lique et  le  dinitroglycérate  d'éthyle  impur.  Il  indiquait  aussi  que  le  nitro- 
tartrate  d'éthyle  se  transformait  spontanément  en  nitrotartronate,  faitqui 
ne  semble  pas  avoir  été  vérifié  dans  la  suite.  Il  ne  pouvait  isoler  les  acides 
nitromalique  et  nitroci trique,  mais  signalait  aussi  l'action  de  l'acide  nitrique 
sur  les  alcools  tertiaires.  En  1  875,  Champion  et  Pellet  décrivaient  Tacide 
nitrocitrique.  Tout  récemment  MM.  Frankland,  Heathcote  et  Harlle  d'une 
part,  et  M.  Walden  d'autre  part,  ont  préparé  et  étudié  les  éthers  nitrotar- 
triques   et  nitromaliques.  Henry  observa  en  outre,  en    1880,   que  l'acide 


S-J-l  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nitrolactique  se  décompose  avec   le  temps   ou   plus   rapidement  si    l'on 
chauffe  d'après  la  réaction 

CH^-CHOAzO--CO-H  =  HCAz  +  CO-II  -CO-H  +  H-Q. 

M  Je  me  propose  de  poursuivre  l'étude  de  ces  composés  avec  les  diffé- 
rentes classes  d'alcools,  de  préparer  les  nitrates  des  acides-alcools  et  de 
leurs  étliers  appartenant  à  la  série  grasse,  possédant  ou  non  des  substitu- 
tions d'halogène;  d'observer  leur  mode  de  décomposition  suivant  les  posi- 
tions relatives  des  fonctions,  et  enfin  d'examiner  la  transformation  des 
édiers  nitrotartriques  en  éthers  nitrotartroniques. 

»  Nitrate  d'acide  glycolique.  —  Oa  dissout  aSs  d'acide  glycolique  bien  pur  et 
bien  blanc,  puh^érisé  rapidement  dans  3oS  d'acide  azotique  de  i,45  de  densité,  on 
ajoute  ensuite  en  refroidissant  25s  d'acide  sulfurique  concentré,  on  laisse  reposer  et 
l'on  verse  le  tout  sur  loos  de  glace  pilée.  On  extrait  ensuite  à  l'éther  en  ayant  soin 
que  le  liquide  se  maintienne  vers  o°,  car  l'on  sait  que  l'éther  réagit  énergiquement 
sur  l'acide  azotique  pour  fournir  principalement  de  l'acide  acétique.  La  solution 
éthérée  est  ensuite  lavée  à  l'eau  jusqu'à  complète  élimination  de  l'acide  sulfurique, 
puis  évaporée;  le  produit  séché  sur  du  sulfate  de  soude  est  repris  par  l'éther  anhydre, 
filtré,  enfin  mis  sur  le  vide  sulfurique  où  il  cristallise  dans  les  48  heures. 

»  Purification.  —  On  traite  une  dizaine  de  grammes  de  la  masse  par  iS*"""'  à  20'^'"' 
d'un  mélange  de  benzène  avec  10  pour  100  de  ligroïne,  anhydres,  on  chauffe  très  dou- 
cement au  bain-marie  vers  4o°;  lorsque  tout  est  dissous,  on  refroidit  la  solution,  qui 
se  trouble  et  qu'on  laisse  reposer.  Enfin  on  décante  la  couche  supérieure,  puis  on 
amorce  la  solution,  qu'on  abandonne  à  elle-même  24  à  36  heures.  On  obtient  dans 
ces  conditions  de  beaux  cristaux  transparents.  Mais,  en  même  temps  que  les  cris- 
taux, se  dépose  dans  le  fond  du  tube  une  huile  qu'il  va  falloir  éliminer.  Pour 
cela,  on  agile  les  cristaux  avec  l'eau  mère  que  l'on  décante  ensuite  rapidement  et 
laisse  reposer;  à  la  troisième  ou  quatrième  opération  semblable,  leau  mère  reste  par- 
faitement limpide,  el,  dans  ces  conditions,  le  produit  obtenu  est  pur. 

»  Analyse  :  Trouvé  :  G,  19,78  ;  H,  2,62  ;  Az,  1 1 ,83. 

))  Théorie  pour  CH-0 AzO^— CO^H  :  G,  19,86;  H,  2,48;  Az,  11,67. 

»  Beaux  prismes  incolores,  très  déliquescents,  très  solubles  dans  l'eau,  l'alcool, 
l'acide  acétique,  le  benzène  et  surtout  l'éther,  insoluble  dans  la  ligroïne.  Point  de 
fusion  54°,  5. 

»  Nitrate  d'acide  malique.  —  Ge  composé  se  prépare  à  peu  de  chose  près  comme 
l'acide  nitroglycolique,  mais  avec  une  facilité  beaucoup  plus  grande. 

»  On  dissout  20?  d'acide  malique  dans  20S  d'acide  azotique  de  i  ,45  de  densité,  on 
ajoute  20S  d'acide  sulfurique  concentré,  on  jette  le  tout  sur  loos  de  glace,  on  extrait 
à  l'éther  qu'on  lave  à  complète  élimination  d'acide  sulfurique,  on  évapore  la  majeure 
partie  de  l'éther  au  bain-marie  el  l'on  fait  cristalliser  dans  le  vide.  Pour  purifier  le 
produit  et  l'obtenir  tout  à  fait  blanc,  on  le  dissout  à  l'ébullition  dans  le  moins  possible 
d'un  mélange  de  80  pour  100  de  benzène  pour  20  pour  100  d'élher,  anhydres.   Après 


SÉANCE  DU  12  OCTOBRE  iQoS.  SyS 

refroidissement,  on  essore  et  l'on  fait  cristalliser  par  dissolution  dans  une  très  petite 
quantité  d'eau  et  évaporation  totale  de  la  solution. 

»  Analyse.  —  Trouvé  :  C,  26,89;  H,  2,86;  Az,  8,i3. 

)>  Théorie  pour  CO'^ H  —  CHO AzO^— CH-— CO^H  :  C,  26,81  ;  H,  2,78;  Az,  7,82. 

»  Substance  blanche  non  déliquescente,  cristallisant  aisément  en  aiguilles  réunies 
en  étoiles.  Fond  à  ii5°  en  se  décomposant,  soluble  dans  l'eau,  l'alcool,  l'éther,  l'acide 
acétique,  insoluble  dans  le  benzène  et  la  ligroïne. 

»  DLnitrate  d'acide  glycérique.  —  Pour  obtenir  le  dinitrate  d'acide  glycérique,  il 
suffit  de  suivre  le  procédé  précédemment  décrit  en  opérant  de  la  façon  suivante  :  on 
fait  tomber  goutte  à  goutte  et  en  agitant  los  d'acide  glycérique  dans  un  mélange  bien 
refroidi  de  i5s  d'acide  sulfurique  et  d'un  poids  égal  d'acide  azotique  fumant.  La 
température  tend  à  s'élever  pendant  l'éthérifîcalion,  mais  il  faut  la  maintenir  constam- 
ment inférieure  à  — 0°,  de  préférence  au  voisinage  de  — 12°.  Pendant  cette  opération, 
le  dinitrate  d'acide  glycérique  précipite.  On  verse  le  tout  sur  la  glace  et  l'on  recueille 
le  précipité  sur  colon  de  verre. 

»  Purification.  —  Le  précipité  est  repris  sur  le  filtre  par  l'éther,  la  solution  lavée 
trois  ou  quatre  fois  à  l'eau  distillée  est  ensuite  évaporée.  Le  produit  est  dissous  à  plu- 
sieurs reprises  successives  dans  une  très  petite  quantité  d'eau  chaude,  puis  on  laisse 
reposer.  Après  complet  refroidissement,  on  essore  à  fond.  On  reprend  ensuite  par  très 
peu  d'élher  qu'on  lave  avec  quelques  centimètres  cubes  d'eau,  on  décante  exactement, 
puis  on  évapore  et  l'on  sèche  rapidement  dans  le  vide.  On  fait  enfin  cristalliser  par 
dissolution  dans  une  petite  quantité  d'éther  qu'on  additionne  de  2'°^  de  ligroïne,  an- 
hydres, puis  laissant  la  solution  s'évaporer.  Le  produit  cristallise  également  bien  par 
refroidissement  d'une  solution  de  benzène. 

»  Analyse.  —  Trouvé  :  C,  18, 48;  II,  2,09;  Az,  i4,46. 

»  ThéoriepourCH^OAzO-— GHOAzO^— GO-H  :  C,  18, 36;  H,  2,04  ;  Az,  14,28. 

»  Solide  blanc  cristallisant  aisément,  soluble  dans  l'eau,  l'alcool,  l'éther,  peu  soluble 
dans  le  benzène,  insoluble  dans  la  ligroïne,  le  chloroforme,  le  tétrachlorure  de  car- 
bone. Se  décompose  vers  117'*  lorsqu'il  y  est  maintenu  quelques  instants.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Fixation  anormale  da  trio xy méthylène  sur  certains 
dérivés  organomagnésiens  aromatiques.  Noie  de  MM.  M.  Tiffexeau  et 
R.  Delange,  présentée  |5ar  M.  Haller. 

«  Une  courte  Note  de  M.  V.  Grignard  sur  l'alcool  phényléthylique  pri- 
maire, parue  dans  le  dernier  Bulletin  de  la  Société  chimique,  3®  série,  t.  XXIX, 
p.  953,  nous  engage  à  communiquer  des  résultats  que  nous  avons  déjà 
obtenus  depuis  quelque  temps,  mais  que  nous  n'avions  pas  publiés,  parce 
qu'ils  sont  le  point  de  départ  d'un  travail  d'ensemble  non  encore  achevé. 

»  Nous  avons,  comme  M.  Grignard,  fait  réagir  le  trioxyméthylène  sur  le 
chlorure  de  benzyle  magnésium  et  obtenu,  comme  lui,  un  alcool  cristallisé 
possédant  les  mêmes  constantes. 

G.  R.,  1903,  2*  Semestre.  (T.  CXXXVII,  IN"  15.)  7^ 


$74  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  Si  la  réaction  se  passait  normalement,  c'est-à-dire  dans  le  sens  déjà  indiqué  anté' 
rieurement  par  P.IM.  Grignard  et  Tissier  {Comptes  rendus,  t.  GXXXIV,  p.  107),  on 
devrait  obtenir  l'alcool  phénjlélhylique  d'après  l'équation 

2G''H«—  CH^MgCl  +  2IICHO  +  tPO  =  2G«tr^—  GH-2—  GiPOH  +  MgO  +  MgGP. 
Or  l'alcool  cristallisé  que  l'on  obtient  ainsi  n'est  autre  que  l'alcool  orthotoluylique 

/GH2  0Ii(i) 

G«H*( 

\GH2(2) 

déjà  décrit  par  divers  auteurs  (Krôber,  D.  cli.  G.,  t.  XXIII,  p.  1028;  Golson,  An- 
nales  de  Chimie  et  de  Physique,  ô''  série,  t.  VI,  p.  1 15  ;  Hutchinson,  D.  ch.  G.,  t.  XXIV, 
p.  174). 

»  Get  alcool  cristallise  dans  la  ligroïne  en  aiguilles  fusibles  à  35°,  alors  que  l'alcool 
phényléthylique  pur  ne  cristallise  pas  à  —  20°,  même  en  l'amorçant  avec  le  produit 
fusible  à  35°. 

»  Notre  alcool  orthotoluylique  bout  à  ii9°-i2o"'  sous  14""™-!  5™°^  et  à  219°  à  la 
pression  ordinaire,  et  présente  ainsi  un  point  d'ébullition  très  voisin  de  celui  de  l'alcool 
phényléthylique.  Mais,  tandis  que  le  permanganate  oxyde  ce  dernier  en  donnant  de 
l'acide  benzoïque,  il  fournit  avec  notre  alcool  de  l'acide  orthotoluylique  fusible 
à  102°. 

»  Les  phényluréthanes  des  deux  alcools  ont  des  points  de  fusion  très  voisins,  celle 
de  l'alcool  orlhotoluylique  fond  à  79°,  celle  de  l'alcool  jihénylélhylique  fond  à  80°;  le 
mélange  des  deux  phényluréthanes  fond  dès  70°.  L'alcool  obtenu  est  donc  bien  l'alcool 
orthotoluylique  et  tout  s'est  passé  dans  cette  réaction  comme  si  le  dérivé  magnésien 
initial  était,  non  pas  O'W — CH-MgGl,  mais 

CGH^/GH3(x) 
\MgGl(2) 

correspondant  au  toluène  orthochloré;  cependant  c'est  bien  la  première  formule  qui 
convient  au  dérivé  magnésien  initial,  puisque,  en  soumettant  une  partie  de  ce  dérivé 
à  l'action  de  GO-,  nous  avons  obtenu  avec  un  rendement  de  60  jDOur  100  l'acide  phé- 
nylacétique  correspondant 

C^H^-  GH^MgGl  -4-  G0^+  H^O  z:=  G^H^—  GH^—  GO^H  +  MgGl(OH). 

»  Il  faut  donc  interpréter  cette  curieuse  réaction  de  la  même  façon  que  les  réactions 
classiques  de  formation  d'alcools  primaires  aromatiques  par  fixation  directe  de  HGHO 
sur  les  arylhydroxylamines,  les  phénols  sodés,  etc.  et  admettre  que  le  groupement 
GlI-MgGl  intervient  non  pas  directement  comme  dans  les  autres  réactions  au  magné- 
sium, mais  indirectement  et  de  la  même  manière  que  les  groupements  AzlIOH,  ONa 
dans  les  cas  que  nous  venons  de  citer. 

»  Il  faut  donc  écrire  la  réaction 

G«I-P-  Gll-MgGl-hHGllO  =  G"H''<^^y,j^j^^j(i)     ->     G^H-^^^j^,        ^      (2). 
»  Nous  avons  observé  que  le  composé  final  ne  fixe  pas  GO-,  mais  que  d'autre  part 


SÉANCE  DU  12  OCTOBRE  1908.  ^7^ 

n  donne  un  éther  acétique  par  action  directe  de  l'anhydride  acétique,  ce  qui  exclut  la 

formule  (I)  et  justifie  la  forn.ule(.)  ^^^  ^^^ùculiére   au  trioxymé- 

«  Nous   avons  ^^"^^«^  ^^^^/^"'//fr'''^^,,,  aldéhydes  et  cétones;  c'est  ainsi  que 
thylène  et  qu'elle  n'a  plus  heu  avec  les  au  re    -^"^^  le  „.éthylbenzylcarbinol 

le  chlorure  de  benzvlmagnésium  donne   avec  la  para  dehjde        m   j 
C«H 'ot-  CHOH  -  CH^  et  avec  l'acétone  le  diméthylbenzylcarbxnol 

C6HB_cH2-GHOH-(ClPr. 
«  Nous  nous  proposons  de  poursuivre  l'étude  de  cette  réaction  stxr  les 
divers  homologues  du  chlorure  de  benzyle.   « 

CHIMIE  ORGANIQUE.  -  Actwns  des  composés  organomagnésiens  mi.tes 
Zles  amides.  Nouvelle  méthode  de  préparaU^  de  cetones.  Note 
de  M.  Constantin  BÉis,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

^^:""lTcfL~ceUe   seconde  réaction,   qai  .'a  conduit  à  une 
nouvelle  méthode  de  préparation  de  cetones. 

^\Ac,  Ct^oU    avec  un  excès  de  composé  orgaao- 
.    Q^.a  on  n.t  -  -- ;-  ;r      n  Ihal^r^ndant  quelques  heures  au  bain- 
magnésien  mixte  (plus  de  2         et  q  ^^^,^,^^^^6  de  l'eau,  produisent  pnncipa- 

marie,  il  se  forme  des  corps  qm,  pai     action  ^'^^'^^  la  formiamide)   donne 

lement  des  cétones.   Cette  méthode  (qui  "^^/P  ^^f.f  ;:;:;: ^^  ^.i  paraissent 
dPs  rendements  qui  semblent  varier  de  20  pour  100  a  bo  poui  10  h      1^ 

'":::::.:::;:/:.•  :st::£tr;r;:f  ;.::::=....  -...  - 

quelles  R  el  R'  sont  des  radicaux  alcooliques  el  X  un  halogène  : 

/OMgX 
(^,  K_CONH=..Mg<^'=R-C--NHMgX^R'-H. 

,B-)  K-c/Sx  +  ^H-0  =  R-C^NH^H-MgX'+Mg(OH)-. 

\R'  ^P^' 

/OH 
R_C-NH^=R-C0-R'+NH3. 

^   ^  \R' 

(1)  Annales  de  Chimie  et  de  Physi<jae,  r  ^érie,  t.  XXIV,  190. 


S-jG  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»   Les  expériences  que  j'ai  faites  à  ce  sujet  et  les  résultats  obtenus  sont  les  suivants  : 
))   1.   L'acétamide  (  CIP  —  CONH"-)  avec  réthjl-bromurede  magnésium  ainsi  qu'avec 

l'éthyl-iodure   de   magnésium  (  Mg\   „  et  Mg('  |  a  donné   la   métliyléthylcé- 

tone  (CH3— CO  — OfP). 

»  2.  La  propionamide  (C-H^—  GO  NPP  )  avec  l'élhylbromure  de  magnésium  a 
donné  la  diéthylcétone  (C'^H^—  GO  —  C-W). 

»    3,    La    butyramide    (G^H''  —  GO  NH- )    avec    le   méthyliodure    de     magnésium 

/,,  //GHn     , 

(  Mgv  1  a  donne  la  propylméthylcétone  (GMl^ —  GO  — Gil').  J  en  ai  préparé  la 

semicarbazone. 

,.  ,        .       /  CH3  \ 

»  k.  L'isovaléramide  (  i  |  avecTétlivlbroniure  de  magné- 

VGIP  -  GH  -  GH2  -  GO  NH-y 

CH'' — Gii — GH- — L.(J  —  Li'n"/ 
la  semicarbazone. 

»  5.  La  benzamide  (G^H^ —  GONH^)  avec  le  méthyliodure  de  magnésium  a  donné 
l'acétophénone  (G^H^ — GO  —  GH^).  J'en  ai  préparé  la  phénylhydrazone. 

»  6.  La  benzamide  avec  l'éthj'lbromure  de  magnésium  a  donné  la  phénylélliyl- 
cétone  (G^H^ — GO  —  G^IP).  J'en  ai  préparé  la  semicarbazone. 

»  Remarque.  —  L'acétamide  ne  donne  que  de  faibles  rendements  avec  les  composés 
organomagnésiens  que  j'ai  employés.  Quant  à  la  formiamide,  elle  ne  réagit  pas  de  la 
même  façon  que  les  autres  amides. 

))  Je  poursuis  des  études  analogues  sur  les  diamides  et  les  imides  simples 
ou  substituées.  » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  les  mouvements  oscillatoires  des  Convoluta  roscoffensis. 
Note  de  M.  Georges  Bohx,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  Ces  mouvements  ont  été  observés  journellement  du  25  juillet  au 
3o  septembre,  à  Saint-Vaast-Ia-Hougue,  puis  à  Saint- Jacut-de-la-Mer. 

»  hesConçoluia,  Turbellariés  parasités  par  des  Algues  vertes,  vivent  sur 
le  rivage.  A  chaque  marée  la  mer  vient  les  recouvrir  pendant  une  durée  de 
2  heures  et  demie  (morte  eau)  à  5  heures  (grandes  marées)  ;  elles  se  meuvent 
a\orii  dans  le  sable  à  diverses  profondeurs;  quand  la  mer  se  retire,  elles 
viennent  formera  la  surface  du  sable  des  taches  d'un  vert  intense,  dont  la 
situation,  les  dimensions,  les  contours  changent  incessamment.  ; 

»  Les  mouvements  de  ces  animaux  ont  pour  résultat  d'éviter  deux 
dangers  :  l'entraînement  par  les  vagues  (nnmersion),  la  dessiccation 
(émersion).  / 


SÉANCE  DU  12  OCTOBRE  IQoS.  577 

»  I.  Mom'eraents  provoqués  par  le  choc  des  vagues.  —  Les  Convoluta  fuient 
vers  la  profondeur  en  suivant  la  verticale,  pour  remonter  dès  que  le  choc  cesse  par 
suite  du  retrait  de  la  mer. 

»  Pendant  l'émersion,  un  ébranlement  quelconque  entraîne  immédiatement  la  des- 
cente verticale.  Si  l'on  secoue  un  tube  de  verre  renfermant  au.  sable  humide  et  des 
Convoluta,  celles-ci  descendent,  pour  remonter  dès  que  Ton  cesse  de  secouer  :  elles 
forment  un  anneau  vert  dont  on  peut  suivre  aisément  les  oscillations.  Il  y  a  des  diffé- 
rences considérables  de  la  sensibilité  au  choc  suivant  les  heures  de  la  marée. 

»  Cela  tient  à  ce  que,  en  dehors  des  oscillations  provoquées,  il  y  a  des  oscillations  deve- 
nues spontanées  qui  cor respondent  rigoureusement  à  celles  de  la  marée.  Si  l'on  place 
le  lube  mentionné  dans  un  lieu  tranquille,  l'anneau  vert  monte  et  descend  alternative- 
ment, occupant  la  position  la  plus  élevée  au  moment  de  la  basse  mer,  la  position  la 
plus  basse  au  moment  de  la  haute  mer.  Le  synchronisme  a  pu  persister  en  aquarium 
pendant  i4  marées  consécutives.  Aucune  influence  extérieure  {éclairement,  oxygé- 
nation, humidité')  n'a  pu  altérer  le  rythme  acquis  :  les  oscillations  ont  lieu  aussi 
bien  la  nuit  que  le  jour;  on  peut  renverser  les  conditions  naturelles  (par  exemple 
émersion  au  lieu  d'immersion),  le  phénomène  n'est  pas  modifié. 

»  Ces  oscillations  ont  lieu  à  l'intérieur  du  sable,  mais  dès  qu'elles  ont  amené  l'animal 
à  la  surface  elles  se  poursuivent  le  long  des  pentes  sableuses.  Dans  une  cuvette,  les 
Convoluta,  qui  apparaissent  au-dessus  du  sable  à  l'heure  où  la  mer  se  retire  (un  peu 
après  en  morte  eau),  envahissent  progressivement  les  parois  obliques  jusqu'à  l'heure 
de  la  basse  mer,  pour  après  les  abandonner  de  même.  Il  y  a  là  un  dispositif  qui  per- 
mettrait de  suivre  à  Paris  les  oscillations  de  la  marée  en  n'importe  quel  point  du 
littoral. 

»  II.  Mouvements  provoqués  par  la  dessiccation.  —  Les  oscillations,  le  long  des 
pentes  sableuses,  s'observent  très  bien  sur  les  plages  :  après  le  retrait  de  la  mer,  les 
Convoluta  tendent  à  gagner  les  altitudes  les  plus  élevées,  à  s'avancer  vers  le  rivage, 
à  envahir  les  saillies.  Plus  tard,  c'est  l'inverse  :  elles  descendent  les  pentes,  vers  la 
mer  et  les  dépressions  humides.  Mais  tous  ces  déplacements  peuvent  être  influencés 
par  la  dessiccation  du  sable. 

»  Or,  la  dessiccation  est  fonction  de  l'intensité  de  l'éclairement.  Si  celui-ci  devient 
plus  intense,  les  régions  les  plus  élevées  se  dessèchent,  et  les  Convoluta  ont  tendance 
à  descendre  les  pentes  pour  gagner  les  régions  plus  humides.  Au  début  de  l'émersion, 
l'ascension  normale  de  ces  animaux  devient  plus  pénible  ;  vers  la  fin,  la  descente 
normale  est  facilitée.  Les  Convoluta  qui  descendent  les  pentes  sableuses  ensoleillées 
s'arrêtent  dès  qu'elles  ont  franchi  la  limite  d'une  ombre.  De  même  le  mouvement 
cesse  si,  pendant  la  descente,  l'éclairement  diminue  brusquement.  L'ombre  et  la  lumière 
sont  en  quelque  sorte  des  signaux  avertisseurs  :  les  Convoluta  y  obéissent  fatale- 
ment. Les  mêmes  réactions  se  produisent  encore  quand  on  supprime  artificiellement 
le  danger  de  la  dessiccation  par  une  immersion  continue  :  si  les  animaux  sont  placés 
dans  un  vase  rempli  d'eau,  on  les  voit  s'arrêter  en  bordure  de  toutes  les  ombres, 
et  dessiner  des  lignes  vertes. 

»  Il  ne  s'agit  pas  de  phototropisme.  Il  n'y  a  en  réalité  aucune  recherche  de  l'ombre 
ou   de   la   lumière.    Aucun   recul   n'a  lieu  à   la  limite    de  l'ombre    et  de  la   lumière. 


578  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Toutefois    il  n'en   est  pas  de  même  lors  de  la   sortie  du  sable,  qui  est  retardée  par 
l'éclairement. 

))  En  résumé,  les  Convoluta,  dans  les  aquariums  aussi  bien  que  dans  la 
nature,  montent  et  descendent  à  l'intérieur  du  sable  et  le  long  des  pentes 
sableuses.  Ces  mouvements  sont  oscillatoires.  A  de  grandes  oscillations 
spontanées,  synchrones  de  celles  de  la  marée,  se  superposent  de  petites 
oscillations  provoquées  par  la  dessiccation  du  sable,  ou  même  simplement 
par  les  variations  de  l'éclairement.  Ces  diverses  oscillations  ont  été 
confondues  par  Gamble  et  Keeble,  dans  un  Mémoire  qui  vient  de  paraître 
et  que  je  ne  pouvais  connaître.  Si  les  faits  sont  incomplètement  observés, 
leur  interprétation  est  inadmissible.  Un  effet  tonique  de  la  lumière  ne  peut 
produire  les  grandes  oscillations  qui  s'observent  la  nuit  avec  plus  de  netteté 
encore  que  le  jour  :  elles  sont  en  quelque  sorte  la  conséquence  du  souvenir 
du  choc  des  vagues.  D'autres  animaux  littoraux  présentent  cetfe  curieuse 
périodicité  :  telle  VHediste  diversicolor,  Annélide  qui,  en  aquarium,  sort 
du  sable  à  l'heure  où  le  flot  montcint  vient  recouvrir  l'habitat  d'origine,  m 


PATHOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  V appareil  végétatif  de  la  rouille  jaune  des 
Céréales.  Note  de  M.  Jakob  Erikssox^  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Dans  plusieurs  travaux  précédents  (^)  j'ai  émis  l'opinion  que  l'origine 
et  la  propagation  de  la  rouille  des  Céréales  ne  proviennent  pas  toujours 
de  contamination  extérieure  (spores).  Je  me  suis  alors  appuyé  d'abord  sur 
des  observations  faites  dans  les  champs  de  Céréales  et  ensuite  sur  des  cul- 
tures pures,  exécutées  en  caisses  spéciales  et  à  l'abri  des  germes  extérieurs. 
N'ayant  pu  découvrir  de  mycélium  hivernant  dans  la  plante  elle-même,  j'ai 
été  amené  à  supposer  qu'il  existait  un  germe  interne  de  la  maladie,  sous 
forme  de  plasma  de  champignon  intimement  mélangé  au  protoplasma  de  la 
plante  nourricière.  J'ai  donné  le  nom  de  mycoplasma  à  cet  ensemble.  A  un 


(^)  J.  Eriksson,  Vie  latente  et  plasmatique  de  certaines  Urédinées  {Comptes 
rendus,  1897,  i*='"  mars,  p.  157).  —  Principaux  résultats  des  recherches  sur  la 
rouille  des  Céréales  {Resnie  générale  de  Botanique,  t.  X,  1898,  p.  33).  —  Der 
heutige  Stand  der  Petreiderostf rage  {Ber.  d.  deutsch.  Bot.  Ges.,  Heft  III,  p.  i83, 
Berlin,  1897).  —  Sur  l'origine  et  la  propagation  de  la  rouille  des  Céréales  par  la 
semence  {Ann.  d.  Se.  nat.  Bot.,  8^  série,  t.  XIV  et  XV,  Paris,  1901-1902  ). 


SÉANCE  DU  12  OCTOBRE  IQoS.  ^79 

certain  moment,  et  sous  l'action  des  agents  extérieurs,  les  deux  êtres  inti- 
mement mêlés  doivent  se  séparer,  et  j'avais  cru  devoir  considérer  certains 
«  corpuscules  spéciaux  »,  observés  en  continuité  immédiate  avec  les  fda- 
ments  des  premières  taches  à'Uredo,  comme  étant  la  forme  primordiale 
sous  laquelle  le  plasma  du  champignon  s'individualise.  Plusieurs  auteurs 
ont  émis  des  doutes  sur  la  justesse  de  cette  hypothèse  et,  tout  en  rejetant 
mon  explication  de  l'origine  du  mycélium  par  ces  corpuscules  spéciaux, 
qu'on  a  à  tort  identifiés  au  mycoplasma,  on  a  de  plus  nié  l'existence  du 
mycoplasma  lui-même.  En  outre,  le  développement  d'une  pustule  à'Uredo 
secondaire,  obtenu  par  inoculation  d'Uredo,  a  été  présenté  comme  consti- 
tuant une  objection  à  l'hypothèse  du  mycoplasma  ('). 

»  Pendant  les  deux  dernières  saisons,  avec  la  collaboration  de  M.  Georg 
Fischler,  maître  de  conférences  à  l'Université  de  Heidelberg,  j'ai  fait  de 
nouvelles  recherches  sur  cette  question.  Nous  avons  appliqué  les  méthodes 
modernes  de  fixation,  d'inclusion  et  de  coloration  (procédés  de  Flemming 
ou  de  Haidenhain).  Ces  recherches  ont  mis  en  évidence  que  mon  expli- 
cation des  corpuscules  spéciaux,  comme  étant  les  premiers  germes  mycéliens, 
n'est  pas  juste,  car  ces  corpuscules  appartiennent  à  une  phase  de  dévelop- 
pement plus  avancée,  c'est-à-dire  au  stade  oi^i  se  forment  les  suçoirs. 

))  On  peut  résumer  de  la  manière  suivante  les  principales  phases  du 
développement  de  la  rouille  du  Blé. 

»  1°  Mycoplasma.  —  Prenons  comme  exemple  le  Blé  de  Norsford,  variété  très 
attaquée  par  la  rouille  jaune.  Dès  l'arrière-saison,  et  encore  à  l'époque  où  apparaissent 
les  taches  de  la  rouille,  on  trouve  un  contenu  granuleux  et  vacuolaire  dans  certaines 
des  cellules  des  feuilles.  Le  noyau  et  les  grains  de  chlorophylle  de  ces  cellules  à  con- 
tenu granuleux  ont  cependant  conservé  leur  aspect  normal.  Ce  contenu  granuleux 
n'est  autre  que  ce  que  j'avais  appelé  mycoplasma  sans  avoir  pu  déceler  son  existence 
réelle  :  c'est  une  symbiose  intime  entre  le  protoplasma  de  l'hôte  et  celui  du  Cham- 
pignon. En  effet,  dans  la  fixation  et  la  coloration  au  Flemming,  le  Mycoplasma  prend 
une  nuance  violette. 

»  Pendant  la  période  hivernale  le  Blé  ne  contient  que  cette  forme  du  parasite,  sans 
aucune  trace  de  mycélium. 

»  2°  Protomycélium.  —  A  l'époque  où  apparaissent  les  premières   taches  de  la 


(1)  H.  Marshall  Ward,  On  thc  histology  of  Uredo  dispersa  Erikss.,  and  the 
a  niycoplasm  »  hypotliesis  {Pliil.  Trans.  of  ihc  Roy.  Soc.  of  London,  ser.  B, 
Vol.  CXCVI,  p  29-46,  London,  1908;  read  mardi  12,  190.5).  —  Jakob  Friksson, 
The  researches  of  Prof  essor  H,  Marshall  Ward  un  the  brow/i  rust  on  Lhc  brows 
and  the  my  copias  m  hypothesis  {K.  Svenska  Vet.-Acad.,  Arki<>'  for  Botanik,  Bd.  I., 
p.  189-146,  Stockholm,  1900;  read  may  f3,  1900 ). 


58o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

rouille  jaune,  et,  en  Suède,  c'est  en  général  au  mois  de  juin,  on  trouve  une  masse 
plasmique  qui  établit  des  communications  entre  des  rangées  de  taches  à^Uredo  :  tantôt 
cette  masse  plasmique  rampe  comme  des  filaments  entre  les  cellules  de  l'hôte;  tantôt 
elle  occupe  complètement  les  méats  intercellulaires. 

»  Dans  cette  seconde  phase,  qui  pourrait  être  appelée  phase  du  protomycélium, 
on  ne  trouve  pas  encore  de  cloisons  transversales,  dans  les  filaments  mjcéliens.  Tout 
d'abord  on  n'observe  pas,  dans  la  masse  plasmique,  de  noyaux  distincts,  mais  seu- 
lement certains  granules  agrandis  et  se  colorant  d'une  façon  plus  intense.  Plus  tard, 
on  remarque  de  gros  nucléoles  bien  nets,  assez  nombreux,  qui,  dans  les  colorations 
au  Flemming,  prennent  le  rouge  et  s'entourent  d'une  auréole  claire.  Dans  les  cellules 
de  la  feuille  qui  touchent  à  ce  protomycélium,  on  trouve  une  hypertrophie  maladive 
du  noyau,  lequel  finit  par  occuper  une  partie  relativement  considérable  de  la  cellule. 
Il  est  à  supposer  que  ce  phénomène  est  dû  à  une  sécrétion  du  filament  mycélien 
voisin.  C'est  dans  cette  phase  que  les  suçoirs  commencent  à  apparaître. 

»  D'après  les  investigations  qui  précèdent,  on  doit  admettre  forcément  que  le  proto- 
mycélium intercellulaire  dérive  du  mycoplasma  intracellulaire,  bien  que  certains 
détails  dans  la  transition  entre  les  deux  formes  ne  soient  pas  encore  suffisamment 
décrits. 

»  3°  Mycélium  et  pseudoparenchyme.  —  Dans  cette  troisième  phase,  qui  corres- 
pond à  la  forme  mycéllenne  parfaite,  les  nucléoles  du  protomycélium  disparaissent, 
des  cloisons  se  forment,  et,  après  une  division  répétée,  il  s'organise  un  pseudoparen- 
chyme. Les  cellules  de  la  feuille  de  Blé,  enfermées  dans  le  pseudoparenchyme,  sont 
peu  à  peu  détruites.  Tout  d'abord,  les  grains  de  chlorophylle  se  désagrègent  et  se 
réunissent  pour  constituer  ensuite  une  masse  compacte  au  milieu  de  la  cellule.  Enfin 
les  cellules  attaquées  de  la  feuille  de  Blé  se  contractent  et  forment  des  corps  irréguliers, 
présentant  quelquefois  l'aspect  d'étoiles,  et  se  colorant  en  rouge  par  le  Flemming. 

»  4°  Hyméniuin.  —  Enfin,  quatrième  phase,  le  pseudoparenchyme  donne  nais- 
sance, comme  on  sait,  à  un  hyménium  sporifère.    » 


BOTANIQUE.  —  Nécessité  d'une  symbiose  microbienne  pour  obtenir  la 
culture  des  Myxomycètes.  Note  de  M.  Pixoy,  présentée  par  iM.  Gaston 
Bonnier. 

((  Dans  une  première  série  de  recherches  ('),  m'étant  adressé  aux 
Myxomycètes  endosporés,  j'ai  montré  que,  si  l'on  ensemence,  en  prenant 
toutes  les  précautions  nécessaires,  des  spores  pures  soit  de  ChonJrioderma 
difforme,  soit  de  Didymlum  effusam,  même  sur  une  macération  de  bois 
gélosée,  on  n'obtient  aucun  développement.  Si,  au  contraire,  on  ajoute  des 
bactéries,  on  obtient  successivement  la  germination  de  la  spore,  la  forma- 

(*)  Bull,  de  la  Soc.  mycol.  de  France  (t.  XVIII,  3«  fasc.) 


SÉANCE   DU    12    OCTOBRE    IQoS.  58l 

tion  des  myxamibes,  du  plasmode  et  de  l'appareil  sporifère.  L'une  de  ces 
bactéries  (le  Bacillus  luteus  de  Flùege),  s'est  montrée  la  plus  favorable. 

»  Dans  une  deuxième  série  de  recherches,  j'ai  pris  comme  sujet  d'études 
une  Acrasiée,  \e  Dictyostelium  mucoroides,  et  mes  premiers  résultais  ont  été 
communiqués  à  la  Société  de  mycologie,  à  la  séance  du  7  juin  igoS  (*). 

»  Depuis,  M.  Vuiilemin  a  présenté  à  l'Académie  des  Sciences  (séance 
du  10  août  igoS),  une  Note  sur  une  Acrasiée  bactériophage  qui  est  le 
Dictyostelium  mucoroides . 

»  Poursuivant  l'étude  que  j'avais  entreprise,  j'ai  adopté  une  technique  offrant  pour 
les  résultats  obtenus  une  sécurité  que  l'on  ne  trouve  pas  dans  les  expériences  anté- 
rieures. Ayant  obtenu  des  cultures  pures  (2)  du  Dictyostelium  mucoroides  avec  une 
variété  du  Bacillus  fluorescens  liquefaciens  de  Flugge,  ne  se  développant  pas  à  la 
température  de  87",  je  les  ai  chauffées  à  la  température  de  5o"  pendant  j  heure.  Dans 
ces  conditions  la  bactérie  est  tuée,  ce  dont  on  s'assure  d'ailleurs  par  un  ensemencement 
en  bouillon  ordinaire,  et  l'on  a  ainsi  des  spores  rigoureusement  pures. 

»   Ces  spores  ensemencées  seules  ne  germent  jamais. 

»  Elles  ne  germent  qu'à  partir  du  moment  où  on  leur  adjoint  une  espèce  bacté- 
rienne convenable.  Cette  méthode  permet  d'établir  ainsi,  d'une  façon  rigoureuse,  qu'un 
grand  nombre  de  bactéries  peuvent  permettre  d'obtenir  le  développement  du  Dictyo- 
stelium mucoroides  en  dehors  de  la  variété  du  B.  Jluorescens  liquefaciens  de  Flugge  ; 
tels  sont  tous  les  bacilles  fluorescents,  le  Microbacillus  prodigiosus,  le  Bacillus  coli 
commuais,  etc.  Le  développement  est  plus  ou  moins  abondant,  suivant  l'espèce  de 
bactérie  mise  en  symbiose. 

»  On  peut  remarquer  que  le  Dictyostelium  mucoroides  doit  la  teinte  jaunâtre 
feuille  morte  qu'il  prend  en  vieillissant  aux  bacilles  fluorescents.  C'est,  en  effet,  le  pig- 
ment de  ces  bactéries  qui  colore  le  mucus  entourant  les  spores. 

))  D'autre  part,  avec  le  microbacillus  prodigiosus,  on  obtient  des  têtes 
sporifères  d'un  blanc  laiteux  mais  très  légèrement  rosé.  Il  est  certain  qu'il 
n'est  pas  indifférent,  pour  la  morphologie  de  l'Acrasiée,  queleMyxomycèle 
soit  associé  avec  telle  ou  telle  bactérie. 

»  Certaines  espèces  d'Acrasiées,  décrites  comme  distinctes  à  cause  de 
leur  couleur,  devront  sans  doute  être  considérées  comme  appartenant  à 
une  même  espèce  associée  à  des  bactéries  chromogènes  différentes.  » 


(1)  Bull,  de  la  Soc.  mycol.  de  France  (t.  XIX,  S''  fasc.) 

(2)  Nos  cultures  sont  faites  sur  carottes  stérilisées.  Les  carottes  ont  été  préalable- 
ment mises  à  tremper  dans  de  l'eau  ammoniacale,  puis  lavées  à  grande  eau. 


G.  R.,  1903,    2'  Semestre.  (T.  CXXXVTI,  N°  15.)  77 


582  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


MINÉRALOGIE.  —  Sur  une  nouvelle  espèce  minérale . 
Note  de  M.  A.  Lacroix,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

«  J'ai  donné  l'an  dernier  (')  une  description  préliminaire  d'un  nouveau 
minéral,  que  j'ai  désigné  sous  le  nom  de  grandidièrite,  et  dont  j'avais 
trouvé  un  fragment  parmi  quelques  roches  rapportées  du  sud  de  Mada- 
gascar par  M.  Alluaud.  Depuis  lors,  grâce  aux  recherches  de  M.  le  com- 
mandant Blondlat,  le  gisement  de  la  substance  a  pu  être  retrouvé  et  je  suis 
à  même  d'en  donner  l'étude  complète. 

))  La  grandidiérite  est  un  élément  d'une  pegmatite  des  falaises  d'Andra- 
homana,  près  de  Fort-Dauphin,  à  l'extrême  sud  de  Madagascar.  Elle  y  est 
accompagnée  par  du  quartz,  de  Torthose  et  du  grenat  almandin.  Elle  forme 
de  grands  cristaux,  atteignant  8*=°^  de  longueur  et  ne  présentant  pas  d'autres 
formes  géométriques  que  deux  plans  de  clivage  rectangulaires,  inégale- 
ment faciles,  faisant  partie  de  la  zone  d'allongement.  Ces  cristaux  englobent 
pœcilitiquement  tous  les  autres  éléments  de  la  roche. 

»  La  couleur  de  la  grandidiérite  est  le  vert  bleuâtre.  Son  éclat  est  vitreux,  un  peu 
nacré  sur  le  clivage  le  plus  facile  /i'(ioo).  Le  minéral  est  orthorhombique.  En  lumière 
polarisée  parallèle,  l'extinction  se  fait  en  efTet  parallèlement  à  l'axe  vertical  dans  la 
zone  comprenant  les  deux  clivages  et  parallèlement  à  la  trace  de  ceux-ci  dans  la  sec- 
tion jo(ooi)  perpendiculaire  à  l'axe  vertical;  les  trois  axes  de  l'ellipsoïde  optique  sont 
respectivement  perpendiculaires  aux  clivages  A*,  g'^  et  à/>. 

»  Le  plan  des  axes  optiques  est  parallèle  à/>;  la  bissectrice  aiguë  est  négative  et  per- 
pendiculaire à  A'.  Les  indices  ont  été  mesurés  par  la  méthode  de  la  réflexion  totale 
(réfractomètre  Klein),  à  l'aide  de  plaques  normales  aux  bissectrices. 

//^.  =1,6385     (Na), 
n,n^=.  1 ,636o, 
n p  =  1 ,6oi8, 
d'où 

Ufr  —  «^j  =0,0867         et         2V=:3o°i6'. 

»  La  mesure  directe  de  l'écartement  des  axes  m'a  fourni  : 

2E=:49°3o'  d'où  2V=:29°4o'. 

»  La  dispersion  p  -<  <•  est  très  forte  [2E  r=  62° (Th.)]. 

»  Le  caractère  distinctif,  qui  a  tout  d'abord  appelé  mon  attention  sur  ce  minéral  et 

(\)  Bull.  Soc.  miner,  de  France,  t.  XXV,  1902,  p.  85. 


SÉANCE  DU  12  OCTOBRE  IQoS.  583 

m'a  montré  qu'il  ne  correspondait  à  aucune  espèce  connue,  réside  dans  les  phéno- 
mènes d'absorption  qu'il  présente.  Le  pléochroïsme  est,  en  effet,  extrêmement  intense 
dans  les  teintes  suivantes,  avec  Hp  >-  tig  >•  n,a  : 

Plaques  de  o-^^jS.  Plaques  de  o°"",o2. 

Ug.  —  vert  foncé.  vert  bleuâtre  pâle. 

/i„j=::  incolore.  incolore. 

iip  =rbleu  vert  foncé.  bleu  vert. 

»  Au  point  de  vue  de  son  diagnostic,  dans  les  lames  minces  de  roches,  il  faut  donc 
retenir  que  la  grandidiérite  est  incolore  suivant  la  direction  d'allongement  et  forte- 
ment colorée  transversalement  à  celle-ci. 

»  Il  était  à  prévoir  qu'un  minéral  possédant  un  semblable  pléochroïsme  devait  pré- 
senter le  phénomène  des  houppes.  J'ai  donc  fait  tailler  des  plaques  perpendiculaires  à 
un  axe  optique;  on  constate  dans  celles-ci  deux  houppes  bleues  sur  un  fond  blanc;  le 
phénomène  est  aussi  net  que  pour  l'épidote  et  l'andalousite;  à  l'inverse  de  tous  les 
minéraux  idiocjclophanes  connus,  la  grandidiérite  a  un  écartement  des  axes  optiques 
faible,  aussi  les  houppes  sont-elles  déjà  visibles  dans  les  plaques  perpendiculaires  à  la 
bissectrice  aiguë,  quand  on  les  incline  suffisamment. 

»  La  densité  est  de  2,99.  Le  minéral  est  infusible  au  chalumeau,  inattaquable  par 
les  acides.  L'analyse  suivante  a  été  faite  par  M.  Pisani  sur  une  substance  que  j'ai  pu- 
rifiée par  des  séparations  répétées  à  l'aide  de  l'iodure  de  méthylène.  Le  bore,  le  fluor 
et  le  titane  y  ont  été  recherchés  sans  succès  : 

Rapports  moléculaires. 

SiO- 20,90  0,348 

Al^O^ 52,80  o,5i8  1       .. 

Fe-O^ 6,60  o,oZii   i     '     ^ 

.     FeO 4,86  0,068  1 

MgO 9,65  0,241  y  0,347 

CaO 2,10  o,o38  ) 

Na-0 2,22  o,o35  1 

K^O 0,40  o,oo4  [  0,106 

H^O 1,25  0,067  i 

100,78 

»   Cette  analyse  conduit  à  la  formule 

7SiOS  T I  (Al,  Fe)^-0%  ;^(Mg,  Fe,  Ca)0,  2(Na,  R,  11)^0. 

La  grandidiérite  est  donc  Fiin  des  plus  basiques  des  silicates  connus;  elle 
vient  prendre  place  au  voisinage  de  la  saphirine  et  de  la  staurotide  pour 
laquelle  M.  Friedl  a  proposé  une  formule  analogue  à  celle  que  je  donne 
plus  haut 

iiSiOS  i2(Al,Fe)^0%6(Fe,Mg)0,2H-0. 


584  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

»  Les  propriétés  optiques  de  ces  deux  minéraux  sont  d'ailleurs  tout  à 
fait  différentes. 

»  Malgré  la  résistance  aux  agents  chimiques  de  nos  laboratoires,  la 
grandidiérite,  de  même  que  les  silicates  du  groupe  auquel  elle  appartient, 
se  décompose  assez  facilement  dans  la  nature;  elle  se  transforme  alors  en 
une  substance  verte,  fibro-lamellaire,  paraissant  se  rapprocher  du  kryplotile 
qui  épigénise  la  prismatine  de  Waldheim;  elle  existe  en  trop  petite  quantité 
dans  mes  échantillons  pour  qu'il  m'ait  été  possible  de  l'isoler  et  de  l'étudier 
plus  complètement.  » 

GÉOLOGIE.   —  Sur  le   Turomen  d' Ahou-Roach  {Egypte).   Noie 
de  M.  R.  FouRTAU,  présentée  par  M.  Albert  Gaudry. 

«  Parmi  les  étages  du  Crétacique  supérieur  de  l'Egypte,  le  ïuronien  est 
celui  qui  est  le  plus  diversement  interprété  par  les  différents  savants  qui 
se  sont  occupés  de  cette  partie  de  la  géologie  égyptienne.  Gela  tient  sur- 
tout à  ce  que  les  dépôts  de  la  mer  Turonienne  en  Egypte  ne  sont  pas  tou- 
jours très  faciles  à  séparer  du  Cénomanien  supérieur  et  cela  principalement 
dans  le  désert  arabique  et  au  Sinaï;  j'ajouterai  même  que  la  localité  type  du 
Turonien  d'Egypte,  le  massif  d'Abou-Roach,  n'a  pas  toujours  été  interprété 
exactement. 

Tout  récemment  encore  MM.  Edgar  Dacqué  (*)  et  Beadnell  (-)  ont 
attribué  au  Génomanien  les  strates  inférieures  de  ce  massif  que,  dans  une 
Note  à  l'Académie  (^),  j'avais  déjà  formellement  attribuées  au  Turonien. 
Depuis  cette  Note,  j'ai  eu  l'occasion  défaire  de  nombreuses  récoltes  de  fos- 
siles à  Abou-Roach,  et  je  crois  utile  de  signaler  à  l'Académie  les  caractères 
du  Turonien  de  cette  contrée  et  ses  rapports  avec  les  autres  contrées  de 
la  région  méditerranéenne. 

»  Nous  pouvons  diviser  le  Turonien  fossilifère  d'Abou-Roach  en  trois 
zones  bien  distinctes,  tout  en  laissant  décote  les  grès  et  marnes  sans  fossiles 
qui  constituent,  la  couche  a  et  è  de  ma  précé  lente  Note  sur  le  massif. 


(1)  Edgar  Dacqué,  Mittheilungen    uber   den    Kreidecomplex   von   Abu  Roash. 
{Paleonlographica,  XXX.  Stultgard,  1908.) 

(2)  HuGU.-J.  L.  Beadnell,   The  Cretaceous  région  of  Abu  Roash  {Geological  Sur- 
vey  Report.  Le  Caire,  1902.) 

(3)R.    FouRiAU,    Sur    Le  Crétacé  du  massif  d'Abou  Roach  {Comptes    rendus, 
t.  CXXXI,  p.  629.) 


SÉANCE  DU  12  OCTOBRE  IQoS.  585 

i)  A.  Une  zone  inférieure  à  Echinides  et  Radiolites  comprenant  les  couches  c  à  e. 
»   B.  Une  zone  moyenne  assez  pauvre  en  fossiles  comprenant  les  couches/ à  y. 
»   C.   Une   zone    supérieure   à   Biradiolites,  Actéonelles  et  Nérinées  comprenant  les 
couches  A'  à  m. 

»  MM.  Dacqué  et  Beadnell  ont  attribué  la  zone  inférieure  au  Cénoma- 
nicn,  et  M.  Dacqué  hésite  à  ne  pas  comprendre  dans  ce  même  étage  une 
pi;rtie  de  la  zone  moyenne.  Mais,  tandis  que  la  description  stratigraphique 
de  M.  Beadnell  est  simplement  appuyée  sur  une  liste  de  fossiles,  M.  Dacqué 
a  décrit  et  figuré  ceux  qu'il  avait  entre  les  mains.  Je  puis  donc  discuter 
son  opinion. 

»  M.  H.  Douvillé  a  bien  voulu  examiner  et  déterminer  les  rudistes  de  la 
zone  inférieure  ;  il  y  a  reconnu  :  Prœradiolites  sp.  n.  Biradiolites  runaencis 
Choffat  et  Radiolites  Peroni  Choïhi  :  d'après  M.  Dacqué,  cette  même  zone 
renfermerait  :  Radiolites  gaensis  sp.  n.  Dacqué,  Sphœndites  Peroni  Choiîàl, 
Sphœrulites  sp.  Il  est  donc  incontestable  que  c'est  Radiolites  Perorii 
{  =  Sphœndites  Peroni)  Chofûit  qui  a  déterminé  la  conviction  de 
M.  Dacqué.  Or  il  résulte  des  travaux  récents  de  M.  P.  Choffat  ('  ),  qu'une 
partie  des  couches  du  Portugal,  qu'il  avait  tout  d'abord  attribuées  au  Céno- 
manien  supérieur,  doivent  être  attribuées  au  Turonien,  et  ce  sont  précisé- 
ment celles  qui  contiennent  i?.  Peroni.  L'opinion  que  je  soutenais  était  donc 
bien  fondée. 

»  En  ce  qui  concerne  la  zone  moyenne,  je  dois  ajouter  aux  fossiles  que 
je  citais,  il  y  a  trois  ans,  Go/iiopygus  Peroni  Thomas  et  Gauthier  et  Ceri- 
thium  Sancti  Arromani  Th.  et  Gauth.  qui  sont  bien  caractéristiques  du 
Turonien  de  la  Tunisie. 

»  Quant  à  la  zone  supérieure  à  .9fVa(//o/<'/e5  cornu  pastoris  d'Orb.,  Tro- 
chaetœon  Salomonis  Frass  et  Nerinea  Requieniana  d'Orb.,  je  n'ai  rien  à 
ajouter,  tout  le  monde  étant  d'accord  pour  l'attribuer  au  Turonien. 

))  La  zone  inférieure  et  la  zone  moyenne  ont  les  plus  grandes  affinités 
avec  le  Turonien  inférieur  de  la  Tunisie  et  du  Portugal,  malgré  l'absence 
du  faciès  à  Céphalopodes.  Comme  en  Tunisie,  se  sont  les  Cypfiosoma  et  les 
Periaster  qui  prédominent  dans  la  faune  échinitique,  de  même  que  les 
Ostreidœ  sont  très  rares;  enfin  Cerithiuni  Sancti  Arromani  est  un  fossile 
bien  caractéristique  de  cette  formation;  quant  aux  Rudistes  ils  sont  les 
mêmes  qu'en  Portugal. 

(^)  P.  Choffat,  Les  progrès  de  la  connaissance  du  Crétacique  supérieur  du 
Portugal  {Compte  rendu  du  VIIF  Congrès  géologique  international.  Paris,  1901). 


586  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

»  En  ce  qui  concerne  la  zone  supérieure,  il  y  a  peu  d'analogie  avec  la 
Tunisie,  et,  quoique  la  faune  soit  bien  voisine  de  celle  du  Turonien 
supérieur  du  Portugal,  c'est  plutôt  vers  l'est  qu'il  faut  chercher  ses  véri- 
tables affinités.  C'est  en  effet  aux  environs  de  Jérusalem,  dans  les  calcaires 
siliceux  (Missih)  de  l'Ouady  Jos,  que  nous  retrouvons  la  même  faune, 
Tr.  Salojnonis  et  A'^.  Requieniana  accompagnés,  d'après  Fraas,  par  Bira- 
dioUtes  Mortoni  Mantell,  qui  est  parfois  bien  difficile  à  distinguer  de  Bir. 
cornu  pastoris. 

))  Il  est  certain  que  la  zone  inférieure  appartient  au  sous-étage  Ligérien 
et  la  zone  supérieure  représente  l'Angoumien,  mais  il  est  difficile  d'attri- 
buer à  l'un  de  ces  sous-étages  les  couches  de  la  zone  moyenne,  vu  leur 
pauvreté  en  fossiles.  » 

M.  E.  FuAiciiET  adresse  une  Note  intitulée  :  «  Études  sur  les  déforma- 
tions élastiques  d'un  barreau  d'acier  soumis  à  la  traction  ». 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique.) 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 

M.   B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  28  septembre  1908. 

Exposition  universelle  internationale  de  1900  :  Rapport  général  administratif 
et  technique,  pai'  M.  Alfred  Picard.  T.  V.  Paris,  i  vol.  in-4°. 

Observatoire  d'Abbadia:  Observations  faites  au  cercle  méridien  en  1901. 
Paris,  1908;  I  vol-  in-4°. 

Travaux  du  laboratoire  de  Géologie  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Grenoble; 
t.  VI.  Grenoble,  1902;  i  vol.  in-S". 

Bulletin  de  la  Société  de  l' Industrie  minérale,  4^  série,  t.  II,  3«  livraison,  1908; 
Sainl-Elienne,  i  vol.  in-8°  avec  allas  de  11  planches. 

Notes  sur  quelques  Apocynacées  laLicifères  de  la Jlore  du  Congo.  Bruxelles,  lyoS; 
\  broch.  in-8°. 

Description  des  L'chinides  crétacés  de  lu  Belgique,  année  1908.  Bruxelles,  1  vol, 
in-4°. 


SÉANCE  DU  12  OCTOBRE  igoS.  587 

Annales  de  la  Société  géologique  de  Belgique,  t.  XXV  bis,  1^  livraison .  Liège,  1901  ; 
I  vol.  in-4°. 

Verôffentlichungen  der  grossherzôglichen  Sternwarte  zu  Heidelberg,  Karisruhe, 
1908  ;  I  vol.  in-4°. 

Mitteilungen  der  grossh.  Sternwarte  zu  Heidelberg.  Karlsi^uhe,  igoS;  i  broch. 
in-8°. 

Observations  made  at  the  Hong-Kong  observatory ,  in  the  year  1902.  Hong- 
Kong,  1908  ;  I  vol.  in-4°. 

Exposicion  apacanonatan  ed  inpanallo  ed  baley  na  Luisiana  agaoen  ed  ciudad 
na  San  Luis  diad  Estados-U nidos  no  taong  ia  Arapen  ed  igo^;  Manila,  1908  ;  5  vol. 
divers  in-8°. 

Annalen  der  Physik,  n°  11,  1908.  Leipzig,  1908;  i  vol,  in-8°. 

Jahrbuch  fiir  das  Eisenhutten-Wesen.T)vL?,'3(à\àovi,  1908;  i  vol.  in-8°. 

Bergens Muséums  aarbog  1908.  Bergen,  1908;  i  vol.  in-8°. 

De  veris  geonietriœ  intégrée  principiis  contra  geometras  euclideos  siniul  et 
no  ne  uc  l  ideos.  Zagi'nhix,  1908;  i  broch.  in-8°. 

Lefnadsteckningar  Ôfver  kungl.  svenska  vetenskaps  akademiens.  Band  IV, 
Hafle  3.  Stockholm,  1908  ;  i  broch.  in-8°. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  5  octobre  1908. 

La  Chimie  physique  et  ses  applications,  huit  leçons  faites  sur  l'invitation  de  l'Uni- 
versité de  Chicago  du  20  au  24  juin  1901,  par  J.-H.  van't  Hoff;  Ouvrage  traduit  de 
l'allemand  par  A.  Gorvisy.  Paris,  A.  Hermann,  1908;  x  fasc.  in-8°.  (Présenté  par 
M.  Amagat,  de  la  part  de  l'éditeur.) 

État  actuel  du  labourage  électrique,  par  Emile  Guarlxï.  (Extrait  du  journal  le 
Génie  civil.)  Paris,  1908;  i  fasc.  in-8°. 

Germination  de  Vascospore  de  la  truffe,  par  M.  Emile  Boulanger.  Rennes,  imp. 
Oberthur,  1908;  i  fasc.  in-4°-  (Hommage  de  l'auteur.) 

Parallèles  euclidiennes,  par  Commolet.  (Ex.tr.  de  la  revue  l'Enseignement  inathé- 
niatique,  5''  année,  n^S.)  Paris,  C.  Naud,  1908;  i  fasc.  in-S". 

Pantosynthèse,  par  L.  Mirinny,  synthèse  chimique,  sommaire  abrégé,  planche  hors 
texte.  Paris,  imp.  Marquet,  1908;  i  fasc.  in-12.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Ze  Z)e('o/r^  revue  des  questions  sociales.  Directrice  :  M'"'' V^''  Godin;  t.  XXVII,  sep- 
tembre 1908.  Familistère  de  Guise,  Aisne  ;  i  fasc.  in-4''. 


On  convergents  and  arithmetical  séries,  the  ratio  of  whose  terms  approximate 
successively  the  value  of  iz;  and  on  Iheir  application  to  the  construction  of  Com- 
puting machines,  by  F.-L.-O.  Wadsworth.  (Extr.  de  The  Journal  of  the  Franklin 
Institute,  août  1908.)  Philadelphie;  i  fasc.  in-S". 

On  the  aberration  of  the  concave  grating,  when  used  as  an  objective  spectro- 
scope,  by  F.-L.-O.  Wadsworth.  (E\.tr.  de  The philosophical Magazine,  juillet  1908.) 
Londres,  Taylor  et  Francis;  i  fasc.  in-8°. 


588  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

California  and  Mexican  seeds,  bulbs  and  plants;  tlie  Orcutt  seed  and  plant 
Company.  San-Diego,  Californie;  i  fasc.  in- 8".  (Catalogue.  ) 

Almanach  der  kaiserlichen  Akadeniie  der  Wissenschaften,  Jahrgang  LU,  1902. 
Vienne,  1902;  i  vol.  in-12. 

DenkschrifLen  der  kaiserlichen  Akadeniie  der  Wissenschaften,  matematisch- 
natiirwissenschaftliche  Classe ;Bà.  LXXII,  1902;  mit  4^  Tafeln,  71  Textfiguren  und 
j  Karte.  Vienne,  1902;  i  vol.  in-4*'. 

Sitzungsberichte  der  kaiserlichen  Akadeniie  der  Wissenschaften,  nialheniatisch- 
naturwissenschaftliche  Classe;  Bd.  CXI.  Abtheil.  I,  Hefle  4-9;  Ablheil.  II  «,  Hefle 
5-10;  Ablheil.  II  b,  Hefte  4-10;  Abtheil,  III,  Hefle  1-10.  Vienne,  1902;  18  fasc.  in-8°. 

Register  zu  den  Bânden  106  bis  110,  1897-1901,  der  Sitzungberichte  der  mathe- 
matisch-natnrwissenschaftlichen  Classe  der  kaiserlichen  Akadeniie  der  Wissen- 
schaften, XV.  Vienne,  J902;  1  fasc.  in-8". 

Mittheiliingen  der  Erdbeben-Conimission  der  kaiserlichen  Akadeniie  der  Wissen- 
schaften in  Wien;  neue  Folge,  X-XIII.  Vienne,  1902;  4  fasc.  in-8°. 

Bihang  till  kongl.  Svenska  VeLenskaps- Akadeniiens  Jlandlingar ;  Bd.  XVIII, 
af.  1-4.  Slockholm,  1908;  4  fasc.  in-8''. 

Kungliga  Svenska  Vetenskaps- Akadeniiens  Handlingar ;  ny  foljd,  Bd.  XXXVI; 
XXXVII,  n°«  1-2.  Stockholm,  1902-1908;  1  vol.  et  2  fasc.  in-4°. 

Détermination  des  corrections  du  réseau  employé  depuis  l'année  iSgS  pour  les 
mesures  astrophoto graphiques  à  L'observatoire  de  Stockholm.  (  Astronomiska  iaktta- 
gelser  och  udersôkningar  anstalda  pa  Stockholms  observatoriuni,  utgifna  af  Karl 
BoHLiN  ;  Bd.  VI,  n°  5.)  Stockholm^   1908;  i  fuse.  in-8°. 

Observations  météorologiques  suédoises,  publiées  par  l'Académie  royale  des 
Sciences  de  Suède,  ex.écutées  et  rédigées  sous  la  direction  de  l'Inslilut  central  de  Mé- 
téorologie; vol.  XLII,  1900.  Slockholm,  1908;  1  vol.  in-4°. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉ4NCE   DU    LUNDI    19   OCTOBRE  1905, 

PRÉSIDENCE  DR  -M.  ALBERT  GAUDRY. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président  annonce  à  l'Académie  que,  en  raison  de  la  séance 
publique  annuelle  des  cinq  Académies  qui  doit  avoir  lieu  le  lundi  26  oc- 
tobre, la  séance  hebdomadaire  de  l'Académie  des  Sciences  sera  remise  au 
mardi  27  octobre. 


CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Sur  l'état  du  carbone  vaporise; 
par  M.  Berthelot. 


«  On  sait  que  les  lampes  électriques  à  incandescence  renferment  un  fil 
de  carbone  amorphe,  obtenu  par  la  calcination  d'un  filament  végétal,  et 
que  ce  fil  porté  au  rouge  blanc,  dans  le  vide,  par  le  courant  électrique, 
fournit  une  trace  de  vapeur  de  carbone,  dont  la  condensation  aux  parois, 
poursuivie  pendant  toute  la  durée  de  la  lampe,  c'est-à-dire  pendant  600  à 
800  heures,  dans  la  plupart  des  cas,  finit  par  former,  à  la  surface  intérieure 
de  la  lampe,  un  enduit  brun,  qui  en  détermine  l'obscurcissement  graduel. 
Il  m'a  semblé  de  quelque  intérêt  d'examiner  l'état  de  ce  carbone  vaporisé 
à  la  plus  basse  température  possible  et  de  le  comparer  avec  les  états  connus 
du  carbone  :  diamant,  graphites  divers  (*),  carbone  amorphe. 


(1)  Pour  éviter  toute  confusion,  je  rappellerai  que  j'ai  réservé  en  1870  le  nom  de 
graphites  aux  variétés  de  carbone  susceptibles  d'être  transformées  en  oxydes  graphi- 
tiques correspondants,  dont  les  propriétés  indiquent  d'ailleurs  l'existence  de  plusieurs 
graphites  différents.  Cette  distinction  n'avait  pas  été  faite  auparavant  et  l'application 
C.  R..  ioo3,  2»  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N-  16.)  7* 


Sgo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  J'ai  joint,  à  l'étude  du  carbone  vaporisé,  celle  du  carbone  qui  l'avait 
fourni  ;  je  veux  dire,  d'une  part,  celle  des  fils  après  une  incandescence 
prolongée  et  aussi  après  une  courte  incandescence;  ces  actions  n'ayant  pas 
dépassé  la  température,  relativement  modérée  et  que  l'on  peut  estimer 
de  1200°  à  i5oo°,  mise  en  jeu  dans  un  éclairage  accompli  à  l'aide  d'un 
courant  de  70  à  8o^"'*%  sans  pousser  la  destruction  des  filaments  jusqu'à 
une  volatilisation  finale,  brusque  et  presque  totale. 

»  Cette  réserve  est  nécessaire;  car  dans  l'arc  électrique  la  température 
est  beaucoup  plus  élevée  et  le  carbone,  quel  qu'en  soit  l'état  initial,  se 
transforme  rapidement  en  graphite  ('),  au  pôle  négatif.  La  température 
produite  par  la  combustion  du  carbone  dans  le  dard  d'un  chalumeau  à 
oxygène  pur  suffit  pour  produire  le  même  changement,  avec  beaucoup 
moins  d'intensité  à  la  vérité  (-). 

»  Carbone  vaporisé.— Y o\ci  comment  j'ai  opéré  :  j'ai  rassemblé  un  certain  nombre 
de  lampes  à  peu  près  épuisées  (6  lampes  de  10  bougies  —'j6^°^^^),  et  tapissées  de 
carbone  condensé;  sans  avoir  subi  cependant  une  destruction  totale,  accompagnée  de 
températures  excessives.  J'ai  détaché  la  douille  de  chaque  lampe,  j'ai  enlevé  les  por- 
tions de  filament  inaltérées,  et  retournant  la  lampe  ovoïde,  j'ai  versé  dans  son  fond 
quelques  centimètres  cubes  d'acide  azotique  monohydraté  pur;  puis  j'y  ai  incorporé 
du  chlorate  de  potasse  porphyrisé.  Le  tout  a  été  mis  en  digestion  sur  un  bain  de  sable 
fortement  chauffé,  pendant  quelques  heures.  Une  portion  de  l'enduit  carboné  s'est 
dissous  et  j'ai  pu  alors,  avec  une  baguette  de  verre  à  extrémité  aplatie,  détacher  le 
reste  de  l'enduit  et  le  faire  glisser  dans  le  liquide  inférieur.  Ce  traitement  ayant  été 
poursuivi  quelque  temps,  j'ai  laissé  refroidir,  ajouté  de  l'eau  distillée  pour  diluer 
l'acide,  décanté;  puis  introduit  de  l'eau  distillée  chaude,  pour  achever  de  dissoudre 
le  chlorate  de  potasse  inaltéré.  Une  portion  du  carbone  indissous  restait  au  fond  de 
chaqiie  lampe.  J'ai  réuni  dans  un  petit  matras  à  fond  plat  toutes  les  portions  de  car- 
bone provenant  des  lampes  sur  lesquelles  j'opérais;  je  les  ai  encore  lavées  par  décan- 
tation. Puis  j'ai  desséché  le  tout  à  l'étuve  et  après  refroidissement  j'ai  ajouté  de  nou- 
velles doses  d'acide  azotique  monohydraté  et  de  chlorate  de  potasse.  J'ai  chauffé  au 
bain-marie.  En  poursuivant  ces  traitements,  je  suis  arrivé,  au  bout  de  quelques  jours, 
à  dissoudre  entièrement  le  carbone  vaporisé,  sans  aucun  résidu  d'oxvde  graphitique. 

»  Il  résulte  de  ces  observations  que  la  vapeur  de  carbone  obtenue  d^ns 


du  même  nom  à  plusieurs  variétés  de  carbone  amorphe,  par  Berzélius  et  par  Regnaujt, 
avait  donné  lieu  à  beaucoup  de  confusions  et  d'équivoques.  —  Ann.  de  Ch.  et  de 
Phys.,  k"  série,  t.  XIX,  p.  899-408.  Voir  aussi  p.  4i6pour  le  charbon  métallique  et  le 
charbon  de  cornvies. 

(^)  Ann.  de  Çh.  et  de  Phys.,  4-^  série,  t.  XIX,  1870,  p.  419.— Voir  aussi  Moissan, 
Comptes  rendus,  \.  CXIX,  p.  779. 

(2)  Même  Reciieil,  4«  série,  t.  XIX,  p.  4i8. 


SÉANCE   DU    jg   OCTOBRE    igoS.  Sgi 

ces  conditions,  c'est-à-dire  à  la  plus  basse  température  possible,  ne  contient 
pas  de  graphite,  ni  de  diamant.  C'est  une  variété  de  carbone  amorphe. 

))  C'est  là,  d'ailleurs,  une  question  de  température;  car,  d'après  les 
expériences  publiées  par  M.  Moissan  (^Comptes  rendus,  t.  CXIK,  p.  779)  la 
vapeur  du  carbone  produite  sous  l'influence  de  la  température  de  l'arc 
électrique  ou  d'une  température  analogue,  avec  brusque  volatilisation 
finale,  renferme  du  graphite. 

))  Examinons  maintenant  les  filaments  non  vaporisés,  soumis  aux  mêmes 
températures  que  la  vapeur  que  j'ai  étudiée. 

»  Filaments  initiaux  ayant  subi  une  incandescence  électrique  de  courte  durée  (une 
heure  au  plus).  —  On  sait  que  ces  filaments  avaient  été  obtenus  à  Forigine  par  la 
destruction  pyrogénée  de  certaines  fibres  végétales.  Depuis  lors,  on  a  eu  recours  à 
divers  artifices  pour  les  préparer,  notamment  avec  filetage  de  cellulose  en  pâte  :  un 
grand  nombre  de  brevets  ont  été  pris  pour  cette  préparation.  Une  incandescence  élec- 
trique de  courte  durée  est  pratiquée  pour  en  faire  disparaître  toute  trace  d'hydrogène 
et  d'autres  gaz  ou  vapeurs.  Elle  ne  produit  pas,  d'ailleurs,  dans  ces  conditions  de 
durée,  de  vapeur  de  carbone  appréciable,  si  la  lampe  a  été  bien  fabriquée. 

»  Les  fils  ainsi  préparés  et  placés  tout  entiers,  sans  autre  précaution,  dans  le  mé- 
lange d'acide  azotique  et  de  chlorate  de  potasse,  n'y  éprouvent  que  des  altérations 
très  faibles,  par  une  digestion  à  chaud  de  quelques  heures.  Mais  cette  inaltérabilité 
n'est  qu'apparente.  En  eflfet,  si  l'on  chauffe  le  filament  au  rouge  dans  un  creuset  de 
platine,  le  carbone  brûle  lentement,  et  il  reste  un  squelette  solide  :  ce  qui  montre  que 
le  filament  avait  été  enduit  en  fabrique  avec  une  matière  fixe^,  silice  ou  silicate,  alumi- 
nate,  etc.  Pour  s'en  débarrasser,  il  est  nécessaire  de  faire  digérer  à  chaud  les  fila- 
ments dans  un  mélange  de  fluorure  d'ammonium  et  d'acide  sulfurique,  additioiiné  d'un 
peu  d'eau,  sans  pousser  trop  loin  l'évaporation.  Après  cette  opération,  on  lave  par 
décantation,  on  sèche  légèrement  et  l'on  traite  par  l'acide  chlorhydrique  concentré 
pour  achever  de  dissoudre  les  ovydes;  on  lave  de  nouveau,  on  dessèche  les  filaments, 
et  on  les  réduit  en  poudre  impalpable  dans  un  mortier  d'agate.  Ces  traitements  ont 
besoin  parfois  d'être  réitérés.  Finalement,  la  poudre  sèche  de  carbone,  qui  reste 
dans  le  mortier,  est  délayée  dans  l'acide  azotique  monohydraté,  introduite  dans  un 
petit  matras  à  fond  plat  et  additionnée  de  chlorate  de  potasse  porphyrisé.  On  chauffe 
au  bain-marie,  etc.  Le  carbone  disparaît  à  la  longue  et  se  dissout  entièrement. 

»  Il  n'y  avait  donc  pas  de  graphite  formé  dans  ces  conditions,  avec  les 
filaments  fournis  par  le  commerce  que  j'ai  étudiés. 

»  Filaments  résidus  d'une  lampe  ayant  servi.  —  Il  s'agit  de  filaments 
n'ayant  pas  brûlé  complètement  à  la  fin,  comme  il  arrive  parfois,  c'est- 
à-dire  obtenus  sans  avoir  été  poussés  jusqu'à  une  volatilisation  finale, 
brusque  et  totale  ou  à  peu  près.  Je  les  ai  traités  exactement  comme  les 
précédents  et  je  suis  arrivé  au  même  résultat. 


592  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Le  carbone  de  ces  filaments  n'avait  donc  pas  été  changé  en  graphite, 
au  cours  de  leur  emploi  prolongé  pour  l'éclairage,  à  une  température  rela- 
tivement basse.  Si  la  température  de  l'arc  ou  analogue  intervenait,  on 
aurait  au  contraire,  comme  on  sait,  du  graphite  (*). 

II. 

»  En  résumé,  le  carbone  possède  une  tension  de  vapeur  appréciable,  à 
une  température  qui  ne  surpasse  pas  le  rouge  blanc  et  qui  peut  être  estimée 
entre  1200"  et  i5oo°. 

»  Cette  tension  est  si  faible  qu'il  faut  plusieurs  centaines  d'heures  pour 
produire  quelques  milligrammes  de  carbone  condensé,  même  dans  le  vide 
presque  absolu  des  lampes  électriques.  Enfin,  le  carbone,  ainsi  vaporisé  à 
la  plus  basse  température  possible,  est  du  carbone  amorphe,  sans  graphite 
ni  diamant,  dans  les  conditions  de  mes  observations. 

»  D'après  ces  faits,  la  température  à  laquelle  se  manifeste  déjà  la  ten- 
sion de  la  vapeur  du  carbone  est  inférieure  de  2000°  environ  à  celle  de 
son  ébuUition  (36oo°  d'après  M.  VioUe)  ;  intervalle  qui  surpasse  extrê- 
mement celui  pendant  lequel  la  plupart  des  autres  corps  possèdent  une 
tension  de  vapeur  sensible. 

»  Mais  cette  tension,  dans  le  cas  du  carbone,  ne  répond  pas  à  une 
simple  vaporisation,  sans  changement  profond  de  constitution  chimique 
du  corps  en  expérience;  contrairement  à  ce  qui  arrive  pour  l'eau,  l'alcool 
et  la  plupart  des  corps  simples  ou  composés  :  ceux-ci  étant  constitués 
d'ordinaire,  à  l'état  liquide  ou  solide,  par  des  agrégations  purement  phy- 
siques de  molécules,  que  la  fusion  et  la  volatilisation  séparent  avec  un 
travail  relativement  faible. 

»  Le  carbone  au  contraire,  tout  en  représentant  un  seul  et  même 
élément  chimique,  se  présente  à  l'état  solide  sous  une  multitude  d'états 
divers,  doués  de  propriétés  physiques  ou  chimiques  fort  dissemblables,  et 
diversement  condensés.  Ces  états  du  carbone  sont  en  réalité  de  véritables 
polymères,  à  constitutions  moléculaires  spéciales,  limites  corrélatives  de  la 


(*)  Un  graphite  est  également  susceptible  de  se  produire  à  plus  basse  température, 
sous  l'influence  du  contact  de  certains  corps,  tels  que  le  soufre,  le  chlore,  l'iode,  au 
moment  où  le  carbone  sort  de  certaines  de  ses  combinaisons.  C'est  ce  que  j'ai  établi 
pour  la  décomposition  du  sulfure  de  carbone,  de  ses  chlorures  et  des  éthers  iodhy- 
driques. 


SÉANCE    DU    19   OCTOBRE    1903.  SgS 

constitution  des  nombreuses  séries  de  combinaisons  que  cet  élément  est 
susceptible  de  former.  La  décomposition  pyrogénée  de  ces  combinaisons 
n'aboutit  pas  du  premier  coup  à  un  seul  et  même  état  normal  du  carbone; 
mais  elle  s'opère  par  voie  de  condensations  progressives;  les  divers  car- 
bones représentent  les  limites  de  ces  condensations  ('). 

)>  J'ai  insisté  à  bien  des  reprises  sur  ces  phénomènes  depuis  i865  ;  amsi 
que  sur  l'absorption  énorme  de  chaleur,  8  ou  10  fois  aussi  grande  que  la 
chaleur  de  vaporisation  de  l'eau,  laquelle  est  exigée  par  une  dissociation 
capable  de  ramener  ces  polymères  à  un  état  atomique  normal,  tel  que  l'état 
caractérisé  par  l'analyse  spectrale  du  carbone  gazeux.  La  reproduction  de 
cet  état  normal  parait  nécessaire  pour  que  le  carbone  puisse  se  combiner 
directement  et  par  le  seul  travail  de  ses  énergies  internes  avec  l'hydrogène 
gazeux,  comme  il  arrive  dans  la  synthèse  directe  de  l'acétylène. 

»  D'après  les  analogies  ordinaires,  les  propriétés  physiques  des  corps 
composés,  susceptibles  d'être  formés  directement,  dérivent  de  celles  de 
leurs  composants,  plus  ou  moins  modifiées  en  raison  de  la  perte  d'énergie 
éprouvée  lors  de  cette  combinaison  directe.  Ainsi,  pour  nous  borner  à  deux 
exemples,  la  combinaison  de  l'hydrogène,  qui  bout  à  —  232°,  et  celle  de 
l'oxygène,  qui  bout  k  —182^,  fournit  de  l'eau,  qui  bout  à  -1-100°  :  la  force 
vive  qui  maintenait  à  l'état  gazeux  les  molécules  d'hydrogène  et  d'oxygène 
libres  a  donc  diminué  dans  une  proportion  énorme,  corrélative  des 
59000*=^^  perdues  au  moment  de  leur  combinaison  avec  formation  d'une 
molécule  d'eau  gazeuse.  De  môme  l'oxyde  de  carbone  qui  bouta  —190° 
et  l'oxygène  à  —182°,  forment  de  l'acide  carbonique  (qui  bout  seulement 
à  —78*^),  avec  un  dégagement  de  chaleur  voisin  de  68000*=^'. 

))  Il  en  est  assurément  de  même  du  carbone,  lors  de  sa  combinaison  avec 
l'hydrogène.  L'existence  réelle  de  cet  élément  à  un  état  gazeux  identique, 
quelle  qu'en  soit  l'origine,  est  attestée  par  l'analyse  spectrale,  tant  dans 
l'arc  électrique,  ou  sur  le  trajet  de  l'étincelle  à  travers  ses  oxydes,  hy- 
drures,  sulfure,  chlorures,  azoture  gazéifiés,  que  dans  les  flammes  pro- 
duites par  la  combustion  de  ces  divers  composés;  et  cela  pour  des  tempé- 
ratures dont  les  dernières,  celles  des  flammes,  ne  dépassent  pas  d'ordinaire 
1200°  à  iSoo**,  limite  à  laquelle  répond  la  formation  du  carbone  gazeux, 
dans  les  conditions  étudiées  par  la  présente  Note. 

»  Si  l'on  tient  compte  des  points  d'ébuUition,  tant  de  l'acétylène  et  des 
autres  carbures  gazeux  d'hydrogène,  que  des  oxydes  gazeux  du  carbone, 

(1)  Voir  mon  Essai  de  Mécanique  chimique,  t.  II,  p.  45  et  i  igS. 


594  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  son  azoture,  de  son  snifure,  ainsi  que  des  analogies  qui  précèdent,  il 
semble  que  l'état  normal  du  carbone  à  la  température  ordinaire  devrait 
être  celui  d'un  gaz  permanent,  dont  le  point  d'ébullition  serait  compris 
entre  ceux  de  ^hydrogène  et  de  l'oxygène;  conformément  d'ailleurs  à  la 
gradation  de  leurs  poids  atomique  :  H  =  i  ;  O  =  16;  C  =  12.  Mais  on  est 
forcé  d'admettre  qu'un  semblable  gaz  se  changerait  presque  instantané- 
ment en  polymères,  par  la  combinaison  réciproque  de  ses  molécules; 
comme  le  fait  d'ailleurs  l'acétylène  porté  vers  la  température  du  rouge 
sombre;  ce  changement  aurait  lieu  de  même  avec  des  dégagements  de 
chaleur  considérables. 

))  En  fait,  parmi  les  corps  simples  actuellement  reconnus  de  la  Chimie, 
Un  petit  nombre  seulement  paraissent  se  présenter  en  général  à  l'état  de 
molécules  élémentaires  isolées;  tels  sont  l'hydrogène,  l'oxygène,  l'azote. 
Au  contraire,  la  plupart  de  nos  corps  simples  actuels,  tels  que  les  mé- 
taux, le  soufre,  le  silicium,  le  carbone,  se  manifestent  d'ordinaire  à  l'état 
solide,  en  dehors  de  leurs  combinaisons  avec  d'autres  éléments,  sous  la 
forme  d'étals  condensés,  ayant  déjà  perdu  une  partie  considérable  de  leur 
énergie  essentielle.  » 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  périodes  des  intégrales  doubles  et  leurs 
rapports  avec  la  théorie  des  intégrales  doubles  de  seconde  espèce.  Note  de 
M.  ÉmiLE  Picard. 

«  1.  Je  me  suis  déjà  occupé  {Comptes  rendus,  18  novembre  et  aS  dé- 
cembre 1901,  et  Annales  de  l'École  Normale,  1902)  des  périodes  des  inté- 
grales doubles,  en  me  bornant  aux  intégrales  doubles  de  première  espèce. 
Soit  une  surface 

/\x,y,  z)  =  o, 

de  degré  m,  et  dont  le  genre  d'une  section  plane  arbitraire  sera  désigné 
par  p,  et  envisageons  une  intégrale  quelconque  de  la  forme 

P  étant  un  polynôme  en  a:,  y,  z  s'annulant  sur  la  courbe  double.  Me  plaçant 
toujours  au  point  de  vue  de  mes  recherches  antérieures,  je  considère  l'inté- 
grale abélienne 

/    \  f  I*{x,  y,  z)  dx 

(2)  }       'h 


SÉANCE  DU  19  OCTOBRE  I903.  5q5 

relative  à  la  courbe  entre  a-  et  z,  f(x,  y,  z)  =0.  Ces  périodes  sont  au 
nombre  de  ip-\-m  —  i  et  satisfont  à  une  équation  différentielle  linéaire  F, 
que  j'ai  déjà  considérée  et  dont  les  points  singuliers  désignés  par  h  sont  en 
nombre  N  (N  étant  la  classe  de  la  surface).  De  plus,  les  points  singuliers  b 
sont  de  nature  très  simple  (la  surface  ayant  une  position  quelconque  par 
rapport  aux  axes  et  n'ayant  que  des  singularités  ordinaires);  au  point  hi 
correspond  une  période  de  (2),  qui  va  jouer  dans  la  suite  un  rôle  essentiel 
et  que  nous  désignerons  par  ^,(7),  cette  fonction  étant  holomorphe  autour 
de  bi.  Parmi  les  périodes  de  (2),  m  —  i  correspondent  aux  points  à  l'infini 

et  sont  des  polynômes  en  y  que  nous  désignerons  par  77,  (j) -„^_^  (y). 

M  2.  Imaginons  que,  dans  le  plan  de  la  variable  complexe  7,  on  trace 
des  lignes  aUant  d'un  point  a  aux  différents  points  singuliers  b^,  b.^,  .  ..,by. 
Si,  entre  12,,  £^0,  ...,  i2„  il  existe  une  relation 


expression 


m^<2^-h  .. .  +  m,a,=  o         (les  m  entiers), 
m,  f  a,(y)dy+...-h  m,  f   o,(  r)  dy 


ne  dépendra  pas  de  a;  ces  expressions  sont  capitales  dans  mes  recherches. 
»  Pour  simplifier  ici,  plaçons-nous  dans  le  cas  général  suivant  (quoique 
ce  ne  soit  pas  nécessaire  pour  quelques-ans  de  nos  résultats)  :  pour  une 
intégrale  arbitraire  de  la  forme  (2),  il  y  a  2p -+- m  ~  1  fonctions  i2(j) 
linéairement  indépendantes,  soient 

o,(y),       o^(y),       ...,      o^,,,„_.(j) 

correspondant  respectivement  aux  points  singuliers  b  de  même  indice. 
Ces  Q,  forment  un  système  fondamental  de  l'équation  différentielle  li- 
néaire E'.  Envisageons  une  autre  fonction  i2,  soit  12,(7),  ^^^  ^  est  supérieur 
à  2/?  -h  //2  —  i;  on  aura  la  relation  identique 

m^9.^  + . .  .-h  7n^9^^-h  m/A,  =  o         (en  posant  a  =  2/?  4-m  — i), 

et  l'expression  correspondante,  indépendante  de  a, 

m,  I     o ,  (y)  dy  +...-{-  m,  f   il,  (  )'  )  av. 

»  On  obtient  de  celle  façon 

N  —  2yO  —  (m  —  l). 


596  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

quantilés  gui  sont  des  périodes  de  l'intégrale  double.  On  peut  établir  qu'elles 
représentent  les  valeurs  de  l'intégrale  le  long  de  N  —  2/?  —  (w  —  i)  cycles 
à  deux  dimensions,  situés  tout  entiers  à  distance  finie. 

»  3.  On  doit  se  demander  si  la  valeur  de  l'intégrale  double  pour  un 
tycle  quelconque  situé  à  distance  finie  se  ramène  aux  périodes  que  nous 
venons  de  trouver;  c'est  un  point  qui  peut  s'établir  en  employant,  quoique 
dans  des  circonstances  plus  complexes,  une  métliode  analogue  à  celle  que 
j'ai  suivie  (t.  I,  p.  58)  dans  l'étude  des  résidus  des  intégrales  doubles. 

»  Un  second  point  appelle  aussi  l'attention.  Les  N  —  2/?  —  (m  —  i)  pé- 
riodes obtenues  sont-elles  distinctes?  Je  démontre  qu'il  en  est  ainsi,  c'est- 
à-dire  qu'elles  ne  sont  liées  par  aucune  relation  homogène  et  linéaire  à 
coefficients  entiers,  si  l'intégrale  double  (i)  est  prise  arbitrairenient.  J'indi- 
querai sommairement  le  mode  de  démonstration  que  j'ai  employé  et  qui 
m'a  été  utile  dans  d'autres  circonstances.  On  établit  d'abord  (ce  qui  est  à 
peu  près  évident)  que,  s'il  y  a  une  relation  linéaire  à  coefficients  entiers 
entre  les  périodes  de  l'intégrale  arbitraire  (i),  ces  coefficients  entiers  ne 
dépendent  pas  des  arbitraires  figurant  dans  l'intégrale.  Soit  alors  une  inté- 
grale déterminée,  prise  d'ailleurs  arbitrairement,  du  type  (i).  En  conser- 
vant aux  0  la  même  signification  que  plus  haut,  une  relation  supposée  entre 
les  périodes  se  traduira  par  une  relation  de  la  forme 

(3)  jn,J   çi^(^y)dy-^...-^m^j    o,(j)é^  =  o, 

"t  ''n 

les  m  étant  des  entiers  qui  ne  sont  pas  tous  nuls.  Supposons  alors  que,  au 
lieu  de  l'intégrale  (i),  nous  parlions  de  l'intégrale 

(p(j)  étant  un  polynôme  en  y.  On  devra  avoir,  quelque  soit  ce  polynôme,  la 
relation 

?(j)-^.(  j)  dy^...^m^  i     f^{y)^^{y)dy  =  o, 

avec  les  mômes  entiers  m  que  dans  la  relation  (3)  ;  on  peut  d'ailleurs  sup- 
poser qu'aucun  des  ^{y)  n'est  identiquement  nul.  De  ce  que  nous  venons 
de  dire  résulte  que  l'on  aura  les  relations  en  nombre  infini, 


în 


f   /-^.(j)^()'+--^  +  '^^N  j^    ./"^.>(j)^6'  =  «  (/:-o,   I,  2,  ...). 


SÉANCE    DU    \Ç)   OCTOBRE    IQoS.  397 

Il  est  aisé  de  voir  (\ue  cela  est  impossible,  car  alors  la  fonction  de  x, 


?n 


f"'-'-^(  v)  j  r"'.is{y)  j 


serait  identiquement  nulle  ;  ce  qui  est  impossible,  car  elle  éprouve  l'accrois- 
sement •irùnif^^.i^i^x^,  quand  a?  tourne  autour  du  point  h;^.  Nom  avons  donc 
N  —  ip  —  (m  —  i)  périodes  distinctes. 

»  i.  Parmi  les  N  —  ip — (m  ~  i)  périodes  distinctes  que  nous  venons 
de  trouver,  il  y  en  a  2/?  qui  sont  les  résidus  de  l'intégrale  double  relatifs  à 
la  ligne  à  l'infini  de  la  surface.  Ces  résidus  correspondent  à  l'intégrale 


j  '<y)'b'^ 


prise  autour  du  point  infini,  en  prenant  pour  oi{y)ip  intégrales  de  l'équa- 
tion E'  qui  ne  sont  pas  des  combinaisons  linéaires  des  m  —  i  polynômes 
désignés  plus  haut  par  -,,  -o,  .  .  .,  -„--,^  On  peut  établir  que,  si  l'intégrale 
double  est  arbitraire,  ces  ip  résidus  sont  certainement  distincts. 

»    On  conclut  de  là  le  théorème  fondamental  suivant  :  pour  V  intégrale 
double  générale  de  seconde  espèce  de  la  forme 


fj 


{ -^ ,  J  ,      ^1^  ^i^        ^  p  poly  no  m  e  e  n  it- ,  J'  e  t  :î  ) , 


le  nombre  des  périodes  distinctes  correspondant  à  des  cycles  à  distance  finie  est 

"S  —  lip-(m—  1). 


égal  à 


»  5.  La  comparaison  entre  le  nombre  des  périodes  des  intégrales 
doubles  de  seconde  espèce  et  le  nombre  p„  des  intégrales  doubles  distinctes 
de  la  môme  espèce  va  nous  conduire  à  une  relation  fondamentale. 

»  Revenons  d'abord  sur  le  problème  traité  dans  ma  Communication  de 
la  dernière  séance,  à  laquelle  le  lecteur  est  prié  de  se  reporter  :  recon- 
naître si  une  expression 

-jr        (Q  polynôme  en  a),  y,  :;  s'annulant  sur  la  courbe  dout)le) 

est  susceptible  de  se  mettre  sous  la  lorme  -^ h  ^— •  Comme  nous  1  avons 

1  û.c        a  y 

signalé,  le  nombre  p  (qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  p^)  joue  un  rôle 

important  dans  ce  problème. 

C.  R.,  1903,  2^  Semestre.  (T.  GXXXVII,  N'  16.)  79 


098  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  G.  Occupons-nous  d'abord  du  cas  où  p  =  i .  On  voit  alors  aisément  que, 
y;  ayant  la  forme  précédente,  les  périodes,  que  nous  venons  d'étudier,  do 
l'intégrale  double 


(^^>  // 


Q{x,y,z)  d.x  dy 


sont  toutes  nulles. 

»   On  peut  joindre  à  ce  théorème  une  réciproque  :  si  toutes  les  périodes 
de  l'intégrale  double  (4  )  sont  nulles,  on  aura 

et,  dans  cette  réciproque,  il  n'est  pas  besoin,  comme  dans  la  proposition 
directe,  de  supposer  que  p  est  égal  à  un.  Indiquons  la  marche  de  la  démons- 
tration. 

»   On  cherche  à  déterminer  les  fonctions  rationnelles  dej^ 

^^M         ff-2 ^2/;i         Co C,„, 

de  manière  à  pouvoir  satisfaire  à  la  relation  précédente,  en  prenant 
B  =  «,  T,  + . .  +  «o/,lo^  +  c,.T,  +  . . .  -+-  c,J,„. 
»  Désignons  d'une  manière  générale  par 

12^      et     T^ 
les  valeurs,  analogues  à  il^,  se  rapportant  aux  intégrales 

/  I/;  do-     cL       /  J^.  da:  ; 
les  a  et  les  c  seront  déterminées  par  les  N  relations 

^/(j)^'=«!.^;+---+«2/.^j''+f'a7+..-+c,«vr    (^=1,2, ...,N). 


i. 


»  Ces  relations  se  réduisent  k  2p  -h  m  —  1  d'entre  elles,  si  l'on  suppose 
que  loutes  les  périodes  sont  nulles,  et  l'on  établit  que  les  a  et  c  déter- 
minées par  ces  équations  du  premier  degré  sont  des  fonctions  rationnelles 
dey.  La  détermination  de  A  est  alors  immédiate,  et  par  suite  nous  avons 
le  théorème  suivant  : 

»    Pour  que  ->  puisse  se  mettre  sous  la  forme  -^  +  -.— ,  i7  suffit  que  toutes 
J  z  -^  ôx        ay  ''''     ^ 


SÉANCE  DU  19  OCTOBRE  igoS.  Sgq 

les  périodes  de  V  intégrale  (4)  soient  nulles.  Cette  condition  suffisante  sera  de 
plus  nécessaire,  s'il  s'agit  d' une  surface  pour  laquelle  0  ^  \. 

M  7.  Le  théorème  j3récé(ienL  conduit  à  une  proposition  importante  reki- 
tive  aux  surfaces  pour  lesquelles  p  =  i.  On  montrera  d'abord  que,  en 
écrivant  que  les  N  —  2/3  — (m  — i)  périodes  de  l'intég^rale  double  arbi- 
traire du  type  toujours  considéré 


ff 


dx  dy 


sont  nulles,  on  obtient  N  —  2/?  —  (w  —  i)  relations  distinctes.  Pour  établir 
ce  point,  j'ai  recours  à  une  analyse  dont  le  principe  est  le  même  que  j^our 
l'analyse  du  §  3.  Ce  point  établi,  on  a  alors  le  théorème  suivant  : 

M  Soit  une  surjace  fpour  laquelle  p  =  i .  Le  nombre  p^  des  intégrales  doubles 
distinctes  de  seconde  espèce  est  donné  par  V égalité 

Po=^N  —  l\p  —  (m  -  1). 

»  On  peut  encore  dire  que  p^  est  égal  au  nombre  des  périodes  de  l'inté- 
grale double  générale  de  seconde  espèce  du  type  envisagé. 

»  Il  est  bien  remarquable  que  cet  énoncé  ait  précisément  la  même  forme 
que  dans  la  théorie  des  courbes  algébriques,  où  le  nombre  des  intégrales 
abéliennes  distinctes  de  seconde  espèce  est  précisément  égal  au  nombre 
des  périodes  de  l'intégrale  générale  de  seconde  espèce.  Mais  cette  généra- 
lisation n'est  exacte  que  quand  p  =  i.  Il  nous  reste  à  examiner  le  cas  où 
p  est  supérieur  h,  un. 

•»  8.  Le  cas  de  p  différent  de  un  ne  j)résenle  pas  des  difficultés  nouvelles, 
si  l'on  se  sert  des  résultats  précédents  et  si  l'on  se  reporte  aux  remarques 
faites  dans  ma  dernière  Communication  sur  les  expressions 

Q,       Q,  Qp-, 

71'  71'  •■•'  "7r' 

que  nous  avons  fait  correspondre  à  chacune  des  courbes  C<,  . . .,  ('p   ,. 
»    On  est  alors  conduit  à  la  formule 


t^o 


1 . 


c'est-à-dire  que  le  nombre  ^^^  est  égal  au  nombre  des  périodes  diminue  de  p 
))   Dans  la  formule  précédente,  le  nombre  p^  est  un  invariant  absolu, 

c'est-à-dire  un  invariant  pour  toute  transformation  birationnelle.  Il   n'en 

est  pas  de  même  du  nombre  p. 

»   9.   Je   terminerai  par  une  dernière  remarque.  Nous  avons  dit  plus 


6oo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

liant  que,  si  loiitcs  les  périodes  de  l'intégrale  (/[)  sont  nulles,  on  a  une 
identité  de  la  forme  (5),  mais  cette  condition,  suffisante  pour  qu'on  ait 
l'identité  précédente,  n'est  nécessaire  que  si  p  =  i . 

i>  Quand  p  est  supérieur  à  un,  une  intégrale  de  la  forme  (^[\)  peut  avoir 
des  périodes  différentes  de  zéro.  Il  est  intéressant  de  voir  à  quel  fait  analy- 
tique est  due  cette  circonstance.  En  se  reportant  à  ma  Communication 
précédente,  on  voit  qu'à  chaque  courbe  C,  correspond  une  fonction  -y-  telle 
que 

))  Il  résulte  d'ailleurs  de  cette  identité  la  conséquence  suivante  :  pour 
•une  valeur  donnée  arbitrairement  i\e  y,  l'intéstrale  abélienne 


f 


ir 


relative  entre  la  courbe  entrer  et  z,  f{x,  y,  j:)  =  o,  a  comme  points  sin- 
2[uliers  logarithmiques  à  distance  finie  les  points  M  de  la  courbe  C,-  cor- 
respondant à  la  valeur  envisagée  de  j';  pour  tous  ces  points,  la  période 
logarithmique  a  la  même  valeur  qui  est  une  constante  F  indépendante  de  y,  et 
la  période  de  l'intégrale  double 

'^dxdy 

est  un  multiple  de  V. 

»  10.  Je  me  suis  borné  ici  aux  points  fondamentaux  de  la  théorie  que, 
depuis  plusieurs  années,  je  cherche  à  édifier  dans  ce  domaine  difficile  relatif 
aux  fonctions  algébriques  de  deux  variables.  Sans  quitter  les  généralités, 
bien  d'autres  questions  sont  maintenant  facilement  abordables,  comme  la 
recherche  des  relations  entre  les  |)ériodes  de  deux  intégrales  doubles,  et 
l'étude  des  équations  Hnéaires  correspondant  aux  périodes  des  intégrales 
doubles  d'une  surface  dépendant  d'un  paramètre  arbitraire,  dont  j'ai  déjà 
dit  un  mot  (^Comptes  rendus,  i3  janvier  1902).  Je  reviendrai  bientôt  sur  ces 
sujets.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.    —  Sur  le  dosage  de  l'argon  dans  Vair  atmosphérique. 

Note  de  M.  He\ri  Moissax. 

«  Après  la  belle  découverte  de  l'argon  dans  l'air  atmosphérique   par 
lord^Rayleigh   et  sir  William  Ramsay,  plusieurs  chimistes  ont  cherché  à 


SÉANCE  DU  19  OCTOBRE  FQoS.  601 

doser  ce  corj3s  simple  dans  différents  mélanges  gazeux.  Celte  étude  a  été 
poursuivie  en  France  par  M.  Schlœsing  fils  (')  et  en  Angleterre  par 
M.  Kellas(-).' 

)>  Notre  confrère  M.  Schlœsing  fils  a  publié  sur  ce  sujet  une  série  d'expé- 
riences très  intéressantes.  11  a  dosé  l'argon,  par  rapport  à  l'azote  existant 
dans  l'air,  en  absorbant  cet  azote  par  du  magnésium  chauffé  au  rouge, 
après  avoir  éliminé  l'oxvgène  et  l'acide  carbonique.  Tl  a  obtenu  ainsi  une 
teneur  de  0,98  pour  100  et  établi  la  constance  en  argon  de  différents  échan- 
tillons d'air.  M.  Kellas,  en  employant  une  méthode  identique,  a  trouvé  des 
chiffres  très  voisins. 

))  En  i8q5,  M.  Maquenne,  d'autre  part,  a  démontré  c[u'en  faisant  passer 
de  l'air  sur  un  mélange  de  chaux  pure  et  de  magnésium  chauffé  au  rouge, 
l'oxygène  et  l'azote  étaient  fixés  sous  forme  d'oxyde  et  d'azoture  ('). 

))  Plusieurs  années  après,  nous  avons  pu  obtenir  le  calcium  pur  en  quan- 
tité notable,  et  nous  avons  fait  voir  que  ce  calcium  métallique,  non  seule- 
ment pouvait  se  combiner  au  rouge  sombre  avec  la  plus  grande  facilité 
avec  l'oxygène  et  l'azote,  mais  encore  qu'il  se  combinait  à  l'hydrogène,  à  la 
même  température,  en  produisant  un  hydrure  d'une  grande  stabilité  ('). 
Ce  dernier  fait  était  important,  parce  que,  dans  l'emploi  du  mélange  de 
magnésium  et  de  chaux  [utilisé  par  Sir  William  Ramsay,  pour  préparer 
l'argon  avec  facilité  (*)],  il  se  dégage  toujours  des  quantités  plus  ou  moins 
grandes  de  gaz  hydrogène.  Il  est,  en  effet,  à  peu  près  impossible  de  manier 
à  l'air  la  poudre  de  chaux  vive  et  la  poudre  de  magnésium  sans  qu'elles 
absorbent  une  petite  quantité  d'humidité  qui,  décomposée  ensuite,  fournit 
de  l'hydrogène. 

»  Nous  avons  alors  pensé  à  utiliser  le  calcium  métallique  pour  l'absorp- 
tion totale  de  l'oxygène  et  de  l'azote  d'un  volume  d'air  déterminé.  L'argon 


(')  SciiLOESiNG  FILS,  Sur  le  dosage  de  l'argon  (Comptes  fendus,  t.  CXXI,  i4  oc- 
tolîre  i8g5,  p.  SsS  etôo/i)  et  Uniformité  de  la  répartition  de  l'argon  dans  l'atmo- 
sphère {Comptes  rendus,  t.  CXXII,  1896,  p.  696), 

{-)  A. -M.  Kefxas,  On  the  percentage  of  argon  in  atnwspheric  and  in  respired 
air  {Proc.  Roy.  Soc.,  t.  LIX,  i4  novembre  1895,  p.  66). 

(^)  Maquenne,  Sur  la  fixation  de  l'azote  par  les  métaux  alcalino-terreux 
{Comptes  rendus,  t.  CXXI,  1890,  p.  ii47)- 

{'')  H.  MoissAN,  Recherches  sur  le  calcium  et  ses  composés  {A/m.  de  Chini.  et  de 
Phys.,  7^  série,  t.  XVIII,  1899.  p.  289). 

(5)  Ra>isay,  Proceedings  of  the  Royal  Society,  t.  LXIV,  1898,  p.  i83,  etW.  Travers, 
The  expérimental  study  of  gases,  p.  to5. 


6o2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pur  devait  rester  comme  résidu  et  la  méthode  de  dosage  était  directe  ('). 

))  Dans  des  expériences  préliminaires,  nous  nous  sommes  assuré  tout 
d'abord,  en  faisant  circuler  un  volume  déterminé  d'un  mélange  d'oxveène, 
d'hydrogène  et  d'azote  sur  du  calcium  chaulïé  au  rouge  sombre,  que 
l'absorption  était  totale.  Nous  avons  reconnu  aussi  que,  si  l'on  partait  soit 
de  l'air,  soit  d'un  mélange  d'air  et  d'hydrogène,  on  n'obtenait,  après  pas- 
sage sur  du  calcium  maintenu  à  Soo'',  que  de  l'argon,  ne  donnant  plus,  à 
l'analyse  spectrale,  les  lignes  de  l'azote.  Du  reste,  ce  même  gaz,  additionné 
d'oxveène  et  soumis  à  l'action  d'une  série  d'étincelles  d'induction,  ne 
fournissait  j)as  de  vapeurs  rutilantes  et  ne  diminuait  plus  de  volume  en 
présence  des  alcalis. 

»  Prise  d'échantillon.  —  Après  différents  essais,  exécutés  au  moyen  de 
ballons  de  verre  dans  lesquels  on  avait  fait  le  vide,  ou  de  fljcons  traversés 
par  un  courant  d'air  continu,  nous  avons  choisi  une  méthoJe  plus  simple, 
qui  nous  a  donné,  comme  nous  le  démontrerons  plus  loin,  des  résultats 
suffisamment  comparables. 

))  Pour  recueillir  un  échantillon  d'air,  dans  un  endroit  donné,  nous 
prenons  de  l'eau  qui  a  séjourné  depuis  un  temps  assez  long  dans  cet 
endroit,  et  nous  en  emplissons  deux  bouteilles  bien  propres. 

))  Nous  vidons  ensuite  à  moitié  nos  deux  flacons,  puis  nous  les  agitons 
vivement  après  les  avoir  bouchés  de  hiçon  à  produire  la  solubilité,  aussi 
complète  que  possible,  des  gaz  de  l'air,  au  moment  de  l'expérience.  Nous 
versons  ensuite  le  liquide  de  la  première  bouteille  dans  la  seconde,  de 
façon  à  l'emplir  complètement.  Puis  nous  versons  à  nouveau  le  liquide  de 
la  deuxième  bouteille  dans  la  première.  La  seconde  bouteille  est  fermée 
avec  un  bouchon  de  liège  neuf.  Enfin,  la  première  bouteille  est  vidée 
complètement  et  fermée  à  son  tour  par  le  même  procédé. 

»  Si  l'eau  que  nous  employons  dans  cette  expérience  est  bien  saturée 
par  les  gaz  qui  l'entourent,  on  obtiendra  ainsi  deux  échantillons  d'air 
humide,  répondant  à  la  composition  moyenne  de  l'atmosphère  dans 
laquelle  s'est  exécutée  la  prise  d'échantillon. 

)>  Description  de  l'appareil.  —  Notre  appareil  de  dosage  était  formé  d'un 
mesureur  pouvant  contenir  environ  1'  d'air  qui  était  mis  en  comnm- 
nication,  par  l'intermédiaire  d'une  trompe,  avec  deux  tubes  maintenu:^ au 


(  ')  Nous  avons  déjà  appliqué  la  méthode  que  nous  décrivons  aujourd'hui  au  dosage 
de  l'argon  dans  les  gaz  dégagés  par  la  source  Bordeu  à  Ludion  et  dans  les  gaz  des 
fumerolles  de  la  montagne  \*Q\ée  {Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  1902,  p.  io85  et  1278). 


SÉANCE    DU    19   OCTOBRE    igoS.  6o3 

rouge  sombre,  dont  le  premier  renfermait  un  mélange  de  chaux  vive  et 
de  magnésium,  et  le  second  i^  environ  de  calcium  en  très  petits  cristaux. 

»  Le  mesureur,  de  volume  constant,  fermé  à  sa  partie  supérieure  par 
un  robinet  de  verre  et  à  sa  partie  inférieure  par  une  colonne  de  mercure, 
permettait,  de  même  que  dans  les  appareils  de  Regnault  et  de  M.  Schlœ- 
sing,  de  mesurer  le  gaz  sous  pression  réduite.  Tout  l'appareil  était  entouré 
d'eau  froide  à  température  constante. 

»  Dans  des  essais  préliminaires  nous  nous  sommes  assuré  que  l'erreur 
que  comportait  une  lecture  ne  s'élevait  jamais  à  plus  de  {^  de  centimètre 
cube  pour  le  volume  de  notre  mesureur,  soit  980""'. 

)>  Une  trompe  permettait  de  faire  circuler  le  gaz  pendant  plusieurs 
heures  sur  les  tubes  à  calcium.  Bien  entendu,  tous  les  joints  étaient  en 
i^omme  laque  et  les  différentes  parties  de  l'appareil  étaient  réunies  par  des 
tubes  de  plomb  en  spirale  pour  leur  donner  une  certaine  mobilité. 

))  Conduite  de  l'expérience.  —  i"  L'échantillon  de  gaz  était  placé  sur  la 
cuve  à  mercure  dans  une  cloche  à  robinet  et  séché  par  des  bâtons  transpa- 
rents d'acide  métaphosphorique. 

»  2°  Le  ^az  était  introduit  ensuite  dans  le  mesureur  où  il  passait  toute 
la  nuit  à  une  température  constante,  et  les  lectures  étaient  faites  le  lendemain 
matin  à  3  heures  d'intervalle,  pour  voir  si  elles  restaient  concordantes. 

»  3°  Pendant  la  première  partie  de  l'opération,  on  avait  fait  la  veille  le 
vide  dans  l'absorbeur.  Ce  dernier  appareil  devait  tenir  le  vide  toute  la  nuit 
et  ne  plus  renfermer  de  gaz.  Le  vide  avait  été  fait  aussi  dans  la  canalisation 
jusqu'au  robinet  du  mesureur. 

»  4^»  On  place  une  éprouvetle  mobile,  reliée  à  l'absorbeur,  sur  le  tube 
abducteur  de  la  trompe,  et  l'on  fait  passer  l'air  du  mesureur  sur  les  tubes 
à  calcium  chauffés  et  vides  de  gaz.  L'arrivée  de  l'air  doit  être  assez  lente 
pour  que  l'incandescence  qui  se  produit  dans  le  premier  tube  (mélange  de 
chaux  et  de  magnésium)  ne  soit  pas  trop  grande,  et  ne  produise  pas  la 
fusion  du  verre. 

»  L'absorption  de  l'oxygène  et  de  l'azote  se  termine  en  quelques  minutes 
et,  au  moyen  d'une  circulation  réglée  par  la  trompe,  les  deux  gaz  repassent 
sur  les  tubes  à  calcium,  pendant  trois  heures. 

))  5°  La  hauteur  du  baromètre,  qui  se  trouve  en  contact  avec  la  trompe, 
devient  bientôt  constante;  il  n'y  a  plus  d'absorption  de  gaz.  On  remplace 
alors,  sur  le  tube  abducteur  de  la  trompe,  l'éprouvette  mobile  par  un  tube 
gradué.  En  continuant  à  faire  le  vide,  on  amène  tout  le  gaz  que  contient 
l'appareil  dans  le  tube  gradué  qui  sera  ensuite  porté  sur  la  cuve  à  mercure 
et  qui  permettra  de  lire  le  volume  d'argon  recueilli. 


6o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Le  même  tube  gradué  a  servi  à  tous  nos  essais  (').  Sa  graduation  avait 
été  établie  avec  soin,  et  la  lecture  du  volume  gazeux,  sur  la  cuve  à  mercure, 
permettait  d'aj)précier  avec  facilité  un  tiers  d'une  division  qui  correspon- 
dait au  dixième  de  centimètre  cube. 

M  Après  l'expérience  nous  avons  reconnu  que  le  premier  tube,  renfer- 
mant le  mélange  dé  magnésium  et  de  chaux  vive,  retenait  tout  l'oxygène 
et  la  plus  grande  partie  de  l'azote,  et  que  le  second  tube,  qui  contenait  le 
calcium,  arrêtait  complètement  le  restant  de  l'azote,  l'hydrogène  prove- 
nant de  la  décomposition  de  traces  d'eau  par  le  premier  tube  et  toutes  les 
impuretés  gazeuses  de  l'air. 

))  Bésultals.  —  En  analysant,  par  ce  procédé,  un  certain  nombre  d'échan- 
tillons d'air,  nous  avons  obtenu  les  résultats  que  nous  consignons  dans  le 
Tableau  suivant  : 

Dosa  se  de  L'ars'on  dans   l'air. 


Origine.  Recueilli  par 

Océan  Allantique  87°  lat.  N.,  24° 20'  long.  W.  M.  G.  Bertrand 

Td.  43°        Id.      22°  10'     Id Id. 

Paris  (Sorbonne),  juillet  1908 M.  Moissan. 

Id.     octobre  1908 Id. 

Bretagne  (Pointe  du  Raz) M.  Lebeau. 

Pyrénées  (  Vallée  de  Ludion) M.  Moi.^san. 

Vallée  deCliamonix,  Mer  de  glace  i8oo""    ....  M.  H.  Gautier. 

Sommet  du  mont  Blanc M.  Janssen. 

Id.  Id. 

Martinique,  montagne  Pelée AI.  Lacroix. 

Id.  rivière  Blanche  (55o"^) Id. 

Alanche  Se"  lat.  nord,  2°  7  long.  oiicU i\I.  G.  Bertrand. 

Londres,  Victoria  station M.  Rigaut. 

Berlin,  Unter  den  Linden M.  Moissan. 

Vienne,  Kœrntnerring M.  H.  Gautier. 

Saint-Pétersbourg,  Perspective  ^ewsky Id. 

Moscou,  Kremlin Id. 

Port  d'Odessa Id. 

Orembourg Id. 

Athènes,  Acropole M.  Moissan. 

Golfe  de  Nauplie M.  Moissan. 


Vohime 

Volume 

d'air 

d'argon 

à  0" 

à  0" 

Argon 

el  à  760""". 

et  à  7G:)""". 

pour  100. 

fUl^ 

cm» 

825,2 

IM 

0,9818 

884,8 

7,92 

0,9492 

806,4 

7,53 

0,9887 

844,5 

7>87 

0,9819 

802,0 

7,5i 

0,9864 

784,5 

7,82 

0,9880 

552,7 

5,16 

0,9835 

747,4 

6,99 

0,9852 

700,1 

6,53 

0,9827 

80S ,  2 

7,^7 

0,9866 

778,0 

7,^4 

0,9805 

793,9 

7,44 

0,9871 

682,0 

6,86 

0,9825 

652, 1 

6,08 

0,9828 

778.9 

7,3i 

0,9885 

1^0,0 

7,37 

0,9829 

836,6 

7,80 

0,9828 

667,6 

6,24 

0,9346 

582,8 

0,45 

0,9351 

8o4 , 3 

7,52 

0,9349 

799'0 

7^47 

0,9349 

(*)  Nous  avons  évité  dans  ces  manipulations  tout  transvasement  de  gaz  qui  peut 
augmenter  le  volume  obtenu  de  la  petite  quantité  d'air  comprise  entre  le  mercure  et 
la  paroi  des  éprouvelles. 


SÉANCE    DU    19    OCTOBRE    IQoS.  60' 


Origine.  Recueilli  par 


Mer  Ionienne  3-°23'  lat.  X.,  i5"28'  long.  E. .  .      M.  Moissan. 

Golfe  de  Naples Id. 

Venise,  çrand  canal. M.  lï.  Gautier. 


->  &■ 


Volume 

Volume 

d'air 

-    d'argon 

à  0°    . 

à  0° 

Argon 

et  à  760°"". 

et  à  760"'™. 

pour  100. 

cm' 
817.7 

oni' 

7,66 

0,9356 

81  9., 7 

7,58 

0,9326 

800,4 

7.49 

0,9357 

»  Ce  qui  ressort  tout  d'abord  de  ces  expériences,  c'est  que,  sauf  une 
analyse,  tous  ces  chiffres  sont  très  concordants  et  démontrent  que  la  teneur 
en  arf>on  de  l'air  est  d'une  erande  constance.  Ces  résultats  sont  semblables 
d'ailleurs  à  ceux  qui  avaient  été  indiqués  précédemment  par  M.  Schlœsmg 
fils,  mais  ils  ont  été  obtenus  par  une  méthode  différente  et  ils  portent  sur  un 
plus  orand  nombre  d'échantillons.  Le  seul  résultat  qui  s'éloigne  de  notre 
moyenne  nous  a  été  fourni  par  de  l'air  recueilli  dans  l'océan  Atlantique 
par  M.  G.  Bertrand  dans  une  croisière  faite  à  bord  du  yacht  Princesse  Alice, 
dirigée  par  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco. 

»  Cet  air  titre,  pour  100,  0,9492  d'argon.  Son  analyse  a  été  aussi  régu- 
lière que  les  précédentes  et  nous  ne  nous  expliquons  pas  cette  différence, 
d'autant  plus  que  d'autres  échantillons,  pris  dans  l'Atlantique,  dans  la  mer 
Ionienne,  dans  le  golfe  de  Naples,  n'ont  pas  une  teneur  aussi  élevée.  Le 
premier  échantillon  a,  peut-être,  été  prélevé  au  moment  d'une  baisse  baro- 
métrique rapide  qui  aurait  permis  à  l'argon  en  solution  dans  l'eau  de  la 
mer  de  se  dégager  et  d'augmenter  ainsi  la  teneur  de  l'air  ambiant.  On  sait 
que  le  coefficient  de  solubilité  de  l'argon  dans  l'eau  est  beaucoup  plus 
grand  que  celui  de  l'azote. 

))  Un  autre  fait  curieux,  qui  se  dégage  de  nos  recherches,  est  la  con- 
stance de  la  teneur  en  argon  de  l'air  recueilli  à  des  altitudes  différentes, 
par  exemple,  à  la  Mer  de  glace  (1800™)  et  au  sommet  du   mont  Blanc 

(4810"). 

))  Noire  confrère,  M.  Janssen,  toujours  si  intéressé  aux  recherches 
scientifiques,  a  bien  voulu,  en  effet,  nous  adresser  deux  échantillons  d'air 
provenant  de  son  observatoire  du  mont  Blanc.  Cet  air  renfermait  0,9852 
et  0,9827  d'argon.  Il  n'était  donc  pas  différent  de  l'air  recueilli  à  Paris  : 
argon,  pour  100  :  0,9837;  à  Londres  :  0,9825  ou  à  Berlin  :  0,9828. 

))  Ce  fait  a  été  vérifié  au  moyen  d'un  autre  éch;uitillon  d'air  que 
M.  Lacroix  a  eu  l'obligeance  de  nous  rapporter  de  la  montagne  Pelée  à 
la  Martinique  (1201'").  Cet  air  renfermait  0,9866  d'argon,  soit  une  quan- 
tité normale. 

G.  R.,  1903,  2»  Semestre.  (T.   CXXXVII,  N°  16.)  ^O 


6o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

))  Dans  les  pays  plats  comme  la  Russie,  la  constance  de  l'argon  dans  les 
différents  échantillons  est  particulièrement  remarquable.  Parmi  les  prises 
d'air  que  M.  Henri  Gautier  a  prélevées,  à  notre  intention,  nous  remar- 
quons, en  effet,  que  celle  de  Saint-Pétersbourg  nous  a  donné  0,9329 
d'arfi^on  pour  100,  celle  de  Moscou  :  0,9328,  tandis  que  celle  de  Berlin 
fournit  le  même  chiffre  :  0,9323. 

V)  En  somme,  d'après  nos  expériences,  les  échantillons  d'air  recueillis  à 
l'intérieur  des  continents  pour  des  altitudes  deo°^à  58oo"  présentent,  pour 
loo"""',  une  teneur  en  argon  qui  oscille  entre  o""\ 932  et  o*"°',935,  teneur 
remarquable  par  sa  constance.  Les  échantillons  d'air  qui  ])roviennent  de 
la  surface  de  différentes  mers  renferment  des  quantités  d'argon  qui,  en 
général,  sont  un  peu  plus  élevées  que  les  précédentes,  tout  en  se  mainte- 
nant dans  les  mêmes  limites.  Un  seul  échantillon,  pris  dans  l'océan  Atlan- 
tique, renfermait  une  dose  d'argon  égale  à  0,9492. 

»  Ces  recherches  viennent  donc  confirmer  les  vues  importantes  de 
Dumas  et  Boussingault  sur  la  constance  de  composition  de  l'atmosphère 
qui  entoure  la  Terre  (^). 

»   Nous  devons,  en  terminant  ce  rapide  exposé,  remercier  tous  ceux  qui 

ont  bien  voulu  nous  aider  dans  ce  travail  et  recueillir  pour  nous  différents 

*  ... 

échantillons  d'air,  en  particulier  MM.  Janssen,  Lacroix,  Henri  Gautier  et 

Gabriel  Bertrand. 

»   Enfin  nous  tenons  aussi  à  adresser  tous  nos  remercîments  à  M.  Rigaut, 

préparateur  à  la  Sorbonne,  qui  nous  a  secondé  pour  mener  à  bien  ces 

analyses  longues  et  délicates,  m 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  produits  de  condensation  du  tétraméthyldia- 
niidophènyloxanlhranol  avec  le  benzène,  le  toluène  et  la  dimèthylaniline . 
Vert  phtalique.  Note  de  MM.  A.  IIam.eh  el  A.  Guvot. 

(^  A  la  suite  de  nos  dernières  recherches  sur  les  tétraalcoyldiamidodi- 
phénylanlhrones  (-)  obtenues  par  condensation  du  chlorure  d'anthraqui- 
none  avec  les  dialcoylanilines,  il  nous  a  semblé  intéressant  de  préparer 


(')  Dumas  et  BoussiNG.vuLT;,  Recherches  sur  la  véritable  constitution  de  l'air  atmo- 
sphérique {Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3^  série,  t.  IH,  i84i,  p-  2.57). 
(-)  A.  Hallku  et  A.  Glyot,  Comptes  rendus,  t.  CXXXVI,  1900,  p.  53.j. 


SÉANCE  DU  19  OCTOBRE  igoS.  607 

leurs  isomères  de  la  forme  (II) 

R-.\.C"H\     .C^'1P\(CIP)2  C«H\    /G«H^NR' 


C  G 

G«ir'C   ^G«H*  G*H*/  \G«H-^NR2 


GO  GO 

»  Pour  oblenir  ces  nouveaux  dérivés,  il  était  tout  indiqué  de  condenser 
la  benzine,  le  toluène,  etc.,  avec  le  tétraméthyldiamidophényloxan- 
thranol  : 

HO.      .G<'H''N(GH^)'-  G«H3         G«H3N(GtP)-^ 

G  G 

^    ^  G«rP('^G«IPN(GIP)^4-G«H«=ir-0  +  G«H^(^'\G«H3i\(GH3)-, 


GO  GO 

car  on  sait  que  les  phényloxanthranols  se  combinent  facilement  avec  les 
carbures  benzéniques  pour  donner  des  dipliénylanthrones;  celte  réaction 
nous  a,  en  effet,  permis  autrefois  de  préparer  un  certain  nombre  d'homo- 
logues de  la  diphénylanthrone  ('). 

»  Mais,  comme  on  le  verra  dans  la  suite,  les  produits  qu'on  obtient  dans 
cette  condensation  avec  des  phényloxanthranols  sahstilaés  par  des  groupe- 
ments NR-  semblent  s'écarter,  par  leurs  propriétés,  des  corps  du  type 
diphénylanthrone  et  peuvent  plutôt  être  considérés  comme  des  dérivés  du 
diliydrure  d'anthracène  diphénylé  symétrique  de  Linebarger  (-). 

»  Coude  usa  Lion  du  tétrcanétliyldiamidophénylojcanlhranol  avec  la  benzine.  — 
On  introduit  dans  un  flacon  bouché  à  l'éraeri  i  partie  de  benzine,  i  partie  de  télra- 
méthAldianiidophényloxanthranol  et  10  parties  d'acide  sulfurique  concentré  et  l'on 
agite  le  mélange  pendant  quelques  jours  avec  un  agitateur  mécanique.  La  liqueur, 
primitivement  rouge  fuchsine,  vire  au  brun  foncé;  on  perçoit  en  outre  une  légère 
odeur  d'acide  sulfureux,  provenant  sans  doute  d'une  légère  oxydation  des  produits  au 
contact  de  l'acide  sulfurique.  Il  convient  d'arrêter  l'opération  à  ce  moment,  bien  que 
la  condensation  soit  encore  très  incomplète,  afin  d'éviter  la  formation  de  matières 
résineuses.  On  verse  le  contenu  du  flacon  sur  de  la  glace,  on  neutralise  partiellemen  j. 
la  solution  rouge  orangé  ainsi  obtenue  par  addition  d'ammoniaque,  on  sépare  par 
fîltratlon  le  tétraméthyldiamidophénvlxanthranol  qui  n'est  pas  entré  en  réaction  et 
qui  se  précipite  en  petits  cristaux,  lors  de  la  neutralisation,  puis  on  ajoute  à  la  liqueu^ 

(')  A.  llALLERet  A.  Glyot,  BuU.  Soc.  chini.,  t.  XVII,  1897,  p.  8-3,  et  A.  Guyot 
même  Recueil,  p.  98.^. 

(-)  LixEBARGER,  Àui.  clieui.  Joumal,  t.  XllI,  p,  556. 


6o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

filtrée  un  mélange  de  chlorure  de  sodium  el  de  chlorure  de  zinc.  Le  chlorozlncate  du 
colorant  se  précipite  bientôt  en  petits  cristaux  rouges  qu'on  dissout  dans  l'eau  bouil- 
lante et  traite  à  chaud  par  un  excès  d'ammoniaque.  La  base  se  précipite  en  flocons 
qu'on  reprend  par  le  benzène;  enfin,  la  solution  benzénique  séchée,  filtrée  et  con- 
centrée abandonne,  par  addition  d'éther  de  pétrole,  de  petits  cristaux  blancs,  groupés 
en  mamelons,  fondant  à  i/jo'*,  très  solubles  dans  la  benzène  et  le  chloroforme,  peu 
solubles  dans  l'alcool  et  l'élher,  presque  insolubles  dans  l'éther  de  pétrole.  Le  ren- 
dement en  produit  pur  atteint  à  peine  7  à  8  pour  100  du  rendement  théorique,  ce  qui 
est  évidemment  dû  à  la  nécessité  d'arrêter  l'opération  longtemps  avant  la  fin  de 
la  réaction  pour  éviter  la  formation  de  produits  résineux. 

»  Les  chiffres  fournis  par  l'analyse  conduisent  à  la  formule  C'°H''''N' 0^  et  non  à  la 
formule  C^°H^^N^O  qui  serait  celle  de  la  tétramélhjldiamidodiphénjlanthrone  prévue 
par  la  théorie.  Notre  corps  résulte  donc  de  l'addition  de  1'^°'  de  benzine  à  i™"'  de 
tétraméthyldianiidodiphényloxanthranol  sans  élimination  d'eau. 

»  Il  forme  avec  les  acides  des  sels  bien  cristallisés,  solubles  dans  l'eau  en  orangé 
intense.  Ces  sels,  chaulTés  en  solution  alcoolique  avec  1™°^  de  chlorhydrate  d'hydroxyl- 
amine  ou  de  phénylhydrazine,  donnent,  par  addition  d'acétate  de  soude,  des  produits 
de  condensation  incolores  et  parfaitement  cristallisés,  formés  avec  départ  de  2"^°^  d'eau. 

))  La  combinaison  avec  l' hydroxy lamine  G^^H-^N^O  constitue  de  fines  aiguilles 
blanches,  solubles  sans  coloration  dans  les  acides  minéraux  et  fondant  à  210°. 

»  La  combinaison  avec  la  phénylhydrazine(^^^\r\^'*W  se  présente  sous  la  forme  de 
petits  cristaux  incolores,  fondant  à  200°,  solubles  sans  coloration  dans  les  acides 
minéraux. 

»  Condensation  du  télramétliyldiamidophényloxantliranol  avec  le  toluène.  ■ — 
Cette  condensation  s'efl'ectue  exactement  comme  plus  haut  et  le  produit  s'isole  de  la 
même  façon,  mais  les  rendements  sont  beaucoup  plus  élevés  qu'avec  le  benzène  et 
atteignent  facilement  5o  pour  100  du  rendement  théorique. 

»  Ce  produit  se  dépose  de  sa  solution  benzénique  par  addition  d'éther  de  pétrole  en 
petits  cristaux  blancs,  fondant  vers  i63°-i64°  (  non  corr.),  ti'ès  solubles  dans  la  benzine 
et  le  chloroforme,  peu  solubles  dans  l'alcool,  l'éther  et  l'éther  de  pétrole.  Comme  son 
homologue  inférieur,  il  résulte  de  l'union  directe  de  i™"^'  d'oxanthranol  avec  1™°'  de 
toluène,  sans  élimination  d'eau,  et  répond  par  conséquent  à  la  formule  G^^H^-N'O^. 

»  Avec  les  acides,  ce  corps  forme  des  sels  d'un  rouge  orange  intense  et  se  combine 
à  l'hydroxylamine  et  à  la  phénylhydrazine  avec  départ  de  2™°^  d'eau. 

»  La  combinaison  avec  l'hydroxylamine  C^'FP'N^^O  constitue  de  fines  aiguilles 
d'un  blanc  pur,  fondant  à  245°. 

»  La  combinaison  avec  la  phénylhydrazine  C^TP'^N'^  forme  de  petits  cristaux 
d'un  jaune  très  pâle  fondant  à  220°. 

»  Condensation  du  tétraméthyldiamidophényloxanthranol  avec  la  diméthyl- 
aniline.  Vert phtalique.  —  On  dissout  à  chaud  une  partie  de  tétraméthyldiamido- 
phényloxanthranol  dans  trois  parties  de  diméthylaniline  pure,  on  refroidit  en  agitant 
vivement,  de  façon  à  obtenir  une  poudre  cristalline  très  divisée  d'oxanthranol  en 
susjiension  dans  la  diméthylaniline,  puis  on  ajoute,  en  une  seule  fois,  une  partie  d'oxy- 
chlorure  de  phosphore  étendu  d'une  partie  de  diméthylaniline.  La  masse  s'échaulTe, 
devient  opaque  et  prend  un  reflet  bronzé.  Après  une  heure  de  digestion,   on  prend  le 


SÉANCE  DU  19  OCTOBRE  igoS.  609 

produil  de  la  réactiun  par  8  ou  10  parties  de  sulfure  de  carbone,  qui  enlève  les  pro- 
duits qui  n'ont  pas  réagi  et  laisse  le  colorant  sous  forme  d'une  masse  visqueuse  se 
résolvant  en  petits  cristaux  au  contact  de  Teau.  Le  rendement  en  chlorhydrate  est 
presque  théorique  et  le  produit  est  très  pur  du  premier  jet. 

»  Les  autres  sels,  nitrate,  sulfate,  oxalate,  iodhydrate,  etc.,  cristallisent  aussi  très 
facilement;  ils  s'obtiennent  soit  par  double  décomposition  du  chlorhydrate  avec  le  sel 
d'argent  correspondant,  soit  par  dissolution  de  la  base  libre  dans  un  acide.  Ils  sont 
généralement  très  peu  solubles  dans  l'eau  froide  et  se  dissolvent  facilement  dans  l'eau 
bouillante  et  dans  l'alcool  froid;  ils  renferment  tous  une  ou  plusieurs  molécules  d'eau 
de  cristallisation  qu'ils  perdent  vers  120°  et  répondent,  à  l'état  anhydre,  à  la  formule 
générale  C^-H**N='OR,  confirmée  par  de  nombreuses  analyses. 

»  Base  libre  C^'H^^N^O^.  —  Ce  composé  se  précipite  sous  la  forme  de  flocons 
blancs,  amorphes,  lorsqu'on  décompose  par  le  carbonate  de  soude  une  solution 
aqueuse  de  chlorhydrate.  Il  est  très  soluble  dans  le  chloroforme,  d'où  l'alcool  bouil- 
lant le  précipite  en  fines  aiguilles  blanches  fondant  à  152°  et  se  colorant  rapidement 
au  contact  de  l'air. 

»  Leucobase  O'-U'^'^WO.  —  La  leucobase  du  vert  phtalique  s'obtient  facilement  en 
traitant,  jusqu'à  décoloration  complète,  une  solution  aqueuse  du  chlorhydrate  par  du 
zinc  et  de  l'acide  chlorhydrique.  Le  produit  obtenu  ressemble,  par  ses  propriétés  phy- 
siques et  chimiques,  à  celui  que  nous  avons  déjà  décrit  dans  une  communication  anté- 
rieure (  '  ). 

»  Produits  de  condensation  de  la  base  du  vert  plitalique  avec  Vhydroxy lamine 
et  la  phénylhydrazine  : 

»  Ces  composés  se  forment  avec  la  plus  grande  facilité  lorsqu'on  chauffe  au  bain- 
marie,  pendant  quelques  minutes,  vme  solution  alcoolique  du  colorant  ou  de  sa  base 
libre  avec  un  excès  de  chlorhydrate  d'hydroxylamine  ou  de  chlorhydrate  de  phényl- 
hydrazine et  une  quantité  é([uivalente  d'acétate  de  soude.  Ces  produits  de  condensa- 
tion, une  fois  formés,  ne  tardent  pas  à  se  déposer  en  petits  cristaux,  qu'on  purifie  par 
de  nouvelles  cristallisations  dans  l'alcool. 

»  Le  dérivé  obtenu  avec  l' hydrojc^y lamine  crislallise  en  aiguilles  blanches,  fondant 
à  239''-24o°,  très  peu  solubles  dans  l'alcool  et  l'éther,  très  solubles  dans  le  chloroforme 
et  répondant  à  la  formule  C^^IP^N^O. 

«  Le  produit  de  condensation  avec  la  phé/iylhyd/azine  cvhlaWise  en  prismes  d'un 
jaune  pâle,  fondant  à  288°,  très  peu  solubles  dans  tousles  véhicules  organiques,  excepté 
dans  le  chloroforme,  s'altérant  peu  à  peu  au  contact  de  l'air  en  se  colorant  en  vert.  Sa 
composition  répond  à  la  formule  C^'^H^^iS\ 

»  Conclusions.  —  Les  produits  d'addition  du  tétraméthyldiamidophényl- 
oxanthranol  avec  la  benzine,  le  toluène  et  la  diméthylaniline  ne  sont  pas  des 
amidodiphénylanthrones;  cela  résidte  de  leur  composition;  du  reste  les  deux 
télraalcoyldiamidodiphénylanthrones   (-)   que  nous   avons   décrites  dans 


(')  Revue  générale  des  matières  colorantes,   1898,  p.  i, 
(-j   Loc.  cit. 


6io 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


cMrNii- 


une  précédente  Note,  et  dont  la  constitution 


C 


Il  est 


a  IV      C«H^1NR' 


co 


pas  douteuse,  sont  jaunes  à  l'état  libre,  donnent  avec  des  acides  des  sels 
incolores  et  ne  se  combinent  ni  avec  l'hydroxylamine,  ni  avec  la  phényl- 
hydrazine,  alors  que  les  produits  décrits  dans  le  présent  Mémoire  sont 
incolores  à  l'état  libre,  forment  avec  les  acides  des  sels  fortement  colorés 
et  se  combinent  avec  la  phénylhydrazine  et  l'hydroxylamine  avec  départ 
de  2"'°i  d'eau. 

»  Bien  que  le  processus,  qui  donne  naissance  à  ces  dérivés  au  moyen  de 
notre  oxanthranol  substitué,  puisse  être  représenté  le  plus  facilement  par 
l'équation  (A),  pour  les  raisons  signalées  plus  haut,  nous  nous  voyons 
cependant  forcés  d'attribuer  à  ces  composés  une  constitution  qui  s'écarte 
de  celle  des  anthrones  disubstituées.  La  composition  des  bases,  avec  leurs 
deux  atomes  d'oxygène,  la  double  décomposition  à  laquelle  elles  se  prêtent 
avec  l'hydroxylamine  et  la  phénylhydrazine,  le  caractère  des  matières 
colorantes  que  possèdent  leurs  sels,  nous  conduisent  à  les  considérer 
comme  des  dérivés  du  dihydrure  de  diphénylanthracène  de  Linebarger 


HO 


HO-C 

1 

HO/  1 

C«H*(^    ^G«H^iN(ClP) 

HOC 

CnPCH^ 

C«H*N(CH3)2 

C«H' 

I 
HOC 

C'B-*{   \c«H»N(CtP)-^ 
\C^ 

I 
HOC^H^ 

»  Il  est  cependant  h  remarquer  que  les  radicaux  unis  aux  deux  atonies 
de  carbone  y  du  complexe  anthracénique  ne  sont  pas  symétriques  vis-à-vis 
du  noyau  B,  et  ne  sauraient,  par  conséquent,  avoir  même  fonction,  comme 
le  montre  le  schéma  développé  ci-dessous  : 

HOC^^ 


Ri 


N(CH3)-^ 


HO  C. 

\G6Hh\(CH3)2 


SÉANCE    DU    If)   OCTOBRE    ipoS.  6|T 

»  1]  en  résulte  que,  i)ar  analogie  avec  la  |)lLipart  des  coloranls  du  tri- 
phénylméLhane,  on  est  conduit  à  envisager  le  carbone  y,  qui  se  trouve  en 
para  vis-à-vis  du  complexe  CN(CH^)-,  comme  intervenant  dans  la  fonc- 
tion des  bases,  quand  elles  subissent  l'hydrogénation  pour  se  transformer 
en  leucodérivés  ou  lorsqu'elles  se  combinent  aux  acides  pour  donner 
naissance  aux  sels  ou  matières  colorantes. 

»   Ces  composés  auront  donc  respectivement  les  formules  suivantes  : 


lie 


,C=lliN(CH= 


Cl  G' 


X«H'N(GIP)2 


N(Gir')= 

'\G«1FN(C1P)- 

Leucodérivé  du  vert  plilaliquc. 


i\(GH^)^ 

HO  G.    ^^  ^HOC'-    ^^ 

^G«IPi\(Gll=')2 

Vcil  piilaliquc  (clilorhydrate). 

»   Quant  aux  combinaisons  des  bases  avec  l'hydroxylamine  et  la  phénvl- 
hydrazine,  on  peut  les  envisager  de  la  manière  suivante  : 
GH  GR 


G"  H 


,,  / 


NOII      )Gqi^N(Gir')2  G«I1*(     G«H=NHN     )G<5Ii3N(Gn^)S 

GR 
R  représentant  les  radicaux  C«H%  C*'11''CH%  C«H'N(CH^)-.    » 


\ 


MEMOIRES  LUS. 

BIOLOGIE.  —  Sur  V acclimalalion  et  la  culture  des  pintadines,  ou  huîtres 
perlières  vraies,  sur  les  côtes  de  France,  et  sur  la  production  forcée  des  perles 
unes.  Note  de  M.  Raphaël  Dubois. 

«  Dans  la  séance  du  i6  septembre  1900,  au  Congrès  international 
d'Aquiculture  et  de  Pêche,  j'ai  annoncé  que  j'étais  arrivé  à  j)rovoquer 
chez  certains  Mollusques  la  production  des  perles  fines  (  '  ). 


(')  Sur  ta   nature  et   la   formalioii  des  perles  fines  naturelles  {Mémoires   et 


6l2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

))  En  outre,  j'ai  montré  à  diverses  personnes,  au  laboratoire  maritime 
de  Biologie  de  Tamaris,  les  résultats  annoncés  et  obtenus  avec  des  Avicu- 
lidés  indigènes  {Mytilus,  Pinna). 

»  A  l'occasion  de  ma  Communication  du  16  septembre  1900,  le  Prési- 
dent du  Congrès,  M.   Edmond  Perrier,  fit  remarquer,   avec  raison,  qu'il 
serait  très  important  d'appliquer  ma  méthode  à  de  véritables  huîtres  per- 
lières,  à  des  pintadines,  et  qu'il  se  trouvait  précisément  une  espèce  de  ce 
genre  sur  les  côtes  du  golfe  de  Gabès,  dans  le  sud  tunisien.  J'ai  suivi  le 
conseil  de  l'éminent  Directeur  du  Muséum  et  je  m'en  suis  bien  trouvé. 
Après  avoir  obtenu  une  mission  de  la  bienveillance  de  M.  Decrais,  alors 
Ministre  des  Colonies,  je  me  suis  rendu  dans  le  golfe  de  Gabès,  où  j'ai  pu, 
en  1901,  étudier  à  loisir  les  condih'ons  biologiques  d'exislence  des  pinta- 
dines, grâce  à  la  sollicitude  éclairée  de  M.  de  Fages,  directeur  adjoint  des 
Travaux  publics,  et  de  M.  Ponzevera,  chef  de  la  Navigation,  en  Tunisie. 
Cette  mission  m'a  permis,  en  outre,  de  rapporter  des  pintadines  vivantes 
et  de  les  installer  dans  les  milieux  jugés  les  plus  favorables,  d'après  mes 
recherches  en  Tunisie,  et  aussi  de  me  faire  faire  des  envois,  dans  de  bonnes 
conditions,  par  mon  préparateur,  M,  Allemand-Martin,  sous-directeur  du 
laboratoire  maritime  de  Biologie  de  Sfax,  dont  j'ai  la  direction  scientifique. 
C'est  ainsi  que  j'ai  constaté  que  l'on  pouvait  acclimater  la  pintadine  de 
Gabès,  la   multiplier  et  la  cultiver   méthodiquement  dans  nos  eaux,   où 
l'accroissement  de  sa  taille  est  particulièrement  rapide. 

»  Les  échantillons  vivants  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie 
sont  des  Margaritifera  vulgaris  Jameson.  Cette  espèce  a  passé  de  la  mer 
Rouge  dans  la  Méditerranée  par  le  canal  de  Suez  :  elle  a  été  un  peu  mo- 
difiée par  son  nouvel  habitat,  mais  c'est  bien  la  même  que  celle  que  l'on 
pèche  à  Ceylan  pour  ses  magnifiques  perles.  Cette  espèce  se  rencontre 
également  dans  le  sud  de  la  mer  des  Indes,  aux  Maldives,  à  l'île  Maurice, 
dans  la  Malaisie,  l'Australie,  la  Nouvelle-Guinée,  la  Nouvelle-Zélande,  le 
golfe  Persique,  la  mer  Rouge,  Alexandrie  et  Malte,  d'après  M.  Jameson, 
auteur  d'importantes  recherches  sur  cette  question. 

»  Les  perles  que  produit  la  Margaritifera  vulgaris,  en  Tunisie,  ont  un 
très  bel  orient;  elles  sont  régulières,  mais  petites.  En  outre,  elles  sont 
extrêmement  rares,  puisqu'il  faut  ouvrir  1200  à  i5oo  huîtres  pour  trouver 
une  perle. 

Comptes  rendus  des  séances  du  Congrès  international  d' Aquiculture  et  de  Pêche, 
Paris,  igoi). 


SÉANCE  DU  jg  OCTOBRE  \[)0^.  ^tS 

»  En  plarant  ces  pintadines  dans  des  milieux  naturels  ou  arlificiels  où 
les  moules  (  Mytilus  gallo-provincialis)  deviennent  perlières  par  suite  delà 
contamination  parasitaire,  on  provoque  facilement  la  production  des 
perles  fines,  de  telle  sorte  qu'en  ouvrant  successivement  trois  piiitadines 
contaminées  on  a  pu  trouver  dans  chacune  d'elles  deux  petites  perles, 
ainsi  que  je  l'ai  montré  dernièrement,  à  mon  laboratoire  de  Lyon.  J'ai 
d'ailleurs  fait  voir  de  semblables  résultats  dans  mon  laboratoire  de  Tama- 
ris. Mais  je  dois  déclarer  que  j'ai  complètement  échoué  avec  des  Mol- 
lusques marins  n'appartenant  pas  aux  Aviculidés  :  Ostrea,  Vénus  ou  Tapes, 
Cardium,  etc. 

»  Avant  mon  départ  de  Tamaris,  j'ai  ouvert  un  certain  nombre  de 
sujets  contaminés,  et  les  voici  portant  leurs  perles.  Celles-ci  sont  petites, 
car  la  contamination  est  de  date  récente;  mais  elles  ont  un  bel  orient. 
J'ai  l'espoir  de  voir  leur  taille  s'accroître  beaucoup,  puisque,  dans  nos 
eaux,  les  coquilles  elles-mêmes  grandissent  très  vite,  au  point  que  l'on 
peut  penser  que  leur  nacre  deviendra  un  jour  utilisable  pour  l'industrie. 
»   En  résumé,  j'ai  prouvé  : 

»    1°  Que  les  pintadines  peuvent  supporter  de  longs  voyages  sans  périr, 
puisque  j'en  ai  amené  de  vivantes,  des  frontières  de  la  Tripolitaine  à  Paris  -, 
»    -i"  Qu'elles  peuvent  s'acclimater  et  se  cultiver  sur  les  côtes  de  France, 
et  même  y  acquérir  des  qualités  nacrières  supérieures  ; 

»  3"  Que  j'ai  pu  obtenir  avec  ces  pintadines  la  production  forcée  des 
perles  fines  vraies^  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  les  perles  de  nacre  ; 

»  4°  Que  ces  résultats  permettent  d'espérer  que  j'arriverai  à  accli- 
mater, sur  les  côtes  de  France  et  de  nos  colonies  méditerranéennes,  des 
espèces  de  pintadines  autres  que  la  Margarilifera  vulgaris,  si  l'on  veut  bien 
seconder  mes  efforts  pour  doter  mon  pays  d'une  industrie  nouvelle.    » 

CORRESPONDANCE. 

M.  Ed.  Caspari  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  parmi 
les  candidats  à  la  place  vacante,  dans  la  Section  de  Géographie  et  Naviga- 
tion, par  suite  du  décès  de  M.  de  Bussy. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géographie  et  Navigation.) 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  les  trois  premiers  numéros  du  «  Journal  de  Chimie  phy- 
sique »,  publié  par  M.  Philippe-A.  Guye.  (Présenté  par  M.  Haller.  ) 

G.  R.,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXVVII,  N"  16.)  ^' ^ 


6i4 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


ANALYSE    MATHÉMATIQUE,    —    Sur  les  équations  linéaires   aux  différences 
finies.  Note  de  M.  Alf.  (suldberg,  préseatée  par  M.  Emile  Picard. 

«  Je  me  permets  d'indiquer,  dans  celte  Note,  pour  les  équations  linéaires 
aux  différences  finies,  un  théorème  analogue  au  théorème  sur  les  fonctions 
symétriques  des  racines  d'une  équation  algébrique.  Le  théorème  corres- 
pondantpour  les  équations  différentielles  linéaires  est  démontré,  comme 
on  sait,  dans  un  Mémoire  fondamental  de  M.  Appell. 

))   Soient 


(0 


n 


+  «,!'i^ 


-i-  a\ 


<y. 


,{11  < 


une  équation  linéaire  aux  différences  finies,  t^t  j'J  ,  j^^:',  ..•,Xc  ^^  ^y^' 
tème  fondamental  d'intégrales;  je  vais  démontrer  le  théorème  suivant  : 

»  Toute  fonction  algébrique  entière  F  dey\^\y''l\  .  .  •,y''"^  et  des  valeurs 
successives  de  ces  fonctions,  qui  se  reproduit  multipliée  pat  un  facteur  constant 
différent  de  zéro  quand  on  remplace  y'*' ,  y'^',  .  .  ,  y''"^  par  les  éléments  d'un 
autre  système  fondamental  d'intégrales,  est  égale  à  une  fonction  algébrique 
entière  des  coefficients  de  V équation  linéaire  et  de  leurs  valeurs  successives  mul- 
tipliées par  une  puissance  de  n[(^  —  i  )"  ût'^!'_|J. 

))  La  démonstration  de  ce  théorème  est  absolument  analogue  à  la  dé- 
monstration du  théorème  fondamental  de  M.  Appell. 

))  La  fonction  supposée  F  doit,  en  particulier,  se  reproduire,  à  un  fac- 
teur constant  près,  quand  on  permute  entre  elles  les  fonctions j^^'^y'^'',  ..., 
y^\  Il  résulte  de  là  que  cette  fonction  contient  les  valeurs  successives 
de  r^',  y^"\  .  .  .,y  "'  jusqu'au  même  ordre.  Soit/.»  cet  ordt'e. 

»  1°  Si  l'oidre  p  îles  plus  hautes  valeurs  successives  de  J^'  ,  jl'',  •  •  •» 
y''"\  qui  figurent  dans  F  est  moindre  que  /î  —  i ,  la  fonction  F  se  réduit  à  une 
constante. 

»  2*^  Si  /;  =  A/  —  I ,  la  fonction  F  est,  à  un  facteur  près,  indépendant 
^^ïx  ■>  y'x  ■>  •  •  •'  ï'x'  "^i'^®  puissance  du  déterminant 


J.r  Jx^  I 

J  .*•■  J  x+ 1 


J  X  J  x^-\ 


J  X+ll- 


c'est-à-dire  une  puissance  de  Gn[(  —  i)''«.,'l.|]. 


SÉANCE   DU    IÇ)  OCTOBRE    igoS.  "'J 

„   3»  Si  »  est  plus  grand  qne  n  -  .  on  peut  toujours,  à  l'aide  de  l'équa- 
tion linéaire  (■),    remplacer  dans  F  toutes  les  valeurs  successives  de  j,  , 
;°"  y»'    ^l'ordre   supérieur  à  n  -  .   en  fonction  des  autres.  Cette 

;;é'ration  "n'Introduit  évidemment  dans  F  que  des  fonctions  entières  des 
coefficients  de  l'équation  (.)  et  de  leurs  valeurs  successives.  Ou  transforme 
ainsi  la  fonction  F  en  une  autre  de  même  nature  qui  ne  contient  plus  que 
les  valeurs  successives  de  v-,  ....  yT,  jusqu'à  l'ordre  n  -  i  inclusivement 
par  suit.,  d'après  le  deuxième  cas,  cette  fonction  est  une  puissance 
le  nR-.)"«""l.«n>'llipliée  par  un  facteur  qui  ne  peut  être  qu  une  fonc- 
tion algébriqu;' entière  des  coeiricieuts  de  l'équation  (,)  et  de  leurs  valeurs 

successives.  ,         ..      A';^^AA,^n 

„  Nous  terminerons  ces  remarques  en  insistant  sur  la  notion  d  irréduc- 
tibilité d'une  équation  linéaire  aux  différences  finies. 
»   Soit  une  équation  linéaire  aux  différences  finies 

don.  les  coefficients  sont  des  fonctions  rationnelles  de  certaines  fonctions 
de  0.  considérées  comme  connues;  nous  disons  que  l'equation  linéaire  (.) 
est  irréductible,  si  elle  n'a  de  solution  commune  avec  aucune  équation 
linéaire  de  même  nature,  mais  d'ordre  moindre. 
Tguelques  remarques  générales  se  déduisent  immédiatement  de  cette 

'^Touàndune  ec,uation  Unèaire  n'est  pas  irréducUble,  U  existe  toujours  une 
êguation  linéaire  d'ordre  moindre,  dont  elle  ctdmet  toutes  les  intégrales. 

„   Si  une  éuuation  linéaire  a  une  intégrale  eommune  avec  une  equatton 
linéaire  irréductible,  elle  admettra  toutes  les  intégrales  de  cette  dernière.   » 

I 

PHYSIQUE.  -  Sur  unréfractomètre  à  réflexions.  Note  de  M.  T...  Vaut.eh, 

présentée  par  M.  J.  Violle. 

„  11  existe  certaines  applications  de  la  méthode  interférentielle  pour 
lesquelles  A  convient  de  séparer  entièrement  l'unde  l'autre  et  sur  de  longs 
tr  e",  les  deux  faisceaux  in.erféients.  Telle  est  la  disposition  offerte  par 
le  éfi-  ctomè.re  que  nous  décrivons  dans  cette  Note  et  que  "ous  avons  em- 
ployé dans  des  expériences  dont  nous  indiquerons  ultérieurement  les  re- 
sultats. 

,.  L-appa,eil  .e  compose  esse,Hiene„ienl  de  <,ual,e  suvlac.s  vélléchissanles  planes  el 


6(6 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 


parallèles;  les  deux  premières  ont  entre  elles  la  même  distance  que  les  deux  dernières; 
elles  sont  formées  par  trois  miroirs  argentés  dont  l'un,  placé  entre  les  deux  autres,  est 
argenté  sur  ses  deux  faces. 

»  Une  fente  éclairée  S,  située  dans  le  plan  focal  d'une  lentille  à  long  foyer  L,,  émet 
un  faisceau  parallèle  qui  se  divise  en  deux  parties  sur  le  bord  taillé  en  biseau  du  miroir 
central  M;  l'une  d'elles  se  réfléchit  entre  les  deux  premières  surfaces,  l'autre  entre  les 
deux  dernières;  elles  sont  reçues  l'une  et  l'autre  sur  une  lentille  L,  à  long  foyer,  qui 
donne  dans  son  plan  focal  une  image  de  la  fente  lumineuse.  On  dédouble  cette  image 
en  deux  autres  très  voisines  S,,  83,  par  une  très  faible  rotation  du  dernier  miroir  Mj 
autour  d'une  direction  parallèle  à  la  fente;  les  deux  images  réelles  Sj,  S2  ainsi  obtenues 


forment  des  sources  lumineuses  susceptibles  d'interférer,  et  l'on  obtient  dans  la  partie 
commune  aux  deux  faisceaux  des  franges  très  nettes  et  très  brillantes. 

»  Si  sur  le  parcours  de  l'un  ou  l'autre  faisceau,  entre  les  miroirs  M,  Mi  ou  M,  M,,  se 
trouve  un  milieu  dont  les  modifications  à  mesurer  entraînent  des  variations  corré- 
latives du  chemin  optique,  le  système  de  franges  se  déplacera;  le  déplacement  pourra 
être  observé  ou  bien  inscrit  photographiquement  sur  un  cylindre  enregistreur.  En 
inscrivant  simultanément  les  vibrations  d'un  diapason  et  d'un  signal  marquant  la 
seconde,  on  aura  les  éléments  nécessaires  pour  déduire  des  courbes  tracées  par  les 
franges,  la  loi  du  phénomène  étudié  dans  la  suite  des  temps. 

»  Comme  on  le  voit  sur  la  figure,  l'espace  qui  entoure  les  faisceaux  entre  chaque 
miroir  est  entièrement  libre;  on  peut  donc  y  placer  facilement  des  appareils  plus 
ou  moins  encombrants  et  appropriés  au  milieu  étudié. 

))  Le  réfractomètre  peut  encore  être  monté  sans  les  lentilles  Li,  L,  ;  le  faisceau  issu 
de  la  fente  lumineuse  est  divisé  en  deux  parties  comme  précâdemmenl  par  l'arête  du 
miroir  central,  et  ces  deux  parties  se  juxtaposent  à  nouveau  après  réflexion  entre  les 
miroirs;  en  faisant  tourner  légèrement  le  miroir  Mg  autour  d'un  axe  parallèle  à  la 
fente,  on  fait  converger  le  faisceau  correspondant  sur  l'autre,  et  l'on  observe  des 
franges  d'interférence  dans  la  partie  commune  aux  deux  faisceaux. 

»  Toutefois  dans  cet  arrangement,  à  mesure  que  le  chemin  parcouru  par  la  lumière 
augmente,  l'éclat  diminue;  aussi  avons-nous  généralement  employé  le  dispositif  décrit 
en  premier  lieu,  qui  donne  des  franges  plus  brillantes. 

»  Les  supports  des  miroirs  sont  pourvus  des  organes  nécessaires  pour  régler  le 
parallélisme  et  l'égalité  des  distances.  Pour  achever  ce  dernier  réglage,  il  est  commode 
de  s'aider  d'un  speclroscope  dont  la  fente  est  placée  dans  la  région  de  formation  des 
franges. 

»  Dans  le  premier  dispositif,  il  existe  un  point  particulier  P  où  l'on  obtient  des 
franges  localiséas  avec  une  grande  étendue  de  la  source  lumineuse;  le  calcul  montre 
que  ce  point  est  situé  à  l'endroit  où  se  séparent  les  faisceaux  issus  des  images  S,,  So  de 


SÉANCE  DU  19  OCTOBRE  1903.  617 

la  fenle.  Nous  avons  vérifié,  en  effet,  que  Ton  obtient  des  franges  absolument  nettes 
en  ce  point  en  donnant  à  la  fente  une  largeur  de  3"^'"  et  cela  encore  lorsque  les  fais- 
ceaux lumineux  étaient  rénécliis  huit  fois  entre  des  miroirs  distants  de  3°'. 

»  On  n'a  pas  cependant  utilisé  ce  point  particulier  pour  les  inscriptions  pliologra- 
phiques;  il  est  plus  avantageux,  tout  en  s'en  rapprochant  autant  que  possible,  de  se 
maintenir  dans  une  région  où  les  faisceaux  convenablement  superposés  donnent  un 
fond  lumineux  bien  uniforme;  il  est  commode  à  cet  effet  d'employer  des  lentilles  à 
long  foyer. 

»  On  peut  accroître  on  diminuer  dans  de  larges  limites  la  sensibilité  de 
l'appareil  en  fiusant  varier  la  distance  des  miroirs  et  le  nombre  des  réflexions. 
Pour  avoir  une  idée  de  cette  sensibilité,  il  suffit  de  noter  par  exemple  que, 
dans  l'air  pris  à  la  pression  atmosphérique,  il  faut  un  parcours  de  i3'"  pour 
qu'une  variation  de  densité  de  ^^-^^  déplace  le  système  (le  franges  enre- 
gistrées photographiquement  d'une  largeur  de  franges;  on  rendrait  ainsi 
visibles  des  différences  de  pression  inférieures  à  ^-^^^  d'atmosphère,  on 
des  variations  de  température  de  l'ordre  de  ^  de  degré  centigrade. 

>.  Un  parcours  de  cet  ordre  de  grandeur  est  facilement  récdisable;  mais 
une  trop  forte  augmentation  de  parcours  optique  amène  dans  l'obser- 
vation des  franges  des  perturbaliotis  dont  l'aUénuation,  sinon  la  sup- 
pression, exige  des  dispositifs  appropriés. 

»   Ces  perturbations  sont  de  deux  sortes  : 

»  D'abord  les  vibralions  accidentelles  des  supports  qui  se  traduisent  par 
la  vibration  des  franges;  cet  inconvénient  s'accroît  surtout  avec  le  nombre 
de  réflexions  auxquelles  les  faisceaux  lumineux  sont  soumis;  c'est  par  une 
étude  spéciale  des  supports,  par  l'emploi  judicieux  de  cales  de  caoutchouc 
qu'on  rendra  minimum  les  perturbations  de  cette  espèce. 

»  On  observe  aussi,  lorsque  le  parcours  optique  des  faisceaux  séparés 
est  très  considérable,  une  torsion  variable  et  un  déplacement  latéral, 
lent,  du  système  de  franges,  mouvements  qui  indiquent  une  variation 
relative  des  cheixïins  optiques  aux  divers  niveaux  traversés  par  la  lumière. 
Ces  variations  continuelles  de  la  densité  dans  un  air  même  calme,  sont 
attribuabies  à  des  variations  de  température;  c'est  donc  au  réglage  d'une 
température  uniforme  et  invariable  qu'il  faudra  s'attacher  pour  obtenir 
des  franges  bien  fixes  quand  le  parcours  optique  dépasse  une  dizaine  d(^ 
mètres  dans  l'air  atmosphérique.  Au-dessous  de  cette  distance  nous  n'avons 
que  très  rarement  constaté  le  dernier  inconvénient.  » 


6l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  la  composition  du  peroxyde  de  zinc. 
Note  (le  M.  Kuriloff,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

((  M.  de  Forcrand,  dans  deux  Notes  (Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  p.  Goi, 
et  t.  CXXXV,  p.  io3)  sur  la  composition  et  les  propriétés  du  peroxyde  de 
zinc,  établit  trois  types  des  oxydes  supérieurs  de  zinc  Zn^O^,  Zn^'O^  et 
ZnO^,  en  refusant  de  reconnaître  l'individualité  chimique  du  peroxyde 
obtenu  par  M.  Ilaass,  Zn^O%  ainsi  que  du  peroxyde  indiqué  par  moi, 
Zn^O^H^O. 

»  La  question  de  l'individualité  chimique  des  combinaisons  aussi  peu 
constantes  que  le  peroxyde  de  magnésium,  de  zinc  et  de  cadmium  est  très 
compliquée.  Il  est  difficile  dans  ce  cas  d'appliquer  le  principe  de  la  con- 
stance de  tension  de  la  dissociation,  vu  que  la  décomposition  se  produit 
très  rapidement  et  est  quelquefois  accompagnée  par  de  légères  explosions. 
Il  faut  observer  d'un  autre  côté  qu'on  peut  obtenir  différents  degrés 
d'oxydation  en  traitant  graduellement  l'hydrate  d'oxyde  de  zinc  par  le 
peroxyde  d'iivdrogène.  Les  types  des  oxydes  décrits  par  M.  de  Forcrand 
étaient  évidemment  connus  de  M.  Haass  et  ils  ont  été  décrits  par  moi. 

»  Ces  données  sont  indiquées  en  détail  dans  mon  travail  publié  en  1899 
et  1900,  qui,  peut-être,  est  resté  inconnu  pour  M.  de  Forcrand  puisqu'il 
ne  fait  usage  que  de  ma  Note  très  courte  publiée  dans  les  Annales  de  Chimie 
et  de  Physique,  Çf  série.  Tome  XXIII,  1891. 

»  En  raison  de  ces  circonstances  je  pense  qu'il  ne  sera  pas  inutile  de  citer 
l'extrait  suivant  de  mon  travail  sur  le  sujet  en  question  (Journ,  de  la  Soc. 
phys.-chim.  russe,  t.  XXII,  1900,  p.  180)  : 

»  Le  premier  traitement  de  l'iijdrate  d'oxyde  de  zinc  par  le  peroxyde  d'hydro- 
»  gène  a  donné  un  produit  qui  répond  approximativement  à  la  composition  Zn-0^,  le 
))  second  traitement  Zn'^O'";  le  troisième  Zn^O^  »,  et  plus  loin  :  «  de  cette  façon, 
»  l'augmentation  de  l'oxygène  continue  de  croître  en  approchant  de  la  proportion 
■>    théorique  de  la  composition,  ZnO-  ». 

»  Il  va  sans  dire  que,  suivant  la  manière  de  procéder,  on  obtiendra  des 
peroxydes  de  zinc  de  toute  espèce  de  composition;  il  fallait  décider 
laquelle  de  ces  substances  doit  être  reconnue  chimiquement  individuelle. 

»  Pour  établir  l'individualité  chimique  on  se  sert  de  la  méthode  basée 
sur  la  loi  de  la  constance  de  composition.  La  substance  dont  la  compo- 
sition restait  invariable  dans  des  préparations  différentes  était  reconnue 


SÉANCE  DU  19  OCTOBRE  IpoS.  619 

comme  chimiquement  individuelle  (p.  189-191).  Voilà  pourquoi  parmi 
tous  les  peroxydes  de  zinc  nous  nous  sommes  arrêté  alors  sur  la  substance 
de  la  composition  Zn02Zn(OH)-.  Les  expériences  ont  démontré  qu'au 
moyen  du  traitement  graduel  de  l'hydrate  d'oxyde  de  zinc  en  suivant  la 
méthode  indiquée  par  moi  (évaporation  des  solutions  du  peroxyde  d'hv- 
drogène  avec  l'hydrate  d'oxyde  de  zinc),  on  obtient  toujours  des  peroxydes 
de  zinc  possédant  la  composition  indiquée  précédemment. 

»  En  nous  basant  sur  ce  que  je  viens  de  dire  on  arrive  aux  concl4sions 
suivantes  : 

»  1°  Les  oxydes  de  M.  de  Forcrand  présentent  des  formes  d'oxydation 
intermédiaires  dont  la  composition  dépend  des  moyens  de  les  obtenir. 

»  2°  La  composition  du  peroxyde  de  zinc  ainsi  que  celle  du  peroxyde 
analogue  de  cadmium  répond  à  la  formule  MO^\I(OH)-. 

»  3°  Ce  dernier  type  est  le  seu!  bien  établi  pour  le  moment  :  les 
autres  types,  pour  être  admis,  doivent  être  vérifiés  par  l'application  d  ?  l'un 
ou  l'autre  principe  établissant  leur  individualité. 

w  4*^  Après  l'établissement  de  l'individualité  des  différents  degrés  d'oxy- 
dation il  sera  possible  de  résoudre  tléfinitivement  la  question  du  caractère 
de  ces  substances  comparativement  aux  peroxydes  des  métaux  du  baryum, 
strontium  et  calcium.  » 


PHYSIOLOGIE  ANIMALE.    —  V organe  phagocy taire  des  Crustacés  Décapodes. 
Note  de  M.  L.  Cuénot,  présentée  par  M.  Bouvier. 

«  Si  l'on  injecte  de  l'encre  de  Chine  finement  broyée  dans  la  cavité 
d'un  Crustacé  Décapode,  l'encre  disparaît  très  vite  de  la  circulation,  en 
quelques  minutes  chez  les  petites  esj)èces.  On  retrouve  très  peu  de  grains 
noirs  dans  les  jeunes  amibocytes  (stade  phagocyte);  la  majeure  partie  de 
l'encre  a  été  capturée  par  un  organe  phagocytaire  spécial,  qui  se  trouve 
sur  les  rameaux  terminaux  des  artères  hépatiques.  Ces  branches  termi- 
nales, logées  entre  les  cœcumsdu  foie,  portent  à  leur  surface  de  très  nom- 
breux nodules  saillants,  constitués  par  des  amas  de  cellules  fixes  ressem- 
blant beaucoup  aux  amibocytes  libres,  et  qui  possèdent  à  un  haut  degré  la 
propriété  phagocytaire.  Après  injection  cœlomique,  elles  sont  littéralement 
bourrées  d'encre,  de  sorte  qu'à  un  simple  examen  à  la  loupe,  on  distingue 
facilement  les  petits  nodules  qui  se  détachent  en  noir  sur  le  fond  clair  des 
cœcums  hépatiques.  Telle  est  la  disposition  de  l'organe  phagocytaire  chez 


620  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tous  les  Crustacés  Décapodes  dont  le  foie  est  logé  dans  le  céphalothorax  ; 
l'artère    hépatique    devrait    donc    être    appelée    artère    hépato-phagocy- 

taire  (  '  ) . 

»  Chez  les  Pagures,  dont  le  foie  est  entièrement  logé  dans  l'abdomen, 
l'organe  phagocytaire  présente  des  dispositions  fort  intéressantes.  Comme 
l'a  très  bien  reconnu  M.  Bouvier  (-),  il  se  détache  du  cœur  deux  grosses 
artères  qui  correspondent  exactement  aux  artères  hépatiques  des  autres 
Décapodes,  mais  qui  ne  se  rendent  pas  au  foie;  elles  restent  dans  le  céphn- 
lolhorax.  Sur  tout  leur  trajet,  ces  artères,  que  je  propose  d'appeler  artères 
phagocyi aires,  émettent  de  nombreuses  et  fines  ramifications  terminées  en 
cœcum,  qui  sont  recouvertes  d'un  manchon  de  phagocytes  fixes  (tissu 
périvasculaire  de  Marchai).  Après  injection  d'encre,  ces  ramifications  se 
dessinent  nettement  en  noir;  tantôt  elles  sont  agglomérées  en  une  masse 
aplatie,  appliquée  sur  les  côtés  de  l'estomac  (petits  Pagures  comme* C/«èa- 
iiarius  et  Diogenes);  tantôt  elles  s'intriquent  avec  les  ramifications  vésicales 
du  rein  antennaire  et,  comme  celles-ci,  encadrent  exactement  l'estomac 
(  Eupagurus  Bernhardus  L.);  des  intermédiaires  relient  du  reste  ces  deux 
dispositions  extrêmes. 

y>  On  sait  que  les  Crustacés  Décapodes  possèdent  un  autre  organe  lym- 
phoïde,  d'où  proviennent  les  amibocytes  libres  du  sang  (^)  :  cet  organe 
globuligène  est  en  relation  avec  l'artère  opthalmique,  soit  qu'il  s'étale  à 
la  surface  de  l'estomac  (Astacus,  Crabes),  soit  qu'il  entoure  cette  artère 
d'un  épais  manchon  continu  (Pagures,  Nika),  soit  enfin  qu'il  se  concentre 
en  une  petite  masse  placée  à  la  base  du  rostre  (Palémonides).  Les  cellules 
de  cet  organe  sont  tout  à  fait  dépourvues  de  la  propriété  phagocytaire,  et 
présentent  de  nombreuses  mitoses. 

»  C'est  certainement  chez  les  Décapodes  que  ces  deux  types  d'organes 
lyinphoïdes,  globuligène  et  phagocytaire,  se  présentent  sous  la  forme  la 
plus  schématique,  tant  par  la  facilité  avec  laquelle  on  peut  les  mettre  en 
évidence  que  par  la  simplicité  de  leur  fonctionnement.   > 


(')  A  ma  csnnaissance,  un  seul  auteur  a  soupçonné  la  présence  d'un  organe  pliago- 
cylaire  sur  les  rameaux  de  l'artère  hépatique;  c'est  Salnt-Hilaire  \^La  fonction  pha- 
gocytaire des  vaisseaux  hépatiques  de  l'Eerevisse  {Revue  des  Se.  natur.,  Saint- 
Pétersbourg,  4*^  année,  1898,  p.  347)]. 

(■-)  E.-L.  BouviEK,  Recherches  anatomiques  sur  le  système  artériel  des  Crustacés 
Décapodes  {Ann.  Se.  nat.,  7"  série,  t.  XI,  1891,  p.  197). 

(^)  CuÉNOr,  Études  physiologiques  sur  les  Crustacés  Décapodes  {Ai-cli.  de  Bio- 
logde,  t.  Xlll,  1898,  p.  245). 


SÉANCE    DU    19    OCTOBRE     l()o3.  62 1 


GÉOLOGIE.  —  Sur  les  phases  de  plissement  des  zones  intra- alpines  Jrançaises. 
Note  (le  M.  W.  Kiliax,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

a  Lorsque  l'on  an;ilyse  le  détail  des  dislocations  qui  ont  donné  anx 
Alpes  delphino-provençales  leur  structure  complexe  (')  telle  que  l'a  par- 
faitement représentée  M.  Termier  (-)  en  quatre  coupes  transversales 
récemment  publiées,  on  est  amené,  en  ce  qui  concerne  les  régions  intra- 
alpines  (zones  du  Briançonnais  et  du  Piémont),  à  y  voir  la  trace  des  phé- 
nomènes suivants  C)  : 

»  a.  Formation  de  plis  imbriqués  et  couchés  vers  l'extérieur  de  la  chaîne, 
«  s'escaladant  »  les  uns  les  autres,  suivant  l'expression  si  suggestive  de 
M.  Lugeon,  accompagnés,  notamment  entre  les  massifs  cristallins  duMer- 
cantour  et  du  Pelvoux,  de  nombreux  charriages  (décrits  par  MM.  Haug, 
Termier,  et  par  nous-même)  et  ayant  déterminé  parfois,  dans  leur  «  V^or- 
land  »,  une  structure  imbriquée  très  nette  et  dirigée  dans  le  même  sens. 

»  Ces  plis  ayant  intéressé  lesFlysch  éocène  et  oligocène  et  chevauchant 
eux-mêmes  des  régions  renfermant  dans  leurs  parties  externes  tles assises 
miocènes,  plissées  (Diois  et  Baronnies  j  sont  nécessairement  postérieurs  à 
la  première  moitié  de  la  période  néogène.  Ils  ont  été  précédés  cependant 
de  dislocations  intenses,  les  conglomérats  du  Miocène  supérieur  sub-alpin 
(Voreppe,  Bas-Dauphiné,  etc.)  contenant  en  galets  la  plupart  des  roches 
(granit  du  Pelvoux,  quartzites  du  Trias,  variolites,  etc.)  qui  constituent 
ces  zones  intra-alpines  et  que  des  dislocations  avaient  donc,  à  cette  époque, 
déjà  fait  affleurer  en  des  points  accessibles  à  l'érosion.  On  peut  conclure 
aussi  de  ces  faits  que  ces  dislocations  ne  se  soni  pas  uniquement  manifestées 
en  profondeur  à^Aus  les  régions  intracorticales,  mais  qu'elles  ont  atteint  la 
surface  du  sol. 

»  b.  Nouvelle  phase  de  striction,  produisant  le  reploiement  des  plis 
couchés  précédents  {a)  et  des  nappes  qui  en  dérivent,  ainsi  que  nous 


(')  Voir  Comptes  rendus,  28  septembre  et  5  octobre  1900. 

(-)  Bull.  Soc.  géol.  de  France,  4"  série,  t.  II,  1902,  p.  !\\.i. 

(•^)  Nous  laissons  ici  de  côté  les  mouvements  et  dislocations  antérieurs  à  l'époque 
miocène,  bien  que  la  nature  des  galets  qui  composent  les  brèches  et  les  conglomérats 
du  Lias  (brèche  du  Télégraphe)  et  de  FÉogène,  montre  très  nettement  qu'il  a  dû  se  pro- 
duire, àdiflférents  moments  des  temps  secondaires  et  éogènes,  des  bombements  et  des 
plis  ayant  donné  prise  à  l'érosion  des  eaux  marines  et  s'étant  manifestés  autrement 
que  par  des  déplacements  intracor tlcaux . 

G.  R.,  1903,  2»  Semestre.  (T.  GXXXVII,  N"  16.)  ^'^- 


62  2  A.CADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Tavons  démontré  pour  les  monlagnes  situées  entre  Guillestre,  Escreins  et 
Vars,  et  comme  M.  Termier  l'a  fait  voir  pour  la  région  qui  sépare  Vallouise 
de  Briançon.  Ces  nappes  reployées  ont  sans  doute  présenté,  avant  que 
l'érosion  en  ait  fait  disparaître  une  notable  partie,  une  extension  bien 
plus  grande  que  celle  que  représentent  les  témoins  que  nous  connaissons 
aujourd'hui. 

»  c.  Phénomènes  Aq  plissement  en  retour  (^Rûckfaltimg),  déterminés  sans 
doute  par  un  affaissement  (décompression)  des  régions  piémontaises  et 
s'étant  manifestés  sur  le  côté  interne  seulement  du  bourrelet  (arc)  alpin 
constitué  par  les  dislocations  précédentes.  Cette  sorte  de  poussée  au  vide 
a  produit  une  série  de  plis  secondaires,  déversés  vers  l'Italie  (régions  à 
l'est  de  Modane,  de  Briançon,  de  Chàteau-Queyras,  de  Maurin),  notam- 
ment dans  les  racines  du  paquet  de  schistes  liasiques  plissés  et  charriés  du 
mont  Jovet  et  de  la  If  écaille  du  Briançonnais  dus  aux  charriages  de  la 
phase  (rt)  et  que  l'érosion  a  ensuite  isolés  en  arrière  de  leurs  racines 
(tîésormais  plissées  en  sens  inverse). 

»  Ces  plis  en  retour  se  distinguent,  ainsi  que  l'ont  fait  remarquer  divers 
observateurs,  par  l'absence  de  charriages  importants  et  par  leur  allure 
différente  de  celles  des  plis  couchés  de  la  première  phase,  tous  déversés 
vers  l'ouest. 

))  Ce  n'est  qu'à  la  suite  de  ces  derniers  mouvements  que  se  dessine  la 
structure  en  éventail  asymétrique  ('),  si  caractéristique  de  nos  Alpes  fran- 
çaises. L'éventail  alpin  présenterait  ainsi,  suivant  que  l'on  considère  les 
causes  qui  ont  produit  sa  portion  externe  (ou  occidentale  pour  les  Alpes 
delphino-provençales)  ou  ses  éléments  internes  (orientaux),  une  dualité 
d^ origine  tout  à  fait  remarquable.  Son  existence  n'apparaîtrait  plus  comme 
une  anomalie  dans  le  système  alpin  dont  tous  les  éléments  accusent  si 
nettement  une  poussée  dirigée  vers  l'extérieur  de  l'arc  que  décrit  notre 
grande  chaîne  européenne.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Du  rôle  de  la  compression  dans  la  localisation  des  tendons. 
INote  de  M.  R.  Anthony,  présentée  de  M.  Marey. 

«  Depuis  les  travaux  connus  de  M.  Marey,  de  M.  Roux  (-)  et  de  leurs 
élèves,  on  sait  que,  dans  ce  qu'on  est  convenu  d'appeler  unmuscle  (réunion 


(')  Mise  en  évidence,  dès  1894,  par  M.  Marcel  Bertrand. 

(')   Voir  pour  détails   :    Anthony,   Compter  rendus   Soc.  BioL,    1902-1903  ;  />«//. 
Soc.  Anthrop.,  Paris,  1908.  —  Th.  Romignot,  D.  M.,  Lille,  1902. 


SÉANCE  DU  19  OCTOBRE  IQoS.  628 

de  substances  contractiles  et  de  substances  tendineuses),  la  lorigaear  réelle 
de  la  fibre  musculaire  est  proportionnelie  à  l'aniplitude  du  mouvemsnt 
qu'elle  commande. 

»  Cette  première  question  résolue,  une  autre  se  pose,  celle  de  la  position 
respective,  dans  un  même  muscle,  de  la  substance  musculaire  et  de  h\  sub- 
stance tendineuse,  et  des  facteurs  qui  déterminent  cette  position. 

»  Ces  facteurs  sont  nombreux  :  je  me  suis  spécialement  occupé  de  l'étude 
de  l'un  d'eux,  la  compression  réciproque  des  muscles  les  uns  par  les 
autres,  dont  déjà  en  1890  M.  Roux  avait  signalé  l'imporlance.  J'ai  reconnu 
que  les  effets  de  la  compression  s'exerçaient  chaque  fois  qu'un  muscle  se 
trouvait,  au  moment  de  sa  contraction,  empêché  par  un  mécanisme  quel- 
conque d'augmenter  son  volume  transversal,  conilition  nécessaire  de  la 
contraction;  le  fait,  pour  un  muscle,  d'être  placé  entre  un  plan  résistant 
et  un  autre  muscle,  ou  entre  deux  autres  muscles  le  croisant  perpendicu- 
lairement, constitue  la  réalisation  de  cet  empêchenient. 

»  Le  résultat  morphogénétique  de  la  compression  est  la  Iransforniation 
tendineuse.  Si  la  compression  est  faible  (1^^' degré),  ie  mascle  comprimé 
s'aplatit,  se  lamine  en  quelque  sorte  et  prend  simplement,  sur  sa  partie 
directement  en  contact  avec  le  compresseur,  un  aspect  nacré  caracté- 
ristique (les  fibres  les  plus  superficielles  étant  naturôllement  les  plus 
gênées).  La  compression  devient  plus  forte  (2^  degré),  la  substance  muscu- 
laire est  alors  expulsée  en  'quelque  sorte,  le  tendon  étant  nettemsnt  loca- 
lisé dans  la  région  comprimée  et  ne  la  dépassant  pas.  Si  la  compression 
devient  plus  forte  encore  (3^  degré),  le  tendon  s'amincit  de  plus  en  plus  et 
finit  même  par  complètement  disparaître,  le  muscle  transportant  son 
insertion  au  point  où  la  compression  n'existe  plus.  J'ai  recueilli  de  nombreux 
exemples  detendinification  parce  mécanisme  (dissections  faites  au  labora- 
toire d'Anatomie  comparée  du  Muséum  d'Histoire  naturelle). 

»  Par  ce  qu'il  vient  d'être  dit,  on  conçoit  que  la  compression  est  un 
facteur  morphogénétique  des  plus  puissants  :  les  corps  musculaires  ne 
peuvent,  en  réalité,  exister  que  là  où  son  action  ne  se  fait  point  sentir  et  il 
s'ensuit  que  leur  longueur,  partant  l'amplitude  des  moLiveni3nts  qu'ils 
commandent  et  consécutivement  la  forme  des  surfaces  articulaires,  est 
sous  la  dépendance  de  ce  facteur,  qui,  grâce  à  l'accumulation  héréditaire, 
acquiert  une  importance  très  considérable  dans  la  constitution  des  types 
morphologiques  animaux. 

')  Sur  un  individu  pris  en  j)articulier,  on  peut  aisément  constater  les 
etlets  morphogénétiques  de  la  compression  :  les  animaux  jeunes  et  les  fœtus, 
en  effet,  n'ont  pas  les  tendons  aussi  nettement  accusés  que  les  adultes. 


024  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Do  plus,  j'îii  pu  expérimentalemenl,  chez  un  animal,  modifier  la  dispo- 
sition normale  des  tendons,  en  changeant  dès  le  jeune  âge  les  rapports  des 
muscles  entre  eux. 

»  C'est  ainsi  que,  sur  un  chien  (expérience  faite  à  la  Station  physiologique  du  Col- 
lège de  France)  à  qui  j'avais  e^ilevé  à  Tâge  de  4  mois  l'un  des  muscles  crotaphyles,  en 
m'attachant  surtout  à  détruire  sa  partie  postérieure  qui  comprime  le  muscle  occipito- 
mastoïdo-huméral  et  y  déterminer  la  production  d'une  impression  tendineuse,  jai  con- 
staté, 6  mois  après  l'opération,  que  la  susdite  impression  tendineuse  était  sensiblement 
moins  nette  et  moins  étendue  du  côté  opéré  que  du  côté  normal. 

»  Au  même  animal  j'avais,  le  jour  de  sa  naissance,  fait  subir  une  luxation  du  coude, 
à  la  suite  de  laquelle  il  avait  pris  l'habitude  de  marcher  d'une  façon  spéciale,  écartant 
l'omoplate  du  corps.  Plus  tard,  à  la  dissection,  je  reconnus  que  le  muscle  sous-scapu- 
laire  ne  possédait  pas  Timpression  nacrée  caractéristique  qu'il  présente  normalement. 
Une  modification  du  même  ordre  intéressait  le  muscle  cubital  postérieur. 

»  Cette  même  luxation  m'a,  de  plus,  permis  de  constater  la  production  expérimentale 
de  tendons  dans  des  régions  où  normalement  il  n'en  existe  pas.  Dans  la  position  spéciale 
de  sa  patte,  au  moment  de  l'appui,  l'animal  effectuait  une  rotation  en  dedans  de  son 
avant-bras;  les  muscles  radiaux  se  contractant  énergiquement  exerçaient  alors  sur  la 
partie  externe  et  inférieure  du  biceps  une  compression  énergique  et  inaccoutumée,  se 
traduisant  par  la  présence  très  nettement  limitée  de  tissu  conjonctif  (à  aspect  terne  et 
graisseux,  il  est  vrai)  en  une  région  où  il  n'y  a  normalement  que  du  tissu  musculaire. 

»  En  résumé  :  i°  Des  faits  noinbreiix  d'analomie  comparée  montrent 
que,  partout  où  il  y  a  compression  effective  d'un  muscle,  il  existe  un 
tendon  ; 

))  2°  L'expérimentation  montre  qu'on  peut,  dans  beaucoup  de  cas,  éta- 
blir une  relation  de  cause  à  effet  entre  la  compression  et  la  présence  du 
tendon  ; 

»  3*^  La  compression  est  un  facteur  morphogénétique  agissant  constam- 
ment, puisque,  chez  un  individu,  on  peut,  en  la  mettant  en  jeu,  déterminer 
la  présence  de  tendons  et,  en  supprimant  son  action,  empêcher  le  déve- 
loppement de  formations  tendineuses  normales.    » 


MÉDECINE.  —  Sur  les  rapports  qui  existent  entre  le  Surra  et  le  Nagajia, 
d'après  une  expérience  de  Nocard.  Note  de  MM.  Vallée  et  Carré,  pré- 
sentée par  M.  A.  Laveran. 

((   Nous  devons  à  MM.  Laveran  et  Mesnil  une  excellente  démonstration, 
l'iiile  sur  des  chèvres,  de  la  non-identité  du  Nagana  et  du  Siirra  (' ).  En 

('  )  Laveran  et  Mesml,  Comptes  rendus^  22  juin  igoS. 


SÉANCE    DU    19   OCTOBRE    1903.  623 

raison  de  l'inlérêt  considérable  qui  s'attache  à  la  question  si  importante  des 
rapports  entre  ces  deux  maladies,  il  nous  a  paru  intéressant  de  signaler  les 
résultats  de  l'expérience  suivante,  entreprise  par  notre  éminent  maître,  le 
regretté  professeur  Nocard. 

»  Une  vache  bretonne  est  inoculée  le  7  juin  1902  avec  a*""''  de  sang  de  rai  riche  en 
trypanosomes  du  Nagana. 

»  Le  10  juin  on  constate  aisément  dans  le  sang  de  l'animal,  lors  de  la  réaction 
fébrile,  quelques  trypanosomes.  Dès  le  lendemain  la  température  s'abaisse,  l'examen 
microscopique  ne  permet  plus  de  trouver  des  parasites  ;  l'état  de  la  bète  s'améliore 
progressivement. 

»  Le  sujet  reçoit  alors,  à  de  courts  intervalles,  des  doses  relativement  considérables 
de  sang  très  riclie  en  trypanosomes  du  Nagana  : 

»   i-^.  juin  1902.  —  25^'"'  de  sang  de  chat, 

»  6  juillet  1902.  —  45*^™'  de  sang  de  chat. 

»  -21  juillet  1902.  —  35'^'"'  de  sang  de  chat. 

n    i4  août  1902.  —  50*""'  de  sang  de  chat. 

»    17  août  1902.  —  30'^'"'  de  sang  de  chat. 

»   29  août  1902.  —  600*^"'  de  sang  de  chien  extrêmement  riche  en  parasites. 

»  La  vache  a  donc  reçu  au  total,  en  injections  sous-cutanées  ou  inlra-péritonéales, 
8o5'^'"'  de  sang  toujours  très  riche  en  trypanosomes  et  cela  sans  présenter  d'autres 
troubles  que  des  j)Oussées  fébriles  intermittentes. 

»  Les  parasites  inoculés  lors  de  la  dernière  injection,  le  29  août  1902,  ont  été  si 
rapidement  détruits  dans  l'organisme  que  le  sang  recueilli,  à  partir  du  3  sep- 
tembre 1902,  n'infecte  plus  les  souris  inoculées.  On  doit  donc  considérer  le  sujet  mis 
en  expérience  comme  guéri  du  Nagana  et  hypcrvacciné  contre  cette  maladie. 

»  Le  6  juillet  1903,  plus  d'un  an  après  l'inoculation  du  Nagana,  cette  bète  reçoit  sous 
la  peau  o'='"',5  de  sang  d'une  souris  inoculée  de  Surra  de  l'île  Maurice,  dû  à  l'obli- 
geance de  MM.  Laveran  et  Mesnil.  On  inocule,  en  même  temps,  comme  témoin,  un 
jeune  bovidé  neuf  de  race  bretonne. 

))  A  partir  du  huitième  jour  après  celte  inoculalion,  les  souris  qui  reçoivent  une 
seule  goutte  du  sang  de  la  vache  préalablement  vaccinée  contre  le  Nagana  sont  à  coup 
sûr  infectées  de  Surra.  Il  est  cependant  très  difficile  de  rencontrer  des  trypanosomes  à 
l'examen  direct  de  ce  sang. 

»  Depuis  cette  époque,  le  Surra  évolue  chez  la  vache  immunisée  contre 
le  Nagana  de  la  même  façon  que  chez  le  bovidé  témoin.  Tous  deux  pré- 
sentent une  forme  relativement  bénigne  de  la  maladie. 

»  Aujourd'hui  encore,  plus  de  trois  mois  après  le  début  du  Surra,  l'ino- 
culation à  la  souris  de  5  gouttes  du  sang  de  la  vache  immunisée  contre  le 
Nagana  provoque  d'une  façon  certaine  l'évolution  du  Surra. 

»  Ainsi  se  trouve  confirmée  la  démonstration,  faite  par  MM.  Laveran  et 
Mesnil,  de  la  non-identité  du  Surra  et  du  Nagana.  » 


626  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PATHOLOGIE.    —   Pathogénie  et   traitement   du   rhumatisme. 
Note  (le  M.  L.  Péivières,  présentée  par  M.  LéonLabbé. 

(c  Le  rhumatisme  est  une  auto-intoxication.  Les  travaux  de  M.  Bouchard 
ont  démontré  que  l'urine  contient  à  l'éta  t  normal,  et  surtout  à  l'état  patho- 
logique, des  toxines,  des  poisons  dangereux  pour  la  vie.  Ces  poisons 
s'écoulent  au  dehors  sans  danger  pour  l'économie,  à  la  faveur  des  épitlié- 
liums  qui  tapissent  les  voies  urinaires.  La  couche  épithéhale  forme  une 
barrière  fragile,  mais  suffisante,  contre  l'absorption  de  ces  produits,  c'est- 
à-dire  contre  l'empoisonnement  du  sang,  mais  que  cette  couche  protectrice 
soit  entamée,  que  l'épithélium  tombe,  l'absorption  versera  dans  la  circu- 
lation générale  ces  poisons  détournés  de  leur  voie  d'élimination. 

»  C'est  ce  qui  arrive  dans  le  rhumatisme.  Le  produit  résorbé  est  un  fer- 
ment analogue  sinon  identique  au  ferment  de  la  fibrine  étudié  par 
Schmidt,  au  ferment-fibrine  de  M .  A.  Gautier.  Ce  ferment  peut  être  observé 
dans  ses  effels.  Il  trahit  sa  présence  par  des  phénomènes  de  coagulation  du 
sang,  disséminés  dans  tout  l'organisme  :  fibrine  dans  le  sang  des  rhumati- 
sants; dépôts  fibrineux  dans  les  articulations,  dans  les  plèvres,  sur  les  val- 
vules du  cœur,  elc.  C'est  la  caractéristique  du  rhumatisme. 

»  Par  011  se  fait  l'absorption  du  ferment  ?  Plus  spécialement  par  la  mu- 
queuse de  l'uretère.  Le  rhumatisme  serait  précédé  d'une  urelérite  desqua- 
raative,  causée  par  la  congestion  viscérale  provenant  du  froid  et  de  l'humi- 
dité; par  le  trauma  du  surmenage,  de  l'effort,  de  la  pression  de  la  masse 
intestinale  et  du  muscle  psoas;  par  l'érosion  des  calculs,  ou  le  passage  de 
substances  toxiques,  etc. 

))  En  1882,  j'ai  pu  déterminer  chez  deux  lapins,  parmi  soixante  mis  en 
expérience,  un  rhumatisme  expérimental  en  détruisant  l'épithélium  de 
l'uretère  au  moyen  de  l'acide  acétique. 

»  Une  thérapeutique  rationnelle  découlait  de  cette  conception  patho- 
génique  du  rhumatisme.  Le  problème  était  double  :  il  fallait  réparer  les 
voies  d'élimination  de  l'urine,  restaurer  l'épithélium  de  l'uretère,  et,  en 
second  lieu,  détruire  ou  neutraliser  le  ferment.  Un  antiseptique  était  né- 
cessaire, mais  tel  que,  sans  inconvénient  pour  l'estomac  et  pour  le  rein, 
il  pût  largement  irriguer  l'uretère.  Je  me  suis  arrêté  à  une  association  de 
résines,  parmi  lesquelles  une  résine  extraite  du  Piper  cubeba. 

))  Le  résultat  thérapeutique  a  démontré  l'exactitude  de  ses  conceptions 
étiologiques,  et  de  nombreuses  observations  recueillies  depuis  un  certain 
nombre  d'années  affirment  l'excellence  de  la  méthode.    » 


SÉANCE    DU    T()    OCTOBRE    iqoS. 


62' 


PSYCHO-PHYSIOLOGIE.  —  Recherches  expérimentales  sur  l' olfaction 
des  vieillards.  Note  de  M.  Yaschide. 

«  Il  n'existe  aucune  recherche  expérimentale  sur  la  psycho-physiologie 
de  la  vieillesse;  j'ai  essayé  d'apporter  quelques  documents  à  la  connais- 
sance de  ce  problème,  en  portant  d'abord  mes  investigations  dans  le 
domaine  psycho-sensoriel. 

))  Mes  recherches  sur  l'olfaction  des  vieillards  ont  été  faites  avec  Yosmi- 
esthésimètre  Toulouse-Vaschide,  et  selon  leur  technique  expérimentale. 
Elles  ont  porté  sur  66  sujets  des  deux  sexes  :  36  hommes  de  l'hospice  de 
Bicêtre,  du  service  de  M.  le  professeur  Marie,  et  3o  femmes  de  l'hospice 
de  la  Salpêtrière,  du  service  de  M.  le  professeur  Raymond. 

))  Les  sujets  étaient  âgés  en  moyenne  de  78  ans;  il  y  en  avait  parmi  eux  qui  comp- 
taient même  94  ans.  Les  sujets  n'avaient  aucune  maladie  des  fosses  nasales  et  l'examen 
rhinologique  minutieux  de  chaque  sujet  n'a  pu  rien  nous  déceler;  j'ai  éliminé  les  sujets 
atteints  de  coryza  chronique  ou  ceux  dont  la  muqueuse  nasale  était  légèrement  irritée. 
Tous  les  sujets  affirmaient  se  servir  à  merveille  de  leur  olfaction. 

»  Voici  le  résultat  en  chiflVes  de  nos  recherches  : 


Hommes. 
Vieux. .  . 
Adultes  . 

Femmes. 
Vieilles  . 
Adultes  . 


Nombre 

total 

des  sujets. 

36 

3- 


00 


Age 
moyen. 

78  ans 


;8  ans 


AI 


Minimum  mojcn 

pour 

la  sensation. 

4  p.  10  (21  Suj.) 
9  p.  100000 

2  p.  JO  (21  suj.) 
1  p.  100 000 


.Minimum  moj'en 
pour 

la  perception .  Odeurs. 
Camphre  pur  (-  suj.)          0,66 

7  p.  loooo  5,29 

6  p.  10  (8  suj.)  1,71 

7  p.  100000  6,So 


Reconnaissance 
des  sujets. 


Anosmiques. 

i5 
I 


»   Remarquons  encore  qu^,  sur  les  36  sujets  hommes,  il  y  avait,  pour  la  sensation 
7  sujets  hors  série,  i5  n'accusant  aucune  sensation;  pour  la  perception,   7  hors  série 
et  i4  >ie  reconnaissant  pas  le  camphre.  Sur  les  3o  sujets  femmes,  il  y  avuit,  pour  la 
sensation,  5  sujets  hors  série  et  9  n'ayant  aucune  sensation  ;  pour  la  perception,  8  hors 
série  et  8  ne  reconnaissant  pas  le  camphre. 

»  Il  résulte  de  ces  recherches,  en  premier  lieu,  une  différence  notable 
entre  la  manière  dont  la  sensibilité  se  comporte  chez  les  deux  sexes;  la 
femme  paraît  garder  encore  sa  supériorité  olfactive  malgré  l'évolution  de 
l'âge;  cette  différence  existe  à  tous  les  âges,  ainsi  que  M.  Toulouse  et  moi 
nous  l'avons  démontré.  Cette  supériorité  est  néanmoins  plus  petite  pour  la 
sensation  ;  elle  est  très  grande  pour  la  perception. 

')  Un  second  fait  digne  d'être  remarqué  est  la  diminution  notable  de  la 
sensibilité  olfactive  pendant  la  vieillesse,  en  dehors  de  toute  considération 
de  sexe.  Le  nombre  des  anosmiques  est  considérable  :  24  sur  66  cas,  tan- 


628  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(lis  qu'il  n'existe,  d'après  les  recherches  de  Toulouse  et  Vaschide,  que 
4  cas  sur  78  sujets  adultes;  cette  différence  devient  encore  plus  grande 
si  l'on  tient  compte  des  sujets  hors  série  :  i5  sur  66,  tandis  qu'ils  ne  sont 
que  2  sur  78  chez  les  adultes.  On  a  un  total  de  39  pour  1 00  sujets  anosmiques 
et  hors  série. 

»  Les  vieillards  paraissent  avoir  donc  la  sensibilité  olfactive  atrophiée 
et,  fait  remarquable,  aucun  sujet  n'était  conscient  de  cette  infirmité  :  tout 
en  arrivant  à  peine  à  distinguer  une  odeur  connue  sur  dix,  et  tout  en  pre- 
nant comme  de  l'eau  pure  les  odeurs  les  plus  intenses,  nos  sujets  préten- 
daient jouir  du  parfum  des  fleurs.  Leurs  images  visuelles  suppléaient 
l'absence  des  images  olfactives,  car  les  sujets  reconnaissaient  les  parfums 
des  fleurs  quand  ils  pouvaient  les  regarder. 

»  L'image  olfactive  a  donc  une  existence  intellectuelle  indépendante, 
puisqu'elle  est  capable  d'une  reviviscence  fonctionnelle.  M.  Metschnikoff 
a  eu  l'obligeance  de  m'autoriser  à  dire  que  Pasteur  était  tout  à  fait  anos- 
niique;  il  fut  de  même  pour  le  grand  philosophe  Durand  de  Gros,  d'après 
l'observation  de  sa  fille  M™^  Sorgues.  Les  images  souvenirs  jouent  un  rôle 
capital  dans  la  psycho-physiologie  de  la  vieillesse  et  cette  connaissance  est 
précieuse  pour  l'intelligence  des  processus  évolutifs  de  la  vie  mentale  et  de 
la  vie  biologique.  » 

M.  S.  SocoLow  adresse,  de  Moscou,  une  Note  «  Sir  les  corrélations 
qui  existent  entre  les  éléments  des  orbites  du  système  planétaire  ». 

A  4  heures  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie. 

G.  D. 


ERRATA. 


(Séance  du    12  octobre  ïQoS.) 

Note  de  M.  H.  Moissan,  Sur  la  température  d'inflammation  et  sur  la 
combustion  lente  du  soufre  dans  l'oxygène  et  dans  l'air  : 

Page  552,  ligne  18,  au  lieu  de  après  12  heures  de  chauffe  :  formation  d'un  léger 
dépôt  blanc,  Usez  après  12  beures  de  chauffe  :  par  refroidissememt,  formati.on  d'un 
léger  dépôt  blanc. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE   DU   MARDI  27   OCTOBRE  1903, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GADDRY. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  que  le  Tome  XLVI  des  «  Mémoires 
de  l'Académie  des  Sciences  »  est  en  distribution  au  Secrétariat. 


PHYSIQUE.  —  Sur  la  phosphorescence  scintillante  que  présentent  cer- 
taines substances  sous  l'action  des  rayons  du  radium.  Note  de 
M.   Hexri  Becquerel. 

«  Il  y  a  quelques  mois  ('),  Sir  W.  Crookes  a  fait  une  très  curieuse 
expérience.  Sur  un  écran  de  sulfure  de  zinc  phosphorescent,  on  pose  un 
très  petit  grain  d'un  sel  de  radium,  ou  mieux,  on  le  maintient  très  près 
de  l'écran  en  le  fixant  à  l'extrémité  d'un  fil  métallique,  et  l'on  regarde  la 
surface  phosphorescente  au  moyen  d'une  forte  loupe  ou  d'un  microscope. 
On  aperçoit  alors  sur  l'écran,  autour  d'une  tache  lumineuse,  une  série  de 
pomts  brillants  qui  apparaissent  et  disparaissent  à  chaque  instant,  donnant 
l'aspect  d'un  ciel  étoile  incessaumnent  variable.  Sir  W.  Crookes  a  appelé 
cette  disposition  expérimentale  le  spinthariscope. 

M  Si  l'on  opère  avec  une  quantité  un  peu  plus  grande  de  sel  de  radium, 
et  qu'on  l'approche  progressivement  de  l'écran,  la  lueur  phosphorescente 
que  provoque  la  matière  active  présente  une  agitation  croissante.  Le  phé- 
nomène se  produit  dans  le  vide  comme  dans  l'air,  et  à  la  température  de 
l'hydrogène  liquide  comme  à  la  température  ordinaire;  il  s'affaiblit  au 
point  de  disparaître  si  l'on  interpose  une  feuille  de  papier  entre  la  source 

(1)  Proc.  Roy.  Soc,  t.  LXXI,  p.  4o5  (19  mars  igoS).  —  Electrician  (3  avril  1908). 
—  Modem  views  on  rnatter  (juin  1908 ). 

G.  R.,  1903,  -!«  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  17.)  0>J 


63o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

radiante  et  l'écran  de  blende  hexagonale.  La  scintillation  s'observe,  mais 
plus  faiblement,  avec  un  écran  de  platinocyanure  de  baryum. 

»  En  se  fondant  sur  la  faible  pénétrabilité  des  rayons  provoquant  la 
scintillation,  Sir  W.  Crookes  a  pensé  que  l'effet  était  produit  par  les 
rayons  a  (rayons  transportant  des  charges  positives),  et  que  chacun  des 
points  lumineux  était  le  résultat  du  choc  d'un  électron  isolé. 

»  Peu  après  la  publication  de  cette  expérience,  MM.  J.  Elster  et 
H.  Geitel  (')  ont  annoncé  qu'ils  avaient  vu  de  leur  côté  le  même  phéno- 
mène de  scintillation  sur  de  la  blende  hexagonale  maintenue  à  un  potentiel 
négatif  de  2000^^°^**  dans  un  espace  clos,  dont  le  volume  avait  un  peu  plus 
d'un  mètre  cube  et  qui  contenait  de  l'air  radioactif  extrait  du  sol. 

»  Les  mêmes  auteurs  ont  ensuite  répété  l'expérience  de  Sir  W.  Crookes 
sur  la  blende  hexagonale  avec  des  matières  actives  entourées  de  papier;  ils 
ont  reconnu  que  la  lumière  rouge  ne  modifie  pas  la  scintillation,  tandis  que, 
comme  on  le  sait,  les  rayons  rouges  et  infra-rouges  provoquent  l'extinction 
de  la  phosphorescence  produite  par  une  excitation  lumineuse  ;  puis,  en 
substituant  à  l'écran  de  blende  hexagonale  un  écran  de  tungstate  de 
calcium,  qui  devient  phosphorescent,  ils  n'ont  plus  observé  la  scintillation. 

w  Le  rayonnement  du  thorium  provoque  faiblement  la  scintillation  de 
la  blende  hexagonale.  Un  courant  d'air  projeté  sur  l'écran  ne  paraît  avoir 
aucun  effet  sur  le  phénomène. 

»  Les  expériences  qui  viennent  d'être  rappelées,  soulèvent  plusieurs 
questions  : 

»  La  première  est  d'établir  si  la  scintillation  est  due  à  l'action  d'une 
partie  seulement  du  rayonnement  du  radium.  Le  caractère  d'une  faible 
pénétrabilité  ne  suffit  pas  pour  définir  le  rayonnement  actif  et,  bien  que 
l'attribution  faite  par  Sir  W.  Crookes  aux  rayons  a  soit  exacte,  il  convenait 
de  rechercher  si  les  autres  parties  du  rayonnement  produisent  le  même 
effet. 

»  Une  autre  question  non  moins  intéressante  est  de  démontrer  si, 
comme  le  pense  Sir  W.  Crookes,  la  scintillation  est  produite  par  le  choc 
d'électrons  isolés,  émis  à  des  intervalles  de  temps  appréciables,  ou  si  l'effet 
ne  devrait  pas  plutôt  être  attribué  à  la  désagrégation  de  la  matière  phos- 
phorescente. Les  substances  qui  présentent  la  scintillation  avec  la  plus 
grande  intensité  s'altèrent  sous  l'influence  du  rayonnement,  et  l'altération 
pourrait  être  accompagnée  de  clivages  moléculaires,  phénomène  qui  don- 


(')  Physikalische  Zeitschrift,  t.  tV,  p.  439  (27  mars  1908 ). 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE    igoS.  63 1 

nerait  lieu  à   de   petites  étincelles  analogues  à   celles  qu'on  observe  en 
brisant  descristaux  de  nitrate  d'urane,  de  sucre  ou  d'autres  matières. 

»  Ces  considérations  m'ont  conduit  à  reprendre  et  à  compléter  une  étude 
que  j'avais  faite  il  y  a  plusieurs  années  sur  la  phosphorescence  provoquée 
par  le  rayonnement  du  radium  ('  ),  à  une  époque  où  je  n'avais  pas  encore 
réalisé  l'analyse  de  ce  rayonnement  par  un  champ  magnétique. 

»  Au  moyen  d'un  dispositif  simple,  on  peut  transporter  un  très  petit 
grain  de  chlorure  de  radium  sur  divers  écrans  phosphorescents,  à  un  demi- 
millimètre  environ  au-dessus,  et  examiner  les  écrans  avec  un  microscope. 

»  Dans  ces  conditions,  soit  avec  un  échantillon  de  blende  hexagonale 
préparée  par  M.  Ch.  Henry,  soit  avec  des  écrans  disposés  autrefois  par 
mon  père  et  formés  de  cristaux  pulvérisés  de  blende  hexagonale  préparée 
par  M.  Sainte-Claire  Ueville,  le  phénomène  décrit  par  Sir  W.  Crookes 
apparaît  avec  la  plus  grande  netteté. 

»  Un  écran  formé  de  petits  cristaux  provenant  de  la  pulvérisation  d'un 
diamant  a  manifesté  la  scintillation  avec  une  intensité  remarquable. 

»  Ces  divers  écrans  sont  constitués  par  des  matières  pulvérulentes 
collées  avec  un  peu  de  gomme  sur  de  minces  lames  de  mica.  En  les  retour- 
nant on  interpose  le  mica  entre  la  source  et  la  matière  lumineuse;  l'effet 
de  scintillation  se  produit  encore,  mais  seulement  dans  les  régions  situées 
immédiatement  au-dessous  du  grain  de  chlorure  de  radium,  et  l'on  peut 
constater  ainsi  la  faible  pénétrabilité  de  la  partie  active  du  rayonnement. 

»  En  disposant  d'abord  le  grain  de  radium  au-dessous,  puis  en  le  cou- 
vrant d'une  lame  d'aluminium  de  o™™,oi  d'épaisseur,  et  posant  sur  l'alu- 
minium l'écran  transparent,  la  face  tournée  vers  la  matière  active,  on  voit 
dans  le  champ  du  microscope  une  multitude  d'étoiles  scintillantes  se  déta- 
chant sur  un  fond  relativement  obscur. 

»  Dans  ces  expériences,  la  moindre  fissure  dans  le  mica,  ou  le  moindre 
trou  dans  la  feuille  d'aluminium,  laisse  passer  des  rayons  actifs  dont  la 
présence  se  révèle  par  un  accroissement  dans  l'intensité  de  la  phospho- 
rescence scintillante. 

»  Avec  le  platinocvanure  de  baryum  la  phosphorescence  est  vive  et  la 
scintillation  faible;  la  lueur  phosphorescente  présente  une  sorte  d'agitation 
analogue  à  celle  des  images  produites  au  travers  de  couches  d'air  irrégu- 
lièrement échauffées.  La  même  apparence  s'observe,  mais  très  faiblement, 


(*)  Comptes  rendus,  t.  CXXIX,  p.  gia  (4  décembre  1899). 


63'2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

avec  le  sulfate  double  d'uranium  et  de  potassium,  qui  devient  très  lumineux. 

»  Pour  les  autres  substances  qui  avaient  servi  à  mes  recherches  anté- 
rieures, les  effets  lumineux  ont  été  trop  faibles  et  l'on  n'a  pu  observer 
l'existence  ou  la  non-existence  de  l'intermittence. 

»  En  comparant  ces  résultats  avec  ceux  que  j'avais  obtenus  dans  le  tra- 
vail cité  plus  haut,  on  reconnaît  que  les  substances  qui  manifestent  la  scin- 
tillation sont  celles  dont  la  phosphorescence  est  excitée  par  les  rayons  les 
plus  absorbables. 

))  Pour  analyser  le  rayonnement  actif,  on  a  disposé  l'expérience  de  la 
manière  suivante.  Une  petite  quantité  de  chlorure  de  radium  était  ras- 
semblée dans  une  rainure  pratiquée  dans  un  petit  bloc  de  plomb;  à 
quelques  millimètres  au-dessus  de  la  rainure  on  dispose  un  écran  de  plomb 
percé  d'une  fente  fine  parallèle  à  la  rainure,  puis  au-dessus  on  place  l'écran 
phosphorescent,  la  face  tournée  vers  le  bas,  et  on  l'examine  par-dessus 
avec  une  forte  loupe  ou  un  microscope.  Tout  l'appareil  est  placé  entre  les 
pôles  d'un  électro-aimant,  la  rainure  étant  disposée  horizontalement  et 
parallèlement  au  champ. 

»  Avec  la  blende  hexagonale  et  avec  le  diamant,  la  scintillation  paraît  la 
même  quand  l'électro-aimant  est  excité  ou  quand  il  ne  l'est  pas;  le  rayon- 
nement actif  ne  paraît  pas  dévié  d'une  manière  appréciable;  les  rayons 
déviables  [5  ne  produisent  qu'une  phosphorescence  extrêmement  faible,  et 
la  scintillation  observée  est  produite  par  la  partie  du  rayonnement  non 
déviable  ou,  plus  exactement,  très  peu  déviable. 

»  Avec  le  platino-cyanure  de  baryum,  les  rayons  a  et  les  rayons  p 
excitent  la  phosphorescence  à  peu  près  avec  la  même  intensité;  le  champ 
magnétique  sépare  les  deux  faisceaux,  et  l'on  observe  alors  que  la  scintil- 
lation n'est  appréciable  que  dans  le  faisceau  des  rayons  non  déviés.  Elle 
devient  même  beaucoup  plus  nette  qu'en  l'absence  du  champ  magnétique, 
ce  qui  montre  que  la  phosphorescence  due  aux  rayons  ^  masque  alors  par- 
tiellement la  scintillation  provoquée  par  les  rayons  non  déviables. 

»  Lorsqu'on  fait  l'expérience  avec  le  sulfate  double  d'uranium  et  de 
potassium,  on  peut  obtenir  des  efTets  différents  suivant  l'épaisseur  de  la 
couche  de  sel  qui  forme  l'écran.  Si  l'épaisseur  est  un  peu  grande  les 
rayons  ^  pénètrent  seuls  sur  la  face  du  côté  de  l'observateur,  la  totalité 
du  rayonnement  qui  excite  la  phosphorescence  observée  est  déviée,  par  le 
champ,  et  ce  rayonnement  ne  provoque  pas  de  scintillation  appréciable. 
vSi  la  couche  de  sel  qui  forme  l'écran  est  très  mince,  on  reconnaît  qu'à  côté 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  igoS.  633 

de  la  trace  lumineuse  déviée  par  le  champ  il  y  a  «ne  faible  trace  phospho- 
rescente non  déviée  produite  par  les  rayons  a,  et  malgré  la  faiblesse  de 
Tinlensité,  on  peut  discerner  dans  la  lueur  émise  l'agitation  caractéristique 
dont  il  a  été  question  plus  haut. 

»  Le  sulfate  double  d'uranium  et  de  potassium  est  donc  surtout  rendu 
phosphorescent  par  les  rayons  [3,  le  platinocyanure  de  baryum  par  les 
rayons  a  et  ^,  tandis  que  la  blende  hexagonale  et  le  diamant  le  sont  surtout 
par  les  rayons  a;  nous  ne  parlons  pas  ici  de  l'effet  des  ravons  X.  Ces  der- 
nières substances  sont,  cependant,  faiblement  excitées  par  les  rayons  p, 
et,  dans  mes  premières  expériences  sur  l'action  d'un  champ  magnétique  (*), 
j'avais  pu  observer  la  concentration  des  rayons  déviables  sur  un  pôle  d'ai- 
mant, au  moven  des  mêmes  écrans  phosphorescents.  J'ai,  du  reste,  répété 
récemment  ces  expériences  avec  ces  mêmes  matières,  et  j'ai  retrouvé  les 
mêmes  résultats. 

»  Ainsi  il  résulte  de  ces  observations  que,  conformément  à  l'opinion 
émise  par  Sir  W.  Crookes,  ce  sont  les  ravons  œ.  qui  provoquent  la  phos- 
phorescence scintillante;  la  phosphorescence  excitée  par  les  rayons  p, 
lorsqu'elle  est  appréciable  ou  prépondérante,  masque  le  phénomène  pro- 
duit par  les  rayons  a.  Il  semble  donc  que  l'action  des  rayons  ^  ne  donne 
pas  lieu  au  même  effet. 

))  Une  série  d'expériences  faites  en  projetant,  sur  les  divers  écrans  dont 
il  a  été  question  plus  haut,  un  faisceau  de  rayons  X,  limité  par  un  trou 
d'épingle  percé  dans  une  lame  de  plomb,  n'a  montré  aucune  apparence  de 
scintillation;  mais  comme  l'intermittence  de  l'excitation  du  tube  focus 
producteur  des  rayons  X  pouvait  masquer  le  phénomène,  cette  dernière 
expérience  ne  doit  pas  être  considérée  comme  absolument  concluante. 

M  La  question  de  savoir  si,  dans  les  expériences  qui  viennent  d'être 
décrites,  l'intermittence  de  la  phosphorescence  excitée  par  les  ravons  a 
peut  être  attribuée  à  une  très  lente  fréquence  dans  l'émission  de  ces 
rayons,  est  plus  difficile  à  résoudre.  Si  l'on  avait  pu  observer  avec  un 
corps  phosphorescent  une  lueur  non  intermittente  produite  par  les  rayons  a. 
on  tlevrait  en  conclure  que  la  fréquence  de  l'émission  est  trop  grande  pour 
être  mesurable  dans  ces  conditions  et  que  l'effet  observé  vient  de  la  ma- 
tière altérable  de  l'écran  ;  mais,  au  contraire,  la  scintillation  ou  l'agitation 
de  la  phosphorescence  produite  par  les  rayons  a  a  été  reconnue  avec  toutes 
les  substances  étudiées. 

(*)   Comptes  rendus,  t.  CXXIX,  p.  996  (11  décembre  1899). 


634  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Cependant  diverses  particularités  des  expériences  précédentes 
doivent  être  prises  en  considération.  Un  fait  général  est  que  la  scintilla- 
tion est  d'autant  plus  nette  et  plus  vive  que  les  écrans  sont  formés  de  plus 
petits  cristaux.  Si  parmi  les  beaux  cristaux  préparés  par  M.  Sainte-Claire 
Deville  on  choisit  un  fragment  cristallin  qui  semble  relativement  gros  sous 
le  microscope,  et  si  on  le  place  très  près  d'un  grain  de  chlorure  de  radium, 
il  devient  phosphorescent  et  produit  une  hieur  continue  sans  manifester 
de  scintillation.  Parfois,  sur  le  fragment  cristallin  apparaît  un  point  lumi- 
neux semblable  à  une  petite  étoile  qui  croît  puis  disparaît  lentement,  et  se 
reforme  plusieurs  fois  de  suite  à  la  même  place  oii  se  trouve  vraisembla- 
blement une  fêlure.  Si  l'on  brise  le  même  cristal  en  fragments  plus  petits, 
certains  morceaux  présentent  des  points  brillants  variables,  et  enfin,  si 
l'on  pulvérise  ces  morceaux,  la  scintillation  apparaît  avec  les  caractères 
décrits  plus  haut.  La  blende,  préparée  en  très  petits  cristaux  par  le  pro- 
cédé de  M.  Ch.  Henry,  manifeste  la  scintillation  avec  une  très  grande 
intensité. 

»  On  peut  donc  admettre  que,  sous  l'influence  d'un  rayonnement  qui 
paraît  continu  pour  nos  sens,  les  cristaux  s'altèrent  progressivement  et  se 
clivent  inégalement  vite  suivant  qu'ils  sont  plus  ou  moins  gros.  La  matière 
présenterait  une  sorte  de  décrépitement.  Dans  cet  ordre  d'idées,  on  conçoit 
que  les  rayons  a,  qui  sont  théoriquement  constitués  par  des  masses,  réelles 
ou  apparentes,  mille  fois  plus  grosses  que  celles  des  électrons,  et  qui 
paraissent  transporter  une  partie  considérable  de  l'énergie  du  faisceau 
radioactif,  soient  plus  efficaces,  pour  produire  les  efiTets  en  question,  que 
ne  le  sont  les  rayons  [3  et  y. 

»  Le  clivage  des  divers  cristaux  employés  pour  les  expériences  précé- 
dentes doit  être  accompagné  d'une  émission  de  lumière,  même  lorsqu'on 
le  produit  mécaniquement.  J'ai  réalisé  l'expérience  en  écrasant  entre  deux 
plaques  de  verre  des  cristaux  de  blende  hexagonale.  Chaque  cristal  qui  se 
brise  produit  une  émission  lumineuse  d'autant  plus  intense  qu'il  est  plus 
gros,  et  en  regardant  les  cristaux  avec  une  loupe  pendant  qu'on  les  écrase, 
on  réalise  un  spinthariscope  sans  radium. 

»  Ces  faits  établissent  sinon  une  démonstration,  du  moins  une  grande 
présomption  en  faveur  de  l'hypothèse  qui  attribuerait  la  scintillation  à  des 
clivages  provoqués  irrégulièrement  sur  l'écran  cristallin  par  l'action  conti- 
nue plus  ou  moins  prolongée  des  rayons  a.  » 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  1903.  635 


MEMOIRES  PRESENTES. 

M.  C.  Fleig  soumet  au  jugement  de  l'Académie  deux  Notes  ayant  pour 
titres  :  «  Mode  d'action  chimique  des  savons  alcalins  sur  la  sécrétion  |3an- 
créalique  »  et  «  Mécanisme  de  l'action  de  la  sapocrinine  sur  la  sécrétion 
pancréatique  ». 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Duclaux.) 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Maire  de  Saint- Just-ex-Cmaussée  (Oise)  écrit  à  M.  le  Président 
pour  prier  l'Académie  de  vouloir  bien  se  faire  représenter  à  l'inauguration 
du  monument  élevé  à  la  mémoire  de  René-Just  Haûy  et  Valentin  Haûy  qui 
aura  lieu  dans  cette  ville  le  8  novembre  prochain. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

Un  Volume  de  M.  R.  Verneau  ayant  pour  titre  :  «  Les  anciens  Patagons. 
Contribution  à  l'étude  des  races  précolombiennes  de  l'Amérique  du  Sud, 
publiée  par  ordre  de  S.  A.  le  Prince  de  Monaco.  »  (Présenté  par  M.  Gaudry.) 

ASTRONOMIE.  —  Observation  de  V éclipse  de  Soleil  du  10  septembre  \<^oà  Jaite 
à  l'île  de  la  Réunion.  Note  de  MM.  Edmond  Rordage  et  A.  Garsault. 

«  Grâce  à  des  conditions  très  favorables,  il  nous  a  été  permis  de  faire 
quelques  observations  sur  l'éclipsé  partielle  de  Soleil  prédite  par  l'Obser- 
vatoire de  Paris,  pour  la  date  du  20  septembre  1903,  à  1/1^37™  12**. 

»  En  ajoutant  à  i4''37"'i2*  {temps  moyen  astronomique^  la  longitude 
orientale  de  Saint-Denis  (Réunion)  exprimée  en  heures,  soit  3'"32™28*,  on 
obtenait  i8''9™4o*»  ce  qui  correspondait  en  réalité,  au  21  septembre,  à 
6''9™4o*  {temps  civil). 

»  Nous  avons  alors  pris  nos  dispositions  pour  étudier  l'éclipsé  dès  son 
début,  à  6''9'"4^>'*i  ce  début  devant  se  produire  un  quart  d'heure  environ 
après  le  lever  du  Soleil  (S'^SS"*). 


636  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Le  phénomène  a  pu  être  observé  pendant  presque  toute  sa  durée.  A  deux,  reprises 
seulement,  de  petits  nuages  ont  voilé  pendant  quelques  instants  le  disque  du  Soleil. 

»  L'éclipsé  a  atteint  son  maximum  aux  environs  de  7^.  Ce  maximum  représentait  à 
peu  près  les  -^^  du  diamètre  du  disque.  Le  phénomène  a  pris  fin  vers  8**5™.  Sa  durée 
a  donc  été  d'environ  2  heures  pour  la  Réunion. 

»  La  diminution  dans  l'intensité  lumineuse  était  si  peu  sensible  qu'elle  est  demeurée 
inaperçue  des  animaux,  et  que  beaucoup  de  personnes  non  prévenues  n'ont  même  pas 
eu  conscience  de  la  production  du  phénomène.  Lors  de  la  magnifique  éclipse  totale  du 
17  mai  i90i,non  seulement  les  divers  animaux,  mais  encore  beaucoup  de  noirs,  avaient 
manifesté  des  signes  très  marqués  d'inquiétude,  voire  de  terreur. 

»  Au  Soleil,  le  thermomètre  a  indiqué  une  diminution  de  température  qui  n'a 
guère  dépassé  2°, 5.  Par  suite  de  leur  situation  abritée,  il  a  été  impossible  aux  ther- 
momètres enregistreurs  d'être  nettement  influencés  par  cet  abaissement  peu  marqué. 
Depuis  le  lever  du  Soleil  jusqu'à  la  fin  de  l'éclipsé,  la  courbe  est  rapidement  ascen- 
dante. Vers  7**,  au  moment  du  maximum  de  l'éclipse,  les  graphiques  présentent,  d'une 
façon  constante,  une  sorte  d'encoche  dans  cette  ligne  ascendante.  Cette  encoche 
correspond  à  un  court  arrêt  ou,  plus  exactement,  à  un  très  petit  ralentissement  dans 
l'ascension. 

»  En  même  temps  que  la  présente  Communication,  nous  avons  l'hon- 
neur de  faire  parvenir  à  l'Académie  un  certain  nombre  de  photographies 
prises  avec  le  plus  grand  soin  par  l'un  de  nous  (M.  A.  Garsault).  Ces  pho- 
tographies, obtenues  au  moyen  d'un  appareil  muni  d'un  téléobjectif,  ont 
été,  de  plus,  agrandies  de  façon  à  atteindre  le  diamètre  d'une  pièce  de  cinq 
francs  en  argent.  Nous  joignons  aussi  à  notre  envoi  une  série  de  cinq  jolies 
petites  photographies  prises  par  M.  Georges  Jacquier. 

»  Sur  aucune  des  photographies  nous  n'avons  constaté  la  présence  de 
montagnes  lunaires  projetées  en  silhouette  sur  le  disque  solaire,  ainsi  que 
cela  s'est  produit  pour  les  photographies  prises  en  France  lors  de  l'éclipse 
partielle  du  10  octobre  1874  (silhouettes  des  monts  I^eibnitz  et  Dœrfel).  » 


ASTRONOMIE.  —  Observations  de  Mars  à  la  grande  lunette  de  l'observatoire 
de  Meudon.  Note  de  M.  G.  Millochau,  présentée  par  M.  Deslandres. 

«  J'ai  observé,  en  igoS,  l'opposition  de  la  planète  Mars,  qui  se  présen- 
tait dans  des  conditions  favorables,  à  cause  de  la  hauteur  élevée  de  l'astre 
au-dessus  de  l'horizon. 

M  L'état  du  ciel  m'a  permis  de  faire  de  bonnes  observations  les  fo,  11, 
12,  i3,  20  mars  et  les  i4  et  22  mai,  avec  le  grand  objectif  de  0°^,  80  de  dia- 
mètre et  de  16™,  1 5  de  distance  focale;  dans  l'opposition  de  1901,  je  n'avais 
pu  observer  Mars  que  les  11,  20,  21  et  22  février. 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE    igoS.  637 

»   I.e  grossissement  employé  a  élé  soit  de  32o,    soit  de  43o  diamètres, 


Dessins  de  la  planète  Mars. 


22  février  1901. 

Longitude  du  centre,  234°.  Latitude,  ai" 

i^S'-  jour  du  printemps  martien  (hém.  N. 


II  mars  190.3. 
Longitude  du  centre,  23o°.  Latitude,  21° 
iS"  jour  de  l'été  martien  (hém.  boréal). 


II  février  190 1. 
Longitude  du  centre,  338".  Latitude,  21". 
i35°  jour  du  printemps  martien  (hém.  N.). 


i4  mai  1903. 

Longitude  du  centre,  339°.  Latitude,  25° 

77°  jour  de  l'été  martien  (hém.  boréal). 


suivant  l'état  des  images.  Ces  grossissements  peuvent  sembler  faibles  étant 
donné  le  grand  diamètre  de  l'objectif,  mais  en  les  employant,  la  finesse  et  la 


C.  R.,  1903,  2°  Semestre.  (T.  CXXXVIl,  N°  17) 


8', 


638  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

définilion  des  détails  compensent  largement  leur  pelitesse;  de  plus,  comme 
par  suite  de  l'action  des  vagues  atmosphériques,  le  plan  focal  oscille  autour 
d'une  position  moyenne,  l'œil  peul,  par  accommodation,  suivre  l'objet  exa- 
miné pendant  un  temps  plus  long  avec  un  oculaire  plus  faible,  sans  perdre 
de  vue  un  détail  aperçu. 

»  Les  grossissements  de  3io  et  43o  et  souvent  de  plus  forts  sont  aussi 
généralement  employés  j)our  observer  Mars  avec  des  objectifs  de  o™,3o  de 
diamètre  seulement;  mais  les  images  sont  alors  7  fois  moins  lumineuses 
qu'avec  l'objectif  de  o'",8o. 

»  La  comparaison  des  résultats  obtenus  en  1901  et  1908  m'a  permis  de 
constater  des  variations  bien  nettes  dans  certaines  taches  permanentes  de 
la  surface  de  Mars  et  quelques  particularités  qui  me  semblent  dignes 
d'être  signalées. 

»  1°  Le  11  février  1901  (netteté  4;  grossissement  ^00)  et  le  22  février  (netteté  3; 
grossissement  3?,o),  la  région  dite  Cerberiis  (A  sur  le  dessin),  limitant  V Elysiuin  au 
sud-ouest,  était  visible  comme  une  large  bande  noire,  à  bords  nets,  finissant  en  pointe 
à  ses  extrémités  et  traversée,  perpendiculairement  à  sa  longueur,  par  deux  canaux, 
blancs,  parallèles,  la  séparant  en  trois  parties  presque  égales;  cette  même  région, 
pendant  les  observations  faites  en  1908,  les  10,  11,  12,  i3  mars  et  le  o.q,  mai,  s'est  pré- 
sentée sous  la  forme  de  deux  taches  noires  allongées,  à  bord  llous,  séparées  par  un 
large  espace  relativement  moins  sombre. 

»  Par  contre,  un  canal  très  noir  (B  sur  le  dessin)  traversant  Mare  ciinmeriutn  et 
ayant  à  son  extrémité  nord  l'aspect  d'une  virgule  renversée,  a  été  constamment  revu 
en  1903  comme  en  1901. 

»  1°  Pendant  le  mois  de  mars,  la  région  dite  Eiysiiim  (C  sur  le  dessin)  était  presque 
aussi  blanche  que  la  calotte  polaire;  le  22  mai,  elle  avait  pris  la  teinte  rougeàtre  géné- 
rale de  la  planète. 

)i  3°  Le  22  mai  (netteté  4;  grossissement  43o)  le  terminateur  avait  l'aspect  d'une 
bande  de  -nr  à  ,^  de  seconde  d'arc  de  large  et  d'un  rouge  fumeux;  le  disque  était  for- 
tement assombri  depuis  ce  terminateur  jusqu'au  tiers  du  diamètre  environ,  alors  que, 
le  1 4  niai  (netteté  4)  presque  5;  grossissement  43o),  aucun  phénomène  de  ce  genre 
n'était  visible.  Cet  aspect  de  Mars  m'a  donné  l'impression  d'un  effet  de  crépuscule  dû 
à  l'atmosphère  de  la  planète. 

»  4°  Le  1 1  février  1901  (netteté  4;  grossissement  43o)  le  petit  lac  i)//"ce/7?w5  (D  sur 
le  dessin)  était  bien  visible  et  assez  noir,  alors  que,  le  i4niai  1908  (netteté,  presque  5  ; 
grossissement  43o),  il  n'y  avait  à  sa  place  qu'une  vague  grisaille  mal  définie.  Cette 
différence  était  peut-être  due  à  la  présence  de  nuages,  le  i4  mai,  dans  l'atmosphère 
de  Mars.  Une  seule  observation  de  cette  région  a  été  faite  en  igoi  comme  en  1903. 

»  Chaque  observation  a  un  coefficient  de  netteté  qui  est  utile  pour  les 
comparaisons  ultérieures  d'images  observées  à  des  époques  différentes.  Ce 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  igoS.  63g 

coefficient  varie  de  o  à  5,  la  netteté  5  étant  la  meilleure.  Les  images  de 
netteté  égale  ou  inférieure  à  -2  n'ont  pas  été  utilisées. 

»  L'aspect  des  planètes  et  de  Mars  en  particulier  m'a  paru  bien  diffé- 
rent avec  un  objectif  très  grand  et  avec  les  instruments  plus  petits  que  j'ai 
eu  l'occasion  d'employer.  Les  canaux  qui,  dans  les  lunettes  moyennes,  se 
voient  comme  des  lignes  légères,  assez  fuies,  mais  un  peu  floues,  perdent 
cette  apparence  dans  la  grande  lunette;  ils  semblent  alors  formés  de 
masses  sombres  discontinues,  à  bords  déchiquetés  formant  des  sortes  de 
chapelets  qui  sont  réunis  en  lignes,  par  l'œil,  lorsque  la  vision  n'est  pas 
concentrée  sur  un  point. 

))  Les  lacs  ont  aussi  des  bords  irréguliers  et  des  prolongements  en 
forme  de  rayons  qui,  étant  amorcés  dans  diverses  directions,  peuvent 
donner  l'illusion  de  lignes. 

))  Cet  aspect  ne  doit  pas  tenir  à  un  défaut  de  l'objectif  employé,  car 
certaines  mers  apparaissent  bordées  de  rivages  aussi  nets  que  s'ils  avaient 
été  tracés  au  tire-ligne,  il  doit  surtout  tenir  au  grand  pouvoir  séparateur 
de  cet  objectif,  qui  permet  de  mieux  définir  les  petits  détails. 

»  Ce  même  aspect  des  canaux  et  des  lacs  a  été  observé  aussi  en  1899 
et  1901  et  décrit,  en  1901,  dans  une  Note  du  Bulletin  de  la  Société  astrono- 
mique, pages  437  et  438. 

»  Dans  mes  dessins,  j'ai  fortement  exagéré  l'intensité  des  teintes  des 
divers  détails,  afin  d'éviter  une  fatigue  inutile  au  lecteur.  Dans  la  réalité, 
les  mers  sont  assez  faiblement  teintées  et  les  détails  formant  les  canaux 
difficilement  visibles.   )j 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  ^ — Sur  les  groupes  de  transformations  des  équations 
linéaires  aux  différences  finies.  Note  de  M.  Alf.  Guldberg;  présentée  par 
M.  Emile  Picard. 

«  Je  me  propose,  dans  cette  Note,  d'indiquer,  pour  les  équations 
linéaires  aux  différences  finies,  un  théorème  analogue  au  théorème  fonda- 
mental de  M.  Picard  dans  la  Théorie  des  équations  différentielles  linéaires. 

»  Prenons,  pour  plus  de  simplicité,  le  cas  d'une  équation  linéaire  à 
coefficients  rationnels 

et  désignons  p^<r  ^',.'\  y^'',  ...,  /','"'  un  système  fondamental  de  solutions. 


6/lo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Nous    n'avons    qu'à    reproduire    presque    textuellement    le    procédé    de 
M.  Picard,  en  substituant  à  la  notation  <^mVed  celle  de  valeur  successive . 
»   Soit  l'expression 

où  les  iij;  sont  des  fonctions  rationnelles  quelconques  de  r.  Cette  fonction 
satisfait  à  l'équation  linéaire  d'ordre  m^  : 

on  a  d'ailleurs 


Ji.'  = 

-^f  V,4-8;;'V,„+., 

.+  K" 

)    V                2 

jr'= 

=  ^1"^'.+  ^."'V,,,+. 

•.+Ar 

'  V 

'  x+m  -1  » 

oii  les  a^.,  p^.,  >.^.  sont  rationnels  en  x. 

»  A  toute  solution  de  l'équation  (2)  correspond  un  système  de  solu- 
tions j'j\  . . .,  y'-"'''  de  l'équation  donnée  (1);  ce  système  pourra  n'être  pas 
fondamental.  Cela  arrivera  si  le  déterminant  des  yj,  et  de  leurs  valeurs 
successives,  jusqu'à  l'ordre  m  —i,  est  nul;  en  écrivant  ceci,  on  obtiendra 
une  certaine  équation  en  V^.  : 

(3)  9(-*', "V.^,  V^.^, ,  .  .  . ,  V.^+/,)  =  o, 

k  étant  au  plus  égal  à  m'-—i.  On  aura  donc  un  système  fondamental 
X!i-  •  •  -/x"  »  ^^  ^'*^^  prend  pour  V^  une  solution  de  l'équation  (2)  ne  satis- 
faisant pas  à  l'équation  (3). 

»   Ceci  posé,  supposons  que  l'équation  aux  différences  finies  d'ordre  p 

(4)  f(^,  V,.,  v.,.^,, . . . ,  v^^^^,)  =  o, 

/  représentant  un  polynôme,  irréductible,  c'est-à-dire  n'ayant  aucune  so- 
lution commune  avec  une  équation  de  même  forme  et  d'ordre  moindre, 
ait  une  solution  commune  et,  par  suite,  toutes  ses  solutions  communes 
avec  l'équation  (2).  L'équation  (4),  supposée  différente  de  l'équation  (3), 
n'aura  avec  celle-ci  aucune  solution  commune,  et,  par  suite,  à  chaque 
solution  de  l'équation  (4)  correspond  un  système  fondamental  de  solu- 
tions pour  l'équation  ([). 

»  Soit  donc  yj\  y^\  .  .  . ,  j^^!"'  le  système  fondamental  correspondant  à 


SÉANCE    DU    -jn    OCTOBRE    igo.^.  64 1 

une  certaine  solution  V^  de  l'équation  (4),  et  z^,  z[^\  . . .,  z';"'  le  système 
correspondant  à  la  solution  générale  de  la  même  équation  ;  on  aura 

et  les  a  seront  des  fonctions  algébriques  de  p  paramètres  arbitraires. 
L'ensemble  de  toutes  ces  substitutions  est  le  groupe  de  transformations 
linéaires  relatif  à  l'équation  (i);  nous  le  désignerons  par  G. 

»  On  peut  établir,  à  l'égard  de  ce  groupe,  la  proposition  suivante  qui 
rappelle  le  théorème  fondamental  de  M.  Picard  dans  la  théorie  des  équa- 
tions différentielles  linéaires  : 

»  Toute  fonction  rationnelle  de  .r,  yj\  j';',  .  .  .,  j^'"'  el  de  leurs  valeurs 
successives^  s' exprimant  rationnellement  en  Jonction  de  x,  reste  invariante 
quand  on  effectue  sur  yj\  y^]\  ...,  y'"'\  les  substitutions  de  G.  Toute  fonction 
rationnelle  de  x  et  d'un  système  fondamental y^!^\  y''^\  . .  . ,  y'''"\  et  de  leurs 
trieurs  successives,  qui  reste  invariable  par  les  substitutions  du  groupe  G,  est 
une  fonction  rationnelle  de  x. 

»  Les  théorèmes  sur  la  réduction  du  groupe  G  par  l'adjonction  des 
solutions  d'équations  auxiliaires  sont  analogues  aux  théorèmes  bien  con- 
nus de  M.  Vessiot  dans  la  théorie  des  équations  différentielles  linéaires  : 

»  Pour  que  l'équation  linéaire  (i)  soit  integrable par  quadratures  finies,  il 
aut  et  il  suffit  que  le  groupe  G  soil  un  groupe  integrable. 

»  Une  équation  linéaire  d'ordre  supérieur  au  premier  nest  pas  en  général 
integrable  par  quadratures  finies. 

»  Ajoutons  enfin  que  la  théorie  précédente  s'étend,  dans  ses  points 
essentiels,  à  toutes  les  équations  aux  différences  finies,  qui  possèdent  des 
systèmes  fondamentaux  de  solutions.  » 


ALGÈBRE.  —  Sur  la  résolution  pratique  des  équations.  Note  de  M.  Rabut, 
présentée  par  M.  Haton  de  la  Goupillière. 

«  La  méthode  de  Newton  pour  la  résolution  d'une  équation  quel- 
conque f(x)  =  o  s'applique  d'ordinaire  en  calculant,  au  moyen  de  l'ap- 
proximation initiale  x^,  les  approximations  successives  a^o,  a?3,  cr,,,  .,  .  par 


642  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

les  formules 

00,  -X,  ^,^^^^y 


»  Dans  la  pratique,  le  calcul  namérique  de  f{xi)  el  f'i^xi)  peut  être 
assez  long  et,  en  tous  cas,  n'est  nullement  simplifié  par  le  fait  d'avoir  déjà 
calculé  /(a?i_,  )  et  f\xi_^  ). 

»  J'ai  reconnu  qu'il  est  presque  toujours  plus  expéditif  de  calculer  du 
premier  coup  la  troisième  approximation,  et  souvent  même  la  quatrième, 
au  moyen  de  formules  plus  condensées,  faciles  à  établir  comme  il  suit. 

»  Soient  u,  vu^,  wu^  les  trois  corrections  successives  de  a?<,  de  façon  que 
l'on  ait 

Ou  .y  — — '■  00  ^   ~r~    U  5 

x.^=^  X2+  vu-  =  a;,  H-  w  +  vii^, 

x^  =■  x.^  +  wu^  =  ^^  4-  w  H-  vir  +  wu^ . 

»  Développons  /(x^)  par  la  série  de  Taylor  en  négligeant  les  termes 
en  u'  ;  l'équation  donnée  devient 

/(x,)  -h  (u  +  vu-  +  i^^u')f(x,  )  +  ^(/r  +  ini')f'\x,  )  4-  '-^  f"\x,)  =  o. 
»   Négligeant  successivement  u-,  u^,  puis  u\  nous  obtenons  les  équations 

(  I  )  /   +  "/'  =0'         <^^'où 

(2)  ^f-^Lf"        =0, 

(3)  ç,/'+,f'  +  y"'=:o, 

»  Le  calcul  des  deux  quantités  numériquesy"(j?,)  ety"'(;r,  )  est  souvent 
beaucoup  plus  simple  que  celui  des  quatre  quantités/(^o),/'(^2\  f(^i)^ 
/'(^g),  de  sorte  qu'il  est  plus  avantageux  de  franchir  les  degrés  d'approxi- 
mation de  deux  en  deux,  au  moyen  de  la  formule  (2)  ou  même  de  trois  en 
trois,  au  moyen  des  formules  (2)  et  (3).  On  peut  choisir  l'un  ou  l'autre  parti 
suivant  le  degré  de  rapidité  qu'offrira  le  calcul  de  la  dérivée  tierce.  Ces 
formules  sont  faciles  à  retenir;  on  peut,  d'ailleurs,  les  conserver  par  écrit. 


u  = 

t 

~7' 

V    = 

t 

w  =■■ 

IV-  — 

r 

6/ 

SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  igoS.  643 

»  Elles  reviennent  à  substituer  à  la  courbe  y  =f(^x),  non  plus  une 
série  de  deux  ou  trois  tang^entes  successives,  mais  une  parabole  osculatrice 
du  deuxième  ou  du  troisième  ordre.  On  reconnaît  assez  facilement  que, 
sous  la  seule  condition  de  partir  d'une  valeur  de  ^,  suffisamment  approchée 
(ou,  ce  qui  revient  au  même,  de  pousser  assez  loin  les  opérations  succes- 
sives), le  second  procédé  procure  une  plus  grande  approximation,  ce  qui 
augmente  sa  supériorité  sur  le  premier. 

))  La  méthode  de  Newton  n'est  enseignée,  à  ma  connaissance,  que  pour 
la  résolution  d'une  équation  unique;  mais  son  principe  s'étend  aisément 
au  cas  plus  général  d'un  système  d'équations  à  plusieurs  inconnues,  qu'il 
est  souvent  impossible  (ou  seulement  très  long)  de  réduire  à  une  seule 
par  l'élimination.  Dans  ce  cas  aussi,  l'approximation  peut  souvent  être 
rendue  plus  raj)ide  par  l'emploi  de  formules  de  condensation  analogues  à 
celles  que  je  viens  de  donner. 

»   Soient,  en  effet, 

f.,(a:,y)  =  o 

deux  équations  simultanées  à  résoudre  numériquement,  x^  ,y\  une  première 
approximation,  de  laquelle  on  désire  passer  directement  à  la  troisième   : 

»   Posons 

oc  .^  =^  JC  ^  -T—  Z  — t—  V  Z    , 

et  appelons,  comme  d'ordinaire,  p,  q,  r,  s,  t  les  dérivées   partielles   de 
f{x,y^.  Le  système  proposé  peut  s'écrire,  en  négligeant  :^^  et  u^ , 

/f(^i' Ji)  +  ('  -H  <'-')/^i  -^  ("  -^  wu-)q^  -h  z'^r^  +  zus^  -f-  u-t^  =  o, 
/■ii^n  jO  -h  (-::  -I-  ^'^'')p-2  -+-  {il  H-  wii-)q.,  -\-  z'-r.,  -t-  zus.^  +  ii^t.^  =  o. 

»  Négligeant  successivement  z-  et  ir,  puis  z^  et  u'\  on  écrit  les  deux 
systèmes  d'équations  du  premier  degré  : 

\  /■2-+-P-2--+-  q.u  =  o, 
au  moyen  duquel  on  obtiendra  d'abord  :;  et  w  ;  puis 

,     ,  i^   p^Z-^^  -{- q^U-^V  -{- Z-r^-h  ZUS^-\-  II- t^^^  o, 

]  p.^z^v  -t-  q.ai-w  -h  z'- r.,  -h  zus.^  -f-  u- 1.^  =  o, 
qui  permet  de  calculer  ensuite  (^  et  w. 


G44  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Suivant  les  cas,  il  sera  plus  expédilif  d'obtenir  les  approximations  suc- 
cessives, soit  par  degrés  simples  au  moyen  du  système  (i),  soit  (beaucoup 
plus  souvent)  par  degrés  doubles  au  moyen  des  systèmes  (i)  et  (2). 

))  Je  dirai  enfin  que  la  résolution  de  ces  deux  systèmes  se  fait  plus  vite 
si  on  les  pose  en  nombres,  que  si  on  les  résout  d'avance  en  formules  litté- 
rales.   )) 


MÉCANIQUE.  —  Détermination  expérimentale  de  la  pression  momentanée 
résultant  du  choc.  Note  de  M.  Ri\gelma\n,  présentée  par  M.  A.  Mûntz. 

«  Nous  avons  voulu  nous  rendre  compte  expérimentalement  de  la  pres- 
sion C  qui  se  manifeste  pendant  un  temps  très  court  lorsqu'un  poids  V 
tombe  d'une  certaine  hauteur  H  sur  un  corps  immobile. 

»  Après  de  nombreux  essais  préliminaires,  effectués  dans  des  conditions 
différentes  et  avec  des  dispositifs  divers,  nous  avons  établi  un  appareil 
vertical  attaché  à  un  dynamomètre  enregistreur.  Dans  cet  appareil  on  peut 
laisser  tomber  d'une  certaine  hauteur  un  corps  dont  le  poids  est  connu  ;  à 
la  partie  inférieure  de  sa  course  le  corps  est  arrêté  par  l'appareil  qui  reçoit 
le  choc,  et  la  pression  momentanée  qui  en  résulte  est  inscrite  par  le  dyna- 
momèt:re. 

»  Dans  l'appareil  qui  a  servi  aux  essais,  la  hauteur  de  cluile  pouvait  atteindre  2""; 
les  expériences  ont  eu  lieu  avec  des  poids  de  100^,  200",  3oo?,  5ooS  et  6oos  tonnbant 
de  o™,5o,  I",  ]"%5o  et  de  2"^;  enfin  on  a  fait  passer  successivement  le  poids  même  de 
l'appareil  de  4"^^  à  i4''^';  24'*^°  et  à  34''s. 

»  Les  résultats  obtenus  montrent  que  si  l'on  désigne  par  : 
P  le  poids  du  corps  (en  kilogrammes); 
V  la  vitesse   du   corps,    lors  du   choc,   exprimée  en   mètres  par  seconde 

k  un  coefficient  expérimental   ^  i3,55,  la  pression  momentanée  C  qui 
résulte  du  choc  a  pour  expression  : 

»  Les  valeurs  de  C,  calculées,  se  vérifient  dans  toutes  les  expériences  et  présentent, 
avec  les  pressions  inscrites  par  le  dynamomètre,  un  écart  qui  n'atteint  pas  1  , 5  pour  loo 
(en  général  cet  écart  varie  de  0,2  à  0,6  pour  100);  on  peut  donc  considérer  le  coeffi- 
cient k  de  i3,55  comme  exact  à  2  pour  100  près. 

»  Poncelet,  dans  son  Introduction  à  la  Mécanique  industrielle,  bien  qu'il 
semble  faire  une  supposition  (en  parlant  du  choc  d'un  cube  de  fer  pesant 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  IQoS.  645 

3oo''^  tombant  d'une  hauteur  de  i"^, 3o  sur  une  substance  plus  ou  moins 
molle  dans  laquelle  il  pénètre  de  o'",02),  a  dû  certainement  faire  une 
expérience,  car  le  chiffre  de  66  qu'il  donne,  pour  le  cas  particulier  dont  il 
s'agit  (')  et  qu'il  ne  généralise  pas,  est  très  voisin  de  celui  que  nous 
trouvons  d'après  la  formule  précédente  :  pour  P  =  i''s  et  ('  =  5"*,o5  au 
moment  du  choc,  nous  trouvons  que  la  pression  momentanée  C  serait 
de  68^^^,427.  » 

PHYSIQUE.  —  Sur  un  capillarimêtre. 
Note  de  MM.  E.   Tassilly  et  A.   Chamberlax». 

«  Dans  l'appareil  que  nous  présentons,  nous  avons  cherché  à  nous  rap- 
procher de  la  méthode  classique  d'ascension  dans  les  tubes,  en  diminuant 
dans  la  mesure  du  possible  les  inconvénients  qu'elle  présente. 

»  L'appareil  se  compose  essentiellement  d'une  lentille  cvlindrique 
biconcave  sur  les  bords  plans  de  laquelle  on  peut  appliquer,  au  moyen  de 
deux  pinces  à  ressort,  deux  lames  à  faces  parallèles.  Le  système  étant 
plongé  dans  un  liquide,  on  aspire  celui-ci  au  moyen  d'un  dispositif  conve- 
nable et,  l'équilibre  étant  établi,  on  observe  dans  les  tubes  deux  ménisques 
dont  on  mesure  la  différence  de  niveau.  Pour  cela,  le  système  est  fixé  à  un 
chariot  mobile  pouvant  se  déplacer,  à  l'aide  d'une  vis  micrométrique,  le 
long  d'une  règle  divisée.  On  vise  les  ménisques  à  l'aide  d'un  microscope  à 
court  foyer  muni  d'un  réticule  et  placé  à  poste  fixe. 

»   La  différence  des  deux  lectures  donne  la  dénivellation. 

»    Le  tambour  divisé  de  la  vis  permet  de  lire  le  y^  de  millimètre. 

»  Pour  en  déduire  la  constante  capillaire,  il  suflit  de  faire  le  produit  de 
cette  dénivellation  par  le  poids  spécifique  du  liquide  considéré. 

»  En  effet,  admettons  que  l'ascension  dans  les  canaux  de  notre  appareil  soit  la  même 
que  celle  qui  se  produirait  entre  deux  lames  à  faces  parallèles  dont  la  distance  serait 
mesurée  par  la  longueur  de  la  flèche  du  segment  obtenu  en  coupant  chacun  de  nos 
tubes  par  un  plan  horizontal. 

»  Les  ascensions  seront  alors  données  par  les  formules 

2  A  , ,       2  A 


(1)  A  la  page  172,  Poncelet  dit  «  qu'un  corps  pourrait  produire  par  son  poids  seul, 
dans  un  temps  plus  ou  moins  long,  un  effet  égal  à  celui  qui  résulte,  dans  un  temps 
généralement  très  court,  du  choc  d'un  poids  66  fois  moindre,  lancé  avec  une  vitesse 
de  5"",o5,  due  à  une  hauteur  de  chute  de  i'",3o   ». 

C.   R.,   iQo3,  .'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  17.)  ^5 


6^6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

A  constante  capillaire,  -  poids  spécifique  du  liquide;  e,  e'  distances  des  lames  à  faces 
parallèles. 

»  On  en  tire  pour  la  dénivellation  z 

■K    \e        e 
d'où 

(2)  A=:     —-1 ^T.Z. 

Jl  -  1 

\e        e' 

»  Dans  la  disposition  adoptée,  cette  formule  sera  exacte  à  une  constante  près,  ce 
qui  donnera 

(3)  A  =  /  — -^ r:z  =  k-^'::z.. 

/  I  1  \  2  e  —  e 

2 , 

\e        e 

1      ee' 

Comme  -  -, constitue  une  constante  de  l'appareil  pouvant  être  calculée  connais- 

■2  e  —  e  III 

sant  e  et  e',  on  a  finalement 

(4)  A  =  Ci:z. 

»  Nous  avons  déterminé  G  en  étudiant  dans  notre  appareil  un  certain  nombre  de 
liquides  dont  les  constantes  capillaires  A  ont  été  déterminées  antérieurement  par 
divers  expérimentateurs  et  en  résolvant  chaque  fois  l'équation  (4)  par  rapport  à  G. 

»  La  moyenne  des  nombres  trouvés  a  fourni  la  valeur  de  G=:o,4i95.  C'est  en 
appliquant  la  formule  définitive 

A  =  0,4190  -TT^ 

que  l'on  a  calculé  pour  A  les  nombres  contenus  dans  la  dernière  colonne  de  notre 
Tableau  : 

-n:.  e.  !;■»■".  A'.  C.  A. 

o  o 

Eau  alcoolisée OJ967  18  9)35  3,727317      (^)  o,4i2  3,792 

Acide  acétique 1,080  i5  6,4  2,967  à  i5,6  (')  0,427  2,899 

Benzène o,883  i5  8,08  2,87    à  i5      (*)  o,4o2  2,992 

Acétone o,8o4  i5  7,4o  2,46    à  i5      (*)  o,4i3  2,495 

Bromure  d'éthylène.  2,180  18  4)23  4) 09    à  20       (^)  o,443  3,868 

Ether  acétique 0)923  16  6,60  2,564  à  24      (^)  0,420  2,555 

»  En  prenant  0,42  pour  valeur  de  la  constante  G,  on  trouve  pour  K  la  valeur  o,85, 
ce  qui  légitime  suffisamment  notre  hypothèse  initiale. 


(')  Frankenheim. 
(^)  Mendeleieff. 
(=»)  Schiff. 
(*)  Wilhelmy. 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE    igoS.  647 

»  En  résumé,  la  simplicité  de  la  méthode,  la  commodité  du  nettoyage  de 
l'organe  principal  de  l'appareil,  facilement  démontable,  et  les  avantages 
qui  résultent  de  l'emploi  d'une  méthode  différentielle,  nous  permettent  de 
présenter  cet  appareil,  que  nous  avons  appelé  capillarimétre,  comme  étant 
susceptible  de  rendre  quelques  services  dans  la  pratique.  » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Changement  de  résistance  électrique  du  sélénium 
sous  r influence  de  certaines  substances.  Note  de  M.  A.-B.  Griffitus. 

«  J'ai  déterminé,  par  la  méthode  de  Wheatstone  (  Wheatstone  s  bridge), 
la  résistance  électrique  du  sélénium  et  j'ai  reconnu  que,  s'il  est  exposé  aux 
solutions  alcooliques  de  quelques  pigments  de  plantes  et  d'animaux,  pen- 
dant i5  minutes  à  la  distance  de  5*^™,  sa  résistance  électrique  diminuait. 

»   Les  recherches  ont  donné  les  résultats  suivants  : 

'  Résistance  du  sélénium 

avant  après 

Pigments.  l'exposition.  l'exposition. 

ohms  ohms 

Verbena  (pétales) S^oooo  290000 

Helianthus  (pétales) 420000  4i5ooo 

Géranium  (pétales) 462000  820000 

Bacteriiun  A  llii  (  •  ) 890  000  870  000 

Pélagéine  (^) 35oooo  33oooo 

Diémyctyline  (^) 444  000  4ioooo 

Amanitine  ('') 880000  860000 

»  On  sait  que  la  lumière,  les  rayons  du  radium  et  les  rayons  de  Rôiitgen 
réduisent  la  résistance  électrique  du  radium  ;  il  se  pourrait  que  les  pigments 
précédents  émettent  ces  rayons  C^). 

»  M.  T. -A.  Edison  a  prouvé  que  la  chlorophylle,  la  curcumine  et  la 
daturine  produisent  la  phosphorescence.  » 


(')  GRiFFrres,  Co?nptes vendus,  t.  CX,  p.  4 16. 
(^)  Gkiffiths  et  Platt,  Comptes  rendus,  t.  GXXI,  p.  f\^i. 
(*)  Griffiths,  Comptes  rendus,  t.  CXIX,  p.  912. 
(')  Griffiths,  Comptes  rendus,  t.  CXXII,  p.  1842. 

(^)  Voir  E.  VAIS  AuBEL,  Comptes  rendus,  t.  GXXXVI,  p.  929.  J'ai  confirmé  l'iinpor 
tant  travail  de  M.  van  Aubel. 


648  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  MINÉRALE.   —  Sur  la  fusibilité  des  Tnélanges  de  soufre  et  de  bismuth. 
INote  de  M.  H.  Pêlabon,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Quand  on  élève  progressivement  la  température  d'un  mélange  de 
soufre  et  de  bismuth,  le  soufre  entre  d'abord  en  fusion  vers  1 14°  puis  c'est 
le  tour  du  bismuth  vers  255°,  enfin  les  deux  liquides  superposés  se  com- 
binent brusquement  vers  820°  environ,  avec  un  dégagement  de  chaleur 
suffisant  pour  vaporiser  une  partie  du  soufre. 

»  En  opérant  en  tube  scellé,  deux  cas  peuvent  se  présenter  : 

M  1°  Le  mélange  renferme,  pour  un  atome  de  bismuth,  plus  d'un  atome  et 
un  tiers  de  soufre. 

»  Dans  ce  cas,  quelle  que  soit  la  température  à  laquelle  on  maintient  le 
système,  la  combinaison  n'est  pas  totale;  il  reste  toujours  du  soufre  non 
combiné.  Ceci  est  d'accord  avec  ce  que  l'on  sait  du  sulfure  précipité  Bi^S', 
qui  perd  du  soufre  quand  on  le  chauffe. 

»  2**  Le  mélange  renfehne,  pour  un  atome  de  bismuth,  moins  de  un  atome 
et  un  tiers  de  soufre. 

»  Pour  une  température  suffisamment  élevée,  dans  ce  cas,  le  soufre  dis- 
paraît complètement,  et  dans  le  tube  on  a  un  liquide  qui,  par  refroidisse- 
ment, se  solidifie  sans  perdre  de  soufre. 

»  Nous  nous  sommes  proposé  d'étudier  la  solidification  de  ces  liquides 
quand  on  fait  varier  les  proportions  relatives  de  soufre  et  de  bismuth. 

»  Les  mélanges  qui  renferment  peu  de  soufre  ont  en  général  deux  points 
de  solidification  :  le  point  de  solidification  finissante  est  voisin  de  260*^,  c'est- 
à-dire  de  la  température  de  fusion  du  bismuth,  le  point  de  solidification 
commençante  varie  avec  la  composition  du  mélange  liquide,  il  s'élève  très 
rapidement  et  très  régulièrement  quand  la  proportion  de  soufre  croît. 

»  Cette  température  de  solidification  est  déjà  voisine  de  435°  pour  le 
mélange  renfermant  un  atome  de  bismuth  et  un  seizième  d'atome  de 
soufre. 

M  La  courbe  de  fusibilité  construite  en  portant  en  abscisses  les  propor- 
tions de  soufre,  en  centièmes  du  poids  total  du  mélange,  et  en  ordonnées 
les  températures  de  solidification  commençante,  comprend  donc  une  pre- 
mière portion  de  droite  AB  1res  inclinée  sur  l'axe  des  abscisses  et  ren- 
contrant l'axe  des  ordonnées  en  un  point  A.  L'ordonnée  de  ce  point  A 
est  255°. 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  IQoS.  649 

»  Vient  ensuite,  pour  les  mélanges  plus  riches  en  soufre,  une  seconde 
droite  BC  un  peu  moins  inclinée  que  la  précédente.  L'extrémité  C  de  cette 
portion  de  droite  a  pour  ordonnée  la  température  de  solidification  du  pro- 
tosulfure, soit  685°,  et  pour  abscisse 

S  X  100  8206 


BiS 


240, 56 


=  i3,32. 


»  Enfin,  si  l'on  continue  à  faire  croître  la  proportion  de  soufre,  le  point 
de  solidification  commençante  du  mélange  s'élève  encore  suivant  une 
portion  de  droite  CD,  encore  moins  inclinée  que  la  précédente.  Le  point  G 


IQ    ni  S 


qui  correspond  au  protosulfure  BiS  est  donc  bien  un  point  anguleux  de  la 
courbe  de  fusibilité. 

))  On  ne  peut  dans  le  tracé  de  cette  courbe  dépasser  le  point  D  qui 
correspond  au  mélange  de  4  atomes  de  soufre  avec  3  atomes  de  bismuth, 
puisque  le  soufre  en  excès  ne  s'unit  pas  à  ce  mélange. 

»  Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  le  sulfure  de  bismuth  BiS  et  le  bis- 
muth peuvent,  quand  ils  sont  fondus,  se  mélanger  intimement  pour  donner 
des  liquides  homogènes  dont  les  points  de  solidification  sont  compris 
entre  255°  et  685°. 

»  Ce  résultat  est  parfaitement  d'accord  avec  ceux  que  nous  avons 
trouvés  en  étudiant  l'action  du  gaz  hydrogène  sur  le  sulfure  de  bismuth  BiS, 
en  présence  de  masses  variables  de  bismuth  (*). 


(')  Annales  de  Physique  et  de  Chimie,  7"  série,  t.  XXV. 


65o  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  Si  la  température  du  tube,  dans  lequel  on  a  introduit  les  trois  corps, 
est  voisine  de  685"  ou  supérieure  à  cette  limite,  on  a  en  présence,  au 
moment  où  l'équilibre  chimique  est  établi,  d'une  part  un  mélange  homo- 
gène gazeux  d'hydrogène  et  d'acide  sulfhydrique,  d'autre  part  un  mélange 
homogène  liquide  de  bismuth  et  de  protosulfure;  il  n'est  pas  étonnant 
dans  ces  conditions  que  la  composition  du  système  gazeux  dépende  de  celle 
du  liquide  et  que,  comme  on  l'a  observé  directement,  la  proportion  du  gaz 
hydrogène  sulfuré  augmente  avec  celle  du  sulfure  de  bismuth  introduit. 

»  Supposons  au  contraire  que  la  température  des  expériences  soit  com- 
prise entre  255''  et  685",  qu'elle  soit  440*^  paJ"  exemple.  Cherchons  quelle 
est  l'abscisse  correspondante  au  point  d'ordonnée  (440*^)  dans  la  courbe 
de  fusibilité,  nous  trouvons  i,5  environ.  Deux  cas  sont  alors  à  consi- 
dérer : 

))  Ou  bien  les  masses  de  sulfure  et  de  bismuth  introduites  dans  les  tubes 
scellés  en  même  temps  que  l'hydrogène  sont  telles  que  le  rapport  R  de  la 
masse  de  soufre  à  la  masse  totale  est  supérieur  à  i,5;  alors,  au  moment 
de  l'équilibre,  les  tubes  renferment,  outre  le  mélange  homogène  gazeux, 
d'une  part  du  protosulfure  de  bismuth  solide,  d'autre  part  un  mélange 
liquide  de  composition  bien  déterminée,  fonction  seulement  de  la  tempé- 
rature. La  composition  du  système  gazeux  ne  doit,  dans  ce  cas,  dépendre 
que  de  la  température  et  non  de  la  valeur  du  rapport  R,  pourvu  que 
celle-ci  soit  supérieure  à  i,5. 

»  Ou  bien  les  masses  de  sulfure  et  de  bismuth  sont  telles  que  R  est  tou- 
jours inférieur  à  i,5.  Les  deux  corps  donnent  alors  un  liquide  homogène 
de  composition  variable  avec  R,  et  le  mélange  gazeux  qui  se  trouve  dans 
le  tube  a  également  une  constitution  qui  dépend  de  la  valeur  de  ce 
rapport. 

»  Ces  résultats  sont  ceux  que  l'on  trouve  directement  par  l'expé- 
rience. » 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Action  de  l'acide  borique  sur  les  iodures;  son  emploi 
pour  la  séparation  de  l'iode  des  iodures  en  présence  de  bromures  et  chlorures. 
Note  de  MM.  H.  Baubigny  et  P.  Rivals,  présentée  par  M.  Troost. 

«  L'acide  borique  pur  décompose  déjà  à  froid  les  iodures  en  dissolution 
en  donnant  HI,  tandis  qu'il  n'agit  qu'à  chaud  sur  les  solutions  saturées  des 
bromures  et  chlorures.  Si  donc  on  fait  intervenir  une  action  oxydante, 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE     ipoS.  65 1 

l'iode  peut  être  mis  en  liberté.  Mais  l'oxydabilité  de  l'iode  exige  l'emploi 
d'un  oxydant  peu  énergique.  Le  bioxyde  de  manganèse  artificiel,  préparé 
par  ]a  réduction  du  permanganate  avec  l'alcool  et  lavé,  convient  parfai- 
tement. On  peut  l'employer  après  dessiccation  à  basse  température  (3o°-4o*') 
ou  à  l'état  de  pâte,  en  s'aidant  de  l'action  de  la  chaleur  de  façon  à  distiller 
l'iode. 

»  Nous  avons  opéré  avec  le  même  appareil  (*)  qui  nous  a  servi  à  la 
séparation  du  brome  et  du  chlore.  Dans  le  ballon  on  met  la  solution  saline, 
l'acide  borique,  le  bioxyde  de  manganèse,  ces  deux  derniers  en  quantités 
déterminées  et  l'on  ferme.  On  adapte  ensuite  le  condensateur  contenant 
de  la  lessive  alcaline  et  un  peu  de  sulfite  de  soude  (^).  En  chauffant  au 
bain-marie,  l'iode  se  volatilise  et  on  l'entraîne  par  un  courant  d'air  dans  le 
condensateur  où  il  est  aisé  de  le  doser;  on  a  soin  de  maintenir  constant  le 
volume  liquide  du  ballon  à  l'aide  de  l'artifice  déjà  indiqué. 

»  Comme  d'ordinaire  nous  résumons  les  conditions  expérimentales  et 
les  résultats  sous  forme  de  Tableau. 


IK, 

valeur 

B'O» 

Mn^O^H^O 

Volume 

Durée  de 

Agi 

en  Agi. 

employé. 

employé. 

liquide. 

distillation. 

retrouvé 

(I)... 

.     o%848 

s 
5 

0,825 

cm' 
100 

min 

s 
0,061 I 

(2)... 

.     o,o848 

10 

0,216 

100 

4o 

0,0844 

(3)... 

.     o,o848 

10 

0,825 

100 

5o 

0,0845 

(4)... 

.     0,0848 

i5 

0,825 

100 

45 

0,0845 

(5)... 

T    1 • 

.     0,21 38 
/  \        1      .   1 

i5 

o,43o 

100 

5o 
)•  _  1 1  _   - 

0,2l34 
_  -    f  .  '     .1  '  _ 

»  L'essai  (i)  seul  est  défectueux,  cela  tient  à  ce  que  tout  l'iodure  n'a  pas  été  décom- 
posé. Or  cet  essai  est  celui  où  la  richesse  de  la  solution  en  acide  borique  a  été  minima, 
et  il  en  est  toujours  ainsi  pour  cette  même  concentration  tandis  qu'avec  une  solution 
à  10  pour  100  et  plus,  les  résultats  obtenus  conservent  l'exactitude  voulue.  Nous 
adopterons  donc  cette  concentration  à  10  pour  joo  en  acide  borique  comme  un  mini- 
mum nécessaire  pour  le  succès  de  l'expérience. 

»  En  ce  qui  concerne  le  bioxyde  2MnO^,  H^O  agent  d'oxydation,  comme  pour  toutes 
les  autres  méthodes  basées  sur  le  ménae  principe,  la  quantité  n'en  doit  pas  être  non 
plus  laissée  au  hasard.  En  elTet  avec  un  très  grand  excès  de  bioxyde,  à  cause  de  l'oxy- 
dabilité de  l'iode  lui-même,  il  y  a  formation  partielle  d'acide  iodique,  et  si  l'on  restreint 


(^)   Comptes  rendus,  t.  CXXV,  1897,  p.  527. 

(^)  L'addition  de  sulfite,  réducteur  des  hypoiodites,  est  nécessaire,  sinon  l'odeur  de 
l'iode  se  manifeste  à  l'orifice  du  condensateur,  indice  d'une  perte  certaine. 


652  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'emploi  de  l'oxydant,  la  mise  en  liberté  de  l'iode  est  incomplète.  D'une  façon  comme 
de  l'autre  le  dosage  se  trouve  alors  erroné. 


IK, 

Durée 

valeur 

B^O' 

Mn'O^H^O 

Volume 

de 

Agi 

en  Agi. 

emploj'é. 

employé. 

liquide. 

distillation. 

retrouvé 

(6).. 

.     og,o848 

lOS 

lS,25o 

jQQcm» 

3o™'" 

05,0784 

(7).- 

og,o848 

lOS 

qS,  090 

I  oo'='"' 

40™'" 

OS,  0795 

»  Dans  ces  deux  expériences  la  distillation  a  été  arrêtée  comme  pour  les  autres 
essais  quand  les  vapeurs  d'iode  avaient  complètement  disparu.  Or,  pour  l'essai  (6)  le 
déficit  est  bien  du  à  une  oxydation  de  l'iode,  car  on  a  retrouvé  un  peu  d'acide  iodique 
dans  les  eaux  mères  du  mélange  salin,  tandis  que  pour  le  second  (7)  c'était  Thydra- 
cide  qui  n'avait  pas  été  complètement  décomposé.  Cependant  dans  cette  dernière  expé- 
rience, le  poids  de  bioxyde  employé  était  sensiblement  supérieur  à  celui  nécessaire 
pour  l'oxydation  complète  de  l'acide  HI  en  présence.  Ce  fait  est-il  dû  à  l'état  physique 
de  l'oxyde  desséché  qui  a  été  employé  dans  cet  essai  (7)  [comme  d'ailleurs  pour  le  (6)] 
et  cela,  malgré  un  tamisage  en  poudre  fine  auquel  il  a  été  préalablement  soumis?  Nous 
ne  nous  sommes  pas  arrêtés  à  cette  question  parce  que  les  essais  (2,  3,  4»  5)  faits  avec 
le  produit  en  pâte  prouvent  qu'on  peut  augmenter  la  proportion  de  cet  oxydant  dans 
des  limites  encore  assez  étendues  sans  nuire  au  succès  de  l'opération,  puisque  le  poids 
donné  pour  chaque  essai  est  toujours  rapporté  au  composé  supposé  sec  aMnO^,  H^O, 
contenu  dans  le  volume  de  pâle  employé  (1). 

»  D'ailleurs,  outre  cette  possibilité  de  faire  varier  dans  une  mesure  encore  assez 
large,  les  proportions  de  aMnO',  H-0,  il  est  toujours  possible  d'éviter  un  trop  grand 
excès-  c'est  en  opérant  la  distillation  avec  une  quantité  limitée  de  cet  oxyde  par 
rapport  au  poids  de  sel  soumis  à  l'analyse  et  en  redistillant,  après  nouvelle  addition 
de  2MnO^  ir-0.  Au  cas  où  la  première  dose  aurait  été  insuffisante,  les  dernières  traces 
d'iode  sont  éliminées  lors  de  cette  seconde  dislillalion. 

»  H  nous  reste  à  montrer  que,  dans  les  conditions  où  nous  avons  isolé 
l'iode,  il  ne  se  forme  ni  chlore,  ni  brome,  et  que,  pour  qu'il  y  ait  mise  en 
liberté  de  brome,  il  faut  non  seulement  opérer  avec  une  solution  assez 


(*)  Pour  opérer  avec  cette  pâte,  le  plus  simple  est  de  substituer  la  mesure  à  la  pesée. 
En  conservant  le  produit  dans  un  flacon  fermé,  et  en  ayant  soin  de  le  brasser  à  chaque 
prise,  on  comprend  qu'à  un  même  volume  de  pâte  correspond  toujours  le  même  poids 
ou  sensiblement,  de  2MnO^,  H^O  sec.  La  richesse  en  bioxyde  de  chaque  lot  se  déter- 
mine par  un  essai  spécial  sur  l'une  des  prises  :  iodométriquement  ou  par  dessiccation 
à  4o°  et  pesée  du  résidu.  Comme  jauge  volumétrique,  une  petite  cuillère  à  moutarde, 
en  buis,  remplit  très  bien  le  but,  la  prise  pouvant  être  constituée  par  plusieurs 
cuillerées.  L'expérience  a  montré  que  même  pour  le  produit  sec,  les  écarts  d'une  prise 
à  l'autre  sont  négligeables  dans  le  cas  qui  nous  occupe. 


SÉANCE   DU    27    OCTOBRE    igoS.  653 

riche  en  bromure,  mais  augmenter  aussi  la  teneur  pour  100  de  la  solution 
en  acide  borique. 


Valeur  en  sel  d'argent 
duNaCl.     duKBr.       du  Kl. 


(8) 

» 

0,758 

(9) 

» 

i,58o 

(10) 

» 

0,209 

(II) 

» 

0,632 

(12) 

» 

0,948 

(i3) 

» 

o,4io 

(i4) 

» 

i,58o 

(i5) 

4s,  906 

» 

(16) 

» 

0,758 

employé. 

Mn^O^H^O 
employé. 

Volume 
liquide. 

Durée  de 
distillation. 

Agi 

de  I 

distillé. 

AgBr 
de  Br 

distille. 

AgBr 
de  Br 

fixe. 

AgCl 

de  Cl 

distillé. 

s 
10 

o,43o 

cm' 
100 

Il        min 

i.i5 

» 

0 , 0002 

» 

» 

10 

o,43o 

100 

I .  i5 

)) 

o,ooo3 

» 

» 

x5 

o,45o 

100 

1 .20 

» 

nul 

)) 

)> 

i5 

o,43o 

100 

i.i5 

» 

0 , 00 I 9 

» 

» 

i5 

o,43o 

100 

5o 

» 

0,0070 

)) 

» 

20 

o,43o 

100 

I .  i5 

» 

0 , 0006 

)> 

» 

20 

o,43o 

100 

1 .  i5 

» 

o,oi58 

» 

» 

10 

o,35o 

100 

i.i5 

» 

» 

» 

os,  ooo3 

10 

o,43o 

100 

I 

os,  2 1 36 

» 

os,  7 

577 

» 

»  Ainsi,  le  dégagement  de  brome  ne  devient  sensible  que  si  la  richesse 
de  la  solution  s'accroît  comme  bromure  et  acide  borique.  Quant  aux  chlo- 
rures ils  sont  encore  plus  difficilement  décomposables. 

»  Une  fois  l'iode  enlevé  du  mélange,  rien  n'empêche  d'en  séparer 
ensuite  le  brome  par  l'action  du  sulfate  de  cuivre  et  du  MnO*K,  d'après 
le  procédé  que  nous  avons  fait  connaître,  la  présence  de  l'acide  borique 
ne  gênant  en  rien.  De  sorte  que  dans  les  eaux  mères  il  ne  reste  que  le 
chlore.    » 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  la  composition  de  bronzes  préhistoriques 
de  la  Charente.  Note  de  M.  Chesxeau,  présentée  par  M.  Adolphe 
Carnot. 

«  Dans  la  plupart  des  analyses  de  bronzes  antiques,  publiées  déjà  en  assez 
grand  nombre,  on  ne  s'est  en  général  attaché  à  doser  exactement  que  le 
cuivre,  l'étain  et  le  plomb.  Ces  données  ne  peuvent  rien  apprendre  sur  l'ori- 
gine encore  si  obscure  des  métaux  qu'ils  ont  employés,  car  les  bronzes 
d'une  même  région  présentent,  à  cet  égard,  les  compositions  les  plus 
variables  ('),  et  il  semble  que  ce  soit  plutôt  dans  le  dosage  des  éléments 
considérés  comme  des  impuretés,  et  laissés  le  plus  souvent  de  côté  dans  les 


(*)  Voir  à  cet  égard  les  nombreuses  analyses  de  bronzes  préhistoriques  citées  dans 
le  Mémoire  suivant  :  Analyse  de  bronzes  anciens  du  département  de  la  Charente, 
par  L.  Chassaigne  et  G.  Chauvet,  RuITec,  1903. 

G.  R.,  1903,  2*  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  17.)  86 


■:^' 


^  ■  o  ^ 


654  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

analyses,  que  l'on  ait  chance  de  découvrir  la  provenance  de  ces  métaux 
par  la  comparaison  de  nombreuses  analyses.  C'est  ainsi  que,  dans  un  autre 
domaine  scientifique,  M.  Adolphe  Carnot,  par  le  dosage  précis  du  fluor 
dans  les  ossements  fossiles,  a  pu  fonder  une  méthode  nouvelle  extrême- 
ment précieuse  pour  établir  leurs  âges  relatifs. 

»  C'est  en  se  plaçant  à  ce  point  de  vue  que  M.  G.  Chauvet,  Président  de 
la  Société  archéologique  et  historique  de  la  Charente,  a  bien  voulu  me  con- 
fier, pour  en  faire  l'examen,  quatre  échantillons  de  bronzes  préhistoriques 
de  ce  département. 

»  Trois  de  ces  bronzes,  un  culot  de  cuivre,  une  base  de  lance  et  un  frag- 
ment de  hache,  proviennent  de  la  cachette  découverte  en  iSgS  à  Venat, 
commune  de  Saint-Yrieix,  près  Angoulême,  où  l'on  a  trouvé  dans  un  grand 
vase  en  terre  7 5'^^  d'armes  et  objets  divers  en  bronze,  parmi  lesquels  un 
gros  culot  de  cuivre  et  des  déchets  de  fonte,  donnant  à  penser  que  cette 
cachette  est  celle  d'un  fondeur  (').  Cette  présomption  donne  un  intérêt 
tout  particulier  à  la  recherche  des  impuretés,  en  vue  notamment  d'établir  si 
le  cuivre  du  bronze  des  armes  est  bien  de  même  origine  que  le  lingot  non 
manufacturé,  et  dans  ce  but,  M.  Chauvet  a  bien  voulu  mettre  à  notre  dis- 
position un  poids  important  de  chaque  échantillon  (9^  à  73^).  Le  quatrième 
échantillon,  de  poids  beaucoup  plus  faible  (2^),  a  été  prélevé  sur  une 
hache  à  talon,  trouvée  par  M.  Maraudât  à  la  Maison-Blanche,  commune  de 
Garât,  arrondissement  d'Angoulême. 

»   J'ai  suivi  pour  les  analyser  les  méthodes  suivantes  : 

»  I"  Culot  de  cuivre.  —  J'ai  dissous  le  métal  dans  l'eau  broméeà  froid,  de  façon  à 
laisser  inatlaqués  l'argent,  le  bismuth,  et  les  corps  non  métalliques.  J'ai  obtenu  ainsi  un 
léger  résidu  (o,35  pour  100),  formé  seulement  de  matières  organiques  et  terreuses,  que 
j'ai  déduites,  pour  le  calcul  de  l'analyse,  du  poids  du  métal  mis  en  œuvre.  La  liqueur, 
chauffée,  puis  réduite  par  SQ-  et  rendue  chlorhjdrique,  a  été  précipitée  par  l'hydro- 
gène sulfuré  :  les  sulfures  ont  été  mis  en  digestion  avec  du  sulfure  de  sodium,  et  les 
sulfosels  obtenus  ont  été  analysés  par  la  méthode  à  l'acide  oxalique  et  à  l'hyposulfite 
de  soude  proposée  par  M.  Ad.  Carnot  pour  la  séparation  de  l'étain,  de  l'antimoine  et 
de  l'arsenic.  J'ai  ainsi  obtenu  une  petite  quantité  d'antimoine  (0,09  pour  100),  que 
j'ai  pu  caractériser  nettement  à  l'appareil  de  Marsh  et  par  l'enduit  noir  sur  barreau 
d'étain.  Je  n'ai  trouvé  ni  étain  ni  arsenic;  en  revanche,  dans  la  liqueur  primitive,  j'ai 


(^)  Ces  objets  ont  été  décrits  pour  la  plupart  dans  un  Mémoire  publié  en  1894  par 
MM,  J.  George  et  G.  Gliauvet  dans  le  Bulletin  de  la  Société  archéologique  et  histo- 
rique de  la  Charente.  La  base  de  lance  elle  culot  de  cuivre  que  j'ai  analysés  y  figurent 
sous  les  n°*  33  et  276. 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  IQoS.  655 

retrouvé  des  traces  de  phosphore,  dosé  à  l'état  de  phosphomolybdate  par  la  méthode 
de  double  précipitation  de  M.  A.  Carnot. 

»  Les  sulfures  de  plomb  et  de  cuivre  et,  d'autre  part,  ceux  des  métaux  de  la  famille 
du  fer  ont  été  analysés  par  les  méthodes  ordinaires. 

»  Le  soufre,  en  présence  d'une  forte  proportion  de  cuivre,  ne  peut  être  exactement 
précipité  à  Fétat  de  sulfate  de  baryte  :  je  l'ai  dosé  sur  une  prise  d'essai  spéciale,  dis- 
soute par  l'acide  azotique  fumant,  puis  débarrassée  du  cuivre  par  électrolyse. 

»  2"  Bronzes.  —  Le  cuivre,  l'étain  et  le  plomb  ont  été  dosés  par  les  méthodes  ordi- 
naires de  voie  humide  à  l'acide  azotique.  L'arsenic,  l'antimoine  et  le  phosphore  ont  été 
recherchés  dans  une  opération  spéciale  sur  l'alliage  dissous  dans  l'eau  régale  et  traité 
comme  ci-dessus.  Le  soufre  a  été  dosé  après  élimination  du  cuivre,  soit  électrolyli- 
quement  en  liqueur  azotique  soit  en  liqueur  chlorhydrique  par  le  zinc,  dont  les  sels 
ne  gênent  pas  la  précipitation  de  traces  d'acide  sulfurique  par  le  chlorure  de  baryum, 
ainsi  que  je  m'en  suis  assuré. 

t>  Le  Tableau  suivant  résume  les  résultats  obtenus  pour  les  quatre  échantillons 
(dont  aucun  n'a  donné  d'argent,  ni  d'arsenic)  : 

Cachette  de  Venat. 
— -^ — ^-^ — — ^ ■ —  Hache 

Culot  Base  de  la 

de  cuivre.         de  lance.         Hache.  Maison-Blanche. 

Pour  100  Pour  loo  Pour  loo  Pour  loo 

Cuivre 99;  i3  88,62  87,09  ^1  ■>''■'] 

Étain »  7,58  10,74  1^,69 

Plomb o,o5  1,33  i,4i  o?i4 

Fer 0,06  0,11  0,06  0,60 

Nickel Traces  Traces  Traces  0,39 

Zinc Traces  Traces  Traces  0,12 

Antimoine 0,09  0,06  0,09                       » 

Phosphore o ,  oo5  o ,  008  o ,  oo5                    » 

Soufre 0,71  0,08  0,1 5                     » 

Oxygène  (par  différence) »  2,212  »                          » 

Total 100,045       100,000       99,545  100,11 


))  La  proportion  presque  identique  de  phosphore  et  d'antimoine,  dans 
les  trois  échantillons  de  la  cachette  de  Venat,  semble  bien  prouver  que  le 
cuivre  qui  a  servi  à  faire  les  bronzes  a  la  même  origine  que  celui  du  culot, 
car  on  sait  que,  à  l'inverse  du  soufre,  ces  éléments  se  conservent  sans 
variation  sensible  dans  la  fusion  de  l'alliage.  L'analyse  chimique  confirme 
donc  pleinement  l'opinion  émise  par  M.  Chauvet  sur  le  caractère  de  cac^e^^e 
de  fondtur  ^{.{.TÏhwé  aux  objets  de  bronze  de  Venat. 

»  Il  ne  m'a  pas  été  possible  de  caractériser  ces  éléments  dans  la  hache 
de  la  Maison-Blanche  à  cause  du  faible  poids  de  métal  dont  je  disposais; 
mais  la  teneur  eu  nickel  de  ce  bronze,  suffisante  pour  être  dosée  même 


656  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

sur  un  faible  poids,  diffère  tellement  de  celle  des  objets  de  la  cachette  de 
Vénal,  qu'on  est  autorisé  à  penser  que  le  cuivre  de  ceux-ci  n'a  pas  la  même 
origine  (ou  est  d'une  autre  époque)  que  celui  de  la  hache  de  la  Maison- 
Blanche.  » 


THERMOCHIMIE.  —  Sur  le  calcul  de  la  chaleur  de  combustion  des  acides  orga- 
niques, de  leurs  anhydrides  et  des  étherssels.  Note  de  M.  P.  Lemoult. 


»  Ce  calcul  se  fait  suivant  la  méthode  que  nous  avons  fait  connaître 
{Comptes  rendus,  l.  CXXXVI,  p.  893,  et  t.  CXXXVII,  p.  5i5),  en  addi- 
tionnant les  appoints  dus  aux  divers  groupes  élémentaires  que  contient  la 
molécule. 

»  Acides.    —    Ces  corps  possèdent  un  groupe    élémentaire  c'^\'        ;  nous  admet- 

trons   que  son   appoint   est   de   — 2*^*':  /(   c^Z  1= — '>.^^^-,    cette    convention    est 

^  ^^  -^  \     \0H/ 

valable  pour  les  acides  simples,  pour  les  acides  polvbasiques  et  pour  ceux  qui  ont  des 

fonctions  complexes;  pour  les  acides  à  molécule  non  saturée,  le  calcul  se  fera  sur  les 

mêmes  données,  mais  on  retranchera  12^*^  (la  valeur  déjà  signalée)  au  résultat  ainsi 

obtenu.  On  voit  de  suite  que  les  acides  mono  et  bibasiques,  par  exemple,  dérivés  des 

carbures  saturés  ont  pour  chaleur  de  combustion  C,  et  Cj,  les  valeurs  données  par  les 

deux  équations 

Cin:/(C'^-iH2"-'  — GO^H)  =157/2—  106, 

C2=:/[C«-2H2"-=(C02H)2]  =  157/1  — 212, 

qui  représentent  encore  des  droites  du  groupe  j'  =  157.37  4-  A. 

»  a.    Voici  quelques  exemples  d'acides  saturés  mono  ou  polybasiques  : 


Mesuré.    Calculé. 


Cal 


Cal 
08 


Acide  acétique 209,4 

»  valérique 681  679 

»  dipropylacétique 1 1 5 1 , 5  1 1 5o 

»  myristique 2086,9  2092 

»  benzoïque 772)9  773 

»  toluique  (moyenne) 928,6  980 

»  naphtoïque 1282,6  1286 

»  campholiqiie 1409,2  i4o9 


Mesuré.  Calculé. 
Cal 

36i 


Cal 

Acide  méthylmalonique 862  , 5 

»      diméthylsuccinique  (sym.).  . .  674,5  675 

»      diphénylsuccinique  p 1807,7  1800 

»      pentaméthylènedicarbonique.  776  777 

»      phtalique  (moyenne) 770)4  769 

>)      létrahydrophtalique  (moy.)..  882,2  881 

»      camphorique  (moyenne) 1248  1248 

»      trimésique  (t  .3.6) 767,6  765 


»  b.  Dans  l'ensemble,  les  résultats  sont  très  satisfaisants,  puisque  sur  80  cas  examinés 
il  y  en  a  60  (75  pour  100)  où  l'approximation  dépasse,  et  souvent  de  beaucoup,  j~^ 
tandis  qu'il  n'y  en  a  que  12  (i5  pour  100)  où  elle  est  comprise  entre  y^  et  j-J-^,  et 
8  où  elle  est  inférieure  à  j^;  à  cette  dernière  catégorie  appartiennent  les  premiers 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  igoS.  637 

termes  de  séries  comme  Facide  formique,  Tacide  oxalique,  pour  lesquels  le  calcul 
donne  toujours  des  nombres  inférieurs  (de  f\^"^  à  8*^^')  aux  valeurs  déterminées  par 
l'expérience. 

»  c.  Acides  à  fonctions  complexes. 


Mesuré.     Calculé. 


Cal 


Acide  a-oxybu lyrique 472 

»       dimélhyldioxyadipique  .  .  .  .  897,9 

»       tartrique  racém 278,7 

»       lévulique 677 ,  i 


Cal 

477 

271 
579 


Mesuré.     Calculé. 


Cal 


73. 


Cal 


Acide  oxybenzoïque  (moy.) 729,9 

»       trioxybenzoïque 63i ,  i  63o 

»      /j.créosolique 880 ,  i  879 

»       anisique 895 , 2  897 


»  d.  Acides  à  molécules  non  saturées. 


Mesuré.      Calculé. 


Cal 


Acide  angélique 635,  i 

»       tiglique 626,6 

»       oléique 2682 

»       phénylpropiolique 1023,7 


Cal 

63o 

2681 
1022 


Mesuré.      Calculé. 


Cal 


Acide  fumarique 3i8,6 

»       maléique 326,7 

»       allylmalonique 638 

»       phénylparaconique 1 196 


«  A  signaler  encore,  parmi  les  résultats  obtenus,  celui  qui  est  relatif  à  l'acide  pyro- 
mucique;  la  valeur  trouvée  est  493^"', 8,  tandis  que  le  nombre  calculé  d'après  les  con- 
ventions faites  s'élève  à  497^^*'  (ï3o  +  90  4-  18  +  3,53  +  2,5i  —  2). 


^ 


O     O 


»  Anhydrides  d'acides.   —  Attribuons  au    groupe  élémentaire  c^ — O 


c^    qu'ils 

contiennent  la  valeur  12*^'''  et  admettons  que,  dans  le  cas  où  la  molécule  n'est  pas 
saturée,  nous  devrons  retrancher  au  nombre  trouvé  deux  fois  12*^^',  nous  pourrons 
faire  le  calcul  relatif  aux  dix  cas  connus;  l'approximation  est  très  satisfaisante,  comme 
le  montrent  les  quelques  exemples  suivants  : 


Mesuré. 
Cal 


Anhydride  acétique 4^1 ,9 

»  propiogique 747 ,  i 

»  phtalique 783 


Calculé. 
Cal 

432 

746 

785 


Mesuré. 
Cal 


Anhydride  camphorique 1262  ,  i 

»  itaconique 48 1,8 

»  diphénylmaléique 1770,1 


Cal 
322 

636 
1201 


Calculé. 

Cal 

1264 

482 
1770 


»  Ethers-sels.  —  Ces    corps    contiennent    le    groupe    C  —  O  —  C    auquel    corres- 

pond  le  groupe  élémentaire  c^ —  O  —  c  pour  la  valeur  thermique  duquel  nous  admet- 
trons H-  12*^'"'';  cette  nouvelle  convention,  jointe  à  celles  que  nous  avons  faites  précé- 
demment, y  compris  la  perte  de  12^"'  pour  tenir  compte  de  la  présence  d'une  liaison 
multiple,  nous  permet  de  calculer  les  chaleurs  de  combustion  des  80  corps  qui  ont  été 
l'objet  de   mesures  directes.  En   particulier  pour  les  éthers-sels  de  formule  générale 


C^^H'^"  02  =  C-i  H2/'-»  —  CO^  —  C"H2/''+i 


avec 


p  +  p'=n,         PP'^o, 


658 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


c'est-à-dire  qui  dérivent  d'acides  et  d'alcools  saturés,  la  chaleur  de  combustion  est 

donnée  par 

C  :=  1.57/1  —  90  (droite  du  groupe  :  y  =  ibj ce  -\-  A), 


indépendante  par  conséquent  de  l'acide  et  de  l'alcool,  mais  fonction  de  n. 


Mesuré.    Calculé. 


Cal 


Acétate  d'éthjle 587 

Butjrate  de  mélhyle SgS,^ 

Benzoate  de  phénjle ï5ii,3 

o-oxybenzoate  d'élhyle io5i  ,7 

Oxyber)?;oate  de  butyle i366,3 

Oxalate  d'élhyle 708,6 

Télrahydrophtalate  de  mélhyle.    ..  1226,8 


Cal 

538 

695 

i5i  I 

io52 

i366 
707 

1225 


Mesuré.    Calculé. 


Cd 


o-phtalate  de  méthyle iii3,9 

Méthylènedimalonate  de  méthyle.  .  1202,2 

Tartrate  diméthylique  dr 619,2 

Acétyiacélate  de  méthyle 694 

Benzoate  d'eugényle 2o65,3 

Fumarate  de  mélhyle 662,8 

Ginnamale  de  méthyle i2i3,6 


Cal 

I  ii5 

1200 

617 

595 

2064 

662 

I2l5 


»  Dans  l'ensemble,  il  y  a  8  cas  (10  pour  100)  où  l'approximalion  est  inférieure 
à  YFû!  ^7  (^ï  pour  100)  où  elle  est  comprise  entre  ytq  ^^  20I)  ^'-  ^^  (^9  pour  100)  où 
elle  est  supérieure  à  j-J-^. 

»  Anhydrides  internes  d'acides-alcools.  —  Ces  corps,  qui  appartiennent  à  la  caté- 
gorie des  éthers-sels,  ont  même  groupement  fonctionnel  que  ces  derniers;  aussi, 
leur  chaleur  de  combustion  se  lalsse-t-elle  évaluer  d'une  manière  très  satisfaisante  en 
appliquant  les  convenlions  énoncées  pour  les  élhers-alcools.  Voici  quelques-uns  des 
ex.emples  choisis  parmi  les  10  cas  connus  : 


Mesuré.      Calculé. 
Anhydr.  glycolique 167'^''', 4      169*^"^ 


»         mannonique  (moy. )  .  .  .  .     617*^^', 7     617 


Cal 


Mesuré. 

Anhyd.  glucoheptonique 726*^^^,6 

»       glucooclonique 887*^^^,2 


»  En  résumé,  nous  pouvons,  à  l'aide  de  quelques  conventions,  bases 
numériques  du  calcul,  évaluer  la  chaleur  de  combustiofi  de  tous  les  com- 
posés organiques  ne  contenant  que  du  carbone,  de  l'hydrogène  et  de 
l'oxygène.  Sur  45o  cas  examinés,  il  y  en  a  12  pour  100  où  l'approximation 
par  rapport  aux  valeurs  mesurées  est  inférieure  à  -^;  20  pour  100  où  elle 
est  comprise  entre  7^  et  ^^  et  68  pour  100  où  elle  est  supérieure,  et  le  plus 
souvent  de  beaucoup,  à  tt]^^.  » 


Calculé. 

84 1^='' 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —   Recherches  sur  Visoglucosamine.  Note 
de  M.  L.  3Iaqueivne,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«   Les  bases  que  nous  avons  obtenues,  JM.  Roux  et  moi,  en  réduisant 
les  aldosoximes  par  l'amalgame  de  sodium  (^),  présentent  avec  les  glu- 


(')  Maquenne  et  Roux,  Comptes  rendus,  t.  GXXXII,  p.  980.  —  Roux,  Thèse  pour 
le  Doctorat,  igoS* 


SÉANCE   DU   27    OCTOBRE    igoS.  ôSg 

cosamines  déjà  décrites  les  mêmes  relations  qui  existent  entre  les  alcools 
polyatomiques  et  les  sucres  réducteurs.  Il  était,  par  suite,  à  prévoir  que 
l'on  pourrait  passer  des  unes  aux  autres  par  simple  fixation  d'hydrogène; 
c'est,  en  effet,  ce  qui  a  lieu  avec  l'isoglucosamine  qui  prend  naissance, 
comme  on  le  sait,  dans  l'action  de  la  poudre  de  zinc  sur  la  phénylglucosa- 
zone,  en  présence  d'acide  acétique.  La  réaction  est  particulièrement  inté- 
ressante en  ce  sens  qu'elle  vient  donner  une  nouvelle  preuve  à  l'appui 
de  la  formule  attribuée  à  ce  corps  par  Em.  Fischer,  en  se  fondant  sur  sa 
transformation  en  lévulose  par  l'acide  nitreux. 

»  Pour  la  réaliser,  on  introduit  peu  à  peu,  en  refroidissant,  loos  d'amalgame  de 
sodium  à  3  pour  100  dans  une  solution  renfermant  5^  de  sulfate  d'isoglucosamine  pour 
2Qcm»  (J'eau.  L'attaque,  d'abord  rapide,  se  ralentit  à  mesure  que  la  liqueur  devient  plus 
alcaline;  il  se  dégage  un  peu  d'ammoniaque  et  bientôt  le  liquide  cesse  de  réduire  le 
réactif  de  Fehling.  Alors  on  sature  exactement  par  l'acide  sulfurique,  on  évapore  et 
l'on  extrait  les  bases  formées  parla  méthode  que  nous  avons  décrite,  M.  Roux  et  moi, 
à  propos  de  la  préparation  de  la  glucamine. 

»  On  obtient  finalement  un  mélange  sirupeux  d'oxalates  qui,  par  addition  ménagée 
d'alcool  à  60°,  dépose  rapidement  des  cristaux  lamelleux,  quadrangulalres,  qui  fondent 
nettement,  après  purification,  à  186°.  Ce  nouveau  corps,  qui  ne  possède  plus  aucune 
propriété  réductrice,  a  pu  être  identifié  à  l'oxalate  de  mannamine 

C-H20*(C6H'5Az05)2, 

par  comparaison  directe  avec  un   échantillon  de  ce  sel,  préparé  expressément  dans 
mon  laboratoire  par  M.  Roux,  en  partant  de  la  mannosoxime. 

»  Les  eaux  mères,  concentrées  et  additionnées  à  nouveau  d'alcool,  précipitent  un 
sirop  brun  qui  bientôt  se  prend  en  une  bouillie  cristalline  :  ce  second  composé,  qui 
fond  à  i79°-i8o°  et  cristallise  en  belles  lamelles  hexagonales,  n'est  autre  que  l'oxalate 
de  glucamine  déjà  connu.  Il  est  notablement  moins  abondant  que  son  isomère. 

»  L'isoglucosamine  se  convertit  donc  sous  l'action  de  l'hydrogène  nais- 
sant, en  solution  alcaline,  en  un  mélange  de  deux  bases  stéréoisomères, 
appartenant  à  la  série  des  glucamines,  et  que  nous  avons  pu  caractériser, 
l'une  comme  d.  glucamine  proprement  dite,  l'autre  comme  d.  mannamine. 
Ce  fait  vient  confirmer  d'une  manière  irréfutable  l'existence  d'une  fonc- 
tion a  cétonique  dans  la  molécule  de  l'isoglucosamine  et  montre  que  cette 
base  se  comporte,  vis-à-vis  des  agents  réducteurs,  exactement  de  la  même 
manière  que  le  d.  fructose,  dont  elle  représente  un  dérivé  immédiat. 

»  Comme  ce  dernier,  l'isoglucosamine  fournit  donc  un  nouveau  moyen 
de  passer  de  la  série  de  la  mannite  à  celle  de  la  sorbite,  ou  inversement, 
sans  qu'il  soit  besoin  d'éliminer  son  azote. 


66o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Dans  les  mêmes  conditions,  la  d.  glucosamine  (de  la  chitine)  n'est  pas 
sensiblement  attaquée  par  l'amalgame  de  sodium,  ce  qui  tient  sans  doute  à 
sa  fonction  d'aldéhyde,  moins  facilement  attaquable  que  la  fonction  d'acé- 
tone. Son  oxime,  qui  devrait  théoriquement  fournir  une  base  diaminée, 
semble  au  contraire  se  détruire  entièrement,  avec  émission  d'ammoniaque 
et  formation  de  corps  bruns  incristallisables.    » 


CHIMIE   ORGANIQUE.   —  Action  du  chlore  sur  r acétate  de  baryum. 
Note  de  M.  Albert  Colson,  présentée  par  M.  Georges  Lemoine. 

«  Comme  je  l'ai  établi,  l'acétate  de  plomb  en  solution  acétique  se 
change  en  chlorure  et  en  tétracétate  plombiques  sous  l'action  d'un  courant 
de  chlore  (^).  Cette  réaction  constitue  donc  an  moyen  simple  de  mettre 
en  évidence  la  tétravalence  d'un  élément,  en  particulier  la  constitution 
(O  =  Pb  =  O)  du  bioxyde  de  plomb.  En  l'appliquant  au  baryum,  je  n'ai  pu 
former  aucune  combinaison  tétrabarytique  de  forme  Ba  X*  :  le  baryum  est 
invariablement  resté  divalent,  comme  si  le  bioxyde  répondait  à  la  consti- 

tution  Ba(     i  . 

\o 

»  Voici  les  faits.  Après  avoir  dissous  6ë  de  carbonate  de  baryte  dans  100*°''' d'acide 
acétique  pur,  j'ajoute  5^  d'anhydride  acétique  pour  éliminer  l'eau  résultant  de  la  for- 
mation de  l'acétate  de  baryte;  puis  je  sature  de  chlore  sec  à  la  température  de  12°. 
Il  se  forme  le  lendemain  un  précipité  cristallin  qui,  essoré  et  lavé  à  l'acide  acétique, 
répond  à  la  composition  suivante  après  dessiccation  dans  l'air  sec  : 

BaC12+Ba(C2H^02)2-t-2C^H*02 
ou 

2[BaCl.C=H302+C2H^02]. 

Ce  sel  double,  cristallisé  avec  1^°^  d'acide  acétique,  est  bien  un  acétochlorure  de  ba- 
ryum et  non  pas  un  mélange  de  chlorure  et  d'acétate,  car  il  ne  se  redissout  pas  à  froid 
dans  l'acide  acétique  générateur,  même  quand  celui-ci  ne  renferme  plus  de  chlore  en 
solution.  D'autre  part,  si  le  dépôt  contenait  de  l'acétate  libre,  c'est  qu'il  sortirait 
d'une  solution  sursaturée  d'acétate;  a  fortiori,  la  solution  primitive  qui,  avant  le 
passage  du  chlore,  contient  tout  le  baryum  à  l'état  d'acétate,  serait  elle-même  sursa- 
turée de  ce  sel  qui,  alors,  serait  immédiatement  précipité  par  quelques  parcelles  du 
dépôt.  On  ne  constate  rien  de  tel  :  le  dépôt  est  donc  exempt  d'acétate  libre. 

(')  Comptes  rendus,  avril  igoS. 


SÉANCE    DU   27    OCTOBRE    TQoS.  66t 

»  L'acctochloriire  (Ba  Ci  .C'-H^O"- -1- C- 11^0-)  s'obtient  encore  quand  on  dissout 
l'acétate  de  barvum  dans  iacide  acétique  pur  que  l'on  sature  à  froid  par  le  chlore  sans 
l'avoir  additionné  d'anhydride  acétique. 

»  Ce  connposé,  presque  insoluble  dans  l'acide  acétique,  est  au  contraire  solubledans 
l'eau  où  il  se  comporte  comme  un  mélange  de  chlorure,  d'acétate  et  d'acide  acétique. 
Le  barvum  précipité  dans  ce  singulier  composé  n'acquiert  pas  de  propriétés  radio- 
actives, ou  du  moins  la  radioactivité  de  l'acétochlorure  n'atteint  pas  la  vingtième 
partie  de  celle  de  l'uranium,  d'après  un  examen  dû  à  l'extrême  obligeance  de  M.  Curie. 

»  La  genèse  de  l'acétochlorure  devrait  donner  naissance  soit  à  du  peroxyde  d'acé- 
tyle,  soit  à  de  l'eau  oxygénée  : 

2Cl  +  2Ba(C^H30^)^=:2BaCl.C2IP0^4-(CM130)^0-. 

»  Quand  l'aclion  du  chlore  est  épuisée  et  que  la  liqueur  est  redevenue  incolore,  elle 
ne  renferme  aucun  de  ces  corps,  et  les  gaz  qui  se  dégagent  en  petites  quantités  pen- 
dant la  réaction  ne  contiennent  pas  d'ozone,  mais  du  gaz  carbonique  qui  paraît  souillé 
de  composés  oxygénés  du  chlore.  Ces  faits  montrent  bien  la  résistance  du  baryum  à 
passer  à  la  forme  tétravalente. 

»  La  formation  de  composés  oxygénés  du  chlore  (réagissant  sur  la  baryte  en  solu- 
tion acétique  comme  l'acide  hypochloreux  sur  les  alcalis)  explique  pourquoi  le  chlo- 
rure de  baryum  vient  souiller  l'acétochlorure  à  mesure  que  l'on  prolonge  l'opération. 
Ainsi,  en  isolant  l'acétochlorure  formé  au  bout  de  12  à  i5  heures,  la  liqueur  se 
trouble  de  nouveau  et  le  précipité  nouveau  s'enrichit  de  jour  en  jour  en  chlorure  de 
baryum  insoluble  dans  l'acide  acétique.  On  arrive  même  à  recueillir  finalement  BaCl^ 
à  peu  près  exempt  d'acétate. 

)>  Quand  la  réaction  se  fait  à  100°  en  vase  clos,  le  baryum  se  transforme  en  majeure 
partie  en  chlorure,  parfois  même  en  totalité;  si  le  chlore  n'est  pas  en  trop  grande 
quantité,  aucun  gaz  ne  se  dégage  et  la  liqueur  incolore  qui  a  déposé  BaCl-  n'est  pas 
oxydante  à  froid  :  le  chlore  paraît  donc  bien  réagir  ici  encore  comme  il  le  ferait  sur  la 
barvte  dissoute  ou  sur  tout  autre  alcali.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.    —    Coloriants  azo'iques,  solides,    dètivés  de  V^-amino- 
anthraqiiinone .  Note  de  M.  Charles  Lautii,  présentée  par  M,  A.  Haller. 

«  Les  matières  colorantes  qu'on  obtient  aujourd'hui  avec  les  produits 
du  goudron  de  houille  sont  si  variées  et  si  belles,  qu'il  paraît  superflu  de 
chercher  à  en  augmenter  encore  le  nombre;  c'est  d'un  autre  côté  que 
doivent  se  porter  les  efforts  des  chimistes  :  leur  but  doit  être  d'obtenir  des 
couleurs  qui,  outre  l'éclat  et  le  bon  marché,  possèdent  une  qualité  toujours 
rare,  celle  d'une  résistance  suffisante  à  la  lumière  et  aux  agents  chimiques. 

»  Tl  m'a  paru  intéressant,  dans  cet  ordre  d'idées,  de  rechercher  si  les 
combinaisons  anthraquinoniqiies,  qui  sont  solides  en  général,  pourraient 

C.   R.,  igcS,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  17.)  «^7 


662  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

donner  naissance  à  des  j3roduils  de  la  grande  famille  des  couleurs  azoïques, 
et  si  ces  azoïques  seraient  résistants  aux  agents  physiques  et  chimiques. 
Les  tentatives  que  j'ai  faites,  il  y  a  phisieurs  années  déjà,  soit  de  diazoter 
l'amidoalizarine,  soit  de  copuler  les  dérivés  hydroxylés  de  l'anthraquinone 
avec  des  combinaisons  diazoïques  étaient  restées  infructueuses.  J'ai  été 
plus  heureux  en  prenant  comme  point  de  départ  l'ot-amidoanthraquinone; 
on  sait  que  ce  corps  peut  se  diazoter;  j'ai  constaté  que  ce  diazo  se  combine 
avec  les  agents  ordinaires  de  copulation  et  donne  naissance  à  des  colorants 
riches  et  très  solides.  (Pli  cacheté  déposé  à  la  Société  chimique  de  Paris,  le 
i*'*'  mars  igoS.) 

»  Le  point  de  départ  est  l'anthraquinone,  qu'il  faut  tout  d'abord  nitrer. 

»  NUvalion  de  V anthraquinone .  —  M.  Liebermann  a  fait  connaître  en  i883  un 
bon  procédé  de  préparation.  Le  suivant  est  encore  plus  avantageux  :  on  dissout  200s 
d'anlhraquinone  dans  1200^"''  d'acide  sulfurique  à  66°  B*^,  et  l'on  ajoute  à  cette  solu- 
tion, goutte  à  goutte  et  sans  refroidir,  en  agitant  constamment,  ôg*"™'  d'acide  nitrique 
à  4o°  B*^  ;  la  température  doit  monter  à  5o°  environ  ;  le  mélange,  fluide  à  ce  moment,  se 
prend  en  masse  par  refroidissement;  on  y  ajoute  de  la  glace,  puis  on  lave  le  précipité 
jusqu'à  neutralité.  On  obtient  ainsi  235s  de  produit  nitré  fondant  à  218"  (p.  indiqué 
220")  et  qu'on  peut  utiliser  sans  autre  purification  pour  la  préparation  du  dérivé 
aminé. 

))  Réduction  de  V:/.-iiitroantliraqiti?ione.  —  200s  de  nitro  sont  broyés  avec  4oos  de 
sulfure  de  sodium  crist.  (32,3  pour  100  de  Na-S);  le  mélange  est  additionné  de  5',5o 
d'eau  et  porté  à  l'ébullition  pendant  70  minutes;  pour  s'assurer  que  la  réduction  est 
complète,  on  prélève  un  petit  échantillon  du  produit  et  on  le  chauffe  à  100°  avec  une 
solution  de  5s  de  Na^S  dans  10  p.  d'eau;  la  moindre  trace  de  nitro  donne  naissance  à 
une  coloration  verte  qu'on  aperçoit  en  écrasant  la  matière  solide  contre  les  parois  de 
la  capsule;  on  continue  à  chauffer  jusqu'à  ce  que  cette  coloration  n'apparaisse  plus.  La 
réduction  terminée,  on  laisse  refroidir  et  l'on  filtre  sur  coton,  à  la  trompe;  les  eaux 
mères  sont  colorées  en  violet  et  renferment  une  petite  quantité  d'alizarine.  On  obtient 
170S  (environ  la  quantité  théorique)  d'a-amidoanthraquinone,  bien  cristallisée,  fon- 
dant à  240°. 

»  Diazolallon.  —  On  dissout  l'aminé  dans  dix  fois  son  jooids  d'acide  sulfurique;  à 
la  dissolution  on  ajoute  peu  à  peu  de  la  glace,  de  façon  à  avoir  un  précipité  très  ténu, 
puis  on  étend  de  100  volumes  d'eau;  on  filtre  pour  éliminer  la  majeure  partie  de 
l'acide  sulfurique  et  jusqu'à  ce  qu'on  ait  ainsi  séparé  les  ^f^  d'eau  acide;  le  produit 
filtré  est  additionné  d'eau,  de  façon  à  avoir  l'aminé  délayée  dans  70  fois  son  poids  d'eau 
acide,  puis  on  y  ajoute  45  pour  100  du  poids  de  l'amido  en  nitrite  de  Na  préalablement 
dissous;  on  agite  fréquemment  et  on  laisse  en  contact  pendant  20  heures  environ. 

»  l^our  s'assurer  que  la  diazotation  est  complète,  on  prélève  un  échantillon  et  l'on 
y  ajoute  GO^Na^,  qui  colore  la  masse  en  rouge  s'il  y  a  encore  de  l'aminé  non  trans- 
formée. Pour  plus  d'exactitude,  on  précipite  un  échantillon  de  la  liqueur  diazotée  par 
un  excès  de  CO^Na-  ;   on  filtre  et  l'on  reprend  le  précipité  séché  par  l'alcool.  La  pré- 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE    igo3.  663 

sence  del'a-amino  est  aisément  constatée  au  microscope,  cette  aminé  cristallisant  très 
facilement  en  longues  aiguilles.  On  peut  d'autre  part  reprendre  le  produit  de  i'évapo- 
ration  de  l'alcool  par  l'acide  acétique  cristallisable  ;  ajouter  à  la  solution  AzO^Na,  et 
une  trace  de  sulfonaphtol,  qui  donnera  une  coloration  rouge  intense  s'il  subsiste  de 
l'aminé  non  transformée. 

»  Copulation.  —  Le  composé  diazoïque  ainsi  préparé  se  combine  aisément  aux 
aminés  et  aux  phénols,  sulfonés  ou  non,  en  donnant  naissance  à  des  matières  colo- 
rantes. On  réalise  cette  préparation  en  versant  le  produit  de  la  diazotation,  en  suspen- 
sion dans  l'eau,  dans  les  agents  de  copulation  dissous  dans  CO^*  Na^  ;  on  laisse  en  contact 
jusqu'à  solubilité  complète  dans  l'eau  chaude,  ce  qui  exige  quelques  he.ires,  puis  on 
précipite  par  ClNa. 

M   On  obtient  ainsi  : 

)>  Des  rouges  avec  le  p-naphtol-6-sulfo  (sel  de  Schaeffer),  le  ^-naphtol- 
8-sulfo  (sel  de  Rumpf),  le  p-naphtol-3-7-disLilfo  (sel  R),  le  p-naphtol- 
3-8-disuifo  (sel  J),  le  P-naphtol-7-sulfo,  l'acide  naphtionique; 

))  Des  amarantes  avec  ra-sulfonaphtol  (sel  de  Piria),  le  dinaphtol-i-8- 
disulfo-3-6  (acide  cIiromoLropique); 

>)  Des  bnms  avec  l'cc-naphtol,  la  résorcine,  le  mctamidophénol,  l'acide 
ortho  et  métacrésotinique,  la  fi-naphtylamine  monosulfo-6  (sel  de  Brœnner), 
la  toluylènediamine,  la  ^-naphtylamine,  la  diphénylamine,  l'acide  salicv- 
lique; 

»  Des  violets  avec  l'a-naphtylamine,  ra-naphtolamino-8-disulfo-3-6 
(acide  H). 

»  La  teinture  de  la  laine  s'effectue  aisément  avec  ces  colorants  en  pré- 
sence d'acide  sulfurique  et  de  SO^Na^  Les  couleurs  obtenues  sont,  en 
général,  belles  et  très  pures.  Celles  qui  dérivent  des  sulfonaphtols  et  des 
aminonaphtols  sulfonés  sont  très  solides  à  la  lumière;  elles  résistent  égale- 
ment au  foulonnage;  les  autres  sont  peu  résistantes. 

»  Les  rouges,  notamment  ceux  qui  sont  obtenus  avec  le  sel  de  Rumpt, 
résistant  à  l'action  du  bichromate  acide,  peuvent  être  employés  pour  obtenir 
des  teintures  mixtes  avec  certains  colorants  qui  nécessitent  l'emploi  de  cet 
agent,  et  donner  ainsi  d'autres  couleurs  solides. 

))  Les  dérivés  sulfonés  de  l'anthraquinone,  nitrés  et  réduits,  donnent 
les  mêmes  résultats  que  l'a-amidoanthraquinone  elle-même. 

«  C'est  ainsi  qu'en  nitrant,  d'après  le  procédé  de  Claus,  l'anthraquinone 
monosulfonée  et  réduisant  le  nitro  par  le  sulfure  de  sodium  on  obtient 
l'aminoanthraquinone  sulfonée  qui,  après  diazotation,  a  été  combinée  aux 
agents  de  copulation.  Les  colorants  obtenus  sont  plus  solubles  dans  l'eau 
que  ceux  qui  dérivent  de  l'aminoanthraquinone  elle-même.  Ils  teignent  la 
laine  dans  les  mêmes  conditions. 


6o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  La  présence  d'un  groupement  sulfonique  permet  la  formation  de  sels, 
qui  ont  des  couleurs  spéciales;  aussi  en  ajoutant  aux  bains  de  teinture  cer- 
tains composés  métalliques,  ou  en  passant  les  étoffes  teintes  dans  une 
dissolution  cle  ces  composés,  on  modifie  les  nuances  primitives:  tel  est  le 
cas,  par  exemple,  des  sels  de  cuivre  et  du  Lichromate  de  potassium  qui 
donnent  naissance  à  des  couleurs  variant  du  violet  au  brun.    » 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Étude  sur  quelques  pains  anciens. 
INoLe  de  M.  L.  Lixdet,  présentée  par  M.  Schlœsing. 

«  Les  fragments  de  pain  que  la  Science  archéologique  a  pris  soin  de 
recueillir  se  présentent  avec  un  aspect  et  une  composition  chimique  qui 
dépendent  des  conditions  matérielles  auxquelles  ils  ont  été  exposés. 

»  Pain  de  Ponipéi.  —  Les  pains  découverts  à  Pompéi  sont  les  plus  connus;  ils  ont 
été  décrits  et  analysés  par  de  Luca  (  '  )  ;  ils  se  présentent  sous  la  forme  d'un  charbon 
poreux,  dans  lequel  on  ne  peut  trouver  trace  des  éléments  du  pain,  et  renferment,  à 
la  façon  du  coke,  une  notable  quantité  d'azote  (2,6  à  2,8  pour  100). 

»  Cet  azote  n'est  pas  à  l'état  de  sels  ammoniacaux,  puisqu'il  ne  se  dégage  pas  à  l'état 
d'ammoniaque  en  présence  de  la  magnésie,  ni  à  l'état  d'aminés,  pouvant  être  décom- 
posées par  la  soude.  Il  est  en  cet  état  particulier  que  l'on  peut  désigner  sous  le  nom 
A'azote  cyaidque,  capable  par  la  chaleur  sèche,  de  fournir  de  l'indol,  de  la  pjridine  ou 
du  paracyanogéne;  là  molécule  azotée  y  est,  en  somme,  dans  les  dernières  limites  de  sa 
décomposition  et  le  fragment  semble  avoir  été  l'objet  plutôt  d'une  calcination  que 
d'une  dégradation  par  voie  humide,  comme  le  sont  certains  objets  trouvés  à  Pompéi, 
et  notamment  des  grains  de  blé,  signalés  par  INI.  Berthelot  (-).  Il  est  évident  que 
cette  quantité  d'azote,  qui  subsiste  dans  le  charbon  d'une  matière  organique  calcinée, 
est  en  relations  avec  la  température  à  laquelle  cette  matière  a  été  soumise,  en  sorte 
que  le  dosage  d'azote  nous  donne  une  idée  de  la  température  à  laquelle  ces  pains  ont 
été  exposés.  En  chaufi'ant,  en  vase  clos,  à  35o°-4oo°  l'^)  un  morceau  de  pain  compact, 
j'ai  obtenu  un  charbon  poreux,  identique  d'aspect  aux  échantillons  trouvés  à  Pompéi, 
renfermant  2,81  pour  100  d'azote,  alors  que  l'un  de  mes  échantillons  dosait  2,65 
pour  100.  Les  géologues  s'accordent  d'ailleurs  à  dire  que  les  cendres  du  Vésuve  qui 
ont  couvert  Pompéi  n'étaient  pas  très  chaudes. 

»  Toute  trace  d'amidon,  de  cellulose  a  disparu;  il  reste  cependant  des  matières 
ulmiques,  susceptibles  de  fournir  par  la  distillation  sèche  une  petite  quantité  d'acide 
acétique. 


(*)   Comptes  rendus,  t.  LVII,  i863,  p.  [\-b. 
(-)  Journal  de  Ph.  et  de  Ch.,  t.  XLIV,  i863,  p.  4o2. 

(^)   Pour  estimer  cette  température,  j'ai  introduit  dans  le  morceau  de  pain  des  irag- 
ments  de  plomb  et  des  fragments  de  zinc;  les  premiers  seuls  ont  fondu. 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  1903.  665 

»  Les  fragmenls  donnent  nettement  la  réaction  des  chlorures;  Pline  nous  dit  que 
les  Romains  introduisaient  du  sel  dans  les  pâtes  ('). 

»  Pain  des  stations  lacustres,  —  C'est  dans  un  état  analogue  que  se  présentent  les 
pains  découverts  dans  différents  lacs,  après  l'incendie  des  stations  lacustres.  Dans  un 
échantillon  provenant  de  la  station  des  Corcellettes,  au  lac  de  Neufchàlel  (âge  de 
Bronze),  je  n'ai  constaté  qu'un  charbon  azoté  (Az  ^  2,46  pour  100)  enrobé  de  débris 
végétaux.  Dans  un  second  échantillon  moins  carbonisé,  de  teinte  légèrement  rousse 
(Az=r4,69  pour  100),  et  provenant  du  lac  du  Bourget  (âge  de  Bronze),  j'ai  pu 
nettement  distinguer  les  débris  de  grains  qui  subsistent  encore  et  spécialement  des 
•fragmenls  de  l'épiderme  extérieur  de  la  balle  de  l'orge,  en  même  temps  que  quelques 
grains  d'amidon.  L'orge  est  d'ailleurs  la  céréale  la  plus  anciennement  connue,  et  a  été 
rencontrée  dans  les  palafiltes  de  la  Suisse  et  de  la  Savoie. 

»  Pain  des  tombes  égyptiennes.  —  Les  pains  destinés  à  la  nourriture  des  morts,  et 
que  l'on  enfermait  dans  leurs  tombes,  se  sont  admirablement  conservés  et  se  retrouvent 
aujourd'hui  tels  qu'ils  y  ont  été  introduits.  On  rencontre  dans  les  tombes  égyptiennes, 
tantôt  des  pains  non  levés,  pétris  en  forme  de  galettes,  tantôt,  au  contraire,  des  pains 
levés.  Les  Egyptiens  connaissaient  d'ailleurs  le  levain,  puisque  la  Bible  nous  apprend 
que  les  Hébreux  en  faisaient  usage.  Les  deux  échantillons  que  j'ai  eus  entre  les  mains 
étaient  des  pains  non  levés,  complets,  dans  lesquels  j'ai  pu  reconnaître  aisément  les 
débris  de  l'enveloppe  de  l'orge  (épiderme  extérieur  et  hypoderrae  fibreux  de  la  balle, 
cellules  de  l'assise  protéique,  poils  radicellaires)  ;  or,  on  sait  que  le  gluten  de  l'orge 
n'est  pas  doué  de  propriétés  élastiques;  le  pain  d'orge  ne  pouvait  pas  lever.  La  ptite 
renferme  une  quantité  de  gluten  et  une  quantité  d'amidon  que  l'on  peut  considérer 
comme  normales. 

»  J'ai  constaté  dans  mes  deux  échantillons,  d'une  part,  11,  25  et  11,44  pour  loo  de 
matière  azotée  "(Az=  1,80  et  i,83),  et,  d'autre  part,  68,0  et  65,2  pour  100  d'amidon. 
Cet  amidon,  comme  dans  un  pain  cuit,  se  trouve  sous  deux  étals  :  une  partie  est  solu- 
bilisée à  l'état  d'amidon  soluble  et  de  dextrine  (20,4  pour  100).  Elle  a  plus  d'impor- 
tance que  dans  les  cas  ordinaires,  parce  que  le  pain  a  été  légèrement  torréfié,  ainsi 
que  le  prouve  l'acidité  de  la  pâte.  L'autre  partie  est  à  l'état  d'empois  gonflé;  on  ne 
rencontre  que  de  rares  grains  d'amidon  qui  soient  restés  intacts.  J'ai  montré  (-)  que 
Ton  mesure  le  degré  de  gélatinisation  en  traitant  le  pain  par  l'acide  chlorhydrique 
à  i''"',5  pour  100,  et  là  encore  on  constate  que  la  quantité  d'amidon  qui  se  dissout 
dans  l'acide  faible  s'élève  au  delà  des  limites  ordinaires  (21 ,3  pour  100).  Un  des  pains 
renferme  4)5  pour  100  de  cendres  dans  lesquelles  on  constate  la  présence  des  chlo- 
rures. Les  sels  employés  par  les  Egyptiens  étaient  riches  en  nitrates;  on  peut  déceler 
ceux-ci  dans  le  pain  par  le  diphénylamine. 

»  Pain  romain  d'Aoste  [Isère).  —  En  i85G,  des  fouilles  ont  permis  de  découvrir  à 
Aoste  (Auguslum)  divers  objets  romains  au  milieu  desquels  s'est  trouvé  un  fragment 
de  pain  représentant  le  quart  d'une  miche  de  So'^™  à  40'^'"  de  diamètre.  Cette  miche 
est  entièrement   transformée   par   moulage   et    remplissage  en  un  morceau  de  grès  à 


0  Pline,  Hist.  nat..  Livre  XVill,  §  26. 

(^)  Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  1902,  p.  908. 


666  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

éléments  granitiques  (feldspath  et  mica  blanc)  ;  la  pseudomorpliose  présente  un  intérêt 
qui  n'est  pas  exclusivement  géologique;  j'ai  trouvé,  [en  effet,  enclavés  dans  le  grès, 
quelques  rares  grains  d'amidon;  ces  grains,  non  déformés  par  la  cuisson,  ont  résisté  à 
l'action  des  eaux  qui  ont  apporté  ces  éléments  granitiques;  les  grains  qui  étaient  à 
l'état  muqueux  ont  été  détruits,  ainsi  que  le  gluten.  L'examen  microscopique  permet 
de  conclure  que  les  grains  d'amidon  proviennent  du  froment.  » 


GÉOLOGIE.  —  Sur  ta  Structure  tectonique  de  Vile  d'Eubée. 
Note  de  M.  Deprat,  présentée  par  M.  Fouqué. 

«  Je  distinguerais  en  Eubée  quatre  séries  de  plissements  : 
»   I.  Plissements  anlécarbonifériens.  II.  Plissements  antélriasiques  (her- 
cyniens). 111.  Plissements  éocènes(antéoligocènes).  lY.  Plissements  post- 
sarmatiques.  Ces  séries  sont  bien  marquées  par  des  discordances. 

»  1.  Les  plissements  antécarbonifèresont  amené  une  première  phase  de 
ridement  sur 'l'emplacement  actuel  des  monts  Gallzades  dans  la  région 
septentrionale.  Une  partie  des  plis  de  la  région  méridionale,  surtout  dans 
le  massif  de  l'Ocha,  appartiennent  h  cette  phase.  Leur  âge  antécarbonifé- 
rien  est  nettement  indiq-ué  par  la  transgression  des  calcaires  à  fusulines 
et  à  Bellerophon  hiulcus  que  j'ai  signalés  (  '  )  près  de  Gallzades  et  qui  se  pré- 
sentent en  lambeaux  sur  les  tranches  relevées  des  schistes  et  arkoses  des 

Gallzades. 

»  IL  La  période  carboniférienne  a  été  suivie  d'une  nouvelle  surrection  de 
plis  appartenant  au  système  hercynien.  Ces  plis,  de  direction  SO-NE 
prennent  dans  les  régions  méridionale  et  centrale  la  forme  des  plis  amyg- 
daloïdes  (brachysynclinaux  et  brachyanliclinaux),  affectant  les  séries  dévo- 
nienne  de  Seta  et  carboniférienne  de  Sléni  et  des  monts  de  Vathya.  Ils 
sont  souvent  extrêmement  aigus  et  forment  des  séries  d'isoclinaux  empilés 
les  uns  contre  les  autres  et  généralement  déversés  vers  le  sud-est.  Dans 
la  région  septentrionale  ils  sont  déversés  généralement  vers  le  massif  thes- 
salien,  c'est-à-dire  vers  le  nord-est. 

»  Ces  deux  séries  de  plis  paraissent  s'être  moulées  contre  deux  massifs 
résistants,  le  massif  archéen  thessalien  au  nord  et  un  grand  massif  égéen 
ancien  effondré  au  sud. 

»  IIL  Avec  les  temps  secondaires  une  forte  submersion  de  la  région  eut 
lieu,  et  les  eaux  marines  riosiques  l'envahirent,  arrosant  les  plis  hercyniens 


(1)  Comptes  rendus,  janvier  igo3. 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  IQoS.  667 

et  édifiant  sur  cette  jDénéplaine  des  conglomérats  puissants.  La  région  paraît 
avoir  alors  acquis  une  stabilité  relative. 

»  Pendant  l'époque  turonienne,  une  ébauche  des  grands  mouvements 
pyrénéens  se  prépare  par  un  ridement  signalé  par  les  conglomérats  de 
l*Ochtonia. 

>)  Enfin  nous  arrivons  à  la  fin  de  l'éocène,  après  les  derniers  dépôts  du 
flysch.  Un  mouvement  puissant  se  produit,  amenant  la  production  de  plis 
allongés,  dirigés  dans  le  nord  de  l'île,  parallèlement  aux  plis  des  monts 
Galtzades  et  prenant  dans  la  région  centrale  une  direction  0-E,  pour 
rebrousser  vers  le  nord-est  dans  la  région  de  l'Ochtonia.  Les  phénomènes  de 
refoulement  atteignaient  à  cette  époque  une  remarquable  intensité,  ame- 
nant la  formation  de  plis  déversés  et  même  de  chevauchements  et  de'  char- 
riages importants.  Ces  plissements  comprennent  : 

>)  I»  L'axe  anticlinal  des  monts  de  Hialtra  (Hjgla-Lutra),  dans  la  presqu'île  de 
Lithada.  Dinge  0-E  dans  la  partie  septentrionale,  cet  axe  s'infléchit  vers  le  sud-est 
formant  ainsi,  par  son  prolongement,  l'axe  anticlinal  des  monts  Kandili;  on  obtient 
ainsi  une  vaste  courbe  dont  la  concavité  est  tournée  vers  le  continent  grec  Ce  pli  à 
mesure  que  nous  avançons  vers  le  centre  de  l'île,  se  renverse  et  se  couche  de  plus  en 
plus  vers  le  nord-ouest,  formant  une  masse  de  recouvrement  puissante  sur  les  plis  cen- 
traux des  monts  Pjxaria. 

»  Il  faut  noter  ce  fait  que  le  renversement  de  la  chaîne  des  Kandili  et  des  monts  de 
Kondodespoti,  qui  atteint  son  maximum  dans  la  région  d'Apokrjmno  et  dans  les 
monts  Pyxaria,  s'atténue  de  plus  en  plus  vers  le  nord-ouest,  de  sorte  que  les  plis  de 
Lithada  appuyés  contre  le  massif  résistant  hercynien  de  Galtzades  ne  subissent  aucun 
déversement  et  sont  normaux.  Le  point  fixe  de  l'axe  se  trouve  en  cette  dernière  ré-ion 
et  représente  le  point  d'application  de  la  résistance  offerte  par  le  massif  ancien  de 
Galtzades;  dès  que  cette  résistance  a  cessé  de  se  faire  sentir,  le  pli  a  pu  se  dérouler 
librement  sur  le  synclinal  des  monts  de  Pagondas  et  d'Apokrymno. 

»  2-  Au  système  pyrénéen  appartiennent  des  chaînons  du  Xeronoros,  du  mont 
Psara  pourvus  d'une  direction  NO-SE  (région  septentrionale). 

»  3°  Parallèlement  au  système  Lithada-Kandili,  s'allongent  sur  la  côte  occidentale 
les  phs  des  Garakovouni,  Mavrovouni,  Delphi,  Pyxaria,  affectant  les  terrains  secon- 
daires. Tous  sont  déversés  largement  vers  la  dépression  égéenne.  L'ensemble  des  axes 
de  tous  ces  plis  varie  comme  direction  entre  5o°  et  3o°  d'obliquité  par  rapport  aux 
axes  des  plis  hercyniens;  il  subit  des  flexions,  des  sinuosités  curieuses,  moulant  les 
régions  antérieurement  plissées,  comme  l'axe  synclinal  Drakospilo-Parameritaes 
moule  le  dôme  de  l'Olympe. 

»  4°  Dans  la  région  des  monts  Sukaron  (pays  de  Kumi),  nous  avons  constaté 
1  existence  d'une  puissante  série  de  plis  parallèles  déversés  vers  le  nord-est  et  recou- 
verts par  une  lame  charriée  d'amplitude  variant  entre  o"""  et  8"^™. 

»  L'ensemble  de  ces  plis  montre  remarquablement  le  moulage  des  mas- 


668  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

sifs  anciennement  plissés  par  les  chaînes  nouvelles.  On  peut  noter  aussi 
l'influence  du  subslratum  schisteux  primaire  sur  lequel  les  plis  postérieurs 
crétacés  se  sont  formés  souvent  sans  l'afTecter,  glissant  pour  ainsi  dire  sur 
une  surface  lubrifiante. 

»  IV.  Enfin  les  mouvements  postsarmatiques,  échos  des  mouvements 
alpins,  ont  affecté  les  sédiments  tertiaires  aquitanéens  de  Rumi  ainsi  que 
les  dépôts  sarmatiens  sur  lesquels  les  dépôts  levantins  (pontico-pliocènes) 
se  sont  formés  en  discordance  (bassins  de  Ronistraes,  Simlia,  etc.).  Puis 
les  grands  effondrements  postpliocènes  ont  eu  lieu  amenant  la  production 
d'un  réseau  de  failles  orthogonales  de  direction  NO-SE  et  NE-SO. 

»  Les  premières,  perpendiculaires  au  petit  axe  de  l'île,  et  ayant  amené 
l'effondrement  oriental  sur  la  mer  Egée,  la  formation  de  la  fosse  d'Atalante- 
Euripe,  les  secondes  la  formation  du  canal  Oreos-Tricheri  et  les  grandes 
cassures  de  la  région  méridionale,  dont  une  des  plus  importantes,  celle  de 
Seta-Rala,  à  Rumi,  a  donné  naissance  au  cumulo-volcan  d'Oxylilhos. 

»  Quant  aux  relations  des  plis  pyrénéens-eubéens  avec  ceux  des  régions 
voisines,  elles  sont  très  nettes;  on  peut  constater  que,  dans  le  nord,  ils  sont 
en  moyenne  parallèles  à  ceux  de  l'Othrys  moulé  sur  le  massif  thessalien  ; 
puis,  après  avoir  pris  une  direction  NO-SE  dans  la  région  crntrale,  ils  se 
moulent  contre  les  plis  hercyniens  méridionaux,  dans  lesquels  il  faut  cher- 
cher le  prolongement  des  plis  de  l'Hymette,  du  Pentélique  (dans  l'Attique) 
et  de  Makronysi;  le  passage  de  ces  plis  aux  plis  eubéens  hercyniens  appa- 
raît nettement  par  leur  orientation;  du  reste,  les  îles  Pelali  et  Berdugi 
ménagent  le  passage  entre  les  plis  eubéens  et  ceux  du  continent. 

))  11  faut  retenir  surtout  des  faits  précédents  les  deux  directions  prin- 
cipales hercynienne  et  pyrénéenne,  car  ce  sont  elles  qui  ont  imprimé  à  la 
région  eubéenne  les  traits  généraux  de  son  orographie  actuelle.  Il  faut 
noter  aussi  l'intensité  des  plissements  et  tles  phénomènes  de  chevauche- 
ment; leur  grand  intérêt  réside  en  ceci  qu'ils  ont  été  récemment  observés 
en  Crète  et  dans  le  Péloponèse  par  M.  Cayeux  ('),  montrant,  comme  ce 
dernier  le  fait  ressortir,  «  l'existence  sur  le  parcours  de  l'arc  dinaro- 
))  laurique  de  M.  Suess,  de  complications  tectoniques  analogues  à  celles 
»   du  système  alpin.    » 


(')  Phénomènes  de  charriage  dans  la  Méditerranée  orientale  {Comptes  rendus, 
i6  février  iQoS). 


SÉANCE   DU    27    OCTOBRE    igoS.  669 


PHYSIOLOGIE.  —  Élude  des  contractions  musculaires  et  des  réflexes  chez  le 
Stichopus  regalis.  Note  de  M.  Victor  Henri,  présentée  par  M.  Alfred 
Giard. 

«  Les  muscles  longitudinaux  du  Stichopus  regalis  présentent,  par  leur 
développement  et  par  leur  disposition  anatomique,  de  grands  avantages 
pour  l'étude  physiologique  des  muscles  lisses  et  des  réflexes.  Ces  muscles 
ont  une  longueur  égale  souvent  à  20'=™  pour  un  diamètre  de  5™™  à  7™"!; 
leur  structure  histologique  montre  qu'ils  sont  formés  de  fibres  muscu- 
laires sans  striations,  très  longues,  qui  d'ajjrès  certains  auteurs  auraient 
une  longueur  égale  à  celle  du  muscle. 

»  1°  Contraction  localisée  du  muscle.  —  Une  excitation  (mécanique,  thermique, 
chimique  ou  électrique)  d'un  point  quelconque  d'un  muscle  longitudinal  provoque 
une  contraction  de  la  région  excitée  du  muscle;  cette  contraction  reste  localisée  au 
point  excité,  elle  ne  se  propage  pas  le  long  du  muscle.  C'est  une  contraction  lente, 
qui  dure  environ  2  secondes. 

))  2°  Absence  d'onde  de  contraction.  —  Lorsqu'on  place  sur  le  muscle  deux  élec- 
trodes à  la  distance  de  plusieurs  centimètres  et  si  l'on  fait  passer  un  courant 
constant,  on  voit,  au  moment  de  la  fermeture  du  courant,  que  le  muscle  se  contracte 
seulement  aux  deux  points  de  contact  des  électrodes,  la  partie  intermédiaire  reste 
normale;  au  moment  de  l'ouverture  du  courant  il  se  produit  de  nouveau  une  contrac- 
tion aux  deux  points  de  contact  des  électrodes.  Le  phénomène  est  le  même  si  l'on 
excite  par  un  choc  d'induction  ou  par  une  série  de  chocs  même  très  intenses  et  pro- 
longés. Jamais  on  n'arrive  à  produire  une  contraction  d'une  longueur  de  muscle 
dépassant  2'^";  on  observe  toujours  une  cont. action  seulement  aux  deux  points  de 
contact  des  électrodes. 

»  3»  Réflexes  élémentaires.  —  Lorsque,  sur  un  animal  entier  ou  sur  une  tranche 
transversale,  on  excite  mécaniquement  un  point  quelconque  de  la  surface  externe  du 
corps,  on  observe  une  contraction  d'une  région  bien  limitée  d'une  paire  de  muscles 
qui  se  trouve  en  face  du  point  excité;  une  seule  excitation  sensitive  provoque  toujours 
une  contraction  réflexe,  c'est  là  un  réflexe  élémentaire  sans  coordination  (laquelle 
existe  toujours  dans  les  réflexes  des  animaux  vertébrés).  Une  excitation  plus  forte  ou 
une  série  de  chocs  mécaniques  produit  une  contraction  d'une  plus  grande  longueur 
de  muscle. 

»  4°  Action  des  poisons.  —  En  appliquant  une  goutte  de  solution  faible  de  strych- 
nine sur  la  membrane  qui  réunit  un  muscle  longitudinal  avec  la  paroi  du  corps,  mem- 
brane dans  laquelle  passent  les  ramifications  nerveuses  qui  partent  des  nerfs  radiaires 
pour  innerver  les  muscles,  on  observe  que  la  sensibilité  est  augmentée  :  une  excita- 
tion très  faible  provoque  une  forte  contraction  de  la  paire  de  muscles  en  facedu  point 
touché,  et  le  muscle  reste  contracté  pendant  plusieurs  secondes. 

G.  R.,  1903,  2«  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  17.)  88 


b-^O  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  L'atropine  appliquée  dans  les  mêmes  conditions  diminue  et  finit  par  abolir  com- 
plètement la  transmission  réflexe. 

»  La  nicotine  produit  au  début  une  forte  contraction  de  la  région  correspondante 
du  muscle,  puis  un  relâchement  de  ce  muscle;  à  ce  moment,  les  excitations  de  la  sur- 
face externe  du  corps  ne  provoquent  pas  de  réponse  réflexe,  mais  le  muscle  lui-même 
reste  bien  excitable.  En  lavant  à  l'eau  de  mer  la  nicotine,  on  voit  les  réflexes  reparaître. 

»  5°  Réflexes  généralisés.  —  Lorsqu'on  excite  faiblement  un  point  de  la  partie 
antérieure  du  corps  (région  péribuccale)  on  observe  une  contraction  d'une  longueur  de 
quelques  centimètres  d'une  paire  de  muscles  longitudinaux.  Si  l'excitation  est  plus 
forte,  plusieurs  paires  de  muscles  se  contractent  dans  leur  partie  antérieure.  Enfin, 
des  excitations  fortes  répétées  provoquent  la  contraction  des  muscles  sur  toute  leur 
longueur.  Cette  contraction  est  très  forte  :  par  exemple  un  muscle  de  20'='"  devient  égal 
à  6'='".  Donc,  par  l'intermédiaire  de  l'anneau  buccal,  on  peut  obtenir  des  réflexes  géné- 
ralisés, ce  qui  était  impossible  par  l'intermédiaire  des  nerfs  radiaires.  L'anneau  ner- 
veux apparaît  donc  comme  un  centre  nerveux  supérieur  aux  centres  nerveux  disposés 
le  long  des  nerfs  radiaires. 

»  La  transmission  de  l'excitation  nerveuse  se  fait  de  l'anneau  buccal  par  les  nerfs 
radiaires  qui  envoient  des  branches  nerveuses  transversales  aux  muscles  longitudinaux. 
En  eflet,  on  peut  sectionner  la  membrane  qui  réunit  un  muscle  avec  la  paroi  du  corps 
sur  une  longueur  quelconque  sans  léser  ni  le  muscle  ni  le  nerf  radiaire  ;  on  constate 
alors  qu'une  excitation  de  la  région  buccale  provoque  une  contraction  de  toute  la  lon- 
gueur du  muscle  sauf  celle  qui  est  séparée  du  corps.   » 


Physiologie  expérimentale.  —  Sur  l'excitation  des  nerfs  et  des  muscles 
par  décharges  de  condensateurs.  Note  de  M.  J.  Cluzet,  présentée  par 
M.  Marey. 

«  I.  La  loi  d'excitation  découverte  par  M.  Weiss  permet  de  déterminer 
tous  les  éléments  d'une  décharge  de  condensateur  qui  produit  ie  seuil  de 
l'excitation.  D'après  M.  Weiss,  le  seuil  de  l'excitation  est  atteitit  lorsque 
la  quantité  d'électricité  pénétrant  dans  le  nerf  égale  a  -^  bt  {a  t^i  b  sont  des 
coefficients  dépendant  du  nerf  et  des  conditions  expérimentales,  t  est  la 
durée  de  l'excitation);  l'équation  suivante  donne  le  temps  au  bout  duquel 
la  décharge  de  condensateur  a  terminé  son  effet  excitant  : 


(i)  V,Cl^i-e  '''■)  =  a  ^bt, 

Vo  est  le  potentiel  de  décharge,  C  la  capacité  du  condensateur,  R  la  résis- 
tance du  circuit  de  décharge  dont  la  self-induction  est  supposée  né- 
gligeable. 

»  Pour  résoudre  l'équation  (i)  on  observe  que  la  droite  j  =  a  -\-  bt  est 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  IQoS.  67 1 

tangente  à  la  courbe  y'=  V^C  w  —  e  ^^ )  pour  le  seuil  de  l'excitation  :  la 
solution  cherchée  est  la  racine  double  de  l'équation  (1).  On  trouve  ainsi 

(O  '  =  ^^ 

où  t  est  la  durée  utile  à  l'excitation  en  secondes  si  ¥„  est  exprimé  en  volts, 
C  en  farads,  R  en  ohms.  Remarquons  que  dans  cette  expression  il  entre 
un  facteur  contenant  V^;  or  Vo  varie  avec  C,  donc  la  durée  utile  de  la 
décharge  d'un  condensateur  n'est  pas,  comme  on  l'avait  supposé  jusqu'ici, 
proportionnelle  à  la  capacité  quand  la  résistance  est  constante. 

»  En  donnant  à  t  la  valeur  ainsi  trouvée,  la  formule  de  décharge  d'un 
condensateur  donne,  pour  valeur  du  potentiel  au  moment  où  l'effet  exci- 
tant de  la  décharge  cesse, 

»   La  quantité  d'électricité  quia  seule  déterminé  l'excitation  est  donc 

q  =  C(Y,-bK) 
et  la  loi  générale  d'excitation  par  décharges  de  condensateurs  s'écrit 

(2)  C(Y,-bY{)  =  a  +  bRCc^. 

Cette  équation  résolue  par  rapport  à  C  donne  la  valeur  de  la  capacité  du 
condensateur  qui,  chargé  à  un  potentiel  donné  V„,  provoque  le  seuil  de 
l'excitation  ;  on  a  en  effet 


(2')  c  = 


a 


V,-6R(,  +  C^ 


»    L'énergie  déterminant  le  seuil  de  l'excitation  sera 


('^)  w='iC{Vl-b'R')  =  iia 


bRli^r  ^« 


6R 


Cette  quantité  d'énergie  utile  est  minimum  pour  la  valeur  Vo  =  2,914  qui 
annule  la  dérivée.  En  portant  cette  valeur  du  potentiel  dans  les  formules 
(i'),  (2),  (3),  on  obtient  la  durée  de  la  partie  utilisée  d'une  décharge  qui 
provoque  le  seuil  de  l'excitation  avec  le  minimum  d'énergie,  la  capacité 
du  condensateur  et  la  valeur  de  cette  énerg^ie  utilisée  minimum;  on  ob- 


6^2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

tient  ainsi 

^  =  1,267 1,        C  =  ^-g^,        (*^  =  44,38o«Z»R. 

»  IL  Pour  vérifier  l'exactitude  de  ce  qui  précède,  j'ai  d'abord  déter- 
miné, sur  un  certain  nombre  de  nerfs,  les  coefficients  a  et  6  pnrun  procédé 
analogue  à  celui  qu'employait  M.  Weiss  pour  l'établissement  de  sa  loi. 
A  l'aide  de  décharsfes  de  condensateurs  je  déterminais  ensuite  les  valeurs 
de  Vq  qui,  pour  chaque  capacité  employée,  donnaient  le  seuil  de  l'exci- 
tation. Pour  les  capacités  moyennes,  l'équation  (2)  a  toujours  été  trouvée 
vérifiée  :  la  différence  entre  les  valeurs  des  deux  nombres  a  toujours  été 
aussi  petite  qu'on  pouvait  le  désirer. 

))  Un  autre  procédé  de  vérification  consiste  à  mesurer,  au  moyen  d'un 
galvanomètre  balistique,  la  quantité  d'électricité  inactive  de  la  décharge 
qui  doit  être,  d'après  ce  qui  précède,  égale  à  CèR. 

»  III.  Il  est  encore  possible  de  vérifier  la  formule  (2)  en  partant  du 
minimum  d'énergie  de  la  totalité  de  la  décharge  provoquant  le  seuil  de 
l'excitation,  minimum  observé  et  mesuré  par  MM.  Cybulski  etZanietowski, 
Dubois,  Hoorweg,  Waller,  Weiss. 

»   L'énergie  totale  de  la  décharge,  W  =  5G  Vj,  devient,  en  vertu  de  (  2'), 

V- 


dont  le  minimum  a  lieu  pour  ¥„  =  3,5i3èR. 

))  La  durée  utile,  la  capacité  et  l'énergie  totale  correspondant  à  ce 
minimum  sont 

b  I  ,255  on 

»  Inversement  ces  formules  donnent  la  valeur  des  coefficients  a  et  6 
si  l'on  connaît  les  éléments  de  la  décharge  donnant  le  seuil  de  l'excitation 
avec  le  minimum  d'énergie  totale.  On  a 

t>K  =  Ty — p — TT'  CL  =  'jVm  5 — F"^'  ^  -—    ô~H    5~î7* 

3,5i3  6,016  .         6,016  i\ 

»  Connaissant  ainsi  les  valeurs  de  a  et  b,  on  peut  vérifier  l'exactitude 
de  l'équation  (2)  et,  en  même  temps,  calculer  les  éléments  utiles  de 
la  décharge.   » 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE    igoS.  678 


PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  Le  siège  des  convulsions  épilepti formes 
toniques  et  cloniques.  Note  de  M.  Nixo  Samaja. 

«  M.  Battelli  a  récemment  montré  qu'on  peut  provoquer  chez  le  chien, 
au  moyen  de  Tapplication  d'un  courant  alternatif  (électrodes,  bouche  et 
nuque),  une  crise  convulsive  épileptiforme  caractérisée  par  une  phase 
tonique  suivie  d'une  phase  clonique  {Société  de  Biologie,  4  juillet  igoS). 

»  M.  le  professeur  J.-L.  Prévost  m'a  engagé  à  employer  cette  méthode 
pour  étudier,  dans  son  laboratoire  et  sous  sa  direction,  les  convulsions  qui 
persistent  après  l'application  des  courants  alternatifs,  afm  de  déterminer 
si  ces  phases  convulsives  (tonique  et  clonique)  sont  sous  la  dépendance 
de  centres  nerveux  différents. 

))  Les  résultats  que  j'ai  obtenus,  en  employant  un  voltage  de  11  à 
1 10  volts  pendant  une  seconde,  peuvent  se  résumer  comme  suit  : 

»  Chez  le  chien,  le  chat  (adulte  ou  nouveau-né),  le  lapin,  le  cobaye,  après  la  section 
transversale  de  la  moelle,  l'application  des  électrodes,  de  la  surface  de  section  à  l'anus, 
ne  provoque  que  des  convulsions  toniques. 

»  Chez  le  chien  et  le  chat  adultes,  l'ablation  complète  à  la  curette  des  deux  zones 
psycho-motrices  rolandiques  abolit  les  convulsions  cloniques:  les  convulsions  toniques 

seules  persistent. 

»  Si  l'ablation  n'a  pas  été  totale,  on  observe  des  convulsions  cloniques  limitées  au 
territoire  musculaire  correspondant  aux  parties  de  la  zone  restées  intactes;  tandis  que 
l'ablation  de  n'importe  quelle  partie  de  l'écorce,  en  dehors  de  la  zone  rolandique,  ne 
modifie  aucunement  la  crise  des  convulsions  cloniques, 

»  Les  chats  nouveau-nés,  dont  l'écorce  rolandique  n'est  pas  encore  excitable, 
n'offrent  que  des  convulsions  toniques.  Les  convulsions  cloniques  n'ont  pu  être  pro- 
voquées chez  eux  que  le  dix-huitième  ou  le  dix-neuvième  jour. 

»  Chez  les  cobayes,  l'ablation  de  la  couche  corticale  motrice,  ainsi  que  celle  du 
cervelet,  la  section  transversale  complète  du  cerveau,  au-dessous  des  tubercules  qua- 
drijumeaux  ou  au-dessiis  du  calamus  scriptorius,  ne  modifient  pas  la  forme  des 
convulsions. 

»  Les  cobayes  nouveau-nés  présentent,  dès  la  naissance,  les  mêmes  réactions  que 
les  adultes. 

»  Chez  les  lapins,  les  convulsions  présentent  une  phase  tonique  suivie  d'une  phase 
clonique.  L'ablation  de  la  couche  corticale  motrice  ne  modifie  pas  la  forme  des 
convulsions. 

»  Chez  les  grenouilles  vertes,  l'application  d'un  courant  alternatif  de  11  volts  pro- 
voque les  mêmes  convulsions  tonico-cloniques  de  la  tête  et  des  membres,  soit  qu'on 
place  les  électrodes  à  la  tête,  soit  qu'on  le  fasse  de  la  tête  à  l'anus.  L'ablation  des 


6-;4  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

hémisphères  cérébraux,  celle  des  hémisphères  et  des  lobes  optiques  ne  modifient  nul- 
lement les  convulsions. 

»  L'application  des  électrodes  à  la  moelle,  après  section  transversale  complète  de 
cet  oro^ane,  donne  la  même  forme  de  convulsions  cloniques. 

))  Ces  résultats  expérimentaux  m'autorisent  à  tirer  les  conclusions  gé- 
nérales suivantes  : 

»  1.  La  zone  corticale  motrice  est  le  centre  exclusif  des  convulsions 
cloniques  chez  le  chien  et  le  chat  adultes.  Le  reste  de  l'axe  cérébro- 
spinal ne  peut  donner,  chez  eux,  que  des  convulsions  toniques.  Chez  les 
Mammifères  moins  élevés  dans  la  série  animale  (lapins  et  cobayes),  de 
même  que  chez  le  chien  et  le  chat  nouveau-nés,  et  chez  la  grenouille 
verte,  l'écorce  motrice  n'est  pas  le  siège  d'un  centre  convulsif. 

»  2.  Le  bulbe  ou  l'isthme  de  l'encéphale,  chez  le  cobaye  et  le  lapin,  sont 
le  siège  des  convulsions  cloniques.  Chez  le  cobaye  et  la  grenouUle  verte  le 
bulbe  isolé  de  l'isthme  de  l'encéphale  est  encore  le  siège  d'un  centre 
convulsif  clonique. 

»  3.  La  moelle,  dans  toute  son  étendue,  chez  tous  les  Mammifères,  est 
le  siège  d*un  centre  exclusivement  tonique;  elle  ne  provoque  jamais  de 
convulsions  cloniques. 

»  Chez  la  grenouille  verte  la  moelle  provoque,  au  contraire,  des  convul- 
sions cloniques. 

»  Nous  voyons  donc  que  le  centre  convulsif  clonique  remonte  progres- 
sivement, dans  l'échelle  animale,  depuis  la  moelle  jusqu'à  l'écorce  céré- 
brale :  bulbo-médullaire  chez  la  grenouille  verte,  bulbaire  ou  basilaire 
chez  le  cobaye  et  le  lapin,  il  devient  cortical  chez  le  chien  et  le  chat 
adultes. 

»  Chez  l'homm.e,  puisque  chez  les  décapités  le  tronc  ne  présente  aucun 
signe  de  convulsions,  le  siège  des  convulsions  toniques  est  exclusivement 
basilaire;  celui  des  convulsions  cloniques,  cortical.  » 


CHIRURGIE.  —  Nouveau  perforateur  à  ressort,  dentaire  et  chirurgical.  Note 
de  MM.  J.  Bercut  et  A.  Doxat,  présentée  par  M.  Lannelongue. 

«   Ainsi  qu'on  le  sait,  les  dentistes  n'ont  actuellement  à  leur  disposition, 
pour  le  travail  des  dents,  que  le  tour  à  pédale  et  le  tour  électrique. 

»  Dans  le  premier  de  ces  appareils  la  rotation  est  communiquée  à  la  fraise  à  l'aide 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE     1903.  6j5 

d'une  roue  mise  en  mouvement  par  le  pied  de  l'opérateur;  ce  dernier,  du  fait  même 
de  ce  travail,  est  obligé  de  fixer  son  attention  à  la  fois  sur  le  maintien  constant  et 
régulier  de  cet  effort  et  sur  la  dent  qu'il  opère.  De  celte  double  attention,  portée 
simultanément  sur  deux  points  différents,  il  résulte  au  bout  de  très  peu  de  temps  une 
grande  fatigue,  fatigue  qui  a  fatalement  pour  conséquence  le  manque  de  stabilité  de  la 
main  qui  travaille.  A  tous  ces  défauts  on  peut  ajouter  que  l'instrument  n'est  pas  fa- 
cilement transportable  et  ne  permet  que  difficilement  les  soins  à  domicile. 

»  Dès  que  l'électricité  a  fait  son  apparition  dans  les  villes,  les  dentistes  l'ont  utilisée 
pour  faire  tourner  leurs  fraises.  L'appareil  courant  dont  ils  se  servent  n'exige  évidem- 
ment aucun  effort,  mais  le  pied  de  l'opérateur  étant  obligé  d'en  régler  la  vitesse,  l'at- 
tention se  trouve  encore  ici  attirée  sur  deux  points  différents.  De  plus,  cet  appareil 
ne  peut  être  déplacé  et  n'est  utilisable  que  dans  les  villes  où  il  y  a  de  l'électricité. 

»  Il  y  avait  donc  là  une  lacune  à  combler  et  l'appareil  que  nous  avons 
l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  a  pour  but  de  répondre  aux  nombreux 
desiderata  formulés  plus  haut. 


»  Ce  perforateur,  qui  tient  tout  entier  dans  la  main,  se  compose,  ainsi 
que  le  montre  la  figure  ci-dessus,  d'une  boîte  cylindrique  A,  renfermant 
un  ressort  et  un  mouvement  d'horlogerie  destinés  à  provoquer  la  rotation 
rapide  d'une  tige  à  l'extrémité  de  laquelle  on  peut  adapter  divers  outils, 
tels  que  fraises,  moules,  brosses  circulaires,  porte-fraises  et  porte-scies. 

»  Le  système  de  ce  perforateur  est  tel  qu'on  peut  communiquer  soit  un 
mouvement  de  rotation,  soit  un  mouvement  de  translation,  soit  un  mou- 
vement rectiligne.  Il  se  monte  à  l'aide  d'une  clef;  la  mise  en  marche,  la 
vitesse  et  l'arrêt  sont  réglés  à  l'aide  d'un  déclic  sur  lequel  on  presse;  on 
peut  faire  varier  ainsi  la  vitesse  de  5oo  à  i5oo  tours  à  la  minute. 

»  Grâce  à  cet  appareil  on  ouvre  un  sinus  frontal  et  maxillaire  en  deux 
secondes,  et  en  dix  secondes  on  perfore  les  os  dans  leur  partie  la  plus  épaisse; 
la  disposition  de  la  fraise  est  telle  que  les  débris  sont  rejetés  à  l'extérieur 
et  la  profondeur  à  laquelle  elle  doit  pénétrer  est  réglée  au  moyen  d'un 
disque  à  vis.  Vu  la  vitesse  avec  laquelle  on  opère,  on  peut,  dans  certains 
cas,  n'employer  que  l'anesthésie  locale. 

»  Le  poids  de  l'instrument  maintient  la  stabilité  de  la  main  sans  fatigue 
et  il  n'y  a  pas  à  craindre  les  vibrations,  comme  avec  les  autres  tours. 

»   En  résumé,  ce  perforateur  est  d'un  maniement  très  commode,  il  est 


6^6  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

facilement  transportable  dans  la  poche  et  peut  servir  à  plusieurs  opérations 

à  domicile.  » 


HYDROLOGIE.  —  Sur  la  courbe  des  débits  d'une  source. 
Note  de  M.  Edmoxd  Maillet. 

«  Considérons  une  source  issue  d'une  nappe  souterraine  (terrains  per- 
méables), et  des  périodes  P  où  les  pluies  ne  profitent  pas  sensiblement  à 
celte  nappe,  conformément  à  la  loi  que  Dausse  a  indiquée  pour  le  bassin 
de  la  Seine  (énoncé  de  Belgrand,  La  Seine,  éludes  hydrologiques,  Paris, 
1872,  p.  65).  Admettons  que,  dans  ces  périodes,  un  régime  tende  à  s'éta- 
blir de  façon  qu'à  chaque  valeur  du  débit  Q  de  la  source  corresponde  une 
valeur  unique  du  volume  V  d'eau  qui  y  est  contenu,  V  étant  fonction 
croissante  de  Q  :  l'équation  de  continuité  dY  =  —  Q^dt,  avec  V  =/(Q), 
conduit  à  la  relation 

(i)  ^-^o  =  ?(Qo)-?(Q),       ?'(Q)  =  -^^- 

»  Le  régime  en  question,  s'il  existe,  sera  dit  le  régime  propre  ou  non 
influencé  de  la  source. 

»  Avec  deux  axes  rectangulaires  OQo  (abscisses),  OQ  ordonnées,  con- 
struisons, d'après  les  résultats  de  l'expérience,  les  courbes  /  —  /(,  =  const. 
Au  moyen  du  graphique  obtenu,  quand  nous  serons  dans  une  période  P, 
connaissant  Qo  au  temps  /„»  nous  pourrons  prévoir  à  l'avance   le  débit  Q. 

(i)  peut  encore  s'écrire  : 

(2)  /+ 9(Q)  =  /o-'-?(Qo)  =^  =  const., 

T  étant  une  constante  spécifique  de  la  source.  Prenant  deux  axes  rectan- 
gulaires Oi^  (abscisses),  0<  Q  (ordonnées),  (2)  représente  une  courbe,  que 
nous  pourrons  encore  construire  d'après  les  résultats  de  l'expérience,  et 
que  nous  appelons  la  courbe  des  débits  de  la  source  {dans  les  périodes  de 
régime  propre).  Q  est  fonction  décroissante  du  temps  t. 

»  Si  les  périodes  Psont  assez  longues,  les  prévisions  faites  à  l'aide  de  (i) 
ou  (2)  seront  des  prévisions  à  longue  échéance. 

»  Le  graphique  (i),  plus  commode  à  construire  que  la  courbe  (2),  a 
des  propriétés  intéressantes  qui  peuvent  en  faciliter  la  construction.  Sup- 
posons que  nous  attribuions  à  /  —  /„  des  valeurs  en  progression  arithmé- 


SÉANCE    DU    27    OC'J'OBRE    1903.  677 

tique  :  les  courbes  t  —  t^  ~  i,  2,  3, ...  se  déduisent  de  la  courbe  t  —  l^  =  i 
par  une  construction  géométrique  simple.  Elles  sont  toutes  comprises  pra- 
tiquement entre  la  bissectrice  de  QOQ„  et  l'axe  OQ^,  dans  le  premier  qua- 
drant. La  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  que  le  tarissement  de  la 
source  ne  se  produise  jamais  est  que  toutes  les  courbes  t  —  t^^  =  const. 
passent  par  l'origine.  Si  la  courbe  ^  —  ;„  =  i  est  concave  ou  convexe  vers 
les  Q  positifs,  les  autres  courbes  le  sont  en  même  temps.  Quand  ces  courbes 
sont  convexes,  ou  sont  des  droites  passant  par  l'origine,  la  diminution  du 
débit  pendant  l'unité  de  temps  à  partir  du  temps  t  est  d'autant  plus  grande 
que  le  débit  au  temps  t  est  plus  grand. 

M   On  peut  construire  le  graphique  (i)  connaissant  la  courbe  (2),  et 
réciproquement.  Quand  la  courbe  des  débits  est  de  la  forme 

(3)  Q^T rrr  (A  débit  au  temps  ^  —  o), 

les  courbes  (i)  sont  de  la  forme 

(4)  -^--^.  =^(^-/J  (\  const.); 

vQ      vQo 

elles  sont  convexes  et  passent  par  l'origine.  La  réciproque  est  vraie. 
Quand  la  courbe  des  débits  est  de  la  forme 

(5)  "  Q  =  Ae-^  (a>o), 
les  courbes  (1)  sont  des  droites  passant  par  l'origine, 

(6)  Q  =  Q,e-«('-''J. 
»   La  réciproque  est  vraie  ('  ). 


(')  Dans  un  Mémoire  manuscrit  présenté  par  nous  à  l'Académie  des  jSciences  à  la 

fin  de  mai   igoS  et  retiré  depuis,  nous  avions  indiqué  les  équations  (i)  et  (2)  et  un 

certain  nombre  de  leurs  propriétés  ainsi  que  la   notion  de  courbe  des  débits.  Grâce  à 

des  calculs  basés  sur  des  hypothèses  qui,  ainsi  que  nous  l'a  fait  remarquer  M.  Boussi- 

nesq,  sont  critiquables,  nous  obtenions  :  1°  pour  les  nappes  à  fond  horizontal  dans  la 

A. 
période  de   ré£;ime  non  influencé   la  formule  0= -r  établie  par  M.  Boussinesa 

'  (l  4-  a  ^)^  ^  1 

dans  sa  Communication  du  6  juillet  1903,  la  formule  Q  z='k^  — ^    (X,  const.)  analogue 

à  la  formule  (i4)  de  la  même  Communication,  mais  avec  une  valeur  moins  exacte  des 

constantes  Xj  et  A;  enfin  la  formule  (4)  ci-dessus  ;.  2°  pour  les  nappes  à  fond  rectiligne 

C.  K.,  1903,  -2»  Semestre.  (T.  GKXXVII,  N»  17.)  ^9 


678  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  Ces  formules  (3)  et  (5)  sont  d'ailleurs  exactes  en  théorie  (Boussi- 
iSESQ,  Comptes  rendus,  juin  et  juillet  1903).  M.  Boussinesqa  encore  indiqué 
la  loi  (^Comptes  rendus,  20  juillet  iQoS) 

qui  se  réduit  sensiblement  à  la  loi  (6)  si  A  ou  /  —  /^  est  assez  grand. 

))  Enfin  si^  pour  une  source,  on  peut  déterminer  une  suite  de  périodes 
où  la  nappe  ne  reçoit  pas  d'apports  extérieurs  et  où  il  existe  une  courbe 
des  débits,  le  débit  Q  étant  fonction  décroissante  du  temps,  l'équation 
d\  =  —  C^dl  et  l'équation  (2)  montrent  que  V  est  fonction  croissante 
deQ. 

w  Nous  indiquerons,  dans  une  autre  Communication,  des  applications  et 
des  vérifications  expérimentales  des  considérations  précédentes.   » 

A  4  heures  un  quart  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  trois  quarts. 

G.  D. 


BULLETIN    BIBLIOGKAPillQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du   12  octobre  igoS. 

Cours  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris.  Cours  d'Électricité,  par  H.  Pellat  ; 
t.  II  :  Electrodynamiqiie  :  magnétisme  ;  induction;  mesures  électromagnétiques. 
Paris,  Gauthier-Yillars,  1908  ;  i  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Lippmann.) 


incliné,  la  formule  Q  ^z:  Atf~°"  analogue  à  une  formule  établie  par  M.  Boussinesq 
dans  sa  Communication  du  22  juin  1908  (aux  constantes  près);  enfin  la  formule  (6) 
ci-dessus.  Pratiquement,  tant  que  les  valeurs  des  constantes  sont  déterminées  à  l'aide 
des  débits  fournis  par  l'expérience,  nos  formules  ci-dessus  suffisent.  Elles  ont  d'ail- 
leurs eu  un  rôle  utile,  car  ce  sont  elles  qui  nous  ont  conduit  aux  graphiques  de  pré- 
vision des  débits  des  sources  de  Cérilly  et  Armentières  (Vanne)  dont  il  sera  question 
dans  une  Communication  ultérieure. 


SÉANCE  DU  ^7  OCTOBRE  [903.  679 

Bulletin  de  la  Société  normande  d'Éludés  pi(-liisloj-iques ;  t,  X,  année  1902. 
Louviers,  imp.  E.  Izaml)ert,  1908;  i  vol.  in-8'\  (Présenté  par  M.  Albert  Gaiidry,  ) 

Les  travaux  mathématiques  au  Congrès  des  Sciences  historiques  à  Rome  en  1908, 
par  Ernest  Lebon.  {L'Enseignement  mathématique,  revue  internationale,  V^  année, 
n»  5,  i5  sept.  1908,  p.  878  et  suiv.)  Paris,  G.  Naud,  1908;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage 
de  l'auteur.  ) 

Détermination  de  la  position  d'un  navire  quand  l'horizon  n'est  pas  visible,  par 
E.  Décante.  Paris,  R.  Chapelot  et  C'«,  1908;  i  fasc.  in -8". 

Conférence  faite  à  l'Institut  Solvay  de  Physiologie,  sur  l'oxyde  de  carbone, 
l'alcool  éthylique  et  le  grisou,  par  le  D""  Gréhant.  (  Gazette  médicale  belge,  i6«  année, 
n°  1,  p.  4  et  suiv.,  octobre  1908.)  (Hommage  de  l'auteur.) 

Recherches  analytiques  faites  dans  un  atelier  de  repassage  mécanique,  par  Nestor 
Gréuant.  {La  Science  au  xx"  siècle,  C*'  année,  n°  8,  p.  241  et  suiv.,  sept.  1908.)  (Hom- 
mage de  l'auteur.) 

Les  mycéliums  trufflers  blancs,  par  M.  Éjiile  Boulanger.  Rennes-Paris,  imp. 
Oberlhur,  1908;  i  fasc.  in-'j". 

Cinq  feuilles  de  Cartes  en  couleurs  nouvellement  éditées  par  le  Service  géographique 
de  l'armée  :  Algérie,  échelle  -^-r^,  feuille  n°  120  :  Aine  Mlila.  —  Tunisie,  échelle 
5iro-o-ô'  feuille  n°  LXHI  :  Kairouan;  feuille  n°  XXXVIH  :  Ouargha.  —  Afrique, 
échelle  -^^„^  p^,„-  :  Région  septentrionale,  feuille  n'^  3,  Funchal;  Région  équatoriale, 
feuille  n°  42  bis,  Mahé. 


On  the  rejlection  of  Screw-sy stems  and  allied  questions,  by  sir  Robert  Ball.  (  The 
Transactions  of  the  Royal  Irish  Academy,  vol.  XXXH,  Section  A,  part  \'I. 
Dublin,  1908.)  (Hommage  de  l'auteur.) 

Constitution  matter  and  analylical  théories  of  heat,  by  Ganesh  Prasad.  Berlin, 
Weidmann,  1908;   i  fasc.  in-4°. 

Études  sur  l'origine  des  météores  cosmiques  et  la  formation  de  leurs  courants, 
par  le  prof.  D'  Tu.  Brédikhine,  avec  six  planches.  Saint-Pétersbourg,  1908;  (  vol. 
in -4°. 

Total  éclipse  of  the  Sun,  may  18,  1901  ;  Reports  on  the  Dutch  Expédition  to 
Karang  Sago  Sumatra,  pub.  by  the  Eclipse  Gommittee  of  the  Royal  Academy,  Ams- 
terdam; n°  1.  General  account,  by  D-"  A. -A.  Nijland.  Amsterdam,  Krôber  et 
Bakels,  1900  ;  i  fasc.  in-8°. 

La  Luna  e  la  calamita  del  mondo,  Giuseppe  Borredon.  xXaples,  1908;  i  fasc.  in-S". 
(Hommage  de  l'auteur.) 

On  the  constitution  of  the  copper-tin  séries  of  alloys,  by  C.-T.  Heycock  and  F. -H. 
Neville.  {Phil.  Trans.,  A.,  vol.  CCH,  1908,  p.  1-69.)  Londres,  1908;  i  fasc.  in-4°. 

Experiments  in  hybridization,  with  spécial  référence  to  the  effect  of  conditions 
on  dominance,  by  Léonard  Donc  aster.  (/*/«  «7.  Trans.,  B,  vol.  CXCVI,  p.  1 19-178.) 
Londres,  1908;  i  fasc.  in-4''. 

Prof  essor  Alexander  Graham  Bell  on  kite  construction,  by  H. -H.  Clayton.  Blue 
Hill  Observatory,  1908;  i  fasc.  in-8". 


68o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Las  plagas  de  la  ai^ricultura,  \..\,  p.  563-626.  Mexico,  Secretaria  de  Fomento, 
Gomision  de  Parasilologia  agricola,  s.  d.  ;  i  fasc.  in-'è". 

CUmate  of  the  Argentine  Republic^  conipiled  front  observations  niade  ta  the  end 
of  the  year  J900,  by  Walter  G.  Davis.  Buenos-Ayres,  1902;  1  vol.  in-4°. 

Anuario  de  la  Real  Academia  de  Ciencias  exactas,  fisicas y  naturales,  1901,  1908. 
Madrid,  L.  Aguado;  2  vol.  in-24. 

Annùario  publicado  pelo  observatorio  do  Rio  de  Janeiro  para  o  anno  de  1908, 
aono  XIX.  Rio-Janeiro,  1908;  i  vol.  in-12. 

Explorations  géologiques  dans  les  régions  aurifères  de  la  Sibérie  :  Région  auri- 
fère d'Iénissei,  livraison  III,  avec  une  carte;  Région  aurifère  de  l'Amour, 
livraison  III,  avec  deux  caries.  Saint-Pétersbourg,  1902;  2  fasc.  in-8'^. 

Comptes  rendus  des  séances  de  la  Commission  sismique  permanente,  t.  l, 
livraison  2.  Saint-Pétersbourg,  1908;  i  fasc.  in-4". 

Bulletin  de  la  Société  impériale  des  naturalistes  de  Moscou  :  année  1902,  n"  3; 
année  1908,  n"  1.  Moscou,  1908;  2  fasc.  in-8°. 

Memorias  de  la  Real  Academia  de  Ciencias  exactas,  fisicas  y  naturales  de 
Madrid:  t.  XVIII,  p.  i  ;  t.  XX;  t.  XXI.  Madrid,  1897-1908;  8  vol.  in-4°. 

Proceedings  of  the  Rochester  Academy  of  Science  ;  vol.  IV,  p.  67-186.  Rocliesler, 
N.  Y.,  1908;  6  fasc.  in-8°. 

Proceedings  of  the  Academy  of  natural  Sciences  of  Philadelphia  ;  vol.  LV, 
parti.  Philadelphie,  1908;  i   vol.   in-8"^. 

Transactions  of  the  Kansas  Academy  of  Science;  vol.  XVIII,  Topeka, 
Kansas,  1908;  i  vol.  in-8''. 

Proceedings  of  tlie  United  States  national  Muséum  ;  vol.  XXV.  Washington,  1908  ; 
I  vol.  in-8''. 

1  lie  Thompson  Yates  and  Johnston  laboratories  Report;  vol.  V  (new  séries), 
part  I.  Londres,  1908;  i  vol.  111-4". 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE   DU    LUNDI  2   NOVEIVIBRE  1905, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GAUDRY. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

ZOOLOGIE.  —  Sur  la  non-régénération  des  sphéridies  chez  les  Oursins. 
Note  de  M.  Yves  Delage. 

«  Dans  une  Note  précédente  {^Comptes  rendus,  séance  du  5  mai  1902), 
j'ai  montré  que  les  sphéridies  des  Oursins  ne  sont  pas,  comme  on  avait  cru 
pouvoir  le  supposer  d'après  leur  structure  et  leur  conformation,  des 
organes,  du  moins  exclusifs,  de  l'équilibre  ou  de  l'orientation  locomotrice, 
car  les  Oursins  privés  de  ces  organes  arrivent  à  se  retourner  quand  on  les 
place  sur  le  pôle  apical.  Cependant,  les  Oursins  ainsi  mutilés  se  retournent 
d'abord  plus  difficilement,  plus  paresseusement  que  les  autres;  ce  n'est 
qu'au  bout  de  quelque  temps  qu'il  devient  impossible  de  les  distinguer, 
sous  ce  rapport,  des  Oursins  non  opérés. 

M  II  y  avait  donc  lieu  de  se  demander  si  les  sphéridies  enlevées  ne  se 
régénèrent  pas, 

))  Pour  vérifier  ce  point,  j'ai  enlevé,  au  commencement  de  juillet,  les 
sphéridies  chez  plusieurs  Oursins  [ Paracentrotus  (^Slrongylocentrotus)  li- 
vidus].  A  la  fin  d'octobre,  c'est-à-dire  près  de  trois  mois  plus  tard,  j'ai 
examiné  ces  Oursins  et  constaté  que  les  sphéridies  ne  se  sont  pas  régé- 
nérées. Les  autres  organes,  épiderme,  piquants,  pédicellaires  se  sont  si 
bien  régénérés,  qu'il  est  impossible  de  distinguer  la  région  où  ils  ont  été 
enlevés,  par  grattage  jusqu'à  la  couche  calcaire,  des  régions  voisines 
laissées  intactes.  Mais  les  sphéridies  sont  absolument  absentes  partout 
où  elles  ont  été  détruites  par  l'opération. 

»  Il  serait,  à  la  rigueur,  possible  qu'un  temps  plus  long  fût  nécessaire  à 
cette  régénération.  Aussi  ai-je  laissé  quelques  individus  opérés,  en  obser- 
vation, pour  véri6er  la  chose  plus  tard.  Mais  dès  maintenant  il  est  acquis 

C.  R.,  igoS,  2»  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  18.)  9*^ 


682  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

que  la  régénération  ne  se  fait  absolument  pas  dans  un  délai  de  trois  mois, 
plus  que  suffisant  pour  la  régénération  des  appendices  voisins.  Il  est 
extrêmement  probable  que  cette  régénération  n'aura  pas  lieu.    » 


ZOOLOGIE.  —  Remarques  de  M.  Edm.  Perrier,  à  propos  de  la  Commu- 
nication de  M.  Raphaël  Dubois,  du  19  octobre  dernier,  «  Sur  les  huîtres 
perlières  vraies  » . 

«  Filippi  a  affirmé  le  premier,  en  i852,  que  les  perles  étaient  dues  à  la 
présence  d'un  ver  parasite  du  genre  Distome,  et  a  |)réconisé  la  propagation 
de  ce  parasite  en  vue  de  la  production  des  perles.  On  contesta  ses  obser- 
vations, bien  que  sur  les  lieux  de  pêche  des  huîtres  perlières,  l'opinion  se 
soit  répandue  que  la  perle  était  le  résultat  d'une  maladie  contagieuse. 
M.  R.  Dubois  apporte  aux  idées  de  Filippi  une  précieuse  confirmation.  Je 
dois  ajouter  que,  dans  une  lettre  datée  du  23  juillet,  un  naturaliste  du 
laboratoire  colonial  du  Muséum,  qui  étudie  la  production  des  perles  pour 
le  compte  de  nos  colonies  océaniennes,  à  Rikitéa,  m'écrit  :  «  La  formation 
»  des  perles  fines  est  due  à  la  présence,  dans  les  tissus  de  l'huître  perlière, 
»  d'un  petit  Amphistome,  dont  le  cycle  évolutif  n'est  pas  connu  d'une 
»   façon  complète  ». 

»  Ces  observations  concordantes  quoique  indépendantes  semblent 
indiquer  que  nous  touchons  à  la  solution  du  problème,  i) 


MÉCANIQUE.  —  Note  de  M.  Appell  accompagnant  la  présentation  du  Tome  II 
de  la  seconde  édition  de  son  «  Traité  de  Mécanique  rationnelle  » . 

«  Ce  deuxième  Volume  est  entièrement  consacré  à  la  Dynamique  des  sys- 
tèmes et  à  la  Mécanique  analytique.  Voici,  aussi  brièvement  que  possible,  les 
principaux  changements  qu'il  présente  par  rapport  à  la  première  édition. 

»  Dans  l'exposé  des  théorèmes  généraux,  les  applications  du  théorème 
des  moments  des  quantités  de  mouvement  ont  été  modifiées  en  vue  des 
particularités  présentées  par  certains  systèmes  déformables,  les  êtres  vivants 
par  exemple,  qui  paraissent  pouvoir  effectuer  une  révolution  complète 
autour  d'un  axe,  sans  l'intervention  de  forces  extérieures. 

»  Dans  la  théorie  du  frottement  de  glissement,  nous  avons  expliqué,  sur 
un  exemple  simple,  les  difficultés  qui  se  présentent  dans  l'application  des 


SÉANCE   DU    2    NOVEMBRE    I903.  683 

lois  empiriques  du  frottement  ordinairement  admises  et  nous  avons  exposé 
les  points  essentiels  des  recherches  de  M.  Painlevé  sur  cette  question 
(Comptes  rendus,  t.  CXXI,  1895). 

»  Pour  le  mouvement  d'un  soli<l6  autour  d'un  point  fixe,  les  prélimi- 
naires géométriques  ont  été  complétés  par  la  définition  des  paramètres 
d'Oiinde  Rodrigues  et  les  équationsdu  mouvement  ont  étédonnées,  d'abord 
sous  la  forme  classique  d'EuIer,  puis  sous  une  forme  tout  à  fait  générale 
obtenue  en  employant  un  trièdre  de  référence  mobile  à  la  fois  dans  le  corps 
et  dans  l'espace.  Comme  application  de  ces  dernières  équations,  nous 
avons  étudié  en  détail  et  présenté,  sous  une  forme  qui  nous  semble  nou- 
velle, les  propriétés  paradoxales  des  solides  de  révolution  suspendus  par  un 
point  de  leur  axe  et  animés  d'une  rotation  rapide. 

»  Nous  avons  ajouté  aux  exemples  du  mouvement  d'un  corps  solide  une 
étude  détaillée  du  roulement  d'un  cerceau  sur  un  plan  horizontal  fixe. 

»  L'équation  générale  de  la  Dynamique  déduite  du  principe  de  d'Alembert 
combiné  avec  le  théorème  du  travail  virtuel,  est  appliquée  successi- 
vement aux  systèmes  holonomes  et  aux  systèmes  non  holonomes.  L'étude 
des  équations  générales  de  la  Dynamique  se  trouve  ainsi  divisée  en  deux 
Parties  : 

»  La  première  Partie  se  rapporte  aux  systèmes  holonomes;  les  équations 
du  mouvement  d'un  de  ces  systèmes  peuvent  se  mettre  sous  la  forme  donnée 
par  Lagrange;  le  système  est  caractérisé  par  l'expression  analytique  de  son 
énergie  cinétique  ou  énergie  de  vitesses 

1  =  12-^^ 

»  La  deuxième  Partie  se  rapporte  aux  systèmes  non  holonomes;  les  équa- 
tiôtîs  du  mouvement  d'un  de  ces  systèmes  ne  peuvent  pas  être  mises  sous 
la  forme  indiquée  par  Lagrange;  la  question  de  savoir  dans  quel  cas  la 
forme  d'équation  de  Lagrange  peut  être  exceptionnellement  appliquée  à 
un  paramètre  déterminé  est  discutée  en  détail;  un  système  non  holonome 
est  caractérisé  paf  Son  énergie  d'accélérations 

S='-^mP 

dépendant  des  dérivées  secondes;  la  nécessité  d'employer  une  fonction 
autre  que  ï  pour  caractériser  analytiquement  le  système  résulte,  comme 
nous  l'avons  montré  dans  un  Article  du  Tome  122  du  Journal  de  Crelle,  de 


684  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

ce  que  deux  systèmes,  ayant  des  mouvements  analytiquement  différents, 
peuvent  avoir  identiquement  la  même  énergie  cinétique  et  la  même  fonction 
de  forces.  L'emploi  de  l'énergie  d'accélérations  S  permet  d'écrire  les 
équations  générales  du  mouvement  sous  une  forme  simple,  convenant  à  la 
fois  aux  systèmes  holonomes  et  aux  systèmes  non  holonomes  :  nous 
donnons  diverses  applications  de  cette  forme  d'équations,  entre  autres 
l'étude  de  quelques  mouvements  de  roulement. 

»  Après  avoir,  comme  dans  la  première  édition,  établi  les  principes 
d  Hamilton  et  de  la  moindre  action,  nous  exposons  le  principe  de  la 
moindre  contrainte  de  Gauss  et,  suivant  une  méthode  dont  l'idée  première 
a  déjà  été  donnée  par  Jacobi  dans  une  Leçon  encore  inédite  ('),  nous  indi- 
quons un  énoncé  analytique  du  principe  de  Gauss  qui  ramène  la  recherche 
des  équations  du  mouvement  d'un  système  quelconque  à  la  recherche  du 
minimum  d'une  fonction  du  second  degré.  Si  l'on  adopte  ce  point  de 
départ,  on  est  conduit,  par  une  deuxième  voie,  à  la  forme  générale  des 
équations  de  la  Dynamique  résultant  de  l'emploi  de  l'énergie  d'accéléra- 
tions S. 

M  Enfin,  nous  avons  terminé  l'Ouvrage  par  un  paragraphe  sur  la  simi- 
litude en  Mécanique  et  la  construction  des  modèles  :  on  sait  que  cette 
théorie,  dont  les  principes  ont  été  posés  par  Newton,  a  été  développée  par 
Joseph  Bertrand  dans  le  XXXIP  Cahier  du  Journal  de  l'École  Polytech- 
nique.   » 


PHYSIQUE.  —  Sur  de  nouvelles  actions  produites  par  les  rayons  n  :  générali- 
sation des  phénomènes  précédemment  observés.  Noie  de  M.  R.  Bloxdlot. 

«  Lorsque  l'on  dirige  un  faisceau  de  rayons  /i,  soit  sur  une  petite  étin- 
celle électrique,  soit  sur  une  petite  flamme,  soit  sur  une  substance  phos- 
phorescente préalablement  insolée,  ou  encore  sur  une  lame  de  platine 
portée  au  rouge  sombre,  on  voit  la  lumière  émise  par  ces  différentes 
sources  augmenter  d'éclat.  Dans  ces  expériences,  on  opère  sur  des  sources 
émettant  spontanément  de  la  lumière;  je  me  suis  demandé  si  l'on  ne 
pourrait  pas  les  généraliser  en  employant  un  corps  n'émettant  pas  de 
lumière  par  lui-même,  mais  renvoyant  celle  qui  lui  vient  d'une  source 
extérieure.  J'ai  en  conséquence  fait  l'expérience  suivante  ;  une  bande  de 

(*)  Nous  devons  ce  renseignement  à  M,  le  professeur  Mayer,  de  Leipzig. 


SÉANCE  DU  2  NOVEMBRE   rgoS.  685 

papier  blanc,  longue  de  i5™™  et  large  de  2™'°,  est  fixée  verticalement  à  un 
support  en  fil  de  fer;  l'obscurité  étant  faite  dans  la  salle,  on  éclaire  fai- 
blement la  bande  de  papier  en  projetant  sur  elle  latéralement  un  faisceau 
de  lumière  émis  par  une  petite  flamme  renfermée  dans  une  boîte  percée 
d'une  fente  verticale. 

»  D'autre  part,  les  rayons  n  sont  produits  à  l'aide  du  dispositif  suivant  : 
un  bec  Auer  muni  d'une  cheminée  en  tôle  dans  laquelle  a  été  pratiquée 
une  ouverture  rectangulaire  de  60™""  de  hauteur  et  de  25°'"'  de  largeur, 
est  enfermé  dans  une  lanterne  en  tôle  percée  d'une  fenêtre  faisant  face  à 
l'ouverture  de  la  cheminée,  et  obturée  par  une  feuille  d'aluminium.  Devant 
cette  fenêtre  on  place  la  petite  bande  de  papier,  éclairée  corn nje  il  a  été 
dit.  Si  maintenant  on  intercepte  les  rayons  en  interposant  une  lame  de 
plomb  ou  la  main,  on  voit  le  petit  rectangle  de  papier  s'assombrir,  et  ses 
contours  perdre  leur  netteté;  l'éloignement  de  l'écran  fait  reparaître 
l'éclat  et  la  netteté  ;  la  lumière  diffusée  par  la  bande  de  papier  est  donc 
accrue  par  l'action  des  rayons  n. 

»  L'idée  suivante  se  présenta  alors  :  la  diffusion  de  la  lumière  est  un 
phénomène  complexe  dans  lequel  le  fait  élémentaire  est  la  réflexion  régu- 
lière, et,  par  conséquent,  il  y  a  lieu  de  rechercher  si  la  réflexion  de  la 
lumière  ne  serait  pas  modifiée  par  l'action  des  rayons  n.  A  cet  effet,  une 
aiguille  à  tricoter  en  acier  poli  fut  assujettie  verticalement  en  place  de  la 
bande  de  papier  de  l'expérience  précédente;  d'autre  part,  dans  une  boîte 
complètement  close,  à  l'exception  d'une  fente  verticale  pratiquée  à  la  hau- 
teur du  bec  Auer,  et  obturée  par  un  papier  transparent,  une  flamme  était 
disposée  de  manière  à  éclairer  la  fente.  En  plaçant  convenablement  l'œil 
et  la  fente,  on  voit  l'image  de  celle-ci  formée  par  la  réflexion  sur  le  cylindre 
d'acier;  la  surface  réfléchissante  reçoit  en  même  temps  les  rayons  n.  Il  fut 
alors  facile  de  constater  que  l'action  de  ces  rayons  renforce  l'image,  car  si 
l'on  vient  à  les  intercepter,  cette  image  s'assombrit  et  devient  rougeàtre. 
J'ai  répété  cette  expérience  avec  le  même  succès  en  employant,  au  lieu  de 
l'aiguille  à  tricoter,  un  miroir  plan  en  bronze. 

»  On  obtient  encore  le  même  résultat  en  faisant  réfléchir  la  lumière  sur 
une  face  polie  taillée  dans  un  bloc  de  quartz;  toutefois,  quand  les  rayons  « 
tombent  normalement  sur  la  face  réfringente,  leur  action  sur  la  lumière 
réfléchie  disparaît,  quelle  que  soit  l'incidence  de  celle-ci,  soit  que  cette 
action  devienne  nulle,  soit  qu'elle  devienne  seulement  inappréciable.  Pour 
que  la  lumière  réfléchie  par  le  quartz  soit  renforcée  par  les  rayons  n,  il 
n'est  pas  nécessaire  que  ceux-ci  soient   dirigés  de  l'extérieur  vers  l'inté- 


686  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

rieur  du  quartz  :  cette  action  a  encore  lieu  lorsque  les  rayons  n  traversent 
la  surface  réfléchissante  de  dedans  en  dehors. 

»  Toutes  ces  actions  des  rayons  n  sur  la  lumière  exigent  un  temps  appré- 
ciable pour  se  produire  et  pour  disparaître. 

»  Je  n'ai  pu,  en  variant  l'expérience  d'un  grand  nombre  de  manières, 
constater  aucune  action  des  rayons  n  sur  la  lumière  réfractée. 

»  Je  ferai  ici  la  remarque  générale  suivante  concernant  l'observation  des 
rayons  n.  Tj'aptitude  à  saisir  de  faibles  variations  d'intensité  lumineuse 
varie  beaucoup  d'une  personne  à  une  autre  :  certaines  personnes  voient 
du  premier  coup  et  sans  aucune  difficulté  le  renforcement  que  les  rayons  n 
produisent  dans  l'éclat  d'une  petite  source  lumineuse;  pour  d'autres,  ces 
phénomènes  sont  presque  à  la  limite  de  ce  qu'elles  peuvent  distinguer,  et  ce 
n'est  qu'après  un  certain  temps  d'exercice  qu'elles  parviennent  à  les  saisir 
couramment  et  à  les  observer  en  toute  sûreté.  La  petitesse  de  ces  effets  et 
la  délicatesse  de  leur  observation  ne  doivent  pas  nous  arrêter  dans  une  étude 
qui  nous  met  en  possession  de  radiations  restées  jusqu'ici  inconnues.  J'ai 
constaté  récemment  que  le  bec  Auer  peut  être  remplacé  avantageusement 
par  la  lampe  Nernst,  sans  verre,  qui  donne  des  rayons /z  plus  intenses  : 
avec  une  lampe  de  200  watts,  les  phénomènes  sont  assez  forts  pour  être, 
à  ce  que  je  crois,  aisément  visibles  d'emblée  par  tous  les  yeux.   » 


PHYSIOLOGIE.    —    Sur  le   sucre   virtuel   du  sang. 
Note  de  MM.  R.  Lépixe  et  Boulud. 

«  Dans  notre  dernière  Note  (^Comptes  rendus,  21  septembre)  nous  disions 
que,  très  souvent,  il  existe  plus  de  matières  sucrées  et,  notamment,  plus 
de  sucre  dextrogyre  dans  le  sang  de  la  carotide  que  dans  celui  du  ventri^ 
cule  droit,  et  que,  dans  ce  cas,  le  sang  de  la  carotide,  reçu  dans  de  l'eau  à  58** 
(préalablement  stérilisée)  et  maintenu  au  moins  20  minutes  à  cette  tem- 
pérature, produit  moins  de  sucre  que  le  sang  du  ventricule  droit;  d'où  la 
conclusion  que  ce  dernier  sang  renferme  un  hydrate  de  carbone  (sucre 
virtuel)  qui  n'est  ni  à  l'état  de  sucre  libre,  puisqu'il  n'est  pas  réducteur,  ni 
à  l'état  de  glycogène  libre,  puisqu'il  ne  dévie  pas  à  droite. 

»  Nous  ajouterons  aujourd'hui  que,  dans  quelques  cas  au  moins,  on  peut 
trouver  plus  de  sucre  dans  le  sang  d'une  veine  (jugulaire,  fémorale,  etc.) 
que  dans  le  sang  artériel,  et  que  dans  ces  cas,  d'ailleurs  exceptionnels, 
sans  doute  à  cause  de  la  glycolyse  qui  se  fait  dans  les  capillaires,  on  trouve 


SÉANCE    DU    1   NOVEMBRE    TQoS.  g^n 

toujours  moins  de  sucre  virtuel  dans  le  sang  veineux  que  dans  le  sang 
artériel.  En  d'autres  termes,  on  a,  dans  certains  cas  au  moins,  la  preuve 
qu'il  se  produit  du  sucre  dans  les  capillaires  de  la  grande  circulation,  aux 
dépens  du  sucre  virtuel  du  sang.  Voici  un  de  ces  cas  : 

»  Chien  bien  portant  ayant  subi  une  saignée  la  veille.  On  fait  tomber 
simultanément  le  sang  de  l'artère  fémorale  et  de  la  veine  fémorale  (du  côté 
opposé)  dans  du  nitrate  acide  de  mercure: 

»  Pouvoir  réducteur  (évalué  en  glucose)  après  chauffage  de  l'extrait  de 
sang  à  120**  en  présence  d'acide  tartrique  (pour  déconjuguer  l'acide  glycu- 
ronique  fortement  conjugué)  pour  looo  : 

Dans  l'artère.  Dans  la  veine. 

0,80  0,86 

»  Immédiatement  après  les  deux  prises  précédentes  on  fait  tomber 
simultanément  dans  de  l'eau  à  58°  les  sangs  artériel  et  veineux,  et,  une 
heure  plus  tard,  on  y  dose  les  matières  sucrées,  comme  précédemment. 
On  trouve  alors: 

Dans  l'artère.  Dans  la  ve'ne. 

0.90  Q,86(i), 

»  Ainsi,  dans  le  sang  artériel,  il  y  avait  du  sucre  virtuel,  qui,  pendant 
l'heure  qui  a  suivi  sa  sortie  du  vaisseau,  dans  des  conditions  qui  empê- 
chaient toute  glycolyse,  a  donné  o§^,io  de  sucre  réducteur.  En  même  temps 
la  déviation  polarimétrique  à  droite  a  augmenté.  Au  contraire,  il  n'existait 
pas  de  sucre  virtuel  dans  le  sang  veineux;  car,  pendant  l'heure  qui  a  suivi 
sa  sortie  du  vaisseau,  ses  pouvoirs  réducteur  et  rotatoire  n'ont  pas  varié. 

»  En  résumé,  le  sucre  virtuel  est,  le  plus  souvent,  plus  abondant  dans 
le  sang  du  ventricule  droit  que  dans  le  sang  artériel,  et  plus  abondant  dans 
celui-ci  que  dans  le  sang  des  veines.  Il  s'en  faut  d'ailleurs,  et  c'est  ce  qui 


(')  Quelques  observateurs  avaient  déjà  noté  que  le  sang  veineux,  exceptionnelle- 
ment, possède  un  pouvoir  réducteur  supérieur  à  celui  du  sang  artériel;  mais  ils 
avaient  cru  à  une  erreur  de  dosage.  M.  Seegen  seul  avait  attaché  de  l'importance 
à  cet  excès  de  sucre,  qu'il  avait  observé  dans  le  sang  de  la  veine  fémorale,  après  la 
faradisation  des  nerfs  du  membre  inférieur  (et  pas  des  muscles).  L'expérience  que 
nous  rapportons  montre  que  cet  excès  du  sucre  dans  la  veine  peut  exister  sans  fara- 
disation préalable.  M.  Seegen  d'ailleurs  n'a  pas  soupçonné  la  corrélation  que  nous 
signalons  entre  l'excès  de  sucre  du  sang  veineux  et  la  diminution  (ou  disparition)  de 
son  sucre  virtuel. 


688  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

fait  Tintérêt  du  sucre  virtuel,  qu'on  puisse  le  déceler  dans  tout  sang  arté- 
riel (*). 

w  L'élévation  de  la  température  à  SB**  n'est  nullement  nécessaire  à  sa<j 
transformation  en  sucre.  Elle  n'agit  qu'en  empêchant  la  glycolyse.  Nous 
avons  maintes  fois  constaté  une  augmentation  très  notable  du  sucre  du 
sang  artériel  après  un  séjour  prolongé  à  une  température  inférieure 
à  -h  8^.  A  cette  température,  en  effet,  la  glycolyse  est,  sinon  absolue,  au 
moins  très  diminuée. 

»  Ainsi  que  l'un  de  nous  l'avait  autrefois  constaté  avec  M.  Barrai,  l'eau 
n'est  pas  non  plus  nécessaire;  mais  le  temps  est  un  facteur  essentiel  :  il 
faut  au  moins  quelques  minutes  pour  que  le  sucre  virtuel  se  transforme  en 
sucre,  après  que  le  sang  est  sorti  du  vaisseau.  Sa  transformation  est  en 
grande  partie  achevée  en  un  quart  d'heure;  mais  plusieurs  heures  pa- 
raissent nécessaires  pour  qu'elle  soit  complète,  au  moins  avec  certains  sangs. 

»  L'addition  au  sang  au  sortir  du  vaisseau  d'un  millième  d'acide  chlorhy- 
drique  non  seulement  empêche  qu'à  la  température  de  58**  il  se  fasse  du 
sucre,  mais  encore  détruit  une  grande  partie  du  sucre  préexistant.  L'acide 
oxalique  n'a  pas  cette  action.  Voici  une  expérience  type  à  cet  égard  : 

»  Sang-  artériel  d'un  chien  bien  portant  : 

Au  sortir  du  vaisseau o,48 

Après  chauffage  de  l'extrait  à  120"  en  présence  d'acide 

tartrique  (pour  déconjuguer  l'acide  glycuronique). .  .  .  o,54 

Après  séjour  d'un  échantillon  du  même  sang  à  58" 0,78 

Après  chauffage  de  l'extrait  à  120"  en  présence  d'acide 

tartrique o ,  60  (  ^) 

Après  séjour  d'un  échantillon  du  même  sang  à  58°,  addi- 
tionné d'un  millième  d'acide  chlorhydrique o,38 

Après  chauffage  de  l'extrait o,38 

Après  séjour  d'un  échantillon  du  même  sang  à  58°,  addi- 
tionné de  près  d'un  millième  d'acide  oxalique 0,78 

Après  chauffage  de  l'extrait o,58  (^) 


(^)  Il  arrive  même  assez  souvent  que,  après  le  séjour  à  58°,  on  trouve  dans  le  sang 
moins  de  sucre  qu'au  sortir  de  l'artère.  Nous  reviendrons  ultérieurement  sur  ce  point. 

(-)  On  remarquera  dans  ce  cas  que  l'acide  tartrique  à  120"  a  détruit  une  notable 
quantité  de  sucre.  Ce  fait  est  la  règle  quand  cet  acide  est  en  présence  de  sucre  nou- 
vellement formé,  ce  qui  est  le  cas  ici,  puisqu'au  sortir  du  vaisseau  il  n'y  avait  que  o,48 
de  sucre  (o, 54  avec  l'acide  glycuronique  fortement  conjugué).  Or,  après  ce  séjour  à  58°, 
on  en  trouve  0,78. 

(^)  Même  remarque. 


SÉANCE    DU    2    NOVEMBRE    igoS.  68q 

M  La  production  de  sucre  à  58"  ou  au-dessous  de  -h  8"  se  fait  aussi  bien 
avec  le  sérum  qu'avec  le  sant^. 

»  Dans  une  prochaine  Note,  nous  indiquerons  d'autres  conditions  de 
production  de  sucre  aux  dépens  du  sucre  virtuel  du  sang.  » 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  De  l' influence  de  V alimentaUon  minérale 
sur  la  production  des  sexes  chez  les  plantes  dioïques.  Note  de  M.  Emile 
Laurent. 

«  La  nature  du  sexe  ne  paraît  pas  toujours  déterminée  dans  les  graines 
de  certaines  plantes  dioïques.  C'est  ce  qui  résulterait  des  recherches  de 
divers  observateurs  et  particulièrement  de  celles  de  M.  Molliard. 

»  L'alimentation  minérale  peut-elle  avoir  une  mfluence  sur  la  produc- 
tion des  sexes  chez  ces  végétaux?  Depuis  sept  ans,  j'ai  fait  de  nombreux 
semis  d'Epinard,  de  Chanvre  et  de  Mercuriale  annuelle  dans  les  planches 
de  mon  champ  d'expériences.  Chacune  de  celles-ci  reçoit  une  fumure  dans 
laquelle  prédomine  l'un  des  éléments  suivants  :  azote,  potasse,  acide 
phosphorique,  chaux  ou  chlorure  de  sodium. 

»  Chez  le  Chanvre  et  la  Mercuriale  annuelle,  je  n'ai  constaté  aucune 
influence  bien  nette  de  l'alimentatiori  sur  le  nombre  des  pieds  mâles  et  des 
pieds  femelles.  Il  en  est  autrement  des  résultats  relatifs  à  l'Épinard,  sur- 
tout à  la  variété  de  Hollande,  dont  les  semis  m'ont  toujours  donné  un 
certain  nombre  de  plantes  monoïques.  Le  plus  souvent,  ce  sont  des  indi- 
vidus très  vigoureux,  dont  Taxe  principal  porte  des  fleurs  femelles,  tandis 
que  les  fleurs  mâles  prédominent  sur  les  ramifications  latérales.  Il  existe 
aussi  des  pieds  à  fleurs  femelles  prépondérantes,  où  le  sexe  mâle  est  repré- 
senté par  un  petit  nombre  de  fleurs.  Les  imiividus  chez  lesquels  la  distri- 
bution des  deux  sexes  paraît  égale  sont  très  rares. 

«  Les  chiffres  suivants  expriment  les  résultats  donnés  par  un  semis 
d'Epinard  de  Viroflay,  qui  n'a  produit  que  des  individus  exclusivement 
mâles  ou  femelles.  Le  nombre  de  graines  semées  dans  chaque  planche 
n'avait  pas  été  compté. 

Plantes. 

mâles  ^  femelles 

poiu"  100.  pour  100.  observées. 

Planche  I  (avec  engrais  azotés) ..      55,9  44;  ï  236 

Planche  II  (avec  engrais  potassiques) .  .  .  .      48)4  %5i  ,6  aSy 

Planche  III  (avec  phosph^>te  ) 45,  '  54,9  264 

Planche  IV  (  avec  chaiiv) 55,8  44,2  260 

Terre  normale 5o ,  7  49 , 3  345 

C.  R.,  1903,  2"  Semestre.  (T.   G\XW[I,  N°  18.)  yi 


monoïques 

femelles 

pour  ii>ii. 

pour  100. 

observées. 

8,6 

5i,8 

394 

IO,I 

6o,o 

387 

9r7 

6o,2 

382 

7:5 

53,4 

449 

5,1 

58,9 

439 

690  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»   Tous  les  autres  résulLats  concernent  rÉpinard  de  Hollande. 
»    Voici  des  chiffres  obtenus  dans  un  semis  dont  les  graines  étaient  de 
grosseur  moTcnne;  elles  passaient  au  tamis  de  3™™,  mais  non  à  celui  de  2"'". 

Plantes 

mâles 
])our  Hio. 

Planche  1 39 , 6 

Planche  II ^9:9 

Planche  III 3o ,  i 

Planche  IV 39,1 

Terre  normale.  . 36, o 

»  Des  graines  récoltées  dans  les  planches  I,  II,  111  et  IV  furent  semées 
comparativement  en  terre  normale,  c'est-à-dire  dans  un  solde  bonne  qua- 
lité, mais  qui  n'avait  reçu  aucun  engrais  en  quantité  excessive. 

w  Les  résultats  consignés  dans  les  deux  Tableaux  suivants  sont  relatifs 
à  un  essai  fait  en  juin  1899  avec  des  giaines  récoltées  sur  des  plantes 
semées  en  avril  1898  dans  les  planches  en  question.  Les  semences  avaient 
été  séparées  en  deux  catégories,  les  grosses  et  les  petites,  au  moyen  du 
tamis  de  2*"™.  De  chaque  lot,  on  a  semé  cent  graines  dans  des  terrines  con- 
tenant la  même  terre  et  placées  dans  les  mêmes  conditions  de  culture. 

Semis  de  grosses  graines. 

Plantes 

Graines  mâles 

de  pour  luo. 

Planche  1 37,3 

Planche  II 65, o 

Planche  III 64,6 

Planche  IV 58, o 

Semis  de  petites  graines. 

Plantes 

Graines  mâles  monoïques  femelles 

de  pour  loo.  pour  luo.  pour  loo.  observées. 

Planche  1 34,5  i3,8  5 1,7  29 

Planche  II 66,7  o  33,3  21 

Planche  III 69,6  ^  4,3  26,1  23 

Planche  IV 63,7  o  36,3  22 

»   Les  petites  graines  donnent  presque  toujours  plus  de  pieds  mâles  que 
les  grosses. 


monoïques 

femelles 

pour  100. 

pour  100. 

observées. 

12 

5o,7 

75 

1,3 

33,7 

77 

3,8 

3i,6 

79 

3,4 

38,6 

88 

SÉANCE    DU    2    NOVEMBRE    I{)o3.  69 1 

»  D'autres  semis,  (aits  eti  pleine  terre  de  1900  a  1902,  ont  donné  des 
résultats  analogues  à  celui  de  juin  1899. 

»  En  1903,  j'ai  partagé  les  individus  monoïques  en  deux  catégories 
d'après  le  sexe  qui  prédominait  parmi  les  fleurs.  Les  graines  avaient  été 
récoltées  en  1902  sur  des  plantes  provenant  d'un  semis  fait  dans  les 
planches  au  mois  de  mai  de  la  même  année.  Il  y  en  avait  i5o,  de  moyenne 
grosseur,  provenant  de  chaque  planche. 


Plantes  monoïques  à  fleurs 


Plantes 

mâles 

Graines 

de 

pour  100 

Planche 

I... 

26,  1 

Planche 

IL. 

38, 0 

Planche 

m. 

.     38,9 

Planche 

IV. 

3i  ,9 

m^Ies 

femelles 

prédominâmes 

prcdominantei 

pour  100. 

pour  lou. 

iï.7 

l3  ,5 

18,0 

11,0 

20,8 

i5,3 

24,1 

17,6 

Plantes 


femelles 

[WDur  100. 

observées. 

48,7 

I  1 1 

33,0 

100 

25,0 

122 

26,4 

I2t 

»  Les  résultats  exposés  dans  les  cinq  Tableaux  précédents  permettent 
(cle  distinguer  deux  effets  différents  dans  l'action  des  matières  lïïinérales 
sur  la  détermination  du  sexe  chez  l'Epinard. 

»  En  preniier  lieu,  il  y  a  la  modification  imprimée  directement  par  l'ali- 
pientation  ap  sexe  des  plantes  observées  ;  puis,  les  éléments  nutritifs 
réagissent  sur  le  sexe  des  embryons  produits  par  ces  mêmes  plantes. 

V  Pour  ce  qui  est  de  l'action  directe,  un  excès  d'engrais  azotés  ou  de 
chaux  donne  plus  de  pieds  mâles;  la  potasse  et  l'acide  phosphorique  aug- 
mentent le  nombre  des  piecjs  fej^nelles. 

))  Quant  aux  graines  produites  par  les  plantes  cultivées  avec  excès  d'en- 
grais azotés,  elles  ont  produit  moins  de  pieds  mâles,  plus  de  pieds  femelles 
et,  parmi  les  individus  monoïques,  un  plus  grand  nombre  de  fleurs 
femelles.  Au  contraire,  un  excès  de  potasse,  d'acide  phosphorique  ou  de 
chaux  prédispose  les  graines  à  donner  plus  de  pieds  mâles  parmi  les  indi- 
vidus dioïques  et  plus  de  fleurs  mâles  chez  les  individus  monoïques. 

»  La  descendance  des  pl;^ntes  monoïques  de  l'Epinard  de  Hollande  a  été 
observée  en  1899  ^^  ^^  1903.  Chaque  fois,  on  a  récolté  les  graines  à  semer 
sur  un  pied  dont  la  ti^e  portait  des  fleurs  femelles  tandis  que  sur  les 
branches  il  y  avait  des  fleurs  mâles  plus  nombreuses  : 

»  En  1899,  100  grosses  graines  ont  donné  72  plantes  parmi  lesquelles 
il  y  avait  4^  pieds  mâles,  i3  monoïques  et  i3  femelles;  100  petites  graines 
de  même  origine  ont  produit  21  plantes,  dont  17  mâles,  2  monoïques  et 
2  femelles. 


69^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  En  1903,  ces  premières  observations  ont  été  com}Dlétées  par  la  répar- 
tition fies  pieds  monoïques  d'après  la  proportion  des  fleurs  mâles  et 
femelles. 

»  200  graines  de  grosseur  moyenne  ont  donné  98  plantes  mâles, 
0.3  femelles  et  29  monoïques  ;  parmi  celles-ci,  il  n'y  en  avait  qu'une  seule 
à  fleurs  femelles  prépondérantes. 

»  La  plupart  des  pieds  monoïques  de  l'Épinard  de  Hollande  présentent 
plus  de  fleurs  mâles  que  de  fleurs  femelles.  On  peut  donc  les  considérer, 
et  leur  descendance  confirme  cette  opinion,  comme  des  plantes  mâles  chez 
lesquelles  un  certain  nombre  de  fleurs  deviennent  femelles.   » 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

I**  Un  Traité  de  Radiologie  médicale  publié  sous  la  direction  de  M.  Bou- 
chard. (Présenté  par  M.  Bouchard.) 

2°  Sept  fascicules  du  «  Répertoire  graphique  des  repères  du  réseau  de 
second  ordre  du  nivellement  général  de  la  France  »,  adressés  par  M.  Ch. 
LallemancL 

3°  Deux  Volumes  intitulés  :  «  Œuvres  scientifiques  de  Gustave  Robin, 
réunies  et  publiées  sous  les  auspices  du  Ministère  de  l'Instruction  publique 
par  M.  L.  Raffy  ».  (Présentés  par  M.  Appell.) 

M.  Ch.  Lallemand  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  parmi 
les  candidats  à  la  place  vacante  dans  la  Section  de  Géographie  et  Navigation, 
par  suite  du  décès  de  M.  de  Bussy. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géographie  et  Navigation.) 


GÉOMÉTRIE.  —  Sur  les  courbes  gauches  à  torsion  constante. 
Note  de  M.  W.  de  Tanaenrerg. 

«  Je  me  propose,  dans  cette  Note,  d'indiquer  une  forme  particulière  des 
équations  des  courbes  gauches  à  torsion  constante  et  d'en  déduire  une 
construction  géométrique  de  ces  courbes. 


SÉANCE  DU  1    NOVEMBRE  I9o3.  698 

»   1.   Considérons  une  courbe  gauche  définie  par  les  équations 

et  posons 

X  -h  iy  =  0. 

»   Si  Ton  désigne  respectivement  par  F  et  ©  le  module  et  l'argument  de 
la  dérivée  seconde  de  0,  de  sorte  que 

rf*6 

(0  w^'"^' 

et  si,  en  outre,  on  pose 

(2)  -  =  e'n,h^^i). 


o 


dt  -^  '  dt 

on  trouve  que  la  torsion  (;j;j  de  la  courbe  en  un  point  quelconque  est 
définie  par  la  formule 

»   En  particulier,  soit 

T  =  i, 

on  voit  alors,  à  l'aide  des  équations  évidentes 

ClK  If  /  o  / 

—  -|-A(p=0,  X;--hiz=<p, 

que  h  Qik  sont  déterminées  en  fonction  de  cp  par  les  relations 

(3)  k  =  J'^'^^        hk  =  -^- 

»   La  formule  (2)  fournit  donc  l'expression  de  (  -r- )  à  l'aide  d'une  fonc- 
tion arbitraire  et  réelle  (p(0-  On  obtient  9  par  une  quadrature. 
»   2.   Posons  maintenant 

0  _  \e'9=^  X  +  ïY  =  0,         {=^-^  y 

»   L'enveloppe  C  de  la  ligne  d'action  du  vecteur,  qui  représente  l' accé- 
lération du  point  m  (a?,  y),  est  alors  définie  par 

de  =  e'^^ds,  cls  -h  d\  =  hdt. 

»   La  construction  que  j'ai  en  vue  repose  sur  ce  fait  que    l'arc  s  de  la 


694  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

courbe  G  s'exprime  en  fonction  de  1  sans  quadrature.  On  trouve,  en  effet 
(en  choisissant  convenablement  l'origine  des  prcs), 

0.1 -h  s'in^il -h  2s)  =  o. 

»  Ceci  posé,  soil  C  une  courbe  quelconque  du  plan  des  .xy.  Désignons 
par  u  la  fonction  de  s,  définie  par  l'équ^ilJQn 

u  H-  sin//  =  2,3, 

et  soit  9  l'angle  i\e  l'axe  des  x  avec  la  direction  de  la  tangente  au  point 
M(X,  Y).  Portons  sur  cette  tangente  un  vecteur 

mm  =  l  =  -  —s, 
2 

et  soit  P  le  point  de  l'espace  qui  a  pour  projection  m  et  pour  cote 

(4)  z  =  t  =  ^J'(i^C0su)dr^. 

))   Le  lieu  des  points  P  est  la  courbe  à  torsion  constante  La  plus  générale. 
»    Remarquons  que  X,  Y,  x,  y,  z-  s'expriment  en  fonction  de  u  à  l'aide 
de  la  formule  (4)  et  des  suivantes  : 

d(è  =  -  e'"?  (  n-  cos  u  )  (lu ,  0  =  0  —  -  c'?  si  M  // . 

»  On  en  déduit  une  infinité  de  cas  où  l'on  peut  exprimer  x,  y,  z  sous 
forme  complètement  explicite  à  l'aide  des  fonctiops  élémentaires.  Si,  en 
effet, 

©  =  tnu, 
ou  bien  si 

X'AWSL-  ^=  f(v),  (^  =  tano-> 

f{v)  désignant  une  fonction  rationnelle  de  ç',  toutes  les  intégrations  peuvent 
être  effectuées.  Dans  le  premier  cas,  les  projections  des  courbes  sur  le  plan 
des  xy  sont  des  courbes  algébriques,  ûm  est  un  nombre  rationnel  différent 
de  l'unité. 

))  Les  formules  (2)  et  (3)  permettent  aussi  de  déterminer  les  courbes 
algébriques  et  imaginaires  à  torsion  constante,  courbes  qui  jouent,  comme 
on   sait,   un  rôle  important  dans  la  théorie  de  la  déformation  du  parabo- 


SÉANCE    DU    2    NOVEMBRE     IpoS.  693 

loïde  fie  révolution.  Mais  je  ne  développerai  pas  ici  cette  remarque^  l'élude 
de  ces  courbes  ayant  déjà  été  faite  (  ')j    » 


ANALYwSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  détermination  des  classes  singulières  de 
séries  de  Taylor.  Note  de  M.  Emile  Borel,  présentée  par  M.  Appell. 

«  1.  Nous  dirons  que  deux  séries  entières  en  z-  appartiennent  à  la  même 
classe  lorsque  les  puissances  de  z  dont  les  coefficients  sont  nuls  sont  les 
mêmes  dans  les  deux  séries.  Cette  définition  est  un  cas  particulier  de  la 
définition  des  classes  de  polynômes  (-).  Une  classe  de  séries  entières  peut 
être  définie  par  une  suite  illimitée  d'entiers  positifs  croissants  :  n^,  n.,..., 
iif...,  qui  sont  les  exposants  des  puissances  de  z  dont  les  coefficients  ne 
sont  pas  nuls. 

»  Nous  dirons  qu'une  classe  de  séries  est  singulière  lorsque  ^ow/e^  les 
séries  de  cette  classe  admettent  leur  cercle  de  convergence  comme  ligne  sin- 
gulière (ou,  plus  brièvement,  sont  singulières).  Le  but  de  cette  Note  est 
d'indiquer  un  cas  très  étendu  dans  lequel  on  peut  affirmer  qu'une  classe 
est  singulière  ('). 

»  2.  Nous  donnerons  le  nom  <\q  sous -classe  à  l'ensemble  des  séries  d'une 
classe  telles  que  les  modules  de  leurs  coefficients  vérifient  certaines  inéga- 
lités (les  arguments  restant  arbitraires).  La  remarque  suivante  est  fonda- 
mentale :  dans  toute  sous-classe,  il  y  a  une  infinité  de  séries  singulières.  Cette 
remarque  se  démontre  comme  la  proposition  connue  :  une  série  de  Taylor 
admet,  en  général,  son  cercle  de  convergence  comme  coupure. 

»  Nous  dirons  qu'une  sous-classe  est  impropre  lorsque  les  inégalités  qui 
la  définissent  ont  la  conséquence  suivante:  toute  sér\e  de  la  sous-classe  est  la 
somme  d'une  série  appartenant  à  une  classe  moins  étendue  (ayant  plus  de 
coefficients  nuls)  et  d'une  série  ayant  un  ravon  de  convergence  plus  grand. 

»   3.   Théorème  L  —  Pour  quune  classe  soit  singulière,  il  suffit  que  cette 


(')  G.  Darbolx,  Théorie  générale  des  surfaces  (Note  IV). 

(*)  Voir  mon  Mégnoire  :  Sur  les  séries  de  poly liâmes  et  de  fractions  rationhelles 
{Acta  inatheniatica.  t.  XXIV). 

(')  Le  résullat  le  plus  éleudu  obtenu  jusqu'ici,  à  notre  connaissance,  est  dû  à 
M.  Fabry  :  une  classe  est  singulière  si  la  différence  ni^^  —  ni  augmente  indéfini- 
ment avec  i.  Voir,  pour  l'historique  de  la  question,  et  pour  tous  les  renseignements 
bibliographiques  relatifs  à  notre  Note,  le  remarquable  livre  de  M.  Hadamard  :  La 
série  de  Taylor  et  son  prolongement  analyti'jue. 


696  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

classe  renferme  une  sous-classe  propre  S  ayant  la  propriété  suivante  :  une  série 
arbitraire  de  cette  sous-classe  S  étant  donnée,  il  est  possible,  sans  changer  son 
cercle  de  convergence,  de  la  compléter  de  manière  quelle  n  admette  plus  sur  ce 
cercle  qu  un  nombre  limité  de  points  singuliers.  Par  définilion,  compléter  une 
série,  c'est  la  remplacer  par  une  autre  série  dans  laquelle  les  puissances  delà 
variable  fifi^urant  effectivement  dans  la  série  donnée  ont  les  mêmes  coefficients 
que  dans  celte  série  donnée,  les  autres  coefficients  étant  quelconques. 

»  Soit  o(-s)  une  série  de  la  classe  considérée;  désignons  par(|'(:;)  une 
série  quelconque  de  la  sous-classe  S  et  posons  : 

^{z)  =  i:a,b,z'^^. 

))  Si  nous  supposons  que,  les  a^  étant  fixes,  les  6^- soient  assujettis  aux 
inégalités  qui  définissent  la  sous-classe  S,  la  fonction  6(z)  appartient  à 
une  autre  sous-classe  S';  il  est  donc  possible  de  choisir  les  bi  de  manière 
que  la  série  6(s)  soit  singulière  et  que  le  rayon  de  convergence  de  ô(^)  soit 
égal  au  produit  (')  des  rayons  de  convergence  de  «p(^)  et  de  '^{z).  Les  bi 
étant  ainsi  choisis,  il  est  possible,  par  hypothèse,  de  compléter  la  série  '^{z) 
de  manière  à  obtenir  une  série  '^{^)  ayant  le  même  cercle  de  conver- 
gence que  '^{z)  et  n'admettant  sur  ce  cercle  que  des  points  singuliers 
isolés.  Il  est  manifeste  que  chaque  coefficient  de  6(:;)  est  égal  au  produit 
des  deux  coefficients  correspondants  de  (p(s)et  de  W{z)\  de  plus,  le  rayon 
de  convergence  de  0(z)  est  égal  au  produit  des  rayons  de  convergence  de 
ces  deux  séries;  dans  ces  conditions,  on  conclut  d'un  théorème  bien  connu 
de  M.  Hadamard  que,  si  (p(^)  n'était  pas  singulière,  ^{^)  ne  le  serait  pas. 
Le  théorème  I  est  donc  démontré. 

»  4.  Théorème  11.  —  Pour  qu  une  classe  définie  par  les  entiers  n^,  n.^,  ..., 
ni,  ...  soit  singulière,  il  suffit  qu'en  posant 

e(.)  =  n(,-i;), 

la  fonction  entière  (-)  6 (s)  soit  telle  que  le  maximum  ^{j-^  de  son  module 

(^)  C'est  ici  qu'intervient  l'hypothèse  que  la  sous-classe  S  est  propre;  la  sous- 
classe  S'  peut  être  impropre. 

(^)  Au  lieu  de  la  fonction  entière  6(x;),  on  pourrait  introduire  beaucoup  d'autres 
fonctions  entières  admettant  les  zéros  n^,  n^,  . .  . ,  rii,  .  .  , ,  mais  il  semble  que  celle  que 
nous  introduisons  donne  lieu  à  des  applications  plus  simples. 


SÉANCE    DU    2    NOVEMBRE    I9o3.  697 

pour  \z\-=  r  croisse  moins  vite  à  l'infini  que  e''^,  quelque  petit  que  soit  le  nombre 
positif  z. 

»  Soit,  en  effet,  J/(5)  une  fonction  de  la  classe  consirlérée,  définie  par 
la  formule  écrite  plus  liaul  ;  nous  supposerons  que  <j/(5)  a  pour  rayon  de 
convergence  l'unité  et  appartient  à  la  sous-classe  définie  par  les  inégalités 

»   Dès  lors,  si  nous  posons 

nous  pourrons  affirmer  que  la  série  du  second  membre  converge  et  que  le 
maximum  M,  (r)  du  module  de  ^1(5)  croît  moins  vite  que  e*'",  quel  que  soite; 
donc  la  série 

W(z)  =  lx3{m)z"' 

n'admet  ('  )  sur  le  cercle  de  convergence  que  le  point  singulier  +  i  ;  cette 

série  ^(^)  n'est  aulre  que  la  série  '^{z)  complétée,  avec  conservation  du 

rayon  de  convergence;  la  condition  du  théorème  I  est  donc  bien  remplie. 

»   5.   On  verrait  aisément  que  le  théorème  II  entraîne  la  conséquence 

suivante  (")  :  pour  qu'une  classe  soit  singulière,  il  sujjit  que  le   rapport-^ 

augmente  indéfiniment  avec  i.  » 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  quelques  points  de  la  théorie  des  ensembles. 
Note  de  M.  Erxst  LixDELi>F,  présentée  par  M.  Emile  Picard. 

«  1.  On  doit  à  M.  Borel  un  théorème  très  général,  relatif  aux  ensembles 
fermés,  qui  peut  s'énoncer  comme  il  suit  (^)  : 

«   Théorème  I.    —    Etant  donné,    dans    un  espace  à  n   dimensions ,  C^j, 


(*)  Ce  résultat  est  dû  à  M.  Leau  {Journal  de  Mathématiques,  1899,  p.  398).  lia  été 
retrouvé  par  M.  Georg  Faber  :  Ueber  Reihenentwickelungen  analytisclier  Func- 
tionen- {Inaugural  Dissertation,  Munich,  20  avril  1902),  travail  qui  renferme  d'ail- 
leurs d'aulres  résultats  nouveaux  et  inléressants. 

(^)  Cet  énoncé  ne  fait  peut-être  pas  connaître  le  cas  le  plus  étendu  dans  lequel  une 

classe  est  singulière;  il  suffit  peut-être  que  le  rapport  -4  prenne  des  valeurs  dépassant 

tout  nombre  donné  d'avance,  ce  qui  n'exige  pas  que  ce  rapport  augmente  indéfini- 
ment; mais  c'est  là  un  cas  très  singulier,  au  point  de  vue  des  applications. 

(^)   Cf.  É.  Borel  :  Leçons  sur  la  Théorie  des  fonctions,  p.  42-48;  une  Note  insérée 

C.  R.,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  18.)  9^ 


698  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

un  ensemble  borné  et  fermé  de  points ,  (P),  si  de  chacun  de  ses  points  comme 
centre  on  construit  une  sphère  quelconque,  on  pourra  choisir  un  nombre  limité 
de  ces  sphères,  de  telle  sorte  que  tout  point  P  soit  intérieur  à,  au  moins,  l'une 
d'elles. 

M  Dans  le  cas  d'un  ensemble  quelconque,  fermé  ou  non,  on  peut  établir 
cet  autre  théorème,  qui  constitue  une  généralisation  directe  du  premier  : 

»  Théorème  IL  —  Soit  (P)  un  ensemble  quelconque  situé  dans  l'espace  C„ 
et,  de  chaque  point  P  comme  centre,  construisons  une  sphère  Sp  d'un  rayon  pp 
qui  pourra  varier  d' un  point  à  l'autre;  il  est  possible  de  choisir  une  infinité 
dénombrable  de  ces  sphères,  de  telle  sorte  que  tout  point  de  l'ensemble  donné 
soit  intérieur  à,  au  moins,  V une  d'elles. 

»  Nous  nous  contenterons  d'indiquer  en  quelques  mots  la  marche  de  la 
démonstration.  En  supposant  d'abord  l'ensemble  (P)  borné  et  les  rayons 
pp  tous  supérieurs  à  une  longueur  donnée  p,  on  voit  immédiatement  qu'il 
existe  un  nombre  limité  des  sphères  Sp  répondant  aux  conditions  requises. 
Considérant  ensuite  le  cas  où,  l'ensemble  (P)  étant  toujours  borné,  les 
rayons  pp  sont  quelconques,  on  démontre  le  théorème  en  divisant  (P)  en 
ensembles  partiels  (P),,  (P)2.  •••»  (P.\»  •••'  où  (P)v  renferme  tous  les 
points  P  tels  que  Sv-i  =  Pp^  £v»  les  s,,  z^,  . .  .,  s^,  • . .  désignant  des  longueurs 
qui  décroissent  vers  zéro.  Enfin,  on  remonte  au  théorème  général  en  re^ 
marquant  que  tout  ensemble,  situé  dans  C„,  peut  être  divisé  en  une  infi- 
nité dénombrable  d'ensemble  bornés. 

»  2.  Les  théorèmes  qui  précèdent  permettent  d'étabhr  très  facilement 
certains  résultats  qui,  jusqu'à  présent,  ont  été  démontrés  à  l'aide  des 
nombres  transfinis  de  M.  Cantor.  Ainsi,  le  théorème  11  fournit  une  dé- 
monstration directe  et  tout  élémentai-re  de  la  proposition  fondamentale 
suivante,  due  à  MM.  Cantor  et  Bendixson  : 

»  Tout  ensemble  fermé  non  dénombrable  situé  dans  l'espace  C„  se  compose 
d'un  ensemble  parfait  et  d'un  ensemble  dénombrable. 

»  Je  ferai  d'abord  remarquer  que  le  théorème  II  entraîne,  comme  con- 
séquence immédiate,  ce  lemme  : 

»  Tout  ensemble  (P)  qui  est  dénombrable  au  voisinage  de  chacun  de  ses 
points  est  un  ensemble  dénombrable. 

»   Nous  dirons  que  (P)  est  dénombrable  au  voisinage  d'un  point  donné. 


dans  les  Comptes  rendus  du  4  mai  igoS  et  un  Mémoire  qui  vient  de  paraître  dans   le 
Journal  de  Mathématiques  {Contribution  à  l'analyse  arithmétique  du  continu). 


SÉANCE    DU    2    NOVEMBRE    igoS.  699 

si  l'on  peut  entourer  ce  point  d'une  sphère  qui  ne  renferme  qu'un  nombre 
dénombrable  de  points  P. 

»  Cela  posé,  soit  (P)  un  ensemble  fermé  et  non  dénombrable  situé 
dans  l'espace  C„;  nous  le  partagerons  en  deux  parties,  (P)  =  (R)  +  (C), 
où  (R)  comprend  tous  les  points  P  au  voisinage  desquels  l'ensemble  (P) 
est  dénombrable,  et  (C)  tous  les  autres  points  (P),  qu'on  pourrait  appeler 
les  points  de  condensation  de  V ensemble  donné. 

M  Du  lemme  ci-dessus  on  conclut  immédiatement  que  l'ensemble  (R) 
est  dénombrable.  D'autre  part,  d'après  la  définition  même  de  l'en- 
semble (C),  toute  sphère  ayant  pour  centre  un  point  C  renfermera  une 
infinité  non  dénombrable  de  points  P  et,  par  suite  aussi,  une  infinité  non 
dénombrable  de  points  C,  ce  qui  montre  que  l'ensemble  (C)  admet  chacun 
de  ses  points  comme  point-limite.  On  voit  d'ailleurs  immédiatement  que 
tout  point-limite  de  (C)  fait  partie  lui-même  de  cet  ensemble.  Donc  (G) 
est  bien  un  ensemble  parfait,  et  notre  démonstration  se  trouve  ainsi 
achevée  (*). 

M  3.  De  même,  le  théorème  I  conduit  très  facilement  aux  résultats  de 
M.  Cantor  relatifs  à  la  mesure  des  ensembles  (-). 

»  Soient  (P)  un  ensemble  borné  et  fermé  situé  dans  l'espace  C^^,  Sp  une 
sphère  de  rayon  pp  ayant  pour  centre  le  point  P,  et  n(pp,  P)  la  partie  de  C,, 
remplie  par  l'ensemble  des  sphères  Sp.  Je  dis  qu'on  aura 

(i)  limp^,n(pp,P)=limj,^„n(p,P), 

pourvu  que  les  rayons  pp  tendent  vers  zéro  avec  p,  de  telle  sorte  qu'on  ait 
constamment  pp  <C  p  pour  tout  point  P.  La  valeur  commune  de  ces  deux 
limites  est  ce  que  M.  Cantor  appelle  la  mesure  de  l'ensemble  (P). 

«  Pour  démontrer  l'égalité  (i),  imaginons  d'abord  qu'on  réduise  à  leurs 
moitiés  les  rayons  de  toutes  les  sphères  Sp.  D'après  le  théorème  I,  on  pourra 
choisir  un  nombre  limité  p.  des  sphères  ainsi  obtenues,  de  telle  sorte  que 
tout  point  P  soit  intérieur  à,  au  moins,  l'une  d'elles.  Soit  e  le  plus  petit 
parmi  les  rayons  de  ces  p.  sphères  et  désignons,  d'autre  part,  par  IIjj,  la 
partie  de  l'espace  C,^  remplie  par  les  sphères  primitives  Sp  correspondant 
à  ces  [X  sphères.  Tout  point  P  sera  intérieur  au  domaine  IIjj.  et  aura  une 
dislance  minimum  supérieure  à  t  de  sa  frontière. 


(^)  Cette  démonstration  ainsi  que  celle  du  théorème  II  seront  exposées  en  détail 
dans  le  Tome  XXIX  des  Acta  mathematica. 

(^)  Cf.  p.  90-91  du  travail  de  M.  Schœnflies  inséré  dans  Jahresbericht  der  deut- 
schen  Mathematiker-  Verecnigung,  t.  VIII. 


70O  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

))  Il  s'ensuit  tout  d'abord  que  II  (pp,  P)  se  compose  d'un  nombre  limité 
de  domaines  séparés.  Mais,  d'autre  part,  on  peut  en  déduire  successi- 
vement les  inégalités 

n(p,p)>n(pp,P)>n^>n(£,p), 

lesquelles  entraînent  bien  comme  conséquence  l'égalité  (  i  ). 

»  De  cette  égalité  (i)  découlent  immédiatement  les  résultats  suivants  : 

»   f^a  mesure  de  tout  ensemble  fermé  et  dénombrahle  est  égale  à  zéro. 

»  En  effet,  les  rayons  pp  formant  un  ensemble  dénombrable,  on  pourra 
les  choisir  de  telle  sorte  que  la  somme  des  volumes  de  toutes  les  sphères  Sp 
et,  par  suite  aussi,  le  volume  n  (pp,  P)  soient  inférieurs  à  toute  quantité 
donnée.  La  même  remarque  conduit  encore  à  cet  autre  résultat  : 

»  Soit  (P)  =  (K)  H-(P)o  où  (R)  désigne  un  ensemble  dénombrable  et 
(P),  (P),  des  ensembles  fermés  et  bornés  quelconques;  la  mesure  de  l'en- 
semble (  P)  e^/  égale  à  celle  de  l'ensemble  (  P), . 

»  En  s'appuyant  sur  le  théorème  démontré  au  n**  2,  on  en  conclut  en 
particulier  cette  proposition  fondamentale,  établie  par  M.  Cantor  à  l'aide 
des  nombres  transfinis  : 

»  La  mesure  d'un  ensemble  fermé  est  égale  à  celle  de  l'ensemble  parfait  qui 
en  fait  partie.  » 


MÉCANIQUE.  —  Sur  la  relation  entre  la  pression  et  la  marche  des  chronomètres. 
Note  de  M.  Paul  Ditisheim,  présentée  par  M.  Lœwv. 

«  A  l'occasion  d'un  essai  de  détermination,  fait  par  le  transport  d'une 
vsérie  de  chronomètres  de  bord,  de  la  différence  de  longitude  entre  les 
observatoires  de  Paris  et  de  Neuchâtel,  situés  respectivement  aux  altitudes 
de  67°^  et  de  4^9™»  j'ai  constaté,  en  comparant  les  observations  auxquelles 
M.  Bigourdan,  à  Paris,  et  M.  Arndt,  à  INeuchàtel,  ont  bien  voulu  coopérer, 
une  différence  systématique  dans  les  marches  diurnes,  dont  il  m'a  paru 
naturel  de  chercher  la  cause  dans  la  différence  de  la  pression  atmosphé- 
rique moyenne  en  ces  deux  stations.  Des  observations  faites  sur  les  mêmes 
piècesà  l'Ecole  d'horlogerie  de  la  Cliaux-de-Fonds(ioi7'")  par  M.  P.  Berner, 
et  au  sommet  du  Chasserai  (i58G™)  j)ar  moi-même,  avec  la  coopération  de 
M.  Wehrli,  observations  rendues  possibles  grâce  au  signal  d'heure  que 
M.  le  D""  Arndt  avait  bien  voulu  m'envover  quotidiennement  de  l'observa- 
toire de  Neuchâtel,  ont  permis  de  prolonger  les  courbes  dont  la  direction 
avait  été  indiquée  par  les  premières  observations. 


SÉANCE    DU    2    NOVEMBRE     IQoS.  701 

»  Les  limites  étroites  de  pression  entre  lesquelles  on  avait  opéré,  et  la 
variabilité  des  conditions  atmosphériques,  et  notamment  de  l'humidité,  ne 
permettaient  cependant  pas  de  déduire  de  ces  observations  des  lois  suffi- 
samment nettes.  C'est  pourquoi  je  me  suis  décidé  à  reprendre,  en  les  éten- 
dant, des  observations  ébauchées  par  Urbain  Jurgensen,  en  1826,  et  par 
M.  Hilfiker,  en  1888,  et  consistant  à  soumettre  des  chronomètres  à  des 
pressions  réalisées  artificiellement,  en  maintenant  la  température  et  l'humi- 
dité aussi  constantes  que  possible. 

»  Sur  le  conseil  de  M.  Ch.-Ed,  Guillaume,  dont  le  nouveau  système  de 
balancier,  appliqué  aux  instruments  transportés,  avait  permis  d'obtenir 
des  marches  très  serrées,  je  fis  établir  des  récipients  hermétiques,  per- 
mettant d'exposer  les  chronomètres  à  une  série  de  pressions  bien  connues, 
qui  ont  varié  de  too™"  en  100"™,  entre  — 600""  et  -h  200™",  par  rapport 
à  la  pression  moyenne  de  la  Chaux-de-Fonds  (675™"" environ).  Un  thermo- 
chronomètre totalisait  les  températures.  Les  comparaisons  journalières  ont 
été  effectuées  directement  sur  un  signal  d'heure  envoyé  de  l'observatoire 
de  Neuchâtel. 

)i  Les  mesures  les  plus  étendues  ont  été  faites  sur  des  chronomètres  de  bord  du  même 
type  (22  lignes),  d'un  diamètre  de  /49™'"j6.  Les  chronomètres  restaient  pendant  ^4  heures 
environ  à  une  pression  constante,  sous  laquelle  ils  étaient  observés.  Puis  on  les  relirait 
de  la  cloche,  on  les  remontait,  et  l'on  établissait  rapidement  une  nouvelle  pression. 

»  Pour  la  recherche  de  la  loi  suivant  laquelle  varie  la  marche  des  chronomètres  en 
fonction  de  la  pression,  on  a  appliqué  la  méthode  des  moindres  carrés  à  l'établissement 
des  coefficients  d'une  formule  linéaire  à  laquelle  les  résultats  directement  obtenus  ont 
été  ensuite  comparés  ('),  On  a  pu  constater  ainsi  que,  sur  une  moyenne  de  huit  pièces, 
les  erreurs  résiduelles  aux.  pressions  basses,  moyennes  ou  fortes,  ne  présentaient  aucune 
différence  systématique.  Dans  les  limites  entre  lesquelles  les  observations  ont  été  faites 
les  variations  de  la  marche  sont  donc  sensiblement  proportionnelles  à  la  pression. 

T)  Les  nombres  trouvés  variaient  d'une  pièce  à  l'autre,  et  il  était  naturel  de  chercher 
si  les  différences  constatées  n'étaient  pas  en  relation  avec  les  changements  d'amplitude 
des  mouvements  du  balancier  dus  aux  variations  de  la  densité  de  l'air,  et,  par  consé- 
quent, avec  le  défaut  d'isochronisme  des  chronomètres. 

»  Si  l'on  dresse  le  Tableau  des  résultats  immédiats  de  l'observation  aux  pressions, 
en  regard  des  écarts  d'isochronisme,  déduits  des  observations  faites  pendant  les  douze 
premières  et  les  douze  dernières  heures  de  la  marche  quotidienne  et  rapportés  à 
24  heures,  on  constate,  en  effet,  aux  limites  près  des  erreurs  de  marche  des  pièces, 
une  évidente  relation  entre  ces  deux  séries  de  chifTres.  On  peut  alors  se  proposer  de 
chercher  une  expression  susceptible  de   représenter  cette   relation  et  la  méthode  des 


(^)  Les  calculs  ont  été  faits  sous  la  direction  de  M.  Guillaume  par  M.  L.  Maudet. 


702  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

moindres  carrés,  appliquée  à  une  fonction  du  premier  degré,  conduit  à  la  formule  sui- 
vante : 


i 

nip-A ^—  =z  0,0162, 

7-  " 


TUp  désignant  la  variation  pour  i'""^  de  mercure,  i   le    défaut    d'isochronisme    défini 
ci-dessus. 

»  Les  valeurs  de  l'expression  nip-^ ^  portées  à  la  dernière  colonne  du  Tableau 

suivant,  montrent  que  les  nombres  ainsi  calculés  sont  identiques  aux  erreurs  près  des 
observations  et  des  marches  des  pièces. 


Variation 

par  24  heures 

pour  i°"° 

Isochronisme 

de  mercure. 

s 

o,oi58 

(avance  aux  petits  arcs). 
i. 

s 

0,4 

i 

''       750 

o,oi63 

o,oi38 

1,2 

o,oi54 

o,oi4i 

1,2 

0,0157 

0,0145 

1,6 

0,0166 

0,01 17 

3,0 

o,oi57 

0,0126 

3,2 

0 , 0 I 69 

0,0120 

3,4 

o,oi65 

»  La  formule  établie  ci*-dessus  admet  une  interprétation  [immédiate;  elle  montre 
que,  pour  les  pièces  du  calibre  étudié,  la  variation  de  marche  correspondant  à  une 
variation  de  pression  de  i"""  de  mercure  serait  de  o", 0162  par  24  heures  si  l'iso- 
chronisme  était  parfait,  et  que,  de  plus,  la  variation  d'amplitude  constatée  entre  la 
moyenne  des  deux  périodes  consécutives  de  12  heures  est  la  même  que  celle  qui 
se  produit  lorsque  la  pression  est  remontée  de  750"^™  de  mercure. 

»  On  a  appliqué  (sans  preuve  suffisante,  il  est  vrai)  la  même  relation  à  la  réduction 
à  un  isochronisme  parfait,  des  observations  faites  sur  un  certain  nombre  de  pièces  de 
divers  calibres,  et  l'on  a  pu  établir  le  Tableau  suivant  des  variations  aux  pressions, 
depuis  le  calibre  du  chronomètre  de  marine,  jusqu'au  plus  petit  calibre  des  montres 
de  poche  sur  lequel  il  soit  possible  de  faire  des  observations  quelque  peu  précises  : 

Variation  en 
Diamètre  34  heures  pour 

Type  — '    iiiii    '^ — — — — -  !"■"  de  mercure  : 

de  du  du  i 

m   -\-  —  • 
mouvement.  mouvement,    balancier.  v       ^^o 

Mai 

22 

ignés 42,9  17,4  0,0200 

ignés 38,3  i5,5  0,0217 

i4  lignes 3i,6  i3,2  o,o223 

10  lignes 4..  22,6  9,4  0,0225 


mm  mm 


Ï9I 
17    1 


ne 86,1  37,2  o,0JO2 

gnes 49i6  30,7  0^0162 


SÉANCE    DU    2    NOVEMBRE    igoS.  7o3 

»  L'action  de  la  pression  atmosphérique  augmente  donc  lorsque  diminue  le  diamètre 
du  balancier,  et  tend  vers  une  limite  pour  un  balancier  très  petit, 

»  La  relation  entre  la  variation  aux  pressions  et  l'isochronisme  permet- 
trait, ainsi  qu'on  l'a  déjà  fait  observer,  de  compenser  entièrement  l'action 
de  la  pression  en  créant  un  suffisant  défaut  d'isochronisme.  Il  est  à  remar- 
quer, toutefois,  que,  pour  obtenir  la  compensation  complète,  il  serait  né- 
cessaire d'admettre  un  défaut  d'isochronisme  qui,  pour  un  chronomètre 
de  bord,  par  exemple,  serait  de  12  secondes  environ  par  24  heures  pour 
les  arcs  des  12  premières  heures  de  remontage  et  des  12  heures  suivantes. 

))  On  voit  aisément  que  le  remède  serait  pire  que  le  mal,  et  que,  si  l'on 
ne  parvient  pas  à  réduire  l'action  de  l'air  sur  le  balancier  par  d'autres 
procédés,  il  vaudra  mieux  en  tenir  compte,  en  appliquant  aux  chrono- 
mètres des  corrections  déduites  de  l'observation  du  baromètre.   » 

MÉCANIQUE.  —  Remarques  sur  la  Note  de  M.  P.  Ditisheim,  relative  à  r action 
de  la  pression  atmosphérique  sur  la  marche  des  chronomètres.  Note  de 
M.  Ch.-Éd.  Guillaume,  présentée  par  M.  Lœwy. 

«  Les  expériences  de  M.  Ditisheim  me  semblent  établir  pour  la  pre- 
mière fois  d'une  façon  nette  le  double  effet  dû  au  mdieu  dans  lequel  se 
meut  l'organe  oscillant  du  chronomètre.  Le  phénomène  principal  est  un 
retard  qui  s'accentue  à  mesure  que  la  densité  du  milieu  augmente;  sur  ce 
phénomène  s'en  greffe  un  autre,  de  sens  contraire  au  premier,  dans  'les 
pièces  réglées  avec  une  avance  aux  petits  arcs,  mais  qui,  dans  les  condi- 
tions ordinaires  du  réglage,  lui  reste  nettement  inférieur. 

»  Cette  deuxième  action  est  due,  sans  aucun  doute,  à  la  résistance  pro- 
prement dite  de  l'air,  c'est-à-dire  au  moment  antagoniste  développé,  sur 
le  parcours  effectué  par  le  balancier,  par  les  particules  d'air  rencontrées 
par  les  saillies  qu'il  présente.  Elle  a  été  seule  prise  en  considération  par  la 
plupart  des  savants  qui  se  sont  occupés  du  réglage  des  chronomètres,  et 
l'analyse  mathématique  du  problème  a  montré  que,  pour  un  système  oscil- 
lant isochrone,  cet  effet  devait  être  du  deuxième  ordre  de  petitesse  ('). 
Comme  il  produit  une  diminution  dans  l'amplitude  des  oscillations,  \\  doit 
nécessairement  se  manifester  par  une  avance  dans  les  pièces  réglées, 
comme  on  le  fait  ordinairement,  avec  un  faible  retard  aux  grands  arcs. 


(»)  Voir  notamment  :  YvoN  Villa.rceau,  Recherches  sur  le  mouvement  et  la  com- 
pensation des  chronomètres  [Annales  de  l'Observatoire  de  Paris  :  Mémoires,  t.  VII). 


^o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  L'autre  effet,  qui  constitue  la  majeure  partie  du  phénomène  observé, 
ne  semble  pas  avoir  élé  signalé  jusqu'ici.  On  en  trouve  la  cause  toute  natu- 
relle dans  l'entraînement  de  l'air  par  le  balancier,  dont  la  masse  est  ainsi 
virtuellement  augmentée  au  moment  de  l'oscillation.  Il  est  facile  de  voir 
que  le  volume  d'air  qu'il  est  nécessaire  de  supposer  adhérent  au  balancier 
pour  produire  les  effets  observés  n'a  rien  d'exagéré. 

»  On  a  vu,  par  exemple,  que  dans  un  chronomètre  de  bord,  réglé  avec  un  isochro- 
nisme  parfait,  le  retard  est  de  0,0162  x  760=  12, 3  secondes  par  24  heures.  Or,  la 
masse  du  balancier  étant  alors  d'environ  1^,0,  la  masse  supplémentaire  entraînant  le 
retard  observé  est  de  2  g^-rlô  ^  ?<=>  =  o'"S,28,  correspondant  à  un  volume  de  215"""'  envi- 
ron. Or  il  convient  de  remarquer  que  l'air  accompagnant  le  balancier  dans  son  mou- 
vement ne  lui  est  pas  relié  d'une  façon  rigide.  11  n'effectue  pas  le  mouvement  circu- 
laire complet  avec  les  pièces  métalliques,  mais  est  rejeté  au  dehors  par  l'eflet  de  la 
force  centrifuge,  et  se  trouve  remplacé  par  d'autres  masses  d'air  appelées  du  centre,  et 
auxquelles  le  balancier  communique  sa  vitesse  instantanée  au  moment  où  elles 
atteignent  la  périphérie.  11  n'est  donc  pas  nécessaire,  à  beaucoup  près,  de  supposer  que 
le  balancier  considéré,  et  dont  le  développement  périphérique  atteint  65°"^  environ, 
entraîne  un  tore  dont  la  section  soit  voisine  de  3°""',  et  qu'il  faudrait  admettre  si  l'an- 
n'était  pas  susceptible  de  se  renouveler  pendant  l'oscillation. 

»  Une  expérience  faite  à  ma  demande  par  M.  Ditisheim  confirme  cette  manière  de 
voir.  Plusieurs  pièces  observées  dans  l'air,  le  mécanisme  étant  retiré  de  son  enveloppe, 
ont  montré  une  légère  augmentation  du  retard,  due  sans  aucun  doute  au  fait  que  l'air 
se  renouvelait  plus  aisément  autour  du  balancier.  Les  mêmes  pièces  observées  dans  le 
vide,  libres  ou  enfermées,  n'ont  pas  montré  de  différences  appréciables  dans  leurs 
marches. 

»  Le  volume  de  l'air  entraîné  dépend,  dans  une  large  mesure,  de  sa  visco- 
sité; il  doit  donc  diminuer  en  même  temps  que  la  température  s'élève;  et, 
comme  sa  densité  varie  dans  le  même  sens,  on  devra  s'attendre  à  tfouver 
un  effet  de  la  pression  de  moins  en  moins  prononcé  à  mesure  de  l'éléva- 
tion de  la  température,  comme  aussi  on  devra  constater  un  changement 
dans  la  compensation  suivant  la  pression  à  laquelle  elle  aura  été  observée; 
mais  ce  sont  là  de  petites  quantités,  difficiles  à  déceler  même  avec  les 
meilleurs  chronomètres. 

»  On  peut  chercher  à  établir,'  d'après  les  observations  de  M.  Ditisheim, 
comment  varie  l'épaisseur  de  la  couche  d'air  entraînée  dans  le  mouvement 
du  balancier  suivant  ses  dimensions.  On  voit  aisément  alors  que,  si  l'on 
admet  une  couche  d'épaisseur  constante,  ou  une  couche  d'épaisseur 
proportionnelle  aux  dimensions  du  balancier,  on  obtient,  en  fonction  des 
diamètres,  deux  progressions  qui  comprennent  entre  elles  celle  qui  résulte 


SÉANCE    DU    2   NOVEMBRE    I9o3.  yOD 

de  l'observation.  L'hypolhèse  que  vérifierait  l'expérience  est  donc  com- 
prise entre  ces  deux  limites,  » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  -—  Sur  la  perturbation  magnétique  du  3i  octobre  igoS. 
Note  de  M.  Th.  Moureaux,  présentée  par  M.  Mascart. 

('  Une  perturbation  magnétique  d'une  intensité  exceptionnelle,  rap- 
pelant celle  du  17  novembre  1882,  s'est  produite  le  3i  octobre  dernier. 
D'après  les  courbes  de  variations  relevées  à  l'observatoire  magnétique 
du  Val-Joyeux,  elle  débute  brusquement  à  6''  12'"  m.  par  une  hausse  simul- 
tanée de  la  déclinaison  D  et  de  la  composante  horizontale  H,  et  par  une 
baisse  de  la  composante  verticale  Z.  Les  grandes  oscillations  des  aimants 
de  D  et  de  H  commencent  à  se  manifester  vers  7''  m.,  et  se  succèdent  sans 
interruption  jusqu'à  10''  s.  Déjà,  entre  lo*'  et  1 1^'  m.,  H  subit  une  très  forte 
diminution,  mais  la  phase  d'intensité  maximum  ne  se  déclare  que  vers  midi  ; 
à  ce  moment,  Z,  peu  agitée  jusque-là,  augmente  rapidement,  et  les  deux 
autres  éléments  ont  des  variations  brusques  et  de  très  grande  amplitude. 

»  Notre  collaborateur,  M.  Itié,  prévenu  par  le  développement  du  magnétogramme 
du  malin,  est  resté  eji  permanence  aux  appareils  à  lecture  directe  pendant  tout 
l'après-midi,  en  notant,  au  moins  jjour  la  déclinaison,  les  points  extrêmes  de  chaque 
oscillation;  sur  le  tableau  des  variations  du  déclinomètre,  on  voit  que  D  a  diminué 
de  i°39'  dans  l'espace  de  3  minutes,  de  1^62™  à  1^55™  s_^  pour  se  relever  ensuite 
de  i°i8'  entre  2^0™  et  2"^ 5"  :  de  semblables  variations  sont  absolument  rares.  Pen- 
dant le  mouvement  rapide  de  l'aimant  de  la  déclinaison  vers  l'est,  les  deux  compo- 
santes H  et  Z  croissaient  simultanément,  en  sorte  que  la  force  magnétique  totale 
a  éprouvé,  à  ce  moment,  une  augmentation  considérable.  Des  oscillations  de  très 
grande  amplitude  se  remarquent  encore  à  4*^  et  de  5^3o™  à  7^  s.  Les  aimants  sont 
d'ailleurs  restés  troublés  toute  la  nuit;  c'est  même  à  a'^m.  seulement,  le  i*^""  novembre 
que  Z  est  passée  par  sa  moindre  valeur. 

))  D'une  manière  générale,  pendant  la  perturbation,  les  valeurs  moyennes 
de  D  et  de  H  sont  au-dessous  et  celle  de  Z  au-dessus  de  la  normale.  L'am- 
plitude extrême  des  variations  est  de  0,00680  (C.G.S.)  pour  H  et  de 
plus  de  o,oo5  2o  pour  Z,  nombres  qui  correspondent  respectivement  à  —■ 
et  ^  de  la  valeur  absolue  des  deux  composantes;  la  déclinaison  a  varié 
de  2°4  >  le  maximum  ayant  eu  lieu  à  2**3i™  et  le  minimum  à  7''i5™  s. 

))  Un  groupe  important  de  taches  solaires,  suivi  depuis  le  26  octobre  à 
l'Observatoire  du  Parc  Saint-Maur,  est  passé  au  méridien  central  précisé- 
ment dans  la  journée  du  3i;  sans  couvrir  une  aussi  grande  étendue  que  le 

G.  R.,  1903,  2"  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  18.)  qS 


^o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

précédent,  observé  du  5  au  17  et  qu'on  a  pu  voir  à  l'œil  nu,  il  mesurait, 
dans  le  sens  de  sa  plus  grande  longueur,  environ  le  -^  du  diamètre  du 
Soleil.  Aucune  trace  d'aurore  boréale  n'a  été  visible  à  cette  station  dans  la 
soirée  du  3i  ;  le  ciel  s'est  d'ailleurs  couvert  après  7''. 

»  Des  phénomènes  de  même  ordre  ont  été  constatés  dans  les  Observa- 
toires de  Lyon,  Nice,  Perpignan  et  du  Pic-du-Midi.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  une  variété  de  carbone  filamenteux.  Note  de 
MM.  Constant  et  Henri  Pélabon,  présentée  par  M.  Moissan. 

«  La  carbonisation  des  houilles  grasses  en  vue  de  la  fabrication  du  coke 
métallurgique  donne  lieu,  au  sein  même  de  la  masse  du  coke,  à  la  forma- 
tion de  certains  dépôts  ayant  une  apparence  fdiforme  et  constituant,  par 
l'enchevêtrement  des  fils,  une  véritable  laine  de  carbone. 

»  Ces  dépôts,  que  l'on  ne  rencontre  presque  jamais  dans  les  fours  dits 
à  récupération  dans  lesquels  la  distillation  de  la  houille  s'opère  en  vase 
clos,  se  trouvent  surtout  dans  le  coke  provenant  des  fours  ouverts  et  sur- 
tout dans  les  très  anciens  systèmes  de  fours.  Dans  ceux-ci  l'admission 
d'air,  nécessaire  à  la  combustion  des  gaz,  se  fait  dans  la  chambre  même, 
par  des  ouvertures  ménagées  dans  les  portes.  Les  gaz  s'enflamment  donc 
dans  l'appareil  et  toutes  les  flammes  viennent  se  réunir  et  se  concentrer 
vers  une  ouverture  percée  dans  la  paroi  supérieure.  Il  existe  dans  la  région 
voisine  de  cette  ouverture  une  zone  où  la  température  est  beaucoup  plus 
élevée  que  dans  les  autres  parties  du  four;  c'est  vers  cette  zone  que  se 
trouvent  généralement  les  dépôts  de  carbone  filiformes.  La  laine  de  car- 
bone se  trouve  au  voisinage  de  la  prise  de  flammes  dans  des  fentes  de 
retrait  du  coke,  chaque  fil  est  relié  par  l'une  de  ses  extrémités  à  un  frag- 
ment de  coke  et  la  direction  générale  de  tous  ces  fils  est  celle  du  cou- 
rant gazeux  lui-même. 

»  En  résumé  ces  dépôts  se  forment  dans  la  partie  du  four  exposée  à  une 
très  haute  température  et  à  la  partie  supérieure  du  gâteau  de  coke,  c'est- 
à-dire  là  où  l'action  du  rayonnement  de  la  voûte  est  le  plus  directe.  On 
sait  d'ailleurs  dans  la  pratique  que  lorsque  cette  formation  se  produit  c'est 
que  l'allure  du  four  est  trop  poussée.  Il  faut  encore  remarquer  que  la  sur- 
face des  géodes  où  se  trouvent  ces  dépôts  filiformes  est  comme  imprégnée 
de  substances  goudronneuses  dont  la  distillation  serait  imparfaitement 
achevée. 


SÉANCE    DU   2    NOVEMBRE    igoS.  707 

>)  Dans  les  dépôts  de  carbone  filiforme  on  trouve,  en  même  temps  que  des  parties 
grises,  des  portions  parfaitement  noires.  Examinés  au  microscope,  les  fils  qui  consti- 
tuent la  laine  grise  sont  en  général  cylindriques,  leur  surface  semble  recouverte  d'un 
vernis  analogue  à  celui  qui  recouvre  les  morceaux  de  coke  voisins.  On  en  rencontre  quel- 
quefois qui  sont  constitués  par  une  série  de  renflements  réguliers,  les  fils  paraissent  alors 
formés  d'un  grand  nombre  de  cônes  empilés  les  uns  dans  les  autres;  il  n'y  a  cependant 
dans  ce  cas  aucun  indice  de  cristallisation.  D'autres  encore  très  contournés  sur  eux- 
mêmes  semblent  avoir  pris  naissance  par  bourgeonnement  comme  les  excroissances 
qui  se  forment  à  la  surface  du  charbon  gras  pendant  la  combustion.  Quelquefois  dans 
la  laine  de  carbone  on  aperçoit  des  parties  noires  grosses  comme  une  tête  d'épingle, 
ce  sont  des  paquets  de  fils  très  fins  et  très  serrés  qui  ont  pris  naissance  en  certains 
points  d'autres  fils  de  diamètre  plus  grand. 

»  Les  filaments  qui  constituent  la  laine  noire  sont  ternes,  leur  surface  est  recou- 
verte d'aspérités  quelquefois  disposées  très  régulièrement;  les  fils  semblent  alors 
formés  d'un^  succession  d'anneaux.  Dans  l'un  de  ces  fils  nous  avons  compté  jusqu'à 
six  anneaux  par  dixième  de  millimètre. 

»  L'épaisseur  des  fils  est  en  général  comprise  entre  3  et  i5  centièmes  de  millimètre; 
les  filaments  très  fins  qui  constituent  les  petites  parties  noires  dont  nous  avons  parlé 
plus  haut  et  qui  èemblent  avoir  pris  naissance  sur  les  fils  précédents  ont  une  épaisseur 
beaucoup  moindre  et  qui  peut  atteindre  i  cinq-centième  de  millimètre. 

»  Enfin  la  longueur  moyenne  des  fils  de  carbone  est  de  o™,o5;  on  en  trouve  qui  ont 
jusqu'à  o",o8  de  longueur. 

»  ChaufTée  dans  un  courant  de  gaz  oxygène  pur  et  sec  la  laine  de  carbone  ne  com- 
mence à  donner  de  l'anhydride  carbonique  que  vers  585°.  Si  l'on  maintient  cette 
température  constante  pendant  un  temps  suffisamment  long,  le  corps  disparaît  com- 
plètement. En  effectuant  la  combustion  de  o^'',  ii5  de  matière  on  a  pu  constater 
qu'elle  est  formée  de  carbone  pur;  le  résidu  ne  pesait  que  oS'',ooo5.  On  n'a  pas  pu 
doser  l'hydrogène  que  le  corps  renferme  très  probablement  mais  en  proportion  très 
faible. 

»  Après  avoir  lavé  plusieurs  fois  la  laine  de  carbone  successivement  à  la 
benzine,  l'alcool  et  l'éther,  nous  l'avons  parfaitement  séchée,  puis  nous 
l'avons  introduite  dans  le  mélange  oxydant  préparé  comme  l'a  indiqué 
M.  Moissan  (*)  en  ajoutant  du  chlorate  de  potassium  bien  sec  et  finement 
pulvérisé  à  de  l'acide  azotique  préparé  par  l'action  d'un  excès  d'acide 
sulfurique  préalablement  bouilli  sur  l'azotate  de  potassium  récemment 
fondu.  Après  12  heures  de  contact  avec  ce  mélange,  les  fibres  dont  la 
forme  n'a  pas  été  modifiée  ont  été  transformées  en  une  substance  de  teinte 
jaunâtre.  Cette  substance,  qui  se  pulvérise  facilement,  est  insoluble  dans 
Peau;  séchée,  elle  déflagre  en  produisant  quantité  de  petites  étincelles, 

(^)  H.  MoissAX,  Recherches  sur  les  différentes  variétés  de  carbone  {Annales  de 
Chimie  et  de  Physique,  7*  série,  t.  VllI,  p.  807). 


7o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

quand  on  la  chauffe  vers  Soo'^.  Tl  y  aurait  donc,  dans  cette  action  du 
mélange  oxydant,  production  d'oxyde  graphitique. 

»  La  laine  de  carbone  qui  prend  ainsi  naissance  dans  la  fabrication  du 
coke  posséderait,  d'après  cela,  à  peu  près  les  mêmes  propriétés  que  ceile 
que  Schutzenberger  ('  )  a  préparée  en  faisant  passer  sur  une  longue 
colonne  d'un  mélange  de  charbon  de  cornue  et  cryolithe,  disposée  dans 
un  tube  de  porcelaine  porté  au  rouge,  un  courant  de  cyanogène. 

»  Remarque.  —  Le  fait  que  la  surface  des  géodes  où  se  produisent  les 
filaments  de  carbone  paraît  imprégnée  de  substances  goudronneuses, 
permet  de  supposer  que  les  filaments  en  question  proviennent  de  la 
décomposition  pyrogénée  des  carbures  riches  en  carbone,  ayant  une 
vapeur  très  dense,  et  qui  se  forment  à  la  fin  de  la  distillation  de  la  houille.  » 

CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  la  séparation  et  le  dosage  du  fer  et  de  V acide 
phosphorique  dans  les  eaux.  Note  de  M.  H.  Causse,  présentée  par 
M.  Armand  Gautier. 

«  Ce  qui  caractérise  le  fer  et  l'acide  phosphorique  contenus  dans  les 
eaux  potables,  c'est  qu'ils  y  sont  occlus,  c'est-à-dire  unis  à  la  matière  orga- 
nique, constituant  des  ions  complexes.  Ces  combinaisons  expliquent  la 
présence  de  l'oxyde  de  fer  et  de  l'acide  phosphorique,  dans  un  milieu 
comme  l'eau  potable  qui  contient  du  carbonate  de  chaux. 

»  Pour  précipiter  le  fer  et  l'acide  phosphorique,  j'ai  recours  au  chloro- 
mercurate  de  p.-amidobenzêne-sulfonate  de  sodium,  dont  j'ai  donné  la  pré- 
paration (-).  Le  bichlorure  de  mercure  qu'il  contient  est  ici  l'agent  actif; 
il  agit  comme  oxydant  sur  les  combinaisons  ferreuses  et  phosphoriques;  il 
précipite  le  fer  à  l'état  de  sesquioxyde,  l'acide  phosphorique  sous  forme  de 
phosphate  de  mercure  insoluble  si  l'eau  est  impure;  comme,  dans  ces  con- 
ditions le  fer  est  au  minimum,  on  obtient  aussi  du  protochlorure  de 
mercure. 

»  Séparalion  du  fer  et  de  l'acide  phosphoricjue.  —  Un  volume  d'eau  filtrée, 
variable  de  2  à  3  litres,  est  additionné  de  os,  60  à  o?,  80  par  litre  de  chloromercurate  ;  on 
agite  vivement,  le  sel  se  dissout  en  partie;  mais  bientôt  la  portion  dissoute  commence 
à  se  séparer  et  à  troubler  l'eau,  qui  ne  redevient  claire  qu'après  la  précipitation  com- 
plète du  fer  et  de  l'acide  phosphorique.  Cette  séparation  demande  un  repos  de  i\  à 
36  heures,  parfois  davantage,  suivant  la  qualité  des  eaux. 


(*)  Schutzenberger,  Comptes  lendus,  t.  CXI,  p.  774. 
(^)  Comptes  rendus,  1900. 


SÉANCE    DU    2    NOVEMBRE    igoS.  709 

»  L'aspect  du  précipité  est  significatif:  si  l'eau  est  pure  et  contient  peu  ou  point  de 
combinaisons  ferreuses,  il  est  blanc,  cristallin,  ressemblant  au  sel  primitif;  dans  le  cas 
contraire,  il  est  caséeux  et  grisâtre,  parfois  ocreux. 

»  Lorsque  l'eau  s'est  éclaircie,  on  la  décante;  le  précipité  est  reçu  sur  un  filtre,  lavé, 
puis  entraîné  dans  un  tube;  l'eau  qui  le  baigne  est  séparée  et  remplacée  par  de  l'acide 
chlorhydrique. 

»  Si  l'eau  est  pure,  la  dissolution  est  complète;  si  elle  est  impure,  il  reste  un  pré- 
cipité blanc  floconneux  de  protochlorure  de  mercure;  c'est  l'indice  d'une  eau  de  qua- 
lité médiocre  et  suspecte. 

»  La  solution  chlorhydrique  contient  le  fer  et  l'acide  phosphorique,  on  Tévapore; 
on  dessèche  le  résidu  que  l'on  mélange  avec  is  de  CO^Na-  sec  et  pur,  on  calcine;  la 
masse  saline  est  arrosée  d'acide  nitrique,  desséchée,  puis  calcinée,  pour  peroxyder  le 
fer;  après  refroidissement,  on  reprend  par  l'eau.  Ce  traitement  donne  une  solution  qui 
contient  l'acide  phosphorique  et  un  résidu  d'oxyde  de  fer  que  l'on  sépare  par  le  filtre; 
l'un  et  l'autre  sont  ensuite  dosés  par  les  procédés  habituels. 

»  Le  Tableau  suivant  indique  les  proportions  relatives  de  fer,  d'acide 
phosphorique  et  d'azote  organique  (')  données  par  diverses  eaux  et  rap- 
portées au  litre  : 

Acide  Azote 

Fer.                phosphorique.  organique. 
Eau  du  Rhône 

.  .    .  ^s 

(mai-juin  1908) .      traces                 traces  o,4o 

Eau  de  Saône 

.  .    .     .  „  ""S  "'S 

(mai-juin   igoS) • o,r  0,1  i  ,28 

Eau  de  source 

(terrain  calcaire,  septembre  1902). .  .        o,3  o,  r  0,0 

Eau  d'égout 

(février-mars  1 903 ) 1,20  1,0  2,91 

»  De  la  comparaison  des  nombres  inscrits  dans  ces  colonnes  il  ressort 
que,  dans  l'eau  de  Saône,  la  contamination  est  présente,  c'est-à-dire  qu'il 
existe  une  certaine  quantité  de  matière  organique  azotée,  phosphorée  et 
ferrugineuse,  non  transformée,  probablement  de  l'ordre  des  nucléines; 
sous  ce  rapport  l'eau  de  Saône  ressemble  à  l'eau  d'égout  fortement  diluée. 

»  Pour  l'eau  du  Rhône  et  Teau  de  source  examinée,  eaux  où  la  conta- 
mination est  passée,  au  premier  abord  les  résultats  paraissent  contradic- 
toires :  dans  un  cas  la  proportion  d'azote  organique  est  nulle,  à  côté  d'une 
quantité  appréciable  de  fer  et  d'acide  phosphorique;  dans  l'autre  c'est 
l'inverse  qui  a  lieu. 


(')   Comptes  rendus,  1902. 


7IO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  Ces  faits  sont  la  conséquence  des  origines  différentes  de  la  matière 
organique. 

»  Dans  un  sol  calcaire  el  poreux  la  nitrification,  très  active,  détache  l'azote  du  pro- 
téide  primitif  et  le  convertit  en  acide  azotique,  le  composé  ternaire  qui  en  résulte 
reste  uni  au  fer  et  à  l'acide  phosphorique.  L'eau  météorique  qui  lessivera  cette  terre 
en  dissoudra  une  partie  qui  passera  dans  la  nappe  puis  dans  la  source. 

»  Dans  un  cours  d'eau,  où  la  matière  organique  est  en  solution,  l'oxydation  porte 
sur  toutes  les  parties,  le  fer  et  l'acide  phosphorique  sont  à  peu  près  libérés  et  préci- 
pités par  le  carbonate  calcique. 

»  Ainsi  s'expliquent  ces  divergences  apparentes  qui,  d'ailleurs,  com- 
portent une  même  signification.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  une  méthode  de  synthèse  des  dérivés  dihalogénés 
symétriques  de  la  benzophénone .  Note  de  F.  Bodroux,  présentée  par 
M.  Troost. 

«  Dans  une  Communication  précédente,  j'ai  montré  que  le  paradibro- 
mobenzène  et  le  parachlorobromobenzène  réagissent  avec  facilité  sur  le 
magnésium  en  présence  d'éther  anhydre  pour  donner  le  bromure  de  para- 
bromophénylmagnésium  et  le  bromure  de  parachlorophénylmagnésium. 
Sur  les  composés  ainsi  formés,  j'ai  constaté  que  l'anhydride  carbonique 
sec  réagit  en  donnant  à  la  fois  un  acide  benzoïque  monohalogéné  et  un 
dérivé  dissubstitué  de  la  benzophénone,  les  proportions  relatives  de  ces 
deux  corps  variant  avec  les  conditions  de  l'expérience. 

»  I.  Dans  une  solution  de  bromure  de  parabromophénylmagnésiura,  à  la  température 
du  laboratoire,  j'ai  fait  passer  pendant  deux  heures  un  courant  de  gaz  carbonique 
sec.  Du  produit  de  l'opération,  après  décomposition  par  l'acide  chlorhjdrique  étendu, 
j'ai  enlevé  l'acide  parabromobenzoïque  formé  au  moyen  d'une  solution  de  potasse.  Le 
résidu  ayant  été  épuisé  par  l'alcool  bouillant,  en  présence  de  noir  animal,  j'ai  obtenu, 
après  refroidissement,  des  lamelles  blanches  fusibles  à  \'ji°-i']i°. 

»  L'analyse  de  ce  corps  et  la  détermination  de  son  poids  moléculaire  lui  assignent 
la  formule  C^^H^Br^O.  Il  possède  une  fonction  cétonique,  car  il  donne  facilement 
naissance  à  une  oxime,  cristallisée  en  aiguilles  blanches  fusibles  à  i5o°.  Cette  pro- 
priété permet  d'identifier  le  composé  obtenu  avec  la  diparabromophénylcétone  : 

CH    CH  CH    CH 

CBr<^         \C-CO-C(^         V.Br 

chTch  ch~ch 


SÉANCE    DU    2    NOVEMBRE    1903.  7IT 

»  La  formation  de  cette  acétone  s'explique  facilement  si  l'on  admet  que  sur  chaque 
atome  d'oxygène  de  l'anhydride  carbonique  réagit  une  molécule  de  composé  organo- 
magnésien. 

?^^^''  GeH^Br 

^//O  ^  Mg  -  Br  _    1/0  -  Mg  -  Br 

"^O  +  Mg-Br"   pO-Mg-Br' 

CeH^Br  ^^«^^^ 

G«H^Br  G«H*Br 

I/O  -  Mg  -  Br        HGl  _  /Br       ^ 

Ko_i\Ig-Br"^HGl~"  ^^^^''XGl  ^V 


G«H^Bi 


G^H^Br 


»  Dans  le  but  de  rechercher  les-meilleures  conditions  de  formation  de  celte  acétone 
halogénée,  j'ai  fait  les  expériences  suivantes  : 

»  1°  La  solution  organo-magnésienne  a  été  chauffée  pendant  le  passage  de  GO^ 
(2  heures)  à  36",  point  d'ébullition  de  l'éther; 

»  2°  La  solution  refroidie  à  0°,  au  moyen  de  glace,  a  été  traitée  pendant  \  heures 
par  un  courant  de  gaz  sec; 

))  3°  La  solution  refroidie  à  o'^  a  été  additionnée,  par  petites  portions,  d'un  grand 
excès  de  GO^  solide.  La  température  est  rapidement  descendue  à  —  4o°  et  l'opération 
a  duré  un  quart  d'heure. 

»  Dans  le  Tableau  ci-dessous,  j'indique,  en  poids  de  dibromobenzène  transformé, 
les  résultats  de  ces  trois  opérations  : 

Action  de  CO-  gazeux  Action 

C«H*Br- ^T— ^— — '- ^ de  CO- solide 

transformé  à  36°.  à  0°.  à  — 4o°- 

/GO  OH 
En  G*H*\      10  pour  100     61  pour  100     76  pour  loo 


\B 


G^H'^BrX 

En  ^,^^,^     /GO 55  pour  100  26  pour  100  6  pour  loo 

G^H^Br/  ' 

»  n.  Le  bromure  de  parachlorophénylmagnésium,  traité  par  l'anhydride  carbonique 
gazeux  et  sec,  fournit  de  l'acide  parachlorobenzoïque  et  un  corps  neutre  de  formule 
G'^H^Gl-O,  cristallisant  dans  l'alcool  en  lamelles  blanches  fusibles  à  145°,  et  donnant 
facilement  naissance  à  un  oxime  qui  fond  à  iSS". 

»  Ge  corps  est  donc  la  diparachlorophénylcétone 


GGl: 


GH    GH 

GH 

GH 

GH     GH 

-GO- 

G^ 
GH 

^GGL 
"GH 

Action  de 

CO 

^  gazeux 

Action 

de  CO-  solide 

à  —  4o°- 

à  36°. 

à  0°. 

2/4   pour    100 

64  pour 

100 

80  pour   100 

5o   pour    100 

18  pour 

100 

4  pour   100 

712  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  J'ai   fait   comme  précédemment   trois    expériences   comparatives   dont   voici    les 

résultats  : 

Quantité 

de  C«H^BrCl 

transformée 

^"  C«H^CI/^^ 

»  L'anhydride  carbonique  réagit  donc  sur  les  bromures  de  parachloro- 
phénylmagnésium  et  de  parabromophénylmagnésiiim  en  donnant  à  la 
fois  un  acide  benzoïque  monosubstitué  et  un  dérivé  dihalogéné  symétrique 
de  la  benzophénone.  Lorsqu'on  opère  à  la  température  d'ébullition  de 
Téther  c'est  ce  dernier  composé  qui  domine-î  si  Ton  agit,  au  contraire,  à 
basse  température,  c'est  l'acide  benzoïque  substitué  qui  se  forme  en  plus 
grande  proportion.    » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  -  Application  delapyridine  à  la  préparation  de  quel- 
ques déjivés  amidés.  Note  de  M.  P.  Freundler,  présentée  par  M.  H. 
Moissan. 

«  J'ai  montré  précédemment  (*)  qu'on  pouvait  obtenir  le  dérivé  diben- 
zoylé  de  l'hydrazobenzène  en  effectuant  la  benzoylation  à  chaud,  en  pré- 
sence de  pyridine. 

»  Le  même  procédé  m'a  permis  de  préparer  le  composé  dissymétrique 
C'H\Az(CO.C«H0.Az(CO.C'H^).C'H7;  celui-ci  s'obtient  aussi  bien  en 
traitant  le  monobenzoyl-o-hydrazotoluène  par  le  chlorure  de  /^-toluyle 
qu'en  faisant  agir  le  chlorure  de  benzoyle  sur  le  /?-toluyl-o-liydrazotoluène  ; 
les  deux  réactions  fournissent  le  même  produit. 

))  J'ai  employé  également  la  pyridine  pour  la  préparation  de  diverses 
amides  aromatiques  secondaires  ou  tertiaires,  symétriques  ou  dissymé- 
triques, telles  que  la  benzènesulfanilide,  la  dibenzènesulfaniiide,  la 
/?-toluylbenzanilide,  la  benzoylbenzènesulfanilide ,  etc.  Cette  dernière 
n'avait  pu  être  obtenue  en  chauffant  le  chlorure  de  benzoyle  avec  la 
benzène  sulfanilide  ou  en  effectuant  l'opération  inverse  (-), 

(')  Comptes  rendus,  t.  GXXXVl,  p.  i553. 

(^)  Knight,  Am.  chem.  Journ.,  t.  XIX,  p.  i53. 


SÉANCE    DU    2    NOVEMBRE    I903.  7l3 

»  J'ai  utilisé  aussi  ces  propriétés  de  la  pyridine  pour  résoudre  d'une 
façon  définitive  la  question  de  l'isomérie  de  la  dibenzanilide. 

»  D'après  difTérenls  auteurs  (*),  l'aclion  du  ctilorure  de  benzoyle  sur  la  benzani- 
lide,  à  180°,  donnerait  naissance  à  une  dibenzanilide  cristallisée  en  aiguilles  fusibles 
vers  i36°.  En  chaufTant  d'autre  part  à  220°  un  mélange  d'isosulfocyanate  de  phénvle 
(2'"°^)  et  d'acide  benzoïque  (i"""')  on  obtiendrait  un  isomère  cristallisé  en  lamelles 
fusibles  à  161°  (-).  Or,  j'ai  pu  établir  que  cette  dernière  substance  est  simplement  de 
la  benzanilide,  tandis  que  le  premier  procédé  fournil  un  produit  non  homogène, 
fusible  vers  iSSo-iôo"  et  constitué  par  un  mélange  des  deux,  dérivés  benzoylés.  La 
dibenzanilide  pure  fond  à  i64°,  température  un  peu  plus  élevée  que  celle  qui  a  été 
donnée  par  M.  Steiner  (*)  et  par  M.  Kay  (*)  (161°). 

»  La  préparation  des  amides  mixtes  à  radicaux  gras  et  aromatiques,  au 
moyen  de  la  pyridine,  s'effectue  d'une  façon  beaucoup  moins  régulière. 
J'ai  constaté,  en  effet,  que  les  chlorures  tl'acides  aromatiques  déplacent 
très  facilement  les  radicaux  gras,  même  lorsqu'on  ne  les  emploie  pas  en 
excès. 

»  C'est  ainsi  qu'en  chauffant  Tacétanilide  avec  du  chlorure  de  benzoyle  et  de  la 
pyridine,  on  obtient  de  la  dibenzanilide.  Bien  plus,  l'action  du  même  chlorure  sur 
ï'acétamide  fournit,  déjà  à  la  température  ordinaire,  de  la  dibenzamide. 

»  D'autre  part,  l'application  de  la  réaction  inverse  (chlorure  d'acide  gras  et  amide 
aromatique)  est  limitée  par  le  fait  que  les  chlorures  d'acides  gras  réagissent  sur  la 
pyridine  en  se  transformant  en  dérivés  de  l'acide  déhydracétique  (Wedekind).  Néan- 
moins, la  benzamide  a  pu  être  acétjlée  partiellement  à  froid. 

»  Quant  à  la  préparation  des  amides  secondaires  et  tertiaires  à  radicaux 
gras,  elle  est  encore  plus  délicate  pour  la  raison  qui  vient  d'être  dite. 
D'adleurs,  M.  Tarbouriech  (^)  ayant  entrepris  l'étude  de  ces  composés,  je 
me  suis  borné  à  préparer  l'isobutyrylacétamide  et  l'isobiityrylacetanilide, 
afin  de  montrer  que  l'emploi  de  la  pyridine  est  encore  possible  dans  le  cas 
présent. 

»  Les  deux,  dérivés  précédents  s'obtiennent,  le  premier  à  froid,  le  second  à  chaud, 
en  faisant  tomber  peu  à  peu  le  chlorure  d'isobutyryle  dans  les  solutions  pyridiques  de 
Ï'acétamide  et  de  l'acétanilide. 


(*)  Gerhakdt,  Ann.  de  CIdin.  et  de  Phjs.,   3=  série,  t.  XLVI,  p.  12g.  —  Higglx, 
Chem.  Soc,  t.  XLI,  p.  i33. 

(^)  LosANiTSCH,  D.  chem.  Ges.,  t.  VI,  p.  176.  —  Higgin,  loc.  cit. 

(3)  Ann.  Chem.,  t.  GLXXVill,  p.  235. 

(*)  Deat.  chem.  Ges.,  t.  XXVI,  p.  2852. 

(*)  Comptes  rendus,  t.  CXXXVII,  p.  128  et  326. 

G.  K.,  iyo3,  .i^  Semestre.  (T.  CWXVll,  ^•  18.)  9^ 


7l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»    Voici  la  liste  des  composés  nouveaux  qui  ont  été  préparés  dans  le 
cours  de  ces  recherches  : 

Point 

de  fusion. 

o 

/»-Toluyl-o-hydrazololuène 182 

BenzoyI-/?-toluyl-o-hjdrazotoluène 1S2 

Benzojl-/?-toluylaniIine iSg-iôo 

'^                    Benzoylbenzènesulfanilide 1 14 

Dibenzènesulfanilide i43-i44 

Isobutyrylacétamide 177-178 

Isobutyrylacétanilide ^9-  5o 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  l'emploi  de  F  amalgame  de  magnésium  en  Chimie 
organique.  Note  de  M.  Louis  Meunier,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  L'amalgame  de  magnésium  et  les  alcoolates  qu'il  permet  de  préparer  (') 
peuvent  encore  être  utilisés  avec  succès  dans  un  cçrtain  nombre  de  syn- 
thèses et,  en  particulier,  dans  les  cas  suivants  : 

»  Préparation  du  diphénylméthane .  —  On  prépare  l'amalgame  dans  un 
ballon  à  partir  de  i**  de  magnésium,  en  se  conformant  aux  indications 
données  antérieurement;  on  ajoute  : 

(Mui  jg  chlorure  de  beozyle; 
jmui  (jg  benzène  monobromé. 

»  La  réaction  s'amorce  à  froid;  on  la  continue  en  chauffant  pendant 
5  à  6  heures,  jusqu'à  disparition  du  magnésium. 

»  Le  produit  de  la  réaction  est  traité  par  l'eau,  puis  additionné  d'acide 
acétique  jusqu'à  réaction  acide;  il  se  sépare  immédiatement  un  liquide  qui 
surnage;  ce  liquide  est  décanté  et  soumis  à  un  entraînement  à  la  vapeur 
d'eau  qui  élimine  les  réactifs  n'ayant  pas  réagi.  Il  reste  comme  résidu  du 
diphénylméthane  presque  pur  sous  forme  d'un  liquide  visqueux  très  légè- 
rement coloré  en  jaune. 

»  Préparation  des  dérivés  ét/iylés  du  malonate  d'èthyle.  —  Le  malonate 
d'éthyle  n'est  pas  attaqué  par  le  magnésium,  même  à  chaud,  tandis  qu'une 
solution  de  malonate  dans  la  benzine  anhydre  dissout  parfaitement  ce 
métal,  lorsqu'il  est  à  l'élat  d'amalgame,  sous  l'influence  d'une  très  légère 
élévation  de  température. 


{})  Comptes  rendus,  mars  1902. 


SÉANCE    DU    2    NOVEMBRE    igoS.  -yiS 

»  La  réaction  se  poursuit  régulièrement  et  l'on  obtient  en  fin  de  réaction 
un  liquide  jaune  verdàtre  qui,  après  élimination  de  la  benzine,  donne  une 
masse  visqueuse  puis  résineuse  de  couleur  jaune  citron. 

»  L'action  substituante  du  magnésium  ne  porte  que  sur  le  groupement 
CH-<  du  malonate;  la  fonction  éther-sel  n'est  pas  attaquée;  si  l'on  soumet 
en  effet  le  dérivé  magnésien  à  l'action  de  l'eau  bouillante,  il  y  a  régénéra- 
tion du  malonate  d'éthyie. 

»  En  dissolvant  par  exemple  un  atome  de  magnésium  dans  deux  molé- 
cules de  malonate,  on  obtiendra 

(C-H'^f:0-)=^=  CH  -  Mg  -  CH  =  (COHZ'R'Y. 

L'action  de  l'iodure  d'éthyie  sur  ce  composé  conduit  bien  à  l'obtention  du 
dérivé  mono-éthylé  du  malonate  d'éthyie,  mais,  pour  la  préparation  de  ce 
corps,  il  est  préférable  d'employer  le  mode  opératoire  suivant  : 

»  On  prépare  de  l'éthylate  de  magnésium  en  faisant  réagir  un  atonie  de  métal  à 
l'état  d'amalgame  sur  un  excès  d'alcool  absolu.  Lorsque  la  réaction  est  terminée,  on 
introduit  deux  molécules  de  malonate  d'éthyie  et  l'on  chauffe  au  réfrigérant  ascendant 
jusqu'à  ce  que  l'éthylate  ait  complètement  disparu  et  soit  transformé  en  dérivé  ma^-né- 
sien  du  malonate  d'éthyie. 

»  On  ajoute  alors  un  peu  plus  de  deux  molécules  d'iodure  déthyle  et  l'on  maintient 
le  chauffage  au  réfrigérant  ascendant  pendant  5  à  6  heures.  Au  bout  de  ce  temps,  on 
laisse  refroidir;  il  se  forme  un  dépôt  abondant  d'iodure  de  magnésium  qu'il  est  inutile 
de  séparer;  on  traite  toute  la  masse  par  l'eau,  ce  qui  détermine  la  formation  d'un 
magma  blanc  que  l'on  additionne  par  petites  portions  d'acide  chlorhydrique  jusqu'à 
dissolution  et  séparation  de  deux  couches. 

»  La  couche  inférieure  est  décantée,  desséchée,  puis  soumise  à  la  distillation- 
il  passe  vers  72°  un  peu  d'iodure  d'éthyie  non  combiné,  puis  la  température  monte 
rapidement  vers  207°,  et  la  majeure  partie  du  produit,  constituée  par  le  dérivé  mono- 
éthylé  du  malonate  d'éthyie,  passe  entre  207°  et  209°. 

»  On  peut  passer  du  dérivé  monoéthylé  au  dérivé  diéthylé;  pour  cela, 
on  chauffe  pendant  5  heures,  au  réfrigérant  ascendant,  le  dérivé  mono- 
éthylé  avec  l'éthylate  de  magnésium  à  raison  de  deux  molécules  de  dérivé 
monoéthylé  pour  une  d'éthylate;  puis  l'on  ajoute  deux  molécules  d'iodure 
d'éthyie  et  l'on  chauffe  à  nouveau  pendant  8  heures.  Le  résultat  de  la 
réaction  est  repris  par  l'eau,  puis  par  l'acide  acétique,  il  se  sépare  deux 
couches;  la  couche  inférieure  est  décantée,  séchée  sur  le  carbonate  de 
potasse,  puis  soumise  à  la  distillation;  le  diéthylmalonate  passe  entre  220° 
et  222°,  mais  le  rendement  est  bien  inférieur  à  celui  que  l'on  obtient  pour 
le  dérivé  monoéthylé. 


-716  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Remarque.  —  A.  Valeur  (*)  a  démontré  que  si  l'on  faisait  réagir  un  excès 
d'élhyliodure  de  magnésium  CMPMg  I  sur  le  malonate  d'élhyle  il  3'  avait  attaque  des 
fonctions  élher  sel  et  formation  d'une  combinaison  qui,  détruite  par  l'eau,  conduisait 
à  l'obtention  du  glycol  bitertiaire 

ou  plutôt  de  son  produit  de  déshydratation  : 

(C^H^)^  =  C  r=  CH  —  C  (OH)  =  (C^H-^)^ 

»  Il  semblerait  donc,  au  premier  abord,  que  l'éthyliodure  de  magnésium  ne  réagit 
pas  sur  le  groupement  CH-  <  ;  j'ai  repris  cette  expérience  en  faisant  tomber  une  seule 
molécule  d'élhyliodure  de  magnésium  en  solution  éthérée  sur  une  molécule  de  malo- 
nate d'éthyle;  il  se  produit  une  réaction  très  vive,  il  se  dégage  de  l'éthane  à  chaque 
addition  et  il  se  forme  une  masse  solide,  pâteuse. 

»  La  réaction  produite  par  la  première  molécule  d'éthyliodure  peut  être  exprimée 
par  la  relation  : 

c=H>Mgi^CH.<cooc;H;^c„/cooc;H;^^,„, 

Mgl 

))  En  effet,  si  l'on  traite  par  l'eau  le  produit  de  la  réaction,  il  y  a  régénération  inté- 
grale du  malonate  d'éthyle  et  formation  de  Mg  I(OH). 

»  En  résumé,  l'action  des  organomagnésiens  mixtes,  décrits  par  Gri- 
gnard  (-),  sur  le  malonate  d'éthyle  porte  d'abord  sur  le  groupement  CH'*  <], 
puis  ensuite  sur  les  fonctions  éther  sel,  tandis  que  l'action  du  magnésium 
à  l'état  d'amalgame  sur  le  même  composé  n'atteint  que  le  groupement 
CH^<.  .. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  l' aldéhyde  ortho-toluique.  Note  de  M.  H.Fournier, 

présentée  par  M.  Haller. 

«  On  a  obtenu  jusqu'ici  l'aldéhvde  ortho-toluique  en  faisant  agir  l'azotate 
de  plomb  sur  le  chloro-orthoxvlène,  ou  en  oxydant  l'orthoxylène  par  le 
chlorure  de  chromyle  ou  le  bioxyde  de  manganèse. 

»  Mais,  comme  il  est  difficile  d'avoir  ce  carbure  à  l'état  de  pureté,  il  s'en- 
suit que  l'aldéhyde  ortho-toluique  contient  une  notable  proportion  de  ses 


(^)  Comptes  rendus,  t.  CXXXH,  p.  833. 
C)   Thèse  de  doctorat,  1901. 


SÉANCE    DU    2    NOVEMBRE    1903.  ^I^ 

isomères.  On  obtient,   au  contraire,   l'aldéhyde  ortho-toluiqne  pure  par 
oxydation  de  l'alcool  correspondant. 

»  J'ai  préparé  celui-ci  par  la  méthode  de  MM.  Tiffeneau  et  Delanj^e 
{Comptes  rendus,  t.  CXXXVII,  igoS,  p.  573),  puis  je  l'ai  oxydé  parole 
bichromate  de  potassium  et  l'acide  sulfurique. 

»  Le  mélange  oxydant  est  versé  par  portions  dans  l'alcool  ortho-toluique,  puis  on 
termine  la  réaction  en  chaufTant  i  heure  au  bain-marie  bouillant. 

»  L'aldéhyde  formée  est  entraînée  par  un  courant  de  vapeur  d'eau,  dissoute  dans 
l'éther,  puis  combinée  au  bisulfite  de  sodium. 

»  La  combinaison  bisulfitique,  préalablement  dissoute  dans  Teau,  est  décomposée  à 
froid  par  la  soude;  l'aldéhyde  mise  en  liberté  est  enlevée  avec  de  l'éther,  privée  de  ce 
dissolvant,  puis  distillée.  Elle  bout  à  90°  sous  la  pression  de  20™"^,  à  197°  (  temp.  cor- 
rigée) sous  la  pression  ordinaire. 

»   Le  rendement  est  d'environ  Sopour  loo. 

»  Elle  se  combine  avec  l'hydrazine  en  donnant  une  hydrazone,  qui  après  cristal- 
lisation dans  l'alcool  fond  à  9-°. 

»  Sa  semicarbazone,  cristallisée  dans  l'acétate  d'éthyle,  fond  à  209°.  Ce  point  de 
fusion  est  très  proche  de  celui  de  la  semicarbazone  de  l'aldéhyde  paratoluique,  corps 
qui  ne  paraît  pas  avoir  été  décrit  jusqu'ici,  et  qui  se  présente  sous  la  forme  d'aiguilles 
blanches,  fusibles  avec  décomposition  à  2i5°. 

)'  L'emploi  de  la  semicarbazide  pour  caractériser  les  aldéhydes  aroma- 
tiques présente  quelques  inconvénients,  notamment  son  prix  élevé  et  les 
faibles  différences  qui  existent  entre  les  points  de  fusion  des  semicarba- 
zones. 

»  On  peut  la  remplacer  avantageusement  par  la  benzylphénvlhydrazine 
asymétrique,  qui  réagit  immédiatement  à  froid  sur  les  aldéhydes  en  don- 
nant des  corps  très  facilement  purifiables.  Une  ou  deux  cristallisations 
dans  l'alcool  permettent  de  les  obtenir  sous  forme  d'aiguilles  soyeuses, 
blanches,  inaltérables  à  la  lumière  et  à  l'air. 

»   J'ai  préparé  les  combinaisons  suivantes  : 

Benzylphénylhydrazone  de  l'aldéhyde  orthotoluique,  fond  à 87° 

»                                      paratoluique,  fonda i4o° 

»                                      phénylacélique,  fond  a 83° 

»                                    /:»-éthylbenzoïque,  fond  à 104" 


7l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  la  coagulation  de  V amidon. 
Note  de  MM.  J.  Wolff  et  A.  Ferivbacii,  présentée  par  M.  Schlœsing  fils. 

«  Nous  avons  reconnu  la  présence,  dans  les  graines  de  céréales  vertes, 
d'une  substance  possédant  la  propriété  de  précipiter  l'amidon  soluble  de 
ses  solutions.  Cette  précipitation  présente  tous  les  caractères  d'une  coagu- 
lation diastasique,  et  nous  proposons  pour  la  diastase  nouvelle  le  nom 
à'amylo-coagulase . 

»  Cette  diastase  ne  se  rencontre  pas  seulement  dans  les  grains  verts  ; 
elle  existe,  d'une  manière  générale,  associée  à  l'amylase  dans  un  grand 
nombre  de  grains  mûrs,  dans  les  graines  de  céréales  en  voie  de  germi- 
nation, dans  les  feuilles,  etc. 

»  Les  coagulations  les  plus  nettes  nous  ont  été  fournies  par  une  macération  de  los 
de  malt  moulu  dans  loo*^™'  d'eau.  5"'™'  de  cet  extrait  suffisent  pour  coaguler,  en  20 
à  3o  minutes,  à  la  température  de  iS"  à  25°,  100*=™'  d'une  solution  d'amidon  soluble 
renfermant  de  4  à  4)5  pour  100  d'amidon  sec.  Cette  solution  d'amidon  a  été  obtenue 
en  chauffant  pendant  2  heures  à  i3o°,  dans  la  vapeur  d'eau,  de  l'empois  de  fécule  de 
pomme  de  terre. 

»  Dans  la  solution  d'amidon  additionnée  d'extrait  de  malt,  on  voit  apparaître  tout 
d'abord  un  trouble  qui  s'accentue  déplus  en  plus,  et  finit  par  se  résoudre  en  grumeaux 
volumineux.  Si  l'on  opère  avec  une  solution  d'amidon  plus  concentrée,  on  observe  une 
coagulation  plus  rapide,  avec  prise  en  masse  de  l'amidon  précipité. 

»  Si  l'on  se  place  dans  des  conditions  autres  que  celles  que  nous  venons  d'indiquer, 
en  diminuant  soit  la  concentration  de  l'amidon,  soit  la  quantité  d'extrait  de  malt,  la 
coagulation  se  trouve  considérablement  retardée,  et  peut  même  ne  pas  se  produire. 
Le  fait  s'explique  naturellement  par  la  présence  d'amylase,  dont  l'action  saccharifiante 
prédomine,  et  s'exerce  sur  l'amidon  coagulé  comme  sur  l'amidon  soluble.  Cette  action, 
antagoniste  de  l'amylo-coagulase,  peut  être  paralysée  si  l'on  opère  à  une  température 
suffisamment  basse.  On  peut  aussi  l'entraver  par  l'addition  d'une  substance  retarda- 
trice, comme  la  soude  caustique,  qui  gêne  moins  l'amylo-coagulase  que  l'amylase. 

»  La  coexistence  et  l'action  simultanée  de  l'amylo-coagulase  et  de  l'amylase  font 
comprendre  facilement  pourquoi,  même  dans  les  conditions  les  plus  favorables,  on 
n'arrive  à  coaguler  qu'une  partie  de  l'amidon  soluble  mis  en  exj^érience.  La  quantité 
d'amidon  que  nous  avons  pu  coaguler  dans  nos  expériences  les  plus  satisfaisantes  n'a 
jamais  dépassé  3o  pour  joo  de  l'amidon  mis  en  œuvre. 

»  Parmi  les  divers  corps  dont  nous  avons  essayé  l'influence  sur  l'amylo-coagulase, 
nous  n'avons  observé  jusqu'ici  d'effet  très  appréciable  que  pour  les  acides  et  les  alcalis. 
La  moindre  trace  d'acide  ou  d'alcali  libre  retarde  notablement  la  coagulation,  et  des 
doses  minimes  suffisent  pour  l'empêcher  (jôuTô  d'acide  acétique  ou  de  soude).  La 
coagulase  se  comporte  donc  à  ce  point  de  vue  comme  l'amylase  du  malt. 


SÉANCE    DU    2    NOVEMBRE    igoS.  -71  g 

»  L'action  de  l'amylo-coagulase  ne  saurait  être  envisagée  comme  résultant  de  la 
réversibilité  d'une  des  deux  diastases  (liquéfiante  et  saccharifiante)  dont  on  admet 
l'existence  dans  l'amylase  du  malt.  En  effet,  un  extrait  de  malt  perd  tout  pouvoir 
coagulant  lorsqu'il  est  exposé  pendant  5  minutes  à  la  température  de  65°;  son  maintien 
à  60°  pendant  i5  minutes  reste  sans  effet  appréciable.  L'extrait  de  malt,  dont  le  pou- 
voir coagulant  a  été  détruit  par  la  chaleur,  conserve  encore  la  propriété  de  liquéfier 
l'empois  d'amidon  et  de  le  saccharifier,  même  si  sa  température  a  été  portée  à  70°. 

»  Une  autre  circonstance  qui  nous  oblige  également  à  rejeter  l'hypothèse  de  la  ré- 
versibilité de  la  diastase  liquéfiante,  c'est  que  l'amidon  solubilisé  par  l'amylase  ne  se 
prête  pas,  comme  celui  qui  a  été  solubilisé  par  chauffage  sous  pression,  à  des  expé- 
riences de  coagulation  aussi  nettes.  Avec  l'empois  de  fécule  liquéfié  par  l'amylase,  on 
n'observe  qu'un  trouble  laiteux  j^lus  ou  moins  accentué,  accompagné  quelquefois  d'une 
précipitation  minime.  Il  semble  que  la  majeure  partie  de  l'amidon  ait  subi  un  chan- 
gement d'état  moléculaire  assez  avancé,  empêchant  le  retour  en  arr'<ére,  vers  la  forme 
solide.  Cependant,  au  point  de  vue  de  la  saccharification  par  l'amylase,  nous  n'avons 
trouvé  aucune  différence  entre  ces  deux  amidons  solubles. 

»  L'amidon  coagulé,  recueilli  et  lavé  à  l'eau  froide  aussitôt  après  sa  coagulation, 
présente  encore,  comme  l'amidon  soluble  primitif,  la  propriété  de  se  dissoudre  facile- 
ment dans  l'eau  chaude.  Observé  au  microscope,  l'amidon  en  flocons  gélatineux, 
précipité  par  une  coagulation  rapide,  se  présente  en  masses  très  peu  réfringentes,  dans 
lesquelles  la  coloration  par  l'iode  fait  voir  une  agglomération  de  granules  punctiformes. 
Si,  au  contraire,  la  coagulation  s'est  produite  très  lentement,  l'amidon  apparaît  comme 
un  précipité  blanc  pulvérulent,  composé  de  petits  granules  rappelant  l'aspect  des  gra- 
nules les  plus  petits  des  amidons  naturels, 

»  La  plupart  des  faits  signalés  ci-dessus  ont  été  établis  en  faisant  agir  de  l'extrait 
de  malt  vert  séché  sur  de  la  fécule  de  pomme  de  terre  solubilisée.  Mais  nous  avons 
également  produit  des  coagulations  du  même  amidon  soluble  avec  de  la  coagulase 
empruntée  à  d'autres  sources,  ce  qui  semble  exclure  l'idée  que  chaque  variété 
d'amidon  exige  une  coagulase  particulière.  L'extrait  de  malt  peut  d'ailleurs  coaguler 
l'amidon  de  riz  de  même  que  la  fécule, 

»  L'amylo-coagulase  semble  représenter  un  des  rouages  essentiels  du 
mécanisme  par  lequel  l'amidon  se  dépose  à  l'état  solide  dans  les  cellules 
végétales.  Son  étude  formera  un  chapitre  important  dans  la  question  de 
l'antagonisme  des  actions  diaslasiques.  Cet  antagonisme,  dont  la  nouvelle 
diastase  nous  offre  un  exemple  frappant,  peut  sans  doute  expliquer  l'arrêt 
de  certaines  actions  diastasiques,  rapporte  souvent  jusqu'ici,  par  analogie 
avec  la  maltase  étudiée  par  C.  Htll,  à  des  phénomènes  de  réversibilité.  Il 
explique  aussi  comment  une  diastase  peut  rester  ignorée,  bien  que  pré- 
sente, lorsque  les  conditions  expérimentales  dans  lesquelles  on  la  place 
donnent  le  pas  à  la  diastase  antagoniste.  » 


720 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PHYSIOLOGIE  COMPARÉE.—  Le  sens  olfactif  de  L'Escargot  (Hélix  pomatia). 
Note  de  M.  Emile  Yung,  présentée  par  M.  Yves  Delage. 

«  Il  est  généralement  admis  depuis  Moqiiin-Tandon  que  l'Escargot  jouit 
d'un  «  bon  odorat  »,  ayant  son  siège  dans  le  bouton  terminal  du  grand  ten- 
tacule. De  là,  le  nom  d'organe  nasal  donné,  par  lui,  à  ce  dernier  et  les 
expressions  de  nerf  et  de  ganglion  olfactif,  rhinophorique,  etc.,  employées 
par  nombre  d'auteurs  contemporains  pour  désigner  le  nerf  et  le  ganglion 
qui  s'y  rencontrent. 

))  Or,  il  suffit  d'explorer  la  surface  du  corps  de  cet  Hélix  au  moyen  d'un 
pinceau  imbibé  d'une  substance  odorante,  non  corrosive,  telle  que  l'essence 
de  camomdle  ou  de  serpolet,  par  exemple,  pour  se  convaincre  que  si  la 
sensibilité  olfactive  existe,  en  effet,  sur  les  grands  tentacules,  elle  ne  leur 
est  point  exclusivement  localisée.  Les  petits  tentacules,  les  lèvres,  les  bords 
du  pied,  la  sole,  la  peau  du  dos,  en  un  mot  la  surface  entière  des  tégu- 
ments non  recouverts  par  la  coquille,  répondent  à  distance,  ainsi  que  le 
font  les  tentacules  oculés,  à  l'excitation  des  vapeurs  odorantes.  De  nom- 
breuses expériences  faites  au  moyen  de  substances  très  diverses  m'ont 
permis  de  démontrer  que  l'Escargot  en  est  encore  au  stade  de  diffusion  du 
sens  olfactif;  il  sent  les  odeurs  par  toute  sa  peau,  ainsi  que  le  conjecturait 
déjà  Cuvier. 

»  Toutefois,  le  degré  de  cette  sensibilité  varie  selon  les  régions  du  corps. 
Elle  est  plus  vive  sur  les  tentacules  que  sur  le  dos  et,  à  cet  égard,  les  petits 
tentacules  sont  inférieurs  aux  grantls  (');  mais,  contrairement  à  l'opinion 
accréditée  j)ar  Moquin-Tandon,  un  Escargot  amputé  de  ses  quatre  tenta- 
cules ne  modifie  guère  son  genre  de  vie,  il  trouve  sa  nourriture  et  fuit 
les  odeurs  désagréables  ou  délétères. 

»  Qu'il  s'agisse  là  d'un  sens  olfactif  proprement  dit  ou  d'un  sens  chi- 
mique, nous  n'avons  aucun  moyen  de  le  décider.  D'ailleurs,  quelle  que 
soit  la  réponse  qu'on  donne  à  cette  question,  il  n'en  est  pas  moins  néces- 
saire de  remplacer  les  expressions  rappelées  plus  haut,  et  que  plus  rien  ne 
justifie,  par  celles  de  nerf  et  de  ganglion  tentaculaire  qui  ne  préjugent  pas 


des  fonctions  de  ces  organes. 


(*)  Ce  fait  a  été  déjà  constaté  par  M.  Raphaël  Dubois  dans  sa  Note  :  Sur  la  physio- 
logie comparée  de  l'olfaction  {Comptes  rendus,  t.  CXI,  p.  1890). 


SÉANCE    DU    2    NOVEMBRE    igoS.  721 

»  L'e.vamen  microscopique  des  éléments  périphériques  et  ganglionnaires  des  deux 
paires  de  tentacules  ne  révèle  aucune  différence  suffisante  pour  autoriser  l'hypothèse 
d'une  spécificité  sensorielle  propre  aux  uns  à  l'exclusion  des  autres.  J'ajoute  qu'il 
en  est  de  même  ailleurs.  Les  cellules  sensorielles  de  la  peau  ne  diffèrent  d'un  lieu  à 
l'autre  que  par  leur  abondance  ou  leur  taille.  Nulle  part  elles  ne  se  groupent  en  cor- 
puscules tactiles,  gustatifs,  etc.  et  nulle  part  elles  ne  sauraient  mériter  le  seul  litre  de 
cellules  olfactives.  En  réalité  ce  sont  des  cellules  sensorielles  mixtes,  impressionnables 
à  la  fois  par  les  chocs,  la  chaleur,  les  odeurs,  etc. 

»  Quant  à  la  distance  à  laquelle  l'Escargot  sent  les  odeurs,  je  l'ai  déter- 
minée en  plaçant  un  nombre  constant  de  ces  Mollusques  (douze),  affamés 
par  un  jeûne  de  quelques  semaines,  à  la  périphérie  d'une  circonférence 
dont  je  variais  à  volonté  le  rayon  et  dont  le  centre  était  occupé  par  un  ali- 
ment :  chou,  laitue,  melon,  etc.  Il  était  à  présumer  que  si  les  Escargots 
sentaient  l'odeur  de  l'aliment,  ils  seraient  attirés  vers  lui.  Après  chaque 
expérience  je  notais  la  distance,  et  le  nombre  des  individus  attirés  pendant 
un  temps  maximum  de  2  heures. 

))  Dans  la  majorité  des  cas,  l'attraction  ne  se  manifeste  qu'à  petite  dis- 
tance n'excédant  pas  2*=™  à  3*^™.  Les  chiffres  supérieurs  à  ceux-là  sont  tout 
à  fait  exceptionnels  et  concernent  des  aliments  en  décomposition  à  odeur 
très  forte.  Le  plus  élevé  fut  constaté  alors  que  la  source  odorante  était  un 
melon  très  mûr.  Je  ne  connais  aucune  substance  que  Tescargot  reconnaisse 
à  son  odeur  au  delà  de  4o*^™.  Pratiquement,  étant  donné  son  genre  de  vie 
et  son  aptitude  à  manger  de  tout,  un  odorat  plus  fm  lui  serait  inutile.  » 

PHYSIOLOGIE  COMPARÉE.  —  Régulation  osmotique  des  liquides  internes  chez 
les  Échinodermes.  Note  de  MM.  Victor  Henri  et  S.  Lalou,  présentée 
par  M.  Alfred  Giard. 

«  Nous  avons  étudié  chez  les  Oursins  {Strongylocentrotus  Imdus,  Sphae- 
rechinus  granularis  et  Spatangus  purpureus)  et  chez  les  Holothuries  {Holo- 
turia  tubulosa  el  Stichopus  regalis)  comment  varient  leurs  liquides  internes 
lorsqu'on  les  place  dans  des  solutions  différentes. 

»  Chez  les  Oursins  nous  avons  dosé  le  chlore  et  mesuré  l'abaissement  du 
point  de  congélation  et  la  conductibilité  électrique  du  liquide  périviscéral  ; 
les  expériences  ont  été  faites  sur  78  Oursins. 

»  Chez  les  Holothuries  (au  nombre  de  89)  nous  avons  en  plus  étudié  le 
liquide  contenu  dans  la  partie  stomacale  du  tube  digestif  et  le  liquide  de  la 
vésicule  de  Poli. 

G.  R.,  igoS,   2'  Semestre.  (T.  CXXXVII    N»  18.)  9^ 


722  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Voici  les  principaux  résultats  obtenus  i 

»  1°  Chez  les  Oursiss  normaux  le  liquide  périviscéral  contient  moins  de  chlore  que 
l'eau  de  mer;  la  conductibilité  électrique  de  ce  liquide  est  inférieure  à  celle  de  l'eau 
de  mer;  l'abaissement  crjoscopique  est  le  même  pour  les  deux. 

»  Ainsi,  nous  trouvons  en  moyenne  o™"',.58Gl  par  litre  dans  le  liquide  périviscéral, 
et  il  y  en  a  o,6i  dans  l'eau  de  mer  (à  Villefranche)  ;  la  conductibilité  spécifique  est 
égale  pour  le  liquide  périviscéral  à  700.  io~*  et  à  782.  iq"**  pour  l'eau  de  mer;  enfin, 

A  =  2°,  22. 

»  2°  Lorsqu'on  place  des  Oursins  dans  l'eau  de  mer  diluée,  le  liquide  périviscéral  di- 
minue de  concentration  et  se  met  en  équilibre  osmotique  avec  l'eau  extérieure;  à  ce 
moment  il  contient  moins  de  chlore  que  l'eau  extérieure.  Exemples  : 

Durée  Mol  CI  A  du  liquide  K.io'  du  liquide 

d'immersion.  par  litre.  périviscéral.  périviscéral. 

h       m  o 

I  3o 0,55  aj09  657 

5         o,5o  1,79  609 

6  20  0,475  1,67  576 

24         0,45  T,65  56o 

»  Dans  ces  expériences,  l'eau  extérieure  se  composait  de  3'  eau  de  mer  m-i'  eau 
douce;  elle  contenait  o"°^,47Gl  par  litre, 

A  =  J°,65,         K. 10^=576. 

»  3°  Le  poids  des  Oursins  placés  dans  l'eau  de  mer  diluée  augmente  dans  une  pro- 
portion qui  correspond  à  la  diminution  de  concentration  du  liquide  périviscéral. 

»  4"  Lorsqu'on  place  des  Oursins  dans  de  l'eau  de  mer  diluée  additionnée  de 
saccharose  en  quantité  isotonique  à  l'eau  de  mer,  le  liquide  périviscéral  ne  change  pas 
pendant  les  premières  heures  et,  pendant  ce  temps,  on  ne  trouve  pas  de  sucre  dans 
leur  liquide  interne.  Le  poids  de  ces  Oursins  ne  change  pas. 

»  5°  La  vitesse  de  changement  de  la  concentration  du  liquide  périviscéral  des  Oursins 
dépend  de  deux  facteurs  principaux  :  d'une  part  elle  dépend  directement  de  la  concen- 
tration du  liquide  extérieur;  d'autre  part,  elle  est  très  fortement  influencée  par  la 
vitalité  de  l'animal;  la  régulation  osmolique  se  fait  bien  plus  lentement  chez  un  animal 
qui  ne  respire  pas  que  chez  un  animal  respirant  bien. 

»  6°  Chez  les  Holothuries  normales,  le  liquide  périviscéral  a  la  même  teneur  en 
chlore  que  l'eau  de  mer;  le  liquide  ambulacraire  (de  la  vésicule  de  Poli)  est  un  peu 
moins  riche  en  chlore  (environ  0™°',  58  Cl  par  litre)  ;  le  liquide  stomacal  est  bien  moins 
riche  en  chlore,  on  en  trouve  0"'°',  5o  par  litre  chez  les  animaux  fraîchement  péchés  et 
Qmoi^55  chez  les  animaux  gardés  depuis  2  jours  dans  l'aquarium.  (Résultat  conforme  à 
celui  obtenu  par  Enriques.) 

»  La  conductibilité  électrique  du  liquide  stomacal  est  inférieure  à  celle  de  l'eau  de 
mer;  l'abaissement  cryoscopique  est,  pour  ce  liquide,  égal  à  celui  de  l'eau  de  mer.  Il 
y  a  donc  bien  un  équilibre  osmotique  entre  ces  difi'érenls  liquides. 


SÉANCE    DU    2    NOVEMBRE    igoS.  728 

»  7°  Lorsqu'on  place  des  Holothuries  dans  de  l'eau  de  mer  diluée,  les  trois  liquides 
étudiés  par  nous  diminuent  de  concentration;  cette  diminution  se  produit  parallè- 
lement pour  les  trois  liquides,  et  pendant  toute  la  durée  de  l'expérience  la  teneur  en 
chlore  du  liquide  stomacal  est  inférieure  à  celle  du  liquide  périviscéral;  lorsque,  après 
4  heures  environ,  l'équilibre  est  atteint  le  liquide  stomacal  contient  moins  de  chlore 
que  le  liquide  périviscéral  et  que  l'eau  extérieure  (  résultat  contraire  aux  affirmations 
de  0.  Cohnheira). 

»  8°  Si  l'on  suspend  le  tube  digestif  isolé  dans  de  l'eau  de  mer  diluée,  le  liquide  sto- 
macal diminue  rapidement  de  concentration  et,  au  bout  de  2  heures  environ,  on  trouve 
moins  de  chlore  dans  ce  liquide  que  dans  l'eau  extérieure. 

»  9°  Lorsqu'on  place  des  Holothuries  dans  de  l'eau  de  mer  diluée  et  rendue  isoto- 
nique à  l'eau  de  mer  par  l'addition  de  saccharose,  de  sulfate  de  soude,  de  sulfate 
d'ammoniaque  ou  d'urée,  les  liquides  périviscéral,  stomacal  et  ambulacraire  ne  changent 
pas  pendant  les  premières  heures. 

»  10°  Le  liquide  du  tube  digestif  suspendu  dans  les  mêmes  solutions  ne  change  éga- 
lement pas  pendant  les  premières  heures. 

»  II"  Dans  toutes  les  expériences  précédentes  on  s'est  assuré  que  les  Holothuries 
respirent  normalement  en  ajoutant  dans  les  expériences  de  contrôle  du  bleu  de  méthy- 
lène ou  du  carmin  au  liquide  extérieur;  on  trouve  le  poumon  aqueux  coloré  jusqu'aux 
dernières  ramifications;  la  matière  colorante  ne  pénètre  pas  dans  la  cavité  cœlomique. 

»  Conclusions.  —  L'ensemble  de  ces  résultais  montre  que  les  membranes 
qui  mettent  en  rapport  la  cavité  interne  des  Oursins  avec  le  liquide 
extérieur  sont  des  membranes  semiperméables.  De  même  la  membrane  du 
poumon  aqueux,  celle  de  la  vésicule  de  Poli  et  du  tube  digestif  chez  les 
Holothuries  sont  des  membranes  semiperméables  qui  laissent  passer  rapi- 
dement l'eau  mais  ne  laissent  pas  passer  les  chlorures,  les  sulfates,  le 
sucre  et  même  l'urée  qui  passe  si  facilement  à  travers  les  membranes  ani- 
males et  végétales  étudiées  jusqu'ici. 

»  Remarquons  que  l'on  ne  connaissait  encore  qu'une  seule  membrane 
animale  vraiment  semiperméable,  c'est  l'estomac  de  l'Aplysie,  étudié  par 
Bottazzi  et  Enriques.  Nos  résultats  montrent  que  ces  membranes  doivent 
être  plus  répandues  chez  les  animaux  inférieurs  qu'on  ne  le  pense 
ordinairement. 

»  Les  recherches  faites  à  Wimereux,  sous  la  direction  de  M.  Giard,  par 
M.  Siedlecki  sur  les  Épinoches  {Comptes  rendus,  i4  septembre  i9o3)  ont 
conduit  cet  auteur  à  l'admission  de  membranes  semiperméables  chez  ces 
Poissons.  » 


-724  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


HYGIÈNE.  —  Sur  les  matières  grasses  et  f  acidité  des  farines. 
.  Note  de  M.  Balland.  (Extrait.) 

«  Dans  une  série  de  recherches  présentées  à  l'Académie,  de  i883à  i885, 
j'apportais  quelques  faits  nouveaux  relatifs  à  l'acidité  et  aux  matières 
grasses  des  farines.  J'ai  fait  un  pas  de  plus  dans  cette  voie,  avec  le  con- 
cours de  M.  Maurice  Droz.  Voici  quelques-unes  de  nos  principales  expé- 
riences. 

«  I.  Germes  de  blé  mélangés  de  son  provenant  d'une  mouture  récente  des 
moulins  de  l' Assistance  publique  de  Paris. 

»  Conclusions.  —  Les  matières  grasses  solubles  dans  l'élher,  contenues 
dans  les  germes  de  blé  mélangés  de  son,  provenant  d'une  mouture  récente, 
renferment  très  approximativement  83,34  pour  100  d'huile  fluide  et 
16,66  pour  100  d'acides  gras  solides,  ayant  des  points  de  fusion  variables. 
En  dehors  de  ces  acides  solubles  à  la  fois  dans  l'éther  et  dans  l'alcool,  il 
existe,  dans  le  produit  initial,  d'autres  acides,  insolubles  dans  l'éther 
seul. 

»   IL  Farine  de  blé  tendre  pour  pain  de  munition,  de  mouture  ancienne. 

))  Conclusions.  ~  Les  matières  grasses  de  cette  ancienne  farine  sont  con- 
stituées par  environ  18  pour  100  d'huile  très  fluide  et  82  pour  100  d'acides 
gras  mélangés,  ayant  des  points  de  fusion  différents. 

))  L'acidité  de  la  farine  est  due  à  plusieurs  acides,  les  uns  solubles  dans 
l'eau,  l'alcool  et  l'éther,  les  autres  insolubles  dans  l'eau  et  dans  l'éther. 

M^IIL   Farine  de  blé  dur  pour  pain  de  munition,  de  mouture  ancienne. 

»  Conclusions .  —  Les  matières  grasses,  dans  cette  vieille  farine,  sont 
entièrement  formées  d'acides  gras  libres  qui  s'opposent  à  l'hydratation  et 
àjl'exlraction  du  gluten. 

))  IV.   Farine  du  commerce  de  moulure  récente. 

»  V.  Farine  du  commerce  de  mouture  ancienne,  conservée  en  flacon  bouché 
depuis  1893. 

))  Vl.  Farine  du  commerce  étuvée,  conservée  en  flacon  bouché  depuis  1893. 

))  VIL  Farine  pour  pain  de  munition  conservée  en  flacon  bouché  depuis 
i885. 

»  VIII.  Matières  grasses  extraites  des  faî'ines  conservées  en  flacon  bouché 
depuis  1884. 

»  Conclusions  générales.    —    1.  Les  matières  grasses,  dans  les  farines 


SÉANCE  DU  2  NOVEMBRE  IQoS.  725 

fraîches,  sont  constituées  par  une  huile  très  fluide  et  des  acides  gras  solides, 
ayant  des  points  de  fusion  différents.  Avec  le  temps,  l'huile,  qui  est  en  très 
fortes  proportions  au  début,  va  en  diminuant  progressivement  et  finit  par 
disparaître,  alors  que  les  acides  gras  suivent  une  marche  parallèle  ascen- 
dante; de  telle  sorte  que  le  rapport  entre  l'huile  et  les  acides  gras  permet 
de  s'assurer  si  une  farine  est  de  mouture  récente  ou  ancienne.  Ce  rapport 
s'établit  facilement  en  épuisant  les  matières  grasses,  extraites  par  l'éther, 
à  l'aide  de  l'alcool  à  95°,  qui  dissout  les  acides  gras  et  laisse  l'huile  inso- 
luble. 

»  2.  Les  acides  gras,  formés  aux  dépens  de  l'huile,  disparaissent  à  leur 
tour  et  l'on  finit  par  n^en  plus  trouver  dans  les  très  vieilles  farines. 

))  3.  La  transformation  des  matières  grasses  en  acides  gras  ne  s'opère 
pas  seulement  au'sein  des  farines;  elle  se  manifeste  aussi  sur  les  produits 
isolés  par  l'éther. 

»  4.  L'acidité  des  farines  est  produite  par  divers  acides  organiques  qui 
vont  en  augmentant  avec  l'ancienneté  des  farines.  Nos  expériences,  tout 
en  confirmant  et  précisant  certains  faits  relatifs  à  l'acidité  des  farines, 
observés  par  des  pharmaciens  militaires  (Wagner,  1890  —  Roeser,  1898 
—  Manget,  190 i),  montrent  que  cette  acidité  est  principalement  due  à  des 
acides  gras  solubles  dans  l'alcool  à  g^°  et  justifient  le  mode  de  dosage, 
devenu  classique,  que  nous  avons  proposé  en  i883. 

»  5.  L'acidité,  premier  indice  de  l'altération  des  farines,  ne  se  rattache 
pas,  comme  je  l'ai  avancé,  à  des  transformations  microbiennes  éprouvées 
par  le  gluten  ;  elle  vient  directement  des  matières  grasses.  Le  gluten  n'est 
atteint  que  lorsque  les  matières  grasses,  ou  mieux  les  acides  gras  qui  en 
résultent,  commencent  à  disparaître. 

))  6.  Plus  une  farine  contient  de  matières  grasses,  plus  elle  est  altérable; 
c'est  ainsi,  qu'au  même  taux  d'extraction,  les  farines  provenant  de  blés 
durs  ou  mitadins  sont  plus  altérables  que  les  farines  de  blé  tendre.  En 
dehors  des  indications  que  j'ai  données  autrefois  pour  obtenir  des  farines 
de  longue  conservation,  on  devra  donc  choisir,  de  préférence,  les  blés 
tendres  les  plus  pauvres  en  matières  grasses.  » 

A  4  heures  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  trois  quarts. 

M.  B. 


726  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  19  octobre  iqoS. 

Journal  de  Chimie  physique,  Electrochiniie,  The nno chimie,  Radiochimie,  Méca- 
nique chimique,  Stoechiométrie,  publié  par  M.  Philippe-A.  Guye;  t.  I,  fasc.  1-3, 
juillet-septembre  1908.  Genève,  Henri  Kûndig;  Paris,  Gauthier-Villars;  3  fasc.  in-S". 
(Présenté  par  M.  Haller.  ) 

Bévue  générale  de  Botanique,  dirigée  par  M.  Gaston  Bonnier,  Membre  de 
l'Institut,  t.  XV,  n°  177,  livraison  du  i5  septembre  igoS.  Paris,  Librairie  générale  de 
l'Enseignement;  i  fasc.  in-4°. 

Bègle  à  calculs,  instruction,  applications  numériques,  tables  et  formules,  par 
A.  Beghin,  3*  édition.  Paris,  Ch.  Béranger,   1904.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Untersuchung  liber  die  Eigenbevegung  von  Sternen  in  der  Zone  65°-7o°  nord- 
licher  Declination,  von  J.-Fr.  Schroeter.  (Publication  des  Universitàls-Observa- 
toriums  in  Christiania.)  Christiania,  W.-G.  Fabritius  et  Sonner,  1908;  i  vol.  in-4°. 
(Offert  par  l'Observatoire  de  Chiùstiania.) 

Ad.  Wernickes  Lehrbuch  der  Mechanik,  in  elementarer  Darstellung  mit  Anwen- 
dungen  und  Uebungen  aus  den  Gebieten  der  Physik  und  Technik,  in  zwei  Teilen  ; 
erster  Teil  :  Mechanik  /ester  Kôrper,  von  D""  Alex.  Wernicke;  vierie  vôllig  um 
gearbeitete  Aufgabe.  Brunswick,  Friedrich  Vieweg,  igo3.  (Offert  par  l'éditeur.  ) 

Un  nuevo  ferrocarril  original  en  la  isla  Formosa  {Japon),  por  Antonio  Gobos 
Liso.  (Article  du  Journal  El  Obrero  de  ferrocarriles  y  tranvias,  2^  année,  n°  47, 
i4  octobre  1908. )  Madrid;  i  feuille  in-f°. 

Great  trigonometrical surçey  of  India,  vol.  XVII  :  E lectro-telegraphic  longitude 
opérations  executed  during  the  years  1894-1896.  Dehra  Dun,  1901;  i  vol.  in-4°. 

Boletin  mensal  do  Observatorio  do  Bio  de  Janeiro;  janeiro-março,  1903.  Rio- 
Janeiro  ;  i  fasc.  in-8°. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  27  octobre  1903. 

Mémoires  de  l' Académie  des  Sciences  de  l' Institut  de  France.  Tome  XLVI  : 
«  Recherches  sur  une  propriété  nouvelle  de  la  matière,  activité  radiante  spontanée 
ou  radioactivité  de  la  matière  »,  par  M.  Henri  Becquerel.  Paris,  Firmin-Didot  et  C'^, 
Gauthier-Villars,  1908;  i  vol.  in-4°. 

Atlas  photographique  de  la  Lune,  publié  par  l'Observatoire  de  Paris,  exécuté 
par  MM.  M.  LoEWvet  P.  Puiseux;^^  fascicule,  comprenant  :  1°  Études  sur  la  topogra- 
phie et  la  constitution  de  l'écorce  lunaire  (  suite)  ;  2°  Planche  g  :  Image  obtenue  au 
foyer  du  grand  équatorial  coudé;  3°  Planches  XXXVI  à  XLI  :  Héliogravures  d'après 


SÉANCE    DU    2    NOVEMBRE    IQoS.  727 

les  agrandissements  sur  verre  de  quatre  clichés  des  années  1897,  1899  et  1901.  Paris, 
Imprimerie  nationale,    1908;  texte,  i  fasc.  in-4°  ;  planches,  i  fasc.  in-f°. 

Les  anciens  Palagons,  contribution  à  l'étude  des  races  précolombiennes  de  l'Amé- 
rique du  Sud,  publiée  par  ordre  de  S.  A.  S.  le  Prince  Albert  P'',  par  le  D""  V.  ^'ERNEA.u. 
Imprimerie  de  Monaco,  i9o3;  i  vol.  in-4°.  (Présenté  par  M.  Albert  Gaudry.  Hommage 
de  l'auteur.) 

Etudes  sur  la  classification  et  l'évolution  des  Hippurites,  par  Ar.  Toucas; 
!'"'=  partie.  Planches  VII-XIII.  (  Mémoires  de  la  Société  géologique  de  France  :  Paléon- 
tologie ;  t.  XI,  fasc.  2.)  Paris,  1908;  i  fasc.  in-4°. 

Mémoire  sur  la  flexion  et  la  torsion  des  solides  et  son  application  aux  construc- 
tions, par  EuG.  Ferron.  Luxembourg,  L.  Bûck,  1908;  i  fasc.  in-8°..(  Hommage  de 
l'auteur.) 

Bulletin  de  la  Société  normande  d'Études  préhistoriques;  t.  I,  1898;  t.  IX,  1901. 
Louviers,  imp.  Eug.  Izambert,  1894-1902;  9  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Albert 
Gaudry.  ) 

Jac.  Berzelius  reseanteckningar,  utgifna  af  Kungl.  Svenska  Vetenskapsakademien 
genom  H. -G.  Sôderbaum.  Sockholm,  P. -A.  Norstedt  et  fils,  1908;  i  vol.  in-8°. 

Proceedings  of  the  United  States  ISational  Muséum  :  vol.  XXVI,  pub.  under  the 
direction  of  the  Smithsonian  Institution.  Washington,  1908;  i  vol.  in-8°. 

Water-supply  and  irrigation  papers  of  the  United  States  geological  Survey: 
n°^  65-79.  Washington,  1902-1908;  i5  fasc.  in-8°. 

Arkiç  utgifvet  af  K.  Svenska  Vetenskaps-Akademien  :  Matematik,  Astronomi 
och  Fysiky  Bd.  I,  hâfte  1-2.  Kemi,  Mineralogi  och  Geologi,  Bd.  I,  hâfte  1.  Botanik, 
Bd.  I,  hâfte  1-3.  Zoologi,  Bd.  I.  hâfte  1-2.  Stockholm,  1908  ;  4  vol.  in-S''. 

Kungl.  Svenska  Vetenskaps-Akademiens  Arslok  for  ar  1908.  Stockholm,  1908; 
I  fasc.  in-S". 

Republica  Argentina.  Anales  del  Ministerio  de  Agricultura  :  Seccion  de  Co- 
mercio,  Industrias  y  Economia;  t.  I,  n°  1.  Buenos-Ayres,  1908;  i  vol.  in-8°. 

Archives  des  Sciences  biologiques,  pub.  par  l'Institut  impérial  de  Médecine  expé- 
rimentale à  Saint-Pétersbourg;  t.  X,  n°  1.  Saint-Pétersbourg,  1908;  i  vol.  in-4°. 

Natuurkundige  Verhandelingen  van  de  hollandsche  maatschappij  der  IVeten- 
schappen  te  Hacirlem.  Derde  Verzameling,  deel  V.  Haarlem,  1908;  i  vol.  in-4''. 

Abhandlungen  der  kaiserlichen  Leopoldinischen-Carolinische  deutschen  Aka- 
demie  der  Naturforscher ;  Bd.  LXXX,  mit  25  Tafeln.  Halle,  1908;  i  vol.  in-4''. 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  2  novembre  1908. 

Cours  de  Mécanique  de  la  Faculté  des  Sciences.  Traité  de  Mécanique  rationnelle, 
par  Paul  Appell,  Membre  de  l'Institut,  Doyen  de  la  Faculté  des  Sciences;  2^  édition 
entièrement  refondue;  t.  II  :  Dynamique  des  systèmes.  Mécanique  analytique.  Paris, 
Gauthier-Villars,  1904;  i  vol.  in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Traité  de  Radiologie  médicale,  publié  sous  la  direction  de  Ch.  Bouchard,  Membre 
de  l'Institut,   Professeur   de   Pathologie    générale   à  la    Faculté  de    Médecine;    avec 


-728  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

356  figures  et  7  planches  h.  t.  Paris,  G.  Sleinheil,  1904;  i   vol.  {11-4°.  (Hommage   de 
M.  Bouchard.) 

Résultai  des  campagnes  scientifiques  accomplies  sur  son  yacht  par  Albert  P'', 
Prince  souverain  de  Monaco,  publié  sous  sa  direction  avec  le  concours  de  M.  Jules 
Richard;  fasc.  XXIII  :  Bryozoaires  provenant  des  campagnes  de  THirondelle 
(1886-1888),  par  Jules  Julien  et  Louis  Calvet,  avec  18  planches;  fasc.  XXIV: 
Recherches  sur  l'existence  normale  de  l'arsenic  dans  Vorganisme,  par  Gabriel 
Bertrand,  avec  5  figures  dans  le  texte.  Imprimerie  de  Monaco,  1900;  i  vol.  et  i  fasc. 
in-f°,  (Hommage  de  S.  A.  S.  le  Prince  Albert  de  Monaco.) 

Carte  bathymétrique  des  îles  Açores,  d'aj)rès  les  cartes  françaises  et  anglaises,  les 
sondages  du  T^alisman,  du  Challenger,  de  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco,  Hirondelle 
et  Princesse- Alice,  et  de  VAçor,  par  J.  Thoulet,  corrigée  d'après  les  sondages  exé- 
cutés en  1902  par  la  Princesse-Alice  et  les  travaux  les  plus  récents.  —  Banc  de  la 
Princesse-Alice,  sondages  exécutés  les  iZ,  24,  25,  26  août  1902;  Carte  dressée  par 
MM.  le  Capitaine  H.-C.  Carr  et  Ch.  Sauerwein,  Enseigne  de  vaisseau,  2  sep- 
tembre 1902.  Paris,  imp.  Vieillemard  fils  et  C'*^,  1908  ;  les  2  cartes  sur  une  seule  feuille 
double-colombier. 

{A  suivre.) 


ACADÉMIE  DES    SCIENCES 

SÉANCE   DU    LUNDI   9   NOVEMBRE  1905, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GAUDRY. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIOIMS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

PHYSIQUE.    —   Sur  l' emmagasinement  des  rayons  n  par  certains  corps. 
Noie  de  M.  R.  Blo.vdlot. 

«  Au  cours  de  recherches  sur  les  rayons /î,  j'ai  eu  l'occasion  de  constater 
un  fait  très  remarquable.  Des  rayons  n,  produits  par  un  bec  Auer  enfermé 
dans  une  lanterne,  traversaient  d'abord  l'une  des  parois,  formée  d'une 
feuille  d'aluminium,  de  cette  lanterne,  puis  étaient  concentrés  à  l'aide  d'une 
lentille  en  quartz  sur  du  sulfure  de  calcium  phosphorescent  ('),  Le  bec 
Auer  avant  été  éteint  et  enlevé,  l'éclat  de  la  phosphorescence  demeura,  à 
ma  grande  surprise,  presque  aussi  intense  qu'auparavant,  et,  si  l'on  inter- 
posait un  écran  de  plomb  ou  de  papier  mouillé,  ou  la  main,  entre  la  lan- 
terne et  le  sulfure,  celui-ci  s'assombrissait  :  rien  n'était  changé  par  la 
suppression  du  bec  Auer,  sauf  que  les  actions  observées  s'affaiblissaient 
progressivement.  Au  bout  de  20  minutes,  elles  existaient  encore,  mais 
étaient  à  peine  sensibles. 

»  En  étudiant  de  près  les  circonstances  du  phénomène,  je  ne  tardai  pas 
à  reconnaître  que  la  lentille  en  quartz  était  devenue  elle-même  une  source 
de  rayons  n;  lorsque,  en  effet,  on  enlevait  cette  lentille,  toute  action  sur 
le  sulfure  disparaissait,  tandis  que,  si  on  l'approchait,  même  latéralement, 
le  sulfure  devenait  plus  lumineux.  Je  pris  alors  une  lame  de  quartz  épaisse 
de  iS'"'",  sa  surface  formant  un  carré  de  o*^'"  de  côté;  j'exposai  cette  lame 


(')  Ce  sulfure  était  fortement  tassé  dans  une  fente  pratiquée  dans  une  feuille  de 
carton  épaisse  de  o""",8;  la  largeur  delà  fente  est  de  C^'^^jO;  sa  longueur  est  iS'"'".  On 
obtient  ainsi,  après  insolation,  une  petite  source  lumineuse  très  sensible  auxrayons  n. 

G    K.,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  19.)  9^ 


73o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

aux  rayons  n  émis  par  un  bec  Aiier  à  travers  deux  feuilles  d'aluminium  et 
du  papier  noir.  Elle  devint  active  comme  la  lentille  :  lorsqu'on  raj)prochait 
du  sulfure,  il  semblait,  suivant  l'expression  de  M.  Bichat,  que  Ton  écartât 
un  voile  qui  l'assombrissait.  On  obtint  un  effet  encore  plus  marqué  en 
interposant  la  lame  de  quartz  entre  la  source  et  le  sulfure,  tout  près  de  ce 
dernier. 

»  Dans  ces  expériences,  l'émission  secondaire  par  le  quartz  s'ajoute  aux 
rayons  n  émanés  directement  de  la  source.  Cette  émission  secondaire 
a  bien  son  siège  dans  toute  la  masse  du  quartz,  et  non  pas  seulement  à  sa 
surface,  car,  si  l'on  place  successivement  plusieurs  lames  de  quartz  l'une 
sur  l'autre,  on  voit  l'effet  augmenter  à  chaque  lame  ajoutée.  Le  spath 
d'Islande,  le  spath  fluor,  la  barytine,  le  verre,  etc.  se  comportent  comme 
le  quartz.  Le  fdament  d'une  lampe  Nernst  reste  actif  pendant  plusieurs 
heures  après  que  la  lampe  a  été  éteinte. 

»  Une  pièce  d'or,  approchée  latéralement  du  sulfure  soumis  aux  rayons  n, 
augmente  son  éclat;  le  plomb,  le  platine,  l'argent,  le  zinc,  etc.  produisent  les 
mêmes  effets.  Ces  actions  persistent  après  l'extinction  des  rayons /i,  comme 
dans  le  cas  du  quartz;  toutefois,  la  propriété  d'émettre  des  rayons  secon- 
daires ne  pénètre  que  lentement  dans  le  sein  d'une  masse  métallique  : 
ainsi,  si  l'une  des  faces  d'une  lame  de  plomb  épaisse  de  2™"^  a  été  exposée 
aux  rayons  n  pendant  quelques  minutes,  cette  face  seule  est  devenue 
active;  une  exposition  de  plusieurs  heures  est  nécessaire  pour  que  l'acti- 
vité atteigne  la  face  opposée. 

»  L'aluminium,  le  bois,  le  papier  sec  ou  mouillé,  la  paraffine,  ne 
jouissent  pas  de  la  propriété  d'emmagasiner  les  rayons  n.  Le  sulfure  de 
calcium  la  possède  :  ayant  enfermé  une  dizaine  de  grammes  de  ce  sulfure 
dans  une  enveloppe  de  lettre,  puis  ayant  exposé  cette  enveloppe  aux 
rayons  ji,  je  constatai  que  son  voisinage  suffisait  pour  renforcer  la  phos- 
phorescence d'une  petite  masse  de  sulfure  préalablement  insolé.  Cette 
propriété  explique  une  particularité  constante  que  j'ai  signalée  antérieu- 
rement, à  savoir  que  l'augmentation  de  la  phosphorescence  par  l'action 
des  rayons  n  met  un  temps  appréciable  tant  pour  se  produire  que  pour 
disparaître.  Grâce,  en  effet,  à  l'emmagasinement  des  rayons  «,  les  diffé- 
rentes portions  d'une  masse  de  sulfure  renforcent  mutuellement  leur  phos- 
phorescence; mais  comme,  d'une  part,  l'emmagasinement  est  progressif, 
ainsi  que  je  l'ai  constaté  directement,  et  comme,  d'autre  part,  la  provision 
emmagasinée  ne  s'épuise  pas  instantanément,  il  en  résulte  que,  lorsque 
l'on  fait  tomber  des  rayons  n  sur  du  sulfure  phosphorescent,  leur  etfet 


SÉANCE    DU    9    NOVEMBRE    igoS,  781 

doit  croître  lentement,  et  que,  lorsqu'on  les  supprime,  leur  effet  ne  peut 
s'éteindre  que  progressivement  (' ). 

»  Des  cailloux  ramassés  vers  4*"  f^e  l'après-midi,  dans  une  cour  oii  ils 
avaient  reçu  les  radiations  solaires,  émettaient  spontanément  des  rayons  n  : 
il  suffisait  de  les  approcher  d'une  petite  masse  de  sulfure  phosphorescent 
pour  en  augmenter  l'éclat.  Des  fragments  de  pierre  calcaire,  de  brique, 
ramassés  dans  la  même  cour,  produisaient  des  actions  analogues.  L'acti- 
vité de  tous  ces  corps  persistait  encore  au  bout  de  4  jours,  sans  affaiblisse- 
ment bien  sensible.  Il  est  toutefois  nécessaire,  pour  que  ces  actions  se 
manifestent,  que  la  surface  de  ces  corps  soit  bien  sèche;  nous  savons,  en 
effet,  que  la  plus  mince  couche  d'eau  suffit  pour  arrêter  les  rayons  n.  La 
terre  végétale  fut  trouvée  inactive,  sans  doute  à  cause  de  son  humidité; 
des  cailloux  pris  à  quelques  centimètres  au-dessous  de  la  surface  du  sol 
étaient  inactifs,  même  après  avoir  été  séchés. 

»  Les  phénomènes  d'emmagasinement  des  rayons  n  qui  font  l'objet  de 
la  présente  Note  doivent  tout  naturellement  être  rapprochés  de  ceux  de  la 
phosphorescence;  ils  présentent  toutefois  un  caractère  tout  spécial  comme 
j'ai  l'intention  de  le  faire  connaître  prochainement.   » 


MEMOIRES  PRESENTES. 

M.  Prosi»er  de  Lafitïe  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire 
ayant  pour  titre  :  «  Le  carré  magique  de  3.  Solution  générale  du  pro- 
blème. » 

(Commissaires  :  MM.  Picard,  Painlevé.) 


M.  A.-N.  Paxoff  adresse  un  Mémoire  «  Sur  la  propagation  de  l'attrac- 
tion. » 

(Renvoi  à  l'examen  de  xM.  Appelt.) 


(  ')  J'indique  de  nouveau  ici  que,  d'une  manière  générale,  il  y  a  avantai;e,  dans  les 
expériences  sur  les  rayons  /t,  à  remplacer  le  bec  Auer  par  une  lampe  Nernsl  consom- 
mant 200  watts. 


^3'J!  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CORRESPONDANCE. 

GÉOMÉTRIE.  —  Sur  la  détermination  des  figures  invariantes  des  transforma- 
tions cycliques.  Note  de  M.  Rabut,  présentée  par  M.  Hatoa  de  la  Gou- 
pillière. 

«  J'ai  fait  connaître  (*)  les  équations  générales  des  figures  invariantes 
de  la  transformation  polaire  réciproque,  et  le  procédé  qni  m'y  a  conduit 
s'étend  aisément  à  toute  transformation  réciproque  (ou  dont  la  répétition 
produit  l'identité)  sans  autre  restriction  que  la  possibilité  d'exprimer  cette 
transformation  par  des  équations  diriérentielles. 

»  Je  me  propose  ici  d'élargir  bien  davantage  cette  méthode  en  traitant 
le  cas  général  d'une  transformation  cyclique,  c'est-à-dire  qui,  opérée  n  fois 
de  suite,  aboutit  à  l'identité. 

»  Envisageons  une  telle  transformation  dans  l'espace;  elle  se  représente 
par  trois  équations  reliant  un  élément  infinitésimal  d'une  figure  (défini 
par  les  coordonnées  x,  r,  z  et  les  dérivées  x' ,  y',  x" ,  y",  ...,x"',  y""  si  cette 
figure  est  une  ligne,  ou/?,  q,  r,  s,  /,  .  . .  s'il  s'agit  d'une  surface)  avec  l'élé- 
ment transformé.  Affectons  ces  quantités  des  indices  i,  2,  3,  . .  .,  /?  dans  la 
fissure  primitive  et  ses  transformées  successives,  l'élément  n  H-  i  étant  iden- 
tique à  l'élément  i.  Convenons  d'autre  part,  pour  abréger,  d'écrire 
F(i,  2,  ...,  n  —  I,  n)  pour  une  fonction  des  quantités  ci-dessus,  relatives 
aux  figures  successives  i ,  1,  . . .,  (n  —  i),  n,  contenant,  en  outre,  des  para- 
mètres auxiliaires  dont  l'emploi  va  être  justifié. 

»  Une  transformation  cyclique  peut  toujours  être  caractérisée  par  un 
svstème  d'équations  tel  que 

Fi(i,  2,   ...,/?  —  r,  «)     =  o, 
F, (2,  3,  ...,  rt,  i)  =0, 

Fi(3,  4,  .-.,  I,  'J^)  =0, 


F2(l,   2,     . 

F,(2,  3,  . 
F,(3,  4,  . 

...    //  T  , 

...  a.  I  ) 
..,   1,  2) 

u 

) 

=  0, 
=  0, 
=  0, 

F/,(I,    '2,    . 

F/,(2,  3,  . 
.,         F/,(3,  4,  . 

..,«  —  !,/?)     =  0 
.  . ,  n ,   T  )               =0 

. . ,  n,  V.)             =  0 

FoCrt,  1,  . 

1 

1 

— 

1  ) 

=  0, 
L     1  '  _-• 

.,         F/,(^rt,  1,  . 
-.    i_i: 

. ,  /i  —  2 ,  n  —  I  )  =0 

F,(n,  I,  ...,  n  —  2»,  n  —  r)  =  o, 

contenant  chacune,  outre  les  coordonnées  et  dérivées  relatives  à  l'élé- 


(•)  Comptes  rendus,  17  juin  1901. 


SÉANCE    DU    9    NOVEMBRE    T9o3.  ^"^3 

ment  i  et  à  ses  transformés,  des  paramètres  auxiliaires  en  nombre/.  En 
effet,  suivant  la  valeur  du  nombre  n  et  celle  de  l'ordre  m  de  ces  équations 
différentielles,  on  peut  toujours  choisir  ^  et  /  de  telle  façon  que  l'élimination 
des  coordonnées  et  dérivées  d'indice  supérieur  à  2,  ainsi  que  des  oara- 
mètres  auxiliaires,  entre  ces  nk  équations,  en  laisse  subsister  trois  entre  les 
coordonnées  et  dérivées  d'indices  i  et  2;  ces  trois  équations  résultantes 
sont  les  équations  difFérentielles  de  la  transformation, 

»  D'autre  part,  une  figure  de  l'espace  (ligne  ou  surface)  admettant  cette 
transformation  peut  toujours  être  caractérisée  en  adjoignant  à  ces  trois 
équations  un  système  de  n/  équations  (i)  où  les  fonctions  données  F  sont 
remplacées  par  des  fonctions  $  contenant  \  paramètres  auxiliaires.  On 
peut,  en  effet,  choisir  x.  et  X  de  façon  que  l'élimination  des  coordonnées  et 
dérivées  d'indices  ^i,  ainsi  que  des  paramètres  auxiliaires  entre  ces 
ny  -I-  3  équations,  en  laisse  subsister  deux  ou  une  (savoir  deux  dans  le  cas 
d'une  ligne,  une  dans  le  cas  d'une  surface)  entre  les  coordonnées  et  déri- 
vées d'indice  i.  Ces  deux  équations  résultantes,  ou  cette  unique  équation 
résultante,  représentent  une  ligne  ou  une  surface  invariante  dans  la  trans- 
lormation  considérée;  en  choisissant  <î>  arbitrairement,  on  obtient  toute 
figure  jouissant  de  cette  propriété. 

»  Il  ne  reste  qu'à  indiquer  comment  on  détermine,  dans  chacun  des 
deux  cas,  les  nombres  k,  l,  y,  1. 

»  Premier  CAS.  —  Transformations  de  lignes.  —  Le  nombre  des  coordon- 
nées et  dérivées  d'indice  >>  2  est  {im  +  3)(/^  —  2).  Il  faut  donc  que 

nk  =  ('2/n  +  3)  fn  —  2)  +  / •+-  3, 
d'oi^i 

k  =  ini  -h  j  —   ~ ' 5 

n 

/ayant  la  plus  petite  valeur  qui  rende  k  entier. 

Le  nombre  des  coordonnées  et  dérivées  d'indice  >>  i  étant 

{im  +  3)  (/2  —  i), 

la  seconde  condition  à  remplir  est 

ny^^=  (^im  -h  3  i  (/?.  —  i)  -h  X  -h  2, 


734  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'où 

o         2  m  +  2  —  X 
y  =  27??  -f-  J  —    ) 

7.  ayant  la  plus  petite  valeur  qui  rende  /  entier. 

))   Deuxième  CAS.  —  Transformations  de  surf  aces.  —  Nombre  de  coordon- 
nées et  dérivées  d'ordre  >  i  : 


»    Première  condition  à  remplir  : 


nk  =- 
d'oii  k  et  /; 


■  /??.  +  I  )  (  /?i  +  2  )  ,  .  .        ,      ,, 


2](/Z-2) 


))   Deuxième  condition  à  remplir  : 

t(  /;? -i-  I  )  (  /7î  H-  2  )  1  .  s 

^ ^i 1   +  oj  (,,  _  t)  +  >.  +   I  , 

d'où  /  et  'k.  )) 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  l' approximation  des  fonctions  par  les 
irrationnelles  quadratiques.  Note  de  M.  S,  Pincherle,  présentée  par 
M.  £.  Picard. 

«  Une  Note,  publiée  par  M.  Borel  dans  l'un  des  derniers  fascicules  du 
Bulletin  de  la  Société  mathématique  de  France,  montre  d'une  façon  aussi 
simple  qu'élégante  l'usage  qu'on  peut  faire  des  nombres  quadratiques 
a  ±  sjb  pour  représenter  par  approximation  un  nombre  réel  quelconque. 

»  Je  me  propose  ici  d'indiquer  une  méthode  qui  permet,  d'une  façon 
analogue,  de  représenter  par  approximation  une  fonction  analytique  quel- 
conque, régulière  dans  le  domaine  |^|^  R,  par  une  fonction  de  la  forme 
P  H-  y'O,  où  P  et  Q  sont  des  fonctions  rationnelles  (').  Bien  entendu,  il 
s'agit  d'approximation  algébrique  comme  dans  l'algorithme  des  fractions 


(')  Cf.,  pour  des  applications  plus  générales  clans  cet  ordre  d'idées,  mes  Mémoires 
publiés  par  l'Académie  de  Bologne  (S.  IV,  t.  X,  1890,  p.  5i3  et  S.  V,  t.  IV,  189^)  et 
dans  les  Annali  di  Matematica  (S.  II,  t.  XIX,  1891,  p.  70). 


SÉANCE    DU    Ç)    NOVEMBRE    I903.  735 

continues  et  dans  celui  de  Ch.  Hermite,  dont  la  méthode  que  je  vais  indi- 
quer est,  au  fond,  une  application. 

»  Soit  a(j:-)  une  fonction  qui,  pour  des  valeurs  assez  grandes  de  [x|, 
admet  un  développement 

(\  An  n'i  rC<> 

.r)  =  —  -h  -4  +  ^  H-.... 

»  Etant  donné  un  nombre  entier  n  aussi  grand  qu'on  voudra,  on  pourra 
toujours  déterminer  trois  polynômes  entiers  en  x,  T\,,  Q,,,  R„,  tels  que 

Ci)  a„=P,,+  Q,,a+-R,,ry.2 

soit  une  série  de  puissances  décroissantes  de  iv,  dont  le  premier  terme  est 
x~("+*\  les  degrés  de  P„,  Q„,  R„  étant  respectivement 

m  —  I ,     m.     m  —  i  si  /i  =  2m, 

m  —  I ,      m,         m,  si  n  -=  -i ni  -\-  \ . 

»  Le  nombre  des  coefficients  que  l'on  doit  annuler  est  3/72  dans  le  pre- 
mier cas,  et  3m  -+-  i  dans  le  second;  or,  les  constantes  dont  on  peut  dis- 
poser étant  en  nombre  3m  4- i  dans  le  premier  cas  et  3m  +  2  dans  le 
second,  les  polynômes  P^,  Q„,  R„  sont  en  général  déterminés,  à  un  facteur 
constant  près. 

M   Si  l'on  substitue,  à  la  relation  (i),  l'équation  approchée 

(o)  R^^^,2+Q^^0,_|_p^^=:O, 

on  en  tire 


2R,  (   -y  Ql 

n   La  fonction 

étant  du  degré  —  i  ou  —  2  suiv^ant  que  n  =  2m  ou  2m  -i-  i,  tend  vers 
zéro  pour  n  =  co;  on  peut  donc  développer  la  racine  carrée  en  série  de 
puissances  de  x'^*  et,  puisque  a  est  nul  pour  ;r  —  co,  on  doit  prendre  le 
signe  —  du  radical. 

»   Si  maintenant  l'on  compare  l'expression  approchée  de  x 


736  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

avec  l'expression  exacte 


Qa     il    _      ./j  4(Pn—  ««)H,( 


on  voit  imnfiédiatement  que,  dans  cette  dernière,  les  coefficients  de  a„  ne 
figurent,  dans  le  développement  en  série  de  puissances  de  cc~^ ,  qu'à  partir 
du  terme  de  degré  —  (3//^  4-  i)  dans  la  parenthèse  et,  par  suite,  dans  le 
produit,   à  partir  du  terme  de  degré  —  3m  pour  n  =  im,  et  —  (3m  -f-  i) 

pour  /l  =  2/?2  -t-  1  . 

»  La  fonction  a  est  donc  représentée  par  l'expression  approchée  (3) 
développée  en  série,  jusqu'au  terme  de  degré  —  3m  +  i  ou  —  3m  inclusi- 
vement, suivant  que  n  --  nm  ou  2m  +  t.    )j 


MÉGANIQUE,  —  Généralisation  de  la  propriété  fondamentale  du  potentiel. 
Note  de  M.  A.  de  Saint-Germaix,  présentée  par  M.  Appell. 

«  On  a  très  nettement  établi  que,  lorsqu'elle  s'exerce  suivant  la  loi  de 
Newton,  l'attraction  d'une  masse  continue  S  sur  un  de  ses  points  A,  a  ses 

composantes  tmies  et  égales  aux  tierivees  partielles -y-^,  —,  -r^  du  potentiel; 

je  veux  montrer  qu'il  en  est  encore  de  même  quand  l'attraction  varie  en 
raison  inverse  de  la  n}*^^^  puissance  de  la  distance,  pourvu  que  n  soit  infé- 
rieur à  4  ;  si  72^4?  ^  est  infini  à  l'intérieur  de  S. 

»   Je  suppose  que  l'attraction  exercée  sur  le  point  A  par  un  élément  de 

masse  dij.  situé  en  un  point  M  à  la  distance  ii  du  point  A  soit  égale  à  — ;f»> 

et  que  la  densité  en  chaque  point  de  S  soit  une  fonction  holomorphe  des 
coordonnées.  Si  au  point  A,  de  coordonnées  ^,  y,  z,  la  densité  est  p,  au 
point  M,  dont  les  coordonnées  sont  x  -h  ^,  y  -+-  '/),  z  -{-  C  elle  aura  pour 
expression 

,    y  dp     ,        àp     ,    y  àp     , 

P  +  ^5t.+-'.3J;+^5T +■••=? +  =-■«. 

a  ayant  une  valeur  finie  qui  dépend  de  u  et  de  la  direction  AM. 

»  J'envisage  une  sphère  a,  de  très  petit  rayon  s,  ayant  son  centre  au 
point  attiré  A,  et  je  décompose  S  en  deux  parties  :  l'une  S,  remplissant  le 
volume  (7,  l'autre  So  extérieure  à  c.  Soient  X,  X,,  X^  les  composantes, 
suivant  l'axe  OX,  des  attractions  exercées  sur  A  psr  S,  S,,  S^  ;  V,  V,,  V^  It^s 


SÉANCE    DU    9    NOVEMBRE     IQoS.  737 

potentiels  de  ces  masses.  Le  point  A  ne  faisant  pas  partie  de  S^,  on  sait 
d.v 


que  Xo  est  égale  à  -t-=;  on  a  donc  évidemment 


\.  ^       —    V I  - 

fJX  <).v 


àV, 


»   Si  nous  reconnaissons  que  X,  et  -r-'^  décroissent  indéfiniment  avec  s, 

'■  or 

-r-  ont  des  valeurs  déterminées,  X r— 

OU'  (JOC 


tandis  que  X  et-r-  ont  des  valeurs  déterminées,  X r—  sera  nécessaire- 


ment  nul. 

»  Considérons  d'abord  X,.  Je  décompose  S,  en  éléments  au  moyen  des 
coordonnées  polaires  u,  0,  (j^,  G  étant  l'angle  de  AM  avec  OX,  et  j'ai 

(hx  =  (  p  -t-  a.  «  )  ?^-  s  i  u  0  (lu  r/0  d'^, 
(    \      -y-     _.    r'""  ['''    r^  p  s\nO  cosO  du  cK)  d'h  ^    .    f  f  T  a  cosO  sin  0  r/// r/0  ./'i 

»  La  première  intégrale,  représentant  ime  composante  de  l'attraction 
d'une  sphère  homogène  sur  son  centre,  est  nulle;  en  désignant  par  a,  un 
nombre  compris  entre  la  plus  grande  et  la  plus  petite  des  valeurs  de  a  cosô 
à  l'intérieur  de  a,  la  seconde  intégrale  a  pour  valeur 

^  s'ivx')  du  d^  d<]^         STcXa,     ,_^^ 


r  r  r  sinOrf^ 


n  étant  <^4»  X,  décroît  indéfiniment  avec  e,  et  la  valeur  de  X  étant  finie  sera 
certainement  déterminée.  Si  A  était  sur  la  surface  qui  limite  S,  le  champ 
des  intégrales  (i)  serait  réduit  à  la  moitié  de  la  sphère  a  et  la  première 
de  ces  sommes  deviendrait  infinie,  en  même  temps  que  l'attraction, 
pour  n^3. 

»   Pour  calculer  -y-^  je  mène,  parallèlement  à  OX,   un  vecteur  AA'  de 

longueur  très  petite  h\  si,  en  A',   le  potentiel  de  S,    a  pour  valeur  V  , 

--,—  sera  égal  à  la  limite  de  —^~. — ~  quand  h  tendra  vers  zéro.  On  a  d'abord 

»  Représentons  maintenant  par  ce  -^  h  -h  c,  y  -\-  r\,  s  -f-  '(  les  coordon- 
nées du  point  M,  par  a  la  distance  A'M;  l'expression  de  V,  sera  analogue 
à  celle  de  V,,  si  ce  n'est  qu'on  devra  remplacer  [r/.u  par  iy.u  -+-  p'/i,  p'  ayant 

G.  R.,  igoS,  2°  Semestre.  (T.  CXXXVII,   N°  19.)  97 


738  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pour  limite  -~  et  faire  varier  u  de  zéro  à  s  +  k,  k  s'annulant  avec  h.  De 
cette  valeur  je  retranche  celle  de  V,,  je  divise  par  h  et,  pour  simplifier 
l'écriture,  je  multiplie  tous  les  termes  par  — , —  ;  il  vient 

""^  '  I      du 


(2) 


h  u"- 


»  Quand /<  et /c  tendront  vers  zéro,  la  première  des  intégrales  relatives 
à  u  tendra  vers  — r  lim-f-  Or  la  limite  de  7-  est  —  cosO,  comme  on  le  voit 
géométriquement,  ou,  en  partant  de  la  relation 

£-  =  (e  +  ky  4-  h-  -f  ih(z  4-  k)  cosG; 

il  en  résulte  qu'en  passant  à  la  limite  la  première  des  intégrales  (2)  s'an- 
nule. Un  raisonnement  semblable  montre  que  la  seconde  a  pour  limite 
—  27îao£''~",  oco  ayant  une  signification  analogue  à  celle  de  a,  :  la  limite  de 
la  troisième  intégrale  s'aperçoit  aisément  et  l'on  trouve 

lim     111  ' 


du 


h  âx  n  —  I    \i\  —  n  dx 

Donc  -t—'  décroît  indéfiniment  avec  e  et  -r—  a  une  valeur  finie  et  déter- 
ox  ax 

minée,  ce  qui  justifie  notre  proposition.  » 


THERMODYNAMIQUE.  —  Sur  les  lois  du  déplacement  de  l'équilibre  chimique. 
Note  de  M.  E.  Arîès,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Le  potentiel  total  H  d'un  système  chimique  en  équilibre,  partagé 
en  o  phases,  peut  être  mis  sous  la  forme 

»  J^e  potentiel  11^  de  la  S"^'"^  phase  est  exprimé  en  fonction  de  la  pres- 
sion p,  de  !a  température  T  et  des  proportions  moléculaires  x]  des  corps 
mélangés  qui  constituent  la  phase,  proportions  qui  sont,  elles-mêmes,  en 
vertu  des  équations  de  l'équilibre,  des  fonctions  de  p  et  de  T  (  *). 

(')  Voir  Comptes  rendus  du  27  juillet,  p.  253. 


SÉANCE    DU    9    NOVEMBRE    ICjO").  n3c) 

»  Le  volume  V,,  l'entropie  S^  de  la  S'*""^  phase,  le  potentiel  moléculaire 
et  individuels^  de  l'un  quelconque  des  corps  qui  la  forment  sont  donnés 
par  les  formules 

(■)  v.=  f,      -s,=  f, 

»  L'indice  i,  s'appliquant  à  l'un  des  q  constituants  indépendants  du 
système  ou  à  l'un  des  r  corps  qui  en  dérivent,  peut  varier  de  i  à  <^  h-  r. 

))  Si,  par  suite  d'une  variation  élémentaire  de  la  pression  ou  de  la  tem- 
pérature, ou  des  deux  à  la  fois,  le  système  passe  à  un  nouvel  état  d'équi- 
libre infiniment  voisin  du  premier,  on  aura,  en  différentiant  les  équa- 
tions fiX 


(}[J-  '  ap  (Jl  .amà    (ip  ' 


[i.^(i,2,...,r/  +  r)]. 


-^^^^^dT^.^^  ^    "71^   ^T 


»   Multipliant  la  première  de  ces  éqiiations  par  dp,  la  deuxième  par  r/T, 
puis  ajoutant  membre  à  membre,  il  vient 


l  a  v,«/>  —  «D.,ai  =  -  -   .    ^ 

(3) 


l  ^/ V,.  dp  —  d^,  dT  —  —-1  dp-  4-  2  -r — ^,  dp  dT  -f-  —^=^  dj- 


))  Si  l'on  représente  par  dN'^  et  d^'^  les  variations  de  volume  et  d'entropie 
qui  se  seraient  produites,  si  les  modifications  élémentaires  J/?  et  r/T  n'avaient 
été  accompagnées  d'aucun  changemerit  chimique,  on  aura,  en  faisant  tous 
les  dx  nuls  dans  l'équation  précédente, 

d  \  ,  dp  —  rtS,  d  1  =r.  ----  (hr  4-  2  -r — -;„  dp  d  1  H ^^  d  l'. 

^    '  ^  Op'     '  âpOl    '  cl- 

»   Et  l'équation  (3)  deviendra 

(dY,,~-dY';)dp  -  (dSs-dS'^)dT=^('^dp  4-  ^d'ï)  dx], 
soit 

(4 )  dvs dp  -  dss dj  =  y^ (^^  dp  +  -^ t/ïj  (/^•;", 


^4o  ACADÉMIE    DliS    SCIENCES. 

dvg  et  dsg  étant  les  variations  de  a  olunie  et  d'entropie  de  la  S'*"""^  phase,  dues 
à  l'action  chimique. 

»  D'autre  part,  en  différentiant  l'équation  (2),  on  obtient,  pour  la 
variation  du  potentiel  h]  dans  la  transformation  considérée, 

))  Multipliant  chaque  membre  par  dx]  et  ajoutant  les  q -\- r  équations 
obtenues,  en  donnant  à  l'indice  ?  les  valeurs  snccessives  i,  2,  ...,  q-\-r, 
il  vient 

(5)         y^ih'M-^yJ^^,<jp+%<i-ï)<i..)-^.p\\,. 

f/-H^  représentant  la  différentielle  du  second  ordre  du  potentiel  H^,  quand 
nii  y  suppose/?  et  T  constants. 

»   I^a  comparaison  des  formules  (4)  et  (5)  donne 

Idh'.dx]  =  dv^dp  -  dssdj  -+-  d-  M,. 

»  Reportons-nous  maintenant  au  système  tout  entier,  en  ajoutant 
membre  à  membre  les  ç  équations  semblables,  relatives  aux  différentes 
phases;  le  premier  membre  se  réduira  à  zéro;  c'est  en  effet  la  différence 
de  deux  quantités  nulles  d'après  les  lois  fondamentales  de  l'équilibre  chi- 
mique :  ces  quantités  sont  les  variations  du  potentiel  total  du  système 
dans  les  deux  clats  d'équilibre  con^i  léi'és 

1  a;  dx] ,      et     i  (  a;  +  dh]  )  dx\ , 

quand  on  suppose  la  température  et  la  pression  constantes,  et  qu'on  fait 
subir  aux  x  les  variations  compatibles  avec  les  liaisons  du  système,  varia- 
tions qui,  dans  le  cas  actuel,  ne  sont  autres  que   celles  nécessaires   au 
passage  du  premier  au  second  état  d'équilibre. 
»   Le  second  membre  est  donc  nul,  ce  qui  donne 

dvdp  -  dsdT  H-  r/- H  =  o, 

en  désignant  par  dç  et  ds  les  variations  de  volume  et  d'entropie  du  système 
tout  entier,  dues  à  V action  chimique,  et  par  d'H  la  différentielle  du  second 
ordre  de  H,  considéré  comme  une  fonction  des  x  seulement,  les  variations 
de  ces  x  étant  d'ailleurs  celles  réalisées  quand  le  système  passe  du  premier 
au  second  état  d'équilibre. 


SÉANCE    DU    9    NOVEiMBRE    igoS.  74 1 

.  »  Mais,  encore  d'après  les  lois  fondamentales  de  l'équilibre  chimique, 
d-H  est  positif;  il  ne  peut  être  nul  que  pour  un  état  d'équilibre  indifférent, 
les  dx  se  rapportant  à  une  transformation  à  tensions  fixes,  ce  qui  n'est  pas 
le  cas.  On  a  donc 

dvdp  —  dsdT  <C  o. 

»  Cette  inégalité,  suivant  que  l'on  y  f<iit  dï  =  o  ou  f^  =  o,  exprime  les 
deux  lois  de  déplacement  de  l'équilibre  attribuées  à  MM.  Le  Chatelier  et 
Van  t'Hoff;  elles  peuvent  s'énoncer  très  simplement,  comme  il  suit  ; 

»  Première  loi.  —  .4  température  constante,  le  changement  chimique  qui 
se  produit  sous  une  augmentation  de  pression  est  celui  qui  entraîne  une  con- 
densation de  la  matière. 

»  Deuxième  loi.  —  A  pression  constante,  le  changement  qui  se  produit  sous 
une  augmentation  de  la  température  est  celui  qui  absorbe  de  la  chaleur.  » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Cohésion  diélectrique  des  gaz  à  basse  température. 
Note  de  M.  E.  Bouty,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  L'enceinte,  de  loo^  de  capacité  environ,  qui  contient  les  appareils, 
a  été  refroidie  à  l'aide  de  l'air  liquide.  La  température  était  donnée  par  un 
thermomètre  à  toluène  gradué  jusqu'à  —  yS*^,  mais  qui  permettait  de 
repérer  approximativement  les  températures  jusqu'au  voisinage  de  —  loo". 

»  Les  mesures  ont  été  réalisées  à  volume  constant.  Voici,  à  titre 
d'exemple,  quelques  séries  de  nombres.  C  est  le  champ  critique  en  volts 
par  centimètre. 

»  Air.  —  Pression  rapportée  à  17°  :  /i'^"%o-6. 

t.  C. 

+  '4,7  '9^0 

—38  1955 

— 70  1953 

»   Pression  rapportée  à  1  7°  :  ô'^'",  039. 

t  C. 

-1-12,5  2376 

— 62  ,  2387 


7/|2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Hydrogène.  —  Pression  rapportée  à  17°  :  g<''",667. 

t.  '  C. 

+  16,7  2 1 67 

— 20  2178 

—  38  2i63 

— 5i  2194 

-84  (M  2195 

—95(1)  2192 

»  Pour  Tacide  carbonique,  les  expériences  isolées  sont  un  peu  moins 
concordantes,  mais  les  mesures  relatives  à  des  températures  différentes  ne 
s'écartent  pas  plus  entre  elles  que  celles  qui  sont  réalisées  à  une  tempé- 
rature invariable. 

»  Rapprochant  ces  mesures  de  celles  que  j'ai  publiées  antérieurement  (-), 
on  est  en  droit  d'affirmer  que  la  cohésion  diélectrique  d'un  gaz  à  volume 
constant  ne  varie  pas  de  j|^  de  sa  valeur  entre  — 100°  et  ■+•  200°,  c'est- 
à-dire  dans  des  limites  où  la  pression  varie  dans  le  rapport  2,  7. 

»  On  peut  rapprocher  l'invariabilité  de  la  cohésion  diélectrique  avec  la 
température  de  celle  de  l'indice  de  réfraction  à  volume  constant,  vérifiée 
par  l'expérience  dans  des  limites  encore  plus  larges  (évaluation  des  tem- 
pératures par  le  déplacement  des  franges  d'interférence).  Si  l'on  joint  à  ces 
deux  éléments  la  constante  diélectrique,  liée  à  l'indice  par  la  relation  bien 
connue,  mais  relativement  à  laquelle  on  ne  possède  aucune  mesure  à  haute 
ou  à  basse  température,  on  aura  épuisé,  je  crois,  la  liste  des  propriétés 
physiques  des  gaz  indépendantes  de  la  température,  à  volume  constant. 

»  Dans  la  théorie  des  ions,  on  admet  que  la  décharge  disruptive  se 
produit,  quand  les  ions  positifs  acquièrent  dans  le  champ  une  vitesse 
suffisante  pour  ioniser  les  molécules  neutres.  A  volume  constant,  le 
chemin  moyen  des  ions  et  la  vitesse  acquise,  dans  un  trajet  égal  à  ce 
chemin  moyen,  sous  l'action  d'un  champ  constant,  sont  invariables.  Mes 
expériences  indiqueraient  donc  que  la  force  vive  minimum  que  doit  pos- 
séder un  ion,  pour  qu'il  puisse  ioniser  une  molécule  neutre,  est  indépen- 
dante de  la  température.    » 


(')  Températures  seulement  repérées. 

(-)   Voir  Comptes  rendus,  t.  CXXXVI,  p.  i646. 


SÉANCE    DU    9   NOVEMBRE    igoS.  74^ 


PHYSIQUE.     —   Sur  une  solution    pratique  du  problême  de   la  photométrie 
hétérochrome.  Note  de  M.  Charles  Fabry,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Malgré  de  nombreux  et  importants  travaux,  le  problème  de  la  photo- 
métrie hétérochrome  ne  semble  pas  résolu  d'une  manière  vraiment  pra- 
tique. Dans  la  comparaison  de  deux  sources  de  lumière  de  teintes  très 
différentes,  comme  un  arc  électrique  et  un  étalon  à  flammes,  il  subsiste 
une  grande  part  d'incertitude  et  d'arbitraire.  Les  difficultés  ne  peuvent  que 
s'accroître  par  suite  de  l'introduction,  dans  la  pratique  de  l'éclairage,  de 
sources  de  lumière  de  plus  en  plus  diverses. 

»  La  méJhode  que  je  propose  consiste  à  utiliser,  pour  chaque  mesure  pho- 
tométrique, un  étalon  secondaire  {on  verra  plus  loin  par  quel  moyen  très 
simple  je  l'obtiens)  de  même  teinte  que  la  lumière  à  mesurer.  La  compa- 
raison devient  facile,  et  les  mesures  de  lumières  analogues  deviennent 
parfaitement  comparables  entre  elles.  De  plus,  ces  divers  étalons  secon- 
daires peuvent  être  comparés  avec  l'étalon  fondamental  unique,  une 
fois  pour  toutes,  avec  tous  les  soins  possibles,  et  par  des  méthodes 
variées;  on  peut  adopter  pour  chacun  d'eux  une  valeur  fixe,  moyenne 
d'un  grand  nombre  d'observations;  en  un  mot,  résoudre  une  fois  pour 
toutes  les  difficultés  que  présentent  les  comparaisons  hétérochromes, 
au  lieu  de  les  laisser  subsister  dans  presque  toutes  les  mesures  indus- 
trielles. 

»  Pour  réaliser  ce  programme,  il  faut  évidemment  posséder  un  étalon 
secondaire  de  teinte  identique  à  chacune  des  sources  usuelles.  En  définitive, 
la  variété  des  teintes  étant  illimitée,  il  faut  disposer  d'une  infinité  d'éta- 
lons secondaires.  Il  n'est  cependant  pas  nécessaire  de  réaliser  toutes  les 
combinaisons  possibles  de  radiations  simples  en  diverses  proportions  :  deux 
lumières  peuvent  avoir  des  compositions  spectrales  très  différentes,  et 
produire  sur  l'œil  des  sensations  colorées  identiques,  par  suite  se  prêter  à 
des  comparaisons  photométriques  précises.  Il  suffit  de  réaliser  les  étalons 
secondaires  de  constitutions  telles  qu'ils  donnent  les  mêmes  sensations  de 
couleur  que  les  diverses  sources  usuelles. 

))  L'expérience  m'a  montré  qu'on  peut  arriver  à  ce  résultat  en  interpo- 
sant devant  un  étalon  à  flamme  (tel  qu'une  lampe  Carcel)  des  milieux 
absorbants  convenables. 


n/',4  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

))  J'ai   choisi   deux  liquides   absorbants,  de  compositions  bien  définies,  et  faciles  à 

reproduire  : 

[  Sulfate  de  cuivre  cristallisé is 

A.  \  Ammoniaque  à  22° 100""' 

(   Eau.  Quantité  suffisante  pour  faire i' 

[  Iode 18 

B.  <   lodure  de  potassium 3s 

[  Eau.  Quantité  suffisante  pour  faire i^ 

»  Le  liquide  A  afTaiblii  la  partie  rouge  du  spectre,  B  la  partie  bleue.  En  faisant 
passer  la  lumière  d'une  lampe  donnée  à  travers  des  épaisseurs  ^  et  y  de  ces  liquides, 
on  peut  obtenir  une  infinité  de  teintes.  L'expérience  montre  que,  parmi  elles,  se 
trouvent  toutes  les  teintes  des  lumières  utilisées  (y  compris  la  lumière  solaire  et  celle 
de  Tare  au  mercure  dans  le  vide)  et  probablement  de  toutes  les  lumières  utilisables 
pour  l'éclairage.  Il  revient  d'ailleurs  au  même  de  laisser  l'épaisseur  constante  et  de 
faire  varier  la  dilution,  pourvu  que,  dans  le  liquide  A,  la  proportion  d'ammoniaque 
ne  s'écarte  pas  trop  de  -^. 

»  En  même  temps  que  la  teinte,  cette  interposition  de  milieux  absorbants  modifie 
l'intensité.  On  a  déterminé,  une  fois  pour  toutes,  l'affaiblissement  produit  par  cette 
absorption,  et  ce  rapport,  fonction  de  û:  et  y,  peut  être  donné  dans  une  Table  numé- 
rique ou  par  une  formule  empirique,  que  j'indiquerai  dans  un  Mémoire  plus  étendu. 
Pour  la  confection  de  cette  Table,  les  comparaisons  hétérochromes  reparaissent  iné- 
vitablement, mais  elles  sont  faites  une  fois  pour  toutes.  Mes  expériences  ont  été  faites 
sur  la  lampe  Carcel,  mais  je  me  suis  assuré  que  les  nombres  sont  applicables  à  tout 
autre  étalon  à  flamme  de  teinte  peu  différente  (lampe  Hefner,  lampe  à  essence),  et 
cela  par  des  expériences  précises  qui  ne  comportent  que  des  comparaisons  de  lumières 
peu  différentes. 

)>  Cela  posé,  pour  faire  une  comparaison  photométrique,  on  opérera  de 
la  manière  suivante  :  Soit  à  comparer  une  source  L  avec  un  étalon  E.  On 
prendra  une  lumière  de  comparaison  H,  qui  sera  une  lampe  Carcel,  ou 
toute  autre  lumière  de  teinte  analogue,  qui  n'a  pas  besoin  d'être  connue 
en  valeur  absolue,  mais  devra  rester  invariable  pendant  la  mesure.  Elle  est 
placée  d'un  côté  du  photomètre,  avec  ses  cuves  absorbantes.  De  l'autre 
côté,  plaçons  la  source  L  à  mesurer,  mettons  dans  les  cuves  des  liquides 
tels  que  les  teintes  soient  égalisées,  puis  établissons  l'égalité  d'éclairement. 
Répétons  les  mêmes  opérations  en  remplaçant  la  source  à  mesiuer  par 
l'étalon,  les  mêmes  cuves  (ou  des  cuves  identiques)  étant  remplies  de 
nouveaux  liquides  (de  l'eau  pure  si  E  est  un  étalon  à  flamme).  Un  calcul 
très  simple  donne  le  rapport  cherché. 

»    L'emploi  de  ma  méthode  ne  complique  pas  notablement  les  comparai- 


SÉANCE    DU   9   NOVEMBRE    l(,o3.  n^S 

sons  photométriqiies:  lamélhode  ile  double  pesée  que  j'emploie  esUoiijours 
recommandable,  puisqu'elle  élimine  toute  erreur  provenant  des  défauts  de 
symétrie  du  photomètre;  l'expérience  sur  l'étalon  peut,  dans  une  série  de 
mesures,  n'être  faite  que  de  temps  en  temps  pour  s'assurer  de  l'invariabi- 
lité de  la  source  de  comparaison.  Quanta  la  confection  des  liquides,  elle 
est  des  plus  faciles,  et  peut  être  faite  une  fois  pour  toutes  pour  les  diverses 
sources  usuelles.  Enfin,  la  substitution  de  cuves  pleines  d'eau  à  des  cuves 
absorbantes  se  fait  instantanément  au  moyen  d'un  système  de  glissières 
convenables. 

»  J'espère  donc  que  l'emploi  de  cette  méthode  permettrait,  sans  com- 
plication notable,  d'apporter  plus  de  précision  dans  une  question  souvent 
controversée.  Les  très  grandes  difficultés  de  la  photométrie  hétérochrome 
seraient  ainsi  éliminées  de  la  pratique  courante,  et  reportées  sur  des 
mesures,  faites  une  fois  pour  toutes,  et  pour  lesquelles  d  serait  possible  de 
comparer  et  discuter  les  résultats  trouvés  par  différents  observateurs  au 
moyen  de  diverses  méthodes.  » 


PHYSIQUE.  —  Sur  la  scuuUlaùon  du  sulfure  de  zinc  phosphorescent,  en 
présence  du  radium,  revivifiée  par  les  décharges  électriques.  Note  de 
M.  Th.  To.mmasixa. 

«  M.  Henri  Becquerel,  dans  la  conclusion  de  sa  Noie  du  27  octobre  : 
Sur  la  phosphorescence  scintillante  que  présentent  certaines  suhstdhces  sous 
l'action  des  rayons  du  radium,  disait  :  Ces/aits  établissent  sinon  une  démon- 
stration, du  moins  une  grande  présomption  en  faveur  de  l' hypothèse  qui  attri- 
buerait la  scintillation  ci  des  clivages  provoqués  irrégulièrement  sur  l'écran 
cristallin  par  V action  plus  ou  moins  prolongée  des  rayons  oc  (').  Comme  les 
résultats  de  mes  expériences  confirment  celle  hypothèse,  j'ai  l'honneur  de 
signaler  à  l'Académie  quelques  faits  nouveaux  qui  semblent  élucider  davan- 
tage ce  qui  doit  se  passer  dans  ce  curieux  et  très  intéressant  phénomène. 

»  M.  Rutherford,  de  passage  à  Genève  au  mois  de  juin  dernier,  eut 
l'amabilité  de  préparer  sous  mes  yeux  le  spinthariscope  de  sir  William 
Crookes  et  de  me  donner  ensuite  les  deux  petils  écrans  au  sulfure  de  zinc 
phosphorescent.  M.  Rutherford  appelait  ce  phénomène  la  scintillation  du 
zinc;  avant  son  départ,  je  lui  ai  annoncé  que  j'avais  obtenu  la  même  scin- 


(')  Comptes  rendus,  t.  GXXXVII,  p.  634. 

C.  H.,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  19.)  98 


74^  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

tiUation,  bien  que  moins  brillante,  sur  un  écran  au  platinocyanure  de 
baryum,  et  que  l'on  pouvait  revivifier  par  les  décharges  électriques  la  scin- 
tillation des  écrans  qui  avaient  été  placés  entre  deux  lames  minces  en 
verre. 

»  Après  quelques  jours  d'observation,  les  écrans,  enveloppés  dans  le 
même  papier,  l'un  collé  sur  verre  du  côté  actif  et  l'autre  nu,  mais 
retourné  contre  le  verre  du  premier,  ont  été  renfermés  dans  uae  armoire 
obscure.  Tout  récemment  on  les  a  replacés  sous  le  microscope  et  l'on  a 
constaté  que  : 

»  1.  L'éclat  de  la  phosphorescence  était  presque  identique  sur  les  deux  écrans  et 
semblait  n'avoir  point  diminué; 

»  2.  L'écran  collé  contre  verre  né  présentait  plus  aucune  scintillation  et  sa  phospho- 
rescence semblait  distribuée  également  sur  toute  la  surface  ; 

»  3.  L'écran  nu  présentait  plusieurs  points  noirs  et  un  seul  point  brillant,  mais  sans 
scintillation. 

))  L'on  a  entrepris  la  revivification  par  les  décharges,  simplement,  au 
moyen  d'un  bâton  de  résine  et  d'un  bâton  de  verre,  frottés,  et  l'on  a 
reconnu  que  : 

»  1.  La  revivification  avait  lieu,  soît  par  les  décharges  positives,  soit  par  les  néga- 
tives; des  décharges  successives  alternativement  de  signe  contraire  semblaient  l'ac- 
célérer davantage; 

»  2.  L'écran  nu  avait  encore  les  points  noirs,  mais  avait  acquis  une  scintillation 
beaucoup  plus  intense  que  l'autre  écran,  comparable  à  celle  qu'il  possédait  au  com- 
mencement lorsqu'on  avait  écrasé  sur  le  sulfure  phosphorescent  de  minuscules  frag- 
ments de  chlorure  de  baryum  et  de  radium. 

»  Ces  faits  peuvent  être  attribués  :  soit  à  l'action  purement  mécanique 
due  aux  attractions  et  répulsions  des  corps  électrisés  qu'on  présente,  les- 
quelles, en  agissant  sur  les  fragments  plus  mobiles  des  sulfures,  les  dé- 
rangent et  mettent  à  jour  de  nouvelles  facettes  encore  intactes;  soit  à 
l'électrisation  que  les  cristaux  reçoivent  et  aux  petites  décharges  qui  en 
résultent  et  produisent  le  renouvellement  partiel  et  irréguher  des  clivages. 

))  En  effet,  il  a  été  facile  de  reconnaître,  en  fixant  leurs  positions  dans 
le  champ  de  la  lonpe,  et  à  la  lumière  du  jour,  que  les  points  noirs  corres- 
pondaient à  des  cavités  ou  interruptions  plus  ou  moins  profondes  de  la 
couche  cristalline.  En  outre,  des  observations  successivement  alternées  à  la 
lumière  et  dans  l'obscurité  ont  permis  d'établir  que  la  mise  au  point 
exacte  pour  voir  toute  la  scintillation  se  trouve  être  celle  qui  permet  la 
vision  nette  des  arêtes  plus  proéminentes  des  cristaux  de  la  couche  supé- 


SÉANCE   DU   9   NOVEMBRE    l9o3.  7^7 

rieure.  Celte  dernière  constatation  et  la  précédente  de  la  nature  des  points 
noirs  ou  obscnrs  montre  que  dans  l'intérieur  de  la  couche,  entre  les  cris- 
taux, il  n'y  a  point  de  scintillation  ;  l'action  est  donc  limitée  à  la  surface  et 
semble  indiquer  l'origine  électrostatique  du  phénomène  lumineux,  lequel 
consistait  en  une  production  irrégulière  de  petites  décharges  là  où  se  pro- 
duisent les  modifications  des  clivages. 

»  Celte  explication  donnerait  la  raison  des  intermittences  qui  caracté- 
risent la  scintillation,  intermittences  trop  lentes  pour  être  de  l'ordre  de 
grandeur  des  actions  électroniques  directes,  si  l'on  compare  les  dimensions 
de  ce  qu'on  voit,  avec  celles,  extrêmement  petites,  que  le  calcul  attribue 
aux  électrons.  Il  faudra  donc  admettre  que  chaque  petit  cristal  ne  devient 
suffisamment  électrisé,  pour  produire  une  décharge  disruptive  et  modifier 
sa  forme,  qu'après  avoir  reçu  un  nombre  très  grand  de  chocs  par  les  parti- 
cules constituantes  des  rayons  a.  Probablement  ces  particules  rebondis- 
santes après  le  choc  constituent  la  substance  même  qui  rend  lumineuses  les 
petites  décharges.  » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Remarques  sur  le  dernier  groupe  de  taches  Solaires 
et  les  perturbations  magnétiques.  Note  de  M.  F.  Quénisset,  présentée 
par  M.  Mascart. 

«  Le  dernier  groupe  de  taches  solaires  qui  est  passé  au  méridien  central 
le  3i  octobre,  de  9^  à  24**,  et  qui  a  déterminé  à  la  surface  de  la  Terre  une 
perturbation  magnétique  si  intense  n'était  pas,  en  somme,  très  consi- 
dérable. 

»  Ainsi  que  le  montrent  les?  photographies  que  nous  avons  prises  à 
l'observatoire  de  Nanterre,  ce  groupe  occupait  sur  le  Soleil,  le  3i  octobre, 
une  étendue  égale  seulement  au  tiers  de  celle  occupée  par  les  grandes 
taches  du  1 1  octobre  qui  n'ont  cependant  occasionné  relativement  qu'une 
faible  perturbation  ('). 

»  Peut-être  dans  le  cas  de  la  dernière  tache  du  3i  faut-il  tenir  compte 
des  immenses  facules  qui  l'entouraient  et  surtout  la  suivaient  sur  plus 
de  200000''™  de  longueur.  Elles  étaient  si  intenses  qu'elles  ont  été  photo- 
graphiées même  le  jour  de  leur  passage  au  méridien  central.  On  a  rare- 
ment observé  et  photographié  des  facules  aussi  étendues. 

(•)  En  retard  sensible  sur  le  moment  du  passage  au  méridien  central. 


748  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Les  photographies  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie 
montrent  nettement  ces  immenses  facules  ainsi  que  la  différence  remar- 
quable d'étendue  entre  les  deux  groupes  de  taches  en  question. 

»  Il  y  a  donc  lieu  de  supposer  que  la  dernière  perturbation  magnétique 
a  été  occasionnée  beaucoup  plus  par  les  facules  ou  l'état  particulier  d'agi- 
tation de  la  chromosphère  que  par  la  tache  elle-même.  Des  photographies 
spectrales  faites  par  la  belle  méthode  de  MM.  Haie  et  Deslandres  nous 
apporteraient  probablement,  dans  ce  cas,  des  indications  utiles.    » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.   —  Sur  la  transparence  de  la  mer. 
Note  de  M.  Thoulet. 

«  De  nombreux  observateurs  ont  étudié  la  transparence  de  la  mer  en 
diverses  localités,  en  mesurant  la  distance  verticale  à  laquelle  apparaît  ou 
disparaît  à  la  vue  un  disque  blanc  immergé.  Cette  distance  est  la  transpa- 
rence, pour  la  localité  et  le  moment  oii  la  mesure  est  effectuée. 

»  Je  me  suis  proposé  l'étude  synthétique  de  ce  caractère  particulier 
des  eaux  marines  et,  dans  ce  but,  j'ai  opéré  de  la  manière  suivante  : 

»  Une  caisse  en  bois,  blanche  à  rinlcrieur,  noire  à  l'exlérienr,  a  sa  paroi  verticale 
percée  d'une  ouverture  ronde  de  3'="^  de  diamètre  bouchée  par  un  mince  papier  huilé. 
A  20'='°  en  arrière,  on  installe  une  bougie  et,  successivement,  diverses  sources  lumi- 
neuses, bec  de  gaz  papillon  plus  ou  moins  ouvert,  bec  Auer,  lumière  oxyhjdrique 
dont  l'intensité  lumineuse  est  chaque  fois  évaluée  en  unités  bougie  placées  à  20'^'^  par 
le  procédé  ordinaire  de  la  tache  d'huile.  De  l'autre  côté  de  l'ouverture,  on  installe 
une  lunette  horizontale,  composée  de  deux  cylindres  métalliques  étanches  dont 
chacun,  à  une  extrémité,  est  terminé  par  une  glace  verticale  et  susceptibles  de  rentrer 
à  volonté  l'un  dans  l'autre.  On  remplit  la  lunette  avec  de  l'eau  contenant  une  quantité 
connue  de  kaolin  fin,  préalablement  lévigé  et  soigneusement  débarrassé  de  toute 
matière  étrangère.  Une  graduation  permet  de  mesurer  exactement,  à  chaque  expé- 
rience, la  dislance  entre  les  deux  glaces  parallèles  c'est-à-dire  l'épaisseur  de  l'eau 
bourbeuse  nécessaire  pour  faire  disparaître  à  la  vue  la  source  lumineuse.  Le  dosage 
du  kaolin  s'efi'eclue  très  aisément  par  l'évaporation  et  la  dessiccation  à  5oo°  d'un 
volume  connu  d'eau  bourbeuse. 

»  Ou  peut  donc  faire  varier  à  volonté  :  l'intensité  de  la  source  lumineuse,  la 
distance  de  la  lunette  à  cette  source,  la  proportion  d'argile  contenue  dans  le  liquide, 
enfin  l'épaisseur  d'eau  bourbeuse  de  turbidité  connue,  nécessaire  pour  cesser  d'aper- 
cevoir l'ouverture  éclairée. 

))   Les  expériences  ont  conduit  aux  conclusions  suivantes  : 

»   La  courbe  qui  relie   l'épaisseur  y,    exprimée  en  dixièmes  de  milli- 


SÉANCE    DU    9   NOVEMBRE    igoB.  749 

mètre,  d'une  solution  rendue  plus  ou  moins  opaque  par  l'addition  d'un 
poids  X  variable  et  exprimé  eu  grammes  par  litre  d'argile  fine,  avec  ce 
poids  d'argile,  épaisseur  nécessaire  pour  faire  disparaître  à  la  vue  un  cercle 
blanc    marqué    sur   un    fond   noir,    est    une   hyperbole   équilatère    de   la 

forme  xy  =  t  d'oii  l'on  tire,  par  conséquent,  a?  =  -• 

»  La  forme  d'hyperbole  équilatère  persiste,  quelles  que  soient  l'intensité 
de  la  source  lumineuse  et  la  [)roportion  de  matière  argileuse  en  suspension. 

»  L'intensité  de  la  source  lumineuse  possède  une  influence  réelle,  mais 
assez  faible,  sur  la  trans})arence. 

»  Le  diamètre  apparent,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  l'éloignement  de 
la  source  lumineuse,  est  sans  influence  sensible. 

»  La  valeur  de  e  change  avec  l'intensité  lumineuse,  depuis  78 
pour  0,^5  bougie,  jusqu'à  i54  pour  119  bougies.  La  valeur  la  plus  conve- 
nable à  choisir  pour  s,  dans  les  conditions  les  plus  ordinaires  où  se  font 
ces  mesures  à  la  mer,  paraît  èlre  s  =  [\o. 

))  On  peut  ainsi  doser  le  poids  de  sédiments  en  suspension  par  litre 
d'eau  de  mer.  C'est  ainsi  que  l'eau  de  la  Méditerranée  orientale,  dont  la 
transparence  moyenne,  suivant  Luksch,  serait  de  33™,  contiendrait  par 
litre  0^,00012  de  matières  argileuses,  ou  leur  équivalent  en  planklon. 

»  Les  mesures  se  prennent  avec  une  boule  de  cuivre  avant  o™,i5  de 
diamètre,  peinte  en  blanc,  susceptible  de  se  lester  plus  ou  moins,  qu'on 
suspend  à  une  fine  cordelette  graduée  de  mètre  en  mètre,  et  qu'on  laisse 
descendre  verticalement  dans  la  mer.  On  observe  avec  une  lunette  d'eau  ; 
on  mesure  la  distance  à  laquelle  apparaît  ou  disparaît  la  boule,  ce  qui 
donne  la  transparence,  et  l'on  applique  la  formule  xy  =  4o-    » 


AÉRONAUTIQUE.  —  L' emploi  (les  ballons  à  ballonnet  d' après  la  théorie 
du  général  M eusnier.  Noie  de  M.  He.vry  de  La  Vaulx,  présentée  par 
M.  Maurice  Levy. 

«  Le  général  Meusnier  posait  en  l'année  1783,  au  lendemain  de  la  pre- 
mière ascension  d'un  aérostat  gonflé  à  l'hydrogène  par  Charles  et  Robert, 
la  loi  suivante  de  l'équilibre  aérostatique  : 

);   La  zone  de  navigation  normale  d'un  ballon  est  sa  zone  de  plénitude. 

»  Malheureusement  cette  zone  s'élève  progressivement  dans  le  cours 
d'un  voyage  aérien,  à  mesure  que  le  lest  se  dépense  et  que  le  ballon  perd 
du  gaz.  Nombreux  sont  les  inconvénients  qui  résultent  de  cette  loi. 


75o  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  i^  L'aéronaute  ne  peut  utiliser  le  courant  de  direction  et  de  vitesse  qui 
lui  paraît  le  plus  favorable. 

))  2°  Si  la  zone  de  plénitude  du  ballon  se  trouve  au-dessus  des  couches 
de  nuages,  l'aéronaule  perd  la  terre  de  vue  et  ne  connaît  plus  sa  direction 
ni  sa  vitesse,  situation  très  dangereuse  lorsqu'il  n'est  pas  très  éloigné  d'une 
mer  ou  d'une  frontière  ennemie. 

))  3^*  Dans  les  voyages  de  longue  durée  par  suite  de  l'élévation  toujours 
croissante  de  la  zone  de  plénitude,  l'aéronaute  se  trouve  à  la  fin  du  voyage 
emporté  à  des  altitudes  souvent  pénibles  oii  tout  l'organisme  éprouve 
les  plus  grands  malaises.  C'est  ainsi  que,  dans  mon  ascension  de  Paris  à 
Rorostychew,  gouvernement  de  Kiew,  Russie  (igsS'^™  en  35  h.  4^  min.) 
je  fus  amené,  pendant  la  seconde  nuit  du  voyage,  à  des  altitudes  voisines 
de  6ooo™. 

»  4°  L'aéronaute  arrivé  à  de  hautes  altitudes  doit  garder  en  réserve, 
pour  régler  la  descente  finale  du  ballon,  une  quantité  de  lest  d'autant  j)lus 
grande  qu'il  sera  monté  plus  haut;  donc,  abréviation  du  voyage. 

))  Le  jour  même  où  le  lieutenant  Meusnier  déterminait  les  lois  de  Téqui- 
libre  d'un  ballon  et  ses  conséquences,  il  en  indiquait  aussi  le  remède, 
c'est-à-dire  donnait  à  l'aéronaute  les  moyens  de  choisir  à  son  gré  sa  zone 
de  navigation. 

»  Pour  cela  il  lui  conseillait  de  ménager  dans  le  ballon  une  capacité  parti- 
culière destinée  à  renfermer  de  L'air  atmosphérique.  Autrement  dit,  il  lui  con- 
seillait d'adapter,  à  son  ballon,  un  ballonnet  à  air.  Le  rôle  du  ballonnet 
revient  à  diminuer  ou  à  augmenter  le  volume  occupé  par  le  gaz  du  ballon 
en  introduisant  ou  en  rejetant  de  ce  ballonnet  une  quantité  d'air  voulue. 
L'aéronaute  arrive  ainsi  à  déterminer  à  son  gré  la  zone  de  plénitude,  c'est- 
à-dire  la  zone  d'équilibre  du  ballon. 

»  Jusqu'en  igoS  les  remarquables  idées  de  Meusnier  sur  l'équilibre  de 
l'aérostat  à  volume  variable,  restèrent  sans  application,  bien  que,  dans  un 
magistral  Mémoire  publié  àdinsV Aéronautique Qn  1884,  M.  le  colonel  Renard 
ait  développé,  d'une  façon  très  complète,  des  idées  tout  à  fait  analogues 
à  celles  de  Meusnier.  Des  ballons  captifs  et  des  aéronals  furent,  il  est 
vrai,  munis  de  ballonnets,  mais  le  seul  rôle  de  ces  derniers  était  de  main- 
tenir la  permanence  de  la  forme.  Je  munis  aussi  le  Méditerranéen  d'un  bal- 
lonnet, mais  comme  cet  aérostat  ne  fit  jusqu'à  présent  que  des  expériences 
à  basse  altitude,  je  ne  pus  contrôler  les  observations  du  général  Meusnier. 

»  Cette  année,  deux  ballons  munis  de  ballonnets  furent  expérimentés  presque  en 
même  temps  :  d'abord  le  Saint-Louis,  aérostat  de  Sooo'"''  appartenant  à  M.  Jacques  Bal- 


SÉANCE    DU    9   NOVEMBRE     igoJ:).  -ySl 

san,  puis  le  Djinn,  ballon  de  1600°^^  appartenant  à  M.  Broët.  Le  Saint-Louis  fit  à  la 
fin  de  janvier  igoS  un  voyage  où  M.  Balsan  constata  que  sa  zone  de  plénitude  était 
considérablement  abaissée.  Le  Djinn  fit  à  son  tour  deux  voyages  au  mois  de  mars  et 
au  mois  de  juillet  où  je  pus  constater  les  mêmes  résultats.  Ces  deux  ballons  avaient  un 
ballonnet,  mais   une  manche   d'appendice  ouverte;  il  était  donc  possible,  en  introdui- 


càne  d'écoulement. 


chapeau  du  cône  d'êcou/emenc 
•  -soupape  supérieure 


\Jofet  de  déchirure 
du     ballon 


yfovpepe  à  âir  du  ballonnet 


corde    de  manoeuvre 
au  volet  de  déchirure  du  ùaHon 

'  de  Id  souoape  ê  âir. 

venti/àteur 


corde  de  msr.of 
cocU^  de  manœuvre  de  le  soupape  supérieure.' 


vclot  de  déchirure 
du    èû'Ionnei: 


scup'^pç  à  âir  du  ballonnet 

soupape  inFérieure  à  gâz 

-manche  témoin  S  Q<3Z 

.  corde  de  manœuvre  du  Ifsilonnet 

corde,  de  rnenaeuvre 
.de  là  soupepe  inférizure  é  g<3Z 

.corde  de  rnànaeuvre  delà  soupape  J  dir 


Le  Djinn,  ballon  à  ballonnet. 

sant  de  l'air  dans  le  ballonnet,  de  limiter  la  zone  de  plénitude  du  ballon,  mais  il  étail 
impossible  de  faire  la  manœuvre  inverse,  c'est-à-dire  de  rejeter  l'air  dn  haHonnet  el 
de  rehausser  la  zone  de  plénitude,  c'est-à-dire  la  zone  d'équilibre  du  baiion.  C'est 
alors  que  je  résolus  de  supprimer  la  manche  d'appendice  et  de  la  remplacer  par  une 
soupape  s'ouvrant  sous  une  pression  déterminée,  plus  ou  moins  forte,  selon  les  cas, 
que  les  pressions  des  soupapes  du  ballonnet  à  air. 

»  Le  troisième  voyage  du  Djinn  ainsi  équipé  fut  exécuté  le  26  septembre  dernier. 
Le  capitaine  Voyer  et  le  comte  d'Oultremont  avaient  pris  place  à  mes  côtés  dans  là 


-752  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nacelle.  La  forte  rosée  de  la  nuit  nous  força  à  monter  peu  de  temps  après  le  départ  à 
une  altitude  de  1200™.  Pendant  cette  montée,  nous  pûmes  nous  rendre  compte  du 
parfait  fonctionnement  de  la  soupape  d'appendice  à  gaz.  Les  phares  de  la  côte  nor- 
mande approchaient  et  nous  décidions  de  tenter  la  traversée  de  la  Manche;  il  était 
préférable,  pour  cette  traversée,  de  nous  maintenir  à  basse  altitude.  Profitant  d'un 
mouvement  de  descente  du  ballon,  nous  envo3'ons  de  l'air  dans  le  ballonnet  et  nous 
nous  équilibrons  à  une  hauteur  maxima  de  3oo™.  La  Manche  est  traversée;  nous 
passons  l'estuaire  de  la  Tamise  et  le  jour  se  lève.  Le  ciel  est  complètement  couvert; 
notre  direction  est  tangente  à  la  mer  du  Nord.  Un  ballon  sans  ballonnet  s'emballerait 
en  hauteur  sous  l'influence  de  la  radiation  solaire,  traverserait  la  couche  de  nuages, 
exposant  les  aéronautes  à  une  situation  d'autant  plus  critique  que  le  vent  des  régions 
supérieures  porte  vers  le  nord,  un  peu  est,  c'est-à-dire  vers  la  mer.  Grâce  au  ballonnet 
que  nous  remplissons  d'air  au  moyen  de  notre  ventilateur,  le  Djinn  s'équilibre  entre 
3oo™  et  4oo'",  puis  il  monte  très  doucement,  se  maintenant  toujours  au-dessous  des 
nuages  et  nous  permettant  ainsi  une  descente  rapide  en  cas  de  danger.  Nous  sommes 
à  1000™  environ  ;  un  immense  golfe  se  présente  devant  nous,  c'est  le  Wash.  Nous 
lançons  un  papier  vers  la  terre  et  nous  remarquons  que,  dans  les  couches  qui  se  rap- 
prochent du  sol,  notre  papier  prend  une  direction  nord-ouest  qui  lui  fait  éviter  le 
golfe.  Nous  nous  laissons  descendre  et,  grâce  à  l'air  que  nous  envoyons  à  nduveau 
dans  le  ballonnet,  nous  nous  rééquilibrons  dans  ces  courants  inférieurs  et  pouvons 
ainsi  à  notre  tour  éviter  la  mer.  Enfin,  nous  traversons  l'estuaire  de  la  rivière  Hunber; 
la  côte,  vers  ce  point,  fuit  fortement  vers  l'ouest  laissant  devant  nous  la  mer  libre.  Il 
serait  téméraire  de  continuer  notre  voyage  et  nous  descendons  à  Cariham  Hill,  comté 
d'York. 

»  Le  voyage  a  duré  16  heures  [\o  minutes  et  nous  avons  encore  2i6''s  de  lest  à  bord. 
Grâce  au  ballonnet  nous  avons  donc  pu  constamment  choisir  notre  altitude  et  nous 
équilibrer  dans  les  courants  qui  nous  étaient  le  plus  favorables;  en  outre  nous  avons, 
grâce  à  ce  système,  économisé  notre  lest  et  malgré  un  voyage  de  16  heures,  sans  la 
présence  de  la  mer  du  Nord,  le  Djinn  aurait  pu  encore  fournir  une  course  très  longue. 
Enfin,  le  3o  octobre  dernier,  le  Djinn,  gonflé  en  partie  à  l'hydrogène  et  emportant, 
outre  M.  de  Castillon  et  moi,  près  de  iooo''8  de  lest,  s'élançait  à  5^120*"  du  soir  dans 
l'atmosphère.  En  plus  des  perfectionnements  apportés  à  la  dernière  ascension,  \e.Djinn 
était  muni,  à  sa  partie  supérieure,  d'après  les  données  d'Henri  Hervé,  d'un  cône 
d'écoulement  destiné  à  empêcher  l'eau  de  pluie  de  s'accumuler  sur  le  haut  du  ballon 
et  de  le  surcharger.  Comme  pour  rendre  l'expérience  plus  probante,  le  départ  eut 
lieu  par  une  pluie  torrentielle  qui  se  prolongea  pendant  les  deux  premières  heures 
du  vovage.  Grâce  au  cône  d'écoulement,  le  ballon  se  maintenait  en  bon  équilibre, 
ne  perdant  pas  plus  de  lest  qu'un  ballon  de  même  cube  par  beau  temps.  Vers  8'' 
du  soir,  alors  que  nous  étions  équilibrés  à  1200™  ou  iSoo™  de  hauteur,  la  neige  se 
mit  à  tomber  fortement  et  à  surcharger  énormément  le  ballon.  Il  fallut  jeter  du 
lest  en  grande  quantité,  car  jusqu'ici,  aucun  cône  d'écoulement  n'est  efficace  contre 
la  neige  qui  s'accumule  sur  des  parois  presque  verticales.  Pendant  toute  la  nuit  ces 
avalanches  de  neige  se  continuèrent;  et  nous  dûmes  dépenser  la  quantité  phénomé- 
nale de  ôSo'^s  de  lest  afin  de  n'être  pas  rejetés  sur  le  sol;  puis  cette  neige  fondit  pro- 
gressivement délestant  d'une  façon  dangereuse  un   ballon  comme  le  Djinn  gonflé  à 


SEANCE    DU    9    NOVEMBRE    IQo3.  ^53 

l'hydrogène  pur.  Un  aérostat  sans  ballonnet  aurait  été  de  ce  fait  aspiré  dans  des  régions 
voisines  de  5ooo'"  ;  les  aéronaules  auraient  souflert  du  froid  excessif  d«  ces  hautes 
altitudes  et  auraient  sans  doute  été  forcés  d'interrompre  leur  ascension.  Grâce  au 
ballonnet  que  nous  remplissions  d"air,  nous  ne  dépassions  pas  l'altitude  de  ?.  200"\  et, 
sans  la  proximité  des  glaciers  au  milieu  desquels  il  aurait  été  téméraire  de  se  lancer 
par  ce  temps  de  perturbations  atmosphériques  et  de  brouillard  intense,  nous  pouvions 
continuer  sans  danger  notre  voyage.  Nous  atterrissions  à  8^*  du  matin  dans  le  Doubs 
après  i5  heures  de  voyage  et  avec  35o''g  de  lest  encore  disponible. 

»  Je  pense  donc  que  rulililé  du  ballonnet  est  pratiquement  démontrée; 
grâce  à  lui  l'aéronaute  se  rend  maître  de  la  zone  de  navigation.  Il  l'abaisse 
en  introduisant  de  l'air  dans  le  ballonnet  ou  l'élève  en  évacuant  une  |)or- 
liondecetair;  il  peut  donc  choisir  à  tout  moment  le  courant  qui  lui  convient 
le  mieux.  Dans  les  ascensions  de  longue  durée,  il  évitera  les  altitudes  trop 
élevées  et  le  séjour  dans  l'atmosphère  sera  moins  fatigant  et  plus  agréable. 
Que  l'on  joigne  au  ballon  à  ballonnet  un  cône  d'écoulement  pour  la  pluie 
et  l'on  aura  un  aérostat  susceptible  de  multiples  applications  pratiques.  » 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Conditions  de  séparation  de  l'iode  sous  forme  d'iodure 
cuivreux,  dans  un  mélange  de  chlorures,  bromures  et  iodures  alcalins.  Note 
de  MM.  H.  Baubigny  et  P.  Rivals,  présentée  par  M.  Troost. 

«  La  séparation  de  l'iode  par  distillation  en  chauffant  le  mélange  où  il  a 
pris  naissance  par  l'action  d'un  oxydant  et  d'un  acide  fitible,  sans  être  tou- 
jours impralicfible,  est  du  moins  délicate  parce  qu'elle  est  souvent  impar- 
faite à  cause  de  l'oxydabilité  de  ce  corps.  L'iode  peut,  en  effet,  sous  des 
influences  nombreuses,  à  chaud  surtout,  se  transformer  partiellement  en 
acide  iodique  fixe.  Nous  l'avons  vu  lors  de  l'emploi  de  l'acide  borique 
avec  un  excès  de  bioxyde  de  manganèse.  C'est  le  cas  également  dans 
d'autres  méthodes. 

»  Nous  avons  donc  cherché  à  éviter  cette  distillation  de  l'iode,  sans 
verser  toutefois  dans  l'usage  des  solvants,  CHCP  ou  CS^,  comme  mode  do 
séparation.  Car,  outre  les  causes  d'erreur  que  ce  mode  opératoire  com- 
porte, les  lavages  et  décantations  répétés  qu'il  exige,  aussi  bien  des  eaux 
mères  avec  le  solvant  extracteur,  que  de  ce  dernier  avec  l'eau  pure  ensuite, 
le  rendent  long  et  fastidieux. 

»  L'emploi  des  sels  de  cuivre  qui  nous  ont  servi  à  séparer  le  chlore  et  le 
brome  dans  une  dissolution  de  chlorures  et  de  bromures,  nous  a  amenés 
naturellement  à  revoir  le   procédé  de  dosage  de  l'iode,  en  l'isolant  tout 

C.  R..  1903,  ■?."  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  19.)  99 


^54  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'abord  sons  forme  d'iodure  cuivreux  insoluble.  Nous  n'avons  pu  que  con- 
firmer nos  devanciers.  En  traitant  un  iodureparun  sel  cuivrique,  pris  tous 
deux  à  l'état  dissous,  la  sé|)aration  de  l'iode,  moitié  comme  Cu"P,  moitié 
comme  iode  libre,  n'est  jamais  complète,  parce  que  la  réaction  est  réver- 
sible, et  l'erreur  par  défaut  est  d'autant  plus  sensible  que  le  volume  de 
la  solution  est  plus  fort. 

»  Ainsi  nous  avons  observé  qu'en  laissant  tomber  dans  20"™'  d'eau  ren- 
fermant du  CuSO\  i*""' d'une  solution  de  IK à  2^  au  litre  (soit  0^,002  RI), 
le  liquide  reste  parfaitement  limpide.  Il  est  vrai  que  par  l'addition  de  2  à 
3  gouttes  d'une  liqueur  d'un  sel  ferreux,  qui  agit  comme  réducteur,  un 
trouble  se  forme  en  quelques  secondes,  et  il  se  sépare  de  l'iodure  cuivreux  ; 

2RI  +  2Cu  SO^  +  2FoSO^  =  Cu-I- -+- K-SO*  +  Fe-(SO')^ 

))  Mais  ce  procédé,  applicable  à  des  traces  d'iodure  en  solution  diluée, 
ne  jieut  être  généralisé,  car  Cu-P  est  soluble  dans  les  sels  ferriques  ; 
de  sorte  que,  si  l'on  devait  opérer  avec  une  certaine  quantité  d'iodure, 
comme  il  faudrait  une  quantité  proportionnelle  de  sel  ferreux,  partie  de 
cet  iodure  resterait  en  solution  avec  le  sel  ferrique  formé. 

»  D'ailleurs,  lors  de  l'emploi  d'un  excès  de  sel  ferreux,  en  présence  de 
quantités  relativement  fortes  de  chlorures  et  bromures,  il  peut  se  former 
aussi  du  Cu^Br-  et  parfois  du  Cu-Cl"  également  insolubles. 

))  C'est  encore  ce  qui  peut  se  produire  avec  le  gaz  sulfureux  et  le  chlo- 
rure stanneux,  préconisés  de  même  comme  réducteurs;  ainsi  3*''"'  d'une 
dissolution  de  SO'^  à  ^  pour  100  ajoutés  à  iS*""'  d'eau  contenant  3^  de 
CuS0\5H-0  et  0^,5  de  RBr  déterminent  la  formation  de  Cu-Br-  en 
quelques  instants.  De  plus  Cu-p  n'est  pas  insoluble  dans  l'acide  libre  que 
renferme  taujours  SnCP,  ni  dans  un  excès  de  SO',  et  si,  paraddition  d'acé- 
tate alcalin,  on  voulait  faciliter  la  précipitation  de  ce  composé  peu  soluble 
dans  l'acide  acétique,  on  favoriserait  aussi  la  séparation  de  Cu^Br-. 

))  Le  zinc  nous  a  bien  permis  de  précipiter  tout  l'iode  sous  forme  de  sel 
cuivreux,  en  ajoutant  à  la  solution  d'iodure  d'abord  du  zinc  granulé,  puis 
un  excès  de  CuSO'*  (ce  qui  équivaut  à  ajouter  du  cuivre  en  poudre  au  sul- 
fate de  même  métal),  et  en  agitant  quelques  instants.  Mais  ce  moyen  ne 
peut  être  utilisé  comme  mode  de  séparation  d'avec  les  chorures  et  surtout 
les  bromures,  car  ces  sels,  même  à  la  température  ordinaire  dans  les 
mêmes  conditions,  donnent  aussi  du  chlorure  et  du  bromure  cuivreux. 

»  En  résumé,  de  tous  ces  procédés,  le  plus  simple,  celui  qui  consiste  à 
précipiter  l'iode  par  simple  addition  de  CuSO\  semble  encore  le  moins 
mauvais,  si  l'on  doit  opérer  en  présence  de  chlorures  et  bromures.   Mais 


SÉANCE    DU    9   NOVEMBRE    igoS.  755 

jamais,  même  en  nous  basant  sur  les  concilions  de  réversibilité  précédem- 
ment indiquées,  cela  par  évaporation  dans  le  vide  de  la  liqnenr  et  de  liode 
libre  en  vue  de  parfaire  la  réaction,  nous  n'avons  pu  obtenir  un  résultat 
exact.  A  priori,  il  avait  semblé  d'après  le  dosage  brut  de  l'iode  resté  dans 
le  produit  sec  que  le  but  était  atteint;  mais  l'exactitude  n'est  que  fictive, 
car,  à  la  reprise  par  l'eau  qui  laisse  Cu-F  insoluble,  on  retrouve  toujours 
un  peu  d'iode  dans  la  solution  et  sous  forme  de  sel  cuivreux  un  poids  infé- 
rieur au  poids  qu'on  devrait  obtenir;  soit  en  l'exprimant  en  sel  d'argent  : 
os,o68  Agi  au  lieu  de  0^,069,  et  0^,2741  Agi  au  lieu  de  o^,  276. 

»  Mais  si,  au  mélange  d'iodure  cuivreux  et  d'iode  libre  contenant  un  excès  de  Cu  SO^, 
on  ajoute  successivement  un  arsénite  alcalin,  puis  un  sel  ferreux,  le  dosage  de  l'iode 
devient  possible,  car  il  est  séparé  en  totalité  à  l'état  de  CuU-.  En  effet,  en  présence  de 
l'excès  de  CuSO*,  Farsénite  de  cuivre  formé  agit  sur  l'iode  libre  : 

2AsO^CuH  +  12+  1W-O  +  2CuS0^=:  2 AsO^CuH  +  Cun2+  2S0^H% 

pour  résumer  les  phases  successives  de  la  réaction.  Et,  comme  l'arsénite  ne  réagit  que 
sur  l'iode  libre,  c'est  alors  que  par  un  peu  de  sulfate  ferreux  on  réduit  la  petite  quan- 
tité d'iodure'cuivrique  restant  en  solution.  A  cause  de  l'action  lente  du  sel  ferreux,  on 
doit,  avant  de  filtrer  le  précipité,  abandonner  le  tout  quelques  heures,  sans  qu'il  soit 
nécessaire  d'excéder  dix  à  douze  heures.  Dans  le  liquide  filtré,  on  peut  doser  le  chlore 
et  le  brome  par  les  moyens  connus.  Par  deux  méthodes  différentes  nous  avons  vérifié 
qu'il  n'y  reste  qu'une  trace  d'iode  de  l'ordre  du  j^y  de  milligramme.  Il  faut  toutefois 
qu'on  n'ait  pas  en  présence  des  quantités  notables  de  bromures  et  chlorures  alcalins, 
et  surtout  ammoniacaux  dans  lesquels  Cu-I^  est  plus  ou  moins  soluble. 

»  La  réaction  se  fait  à  froid.  Le  bromure  et  le  chlorure  de  cuivre  n'éprouvent  alors 
aucune  réduction,  même  après  24  heures.  A  chaud,  avec  les  bromures  surtout,  ce 
serait  différent.  L'expérience  montre  qu'un  poids  d'arsénite  de  K  triple  de  celui  de  IK 
et  par  suite  du  mélange  salin  est  suffisant.  Quant  au  selde  peroxyde  de  fer,  insolu- 
bilisé en  présence  des  acides  de  l'arsenic,  il  n'a  aucune  action  sur  la  solubilité 
de  Cu^I'.  Il  est  bon  d'ailleurs  de  ne  pas  forcer  l'emploi  du  sel  ferreux.  Enfin,  tous  les 
précipités  ont  été  lavés  avec  une  solution  de  K'-SO^  à  2  pour  roo  pour  empêcher 
que  Cu^I-  ne  traverse  les  filtres. 

»  Pour  doser  l'iode,  le  mieux  est  de  dissoudre  le  précipité  dans  l'ammoniaque  et 
de  le  ramener  à  l'élat  de  sel  cuivrique  par  l'action  de  l'air  ou  de  H^O^  pure  avant 
d'ajouter  le  nitrate  d'argent  qu'il  réduirait  en  partie.  On  termine  eu  acidifiant 
par  AzO^H,  et  l'on  porte  à  l'ébullition  avant  de  filtrer. 

Valeur  en  sel  de  A{ 

NaCl. 


08,879 


Kl. 

K  Br. 

0,2762 

» 

» 

os,632 

0,1 38 

)) 

0,  2l4l 

OS,2l62 

As  03  K^  H 

Durée 

Cusossfr-0 

à 

F 

eSO'',  7lP 

0 

Volume 

de 

Agi 

AgBr 

AgCl 

employé. 

20  p.  100. 

employé. 

lifjuidc. 

repos. 

trouvé. 

trouvé. 

trouvé. 

5 

cm' 

6 

0,070 

cm3 

i5o 

Il 
6 

0^,2759 

» 

» 

5 

6 

0,080 

i3o 

24 

» 

os,63i6 

» 

3 

4 

0,060 

120 

6 

0,  i382 

c 

os,88o 

6 

5 

0,075 

180 

6 

0,21 36 

os,  2  164 

» 

^56  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

))  Pour  éviter  les  pertes  d'iode,  on  j3eut  mélanger  d'abord  la  solution  saline  avec 
l'arsénile  et  y  verser  ensuite  l'excès  de  CuSO^;  l'iode  est  ainsi  transformé  directement 
en  Cu^I'-.    » 


CHIMIE   ORGANIQUE.  —    Action  des  dérivés  organomagnésiens  sur   racélol 
et  ses  éthers-sels.  Note  de  M.  Axdrê  Klixg,  présentée  par  M.  Troost. 

«  Ayant  montré  précédemment  que  l'acétol,  en  solution,  pouvait,  au 
moins  partiellement,  exister  sous  la  forme  d'un  éther  oxyde  de  formule 

CH3G(0H)  — GH2  (1), 
\  / 

j'ai  pensé  qu'il  serait  intéressant  de  rechercher  quelle  pouvait  être,  à  l'état 
anhydre,  la  constitution  de  cet  alcool  et  de  ses  éthers,  et  j'ai  cherché 
à  l'établir  à  l'aide  de  la  réaction  des  dérivés  organomagnésiens. 

»  Il  m'a  fallu  d'abord  vérifier  la  façon  dont  les  organomagnésiens  agis- 
saient sur  les  éthers-oxydes  internes  à  fonctions  multiples. 

»  J'ai  opéré  sur  l'épichlorhydrine  et  je  suis  arrivé  à  des  résultats  diffé- 
rents de  ceux  publiés  par  Jositch  (-)  au  moment  même  où  je  terminais  ce 
travail  préliminaire.  Cette  différence  de  résultats  tient  à  ce  que,  dans  les 
expériences  de  Jositch  et  dans  les  miennes,  les  conditions  expérimentales 
ont  élé  un  peu  différenles.  En  faisant  léagir  le  composé  RMgl  sur  Tépi- 
chlorliydrine  et  en  terminant  la  réaction  au  bain-marie,  l'auteur  russe 
obtient  un  alcool  tertiaire  monohalogéné 

CH^Cl  — CHOH-CH^R,     ou     CH^Cl-CH-GH^OH. 

I 
G 

En  opérant  à  froid,  et  décomposant  immédiatement  par  l'eau  le  produit 
de  la  réaction  j'ai  obtenu,  avec  d'excellents  rendements,  la  chloroiodhy- 
drine  de  la  glycérine  CH"Cl  —  CHOH  —  CH-I. 

»  Cette  différence  apporte  une  preuve  de  plus  à  l'explication  que  donne 
Grignard  (^)  de  la  réaction  anormale  constatée  par  Biaise  dans  l'action  des 
organomagnésiens  sur  l'oxyde  d'éthylène. 

»  De  ces  diverses  expériences  il  faut  retenir,  qu'ainsi  que  l'a  montré 
Grignard  à   propos  de   l'oxyde  d'éthylène,   les  éthers-oxydes  internes,  à 


(')  Kling,  Comptes  rendus,  t.  GXXXV,  p.  970. 

C')  Jositch,  Société  chimique  russe,  1902,  t.  XXIV,  p.  96. 

(^)  Grignard,  Bull.  Soc.  chun.,  3«  série,  t.  XXIX,  p.  944. 


SÉANCE    DU   9    NOVEMBRE     [903.  757 

/       cix 

basse  température,  réagissent  sur  les  organomagnésiens  R,  MgX!  X  =  Br  |, 

suivant  la  relation 

(i)  R.CH  — CH2     -^     K.CHOH  — CH^X; 

on  aboutit  en  somme  à  la  fixation  pure  et  simple  de  HX  sur  l'oxyde.  Au 
contraire,  à  température  plus  élevée  et  au  bout  d'un  certain  temps,  la  réac- 
tion se  fait  d'après  le  type 


(2)  R.CH-CH'-      ^ 


R.GHOH  — CH^-R, 

R_CH— CH^OH 

I 
R, 


»   Avec  les  cétones  on  a  seulement  la  réaction 

R  R 

R— CO  — R     ->  )C(        ; 

R/      \0H 

on  voit  que  la  réaction  suivant  le  type  (i)  fliit  des  organomagnésiens,  em- 
ployés à  basse  température,  des  réactifs  susceptibles  de  renseigner  sur 
l'existence  dans  un  composé  d'une  fonction  éther-oxvde  interne  et  de  la 
différencier  d'une  fonction  cétonique.  C'est  cetle  raison  qui  m'a  engagé  à 
faire  réagir  ces  réactifs  sur  l'acétol  anhydre  et  sur  ses  éthers-sels  également 
anhydres  en  vue  de  rechercher  si  ces  composés  renferment  l'un  ou  l'autre 
des  groupements  —  CO  —    ou    =  C  —  C  =  . 


O 
M  J'ai  opéré  comme  on  le  fait  à  l'ordinaire,  m'imposant  seulement  cette 
condition  supplémentaire  d'opérer  à  basse  température  (mélange  de  glace 
et  de  sel  marin  )  et  de  décomposer  le  produit  de  la  réaction  quelques  heures 
seulement  après  que  le  mélange  des  deux  réagissants  avait  été  terminé. 

»   Voici  très  succinctement  les  résultats  auxquels  je  suis  arrivé  : 
»  Action  du  C-H^Mgl  sur  l'acétate.  —  La  couche  éihérée  séparée  de  la  solution 
aqueuse  a  fourni  après  dessiccation  quelques  gouttes  d'un  liquide  bouillant  à  iSô^-iSg". 
»   La  solution  aqueuse  a  donné  par  entraînement  à  la  vapeur  d'eau  une  solution  d'où, 
avec  le  K'CO^  et  l'alcool,  on  a  extrait  un  liquide  bouillant  à  iSÔ'^-iSq",  après  dessic- 
cation   sur  K-CO^,  et  identique  à  celui   extrait  de  l'éther.   Il  a  été  identifié  avec  le 

OH 


758  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

.)  Rendement  pratique  de  5o  pour  loo  environ,  mais  le  rendement  réel  est  certai- 
nement supérieur,  car  des  quantités  notables  du  glvcol  sont  retenues  dans  le  résidu  de 
Tentraînement  par  la  vapeur  ainsi  que  dans  les  eaux  d'où  le  glvcol  a  été  extrait  par 
K^GO^  et  l'alcool. 

»  On  n'a  pas  trouvé  trace  de  composé  organique  iodé.  La  réaction  du  type  (i)  ne 
s'est  donc  pas  produite. 

»    AcTiO.X  DES    ORGANOMAGNÉSIENS    SUR   LES    ÉTHERS   DE   l'aCÉTOL   :   I.    AcétatC  d'acétol.  — 

En  faisant  réagir  i"°'  de  G-H^MgBr  sur  i™°'  d'acétate  d'acétol  on  a  obtenu  : 

»    1°  De  l'alcool  méthyldiéthylcarbinol  :  psHs/^XOH     '  P°*"*  d'ébullilion  121"- 

123°;  H  =1760. 

»  2"  Un  produit  à  odeur  élhérée  passant  vers  i45''-i47°  à  la  pression  10™'",  de  com- 
position centésimale  voisine  de  celle  de  la  monoacétine  de  l'amylgljcol,  mais  qui  ne 
peut  être  purifié  par  distillation  dans  le  vide,  car  il  se  décompose  à  chaque  fraction- 
nement. En  le  saponifiant  à  l'ébullition  par  H^O  -1-  Na"  CO^  on  le  transforme  en  glycol 

amyhque  p2H5/    \OH  '  P*^^"*  d  ebulbtion  i8o"-i89°;  H  — 760. 

»  En  substituant  dans  cette  opération  le  CH^Mgl  au  C-H^MgBr  on  a  pu  extraire 

CH*\ 
du  produit  de  la  réaction  la  monoacétine  du   glycol  butylique  pua  /G     — CH^OH 

OH 

incomplètement  déshydratée  et  bouillant  vers  i22<*-i25°. 

y>  Il  s'est  fait  en  outre  des  traces  d'alcool  isopropylique  de  provenance  difficile 
à  expliquer. 

»   II.  Benzoate  d'acétol.  —  Essai  ayant  pour  but  de  rechercher  si    une  partie   de 

CH^\     /R 
l'alcool  /G\  r\u  obtenu  avec  l'acétate  ne  proviendrait  pas  du  radical  acétolique. 

R/      \OH 

»  J'ai  obtenu  : 

»    1°  De  l'alcool  phényldiéthylcarbinol  p2iJ5 /"^XnH    '  P^int  d'ébuUition  I25°-I27<', 

H^ric""",  provenant  du  radical  de  l'acide  benzoïque; 
»   2»  Du  benzoate  de  magnésie; 

QHS    \ 

»  3°  Duglycolamyliquep.^„.yC     —  CH^ OH;  point  d'ébuUition  iSS'-iSq»;  H  =  760. 

OH 

'   r  ,       I  CH^  \^/C^H« 
Il  n  a  pas  ete  trouve  d  alcool  potrs/^XoH     ' 

»  Dans  aucun  de  ces  essais  sur  les  éthers  de  l'acétal  on  n' a  obtenu  de  composés 
organiques  halogènes.  La  réaction  du  type  (i)  ne  s'est  donc  pas  produite. 

»  Conclusion.  —  Si  l'on  juge  par  comparaison  avec  ce  qui  se  passe  dans 
la  réaction  des  organoniagnésiens  sur  l'éj)iclilorhydrine  ou  sur  l'oxyde 
d'éthvlène,  il  résulte  des  faits  énoncés  ci-dessus  que  i'acétol  anhydre  ou 
ses  élhers-sels  anhydres  se  comportent  comme  des  composés  cétoniques  et 
non  comme  des  composés  éthers-oxydes  internes,    n 


SÉANCE    DU    9   NOVEMBRE    TQoS.  -750 


ZOOLOGIE.  —   Évolution  des  Diplosomidés  (Ascidies  composées).  Note 
de  M.  Antoixe  Pi/ox,  présentée  par  M.  Yves  Délasse. 

«  Il  m'a  été  possible  d'établir,  pour  la  première  fois,  l'évolution  des 
Diplosomidés  après  leur  naissance,  en  étudiant  jour  par  jour  les  transfor- 
mations de  jeunes  colonies  provenant  de  larves  que  j'avais  réussi  à  faire 
fixer  sur  des  lames  de  verre  (*).  On  sait  que  ces  Tuniciers  possèdent,  au 
sortir  de  l'œuf,  deux  individus  dont  les  processus  da  développement  sont 
connus,  surtout  depuis  les  travaux  de  Salensky  (-)  :  l'un,  l'oozoïde  O', 
provient  de  la  segmentation  de  l'œuf;  l'autre  B',  est  du  à  un  bourgeonne- 
ment très  précoce  du  premier. 

»  Nos  observations  se  rapportent  à  l'évolution  ultérieure  de  ces  deux 
ascidiozoïdes  O^  et  B^  durant  les  trois  premières  semaines  qui  suivent  l'éclo- 
sion. 

»  I.  Evolution  de  l'oozoïde  O'.  —  1°  Après  l'éclosion,  O'  bourgeonne  une  seconde 
fois;  il  engendre,  par  les  procédés  généraux  qu'ont  décrits  Ganin  (=*),  Dalla Valle  (*)  et 
Caullery  (^),  ini  nouveau  thorax  (  branchie,  œsophage  et  rectum)  qui  soude  ultérieu- 
i-ement  son  œsophage  à  celui  de  OS  tandis  que  son  rectum  reste  de  son  côté  en  com- 
munication avec  celui  de  O^  dont  il  est  un  diverticuie.  Ces  parties  fonctionnent 
simultanément  à  un  moment  donné,  constituant  une  sorte  à' disciàiozoïàe  bithoraciq ue, 
qui  vit  aussi  de  12  a  i[\  heures. 

»  Au  bout  de  ce  temps,  le  thorax  de  O'  (branchie,  œsophage  et  rectum)  entre  en 
régression  et  disparaît  totalement  en  2  ou  3  jours,  tandis  que  son  abdomen  V 
(estomac,  duodénum  et  cœur)  persiste  en  conservant  ses  connexions  antérieures  avec 
le  thorax  O-,  et  forme  avec  ce  dernier  un  ascidiozoïde  simple  O^. 

»  2°  Ce  nouvel  individu  O^  bourgeonne  à  son  tour  deux  fois  de  suite  tout  comme 
son  ascendant  O^  :  la  première  fois  il  engendre  un  nouveau  thorax  O^  et  une  nou- 
velle masse  abdominale  V^  La  nouvelle  branchie  O^  ne  tarde  pas  à  s'ouvrir,  alors  que 
celle  de  O-  fonctionne  encore,  et  l'on  a  alors  une  nouvelle  individualité  physiologique 
beaucoup  plus  complexe  que  la  précédente  et  comprenant  deux  branchies  indépen- 


(^)  Ces  recherches  ont  été  faites  au  laboratoire  de  RoscofF,  où  M.  le  Professeur 
Y.  Delage  avait  bien  voulu  me  donner  l'hospitalité. 

(-)  Salensky,  Entwickel.  der  Synascidien  {Mitth.  zu  Neapel,  1894  et  iSgS). 

(=*)  Ganin,  Neue  Thatsachen  aus  der  Entwick.  der  Ascidien  {Zeitsch.  Wiss. 
Zool.,  1870). 

(*)  Della  Valle,  Bourgeonnement  des  Didemnidés  {Archives  italiennes  de  Bio- 
logie, 1882). 

(*)  Caullkry,  Contributions  à  l'étude  des  Ascidies  composées  {Thèse,  1896  ). 


760  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dantes,  deux  œsophages  embrancliés  l'un  sur  l'autre,  deux  estomacs  communiquant 
tous  les  deux  avec  chacun  des  deux  œsophages,  deux  cœurs  dont  les  contractions  sont 
d'ailleurs  rarement  synchroniques  et  endn  deux  rectums  également  embranchés  l'un 
sur  l'autre. 

»  Ces  ascidiozoïdes  bithoraciques  et  biventriques  vivent  environ  24  heures;  au 
bout  de  ce  temps,  O^  et  O^  se  séparent  complètement,  avec  cette  particularité  surpre- 
nante que  la  nouvelle  branchie  G*  prend  la  masse  abdominale  V^  de  son  ascen- 
dant O^,  tandis  que  le  thorax  de  ce  dernier  garde  pour  lui  la  masse  abdominale  V^ 
qu'il  avait  engendrée  quelques  jours  auparavant. 

»  3°  O^,  après  s'être  ainsi  dédoublé  et  avoir  pris  un  nouvel  abdomen,  bourgeonne 
de  nouveau,  mais  n'engendre  cette  fois  qu'un  nouveau  thorax  0*",  avec  lequel  il 
reste  associé  pendant  24  heures  environ  sous  la  forme  d'' un  ascidiozoïde  bithoracique. 

»  Puis  son  thorax  entre  en  régression,  tandis  que  son  abdomen  V^  reste  en  con- 
nexion avec  le  nouveau  thorax  O^  et  forme  avec  ce  dernier  un  ascidiozeïde  simple  0"*, 
sur  lequel  il  ne  tarde  pas  à  apparaître  une  nouvelle  masse  thoracique  O"^. 

»  4°  L'ascidiozoïde  O^  issu  précédemment  de  O^  bourgeonne  de  son  côté  deux  fois 
de  suite  comme  ce  dernier  :  la  première  fois,  il  se  dédouble  et  change  de  masse  abdo- 
minale; la  seconde  fois,  il  remplace  sa  masse  thoracique.  Au  total,  pendant  les  trois 
premières  semaines,  huit  nouveaux  thorax  et  quatre  abdomens  (y  compris  B^)  sont 
dérivés  de  O'. 

»  II.  Evolution  du  premier  ascidiozoïde  B'  engendré  par  Voozoïde  O'.  —  B'  est 
lui-même  la  souche  d'une  autre  lignée  qui  se  développe  exactement  comme  celle  qui  a 
son  point  de  départ  dans  O^. 

»  Cependant,  la  loi  du  bourgeonnement  qui  découle  des  faits  précédents  n'est  pas 
absolument  générale  :  chez  deux  colonies,  j'ai  assisté  à  la  formation  de  quatre  bran- 
chies successives  sans  dédoublement  des  masses  viscérales;  ce  dédoublement  doit 
cependant  se  produire  de  temps  à  autre  pour  augmenter  le  nombre  des  ascidiozoïdes. 

»  Tel  est  l'enchaînenfient  de  ces  trois  sortes  d'ascidiozoules,  simples, 
bithoraciques,  bithoraciques  et  biventriques,  dont  Deila  Valle  avait  déjà 
signalé  l'existence  dans  une  famille  voisine  (Didemnidés)  sans  en  avoir 
toutefois  suivi  l'évolution  générale.  Trois  phénomènes  remarquables  se 
dégagent  des  faits  que  je  viens  d'exposer  :  la  régression  régulière  du  vieux 
thorax  chez  les  individus  bithoraciques;  la  persistance  des  abdomens  qui  se 
transmettent  tl'un  ascidiozoïde  à  l'autre;  la  constitution  d'ascidiozoïdes 
bithoraciques  et  biventriques  et  leur  dédoublement  ultérieur  en  deux  asci- 
diozoïtles  simples  avec  interversion  des  masses  viscérales.  Jl  est  possible 
que  O'  change  lui-même  l'abdomen  dans  l'œuf  quand  il  bourgeonne  B'; 
Caullety   (')   ^   montré   qu'il  faudrait  supposer^  une  interversion  du  tube 


(')   Cal'llkry,   L'interprétation   morphologique  de   la  larve  double  des  Diploso- 
midés  {Comptes  rendus,  2"  sem.  iSgS). 


SÉANCE    DU   f)    NOVEMBRE    T9o3.  71)1 

digestif  de,  B'  et  de  O'  pour  homologuer  ce  dernier  à  la  larve  simple  des 
Leptoclinum. 

»  J'ajoute,  enfin,  que  la  constitution  d'un  nouvel  ascidiozoïde  n'est 
jamais  résultée  de  Y associalion  unique  de  parties  nouvellement  bourgeon- 
nées,  contrairement  à  ce  qui  a  été  admis  jusqu'à  présent  :  tout  ascidiozoïde 
nouveau  s'est  formé  par  l'association  d'une  masse  thoracique  fille  avec  la 
masse  abdominale  maternelle,  ou  bien  par  l'association  de  la  masse  thora- 
cique maternelle  avec  une  mw^se  viscérale  fille  (').   » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  la  régénération  chez  les  Amphibiens  des  membres  postérieurs 
et  de  la  queue,  en  l'absence  du  système  nerveux.  Note  de  M.  P.  Wintrebert, 
présentée  par  M.  Edm.  Perrier. 

«  Le  problème  de  la  dépendance  de  la  régénération  vis-à-vis  du  svstème 
nerveux  n'est  pas  encore,  d'après  Driesch  (-),  en  état  d'être  complètement 
résolu.  Cependant  il  ressort,  avec  une  suffisante  précision,  de  la  plupart 
des  expériences  jusqu'ici  publiées,  que  le  système  nerveux  joue  dans  la 
régénération  un  rôle  prépondérant.  Rubin  (^),  dans  un  travail  récent, 
admet  que  l'interruption  nerveuse  n'empêche  pas  le  début  régulier  de  la 
régénération  ;  mais  il  pense  que,  au  bout  des  8  ou  lo  premiers  jours,  elle  en 
cause  le  ralentissement  et  bientôt  l'arrêt  complet;  il  considère,  avec 
Wolff(^),le  retour  du  processus  régénératif  comme  la  manifestation  du 
rétablissement  des  fonctions  nerveuses.  Dans  une  INote  précédente  (^) 
j'indiquais  l'influence  négative  dn  système  nerveux  dans  l'ontogenèse  des 
membres;  j'ai  cherché  depuis  s'il  en  était  ainsi  dans  la  régénération,  et  je 
me  suis  attaché  à  obtenir  des  résultats  morphologiques  non  contestables. 

»  Méthode  opératoire.  —  Par  le  procédé  des  sections  nerveuses  répétées,  dont  je 
m'étais   servi  pour  l'étude  de  la  génération,  j'avais  pu,  du   i3  au  3i  juillet  dernier, 


(^)  Communication  faite  à  la  séance  du  2  novembre  igoS. 

(-)  H.  Driesch,  Die  organiacheii  Regidatioenn.  Leipzig,  190t. 

(^)  R.  RuBix,  Versuclie  uber  die  Beziehung  des  Nen'easyslems  zur  Régénération 
bel  Amphibien  {Arch.  f.  Entwickelungs  mech.,  Bd.  XVI,  1908,  p.  21-76). 

(*)  G.  WoLFF,  Die  pliysiologische  Grundlage  der  Lelire  von  den  De  générations- 
zeichen   {Virchow's  Arc/ne,  Bd.  CLXIX,  1902,  p.  3o8-33i). 

(')   Comptes  rendus,  i3  juillet  igoS. 

G.   R.,  1903.  2»  Semestre.  (T.  CWWII,  N»  19  )  lOO 


^62  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

obtenir,  sur  un  loi  de  5o  têtards  {Rana  temporaria),  deux  cas  de  séparation  du  cône 
régénéré  en  trois  digitalions  ;  cette  méthode  présentait  l'inconvénient  d'affaiblir  par 
une  saignée  périodique  les  larves  soumises  à  l'expérimentation;  j'opérai  dans  la  suite 
en  réséquant  largement  la  moelle  dorso-lomhaire  et  sacrée. 

))  Cette  résection  permet  de  soustraire  à  l'action  nerveuse  les  membres  des  Amphl- 
biens  et  la  queue  des  larves  d'Anoures,  sans  blesser  un  seul  vaisseau  capable  de  con- 
tribuer à  la  nutrition  de  ces  organes;  il  laisse  aux  animaux  la  vigueur  nécessaire  pour 
s'alimenter,  et  permet  une  observation  prolongée  sans  crainte  d'incertitude  dans  les 
résultats. 

»  Résultats.  —  A.  Anoures.  Alytes  obstetricans  :  i"  Membres  postérieurs.  — 
Vingt-trois  têtards  d'Alytes,  choisis  au  stade  de  la  formation  du  genou,  en  vue  de 
l'exploration  facile  des  membres,  furent  oj^érés  les  4  et  6  août  1908;  tous  présentèrent 
un  cône  de  régénération;  trois  seulement  manifestèrent  une  régénération  macrosco- 
pique indubitable  par  la  division  du  nouveau  moignon  en  trois  digitations,  aux  dates 
des  5  septembre,  8  septembre  et  17  octobre;  ce  résultat  minime  est  intéressant  si  l'on 
songe  qu'il  est  assez  rare  d'obtenir  une  régénération  plus  étendue  sur  des  têtards  nor- 
maux de  même  âge,  les  Anoures  n'étant  susceptibles  de  régénération  que  pendant  la 
période  larvaire. 

»  2°  Queue.  —  Le  procédé  opératoire  employé  m'a  fait  constater,  par  la  dipariiion 
totale  de  la  molilité  et  de  la  sensibilité  de  la  queue,  que  celle-ci  ne  contient  pas  ses 
centres  nerveux  propres,  comme  celle  desUrodèles,  mais  qu'ils  sont  placés  plus  avant, 
vers  le  sixième  métamère. 

»  De  ce  fait  anatomique  il  résulte  que,  après  la  résection  médullaire  dorso-lombaire, 
la  queue  des  larves  d'Anoures  est  assimilable  à  un  membre  dont  les  relations  nerveuses 
sont  interrompues.  Dans  ces  conditions,  la  régénération  est  rapide  et  régulière;  ses 
divers  modes,  suivant  l'obliquité  de  l'amputation,  sont  les  mêmes  que  sans  énervation 
préalable.  On  l'obtient  encore  vive  et  continue  quand  la  section  est  pratiquée  après 
43  jours  d'inertie  fonctionnelle  consécutive  à  l'ablation  nerveuse. 

»  B.  Urouèles.  Siredon  pisciformis  :  Membres  postérieurs.  —  a.  Le  19  août, 
quatre  larves  de  S"^*"  de  longueur  subirent  en  même  temps  la  résection  médullaire  et, 
d'un  seul  côté,  l'amputation  de  la  cuisse  ou  du  tarse;  le  11  septembre  elles  présen- 
taient une  palette  de  régénération  pluridigitée. 

»  b.  Le  7  septembre,  quatre  nouvelles  larves  de  lo'^'"  de  longueur,  amputées  du 
tarse  droit  3  jours  auparavant  et  déjà  cicatrisées,  subirent  l'extirpation  de  la  moelle. 
Elles  furent  suivies  jusqu'à  ce  jour,  et  j'ai  l'honneur  de  les  soumettre  à  l'examen  de 
l'Académie.  Elles  manifestèrent  une  régénération  continue  et  régulière.  ComjDarée  à 
celle  d'une  larve  témoin  de  mêmes  dimensions,  amputée  au  même  endroit,  et  placée 
dans  les  mêmes  conditions  rigoureuses  de  milieu  et  d'alimentation,  elle  présenta  une 
évolution  analogue  :  chez  les  quatre  Axolotls  amédullisés,  où  la  marche  du  processus 
fut  uniforme,  l'apparition  sur  la  palette  des  digitations  survint  plus  précoce  que  sur  le 
témoin;  leur  séparation  s'effectua  plus  nette  et  plus  rapide;  les  doigts,  plus  libres, 
prirent  bientôt  un  allongement  plus  considérable,  non  seulement  en  apparence,  mais 
à  la  mensuration  directe;  par  contre,  la  largeur  et  l'épaisseur  étaient  moindres  que 
sur  le  moignon  ferme  et  compact  du  témoin;  le  pied  ressemblait  à  un  feuillet,   légè- 


SÉANCE    DU   9   NOVEMBRE    igoS.  n63 

rement  courbé  sur  les  bords,  et  sans  consistance.  Dans  les  deux  cas,  néanmoins, 
l'ordre  d'apparition  des  doigts  fut  le  même,  et  leurs  rapports  de  longueur  demeurèrent 
identiques  dans  la  croissance. 

»  Le  i4  octobre,  le  pied  des  quatre  opérés,  avec  ses  cinq  doigts  longs  et  bien  des- 
sinés, montrait  une  forme  presque  achevée,  tandis  que  celui  du  témoin,  toujours  de 
longueur  moindre,  se  présentait  sous  l'aspect  d'une  large  palette  échancrée  sur  les  bords. 

»  Aujourd'hui,  ce  dernier,  de  longueur  égale,  de  largeur  et  d'épaisseur  beaucoup 
plus  grandes,  continue  régulièrement  sa  progression,  tandis  que  chez  les  Axalotls 
privés  du  fonctionnement  du  pied  le  processus  régénérateur  semble  terminé. 

»  Soustraits  à  l'influence  nerveuse,  les  membres  postérieurs  des  Uro- 
dèles  présentent  donc  une  régénération  qui  rappelle  exactement  ce  que 
nous  avons  obtenu  dans  les  mêmes  conditions  pour  la  génération  ;  la  forme 
générale  est  conservée  ;  la  longueur  des  différents  segments  est  parfaitement 
proportionnée;  leur  ordre  d'apparition,  la  marche  régulière  de  leur  déve- 
loppement sont  les  mêmes  qu'en  présence  du  système  nerveux,  et,  dans 
ces  expériences,  la  régénération  suit  la  même  voie  que  l'ontogenèse;  le 
pied  est  simplement  petit,  maigre,  atrophié,  tel  qu'il  serait  sur  un  membre 
privé  de  nerfs,  en  période  de  croissance,  sans  que  la  régénération  fut  en 
cause. 

))  L'expérimentation  faite  sur  la  queue  des  larves  d'Anoures  confirme 
ces  données.   » 


ZOOLOGIE.  —  Étude  des  ferments  digestifs  chez  quelques  Invertébrés. 
Note  de  M.  Yictor  Henri,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  J'ai  étudié  les  ferments  amyloly tiques  et  protéoly tiques  chez  Octopus 
vulgaris,  Sepia  officinalis,  Spatangus  purpureus  et  Salpa  africana.  Pour 
déterminer  l'activité  de  Tamylase  je  prenais  une  solution  d'amidon 
solubie  à  2  pour  loo  que  j'additionnais  d'un  volume  déterminé  de  macé- 
ration d'organe  ou  de  suc  digestif;  la  température  d'action  était  de  4o°. 
Pour  les  ferments  protéolytiques  j'ai  employé  la  méthode  de  mesure  de  la 
conductibilité  électrique  de  la  gélatine  à  5  pour  loo  additionnée  du  liquide 
à  étudier;  cette  méthode  permet  de  suivre  la  mrfrche  de  la  réaction  et 
d'apprécier  quantitativement  l'activité  du  ferment.  De  plus,  je  faisais  a^^ir 
les  liquides  également  sur  la  fibrine  et  l'albumine  d'œuf  cuit.  Voici  les 
résultats  obtenus  ; 


']^t\  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

))  Octopiis  vulgaris.  —  Les  principales  expériences  ont  été  faites  avec  le  suc  hépa- 
tique pur  obtenu  par  une  fistule  sur  Faninaal  vivant.  Le  suc  hépatique  sort  du  foie  par 
deux  canaux  qui  se  réunissent  près  du  Ccecum  spirale  et  ce  canal  unique  débouche 
dans  l'extrémité  de  ce  csecurn. 

»  Nous  avons  placé,  M.  Lalou  et  moi,  de  petites  canules  en  verre  dans  ce  canal;  à 
ces  canules  est  adapté  un  tube  de  caoutchouc  avec  une  ampoule  dans  laquelle  s'accu- 
mule le  suc  hépatique  pur.  La  plaie  est  suturée  et  l'animal  laissé  librement  dans 
l'aquarium;  il  peut  ainsi  supporter  l'opération  pendant  plusieurs  heures. 

»  Le  suc  ainsi  recueilli  est  rouge  brun,  transparent,  à  réaction  acide,  donnant  un 
précipité  par  l'alcool  et  par  l'ébullilion,  donnant  la  réaction  du  biuret  ;  il  absorbe  la 
partie  droite  du  spectre  à  partir  du  jaune  vert.  Si  on  le  verse  au-dessus  de  l'acide  azo- 
tique on  voit  au  contact  de  l'acide  une  couche  vert  olive,  au-dessus  un  anneau  rose 
orangé  et  puis  le  rouge  brun;  à  mesure  que  l'acide  diffuse  la  couche  vert  olive  aug- 
mente d'épaisseur.  Ce  suc  décompose  l'eau  oxygénée.  L'étude  des  ferments  montre 
qu'il  est  très  riche  en  amylase  et  en  ferment  protéolj'tique.  Ainsi  pour  l'action  sur 
l'amidon  ce  suc  est  environ  cinq  fois  moins  actif  que  le  suc  pancréatique  de  chien. 
Dans  une  expérience,  par  exemple,  i5'™'  d'amidon  à  2  pour  100  sont  additionnés 
de  o'^'"',  I  du  suc  hépatique;  après  3  heures,  on  trouve  oS'',o45  de  sucre  réducteur  cal- 
culé en  glucose,  la  saccharification  complète  donne  oS"",  26. 

»  Le  suc  hépatique  digère  l'albumine  d'œuf  cuit,  la  fibrine  et  agit  nettement  sur  la 
gélatine.  Pour  cette  dernière  nous  trouvons  les  variations  suivantes  de  conductibilité 
électrique. 

Après      10  minutes 1/4 

«         3o         »        .  .     27 

»         45         »        •  ' 28 

»       1 5o         » 35 

))  Il  y  avait,  dans  cette  expérience,  lo*^™'  de  gélatine  additionnés  de  o*^™',  5  de  suc  hépa- 
tique. L'expérience,  faite  dans  les  mêmes  conditions  avec  le  suc  pancréatique  de  chien, 
donne  comme  variation  de  conductibilité  électrique  : 

Après   10  minutes 19 

»        21          »         . 34 

»        3o          »         42 

»        40          »         49 

»  Le  suc  hépatique  sécrété  par  le  foie  de  VOctopus  est  donc  actif;  je  me  suis 
demandé  si  cette  activité  protéolytique  n'était  pas  modifiée  par  la  macération  de  la 
muqueuse  du  caecum  spirale.  Le  résultat  a  été  négatif.  La  macération  du  caîcum  spi- 
rale  ne   contient  pas  de  ferment  protéolytique;    elle   contient  un  peu  d'amylase. 

»  L'amylase  a  été  également  trouvée  dans  les  glandes  salivaires  inférieures,  mais  en 
quantité  faible.  Le  rôle  de  ces  glandes  n'est  probablement  pas  surtout  digestif;  en 
effet,  leur  extrait,  injecté  en  quantité  très  faible  à  des  Langoustes  ou  à  des  Crabes, 
paralyse  complètement  ces  animaux. 


SÉANCE    DU    9    NOVEMBRE     [903.  ■^65 

»  On  trouve  aussi  une  faible  quantité  d'amylase  dans  le  sang  de  VOctopi/s;  par 
contre,  dans  les  reins,  on  en  trouve  une  quantité  assez  forte. 

»  Se/n'a  officinalis.  —  Les  résultats  obtenus  pour  les  ferments  sont  les  mêmes  pour 
la  Sepia  que  pour  VOctopus.  On  peut,  chez  cet  animal,  séparer  le  foie  du  pancréas; 
chacune  de  ces  deux  glandes  ronlient  un  ferment  protéolylique  actif;  l'addition  des 
macérations  de  ces  deux  glandes  n'agit  pas  plus  que  chacune  isolément;  la  macération 
du  caecum  spirale  ne  contient  pas  de  ferment  proléoljtique  ;  cette  macération  accélère 
un  peu  l'activité  proléolytique  delà  macération  de  pancréas,  il  semble  donc  ici  y  avoir 
une  légère  action  kinasique.  Relativement  à  l'amylase,  on  obtient  les  mêmes  résultats 
que  jDOur  VOctopus. 

»  Spatangus  purpitreus.  —  L'intestin  du  Spatangus  est  absolument  bourré  de 
sable  et  de  petits  coquillages;  au  contraire,  dans  le  cœcum  qui  se  trouve  attaché  à  cet 
intestin,  on  ne  trouve  pas  un  grain  de  sable;  ce  cœcum  à  parois  glandulaires  con- 
tient 4""''  à  S'^'""  d'un  liquide  jaune  brunâtre,  très  faiblement  acide;  ce  liquide  contient 
une  quantité  notable  d'amylase,  il  digère  l'albumine  d'œuf  cuit,  la  fibrine  et  la  géla- 
tine. 

»  Le  liquide  périviscéral  du  Spatangus  contient  un  peu  d'amylase,  mais  il  n'y  a  pas 
de  ferment  protéolylique. 

»  Salpa  af ricana,  —  La  fonction  de  la  glande  pylorique  de  la  Salpe  a  été  discutée 
par  différents  auteurs,  mais  on  n'a  pas  étudié  jusqu'ici  les  ferments  digestifs  de  ces 
animaux.  En  faisant  des  macérations  de  cette  glande  pylorique,  on  obtient  un  liquide 
riche  en  amylase,  il  ne  digère  ni  l'albumine,  ni  la  fibrine;  cette  macération  agit  au 
contraire  faiblement  sur  la  gélatine.  Cette  glande  contient  donc  bien  des  ferments 
digestifs.  Les  macérations  des  autres  parties  du  corps  de  la  Salpe  donnent  des  résultats 
négatifs.    )> 


BOTANIQUE.   ~  Un  nouvel  hybride  de  greffe.  Note  de  M.  Lucien  Daniel, 
présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Il  y  a  deux  ans,  dans  le  jardin  de  l'institution  Saint-Vincent  à  Rennes, 
de  vieux  poiriers  greffés  sur  Coignassier  dépérissaient  en  grand  nombre  à 
la  suite  d'attaques  répétées  du  kermès.  Tous  manifestaient  à  des  degrés 
divers  le  phénomène  bien  connu  des  forestiers  sous  le  nom  de  couronne- 
ment, c'est-à-dire  que  les  sommités,  privées  de  sève,  se  desséchaient  pro- 
gressivement. Pour  prolonger  leur  existence  menacée  et  leur  redonner  de 
la  vigueur,  le  frère  Henri,  professeur  d'arboriculture  de  l'établissement, 
eut  recours  au  procédé  classique  du  ravalement.  Il  rabattit  ses  poiriers  à 
2™  environ  du  soi,  après  les  avoir  élagués  complètement. 

))  Je  suivis  avec  intérêt  cette  expérience  pour  deux  raisons  :  1°  parce 
que,  en  produisant  artificiellement  une  différence  marquée  entre  les  capa- 


^66  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cités  fonctionnelles  d'absorption  et  de  vaporisation,  on  devait  observer  des 
phénomènes  tératologiques,  comme  je  l'ai  fait  voir  depuis  longtemps; 
2°  parce  que  j'espérais  trouver  dans  les  pousses  adventives  des  sujets  des 
variations  asexuelles,  autrement  dit  des  hybrides  de  greffe.  Mon  attente 
n'a  pas  été  déçue. 

»  Les  greffons  ont  tous  fourni  des  pousses  de  renjplacement  dont  la  vigueur  a  été 
proportionnelle  à  la  différence  des  capacités  fonctionnelles  artificiellement  produite 
entre  l'appareil  absorbant  intact  et  l'appareil  vaporisateur  très  réduit.  Ces  pousses 
n'ont  pas  complètement  pris  la  direction  verticale,  mais  sont  pour  la  plupart  devenues 
retombantes  à  des  degrés  divers,  montrant  ainsi  combien  la  proportion  des  sèves  se 
rendant  à  un  rameau  a  d'influence  sur  son  géotropisme.  Des  bourgeons  à  fruits  per- 
cèrent l'écorce  épaisse,  fleurirent  et  fructifièrent  dans  l'année  même  en  donnant  des 
productions  monstrueuses  dont  j'ai  étudié  la  forme  et  la  structure  l'année  dernière  ('), 
Une  de  ces  poires  était  située  sur  une  partie  complètement  dénudée  de  l'arbre,  à  25'^"' 
au  moins  de  la  première  branche  feuillée,  située  au-dessous  d'elle.  Malgré  sa  situation 
dans  une  région  morte  en  apparence,  elle  n'en  a  pas  moins  achevé  son  développement. 

»  Jusqu'ici  un  seul  des  sujets  a  donné  des  pousses  de  remplacement  :  c'est  un  Goi- 
gnassier  servant  de  support  à  un  poirier  William.  Mais  ces  pousses  présentent  un  in- 
térêt tout  particulier.  Deux  d'entre  elles  sont  situées  bien  au-dessous  du  bourrelet  et 
ont  conservé  tous  les  caractères  de  la  plante  normale.  Elles  ont  une  forme  légèrement 
sinueuse  et  un  aspect  grêle;  l'épiderme  «of/a^/e  est  fome/^/ea^c  sur  la  plus  grande 
partie  de  leur  longueur;  il  présente />e«  ot<  yoot/i^  ofe /e/i^/ce/Ze5  suivant  les  niveaux 
considérés.  Les  feuilles  sont  entières,  brièvement  pétiolées,  de  forme  ovale  légèrement 
cordifornie,  et  leur  face  inférieure  est  revêtue  de  poils  abondants  qui  lui  donnent  une 
teinte  caractéristique. 

))  Au  niveau  du  bourrelet,  sur  une  sorte  de  protubérance  entièrement  recouverte 
par  Técorce  du  coignassier  sujet,  se  sont  développées  trois  autres  pousses  dont  l'aspect 
particulier  attire  immédiatement  l'attention  de  l'observateur.  Au  lieu  d'avoir  l'aspect 
grêle  et  sinueux  des  rameaux  de  coignassier,  elles  ont  l'aspect  plus  massif  Ql  la  direc- 
tion plus  rectiligne  des  rameaux  de  poirier.  Leur  épiderme  est  moins  velu,  plus  clair 
et  se  rapprochant  comme  teinte  du  poirier;  à  la  base  du  rameau  on  voit  des  lenticelles 
assez  nombreuses.  Les  feuilles,  disposées  comme  dans  les  rameaux  du  greffon,  restent 
brièvement  pétiolées  et  de  forme  ovale,  mais  l'aspect  cordifornie  fait  place  à  la  forme 
un  peu  lancéolée,  intermédiaire  entre  la  forme  normale  du  coignassier  et  du  poirier. 
Toutes  sont  plus  ou  moins  velues  à  la  face  inférieure,  mais  leur  villosité  est  moindre 
qu'à  l'ordinaire,  de  sorte  que  leur  teinte  est  aussi  intermédiaire  entre  celle  du  sujet  et 
celle  du  greffon.  Un  autre  caractère  transmis  par  le  greflon  consiste  dans  la  présence  de 
dents  très  marquées  dans  certains  cas,  irrégulièrement  disposées  sur  le  pourtour  de  la 
feuille  et  dont  le  nombre  et  la  disposition  sont  très  variables  suivant  l'organe  foliaire 


(')  L.  Danifx,  Z^  Théorie  des  capacités  fonctionnelles,   Hennés,  1,902. 


SÉANCE    DU    9   NOVEMBRE    TQoS.  767 

considéré.  Ces  dents  ont  une  forme  quelque  peu  différente  des  dents  de  la  feuille  du 
poirier  et,  dans  quelques  cas,  elles  donnent  à  l'organe  un  aspect  qui  offre  de  l'analogie 
avec  certaines  feuilles  primordiales  des  poiriers  de  semis. 

»  La  description  que  je  viens  de  faire  de  ces  pousses  transformées  montre 
bfen  qu'elles  réalisent  une  sorte  d'intermédiaire  entre  le  sujet  et  le  greffon. 
Elles  représentent  ainsi  une  hybride  de  greffe,  dans  le  sens  que  j'attribue 
à  cette  expression,  au  même  titre  que  les  hybrides  et  métis  de  greffe  que 
j'ai  obtenus  dans  les  plantes  herbacées  ou  ceux  qui  ont  été  signalés  depuis 
dans  les  plantes  ligneuses  (néflier  de  Bronvaux,  vigne,  etc.).  Il  est  à 
remarquer  que  cette  variation  a  été  obtenue,  comme  beaucoup  d'autres, 
par  la  greffe  mixte  (').  Elle  justifie  en  outre  ce  que  j'avançais  au  Congrès 
de  Lyon  (-)  quand  j'attribuais  à  la  suppression  constante  des  pousses  sur 
le  sujet  l'absence  d'observations  sur  les  hybrides  de  greffe  dans  les  Rosa- 
cées, bien  que  ces  plantes  aient  été  greffées  de  tout  temps  en  grand  nombre. 
Je  me  propose  de  multiplier  le  nouvel  hybride  afin  d'étudier  son  appareil 
reproducteur  qui  ne  peut  manquer  de  présenter  de  l'intérêt  aux  points  de 
vue  théorique  et  pratique.  » 


BOTANIQUE.  —  Sur  les  nectaires  extrajlor aux  des  Hevea.  Note  de  MM.  Aug. 
Daguillon  et  H.  Coupïîï,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  On  connaît  les  petites  glandes  (^nectaires  extrajloraux  des  auteurs)  qui 
s'observent,  chez  diverses  espèces  du  genre  Hevea,  au  sommet  du  pétiole, 
sur  sa  face  supérieure,  près  de  la  naissance  des  trois  grandes  folioles  qu'il 
supporte. 

»  Si  les  botanistes  descripteurs  se  sont  occupés  dé  la  distribution  de  ces 
petits  organes,  pour  la  faire  entrer  dans  la  diagnose  des  espèces,  il  ne 
semble  pas  que  les  anatomistes  aient  eu  l'occasion  d'étudier  leur  structure. 
Bien  que  celle-ci  offre  des  ressemblances  avec  celle  qui  a  été  relevée  dans 
(les  organes  de  même  nature  chez  quelques  autres  genres  d'Euphorbiacées 
(Ricinus,  Crozophora,  Croton,  Excœcaria,  etc.),  elle  se  signale  cependant  par 
quelques  traits  intéressants,  que  nous  avons  pu  étudier  sur  des  matériaux 


(')  L.  Damel,  La  greffe  miœte  {Comptes  rendus,  1  novembre  1897). 
(-)  L.  Daniel,  Les  variations  spécifiques  dans  la  greffe  ou  hybridation  asejcuelle 
{Congrès  de  Lyon,  i5-i7  novembre  1901). 


768  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

frais,  soit  directement,  soit  après  fixation  clans  le  liquide  de  Flemming. 
»  Chez  Hevea  brasiliensis ,  les  glandes  en  question  ne  sont  pas  en  nombre 
constant  :  on  en  observe  parfois  deux,  souvent  trois,  quelquefois  quatre, 
ou  même  cinq.  Chaque  glande  est  ordinairement  plus  ou  moins  saillante 
au-dessus  de  la  surface  lisse  du  pétiole  :  elle  forme  comme  une  petite  ver- 
rue, dont  le  centre  est  occupé  par  une  dépression  plus  on  moins  réguliè- 
rement circulaire,  que  circonscrit  une  sorte  de  bourrelet. 

»  A.  Au  niveau  de  la  dépression,  l'épiderme  est  assez  profondément  modifié.  Ses 
cellules  deviennent  plus  étroites,  mais  en  même  temps  beaucoup  plus  hautes;  forte- 
ment serrées  les  unes  contre  les  autres,  elles  prennent  l'aspect  d'une  assise  en  palissade, 
dont  la  limite  interne  atteint  un  niveau  sensiblement  plus  profond  que  celle  de  l'épi- 
derme normal.  Il  peut  y  avoir,  au  moins  par  places,  dédoublement  de  l'épiderme  ainsi 
modifié  en  deux  assises  superposées.  Le  protoplasme  des  cellules  est  abondant;  le 
noyau,  généralement  situé  vers  le  milieu  de  leur  hauteur,  est  assez  volumineux  pour 
en  occuper  presque  toute  la  largeur  et  prendre  une  forme  allongée.  La  cuticule,  soule- 
vée sans  doute  par  les  produits  de  sécrétion,  se  détache  facilement. 

»  B.  L'assise  immédiatement  sous-épidermique  est  constituée  dans  cette  région  par 
des  cellules  de  forme  à  peu  près  cubique,  plus  larges  mais  beaucoup  moins  hautes 
que  les  cellules  épidermiques  ;  elles  ont  un  protoplasme  assez  dense  et  un  gros  noyau 
central. 

»  C.  Plus  profondément  encore,  on  observe  de  petites  cellules  ayant  à  peu  près  la 
même  structure  que  celles  de  l'assise  sous-épidermique.  Elles  diffèrent  très  sensiblement 
des  cellules  ordinaires  du  parenchyme  pétiolaire,  qui  sont  plus  grandes,  à  large  vacuole 
centrale  et  à  protoplasme  pariétal,  emprisonnant  le  nojau,  peu  volumineux,  etleschlo- 
roleucites.  Bien  que  moins  régulièrement  ordonnées  que  les  cellules  sous-épidermiques, 
ces  petites  cellules  sont  assez  serrées  les  unes  contre  les  autres,  sans  intercalation  de 
méats,  et  forment  un  tissu  assez  compact  qui  vient  s'épanouir  sous  la  dépression  glan- 
dulaire. 

»  D.  Au  niveau  du  bourrelet  périphérique,  à  quelque  profondeur  au-dessous  de 
l'épiderme,  on  voit  les  cellules  du  parenchyme  pétiolaire  prendre  des  caractères  spé- 
ciaux: elles  gardent  leur  forme  générale  et  leurs  dimensions;  mais  leurs  membranes, 
tout  en  demeurant  minces,  sont  lignifiées  et  offrent  de  petites  ponctuations  simples. 
Le  massif  de  cellules  ainsi  différenciées  offre  à  peu  près  la  figure  d'un  tore;  il  est  plus 
ou  moins  développé  suivant  les  échantillons;  parfois  ses  limites  sont  un  peu  indécises, 
les  cellules  les  plus  extérieures  du  massif  offrant  une  lignification  assez  imparfaite  et 
différant  faiblement  des  cellules  voisines. 

))  E.  Les  cellules  contenant  des  macles  d'oxalate  de  calcium,  dites  cristaux  en 
oa/sins,  sont  répandues  dans  tous  les  organes  végétatifs  de  la  plante  :  elles  sont  par- 
ticulièrement abondantes  dans  le  voisinage  du  bourrelet. 

»  F.  Dans  la  région  qui  nous  occupe,  et  qui  est  presque  entièrement  parenchy- 
mateuse,  les  faisceaux  libéro-ligneux  du  pétiole  se  dissocient,  et  les  rameaux  prove- 
nant de  cette  dissociation  suivent  un   trajet  assez  contourné   :    un  ramuscule,    dont  la 


SÉANCE    DU    ()    NOVEMBRE     KJO^.  '7R9 

partie  ligneuse  se  réduit  à  quelques  vaisseaux  spirales,  vient  se  terminer,  au-dessous 
du  centre  de  la  dépression  glandulaire,  par  un  petit  massif  de  cellules  vasculaires,  à 
membranes  fortement  lignifiées,  avec  ornementation  rajée  ou  réticulée;  ce  petit 
massif  est  comme  le  centre  autour  duquel  rayonne  le  tissu  compact  défini  plus 
haut  (C). 

»  G.  Les  fascicules  ligneux  provenant,  comme  il  vient  d'être  dit,  de  la  dissociation 
des  faisceaux  pétiolaires,  sont  accompagnés  de  cellules  allongées  à  protoplasme  dense, 
à  gros  novau,  et  alignées  dans  le  sens  de  leur  allongement;  elles  semblent  continuer 
le  liber  des  faisceaux  pétiolaires  et  viennent  abcnitir,  d'autre  part,  au  tissu  com- 
pact (G). 

»  H.  On  sait  que  la  lige  et  la  feuille  des  Hevea  renferment  des  laticifères  articulés 
dont  le  contenu  fournit  du  caoutchouc.  A  l'intérieur  du  pétiole  ils  sont  surtout  loca- 
lisés dans  le  liber  des  faisceaux.  Dans  la  région  glandulaire,  en  même  temps  que  se 
dissocient  ces  faisceaux,  quelques-uns  des  laticifères  se  portent,  en  suivant  un  trajet 
capricieux,  vers  la  surface  sécrétrice  :  ils  se  ramifient  à  l'intérieur  du  tissu  compact  (G), 
et  leurs  extrémités  viennent  se  terminer  en  doigt  de  gant,  soit  dans  ce  tissu,  soit  même 
entre  les  cellules  de  l'épiderme  sécréteur;  certaines  terminaisons  atteignent  la  face 
profonde  de  la  cuticule  et  revêlent  dés  lors,  à  l'intérieur  de  l'épiderme,  une  forme 
assez  analogue  à  celle  des  cellules  épidermiques  elles-mêmes. 

»  Dans  la  structure  de  ces  glandes,  les  deux  points  sur  lesquels  nous 
désirons  attirer  plus  particulièrement  l'attention  sont  :  1°  la  présence 
d'une  sorte  d'anneau  de  parenchyme  scléreux  à  l'intérieur  du  bourrelet 
qui  circonscrit  la  surface  glandulaire;  2^*  la  distribution  et  la  terminaison 
des  laticifères  dans  le  parenchyme  immédiatement  adjacent  à  cette  surface 
et  jusque  entre  les  cellules  de  l'épiderme  sécréteur.    » 


BOTANIQUE.  —  Recherches  cytologiqiies  sur  le  Galactinia  succosa.   Note   de 
M.  R.  Maire,  présentée  par  M.  Guignard. 

«  Dans  le  but  de  rechercher  quelle  parenté  pouvait  avoir  l'évolution 
nucléaire  des  Ascomycètes  avec  celle  des  Basidiomycètes,  nous  avons 
étudié  une  Pézize  supérieure,  le  Galactinia  succosa. 

))  Cette  espèce  possède  des  laticifères  :  elle  était  donc  doublement  inté- 
ressante à  étudier,  les  laticifères  étant  encore  peu  connus  chez  les  Asco- 
mycètes. 

»  Les  hyphes  du  carpophore  présentent  dans  chacun  de  leurs  articles  un  assez  grand 
nombre  de  noyaux,  irrégulièrement  dispersés  et  se  divisant  isolément. 

»  Gertaines  hyphes  ou  portions  d'hyphes,  à  peine  dillereuciées,  se  gorgent  d'un 
liquide  séreux  devenant  jaune  laiteux  à  l'air. 

C.  R.,  1903,  2»    Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  19.)  ÏOI 


nrjO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  Ce  liquide  se  coagule  par  la  chaleur,  Falcool  et  les  fixateurs,  ne  donne  aucune 
réaction  avec  Tiode,  le  Soudan  III,  l'acide  osmique,  se  colore  fortement  par  la  safra- 
nine  après  mordançage  au  KMnO^;  il  ne  contient  donc  ni  corps  gras,  ni  glycogène; 
sa  constitution  est  encore  inconnue. 

»  Les  laticifères  contiennent  de  nombreux  noyaux  semblables  à  ceux  des  hyphes 
ordinaires,  mais  entrant  en  dégénérescence  dans  les  parties  les  plus  gorgées  de  matières 
élaborées. 

»  Ils  sont  répartis  assez  également  dans  l'hypothécium  et  dans  le  tissu  lâche  sous- 
jacent,  où  ils  présentent  souvent  des  dilatations  ampullaires. 

>)  La  formation  des  asques  présente  une  particularité  remarquable. 

»  La  cellule-mère  de  Vasque  est,  en  effet,  dans  cette  espèce  la  cellule  terminale 
d'une  file  de  deux  ou  trois  cellules  pourvues  chacune  d'^ un  synkaryon;  on  ne 
retrouve  pas  les  crochets  décrits  chez  les  autres  Ascomjcètes. 

»  La  formation  de  Vasque  est  donc  ici  semblable  à  celle  d'une  baside. 

»  Les  deux  éléments  du  synkar\on  se  fusionnent  en  un  gros  noyau,  qui  présente 
plus  tard  un  stade  synapsis,  semblal^le  à  celui  que  nous  avons  décrit  chez  les  Basi- 
diomycètes. 

»  L'asque  est  pendant  tout  son  développement  une  véritable  cellule  sécrétrice;  dès 
la  fusion  nucléaire  apparaissent  au  contact  du  noyau  des  granulations  basophiles  qui 
augmentent  de  nombre  et  se  répartissent  dans  le  cytoplasma  au  fur  et  à  mesure  que 
le  noyau  devient  acidophile;  le  nucléole  reste  toutefois  presque  toujours  basophile.  Le 
noyau  de  l'asque  et  le  cytoplasma  qui  Fentoure  sont  bientôt  séparés  du  sommet  de 
l'asque  et  de  sa  base  par  une  abondante  substance  coagulable,  dont  la  constitution 
paraît  analogue  à  celle  du  contenu  des  laticifères.  Il  n'y  a  pas  de  glycogène  ;  les  corps 
gras  abondent  en  revanche  dans  tout  le  cytoplasma  qui  entoure  le  ou  les  noyaux,  puis 
dans  les  spores.  On  trouve  quelquefois  dans  le  jeune  asque  et  au  milieu  de  l'abondant 
deuloplasma  de  l'asque  plus  âgé  des  corpuscules  métachromatiques  de  formes  très 
irrégulières,  mais  leur  présence  n'est  pas  constante. 

»  Les  phénomènes  de  la  division  du  noyau  sont  assez  semblables  à  ceux  décrits  par 
Ilarper  chez  d'autres  Ascomycètes.  Il  faut  toutefois  noter  les  faits  suivants  : 

»  1°  L'origine  et  la  formation  des  centrosomes  et  du  fuseau  sont  entièrement 
intranucléaires,  au  moins  pour  la  première  division. 

»  2°  La  formation  des  chromosomes  est  très  irrégulière  :  il  y  a  généralement  des 
protochromosomes  à  la  deuxième  et  à  la  troisième  division  comme  à  la  première. 

»   3°  Le  nombre  des  chromosomes  est  de  4- 

»  4°  La  division  des  chromosomes  se  fait  comme  chez  les  Hygrophores,  par 
division  longitudinale  suivie  d'étirement. 

»  5°  Les  axes  des  deux  premières  mitoses  sont  longitudinaux,  celui  de  la  troisième 
est  transversal,  ce  qui  explique  la  disposition  distique  des  spores. 

»  6°  Le  kinoplasma  joue  un  rôle  prépondérant  dans  la  formation  des  spores, 
comme  l'a  décrit  Harper  chez  d'autres  Ascomycètes. 

))  Nous  ajouterons,  pour  lermiiier  celte  brève  notice  sur  le  Galactinia 
succosa,   que  celte  espèce  présente  une  parenté  réelle  avec  les  Basidio- 


SÉANCE    DU    9    NOVEMBRE    igoS.  77 1 

mycètes  au  poinL  de  vue  de  son  évolution  nucléaire  :  la  présence  d'une 
lignée  de  synkaryons  avant  la  formation  de  l'asque  la  met  au-dessus  des 
autres  Ascomycètes  :  nous  trouvons  ici  la  première  ébauche  de  ce  tronçon 
de  l'individu,  le  synkaryophyte,  qui  doit  prendre  tant  de  développement 
chez  les  Basidiomycètes.  » 


PHYSIOLOGIE.  —  Sur  l oxydation  de  la  glucose  dans  le  sang. 
Note  de  M.  L.  Jolly,  présentée  par  M.  H.   Moissan.  (Extrait.) 

«  Nous  savons  que  les  farineux  alimentaires,  pour  entrer  dans  le 
torrent  circulatoire,  sont  solubilisés  par  la  ptyaline  salivaire  et  l'amy- 
lopsine  pancréatique,  c'est-à-dire  transformés  en  glucose. 

»  Une  grande  quantité  de  cette  glucose,  après  chaque  repas,  est  emma- 
gasinée dans  le  foie  à  l'état  de  glycogène,  pour  passer  ultérieurement,  à 
mesure  des  besoins,  dans  la  circulation  hématique.  Une  autre  partie  est 
emmagasinée  dans  les  tissus  musculaires,  pour  être  utilisée  également  à 
mesure  des  besoins... 

»  Il  nous  a  paru  intéressant  de  rechercher  si  l'alcool,  dont  la  présence 
a  été  signalée  dans  le  tissu  musculaire,  est,  dans  le  sang,  un  produit  de 
dédoublement  de  la  glucose,  afin  de  faciliter  son  oxydation. 

»  Nous  nous  sommes  procuré  l'^s  de  sang  de  bœuf  très  frais.  Il  a  été  divisé  en  deux, 
parties  égales.  Chaque  partie  a  été  intimement  mélangée  à  i''^  de  solution  saturée  de 
sulfate  de  soude,  additionnée  de  5s  de  glucose;  cela  afin  que  les  deux  mélanges  soient 
identiques. 

»  L'une  a  été  mise  à  l'étuve  et  chauffée  à  3o"  pendant  12  heures. 

»  L'autre  a  été  soumise  immédiatement  à  une  distillation  très  lente,  au  bain-marie. 
Nous  avons  retiré  So""'  de  liquide.  Puis,  sans  arrêter  la  distillation,  nous  avons  ajouté 
los  d'acide  sulfurique  dilué  et  mélangé  le  tout  avec  un  agitateur.  Nous  voulions  savoir 
s'il  passerait  à  la  distillation  un  peu  d'acide  acétique.  Nous  avons  recueilli  5*^™^  de 
liquide;  il  n'avait  aucune  réaction  acide. 

»  Le  mélange  sanguin  passé  à  l'étuve  a  été  distillé  de  la  même  manière.  Nous  avons 
également  recueilli  So'''"'  de  liquide.  Après  addition  d'acide  dilué  ^fous  avons  encore 
recueilli  5*^"*^  de  liquide.  11  avait  une  réaction  franchement  acidf  ^  r?  goutte  de  per- 
chlorure  de  fer,  par  la  coloration  rouge  produite  dans  le  liquide  s&l:  é,  nous  a  fourni 
la  preuve  que  c'était  bien  de  l'acide  acétique. 

»  Pour  constater  la  présence  de  l'alcool  dans  les  liquides  des  deux  distillations  et 
en  déterminer  approximativement  la  quantité,  nous  nous  sommes  servi,  en  premier 
lieu,  de  la  réaction   colorimétrique  par  l'acide  chromique,  qui   permet  de  déceler  la 


-jr-jl  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

présence  fie  Talcool  jusqu'à  la  proportion  de  j^^'  Au  moyen  d'essais  comparatifs  avec 
des  solutions  alcooliques  de  plus  en  plus  diluées,  nous  avons  constaté  que  la  solution 
alcoolique  à  ^-y^-  donnait  une  coloration  jaune  verdàtre,  identique  à  celle  du  liquide 
de  la  première  distillation. 

»  Le  produit  de  la  seconde  distillation,  traité  de  la  même  manière,  nous  a  donné 
une  coloration  bleue,  bien  marquée,  identique  à  celle  que  donne  l'alcool  au  -~^.  La 
quantité  d'alcool  produit  après  chauffage  à  l'étuve  est  donc  6  fois  plus  élevée. 

»  Mais  comme  un  certain  nombre  d'autres  composés  donnent  des  colorations  avec 
l'acide  chromique,  nous  avons  soumis  ces  liquides  à  deux,  autres  réactions  de  contrôle  : 
l'une  a  consisté  à  produire  de  l'iodoforme;  une  goutte  évaporée  nous  a  révélé  au  mi- 
croscope la  présence  d'iodoforme  en  masses  jaunâtres  de  formes  diverses,  contrariées 
par  de  nombreux  cristaux,  blancs  d'iodure  de  potassium.  Une  parcelle  d'iodoforme 
dissoute  dans  l'alcool  et  évaporée  nous  a  donné  les  mêmes  formes,  mais  plus  parfaites. 

»  Enfin,  nous  nous  sommes  assuré  de  l'existence  de  l'alcool  par  la  formation  d'un 
peu  de  butyrate  d'éihyle  qui  nous  a  donné  l'odeur  de  l'ananas. 

»  Nous  pouvons  donc  conclure  :  qu'il  existe  nalurellement  de  l'tdcool, 
en  1res  minime  proportion,  dans  le  sang; 

»  Que  les  globules  du  sang  ont  dédoublé  une  certaine  quantité  de  glu- 
cose en  alcool  et  qu'ils  ont  transformé  une  partie  de  cet  alcool  en  acide 
acétique  par  oxydation.  » 

A  4  heures  et  demie  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie. 

G.  D. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE  DU    LUNDI  16  NOVEMBRE  1905, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GACDRY. 


3IEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS     DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  Les  élèves,  les  amis,  les  admirateurs  de  M.  Chauveau  se  sont  associés 
pour  faire  graver  une  belle  médaille  à  son  effigie.  Notre  Confrère  a  voulu 
que  la  médaille  lui  fût  remise  dans  la  plus  stricte  intimité.  Mais  des 
adresses,  des  lettres,  des  télégrammes  lui  ont  été  envoyés  de  toute  part. 

»  La  lettre  de  voire  Président  renfermait  ces  mots,  qui  lui  ont  semblé 
l'expression  des  sentiments  de  l'Académie  : 

»  Vous  avez  étendu  votre  action  bienfaisante  à  ces  créatures,  bonnes  et  souvent 
charmantes,  qui  sont  pour  l'humanité  d'un  tel  secours  que  nous  avons  peine  à  conce- 
voir comment,  sans  elles,  il  lui  serait  possible  de  se  maintenir  et  de  progresser.  Merci 
pour  toutes  les  choses  grandes  et  utiles  que  vous  avez  faites. 

»  On  a  réuni  les  félicitations  envoyées  à  M.  Chauveau  dans  un  Opuscule 
où  se  trouve  le  fac-similé  de  la  médaille,  représentant  d'un  côté  sa  tête 
expressive  et  de  l'autre  côté  sa  fameuse  expérience  de  cardiographie,  à 
l'École  vétérinaire  de  Lyon. 

»  Nous  conserverons  précieusement  ce  souvenir  des  hommages  rendus 
à  un  Confrère  que  chacun  de  nous  aime  et  honore.    » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Nouvelle  préparation  de  V argon. 
Note  de  MM.  H.  Moissan  et  A.  Rigaut. 


«  Dans  leurs  belles  recherches  sur  la  découverte  de  l'argon,  lord  Ray- 
ieh  et  sir  William  Ramsavont  utilisé,  tout  d'abord,  l'action  de  l'étincelle 

G.  R.,   1903,  ■?.'  Semestre    (T.  CXXXVII,  N°  20.)  Ï02 


;774  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

électrique  sur  le  mélange  d'oxygène  et  d'azote  pour  séparer  l'argon  de 
l'air  atmosphérique.  Par  la  suite,  ils  ont  employé  le  magnésium  qui  retient 
l'azote  sous  forme  d'azoture;  enfin,  dans  des  expériences  plus  récentes, 
sir  William  Ramsay  (*)  s'est  servi  du  procédé  indiqué  par  M.  Maquenne  (^)  : 
action  d'un  mélange  de  chaux  et  de  magnésium  sur  l'azote  atmosphé- 
rique. 

»  L'étude  de  la  préparation  de  l'argon  par  l'action  des  étincelles  d'in- 
duction sur  un  mélange  d'oxygène  et  d'azote  atmosphérique  a  été  reprise 
dernièrement  par  M.  Auguste  Becker  (' j. 

))  L'un  de  nous  a  démontré  précédemment  que  le  métal  calcium  se 
combinait  avec  facilité  à  l'azote  an  rouge  sombre,  en  fournissant  un  azo- 
ture  cristallisé  de  formule  Ca^  Az'-  (  '). 

))  Comme  ce  calcium  métaUique  possède  aussi  la  propriété  de  fixer 
l'hydrogène  à  la  même  température,  en  donnant  un  hydrure  cristallisé  de 
formule  CaH"  et  que  cet  hydrure  n'est  pas  dissociable  à  Soo*',  nous  avons 
pensé  à  appliquer  ces  différentes  propriétés  à  l'extraction  de  l'argon  de  l'air 
atmosphérique. 

«   Cette  préparation  de  l'argon  comprend  quatre  opérations  : 

»   A.  Préparation  de  loo^  d'azote. 

1)   B.  Enrichissement  de  l'azote  en  argon. 

»    C.  Première  purification. 

w   D.  Seconde  purification  par  circulation  sur  le  calcium. 

»  A.  Préparation  de  loo'  d'azote  atmosphérique.  —  Cette  opération  se 
fait  au  moyen  de  deux  tubes  d'acier  de  i°^,  20  de  longueur  et  de  o™,o3o  de 
diamètre,  remplis  de  tournure  de  cuivre  tassée,  préalablement  oxydée  à 
l'air,  puis  réduite  dans  l'hydrogène.  Le  gaz  est  introduit  par  aspiration  dans 
un  gazomètre  à  eau. 

»  B.  Enrichissement  de  l'azote  en  ai'gon.  —  Le  gaz,  obtenu  précédemment, 
traverse  d'abord  un  tube  de  fer  de  1°^  rempli  de  tournure  de  cuivre,  puis 


(^)  Ramsay,  Proceedings  of  the  Royal  Society,  t.  YIII,  1898,  p.  i83,  et  W.  Travers, 
Study  of  gases. 

(^)  Maquenne,  Sur  la  fixation  de  l'azote  par  les  métaux  alcalino-terreux 
{Comptes  rendus,  t.  CXXI,  i8g5,  p.  ri47)- 

(^)  Auguste  Becker,  Veber  die  Darstellung  von  Argon  mittels  elektrischer  Funken 
{Zeitschrift  fur  Elektrochemie,  23  jiili  1908,  n°  30,  p.  600). 

{'*)  H.  MoissAN,  Recherches  sur  le  calcium  et  ses  composés  {Annales  de  Chimie  et 
de  Physique,  'j"  série,  t.  XVllI,  1899,  p.  289). 


SÉANCE    DU    l6    NOVEMBRE     igoS.  775 

un  sécheur  formé  d'un  flacon  à  acide  sulfurique  et  six  tubes  horizontaux 
de  o™,  5o,  remplis  de  fragments  de  potasse  refondue  au  creuset  d'argent. 
Le  gaz  passe  ensuite  dans  deux  tubes  de  fer  de  o'^jSo  de  longueur  conte- 
nant un  mélange  de  cinq  parties  de  chaux  vive  en  poudre  fine  et  de  trois 
parties  de  poudre  de  magnésium  bien  exempte  d'huile  et  d'aluminium. 

»   Chaque  tube  renferme  une  charge  de  120^  du  mélange. 

»  On  porte  au  rouge  le  tube  qui  contient  la  tournure  de  cuivre,  puis  on 
chauffe  les  deux  tubes  à  mélange  de  chaux  et  de  magnésium  en  ayant  soin 
de  laisser  ouvert  le  robinet  qui  se  trouve  à  l'extrémité  du  dernier  tube. 
Dans  ces  conditions,  il  se  dégage  une  petite  quantité  de  gaz  hydrogène  pro- 
venant de  l'absorption  de  l'humidité  par  les  poudres  au  moment  de  leur 
mélange.  La  présence  constante  de  cet  hydrogène  dans  les  manipulations 
est  une  des  difficultés  de  \n  préparation.  Lorsqu'on  s'est  assuré,  grâce  à  un 
laveur  à  acide  sulfurique  placé  après  le  robinet  dont  nous  parlions  })lus 
haut,  que  tout  dégagement  d'hydrogène  est  terminé,  on  adapte,  à  l'ex- 
trémité de  l'appareil,  un  sac  vide  en  caoutchouc  de  i5'.  On  ferme  le  robinet 
de  verre  et,  grâce  à  la  pression  du  gazomètre,  on  fait  passer  dans  l'appa- 
reil les  100^  d'azote  qui,  en  2  heures,  diminuent  de  volume  et  sont  rame- 
nés à  10'  de  gaz  enfermés  dans  le  sac  de  caoutchouc.  Ce  gaz  contient 
10  pour  100  d'argon  (^  ). 

»  La  chaux  qui  sert  dans  nos  expériences  a  été  obtenue  de  la  façon 
suivante  :  du  marbre  blanc  exempt  de  silice  est  calciné  au  four  Perrot 
pendant  3  heures.  Après  refroidissement,  la  chaux  vive  ainsi  obtenue  est 
passée  au  tamis  de  soie,  puis  hydratée  j)ar  une  petite  quantité  d'eau  dis- 
tillée. Après  qu'elle  s'est  délitée  complètement,  cette  poudre  est  calcinée 
pendant  3  heures  à  une  température  mesurée  de  looo*^. 

»  Le  magnésium  employé  est  en  poudre  très  fine.  On  s'assure,  au  préa- 
lable, qu'il  est  bien  exempt  d'aluminium.  Il  est  lavé  ensuite  à  l'éther  sec 
par  digestion  d'abord,  puis  sur  un  entonnoir  de  Buchner,  enfin  essoré  à 
la  trompe  et  séché  à  i  fo°. 

»  Les  tubes  de  verre,  séchés  avec  soin,  sont  remplis  du  mélange  pré- 
paré dans  un  mortier  chaud,  avec  le  métal  sortant  de  l'étuve  et  l'oxyde  pris 
dans  le  creuset  encore  tiède. 

»  C.  Première  purification.  ~~  Le  sac  de  caoutchouc  contenant  l'azote  à 


(')  Dans  des  expériences  préliminaires,  nous  nous  servions,  pour  recueillir  le  gaz 
ainsi  enrichi  d'argon,  d'un  gazomètre  à  eau  et,  à  cause  de  la  solubilité  de  l'argon  dans 
ce  liquide,  nous  avions  un  rendement  beaucoup  plus  faible. 


y ^6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

loponr  loo  d'argon  est  relié  à  un  petit  sécheur  à  potasse  qui  commu- 
nique au  moyen  d'un  robinet  tenant  le  vide  avec  un  gros  tube  en  porce- 
laine de  Berlin,  de  35'"'"  de  diamètre  et  de  o'",85  de  longueur.  Ce  tube  est 
chauffé  dans  un  four  Mermet,  et  il  peut  recevoir  une  gargousse  de  tôle 
perforée  contenant  80^  du  mélange  chaux  et  magnésium.  Un  second  tube 
en  verre  d'Iéna  se  trouve  à  la  suite  du  premier;  il  contient  'jo^  du  même 
mélange.  Il  est  mis  en  communication  avec  un  troisième  tube  plus  petit  et 
rempli  d'oxyde  de  cuivre.  Après  ce  dernier  tube,  se  trouve  un  petit  bar- 
boteur  à  acide  sulfurique,  pour  retenir  l'eau  formée,  et  enfin  un  dessicca- 
teur  à  potasse  caustique.  Cet  appareil  est  mis  en  communication  par  un 
robinet  à  trois  voies  avec  une  pompe  à  mercure  qui  j)ermetde  recueillir  le 
giiz  et  de  l'envoyer,  par  un  tube  abducteur,  dans  une  grande  éprouvette 
de  o™,85  de  hauteur  et  d'une  capacité  de  iioo*""'.  Tous  les  tubes  étant 
chauffés,  on  fait  passer  lentement  le  gaz  dans  la  j3ompe  à  mercure,  puis 
on  l'envoie  ensuite  dans  la  grande  éprouvette.  Cette  opération,  recom- 
mencée une  dizaine  de  fois,  permet  de  vider  complètement  le  sac  de  caout- 
chouc en  2  heures.  Après  cette  première  purification,  le  gaz  que  l'on 
obtient  est  de  l'argon  ne  contenant  plus  que  5  à  10  pour  100  d'azote. 

»  D.  Seconde  purification  par  circulalion  sur  le  calcium.  —  La  grande 
éprouvette  dont  nous  avons  parlé  précédemment  porte,  à  sa  partie  supé- 
rieure, un  robinet  de  verre.  Elle  est  mise  en  communication  avec  un  premier 
tube  en  verre  d'Iéna  renfermant  4^^  du  mélange  chaux- n)agnésium  ; 
puis,  avec  un  deuxième  tube  de  même  substance,  renfermant  quatre 
nacelles  de  nickel,  dans  lesquelles  se  trouvent  3^  à  [\^  de  calcium  métal- 
lique en  petits  cristaux.  Deux  trompes  à  mercure  sont  mises  en  com- 
munication avec  cet  appareil  au  moyen  d'un  robinet  à  trois  voies  :  la 
première  sert  à  faire  le  vide  dans  l'appareil  au  début  de  l'expérience, 
et  la  deuxième  est  utilisée  pour  obtenir  la  circulation  du  gaz  dans  les 
deux  tubes  portés  au  rouge  sombre.  Dans  ces  conditions,  la  petite  quan- 
tité d'azote  que  renfermait  encore  l'argon,  ainsi  que  l'hydrogène,  produit 
dans  le  tube  à  mélange  de  chaux  et  de  magnésium,  sont  complètement 
retenus  par  le  calcium  métallique.  3  heures  plus  tard,  on  recueille  le 
gaz  dans  des  flacons  de  25o'''"',  lavés  préalablement  avec  du  gaz  argon. 

»  Les  appareils,  qui  servent  aux  deux  purifications,  sont  entièrement 
formés  de  tubes  de  verre  réunis  par  des  tubes  de  plomb  au  moyen  de 
mastic  à  la  gomme  laque.  Pour  donner  aux  tubes  de  plomb  une  certaine 
élasticité,  on  les  contourne  en  spir-ales.  L'appareil  est  assez  long  à  disposer; 


SÉANCE    DU    Ib   NOVEMBRE     JQoS.  777 

aussi,  étant  donné  le  grand  nombre  de  joints  à  la  gomme  laque,  faut-il 
s'assurer  au  préalable  qu'il  tient  bien  le  vide. 

M  Deux  personnes  peuvent  poursuivre  simultanément  les  différentes 
phases  de  cette  préparation;  et,  lorsque  l'appareil  est  monté,  elles  peuvent 
produire,  d'une  façon  continue,  i'  de  gaz  argon  en  12  heure?. 

»  Pour  reconnaître  si  cet  argon  est  pur  nous  avons  tout  d'abord  étudié 
le  spectre  qu'il  fournit  au  moyen  de  l'étincelle  d'induction.  Ce  spectre  ne 
présente  plus  les  cannelures  de  l'azote  et  nous  donne  les  lignes  caracté- 
ristiques de  l'argon.  Enfin,  nous  avons  additionné  ce  gaz  d'une  petite 
quantité  d'oxygène  pur,  et  nous  avons  reconnu  que,  soumis  à  l'étincelle 
d'induction  pendant  plusieurs  heures,  il  ne  donnait  j)lus  de  vapeurs  ruti- 
lantes et  que  son  volume  ne  diminuait  pas  lorsque  l'expérience  était  faite 
en  présence  d'une  solution  alcaline.)  Dans  l'un  de  nos  essais,  nous  avions 
pris  9""'',  2  d'argon.  Après  passage  d'elincclles  d'induction  pendant 
4  heures,  puis  absorption  de  l'oxygène,  nous  avons  retrouvé  le  même 
volume  de  9*""',  2. 

»  Cette  nouvelle  méthode  de  préparation  permet  donc  d'obtenir  l'ar- 
gon avec  assez  de  facilité.  » 

M.  Laverax,  en  présentant  un  Ouvrage  qu'il  a  publié  sur  la  «  Prophy- 
laxie du  paludisme  »,  s'exprime  ainsi  : 

«  J'ai  l'honneur  de  faire  hommage  à  l'Académie  d'un  petit  Yolume  que 
je  viens  de  publier  dans  V Encyclopédie  des  Aide-Mémoire  dont  notre  émi- 
nent  Confrère,  M.  Léauté,  est  le  directeur.  Ce  Volume  a  pour  titre  : 
Prophylaxie  du  paludisme. 

))  On  connaît  aujourd'hui  l'agent  pathogène  des  fièvres  palustres,  on 
sait  comment  il  se  projîage,  on  peut  donc  formuler  les  règles  de  la  prophy- 
laxie rationnelle  de  cette  redoutable  endémie;  c'est  ce  que  j'ai  essayé  de 
faire. 

M  L'Ouvrage  est  divisé  en  deux  Parties  :  dans  la  j)remière  Partie  j'ai 
étudié  le  rôle  des  moustiques  dans  la  propagation  du  paludisme;  la 
deuxième  Partie  est  consacrée  à  la  prophylaxie  proprement  dite. 

»  J'espère  que  ce  petit  livre  servira  à  répandre  les  notions  scientifiques 
nouvelles  qui  doivent  rendre  j)lus  efficace  la  lutte  contre  le  paludisme.  » 


-778  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


NOBÏIN  AXIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  rélection  d'un  Corres- 
pondant dans  la  Section  d'x\stronomie,  en  remplacement  de  M.  Schiapa- 
relli,  élu  Associé  étranger. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  5o, 

M.  George-William  Hili  obtient.    ...       4^  suffrages 
M.  G. -IL  D<)rwin  »       .    .    .    .         2  » 

M.  G.-W.  HiLL,  ayant  obtenu  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est 
élu  Correspondant  de  l'Académie. 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

i^  Un  Ouvrage  ayant  pour  titre  :  «  Recueil  de  travaux  dédiés  à  la  mé- 
moire d'Alexis  Millardet  (i 838-1902),  j^ar  les  professeurs  de  la  Faculté  de 
Bordeaux  » . 

qP  Un  Ouvrage  de  lord  Avebury  ayant  pour  titre  :  «  The  scenery  of 
England  and  the  causes  to  wich  it  isdue  ».  (Présenté  par  M.  de  Lapparent.) 

3"  Un  Ouvrage  de  M.  Sven  Hediii  intitulé  :  «  L'Asie  inconnue.  Dans  les 
sables  de  l'Asie  »,  traduit  du  suédois  par  M.  Ch.  Rabot.  (Présenté  par  M.  de 
Lapparent.) 

4°  Un  Ouvrage  de  M.  Jean  Resal  intitulé  :  «  Poussée  des  terres,  stabilité 
des  murs  de  soutènement  ».  (Présenté  par  M.  Maurice  Levy.) 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  nature  analytique  des  solutions  de 
certaines  équations  aux  dérivées  partielles  du  second  ordre.  Note  de  M.  S. 
Bernsteix,  présenlcc  par  M.  Em.  Picard. 

«  Théorème.  —  5/  ^  est  une  fonction  des  variables  réelles  oc  et  y  admettant 
dans  une  région  S  des  dérivées  finies  des  quatre  premiers  ordres  et  satisfaisant 


SÉANCE  DU  i6  NOVEMBRE    rgoS.  779 

aux  deux  conditions  : 
.   .  „/  dz     dz     d'z       fPz       (r-z\ 

(')  ^  1,^'  ^'  ^'  5:^'  ;ï^'  jt^-'  àœày  df-)  =  ^' 

o/i  F  est  analytique,  et 

elle  est  analytique. 

»  Ce  théorème  remarquable  a  été  démontré  d'abord  par  M.  Picard  (') 
dans  le  cas  où  F  est  linéaire  (l'ordre  de  dérivabilité  connu  pouvait  d'ail- 
leurs s'abaisser  à  deux).  Par  une  intuition  profonde,  M.  Hilbert  a  prévu 
qu'il  suffisait  de  supposer  F  analytique.  Sous  son  influence,  M.  Lulke- 
meyer,  dans  sa  Thèse  soutenue  en  1902,  et  M.  Holmgren  (^Math.  Annalen, 
1903)   reprirent  la   méthode  de  M.  Picard  et  établirent  le  théorème  en 

question  pour  F  =  jj^  +  ^  .-f^r,y,  z,  ^^^,  ^^  =  o  (/  étant  analy- 
tique). En  complétant  convenablement  la  même  méthode,  je  suis  parvenu 
à  une  démonstration  générale. 

»  Soit  F(x)  =  V  'y^  Aj,f^xP(l\  ~  xy.  Si  ce  développement  converge 
absolument  et  uniformément  pour  o^^^R,  nous  dirons  qu'il  est  normal. 
La  série  /{x)  =  V  ^j'^/'^'^^C^  ~~  ^)^  ^^''''  "'^®  série  maximale  de  V(x), 

pz^O  q  =0 

si  a^^q  >  I  A^,^  |.  On  peut  écrire  aussi 

'         F(.r)  =  2  P,(R  -  x)"         et         f{x)  -  ^  />,(R  -  .r)^ 
(/  =  0  (7  =  0 

où  P  et  /?  sont  des  séries  de  Taylor  ordonnées  par  rapport  à  l'origine.  Soit 
^q^Pq{^  ~  ^y  lorsque  o  ^oî^R.  Nous  dirons  que 

M  =  M,  +  M,  IJ^  -f-  .  .  .  +  M,(^^)"  +  .  .  . 
est  une  valeur  maximale  de  F(j7)  à  l'intérieur  du  contour  T^r,.  formé  par 


(')  Journal  de  l'École  Polytechnique,  1890,  et  Acta  mathematica,  t.  XXV.  Le 
même  théorème  a  été  démontré  par  M.  Picard  pour  certaines  équatipns  linaires  d'ordre 
supérieur  au  second  {Comptes  rendus,  t.  CXXl,  iSgS). 


780  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


la  partie  gauche  fie  la  circonférence  C  de  ravon  rayant  le  centre  en  O  et 
les  deux  tangentes  menées  du  point  R  au  centre  C.  L'ensemble  des  valeurs 
maximales  correspondant  à  tous  les  développements  normaux  sur  OR 
de  ¥(x)  a  une  limite  inférieure  que  nous  appellerons  valeur  minimaxi- 
male de  F(cc)  à  l'intérieur  de  To,,,.  et  que  nous  désignerons  par  [F('3^-)]u/  • 

»  Soit  F  (.T/)  =  F(VcosO,  /si  II  Cl)  =  V  A„cos7zO  -+-  B^sin/zO.  Nous  dirons 
que  ce  développement  est  normal,  si  A„  =  7"  y  ^  ^' !'!/'' ^(^'  ~  r-f, 
B„=  r"  y^   y  D^''^^r-^(  R- —  r-Y  sont  normaux  sur  OR  et  si  a„  et  b,^  dési- 

p  =  0     (J  =  0  oc 

gnant  des  séries  maximales  de  A„  et  B„  la  somme  ^ ««+  ^«  converge  uni- 

rt  =  0 

fermement  sur  OR. 

»  On  posera,  en  outre,  [F(^T )]r,.  = -( A„\î,.-4- (B„)f{,,  qu'on  appellera 
valeur  minimaximale  de  Y(xy)  à  l'intérieur  du  contour  r^io  • 

>)  Lemme  1.  —  Une  fonction  analytique  de  deux  variables  réelles  x  et  y 
régulière  à  l'intérieur  d'un  cercle  C  de  rayon  R  est  développable  en  série 
normale. 

»  Lemme  2.  —  Soit  F[©,(iCj'),  (p^(cr/),  . .  ., 'p,„(a"v)]  une  fonction  ana- 
lytique de  m  variables  dont  chacune  est  une  fonction  de  x,  y  susceptible  d'un 
développement  normal  sur  OR.  F  sera  aussi  normal  sur  O^  et,  en  désignant 
par  fia  série  des  modules  de  F,  on  aura 

î^[?.(^0?.(^>^v  ••]!..=/!  [?.(^01u.[?.(^x)]u,.---:. 

»  Lemme  3.  —  Si  une  fonction  Y(^xy)  admet  une  valeur  maximale  finie 
à  r  intérieur  de  Foru,,  elle  est  analytique  pour  H  réel  et  r  situé  à  l'intérieur 
de  Fo^rv  '  ^^  ^^  valeur  sur  Fojjn-  est  donnée  par  le  développement  normal  corres- 
pondant. 

»   Ceci  posé,  en  vertu  de  l'hypothèse  ^Y^y__  Y\y.  —  /F'^_,,.    \^^  o>  H  est 

àx-       ôy  \    ôx  dyj 

possible  d'effectuer  un  changement  de  variables  linéaire  et  homogène  à 
coefficients  réels  qui  ramène  l'équation  générale  à  la  suivante 

,    ,  .  .  d'- z         d'z         ff  ô~-      dz      <)- z       d-z       à' z\ 

(1  his)  ^  +  ^.  =/[^0'^  ^'    ^'  jy.'  J^'  J^/  ^.j' 

y  étant  analytique  et  telle   qu'à   l'origine,    c'est-à-dire   pour  a?  =  y=o. 


SÉANCE    DU    l()    NOVEMBRE    Kjo'à.  78 1 


âz 

dz 

=  ^0. 

d'z                          <Vz 

=  h. 

t 

dx- 

=f,Y-z  =f',r-z  =  ''' 

dx  dy          dv- 

on  ait 


»  Cherchons,  parla  méthode  des  approximations  successives,  une  solu- 
tion de  l'équation  (i  bis)  a  qui  se  confonde  avec  z  sur  une  circonférence  G 
de  rayon  R  assez  petit.  En  vertu  des  considérations  précédentes,  u  se  pré- 
sentera sous  forme  normale  et  admettra  une  valeur  maximale  finie  à  l'iu- 
lérieur  de  rRR.(R'<<  R).  Donc  u  est  analytique.  De  plus  il  est  aisé  de  mon- 
trer que,  pourvu  que  R  soit  suffisamment  petit,  ;:  et  u  se  confondent 
identiquement.  Ainsi  se  trouve  démontré  le  théorème  annoncé.  » 


HYDROGRAPHIE.   —  Sur  l'emploi  du  tachéographe  Schrader  pour  les  travaux 
d'hydrographie.  Note  de  MM.  F.  Schrader  et  Ch.  Sauerwei.v. 

«  L'application  du  tachéographe  Schrader  (')  à  l'hydrographie  a  été 
inaugurée  à  Monaco  en  février  1908,  pour  construire  la  carte  lithologique 
de  la  zone  côtière  de  la  Principauté. 

»  Nous  renvoyons,  pour  le  principe  et  l'usage  général  de  l'instrument, 
à  la  Communication  de  M.  Schrader.  Les  perfectionnements  apportés 
depuis  cette  époque  au  tachéographe  n'en  ont  pas  changé  le  principe,  et 
ont  eu  pour  seul  but  d'en  rendre  le  maniement  plus  aisé  et  la  précision 
plus  grande. 

»  Deux  méthodes  se  présentent  pour  un  levé  hydrographique,  suivant 
que  le  pays  est  plat,  ou  qu'il  possède  près  de  la  mer  des  hauteurs  assez 
importantes. 

»  1°  Pays  plat.  —  Dans  ce  cas,  il  faut  opérer  pour  le  levé  de  la  côte  comme  dans 
un  levé  topographique,  en  faisant  placer  aux  différents  points  des  escouades  portant 
des  mires  de  longueur  appropriée  à  l'échelle  de  la  carte.  Pour  les  sondages,  on  munira 
Tembarcation  d'une  mire  fixée  au  mât,  et  l'on  opérera  comme  sur  le  terrain. 

»  Dans  ce  cas,  il  faudra  noter,  pour  chaque  point  marqué  sur  le  disque  de  zinc, 
l'altitude  indiquée  par  le  vernier  de  l'échelle  verticale  du  tachéographe;  et  la  réduc- 


(')  Comptes  rendus^  i*""  juillet  iSgo. 

•    C.  R.,   1903,  3«  Semestre.  (T.  CXX.WII,  N°  20.)  Io3 


7 


8: 


ACADEMIE   DES    SCIENCES. 


tion  des  sondes  au  niveau  des  plus  basses  mers  se  fera  très  aisément,  au  moyen  de 
l'heure  notée  à  bord,  par  comparaison  avec  l'éclielle  de  marées  qui  aura  été  primiti- 
vement installée. 

r>  2°  Pays  accidenté,  possédant  des  hauteurs  importantes  dans  le  voisinage  immé- 
diat de  la  mer. 

»  Dans  ce  cas,  la  première  opération  consiste  à  planter  une  échelle  de  marées  très 
visible  et  une  mire  auprès  d'elle,  à  la  limite  de  la  mer.  L'opérftteur,  rendu  sur  le  ter- 
rain de  travail  (un  point  aussi  élevé  que  possible,  ayant  un  grand  champ  de  visée), 
pointera  la  lunette  sur  la  mire,  bissectant  les  voyants  avec  les  deux  fils  du  réticule;  et 
cette  visée  lui  donnera  immédiatement  la  distance  et  la  différence  d'altitude  des  deux, 
points  considérés,  c'est-à-dire  la  hauteur  de  l'instrument  au-dessus  du  niveau  actuel 
de  la  mer. 

»   Ceci  fait,  le  principe  sur  lequel  est  basée  la  méthode  est  le  suivant  : 

»  Soient  A  l'observateur,  BG  la  surface  de  la  mer  et  G  un  point  quelconque  de  cette 
snrface;  dans  le  triangle  rectangle  ABG,  connaissant  AB,  il  suffit  de  connaître  l'angle 
BAC  pour  construire  le  triangle. 


»  Si  donc  on  opérait  avec  un  théodolite,  une  lecture  d'azimut  et  une  lecture  sur  le 
cercle  vertical  donneraient  la  grandeur  et  l'orientation  du  triangle  ABG,  par  un 
calcul  de  trigonométrie  rectiligne. 

»  Le  tachéographe  Schrader  permet  une  simplification  très  grande  de 
cette  méthode. 

))  Si,  en  effet,  on  fixe  le  vernier  de  l'échelle  verticale  sur  la  division  qui 
représente,  au-dessous  du  zéro,  la  hauteur  du  point  d'observation  rap- 
portée à  l'échelle  à  laquelle  on  opère,  lorsque  l'axe  optique  de  la  lunette 
sera  dirigé  sur  le  point  à  viser,  l'instrument  construira  automatiquement  le 
triangle  défini  plus  haut,  et  le  stylet  marquera  sur  le  disque  la  position 
exacte,  rapportée  à  l'échelle  choisie,  du  point  visé. 

»  De  ce  que  nous  venons  de  dire,  on  peut  conclure  que  le  levé  de  la 
côte  se  fera  également  en  suivant  simplement,  avec  l'axe  optique  de  la 
lunette,  la  ligne  d'intersection  de  la  côte  avec  la  surface  de  la  mer,  après 
avoir  iumiobilisé  le  stylet  au  contact  du  disque  horizontal,  de  manière  qu'il 
trace  le  contour  de  la  côte  suivant  un  trait  continu. 

»  S'il  s'agit  de  points  de  sonde, -l'embarcation  chargée  de  ce  service  doit 


SÉANCE    DU    ]i)   NOVEMBRE    lC)o'5.  788 

hisser  un  pavillon  toutes  les  fois  qu'elle  opère,  et  une  simple  visée  donne 
sa  position  rapportée  à  Téchelle  adoptée. 

»  Dans  le  cas  de  lignes  de  sonde  très  étendues,  V échelle  provisoire  peut 
changer  suivant  la  distance  de  l'embarcation.  L'opérateur  marque  alors 
sur  son  carnet,  pour  chaque  numéro  de  station,  l'échelle  employée.  Lors 
de  la  confection  de  la  carte  de  Monaco,  les  échelles  ont  varié  de  75^ 
H        ^ 

16  0  0  0  0* 

»  Si  la  mer  dans  laquelle  on  opère  a  des  marées  très  fortes,  il  faudra 
tenir  compte  des  changements  de  niveau;  pour  cela,  une  simple  lecture  de 
la  graduation  de  l'échelle  des  marées  donnera  la  hauteur  actuelle  de 
l'appareil,  et  la  correction  sera  faite  en  conséquence  sur  l'échelle  verticale 
de  l'appareil.  On  pourra,  par  exemple,  faire  cette  correction  toutes  les  fois 
que  le  niveau  aura  varié  de  So*^"". 

»  Dès  lors,  les  sondes  se  trouveront  exactement  rapportées  à  la  verti- 
cale de  leur  projection  sur  le  plan  niveau  des  plus  basses  mers,  et  il  suffira 
de  faire  la  correction  nécessaire  pour  l'heure  de  la  marée. 

»  La  construction  de  la  carte  ainsi  obtenue  est  des  plus  simples.  Il 
suffît  de  fixer  sur  le  papier  les  disques  de  levés  suivant  leur  orientation 
obtenue  par  des  observations  magnétiques  ou  par  des  visées  de  points  déjà 
déterminés,  et  de  construire  chaque  point  de  la  surface  de  la  mer  (sondes 
ou  détails  de  la  côte),  en  prolongeant  la  ligne  qui  joint  le  centre  du  disque 
à  chaque  point  marqué,  et  en  portant  sur  cette  ligne  autant  de  fois  la 
distance  du  centre  à  ce  point  que  l'indique  le  Tableau  donnant  l'échelle 
provisoire  à  laquelle  chaque  point  de  station  a  été  construit.    » 

PHYSIQUE.  —  Sur  r extraction  de  T oxygène  par  la  liquéfaction  partielle  de 
l'air  avec  retour  en  arrière.  Note  de  M.  Georges  Claude,  présentée  par 
M,  d'Arsonval. 

«  J'ai  pu  montrer,  dans  ma  précédente  Note,  que,  contrairement  à  ce 
qui  a  été  affirmé  jusqu'ici  par  les  sjjécialistes  en  la  matière,  l'air  atmosphé- 
rique appelé  à  se  liquéfier  progressivement  abandonne  en  premier  lieu  des 
portions  liquides  très  riches  en  oxygène. 

»  Ce  résultat  est  entièrement  conforme  aux  savantes  théories  des  Gibbs, 
des  Van  der  Vaals  et  des  Duhem  sur  la  coexistence  des  phases  liquides  et 
gazeuses  dans  les  mélanges  fluides,  et  ces  théories,  vérifiées  jusqu'ici  dans 
le  cas  de  gaz  aisément  condensables,  trouvent  ainsi  dans  le  cas  de  l'air  une 
nouvelle  confirmation. 


^84  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

))  Je  voudrais  montrer  comment,  grâce  à  un  artifice  fort  simple,  il  est 
aisé  de  mettre  à  profit  cette  propriété  pour,  en  ne  liquéfiant  qu'une  portion 
relativement  faible  de  l'air  traité,  obtenir  directement,  sans  évaporation 
préalable,  un  liquide  très  oxygéné  détenant  la  presque  totalité  de  l'oxygène 
mis  en  circulation. 

»  L'artifice  en  question  consiste  essentiellement  à  faire  en  sorte  qu'à 
mesure  de  leur  liquéfaction  progressive,  les  portions  liquéfiées  de  l'air 
traité  soient  astreintes  à  circuler  en  sens  inverse  et  au  contact  du  courant 
gazeux  aux  dépens  duquel  elles  se  forment.  Dans  ce  retour  en  arrière  du 
liquide,  deux  effets  se  superposent  pour  tendre  au  même  but,  c'est-à-dire 
à  la  désoxygénation  rapide  et  complète  du  résidu  gazeux.  D'une  part,  la 
pbase  liquide  produite  en  chaque  point  de  l'appareil  de  condensation  étant 
soustraite,  par  son  retour  en  arrière,  au  contact  du  résidu  gazeux  qui  l'a 
formée,  celui-ci  peut  donner  naissance  l'instant  d'après  à  une  phase  liquide 
moins  oxygénée,  et  ainsi  de  suite  à  mesure  de  la  progression  de  ce  résidu. 
D'autre  part,  la  phase  liquide  produite  en  chaque  point  rencontre,  dans 
son  retour  en  arrière,  des  phases  gazeuses  moins  épuisées  que  celle  qui  lui 
a  donné  naissance,  et  qui,  par  conséquent,  ne  sont  pas  en  équilibre  de  com- 
position avec  elle  :  d'où  un  échange  partiel  d'une  partie  de  l'azote,  plus 
volatil,  du  liquide  contre  une  partie  de  l'oxygène,  plus  condensable,  du 
résidu  gazeux. 

M  II  résulte  de  la  superposition  de  ces  deux  effets  un  épuisement  très 
rapide  du  résidu  gazeux,  qui  arrive  aisément,  moyennant  une  liquéfaction 
inférieure  à  la  moitié  du  volume,  à  n'être  plus  constitué  que  par  de  l'azote 
presque  pur,  tandis  que  le  liquide  présente  à  la  sortie  une  composition 
très  voisine  de  celle  correspondant  à  la  phase  gazeuse  21  pour  100  (teneur 
de  l'air  normal).  D'après  les  courbes  que  je  reproduisais  dans  ma  précé- 
dente Note,  cette  teneur  finale  du  liquide  après  le  retour  en  arrière 
devrait  atteindre  5o  pour  100  environ;  en  pratique,  comme  le  montreront 
les  chiffres  ci-dessous,  le  résultat  est  encore  meilleur,  sans  doute  pour  des 
raisons  assez  intéressantes  que  je  développerai  en  une  autre  circonstance. 

»  Pour  montrer  avec  quelle  facilité  s'opère  la  séparation  de  l'oxygène 
et  de  l'azote  suivant  ces  nouvelles  bases  et  faire  apprécier  dans  quelles 
conditions  inespérées  ce  modus  operandi  se  prête  à  l'extraction  industrielle 
de  l'oxygène  de  l'air,  j'indiquerai  ci-après  les  résultats  de  quelques  essais 
de  laboratoire. 

»  L'appareil^employé  se  compose  simplement  d'un  faisceau  vertical  de  sept  tubes  de 
cuivre  de  2°*  de  long  et  i3'"'"  de  diamètre  intérieur,  placé  dans  une  enveloppe  métal- 


SÉANCE    DU    l6   NOVEMBRE    If)o3.  -85 

liqiie  élanche  isolée  calorifiqiiement  et  remplie  d'air  liquide,  de  manière  à  baigner  sur 
les  I  de  leur  hauteur  les  tubes  du  faisceau.  Haut  et  bas,  les  tubes  aboutissent  à  des 
collecteurs  en  forme  de  cloche. 

»  On  fait  arriver  dans  le  faisceau,  par  le  collecteur  du  bas,  l'air  à  séparer,  puisé 
à  un  réservoir  d'air  comprimé  sous  2  atmosphères  effectives,  et  préalablement  refroidi 
à  —160°  par  son  passage  dans  un  serpentin  immergé  dans  l'air  liquide.  L'air  monte 
dans  le  faisceau  en  se  liquéfiant  partiellement  et  vaporisant  une  quantité  du  liquide 
extérieur  sensiblement  égale  au  liquide  formé  intérieurement  :  celui-ci  retourne  vers 
le  bas  de  l'appareil  en  coulant  le  long  des  tubes  et  exerçant  l'action  rectificatrice 
signalée  plus  haut  :  il  est  reçu  dans  le  collecteur  inférieur,  où  il  peut  être  repris  et 
analysé.  Le  résidu  gazeux  s'échappe  par  un  robinet  fixé  dans  le  collecteur  supérieur 
du  faisceau,  robinet  dont  l'obturation  plus  ou  moins  grande  permet  de  faire  varier 
entre  g^^'"  et  a"*™  la  pression  intérieure,  indiquée  par  un  manomètre.  Pour  des  raisons 
de  simplicité  d'expérience,  il  n'y  a  pas  d'échangeurs  de  températures,  c'est-à-dire 
qu'on  ne  récupère  pas  le  froid  emporté,  tant  par  le  résidu  gazeux  que  par  le  liquide 
vaporisé. 

»  Plus  faible  est  la  pression  de  liquéfaction,  moins  grande  est  la  rapidité 
de  la  condensation;  mais  le  liquide  fourni  est  naturellement  d'autant  plus 
riche,  parce  qu'une  fraction  moindre  du  gaz  est  liquéfiée;  d'autre  part,  la 
lenteur  du  débit  est  favorable  à  la  perfection  de  l'épuisement  du  résidu  ga- 
zeux, de  sorte  que  cet  épuisement  est  excellent  avec  la  plus  faible  pression 
compatible  avec  une  liquéfaction  suffisante.  Une  faible  pression  est  donc 
désirable,  d'autant  plus  que  le  coiit  de  la  compression  de  l'air  à  traiter  et 
la  dégradation  d'air  liquide  au  cours  des  manipulations,  dépenses  essen- 
tielles de  la  méthode,  sont  fonction  de  cette  pression.  Or,  lorsque  le  liquide 
baignant  le  faisceau  titre  70  pour  100  d'oxygène,  la  liquéfaction  est  encore 
assez  abondante  (un  tiers  de  litre  par  minute  dans  mon  petit  appareil)  sous 
sept  dixièmes  d'atmosphère  :  dans  ces  conditions,  le  liquide  formé  atteint 
une  teneur  de  ^7  pour  100  d'oxygène,  tandis  que  le  résidu  gazeux  arrive  à 
97  pour  100  d'azote  et  même  à  98  pour  100  dans  quelques-uns  de  mes 
essais. 

»  Ainsi,  la  compi^ession  à  0**'°,  7  seulement  (*)  suffit  pour  obtenir  la  sé- 
paration intégrale  de  tout  l'oxygène  de  l'air  traité,  moyennant  une  liqué- 
faction iVun  tiers  environ.  Ce  résultat  remarquable  entraîne  des  consé- 
quences économiques  d'une  très  grande  importance  et  sur  lesquelles  on  me 
permettra  de  revenir.  Mais,  sans  plus  tarder,  je  voudrais  indiquer  que,  grâce 
à  l'appui  de  la  Société  V Air  liquide,  j'ai  pu  réaliser  un  appareil  basé  sur  les 


(>)  A  laquelle  il  y  aurait  lieu    d'ajouter  en  pratique  la    contrepression  assez  faible 
des  échangeurs. 


786  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

principes  ci-dessus  et  fournissant  régulièrement  dès  maintenant  So"'  à  l^o^ 
a  l'heure  d'oxygène  à  92  pour  ïoo  ou  ido"'  à  120"°'  d'air  suroxygéné  à  55 
ou  57  pour  100.  » 


PHYSIQUE.    —  Mesure  des  très  petits  angles  de  rotation. 
Note  de  M.  Marcel  Brillouix,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  J'avais  imaginé  et  réalisé,  à  Dijon,  il  y  a  plus  de  20  ans,  un  procédé 
de  mesure  des  très  petits  angles  de  rotation  que  j'ai  appliqué  depuis 
quelques  années  dans  deux  appareils,  l'un  qui  est  une  modification  de 
l'appareil  d'EoLvos  pour  la  mesure  de  l'ellipticité  locale  du  géoïde,  l'autre 
qui  est  un  peson  à  lame  de  quartz  flexible  pour  la  mesure  de  la  pesanteur. 

»  En  voici  le  principe. 

»   Entre  deux  niçois  à  l'extinction  sont  placées  : 

»  1°  Une  lame  épaisse  de  spath  à  faces  parallèles,  taillée  à  environ  4^° 
de  l'axe; 

))   2°  Une  lame  demi-onde  à  45°  des  sections  principales  du  spath; 

»   3°  Une  deuxième  lame  de  spath  identique  et  parallèle  à  la  première. 

»  Grâce  à  la  lame  demi-onde,  ce  système  équivaut  à  une  lame  à  faces 
parallèles  d'épaisseur  nulle  ou  très  faible,  suivant  que  les  deux  lames  de 
spath  sont  parfaitement  parallèles  ou  un  peu  inclinées  l'une  sur  l'autre. 
Examiné  en  lumière  parallèle,  ce  système  donne  une  teinte  plate  dont  la 
coloration  varie  avec  l'inclinaison  relative  des  deux  spaths. 

»  Si  les  lames  de  spath  ont  chacune  2*^"^  d'épaisseur,  une  rotation  de  54" 
environ  de  l'une  des  lames  autour  d'un  axe  perpendiculaire  à  la  section 
principale  correspond  à  une  longueur  d'onde.  Si  on  lit  le  centième  de 
frange,  ce  qui  est  facile,  on  mesure  la  demi-seconde  d'arc. 

»  L'angle  a,  de  l'axe  du  s[)atli  avec  la  normale  aux  faces,  qui  donne  le 
maximum  de  sensibilité  sous  l'incidence  normale,  est  de  41*^30'.  L'angle 
qui  rend  la  sensibilité  indépendante  de  l'incidence  et  de  la  déviation  dans 
la  plus  grande  étendue,  est  de  53°6';  la  sensibilité  est  diminuée  de  ^.  Le 
spath  de  2*^'"  donne,  dans  le  premier  cas,  une  frange  pour  32";  dans  le 
second,  une  frange  pour  58".  Les  spaths,  taillés  à  45°,  tels  que  me  les  avait 
fournis  Laurent  en  1882,  suffisent  très  bieti. 

»  Les  deux  mêmes  lames  de  spath,  croisées  sans  interposition  de  lame 
demi-onde,  donneraient  le  même  résultat;  mais  les  franges  en  lumière 
convergente  auraient  le  même  écart,  inférieur  à  i' ,  et,  pour  obtenir  une 


SÉANCE    DU    l6   NOVEMBRE    igoS.  787 

teinte  pure  en  lumière  parallèle,  on  devrait  viser  avec  une  puissante 
lunette  et  diaphragmer  au  fover  avec  ime  fente  qui  sous-lende  le  même 
très  petit  angle  o",5  que  l'on  veut  pointer.  Il  n'y  aurait  aucun  gain  d'en- 
combrement sur  l'emploi  du  miroir  de  Gauss-Poggendorff. 

»  Mais,  grâce  à  la  lame  demi-onde,  pour  un  même  angle  d'une  lame  par 
rapport  à  l'autre,  un  changement  considérable  d'incidence,  3°  et  même 
davantage,  est  nécessaire  pour  augmenter  la  différence  de  marche  d'une 
longueur  d'onde;  tel  est  l'écart  des  franges  en  lumière  convergente. 

»  Le  diaphragme  au  foyer  principal  de  l'objectif,  nécessaire  pour  fixer 
l'incidence  à  un  centième  de  frange  près,  peut  alors  sous-tendre  un  angle 
de  2',  bien  que  ce  centième  de  frange  corresponde  à  une  rotation  de  l'un 
des  spaths  de  o",5,  c'est-à-dire  230  fois  moindre. 

»  De  cette  différence  résulte  l'avantage  considérable  de  ce  dispositif  sur 
ceux  qui  dérivent  de  l'optique  géométrique.  Un  objectif  dont  l'ouverture 
utilisée  ne  dépasse  pas  un  quart  de  centimètre  carré,  et  dont  la  distance 
focale  est  de  7^™  suffit  à  fixer  l'incidence.  Une  source  de  lumière  telle 
qu'une  veilleuse  à  essence  minérale  éclaire  suffisamment. 

»  Enfin,  une  seule  pièce,  le  spath  fixe,  doit  être  très  rigidement  lié  au 
support  de  la  pièce  mobile.  La  lunette,  les  pièces  accessoires  dont  il  reste 
à  parler,  peuvent  subir  des  rotations  de  plusieurs  secondes  sans  inconvé- 
nient pour  l'exactitude  de  la  mesure,  ce  qui  permet  de  les  isoler  par  des 
cales  de  feutre,  pour  éviter  toute  transmission  de  trépidations  pendant  la 
mesure. 

»  Mesure  par  compensation.  —  Le  procédé  de  mesure  que  j'ai  trouvé  le 
plus  sûr  consiste  à  compenser  la  différence  de  marche  au  moyen  d'un 
compensateur  à  teintes  plates  en  quartz,  auquel  on  peut  donner  diverses 
formes,  et  à  constater  la  compensation  par  le  retour  entre  ses  repères  de 
la  frange  achromatique  d'un  compensateur  Babinet. 

))  Résultats.  —  La  mesure  des  petites  rotations  à  ^  seconde  près  n'exige 
qu'un  appareil  optique  de  moins  de  30*^™  de  longueur  totale,  de  la  source  à 
l'œil,  sur  S'^'"  ou  4*^"  de  diamètre  maximum.  Le  spath  mobile  et  sa  boîte 
d'aluminium  pèsent  environ  4^-  On  peut  même  réduire  la  pièce  mobile  à 
être  un  simple  miroir,  en  remplaçant  la  lame  demi-onde  par  une  lame 
quart  d'onde  et  en  employant  un  arrangement  autocollimateur. 

»  Les  détails  de  montage,  qui  d'ailleurs  ne  peuvent  embarrasser  un 
physicien  expérimenté,  seront  décrits  ailleurs.    » 


788  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


OPTIQUE.  —  Sur  la  détermination  des  inaxima  et  minima  de  transparence. 
Note  (le  M.  C.  Caiwichel,  présentée  par  M.  J.  YioUe. 

«  Dans  nos  recherches  sur  les  indophénols,  M.  Bayrac  et  moi,  nous 
avons  montré  l'utilité  de  la  détermination  des  maxima  et  minima  de  trans- 
parence, pour  caractériser  les  corps  qui  présentent  dans  leurs  spectres 
d'absorption  des  bandes  brillantes  ou  obscures  aussi  larges  souvent  que 
le  spectre  lumineux  tout  entier. 

»  Cette  détermination  peut  se  faire  directement  avec  n'importe  quel 
spectrophotomèlre,  pourvu  que  l'égalité  des  deux  spectres  comparés  ait 
lieu  en  même  temps  pour  toutes  les  radiations,  ce  qui  exige  que  le  rapport 
suivant  lequel  la  lumière  de  l'un  des  faisceaux  est  affaiblie  soit  indépen- 
dante de  la  longueur  d'onde. 

»  Soient  I  et  'i  les  deux,  spectres  que  l'on  compare,  l'intensité  du  spectre  i  peut  être 
atténuée  dans  un  rapport  connu.  On  vérifie  d'abord  que  les  deux  spectres  présentent 
dans  toute  leur  étendue  la  même  intensité.  On  interpose,  ensuite,  la  matière  absor- 
bante sur  le  trajet  du  faisceau  donnant  le  spectre  2.  On  détermine  les  longueurs  d'onde  Xj 
et  Xj  des  radiations  qui  ont  même  intensité  dans  le  spectre  d'absorption  2  et  dans  le 
spectre  de  comparaison  i  ;  on  noie  le  rapport  A,,  dans  lequel  est  affaiblie  la  lumière 
qui  forme  le  spectre  1.  On  l^recommence  les  mêmes  déterminations,  en  prenant  un 
rapport  Âo  ■<  ^i,  si  l'on  cherche  un  minimum  de  transparence.  Les  longueurs  d'onde 
des  radiations  qui  ont  même  intensité  dans  les  deux,  spectres  sont,  alors,  Àj  et  À',  .... 
On  construit  la  courbe  (X.  k)  des  coefficients  de  transmission  en  fonction  des  longueurs 

d'onde,  et  la  courbe  ( ,  k  j,  diamètre  conjugué  des  cordes  parallèles  à  l'axe  des  X. 

Ces   deux  courbes   se  coupent   très   nettement;  leur  intersection   donne   la   longueur 
d'onde  correspondant  au  minimum  de  transparence, 

»  L'appareil  employé  n'est  autre  que  le  spectrophotomètre  Gouy  dans 
lequel  les  deux  niçois  sont  remplacés  par  un  disque  tournant  présentant 
des  secteurs  pleins  et  des  secteurs  vides.  Ce  procédé  a  déjà  été  employé 
par  divers  expérimentateurs  (Napoli,  Guthrie,  Hammerl).  Des  expériences 
nombreuses  faites  sur  diverses  personnes  m'ont  montré,  qu'en  donnant 
au  disque  une  vitesse  suffisante  pour  que  l'impression  produite  sur  l'œil  de 
l'observateur  soit  continue,  on  atténue  l'intensité  de  la  lumière  dans  un  rap- 
port indépendant  de  la  vitesse  du  disque  et  égal  à  la  surface  des  secteurs  vides 
divisée  par  la  surface  totale  du  disque. 


SÉANCE    DU    Ih    NOVEMBRE    1903.  789 

»    Voici  quelques  nombres  : 

Rapport 
entre  la  surface 
des  secteurs  vides 
et  celle  du  disque.  Observation.  Différence. 

o ,  200 o ,  256  —  o ,  006 

0,333 0,827  — o,oo3 

o ,  5oo o ,  493  +  o ,  007 

0,667 0,667  0,000 

»  Les  différences  sont  toujours  inférieures  aux  erreurs  expérimentales; 
elles  sont  d'ailleurs  tantôt  positives,  tantôt  négatives. 

»  On  transforme  facilement  un  spectroscope  'ordinaire  à  deux  ou  trois  prismes  en 
spectrophotomètre  en  lui  ajoutant  un  deuxième  collimateur,  une  glace  argentée  sur 
la  moitié  de  Tune  de  ses  faces  et  en  remplaçant  l'oculaire  par  un  trou  percé  dans  une 
plaque  mince  située  dans  le  plan  focal  de  la  lunette  d'observation, 

»   Les  disques  se  font  en  carton  mince  :  ils  deviennent  plans  en  tournant. 

»  On  peut  donner  aux  plages  monochromatiques  la  forme  que  l'on  veut, 
en  enlevant  convenablement  l'argenture  de  la  glace,  et  produire,  par 
exemple,  C apparence  de  franges  qui  disparaissent  quand  l'égalité  est 
obtenue. 

»  Il  est  inutile  dans  ce  spectrophotomètre  de  faire  varier,  pendant  la 
rotation,  la  surface  des  secteurs  vides;  il  suffit  de  chercher  dans  le  spectre 
la  radiation  pour  laquelle  l'égalité  est  réalisée. 

»  Un  autre  procédé  d'atténuation  de  la  lumière,  bien  inférieur  à  celui 
des  disques  tournants,  consiste  à  employer  des  paquets  de  lames  de  verre 
blanc  contenant  1,2,  2,  5,  10,  etc.  lames;  on  manie  ces  paquets  comme 
les  poids  d'une  boîte.    » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Quelques  remarques  sur  la  perturbation  magné' 
tique  du  3i  octobre  iqoS.  Note  de  M.  Em.  Marchand,  présentée  par 
M.  Mascart. 

«  I.  Cette  perturbation  a  été  enregistrée,  au  Pic  du  Midi  et  à  Bagnères- 
de-Bigorre,  par  les  appareils  photographiques  du  système  de  M.  Mascart 
qui  fonctionnent  régulièrement  dans  ces  deux  stations. 

»  Les  oscillations  des  barreaux  ont  commencé  le  3o,  vers  21''  (temps 
civil);  mais  c'est  surtout  le  3i,  de   7''  à  21'',  qu'elles  ont  été  fortes  et 

C.  R.,  icjoû    >-  Semestre.  (T.  CXXXVIL  N»  20.)  ^^\ 


-go  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

rapides  :  assez  fortes  pour  que  les  courbes  (surtout  celle  de  la  composante 
horizontale)  soient  sorties  parfois  du  champ  de  l'enregistrement,  assez 
rapides  pour  ne  pas  toujours  laisser  une  trace  sur  le  papier  sensible  des 
appareils.  A  cette  |)ério(le  d'agitation  exceptionnelle  a  succédé  une  phase 
de  mouvements  plus  lents  et  moins  étendus  qui  a  duré  jusqu'à  'j^  du 
i**"  novembre. 

»  II.  En  comparant  les  valeurs  de  la  déclinaison  enregistrée,  aux  moments 
des  plus  grands  écarts  (iS^^SS"  à  17*' i5™  du  3i  octobre)  aux  normales 
correspondantes,  on  trouve  : 

Pic  du  Midi.  Bagnères. 

h       m  ,  , 

l5.35 -h    lij  .0  +89.0 

17.15 —    39.3  —    34.4 

Variation  totale 86.3  73.4 

»  Et,  comme  la  variation  diurne  normale  entre  i5''35'°  et  ly^'iS™  est 
sensiblement  de  —  i',G,  pendant  les  jours  voisins, la  dilTérence  réelle  enlre 
les  valeurs  extrêmes  de  ia  déclinaison  a  été  de  1^27', 9  pour  le  Pic  du  Midi, 
et  de  i°i5',o  pour  Bagnères. 

»  Ou  remarquera  que  l'écart  positif  maximum  est  plus  grand  que  l'écart 
négatif  dans  l'une  et  l'autre  stations,  tandis  que,  dans  l'ensemble  de  la 
perturbation,  la  déclinaison  tend  à  diminuei  plutôt  qu'à  augmenter. 

»  III.  Les  nombres  précédents  montrent  une  différence  sensible  dans 
l'ampbtude  des  écarts  enregistrés  simultanément;  cette  amplitude  aug- 
mente quand  on  passe  de  la  station  basse  à  la  station  élevée.  La  même 
augmentation  s'observe  à  divers  degrés  dans  les  oscillations  correspon- 
dantes (et  synchroniques),  pendant  toute  la  durée  de  la  perturbation. 

»  D'autre  part,  les  courbes  de  Perpignan,  qui  m'ont  été  obligeamment 
communiquées  par  M.  Fines,  indiquent,  pour  la  variation  totale  de  décli- 
naison, un  nombre  très  légèrement  inférieur  à  celui  de  Bagnères  :  i°i4'2. 

»  On  ne  peut  donc  rattacher  l'augmentation  d'amplitude  constatée 
entre  Bagnères  et  le  Pic  du  iMidi  qu'à  celle  de  Valiitude,  qui  est  pour  la 
première  station  de55o"",  et  de  2860"  pour  la  deuxième. 

»  Les  mêmes  faits  se  sont  d'ailleurs  produits  dans  toutes  les  perturba- 
tions de  la  déclinaison,  enregistrées  simultanément  à  Bagnères  et  au  Pic  du 
Midi,  depuis  le  mois  d'octobre  1890. 

»  IV.  Si  l'on  admet  cette  interprétation,  on  devra  en  conclure  que,  pen- 
dant les  orages  magnétiques,  les  courants  perturbateurs  du  champ  terrestre  sont 
situés,  au  moins  partiellement,  dans  les  hautes  régions  de  C atmosphère. 


SÉANCE    DU    16   NOVEMBRE    igoS.  791 

»  Ce  résultat  avait  déjà  été  donné,  en  1884,  par  Blavier,  qui  l'avait 
déduit  de  l'étude  comparée  des  courants  telluriques,  dans  les  lignes  télé- 
graphiques, et  des  variations  du  magnétisme  terrestre. 

))  V.  Ces  courants  telluriques  se  sont  produits,  le  3 1  octobre,  dans  la  ligne 
télégraphique  qui  relie  nos  deux  stations  et  qui  est,  dans  son  ensemble, 
dirigée  du  sud  au  nord.  Ils  ont  été  assez  intenses  pour  actionner  les  son- 
neries et  pour  être  mesurés,  avec  les  galvanomètres  ordinaires,  par  mes 
collaborateurs  deBagnères  et  du  Pic  du  Midi. 

»  VI.  La  variation  d'amplitude  des  oscillations  correspondantes  entre 
Bagnères  et  le  Pic  du  Midi  permet  de  se  rendre  compte  approximativement 
de  l'altitude  des  courants  perturbateurs,  si  l'on  admet  qu'ils  agissent  seuls 
sur  les  déclinomètres,  ou  du  moins  que  leur  action  est  très  prédominante. 
Cette  action  est  inversement  proportionnelle  à  la  simple  distance,  et  pro- 
portionnelle, d'autre  part,  aux  faibles  déviations  angulaires  observées.  On 
déduit  de  là  que,  le  3i  octobre,  les  courants  perturbateurs  étaient  dirigés 
du  sud  au  nord  par  i^**^"^  environ  d'altitude,  à  j5'^35™;  et  dirigés  du  nord 
au  sud,  par  ig"^"^  environ  d'altitude,  à  i7''i;')™. 

»  VII.  Les  observations  du  Soleil,  faites  régulièrement  au  Pic  du  Midi 
par  mon  collaborateur,  M.  Latreille,  montrent  (conformément  à  la  re- 
marque déjà  faite  par  d'autres  observateurs)  que  l'orage  magnétique  du 
3i  octobre  a  coïncidé  avec  le  passage  d'un  groupe  important  de  taches  au 
méridien  central. 

»  A  ce  sujet,  on  me  permettra  de  rappeler  que  j'ai  énoncé,  dans  une  Communica- 
tion faite  à  l'Académie  le  8  janvier  1887,  la  loi  générale  suivante  : 

»  Les  perturbations  magnétiques  se  produisent  lorsqu'une  région  d'activité  du 
Soleil  passe  au  méridien  central. 

f>  Dans  cet  énoncé,  le  mot  région  d'activité  désigne  une  portion  de  la  surface  solaire 
dans  laquelle  on  observe  (généralement  pendant  plusieurs  rotations  consécutives)  des 
facules  seules  ou  des  facules  avec  des  taches;  les  facules  constituant,  d'après  moi,  le 
phénomène  fondamental  de  l'activité  solaire,  tandis  que  les  taches  n'en  sont  que  des 
manifestations  secondaires, 

»  Revenant  sur  celle  question,  dans  un  Mémoire  inséré  aux  Comptes  rendus  du  Con- 
grès international  de  Météorologie  de  1900,  j'ai  indiqué  que  les  régions  d'activité 
persistent  parïois plusieurs  années  à  la  surface  du  Soleil,  et  que  ces  régions  actives 
très  persistantes  déterminent  souvent  les  grandes  perturbations  magnétiques. 

»  L'orage  magnéticjue  du  3i  octobre  vérifie  cette  dernière  remarque  :  la  région  so- 
laire à  laquelle  il  se  rattaché  existe  depuis  longtemps  et  a  donné,  à  chacun  de  ses  re- 
tours au  méridien  central,  une  perturbation  le  plus  souvent  très  faible,  mais  parfoiis 
assez   forte   ou    forte   (Exemples    :    5  octobre,   9  septembre,   i3  août,  3i    mars  igoS; 


79^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

21  septembre,  24  août,  8  mai,   10  avril  1902;  cette  dernière,  une  des  plus  fortes  de 
1902). 

»  Cette  région  a  été  souvent  dépourvue  de  taches,  et  j'insiste  sur  ce  fait  :  la  pré- 
sence des  taches  nest  pas  nécessaire  pour  qu  une  forte  perturbation  se  produise,  et, 
quand  elles  existent,  leur  dimension  n'est  pas  généralement  proportionnelle  à  l'inten- 
sité des  troubles  magnétiques  correspondants.  C'est  ainsi  que  le  groupe  de  taches  qui 
passait  au  méridien  central  le  11  octobre,  plus  étendu  que  celui  du  3i,  n'a  déterminé 
qu'une  perturbation  assez  faible  (variation  de  8'  à  9'  en  déclinaison).   » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  une  séparation  ri  goutteuse  dans  la  série  des  terres 
rares.  Note  de  MM.  G.  Urbain  et  H.  Lacombe,  présentée  par  M.  H. 
Moissan. 

«  La  cristallisation  fractionnée  de  deux  sels  non  isomorphes  ne  permet 
d'obtenir  à  l'état  de  pureté  que  le  moins  soluble  ou  le  plus  abondant  de 
ces  sels.  A  partir  d'une  certaine  composition  de  la  solution,  les  deux  sels 
cristallisent  simultanément  formant  un  mélange  eiitectique  et  jamais,  en 
répétant  les  cristallisations,  le  sel  le  plus  soluble  ne  pourra  être  débar- 
rassé complètement  du  précédent. 

»  Dans  le  cas  de  sels  isomorphes,  les  phénomènes  que  l'on  observe  sont 
tout  différents.  Par  une  série  de  cristallisations  fractionnées  habilement 
conduites,  un  mélange  de  sels  isomorphes  peut  être  séparé  en  ses  consti- 
tuants dans  l'ordre  de  leurs  solubilités.  Après  un  nombre  suffisant  de 
fractionnements,  chacun  d'eux  pourra  être  obtenu  à  l'état  de  pureté.  On 
observe,  en  effet,  que,  dans  un  mélange  de  sels  isomorphes,  un  terme 
plus  soluble  diminue  la  solubilité  d'un  terme  moins  soluble.  Les  solubilités 
propres  de  chaque  sel  considéré  à  l'état  pur  sont  ainsi  profondément  mo- 
difiées par  la  présence,  dans  leur  dissolution,  d'un  sel  homologue  de  la 
série,  de  telle  sorte  que,  dans  des  séparations  par  cristallisations  fraction- 
nées, la  solubilité  individuelle  de  chaque  sel  paraît  moins  intervenir  que 
la  tendance  que  ces  sels  ont  à  se  substituer  les  uns  aux  autres  dans  le  ré- 
seau cristallin. 

»  Cette  tendance  à  la  substitution  dans  le  réseau  cristallin  est  la  cause 
qui  permet  de  séparer,  dans  quelques  cas,  à  l'état  pur,  les  sels  les  moins 
solubles  de  ceux  qui  s'accumulent  dans  les  eaux  mères  sans  qu'on  puisse 
déceler  dans  ces  dernières,  même  par  les  procédés  les  plus  délicats,  la  pré- 
sence des  sels  qui  ont  cristallisé  en  premier. 


SÉANCE    DU    l6   NOVEMBRE    fr)o3.  798 

))  Pour  séparer  des  éléments  dont  les  propriétés  varient  aussi  peu  d'un 
terme  à  l'autre  que  dans  la  série  des  terres  rares,  on  met  généralement  à 
profit  cette  remarquable  propriété  des  sels  isomorphes.  C'est  par  des  cris- 
tallisations de  sels  relativement  très  solubles  que  l'on  obtient  dans  cette 
série  les  meilleurs  résidtats.  Les  sels  doubles,  dont  les  différences  de 
solubilité  d'un  terme  à  l'autre  sont,  en  général,  plus  grandes  que  celles 
des  sels  simples,  conviennent  particulièrement  à  ce  genre  de  séparations. 
La  méthode  des  fractionnements  est  actuellement  et  restera  d'ici  long- 
temps la  seule  qui  permette  de  séparer  les  terres  rares  entre  elles,  abstrac- 
tion faite  du  cérium  qui  seul,  dans  la  série,  présente  des  oxydes  supérieurs 
stables  qui  ont  toujours  été  utilisés  pour  sa  séparation. 

»  Toutefois,  le  vice  inhérent  à  la  méthode  des  fractionnements  pour  la 
séparation  des  terres  rares  est  la  présence  des  portions  intermédiaires  qui 
souvent  peuvent  être  considérablement  réduites,  mais  qui,  a  priori,  ne 
peuvent  jamais  être  annulées. 

M  11  existe,  cependant,  un  cas  où  un  pareil  résultat  peut  être  atteint  : 
c'est  celui  011  un  élément  usuel  pouvant  se  séparer  aisément  des  terres 
rares  présente  avec  elles  un  cas  d'isomorphisme.  Et  encore,  faut-il  que  la 
solubilité  du  sel  de  l'élément  usuel  soit  intermédiaire  entre  celles  de  deux 
termes  de  la  série. 

»  Nous  avons  pu  réaliser  ce  cas  en  mettant  à  profit  l'isomorphisme  du  nitrate  double 
de  magnésium  et  de  bismuth  avec  les  nitrates  doubles  de  magnésium  et  de  terres  rares 
(G.  Urbain  et  H.  Lacombe,  Comptes  rendus,  t.  CXXXVII,  jgoS,  p.  568).  Un  premier 
examen  nous  ayant  fait  rapprocher  ce  composé  de  bismuth  des  sels  correspondants  du 
groupe  samarium-gadoliniiim,  nous  avions  pensé,  dès  le  début  de  ces  recherches,  que 
si  aux  nitrates  magnésiens  de  ces  terres,  dont  le  fractionnement  a  donné  à  Demarçay 
{Comptes  rendus,  t.  CXXX,  1896,  p.  1019;  t.  CXXXII,  1901,  p.  i484;  t.  CXXXIII, 
1901,  p.  1469)  de  si  brillants  résultats,  nous  ajoutions  une  certaine  proportion  de 
nitrate  magnésien  de  bismuth,  cet  élément  usuel  viendrait  peu  à  peu  s'intercaler 
entre  deux  éléments  de  la  série  rare,  jouant  ainsi  le  rôle  d'élément  séparateur.  Une 
simple  précipitation  par  l'hydrogène  sulfuré  permettant  d'éliminer  ensuite  le  bismuth, 
nous  devions  obtenir  ainsi  une  séparation  rigoureuse  pour  la  première  fois  dans  la 
série  des  terres  rares. 

»  L'expérience  a  confirmé  pleinement  nos  prévisions  et  les  résultats 
obtenus  ont  dépassé  notre  attente. 

»  Nous  avons  fractionné  à  l'état  de  nitrates  magnésiens  :  i"*  des  terres  riches  en 
samarium;  2°  des  terres  riches  en  gadolinium.  Dans  les  deux  cas  nous  avons  ajouté 
aux  nitrates  magnésiens  des  terres  rares  une  quantité  notable  de  nitrate  magnésien  de 
bismuth. 


"794  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Après  35  séries  de  fractionnement  portant  sur  i6  fractions  nous  avons  fait  les 
observations  suivantes  : 

»  Le  néodjme  se  concentre  dans  la  fraction  de  tête  et  y  demeure  exclusivement  tant 
qu'il  se  trouve  en  présence  de  bismuth. 

»  Le  samarium  vient  ensuite.  L'oxyde  extrait  de  la  fraction  2  présente  la  faible 
coloration  jaune  caractéristique  du  samarium.  Cette  coloration  diminue  dans  les  frac- 
tions suivantes. 

»  De  même  la  coloration  jaune  elle  spectre  d'absorption  des  dissolutions  décroissent 
d'un  terme  au  suivant.  La  proportion  de  terres  rares  décroît  en  même  temps  que 
s'accroît  la  proportion  de  bismuth. 

»  Dans  la  première  expérience  (terres  riches  en  samarium)  les  fractions  11  et  12  ne 
contenaient  plus  qu'une  trace  de  terres  rares. 

»  Dans  la  seconde  (terres  pauvres  en  samarium)  les  fractions  4>  5  et  6  ne  renfer- 
maient que  du  bismuth. 

»  Dans  les  fractions  suivantes  les  terres  rares  apparaissent  de  nouveau  et  leur  pro- 
portion va  en  croissant  jusqu'à  l'extrémité  du  fractionnement,  tandis  que  la  proportion 
du  bismuth  va  en  diminuant. 

»  Les  dissolutions  ne  présentent  aucun  spectre  d'absorption,  sauf  la  dernière,  où  l'on 
distingue  faiblement  les  bandes  du  dysprosium.  La  coloration  des  oxydes  s'accentue 
à  partir  de  la  gadoline  blanche  jusqu'à  la  dernière  fraction  dont  la  terre  est  rouge  de 
brique. 

))  L'ensemble  de  ces  observations  montre  que  le  bismuth  s'intercale  in- 
contestablement entre  le  samarium  et  le  gadolinium. 

»  Nous  serons  moins  affirmatifs  en  ce  qui  concerne  l'europium  de  De- 
marçay.  Dans  le  but  d'élucider  ce  dernier  point,  nous  traitons  actuellement 
près  de  i''^  de  terres  intermédiaires  entre  le  samarium  et  le  holmium.    » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  le  kermès.  Note  de  M.  J.  Bougault, 

présentée  par  M.  Haller.  (Extrait.) 

((  Conclusions.  —  i"  Toutes  les  preuves  qu'on  a  données  jusqu'ici  de  la 
présence  de  Sb^O'  dans  le  kermès  sont  insutfîsantes;  il  est  probable  que  le 
kermès  n'en  contient  pas. 

»  2*^  Le  pyroantimoniate  de  sodium  forme  une  partie  importante  du 
kermès. 

»  3°  En  s'appuyant  sur  ce  que  l'acide  tartrique  enlève  de  l'oxyde  antimo- 
nieux  à  un  mélange  de  Sb"  S^  et  de  pyroantimoniate,  il  est  naturel  de  penser 
que  le  kermès  doit  ses  propriétés  thérapeutiques  à  Sb-0"^  formé  au  contact 
de  l'acidité  stomacale.  » 


SÉANCE  DU  l6  NOVEMBRE  IpoS. 


79^ 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  acétones  acétyléniques.  Nouvelle  méthode 
de  synthèse  des  isoxazols.  Note  de  MM.  Ch,  I^Ioureu  et  M.  Brachi.v, 
présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Nos  recherches  antérieures  (^)  ont  établi  que  les  acétones  à  fonction 
acétylénique  R  —  C^G  —  CO  —  R'  donnaient,  en  réagissant  sur  les  hv- 
drazines,  par  transposition  moléculaire  avec  fermeture  de  chaîne  des 
hydrazones  d'abord  formées,  des  pyrazols  identiques  à  ceux  que  four- 
nissent les  dicétones-[3  qui  en  dérivent  par  hydratation.  La  présente  Note 
a  pour  objet  l'étude  parallèle  du  mode  d'action  de  l'iiydroxylamine  sur  les 
mêmes  composés. 

))  Nous  avons  étudié  cinq  acétones  :  l'acétylphénylacétylèrie,  le  propio- 
nylphénylacétylène,  le  butyrylphénylacétylène,  le  benzoyiphénylacétylène 
et  ranisoyljihénylacétylène.  En  faisant  réagir  l'hydroxylamine  sur  ces 
corps,  nous  avons  constamment  obtenu  les  isoxazols  correspondants. 

»   La  réaction  se  passe  nécessairement  en  deux  phases  : 

»  i"  Il  y  a  d'abord  formation  d'une  oxime  à  fonction  acétylénique; 
exemple  : 

C« H^ -  G  =  G  -  CO  -  GH3  +  tP.  AzOH  =  H2 O  +  G^ H=^  -  G  =  G  —  G  —  GH3 ; 

""  : — ,     ,   ,  .^ ,      !"    ,. "    Hydroxylamine.  Il 

Acetylphenylacétylenc.  p^j^ 

/ 

HO 

Oxime  acétylénique. 

»  1^  Dans  la  seconde  phase,  l'oxime  produite  s'isomérise  en  fermant  la 
chaîne  pour  donner  1  isoxazol  : 

C6H«— G  =  G  — G  — GH»  CH 

II 
Az  ^ 

G«HS-C. 


HO 

Oxime  acétylénique. 


\ 


G  —  CH" 


Az 


0 


S-méthyl  5-pl}énylisoxazol. 

))  Les  composés  ci-dessous  décrits  ont  été  ainsi  obtenus.  On  les  prépare 


(*)   Comptes  rendus,  9.6  mai  igo3. 


79^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tous  en  chauffant  à  retlux  une  solution  hydroalcoolique  mixte  d'acétone 
acétylénique  et  d'hydroxylamine  (chlorhydrate  d'hydroxylamine  4-  acé- 
tate de  soude).  Ils  ne  sont  pas  dédoublables  par  l'acide  chlorhydrique, 
ce  qui  établit  leur  structure  cyclique. 

»  Z-méthyl  ^-phénylisoxazol  O.  Az  C^H  (CH^)  (G^H^),  —  Ce  corps,  obtenu  en 
partant  de  racétylphénylacétylène  C^H^— G  =  G  —  CO  —  CH^,  se  présente,  après 
cristallisation  dans  l'éther  de  pétrole,  en  feuillets  blancs,  légers,  fusibles  à  68°.  Il 
distille  à  i5i°-i52°  sous  iQ"""',  et  est  facilement  entraînable  par  la  vapeur  d'eau. 
L'acide  chlorhydrique  concentré  le  dissout  à  froid;  l'addition  d'un  excès  d'eau  à  la 
solution  le  précipite  immédiatement  sous  la  forme  de  gros  flocons  blancs.  —  En  trai- 
tant par  la  lessive  de  soude  l'oxime  du  dichlorure  de  benzjlidène-acétone 

C*>  H^—  CH  Gl  —  GH  Gl  —  GO  —  GH^, 

Goldschmidl  (')  a  obtenu  un  composé  cristallisant  en  grosses  tables  qui  fondaient 
à  65°,  soluble  dans  l'acide  chlorhydrique  concentré,  et  se  transformant  en  3-méthyl 
5-phénylp3Tazol  sous  l'action  de  l'ammoniaque  à  200".  Ce  produit  est  certainement 
identique  au  nôtre. 

»  "è-éthyl  ^-phénylisoxazolO.K.zOR{C-R^){C^]:{^).  —  L'acétone  génératrice  est  ici 
le  propionylphénylacétylène  G^H*  — G  =  G  —  GO  —  G'^fï^  L'isoxazol  bouta  iSy-^-iSS" 
sous  18'"'",  et  fond  au  voisinage  de  —  2°  ;  0^  =  1,0766.  Soluble  dans  l'acide  chlorhy- 
drique concentré,  il  est  reprécipitable  de  cette  solution  par  un  excès  d'eau. 

»  Le  propionylphénylacétylène  n'avait  pas  encore  été  préparé.  Nous  l'avons  obtenu 
en  faisant  réagir  le  chlorure  de  propionyle  sur  le  phénylacétyléne  sodé.  Il  distille  à 
i37°-i38"  sous  lô™"",  et  fond  à  +8° -h  10°;  D-„^  =  i  ,oo/}3. 

»  ^-propyl^-phénylisoxazol  0.kzC^\{{C^W){C^W).  —  Ce  corps,  qui  s'obtient 
en  partant  du  butyrylphénylacétylène  G«H^— G  =  G  —  GO  —  G^H^,  distille  à  i68°- 
169"  sous  18'"™,  et  fond  entre  +  5°  et  +10°;  DV  =  i,o536.  Soluble  dans  l'acide  chlor- 
hydrique concentré,  il  est,  comme  les  précédents,  précipité  immédiatement  de  cette 
solution  par  un  excès  d'eau. 

))  Le  butyrylphénylacétylène  avait  déjà  été  obtenu  par  l'un  de  nous,  en  commun 
avec  M.  Delange,  en  condensant  le  bulyrate  d'amyle  avec  le  phénylacétyléne  (^). 
Nous  l'avons  préparé  bien  pur  et  avec  de  meilleurs  rendements  en  traitant  le  phényl- 
acétyléne sodé  par  le  chlorure  de  butyryle.  II  distille  à  i48°-i5o°  sous  18™"; 
D;-'  =  0,9859. 

»  Z-^-diphénylisoxazol  O. AzG*H(G^H'^)-.  —  Obtenu  en  partant  du  benzoylphé- 
nylacétylène  G^H^— G  =  C  —  GO  —  CH',  le  produit  cristallise  dans  l'alcool  en  beaux 
feuillets  blancs,  brillants,  légers,  très  réguliers,  peu  solubles  dans  l'éther.  Chauffé 
dans  un  tube  capillaire  au  bain  d'acide  sulfurique,  il  fond  en  partie  à  142°;  à  partir 
de  170°,  il  fournit  un  dégagement  de  gaz,  et  la  fusion  n'est  complète  que  vers  190°; 
par  refroidissement,   le  produit  se  solidifie,  et,  en  le  chauffant  de  nouveau,  il  fond 


{})  Berichte  der  deulsch.  chem.  Gea.,  t.  XXVIII,  p.  i532. 
(-)  BuLL  Soc.  chim.,  3«  série,  t.  XXVII,  p.  374. 


SÉANCE   DU    t6   novembre    [903.  797 

complètement  entre  140"  et  if\6°.  II  est  insoluble  dans  l'acide  chlorhydrique  concentré. 
En  traitant  le  dichlorure  de  benzylidène-acétophénone 

C«H5—  CHCI  —  CHCl  —  CO  -  CH' 

par  le  chlorhydrate  d'hydroxylamine  et  la  lessive  de  soude,  on  obtient,  d'après  Gold- 
schmidt  (•),  un  corps  fusible  à  i4i°.  Etant  donné  le  mode  de  formation  du  composé 
de  Goldschmidt  et  les  divers  caractères  qu'il  en  donne,  ce  composé  est  sans  aucun 
doute  le  même  que  le  nôtre.  Mais  la  fusion  à  i4i°,  contrairement  au  dire  de  l'auteur, 
n'est  que  partielle,  et  doit  être  envisagée  comme  un  commencement  de  décomposition. 
»  ^-a/iisyl  D-p/iénylisoxazol  O.AzC*H(C^H* — OCH^)(C^H*).  —  Ce  composé 
dérive  de  l'anisoylphénylacétylène  G^  H^ —  G  ^  G  —  GO  —  G'^H*(OGH^).  II  cristallise 
dans  l'alcool  méthylique  en  fines  aiguilles  blanches,  fondant  à  128°-! 29".  Il  est  insoluble 
dans  l'acide  chlorhydrique  concentré. 

»  En  résumé,  les  acétones  acétvléniques,  en  réagissant  sur  l'hydroxv- 
lamine,  fournissent  des  isoxazols.  I^es  rendements  sont  quantitatifs.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  ré  fro  graciât  ion  de  r  empois  d'amidon. 
Note  de  M.  L,  Maque\ne,  présentée  par  M.  Roux. 

«  Dans,  une  précédente  Communication  j'ai  fait  voir  que,  en  dehors  de 
toute  action  biochimique,  l'empois  d'amidon  rétrograde  avec  le  temps, 
c'est-à-dire  devient  en  partie  insoluble  dans  l'extrait  de  malt,  à  froid  (-). 

M  Cette  transformation  est  subordonnée  à  un  grand  nombre  de  variables 
indépendantes,  telles  que  la  température  de  la  conservation,  la  nature  du 
milieu,  la  concentration  des  liqueurs,  etc. 

»  J'examinerai  aujourd'hui  Tinfluence  de  la  température  qui  semble 
prépondérante  et  celle  des  acides  minéraux,  employés  à  dose  insuffisante 
pour  produire  même  un  commencement  de  saccharification. 

»  Toutes  les  expériences  qui  suivent  ont  porté  sur  [\o'^'"'  d'empois  à  5  pour  100  de 
fécule,  préparé  à  100°,  puis  maintenu  i5  minutes  en  autoclave  à  120°.  On  arrive  du 
reste  à  des  résultats  du  même  ordre  avec  des  empois  chauffés  pendant  une  demi- 
heure  à  iSo",  en  tubes  scellés  ou  simplement  obturés  par  un  tampon  d'ouate, 

»  Les  fioles  dans  lesquelles  on  devait  ajouter  un  réactif  quelconque  après  la  stérili- 
sation recevaient  en  outre  5  gouttes  de  toluène. 

»  La  saccharification  a  été  faite  sous  volume  constant,  à  la  température  ordinaire 
(22°  pour  l'expérience  I  ),  avec  la  même  quantité  de  malt  et  à  égalité  de  minéralisation. 


(')  berichte  der  deutsch.  clieni.  Ges.,  t.  XXVIII,  p.  254o. 
(2)  Comptes  rendus,  t.  GXXXVII,  p.  88. 

G.  H.,   1903,  2»  Semestre.  (T.  GXXXVII,  N°  20.)  Io5 


798  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Pour  assurer  celle-ci  on  a  eu  soin,  avant  d'introduire  la  solution  d'amylase  aux  fioles 
des  expériences  II  et  III,  de  neutraliser  exactement  leur  contenu  et  d'ajouter  à  chacune 
d'elles  un  poids  de  sulfate  (ou  chlorure)  de  potassium  calculé  de  manière  qu'elles  en 
contiennent  toutes  la  même  quantité. 

»  Dans  les  séries  II  et  III,  où  l'on  ne  s'est  pas  servi  de  thermostat,  les  essais  ont  été 
commencés  et  poursuivis  simultanément,  pour  compenser  l'influence  des  fluctuations 
inévitables  de  la  température  ambiante. 

»  Les  Tableaux  qui  suivent  donnent,  en  centièmes,  la  valeur  de  la 
rétrogradation  déduite  par  le  calcul,  soit  du  poids  de  matière  soluble  con- 
tenue dans  le  mélange  saccharifié  (II  et  III),  soit  de  la  quantité  de  sucre 
présente  dans  le  même  mélange  (I). 

Expérience  I.  —  Influence  de  la  température. 

Conservés  à 36".  22".  14".  0°. 

[   3  jours 6,2  7,8  i3,3  22,1 

Après 6  jours 7,4  8,1  16,7  26,8 

(9  jours 6,8  8,8  18,0  28,8 

Expérience  II.  —  Influence  de  l'acide  sulfurique. 

Conservés  pendant 3  jours.  6  jours.  9  jours.  12  jours. 

s 
o  6,9  9,0  10,6  10,4 

0,0122 7,5  11,5  12,0  i3,7 

SO*H-            I  0,0612 9,6  12,6  14,2  i4,o 

dans  loo^"'         1  0,1226 8,7  12,2  i3,8  i5,2 

0,6125 8,4  11,5  i3,3  i5,9 

i,225o 8,0  11,2  12,7  i5,5 

Expérience  III.  —  Influence  de  l'acide  chlorhydrique. 

Conservés  pendant Sjours.  6jours.  gjours.  lajours. 

ê 
o  6,5  8,0  10, 1  10,2 

0,0091 10,1  10,9  12,0  12,0 

HCl              1  o,o456 12,3  11,9  12,3  i3,8 

dans  100^™'         )  0,0912 10,0  10,2  i3,i  12,9 

0,4562 7,2  9,2  10,5  12.9 

0^9125 8,3  9,9  11,9  12,7 

))   De  ces  chiffres  on  tire  immédiatement  les  conclusions  suivantes  : 
»    i**  La  rétrogradation  est  d'autant  plus  rapide  et  plus  profonde  que  la 
température  est  plus  basse; 


SÉANCE  DU  l6  NOVEMBRE  igoS.  ^799 

»  2"  Ce  phénomène  est  favorisé  par  la  présence  des  acides  minéraux, 
même  à  la  dose  de  j-^^  seulement  ; 

»  3°  Il  tend  vers  une  limite  qui,  en  milieu  neutre  et  à  0°,  paraît  être 
voisine  de  3o  pour  100. 

))  Ces  derniers  résultats  concordent  avec  ceux  que  donne,  plus  rapide- 
ment, Y amylo-coagulase  de  MM.  Wolff  et  Fernbacli  ('  )  ;  celle-ci  n'agit  donc 
que  pour  faciliter  une  transformation  qui  est  susceptible  de  s'accomplir 
sous  d'autres  influences,  d'ordre  exclusivement  physique  ou  chimique. 

»  Je  ferai  connaître  ultérieurement  la  suite  de  ces  recherches;  qu'il  me 
soit  permis,  en  terminant,  de  remercier  ici  mon  élève,  M.  Goodwin,  pour 
l'aide  qu'il  a  bien  voulu  me  fournir  dans  la  dernière  partie  de  ce  travail.    « 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Influence  de  la  nature  du  milieu  extérieur  sur  la 
composition  organique  de  la  plante.  Note  de  MM.  Alex.  Hébert  et  E. 
Charabot,  présentée  par  M.  Haller. 

«  Les  recherches  que  nous  avons  effectuées  dans  le  but  indiqué  précé- 
demment {Comptes  rendus ,  t.  CXXXVI,  p.  160,  1009  ^^  1678)  nous  ont 
fourni  l'occasion  d'étudier  l'action  des  sels  minéraux  contenus  dans  le  sol 
sur  la  composition  organique  de  la  plante,  et  de  compléter  ainsi  l'étude 
qui,  jusqu'alors,  avait  été  limitée  à  la  matière  minérale  ("). 

»  Les  divers  échantillons  de  menthe  poivrée  prélevés  dans  les  conditions 
décrites  antérieurement  (/oc.  cit.)  ont  été  soumis  à  l'analyse;  nous  y  avons 
dosé  le  carbone,  l'hydrogène  et  l'azote;  l'oxygène  a  été  calculé  par  diffé- 
rence entre  la  matière  organique  et  la  somme  des  nombres  représentant 
les  proportions  des  trois  autres  éléments  cités. 

M  Nous  n'indiquerons  pas  en  détail  les  nombreux  résultats  que  nous 
avons  obtenus,  ceux-ci  seront  exposés  dans  un  autre  Recueil  et  nous  ne 
retiendrons  ici  que  les  conclusions  qui  peuvent  s'en  dégager. 

»  En  premier  lieu,  nous  avons  pu  vérifier  un  certain  nombre  de  faits  déjà  signalés 
à  plusieurs  reprises;  c'est  ainsi  que  la  composition  centésimale  des  plantes  fraîches, 
puis  sèches,  accuse  une  quantité  d'eau,  de  cendres,  de  matières  azotées  bien  plus 
considérable  chez  les  sujets  jeunes  que  chez  les  sujets  arrivés  à  maturité;  nous  n'in- 
sisterons pas  sur  ces  résultats  qui  ont  été  observés  par  divers  savants  :  MM.  Berthelot 


(*)  Comptes  rendus,  t.  CXXXVIi,  p.  718. 

(®)  Hébeut  et  Truffaut,  Comptes  rendus,  t.  CXXII,  p.  1212;  t.  CXXVl,  p.  i83i, 


^OO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  André,  Dehérain,  etc.  Toutefois,  nous  ferons  remarquer  que  chez  les  végétaux 
arrivés  à  maturité,  et  le  fait  est  surtout  manifeste  quand  on  examine  la  composition 
centésimale  des  plantes  sèches,  les  proportions  de  cendres,  de  matière  organique  et 
des  éléments  qui  composent  celle-ci  :  carbone,  hydrogène,  azote,  oxygène,  sont 
très  voisines  les  unes  des  autres,  quel  que  soit  le  sel  ajouté  au  sol.  Ces  proportions, 
en  effet,  varient  seulement  entre  les  extrêmes  : 

Organes  aériens.  Racines. 

Cendres 8,60—11,0  6,70—11,70 

Matière  organique 89,00—91,40  88, 3o  — 93,80 

Carbone 44,64—46,48  41,22  —  43,75 

Hydrogène 5,67—  5,83  5,5o-  6,o3 

Azote 1,16—   1,63  0,70—   1,07 

Oxygène 36,14-89,78  40,82- 45,i2 

»  Enfin,  la  composition  centésimale  de  la  matière  organique  montre  encore  bien 
mieux  cette  constance  des  proportions  des  quatre  éléments  organiques,  malgré  la 
diversité  des  sels  ajoutés.  C'est  ainsi  que  l'on  peut  constater  que  ces  proportions  va- 
rient seulement  entre  les  limites  : 

Organes  aériens.  Racines. 

Carbone 48,94— 5i, 66  44,45— 47,60 

Hydrogène 6,12—  6,45  5,99—6,55 

Azote 1,28—   1,79  0,75—   1,17 

Oxygène 4o',4o— 43,6o  45, 06— 48, 60 

»  Ces  conclusions  s'appliquent  également  à  une  prise  d'essai  faite  au  début  de  là 
végétation:  les  teneurs  en  carbone,  hydrogène  et  oxygène  y  sont  comprises  entre  les 
limites  que  nous  venons  d'indiquer.  Exception  est  faite  pour  l'azote  qui  se  montre  en 
proportion  plus  forte  chez  les  jeunes  plantes,  ainsi  que  l'ont  fait  remarquer  antérieu- 
rement plusieurs  chimistes. 

»  La  formule  de  la  matière  organique  (rapportée  à  un  poids  moléculaire  égal  à  100) 
est  assez  uniforme:  le  nombre  des  atomes  de  chacun  des  éléments  varie  seulement 
entre  les  limites 

C*'iH°'i  Az^o^O^.s     à     C*'«H«'«Az»>o8  0S 

pour  les  organes  aériens,  et 

C3,7H6,"Az«."502,8        à        C*'»He>6Az».08O^ 

pour  les  racines. 

»  Par  contre,  s'il  y  a  pour  ainsi  dire  identité  de  composition  élémentaire  chez  les 
végétaux  cultivés  différemment,  même  avec  addition  au  sol  de  substances  diverses, 
de  très  grandes  variations  se  manifestent  dans  les  quantités  absolues  de  matière 
végétale  et  de  ses  éléments. 

»  D'une  façon  générale,  l'addition  des  sels  au  sol  a  été  favorable  et  ces 
sels  ont,  presque  dans  tous  les  cas,  joué  le  rôle  d'engrais  ;  quelques  irré- 


SÉANCE    DU    16   NOVEMBRE    \Ç)o'd.  80I 

gularités  cependant  se  manifestent  dans  ces  résultats.  C'est  ainsi  que  le 
nitrate  d'ammonium,  qui  produit  habituellemeut  des  effets  favorables,  a 
diminué  fortement  la  production:  peut-être  la  dose  distribuée  était-elle 
trop  forte  et  a-t-elle  été  nocive  pour  les  plantes.  » 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  le  rapport  entre  l'intensité  lumineuse 
et  l'énergie  assimilatrice  chez  des  plantes  appartenant  à  des  types 
biologiques  différents.  Note  de  M.  Fr.  Weis,  présentée  par 
M.  Gaston  Bonnier. 

«  Dans  une  série  d'expériences  instituées  l'été  passé  au  laboratoire  de 
Biologie  végétale  de  Fontainebleau,  je  me  proposai  de  résoudre  les  ques- 
tions suivantes  : 

))  i«  De  trouver  une  expression  numérique  de  l'énergie  assimilatrice 
spécifique  dans  les  mêmes  conditions  d'expérience  chez  des  plantes  qui, 
eu  égard  à  leurs  besoins  de  lumière,  appartiennent  à  des  types  biologiques 

différents  ; 

,)   2«  De  déterminer  l'énergie  assimilatrice  chez  la  même  plante  exposée 

à  des  intensités  lumineuses  différentes. 

„  J'ai  installé  ces  premières  expériences  avec  les  plantes  suivantes,  qui  sont  à 
un  degré  plus  ou  moins  élevé,  plantes  d'ombre  ou  plantes  de  lumière  :  MarchanUa 
polymorpha,  Poiypodiam  vulgare  et  OEnotliera  biennis.  Pour  la  première  j  ai 
pris  des  thalles  jeunes,  vigoureux,  non  fructifies;  pour  les  deux  autres  de  jeunes 
feuilles  entières,  mais  n'ayant  pas  achevé  complètement  leur  développement,  riches  en 
chlorophylle  et  dans  une  période  d'assimilation  intense.  Thalle  ou  feuilles  étaient  places 
aussitôt  après  la  récolte  dans  des  tubes  de  verre  plats  à  parois  planes,  dans  lesquels  se 
trouvait  une  atmosphère  particulièrement  riche  en  gaz  carbonique  (8  à  10  pour  100) 
et  fermés  par  du  mercure  recouvert  d'une  mince  couche  d'eau.  L'analyse  de  l'air  des 
tubes  se  faisait  au  moyen  de  l'appareil  à  analyses  de  MM.  Bonnier  et  Mangin,  immé- 
diatement avant  et  après  l'expérience. 

»  Afin  de  pouvoir  comparer,  on  calculait  l'acide  carbonique  absorbé  et  1  oxygène 
dégagé  par  centimètre  carré  de  surface  assimilatrice,  sans  tenir  compte  de  l'épaisseur 
des  organes,  du  nombre  des  couches  de  cellules  chlorophylliennes  m  de  la  quantité 
absolue  de  chlorophylle.  Cependant  on  déterminait  toujours  le  poids  et  le  volume  du 
thalle  et  des  feuilles  immédiatement  après  cliaque  expérience.  Celles-ci  furent  taites  a 
environ  la  même  température  (respectivement  dans  les  trois  séries  d'essais  a  25°, 
25°, 5  et  23°C.)  mesurée  dans  des  tubes  placés  aux  côtés  des  tubes  d'essais. 

),   Une  série  d'expériences  était  établie  à  la   lumière  solaire  directe,  les 
tubes  étant  placés  de  manière  que  les  rayons  solaires  tombent  à  peu  près 


8o2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

perpendiculairement  aux  surfaces  assimilatrices;  deux  autres  à  la  lumière 
diffuse,  respectivement  soixante  et  quatre-vingt-dix  fois  plus  faible  que  la 
lumière  solaire  directe.  L'énergie  lumineuse  se  mesurait  par  le  temps  que 
mettait  du  papier  photographique  à  prendre  une  teinte  déterminée,  com- 
parée à  une  échelle  de  couleurs  choisie  et  préparée  dans  ce  but. 

»  Dans  les  expériences  à  la  lumière  directe,  les  tubes  d'essais  étaient 
placés  sous  des  cloches  de  verre,  entre  les  doubles  parois  desquelles  pas- 
sait un  courant  continu  d'eau  froide  destinée  à  absorber  les  rayons  calori- 
fiques de  la  lumière  solaire. 

»   Tous  les  essais  durèrent  i  heure.  Les  résultats  furent  les  suivants  : 

»   Première  série.  —  Lumière*' solaire  directe,   25°  C.    Composition  du  mélange 
gazeux  avant  les  essais  :  lo,  i3  pour  loo  CO-  ;  i8,  lo pour  loo  O  ;  7 1 ,77  pour  100  Az. 

Marchantia.         Polypodium.        Œnothera. 

Surface  assimilatrice  en  centimètres  carrés.  .  10,92  9^57  10, 64 

Poids  du  thalle  (des  feuilles)  en  grammes..  .  0,704  0,226  0,270 

Volume  du  thalle  (des  feuilles)  en  centi- 
mètres cubes 0,9  0,5  0,3 

Volume  de  l'air  en  centimètres  cubes 27,0  26,0  28,7 

Oxygène  dégagé  par  centimètre  carré  de  sur- 
face en  centimètres  cubes o,o46o  o,o64o  o,  1680 

Gaz  carbonique  absorbé  par  centimètre  carré 

de  surface  en  centimètres  cubes o,o48o  o,o65o  0,1660 

Coefficient  d'assimilation  (résultante)  ^=f-^'  •       0,96  0,98  1,01 

»  Deuxième  série. —  Lumière  diffuse  gi^,  25°,  5  C.  Composition  du  mélange  gazeux 
avant  les  essais  :  S, o5  pour  100  CO^;  18,62  pour  100  0^;  78,38  pour  100  Az^. 

Marchantia.         Polypodium.        OEnothera. 

Surface  assimilatrice  en  centimètres  carrés.  .  8,53  11,71  iï>24 

Poids  du  thalle  (des  feuilles)  en  grammes..  .  o,565  0,822  0,807 

Volume  du  thalle  (des  feuilles)  en  centi- 
mètres cubes 0,8  0,5  0,3 

Volume  de  l'air  en  centimètres  cubes 25,5  26,7  25,6 

Oxygène  dégagé  par  centimètre  carré  de  sur- 
face en  centimètres  cubes 0,0227  0,0690  0,0617 

Gaz  carbonique  absorbé  par  centimètre  carré 

de  surface  en  centimètres  cubes »  0,0706  0,0617 

Coefficient  d'assimilation  (résultante)  j:^^- ••  »  0,98  i.oo 


SÉANCE    DU    l6    NOVEMBRE    igoS.  8o3 

»  Troisième  Série.  —  Lumière  diffuse  g^,  28°  C.  Composition  du  mélange  avant 
les  essais  :  10,62  pour  100  C0-;  \%,\-j  pour  100  0-;  ro^gi  pour  100  Âz-. 

Marchantia.        Poly podium.  Œnothera. 

Surface  assimilatrice  en  centimètrevs  carrés.  .  7,38                  11, 5i  1  il^ 

Poids  du  thalle  (des  feuilles)  en  grammes.  .  .  o,335                  o,352  0,217 

Volume  du  thalle  (des  feuilles)  en  centimètres 

cubes 0,7                      0,5  0,4 

Volume  de  l'air  en  centimètres  cubes 22,0                    24,0  24,0 

Oxygène  dégagé  par  centimètre  carré  de  sur- 
face en  centimètres  cubes 0,0120                0,0270  0,0160 

Gaz  carbonique  absorbé  par  centimètre  carré 

de  surface  en  centimètres  cubes »                    0,0420  0,0270 

Coefficient  d'assimilation  (résultante)  ^=;r7=77' •  »  o,65  0,60 

»  Les  chiffres  indiquant  le  gaz  carbonique  absorbé  et  l'oxygène  dégagé  représentent 
donc  la  mesure  directe  de  l'énergie  àssimilâtrice  dans  les  conditions  données  d'expé- 
rience, lorsqu'on  ne  tient  pas  compte  de  la  respiration  qui  a  lieu  simultanément  et  en 
sens  inverse.  Comme  on  sait,  la  lumière  active  beaucoup  l'assimilation  et  a,  d'autre 
part,  une  influence  retardatrice  sur  la  respiration  et,  quand  la  température  ne  dépasse 
pas  environ  28°  C,  celle-ci  est,  relativement  à  l'assimilation,  en  bon  éclairage,  très 
faible,  ce  que  montre  aussi  la  faible  différence  trouvée  pour  les  coefficients  d'assimi- 
lation observée  dans  les  deux  premières  séries  d'expériences  ci-dessus  indiquées.  Mais, 
lorsque  l'intensité  lumineuse  tombe  au-dessous  d'une  certaine  limite  et  que  l'assimi- 
lation devient  très  faible,  cette  perturbation  peut  avoir  une  influence.  Elle  se  traduit, 
entre  autres,  par  une  variation  du  coefficient  qui  exprime  la  résultante  de  l'assimilation 
et  de  la  respiration. 

»  De  ces  expériences,  on  peut,  pensons-nous,  tirer  les  conclusions 
suivantes  :  VOEnothera  biennis  est  une  plante  de  soleil  bien  marquée  qui, 
à  la  lumière  solaire  directe  et  à  une  température  favorable  à  l'assimilation, 
assimile  environ  trois  fois  autant  de  gaz  carbonique  qu'à  la  lumière 
diffuse.  A  cette  dernière  lumière,  le  Polypodium  vulgare  assimile,  au 
contraire,  un  peu  plus  énergiquement  qu'à  la  lumière  directe,  et  notable- 
ment plus  que  VOEnothera.  Le  Marchantia  polyporpha  tient  une  place 
intermédiaire  entre  les  plantes  précédentes. 

»  Il  y  aurait  un  notable  intérêt,  à  la  fois  théorique  et  pratique,  à  avoir 
des  données  numériques  analogues,  notamment  pour  les  plantes  qui 
luttent  pour  la  lumière  dans  nos  champs  et  nos  bois.  Mais,  afin  de  tenir 
compte  aussi  bien  des  différents  facteurs  extérieurs  que  des  particularités 
morphologiques,  anatomiques  et  physiologiques  des  plantes  en  question, 
ces  expériences  devraient  être  instituées  en  grand  et  varier  de  toute 
manière,  afin  que  l'on  ait  le  droit  d'établir  un  classement  définitif  des 


8o4  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

plantes  d'après  leurs  besoins  en  lumière.   Les  essais  ci-dessus  ne  doivent 
être  qu'une  indication  à  cet  égard.    » 

BOTANIQUE.  —  Sur  la  structure  des  cotylédons  et  la  disposition  de  certaines 
racines  adventices  dans  les  plantules  de  Labiées.  Note  de  M.  René  Viguier, 
présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Dans  le  cours  des  recherches  que  nous  avons  entreprises  sur  les 
racines  adventives,  leur  structure  et  leur  raccord  avec  la  tige,  nous  avons 
eu  l'occasion  de  faire  quelques  remarques  sur  la  structure  des  cotylédons 
et  la  disposition  de  certaines  racines  adventives  dans  les  plantules  de 
Labiées. 

»  Un  jeune  plant,  provenant  de  gernaination  de  Lamiiun  album,  par  exemple, 
présente  dans  tous  ses  membres  un  cylindre  central  à  structure  binaire  avec  disposi- 
tion alterne  des  éléments  ligneux  et  libériens,  le  plan  de  symétrie  des  cotylédons 
passant  par  le  milieu  des  faisceaux  libériens  de  l'axe  hypocotylé.  L'examen  de  plan- 
tules, rendues  transparentes  par  un  séjour  prolongé  dans  une  solution  concentrée 
d'hvdrate  de  chloral,  additionnée  de  quelques  gouttes  de  bleu  d'aniline  pour  la  colo- 
ration des  vaisseaux,  permet  d'observer  macroscopiquement  la  course  des  faisceaux; 
on  constate  ainsi  la  continuité  parfaite  du  système  vasculaire  de  la  racine  principale, 
de  Taxe  hypocotylé  et  des  cotylédons;  on  voit,  par  transparence,  les  faisceaux  s'in- 
curver au  sommet  de  l'axe  hypocotylé  et  pénétrer  dans  les  cotylédons,  de  sorte  que 
la  tigelle  peut  être  considérée  comme  formée  par  la  coalescence  des  pétioles  cotylé- 
donnaires. 

»  Une  série  de  coupes  transversales  montre  que  la  tigelle  présente,  sur  toute  sa  lon- 
gueur, une  jdispo>ition  alterne  des  éléments  vasculaiies;  les  seules  modifications  qu'on 
observe  dans  la  partie  supérieure  de  cet  organe  sont  dues  à  la  bifurcation  des  fais- 
ceaux libériens  avant  leur  pénétration  dans  le  cotylédon  correspondant,  ainsi  qu'ac 
partage  de  chaque  faisceau  ligneux  en  deux  masses  qui  se  rendent  dans  l'un  et  l'autre 
cotylédon. 

»  Comme  cela  a  déjà  été  observé  chez  quelques  autres  plantes,  la  structure  racine 
persiste  ici  dans  le  cotylédon  ;  une  section  transversale  du  pétiole  cotylédonnaire  est 
réniforme,  le  hile  étant  occupé  par  les  vaisseaux.  Les  pointes  primaires  occupent  le 
plan  de  symétrie;  les  vaisseaux  du  bois  sont  disposés  suivant  deux  arcs  symétriques 
et  les  derniers  formés  occupent  la  face  interne  des  libers.  Il  n'y  a  aucunement  ten- 
dance à  la  disposition  radiale;  cette  disposition  est  au  contraire  dépassée,  en  quelque 
sorte,  puisque  les  pointes-  primaires  viennent,  dans  les  pétioles  cotylédonaires,  se 
placer  dans  un  plan  perpendiculaire  au  plan  qu'elles  occupaient  dans  la  tigelle. 

))  La  jeune  tige  est,  au  début,  sans  relation  vasculaire  avec  les  faisceaux  de  la 
plantule;  on  voit  bientôt  apparaître  dans  le  méristème  vasculaire  quatre  petits  vais- 
seaux spirales  dessinant  les  quatre  angles  du  cylindre  central  et  allant  rejoindre  l'en- 
semble des  faisceaux   cotylédonaires.  Ces  quatre  petits   vaisseaux  indiquent  les  pôles 


SÉANCE    DU    l6    NOVEMBRE    19o3.  Bo5 

ligneux  de  petits  fascicules  élémentaires;  plusieurs  petits  fascicules  élémentaires 
apparaissent  successivement  dans  chaque  angle,  leur  ensemble  constituant  un  faisceau 
composé. 

»  Il  se  développe  dans  le  Lamium  album,  au  niveau  de  la  bifurcation  des  faisceaux 
libériens,  de  fortes  racines  adventives;  ces  racines  sont  opposées  et  naissent  dans  le 
plan  qui  coupe  symétriquement  les  cotylédons  ainsi  que  les  libers  de  la  tigelle. 

))    En  résumé,  (hins  une  Labiée  telle  que  le  Lamium  album  : 

»  1.  La  structure  ti^e  s'établit  indépendamment  de  la  tigelle  et  il  n'y  a 
pas  à  proprement  parler  de  passage  de  la  racine  à  la  tige. 

»  2.  Les  cotylédons  dans  le  Lamium  album  (ainsi  que  dans  plusieurs 
antres  Labiées  :  Leonurus  Cardiaca,  Phlomis  agraria,  Nepela  Cataria,  Cala- 
minlha  Clinopodium,  Hyssopus  officinalis,  etc.)  présentent  une  disposition 
alterne  très  nelte  des  éléments  libériens  et  ligneux. 

»  3.  Les  racines  adventives  qui  naissent  au-dessous  des  cotylédons  sont 
au  nombre  de  deux,  dans  un  plan  perpendiculaire  au  plan  des  faisceaux 
ligneux  primaires  de  l'axe  hypocotylé.    » 


MINÉRALOGIE.  —  Sur  le  polymorphisme  des  nitrates. 
Note  de  M.  Fréd.  Wallerant,  présentée  par  M.  de  Lapparent. 

«  On  sait  quel  intérêt  présente,  au  point  de  vue  du  polymorphisme, 
l'étude  des  nitrates  alcalins;  quand  on  fait  varier  la  température  de  cris- 
tallisation, on  les  voit  changer  de  système  cristallin  avec  la  plus  grande 
facilité;  je  me  suis  proposé  de  compléter  les  résultats  connus  en  opérant 
la  cristallisation  aux  basses  températures.  Depuis  les  recherches  de  Fran- 
kenheim,  Lehmann  et  Wyrouboff,  on  sait  que  le  nitrate  d'ammoniaque, 
quand  la  température  baisse,  cristallise  successivement  dans  les  systèmes 
cubique,  quadratique,  orthorhombique,  monoclinique  quasi-ternaire.  Or, 
si  l'on  refroidit  des  cristaux  de  cette  dernière  forme  à  une  température 
un  peu  supérieure  à  celle  de  la  neige-acide  carbonique,  on  voit  se  produire 
de  nombreuses  lamelles  liémitropes,  qui  disparaissent  bientôt  pour  donner 
naissance  à  des  cristaux  homogènes  uniaxes,  dont  la  biréfringence  est 
inférieure  à  celle  des  premiers  cristaux.  Le  phénomène  est  réversible;  on 
passe,  autant  de  fois  que  l'on  veut,  d'une  forme  à  l'autre  en  faisant  varier 
la  température.  C'est  en  outre  un  cas  de  polymorphisme  direct,  suivant 
l'expression  de  Wyrouboff,  c'est-à-dire  que  l'orientation  de  l'une  des 
formes  est  déterminée  par  celle  de  l'autre;    en   passant  d'une   forme   à 

G.  R.,  1903,  2»  Semestre.  (T.  CXXXVK,  IS°  20.)  •  "^ 


8o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'autre  et  en  revenant  à  la  première,  on  constate  que  celle-ci  présente  la 
même  teinte  de  polarisation.  En  outre,  il  y  a  contraction  notable,  proba- 
blement dégagement  de  chaleur,  lors  du  passage  de  la  forme  biaxe  à  la 
forme  uniaxe.  Il  est  facile  de  montrer  que  cette  dernière  est  rhomboé- 
drique;  on  constate,  en  effet,  que  les  lamelles  hémitropes,  que  produit  le 
refroidissement  dans  les  cristaux  monocliniques,  sont  réparties  en  deux 
systèmes,  et  que  les  sections  de  ces  cristaux,  où  les  lamelles  font  entre 
elles  un  angle  voisin  de  120°,  donnent  naissance  par  transformation  à  des 
plages  sensiblement  perpendiculaires  à  l'axe  optique  de  la  nouvelle  forme. 
Or  j'ai  montré  que  des  lamelles  hémitropes  ne  pouvaient  se  produire,  par 
actions  mécaniques,  que  si  le  plan  de  macle  était  un  plan  diamétral  du 
cristal.  Si  donc  deux  lamelles  symétriques  par  rapport  à  ce  plan  de  macle 
se  fondent  par  la  transformation  en  une  seule  plage,  autrement  dit  si  elles 
deviennent  parallèles,  c'est  que  le  plan  diamétral  se  transforme  en  un 
plan  de  symétrie.  Par  conséquent  la  forme  uniaxe  possède  deux  plans  et, 
par  suite,  trois  plans  de  symétrie  à  120°,  passant  par  l'axe  optique  :  le 
cristal  est  donc  rhomboédrique. 

»  On  voit  comme  conclusion  que  le  nitrate  d'ammoniaque  est  susceptible 
de  cristalliser  dans  cinq  systèmes,  sur  six  que  l'on  distingue  en  tout.  Il  n'est 
d'ailleurs  pas  possible  de  prévoir  les  transformations  qui  se  produiraient 
si  on  le  soumettait  à  une  température  inférieure  à  celle  de  l'air  liquide. 

»  f^e  nitrate  de  césium  présente  d'autres  particularités  intéressantes  : 
cubique  au-dessous  de  son  point  de  fusion,  il  devient  en  refroidissant 
rhomboédrique.  Or,  si  l'on  amène  progressivement  un  cristal  rhom- 
boédrique cà  la  température  de  l'air  liquide,  on  voit  la  biréfringence  dimi- 
nuer jusqu'à  devenir  nulle  :  le  cristal  est  de  nouveau  isotrope.  Mais  il  y  a 
une  différence  notable  entre  les  deux  passages  de  la  forme  rhomboédrique 
à  i'isotropie  :  quand  le  passage  est  déterminé  par  l'élévation  de  tempéra- 
ture, la  transformation  est  brusque,  et  donne  naissance  à  un  véritable 
corps  cubique.  Au  contraire,  dans  le  cas  du  refroidissement,  la  transfor- 
mation est  progressive,  de  telle  sorte  que,  si  la  bu^éfrigence  est  pratique- 
ment nulle,  théoriquement  le  corps  est  toujours  un  uniaxe  ayant  pour  axe 
principal  un  axe  ternaire.  Les  faits  observés  sur  le  nitrate  de  césium 
viennent  donc  nettement  à  l'appui  de  l'idée  émise  par  M.  Wyrouboff,  que 
certains  corps  cubiques  doivent  être  en  réalité  considérés  comme  uniaxes, 
les  uns  ayant  pour  axe  principal  un  axe  ternaire,  les  autres  un  axe  quater- 
naire. Cette  constatation  n'est  pas  sans  importance,  car  il  est  évident  que 
ces  différentes  variétés  de  corps  isotropes  ne  sauraient  être  considérées 


SÉANCE    DU    j6    novembre    ir)o3.  807 

comme  isomorphes;  elle  permet  donc  d'expliquer  pourquoi  certains  corps 
cubiques  ne  peuvent,  contre  toute  attente,  donner  naissance  à  des  mé- 
langes cristallisés.   » 


GEOLOGIE.  —  Sur  quelques  analogies  de  faciès  géologiques  entre  la  zone  cen- 
trale des  Alpes  orientales  et  la  zone  interne  des  Alpes  occidentales.  Note  de 
M,  Pierre  Termier,  présentée  par  M.  Marcel  Bertrand. 

«  En  suivant  les  excursions  du  neuvième  Congrès  géologique  interna- 
tional au  Zillertal  et  au  Semmering,  j'ai  été  vivement  frappé  de  la  simili- 
tude, allant  jusqu'à  l'identité,  de  certains  des  faciès  géologiques  de  la  zone 
centrale  des  Alpes  autrichiennes  et  des  faciès  que  présentent,  dans  les  Alpes 
franco-italiennes,  les  terrains  de  même  âge. 

»  Semmering.  —  J'ai  observé,  au  Semmering,  sous  la  conduite  de  M.  Toula,  une  série 
de  couches,  parfaiiement  concordantes,  dirigées  est-ouest,  et  plongeant,  au  nord, 
sous  les  couches  de  Werfen  et  les  calcaires  du  Trias  (nordliche  Kalkzone). 

»  Cette  série  comprend  :  des  schistes  houillers,  avec  flore  de  Schatzlar  (M.  Toula); 
des  phyllades  plus  ou  moins  métamorphiques,  passant  fréquemment  à  des  micaschistes 
et  contenant  de  nombreuses  intercalations  de  schistes  verts  pjrox.éniqu.es,  et  quelques 
intercalations,  plus  rares,  d'une  roche  feldspathique  à  riébeckite  (Forellenstein  )  ;  des 
quarlzites,  fréquemment  phylliteux,  auxquels  s'associent  des  calcschisles  ;  enfin,  des 
calcaires,  où  M.  Toula  a  découvert  des  Diplopores,  et  qui  sont,  au  moins  dans  leur 
grande  masse,  d'âge  triasique.  J'insiste  sur  ce  fait  qu'il  n'y  a  pas  une  seule  discordance 
réelle.  Les  discordances  que  l'on  a  signalées  sont,  toutes,  purement  locales  et  d'ordre 
mécanique.  Je  ne  crois  pas  non  plus  qu'il  y  ait  de  failles.  Mais  la  série  est  fortement 
plissée,  avec  des  étirements  intenses. 

»  L'analogie  avec  la  série  sédimentaire  de  la  Vanoise  (Alpes  de  Savoie)  est  saisis- 
sante. Mêmes  calcaires  du  Trias,  et,  sous  ces  calcaires,  mêmes  quartzites,  blancs,  verts 
ou  rosés,  fréquemment  phylliteux;  et  mêmes  calcschisles.  Entre  un  Houiller  déjà 
touché  par  le  métamorphisme,  mais  cependant  encore  fossilifère,  et  un  Trias  déjà  fort 
cristallin,  même  intercalation  d'une  puissante  série  de  phyllades,  de  poudingues  séri- 
ciliques,  et  de  micaschistes.  La  seule  dilTérence  est  dans  le  remplacement  des  glauco- 
phanites  par  des  roches  à  riébeckite,  et  dans  la  fréquence  des  schistes  à  pyroxène. 

»  La  série  cristallophyllienne  ou  semi-cristallophyllienne  du  Semmering  est  pétro- 
graphiquement  identique  au  Permien  métamorphique  de  la  Vanoise,  et  ses  relations 
avec  le  Trias  et  le  Houiller  sont  les  mêmes.  De  plus,  le  Trias  est  ici  le  même  que  dans 
la  Vanoise;  et,  comme  dans  la  Vanoise,  le  métamorphisme  régional  a  déjà  touché  le 
Trias  et  le  Houiller,  sans  les  transformer  intégralement. 

»  Zillertal.  —  Les  Alpes  du  Zillertal,  que  j'ai  visitées  sous  la  conduite  de  M.  Becke, 
correspondent  à  la  terminaison  occidentale  des  Hohe  Tauern.  On  y  voit  une  puissante 
série  gneissique  et  granitique  (Zentralgneis)  s'enfoncer  au  nord,  à  l'ouest  et   au   sud, 


8o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

sous  une  série  schisteuse  mélamorphique,  parfaitement  concordante,,  que  l'on  appelle 

la  Schieferhlille. 

»  La  Schieferhulle   comprend  des  mai'Lres  (Hochstegenkalk),   des  conglomérats 

métamorphiques  (Konglomeratgneis),  des  quartziles,  des  micaschistes  et  des  amphi- 

bolites  variées;  elle  comprend  aussi  un  puissant  étage  de  calcschistes  (Kalkphjllite  ou 

Kalkglimmerschiefer  ). 

»   Sur  la  Schieferhulle  il  j   a   des  lambeaux  de  calcaires  triasiques,  réputés  trans- 

gressifs,  mais  qui  m'ont  paru  être,  en  réalité,  toujours  et  absolument  concordants. 
»  Ce  Trias,  qui  surmonte  ainsi  la  Schieferhulle,  a  les  caractères  du  Trias  de  la  Haule- 

Maurienne  :    quaitzites,   fréquemment   sériciteux   et  albiliques,    marbres   phjlliteux, 

calcaires   souvent  albitiques.   A.  Mauis,  où  l'on  a   trouvé   des   Dactylopores,    il  y  a  le 

double  faciès  des  calcaires  delà  Vanoise  (marbres  plivlliteux  et  calcaires  francs). 
»  Je  suis  ariivé  à  la  conviction  que  les    marbres  et  quartziles  de   la  Schieferhulle 

sont  eux-mêmes   d'âge  triasique.  La  coupe  du  Wolfeudorn  à   la   Weissespilze,  par  le 

Schlusseljoch,  est,  à  cet  égard,  tout  à  fait  démonstrative. 

»  Quant  aux  calcschistes  de  la  Schieferhulle,  il  n'y  a  pas  de  doute  possible  :  ce  sont  nos 
Schistes  lustrés.  A  Mairhofen,  ils  sont,  de  par  l'étirenient,  réduits  à  une  bande  de  3oo'" 
à  4oo™  de  largeur;  mais  celle  bande,  absolument  continue,  va  s'élargissant  rapidement 
vers  l'ouest.  Elle  contourne  le  massif  par  le  Brenner,  Sterzing  et  le  Hfitschlal.  Sa  lar- 
geur peut  alors  atteindre  lo"^™;  etl'ou  suit  cette  même  bande,  toujours  continue,  jus- 
qu'au delà  du  Gross-Glockner,  soit  sur  plus  de  loo''"'  de  longueur.  Ces  Schistes  lustrés 
sont  identiques  à  nos  Schistes  lustrés  de  la  Maurienne,  de  la  Tarentaise,  du  Piémont, 
de  rUbaye;  ils  renferment  les  mêmes  inlercalations  de  roches  vertes;  et  ils  ont,  avec 
le  Trias,  les  mêmes  rapports  que  dans  nos  Alpes,  le  Trias  séparant  les  Schistes  lustrés 
des  gneiss,  et  formant,  d'ailleurs,  avec  les  uns  et  les  autres,  une  série  concordante. 

»  Ces  analogies  sont  telles  que  je  n'hésite  pas  à  conclure  que  les  Kalkphyllite  (ou 
Kalkglimmerschiefer)  de  la  Schieferhulle  sont,  comme  nos  Schistes  lustrés,  une  série 
cristallophyllienne  mésozoïque  (postérieure  aux  calcaires  à  Diplopores)  (^).  Je  suis 
également  très  convaincu  qu'une  bonne  partie  des  autres  termes  de  la  Schieferhulle 
est  d'âge  triasique.  Et  quant  aux  micaschistes  et  aux  gneiss  du  Zillertal,  y  compris  le 
Zentralgneis,  j'y  vois  l'équivalent  de  la  série  cristallophyllienne  du  Grand-Paradis  et 
du  Mont-Rose,  c'est-à-dire  de  la  série  cristallophyllienne  permo-houillère  des  Alpes 
d'Occident.    » 


(^)  M.  Ed.  Suess  a  exprimé,  il  y  a  treize  ans,  une  opinion  analogue;  mais  tous  les 
autres  géologues  autrichiens  regardent  les  Kalkphyllite  en  question  comme  anté- 
rieures au  Trias,  et  beaucoup  y  voient  un  étage  paléozoïque  très  ancien.  Il  paraît  que 
Charles  Lory,  au  cours  d'un  voyage  qu'il  fil,  il  y  a  quelque  trente  ans,  au  Zillertal, 
en  compagnie  de  M.  Tschermak,  insista  sur  Videntité  de  ces  calcschistes  et  des  Schistes 
lustrés  de  la  Maïu-icnne. 


SÉANCE    DU    l6   NOVEMBRE    iQoS.  809 


GÉOLOGIE.  —  Sur  les  puits  artésiens . 
Note  de  M.  D.  Pantaxelli,  présentée  par  M.  Albert  Guudry. 

«  Tous  les  mineurs  savent  que,  dans  beaucoup  de  cas,  la  pression  des 
roches  dans  lesquelles  sont  ouvertes  les  galeries  est  énorme.  Ces  pressions 
doivent  aider  au  jaillissement  des  puits  artésiens  et  ajouter  leur  influence 
à  celle  qui  dérive  de  la  pression  hydrostatique.  Le  problème  ne  pouvait 
pas  être  résolu  théoriquement;  l'observation  seule,  dans  des  conditions 
particulières  et  bien  définies,  peut  le  trancher. 

))  Ces  conditions  ont  été  trouvées  dans  le  sous-sol  de  Modèneoij,  depuis 
bien  des  siècles,  on  |)ratique  des  forages  pour  atteindre  les  différentes 
nappes  aquifères  comprises  dans  la  puissante  formation  argileuse  qui 
comble  la  vallée  du  Pô,  au-dessus  des  terrains  néogènes.  Les  nappes  aqui- 
fères sont  au  nombre  de  trois;  elles  ont  leur  point  d'affleurement  là  où  les 
fleuves  qui  descendent  des  Apennins  débouchent  dans  la  plaine  et  elles 
dérivent  des  difterents  dépôts  abandonnés  pendant  les  divagations  de  ces 
fleuves.  Les  cailloux  et  les  graviers  diminuent  de  grosseur,  à  mesure  que 
l'on  s'éloigne  des  dernières  collines  et  se  fondent  complètement  dans  la 
formation  argileuse,  à  peu  près  au  droit  de  la  zone  où  les  fleuves  actuels 
cessent  de  charrier  les  graviers,  j)our  ne  déposer  que  du  sable  et  du  limon. 

»  Les  trois  nappes  aquifères,  en  dehors  de  la  nappe  fréalique,  sont  à  la  profondeur 
de  21™,  45™  et  82'",  qui  correspond  à  i3",  11'"  et  48'"  par  rapport  au  niveau  de  la  mer. 
Ces  nappes,  ayant  la  même  origine  à  i  10°'  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  sont  entre 
elles  absolument  indépendantes. 

»  Au  moyen  d'appareils  enregistreurs  automatiques,  j'ai  observé  pendant  plus 
de  cinq  années  les  variations  journalières  du  niveau  des  eaux  fréatiques  superficielles 
et  les  variations  du  niveau  piézométrique  des  eaux  de  la  première  nappe  de  21'"  dans 
laquelle  s'ouvre  plus  d'un  millier  de  puits, 

»  Les  variations  diurnes  des  eaux  fréati<jues  ont  un  maximum  de  i™,5o;  celles  des 
eaux  profondes  de  i5<='";  la  correspondance  horaire  des  diagrammes  enregistrés  a 
montré  invariablement  que  le  sens  des  variations  est  toujours  de  même  nature,  c'est- 
à-dire  que  l'exhaussement  du  niveau  piézométrique  des  eaux  profondes  contenues 
dans  une  couche  de  gravier  entre  deux  couches  d'argile  étanches,  monte  ou  descend 
avec  la  pluie  locale,  tandis  qu'il  ne  se  ressent  pas  des  crues  des  fleuves  qui  alimentent 
la  nappe  aquifère,  quand  ces  crues  sont  dues  à  des  pluies  limitées  au  massif  mon- 
tagneux. 

»  Ne  pouvant  pas  attribuer  ces  variations  à  la  possibilité  d'une  communication 
entre  les  deux  nappes,  car  le  niveau   piézométrique  des  eaux  profondes  est  toujours 


8lO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

très  supérieur  au  niveau  des  eaux  fréatiques,  il  ne  reste  pour  les  expliquer  qu'à 
recourir  à  l'accroissement  de  pression  dépendant  de  l'imbibitiou  des  couches  superfi- 
cielles. La  déduction  est  tliéoriquement  possible,  M.  Volterra  ayant  démontré  qu'une 
couche  de  neige  de  o"*,  5o  sur  une  aire  circulaire  de  loo'^'"  doit  déterminer  une  pression 
de  6™"°;  il  est  cependant  nécessaire  d'en  démontrer  la  possibilité  par  une  autre  voie. 

M  M.  Dupuit  a  établi  en  1861  des  formules  pour  déteniùner  le  débit  des 
puits  artésiens;  soumises  aux  discussions  les  plus  variées,  elles  n'ont  reçu 
aucune  modification  substantielle.  Comme  il  a  tenu  compte  seulement  du 
massif  filtrant  autour  du  forage,  ses  formules  sont  indépendantes  de  l'ori- 
gine de  l'eau.  Cette  particularité  les  rend  inapplicables  à  la  résolution  de 
mon  problème,  mais  elles  m'ont  permis  de  calculer  le  coefficient  moyen 
d'éduction  de  diverses  nappes,  c'est-à-dire  le  débit  moyen  pour  un  rayon 
d'orifice  déterminé,  à  1™  de  hauteur  au-dessous  du  niveau  piézométrique. 
Au  moyen  de  ce  nombre,  j'ai  pu  calculer  la  vélocité  dans  le  milieu  filtrant 
au  fond  du  puits  et  la  chute  de  pression  correspondante;  connaissant  la 
hauteur  d'affleurement  des  nappes  aquifères,  la  perte  de  chute  représente 
les  résistances  dues  à  lafiltration.  L'observation  constante  a  toujours  con- 
duit à  des  valeurs  plus  petites  que  celles  qui  étaient  nécessaires  pour  élever 
l'eau  à  son  niveau  piézométrique.  Une  nouvelle  charge  devait  se  joindre  à 
celle  que  l'eau  possédait  originairement  et  cette  charge  ne  pouvait 
dépendre  que  de  la  pression  exercée  par  les  couches  superposées.  Le  calcul 
m'a  démontré  que  ces  hypothèses  sont  fondées. 

);  De  même,  le  fait  bien  connu  des  puits  artésiens  au  bord  de  la  mer, 
dont  le  débit  croît  et  décroît  avec  la  marée,  dépendrait  de  l'accroissement 
de  pression  clans  la  région  environnante, 

»  Je  réserve  à  une  publication  plus  étendue  tous  les  tableaux  des 
nombres  observés  et  la  complète  discussion  de  mes  observations.   » 


GÉOLOGIE.  —  Sur  un  niveau  fossUifêre  nouveau  du  Keuper  franc- comtois. 
Noie  de  Mi\L  M.  Piroutet  et  Arm.  Laurent,  présentée  par  M.  Michel 
Lévy. 

«  Nous  avons  observé  ilans  le  Keuper  franc-comtois  un  niveau  remar- 
quable à  la  fois  |)ar  le  mode  spécial  de  fossilisation  des  organismes  qu'il 
renferme  et  par  la  continuité  avec  laquelle  il  se  retrouve  à  une  grande 
distance.  Nous  l'avons  trouvé  en  deux  points  éloignés  de  plus  de  100'""  :  à 


SÉANCE    DU    t6   novembre    1903.  81  t 

Salins  (Jura)  au  lieu  dit  les  Laffenels{')  et  à  Bongey  (Haute-Saone),  aux 
lieux  dits  le  Trou- de-Tienne  et  Derriêre-les-Vignes  {-). 

»  i"  Position  stratigraphique.  —  a.  A  Snlins,  on  trouve,  entre  le  premier  et  le 
deuxième  banc  de  Dolomie,  la  succession  suivante,  de  bas  en  haut  : 

»  1.  Première  Dolomie.  2.  Gypse  rouge  et  G.  noirâtre  (niveau  du  G.  hématoïde). 
3.   Marnes,  Grès  et  Houille.  4.  Marnes  bariolées,  o.  Deuxième  Dolomie. 

»  C'est  à  la  base  du  groupe  4,  dans  une  couche  bariolée  de  couleurs  très  vives,  que 
se  rencontre  le  niveau  en  question, 

»  b.  A  Bougey,  bien  que  la  coupe  soit  mal  dénudée,  on  voit  cependant  très  nette- 
ment que  ce  niveau  est  situé  dans  les  Marnes  bariolées  qui  surmontent  le  Grès  moven 
du  Iveuper,  à  une  faible  distance  de  ce  dernier  et  en  relation  avec  une  Marne  rutilante. 
»  2°  Nature  du  gisement.  —  Au  niveau  ainsi  défini  se  présentent,  dans  les  deux 
localités,  des  rognons  irrégulïers  formés  d'une  roche  quartzeuse  noirâtre,  quelquefois 
rougeàtre,  comparable  à  une  Phtanite.  D'une  dureté  voisine  de  7,  elle  se  cas-^e  irré- 
gulièrement en  faisant  feu  sous  le  marteau.  Ces  rognons  sont  souvent  caverneux. 

»  A  Salins,  les  cavités  sont  souvent  remplies  d'une  matière  siliceuse  pulvérulente 
d'un  jaune  roux;  de  plus,  les  Phtanites  sont  accompagnées  d'Hématite  rouge  à  laquelle 
elles  sont  intimement  liées,  car  les  i^ognons  offrent  tous  les  intermédiaires  entre  la 
roche  entièrement  siliceuse  et  celle  entièrement  ferrugineuse. 

»  A  Bougey,  nous  n'avons  pas  trouvé  l'Hématite.  [Toutefois,  dans  une  localité  peu 
éloignée,  à  Saponcourt,  un  sondage  a  rencontré,  d'après  Thirria  {loc.  cit.,  p.  3oi),  du 
Fer  oxydé  rouge  à  ces  niveaux  et  avec  une  allure  analogue.] 

»  En  revanche,  on  y  rencontre  de  nombreuses  concrétions  quartzeuses,  souvent 
zonées  de  rouge  à  l'intérieur  et  présentant  parfois  de  beaux  cristaux  pvramidés  de 
diverses  variétés  de  Quartz  (hjalin,  enfumé,  jaune). 

))  3°  Fossiles.  —  Ces  rognons  ne  sont  autre  chose  que  des  débris  de  Véo^étaur 
silicifiés  et  empâtés  dans  la  silice.  Les  échantillons  recueillis  appartiennent,  pour  la 
plupart,  au  genre  Equisetum;  on  trouve  aussi  l'empreinte  de  diverses  feuilles  parallé- 
linerves  et  des  fragments  de  troncs  silicifiés. 

»  A  Bougey,  la  conservation  est  remarquable  et  beaucoup  de  détails  morpholo- 
giques sont  gardés  avec  une  grande  netteté.  A  Salins,  la  conservation  est  moins  bonne; 
toutefois,  il  est  possible  d'identifier  spécifiquement  les  fossiles  recueillis  avec  ceux  de 
Bougey. 

))  Ces  considérations  montrent  que  ce  niveau  peut  rendre  des  services 
à  la  fois  au  point  de  vue  stratigraphique,  en  donnant  un  nouveau  point  de 
repère  certain  pour  établir  l'homologie  dans  les  parties  de  l'étage  en  deux 

(')  La  coupe  des  Laffenets  a  été  donnée  par  Marcou  {Recherches  géologiques  sur 
le  Jura  salinois);  mais  elle  est  erronée  pour  les  niveaux  qui  nous  occupent.  Pidancet 
{Géologie  du  Jura,  iS63)  reproduit  les  mêmes  erreurs. 

(^)  Voir  Thirria,  Statistique  niinéralogique  et  géologique  de  la  Haute-Saône, 
i833,  p.  3oi . 


8i2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

points  assez  éloignés  et,  au  point  de  vue  paléontologique,  à  cause  de  la 
rareté  des  fossiles  bien  conservés  dans  le  Keuper  de  notre  région.   « 

PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Comparaison  des  diverses  lettres  au  point  de  vue  de 
la  vitesse  de  la  lecture.  Forrtmtion  d'un  alphabet  rationnel.  Note  de 
MM.  AxDRÉ  Broca  etD.  Sulzer,  présentée  j)ar  M.  d'Arsonval. 

«  Dans  des  Notes  précédentes,  nous  avons  étudié  l'énergie  nécessaire 
pour  permettre  à  l'appareil  visuel  de  reconnaître  une  forme  dans  le  cas 
théorique  oi^i,  la  rétine  étant  d'abord  obscurée,  une  petite  plage  portant 
soit  des  traits,  soit  une  lettre,  apparaît  subitement.  Nous  avons  tiré  de  là 
des  conclusions  théoriques,  mais  il  n'y  avait  pas  lieu  d'en  tirer  des  conclu- 
sions pratiques,  car  ce  n'est  pas  dans  ces  conditions  que  se  produit  l'acte 
de  la  lecture.  Dans  celui-ci,  la  rétine  est  constamment  impressionnée  par 
du  papier  blanc,  et,  quand  on  fixe  une  lettre  noire,  le  processus  rétinien 
par  lequel  elle  est  perçue  est  tout  à  fait  différent  de  celui  qui  est  mis  en 
jeu  dans  nos  expériences  précédentes.  Dans  celles-ci,  en  effet,  le  phéno- 
mène lumineux,  origine  de  la  notion  de  forme,  est  celui  de  l'établisse- 
ment de  la  sensation  sur  une  zone  rétinienne  obscurée  préalablement,  et 
l'on  ne  peut  certainement  pas  reconnaître  une  lettre  tant  que  la  sensation 
n'est  pas  devenue  assez  forte  pour  permettre  de  distinguer,  au  point  de  vue 
lumineux  brut,  l'éclat  de  la  lettre  de  celui  du  fond.  L'étude  du  phénomène 
nous  a  d'ailleurs  montré  que  les  choses  étaient  bien  plus  complexes,  et  que 
la  ])erception  des  formes  pouvait  n'avoir  pas  lieu  pour  des  temps  d'admis- 
sion de  la  lumière,  très  courts  il  est  vrai,  mais  qui  donnent,  par  cela  même, 
des  sensations  quatre  et  cinq  fois  plus  fortes  que  la  même  lumière  en  régime 
permanent;  il  y  a  donc  autre  chose  à  considérer  (pie  l'établissement  fie  la 
sensation,  mais  il  est  évident  que  la  première  condition,  insuffisante,  mais 
nécessaire,  est  que  la  différence  d'impression  entre  le  caractère  à  distin- 
guer et  le  fond  ait  pris  une  valeur  notaI)le. 

»  Dans  le  cas  de  la  lecture  ordinaire,  le  phénomène  lumineux,  origine  de  la  percep- 
tion d'une  forme,  n'est  pas  l'établissement  d'une  sensation  sur  une  rétine  obscurée, 
mais  le  phénomène  inverse  :  obscuration  d'une  région  rétinienne  sur  laquelle  cesse 
l'action  de  la  lumière.  Le  phénomène  primordial  est  donc  celui  de  la  persistance  des 
impressions  lumineuses.  Nous  ne  pouvons  certainement  pas  distinguer  une  lettre  noire 
apparaissant  subitement  sur  fond  blanc,  tant  que  la  courbe  de  la  jiersistance  en  fonc- 
tion du  temps  n'aura  pas  baissé  assez  au  moins  pour  nous  permettre  de  diflérentier 
deux   plages   voisines.  Et  comme  ce  temps,  pour  les  lumières  fortes,    est  au  moins 


SÉANCE    DU     l6    NOVEMBRE    le^oS.  8l3 

de  o*, 02  et  que,  pour  les  lumières  faibles,  il  s'allonge  beaucoup,  nous  devons  nous 
attendre  à  ne  rien  pouvoir  distinguer  en  un  temps  inférieur  à  o%02. 

))  Nous  avons  constamment  vérifié  le  fait.  Alors  que,  dans  les  expériences  sur  fond 
noir,  on  obtient  des  temps  minimums  très  courts  pour  la  lecture,  dans  les  expériences 
sur  fond  blanc  nous  n'avons  jamais  pu  descendre  au-dessous  de  o^,  02,  temps  minimum 
de  la  persistance. 

»  La  technique  expérimentale  est  simple.  Ln  disque  rotatif  percé  d'un  trou  réglable 
découvre  pendant  un  temps  mesurable  une  image  aérienne  d'une  lettre;  ce  disque  est 
blanc  du  côté  de  l'observateur,  et  son  éclat  est  réglé  égal  à  celui  du  fond  sur  lequel  se 
détache  la  lettre. 

»  Dans  ces  conditions,  on  observe  peu  de  diflférences  entre  les  diverses  lettres  pour 
les  grands  diamètres  apparents  (acuité  visuelle  demandée  à  l'œil,  |);  les  différences 
sont  masquées,  car  la  durée  de  la  persistance  est  grande  par  rapport  au  temps  néces- 
saire pour  la  mise  en  jeu  du  sens  des  formes  qui,  dans  ces  conditions,  peut  descendre 
au-dessous  de  o%oo5.  Mais,  pour  les  diamètres  apparents  plus  petits  (  acuité  visuelle,  1), 
on  voit  que  le  temps  nécessaire  pour  reconnaître  un  T  est  toujours  d'environ  |  plus 
court  que  celui  qui  est  nécessaire  pour  reconnaître  un  E.  Cette  différence  est  beaucoup 
moindre  que  celle  qui  ressort  entre  les  mêmes  lettres  de  l'étude  de  la  rétine  obscurée; 
cela  tient  à  la  cause,  ci-dessus  indiquée,  de  la  persistance. 

»   Nous  pouvons  tirer  de  là  deux  conclusions  : 

»  i*'  Notre  alphabet  actuel  est  mal  conçu  an  point  de  vue  physiologique; 
il  devrait  être  composé  de  caractères  d'un  dessin  très  simple  comme  T  ou  L  ; 
la  vitesse  de  reconnaissance  des  lettres  serait  augmentée  d'un  tiers,  et  peut- 
être  la  fatigue  cérébrale  diminuée  dans  une  proportion  plus  grande  encore. 


0\»^-]r-- 


V 


Vuh- 


Q 


Nous  avons  cherché  les  formes  les  plus  propices,  et  nous  les  donnons  ici 
(  /ig:  i)  pour  les  grands  caractères.  Pour  ceux-ci,  il  n'y  a  que  ces  vingt-neuf 

G.  K.,  1903,  ■>'  Semestre.  (T.  C\.XXVII,  N°  20.)  IO7 


SiA 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


formes  qui  soient  réellement  bonnes.  Pour  les  petits  caractères,  où  l'on 
admet  deux  tailles  de  lettres  et  deux  positions  de  grandes  tailles  par  rap- 
port à  la  liçne,  on  a  bien  plus  de  choix;  nous  donnons  quelques  exemples 

(/«••2)(0; 


l'if 


\/ 


L1 


[]  nu 


»  2^  Il  y  aurait  tout  intérêt  à  imprimer  blanc  sur  noir  au  lieu  de  noir  sur 
blanc,  au  point  de  vue  physiologique.  Les  temps  nécessaires  à  la  reconnais- 
sance d'une  lettre  pour  les  acuités  visuelles  voisines  de  {,  qui  sont  les  plus 
courantes,  sont  en  effet  dix  fois  plus  courts  que  dans  le  cas  de  l'impression 
en  noir  sur  blanc,  pour  les  éclairements  usuels. 

»  Cette  étude  porte  sur  l'acte  élémentaire  de  la  lecture;  il  reste  à  voir 
comment  on  lit  les  groupes  de  lettres  et  les  mots  complets.  Dans  ce  dernier 
acte,  il  est  bien  probable  qu'on  n'analyse  pas  toutes  les  lettres.  Nous  nous 
proposons  de  poursuivre  cette  étude.  » 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  La  résistance  électrique  du  corps  humain. 
Note  de  M.  Stéphane  Leduc,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  On  admet  jusqu'ici  que  la  résistance  électrique  du  corps  humain  est 
surtout  celle  de  la  peau,  et  que  la  résistance  de  la  peau  dépend  de  sa  vas- 
cularisation  et  de  son  degré  d'imprégnation  liquide.  L'expérience  infirme 
complètement  cette  opinion. 

»   Si  l'on  ferme  un  circuit  électrique  ayant  une  force  électromolrice  bien  constante 


(1)  Ces  figures  sont  extraites  du  Journal  de  Physiologie  et  de  Pathologie  géné- 
rale; nous  les  y  avons  publiées  en  juillet,  mais  sans  discuter  leur  choix  dans  le  cas  de 
la  lecture  pratique,  comme  nous  venons  de  le  faire.  On  trouvera  dans  notre  Mémoire 
les  courbes  complètes  du  phénomène. 


SÉANCE   DU    i6  NOVEMBRE    igoS.  8i5 

en  plongeant  successivement  une  main,  à  la  même  profondeur,  dans  des  solutions  de 
NaCl  au  j^,  à  0°  et  à  5o°,  en  ayant  soin  que  le  courant  traverse  toujours  les  deux, 
cuves  en  série,  on  ne  constate  aucune  variation  de  l'intensité  du  courant,  par  consé- 
quent aucune  variation  de  la  résistance  du  circuit. 

»  En  introduisant  éleclrolytiquement  de  l'adrénaline  dans  la  peau,  on  produit  une 
anémie  intense  et,  malgré  cette  vaso-constriction,  la  résistance  diminue  beaucoup; 
dans  nos  expériences  elle  est  passée  de  6000  ohms  à  1000  ohms  (1066). 

»  Si,  avec  une  faible  force  électromotrice  (2  volts),  on  ferme  le  circuit  de  5  en 
5  minutes,  pendant  le  temps  nécessaire  à  la  lecture  de  l'intensité,  malgré  l'imprégna- 
tion liquide  résultant  du  contact  de  plus  en  plus  prolongé  des  électrodes,  on  ne  con- 
state aucun  changement  de  l'intensité. 

»  La  résistance  électrique  de  la  peau  ne  dépend  donc  ni  de  sa  vascula- 
risation  ni  de  son  degré  d'imprégnation  liquide.  Elle  déj)end  de  sa  com- 
position chimique,  de  la  nalnre  et  du  nombre  des  ions  qu'elle  contient. 

»  Avec  une  force  électromotrice  bien  constante  (6  volts),  une  résistance  du  reste 
du  circuit  négligeable  par  rapport  à  la  résistance  du  corps,  notant,  à  partir  de  ia  fer- 
meture du  circuit,  les  intensités  de  i5  en  i5  secondes,  ces  intensités  croissent  d'abord, 
puis  deviennent  constantes. 

»  Ayant  une  des  électrodes  très  petite  par  rapport  à  l'autre,  l'influence  de  la  résis- 
tance sous  cette  électrode  prédomine  sur  l'intensité.  Au  moment  du  renversement  du 
courant,  un  ion  différent  pénètre  dans  la  peau  sous  la  petite  électrode,  et  l'intensité 
monte  ou  baisse,  suivant  que  la  résistance  devient  plus  faible  ou  plus  forte,  puis  elle 
atteint  une  valeur  constante. 

»  On  trace  une  courbe  en  portant  les  temps  en  abscisses,  les  intensités  en  ordonnées  : 
c'est  à  la  fois  la  courbe  des  intensités  et  des  conductibilités,  pour  le  voltage  et  pour  les 
ions  considérés.  Ces  courbes  montrent  que  la  résistance  varie  beaucoup  avec  la  nature 
des  ions.  Dans  nos  expériences,  toutes  les  autres  conditions  restant  semblables,  la 
résistance  passe  de  8000  ohms  à  1000  ohms,  par  l'introduction  de  Tion  calcium  au 
lieu  de  celle  de  l'ion  chlore  dans  la  peau. 

»  Pour  l'introduction  d'un  même  ion,  on  élève  le  voltage,  de  2  en  2  volts, 
attendant,  avant  chaque  élévation,  que  l'intensité  soit  devenue  bien  constante; 
on  trace  une  courbe  en  portant  les  volts  en  abscisses,  en  ordonnées  les  résistances 
calculées  à  l'aide  de  la  loi  d'Ohm.  On  constate  que  la  résistance  diminue  rapidement 
d'abord,  puis  de  moins  en  moins  après  chaque  élévation  de  la  tension.  Cette  influence 
est  telle  que,  avec  l'ion  pliosphorique  par  exemple,  lorsque  le  voltage  passait  de  2  à 
12  volts,  la  résistance  tombait  de  10000  à  i  200  ohms. 

))  £'^/'eV?/me^  la  résistance  électrique  du  corps  humain  est  surtout  la  résis- 
tance de  la  peau,  et  celle-ci,  comme  celle  de  tout  électrolyte,  dépend  de  la 
nature  et  de  la  concentration  des  ions  qu'elle  contient. 

»  Dans  les  mêmes  conditions  des  lieux  d'application,  de  grandeur  des 
électrodes,  de  nature  des  ions  et  de  voltage,  on  obtient  toujours  des  résultats 


8lG  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

identiques  à  eux-mêmes.  I.,es  mesures  de  la  résistance  électrique  du  corps 
humain,  faites  dans  ces  conditions,  sont  donc  comparables  et  utilisables 
pour  le  diagnostic. 

»  Les  courbes  dont  nous  avons  indiqué  le  tracé,  prises  sur  (lifférents 
sujets,  offrent  un  grand  nombre  de  particularités  dont  l'interprétation 
constitue  une  véritable  méthode  d'analyse  électrochimique  des  tissus  sur 
l'homme  vivant.  » 


MÉDECINE.  —  Contribution  au  traitement  du  cancer  par  les  rayons  X. 
Note  de  M.  Biraitd,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  Après  les  statistiques  impressionnantes  apportées  par  les  Américains 
Pusey,  Skinner,  Cleaves,  Smith  sur  la  radiothérapie  du  cancer,  les  observa- 
tions isolées  des  Européens  Schiff  de  Vienne,  Mikulicz  de  Breslau, 
Vigourouxde  Paris,  Mondain  d'Angers,  Doumeret  Lemoinede  Lille,  je  ne 
veux  aujourd'hui,  à  l'occasion  d'un  cas  heureux  de  traitement  d'un  cancer 
inopérable  du  sein  par  les  rayons  X,  que  préciser  les  détails  de  la  technique 
que  j'ai  employée. 

»  La  malade,  M'"*  M.,  54  ans,  consulla  en  janvier  1900  le  D""  Polaiilon  pour  une 
tumeur  du  sein  gauche  avec  douleur  irradiée  dans  Taisselle  et  le  bras;  le  diagnostic 
de  tumeur  maligne  fut  aussitôt  porté,  puis  confirmé  par  le  D''  Récamier,  chirurgien 
des  hôpitaux,  qui, pratiqua  le  24  janvier  1900  l'extirpation  du  sein  contenant  un  néo- 
plasme non  adhérent  au  pectoral;  il  disséqua  l'aponévrose  du  grand  pectoral,  puis  les 
aponévroses  de  l'aisselle  et  enleva  la  graisse  et  les  ganglions  du  creux  axillaire;  la  réu- 
nion fut  ensuite  immédiate  et  il  n'y  eut  aucun  incident  sérieux;  sauf  des  douleurs  du 
côté  du  plexus  brachial. 

«  Le  mamelon  était  rétracté,  m'écrivait  le  D''  Récamier,  et,  à  l'examen  analomo- 
»  pathologique  de  la  tumeur,  je  n'ai  eu  aucun  doute  sur  sa  nature. 

»  J'ai  coupé  les  ganglions  et  j'en  ai  trouvé  plusieurs  envahis.  Quant  au  néoplasme 
»  lui-même,  je  déclare  que  si  ce  n'était  pas  là  un ,  épilhélioma  typique,  je  n'en  ai 
)i  jamais  vu  de  ma  vie  «. 

»  Récidive  au  commencement  de  1908.  La  malade  accuse  une  douleur  en  se  couchant 
sur  le  côté  gauche;  son  sein  grossit  et  redevient  sensible;  le  chirurgien  revoit  sa 
malade,  trouve  plusieurs  novaux  de  récidive  cutanés  et  un  ganglion  sus-claviculaire 
adhérent  qui  lui  paraît  contre-indiquer  tout  acte  opératoire  et  conseille  la  radiothé- 
rapie que  je  pratiquai  dans  les  conditions  suivantes  : 

))  Je  tâchai  de  faire  en  sorte  que  tous  les  facteui's  de  l'expérimentation 
fussent  aussi  constants  que  possible  pendant  toute  la  durée  du  traitement  : 
le  voltage,  i'ampérage,  le  nombre  des  interruptions  du  courant  inducteur, 


SÉANCE    DU    l6   NOVEMBRE    1903.  817 

le  vide  de  l'ampoule  radiogène  et,  par  suite,  le  radiochroïsme  des  rayons 
employés,  ne  réservant  qu'une  seule  variable,  la  quantité  des  rayons 
absorbés  réglée  par  le  nombre  et  la  durée  des  séances  d'exposition. 

»  J'y  arrivai  pratiquemenl  en  me  servant  comme  source  de  courant  d'une  batterie 
d'accumulateurs  à  voltage  constant  (70  volts),  d'un  interrupteur  Contremoulins-GaifTe 
dont  la  constance  peut  être  facilement  maintenue  avec  le  rhéostat  du  moteur,  d'une 
bobine  de  Gaiffe  de  o",4o  d'étincelle  et  enfin  d'une  ampoule  grand  modèle,  marque 
V^oltohm  de  Francfort.  Cette  ampoule  jouit  de  la  propriété,  quand  on  en  a  fait  le 
réglage  en  s'aidantde  l'écran  radioscopique  et  du  radiochromomètre  de  L.  Benoist,  de 
fournir  avec  une  grande  constance  des  rayons  d'un  degré  déterminé  de  l'échelle  durant 
toute  la  séance. 

»  N'ayant  pas  affaire  à  un  néoplasme  purement  superficiel,  mais  pouvant  présenter 
des  racines  profondes,  j'employai,  de  propos  délibéré,  des  rayons  moyens  marquant  G 
au  radiochromomètre. 

»  Invariablement,  la  cathode  était  distante  de  o'",ii  de  la  peau;  incidence  sur  la 
cicatrice.  Voltage  :  70  volts  avec  3  ampères  au  primaire.  Soit  210  watts. 

))  Le  Tableau  suivant  indique  le  nombre,  la  durée  et  l'espacement  des  séances 
(23  séances)  : 

m        s  m 

3o 

...    .  .  I 

1 .3o 

2. 

2.3o 

3. 

3.3o 

4. 

3  août 4'3o 

5     »    5 

7     »    5 .  3o 

10     ))    6 

»  C Uniquement,  je  note  à  la  quatrième  séance  la  disparition  des  douleurs  ; 
à  la  sixième,  une  diminution  de  la  tumeur  d'un  tiers  environ.  Etat  station- 
naire  ensuite  jusque  vers  la  quinzième,  moment  où  la  régression  s'accentue 
et  où  les  ganglions  disparaissent  au-dessus  de  la  clavicule  et  du  côté  de 
l'aisselle.  Actuellement,  la  tuméf^iction  est  réduite  des  trois  quarts;  la 
malade  ne  souffre  aucunement  et  les  ganglions  ont  tout  à  fait  disparu. 

))  La  réaction  radiodermitique  a  été  très  légère  et  l'état  général,  bon 
dès  le  début,  n'a  fait  que  s'améliorer  depuis.   » 


i4 

juillet 

16 

» 

21 

Y) 

23 

» 

25 

» 

27 

» 

29 

» 

3i 

» 

12  aoùl 

rr 

17      »    

.  .     8 

21      »    

.  .     8 

25       »      

8 

3 1      »              

.  .      8 

5  septembre  .  .  . 

..     6 

18           » 

..     8 

28 

..     8 

9  octobre 

.  .     5 

23         »        

..     8 

4  novembre.  .  .  . 

..     8 

8t8  académie  des  sciences. 


MÉDECINE.  —  ContribiUiOTi  à  l'étude  de  la  dyscrasie  acide  (^acide  chlorhy- 
driqiie).  Noie  de  MM.  A.  Desgrez  eL  J.  Adler,  ])résentée  par  M.  Bou- 
chard. 

«  L'influence  de  la  dyscrasie  acide  sur  les  échanges  nutritifs  a  été 
depuis  longtemps  mise  en  lumière  par  les  travaux  du  Professeur  Bouchard. 
Les  recherclies  plus  récentes  de  Cliarrin  et  Guillemonat  ont  de  nouveau 
appelé  l'attention  sur  cette  cause  perturbatrice  du  métahohsme  animal. 
Dans  nos  recherches  actuelles,  nous  avons  eu  pour  but  de  pénétrer  plus 
avant  le  mécanisme  de  ces  phénomènes  en  déterminant  l'influence  des 
acides  minéraux  sur  certains  processus  particuliers  de  l'économie.  Le 
mieux  étudié  actuellement,  parmi  les  phénomènes  synthétiques  dont  nos 
cellules  sont  le  siège,  consiste  dans  la  production  de  l'acide  hippurique; 
nous  connaissons,  en  effet,  et  l'origine  diastasique  de  ce  corps  et  son  mode 
de  synthèse,  par  déshydratation,  aux  dépens  de  l'acide  benzoïque  et  du  gly- 
cocolle.  La  mesure  de  la  puissance  synthétique  de  la  cellule  vivante  peut 
donc  se  faire  en  dosant  la  quantité  d'acide  hippurique  à  laquelle  elle  donne 
naissance. 

«  Nos  expériences  ont  porté  sur  d-es  cobayes  de  même  âge  et  de  même  sexe.  Après 
avoir  fixé,  par  tâtonnements,  la  dose  d'acide  chlorlijdrique  que  ces  animaux  peuvent 
supporter  en  injection  sous-cutanée,  nous  avons  administré  à  chacun  d'eux  3*""''  d'une 
solution  renfermant  o",oo8  d'acide  par  i"""'',  soit  o5,o23  par  animal.  Ces  cobayes 
étaient  réunis  en  un  lot  de  six  et  comparés  à  des  animaux  de  même  poids  réunis  en 
nombre  identique.  L'alimentation  était  la  même  pour  cliaque  série.  Les  dosages  ont 
été  eflfectués  sur  les  urines  de  48  heures,  par  la  métliode  de  Bunge-Schmiedeberg. 

»  La  moyenne  effectuée  des  résultats  obtenuspendant  28  jours  consécutifs 
donne  une  élimination  de  1^^,67  d'acide  hippurique  par  kilogramme  des  ani- 
maux témoins  et  de  0^,73  seuletnent  par  kilogramme  des  animaux  qui  ont 
reçu  l'acide  chlorhydrique.  L'influence  de  ce  dernier  sur  la  puissance  syn- 
thétique de  la  cellule  vivante  se  manifeste  ainsi  par  une  réduction  de  cette 
propriété  atteignant  S'y  pour  100  de  sa  valeur  normale. 

»  Ce  premier  résultat  acquis,  il  restait  à  déterminer  si  cette  influence  de 
la  dyscrasie  acide  s'exercerait  encore  après  suppression  de  sa  causedirecte. 

»  Pour  fixer  ce  nouveau  point,  on  a  renouvelé  les  dosages  d'acide  hippurique  chez 
les  mêmes  animaux  deux  mois  après  la  dernière  injection  acide.  La  moyenne  des 
dosages  efTeclués  ainsi,  pendant  i4  jours  consécutifs,  coirespoml  à  os,42  d'acide  bip- 


SÉANCE  DU  fô    NOVEMBRE  1903.  819 

purique  par  kilogramme  des  témoins  et  àos,  17  par  kilogramme  des  animaux  injectés  : 
c'est  encore,  pour  ces  derniers,  une  réduction  de  60  pour  100  de  la  puissance  synthé- 
tique de  la  cellule  vivante. 

»  La  cellule  vivante  a  donc  conservé,  à  deux  mois  de  distance,  la  viciation 
prenaière  imprimée  par  la  dyscrasie  acide  à  la  production  et  à  l'activité  de 
ses  diastases  déshydratantes.  Nous  montrerons,  dans  une  prochaine  Note, 
que  cette  conclusion  est  indépendante  de  la  qualité  de  la  sécrétion  rénale 
et  de  l'élaboration  de  la  matière  azotée.    » 


M.  Fr.  Fa<:cjx  adresse  une  Note  ayant  pour  titre  :  «■  Anomalies  diurnes 
et  séculaires  dans  le  mouvement  de  rotation  de  la  Terre  ». 

A  4  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 


COMITE  SECRET. 

La  Section  de  Géographie  et  Navigation,  par  l'organe  de  son  doven, 
présente  la  liste  suivante  de  candidats,  pour  la  place  laissée  vacante  par  le 
décès  de  M.  de  Bussy  : 

En  première  ligne M.  Bëktkv. 

En  seconde  ligne,  ex  œquo  et  par  ordre  (   M.  Caspari. 

alphabétique (M.  Charles  Lallemaxd. 

Les  titres  de  ces  candidats  sont  disentés. 

L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  >  heures  un  quart. 

M.  B. 


820  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


EUR  A  TA. 


(Séance  du    12  oclobre  fQoS.) 

Note  (le  MM.  G.  Urbain  et  IL  Lacombe,  Sur  une  série  de  composés  du 
bismuth  : 

Page  569,  ligne  11,  au  lieu  de 

3M"(A.z03)^2Bi(Az03)3.2ilPO, 
lisez 

3M"(Az03)2.2Bi(AzO»)^24H2  0. 

Même  page,  ligne   26,  au   lieu  de  des  sels  assez  fondants  de,  lisez  des  sels  corres- 
pondants de. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU   LUNDI  25  NOVEMBRE  1903, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GAUDRY. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Relation  entre  es  taches  solaires  et  le  magnétisme 
terrestre.  Utilité  de  V enregistrement  continu  des  éléments  variables  du  Soled. 
Note  de  M.  H.  Deslandres. 

«  La  perturbation  magnétique  exceptionnelle  et  l'aurore  boréale  du 
3r  octobre  ont  ramené  l'attention  vers  la  question  toujours  pendante  d'une 
action  directe  des  taches  solaires  sur  le  magnétisme  terrestre. 

»  La  connexion  des  deux  phénomènes  solaire  et  terrestre,  consitlérés 
dans  leur  ensemble,  est  actuellement  bien  établie.  Les  variations  géné- 
rales de  l'aiguille  aimantée  (oscillation  diurne  de  la  déclinaison  et  de  la 
force  horizontale,  nombre  et  intensité  des  orages  magnétiques)  sont  en 
effet  parallèles  aux  variations  générales  de  la  surface  et  de  l'atmosphère 
solaire  avec  la  même  période  de  1 1  années. 

»  Mais  l'incertitude  et  la  confusion  apparaissent  pour  chaque  orage 
magnétique  isolé,  lorsqu'on  recherche  le  phénomène  solaire,  concomitant 
ou  non,  qui  lui  a  donné  naissance,  ou  est  du  à  la  même  cause,  peut-être 
extérieure  au  Soleil. 

»  Recherches  antérieures.  —  La  série  des  idées  et  des  recherches  sur  la 
question  est  curieuse  et  peut  être  ainsi  résumée  : 

»  Lors  du  grand  orage  magnétique  de  1809,  du  28  août  au  4  septembre, 
Carrington  et  Hogson,  avec  la  simple  lunette,  ont  vu  une  lueur  extrême- 
ment intense  et  de  courte  durée  près  d'une  tache.  En  1872,  du  3  au 
5  septembre,  Young,  qui  observait  au  spectroscope,  a  noté  dans  une  tache 
au  bord  des  déplacements  extraordinaires  des  raies  noires  solaires,  qui  ont 
coïncidé  avec  les  écarts  de  l'aiguille  aimantée  terrestre.  Aussi  a-t-on  pensé 
que  l'orage  magnétique  était  dû  à  des  perturbations  exceptionnelles  du 

C.  R.,  1903,  2«  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  21.)  1^8 


82  2  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Soleil,  dont  le  contre-coup  se  faisiait  sentir  jusqu'à  la  Terre;  l'action  pou- 
vant se  transmettre  à  travers  l'espace  avec  une  vitesse  voisine  de  celle  de 
la  lumière.  Mais  les  observations  analogues,  ou  qui  ont  paru  analogues, 
faites  postérieurement,  n'ont  pas  été  accompagnées  d'orages  magnétiques, 
peut-être  parce  que  la  perturbation  solaire  a  été  moins  intense;  car,  à  ces 
observations  faites  dans  des  conditions  très  différentes,  il  a  manqué  une 
commune  mesure. 

»  En  1887,  Marchand  a  posé  la  loi  simple  suivante,  qui  fixe  sur  le 
Soleil  la  position  du  phénomène  actif:  La  pertubation  magnétique  coïncide 
sensiblement  avec  le  passage  d'un  groupe  de  taches  ou  facules  au  méridien 
central.  Ces  perturbations  se  succèdent  souvent  à  des  intervalles  qui  sont 
des  multiples  delà  durée  de  rotation  (  *  ). 

))  Au  même  moment  Veeder  invoquait,  au  contraire,  l'influence  des 
taches  et  facules  du  nord-est.  Mais  les  deuK  auteurs  reconnaisseut  que  la 
grandeur  des  taches  et  facules  n'est  pas  toujours  en  rapport  avec  l'intensité 
de  la  variation  terrestre;  ce  qui  diminue  la  valeur  de  la  relation  annoncée; 
et,  à  ce  sujet.  Haie  a  objecté  que,  à  l'époque  du  maximum,  le  bord  est  et 
le  méridien  central  présentent  toujours  quelques  facules  plus  ou  moins 
fortes. 

»  Cependant,  la  plupart  des  auteurs  sont  plutôt  favorables  à  la  thèse 
de  Marchand,  qui  contient  probablement  au  moins  une  partie  de  la  vérité. 
Maunder,  en  particulier,  remarque  que  les  grands  orages  magnétiques 
du  17  novembre  1882  et  du  1 3  février  1892  ont  correspondu  au  passage 
de  grandes  taches  au  méridien  central  et  au  plus  grand  développement 
de  ces  taches. 

»  En  1900,  le  P.  Sidgreaves,  directeur  de  l'observatoire  de  Stonyhurst, 
compare,  dans  un  travail  d'ensemble,  les  observations  solaires  et  magné- 
tiques de  Greenwich  et  de  Stonyhurst,  assurément  complètes,  de  1880 
à  1898.  Il  conclut  à  la  non-vérification  des  lois  de  Marchand  et  de  Veeder, 
tout  en  reconnaissant  la  connexion  générale  des  deux  phénomènes.  L'action 
directe  de  la  tache  ne  résulte  pas  de  l'examen  des  faits,  à  moins  que  les 
taches  se  divisent  en  taches  actives  et  inactives,  mais  les  données  de 
l'observation  solaire  ne  permettent  pas  de  faire  la  distinction. 

»   Le  P.    Cortie,   de  Stonyhurst,   arrive   au    même    résultat  pour    les 


(^)  Celte  succession  des  orages  magnétiques,  réglée  par  la  rotation  du  Soleil,  est  un 
fait  important  qui  conduit  à  placer  dans  le  Soleil  lui-même  une  des  causes  principales 
du  phénomène.  La  périodicité  des  orages  magnétiques  a  été  indiquée  aussi  par  Terby. 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE     1903.  828 

années  suivantes,  de  1898  à  1902,  parti  cul  ièrement  favorables  au  rappro- 
chement des  deux  phénomènes  à  cause  du  petit  nombre  de  taches  et  facules 
à  une  époque  de  minimum.  Ainsi,  dans  les  premiers  mois  de  1902,  la  seule 
tache  de  quelque  importance,  qui  est  visible  du  5  au  i3  mars,  n'est  pas 
accompagnée  d'une  variation  des  aimants  terrestres,  et  le  10  mai,  alors 
que  le  Soleil,  depuis  7  semaines,  n'offre  aucune  tache,  les  facules  étant 
extrêmement  faibles  en  intensité  et  largeur,  on  observe  un  ora^'^e  mao^né- 
tique  assez  intense  (écart  de  la  déclinaison,  38'  d'arc),  aussi  intense  que 
celui  du  12  octobre  dernier,  dont  il  sera  question  plus  loin. 
.  ))  Enfin,  tout  récemment,  Lockyer  a  invoqué  l'influence  des  variations 
delà  chromosphère  solaire.  Les  grandes  perturbations  magnétiques  (avec 
écart  de  la  déclinaison  supérieure  à  i**)  se  produisent  en  môme  temps 
que  le  maximum  de  fréquence  des  protubérances  pohiires  (à  3o°du  pôle), 
c'est-à-dire  un  peu  avant  le  maximum.  Aussi  admet-il  la  possibihté  d'une 
action  directe  de  ces  protubérances  sur  les  aimants  terrestres. 

»  Les  divergences  et  les  obscurités  sont  donc  toujours  grandes  dans  la 
question  qui  nous  occupe,  et  l'on  est  conduit  à  rechercher  si  les  observa- 
tions solaires,  telles  qu'on  les  fait  à  l'heure  actuelle,  sont  suffisantes. 

))  Observations  solaires  des  mois  d'octobre  et  novembre.  —  Le  3i  octobre, 
lors  de  l'agitation  exceptionnelle  des  aiguilles  aimantées,  le  Soleil  offrait 
trois  groupes  principaux  de  taches  et  facules,  à  savoir  :  1°  un  beau  groupe 
au  méridien  central  (A,  lat.  —  25«),  déjà  bien  développé  à  la  rotation  pré- 
cédente; 2'^  au  bord  est,  un  groupe  de  (Jeux  belles  taches  (B,  lat.  -f-  18"), 
déjà  détaché  du  bord;  S'^au  bord  est  également,  un  groupe  (C,  lat.  —  22«) 
en  partie  caché  derrière  le  bord.  De  ces  trois  groupes,  le  plus  important 
de  beaucoup  par  l'étendue  des  taches  et  fticules  est  le  groupe  (C),  comme 
le  montrent  nettement  les  épreuves  faites  à  Meudon  les  10  octobre  et 
5  novembre,  qui  présentent  les  trois  groupes  bien  visibles  sur  le  disque, 
à  une  distance  notable  des  bords.  A  noter  que  le  i2-i3  octobre,  3o  heures 
après  le  passage  du  mdieu  de  (C)  au  méridien  central,  l'aiguille  terrestre, 
d'après  Moureaux,  a  subi  une  perturbation  (de  32')  notable,  mais  quatre 
fois  plus  faible  que  celle  du  3i  octobre.  Au  bord  est,  à  ce  moment,  il  y 
avait  une  seule  petite  tache. 

»  La  règle  de  iVIarchand  est  vérifiée,  comme  aussi,  il  est  vrai,  dans  une 
certaine  mesure,  celle  de  Veeder.  Mais  si  l'on  considère  seulement  le  mé- 
ridien central,  ainsi  que  la  plupart  des  observateurs,  comment  expliquer 
que  le  groupe  de  beaucoup  le  plus  fort  (C)  corresponde  à  l'orage  le  plus 
petit  (écart   82';?    Comment    aussi    concilier   ces  faits  avec    l'orage  du 


824  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

10  mai  1902  (écart  38'),  survenu  à  un  moment  où  le  Soleil  était  sans 
taches,  avec  des  facules  à  peine  perceptibles?  Évidemment  l'étendue  des 
taches  et  facules  n'est  pas  en  rapport  avec  l'intensité  de  la  perturbation 
magnétique. 

»  Faut-il  invoquer  l'éclat  plus  grand  des  facules  de  (A.),  le  3i  octobre, 
annoncé  dans  la  dernière  séance  par  un  fervent  observateur  du  Soleil, 
M.  Quénisset,  qui  assure  même  les  avoir  photographiées  sur  le  centre  du 
disque.  Mais  l'épreuve  de  la  surface  solaire  faite  le  même  jour  à  Meudon 
avec  l'appareil  puissant  de  M.  Janssen,  ne  montre  pas  ces  facules,  et  les 
positifs  sur  verre  des  épreuves  de  M.  Quénisset,  que  ce  dernier  a  eu  l'ama- 
bilité de  m'envoyer,  à  mon  avis,  ne  les  montrent  pas  non  plus.  Ces  facules 
apparaissent,  il  est  vrai,  plus  vives  que  les  autres,  le  5  novembre;  mais 
cela  peut  tenir  seulement  à  ce  qu'elles  sont  les  plus  voisines  du  bord. 

»  D'autre  part,  les  épreuves  de  la  chromosphère  entière  et  des  protu- 
bérances du  bord,  fiiites  à  Meudon  les  3i  octobre,  2,  5,  6  et  7  novembre, 
ne  conduisent  pas  à  d'autres  résultats  (').  Les  groupes  (A)  et  (C)  détachent 
dans  la  chromosphère  d'énormes  masses  de  vapeurs  lumineuses;  mais  les 
vapeurs  de  (A)  sont  moins  étendues  que  celles  de  (C)  et  n'ont  pas  un 
éclat  supérieur  au  moins  dans  les  quelques  épreuves  qui  ont  été  faites.  Si, 
même,  une  supériorité  d'éclat  est  à  noter,  c'est  en  certains  petits  points  du 
groupe  (C)  et  le  6  novembre.  Les  protubérances  du  bord  et,  en  parti- 
culier, les  })olaires  n'ont  rien  montré  qui  ait  paru  anormal. 

»  Cependant  les  mouvements  de  la  matière  photosphérique  et  chromo- 
sphérique  sont  aussi  à  considérer.  Or  les  épreuves  faites  à  Meudon  en 
octobre  et  novembre  montrent  les  groupes  (A)  et  (C)  en  variation  conti- 
nuelle; leurs  taches  changent  de  forme  et  se  divisent;  de  même  les 
vapeurs  de  la  chromosphère  au-dessus  de  ces  groupes  subissent  des 
changements  notables.  Mais,  le  3i  octobre,  cette  agitation,  qui  d'ailleurs 
est  fréquente  dans  les  taches  et  autour  d'elles,  n'a  pas  été  exceptionnelle, 
au  moins  sur  les  images  que  j'ai  eues  sous  les  yeux. 

»  La  remarque  précédente  ne  s'applique  qu'aux  mouvements  perpendi- 
culaires au  rayon  visuel;  or  les  mouvements  dans  le  sens  du  rayon  visuel 
ou  radiaux  peuvent  dans  le  cas  présent  avoir  une  influence  toute  spéciale. 


(^)  Les  épreuves  qui  représentent  la  chromosphère  moyenne  ont  été  faites  avec 
l'aide  de  M.  d'Azambuja.  On  a  fait  aussi  des  épreuves  de  la  chromosphère  basse. 
D'autre  part,  les  images  de  la  photosphère,  dont  il  a  été  question  plus  haut,  obtenues 
avec  l'appareil  de  M.  Janssen,  sont  dues  à  MM.  Pasteur  et  Coroyer. 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE    1903.  825 

Mais  leur  étude  est  en  général  négligée  et  l'on  peut  dire  que,  sur  100 
observations  du  Soleil,  99  au  moins  se  rapportent  aux  formes  et  non  aux 
mouvements.  A  Meudon,  il  est  vrai,  j'ai  organisé,  mais  pour  essais  seule- 
ment, des  enregistreurs  spéciaux  de  la  vitesse  radiale  de  la  chromosphère. 
Ces  appareils,  qui  d'ailleurs  sont  incomplets,  ne  sont  pas  employés  tous 
les  jours;  et  le  3i  on  n'en  a  pas  fait  usage,  l'orage  magnétique  n'ayant 
été  connu  à  l'observatoire  que  le  soir.  A  ma  connaissance  la  seule  obser- 
vation intéressante  dans  cet  ordre  de  recherches  est  due  à  Fowler,  qui  le3i, 
vers  11^,  à  Londres,  a  noté  dans  la  tache  (A)  un  fort  déplacement  de  la 
raie  noire  C  de  l'hvdrogène,  mais  cette  observation  a  été  faite  3  heures 
après  le  commencement  de  l'orage  et  a  été  aussitôt  arrêtée  par  les  nuages  (^). 

»  Insiijfisance  des  observations  actuelles  du  Soleil.  —  Telles  sont,  à  l'heure 
actuelle,  les  principales  indications  recueillies  sur  l'état  du  Soleil  le  3i  oc- 
tobre; elles  ne  permettent  aucune  conclusion.  La  difficulté  principale 
subsiste  :  il  reste  à  trouver  le  phénomène  solaire  dont  l'intensité  soit  en 
rapport  avec  l'intensité  du  phénomène  terrestre.  Faut-il  admettre,  comme 
plusieurs  le  proposent,  d'autres  causes  extérieures  au  Soleil  (-),  agissant 
isolément  ou  en  accord  avec  la  perturbation  solaire?  Avant  de  s'engager 
dans  cette  voie,  il  convient,  à  mon  sens,  d'étudier  d'abord  à  fond  l'hypo- 
thèse plus  simple  qui  ramène  le  tout  au  Soleil  seul.  Mais  alors  on  constate 
que  les  observations  solaires  actuelles  sont  en  réalité  insuffisantes  et 
incomplètes,  et  que  notre  ignorance  peut  tenir  simplement  à  ce  défaut. 

»  Les  phénomènes  solaires,  en  effet,  ne  sont  pas  relevés  d'une  manière 
continue,  comme  les  variations  magnétiques  desquelles  on  les  rapproche; 
de  plus,  notre  attention  ne  s'est  pas  encore  portée  sur  les  éléments 
variables  du  Soleil  qui  ont  peut-être  l'importance  la  plus  grande.  Si  la 
cause  principale  est  une  perturbation  solaire,  analogue  à  une  explosion  et 
très  courte,  elle  peut  échapper  fticilement  à  des  observations  discontinues. 
A  Meudon,  on  fait  seulement  par  jour  une  ou  deux  épreuves  de  la  photo- 
sphère, une  ou  deux  épreuves  de  la  chromosphère  entière  et  des  protubé- 
rances, parfois  une  épreuve  des  vitesses  radiales;  les  ressources  en 
personnel  et  matériel  ne  permettent  pas  de  faire  plus. 

»  D'autre  part,  si  l'on  se  reporte  aux  Mémoires  sur  ces  questions,  on 
constate  que  l'astronome,  au  moment  de  l'observation  du  Soleil,  ignore  le 


(^)  Nature  anglaise,  p.  1908,  novembre. 

(2)  Parmi  les  causes  extérieures  au  Soleil,  je  ne  compte  pas  les  différences  d'incli- 
naison de  l'équateur  terrestre  par  rapport  à  la  ligne  Terre-Soleil. 


826  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

plus  souvent  s'il  y  a  ou  non  une  perturbation  de  l'aiguille  aimantée.  D'où 
la  nécessité  d'organiser  des  avertisseurs  spéciaux  d'ornges  maî^néliqnes, 
lesquels  seront  utiles  même  aux  établissements  munis  d'enregistreurs  ma- 
gnétiques; car  les  feuilles  de  ces  enregistreurs  sont  changées  une  fois  seu- 
lement en  24  heures.  Les  élablissements  intéressés  pourraient  aussi  s'en- 
tendre de  manière  à  se  prévenir  réciproquement.  Alors  l'étude  du  Soleil 
serait  faite  le  mieux  possible  et  au  moment  le  plus  favorable. 

»  Déjà  en  1893  {Comptes  rendus,  t.  CXVH,  p.  716),  j'ai  réclamé  l'obser- 
vation continue  des  éléments  variables  du  Soleil.  J'ai  demandé  l'enremstre- 
ment  contmu  :  i*^  de  la  surface  ou  photosphère  par  la  photographie 
ordinaire;  2°  de  la  chromosphère  entière,  basse,  moyenne  et  supérieure  (*), 
avec  les  spectrographes  enregistreurs  dits  des  formes  ;  3°  des  vitesses  radiales 
de  la  chromosphère  avec  les  spectrographes  enregistreurs  dits  des  vitesses. 
Les  appareils  nécessaires  au  Soleil  sont  plus  compliqués  que  les  enregis- 
treurs magnétiques;  mais  ils  ont  été  déjà  étudiés,  et  même  en  partie  con- 
struits, à  Meudon  en  particulier;  leur  succès  est  assuré,  la  dépense  annuelle 
étant  estimée  à  20  ooo'''  au  plus. 

»  L'enregistrement  devra  porter  surtout  sur  les  éléments  jusqu'alors 
négligés  qui  sont  les  vitesses  radiales  et  la  chromosphère  entière  supérieure 
non  encore  obtenue.  Il  sera  possible  alors  de  vérifier  les  deux  théories  les 
plus  récentes  sur  l'action  directe  du  Soled,  lesquelles  font  intervenir,  l'une, 
les  rayons  cathodiques  émis  par  la  chromosphère  supérieure  (Deslandres)* 
et  l'autre  les  ions  rejetés  par  une  éruption  et  repoussés  ensuite  par  le 
rayonnement  solaire  (Arrhenius)  (2). 


(')  Ainsi  que  je  l'ai  indiqué,  en  1898  et  1894,  on  obtient  la  cliromosphère  basse  en 
isolant,  avec  le  spectrographe  enregistreur,  une  raie  noire  du  spectre  solaire;  pour  la 
chromosphère  moyenne,  on  isole  la  raie  brillante  K  du  calcium;  pour  avoir'la  chro- 
mosphère supérieure,  il  faut  isoler  la  raie  noire  qui,  avec  une  forte  dispersion,  appa- 
raît au  milieu  de  la  raie  brillante  précédente.  Haie  et  moi  nous  avons  obtenu  l'image 
de  la  chromosphère  moyenne  ;  jusqu'à  présent,  j'ai  obtenu  seul,  en  1894,  des  images 
de  la  chromosphère  basse.  Mais  la  chromosphère  supérieure  n'a  pas  été  encore 
abordée;  elle  exige  des  appareils  plus  compliqués.  Probablement,  dans  la  question 
qui  nous  occupe,  elle  a  une  importance  toute  spéciale. 

(2)  Les  deux  théoHes  se  confondent  dans  une  certaine  mesure;  elles  admettent  des 
jets  de  particules  électrisées,  à  peu  près  normaux  à  la  surface  solaire.  Les  particula- 
rités du  phénomène  (retard  par  rapport  au  passage  dans  le  méridien  central,  intensités 
variables  des  orages  magnétiques)  sont  attribuables  aux  écarts  des  jets  par  rapport  à 
la  normale  au  Soleil  et  aux  vitesses  variables  des  particules. 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE    igoS.  ^27 

»  Ces  enregistreurs  devront  être  établis  sur  plusieurs  points  éloignés 
chi  globe,  pour  que  Tél-U'le  du  S  deil  soit  absolument  continue.  De  plus,  les 
enregistreurs  devront  être  construits  sur  le  même  type.  Dans  cet  ordre 
d'idées,  la  Société  astronomique  de  France  a  déjà,  sur  ma  demande, 
réclamé  à  tous  les  observateurs  des  images  solaires  de  mêmes  dimensions, 
aussi  comparables  que  possible.  Cette  question  est  d'ailleurs  de  celles  qui 
seraient  utilement  soumises  à  un  Congrès  international.  » 


GÉOLOGIE.    —  Sur  la  significaliori  géologique  des  anomalies  de  la  gravité. 

Note  de  M.  de  Lapparent. 

«  Je  crois  opportun  d'appeler  l'attention  de  l'Académie  sur  certaines 
conséquences  théoriques  particulièrement  intéressantes,  auxquelles  con- 
duit la  discussion  des  dernières  observations  relatives  aux  variations  de  la 
pesanteur  à  la  surface  du  globe. 

»  Depuis  que  les  perfectionnements  apportés  au  maniement  du  pendule 
ont  permis  d'imprimer  une  grande  précision  aux  mesures  et  de  les  rendre 
tout  à  fait  comparables,  ou  a  pu  en  déduire  certains  résultats  généraux 
qui,  jusqu'alors,  ne  pouvaient  être  présentés  qu'avec  grande  réserve.  Le 
plus  saillant,  tel  qu'il  a  été  formulé  lors  du  dernier  Congrès  géodésique 
international,  serait  le  suivant  :  La pesanLeur paraît  être  en  excès sensdHe  sur 
les  mers,  tandis  quelle  est  en  déficit  sur  les  continents. 

»  De  cette  loi,  acceptée  comme  un  fait  d'expérience,  on  a  tiré  diverses 
conséquences  relativement  à  la  constitution  de  l'écorce  terrestre.  Je  rap- 
pellerai seulement  l'hypothèse  de  M.  Faye,  que  j'ai  combattue  en  son 
temps,  sur  l'excès  de  densité  qu'aurait  communiqué,  à  la  partie  sous-mariue 
de  l'écorce,  le  contact  prolongé  des  eaux  froides  qui  occupent  générale- 
ment le  fond  des  mers. 

))  Récemment,  M.  Ricco,  directeur  de  l'observatoire  de  Catane,  a  publié 
une  Note  importante  (  '  )  sur  le  résultat  des  études  auxquelles  il  s'était  livré 
relativement  aux  anomalies  de  la  gravité  dans  le  sud  de  l'Italie  et  la  Sicile. 

»  Il  résulte  de  ces  recherches  que  l'anomalie  de  la  pesanteur,  nulle  ou 
presque  nulle,  soit  au  sommet  de  l'Etna,  soit  sur  la  chaîne  des  Apennins  au 
nord  de  Naples,  augmente  constamment  quand  on  descend  vers  le  rivage, 

(*  )  Riassunto  délie  detenninazionidi  gravita,  etc.  {RendiconUdellall.  Accademia 
dei  Lincec,  t.  XII,  p.  483,  21  juin  1908 ). 


828  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

mais  pas  d'une  manière  uniforme.  Les  plus  fortes  valeurs  de  cette  ano- 
malie sont,  en  unités  décimales  du  cinquième  ordre  (la  valeur  de  l'accé- 
lération étant  donnée  en  mètres),  182  au  Stromboli,  i5i  à  I.ipari  ainsi 
qu'à  IM'zzo  (Calabre),  Jj^  h  Augusta  (entre  Syracuse  et  Catane),  ri4  à 
Castellamare  di  Stabbia,  devant  Naples. 

»  jEn  traçant,  à  l'aide  des  observations  faites  en  43  stations,  les  courbes 
isanomales,  M.  Ricco  a  reconnu  qu'elles  se  conformaient  exactement,  d'un 
côté,  au  contour  de  la  mer  Tyrrhénienne,  de  l'autre  à  celui  de  la  merlonienne, 
et  que,  déplus,  les  régions  sur  lesquelles  les  courbes  étaient  le  plus  serrées 
coïncidaient  justement  avec  celles  que  la  statistique  des  observations 
sismiques  désigne  comme  étant  les  plus  sujettes  aux  tremblements  de 
terre;  par  exemple,  le  pays  compris  entre  le  sommet  de  l'Etna  et  Catane. 
D'autre  part,  si  de  l'Etna  on  se  dirige  au  sud-ouest,  versPantelleria,  il  faut, 
pour  passer  de  o  à  i4o,  faire  10  fois  plus  de  chemin  que  dans  la  direction 
du  sud-est. 

»  La  signification  de  ces  résultats  se  précise,  lorsqu'on  les  rapproche  de 
ce  que  nous  enseignent  les  cartes  hydrographiques.  En  effet,  on  constate 
que,  sur  tout  son  pourtour,  la  profondeur  de  la  mer  Tyrrhénienne  passe 
très  vite  de  o'"  à  3ooo™,  pour  atteindre  873 1™  dans  le  fond  de  la  fosse  dont 
l'Italie,  la  Sicile  et  la  Sardaigne  définissent  le  périmètre.  Non  moins  rapide 
est  la  descente  de  la  côte  sicilienne  à  la  fosse  ionienne,  dont  le  fond 
atteint  3968'". 

»  On  sait  d'ailleurs  que  l'eau  qui  garnit  ces  fosses  se  maintient  à  une 
température  constante  de  i3°,  d'où  il  suit  qu'aucune  cause  de  refroidis- 
sement superficiel  n'a  pu  y  augmenter  la  densité  de  Técorce. 

»  Ce  n'est  donc  pas  parce  qu'on  passe  du  domaine  terrestre  au  domaine 
maritime  que  l'anomalie  s'accroît.  C'est  parce  qu'on  se  trouve  sur  une 
région  particulière  de  dislocation,  au  contact  de  deux  compartiments,  dont 
l'un  s'affaisse  et,  par  conséquent,  doit  se  comprimer  en  s'écrasant,  tandis 
que  l'autre,  ou  bien  demeure  stable,  ou  s'élève;  auquel  cas  il  y  a  des 
chances  pour  qu'il  s'y  produise  des  vides,  susceptibles  de  se  traduire  par 
une  anomalie  négative. 

»  Dès  lors  il  devient  probable  que  le  fait  général  d'un  excès  de  pesan- 
teur sur  les  mers  doit  tenir  à  quelque  cause  de  ce  genre.  En  effet,  les 
observations  qui  ont  surtout  servi  a  l'établir  sont  celles  qu'on  a  faites  sur 
les  îles  du  Pacifique  occidental,  en  particulier  sur  la  fameuse  île  Bonin, 
située  à  grande  distance  de  la  côte  Asiatique,  sur  la  traînée  d'îlots  qui  réunit 
le  Japon  aux  îles  Mariannes,  et  où  l'anomalie  positive  dépasse  267  unités  de 


SÉANCE    DU    23   NOVEMBRE    1903.  829 

cinquième  ordre.  Or,  cette  traînéeest  justement  bordée  par  deux  grandes 
fosses  sous-marines,  dont  celle  de  l'est  offre  rapidement  des  fonds  supé- 
rieurs à  6000™.  Il  est  donc  légitime  de  penser  que,  dans  ce  cas,  ce  n'est 
pas  le  voisinage  de  la  mer,  en  tant  que  mer,  mais  celui  de  la  fosse  excep- 
tionnelle, qui  se  traduit  par  l'augmentation  de  la  constante  de  la  gravité. 

»  L'hypothèse  que  nous  formulons  ici  reçoit,  ce  nous  semble,  une 
grande  force  des  constatations  récemment  fiiites  sur  l'océan  Atlantique. 
Sur  l'initiative  de  M.  Helmert,  et  moyennant  un  subside  de  l'Association 
géodésique  internationale,  M.  Hecker(')  a  poursuivi,  durant  un  voyage 
entre  Hambourg  et  Rio-Janeiro,  une  série  de  déterminations  de  la  pesan- 
teur à  l'aide  de  la  méthode  proposée  par  M.  Guillaume,  et  rendue  pratique 
par  M.  Mohn,  méthode  qui  consiste  à  combiner  les  indications  du  baro- 
mètre avec  celles  de  l'hypsomètre,  ou  appareil  pour  mesurer  la  tempéra- 
ture d'ébuUition  de  Teau.  Favorisé  par  un  temps  calme,  M.  Hecker  a  pu 
effectuer,  à  bord  du  navire,  des  mesures  très  précises,  et,  à  la  grande 
surprise  de  ceux  qui  s'attendaient  à  rencontrer  un  excès  de  pesanteur  sur 
la  mer,  il  a  constaté  que,  sur  toute  l'étendue  comprise  entre  Lisbonne  et  Bahia, 
par  des  profondeurs  allant  à  3  800'",  parfois  à  4  5 00'",  la  valeur  de  la  gravité 
est  absolument  normale  et  telle  quelle  devrait  être,  à  latitude  égale,  pour 
la  terre  ferme  au  niveau  de  la  mer. 

»  On  ne  saurait  souhaiter  une  vérification  plus  complète  de  notre  prévi- 
sion. En  effet,  à  l'inverse  du  Pacifique  occidental,  le  fond  de  l'Atlantique, 
entre  Lisbonne  et  Bahia,  affecte  une  allure  très  régulière.  Les  profondeurs 
y  varient  graduellement.  Nulle  part,  sur  ce  parcours,  on  ne  rencontre 
ni  ne  côtoie  de  fosses  indiquant  de  grands  effondrements. 

»  Même  la  vérification  est  encore  plus  complète  qu'on  ne  se  le  figure- 
rait d'après  le  résultat  général  énoncé  par  M.  Hecker.  En  effet,  si  l'on 
consulte,  dans  le  Mémoire  de  ce  savant,  le  Tableau  résumé  des  anomalies 
moyennes  par  sections  de  la  traversée,  on  recc)nnait  que,  au  milieu  de 
chiffres  en  général  minimes,  dont  beaucoup  n'atteignent  pas  10  unités  du 
cinquième  ordre,  il  se  manifeste  trois  maxima  principaux,  égaux  respecti- 
vement à  H-  146,  +  58  et  H-  1 14  unités  de  cet  ordre.  Or  le  premier  maxi- 
mum coïncide  avec  le  passage  brusque  du  banc  de  Gettysburg  aux  grandes 
profondeurs  qui  précèdent  les  îles  Canaries;  le  deuxième  marque  la  chute 

(^)  liELMERT,  Silzangsbericlite  der  k.  preuss.  Akademie  der  M'issenschaften  zu 
Berlin,  i.yWl,  1902,  p.  126.  —  Hecker,  Verôffentlichung  des  k.  preuss.  geodd t. 
Institules,  igoS. 

C.  R.,  1903,  2"  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  21.)  IO9 


83q  académie  des  sciences. 

rapide  qui  a  lieu  entre  l'îlot  de  Saint- Paul  et  l'équateur.  Enfin,  le  troi- 
sième répond  au  brusque  relèvement  du  fond  aux  approches  du  cap  bré- 
silien de  Saint-Roch. 

»  Il  y  a  mieux  :  de  Hambourg  jusqu'au  large  de  la  Bretagne,  de  la  mer 
du  Nord  et  la  Manche,  l'écart  de  la  gravité  n'avait  été  que  de  —  i5  unités  ; 
en  passant  sur  le  talus  sous-marin  très  raide  qui  précède  la  fosse  de  Bis- 
caye, l'anomalie,  toujours  négative,  s'est  élevée  à  — 177.  Redevenue 
presque  nulle  le  long  du  Portugal,  elle  a  passé  brusquement  à  -i-i52 
devant  l'embouchure  du  Tage,  c'est-à-dire  à  proximité  d'une  fosse  atlan- 
tique de  5ooo". 

»  En  définitive,  la  campagne  atlantique  de  M.  Hecker  me  semble  apporter 
une  brillante  confirmation  des  rapprochements  établis  par  M.  Ricco,  et 
cette  confirmation  a  d'autant  plus  de  prix  qu'elle  est  spontanée,  M.  Hecker 
ne  paraissant  pas  avoir  soupçonné  la  raison  des  écarts  qu'il  enregistrait. 

»  Ajoutons  que,  lors  de  la  mémorable  campagne  du  Fram,  Nansen  a 
exécuté,  sur  la  mer  gelée  et  en  repos,  des  mesures  pendulaires,  desquelles 
il  résultait  que,  dans  les  parages  arctiques,  la  gravité  n'offrait  aucune  ano- 
malie. Enfin  je  rappellerai  que,  lors  du  Congrès  géodésique  international, 
il  a  été  établi  que,  la  valeur  de  la  gravité  paraissant  normale  sur  les  côtes 
de  la  mer  du  Nord,  celles  de  la  Méditerranée  présentaient  en  moyenne  une 
anomalie  positive  sensible,  égale  à  29  unités  du  cinquième  ordre.  Or  la 
mer  du  Nord,  dont  la  profondeur  est  très  faible,  ne  porte  aucune  trace  de 
dislocations,  tandis  que  la  Méditerranée  est  partagée,  comme  on  sait,  en 
une  série  de  cuvettes  indépendantes,  qui  sont  de  véritables  abîmes  :  fosse 
ionienne,  fosse  tyrrhénienne,  fosse  des  Baléares,  fosse  adriatique,  fosse  de 
Malte,  etc.  La  première  mer  est  un  bassin  d'érosion  ;  la  seconde  un  bassin 
de  dislocations. 

»  Il  convient  aussi  d'insister  sur  ce  fait  que  le  plus  grand  déficit  de 
pesanteur  qui  ait  été  enregistré,  et  qui  se  traduit,  sur  l'accélération  due  à 
la  gravité,  par  une  diminution  de  ci/iq  millimétrés,  se  produit  sur  l'Hima- 
laya, c'est-à-dire  le  plus  saillant  de  tous  les  bourrelets  de  dislocation  de 
notre  globe. 

))  Je  crois  donc  qu'il  est  permis,  jusqu'à  nouvel  ordre,  de  prétendre  que, 
la  mer  d'un  coté,  les  continents  de  l'autre,  n'interviennent  dans  les  varia- 
tions de  la  pesanteur  que  là  oîi  une  dislocation  met  en  contact  un  compar- 
timent qui  s'écrase  et  un  autre  qui  reste  fixe  ou  se  relève.  A  ce  point  de 
vue,  il  me  paraît  qu'il  y  aurait  grand  profit  à  tirer  d'une  étude  systéma- 
tique, entreprise  avec  des  pendules  perfectionnés,  tels  que  celui  du  colo- 


SÉANCE    DU    2)    NOVEMBRE    1903.  83 1 

nel  Defforges,  et  portant  de  préférence  sur  les  régions  de  la  Terre  affectées 
de  brusques  dislocations.  Par  exemple,  il  est  vraisemblable  qu'on  trou- 
verait un  gradient  très  a.ccentué,  c'est-à-dire  un  rapprochement  marqué 
des  courbes  isanomales,  en  même  temps  qu'une  grande  marge  de  varia- 
tions, en  expérimentant  sur  tout  le  versant  méridional  des  monts  Célestes 
de  l'Asie,  où  des  cimes  de  Gooo'"  d'altitude  font  directement  face  à  des 
dépressions  qui  vont,  comme  celle  de  Liouktchoun,  jusqu'à  descendre  au- 
dessous  du  niveau  de  la  mer;  ou  encore  sur  la  pente  méridionale  des 
Alpes,  en  descendant  vers  le  Piémont.  De  la  même  façon,  la  comparaison 
des  chiffres  trouvés  sur  les  îles  du  Pacifique,  selon  qu'elles  seraient  plus 
ou  moins  voisines  des  fosses  rapidement  approfondies,  soumettrait  l'hypo- 
thèse à  un  contrôle  décisif. 

»  On  peut  ajouter  que,  même  dans  les  contrées  où  la  surface  ne  laisse 
rien  voir,  la  constatation  des  anomalies  de  la  gravité,  s'il  s'en  produisait, 
deviendrait  un  moyen  de  diagnostiquer  des  dislocations  cachées  en  profon- 
deur. Enfin  la  relation  des  régions  sismiques  avec  les  rapides  variations 
de  l'anomalie  montre  qu'un  tel  genre  d'études  serait  éminemment  propre 
à  faire  connaître  celles  des  contrées  de  notre  globe  qui  peuvent  avoir  le 
plus  à  compter  avec  le  danger  des  tremblements  de  terre. 

»  Pour  toutes  ces  raisons,  nous  nous  permettons  de  recommander  la 
poursuite  de  ces  études  systématiques  à  tous  les  géodésiens,  non  plus  seu- 
lement à  cause  de  leur  importance  au  regard  de  la  physique  du  globe,  mais 
en  raison  du  grand  secours  qu'elles  peuvent  apporter  à  la  connaissance 
des  parties  invisibles  de  l'écorce  terrestre.  » 


PHYSIQUE.  —  Sur  Le  renforcement  qu'éprouve  l'action  exercée  sur  L'œil  par  un 
faisceau  de  lumière,  lorsque  ce  faisceau  est  accompagné  de  rayons  n.  Note 
de  M.  R.  Blondlot. 

«  En  étudiant  l'emmagasinement  des  rayons  n  par  différents  corps,  j'ai 
eu  l'occasion  d'observer  un  phénomène  inattendu.  J'avais  les  yeux  fixés 
sur  une  petite  bande  de  papier  faiblement  éclairée,  éloignée  de  moi  d'en- 
viron i'";  une  brique,  dont  l'une  des  faces  avait  été  insolée,  ayant  été  ap- 
prochée latéralement  du  faisceau  lumineux,  la  face  insolée  tournée  vers 
moi  et  à  quelques  diamètres  de  mes  yeux,  je  vis  la  bande  de  papier  prendre 
un  plus  grand  éclat;  lorsque  j'éloignais  la  brique,  ou  lorsque  je  tournais 
vers  moi  la  face  non  insolée,  le  papier  s'assombrissait.  Afin  d'écarter  toute 


83'i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

possibilité  d'illusion,  je  disposai  à  demeure  une  boîte  fermée  par  un  cou- 
vercle et  revêtue  de  papier  noir  :  c'est  dans  cette  boîte  complètement  close 
que  l'on  plaçait  la  brique,  et,  de  cette  façon,  le  fond  obscur  sur  lequel  la 
bande  de  papier  se  détachait  demeurait  rigoureusement  invariable;  l'effet 
observé  resta  le  même.  L'expérience  peut  être  variée  de  différentes  ma- 
nières :  par  exemple,  les  volets  du  laboratoire  étant  presque  clos  et  le 
cadran  de  l'horloge  fixée  au  mur  assez  faiblement  éclairé  pour  que,  à  la 
distance  de  4"»  on  l'entrevoie  tout  juste  sous  la  forme  d'une  tache  grise  sans 
contours  arrêtés,  si  l'observateur,  sans  changer  de  place,  vient  à  diriger 
vers  ses  yeux  les  rayons  n  émis  par  une  brique  ou  un  caillou  préalablement 
insolés,  il  voit  le  cadran  blanchir,  distingue  nettement  son  contour  circu- 
laire, et  peut  même  parvenir  à  voir  les  aiguilles;  lorsque  l'on  supprime 
les  rayons  n,  le  cadran  s'assombrit  de  nouveau.  Ni  la  production  ni  la  ces- 
sation de  ce  phénomène  ne  sont  instantanées. 

»  Comme,  dans  ces  expériences,  l'objet  lumineux  est  placé  très  loin  de 
la  source  de  rayons  n,  et  comme  d'ailleurs,  pour  que  l'expérience  réus- 
sisse, il  faut  que  ces  rayons  soient  dirigés,  non  vers  cet  objet,  mais  vers 
l'œil,  il  s'ensuit  qu'il  ne  s'agit  pas  ici  d'une  augmentation  de  l'émission 
d'un  corps  lumineux  sous  l'influence  des  rayons  n^  mais  bien  du  renforce- 
ment de  l'action  reçue  par  l'œil,  renforcement  du  aux  rayons  n  qui  se 
joignent  aux  rayons  de  lumière. 

»  Ce  fait  m'étonna  d^autant  plus  que,  comme  la  moindre  couche  d'eau 
arrête  les  rayons  /^,  il  semblait  invraisemblable  qu'ils  pussent  pénétrer 
dans  l'œil,  dont  les  humeurs  renferment  plus  de  98,6  pour  100  d'eau 
(Lohmeyer)  :  il  fallait  que  la  petite  quantité  de  sels  contenue  dans  ces 
humeurs  les  rendît  transparentes  pour  les  rayons  n.  Mais  alors  de  l'eau 
salée  devait,  selon  toute  probabilité,  être  elle-même  transparente  ;  l'ex- 
périence prouve  qu'elle  l'est  en  effet  :  tandis  qu'une  feuille  de  papier 
mouillé  arrête  totalement  les  rayons  n,  l'interposition  d'un  vase  en  verre 
de  Bohême  de  4*^*"  de  diamètre,  rempli  d'eau  salée,  les  laisse  passer  sans 
affaiblissement  sensible.  Une  très  faible  quantité  de  chlorure  de  sodium 
suffit  pour  rendre  l'eau  transparente. 

»  Il  y  a  plus  :  l'eau  salée  emmagasine  les  rayons  n,  et,  dans  les  expé- 
riences décrites  plus  haut,  on  peut  remplacer  la  brique  par  un  vase  en 
verre  mince,  rempli  d'eau  salée,  et  préalablement  insolé  :  l'effet  est  très 
marqué.  Il  est  bien  dû  à  l'eau  salée,  car  le  vase  vide  n'en  produit  aucune. 
C  est  la  un  exemple  unique  d'un  phénomène  de  phosphorescence  dans  un 
corps  liquide  ;   il  est  vrai  que  les  longueurs  d'onde  des  rayons  n  sont  très 


SÉANCE    DU    23    NOVEiMBRE    1903.  833 

différentes  de  celles  des  rayons  lumineux,  ainsi  qu'il  résulte  de  mesures 
que  je  compte  décrire  incessamment. 

»  Un  œil  d'un  bœuf  tué  de  la  veille,  débarrassé  de  ses  muscles  et  des 
tissus  adhérents  à  la  sclérotique,  se  montra  transparent  pour  les  rayons  n 
dans  toutes  les  directions,  et  devenait  lui-même  actif  par  l'insolation;  c'est 
l'emma^asinement  des  rayons  n  par  les  milieux  de  l'œil  qui  est  la  cause 
des  retards  observés  tant  à  l'établissement  qu'à  la  cessation  des  phéno- 
mènes qui  font  l'objet  de  la  présente  Note. 

»  L'eau  de  la  mer  et  les  pierres  exposées  au  rayonnement  solaire  emma- 
gasinent des  rayons  n  qu'elles  restituent  ensuite.  Il  est  possible  que  ces 
actions  jouent  dans  certains  phénomènes  terrestres  un  rôle  resté  jusqu'ici 
maperçu.  Peut-être  aussi  les  rayons  n  ne  sont-ils  pas  sans  influence  sur  cer- 
tains phénomènes  de  la  vie  animale  ou  végétale. 

»  Voici  encore  quelques  observations  relatives  au  renforcement  des 
rayons  lumineux  par  les  rayons /z. 

»  Il  suffit,  pour  que  ce  phénomène  se  produise,  que  les  rayons  n  at- 
teignent l'œil  n'importe  comment,  même  latéralement;  ceci  semble  indi- 
quer que  l'œil  de  l'observateur  se  comporte  comme  un  accumulateur  de 
rayons  n,  et  que  ce  sont  les  rayons  accumulés  dans  les  milieux  de  l'œil 
qui  viennent  agir  sur  la  rétine  conjointement  avec  les  rayons  lumineux. 

»  Il  importe  peu  dans  ces  expériences  que  les  rayons  n  soient  émis  par 
\\n  corps  préalablement  insolé,  ou  que  ce  soient  des  rayons  primaires,  pro- 
duits par  exemple  par  une  lampe  Nernst. 

»  L'hyposulfite  de  soude,  soit  à  l'état  solide,  soit  dissous  dans  l'eau, 
constitue  un  puissant  accumulateur  de  rayons  /^.  » 

M.  Alfred  Picard  fait  hommage  à  l'Académie  des  Tomes  VI  et  VII  de 
son  Rapport  général  administratif  et  technique  sur  l'Exposition  universelle 
internationale  de  1900.  Ils  sont  spécialement  consacrés  aux  congrès,  aux 
concours  d'exercices  physiques,  aux  cérémonies  et  fêtes,  au  mouvement 
et  au  transport  des  visiteurs,  à  divers  services,  aux  concessions,  à  la  liqui- 
dation et  au  bilan  de  l'Exposition. 

«  Trois  Chapitres  méritent  d'être  signalés  à  la  bienveillante  attention  de 
l'Académie  ;  celui  des  Congrès,  celui  des  Concours  d'exercices  physiques 
et  celui  de  la  Plate-forme  mobile  électrique  établie  pour  le  transport  des 
visiteurs  dans  l'enceinte  urbaine. 

»  Les   Congrès,   au   nombre   de  127,   avaient  réuni  70000  adhérents, 


834  Académie  ïdes  sciences. 

parmi  lesquels  beaucoup  plus  d'étrangers  que  par  le  passé.  Ils  ont  eu  un 
très  vif  succès,  dont  une  large  part  revient  aux  membres  de  l'Académie 
des  Sciences,  appelés  à  en  diriger,  soit  la  préparation,  soit  les  débats.  De 
ces  Congrès  sont  sortis  un  échano;e  d'itlées  sans  précédent,  une  enquête 
précieuse  sur  les  diverses  branches  de  l'activité  humaine,  un  véritable 
inventaire  des  connaissances  au  sujet  d'une  multitude  de  questions,  une 
énorme  accumulation  de  ttiatériaux  et  de  documents,  des  accords  de  la 
plus  haute  utilité  au  sujet  de  certaines  recherches  et  de  certaines  études. 
Dix  d'entre  eux  ont  abouti  à  des  unions  internationales.  Le  souvenir  de 
ces  belles  manifestations  est  fixé,  non  seulement  par  des  comptes  rendus 
sommaires  et  détaillés,  mais  aussi  par  des  Ouvrages  de  grande  valeur 
publiés  à  leur  occasion  et  concernant  la  Physique,  la  Médecine,  rHygièn,e 
parisienne. 

))  Dans  l'organisation  des  Concours  cV exercices  physiques,  l'Administration 
devait  nécessairement  penser  aux  enseignements  scientifiques  qu'ils  étaient 
susceptibles  de  fournir.  M.  Marey,  avec  son  obligeance  inlassable  et  son 
absolu  dévoûment  à  la  chose  publique,  a  bien  voulu  accepter  la  présidence 
d'une  commission  d'hygiène  et  de  physiologie  appelée  à  les  suivre;  ses 
remarquables  études  chronophotographiques  ont  éclairé  d'un  jour  nou- 
veau l'action  musculaire,  les  mouvements  qui  en  dérivent,  le  mécanisme 
et  la  vitesse  de  ces  mouvements. 

»  La  Plate-forme  mobile  électrique  pour  le  transport  des  voyageurs  dans 
l'enceinte  urbaine  a  été  l'une  des  curiosités  de  l'Exposition  et  justifie,  par 
suite,  quelques  indications.  On  sait  que,  généralement,  les  engins  de 
transport  fonctionnent  par  intermittence.  Cependant,  l'idée  d'engins  con- 
tinus et  ses  applications  aux  marchandises  remontent  à  une  époque  fort 
lointaine,  du  moins  pour  les  parcours  de  faible  étendue  :  il  suffit  de  citer 
les  courroies  sans  fin,  les  chaînes  à  godets,  les  norias.  En  ce  qui  concerne 
les  voyageurs,  la  conception,  si  séduisante  fùt-elle,  n'a  pris  corps  qu'assez 
récemment  et  s'est  traduite  sous  deux  formes  :  les  plans  inclinés  mobiles 
remplaçant  les  escaliers  et  les  planchers  roulants  horizontaux  ou  à  incli- 
naison peu  accentuée.  Plans  inclinés  mobiles  et  planchers  roulants  ont  un 
trait  commun,  la  continuité  dans  le  temps,  qui  permet  aux  passagers  de  les 
utilisera  un  instant  quelconque  sans  délai  d'attente.  A  la  continuité  dans 
le  temps,  les  planchers  roulants  peuvent  ajouter  la  continuité  dans  l'espace, 
c'est-à-dire  la  faculté  d'embarquement  et  de  débarquement  en  un  point 
quelconque  du  parcours,  s'ils  se  développent  au  niveau  du  sol,  ou,  tout 
au  moins,  la  multiplicité  des  points  de  montée  et  de  descente  s'ils  passent 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE    1903.  83,5 

au-dessus  ou  au-dessous  du  terrain  naturel.  Ils  présentent  une  merveilleuse 
capacité  de  trafic. 

»  C'est  de  1880  que  date  le  premier  brevet.  Deux  applications  ont  eu 
lieu  à  Chicago,  en  1893  et  à  Berlin,  en  1896.  Mais  elles  étaient  d'impor- 
tance tout  à  fait  secondaire  relativement  à  celle  de  1900. 

»  Telle  cju'elle  a  été  exécutée  à  Paris,  la  plate-forme  mobile  électrique 
comprenait  un  trottoir  fixe  et  deux  trottoirs  mobiles  contigus  qui  se  dépla- 
çaient parallèlement  au  premier  avec  des  vitesses  respectives  de  i*"  et 
2™  environ  par  seconde.  Les  voyageurs  accédaient  du  trottoir  fixe  au  trot-» 
toir  à  faible  vitesse,  puis  au  trottoir  à  grande  j^itesse,  ou  inversement. 

»  Chacun  des  trottoirs  mobiles  se  composait  d'une  chaîne  de  trucks, 
les  uns  convexes,  les  autres  concaves,  qui  alternaient  un  par  un,  s'emboî- 
taient réciproquement,  étaient  réunis  par  des  chevilles  ouvrières  et  for- 
maient un  ensemble  assez  souple  pour  passer  dans  des  courbes  de  faible 
rayon. 

»  Sous  les  châssis  et  suivant  leur  axe  longitudinal  était  fixée  une  poutre 
en  forme  de  rail  renversé,  faite  de  tronçons  articulés.  Cette  poutre  reposait 
sur  des  galets  à  axe  fixe,  moteurs  ou  porteurs.  Les  galels  moteurs  rece- 
vaient le  mouvement  de  172  treuils  électriques  d'une  force  de  5'^*"'.  Des 
roues  adaptées  aux  trucks  convexes  roulaient  sur  des  rails-guides. 

))  La  rotation  des  galets  moteurs  entraînait  par  adhérence  la  poutre 
axiale  et  les  trucks.   C'était  le  principe  des  chemins  de  fer,  mais  inversé. 

))  Au  total,  la  plate- forme  développait  3370™;  le  rayon  minimum  des 
courbes  était  de  5o™  et  la  déclivité  maximum  de  0,003^5.  La  charge  morte 
atteignait  1800  tonnes;  la  surcharge  pouvait  s'élever  approximativement 
au  même  chiffre. 

»  L'alimentation  se  faisait  par  du  courant  triphasé  à  5ooo  volts  et 
25  périodes  par  seconde,  transformé  en  courant  continu  à  5oo  volts. 

»  Au  début,  le  démarrage  a  exigé  2600  ampères  et  la  marche  800  am- 
pères. Cette  dernière  dépense  s'est  progressivement  abaissée  à  3 10  ampères. 

»  Pendant  les  212  jours  de  fonctionnement,  il  n'y  a  eu  pour  ainsi  dire 
ni  accident  ni  incident  sérieux.  Des  statistiques  précises  ont  donné  :  pour 
le  parcours  du  trottoir  à  grande  vitesse,  19000"^™;  pour  le  nombre  total 
des  passagers,  6654 000;  pour  le  maximum  journalier  de  la  circulation, 
T  20000  voyageurs.    » 


836  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ASTRONOMIE.  —  Présentation  du  Tome  X  des  «  Annales  de  l'observatoire 
de  Bordeaux  ».  Note  de  M.  Lœwy. 

«  Le  Tome  X  des  Annales  de  V observatoire  de  Bordeaux,  que  j'ai  l'honneur 
de  présenter  aujourd'hui  à  l'Académie,  renferme  :  un  Mémoire  de  M.  A.  Fé- 
raud  sur  la  convergence  des  coefficients  du  développement  de  la  fonction 
perturbatrice;  la  suite  des  recherches  de  M,  G.  Rayet  sur  le  climat  de  Bor- 
deaux pendant  les  dix  années  1891  à  1900;  la  série  des  observations  méri- 
diennes, équatoriales,  météorologiques  et  magnétiques  des  années  1894 
et  1895. 

»  Le  travail  de  M.  A.  Féraud  est  la  continuation  de  ceux  qu'il  a  publiés 
dans  le  Tome  YIII  des  Annales  de  Bordeaux.  Dans  le  Mémoire  actuel  il 
recherche  la  limite  de  convergence  des  coefficients  de  la  fonction  pertur- 
batrice dans  les  deux  cas  suivants  :  i*^  L'une  des  orbites  est  circulaue, 
l'autre  elliptique  et  le  grand  axe  de  l'orbite  elliptique  est  confondu  avec  la 
ligne  des  nœuds;  trente-quatre  petites  planètes  remplissent  sensiblement 
ces  conditions;  2*^  L'une  des  orbites  est  circulaire  et  l'autre  elliptique  et  le 
grand  axe  de  l'orbite  elliptique  est  perpendiculaire  à  la  ligne  des  nœuds; 
le  nombre  des  planètes  pour  lesquelles  ces  conditions  sont  approxi- 
mativement réalisées   n'est   pas  moindre  de  soixante  et  une.   Pour  trois 

des  planètes  de  ce  dernier  groupe  les  développements  en  sin"     et  cos^-> 

déjà  employés  par  Tisserand  pour  Pallas,  sont  d'ailleurs  les  seuls  possibles  : 
c'est  une  recherche  d'une  importante  actualité. 

»  Le  Mémoire  de  M.  G.  Rayet  est  la  suite  de  ses  travaux  sur  le  climat 
de  Bordeaux;  il  y  compare  le  climat  de  1891  à  1900  avec  les  données 
relatives  aux  années  antérieures.  Cette  comparaison  démontre  qu'il  y  a, 
dans  le  climat  de  Bordeaux,  une  stabilité  relative  tenant  à  ce  que  le  golfe 
de  Gascogne  n'est  pas  directement  intéressé  par  les  grandes  tempêtes 
d'équinoxe  qui  sévissent  surtout  sur  la  Manche  et  la  mer  du  Nord. 

»  Les  observations  astronomiques  sont  publiées  sous  la  forme  ordinaire. 
Le  Volume  actuel  renferme  notamment  5354  observations  méridiennes 
effectuées  dans  les  années  1894  et  1895,  et  qui  ont  eu  pour  principal 
objet  la  revision  des  positions  des  étoiles  du  Catalogue  d' Argelander- 
OEltzen,  comprises  entre  15*^  et  20**  de  déclinaison  australe. 

»   L'ensemble   des  matières  contenues  dans  le  Tome  X  des  Annales  de 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE     190.3.  837 

l'observatoire  de  Bordeaux  fait  preuve  de  l'activité  féconde  et  variée  de  cet 
établissement  scientifique.    » 


M.  Adolphe  Carxot  fait  hommage  à  l'Académie  du  Tome  II  de  son 
Traité  d'analyse  des  substances  minérales.  Il  ajoute  : 

«  Le  premier  Volume  de  cet  Ouvrage  a  été  consacré  à  l'exposition  des 
différentes  méthodes  appliquées  à  l'examen  qualitatif  et  à  l'analyse  quanti- 
tative des  substances  minérales. 

))  Le  Tome  II  comprend  l'étude  analvtique  des  éléments  appelés  métal- 
loïdes, par  opposition  aux  métaux  qui  seront  étudiés  dans  la  suite. 

»  J'ai  cru  devoir  élargir  un  peu  la  catégorie  assez  élastique  des  métal- 
loïdes, pour  y  faire  entrer,  à  côté  des  éléments  qui  sont  ainsi  désignés 
depuis  longtemps  et  de  ceux  de  découverte  récente  qui  leur  sont  entière- 
ment semblables,  plusieurs  éléments  rares,  que  leurs  propriétés  et  celles 
de  leurs  principaux  composés  rapprochent  incontestablement  des  métal- 
loïdes classiques.  Tels  le  germanium,  le  titane,  le  tantale,  le  niobium,  le 
tungstène,  le  molybdène,  le  vanadium. 

»  L'introduction  de  faibles  quantités  de  ces  éléments  dans  les  métaux, 
notamment  dans  le  fer,  en  modifie  profondément  les  qualités,  aussi  bien 
que  l'introduction  du  carbone,  du  silicium,  du  soufre,  du  phosphore.  Il 
était  donc  intéressant  de  faire  passer  leur  étude  avant  celle  des  aciers,  où 
l'on  peut  avoir  à  les  reconnaître  et  à  les  doser. 

))  L'étude  de  chaque  élément  forme  un  Chapitre  distinct,  où  sont 
exposés  :  son  état  naturel,  ses  propriétés  et  celles  de  ses  principaux  com- 
posés, leurs  caractères  distinctifs,  les  procédés  de  recherche  qualitative  et: 
les  méthodes  de  dosage,  ainsi  que  les  méthodes  de  séparation  entre  l'élé- 
ment en  question  et  les  éléments  précédemment  étudiés.    » 


N03I1NATI0]\8. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un 
Membre,  dans  la  Section  de  Géographie  et  Navigation,  pour  remplir  la 
place  laissée  vacante  par  le  décès  de  M.  de  Bussy. 

G.  R.,  1903,  3"  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  21.)  »  lO 


838  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  53, 

M.  Emile  Bertin      obtient 49  suffrages 

M.  Ch.  Lallemand        »        3        » 

Il  y  a  un  bulletin  blanc. 

M.  Emile  Berti.v,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est 
proclamé  élu.  Sa  nomination  sera  soumise  à  l'approbation  du  Président 
de  la  République. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission qui  sera  chargée  de  présenter  une  liste  de  candidats  pour  la  chaire 
d'Histoire  générale  des  Sciences,  actuellement  vacante  au  Collège  de 
France. 

Cette  Commission  doit  comprendre  trois  Membres  choisis  dans  les  Sec- 
tions de  Sciences  mathématiques,  trois  Membres  des  Sections  de  Sciences 
physiques  et  le  Président  en  exercice. 

Les  Membres  qui  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  : 

Pour  les  Sections  de  Sciences  mathématiques  :  MM.  Jordan,  Mascart, 
Darboux; 

Pour  les  Sections  de  Sciences  physiques  :  MM.  Berthelot,  de  Lapparext, 
Perrier. 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

i''  Un  Ouvrage  ayant  pour  titre  :  «  Résultats  des  campagnes  scienti- 
fiques accomplies  sur  son  yacht  par  Albert  F'' ,  Prince  souverain  de  Monaco, 
publiés  sous  sa  direction  avec  le  concours  de  M.  Jules  Richard.  Fascicule 
XXIII  :  Bryozoaires  provenant  des  campagnes  de  X Hirondelle  (i 886-1 888), 
par  Jules  Jullien  el  Louis  Calvet;  Fascicule  XXIV  :  Recherches  sur  l'existence 
normale  de  l'arsenic  dans  l'organisme,  par  Gabriel  Bertrand.  » 

2°  La  deuxième  édition  des  «  Nouveaux  éléments  de  Géométrie  »  de 
M.  Charles  Méray. 

3°  Un  Ouvrage  intitulé  :  «  La  Mécanique,  exposé  historique  et  critique 


SÉANCE    DU   23    NOVEMBRE    ipoS.  889 

de  son   développement  »,  par  M.  Ernst  Mach;  traduction  française  par 
M.  É.  Bertrand.  (Présenté  par  M.  Emile  Picard.) 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  équations  fonctionnelles  et  la  théorie 
des  séries  divergentes.  Note  de  M.  L.  Fe.ier,  présentée  par  M.  Ém. 
Picard. 

«  La  théorie  des  séries  divergentes  peut  être  utile  dans  la  résolution  de 
quelques  équations  fonctionnelles  classiques;  c'est  ce  que  nous  nous  propo- 
sons de  montrer, 

)j    1.   Prenons  l'équation 

( I )  ^j^(x^  \)  -^  'h{-'^)  =  •^^'• 

Il  est  bien  naturel  de  partir  de  la  série 

x'' —  (x  -h  i)^  +  (.r  -\~  iy  —  .  .  . 

qui  satisfait  formellement  à  (i).  Elle  est  divergente  pour  toutes  valeurs 
de  x,  mais  sommable  dans  le  sens  de  M.  Borel,  et  la  somme  (un  polynôme  de 
degré k)  satisfait  à  l'équation  (r).  En  effet,  l'intégrale 

r- ^_ T ^ (-0%|+«^1  ^i_^  ^  ^» ^, r ^ (.■+j)'."1  ^^ 
L"— 0  J  '""*'     L"  =  it  J 

a  un  sens  quel  que  soit  x.  Pour  le  montrer,  remarquons  que 


/. 


où  les  fonctions  ')^^{z)  (v  =  o,  i ,  2,  . .  .j  se  déterminent  par  la  relation  récur 
rente 

(2)  ).„(.)=«=,  >,.,(.)  =  ='%i<î>  (v=,, 2,3.. ..,:«), 

et,  par  suite, 

A.(r)  =  .7..(..), 

/?v(^)  désignant  un  polynôme  de  degré  v.  La  convergence  est  donc  prouvée. 
Si  l'on  pose 

(3)  ^'"^f   ^" '>-'(-) d'-        (v  =  0,1,2,3,...), 


8/iO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

on  obtient 


/, 


(A--V) 


V  =  0 

))  On  voit  aussi  facilement,  a  priori  [c'est-à-dire  sans  employer  la 
forme  (4)]»  que  ^a:(^)  ^^t  vraiment  une  solution  de  (i).  Les  nombres 
rationnels  Cv,  analogues  aux  nombres  de  BernouUi,  se  déterminent  aussi 
d'utie  autre  façon. 

»  Cherchons  d'abord  la  fonction  génératrice  $(::,  /)  des  fonctions  \{z); 
<ï>  satisfait,  par  suite  de  (2),  à  l'équation 

^  ùz  ~  Ti 

avec  la  condition  intiale  <ï>(^,  0)=  e^.  On  trouve  par  intégration 

(I»(g,/)  =  ^--''. 
Donc 

(5)  /"--'■^'=-i7^  =  i;'T'^- 


V  =0 


Les  premiers  Cy  ont  pour  valeur 

r  _       ^       r  _  '       r  —       '       r  —  '7       r  —      ^'       r    —  ^^i 

<-.— -^'     *^'3-8'     ^>5--^'     ^T-7ë'     ^'«—--4-'     '-M- -g-'     •••' 

Co=-'  Cav^O  (v  =  T,  2,  3,  .  .  .). 

Gomme  il  n'existe  qu'un  seul  polynôme  satisfaisant  à  (i),  les 

J/A(a?)  (^  =  o,  I,  2,  ..  .) 

coïncident  nécessairement  avec  les  polynômes  définis  par  la  fonction  géné- 

ratrice  -^ >  dont  certaines  propriétés  et  applications  intéressantes  ont  été 

données  par  Hermite  (^Journal  de  Crelle,  t.  116). 

»  2.   Cherchons  la  solution  de  l'équation  fonctionnelle 

(6)  .A.x-4-.)-./(^-)=7^- 

En  désignant  par  "«(;r)  (^n=  o,  i ,  -^ ,  . . .)  les  polynômes  de  BernouUi,  la  série 

(7)  9o(i6-)— 0,(.X-)+  0,(^7)— ... 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE    igoS.  8^1 

satisfait  formellement  à  (6).  Elle  est  divergente  pour  toute  valeur  de  ^ 
(excepté  ^  =  o).  Mais  l'intégrale  de  M.  Le  Roy  {Annales  de  Toulouse, 
1 900)  qui  correspond  à  ta  série  (  7  ) 

est  une  fonction  entière  de  ,r,  et  la  limite  limG(^,  t)  existe  pour  toute  valeur 

de  X,  excepté  les  valeurs  réelles  né gatives  plus  petites  que  —  t  . 

»   On   voit  facilement    a  priori  que   cette  limite  f  {x)  satisfait  à   (6). 

Mais  ^'^'""'^'^  est  aussi  une  solution  de  (6).  Donc  f{x)  -       ^^"^  \  doit 
r(d7  +  i)  '  1  i^a  -t- 1; 

être  une  fonction  ayant  pour  période  un.  Mais  elle  est  précisément  con- 
stante. On  a  donc,  au  point  de  vue  des  séries  divergentes, 

c=  lim(    /        y^ l<^nO- 

»    Remarquons  que  l'on  peut  résoudre  de  la  même  manière  l'équation 

f{x  -  1)  —/(x)  =  ^a^x\ 

n=0 

dans  certains  cas  intéressants,  considérés  par  M.  Le  Roy  dans  le  Mémoire 
cité,  par  exemple  si  a„  a  la  forme 

an=        (û(x)x''dx. 

On  pourra  aussi  comparer  à  la  belle  solution  de  M.  Hiu'witz  (Acta  mathe- 
matica,  t.  XX).    » 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  un  système  de  trois  fonctions  de  variables 
réelles.  Note  de  M.  D.  Pompeiu. 

«   Considérons  une  fonction  analytique 

f{z)  =p(x,y)  +  iq(x,  y)  (z  ■=^  x  H-  iy), 

et  développons,  autour   d'un  point  régulier  -«^^o+d'o»  chacune  des 


8/(2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

fonctions/?  et  q  en  série  rie  Taylor 

00  00 

(i)  p{^^y)^y^\n      ^(^»r)---2î'''" 

(I 

les  \n  et  \j.n  étant  des  polynômes  homogènes. 
))  On  sait  que 

les  M„  ne  dépendant  que  du  point  i^x^,  y^),  d'où  l'on  conclut  que  l'ensemble 
des  deux  développements  (i)  converge  dans  un  cercle  ayant  le  point 
(a'o,  jo)  pour  centre  :  c'est  le  cercle  de  convergence  Aeji^z)  au  point  z■^^. 

»  On  peut  se  demander  si  cette  propriété  des  fonctions  analytiques  pour- 
rait être  généralisée.  D'une  façon  précise,  la  question  peut  être  posée  de 
la  manière  suivante  : 

»  Trouver  un  système  de  trois  fonctions  u,  v,  w  des  variables  réelles  x, 
y,  z  tel  qu'en  développant  chacune  de  ces  fonctions,  autour  d'un  point 
régulier  (^x^^,  y^^,  ^p),  en  série  de  ïaylor 

on  ait 

(3)      9l-^'K,-^yl  =  K\(^-^^.y-^(y-y.y-^(^-^.r\''\ 

les  (p,„,  d/,„,  /„,  étant  des  polynômes  homogènes  de  degré  m  et  les  H„,  ne 
dépendant  que  du  point  (j?^,,  y^,  z„).  Il  s'ensuivrait  que  le  système  (2) 
converge  dans  une  sphère  qui  serait,  dans  l'espace,  l'analogue  du  cercle 
de  convergence  des  fonctions  analytiques. 

»  La  recherche  des  fonctions  u,  v,  w  peut  être  faite  d'une  façon  régulière. 

»  En  prenant  dans  les  développements  (2)  les  termes  de  premier  degré, 
et  tenant  compte  de  la  condition  (3),  on  obtient  le  système  d'équations 
que  voici  : 

fOuY^fàvy   ^  AM'V       fduY   ,    fàvY   ,    fàivY       fàtiY'  .... 


du^ 

dXy 

)'+ 

\dx^ 

\'-       /divY       fduY       fàvY       fà^^Y 

du  du         dv  dv        dw  di\' 

dx  dy        dx  dy        dx  dy  ~~     ' 

du  du         dv  dv         div  dw 

dy  dz  ^  dy  dz   '^  dy   dz  ~  °' 

du  du         dv  dv         dw  dw 

dz  dx         dz  dx    '     dz  dx 

m 

\  -h. 

SÉANCE    DU    2.3    NOVEMBRE    I903.  843 

),  Or,  il  résulte  d'une  Note  de  Liouville,  à  la  Géométrie  de  Monge,  que  la 
solution  la  plus  générale  du  système  précédent  est  donnée  par  les  trois 
fonctions  suivantes  : 

.  _  A(a^  — «)  +  B(r— ^)  +  C(~-  — f^)^ 

(A)  ''  0^'  y^^)  =    i.^-ar~,-{y-or+{:^-cr    ' 

.V"(^  -  «)  +  B"  (  r  - /-') -^  C"(^-_c) 

dans  lesquelles  les  A,  B,  C,  A,  . . .,  C"  sont,  à  un  facteur  constant  près,  les 
neuf  coefficients  d'une  substitution  orthogonale. 

))  Les  fonctions  11,  v,  w  étant  aiusi  définies,  j'ai  démontré  que  la  condi- 
tion (3)  est  vérifiée  pour  toute  valeur  de  l'indice  m. 

))  Il  résidte  qu'en  développant  en  série  de  Taylor,  autour  d'un  point 
régulier,  chacune  des  fonctions  w,  v,  w,  le  système  de  ces  trois  développe- 
ments admet  comme  domaine  de  convergence  une  sphère. 

»   Le  système  (4)  est  le  plus  général  qui  réponde  à  la  question.    » 


AVIATION.  —  Sur  la  possibilité  de  soutenir  en  l'air  un  appareil  volant  du  genre 
hélicoptère  en  employant  les  moteurs  à  explosion  dans  leur  état  actuel  de 
légèreté.  Note  de  M.  Charles  Renard,  présentée  par  M.  Maurice  Levy. 

((  La  sustentation  permanente  d'un  appareil  plus  lourd  que  l'air  au  moyen 
des  hélices  et  des  moteurs  thermiques,  pratiquement  impossible  avec  des 
moteurs  pesant  lo'"»  par  cheval,  commence  à  être  réalisable  avec  les  moteurs 
actuels  dont  le  poids  est  descendu  à  5'^^  par  cheval,  et  même  à  un  chiffre 
inférieur.  Elle  deviendra  très  facile  avec  des  moteurs  pesant  2'^^^,  5oo  par 
cheval,  réalisables  aujourd'hui. 

»  Mais  il  faut  pour  cela  employer  des  hélices  d'un  poids  très  réduit. 
Nous  avons  exécuté,  à  l'établissement  de  Chalais,  au  moyen  d'une  machine 
spéciale,  de  nombreuses  expériences  sur  les  hélices  sustentatrices  et  nous 
avons  trouvé  un  type  d'hélice  qui  permettra,  quand  on  le  voudra,  d'enlever 
un  appareil  de  5'"''''  avec  un  excédent  de  force  ascensionnelle  de  S*"^'  à  lo""^. 

))  Les  propriétés  de  ces  hélices  sont  résumées  dans  les  formules  sui- 
vantes : 

»  Soient^'  le  diamètre  de  Thélice  en  mètres,  n  la  vitesse  angulaire  en  tours  par 


8V^  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

seconde,  A  la  poussée  verticale  en  kilogrammes,  T  la  puissance  dépensée  sur  l'hélice 
en  kilogrammètres. 
»   On  a 

(1)  A --r=  0,026/i^J?S 

(2)  T  =:  0,01 52  1  /i^.r'. 

»  Le  poids  d'une  hélice  de  1™  de  diamètre  de  ce  type  est  de  o""^,  5oo  et  Ton  est  con- 
duit pour  des  raisons  d'ordre  pratique  (rigidité,  etc.)  à  les  faire  toutes  géométrique- 
ment semblables,  de  sorte  que  si /:>  est  le  poids  d'une  hélice  de  diamètre  .r,  on  a 

(3)  yj  =  o,5j"^     (en  kilogrammes). 

»  Enfin  l'ellort  qu'elles  peuvent  exercer  sans  danger  de  rupture  est  de  lo'^s  pour 
l'hélice  de  1'"  et  il  varie  comme  le  carré  du  diamètre,  de  sorte  que  cet  ell'ort  limite  est 
donné  par  la  relation 

(4)  B=rIO^^ 

))  Des  formules  (i)  et  (2)  on  déduit  facilement,  en  éliminant  /«,  l'équation  suivante 
qui  donne  la  poussée  H  d'un  système  à  deux  kélices  en  fonction  du  diamètre  jl-  de  ces 
hélices  et  de  la  puissance  dépensée  en  chevaux  y  : 

(5)  H  =  8,S5,rV^ 

(on  a  supposé  dans  cette  formule  que  le  rendement  du   mécanisme  de   transmission 
était  égal  à  0,9). 

»  Pour  que  i'apj3areil  s'élève,  il  faut  que  la  poussée  H  soit  plus  grande 
que  les  poids  réunis  du  moteur  et  des  deux  hélices. 

))  Soient  TTTi  le  poids  spécilique  du  moteur  (poids  par  cheval),  w,  le  poids  spécifique 
des  hélices  (poids  de  l'hélice  de  1°^  de  diamètre)  et  Z  le  j)ofds  utile  que  l'appareil 
pourra  soutenir  en  l'air. 

»   On  a  évidemment 

(6)  Z=i^  8,85^^7''— 2ra,.r^  — ra,y. 

»  Il  est  facile  de  démontrer  avec  cette  formule  qu'on  peut  enlever  actuellement  un 
hélicoptère  de  S*^''"  par  exemple,  avec  un  poids  utile  de  8''k,4,  suffisant  pour  le  bâti, 
les  transmissions  et  l'approvisionnement  de  combustible  pour  i  heure. 

»  On  peut  donc,  dès  à  présent,  réaliser  avec  nos  hélices  et  les  moteurs 
ordinaires  d'automobiles  Tintéressante  expérience  du  soulèvement  pi^oloiigé 
d'un  hélicoptère.  Cette  expérience  fondamentale  aura  une  grande  impor- 
tance, maison  ne  pourra  l'étendre  au  delà  des  poids  utiles  de  8'^^  à  lo'*^ 
qu'au  prix  d'un  nouvel  et  important  allégement  des  moteurs. 


SÉANCE  DU  23  NOVEMBRE  igoS.  845 

»  La  fonction  Z  (poids  utile)  peut  en  effet  s'écrire,  dans  le  cas  général  où  on  laisse 
aux  poids  spécifiques  m^  et  ttt,  du  moteur  et  de  l'hélice  leur  généralité, 


(7) 


ax^  Y^  —  2nT2.r^ —  ^i  J- 


»  Si  a,  TOj  et  rn^  sont  considérés  comme  des  données  expérimentales,  Z  apparaît  ici 
comme  une  fonction  des  deux  variables  ^  et  /  (diamètre  des  hélices  et  puissance  du 
moteur).  Une  analyse  facile  démontre  que,  pour  les  valeurs  positives  de  x  et  de/,  le 
poids  utile  Z  a  un  maximum  unique  toujours  positif  donné  parFéquation 

\^)  ^'»=   0~^    ~fi 5   =  0,000I  2043  — T — ;. 

»  Le  maximum  du  poids  utile  soulevé  est  donc  proportionnel  à  la  neu- 
vième puissance  du  coefficient  a  qui  ne  dépend  que  de  la  perfection  du  type 
d'hélice  et  sur  lequel  on  ne  peut  guère  espérer  d'amélioration;  il  est  inver- 
sement proportionnel  au  carré  du  poids  spécifique  des  hélices  et  à  la 
sixième  puissance  du  poids  spécifique  du  moteur. 

»  On  ne  peut  pas  beaucoup  gagner  sur  le  poids  des  hélices,  mais  il  n'est  pas  de 
limite  qu'on  puisse  assigner  à  l'allégement  des  moteurs  et  de  ce  côté  on  peut  espérer 
une  rapide  augmentation  du  poids  utile  maximum  Z,,^  des  hélicoptères. 

»  L'équation  (8)  donne,  pour  le  cas  où  nous  nous  sommes  placé  plus  haut,  c'est- 
à-dire  pour  a  ■=.  8,85,  ■m^^=.h,  t<5^_z=.  o,5, 

Z^.-io'^SS. 

»  Si  l'on  donne  au  poids  spécifique  (poids  par  cheval)  du  moteur  des  valeurs  variant 
de  10  à  I,  on  obtient  pour  Z  les  coefficients  suivants  : 

Valeurs  de  cj,  (poids  par 

cheval) lo"*!?  gi-e  9>^e  ~^e  Cs  '^^s  l^^e  S^s  .^vs  ,kg 

Valeurs  de    Z^^   (maxi- 
mum du  poids  utile).       o''s,  160     o''8,3o2     o''e,6i2     ii-SjSG     3''tf,44     xq'^^;^     Sg!-!?,  2     -î-hH     25o6''b     rGooooks 

»  Ce  Tableau  fait  bien  ressortir  l'énorme  influence  du  poids  spécifique 
du  moteur.  Avec  des  moteurs  de  i''^  par  cheval,  on  pourrait  soulever 
160  ooo*"^.  Cq  poids  utile  tombera  à  220'"^  pour  des  moteurs  de  S''»  par 
cheval,  à  lo''^  pour  les  moteurs  de  5''^  et  enfin  à  i6os  pour  des  moteurs 
de  10'^^. 

»  L'importance  de  ces  données  numériques  en  ce  qui  concerne  l'avenir 
de  l'aviation  nous  paraît  très  grande  et  c'est  pourquoi  nous  avons  cru  devoir 
les  faire  connaître  immédiatement. 

»  Les  aéroplanes  (qui  donnent  une  sustentation  très  économique)  sont 
certainement  les  appareils  volants  de  l'avenir  et  nous  tenons  à  dire  ici  que 

C.  K.,  1903,  2«  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  21.)  I  I  I 


846  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nous  ne  nous  séparons  pas  des  savants  qui  ont  découvert  ou  appliqué 
les  remarquables  propriétés  des  ailes  attaquant  l'air  obliquement.  Nous 
ne  pensons  pas  à  ce  sujet  autrement  que  sir  G.  Cayley,  Penaud,  H.  Phi- 
lipps,  Lilienthal,  Marey,  Tatin,  Richet,  Maxim,  Hargrave,  Langley,  Chanute, 
Drzewiecki,  Ferber,  etc.;  mais  nous  croyons  que  les  aéroplanes  ont  besoin, 
pour  être  complets,  de  disposer  de  moyens  pratiques  de  départ  et  d'atter- 
rissage que  les  hélices  à  axe  vertical,  bien  employées,  paraissent  seules 
pouvoir  leur  procurer.  » 

ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  la  mesure  de  V effet  des  ondes  électriques  à  dis- 
tance au  moyen  du  bolomètre.  Note  de  M.  C.  Tissot,  présentée  par 
M.  Lippmann. 

(c  Nous  avons  signalé  dans  une  Note  précédente  (')  l'emploi  du  bolo- 
mètre comme  détecteur  d'ondes  électriques  capable  de  fournir  la  mesure 
de  l'énergie  reçue  par  l'antenne.  Le  dispositif  que  nous  avons  décrit  nous 
a  permis  d'obtenir  quelques  résultats  intéressants. 

))  Lorsqu'on  donne  au  galvanomètre  une  sensibilité  de  5.io^  à 
6.10'  mégohms,  l'appareil  permet  de  déceler,  d'une  manière  certaine, 
les  ondes  émises  par  l'un  de  nos  postes  de  télégraphie  sans  fil,  à  40*^°*  de 
distance. 

»  Pour  opérer  des  mesures,  nous  utilisons  un  poste  transmetteur  de  puissance  no- 
tablement moindre,  situé  à  une  dislance  de  a"""'  seulement.  La  sensibilité  du  galvano- 
mètre étant  réduite  à  aSoo  mégohms,  on  obtient  alors,  dans  des  conditions  de  stabilité 
complète  du  spot,  des  déviations  qui  vont  jusqu'à  260  divisions  de  l'échelle. 

»  Nous  avons  comparé  entre  elles  les  déviations  obtenues  en  produisant  des  émis-^ 
sions,  soit  par  système  direct,  c'est-à-dire  avec  l'antenne  et  la  terre  directement 
reliées  aux  boules  de  l'excitateur,  soit  ^^t système  indirect,  c'est-à-dii^e  à  l'aide  d'un 
dispositif  Blondlot  (ou  Tesla). 

»  Le  circuit  de  décharge  comprend  un  seul  tour  de  conducteur  primaire  enroulé 
sur  un  cadre  carré  (de  35'="%  50"=™  ou  'jo^'"  de  côté)  et  une  capacité  constituée  par  un 
nombre  variable  de  bouteilles  de  Leyde  identiques. 

»  Le  secondaire  est  relié  à  l'antenne  et  à  la  terre,  et  comprend  un  certain  nombre 
détours  de  conducteur  engainé  dans  un  tube  épais  de  caoutchouc  (deux  en  général). 

»  Pour  chaque  montage  on  se  servait  d'antennes  d'émission  et  de  réception  verti- 
cales de  longueurs  variables. 

»  La  période  des  oscillations  émises  était  mesurée  en  photographiant  l'étincelle  dis- 
sociée  par  un  miroir   tournant,   à  l'aide  du  dispositif  expérimental   que   nous   avons 

(*)   Comptes  rendus^  9  février  igoS. 


SÉANCE   DU    23    NOVEMBRE    l9o3.  847 

déjà  décrit  (').   Le  procédé  fournit  en  même   temps   une  évaluation  de  l'amortis- 
sement. 

»  Les  émissions  reçues  et  mesurées  au  bolométre  à  faible  distance  pouvaient  être 
enregistrées  simultanément  par  d'autres  détecteurs,  des  cohéreurs  en  particulier,  dis- 
posés dans  des  stations  plus  éloignées  (postes  de  télégraphie  sans  fil  situés  à  23  et 
3o  milles). 

■>>  1°  On  observe  d'abord  que  les  émissions  faites  par  le  système  direct 
sont  pins  aisément  reçues  au  cohéreur  que  celles  qui  sont  produites  par 
n'importe  quel  montage  indirect.  Le  fait  ressort  de  la  comparaison  des 
wattages  du  coinçant  d'excitation  avec  lesquels  il  faut  opérer  pour  obtenir 
des  communications  également  nettes  sur  cohéreur  avec  les  montages 
directs  et  indirects. 

»  Il  est  encore  plus  apparent  si  l'on  fait  porter  la  comparaison  sur  les 
quantités  respectives  d'énergie  mises  en  jeu  dans  la  décharge. 

»  D'ailleurs,  quand  on  emploie  un  wattage  suffisant  pour  obtenir  des 
communications  nettes  à  l'aide  d'un  montage  indirect,  la  facilité  des  récep- 
tions sur  cohéreur  paraît  très  sensiblement  indépendante  de  la  période  du 
système.  C'est  ainsi  que  l'on  peut  faire  varier  la  capacité  de  i  à  12,  sans 
cesser  de  recevoir  au  cohéreur. 

»   Il  en  est  tout  autrement  avec  le  bolométre. 

»  En  général,  l'effet  obtenu  sur  le  bolométre  est  beaucoup  plus  marqué 
avec  l'émission  par  montage  indirect  qu'avec  l'émission  par  montage 
direct.  Par  exemple,  en  opérant  à  wattage  égal  du  courant  d'excitation  et 
avec  des  antennes  identiques  constituées  par  un  conducteur  unique  de4o™ 
de  longueur  à  l'émission  et  à  la  réception,  on  a  : 

Émission  par  système  direct déviation  01 

Émission  avec  cadre  de  35'^™  et  2  jarres déviation  64 

»  2.^  Les  phénomènes  de  résonance  sont  mis  en  évidence  de  la  manière 
la  plus  nette  dans  la  réception  sur  bolométre,  surtout  si  l'on  opère  avec 
des  émissions  indirectes,  c'est-à-dire  faiblement  amorties. 

»  Ainsi,  on  fait  des  émissions  avec  cadre  de  35*"",  à  wattage  d'excitation 
constant,  antennes  d'émission  et  de  réception  identiques  (conducteur 
unique  de  40"^  de  longueur).  En  faisant  varier  la  capacité  du  circuit  de 
décharge,  on  obtient  : 

Capacité i  i,4       i>8       2,2       2,6       3 

Déviation 10  17         ^2         jS         5i  26 

(*)  Comptes  rendus,  26  mars  1901. 


848  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Le  maximum,  très  marqué,  correspond  à  la  valeur  2,2  de  la  capacité. 
Or  la  mesure  de  la  période,  par  photographie  des  étincelles,  donne  pour 
le  montage  avec  cette  même  capacité  la  valeur  T  =  0,52.10""  seconde, 

c'est-à-dire  -7  =  89™.  La  période  favorable  correspond  donc  nettement  à 

une  longueur  d'onde  voisine  de  quatre  fois  la  longueur  de  l'antenne. 

»  Quand  on  opère  avec  des  antennes  multiples,  la  position  du  maximum 
et  sa  valeur  changent,  et  le  maximum  est  encore  plus  accentué. 

»  Ainsi,  avec  des  antennes  multiples  identiques  à  quatre  branches  paral- 
lèles de  4o",  on  a  : 

Capacité 

Déviation 


I 

2 

3 

4 

5 

6 

6 

26 

i85 

69 

3o 

20 

»  3*^  Si  l'on  opère  avec  des  antennes  différentes,  avec  des  antennes  de 
longueurs  inégaies,  par  exemple,  à  l'émission  et  à  la  réception,  il  y  a  un 
maximum  marqué  lorsque  la  période  des  ondes  émises  est  voisine  de  celle 
qui  correspond  aux  vibrations  libres  de  l'antenne  de  réception.  Ainsi  pour 
des  émissions  avec  cadre  de  70"^™,  antenne  d'émission  simple  de  4o'"» 
antenne  de  réception  simple  de  60"",  on  obtient  : 

Capacité i  2  3  4 

Déviation 10  ^9  38  11 

»  Or,  la  période  mesurée  du  cadre  de  70*^"^,  avec  la  capacité  2,  est  : 
T  =  o,  72 .  lo""  seconde  et  correspond  à  -^  =  54'". 

»  Mais  la  résonance  est  moins  marquée  que  lorsque  les  antennes  sont 
identiques  et  le  maximum  devient  d'autant  moins  apparent  que  la  période 
propre  des  antennes  diffère  davantage. 

»  Bien  que  les  oscillations  soient  fortement  amorties  dans  le  système 
direct,  on  peut  encore  mettre  en  évidence  la  résonance  à  l'aide  du  bolo- 
mètre  et  observer  un  maximum  net  pour  l'égalité  des  antennes. 

»  Ces  résultats,  qui  mettent  en  lumière  la  grande  sensibilité  du  bolo- 
métre  comme  détecteur  d'ondes  électriques,  indiquent  nettement  que  la 
principale  des  conditions  à  remplir  pour  la  réalisation  d'un  accord  élec- 
trique propre  à  conduire  à  la  solution  de  la  syntonie  consiste  dans  le  choix 
d'un  détecteur  convenable. 

»  Ils  montrent  que  le  cohéreur,  qui  paraît  surtout  sensible  au  choc  du 
front  de  l'onde,  ne  saurait  convenir  à  cet  objet.  » 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE    igoS.  849 


PHYSICO-CHIMIE.  —  Sur  la  couleur  des  solutions  aqueuses  de  méthylorange  et 
le  changement  quy  déterminent  les  acides.  Note  de  M.  P.  Vaillant, 
présentée  par  M.  J.  Violle. 

«  On  sait  que  les  solutions  aqueuses  de  méthylorange  qui  sont  jaunes 
virent  brusquement  au  rouge  au  contact  des  acides. 

»  Ostwald  {Grandi,  cler  anal.  Ch.,  ch,  VI,  t.  II,  1897)  attribue  ce  changement  à 
ce  que  le  mélhylorange  est  rouge,  alors  que  son  anion  est  jaune. 

»  Kiïster  {Zeilschr.  fiir  anal.  Ch.,  t.  XIII,  1897,  p.  127),  s'appujant  sur  des  consi- 
dérations d'ordre  chimique,  propose  une  autre  explication  qui  est  la  suivante  : 

»  Le  méthylorange  est  un  acide  fort  complètement  dissocié  en  dissolution  étendue. 
Mais  par  suite  des  propriétés  basiques  du  radical  Az(CH3)-,  la  majeure  partie  des 
ions  H  mis  en  liberté  se  portent  sur  celui-ci  pour  former  le  groupement  très  parti- 
culier : 

H  —  Az  (CH^)^—  C«1F—  Az2—  C«H^  —  SÔ^ 

Ce  groupement,  qui  est  également  chargé  en  électricité  positive  et  en  électricité  néga- 
tive et  ne  peut  par  suite  coopérer  au  passage  du  courant,  est  ce  que  Kuster  appelle 
un  ion  nul  (nichtion).  Cet  ion  nul  est  relativement  peu  coloré  en  rouge  alors  que 
l'anion 

Az  (CPP)-^—  G«H''  —  Az-—  C^H*—  SÔ^ 

a  une  couleur  jaune  intense.  En  solution  aqueuse  par  suite  et  bien  qu'il  intervienne 
en  quantité  relativement  faible,  ce  dernier  détermine  la  coloration;  mais  si,  par 
l'addition  d'un  acide,  on  augmente  la  quantité  d'ions  H,  l'anion  est  complètement 
transformé  en  ion  nul  et  la  solution  prend  la  couleur  de  celui-ci. 

»   En  réalité,  aucune  de  ces  interprétations  n'est  d'accord  avec  les  faits. 

»  Dans  l'hypothèse  d'Ostwald,  les  solutions  de  méthylorange  devraient  virer  pro- 
gressivement au  jaune,  à  mesure  que  croît  la  dissociation  et  par  suite  la  dilution. 

»  Dans  celle  de  Kûster  au  contraire,  l'augmentation  de  dissociation  entraînant  une 
augmentation  dans  la  proportion  des  ions  nuls,  les  solutions  devraient  tirei  d'autant 
plus  vers  le  rouge  qu'elles  sont  plus  étendues. 

»  Or,  l'iibsorption  moléculaire  des  solutions  aqueuses  de  méthylorange 
est  indépendante  de  la  concentration,  ainsi  qu'en  témoignent  les  chiffres 
suivants,  obtenus  au  spectrophotomètre  Gouv  : 

Nombre  de  Conductibilité  Coefficients  d'absorption. 

litres  moléculaire  m — — _ 

par  éq.  gr.  dissous.  à  25°.  X,  =  55o;';\  X=  b^^G^W  'X,  =  542W, 

5oo 0,202       63o-h-  9    840 +i5    II 36— 18 

ïooo 0,282       63o+  5    84o—  9    ii36-^i2 

2000 0,260       63o— i4    840  —  37    ii36  — 28 


85o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Nombres  de  Conductibilité  Coefficients  d'absorption. 

litres  moléculaire  — ^»»-_ —- '- 

par  éq.  gr.  dissous.  à  25°.  )>,  =  ôSo:'-;'^.  }>„  =  546i^h-.  ^.^  =  542i^i'-. 

4ooo 0,284  63o  +    2         8/40  +  82         II 36 +  28 

8000 o,3oi  600+    6         84o+i3         1186  +  27 

16000 ■ 0,81 4  680 —    9        840 — 14         II 36 — i5 

))  On  voit,  au  surplus,  que  les  conductibilités  moléculaires  des  solutions 
étudiées  sont  relativement  considérables  (plus  de  la  moitié  de  celles 
de  H  Cl,  quatre  fois  celles  de  C^H^O^),  ce  qui  rend  invraisemblable 
l'existence  dans  ces  solutions  d'un  ion  non  conducteur  tel  que  l'imagine 
Kùster. 

»  On  doit  donc  admettre  que  les  solutions  aqueuses  de  méthylorange  ne 
renferment  que  les  deux  éléments  ordinaires  de  toute  solution  électroly- 
tique  :  molécule  complète  et  molécule  dissociée,  et  que  ces  deux  éléments 
ont  une  même  couleur  jaune,  en  sorte  qu'aucun  d'eux  ne  peut  intervenir 
dans  le  changement  de  coloration  que  détermincFit  les  acides. 

»  Ce  changement,  qui  est  progressif,  tend,  lorsque  la  quantité  d'acide 
augmente,  vers  une  limite  indépendante  de  la  nature  de  cet  acide,  mais 
d'autant  plus  rapidement  atteinte  que  celui-ci  est  plus  énergique.  Dans  une 

solution  à r;  de  méthylorane^e,  la  limite  est  atteinte  avec  ^ — éq.  e^r. 

2  X 10+*  -^  °  200     ^    '-' 

de  SO^H-  et  ne  l'est  j^as  encore  pour  -  éq.  gr.  de  CMi'O-.  Les  acides 

faibles  réputés  neutres  au  méthylorange  ne  semblent  l'être  que  par  insuf- 
fisance de  solubilité.  Ainsi  B(OH)^  dont  la  solution  saturée  à  froid  (i  éq.  gr. 
environ)  est  sans  action,  détermine  le  virage  au  rouge  lorsqu'on  opère 
sur  une  solution  saturée  à  la  température  d'ébullilion  (lo  éq.  gr.  par  litre). 
»   Voici,  au  surplus,  quelques-uns  des  résultats  numériques  obtenus  ; 

Concentration  en  méthylorange  :  5  x  io~''. 
Nombre  de  litres  Coefficients  d'absorptioa 

d'acide  étranger.  )>!•  \-  "ky 

(  2  X  lo'^ 5goo  7200  8470 

SO^H'   2  X  10- 9970  i2.5oo  15270 

(  2  X  io~' 97^0  12270  i5ooo 

i2  X  10' 4570  5470  6880 

2x10- 7680  10080  12700 

2  X  IO~^ 9880  12770  16070 

AzO^H       2x10—' roo8o  12200  15870 

(  2 8000  io83o  18200 

(    2  X  IO~' 10800  12700  15480 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE     IpoS.  85 1 

K  On  voit,  d'après  ce  Tableau,  que  l'absorption  des  solutions  acides  est 
beaucoup  plus  grande  que  celle  des  solutions  aqueuses  pures,  ce  qui  est 
en  désaccord  complet  avec  l'hypothèse  de  Kiister. 

»  Les  résultats  qui  précèdent  ne  peuvent  guère  s'interpréter  que  par 
une  transformation  moléculaire  du  méthylorange  sous  l'action  des  acides, 
transformation  progressive,  d'autant  plus  rapide  que  l'acide  est  plus  éner- 
gique. 

»  Cette  transformation  se  produit  également  en  solution  alcoolique.  En 
traitant  une  solution  concentrée  de  méthylorange  dans  l'alcool  (à  -^  éq.  gr. 
environ)  par  une  petite  quantité  de  H  Cl,  on  obtient  une  liqueur  rouge  qui, 
abandonnée  à  l'évaporation,  laisse  déposer  de  petits  cristaux  rouges,  consti- 
tuant vraisemblablement  le  méthylorange  transformé.   » 


PHYSICO-CHIMIE.  —  Lès  modes  de  déformation  et  de  rupture  dès  fers  et  des 
aciers  doux.  Note  de  MM.  F.  Os.moxd,  Ch.  Frémont  et  G.  Cartaud, 
présentée  par  M.  Moissan. 

«  Les  auteurs  se  sont  proposé  de  déterminer  et  de  classifier  les  modes 
de  déformation  du  fer  dans  les  fers  et  les  aciers  doux,  d'établir,  pour  ainsi 
parler,  l'alphabet  de  ses  déformations  élémentaires. 

»  Les  principaux  travaux  antérieurs,  que  nous  essayerons  de  relier  entre 
eux  et  de  compléter,  sont  ceux  de  Martens  (*),  Stead  (^),  Mugge  (^), 
Ewing  et  Rosenhain  ('),  Heyn  (*),  Ewiug  et  Humfrey  ("  ). 

»  On  sait  que  le  fer,  fondu  ou  soudé,  est  un  agrégat  de  grains  polyédriques  ordinai- 
rement équiaxes  et  que  l'on  peut  assimiler  aux  cellules  des  corps  organisés.  Chaque 
cellule  est  remplie  par  un  individu  cristallin  de  fer  a,  cristallisé  dans  le  système 
cubique  et  dont  l'orientation,  constante  dans  l'intérieur  d'une  cellule,  varie  d'une 
cellule  à  l'autre.  Enfin,  à  certains  égards,  le  fer  peut  aussi  être  regardé  comme  amorphe 
si  l'on  considère  des  déformations  de  tel  ordre  que  les  éléments  structuraux  soient 
négligeables  par  rapport  à  ces  déformations. 

»  Il  faut  donc  admettre  que  le  fer   possède  simultanément  les  trois   structures. 


(1)  Stalil  i/nd  Eisen,  t.  YII,  février  1887,  p.  82. 

(')  Journ.  Iron  and  Steel  Inst.,  1898,  part  I,  p.  i45  et  part  II,  p.  187. 

(»)  Neiies  Jahrb.  f.  Miner.,  1899,  1^  partie,  p.  55. 

(*)  Trans.  Roy.  Soc.  London,  t.  GXCIV,  p.  363. 

(5)  Zeits.  Ver.  deutsch.  Ingen.,  t.  XLIV,  1900. 

(«)  Métallo  g  raphist,  t.  VI,  avril  1908,  p.  96. 


852  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

amorphe,  cellulaire  et  cristalline,  possibles  dans  les  corps  inorganiques.  Chacune  de 
ces  structures  entraîne  des  déformations  qui  lui  sont  propres. 

»  Dans  les  corps-  amorphes,  on  sait  que  les  déformations  suivent  des  lois  géomé- 
triques. Nous  appellerons  ces  déformations  banales,  parce  qu'elles  sont  communes  à 
tous  les  corps.  Dans  les  corps  ayant  une  structure  spécifique,  les  déformations  banales 
s'adaptent  à  la  structure,  cellulaire  ou  cristalline,  ou  les  deux  à  la  fois,  engendrant 
des  déformations  également  spécifiques. 

»  Dans  le  fer,  nous  distinguons  sept  sortes  de  déformations  élémen- 
taires, en  partie  déjà  connues,  en  partie  nouvelles  : 

y>  A.  Déformations  banales  adaptées  à  la  structure  cellulaire  : 

»  1°  Plissements  microscopiques  perpendiculaires  ou  parallèles  à  la  direction  de 
l'effort  (déjà  connus  à  l'état  macroscopique).  Ces  plissements,  quand  la  déformation  a 
été  poussée  assez  loin,  donnent  lieu,  à  l'intérieur  de  la  masse,  à  des  franges,  signalées 
par  Heyn,  qui  paraissent  alternativement  sombres  ou  brillantes  après  attaque,  sous 
une  même  incidence  de  la  lumière. 

»  2°  Plissements  obliques  connus  à  l'état  macroscopique  sous  le  nom  de  lignes  de 
Lilders,  nouveaux  sous  la  forme  microscopique  et  de  même  nature  que  les  franges; 

»  B.  Déformations  cellulaires  pures  : 

))  3°  Joints  des  cellules,  déjà  connus; 

»  4°  Bordures  écrouies,  plus  ou  moins  déchiquetées,  le  long  des  joints  (non  encore 
décrites). 

»   C.  Déformations  cristallines  pures  : 

»  5°  Épines  écrouies,  courtes,  en  position  de  clivages  y^  (non  encore  décrites),  se 
rattachant  ordinairement  aux  joints^ 

»  6°  Clivages p,  connus  depuis  longtemps; 

»  7°  Lamelles  de  Neumann,  connues  depuis  i848  dans  les  fers  météoriques,  obser- 
vées sur  certains  fers  terrestres,  mais  non  utilisées  pour  l'étude  de  ces  derniers  (^). 

»  Tl  résulte  de  nos  observations  et  de  nos  expériences  que  : 
»  Pour  un  même  acier,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  l'application 
d'efforts  statiques  favorise  les  lignes  de  déformation  banales  ou  cellulaires, 
prodromes  d'une  cassure  banale  après  grande  déformation  ;  la  température 
du  bleu,  les  chocs,  les  efforts  rapidement  alternés  favorisent  les  lignes  de 
déformation  cristalline,  prodromes  de  la  rupture  intercristalline,  immédiate 
ou  ultérieure,  brusque  et  sans  déformation  notable. 

»  Pour  des  aciers  différents,  les  déformations  cristallines  prennent  d'au- 

(^)  Quand  nous  parlons  de  déformations  cellulaires  ou  amorphes,  nous  avons  en  vue 
la  position  et  la  forme  de  ces  déformations,  nous  ne  voulons  pas  dire  qu'elles  n'en- 
traînent pas  aussi,  en  se  produisant  dans  un  corps  cristallisé,  certaines  modifications 
intimes  de  nature  cristallographique,  mais  celles-ci  sont  alors  de  second  ordre. 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE    IQoS.  853 

t;int  plus  le  pas  sur  les  cléformalions  banales  ou  cellulaires  et  conduisent 
d'autant  plus  facilement  à  la  rui)lure  intercrislalline,  sans  déformations 
antécédentes  notables,  que  la  struclure  cristalline  est  mieux  développée. 

»  D'autres  métaux  ont  une  struclure  aussi  compliquée  que  celle  du  fer; 
mais,  d'habitude,  les  propriétés  mécaniques  respectivement  afférentes  à 
chacun  de  leurs  modes  superposés  de  structure  sont  de  la  même  famille. 
Dans  le  fer  a,  qui  constitue  essentiellement  tous  les  fers  et  aciers  doux 
industriels  refroidis  spontanément  à  partir  du  rouge,  les  propriétés  mé- 
caniques afférentes  à  chacune  des  structures  sont  très  différentes,  voire 
même  opposées. 

»  Le  fer,  corps  cellulaire,  est  très  plastique;  le  fer,  corps  cristallisé,  est 
fragile.  Et  comme  les  deux  structures  se  trouvent,  non  séparées  dans  des 
échantillons  différents,  mais  superposées  dans  le  même  échantillon,  elles 
donnent  lieu  à  des  faits  en  apparence  contradictoires. 

»  Suivant  que  les  procédés  de  fabrication  auront  fait  prédominer  l'une 
ou  l'autre  des  structures,  selon  que  l'une  ou  l'autre  sera  plus  directement 
visée  par  les  efforts  ou  empêchée  de  réagir  par  les  conditions  dans  lesquelles 
ces  efforts  sont  appliqués,  la  rupture  sera  consécutive  à  de  grandes  défor- 
mations banales  et  cellulaires  ou  bien  cristalline,  brusque,  sans  déforma- 
tions préalables. 

»  C'est  cette  dualité  qui  donne  au  fer  sa  position  particulière  parmi  les 
matériaux  de  construction  et  explique  les  ruptures  imprévues  qui  sur- 
viennent quelquefois  en  service  dans  les  pièces  fabriquées  avec  ce  métal.  » 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Influence  des  gaz  sur  la  séparation  des  métaux  par 
électrolyse  :  Séparation  du  nickel  et  du  zinc.  Note  de  MM.  Hollard  et 
Bertiaux,  présentée  par  m.  Arm.  Gautier. 

«  Les  métaux  dont  les  tensions  de  polarisation  sont  supérieures  à  celle 
de  l'hydrogène  (Zn,  Cd,  Fe,  Co,  Ni,  Sn,  Pb)  ne  peuvent  être  pratiquement 
séparés  successivement  par  accroissement  graduel  de  la  tension  électrique 
aux  électrodes,  bien  que  la  théorie  indique  que  chaque  métal  doive  se  dé- 
poser à  partir  d'une  tension  électrique,  dite  tension  de  polarisation,  qui  lui 
est  propre. 

»  Cette  contradiction  entre  la  théorie  et  la  pratique  n'est  qu'apparente. 
Elle  tient  à  ce  que  le  bain  est  très  résistant  et  que,  par  suite,  le  courant  qui 
le  traverse,  pour  la  tension  électrique  employée,  est  très  faible.  Ce  courant 

C.  R.,  19)3,  2»  Semestre.  (T.  CXXXVII,   N«  21.)  I  12 


851  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

qui  précipite  l'un  des  métaux  à  la  cathode  y  précipite  aussi  l'hydrogène  du 
bain;  ce  qui  fait  qu'une  fraction  seulement  du  courant  est  utilisée  pour 
le  dépôt  du  métal,  fraclion  beaucoup  trop  faible  pour  déterminer  la  sépa- 
ration complète,  surtout  vers  la  fin  de  l'électrolyse  oîi  la  concentration  de 
ce  métal  dans  le  bain  devient  très  petite  (loi  tle  Nernst). 

))  Le  bain  doit  sa  grande  résistance  surtout  auoc  dégagements  d'hydrogène 
à  la  cathode  et  d'oxygène  à  l anode. 

»  En  supprimant  l'un  et  l'autre  de  ces  gaz,  nous  avons  obtenu,  pour  la  même  ten- 
sion électrique,  un  courant  beaucoup  plus  intense  et  nous  avons  pu  réaliser  du  même 
coup  les  séparations  de  métaux. 

»  La  suppression  de  l'hydrogène  à  la  cathode  nous  a  permis  ('),  par  l'emploi  d'une 
cathode  en  étain  ou  en  cadmium,  de  séparer  des  métaux  comme  le  zinc  elle  cadmium. 

»  La  suppression  de  l'oxygène  à  l'anode,  par  l'emploi  d'une  anode  soluble,  nous  a 
permis  (-)  de  séparer  des  métaux  comme  le  nickel  et  le  zinc.  Dans  cet  exemple 
l'anode,  en  zinc  amalgamé,  plongeait  dans  une  solution  de  sulfate  de  magnésie  séparée 
par  un  diaphragme  de  la  solution  de  nickel  et  de  zinc  où  plongeait  la  cathode  en 
platine. 

»  Malheureusement  avec  celte  dernière  méthode,  une  fois  le  nickel 
retiré,  on  ne  peut  pas  doser  le  zinc  qui  reste  dans  le  bain  confondu  qu'il 
est  avec  le  sulfate  de  zinc  provenant  de  la  dissolution  de  l'anode. 

»   La  méthode  décrite  dans  la  présente  Note  n'a  pas  cet  inconvénient  : 

»  Nous  n'employons  plus  d'anode  soluble,  mais  une  anode  ainsi  qu'une  cathode  en 
platine  (^).  Ici  le  dégagement  d'oxygène  est  empêché  par  l'introduction  dans  le  bain 
d'acide  sulfureux  qui  s'oxyde  aux  dépens  de  cet  oxygène.  Il  y  a  longtemps  que  nous 
avons  eu  l'idée  de  nous  servir  de  ce  réducteur  sans  cependant  pouvoir  réaliser  de 
séparation;  parce  que  l'emploi  de  SO'' exige  des  précautions  spéciales,  que  nous  allons 
indiquer  : 

»  Le  nickel  et  le  zinc,  à  létat  de  sulfates,  sont  additionnés  de  sulfate  d'ammoniaque 
(los),  de  sulfate  de  magnésie  (5s),  de  5*""' d'une  solution  saturée  de  SO^  enfin  d'ammo- 
niaque (densité  :  0,924)  en  excès  de  25«'"'.  On  étend  à  Sûo*^""'  et  l'on  éleclrolyse  à  la 
température  de  90''  environ  (*)  avec  un  courant  de  o'»'"?,!.  Au  bout  de  4  heures  au 
maximum,  pour  des  quantités  de  nickel  qui  ne  dépassent  pas  os,25,  une  prise  de  la 
liqueur  du  bain  de  i''"''  à  2'='"'  ne  doit  plus  se  colorer  en  noir  par  le  sulfhydrate  d'am- 
moniaque, ce  qui  indiquerait  la  présence  de  nickel.  On  laisse  encore  i  heure  à  l'élec- 
trolyse, puis  on  retire  la  cathode. 


(^)  Voir  UoLLARD,  Bai.  soc.  chim.,  t.  XXIX,  1908,  p.  217. 
(2)  Voir  HoLLAUD,  But.  soc.  chim.,  t.  XXIX,  1908,  p.  116. 
(^)  C'est  notre  appareil  à  cathode  en  toile  de  platine. 

(^)   Il  importe    de   ne  jamais  laisser  la   température   tomber  au-dessous  de  cette 
valeur. 


SÉANCE    DU    20    NOVEMBRE    igo3.  855 

Résultais  expérimentaux. 


Q- 

Liantilés  pesées. 

Ni  déposé. 

Ni. 

0,2DOO 

o,25o8 

Zn  . 

o,o5 

Ni  . 

0;25(>0 

0,2494 

Zn  . 

o,i 

Ni  . 

o,25oo 

0,2617 

Zii  . 

O,  25 

Ni  . 

O,250O 

o,25o3 

Zn 

o,5 

Q 

uantilés  pesées. 

iNi  déposé, 

Ni. 

o,25oo 

o,25oi 

Zn  . 

I 

Ni  . 

0, 1000 

0,0969 

Zn  . 

0,1 

Ni  . 

0, 1000 

0 , 0963 

Zn  . 

0,5 

Ni  . 

0, lOOO 

0,0973 

Zn 

I 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  l'acide  oxalacêtique.  Note  de  M.  L.-J.  Sîmox, 

présentée  par  M.  A.  Ha  lier. 

«  I.  L'acide  oxalacélique  GO-H  -  CH- -  GO  —  CO-H,  dont  l'élher 
est  connu  depuis  les  recherches  de  Wislicenus  (1895)  n'a  pu  êlre  obtenu 
que  récemment  et  indirectement  : 

»  lo  A  partir  de  Tacide  acéljlène-dicarbonique  et  de  l'élher  dibromosuccinique 
symétrique  (A.  Michaël  et  J.  Biicher); 

»  2°  Par  oxydation  de  Tacide  malique  au  moyen  d'eau  oxygénée  en  présence  d'un 
sel  de  fer  (Fenlon  et  Jones); 

»  3°  Par  déshydratation  de  l'anhydride  diacétyltartrique  au  moyen  de  pyridine 
(A.  Wohl  et  C.  Oesterlin). 

»   On   ne   peut  réussir   à  l'obtenir  par  saponification   alcaline  de  son 

élher  : 

»  Cet  éther  est  en  effet  dédoublé  quantitativement  par  les  alcahs  con- 
centrés en  acides  oxalique  et  acétique  dans  le  sens  de  l'équation  (i)  : 

GO^H  -  Cll=^--  GO  -  GO^H  -I-  H-O  =  GO'^H  -  GIP  +  GO-H  —  GO^  il. 

»  L'acide  lui-même  est  décomposé  par  l'eau  acidulée  ou  même  par  l'eau 
seule  en  acide  pyruvique  et  anhydride  carbonique  : 

GO'  H  -  CH=^  -  GO  -  GO- H  =  GO=  -l-  GH^  -  GO  -  GO-Ii. 

»  Enfm  les  alcalis  très  étendus  et  froids  et  les  sels  alcalins  d'acides 
faibles  saponifient  l'éther  incomplètement  à  l'état  d'éther  acide 

GO^G=^  H^  -  CH^  -  GO  -  GO-H 

pendant  que  la  plus  grande  partie  subit  la  décomposition  précédente. 


856  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  On  peut  cependant  obtenir  l'acide  par  saponification  de  son  éther  au 
moyen  d'acide  chlorhydrique  concentré  : 

»  L'étlier  (i  partie),  enfermé  dans  un  tube  bouché,  avec  l'acide  chlorhydrique  pur 
du  commerce  (4  parties),  ne  tarde  pas,  par  agitation,  à  s'y  dissoudre.  Au  bout  de  peu 
de  temps  l'acide  oxalacétique,  insoluble  dans  l'acide  chlorhydrique  concentré,  com- 
mence à  se  déposer  et,  au  bout  de  quarante -huit  heures,  la  réaction  est  terminée.  On 
filtre  sur  colon  de  verre  et  l'on  sèche  sur  une  plaque  poreuse.  L'acide  est  ensuite  lavé 
avec  un  peu  d'éther,  puis  dissous  dans  l'acétone  ou  l'éther  acétique  et  précipité  par 
le  benzène  ou  la  ligroïne. 

»  Si  l'éther  oxalacétique  n'est  pas  récemment  distillé,  il  peut  arriver  que  l'acide 
ne  se  dépose  pas,  même  en  amorçant  au  moyen  d'un  germe.  On  récupère  alors  une 
partie  du  produit  recherché  en  extrayant  la  liqueur  acide  à  l'éther  et  évaporant  celui-ci 
sous  une  cloche  en  présence  de  chaux  vive. 

»  On  peut  remplacer  l'éther  par  sa  combinaison  cuprique  qui  présente  sur  Téther 
l'avantage  de  se  conserver  sans  altération. 

))  Cette  méthode  de  saponification  n'est  pas  exclusive  à  l'acide  oxalacé- 
tique et  se  recommande  pour  tous  les  cas  analogues  dans  lesquels  l'acide 
cherché  est  décomposé  par  les  alcalis  ou  par  l'eau.  J'ai  vérifié  qu'elle 
s'appliquait  à  l'acide  malonique  :  celui-ci,  soluble  dans  l'acide  chlorhy- 
drique concentré,  ne  se  dépose  pas  mais  peut  être  extrait  à  l'éther. 

»  IL  L'acide  oxalacétique  ne  fond  pas  mais  se  décompose  lorsqu'on  le 
chauffe:  la  température  de  décomposition  varie  avec  la  durée  de  chauffe. 

))  Dans  l'appareil  habituel  il  se  décompose  à  il\6°-i5o'^',  mais  on  peut 
déjà  le  décomposer  complètement  à  ioo°  au  bain-marie  en  l'y  maintenant 
pendant  24  heures. 

»  Il  est  très  soluble  dans  Facélone,  l'alcool,  l'éther  acétique,  un  peu  soluble  dans 
l'éther  et  insoluble  dans  les  autres  solvants  organiques  (benzène,  ligroïne,  sulfure  de 
carbone,  chloroforme)  qui  le  précipitent  de  ses  solutions. 

»  Il  est  peu  soluble  dans  l'acide  acétique  froid  (i  pour  100);  on  peut 
cependant  faire  au  sein  de  ce  solvant  une  détermination  cryoscopique  à  con- 
dition d'effectuer  la  solution  à  chaud  et  d'opérer  sur  la  solution  sursaturée  : 
dans  ces  conditions  l'acide  oxalacétique  reste  inaltéré  et  se  dépose 
après  l'opération.  Par  évaporation  de  ses  solvants,  il  cristallise  en  petits 
cristaux  £>roupés  régulièrement  autour  d'un  centie.  Examinés  au  micro- 
scope polarisant  en  lumière  parallèle  ces  cristaux  présentent  X apparence 
très  caractérislique  d'une  croix  noire  dont  l'orientation  ne  dépend  pas  de  la 
position  des  cristaux  mais  de  celle  de  l'analyseur. 

»   Action  de  Veau.  —  L'acide  est  soluble  dans  l'eau  froide  :  les  mesures 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE     [|)o3.  837 

cryoscopiques  ont  donné  pour  sa  grandeur  moléculaire  des  nombres  accu- 
sant une  ionisation  partielle  (r  i5,  1 16,  1 19  au  lieu  de  i32). 

))  L'acide  peut  être  titré  dans  l'eau  froide  en  présence  de  phtaléine;  il  se 
comporte  à  cet  égard  comme  l'acide  oxalique.  Porté  à  l'ébullition  il  se  dé- 
compose suivant  la  réaction  (II)  et  la  mesure  alcalimétrique  en  fait  foi 
(Fenton). 

»  Mais  cette  décomposition  se  produit  même  à  la  température  ordinaire; 
on  peut  suivre  ses  progrès  au  moyen  de  mesures  alcalimétriques.  La  fraction 

décomposée  est  exprimée  approximativement  par  le  rapport  a  =  — ^^ — ^^^ 

dans  lequel  M'  est  le  poids  moléculaire  observé  et  M  le  poids  moléculaire 
exact  i32.  On  a  constaté  par  exemple  qu'après  4  heures  3o  minutes  a  =  ^,  et 
après  1 7  heures  a  =  i. 

»  Cette  décomposition  par  l'eau  froide  est  donc  assez  rapide  et  permet 
de  rendre  compte  des  résultats  auxquels  conduit  la  saponification  de  l'éther 
oxalacétique  en  solution  aqueuse  diluée,  acide  ou  alcaline.  Au  surplus  elle 
mériterait  d'être  choisie  à  cause  de  sa  simplicité  comme  sujet  d'une  étude 
de  dynamique  chimique. 

w  ni.  L'acide  oxalacétique  présente  un  certain  nombre  de  réactions  qui 
le  distinguent  en  particulier  des  acides  oxalique  et  acétique. 

»  Réactions  colorées.  —  Chlorure  ferriqae  :  coloration  rouge  intense  en  solution 
aqueuse  ou  alcoolique. 

»  ISitroprussiate  de  soude  et  potasse  :  coloration  rouge  intense  que  l'acide  acétique 
fait  disparaître  après  avoir  provoqué  tout  d'abord  un  virage  violet. 

»  Nitroprussiate  de  soude  et  ammoniaque  :  coloration  bleue  identique  par  tous  ses 
caractères  avec  celle  que  j'ai  reconnue  pour  l'acide  pyruvique  et  qui  doit  probablement 
son  origine  à  la  production  de  ce  corps  par  décomposition. 

»  Réactions  salines.  —  Les  réactions  de  son  sel  de  potassium  .avec  les  sels  métal- 
liques (Ca,  Sr,  Ba,  Fe,  Zn,  Co,  Ni,  Ag),  dont  le  détail  ne  saurait  trouver  place  ici, 
distinguent  très  nettement  l'acide  oxalacétique  des  acides  oxalique  et  acétique;  on 
peut  en  dire  autant  de  son  action  sur  le  permanganate  de  potassium  neutre. 

M  En  résumé  :  l'acide  oxalacétique  peut  être  obtenu  par  saponification 
de  son  éther  au  moyen  d'acide  chlorhydrique  concentré;  il  ne  diffère  pas 
par  ses  propriétés  essentielles  de  celui  que  Fenton,  d'une  part,  etWohI, 
d'autre  part,  ont  obtenu  par  des  procédés  différents.  » 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Copulation  des  sels  de  dinaphlopyryle  avec  les  phénols. 
Note  do  M.  K,  Fosse,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«   Le  radical  dinaphlopyryle  ^^v  yO   peut  se  substituer  à  un 

atome  d'hydrogène  du  noyau  des  phénols,  poiir  donner  des  corps  répon- 
dant à  la  formule  générale  suivante  : 

0(         "    )CH.eH^-^OH. 

»  Nous  obtenons  ces  dérivés  du  pyrane^  à  fonction  phénol,  par  l'action 
des  sels  de  dinaphlopyryle  (chlorure,  bromure,  sulfate)  sur  les  phénols 
généralement  sodés,  d'après  l'équation  : 

CH<^§1^)0  .X  +  C'^W-^  ONa  =  NaX  +  HO.C«H^-^CH(^^',[|^[)o. 

))  L'atome  de  carbone  du  noyau  phénolique,  soudé  au  carbone  pyra- 
nique  est  situé  en  position  para,  vis-à-vis  de  l'hydroxyle.  Le  corps  obtenu 
possède  la  constitution 

/ \       /CR'X 

H0\^^  /       \C"'H^/ 

))  Si  l'atome  de  carbone  du  noyau  phénolique  est  déjà  substitué  en  para, 
l'union  du  radical  pyryle  se  fait  avec  le  carbone  phénolique  en  position 
ortho.  C'est  ce  qui  arrive  dans  le  cas  du  naphtol  p. 

»  Ces  propriétés  établissent  l'analogie  de  réaction  des  sels  de  diazoïque 
et  des  sels  de  dinaphlopyryle. 

»  Pourtant,  les  phénols  que  nous  obtenons  par  copulation  diffèrent 
légèrement  des  azoïques.  Si  le  parallélisme  de  ces  deux  classes  de  corps 
était  parfait,  les  premiers  devraient  avoir  la  formule  suivante  : 

CH^   ^,0TT6  /C).C**H''.OH, 

calquée  sur  celle  des  seconds, 

R.N-.C«H\OH. 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE    lO^oS.  SSg 

))  L'oxygène  du  noyau  pvrajiinue  devrait  être  uni  au  carbone  du  noyau 
phénolique.  Nous  pensons  que  de  lels  corps  instables  se  forment  d'abord, 
puis  se  transforment  en  ceux  que  nous  isolons,  par  suite  de  la  migration 
du  radical  phénolique,  de  l'oxygène,  sur  le  noyau  pyranique  : 

CH  CH-C<'H\OH 


C'"!!"' 


O-CH'.OIi  O 


»  Ces  phénols  possèdent  une  propriété  très  curieuse,  ils  sont  complète- 
ment insolubles,  à  chaud  et  à  froid,  dans  les  alcalis  à  solution  aqueuse, 
mais  se  dissolvent  dans  les  alcalis  alcooliques,  d'où  l'addition  d'eau  les 
précipite. 

»  Nous  avons  déjà  signalé  que  cette  propriété  appartenait  à  un  phénol 
à  noyau  pyranique  :  le  naphtyloldinaphtopyrane.  Elle  est  peut-être  com- 
mune à  tous  les  phénols  de  constitution  semblable.  Pour  expliquer  cette 
insolubilité  dans  les  lessives  alcalines,  nous  n'admettrons  pas,  comme  on 
le  fait  généralement  pour  les  orthoxyazoïques,  une  formule  quinonique, 
qui,  dans  ce  cas,  serait  la  suivante  : 

))  Nous  croyons  que  la  cause  de  cette  insolubilité  est  imputable  à  la 
présence  de  l'oxygène  pyranique  dont  la  basicité  neutralise  l'acidité  de 
l'hydroxyle  et  lui  enlève  la  fticullé  de  se  dissoudre  dans  les  alcalis  aqueux. 

»  Les  deux  formules  suivantes  traduisent  cette  manière  de  voir  : 

,   \C-M«/7\               ,    \C-H«/„ 
co  H^ o     fl        C/'  ir ^O  -  H. 

«  Action  du  chlorure  de  dinaphtopyryle  sur  le  phénol  sodé.  Phénylol-dlnaphtopy- 
rane   :    H0(^  /^"\gÎ"h'/^'  ~  ^^  ''°''^'  "^'^  engendré  d'après  l'équation  sui- 


vante : 


CH(g;§)0.Gl  +  Na  O  C/-  tP  =  Na  Cl  +  HO.C«  H*  Ch(^" {^;)o. 


Il  cristallise  avec  i'""'  d'alcool.  Desséché,  il  fond  à  207°. 

»   L'analyse  lui  assigne   la   formule   brute   C"11'»0%   et   la  synthèse  la  formule  de 
constitution  donnée  plus  haut. 


86o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Synthèse  du  phénylol'dinaphtopyrane.  —  j™°'  d'aldéhyde  /)-os.ybenzoïque  et 
gmoi  (jg  naphtol  [3  en  solution  acétique  en  présence  de  HCl,  ont  donné  un  corps  identique 
au  précédent,  formé  d'après  l'égalité  : 


/CioJP^ 


HO^         ^CH.O  +  2H.C'»H«OH  =  2H-0  ^  H0(^  /^"XC^oH^/^- 

Obtenu  par  les  deux  méthodes,  ce  phénol  est  insoluble  dans  les  lessives  alcalines,  so- 
luble  dans  la  potasse  alcoolique. 

»   Action  du  bromure  de  dinaphtopyryle  sur  le  gayacol sodé.  Goyacol  dinaphtopy- 

I 
OCH^ 

soude  aqueuse,  soluble  dans  la  potasse  alcoolique.  L'analyse  lui  assigne  la  for- 
mule C^^H-^O"-.  Sa  constitution  découle  de  son  identité  avec  le  corps  synthétique  pré- 
paré par  M.  Rogow  en  condensant  le  naphtol  [3  avec  la  vanilline  d'après 


rane    :    H0\  )CH/  „,„,,,   )0.  —  Ce  corps  fond  à  210°,  il  est  insoluble  dans  la 


HO^  NcH.O  +  2H.GioH«OH=r2H20  +  HO(f  ^CH^^'"îî"^0. 

I  I 

O  CH»  O  CH3 

»  Action  du  chlorure  de  dinaphtopyryle  sur  le  naphtol  ^.  Naphtylol-dinaphto- 


\  / 

pyrane  :  C  /CH^  pious  /^-  —   ^^  corps  donné  par  cette  copulation  fond  à 

\ 
OH 
278";  il  est  soluble  dans  la  potasse  alcoolique,  insoluble  dans  les  eaux  alcalines.  Il  est 
identique  au  corps  synthétique  déjà  obtenu  par  nous  en  condensant  l'aldéhyde  oxy- 
naphtoïque  avec  le  naphtol  p  : 


)CH.O+2H.GioH«OH=:r2H2  0+ <^         /^^\0»H«/^-  " 
OH  OH 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Synthèse  de  la  nicotine. 
Noie  de  M.  Ame  Pictet,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  J'ai  réalisé  une  synthèse  de  la  nicotine  en  partant  de  l'acide  nicoti- 
nique  (^-pyridine  carbonique)  et  en  utilisant  les  réactions  suivantes  : 

»  L'acide  nicotinique  a  été  élhérifîé,  puis  transformé  par  l'ammoniaque  en  amide, 

et  celle-ci  traitée  par  l'hypobromite  de  sodium,  ce  qui  a  fourni  la  ^-aininopyridine . 

»  J'ai  préparé  le  mucate  de  cette  base  et  je  l'ai  soumis  à  la  distillation  sèche;  j'ai 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE    TgoS.  86 1 

obtenu  de  cette  manière  le  k.T.-py ridylpyvrol  (formule  I)  sous  la  forme  d'un  liquide 
jaune  pâle,  bouillant  à  25 1°. 


XH 
CH 


CH 

I 
CH 


Az 


CH  —  CH 

Il  II 

C  CH 

\     / 
Az 

H 


CH- 

1 1 
il 

-C 

\ 

A2 

-CH 

II 
CH 

/ 

CH3 
CH^ 

m. 

I.  II. 

»  J'ai  fait  passer  les  vapeurs  de  ce  corps  à  travers  un  tube  de  verre  chauffé  au  rouge 
sombre;  il  y  a  alors  migration  du  radical  pyridyle,  qui  quitte  Tazote  pour  se  fixer  au 
carbone  a  du  noyau  pyrrolique.  X^rt-pyridylpyrrol  (formule  H),  qui  prend  ainsi  nais- 
sance, est  un  corps  solide,  fusible  à  72°  et  possédant  des  propriétés  faiblement  acides. 
Traité  par  le  potassium,  il  donne  un  sel  par  substitution  du  métal  à  Thydrogène  du 
groupe  AzH. 

»  Ce  sel  réagit  à  Pébullition  avec  l'iodure  de  méthyle,  il  y  a  remplacement  du  po- 
tassium par  CH^,  mais  en  même  temps  addition  d'une  molécule  d'iodure  de  méthyle  à 
l'azote  du  noyau  pyridique,  et  l'on  obtient  un  iodoinéthylate  (formule  HI),  fusible 
à  207°. 

y>  Lorsqu'on  distille  ce  composé  avec  de  la  chaux,  il  perd  CH-H  et  fournit  une  base 
monoacide  de  formule  C'"H'"Az-,  bouillant  à  276°.  Celte  base  est  identique  à  Visodi- 
pyridine  que  Cahours  et  Etard  ont  obtenue  en  1880,  en  oxydant  la  nicotine  par  le 
ferricyanure  de  potassium,  et  qui  a  été  étudiée  plus  tard  par  M.  Blau  sous  le  nom  de 
iiicotyrine.  Ce  nouveau  mode  de  formation  montre  que  sa  constitution  doit  être 
exprimée  par  la  formule  IV. 

»  Pour  convertir  l'isodipyridine  en  nicotine,  il  s'agissait  de  fixer  4^'  d'hydrogène  à 
son  noyau  pyrrolique,  sans  réduire  en  même  temps  le  noyau  pjridique.  J'y  suis  arrivé 
par  l'intermédiaire  des  dérivés  halogènes.  Lorsqu'on  traite  l'isodipyridine  par  l'iode 
en  solution  alcaline,  il  se  forme  un  dérivé  monoiodé  (point  de  fusion,  ijo°)  dans 
lequel  l'atome  d'iode  occupe  probablement  l'une  des  positions  ^  du  noyau  pyrrolique. 
Chauffé  avec  l'élain  et  l'acide  chlorhydrique,  ce  dérivé  abandonne  son  iode  à  l'état 
de  HI  et  se  réduit  partiellement  en  donnant  naissance  à  une  dihydronicotyrine 
CH'-Az-,  base  diacide  et  bitertiaire,  bouillant  à  248°  et  constituant  un  isomère  de 
la  nicoléine  dont  M.  Rotschy  et  moi  (^)  avons  constaté  l'existence  dans  le  tabac.  Je 
lui  attribue  la  formule  V. 


/\ 


CH  -  CH 

Il  II 

C         CH 

\     / 
Az 


Az 


CH^ 


Az 


IV. 


CH  -  CH^ 

Il  I 

C         CH^ 

\     / 
Az 

I 
CH^ 

V. 


CH^— CH 

/\ 

1            1 
—  CH        CH 

\     / 

Az 

\/ 

1 

Az 

CH=^ 

\I. 


C)   Comptes  tendus,  t.  CXXXII,  p.  971, 

C.  R.,  1900,  2»  Semestre.  (T.  C.WXVII,  N^  21.) 


ii3 


862  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  La  dihydronicotjrine  donne,  avec  le  brome  en  solution  acétique,  un  tétrabro- 
niure  C^H^Az.C^H^BrAz.HBr.Br-  qui,  traité  à  son  tour  par  l'étain  et  Facide  chlor- 
hydrique,  perd  tout  son  brome  et  fixe  deux  nouveaux  atomes  d'hydrogène. 

))  Le  produit  de  celte  réaction  est  identique  à  la  nicotine  inaclive  (for- 
mule YI)  que  M.  Rotschy  et  moi  (')  avons  préparée  d'autre  part  en  chauf- 
fant en  tubes  scellés  à  200°-2ïo*'  les  solutions  aqueuses  du  sulfate  de 
nicotine  naturelle. 

»  Pour  dédoubler  la  nicotine  inactive  en  ses  deux  modifications  optiques, 
j'ai  fait  usage  de  l'acide  tartrique  droit.  Un  essai  préalable,  fait  avec  la 
nicotine  naturelle,  m'avait  montré  que,  en  saturant  la  base  par  une  solu- 
tion alcoolique  concentrée  et  bouillante  d'acide  tartrique,  on  obtient  un 
sel  bien  cristallisé,  de  formule  C*"  H' '  Az-.  2C'H''0^  2H-O,  fondant  à 
SS^-Sg**  et  possédant,  en  solution  aqueuse,  un  pouvoir  rotaloire  [o-Jd  de 
-f-24«,68. 

»  En  opérant  de  même  avec  la  nicoliiie  inactive,  j'ai  obtenu  le  même 
sel  que  j'ai  purifié  par  cristallisation  dans  l'alcool  bouillant  jusqu'à  ce  que 
son  point  de  fusion  soit  monté  à  88°  et  que  son  pouvoir  rotatoire  ait 
atteint  -1-25^,  i .  Je  l'ai  alors  décomposé  parla  soude  et  ai  recueilli  3""'  d'une 
base  qui  s'est  montrée  en  tous  points  identique  à  la  nicotine  iialurelle  : 

Nicotine  Nicotine 

du  tabac.  de  synthèse. 

„    .        j,,,     ...   .        ,  ,  \     246'%  I  —  246°,  2  246«,l 

Point  d  ebulhtion  (corr.) \  ^  o^    . 

^  '  {        sous  730"""  sous  735'"'" 

20°  22° 

Densité ^^-r-  '.  i  ,oûq  —, —  :  i  ,008 

4"       '    y  4° 


Pouvoir  rotatoire  [^^jo. 


—  x6i°,55  à  20°  — 161",  19  à  20°,  5 

(d'après  Landolt) 


»  Les  eaux  mères  alcooliques  du  tartrate  de  nicotine  gauche  laissent 
par  évaporation  un  sel  sirupeux  dont  j'espère  retirer  la  nicotine  droite. 

))  La  première  partie  de  ce  travail  (synthèse  de  l'isodipyridine)  a  été 
faite  avec  la  collaboration  de  M.  P.  Crépieux,  et  la  troisième  (dédoublement 
de  la  nicotine  inactive)  avec  celle  de  M.  A.  Rotschy.  » 

(')  Berichte  dei:  cl.  c/ic/n.  Gesei/.schaft,  t    XXXIII,  p.  2353. 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE    igoS.  863 


ZOOLOGIE.  —  Sur  r action  morphogéne  de  l'eau  en  ntouvemenl  sur  les 
Bydraires.  Note  de  M"'^  S.  Motz-Kossowska,  présentée  par  M.  Y. 
Delage. 

«  En  étudiant  les  Hydraires  méditerranéens  au  laboratoire  Arago,  à 
Banyuis-sur-Mer,  j'avais  été  frappée  de  voir  que  des  représentants  d'une 
même  espèce  provenant  de  stations  bathymétriques  différentes  présen- 
taient des  différences  parfois  très  accentuées  et  très  constantes,  soit  dans  la 
forme  de  leurs  liydrothèques,  soit  dans  le  port  des  colonies.  J'avais  été 
amenée  à  soupçonner  une  relation  directe  entre  les  modifications  observées 
chez  ces  formes  et  leurs  conditions  d'habitat,  et  cette  idée  s'est  imposée 
plus  fortement  à  mon  esprit  à  la  lecture  d'un  travail  de  Birula  ('),  qui 
déjà  en  1898  avait  signalé  des  faits  analogues  chez  Canipanularia  intégra  et 
Sertularella  tricuspidata.  L'observation  d'un  grand  nombre  de  colonies,  aussi 
bien  dans  leur  milieu  naturel  qu'après  maintien  prolongé  en  expérience 
dans  les  bacs  de  l'aquarium,  m'a  fourni  les  résultats  suivants  : 

»  I.  Modifications  de  l'hydrocalle  et  des  hydrothèques.  —  i"  Plnmularia  obliqua 
Saunders.  —  Celte  espèce,  que  Fon  ne  trouve  d'ailleurs  que  dans  les  endroits  où 
l'eau  est  très  agitée,  est  représentée  dans  la  région  de  Banvuls  par  deux  formes  diffé- 
rentes vivant  côte  à  côte,  mais  tandis  que  l'une  (forme  a)  vit  sur  des  Eponges  encroû- 
tantes ou  sur  des  Floridées  lamelleuses  et  se  trouve  ainsi  directement  exposée  au  choc 
des  vagues,  l'autre  (forme  [3)  habite  exclusivement  les  feuilles  de  Posidonia  caulini 
et  de  préférence  les  feuilles  intérieures,  la  feuille  extérieure  étant  généralement  recou- 
verte d'algues  parasites.  Le  périsarque  de  la  forme  a  est  extrêmement  mince  et  lui 
assure  une  très  grande  flexibilité;  dans  la  forme  p,  au  contraire,  les  faces  latérales  de 
i'hydrocaule,  des  hydroclades  et  des  hydrothèques  sont  fortement  épaissies  et  forment 
ainsi  un  cadre  rigide  qui  protège  la  colonie  contre  l'écrasement  par  les  feuilles  recou- 
vrantes. 

»  Cultivées  dans  un  bac,  directement  sous  le  jet  du  robinet,  des  colonies  [3  ont  donné, 
par  régénération,  des  hydrothèques  dépourvus  des  épaississements  latéraux  si  carac- 
téristiques pour  celte  forme. 

»  1°  Aglaophenia  tnyriophyllinn  L.  —  Cette  espèce,  très  commune  en  eau  profonde 
et  calme,  a  les  hydrothèques  munis  d'une  série  d'épaississements  dorsaux  très  marqués, 
alignés  de  haut  en  bas.  Mais,  si  l'on  réussit  à  la  cultiver  en  eau  très  agitée,  le  péri- 
sarque devient  uniformément  mince  ;  de  plus,  les  hydrothèques  deviennent  plus  étroits 
tout  en  gardant  la  môme  longueur,  le  diamètre  des  hydroclades  diminue  presque  de 
moitié  et  les  nématothèques  sont  plus  grêles  et  plus  courts. 

(')  Anii.  I\Ius.  Zool.  Acad.   Imp.   Se.  Saint-Pélersbourg,  p.  2o3-2i4  (en  russe). 


864  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

))  Ces  deux  faits,  choisis  parmi  un  grand  nombre  de  cas  pareils,  prouvent 
que  la  présence  ou  l'absence  des  épaississements  du  périsarque  sont  des 
caractères  variables  entre  tous  et  liés  étroitement  aux  conditions  dans  les- 
quelles vivent  les  formes  considérées.  Il  m'a  paru  utile  de  les  signaler,  car 
ils  sont  de  nature  à  porter  la  lumière  sur  l'origine  de  certaines  espèces. 
C'est  ainsi  que  certaines  Plumulaires  du  groupe  de  Pi.  corrugata  établi  par 
Nulting  ne  se  distinguent  de  PL  setacea  que  par  des  épaississements  hydro- 
cladiaux  plus  marqués;  il  en  est  de  même  de  nombreuses  Plumulaires 
exotiques  du  groupe  PL  obliqua  décrites  par  Baie,  Kirchenpauer  et  Nut- 
ting,  etc.  Seulement,  en  l'absence  de  données  précises  sur  leur  habitat,  il 
est  impossible  de  décider  si  l'on  doit  voir  dans  ces  formes  des  variétés 
locales  ou  bien  des  espèces  bien  fixées,  devenues  telles  à  la  suite  de  chan- 
gements survenus  dans  leurs  conditions  bionomiques. 

»  II.  Modifications  dans  le  port  des  colonies.  —  x°  Eudendriuin  ramosum  L.  —  En 
eau  profonde  les  colonies  présentent  un  hydrocaule  fascicule  dans  une  grande  partie 
de  sa  longueur  et  très  ramifié,  les  rameaux  principaux,  également  fascicules  au  moins 
à  la  base,  naissant  à  angle  presque  droit.  A  une  profondeur  plus  faible  l'hjdrocaule, 
extrêmement  flexible,  n'est  plus  fascicule  que  tout  à  fait  à  la  base,'  excepté  quand  la 
colonie  se  développe  dans  les  anfractuosités  de  certains  Bryozoaires  (Eschara),  où 
elle  est  abritée  contre  les  mouvements  de  l'eau;  de  plus,  les  rameaux,  moins  nom- 
breux, forment  avec  la  tige  des  angles  très  aigus,  ce  qui  assure  à  la  colonie  la  flexi- 
bilité nécessaire  pour  obéir  au  courant.  Enfin,  au  niveau  même  de  la  mer,  dans  les 
endroits  très  battus,  les  colonies  sont  toujours  chétives,  monosiphonées  et  à  peine  ra- 
mifiées. 

»  Or,  ces  trois  formes,  entre  lesquelles  j'ai  trouvé  tous  les  intermédiaires,  ont  été 
décrites  par  certains  auteurs  comme  trois  espèces  diflférentes. 

»  2°  Aglaophenia  Kirchenpaueri  Heller.  —  C'est  une  petite  espèce  de  4""  à  5"=°^ 
au  plus  qui  forme  au  niveau  de  l'eau  de  véritables  tapis  à  la  surface  des  Balanes  {B. 
perforatus).  Son  hydrocaule,  non  ramifié,  se  distingue  par  une  grande  rigidité,  encore 
accentuée  parle  raccourcissement  des  entre-nœuds.  Or,  en  eau  profonde,  cette  espèce 
peut  atteindre  plus  de  iS'^'",  les  entre-nœuds  sont  plus  longs  et  les  exemplaires 
ramifiés  ne  sont  pas  rares. 

»  En  résumé,  il  résulte  de  mes  observations  que  le  mouvement  de  l'eau 
détermine,  avec  une  réduction  constante  dans  la  taille  et  la  ramification 
des  colonies,  un  changement  d'aspect  se  traduisant  tantôt  par  l'augmen- 
tation de  la  flexibilité  (colonies  espacées,  exposées  directement  au  cou- 
rant), tantôt  par  l'exagération  de  la  rigidité  (colonies  vivant  sur  les  Algues 
ramifiées  et  les  Zostéracées  ou  bien  formant  des  touffes  serrées  et  obligées, 
par  conséquent,  de  lutter  contre  l'écrasement).  Cette  dernière  adaptation 
peut  s'expliquer  par  l'action  mécanique  de  contact  avec  des  corps  solides. 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE     IQoS.  865 

En  effet,  Tétude  des  colonies  en  stolonisation  (la  stolonisation  libre  étant 
liée  à  l'agitation  de  l'eau,  comme  l'a  démontré  M.  Giard)  m'a  révélé  deux 
faits  importants  : 

M    i*'  Que  le  périsarque  du  stolon  libre  est  bien  plus  mince  que  celui  de 
l'hydrorhize  fixée; 

»  2^  Que  l'accroissement  du  stolon  est  infiniment  plus  rapide  que  celui 
de  l'hydrorhize.  Il  en  résulte  que  le  contact  amène  une  production  plus 
active  du  périsarque  et  exerce  une  action  retardatrice  sur  la  croissance 
(fait  bien  connu  chez  les  végétaux).  On  sait,  d'autre  part  (comparaison  des 
plantes  cultivées  à  la  lumière  et  à  l'obscurité),  qu'un  facteur  qui  retarde 
l'accroissement  augmente  la  différenciation,  et  inversement.  On  peut 
ainsi  s'expliquer  la  formation  des  épaississements  du  périsarque  et  le  rac- 
courcissement des  entre-nœuds  chez  des  Hydraires  qui,  vivant  dans  une 
eau  très  agitée,  sont  mis  presque  constamment  en  contact,  soit  avec  les 
végétaux  qui  les  entourent,  soit  avec  d'autres  colonies  de  la  même  espèce. 
Cette  interprétation  est  encore  corroborée  par  ce  fait  qu'ayant  réussi  à 
cultiver  isolément  quelques  Sertularella  fusiformis,  espèce  qui  vit  habituel- 
lement en  touffes  très  denses,  j'ai  vu  les  entre-nœutls  s'allonger  et  le  péri- 
sarque s'amincir. 

»  Il  ressort  également  des  faits  que  je  viens  d'exposer,  qu'on  doit  faire 
intervenir  dans  les  descriptions  les  conditions  spéciales  d'habitat  des  types 
observés,  sous  peine  de  multiplier  abusivement  les  espèces  nouvelles.  )> 


ZOOLOGIE.  —  Sur  le  rôle  de  certains  éléments  fi gurés  chez  Sipunculus  nudusi. 
Note  de  M.  F.  Ladreyt,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Leucocytes.  —  Chez  Sipunculus  nudus,  les  leucocytes  revêtent  deux 
formes  essentielles  :  i°  Plastides  de  i5^  à  20^  émettant  de  fins  pseudopodes 
à  mouvements  très  actifs;  noyau  central  ou  légèrement  excentrique  (ami- 
bocytes,  phagocytes);  2"  volumineux  éléments  de  32^  à  4^^^  composés 
d'une  multitude  de  sphérules  transparentes,  pas  de  pseudopodes,  noyau 
latéral  (leucocytes  vésiculaires,  glycoleucytes). 

»  Les  premiers  jouent  un  rôle  important  dans  l'excrétion  et  la  phago- 
cytose; les  seconds  sont  surtout  destinés  à  la  mise  en  réserve  et  à  la  nutri- 
tion de  l'organisme. 

»  Excrétion.  —  Les  tissus  de  Sipunculus  nudus  renferment  des  granulations  jau- 
nâtres que   nous   considérons   comme   des   excréta  dus  à  l'activité  de  corps  chlorago- 


866  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

gènes  qui  les  déversent  dans  la  cavité  générale.  Or  ces  amas  pigmentaires  se  ren- 
contrent dans  presque  tous  les  tissus  et  tous  les  organes  (épiderme,  derme,  lacunes 
conjonctives  de  l'intestin,  cerveau,  néphridies).  Quel  est  le  mécanisme  de  ce  tran- 
sport? Si  Ton  injecte  dans  le  cœlome  de  Sipunculiis  nudiis  une  solution  de  carmin,  de 
vésuvine,  d'encre  de  Chine,  on  A^oit,  quelques  jours  après  l'opération,  que  les  parti- 
cules colorées,  en  suspension  dans  le  liquide  injecté,  sont  accumulées  dans  l'épiderme 
et  le  tissu  conjonctif  ;  elles  sont  enfermées  dans  des  éléments  plus  ou  moins  arrondis 
que  nous  croyons  être  des  amibocytes  devenus  cellules  fixes.  Les  néphridies  débou- 
chant directement  au  dehors,  il  est  évident  que  ce  transport  n'a  pu  s'effectuer  par  ces 
organes  ;  de  plus,  il  nous  est  arrivé  maintes  fois  de  voir  des  amibocytes  traversant  les 
parois  du  corps  pour  aboutir  aux  couches  tégumentaires  superficielles.  C'est  là  une 
première  voie  d'excrétion. 

»  L'intestin  et  les  néphridies  sont  aussi  des  points  où  convergent  les  amibocytes.  Il 
est  fréquent  d'observer  la  migration  de  ces  éléments  à  travers  les  parois  de  ces  or- 
ganes; on  peut  également  constater  dans  leurs  parois  les  éléments  arrondis  que  nous 
avons  signalés  plus  haut;  ces  cellules,  qu'on  les  rencontre  dans  les  cellules  tégumen- 
taires ou  dans  l'épaisseur  des  parois  intestinales  et  néphridiennes,  présentent  la  parti- 
cularité de  se  colorer  en  rouge  par  l'éosine. 

»  Après  avoir  traversé  les  parois  intestinales,  les  amibocytes  abandonnent  leurs  gra- 
nulations dans  les  lacunes  péri-inlestinales  ou  même  dans  le  canal  intestinal.  Le  pro- 
cessus est  un  peu  plus  compliqué  en  ce  qui  concerne  les  néphridies  :  les  granules 
d'excrétion,  les  amvbocvtes  eux-mêmes  s'incorporent  en  quelque  sorte  au  protoplasme 
de  la  cellule  néphridienne  qui  devient  ainsi  une  sorte  de  rein  d'accumulation  (signalé 
par  Cuénot  chez  Allolobophora  terrestris  et  les  Oligochètes  en  général).  Quand  la 
cellule  néphridienne  contient  une  certaine  quantité  de  ces  excréta,  elle  s'étire, 
s'étrangle  vers  son  tiers  inférieur  et  toute  la  partie  sous-jacente  à  l'étranglement  (boule 
d'excrétion),  se  séparant  du  reste  de  la  cellule,  tombe  dans  la  cavité  de  la  néphridie 
d'où  elle  est  expulsée  grâce  au  mouvement  ciliaire  très  actif  dans  cette  région. 

»  Nous  avons  remarqué  que,  lorsqu'un  Siponcle  injecté  par  le  cœlome  éliminait  par 
l'anus  et  les  orifices  néphridiens,  ces  orifices  "émettaient  un  mucus  d'autant  plus 
abondant  que  l'injection  avait  été  plus  forte.  Ce  mucus  contient  souvent  de  grandes 
formes  d'amibocytes.  Ne  serait-il  pas  dû  à  une  sorte  de  liquéfaction  de  certains  ami- 
bocytes [éléocytes,  mucocytes  de  quelques  Lumbricides  (Cuenot,  Rosa,  etc.)],  à  une 
fonte  cellulaire  analogue  àcelle  qui  se  produit  pour  les  glandes  sébacées  par  exemple? 

»  Pliagocytose.  —  Si,  dans  le  cœlome  de  Sip.  nudus,  on  injecte  un  liquide  tenant 
en  suspension  certains  éléments  nuisibles  à  l'organisme  (parcelles  ligneuses,  Bactéries, 
Nématodes),  on  constate  que  les  amibocytes  entourent  ces  éléments,  formaiil  autour 
d'eux  une  sorte  de  gaine  anhyste.  Ces  kystes  se  rencontrent  quelquefois  dans  la  cavité 
des  Néphridies  et  il  est  probable  qu'ils  sont  éliminés  par  cette  voie. 

»  Mise  en  réserve^  —  Certains  amibocytes  accumulent  dans  leur  protoplasme  des 
sphérules  dont  la  genèse  est  assez  semblable  à  celle  des  globules  graisseux  des  cellules 
adipeuses.  Ces  sphérules  sont  formées  par  du  glycogène  ou  une  matière  très  voisine 
(réaction  rouge  par  l'iodure  de  potassium)  :  leur  accumulation  donne  naissance  aux 
corpuscules  mûriformes  [Plasmavcanderzellen,  Wanderzellen  des  Holothuries 
(Haraan,  Ludwig)]. 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE    IQoS.  867 

»  HÉMATIES.  —  4J0"»'s  après  injection  de  carmin  dans  le  cœlome,  cer- 
taines hématies  contiennent  une  inclusion  toujours  liquide  de  la  matière 
injectée  (signalée  par  Cantacuzène  chez  Glycera  convolula,  par  Eisig  chez 
les  Capitelliens).  Cette  absorption  ne  s'effectue  que  par  les  hématies 
adultes  (2of^-32'^);  les  jeunes  (io'*-i2i^)  ne  présentent  jamais  ces  inclusions. 

»  Vésicules  énigmatiques.  —  Ont-elles  chez  Sip.  nudus  la  propriété 
agglutinante  qu'elles  possèdent  chez  PhascoLosoma,  où  M.  Hérubel  l'a 
signalée?  Il  nous  a  semblé  que  la  pénétration  des  grains  de  carmin  s'effec- 
tuait, dans  ces  formations,  lorsqu'on  déterminait  un  état  morbide  des  élé- 
ments cœlomiques  et  que  la  tension  du  protoplasme  de  la  vésicule  était  très 
faible. 

))  Conclusions.  —  Les  amibocvtes  de  Sip.  nudus  :  A.  Débarrassent  l'orga- 
nisme de  ses  excréta;  ils  les  transportent  dans  tous  les  endroits  favorables  à 
la  diapédèse  (^Platten  d'Eisig).  Ces  excréta  sont  rejetés  au  dehors  :  1°  par 
exfoliation  de  Fépiderme  ;  2*^  avec  les  fèces;  S^'par  les  canaux  néphridiens. 
B.  Protègent  l'organisme  en  formant  autour  des  éléments  étrangers  qui 
y  sont  introduits  (Bactéries,  Nématodes)  une  gaine  anhyste.  G.  Accu- 
mulent du  glycogène  dans  leur  protoplasme. 

»  Les  Hématies  adultes  absorbent  le  carmin  injecté  dans  le  cœlome.  » 


ZOOLOGIE.  —   Sur  la  Méduse  du  Victoria  Nyanza.  Note  de  M.  Cii.  Gravier, 
présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  Le  lac  Tanganyika,  situé  à  environ  looo'^'"  de  la  côte  la  plus  rappro- 
chée, celle  de  l'océan  Indien,  et  à  800"^  d'altitude,  possède,  à  côté  d'une 
faune  normale  d'eau  douce,  tout  un  ensemble  d'animaux  dont  la  plupart 
sont  étroitement  apparentés  à  des  espèces  marines  devenues  fossiles.  L'une 
des  formes  les  plus  typiques  de  ce  groupe  est  incontestablement  une 
Méduse  qui,  découverte  en  i883(D'Bôhm),  ne  fut  étudiée  qu'en  1893-1894 
(R.-T.  Gûntlier)  et  dont  les  affinités  restent  encore  douteuses. 

»  Les  Anglais,  vivement  intéressés  par  le  Tanganyika  Probkm  et  son 
halolimnic  group,  organisèrent  successivement  deux  expéditions  scienti- 
fiques :  la  première,  en  1896,  avec  le  j)atronage  de  la  Royal  Society ,  pour 
exjjlorer  spécialement  le  Tanganyika;  la  seconde,  en  1899,  ^^^'^'s  les 
auspices  delà  Royal  géographie  al  Society,  pour  l'étude  zoologique,  géogra- 
phique et  géologique  du  Tanganyika  et  d'un  certain  nombre  d'autres  grands 
lacs  africains  :  Shirva,  Nyassa,  Kela,  K.i\vu,  Albert-Edouard  Nyanza,  Albert 


868  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Nyanza,  Victoria  Nyanza  et  Nivasha.  Il  fut  reconnu  que  dans  le  Tanganyika 
seul  il  existait,  outre  la  faune  d'eau  douce  dont  la  physionomie  générale 
reste  la  même  dans  toutes  nappes  intérieures,  un  certain  nombre  d'orga- 
nismes à  caiaclères  marins  et  en  même  temps  archaïques. 

»  Or,  M.  Ch.  Alluaud  a  trouvé  le  i6  septembre  dernier  dans  le  Victoria 
Nyanza  (baie  de  Ravirondo),  situé  à  1200™  d'altitude  et  sans  communica- 
tion avec  le  Tanganyika,  une  Méduse  qui  doit  être  identifiée  avec  la 
Limnocnida  Tajiganyicœ. 

B  Sur  les  neuf  individus  adressés  par  ce  voyageur  naturaliste  au  Muséum,  et  qui 
sont  tous  à  l'état  de  maturité  sexuelle,  il  y  a  deux  femelles  et  sept  mâles;  aucun  d'eux 
ne  porte  de  bourgeons  médusoïdes  sur  le  manubrium.  L'évolution  de  ce  Cœlentéré 
semble  être  la  même  dans  les  deux  lacs.  On  sait,  d'après  les  observations  de  J.-E.-S. 
Moore  (igoS),  qu'au  Tanganyika,  les  Méduses  se  multiplient  par  bourgeonnement 
depuis  la  fin  de  mars,  terme  de  la  saison  humide,  jusqu'en  juin  et  juillet;  alors  se 
développent  les  éléments  sexuels  qui  parviennent  à  l'état  de  maturité  en  septembre  et 
octobre  et  le  bourgeonnement  disparaît  graduellement  pendant  cette  même  période; 
puis  revient  la  saison  humide  et  les  Méduses  se  font  de  plus  en  plus  rares  à  la  surface. 
Il  est  fort  probable  que  ces  animaux  se  retirent  à  une  certaine  profondeur  pendant  la 
période  des  pluies,  à  la  manière  de  tant  d'animaux  marins  qui  ne  montent  dans  les 
couches  superficielles  qu'au  moment  de  la  reproduction  et  que  Hâckel  a  désignés  sous 
le  nom  de  spani pélagiques. 

»  Je  n'ai  observé  sur  les  exemplaires  du  Victoria  Nyanza  que  des  difTérences  secon- 
daires concernant  le  nombre  et  la  distribution  des  organes  des  sens  marginaux,  le 
nombre  et  la  structure  des  tentacules,  par  rapport  aux  données  fournies  par  R.-T. 
Giinther  pour  la  Lininoctiida  du  Tanganyika;  il  n'3'  a  pas  à  douter  de  l'identité  des 
deux  formes. 

»  Il  est  à  croire  que  la  Limnocnida  n'est  pas,  au  Victoria  Nyanza,  le  seul  représen- 
tant de  la  faune  halolimnique  dont  l'origine  paraît  être  sûrement  marine,  quoi  qu'en 
aient  dit  Gregory  et  Tauscli. 

»  La  trouvaille  de  M.  Ch.  Alluaud  est  intéressante  à  tous  égards.  Au 
point  de  vue  zoologique  et  géographique,  elle  fait  disparaître  l'anomalie 
apparente  qui  donnait  au  Tanganyika  une  place  tout  à  fait  à  part  parmi  les 
grands  lacs  africains.  Celte  grande  nappe  ne  serait  pas  le  seul  témoin  de 
la  vaste  mer  (jurassique  suivant  J.-E.-S.  Moore)  qui  couvrait  autrefois  le 
centre  de  l'Afrique,  sur  l'emplacement  actuel  de  la  région  des  grands  lacs 
et  d'une  partie  du  bassin  du  Congo. 

»  Le  cas  présenté  par  les  lacs  africains,  dont  certains  animaux  de  carac- 
tères marins  affirment  leur  ancienne  connexion  avec  la  mer,  se  retrouve  en 
divers  points  du  Globe,  notamment  au  Baïkal,à  la  mer  Caspienne,  à  la  Tri- 
nité, où  J.Kennel  (1890)  a  fait  connaître  une  autre  Méduse  d'eau  douce,  etc. 


SÉANCE    DU    23    XOVKMBRi:     IQoS.  869 

L'adaptation  progressive  de  la  vie  marine  à  l'existence  dans  l'eau  douce, 
si  intéressante  au  point  de  vue  de  la  biologie  générale  et  des  théories  de 
l'évolution,  peut  être  saisie  sur  le  fait,  de  nos  jours  même,  dans  certains 
fleuves  côtiers  des  Antilles  et  de  l'Amérique  du  Sud,  comme  j'ai  eu  l'occa- 
sion de  le  signaler  récemment  (Comptes  rendus,  i^''  décembre  1902).  » 

BOTANIQUE.    —   Sur  une  double  fusion  des  membranes  dans  la  zygospore 
des  Mucorinées.  Note  de  jM.  Paul  Yuillemix. 

«  Pour  former  une  zygospore,  les  filaments  des  Mucorinées  émettent 
deux  branches  copulatrices  dont  les  extrémités  se  soudent,  puis  s'isolent 
de  leur  support  par  une  cloison. 

»  Les  deux  membranes  qui  constituent  la  cloison  mitoyenne  se 
fusionnent  entre  elles  à  la  périphérie  et  disparaissent  au  centre,  permet- 
tant ainsi  l'abouchement  des  protoplasmes. 

»  La  fusion  des  membranes,  dont  on  n'a  pu  jusqu'ici  préciser  le  méca- 
nisme, s'effectue  en  deux  temps,  à  des  périodes  et  dans  des  conditions 
sensiblement  différentes. 

»  Les  branches  copulatrices  de  Sporodinia,  arrivées  au  contact,  s'apla- 
tissent par  compression  réciproque  et  forment  un  fuseau  dont  le  plan  trans- 
versal le  plus  large  (équateur)  est  occupé  par  une  cloison  mitoyenne. 

»  Cette  cloison  est  d'abord  formée  de  deux  disques  minces  comme  les 
membranes  des  filaments  auxquels  ils  appartiennent,  comme  elles  se 
colorant  en  bleu  par  le  chloroiodure  de  zinc.  Nous  l'appellerons  cloison 
mitoyenne  primitive. 

»  Elle  est  bientôt  doublée  de  chaque  côté  par  une  nouvelle  assise  un  peu 
plus  épaisse,  plus  réfringente,  se  teintant  de  jaune  par  le  chloroiodure, 
puis  de  violet  quand  l'action  du  réactif  se  prolonge.  La  nouvelle  couche 
ne  tapisse  pas  seulement  la  cloison  mitoyenne  primitive;  elle  se  continue 
sur  les  parois  latérales  des  branches  copulatrices  jusque  vers  le  niveau,  où 
apparaîtront  plus  tard  les  cloisons  isolant  les  gamètes. 

»  Donc,  avant  la  séparation  des  gamètes,  la  membrane  qui  revêt  l'extré- 
mité de  chaque  branche  copulatrice  se  compose  de  deux  assises  distinctes, 
indépendamment  de  la  portion  périphérique  du  protoplasme  qui  lui  sert 
de  matrice.  Chacune  de  ces  assises  se  fusionne  séparément  avec  sa  congé- 
nère. 

G.  K.,  igoS,    .'  Semestre.  (T.  CX.WVU    N»  21  )  '  ^^ 


8^0  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Première  fusion.  —  Les  deux  disques  qui  constituent  la  cloison  mitoyenne  pri- 
mitive ne  restent  pas  longtemps  distincts;  ils  se  fusionnent  bientôt  en  un  seul.  Mais, 
tandis  que  le  cadre  périphérique  reste  rigide,  le  cercle  qu'il  entoure  se  ramollit  et 
prend  un  aspect  spongieux,  sans  augmenter  de  volume. 

»  Ce  phénomène  serait  difficile  à  reconnaître,  s'il  n'était  rendu  manifeste  par  la 
rétraction  concomitante  des  plasmas  avec  leur  nouveau  revêtement.  Les  extrémités 
des  branches  copulatrices  se  renflent  en  massue,  s'arrondissent  de  nouveau  et  se 
décollent  à  la  périphérie.  Mais  le  cadre  circonscrivant  la  cloison  mitoyenne  primitive 
demeure  en  place  et  maintient  tendues  les  parois  latérales  primitives  des  branches 
copulatrices.  Entre  le  manchon  délicat  formé  par  ces  parois  et  les  assises  nouvelles 
revêtant  le  protoplasme  règne  donc  un  espace  annulaire  à  coupe  triangulaire.  Cet 
espace  contient  au  début  une  masse  spongieuse  se  colorant  vivement  en  bleu  par  le 
chloroiodure;  cette  bouillie  n'est  autre  chose  que  la  substance  du  disque,  digérée  par 
les  liquides  transsudés  à  travers  la  nouvelle  assise  protectrice.  Plus  tard,  l'espace 
annulaire  est  vide;  les  débris  de  la  membrane  mitoyenne  primitive  se  sont  déposés  à 
la  face  interne  du  manchon  où  ils  forment  une  série  d'épaississements  médians. 

»  A  ce  moment  les  nouvelles  assises  qui  revêtent  les  sommets  des  branches  copula- 
trices sont  arrivées  à  se  toucher  au  centre,  puisque  le  disque  primitif  est  détruit  ou 
refoulé  à  la  périphérie.  Une  cloison  mitoyenne  secondaire  est  constituée. 

»  Deuxième  fusion.  —  Lorsque  les  gamètes  se  sont  isolés  des  branches  copulatrices, 
la  cloison  mitoyenne  secondaire  se  gonfle,  puis  disparaît  à  partir  du  centre;  elle  est 
digérée  par  les  protoplasmes  qui,  désormais,  communiquent  largement  entre  eux. 

»  A  la  périphérie,  les  membranes  ne  sont  pas  résorbées,  mais  se  soudent  et  éta- 
blissent la  continuité  entre  les  revêtements  fournis  par  chaque  gamète. 

»  A  ce  moment,  l'espace  annulaire  est  encore  visible;  il  sera  bientôt  comblé  par  le 
gonflement  de  la  zygospore. 

»  Destinée  des  deux  assises  fusionnées.  —  Dès  que  la  cloison  mitoyenne  primitive 
est  résorbée  au  centre,  aflermie  à  la  périphérie,  la  couche  superficielle  de  la  membrane 
est  individualisée  et  afl^ranchie  de  tout  lien  avec  le  protoplasme  nourricier.  Ses  modi- 
fications ultérieures  seront  entièrement  passives;  nous  nous  proposons  d'y  revenir. 
Cette  passivité,  de  même  que  sa  situation,  lui  donne  l'apparence  d'une  cuticule.  Pour 
rappeler  cette  apparence  et,  en  même  temps,  pour  la  distinguer  des  vraies  cuticules 
auxquelles  l'opposent  son  origine  et  sa  constitution  chimique,  nous  proposons  de  la 
nommer  cuticelle  externe. 

»  La  seconde  assise  n'est  autre  chose  que  la  courbe  charbonneuse.  Nous  venons  de 
voir  son  apparition  précoce.  La  seconde  fusion  de  membranes,  qui  l'intéresse  directe- 
ment, ne  marque  pas  le  terme  de  son  évolution.  Ses  ornements  caractéristiques  n'ap- 
paraissent, en  général,  chez  le  Sporodinia,  qu'après  la  résorption  de  la  membrane 
mitoyenne.  Chez  le  Spinellus,  la  remarquable  striation  delà  surface  est  déjà  ébauchée 
à  ce  moment,  mais  elle  s'achève  après  cet  acte  important. 

»  La  seconde  fusion  de  membranes,  pas  plus  que  la  première,  ne  marque 
donc  pas  un  cataclysme  dans  l'évolution  des  enveloppes  protectrices  de  la 
zygospore.  La  distinction  établie,  d'après  des  vues  théoriques,  entre  la 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE    iyo3.  871 

membrane  des  branches  copulatrices  et  la  membrane  propre  tle  la  zygo- 
spore  n'est  pas  confirmée  par  l'observation.    » 

PATHOLOGIE  VÉGÉTALE.   —  Sur  la  jaunisse  de  la  betterave, 
maladie  bactérienne.  Note  de  M.  G.  Delacroix,  présentée  par  M.  Prillieux. 

«  Dans  une  séance  antérieure  (' ),  nous  avons  publié,  M.  Prillieux  et 
moi-même,  une  première  Note  sur  la  jaunisse  bactérienne  de  la  betterave. 

»  Après  des  expériences  répétées  qui  ont  duré  plusieurs  années,  je 
viens  fournir  aujourd'hui  quelques  données  nouvelles  sur  cette  maladie 
et  en  formuler  le  traitement. 

»  La  jaunisse  attaque  aussi  bien  les  betteraves  sucrières  que  les  fourra- 
gères. Localisée  au  début  dans  le  nord  de  la  France,  on  l'a  vue  depuis  se 
répandre  dans  d'autres  départements  et  vers  le  centre. 

»  La  jaunisse  de  la  betterave  est  caractérisée  facilement  par  des  taches  irrégiilières 
souvent  confluentes  qu'on  observe  sur  les  feuilles  de  betteraves  et  dans  lesquelles  le 
parenchyme  prend  une  teinte  verdâlre  plus  pâle.  Les  cellules,  dans  ces  régions  en 
partie  décolorées,  présentent  des  leucites  à  cliloroplivlle  à  contours  moins  nets,  à  colo- 
ration affaiblie;  on  y  voit  de  nombreuses  bactéries  mobiles. 

»  Les  racines  et  les  pétioles  portent  dans  leurs  éléments  ces  mêmes  bactéries,  et  les 
betteraves  porte-graines  sont  également  atteintes.  On  trouve  aussi  des  bactéries  dans 
les  bractées  et  les  calices  qui  formeront  au  fruit  élémentaire,  à  l'akène,  une  seconde 
enveloppe  en  devenant  concrescents  entre  eux. 

»  Le  semis  des  graines  atteintes,  bien  que  la  bactérie  ne  se  montre  pas  dans  la  graine 
elle-même,  peut  produire,  dans  l'année  qui  suit  la  récolte  de  la  graine,  des  pieds  de 
betteraves  atteints  de  la  maladie.  A  partir  de  la  quatrième  annnée,  après  la  récolte,  ces 
graines  prélevées  sur  pieds  malades  ne  m'ont  jamais  montré  par  leur  développement 
un  seul  pied  présentant  la  jaunisse. 

»  Le  semis  de  graines  de  première  année  contaminées  ne  m'a  jamais  donné  un  chiffre 
atteignant  20  pour  100  sur  la  totalité  des  pieds  obtenus  avec  les  graines  mises  en  expé- 
rience. Par  conséquent,  en  culture,  la  proportion  devenant  malade  par  ce  procédé  ne 
doit  guère  dépasser  i  à  2  pour  100,  car  l'opération  du  démariage  supprime  de  nom- 
breuses plantes.  Cette  proportion  augmente  bientôt,  car  la  maladie,  sans  qu'il  soit 
possible  de  préciser  comment  elle  se  répand  exactement,  gagne  certainement  de  proche 
en  proche.  C'est  un  fait  indéniable.  Je  n'ai  pu  déterminer  le  mode  de  pénétration  de  la 
bactérie  dans  le  mésophyllede  la  feuille. 

»  Mais  le  procédé  le  plus  actif  d'extension  n'est  pas  celui-là.  La  maladie  se  répand 
toujours  plus  gravement  et  plus  vite  lorsque  des  porte-graines  attaqués  se  trouvent 
dans  le  voisinage  de  champs  de  betteraves  de  première  année. 


(*)  Séance  du  8  août  i8g8. 


8^2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  La  maladie  gagne  dans  la  direction  des  vents  dominants,  les  pieds  atteints  deve- 
nant eux-mêmes  une  source  active  d'infection,  car  la  maladie  progresse  continuelle- 
ment, même  après  l'arrachage  des  porte-graines  et  jusqu'à  l'époque  où  les  racines 
sont  récoltées.  Cette  action  des  porte-graines  est  une  notion  courante  chez  les  culti- 
vateurs. J'en  ai  constaté  maintes  fois  l'exactitude.  Des  expériences  précises  et  répétées 
faites  dans  le  jardin  de  la  Station  ont  corroboré  le  fait. 

»  La  bactérie  se  cultive  dans  diflférents  milieux,  bouillon  de  veau,  jus  de  betterave 
peptonisé.  On  ensemence  sans  difliculté  en  se  servant  du  pétiole.  La  bactérie  est 
aérobie  avec  un  voile  faible, Ipresque  transparent  à  la  surface.  En  vieillissant,  le  voile 
tombe  au  fond  du  vase,  donnant  un  dépôt  blanc  sale  très  visqueux.  Sur  gélose,  les 
cultures  se  disposent  en  plaques  minces  formées  de  colonies  également  à  peu  près 
transparentes,  mates,  à  surface  finement  chagrinée,  devenant  rapidement  confluentes. 
La  bactérie  se  refuse  à  pousser  sur  milieux  gélatines.  C'est  là  un  caractère  qui  me  fait 
penser  que  cette  bactérie  n'est  pas  décrite.  Je  propose  de  l'appeler  Bacillus  tabijlcans 
G.  Delacroix.  Elle  se  colore  par  les  moyens  ordinaires  et  ne  prend  pas  le  Gram.  Elle 
est  courtement  ovale,  comme  forme,  avec  une  dimension  moyenne  de  if^,5  x  \^\  Je 
n'ai  observé  ni  cils  vibratiles,  ni  production  de  spores. 

»  J'ai  déjà  rapporté  des  expériences  d'infection  en  partant  soit  de  cultures  bacté- 
riennes, soit  de  feuilles  malades.  La  culture  à  la  deuxième  génération  perd  tout  pou- 
voir virulent. 

»  Les  essais  préventifs  tentés  sur  les  graines  avant  semis  et  sur  les  feuilles  de 
plantes  en  végétation  n'ont  donné  aucun  résultat  positif.  Les  graines  avaient  été  immer- 
gées dans  des  solutions  à  différents  titres  de  sulfates  de  zinc,  de  fer,  de  cuivre,  d'acide 
phénique,  de  naphtol,  de  sublimé  corrosif.  Les  feuilles  avaient  été  traitées  avec  diffé- 
rentes bouillies  cupriques,  additionnées  ou  non  de  doses  variables  de  sublimé  corrosif. 

»  Le  dégât  consiste  à  la  fois  dans  la  diminution  en  poids  des  racines  récollées  et  dans 
l'affaiblissement  de  leur  teneur  en  sucre.  C'est  une  conséquence  directe  d'une  assimi- 
lation réduite  des  matières  de  réserve  dont  les  organes  atteints  sont  le  siège. 

»  Le  traitement,  purement  jjréventif,  se  déduit  naturellement  des  don- 
nées précédentes.  L'expérience  a  démontré  (ju'il  était  suffisant  et  actif. 

»    Il  comporte  les  indications  suivantes  : 

))    1*^  Employer  un  assolement  au  moins  triennal; 

»  2"  Éviter  de  porter  aux  fumiers  les  feuilles  malades  et  les  enfouir 
directement; 

»   3°  Ne  semer  que  des  graines  âgées  de  4  ans; 

»  4°  Exclure  absolument  les  porte-graines  du  voisinage  des  champs  oîi 
l'on  cultive  la  betterave.    » 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE    igoS.  873 


GÉOLOGIE.  —  Sur  les  formations  de  la  zone  des  qiiarlzites  et  conglomérats 
inférieurs  au  Dévonien  dans  ï Oural  du  Nord.  Note  de  MM.  L.  Duparc 
el  F.  Pearce,  présentée  par  M.  Fouqué. 

«  La  carte  géologique  de  l'Oural  (feuille  Solikamsk  par  Rrotow)  figure, 
sous  le  nom  de  zone  des  quartzites  et  conglomérats  cristallins,  une  large 
bande  de  roches  détritiques  qui  vient  à  l'est  des  formations  du  Dévonien 
inférieur  de  la  Kosva,  et  se  termine  en  pointe  vers  le  nord,  en  se  rétrécis- 
sant graduellement.  Cette  zone  est  séparée  de  celle  beaucoup  plus  puis- 
sante des  schistes  chloriteux,  séricitiques,  etc.,  qui  vient  plus  à  l'est,  par 
une  bande  relativement  mince  de  Dévonien  moyen  et  inférieur.  Sur  la 
feuille  Perm,  par  contre,  les  quartzites  et  conglomérats  cristallins  sont 
réunis  aux  schistes  chloriteux,  mais  restent  cependant  toujours  nettement 
séparés  du  Dévonien  inférieur. 

»  Les  observations  que  nous  avons  faites  au  point  de  vue  tectonique 
confirment  bien  l'individualité  de  cette  zone  des  quartzites  et  conglomé- 
rats, mais  tendent  par  contre  à  établir  qu'il  n'y  a  pas,  en  dehors  du  faciès 
j)étrographique,  de  raisons  plausibles  pour  séparer  ces  formations  de  celles 
du  Dévonien  inférieur. 

»  Cette  zone  est  formée  par  une  série  de  voûtes  anticlinales  et  de  cuvettes  sjnch- 
nales  constituées,  les  premières,  par  des  quartzites  compacts  ou  des  conglomérats  à 
petits  éléments  qui  représentent  le  terme  inférieur  de  la  série;  les  secondes,  par  des 
roches  détritiques  diverses  appartenant  aux  horizons  supérieurs.  Les  quartzites  com- 
pactes sont  blanches,  plus  ou  moins  micacées  en  bancs  lités  d'une  certaine  épaisseur, 
elles  alternent  souvent  avec  des  conglomérats  quartzeux  de  couleur  grise,  blanchâtre 
ou  violacée,  à  galets  de  quartz  généralement  petits;  ces  conglomérats  sont  probable- 
ment régionaux,  car  ils  sont  très  abondants  dans  les  parties  septentrionales  de  la 
zone  (Ostry,  Tscherdinsky-Kammen),  tandis  qu'ils  ne  se  retrouvent  pas  dans  les  anti- 
clinaux qui  viennent  plus  au  sud  (Asiianka,  Adinoky,  etc.).  Nulle  part  nous  n'avons 
trouvé  de  terme  inférieur  aux  quartzites  et  aux  conglomérats  ;  les  voûtes  ne  sont  d'ail- 
leurs jamais  entamées  très  profondément.  Quant  aux  formations  schisteuses  supé- 
rieures, on  ne  les  voit  aflleurer  que  très  rarement,  par  le  fait  qu'elles  sont  presque 
toujours  couvertes  d'épaisses  forêts  ou  de  marécages;  néanmoins,  nous  avons  pu  en 
établir  une  bonne  coupe  le  long  de  la  cluse  de  la  Kosva,  au  défilé  du  Touloum,  le  syn- 
clinal étant  très  abaissé  à  cet  endroit  et  compris  entre  Içs  anticlinaux  du  Dikar  à 
l'ouest  et  du  Sloudky  à  l'est.  Lorsque  l'on  descend  la  Kosva  entre  les  deux  lignes  de 
rapides,  on  observe  d'abord  dans  le  lit  de  la  rivière  et  sur  la  rive  gauche  des  quart- 
zites el  conglomérats  du  flanc  occidental  de  Tanticlinal  du  Sloudky  qui  plongent  vers 


874  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'ouest;  plus  bas  en  aval  on  voit  apparaître  des  roches  quartziteuses  et  séricitiques 
très  froissées,  de  couleur  gris  verdàtre,  suivies  par  des  types  plus  schisteux  passant 
parfois  à  de  véritables  schistes  séricitiques  qui  semblent  d'apparence  cristalline,  qui 
sont  tantôt  lités  en  couches  très  minces  ou,  au  contraire,  en  bancs  plus  épais.  Ces 
roches  renferment  des  petits  lits  de  quartz  et,  détail  typique,  des  lentilles  de  la  gros- 
seur d'un  pois  à  celle  de  la  tête,  formées  par  une  association  intime  de  quartz  et  de 
sidérose;  cette  dernière  en  s'oxydant  donne  des  taches  ocreuses  qui  communiquent  à 
ces  roches  un  aspect  très  particulier.  Ces  formations  deviennent  de  plus  en  plus 
schisteuses  vers  le  haut  et  passent  à  des  quartzites  schisteuses  gaufrées,  de  couleur 
verdàtre,  qui  ressemblent  absolument  à  certaines  variétés  de  quartzites  schisteuses 
du  Dévonien  inférieur.  Sur  ces  formations  viennent  alors  des  schistes  argileux  noirs 
très  redressés  qui  forment  le  cœur  du  synclinal  ;  ces  formations  ne  se  distinguent  pas 
des  schistes  argileux  noirs  du  Dévonien  inférieur.  En  continuant  à  descendre  la  Kosva 
on  retrouve,  symétriquement  disposées,  toutes  les  formations  indiquées,  plongeant 
cette  fois  vers  l'est,  et  formant  le  deuxième  flanc  du  synclinal.  On  peut  donc  établir 
ici  la  succession  suivante  de  bas  en  haut  : 

»  1,  A  la  base,  quartzites  compactes  et  conglomérats  quartzeux  à  petits  éléments; 

»   2.   Schistes  quartziteux  très  compacts,  plus  ou  moins  séricitiques,  très  froissés; 

»  3.  Quartzites  schisteuses  toujours  séricitiques,  avec  lit  quartzeux  et  lentilles  ou 
galets  de  quartzites  imprégnés  de  sidérose.  Cette  formation  passe  à  une  espèce  de 
conglomérat  à  cailloux  de  quartzite  réunis  par  un  ciment  schisteux  et  séricitique. 

»  4.  Quartzites  schisteuses  gris  verdàtre,  à  surface  gaufrée,  renfermant  toujours 
plus  ou  moins  d'éléments  micacés  ou  séricitiques  ;  ces  roches  sont  analogues  à  cer- 
taines formations  mises  à  la  base  du  Dévonien. 

»  5.   Schistes  noirs  argileux,  analogues  à  ceux  du  Dévonien  supérieur. 

))  On  voit  donc  qu'il  semble  y  avoir  une  analogie  complète  entre  les 
termes  supérieurs  de  la  série  des  roches  qui  forment  la  zone  des  quartzites 
et  conglomérats  cristallins  et  les  termes  inférieurs  des  roches  qui  sont  à  la 
base  du  Dévonien  de  la  Kosva.  Comme  il  n'y  a  pas  de  discordance  entre  les 
formations  supérieures  et  inférieures  de  la  zone  des  quartzites  et  que,  mal- 
gré des  recherches  attentives,  nous  n'avons  plus  trouvé  de  dislocation 
entre  le  Dévonien  et  la  zone  des  quartzites  et  conglomérats,  on  peut  en 
conclure  qu'il  n'y  a  pas  de  raisons  apparentes  pour  séparer  les  formations 
des  quartzites  et  conglomérats  de  celles  attribuées  au  Dévonien  inférieur. 

))  Nous  ajouterons  que  plusieurs  batteries  de  puits  faites  dans  la  région 
des  quartzites  et  conglomérats,  en  des  points  fort  différents,  ont  montré  la 
réapparition  fréquente  de  roches  analogues  trouvées  au  Touloum;  les 
schistes  noirs  et  les  variétés  de  quartzites  schisteuses  à  nodules  de  sidérose 
ont  été  rencontrées  beaucoup  plus  au  sud,  dans  les  synclinaux  qui  viennent 
à  l'est  de  la  grande  chaîne  de  i'Aslianka.    » 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE     IQoS.  876 


GÉOLOGIE.  —   Sur  la  Structure  des  Hohe  Tauern  (Alpes  du  Tyrol). 
Note  de  M.  Pierre  Ter3iier,  présentée  par  M.  Marcel  Bertrand. 

«  Le  massif  granitique  et  gneissique  des  Hohe  Tauern,  entre  la  Granat- 
spilze  et  le  Wolfendorn,  est  une  longue  et  large  voûte  entourée,  de  tous 
côtés,  par  une  couverture  schisteuse  métamorphique,  la  Schieferhïdle.  Tout 
autour  du  massif,  les  gneiss  s'enfoncent  sous  cette  couverture,  et,  entre 
celle-ci  et  ceux-là,  la  concordance  est  parfaite.  A  l'ouest  de  la  vallée  de  la 
Floite,  la  voûte  granito-gneissique  se  divise  en  deux  voûtes  secondaires,  le 
Tuxer  Kamm  et  le  Zillertaler  Ramm,  séparées  par  une  avancée,  ou  un 
golfe,  de  la  SchieferhùUe  :  ces  deux  digitations  anticlinales  sennoient  rapi- 
dement vers  le  sud-ouest,  le  Tuxer  Ramm  un  peu  moins  vite  que  le  Ziller- 
taler Ramm.  Tout  cela  est  connu  depuis  longtemps  (^). 

»  J'ai  dit,  il  y  a  huit  jours,  qu'au  lieu  d'être,  comme  le  croient  la  plupart 
des  géologues  autrichiens  et  allemands,  une  série  sédimentaire  régulière, 
la  Schieferhïdle  m'a  paru  être  une  série  complexe.  Elle  supporte,  comme 
chacun  sait,  des  lambeaux  de  calcaires  triasiques;  mais  elle  renferme  aussi, 
dans  son  épaisseur,  des  larri.es  de  calcaires  et  de  quartzites  triasiques,  et  les 
calcschistes  (Ralkphyllite  ou  Ralkglimmerschiefer)  qui  forment  l'étage 
supérieur  de  la  série,  et  qui  sont  ainsi  compris  entre  Trias  et  Trias,  sont 
identiques  à  nos  Schistes  lustrés,  et  sont,  au  moins  pour  leur  plus  grande 
partie,  plus  jeunes  que  le  Trias. 

»  Cette  complexité  de  la  Schieferhiille  saute  aux  yeux,  quand  on  relève  la  coupe 
des  terrains  entre  le  Wolfendorn  et  la  Weissespitze,  à  l'extrémité  ouest  du  Tuxer 
Kamm.  Entre  les  gneiss  de  la  Landshuter  Hiitte  et  les  calcaires  triasiques  (d'âge  incon- 
testé) delà  Weissespitze,  on  traverse  successivement  : 

»   1.   Marbres  phylliteux,  quartzites  et  calcaires  du  Wolfendorn; 

»  2.   Micaschistes  de  la  Flatschspitze  ; 

»  3.   Quartzites  et  marbres  phylliteux  du  Schlûssel  Joch  ; 

»   4.   Schistes  lustrés  de  l'Amthorspitze. 

»  Les  calcaires  triasiques  de  la  Weissespitze  sont  des  marbres  phylliteux,  identiques 
au  terme  3.  Ils  reposent  en  concordance  sur  le  terme  i.  Mais  les  mêines  marbres  phyl- 

(*)  Consulter  le  Livret-guide  du  lA'^  Congrès  géologique  international  (Vienne, 
igoS),  et  spécialement  les  fascicules  relatifs  aux  excursions  VIII  et  IX,  par  MM.  F. 
Becke  et  F.  Lôwl.  Toutes  les  observations  que  j'ai  pu  faire  sur  le  terrain  confirment, 
sauf  quelques  détails,  celles  qu'a  publiées  M.  Becke  :  et  c'est  seulement  dans  l'interpré- 
tation des  phénomènes  que  je  me  sépare  du  savant  professeur  de  Vienne. 


876  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lileiix,  accompagnés  des  mêmes  quartzites,  reparaissent  dans  le  terme  I  ;  et  ce  terme  1 
est  lui-même  une  série  plovée  et  écrasée,  où  les  quartzites,  les  marbres  pliylliteux  et 
les  calcaires  se  répètent  et  prennent  une  allure  lenticulaire.  De  sorte  qu'il  n'est  pas 
douteux  que  ce  terme  1  ne  soit  aussi  du  Trias,  d'ailleurs  replié  sur  lui-même. 

»  Or  ce  terme  1  (calcaires  du  Wolfendorn)  se  relie,  sans  aucune  discontinuité,  à 
l'Hochstegenkalk  du  Griinberg.  La  coupe  de  la  Schieferhiille  à  Mairhofen  ne  diffère 
de  la  coupe  ci-dessus  que  par  la  moindre  épaisseur  des  Schistes  lustrés. 

»  Entre  le  Pfitscher  Jocli  et  le  Hochfeiler,  c'est  encore  la  même  coupe,  mais  avec 
un  plus  grand  développement  des  termes  2  et  k.  Les  micaschistes  et  amphibolites  de  la 
Greiner  Scholle  correspondent  aux  micaschistes  de  la  Flatschspitze,  et  les  calcaires 
de  la  Griesscharte  aux  marbres  du  Schlïissel  Joch.  Les  Schistes  lustrés  de  l'Hochferner 
prolongent  ceux  de  l'Amthorspitze. 

»  Quel  que  soit  le  point  où  l'on  aborde  la  Schieferhiille,  en  venant  du 
massif  granito-gneissique,  on  la  voit  se  présenter  comme  un  paquet 
^écailles  ou  de  plis  couchés.  Dans  ce  paquet,  on  observe,  de  bas  en  haut  : 
une  lame,  parfois  doublée,  de  Trias;  une  lame,  parfois  très  épaisse,  de 
gneiss  et  de  micaschistes,  probablement  permiens;  une  deuxième  lame  de 
Trias;  une  série,  paifois  très  réduite,  parfois  puissante  de  plus  de  i  000™, 
de  5cAi5/e^ /w^/rej- (mésozoïques,  et  peut-être,  partiellement,  néozoïques); 
enfin,  une  troisième  lame  de  Trias. 

»  Et  comme  la  Schieferhiille,  avec  cette  même  complexité,  fait  tout  le 
tour  des  Hohe  Tauern,  par  le  Gross-Glockner,  le  Hoher-Tenn,  et  Rrimml, 
je  crois  pouvoir,  dès  à  présent,  formuler  cette  conclusion,  qui  est  de 
nature  à  changer  profondément  les  idées  généralement  admises  sur  la 
structure  de  la  zone  centrale  des  Alpes  orientales  : 

»  Le  massif  cristallin,  long  de  85''™  et  large  de  i5'""  à  18''™,  qui  com- 
prend le  Gross-Venediger  et  les  hauts  sommets  de  Ziliertal,  n'affleure  au 
jour  que  grâce  à  une  déchirure,  ou  à  une  fenêtre,  ouverte  dans  un  système 
àe  nappes  de  recouvrement;  ce  massif  cristallin,  qui  est  formé  de  gneiss  et 
granités  probablement  permo- carbonifères  (Zentralgneis),  semble  être, 
lui-même,  la  carapace  d'une  nappe  inférieure,  totalement  enterrée.  » 


PÉTROGRAPHIE.    —    Contribution  à  l' étude  des  roches  sodiques  de  l'Est-Afri- 
cain. Note  do  M.  H.  Arsaxdaux,  présentée  par  M.  Fouqué. 

»  M.  A.  Lacroix  a  montré,  il  y  a  quelques  années  (  '  ),  que  la  caractéris- 
tique  de    la   région  volcanique    traversée   par    les   cinquantes    premiers 

(')   Comptes  rendus,  29  mai^iSgg. 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE    IQoS.  ^77 

kilomètres  du  chemin  de  fer  de  Djil)OLiLi  à  Harrar  consiste  dans  le  large 
développement  de  rhvolites  alcalines  apparentées  avec  les  pantellérites  et 
présentant  fréquemment  des  pyroxènes  et  des  amphiboles  sodiques. 

»  Au  cours  d'une  mission  en  Ethiopie,  j'ai  parcouru  cette  région  et  pu 
constater  que  des  roches  analogues  s'observent  sur  de  vastes  espaces  dans 
tout  le  désert  Souiali-Dankali,  le  Choa,  et  se  prolongent  jusqu'au  nord  des 
plateaux  Gallas. 

»  Au  point  d'eau  Hélabala,  dans  le  désert  Soaiali,  j'ai  rencontré  de  hautes  falaises 
d'une  roche  rubanée,  à  lits  alternant  brun  violacé  et  brun  clair  offrant  les  caractères 
généraux  des  rhvolites  du  voisinage  de  Djibouti,  mais  dépourvues  de  métasilicates 
déterminables. 

»  Pendant  plus  de  200'^™,  dans  la  direction  du  Choa,  j'ai  parcouru  de  grandes  cou- 
lées de  roches  différant  un  peu  des  précédentes.  Elles  sont  verdâtres,  grossièrement 
fissiles,  tantôt  lithoïdes,  tantôt  vitreuses;  dans  le  premier  cas,  elles  renferment  de 
nombreuses  lithophvses  blanchâtres  et  contiennent  des  enclaves  basaltiques;  dans  le 
second  cas,  elles  constituent  de  véritables  obsidiennes,  les  unes  sont  vertes  et  parfois 
translucides,  les  autres  sont  brunes  et  renferment  fréquemment,  en  très  grande  quan- 
tité, des  sphéroliles  dont  les  éléments  feldspathiques  sont  à  allongement  positif  lacile- 
ment  isolable,  atteignant  la  grosseur  d'un  pois. 

»  Les  types  lithoïdes  sont  à  peu  près  les  seuls  à  renfermer  du  quartz  bipyramidé, 
dont  les  cristaux  sont  découpés  d'anfractuosités  arrondies.  Les  phénocristaux  de  feld- 
spath sont  vitreux  et  exclusivement  alcalins  :  sanidine,  sanidine  sodique  et  anorthose 
dépourvue  de  macles  de  l'albite,  caractérisées  par  les  extinctions  et  l'écartement  des 
axes.  Ils  sont  accompagnés  de  divers  métasilicates,  de  pyroxènes  (diopside  verdàtre, 
aigyrine-augite  et  gegyrine)  et  d'amphiboles;  celles-ci  sont  au  nombre  de  deux;  la  cos- 
syrite  brune,  presque  noire,  et  une  amphibole  monoclinique  vraisemblablement  alca- 
line qui  ne  répond  à  aucun  type  connu;  elle  possède,  en  effet,  un  allongement  positif 
avec  une  extinction  maxima  de  7°  dans  la  zone  d'allongement.  La  bissectrice  aiguë 
est  négative  avec  un  très  faible  écartement  des  axes  optiques;  le  pléochroïsme  est 
intense  dans  les  teintes  vertes  et  jaunes,  avec  /î„i>  ng'>  iip. 

»  Ces  métasilicates  sont  très  variables  tant  par  leur  proportion  globale  que  par  leurs 
proportions  respectives;  seule  la  cossyrite  est  constante. 

»  Quant  aux  éléments  du  second  temps  de  cristallisation,  en  général  de  peu  d'im- 
portance, ils  sont  constitués  par  des  microlites  et  parfois  des  sphéroliles  feldspa- 
thiques ainsi  que  par  des  microlites  allongés  de  pyroxènes  et  d'amphiboles 
sodiques. 

»  Ces  roches  se  distinguent  essentiellement  de  celles  de  la  région  de  Djibouti,  par 
ce  fait  que  les  éléments  colorés  y  existent  surtout  sous  forme  de  phénocristaux,  alors 
que,  dans  les  précédentes,  l'œgyrine  et  la  riebeckite  ne  se  trouvent  que  dans  la  pâle 
de  la  roche  et  avec  une  structure  pœcilitique. 

»   Le  Tableau  suivant  donne  les  résultais  des  analyses   que  j'ai  effectuées  des  types 

G    K..   1900,  2"  Semestre.  (T.  CXXWII,  N»  21.)  H^ 


'^7^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

les  plus  caractéristiques  des  rhyolites  des  environs  de  Djibouti  et  de  celles  provenant 
de  divers  points  de  la  région  que  j'ai  parcourue, 


Perte  au  feu 

SiO- 

Al^O^ 

Fe'^0' 

FeO 

GaO 

MgO 

K^O 

Na^O 


Densité. 


A. 

B. 

c. 

I). 

E. 

F. 

G. 

if. 

i,o 

1)1 

»,4 

0,0 

0,  2 

0,4 

2,2 

0,9 

73>9 

76,0 

7', 4 

69,1 

68,5 

72,9 

7i>7 

66,5 

11,5 

12,7 

.1,8 

10,5 

12, 1 

12,4 

l4,2 

18,9 

3,4 

2,1 

5,6 

3,6 

6,2 

3,0 

1,6 

3,6 

o>9 

0,6 

',4 

6,4 

2,2 

2,4 

1,6 

1,3 

» 

0,2 

0,2 

0,4 

0,6 

0,1 

» 

0,2 

o,i 

)) 

0,6 

0,J 

0,  1 

0,5 

0,4 

0,4 

4,4 

4,2 

4,0 

4,0 

4,5 

4,3 

4,6 

4,5 

4,o 

4,0 

4,2 

6,2 
100,6 

6,1 

4,4 
100,4 

3,8 

4,8 

lOI  ,2 

100,9 

ioo,9 

1 00 , 5 

100,  ( 

lOI  ,  I 

2,6o 

2,59 

2;49 

2,5l 

2,47 

2,46 

2,42 

2,6- 

»  A,  rhjolile  du  Hol-Hol,  environs  de  Djibouti.  B,  rhyolite  de  Ilelabala.  C,  D,  E, 
F,  G,  pantellérites.  C,  environs  de  Moullou.  D,  Fantaié  (obsidienne  verte).  E,  Tadet. 
chamalka.  F,  TcheflTedonza.  G,  Baldji  (obsidienne  brune).  H,  microsyénite  de 
Karsa. 

»  Les  caractères  minéralogiques,  aussi  bien  que  les  caractères  chimiques,  conduisent 
à  rapprocher  ces  roches  du  groupe  de  la  pantellérite,  caractérisé  au  point  de  vue  mi- 
néralogique  par  la  présence  de  feldspaths  exclusivement  alcalins,  de  pyroxènes  et 
d'amphiboles  sodiques  (la  cossyrite  en  particulier),  au  point  de  vue  chimique  par 
l'abondance  des  alcalis,  la  faiblesse  de  l'alumine,  l'absence  presque  complète  de  chaux 
et  de  magnésie  et  la  proportion  variable,  mais  toujours  élevée,  de  fer  (avec  prédomi- 
nance de  Fe^O^  sur  FeO).  Les  analyses  D  et  E  montrent  la  prédominance  de  la  soude 
sur  la  potasse,  caractéristique  des  véritables  pantellérites,  tandis  que  dans  les  autres 
il  y  a  à  peu  près  égalité  en  poids  entre  les  deux  alcalis. 

»  J'ai  recueilli  à  Karsa,  sur  le  bord  du  plateau  Harari,  une  roche  diflerente  des 
précédentes  à  aspect  microsyénitique;  elle  est  holocristalline  et  constituée  par  des 
feldspaths  alcalins  enchevêtrés,  entourant  des  phénocristaux  d'orthose  plus  ou  moins 
orientés  et  pénétrés  d'albite  secondaire.  Les  microlites  sont  associés  pœcililiquement 
avec  de  l'aegyrine  et  de  la  riebeckite  distribuées  irrégulièrement  dans  la  roche  et 
donnant  à  celle-ci  un  aspect  moucheté.  Les  intervalles  intersertaux  des  feldspaths  sont 
remplis  par  du  quartz. 

«  Gette  roche  offre  une  grande  analogie  avec  la  païsanite.  J'ai  donné  plus  haut  sa 
composition  chimique;  elle  diffère  de  celle  des  autres  roches  de  notre  série  par  l'abon- 
dance de  l'alumine  et  une  proportion  moins  grande  de  silice.  Je  n'ai  pu  déterminer 
exactement  les  conditions  de  gisement  de  cette  roche  ;  elle  est,  dans  tous  les  cas,  anté- 
rieure aux  pantellérites  analysées,  lesquelles  renferment  parfois  des  enclaves  holocri- 
stallines  qui  peuvent  lui  être  comparées. 

»  Indépendamment  de  l'intérêt  intrinsèque  que  présentent  les  types 
décrits  dans  cette  Note,  il  y  a  lieu  de  faire  remarquer  combien  toutes  les 


SÉANCE    DU    2  3    NOVEMBRE     1903.  87() 

recherches  qui  sont  poursuivies  depuis  quelques  années  dans  cette  partie 
du  continent  africain  tendent  à  montrer  qu'elle  constitue  une  vaste  pro- 
vince pétrographique  dans  laquelle  abondent  les  types  riches  en  alcalis,   m 


PÉTROGRAPHIE.    —    Les  roches  éruptives  de  l'île   d'Eubée. 
Note  de  M.  Deprat,  présentée  par  M.  Fouqué.     . 

«  Au  cours  de  mes  études  géologiques  dans  l'île  d'Eubée,  j'ai  pu  observer 
une  série  importante  de  roches  éruptives  intéressantes  par  leurs  variétés  et 
par  les  époques  géologiques  de  leur  mise  en  place. 

>)  I.  PÉRIODE  PALÉozoïQUE.  —  Les  temps  paléozoïques  ont  vu  la  produc- 
tion de  roches  assez  peu  abondantes  comme  types. 

»  Je  distinguerai  c 

»  Grainilites,  microgranulites,  porplijrites  (andésites  et  labradorites  anteterliaires), 
gabbros  diabasiques  et  mélaphyres  (basaltes  antelertiaires). 

»  Les  Graiiulites  sont  bien  développées  dans  le  massif  d'Ibagios  (région  septen- 
trionale) au  nord  d'OEdipsos-bains,  sous  la  forme  de  dômes  puissants  recouverts  par  les 
arkoses  et  schistes  des  monts  Galtzades.  Elles  montrent  toutes  les  variétés  possibles, 
depuis  les  formes  pegmatitiques  jusqu'aux  formes  aplitiques. 

»  J'ai  recueilli  dans  la  série  dévonienne  de  Séta,  près  de  Manuila,  des  blocs  d'une 
MlcrogranuUte  que  je  n'ai  pu  retrouver  en  place.  Cette  roche  avait  déjà  été  signalée 
par  Teller,  comme  étant  en  place  dans  cette  région  et,  d'après  la  description  qu'il 
en  a  donnée,  je  la  considère  comme  identique  à  celle  que  j'ai  observée.  C'est  une  roche 
grise,  à  grands  cristaux  de  feldspath  altérés  tranchant  sur  la  couleur  générale  parleur 
teinte  claire,  avec  des  cristaux  abondants  de  quartz  bipyramidé. 

»  Les  séries  dévonienne  et  carbonifère  sont  également  percées  par  des  Porphyrites 
(andésites  et  labradorites  anciennes),  en  djkes  puissants  qui  ont  fréquemment  méta- 
morphosé les  terrains  encaissants.  Près  de  Rodino  et  de  Gjmna,  les  schistes  sont  trans- 
formés en  cornéennes  au  pourtour  des  filons.  Ces  roches  sont  abondantes  dans  les 
régions  de  Séta,  de  Steni,  d'Ibagios  dans  le  nord  de  l'île  et  dans  le  sud  (région  du 
mont  Oclia  ). 

»  Des  djkes  nombreux  de  Gabbros  diabasiques  percent  les  couches  paléozoïques 
des  monts  Galtzades,  de  Séta  et  de  l'Oclia.  Ces  roches  sont  ordinairement  extrême- 
ment altérées  parle  dynamométamorphisme,  souvent  rendues  schistoïdes  par  laminage 
et  montrent  des  structures  d'écrasement  remarquables.  De  plus,  la  transformation  en 
tout  ou  partie  du  pyroxène  en  amphibole  est  générale.  Parfois  une  partie  de  l'amphi- 
bole y  paraît  ^v'iminvQ  {P rotérobases) .  Ces  roches  présentent  fréquemment  la  structure 
ophitique.  J'ai  recueilli  également  des  échantillons  de  Mélaphyres  dans  les  monts 
Galtzades. 

»   n.   Période  secondaire.   —    La  période  secondaire  a  été  le  théâtre 


88o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(Vnne  grantle  activiié  éruptive;   les  roches  basiques  principalement  sont 
puissamment  développées. 

»  J'ai  observé  la  série  suivante  (le  trias  étant  mis  à  part)  : 

»  Diorites,  diorites  quartzifères,  diabases  ophitiques,  labradorites  (porph\  rites 
Jal)iadoriques),  gabbros,  gabbros-norites,  llierzolites,  harzbnrgites,  dunites,  welir- 
lilcs,  picrites,  bronzitites,  diallagites,  hornblendites. 

»  Je  ferai  remarquer  qu'un  grand  nombre  de  ces  roches  ont  été  observées  en  Crète 
par  M.  Gajeux  (')  et  qu'il  a  été  amené  également  à  les  rattacher  à  la  période  secon- 
daire. 

«  Les  diorites  sont  développées  au  Xeronoros,  à  Venchia,  où  elles  se  trouvent  en 
fdons  coupant  les  amas  de  péridotites. 

»  Les  diabases  des  monts  Sukaron  et  Pyx.aria  percent  nettement  en  filons  puissants 
les  calcaires  cénomaniens  qu'elles  métamorphisent  au  pourtour.  Liles  passent  souvent 
près  d'IIagia  Sophia  à  de  véritables  lahiadorites;  ces  roches  sont  fréquemment  alté- 
rées, montrent  souvent  le  phénomène  d'ouralitisation  du  pj^roxène.  Je  signalerai  en 
passant  leur  richesse  en  fer  titane  associé  au  sphène  {leucoxèiie): 

»  Les  Gabbros,  que  je  ne  distingue  des  diabases  que  par  leur  structure,  se  divisent 
en  deux  grands  groupes  :  les  gabbros  qui  percent  le  Crétacé  en  dômes  ou  filons  indé- 
pendants et  ceux  qui  se  trouvent  régulièrement  associés  aux  massifs  de  péridotites 
qu'ils  traversent.  L'apparition  d'hypersthène  les  conduit  parfois  au  gabbro-norites. 
Ces  roches,  par  apparition  ou  disparition  d'un  ou  plusieurs  éléments,  passent  souvent 
aux  péridotites  par  des  transitions  intéressantes. 

»  Les  Péridotites  forment  d'immenses  massifs  intrusifs  dans  les  terrains  secondaires. 
Leur  mise  en  place  témoigne  d'un  long  effort.  La  consolidation  du  magma  dans  l'écorce 
a  dû  être  achevée  vers  la  fin  de  la  période  infracrétacée,  car  à  partir  de  ce  moment  les 
contacts  métamorphiques  cessent  complètement.  Mais  la  roche  a  pour  ainsi  dire  con- 
tinué à  faire  ascension  à  l'état  solide,  et,  grâce  aux  mouvements  précurseurs  des 
grands  plissements  pyrénéens,  les  dômes  ont  été  souvent  introduits  violemment  dans 
les  couches  crétacées  qui  présentent  à  leur  pourtour  des  phénomènes  de  dislocation 
typiques.  Pendant  le  dépôt  du  flysch,  les  marnes  profondes  du  magma  ont  été  remises 
en  communication  avec  l'extérieur  et  les  grès  et  schistes  de  ce  faciès  sont  remplis  et 
métamorphisés  par  de  nombreux  petits  dômes  de  péridotites. 

»  Les  dômes  de  péridotites  sont  constitués  par  des  roches  passant  indifféremment, 
et  sur  des  espaces  fort  restreints,  des  Iherzolites  aux  harzbnrgites,  aux  dunites,  aux 
picrites  (ces  dernières  étant  plus  fréquemment  filoniennes),  aux  wehriites  et  par  ces 
dernières  aux  gabbros  à  olivine. 

))  De  nombreux  filons  de  bronzitites,  diallagites,  hornblendites  traversent  ces  roches. 
Le  fer  chromé  y  forme  des  amas  importants.  Les  produits  d'altération  serpentineuse 
sont  très  développés  (^). 


(')   Les  Eruptions  d'âge  secondaire  dans  file  de  Crète  {Comptes  rendus,  28  fé- 
vrier 1908). 

(^)  Dans  un  voyage  que  j'ai  effectué  dans  le  Pinde,  j'ai  revu,  notamment  près  de 


SÉANCE    DU    20    NOVEMBRE    ]f)o3.  88t 

»  Tontes   ces   roches  présentent    d'intéressants    phénomènes    de    dynamométamor- 
pliisme. 

»  HT.  PÉRIODE  TERTIAIRE.  —  Une  période  de  calme  dans  l'activité  érup- 
tive  semble  s'être  établie  jusqu'au  Pliocène.  Alors  les  grandes  fractures  ont 
rejoué  et  sur  le  parcours  de  la  caverne  Vathya-Oxylithos  s'est  établi  un 
contre  éruptif  qui  paraît  avoir  évolué  exactement  comme  un  cumido-volcan ; 
c'est  le  massif  volcanique  d'Oxylitbos. 

>^  J'ai  reconnu  dans  ce  massif  une  série  acide  importante  constituée  ainsi  : 
))   Dacites  augitiques  à  hypersthène,  hornblende,  mica  noir;  andésites  à  hornblende; 
rhyolites;  la  série  se  termine  par  une  labradorite  augilique. 

»  IV.  PÉRIODE  QUATERNAIRE  ET  ACTUELLE.  —  L'actlvité  éruptive  nc  se 
manifeste  plus  que  par  des  émissions  thermales  représentées  par  les  sources 
d'OE(bpsos  qui  ont  édifié  des  tufs  importants.  » 


PHYSIOLOGIE.  —  De  l'action  morphogénique  des  muscles  crotaphytes  sur  le 
crâne  et  le  cerveau  des  Carnassiers  et  des  Primates.  Note  de  M.  R.  Anthony, 
présentée  par  i\î.  Peirier. 

«  Chez  l'homme,  les  crotaphytes  sont  minces,  peu  étendus  (ils  restent 
distants  chez  l'adulte  à  peu  près  de  toute  la  largeur  de  la  boîte  crânienne) 
et  ils  sont  par  conséquent  peu  puissants.  Au  contraire,  chez  les  Carnassiers, 
beaucoup  de  Singes,  de  Lémuriens  et  quelques  Marsupiaux,  ils  sont,  au 
moment  de  l'âge  adulte,  très  épais,  très  étendus  (se  rejoignant  très  souvent 
sur  la  ligne  médiane  sagittale)  et  ils  sont  par  conséquent  très  puissants; 
à  l'état  jeune  ces  animaux  présentent  la  disposition  humaine. 

))  Chez  l'homme  les  circonvolutions  du  cerveau,  quoique  bien  marquées 
et  très  profondes,  ne  s'impriment  pas  sur  l'endocràne  de  la  voûte.  Chez  le 
chien  et  tous  les  autres  animaux  à  crotaphytes  puissants,  leurs  empreintes 
y  sont  très  vigoureuses,  et,  chez  certains  Carnassiers  à  crotaphytes  parti- 
culièrements  puissants,  non  seulement  l'endocràne,  mais  l'exocrâne  lui- 
même  suit  fidèlement  leurs  sinuosités  (Mustélidés  et  plus  particulièrement 


Metzovo,  de  Janina,  de  Dervinon,  les  terrains  secondaires  percés  par  des  roches  iden- 
tiques et  dans  les  mêmes  conditions  que  celles  que  je  viens  d'exposer.  De  même  dans 
le  nord  de  la  Thessalie. 


882  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

Loutre,  Hermine,  Furet,  etc.).  De  plus,  la  paroi  crânienne  de  l'homme 
est  épaisse,  celle  des  animaux  à  crotaphytes  puissants  souvent  plus  mince, 
parfois  même  transparente  dans  le  cas  de  certains  Mustélidés,  par  exemple. 

»  En  présence  de  ces  faits,  j'ai  été  amené  naturellement  à  supposer  que 
le  muscle  crotaphyte  des  Carnassiers  et  des  animaux  similaires  devait  avoir 
exercé  au  cours  de  l'évolution  de  l'espèce,  et  devait  exercer  encore  au 
cours  du  développement  ontogénique  de  l'individu  une  compression  véri- 
table sur  le  crâne,  qu'il  enveloppe  comme  dans  une  sangle.  Or,  le  crâne 
reçoit,  on  le  sait,  de  la  part  du  cerveau  augmentant  de  volume,  une  autre 
poussée  très  énergique  de  dehors  en  dedans.  Il  s'ensuit  que  la  paroi  crâ- 
nienne est,  chez  les  animaux  du  type  carnassier,  comprise  entre  deux  pres- 
sions, et  l'on  conçoit  alors  sans  peine  comment  il  se  fait  qu'elle  s'amincit  et 
se  moule  sur  les  circonvolutions  du  cerveau.  Chez  l'homme,  la  paroi  crâ- 
nienne est  soumise  à  la  poussée  du  cerveau  seule,  la  compression  par  les 
crotaphytes  n'existant  pas;  c'est  ce  qui  explique  son  épaisseur  et  l'absence 
des  empreintes  endocraniennes. 

»  J'ai  voulu  donner  à  cette  manière  de  voir  l'appui  des  arguments 
expérimentaux  : 

»  a.  Dans  deux  premières  expériences,  j'ai  enlevé  à  deux  jeunes  chiens,  peu  de 
temps  après  leur  naissance,  leur  muscle  crotaphjte.  L'examen  anatomique  pratiqué 
plusieurs  mois  plus  tard  me  permit  de  constater-  que  la  région  temporo-pariétale  cor- 
respondant au  muscle  enlevé  était  sensiblement  plus  bombée  que  l'autre  et  les 
empreintes  endocraniennes  moins  profondes.  L'hémisplière  cérébral  lui-même  était 
légèrement  plus  développé. 

»  p.  Ayant  amené  chez  un  jeune  chien  peu  de  temps  après  sa  naissance,  par  une 
vive  irritation  de  l'exocrâne,  un  arrêt  de  développement  de  la  boîte  crânienne,  j'ai 
constaté  8  mois  plus  tard  que  le  cerveau,  enserré  pendant  son  développement  dans 
une  loge  trop  étroite,  avait  laissé  sur  l'endocrâne  des  empreintes  d'une  vigueur  inac- 
coutumée. 

>■>  Y»  Chez  un  quatrième  chien  enfin,  ayant  enlevé  dans  les  mêmes  conditions  que 
précédemment  une  large  portion  de  la  boîte  crânienne,  j'ai  constaté  que,  1 1  mois  après 
la  mutilation,  la  paroi  osseuse  qui  s'était  reconstituée  présentait  des  empreintes  endo- 
craniennes aussi  nettes  que  celles  d'une  paroi  crânienne  normale. 

»  En  résumé  :  i°  le  crâne  des  Carnassiers  semble  être  au  cours  du  déve- 
loppement, pendant  les  premiers  mois  de  la  vie,  comprimé  de  dehors  en 
dedans  parles  muscles  crotaphytes,  et  de  dedans  en  dehors  par  le  cerveau 
augmentant  de  volimie.  Il  en  résulte  que  l'endocrâne  de  la  voûte  se  moule 
en  creux  sur  la  surface  du  cerveau. 


SÉANCE   DU    23   NOVEMBRE    IpoS-  883 

»  2°  Le  crâne  de  l'homme,  subissant  seulement  la  poussée  cérébrale  de 
dedans  en  dehors,  se  dilate  de  plus  en  plus  et  son  endocràne  ne  présente 
pas  d'empreintes  de  circonvolutions. 

»  3°  On  peut,  par  conséquent,  concevoir  que  la  pression  due  aux  muscles 
crolaphytes  est  et  a  été  une  sorte  d'obstacle  au  développement  cérébral. 
On  sait,  en  effet,  que  les  animaux  à  appareil  masticateur  bien  développé 
et  qui  ont,  par  conséquent,  tels  les  Carnassiers,  des  muscles  crotaphytes 
considérables,  ont  un  cerveau  relativement  réduit  par  rapport  à  ceux  qui 
ont  comme  l'homme  un  appareil  masticateur  peu  développé  et  des  muscles 
crotaphvtes  peu  puissants. 

»  Il  n'est  donc  pas  absurde  de  supposer  que  lorsqu'au  cours  de  la  phy- 
logénie,  par  suite  de  conditions  d'existence  nouvelles,  l'animal  à  crota- 
phytes puissants,  voisin  des  Primates  inférieurs  actuels  et  qui  devait  devenir 
l'homme,  a  fait  un  moindre  usage  de  ses  mâchoires  (organes  lui  servant 
primitivement  non  seulement  à  déchirer  sa  proie,  mais  à  se  défendre  et  à 
attaquer),  ses  muscles  crotaphytesont  diminué  de  volume  et  de  puissance  et 
que  cette  diminution  de  volume  a  permis  au  cerveau,  désormais  libre  de 
toute  compression,  de  prendre  le  développement  qu'on  lui  connaît. 

»  If  Les  résultats  de  cet  ensemble  de  causes  morphogénétiques  (pression 
exercée  par  le  muscle,  poussée  du  cerveau)  se  seraient  accumulés  au 
cours  de  la  pliylogénie  et  héréditairement  fixés.  Toutefois  ces  causes 
agissent  encore  aujourd'hui,  puisqu'en  supprimant  les  muscles  crotaphytes 
chez  un  animal  donné,  on  modifie  sa  surface  endocranienne  et  l'on 
augmente  le  volume  du  cerveau. 

»  Mon  maître,  M.  Edm.  Peirier,  et  moi-même  avions  déjà  envisagé  à 
maintes  reprises  la  possibilité  de  ce  processus  morphogénélique  (voir  §  3° 
des  conclusions),  mes  expériences  actuelles  viennent  fournir  des  arguments 
sérieux  à  cette  façon  de  comprendre  la  marche  de  l'évolution  du  crâne  de 
l'homme.    » 


PHYSIOLOGIE  GÉNÉRALE.  —  Comparaison  entre  les  effets  nerveux  des  rayons 
de  Becquerel  et  ceux  des  rayons  lumineux.  Note  de  M.  Georges  lîoiix, 
présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«   I.  Les  rayons  lumineux  ont  divers  effets  tropiques  (^Société  de  Biologie, 
Il  novembre  iQOj).  Les  rayons  de  Becquerel  n'ont  aucun  de  ces  effets. 


884  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Des  Vorlicelies  viennent  se  fixer  sur  un  tube  de  radium,  comme  s'il  était  vide. 
Des  Planaires,  des  Aselles  viennent  se  cacher  sous  ce  tube,  comme  sous  un  caillou. 
Lei  Daphnies,  au  phototropisme  positif,  viennent  se  grouper  autour  du  tube  illuminé 
p;ir  la  lumière  solaire.  Le  radium  ne  gêne  pas  la  sortie  d'un  Annélide  tubicole.  Aucun 
des  nombreux  animaux  observés  n'a  fui  la  source  radiante  ou  n'a  été  attiré  par  elle. 
Aucun  d'eux  n'a  présenté  de  reculs  à  la  limite  d'une  ombre  obtenue  au  moyen  d'un 
écran  de  plomb. 

»  Les  effets  sur  les  Convoluta  sont  curieux  à  considérer.  Gamble  et  Keeble  attri- 
buent les  mouvements  oscillatoires  à  un  effet  tonique  de  la  lumière.  Je  pense,  au 
contraire,  que  ces  mouvements  ne  sont  qu'un  souvenir  de  l'excitation  rythmique  du 
choc  des  vagues.  Le  différend  est  important  au  point  de  vue  des  théories  de  l'hérédité 
{Bulletin  du  Muséum,  24  novembre  1908).  La  lumière  a  sur  ces  vers  deux  effets  tro- 
piques :  recul  à  la  sortie  du  sable,  vis-à-vis  de  la  lumière  ;  orientation  suivant  les  lignes  de 
plus  grande  pente  sous  l'inlluence  d'une  augmentation  de  l'éclairement,  d'où  descente  ; 
la  lumière  a  aussi  un  effet  tonique  :  après  une  période  d'insolation,  ces  organismes 
passent  à  la  condition  de  light-rlgor.  Le  radium  ne  produit  pas  les  premiers  effets, 
mais  détermine  assez  rapidement  un  état  léthargique  analogue.  Seul,  le  radium  peut 
arrêter  les  curieux  mouvements  spontanés  des  Convoluta;  la  lumière  contrarie  égale- 
ment ces  mouvements  (recul  pendant  l'ascension,  arrêt  par  paralysie  pendant  la 
descente);  donc  il  est  impossible  d'admettre  que  la  lumière,  agent  paralysant,  soit  la 
cause  de  ces  mouvements. 

»  IL  Ainsi  les  rayons  de  Becquerel  ont,  comme  les  rayons  lumineux, 
des  effets  toniques,  conduisant  rapidement  à  un  état  léthargique,  analogue 
à  celui  de  Ught-rigor;  ces  effets  sont  [)lus  ou  moins  intenses  suivant  les 
espèces  et  les  régions  du  corj)S. 

»  Pour  un  Annélide  qui  nage  et  erre  parmi  les  rochers  supra-littoraux,  Kefer- 
steinia,  par  exemple,  l'état  léthargique  est  obtenu  rapidement  (20™,  \^)\  il  n'en  est 
pas  de  même  jjour  un  petit  Scoloplos  vivant  dans  le  sable  (i2^j.  Le  radium  a  été 
placé  à  l'entrée  du  tube  de  la  Laaice  conchylega  :  au  bout  de  quelques  instants,  les 
tentacules  de  la  ïérebelle  étaient  rétractés  et  avaient  perdu  le  sens  tactile,  tandis  que 
les  branchies  ne  subissaient  aucune  altération.  De  même  les  branchies  de  l'Arénicole 
iiC  s'altéraient  pas  au  contact  prolongé  de  la  source  radiante.  Seuls,  les  tentacules 
tactiles,  aussi  sensibles  que  les  téguments  des  Annélides  supra-littorales,  et  comme 
eux  très  innervés,  passent  lapidement  à  l'état  de  radiuin-rigor .  » 

)'  11  y  a  la  un  curieux  contraste  qui  rappelle  celui  constaté  par  Danysz 
chez  les  Vertébrés  supérieurs:  le  radium  agit  fortement  sur  la  peau,  faible- 
ment sur  le  péritoine. 

»  Après  une  application  sur  la  peau  (observations  personnelles),  presque  immédia- 
tement apparaît  une  rougeur  qui  persiste  un  certain  temps  et  qui  est  due  à  un  trouble 
vaso-moteur,  à   une   sorte  de    radiuin-i-igor  des   vaisseaux  de  la  peau  ;   la  senbibiiité 


SÉANCE    DU    1?)    NOVEMBRE     igoS.  885 

tactile  semble  diminuée.  Mais  six  semaines  après  (fin  mai)  des  troubles  beaucoup 
plus  profonds  se  produisent  :  boursouflure  de  l'épiderme,  exfoliation  ;  fin  juillet, 
mêmes  phénomènes;  fin  octobre,  de  même,  mais  cette  fois  il  se  forme  une  plaie  qui 
simule  une  brûlure.  D'autres  applications  déterminent  seulement  des  poussées  pigmen- 
taires;-sur  un  nœvus  le  pigment  a  été  détruit. 

»  En  résumé,  sur  les  légnments  (Vers,  Amphibiens,  Homme)  l'action  des 
rayons  du  nidiiim  est  multiple:  i°  ils  agissent  sur  les  filaments  nerveux 
périphériques,  ils  produisent  une  sorte  d'aneslhésie  qui  peut  entraîner 
chez  les  êtres  et  les  organes  aux  fonctions  extériorisées  un  état  de 
fatigue,  de  paralysie,  souvent  suivi  de  mort;  chez  les  Vertébrés  l'action 
porte  surtout  sur  les  vaisseaux  et  les  troubles  vaso-moteurs  (auxquels  on 
doit  attribuer  les  paralysies  centrales)  sont  au  premier  plan;  2^  ils  modi- 
fient d'une  façon  durable  les  cellules  épithéliales  et  par  suite  la  croissance 
des  épithéliums,  qui  se  fait  par  poussées  successives:  à  chaque  poussée  on 
observe  des  troubles  qui  entraînent  parfois  des  plaies  ressemblant  à  des 
brûlures;  3**  ils  agissent,  enfin,  sur  la  pigmentation.  J'attribue  une  grande 
importance  à  cette  dernière  action  :  le  pigment  semble  lui-même  radio- 
actif (Griffiths)  ;  le  rayonnement  d'un  pigment  paraît  agir  sur  un  autre 
pigment,  et  je  suis  arrivé  à  la  conviction  que  c'est  l'étude  de  la  radio-acti- 
vité qui  donnera  une  explication  vraiment  scientifique  des  cas  si  extraor- 
dinaires de  mimétisme:  ressemblance  d'une  Kallima  et  d'une  feuille.  » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  l' existence,  dans  V organisme  animal,  d'une 
diastase  à  la  fois  oxydante  et  réductrice.  Note  de  MM.  J.-E.  Abelous 
et  J.  Aloy,  présentée  par  M.  Arm.  Gautier. 

«  Dans  une  Note  antérieure  (Com/?/e^  rendus,  22  juin  igoS)  nous  avons 
exposé  les  résultats  de  nos  recherches  sur  quelques  conditions  de  l'oxv- 
dation  de  l'aldéhyde  salicylique  par  les  organes  et  extraits  d'organes 
animaux.  Entre  autres  résultats,  nos  expériences  nous  avaient  amenés  à 
conclure  que  l'oxydation  de  l'aldéhyde  salicylique  se  fait  mieux  dans  le 
vide  qu'en  présence  de  l'air  et  que  la  présence  d'une  atmosphère  d'oxv- 
gène  pur  diminue  considérablement,  et  peut  même  empêcher,  cette  oxyda- 
tion. Il  faut  donc  admettre  que  l'oxygène  nécessaire  est  emprunté  à  des 
combinaisons  oxygénées  que  dissocie  le  ferment  oxydant. 

»  Or,  l'un  de  nous  a  établi,  avec  M.  E.  Gér-ard  {Comptes  rendus, 
t.  CXXÏX,  1899,  2^  semestre,  p.  56  et  164)  l'existence,  dans  l'org^anisme 

C.  R.,  1903,  2"  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N«  21.)  I16 


886  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

animal,  d'un  ferment  soluble  réducteur  jDouvant  transformer  les  nitrates 
alcalins  en  nilrites.  Il  était  permis  de  penser  que  l'oxygène  ainsi  enlevé 
aux  nitrates  devait  servir  à  des  oxydations  concomitantes. 

»  Nous  avons  été  conduits  à  examiner  si  ces  deux  diastases,  oxydante 
et  réductrice,  n'étaient  pas  en  réalité  un  seul  et  même  ferment  à  la  fois 
oxydant  et  réducteur. 

»  Les  expériences  que  nous  avons  faites,  et  dont  nous  présentons 
aujourd'hui  les  résultats  généraux  (  '  ),  nous  portent,  comme  on  va  le  voir, 
à  adopter  cette  conclusion. 

»  Nous  avons  étudié  parallèlement  l'influence  de  certaines  conditions 
sur  la  réduction  des  nitrates  alcalins  et  l'oxydation  de  l'aldéhyde  salicy- 
lique  par  de  l'extrait  aqueux  de  foie  de  cheval. 

»  1°  Influence  de  l'air  et  de  Voxygène.  —  La  présence  de  l'air,  et  mieux  encore 
d'une  atmosphère  d'oxygène  pur,  entrave  également  l'oxydation  de  l'aldéhyde  salicy- 
lique  et  la  réduction  du  nitrate. 

»  2°  Influence  de  la  température.  —  L'activité  de  l'oxydation  et  de  la  réduction 
augmente  avec  la  température.  L'optimum  est  entre  5o°  et  55".  A  6o°,  on  constate  un 
affaiblissement  notable  des  deux  actions.  Toutes  deux  sont  supprimées  à  8o". 

»  3°  Substances  empêchantes .  —  Il  est  certaines  substances  qui  entravent,  ou 
empêchent  même  complètement,  la  réduction  du  nitrate.  Ces  substances  agissent  de 
même  sur  l'oxydation  de  l'aldéhyde  salic^dique. 

»  Ainsi,  a  :  Le  sulfhydrate  d'ammoniaque  (sol.  saturée),  dans  la  proportion  de  2'='"'' 
à  S"^""'  pour  ioqS  à  i5os  d'extrait  de  foie,  supprime  complètement  le  pouvoir  oxydant 
et  le  pouvoir  réducteur  de  cet  extrait. 

»  b.  Le  sulfoc^^anate  d'ammonium,  à  la  dose  de  20,  et  même  de  10  pour  100, 
empêche  complètement  l'oxydation  et  la  réduction. 

»  c.  La  nicotine,  ajoutée  dans  la  proportion  de  2*^'"'  pour  100  à  de  l'extrait  de  foie, 
diminue  à  la  fois  son  pouvoir  oxydant  et  son  pouvoir  réducteur. 

»  4"  hiérarchie  des  organes.  —  Enfin,  il  est  à  noter  que  les  organes  qui  fournis- 
sent les  extraits  les  plus  oxydants  fournissent  également  les  extraits  les  plus  réduc- 
teurs. Le  foie,  qui  est  l'organe  le  plus  oxydant,  est  aussi  le  plus  réducteur.  Puis 
viennent  le  rein,  le  poumon,  la  rate,  l'intestin  grêle,  le  muscle,  le  cerveau.  Le  muscle 
et  le  cerveau,  qui  donnent  un  extrait  absolument  inaclif  sur  l'aldéhyde  salicylique, 
fie  réduisent  le  nitrate  que  d'une  façon  inappréciable. 

»  En  rapprochant  tous  ces  faits,  on  voit  que  toutes  les  conditions  qui 
favorisent  ou  empêchent  l'oxydation,  favorisent  ou  empêchent  également 
la  réduction  dans  des  proportions  sensiblement  les  mêmes. 


f  ')  L'exposé  détaillé  de  ces  expériences  paraîtra  dans  le  Journal  de  Physiologie  et 
de  Pathologie  générale. 


SÉANCE    DU    93    NOVEMBRE    tqoS.  887 

»  Il  paraît  donc  légitime  de  conclure  à  l'identité  de  la  diastase  oxydante 
et  de  la  diastase  réductrice.  En  réalité,  il  existerait  dans  l'organisme 
animal  un  ferment  oxydo-réducleur.  Nous  savons  que  les  éléments  anato- 
miques  n'ont  à  leur  disposition  que  de  l'oxygène  combiné  :  ils  vivent 
anaérobiquement  (Armand  Gautier). 

»  Le  ferment  en  question,  dissociant  les  combinaisons  oxygénées,  agit 
comme  réducteur,  et,  portant  l'oxygène  libéré  sur  des  substances  oxy- 
dables, il  agit  comme  oxydant.  Ce  double  rôle  nous  le  fait  api)araitre  comme 
l'agent  des  échanges  respiratoires  élémentaires.  » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  la  fermentation  forménique  et  le  ferment 
qui  la  produit.  Note  de  M.  Mazé,  présentée  par  M.  Roux. 

«  En  décembre  igoo,  M.  le  D''  Roux  me  remit  un  flacon  rempli  d'eau  et 
de  feuilles  mortes  en  pleine  fermentation  forménique,  en  me  demandant 
de  suivre  In  marche  de  cette  fermentation. 

»  L'examen  microscopique  du  liquide  du  flacon  ou  du  conlenu  des  cellules  des 
feuilles  laissait  voir  un  grand  nombre  de  formes  microbiennes,  mais  il  était  bien  diffi- 
cile d'attribuer  à  l'une  quelconque  d'entre  elles,  en  raison  de  sa  prédominance,  la  pro- 
duction du  gaz  des  marais. 

))  Une  semence  empruntée  à  cette  culture,  avec  une  autre  tirée  d'une  parcelle  de 
fumier  bien  décomposé,  ont  constitué  le  point  de  départ  d'une  série  de  cultures  qui  ont 
abouti  à  la  découverte  d'un  micro-organisme  particulier  auquel  il  faut  attribuer  le 
dégagement  de  formène. 

»  Ce  microbe  se  présente  isolé,  et  alors  il  est  sphérique,  ou  sous  forme  d'agrégats 
plus  ou  moins  volumineux,  d'un  aspect  mùriforme;  rappelant  une  grosse  sarclne,  en 
raison  de  cette  analogie  je  le  désignerai  provisoirement  par  le  terme  an  pse  11  dosa  reine, 
car  il  ne  semble  pas  que  ses  bipartitions  se  fassent  suivant  deux  plans  perpendiculaires. 

»  11  a  été  rencontré  dans  des  cultures  anaérobies  réalisées  en  pipettes  Roux,  avec 
un  milieu  obtenu  en  filtrant  le  mélange  suivant  après  un  chauffage  préalable  à  120" 
pendant  un  quart  d'heure. 

Milieu  I. 


Feuilles  mortes  (marronnier)  pulvérisées 5o 

Phosphate  d'ammonium o,5 

Carbonate  de  potassium o,.") 

Eau  ordinaire 5oo 

Carbonate  de  calcium 2   à   3 

»  La  présence  de  cet  organisme  coïncide  toujours  avec  la  pro  luction  de 
formène. 


888  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

))  Si,  au  lieu  du  liquide  obtenu  avec  le  milieu  I,  on  introduit  le  nnélange 
entier  à  raison  de  200""'  par  ballon  de  260'""',  on  obtient  des  cultures  qui, 
au  bout  de  i5-20  jours  à  So",  fournissent,  en  24  heures,  i  5o'"'  à  200""'  de 
gaz;  la  proportion  de  formène  dans  le  mélange  est  alors  égale  à  65-66 
pour  100;  le  dégagement  se  ralentit  ensuite  assez  brusquement,  pour  con- 
tinuer lentement  pendant  des  mois  et  même  des  années.  C'est  dans  ces 
cultures  qu'on  observe  les  plus  belles  poussées  de pseudo-sarcine . 

»  Si  l'on  chauffe  les  cultures  de  i5-20  jours,  on  constate  que  la  pseudo- 
sarcine  est  tuée  par  un  séjour  de  8  minutes  à  60°;  dans  les  cultures  de  2  ans 
el  demi  elle  résiste  à  cette  épreuve;  mais  elle  est  le  plus  souvent  tuée  éga- 
lement il  70°. 

»  Les  ferments  qui  l'accompagnent  résistent,  bien  entendu;  ceux-ci  font 
fermenter  le  milieu  précédent  en  dégageant  seulement  de  l'acide  carbo- 
nique et  de  l'hydrogène,  tandis  que,  dans  les  cultures  qui  dégagent  du  for- 
mène, l'hydrogène  est  toujours  absent. 

))  Si  l'on  analyse  les  cultures  obtenues  avec  des  semences  chauffées,  on 
trouve  comme  principaux  j)roduits  des  acides  butyrique  et  acétique.  Après 
I  mois  de  fermentation,  on  obtient  les  chiffres  suivants  : 

Acide  acétique.  Acide  butyrique. 

Semences  chauffées  à  60" 4)63i   pour   looo         3,ro5   pour   1000 

»  »  90° 4>768         »  3,483  » 

»  Ces  corps  sont  absents  dans  les  cultures  qui  ont  donné  du  formène; 
ils  ont  donc  disparu,  car  ils  y  ont  pris  naissance,  puisque  les  ferments  buty- 
iiques  y  étaient  présents. 

»  Il  en  résulte  que  la  fermentation  forménique  se  greffe  sur  les  fermen- 
tations butyriques  et  s'alimente  aux  dépens  des  produits  fournis  par  ces 
dernières,  y  compris  probablement  l'hydrogène. 

»  Si  ces  déductions  sont  exactes,  la  production  tle  formène  doit  être 
observée  dans  des  milieux  privés  de  substances  hydrocarboiiées.  Le  milieu 
suivant  donne  en  effet  lui  dégagement  de  CH\ 

AJi/iei/  II. 

l3ouillon   xMarlin Doo 

I2au  ordinaire 5oo 

Acétate  de  potassium i 

I3ulyrate  de  sodium 2 

l^liosphale  d'ammonium i 

Carbonate  de  calcium t> 


SÉANCE    DU    1^    NOVEMBRE     lo,o3.  88() 

»  L^  richesse  du  mélange  gazeux  en  formène  atteint  8i  pour  loo; 
le  reste  est  du  C0-;  quelques  cultures  ont  donné  jusqu'à  90  pour  loo 
de  CH*  ;  la  pseudo-sarcine  y  est  très  abondante  mais  plus  petite  que  dans  les 
cultures  faites  avec  le  mélange  I.  L'origine  du  CH'  ne  peut  donc  pas  être 
attribuée  aux  substances  hydrocarbonées. 

»  Les  essais  d'isolement  pratiqués  avec  le  milieu  II  solidifié  avec  de  la 
gélose  ont  donné  des  résultats  positifs;  mais  jusqu'ici  il  n'a  pas  été  possible 
d'obtenir  de  fermentations  avec  unesemence  pure  de  pseudo-sarcine  même 
en  employant  des  milieux  préparés  par  une  fermentation  préalable  du 
mélange!  avec  une  semence  chauffée  à  70°.  J'ai  pourtant  obtenu  des  cul- 
tures très  actives  en  l'associant  à  deux  bacilles  sporogènes  incapables  de 
fournir,  soit  isolément,  soit  réunis,  du  CH'.  La  richesse  en  formène  du 
mélange  gazeux  fourni  par  cette  association  a  atteint  80  pour  100.  C'est 
donc  \si pseudo-sarcine  qui  est  l'agent  de  la  fermentation  forménique. 

»  M.  Omeliansky  a  déjà  étudié  un  autre  ferment  forménique;  c'est  une 
bactérie  à  sj)ore  terminale  [baguette  de  tambour  ('  )]  ;  il  semble  donc  que 
l'on  puisse  prévoir  qu'il  existe  différentes  formes  microbiennes  capables  de 
produire  du  formène.  » 


PATHOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Sur  les  lubercuUnes.  Note  de  M.  Béraxeck, 

présentée  par  M.  Roux. 

«  Les  toxines  tuberculeuses  sont  multiples.  Les  unes,  diffusibles,  pro 
(luisent  chez  les  animaux  infectés  leur  effet  nocif  à  distance,  principalement 
sur  le  système  nerveux  ;  les  autres,  plutôt  adhérentes  aux  corps  bacillaires, 
exercent  une  action  de  contact  sur  les  tissus  ambiants  et  provoquent  de  la 
part  de  l'organisme  cette  réaction  de  défense  qui  aboutit  aux  cellules 
géantes  et  aux  tubercules. 

»  En  étudiant  chez  le  cobaye  la  marche  de  l'infection  tuberculeuse,  on 
constate  d'une  part  que  les  toxines  causent  avec  une  certaine  lenteur  la 
déchéance  physiologique  de  l'orginisme,  d'autre  part  que  les  bacilles  de 
Koch  exercent  sur  les  phagocytes  une  chimiotaxie  positive.  Ces  phagocytes 
englobent  les  bacilles,  mais  en  général  sont  impuissants  à  les  digérer.  Pour 
enrayer  l'évolution  de  la  tuberculose,  le  i)roblème  consiste  donc  moins  à 
neutraliser  par  des  antitoxines   les   toxines  sécrétées  qu'à  aui^menter    la 


(')   Archives  des  Sciences  biologiques,  l.  VII,  p.  419. 


890  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

résistance  des  phagocytes  et  à  renforcer  leur  fonction  bactériolytique.  Je 
cherche  à  obtenir  une  vaccination  directe  de  l'organisme  pendant  l'évohi- 
tion  même  de  la  maladie.  Cette  vaccination  exige  un  certain  temps  pour  se 
réaliser,  aussi  s'obtiendra-t-elle  plus  facilement  chez  les  espèces  à  tubercu- 
lose lente  que  chez  celles  à  tuberculose  rapide. 

»  Existe-t-il  dans  les  milieux  de  culture  ou  bien  dans  les  bacilles  des 
substances  vaccinantes?  L'expérience  physiologique  seule  nous  permet  de 
différencier  les  toxines  élaborées  par  le  bacille  de  Koch  et  d'en  déterminer 
les  propriétés  pathologiques.  Dans  une  étude  de  ce  genre,  il  importe  de  se 
rappeler  que  les  toxines  contenues  dans  nos  milieux  de  culture  peuvent 
représenter  aussi  bien  des  modifications  chimiques  des  substances  constitu- 
tives de  ces  milieux  que  des  produits  de  sécrétion  des  bacilles  qui  y  sont  cul- 
tivés. A  des  variations  dans  les  conditions  chimiques  du  milieu  correspondent 
des  variations  dans  les  produits  élaborés.  Les  transformations  qui  s'accom- 
plissent dans  les  bouillons  tuberculeux  sont  très  complexes;  mais  il  est  un 
caractère  qui  nous  renseigne  sur  la  nature  de  certains  échanges  intervenus 
entre  le  bacdle  et  son  bouillon  de  culture,  c'est  la  réaction  chimique  que 
ce  bouillon  présente  une  fois  la  croissance  de  la  culture  achevée.  En  ense- 
mençant des  bouillons  très  légèrement  alcalins  au  début,  on  constate  après 
culture  que  la  réaction  du  milieu  est  variable.  Tantôt  cette  réaction  est 
encore  alcaline  ou  neutre,  tantôt  elle  est  devenue  franchement  acide. 

»  J'ai  clierclié  les  condilions  qui  favorisent  la  produclion  de  celte  acidité.  Ensemen- 
çons deux  bouillons  provenant  de  la  même  viande  de  veau.  Un  de  ces  bouillons  n'est  pas 
neutralisé  et  garde  par  conséquent  son  acidité  première;  Fautre  est  alcalinisé  jusqu'à 
ce  qu'il  soit  alcalin  à  la  phénolphtaléine.  Après  2  mois  et  demi  de  culture,  ces  bouillons 
sont  filtrés  et  leur  acidité  titrée  à  la  phénolphtaléine.  Dans  le  premier  bouillon,  la 
production  d'acidité  a  été  nulle.  Dans  le  second,  fortement  alcalinisé  au  début,  l'acidité 
produite  répondait  à  20""'  de  soude  normale  par  litre.  Celte  expérience  ne  réussit  pas 
toujours.  En  se  servant  comme  indicateur  de  la  phénolphtaléine,  le  milieu  est  trop 
alcalin  et  le  bacille  tuberculeux  ne  s'y  habitue  qu'avec  peine.  Il  est  préférable  de  se 
servir  de  bouillons  auxquels  on  ajoute  après  neutralisation  au  tournesol  de  5"^"''  à 
7"="'^  de  soude  normale  par  litre.  On  peut  ainsi  acclimater  le  bacille  de  Koch  à  des 
milieux  passablement  alcalins  et,  en  réponse  à  cet  acclimatement,  ce  bacille  élabore 
des  pi'oduits  spéciaux.  Jal  cherché  ensuite  si  ces  faits  se  vérifiaient  avec  d'autres 
bases  que  la  soude.  L'hydrate  de  chaux  m'ayant  donné  des  résultats  plus  constants, 
j'opère  comme  suit.  Je  prépare  un  litre  de  bouillon  de  veau.  Je  prélève  600""'  de  ce 
bouillon  et,  avant  d'y  incorporer  la  glycérine  et  la  peptone,  j'ajoute  400'™'  d'hydrat-e 
de  chaux  fraîchement  préparée.  Après  filtration,  stérilisation,  ensemencement,  ces 
bouillons  sont  mis  à  l'étuve  à  37°-38°  pendant  2  mois  à  2  mois  et  demi.  Ils  sont  alors 
filtrés  sur  papier,  neutralisés  par  de  l'hydrate  de  chaux,  filtrés  sur  bougie  Chamber- 


SÉANCE    DU    ^3    NOYE^IBRE    roo^.  891 

lalid,  puis  évaporés  dans  le  vide  à  froid  jusqu'à  consistance  sirupeuse.  Je  désigne  les 
toxines  ainsi  obtenues  sous  le  nom  de  basitoxines  (TB). 

»  Les  basitoxines  ne  suffisent  pas  à  produire  la  vaccination  cherchée,  il  faut  les 
compléter  par  des  substances  tirées  directement  des  corps  bacillaires.  Après  de  nom- 
breux essais,  je  me  suis  arrêté  au  procédé  suivant  :  les  bacilles  tuberculeux  lavés  à 
fond  et  séchés  dans  le  vide  sont  traités  au  bain-marie  pendant  2  heures  à  70°  environ 
par  de  l'acide  orthophosphorique  à  1  pour  100  (3oo^''"'  pour  7s  de  bacilles  secs).  On 
agite  fréquemment  le  ballon  pendant  l'extraction.  Après  refroidissement  on  filtre 
plusieurs  fois  sur  papier.  A  chaque  centimètre  cube  du  filtrat  répondent  environ 
2™?  de  substances  extraites  des  corps  bacillaires.  J'appelle  les  albuminotoxines  ainsi 
obtenues  acidotoxines  (AT). 

»  Pour  les  usages  thérapeutiques,  je  me  sers  d'un  mélange  à  parties 
égales  de  AT  et  de  TB  préalablement  diluées.  L'action  curalive  de  ces 
toxines  sera  étudiée  ailleurs.  Ma  tuberculine  a  été  expérimentée  sur  le 
cobaye  et  sur  l'homme.  Jusqu'à  présent,  chez  le  cobaye,  je  n'ai  jamais 
obtenu  de  guérison,  mais  seulement  une  survie  des  animaux  traités  allant 
de  I  à  5  mois.  Depuis  plus  de  2  ans  ces  tuberculines  sont  essayées  chez 
l'homme.  Sur  90  malades,  tant  fébriles  qu'afebriles,  on  a  noté  dans 
60  pour  100  des  cas  traités  une  amélioration  portant  sur  l'ensemble  des 
signes  pathologiques,  malgré  que  les  |  de  ces  malades  fussent  déjà  arrivés 
au  second  et  au  troisième  degré.  » 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Ampoule  de  Crookes pour  radiothérapie. 
Note  de  M.  Oudlv,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  La  situation  des  cancers  de  la  langue,  de  l'utérus  ou  du  rectum  rend 
leur  traitement  par  les  rayons  X  à  peu  près  complètement  impossible. 
Profondément  situés,  protégés  par  des  tissus  superficiels  sains,  ou  par  des 
barrières  osseuses  aussi  difficilement  pénétrables  que  le  bassin,  on  ne 
peut  songer  à  les  atteindre  efficacement  sans  risquer  des  radiodermites 
graves. 

»  C'est  pour  obvier  à  ces  inconvénients  qu'a  été  créée  l'ampoule  de 
Crookes  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  aujourd'hui  à  l'Académie. 

»  Elle  est  du  type  connu  Chabaud-Villard,  mais  porte  en  face  de  Fanticathode  un 
prolongement  en  doigt  de  gant  dont  la  longueur  peut  être  de  5"='"  à  lo'^™;  son  diamètre 
peut  varier  entre  lô"""  à  SS""'",  diamètres  et  longueurs  en  rapport  avec  la  situation  des 
parties  à  traiter.  Toute  l'ampoule  est  soufflée  dans  du  verre  très  riche  en  silicate  de 
plomb  et  très  épais,  par  conséquent  très  peu  traversé  par  les  rayons  X.  Au  contraire. 


8f)?.  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

rextrémité  du  doii;t  de  gant  est  en  verre  ordinaire.  On  23eiil  estimer,  d'après  des 
radiographies,  qu'il  passe  par  ce  point  environ  cinrfuanle  fois  plus  de  rayons  de 
Rôntgen  que  par  une  surface  équivalente  de  Tanipoule. 

»  Nous  pouvons  ainsi  porter  ce  prolongement  au  fond  des  cavités  naturelles, 
bouche,  rectum,  vagin,  et  amener  le  foyer  des  rayons  X  jusqu'au  contact  des  tissus 
malades  sans  risquer  de  léser  les  orifices,  en  faisant  des  expositions  très  courtes,  de 
80  à  60  secondes  seulement,  puisque  nous  réduisons  énormément  les  distances. 

»  Tel  que  nous  venons  de  le  décrire,  ce  tube  serait  pourtant  incapable  de  fonc- 
tionner en  raison  des  étincelles  qui,  jaillissant  entre  ses  parois  et  le  patient,  le 
mettraient  de  suite  hors  d'usage.  Ces  étincelles  sont  complètement  supprimées  par 
une  gaine  protectrice  qui  enveloppe  le  prolongement  et  qui  est  formée  par  un  tube 
d'ébonite  ou  de  celluloïd  rempli  de  vaseline,  de  pétrole,  d'essence  de  térébentine  ou 
de  tout  autre  liquide  isolant.  Celte  gaine  du  prolongement  lui  est  fixée  par  un  pas  de 
vis  en  ébonite  luté  sur  le  tube. 

»  Une  couche  de  2™"' à  3"'™  du  liquide  diélectrique  suffit  pour  permettre  de  plonger 
le  tube  dans  une  cavité  naturelle  sans  qu'il  se  produise  la  moindre  étincelle,  même  si 
l'ampoule  est  résistante. 

»  La  partie  terminale  active  du  tube  se  trouvant  ainsi  à  une  distance  constante  des 
tissus  malades,  l'ampoule  étant  avec  son  osmorégulateur  maintenue  à  une  résistance 
déterminée  par  une  étincelle  dérivée,  on  n'a  plus  à  s'occuper  que  des  temps  d'expo- 
sition. 

»  Pour  que  ce  tube  soit  plus  maniable  il  n'est  pas  fixé  sur  un  support, 
mais  porte  à  une  de  ses  extrémités  un  manche  en  ébonile  qui  permet  de 
le  tenir  comme  tout  autre  instrument,  le  médecin  le  guidant  avec  la  n)ain 
pendant  la  durée  de  l'application.  » 

A  5  heures  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie. 

G.   D. 


ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

SÉANCE  DU  LUNDI  50  NOVEMBRE  1903, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GAUDRY. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts  adresse 
une  ampliation  du  Décret  par  lequel  le  Président  de  la  République  approuve 
l'élection  de  M.  Berlin,  dans  la  Section  de  Géographie  et  Navigation,  en 
remplacement  de  M.  de  Bussy,  décédé. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  Décret. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Bertin  prend  place  parmi  ses 
Confrères. 


ANATOMIE  COMPARÉE.  —  Sur  les  mains  scapulaircs  et  pelviennes  des  Poissons. 
Note  de  M.  Armand  Sabatier. 

«  Dans  une  série  de  Notes  insérées  dans  les  Comptes  rendus  de  ces  der- 
nières années,  je  me  suis  attaché  à  établir  la  morphologie  des  membres 
pairs  des  Poissons,  membres  qui  ont  servi  de  base  au  développement  des 
membres  chez  les  autres  Vertébrés.  Cette  étude  m'a  conduit  à  démontrer 
que,  chez  les  Poissons  osseux,  les  membres  postérieurs  étaient  constitués 
par  une  masse  osseuse  basilaire  dans  laquelle  le  membre  ne  s'est  pas  diffé- 
rencié de  la  ceinture  pelvienne.  Cette  masse  est  formée  de  deux  parties 
paires  plus  ou  moins  unies  sur  la  ligne  médiane  ventrale,  et  composées  cha- 
cune de  l'association  ou  de  la  fusion  plus  ou  moins  prononcée  des  moitiés 
latérales  de  deux  interépineux  successifs  dédoublés  suivant  un  plan  ver- 
tical et  médian.  Cette  pièce  osseuse  porte  les  rayons  qui  ne  sont  pas  des 
parties  intégrantes  des  membres,  et  ne  représentent  que  des  parties  d'ori- 

C.  R.,   igoS,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  22.)  1*7 


894  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

gine  dermique  analogues  aux  griffes,  aux  ongles  et  aux  plumes  des  autres 
Vertébrés. 

»  Dans  le  membre  antérieur  au  contraire  la  différenciation  s'est  établie 
entre  la  ceinture  et  le  membre  de  la  façon  suivante  :  le  demi-interépineux, 
devenu  antéro-supérieur  par  un  mouvement  de  bascule  dû  à  l'élargissement 
de  la  cavité  pharyngienne,  représente  en  fait  la  ceinture  scapulo-coracoï- 
dienne  et  un  très  court  humérus  lamellaire  bifide  qui  lui  reste  soudé,  tandis 
que  le  demi-interépineux  devenu  postéro-inférieur  se  fragmente  par  suite 
d'ossifications  distinctes  pour  former  : 

»  T°  Un  os  radio-cubital  percé  d'un  trou  ou  espace  interosseux  qui  sépare 
les  deux  os  de  l'avant-bras  dans  leurs  portions  moyennes,  tout  en  les  lais- 
sant unis  par  leurs  extrémités.  C'est  d'ailleurs  la  conformation  constante  du 
cartilage  embryonnaire  et  fond;miental  de  l'avant-bras  de  tous  les  Vertébrés; 

»   2°  Un  os  pisiforme  lamelleux,  plus  ou  moins  distinct  du  cubitus; 

))  3^  Cinq  métacarpiens  dont  le  radial  reste  soudé  au  radius,  tandis  que 
les  quatre  autres  sont  indépendants  et  reposent  sur  le  bord  du  radius, 
mais  surtout  du  cubitus  et  parfois  aussi  du  pisiforme.  Les  métacarpiens, 
qui  représentent  à  eux  seuls  les  doigts,  reposent  donc  sur  le  bord  postérieur 
ou  talon  du  deuxième  interépineux.  L'ensemble  des  deux  demi-interépi- 
neux latéraux  forme  donc  proprement,  le  premier  la  ceinture  et  l'humérus, 
et  le  second  l'avant-bras,  le  pisiforme  et  la  main,  d'où  ce  résultat  aussi 
remarquable  qu'inattendu,  que  la  ceinture  et  l'humérus  réunis  sont  homo- 
dynames  de  l'avant-bras,  du  pisiforme  et  de  la  main. 

))  Les  preuves  anatomiques  (c'est-à-dire  les  connexions)  de  ces  homo- 
logies  surprenantes  ne  me  paraissent  laisser  subsister  aucun  doute  sur  leur 
réalité.  Néanmoins  il  convient  de  rechercher  les  faits  qui  peuvent  apporter 
à  ces  vues  de  nouveaux  éléments  de  démonstration.  Je  considère  qu'on 
doit  en  trouAcr  un  important  dans  un  lait  qui  me  paraît  établir  que  la 
ceintui'e,  c'est-à-dire  le  demi-épineux  antéro-supérieur,  ne  diffère  pas  du 
membre,  c'est-à-dire  du  demî-interépineux  postéro-inférieur,  par  l'absence 
de  ces  appendices  qui  représentent  les  doigts,  et  qu'il  y  a  sur  la  ceinture 
scapulo-coracoïdienne,  comme  sur  l'avant-bras,  et  dans  une  situation  exacte- 
ment comparable,  une  main  représentée  par  un  doigt  exactement  conformé 
comme  les  doigts  de  la  main  radio-cubitale,  et  par  conséquent  ime  main 
monodactyle  scapulaire.  La  présence  de  doigts  sur  les  deux  éléments  consti- 
tuants de  la  nageoire  antérieure,  la  ceinture  et  le  membre,  est  de  nature  à 
confirmer  hautement  une  assimilation  dans  la  signification  de  ces  deux 
éléments,  et  par  conséquent  à  établir  clairement  leur  homodynamie. 


SÉANCE    DU   3o    NOVEMBRE    1903.  893 

»  Or  il  existe  sur  la  ceinture  pectorale  de  la  plupart  des  Poissons  osseux 
un  appendice  plus  ou  moins  ossifié,  qui  ne  peut  avoir  d'autre  signification 
que  celle  d'un  doigt.  Il  s'agit  d'un  appendice  composé  de  une  ou  deux 
pièces  qui  a  si  bien  embarrassé  jusqu'à  présent  les  anatomistes  qu'on  lui  a 
donné  des  noms  très  différents,  et  qu'on  n'est  pas  parvenu  à  l'assimiler  à 
aucun  des  os  connus  chez  les  autres  Vertébrés.  C'est  Vos  coracoïdien  des 
Poissons  de  Gnvier,  le  coracoïde  de  Geoffroy  Saint-Hilaire  et  d'Agassiz, 
la  clavicule  d'Owen,  la  pièce  accessoire  de  Gegenbaur,  Vos  de  la  ceinture 
scapulaire  secondaire  de  Claus  et  de  Wiedersheim,  la  baguette  styliforme  de 
Vogt,  le  post-claviculaire  d'autres  anatomistes,  etc.  Ces  diverses  dénomi- 
nations, ou  bien  sont  insignifiantes,  ou  bien  ne  résistent  pas  à  on  examen 
sérieux  des  connexions,  sur  lesquelles  doit  se  baser  la  détermination  vrai- 
ment anatomique  d'un  os. 

»  Voici  d'ailleurs  les  caractères  de  forme  et  de  connexions  qui  appar- 
tiennent à  cet  appendice  digitiforme.  C'est  un  appendice  allongé,  composé 
parfois  d'un  seul  os,  le  plus  souvent  de  deux  os  successifs.  Il  est  attaché 
au  bord  postérieur  ou  talon  de  l'os  de  la  ceinture.  Le  premier  article  est 
tantôt  court,  trapu,  tantôt  allongé;  il  est  aplati  comme  le  sont  tous  les  os 
de  la  main  des  Poissons  osseux.  Il  peut  être  très  court,  réduit  à  une  saillie 
soudée  à  la  portion  scapulaire  de  la  ceinture.  Il  ressemble  alors  au  premier 
métacarpien,  ou  métacarpien  radial  de  la  main  radiocubitale.  Le  second 
article  ou  terminal,  est  plus  allongé,  plus  grêle,  d'une  ossification  plus  ou 
moins  incomplète,  et  se  termine  en  pointe  effilée.  Il  est  parfois  soudé  au 
premier,  le  plus  souvent  libre  et  articulé.  Cette  articulation  est  parfois 
de  forme  identique  h.  celle  qui  rattache  les  rayons  de  la  nageoire  aux  méta- 
carpiens, chez  Scarpena  notamment.  L'ensemble  des  deux  articles  forme 
une  tige  articulée,  légèrement  anguleuse  et  dirigée  de  haut  en  bas  et 
d'avant  en  arrière.  Cette  tige  est  sous-dermique,  par  son  premier  article, 
tandis  que  le  second  est  pour  ainsi  dire  noyé  dans  l'épaisseur  du  derme; 
elle  adhère  très  inégalement  aux  muscles  latéraux  du  tronc,  mais  ces 
relations  sont  tout  à  fait  accidentelles  et  contingentes,  et  sans  caractères 
anatomo-physiologiques.  Elles  n'ont  aucun  rapport  réel  avec  les  cloisons 
myomériques  ni  avec  ia  direction  des  fibres  musculaires. 

»  Cet  appendice  présente  donc  des  analogies  remarquables  avec  les 
doigts  radio-cubitaux  de  la  nageoire.  L'article  basilaire  est  un  vrai  méta- 
carpien, et  l'article  terminal  un  rayon  porté  par  ce  dernier.  Les  modifi- 
cations de  forme  et  de  situation  générale  s'expliquent  facilement  parce  fait 


896  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

que  ce  doigt  scapulaire  entraîné  en  haut  par  le  mouvement  de  bascule  de 
la  ceinture,  débordé  et  recouvert  par  la  masse,  plus  importante,  de  la  main 
radio-cubitale,  est  resté  moins  achevé  et  inactif,  et  a  été  enseveli  sous  la 
peau,  comme  l'est  la  partie  humérale  de  l'aile  de  VApterix,  et  comme 
l'était  très  probablement  l'humérus  de  X Hesperornis ,  de  la  période  cré- 
tacée. En  outre  ce  doigt  scapulaire  a,  avec  l'interépineux  de  la  ceinture, 
des  connexions  parfaitement  comparables  avec  celle  des  doigts  de  la 
nageoire  avec  l'interépineux  radio-cubital.  Ils  sont,  les  uns  et  les  autres, 
portés  par  le  bord  postérieur  ou  talon,  ou  base,  de  l'interépineux  corres- 
pondant. Ils  présentent  des  variations  de  forme,  de  volume  et  de  struc- 
ture le  plus  souvent  simultanées. 

»  Ainsi  donc,  la  conception  du  membre  thoracique  comme  formé  de 
l'association  et  de  la  différenciation  de  deux  demi-interépineux  successifs, 
conduit  à  une  détermination  rationnelle  de  l'appendice  que  je  viens  de 
décrire,  et  dont  la  signification  est  restée  entièrement  ignorée.  C'est  un 
doigt  scapulaire  noyé  dans  le  derme;  et,  d'un  autre  côté,  l'existence  de 
cette  main  scapulaire  monodactyle  achève  de  confirmer  la  valeur  de  la 
ceinture  comme  homodyname  du  membre  radio-cubitopalmaire.  Ces  deux 
déterminations  se  prêtent  un  appui  réciproque  pour  établir  la  conception 
que  j'ai  formulée  de  la  morphologie  des  ceintures  et  des  membres  chez 
les  poissons  osseux. 

»  Il  faut  remarquer  d'ailleurs  qu'au  membre  postérieur  ou  nageoire 
abdominale,  les  deux  demi-interépineux  composants  ne  se  sont  pas  diffé- 
renciés et  ont  conservé  la  même  valeur,  contribuant  l'un  et  l'autre  à 
former  la  surface  articulaire  destinée  à  porter  les  rayons  de  la  nageoire. 

»  Il  y  a  donc  là  virtuellement  une  main  pelvienne  associée  à  une  main 
tibio-péronéale.  Mais  ces  deux  mains  forment  une  série  continue  qui  se 
scindera  à  la  nageoire  pectorale.  Ici,  en  effet,  par  suite  de  l'inégalité  de 
développement  et  de  la  différenciation  des  deux  demi-interépineux,  il  se 
produit  un  écartement  entre  les  talons  de  ces  derniers,  et,  par  suite,  une 
échancrure  entre  les  deux  mains.  Quand  l'inégalité  reste  faible,  l'échan- 
GrwTQ  vQ^iQ  èlroxtQ  (^Mugil cephalus);  quand  l'inégalité  s'accentue,  la  cein- 
ture devenant  très  prédominante,  l'échancrure  s'élargit  fortement  (Esox 
lucius). 

»  Une  prochaine  Note  sera  consacrée  à  l'examen  de  ces  dispositions 
chez  les  Chondroptérys^iens.    » 


SÉANCE   DU    3o   NOVEMBRE    [goS.  897 


CORRESPOND  AJN  CE . 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Un  Ouvrage  de  M.  Icilio  Guareschi,  intitulé  :  «  Storia  délia  Chemica, 
III  :  Lavoisier,  sua  vita  e  sue  opère.  » 

2°  Un  Ouvrage  ayant  pour  titre  :  «  Poisons  et  sortilèges  »  ;  2*  série, 
«  Les  Médicis,  les  Bourbons,  la  Science  au  xx^  siècle  »,  par  MM.  Cabanes 
et  L.  Nass. 


ASTRONOMIE.  —  Observations  faites  à  Vile  de  la  Réunion  sur  T éclipse  de  Lune 
du  6  octobre  igoS.  Note  de  MM.  Edmond  Rordage  et  A.  Garsault. 

«  Nous  avons  l'honneur  de  faire  parvenir  à  l'Académie  quelques  notes 
prises  lors  de  l'éclipsé  partielle  de  Lune  du  6  octobre  dernier. 

»  A  l'heure  qui  correspond  au  lever  de  la  lune  (  51^58",  temps  civil  de  la  Réunion), 
l'éclipsé  est  commencée  depuis  l'^So'";  mais  l'astre  n'est  pas  visible  à  cause  des 
nuages.  A  e^^iS"",  une  courte  apparition;  cependant,  la  nuit  n'étant  pas  complètement 
venue  (et  ce  qui  reste  du  disque  répandant  une  lueur  jaunâtre),  les  essais  de  photo- 
graphie sont  alors  infructueux. 

»  Jusqu'à  6^58™,  l'astre  est  complètement  voilé  par  un  rideau  de  nuages.  A  ce 
moment,  une  trouée  se  produit  dans  ces  derniers,  de  sorte  qu'entre  ô'^Sg™  et  j^, 
la  phase  maxima  du  phénomène  peut  être  photographiée  (pour  la  Réunion,  le  maximum 
s'est  produit  à  6^59™22^).  Il  ne  reste  plus  alors  qu'un  très  mince  croissant  correspon- 
dant à  I  dixième  |  du  diamètre  (-nnrô)-  Dan*  la  partie  du  disque  que  l'ombre  recouvre, 
un  point  brillant  rougeàtre  est  encore  visible  et  semble  représenter  le  cratère  rayon- 
nant d'Aristarque. 

»  Vers  7'Mo™,  les  nuages  cachent  de  nouveau  l'astre,  qui  n'est  guère  visible  ensuite 
que  vers  7''35™.  Il  est  alors  facile  de  constater  que  le  phénomène  est  en  voie  de  décrois- 
sance rapide.  Une  réverbération  prononcée  empêche  de  distinguer  la  topographie  du 
croissant  très  brillant.  Puis,  les  nuages  dissimulent  encore  l'astre  tandis  que  Jupiter, 
peu  éloigné,  demeure  presque  constamment  découvert.  A  7'»55'",  grâce  à  une  éclaircie, 
une  quatrième  photographie  peut  être  prise.  Celte  vue  est  curieuse  parce  qu'elle 
reproduit  la  partie  sombre  du  disque.  A  ce  moment,  la  topographie  lunaire  se  dis- 
tingue nettement  avec  une  longue-vue  ou  une  simple  jumelle,  et  cependant  la  photo- 
graphie ne  la  reproduit  pas  encore.  Le  premier  détail  apparent  est  le  bord  oriental  de 
la  mer  des  Humeurs;  le  cirque  de  Grimaldi  est  visible  aussi,  avec  un  peu  d'attention. 
Le  contour  oriental  de  l'océan  des  Tempêtes  se  dessine  ensuite  nettement. 


898  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  Puis,  l'astre  est  encore  voilé  par  un  rideau  de  nuages.  Ce  n'est  qu'à  S'^ai™  qu'il 
se  montre  de  nouveau.  Les  contours  des  difTérentes  mers  ont  successivement  fait  leur 
réapparition.  Peu  à  peu  les  cratères  rayonnants  d'Aristarque,  de  Kepler,  de  Kopernic, 
se  découvrent  et  scintillent.  L'astre  va  demeurer  visible  jusqu'à  la  fin  du  phénomène 
et  deux  photographies  sont  prises  à  8*^33"  et  à  8*"  35™,  cette  dernière  peu  avant  la 
sortie  de  l'ombre  (8*^36™29%  temps  civil  local).  A  ce  moment,  on  voit  se  reconstituer 
complètement  le  contour  de  la  mer  des  Crises,  et  c'est  en  cette  région  du  bord  du 
disque  que  l'échancrement  disparaîtra  définitivement.  Mais  ce  ne  sera  guère  que  vers 
S'' 5o™,  voire  g^,  que  le  bord  du  disque  sera  bien  net.  Jusque-là,  la  région  qui  s'étend 
entre  la  mer  des  Crises  et  la  partie  la  plus  rapprochée  du  bord  occidental  du  disque, 
est  demeurée  indécise  et  comme  recouverte  d'une  sorte  de  buée  à  aspect  légèrement 
fuligineux. 

»  Depuis  g^  jusqu'à  g'^So"'  (sortie  de  la  pénombre),  la  Lune  brille  d'un  admirable 
éclat,  car  les  nuages  oui  disparu  comme  par  enchantement.  A  l'aide  d'une  longue-vue 
on  découvre  facilement  les  cratères  d'Archimède,  de  Platon,  de  Cassini,  d'Aristote, 
de  Posidonius,  de  Pline,  ainsi  que  Manilius  et  la  traînée  blanchâtre  qui  relie  les 
monts  Hémus  au  cratère  de  Bessel.  L'auréole  lumineuse  de  Tycho  est  réellement 
éblouissante. 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE,  —  Le  dernier  minimum  des  taches  du  Soleil  et 
remarques  au  sujet  de  la  loi  des  zones.  Note  de  M.  J.  Guillaume,  pré- 
sentée par  M.  Mascart. 

«  L'examen  des  nombres  annuels  obtenus  pour  les  groupes  de  taches, 
leur  surface  totale  et  les  jours  sans  taches  indique  que  le  dernier  minimum 
des  taches  a  eu  lieu  en  1901,  et  la  comparaison  des  mêmes  résultats  par 
trimestres  montre  qu'il  a  dû  se  produire  dans  le  courant  du  troisième  tri- 
mestre. MhIs  on  constate  en  outre  deux  autres  minima  qui,  dans  l'ordre  de 
leur  importance,  se  rapportent  au  deuxième  trimestre  de  1902,  puis  au 
premier  trimestre  de  1901  ;  d'autre  part,  le^  deux  périodes  les  plus  longues 
de  jours  consécutifs  sans  taches  ont  été  successivement  de  89  jours  dans 
le  premier  trimestre  de  1901  (12  mars-T9  avril)  et  de  47  jours  dans  le  pre- 
mier trimeslre  de  1902  (17  mars-2mai);  ces  particularités  indiquent  qu'il 
y  a  eu  une  période  de  minimum  assez  étendue. 

))  Pour  trouver  l'époque  de  ce  minimum,  on  a  pris  les  surfaces  totales 
mensuelles  enregistrées  à  l'observatoire  de  Lyon  de  janvier  1901  à  juin  1908 
inclusivement,  et  l'on  a  cherché  à  représenter  ces  nombres  graphique- 
ment; mais  les  taches  présentent  des  variations  successives  tellement 
grandes  qu'il  est  difficile  de  tracer  une  courl)e  moyenne  sans  beaucoup 
d'arbitraire.  Afin  d'atténuer  ces  grandes  irrégularités  et  faire  disparaître 


SÉANCE   DU    3o   NOVEMBRE    igoS.  899 

celles  d'ordre  secondaire,  on  a  fait  les  moyennes  des  nombres  mensuels 
pris  deux  à  deux,  puis  les  moyennes  des  moyennes  obtenues  ainsi  succes- 
sivement, toujours  par  deux,  jusqu'à  un  adoucissement  convenable  de  la 
courbe  ;  finalement,  il  en  est  résulté  que  le  point  le  plus  bas  de  cette  courbe 
est  en  septembre  1901. 

»  La  recherche,  dans  le  journal  quotidien  d'observations,  d'une  époque 
plus  précise,  ne  permet  pas  de  fixer  une  date;  on  peut  dire  seulement  que 
le  moment  probable  du  minimum  paraît  être  vers  le  commencement  du 
mois  indiqué.  Et  enfin,  en  tenant  compte  des  deux  grandes  périodes  sans 
taches  signalées  plus  haut,  dont  l'époque  moyenne  est  le  4  octobre,  on 
peut  conclure  que   l'époque  moyenne  du  dernier  minimum  des  taches  est 

bien  en  septembre  et  adopter 

1901,7. 

»  L'allure  des  taches  aux  environs  de  ce  minimum  m'a  amené  à  étudier 
par  nos  observations  la  loi  des  zones,  de  Sporer,  dont  l'énoncé  est  le  sui- 
vant (')  : 

«  Un  peu  avant  le  minimum,  il  n'y  a  de  taches  que  près  de  l'équateur  solaire, 
»  entre  +5°  et  — 5'^  A  partir  du  minimum,  les  taches,  qui  avaient  depuis  longtemps 
»  déserté  les  hautes  latitudes,  s'y  montrent  brusquement  vers  ±  3o°.  Puis  elles  se 
»  multiplient,  un  peu  partout,  à  peu  près  entre  ces  limites,  jusqu'au  maximum,  mais 
»  leur  latitude  movenne  diminue  constamment  jusqu'à  l'époque  du  nouveau  mini- 
»   mum   ». 

»  Pour  cette  étude,  les  observations  des  trois  dernières  années  ont  été 
divisées  en  périodes  limitées  par  la  présence  de  taches  soit  près  de  l'équa- 
teur, soit  dans  les  hautes  latitudes,  ou  bien  dans  les  deux  zones  à  la  fois. 
Ces  périodes  sont  au  nombre  de  sept  : 

Aux    latitudes  basses.  Aux  latitudes  hautes. 


Nombre 

Nombre 

Surface 

Distance 

Nombre 

Surface 

Distance 

Périodes 

de  jours. 

de  groupes. 

totale. 

à  l'équateur. 

de  groupes. 

totale. 

à  l'équateur. 

1'' 

.  —   1900  janv.     I, 

août 

28.. 

240 

37 

2321 

0 

7,6 

0 

0 

0 

2* 

—            août  «29, 

sept. 

24. 

•         27 

4 

67 

6,8 

3 

33 

32,0 

3« 

—            sept.  25, 

mai 

25. 

243 

18 

TI73 

5,6 

0 

0 

4"^ 

—  1901  mai     26, 

févr. 

i3. 

.      264 

7 

354 

6,9 

9 

206 

38,1 

5« 

—  1902  févr.    i4, 

oct. 

3. 

232 

0 

0 

20 

862 

24,0 

6*= 

.  —               OCt.       4, 

déc. 

2. 

.          60 

2 

lOI 

6,5 

6 

5l2 

22,0 

r 

.  —            déc.      3, 

déc. 

3i. 

•           29 

0 

0 

3 

36 

19,0 

(^)  Comptes  rendus,  t.  CVIII,  p.  486. 


900  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»   Les  indications  du  Tableau  ci-dessus  se  résument  ainsi  : 

»   1.  Jusqu'au  28  août  1900,  il  n'j  a  eu  des  taches  que  près  de  l'équateur. 

))  2.  Les  premiers  signes  d'activité  dans  les  hautes  latitudes  paraissent  s'être  mani- 
festés dès  le  29  août  de  la  même  année,  par  l'apparition  à  —  22*^  de  latitude  d'un  groupe 
que  nous  avons  observé  jusqu'au  3  septembre.  Ensuite  on  note,  le  11  septembre,  l'ap- 
parition de  taches  voilées  à  —  Se".  Le  i5,  une  tache  s'est  montrée  à  +  48°,  suivie  le  24 
d'une  autre  plus  importante  à  —  26°.  Dans  cette  période,  sur  7  groupes,  il  y  en  a  4  au 
voisinage  de  l'équateur. 

»  3.  Durant  la  période  suivante,  les  taches  étaient  toutes  dans  les  basses  latitudes. 

»  4.  Après  cette  accalmie  des  hautes  régions,  qui  s'est  prolongées  mois,  une  petite 
tache  s'est  montrée  le  26  mai  1901  à  —  52°,  suivie,  le  3  juin,  d'une  un  peu  plus  grosse 
à  H-  28°.  Au  total,  jusqu'au  i3  février  J902,  sur  16  groupes  enregistrés,  il  y  en  a  7 
près  de  l'équateur  et  9  dans  les  latitudes  élevées. 

»  5.  Dans  la  cinquième  période,  on  note  20  groupes  qui  sont  tous  éloignés  de 
l'équateur. 

»  6.  L'état  de  calme  des  latitudes  basses  a  été  troublé  par  l'apparition  d'un  groupe 
à  +  9°,  5,  le  4  octobre  1902,  et  l'activité  dans  celte  zone  paraît  s'être  éteinte  définiti- 
vement avec  la  très  petite  tache  qui  a  paru  à  —  3°,  5  de  latitude,  le  2  décembre. 

»  7.  Les  3  groupes,  notés  ensuite  jusqu'à  la  fin  de  1902,  sont  loin  de  l'équateur. 

»   Il  résulte  de  l'étude  de  ces  diverses  périodes  : 

»  i''  Que  les  taches  ont  commencé  à  paraître  dans  les  hautes  latitudes 
pendant  le  deuxième  semestre  de  1900,  soit  environ  i  an  avant  l'époque 
du  minimum  ; 

»  1°  Que  les  taches  n'ont  disparu  dans  les  latitudes  basses  que  vers  la 
fin  de  l'année  1902,  c'est-à-dire  environ  i  an  après  l'époque  du  minimum. 

»  En  conclusion,  la  réapparition  des  taches  dans  les  hautes  latitudes  ne 
s'est  pas  produite  «  à  partir  du  minimum  »  comme  l'indique  la  loi  de 
Spôrer,  mais  vers  le  minimum,  et  elle  en  ^précédé  l'époque.    » 


GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.  —  Du  problème  de  Cauchy  relatif  à  une  classe 
particulière  de  surfaces.  Note  de  M.  W.  de  Tannenberg. 

«  Considérons  une  surface  W,  pour  laquelle  les  rayons  de  courbure  R 
et  R,  en  un  point  quelconque  sont  fonctions  l'un  de  l'autre  et  introduisons, 
suivant  l'usage,  les  variables  P  et  Q  définies  par  les  relations 

(0  irrR;--p-'       R;irR=Q-'       R.-R  =  PQ. 

»   Désignons  maintenant  par  {a^,a.,,a.^,  b^,b.■,,b^)  les  cosinus  directeurs 


SÉANCE    DU    3o    NOVEMBRE    T903.  9OI 

des  tangentes  aux  deux  lignes  de  courbure,  qui  se  croisent  en  un  point 
quelconque,  et  par  c^ ,  c.,,  c^  ceux  de  la  normale  en  ce  point.  En6n,  posons 

(2)  A„=P«„,     B,=  qb„,     C,=  -VQc„         (/i  =  i,2,  3). 

»  Dans  ces  conditions,  les  équations  des  deux  nappes  de  la  développée 
de  la  surface  W  peuvent  être  mises  sous  la  forme  (  *  ) 

(S)  î  dY  =B,dA,  -B,dA„ 

dZ    =B^dA.,  —  B^dA^, 

dX,  =  A^dB^  —  A^dB.„ 

(Si)  \  dY,  =  AsdB,-  A.dB^, 

dZf  =  A,  c^Ba  —  A2  dB, , 
et,  en  outre, 

C,=:X, -X  =  A,B3-A3B„ 

C2  =  Y,-Y  =  A3B,-A,B3, 
C3  =  Z,  -  Z  :=  A,B2- A,B,. 

»   Ceci  posé,  considérons  en  particulier  les  surfaces  W  pour  lesquelles 

(3)  P^-hm^q^  =  k\ 

»  La  famille  de  ces  surfaces  comprend  entre  autres  les  surfaces  pour 
lesquelles  les  deux  nappes  de  la  développée  sont  applicables  sur  le  para- 
boloïde  de  révolution 

2z  =  x--hy-,         pour  m  =  t 

ou  bien  sur  le  paraboloïde  imaginaire 

2lZ=^X--\-y-,  pour  772=1. 

»   Elle  comprend  aussi  les  surfaces  minima  pour 

m  =  i,         k  ^=  o. 

»  Je  me  propose  de  montrer  comment  les  formules  précédentes  four- 
nissent très  simplement  la  solution  analytique  du  problème  de  Cauchy, 
relatif  aux  surfaces  W  définies  par  la  relation  (3). 

(')   Voir  à  ce  sujet  ma  Communication  du  12  mars  dernier. 

G.  R.,  1903,  1"  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  22.)  I18 


q02  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

)»  Prenons,  pour  lignes  coordonnées  sur  S  et  S',  les  lignes  asymptotiques; 
dans  ces  conditions  : 

(4)  A„-^mB„— /„(m),  ,       A„  — mB„,  =  ^„(^')         (n  =  T,2,3), 

et  l'on  peut  supposer  les  variables  u  ei  v  choisies  de  manière  que 

dj\+ df\  + df\r=.  du\         dg\^dg\  +  dg^^  =  ch\ 

Supposons  maintenant  qu'il  s'agisse  de  déterminer  la  surface  W  passant 
par  une  courbe  donnée  C  et  admettant  en  chaque  point  M  de  cette  courbe 
une  normale  donnée. 

1)  Remarquons  d'abord  qu'au  point  M,  on  peut  déterminer,  en  général, 
les  valeurs  de  R  et  R,  et,  par  suite,  les  points  de  contact  m  et  m,  de  la  nor- 
male avec  les  deux  nappes  de  la  développée.  Il  suffit  pour  cela  d'utiliser 
la  relation  donnée  entre  R  et  R,  et  une  relation  de  la  forme 

aRR,  ^  è(R  4- R.) -H  <?  =  o, 

obtenue  en  exprimant  que  les  plans  tangents  en  m  et  mt,  k  la  surface 
réglée  des  normales,  sont  rectangulaires.  Ces  deux  plans  tangents  et  le 
plan  tangent  à  la  surface  W  au  point  M  déterminent  complètement  le 
trièdre  lié  au  point  M  de  la  surface  W.  On  peut  donc,  en  chaque  point  M 
de  la  courbe  C,  calculer  («„,  b^,  c^)  en  fonction  de  la  variable  t,  qui  fixe  la 
position  du  point  M.  Il  résulte  de  là  qu'on  pourra  aussi  calculer  A, ,  A2,  A3 , 
B,,  Ba,  B3  en  fonction  de  t,  à  l'aide  des  formules  (2),  qui  sont  fondamen- 
tales dans  la  théorie  actuelle. 

»  Les  formules  (5)  font  alors  connaître  par  quadratures  les  expressions 
de  w  et  ç^  en  fonction  de  ï, 

et,  par  suite,  aussi  les  expressions  de/<,  f.2,f3  en  fonction  de  u  et  celles  de 
gi,  gi,  gs  en  fonction  de  i'.  Le  problème  proposé  peut  donc  être  consi- 
déré comme  résolu. 

))  L'indétermination  du  problème  correspond  au  cas  où  les  expressions 
de/^,/2,/3  ou  de  ^, ,  g^,  g^  en  fonction  de  t  se  réduisent  à  des  constantes. 

(*)  Les  expressions  dx,  dx^,  ...  en  fonction  de  /„,  g^  sont  connues  et  ont  été  don- 
nées par  M.  Darboux  {Théorie  générale  des  surfaces,  t.  IV). 


SÉANCE    DU    3o   NOVEMBRE    IQoS.  goS 

Les  lieux  des  points  in,  m,  sur  les  surfaces  S  et  S,  sont  des  lignes  asympto- 
tiques  :  ceci  est  bien  d'accord  avec  la  théorie  générale  de  la  déformation. 
»  Dans  une  étude  développée,    j'examinerai  le   cas  particulièrement 
intéressant  oii  m  est  égal  à  i.  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  représentation  effective  de  certaines 
fonctions  discontinues,  comme  limites  de  fonctions  continues.  Note  de 
M.  Emile  Borel,  présentée  par  M.  Appell. 

«  On  doit  à  M.  Baire  un  résultat  de  la  pins  haute  importance,  qui  peut 
s'énoncer  ainsi  :  la  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  qu'une  fonction 
discontinue  soit  la  limite  de  fonctions  continues  est  quelle  soit  ponctuellement 
discontinue  sur  tout  ensemble  parfait  ('). 

»  En  un  certain  sens,  cette  proposition  épuise  complètement  la  question 
de  la  représentation  des  fonctions  discontinues  comme  limites  de  fonctions 
continues.  Cependant,  si  l'on  observe  que,  non  seulement  les  démonstra- 
tions de  M.  Baire,  mais  encore  l'obtention  effective  de  la  représentation 
nécessitent  l'introduction  des  nombres  transfinis,  on  peut  penser  qu'à 
côté  de  la  proposition  générale  de  M.  Baire,  qui  dominera  toujours  la 
question,  il  y  aurait  intérêt  à  connaître  d'autres  propositions  plus  particu- 
lières, mais  plus  aisées  à  démontrer  dans  l'enseignement  et  à  appliquer 
effectivement.  Je  me  propose  ici  d'obtenir,  sans  utiliser  les  nombres  trans- 
finis, la  représentation  comme  limite  de  fonctions  continues  d'une  fonction 
discontinue  telle  que  l'ensemble  P  de  ses  points  de  discontinuité  soit 
réductible  (c'est-à-dire  tel  que  son  dérivé  P'  soit  dénombrable).  Quand  on 
emploie  le  langage  créé  par  M.  G.  Cantor,  on  doit  dire  que,  étant  donné  un 
ensemble  réductible  P,  il  existe  un  nombre  a.  de  la  première  ou  de  la  se- 
conde classe  tel  que  l'on  ait  P'°'^=o;  d'ailleurs  à  tout  nombre  a  corres- 
pondent une  infinité  d'ensembles  réductibles  P  tels  que  P^^^  ne  soit  pas  nul, 
lorsque  ^  est  inférieur  à  oc.  Lorsque  l'on  se  place  à  ce  point  de  vue,  on  est 
amené  à  considérer  l'introduction  des  nombres  transfinis  comme  nécessitée 
par  la  nature  même  de  la  question  et  à  faire  dépendre  de  la  valeur  du 
nombre  a  la  marche  suivie  pour  la  résoudre.  Je  me  propose  de  montrer, 


(*)  Voir  Baire,  Thèse  :  Sur  Les  fonctions  de  variables  réelles  {Annali  di  Mate^ 
matica,  1899)  Qt  Nouvelle  démonstration  d'un  théorème  sur  tes  fonctions  discon'- 
tinues  {Bulletin  de  la  Société  mathématique  de  France,  1900). 


9^4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

au  contraire,  que  la  solution  peut  être  basée  simplement  sur  la  notion  d'en- 
semble dénombrable,  et,  par  suite,  être  complètement  indépendante  de  la 
valeur  de  oc,  qui  n'intervient  ni  directement,  ni  indirectement.  Pour 
abréger,  je  raisonnerai  sur  les  fonctions  d'une  seule  variable;  il  n'y  a 
presque  rien  à  changer  pour  traiter  le  cas  de  n  variables. 

»  Considérons  une  fonction  f(cc),  défmie  dans  un  intervalle  fmi  a,  b; 
soit  P  l'ensemble  de  ses  points  de  discontinuité;  on  suppose  que  P'  est 
dénombrable;  il  en  résulte  que  P  +  P'  est  aussi  dénombrable;  désignons 
les  points  de  P -h  P' par  ûT,,  «2»  •••»  a«,  ....  Désignons,  d'autre  part  par  A„ 
l'ensemble  des  points  de  l'intervalle  a,  b  définis  par  la  condition  suivante  : 
le  point  X  appartient  à  A„,  si,  quel  que  soit  /?,  le  segment  a^cr^  a  une  lon- 
gueur supérieure  à  -•  Il  résulte  du  fait  que  P'  est  un  ensemble  fermé  que 

tout  point  déterminé  oo  de  ab,  distinct  de  a^,  a^,  ...,  a^,  ...,  appartient  à 
A„  dès  que  n  dépasse  une  certaine  valeur.  Ceci  posé,  il  est  très  aisé  de 
former  une  fonction  continue  f„  prenant  les  mêmes  valeurs  que  /  aux  n 
points  «,,  «o,  ...,  «„,  ainsi  qu'en  tous  les  points  de  A/^;  il  suffit  de  remar- 
quer que  A„  se  compose  d'un  nombre  limité  d'intervalles  dans  chacun  des- 
quels/est continue  et  que  les  points  a,,  «2»  •••'  ^n»  ^"  nombre  limité,  sont 
extérieurs  à  ces  intervalles.  Il  est  clair  que  lorsque  n  augmente  indéfini- 
ment la  fonction y„  a  pour  limite/,  quel  que  soit  oo  à  l'intérieur  de  ab;  le 
problème  proposé  est  donc  résolu. 

»  On  peut  rapprocher  ce  résultat  de  celui  qu'a  obtenu  récemment 
M.  Ernst  Lindelôf  (Comptes  rendus,  i  novembre  1908 ).  Dans  cette  inté- 
ressante Note,  M.  Lindelôf  démontre,  sans  V intervention  des  nombres  trans- 
finis, le  théorème  dit  de  Cantor-Bendixson  (').  Ces  exemples  permettent 
d'espérer  qu'il  pourra  être  possible  d'arriver  à  éviter  l'introduction  de  ces 
nombres  dans  bien  des  questions  où  cette  introduction  a  jusqu'ici  paru 
nécessaire;  il  semble,  en  effet,  qu'à  s'en  passer  on  gagne  toujours  en  sim- 
plicité et  en  clarté.  Cette  remarque  ne  diminue  d'ailleurs  en  rien  l'intérêt 


(^)  Dans  ses  Leçons  sur  l'intégration  et  la  recherche  des  fonctions  primitives, 
qui  paraîtront  prochainement,  M.  Lebesgue  donne  de  ce  théorème  une  démonstration 
qui  est  au  fond  très  analogue  à  celle  de  M.  Lindelôf.  Mais  M.  Lebesgue  emploie  le 
langage  des  nombres  transfînis,  de  sorte  que  l'on  aperçoit  moins  nettement  que  la 
théorie  de  ces  nombres  n'intervient  pas.  M.  Lindelôf  et  M.  Lebesgue  sont  arrivés  à 
leurs  démonstrations  indépendamment  l'un  de  l'autre;  chacun  d'eux  m'a  communiqué 
la  sienne  avant  d'avoir  connaissance  de  l'autre. 


SÉANCE    DU    3o   NOVEMBRE    igo^.  gOD 

philosophique  ni  l'importance  réelle  des  profondes  conceptions  de 
M.  George  Cantor,  dont  l'influence  sur  l'évolution  des  mathématiques 
dans  le  dernier  quart  du  xix"  siècle  a  été,  comme  l'on  sait,  des  plus  consi- 
dérables; cette  influence  subsistera  tant  qu'il  y  aura  des  analystes,  même  si 
certaines  formes  particulières  données  par  M.  George  Cantor  à  sa  pensée 
ne  conservaient  un  jour  qu'un  intérêt  historique.  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  une  classe  d'équations  fonctionnelles. 
Note  de  M.  S.  Lattes,  présentée  par  M.  Painlevé. 

«   1 .  La  substitution 

(,)  X  =/(«;,  y,/),         Y  =  <p(x,j,y)        (/=g) 

fait  correspondre  à  toute  fonction  y  =  '\i(x)  une  fonction  Y  de  X,  qui  sera 
dite  la  conséquente  de  '^(x).  Réciproquement,  à  une  courbe  Y=i{/(X) 
passant  par  un  point  P  correspond  une  antécédente  passant  par  le  même 
point  :  c'est  l'intégrale  de  l'équation  différentielle 

qui  passe  par  P. 

»  Sites  antécédentes  successives  '^^{■x^),  ^2(^)»  ••-»  ^n('^)  d'une  fonc- 
tion 4*0 (^)  ont  une  limite  '^^{oc)  pourn  infini,  si  cette  limite  a  une  dérivée  '^' {^oc^ 
et  si  ^n{^)*  ^'n(.^)  tendent  uniformément  vers  leurs  limites  dans  un  certain 
domaine,  cette  limite  vérifie  l'équation  fonctionnelle 

(2)  ^\f[a;,  ^x),  f  (^)]|  =  9[^,  K^).  f  (^)]. 

w  La  limite  des  conséquentes,  lorsqu'elle  existe,  vérifie  la  même  équa- 
tion; mais  à  une  courbe  définie  dans  un  certain  domaine  correspond  une 
conséquente  située  dans  un  domaine  distinct  du  premier;  nous  nous  limi- 
terons à  l'étude  des  antécédentes,  qui  peuvent,  au  contraire,  être  définies 
dans  un  domaine  commun. 

»  2.  SoilXo,Yo,yl  un  élément  double  de  la  substitution,  c'est-à-dire  un 
élément  vérifiant  les  équations 

M  On  peut   toujours  supposer  ^p=j„=7^=o  et  ramener  la   substi- 


9o6  ACADÉMIE   DES    SCIENCES, 

tution  (i)  à  la  forme 

X  =  acc-h  by-hcy-\-  F(.r,  j, y), 


(3) 

[Y  =  Ax-hBy  -{-Cy-h^{œ,y,y), 

F  et  $  étant  des  fonctions  qui  auront  des  dérivées  partielles  du  premier 
ordre  continues  dans  le  domaine  de  l'origine  et  tendant  vers  o  avec  x-,y,  j'. 

»  Les  antécédentes  successives  sont  définies  dans  le  voisinage  de  l'ori- 
gine et  tangentes  à  Ox  en  O.  Il  faut  chercher  à  quelles  conditions  il  existe 
un  intervalle  de  convergence  commun  à  toutes  les  antécédentes  et  à  quelles 
conditions  ^«(^p)  et  y,X^)  tendent  uniformément  vers  des  limites  dans  cet 
intervalle. 

»  A  ce  sujet,  j'ai  établi  la  proposition  suivante  : 

»  Sous  les  conditions  C  ^  o  et  \ ^         <C  ^  5  ^^  existe  un  domaine  —  A, 

+  h  dans  lequel  toutes  les  antécédentes  sont  définies,  et  dans  ce  domaine  ^^i^x), 
^'^^(^x^  tendent  uniformément  iiers  des  limites.  La  fonction  initiale  ^{x^  est 
une  fonction  nulle  pour  x  =■  o,  ainsi  que  sa  dérivée  et  vérifiant  dans  le  domaine 

—  h,  -h  h  l'inégalité  ^{^'  (a?)  -\-  '-y:^  x  \  <^  d\  x  \,  d  étant  un  certain  nombre  posi- 
tif fixe  qui  ne  dépend  que  de  la  substitution.  La  limite  est  indépendante  de  la 
fonction  initiale. 

))  Pour  démontrer  ce  théorème,  je  résous  la  deuxième  équation  (2)  par 
rapport  à  y'  : 

y  =  \{x,y.  Y)  =  -  ^^  ~  ^  j  -4-  ^  Y  +. . . . 

»  L'antécédente  de  ^{x^  est  définie  par  l'équation  différentielle 

y^'k\x,y,^[f{x,y,y)\\, 

»  Intégrons  cette  équation  par  approximations  successives  en  rempla- 
çant le  second  membre  y  par  une  fonction  y^,  vérifiant  l'inégalité 


A 


<d\x\. 


Le  premier  membre  donne  j'a  P^ï"  quadratures.  On  démontre  que  j^o,  73,  .. . 
vérifient  la  même  inégalité  dans  un  domaine  suffisamment  restreint,  que 
les  approximations  convergent  et  que  la  limite  de  j„,  c'est-à-dire  l'antécé- 
dente de  4",  vérifie  encore  la  même  inégalité. 


SÉANCE   DU    3o   NOVEMBRE    IQoS.  907 

»   C'est  dans  cette  démonstration  qu'intervient  l'hypothèse 

aC  —  cA 


C 


<i 


Le  domaine  ~  h,  4-  A  dans  lequel  l'antécédente  remplit  ces  conditions  ne 
dépend  que  des  données,  c'est-à-dire  de  la  substitution  (i).  On  se  retrouve 
alors  dans  les  mêmes  conditions  qu'au  début  pour  passer  de  la  première 
antécédente  à  la  deuxième  et  l'existence  d'un  domaine  de  convergence 
commun  à  toutes  les  antécédentes  est  établie. 

»  Pour  démontrer  que  la  suite  des  antécédentes  a  une  limite,  je  dé- 
montre que  si  l'on  ?^\<^^  — ^^_\<^a,  on  en  déduit 

I  ^2  —  'l'a  l<  K«tA, 

R  étant  une  constante  positive  ne  dépendant  que  de  h  et  des  données.  On 
déduit  de  là 

»  En  se  servant  de  la  forme  explicite  de  K,  on  constate  que  RA  est  infé- 
rieur à  I  si  A  est  suffisamment  petit,  ce  qui  démontre  la  convergence  uni- 
forme de  la  série  l{^n  —  ^«+i  )•  On  démontre  de  même  que  la  série 

est  uniformément  convergente. 

»   3.    En   un   élément   double   a?„,    Vo,  y'^,    la    valeur   de   —^ est 

\Mj1 — __  :  cela  résulte  du  changement  de  variables. 

»  Dans  le  cas  d'une  transformation  de  contact,  on  a 

»  La  condition  \       'Z"    |<i  est  donc  vérifiée  par  tous  les  éléments 

I  ^  I 

doubles,  éléments  dont  les  points  constituent,  en  général,  une  courbe  C. 
Par  tout  point  P  de  la  courbe  C  passe  donc  une  solution  C  de  (2)  qui  peut 
s'obtenir  comme  limite  d'antécédents;  mais  on  constate  que  celte  courbe  C 
a  pour  conséquente  le  point  P  (et  les  éléments  de  droite  passant  par  P);  ce 
point  P  étant  sur  la  courbe  C,  celle-ci  est  bien  une  solution  de  l'équa- 
tion (2),  bien  que  ce  ne  soit  pas,  à  proprement  parler,  une  courbe  inva- 
riante par  la  substitution  (i).  On  voit  aisément  que  la  courbe  C  peut 


9o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

s'obtenir   par  des   calculs  algébriques   :  il    suffit  d'éliminer  y'  entre   les 
équations  f(x,  y,  y')  =  x^ ,  (p(a?,  y,y)=y^.  » 

MÉCANIQUE   APPLIQUÉE.  —  Sur  les  articulations  à  lame  flexible. 
Note  de  M.  A.  Mesnager,  présentée  par  M.  Maurice  Levy. 

«  Les  articulations,  dans  les  mécanismes  de  l'industrie  et  même  dans 
certains  ouvrages  d'art  rigides,  surtout  aux  États-Unis,  sont  généralement 
réalisées  au  moyen  d'un  cylindre  métallique  tournant  autour  d'un  axe 
fixe. 

)>  Dans  ce  dernier  cas  oii  les  mouvements  possibles  sont  de  l'ordre  des 
déformations  élastiques,  et  plus  généralement  toutes  les  fois  qu'il  s'agit  de 
mouvements  de  rotation  de  très  petite  amplitude  (quelques  millièmes  seule- 
ment), il  y  a  un  grand  avantage  à  utiliser  les  jonctions  par  lames.  On  évite 
ainsi  le  jeu  inévitable  des  articulations  à  axe,  jeu  qui  peut  avoir  des  incon- 
vénients divers,  soit  : 

»    i**  En  permettant  un  déplacement  de  l'axe  de  rotation, 

»   2^*  Dans  certains  cas,  en  exposant  cet  axe  à  un  martelage. 

»  En  particulier,  l'articulation  formée  au  moyen  de  lames  plates  situées 
dans  deux  plans  perpendiculaires  permet  fréquemment  de  réaliser  une 
excellente  jonction.  Quand  l'angle  est  infiniment  ;petit  :  on  voit  immédia- 
tement que  la  rotation  de  l'une  des  pièces  par  rapport  à  l'autre  se  produira 
autour  de  la  droite  intersection  des  plans  des  lames. 

))   Quand  l'angle  atteint  une  valeur  finie,  l'axe  de  rotation  se  déplace, 

mais  son  déplacement  reste  très  petit  et  inférieur  à  /-^  ainsi  qu'il  résulte 

d'un  calcul  que  nous  développons  dans  un  article  qui  va  paraître  aux 
Annales  des  Ponts  et  Chaussées,  l  étant  la  longueur  des  lames,  oc  l'angle 

décrit. 

»   Ces  articulations  sont  utilisables,  notamment,  dans  des  appareils  de 

précision  en  vue  de  multiplier  des  déplacements  très  petits  par  des  leviers. 

Nous  avons  pu  réaliser  ainsi  un  enregistreur  multipliant  les  déplacements 

par  2000.  Il  donne  un    retour  au  zéro  absolument  rigoureux  lorsqu'on 

supprime  le  frottement  de  la  plume,  et  une  erreur  très  faible,  déterminée 

d'avance  par  le  calcul,  lorsqu'on  effectue  l'enregistrement.  Cette  erreur 

peut  être  réduite  à  3  pour  loo  du  déplacement  moyen  à  enregistrer. 

))   Lorsque  les  efforts  auxquels  l'articulation  est  soumise  sont  dans  une 

direction  à  peu  près  constante,  on  peut  placer  les  lames  parallèlement  à 


SÉANCE    DU    3o   NOVEMBRE    igo3.  909 

cette  direction  et  supprimer  celles  qui  seraient  dans  un  plan  perpendi- 
culaire. C'est  ce  que  nous  avons  fait  pour  les  assemblages  d'un  certain 
nombre  de  ponts  métalliques,  où  l'introduction  de  lames  flexibles  nous  a 
permis  d'éliminer  d'une  façon  à  peu  près  complète  les  efforts  dits  secon- 
daires sans  les  inconvénients  de  l'articulation  américaine  qui  d'ailleurs  est 
souvent  illusoire. 

))  Trois  ponts  sont  actuellement  construits  dans  ce  système  sur  projets 
dressés  par  nous  :  l'un  sur  le  Beuvron  (ligne  de  Saint-Aignan  à  Blois),  un 
second  sur  un  canal  latéral  à  la  Dordogne,  et  enfin  le  troisième  devant  la 
gare  de  Saint-Denis,  sur  le  canal. 

))  D'après  les  essais  officiels  faits  contradictoirement  entre  le  Contrôle 
et  la  Compagnie,  les  efforts  réels  ne  se  sont  jamais  écartés  dans  le  premier 
de  ces  ponts  de  plus  de  ^5  pour  100  des  efforts  calculés,  tandis  que  dans  la 
plupart  des  ouvrages  actuels  ils  atteignent  5o  pour  100  des  efforts  calculés. 
Il  en  résulte  qu'un  pont  muni  des  articulations  dont  nous  avons  parlé  sup- 
porte au  plus  des  efforts  égaux  à  1,20  des  efforts  calculés,  tandis  que  dans 
les  ouvrages  courants  il  supporte  des  efforts  égauK  à  2,5  des  efforts  calculés, 
soit  le  double. 

))  Ces  articulations  s'appliquent  d'ailleurs  avec  la  plus  grande  facilité 
aux  ouvrages  en  béton  armé  qui,  dans  un  certain  nombre  de  cas,  paraissent 
devoir  aujourd'hui  prendre  la  place  des  ouvrages  métalliques.   » 

THERMOMÉTRIE.  —  Sur  la  température  des  flammes.  Note  de  M.  Cii.  Féry, 

présentée  par  M.  A.  Potier. 

«  I.  L'évaluation  de  la  température  de  la  flamme  par  le  calcul  comporte 
des  incertitudes  dues  à  notre  ignorance  des  valeurs  numériques  des  cons- 
tantes physiques  des  gaz  (chaleur  spécifique,  pouvoir  émissif)  aux  tempé- 
ratures élevées. 

))  La  méthode  expérimentale  généralement  employée  consiste  à  plonger 
dans  la  flamme  un  corps  solide  de  petites  dimensions;  on  admet  alors  que 
ce  corps  prend  la  température  des  gaz  qui  l'environnent.  Si,  en  particulier, 
le  corps  solide  choisi  est  la  soudure  d'un  couple  thermo-électrique,  il  enre- 
gistre lui-même  sa  propre  température. 

»  En  fait,  les  résultats  obtenus  par  ce  procédé  ont  été  très  discordants,  malgré  les 
corrections  relatives  aux  pertes  par  conductibilité  des  fils  du  couple  employé. 

G.  R.,  igoS,  2=  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  22.)  I  I9 


910  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Une  autre  cause  d'erreurs  réside  dans  les  pertes  par  rtiyonnement  dont  la  correc- 
tion est  incertaine,  le  pouvoir  émissif  des  métaux  étant  mal  connu  à  haute  tempéra- 
ture; ce  pouvoir  émissif  dépend  aussi  de  la  nature  des  gaz  de  la  flamme  qui  modifient 
physiquement  la  surface.  On  sait  que  les  flammes  carbonées  altèrent  la  pureté  du 
métal  thermométrique  (qui  est  toujours  le  platine)  et  changent  ainsi  le  pouvoir  thermo- 
électrique de  l'élément. 

»  A  ces  diverses  causes  qui  influent  sur  la  température  du  couple,  ou  qui  altèrent 
ses  indications,  je  me  permettrai  d'en  ajouter  une  autre  provenant  de  la  vitesse  du 
courant  gazeux. 

»  Les  gaz  présentent  une  certaine  viscosité,  et  la  présence  d'un  corps  solide,  même 
de  petites  dimensions,  diminue  la  vitesse  des  tranches  gazeuses  qui  l'entourent. 

»  Si  l'on  considère  que  la  chaleur  spécifique  des  gaz  est  très  faible  par  rapport  à 
celle  des  solides,  et  que  d'autre  part  les  gaz  sont  très  mauvais  conducteurs  par  rapport 
aux  métaux,  on  s'explique  aisément  un  certain  nombre  de  faits,  difficiles  à  saisir  sans 
la  remarque  précédente.  On  sait,  par  exemple,  qu'un  fil  de  platine  de  o™™,o2  fond  faci- 
lement dans  la  flamme  du  bec  Bunsen  ordinaire,  mais  que  la  petite  perle  résultant  de 
cette  fusion  se  solidifie  aussitôt,  bien  que  son  support  soit  sensiblement  à  la  même 
température  qu'elle,  ce  qui  élimine  les  pertes  par  conductibilité. 

»  Il  se  produit  dans  cette  expérience  un  ralentissement  des  gaz  incandescents  autour 
de  la  perle,  et  la  fusion  s'arrête  quand  l'apport  de  chaleur  par  les  gaz  ne  peut  plus 
contrebalancer  à  1780°  les  pertes  par  rayonnement. 

»  Cette  simple  expérience  doit  faire  rejeter  tous  les  résultats  indiquant  moins 
de  1780°  pour  la  flamme  en  question,  et  montrent  que  la  température  du  Bunsen  ne 
saurait  être  déterminée  par  un  couple  au  platine. 

»  IL  La  méthode  qui  m'a  fourni  les  quelques  résultats  que  je  donne 
plus  loin  n'introduit  dans  la  flamme  aucun  corps  solide;  elle  consiste  en 
principe  à  produire  le  renversement  d'une  raie  métallique  au  moyen  des 
rayons  émis  par  un  corps  solide  porté  à  une  température  convenable.  Au 
moment  où  la  raie,  en  passant  du  clair  au  noir,  disparaît,  on  admet  que  la 
température  du  solide  est  égale  à  celle  de  la  flamme. 

»  Le  corps  solide  choisi  a  été  un  filament  de  lampe  à  incandescence,  les 
rayons  émis  par  cette  lampe  traversaient  la  flamme  étudiée  contenant  de  la 
vapeur  de  «odium.  Une  lentille  permettait  d'obtenir  sur  la  fente  d'un  spec- 
troscope  l'image  du  filament,  de  telle  sorte  que  le  spectre  continu  donné 
par  le  charbon  était  traversé  par  la  raie  D  qu'il  a  été  possible  de  renverser 
et  par  conséquent  de  faire  disparaître,  avec  toutes  les  flammes  étudiées,  La 
fente  du  spectroscope  doit  être  très  fine  pour  rendre  plus  sensible  le 
moment  du  renversement,  et  la  lentille  de  concentration  donnant  l'image 
du  filament  doit  avoir  une  ouverture  assez  grande  pour  que  toute  la  surface 
de  la  lentille  du  collimateur  soit  couverte. 


Moyenne 1871° 


SÉANCE   DU    3o   NOVEMBRE    IQoS.  9IÏ 

))  Voici  quelques  résultats  fournis  par  le  bec  Bunsen  (pleine  admission 
d'air)  ; 

o 

l'inexpérience 1870 

2«  »          i885 

3«  »          1870 

4^  »        1870 

5«  ■  »         • 1895 

6«  »         i855 

7*^  »          1870 

8"^  »          i855 

»  La  concordance  de  ces  mesures  est  assez  bonne  et  la  moyenne  obtenue 
ne  doit  guère  s'écarter  de  plus  de  10^  de  la  température  vraie  du  gaz. 
»   Voici  quelques  autres  résultats  obtenus  de  la  même  manière  : 

o 

i  Pleine  admission  d'air 1871 

Demi-admission   d'air 1812 

,  Sans  air 1712 

Brûleur  à  acétylène 2548 

Alcool  salé  flamme  libre 1 700 

Vapeur  d'alcool  brûlant  dans  un  Bunsen  (lampe  Denay- 

rouse  sans  manchon) 1862 

Même  lampe  (alcool  carburé  5o  pour  100  de  benzine).  2o53 

Hydrogène  brûlant  librement  à  l'air ^900 

Chalumeau  (gaz  d'éclairage  et  oxygène) 2200 

»  (H^         et         O) 2420 

»  La  mesure  de  la  température  du  fil  de  la  lampe  s'effectuait  au  moyen 
du  pyromètre  à  absorption  qui  m'a  déjà  servi  à  la  mesure  de  la  température 
du  cratère  de  l'arc  électrique  (^);  les  mesures  se  conduisent  avec  une  grande 
facilité. 

»  Remarquons  en  terminant  que  cette  méthode  entraîne  l'adoption  des 
deux  hypothèses  suivantes  :  1°  Que  les  flammes  ne  sont  pas  luminescentes, 
car  s'il  en  était  autrement  les  valeurs  ainsi  obtenues  seraient  trop  élevées  ; 
2°  Que  le  pouvoir  émissif  des  flammes  pour  la  longueur  d'onde  des  raies 
métalliques  émises  est  égal  à  l'unité;  la  température  mesurée  serait  trop 
faible  s'il  en  était  autrement. 

M  J'ai  pu  produire  également  le  renversement  pour  d'autres  raies  et  en 
particulier  pour  le  lithium  ;  ce  renversement  se  produit  à  la  même  tempé- 

(')  Comptes  rendus,  26  mai  1902. 


QI2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

rature  que  pour  le  sodium.  Il  est  bien  difficile,  dans  TéLal  actuel  de  nos 
connaissances,  de  vérifier  la  première  hypothèse,  mais  il  n'en  est  pas  de 
même  de  la  seconde  :  L'expérience  montre  que  l'éclat  de  la  raie  du  sodium, 
produite  dans  un  spectropholomètre,  n'est  pas  augmenté  si  l'on  fait  passer 
obliquement  au  travers  de  la  flamme  sodée  un  faisceau  de  lumière  élec- 
trique. Le  pouvoir  diffusant  est  donc  nul,  ce  qui  indique  un  pouvoir  absor- 
bant égal  à  l'unité  (  '  ).  » 


ÉLECTRICITÉ.    —   Sur  des  phénomènes  parùculiers  présentés  par   les   arcs 
au  mercure.  Note  de  M.  de  Valbreuze,  présentée  par  M.  A.  Potier. 

«  I.  L'arc  entre  électrodes  de  mercure  a  été  étudié  dans  des  tubes  en  U 
reliés  à  une  trompe  de  Sprengel;  le  mode  d'amorçage  est  celui  d'Hewitt. 
Lorsque  la  pression  dans  le  tube  froid  est  comprise  entre  4"""  et  2™""  de 
mercure,  on  constate  le  phénomène  suivant  : 

»  Au  début  du  fonctionnement,  l'anode  présente  une  plage  plus  ou  moins  grande 
unifoi'mément  lumineuse.  Puis  elle  se  couvre  de  petites  étoiles  extrêmement  bril- 
lantes formant  des  figures  géométriques  régulières;  souvent  ces  étoiles  sont  au  nombre 
de  six  ou  sept,  occupant  les  sommets  et  le  centre  d'un  pentagone  ou  d'un  hexagone 
parfaitement  régulier;  d'autres  fois  elles  sont  en  grand  nombre,  très  petites  et  très 
mobiles,  disposées  régulièrement  sur  des  circonférences  concentriques.  Généralement, 
les  difTérents  aspects  alternent,  apparaissant  et  disjjaraissant  avec  une  grande  rapidité. 

»  A  mesure  que  l'électrode  s'échauffe,  les  étoiles  augmentent  de  grosseur  et 
prennent  la  forme  de  perles  sphériques  lumineuses  posées  sur  le  mercure;  ensuite 
elles  se  groupent  et  se  soudent,  formant  un  disque  lumineux  central  et  un  ou  plusieurs 
anneaux  lumineux  concentriques  séparés  par  des  anneaux  obscurs.  Enfin  les  anneaux 
obscurs  disparaissent  et  l'anode  présente  son  aspect  habituel,  c'est-à-dire  une  plage 
uniformément  lumineuse. 


(^)  En  réalité  le  pouvoir  absorbant  de  la  fiamme  dépend  de  son  épaisseur.  Ce  qu'il 
faut  entendre  ici,  c'est  qu'une  flamme  de  grande  épaisseur  a  un  pouvoir  absorbant  qui 
tend  vers  i.  Il  n'est  pas  d'usage  pour  les  solides  de  faire  cette  remarque,  elle  ne  devien- 
drait utile  que  pour  des  lames  infiniment  minces.  Cej^endant  il  se  j^ourrait  que  pour  les 
flammes  donnant  des  raies  métalliques  et  même  sous  une  épaisseur  infinie  le  pouvoir 
absorbant  ou  émissif  soit  différent  de  i;  nous  voulons  dire  ici  que  le  pouvoir  émissif 
de  chaque  molécule  de  sodium  dans  la  flamme  est  le  même  que  celui  du  charbon. 

Pour  que  notre  méthode  soit  correcte,  il  faut  simplement  que  \e  pouvoir  émissif  du 
solide  pris  comme  terme  de  comparaison  soit  égal  à  celui  de  la  Jlainme  épaisse  qu'il 
s'aiifit  de  mesurer. 


SÉANCE    DU    3o   NOVEMBRE    igoS.  QlS 

»  L'explication  de  ce  phénomène  doit  probablement  être  cherchée  dans 
l'existence,  à  la  surface  du  mercure,  d'une  sorte  de  membrane  superfi- 
cielle plus  ou  moins  perméable  au  courant,  dont  l'état  vibratoire  déter- 
minerait la  forme  régulière  des  figures  observées. 

»  II.  Amorçage,  —  Il  est  généralement  admis  que  les  tubes  à  vide  à  une 
ou  deux  électrodes  de  mercure  exigent,  pour  leur  amorçage,  une  différence 
de  potentiel  de  quelques  milliers  de  volts,  après  quoi  le  passage  normal  du 
courant  s'effectue  avec  une  chute  de  potentiel  d'une  quinzaine  de  volts 
seulement. 

»  Or,  en  soumettant  ces  tubes  à  une  différence  de  potentiel  de  55o  volts, 
on  constate  des  phénomènes  d'amorçage  spontané  dans  les  conditions 
suivantes  : 

»  1°  Tubes  à  anode  en  fer  et  cathode  en  mercure.  —  Lorsque  la  pression  inté- 
rieure est  comprise  entre  ©"""jô  et  o'"™,  i5  de  mercure,  il  se  produit  au-dessus  de  la 
cathode  une  belle  lueur  veloutée  violette  qui  occupe  toute  la  section  du  tube.  Ij'ne 
faible  lueur  verdâtre  borde  l'anode;  le  reste  est  sombre.  Le  courant  qui  passe  est 
de  o,oi  à  0,02  ampère.  I^resque  toujours,  au  bout  de  quelques  minutes,  l'arc  normal 
jaillit  spontanément. 

»  Lorsque  la  pression  est  inférieure  à  o™"",  i5  et  descend  jusqu'à  o"^™,oo6,  le  phé- 
nomène préliminaire  est  toujours  le  même,  mais  ne  se  produit  que  si  le  tube  est  un 
peu  chaud  :  la  lueur  cathodique  diminue  d'intensité  et  blanchit  :  l'arc  s'établit  rare- 
ment d'une  façon  spontanée,  mais  jaillit  dès  qu'on  imprime  au  tube  une  légère 
secousse. 

»  2"  Tubes  à  anode  et  cathode  en  mercure.  —  Les  phénomènes  d'amorçage  spon- 
tané sont  beaucoup  plus  rares  dans  ces  tubes  que  dans  les  précédents.  Il  ne  se  pro- 
duisent que  si  les  électrodes  ont  été  auparavant  chauflfées  par  le  passage  du  courant 
et  lorsque  la  pression  est  comprise  entre  o^'^jô  eto"'°%i5,  c'est-à-dire  au  maximum 
de  conductibilité  des  tubes  à  vide. 

»  Le  phénomène  se  manifeste  par  l'apparition  d'une  plage  violette  à  la  cathode  et 
d'une  plage  verdâtre  à  l'anode.  Souvent  la  lueur  remplit  une  partie  du  tube  en  for- 
mant des  stratifications  violacées  d'un  côté  et  verdàtres  de  l'autre,  avec  un  espace 
obscur  entre  les  deux.  ITestrare  que  l'arc  s'établisse  spontanément,  mais  une  secousse 
suffit  pour  le  faire  jaillir. 

»  Il  est  à  remarquer  que,  toutes  les  fois  qu'un  tube  offre  une  difficulté 
d'amorçage,  on  peut,  en  agitant  la  surface  du  mercure,  diminuer  considé- 
rablement cette  difficulté  :  probablement  l'influence  de  ces  secousses  est 
également  explicable  parla  présence  d'une  membrane  superficielle  s'oppo- 
sant,  surtout  à  froid,  au  passage  du  courant.  » 


9l4  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  id  suppression  de  V hystérésis  magnétique  par  V action 
d'un  champ  magnétique  oscillant.  Note  de  M.  Ch.  Maurain,  présentée 
par  M.  Mascart. 

«  De  récentes  expériences  de  M.  Marconi  et  de  M.  Tissot  sur  un  nou- 
veau récepteur  utilisable  dans  la  télégraphie  sans  fil  ont  attiré  l'attention 
sur  l'action  d'un  champ  magnétique  rapidement  variable  sur  l'aimantation 
produite  dans  les  conditions  ordinaires.  Tandis  que  M.  Marconi  attribue 
cette  action  à  la  suppression  du  retard  par  rapport  au  temps,  M.  Tissot 
pense  que  c'est  l'hystérésis  ordinaire  par  rapport  au  champ  qui  est  modifiée. 

»  J'ai  effectué  à  ce  sujet  des  expériences  quantitatives  précises  dont 
voici  les  conclusions.  C'est  bien  l'hystérésis  par  rapport  au  champ  qui  est 
affectée;  elle  est  même  supprimée  complètement  :  un  noyau  de  fer  ou 
d'acier  étant  soumis  à  un  cycle  de  champ  magnétique  en  même  temps  qu'à 
l'action  continue  d'un  champ  oscillant  de  même  direction,  on  obtient,  au 
lieu  de  la  courbe  d'aimantation  à  deux  branches  bien  connue,  une  courbe 
unique,  sur  laquelle  se  placent  tous  les  points  obtenus  à  champ  croissant 
ou  à  champ  décroissant;  il  suffit  pour  cela  que  le  noyau  soit  assez  mince 
pour  que  le  champ  oscillant  pénètre,  avec  une  intensité  suffisante,  jusque 
dans  la  partie  centrale. 

»  Le  noyau  étudié  (ressorts  pour  clironomètres,  non  tremjjés  ou  trempés,  de  o™"',! 
à  o™"',i5  d'épaisseur  et  de  o^'^jS  à  i"'^™  de  largeur,  tiges  cylindriques  de  fer  ou  d'acier, 
fer  porphyrisé  agglutiné  par  de  la  paraffine  dans  un  tube  de  verre)  est  entouré  par 
deux  bobines  très  longues;  la  bobine  extérieure  est  la  bobine  magnétisante,  où  l'on 
envoie  un  courant  continu  d'intensité  variable  ;  la  bobine  intérieure,  d'une  seule  couche 
de  fil  et  bien  isolée,  est  parcourue  par  les  oscillations  électriques  produites  de  la  ma- 
nière suivante  :  les  armatures  d'une  bouteille  de  Lej^de  sont  reliées  d'une  part  aux 
pôles  d'une  bobine  de  Ruhmkorff,  d'autre  part  aux  extrémités  de  la  bobine  intéiùeure, 
un  micromètre  à  étincelles  étant  intercalé  dans  ce  deuxième  circuit. 

»  L'intensité  d'aimantation  est  mesurée  au  moyen  d'un  magnétomètre  à  deux  équi- 
pages magnétiques  formant  système  astatique;  le  champ  directeur  est  produit  par 
deux  aimants  agissant  sur  un  des  équipages;  j'ai  pu  ainsi  opérer  dans  des  conditions 
de  sensibilité  que  l'action  perturbatrice  causée  par  des  lignes  de  tramways  électriques 
voisines  n'aurait  pas  permis  d'obtenir  avec  un  magnétomètre  à  un  seul  équipage. 

»  Pour  chaque  échantillon  étudié  on  construit  la  courbe  cyclique  d'aimantation 
ordinaire,  puis  on  recommence  les  expériences  dans  les  mêmes  conditions,  mais  en 
mettant  en  jeu  les  oscillations  électriques,  entretenues  par  un  courant  alternatif 
passant  dans  le  primaire  de  la  bobine  de  Ruhmkorff. 


SÉANCE    DU    3o   NOVEMBRE    igoS.  9l5 

»  On  constate  ainsi  les  faits  suivants  :  pour  les  échantillons  non  trempés 
les  plus  minces,  il  y  a  suppression  complète  de  l'hystérésis,  les  branches 
montante  et  descendante  de  la  courbe  d'aimantation  étant  tout  à  fait  confon- 
dues ;  pour  des  échantillons  plus  épais,  et  toutes  choses  égales  d'ailleurs, 
les  deux  branches  restent  séparées,  mais  moins  que  celles  de  la  courbe 
ordinaire,  et  d'autant  plus  séparées  que  l'échantillon  est  plus  épais.  Pour 
les  échantillons  trempés  les  phénomènes  sont  les  mêmes,  mais,  à  épaisseur 
égale,  les  oscillations  doivent  être  plus  intenses  (les  boules  du  micromètre 
à  étincelles  plus  éloignées)  pour  que  la  suppression  de  l'hystérésis  soit 
complète.  Pour  un  même  échantillon,  on  peut  obtenir  la  suppression  par- 
tielle ou  complète  de  l'hystérésis  en  faisant  varier  l'intensité  des  oscilla- 
tions. Dans  le  cas  du  fer  porphyrisé  la  suppression  de  l'hystérésis  est  com- 
plète. Les  valeurs  de  l'aimantation  obtenues  pendant  l'action  des 
oscillations  sont  plus  élevées  que  dans  les  conditions  ordinaires. 

»  Les  résultats  qui  précèdent  sont  obtenus  lorsqu'on  alimente  le  pri- 
maire de  la  bobine  de  Ruhmkorfï  par  un  courant  alternatif,  c'est-à-dire 
lorsque  les  effets  d'induction  sont  symétriques;  quand  le  primaire  est  ali- 
menté par  un  courant  continu  interrompu,  c'est-à-dire  quand  les  effets 
d'induction  sont  dissymétriques,  les  résultats  sont  différents:  les  oscilla- 
tions, qui  sont  alors  toujours  de  même  sens  au  début  de  chaque  décharge 
oscillatoire,  provoquent,  quand  elles  agissent  seules,  une  forte  aimantation 
d'un  sens  déterminé  (aimantation  qui  persiste  quand  on  les  arrête),  tandis 
que  les  oscillations  provoquées  par  un  courant  alternatif  ne  produisent 
par  elles-mêmes  aucune  aimantation  fixe;  il  en  résulte,  lorsqu'on  effectue 
un  cycle  de  champ  magnétique  pendant  qu'agissent  des  oscillations  pro- 
venant d'effets  d'induction  non  symétriques,  une  courbe  d'aimantation 
qui  passe,  pour  la  valeur  nulle  du  champ,  par  le  point  représentatif  de 
l'aimantation  due  aux  oscillations,  au  lieu  de  passer  par  l'origine;  de  plus 
cette  courbe  n'est  réversible,  pour  une  intensité  convenable  des  oscilla- 
tions, que  dans  la  partie  oh  le  sens  du  champ  magnétisant  et  celui  de 
l'aimantation  due  aux  oscillations  coïncident;  dans  l'autre  partie,  les  deux 
branches  sont  un  peu  séparées. 

))  L'action  continue  d'oscillations  permet  donc  d'obtenir,  pour  des 
échantillons  assez  minces,  des  courbes  d'aimantation  réversibles,  bien 
déterminées,  montant  rapidement  à  partir  de  l'origine  sans  présenter  de 
point  d'inflexion.  Il  sera  intéressant  de  comparer,  sur  les  mômes  échan- 
tillons, ces  courbes  aux  courbes  analogues  qu'on  peut  obtenir  par  d'autres 
procédés  (vibrations,  courant  alternatif  parcourant  le  noyau,  production 


C)l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'un  dépôt  électroiytique  de  fer  dans  un  champ  magnétique,  etc.),  et 
d'essayer  de  définir  d'une  manière  précise  la  courbe  d' aimantation  normale  ; 
c'est  ce  que  je  fais  actuellement. 

»  On  peut  remarquer  que  ces  expériences  donnent  un  procédé 
commode  pour  l'étude  de  la  pénétration  du  champ  oscillant,  en  fonction  de 
la  fréquence,  dans  les  noyaux  magnétiques  ou  dans  un  métal  quelconque 
les  recouvrant.   » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  la  toi  de  distribution  régulière  de  la  force  totale 
du  magnétisme  terrestre  en  France  au  i^""  janvier  1896.  Note  de  M.  E. 
Mathias,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Pour  le  plus  grand  nombre  des  stations  qui  figurent  dans  le  Réseau 
magnétique  de  la  France  de  M.  Moureaux  ('),  la  différence  AT  entre  la 
force  totale  de  la  station  X  au  i^*"  janvier  1896  et  celle  de  l'observatoire 
de  Toulouse,  à  la  même  époque,  peut  être  représentée  par  une  fonction 
du  second  degré  des  différences  de  longitude  et  de  latitude  géographiques 
(A  longitude)  et  (A  latitude),  de  cet  endroit  et  de  la  station  de  référence 
adoptée. 

»  J'ai  procédé  dans  cette  recherche  comme  pour  les  éléments  étudiés 
antérieurement. 

»  Des  tâtonnements  réguliers  m'ont  permis  de  passer  de  la  formule  linéaire 
(i)  AT  (  calculé  )=:i  ,3  (A  longitude) +  5  (A  latitude), 

valable  dans  une  aire  très  étendue  autour  de  Toulouse,  à  la  formule 

AT  (calculé)  =  1,3  (A  longitude)  +  5  (A latitude)  +  0.0008  (A  longitude )- 
—  0,0010  (A  longitude)  (A  latitude)  —  0,0008  (A  latitude)'^. 


(■^) 


applicable  dans  toute  la  France,  la  Corse  y  comprise.  AT  est  supposé  exprimé  en  unités 
du  cinquième  ordre  décimal,  (A  longitude)  et  (A  latitude)  en  minutes  d'arc.  On  a 
admis  pour  force  totale,  à  Toulouse,  au  1"  janvier  1896,  la  moyenne  o,45o5o  des  deux 
nombres  donnés  par  M.  Moureaux,  ou  mieux  45o5o. 

»  La  force  totale  T  étant  calculée  au  moyen  de  la  composante  horizontale  H  et  de 
rinclinaison  \  par  la  formule 

cos  l 


(')  Annales  du  Bureau  central  météorologique  ;  année  1898, 


SÉANCE    DU    3o   NOVEMBRE    igoS.  917 

on  reconnaît  aisément  que  l'erreur  dT  provenant  d'une  erreur  c/H  sur  la  composante 
horizontale  et  d'une  erreur  de  n  minutes  sur  Finclinaison  I  est  sensiblement  donnée 
par  la  formule 

dT  =  dil  -\-  J2  n. 

»  Une  erreur  de  3o  unités  du  cinquième  ordre  sur  H  s'ajoutant  à  une  erreur  de 
3  minutes  sur  I  donne  une  erreur  totale  de  66  unités  du  cinquième  ordre  sur  T.  On 
peut  dire  que,  tant  que  la  différence  entre  les  nombres  calculé  et  observé  ne  dépasse 
pas  70  unités  du  cinquième  ordre,  on  peut  considérer  la  différence  comme  inférieure 
aux  erreurs  possibles  d'observation  et,  par  suite,  la  station  considérée  comme  régu- 
lière quant  à  la  force  totale;  si  la  différence  AT  (observé)  —  AT  (calculé)  est  supé- 
rieure en  valeur  absolue  à  70  unités,  il  y  a  anomalie. 

»  La  formule  (2)  a  permis  de  choisir,  dans  les  617  localités  visitées  par  M.  Mou- 
reaux,  607  stations  donnant  une  différence  (obs.  )  — (cale.  )  inférieure  en  général 
en  valeur  absolue  à  100  unités  du  cinquième  ordre  et,  par  suite,  composées  de  stations 
régulières  et  d'anomalies  faibles;  on  a  pu  alors  écrire  607  équations  à  6  inconnues  de 
la  forme 


(3)       ^ 

»   Si  l'on  pose 


AT  (observé)  =:a^  +  y(  A  longitude) +^(Alatitude)  +  ^(  A  longitude)^ 
+  «(Alongitude)  (Alatitude)  +  (^  (A latitude )^ 


j  =  i,3+7',  z  =  D-i-z',         t  =  0,0008 -i-t', 

u  =~  0,0010 -h  u',         r  rzi  —  o, 0008  +  t^' 

et  si  l'on  retranche  membre  à  membre  (2)  de  (3),  il  vient 

(/,)    !  •^+/(^long-)+^'('^lat.)  +  ^'(Along.)-+«'(Along.    (  A  lat.  )  +  r'(A  lat.  )' 
^"^^    l       =AT(obs.)  — AT(calc.). 

»  Les  D07  équations  du  type  (4)  à  six  inconnues  ^,  y',  z' ,  t' ,  u' ,  v'  ont  été  résolues, 
au  moyen  de  la  méthode  des  moindres  carrés,  par  le  service  des  calculateurs  de  l'ob- 
servatoire de  Toulouse.  M.  B.  Baillaud  a  bien  voulu  prendre  la  direction  de  ces  pé- 
nibles calculs. 

»   Les  équations  (4)  ont  fourni  la  solution  suivante  : 

a;r=i  +  i6,5,  j'  =  _o,o28,  ^'  — +0,0407, 

^'  =  —0,000088,         w'=o,oooo8i,         (''  =  —0,000118. 

»  La  loi  de  distribution  régulière  de  la  force  totale,  pour  la  France 
entière  y  compris  la  Corse,  est  donnée  pour  la  date  du  i*""  janvier  1896  par 
la  formule 

(5)   1  ^'^'^  +  ^^'^"^^'^72(^ïo"b-)  +  ^^5o457(Alat.)  +  o,ooo7i2(Along.)=^ 
t  —  o,ooio8i(Along.)(Alat.)  — o,ooo9i8(Alat.)-, 

qui  concorde  remarquablement  avec  la  formule  primitive  (-2). 

G.  R.,  1903,  ^'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  22.)  1 :20 


9l8  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

»  Comme  on  ne  peut  répondre  de  i6  unités  du  cinquième  ordre  dans 
l'évaluation  de  la  force  totale,  le  terme  constant  de  la  formule  (5)  signifie 
simplement  que  la  force  totale  45o5o  admise  pour  Toulouse  est  trop  faible 
de  i6  unités. 

))  La  parfaite  régularité  de  la  force  totale,  provenant  d'une  parfaite  régu- 
larité de  la  composante  horizontale  et  de  l'inclinaison,  peut  coexister  avec 
une  anomalie  de  la  déclinaison  atteignant  ou  même  dépassant  20';  il  en  est 
ainsi  notamment  à  Chàteauneuf-sur-Loire  (—  2,0',  i),  à  Montargis  (-4-  23',  4), 
à  Chevreuse  (h- 26', 4)»  à  Forges-sur-Briès  (+  23', 6)  et  à  Limay(4-  21', i). 

»  En  des  stations  beaucoup  plus  nombreuses,  la  régularité  de  la  force 
totale  provient  d'une  compensation  des  anomalies  de  t  et  de  H,  coexistant 
le  plus  souvent  avec  une  anomalie  de  la  déclinaison.  » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  L' anomalie  magnéliqiie  du  bassin  de  Paris. 
Note  de  M.  Th.  Moureaux,  présentée  par  M.  Mascart. 

c(  La  discussion  de  nos  observations  magnétiques  en  France,  dont  le 
réseau  comprend  617  stations,  a  mis  en  évidence  de  nombreuses  irrégula- 
rités dans  la  distribution  normale  des  différents  éléments.  Indépendam 
ment  de  l'anomalie  bien  connue  du  massif  central,  due  à  l'influence  directe 
des  roches  volcaniques,  nous  en  avons  constaté  quelques  autres,  même  au 
milieu  de  terrains  considérés  comme  soustraits  à  toute  action  sur  l'aiguille 
aimantée;  la  plus  importante  et  la  plus  imprévue  est  celle  du  bassin  géolo- 
gique de  Paris.  L'étude  de  cette  anomalie  est  basée  sur  les  résultats  obtenus 
en  i3o  stations,  disséminées  sur  douze  départements,  depuis  la  Seine-Infé- 
rieure jusqu'au  Cher  et  à  la  Nièvre.  Dans  toute  cette  région,  les  lignes  iso- 
magnétiques subissent  des  déformations  accentuées  et  très  nettes,  mon- 
trant que  les  différents  éléments  observés  n'y  sont  pas  exclusivement 
soumis  à  la  seule  action  du  champ  terrestre. 

»  La  comparaison  des  valeurs  observées,  avec  les  valeurs  calculées  par 
la  méthode  de  Cauchy,  a  permis  de  dresser  les  Cartes  des  écarts  observation- 
calcul  pour  tous  les  éléments. 

»  La  Carte  relative  à  la  déc/inaison  D,  par  exemple,  montre  que  les  écarts  sont  tous 
positifs  à  l'est  et  négatifs  à  l'ouest  d'une  ligne  qui,  partant  de  Fécamp,  se  dirigerait 
au  sud-est  vers  Moulins,  par  ou  près  Rouen,  Rambouillet,  Gien,  sous  un  angle  de  Sc^ 
environ  avec  le  méridien  géographique.  Sur  cette  ligne  même,  les  écarts  sont  nuls  et 
l'observation  concorde  avec  le  calcul.  La  déclinaison  est  occidentale  en  France  et  croît 


SÉANCE  DU  3o  NOVEMBRE  IQoS.  919 

de  l'est  à  l'ouest;  d'après  le  sens  des  écarts  O— C,  on  voit  que  le  pôle  .nord  de  Talmant 
est  attiré  de  part  et  d'outre  vers  la  ligne  considérée  :  la  force  perturbatrice  s'exerce 
donc  sur  cette  ligne  d'attraction,  en  un  ou  plusieurs  points  à  déterminer. 

»  Si  nous  considérons  maintenant  la  Carte  des  écarts  de  la  composante  horizon- 
tale H,  nous  remarquons  que  ces  écarts  se  groupent  également,  selon  leur  sens,  par 
zones  bien  délimitées.  Les  écarts  positifs  forment  trois  zones,  séparées  l'une  de  l'autre 
par  des  zones  à  écarts  négatifs.  La  première  s'étend  sur  la  basse  Seine,  en  aval  du 
confluent  de  l'Eure;  la  seconde  comprend  une  région  limitée  au  nord  à  Mantes,  et  au 
sud  à  Toury  (Loiret)  ;  enfin,  la  troisième  couvre  une  partie  des  départements  du  Cher 
et  de  la  Nièvre,  de  part  et  d'autre  de  la  Loire.  Toutes  trois  peuvent  être  limitées  par 
des  courbes  fermées  sur  lesquelles  les  écarts  O  — G  sont  nuls  pourH,  et  coupent  chacune 
en  deux  points  la  ligne  d'attraction  déterminée  par  la  déclinaison. 

))  Il  y  a  lieu  d'établir  une  distinction  essentielle  entre  ces  deux  points.  Les  portions 
de  courbe  auxquelles  ils  se  rattachent  sont  dirigées  à  peu  près  perpendiculairement 
au  méridien  magnétique  ;  mais  l'une,  celle  qui  limite  les  écarts  positifs  de  H  au  sud 
de  la  zone,  est  une  ligne  de  répulsion  pour  le  pôle  nord  de  l'aimant,  puisque,  contrai- 
rement à  la  loi  de  décroissance  de  H  du  sud  au  nord,  cet  élément  a  une  valeur  relative 
plus  grande  au  nord  qu'au  sud.  L'autre,  au  contraire,  limitant  les  écarts  positifs 
au  nord,  et  où  la  variation  de  II  avec  la  latitude  est  accentuée  d'une  façon  anormale, 
est  une  ligne  d'attraction  sur  laquelle  doit  se  rencontrer  le  centre  de  l'anomalie. 
Comme  ce  centre  est  commun  également  à  la  ligne  d'attraction  de  la  déclinaison,  il 
correspond  nécessairement  au  point  d'intersection  des  deux  lignes  ;  les  trois  points 
d'intersection  correspondant  à  la  limite  nord  des  trois  zones  à  écarts  positifs  de  H,  sont 
donc  autant  de  centres  d'anomalie.  Le  premier  se  trouverait  au  voisinage  de  Rouen  ; 
le  deuxième  dans  le  triangle  formé  par  nos  trois  stations  de  Bueil,  Mantes  elHoudan, 
vers  la  limite  commune  des  déparlements  de  l'Eure  et  de  Seine-et-Oise  ;  enfin,  le 
troisième,  entre  Sancerre  et  Aubigny  (Cher). 

»  La  Carte  des  écarts  O  —  C  de  la  composante  verticale  Z  offre  une  vérification  de 
cette  hypothèse.  En  effet,  la  force  attractive  étant  supposée  dans  l'intérieur  de  la  Terre 
au-dessous  de  chacun  des  trois  points  considérés,  c'est  en  ces  points  particuliers  que 
doivent  être  observés  les  plus  grands  écarts  positifs  de  Z;  ces  écarts  se  groupent 
effectivement  en  trois  zones  comprenant  chacune  un  des  trois  centres  d'attraction. 

»  Aucune  de  nos  stations  ne  correspond,  par  sa  situation  géographique,  à  l'un  quel- 
conque de  ces  centres,  qu'il  serait  facile  de  préciser  en  procédant  à  des  mesures  com- 
plémentaires dans  un  faible  rayon  autour  de  chacun  d'eux.  Dans  la  région  de  Rouen, 
le  centre  d'attraction,  déterminé  par  le  point  d'intersection  des  deux  lignes  dont  nous 
avons  parlé,  se  trouve  très  rapproché  du  point  central  de  la  zone  d'anomalie  de  Z; 
mais  cette  condition  ne  se  trouve  pas  aussi  bien  réalisée  pour  les  deux  autres.  Nous 
avons  admis  jusqu'ici,  pour  simplifier,  que  l'attraction,  pour  chaque  zone,  était  con- 
centrée en  un  point,  alors  qu'en  réalité  elle  peut  correspondre  à  une  ligne  plus  ou 
moins  régulière,  et  même  à  une  zone  de  quelque  étendue,  dont  la  détermination  rigou- 
reuse exigerait  un  réseau  plus  serré  de  stations.  Il  n'est  pas  douteux,  par  exemple, 
que  le  centre  d'attraction  situé  à  l'ouest  de  Paris,  vers  Houdan,  ne  s'étende  dans  la 
direction  du  sud-est  jusqu'à  Rambouillet  où  l'anomalie,  sensiblement  nulle  pour  D 
et  H,  atteint  0,0026  |(C.G.S.)  pour  Z.  De  même,  le  point  central  de  la  zone  du  sud. 


()10  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dans  le  bassin  de  la  Loire,  est  assez  éloigné,  vers  le  nord,  du  point  d'Intersection  des 
lignes  de  D  et  de  H;  indépendamment  de  l'excès  +0,002^  constaté  à  Sancerre,  on 
trouve  en  efTet  un  second  centre  où  les  écarts  sont  de  même  sens  et  de  même  ordre, 
vers  Sully-sur-Loire  et  Gien. 

»  Les  conclusions  que  l'on  peut  tirer  de  la  comparaison  des  trois  élé- 
ments D,  H  et  Z,  relativement  à  la  position  des  centres  d'attraction,  sont 
confirmées  par  la  discussion  des  observations  de  la  force  totale,  dont  les 
écarts  se  distribuent  sensiblement  comme  ceux  delà  composante  verticale. 

»  Si  l'on  admet  que  l'anomalie  du  bassin  de  Paris  puisse  être  attribuée 
à  l'action  de  roches  magnétiques,  la  limite  supérieure  de  la  masse  pertur- 
batrice se  présenterait  comme  le  relief  d'une  montagne  recouverte  par  les 
terrains  plus  récents,  avec  des  pics  ou  des  arêtes  aux  points  ou  aux  zones 
désignés  comme  les  centres  d'attraction  par  la  considération  des  anomalies 
des  éléments  magnétiques.   » 


CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Sur  la  fusibilité  des  mélanges  de  prolosulfure  de  hisjnulh 
et  de  sulfure  d'argent,  de  prolosulfure  de  bismuth  et  de  sulfure  d' antimoine. 
Note  de  M.  H.  Pélabox,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Le  sulfure  d'argent  et  le  protosulfure  de  bismuth  fondus  ensemble 
donnent  des  liquides  homogènes  dont  il  est  facile  de  déterminer  avec  exac- 
titude le  point  de  solidification  commençante.  La  courbe  de  fusibilité  de  ces 
mélanges  peut  être  construite  entièrement  en  portant  en  ordonnées  les 
températures  de  solidification  et  en  abscisses,  les  valeurs  correspondantes 
du  rapport  de  la  masse  de  sulfure  d'argent  à  la  masse  totale  du  mélange. 
Nous  désignerons  par  R  ce  rapport  exprimé  en  centièmes. 

»  La  courbe  de  fusibilité  se  compose  de  cinq  portions  de  droites.  Une  première 
ligne  droite  AB  joint  le  point  de  solidification  du  protosulfure  de  bismuth,  soit  685°, 
au  point  de  fusion  du  mélange  pour  lequel  R  a  pour  valeur  6,5;  la  température  cor- 
respondante, 648°,  représente  un  premier  minimum  du  point  de  solidification  des  mé- 
langes étudiés.  Si,  en  effet,  on  fait  croître  la  proportion  du  sulfure  d'argent  jusqu'à 
ce  que  B  prenne  la  valeur  20,49,  ^^  température  de  solidification  s'élève  régulièrement 
jusqu'à  750". 

»  Les  coordonnées  des  extrémités  de  la  seconde  portion  de  droite  BG  sont  donc 
respectivement  : 

R=    6,5o,         T  =  648°, 

R  =  20,49,          T  =  75o°. 
»   Si  le  rapport  B  continue  à  croître,  la  température  de  solidification  baisse  d'abord 


SÉANCE    DU   3o   NOVEMBRE    igoS.  92 1 

lentement  jusqu'à  782°,  pour  R  =  34, 02,  et  Ton  a  la  portion  de  droite  CD,  puis  cette 
température  baisse  plus  rapidement  et  atteint  585°  pour  R  =  72.  On  a  donc  une  partie 
droite  DE  plus  inclinée  que  la  précédente  sur  Taxe  des  abscisses. 


»  Enfin,  quand  le  rapport  R  continue  à  croître  pour  atteindre  finalement  la 
valeur  100,  le  point  de  solidification  des  mélanges  correspondants  s'élève  très  rapide- 
ment et  très  régulièrement  jusqu'à  845°,  température  de  fusion  de  sulfure  d'argent 
pur.  La  courbe  de  fusibilité  présente  donc  une  seconde  ordonnée  minima  et  se  ter- 
mine par  une  partie  recliligne  EF  très  inclinée  sur  l'axe  des  abscisses. 

»  En  résumé,  la  courbe  de  fusibilité  des  mélanges  étudiés  est  une  ligne  polygonale 
présentant  deux  ordonnées  minima  et  une  ordonnée  maximum. 

»  Les  deux  ordonnées  minima  sont  les  températures  de  solidification  de  deux 
mélanges  eutectiques  définis  par  les  valeurs 


Rr=r6,5, 


R 


72. 


»  L'ordonnée  maximum  correspond  au  composé  défini  répondant  à  la  formule 
Ag^S.4BiS. 

»  Le  point  D,  intersection  des  deux  droites  CD  et  DE,  corresj^ond  au  mélange  dans 
lequel  les  deux  sulfures  sont  dans  les  proportions  indiquées  par  la  formule  Ag"^S.2  Bi  S. 

»  Nous  avons  étudié  également,  au  point  de  vue  de  la  fusibilité,  les 
mélanges  de  protosulfure  de  bismuth  et  de  sulfure  d'antimoine. 

»  La  courbe  de  fusibilité  de  ces  mélanges  est  beaucoup  plus  simple  que  celle  du 
mélange  précédemment  étudié;  elle  peut  également  être  construite  complètement. 
Elle  comprend  trois  portions  de  droites  formant  la  ligne  polygonale  AHIK;  la  pre- 
mière portion  de  droite  aboutit  au  point  de  fusion  du  protosulfure  de  bismuth,  soit 
685°;  la  dernière  s'arrête  au  point  de  fusion  du  sulfure  d'antimoine,  soit  555°. 


922  ACADEMIE   DES    SCIENCES. 

»  Si  l'on  désigne  par  R  le  rapport,  exprimé  en  centièmes,  du  poids  de  sulfure  d'an- 
timoine au  poids  total  du  mélange,  les  coordonnées  des  extrémités  de  la  droite  inter- 
médiaire sont  respectivement  : 

R  =  3i,66,  T=:632°, 

R  — 84,85,  T  =  59i°. 

»  La  température  de  la  solidification  commençante  diminue  donc  constamment  au 
fur  et  à  mesure  que  la  proportion  de  sulfure  d'antimoine  augmente  dans  le  mélange. 

»  Les  mélanges  qui  correspondent  aux  jDoints  H  et  I  de  la  courbe  de  fusibilité  ont 
une  composition  simple.  Celui  qui  correspond  au  point  H  répond  à  la  formule 
3BiS.Sb-S^;  l'autre  à  la  formule  BiS.4Sb^S^.  L'un  d'eux,  au  moins,  doit  être  un 
composé  défini.  » 


CHIMIE.  —  Influences  activantes  ou  paralysantes  agissant  sur  le  manganèse 
envisagé  comme  ferment  métallique.  Note  de  M»  A.  Trillat,  présentée 
par  M.  Arm.  Gautier. 

«  Les  métaux  envisagés  comme  porteurs  d'oxygène  demandent,  pour 
réaliser  leur  effet  maximum  dans  un  milieu  donné,  à  être  placés  dans  des 
conditions  spéciales  sans  lesquelles  ils  restent  inactifs.  C'est  l'étude  de 
quelques-unes  de  ces  conditions  que  je  vais  exposer. 

))  J'ai  choisi  comme  exemple  le  manganèse  si  abondamment  répandu 
dans  le  règne  végétal  et  dont  le  rôie  physiologique  a  été  étudié  par 
MM.  Gabriel  Bertrand  et  Bourquelot.  Comme  milieu  d'oxydation  je  me  suis 
adressé  à  une  solution  d'acide  galHque  dont  la  fonction  phénolique  répond 
bien  au  but.  Pour  mieux  interpréter  les  résultais,  j'ai  opéré  sur  des  solu- 
tions très  étendues  se  rapprochant  par  conséquent  sous  ce  rapport  des 
milieux  physiologiques. 

))  La  méthode  a  consisté  à  mesurer  directement  les  volumes  d'oxygène 
absorbés  en  fonction  du  temps  au  moyen  d'un  appareil  composé  de  plu- 
sieurs ballons  de  verre  vert  (0  <^^®  175""'  de  capacité,  disposés  en  série  et 
plongés  dans  un  récipient  plein  d'eau.  Au  moyen  de  tubes  coudés,  de 
faibles  diamètres,  exactement  calibrés  et  gradués,  ils  étaient  reliés  à  des 
récipients  contenant  de  l'eau  ou  du  mercure  et  dont  l'ascension  permettait 
d'évaluer  le  volume  d'oxygène  absorbé  en  un  temps  donné,  toutes  correc- 


(*)  Le  choix  du  verre  a  une  importance  capitale.  Il  en  est  de  même  du  choix  des 
réactifs  et  de  l'eau  qui  doivent  présenter  un  grand  degré  de  pureté. 


SÉANCE    DU    3o   NOVEMBRE    IQoS.  928 

lions  faites.  L'appareil  était  construit  de  telle  sorte  que  les  perturbations 
apportées  par  la  température,  la  dilatation  du  verre,  etc.,  étaient  iden- 
tiques pour  chaque  série  d'essais.  Au  moyen  de  cet  appareil,  j'ai  expéri- 
menté :  i**  l'action  des  sels  de  manganèse;  1^  l'action  des  sels  de  manga- 
nèse en  présence  d'une  trace  d'alcali;  3°  les  influences  exercées  sur  la 
marche  de  l'oxydation  par  la  présence  de  certaines  substances. 

»  1,  Sels  de  manganèse.  —  On  mettait  5o*="'  d'une  solution  cracide  gallique  au  y^ôô 
dans  les  ballons,  on  ajoutait  le  sel  de  manganèse  dissous  et,  après  agitation,  on  aban- 
donnait l'appareil  dans  un  local  dont  la  température  ne  variait  pas.  En  opérant  sur  des 
solutions  d'acide  gallique  de  j~^  à  ^Û^  ^vec  des  doses  de  manganèse  également 
variables,  les  volumes  d'oxygène  absoi'bés  après  24  heures  ne  dépassaient  pas  -nj-  à  ^ 
de  centimètre  cube.  La  présence  d'une  petite  quantité  d'acide  libre  (acides  sulfurique, 
chlorhjdrique,  oxalique  et  acétique)  n'a  pas  favorisé  l'absorption  de  l'oxygène. 

»  2.  Influence  d'un  alcali.  —  On  sait  que  les  sels  de  manganèse  en  présence  d'un 
alcali  se  transforment  à  l'air  en  bioxyde.  Cette  transformation  a  lieu  à  des  doses  infi- 
nitésimales des  deux  réactifs,  comme  l'indique  le  tableau  suivant.  L'alcali  lui-même 
agissant  séparément  comme  agent  d'oxydation  sur  la  solution  d'acide  gallique,  il  a 
fallu  évidemment  tenir  compte  de  cette  action  séparée.  Dans  ces  essais,  on  mettait 
d'abord  dans  les  ballons  l'acide  gallique  en  solution,  puis  le  sel  de  manganèse,  enfin 
l'alcali.  {Doses  employées  :  acide  gallique  So*""'  au  Yotô'i  MnGl^o,oi;  NaOH  0,01.) 

Volumes  d'oxygène  exprimés  en  dixièmes  de  centimètre  cube,  absorbés  par  une 
solution  d'acide  gallique  en  présence  de  la  soude  seule  ou  de  la  soude  et  du 
manganèse. 

Observations  faites  après  :  NaOH.  NaGH  +  MnCP.  MnCP. 

3o  minutes i5                       35  o 

1  heure 2-5                       ^2  3 

2  heures ...  22                       48  3 

4      »       33                      5o  4 

6      »       35                      5o  4 

12      »       , /)0  5o  4 

»  En  faisant  varier  la  nature  de  l'alcali  (soude,  potasse),  celle  du  sel  de  manganèse 
(chlorure,  sulfate,  acétate);  celle  du  corps  à  oxyder  (hydroquinone,  pyrogallol,  tanin), 
on  a  trouvé  :  1°  que  l'accélération  de  l'oxydation  est  proportionnelle  aux  doses  d'alcali; 
2°  que,  pour  une  même  dose  d'alcali,  l'augmentation  du  poids  du  manganèse  devient 
nettement  paralysante  à  partir  d'une  certaine  limite,  après  avoir  été  activante;  3"  que 
des  doses  infinitésimales  de  sels  de  manganèse  deviennent  actives  en  présence  de 
traces  d'alcali. 

»  3.  Influences  agissant  sur  la  marche  de  l'oxydation.  —  L'introduction  dans  les 
ballons  de  substances  inertes,  telles  que  le  verre  pilé,  la  porcelaine,  le  quartz,  les 
métaux  en  poudre  ou  à  l'état  colloïdal,  apportent  une  perturbation  considérable  dans  la 
marche  de  l'oxydation  en  présence  du  manganèse,  lorsqu'on  la  compare  avec  des  essais 


924  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

témoins.  Celle  constalalion  n'est  pas  sans  importance  car  elle  démontre  que  ces 
substances  inertes  peuvent  jouer  un  rôle  comme  activant  ou  retardant  dans  les  phéno- 
mènes d'oxydation,  d'une  manière  analogue,  dans  un  autre  d'idées,  à  ce  qui  se  passe  pour 
le  dégagement  de  l'acide  carbonique  de  ses  solutions  aqueuses  saturées.  Les  substances 
chimiques  agissant  sur  l'un  des  réactifs  en  présence,  sur  la  soude  par  exemple,  se 
comportent  comme  paralysants;  c'est  une  simple  saturation  et  le  ralentissement  de 
l'oxydation  ne  présente  aucun  intérêt.  Mais  l'expérience  établit  que  ce  ralentissement 
peut  avoir  lieu  à  des  doses  si  faibles  que  l'on  ne  j^eut  plus,  pour  l'expliquer,  invoquer 
seulement  la  saturation  partielle  de  l'un  des  réactifs.  Tel  est  le  cas  pour  l'acide  arsé- 
nique.  En  voici  la  démonstration  : 

Tableau  indiquant  l' influence  paralysante  de  V acide  arsénique. 
(Doses:  ac.  gall^ique  5o'='"' au  j^^;  MnCP  0,02;  NaOH  0,02.)       • 

Acide  arsénique. 

Temps.                                      Témoins.                  0,01.                   0,001.  0,0001. 

3o  minutes 3o                        7                       25  28 

1  heure /J2                        7                       25  3o 

2  »      45  i5  3o  3o 

4      »      45  20  3o  32 

6      »     48  20  3o  35 

»  L'acide  arsénique  dilué  au  ^ „ ^,^q „ ^  a  donc  eu  une  action  retardante. 

»  Le  bichlorure  de  mercure,  l'acide  cyanhydrique,  l'hydrogène  sulfuré  et  d'autres 
substances  agissant  comme  poisons  de  l'organisme,  ont  une  action  analogue  sur  la 
marche  de  l'oxydation,  après  avoir  souvent  provoqué  au  début  une  excitation  très 
nette. 

»  Ces  phénomènes  de  ralentissement  dans  l'oxydation  des  substances  expérimentées 
peuvent  être  expliqués  par  des  changements  dans  l'état  de  neutralisation  du  milieu 
et  aussi,  comme  sembleraient  l'indiquer  des  essais  en  cours,  par  l'entraînement  méca- 
nique des  substances  sous  l'influence  de  la  précipitation. 

»  Il  se  dégage  de  ces  expériences  que  le  manganèse,  envisagé  comme 
ferment  métallique,  demande,  pour  devenir  actif,  en  se  plaçant  dans  les 
conditions  dans  lesquelles  j'ai  opéré,  que  le  milieu  à  oxyder  contienne  un 
alcali  ou  un  sel  alcalino-terreux.  Pour  la  même  quantité  d'alcali,  les  doses 
croissantes  de  manganèse  agissent  comme  paralysants;  comme  dans  le 
cas  des  phénomènes  diastasiques,  la  marche  de  la  réaction  peut  être 
entravée  par  la  présence  de  traces  de  certaines  substances.  On  voit  donc 
que  le  manganèse,  pour  produire  son  maximum  d'effet  dans  un  milieu  en 
un  temps  donné,  doit  réunir  tout  un  ensemble  de  conditions.  » 


SÉANCE    DU    3o    NOVEMBRE    1903.  925 


CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Alcoylation  systématique  de  l'arsenic. 
Note  de  M.  V.  Auger,  présentée  par  M.  H,  Moissan. 

«  On  ne  connaît  jusqu'ici  aucun  procédé  permettant  d'introduire,  à 
volonté,  1 ,  2  ou  3  groupes  alcoylés  sur  la  molécule  de  l'arsenic.  D'une  part, 
la  méthode  de  Cahours  ('),  qui  consiste  à  chauffer  le  métalloïde  avec  un 
iodure  alcoolique,  fournit  immédiatement  un  mélange  de  dérivés  tri-  et 
tétrasubstitués,  et,  d'autre  part,  la  réaction  deMeyer  (^)  semblait  jusqu'ici 
ne  pouvoir  fournir  qu'un  seul  produit  :  le  méthylarsinale  de  sodium.  C'est 
cependant  en  généralisant  cette  dernière  réaction  que  l'on  peut  arriver  à 
introduire  systématiquement  des  groupes  alcooliques  dans  l'arsenic. 

))  Voici  le  principe  de  la  méthode  :  Considérons  d'abord  la  réaction  de 
Meyer;  elle  consiste  à  mettre  en  contact,  en  présence  d'alcool,  l'arsénite 
tri-sodique  AsO'lNa^  avec  l'iodure  de  méthyle  :  la  réaction  a  lieu  suivant 
AsO^Na^H- ICH^=  CH^'.AsO^Na'^-f-NaT.  L'arsénite  est  donc  passé,  pen- 
dant la  réaction,  à  l'état  de  méthylarsinate,  et,  de  trivalent,  est  devenu  pen- 
tavalent.  Il  est  extrêmement  vraisemblable  que  le  processus  est  le  suivant  : 

/ONa  ^O 

l'arsénite  normal  As  — ONa  prend  la  forme  tautomère  Na  — As  — ONa,  et 

\ONa  \ONa 

échange  alors  son  atome  de  sodium  relié  à   l'arsenic,  contre  le  groupe 

méthyle,  en  donnant  le  méthylarsinate  CH^  — As— ONa.  Si  nous  appliquons 

\ONa 
cette  réaction   à  la  molécule  déjà  monométhylée,  nous  devons  d'abord 
réduire  l'acide  méthylarsénique  pour  rendre  l'arsenic  trivalent  : 

CH\As  =  0. 

L'oxyde  de  méthylarsine  possède  deux  fonctions  très  faiblement  basiques 

/ONa 
et  fournit,  avec  deux  molécules  de  soude,  le  sel  :  CH'.As\  ^,,^    dont  la 

\ONa 

forme  tautomère  est  :  CH^.As  — ONa.  Il  réagit  alors  facilement  sur  une 

\Na 


(')  Cahours,  An.  chem.  Pharni.  Lieb.,  t.  CXXII,  p.  192. 
(-)  G.  Meyer,  Ber.  chem.  GeselL,  t.  XVI,  p.  il\^o. 

C.  R.,  1903,  2«  Semestre.  (T.  CXXXVIl,  N°  22.)  121 


926  académie'  des  sciences. 

molécule  d'iodure  de  méthyle  d'après  : 

CH«AsO-N;r  -h  IGH^  =  (CH^')^  =  Asf"^^,    +  Nal. 

\OJNa 

»  Uacide  cacodyliqne  ou  diméthylarsinique,  ainsi  obtenu,  est  susceptible 
de  subir  une  troisième  méthylation  en  employant  la  même  sériede  réactions  ; 
il  suffit  de  le  réduire  pour  le  faire  passer  à  l'état  d'oxyde  de  cacodyle 
(CH^)^  =  As  —  O  —  As  =  (CH')^  et  de  traiter  ce  dernier,  en  solution 
alcoolique,  par  la  soude   et  l'iodure  de   méthyle,    pour  obtenir,   d'après 

(CH')^  =  As- ONa    ou    (CH')^  =  As^^  +  IGH^*  =  (CH=^)^  =  As  =  O, 

l'oxyde  de  triméthylarsine.  J'ai  constaté  que,  dans  toutes  ces  réactions,  il 
est  possible  de  remplacer  l'iodure  de  méthyle  par  l'iodure  d'éthyle;  il  y^a 
lieu  de  penser  qu'il  en  sera  de  même  pour  d'autres  iodures  homologues. 
»   Voici  quelques  détails  succincts  des  manipulations. 

»  Réduction  du  niéthylarsinate  de  sodium.  —  Le  sel  disodique  est  dissous  dans  la 
quantité  minimum  d'eau,  à  liède;  on  y  introduit,  à  froid,  un  excès  de  gaz  sulfureux, 
puis  onporteleliquideà  rébullition  au  réfrigérant  ascendant,  pour  terminer  la  réaction. 
Celle-ci  a  lieu  quantitativement  suivant  CH^  AsO^  Na^  +  S0-— CH^  AsO  +  SO*Na^ 
Le  liquide  obtenu  est  alors  additionné  d'une  petite  quantité  de  carbonate  de  sodium, 
afin  de  neutraliser  les  dernières  traces  d'acide  sulfureux,  puis  évaporé  à  sec,  dans  le 
vide,  au  bain-marie.  La  masse  obtenue  est  épuisée  à  plusieurs  reprises  par  le  benzène 
bouillant  qui  dissout  l'oxyde  de  méthylarsine.  Après  évaporation  du  solvant,  on  obtient 
celui-ci  en  gros  cristaux  incolores  fusibles  à  gS". 

»  L'acide  méthylarsinique  pur  n'est  pas  réduit,  dans  ces  conditions,  par  le  gaz  sulfu- 
reux. Par  contre,  la  réduction  a  lieu  aussitôt  qu'on  ajoute  à  celui-ci  une  trace  d'un  iodure. 
En  employant  le  mélhylarsinate  de  calcium  en  suspension  dans  l'eau,  on  obtient,  par 
traitement  au  gaz  sulfureux,  immédiatement  une  solution  aqueuse,  presque  pure, 
d'oxyde,  le  sulfate  de  calcium  formé  restant  insoluble. 

»  Méthylation  de  l'oxyde  de  méthylarsine.  —  i™°ide  l'oxyde  est  mise  en  dissolu- 
tion dans  l'alcool  méthylique  et  additionnée  de  2"^°'  de  soude,  puis,  à  froid,  de  1"°' 
d'iodure  de  méthyle.  Il  se  produit  un  échaufTement  notable  de  la  solution;  on  termine 
au  bain-marie,  au  réfrigérant  ascendant,  jusqu'à  réaction  neutre  de  la  liqueur.  Pour 
isoler  le  produit  formé,  il  est  nécessaire  d'enlever  l'iode;  pour  cela,  on  chasse  l'alcool 
au  bain-marie,  et  l'on  additionne  la  solution  aqueuse  du  résidu  d'acide  sulfurique  dilué, 
puis  d'azotite  de  sodium.  L'iode  se  précipite;  on  filtre,  on  évapore  à  sec,  après  avoir 
saturé  par  le  carbonate  de  sodium,  et  l'on  reprend  par  l'alcool  absolu.  Le  cacodylate  de 
sodium  se  dissout  seul,  et  on  lisole  pur  par  cristallisation.  L'acide  cacodylique  extrait 
de  ce  sel  a  montré  tous  les  caractères  de  celui  qu'on  obtient  par  oxydation  de  l'oxyde 
de  cacodyle.  Il  fondait  à  200°  et  formait  avec  le  nitrate  d'argent  le  sel  double  cristal- 


SÉANCE    DU    3o    NOVEMBRE    IQoS.  927 

lise  :  (CH^)-AsO'Ag,  AgAzO^;  pour  l'identifier  encore  mieux,  il  a  été  transformé  en 
sulfure  de  cacodyle  fondant  à  5o°. 

»  Cette  méthylation  s'effectue  avec  une  grande  rapidité  et  semble  plus  facile  que 
celle  qui  donne  naissance  au  méthylarsinate  de  sodium. 

»  Méthylation  de  V oxyde  de  cacodyle.  —  Cette  opération  a  été  effectuée  exacte- 
ment dans  les  mêmes  conditions  que  la  précédente.  L'oxyde  de  méthylarsine  formé  a 
été  isolé  à  l'état  d'iodure  (CH^)*^  As:P. 

»  Introduction  du  groupe  éthyle.  —  La  réaction  de  Meyer  effectuée  avec  de  l'io- 
dure  d'éthyle  se  poursuit  d'une  façon  bien  moins  nette  qu'avec  l'iodure  de  méthyle.  Il 
se  forme  une  assez  forte  quantité  d'éther  provenant  de  la  saponification  de  l'iodure,  et 
il  est  fort  difficile  de  se  débarrasser  del'oxiiodure  d'arsenic  qui  accompagne  le  produit 
de  la  réaction.  Cependant,  après  avoir  enlevé  l'iode  avec  le  nitrate  de  sodium,  on  peut, 
après  évaporation  du  liquide  au  bain-marieet  reprise  par  l'alcool,  isoler  l'acide  éthyl- 
arsinique,  déjà  obtenu  par  La  Coste,  par  oxydation  du  chlorure  d'éthylarsine. 

»  Je  compte  préparer,  avec  cet  acide,  l'acide  mélhyléthylarsinique,  ainsi  que  d'autres 
acides  mixtes  alcoylés.   » 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Séparation  de  l'iode  dans  les  sels  halogènes  alcalins 
d'avec  le  chlore  et  le  brome,  par  sa  transformation  en  acide  iodique,  et  mode 
de  préparation  de  l'iode  pur.  Note  de  MM.  H.  Baubigxy  et  P.  Rivals, 
présentée  par  M.  Troost. 

«  Si  la  méthode  de  précipitation  de  l'iode  à  l'état  de  sel  cuivreux  en  pré- 
sence des  chlorures  et  bromures  est  susceptible  d'exactitude,  comme  nous 
l'avons  montré  (Note  du  9  novembre  igoS),  elle  présente  du  moins  un 
petit  ennui  pour  la  séparation  ultérieure  du  Cl  et  du  Br;  c'est  le  volume 
d'eau  fourni  par  les  lavages  et  qu'il  faut  ensuite  réduire  par  évaporation. 
Nous  avons  donc  cherché  s'il  ne  serait  pas  préférable,  en  profitant  de  l'oxy- 
dabilité  de  l'iode,  de  le  transformer  tout  d'abord  en  acide  iodique,  corps 
stable  et  non  volatil,  puis  de  séparer  successivement  le  brome  et  le  chlore 
par  distillation  après  leur  mise  en  liberté,  opération  à  laquelle  ils  se  prêtent 
tous  deux  aisément.  Cette  méthode  nous  a  donné  d'excellents  résultais; 
elle  est  de  plus  d'une  pratique  simple,  puisque  le  permanganate,  qui, 
d'après  les  indications  de  Péan  de  Saint-Gilles  (i  858)  oxyde  instantanément 
les  iodures  en  iodates,  est  précisément  le  réactif  qui  nous  sert  à  séparer  le 
brome  d'avec  lu  chlore  dans  un  mélange  de  chlorures  et  bromures  addi- 
tionné de  CuSO',  ot  à  en  retirer  ensuite  le  chlore  si  l'on  ajoute  de  l'acide 
sulfurique. 


928  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  On  commence  par  alcaliniser  la  solution  saline  (*)  avec  os,  5  à  1?  de  CO'Na^  H-ioH^O 
et  l'on  ajoute  ensuite  le  MnO^K  petit  à  petit,  en  solution  saturée  et  chaude,  jusqu'à 
ce  que  la  liqueur  reste  colorée  en  rose.  A  ce  moment  on  n'a  plus  que  de  l'acide  iodique 
avec  un  dépôt  de  2MnO-,  H^O.  On  met  alors  les  quantités  d'eau  et  de  MnO'^K  néces- 
saires pour  ramener  à  la  concentration  voulue  (^).  Le  permanganate  dissous,  on  ajoute 
à  froid  le  sel  de  cuivre,  on  ferme,  on  adapte  le  condensateur  garni  d'alcali  et  de  sulfite 
et  l'on  aide  à  la  dissolution  du  CuSO*  en  agitant  doucement  par  le  courant  d'air.  On 
chaufTe  finalement  au  bain-marie  et  l'on  distille  le  brome.  Cette  opération  terminée, 
on  change  le  condensateur  en  ayant  soin  de  rincer  le  tube  abducteur  et  l'on  distille  le 
chlore  en  réchauffant  après  addition  d'acide  SO*H^  étendu  de  son  volume  d'eau  et 
froid.  L'acide  HCI  mis  en  liberté  réagit  sur  l'acide  permanganique  et  le  Gl  se  dégage. 

»  L'iode  resté  en  totalité  comme  acide  iodique  dans  les  eaux  mères  y  est  dosé  sous 
forme  de  Agi,  en  réduisant  après  addition  de  AzO^Ag  par  le  gaz  sulfureux.  On  ter- 
mine en  portant -à  l'ébullition  le  liquide  acidulé  par  l'acide  nitrique.  S'il  n'y  avait 
qu'un  seul  élément.  Cl  ou  Br,  avec  l'iode,  on  pourrait  le  séparer  en  traitant  de  suite  la 
solution  iodique  par  le  mélange  de  MnO^K  et  de  SO*H^Ag.  Nous  donnons  ici  nos 
résultats. 


Valeur  en  sel  d'Ag  de 

C03N'a°-.ioH20 

MnO^K 

Cl 

HS0<.51 

Kl. 

KBr. 

Na  Cl. 

employé. 

total. 

eniplo 

0,0848 

g 

0,2l48 

„ 

0,5 

g 
0,70 

i5 

0,2108 

0,0887 

II 

o,586o 

0,5 

0,65 

12 

0,21 38 

// 

0,5 

1 ,00 

II 

0,4276 
0,0427 

II 
o,2i48 

o,o385 
0,0.385 

1,0 
1,0 

1 ,40 

0,80 

II 
16 

o,2i38 

0,0887 

0,2946 

1,0       ( 

06,3+08-, 

.7) 

16 

Vol. 
liquide. 

Knrée 

do 

distillation. 

Agi 

trouvé. 

AgBr 
trouvi. 

AgCl 

trouvé. 

cm' 

75 

Il      m 
1 .  i5 

I .  i5 

g 
0,0849 

0,2187 

0,2147 

0,0882 

1/ 

g  " 

IIO 

1 .00 

0,2l34 

II 

0,5865 

90 

100 

1 .00 

0,4274 

0,0428 

II 
0,2l5l 

o,o382 
0,0890 

io5 

l''  +  l''20"' 

0,2l4l 

0,0843 

0,2950 

»  Nous  ferons  remarquer  que,  en  liqueur  acide  et  chaude,  une  notable  proportion 
de  bioxyde  de  manganèse  accélère  la  décomposition  de  MnO*H,  comme  l'ont  signalé 
déjà  quelques  auteurs.  Quand  cette  circonstance  se  présente  à  la  suite  de  l'oxydation 
d'une  forte  quantité  d'iode,  il  n'y  a  qu'à  augmenter  la  proportion  de  SO^H-  et  de 
MnO^K  pour  la  séparation  du  chlore. 

»  Si  l'on  ne  voulait  que  doser  l'iode  ou  déterminer  la  somme  des  impu- 
retés Cl  et  Br  qui  existent  dans  un  iodure,  dans  ce  cas  encore,  aussitôt 
après  la  transformation  en  acide  iodique,  on  enlève  ensemble  le  Cl  et  le  Br 
à  l'aide  du  courant  d'air  à  chaud  après  addition  d'acide  sulfurique  et  d'un 
excès  de  MnO'R,  en  ne  les  recueillant  que  si  l'on  veut  les  titrer  comme 
impuretés. 


(1)  Cette  addition  est  indispensable,  sinon  on  constate  toujours  un  léger  déficit  dans 
le  dosage  de  l'iode,  par  sujj^e  peut-être  de  la  mise  en  liberté  d'un  peu  d'iode  au  début 
et  qui  échappe  à  l'oxydation. 

(2)  Comptes  rendus,  t.  CXXV,  1897,  p.   527  et  609. 


SÉANCE    DU    3o    NOVEMBRE    I903.  929 

»  Préparation  de  l'iode  pur.  —  Ce  mode  analytique  nous  a  permis,  en 
le  combinant  à  une  propriété  remarquable  des  iodates,  d'établir  un  pro- 
cédé de  préparation  de  l'iode  pur. 

»  En  liqueur  neutre,  les  iodates,  comme  nous  Favons  constaté,  sont  réduits  à  la 
température  ordinaire  et  plus  rapidement  encore  à  chaud  par  les  sulfites  alcalins.  On 
peut  donc,  après  avoir  chassé  le  chlore  et  le  brome  d'une  solution  d'acide  iodique,  y 
ramener  l'iode  à  l'état  d'iodure.  Il  suffit  de  neutraliser  le  liquide  par  un  alcali,  soude 
ou  potasse,  puis  de  chauffer  à  100°  pendant  quelques  heures  avec  un  excès  de  sulfite 
de  soude  neutre,  qui  décompose  en  même  temps  ce  qui  reste  de  permanganate.  La 
réduction  terminée,  on  traite  par  le  nitrate  de  baryum  qui  précipite  la  totalité  des 
acides  sulfurique  et  sulfureux,  comme  le  prouve  un  essai  fait  avec  une  solution  de 
sulfite  neutre.  Après  avoir  filtré  la  liqueur,  on  la  retraite  par  un  peu  d'acide  sulfurique 
étendu  pour  en  séparer  l'excès  de  baryte,  et  l'on  filtre  une  seconde  fois. 

»  L'iodure  ainsi  obtenu  ne  renferme  que  du  sulfate  alcalin  et  est  exempt  de  chlore, 
si  l'on  a  eu  soin  de  contrôler  la  pureté  des  divers  réactifs  employés. 

»  Or,  si,  au  lieu  de  réduire  la  totalité  de  l'acide  iodique,  on  réserve  le  sixième  de  la 
liqueur,  et  qu'après  y  avoir  détruit  le  MnO^K  par  une  addition  ménagée  d'alcool  ou 
d'éther  pur,  dont  le  surplus  est  chassé  ensuite  par  une  ébuUition  prolongée,  on  mé- 
lange à  froid  et  après  filtration  cette  solution  d'acide  iodique  avec  la  partie  qui  a  été 
réduite,  tout  l'iode  se  sépare  selon  l'observation  de  Gay-Lussac  (i8i4),  pai'  l'action  de 
l'acide  SO^H^  en  présence  : 

IO^H  +  5Hl  =  3H^0  4-3P. 

»  Qu'on  filtre,  lave,  sèche  et  sublime  comme  d'usage,  on  a  de  l'iode  parfaitement 
pur  et  rigoureusement  exempt  de  chlore,  brome  et  iodure  de  cyanogène. 

»  Dans  la  réduction  de  l'iodate  par  le  sulfite,  on  doit  opérer  en  liqueur  neutre;  car, 
même  à  loo",  un  excès  d'alcali  ralentit  la  réduction  et  d'autant  plus  énergiquement 
que  la  liqueur  est  plus  alcaline.  En  outre,  il  est  bon  de  chaufter  dans  une  atmosphère 
limitée,  comme  celle  d'un  ballon  mal  bouché,  parce  qu'en  solution  et  à  l'air  les 
sulfites  s'oxydent  assez  vite. 

»  Les  bromates  se  comportent  identiquement  comme  les  iodates  vis-à-vis 
des  sulfites  alcalins,  tandis  que  les  chlorates  en  solution  neutre  ou  alcaline 
même  à  100°  sont  entièrement  irréductibles.  C'est  une  propriété  que  nous 
avons  utilisée  pour  le  dosage  des  chlorates  en  présence  des  bromates  et 
des  iodates.    » 


93o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


MÉTALLURGIE.  —  Etude  microscopique  de  bronzes  préhistoriques  de  la 
Charente.  Note  de  M.  G.  Chesneau,  présentée  par  M.  Adolphe  Carnot. 

«  J'ai  montré  précédenmment  (*)  que  la  détermination  précise  des  élé- 
ments contenus  à  l'état  de  traces  dans  les  bronzes  anciens  peut  fournir  des 
données  sur  la  similitude  ou  la  différence  d'origine  des  métaux  qui  les 
composent.  Il  m'a  paru  intéressant  de  compléter  ces  résultats  par  l'étude 
microscopique  de  ces  alliages,  qui,  en  permettant  de  reconstituer  jusqu'à 
un  certain  point  les  procédés  de  fabrication  employés,  peut  être  non  moins 
féconde  que  l'analyse  chimique  en  indications  sur  la  provenance  ou 
l'époque  relative  des  bronzes  anciens. 

»  Mon  examen  a  porté  sur  la  hache  à  douille  de  la  cachette  de  Venat, 
dont  j'ai  déjà  donné  l'analyse,  et  sur  une  grande  hache  à  talon,  que  je  dois 
également  à  l'extrême  obligeance  de  M.  Chauvet  et  qui  provient  de  la  ca- 
chette de  Biarge  (commune  de  Chassiecq,  arrondissement  de  Confolens) 
découverte  en  1896  (-).  On  admet  que  dans  la  période  de  l'âge  de  bronze 
les  haches  à  douille  sont  les  plus  récentes,  et  les  haches  à  talon  les  plus 
anciennes  :  c'est  donc  sur  deux  types  d'époques  aussi  distantes  que  pos- 
sible qu'ont  porté  les  études  résumées  ci-après  montrant  que  leur  mode  de 
fabrication  a  été  tout  à  fait  différent. 

»  On  sait  depuis  les  travaux  de  M.  H.  Le  Chatelier  et  de  M.  G.  Charpy 
(Bull,  de  la  Société  d'Encouragement,  1896  à  1898)  que  les  bronzes  nor- 
maux contenant  de  8  à  20  pour  100  d'étain,  polis  à  l'alumine  et  léo^ère- 
ment  attaqués  (au  chlorure  d'ammonium,  par  exemple),  présentent  un 
réseau  de  cristallites  de  cuivre,  ou  d'alliage  riche  en  cuivre,  souvent  vi- 
sibles à  la  loupe,  se  détachant  en  brun  foncé  sur  un  fond  clair  constitué 
par  l'eutectique,  plus  riche  en  étain  que  les  cristallites.  L'eutectique  est 
formé  lui-même  de  grains  accolés,  de  grosseur  variable,  atteignant  parfois 
plusieurs  millimètres,   dont   la  structure  cristalline  est  révélée  par  une 


(^)  G.  Chksnea.u,  Sur  la  composition  de  bronzes  préhistoriques  de  la  Charente 
{Comptes  rendus,  27  octobre  1908,  p.  653). 

(-)  Pour  100  parties,  elle  contient,  d'après  l'analyse  que  j'en  ai  faite  :  cuivre,  84,87  ; 
étain,  18,57;  p'o"ib,  0,42;  fer,  o,o5;  nickel,  o,46;  soufre,  0,27;  arsenic,  0,28; 
phosphore,  o,oo5. 


SÉANCE    DU    3o    NOVEMBRE    190^.  981 

attaque  énergique  (acide  azotique,  ammoniaque  concentrée)  qui  fait  appa- 
raître des  stries  parallèles  dans  chaque  grain  donnant  l'aspect  connu  du 
moiré  métallique. 

»  Hache  de  Vénal.  —  Les  coupes  faites  dans  cette  hache  (à  10,74 
pour  100  d'étain)  ont  toutes  donné  une  structure  très  différente  des 
bronzes  normaux.  Simplement  polies,  elles  présentent  de  nombreuses 
soufflures  bleu  noirâtre,  abondantes  surtout  au  centre  du  lingot,  et  de 
petites  'inclusions  d'un  alliage  bleu  pâle,  dues  sans  doute  les  unes  et  les 
autres  au  plomb  liquaté  dans  l'eutectique.  Par  attaque  au  chlorure  d'am- 
monium, la  surface  se  teinte  irrégulièrement  en  brun  sans  apparence  de 
cristallites,  comme  le  montre  la  figure  i  ci-dessous  (obtenue  avec  le 
microscope  Le  Chatelier,  grossissement  90  diamètres),  où  plusieurs  souf- 
flures se  détachent  en  noir.  Par  attaque  à  l'acide  azotique  la  surface  prend 
un  aspect  cristallin  confus,  sans  moiré  métallique. 


FiK.  1. 


Fig.  2. 


Hache  de  Venat. 


Hache  de  Biaree. 


»  La  surface  de  la  hache  montrant  des  traces  très  nettes  de  martelage, 
j'ai  pensé  que  l'aspect  spécial  de  ces  coupes  tenait  à  un  recuit  prolongé  ou 
fréquemment  répété  destinée  permettre  ce  martelage.  Des  éprouveltes  de 
bronze  de  même  composition,  soumises  à  des  recuits  de  plus  en  plus  longs, 
à  725°,  m'ont  montré  en  effet  que  les  cristallites  s'empâtent  fortement 
après  un  recuit  de  i5  minutes,  puis  envahissent  peu  à  peu  l'eutectique  et 
ne  sont  plus  discernables  au  bout  de  i  heure  :  l'aspect  est  alors  identique 
à  la  hache  de  Venat,  y  compris  les  soufflures  au  centre  du  lingot  ayant 
pour  origine  les  inclusions  plombeuses.  Ce  résultat  est  dû  au  dédou- 
blement progressif  de  l'eutectique  en  deux  alliages,  l'un  riche  en  cuivre, 


gSa  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'autre  en  étain,  comme  l'ont  établi  les  études  récentes  sur  les  bronzes 
de  MM.  Heycock  et  Neville.  Le  métal  même  de  la  hache  refondu  m'a 
donné  d'ailleurs  un  bronze  normal  à  cristallites,  qui,  recuit  pendant  i  heure, 
a  reproduit  exactement  l'aspect  de  la  hache  primitive. 

»  Il  est  donc  hors  de  doute  que  la  hache  de  Venat  a  été  soumise  à  un 
recuit  très  prolongé  à  haute  température,  combiné  avec  le  martelage  (*). 
Ce  traitement  avait  pour  but  de  durcir  le  métal  :  en  effet,  sa  dureté  appré- 
ciée par  la  méthode  Brinell  (enfoncement  par  pression  de  looo*^^  d'une 
petite  bille  en  acier  de  10™°*  dans  le  métal)  a  été  trouvée  nettement  supé- 
rieure à  celle  du  même  bronze  refondu  sans  recuit  (dans  le  rapport  de 
1,3  à  i). 

»  Hache  de  fiiarge.  —  Toutes  les  coupes  ont  donné  l'aspect  d'un  bronze 
normal  à  cristallites  très  marquées,  comme  le  montre  la  figure  2  ci-dessus, 
les  cristallites  restant  rectilignes  jusqu'au  tranchant.  L'attaque  à  l'acide 
azotique  a  nettement  donné  un  moiré  métallique  à  petits  grains.  L'arme, 
dont  le  tranchant  ébréché  dénote  un  long  service,  n'a  donc  subi  ni  recuit, 
ni  martelage  :  malgré  cela  sa  dureté  atteint  celle  de  la  hache  de  Venat  par 
suite  probablement  de  sa  plus  forte  teneur  en  étain. 

»  Il  semble  donc  ressortir  de  l'étude  microscopique  de  ces  deux  bronzes 
d'époques  très  différentes  que,  tout  au  moins  dans  la  région  de  la  Charente, 
les  haches  venues  de  fonte  étaient  utilisées  telles  quelles  au  début  de 
l'âge  de  bronze,  tandis  que  plus  tard,  les  procédés  de  fabrication  s'étant 
perfectionnés,  les  métallurgistes  soumettaient  les  pièces  après  démoulage 
à  de  forts  recuits  combinés  avec  le  raiartelage,  en  vue  sans  doute  d'ac- 
croître la  dureté  du  métal.  » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  la ponLe  du  Bombyx  Mori.  Note  de  M.  Jules  Gal. 

«  Fécondées  ou  non,  les  femelles  de  Bombyx  Mori  procèdent  à  la  ponte  ; 
leurs  œufs  sont  bons  quand  elles  ont  été  fécondées,  Us  ne  se  développent 
pas  dans  le  cas  contraire.  Si,  au  lieu  de  laisser  se  produire  l'accouplement 
complet,  on  en  limite  plus  ou  moins  la  durée,  on  voit  diminuer  régulière- 
ment de  100  à  o  le  pourcentage  des  graines  fécondes  obtenues.  Ces  faits 


(^)  Ce  recuit  a  dû  être  beaucoup  plus  énergique  que  dans  l'épée  de  bronze  étudiée 
par  M.  Osmond  {Comptes  rendus,  29  décembre  1902,  p.  1842),  où  le  réseau  cristalli- 
tique  primitif  était  encore  nettement  visible. 


SÉANCE    DU    3o    .\OVEMBRE     igoS.  gSS 

sont  connus  depuis  longtemps,  mais  on  sait  moins  bien  comment,  dans  ces 
divers  cas,  varie  le  processus  de  la  ponte. 

«  D'après  Cornalia(^M//.  stat.  séricicole  de  Montpellier,  1875),  «  lorsque 
))  l'accouplement  a  eu  son  plein  effet,  la  ponte  s'accélère  et  se  fait  com- 
))  munément  le  premier  ou  le  deuxième  jour  w  ;  après  un  accouplement 
de  i5  minutes,  insuffisant  pour  une  fécondation  complète,  «  le  papillonne 
))  pond  pas  dans  les  premiers  jours  ;  le  nombre  des  œufs  augmente  du 
))  deuxième  au  cinquième  jour,  celui-ci  étant  le  jour  où  la  ponte  se  ter- 
»  mme  «.  Cornalia  ne  rapportant  que  des  observations  relatives  à  des 
accouplements  de  i5  minutes,  3o  minutes  et  i  heure,  j'ai  voulu  compléter 
ses  résultats  en  étudiant  l'effet  d'accouplements  de  plus  faible  durée  et 
surtout  en  étudiant  la  ponte  des  femelles  vier<^es. 

»  I.  Femelles  fécondées.  —  Neuf  femelles  ont  été  accouplées  pendant  2  heures  au 
moins,  assez  longtemps  pour  que  leurs  graines  fussent  toutes  fécondées.  J'ai  compté, 
jour  par  jour,  les  nombres  des  graines  émises.  Ces  nombres  étant  portés  en  ordonnées 
et  les  jours  en  abscisses,  on  obtient  des  courbes,  une  pour  chaque  ponte,  qui  ont  toutes 
la  même  allure.  En  établissant  la  moyenne  de  ces  courbes  on  trouve  que  les  nombres 
moyens  de  graines  émises  ont  été  pour  les  périodes  de  24  heures  successives  : 

392,     98,     29,     24,     8,     I,     o, 

ce  qui  donne  une  courbe  commençant  très  haut  et  descendant  très  vite,  tout  à  fait  con- 
forme aux  conclusions  de  Cornalia. 

»  IL  Femelles  insuffisamment  accouplées.  —  D'autres  femelles  ont  été  accouplées 
pendant  des  temps  variant  de  3o  secondes  à  45  minutes  et  plus.  On  sait  depuis  long- 
temps qu'un  accouplement  minimum  de  45  minutes  est  nécessaire  pour  que  les 
graines  soient  toutes  bonnes;  or,  il  faut  précisément  le  même  temps  pour  que  la 
courbe  des  vitesses  de  ponte  prenne  la  forme  descendante  de  la  première  série.  Pour 
un  accouplement  de  durée  moindre,  les  résultats  sont  différents.  Voici  comme  exemple 
la  ponte  d'une  femelle  accouplée  10  minutes  : 

90,     i4o,     182,      179,     62,     o. 

V)  La  courbe  s'élève  conformément  aux  indications  de  Cornalia;  mais,  après  avoir 
passé  par  un  maximum,  le  troisième  jour,  elle  redescend  ensuite. 

»  IIL  Femelles  vierges.  —  Enfin,  j'ai  étudié  comme  les  précédentes  22  femelles 
vierges,  toutes  sorties  de  cocons  isolés,  et  logées  séparément  dans  des  boîtes  closes.  Les 
courbes  construites  pour  chaque  femelle  ont  même  allure,  ce  qui  autorise  à  en  prendre 
la  moyenne;  on  obtient  ainsi  les  nombres  moyens  des  graines  comptées  jour  par  jour 
depuis  le  commencement  de  la  ponte  jusqu'à  la  fin  : 


n,     45,     57,     97,     91,     ij5,     42,     42,     46,     2o> 

abres  correspondent  à  une  courbe  qui  croît  d'à 
our,  et  décroît  ensuite. 

C.  R.,  1903,  2»  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  23.)  122 


»  Ces  nombres  correspondent  à  une  courbe  qui  croît  d'abord,  passe  par  un  maxi 
mum,  le  6«  jour,  et  décroît  ensuite. 


9^4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  C'est  là  un  résultat  nouveau.  Il  est  intéressant  de  tracer  sur  une  même  feuille 
la  courbe  de  la  3^  série  (femelles  vierges),  celle  de  la  i""*  série  (femelles  fécondées) 
et  les  diverses  courbes  qui  correspondent  à  des  accouplements  plus  ou  moins  limités. 
Celles-ci,  intermédiaires  entre  les  deux  courbes  extrêmes,  se  déforment  régulière- 
ment et  passent  de  l'une  à  l'autre  par  une  avance  du  maximum  de  la  vitesse  de  ponte, 
correspondant  à  une  plus  grande  durée  de  l'acte  qui  assure  la  fécondité. 

))  En  somme^  tout  concourt  à  faciliter  pour  le  mieux  la  conservation  de 
l'espèce.  Les  graines  fécondées  sont  émises  très  vite,  mais  les  graines  non 
fécondées  sont  retenues  plus  longtemps  dans  l'attente  d'un  accouplement 
possible  qui  les  rendrait  bonnes.  On  a  vu  que  l'accouplement,  pour  pro- 
duire tout  son  effet,  doit  durer  un  certain  temps,  45  minutes  environ  ;  or 
c'est  là  précisément  le  temps  nécessaire  pour  que  la  femelle  cesse  de  rete- 
nir ses  graines  et  les  ponde  sans  retard. 

»  Les  observations  suivantes  viennent  à  l'appui  de  celles  qui  précèdent. 
La  femelle  fécondée  pond  ses  œufs  très  vite.  Son  rôle  étant  achevé,  elle 
n'a  plus  qu'à  disparaître,  de  sorte  que  son  existence  est  plus  courte  que 
celle  de  la  femelle  non  fécondée,  qui  semble  vivre  dans  l'attente  d'un 
accouplement.  Dans  mes  expériences,  la  durée  moyenne  de  la  vie,  après 
la  sortie  du  cocon,  a  été  : 

Jours. 

i''"^  série  (accouplement  prolongé) 9,3 

2^      »      (accouplement  réduit) ,..      io,i 

3*^      »      (femelles  vierges) i  i ,  3 


ZOOLOGIE.  —  Sur  la  ponte,  la  fécondité  et  la  sexualité 
chez  des  poules  carnivores.  Note  de  M.   Frédéric  Houssay. 

«  Pour  toutes  les  poules  qui  vont  être  comparées  entre  elles,  il  sera 
question  de  la  ponte  pendant  leur  première  année  seulement.  Le  Tableau 
suivant  résume  les  résultats  moyens  pour  un  animal  en  observation  ; 

Nombre  Poids  moyen 

Générations.  des   œufs.  Poids.  de  l'œuf. 

kg  g 

Granivore 97  5 ,  36o  55 

i^'^  Carnivore i48  8,674  58 

2^           »          • —  167  10,270  f6ï 

3"          »         145  8,426  58 

»  Donc  l'accroissement  qui  se  manifeste  par  le  changement  de  régime  tant  pour  le 
nombre  que  pour  le  poids  des  œufs  ne  se  poursuit  pas  indéfiniment.  Je  pense  même 


SÉANCE    DU    3o   NOVEMBRE    IQoS.  gSS 

que,  si  l'expérience  peut  continuer,  on  verra  progresser  la  baisse  qui  s'annonce.  Pour 
toucher  en  passant  aux  applications  pratiques,  on  augmenterait  le  rendement  des  poules 
en  ajoutant  à  leur  alimentation  une  forte  proportion  de  déchets  de  viande  fraîche, 
puisque  j'ai  pu  les  nourrir  exclusivement  ainsi;  mais  il  y  aurait  intérêt  à  prendre 
chaque  année  de  nouveaux  sujets  et  à  ne  pas  mettre  en  incubation  les  œufs  des  ani- 
maux ainsi  suralimentés. 

»  Voici  les  résultats  des  incubations  que,  pour  obtenir  une  quatrième  génération,  j'ai 
préparées  l'été  dernier  dans  des  conditions  normales,  c'est-à-dire  avec  des  poules  cou- 
veuses. 

Début  de  Nombre 

l'incubation.  des  œufs.     Développements.  Éclosions. 

4  niai 12  4  Abandonnés. 

23     »    i3  4  3 

2  juin 12  3  3 

1 7       »      12  2  I 

i*""  juillet i6  I  o 

21  »      i5  o  o 

8o  i4  7 

»  Le  rapport  des  insuccès  aux  succès  est  à  peu  près  l'inverse  de  ce  qu'il  est  habi- 
tuellement. De  plus,  sur  les  7  poussins,  il  y  avait  6  mâles  et  i  seule  femelle. 
2  mâles  moururent  tout  jeunes,  à  7  jours  et  n  jours;  les  5  survivants  provenaient 
tous  de  la  même  poule  qui,  fait  notable,  excrétait  avec  son  coq  beaucoup  plus  d'urée 
que  les  autres.  Une  élimination  plus  copieuse  assurait  à  son  organisme  une  moindre 
intoxication  et  retardait  l'infécondité.  Inutile  d'ajouter  que  la  fécondation  physio- 
logique avait  lieu  et  que. les  coqs  étaient  morphologiquement  féconds,  ainsi  que  les 
poules,  puisqu'elles  pondaient  beaucoup. 

»  Ces  expériences  suggèrent  d'importantes  conclusions  et,  sans  vouloir 
les  généraliser  plus  qu'il  ne  convient,  faisons  cependant  remarquer  ; 
1°  l'hérédité  des  intoxications  alimentaires  et  l'incontestable  action  sur  le 
germe  des  modifications  acquises  par  l'organisme  en  raison  du  régime, 
l'influence  du  soma  sur  le  germen,  1^  la  liaison  de  Tauto-intoxication  chez 
les  procréateurs  avec  l'infécondité  totale,  les  arrêts  de  développement  et 
la  mort  précoce  des  produits,  3**  l'accentuation  des  résultats  de  semaine 
en  semaine,  c'est-à-dire  à  mesure  que  l'intoxication  fait  son  œuvre  sur  les 
organismes  procréateurs  adultes,  4^*  enfin,  l'excessive  proportion  des  mâles. 

))  Parmi  les  faits  quelque  peu  nets  relatifs  au  déterminisme  du  sexe 
mâle,  on  relève  les  conditions  précaires  de  l'alimentation  et  l'on  entend 
ainsi  l'inanition  plus  ou  moins  marquée;  il  faut  y  ajouter  l'intoxication. 
Ces  deux  facteurs,  qui  influent  de  la  même  façon  sur  les  courbes  de  crois- 
sance, jouent  aussi  le  même  rôle  dans  le  déterminisme  de  la  sexualité. 


936  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Il  est  à  remarquer,  de  plus,  que  les  4  coqs  de  ma  quatrième  géné- 
ration Carnivore  vivent  depuis  5  mois  avec  i  seule  poule  en  parfaite 
intelligence  et  dans  un  calme  absolu.  Dans  les  conditions  ordinaires,  ils  se 
seraient,  depuis  plus  de  3  mois,  livré  des  combats  mortels  et  il  n'y 
aurait  qu^un  survivant.  Le  dimorphisme  sexuel  organique  que  j'ai  signalé 
dans  les  poules  granivores  et  dans  les  deux  premières  générations  carni- 
vores est  presque  supprimé  à  la  troisième,  et  l'incombativité  sexuelle  qui 
se  révèle  à  la  quatrième  accentue  la  réduction.  Ce  fait  apporte  une  infor- 
mation supplémentaire  pour  l'important  problème  du  passage  de  la  poly- 
gamie à  la  polyandrie,  passage  dont  les  divers  degrés  sont  la  monogamie 
avec  égalité  numérique  des  mâles  et  des  femelles,  l'hermaphroditisme  qui  est 
la  suppression  du  dimorphisme  sexuel,  le  pigméisme  des  mâles  plus  nom- 
breux que  les  femelles  avec  renversement  du  dimorphisme  sexuel  :  les 
deux  dernières  conditions  survenant  chez  les  animaux  fixés  et  chez  les 
parasites. 

M  II  se  peut  que  l'intoxication  générale  des  germes  dans  ces  êtres  immo- 
biles et  surnourris  soit  un  important  facteur  de  la  pluralité  des  mâles  et 
de  l'arrêt  ordinaire  de  leur  développement.  Dans  ces  complexes  événe- 
ments, il  est,  au  reste,  probable  qu'il  n'y  a  pas  une  seule  cause  en  jeu.   » 

ZOOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  Sur  l' exophtalmie  infectieuse  de  certains  poissons 
d'eau  douce.  Note  de  M.  J.  Audigé,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Une  infection  microbienne,  d'une  nature  particulière,  et  qui  n'a  pas 
encore  été  décrite,  du  moins  à  ma  connaissance,  s'est  déclarée  pendant  le 
courant  du  mois  d'août,  à  la  Station  de  pisciculture  de  l'Université  de  Tou- 
louse. Elle  se  caractérise  essentiellement,  en  tant  que  caractères  exté- 
rieurs, par  une  exophtalmie  parvenant  à  des  proportions  considérables. 

))  Les  animaux  atteints  par  la  maladie  offrent  un  aspect  curieux.  L'un 
des  yeux,  car  il  n'a  été  constaté  que  des  cas  d'exophtalmie  unilatérale 
frappant  aussi  bien  le  côté  droit  que  le  côté  gauche,  atteint  des  dimensions 
de  quatre  à  six  fois  supérieures  à  la  normale.  Dans  ces  conditions,  l'orbite 
devient  insuffisant  pour  contenir  l'organe  de  la  vision.  Celui-ci  fait  forte- 
ment saillie  à  l'extérieur,  donnant  à  la  tète  du  poisson  une  allure  asymé- 
trique des  plus  nettes.  Les  sujets  se  tiennent  à  demi  couchés  sur  le  flanc, 
l'œil  exophtalmie  tourné  vers  le  haut.  Ils  semblent  rechercher  les  lieux 
obscurs;  ils  restent  immobiles,  ne  prennent  plus  de  nourriture.  La  colora- 
tion des  téguments  devient  plus  foncée. 


SÉANCE    DU    3o    NOVEMBRE     igo3.  987 

M  L'affection  s'est  développée  de  préférence  chez  les  saumons  de  Cali- 
fornie ÇOncorhynchus  Quinnat  Gunth),  mais  a  frappé  aussi  quelques  autres 
espèces  (giclas  or/us  Cuv.  et  Yal,  Squalius  cephalus  1^.).  L'âge  des  poissons 
semble  peu  influer  sur  la  propagation  de  la  maladie.  Les  pltis  jeunes,  ainsi 
que  les  plus  gros,  subissent  ses  atteintes. 

»  La  contagiosité  de  TafFection  paraît  évidente.  L'agent  pathogène 
semble  pouvoir  être  véhiculé  par  divers  milieux  extérieurs.  Des  animaux 
sains  ont  été  contaminés  pour  avoir  été  {)lacéi  dans  des  bacs  ayant  contenu 
antérieurement  des  animaux  malades  ;  de  la  viande,  réduite  en  purée  au 
moyen  d'un  appareil  souillé  par  de  l'eau  suspecte,  a  disséminé  la  maladie 
dans  des  bassins  jusque-là  indemnçs, 

»  Des  sections,  pratiquées  dans  des  yeux  prélevés  sur  des  animaux  malades,  mon- 
trent que  l'humeur  vitrée  a  considérablement  augmenté  de  volume.  Elle  distend  les 
enveloppes  de  l'œil,  et  c'est  à  son  accroissement  qu'il  faut  attribuer  la  forte  saillie 
exorbitaire.  La  chambre  antérieure  de  l'œil  renferme  le  plus  souvent  un  liquide  san- 
guinolent ;   elle  subit  de  ce  fait  une  légère  amplification. 

»  L'examen  microscopique,  pratiqué  suivant  les  méthodes  habituelles  de  la  bacté- 
riologie, permet  de  constater,  dans  l'humeur  vitrée,  la  présence  de  microorganismes 
affectant  la  forme,  soit  de  bâtonnets,  soit  de  grains  arrondis.  Tous  ont  une  teinte 
brune  accentuée.  Les  bâtonnets  mesurent  2!^-,  5  à  \^  de  long,  sur  oH-,  3o  à  oi^,  35  de 
large.  Ils  prennent  peu  facilement  les  couleurs  nucléaires  et  se  décolorent  par  la 
méthode  de  Gram.  Les  éléments  ronds  mesurent  de  o!^,8o  à  0(^,90  de  diamètre. 
Ils  prennent  plus  fortement  que  les  précédents  les  couleurs  nucléaires.  Ces  éléments 
ne  se  retrouvent  pas  dans  l'humeur  vitrée  d'yeux  sains. 

»  L'évolution  de  la  maladie  est  généralement  assez  rapide.  Le  plus 
souvent  les  poissons  succombent  dans  l'espace  de  8  à  10  jours.  Cependant, 
un  petit  nombre  échappe  à  la  mort.  On  peut  constater  que,  chez  ces 
derniers,  au  bout  d'une  dizaine  de  jours,  l'œil  atteint  devient  opaque, 
la  cornée  et  le  cristallin  prennent  une  teinte  laiteuse. 

»  Il  est  à  remarquer  que,  si  l'on  maintient  dans  l'obscurité  des  sujets 
atteints  d'exophtalmie,  ceux-ci  ne  meurent  pas,  mais  l'œil  atteint  devient 
opaque,  comme  chez  ceux  dont  la  guérison  est  spontanée. 

»  La  maladie  est  parvenue  à  son  maximum  pendant  les  mois  les  plus 
chauds;  depuis  le  début  de  l'automne,  ses  progrès  vont  en  diminuant. 
Actuellement,  le  nombre  des  individus  attaqués  est  fort  restreint.  Sans 
doute,  la  contagiosité  de  celte  affection  est-elle  facilitée  par  la  chaleur  et 
enrayée  par  le  froid. 

»  Je  n'ai  point  constaté  de  lésions  autres  que  celles  des  yeux  et  ne  puis 


938  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

expliquer  encore  la  cause  réelle  du  dépérissement  des  sujets  atteints.  Des 
recherches  complémentaires  expérimentales  seront  poursuivies  ultérieu- 
rement. » 


BOTANIQUE.    —   Contribution  à  f étude  cytologique  des  Ascomycètes. 
Note  de  M.  Guilliermond,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Nous  avons  continué  nos  recherches  sur  l'épiplasme  des  Ascomycètes 
sur  un  grand  nombre  d'espèces  et  les  résultats  obtenus  confirment  ceux 
que  nous  avions  signalés  dans  de  précédentes  Notes. 

»  Les  corpuscules  métachromaliques  sont  très  répandus  dans  l'épiplasme  et  se  com- 
portent décidément  comme  des  matières  de  réserve.  Ils  naissent  souvent  au  voisinage 
du  noyau  dans  les  cellules  mères  des  asques  et  il  ne  serait  pas  impossible  que  ce 
dernier  ait  un  rôle  indirect  dans  leur  sécrétion,  mais  rien  ne  permet  de  l'affirmer, 
car  le  noyau,  qui  ne  subit  aucune  variation  de  structure  pendant  tout  le  déve- 
loppement, ne  donne  pas  d'indication  de  son  intervention  dans  ce  phénomène. 
Quelques  espèces  ne  renferment  pas  de  corpuscules  métachromatiques,  mais,  par 
contre,  elles  donnent  lieu  à  d'abondantes  productions  de  globules  d'huile  de  réserve 
{Leotia  lubrica,  Oticlea  onotica,  Seboria  equinoplidus).  Ce  sont  surtout  les  espèces 
dépourvues  de  corpuscules  métachromatiques  qui  sont  les  plus  riches  en  huile;  néan- 
moins, les  deux  productions  peuvent  coexister  abondamment  :  c'est  le  cas  des  Helvelles 
{H.  sulcata,  H.  elastica),  dans  lesquels  on  observe  à  la  fois,  outre  le  glycogène,  une 
grande  quantité  de  corpuscules  métachromatiques  et  de  globules  d'huile.  Ces  dernières 
naissent  dans  les  mêmes  conditions  que  les  corpuscules  métachromatiques  et  souvent 
au  voisinage  du  noyau.  Le  glycogène  se  rencontre  dans  la  plupart  des  espèces,  mais  il 
n'est  pas  non  plus  constant.  En  dehors  de  ces  différents  produits,  on  remarque  dans 
Peziza  vesiculosa,  dans  P.  venosa  et  dans  les  Aleuriées,  à  la  partie  supérieure  de 
chaque  asque,  un  anneau  d'amyloïde  qui  est  considéré  ordinairement  comme  une 
réserve.  Nos  observations  établissent,  à  l'encontre  de  cette  opinion,  que  cet  anneau 
résulte  d'une  transformation  de  la  membrane,  nécessaire  à  l'ouverture  de  l'opercule, 
car,  c'est  suivant  la  ligne  médiane  de  cet  anneau  que  s'effectue  la  déhiscence,  et 
il  persiste  après  l'élimination  des  spores. 

»  Cette  étude  nous  a  donné  l'occasion  d'étudier  la  formation  des  cellules 
mères  des  asques. 

»  Elle  s'accomplit  dans  toutes  les  espèces  observées  (Aleuriées,  Helvellinées,  Asco- 
bolus  marginatus,  Ot.  onotica)  suivant  le  mode  décrit  par  M.  Dangeard  dans  P.  vesi- 
culosa, sauf  dans  une  Pezize  ressemblant  extérieurement  à  V Al.  cerea,  dont  nous 
n'avions  malheureusement  que  des  échantillons  trop  jeunes  pour  permettre  sa  déter- 
mination, où  les  cellules  mères  naissent  d'un  filainent  à  quatre  noyaux  accolés  par 


SÉANCE    DU   3o   NOVEMBRE    J9o3.  989 

paires  :  une  cloison  sépare  bientôt  ce  filament  en  deux  cellules  binucléées  dont  la  supé- 
rieure fusionne  ses  noyaux  et  devient  la  cellule  mère  d'un  asque.  Ce  procédé  est 
analogue  à  celui  que  vient  de  signaler  M.  Maire  dans  Galactinia  succosa  et  rappelle 
le  développement  des  basides. 

»  Nous  avons,  en  outre,  suivi  les  divisions  nucléaires  qui  s'accom- 
plissent dans  les  cellules  mères  avant  la  formation  des  spores,  dans 
Al.  cerea,  Ot.  onotica,  P.  Cortinus  el  P.  rutUans. 

»  Dans  les  trois  premières  espèces,  elle  s'effectue  par  une  karyokinèse  analogue  à 
celles  déci'ites  par  Harper.  La  membrane  persiste  jusqu'à  la  fin  de  l'anaphase.  Il  se 
forme,  à  la  prophase,  un  fuseau  achromatique  traversant  le  noyau;  il  renferme  les 
chromosomes  à  son  équateur  et  est  relié  à  chaque  pôle  à  un  centrosome  entouré  d'un 
aster  plus  ou  moins  difficile  à  difl^érencier.  Les  centrosomes  semblent  avoir  une  origine 
intranucléaire.  Au  début  de  l'anaphase,  les  chromosomes  se  disposent  aux  deux  pôles 
du  fuseau  et  l'on  peut,  à  ce  moment,  essayer  de  compter  leur  nombre  qui,  dans 
Al.  cerea,  paraît  être  de  8  et  qui,  en  tout  cas,  est  très  voisin  de  ce  nombre.  Dans 
P.  Cortinus,  il  est  supéi'ieur  à  8  et  plus  rapproché  de  12.  Ensuite,  les  chi-omosom^es 
se  soudent  en  une  masse  unique  à  chaque  pôle,  puis  le  faisceau  s'allonge  en  même 
temps  que  la  membrane  se  résorbe.  Le  nucléole  subsiste  pendant  tout  le  phénomène. 
Dans  AL  eerea,  la  première  division  se  fait  suivant  l'axe  longitudinal  de  la  cellule;  dans 
les  deux  autres,  elle  se  produit  obliquement  par  rapport  à  cet  axe.  Les  divisions  sui- 
vantes s'accomplissent  dans  des  directions  variables.  Les  spores  se  délimitent,  comme 
l'a  indiqué  Harper,  par  recourbement  des  asters  autour  du  noyau. 

»  Dans  Peziza  rutilans,  on  observe  une  karyokinèse  assez  différente  des  précédentes 
et  qui  offre  des  figures  beaucoup  plus  volumineuses.  Cette  espèce  renferme  un  gros 
noyau  rempli  de  chromatine.  Dans  le  début  de  la  prophase,  certaines  figures  pour»- 
raient  faire  penser  à  l'existence  de  protochromosomes.  Le  fuseau  achromatique  se 
forme  aux  dépens  diu  noyau  :  il  laisse  distinguer  assez  nettement  sa  striation.  Dès  la 
fin  de  la  prophase,  la  membrane  disparaît.  Les  chromosomes  sont  i^angés  au  milieu  du 
fuseau;  ils  sont  très  gros.  A  Tanaphase,  ils  se  disposent  aux  deux  pôles  et  leur  nombre 
parait  être  de  12;  ensuite,  ils  se  rapprochent  les  uns  des  autres  et  se  recourbent  en  U, 
donnant  des  figures  assez  nettes  du  stade  diastroïde;  en  même  temps,  le  fuseau  s'al- 
longe beaucoup.  On  voit  alors  apparaître,  autour  des  deux  masses  chromatiques,  une 
membrane  <\m  déliiiaite  les  deux  nouveaux  noyaux.  Le  nucléole  persiste  pendant  tout 
le  phénomène.  Nous  n'avons  pu  mettre  en  évidence  ni  centrosomes,  ni  asters,  w 


GÉOLOGIE.    —   Sur  la  synthèse  géologique  des  Alpes  orientales. 
Note  de  M.  Pierre  Termier,  présentée  par  M.  Marcel  Bertrand. 

«  Aucune  synthèse  satisfaisante  n'a  encore  été  proposée  pour  la  struc- 
ture géologique  des  Alpes  orientales.  Les  travaux  de  détail  sont  très  nom- 


gl\0  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

breux,  et  quelques-uns  très  parfaits  (')  ;  mais,  malgré  de  récents  essais  de 
coordination  (MM.  Diener,  Frech,  Rothpletz),  les  relations  mutuelles  de 
la  zone  calcaire  septentrionale  et  de  la  zone  cristalline  centrale  sont  restées 
inexpliquées.  Dans  le  dernier  Livre  de  M.  Diener  (-),  où  l'état  actuel  de 
nos  connaissances  est  si  clairement  présenté,  il  est  visible  que  la  structure 
de  la  zone  centrale  demeure  imprécise,  sinon  chaotique.  Dans  ce  dédale 
de  massifs  et  de  vallées,  le  fil  conducteur  manque. 

»  J'ai  résumé  dans  deux  Notes  précédentes  les  observations  (')  qui 
m'ont  convaincu  de  la  complexité  de  la  Schieferhûlle  des  Hohe  Tauern 
(complexité  soupçonnée,  il  y  a  treize  ans,  par  M.  E.  Suess)  ;  et  j'ai  dit  que 
cette  Schieferhûlle  n'est  qu'un  paquet  ^'écailles,  ou  de  nappes,  dans  les  dé- 
chirures duquel  apparaissent  les  massifs  granito-gneissiques  d'âge  permo- 
houiller.  Si  l'on  admet  cette  première  conclusion,  qui  me  paraît  nécessaire 
et  évidente,  la  lumière  se  fait  partout,  la  Zentralzone  sort  du  chaos,  la  liai- 
son des  Alpes  orientales  et  des  Alpes  suisses  devient  claire.  C'est  comme 
si,  sur  la  chaîne  entière  des  Alpes,  le  brouillard  se  dissipait  tout  à  coup. 

»  Ce  que  j'ai  dit  des  Tauern  occidentales  est  vrai  aussi  des  Tauern  orientales,  jus- 
qu'au Hochalmmassiv  inclusivement.  Sur  une  longueur  totale  de  iSo""",  une  écaille 
profonde,  formée  de  gneiss  et  de  granités  permo-houillers,  apparaît,  dans  cinq  massifs 
isolés,  à  travers  c\n([  fenêtres  de  la  Schieferhûlle. 

»  Les  nappes  de  la  Schieferhûlle  s'enfoncent:  à  l'est,  sous  les  vieux  gneiss  de  la 
Bundschuhmasse  ;  au  nord-est,  au  nord  et  au  nord-ouest,  sous  une  série  d'écailles  où 
apparaissent,  avec  du  Trias  et  du  Lias,  du  Verrucano,  et  même  du  Houiller  peu  méta- 
morphique (Brenner);  à  l'ouest,  enfin,  sous  les  vieux  gneiss  de  l'OEtzlal.  Ces  nappes 
de  la  Schieferhûlle  s'enracinent  immédiatement  au  sud  des  Hohe  Tauern. 

»  Les  nappes  qui  sont  posées  sur  la  Schieferhûlle  comprennent  les  écailles  des 
Radstâdter  Tauern  et  des  Tribulaun,  les  vieux  gneiss  de  la  Bundschuhmasse  et  de 
rOEtztal,  les  phyllites  du  Pinzgau,  et  les  grauwackes  de  Kitzbuhl  et  de  Dienten. 
Elles  s'enracinent,  ou  s'enracinaient,  dans  la  zone  de  vieux  gneiss  qui  court  au  nord 
du  Pustertal  et  du  Gailtal  (Kreuzeck,  Deferegger,  montagnes  qui  dominent  l'Eisack 
entre  Sterzing  et  Mauls).  La  continuation,  au  sud-ouest,  de  cette  zone  de  racines, 
passe  au  sud  de  l'Ortler. 

»  La  zone  calcaire  septentrionale  tout  entière,  du  Rhâtikon  à  Wiener  Neustadt, 
n'est  qu'une  nappe   supérieure,  peut-être   complexe  elle-même.    Sur   une   longueur 


(')  En  particulier,   les  travaux  récents  de  MM.  Becke,  Berwerth,  Grubenmann  et 
Lowl. 

(^)  C.  Diener,  Bau  undBildder  Ostaloen  anddes  Karstgebietes.  Vienne,  igoS. 
(')  Faites  cet  été  en  compagnie  de  M.  le  professeur  F.  Becke» 


SÉANCE    DÛ    3o   NOVEMBRE    igoS.  g^i 

de  450""",  cette  nappe  est  aujourd'hui  séparée  de  ses  racines;  et  la  largeur  de  ce 
hiatus,  de  cette  fenêtre,  atteint  100''™.  Les  racines  de  cette  nappe  supérieure  sont 
dans  la  zone  du  Gailtal  et  dans  les  plis  verticaux  qui  continuent  cette  zone  à  l'ouest, 
par  Sillian,  Bruneck  et  le  Penser  Joch.  Dès  1896,  M.  Haug  proposait  de  rattacher  la 
zone  du  Gailtal  aux  Alpes  calcaires  du  nord,  en  raison  des  analogies  de  faciès:  ce  ratta- 
chement, peu  compréhensible  alors,  s'explique  maintenant. 

»  Les  grauwackes  de  Kitzbiihl  et  de  Dienten,  les  phjllites  du  Pinzgau,  les  massifs 
de  i^ieux  gneiss  de  l'OEtztal  et  de  la  Silvretta,  sont  des  lambeaux  de  nappes,  isolés  de 
leurs  racines:  et  ces  lambeaux  immenses  ont  été,  par  le  laminage,  façonnés  en  len- 
tilles. Ils  reposent  indifféremment  sur  les  nappes  de  Radstadt  et  des  Tribulaun,  ou  sur 
la  nappe  des  Schistes  lustrés.  Quant  aux  Alpes  cristallines  à  l'est  de  la  Bundschuhmasse 
et  de  la  Schladmingermasse,  elles  correspondent  à  une  carapace  de  vieux  gneiss,  sur 
laquelle  traînent  des  lambeaux  de  terrains  paléozoïques  et  mésozoïques,  et  sous 
laquelle  se  prolongent,  plus  ou  moins  loin,  les  nappes  profondes  {Schistes  lustrés  et 
gneiss  permo-carbonifères).  En  Styrie,  les  vieux  gneiss  plongent  sous  une  série 
d'écaillés  (Trias,  Houiller,  Permien,  autres  terrains  paléozoïques),  équivalentes  à  celles 
d'Innsbruck,  de  Kitzbuhl  et  de  Radstadt.  Les  racines  de  ces  écailles  d'Eisenerz  et  du 
Semmering  doivent  être  cherchées  en  Garinthie. 

»  Enfin,  la  nappe  triasique  de  l'Ortler,  qui  semble  reposer  partout  sur  les  gneiss 
permo-carbonifères,  est  probablement  l'équivalente  de  la  Schieferhïdle. 

»  Or,  on  sait  que  la  nappe  du  Rhàtikon  est  la  nappe  supérieure  des 
Alpes  suisses,  dans  la  théorie  de  JM.  Lugeon.  Le  raccordement  des  Alpes 
«uisses  et  des  Alpes  orientales  se  fait  donc  désormais  sans  aucune  diffi- 
culté ;  et  c'est  là  une  confirmation  éclatante  des  déductions  et  des  prévi- 
sions de  l'éminent  professeur  de  Lausanne.  Mais  les  racines  de  la  nappe  du 
Rhàtikon  doivent  être  cherchées  plus  au  sud-est  que  ne  le  pensait 
M.  Lugeon,  à  lao'^'"  environ  du  Rhàtikon,  vers  la  Tonale  Linie  de 
M.  Salomon. 

»  C'est  la  Tonale  Linie,  et  non  pas,  comme  on  le  dit  souvent,  la  ligne 
giudicarienne ,  qui,  au  sud-ouest  de  Meran,  sépare  les  iVlpes  du  sud  des 
Alpes  du  nord.  Cette  ligne  du  Tonale  est  l'axe  d'un  éventail  alpin,  bien 
autrement  important  que  notre  éventail  briançonnais.  Son  prolongement 
vers  l'est  passe  le  long  du  Gailtal;  son  prolongement  vers  l'ouest  coupe  le 
lac  Majeur  et  vient,  près  d'Ivrée,  se  cacher  sous  les  plaines.  De  cette  zone 
axiale  sont  parties,  vers  le  nord  ou  l'ouest,  toutes  les  nappes  supérieures^ 
celles  d'Autriche,  de  Bavière,  de  Suisse  ou  de  France. 

»  Les  Alpes  orientales  ne  diffèrent  des  Alpes  occidentales  que  parce 
qu'elles  sont  plus  complètes.  Elles  ont  conservé,  non  seulement  une 
grande  partie  de  leurs  nappes,  mais  aussi  leur  zone  à&  racines  internes,  et 
même  une  certaine  étendue  de  la  région  située  au  sud  deVéveniail.  » 

C.  R.,  1903,  i«  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  22.)  123 


942  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


GÉOLOGIE   EXPÉRIMENTALE.  —    Sur  lin  cas  remarquable   de  cristallisation 
spontanée  du  gypse.  Note  de  M.  Stanislas  Meunier. 

«  Voir  des  boules  de  plâtre,  abandonnées  à  la  dessiccation  après  une 
courte  immersion  dans  l'eau  salée,  se  transformer  intégralement  en 
agrégats  de  cristaux  de  gypse  dont  chacun  atteint  o''",5  de  longueur, 
c'est  certainement  un  spectacle  imprévu.  C'est  celui  auquel  je  viens 
d'assister  inopinément  dans  mon  laboratoire  du  Muséum  et,  je  crois,  dans 
des  circonstances  dignes  de  mention. 

»  Bien  que  ces  boules  aient  été  produites  dans  des  conditions  en  appa- 
rence identiques,  et  même  quand  elles  provenaient  d'une  même  expé- 
rience, elles  étaient  loin  de  présenter  un  degré  identique  de  cristallinité. 
Comme  le  montrent  les  échantillons  conservés,  il  y  en  a  plusieurs  qui  ne 
sont  cristallins  qu'à  la  loupe  et  oii  l'on  voit  encore  les  bulles  qui  existaient 
dans  le  plâtre,  gâché  rapidement.  Dans  d'autres,  les  cristaux  sont  très 
visibles  à  l'œil  nu;  ils  peuvent  avoir  jusqu'à  5°"°  ou  6™™  et  dépasser,  par 
conséquent,  la  plupart  des  grains  constitutifs  du  gypse  saccharoïde. 

»  Plusieurs  échantillons  montrent  un  arrangement  rayonné  tout  à  fait 
remarquable  et  qu'on  ne  voit  pas  dans  les  pierres  à  plâtre  naturelles.  Ils 
sont  alors  composés  de  sphérules  juxtaposées,  à  la  surface  hérissée  de 
pointements,  et  pouvant  avoir  8™""  ou  9™™  de  diamètre. 

»  L'état  cristallin  varie  a<^ec  la  distance  à  la  surface  dans  une  même 
boule.  Il  n*est  guère  perceptible  tant  que  la  boule  est  entière,  sa  surface 
extérieure  ayant  conservé  à  peu  près  l'aspect  de  la  boule  de  plâtre.  On  y 
observe  seulement  des  croûtes  de  sel  marin  ressorti  lentement  de  la 
masse. 

»  Après  fracture  suivant  un  grand  cercle,  la  boule  se  montre  bien  plus 
cristalline  dans  sa  profondeur  que  vers  sa  région  périphérique  où  il  y  a 
fréquemment  comme  une  écorçe  mal  délimitée,  de  3™°^  ou  4'"'"  et  de  com- 
pacité presque  complète.  A  partir  de  cette  écorce,  la  masse  prend  jusqu'au 
centre  les  caractères  d'un  enchevêtrement  de  cristaux  plus  ou  moins 
cohérents  entre  eux  et  qui,  parfois,  s'égrènent  au  moindre  choc. 

»  Plus  d'une  fois,  il  s'est  ouvert  spontanément,  dans  les  boules,  des 
fissures  diversement  orientées  et  dont  les  parois  sont  plus  ou  moins  géo- 
diques,  et  c'est  d'ailleurs  un  fait  très  facile  à  expliquer,  car  il  est  évident 
que  la  cristallisation  s'est  accompagnée  d'une  diminution  notable  du  vo- 


SÉANCE    DU    3o    NOVEMBRE    IQoS.  943 

lume,  contraction  d'autant  plus  remarquable  que  la  prise  du  plâtre  se 
fait,  comme  on  sait,  avec  gonflement  de  la  matière.  C'est  ainsi  qu'on  voit, 
entre  les  cristaux,  des  interstices  très  fréquents  et  que  les  sphéroïdes 
radiés  sont  loin  d'être  pleins. 

»  Enfin,  il  n'est  pas  rare  de  retrouver,  dans  la  région  tout  à  fait  cen- 
trale des  boules,  des  points  qui  sont  restés  blancs  et  terreux,  de  façon  à 
rappeler  le  plâtre  ordinaire;  mais  cette  particularité  ne  se  présente  jamais 
que  sur  une  dimension  extrêmement  réduite,  et  elle  paraît  due  à  l'exis- 
tence, dans  le  plaire,  d'une  petite  quantité  de  carbonate  de  chaux. 

»  D'après  mes  essais,  les  boules  cristallisées  renferment  environ 
7,21  pour  100  de  carbonate  de  chaux,  en  partie  sous  la  forme  cristalline 
ou  de  calcite,  en  partie  à  l'état  de  poussière  interposée  dans  les  joints  et 
les  interstices  des  grains  de  gypse.  On  peut  purifier  ceux-ci  d'abord  par 
un  lavage  à  l'eau  bouillante  qui  dissont  le  chlorure  de  sodium,  |)uis  en  les 
mettant  en  suspension  dans  l'eau  oîi  circule  un  rapide  courant  d'acide 
carbonique  qui  dissout  le  calcaire.  Mais  alors  les  cristaux  sont  un  peu 
émoussés,  arrondis  sur  les  angles  et  ne  peuvent  plus  servir  aux  observa- 
tions cristallographiques. 

»  En  cherchant  la  cause  de  ces  singuliers  résultats,  on  arrive  tout  natu- 
rellement à  attribuer  au  sel  marin  une  sorte  de  faculté  cristallogénique, 
analogue,  dans  le  domaine  de  la  voie  humide,  à  celle  qui  se  manifeste  si 
évidemment  dans  les  réactions  où  intervient  la  chaleur.  S'il  en  était  ainsi, 
un  pas  serait  fait  dans  l'explication  des  causes  qui  ont  amené,  dans  les 
couches  du  sol,  le  gypse  à  la  forme  cristallisée.  En  particulier,  du  jour 
serait  projeté  sur  l'acquisition  de  son  état  saccharoïde,  si  fréquent  dans  la 
région  parisienne,  où  la  pierre  à  plâtre  constitue,  à  plusieurs  niveaux,  des 
assises  parfaitement  stratifiées  et  renfermant  des  fossiles,  les  uns  lacustres 
ou  terrestres  et  les  autres  marins,  au  sein  d'ensembles  sédimentaires  où  il 
est  légitime  de  croire  que  le  sel  gemme  est  toujours  intervenu. 

»  Il  suffit  d'une  étude  approfondie  pour  acquérir  la  conviction  que  le 
gypse  ne  s'est  pas  originairement  déposé  avec  la  structure  entièrement 
cristalline  qu'il  présente  aujourd'hui,  et  pour  y  voir  un  exemple  particuliè- 
rement net  des  mouvements  intimes  qui  sont  réalisés  sans  répit  dans  la 
substance  des  roches  de  toutes  les  catégories. 

»  Seulement,  il  parait  assez  compliqué  de  reconstituer  les  conditions 
grâce  auxquelles  l'état  saccharoïde  a  été  acquis  par  un  dépôt  qui,  tout 
d'abord,  devait  être  pulvérulent  et  assez  homogène.  En  d'autres  termes, 


944  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'état  saccharoide  paraît  être  le  résultai  du  travail  moléculaire  d'un  préci- 
pité, tout  d'abord  amorphe,  ou  dans  tous  les  cas  très  fin,  de  sulfate  de 
chaux.  Pourtant  on  sait  que,  dans  les  laboratoires,  les  précipités  de  sulfate 
de  chaux,  quoique  pouvant  devenir  spontanément  cristallins,  ne  prennent 
cependant  pas  la  structure  que  nous  avons  en  vue  et  se  présentent  plutôt 
sous  la  forme  aciculaire.  C'est  ce  qui  a  lieu  par  le  refroidissement  des  dis- 
solutions chlorhydriques  et  c'est  ce  qui  a  lieu  par  l'abandon,  à  la  dessicca- 
tion, de  fragments  calcaires  imprégnés  d'une  solution  aqueuse  de  gypse. 
Aussi  me  suis-je  demandé  si  l'effet  observé  ne  tiendrait  pas  à  l'intervention 
d'une  substance  minéralisatrice.  A  ce  point  de  vue,  l'attention  doit  d'au- 
tant plus  s'arrêter  sur  le  chlorure  de  sodium,  que  le  sel  gemme,  bien  que 
soustrait  depuis  longtemps  par  les  eaux  à  la  masse  des  terrains  de  Paris,  a 
cependant  laissé  dans  leur  épaisseur  des  vestiges  irrécusables  de  sa  pré- 
sence antérieure.  C'est  ainsi  qu'à  des  niveaux  très  variés  les  marnes  gyp- 
seuses  ont  conservé  le  moulage  de  trémies  où  l'on  voit,  sans  doute  possible, 
la  trace  de  cristallisations  de  sel  marin,  maintenant  dissoutes. 

M  On  sait  d'ailleurs  avec  quelle  facilité  le  gypse  cristallise  de  nos  jours, 
dans  les  argiles  qui  constituent  le  fond  des  marais  salants. 

»  Evidemment,  la  question  ne  sera  résolue  que  par  la  répétition  des 
expériences  dont  je  viens  de  donner  un  très  rapide  résumé;  mais  comme 
les  essais,  que  j'ai  d'ailleurs  mis  en  train,  ne  paraissent  pouvoir  donner  de 
résultais  qu'à  la  faveur  d'un  délai  fort  long,  j'ai  cru  pouvoir  signaler  tout 
de  suite  les  faits  dès  maintenant  observés.  » 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Sensation  lumineuse  en  fonction  du  temps  pour 
les  lumières  colorées.  Technique  et  résultats.  Note  de  MM.  André  Broca  et 
D.  SuLZER,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  Dans  une  Note  précédente,  nous  avons  étudié  la  sensation  lumineuse 
en  fonction  du  temps  pour  la  lumière  blanche.  Nous  avons  repris  la  même 
question  pour  les  lumières  colorées.  Ce  problème  était  notablement  plus 
difficile  à  résoudre  que  le  premier  à  cause  de  la  difficulté  d'obtenir  des 
lumières  colorées  d'un  éclat  suffisant.  Nous  ne  pouvions  donc  employer 
l'appareil  à  diffuseur  par  réflexion  déjà  décrit;  la  perte  de  lumière  étant 
trop  grande,  nous  n'aurions  pu  atteindre  des  éclats  comparables  à  ceux  que 
nous  avons  eus  en  lumière  blanche.  Après  de  nombreux  essais  infructueux, 
nous  nous  sommes  arrêtés  au  dispositif  suivant  : 


SÉANCE  DU  3o  NOVEMBRE  1903.  945 

»  En  L  est  un  étalon  lumineux  constitué  par  un  bec  à  acétylène.  De  part  et  d'autre, 
respectivement,  se  trouvent  deux  systèmes  optiques  identiques,  composés  chacun  de 
deux  miroirs  Mj,  Ma,,  d'un  objectif  O  et  d'un  prisme  à  réflexion  totale,  abC  Dans  le 
système  de  gauche,  Tobjeclff  O  donne  une  image  réelle  /  de  la  source  L,  et  cette  image 
sert  à  éclairer  la  face  ab  du  prisme  voisin,  qui  est  doucie.  Les  mêmes  phénomènes  se 
passant  de  l'autre  côté,  les  deux  plages  voisines  ba,  ba'  peuvent  être  comparées  par 
l'œil  observateur.  La  distance  des  images  réelles  /  aux  plans  de  verre  douci  et  le  degré 


de  dépoli  de  ceux-ci  sont  choisis  de  telle  sorte  que  l'éclat  des  plages  voisines  puisse 
être  réglé  par  l'intermédiaire  des  œils  de  chat  O  et  O',  tout  en  conservant  une  grandeur 
suffisante  malgré  la  présence  d'une  solution  ou  d'un  verre  coloré  en  cd.  L'exactitude 
de  ce  réglage  a  été  contrôlée  par  des  mesures  directes.  La  position  de  l'oeil  est  fixée 
par  un  tube  T,  pour  éviter  les  erreurs  dues  à  la  diffusion  irrégulière  du  verre  douci. 

»  Un  écran  SS'  protège  l'œil  contre  la  lumière  directe.  Dans  le  plan  de  l'image 
réelle  /  est  un  disque  en  laiton  à  fente  variable,  qui  permet  d'admettre  la  lumière  pen- 
dant un  temps  mesurable  à  chaque  instant.  L'expérience  se  fait  alors  de  la  façon 
suivante  : 

»  On  place  en  avant  des  plages  ab,  ba'  le  milieu  absorbant  coloré  que  l'on  va  mettre 
en  expérience  et  l'on  donne  au  diaphragme  0  une  dimension  déterminée;  la  plage  èa 
prend  un  éclat  également  déterminé.  On  mesure  cet  éclat  par  comparaison  avec  celui 
que  prend  une  plage  blanche  mise  en  avant  du  milieu  coloré,  portant  ombre  sur  la 
face  ôa,  cachant  ba'  et  éclairée  au  moyen  d'un  étalon  lumineux. 

'■'  »  Ces  comparaisons  entre  lumière  blanche  et  lumière  colorée  ne  comportent  pas 
une  précision  supérieure  à  10  pour  100,  mais  cela  suffit  largement  pour  notre  but 
actuel,  qui  est  la  comparaison  des  lumières  de  couleurs  différentes  et  de  même  éclat. 


94^  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

au  point  de  vue  de  la  fonction  d'établissement  de  la  sensation.  Une  variation  de 
lo  pour  loo  dans  l'éclat  lumineux  n'amène  pas  de  modification  sensible  dans  les  pro- 
priétés de  nos  courbes  qui  sont  dans  ce  cas  pratiquement  identiques  à  l'échelle  près. 
»  Celte  première  mesure  exécutée,  on  enlève  le  papier  blanc,  et  l'on  règle  l'œil  de 
chato'  de  manière  à  ce  que  les  deux  plages  ba,  ba'  aient  même  éclat;  elles  ont  d'ail- 
leurs même  couleur.  On  met  alors  le  disque  en  mouvement  après  avoir  réglé  sa  fente. 
La  plage  ba  est  éclairée  par  une  lumière  intermittente  de  durée  connue  et  la  plage  ba' 
par  une  lumière  fixe.  Avec  l'œil  de  chat  O'  on  rétablit  l'égalité  d'éclat  apparent  des 
deux  plages.  La  seule  difficulté  réside  dans  la  fixation  de  l'œil,  qui  doit  être  assez 
exacte  pour  que  la  plage  ba  vienne  former  son  image  sur  une  zone  rétinienne  adaptée 
à  l'obscurité,  tandis  que  la  zone  correspondant  à  ba'  est  vraiment  en  régime  perma- 
nent. 

»  Les  résultats  de  ces  comparaisons  ont  permis  de  tracer  des  courbes 
donnant  l'éclat  acquis  par  une  lumière  donnée  au  bout  d'un  temps  donné, 
courbes  que  nous  ne  donnons  pas  aujourd'hui  faute  de  place,  mais  qui 
sont  analogues,  comme  forme  générale,  à  celles-  que  donne  la  lumière 
blanche  (ces  dernières  courbes  se  trouvent  dans  notre  Note  de 
février  1902).  Il  y  a  cependant  des  différences  importantes  entre  les  cou- 
leurs. 

))  Quand  on  compare  les  courbes  correspondant  à  un  même  éclat  pour 
les  diverses  couleurs,  on  voit  que  les  radiations  moyennes  du  spectre  se 
distinguent  nettement  des  extrêmes.  Les  courbes  de  notre  Note  déjà  citée 
montrent  qu'en  lumière  blanche  la  sensation  passe  par  un  maximum  nota- 
blement plus  élevé  que  la  valeur  qu'elle  prend  en  régime  permanent.  Il  en 
est  de  même  en  lumière  colorée.  Mais  alors  que,  à  égalité  d'éclat,  en 
régime  permanent,  le  bleu  donne  un  maximum  notablement  plus  élevé 
que  le  blanc,  le  vert  ne  donne  qu'un  maximum  peu  élevé,  le  rouge  a  des 
propriétés  intermédiaires.  Nous  reviendrons  ultérieurement  sur  les  résul- 
tats de  cette  étude.  Disons  seulement  que  ces  faits  sont  conformes  aux 
idées  évolutives,  la  rétine  s'étant  adaptée  le  mieux  possible  pour  les 
radiations  les  plus  intenses  du  spectre  solaire,  m 


HYDROLOGIE.  —  Sur  la  prévision  des  débits  des  sources  de  la  Vanne. 
Note  de  M.  Edmond  Maillet. 

«   Considérons  les  deux  sources  de  Cérilly  et  Armentières  (Vanne)  (*). 
Nous  possédons,  d'après  les  ingénieurs  de  la  Ville  de  Paris,  le  débit  moyen 


(')  On  trouvera  des  renseignements  au  sujet  de  ces  sources  dans  notre  Communica- 


SÉANCE   DU   3o   NOVEMBRE    igoS.  947 

mensuel  en  litres  par  seconde  de  ces  sources,  et  nous  pouvons  essayer  de 
prendre  ces  débits  pour  les  débits  Q  et  Q^  des  formules  (i)  à  (6)  de  notre 
Communication  du  27  octobre. 

»  D'après  la  loi  de  Dausse  applicable  à  ces  sources  et  d'après  leur  régime,  nous 
savons  que  le  régime  propre  ou  non  influencé  ne  pourra  guère  être  réalisé  que  dans  la 
saison  chaude  (i*""  mai-i*""  novembre),  et  que  lorsque  le  débit  décroîtra.  Nous  pren- 
drons chaque  année  dans  le  Tableau  des  débits  soit  le  débit  en  mai,  soit  le  plus  fort 
débit  de  la  saison  chaude,  généralement  réalisé  en  mai,  juin,  juillet.  Ce  débit  sera  Q^, 
et  Tépoque  correspondante  sera  le  temps  ^0  dans  la  formule  (i) 

(I)  t  -t,=  o{Qo)~o{Q). 

»  Nous  porterons  en  abscisses  les  valeurs  Qo,  en  ordonnées  les  valeurs  Q  au  bout 
de  1,  2,  3.  .  .  mois,  et  nous  chercherons  à  réunir  à  peu  près  les  points  correspondant 
à  une  même  valeur  de  t  —  Cq  par  une  courbe  régulière.  On  est  conduit  alors  au  gra- 
phique suivant  pour  Cérilly. 

3oo 


260 


100 


o* 


5o 


1   y 

1  y 

/ 

^../. 

p^ 

Ai 

s 

',5     _,-' 

é' 

y 3*  , 

So  100  iSo  200  2S0 

Débits    irutiizujc-   Q  o 


3oo 


3So 


Graphique  de  décroissance  des  débits  de  Cérilly  (Vanne). 

»  On  voit  de  suite  que,  pour  Cérilly,  les  courbes  (i)  sont,  à  peu  près,  des  droites 
passant  par  l'origine.  Donc  Q  =  Ae~^'  (x  :=  o,  1066  provisoirement,  Q  en  litres  par 
secondes,  t  en  mois). 


tion  du  12  mai  1902  {Comptes  rendus,  1902,  premier  semestre,  p.  iio3).  Les  résultats 
qui  suivent  sont  extraits  de  notre  Mémoire  manuscrit  cité  dans  notre  Communication 
du  27  octobre  dernier. 


948  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Pour  Armentières,  la  forme  des  courbes  est  assez  voisine  de  celle  des  courbes 

I  I 

—=. 7-^1  =  const. 

v^Q     v/Qo 

[analogues  aux  courbes  (4)]. 

»  Si  l'on  applique  les  mêmes  procédés  à  la  Dhuis  (*),  dont  les  débits  sont  moins 
variables,  le  graphique  est  moins  net;  mais  il  semble  qu'on  puisse  encore,  avec  une 
approximation  suffisante,  le  considérer  comme  formé  de  droites  passant  par  l'origine. 

»  Par  conséquent  :  dès  le  commencement  de  juin,  une  prévision  numérique  sur  la 
marche  du  débit  des  sources  de  Cérillj  et  Armentières  (Vanne)  est  possible.  Si  le 
débit  de  juin  est  sensiblement  plus  fort  que  ne  l'indique  le  graphique,  on  corrigera  la 
prévision  en  prenant  ce  débit  pour  débit  initial,  etc. 

»  La  date  des  pluies  préparatoires  des  crues  et  les  premières  montées  sur  les  cours 
d'eau  (octobre  à  décembre  en  général)  marquent  à  peu  près  le  moment  où  le  débit 
des  deux  sources  doit  croître  et  où  les  prévisions  cessent  de  s'appliquer. 

»  Les  graphiques  précédents  ne  s'appuient  guère  que  sur  des  considérations  méca- 
niques; celui  que  nous  avons  fait  connaître  antérieurement  (la  mai  1902)  s'appuyait, 
au  contraire,  surtout  sur  des  considérations  météorologiques. 

»  Nous  avons  ainsi  résolu  expérimentalement,  mais,  il  faut  bien  le  dire, 
grâce  à  des  considérations  théoriques  qui  nous  ont  conduit  à  nos  gra- 
phiques, le  problème  suivant  :  Trouver  pour  les  deux  sources  précitées  les 
variables  dont  dépend  le  débit  dans  la  période  où  les  pluies  ne  profitent 
plus  guère  à  la  nappe,  et  construire  expérimentalement  la  relation  qui  lie 
les  variables  et  le  débit. 

»  La  théorie  mathématique  des  mouvements  des  nappes  dans  la  période 
analogue,  ébauchée  par  nous  dans  le  Mémoire  manuscrit  précité,  grâce  à 
des  considérations  critiquables  en  partie,  a  été  attaquée  magistralement  par 
M.  Boussinesq  (^),  qui  a  donné  des  solutions  dans  des  cas  étendus  (^).  » 


M.  G.  Maréchal  adresse  une  Note  sur  la  chaleur  spécifique  de  la  vapeur 
d'eau  (Extrait)  : 

L'auteur  propose  d'adopter  provisoirement,  pour  valeur  de  la  chaleur 
spécifique  C  de  la  vapeur  surchauffée,  aux  pressions  où  celle-ci  est  utilisée 
couramment  dans  les  machines  à  vapeur,  l'expression 

C  =  0,48  -h  o,ooo5/; 


(*)  D'après  le  Tableau  des  débits  que  nous  devons  à  l'obligeance  de  M.  Bechmann. 
(*)  Communications  précitées  de  juin-juillet  igoS. 

(')  Le  développement  de  la  présente  Communication  et  de  celle  du  27  octobre  sera 
donné  dans  un  Mémoire  ultérieur. 


SÉANCE    DU    3o   NOVEMBRE    igoS.  9^9 

t  étant  la  température  de  surchauffe,  c'est-à-dire  T'  —  T;  en  désignant  par 
T'  la  température  de  la  vapeur  surchauffée  et  par  T  la  température  de  la 
vapeur  saturée  correspondant  à  la  pression. 

M.  S.  Leduc,  à  roccasion  de  la  Communication  de  M.  Tommasina  : 
«  Sur  la  scintillation  du  sulfure  de  zinc  phosphorescent,  en  présence  du 
radium,  revivifiée  par  les  décharges  électriques  »,  signale  à  l'Académir 
un  travail  qu'il  a  |)ublié,  en  mars  1901,  dans  les  Annales  d' Électrobiologie, 
dans  lequel  est  décrite  et  étudée  la  phosphorescence  scintillante  d(  s 
écrans  de  platinocyanure  de  baryum  sous  l'influence  de  l'électricité. 
M.  Leduc  ajoute  que  ces  expériences  lui  paraissent  pouvoir  servir  à  l'inter- 
prétation des  phénomènes  présentés  par  le  spinthariscoi)e. 

M.  Henri  Feuille  adresse  une  INote  ayant  pour  titre  :  «  Appareil  pour 
utiliser  la  force  dynamique  de  la  mer  ». 

A  4  heures  un  quart  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures. 

Al.  B. 


BULLETIN     KIBLIOGKAPlilQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  2  novembre  igoS. 
(Suite.) 

Niçellenient  général  de  la  hrance.  Répertoire  définissant  les  emplacements  et 
altitudes  des  repères,  réseau  de  deuxième  ordre,  lignes  comprises  dans  les  poly- 
gones J,  J',  Y,  et  dans  les  zones  E,  B,  M,  S,  Paris,  Ministère  des  Travaux  publics, 
jSgg-igoE  ;  7  fasc.  in-8°,  (Adressés  par  M.  Cli.  Lalletnand.) 

OEuvres  scientifiques  de  Gustave  Robin,  réunies  et  publiées,  sous  les  auspices  du 
Ministère  de  l'Instruction  publique,  par  Louis  Haffy.  Physique  mathématique. 
Théorie  nouvelle  des  fonctions,  exclusivement  fondée  sur  l'idée  de  nombre.  Paris, 
Gauthier-Villars,  1899,  1908;  2  vol.  in-8°.  (Présenté  jiar  M.  Appell.) 

C.  K.,  lyoo,  2"  Semestre.  (T.  CXX.WU,  i\<^  22.)  I24 


gSo  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Géométrie  descriptive  et  Géométrie  cotée,  conforme  aux  programmes  du  3i  mai  1902 
pour  l'Enseignement  secondaire,  par  Ernest  Lebon,  lauréat  de  l'Institut.  Paris,  Delalain 
frères,  1908;  i  vol.  in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Sur  quelques  microorganismes  intéressants,  par  M.  B.  Renault.  (Extr.  des  Procès- 
verbaux  de  la  Société  d'Histoire  naturelle  d' Autun,  année  1903,)  Autun,  imp. 
Dejussieu  ;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Des  deux  vapeurs  d'eau  au  point  de  vue  cliniatologique  et  hygiénique,  par  le 
D*"  Onimus.  Grenoble,  imp.  Allier  frères,  1908;  i  fasc.  in-8°. 

Traité  de  Sylviculture.  ^  ^ .  Exploitation  et  aménagement  des  bois  :  futaies, 
taillis,  trufficulture,  abatage  et  procédés  de  vidange,  par  P.  Mouillefert,  avec 
10  pi,  et  97  fig.  dans  le  texte.  Paris,  Félix  Alcan,  1904;  i  vol.  in-12. 

Le  Opère  di  Galileo  Galilei,  edizione  nazionale  sotto  gli  auspicii  di  Sua  Maesta  il 
Re  d'Italia;  vol.  XHI.  Florence,  typ.  Barbera,  1908;  i  vol.  in-4''. 

Beitrdge  zur  Lebensgeschichte  von  Ehrenfried  Walther  von  Tschirnhaus,  von 
Prof.  D''CuRT  Reinhardt.  (  Wissenschaftliche  Beilage  zum  Jahresbericht  der  Fursten- 
Landesschule  St.  Afra  in  Meissen,  1908.)  i  fas.  in-S".  (Hommage  de  l'auteur.) 

Motion.  The  fundamental principles  of  mechanics,  or  the  mechanics  of  the  uni- 
verse,  by  Herman-T.-C.  Kraus.  New- York,  1908;  i  fasc.  in-8°. 

Solution  mathématiquement  exacte  du  problème  historique  de  la  division  d'un 
angle  pris  à  volonté  en  un  nombre  pris  à  volonté  de  parts  égales,  par  J.  Laou- 
CHEWiTca.  Station  Petropàvlovsk  du  chemin  de  fer  de  Sibérie,  1908;  i  fasc.  in-8°. 

The  mean  right  ascensions  and  proper  motions  of  254  stars,  by  H.-B.  Evans. 
(A  Tliesis  presented  to  the  Faculty  of  Philosophy  of  the  University  of  Pennsylvania.  ) 
I  fasc.  in-4°. 

Atlas  des  Erdmagnetismus  fur  die  Epochen  1600,  1700,  1780,  1842  und  igjo,  von 
D'  H.  Fritsche.  Riga,  1908  ;  i  fasc.  in-f°. 

Observatorio Belloch.  Hojas  meteorologicas,  ano  1902,  julio-diciembre,  Barcelone; 
I  fasc.  in-f°  oblong. 

Bericht  der  Senckenbergischen  Naturforschenden  Gesellschaft  in  Frankfurt 
am  Mein,  1908.  Francfort-sur-le-Mein,  Knauer  frères;  i  vol.  in-8°. 

Leopoldina.  Amtliches  Organ  der  kaiserlichen  Leopoldino-CaroUnischen  deul- 
schen  Akademie  der  Naturforscher ;  Jahrg.  1901,  1902,  Hefte  XXXVII  u.  XXXVIII. 
Halle,  1901-1902;  2  fasc.  in-4°. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  9  novembre  1908. 

Ports  maritimes  de  la  France.  Notice  sur  le  port  de  La  Pallice,  par  M.  Viennot, 
mise  à  jour  par  M.  Eugène  Mayer.  Paris,  Imprimerie  nationale,  1902;  i  fasc.  in-4°. 
(Envoi  de  M.  le  Ministre  des  Travaux  publics.) 

Laboratoire  d'essais  du  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers  :  Section  des  Métaux, 
par  Pierre  Breuil;  avec  2  pi.  h.  t.  Paris,  publications  du  journal  Ze  Génie  civil,  1908; 
I  fasc.  in-8°. 

La  houille  dans  lesjArdennes,  historique  des  recherches,  théorie  géologique, 
avec  2  cartes  de  la  zone  houilleuse  ardennaise  et  une  coupe  hypothétique  des  terrains 


SÉANCE   DU   3o   NOVEMBRE    1908.  gSl 

d'Etion,  par  T..  Duquénois.  Charleville,  G.  Didier,   igoS;   i   vol.  in-i6.  (Hommage  de 
Fauteur.  ) 


Portugalia,  mater iaes para  o  estiido  do  povo portuguez.  Director  :  Ricardo  Severo. 
T.  I.  fasc.  4,  1899-1908.  Porto;  i  vol.  in-4°. 

Discurso  leido  en  la  Universidad  central  en  la  solemne  inauguracion  del  Curso 
academico  de  1908-1904,  por  el  D""  D.  Amalio  Gimeno  y  Gabanas.  Madrid,  1908;  i  fasc. 
in-4°. 

Elenco  délie  Accademie,  Società,  Instituti  scientifici,  Direzioni  di Pcriodici,  ecc. 
che  ricevono  le  pubblicazioni  délia  fi.  Accademia  dei  Lincei;  coWindicazione  délie 
pubhlicazioni  periodich  e  che  mando  ia  cambio,  3i  gennaio  1908.  Rome,  1908  ;  i  vol. 
in-i8. 

Reports  to  the  Malaria  Comnxittee,  eiglith  séries,  10  october  1908.  Londres  ;  i  fasc. 
in-8°. 

Statistiek  van  den  Handel,  de  scheepvaart  en  de  in-  en  uitvoerrechten  in  Neder- 
landsch-Indië,  over  het  jaar  1902.  Batavia,  1908;  i  vol.  in-4°. 

Videnskabelige  Meddelelser  fra  den  naturhistoriske  Forening  i  Kjobenhavnfor 
aaret  1908.  Gopenhague,  1908;  i  vol.  in-8°. 

Die  erdniagnetischen  Elemente  von  Wurtemberg  iind  Hohenzollern.  Gemessen 
und  berechnet  fur  Januar  1901  im  Auftrage  und  unter  Mitwirkung  der  K.  Wiirttem- 
bergischen  meteorologischen  Geiitralstation,  von  Karl  Haussmann.  Stuttgard,  1908; 
I  vol.  in-4''. 

Extracts  from  narrative  Reports  of  the  Survey  of  Indiafor  the  seasqn  1900-1901 , 
prepared  under  the  direction  of  colonel  St. -G. -G.  GouE.  Galcutta,  1908;  i  fasc.  in-4°. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  16  novembre  1908. 

Hommage  à  M.  le  Professeur  Chauveau,  Membre  de  l'Institut^  Professeur  au 
Muséum,  Inspecteur  général  des  Ecoles  vétérinaires,  Professeur  honoraire  de  l'Uni- 
versité de  Lyon.  s.  1.  n.  d.;  i  fasc.  in-8°.  (Présenté  par  M.  le  Président.) 

Recueil  de  travaux  dédiés  à  la  mémoire  d' Alexis  Millardet  (  1 888-1 902),  par  les 
Professeurs  delà  Faculté  des  Sciences  de  Bordeaux.  Bordeaux,  G.  Gounouilhou,  1908; 
I  vol.  in-4°.  (Envoyé  en  hommage  par  M.  le  Doyen  de  la  Faculté  des  Sciences  de 
Bordeaux.) 

Prophylaxie  du  paludisme,  par  A.  Lateran,  Membre  de  l'Institut.  Paris,  Masson 
et  G'",  Gauthier-Villars;  i  vol.  in-12.  (Hommage  de  l'auteur.) 

L'Asie  inconnue.  Dans  les  sables  de  l'Asie,  par  le  D""  Sven  Hedin,  traduit  du 
suédois  par  Gharles  Rabot;  Ouvrage  accompagné  de  8  cartes  et  de  reproductions  de 
photographies  de  l'auteur.  Paris,  Félix  Juven,  1908;  i  vol.  in-4°.  (Présenté  par  M.  de 
Lapparent.  Hommage  de  l'auteur.) 

The  scenery  of  England  and  the  causes  to  which  it  is  due,  by  the  right  lion.  Lord 
AvEBURY.  Londres,  Macmillan  et  G'^,  1902;  i  vol.  in-8°.  (  Présenté  par  M.  de  Lapparent. 
Hommage  de  l'auteur.) 


952  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Cause  des  énergies  attractives  :  Magnétisme,  Électricité,  Gravitation,  par 
A.  Despaux.  Paris,  Félix  Alcan,  1902;  i  vol.  in-S".  (Présenté  par  M.  Mascarl.) 

Cours  de  l'Ecole  des  Ponts  et  Chaussées.  Poussée  des  terres,  stabilité  des  murs 
de  soutènement,  par  Jean  Resal.  Paris,  Ch.  Déranger,  igoS;  i  vol.  in-8°.  (Présenté 
par  M.  Maurice  Levy.) 

Les  travaux  mathématiques  au  Congrès  des  Sciences  historiques,  à  Rome,  en  1908  ; 
par  M.  Ernest  Lebon.  (Extrait  de  V Enseignement  mathématique,  o*^  année,  n"  5.) 
(Présenté  par  M.  Appell.) 

L'Infralias  et  le  Sinémurien  du  Portugal.  Découverte  du  Terebratula  Renierii 
en  Portugal;  par  Paul  Choffat.  Lisbonne,  Imprimerie  de  l'Académie  royale  des 
Sciences,   1908;  i  f'asc.  in-S". 

La  grandine.  Cagione  prohabile  délia  grandine  ;  mezzi  di  prevenirla;  razzia 
elica  per  lanciodi  bombe;  aste  paragrandine,  Giuseppe  Cona.  Florence,  1908;  i  fasc. 
in-4°. 

M.  le  Prof.  Francesco  Faccin  fait  hommage  de  deux  brochures  intitulées  : 

L'eliocronometro  Faccin.V3L\\e,  1908;  i  fasc.  in-S". 

Il periodo  di  Algol.  Schio,  1908;  i  fasc.  in-8'^. 


ERRATA. 


(Séance  du   23   novembre  iQoS.) 

Note  de  M.  Blondlol,  Sur  le  renforcement  qu'éprouve  l'action  exercée 
sur  l'œil  par  un  faisceau  de  lumière,  lorsque  ce  faisceau  est  accompagné 
tie  rayons  n  : 

Page  881,  ligne  3  en  remontant,  au  lieu  de  diamètres,  lisez  décimètres. 


ACADÉMIE  DES   SCIENCES. 

SÉANCE  DU   LUNDI  7  DÉCEMBRE  1905, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GAUDRY. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Quelques  observations  relatives  à  V action  des 
vapeurs  des  composés  hydrocarbonès  sur  les  microbes  animaux  et  sur  les 
insectes,  et  au  rôle  antiseptique  des  agents  oxydants-oxydables  ;  par 
M.  Berthelot. 

«  Au  cours  de  mes  recherches  expérimentales  sur  la  Chimie  agricole 
j'ai  eu  occasion  de  faire  un  certain  nombre  d'observations  sur  la  destruction 
des  microbes  et  des  insectes  nuisibles,  et  de  comparer  en  particulier  leur 
sensibilité  à  Faction  des  vapeurs  de  différents  composés  organiques,  notam- 
ment des  carbures  d'hydrogène  et  de  leurs  dérivés  oxygénés,  alcools, 
éthers  et  aldéhydes.  Il  me  semble  opportun  de  rappeler  quelques  faits 
intéressants  à  cet  égard,  ainsi  que  leur  interprétation. 

»  On  sait  que  les  vapeurs  des  aldéhydes  formique,  éthylique,  benzylique, 
campholiques  (camphre  ordinaire  et  aldéhydes  primaires  et  secondaires 
analogues)  sont  particulièrement  efficaces  à  cet  égard.  Il  en  est  de  même 
des  carbures  benzéniques,  toluène  et  homologues,  ainsi  que  de  l'essence 
de  térébenthine,  de  ses  isomères  naturels,  et  des  essences  de  serpolet, 
de  lavande,  de  thym,  etc. 

»  Les  observations  physiologiques  sont  confirmées  par  l'emploi  courant 
de  ces  carbures,  aldéhydes  et  essences  pour  la  conservation  des  fourrures, 
lainages  et  étoffes. 

)>  Cependant  j'ai  constaté,  non  sans  quelque  surprise,  que  la  même 
efficacité  n'appartient  pas  à  tous  les  carbures  pyrogénés,  tels  que  ceux 
de  l'ordre  de  la  naphtaline. 

»  En  particulier,  celle-ci,  employée  à  l'état  pur  et  pulvérulent,  au  con- 
tact de  matières  sohdes,  n'exerce  qu'une  action  microbicide  et  insecticide 

G.  K.,  1903,  2-  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N-  23.;  ' -^ 


954  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nulle  ou  presque  nulle  :  ce  qui  est  en  opposition  avec  les  préjugés  régnant 
à  cet  égard  et  avec  l'emploi  assez  général  de  cette  substance  dans  l'économie 
domestique.  Entre  beaucoup  de  faits  observés,  je  me  bornerai  à  citer  les 
suivants. 

»  Une  chambre  haute  de  la  station  de  Chimie  végétale  de  Meudon,  en 
raison  de  sa  situation  isolée  au  sein  de  l'atmosphère,  est  devenue  un  lieu  de 
prédilection,  envahi  chaque  année,  à  l'automne,  par  des  centaines  de  dip- 
tères et  autres  insectes  de  différentes  espèces,  qui  ont  pris  l'habitude  d'y 
déposer  leurs  œufs,  destinés  à  éclore  au  printemps  suivant.  Aucune  accu- 
mulation de  semences  végétales,  ou  de  matières  spéciales  susceptibles  de 
leur  servir  d'aliment,  n'est  conservée  d'ailleurs  en  cet  endroit.  Pour  obvier 
à  ces  inconvénients,  j'avais  placé  d'avance,  au  moment  voulu,  plusieurs 
centaines  de  grammes  de  naphtaline  pure  et  pulvérulente  sur  toutes  les 
surfaces  disponibles  de  la  pièce.  Mais  je  n'ai  réussi  à  obtenir  aucun  résultat, 
ni  à  empêcher  l'invasion  de  celte  pièce  par  les  insectes,  qui  pénétraient 
par  toutes  les  fissures;  ni  à  détruire  ces  insectes,  qui  n'y  périssaient  pas 
à  mesure;  ni  à  prévenir  le  dépôt  de  leurs  œufs,  ou  leur  éclosion  et  le 
développement  ultérieur  des  larves.  Ce  dernier  n'a  pu  être  empêché,  après 
plusieurs  insuccès  annuels,  que  par  l'apposition  méthodique  de  couches 
de  peinture. 

»  La  naphtaline  est  demeurée  d'ailleurs  impuissante  dans  des  essais  laits 
en  d'autres  lieux  et  circonstances  pour  faire  périr  les  vers  et  larves  vivantes. 

»  Tout  au  plus  pourrait-on  supposer  que  dans  quelques  cas  l'odeur  de 
la  naphtaline,  et  surtout  celle  de  la  naphtaline  impure,  aurait  écarté 
certains  insectes;  ce  qui  n'a  pas  eu  lieu  lors  des  essais  précédents. 

M  Pour  nous  rendre  compte  de  la  différence  des  effets  ainsi  observés  dans 
l'action  destructrice  exercée  sur  les  êtres  vivants  par  différents  composés 
organiques,  il  paraît  nécessaire  de  faire  d'abord  quelques  distinctions, 
intéressantes  au  point  de  vue  des  mécanismes  susceptibles  d'intervenir 
en  Chimie  physiologique. 

»  Les  agents  destructeurs  des  insectes  et  des  microbes  animaux  appar- 
tiennent à  plusieurs  catégories  différentes,  telles  que  : 

»  Les  poisons  minéraux,  sels  de  mercure,  d'argent,  de  plomb,  composés 
arsenicaux  et  antimoniaux,  etc.,  lesquels  semblent  agir  en  formant  des 
combinaisons  spéciales,  impropres  à  l'entretien  de  la  vie;  les  gaz  et  vapeurs 
asphyxiantes  :  sulfure  de  carbone,  hydrogène  sulfuré,  acide  cyanhy- 
drique,  etc.,  lesquels  paraissent  agir  en  vertu  de  mécanismes  analogues; 
les  phénols,  dont  les  effets  participent  à  la  fois  de  ceux  des  corps  qui  pré- 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE    igo'^.  955 

cèdent  el  de  ceux  que  je  vais  citer;  enfin  les  agents  oxydants  ou  réducteurs. 

»  Dans  ce  dernier  ordre,  ceux-là  surtout  agissent  et  agissent  souvent  à 
des  doses  très  petites,  qui  se  régénèrent  au  fur  et  à  mesure  de  leur  réaction 
même  :  en  raison  de  cette  régénération  incessante,  ils  semblent  à  l'obser- 
vateur superficiel  opérer  en  vertu  de  leur  simple  présence;  phénomènes 
que  Berzélius  a  désignés  sous  le  nom  de  cataly tiques,  dénomination  res- 
suscitée  en  ces  derniers  temps. 

))  En  réalité  ils  ont  pour  pivot  la  formation  de  composés  secondaires 
instables,  et  souvent  difficiles  à  isoler,  engendrés  en  vertu  d'un  équilibre 
mobile,  qui  préside  à  la  transformation  continue  des  composés  principaux, 
à  la  façon  des  ferments.  Tel  est  le  cas  d'un  sel  manganeux,  servant  de 
pivot  à  l'oxydation  des  composés  organiques  par  le  permanganate  de  po- 
tasse dans  un  milieu  acide  (  '  )  ;  ou  bien  encore  à  la  décomposition  de  l'acide 
chlorhydrique  concentré,  avec  mise  en  liberté  de  chlore  sous  l'influence 
de  l'oxygène  de  l'air  (-).  Telle  aussi  la  décomposition  continue  de  l'eau 
oxygénée  par  une  trace  d'oxyde  d'argent  (');  la  transformation  continue 
du  cuivre  métallique  en  protoxyde,  aux  dépens  des  objets  contenus  dans 
les  laboratoires  ou  dans  les  musées,  lorsque  ces  objets  renferment  des 
chlorures  alcalins  dissous  ('),  etc. 

»  Telle  encore  l'oxydation  bien  connue  des  principes  immédiats  de  l'or- 
ganisme humain  soiis  l'influence  de  l'hémoglobine;  telle  l'oxydation  de 
l'indigo  sous  l'influence  de  l'essence  de  térébenthine  ('),  oxydation  indé- 
pendante de  l'action  spécifique  de  la  lumière.  La  plupart  de  ces  catalyses 
ne  sont  nullement  des  actions  de  pure  présence  ;  elles  résultent,  je  le  répète, 
de  l'intervention  de  certains  intermédiaires  instables,  qui  empruntent 
l'oxygène  à  l'air  ou  à  des  corps  suroxydés,  pour  le  céder  ensuite  à  d'autres 
corps  suroxydables.  J'ai  développé  à  différentes  reprises  cette  théorie  et 
ses  applications  ("). 


(i)  Voir  mes  expériences  {Ann.  de  Chim.  et  de  Phys.,  5«  série,  t.  V,  1875,  p.  807- 
3o8;  7«  série,  t.  IV,  1895,  p.  43i). 

(2)  Même  Recueil,  6«  série,  t.  XIX,  1890,  p.  ôiy. 

(3)  Même  Recueil,  3«  série,  t.  XXI,  1880,  p.  i64,  170;  7«  série,  t.  XI,  1897,  p.  217 
et  t.  XXIII,  1901,  p.  52,  60. 

('')  Même  Recueil,  j"  série,  t.  IV,  1895,  p.  55 1,  554. 

{■>)  Même  Recueil,  5'^  série,  t.  LVIII,  1860,  p.  426;  et  Chimie  végétale  el  agricole, 
t.  III,  p.  47*5  et  497. 

(6)  Voir  notamment  Chimie  végétale  et  agricole,   t.   lll,  p.  4^9  à  478  et  p.   5o5 

à  5io. 


956  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Elle  me  paraît  s'appliquer  également  aux  actions  destructrices  des 
insectes  et  des  microbes  animaux,  exercées  par  les  aldéhydes  et  par  les 
carbures  benzéniques.  Ces  derniers  en  particulier  possèdent,  comme  l'es- 
sence de  térébenthine,  l'aptitude  à  déterminer  l'oxvdation  de  l'indigo  (vi- 
sible presque  immédiatement  par  agitation  en  solutions  très  étendues)  par 
l'oxygène  de  l'air  (^).  Au  contraire,  la  naphtaline  pure  et  les  carbures  peu 
actifs  analogues  ne  manifestent  pas  cette  propriété.  Ces  actions  rentrent 
donc  dans  les  interprétations  générales  signalées  plus  haut.  » 

PHYSIQUE.    —  Sur  les  forces  électromotrices  résultant  du  contact 
et  de  r action  réciproque  des  liquides;  par  M.  Bertiielot. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  le  numéro  de  décembre  des 
Annales  de  Physique  et  de  Chimie,  renfermant  l'ensemble  et  le  détail  des 
recherches  que  j'ai  exécutées  cette  année  sur  les  piles  résultant  de  l'action 
réciproque  des  liquides,  tels  que  les  acides  étendus  opposés  aux  bases 
étendues,  les  composés  oxydants  dissous  opposés  aux  corps  oxydables 
également  dissous,  etc.  Ces  recherches  sont  exposées  dans  dix  Méraioires 
et  comprennent  plus  de  deux  mille  déterminations  expérimentales.  Sans 
revenir  sur  les  résumés  de  ces  recherches,  sommairement  exposées  dans 
les  Comptes  rendus,  il  semble  opportun  de  rappeler  que  les  mesures,  effec- 
tuées dans  les  conditions  définies  au  cours  de  ces  Mémoires,  conduisent  à 
des  valeurs  bien  définies,  comme  chiffre  et  comme  signification,  contrôlées 
et  vérifiées  par  des  règles  aussi  assurées  que  celles  qui  résultent  de  l'em- 
ploi d'électrodes  impolarisables.  J'ai  démontré  que  les  forces  électromo- 
trices, ainsi  réalisées  par  l'action  réciproque  des  liquides,  sont  susceptibles 
de  développer  des  courants  continus,  doués  d'intensités  capables  de  pro- 
duire un  travail  extérieur  d'électrolyse,  également  continu.  Ce  travail  est 
alimenté  par  les  énergies  des  réactions  chimiques,  accomplies  indépen- 
damment et  en  dehors  des  électrodes  métalliques,  par  le  contact  direct  des 
liquides  mis  en  œuvre.  Entre  les  valeurs  des  forces  ainsi  développées,  il 
existe  une  série  de  relations  générales  qui  n'avaient  point  été  énoncées 
jusqu'ici. 

»  Cet  ordre  de  phénomènes  mérite  une  attention  particulière,  au  double 


(^)  Même  Ouvrage,   p.  498;  Annales  de  Cliim.   et  de  Phys.,  l^"  s.,  t.  XII,   1869, 
p.  i54. 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE     [90'!  93-7 

point  de  vue  des  théories  électrochimiqnes  et  de  leurs  applications  scien- 
tifiques ou  industrielles.  Théories  et  applications  n'ont  guère  tenu  compte 
jusqu'ici  que  des  effets  et  des  forces  électriques  développés  au  contact  des 
liquides  avec  les  électrodes,  spécialement  avec  les  électrodes  métalliques. 
Cependant  il  conviendrait  d'envisager  de  plus  près  les  effets  et  les  forces 
électriques  développés  lors  du  contact  réciproque  des  liquides.  Dans  les 
piles  ordinaires,  on  s'est  attaché  surtout  aux  métaux  servant  d'électrodes, 
et  qui  par  leur  oxydation  ou  leur  substitution  deviennent  des  générateui  s 
d'énergie  chimique,  transformable  en  électricité.  Il  conviendrait  mainte- 
nant de  chercher  à  utiliser  électriquement  les  énergies  chimiques  engen- 
drées par  les  réactions  de  neutralisation  et  d'oxydation,  non  plus  entre 
métaux  et  liquides,  mais  entre  liquides  seuls,  réactions  qui  s'accomplissent 
continuellement  dans  les  préparations  du  laboratoire  et  de  l'industrie.  » 


MÉDECINE.  —  Sur  un  Protozoaire  nouveau  (Piroplasma  Dônovani  Lav.  et 
Mesn.),  parasite  d'une  fièvre  de  Vinde.  Note  de  MM.  A.  Laverax 
et  F.  Mesnil. 

«  La  découverte  d'une  fièvre  humaine  à  Trypanosomes  (maladie  de 
Dution)  (')  a  eu,  entre  autres  conséquences,  celle  d'attirer  l'attention 
des  chercliciirs  sur  l'étiologie  de  certaines  fièvres  des  pays  tropicaux,  que 
l'on  attribuait  trop  facilement  au  paludisme,  bien  que  la  recherche  de  l'hé- 
matozoaire spécifique  fût  toujours  négative  et  que  ces  fièvres  ne  fussent 
pas  influencées  par  la  quinine. 

»  A  la  suite  des  publications  sur  les  fièvres  à  Trypanosomes  d'Afrique, 
Leiahman  fit  remarquer  que,  en  novembre  1900,  à  l'autopsie  d'un  malade 
mort  d'une  fièvre  rémittente  contractée  à  Dum-dum,  près  de  Calcutta, 
autopsie  faite  38  heures  après  la  mort,  il  avait  vu,  sur  des  frottis  de  rate, 
de  nombreux  éléments  arrondis  ou  ovalaires  de  2^  à  3^^  de  diamètre,  qui 
montraient,  après  coloration  par  le  procédé  de  Romanowsky,  un  gros  et  un 
petit  amas  de  chromatine.  Plus  tard,  étudiant  les  frottis  de  rate  d'animaux 
ayant  succombé  au  Nagana,  il  y  vit  des  corps  analogues  dont  la  nature 
trypanosomienne  n'était  pas  douteuse.  Cette  ressemblance  l'amenait  à  l'idée 
que  les  parasites  de  la  fièvre  de  Dura-dum  étaient  peut-être  aussi  des  Try- 
panosomes (-). 

(')  Voir  sur  rétat  actuel  de  la  question  :  Laveran  et  Mesnil,   Jaiiits,  i5  juillet  igoS. 
Ç-)  Leishman,  British  medic.  Journ.,  3o  mai  1908,  p.  i252. 


958  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  A  la  lecture  de  la  Note  de  Leishman,  Donovan,  médecin  militaire  à 
l'hôpital  de  Madras,  communiqua  qu'il  avait,  de  son  côté,  observé  à  trois 
reprises  les  mêmes  corps  que  Leishman  dans  des  frottis  de  rate  faits  post 
moriem  et  qu'il  venait  de  les  retrouver  dans  le  sang  d' une  ponction  de  la  rate 
faite  durant  la  vie  chez  un  enfant  de  12  ans  souffrant  de  fièvre  irrégulière, 
sans  que  l'hématozoaire  du  paludisme  ait  jamais  pu  être  trouvé.  Donovan 
chercha  vainement  des  Trypanosomes  dans" le  sang  du  jeune  malade  et  il 
fit  remarquer  fort  justement  que  les  corps  de  Leishman  ne  paraissaient  pas 
pouvoir  être  attribués  à  des  transformations  de  Trypanosomes,  après  la 
mort  du  patient  ('). 

»  La  vraie  nature  de  ces  corps  restait  donc  à  déterminer  et  Donovan,  qui 
était  convaincu  de  leur  nature  parasitaire,  voulut  bien  nous  demander 
notre  opinion  à  ce  sujet.  Nous  avons  communiqué  cette  opinion  à  l'Aca- 
démie de  Médecine  le  3  novembre  dernier,  en  même  temps  que  nous  pré- 
sentions les  préparations  et  les  aquarelles  qui  nous  avaient  été  envoyées 
par  Donovan;  nous  avons  donné  une  brève  description  du  parasite  sous  le 
nom  de  Piroplasma  Donoçani  (-). 

))  Ce  parasite  a  été  depuis  l'objet  de  deux  Notes  de  Ronald  Ross  (^  ),  qui 
a  eu  comme  nous  à  sa  disposition  des  préparations  de  Donovan,  et  d'une 
nouvelle  Note  de  Leishman  (")  qui  reconnaît  l'identité  des  corps  qu'il  a 
découverts  avec  ceux  trouvés  par  Donovan.  Leishman  n'abandonne  pas 
encore  complètement  l'idée  de  Trypanosomes  en  voie  de  dégénérescence  : 
cette  dégénérescence  ne  serait  pas  due  à  la  mort  de  l'hôte,  mais  à  la  des- 
truction intrasplénique  du  parasite  durant  la  vie  du  malade. 

))  Quant  à  Ross,  il  voit,  dans  les  corps  en  question,  un  Sporozoaire  nou- 
veau pour  lequel  il  croit  devoir  créer  le  genre  Leishmania. 

»  Du  17  juin  au  5  novembre  igoS,  Donovan  a  trouvé  les  corps  en  ques- 
tion, à  la  ponction  de  la  rate,  chez  16  malades  présentant  les  symptômes 
suivants  :  rate  et  foie  hypertrophiés,  fièvre  irrégulière,  œdème  paroxys- 
tique des  pieds,  congestion  des  poumons;  occasionnellement,  hémorragies 
sous-cutanées  et  ulcérations  de  la  bouche.  Les  médicaments,  quinine, 
arsenic,  salicylate  de  sodium,  sont  sans  effet  (^). 


(1)  Donovan,  British  medic.  Journ,,  11  juillet  igoS,  p.  79. 
(-)  Bull.  Acad.  Médecine,  séance  du  3  novembre  igoS,  p.  288. 
(»)  R.  Ross,  British  medic  Journ.,   i4  novembre  igoS,  p.  1161  et  28  novembre, 
p.  i/joi. 

(})  Leishman,  British  medic.  Journ.,  21  novembre  igoS,  p.  1876. 
(•^)  Donovan,  British  medic.  Journ.,  28  novembre  190H,  p.  i4o3. 


SÉANCE  DU  7  DÉCEMBRE  IQoS.  qSq 

))  Les  préparations  qui  nous  ont  été  envoyées,  avec  une  grande  libéra- 
lité, par  le  D'"  Donovan,  se  rapportent  à  plusieurs  de  ces  cas.  En  plus  des 
frottis  de  rate,  elles  comprennent  un  frottis  de  foie  renfermant  également 
des  parasites.  Un  certain  nombre  de  ces  préparations  ont  été  très  bien 
colorées  par  le  D*  Donovan  (méthode  de  Romanowsky);  nous  avons 
coloré  les  autres  par  la  méthode  bleu  Borrel-éosine,  tanin. 

»  Dans  ces  préparations,  le  parasite  se  présente  sous  l'aspect  de  petits 
éléments  piriformes,  ovalaires  ou  sphériques,  libres  {Jig.  6-9)  ou  inclus 
dans  les  hématies  (Jifi'.  i-5).  Les  éléments  piriformes,  que  Ross  ne  signale 
pas,  sont  en  majorité  dans  certaines  de  nos  préparations;    leur  forme 


Fig.  I  et  2.  —  Hématies  d'aspect  normal  contenant  chacune  un  petit  Piroplasina. 
Fig.  3,  4,  5.  —  Hématies  altérées  contenant  de  2  à  7  parasites. 
F"ig.  6,  7,  8.  —  Parasites  libx'es  sphériques,  ovalaires  ou  piriformes. 
F'ig.  9.  —  Parasite  piriforme  en  voie  de  division. 

Fig.  10.  —  Deux  parasites  pirifoi'mes  accolés  provenant  probablement  d'une  division  par  bipartition. 
Fig.  II.  —  Élément  parasitaire  sphérique,  grand. 

Fig.  12,  i3,  14.  ■ —  Formes  de  multiplication  par  division  i-épétée  du  noNau. 

Fig.  i5,  17.  —  Grands  leucocytes  mononucléaires  avec  parasites  inclus  dans  le  protoplasme  et  même 
dans  le  noyau  {fig-  i5). 

Fig.  16.  —  Polynucléaire  avec  un  parasite  inclus  dans  le  protoplasme  (Gross.,  1000  D  environ). 


rappelle  tout  à  fait  celle  des  éléments  les  plus  typiques  du  Piroplasma  bige- 
miniim  de  la  fièvre  du  Texas  (ils  représentent  sans  doute  aussi  la  forme 
typique  du  parasite  humain  que  nous  décrivons).  Ils  mesurent  2!^,  5  à  4*^  de 
long  sur  i^,^  de  large  {/ig.  7-9 V 

»  Dans  ces  éléments,  comme  dans  les  formes  rondes  ou  ovalaires,  on 
distingue  une  sphère  chromatique  (sans  doute  karyosome)  assez  volumi- 
neuse qui,  dans  les  éléments  piriformes,  est  située  d'ordinaire  du  côté  de 
la  grosse  extrémité.  Sur  un  même  diamètre  transversal  que  cette  masse 
s'en  trouve  généralement  une  autre  plus  petite,  ronde  ou  bacillaire,  parfois 


()6'0  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

reliée  à  la  première  par  un  mince  pédicule.  Le  reste  du  contenu  des  para- 
sites est  finement  granuleux  et  assez  clair. 

»  Les  hématies  parasitées  s'altèrent  rapidement;  elles  pâlissent,  ne 
prennent  plus,  dans  les  préparations  colorées,  la  même  teinte  que  les 
hématies  normales  et  deviennent  granuleuses.  La  même  hématie  contient 
un  nombre  de  parasites  qui  varie  de  i  (cas  très  fréquent)  à  7  ou  8 
(//g'.  1-5)  sans  que  l'hématie  soit  nettement  hypertrophiée;  nous  avons  vu 
une  hématie  avec  i4  parasites  :  elle  avait  triplé  de  volume  environ. 

»  Ross  ne  croit  pas  à  l'existence  de  formes  endoglobulaires.  Il  nous  pa- 
raît bien  difficile  d'interpréter  autrement  les  nombreuses  figures  que  nous 
avons  observées  (sur  lesquelles  Donovan  avait  attiré  notre  attention)  et 
que  Ross  a  vues  de  son  côté.  Remarquons  simplement  que  :  1°  quelques 
globules  parasités  avaient  encore  gardé  leurs  réactions  colorantes  nor- 
males, soit  en  entier,  soit  à  la  périphérie  seulement;  2*^  la  quantité  de 
matière  en  dehors  des  parasites  est  d'autant  plus  grande  qu'il  y  a  moins  de 
parasites,  ce  qui  s'explique  très  facilement  dans  notre  hypothèse,  très 
difficilement  au  contraire  avec  la  conception  de  Ross  de  «  matrices  où  se 
produisent  des  spores  ».  Leishman  croit  comme  nous  à  l'existence  de 
véritables  formes  endoglobulaires  (loc,  cit.,  p.  1377).  Notons  enfin  que  les 
hématies  parasitées,  qui  ont  disparu  dans  les  frottis  faits  à  l'autopsie,  sont 
d'autant  plus  abondantes,  dans  les  frottis  faits  pendant  la  vie,  que  la  pré- 
paration a  été  mieux  réussie.  Malgré  tout,  le  nombre  des  formes  libres 
dépasse  toujours  celui  des  formes  endoglobulaires. 

»  Cette  existence  de  formes  endoglobulaires  suggère  l'idée  que  les 
parasites  doivent,  à  un  moment  donné,  se  trouver  dans  la  circulation  péri- 
phérique. Donovan  nous  a  dit  ne  pas  les  y  avoir  encore  rencontrés;  ils 
faisaient  défaut  dans  une  préparation  de  sang  qu'il  nous  a  envoyée. 

»  Nous  avons  vu  assez  souvent  des  parasites,  toujours  en  parfait  état, 
inclus  dans  les  leucocytes  mononucléaires  ou  polynucléaires  {^g.  i5-i7) 
en  plus  ou  moins  grand  nombre.  Certains  nous  ont  semblé  être  inclus 
dans  les  noyaux  leucocytaires  (Jig.  i5);  mais,  dans  ces  cas,  les  noyaux 
étaient  toujours  altérés. 

»  La  reproduction  des  parasites  j)araît  se  faire  par  bipartition  (c'est  le 
cas  le  plus  fréquent)  et  par  multipartition.  Dans  le  premier  cas,  la  grosse 
masse  chromatique  se  divise  en  deux  et  l'élément  piriforme,  dont  le  vo- 
lume n'est  guère  augmenté,  se  fend  longitudinalement  (fig.  9-10).  Dans  le 
second  cas,  le  parasite  s'accroît  progressivement  en  prenant  une  forme 
sphérique  {^g.  11);  bientôt,  son  noyau  se  divise;   on  trouve  ainsi  des  élé- 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE    TQoS.  96 1 

ments  dont  le  diamètre  peut  atteindre  celui  d'une  hématie,  avec  2,  3,  4, 
5,  6,  au  maximum  8  grosses  masses  chromatiques  (fig\  12-14);  les  petites 
masses  manquent  souvent,  ou  sont  en  nombre  inférieur  à  celui  des 
grandes.  Les  éléments  avec  4  ^^  8  noyaux  ressemblent  incontestablement 
aux  hématies  avec  autant  de  parasites,  et  i!  faut  parfois  quelque  attention 
pour  faire  la  distinction;  Ross  a  dû  confondre' ces  deux  catégories  d'élé- 
ments parasitaires.  Au  terme  final  de  cette  évolution,  il  y  a  vraisemblable- 
ment division  radiaire  du  parasite  en  éléments  mononucléés  ;  certaines 
figures  en  rosace,  que  nous  avons  observées,  nous  paraissent  bien  avoir 
cette  origine. 

))  A  aucun  moment  de  leur  évolution,  les  parasites  ne  contiennent  de 
pigment. 

))  Quelle  place  donnera  l'organisme  nouveau?  L'existence  à  peu  près 
constante  de  la  petite  masse  chromatique,  si  semblable  au  centrosome  des 
Trypanosomes,  devait  naturellement  faire  penser  à  un  Trypanosome,  ou, 
d'une  façon  générale,  à  un  Flagellé.  Pas  plus  que  Donovan  et  Ross  nous 
n'avons  pu  colorer  de  flagelle. 

»  Aussi,  nous  pensons  pouvoir  éliminer  cette  hypothèse. 

»  Les  faits  que  nous  avons  constatés  montrent  qu'il  n'y  a  pas  de  diffé- 
rence essentielle  entre  le  parasite  de  Leishman-Donovan  et  les  Piroplasmes 
actuellement  connus,  en  particuHer  le  Piroplasme-type,  P.  bigeminum  :  la 
forme  en  poire,  la  division  longitudinale  en  deux  sont  la  règle,  comme  chez 
le  P.  bigeminum;  la  multipartition  en  quatre  et  même  plus  s'observe  parfois 
chez  les  Piroplasmes.  Enfin,  l'existence  de  formes  endoglobulaires  lève 
toute  objection  à  cette  manière  de  voir. 

»  Nous  ne  pouvons  donc  que  maintenir  le  nom  Piroplasma  Donovani  que 
nous  avons,  dans  notre  première  Note,  donné  au  parasite. 

»  L'existence  reconnue  de  cette  piroplasmose  humaine  dans  deux 
régions  de  l'Inde  aussi  éloignées  que  Madras  et  Calcutta  laisse  supposer 
que  la  distribution  géographique  de  celte  maladie  est  étendue;  il  y  aura 
lieu  de  faire  la  recherche  systématique  du  parasite  de  Donovan  dans  les 
fièvres  rémittentes  non  palustres  des  régions  sud-asiatiques  et,  en  parti' 
culier,  de  notre  Indo-Chine. 

»  Les  Piroplasmes  occupaient  déjà  une  place  importante  en  pathologie 
vétérinaire.  C'est  la  première  fois  qu'on  signale  une  maladie  humaine  pro- 
duite par  un  Piroplasme  bien  caractérisé  (' ).    » 

(')  L'aUention  a  été  attirée,  depuis  un  an  environ,  sur  une  maladie  particulière  des 
G.  R.,  1903,  2*^  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  23.)  I '-i^> 


962 


ACADEMIE    DES   SCIENCES. 


PHYSIQUE.  —  Sur  la  propriété  d'émettre  des  rayons  n,  que  la  compression 
confère  à  certains  corps,  et  sur  l'émission  spontanée  et  indéfinie  de  rayons  n 
par  l'acier  trempé,  le  verre  trempé,  et  d'autres  corps  en  état  d'équilibre 
moléculaire  contraint.  Note  de  M.  R.  Blondlot. 

«  M.  le  Professeur  A.  Charpentier  ayant  bien  voulu  me  tenir  au  courant 
de  recherches  d'ordre  physiologique  qu'il  poursuit  actuellemeut  concer- 
nant les  rayons  n,  recherches  inédites  qui  promettent  des  résultats  d'un 
haut  intérêt,  ces  expériences  firent  naître  en  moi  l'idée  d'examiner  si  cer- 
tains corps  n'acquerraient  pas  par  la  compression  la  propriété  d'émettre 
des  rayons  n.  A  cet  effet,  je  comprimai,  au  moyen  d'une  presse  de  menui- 
sier, des  morceaux  de  bois,  de  verre,  de  caoutchouc,  etc.,  et  je  constatai 
immédiatement  que  ces  corps  étaient  en  effet  devenus  pendant  la  compres- 
sion des  sources  de  rayons  n  :  approchés  d'une  petite  masse  de  sulfure  de 
calcium  phosphorescent  ils  en  augmentent  l'éclat,  et  ils  peuvent  aussi 
servir  à  répéter  les  expériences  qui  montrent  le  renforcement  qu'éprouve 
l'action  exercée  sur  la  rétine  par  la  lumière  lorsque  des  rayons  n  viennent 
agir  en  même  temps  sur  l'œil. 

))  Ces  dernières  expériences  peuvent  se  faire  très  simplement  :  les  volets 
d'une  chambre  ayant  été  fermés  de  façon  à  laisser  juste  assez  de  lumière 
pour  qu'une  surface  blanche  se  détachant  sur  un  fond  sombre,  par  exemple 
le  cadran  d'une  horloge,  apparaisse  à  l'observateur  situé  à  4"°  ou  5""  comme 
une  tache  grise  sans  contours  arrêtés,  si,  une  canne  étant  placée  en  avant 
des  yeux,  on  vient  à  la  plier,  on  voit  la  surface  grise  blanchir;  si  on  laisse 
la  canne  se  redresser,  la  surface  redevient  sombre.  Au  lieu  de  la  canne, 
on  peut  employer  une  lame  de  verre,  que  l'on  fléchit,  soit  à  l'aide  de  la 
presse  dont  on  se  sert  pour  montrer  dans  les  cours  que  le  verre  devient 
biréfringent  par  la  flexion,  soit  simplement  avec  les  mains.  Avec  un  degré 
d'éclairement   convenable,   que  l'on  obtient  par  quelques  tâtonnements, 


Montagnes  Rocheuses,  nommée  Spotted  fever.  Wilson  et  Chowning,  puis  Anderson, 
ont  décrit  comme  agents  pattiogènes  de  cette  fièvre  des  hématozoaires  endoglobu- 
Jaires,  qu'ils  rangent  dans  le  genre  Pi/oplasina  {P.  hominis  Manson).  D'après  les 
faits  publiés  jusqu'à  ce  jour,  la  nature  piroplasmique  des  inclusions  des  hématies  nous 
paraît  encore  douteuse.  En  tout  cas,  la  SpotLed  fever  n'a  rien  à  voir  avec  la  fièvre  de 
l'Inde  dont  nous  parlons. 


SÉANCE   DU   7    DÉCEMBRE    igoS.  963 

ces  phénomènes  sont  aisément  visibles.  Ils  ne  sont  pas  instantané  s,  j'en  ai 
donné  précédemment  la  raison  ;  il  importe  absolument  de  tenir  compte  de 
ce  retard  quand  on  veut  étudier  ces  phénomèaes  ;  c'est  lui  sans  doute  qui 
est  cause  qu'ils  n'ont  pas  été  aperçus  depuis  longtemps. 

»  Je  fus  alors  conduit  à  me  demander  si  les  corps  qui  sont  d'eux-mêmes 
dans  un  état  d'équilibre  interne  contraint  n'émettraient  pas  de  rayons  n. 
C'est  ce  que  l'expérience  démontre  en  effet  :  les  lames  bataviques,  l'acier 
trempé,  le  laiton  écroui  par  le  martelage,  du  soufre  fondu  à  structure  cris- 
talline, etc.  sont  des  sources  spontanées  el  permanentes  de  rayons  7i.  On 
peut  par  exemple  répéter  les  expériences  du  cadran  d'horloge  en  employant, 
au  lieu  du  corps  comprimé,  un  outil  d'acier  trempé,  tel  qu'un  burin  ou 
une  lime,  ou  même  un  couteau  de  poche,  sans  les  comprimer  ni  les  plier 
aucunement;  de  même,  il  suffit  d'approcher  d'une  petite  masse  de  sulfure 
de  calcium  phosphorescent  une  lame  de  couteau  ou  un  morceau  de  verre 
trempé  pour  en  augmenter  la  phosphorescence.  L'acier  non  trempé  est 
sans  action  :  un  burin  que  l'on  trempe  et  détrempe  succeisivenien  t  est 
actif  quand  il  est  trempé  et  inactif  quand  il  est  déLrem,)é.  Ces  actions  tra- 
versent sans  affaiblissement  notable  une  plaque  d'aluminium  épaisse  de 
i*^'",5,  un  madrier  de  chêne  épais  de  3*^"*,  du  papier  noir,  etc. 

»  L'émission  des  rayons  n  par  l'acier  trempé  paraît  avoir  une  durée 
indéfinie  ;  des  outils  de  tour  et  une  marque  à  cuirs  datant  du  xviii*  siècle, 
conservés  dans  ma  famille  et  n'ayant  certainement  pas  été  trempés  de 
nouveau  depuis  l'époque  de  leur  fabrication,  émettent  des  rayons  n 
comme  l'acier  récemment  trempé.  Un  couteau  provenant  d'une  sépulture 
gallo-romaine  située  sur  le  territoire  de  Craincourt  (Lorraine)  et  datant 
de  l'époque  mérovingienne,  ainsi  que  l'attestent  les  objets  que  l'on  y  a 
trouvés  (vases  de  verre  et  de  terre,  fibules,  boucle  de  ceinturon,  glaive 
dit  scramasax,  etc.  )  émet  des  rayons  n  tout  autant  qu'un  couteau  moderne. 
Ces  rayons  proviennent  exclusivement  de  la  lame  ;  l'essai  à  la  lime  a  montré 
qu'en  effet  la  lame  seule  est  trempée  et  que  la  soie  qui  était  destinée  à  être 
fixée  dans  un  manche  ne  l'est  pas  (').  L'émission  des  rayons  n  par  cette 
lame  d'acier  trempé  persiste  ainsi  depuis  plus  de  douze  siècles  et  ne  paraît 
pas  s'être  affaiblie. 

»  La  spontanéité  et  la  durée  indéfinie  de  l'émission  de  l'acier  évoquent 


(')  Les  Gaulois  primitifs  semblent  ne  pas  avoir  connu  l'acier,  car,  au  rapport  de 
Poljbe,  leurs  épées  de  fer  ne  piquaient  pas  et  se  pliaient  dans  les  combats  dès  les 
premiers  coups.  Le  couteau  dont  il  s'agit  ici  est  d'origine  Gallo-Romaine,  et  les  Gallo- 
Romains  avaient  sans  doute  appris  des  Romains  à  fabriquer  l'acier  et  à  le  tremper. 


9^4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'idée  d'un  nipj3rochement  avec  les  propriétés  radiantes  de  l'uranium, 
découvertes  par  M.  H.  Becquerel,  et  que  les  corps  découverts  depuis  par 
M.  et  M'"^  Curie  :  radium,  polonium,  etc.,  présentent  avec  tant  d'inten- 
sité. Toutefois,  les  rayons  n  sont  certainement  des  radiations  spectrales  : 
ils  sont  émis  par  les  mêmes  sources  que  ces  radiations,  se  réfléchissent,  se 
réfractent,  se  polarisent,  possèdent  des  longueurs  d'onde  bien  déter- 
mmées,  que  j'ai  mesurées.  L'énergie  quereprésente  leur  émission  est  vrai- 
semblablement empruntée  à  l'énergie  potentielle  qui  correspond  à  l'état 
contraint  de  l'acier  trempé  :  cette  dépense  est  sans  doute  extrêmement 
faible,  puisque  les  effets  des  rayons  n  le  sont  eux-mêmes,  et  cela  explique 
la  durée  en  apparence  illimitée  de  l'émission. 

»  Une  lame  de  fer,  que  l'on  plie  de  façon  à  lui  imprimer  une  déforma- 
lion  permanente,  émet  des  rayons  n,  mais  l'émission  cesse  au  bout  de 
quelques  minutes.  Un  bloc  d'aluminium  que  l'on  vient  de  marteler  se 
comporte  d'une  manière  analogue,  mais  la  durée  de  l'émission  est  beau- 
coup plus  courte  encore.  Dans  ces  deux  cas,  l'état  de  contrainte  molécu- 
laire est  passager,  et  l'émission  des  rayons  n  l'est  aussi. 

»  La  torsion  produit  des  effets  analogues  à  ceux  de  la  compression.    » 


NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  formation  d'une  liste 
tie  deux  candidats  qui  doit  être  présentée  à  M.  le  Ministre  de  l'Instruction 
publique  pour  la  chaire  d'Histoire  des  Sciences,  actuellement  vacante  au 
Collège  de  France. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  destiné  au  choix  du  premier  candidat,  le 
nombre  des  votants  étant  ^7  '■ 

M.  Tannery       obtient 4o  suffrages 

M.  Wyrouboff      «        5         » 

Il  y  a  2  bulletins  blancs. 

Au  second  tour  de  scrutin,  destiné  à  la  désignation  du  second  candidat, 
le  nombre  des  votants  étant  44  • 

M.  Wyrouboff  obtient 89  suffrages 

M.  Lalande  »      i         » 

H  V  a  4  bulletins  blancs. 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE    r9o3.  965 

En  conséquence,  la  liste  présentée  par  l'Académie  à  M.  le  Ministre 
comprendra  : 

En  première  ligne M.  Tannery 

En  seconde  ligne M.  Wyuouboff 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  formation  d'une  liste 
de  deux  candidats  qui  doit  être  présentée  à  M.  le  Ministre  de  l'Instruction 
publique,  pour  une  place  d'Astronome  titulaire  actuellement  vacante  à 
l'Observatoire  de  Paris. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  destiné  à  la  désignation  du  premier  candi- 
dat, le  nombre  des  votants  étant  4^, 

M.  Puiseux  obtient 46  suffrages 

M.  Hamy  »      2         » 

Au  second  tour  de  scrutin,  destiné  à  la  désignation  du  second  candidal, 
le  nombre  des  votants  étant  39, 

M.  Hamy    obtient 36  suffrages 

M.  Boquet        »         3         » 

En  conséquence,  la  liste  présentée  par  l'Académie  à  M.  le  Minisire 
comprendra  : 

En  première  ligne. M.  Puiseux 

En  seconde  ligne M.  Hamy 


CORRESPONDANCE. 

ASTRONOMIE.  —  Observations  des  Lèonides  et  des]Bièlides,  faites  à  Athènes, 
en  1903.  Note  de  M.  D.  Egivitis,  présentée  par  M.  Lœwy. 

«  L'observation  des  Lèonides  a  été  faite  à  Athènes,  cette  année,  pendant 
trois  soirées,  par  un  temps  très  beau;  la  Lune,  âgée  de  25-27  jours,  n'a 
point  gêné  les  observations. 

»  Le  i4  novembre,  de  u'^jo'"  à  18''  (t.  m.  d'Athènes),  on  a  va  12  météores,  dont 

les  radiants  sont  : 

a=      i52"  l56" 

0  —-h    25  -H    20 


966  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

Le  i5  novembre,  de  i9'*5o™  à  17'' 5o™,  on  a  observé  187  étoiles  filantes,  dont  les  ra- 
diaots  sont  les  suivants  : 

a=     i5o°  i53°  i52° 

0^4-   22  +    21  H-    24 

Le  16  novembre,  on  a  aperçu  33  météores,  qui  ont  émané,  en  grande  partie,  du 
radiant  suivant  : 

a  r=:  i5o°  0  rr-H  17°. 

L'essaim  a  atteint  son  maxiiniini  de  i5^'  à  16''  le  i5  novembre;  la  couleur  des  mé- 
téores était  rouge;  la  vitesse  modérée,  et  Véclat  de  4''  grandeur  en  moyenne.  Il  y  en 
a  eu  un  très  brillant,  qui  a  laissé  une  trace  d'une  durée  de  jo  secondes  avec  diverses 
couleurs,  surtout  bleuâtres.  La  chute  des  météores,  principalement  le  i5  novembre, 
a  été  régulièrement  croissante  et  décroissante  avant  et  après  le  moment  du  maximum. 
Pendant  les  trois  soirées  on  a  vu  tomber  un  assez  grand  nombre  d'étoiles  filantes  des 
constellations  de  FHydre,  du  Grand  Chien  et  quelques-unes  près  de  Régulus. 

))   Les  Biélides  ont  été  observées  du  22  au  24  novembre  : 

))  Le  22  novembre,  de  7''  à  12'%  on  n'a  vu  aucune  étoile  filante;  le  ciel  était  très 
nébuleux. 

»  Le  23  novembre,  l'observation  fut  favorisée,  à  partir  de  io''3o"^  par  un  temps 
beau,  auparavant  le  ciel  était  nébuleux;  on  distinguait  les  étoiles  de  6^  grandeur.  De 
7^46'"  à  16''  on  a  vu  i4  météores  qui  émanaient,  en  grande  partie,  du  radiant  : 

a=n23''  0  3=+ 430 

»  Le  24,  par  un  temps  très  beau,  on  a  vu  11  étoiles  filantes,  dont  les  radiants  sont  : 

a  zz:  26°  26° 

0  =  46  43 

Les  météores  de  cet  essaim  étaient,  en  général,  de  S''  grandeur  et  possédaient  une 
très  grande  vitesse,  avec  des  trajectoires  courtes,  et  une  couleur  rouge.  Un  grand 
nombre  de  ces  astres  ont  sillonné  l'espace  d'une  manière  tellement  rapide  qu'ils  étaient 
à  peine  visibles,  ressemblant  à  des  grains  de  poussière.  » 


ANALYSE   MATHÉMATIQUE.    —    Un  théorème  sur  les   ensembles  mesurables  . 
Note  de  M.  Emile  Borel,  présentée  par  M.  Appell. 

«  Je  voudrais  signaler  un  théorème  fort  général,  que  je  crois  nouveau, 
et  qui  me  paraît  de  nature  à  pouvoir  rendre  de  très  grands  services  dans 
de  nombreuses  applications  à  la  théorie  des  fonctions. 

»  Étant  donnés,  dans  un  domaine  limité,  une  infinité  d'ensembles  mesu- 


SÉANCE    DU    7   DÉCEMBRE    igoS.  967 

râbles,  tels  que  la  mesure  de  chacun  d'eux  ne  soit  pas  inférieure  à  n,  les  points 
communs  à  une  infinité  d'entre  eux  Jorment  un  ensemble  dont  la  mesure  n'est 
pas  inférieure  à  r,. 

»  On  peut  déduire,  en  parliculier,  de  ce  théorème  que  la  propriété  pour 
une  fonction  d'être  continue  en  excluant  des  ensembles  de  mesure  aussi  petite 
que  l'on  veut  se  conserve  à  la  limite,  c'est-à-dire  appartient  à  la  fonction 
limite  (supposée  existante)  d'une  suite  quelconque  de  fonctions  qui  la  pos- 
sèdent. Cette  propriété  appartient,  par  suite,  à  toutes  les  fonctions  définies 
jusqu'ici.  Sous  cette  forme,  cette  remarque  est  équivalente  à  la  proposition 
suivante,  encore  inédite,  que  me  communique  M.  Lebesgue  :  Toute  fonc- 
tion mesurable  est  continue  en  chacun  de  ses  points,  sauf  pour  un  ensemble 
de  points  de  mesure  nulle,  aux  ensembles  de  mesure  nulle  prés. 

»  En  terminant,  je  dois  signaler  que  la  représentation  simple,  comme 
limite  de  fonctions  continues,  d'une  fonction  discontinue  telle  que  l'en- 
semble P  de  ses  points  de  discontinuité  est  dénombrable  a  été  obtenue  par 
M.  Lebesgue  (').  Dans  ma  Note  du  3o  novembre,  j'ai  traité  seulement  le 
cas  où  P  est  réductible;  j'avais  d'ailleurs  surtout  en  vue  de  montrer  com- 
ment l'introduction  des  nombres  transfinis  pouvait  être  évitée  dans  une 
question  où,  à  un  certain  point  de  vue,  elle  aurait  pu  paraître  nécessaire. 
M.  Lebesgue  m'informe  qu'il  possède  une  démonstration  sans  nombres 
transfinis  du  théorème  général  de  M.  Baire;  c'est  là  un  résultat  dont  l'im- 
portance n'échappera  à  aucun  géomètre;  j'espère  que  cette  démonstration 
sera  bientôt  publiée.  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.    —    Généralisation  d'un  théorème  de   Laguerre. 
Note  (le  M.  A.  Auric,  présentée  par  M.  Jordan. 

«  Laguerre  (t.  I,  p.  109)  a  démontré  d'une  manière  tout  à  fait  élémen- 
taire une  importante  proposition,  déjà  indiquée  avant  lui  par  Hermite  et 
Biehier. 


(')  Sur  r approximation  des  fondions  {Bulletin  des  Sciences  mathématiques, 
novembre  1898).  D'après  une  lettre  que  m'écrit  M.  Lebesgue,  il  y  a  lieu,  dans  la  partie 
de  cette  Note  où  il  est  question  de  points  de  discontinuité,  de  désigner  par  cCq,  ^',, 
•rj,  ^3,  .  .  .,  non  seulement  les  points  de  discontinuité,  mais  les  extrémités  des  inter- 
valles de  continuité  (forcément  dénombrables  en  tout  cas). 


968  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»   Cette  proposition  est  la  suivante  : 

»   Si  une  équation 

¥(z)  -^-  ï<I'(s)  =  o 

a  loules  ses  racines  situées  d'un  même  côté  de  Vaxe  des  abscisses,  l'équation 

pY{z)  +  q^y{z)  =  o, 

dans  laquelle  p  et  q  sont  des  nomhres  réels  arbitraires,   a  toutes  ses  racines 
réelles. 

»   Je  me  propose  de  généraliser  cette  proposition  et  de  démontrer  que  : 

»  Lorsqu'une  équation  de  degré  /? 

F(::)  +  î<l>(s)  =  o 

a  toutes  ses  racines  imaginaires,  dont  /i(k^n  —  k)  situées  d'un  môme  coté 
de  l'axe  des  abscisses,  l'équation 

p¥(z)  +  q^V(z.)  =  o 

a  au  moins  n  —  o.Tx  racines  réelles. 

»  Et,  réciproquement,  si  cette  dernière  équation  a  n  —  ik  racines 
réelles,  l'équalion  proposée  dont,  par  hypothèse,  toutes  les  racines  sont 
imaginaires,  en  a  au  moins  k  d'un  môme  côté  de  l'axe  des  abscisses. 

»   La  démonstration  est  très  simple. 

))   Posons 


»  Parmi  les  [i^,  tous  ^^  o  par  hypothèse,  k  ont  un  signe  déterminé,  et 
n  —  ^  le  signe  contraire. 

))  Faisons  parcourir  à  la  variable  ^  l'axe  des  abscisses,  de[)uis  —ce 
jusqu'à  H- ce,  et  étudions  l'argument  du  produit 

H 

»    Cet  argument  varie  d'une  manière  continue, 

»   Pour  :?  =  —  ce,  chacun  des  n  facteurs  a,  à  la  limite,  un  argument  égal 

à  zéro,  de  sorte  que  l'argument  des  produits  est  également  nul  à  la  limite. 

»  Lorsque  z  varie  de  —  ■yz  l\  +  ce,  l'argument  de  chaque  facteur  aug- 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE    IQoS.  969 

mente  ou  diminue  d'une  manière  continue  de  o  à  ±n,  selon  que  l'affixede 
la  racine  considérée  est  au-dessus  ou  au-dessous  de  l'axe  des  x. 

»  Pour  ^  =  -^  co,  l'argument  de  chaque  facteur  est  égal  à  ±  H,  de  sorte 
que  l'argument  du  produit  est  égal  à  ±  (/z  —  a/;)!!. 

»  Il  est  donc  évident  que  le  vecteur  représentant  ce  produit  a  décrit,  à 
partir  de  l'axe  positif  des  abscisses,  soit  dans  le  sens  direct,  soit  dans  le  sens 
rétrograde,  un  angle  égal  à  (n  —  2.k)Jl. 

»  On  ne  considère  ici  que  l'arc  décrit  au  total;  mais  il  est  clair  que  le 
vecteur  a  pu,  en  revenant  sur  ses  pas,  parcourir  certains  arcs  dans  les  deux 
sens  opposés,  sans  que  ce  parcours  influe  sur  l'arc  total  décrit. 

»   Si  donc  l'on  pose 

F(::)+^*(^)  =  Ph-ïQ, 

P  s'annulera  toutes  les  fois  que  le  vecteur  se  confondra  avec  l'axe  vertical 
des  coordonnées,  c'est-à-dire  au  moins  (n  —  ik)  fois,  plus  un  nombre  pair 
de  fois  si  le  vecteur  a  recommencé,  en  les  doublant,  certains  arcs  compre- 
nant cet  axe  vertical. 

»  De  même,  Q  s'annulera  toutes  les  fois  que  le  vecteur  se  confondra 
avec  Taxe  des  abscisses,  c'est-à-dire  au  moins  {n  —  ik  —  i)  fois,  carie 
départ  et  l'arrivée  pour  :;  =  ±  co  ne  doivent  pas  être  comptés. 

»  D'une  manière  générale,  si  l'on  considère  l'angle  a  dont  la  tangente 

trigonométrique  est  égale  à  —  -(/>  et  ^  réels),  l'expression 

pV  +  qQ 

s'annulera  toutes  les  fois  que  le  vecteur  se  confondra  avec  la  droite  qui 
correspond  avec  l'angle  a,  c'est-à-dire  au  moins  {n  —  !ik)  fois. 

»  Cette  proposition  ainsi  généralisée  semble  avoir  une  grande  impor- 
tance dans  la  théorie  des  équations. 

»   On  sait,  en  effet,  que,  par  une  transformation  de  la  forme 


on  peut  faire  correspondre  à  l'axe  des  abscisses  une  circonférence  décrite 
sur  Py  et  capable  d'un  angle  donné.  On  saura  alors,  par  la  simple  applica- 
tion du  théorème  de  Sturm,  qu'il  y  a,  à  l'intérieur  de  celte  circonférence, 
au  moins  k  racines;  c'est  là  un  résultat  qui  parait  avou^  longuement  préoc- 
cupé Laguerre  dans  ses  recherches  sur  la  théorie  des  équations.  » 

C.  R.,  1903,  2»  Semestre,  (T.  CXXXVII,  N«  23.)  I27 


970  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


AVIATION.  —  Sur  La  qualité  des  hélices  suslenlatrices.  Note  de  M.  Charles 
Rexard,  j3résentée  par  M.  Maurice  Levy. 

«  Nous  avons  établi  (23  novembre  igoS)  la  formule  qui  donne  le  poids 
utile  maximum  qui  peut  être  soutenu  par  un  hélicoptère  à  deux  hélices, 

nous  avons  étudié  l'influence  du  poids  spécifique  ct,  du  moteur;  nous  nous 
occuperons  aujourd'hui  de  celle  du  coefficient  K  qui  dépend  de  la  perfec- 
tion de  l'hélice  employée.  Cette  perfection  de  V hélice  ou  plutôt  d'une 
famille  d'hélices  géométriquement  semblables  peut  être  mesurée  par  un 
chiffre  unique  auquel  nous  nous  proposons  de  donner  le  nom  de  qualité  de 
l'hélice  sustentatrice.  La  notion  de  cette  qualité  résulte  des  considérations 
suivantes  que  nous  donnons  sous  forme  de  théorèmes  : 

)>   Théorème  I.  —  Dans  un  appareil  suslentaleur  quelconque  utilisant  la 

Pi? 
résistance  de  l'air,  le  rapport  ?j^  du  cube  du  poids  soutenu  {poussée)  au  carré 

du  travail  dépensé  par  seconde  est  un  nombre  constant. 

»  Cela  résulte  immédiatement  de  la  proportionnalité  des  résistances  au  carré  des 

A' 
vitesses.  Le  rapport  7=^  i=  co  est  la  puissance  du  sustentateur. 

w  Théorème  11.  —  Dans  un  sustentateur  orthogonal  simple  constitué  par 
un  plan  mince  de  surface  S'  s' abaissant  verticalement,  la  puissance  co  est  égale 
au  produit  loS'  du  coefficient  de  la  résistance  de  V air  par  la  surface. 

»  loi  les  équations  de  la  poussée  A  et  du  travail  T  sont 

A^rpS'V-,        T=oS'V=* 
d'où,  en  éliminant  la  vitesse  verticale  V  : 

A^ 

—  -zr  O)  :z:  cpS'.  C.Q.F.D. 

»  Théorème  III.  —  Un  sustentateur  quelconque  est  équivalent  {au  point  de 
vue  de  la  relation  qui  existe  entre  la  poussée  et  le  travail  par  seconde  )  à  un 
sustentateur  plan  orthogonal  d'une  certaine  surface. 

»  C'est  une  conséquence  immédiate  des  théorèmes  1  et  II.  Si  S'  est  cette  surface  du 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE    igoS.  971 

plan  orthogonal  équivalent,  sa  puissance  sera  'fS'  tandis  que  celle  du  sustenlateur 
est  ra;  on  aura  donc,  pour  qu'il  y  ait  équivalence, 


.S':=T^         d'où         S'— - 


donc 


»  Théorème  IV.  —  Un  sustentateur  quelconque  est  équivalent  à  un  plan 
orthogonal  d'une  surface  S'  égale  au  quotient  de  sa  puissance  par  le  coefficient 
de  la  résistance  de  l'air. 

»  La  surface  S'  est  la  surface  équivalente  du  sustentateur  considéré. 

))  Théorème  V.  —  Bans  une  famille  d'hélices  semblables  la  puissance  est 
proportionnelle  au  carré  du  diamètre. 

»  Gela  résulte  de  l'examen  des  formules  A  =  oi^n'^x'*  et  T  =  Yo«'-^'  q"i  donnent  la 
poussée  et  le  travail  par  seconde;  les  coefficients  «o  et  -„  étant  les  mêmes  pour  toutes 
les  hélices  semblables. 

»  Corollaire.  —  Dans  une  famille  d'hélices  semblables  la  puissance  est 
proportionnelle  à  la  surface  du  cercle  décrit  par  l' extrémité  des  ailes  ou  surface 
d'appui  S  de  l'hélice,  donc  : 

))  Théorème  VI.  —  Dans  une  famille  d'hélices  semblables,  la  surface  équi- 
valente S'  est  proportionnelle  à  la  surface  d^ appui  S. 

»  En  d'autres  termes,  le  rapport  -g  de  la  surface  équivalente  à  la  surface 

S' 
d'appui  est  un  nombre  constant.  C'est  ce  nombre  constant  g^  =  Q  4"® 

nous  proposons  d'appeler  la  qualité  de  l'hélice  sustentatrice. 

»  La  signification  de  Q  est  très  claire  :  une  hélice  de  qualité  2,  par  exemple,  est 
équivalente  au  plan  mince,  orlliogonal   d'une  surface   double  de  sa  surface  d'ap- 

pui^^'  La  qualité  est  indépendante  de  la  grandeur  de  l'hélice,  elle  ne  dépend  que 

de  sa  forme.  Elle  est  indépendante  de  la  densité  de  l'air.  Au  point  de  vue  de  la  forme, 
le  nombre  d'ailes,  la  fraction  de  pas  totale  et  le  tracé  du  contour  des  ailes  ont  bien  une 
certaine  influence  sur  la  qualité,  mais  celle-ci  dépend  surtout  du  rapport  y  du  pas  G 
au  diamètre  x  {j  est  le  pas  relatif). 

»  En  prenant  tf  —  o,o85,  le  Tableau  suivant  et  le  diagramme  qui  l'accompagne 
donnent  les  valeurs  de  Q  mesurées  à  Chalais  pour  une  série  de  6  hélices  de  i™  de  dia- 
mètre ne  différant  entre  elles  que  par  le  pas  relatif. 

N"  des  liélices.  1. 

m 

Pas  des  hélices o ,  2.5 

Qualité  Q o,48 


2. 

3. 

4. 

5. 

6. 

m 

o,5o 

0,75 

01 

I  ,oo 

m 
1  ,20 

m) 

i  ,5o 

I  ,OI 

1,14 

0,76 

0,52 

o,38 

972  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  Le  maximum  de  Q  correspond  à  riiélice  n°  3  dont  le  pas  est  les  trois  quarts  du 
diamètre,  Q  descend  très  rapidement  de  part  et  d'autre  de  ce  sommet. 


Maaxnutrn  de  Q 
j,j^  poury=o,~S 


0,2ô  Ô,ÔO  0,f3  ,    liOO 

"   ■   ValeziT.i'  dzl   pnj-  ripJatif  y. 


i,~5   -^.    i,So 


»  Nouvelle  forme  de  l'équation  enT,,^.  —  L'équation  (i)  en  Z/,,  devient  facilement, 
en  y  introduisant  Q  (lequel  est  proportionnel  à  A'^), 


(2) 


57  looQ^ 


»  Le  poids  utile  maximum  augmente  donc  comme  le  cube  de  la  qualité.  —  Il  y  a 
donc  le  plus  grand  intérêt  à  améliorer  la  qualité,  mais  on  ne  peut  le  faire  indéfiniment. 
On  peut  démontrer,  en  efTet,  que  Q  est  proportionnel  au  carré  du  rendement  p  de 
l'hélice  considérée  comme  un  ventilateur,  et  que  le  coefficient  de  proportionnalité  est 
très  voisin  de  6. 

»  On  a  donc  Q  =  6p-,  et,  comme  p  ne  peut  pas  être  supérieur  à  l'unité,  Q  a  une 
limite  supérieure  égale  à  6.  En  passant  de  notre  qualité  optinia  1,14  à  cette  limite 
supérieure  de  6,  on  multiplierait  le  poids  utile  maximum  par  200  environ  et  l'on  pas- 
serait de  10*^8  à  2*  pour  les  moteurs  de  5'^^s  par  cheval.  Sans  aller  si  loin,  on  voit  qu'il 
reste  beaucoup  à  gagner  sur  la  valeur  de  Q  ;  nous  croyons  qu'on  peut  attendre  beau- 
coup de  l'emploi,  pour  les  ailes,  de  profils  courbes  analogues  à  ceux  dont  les  avantages 
ont  été  mis  en  évidence  par  nombre  d'aviateurs  pour  les  aéroplanes  et  notamment  par 
le  regretté  Lilienthal. 


»  Nous  serions  heureux  que  cette  Note  ait  pour  résultat  de  susciter  de 
nouvelles  expériences  sur  les  hélices  sustentatrices  qui  sont  loin  d'avoir 
dit  leur  dernier  mot.  » 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE    igo3.  97' 


PHYSIQUE.  —  Sur  l'intensité  de  V éclairement  produit  par  le  Soleil. 
Note  de  M.  Charles  Fabry,  présentée  par  M.  Mascart. 

((  Nos  connaissances  actuelles  sur  l'éclairement  produit  par  le  Soleil, 
exprimé  en  fonctions  de  nos  unités  photométriques,  sont  fort  peu  précises. 
Les  «Grandes  divergences  entre  les  résultats  trouvés  par  les  différents  obser- 
vateurs s'expliquentd'ailleurs,  soit  par  l'imperfection  des  méthodes,  soit  par 
l'incertitude  sur  la  valeur  des  unités  photométriques  employées,  soit  par 
les  conditions  atmosphériques  diverses  dans  lesquelles  les  observations  ont 
été  faites. 

»  J'ai  employé  une  méthode  due  à  Bouguer  pour  affaiblir  dans  un  rapport  connu 
l'éclaîrement  solaire.  Le  faisceau  solaire,  après  avoir  traversé  une  lentille  de  distance 
focale  faible  et  connue,  tombe  sur  l'une  des  faces  de  l'écran  d'un  photomètre  de 
Lummer  et  Brodhun.  L'autre  face  reçoit  un  éclairement  constant,  de  môme  teinte  que 
la  lumière  solaire  :  une  petite  lampe  électrique  à  incandescence  est  placée  au  foyer 
d'une  lentille,  et  éclaire  l'écran  à  travers  une  cuve  à  faces  parallèles  contenant  une  solu- 
tion de  sulfate  de  cuivre  ammoniacal  de  composition  convenable  (^).  On  a  mesuré  une 
fois  pour  toutes  le  rapport  de  Tintensilé  transmise  à  travers  la  cuve  pleine  d'eau  à 
celle  que  l'on  obtient  à  travers  le  liquide  bleu,  et  trouvé  6,0  comme  moyenne  d'un 
o-rand  nombre  de  mesures.  La  détermination  de  ce  rapport  est  la  seule  comparaison 
hétérochrome  exigée  par  ces  mesures  (-);  ce  nombre  n'intervient  pas  dans  les  rapports 
des  résultats  entre  eux,  et  toutes  les  mesures  faites  par  ma  méthode  seront  compa- 
rables avec  les  miennes,  pourvu  qu'on  adopte  pour  ce  rapport  la  même  valeur,  La  lampe 
électrique  donne  une  intensité  lumineuse  parfaitement  constante,  grâce  à  un  mode  de 
réglage  pour  maintenir  constante  la  puissance  électrique  dépensée. 

»  Une  observation  consiste  à  égaliser  les  éclairements  des  deux  plages  du  photo- 
mètre par  déplacement  de  la  lentille  interposée  sur  le  faisceau  solaire.  La  connaissance 
d'une  constante  instrumentale,  déterminée  une  fois  pour  toutes,  permet  alors  de  cal- 
culer l'éclairement  solaire. 

»  J'exprimerai  les  résultats  en  prenant  comme  unité  d'intensité  lumineuse  la  bougie 
décimale;  m'étant  servi  comme  étalon  fondamental  de  la  lampe  Hefner,  j'ai  considéré 


(')  Voir  Comptes  rendus,  9  novembre  1908.  En  employant  la  notation  indiquée 
dans  ce  travail,  ma  cuve  correspond  k  x  ^=1  54,  i- 

(2)  La  détermination  de  la  constante  de  l'appareil  nécessite  la  comparaison  de  la 
lampe  électrique  avec  l'étalon  photométrique  (lampe  Hefner).  Ces  deux  sources  de 
lumière  sont  de  teintes  assez  voisines  pour  que  leur  comparaison  puisse  èlre  faite  direc- 
tement sans  donner  lieu  à  aucune  incertitude. 


g^4  ACADEMIE    DES   SCIENCES. 

la  bougie  décimale  comme  représentée  par  l'intensité  de  la  lampe  Hefner,    multipliée 
par  1,1 3. 

))  Résultats.  —  Les  mesures  ont  été  faites  à  la  Faculté  des  Sciences  de 
Marseille,  sensiblement  au  niveau  de  la  mer,  le  Soleil  n'étant  jamais  à 
plus  de  23°  du  zénith.  Les  nombres  ont  été  corrigés  pour  les  ramener  à  la 
moyenne  distance  de  la  Terre  au  Soleil  et  au  zénith  (cette  dernière  correc- 
tion est  presque  négligeable). 

»  Les  nombres  trouvés  varient  naturellement  avec  l'état  de  l'atmo- 
sphère; mais,  si  l'on  ne  fait  entrer  en  ligne  de  compte  que  les  observations 
faites  avec  ciel  parfaitement  beau  (c'est-à-dire  lorsque  aucune  nébulosité 
n'est  visible  dans  la  direction  du  Soleil),  les  nombres  ne  varient  que  de 
quelques  centièmes. 

))  On  peut  admettre  que  l'éclairement  produit  par  le  Soleil  au  zénith,  à 
sa  moyenne  distance,  est,  au  niveau  de  la  mer,  loo  ooo  fois  celui  que  donne 
une  bougie  décimale  à  i™. 

))  Si  l'on  admet  que  l'éclat  apparent  du  disque  solaire  est  uniforme,  on 
en  déduit  que  i"""'  du  disque  solaire  émet  normalement  une  intensité 
lumineuse  qui  est,  après  absorption  atmosphérique,  de  i8oo  bougies.  En 
réalité,  le  bord  paraît  moins  brillant  que  le  centre,  de  sorte  que  ce  nombre 
est  un  minimum.  Rappelons  que,  pour  le  caractère  positif  de  l'arc  élec- 
trique, on  trouve  des  intensités  de  i5o  à  200  bougies  par  millimètre  carré. 

))  Il  est  intéressant  de  comparer  le  rayonnement  lumineux  du  Soleil  avec 
son  rayonnement  calorifique  total. 

»  Admettons  que,  dans  les  conditions  de  mes  mesures,  la  quantité  de  chaleur  reçue 
ait  été  de  1 ,5  petite  calorie  par  minute  et  par  centimètre  carré.  Un  calcul  facile  per- 
met d'en  conclure  que,  dans  ce  rayonnement  tel  que  nous  le  recevons,  la  puissance 
totale  est  de  0,12  watt  par  bougie.  L'absorption  atmosphérique  est  plus  forte  sur  les 
rayons  invisibles  que  sur  les  lumineux;  dans  le  rayonnement  solaire,  sans  absorption 
atmosphérique,  la  puissance  par  bougie  doit  être  un  peu  plus  forte,  probablement 
comprise  entre  o ,  1 5  et  0,20  watt. 

»  Des  observations  analogues,  faites  en  divers  lieux  et  à  diverses 
époques,  ne  seraient  peut-être  pas  sans  intérêt.  Elles  fourniraient  des  ren- 
seignements précis  sur  les  variations  de  la  transparence  de  l'atmosphère. 
Faites  dans  les  meilleures  conditions  possibles  (dans  des  stations  élevées), 
elles  pourraient  conduire  à  des  renseignements  sur  les  variations  d'éclat 
du  Soleil  :  l'erreur  accidentelle  sur  une  mesure  ne  dépasse  guère  i  pour  100, 


SÉANCE   DU   7    DÉCEMBRE    1903.  975 

grâce  k  la  similitude  des  teintes  des  deux  plages,  et  les  erreurs  systéma- 
tiques seraient  éliminées  par  l'emploi  constant  du  même  appareil.  Ces 
mesures  sont  plus  faciles  et  moins  affectées  par  l'absorption  atmosphé- 
rique que  ne  le  sont  les  mesures  calorimétriques  destinées  à  déterminer  la 
constante  solaire.   » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  la  direction  de  l'aimantation  permanente  dans 
diverses  roches  volcaniques.  Note  de  MM.  Berxard  Brunhes  et  Pierre 
David,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Dans  une  précédente  Communication  (  '  ),  nous  avons  signalé  à  l'Aca- 
démie les  propriétés  magnétiques  de  la  brique  naturelle,  qu'ont  produite,  en 
divers  points  de  la  région  du  Puy-de-Dôme,  des  coulées  de  lave  en  venant 
s'épandre  sur  des  couches  d'argile  pliocène  ou  quaternaire.  Sur  une  épais- 
seur variable,  qui  peut  atteindre  2™  ou  3'"  au-dessous  de  ia  coulée,  l'argile 
a  été  cuite;  plus  bas,  elle  a  conservé  la  couleur  et  Tétat  d'argile  non 
cuite  :  à  cet  état,  elle  possède  une  susceptibilité  magnétique,  variable  avec 
sa  composition,  mais  elle  n'a  pas  d'aimantation  permanente.  La  brique 
est,  au  contraire,  aimantée.  Nous  avons  indiqué  une  méthode  propre  à 
fixer  la  direction  de  l'aimantation  de  cette  brique  naturelle. 

»  Quelque  intérêt  que  pût  présenter  cette  étude,  elle  était  restreinte  à 
une  espèce  de  roche  qui  est  très  particulière  et  ne  se  rencontre  que  dans 
des  circonstances  assez  rares.  Des  mesures  poursuivies  depuis  deux  ans 
nous  ont  conduits  à  penser  que  toutes  les  roches  volcaniques  présentent, 
à  des  degrés  divers,  la  même  propriété,  à  savoir  de  posséder  une  aimanta- 
tion rémanente  stable,  dont  la  direction,  bien  définie  dans  une  carrière 
donnée,  diffère  en  général  de  la  direction  du  champ  terrestre  actuel  et 
nous  donne  probablement  la  direction  du  champ  magnétique  terrestre  à 
l'époque  oi^i  la  roche  s'est  solidifiée. 

»  La  démonstration  de  cette  propriété,  de  conserver  la  direction  d'aiman- 
tation du  champ  magnétique  où  elle  a  été  cuite,  résulte  pour  la  brique  des 
expériences  directes  de  Folgheraiter,  qui  en  a  déduit  une  méthode  d'étude 
de  l'inclinaison  magnétique  aux  époques  historiques  d'après  l'examen  des 


(*)   Coiuplcs  rendus,  i5  juillet  1901. 


97^  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

poteries.  Pour  d'aulres  roches,  elle  nous  paraît  résulter  de  comparaisons 
avec  la  brique. 

))  Dans  une  carrière  d'argile  cuite,  de  Royal,  signalée  dans  notre  pré- 
cédente Communication,  nous  avons  indiqué  que  la  déclinaison,  déduite  de 
l'examen  de  cubes  de  brique,  dépassait  d'environ  60°  la  déclinaison  actuelle 
et  que  l'inclinaison  était  voisine  de  j5°.  Nous  avons  examiné  avec  soin  de 
nouveaux  échantillons  de  brique  naturelle  de  cette  carrière  et  nous  les  avons 
comparés  avec  des  échantillons  cubiques  de  lave  découpés,  suivant  notre  mé- 
thode, dans  la  coulée  qui  est  au-dessus  de  la  brique. 


o         t 


Argile  cuite- n"  1 A  =  52.3o  (+  déclinaison  actuelle) 

0  :=:  ^0.3o 

Argile  cuite  n°  2. .. .     Arz:54.io 

0  =1  72.60 
Argile  cuite  n°  3.  .. .     A  =  56.45 

5  =:  72. i5 
Lave  D°  1 Ar=52.3o     ' 

0  zz:  69.20 

Lave  n»  2 A  =r:  40.20 

5  =  68 
Lave  n°  3 A  =  5o 

ô=:68.3o 
Lave  n°  4 A  =  42 .  20 

3  =  68.5o 

»   Ces  nombres  appellent  quelques  remarques  : 

))  1.  Les  divers  échantillons  de  lave  sont  d'aspect,  de  texture  et,  sans  doute,  de 
composition,  différentes.  La  coulée  a  formé  une  pâte  qui  a  englobé,  en  les  fondant,  des 
matières  très  diverses  et  elle  ne  devient  homogène  qu'à  une  hauteur  de  quelques  mètres 
au-dessus  de  la  brique.  Les  divers  échantillons  sont  pris  en  des  points  dont  les  plus 
éloignés  sont  à  une  vingtaine  de  mètres  Tun  de  Tautre. 

»  2.  Ces  échantillons  ont  des  intensités  d'aimantation  variant  de  i  à  i5.  Les  plus 
aimantés  ont  une  aimantation  qui  est  d'environ  quatre  fois  celle  des  briques  les  plus 
aimantées. 

»  3.  Les  divers  échantillons  de  lave  présentent  entre  eux  des  différences  dans  les 
directions  d'aimantation  plus  grandes  que  n'en  présentent  les  briques.  La  slablllté  de 
leur  aimantation  doit  être  moindre.  Néanmoins,  quand  ou  tient  compte  des  causes 
d'erreur  inévitables  en  ce  genre  de  déterminations,  on  ne  peut  s'empêcher  de  penser 


SÉANCE  DU  7  DÉCEMBRE  igoS.  9^7 

que  la  lave  qui.  en  enidant.  a  ciiif  l'argile,  a.  dans  l'en.<<emhle.  la  même  direction 
d'aimantation  que  cette  argile  cuite.  La  lave,  elle  aussi,  aurait  donc  conservé  la 
direction  cV aimantation  du  champ  terrestre  à  Vépoque  de  la  coulée. 

»  Nous  avons  ici,  en  tous  les  cas,  une  contre-épreuve  caractéristique.  Dans  une  cave 
très  voisine  de  la  carrière  de  briques,  on  atteint  la  partie  inférieure  de  la  couche 
d'argile,  et  l'on  reconnaît  qu'elle  repose  elle-même  sur  une  coulée  de  basalte.  Cette 
coulée  est  évidemment  antérieure  à  l'autre;  entre  les  deux  s'est  écoulée  la  période 
nécessaire  pour  le  dépôt  de  la  couche  d'argile.  Or,  un  échantillon  cubique  découpé 
dans  ce  basalte  nous  a  donné  une  direction  d'aimantation  très  différente  des  échan- 
tillons de  la  lave  supérieure,  une  déclinaison  de  1°  à  l'ouest  de  la  déclinaison  actuelle 
et  une  inclinaison  de  59° 4o'-  H  nous  semble  que  ce  fait  seul  suffirait  pour  affirmer  que 
cette  première  coulée  n'est  pas  contemporaine  de  l'autre,  et  que  celte  autre  est  con- 
temporaine de  la  cuisson  de  l'argile.  » 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Rôle  du  temps  dam  la  comparaison  des  éclats 
lumineux  en  lumiètT.  coloi^èe.  Noie  de  MM.  A\drk  Broc  a  et  D.  Srr.zFiî, 
présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  On  sait  combien  est  délicate  la  comparaison  photométrique  de  deux 
plages  de  couleurs  différentes.  Cela  tient  à  ce  que  les  sensations  colorées 
suivent  des  lois  distinctes.  Tout  le  monde  connaît  le  phénomène  de  Pur- 
kinje  : 

»  Si  l'on  donne  même  éclat  apparent  à  deux  plages  respectivement  rouge  et  bleue, 
pour  une  certaine  intensité  lumineuse,  la  plage  bleue  semblera  notablement  plus 
claire  que  l'autre  quand  on  diminuera  dans  le  même  rapport  l'éclaireraent  des  deux 
plages;  elle  semblera  au  contraire  moins  claire  que  l'autre,  quand  on  augmentera  dans 
le  même  rapport  l'éclairement  des  deux  plages.  Helmhoitz  a  montré  que  ce  phéno- 
mène s'expliquait  si  l'on  admettait  que  les  courbes  qui  relient  la  sensation  permanente 
à  l'intensité  étaient  difiTérentes  pour  les  deux  couleurs.  Les  expériences  directes  ont 
montré  qu'il  en  était  bien  ainsi  (Charpentier,  Macé  de  Lépinay  et  Nicati.  puis  Kr.nig  et 
Dieterici).  Le  phénomène  ne  se  produit  que  pour  des  éclats  assez  bas. 

»  Nous  avons  constaté  un  phénomène  du  môme  genre  quand  le  temps 
intervient,  mais  ce  phénomène  se  produit  pour  tous  les  éclats  usuels,  et 
d'autant  plus  que  l'éclat  est  plus  grand.  Il  est  d'ailleurs  infiniment  plus 
prononcé  que  le  phénomène  Purkinje.  Nous  l'avons  constaté  en  suivant 
une  voie  inverse  de  celle  qui  a  amené  à  la  connaissance  du  phénomène  de 
Purkinje.  Nous  avons  conclu  son  existence  de  l'étude  des  courbes  de  la 
sensation  en  fonction  du  temps  pour  les  diverses  lumières  colorées,  et 
l'expérience  directe  a  vérifié  nos  conclusions. 

C.  R.,  igoS,    2"  Semestre.  (T.  CXXXVTI    N°  23  )  I  28 


978 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


))  Nous  reproduisons  dans  la  figure  ci-jointe  les  courbes  que  nous  avons 
tracées  d'après  nos  mesures,  en  suivant  la  technique  indiquée  dans  notre 
précédente  Note.  Nous  en  avons  indiqué  les  principaux  résultats.  Aujour- 


Millicmes   de   seconde 


d'hui  nous  allons  en  indiquer  un  autre,  nous  réservant  de  discuter  ulté- 
rieurement l'ensemble  de  la  question. 

»  On  voit  immédiatement  d'après  ces  courbes  que  si  une  lumière  bleue  et  une  autre 
quelconque  ont  le  même  éclat  en  régime  permanent,  il  n'en  sera  plus  de  même  quand 
la  lumière  n'agira  sur  l'œil  que  pendant  un  temps  assez  court.  Dans  ces  conditions,  le 
bleu  montant,  à  égalité  d'éclat,  beaucoup  plus  vite  et  plus  haut  que  les  autres  cou- 
leurs, aura  toujours  un  éclat  prépondérant  pour  les  temps  courts. 

»  De  même,  si  Ton  égalise  en  régime  permanent  les  éclats  de  deux  plages  respec- 
tivement rouge  et  verte,  la  plage  rouge  deviendra  plus  éclatante  pour  les  éclairements 
de  courte  durée.  Le  phénomène  sera  très  net  mais  beaucoup  moins  prononcé  que  pour 
le  bleu  et  le  vert.  Dans  ce  dernier  cas,  on  peut  arriver  à  égaliser,  pour  un  temps  d'éclai- 
rement  assez  court,  aux  environs  de  o^'e^i,  les  éclats  de  deux  plages  dont  l'une,  verte, 
a  le  même  éclat  qu'un  papier  blanc  éclairé  par  gS  lux,  et  l'autre,  bleue,  le  même  éclat 
qu'un  papier  blanc  éclairé  par  33  luv. 

»  L'expérience  directe  a  vérifié  les  prévisions  de  la  théorie.  Éclairons 
par  deux  lumières  différentes,  bleue  et  verte  par  exemple,  les  deux  plages 
d'un' photomètre  et  donnons-leur  le  même  éclat  apparent.  Puis  mettons  en 
mouvement,  en  avant  de  ces  plages  et  aussi  près  d'elles  que  possible,  un 
disque  rotatif  muni  d'une  fente  convenable,  nous  verrons  la  plage  bleue 
prendre  une  prépondérance  considérable.  Remplaçons  la  plage  bleue  par 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE      190.3.  979 

une  rouge  :  celle-ci  prendra  une  jjrépondérance  encore  très  nette  quoique 
moins  grande. 

))  Mais,  à  côté  de  la  vérification  cherchée,  cette  nouvelle  expérience  nous 
a  montré  un  fait  nouveau.  Quand  on  compare  comme  nous  venons  de 
le  faire  une  plage  verte  et  une  bleue,  cette  dernière  prend  pour  les 
premiers  éclairs  un  éclat  vraiment  énorme.  Si  les  éclairs  se  renouvellent 
toutes  les  secondes,  on  voit  très  nettement  à  chaque  fois  l'éclat  du  bleu 
baisser,  pour  se  fixer  k  une  valeur  à  peu  près  constante,  toujours  supérieure 
à  celle  du  vert,  au  bout  de  10  ou  1 5  éclairs.  Si  les  éclairs  ne  se  renou- 
vellent que  toutes  les  deux  secondes,  l'abaissement  que  nous  venons  de 
décrire  devient  beaucoup  moins  net.  En  comparant  le  rouge  et  le  vert,  le 
phénomène  se  montre  encore  pour  le  rouge,  mais  dans  une  mesure  bien 
plus  faible. 

))  Ceci  nous  montre  que  la  fatigue  rétinienne  due  au  bieu  s'accumule 
dans  la  rétine,  el  met  un  temps  relativement  très  long  à  se  dissiper,  alors 
même  que  l'action  de  la  lumière  a  été  très  courte.  Ces  phénomènes  existent 
pour  le  rouge,  mais  à  un  degré  infiniment  moindre.   » 


THERMOCHIMIE.  —  Sur  une  nouvelle  méthode  pour  le  calcul  des  chaleurs 
de  combustion  et  sur  quelques-unes  de  ses  conséquences.  Note  de 
M.  P.    Lemoult. 

«  Nous  avons  montré  qu'on  peut  calculer  la  chaleur  de  combustion  des 
carbures  et  de  leurs  dérivés  oxygénés  en  faisant  la  somme  des  appoints 
dus  aux  groupes  élémentaires  [(c^sec^);  —  (c-  =  6"-);  ...  (c  —  H)|  et  de 
ceux  des  groupes  fonctionnels  {Comptes  rendus,  t.  CKXXYl,  p.  890 
et  t.  CXXXVII,  p.  5i5  et  656). 

»  Celte  méthode  nous  a  conduit  à  deux  séries  de  formules 

(i)  C,  =  lo'jn  -f-  A,, 

(2)  C.  =  463m  +  A.B^  ii5,75/2 -h  A'^, 

la  première  pour  les  composés  acychques,  la  seconde  pour  les  composés 
cycliques  {n  étant  le  nombre  d'atomes  de  C  ;  m  étant  le  numéro  d'ordre  du 
carbure  cyclique  générateur). 

»  Ces  formules  se  ramènent  à  un  seul  type,  quand  on  met  en  évidence 
les  nombres  x  et  y  d'atomes  de  C  et  d'il  du  carbure  C  H\  Ou  a,  en  effet, 


980  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pour  les  carbures  acycliques  saturés,  C"  H-"+-,  A,  =  55,  n  =  x,y  =  2  /î  -h  2; 

C,  =  i57Ai  +  55fE^  102/i  +  (2^  H-  2)  —  B^I02^-  H — ^  j  ; 
pour  les  carbures  cycliques  x  =  [\m  -i-  2,  y  —  2m  +  4  el  A.  =  3i4;  or 
Co  —  463w  -f-  3i4^^^  102(4^^2  -r  2)  4-  --  (2m  -f-  4)  ^^  \o-ix  -h  —y. 

»  Donc,  la  chaleur  de  combustion  :;  d'un  carbure  quelconque  (  exemj)l 
de  liaison  miilliplc)  C  IP  est  donnée  par 

(a)  ^=/(O'[i0=.ro2^4-^^/; 

celle  formule  comprend  les  carbures  cycliques  à  chaînes  latérales  saturées 
qui  n'étaient  représentés  ni  par  (1),  ni  par  (2)  et  les  carbures  hych'o- 
cyciiques.  Le  trimélhylène  fait  exception. 

Avec  une  légère  modification,  la  relation  (a)  s'étend  aux  carbures  mono- 
élhyléniques;  pour  eux  A,  =  28^^';  or  .r  =/ï,  j  —  in, 

C,  =  i^-n  -}-  28eeez  I02/Z  +  -^.  -m  4-  28eesio2.x'  -^  —  J4-  28*^=*'; 

leur  chaleur  de  combustion  ^  =/(C' 11^)  comprend  non  seule.nent  l'ap- 
point normal  io2vi;  +  —y,  mais  encore  un  surcroît  d'énergie  K   dont  la 

valeur  atteint  28^"*';  pour  les  carbures  monoacétyléniques,  il  en  est  de 
même,  mais  on  doit  prendre  K  =  57^''';  de  même  aussi  pour  les  carbures 
à  plusieurs  liaisons  multiples 

([i)  s  =  102:1; -h  ^j' -f- K, 


la  valeur  de  K  étant  facile  à  calculer  pour  chaque  série.  Exemple  :  le  téré- 
benlhène  (monoéthylénique)  G'Ml'%  cale,  1490^''';  mes.,  1488^'''. 

»  Dans  le  cas  des  composés  oxygénés,  on  peut  donner  également  une 
relation  analogue  à  a.  ou  p;  un  de  ces  corps  C'H- O^'  peut  en  effet  être 
considéré  comme  un  carbure  C'  H'  qui  a  subi  un  commencement  de  com- 
bustion ;  son  pouvoir  calorifique  a  donc  diminué  d'une  quantité  qui  doit 
varier  avec  le  nombre  et  la  nature  de  ceux  de  ses  éléments  que  la  combus- 
tion a  affectés,  c'est-à-dire  doit  varier  suivant  la  fonction  qui  est  apparue 
avec  la  présence  de  l'oxygène  dans  la  molécule;  il  faut  donc  retrancher  de 

l'appoint  normal  102:17  H y  une  quantité  9  variable  avec  chaque  fonc- 
tion; les  <p  sont  d'ailleurs  en  relation  simple  avec  les  apports  des  groupes 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBrxE    IQoS. 

foiiclioniiels  ;  ainsi,  par  exemple,  pour  les  alcools  primaires. 


981 


/(,_0H)  =  8 


—  «Cal 


102 


—  8  =  45C"'. 


»  En  outre,  nous  avons  vu  qu'il  faut  modifier  le  calcul  quand  la  molé- 
cule contient  une  liaison  multiple  (en  général  retrancher  12^'''');  en  tenant 
compte  de  toutes  ces  considérations,  la  formule  générale,  qui  donne  z  pour 
un  composé  C'H-^O^',  est 

))   Voici  le  Tableau  des  principales  valeurs  de  K  et  de  ©  : 

Composé 


salure.  étliylénique.  acétylénique. 

/j  ;=  o  (carlnires).      Ki=:o       K^maS'^''^  K3=r57*^'''i 

p-^O Ki  =  0  K2=:(28  —  I2)C''l  IV3=(57— I2pl 


élhyléno- 
acélylcniquc. 


Si  /?  :^  o,  il  faut  faire  exception  pour  les  alcools  tertiaires,  où  K^,  ■=■  20^"',  et 


pour  les  anhydrides  d'acides,  où  Ro=  4^"'' 

(p(  =  45^^^  alcools  primaires  et  secondaires. 

tpj=:  5i^=^  alcools  tertiaires,  phénols,  etc. 

cp,  :=  SS^'^'  éthers  oxydes  et  acétals. 

tfj  rr:  Sg*'^'*'  aldéhydes  ;         cf!j  =:  45'^'*'  cétones. 

io6'-^''      ., 
Ci,  ^  acides. 


1 06       . , 

'i.  = acides. 

'  2 


,4lOal 


Tg 


go- 


o 

Cal 


anhydrides  d'acides. 


éthers  sels. 


çp,  =r  38*^"^  quinones. 

(p'^  =  0  anthraquinone.  Etc. 

»  Par  exemple,  acétylacétate  de  méthyle,  Cli'' — CO  —  GH- — CO- — CH*  :  cale, 
5. 102  +  4-55  —  45  —  90  =:  Sgâ"-'';  mes.,  594*^-'^ 

»  La  formule  y  qui  remplace  l'ancienne  méthode  de  calcul,  en  donnant 
les  mêmes  résultats  qu'elle,  comporte  quelques  conclusions  : 
»    1°  Tous  les  z  sont  des  cotes  de  points  placés  dans  un  plan  P, 

55 
z  =  io2,x  ■+-  —y, 

distribués  sur  des  lignes  droites  de  ce  plan  et  régulièrement  espacés  ;    le 
plan  origine  des  cotes  est  tantôt  ^  =  o,  tantôt  un  plan  parallèle; 

»   2°  La  persistance   des  facteurs   102    et  —  est  l'expression   des   lois 

de  l'homologie  et  de  l'isomérie  ; 

))   3°  z  dépend  de  ^  et  de  j  et  non  du  nombre  de  liaisons  simples  que 
les  C  échangent  entre  eux,  ni  de  celles  qui  existent  entre  les  C  et  les  H  ;  or 


9^2  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

ces  deux  nombres  varient  d'un  composé  à  l'autre;  donc  l'appoint  calori- 
fique de  chacune  de  ces  liaisons  ç^  et  w  est  nul  :  les  atomes  de  C  et  les 
atomes  de  H  des  composés  organiques  saturés  sont  les  uns  à  l'égard  des 
autres  dans  une  indépendance  thermique  absolue;  une  liaison  éthylénique 
correspond  à  un  emmagasinement  de  28^^^  (r.  =  —  28^"'),  une  liaison 
acétylénique  à  un  autre  de  -+-  5^^^^  (^'^  =  —  57^^').  Il  en  est  même  pour  le 
triméthylène  qui  possède  une  surcharge  d'environ  3o^^'  et  ces  faits  sont 
d'accord  avec  la  tendance  que  présentent  ces  corps  ou  leurs  dérivés  à 
retourner  au  type  normal. 

»  4°  On  a  vu  que  ^,  =  o,  r^  =  —  28^^',  (^3  =  —  ^'J^'"'^  :  par  une  extrapola- 
tion simple,  on  trouve  c,  = —  3^*'.  28  environ  ;  donc,  quand  2'^^  de  C  échan- 
gent entre  eux  4  valences  pour  donner  par  conséquent  i™"'  de  carbone- 
vapeur,  ils  emmagasinent  84^^'  environ,  ce  qui  porte  la  chaleur  de 
combustion  de  l'ensemble  C- =  24  à  2.102  +  84  =  2 8 8^"*' environ  ;  d'oi^i  il 
résulte  que  la  chaleur  de  vaporisation  de  24^  de  carbone-diamant  atteint 
288  —  2.C)\^^\3  =  100^^'  environ  (chaleur  de  dépolymérisation).  M.  Ber- 
thelot  a  donné  comme  minimum  de  cette  quantité  88^*'  (Ann.  de  Ch.  et  de 
Phys.,  4*  série,  t.  IX,  p.  475).  De  là  résulte  également  que  la  chaleur  de 
formation  de  la  molécule  de  carbone-vapeur  à  partir  de  ses  2'**  pris  sous 
la  forme  qu'ils  ont  dans  les  composés  organiques  serait  de  —  84^^'  environ 
(à  savoir  :  —  288  +  2,102).  De  même  la  chaleur  de  formation  de  la  molé- 
cule d'hydrogène  à  partir  de  ses  2^*  serait  de  —  i4*^"^  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  SU?'  les  azoïqiies.  Nouveau  mode  de  jorma- 
tion  des  dèrwès  indazyliques .  Note  de  M.  P.  Freundler,  présentée  par 
M.  H.  Moissan. 

«  L'étude  des  azoïques  possédant  une  fonction  alcool  ou  éther-oxyde 
ortho-substituée  a  mis  en  évidence  la  facilité  avec  laquelle  le  noyau 
indazylique  prend  naissance  ('). 

«  Les  acétals  o-azobenzoïque  et  o-hydrazobenzoïque  fournissent  à  cet 
égard  un  exemple  encore  plus  frappant.  En  effet,  la  transformation  de  ces 
composés  en  indazols  s'effectue  à  une  température  assez  basse  et  sous 
l'influence  d'agents  peu  énergiques;  de  plus,  elle  implique  une  modifica- 
tion préalable  des  groupements  fonctionnels,  qui  ne  s'effectuerait  pas 
habituellement  dans  les  conditions  dans  lesquelles  j'ai  opéré. 

C)  Comptes  rendus,  l.  CXXXVl,  p.  ijû6;  l.  CXXXVil,  p.  53 1. 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE    1908.  988 

»  1°  Uacëtal  o-hydrazohenzoïque ,  dont  je  décrirai  prochainement  la 
préparation,  peut  être  recristallisé  sans  altération  dans  de  l'alcool  bouillant 
contenant  un  peu  de  soude.  Mais  si  l'on  effectue  la  purification  en  l'absence 
d'alcali  ('),  on  constate  qu'au  bout  de  quelques  minutes  de  chauffage, 
l'hydrazoïque  a  disparu  :  il  s'est  transformé  intégralement  en  acétal  o-inda- 
zylhenzoïque  : 


,CH(0CH»)2 


^AzH-AzH' 


z=2CH^0H 


CH(OCIP)- 


.CH 


Az 


\ 


/■ 


/        \ 


CH(0GH^)-2 


»  Si  Ton  prolonge  la  durée  de  ropéralion,  on  obtient  une  certaine  quantité  de  l'al- 

tléhjde  correspondante;  néanmoins,  la  vitesse  d'hydrolyse  du  second  groupement  acétal 

paraît  être  beaucoup  moindre  que  la  vitesse  de  formation  de  la  chaîne  indazjlique. 

XCHx 
»  Valdehyde  indazyl-o-henzoïque,   C*^H*\   I       )  Az.CH^.GHO,  cristallise  dans 

Az  / 

l'éther  en  longues  aiguilles  blanches,  fusibles  à  94",  S-go".  Elle  se  dissout  dans  les  acides, 
et  notamment  dans  l'acide  nitrique  pur,  bouillant,  sans  s'oxyder;  par  refroidissement, 
le  nitrate  se  dépose  sous  la  forme  de  fines  aiguilles  dissociables  par  l'eau,  hlivdrazone 
cristallise  en  petits  prismes  jaunâtres  qui  fondent  en  se  décomposant  vers  191°.  Cette 
aldéhyde  se  transforme  quantitativement  dans  l'acide  indazyl-o-benzoïque  fusible 
à  2o4°  {loc.  cit.),  lorsqu'on  la  chauffe  au  bain-marie  avec  de  l'azotate  d'argent  ammo- 
niacal. Cette  dernière  réaction  suffît  pour  établir  sa  constitution. 

))  2°  L'aldéhyde^-azobenzoïque  s'obtient  facilement  en  chauffant  l'acétal 
correspondant  avec  de  l'acide  sulfurique  dilué  (10  pour  100).  Si  l'on 
applique  cette  réaction  à  Visomêre  orlho,  on  observe  une  décoloration 
presque  immédiate  de  la  masse,  et  l'on  obtient  un  mélange  de  deux  sub- 
lances qui  sont  X acide  indazyl-o-henzoïque  (en  quantité  prépondérante)  et 
un  produit  basique  dont  l'étude  n'a  pu  être  encore  faite,  faute  de  matière. 
Ici  encore,  la  transformation  est  intégrale  et  extrêmement  rapide. 
»  L'acide  indazylbenzoïque  a  pris  naissance  de  la  façon  suivante  : 
»  L'acétal  étant  saponifié,  le  groupement  azoïque  a  été  réduit  en  grou- 
pement hydrazoïque  par  l'une  des  fonctions  aldéhydiques  qui  a  été   trans- 


(^)  M,  Wohl  a  déjà  signalé  le  fait  que  les  acétals  sont  saponifiés  en  milieu  neutre  et 
qu'une  petite  quantité  d'alcali  empêche  complètement  Thydrolyse  (/).  ch.  G.,  t.  XXXIII, 
p.  9,760). 


9^4  ACADÉMIE   DES    SCIENCES, 

formée  elle-même  en  carboxyle 


..CHO 


OHC 


,cno 


-hir-0  — 


HO^C 


AzH— AzIP 


))  Le  second  groupement  aldéliydique  qui  n'a  pas  été  modifié  s'unit 
ensuite  avec  la  chaîne  hydrazoïque  pour  donner  naissance  à  l'acide  inda- 
zylbenzoïque  ; 

CO^II 


.CHO 


=  rp-o  + 


))  Ce  second  exemple  est  encore  plus  typique  que  le  premier;  il  n'est, 
d'ailleurs,  pas  unique  en  son  genre,  et  j'aurai  prochainement  l'occasion 
d'en  mentionner  de  tout  à  fait  semblables. 

»  L'acide  indazyl-o-benzoïque  obtenu  dans  celte  réaction  a  été  identifié  avec  le  pro- 
duit préparé  à  partir  de  l'alcool  o-nitrobenzjdique.  Sa  constitution  est,  d'ailleurs, 
démontrée  par  les  faits  suivants  :  soumis  à  l'action  de  la  chaleur,  il  fournit  du  phé- 
njlindazol;  oxydé  par  l'acide  chromique  en  solution  acétique,  il  se  transforme  en 
acide  o-azobenzoïque.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  de  V acide  cyanhydriqiœ  sur  l'aldéhydate 
d'ammoniaque  et  les  combinaisons  analogues.  Note  de  M.  Makcfx 
Deléimxk. 


«  On  sait  que  l'action  de  l'acide  cyanhydrique  sur  les  aldéhydates 
d'ammoniaque,  suivie  de  celle  de  l'acide  chlorhydrique  concentré,  con- 
stitue un  des  modes  de  synthèse  des  a.-amino-acides,  découvert  il  y  a 
plus  d'un  demi-siècle  par  Strecker.  Erlenmeyer  et  ses  élèves  ont,  par  la 
suite,  établi  que  la  réaction  donnait  un  a-amino-nitrile  (accompagné  d'imino-. 
dinitrile)  que  l'acide  chlorhydrique  changeait  en  oc-amino-acide.  Généra- 
lement, on  traduit  ces  transformations  par  les  schémas  : 


R.CHO  +  AzH='->R.CH 


OH 
Azll- 


+  CAzH->R.CH: 


CAz 
,AzH2 


R.CH 


/CO-H 


\AzH- 
))    Liubavin  a  donné  une  interprétation  différente  :  l'acide  cvanhydrique 


SÉANCE   DU    7   DÉCEMBRE    IQoS.  CjSj 

arracherait  l'ammoniaque  pour  faire  du  cyanhydrate  et  l'aldéhyde  mis  en 
liberté  agirait  sur  ce  cyanhydrate  pour  former  l'amino-nitrile 

B.      R.CH(f  ?^,,  +  CAzH  =  R.CH  :  O  +  CAzH,  ÂzH^=  R.CHcf^'^J,,  +  H^O. 
\AzH^  \AzH- 

»  Comme  preuve,  il  a  effectué  des  synthèses  d'amino-acides,  à  partir 
des  aldéhydes  et  du  cyanure  d'ammonium. 

»  Or  ces  deux  façons  d'écrire  les  réactions  sont  en  défaut  si  l'on 
s'adresse  à  des  dérivés  azotés,  sans  oxygène,  comme  l'éthylidène-imine 
(CH^^  —  CH  =  AzH)%  la  méthylène-méthylimine  (CH-=  Az  —  CWy,  etc. 
A  moins  d'admettre  que  des  traces  d'eau  jouent  un  rôle  incessant  par  suite 
de  fixations  et  de  mises  en  liberté  alternatives,  il  faut  modifier  les  for- 
mules A  etB.  Tout  d'abord,  la  conséquence  que  Liubavin  a  tirée  de  ses 
expériences  peut  se  renverser  :  l'aldéhyde  prendrait  l'ammoniaque  du 
cyanure  pour  former  un  aldéhydate  sur  lequel  réagirait  l'acide  cyanhydrique 
suivant  les  équations  A.  Tout  se  ramène  au  premier  cas. 

»  Voici  maintenant  les  résultats  auxquels  on  arrive  indifféremment  avec  l'aldéhy- 
date  d'ammoniaque  ou  l'éthylidène-imine  opposés  à  Tacide  cyanhydrique  en  présence 
ou  non  de  solvants  (eau,  alcool  absolu,  élher  anhydre,  chloroforme).  La  réaction  est 
sensiblement 

C.     4(CH^CH:AzH)  +  5GAzH  =  CAz.AzH''-i-2AzH2CH(CH5)GAz  +  AzH[CH(CIP)CAzp. 

Aminopropionitrile.  Iminopropionitrile. 

»  Il  ne  se  fait  que  la  moitié  de  l'aminopropionitrile  qu'on  devrait  avoir  d'après 
l'équation   A.  Je  considère  ce  résultat  comme   une   conséquence  de  l'existence  des 

groupes  AzH^^  p„^P„3^       dans  la  molécule  d'aldéhydate  d'ammoniaque  ou  de  son 

dérivé  anhydre.  On  aurait,  par  exemple  : 

^   ^        ,    ^/CH(CH=')-AzH\^„  ^„3      ^,    „  /Az  =  Cll.CH3   ,   r  v    ir  a    H3 

(I)       AzH/^^/^^^3j_^^^j/CH.CIP  +  CAzH:=CH3.CH^^^^^^^^j^3  +  CAzH,AzH3, 

..„3  P„/Az  =  CH.CH3  /AzH.CH(CH3)CAz 

(a)  ^"•C"\Az  =  CH.CH^  +  "^^^'"=^"-^"\AzH.CH(CH^)CAz, 

('K^  rmrH/^""-^"^^"')^^^_urA   vr-      AzH^CH(CH3)GAz 

(Ci)  L.n  ^n\y^2H.CH(GH3)CAz"^  +CAz(CH3)CII.AzH.CH(CH3)CAz. 

»  La  formation  instanlanée  de  cyanure  d'ammonium  justifie  Téquation  (i);  l'équa- 
tion (2)  est  semblable  à  celle  qui  exprime  l'action  de  CAzH  sur  les  hydramides  aro- 
matiques; mais  tandis  que  l'action  s'arrête  là  avec  ces  derniers,  l'éthylidène-bis- 
aminopropionitritrile   réagit   encore    une    fois    suivant    (3)    comme   je   l'ai    constaté 

C.  R.,  1903,  1'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  23.)  1^9 


986  ACADÉMIE   DES    SCIENCES, 

directement.  Cette  substance,  ainsi  que  l'éthylidène-aminopropionitrile 

CHV  =  Az.CR{CW)CXz, 

s'obtient  en  distillant  dans  le  vide  les  produits  de  la  réaction  C;  j'ai  constaté  aussi  que 
le  dernier  corps  fixe  instantanément  GAzH  sur  sa  double  liaison  en  donnant  l'imino- 
propionitrile. 

»  La  proportion  d'amino-  et  d'iminopropionitrile  exprimée  en  C  diffère  de  celle  qui 
se  déduirait  des  équations  (i),  (2),  (3);  cela  lient  à  ce  qu'une  fraction  de  l'éthylidène- 
imine  réagit  sous  la  forme  dépolymérisée  à  laquelle  elle  retourne  si  facilement.  Cette 
modalité  devient  dominante  si  l'on  part  de  la  méthylène-mélhylimine  qui  donne 
88  pour  100  de  l'aminonitrile  sarcosique  CAz.CH^.  AzH.CH^  prévu  par  une  réaction 
de  l'imine  dépolymérisée;  mais  il  se  fait  aussi  un  peu  de  cyanhydrate  de  mélhyl- 
amine  et  de  métliylimino-diacétonitrile,  d'après  un  processus  sans  doute  analogue  à 
celui  qui  est  invoqué  par  l'élhylidène-imine. 

»  Dans  ces  réactions,  ainsi  que  dans  celles  efFectuées  avec  l'éthylidène-étliylimine 
CH^.CHizzAz.C^H^  et  l'éthylidène-isoamylimine  CH^CH=  AzC^H'»  (iso),  il  est 
facile  d'isoler  les  sulfates  d'aminonilrile  à  l'état  pur  et  de  passer  de  là  aux  amino- 
acides;  ce  sont  là  des  détails  qu'on  trouvera  ailleurs. 

»  Ce  qui  est  démontré,  c'est  que  les  équations  classiques  qui  font  inter- 
venir les  éléments  de  l'eau  et  expriment  un  rendement  théorique  en  amino- 
nitrile  doivent  être  modifiées.  Le  plus  simple,  c'est  d'abord  d'exprimer 
que  l'acide  cyanhydrique  se  fixe  sur  les  doubles  liaisons  des  imines, 
comme  il  le  fait  avec  les  aldéhydes,  les  hydrazones  et  les  oximes  : 

CH^CH=AzH     ->CH^CH(CAz)AzH^ 
CH^CH  =zAzR     ->CH^CH(CAz)AzHR, 
CH^  CH  =  O         ->  CH^  CH(C  Az)OH, 
CH^  CH  =  AzOH  ->  CH^  CH(CAz)  AzH .  OH. 

»  Le  parallélisme  est  complet.  Dans  les  cas  particuliers  où  les  produits 
azotés  initiaux  sont  polymérisés,  il  faut  s'attendre  à  des  réactions  plus 
complexes  dont  le  mécanisme  a  été  interprété  plus  haut  pour  un  cas  donné, 
et  il  faudrait  encore  modifier  les  équations  pour  les  aldéhydates  homo- 
logues qui  contiennent  l'aldéhyde  et  l'ammoniaque  en  proportions  diffé- 
rentes. » 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Nouvelle  réaction  de  l'hydroxylamine. 
Note  de  M.  L.-J.  Smox,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

»   Cette  réaction  est  la  suivante  :  lorsqu'on  ajoute  à  une  solution  diluée 
d'un  sel  d'hydroxylamine  quelques  gouttes  d'une  solution  très  étendue  de 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE    igoS.  987 

nitroprussiate  de  sodium  et  un  léger  excès  d'alcali  —  soude  ou  polasse  — 
puis,  qu'on  porte  peu  à  peu  à  l'ébullition,  la  liqueur,  d'abord  jaune,  change 
de  teinte  en  se  fonçant.  La  coloration  passe  au  rouge  orangé  et  se  fixe 
finalement  à  une  très  belle  teinte  rouge  cerise  que  la  dilution  amène  au  rose 
franc.   Pendant  la  chauffe,  il  se  dégage  des  gaz  azote  et  oxyde  azoteux. 

»  Cette  réaction  est  très  sensible  ;  avec  une  solution  au  millième  de  chlorhydrate 
d'hydroxylamine,  la  coloration  obtenue  est  assez  intense  pour  supporter,  sans  cesser 
d'être  visible,  une  nouvelle  dilution  au  millième.  La  sensibilité  n'atteint  pas  cepen- 
dant le  millionième,  car  j'ai  constaté  que  pour  les  solutions  très  étendues  la  propor- 
tion des  substances  à  employer  pour  observer  la  réaction  a  une  influence  assez  impor- 
tante pour  en  atténuer  la  sûreté. 

»  Comme  pour  la  plupart  des  réactions  colorées  de  ce  genre,  la  teinte  est  fugace  et 
disparaît  plus  ou  moins  rapidement,  suivant  son  intensité.  L'addition  d'alcali  et 
d'ammoniaque  est  sans  inconvénient,  mais  il  n'en  est  pas  de  même  des  acides. 

»  La  réaction  se  produit  avec  tous  les  sels  d'hydroxylamine  sur  lesquels 
je  l'ai  essayée  (chlorhydrate,  sulfate,  oxalate,  phosphate)  et  avec  Thydroxy- 
lamine  libre. 

))  Par  contre,  les  oximes  ne  fournissent  rien  de  semblable,  ainsi  que  je 
l'ai  vérifié  sur  un  certain  nombre  de  types  différents. 

»  Les  oximes,  aldéhydiques  et  cétoniques,  grasses  ou  aromatiques,  dont 
les  échantillons  m'ont  été  gracieusement  offerts  par  MM.  Bouveault  et 
Wahl,  ne  donnent  qu'un  résultat  négatif  :  aldoximes  isobutylacétique, 
benzoïque,  /^-méthoxA^phénylacétique,  propanonoxime,  octanonoxime  2, 
nitrosomalonate  d'élhyle,  nitrosoacétylacétate  d'éthyle. 

»  Il  en  est  de  même  des  oximes  des  glucoses  (dextrose,  mannose,  galac- 
tose et  arabinose),  que  j'ai  pu  essayer  grâce  à  l'amabilité  de  MM.  Ma- 
quenne  et  Roux. 

»  Cette  réaction  nouvelle  de  l'hydroxylamine,  qui  ne  peut  prétendre 
à  remplacer  la  réaction  habituelle  sur  l'hydrate  cuivrique,  pourra  cepen- 
dant, je  l'espère,  être  utihsée  dans  certaines  circonstances.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Nouvelle  înèthode  de  préparation  des  aldéhydes > 
Note  de  M.  L.  Bouveault,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  Il  y  a  peu  de  temps  {Comptes  rendus,  t.  CXXXir,  p.  38),  M.  Biaise 
a  trouvé  que  les  nitriles  se  combinent  avec  les  dérivés  organo-halogéno- 
magnésiens  de  M.  Grignard,  pour  donner  des  produits  d'addition  que  les 


988  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

acides  étendus  décomposent  avec  formation  de  cétones  : 


R  -  C  =  Az  -H  M§(^      =  R  _  c  =  Az  -  Mg  -  X, 


R' 

R' 
R  — C  =Az  -  M§  -  X  +  H-0  =  R  -  CO  -H  ^Is^^^^- 

I  I  \A. 

R'  R' 

w  Cette  découverte,  très  intéressante  au  point  de  vue  scientifique,  l'était 
moins  au  point  de  vue  pratique,  parce  qu'il  est  en  général  plus  aisé  de 
préparer  les  acétones  que  les  nitriles.  Il  n'en  aurait  pas  été  de  même  si  la 
réaction  avait  pu  être  étendue  au  plus  simple  des  nitriles,  à  l'acide  cyanhy- 
drique;  car  ce  composé,  qui  est  d'une  préparation  très  aisée,  aurait  fourni 
toutes  les  aldéhydes.  Malheureusement  le  formionitrile  ne  se  comporte  pas 
comme  ses  congénères,  son  atome  d'hydrogène  est  doué  de  propriétés 
trop  négatives;  il  se  comporte  comme  le  ferait  un  acide  halogène  : 

HC  Az  4-  Mii{t  =  RH  -h  M^^^^ 


'Ï3 


.X  ^\CAz 


))  Tout  récemment,  M.  Constantin  Béis  (Comptes  rendus,  t.  GXXXVll, 
p.  373)  a  montré  que  l'on  pouvait  étendre  aux  amides  la  propriété  de  se 
combiner  aux  dérivés  organo-magnésiens. 

))  Cette  publication  m'a  engagé  à  mettre  au  jour  un  travail  au  sujet 
duquel  j'ai  déposé  un  pli  cacheté  dans  les  archives  de  la  Société  chimique 
le  1"  juin  1903. 

»  M.  Béis  a  conslaté  que  ces  amides  fournissent  la  léaclioa 

K  _  CO  —  Az  112  _^  Mg(^^  =  R  _  G  -  0  —  M  g  -  X, 

R' 

mais  que  celte  condensation  est  gênée  par  une  réaction  secondaire  due  à  la  négativité 
des  atomes  d'hydrogène  du  groupement  AzH%  cette  réaction  secondaire  devient  pré- 
pondérante pour  l'acétamide,  totale  pour  la  formiamide  qui  ne  fournit  pas  d'aldé- 
hydes. J'étais,  de  mon  côté,  si  persuadé  de  l'influence  néfaste  de  l'acidité  du  groupe 
amide  que  je  n'ai  pas  voulu  essayer  la  condensation  avant  d'avoir  réussi  à  conjurer  cet 
inconvénient.  Aussi  me  suis-je  adressé  aux  amides  disubstituées  et,  en  particulier, 
aux  formiamides  disubstituées  qui,  ne  possédant  plus  d'atome  d'hydrogène  négatif, 
doivent  subii-  totalement  la  condensation 

„_C0-A<«+Mg<f=ll-C/'''\R'  . 

\IV         ^\X  |\o  — Mg  — X 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE    IQoS.  9^9 

,,  J'ai,  en  ellet,  constaté  cette  condensation  avec  la  diméthylformiamide,  la  pipéri- 

dylformiamide,  la  méthyl  et  l'éthylformianilide. 

»  Les   combinaisons  organo-métalliques  complexes    traitées  par   l'eau,    puis    par 

l'acide  sulfurique  étendu,  sont  décomposées  suivant  l'équation 

„       p/^^\R'  /R  /OH 


R 


>.  Le  manuel  opératoire  est  des  plus  simples  et  les  rendements  sont  assez  bons  ;  de 
plus,  la  réaction  semble  d'une  extrême  généralité.  Etant  donné  un  éther  halogène  RX 
d'alcool  ou  de  phénol,  on  obtiendra  par  ce  procédé  l'aldéhyde  R  -  CHO.  J  ai  a  des. 
sein  appliqué  la  méthode  dans  des  séries  très  différentes. 

»  La  formylpipéridine  avec  le  chlorure  d'isobutyl-magnésium  m'a  donne  de  1  aldé- 
hyde isovalérique. 
",,  La  diméthylformiamide  m'a  permis  de  transformer  le  chlorure  disoamyle    en 

aldéhyde  isobutylacétique  ^JJ'3)cH  -  CfP- CtP-CHO  identique  au  produit  que 

l'ai  déjà  obtenu  en  collaboration  avec  M.  Wahl. 

)>  Enfin  on  peut,  avec  l'éthylformianilide,  transformer  le  bromobenzène  en  aldéhyde 

benzoique.  ,     ,     i 

„  Les  mêmes  réactifs  m'ont  permis  de  préparer  l'aldéhyde  hexahydrobenzoïque 
à  partir  du  chlorocyclohexane  et  l'aldéhyde  a-toluique  à  partir  du  chlorure  de 
benzyle. 

«  Je  continue  ces  recherches;  je  compte  préparer  un  certain  nombre 
de  termes  de  cette  fonction  aldéhyde  dont  on  connaît  si  peu  d'échantillons 
dans  la  série  grasse.    » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  migration  phènyliquc. 
Note  de  M.   Marc  Tiffeneau,  présentée  par  M.  Haller. 

«  J'ai  montré  antérieurement  {Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  p.  847, 
i5o6)  qu'en  soumettant  l'iodhydrine  du  mélhoéthénylphène  à  l'action  de 
l'azotate  d'argent  on  même  simplement  de  HgO  on  obtient  après  forma- 
lion  intermédiaire  probable  de  l'oxyde  d'éthylène  correspondant,  puis 
migration  du  phényle,  la  phénylacétone  d'après  l'équation 

CCH^  _  C -^OH^  _^G«H^  -  G 0->C«H^  -  CH^- CO  -  GH^ 

,,  Je  suis  parvenu  à  réaliser  la  même  transformation  en  utilisant  le  dé- 


990  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

rivé  magnésien  obtenu  par  action  du  bromure  de  phénylmagnésium  sur  la 
monochloracétone  et  en  le  soumettant  à  l'action  de  la  chaleur  [en  pré- 
sence (')  ou  non  de  bromure  de  phénylmagnésium]  de  façon  à  évaporer 
la  majeure  partie  de  l'éther. 

»  La  réaction  principale  est  la  suivante  (rendement  en  phénylacétone  : 
5o  pour  loo)  : 

/CH^Cl  /CH^\ 

CE'  -  C  -  OMgBr->MgBrCl  +  C'H^  -  C 0->C"H'  -  GH^'  — CO  -  CH^ 

\CH^  \CW 

))  J'ai  effectué  également  la  même  réaction  avec  des  composés  ne  con- 
tenant plus  le  groupe  C"H^  ou  dans  lesquels  ce  C"H"  est  éloigné  de  la 
fonction  chlorhydrine,  et  j'ai  trouvé  que  dans  ces  cas  il  n'y  a  pas  migration 
mais  formation  des  aldéhydes  correspondantes  d'après  les  équations  sui- 
vantes s'appliquant  chacune  aux  cas  que  j'ai  étudiés  : 

/CH^Cl 
(  I  )     CH^  -  CH2—  C  —  OMgBr-vCH^  -  CH-  -  C(  V      '^CH^  -  CH=^  -  CH  -  CHO, 

,   X      CH^\  /CH-Cl         ru^\ 

(^)     r^TT3  /^^  -  ^H-  -  CH=^  -  G  -  OMgCl    >  ^'^     )GH  -  GH^  -  GH^  -  CH  —  CHO, 

GHV  ^^j^3  ^  GHV  I 

//CH-Cl 
(3)  C^' H^  -  CH^  -  C  -  OMgGl  ->  C* H^  -  CH^  -  GH  -  CHO. 

Xgh^* 


CH 


CH 


M  Ces  faits  suffisent  à  démontrer  que,  lorsque  les  groupes  voisins  de  la 
fonction  haloïdrine  sont  autres  que  des  phényles,  il  n'y  a  pas  migration,  de 
sorte  que  la  migration  moléculaire  que  j'ai  observée  semble  bien  particu- 
lière au  cas  où  le  groupe  CH'^  est  voisin  de  la  fonction  haloïdrine. 

»  Il  reste  dès  lors  à  établir  une  distinction  fondamentale  entre  les  migra- 
tions moléculaires  phényliques  que  j'ai  étudiées,  et  le  cas  général  et  clas- 
sique de  la  transformation  des  oxydes  d'éthylènes  en  aldéhydes  ou  cétones 
par  migration  d'un  hydrogène. 


C)  En  présence  d'un  excès  de  C^H^MgBr  il  se  fait  en  outre,  par  suite  d'une  réaction 
secondaire  complexe,  du  méthylstilbène  fusible  à  82°  déjà  décrit  par  Klages  (^e/vc/i/e^ 
t.  XXXV,  p.  2648). 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE    IQoS.  99 1 

»  Ce  cas  classique  peut  être  représenté  par  la  formule  suivante  : 

CFP— G-C-H 

/\/\         =r:CII^— CH*-CO  — GIP 
H      0      GH^ 

et  la  transforniation  pinacolique  n'en  est  qu'un  cas  particulier,  comme  le  montre  le 
schéma  ci-dessous  : 

^"'^C-  C^^^l^'  =  GH^-G-  GO-  GIP. 
O 

»  On  peut  donc  conclure  que  dans  le  passage  de  la  forme  oxyde  d'éthylène 
peu  stable  à  la  forme  stable  correspondante  :  aldéhyde  ou  cétone,  lejoAe- 
nyle  est  plus  mobile  que  Vhydrogène,  et  celui-ci  à  son  tour  plus  mobile 
que  les  radicaux  alkylés  (éthyle,  amyle,  benzyle);  de  sorte  que  dans  les 
divers  systèmes  : 

C«H'^-C  — CH-,         CH^-CH-CH-R,         etc. 

/\/  \     / 

R        O  O 

c'est  toujours  le  phényle  qui  migre,  tandis  que  dans  les  systèmes  corres- 
pondants où  CH^  est  remplacé  par  un  radical  alcoolique,  c'est  toujours 
l'hydrogène  et  non  pas  l'alkyle  qui  migre. 
»  Enfin,  dans  les  systèmes  tels  que 

R/X^^'\R 
O 

ne  présentant  plus  d'atome  d'hydrogène  libre,  c'est  le  phényle  qui  migre 
de  préférence  (^  ).   » 


(!)    En  effet,  tandis  que  la  pinacone  yGOU  —  GOH^  se  transforme  en 

pinacoline  (GIP)^  — G  —  GO  —  GH%  l'acétophénone  pinacone  se  transforme  en 
(G«H^)^(GH3)G— GO  — GH*  par  migration  de  l'un  des  phényles  et  non  pas  en 
G8tP(GH^)2  —  G  —  GO  —  G«H5  (Thorner  et  Zincke,  Berichte,  t.  XI,  p.  1989;  t.  XIII, 
p.  640. 


99"^ 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  éthers  de  l'acide  isopyromucique. 
Note  de  M.  G.  Chavanne,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Dans  une  Communication  antérieure  {Comptes  rendus,  t.  CXXXIII, 
p.  167),  j'ai  établi  que  l'acide  isopyromucique  ne  s'éthérifie  pas  par  les  pro- 
cédés habituels  (alcools  et  H  Cl  ou  SO''H').  D'autre  part,  ses  sels  alcalins 
réagissent  difficilement,  même  en  tubes  scellés,  sur  les  iodures  alcooliques  ; 
il  ne  se  produit  pas  d'éther  en  quantité  appréciable. 

))  Cette  difficulté  dans  l'éthérification  confirme  ma  conclusion  anté- 
rieure, d'après  laquelle  l'acide  isopyromucique  n'est  pas  un  acide  propre- 
ment dit,  mais  un  composé  à  caractère  phénoIiquCo 

M  J'ai  pu  cependant  obtenir  les  éthers  mélhylique  et  éthylique  en 
employant  comme  moyen  d'alcoyiation  les  sulfates  diméthylique  et  diéthy- 
lique.  Cette  méthode,  récemment  proposée  et  appliquée  en  Allemagne, 
donne  d'excellents  résultats  et  mérite  d'être  recommandée  à  l'attention 
des  chimistes  pour  des  cas  analogues. 

»  Dans  cette  réaction,  un  seul  des  radicaux  alcooliques  du  sulfate  est 
remplacé  par  un  atome  de  sodium,  et  l'on  obtient,  à  côté  de  l'éther,  l'éthyl- 
sulfate  de  sodium  correspondant,  d'après  l'équation 

SO-^^^  -+-  C'H'O-ONa  =  SO-^^^,    +  C^H^O-OR. 
\0R  \ONa 

»  On  prépare  risopyromucale  de  sodium  en  suspension  dans  l'alcool  méthvlique 
en  ajoutant  à  l'acide  (1™°'),  dissous  dans  l'alcool  mélhylique  absolu,  1™°^  de  mé- 
thylate  de  sodium,  puis  on  introduit  en  une  seule  fois  1™"'  de  sulfate  diméthylique. 
Le  mélange  s'échauffe  elle  sel  alcalin  se  dissout;  on  termine  la  réaction  au  bain-marie, 
puis  on  distille  la  plus  grande  partie  de  l'alcool  et  l'on  précipite  le  méthylsulfate  de 
sodium  par  un  excès  d'éther;  on  essore  et  l'on  chasse  le  dissolvant  par  distillation.  Le 
résidu  qui  se  concrète  par  refroidissement  est  purifié  par  distillation  sous  pression 
réduite,  ou  mieux  par  dissolution  et  cristallisation  fractionnées  dans  l'éther  absolu. 

»  U isopyromucate  de  me thy le  C^H^O'-  .OCW  cristallise  dans  l'éther  en 
longues  aiguilles  incolores  fondant  à  60**;  il  distille  à  iSo^^-iSS"  sous  20™"^. 

»  Visopyromucale  d'éthyle  C^  H^  O^ .  OC^  H^  fond  à  62°  et  peut  également 
être  distillé  sous  pression  réduite. 

»  JJisopyromucate  de  benzyle  C^îPO^  .OCH-CH^  forme  des  prismes 
très  réfringents  fondant  à  7 1'^.  Il  a  été  préparé,  avec  un  rendement  d'ailleurs 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE    IQoS.  998 

peu  satisfaisant,  par  l'action  directe  du  chlorure  de  benzyle  sur  l'isopyro- 
mucate  de  sodium. 

»  Les  deux  premiers  éthers  sont  très  solubles  dans  l'eau  et  l'alcool, 
moins  facilement  dans  l'éther  qui  les  enlève  péniblement  à  leur  solution 
aqueuse,  difficilement  dans  l'éther  de  pétrole;  l'éther  benzylique  est  inso- 
luble dans  l'eau,  mais  soluble  dans  les  solvants  organiques.  Ils  jaunissent 
rapidement  à  la  lumière. 

»  Dans  ces  composés  le  groupement  alcoolique  est  fixé  sur  l'oxhydrile 
phénolique  :  ils  ne  donnent  plus  avec  le  chlorure  ferrique  la  coloration 
verte  caractéristique  de  l'acide  et  ils  ne  réagissent  plus  sur  le  chlorure  de 
benzoyle  même  à  l'ébullition. 

y>  Ils  ont  conservé  les  propriétés  de  l'acide  qui  ne  sont  pas  liées  à  la  présence  du 
groupe  phénolique.  Ce  sont  encore  des  réducteurs  énergiques;  ils  réduisent  instanta- 
nément le  permanganate  de  potassium  en  liqueur  acide,  neutre  ou  alcaline  et  l'azotate 
d'argent  ammoniacal,  lentement  l'azotate  d'argent  acide.  Les  alcalis  caustiques,  même 
en  solution  étendue  {-^  normale),  les  décomposent  sans  régénérer  l'acide  qui  est  égale- 
ment détruit  dans  ces  conditions;  quand  on  emploie  l'eau  de  baryte  à  chaud,  il  y  a 
formation  de  carbonate  de  baryum,  ce  qui  accuse  l'enlèvement  d'anhydride  carbonique. 

»  Au  contraire,  ils  sont  stables  en  milieu  neutre  ou  acide.  L'eau  n'altère  pas  l'éther 
méthylique  en  tubes  scellés  à  190°,  tandis  qu'elle  agit  au  contraire  sur  l'acide  isopyro- 
mucique  dès  140"  en  donnant  de  l'anhydride  carbonique  et  un  composé  cristallisé  en 
fines  aiguilles  jaunes  groupées  en  houppes  fondant  mal  à  i55°-i6o°.  Le  dosage  des 
éléments  et  la  cryoscopie  dans  l'acide  acétique  lui  assignent  la  formule  C^H'^0';  il 
paraît  donc  dû  à  la  condensation  de  2™°^  d'acide  (C^H'^0^)  avec  élimination  de  1™°^  CO^ 
et  i"°i  H^O. 

))  L'acide  sulfurique  de  concentration  moyenne  (20  pour  100)  au  bain-marie,  et  l'acide 
chlorhydrique  concentré  et  froid,  n'altèrent  pas  les  éthers  méthylique  et  éthylique. 

))  En  résume  :  les  éthers  méthylique  et  éthylique  de  l'acide  isopyromu- 
cique  ne  peuvent  s'obtenir  par  aucune  des  méthodes  habituelles  ;  je  les  ai 
isolés  par  l'emploi  des  sulfates  diméthylique  et  diéthylique. 

»  Leur  stabilité  vis-à-vis  de  l'eau  et  des  acides  dilués  les  rapproche  plutôt 
des  éthers  de  phénols  que  des  éthers-sels.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sitr  les  hydrates  d'alcool  éthylique. 
Note  de  MM.  E.  Yarexxe  et  L.  Godefroy,  présentée  par  M.  Troost. 

«    On  connaît  depuis  longtemps  l'hydrate  d'alcool  à  3'"°^  d'eau 

C=^HS  OH  4-  3H^0, 

C.  R.,  1903,  2"  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  23.)  1  jO 


994  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lequel  correspond  à  02^°', 3  d'alcool  mélangé  à  47^"',  7  d'eau,  le  tout  à  i5°, 
donnant  le  maximum  de  contraction. 

»  Pour  étudier  les  mélanges  et  combinaisons  d'alcool  et  d'eau,  nous 
avons  utilisé  un  appareil  imaginé  par  l'un  de  nous  (E.  Varenne)  en  mars 
1902,  et  que  nous  avons  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  sous  le  nom 
de  chwno-stiliscope .  C'est,  en  somme,  un  capillo-viscosimètre  à  pression 
constante,  de  construction  très  simple,  de  fonctionnement  très  précis, 
mais  sur  lequel  nous  n'insisterons  pas  dans  celte  Note. 

»  Pour  opérer  avec  cet  appareil,  il  suffit  de  le  remplir  du  liquide  à  étu- 
dier et  de  noter  exactement  le  temps  de  passage  T  du  trait  supérieur  au 
trait  inférieur.  La  valeur  T  représente  le  temps  d'écoulement  du  volume 
de  liquide  compris  entre  les  deux  traits  de  l'appareil. 

»   Or,  la  loi  de  Poiseuille  est  représentée  par  la  formule 

dans  laquelle  Q  est  le  nombre  de  millimètres  cubes  de  liquide  écoulé  pen- 
dant une  seconde,  H  la  hauteur  de  chute,  D  le  diamètre  intérieur  du  tube 
capillaire  et  /  sa  longueur. 

»  Si  l'on  représente  par  V  le  volume  total  de  liquide  écoulé  pendant  le 
temps  T,  on  a 

V  =  QT;         d'où        K^'  =  ^. 

»  Dans  le  cas  du  chrono-stiliscope,  les  valeurs  —j—  et  V  élaiit  constantes, 
on  peut  écrire 

K  =  ^- 

»  Donc  le  coefficient  de  dépense  K  de  chaque  liquide  est  fonction  in- 
verse du  temps  d'écoulement  T  observé;  à  condition  bien  entendu  que  la 
température  soit  la  même.  Les  variations  de  R  sont  donc  liées  à  celles 
de  T. 

»  Pour  appliquer  ce  jirincipe  au  cas  qui  nous  occupe  ici,  nous  avons  d'abord  déler- 
miné  isolément  les  temps  d'écoulement  de  l'alcool  absolu  et  de  l'eau  distillée;  puis 
nous  avons,  avec  ces  deux  mêmes  produits,  préparé  une  série  de  mélanges  contenant  : 
5'°^  d'alcool  +  95^'°' d'eau,  10^°'  d'alcool  +  90'^°^  d'eau,  etc.,  et,  pour  chacun  d'eux, 
nous  avons  noté  le  temps  d'écoulement.  Pour  éviter  les  corrections  de  température, 


SÉANCE   DU   7   DÉCEMBRE    igoS.  gç)5 

nous  avons  opéré  dans  une  salle  à  température  constante.  Plusieurs  opérations  ont  été 
faites  sur  le  même  mélange,  et  nous  avons  pris  la  moyenne  de  toutes  celles  dont  la 
concordance  était  suffisamment  rigoureuse. 

»  Les  résultats  obtenus  sont  consignés  dans  le  Tableau  suivant: 


Temps 

Temps 

Volume 

Volume 

d'écoulement 

Volume 

Volume 

d'écoulement 

d'alcool. 

d'eau. 

en  secondes. 

d'alcool. 

d'eau. 

en  secondes. 

ICO 

0 

228' 

45 

55 

465' 

95 

5 

284 

4o 

60 

460 

90 

10 

828 

85 

65 

447 

85 

i5 

348 

3o 

70 

4o8 

80 

20 

883 

25 

75 

366 

75 

25 

4i6 

20 

80 

3i5 

70 

3o 

442 

i5 

85 

264 

65 

35 

473 

10 

90 

226  . 

60 

40 

484 

5 

9-5 

200 

55 

45 

502 

0 

100 

168 

5o 

5o 

483 

»  En  prenant  pour  ordonnées  les  temps  écoulés  et  pour  abscisses  les 
richesses  en  alcool,  nous  avons  construit  une  courbe  qui  représente  les 
variations  de  T,  et,  par  conséquent,  celles  de  K. 

»  Cette  courbe,  dont  l'ensemble  est  ellipsoïde,  présente  plusieurs 
sommets,  correspondant  chacun  à  une  valeur  limite  de  R  et,  par  con- 
séquent, à  un  hydrate  défini. 

»  Le  plus  important  se  trouve  entre  l'abscisse  55  et  l'abscisse  5o  ;  c'est  l'hydrate  déjà 
signalé  G^H^4-  8H^0,  dont  l'existence  se  trouverait  ainsi  confirmée. 

»  Le  second  est  situé  exactement  à  l'abscisse  35  et  correspond  à  la  formule 

G2H^  +  6H20. 

»  Un  troisième,  également  bien  défini,  se  trouve  au  voisinage  de  l'abscisse  65  et 
répond  sensiblement  à  la  formule 

C2H5.0H  +  2H20. 

»  Indépendamment  de  ces  trois  hydrates  nettement  caractérisés,  il  semble  exister 
deux  autres  hydrates  que  nous  signalons  pour  le  moment  et  dont  nous  continuons 
l'étude.  L'un,  entre  les  abscisses  85-90,  dont  la  composition  serait 

3(C2H'.OH)-i-2H20; 
l'autre  entre  les  abscisses  i5-io  qui  renfermerait  environ  22"°'  d'eau. 


99^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

))   On  aurait  donc  les  hydrates  suivants  : 

1°  C-U^OH   +    2fPO, 

2«  C2H^0H   +    3H-0, 

3«  Cni^OH    -h    6IP0, 

4^^  3(C-H^0H)-f-    2H^0(sesquihydrate), 

5""  C-H\OH   +22H-O. 

»  Nous  poursuivons  ces  recherches  en  les  détaillant  et  les  appliquant  à 
d'autres  alcools  que  l'alcool  éthyliqne. 

»  Il  convient  d'ajouter  que  notre  méthode  de  chrono-stiliscope  est  géné- 
rale et  peut  s' appliquer  à  d'autres  cas  intéressants  (vitesses  de  dissociation, 
d'éthérification,  poids  moléculaires,  etc.).  Nous  nous  réservons  de  pour- 
suivre ce  genre  d'études.  Et  même  déjà,  à  titre  documentaire,  nous  avons 
constaté  que  le  coefficient  K„j  des  mélanges  d'alcool  et  d'essence  de  téré- 
benthine est  sensiblement  la  moyenne  arithmétique  des  coefficients  K^,,. 
et  Res3  de  l'alcool  et  de  l'essence.  Dans  ce  cas,  il  y  a  donc  simple  dissolu- 
tion et  pas  de  combinaison.  Il  y  a  là  une  intéressante  méthode  de  vérifi- 
cation et  de  recherches.    )> 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Production  et  distribution  de  quelques  substances  orga- 
niques chez  le  Mandarinier.  Note  de  MM.  Eug.  Cha rabot  et  G.  Lai^oue, 
présentée  par  M.  Haller, 

«  Dans  une  précédente  Note  {Comptes  rendus,  t.  CXXXVl,  p.  1467), 
nous  avons  signalé  l'intérêt  que  présente  l'étude  de  la  distribution  des 
substances  organiques  chez  les  plantes  à  divers  stades  du  développement 
de  celles-ci.  Nous  avons  fait  connaître  en  même  temps  les  premiers  résul- 
tats que  nous  avons  obtenus  dans  cette  voie  en  opérant  sur  le  Géranium. 
Depuis,  nous  avons  examiné  un  ensemble  de  cas  susceptibles  de  conduire 
à  des  conclusions  offrant  un  certain  caractère  de  généralité.  Et  c'est  pré- 
cisément l'un  de  ces  cas  que  nous  allons  envisager  en  étudiant  la  distri- 
bution et  la  circulation  de  quelques  substances  organiques  dans  le  Man- 
darinier {Citrus  madurensis). 

»  L'un  de  nous  (Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  p.  58o)  a  observé  que 
l'essence  extraite  des  rameaux  de  Mandarinier  renferme  des  proportions 


SÉANCE    DU    7   DÉCEMBRE    IQoS.  997 

,,1  .  ,     ,        ,  -,  ,  .     .  .      ,/COOCH^   (0      ^, 

notables  de  methylanthranilate  de  methyle,   G  HV        „    ,,„3  )    v .  JNous 

étudierons,  dans  ce  qui  va  suivre,  la  répartition  de  cette  substance  et  de 
quelques  autres  entre  les  feuilles  et  les  tiges  de  Mandarinier.  Les  résultats 
de  nos  expériences,  trop  nombreux  pour  pouvoir  trouver  place  dans  celte 
Note,  seront  publiés  dans  un  autre  Recueil;  nous  nous  bornerons  donc  à 
faire  ici  l'exposé  des  conclusions  auxquelles  nous  avons  été  conduits. 

»  Développement  des  feuilles  et  des  tiges.  Eau  et  matière  sèche.  —  Le  dosage  de 
l'eau  et  de  la  matière  sèche  a  été  effectué  :  d'une  part,  sur  les  jeunes  pousses  recueillies 
en  juin  igoS,  trois  mois  après  la  coupe  des  rameaux,  vieux;  d'autre  part,  sur  des  rameaux 
vieux  qui  avaient  été  prélevés  en  mars  1908.  Ces  dosages  ont  permis  de  constater  les 
faits  que  voici  : 

»  Au  premier  stade  de  la  végétation,  les  tiges  sont  moins  riches  en  eau  que  les 
feuilles.  Il  en  est  encore  ainsi  au  second  stade,  et  l'on  peut  même  ajouter  que  la 
différence  ne  fait  que  s'accentuer.  La  tige  subit  un  accroissement  plus  sensible 
que  la  feuille. 

»  Acidité  volatile.  —  L'étude  de  l'acidité  volatile  présente,  en  dehors  de  l'intérêt 
relatif  aux  phénomènes  d'éthérification  in  vii'o,  celui  de  fournir  des  indications  pré- 
cieuses relativement  à  la  genèse  des  acides  dans  les  végétaux.  Dans  cet  ordre  d'idées, 
les  résultats  que  nous  avons  recueillis  jusqu'ici  nous  paraissent  concorder,  ainsi  que 
nous  aurons  l'occasion  de  le  montrer  plus  tard,  avec  l'opinion  de  MM.  Berthelot  et 
André  :  ces  savants  pensent  que  les  acides  sont,  chez  la  plante,  des  produits  de  réduc- 
tion incomplète  de  l'acide  carbonique. 

»  L'acidité  volatile  va  en  diminuant  sensiblement  depuis  la  tige  jusqu'au  bois. 
Dans  un  même  organe  elle  est  plus  notable  lorsque  celui-ci  est  jeune  que  lorsque  son 
développement  est  plus  avancé.  Mais,  en  valeur  absolue,  la  quantité  d'acide  volatil 
est  plus  élevée  chez  une  feuille  vieille  que  chez  une  feuille  jeune.  Il  découle  de 
cette  dernière  observation  que,  au  fur  et  à  mesure  de  la  végétation,  il  se  forme  une 
quantité  d'acide  volatil  supérieure  à  celle  qui  disparaît. 

»  Methylanthranilate  de  mélhyle,  composés  terpéniques.  —  Pour  étudier  la  dis- 
tribution de  l'huile  essentielle  et,  en  particulier,  du  methylanthranilate  de  méthyle, 
nous  avons  opéré  plusieurs  coupes  de  jeunes  pousses  et  de  rameaux  vieux.  Les  feuilles 
et  les  tiges  ont  été  distillées  à  part  et,  au  cours  de  quelques  opérations,  nous  avons 
non  seulement  recueilli  l'essence  qui  se  sépare  de  l'eau  après  distillation,  mais  encore 
extrait  celle  que  les  eaux  tiennent  en  dissolution.  Ainsi,  les  richesses  en  essence  des 
tiges  et  des  feuilles  ont  été  déterminées  à  deux  stades  différents  de  la  végétation  et  les 
diverses  huiles  essentielles  obtenues  ont  été  soumises  à  l'analyse.  Des  résultats  fournis 
par  nos  expériences  nous  avons  pu  dégager  les  conclusions  que  nous  allons  formuler  : 

»  C'est  lorsque  la  feuille  est  jeune  que  les  composés  odorants  se  forment  le  plus 
activement.  Ils  sont  plus  abondants  dans  la  feuille  que  dans  la  tige,  surtout  lorsque 
les  organes  sont  jeunes.  Plus  tard,  une  nouvelle  quantité  de  methylanthranilate  de 
méthyle  apparaît  dans  la  feuille,  tandis  que  le  poids  de  ce  corps  contenu  dans  la 


C)()8  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

tige  s'accroît  aussi,  mais  dans  des  proportions  moindres.  Le  poids  de  terpèiies 
diminue  dans  la  feuille;  toutefois,  la  perte  que  subit  cet  organe  est  inférieure  au 
gain  que  réalise  la  tige,  ce  qui  montre  qu'il  n'y  a  pas  eu  consommation  de  ces  corps, 
mais  que,  au  contraire,  il  s'en  est  formé  une  quantité  assez  importante  dans  l'inter- 
valle considéré. 

»  Nous  avons  constaté  que  l'essence  extraite  des  feuilles  vieilles  est  sensiblement 
plus  riche  en  méthylanthranilate  de  méthyle  que  celle  retirée  des  tiges.  De  même,  les 
huiles  essentielles  extraites  des  eaux  de  distillation  renferment  une  proportion  de  cette 
substance  plus  notable  que  les  essences  qui  se  séparent  spontanément.  En  d'autres 
termes,  le  méthylanthranilate  de  méthyle  est  plus  soluble  dans  l'eau  que  les  composés 
terpéniques.  Il  semble  donc  que  l'essence  de  feuilles  s'enrichisse  pendant  la  végéta- 
tion en  produits  soluhles,  à  l'inçerse  de  ce  qui  a  lieu  dans  l'essence  de  tiges.  On 
observe,  en  effet,  que  la  première  renferme  une  proportion  croissante  de  méthylan- 
thranilate de  méthyle,  tandis  que  la  seconde,  au  contraire,  s'enrichit  sensiblement 
en  composés  terpéniques. 

»  Cette  constatation,  relative  à  l'accumulation  des  produits  les  moins  solubles  dans 
l'essence  de  la  tige,  cependant  que  l'huile  essentielle  de  la  feuille  réunit  les  produits 
les  plus  solubles,  nous  permettra,  en  essayant  de  la  généraliser,  de  jeter  quelque 
lumière  sur  les  phénomènes  de  circulation  des  matières  odorantes  chez  les  plantes.  » 


CHIMIE  AGRICOLE.  —  Sur  les  caractères  chimiques  ries  vins  provenant  de 
vignes  atteintes  par  le  mildew .  Note  de  M.  Emile  Maxceau,  présentée  par 
M.  Troost. 

«  Le  Peronospora  viticoia  ou  mildew  se  développe  en  parasite,  comme 
on  sait,  sur  divers  organes  de  la  vigne  et  tout  particulièrement  sur  les 
feuilles.  Les  conditions  de  la  végétation  sont  anormales,  et  le  raisin,  même 
indemne  de  toute  attaque  cryptogamique,  qui  provient  de  ces  vignes, 
donne  un  vin  défectueux  et  sujet  à  des  altérations  multiples. 

))  Pour  préciser  la  différence  de  composition  chimique  existant  entre 
de  tels  vins  et  des  vins  normaux,  il  importe,  tout  d'abord,  d'obtenir  des 
vins  comparables,  provenant  de  deux  vignes  identiques  dont  l'une  serait 
atteinte  du  mildew  et  dont  l'autre  serait  indemne. 

))  Mais  cette  immunité  exige  l'emploi  des  pulvérisations  cupriques  et 
l'on  peut  se  demander  si  les  sels  de  cuivre,  dont  l'action  est  manifeste  sur 
la  coloration  des  feuilles,  n'ont  pas  une  influence  plus  profonde. 

»  Pour  mettre  en  évidence  l'influence  du  mildew,  aussi  bien  que  l'in- 
fluence problématique  des  sels  de  cuivre,  nous  avons  séparé  une  vigne  en 
trois  parties,  au  début  de  la  végétation.  L'une  des  parcelles  ne  reçut  aucun 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE    igoS.  999 

traitement  cuprique.  Une  seconde  parcelle  reçut  trois  sulfatages,  comme 
en  reçoivent  ordinairement  les  vignes  de  la  même  région.  Enfin,  sur  la 
troisième  parcelle,  nous  avons  multiplié  le  nombre  des  pulvérisations, 
dans  le  but  d'exagérer  l'influence  des  sels  de  cuivre.  Cette  parcelle  a  été 
sulfatée  quatorze  fois. 

»  L'expérience  a  débuté  le  12  juin  igoS,  sur  une  vigne  de  végétation  homogène, 
plantée  en  pinot  noir  depuis  26  ans.  La  surface,  d'environ  3o  ares,  affecte  la  forme 
d'un  rectangle  qui  fut  partagé  en   trois  rectangles  contigus  égaux. 

»  La  partie  non  sulfatée  fut  bientôt  envahie  par  le  mildew.  Les  deux  autres  parcelles 
furent  préservées  et  conservèrent  leurs  feuilles  vertes. 

»  La  récolte  eut  lieu  le  i*""  octobre  igoS.  L'apparence  des  grappes  était  identique 
sur  les  trois  parcelles;  le  mildew  ne  s'était  pas  développé  sur  les  grappes. 

»  Sur  la  récolle  de  chaque  parcelle,  on  préleva  5o''S  de  raisins  dont  on  retira,  suivant 
la  méthode  champenoise,  25'  de  moût  de  cuvée.  Ces  moûts  subirent  les  mêmes  mani- 
pulations, fermentèrent  dans  le  môme  cellier. 

»   L'analyse  des  moûts  donne  comme  principaux  résultats  : 

»  Le  moût  de  la  vigne  atteinte  de  inildew  est  un  peu  moins  sucré  et  plus  acide  que 
les  moûis  de  vigne  sulfatées;  ces  deux  derniers  possèdent  la  même  densité,  mais  on 
trouve  plus  de  sucre  et  moins  d'acidité  pour  la  vigne  sulfatée  avec  excès.  Les  matières 
minérales  sont  moins  abondantes  dans  le  premier  moût,  sans  que  cette  diminution 
atteigne  l'acide  phosphorique  et  la  potasse,  dont  les  poids  sont  peu  différents  pour  les 
trois  moûts. 

»  Mais  il  existe  une  disposition  très  remarquable  entre  les  poids  de  matières  orga- 
niques azotées.  Nous  avons  obtenu  les  chiffres  suivants,  par  litre  de  moût  :' 

Azote  total.  Azote  ammoniacal. 

s  g 

Parcelle  atteinte  de  mildew i  j^jo  o>  17^ 

»         sulfatée  3  ^fois 0,940  o,  i64 

»         sulfatée  i4  fois 0,800  o,  i5o 

»  Nous  entendons  par  azoLe  aniinoiiiacal  l'azote  dosé  par  distillation  du  moûtavec 
la  magnésie. 

»  L'analyse  des  vins  donne  des  résultats  correspondants.  La  fermentation  a  été  aussi 
complète  que  possible  dans  les  trois  vins,  qui  ont  conservé  moins  de  is  de  matières 
réductrices  par  litre. 

»  Le  vin  de  la  vigne  atteinte  de  mildew  est  moins  riche  en  alcool  et  plus  acide,  mais 
il  se  distingue  surtout  des  deux  autres  par  un  poids  très  élevé  de  matières  azotées. 

»   Nous  avons  trouvé,  par  litre  de  vin  : 

Azote    total.  Azote  ammoniacal. 

g  g 

Parcelle  atteinte  de  mildew 0,860  0,024 

»         sulfatée  3  fois o,456  0,011 

»         sulfatée   i4  fois o,36o  0,0 lo 


1000  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  L'influence  du  mildew  est  très  nette.  Il  n'en  est  pas  de  même  pour 
l'influence  des  sulfatages  qui  reste  douteuse. 

))  Nous  avons  étudié,  depuis  lo  ans,  les  variations  des  poids  d'azote 
total  dans  les  moûts  et  dans  les  vins  de  la  région  champenoise.  Les 
influences  des  saisons,  du  cépage,  du  mode  de  culture,  du  sol  sont  très 
caractérisées,  mais  les  maxima  relatifs  d'azote  correspondent  à  des  vignes 
atteintes  de  mildew.  L'expérience  actuelle  confirme  et  précise  ces  obser- 
vations antérieures. 

»  Si  l'on  cherche  à  isoler  par  la  chaleur,  parla  concentration,  par  divers 
réactifs,  les  matières  albuminoïdes  contenues  dans  un  \m  de  Champagne 
normal,  on  obtient  des  précipités  complexes,  dissociables,  soumis  à  des 
modifications  incessantes.  Ces  précipités  contiennent  toujours  des  tannins, 
et  la  présence  de  ces  tannins,  même  en  proportion  très  fiiible,  explique 
cette  instabilité  que  nous  avons  étudiée  dans  les  gallotannates  en  1896. 

»  En  traitant  comparativement,  pour  en  précipiter  des  tannâtes  albu- 
minoïdes, des  vins  de  vignes  atteintes  de  mildew  et  des  vins  normaux,  ou 
peut  obtenir  des  précipités  bien  plus  abondants  dans  les  premiers  vins. 

»  Ces  albumines,  combinées  à  des  poids  variables  de  tannin  et  à  d'autres 
substances,  jouent  un  rôle  très  important  dans  la  préparation  des  vins 
mousseux  et  tout  particulièrement  des  grands  vins  de  Champagne.  Elles 
constituent  l'un  des  aliments  de  la  levure  pendant  la  seconde  fermentation 
ou  prise  de  mousse;  une  partie  de  ces  albumines  se  précipite  et  modifie  la 
nature  du  dépôt  dans  la  bouteille.  Après  la  prise  de  mousse,  dans  le  vin 
dégorgéel  limpide,  des  changements  d'équilibre  chimique,  dont  les  causes 
sont  multiples,  peuvent  provoquer  des  précipités  qui  s'agglomèrent  sous 
la  forme  d'une  barre  longitudinale  ou,  parfois,  d'une  lentille.  Cette  préci- 
pitation s'accompagne  souvent  d'un  développement  microbien  que  favorise 
l'excès  de  matières  azotées. 

))  Ces  accidents  sont  très  fréquents  dans  les  vins  mousseux  provenant  de 
vignes  atteintes  du  mildew. 

»  En  résumé,  ces  vins  se  distinguent  d'un  vin  normal  qui  leur  soit  com- 
parable par  un  ensemble  de  caractères  chimiques  dont  le  plus  mportant, 
de  beaucoup,  est  la  proportion  exagérée  de  matières  albuminoïdes.    » 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE    igoS.  lOOI 


MINÉRALOGIE.  —  Su/  la  délerminalion  de  la  forme  primitive  des  cristaux. 
Note  de  M.  Fred.  Wallerant,  présentée  par  M.  de  Lapparent. 

«  Bien  des  difficultés,  rencontrées  en  Cristallographie,  proviennent  de 
ce  que,  en  général,  nous  ne  savons  pas  déterminer  la  forme  primitive, 
et  de  ce  que  nous  sommes  obligés  d'adopter  un  parallélépipède,  n'ayant 
que  des  rapports  lointains  avec  cette  forme  primitive.  J'ai  déjà  donné  une 
solution  du  problème,  basée  sur  la  considération  des  groupements  natu- 
rels; je  voudrais  montrer  aujourd'hui  que  les  macles  artificielles  (macles 
secondaires  des  cristallographes  allemands)  fournissent  des  renseignements 
plus  complets  :  chaque  macle  naturelle  nous  donne  soit  une  face,  soit  une 
arête  de  la  forme  primitive,  tandis  qu'une  macle  artificielle  nous  fournit  à 
la  fois  une  face  et  une  arête  de  cette  même  forme. 

»  On  sait  que,  dans  la  déformation  par  translation  proportionnelle,  défor- 
mation qui  préside  à  la  production  des  macles  artificielles,  une  droite  et 
une  seule,  la  rangée  principale,  vient  occuper  une  position  symétrique 
relativement  au  plan  de  glissement.  Or  j'ai  démontré  que,  dans  une  trans- 
lation proportionnelle,  un  polyèdre  ne  pouvait  se  transformer  en  son  symé- 
trique relativement  au  plan  de  glissement,  que  si  ce  dernier  était  un  plan 
diamétral  ayant  pour  direction  conjuguée  la  rangée  principale.  Pour  appli- 
quer ce  théorème  aux  systèmes  réticulaires,  il  faut  chercher  les  plans  diamé- 
traux d'un  tel  système;  ceux-ci  doivent  évidemment  se  retrouver  dans  le 
noyau;  or  les  plans  diamétraux  d'un  parallélépipède  sont,  d'une  part  les 
plans  parallèles  aux  faces,  passant  par  le  centre,  et  ayant  pour  directions 
conjuguées  les  arêtes  du  parallélépipède,  d'autre  part  les  plans  diagonaux 
ayant  pour  directions  conjuguées  les  droites  qui  joignent  les  milieux  de 
deux  arêtes  opposées. 

»  Par  conséquent,  en  déterminant  le  plan  de  glissement  et  la  rangée 
principale  d'une  macle  artificielle,  on  obtient  soit  une  face  et  une  arête 
de  la  forme  primitive,  soit  un  plan  diagonal  et  une  diagonale  de  cette 
même  forme.  On  détermine  donc  ainsi  deux  éléments  de  la  forme  primitive, 
qui  se  trouvera  complètement  définie  par  l'étude  d'une  seconde  macle 
artificielle.  » 


C,  K.,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  23.)  ' -'*  ' 


I002  ACADEMIE   DES   SCIENCES. 


ZOOLOGIE.  ~  Revision  des  Némalodes  libres,  marins,  de  la  région  de  Cette. 
Note  de  M.  Etienne  de  Rouville,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Ayant,  depuis  bientôt  deux  ans,  entrepris  la  revision  des  Nématodes 
libres,  marins,  de  la  région  de  Cette,  je  publie  aujourd'hui  mes  premiers 
résultats. 

»  Les  dix-sept  genres  et  les  vingt  espèces  que  j'ai  examinés  ont  été 
recueillis  dans  le  seul  Canal  des  B  ourdi  gués  ;  trois  espèces  et  un  genre  sont 
nouveaux  pour  la  Science.  En  voici  la  liste  par  ordre  alphabétique  : 

»  1°  Genre  Acantopharynx  M.;  l'espèce  de  Cette  est  VA.  oculala  M.  {Enoplus 
gracilis  Eb.). 

»  2°  GenvQ  Anticoma  B.  Espèce  nouvelle  :  A.  Calveti.  Caractères  :  queue  plas  grande 
que  celle  des  quatre  espèces  de  Bastlan.  Contrairement  à  A.  acuminata  Eb.  et  à 
A.  acuminata  trouvée  en  190 1  par  von  Daday  dans  l'Adriatique,  mon  espèce  ne  pos- 
sède aucune  dent.  Contrairement  à  A.  tyrrhenica  de  M.  (Naples),  mon  espèce 
présente  de  petites  soies  sur  tout  le  corps.  Enfin,  contrairement  à  A.  leptura  {Steno- 
lainius  lepturus  M.),  elle  ne  possède  pas,  dans  la  région  céphalique,  les  papilles  très 
saillantes  de  l'espèce  de  Marseille.  Je  dédie  cette  espèce  nouvelle  à  mon  collègue  et 
ami,  M.  Calvet. 

»  3°  Genre  Chromadora  B.  Je  considère,  pour  le  moment,  cette  espèce  comme 
la  C.  natans  B. 

»  4°  Genre  Comesoma  B.  L'espèce  de  Cette  est  la  C.  vulgaris  B.  (Comesoma 
vulgare  de  M.  ). 

»  5°  Genre  Cyatholainius  B.  Distincte  des  deux,  espèces  de  Naples,  mon  espèce 
rappelle  beaucoup  le  C.  cœcus  B. 

»  6°  Genre  Desmodora^e  M.  L'espèce  de  Cette  est  le  B.  augusticollis  v.  Daday 
(Adriatique),  bien  distinct  des  deux  espèces  étudiées  par  de  Man.  Une  seconde  espèce 
est  encore  douteuse  pour  moi. 

»  7"  Genre  Enoplus  Duj.  et  Bast.  Mon  ver  est  VE.  tridentatus  trouvé  en  i845  par 
Dujardin  à  Cette. 

»  8°  Genre  Eurystoma  M.  L'espèce  de  Cette  est  \Eu.  ornatuni  Eb.  {Enoplus 
ornatus  Eb.  Eurystoma  tenue  M.). 

»  9°  Genre  Leptosomatum  B.  Mon  Nématode  est  le  Z,.  bacillatum  Eb.,  retrouvé  en 
1876  par  de  Man  à  Naples. 

»  10°  Genre  Monohystera  B.  J'ai  trouvé  à  Cette,  à  côté  de  M.  fdiformis  B.  et  de 
M.  gracilis  de  M.,  une  espèce  nouvelle  :  M.  de  Mani.  Sa  cavité  buccale  est  très  com- 
pliquée et  sera  figurée  dans  mon  Mémoire.  Corps  brusquement  rétréci  dans  la  région 
de  la  queue.  Je  dédie  cette  espèce  à  M.  le  D'"  de  Man. 

»  11°  Genre  Oncholaimus  Duj.  et  Bast.  Genre  représenté  à  Cette  par  O.  albidus 
de  M.  et  O.  Dujardinii  de  M.,  qui  vivent  en  compagnie  avec  ISotomastus  Benedeni) 
Poljdora  flaça  et  P,  ciliata. 


SÉANCE   DU   7    DÉCEMBRE    igoS.  lOo3 

»  12°  Genre  Phanodenna  B.  Ce  ver  se  distingue  des  trois  espèces  déjà  décrites 
dans  la  Méditerranée  par  son  armature  buccale  qui  présente  deux  sortes  de  mandi- 
bules. Espèce  douteuse. 

»  i3°  Genre  Sabatieria  nov.  gen.  Ce  ver  rappelle  tout  d'abord  un  des  genres  : 
Comesoma,  Spira  ou  Aracolaimus,  mais  se  distingue  facilement  de  ces  Nématodes  : 
a.  Spicules  beaucoup  plus  courts,  et  pièce  accessoire  dirigée  en  arrière;  b.  Queue 
beaucoup  moins  large  que  celle  à''Ar.  elegans.  Cavité  buccale  passant  directement, 
sans  se  rétrécir,  dans  l'œsophage.  Bulbe  œsophagien  légèrement  renflé.  Organes  laté- 
raux spiroïdes.  Je  dédie  ce  genre  nouveau  à  mon  maître,  M.  le  Professeur  A.  Sabatier. 

»  i4°  Genre  Spilophora  B.  Ce  ver  rappelle  par  sa  queue  la  Sp.  gracilicaudata 
de  jM.  et  le  Cyath.  longicaudalas  de  M.  11  existe  cependant  entre  ces  vers  certaines 
différences  essentielles  :  les  organes  latéraux  de  ma  Spilophora  Giardi  ont  de  nom- 
breux tours  de  spire.  Mon  espèce  n'a  pas  les  deux  dents  «  de  requin  »  de  la  Sp.  gra- 
cilicaudata, mais  possède  dans  la  bouche  six  petites  éminences  coniques  (dents?);  sa 
queue  est  encore  plus  effilée;  elle  n'a  pas,  d'autre  part,  la  bouche  caractéristique  des 
Cyatholaimus,  et  elle  possède  des  organes  latéraux.  Cuticule  présentant  des  séries 
transversales  de  points  très  fins.  Pas  d'yeux.  En  arrière  des  organes  latéraux,  deux 
séries  de  trois  soies  chacune  et  opposées  latéralement.  Je  dédie  cette  espèce  nouvelle 
à  M.  le  Professeur  A.  Giard. 

»  i5°  Genre  Spira  B.  C'est  la  Spira parasitifera  B.  Les  algues  filiformes,  ectopa- 
rasites  sur  ce  ver,  ne  se  trouvaient  que  sur  la  queue. 

»  i6"  Genre  Sfmplocostonia  B.  {Amphisteiius  M.  Enopliis  Eb.  p.).  L'espèce  de 
Cette  est  le  S.  teniiicolis  de  M.  {EnopLus  tennicolis  Eb.,  Amphistenus  agilis  M.). 
Elle  est  particulièrement  allongée,  très  mince  et  très  élégante. 

»  17°  Genre  Terschellingia  de  M.  Mon  ver  est  la  T.  commuais  de  M.  Une  seconde 
espèce  de  ce  genre,  dont  je  n'ai  observé  que  des  femelles,  se  distingue  de  la  précé- 
dente par  les  caractères  tirés  de  la  couleur,  de  la  forme  de  la  queue,  des  soies  cépha- 
liques  et  de  l'œsophage. 

»  Tels  sont  les  Nématodes  libres  récoltés  dans  le  canal  des  Bourdigues. 
Vu  l'espace  limité  dans  lequel  j'ai  effectué  mes  pêches,  j'espère  pouvoir 
bientôt  enrichir  cette  collection  de  vers,  déjà  considérable.  Ces  premiers 
résultats  donnent  bien,  me  semble-t-il,  raison  à  Marion  qui,  en  1870, 
écrivait  :  «  Cette  grande  famille  des  Nématodes  libres  atteindra  un  jour 
l'importance  du  grand  groupe  des  Annélides.  » 

ZOOLOGIE.  —  Sporozoaùe parasite  des  Moules  et  autres  Lamellibranches 
comestibles.  Note  de  M.  Louis  Léger,  présentée  par  M.  Alfred 
Giard. 

«  Le  Sporozoaire  qui  fait  l'objet  de  la  présente  Communication  est  extrê- 
mement fréquent  dans  les  Moules  {Mytilus  edulis  L.)  du  golfe  du  [Calvados. 


jOo4  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Aux  environs  du  laboratoire  de  Luc-siir-Mer  où  j'ai  fait  ces  recherches, 
presque  loutes  les  Moules  de  laille  moyenne  sont  infestées.  L'aire  de 
répartition  du  parasite  est  d'ailleurs  bien  plus  grande,  car,  d'après  les 
observations  que  J.  Gucrin,  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Rennes,  a  bien 
voulu  faire  sur  ma  demande,  les  Moules  de  la  baie  de  Bourgneuf,  dans  la 
Loire-Inférieure,  sont  également  envahies. 

»  Le  parasite  s'observe  en  outre  dans  les  Mactres  (M.  solida  L.),  les 
Donax  {D.  viltatus  da  Costa),  les  Tapes  (T.  yO////«5/ra  Mont.),  les  Tellines 
(2'.  ballhica  L.),  jusque  sur  les  côtes  du  Boulonnais,  mais  moins  fréquem- 
ment que  dans  les  Moules.  Par  contre,  les  Huîtres  (0.  edulis  L.)  m'ont 
toujours  paru  indemnes,  ainsi  que  les  Moules  (/!/.  gallo-provincialis  Lam.) 
de  la  Méditerranée. 

»  Le  plus  souvent,  on  rencontre  le  parasite  uniquement  sous  forme  de  sporocvstes 
isolés,  géminés  ou  en  amas  irréguliers  de  nombre  variable,  situés  dans  les  vaisseaux 
des  filaments  branchiaux.  Parfois  on  en  trouve  aussi  quelques  amas  moins  importants 
dans  le  tissu  conjonctif  des  palpes  labiaux  et  autour  de  l'intestin,  du  foie  et  du  rein. 
L'épithélium  intestinal  m'a  toujours  paru  indemne. 

»  Les  sporocystes  mûrs,  longs  de  laH-,  sont  ovoïdes,  acuminés  aux  pôles  et  ren- 
fernjent  un  sporozoïte  unique  très  long  (25S^-  à  28I-''),  car  il  est  repb'é  deux  fois  à  leur 
intérieur. 

»  Le  sporozoïte  a  la  forme  d'un  vermicule  qui  va  en  s'effilant  vers  l'extrémité  posté- 
rieure. L'avanl  se  termine  par  un  rostre  court  au-dessous  duquel  se  voit  souvent  un 
pelit  espace  clair  comme  une  vacuole  dans  laquelle  l'iiématoxyline  ferrique  colox^e  un 
corpuscule  effilé.  Le  noyau  est  situé  vers  le  tiers  antérieur  et  montre  un  gros  karyo- 
some  et  quelques  petits  grains  chromatiques.  Le  reste  du  cytoplasme  du  sporozoïte  est 
jaunâtre  et  finement  granuleux. 

»  La  paroi  du  sporocyste  est  épaisse,  à  double  contour  et  très  résistante.  Elle  est 
entourée  d'une  large  zone  piriforme,  homogène,  d'aspect  gélatineux. 

))  Sous  cette  forme  de  sporocyste  mûr,  le  parasite  rappelle  beaucoup  un 
organisme  que  Aimé  Schneider  (  ')  a  signalé  dans  les  cellules  du  tissu  con- 
jonctif du  manteau  des  Soien.  Comme  il  n'a  pas  vu  d'autres  stades  de  déve- 
loppement, il  le  regarde  avec  quelque  doute  comme  un  Sporozoaire  du 
groupe  des  Coccidies  et  lui  donne  le  nom  générique  de  Nematopsis. 

»  Sans  pouvoir  affirmer  que  le  parasite  des  Moules  soit  spécifiquement 
identique  à  celui  des  Solen  que  je  n'ai  pas  réussi  à  retrouver  dans  les  quel- 


(')  A.  ScuNEiDER,  Signalement  d'un  nouveau  Spofozoai're  {Tablettes  zoologiques. 
Poitiers,  1892). 


SÉANCE    DU    7   DÉCEMBRE    1903.  IOo5 

ques  individus  que  j'ai  examinés,  je  suis  convaincu  qu'il  s'agit  tout  au 
moins  d'un  organisme  très  voisin,  et  je  nommerai  Nemalopsis  Schneideii 
l'espèce  que  j'ai  trouvée  dans  les  Mollusques  précités. 

»  Dans  la  Moule,  les  sporocystes  niùrs  s'accumulent  dans  les  capillaires  branchiaux 
forniant,  par  places,  des  amas  ou  des  traînées  qui  s'accroisi-ent  peu  à  peu  en  rétré- 
cissant le  canal  sanguin.  Chaque  traînée  peut  renfermer  jusqu'à  70  sporocystes,  mais 
il  n'est  pas  rare  de  trouver  des  sporocystes  isolés  ou  des  groupes  très  peu  nombreux. 
Ces  amas  parasitaires  sont  disséminés  assez  irrégulièrement  dans  les  branchies;  toute- 
fois, on  n'en  voit  pas  sur  leur  bord  libre.  En  général,  plus  la  Moule  est  grosse,  plus 
les  sporocystes  sont  nombreux,  et,  dans  un  exemplaire  de  taille  moyenne,  c'est  par 
milliers  qu'on  les  compte  sur  chaque  lame  branchiale. 

»  Cette  extrême  fréquence  des  sporocystes  s'explique  facilement  par  leur  persistance 
dans  l'hôte  après  chaque  infection  nouvelle.  Au  contraire,  les  stades  végétatifs  se 
voient  très  rarement,  car  on  ne  peut  les  observer  que  durant  la  période  aiguë  d'une 
infection.  Aussi  ai-je  dû  examiner  un  nombre  considérable  de  Moules  avant  de  trouver 
les  formes  que  je  considère  comme  appartenant  au  cycle  endogène  du  parasite.  Ce 
sont  des  corps  en  croissant,  de  forme  plus  ou  moins  renflée  selon  leur  taille,  qui  se 
développent  dans  l'épithélium  rénal  et  se  \ oient  tantôt  fixés  par  une  de  leurs  pointes 
entre  les  cellules,  tantôt  appliqués  à  leur  surface  par  leur  côté  concave,  tantôt  libres 
dans  la  ca\ité  du  rein.  Les  plus  gros  atteignent  une  longueur  de  3o!^-;  ils  montrent  un 
noyau  central  avec  un  gros  karyosome  et  de  fines  granulations  chromatiques  sur  un 
réseau.  Leurs  mouvements  extrêmement  lents  sont  à  peine  perceptibles. 

»  Sur  le  vivant,  on  remarque  que  ces  croissants  sont  de  deux  sortes  :  les  uns  forte- 
ment réfringents  renfermant  des  grains  de  pigment;  les  autres,  tout  à  fait  hyalins  et 
si  pâles  qu'on  a  peine  à  les  distinguer,  bien  que  leur  cytoplasme  soit  chargé  de  petits 
grains  sphériques.  Je  ne  puis  encore  dire  s'il  s'agit  ici  d'une  différence  sexuelle,  mais 
j'ai  vu  plusieurs  fois  des  croissants  étroitement  accolés  deux  à  deux  par  leur  côté  pri- 
mitivement concave. 

»  J'ai  observé  une  fois  un  de  ces  couples  dans  le  tissu  conjonctif  périrénal,  ce  qui 
me  porte  à  penser  que,  comme  chez  certaines  Coccidies,  les  copulas  émigrent  dans  les 
zones  conjonctives  sous-épithéliales  d'où  les  sporocystes  se  répandent  dans  le  sang 
pour  s'accumuler  peu  à  peu  dans  les  vaisseaux.  Comme  ces  sporocystes  ne  peuvent 
être  mis  en  liberté  qu'à  la  mort  de  l'animal,  il  est  possible  que  l'évolution  du  Nema- 
lopsis comporte,  comme  celle  des  Hémococcidies,  un  changement  d'hôte. 

»  Il  est  à  noter  que  presque  toutes  les  Moules  infestées  hébergent  des  Pinnothères 
eux-mêmes  parasités  par  une  Grégarine  gymnosporée,  VAggregata  cœlomica  Léger. 

»  Mes  observations  sont  encore  trop  incomplètes  pour  en  déduire  le 
cycle  évolutif  du  parasite;  toutefois,  elles  montrent  que  le  Nemalopsis  est 
incontestablement  un  Sporozoaire  du  groupe  Coccidies-Grégarines .  C'est, 
selon  toute  probabilité,  une  Coccidie  monozoïque,  mais  son  évolution 
diffère   certainement  de  celle  des   Coccidies  monozoïques  typiques  (^Bar- 


IOo6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

rouxia,  Echinospora,  etc.)  en  raison  de  la  localisation  différente  des  stades 
végétatifs  et  des  sporocystes. 

»  Les  Moules  infestées  par  les  Nematopsis  ne  montrent  pas  d'altérations 
pathologiques  générales  caractéristiques;  leur  coquille  est  souvent,  il  est 
vrai,  irrégulièrement  épaissie,  mais  ceci  indique  un  vice  de  nutrition  qui 
peut  s'observer  indépendamment  de  l'invasion  parasitaire. 

»  Au  point  de  vue  de  Fhygiène  alimentaire,  ces  moules  parasitées  ne 
paraissent  pas  devoir  être  considérées  comme  nuisibles  d'après  les  expé- 
riences que  j'ai  faites  sur  moi-même.  J'ai  absorbé,  en  effet,  à  trois  reprises 
différentes,  douze  Moules  vivantes  dont  les  branchies  étaient  criblées  de 
Nematopsis  sans  en  ressentir  aucun  malaise.  » 


PATHOLOGIE   VÉGÉTALE.    —   De  la  filosité  des  pommes  de  terre.   Note   de 
M.  G.  Delacroix,  présentée  par  M.  Prillieux. 

u  Le  terme  de  filosité  désigne  pour  le  tubercule  de  la  pomme  de  terre 
une  tendance  à  développer  des  bourgeons  qui  s'allongent  considérablement 
et  restent  grêles. 

»  Plantés  dans  le  sol,  les  tubercules  filants  ne  donnent  généralement  que  des  pousses 
mal  venues,  ne  produisant  parfois  aucune  tige  aérienne  ou  n'en  émettant  que  de 
malingres  qui  ne  tardent  gas  à  se  dessécher.  Quelquefois,  la  végétation,  tout  en  res- 
tant faible,  arrive  à  se  poursuivre,  et,  sur  certaines  variétés,  on  constate  les  symp- 
tômes de  la  frisolée,  afTection  bien  connue  par  ses  symptômes,  qui  ont  déjà  été 
observés  et  décrits  au  xvni^  siècle,  mais  dont  la  cause  reste  encore  obscure;  les  feuilles 
sont  alors  d'un  vert  pâle,  gaufrées,  appliquées  contre  la  tige.  Dans  un  sol  riche,  favo- 
rable à  la  pomme  de  terre,  les  tubercules  peuvent  prendre  naissance;  mais,  replantés, 
ils  présentent  inévitablement  les  caractères  de  la  maladie. 

»  A  l'arrachage,  les  tubercules,  voués  à  la  filosité,  ne  montrent  j^as  de  caractère 
qui  permette  de  les  reconnaître  avec  certitude.  Ce  n'est  que  vers  la  fin  de  l'hiver  que 
la  présence  des  germes  filants  commence  à  se  rencontrer. 

»  A  ce  moment,,  ces  tubercules  sont  souvent  ou  plus  mous  ou  plus  durs  qu'à  l'état 
normal,  et,  à  l'examen  microscopique,  on  y  trouve,  mais  pas  nécessairement,  divers 
organismes  •.Bacillus  solanincola  G.  Del.,  B.  caulivorus  Prill.  et  Del.,  plus  rare  que 
le  premier,  et  aussi  Fusarium,  Solani  (de  Martius)  Sacc,  espèce  saprophyte,  qui 
peut  pénétrer  les  tubercules,  grâce  à  l'état  de  demi-asphyxie  dans  lequel  ils  sont  sou- 
vent placés  pendant  la  période  de  repos  hivernal.  Les  deux  bactéries  ramollissent  les 
tubercules;  le  Fusarium  Solani,  au  contraire,  les  durcit. 

»  Ces  organismes  pouvant  être  absents,  on  ne  peut  leur  attribuer  la  cause  de  la 
filosité,    non  plus  qu'à  la  sécheresse  possible  du  sol,  qui  n'est  ici  qu'une  circonstance 


SÉANCE  DU  7  DÉCEMBRE  igoS.  1007 

accessoire.  La  cause  réelle  doit  être  cherchée  plus  haut;  et  la  présence  de  certains 
organismes  dans  le  tubercule  d'une  part,  de  l'autre  la  production  de  la  fîlosité  sont 
deux  manifestations  d'apparence  très  différente  d'une  cause  unique. 

»  Cette  cause  réside  dans  l'état  de  déchéance  et  d'infériorité  vitale  dont 
peuvent  être  atteintes  nombre  de  variétés  de  pommes  de  terre  ;  la 
déchéance  est  amenée  par  le  procédé  exclusivement  employé  dans  la  cul- 
ture pour  la  multiplication  de  la  pomme  de  terre. 

»  Ce  procédé  n'est  qu'un  bouturage  perfectionné,  et  la  reproduction  sexuée  étant 
absente,  la  variation  est  réduite  à  son  minimum  et  ne  peut  provenir  que  du  milieu 
extérieur,  le  terrain  ou  les  agents  atmosphériques.  Or,  ces  conditions  peuvent  être 
défavorables,  et,  de  ce  fait  le  milieu  interne,  c'est-à-dire  la  cellule,  membrane  et  con- 
tenu, se  modifie  chimiquement.  L'action  de  la  cause  étant  incessante,  ces  caractères 
acquis  deviennent  héréditaires  dans  la  série  des  générations  suivantes,  et  la  pénétration 
d'organismes  qui,  à  l'état  normal,  sont  sans  doute  sans  action  sur  la  plante  est  rendue 
ainsi  possible  et  fréquente.  On  sait  d'ailleurs  qu'Emile  Laurent  a  pu,  en  affaiblissant 
des  tubercules  de  pommes  de  terre,  les  faire  parasiter  par  des  races  de  bactéries 
banales,  qu'il  parvenait  ainsi  à  douer  d'une  puissante  virulence.  Dans  le  cas  actuel, 
l'effet  aggrave  encore  la  cause,  de  sorte  que  le  tubercule,  mal  muni  de  réserves  par 
suite  de  la  végétation  défectueuse  de  la  planle-mère,  incapable  peut-être  d'élaborer 
les  diastases  destinées  à  une  convenable  utilisation  de  ces  réserves,  ce  tubercule 
végète  d'une  façon  misérable  et  devient  incapable  de  perpétuer  l'espèce. 

»  La  germination  anticipée  des  tubercules  à  la  lumière,  qui  permet  d'éliminer  les 
tubercules  filants,  suivie  d'une  culture  rationnelle,  peut  être  un  palliatif;  mais  il  est 
insuffisant,  car  la  filosité  reparaît  au  bout  de  quelques  générations. 

»  Le  semis  des  graines  est  un  moyen  certain,  mais  le  résultat  exige  plusieurs  années 
de  recherches  et  d'observations  multiples.  Ce  procédé  est  d'un  usage  courant  en  horti- 
culture et  en  agriculture,  et  l'on  doit  reconnaître  que  la  reproduction  sexuée,  quand 
elle  est  suivie  d'une  sélection  bien  conduite  des  produits  du  semis,  permet  seule  de 
modifier  dans  une  large  mesure  et  d'améliorer  au  profit  de  l'homme  les  qualités  natu- 
relles que  présentent  certains  végétaux. 

»  Parmentier,  qui  avait  déjà  observé  la  dégénérescence  des  pommes  de 
terre,  conseillait  le  semis  comme  le  seul  moyen  d'y  remédier  ;  et,  depuis 
le  xviii''  siècle,  cette  méthode  appliquée  à  la  pomme  de  terre  a  donné  les 
meilleurs  résultats. 

»  Mais  le  problème  étant  ainsi  posé,  sa  solution  n'est  plus  du  domaine 
de  la  pathologie  végétale  et  devient  un  sujet  d'agronomie  pure.  » 


IOo8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  le  système  permien  dans  les  Pyrénées  françaises  et  espagnoles. 
Note  de  M.  J.  Caralp,  présentée  par  M,  de  Lapparent. 

«  Longtemps  le  système  permien  n'a  été  connu  qu'aux  deux  extrémités 
des  Pyrénées  et  seulement  sous  la  forme  des  grès  rouges. 

»  Des  recherches  poursuivies  pendant  plusieurs  années  m'ont  permis  de 
constater  non  seulement  que  ce  système  était  largement  représenté  dans 
toute  la  chaîne,  y  compris  le  versant  espagnol,  où  sa  présence  n'avait 
jamais  été  soupçonnée,  mais  qu'en  dehors  des  grès  rouges,  équivalents  du 
Rothliegendes  d'Allemagne,  c'est-à-dire  de  l'étage  moyen  ou  saxonien,  on  y 
pouvait  reconnaître  :  d'abord  l'étage  supérieur,  formé  de  dolomies  métal- 
lifères et  de  brèches  calcédonieuses  (Ariège),  ou  d'argilites  rouges  avec 
conglomérats  très  puissants  (vallée  de  la  Sègre  en  Catalogne);  ensuite 
l'étage  inférieur,  autrefois  complètement  ignoré. 

))  Ce  dernier  est  susceptible  de  deux  faciès;  l'un  continental,  analogue  à 
l'Autunien  de  l'Aveyron  et  de  l'Hérault;  l'autre,  marin,  et  inconnu  jus- 
qu'ici dans  l'Europe  occidentale. 

»  J'ai  eu  la  bonne  fortune  de  découvrir  ce  faciès  marin,  il  y  a  dix  ans, 
dans  les  environs  de  Saint-Girons.  Depuis  lors,  je  l'ai  retrouvé  dans 
d'autres  localités  de  l' Ariège,  ainsi  qu'à  Lez  (Haute-Garonne)  et  dans  la 
vallée  de  l'Aude. 

»  La  faune  que  j'ai  recueillie  est  relativement  riche  et  variée.  Elle  renferme  des 
Crinoïdes,  des  Bryozoaires,  des  Brachiopodes,  des  Lamellibranches,  des  Gastropodes, 
des  Ammonées  et  quelques  Trilobites.  Son  principal  intérêt  réside  dans  les  Ammonées, 
dont  plusieurs,  comme  Fa  reconnu  M.  Haug,  se  rapprochent  des  types  découverts  par 
M.  Gemmellaro  aux  environs  de  Palerme.  Elles  se  rapportent  aux  genres  Daraelites, 
Paraceltites,  Gasirioceras,  etc.;  d'autres,  telles  que  Pronorites,  sont  apparentées 
aux  formes  d'Artinsk  (Oural);  quelques-unes  enfin  sont  spéciales  aux  Pyrénées. 

»  Par  ses  Pronorites  et  Gasirioceras,  le  Permien  de  FAriège  a  des  affinités  avec  le 
Carboniférien;  mais  l'abondance  des  Paraceltites  et  la  présence  de  Daraelites  lui 
impriment  un  cachet  plus  récent. 

»  Les  couches  fossilifères  de  Saint-Girons,  presque  exclusivement  com- 
posées de  schistes  verdâtres  ou  brunâtres,  appartiennent  donc  à  YArtinsHen. 
se  plaçant  à  la  hauteur  des  couches  d'Artinsk  (Oural),  du  val  de  Sosio 
(Sicile)  et  du   Salt-Range   (Inde).    Elles   attestent  que,   dans  la    région 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE    IQoS.  1009 

pyrénéenne,  la  mer  a  persisté  jusqu'à  l'époque  saxonienne.  Pendant  le 
Carboniférien,  celte  mer  formait  sur  l'emplacement  de  la  chaîne  une  nappe 
très  étendue.  Pendant  le  Permien  inférieur,  il  n'y  a  plus  sur  la  partie  nord 
qu'un  golfe,  une  sorte  de  fjord,  largement  ouvert  sur  la  Méditerranée  et 
remontant  jusqu'aux  hautes  Pyrénées,  mais  probablement  sans  dépasser 
le  plateau  de  Lannemezan  ;  car,  dans  la  vallée  d'Aure,  le  Rouiller  présente 
déjà  des  alternances  marines  et  continentales  et,  plus  à  l'ouest,  le  Permien 
et  le  Rouiller  sont  exclusivement  continentaux. 

»  Mais  cette  histoire  ne  s'applique  qu'au  versant  nord  de  la  chaîne,  et 
la  réfi^ion  où  les  formations  sont  demeurées  continentales  indique  une 
autre  succession  de  phénomènes. 

»  En  effet,  j'ai  constaté  que  le  Permien  inférieur,  en  concordance  à  peu 
près  parfaite  avec  le  Carboniférien  supérieur,  était  recouvert  en  discor- 
dance par  les  argiliteset  les  grès  rouges  du  Permien  moyen,  lesquels,  à  leur 
tour,  supportaient  en  discordance  et  même  en  transgressivité  les  couches 
du  Trias. 

»  Comme,  d'autre  part,  le  Rouiller  d'eau  douce  ou  Stéphanien  est  en 
discordance  sur  le  Carboniférien  inférieur  marin  ou  Dinantien,  on  peut  en 
inférer  que,  dans  les  Pyrénées,  le  Permien,  absolument  distinct  du  Trias,  se 
divise  en  deux  groupes,  l'un  composé  de  l'étage  supérieur  et  de  l'étage 
moyen,  l'autre  faisant  corps  avec  l'ensemble  du  Carboniférien  :  analogies 
que  confirme  la  composition  minéralogique  des  assises. 

»  La  première  émersion  des  Pyrénées,  sous  forme  de  dômes,  date  de  la 
fin  des  temps  dinantiens.  Dans  les  synclinaux  et  les  dépressions  intermé- 
diaires s'accumulèrent  alors,  au  sein  de  lacs  d'eau  douce,  les  sédiments  du 
Rouiller,  puis  ceux  du  Permien  inférieur.  Un  mouvement  du  sol,  produi- 
sant la  discordance  saxonienne,  inaugura  le  dépôt  des  étages  moyen  et  supé- 
rieur; après  quoi  la  discordance  triasique  accuse  une  invasion  progressive 
de  la  mer,  atteignant  son  apogée  avec  les  temps  jurassiques.  » 

GÉOLOGIE.  —  Observations  relatives  à  la  tectonique  de  la  haute  imllée  de  la 
Jalomita  (^Roumanie).  INote  de  M.  J.  Beiu;erox,  présentée  par  M.  Michel 
Lévy. 

«  La  haute  vallée  de  la  Jalomita  (Roumanie)  traverse,  suivant  une 
direction  nord-sud,  l'extrémité  nord-est  des  Carpathes  méridionales.  Sur 

G,  R.,  1903,  2«  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  23.)  1^2 


lOlO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

le  flanc  sud  de  ce  massif,  formé  par  des  schistes  à  séricite,  reposent,  en 
discordance  de  str  atificalion,  des  assises  secondaires.  Grâce  à  des  galeries 
ouvertes  dans  ces  dernières  pour  la  recherche  du  charbon,  j'ai  pu,  assisté 
de  M.  Mrazec,  professeur  à  l'Université  de  Bucarest,  reconnaître  l'allure 
des  couches. 

»  Celles  du  Jurassique  inférieur  sont  toujours  laminées,  étirées;  parfois  le  charbon 
du  Lias  forme  des  amas  irréguliers,  contournés,  comme  à  Brandus.  Les  calcaires  blancs 
du  Jurassique  supérieur  et  du  iNéocomien,  constituent  de  grands  îlots  ou  klippes, 
entourés  par  le  Génomanien  comme  à  Zanoaga,  ou  encore  situés  au  contact  du  Céno- 
manien  et  du  Barrêmien  comme  près  de  Sinaïa.  Des  traces  de  plissements,  de  lami- 
nages, s'y  reconnaissent.  Par  suite  de  l'élirement  du  Lias  et  du  Dogger,  ces  calcaires 
reposent  parfois  directement  sur  les  schistes  à  séricite. 

»  Le  Génomanien  recouvre  rarement  le  Néocomien;  mais  souvent  il  repose  sur  le 
Lias  et  le  Dogger,  ou  encore  sur  les  schistes  à  séricite.  Il  est  souvent  plissé  à  sa  partie 
inférieure;  les  miroirs  de  glissement  et  les  contacts  anormaux  entre  ses  différentes 
assises  y  sont  fréquents. 

))  En  résumé,  tous  les  terrains  secondaires  dont  il  vient  d'être  parlé 
présentent,  dans  la  haute  vallée  de  la  Jalomita,  des  indices  certains  de 
charriage.  M.  Mrazec  avait  déjà  reconnu  de  pareils  accidents  dans  le 
Permien  et  dans  le  Jurassique  de  la  région  située  au  sud-ouest  de  celle 
qui  nous  occupe.  Ce  ne  sont  pas  de  simples  glissements  sur  le  versant 
méridional  des  Garpathes;  l'allure  des  couches  indique  bien  qu'il  y  a  eu 
refoulement. 

»  La  manière  dont  se  présente  le  Barrêmien  vient  encore  à  l'appui  de  cette  hypo- 
thèse, il  forme  bordure  extérieure  au  Génomanien;  l'ensemble  des  lils  calcaires  et  des 
lits  marneux  est  contourné  avec  plis  enchevêtrés  les  uns  dans  les  autres.  On  y  ren- 
contre, comme  sur  la  route  de  Moroeni  à  Sinaïa,  des  blocs  énormes  de  calcaire  blanc 
du  Jurassique  supérieur,  roulés,  arrondis  par  le  frottement. 

»  Les  accidents  observés  à  la  base  des  klippes  jurassiques  de  la  haute 
vallée  de  la  Jalomita  établissent  que  celles-ci  ne  sont  pas  les  restes  de 
massifs  jurassiques  en  place,  en  partie  détruits  par  les  érosions  d'âge  pos- 
térieur; mais,  ainsi  que  l'admet  M.  Lugeon,  elles  appartiennent  à  la  partie 
inférieure  d'une  nappe  de  charriage;  ce  ne  sont  plus  que  des  lambeaux 
qui  apparaissent  par  suite  de  déchirures  dans  le  manteau  que  forment  les 
terrains  plus  récents. 

»  Il  est  difficile  de  préciser  la  région  d'où  est  venue  la  nappe  en  ques- 
tion. L'allure  des  couches  montre  que,  d'une  manière  générale,  il  y  a  eu 


SÉANCE  DU  7  DÉCEMBRE  IpoS.  loit 

charriage  vers  Test  et  vers  le  sud;  donc  la  nappe  s'est  avancée  sous  l'action 
H'nne  force  venant  sensiblement  du  nord-onest. 

»  Le  temps  m'a  manqué  pour  établir  avec  certitude  l'âge  de  ce  charriage,  mais 
il  est  à  remarquer  que,  dans  le  Sénonien,  apparaissent  des  klippes  jurassiques  ou 
formées  de  fragments  de  calcaires  jurassiques.  D'autre  part  les  coupes  publiées  par 
JMM.  Mrazec  et  Tesseyre  montrent  que  les  assises  tertiaires  ont  subi  de  très  nom- 
breuses dislocations,  et  même  leurs  principales  dislocations,  avant  le  Sarmatique  su- 
périeur. Peut-être  le  charriage  que  je  viens  de  signaler  date-t-il  de  cette  époque. 

»  Si  l'on  rapproche  ces  faits  de  ceux  signalés  par  M.  Uhlig  dans  la  Tatra 
et  interprétés  par  M.  Lugeon  comme  résultant  de  charriages  qui  se  seraient 
produits  du  sud  vers  le  nord,  on  est  amené  à  considérer  les  nappes  de 
charriage  de  la  région  carpathique  comme  provenant  de  la  dépression 
occupée  par  le  bassin  tertiaire  de  Hongrie,  c'est-à-dire  d'une  région  en 
forme  de  cuvette.  C'est  d'ailleurs  un  fait  général  comme  j'aurai  l'occasion 
de  le  prouver  en  décrivant  d'autres  régions  où  j'ai  eu  occasion  d'étudier 
des  nappes  de  recouvrement.  » 

A  4  heures  et  demie  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures. 

G.  D. 


BULLETIX    BIBLIOGRAPHIQUE. 


OuVlîAGES    REÇUS   DANS   LA    SÉANCE   DU    23    NOVEMBRE    igoS. 

Exposition  universelle  internationale  de  rgoo.  Rapport  général  administratif  et 
technique,  par  Alfred  Picard,  Membre  de  l'Institut.  T.  M,  -«  Partie  :  Congrès, 
concours  d'exercices  physiques  et  de  sports,  cérémonies  et  fêtes,  auditions  musicales, 
matinées  littéraires  et  dramatiques.  8"  Partie  :  Visiteurs  de  l'Exposition.  T.  VII. 
9"  Partie:  Services  divers  de  l'Exposition.  iC  Partie:  Concessions  d'expositions 
payantes,  d' établissements  de  spectacle  ou  de  consommation  et  d' établissements 
divers,  ii^  et  dernière  Partie:  Liquidation  et  bilan  de  l'Exposition.  Paris,  Impri- 
merie nationale,  igoS;  2  vol.  in-4°.  (Présentés  en  hommage  par  l'auteur.) 

Traité  d'analyse  des  substances  minérales,   par  Adolphe    Carxot,    Membre   de 


IOI2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  l'Institut.  Tome  II.  Métalloïdes.  Paris,  V^^Ch.  Dunod,  1904;  i  vol.  in-8°.  (Hommage 
de  l'auteur.) 

Résultat  des  campagnes  scientifiques  accomplies  sur  son  yacht  par  Albert  I^'', 
Prince  souverain  de  Monaco,  publié  sous  sa  direction  avec  le  concours  de  M.  Jules 
Richard;  fasc.  XXIII:  Bryozoaires  provenant  des  campagnes  de  ^Hirondelle 
(1886-1888),  par  Jules  Julien  et  Louis  Calvet,  avec  18  planches;  fasc.  XXIV: 
Recherches  sur  l'existence  normale  de  l'arsenic  dans  l'organisme,  par  Gabriel 
Bertrand,  avec  5  figures  dans  le  texte.  Imprimerie  de  Monaco,  1908;  i  vol.  et  i  fasc. 
in-f".  (Présenté  en  hommage  par  S.  A.  S.  le  Prince  Albert  de  Monaco.) 

Nouveaux  éléments  de  Géométrie,  'par  Ch.  Méray,  Correspondant  de  l'Institut; 
nouvelle  édition  refondue  et  augmentée.  Dijon,  P.  Jobard,  1908;  i  vol.  in-8°. 

La  Mécanique,  exposé  historique  et  critique  de  son  développement,  par  Ernst 
Mach.  Ouvrage  traduit  sur  la  4"  édition  allemande  par  Emile  Bertrand,  avec  une  Intro- 
duction de  M.  Emile  Picard,  Membre  de  l'Institut.  Paris,  A.  Herniann,  1904;  i  vol. 
in-S".  (Présenté  par  M.  Emile  Picard.) 

La  Vie,  par  Edouard  Peyrusson.  Discours  prononcé  à  la  séance  solennelle  de  rentrée 
de  l'École  de  Médecine  de  Limoges,  le  12  novembre  1908.  Limoges,  Ducourlieux  et 
Goût,  1908;  I  fasc.  in-8''. 

Annales  de  l'Observatoire  de  Bordeaux,  publiées  par  G.  Rayf.t,  Directeur  de 
l'Observatoire;  t.  X.  Paris,  Gauthier-Villars;  Bordeaux,  Feret  et  fils,  1902;  i  vol. 
in-8°.  (Présenté  par  M.  Lœwy.) 


Suite  cariche  eleltriche  generate  dai  raggi  Asui  mctalli  nel  vuoto:  Memoria  del 
prof.  AuGusTO  RiGHi.  Bologne,  1908;  i  fasc.  in-4". 

Veber  die  lonisierung  der  Luft  durch  eine  elektrisierte  Spitse.  von  A.  RiGiir. 
(Extr.  de  Physikalische  Zeitsclirifl,  4*^  année,  p.  64 1-645.)  Leipzig,  S.  Hirzel,  1908; 
I  fasc.  in-4". 


ACADÉMIE  DES    SCIENCES. 

SÉANCE  DU   LUNDI  li  DÉCEMBRE  1905, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GAUDRY. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

SPECTROSCOPIE.  —  Caractères  principaux  des  spectres  de  lignes  et  de  bandes. 
Considérations  sur  les  origines  de  ces  deux  spectres.  Note  de  xM.  II. 
Deslandres. 

«  Les  gaz  illuminés  ont  deux  modes  vibratoires  essentiellement  distincts, 
qui  ont  été  décelés  par  l'analyse  spectrale  et  correspondent  aux  spectres 
de  lignes  et  de  bandes.  La  présente  Note  expose  les  caractères  principaux 
des  deux  classes  de  spectres,  et  quelques  remarques  critiques  ou  nouvelles 
sur  leur  origine  probable.  La  question  est  particulièrement  intéressante 
avec  les  corps  simples  qui,  comme  l'azote,  ont  à  la  fois  un  spectre  de  lignes 
et  un  spectre  de  bandes. 

»  La  distinction  entre  les  deux  classes  de  spectres  a  été  faite  au  début 
de  l'analyse  spectrale,  avec  de  faibles  appareils  et  par  de  simples  diffé- 
rences d'aspect.  Plus  tard,  elle  a  paru  superficielle,  lorsque  l'emploi 
d'appareils  puissants  a  montré  que  les  bandes  se  résolvent  aussi  en  lignes 
ou  raies  fines.  Mais  ensuite  l'étude  complète  des  spectres  de  bandes  a 
révélé  des  différences  profondes  avec  les  spectres  de  lignes,  et  actuellement 
la  distinction  apparaît  bien  tranchée  et  appuyée  sur  des  faits  précis. 

»  J'ai  contribué  à  ce  dernier  résultat  par  les  recherches  poursuivies  sur 
les  spectres  de  bandes  de  1884  à  1890  et,  dans  une  Note  des  Comptes  rendus 
(t,  ex,  1890,  p.  74î),  j'ai  résumé  les  points  communs  et  les  différences 
caractéristiques  des  deux  spectres;  mais,  depuis,  le  fossé  qui  les  sépare 
s'est  encore  agrandi. 

»  Les  deux  spectres  ont  une  propriété  commune  importante  :  ils  sont 
formés  l'un   et   l'autre   par  la   répétition  de  groupements   de  raies  sem- 

C.   H.,  .900.  2"  Semestre.  (T.  CKXXVU,  N"  2-4  )  ^^^ 


lOl4  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

hlables,  tels  que  doiiblels,  Lriplets,  qiiadriiplets,  etc.  (Mascart,  Liveing 
et  Dewar,  Cornu,  Deslandres);  mais  leurs  différences  sont  fortes  et  nom- 
breuses.  Ainsi  :  i°  dans   les   spectres  de   lignes,    la  répétition   des  grou- 

pemenls    est    réglée    par  une   fonction   de   la   forme    N  —  A  —-  .^ 

(Balmer,  Rydberg,  Rayser  et  Range),  et  dans  une  bande  parla  fonction 
N  =  A  +  B(//2  H- y?)'-  (Deslandres),  N  étant  le  nombre  de  vibrations; 
A,  B,  A" des  constantes  elm  un  nombre  entier;  2°  le  spectre  de  bandes  a  plu- 
sieurs bandes  et  l'ensemble  des  raies  est  donné  par  une  fonction  de  la  forme 
N  =  /(^n'-p-)  X  rn'-  -+-  B/r  -|-  '^(p')  à  trois  paramètres  indépendants  m,  n,  p 
qui  prennent  les  valeurs  des  nombres  entiers  (Deslandres).  Le  spectre 
de  bandes  est  assimilable  à  une  Table  à  trois  entrées,  le  spectre  de  lignes 
à  une  Table  d'une  seule  entrée;  3*^  lorsque  la  pression  des  gaz  augmente, 
les  raies  du  spectre  de  lignes  sont  déplacées  vers  le  rouge,  mais  non  les 
raies  des  bandes  (Humphreys  et  Mohler^;  4°  dans  un  champ  magnétique 
intense,  les  raies  du  spectre  de  lignes  sont  divisées  en  composantes  mul- 
tiples (Lorenlz  et  Zeeman);  dans  les  mêmes  conditions,  les  raies  des 
bandes  ne  sont  pas  modifiées  (Becquerel  et  Deslandres,  Range). 

»  La  cause  de  ces  différences  caractéristiques  est  difficile  à  discerner, 
car  elle  est  liée  à  la  nature  intime  de  la  matière  qui  nous  est  inconnue. 

»  Les  recherches  antérieures  sur  la  question  sont  nombreuses,  et  l'on 
peut  citer  les  noms  de  Mitscherlich,  Diacon,  Plucker,  HittorF,  Wullner, 
Angslrom,  Thalen,  Gouy,  Lockyer.  Elles  ont  conduit  à  l'opinion  suivante, 
généralement  admise  :  les  spectres  de  lignes  sont  dus  aux  corps  simples, 
aux  atomes  proprement  dits,  et  les  spectres  de  bandes,  aux  corps  com- 
posés, à  de  véritables  molécides.  Ces  derniers,  en  effet,  se  montrent  aux 
températures  basses  avec  une  excitation  électrique  ou  chimique  faible.  Si 
l'on  augmente  la  température  ou  l'excitation  électrique,  il  y  a  dissociation, 
et  le  spectre  de  lignes  peut  seul  subsister.  Dans  le  cas  des  corps  simples 
qui  donnent  à  la  fois  les  deux  spectres,  les  bandes  sont  attribuées  à  une 
modification  allotropique  du  corps,  comparable  à  l'ozone. 

»  En  1886,  j'ai  porté  la  recherche  sur  un  terrain  tout  nouveau  en  signa- 
lant et  interprétant  les  différences  exposées  plus  haut  dans  la  structure 
générale  des  deux  spectres.  Le  spectre  de  bandes,  qui  est  représentable 
par  une  fonction  de  trois  paramètres  indépendants,  est  analogue  à  l'en- 
semble des  sons  émis  par  un  corps  solide  qui  vibre  de  la  façon  la  plus 
générale,  suivant  les  trois  dimensions  de  l'espace.  Ce  problème  du  corps 
sonore,  et  tous  les  problèmes  similaires  de  variations  périodiques,  con- 


SÉANCE    DU    l\   DÉCEMBRE    igoS.  lOl5 

duisent  aussi  à  une  fonction  de  trois  paramètres,  lesquels  correspondent 
aux  trois  dimensions  de  l'espace.  Aussi  ai-je  ajouté  :  Darfs  le  spectre  de 
bandes,  tout  se  passe  comme  si  l'atome  était  un  petit  corps  solide  vibrant 
dans  tous  les  sens  de  la  façon  la  plus  générale;  de  plus,  le  nombre  et  la 
disposition  des  atomes  dans  la  molécule  doivent  correspondre  au  nombre 
et  à  la  disposition  des  raies  qui  forment  le  groupement  (doublets,  triplets 
dont  la  répétition  forme  les  spectres.  D'autre  part,  le  spectre  de  lignes  est 
comparable  aux  sons  d'une  corde  ou  d'un  corps  qui  vibre  dans  une  seule 
direction. 

»  Ces  différences  s'accordent  mal  avec  l'opinion  qui  rapporte  les 
spectres  de  bandes  aux  molécules  et  les  spectres  de  lignes  aux  atomes;  car 
on  ne  voit  pas  pourquoi  la  molécule  aurait  une  vibration  plus  générale 
que  l'atome.  Aussi,  dans  le  cas  de  l'azote,  qui  donne  plusieurs  spectres  de 
bandes  distincts,  et  en  plus  un  spectre  de  lignes,  ai-je  attribué  les  spectres 
de  bandes  aussi  bien  à  l'atome  qu'à  la  molécule.  Le  spectre  de  bandes  du 
pôle  négatif,  formé  par  la  répétition  de  raies  simples,  serait  dû  à  l'atome, 
et  les  spectres  de  bandes  du  pôle  positif,  formés  par  des  groupements  plus 
complexes,  ont  été  rapportés  à  des  molécules  (Comptes  rendus,  t.  CIIl, 
p.  375;  t.  CIV,  p.  972;  t.  ex,  p.  748  et  môme  Tome,  p.  457). 

»  J.e  spectre  de  lignes,  d'autre  part,  est  évidemment  un  mode  vibra- 
toire différent  et  moins  général.  Il  se  substitue  au  précédent,  avec  l'azote 
en  particulier,  d'une  manière  progressive.  J'ai  étudié  le  phénomène  avec 
une  bobine  de  Ruhmkorff  et  un  tube  à  vide  muni  d'électrodes  d'aluminium. 
On  a  les  bandes,  lorsque  les  pôles  de  la  bobine  sont  reliés  au  tube  spec- 
tral sans  addition  d'un  condensateur.  L'étincelle  se  divise  alors  en  deux 
parties  de  couleur  différente,  qui  sont  la  gaine  autour  de  la  cathode  et  la 
partie  positive.  Chacune  émet  toutes  les  bandes,  les  bandes  dites  positives 
étant  les  plus  fortes  du  côté  positif,  les  bandes  dites  négatives  étant  plus 
intenses  autour  de  la  cathode.  De  plus,  la  gaine  négative  émet  aussi  les 
spectres  de  lignes  de  l'azote  et  de  l'aluminium,  mais  faibles  et  dans  le 
voisinage  immédiat  de  la  cathode.  Je  ne  sais  si  le  fait  a  été  déjà  signalé, 
mais  il  est  net  (*). 

»  Si,   ensuite,   on   ajoute  un  condensateur  de  capacité  croissante,   le 


(')  La  bobine  de  Ruhmkorff,  employée  pour  produire  l'étincelle,  est  un  appareil 
complexe;  il  serait  bon  de  vérifier  si  la  machine  électrique,  plus  simple,  donne  le 
même  résultat.  J'aurais  fait  l'expérience,  si  l'Observatoire  de  Meudon  possédait  une 
machine  électrique. 


IOl6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

spectre  de  lignes  se  montre  dans  la  partie  positive  et  croît  peu  à  peu  aux 
dépens  des  bandes  qui,  finalement,  disparaissent;  en  même  temps,  la 
gaine  négative  s'évanouit  ou  diminue  beaucoup. 

»  En  résumé,  les  deux  spectres  peuvent  apparaître  en  même  temps, 
mais  le  spectre  de  lignes  correspond  à  une  intensité  plus  grande  du  courant 
qui  produit  l'étincelle;  il  subsiste  seul  lorsque  ce  courant  atteint  une 
certaine  valeur.  Quant  aux  modifications  intimes  qui  accompagnent  la 
variation  spectrale,  elles  restent  toujours  très  obscures. 

»  Or,  récemment,  la  nature  des  spectres  de  lignes  a  été  éclairée  d'une 
vive  lumière  par  la  théorie  des  électrons  de  Lorentz  et  les  expériences  de 
Zeeman.  En  admettant  simplement  une  charge  électrique  constante  portée 
par  les  dernières  particules  de  la  matière,  appelées  électrons,  Lorentz 
explique  la  plupart  des  phénomènes  optiques  et  électriques.  La  vibration 
lumineuse  est  due  au  mouvement  de  l'électron  autour  d'un  centre  qui 
l'attire  proportionnellement  à  la  distance.  Si  un  champ  magnétique  inter- 
vient, d'après  la  théorie,  une  vibration  simple  se  divise  en  trois  vibrations 
distinctes.  Or,  ce  résidtat  a  été  vérifié  par  Zeeman  et  s'applique  exac- 
tement à  la  plupart  des  raies  des  spectres  de  lignes.  De  plus,  les  mesures 
sur  l'effet  Zeeman  et  plusieurs  autres  sur  les  rayons  cathodiques  et  les 
rayons  Becquerel  s'accordent  sur  le  point  suivant  :  l'électron  a  une  charge 
(négative)  égale  à  celle  de  l'atome  d'hydrogène  dans  l'électrolyse,  mais 
a  une  masse  environ  mille  fois  plus  ftiible. 

»  On  est  alors  conduit  à  considérer  les  atomes  chimiques  comme  formés 
par  l'agglomération  d'électrons  positifs  et  négatifs,  ces  derniers  étant  les 
plus  mobiles.  Si  l'on  ajoute  ou  retranche  un  électron  négatif,  on  a  les  ions 
positifs  ou  négatifs,  si  souvent  invoqués  dans  ces  dernières  années.  Ces 
théories,  qui  ex[)liquent  un  grand  nombre  de  faits  jusqu'alors  non  reliés 
entre  eux,  sont  très  dignes  d'attention. 

»  Dans  cet  ordre  d'idées,  le  spectre  de  lignes  a  été  attribué  assez  logi- 
quement au  mouvement  de  l'électron  négatif  autour  de  l'ion  positif;  car, 
bien  que  la  théorie  n'explique  pas  tous  les  effets  du  champ  magnétique, 
l'action  d'une  charge  négative  paraît  indiscutable,  et  il  est  naturel  de 
choisir  comme  centre  d'attraction  l'ion  positif,  bien  qu'alors  la  loi  d'attrac- 
tion de  Lorentz  (attraction  proportionnelle  à  la  distance)  apparaisse  a  priori 
singulière. 

«  D'autre  part,  comment  explique-t-on  le  spectre  de  bandes?  Dans  le 
Traité  de  Spectroscopie  de  Kaiser,  qui  est  le  plus  récent  et  le  plus  complet 
sur  la  matière,  Runge,  cpii  a  fait  un  Chapitre  entier  du  Livre,  attribue  le 


SÉANCE    DU    l\    DÉCEMBRE    IQoS.  1017 

spectre  de  bandes  aux  mouvements  de  l'ion  positif  (T.  II,  p.  66d),  car  la 
masse  relativement  beaucoup  plus  grande  de  l'ion  positif  explique  bien 
l'insensibilité  du  spectre  au  champ  magnétique.  Cette  opinion  a  été  adoptée 
par  la  plupart  des  auteurs;  or,  à  mon  avis,  elle  est  inadmissible,  car  l'ion 
positif  et  l'électron  négatif  qui  tournent  ensemble  ont  nécessairement  le 
même  spectre  :  c'est  ainsi  que  les  deux  composantes  d'une  étoile  double 
ont  la  même  durée  de  révolution, 

»  L'ion  positif,  supposé  nécessaire  au  spectre  de  lignes,  peut  intervenir 
simplement  pour  donner  dans  le  champ  magnétique  deux  nouvelles  raies 
composantes,  environ  mille  fois  plus  rapprochées  que  les  composantes 
ordinaires  de  l'effet  Zeeraan.  La  recherche  de  ces  nouvelles  composantes 
est  même  proposée  aux  observateurs  qui,  plus  favorisés  que  moi,  ont  à 
leur  disposition  un  fort  électro-aimant  et  des  spectroscopes  extrêmement 
puissants,  tels  que  l'appareil  à  échelons  de  Michelson  ou  l'interféromètre 
de  Pérot  et  Fabry,  Si  Ton  choisit  une  raie  intense,  qui  donne  la  division 
ordinaire,  mais  très  forte,  il  semble  possible  d'obtenir  les  nouvelles  raies 
et  de  vérifier  leur  liaison  avec  une  charge  positive. 

))  Dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  d  n'est  pas  nécessaire  défaire 
Intervenir  des  charges  électriques  pour  la  genèse  du  spectre  de  bandes  (  '  ). 
Il  est  plus  sage  de  conserver  la  conception  première  tirée  de  la  loi  de  suc- 
cession des  raies.  L'analogie  avec  l'ensemble  des  sons  d'un  petit  corps 
solide  qui  vibre  de  la  façon  la  plus  générale  conduit  à  attribuer  les  bandes 
non  aux  mouvements  du  centre  de  l'atome,  comme  le  demande  Runge, 
mais  aux  mouvements  intérieurs  de  cet  atome,  ou  à  d'autres  variations  pé- 
riodiques, mais  intérieures.  On  peut  d'ailleurs  concevoir  un  atome  formé 
d'électrons  positifs  et  négatifs  qui  sont  associés  deux  àdeux  de  manière  à 
se  neutraliser,  et  cependant  sont  capables  de  donner  naissance  à  des 
ondes  lumineuses. 

»  Le  courant  électrique,  qui,  d'après  la  théorie  de  Lorentz,  est  formé 
par  des  électrons  en  mouvement,  doit  produire  dans  le  gaz  trois  effets 
principaux,  que  je  range  dans  l'ordre  des  intensités  croissantes  :  i"  l'élec- 
tron négatif,  par  ses  chocs  contre  la  molécule,  provoque  la  vibration  la 


(')  Ij'insensibilité  au  champ  magnéli(|iie  a  élé  reconnue  d'abord  pour  les  bandes 
de  i'azole  et  du  cyanogène  par  Becquerel  et  moi,  ensuite  pour  les  bandes  du  mercure 
par  Runge,  mais  avec  de  simples  spectroscopes  à  réseau.  On  n'a  pas,  à  ma  connais- 
sance, employé  les  appareils  interférentiels,  plus  puissants;  il  serait  bon  de  le  faire; 
et,  dans  ce  cas,  l'extincteur  d'Hamy  serait  utile. 


I0l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

plus  générale,  qui  est  un  spectre  de  bandes;  2°  la  molécule  est  décom- 
posée en  molécules  plus  simples  et  même  en  alomes  qui  donnent  alors  le 
spectre  de  bandes  le  plus  simple  (*),  celui  du  pôle  négatif  {voir  même 
Tome,  p.  4^7)5  3*^  l'électron  négatif  s'unit  à  l'atome  pour  l'émission  d'un 
système  d'ondes  nouveau  et  plus  restreint  qui  est  le  spectre  de  lignes.  Ces 
distinctions  s'accordent  assez  bien  avec  les  expériences  précédentes  sur 
l'apparition  des  deux  spectres. 

»  L'atome  chimique  interviendrait  ainsi  tout  entier  ou  privé  au  plus  d'un 
électron,  pour  la  production  des  deux  spectres.  Mais  peut-on  se  figurer 
des  systèmes  capables  d'avoir  à  la  fois  deux  modes  vibratoires  aussi  diffé- 
rents? Le  monde  astronomique  offre  des  exemples  de  systèmes  semblables 
qui  peuvent  être  un  guide  utile  dans  les  recherches  relatives  à  l'atome.  On 
peut  citer,  en  particulier,  un  amas  d'étoiles  soumises  à  la  seule  loi  de  la 
gravitation.  Dans  le  cas  simple  d'un  amas  sphérique  et  homogène,  l'attrac- 
tion à  l'intérieur  est  proportionnelle  à  la  distance  au  centre,  et  toutes  les 
étoiles  ont  la  même  période,  qui  correspond  au  spectre  de  lignes  (^). 
D'autre  part,  si  l'on  écarte  de  leurs  positions  une  ou  plusieurs  étoiles, 
l'amas  entier  revient  à  son  équilibre  normal  par  des  oscillations  qui 
peuvent  se  produire  dans  tous  les  sens  et  être  rapprochées  du  spectre  de 
bandes. 

»   L'étude  théorique  d'amas  plus  complexes,  et  l'étude  expérimentale 
des  spectres  eux-mêmes   poursuivie  avec  des   appareils    plus   puissants, 
pourraient  conduire  à  une  explication  générale  des  phénomènes  ou,   tout 
au  moins,  à  une  théorie  utile,  capable  de  prévoir  des  faits  nouveaux.  » 


('  )  D'après  ces  idées  et  les  résultats  d'une  Note  précédente,  le  rayonnement  catho- 
dique pourrait  servir  à  décomposer  les  gaz  en  leurs  éléments,  et  même  il  conviendrait 
d'essayer  Faction  sur  les  gaz  réputés  corps  simples.  Ce  rayonnement,  par  des  dispositifs 
faciles  à  imaginer,  serait  rendu  beaucoup  plus  intense  que  dans  les  tubes  à  vide  em- 
ployés d'ordinaire. 

(^)  L'électron  négatif  arrivant  dans  un  atome  constitué  comme  l'amas  d'étoiles, 
participe  au  mouvement  général  des  petites  étoiles,  étant  attiré,  comme  suppose 
Lorentz,  par  une  force  proportionnelle  à  la  distance  ;  mais  ses  oscillations,  probable- 
ment à  cause  des  chocs,  sont  amorties  rapidement.  L'électron,  pendant  un  temps  très 
court,  aurait  le  don  d'extérioriser  l'énergie  interne  et  la  période  propre  de  l'atome. 


SÉANCE  DU  l\   DÉCEMBRE  IQOD.  IOI9 


SPECTROSCOPIF..  —  Éludes  spectroscnpiqaes  du  sang  faites  au  mont  Blanc 
par  M.  le  /)'"  Henocqae.  Note  de  M.  J.  Jaxsse.w 

«  L'année  dernière,  j'avais  signalé  au  D^  Henocque,  que  la  Science  a  si 
malheureusement  perdu,  l'intérêt  d'études  de  spectroscopie  du  sang  à 
diverses  altitudes  sur  les  flancs  du  mont  Blanc. 

»  Le  D'"  Henocque  avait  un  amour  si  grand  de  la  Science  et,  en  outre, 
il  se  sentait  si  bien  préparé  pour  ces  études  qu'il  accepta  de  suite  ma  pro- 
position et  pendant  l'automne  de  1902  il  fit  de  remarquables  observations 
dans  le  massif  du  mont  Blanc,  observations  dont  je  demande  à  rendre 
compte  à  l'Acaviémie. 

»  Ces  observations  portent  sur  le  temps  de  réduction  de  l'oxyhémoglo- 
bine  du  sang  en  rapport  avec  la  fatigue  du  sujet  et  l'élévation  de  la  station, 
c'est-à-dire  avec  la  rareté  plus  ou  moins  grande  de  l'air. 

»  Quanta  l'appréciation  du  degré  de  cette  réduction,  elle  est  donnée 
par  l'apparition  et  le  degré  d'intensité  de  bandes  spéciales  d'absorption 
dans  le  spectre  donné  par  le  sang  du  sujet,  suivant  la  méthode  créée  par 
le  D'"  Henocque,  et  qui  lui  a  servi  dans  ses  belles  investigations  hémato- 
spectroscopiques.  Car  il  n'est  que  juste  de  rappeler  que  c'est  au  D^"  He- 
nocque que  la  Biologie  doit  la  méthode  d'étude  spectroscopique  du  sang 
pratiquée  journellement  aujourd'hui. 

»  Je  viens  de  dire  que  la  méthode  due  au  D'"  Henocque  est  basée  sur 
l'examen  spectroscopique  du  sang.  Or,  au  début  de  ces  études,  pres- 
sentant tout  le  service  que  la  Spectroscopie  pouvait  rendre  ici,  le  D'"  He- 
nocque me  demanda  un  instrument  d'analyse  spectrale  d'une  application 
facile.  Je  lui  signalai  le  spectroscope  à  vision  directe  que  j'avais  imaginé, 
fait  construire  et  présenté  à  TAcadémie,  instrument  très  maniable  et  qui 
permet,  en  effet,  un  examen  aussi  facile  que  rapide.  Le  D'"  Henocque 
l'adopta  immédiatement  et  en  fit  la  base  de  la  méthode  si  simple,  si  efficace 
que  la  Science  lui  doit,  et  dont  on  ne  saurait  trop  lui  faire  honneur. 

»  Quant  aux  observations  du  mont  Blanc,  je  dirai  qu'elles  ont  pleine- 
ment confirmé  ses  prévisions  et  je  déplore  ici  que  la  mort  nous  ait  enlevé 
un  savant  aussi  éminent  que  modeste  et  dévoué  à  la  Science. 

»  Je  rappelle  encore  que  le  D'"  Henocque  a  écrit  un  Livre  d'un  haut 
intérêt  sur  la  Spectroscopie  du  sang.  Livre  qui  est  aujourd'hui  entre  les 
mains  de  tous  les  physiologistes  et  les  médecins.   » 


I020  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


BOTANIQUE  FOSSILE.  —  Découverte  de  strohiles  de  Séquoia  et  de  Pin  dans  le 
Portlandien  des  erwirons  de  Boidognc-siir-Mcr.  Note  de  MM.  R.   Zeiller 

etP.FLICHE. 

((  M.  le  D*^  Sauvage,  Conservateur  des  Musées  de  Boulogne-sur-Mer, 
à  qui  nous  adressons  ici  nos  vifs  remercîments,  a  bien  voulu  nous  commu- 
niquer quelques  fossiles  végétaux  du  Portlandien  moyen,  faisant  partie 
des  collections  qui  lui  sont  confiées.  Ces  fossiles  ont  été  recueillis  aux  envi- 
rons de  Boulogne-siir-Mer.  Ce  qui  est  déterminable  comprend  un  Cyca- 
deoidea,  de  très  petite  taille,  qui  nous  semble  nouveau,  et  des  strobiles  ou 
cônes  de  Conifères;  ceux-ci  surtout  sont  dignes  de  fixer  l'attention. 

»  L'un  d'eux  appartient  cerrainement  aux  Cupressinées,  entendues  dans 
leur  sens  le  plus  large;  une  écaille,  en  effet,  placée  dans  la  région  basilaire 
du  strobile,  a  été  complètement  découverte  par  suite  de  la  destruction  de 
celles  qui  la  recouvraient;  elle  est  manifestement  amincie  en  coin,  du 
sommet  très  élargi  à  la  base  d'insertion.  Le  strobile  est  elliptique,  aplati 
par  compression,  de  taille  faible,  24'"""  de  longueur  sur  15™""  de  largeur; 
les  écussons  sont  de  forme  rhomboïdale,  allongée  transversalement,  avec 
une  dépression  centi-ale  très  marquée;  ils  présentent  une  arête  transver- 
sale, très  nette  vers  les  extrémités  surtout.  Tous  ces  caractères  sont  ceux 
des  Séquoia;  on  voit  aussi  des  rides  transversales,  allant  des  bords  de  l'écus- 
son  à  la  dépression  centrale,  un  peu  moins  marquées  cependant  que  chez 
les  espèces  vivantes,  qui  présentent  d'ailleurs,  le  5.  gigajitea  tout  au  moins, 
d'assez  fortes  différences  sous  ce  rapport;  il  nous  semble  que,  si  cette  atté- 
nuation des  rides  est  un  caractère  spécifique,  elle  a  été  un  peu  exagérée 
par  les  incidents  de  la  fossilisation. 

»  La  présence  du  genre  Séquoia  dans  le  Portlandien  présente  un  intérêt 
particulier;  car,  s'il  a  déjà  été  trouvé  souvent  à  l'état  fossile,  il  n'avait  pas 
été  rencontré,  jusqu'à  présent,  d'une  façon  certaine,  au-dessous  de  l'in- 
fracrétacé;  il  avait  bien  été  quelquefois  présumé  dans  le  Wealdien,  mais 
sur  des  données  qui  étaient  loin  de  commander  la  conviction.  Celte  ori- 
gine relativement  assez  récente  d'un  type  important,  si  manifestement 
étranger  et  en  voie  d'extinction  dans  la  nature  actuelle,  ne  laissait  pas 
d'être  un  peu  surprenante.  La  présence  d'une  espèce  dans  le  Portlandien 
recule  déjà  sensiblement  l'existence  bien  constatée  du  genre,  et  tendrait  à 
justifier  l'attribution  qu'on  lui  a  faite  quelquefois  des  rameaux  feuilles 
décrits  sous  le  nom  de  Sphenolepidium. 


SÉANCE    DU    l/j    DÉCEMBRE    igoS.  I02I 

»  Deux  autres  cônes  nous  paraissent  appartenir  d'une  façon  certaine  à 
des  Abiétinée?.  L'un  d'eux  était  très  allongé;  ce  qui  en  reste  mesure  86"™ 
de  longueur;  il  est  aplati  par  suite  de  compression,  et  sa  plus  grande 
largeur  est  de  23™'^;  à  l'état  de  vie,  il  était  certainement  à  section  circu- 
laire; comme  nous  venons  de  le  dire,  il  nous  semble  également  certain, 
d'après  la  forme  et  la  disposition  des  écailles,  qu'il  s'agit  d'une  Abiétinée. 
Les  écailles  étant  toutes  plus  ou  moins  usées  vers  leur  extrémité,  la  déter- 
mination du  genre  est  plus  indécise;  cependant  la  dyssymétrie  de  la  base 
du  strobile,  sa  courbure  en  arc  à  grand  rayon,  nous  font  penser  qu'il  s'agit 
d'un  Piniis,  ce  nom  étant  entendu  dans  son  sens  le  plus  strict;  l'écusson 
ayant  dû  avoir  fort  peu  de  saillie,  à  en  juger  par  la  façon  dont  il  s'est  usé, 
même  sur  les  écailles  les  mieux  conservées,  il  est  très  probable  que  celui-ci 
appartient  à  la  section  des  Strobiis.  Malgré  l'imperfection  de  son  état  de 
conservation,  ce  fossile  présente  déjà  de  l'intérêt,  étant  donné  le  peu  que 
nous  savons  jusqu'à  présent  sur  les  Abiétinées  en  général  et  sur  le  genre 
Pinus  en  particulier,  antérieurement  à  l'Infracrétacé. 

))  Le  troisième  strobile  de  Botdogne  est  encore  bien  plus  intéressant, 
parce  que  si,  à  raison  même  de  son  très  bon  état  de  conservation  exté- 
rieure, on  ne  voit  pas  d'écaillé  découverte  dans  son  ensemble,  l'écusson, 
très  bien  conservé,  présente  une  telle  ressemblance  avec  ceux  des  Pins 
actuels  que  l'attribution  à  ce  genre  semble  absolument  certaine. 

))  Ce  strobile  est  de  petite  tadle  pour  un  Pin,  puisqu'il  a  35'"™  de  longueur 
sur  25™™  de  largeur  dans  son  état  d'aplatissement  actuel,  dû  à  la  compres- 
sion, comme  pour  le  précédent;  il  est  de  contour  sensiblement  elliptique, 
un  peu  atténué  cependant  vers  son  sommet;  il  est  nettement  un  peu  dyssy- 
métrique;  les  écussons,  de  forme  rhomboïdale  à  grand  axe  transversal, 
sont  très  sensiblement  renflés  et  présentent  une  arête  transversale  chez  un 
grand  nombre  d'écaillés  très  bien  conservées  ;  au  centre,  parfois  légère- 
rement  déprimé,  est  un  ombilic  avec  un  mucron  bien  accusé,  mais  de 
petites  dimensions.  On  voit  que  ce  sont  tous  les  caractères  des  Pins  à  deux 
et  à  trois  feuilles;  l'impression  d'ensemble  n'est  pas  sans  rappeler,  parmi 
les  espèces  européennes,  un  petit  cône  de  Pin  laricio.  L'espèce  est  nou- 
velle, comme  on  pouvait  s'y  attendre;  nous  lui  donnons  le  nom  de  M.  le 
D"^  Sauvage. 

))  Celte  présence  d'un  strobile  de  Pin  bien  conservé  dans  le  Portlandien 
moyen  présente  un  grand  intérêt,  car,  jusqu'à  présent,  l'existence  du  genre 
Pinus  dans  le  Jurassique  n'avait  en  sa  faveur  que  des  feuilles  quinées  du 
Spitzberg  déterminées  par  Heer,  et  un  fragment  de   strobile  décrit   par 

C.  R.,  igoS,  2"  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  24.)  T^^ 


I022  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Saporta  sous  le  nom  de  Pinus  Cœmansi,  douteux  comme  origine  et  dont 
l'attribution  au  genre  n'était  pas  sans  donner  aussi  quelque  })rise  au 
doute  (').  Il  était  étonnant  dès  lors  de  le  voir  déjà  assez  largement  repré- 
senté dans  le  Barrêmien  de  la  Haute-Marne.  Au  point  de  vue  de  l'histoire 
du  genre,  le  strobile  de  Boulogne  donne  lieu  à  une  remarque  intéressante  : 
il  n'appartient  pas  aux  espèces  qui,  par  la  forme  de  leur  écusson,  se  rap- 
prochent des  autres  Abiétinées,  celles  à  écailles  non  épaissies  au  sommet, 
dont  le  genre  Ahies  îowxmX,  le  type;  il  n'appartient  en  effet  ni  à  la  section 
des  Strohus,  ni  à  un  type  archaïque  rencontré  jusqu'à  présent,  pour  la  pre- 
mière fois,  dans  le  Barrêmien  et  se  terminant  dans  l'Albien  où  il  présente 
son  maximum  de  développement  avec  le  P.  mammilifer  Sap.;  c'est  chez  les 
groupes  les  plus  évolués  du  genre  dans  la  nature  actuelle,  les  Tœda  et  les 
Pinastcr,  qu'il  faut  chercher  ses  analogues,  et  il  est  remarquable  de  con- 
stater la  présence  de  ce  type  de  strobiles  aussi  nettement  caractérisé  à  un 
niveau  relativement  aussi  ancien.  » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  la  suppression  de  V hystérésis  magnétique  par  un  champ 
magnétique  oscillant.  Note  de  M.  P.  Duhem. 

<(  Sous  ce  titre,  M.  Maurain  a  présenté  récemment  à  l'Académie  une 
Note  (^)  fort  intéressante,  dans  laquelle  il  vérifie  et  développe  certaines 
vues  de  M.  Tissot;  il  indique,  en  terminant  cette  Note,  quelles  sont  les 
recherches  auxquelles  elle  le  conduit.  Je  voudrais,  à  ce  propos,  soumettre 
à  l'Académie  quelques  indications  au  sujet  des  problèmes  abordés  par 
M.  Ch.  Maurain;  ces  indications  se  tirent  d'une  théorie  des  phénomènes 
d'hystérésis  que  j'ai  développée  en  de  nombreuses  publications  (  '). 

»  En  cette  théorie,  un  rôle  essentiel  est  joué  par  une  ligne  que  j'ai 
rvomméQ  ligne  des  états  naturels:  tracée  dans  le  plan  où  l'on  prend  pour 


(*)  Nous  ne  parlons  pas  ici  des  quelques  autres  fossiles,  cônes  ou  simples  graines, 
du  Jurassique  ou  même  du  l^hélien,  qui  ont  été  décrits  sous  ce  même  nom  générique 
de  Pinus,  mais  entendu  dans  le  sens  linnéen,  et  qui  ne  sauraient  être  rapportés  avec 
quelque  probabilité  au  genre  Pbiiis  proprement  dit. 

(2)   Comptes  rendus,  séance  du  3o  novembre  igoS,  t.  CXXXVII,  p.  914. 

(^)  Voir  notamment  :  Mémoires  in-j°  de  V Académie  de  Belgique,  iSgS,  t.  LIV  ; 
1897,  t.  LVI;  1901,  t.  hWl.  —  Zeitschrift  fiir physikalische  Chemie,  1897,  Ed.  XXH; 
1897,  Bd.  XXIII;  1899,  Bd.  XXVIII;  1899,  Ed.  XXXIII;  1900,  Ed.  XXXIV;  1901, 
Ed.  XXXVII.  —  Journal  of  physicai  Chemistry,  1900,  Vol,  IV. 


SÉANCE    DU    l4   DÉCEMBRE    igo'5.  ïOlS 

abscisses  les  valeurs  3t  du  champ  magnétique  et  pour  ordonnées  les  va- 
leurs de  l'intensité  Olo  de  l'aimantation,  elle  passe  par  l'origine  des  coor- 
données et  est  symétrique  par  rapport  à  ce  point. 

M  I.  Lorsque  le  champ  magnétique  3C,  au  lieu  d'être  maintenu  rigoureu- 
sement invariable,  subit  des  variations  petites  et  nombreuses  autour  d'une 
valeur  invariable  St^,  l'intensité  d'aimantation  tend  vers  une  valeur  OlL^; 
DTl^  est  l'ordonnée  du  point  qui,  sur  la  ligne  des  états  naturels,  a  pour 
abscisse  3e„.  Cette  valeur  une  fois  atteinte,  les  petites  variations  du  champ 
magnétique  autour  de  la- valeur  SCq  n'imposent  pins  à  l'intensité  d'aiman- 
tation que  de  petites  oscillations  autour  de  la  valeur  OIIq. 

»  II.  Si  l'on  maintient  invariable  le  champ  magnétique  .ICo,  mais  si  la 
température  éprouve  des  oscillations  petites  et  fréquentes  autour  d'une 
valeur  invariable;  ou  bien  encore,  si  l'aimant  est  soumis  à  des  secousses 
mécaniques  petites  et  nombreuses,  l'aimantation  tend,  comme  dans  le  cas 
précédent,  vers  la  valeur  OHj,  qui,  une  fois  atteinte,  demeure  stable. 

»  La  première  de  ces  deux  propositions  suppose  que  le  champ  magné- 
tique ne  varie  qu'avec  une  très  petite  vitesse;  c'est,  en  effet,  une  propo- 
sition àQ  Statique;  l'étude  des  oscillations  magnétiques  rapides  exigeait  que 
l'on  posât  les  principes  d'une  Dynamique  des  systèmes  affectés  d'hystérésis. 

))  Nous  avons  posé  ces  principes  en  un  Mémoire  (  '  )  présenté  à  la  classe 
des  Sciences  de  l'Académie  de  Belgique,  le  7  mai  1901,  et  nous  les  avons 
tout  particulièrement  appliqués  à  l'aimantation  déterminée  par  un  champ 
magnétique  de  direction  constante,  mais  dont  l'intensité  varie  avec  une 
vitesse  notable;  ils  nous  semblent  donner  une  représentation  très  com- 
plète et  très  simple  des  phénomènes  constatés  par  divers  expérimentateurs, 
notamment  par  M.  Ch.  Maurain,  au  cours  de  sa  thèse  de  doctorat,  et  par 
M.  Max  Wien. 

»   Parmi  les  questions  que  nous  avons  examinées  se  trouve  celle-ci  (-)  : 

»  Un  champ  magnétique  subissant  une  oscillation  double  et  symétrique 
entre  deux  valeurs  finies  —  n  et  +  Yi,  on  demande  quelle  est  la  forme  limite 
de  l'effet  qu'il  produit  lorsque  la  durée  d'oscillation  tend  vers  o.  On  trouve 
que  ce  cycle  magnétique,  décrit  très  rapidement  entre  deux  valeurs  finies, 
équivaut  à  un  cycle  magnétique  décrit  lentement  entre  deux  valeurs  inû- 
niment  petites,  c'esL-à-dire  qu'il  n'aimante  pas  le  fer.  C'est,  en  effet,   une 

(')  Sur  les  déformations  permanentes  et  l'hystérésis;  septième  lAIéinoire  :  Hysté- 
résis et  viscosité  (Mémoires  in-4°  de  l'Acadéniié  de  Belgique,  t.  LXII). 
(2)  Lac.  cit.,  Chap.  III,  §  8. 


I024  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

loi  très  généralement  admise  qu'une  action  magnétique  oscillant  très  rapi- 
dement autour  de  la  valeur  o,  telle  que  celle  qui  agit  en  un  champ  hertzien, 
ne  peut  aimanter  même  le  fer  doux. 

))  Au  lieu  de  faire  osciller  le  champ  magnétique  entre  deux  valeurs 
égales  et  de  signes  contraires,  —  y,  et  +  tj,  on  peut  le  faire  osciller  entre 
deux  valeurs  quelconques,  JCj,  —  yi  et  3t^  -h  r,  ;  les  raisonnements  que  nous 
avons  développés  n'ont  besoin,  pour  être  appliqués  à  ce  cas  plus  général, 
que  de  modifications  insignifiantes.  Si  l'on  fait  tendre  vers  o  la  durée  de 
l'oscillation,  on  constate  que  l'oscillation  produite  très  rapidement  entre  les 
valeurs  3e„  —  7,  et  5€o  +  r,,  qui  diffèrent  de  3Co  de  quantités  finies,  équivaut 
à  une  oscillation  produite  très  lentement  entre  deux  valeurs  différant  infi- 
niment peu  de  CfCo. 

»  Dès  lors,  si  un  morceau  de  fer  est  soumis  simultanément  à  deux 
champs  finis,  de  même  direction,  l'un  d'intensité  constante  3Co,  l'autre 
oscillant  avec  une  extrême  rapidité  entre  deux  valeurs  égales  et  de  signes 
contraires  —  vi  et  h-Tj,  les  choses  se  passeront  comme  s'il  était  soumis  à 
l'action  d'un  champ  éprouvant  autour  de  la  valeur  je^  des  oscillations  très 
lentes,  très  petites  et  très  nombreuses;  en  vertu  de  notre  proposition  I, 
l'aimantation  tendra  vers  la  valeur  DlLy,  ordonnée,  sur  la  ligne  des  états 
naturels,  du  point  d'abscisse  'it^. 

))  M.  Cil.  Maurain  écrit  à  la  fin  de  sa  Note  :  «  L'action  continue  d'oscilla- 
))  tions  permet  donc  d'obtenir.  . .  des  courbes  d'aimantation  réversibles, 
))  bien  déterminées,  montant  rapidement  à  partir  de  l'origine  sans  présen- 
»  ter  de  point  d'inflexion.  Il  sera  intéressant  de  comparer,  sur  les  mêmes 
»  échantillons,  ces  courbes  aux  courbes  analogues  que  l'on  peut  obtenir 
»  par  d'autres  procédés  (vibrations,  .  . .)  et  d'essayer  de  définir  d'une 
»   manière  précise  la  courbe  d' aimantation  normale.  )> 

»  Si  les  vues  théoriques  que  je  viens  d'esquisser  sont  exactes,  l'emploi 
de  inhî^ations  mécaniques  C)  fournira  à  M.  Maurain  la  même  courbe  que 
l'emploi  à' oscillations  électriques  ;  cette  courbe  d'aimantation  normale  sera 
identique  à  celle  que  j'ai  nommée  ligne  des  états  naturels;  l'accord  de  mes 
propositions  théoriques  avec  les  résultats  obtenus  jusqu'ici  par  les  expéri- 
mentateurs, notamment  avec  les  observations  si  démonstratives  de 
M.  Ewing  et  de  lord  Rayleigh,  me  permettent  d'espérer  cette  nouvelle 
confirmation  de  mes  hypothèses. 

(')  Je  ne  me  prononce  pas  ici  sur  les  autres  procédés  mentionnés  par  M.  Maurain, 
car  je  n'en  ai  pas  fait  l'étude  lliéorique. 


SÉANCE    DU    l4   DÉCEMBRE    I9o3.  1020 

»  En  terminant,  je  signalerai  une  dernière  remarque  :  M.  Marconi  avait 
attribué  les  effets  produits  en  son  récepteur  à  la  suppression  de  la  viscosité 
magnétique  et  M.  Tissot  à  la  suppression  de  Y  hystérésis;  la  théorie  que  j'ai 
proposée  et  qui  est,  si  je  ne  me  trompe,  un  peu  antérieure  aux  opinions 
que  je  viens  de  rappeler,  fait  intervenir  simultanément  la  viscosité  et  Thys- 
térésis,  et  c'est  précisément  l'intervention  de  la  viscosité  qui  détermine  la 
suppression  de  l'hystérésis  par  les  oscillations  électriques  rapides.   » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Préparation  directe  du  cyclohexanol  et  de  la  cyclo- 
hexanone  à  partir  du  phénol.  Note  de  MM.  Paul  Sabatier  et  J.-B. 
Senderens. 

«  Nous  avons  montré  antérieurement  {Comptes  rendus,  t.  CXXXIl,  1901, 
p.  210  et  566)  que  notre  méthode  générale  d'hydrogénation  par  le  nickel 
réduit  permet  de  fixer  6^*  d'hydrogène  sur  le  benzène  et  ses  homologues, 
et  d'obtenir  ainsi  facilement  les  carbures  cyclohexaniques.  Les  analogies 
permettaient  de  prévoir  que  l'hydrogénation  directe  du  noyau  aromatique 
pourrait  être  réalisée  de  la  même  façon  dans  d'autres  cas.  En  effet,  en 
appliquant  notre  méthode,  M.  Van  der  Laan  à  Groningue  est  parvenu  à 
hvdrogéner  le  phénol  :  en  opérant  avec  du  nickel  réduit,  maintenu  entre 
i4o«  et  i6o«,  il  a  préparé  un  liquide  dont  une  portion,  isolée  par  rectifi- 
cation, puis  traitée  par  la  soude  dduée,  ensuite  par  l'éther,  lui  a  donné 
une  certaine  quantité  de  cyclohexanol  C*^H"OH,  qui  peut  ensuite,  par 
oxydation  à  l'acide  chromique,  être  transformé  en  cyclohexanone  (Aca- 
démie des  Sciences  d' Amsterdam,  27  octobre  igoS). 

»  De  notre  côté,  sans  avoir  connaissance  de  ce  résultat,  nous  sommes 
arrivés  à  préparer  directement  à  partir  du  phénol,  soit  le  cyclohexanol, 

soit  la  cyclohexanone  : 

CH-  -  CH=^  -  CO 

CH2-CH--CH- 

«  Sur  du  nickel  réduit,  maintenu  à  2i5''-23o°,  on  dirige  le  mélange  de 
vapeurs  de  phénol  et  d'hydrogène  en  excès.  A  cette  température,  l'hydro- 
génation du  noyau  se  fait  rapidement  et  tend  à  donner  le  cyclohexanol  ; 
mais,  ainsi  que  nous  l'avons  montré,  il  y  a  quelques  mois,  pour  les  divers 
alcools  secondaires  {Comptes  rendus,  t.  GXXXVI,  igoS,  p.  988),  le  cyclo- 
hexanol est,  par  l'action  du  nickel,  dissocié  en  majeure  partie  et  fournit  la 


I026  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cétone  correspondante.  Par  suite,  le  liquide  condensé  est  constitué  par  un 
mélange  où  domine  la  cyclohexanone,  à  côté  d'une  certaine  dose  de  cyclo- 
hexanol  et  d'un  peu  de  phénol  qui  a  échappé  à  la  transformation.  Mais  ce 
dernier,  qui  peut  être  éliminé  facilement  par  distillation  du  mélange,  n'y 
existe  qu'en  proportion  faible,  qui  n'a  guère  dépassé  5  pour  loo  de  la 
quantité  totale  employée. 

))  Le  mélange,  ainsi  obtenu  très  aisément,  de  cyclohexanone  et  de  cyclo- 
hexanol,  est  un  liquide  d'odeur  agréable  un  peu  camphrée,  qui  passe  à  la 
distillation  de  i55*^  à  i65°,  et  où  la  séparation  par  rectification  de  l'alcool 
et  de  sa  cétone  serait  une  opération  délicate,  à  cause  du  faible  écart  de 
leurs  points  d'ébullition.  Mais  en  suivant  les  méthodes  catalytiques  que 
nous  avons  instituées  antérieurement  (^Comptes  rendus,  t.  CXXXVl,  p.  988 
et  t.  CXXXVIl,  1903,  p.  3oi),  on  peut  facilement  transformer  le  mélange 
soit  en  cyclohexanone  pure,  soit  en  cyclohexanol  pur. 

»  Préparation  de  la  cyclohexanone.  —  On  fait  passer  la  vapeur  du  mélange  (sans 
hydrogène)  sur  du  cuivre  réduit,  maintenu  vers  33o°  :  la  cétone  n'est  pas  modifiée; 
l'alcool  est  transformé  en  cétone,  avec  mise  en  liberté  d'hydrogène. 

»  La  liqueur  obtenue  est  constituée  par  la  cyclohexanone  sensiblement  pure,  qu'une 
seule  rectification  suffît  à  extraire  :  c'est  un  liquide  incolore,  d'odeur  de  propanone 
légèrement  camphrée,  bouillant  à  i55°,5  (corr.),  identique  à  la  cyclohexanone  que 
Bœyer  a  préparée  à  partir  de  l'acide  pimélique  {Ann.  der  Chem.  i/nd  Pharm., 
t.  CCLXXVIIl,  1894,  p.  100)  et  que  MarkownikofT  a  formée  à  partir  du  dérivé  nitré 
de  l'hexanaphtène  du  Caucase  {Ann.  der  Chem.  und  Pharm.,  t.  GCGII,  1898,  p.  19). 

»  Pour  cette  préparation,  il  importe  de  ne  pas  trop  élever  la  température  du  cuivre. 
Déjà  à  38o°  l'alcool  subit  une  destruction  partielle  :  une  petite  portion  se  scinde  en 
eau  et  cyclohexène  bouillant  à  81°;  une  partie  plus  importante  régénère  le  phénol 
qui  se  décompose  lui-même  un  peu  en  donnant  des  traces  de  produits  pyrogénés 
supérieurs. 

»  Préparation  du  cyclohexanol.  —  Les  vapeurs  du  mélange,  entraînées  par  un 
excès  d'hydrogène,  sont  dirigées  sur  du  nickel  réduit,  maintenu  à  i4o°-i5o''  :  dans 
ces  conditions,  il  y  a  hydrogénation  régulière  de  la  cétone  qui  se  transforme  en  alcool, 
sans  produits  accessoires.  Le  liquide  obtenu  est  du  cyclohexanol  presque  pur,  qui  se 
solidifie  dans  l'eau  froide  et  peut  être  aisément  purifié  par  cristallisation.  11  bout  à 
161°  (corr.),  comme  celui  qu'avaient  déjà  préparé  Bœyer  et  MarkownikofT. 

»  On  voit  que  l'application  de  nos  méthodes  générales,  hydrogénation  par  le  nickel, 
catalyse  par  le  cuivre,  permet  de  produire  facilement  soit  le  cyclohexanol,  soit  la 
cyclohexanone,  composés  qui  jusqu'à  présent  n'avaient  pu  être  atteints  que  par  des 
méthodes  laborieuses  et  compliquées. 

))  Le  procédé  est  général,  et  nous  avons  déjà  pu  l'appliquer  avec  succès 
aux  crésols,  ainsi  que  nous  aurons  l'honneur  de  l'indiquer  dans  une  pro- 
chaine Communication.  » 


SÉANCE    DU    l4    DÉCEMBRE    igoS.  1027 

M.  Jaxssen  présente,  à  rAcadémie,   «  l'Annuaire  du  Bureau  des  Longi- 
tudes pour  Tannée  1904  ». 


NOMINATIONS. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  invite  l'Académie  à  désigner 
l'un  de  ses  Membres  pour  faire  partie  de  la  Commission  du  contrôle  de  la 
Circulation  monétaire,  au  Ministère  des  Finance?. 

L'Académie  procède  à  un  vote  et  M.  Moissan  est  réélu. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  formation  d'une  liste 
de  deux  candidats  qui  devra  être  présentée  à  M.  le  Ministre  de  l'Instruction 
publique,  pour  une  place  d'Astronome  titulaire  vacante  à  l'Observatoire. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  destiné  à  la  désignation  du  premier  candi- 
dat, le  nombre  des  votants  étant  49, 

M.  Bossert  obtient 35  suffrages 

M.  Renan  » 11        » 

M.  Boquet        »        2        » 

Il  y  a  un  bulletin  blanc. 

Au  second  tour  de  scrutin,  destiné  à  la  désignation  du  second  candidat, 
le  nombre  des  votants  étant  4o, 

M.  Renan  obtient 35  suffrages 

M.  Boquet        »         5         „ 

En  conséquence,  la  liste  présentée  à  M.  le  Ministre  de  l'Instruction 
publique  comprendra  : 

En  première  ligne M.  Bossert 

En  seconde  ligne i^l.  Renan 


CORRESPONDANCE. 

M.  G.-W.  HiLL,  nommé  Correspondant  pour  la  Section  d'Astronomie, 
adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. 


1028  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

i**  Un  Ouvrage  de  M.  A.  Bergel,  ayant  pour  litre  :  «  Physique  du  globe 
et  Météorologie  «.  (Présenté  par  M.  de  Lapparent.) 

2"  Un  Ouvrage  de  M.  J.-W.  Gibhs,  traduit  par  M.  G.  Roy,  intitulé  : 
«  Diagrammes  et  surfaces  thermodynamiques  )>.  (Présenté  par  M.  Poincaré.) 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE. ~ Sur  les  équations  auv  dèr'wèes partielles  linéaires 
du  second  ordre.  Note  de  M.  Hadamard,  présentée  par  M.  Poincaré  ('). 

(c  La  fonction  qui  joue  un  rôle  essentiel  dans  l'intégration  de  l'équation 
de  Laplace  à  n  variables  est,  pour  n"^  i,  une  puissance  négative  de  la 
quantité  C=l(xi  —  xl)-.  C'est  donc  à  de  telles  singularités  qu'il  convient  de 
s'adresser  si  l'on  veut  généraliser  au  cas  de  n^  i  les  solutions  logarith- 
miques introduites  par  M.  Picard  pour  les  équations  à  deux  variables. 

»  Les  résultats  auxquels  on  parvient  ainsi  mettent  en  évidence  un  fait 

qui  s'était  déjà  présenté  à  propos  de  Téquation  AU  =  -^  -^  et  du  principe 

d'Huygens  :  ils  sont  de  forme  profondément  différente,  suivant  le  nombre 
des  variables. 

»  I.  Proposons-nous  de  trouver,  pour  une  équation  linéaire  du  second 
ordre  donnée,  que  nous  supposerons  analytique,  une  solution  de  la  forme 

(i)  U=F.C^ 

p  étant  un  exposant  quelconque  et  F  une  fonction,  non  identiquement 
nulle,  régulière  dans  le  voisinage  de  la  surface  C  =  o. 

»  Supposons  d'abord  celle-ci  elle-même  régulière,  au  moins  dans  le 
domaine  considéré,  et  laissons  de  côté  le  cas  connu  de.  p  entier  positif.  On 
sait  que  la  surface  C  =  o  doit  être  caractéristique. 

»    i**  Pour/7  entier  négatif,  le  problème  est,  en  général,  impossible; 

»  2°  Au  contraire,  pour/?  non  entier,  il  est  possible  et  même  indéter- 
miné. Il  est  remarquable  que  le  mode  d'indétermination  de  F  est  exacte- 
ment le  même  que  dans  le  cas  de  p  entier  et  ^  i . 

»  IL  Mais  le  cas  ainsi  traité  n'est  pas  celui  du  problème  que  nous  avons 
à  aborder.  Dans  celui-ci,  en  effet,  C  =  o  n'est  pas  une  surface  régulière  : 

(*)  Cette  Note  a  été  présentée  à  la  séance  du  7  décembre. 


SÉANCE  DU  l4  DÉCEMBRE  I()()3.  IO29 

c'est  le  conoïde  caractéristique  ayant  pour  sommet  un  point  quelconque  O; 
elle  a  ce  point  comme  point  conique.  Alors  p  ne  peut  plus  être  quelconque  : 
on  doit  avoir 


n  —  2 


/?,  étant  un  entier  positif.  La  solution  U  (M,  O)  correspondant  h  p,z=  o  est, 
d'ailleurs,  seule  intéressanle,  les  autres  s'en  déduisant  d'une  manière  évi- 
dente par  différenliation. 

M  Dès  lors,  pour  n  pair,  il  résulte  immédiatement  de  ce  qui  précède 
quil  n'existe,  en  général,  aucune  solution  de  la  forme  i\).  On  devra  donc, 
pour  atteindre  le  but,  faire  appel  aux  logarithmes  (comme  dans  le  cas  du 
plan),  ou  à  des  singularités  plus  compliquées. 

»  Au  contraire,  pour  n  impair,  la  solution  existe  avec  toutes  les  pro- 
priétés requises. 

»  III.  Ce  qui  précède  n'est,  en  somme,  que  la  généralisation  de  résul- 
tais connus.  Il  y  a  lieu  d'insister  un  peu  plus  sur  l'application  de  la  fonc- 
tion U  pour  le  type  hyperbolique. 

»  Les  auteurs  qui,  à  la  suite  de  Kirchhoff,  ont  traité  des  cas  plus  ou 
moins  étendus  d'équations  de  ce  type,  tels  que  MM.  Volterra,  Tedone, 
Coulon,  d'Adhémar,  ne  sont  point  partis  de  la  fonction  U,  mais  d'intégrales 
de  forme  sensiblement  diUérentc.  Ces  dernières  ne  sont  pas  seulement 
singulières  en  un  point  de  l'espace  à  ^dimensions,  mais  le  long  de  toute 
une  ligne,  à  savoir  une  certaine  parallèle  à  l'axe  des  t.  Or  une  telle  ligne, 
quoique  jouant  un  rôle  parliculier  dans  les  applications  physiques,  est 
dépourvue  de  loule  liaison  analytique  avec  l'équation. 

»  L'introduction  de  la  solution  correspondante  est  donc  certainement 
artificielle.  Il  n'y  a  qu'une  intégrale  dont  la  considération  doit  « /?rw/'ï  s'im- 
poser :  c'est  (pour  n  impair)  l'intégrale  U(M,  O)  définie  tout  à  l'heure. 

»  Nous  allons  voir  qu'il  en  est  bien  ainsi  dans  le  cas  de  trois  variables. 
L'intégrale  U  étant  définie  pour  une  équation  analytique  quelconque,  la 
méthode  que  nous  allons  exposer  fournira  la  solution  du  problème  de 
Cauchy  pour  toute  équation  de  celte  espèce. 

))  Pour  déduire  de  l'intégrale  U(M,0)  des  ftnmules  toutes  semblables 
à  celles  de  M.  Volterra,  il  suffit  de  s'en  servir  pour  former  la  nouvelle 
intégrale 

tj(M)^-  /     U(M,0)cp(^)^^ 

C.  K.,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXWII,  i\°  24.)  ï^^ 


Io3o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

OÙ  la  quadrature  est  étendue  à  un  arc  d'une  ligne  L  décrite  par  le  point  O, 
les  coordonnées  de  ce  point  étant  fonctions  de  /. 

»  La  quantité  ID  est  imaginaire  au  nnoins  pour  certaines  positions  du 
point  M.  Il  est  aisé  de  voir,  comme  pour  l'intégrale  de  l'équation  d'Euler, 
ou  celles  proposées  par  M.  Levi-Civita  pour  l'équation  des  ondes  cylin- 
driques, que  la  partie  réelle  t),  de  lo,  obtenue  en  limitant  l'arc  d'intégra- 
tion au  point  où  le  conoïde  caractéristique  de  sotnmet  M  ])erce  la  ligne  L, 
satisfait  encore  à  l'équation  différentielle. 

»  Pour  l'équation  des  ondes  cylindriques,  en  prenant  pour  L  une  paral- 
lèle à  l'axe  des  t,  avec  (p(/)  =  T,  on  retrouve  l'intégrale  de  M.  Volterra. 
Mais  on  peut  dans  tous  les  cas  répéter  son  raisonnement  sans  modification 
en  partant  de  la  fonction  tD,.  On  obtient  ainsi  une  formule  où  n'intervient 
plus  queU.  Cette  formule  est,  il  est  vrai,  d'une  nature  assez  exception- 
nelle :  elle  contient  deux  intégrales,  l'une  double  étendue  à  une  certaine 
aire,  l'autre  curviligne  étendue  au  contour  de  cette  aire  et  dont  chacune, 
prise  à  part,  est  dépourvue  de  sens,  leur  somme  seule  pouvant  être  définie. 
On  peut  d'ailleurs  toujours  la  transformer  en  une  somme  d'intégrales  de 
forme  usuelle,  en  admettant  que  les  données  aux  limites  soient  dérivables 
et  faisant  intervenir  leurs  dérivées. 

y>  Ici,  encore,  l'influence  du  nombre  des  variables  apparaît  comme  consi- 
dérable. On  sait,  en  effet,  que  l'équation  des  ondes  sphériques  possède  la 
propriété  d'Huygens,  c'est-à-dire  que  son  intégrale  résiduelle  est  nulle, 
mais  qu'il  n'en  est  pas  de  même  pour  l'équation  des  ondes  cylindriques. 
Or  les  formules  obtenues  montrent  que,  à  ce  point  de  vue,  toutes  les  équa- 
tions à  trois  variables  se  comportent  comme  V équation  des  ondes  cylindriques . 

))  Il  en  serait  d'ailleurs  de  même  pour  toute  valeur  de  n  pour  laquelle 
on  pourrait  appliquer  une  méthode  analogue  à  la  précédente.  Il  faut  donc 
s'attendre  à  voir  subir  à  celle-ci  des  modifications  assez  profondes  pour  le 
cas  de  n  pair,  puisque  alors  le  principe  d'Huygens  peut  être  vrai.  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  une  généralisation  de  la  théorie  des  frac- 
tions continues  algébriques.  Note  de  M.  E.  Goursat,  présentée  par 
M.  Emile  Picard. 

«  On  sait  que  M.  Hermite,  généralisant  la  théorie  des  fonctions  algé- 
briques, a  posé  le  problème  suivant  : 

»  Etant  données  n  séries  S,,  So,  .  ..,  S„  procédant  suivant  les  puissances 
croissantes  de  x,  déterminer  les  polynômes  i:.^,  Xo,  .    .,  X„  de  degré  ^^.,,  [j... 


SÉANCE    DU    l^j    DÉCEMBRE    TQoS.  Io3l 

[x„,  de  façon  que  la  somme  S,  X,  H-  .  .-h  S„X„  commence  par  un  terme  de 
degré  a,  4-  w-o  ■+- .  . .  H-  ^y.„  -h  n  —  i . 

))  Il  en  a  donné  une  solution  très  simple  dans  le  cas  où  les  S;  sont  des 
exponentielles  e"'\  mais  il  ne  semble  pas  que  l'on  ait  résolu  depuis  le  pro- 
blème pour  d'autres  catégories  de  fonctions. 

»  Je  me  propose  d'indiquer  une  solution  très  simple  du  même  problème, 
lorsque  toutes  les  fonctions  S,  sont  de  la  forme  (i  —  a?)";  poiu'  fixer  les 
idées,  je  supposerai  le  nombre  des  S^  égal  à  trois,  et  je  prendrai 

S,  =  I ,  S,  =  (i  -  x)"\  S3  =  (i  -  xf. 

n  Rappelons  d'abord  quelques  résultats  (')  empruntés  à  la  théorie  des 
fonctions  hvpergéométriques  du  troisième  ordre.  On  appelle  série  hyper- 
géométrique  du  troisième  ordre  la  série 

+  00 


bi.  b,,    X  J  ^  {i  .7n){bi.m){b.2.m) 

où  (l.m)  représente  le  produit  X(>.-f- i)  . . .  (1  +  m  —  i).  Cette  série  se 
réduit  à  un  polynôme  si  l'un  des  nombres  a,,  «3,  a^  est  un  entier  négatif, 
sans  qu'aucun  des  nombres  ^,,  b^  soit  un  entier  négatif.  Nous  désignerons 
ce  polynôme  par 

gC;-  "r  "' 

»   La  fonction  F  satisfait  à  une  équation  différentielle  linéaire  du  troi- 
sième ordre  de  la  forme 

(V)       .•H.r-.)g  +  (Aa,-+R)^g+((;x  +  D);|  +  Er  =  o, 

A,  B,  C,  D,  E  étant  des  constantes  dont  il  serait  facile  d'avoir  l'expression. 
Si  aucun  des  nombres  b,,  b.„  b,  -  b.,  n'est  entier,  l'intégrale  générale  de 
l'équation  (2)  est  représentée,  dans  le  domaine  de  l'origine,  par  la  formule 


C,  Cl,  Co  étant  des  constantes  arbitraires. 


(1)  Anna/es  de  f  École  Normale  supérieure,  t.  XII,  2«  série,  p.  278. 


Io3i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

)>    Supposons  maintenanrque  l'on  prenne 

a^  =  ~  1,        <2o  =  —  m  —  u.,        «3.=  —  n  —  V, 
hf  =  I  — m,  b.y  =  i  —  /), 

1,  {X,  V,  étant  trois  entiers  positifs  et  aucun  des  nombres  m,  n,  m  —  n, 
n'étant  un  nombre  entier. 
»  La  formule  (3)  devient 

nr-'     [    —  ^''      —  '''  —  V-^    —  /'  — 

y  =  CGx 


(4)  +(:,^-G^( 


(m  —  À,  —  ;j.,  m  —  ii 

«i  H-  t ,    m  —  /«  -H  f ,  jc 


\  '  \n  -h  i,    /i  —  m  -\-  1,      a 

G),  G^,  Gv  étant  trois  polynômes  d'un  degré  marqué  par  leur  indice. 
La  nouvelle  formule  (4)  représente  l'intégrale  générale  de  l'équation 
linéaire  (2)  correspondante  dans  tout  le  plan  de  la  variable  complexe  a;. 
On  voit  que  cette  intégrale  n'admet  qu'un  seul  point  singulier  véritable,  le 
point  X  =^  o.  iMais  le  point  œ  =  1  est  pour  cette  équation  un  point  à  appa- 
rence singulière,  et  les  racines  de  l'équation  déterminante  fondamentale 
relative  à  ce  point  sont  0,1  et  b^ -h  b^  ~  (a^-h  a.-,-i-  a^)  ou  ).  -h  [x  4-  v  4-  2. 
On  peut  donc  choisir  les  constantes  G,  C,,  Co,  de  telle  façon  que  le  déve- 
loppement de  l'intégrale  j  suivant  les  puissances  de  i  —  ^~i?ommence  par 
un  terme  de  degré  ).  -h  ;jl  +  v  -+-  2 .  En  changeant  x  en  i  —  x  dans  cette 
intégrale,  on  voit  que  le  développement  de 

'^  "^         \'n -^  i,  m  —  n  ^  i,  i  — xj 

suivant  les  puissances  de  x  commencera  par  un  terme  en  x'-^^^^''^-.  Les  po- 
lynômes Gx,  G^,  G^  donnent  donc  une  solution  du  problème  d'Hermite. 

»  H  est  clair  que  la  méthode  peut  être  étendue  à  un  nombre  quelconque 
d'expressions  (i  —x)""^,  (i  —  x)'"'-,  .  .  .,  (1  —  .r)"V,  pourvu  qu'aucun  des 
nombres  m^,  mi—  m^  ne  soit  entier.  Dans  le  cas  où  p  =  i,  la  solution  que 
l'on  obtient  paraît,  au  premier  abord,  différente  de  la  solution  que  l'on 
doit  à  M.  Padé  pour  ce  cas  particulier  {Comptes rendus,  t.  CXXXII,  p.  754), 
mais  il  est  facile  de  vérifier  l'identité  des  deux  formules. 


SÉANCE  DU  l4  DÉCEMBRE  I9o3.  Io33 

»   La  solution  du  problème  pour  la  fonction  exponentielle  peut  se  dé- 
duire de  la  précédente,  en  la  considérant  comme  un  cas  limite.   » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  F  équation  différentielle  de  Riccati  du 
second  ordre.  Note  de  M.  George  Wallexberg,  présentée  par 
M.  E.  Picard. 

«  Par  l'équation  de  Riccati  du  second  ordre  je  comprends  l'équation 
différentielle,  déjà  traitée  par  M.  Vessiot  (Ann.  Fac.  de  Toulouse,  t.  IX)  et 
par  moi  (^Journ.  de  Crelle,  t.  121,  p.  210-217),  tî<^nt  l'intégrale  générale  est 
de  la  forme 

Cl  Çi  -+-  C2  >52  +   >î3 

OÙ  c^  et  Co  sont  les  constantes  arbitraires.  Cette  équation  s'écrit 

( B)    («0  +  y) y"  —  2  y'-  +  ( 60  +  b^y)Y'  -\-  d,,  +  d^  y  -+-  d.,y'-  -+-  d^y'^  =  o, 

où  <7o  et  df  s'expriment,  d'une  certaine  manière  rationnelle,  par  les  autres 
coefficients  (fonctions  de  la  variable  indépendante  z)  et  par  les  déri- 
vées «' ,  ci',  //„,  b\.  Par  la  substitution    u  —  >   elle  peut  être  trans- 

0001  <-'o~^f 

formée  dans  une  équation  différentielle  du  second  ordre  en  u,  dont  l'inté- 
grale générale,  à  un  facteur  près  en  z,  est  la  dérivée  logarithmique  de 
l'intégrale  générale  d'une  équation  différentielle  homogène  du  troisième 
ordre  (loc.  cit.,  p.  21 5). 

»  1.  a.  Si  Ton  en  connaît  trois  intégrales  particulières  y,,  y.^,  y^,  l'in- 
tégration de  l'équation  (B)  n'exige  que  deux  quadratures.  En  effel,  l'inté- 
grale générale  peut  s'écrire 

y  — -> ' 

C'i  -I-  Co  A  -+-  ;jL 

où 

«0  +  y-i  ' 

i    /'t^'..-'^i"o+^"'o)(.ri— .Va)  j. 
,j    ^^    '''"  "*"•/'  ffJ  («o+.riM«u-l-Jal 

«0  +  73 

»  b.  Si  l'on  en  connaît  quatre  intégrales  y,,  y.,,  y.,,  y^,  l'intégration 
de  l'équation  (  B)  peut  être  effectuée  sans  aucune  quadrature;  car,  ilans 


Io34  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ce  cas,  1  et  y.  s'expriment  rationnellement,  à  l'aide  des  coefficients  de  (B). 
par  y,,  Ko,  Vg,  JK4   et  leurs  dérivées  premières. 

»  c.  Entre  l'intégrale  générale  et  cinq  intégrales  particulières  de  l'équa- 
tion (B),  il  existe  la  relation 

<^*(y  -  yô   ^2(7  -  jo)  j  -r^! 

ï .  (:)''.  —  Ji  )    'f2  (.>'/,  —  y '2  )  .r.  ~  y 3 

7:-.  —  j.         Xr,  -  ,y-2     Xs  —  y^ 


=  0, 


où  c,  et  r^  sont  des  constantes  arbitraires,  y,  et  yo  des  constantes  numé- 
riques. Cette  relation  peut  être  généralisée  à  des  équations  (B)  d'ordre  n; 
elle  correspond  à  la  constance  du  rapport  anharmonique  de  quatre  inté- 
grales d'une  équation  de  Riccati. 

))   II.  a.  Une  intégrale  première  de  l'équation  (B)  est  de  la  forme 

(C)  c,==.,K^^'-^'"-^^"<^'>.,l'- 

^       ^  y+  '^3,,+  «3,7  H- «3,7^  Rrs 

OÙ  c,  est  la  constante  arbitraire  et  les  a  sont  des  fonctions  de  la  variable 
indépendante  z  qui  remplissent  les  deux  conditions  suivantes  : 

»  1.  Les  équations  de  Riccati  R,  =  o  et  R3  =  o  possèdent  une  intégrale 
communey  =  n,  racine  de  l'équation 

»   2.  a,  3=  c/^^^''^  où  A,  =  Il  -  4^>„^,,' 

y/Â7  ayant  le  même  signe  comme  la  racine  en  (i). 

))  [En  multipliant  l'équation  (B)  par  l(j  —  r,),  où  \  dépend  seulement 
de  la  variable  z,  elle  prend  la  forme  (a,  R,yR3  —  a,  R,  R3  =  o,  d'où  l'on 
obtient  l'intégrale  [:)remière  (C).] 

»  On  peut  aussi  dire  :  Pour  que  l'intégrale  générale  de  l'équation  de 
Riccati 

soit  une  fonction  linéaire  du  paramètre  c^,  les  conditions  {i)  et  {1)  sont  néces- 
saires et  suffisantes . 

))   h.   Entre  les  1 1  coefficients  des  deux  intégrales  premières  d'une  équa- 
tion (B) 
/^x  Ri  R2 

(D)  C^  =  C(.^^y  <^2  =  ^2  ^' 


SÉANCE  DU  l4  DÉCEMBRE  ipoS.  Io35 

il  existe  les  six  relations  suivantes  :  les  trois  premières  sont  fournies  par  la 
condition  que  les  équations  de  Riccati  R ,  =  o,  R,  =  o»  R3  =  ^  doivent  pos- 
séder, deux  à  deux,  une  intégrale  commune.  En  outre,  on  a 


ce/ 


et  enfin  la  relation  purement  algébrique 

qui  exprime,  par  exemple,  que  l'intégrale  (A)  est  une  conséquence  des 
équations  (D). 

»   On  obtient  des  cas  spéciaux  remarquables  pour  A,  =  o  et  pour 

a,  r=  a,  =  o.    » 


MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Procède  simple  permettant  d'obtenir,  sur  la  paroi 
d'un  cylindre  qui  tourne,  de  grandes  pressions  avec  de  faibles  efforts.  Note 
de  i\T.  Albert  Hérissox,  présentée  par  M.  Léaulé. 

«  Soient,  d'une  part,  un  cylindre  creux,  à  paroi  suffisamment  épaisse, 
tournant  autour  d'un  arbre  et,  d'autre  part,  un  patin  pouvant  s'appuyer 
dans  le  sens  du  rayon  contre  l'intérieur  de  la  paroi  sous  l'action  d'un 
organe  de  serrage;  cet  organe  peut  être  d'un  système  quelconque,  mais  il 
est  supposé  irréversible,  comme  un  coin  à  angle  faible  ou  une  vis. 

))  Le  cvlindre  tournant  dans  un  sens  déterminé,  la  pression  p  exercée 
par  le  patin  sera  constante  j)Our  un  même  effort  y*  exercé  sur  l'organe  de 
serrage.  Si  l'on  augmente  cet  effort,  l'organe  de  serrage  et  le  patin  par- 
courront un  certain  chemin  et  le  patin  pourra  ainsi  s'avancer  vers  l'exté- 
rieyr  par  suite  de  l'élasticité  de  la  matière;  p  augmentera  donc  en  même 
temps  que  f. 

»  Supposons  que,  sur  une  partie  de  la  surface  externe  de  la  paroi  du 
cylindre,  dans  la  moitié  par  exemple  de  la  section  droite,  on  enlève  de  la 
matière  de  manière  à  amincir  cette  paroi;  tant  que  le  patin  se  trouve  en 
regard  de  la  partie  non  amincie,  pour  un  effort^,  on  obtient  une  pression  p. 
Aussitôt  que,  par  la  rotation  du  cylindre,  la  partie  amincie  arrive  devant  le 
patin,  la  résistance  de  la  paroi  étantmoindre,  celle-ci  s'ovalise  sous  l'action 
de  p  et  le  patin  peut  s'avancer  vers  l'extérieur  sans  que  Teffort^ait  changé. 
Lorsque,  par  suite  de  la  rotation,  la  paroi  à  épaisseur  normale  revient  alors 


lo36  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(levant  le  patin,  ce  dernier,  qui  ne  peut  revenir  en  arrière,  puisque  l'ori^ane 
de  serrage  est  irréversible,  exerce  sur  la  paroi  beaucoup  moins  élastique 
une  pression  très  considérable. 

»  J'ai  construit  sur  ce  principe  des  embrayages  dont  la  puissance  n'a  de 
limite  que  la  résistance  du  métal.    » 


Physique.  ■— Moteur  à  comhusLion par  compression. 
Note   de  M.   Cajjnevel,    présentée   par   M.    d'Arsonval. 

«  Le  moteur  que  j'ai  Thonneur  de  présenter  à  l'Académie  est  de  la  famille 
des  moteurs  à  combustion.  Les  tentatives  qui  ont  été  faites  jusqu'ici  n'ont 
pas  donné  de  résultats  heureux  ni  bien  encouras^eants,  mais  ce|)endant  ils 
méritaient  de  n'être  pas  abandonnés,  si  l'on  considère  les  avantages  qu'ils 
offrent  et  que  j'énumère  ci-dessous  en  partie  : 

»  1°  La  suppression  totale  de  tout  organe  d'allumage,  ce  qui  simplifie 
considérablement  le  moteur; 

»  2°  ]^e  fonctionnement  sans  explosion,  par  conséquent  sans  bruit,  sans 
choc  sur  les  organes  mécaniques  tels  que  billes,  vilebrequins,  clave- 
tage,  etc; 

»  3**  La  combustion  parfaite  de  tous  les  mélanges  gazeux,  même  ceux 
non  explosifs,  soit  trop  riches  ou  trop  pauvres,  ce  qui  permet  d'obtenir  un 
meilleur  rendement  et  une  grande  élasticité  dans  la  puissance  du  moteur. 

»  4°  La  combustion  par  compression  est  forcément  complète,  d'où  sup- 
pression des  mauvaises  odeurs  à  l'échappement. 

»  C'est  à  Beau  de  Rochas  que  semble  revenir  l'idée  première  d'enflammer  les 
iiK'langes  gazeux  par  compression;  en  effet,  dans  son  brevet  d'allumage  spontané  il 
l^révoit  qu'en  augmentant  la  compression  on  pourrait  allumer,  mais  il  ne  le  réalise 
pas.  Depuis,  de  nombreux,  essais  ont  été  vainement  tentés,  entre  autres  par  Gardie  et 
Bra}  ton,  en  Angleterre,  puis  par  Diesel,  en  Allemagne,  qui  fut  plus  heureux. 

»  Sans  la  moindre  intention  de  critiquer  le  moteur  Diesel,  tout  le  monde  sait  qu'il  est 
relativement  compliqué  de  pompes,  air  comprimé,  etc.,  et  le  distributeur  de  pétrole 
qui  fonctionne  au  moment  de  la  combustion  est  des  plus  délicats. 

')  Le  moteur  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  n'a  rien  qui 
diffère  du  moteur  connu  réalisant  le  cycle,  suivant  Beau  de  Rochas,  à 
quatre  temps,  les  soupapes  occupent  la  partie  supérieure  du  cylindre  afin 
d'éviter  les  canaux  et  les  espaces  nuisibles. 

»  Le  fond  des  cidasses  des  cylindres  est  divisé  en   trois  orifices  qui  sont  occupés 


Fig.    I. 


■■>^v  ■;  \ 


G.  R.,  1908,  i"  Semestre.  (T.  CXXWll,  N-  24. 


i36 


lo38  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

deux  par  les  soupapes  et  l'autre  par  de  petits  pistons  qui  semblent  jouer  le  plus  grand 
rôle.  Ces  petits  pistons  sont  commandés  par  des  excentriques  et  ce  sont  eux  qui  déter- 
minent le  point  d'allumage  en  déterminant  le  volume  des  chambres  de  compression. 
Les  tiges  d'excentriques  sont  de  longueur  variable,  de  façon  à  régler  une  fois  pour 
toutes  les  chambres  de  compression  à  un  même  volume. 

»  Le  carburateur  à  pulvérisation  est  soumis  à  l'action  d'un  régulateur  à  force  centri- 
fuge, lequel  ouvre  les  orifices  d'air  lorsque  le  moteur  s'emballe. 

»  Le  moteur  fonctionne  comme  les  moteurs  à  quatre  temps;  il  est  mis  en 
route  à  la  main  avec  une  manivelle  en  donnant  un  peu  d'avance  à  l'allu- 
mage en  faisant  descendre  un  peu  les  j)etit3  pistons. 

»  L'allumage  se  fait  par  une  forte  compression,  environ  So^*"^  à  l'arrière 
du  piston  moteur. 

»  Les  petits  pistons  servent  non  seulement  à  déterminer  le  point  précis 
d'allumage  mais  encore  à  faire  de  l'avance  à  l'allumage.  » 


OPTIQUE.  —  Sur  une  nouçe/le  jnélhode  de  mesure  des  épaisseurs  et  des  indices. 
Note  de  MM.  J.  Macé  de  Lépixay  et  H.  lîuissOxX. 

«  Nous  avons  étendu  la  méthode  que  nous  avons  décrite  dans  une  pré- 
cédente Communication  (  '  )  à  des  lames  plus  épaisses  et  douées  de  pouvoir 
rolatoire. 

»  Cette  méthode  consiste  dans  l'observation  des  anneaux  des  lames 
parallèles  et  des  franges  des  lames  mixtes.  En  retranchant  de  l'ordre  d'in- 
terférence des  premiers,  pi^  le  double  de  celui  des  dernières,  pf,  on  a 
l'ordre  d'interférence  p^  des  anneaux  qu'aurait  donnés  une  lame  d'air  de 
même  épaisseur 

)>  La  même  relation  subsiste,  à  des  entiers  près,  entre  les  parties  frac- 
tionnaires de  ces  ordres  d'interférence,  dont  deux  sont  seules  directement 
obtenues,  et  permet  de  calculer  la  troisième,  celle  de  p,,.  En  appliquant 
aux  anneaux  dans  l'air  la  méthode  des  excédents  fractionnaires,  on  obtient 
sans  incertitude  l'épaisseur  de  la  lame,  si  l'on  en  a  déjà  une  valeur 
approchée. 

w   Nous  avons  ainsi  mesuré  à  01^,01  près  des  épaisseurs  atteignant  3^"*,  6. 


(  '  )  Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  p.  ?,83. 


SÉANCE    DU    t4    décembre    1903.  loSp 

On  a,  de  la  sorte,  une  excellenle  méthode  de  mesure  des  dilatations,  en 
opérant  à  différentes  températures.  Elle  présente  l'avantage  de  ne  pas  faire 
intervenir  nue  autre  dilatation,  celle  d'un  support  par  exemple,  comme 
dans  la  méthode  Fizeau.  La  seule  condition  est  que  la  lame  ait  des  faces 
planes  et  parallèles  sur  une  faible  étendue,  quelques  millimètres  carrés. 

»  Si  la  substance  de  la  lame  est  cristallisée,  on  doit  opérer  en  lumière  polarisée 
parallèlement  à  une  des  directions  principales.  Si  elle  est  douée  de  pouvoir  rotatoire 
dans  la  direction  normale  aux.  faces,  il  n'y  a  rien  de  changé  dans  l'aspect  des  anneaux, 
le  retard  sur  une  moitié  du  parcours  du  faisceau  qui  traverse  deux  fois  la  lame  étant 
exactement  compensé  par  l'avance  sur  l'autre  moitié  (on  pourrait  d'ailleurs  prendre 
de  la  lumière  naturelle).  Mais  pour  les  franges  mixtes,  il  n'en  est  plus  de  même;  il  n'y  a 
pas,  en  général,  interférence  complèle.  les  deux  vibrations  qui  se  superposent  n'ayant 
plus  même  direction.  Il  y  a  lieu,  alors,  de  polariser  circulairement  la  lumière  par  l'in- 
terposition d'un  mica  quart  d'onde  (il  suffit  d'ailleurs  qu'il  soit  quart  d'onde  pour  les 
rayons  moyens).  L'interférence  peut  alors  être  complète  et  les  franges  deviennent 
visibles.  Pour  avoir  l'ordre  d'interférence  que  l'on  aurait  observé,  sans  l'existence  du 
pouvoir  rotatoire,  il  faut  ajouter  à  celui  que  l'on  a  mesuré,  ou  en  retrancher  selon  le 

.oc 
sens  de  la  lumière  circulaire,  la  quantité  - — >  p  étant  le  pouvoir  rotatoire  spécifique  de 

la  substance  étudiée. 

w  Indices.  —  L'épaisseur  de  la  lame  une  fois  connue,  l'indice  absolu  N 
est  donné  en  fonction  de  l'ordre  d'interférence  p/  des  anneaux  dans  la 
lame  et  de  la  longueur  d'onde  dans  le  vide  A  par  la  relation 

(■2)  N=^- 

»  Pour  avoir  la  valeur  de/;/,  il  est  utile  de  calculer  d'abord  l'ordre  d'in- 
terférence des  franges 

(3)  /V=*-^4^^ 

qui  est  environ  six  fois  plus  petit.  On  en  déduit  ensuite/»/  par  la  relation  (i), 
car/?^  est  déjà  connu. 

»  Le  calcul  ^^  Pf  se  présente  sous  deux  formes  différentes  :  d'une  ma- 
nière directe  en  introduisant  dtms  (3)  des  valeurs  approcheras  des  indices. 
On  a  ainsi  une  valeur  aj)prochée  de  p^  dont  la  j)artie  entière  est  correcte, 
dans  des  conditions  spéciOées  plus  loin.  La  partie  fractionnaire  obtenue 
par  l'observation  donne  la  valeur  exacte  àe  pf.  On  en  déduit  pi,  puis  N. 

»  Un  autre  procédé  consiste  à  appliquer  aux  nombres  pf,  relatifs  aux 
différentes  radiations  employées,   la   méthode  des  excédents  fractionaires. 


in4o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Une  discussion  approfondie  établit  que  le  premier  mode  de  calcul  doit  seul  être 
employé  quand  les  valeurs  approchées  des  indices  sont  aflectées  d'erreurs  dont  les 
signes  peuvent  êlre  dilTérents.  L'ordre  de  grandeur  de  ces  erreurs  fixe  la  limite  d'épais- 
seur des  lames  auxquelles  le  calcul  peut  s'apj^liquer  sans  que  l'on  ait  à  craindre  d'in- 
certitude. Par  exemple,  si  les  indices  sont  connus  avec  une  approximation  de  io~^, 
l'épaisseur  ne  doit  pas  dépasser  i'="\25.  Si,  au  contraire,  les  erreurs  sur  les  indices 
sont  toutes  de  même  signe,  comme  c'est  le  cas  lorsque  l'on  passe  d'un  échantillon  à  un 
autre  de  même  nature,  qui  peut  différer  un  peu  du  premier  par  la  pureté  ou  la  consti- 
tution physique,  le  second  calcul  s'applique.  On  utilisera  ainsi  les  résultats  obtenus 
avec  une  première  lame  pour  passer  à  des  lames  plus  épaisses. 

»  La  raison  en  est  que  les  erreurs  de  signes  différents  affectent  les  rapports  des 
ordres  d'interférence,  utilisés  dans  la  méthode  des  excédents  fractionnaires,  de  quan- 
tités qui  entraînent  une  incertitude  plus  grande  que  dans  le  calcul  direct  ;  au  con- 
traire, si  les  erreurs  sont  de  même  signe,  les  rapports  en  sont  beaucoup  moins 
affectés. 

»  Nous  avons  pu  mesurer  les  indices  de  plusieurs  échantillons  de  quartz. 
La  précision  obtenue  atteint,  avec  des  lames  de  S'^'",  6  d'épaisseur,  quelques 
unités  du  septième  ordre  décimal.  Nous  avons  constaté  ce  fait  intéressant 
que  divers  quartz  n'ont  pas  rigoureusement  le  même  indice.  Les  différences 
observées  s'élèvent  jusqu'à  six  unités  du  sixième  ordre  décimal.  De  plus, 
sur  quatre  mesures  effectuées  en  des  régions  différentes  d'un  môme  bloc 
de  quartz,  distantes  de  quelques  centimètres  les  unes  des  autres,  trois  ont 
donné  des  indices  identiques,  la  quatrième,  des  indices  supérieurs  aux 
autres  de  quaire  unités  du  sixième  ordre.  Ainsi  se  manifestent  des  anom;i- 
lies  dans  un  milieu  parfaitement  homogène  en  apparence.  » 

ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  l'ionisation  par  le  phosphore.  Note  de  M.  Eugèxe  Blocsi, 

présentée  j^ar  M.  Mascart. 

«  Dans  un  précédent  travail  (Comptes  rendus,  déceu)bre  1902)  j'ai 
démontré  pour  la  première  fois  d'une  façon  nette  la  présence  des  ions  dans 
l'émanation  du  phosphore,  et»  prouvant  l'existence  d'un  courant  de  satu- 
jation.  J'ai  montré  en  même  temps  que  ces  ions  étaient  exceptionnels  par 
leur  très  faible  mobilité  et  leur  faculté  de  condenser  la  vapeur  d'eau  sim- 
plement saturante.  Malgré  l'opinion  contraire  de  G.-C.  Schmidt  (Ann.  der 
Physik,  mars  igoS),  ces  faits  paraissent  contirmés  par  l'ensemble  des 
travaux  récents  de  Harms,  EIsLer  et  Geitel,  Gockel  {Phys.  Zeitschr.,  1903, 
passim).  Harms,  en  particulier,  a  pu  retrouver  le  courant  de  saturation. 

»  La  présente  Note  a  pour  but  de  compléter  ces  confirmations  par 
quelques  faits  nouveaux. 


SKANCK    DU    l4   DÉCEMBRE    Tr|0.3.  Io4l 

«  I.  Si,  pour  une  vitesse  connue  du  courant  gazeux  qui  passe  sur  le^phospliore,  on 
mesure,  avec  un  électromèlre  convenablement  étalonné,  la  quantité  maximum  cFélec- 
tricité  que  l'on  peut  extraire  du  gaz,  le  quotient  de  la  densité  électrique  cubique  par 
la  charge  d'un  ion  donnera  le  nombre  d'ions  par  centimètre  cube.  Si  l'on  admet  pour 
la  charge  d'un  ion  le  nombre  de  J.-J.  Thomson  (/j  x  lo"'*»  unités  électrostatiques),  on 
trouve  que  les  nombres  d'ions  par  centimètre  cube  sont  de  l'ordre  de  lo''.  Ce  nombre, 
notablement  plus  grand  que  celui  qui  avait  été  indiqué  par  Barus  {Phil.  Mag.,  6«  série, 
t.  III,  1902,  p.  90),  est  du  même  ordre  que  ceux  que  l'on  trouve  dans  l'ionisation  par 
les  rayons  de  Kontgen  d'intensité  moyenne. 

»  Si  l'on  répète  la  mesure  précédente  à  une  distance  difTérente  de  la  source  d'ioni- 
sation, en  déplaçant  simplement  le  long  du  tube  où  passe  l'émanation  l'électrode  qui 
sert  à  recueillir  les  ions,  on  peut,  de  la  comparaison  du  nouveau  nombre  et  de 
l'ancien,  déduire  [q  coefficient  de  recombinaison  n.  des  ions  du  phosphore  (méthode 
de  Townsenrl,  P/h7.  Trans.,  1899,  p.  i/14)-  Les  nombres  trouvés,  variables  avec  la 
vitesse  du  courant  gazeux,  sont  de  l'ordre  de  3,  c'est-à-dire  mille  fois  plus  faibles  que 
le  coefficient  correspondant  pour  le  cas  de  l'ionisation  par  les  rayons  de  Rontgen,-qui 
est  égal  à  33oo  (Townsend  et  Langevin).  Les  nombres  obtenus  sont,  du  reste,  d'accord 
avec  les  mobilités  déterminées  précédemment. 

»  H.  M.  Langevin,  dans  sa  thèse,  a  introduit  dans  l'élude  des  gaz  ionisés  le  rap- 
port -.  := '  Al  et  /i.,  désignant  les  mobilités  des  ions  des  deux  signes  :  il  en 

a  montré  toute  l'importance  théorique  et  a  donné  une  mélhode  pour  le  mesurer  direc- 
tement, dans  le  cas  où  l'on  crée  une  ionisation  instantanée  entre  deux  plateaux  parallèles 
à  l'aide  d'une  seule  décharge  d'un  tube  de  Crookes.  Celle  méthode  repose  sur  l'emploi 
de  la  formule 


dans  laquelle  Q^  rej^résente  la  quantité  maximum  d'électricité  que  l'on  peut  extraire  du 
gaz  par  unité  de  surface  des  plateaux,  Q  la  quantité  totale  que  l'on  en  extrait  par  unité 
de  surface  (|uand  la  densité  superficielle  sur  les  plateaux  est  1. 

»  J'ai  refait  le  calcul  de  M.  Langevin  pour  un  condensateur  cylindrique  et  obtenu 
une  équation  identique  à  l'équation  (()  avec  la  seule  différence  que  les  quantités  Qg,  Q 
et  a  se  rapportent  maintenant  à  l'unité  de  longueur  du  condensateur,  et,  en  outre,  la 
quantité  a  à  l'unité  d'angle  solide.  D'autre  part,  si,  au  lieu  d'une  ionisation  instantanée 
dans  un  gaz  immobile,  on  produit  une  ionisation  uniforme  dans  un  gaz  entraîné  avec 
une  vitesse  constante  parallèlement  aux  génératrices  du  condensateur  cylindrique, 
l'armature  centrale  recueillera  en  ses  points  successifs  des  quantités  d'électricité  cor- 
respondantes à  celles  que  recueille  le  plateau  de  M.  Langevin  à  des  instants  successifs. 
Si  donc  cette  électrode  centrale  est  assez  longue  pour  ne  laisser  échapper  aucun  ion, 
elle  recueillera  au  total  la  même  quantité  d'électricité  que  le  plateau  de  M.  Langevin, 
et  l'on  pourra  appliquer  encore  à  la  mesure  de  z  la  formule  (i),  en  mesurant  simple- 
ment en  plus  la  vitesse  du  gaz. 

»  En  somme,  cette  remarque  permet  de  transformer  la  méthode  de  M.  Langevin,  qui 
ne  s'appliquait  qu'aux  rayons  de  Rontgen,  en  une  méthode  de  courant  gazeux  appli- 


Io42  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cable  à  des  cas  d'ionlsalion  Lien  di/Térenls  (phosphore,  gaz  de  la  (lamme.  elc).  L'ap- 
plication de  la  méthode  à  l'émanation  du  phosphore  m'a  fourni,  pour  le  rapport  ^, 
des  nombres  compris  en  moyenne  entre  0,7  et  i,  c'est-à-dire  un  peu  inférieurs  à 
l'unité  et  de  l'ordre  de  l'unité.  Comme  s  représente,  en  théorie,  d'après  M.  Langcvin, 
le  rapport  du  nombre  des  recombinaisons  au  nombre  tolal  des  collisions  entre  ions  de 
signes  contraires,  les  nombres  trouvés  expérimentalement  sont  bien  d'accord  avec  ceux 
que  la  théorie  permettait  de  prévoir  en  vertu  de  la  très  faible  mobilité  des  ions  du 
phosphore. 

»   En  résumé,  les  mesures  tout  à  fait  indépendantes  des  mobilités,  des 
coefficients  de  recombinaison,  et  du  rapport  s  =  7 — jj^ — t-t  pour  les  ions 

4T:  (  A',  -+-  A',) 

dn  phosphore,  conduisent  à  un  ensemble  de  résultats  parfaitement  cohé- 
rents, et  qui  constituent  par  leur  accord  la  meilleure  démonstration  d'une 
véritable  ionisation.  » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Étude  d'une  résistance  de  contact.  Note  de  M.  A.  Bs.axc, 

présentée  par  M.  J.  Violle. 

((  La  résistance  étudiée  est  celle  d'un  cohéreur  formé  d'un  plan  d'acier 
et  d'une  bille  d'acier  dont  les  surfaces  sont  polies  avec  soin. 

»  Le  plan  d'acier  est  porté  par  une  tige  rigide,  la  bille  par  un  ressort  de  flexion,  de 
sorte  que,  dans  la  position  verticale  du  ressort,  la  bille  ne  touche  pas  le  plan  vertical. 
On  établit  le  contact  en  inclinant  tout  l'appareil,  le  ressort  fléchissant  simplement  par 
le  poids  de  la  bille;  la  pression  est  réglée  par  l'inclinaison  de  l'appareil.  Le  tout  est 
placé,  autant  que  possible,  à  l'abri  des  trépidations  et  des  ondes  sonores  un  peu 
intenses.  On  obtient  ainsi  une  résistance  pouvant  dépasser  10 000  ohms. 

»  La  résistance  est  mesurée  à  l'aide  d'un  pont  de  Wheatstone;  le  courant  est  fourni 
par  un  accumulateur,  et  Ton  a  intercalé  entre  l'accumulateur  et  le  pont  une  boîte  de 
résistance  à  plots,  qui  permet  de  faire  varier  rapidement  l'intensité. 

);  Coliération.  —  Quand  on  établit  brusquement  à  travers  le  cohéreur  un 
courant  d'intensité  déterminée,  la  résistance  part  d'une  certaine  valeur  et 
diminue  progressivement  pendant  plusieurs  heures,  d'abord  rapidement, 
puis  plus  lentement,  en  paraissant  tendre  vers  une  limite.  C'est  à  cette 
chute  de  résistance  progressive  sous  l'action  du  courant  que  je  réserverai 
le  nom  de  cohération  par  le  courant.  Me  proposant  de  revenir  sur  ce  phé- 
nomène, je  me  contenterai  j)our  le  moment  d'en  indiquer  les  caractères 
généraux. 

»  La  chute  de  résistance  due  à  la  cohération  cs[  irréversible  ;  elle  persiste, 


SÉANCE    DU    l4   DÉCEMBRE    IQoS.  Io4'^ 

même  quand  le  courant  ne  passe  plus,  pourvu  qu'on  évite  les  chocs.  Elle 
est  d'autant  plus  grande  et  plus  rapide  que  l'intensité  du  courant  est  plus 
grande.  Elle  est  facilitée  par  des  trépidations  très  légères. 

))  Quand  la  cohération  est  à  peu  près  terminée  pour  une  certaine  inten- 
sité, elle  l'est  complètement  pour  les  intensités  plus  faibles,  et  la  résistance 
est  alors  très  stable.  Au  contraire,  si  l'on  augmente  l'intensité,  une  nou- 
velle cohération  se  produit  et  la  valeur  limite  de  la  résistance  est  la  même 
que  si  l'intensité  actuelle  avait  été  établie  brusquement. 

f>  Entre  les  intensités  faibles  et  les  intensi/és  relativement  grandes,  il 
existe  une  région  où  une  faible  augmentation  de  l'ititensité  produit  une 
grande  augmentation  de  cohération.  Cette  région  de  sensibilité  maxima  est 
assez  étroite,  surtout  si  le  cohéreur  n'est  pas  complètement  à  l'abri  des 
trépidations. 

))  Résistance  avanl  la  cohération.  —  Si  l'on  donne  au  courant  une  faible 
intensité,  de  sorte  que  la  vitesse  de  cohération  soit  faible,  et  qu'on  aug- 
mente cette  intensité  graduellement,  la  résistance  diminue.  Si  l'on  revient 
ensuite  en  arrière,  la  résistance  augmente,  mais  en  prenant  des  valeurs  un 
peu  inférieures  aux  premières. 

y  Ceci  est  dû  à  la  cohération  qui  s'est  effectuée  pendant  le  temps  néces- 
saire aux  mesures.  En  effet,  si  l'on  mesure  la  résistance  pour  une  première 
intensité,  puis  qu'on  passe  à  une  intensité  plus  grande,  mais  en  n'établis- 
sant cette  dernière  que  pendant  le  temps  nécessaire  pour  s'assurer,  par  le 
sens  de  la  déviation  du  galvanomètre,  que  la  résistance  a  diminué,  sans  la 
mesurer,  on  retrouve  ensuite  rigoureusement  la  valeur  primitive  quand 
on  revient  à  la  première  intensité. 

»  Donc,  antérieurement  à  toute  cohération,  la  résistance  du  contact  dépend 
d'une  manière  réversible  de  V intensité  du  courant  qui  le  traverse.  Elle  diminue 
quand  l'intensité  augmente. 

))  Résistance  après  la  cohération.  —  Quand  la  cohération  est  sensiblement 
terminée  pour  une  intensité,  il  est  facile  de  mesurer  la  résistance  pour  des 
intensités  plus  faibles,  car  elle  ne  varie  plus  avec  le  temps.  Cette  résistance 
présente  le  même  caractère  que  précédemment  :  elle  varie  d'une  manière  réver- 
sible avec  l' intensité . 

»  Si  la  cohération  est  faible,  la  résistance  varie,  comme  précédemment, 
en  sens  inverse  de  l'intensité.  Si  la  cohération  est  grande,  le  sens  de  la 
variation  est  changé  :  la  résistance  diminue  quand  l'intensité  diminue. 
Entre  les  deux,  il  existe  un  degré  de  cohération  pour  lequel  la  résistance 


ro'i/i  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

est  constante,  c'est-à-dire  pour  lequel  accidentellement  la  loi  de  Oliin  est 
applicable. 

»  Ces  résultats  se  retrouvent  identiquement  quand  la  cohération  a  été 
produite  par  une  étincelle. 

»  Influence  du  changement  de  sens  du  courant.  —  Le  changement  de  sens 
du  courant  n'a  aucun  effet  quand  il  n'y  a  pas  encore  de  cohération,  ou 
quand  la  cohération  est  terminée.  I)  a  une  action  très  nette  sur  la  cohé- 
ration elle-même. 

»  Pour  une  intensité  donnée,  alors  qu'une  rupture  du  courant  suivie  de 
son  rétablissement  n'a  pas  d'effet  appréciable,  chaque  inversion  produit  au 
début  de  la  cohération  une  chute  de  résistance,  qui  continue  ensuite  avec 
une  vitesse  plus  grande  qu'avant  l'inversion.  Puis  à  mesure  que  la  cohé- 
ration avance,  la  chute  de  résistance  produite  par  l'inversion  diminue. 
Plus  tard,  à  l'inversion,  la  résistance  commence  par  augmenter  pendant 
un  certain  temps,  pour  diminuer  ensuite  beaucoup  plus  lentement,  après 
un  maximum. 

))  Enfin,  quand  la  cohération  est  à  peu  près  terminée,  il  n'y  a  plus  aucun 
effet. 

»  Tous  les  pfiénomènes  observés  pour  l'acier  se  retrouvent  avec  le  laiton,  quoique 
beaucoup  plus  difficilement  observables. 

»  En  somme,  une  résistance  de  contact  a  une  nature  très  dilFérente  de 
celle  d'une  résistance  métallique  :  elle  est  une  {o\\ci\on  réversible  do  l'in- 
tensité toutes  les  fois  qu'elle  n'est  pas  en  train  de  varier  par  l'effet  du 
passage  du  courant.  Elle  é[)rouve  en  outre  une  diminution  irréversible 
toutes  les  fois  qu'elle  est  traversée  par  un  courant  suffisant  pendant  un 
temps  appréciable,  et  ce  dernier  })hénomène  dépend  du  sens  du  courant.  » 


MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Sur  les  efforts  développés  dans  le  choc  d' éprouvettes 
entaillées.  INote  de  M.  A.  Pérot,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

«  Il  m'a  paru  intéressant  de  chercher  à  mesurer  les  efforts  développés 
par  le  choc  d'un  mouton  sur  une  éprouvette  entaillée,  cas  dans  lequel  !a 
déformation  est  limitée  à  une  étroite  région  ;  une  première  méthode  aurait 
consisté  à  enregistrer  le  mouvement  ou  la  vitesse  du  mouton  pendant  le 
choc,  et  à  en  déduire  par  différentiation  les  valeurs  de  l'accélération  et  de 


SÉANCE    DU    l4    DÉCEMBRE    1903.  lO^D 

la  force  à  chaque  instant.  Les  phénomènes  se  passant  en  des  temps  extrê- 
mement courts,  (le  l'ordre  du  dix-millième  de  seconde,  dans  certains  cas, 
les  courbes  doivent  donner  lien  à  des  interprétations  difficiles  ;  aussi  m'a-t-il 
semblé  préférable  d'inscrire  directement  les  efforts  en  abscisses  et  les  dépla- 
cements du  mouton  en  ordonnées,  de  telle  sorte  que  l'aire  de  la  courbe 
donnât  directement  le  travail, 

»   Voici  comment  ce  plan  d'expériences  a  été  réalisé  ('  )  : 

»  L'éprouvette  entaillée  est  encastrée  dans  une  sorte  d'étau  mobile  autour  d'un  axe 
horizontal  (chabotte  du  mouton  de  la  marine  légèrement  modifiée).  Cet  élau  repose 
sur  un  ressort  puissant.  La  tôle  du  mouton  porte  une  plaque  photographique  qui,  pro- 
tégée au  repos  par  une  plaque  métallique,  est  démasquée  au  moment  du  choc  ;  un  fais- 
ceau de  rayons  parallèles,  issus  d'un  trou  vivement  éclairé,  tombe  sur  un  miroir  porté 
par  l'axe  de  l'étau,  traverse  un  prisme  redresseur,  est  réfléchi  par  un  miroir  et  traverse 
une  lentille  qui  forme  une  image  du  trou.  Au  moment  du  choc,  cette  image  se  forme 
sur  la  plaque  photographique  portée  par  la  tète  du  mouton  et,  par  développement,  oii 
obtient  une  courbe  dont  les  ordonnées  sont  les  déplacements  mêmes  du  mouton,  et 
dont  les  abscisses  sont  proportionnelles  aux  déformations  du  ressort  et  par  suite  aux 
efforts. 

))   Les  figures  suivantes  donnent  un  exemple  des  courbes  obtenues  avec 
des  éprouvette's  différentes  d'un  même  métal.  La  première  est  relative  à 


une  entaille  aiguë,  la  deuxième  et  la  troisième  à  de  larges  entailles  à  fond 
plat. 

»   Ces  courbes  donnent  lieu  aux  remarques  suivantes  : 
»    i**  Les  efforts  exercés  croissant  très  vite,  l'intervalle  de  temps  corres- 
pondant à  la  production  de  l'effort  sur  le  ressort  est  inférieur  à  o,ooo5 
(période  de  déformation  élastique); 

(')  Avec  l'aide  de  M.  Henri  Michel-Lévy,  qui  a  bien  voulu  se  charger  d'effectuer 
une  grande  partie  des  expériences. 

G.  R.,  1903,  2"  Semestre.  (T.  GX.XXVII,  N»  24.)  ^^7 


Io46  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

»  2°  Ils  sont  limités  à  une  valeur  qui  dépend  des  qualités  du  métal,  et 
sont  analogues  pour  les  trois  courbes; 

»  3°  Les  courbes  présentent  des  oscillations  dues  au  ressort.  Ces  oscilla- 
tions décroissent  suivant  une  même  loi  exponentielle  dans  les  différentes 
courbes  obtenues  ; 

»  If  Les  sensibilités  du  ressort  mesurées,  soit  par  un  tarage  direct,  soit 
par  une  mesure  du  travail,  dans  le  cas  oii  l'éprouvette  n'ayant  pas  cassé, 
la  force  vive  du  mouton  a  été  dépensée  tout  entière  sur  l'éprouvette,  sont 
les  mêmes,  aux  erreurs  expérimentales  près. 

»  Je  ferai  connaître  ultérieurement  les  résultats  obtenus  pour  différents 
métaux,  en  faisant  varier  les  conditions  du  choc  (hauteur,  forme  de  l'en- 
taille, etc.).   )) 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  La  Sensation  lumineuse  en  fonction  du  temps  pour 
les  lumières  colorées.  Discussion  des  résultats.  Note  de  MM.  Axdré  Broca 
et  D.  SiJLZER,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  Quand  une  lumière  blanche  ou  colorée,  constante,  agit  sur  la  rétine, 
la  sensation  qu'elle  produit  n'atteint  pas  immédiatement  sa  valeur  perma- 
nente. Elle  y  arrive  en  suivant  une  loi  que  nous  avons  étudiée  expérimen- 
talement. La  figure  de  notre  Note  précédente  résume  nos  expériences  en 
lumière  colorée,  celle  de  notre  Note  du  i4  avril  1902  résume  nos  expé- 
riences en  lumière  blanche.  Nous  pouvons  exposer  ainsi  les  résultats  de 
ces  études  : 

»  On  peut  distinguer  dans  la  variation  de  la  sensation  en  fonction  du 
temps  les  trois  phases  suivantes  : 

»  1°  Pour  les  temps  courts,  l'excitation  est  insuffisante  pour  donner  une 
sensation  égale  à  celle  qui  correspond  au  régime  permanent.  Dans  cette 
région,  la  courbe  se  confond  avec  une  droite  d'autant  plus  inclinée  sur 
l'axe  des  temps  que  l'intensité  employée  est  plus  forte. 

))  2"^  Après  avoir  atteint  cette  valeur,  la  sensation  la  dépasse,  tout  en 
contitiuant  à  varier  proportionnellement  au  temps. 

»  3*^  Au  bout  d'un  temps  d'autant  plus  court  que  la  lumière  est  plus 
forte,  la  courbe  s'infléchit,  passe  par  un  maximum  et  tend  ensuite  lente- 
ment vers  la  sensation  pernianenLe,  qu'elle  atteint  au  bout  de  2  à  3  secondes. 
Ce  temps  est  très  long  par  rapport  à  ceux  qui  correspondent  au  premier 
passage  par  la  valeur  de  la  sensation  permanente  et  par  la  valeur  du  maxi- 


SÉANCE    DU    l4    DÉCEMBRE    igoS.  IO47 

mum,  car  ceux-ci  sont  de  l'ordre  du  dixième  de  seconde  pour  les  éclats  les 
plus  faibles  dont  nous  nous  sommes  servis,  et  de  Tordre  du  centième  pour 
les  plus  forts. 

))  Nos  courbes  étant  construites  pour  une  dépense  constante  d'énergie 
lumineuse,  par  unité  de  temps  et  par  unité  de  surface  rétinienne,  nous 
donnent  une  indication  précise  sur  la  sensibilité  de  la  rétine  à  chaque 
instant.  Elles  nous  donnent  donc  la  marche  du  phénomène  de  l'adaptation 
de  la  rétine  à  la  lumière. 

»  Nous  voyons  que,  pendant  les  deux  premières  périodes  ci-dessus  décrites,  la  sen- 
sation croît  proportionnellement  au  temps,  c'est-à-dire  à  la  quantité  d'énergie  dé- 
pensée sur  la  rétine  depuis  l'origine  du  temps.  C'est  ce  qu'on  peut  appeler  la  période 
d'addition.  L'inflexion  de  la  courbe  au  bout  de  cette  période  montre  que  la  rétine 
devient  moins  sensible;  une  même  dépense  d'énergie  produit  une  augmentation  de 
sensation  moindre  qu'au  début.  C'est  une  première  manifestation  de  la  fatigue  de  la 
rétine  et  des  réflexes  de  défense  qui  en  sont  la  conséquence.  La  lumière  continuant  à 
agir,  les  phénomènes  de  fatigue  et  de  défense  deviennent  assez  grands  pour  que  non 
seulement  la  sensibilité,  mais  la  sensation  elle-même  diminue,  malgré  la  continuation 
de  l'action  extérieure. 

»  Nous  savons  que  la  sensation  est  accompagnée  d'une  dépense  de  pourpre  visuel, 
ainsi  que  de  la  migration  du  pigment  rétinien  qui  diminue  la  surface  attaquable  par 

t 


s 

.6 

Lux 

200- 

^ 

y                    \lert_Nagel    gS 

^^^ 

~~  — — - 

10(X 

y'^_           Sensation  permanente    Rouge  ven  et  blanc  gS 

-^^^^^T:^:: 

7      "^  " 

. 

/     /  ^^' 

Sensation  permanerfie   Bleu  t2 

/  /     /  ^  '' 

50_ 

/'  ^ 

/''/V''' 

0 

M 

5)  œ 
0  o 


IVlillièmes    de    seconde 


la  lumière,  et  qui  limite  de  cette  manière  la  dépense  possible  de  pourpre  par  unité  de 
surface  et  par  unité  de  temps;  les  deux  phénomènes  font  partie  :  le  premier  des 
phénomènes  de  fatigue,  le  second  des  réflexes  de  défense.  L'ensemble  des  deux  doit 
évidemment  donner  à  la  courbe  un  aspect  analogue  à  celui  que  nous  avons  décrit  et 


I048  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

conforme  en  tout  à  l'expérience,  car  ces  phénomènes  doivent  se  manifester  d'autant 
plus  vite  et  l'abaissement  après  le  maximum  doit  être  d'autant  plus  grand  que  la 
lumière  est  plus  intense. 

»  Ces  vues  sont  encore  corroborées  par  le  rapprochement  des  résultats  de  l'examen 
des  courbes  relatives  à  la  luriiière  colorée  et  de  l'expérience  sur  la  fatigue  à  longue 
échéance  décrite  dans  notre  dernière  Note.  On  voit,  en  effet,  immédiatement  que  la 
couleur  pour  laquelle,  à  égalité  d'éclat,  le  maximum  est  le  plus  marqué,  est  le  bleu, 
qui  donne  aussi  la  fatigue  la  plus  longue  à  disparaître;  le  vert  est,  aux  deux  points 
de  vue,  la  couleur  qui  donne  les  j^hénomènes  les  moins  marqués.  Nous  avons  fait 
reproduire  ci-dessus  trois  courbes  caractéristiques  qui  font  sauter  le  phénomène  aux 
yeux,  en  y  joignant  la  courbe  correspondante  relative  au  blanc. 

S    S 

»   Nous  avons  donc  le  droit  d'appeler  ondalaLion  de  fatigue  le  rapport  — ^^^^ en 

appelant  S  la  sensation  permanente  et  S„(  la  sensation  maxima.  Ce  rapport,  sans  nous 
donner  une  mesure  mathématique  de  la  fatigue  rétinienne  due  à  l'emploi  d'une 
lumière  donnée,  nous  donne  cependant  une  indication  précieuse  sur  ce  phénomène. 

»   Nous  pouvons  donc  résumer  ainsi  nos  expériences  : 

»   Le  bleu  produit,  à  égalité  d'éclat,  une  fatigue  très  supérieure  au  blanc. 

»  Le  rouge  produit  une  fatigue  à  peu  près  égale  à  celle  du  blanc  de 
même  éclat. 

»  La  région  moyenne  du  spectre  (vert  de  Nagel)  produit  une  fatigue 
beaucoup  plus  faible  que  celle  du  blanc  de  même  éclat.  On  voit  même 
(figure  de  la  Note  précédente),  pour  cette  dernière  couleur,  avec  un  éclat 
égal  à  celui  d'un  papier  blanc  éclairé  par  25  lux  (Sulzer),  l'ondulation  de 
fatigue  disparaître  complètement,  alors  que  l'acuité  visuelle  donnée  à  l'œil 
est  déjà  très  bonne. 

»  Le  blanc  qui  nous  a  servi  de  comparaison  n'est  pas  celui  de  la  lumière 
solaire,  impossible  à  obtenir  assez  constante,  mais  celui  d'un  bec  Auer. 

»  Nous  nous  réservons  d'étudier  ultérieurement  les  diverses  sources 
usuelles  au  point  de  vue  qui  nous  occupe.  Nous  nous  contenterons  de 
dire  maintenant  en  conclusion  pratique  de  notre  étude  :  les  sources 
modernes  à  très  liaiiLe  température  comme  l'arc  électrique  ou  les  lampes  à 
incandescence  très  poussées,  sont  nuisibles  à  l'œil,  au  lieu  que  les  manchons 
à  incandescence,  dont  réjnission  est  surtout  dans  le  vert,  sont  au  contraire 
très  favorables  au  point  de  vue  de  V hygiène  oculaire.  On  devrait  toujours 
imprimer  sur  du  papier  teinté  de  rose,  ou  de  jaune. 

»  Qu'il  nous  soit  permis  maintenant  tle  tirer  de  tout  cela  encore  une 
conséquence  philosophique.  On  sait  depuis  Langley  que  la  radiation  qui,  à 
égalité  d'énergie,  donne  à  l'œil  la  meilleure  acuité  visuelle  est  le  jaune  vert. 
Ch.-Efl.  Guillaume  a  fait  remarquer  qu'elle  coïncide  à  peu  près  avec  le 


SÉANCE  DU  l4  DÉCEMBRE  IQoS.  Io49 

maximum  d'énergie  du  spectre  solaire,  et  que,  par  conséquent,  l'œil  avait 
évolué  de  manière  à  utiliser  le  mieux  possible  la  radiation  solaire.  Mais  le 
sens  lumineux  semblait  ne  pas  se  conformer  à  la  loi  de  l'évolution  :  le  bleu 
produit  une  même  notion  d'éclat  avec  une  énergie  beaucoup  plus  faible 
que  le  vert  ou  le  rouge.  Les  faits  actuels  nous  montrent  au  contraire  que  le 
bleu  se  conforme  à  la  loi  générale.  Ce  que  l'évolution  doit  réaliser,  en  effet, 
c'est  le  fonctionne  ment  le  plus  économique  des  organes,  et  la  grandeur  de 
l'énergie  extérieure  qui  le  produit  importe  peu;  ce  qui  importe,  c'est  l'éco- 
nomie en  énergie  phvsiologique,  et  celle-ci  est  certainement  d'autant  plus 
grande  que  la  fatigue  est  moindre.  Nous  |)onvons  donc  dire  : 

»  Les  radiations  moyennes  du  spectre,  pour  lesquelles  il  présente  son  maxi- 
mum d'énergie,  sont  celles  Dour  lesquelles  l'œil  humain  fonctionne  le  plus  éco- 
nomiquement. Il 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Emission  de  rayons  n  {rayons  de  Blondlot)  par 
l'organisme  humcdn,  spécialement  parles  muscles  et  parles  nerfs.  Note  de 
M.  AuG.  Charpentier,  présentée  j)ar  M.  d'Arsonval. 

«  En  répétant  à  mon  laboratoire,  et  dans  des  conditions  diverses,  quel- 
ques-unes des  expériences  qu'a  instituées  M.  Blondlot  sur  la  production  et 
les  effets  des  rayons  n,  et  dont  il  a  bien  voulu  me  rendre  témoin,  j'ai  eu 
l'occasion  d'observer  une  série  de  faits  nouveaux  qui  me  paraît  avoir  une 
certaine  importance  au  j)oint  de  vue  physiologique. 

»  On  sait  qu'une  manière  commode  d'observer  les  ravons  de  Blondlot 
est  de  les  recevoir  dans  l'obscurité  sur  une  substance  phosphorescente 
assez  peu  lumineuse  dont  ils  augmentent  l'éclat.  Il  faut  ensuite  naturelle- 
ment les  différencier  d'autres  agents  physiques  produisant  le  même  effet. 
On  peut  aussi  prendre  comme  objets  d'épreuve  des  substances  fluores- 
centes; ainsi  je  me  suis  servi  souvent  avec  avantage  de  platino-cyanure  de 
baryum  dont  je  réglais  l'intensité  lumineuse  à  l'aide  d'un  sel  de  radium 
recouvert  de  papier  noir  et  placé  à  une  distance  variable. 

))  Or  j'ai  reconnu  d'abord  que  le  petit  objet  phosphorescent  ou  fluores- 
cent augmentait  d'intensité  lumineuse  quand  on  l'approchait  du  corps.  En 
outre  cette  augmentation  est  plus  considérable  au  voisinage  d'un  muscle,  et 
d'autant  plus  grande  que  le  muscle  est  contracté  plus  fortement.  Il  en  est 
de  même  au  voisinage  d'un  nerf  ou  d'un  centre  nerveux,  où  l'effet  augmente 
avec  le  degré  de  fonctionnement  du  nerf  ou  du  centre.  On  peut  par  ce 


,o5o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

moyen,  et  quoique  l'observation  soit  assez  délicate,  reconnaître  la  présence 
d'un  nerf  superficiel  et  le  suivre  (nerf  médian,  nerf  cubital,  filets  divers 
voisins  de  la  peau). 

»  Ces  effets  ne  s'observent  pas  seulement  au  contact  de  la  peau,  ils  sont 
perçus  à  distance,  à  l'intensité  près.  Ils  sont  transmis  à  travers  les  sub- 
stances transparentes  pour  les  rayons  n  (aluminium,  papier,  verre,  etc.), 
et  arrêtés  par  l'interposition  de  substances  opaques  pour  les  mêmes  rayons, 
plomb  (incomplètement),  papier  mouillé.  Ils  ne  sont  pas  dus  à  une  aug- 
mentation de  température  au  voisinage  de  la  peau,  car  ils  persistent  quand 
on  interpose  plusieurs  lames  d'aluminium  ou  de  carton  séparées  par  des 
couches  d'air  et  formant  écran  calorifique. 

»  Ces  rayons  se  réfléchissent  et  se  réfractent  comme  les  rayons  n.  J'ai 
produit  des  foyers  réels,  manifestés  par  des  maxima  d'éclairement,  à  l'aide 
de  lentilles  de  verre  convergentes.  La  position  de  ces  foyers,  ou  maxima 
quoique  difficile  a  bien  délimiter,  m'a  permis  de  reconnaître  que  l'indice 
de  réfraction  des  rayons  émis  par  le  corps  était  tout  au  moins  de  l'ordre 
de  grandeur  de  celui  déterminé  par  M.  Blondlot  pour  les  rayons  n. 

»  J'ai  répété  les  mêmes  expériences  avec  succès  sur  une  lentille  plan- 
convexe  formée  par  de  l'eau  salée  à  8  pour  looo  contenue  dans  une  cupule 
d'aluminium. 

))  On  pourrait  se  demander  si  le  corps  humain  émet  réellement  ces 
rayons,  ou  s'il  ne  fait  que  les  emmagasiner  pendant  le  jour  ou  à  la  lumière, 
à  la  façon  des  corps  insolés  qu'étudie  M.  Blondlot.  Or  après  un  séjour  noc- 
turne de  9  heures  dans  une  complète  obscurité,  les  phénomènes  se 
montrent  les  mêmes,  et  plus  faciles  à  observer  encore  à  cause  de  l'adapta- 
tion plus  parfaite  de  l'œil. 

»  il  me  semble  donc  démontré  dès  maintenant  que  le  corps  humain 
émet  des  rayons  /î,  et  que  dans  l'organisme  ce  sont  les  tissus  dont  le  fonc- 
tionnement est  le  plus  intense  qui  les  émettent  en  plus  grande  quantité.  Il 
y  a  là  en  particulier  une  nouvelle  méthode  d'étude  pour  l'activité  muscu- 
laire et  nerveuse,  et  l'importance  de  ces  nouveaux  faits  est  capitale  en  ce 
qui  concerne  cette  dernière,  les  réactions  extérieures  du  système  nerveux 
étant  nulles  jusqu'à  présent,  puisqu'on  n'apprécie  ses  effets  que  secondai- 
rement par  la  contraction  musculaire  ou  par  la  sensation. 

))  Il  y  a  là  en  outre  la  base  de  nouvelles  méthodes  d'explorations  cliniques. 
•  On  peut  par  exemple,  avec  quelque  attention,  délimiter  l'aire  du  cœur, 
organe  en  activité  musculaire  presque  continuelle,  et  un  petit  objet  lumi- 
nescent promené  dans    la  région  cardiaque    au   voisinage   de  la  surface 


SÉANCE    DU    l4   DÉCEMBRE     igoS.  lo5l 

cutanée  manifeste  par  ses  changements  d'éclat  la  limite  et  la  surface  de 
projection  de  cet  organe.  Nous  reviendrons  prochainement  sur  la  délimi- 
tation extérieure  des  centres  nerveux,  et  d'autres  organes  encore  à  l'étude. 
»  Le  champ  de  cette  nouvelle  méthode  est  donc  très  vaste,  et  ces  con- 
séquences de  la  belle  découverte  de  M.  Blondlot  pourront  permettre  de 
nombreuses  études  dans  l'ordre  physiologique  et  médical.   » 


CHIMIE  MINÉRALE.   —  Action  du  mélange  oxygène  et  acide  chlorhydrique 
sur  quelques  métaux.  Note  de  M.  Camille  Matigxox. 

<(  Daus  une  Note  précédente  (')  j'ai  démontré  que  le  mélange  oxygène 
et  acide  chlorhydrique  attaquait  l'or,  le  platine,  le  tellure  à  des  tempéra- 
tures bien  inférieures  à  la  température  d'oxydation  du  gaz  chlorhydrique 
par  l'oxygène.  Des  expériences  nouvelles  m'ont  permis  de  généraliser  cette 
réaction;  tous  les  métaux  de  la  mine  du  platine  sont  chlorurés  par  ce 
mélange. 

»  Palladium.  —  Le  palladium  qui  se  rapproche  de  l'argent  est  attaqué  à  froid.  Une 
petite  lame  de  palladium  pesant  28,6,  abandonnée  au  contact  d'une  solution  chlorhy- 
drique concentrée  dans  un  flacon  plein  d'oxygène,  a  diminué  de  poids  régulièrement 
en  même  temps  que  la  solution  prenait  une  teinte  brune  de  plus  en  plus  foncée;  api^ès 
quelques  semaines,  oS,23  de  palladium  étaient  passés  en  solution.  La  solution,  qui  pré- 
sente tous  les  caractères  du  palladium,  a  permis  d'isoler  le  chlorure  palladeux  PdCP. 

»  Ruthénium.  —  Le  ruthénium  a  été  employé  seulement  sous  forme  de  mousse.  A 
la  température  ordinaire,  il  se  produit  une  attaque  manifeste,  mais  extrêmement  lente; 
on  peut  la  reconnaître  grâce  à  la  teinte  foncée  de  la  solution  chlorhydrique  de  chlo- 
rure qui  s'accentue  avec  le  temps.  Après  plusieurs  mois  de  contact,  on  peut  caractériser 
le  ruthénium  et  un  mélange  d'hyposulfite  de  soude  et  d'ammoniaque  qui  fournit  une 
coloration  pourpre. 

»  En  tube  scellé  à  I25°,  la  chloruration  est  complète  après  quelques  heures,  l'oxy- 
gène contenu  dans  le  tube  est  absorbé  en  totalité  et  la  solution  concentrée  abandonne 
des  cristaux  d'un  chlorhydrate  de  chlorure. 

»  Iridium.  —  L'iridium  fondu,  abandonné  à  l'air  au  contact  de  la  solution  chlor- 
hydrique, ne  colore  pas  cette  solution  à  moins  qu'il  ne  contienne  du  fer;  il  n'y  a 
donc  pas  d'attaque  à  froid.  Le  même  iridium  maintenu  en  présence  des  mêmes  réac- 
tifs dans  un  tube  scellé  pendant  6  à  8  heures  à  la  températur-e  de  i5o°  est  attaqué 
nettement,  la  liqueur  brunit;  une  dose  notable  d'oxygène  est  absorbée,  comme  on 
le  constate  à  l'ouverture.  Les  chlorures  d'ammonium,  de  potassium,  de  césium  préci- 


(^)  Matignon,  Comptes  rendus,  t.  GXXXIV,  p.  i497« 


Io52  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pilent  la  liqueur  en  donnant  les  chloroiridates  correspondants  dont  la  forme  et  sur- 
tout la  couleur  caractérisent  la  présence  de  l'iridium. 

»   L'iridium  mousse  s'attaque  plus  facilement  que  le  précédent. 

»  Rhodium.  —  Les  essais  ont  été  faits  avec  du  rhodium  en  grenailles.  Il  n'est  pas 
attaqué  à  froid,  mais  à  i5a°,  la  clilo  ru  ration,  quoique  lente,  devient  très  nette,  la 
solution  piend  alors  la  belle  teinte  rose  des  sels  de  rhodium  ;  à  aoo*'  la  dissolution  est 
plus  rapide  et  dans  le  même  temps  la  teinte  rose  se  fonce  davantage. 

»  Le  rhodium,  isolé  de  la  solution  puis  réduit  par  l'hydrogène,  est  dissous  dans  le 
bisulfate  de  potassium.  Le  produit  d'attaque  repris  par  l'eau  donne  une  solution  jaune 
que  l'acide  chlorhydrique  fait  virer  au  rouge. 

»  Dans  une  exjîérience  un  peu  prolongée  il  fui  possible  de  dissoudre  plus  de  \^^  de 
rhodium. 

))  Th.Wilm  (*)  avait  reconnu  que  le  rhodium  actif  précipité  de  ses  solutions  parle 
fer,  le  zinc,  se  dissolvait  facilement  dans  l'acide  chlorhydrique  au  contact  de  l'air. 

»  Osmium.  —  A  l'état  de  mousse,  il  passe  lentement  en  solution  à  la  température 
de  i5o°,  la  liqueur  prend  alors  une  teinte  jaune  vert  tout  à  fait  caractéristique  de  la 
présence  de  l'osmium. 

»  Le  mélange  oxygène  et  acide  chlorhydrique  constitue  donc  un  agent 
chlorurant  d'une  grande  généralité,  comme  le  faisaient  prévoir  des  consi- 
dérations théoriques  (-).  Il  forme  en  outre  un  excellent  réactif  pour 
déceler  la  présence  du  fer  dans  l'or,  i'ii^idium  et  le  rhodium  fondus.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  la  constitution  et  les  propriétés  des  aciers  au  silicium. 
Note  de  M.  Léon  Guillet,  présentée  par  M.  Ditte. 

«  De  nombreuses  recherches  ont  déjà  été  faites  sur  la  constitution  des 
ferrosiliciums  et  sur  l'influence  que  pouvait  avoir  le  silicium  sur  les 
propriétés  du  fer. 

»  Poursuivant  les  recherches  que  nous  avons  entreprises  sur  des  aciers 
spéciaux,  nous  avons  étudié  deux  séries  d'aciers  au  silicium,  tant  au  point 
de  vue  micrographique  qu'au  point  de  vue  mécanique. 

»  Micrographie.  —  Quel  que  soit  le  pourcentage  en  carbone  des  aciers, 
les  vues  micrographiques  sont  semblables  pour  une  même  dose  de  silicium. 

»  Elles  ne  diffèrent  que  par  la  plus  ou  moins  grande  quantité  de  perlite  ou  de 
graphite  : 

>)  De  o  à  5  pour  loo  de  silicium,  les  aciers  ont  même  structure  que  les  aciers  au 
carbone  ;  le  silicium  s'y  trouve  à  l'état  de  dissolution  dans  le  fer  ; 


(*)  Berichte,  t.  XIV,  p.  629. 

(^)  Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  p.  i^g-j. 


SÉANCE    DU    l/j   DÉCEMBRE    igoS.  lo53 

»  De  5  à  7  pour  loo,  on  voit  de  la  perlite  et  du  graphite  ;  le  graphite  est  entouré 
de  plages  blanches  plus  ou  moins  importantes,  dont  nous  n'avons  pu  défuiir  la  nature  ; 

»  De  7  à  j8  pour  loo,  on  ne  voit  que  des  plages  blanches,  souvent  bordées  de 
graphite  ;  parfois  on  distingue  autour  de  ce  graphite  quelques  éléments  brillants  ; 

»  De  II  à  3opour  loo,  on  trouve  des  cristaux  qui  se  développent  au  fur  et  à  mesure 
que  le  pourcentage  en  silicium  est  plus  élevé,  et  qui  sont  entourés  d'un  eutecliqiie, 

»  En  résumé,  nous  distinguons  dans  les  aciers  au  silicium  3  groupes 
principaux  : 

»  Premier  groupe.  —  Aciers  dont  tout  le  carbone  est  combiné  de 
o  à  5  pour  loo  de  silicium  ; 

»  Deuxième  groupe.  —  Aciers  dont  le  carbone  est  en  partie  à  l'état 
combiné,  en  partie  à  l'état  de  graphite,  de  5  à  7  pour  100  de  silicium  ; 

»  Troisième  groupe.  —  Aciers  dont  tout  le  carbone  est  à  l'état  de  graphite. 
Ce  sont  ceux  renfermant  plus  de  7  pour  100  de  silicium. 

»  Mais  ce  dernier  groupe  doit  être  subdivisé  : 

»  1°  Aciers  formés  par  une  solution  fer-silicium  et  contenant  des  quantités  très 
faibles  qui  se  présentent  sous  forme  de  grains  brillants,  lesquels  correspondent 
nettement  à  la  formule  Fe^Si;  ils  ont  pu  être  isolés  par  le  chlorure  de  cuivre 
ammoniacal. 

»  Ce  composé  est  toujours  en  petites  quantités,  o,  t  pour  100  au  maximum. 

»  2°  Aciers  renfermant  des  cristaux  très  nets  qui  ont  pu  être  isolés  par  la  méthode 
indiquée  par  MM.  Carnot  et  Goûtai  et  qui  correspondent  bien  à  la  formule  FeSi. 

»  Essais  mécaniques.  —  Les  aciers  à  0,200  de  carbone  et  renfermant 
moins  de  7  pour  100  de  silicium  sont  seuls  susceptibles  d'être  laminés; 
il  en  est  de  même  des  aciers  à  0,900  de  carbone  et  qui  contiennent  moins 
de  5  pour  100  de  silicium. 

»   Ces  aciers  seuls  ont  été  étudiés  au  point  de  vue  mécanique. 

»  Les  résultais  de  ces  recherches  peuvent  être  résumés  comme  il  suit  : 

»  La  charge  de  rupture  et  la  limite  élastique  sont  plus  élevées  dans 
les  aciers  au  silicium  que  dans  les  aciers  ordinaires  à  même  teneur  en 
carbone;  mais  elle  ne  croît  pas  sensiblement  avec  la  teneur  en  silicium. 
Leur  résistance  au  choc  (méthode  Frémont)  est  peu  élevée,  leur  dureté  est 
plus  grande  que  dans  les  aciers  au  carbone  ordinaires. 


Carbone. 

Silicium. 

R. 

0,208 

0,409 

60,2 

0,117 

I  ,600 

56,5 

0,277 

5, 120 

6j,7 

G.  R.,  1903,  2»  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  24.) 


Chiffre 

A 

Résistance 

de 

E. 

pour  100. 

v_ 

au 

choc. 

Brinell. 

45,3 

17 

57,2 

6  ■ 

l53 

45  ,  2 

16 

09,2 

8 

i59 

02,6 

0 

0 

0 

248 

\.yu,  N= 

■  24.) 

i3« 

Io54  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»   Les  résultats  obtenus  avec  le  dernier  de  ces  aciers  s'expliquent  par 
la  présence  du  graphite. 


Chiffre 

A 

Résistance 

de 

Carbone. 

Silicium. 

R. 

E. 

pour  100. 

\]_ 

au 

choc. 

Brinell. 

0,878 

0,433 

I  l5,2 

62,5 

5,5 

10,4 

2 

3o2 

o,835 

I ,  l56 

io3,9 

62,5 

4,5 

10,4 

4 

293 

0,968 

2,090 

io5,4 

76,8 

3 

0 

3 

277 

»  Influence  des  traitements.  Recuit.  —  Un  recuit  à  900",  peu  prolongé,  adoucit 
les  aciers  au  silicium;  quand  le  temps  est  suffisamment  long,  il  y  a  précipitation 
du  carbone  à  l'état  de  graphite;  l'acier  devient  très  fragile  et  ne  possède  aucun 
allongement. 

»  Trempe.  —  La  trempe  durcit  singulièrement  les  aciers  au  silicium  ;  l'acier  à  0^208  C 
et  à  0,409  Si,  nous  a  donné,  après  trempe  à  850"  dans  l'eau  à  +  15", 

R  =  83,8  —  E=:  5o,9,       A  pour  100  =  9,       2  =  28,5,       Résistance  au  choc  =  6''S'^. 

»  D'une  façon  générale,  la  résistance  au  choc  est  plus  élevée  après  trempe  qu'avant. 

»  Dans  les  aciers  à  haute  teneur  en  carbone,  elle  atteint  7''5™,  ce  qui  est  très  élevé 
pour  des  aciers  possédant  une  charge  de  rupture  de  i4o''^. 

»  Ceci  explique  pourquoi  les  aciers  au  silicium  sont  particulièrement  utilisés  pour 
la  confection  des  ressorts. 

))  En  résumé  :  L'étude  que  j'ai  faite  de  la  constitution  et  des  propriétés 
mécaniques  des  aciers  au  silicium  montre  que  : 

))  1°  Seuls  les  aciers  contenant  moins  de  5  pour  100  de  silicium  peuvent 
être  utilisés; 

»  2**  Ces  aciers  offrent  une  plus  grande  résistance  au  choc  après  trempe 
qu'avant;  cette  résistance  est  relativement  élevée  pour  les  aciers  à  haute 
teneur  en  carbone; 

»  3^  Certaines  anomalies  existent  entre  la  constitution  déjà  établie,  et 
que  nous  avons  retrouvée,  des  ferrosiliciums  industriels  et  des  aciers  au 
silicium,  notamment  en  ce  qui  est  de  l'existence  du  composé  Fe^Si; 

»  4°  Nos  recherches,  comme  celles  de  M.  Osmond,  semblent  prouver 
l'existence  de  deux  solutions  du  silicium  dans  le  fer;  l'une  serait  proba- 
blement la  solution  Fe  —  Si;  l'autre,  la  solution  Fe  —  Fe-Si.   » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Nouvelle  méthode  de  détermination  des  points  critiques 
des  fers  et  aciers.  Note  de  M.  O.  Boudouard,  présentée  par  M.  Troost. 

«  Au  cours  d'un  travail  présenté  à  Y  Iran  and  Steel  Institute  de  Londres, 
relatif  à  la  détermination  des  points  de  transformations  allotropiques  du 


SÉANCE   DU    l4   DÉCEiMBRE    igoS.  lo55 

fer  et  de  ses  alliages  par  la  mesure  des  variations  de  la  résistance  électrique 
en  fonction  de  la  température  (  '),  j'ai  signalé  l'importance  des  phénomènes 
de  thermoélectricité  qui  se  produisaient  dans  les  échantillons  des  métaux 
étudiés;  ces  phénomènes  étaient  dus  à  une  inégale  répartition  de  la  cha- 
leur dans  les  barreaux,  cette  inégalité  provenant  elle-même  du  mode  de 
chauffage  employé  et  des  phénomènes  thermiques  qui  se  produisent  dans 
les  barreaux  aux  points  critiques.  J'ai  également  montré  que  les  courbes 
construites  en  prenant  comme  abscisses  les  températures  du  métal  et 
comme  ordonnées  les  pouvoirs  thermoélectriques  accusaient  très  nette- 
ment les  points  de  transformations  allotropiques  de  chaque  métal. 

»  M.  Saladin  a  décrit  récemment  (-)  une  méthode  d'enregistrement 
photographique  des  points  critiques  des  aciers  dérivant  du  procédé 
Roberts-Austen  et  utilisant  les  phénomènes  calorifiques  qui  accompagnent 
les  transformations  moléculaires  des  métaux,  phénomènes  mis  en  évidence 
par  M.  Osmond.  Le  grand  avantage  du  dispositif  de  M.  Saladin  consiste  en 
ce  qu'il  opère  sur  une  plaque  sensible  fixe  :  on  obtient  des  clichés  exempts 
de  toute  erreur  personnelle  de  l'observateur  ;  de  plus,  si  l'on  emploie  un 
four  à  résistance  électrique  bien  connu,  une  longue  observation  qui  peut 
exiger  une  durée  de  8  heures  et  plus  ne  dérange  l'opérateur  que  trois  fois,- 
et  quelques  minutes  chaque  fois  :  pour  donner  le  courant,  pour  le  couper 
au  bout  d'un  temps  déterminé  une  fois  pour  toutes,  enfin  pour  retirer  la 
plaque  sensible  et  la  développer  au  bout  d'un  autre  temps  déterminé.  La 
méthode  instituée  par  M.  Saladin  permettant  d'étudier  et  d'enregistrer  tous 
les  phénomènes  susceptibles  d'être  représentés  par  une  fonciion  à  deux 
variables,  sous  la  condition  que  chacune  des  deux  variables  puisse  être 
représentée  par  la  rotation  proportionnelle  d'un  miroir,  j'ai  pensé  l'utiliser 
pour  l'enregistrement  photographique  des  courbes  de  thermoélectricité. 
Dans  ce  cas  particulier,  j'ai  pu  encore  simplifier  le  dispositif  expérimental 
décrit  dans  le  Mémoire  de  M.  Saladin. 

»  Description  de  V appareil.  —  La  méthode  de  M.  Saladin  nécessite  deux  couples 
thermoélectriques,  l'un  destiné  à  donner  les  températures  du  métal  étudié,  l'autre  les 
diflTérences  de  température  de  ce  métal  et  d'un  métal  de  comparaison  ne  subissant  pas 
de  transformations   aux.   températures   auxquelles   on   fait  les  essais  (platine,  acier  à 


{^)  Journal  of  the  Iron  and  Steel  Institute,  igoS  (I);  Bulletin  de  la  Société 
d'encouragement  pour  l' Industrie  nationale,  octobre  igoS. 

(-)  Réunion  des  membres  français  et  belges  de  l'Association  internationale  des 
méthodes  d'essais,  séance  du  28  février  1908. 


Io56  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

25  pour  loo  de  nickel).  Dans  la  mienne,  un  seul  couple,  celui  des  températures, 
suffit;  de  plus  il  est  inutile  d'employer  un  métal  de  comparaison.  Un  galvanomètre 
sensible  enregistre  la  difTérence  de  potentiel  d'origine  thermoélectrique  existant  entre 
les  deux  extrémités  de  l'échantillon  du  métal  chauffé. 

»  Chaque  barreau  de  métal  employé  mesure  lo™  de  longueur  et  a  un  diamètre  de 
i"^"";  il  est  percé  en  son  milieu  d'un  trou  de  5™™  de  diamètre  destiné  à  loger  le  couple 
thermoélectrique  devant  donner  la  température  du  barreau.  A  chacune  des  extrémités 
du  barreau,  on  fait  un  trait  de  scie  dans  lequel  on  mate  un  fil  de  platine  à  l'aide  d'un 
morceau  de  fil  de  fer;  les  deux  fils  de  platine  convenablement  isolés  sont  mis  en  com- 
munication avec  le  galvanomètre  sensible.  Le  tout  est  introduit  dans  un  tube  de  por- 
celaine analogue  à  celui  m'ayant  servi  pour  mes  recherches  sur  les  résistances 
électriques  et  chauffé  au  moyen  d'un  four  à  résistance  électrique  qui  permet  d'atteindre 
la  température  de  1200°  au  bout  d'une  heure  et  demie. 

»  Le  montage  de  l'appareil,  tel  qu'il  est  installé  au  Laboratoire  de  M.  le  professeur 
Le  Chalelier,  au  Collège  de  France,  comprend,  en  suivant  la  marche  des  rayons  lumi- 
neux, les  parties  suivantes  :  1°  source  lumineuse  projetant  directement  un  rayon 
lumineux  sur  le  miroir  du  galvanomètre  sensible;  2°  galvanomètre  sensible  avec  miroir 
renvoyant  le  rayon  sous  un  angle  quelconque  dans  un  plan  horizontal;  3"  prisme  à 
réflexion  totale  convenablement  disposé,  qui  rend  verticales  les  oscillations  horizon- 
tales du  rajon  ;  4°  galvanomètre  des  températures  avec  miroir  renvoyant  le  rayon  sous 
un  angle  quelconque  dans  le  plan  horizontal;  5°  lentille  biconvexe  permettant  la  mise 
au  point;  6°  écran  en  verre  dépoli  pour  suivre  à  l'œil  le  phénomène,  ou  plaque  photo- 
graphique pour  l'enregistrer. 

»  Comme  source  lumineuse,  j'utilise  un  trou  très  petit  percé  dans  une  fenêtre  de 
clinquant  et  éclairé  par  un  bec  Auer.  Le  galvanomètre  sensible  est  du  type  Desprez- 
d'Arsonval  avec  aimants  horizontaux;  le  galvanomètre  des  températures  est  un  galva- 
nomètre Le  Chatelier  qui  donne  une  déviation  de  i4'"'"  à  i4™™,5  par  100^  entre  44^° 
et  loSS".  Les  miroirs  sont  plans  et  platinés.  La  chambre  noire  nécessaire  au  fonction- 
nement de  tout  l'appareil  mesure  environ  i™,5o  de  longueur  sur  o'",5o  de  largeur; 
elle  est  installée  sur  une  paillasse  de  laboratoire  surmontée  d'une  hotte,  à  l'abri  des 
trépidations  du  sol. 

»  Dans  chaque  expérience,  la  durée  du  chauffage  est  de  i  heure  i5  minutes,  et  celle 
du  refroidissement  est  au  moins  de  6  heures.  Chaque  fois,  on  a  soin  de  tracer  au  préa- 
lable les  axes  des  coordonnées  sur  la  plaque  sensible,  eu  faisant  osciller  d'une  pelite 
quantité  chacun  des  deux  galvanomètres;  cela  se  fait  aisément  en  y  lançant  successi- 
vement le  courant  développé  dans  la  soudure  d'un  couple  thermoélectrique  auxiliaire 
plongé  dans  la  vapeur  d'eau  bouillante.  L'échelle  des  températures  est  facilement  dé- 
terminée; pour  le  point  de  fusion  de  l'or,  on  emploie  l'artifice  indiqué  par  M.  Saladin. 

»  Dans  une  prochaine  Note,  je  donnerai  les  résultats  auxquels  je  suis 
arrivé  en  étudiant  les  aciers  au  nickel.   » 


SÉANCE   DU    l4   DÉCEMBRE    I9o3.  1037 


CHIMIE   MINÉRALE.    -    Sur  les  fers  météoriques. 
Note  de  MM.  F.  Osaioxd  et  G.  Cartaud,  présentée  pnr  M.  Moissan. 

«  Il  nous  a  paru  intéressant  d'appliquer  aux  fers  météoriques  les  pro- 
cédés d'investigation  actuellement  usités  pour  l'analvse  micrographique 
des  fers  et  des  aciers  terrestres. 

»  Nous  avons  eu  à  notre  disposition  deux  échantillons  de  fers  octaé- 
driqiies.  M.  Stanislas  Meunier  a  bien  voulu  nous  prêter  une  plaquette  du 
fer  de  Caille  etM.  Paul  Regnard  une  rognure  provenant  du  découpage  à  la 
scie,  hit  dans  ses  ateliers,- d'une  météorite  rapportée  par  M.  Ward  de  la 
région  de  Tombouctou. 

»  On  sait  que  les  fers  octaédriques  se  composent  de  trois  constituants 
structuraux  :  la  kamacite,  la  plessite  et  la  tîenite. 

»  La  kamacite  de  Caille  se  résout  en  grains  diversement  orientés,  ce  qui  peut  faire 
soupçonner  un  recuit  antérieur  de  la  plaquette.  La  kamacite  de  Tombouctou,  vierge 
de  traitement  thermique,  est  du  type  classique,  avec  nombreuses  lignes  de  Neumann. 
La  distribution  de  ces  lignes  sur  une  face  taillée  perpendiculairement  à  un  axe  qua- 
ternaire semble  justifier  les  conclusions  de  Linck  et  montrer  que  les'fers  octaédriques 
sont  bien  des  assemblages  poljsynthétiques  de  cinq  cubes  maclés  suivant  la  loi  de  la 
fluorine  (1).  Mais  nous  ne  pouvons  rien  affirmer,  l'échantillon  ayant  subi  une  défor- 
mation notable. 

»  La  ptesstie  est  dans  tous  les  cas  un  mélange  de  kamacite  et  de  tœnite,  ce 
qui  confirme  d'autres  observations  antérieures  C^).  Il  en  est  de  deux  types,  d'ailleurs 
connus  :  l'un  reproduit,  à  petite  échelle,  la  disposition  générale  de  la  météorite;  l'autre 
montre  une  division  en  grains  de  la  kamacite,  la  tœnite  se  rassemblant  dans  les  joints 
des  grains.  Cette  seconde  disposition  se  produit  quand  un  îlot  de  plessite  est  bordé 
de  bandes  de  kamacite  appartenant  à  des  individus  cristallins  différents;  les  grains  de 
kamacite  à  l'intérieur  de  la  plessite  dépendent  tantôt  de  l'un,  tantôt  de  l'autre  de  ces 
individus  adjacents. 

»  La  tœmte  n'est  homogène  que  sur  les  plus  minces  lamelles.  Dès  qu'elle  acquiert 
quelque  épaisseur,  l'intérieur  des  lamelles  passe  progressivement  à  la  kamacite,  comme 
Tschermack  l'avait  observé  sur  Ilimaë  (^).  Le  fait  est  donc  usuel  :  il  se  rattache  vrai- 
semblablement à  l'existence  de  ces  bandes  de  passage,  que  l'attaque  par  les  sels  cui- 
vriques  ou  mercuriques  a  révélées  à  Daubrée  et  à  M.  Stanislas  Meunier  (*)  et,  en  tous 


(*)  Apud CoEEN,  Meteoritenkunde,  p.  80. 
(^)  Ibicl.,  p.  104-108. 
(^)  Ibicl.,  p.  loi. 


{')  Stan.  Meunier,  Comptes  rendus,  t.  LXIV,  p.  685  et  Météorites  iEacvclopédie 
"emy,  t.  II,  Appendice,  2^  Cahier). 


Frém 


io58 


ACADEMIE    DES   SCIENCES. 


cas,  il  explique  les  divergences  considérables  (de  i3  à  34  pour  loo  de  nickel)  relevées 
entre  les  différentes  analyses  de  ttenites  (').  Ces  divergences  étaient  inévitables, 
puisque  les  analyses,  souvent  au  moins,  ont  été  faites  sur  des  mélanges. 

»  Prenons  {fig-  i)  les  courbes  de  transformation  magnétique  des  alliages  de  fer  et 
de  nickel  pendant  le  refroidissement.  Les  ordonnées  sont  les  températures  et  les 
abscisses  les  compositions  centésimales.  On  a  supposé,  pour  plus  de  simplicité,  que 
les  deux  transformations  du  fer  coïncidaient  dans  tous  les  cas,  ce  qui  n'est  pas  exact 
pour  les  alliages  au-dessous  de  lo  pour  loo  environ.  Les  lignes  pleines  ABCD  repré- 


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Fig.    2. 


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JSfickeL  j}.  cent 


sentent  le  début  des  transformations  et  sont  connues  assez  exactement  par  les  expé- 
riences de  Hopkinson,  de  MM.  Le  Chatelier,  Guillaume,  Dumont,  Dumas,  Guillet  et 
de  l'un  de  nous.  Les  lignes  pointillées  AE,  FG,  CD  représentent  la  fin  des  transfor- 
mations :  les  expériences  citées  fournissent  des  renseignements  qui  permettent  de  les 
tracer  dans  leur  allure  générale.  Les  lignes  EF,  EE',  FF'  sont  hypothétiques. 

»  Tel  quel,  ce  diagramme  nous  avait  été  dessiné,  dès  le  mois  d'octobre  1900,  par 
Bakhuis  Roozeboom,  dans  une  communication  privée,  comme  la  conséquence  la  plus 
probable  des  faits  alors  connus,  cela  sous  toutes  réserves.  Et  tout  ce  que  l'on  a  trouvé 
depuis  n'a  fait  que  confirmer  ces  sagaces  prévisions. 

»  D'après  ce  diagramme,  les  alliages  dont  la  teneur  en  nickel  est  infé- 
rieure à  OE  pour  100  sont  une  solution  solide  non  saturée  de  nickel  dans 
le  fer,  solution  homogène  du  type  cristallin  du  fer  oc  :  elle  correspond  aux 
fers  météoriques  dits  cubiques,  formés  de  kamacite  pauvre  en  nickel. 


(')  ^/>«û?  Cohen,  Meteoritenkunde,  p.  ici. 


SÉANCE    DU    l4   DÉCEMBRE    igoS.  loSg 

»  Les  alliages  dont  la  teneur  en  nickel  est  supérieure  à  OF  pour  loo 
sont  une  solution  homogène  non  saturée  de  fer  dans  le  nickel,  du  type 
cristallin  du  nickel  a.  Les  météorites  de  cette  composition  sont  très  rares 
et  leur  origine  est  mise  en  doute. 

»  Les  alliages  dont  la  teneur  en  nickel  est  comprise  entre  OEet  OF  sont 
des  mélanges  de  deux  solutions  solides  saturées  contenant  respectivement 
OE  et  OF  pour  loo  de  nickel. 

»  La  solution  à  OE  pour  loo  est  la  kamacite,  la  solution  à  OF  pour  loo 
est  la  ttenite.  Cette  classe  comprend  tous  les  fers  météoriques  octaédriques. 

»  En  d'autres  termes,  les  fers  météoriques,  soit  qu'ils  aient  passé  par 
l'état  liquide,  soit  qu'ils  aient  été  formés,  comme  le  pense  M.  Stanislas 
Meunier,  par  réduction  de  chlorures  (les  deux  origines  sont  d'ailleurs 
également  vraisemblables),  ont  été,  au-dessus  des  lignes  ABCD,  des  solu- 
tions solides  homogènes  de  fer  y  et  de  nickel  [3.  Au  refroidissement,  celte 
solution  a  laissé  déposer,  selon  sa  teneur,  de  la  kamacite  suivant  AB,  ou 
de  la  tœnite  suivant  BCD,  de  la  kamacite  et  de  la  taenite  simultanément 
suivant  EF.  La  plessite  est  l'eutectique  kamacite-taenite. 

»  Maintenant,  la  figure  i  est  tracée  d'après  les  alliages  terrestres.  Les 
transformations  y  subissent  des  retards  considérables  dans  la  série  dite 
irréversible.  Pour  un  refroidissement  infiniment  lent,  comme  a  dû  l'être 
celui  de  planètes,  le  diagramme  de  refroidissement  doit  plutôt  coïncider 
avec  celui  que  nous  obtenons  au  chauffage  (/%'.  2).  La  théorie  reste  d'ail- 
leurs la  même,  et  l'on  explique  ainsi  que  la  liquation  ait  pu  se  faire,  à 
une  température  relativement  élevée,  dans  les  météorites,  alors  qu'elle  est 
impossible  dans  nos  alliages  quand  le  commencement  des  transformations 
est  abaissé  au  voisinage  de  la  température  ordinaire. 

»  Les  fers  météoriques  représentent,  par  suite  de  la  lenteur  extrême  du 
refroidissement,  l'état  d'équilibre  normal  des  alliages  de  fer  et  de  nickel. 
Tous  nos  alliages  terrestres  correspondants  sont  métastables.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  la  préparation  du  sesquiséléniure  d'iridium.  Note 
de  MM.  C.  Chabrié  et  A.  Bouchonnet,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Parmi  les  quatre  combinaisons  du  soufre  et  de  l'iridium  qui  ont  été 
décrites,  une  seule  paraît  avoir  une  existence  indiscutable,  c'est  le  sesqui- 
sulfure  d'iridium.  On  sait,  en  effet,  que  Berzelius  et  Bôttger  n'étaient  pas 
d'accord  sur   les  propriétés  du  composé  qu'ils  ont  décrit  comme  étant  le 


Io6o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

protosulfure,  que  le  bisulfure  n'est  pas  mieux  défini,  et  que  le  trisulfure 
de  Berzelius  semble  bien  être  un  dérivé  du  ruthénium  et  non  de  l'iridium. 

»  Il  était  donc  raisonnable,  dans  l'étude  des  combinaisons  séléuiées,  de 
chercher  à  obtenir  d'abord  le  séléiiiure  correspondant  au  sesquisulfure. 

»  Comme  ce  sulfure  a  été  préparé  par  l'action  de  l'hydrogène  sulfuré 
réagissant  à  chaud  sur  une  solution  de  sesquichlorure  d'iridium,  nous  avons 
fait  passer  un  courant  d'hydrogène  sélénié  dans  une  semblable  solution  en 
chauffant  légèrement. 

»  L'hydrogène  sélénié  a  été  obtenu  en  préparant  d'abord  du  séléniure  de  fer  par 
combinaison  directe  du  sélénium  et  du  fer  en  limaille,  puis  en  attaquant  ce  protosé- 
léniure  de  fer  par  l'acide  chlorhydrique  en  ayant  soin  de  laver  le  gaz  dans  de  l'eau 
avant  de  le  diriger  dans  la  solution  du  sel  d'iridium.  Nous  avons  obtenu  de  celte  ma- 
nière un  précipité  noir  qui  a  été  recueilli  par  filtration,  lavé  à  l'eau  chargée  d'hydro- 
gène sélénié  et  séché  dans  le  vide. 

»  La  poudre  sèche  est  noire,  brillante,  et  ne  semble  pas  cristallisée.  On  ne  peut, 
d'ailleurs,  pas  constater  son  action  sur  la  lumière  polarisée,  parce  qu'elle  est  absolu- 
ment opaque. 

»  Comme  Tacide  azotique  ordinaire  ne  l'altère  ni  à  froid  ni  à  chaud,  on  peut  la  laver 
avec  ce  réactif  afin  d'être  assuré  que  le  produit  ne  contient  pas  de  sélénium  libre. 

»  L'acide  azotique  fumantréagit  un  peu  si  l'on  fait  l'opération  à  200°  en  tube  scellé; 
la  liqueur  prend  une  couleur  verdàtre. 

»  Le  mébinge  d'azotate,  de  chlorate  et  de  carbonate  de  potassium  au  rouge  n'attaque 
qu'incomplètement  le  séléniure  d'iridium. 

»  C'est  l'eau  régale  qui  parvient  le  mieux  à  le  dissoudre  à  chaud  après  un  temps 
fort  long  et  lorsque  les  acides  azotique  et  chlorhydrique  sont  en  proportions  égales. 

»  Pour  analyser  le  produit,  on  le  chaufi'e  pendant  6  à  7  heures  avec  un  poids  d'eau 
régale  100  fois  supérieur  au  sien  (20S  de  réactif  pour  os,  200  de  séléniure)  et  l'on 
renouvelle  l'eau  dissolvante  à  mesure  que  son  volume  diminue  jusqu'à  complète  disso- 
lution, puis  on  ajoute  de  l'acide  chlorhydrique  en  excès. 

»  On  laisse  refroidir,  on  ajoute  de  l'eau  et  un  fort  excès  d'acide  chlorhydrique  et  Ton 
dose  le  sélénium  par  la  réduction  de  l'acide  sélénieux  au  moyen  du  gaz  sulfureux 
(procédé  Berthier).  Il  faut  que  le  gaz  sulfureux  passe  pendant  une  journée  entière 
dans  la  solution  à  la  température  du  bain-marie.  On  recueille  le  sélénium  qui  est  pesé 
par  la  méthode  des  filtres  tarés. 

»  Si,  à  la  liqueur  dans  laquelle  le  sélénium  s'est  précipité,  on  ajoute  du  bisulfite  de 
soude  afin  de  la  rendre  moins  acide,  et  que  l'on  continue  à  faire  passer  le  gaz  sulfu- 
reux, l'iridium  se  précipite  à  son  tour  en  poudre  noire.  11  n'y  a  pas  moyen  de  se 
tromper  et  de  ne  pas  saisir  le  moment  où,  tout  le  sélénium  s'étant  précipité,  l'iridium 
n'a  pas  encore  été  mis  en  liberté.  Le  sélénium,  au  moment  où  il  se  précipite,  est 
rouge  (variété  y),  puis  il  se  concrète  en  une  masse  noire  qui  se  rassemble  au  fond  de 
la  liqueur  claire,  tandis  que  l'iridium  se  précipite   tout  de  suite  en  une  poudre  noire. 

»  D'ailleurs,  l'iridium  ne  se  précipite  pas  tant  que  la  liqueur  est  fortement  chlorhy- 
drique. Enfin,  nous  nous  sommes  assurés  que  le  premier  précipité  oxydé  ne  donnait 


SÉANCE    DU    l4    DÉCEMBRE    Tgo^.  Io6l 

pas  de  résidu  fixe  à  la  calcinalion  et  que  le  second  était  entièrement  inattaquable  par 
l'acide  nitrique. 

»  Les  cliifFres  des  analyses  concordent  bien  avec  la  formule  Ir'Se''  qui  corres- 
pond au  sesquiséléniure. 

»  Nous  avons  pensé  réussir  à  obtenir  ce  produit  sous  la  forme  cristallisée 
en  chauffant  ses  éléments  constituants  dans  un  tube  scellé  de  verre  de 
Bohême  maintenu  résistant  à  la  température  du  rouge,  pendant  8  heures, 
au  moyen  d'un  garnissage  en  sable  interposé  entre  le  tube  de  verre  et  la 
gaine  de  fer  qui  le  contenait  et  qui  subissait  directement  l'action  de  la 
chaleur. 

»  C'est  la  disposition  qui  a  été  imaginée  autrefois  par  Frledel  dans  son  travail  sur 
les  thiohypophosphites  {^)  et  qui  a  été  aussi  employée,  par  lui  et  par  l'un  de  nous,  pour 
obtenir  les  sélénioliypophosphites  cristallisés  ("-). 

»  Dans  le  cas  actuel,  le  résultat  a  été  fort  médiocre.  En  mettant,  dans  une  expérience, 
les  éléments  en  proportions  théoriques,  et,  dans  une  autre,  un  excès  de  sélénium  qu  on 
enlevait  ensuite,  avec  de  l'acide  nitrique,  nous  avons  obtenu  une  masse  noire  confu- 
sément cristalline  qui  se  diflerenciait  surtout  du  produit  précédemment  décrit,  préparé 
par  voie  humide,  par  une  résistance  beaucoup  plus  grande  encore  aux  réactifs. 

»  Ainsi,  ni  l'eau  régale,  ni  l'eau  de  brome,  ni  le  mélange  des  nitrates  et  chlorates 
alcalins  n'ont  eu  d'action.  Nous  l'avons  fondu  à  haute  température  avec  le  fluorure  de 
plomb  sans  provoquer  de  double  décomposition. 

))  Le  sesquiséléniure  d'iridium  doit  donc  être  préparé  par  voie  humide 
comme  le  sesquisulfure,  et  il  est  amorphe  comme  lui.    » 


CHIMIE.  —  Sur  les  acétates  alcalino-terreux.  Note  de  M.  Albert  Colso\, 
présentée  par  M.  G.  Lemoine. 

«  Le  chlore,  agissant  à  froid  sur  l'acétate  de  plomb  en  solution  acétique, 
fait  apparaître  la  tétravalence de  ce  métal;  tandis  qu'au  contactde  l'acétate 
de  baryte,  il  ne  modifie  pas  la  bivalence  du  baryum  et  le  transforme  prin- 
cipalement en  acétochlorure  BaCl.C-H-^O-  cristallisé  avec  i'"^^  d'acide 
acétique  (^). 

»   A  la  suite  de  cette  constatation,  j'ai  cherché  à  produire  par  le  même 


(')  Ch.  Friedel,  Comptes  rendus,  t.  CXIX,  1894,  p.  160. 

(^)  Ch.  Friedel  et  C.  Coabrié,  Bull.  Soc.  chim.,  t.  XIII,  1890,  p.  i63. 

(^)  Comptes  rendus,  t.  CXXXVII,  octobre  1900,  p.  660. 

C.  R.,  1903,   i'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  24.)  1^9 


Jo62  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

procédé  les  acétochlorures  de  magnésium  et  de  calcium.  Dans  ce  but,  j'ai 
préparé  les  acétates  de  ces  métaux,  exempts  d'eau,  en  usant  de  l'artifice 
dont  je  m'étais  servi  à  l'endroit  du  plomb  et  de  la  baryte,  c'est-à-dire  en 
ajoutant  à  l'acide  acétique  une  quantité  suffisante  d'anhydride.  L'attaque  de 
la  magnésie  par  ce  mélange  fournit  l'acétate  Mg  (G-  H^  O')"  +  i ,  5  G-  H''  O' , 
identique  au  sel  que  l'on  obtient  en  dissolvant  le  magnésium  métallique 
dans  l'acide  acétique  glacial. 

»  L'attaque  de  la  chaux  en  morceaux  par  l'acide  acétique,  additionné  d'anhydride, 
est  lente  :  on  constate  à  la  longue  un  foisonnement  qui  quintuple  le  volume  initial 
de  la  chaux  et  donne  une  masse  volumineuse  amorphe  qui,  filtrée,  fortement  comprimée 
et  séchée  dans  le  vide,  répond  à  la  constitution  : 

Ca(C2H30^)-+C2H*02 

quelle  que  soit  la  nature  de  la  chaux. 

»  Si  l'on  agit  sur  une  petite  quantité  de  chaux,  oS'',75  pour  loo?''  d'acide  dissolvant, 
surtout  par  ébullitions  suivies  de  refroidissements,  on  obtient  des  cristaux  durs, 
grenus,  transparents,  ayant  pour  composition,  eux  aussi,  Ca(C-H^O^)^  +  C-H^O'. 

»  Cet  acétate  paraît  donc  exister  sous  divers  états  physiques,  et  la  molécule  d'acide 
acétique  qui  s'ajoute  constamment  au  sel  normal  Ca(G^H^O^)-  n'est  pas  nécessaire- 
ment caractéristique  de  la  cristallisation  du  composé;  c'est  le  point  sur  lequel  j'insiste. 

»  La  lenteur  de  l'attaque  de  la  chaux  par  l'acide  acétique  pur,  et  l'inaction  complète 
du  même  acide  sur  le  marbre,  m'ont  conduit  à  étudier  la  solubilité  de  la  chaux  cris- 
tallisée, obtenue  au  four  électrique,  dans  les  liquides  acétiques. 

»  Dans  l'acide  acétique  pur  en  grand  excès,  la  chaux  cristallisée  perd  assez  rapide- 
ment sa  transparence;  elle  foisonne  sans  grand  échaulFement  au  point  d'occuper,  au 
bout  d'une  demi-heure,  5  à  6  fois  le  volume  initial  :  le  sel  formé  possède  la  constitu- 
tion ci-dessus  indiquée,  et  semble  se  transformer  en  cristaux  par  un  contact  de  plu- 
sieurs semaines  avec  un  excès  d'acide  acétique. 

»  L'anhydride  acétique  me  paraissait  devoir  réagir  sur  la  chaux  cristallisée  plus 
énergiquement  que  l'acide  acétique  cristallisable  à  cause  du  dégagement  de  chaleur 
considérable  qui  résulte  de  l'union  directe  des  deux  corps. 

»  L'expérience  prouve  au  contraire  qu'il  n'y  a  aucune  action  si  l'on  opère  dans  des 
tubes  bien  secs  et  scellés  à  la  lam2:)e  pour  éviter  Thumidité  atmosphérique.  Même 
à  la  température  de  187°  après  10  minutes  d'ébullition,  la  chaux  reste  transparente  et 
ne  varie  pas  de  poids.  Toutefois,  si  Ton  ajoute  de  l'acide  acétique  au  mélange  de  chaux 
et  d'anhydride,  l'attaque  se  fait  à  froid  et  avec  Tallure  de  l'attaque  par  l'acide  acétique 
pur.  Cette  sorte  de  catalyse  tient  peut-être  à  ce  que  l'acide  acétique  se  renouvelle 
constamment  dans  cette  réaction 

CaO  4- C*HeO^+2(C2H'^0^)^-Ca(C2 11302)2+ C^H«0%H20, 

l'hydrate  C*H60%H20  formant  aussitôt  -.C^H^O^. 

»  Ajoutons  que  la  chaux  de  marbre  obtenue  à  1000°  durcit  dans  l'anhydride  acé- 
tique par  suite  d'une  transformation  superficielle  en  acétate. 


SÉANCE    DU    l/j    DÉCEMBRE    IQoS.  Io63 

))  Action  du  chlore.  —  loo^  d'acide  acétique  dissolvent  6^  à  7^  d'acétate 
calcique  vers  loo*'  et  deux  fois  moins  vers  20*^.  Le  même  poids  d'acide 
dissout  environ  lo^  d'acétate  magnésien  à  i5°.  Si  l'on  sature  de  chlore  sec 
l'une  ou  l'autre  de  ces  solutions,  il  se  dépose  des  corps  solides  qui  ont 
l'aspect  et  la  composition  des  acétates  mis  en  solution.  Il  semble  donc  que 
le  chlore  n'a  pas  réagi.  Cependant,  en  évaporant  dans  le  vide  une  solution 
magnésienne  saturée  de  chlore  depuis  2  jours,  j'ai  constaté  que  le  résidu 
solide  renfermait  du  chlore  précipitable  par  l'azotate  d'argent,  mais  dont 
la  proportion  ramenée  à  MgCl"  correspond  à  peine  à  2  pour  100  du  ma- 
gnésium initialement  dissous. 

»  Toutefois,  si  l'on  ajoute  i  à  2  pour  100  d'eau  aux  solutions  acétiques 
de  mae^nésium  ou  de  calcium,  saturées  de  chlore,  elles  prennent  la  teinte 
jaune  des  composés  oxygénés  du  chlore,  et  il  sort  de  la  solution  magné- 
sienne plus  concentrée,  des  mélanges  d'acétate  et  de  chlorure  de  magné- 
sium hydratés  en  proportions  variables.  Dans  certaines  expériences,  j'ai 
même  isolé  d'assez  gros  cristaux  déliquescents  de  chlorure  de  magnésium 
hexa-hydraté  MgGP,6H^O.  L'eau  facilite  donc  l'action  du  chlore  sur  les 
dissolutions  acétiques  de  magnésium  ;  le  métal  est  partiellement  transformé 
en  chlorure,  mais  dans  aucun  des  cas  précités  je  n'ai  obtenu  d' acétochlorure 
de  calcium  ou  de  magnésium.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  des  acides  bromosuccinique  et  bibromosucci- 
nique  sur  les  bases  pyridiques  et  quinoléiques .  Note  de  M.  Louis  Dubreuil, 
présentée  par  M.  Haller. 

«  Dans  une  Communication  antérieure  (^Comptes  rendus,  t.  XXXII, 
p.  4 18),  M.  Simon  et  moi  avons  brièvement  indiqué  la  formation  d'acide 
fumarique  dans  l'action  de  la  pyridine  et  la  quinoléine  sur  l'acide  mono- 
bromosuccinique  en  solution  alcoolique.  J'ai  entrepris  de  préciser  l'étude 
de  cette  réaction  et  de  la  généraliser  dans  différentes  directions.  Ce  sont  les 
premiers  résultats  obtenus  qui  font  l'objet  de  la  présente  Communication  : 
ils  portent  sur  l'action  des  acides  bromosuccinique  et  bibromosuccinique  sur 
la  pyridine,  la  quinoléine  et  la  quinaldine  successivement  en  solution 
aqueuse  et  en  solution  alcoolique. 

»  Acide  bromosuccinique.  ~  Cette  action  consiste  le  plus  souvent  dans 
l'enlèvement  d'une  molécule  d'acide  bromhydrique  : 

CO^H— CHBr-CH2  — GO^H     ->    CO^H  —  CH  =  CH  —  CO^H. 


loG/J  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  En  solution  alcoolique  il  y  a  pour  les  trois  bases  étudiées  formation  du 
fumarate  correspondant  :  fumara te  monopyridique,  monoquinoléique,  diqui- 
naldique,  avec  un  rendement  quantitatif. 

»  Ces  sels,  en  cristaux  aciculaires  blancs,  fondent  respectivement  à  198°,  i53°etio4°. 
Leur  analyse  complète  a  été  effectuée,  et  Ton  a  isolé  leur  acide  qui  a  été  caractérisé 
comme  acide  fumarique  par  l'examen  de  ses  propriétés  et  l'analyse  de  son  sel  d'argent. 

»  Les  choses  ne  se  passent  plus  de  même  en  liqueur  aqueuse.  Dans  ces 
conditions  la  pyridine  seule  se  comporte  comme  précédemment  et  donne 
le  même  fumarate  ;  la  quinoléine  transforme  Tacide  brome  en  oxyacide  et 
Ton  obtient  le  malate  monoquinoléique  :  quant  à  la  quinaldine,  elle  se 
combine  simplement  à  l'acide  pour  donner  le  bromosuccinate  diqui- 
naldique. 

»  Tous  ces  sels,  bien  cristallisés,  ont  été  analysés  complètement.  Le  malate  mono- 
quinoléique fond  à  i5i°  :  l'acide  malique  qu'on  en  extrait  est  inactif;  le  bromosucci- 
nate diquinaldique,  extrêmement  soluble  dans  l'eau,  est  très  altérable  :  par  simple 
dissolution  dans  l'alcool  chaud  il  est  transformé  en  un  mélange  de  fumarate  et  de  brom- 
hydrate  de  quinaldine.  U  fond  à  67°. 

»  Acide  bibromosuccinique ,  —  H  y  a  également  lieu  ici  de  distinguer 
suivant  la  nature  du  solvant  employé. 

»  En  solution  alcoolique,  l'acide  n'est  pas  altéré  :  on  recueille  les  bibro- 
mosuccinates  monopyridique,  diquinoléique  et  monoquinaldique  :  la  seule 
différence  porte  donc  sur  le  nombre  des  molécules  de  base  combinées  à 
l'acide,  et  ceci  est  indépendant  des  proportions  relatives  de  la  base  et  de 
l'acide.  L'on  a  toujours  obtenu  les  mêmes  sels  en  faisant  varier  la  propor- 
tion de  base  de  1"^°'  à  4™"'  pour  i  d'acide. 

»  Tous  ces  sels  sont  bien  cristallisés  :  on  a  fait  leur  analyse  complète  et  isolé 
leur  acide  :  ils  fondent  respectivement,  le  sel  monopyridique  à  107°,  le  sel  diquino- 
léique à  108°  et  le  monoquinaldique  à  i33°. 

»  En  solution  aqueuse,  il  y  a,  au  contraire,  enlèvement  d'acide  bromhy- 
drique 

(I)  CO^H  -  CHBr  -  CHBr  -  GO-H^GO-H  -  GBr  =  GH  -  GO^H, 

(II)  GO=^H~-GBr     =  GH       -  GO-H-^GO^H  -  G      =G     -CO-H. 

»  Dans  le  cas  de  la  pyridine  et  de  la  quinoléine,  les  2''*  de  brome  sont 
ainsi  éliminés  :  il  y  a  création  d'une  liaison  acétylénique  (IT),  et  l'on  peut 
isoler  les  acétylènes  dicarbonates,  monopyridique  et  monoquinoléique.  En 
outre,  au  moins  dans  le  cas  de  la  pyridine,  on  peut  isoler  le  terme  inter- 
médiaire (ï)  de  la  débromuration,  le  bromofumarate  monopyridique. 


SÉANCE    DU    l4    DÉCEMBRE    iQoS.  Io6,^ 

»  Pour  la  quinaldine,  la  débromuralion  est  incomplète  (  1)  et  l'on  n'a 
pu  obtenir  que  le  bromomaléate  monoquinaldique  sans  constater  la  for- 
mation d'acétylène  dicarbonate. 

»  L'acétylène  dicarbonate  monopyridique  se  décompose  à  210°,  ainsi  que  l'acétylène 
dicarbonate  monoquinoléique  :  le  bromofumarate  monopyridique  se  décompose  à  200° 
et  le  bromomaléate  monoquinaldique  fond  à  i3o°.  Tous  ces  sels  cristallisent  bien  :  on 
les  a  analysés  complètement  et  l'on  a  extrait  leurs  acides  qui  ont  été  caractérisés  par 
leurs  propriétés. 

»  En  résumé,  l'action  des  bases  pyridiqnes  et  quinoléiqnes  sur  les 
dérivés  bromes  de  l'acide  succinique  varie  avec  la  nature  de  la  base  et  celle 
du  solvant  :  elle  conduit,  suivant  le  cas,  aux  acides  malique,  fumarique, 
bromofumarique,  bromomaléique  et  acétylène  dicarbonique.    » 


CHIMIE    ORGANIQUE.    —    Sur  un  nouveau  phénol  triiodè. 
Note  de  M.  P.  Brexans,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

((  Dans  des  Communications  antérieures  ('),  j'ai  fait  connaître  les 
isomères  diiodés  du  phénol  OH  -  CH^"  i.  2 .4,  1.2.6,  i.3.6,  1.3.5 
et  1.3.4  ainsi  que  les  nitrobenzènes  et  les  anilines  iodés  qui  leur  ont 
donné  naissance.  Je  me  propose  de  décrire  ici  les  composés  iodés  que  j'ai 
obtenus  en  partant  de  Vorthonitraniline  diiodée  AziP  —  CHH- —  AzO" 
1.4.6.2  par  la  série  des  réactions  suivantes  :  Le  sulfate  diazoïque  de  cette 
nitraniline  a  été  décomposé  avec  l'iodure  de  potassium  et  changé  en  un 
nitrobenzène  triiodè  AzO"- CH^'  i.  3.  5  .6.  Ce  dérivé  nitré  a  donné  par 
réduction  une  aniline  triiodée  AzH'  —  C^H'P  1.3.5.6.  Cette  base  a  été 
diazotée  et  le  diazo  chauffé  en  présence  d'eau  m'a  fourni  le  phénol  triiodè 
OH  —  C"  HU*  1.3.5.6.  Je  vais  indiquer  les  conditions  dans  lesquelles  ces 
transformations  ont  été  effectuées  et  exposer  les  propriétés  de  ces  corps 
nouveaux, 

»  I.  Nitrobenzène  triiodè,  AzO^— G«HnM. 3.5.6.  -  Pour  diazoter  l'orthoni- 
iraniline  iodée  AzH2—C«nn-^— Az 02  1.4.6.2,  on  dissout  3o5  de  ce  composé  dans 
120^'"'  d'acide  sulfurique.  La  solution  est  versée,  peu  à  peu  et  en  agitant,  dans  laS'^'"' 
d'eau  glacée;  le  sulfate  de  cette  base  se  précipite  ainsi  très  divisé.  Au  mélange  refroidi 


(1)   Comptes  rendus,   t.  CXXXII,  p.  83i;  t.  CXXXIV,  p.  307;  t.  CXXXV,  p.  177; 
t.  GXXXVI,  p.  236  et  1077. 


I066  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  maintenu  vers  5",  on  ajoute  en  continuant  à  agiter  une  solution  de  5s,  ^5  de  nitrite 
de  soude  dans  5o'^°''  d'eau,  puis  on  laisse  la  température  remonter  vers  i5°. 

»  Pour  obtenir  le  nilrobenzène  triiodé,  on  verse  goutte  à  goutte  dans  la  solution  de 
ce  diazo  une  dissolution  concentrée  de  i3s  d'iodure  de  potassium;  de  l'azote  se  dégage 
et  un  précipité  coloré  se  sépare.  On  achève  la  réaction  en  chauffant  peu  à  peu  la  li- 
queur vers  6o°;  après  refroidissement  et  dilution,  on  purifie  le  précipité  total  obtenu 
par  dissolution  dans  l'alcool  bouillant.  La  solution  maintenue  à  l'ébullition  4  heures 
avec  du  noir  animal,  puis  filtrée,  laisse  déposer  à  froid  un  corps  formé  de  prismes 
dont  la  formule  de  composition  est  AzO- — C^H^P;  c'est  l'isomère  1.3.5.6. 

»  Il  cristallise  en  gros  prismes  jaunes  fusibles  à  124°.  Soluble  à  chaud  dans  l'alcool 
méthodique,  l'alcool,  il  est  plus  soluble  dans  les  autres  solvants  usuels. 

»  II.  Aniline  triiodée,  AzH^ —  C^H^P  1.3.5.6.  —  Le  corps  précédent  est  réduit  et 
changé  en  aniline  triiodée  i  .3.5.6  au  moyen  du  prolochlorure  d'étain.  A  cet  effet,  on 
verse  une  dissolution  alcoolique  saturée  chaude  de  20s  de  dérivé  nitré  dans  une  solu- 
tion chlorhydrique  de  28?  du  sel  d'étain,  et  l'on  maintient  quelques  minutes  la  liqueur 
à  l'ébullition.  On  distille  une  partie  de  l'alcool  et  l'on  entraîne  le  reste  avec  la  vapeur 
d'eau.  On  additionne  le  produit  de  la  réaction  d'un  excès  de  lessive  alcaline  étendue  et 
refroidie;  on  recueille  la  base  ainsi  séparée,  on  la  lave  et  on  la  dissout  dans  l'alcool 
chaud.  La  solution  filtrée  laisse  cristalliser  à  froid  l'aminé  en  aiguilles  colorées.  On 
l'obtient  à  l'état  de  pureté  en  faisant  bouillir  quelques  heures  sa  solution  alcoolique 
avec  du  noir  animal. 

»  Cette  aniline  triiodée  est  en  aiguilles  incolores,  soyeuses,  fusibles  à  j  16°.  Peu 
soluble  dans  l'éther,  la  ligroïne,  elle  est  plus  soluble  dans  le  benzène,  l'alcool  et  l'acide 
acétique. 

»  L'amide  acétique  correspondant  AzH  —  CO  —  CIP — G^H^P  cristallise  en  fines 
aiguilles,  soyeuses,  volatilisables  à  partir  de  200°  et  fondant  à  227°.  Ce  corps  est  peu 
soluble  dans  les  solvants  organiques. 

»  III.  Phénol  triiodé  OH  —  C^H^l*  i  .3.5.6.  —  Pour  diazoter  Vaniline  triiodée 
et  la  transformer  en  triiodophénol,  on  opère  ainsi  :  dans.  4o'^°''  d'acide  sulfurique 
refroidi  vers  0°,  on  introduit  par  petites  portions,  et  en  agitant,  06,^5  de  nitrite  de 
soude,  puis  4^71  de  la  triiodaniline^  Le  mélange,  agité  encore  2  heures  sans  refroidir, 
est  versé  avec  précaution  dans  120s  de  glace  pilée  contenue  dans  un  ballon.  On  porte 
peu  à  peu  la  liqueur  vers  60°,  puis  à  l'ébullition  à  l'aide  de  vapeur  d'eau  qu'on  fait 
arriver  dans  le  vase  relié  avec  un  réfrigérant  à  reflux.  Au  bout  de  3o  minutes,  on 
abandonne  le  tout  au  refroidissement.  Pour  purifier  le  produit  de  la  réaction,  formé 
d'une  masse  pâteuse,  on  le  triture  dans  un  mortier  avec  une  solution  alcaline  étendue  ; 
une  partie  entre  en  dissolution.  La  solution  filtrée  et  additionnée  d'acide  chlorhy- 
drique donne  un  précipité  coloré  qu'on  traite  par  l'acide  acétique  étendu  bouillant. 
Une  partie  du  phénol  se  dissout  et  cristallise  à  froid  en  aiguilles  incolores.  En  renou- 
velant plusieurs  fois  ce  traitement,  on  obtient  )8,5o  de  phénol  triiodé. 

»  Par  évaporation  de  sa  solution  dans  un  mélange  de  benzène  et  de  ligroïne,  ce 
corps  se  sépare  en  aiguilles  prismatiques,  fusibles  à  ii4°>  très  solubles  dans  les  sol- 
vants organiques. 

»  Son  ÉTHER  ÉTHYLiQUE  C^H^ — O  —  G^H^P  1.3.5.6  Cristallise  en  fines  aiguilles 
incolores,  soyeuses,  fusibles  à  120°. 


SÉANCE  DU  l4  DÉCEMBRE  ï^o'5.  1067 

»  L'éther  acétique  G^H^O^  — C«Hn^i.3.5.6  est  en  fines  aiguilles  incolores, 
fusibles  à  128°,  solubles  surtout  à  chaud  dans  l'alcool  et  l'acide  acétique.   » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Stéréoisomêrie  dans  les  èlhers  camphocarhoniqaes  sub- 
stitués et  l'acide  mèihylhomocamphorique .  Acide  étiiylcamphocarbonujue . 
Note  de  J.  Minguix,  présentée  par  M.  Haller. 

»  Méthylcamphocarbonates  de  méthyle  stéréoisomères.  —  Quand  on  méthyle  le 

^/GH3 

camohocarbonate  de  méthyle,  on  obtient  le  composé  (a)  G*Hi*(      |   \G0"^GH^  fon- 

^  ^-^GO 

dant  à  85°  et  de  pouvoir  rotatoire  dans  l'alcool  :  ai,  =  4-  ly^a.^'  (').  Ge  méthylcampho- 
carbonate  de  méthyle  est  accompagné  d'un  liquide  qui,  lavé  à  la  potasse  étendue  pour 
le  débarrasser  du  camphocarbonate  de  méthyle,  ne  donne  plus  de  réaction  colonmé- 
trique  avec  le  perchlorure  de  fer  et  qui,  distillé,  puis  abandonné  à  une  basse  tempéra- 
ture, fournit  à  la  longue  des  cristaux,  ayant  des  points  de  fusion  très  variables. 

»  Gette  masse  cristalline,  essorée,  donne  finalement  un  liquide  passant  entre 
i35°-i4o°  sous  une  pression  de  iS™'".  Son  pouvoir  rotatoire  dans  l'alcool  est  ocd=  +  1^°- 
Soumis  à  l'analyse,  il  répond  à  la  composition  du  méthylcamphocarbonate  de  méthyle. 

«  Saponifié  en  tubes  scellés  à  180°  par  de  la  potasse  alcoolique,  il  donne  du  camphre 
méthyle  identique  à  celui  que  fournit  dans  les  mêmes  conditions  le  méthylcamphocar- 
bonate de  méthyle  (a)  {-).  Il  résiste  à  l'action  de  l'acide  chlorhydrique,  ce  qui  montre 
que  nous  n'avons  pas  affaire  à  la  forme  énolique.  Nous  sommes  donc  autorisés  à  consi- 
dérer ce  liquide  comme  le  stéréoisomère  du  dérivé  x  et  nous  l'appellerons /?«e7A//c«/n- 
phocarbonate  de  méthyle  p.  Quant  à  la  masse  cristalline,  que  nous  avons  séparée  de 
ce  liquide,  c'est  un  mélange  isomorphe  des  isomères  a  et  p.  En  effet,  par  des  fusions 
fractionnées,  suivies  d'essorage,  on  obtient  du  composé  a  fondant  à  85°.  Les  différentes 
fractions  ont  des  pouvoirs  rotatoires  variables  et  compris  entre  +17"  et  4-^5«.  Leur 
saponification  donne  toujours  du  camphre  méthyle  et  leur  analyse  fournit  des  nombres 
correspondant  au  méthylcamphocarbonate  de  méthyle. 

»  Éthylcamphocarbonales  de  méthyle  stéréoisomères.  —  Quand  on  fait  réagir 
riodure  d'éthyle  sur  le  camphocarbonate  de  méthyle  en  présence  de  méthylate  de 
sodium,  on  obtient  un  liquide  qu'on  débarrasse  de  l'éther  caniphocarbonique  par  un 
lavage  à  la  potasse,  et  qui,  soumis  à  la  distillation,  passe  à  162°  sous  une  pression  de  i"". 
Gette  substitution  du  radical  éthyle  est  très  lente,  comme  l'a  fait  observer  M.  Brïihl  (=*) 
à  propos  de  la  préparation  de  l'éthylcamphocarbonate  d'éthyle. 

»  Abandonné  à  lui-même,  ce  liquide  laisse  déposer  des  cristaux  solubles  dans  les 


(')  MiNGUiN,  Comptes  rendus,  t.  GXIl,  p.  1869. 
(2)  MiNGUiN,  Comptes  rendus,  t.  GXV,  p.  120. 
(=*)B  RUHL,  Berichte,  3"  série,  t.  XXXV,  p.  3619. 


Io68  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

dissolvants  ordinaires,  fondant  à  60°,  et  de  pouvoir  rotatoire  dans  l'alcool  ao  =  +  58°. 

»  Saponifié  par  de  la  potasse  alcoolique  à  la  température  de  220'',  il  fournit  du 
camphre  éthjlé  et  |de  petites  quantités  d'acide  élhylcamphocarbonique.  Le  liquide 
restant,  soumis  de  nouveau  à  la  distillation,  passe  à  peu  près  à  la  même  température 
que  le  produit  primitif.  Son  pouvoir  rotatoire  dans  l'alcool  est  y.f^:= -\-S-°,S.  La  po- 
tasse alcoolique  à  220°  réagit  aussi  sur  ce  composé  en  donnant  de  l'éthylcamphre  et 
de  l'acide  éthylcamphocarbonique. 

»  L'analyse  du  produit  solide  et  du  liquide  montre  qu'on  a  affaire  dans  chaque  cas 

à  de  l'éthylcamphocarbonate  de  mélhyle  C^H^^/  ,  XCO^CIP.  Nous  avons  donc  deux 

\co 

éthylcamphocarbonates  de  méthyle,  comme  nous  avons  deux  méthylcamphocarbonates 
de  méthyle.  .Cette  stéréoisomérie  entrevue  par  M.  Brïthl  (')  a  été  mise  en  évidence 
récemment  par  M.  Haller  dans  le  dérivé  propylé  de  l'éther  camphocarLonique  (2). 

»  Acides  méthylhomocamphoriques  stéréoisomères.   —  L'on  soumet  le  camphre 
cyanométhylé  à  l'action  de  la  potasse  alcoolique  (3),  on  obtient  un  acide  méthylhomo- 

.-CHcCH' 
camphorique  (a)  OW'(^  xCOOH^  p^j^^^  ^^  fusion  J78°-i8oo.  Pouvoir  rotatoire 

\C00H 
dans  l'alcool  aj)  — +  26°3i.  Quand  on  saponifie  le  méthylcamphocarbonate  de  méthyle 
en  tubes  scellés  vers  200°,  il  se  forme,  en  même  temps  que  du  méthylcamphre,  le  sel 
de  sodium  d'un  acide  ayant  pour  point  de  fusion  i43°et  pour  pouvoir  rotatoire  dans 
l'alcool  ai,  =  +  38012.  Il  se  dépose  sous  forme  de  houppes  cristallines  d'un  mélange 
d'alcool  et  d'eau.  Son  sel  de  calcium  est  nettement  cristallisé  en  fines  aiguilles  et  donne 
par  calcination  du  méthylcamphre. 

»  Malgré  une  petite  différence  dans  le  point  de  fusion,  nous  considérons  cet  acide 
comme  l'acide  p-méthylhomocamphorique  de  Rochussen  {'*)  obtenu  en  hydratant 
l'anhydride  de  l'acide  a-méthylhomocamphorique.  Nous  devons  dire  que  M.  Brûhl, 
par  une  saponification  à  une  température  beaucoup  plus  basse,  a  obtenu  de  l'acide 
méthylcamphocarbonique  et  un  produit  visqueux  qu'il  considère  comme  le  stéréoiso- 
mère  de  ce  dernier  (^). 

»  Acide  éthylcamphocarbonique .  —  Dans  le  même  ordre  d'idées,  nous  avons  voulu 
préparer  l'acide  éthylhomocamphorique-p,  en  saponifiant  à  220°  l'éther  éthylcampho- 
carbonate  de  méthyle.  Nous  sommes  tombés  cette  fois  sur  de  l'acide  éthylcampho- 

carbonique  G«Hi\     |\COOH,  qui   se   présente  d'abord    sous  forme    d'une    masse 
\C0 


(')  Bruhl,  Berichte,  3^  série,  t.  XXXV,  p.  3625, 

(-)  A.  Haller,  Comptes  rendus,  t.  CXXXVI,  p.  790. 

(')  Haller  et  Minguin,  Comptes  rendus,  t.  CXVIH,  p.  690. 

{'*)  Inaugural  dissertation,  1897,  Bonn. 

(')  Bruhl,  Berichte,  3«  série,  t.  XXXY,  p.  3625. 


SÉANCE  DU  l/|  DÉCEMBRE  IQoS.  To()9 

visqueuse,  cristallisant  à  la  longue  en  fines  aiguilles.  Il  est  très  probable  que  dans  des 
conditions  con\enables  on  pourrait,  connue  dans  le  cas  du  dérivé  méthylé  et  allylé  (M; 
provoquer  la  rupture  du  novau.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  lodures  de  mercurammonium  des  aminés  primaires 
et  des  aminés  tertiaires.  Note  de  M.  Maurice  François. 

))  Les  iodures  de  mercurammonium  dérivés  des  aminés  sont  jusqu'ici 
peu  connus.  Après  les  dérivés  de  l'ammoniaque,  j'ai  étudié  ceux  de  l'ani- 
line (")  et,  depuis,  ceux  d'autres  aminés  primaires.  Ces  recherches  montrent 
que  les  iodures  de  mercurammonium  dérivés  des  aminés  primaires  forment 
une  série  parallèle  de  celle  des  dérivés  de  l'ammoniaque,  dans  laquelle, 
toutefois,  l'hydrogène  de  l'ammonium  est  remplacé  tant  par  des  radicaux 
organiques  que  par  du  mercure. 

»  Par  la  réaction  de  l'iodure  mercurique  sur  les  aminés  primaires  ou  leurs 
sels,  on  peut  obtenir  : 

»  1°  Des  iodoniercurates  de  formule  générale  (RAzH-.HIj"  (Hgl^  j"  ;  tel  est  Tiodo- 
nicrcurate  d'aniline  G^H^  AzH^.  HI.HgP, 

»  2°  Des  chloroiodomercurates  de  formule  (RAzHMIl  )' (R  AzH-.  HCl)"(HgP)"; 
tel  est  le  chloroiodomercurate  d'aniline  (CH^AztP.Hl)- (G^H'AzHMlGl)  (Hgl-). 
Ges  composés  ne  sont  pas  des  dérivés  ammoniés  proprement  dits. 

»  3°  Des  composés  de  formule  (RAzH^)"  (Hgl-)",  cristallisés,  soKibles  dans  l'al- 
cool, l'étlier  et  dans  un  excès  de  base,  dissociables. 

»  4°  Parmi  ces  composés,  ceux  de  formule  (RAzH-)2Hgr^  se  produisent  facilement 
comme  l'iodure  de  di})hénylmercurodiammonium  (  G^H^  Az  H-)- tigl-.  l^ar  la  soude 
caustique,  ils  se  transforment  en  un  nouveau  composé,  amorphe,  insoluble,  résultant 
de  la  substitution  du  mercure  à  riiydrogène  dans  le  groupe  AzH-;  tel  est  l'iodure  de 
trimercurodipliényldiammonium  cristallisé  (  G^H' AzHg)-HgP  ou  Hg^  (G^H^)'- Az-I-, 

»  5°  Les  autres  composés  de  formule  (RAzH'^)"(Hgr^)"  donnent  également  par 
l'action  de  la  soude  caustique  des  dérivés  dans  lesquels  l'iij'drogène  est  remplacé  par 
du  mercure.  Ainsi,  pour  l'ammoniaque,  en  partant  de  (Azir*)*(HgP)^  ou  Hg^lI^^Az^P^ 
on  avait  obtenu  Hg^Az^I'';  on  a  obtenu  à  l'état  cristallisé  le  composé  correspondant 
d'aniline  Hg^(G«H^)*AzU«. 

))  Par  leurs  propriétés,  les  composés  de  ces  deux  dernières  séries  se  rapprochent  de 
l'iodure  de  dimercurammonium  He^AzI. 


(')  tiALLER,    Comptes  rendus,    t.  GXXXVI,  p.  788.  —   Buuhl,  Berichte,  o"  série, 
t.  XXXVI,  p.  363  r. 

('-)  François,  Thèse  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris.  1901,  n"  J052. 

C.  R.,  1903,  a»  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  24.)  '4<^ 


jono  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Ainsi  les  composés  des  aminés  primaires  de  la  forme  (RA7H-)"(Hgl-)" 
traités  par  une  solution  de  soude  caustique  se  transforment  en  nouveaux 
composés  azotés  insolubles  plus  riches  en  mercure.  Les  bases  tertiaires  ou 
fonctionnant  comme  telles  donnent  facilement  comme  les  primaires  des 
composés  de  la  forme  (R^\z)"(HgI- )'%  mais  la  manière  dont  se  com- 
portent ces  composés  vis-à-vis  de  la  soude  est  toute  différente. 

))  Soit  l'iodure  de  mercuropyridyldiammonium  {CHT"  Azy-ligP  déjà  connu.  Je  Tal 
préparé  très  pur  en  grands  cristaux  incolores,  en  cbauftanl  au  bain-marie  dans  une  fiole 
los  d'iodure  mercurique  avec  loo'"''''  d'alcool  à  90°  et  ajoutant  peu  à  peu  de  la  pyri- 
dine  jusqu'à  ce  que  tout  liodure  mercurique  soit  dissous.  Par  refroidissement,  le 
composé  cristallise.  On  jette  les  cristaux  sur  un  filtre;  on  les  essore  rapidement  au 
papier  et  on  les  enferme  aussitôt. 

»  Ces  cristaux  ne  sont  pas  altérés  par  un  contact  prolongé  avec  la  soude  caustique 
à  25  pour  100.  11  y  a  plus,  ces  cristaux  peuvent  prendre  naissance  dans  une  liqueur 
très  alcaline,  par  exemple  lorsqu'on  précipite  par  la  pyridine  un  mélange  à  parties 
égales  de  réactif  de  Nessler  et  de  soude  caustique  à  aS  pour  100.  La  soude  caustique 
est  donc  sur  eux  sans  action  à  froid,  ce  qui  pouvait  être  prévu,  puisque  les  composés 
de  formule  (R^Az)"  (Hgl-)"  ne  contiennent  pas  d'hydrogène  remplaçable  par  du 
mercure. 

»  Si  l'on  pousse  plus  loin  l'action  de  la  soude  en  chaufi"ant  les  cristaux  pulvérisés 
avec  de  la  soude  à  25  pour  100  en  présence  d'un  courant  de  vapeur  d'eau,  le  composé 
incolore  se  transforme  peu  à  peu  en  une  substance  brune  pulvérulente.  On  constate  à 
l'analyse  que  cette  substance  brune  ne  contient  pas  d'azote  et  qu'elle  est  constituée  par 
de  l'oxyiodure  de  mercure.  Cette  réaction  est  facile  à  expliquer  ;  le  corps  (G^H^  Az)"^IIgI- 
se  dissocie  en  iodure  mercurique  et  en  pyridine  qui  est  entraînée  par  la  vapeur  d'eau  ; 
la  soude  agit  alors  à  la  manière  ordinaire  sur  l'iodure  mercurique  formé  en  le  trans- 
formant en  oxyiodure.  Dans  les  mêmes  conditions,  les  composés  des  aminés  primaires 
donnent  un  nouveau  composé  ammonié  insoluble  et  c'est  ainsi  qu'a  été  obtenu  le 
composé  d'aniline  Hg^(C''H-5)^Az-P  cité  plus  haut.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.   --   Sur  l' éthérificatiori  de  l'acide  pliosphorique  par  la 
glycérine.  Note  de  M.  P.  Carré,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  En  raison  de  l'importance  commerciale  des  glycérophosphates, 
l'éthérification  de  l'acide  phosphorique  par  la  glycérine  a  déjà  fait  l'objet 
d'un  assez  grand  nombre  de  travaux.  Nous  retiendrons  ceux  de  MM.  Adrian 
et  Trillat  (')  qui,  en  dehors  de  l'acide  glycérophosphorique,  ont  isolé  un 

(^)  Journal  de  Pli. .et  Chim.,  6''  fasc,  p.  226. 


SÉANCE    DU    l4    DÉCEMBRE    igoS.  IO71 

diéther  sur  lequel  je  reviendrai  dans  une  prochaine  Note;  et  les  expé- 
riences de  MM.  Irnbert  et  Belugou  ('  )  qui  ont  étudié  la  vitesse  et  la  limite 
d'éthérification  de  proportions  équimoléculaires  d'acide  phosphorique  et 
de  glycérine  à  diverses  températures  et  à  divers  états  d'hydratation,  sans 
mentionner  la  formation  d'un  diéther. 

»  L'étude  des  éthers  phosphoriques  du  mannide  et  de  l'érhytran  (-) 
m'ayant  montré  que  la  limite  d'éthérification  est  plus  reculée  dans  le  vide 
qu'à  l'air  libre,  j'ai  pensé  que  l'emploi  du  vide  permettrait  également 
d'augmenter  le  rendement  de  l'acide  glycérophosphorique  ;  les  résultats 
m'ont  amené  à  revoir  aussi  quelques  éthérifications  à  l'air  libre. 

»  J'ai  constaté  que  l'acide  phos|)horique  peut  former  avec  la  glycérine 
trois  éthers  à  l'air  libre  et  dans  le  vide  : 

»  i''  Un  monoéther,  l'acide  glycérophosphorique  ordinaire,  mono-acide 
à  l'hélianthine  et  diacide  à  la  phtaléine  ;  2°  un  diéther  monoacide  à  l'hé- 
lianthine et  à  la  phtaléine  ;  3^  un  triéther  neutre  aux  indicateurs  colorés. 

»  Les  quantités  relatives  de  ces  éthers  ont  été  déterminées  en  se  basant 
sur  la  façon  dont  ils  se  comportent  aux  indicateurs  colorés,  eux  et  l'acide 
phosphorique  ;  la  proportion  de  triélher  était  fournie  par  la  quantité  d'acide 
ne  se  manifestant  plus  aux  indicateurs  colorés,  après  avoir  vérifié  toute- 
fois que  cet  acide  se  retrouvait  par  un  dosage  au  pyrophosphate  de 
magnésium,  après  destruction  de  la  matière  organique. 

»  La  limite  d'éthérification  est  d'autant  plus  reculée  que  la  température 
est  plus  élevée  et  surtout  que  la  pression  est  plus  basse  ;  cette  limite  peut 
devenir  très  voisine  de  100  pour  100  sous  la  pression  très  faible  obtenue 
avec  la  trompe  à  mercure. 

»  Le  Tableau  suivant  (•^)  résume  les  diverses  expériences  faites  à  ce  sujet  sur 
des  proportions  équimoléculaires  d'acide  PO^H^  et  de  glycérine  anhydre  : 


(*)  Bulletin  Soc.  chiin.,  t,  XXI,  p.  gSo. 

(-)  P.  Carré,  Comptes  rendus,  1908,  p.  3o6  et  456. 

(^)  Il  n'est  pas  négligeable  de  remarquer  que  les  résultats  obtenus  ne  sont  compa- 
rables que  si  l'on  opère  dans  des  conditions  identiques  de  température  et  de  pression, 
et  aussi  de  masse;  en  ellet,  des  expériences  faites  sur  des  quantités  de  produits 
variant  du  simple  au  triple  ne  m'ont  pas  absolument  fourni  la  même  vitesse  ni  la  même 
limite  d'éthérification;  et  cette  différence  est  d'autant  plus  sensible  c[ue  la  pression  est 
plus  élevée.  Dans  le  vide  de  la  trompe  à  mercure,  les  limites  sont  les  mêmes  avec  2s 
et  avec  5o"  de  produits,  la  vitesse  est  seulement  un  peu  plus  faible. 


1072  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


-S  2 


Ouaiililc  pour  loo  de 

Temps  PO^H'lolal 

de  enlré  en 

chauffage.  Triéther.  Dicllier.  Monoélhcr.  combinaison, 
heures 

O O  O                     21,8  21,8 

2 »  »                        4  5  -5  '4)5 

5 »  »               1 0 , 7  1 0 , 7 

i5 »  1,2           i5,6  i6.8 


O     '^        I 

S  5   { 

«  £    1        3o »  3,8  27,3  3 1 , 1 

45  •  ■  • »  5,6  35,6  4i  5 2 

aj  E-,   I         60 »  6,7  35,4  42,1 

0:       1         80 ...  »  6,6  35  4i,6 

3 o  o  5.3                 5,3 

.,-  Lo    1           8  .    »  j ,  j  1 3 , 2  1 4  7  3 

12 »  3,7  16,5  20,2 

I  S   ;         i5 '>  5,5  22,4  27,9 

■S  2    j         25 »  10,3  3i,5  42 

5^1        35 0,4  i5,i  48,5  64 

p^   f        5o 0,8  19,3  45,3  65,4 

•S        \        65 1,3  19,2  4^,8  63,3 

.  ^  i         3 »  4)2  1 4  )  •  18.3 

|j  r.  i       8 »  12  21,2  33,2 

ël]      12 0,8  16,3  43,4  60, 5 

•3;  £    1         1 5 17  22 ,  J  48  71)8 

2^1  i8Apparit''^"dela  mousse.  2,6  20  49?  i  7^)7 

^   \        25 3,1  22,5  47  72,6 

s       £       b    (          3 »  3o,2  26,1  57,1 

"^  «5  g  p  ="    \          6 3,5  47,6  25,7  76,8 

è"  ^^^-è  {          8 4,3  46,7  23,2  74,2 

•  S  P    ,     •    1  75  Masse  se  boursoufle  ,  .  i3,i  38,8  47,6  99,5 

|li"l^    )       ^^^ ^^'^  ^^  ^''^  99)3 

2 -o  "g  g  èi          200...    91,4  7,6  »  99 

^ -Il  £  ^^  S    [      25o 98,8  »  »  98,8 

=•   j         12 8,1  47,6  27,4  83,1 

_•  '^  I  36    Masse    commence     à 

I  5  ^    ]                    mousser 11, 4  59,6  20,8  94'8 

I  .§  re    j        5o 1 4 , 1  63 , 4  1 3 , 6  91,1 

£    1=  "^    i  .  ' 

I-  g*  f  Les  résultats  étant  moins  bons  qu'à  la  température  de  ii5°,  cette 

H    I  expérience  n'a  pas  été  continuée. 

»  11  nous  montre  que,  à   la   température  de  loS"  et  à  l'air  libre,  conditions  dans 
lesquelles  se  sont  placés  MM.  Imbert  et  Belugou,  il  se  forme  déjà  une  petite  quantité 


SÉANCE    DU    l4   DÉCEMBRE    iQoS.  1078 

de  cHéther.  Le  tiiélher  se  forme  déjà  à  l'air  libre,  mais  toujours  en  très  faible  propor- 
tion; l'emploi  de  la  trompe  à  eau  ne  permet  pas  d'élever  au-dessus  de  4  à  5  pour  100 
la  proportion  de  ce  triétlier;  mais  dans  le  vide  de  la  trompe  à  mercure  on  parvient 
à  transformer  la  presque  totalité  de  l'acide  phosphorique  en  Iriéther.  Lorsqu'on  opère 
dans  le  vide  le  maximum  de  la  quantité  totale  d'acide  phosphorique  entré  en  combi- 
naison est  indiqué  par  l'apparition  de  mousse  (')  qui  bien  souvent  ne  permet  pas  de 
prolonger  le  chauffage;  excepté  sous  la  pression  très  faible  donnée  par  la  trompe 
à  mercure  (la  mousse  se  borne  à  décupler  le  volume  primitif). 

»  Jusqu'ici  on  ne  paraît  pas  s'être  préoccupé  de  savoir  ce  que  devenait 
le  diéther,  qui  se  forme  dans  les  conditions  où  se  fait  réthérilication 
industrielle,  lors  de  la  transformation  du  mélange  éthérifié  en  glycéroplios- 
phates,  ce  qui  explique  les  résultats  assez  divergents  trouvés  par  différents 
auteurs  en  analysant  des  glycérophosphates  de  diverses  provenances. 

«  Dans  une  prochaine  Note  je  compte  revenir  sur  l'étude  de  ces  trois 
éthers,  et  sur  les  conditions  de  transformation  du  di  et  du  triétlier  en  acide 
glycérophosphorique  ordinaire.  » 


ZOOLOGIE.  —  L'origine  réelle  des  perles  fines.  Note  de  M.  Louis  Bouïa.v, 
présentée  par  M.  Yves  Delage. 

((  J'intitule  cette  Note  «  l'Origine  réelle  des  perles  fines  »,  parce  qu'il 
existe,  pour  ces  productions,  une  origine  apparente  qui  a  mis  en  défaut  la 
perspicacité  des  naturalistes  qui  se  sont  occupés  récemment  de  la  question. 

>)  Dans  les  Mémoires  parus  durant  ces  dernières  années,  les  auteurs 
semblent  d'accord,  en  effet,  pour  distinguer  deux  sortes  de  perles  : 

»  1°  Les  perles  de  nacre  qui  se  forment,  comme  la  coquille,  aux  dépens 
de  la  sécrétion  de  l'épithélium  externe  du  manteau  de  certains  mollusques. 

»  2P  Les  perles  fines,  proprement  dites,  qui  naîtraient  (selon  l'opinion 
classique)  dans  l'épaisseur  même  du  manteau,  indépendamment  du  revê- 
tement externe  de  la  paroi  du  corps. 

»  Je  me  propose  de  démontrer  que,  contrairement  à  cette  opinion,  la 
perle  fine,  bien  qu'elle  semble  naître  dans  l'intérieur  des  tissus  de  l'Acé- 
phale, est  cependant  une  production  de  l'épithélium  externe  du  manteau, 
au  même  titre  que  la  coquille  et  les  perles  dites  de  nacre. 


(')  A  moins  que  l'on  opère  au-dessous  de  100", 


I074  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  J'a\ais  déjà  indiqué  (')  ([ue,  si  l'on  introduit  dans  le  manteau  d'une  Haliolis  (sans 
léser  l'épilliélium  qui  revêt  sa  face  externe)  des  aiguilles  de  nacre,  ces  corps  étrangers 
restent  dans  les  tissus  sans  provoquer  aucune  sécrétion,  tandis  que,  au  contraire,  si 
l'on  introduit  ces  aiguilles  de  nacre  entre  le  manteau  et  la  coquille  (au-dessus  de  l'épi- 
tliéliuni  externe),  ces  aiguilles  sont  promptement  recouvertes  par  la  sécrétion  nacrée. 

»  Le  résultat  négatif  de  la  première  partie  de  cette  expérience  n'avait  pas  paru 
suffisamment  concluant  au  point  de  vue  de  la  formation  des  perles  fines.  Il  est  nette- 
ment établi  maintenant  que  le  noyau  de  la  plupart  des  perles  est  constitué  par  un 
distome.  L'action  du  parasite  sur  les  tissus  pouvait  être  dilFérente  de  celle  exercée  par 
une  aiguille  de  nacre. 

»  L'étude  d'un  stade  caractéristique  de  l'évolution  du  distome  parasite  vient  heu- 
reusement compléter  les  résultats  de  ma  première  expérience. 

))  J'ai  utilisé  pour  ce  travail  les  moules  perlières  de  Billiers  qui  avaient 
également  servi  aux  recherches  effectuées  en  1902  par  Lyster  Jameson  (-) 
et  l'avaient  conduit  à  des  conclusions  tout  à  fait  différentes  des  miennes. 

»  Les  distomes  parasites  qui  infestent  le  corps  de  ces  mollusques  cheminent  à  travers 
les  tissus  pour  gagner  l'extérieur.  Quelques-uns  s'égarent  dans  la  cavité  située  entre  le 
manteau  et  la  coquille  et  se  trouvent  emprisonnés  dans  cette  chambre  hermétiquement 
close.  Ce  sont  ces  égarés  qui  vont  servir  de  noyaux  aux  perles  fines. 

»  Ne  pouvant  quitter  leur  prison,  ils  se  logent  dans  un  repli  de  l'épithélium  externe 
du  manteau,  qu'ils  dépriment  pour  former  une  petite  logette. 

»  On  aperçoit  alors  l'animal  entouré  par  l'épithélium  épaissi,  sous  la  forme  d'une 
petite  masse  sphérique,  au  milieu  de  laquelle  on  distingue  ses  principaux  organes. 

»  Ce  stade,  qui  avait  échappé  aux  observateurs,  est  très  important,  car  il  donne 
la  clef  du  mode  de  formation  des  perles  fines.  Je  l'appellerai  le  stade  de  Yencapu- 
chonnemenl.  J'ai  cru  nécessaire  de  le  fixer  nettement  à  l'aide  d'une  série  de  clichés 
photographiques. 

»  En  l'étudiant  sur  des  séries  de  coupes,  on  constate  que  l'organisme  du  mollusque 
réagit  contre  l'envahissement  du  parasite,  et  que  la  sécrétion  de  l'épithélium  qui 
tapisse  la  logette  donne  naissance  aux  premières  couches  de  la  perle. 

»  Plusieurs  cas  peuvent  se  présenter  : 

»  1°  La  dépression  de  l'épithélium  peut  être  peu  profonde  et  rester 
largement  béante.  11  se  forme  alors  une  demi-perle,  qui  se  soude 
promptement  avec  la  coquille  ; 

»    2"  Le  capuchon  épithélial  peut  être  plus  prolond,  tout  en  conservant 


(^)  L.  BouTAN,  Production  artificielle  des  perles  chez-  les  Haliotis  {Comptes  ren- 
dus, t.  GXXVII,  1898). 

(^)  Lyster  Jamesox,  On  the  origin  of  pearls  {Derby  leclinical  collège,  1902). 


SÉANCE  DU  lf\   DÉCEMBRE  IQoS.  IO75 

un  large  orifice.  La  perle  qui  se  forme  reste  creusée  sur  la  face  qui  regarde 
la  coquille  d'un  orifice  central. 

))  3"  Le  capuchon  épithélial  ne  forme  plus  qu'un  tube  étroit  le  reliant  au 
reste  de  l'épithélium.  La  perle  en  forme  de  poire,  ou  presque  sphérique, 
présente  un  pédicule  déforme  variable. 

))  4"  Enfin,  et  c'est  le  cas  le  plus  général,  les  bords  du  capuchon  se 
soudent.  La  cavité  parasitaire  se  trouve  séparée  du  reste  de  l'épilhélium 
externe  et  s'enfonce  dans  les  tissus.  La  perle  qui  se  forme  est  sphérique. 

))  Dans  tous  les  cas,  même  dans  le  dernier,  où  la  perle  est  logée  dans 
l'intérieur  du  manteau,  la  perle  a  une  origine  épithéliale  et  représente  une 
sécrétion  de  l'épithélium  externe  du  manteau.  Il  était  important  de  cons- 
tater ce  fait.  On  avait  nié  qu'il  fût  possible  d'obtenir  de  véritables  perles 
fines  par  la  trépanation  de  la  coquille  et  l'introduction  de  corps  étrangers 
entre  la  coquille  et  le  manteau.  On  voit  que,  en  réalité,  la  trépanation  imite 
expérimentalement  le  mode  de  pénétration  du  parasite.  Le  jour  oii  cette 
imitation  sera  parfaite  le  problème  de  la  production  artificielle  des  perles 
fines  sera  résolu.   » 


BIOLOGIE  GÉNÉRALE.    —  Su7'  les  facteurs  élémentaires  de  rhérédité. 
Note  de  M.  Georges  Coutagxe,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Lorsqu'il  y  a  croisement  fécontl  entre  deux  individus  présentant,  pour 
ini  même  caractère  ou  un  même  groupe  de  caractères  a,  l'un  une  moda- 
lité a^,  l'autre  une  modalité  nettement  différente  a^,  ces  modalités  a^  et  a., 
semblent  déterminées  héréditairement  dans  les  produits  issus  du  croisement 
par  des/acteurs  doués  d'une  certaine  autonomie.  En  effet,  il  arrive  souvent, 
dans  ces  croisements  a^X  a.^,  qne  le  ou  les  facteurs  élémentaires  de  la 
modalité  a^  qui  ont  été  apportés  par  l'ovule  d'une  part,  et  le  ou  les  facteurs 
élémentaires  de  la  modalité  «,  qui  ont  été  apportés  par  le  spermatozoïde 
d'autre  part,  se  disjoignent  au  cours  de  l'évolution  du  sujet  croisé,  de  telle 
sorte  que  ces  facteurs  différents  sont  très  inégalement  répartis  dans  les 
j)roduits  sexuels  mûrs,  ovules  et  spermatozoïdes,  et  sans  qu  aucune  réaction 
modificatrice  qualitative  des  facteurs  de  a^  et  de  a^  les  uns  sur  les  autres  semble 
résulter  de  leur  association,  avec  bipartitions  successives,  dans  une  longue 
série  de  mêmes  cellules,  œuf  et  blastomères  jusqu'aux  cellules  germinales. 

»  Je  propose  d'appeler  mnémon  de  «,  et  de  a,  'es  facteurs  élémentaires 


1076  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  V hérédité  A<à  a ^  et  de  a.^  ;  toute  hypothèse  complémentaire  sur  le  nombre, 
la  nature  et  le  mode  d'action  de  ces  facteurs  étant  écartée  de  cette  simple 
définition. 

»  Un  mot  nouveau  me  semble  en  effet  nécessaire  pour  la  clarté  du  langage,  car  ceux 
qui  ont  été  employés  jusqu'à  ce  jour  pour  désigner  les  facteurs  élémentaires  de  l'héré- 
dité, tels  que  gemmules,  pangènes,  déterminants,  etc.,  sont  adaptés  à  des  théories 
particulières  basées  sur  des  hypothèses  très  discutables  et  très  discutées,  et  ne  sont 
guère  susceptibles  de  servir  sans  ambiguïté  ailleurs  que  dans  l'exposé  et  la  discussion 
de  ces  théories. 

»  L'emploi  du  mot  mnémon,  défini  comme  je  viens  de  le  faire,  implique  en  lui- 
même  une  hypothèse;  mais  celle-ci  est  très  large,  et  elle  échappe  en  tout  cas  aux 
critiques  qui  ont  été  adressées  aux  différentes  hypothèses  beaucoup  plus  détaillées  qui 
font  résider  les  facteurs  de  riiérédité  dans  des  a  particules  représentatives  ».  Cette 
hypothèse,  qui  revient  en  somme  à  concéder  tout  simplement  à  certains  facteurs  de 
l'hérédité  une  certaine  autonomie  tout  au  moins  temporaire,  est  compatible  même 
avec  la  théorie  dite  biochimique  qui  fait  déterminer  les  caractères  par  la  nature 
qualitative  des  substances  chimiques  qui  constituent  les  plastides  initiaux.  C'est  à 
l'étude  expérimentale  de  l'hérédité  que  l'on  devra  recourir  pour  être  renseigné  sur 
le  nombre  de  mnémons  différents  que  renferment  les  différentes  cellules  reproduc- 
trices, sur  le  nombre  de  cellules  ou  d'organes  dans  lesquels  chacun  d'eux  déter- 
mine un  certain  nombre  de  caractères,  en  un  mot  sur  toutes  les  particularités  de 
leur  nature  et  de  leur  fonctionnement. 

))  Lorsque  les  modalités  «,  et  a^  d'un  même  caractère  a  sont  peu  dis- 
tinctes, ou  que,  étant  distinctes,  elles  peuvent  fusionner,  en  un  mot  lorsque 
le  caractère  considéré  a  varie  non  plus  d'une  façon  discontinue,  mais  d'une 
façon  continue,  on  est  amené,  par  extension,  à  appeler  aussi  mnémons  de  «;, 
et  de  «o  les  facteurs  héréditaires  de  ces  modalités  a^  eÀ  a^.  Mais  l'indépen- 
dance mutuelle  de  ces  mnémons  n'est  plus  aussi  probable  dans  ce  cas  que 
dans  le  cas  précédent,  et  l'on  ne  peut  dire  a  priori  si  les  différentes  et  très 
nombreuses  modalités  intermédiaires  entre  a,  et  a^que  présentent  les  pro- 
duits du  croisement  rt,  x  ««  doivent  être  attribuées  à  des  combinaisons  en 
différentes  proportions  de  mnémons  a^  et  de  mnémons  a^,  ou  si  de  la  réac- 
tion mutuelle  des  mnémons  a^  sur  les  mnémons  a^  il  peut  résulter  des 
mnémons  a^,  a^,  a,^,  ...  facteurs  de  nombreuses  modalités  «o,  «g,  ^f^,  . . . 
intermédiaires  entre  a^  et  a^. 

»  En  d'autres  termes  l'idée  de  mnémons  distincts  cohabitant  dans  l'œuf 
fécondé  et  dans  les  blastomères  qui  déiivent  de  cet  œuf  est  donnée  par 
l'élude  de  l'hérédité  des  caractères  polytaxiques ;  on  ne  saurait  l'étendre 
sans   de  grandes  précautions  à  Tétude  de  l'hérédité  des  caractères  non 


SÉAiNCE    DU     I  ]    DÉCEMBRE    igoS.  IO77 

polytaxiqiies.  J'appelle  polytaxiqiie  tout  caractère  variant  d'une  façon  dis- 
continue, c'est-à-dire  présentant  plusieurs  modalités  nettement  disjointes, 
plusieurs  taxies. 

»  Chaque  taxie  différente  semble  déterminée  {)ar  une  sorte  particulière 
de  mnémon.  Mais  il  n'en  est  peut-être  pas  de  même  pour  les  différentes 
modalités  dont  sont  susceptibles  les  caractères  non  polytaxiques.  Toutefois, 
il  est  présumable  que  ces  modalités  sont  déterminées  par  un  mécanisme 
ayant  tout  au  moins  quelque  analogie  avec  celui  de  la  détermination  des 
taxies.  En  sorte  que  rétude  des  croisements  entre  taxies  différentes  est 
susceptible  de  fournir  directetneiit  ou  indirectement  des  données  inté- 
ressantes sr.r  la  nature  et  le  fonctionnement  de  tous  les  facteurs  élémen- 
taires de  rtiérédité,    » 


GÉOI.OGIE.  —  Sur  la  géologie  et  l'hydrologie  souterraine  du  Caucase  occi- 
dental. Note  de  MM.  A.  Yermoloff  et  E.-A.  Martel,  présentée  par 
M.  Albert  Gaudry. 

«  Conformément  aux  ordres  de  Sa  Majesté  Le  Tsar,  le  Ministère  de 
l'Agriculture  et  des  Domaines  de  Russie  s'occupe  actuellement  décoloniser 
et  de  remettre  en  valeui-  le  littoral  et  les  vallées  du  Caucase  occidental, 
jadis  occupés  par  les  Tcherkesses. 

»  En  exécution  du  programme  tracé,  et  pour  apprécier  les  ressources 
et  l'intérêt  de  celte  région,  nous  y  avons  effectué,  d'août  à  novembre  1908, 
un  voyage  de  recherches,  rayonnant  autour  des  stations  climatériques  récem- 
ment fondées  par  le  prince  d'Oldenbourg  et  le  Mmistère  de  l'Agriculture 
à  Guélendjik,  Touapsé,  Sotchi,  Gagri,  Soukhoum,  etc. 

»  Celte  exploration  sera  relatée  dans  un  Ouvrage  consacré  au  Versant 
maritime  du  Caucase  occidental,  de  Novorossiisk  à  Poli. 

»  Le  premier  résultat  de  noire  élude  aura  été  de  fixer  les  idées  sur  la  géologie  de  la 
région,  qui  est  marquée  d'un  point  d'interrogation,  comme  inexplorée,  sur  la  Carte 
géologique  officielle  de  la  Russie,  publiée  en  1892. 

»  Complétant  les  travaux  exécutés  depuis  celte  date  par  MM.  les  ingénieurs  Kon- 
chin,  Serguéieir,  Constanlinofl"  et  le  professeur  Lagorio,  les  investigations  de  1908 
permettront  d'appliquer  au  Caucase  occidental  les  conclusions  d'ensemble  rapportées 
par  iM.  Marcel  Bertrand  du  Caucase  central  (Congrès  géologique  de  1897). 

»  Les  coupes  des  vallées  de  la  Sotchi,  de  la  Mzimla,  de  la  Bzib  et  l'examen  micro- 
scopique des  échantillons  recueillis  éclaircironl  certains  détails  controversés,  par 
G.  R  ,  1903,  2«  Semestre.  (T.   CXXWII,  N"  24.)  M^ 


1078  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

exemple  sur  les  curieux,  conglomérats,  supposés  jurassiques  el  composés  d'éléments 
éruplifs  verts  (diabases,  porphyrites),  de  la  vallée  de  Krasni-Poijana. 

»  Les  remarquables  sources  sulfureuses  de  Matsesta  et  Agouri  près  Sotchi,  qui 
feront  l'objet  d'une  Note  spéciale,  autorisent  à  se  demander  si  le  g^'pse  qui,  jusqu'ici, 
n'a  pas  été  rencontré  dans  la  contrée,  n'existe  pas  là  à  une  jjrofondeur  relativement 
faible. 

»  'L'orographie  du  Caucase  occidental  n'est  connue  que  des  topographes  chargés 
des  nouveaux  levés  militaires  au  4-5^0  ^^  ^'^^  ingénieurs,  qui  ont  fait  les  tracés  des 
routes  projetées  dans  ces  parages;  car  leurs  travaux  n'ont  pas  été  livrés  à  la  publicité. 
Aussi  les  plus  récents  Ouvrages  géographiques  contiennent-ils,  à  son  sujet,  des  erreurs 
attribuant,  par  exemple,  4^75™  au  mont  Ochten,  qui  n'atteint  pas  2900™,  et  35oo™  au 
col  de  Maroukh,  qui  est  un  passage  praticable  aux  mulets,  bien  au-dessous  de  la  limite 
des  neiges. 

»  Les  premiers  glaciers  du  Caucase  commencent  au  massif  du  Fichta-Ochten, 
à  40'^'"  au  nord  de  Sotchi  ;  d'abord  simples  petits  glaciers  de  sommets,  comme  ceux  des 
Pyrénées  ou  des  Alpes  orientales,  ils  se  développent,  vers  l'est,  sur  les  cimes  de  l'Aba- 
gua,  Agepsta,  Loyoub,  Loyoub-Soucha  (325o™  à  36oo'")  autour  des  sources  de  la  Mzinta 
et  de  la  magnifique  vallée  de  Krasni-Poijana  (altitude  600'"),  appelée  à  devenir  un 
sanatorium  et  station  alpestre  de  grande  utilité. 

»  A  partir  de  la  cime  du  mont  Psycb  (8780'")  les  glaces  de  la  crête  centrale  s'élèvent 
progressivement  vers  l'est  jusqu'au  Doungous-Oroun  (Elbrouz);  mais  elles  n'atteignent 
nulle  part  les  altitudes  de  55oo'"  et  de  4663'"  portées  en  i8g4  sur  la  carte  du  supplé- 
ment n°  112  des  Peterinanii's  Mittheilangen^  et  que  Merzbacher  (1901)  révoquait 
judicieusement  en  doute. 

»  En  hydrologie  souterraine,  l'anticlinal  remarquable  de  crétacique,  qui  s'épanouit 
en  hauteur  et  largeur  de  Touapsé  à  Soukhoum  Kalé,  et  qui  forme,  en  avant  de  la 
crête  centrale,  ww  véritable  pré-Caucase  calcaire,  a  formellement  confirmé  tous  les 
principes  déduits  des  récentes  explorations  souterraines  accomplies  en  France  et  en 
Europe;  un  petit  nombre  seulement  de  descentes  peu  profondes  (i5™  à  20™)  dans  les 
abîmes,  et  de  pénétrations  dans  les  cavernes  peu  étendues  a  été  possible,  les  gouffres  et 
couloirs  s'étant  trouvés  obstrués  très  près  de  leurs  orifices;  aux  environs  de  Gagri,  les 
rivières  souterraines  de  la  Bégherepsta,  de  la  Podzeurnaia,  de  la  Gagripsch,  de  la 
Mitchich,  de  Novi  Athou,  etc.,  se  sont  montrées  toutes  impénétrables,  comme  Vaucluse; 
mais  Jeur  situation  géologique  et  topographique,  et  surtout  leur  température,  infé- 
rieure de  4°  à  5°  à  la  normale,  c'est-à-dire  à  la  moyenne  annuelle  du  lieu  de  Témer- 
gence,  ont  nettement  prouvé  qu'elles  sont  des  résurgences  d'eaux  englouties  sur  les 
hauts  plaleaux  du  voisinage. 

»  L'exploration  détaillée  du  massif  crétacé  de  l'Arabik  (2660"'),  au-dessus  de  Gagri, 
a  pleinement  confirmé  cette  conclusion,  en  révélant,  entre  1800™  et  2800™  d'altitude, 
une  zone  considérable  d'absorption  des  eaux  atmosphériques,  toute  percée  de  lapiaz, 
puits  à  neige  et  points  d'engouffrement  des  pluies,  exactement  comme  les  pré-alpes 
(de  constitution  géologique  identique)  du  Dauphiné,  de  Savoie,  de  Suisse,  etc.  (Dévo- 
luy,  Vercors,  Glârnisch,  etc.). 

w  Cette  similitude  entre  les  avant-monls  des  deux  grandes  chaînes,  et  aussi  avec  le 
Karst  et  les  Causses,  consacre  efficacement  les  nouvelles  notions  sur  la  circulation  des 


SÉANCE  DU  ï\    DÉCEMBRE   rpoS.  1079 

eaux,   souterraines  du   calcaire   et  sur  Tabsence.  ou   du  moins   Textrême  rareté,   de 
vraies  nappes  d'eau  dans  les  roches  de  cette  nature.  » 

CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  La  préfendue  fermentation  alcoolique  des  tissus  ani- 
maux. Note  de  M.  F.  Batelli,  présentée  par  M.  A.  Ghauveau. 

«  Dans  une  série  de  publications,  Stoklasa  avait  annoncé  que  Ton  peut 
extraire  des  tissus  des  animaux  supérieurs  une  enzyme  transformant  le 
glucose  en  alcool  et  anhydride  carbonique.  Les  résultais  de  Stoklasa  ont 
été  d'abord  confirmés  par  ses  élèves  et  surtout  par  Simacek,  puis  parFein- 
schmidt. 

))  D'autre  part,  M"*"  Borrino,  tout  en  confirmant  les  résultats  de  Stoklasa, 
a  attribué  la  fermentation  alcoolique  obtenue  par  les  extraits  des  tissus 
animaux  aux  nucléoprotéides  qu'ils  renferment. 

))  Contrairement  aux  auteurs  précédents,  Cohnheim,  dans  un  travail 
récent,  émet  l'hypothèse  que  la  prétendue  fermentation  alcoolique  des  tis- 
sus doit  être  rapportée  à  la  présence  des  microoganismes.  Stoklasa  et  Si- 
macek, dans  deux  travaux  qui  viennent  de  pavailre  (Centralhlatt/iir  Physio- 
logie, Vol.  XVII,  n*'  17),  combattent  avec  vivacité  l'opinon  de  Cohnheim 
et  confirment  les  résultats  de  leurs  précédents  travaux. 

»  J'ai  fait  dans  le  laboratoire  de  Physiologie  de  l'Université  de  Genève 
un  très  grand  nombre  d'expériences  pour  contrôler  les  recherches  que  je 
viens  de  citer  sur  la  fermentation  alcoolique  des  extraits  des  tissus  animaux. 
J'ai  suivi  la  méthode  donnée  par  Stoklasa,  consistant  à  soumettre  les  tissus 
animaux  frais  (muscles,  foie,  poumons  de  chien,  de  lapin  ou  de  bœuf)  à  une 
forle  pression  pour  en  extraire  le  suc.  Ce  suc  est  traité  par  un  mélange 
d'alcool  et  d'élher  et  le  précipité  obtenu  lavé  rapidement  h  l'élher  et  séché 
dans  le  vide.  Cet  extrait  sec  est  ajouté  à  une  solution  de  glucose  ou  de 
saccharose  à  différentes  concentrations;  le  tout  est  conservé  à  une  tempé- 
rature constante  de  SS^-Sg".  Je  me  suis  aussi  servi  d'un  extrait  de  sang 
préparé  en  suivant  la  méthode  de  Stoklasa. 

»   Les  résultats  de  mes  expériences  ont  été  les  suivants  : 

»  i.  Si  la  solution  de  sucre  renfermant  l'extrait  des  tissus  est  additionnée  d'une 
substance  antiseptique  en  quantité  suffisante,  la  fermentation  alcoolique  n'a  pas  lieu; 
ce  qui  avait  déjà  été  constaté  par  Simacek.  Ainsi  les  substances  suivantes  :  le  thymol 
en  poudre  dans  la  proportion  de  1  pour  100  si  l'on  prend  soin  de  bien  agiter;  le 
toluol  à  2  pour  100  en  agitant  souvent;  le  chloroforme;  le  fluorure  de  sodium 
à  I  pour  100;  Tarsenite  de  potasse  à  i  pour  100;  l'acide  salicylique  à  i  pour  100,  em- 
pêclient  complètement  la  fermentation. 


To8o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  2.  Si  ranliseplique  e'^t  en  trop  faible  quantité,  la  fermentation  alcoolique  a  lieu 
en  réalité  avec  les  phénomènes  décrits  par  Stoklasa  et  ses  élèves,  c'est-à-dire  qu'il  y  a 
acidité,  dégagement  de  CO',  formation  d'alcool,  quelquefois  odeur  butyrique.  On 
obtient  ce  résultat  en  employant  comme  antiseptiques  :  le  toluol  à  2  pour  loo  en  évi- 
tant d'agiter;  le  fluorure  de  sodium  à  5  pour  1000,  l'acide  salicylique  à  ?.  pour  1000, 
des  grains  de  tliymol. 

»  3.  Toutes  les  fois  qu'on  obtient  la  fermentation  nlcoolique,  on  trouve  que  le 
liquide  renferme  des  bactéries  en  forme  de  bâtonnets  très  mobiles  ou  des  cocci  en 
chaîne  dont  j'ai  constaté  la  présence  au  microscope.  Lorsque  la  substance  antiseptique 
n'est  pas  en  quantité  suffisante,  on  observe  généralement  un  nombre  assez  considéraijie 
de  ces  bâtonnets  au  bout  de  quatre  heures,  quand  il  n'y  a  encore  aucun  dégagement 
appréciable  de  CO^. 

»  4.  La  fermentation  commence  généralement  un  peu  plus  tard,  lorsque  la  solution 
renferme  3o  pour  100  de  saccharose,  mais  elle  devient  bientôt  très  active.  L'examen 
microscopique  du  liquide  prouve  la  présence  d'un  très  grand  nombre  de  bâtonnets 
mobiles.  Cette  solution  concentrée  de  saccharose  n'est  donc  pas  suffisante  pour  empê- 
cher le  développement  des  microorganismes,  dans  ces  conditions,  comme  il  est  admis 
par  Simacek. 

»  Les  résultats  de  mes  expériences  m'amènent  à  conclure  dans  le  même 
sens  que  Cohnheim,  c'est-à-dire  que  la  fermentation  alcoolique  du  sucre, 
obtenue  i/ï  vitro  par  les  extraits  d'orj^i^anes  d'animaux  supérieurs,  serait  due 
à  la  présence  de  microorganismes  et  non  à  l'action  d'une  enzvme  ou  d'un 
nucléoprotéide  d'origine  animale,  m 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Contribution  à  l'étude  de  l'amylo-coaguJase, 
Note  de  M.  A.  Bgidiiv,  présentée  par  M.  B.oux. 

'(  La  Note  très  intéressante  publiée  dans  les  Comptes  rendus  de  l'Aca- 
démie des  Sciences  du  2  novembre  1903,  j);!r  MM.  Wolf  et  A.  Fernbach, 
au  sujet  de  l'amylo-coag^ulase,  m'amène  à  indiquer  quelques  expériences 
dans  lesquelles  j'ai  constaté  la  présence  de  cette  diastase.  Les  phénomènes 
de  coagulation  dont  j'ai  été  témoin  étaient  provoqués  par  les  diastases  du 
mucor  ^  employé  dans  le  procédé  amylo,  pour  la  saccliarification  et  la  fer- 
mentation industrielle  des  matières  amylacées. 

))  Au  cours  d'essais  ayant  pour  but  de  déterminer  l'activité  (hastasique 
des  moûts  de  maïs  dans  lesquels  le  mucor  se  dévelopj)e  en  cidture  abso- 
lument pure,  j'ai  été  amené,  pour  éliminer  le  maltose  et  le  glucose,  formés 
par  la  mucédinée,  à  traiter  les  moûts  fdlrés  par  5  ou  6  volumes  d'alcool,  à 
centrifuger  le  précipité  ainsi  obtenu,  puis  à  le  redissoudre  dans  des  solu- 
tions d'amidon  soluble  de  Lintner  à  4  pour  100. 


SÉANCE    DU    î/j    DÉCEMBRE    IOo3.  1081 

))  On  opérait  la  saccharification  à  3']''-3S°  C,  température  optima  choi- 
sie pour  le  travail  industriel  des  muccdinées. 

»  Dans  les  échantillons  prélevés  tout  au  début  du  développement  du 
mucor,  on  remarquait  que  le  liquide  restait  opalescent,  et  ne  donnait  que 
très  peu  de  s^lucose,  sans  aucun  précipité. 

»  Les  échantillons  prélevés  quand  la  mucédinée  avait  fait  de  80^  à  [  lo^ 
de  glucose  par  litre  montraient  une  activité  diastasique  beaucoup  plus 
grande,  et  qui  variait  de  2»  à  3^  par  litre  et  par  heure  (soit  de  6000'^^  à 
'^ooo''^  de  glucose  produits  par  24  heures  dans  une  cuve  de  1000'''). 

»  Mais,  avec  ces  solutions,  on  observait  toujours,  au  bout  de  i  heure, 
une  coagulation  très  nette  et  un  dépôt  d'amidon  assez  volumineux. 

»  Enfin,  les  échantillons  de  moûts  prélevés  après  l'addition  de  levure  et 
vers  la  fin  de  la  fermentation  montraient  une  activité  diastasique  bieufdus 
faible  que  les  échantillons  précédents,  et  les  phénomènes  de  coagulation 
étaient  bien  moins  sensibles. 

M  Ces  faits  viennent  donc  appuyer  les  expériences  de  MM.  Wolf  et 
Fernbach,  et  confirment  que  l'on  est  en  droit  d'admettre  l'existence  d'une 
coagulation  qui  précède  la  transformation  de  l'amidon  soluble  en  dextrine. 
Ils  montrent  que  la  diastase,  mise  en  évidence  par  les  travaux  de  ces  au- 
teurs, n'existe  pas  seulement  dans  les  graines  des  céréales  en  germination, 
mais  qu'elle  existe  aussi  dans  les  cultures  de  mucédinées  sacchari/iantes .  On 
ne  saurait  se  défendre  de  voir  une  analogie  entre  ces  faits  et  ce  qui  se  passe 
dans  la  solubilisation  de  la  caséine  qui,  elle  aussi,  est  précédée  d'une  coa- 
gulation, 

»  D'aïitre  part,  si  nous  examinons  ce  qui  se  passe  dans  le  précipité 
d'amidon  produit  au  début  de  la  saccharification,  nous  constatons  qu'une 
partie  de  l'amylase  est  entraînée  par  l'amidon  coagulé,  ainsi  que  le  dé- 
montre l'expérience  suivante,  du  21  juillet  dernier  : 

»  On  a  prélevé  oo*^'"'  de  moût  filtré  aseptiquemeiit,  au  moment  où  le  mucor  avait 
fabriqué  lOO'  de  glucose  par  litre,  et  on  les  a  précipités  avec  25o*^°''  d'alcool  à  96".  On 
a  centrifugé  rapidement,  redissous  le  précipité  essoré  dans  de  Tamidon  à  4  pour  joo,  et 
ramené  la  solution  aw  volume  de  5o"°\  On  place  le  flacon  à  l'étuve  à  36"  G. ,  à  ji^'So™ 
du  matin.  Ce  liquide  renfermait  à  ce  moment  2?  de  sucre  par  litre. 

»  A  2^,  on  trouve  au  fond  d'un  liquide  parfaitement  clair  un  magnifique  précipité. 
On  trouve  à  ce  moment  7s  de  sucre,  soit  5e  de  sucre  fabriqué,  ou  2s  par  heure  et  par 
litre.  On  décante  la  moitié  du  liquide  pour  séparer  le  liquide  clair;  on  remet  à  l'étuve 
pendant  3  heures;  à  5^  on  trouve  dans  le  liquide  clair  ;  95,5  de  sucre  par  litre, 
soit  2B,  5  de  sucre  fabriqué  pendant  cette  dernière  période.  Cela  représente  oS,  8  par 
heure  et  par  litre. 


Io82  ACADÉMIE   DES    SCIENCES, 

')  On  trouve  dans  le  liquide  trouble  iis,5,  d'où  4^)5  de  sucre  produit  dans  cette 
dernière  période,  ou  is,  ^  par  heure  et  par  litre. 

»  On  voit  donc  par  là  que  l'action  de  l'amylo-coagulase  a  pour  efFet  de 
précipiter  une  partie  de  l'amylase  avec  l'amidon, 

»  On  voit  en  outre  : 

»  i*'  Que  cette  amylase  précipitée  continue  à  manifester  une  partie  de 
son  activité,  même  après  sa  précipitation  ; 

»  2°  Que  l'activité  diaslasique  de  la  solution  diminue  assez  rapidement 
par  suite  de  la  précipitation  de  l'amylase  par  l'amidon. 

))  C'est  encore  là  un  exemple  qui  montre  l'antagonisme  de  ces  deux 
diastases,  et  que,  comme  la  papaïne  de  Wurtz,  la  diastase  peut  se  trouver 
entraînée  dans  les  précipités  d'amidon  qu'elle  devrait  transformer. 

))  J'ai  d'ailleurs  pu  constater  qu'une  petite  portion  de  diastase  se 
précipite  et  se  fixe  sur  les  éléments  insolubles  du  moût  en  lin  de  fermen- 
tation ;  malgré  lo  ou  i5  lavages  à  l'eau  et  centrifugations  pour  éliminer 
les  diastases  dissoutes,  on  constatait  encore  une  production  de  sucre  très 
nette  en  mettant  les  matières  insolubles,  lavées,  dans  de  l'amidon  soluble 
de  Lintner. 

»  Enfin,  la  pratique  de  ces  essais  montre  que  la  précipitation  par  l'amylo- 
coagulase  est  toute  différente  de  celle  que  l'on  observe  dans  les  solutions 
d'amidon.  Cette  dernière  précipitation,  désignée  par  M.  Maquenne  sous 
le  nom  de  rétrogradation  des  solutions  d'amidons  (Comptes rendus,  26  juillet 
1903),  est  provoquée  [)ar  les  sels  alcalins  que  contiennent  les  diverses 
variétés  d'amidons,  et  par  les  alcalis  enlevés  au  verre  lui-même  des  vases 
employés  pour  les  expériences.  Je  démontrerai,  dans  une  publication 
ultérieure,  que  des  traces  d'alcalis  produisent  ce  phénomène.   » 


PHYSIOLOGIE  GÉNÉRALE.  —  Corrélations  fonctionnelles  entre  les  glandes  à 
venin  et  l'ovaire  chez  le  Crapaud  commun.  Note  de  M.  C  Phisalix,  pré- 
sentée par  ]M.  A.  Chauveau. 

«  Quand,  à  l'époque  du  frai,  on  compare  l'état  des  glandes  cutanées 
chez  le  Crapaud  mâle  et  le  Crapaud  femelle,  on  est  surpris  des  différences 
que  ces  glandes  présentent  dans  les  deux  sexes.  En  examinant  la  peau  du 
dos  par  sa  face  iriterne,  on  voit,  chez  le  màle,  les  glandes  à  venin  remplies 
de  leur  produit  de  sécrétion  blanc-jaunàtre,  tandis  que,  chez  la  femelle, 
c'est  à  peine  si  l'on  trouve  çà  et  là  quelques  petites  taches  blanches.  La 


SÉANCE    DU    I '}    DÉCEMBRE    ipoS.  lo83 

grande  majorité  des  glandes  paraît  vide  et  cette  vacuité  se  traduit  par  l'as- 
pect de  la  peau,  qui  est  beaucoup  moins  rugueuse  que  chez  l'animal  revenu 
à  la  vie  terrestre,  après  l'époque  du  frai.  Comment  expliquer  ce  phéno- 
mène ? 

»  Les  glandes  cutanées  fourniraient-elles  des  matériaux  à  l'ovaire  pour 
l'élaboration  des  œufs?  Cette  hypothèse  parait  d'autant  plus  vraisemblable 
qu'à  l'époque  de  la  ponte,  la  glande  génitale  est  en  suractivité  fonctionnelle 
et  que  les  crapauds  à  peine  sortis  de  la  période  hibernale  restent  longtemps 
accouplés  sans  prendre  aucune  nourriture. 

))  Pour  vérifier  l'exactitude  de  cette  hypothèse,  il  fallait  trouver  dans  les 
œufs  les  mêmes  principes  actifs  que  dans  les  glandes  à  venin  et  démontrer 
que  ces  principes  ne  préexistent  pas  dans  l'ovaire.  Or  c'est  précisément  ce 
qui  ressort  des  expériences  que  je  vais  résumer. 

»  Au  moment  delà  ponte,  les  œufs  agglutinés  par  une  matière  albumineuse  forment 
des  cordons  gluants  qui  distendent  les  oviductes.  Après  les  avoir  extraits  de  l'abdomen, 
on  les  dessèche  dans  le  vide  et  on  les  plonge  dans  le  chloroforme.  Le  liquide  se  colore 
en  jaune  et  laisse,  après  distillation,  un  résidu  huileux,  à  odeur  de  poisson,  à  réaction 
acide,  dont  l'inoculation  à  la  grenouille  détermine  des  symptômes  analogues  à  ceux 
que  provoque  le  venin  lui-môme.  L'intoxication  se  manifeste  par  un  affaiblissement 
musculaire  qui  augmente  progressivement  et  aboutit  à  la  paralysie;  si  la  dose  est 
faible,  le  co^ur,  quoique  ralenti,  continue  à  battre;  pour  provoquer  l'arrêt  du  cœur  en 
systole  caractéristique  de  la  Bufotaline,  il  faut  inoculer  une  quantité  double  du  même 
extrait  chloroformique.  Cela  montre  que,  dans  les  œufs  comme  dans  le  venin,  le  poison 
du  système  nerveux,  la  Bufoténinc,  est  plus  abondant  ou  plus  actif  que  le  poison 
cardiaque. 

»  Les  principes  actifs  du  venin  existent  donc  dans  les  œufs.  Reste  à 
savoir  si,  dans  le  cours  du  développement,  ces  principes  se  transforment 
et  sont  utilisés  à  la  nutrition  des  cellules  ou  si,  au  contraire,  ils  restent 
intacts  pour  se  localiser  dans  l'ovaire.  Dans  ce  dernier  cas,  ils  fourniraient 
une  preuve  matérielle  de  la  continuité  du  plasma  germinatif  et  ce  serait 
une  confirmation  à  la  théorie  de  Weissmann.  Il  résulte  de  mes  expériences 
que  seule  la  première  alternative  est  exacte. 

»  Des  œufs  de  crapaud,  au  nombre  de  i5oo  environ,  ont  été  desséchés  dans  le  vide 
et  plongés  dans  le  chloroforme,  ils  ont  cédé  à  ce  liquide  une  quantité  de  poison  suffi- 
sante pour  tuer  lo  grenouilles;  c'est  dire  que,  pour  extraire  une  seule  dose  mortelle,  il 
faut  à  peu  près  i5o  œufs.  En  traitant  de  la  même  manière  3oo  têtards  de  crapaud,  soit 
un  nombre  double  de  celui  des  œufs,  on  devrait  obtenir,  si  le  poison  n'avait  pas 
disparu,  une  quantité  au  moins  égale  à  celle  fournie  par  les  œufs.  Il  n'en  est  rien. 
L'extrait  chloroformique  de  ces  3oo  têtards,  inoculé  en  entier  à  la  grenouille,  est 
dépourvu  de  toute  toxicité. 


Io84  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Il  résulte  de  celle  expérience  que  les  poisons  conlenus  dans  l'œuf  disparaissent 
pendant  les  premières  phases  embryonnaires.  La  réapparition  de  ces  substances 
toxiques  dans  l'organisme  est  corrélative  du  développement  des  glandes  à  venin. 
Les  poisons  fabriqués  par  ces  glandes  rentrent  dans  le  sang  par  le  mécanisme  de  la 
sécrétion  interne,  et,  à  l'époque  oîi  l'ovaire  entre  en  activité,  ils  se  fixent  sur  les  cellules 
germinatives  pour  contribuer  à  la  formation  et  au  développement  de  l'œuf. 

»  L'existence  de  substances  toxiques  clans  les  œufs  n'est  pas  très  rare  ; 
on  l'a  signalée  chez  certaines  espèces  de  poissons  ,  et  tout  récemment 
M.  Loisel  l'a  démontrée  pour  les  Oursins.  Il  est  donc  probable  que  ces 
poisons  jouent  un  rôle  important  dans  l'ovogenèse  et  le  développement 
embryonnaire.  Peut-être  constituent-ils  un  substratum  matériel  de  l'Iiéré- 
dité,  et  servent-ils  à  transmettre  la  caractéristique  chimique  de  l'espèce. 
S'il  en  est  réellement  ainsi,  et  les  récentes  expériences  de  M.  Houssay  sur 
les  poules  carnivores  concordent  avec  cette  manière  de  voir,  on  conçoit 
que  les  modifications  nutritives  imprimées  aux  cellules  corporelles  puis- 
sent retentir,  par  l'intermédiaire  de  substances  solubles,  sur  l'évolution 
des  cellules  germinatives.   » 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Les  conditions  spéciales  de  la  circulation 
dans  des  glandes  en  activité.  Note  de  MM.  G.  Moussu  et  J.  Tissot,  pré- 
sentée par  M.  Chauveau. 

«  Récemment,  lord  Kelvin  a  eu  l'idée  d'expliquer  la  constance  de  la 
température  du  corj)S  des  animaux  à  sang  chaud,  dans  les  milieux  exté- 
rieurs à  température  élevée,  par  l'intervention  de  processus  réducteurs 
endothermiques. 

»  Dans  une  Note  récente,  M.  Chauveau  (^),  s'élevant  contre  cette  ma- 
nière de  voir,  a  montré  que  les  faits  sur  lesquels  s'appuie  lord  Kelvin  (ruti- 
lance  du  sang  chez  les  sujets  chauffés,  richesse  du  sang  veineux  en  oxy- 
gène) n'ont  pas  la  signification  qu'il  leur  attribue.  Il  a  montré  aussi  que  les 
conclusions  de  Cl.  Bernard,  relatives  à  la  dépense  énergétique  dans  les 
glandes  en  activité,  sont  gravement  entachées  d'inexactitude,  parce  qu'il 
a  omis,  dans  son  calcul  des  combustions  intraorganiques,  de  tenir  compte 
d'un  facteur  essentiel,  le  débit  sanguin. 

))   A  l'instigation  de  M.  Chauveau,  nous  avons  répété  lés  expériences  de 


(*)  A.  Chauveau,  L" animal  t lie rnios la t  {Comptes  rendus,  t.  CXXXVl,  igo3,  p.  792). 


SÉANCE    DU    l4  DÉCEMBRE    [90,3.  Io85 

Cl.  Bernard  en  nous  adressant  à  la  glande  parotidienne  du  bœuf,  glande 
douée  d'une  grande  activité  et  dont  les  vaisseaux  et  nerfs  sont  facilement 
accessibles  à  l'opérateur. 

»  Dispositif  expérimental.  —  Le  canal  de  Sténon,  le  nerf  parotidien  (^)  et  l'artère 
faciale  sont  mis  à  nu  au  niveau  du  bord  antéro-inférieur  du  masséter.  Une  canule  est 
placée  dans  le  canal  de  Stenon  et  une  autre  dans  Tartère.  La  veine  parotidienne  est 
mise  à  nu  dans  toute  sa  longueur  par  une  deuxièn^ie  incision  sur  le  bord  postérieur  de 
la  parotide.  Toutes  les  branches  veineuses  qui  ne  proviennent  pas  de  la  parotide  sont 
liées,  puis  une  canule  très  large  est  placée  au  confluent  de  la  veine  avec  la  jugulaire. 

»  On  détermine  le  débit  sanguin  et  la  valeur  de  l'écoulement  de  salive  pendant 
l'état  de  rej)os  et  pendant  l'état  d'activité  de  la  glande.  Cette  activité  est  provoquée  par 
l'excitation  du  nerf  parotidien  à  l'aide  d'une  machine  à  courants  induits.  Le  sang  et  la 
salive  sont  recueillis  pendant  une  minute  et  pesés.  Dans  certaines  expériences,  il  était 
prélevé  i*^'"'  du  sang  recueilli  afin  de  faire  la  numération  des  globules  après  une  dilu- 
tion convenable. 

»  Expérience  1.  —  10  juillet  1908.  Vache  bretonne  en  parfait  état  destinée  à  la 
boucherie.  Le  Tableau  ci-dessous  indique  les  valeurs  du  débit  sanguin  pendant  l'état 
de  repos  et  l'état  d'activité  (  Voir  le  Tableau  n°  1). 

«  Les  déterminations  l  et  2  ont  une  valeur  trop  forte  parce  que  les  modifications 
circulatoires  produites  dans  la  glande  par  le  traumatisme  expérimental  persistent 
encore.  Si  l'on  compare  la  moyenne  des  déterminations  n°  5,  6,  7,  8,  soit  20^,  i  5,  à  celle 
des  déterminations  n°  3  et  4,  soit  iSyS.oo,  on  voit  que  le  débit  sanguin  était  environ 
7  fois  plus  fort  pendant  l'état  d'activité  que  pendant  le  repos. 

»  Expérience  11.  —  22  novembre  1908.  Vache  bretonne  en  bon  état,  bien  qu'atteinte 
de  tuberculose  au  début.  Les  résultats  sont  contenus  dans  le  Tableau  n»  2. 

»  On  remarquera  dans  cette  expérience  la  valeur  considérable  du  débit  salivaire  par 
rapport  à  celle  du  débit  sanguin  et  l'augmentation  considérable  aussi  du  nombre  de 
globules  rouges  constatée  dans  le  sang  veineux  à  ce  moment. 


Tableau  N°  1. 

Numéros 
d'ordre 
des 
détermination 

État 
de  la 
s.           glande. 

Poids 

de  sang 

écoulé 

par  minute, 

1 

Repos 

35, 5o 

2 

Repos 

49.4» 

3 

Activité 

i35,/40 

4 

Activité 

189,60 

5 

Repos 

20, 38 

6 

Repos 

16,39 

7...  . 

Repos 

2  2,65 

8... 

Repos 

22,83 

Tableau  N" 

2. 

État 

de  la 

glande. 

Nature 

du 
sang. 

Poids 
de  sang 
veineux 

écoulé 
par  min. 

Poids 
de  la 
salive 
écoulée 
par  min. 

Nombre 
de  globules 

rouges 
du   sang. 

Repos 

Veineux 

68 

8 

7850000 

Activité 

Veineux 

182 

25,80 

8760000 

Activité 

» 

Veineux 
Artériel 

108 

93 

9900000 
63ooooo 

(  '  )  Moussu,  Nerf  sécrétoire  de  la  glande  parotide  {Soc.  de  Biol.  1888). 
C.   P..,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  24.) 


i4'^ 


IO.S6  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

»   Ces  deux  expériences  font  ressortir  trois  faits  : 

»  1"  L'augmentation  du  débit  sanguin  pendant  l'état  d'activité,  et  l'importance 
énorme  de  ce  facteur  danslle  calcul  de  la  dépense  de  la  glande  ; 

«  2"  La  valeur  considérable  que  peut  atteindre  le  débit  salivaire,  par  rapport  au 
débit  sanguin  ; 

»  3"  L'augmentation  considérable  de  larichesse  du  sang  veineux  en  globules  rouges 
pendant  l'état  d'activité,  augmentation  d'autant  plus  forte  que  le  débit  salivaire  a  une 
valeur  plus  considérable,  par  rapjDort  à  celle  du  débit  sanguin. 

»  IL'saute  immédiatement  aux  jeux  que  cette  augmentation  globulaire  peut  expli- 
quer la  richesse  en  oxygène  du  gang  veineux  pendant  l'état  d'activité.  Il  apparaît 
aussi  facilement  que  la  sécrétion  de  la  salive  prive  le  sang  d'un  volume  énorme  d'eau 
par  rapport  à  sa  masse  et  le  concentre.  Ainsi  donc,  l'augmentation  de  la  richesse  en 
globules  rouges^du  sang  veineux  et  par  suite  sa  teneur  en  oxygène  qui  s'y  lie  intime- 
ment ne  sont  que  le  résultat  d'une  concentration  du  sang  due  à  la  sécrétion  salivaire 
qui  prive  le  sang  d'une  partie  de  son  eau. 

»  Il  résulte  de  ces  faits  que  deux  facteurs  importants  doivent  entrer  en 
ligne  dans  le  calcul  de  la  dépense  de  la  glande  ; 

»  I**  L'oxygène  entrant  dans  la  glande  doit  être  calculé  sur  un  volume 
de  sang  artériel  égal  au  volume  de  sang  veineux  qui  s'écoule  par  minute, 
augmenté  du  volume  de  salive  sécrétée  pendant  le  même  temps. 

))  i'^  L'oxygène  sortant  de  la  glande  se  calcule  sur  le  volume  du  sang 
veineux  écoulé  par  minute. 

»  Nous  démontrerons  dans  une  autre  Note  que  l'application  de  cette 
manière  de  calculer  donne  une  confirmation  éclatante  aux  conclusions  de 
M.  Chauveau.  » 


M.  A.  Grandidier  présente  à  l'Académie,  au  nom  de  l'auteur  M.  Jules 
de  Schokalsky,  le  premier  fascicule  du  premier  grand  Atlas  de  Géographie 
oaru  en  Russie  et  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  Cet  Atlas  a  élé  commencé  par  feu  le  professeur  Pétri  et  est  achevé 
par  M.  de  Schokalsky,  adjoint  au  Président  de  la  Section  de  Géographie 
phvsique  à  la  Société  de  Géographie  russe.  Les  Cartes  des  pays  étrangers 
sont  copiées,  avec  des  corrections  et  des  additions,  de  celles  de  l'Atlas  de 
Wagner  et  Debes  à  Leipzig,  mais  la  Carte  de  la  Russie  à  „Q^^,,^p  en  8  feuilles 
et  les  1 1  autres  Cartes  particulières  consacrées  à  cet  Empire  sont  entière- 
ment neuves.  Ces  Cartes  sont  les  plus  complètes  qui  aient  encore  paru,  et 
beaucoup  de  documents  encore  manuscrits  ont  été  utilisés  pour  leur 
rédaction. 


SÉANCE    DU    l'i    DÉCEMBRE    TQoS.  T087 

»   Ce  premier  fascicule  contient  :  la  mappemonde,  la  France,  les  États 
danubiens  et  la  Grèce  et  2  feuilles  de  la  Russie  d'Europe.   » 

M.  D.  Lechaplaix  adresse  une  «  Note  relative  à  la  direction  des  aéro- 
stats )'. 

M.  Cardin  adresse  une  Note  «  Sur  la   formation  des  alcoolates  cupro- 
alcalins  ». 

(Commissaires  :  MM.  Troost,  Moissan,  TIaller.) 

La  séance  est  levée  à  l\  heures  et  demie. 

M.   B. 

BULLETIN    BIBLIOGRAPHinUE. 


OUVBAGKS    REÇUS    DANS    LA    SÉANCE    DU    CîS    NOVEMBRE    igoS. 

(Suite.) 

Gnipo  notable  de  manchas  solares  ohservadas  et  5  de  oclubre  de  igoS.  Obser- 
vador  :  Francisco  José  Zamora.  (Sociedad  astronomica  de  Mexico  :  Circular  iium.  13.) 
Mexico^  1903  ;  i  feuille  in-8°. 

The  electrolytic  de  termina  lion  'of  manganèse  and  ils  separalion  froni  zinc  and 
iron,  by  Georges-Philipp  Scholl.  Easton,  Pa.,   1908;  r  fasc.  in-S", 

The  rapid  precipilation  of  mêlais  in  the  electrolytic  way ,  by  Franz  Frederick 
ExNER.  Easlon,  Pa.,  igoS;  i  fasc.  in-8°. 

The  réduction  of  nilric  acid  in  melallic  nitrates  to  ammonia.  by  the  electric 
carrent  and  the  quantitative  estimation  of  nilric  acid,  by  William  Hastings  Easton. 
Philadelphie,  igo3;  i  fasc.  in-8°. 

The  prolotyle  as  the  basis  ofele/nenfal  individualty,hyNo/<.^E.  Aronstam.  (E\tr. 
de  The  médical  âge,  25  juin  igoi.)  Détroit,  Mich.;  i  fasc.  iri-S". 

The  spermatogenesis  of  Oniscus  asellus  Linn.,  wilh  especial  référence  ta  the  his- 
tory  of  the  chromalin,  by  Louise  Nichols.  (  Exlr.  de  The  Proceedings  of  the  american 
philosophical  Society,  vol.  XLI,  n"  168.)  i  fasc.  in-8°. 

Cold  Spring  Harbor  monographs  :  I.  Talorcheslia  Longicornis,  by  Mabel 
E.  Smallwood;  II.  Collembola  of  Beach,  by  C.-B.  Davenport.  Brooklyn,  N.  Y.,  igo3; 
2  fasc.  in-8°. 

On  the  discharge  of  electricity  from  hot platinium,  by  Harold-A.  Wm.son.  {Phil. 
Trans.,  A,  vol.  CCII,  rgo3,  p.  243-275.)  Londres;  i  fasc.  in-4''. 


Io88  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

A  nxethod  for  the  investigation  of  fossils  by  sériai  sections,  by  W.-J.  Sollas. 
{Phil.  Trans.,  B,  vol.  CXCVI,  1908,  p.  259-263.)  Londres,  i  fasc.  111-4". 

Die  schweizerischen  Molassekolilen  \vestlich  der  Reass,  mit  3  Tafeln,  von  D'' Ernst 
KissLiNG.  {Beitràge  zur  Géologie  der  Schweiz.  Geotechnische  Série,  Llef.  II.) 
Berne,  1908;  i  fasc.  in-4°. 

Sveriges  Geologiska  Undersôkning;  série  C«,  11°  3;  série  G,  n°*  193,  194;  série 
Ka,  n"*  116,  118„  122;  série  Ac,  n°  7.  (Textes  et  Gartes.  )  Stockholm,  1902-1908;  i  fasc. 
in-4°,  6  fasc.  in-8°  et  4  feuilles  de  cartes  en  conleur  in-f'*. 

L'Étal  indépendant  du  Congo.  Documents  sur  le  pays  et  les  liahitants.  (Annexe 
aux  Annales  du  Musée  du  Congo.  Ethnographie  et  Anthropologie  ;  série  IV,  fasc.  1 
et  2.)  Bruxelles,  1908;  2  fasc.  in-f°. 

Subject  list  of  works  on  the  minerai  industries  and  allied  sciences  in  the  Library 
of  the  Patent  Office.  (Patent  Office  Library  séries:  n°  13.  Bibliographical  séries: 
n°  10.)  Londres,  1908;  i  vol.   in- 18. 

Almanaque  nautico  para  el  ano  1905,  calculado  de  orden  de  la  superioridad  en 
el  Instituto  y  Observatorio  de  Marina  de  San  Fernando.  San  Fernando,  1908;  i  vol. 
in-4°. 


ERRA  TA. 


(Séance  du  3o  novembre  iQoS.) 

Note  de  MM.  H.  Baubigny  el  P.  Rivais,  Séparation  de  l'iode  dans  les  sels 
halogènes  alcalins  d'avec  le  chlore  et  le  brome,  etc.  : 

Page  928,  ligne  16,  au  lieu  de  SO^H^Ag,  lisez  SO*H^ 

Note  de  M.  GuilUermond,  Contribution  à  l'étude  cytologique  des  Asco- 
mycètes  : 

Page  989,  lignes  7  el  16,  au  lieu  de  Peziza  Gortinus,  lisez  Peziza  Gatinus. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE  PUBLIQUE  ANNUELLE  DU  LUNDI  21  DÉCEMBRE  1905, 

PRÉSIDÉE  PAR  M.  ALBERT  GAUDRY. 


M.  Albert  Gaudry  prononce  Tallocution  suivante  : 


«   Messieurs, 


»  Quelques-uns  de  nos  Confrères,  auxquels  est  échu  l'honneur  de  pré- 
sider notre  séance  annuelle,  vous  ont  entretenus  du  rôle  magnifique  de  la 
Science  dans  la  Société  moderne.  En  choisissant  cette  année  pour  votre 
président  un  paléontologiste,  vous  avez  dû  penser  qu'il  serait  malhabile 
pour  vous  parler  de  l'époque  présente.  Souffrez  donc  que  je  vous  transporte 
un  moment  dans  le  monde  des  fossiles. 

»  Aussi  bien,  en  exposant  l'état  actuel  de  la  Paléontologie,  m'est-il 
permis  de  croire  que  je  traite  un  sujet  digne  d'intérêt  pour  notre  Académie. 
M.  Edmond  Perrier  a  écrit  :  Grâce  à  Cuvier,  une  Science  nouvelle  est 
créée,  qui,  j^essuscitant  les  animaux  et  les  plantes  des  temps  anciens,  va 
nous  raconter  en  détails  l'histoire  du  passé  de  notre  planète;. . .  les 
doctrines  de  Lamarck  et  de  Geoffroy  Saint-Hilaire  lui  ouvrent  les  plus 
vastes  horizons.  »  Oui,  cette  triade  de  savants  de  l'Académie  et  du  Jardin 
des  Plantes  a  fondé  la  Paléontologie  :  c'est  là  un  titre  d'honneur  que  nul 
ne  conteste  à  notre  pays.  En  travaillant  pour  la  Paléontologie  nous  pensons 
faire  acte  de  patriotisme. 

»  Notre  grand  Cuvier  a  connu  trop  peu  d'animaux  fossiles  pour  établir 
leurs  enchauiements.  Celui  que  Lamarck  appelait  le  Sublime  Auteur  de 
toute  chose  lui  a  semblé  avoir  tiré  les  espèces  les  unes  des  autres,  en  com- 
mençant par  les  plus  simples  pour  terminer  par  les  plus  parfaites.  Mais 
nulle  part  Lamarck  n'a  donné  des  exemples  de  leur  descendance.  Geoffroy 
Saint-Hilaire  a  été  plus  loin;  ayant  étudié  les  Reptiles  fossiles  de  la  Nor- 
mandie, il  prétendit  qu'ils  étaient  les  ancêtres  des  animaux  actuels.  Il  a  eu 
des  envolées  prophétiques.  Pourtant,  en  i83o,  lors  des  fameuses  discussions 

C.  R.,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  25.)  ^^^ 


Togo  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

avec  Guvier,  il  sembla,  faute  de  preuves,  avoir  tort.  Le  bon  Geoffroy  est 
mort,  sans  avoir  eu  la  joie  de  voir  découvrir  les  anneaux  des  chaînes  mer- 
veilleuses que  son  génie  avait  devinées. 

»  Encore  en  1872,  Darwin  constatait  le  manque  des  gradations  néces- 
saires pour  démontrer  les  descendances  des  êtres  :  C'est  là  peut-être, 
ajoutait-il,  U objection  la  plus  sérieuse  qu'on  puisse  opposer  à  ma  théorie. 
Je  crois  que  V explication  provient  de  V imperfection  des  documents  que 
la  Géologie  met  à  notre  disposition.  Un  des  Chapitres  de  V Origine  des 
Espèces  est  intitulé  :  Pauvreté  de  nos  collections  paléontologiques. 

»  Nous  ne  saurions  plus  tenir  ce  langage.  Quand  on  passe  à  Cromarty, 
dans  le  nord  de  l'Ecosse,  on  aperçoit  une  colonne  érigée  en  Thonneur  de 
l'ouvrier  carrier  Hugh  iNIiller;  en  cassant  des  pierres,  l'ouvrier  de  Cromarty 
admirait  qu'on  y  trouvât  des  créatures  fossiles,  et  il  en  tirait  des  pensées  si 
hautes  qu'il  est  devenu  un  des  paléontologistes  célèbres  de  la  Grande-Bre- 
tagne. Beaucoup  de  gens  sont  comme  Miller;  c'est  chose  étonnante  que 
l'ardeur  avec  laquelle,  dans  tous  les  pays  du  monde,  on  brise  les  roches 
pour  surprendre  les  secrets  des  temps  passés  :  bâtis  hier,  les  Musées  de 
Paléontologie  sont  aujourd'hui  trop  petits. 

»  Alcide  d'Orbigny  a  étabh  une  longue  série  d'étages,  ayant  chacun  des 
formes  spéciales,  et  bientôt  on  a  subdivisé  ces  étages  en  zones  dont  les 
espèces  offrent  des  nuances  successives.  Au  lieu  d'entités  distinctes,  nous 
découvrons  des  enchaînements,  et  l'œuvre  de  la  Création  présente  à  nos 
esprits  charmés  le  spectacle  d'une  évolution  qui  s'avance  majestueuse  dans 
l'immensité  des  âges. 

»  Aucun  visiteur  de  la  nouvelle  galerie  de  Paléontologie  du  Muséum  ne 
met  plus  en  doute  que  d'abord  il  y  a  eu  le  règne  des  Invertébrés,  c'est- 
à-dire  des  êtres  les  moins  élevés,  qu'au  règne  des  Invertébrés  a  succédé  celui 
de  Poissons  et  de  Reptiles,  incomplètement  vertébrés  à  leur  début;  qu'en- 
suite il  y  a  eu  le  règne  des  puissants  Vertébrés  à  sang  froid^  plus  tard  celui 
des  Mammifères,  plus  tard  enfin  celui  de  l'Homme. 

»  Assurément,  en  face  du  connu  se  dresse  encore  un  vaste  inconnu.  Mais 
déjà  de  nombreux  stades  d'évolution  apparaissent,  surtout  chez  les  êtres 
supérieurs,  dont  la  complicalion  fournit  plus  de  moyens  de  comparaison. 
Par  exemple,  nous  savons  qu'à  l'aurore  du  Tertiaire  il  n'y  avait  pas  ces 
élégants  Quadrupèdes,  si  rapides  à  la  course,  que  nous  admirons  sous  le 
nom  de  Chevaux  et  de  Ruminants;  le  noble  Éléphant  n'existait  pas;  on  ne 
voyait  ni  Rhinocéros,  ni  Tapirs,  ni  Ours,  ni  Hyènes,  ni  Chiens,  ni  Chats,  ni 
Singes.  Peu  à  peu  les  Quadrupèdes  sont  devenus  plus  Chevaux,  plus  Rumi- 


SÉANCE    DU    2  1    DÉCEMBRE    I9o3.  1091 

nants,  plus  Éléphants,  plus  Rhinocéros,  plus  Tapirs,  plus  Ours,  plus 
Hyènes,  plus  Chiens,  plus  Chats,  plus  Singes. 

»  On  n'aurait  pas  imaginé  que  des  travaux  de  science  pure,  ayant  pour 
objet  l'histoire  de  l'évolution,  dussent  avoir  une  application  pratique; 
cependant,  comme  cliaque  phase  de  développement  des  êtres  correspond  à 
une  époque  déterminée,  elle  offre  le  meilleur  moyen  pour  fixer  l'âge  des 
terrains  ;  ainsi  elle  prolite  à  toutes  les  industries  qui  se  basent  sur  les  faits 
géologiques. 

»  Cette  Paléontologie  ne  ressemble  guère  à  celle  du  milieu  du  siècle 
dernier;  celle-là  ne  nous  montrait  cjuc  des  espèces  fixes,  toujours  immo- 
biles :  c'était  un  peu  triste.  Depuis  l'enfant,  qui  jette  une  pierre  dans  l'eau 
pour  y  produire  des  oncles,  juscju'à  l'astronome  suivant  la  marche  des  corps 
célestes,  nous  aimons  tous  le  mouvement.  Or  maintenant  la  Paléontologie 
nous  révèle  une  nature  en  continuel  mouvement  :  tout  remue,  tout  change. 
Un  os  s'allonge  ou  se  raccourcit,  s'épaissit  ou  s'amincit,  se  complicpieou  se 
simplifie;  une  dent  a  des  tubercules  ({ui  se  disposent  tantôt  en  lames,  tantôt 
en  mamelons,  tantôt  en  pointes,  tantôt  en  croissants.  Il  y  a  une  satisfaction 
immense  dans  la  contemplation  de  cette  perpétuelle  diversité.  Le  Dieu 
qu'aujourd'hui  les  paléontologistes  adorent  est  un  Dieu  d'une  aciivité 
infinie,  qui  nous  donne  l'exemple  d'un  travail  incessant. 

»  En  ce  moment,  la  science  des  fossiles  prend  un  nouvel  essor  par  les 
expéditions  lointaines.  Plusieurs  de  nos  vaillants  officiers  commencent  à 
nous  faire  connaître  l'intérieur  de  l'Afrique.  M.  de  Lapparent  vous  a  pré- 
senté en  diverses  occasions  les  pièces  qu'ils  ont  rapportées.  Puissent-ils  nous 
ramener  un  Okapi  pour  nous  offrir  une  idée  de  l'aspect  de  nos  fossiles  dans 
l'état  de  vie! 

»  Madagascar  est  un  centre  d'importantes  découvertes.  M.  le  profes- 
seur Boule  vous  montrera  au  Muséum,  parmi  une  cjuantité  d'échantil- 
lons, de  magnifiques  Ammonites,  des  os  énormes  de  Dinosauricns  expé- 
diés par  M.  Bastard  et  beaucoup  d'autres  explorateurs.  Voulant  continuer 
l'œuvre  magistrale  de  son  père  à  Madagascar,  M.  Guillaume  Grandidier  a 
recueilli  de  curieux  Mammifères  fossiles.  Le  fils  d'un  autre  de  nos  Confrères, 
M.  Paul  Lemoine,  vient  de  faire  clans  le  même  pays  de  fructueuses 
recherches. 

»  En  présence  des  découvertes  extraordinaires  des  savants  argentins  et 
surtout  des  frères  Ameghino,  M.  André  Tournoucr  a  eu  la  généreuse 
pensée  que  la  Science  française  devait  en  avoir  sa  part,  et  voici  que,  pour 
la  cinquième  fois,  il  est  en  Patagonie.  Il  nous  envoie  des  monceaux  de 


1092  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

bêtes  fossiles  inconnues.  Pyrotherium,  Astrapotkerium,  Leontinia  étaient 
vraiment  de  bizarres  et  gigantesques  créatures! 

»  La  Paléontologie  végétale,  fondée  dans  noire  pays  par  Adolphe  Bron- 
gniart,  progresse  en  même  temps  que  la  science  fondée  par  Cuvier.  Grâce  à 
MM.  Zeiller,  Grand'Eury,  Bernard  Renault,  Fayol,  nous  croyons  cheminer 
dans  les  forêts  d'autrefois,  nous  assistons  à  la  genèse  des  végétaux  qui 
vivaient  il  y  a  plus  d'un  million  d'années;  on  nous  montre  des  grains  de 
pollen  pénétrant  dans  le  nucelle,  des  enveloppes  de  graines  presque  aussi 
nettes  que  chez  les  espèces  actuelles,  des  vaisseaux  ponctués,  des  trachées 
déroulées,  etc.  Les  microbes  accumulés  dans  la  houille  nous  apprennent  que, 
dès  les  anciens  jours,  les  corps  organisés  les  plus  petits  ont  été  les  plus 
importants. 

»  Si  l'étude  des  animaux  et  des  plantes  fossiles  doit  beaucoup  à  la  France, 
la  Paléontologie  humaine  ne  lui  doit  pas  moins  :  Boucher  de  Perthes, 
Lartet,  de  Mortillet  ont  été  ses  initiateurs;  M.  Piette  et  d'autres  ardents 
chercheurs  ont  entrepris  de  nous  dire  nos  origines. 

»  Dernièrement,  le  prince  de  Monaco,  avec  M.  l'abbé  de  Villeneuve,  a 
découvert  à  Menton  des  squelettes  humains;  les  savants  français,  auxquels 
il  en  a  confié  l'étude,  sont  frappés  de  leurs  rapports  avec  ceux  des  Austra- 
liens. Ces  recherches  sont  trop  isolées  pour  que  nous  osions  présenter  leurs 
résultats  comme  certains. 

»  Mais,  pour  les  Arts  et  l'Industrie,  nous  avons  en  ce  moment  des 
révélations  surprenantes.  MM.  Rivière,  Capitan,  Cartailhac,  aidés  par 
M.  l'abbé  Breuil,  ont  apporté  plusieurs  fois  à  l'Académie  les  reproductions 
de  peintures  qui  ornaient  les  parois  de  diverses  cavernes;  vous  avez  vu  de 
remarquables  représentations  d'animaux,  notamment  de  Mammouths,  et 
aussi  de  sujets  humains.  Pourquoi  ont-elles  été  faites  dans  des  galeries  abso- 
lument obscures?  Notre  confrère  de  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles- 
Lettres,  M.  Salomon  Reinach,  s'appuyant  sur  des  coutumes  de  certains 
Australiens,  vient  de  nous  dire  que  ces  représentations  étaient  des  talis- 
mans, au  moyen  desquels  les  chasseurs  s'imaginaient  attirer  le  gibier.  Une 
lampe  trouvée  par  M.  Rivière  renfermait  des  résidus  charbonneux,  sem- 
blables, suivant  M.  Berthelot,  à  ceux  que  laisserait  la  combustion  d'une 
substance  grasse,  telle  que  le  suif  ou  le  lard.  M.  Moissan  a  constaté  que  les 
matières  colorantes  des  peintures  étaient  des  oxydes  de  fer  et  de  manganèse. 
On  ne  peut  sans  émotion  manier  les  reliques  de  nos  premiers  aïeux.  En  face 
d'énormes  Pachydermes,  du  Bison,  de  l'Ours,  du  Lion  et  de  FHyène  des  ca- 
vernes, n'ayant  pour  se  défendre  que  des  instruments  de  silex,  ils  ont  osé 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    igoS.  lOv^S 

lutter,  et  ils  ont  vaincu  :  c'étaient  des  artistes,  c'étaient  des  braves  ;  lionneur 
à  leur  mémoire! 

»  Ainsi,  des  horizons  inconnus  se  découvrent  à  nous.  Pour  les  embrasser, 
nous  sommes  insuffisants.  Messieurs,  demandez  à  vos  amis  qu'ils  viennent 
à  notre  aide.  Nous  leur  promettons  grands  plaisirs,  plaisirs  de  philosophes 
qui  tâchent  de  comprendre  les  mystères  de  la  vie,  plaisirs  d'artistes  et  de 
poètes,  qui  aiment  les  spectacles  grandioses.  J'ai  vu  à  Canyon  City,  dans 
les  Montagnes  Rocheuses,  un  os  de  la  cuisse  d'un  Atlaiitosaurus ,  qui  avait 
à  lui  seul  la  hauteur  d'un  homme.  Quand,  à  New-Haven,  on  mesure  les 
restes  prodigieux  des  Dinosauriens  découverts  par  Marsh,  on  est  dans  la 
stupeur.  Un  jour  viendra  où,  dans  quelque  musée,  on  réunira  les  restaura- 
tions des  fossiles  de  toutes  les  contrées  et  de  tous  les  âges;  la  vision  en  sera 
si  étrange  qu'on  se  demandera  si  ce  n'est  pas  un  rêve. 

»  Ce  rêve  semblera  très  beau  ;  ce  ne  sera  pas  un  cauchemar.  Il  ne  faut 
point,  parce  qu'il  y  a  eu  autrefois  des  êtres  gigantesques,  conclure  que  la 
Terre  a  été  un  théâtre  de  luttes  et  de  désordres.  On  a  exagéré  les  idées  de 
Darwin  sur  le  struggle  for  life.  Les  forts  n'ont  pas  anéanti  les  faibles. 
Lorsqu'un  type  est  arrivé  à  son  épanouissement,  il  meurt;  que  ce  soit  une 
Ammonite,  ou  un  Brontosaurus ,  ou  un  Pyrolherium,  il  meurt,  pendant  que 
des  types  moins  perfectionnés  perpétuent  la  vie.  Les  Carnivores  ont  été  rares 
sur  les  anciens  continents.  Chose  triste  pour  notre  espèce,  c'est  l'homme 
qui  a  poussé  les  cris  de  guerre,  c'est  lui  qui  change  les  jolies  campagnes  en 
champs  de  carnage.  Au  moment  où  les  Mammifères  fossiles  ont  eu  leur 
apogée,  le  roi  des  animaux  était  le  pacifique  Dinotherium;  figurez-vous  ce 
géant  escorté  des  Mastodontes,  de  VHclladotherium,  de  VAiicylotheriuin  : 
c'était  vraiment  la  personnification  de  la  nature  puissante  et  calme  des 
anciens  jours.  Les  géologues,  qui  étudient  le  règne  minéral,  découvrent 
parfois  les  traces  de  révolutions  violentes,  comme  celles  dont  la  Martinique 
vient  d'être  la  victime.  Nous,  paléontologistes,  nous  contemplons  les  lentes 
et  harmonieuses  évolutions  du  monde  animé. 

»  Messieurs,  je  peux  le  dire  par  ma  longue  expérience  :  l'existence  du 
paléontologiste  est  charmante;  nous  allons  en  tous  pays  comparer  les  mou- 
vements de  la  vie  dans  les  âges  passés,  et,  de  temps  en  temps,  dans  un  coin 
de  montagne  où  meurt  le  murmure  humain,  nous  nous  arrêtons  pour 
creuser  les  roches  et  interroger  la  grande  nature.  Deux  fois  différentes, 
notre  Académie  a  chargé  celui  qui  vous  parle  de  faire  des  fouilles  à  Pi- 
kermi.  Plus  de  quarante  années  se  sont  écoulées;  j'ai  vu  disparaître  tour  à 
tour  les  hommes   qui  formaient  alors  l'Académie;  mais  l'Académie  ne 


1094  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

meurt  pas,  et,  vieillard  aujourcrimi,  je  lui  dis  de  tout  cœur  merci  pour  le 
bonheur  qu'elle  a  jeté  sur  mes  jeunes  années.  C'est  que  j'ai  passé  mes 
meilleurs  jours  au  pied  du  Pentélique.  Quand,  à  mon  retour,  on  m'a  dit  : 
«  Vous  avez  dû  avoir  des  moments  de  lassitude  dans  votre  ravin  de  Pi- 
»  kermi?  »  j'ai  répondu  :  «  C'est  vrai,  j'ai  été  quelquefois  oppressé  en  me 
»  sentant  si  cliétif  devant  les  restes  des  plus  imposantes  créatures.  Mais, 
»  lorsque,  avant  de  quitter  la  Grèce,  j'ai  gravi  l'Acropole  où  tant  de  mer- 
»  veilles  du  génie  humain  sont  réunies,  j'ai  repris  ma  force.  Appuyé  contre 
»  une  colonne  du  Parthénon,  je  me  suis  dit  :  Qu'importe  que  l'homme  ait 
»  un  corps  très  petit,  puisque  Dieu  a  doté  son  âme  du  génie;  qu'importe 
»  que  nous  soyons  nés  d'hier,  que  le  passé  ait  été  pour  les  êtres  sans  raison, 
»  si  le  présent  est  à  nous  et  si  l'avenir  nous  est  réservé   ». 

»  Je  sors  du  monde  des  fossiles,  et  je  rentre  dans  l'époque  actuelle. 
Immédiatement  j'ai  une  impression  de  tristesse.  J'ai  à  vous  rappeler  la 
perte  de  notre  Confrère  vénéré,  M.  de  Bussy.  Il  avait  succédé  au  gé- 
néral Perrier,  dont  M.  Darboux  va  tout  à  l'heure  vous  retracer  la  belle 
carrière.  Il  nous  a  été  enlevé  le  24  avril  à  l'âge  de  8i  ans.  Un  marin  digne 
de  l'apprécier,  M.  Guyou,  a  prononcé  devant  vous  son  éloge.  Il  vous  a 
assuré  que  son  nom  restera  à  côté  de  celui  de  Dupuy  de  Lôme  :  Bussy, 
a-t-il  dit,  a  su  discipline?'  entre  les  mains  du  constructeur  ce  métal 
indocile  qu'était  V acier.  Il  l'a  rendu  facile  à  travailler.  Le  remplacement 
des  lourdes  plaques  de  tôle  par  celles  d'acier  a  été  un  événement  dans  la 
marine.  M.  de  Bussy  a  construit  de  nombreux  cuirassés,  le  Redoutable , 
la  Dévastation,  le  Foudroyant^  le  Dupuy-de-Lôme,  son  chef-d'œuvre. 
Quelle  fascination  ce  doit  être  de  voir  lancer  à  la  mer  ces  puissants  navires 
de  combat!  M.  de  Bussy  est  resté  modeste  et  même  timide. 

»  Le  25  mai,  le  professeur  de  la  Sorbonne,  M.  Munier-Chalmas,  était 
élu  dans  la  Section  de  Minéralogie.  Moins  de  3  mois  après,  il  mourait 
subitement.  Je  me  le  rappelle  presque  enfant,  déjà  séduit  par  la  grandeur 
de  la  Géologie,  ne  voulant  étudier  rien  autre  chose.  Il  n'aimait  pas  les 
livres,  même  ceux  des  savants  les  plus  habiles,  et  il  n'en  a  jamais  fait;  le 
seul  qui  lui  plût,  c'était  celui  de  la  Nature  passée,  dont  les  feuillets,  pour 
me  servir  des  expressions  de  mes  premiers  maîtres,  sont  déchirés,  noircis 
par  le  temps.  La  Géologie,  comme  le  sphinx  de  Thèbes,  présente  des 
énigmes;  heureusement,  ceux  qui  n'en  trouvent  pas  le  sens  ne  craignent 
plus  d'être  dévorés.  M.  Munier-Chalmas  avait  une  ardeur  singulière  pour 
les  deviner  et  les  faire  deviner  aux  autres.  Il  n'est  pas  un  point  du  bassin 


SÉANCE    DU    2  1    DÉCEMBRE    igoS.  1095 

de  Paris  qu'il  n'ait  fouillé,  pas  une  roche  ou  un  fossile  de  nos  Musées  qu'il 
n'ait  scruté.  Sa  curiosité  d'esprit  avait  donné  au  laboratoire  de  Géologie 
de  la  Sorbonne  une  vie  intense;  sa  mort  y  produit  un  grand  vide. 

»  Un  de  nos  Associés  étrangers,  sir  Gabriel  Stokes,  s'est  éteint  dans  sa 
84^  année.  La  vieille  Université  de  Cambridge,  avec  ses  bâtiments  couverts 
de  lierre,  ses  larges  cours  aux  vertes  pelouses,  où  règne  un  religieux  silence, 
inspire  les  méditations  scientifiques.  Stokes  a  été  une  de  ses  gloires.  Notre 
Associé  étranger  lord  Kelvin  et  notre  Vice-Président  M.  iMascart  ont 
exposé  ses  œuvres;  après  eux,  je  ne  saurais  rien  ajouter. 

»  Nous  avons  perdu  plusieurs  Correspondants  nationaux.  La  dernière 
séance  publique  de  l'Académie  avait  eu  beu  le  22  décembre  1902;  le  len- 
demain,  23   décembre,  mourait  à  Marseille  M.    Reboul,   Correspondant 
de  la  Section  de  Chimie.  Il  avait  fait  de  belles  recherches  sur  les  éthcrs 
notamment  sur  un  éther  nouveau  qu'il  a  appelé  le  glycide. 

»  Le  12  janvier,  M.  Sirodot,  Correspondant  de  la  Section  de  Botanique 
à  Rennes,  nous  a  été  enlevé.  Un  des  maîtres  de  la  Cryptogamie,  M.  Bor- 
net,  vous  a  rappelé  ses  ingénieuses  études  sur  les  organismes  unicellulaires 
colorés  en  vert,  sur  les  Floridées  d'eau  douce,  sur  les  Vers  à  soie  et  sur  le 
gisement  du  mont  Dol,  où,  dans  un  espace  de  i4oo'",  on  a  trouvé  les  restes 
d'une  centaine  de  Mammouths. 

»  Peu  de  jours  plus  tard,  également  à  Rennes,  nous  perdions  M.  Le- 
chartier,  qui  avait  été  nommé  Correspondant  de  la  Section  d'Économie 
rurale  pour  ses  recherches  de  Chimie  et  de  Géologie  agricoles. 

»  Nous  avons  eu  aussi  le  regret  d'apprendre  la  mort  de  Correspondants 
étrangers  :  M.  Cremona  à  Rome  et  M.  Lipschitz  à  Bonn,  tous  deux  de  la 
Section  de  Géométrie,  M.  Wiilard  Gibbs  de  New-Haven,  qui  appartenait 
à  la  Section  de  Mécanique;  M.  Gibbs  a  été  l'un  des  rénovateurs  de  la  Ther- 
modynamique. 

»  Le  chagrin  que  toutes  ces  pertes  nous  causent  a  été  adouci  par  plu- 
sieurs satisfactions  : 

))  Nous  avons  pu  nous  adjoindre  comme  Membre  titulaire  le  fils  de  l'un 
de  nos  Confrères  les  plus  aimés,  M.  Théophile  Schlœsing. 

»  M.  Bertin,  le  créateur  de  notre  nouvelle  flotte,  a  remplacé  M.  de  Bussy, 
dans  la  Section  de  Géographie  et  Navigation. 

»  M.  Léon  Labbé,  l'éminent  défenseur  des  intérêts  hygiéniques  de  nos 
soldats,  a  été  élu  Académicien  libre. 

»  M.  Koch,  le  microbiologiste  bien  connu  de  Berlin,  a  été  choisi  comme 
Associé  étranger. 


1096  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  L'Académie  a  nommé  Correspondants  :  MM.  de  Forcrand,  Nœther, 
Benoît,  Lorentz,  Baccelli  et  Hill. 

»  Elle  a  continué  à  patronner  la  Mission  de  TEquateur,  dont  le  com- 
mandant Bourgeois  est  le  chef.  Un  Rapport  de  M.  Poincaré  a  montré  que, 
malgré  des  difficultés  extrêmes,  les  officiers  de  la  Mission  de  l'Equateur 
ont  accompli  une  œuvre  de  haute  valeur  :  un  éloge  venant  de  M.  Poincaré 
est  une  récompense. 

»  M.  Lacroix,  chef  de  la  Mission  de  la  Martinique,  a  clairement  établi 
ce  qui  s'est  passé  à  la  Montagne  Pelée  :  La  lave  en  fusion  a  formé  un  dôme 
immense,  surmonté  d'une  aiguille  de  plus  de  3oo™  :  Je  Val  vu  surgir 
peu  à  peu,  a  dit  M.  Lacroix,  et  donner  à  la  Montagne  Pelée  une  hauteur 

supérieure  à  celle  de  tous  les  volcans  des  Antilles Si  imposante  que 

soit  cette  manifestation,  ce  ri  est  pas  elle  quia  causé  les  dévastations  ; 
ce  sont  les  nuées  ardentes  qui  ont  brûlé,  asphyxié  les  êtres  vivants,  et 
détruit  tout  ce  qu  elles  rencontraient.  Nous  avons  été  tranquillisés  en 
Sachant  sains  et  saufs  les  membres  de  la  Mission  de  la  Martinique.  Il  n'est 
pas  de  soldats  qui  aient  vu  le  feu  de  plus  près  ;  comme  l'Armée,  la  Science 
a  des  braves.  Nous  adressons  nos  félicitations  à  M.  Lacroix  et  à  ses  compa- 
gnons, MM.  RoUet  de  Flsle  et  Giraud.  Je  crois  pouvoir  ajouter  à  leurs 
noms  celui  de  M™"  Lacroix,  qui.  est  restée  à  côté  de  son  mari  dans  ses  deux 
voyages  :  l'Académie  apprécie  tous  les  dévouements. 

»  M.  Jean  Charcot,  dont  vous  patronnez  l'expédition,  doit  parvenir  en 
ce  moment  à  la  Terre  Alexandre.  Les  explorateurs  des  régions  antarctiques 
ne  découvriront  pas,  comme  Christophe  Colomb,  un  nouveau  Monde 
habité;  mais  tôt  ou  tard,  sous  les  glaces,  ils  trouveront  sans  doute  des  ter- 
rains remplis  de  fossiles,  ainsi  que  dans  les  régions  boréales,  indiquant  une 
vie  abondante,  là  où  l'on  n'a  plus  que  le  spectacle  de  la  mort,  preuve  ter- 
rible de  l'instabilité  de  toute  chose.  L'Académie  envoie  ses  vœux  bien  loin, 
bien  loin,  aux  explorateurs  des  régions  antarctiques. 

»  Avant  de  donner  la  parole  à  nos  éininents  Secrétaires  perpétuels  pour 
acclamer  nos  nombreux  et  distingués  lauréats,  j'ai  plaisir  à  mentionner  que 
les  admirateurs  de  M.  Brouardel  et  de  M.  Chauveau  leur  ont  offert  des 
médailles  gravées  en  souvenir  de  leurs  œuvres  scientifiques.  Nous  nous 
associons  aux  hommages  rendus  à  des  Confrères  que  chacun  de  nous 
honore. 

»  L'Académie  est  heureuse  d'apprendre  que  l'un  des  prix  Nobel  vient 
d'être  donné,  moitié  à  M.  et  M'"*^  Curie,  moitié  à  notre  cher  Confrère, 
M.  Henri  Becquerel. 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    igoS.  IO97 

»  Je  n'ai  pas  à  vous  rappeler  que  M.  Roux  a  remis  à  l'Institut  Pasteur 
les  cent  mille  francs  du  prix  Osiris  décerné  par  l'Institut  de  France,  mais  je 
tiens  à  noter  que  personne  n'en  a  été  étonné.  Nous  sommes  habitués  à  voir 
de  grands  esprits  unis  à  de  grands  cœurs.  Cela  montre  qu'un  poète  illustre, 
chanté  récemment  sous  cette  coupole  par  un  jeune  poète  plus  illustre  en- 
core, a  eu  raison  d'appeler  avec  amour  notre  pays  «  notre  douce  France  ». 


PRIX  DÉCERNÉS. 

ANNÉE   1903. 


GEOMETRIE. 


PRIX  FRANCOEUR. 

(Commissaires  :  MM.  Poincaré,  Emile  Picard,  Appell,  Jordan; 
Darboux,  rapporteur.) 

L'Académie  décerne  le  prix  Francœur  à  M.  Emile  Lemoixe,  pour  l'en- 
s^emble  de  ses  travaux  en  Géométrie. 


PRIX  PONCELET. 

(Commissaires  :  MM.  Poincaré,  Appell,  Emile  Picard,  Jordan; 
Darboux,  rapporteur.) 

L'Académie  décerne  le  prix  Poncelet  à  M.  Hilbert,  professeur  à  l'Uni- 
versité de  Gœttingue,  pour  ses  travaux  sur  les  principes  de  la  Géométrie. 


C.  K.,  1903,  2*  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  25.)  l44 


1098  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

MÉCANIQUE. 


PRIX  EXTRAORDINAIRE  DE  SIX  MILLE  FRANCS. 

(Commissaires  :  MM.  Maurice  Levy,  Bouquet  de  la  Grye,  Hatt,  Sarrau; 

Guyou,  rapporteur.) 

La  Commission  propose  d'attribuer  la  moitié  du  prix  à  M.  Mai-gas, 
ingénieur  en  chef  de  la  Marine,  pour  ses  études  relatives  à  la  stabilité  des 
navires  de  combat  et  ses  travaux  relatifs  à  la  navigation  sous-marine,  et  de 
répartir  l'autre  moitié,  en  parts  égales,  entre  les  lieutenants  de  vaisseaux 
Jehenxe,  Gaillard  et  I^erimaix,  le  premier  pour  ses  travaux  relatifs  à  l'ap- 
plication de  la  télégraphie  sans  fd  à  la  marine,  les  deux  autres  pour  les  per- 
fectionnements qu'ils  ont  apportés  aux  appareils  destinés  à  la  transmission 
des  ordres  ou  des  indications  de  tir  pendant  le  combat. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


PRIX  MONTYON. 

(Commissaires  :  MM.  Sarrau,  Boussinesq,  Léauté,  Sebert; 
Maurice  Levy,  rapporteur.) 

La  Commission  décerne  le  prix  à  M.  Bodix,  professeur  à  l'Ecole  cen- 
trale des  Arts  et  Manufactures,  pour  la  conception  et  l'exécution  du 
nouveau  svstème  de  cantilever  réalisé  au  viaduc  du  Yiaur. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRIX  PLUMEY. 

(Commissaires  :  MM.  Guyou,  Sebert,  Léauté,  Sarrau; 
Maurice  Levy,  rapporteur.) 

La  Commission  décerne   le  prix  à  M.  Marchss,  professeur  adjoint  à 
l'Université  de  Bordeaux,  pour  l'enseignement  libre  de  Mécanique  appli- 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    igo3.  IO99 

qiiée  qu'il  a  créé,  et  plus  particulièrement  pour  ses  remarquables  Leçons 
sur  les  machines  à  vapeur,  les  machines  thermiques  et  les  instruments  de 
mesures  industrielles. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  rAcadémie. 


PRIX  FOURNEYRON. 

(Commissaires  :  MM.  Sarrau,  Léauté,  Sebert,  Boussinesq-, 
Maurice  Levy,  rapporteur.) 

Le  prix  n'est  pas  décerné.  La  Commission  maintient  le  sujet  du  prix 
pour  le  concours  de  iqoj  : 

Recherches  théoriques  ou  expérimentales  sur  les  turbines  à  vapeur. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


ASTRONOMIE. 


PRLX  PIERRE  GUZMAN. 


(Commissaires  :  MM.  Janssen,  Wolf,  Callandreau,  Radau ; 
Lœwy,  rapporteur.) 

Le  prix  n'est  pas  décerné. 


PRIX  LALANDE. 

(Commissaires  :  MM.  Lœwy,  Callandreau,  Wolf,  Radau,  Janssen; 
Deslandres,  rapporteur.) 

La  Commission  propose,  à  l'unanimité,  de  décerner  le  prix  Lalande  à 
M.  Campbell,  de  l'observatoire  Lick  (Californie). 

M.  Campbell,  attaché  depuis  i5  ans  à  cetj  observatoire,  comme  astro- 


IIOO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nome  ordinaire  d'abord,  et  ensuite  comme  directeur,  a  tiré  le  meilleur 
parti  possible  du  grand  instrument  et  de  la  situation  favorable  de  l'obser- 
vatoire, La  Spectroscopie  stellaire  et  l'Astronomie  physique  l'ont  attiré 
d'une  manière  toute  spéciale,  et  dans  ce  nouvel  ordre  de  recherches  il  a 
fait  des  découvertes  importantes. 

11  a  abordé  et  poursuivi  les  deux  applications  principales  de  l'analyse 
spectrale  aux  astres,  c'est-à-dire  la  recherche  de  la  composition  chimique, 
des  variations  d'éclat  pour  les  diverses  couleurs  et  la  recherche  de  la 
vitesse  radiale. 

C'est  à  lui  que  Ton  doit  les  études  les  plus  complètes  sur  les  nombreuses 
étoiles  temporaires  signalées  dans  les  dernières  années;  il  a  pu  les  suivre 
dans  la  phase  ultime  de  leur  déclin,  la  plus  difficile  pour  l'observation,  et 
reconnaître  leur  transformation  plus  ou  moins  complète  en  nébuleuses.  Les 
spectres  des  étoiles  variables,  de  plusieurs  étoiles  singulières  l'ont  aussi 
beaucoup  occupé;  il  a  découvert  un  grand  nombre  d'étoiles  qui  offrent 
dans  leurs  spectres  des  raies  notables  de  même  origine,  à  la  fois  brillantes 
et  obscures,  et  qui  forment  ainsi  en  quelque  sorte  un  type  nouveau. 

Dans  la  recherche  des  vitesses  radiales  son  œuvre  est  importante.  Il  est 
le  premier  par  le  nombre  des  étoiles  reconnues  doubles  par  le  spectroscope  ; 
il  en  a  découvert  environ  3o.  L'une  d'elles  même  a  des  variations  de 
vitesses  radiales  qui  sont  liées  à  deux  périodes  et  est  donc  un  système 
triple. 

Entre  temps,  il  a  dirigé  une  des  missions  américaines  envoyées  aux  Indes 
pour  observer  l'éclipsé  totale  du  Soleil  de  1898.  Les  résultats  obtenus  sur 
le  spectre  et  la  rotation  de  la  couronne  solaire  offrent  le  plus  grand 
intérêt. 

Ces  travaux  multiples  assurent  à  M.  Campbell  une  des  premières  places 
parmi  les  astronomes  contemporains. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRIX  VALZ. 

(Commissaires  :  MM.  Lœwy,  Wolf,  Radau,  Janssen; 
Callandreau,  rapporteur.) 

La  Commission,  à  l'unanimité,  décerne  le  prix  Valz  à  M.  Borrelly, 
astronome  à  l'observatoire  de  Marseille,  pour  ses  découvertes  de  comètes. 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  FQoS.  I lOI 

La  carrière  d'observateur  de  M.  Borrelly  remonte  à  la  fondation  de 
l'observatoire  de  Marseille.  Son  activité  scientifique  ne  s'est  jamais  ralentie. 

Au  début,  en  1869  et  1871,  il  fut  envoyé  comme  Chef  de  station  à 
Valence,  à  Orange  et  à  Barcelonnette  pour  l'observation  des  étoiles  filantes 
d'août  et  de  novembre. 

Il  a  découvert  des  étoiles  variables  et  des  nébuleuses,  trouvé  20  petites 
planètes. 

En  ce  qui  concerne  les  comètes,  l'activité  scientifique  de  M.  Borrelly 
mérite  d'être  signalée  plus  particulièrement  : 

En  1871,  il  participe  à  la  découverte  de  la  comète  187 1  I  (Winnecke)  et 
constate  le  premier  retour  de  la  comète  périodique  de  Tutle  :  1871  IV. 

En  1873,  il  découvre,  après  Tempel,  la  comète  1783  II,  puis  la  comète 
1873  III  (Borrelly). 

En  1874,  il  participe  à  la  découverte  de  la  comète  1874  H,  puis  découvre 
les  comètes  1874  IV  (Borrelly)  et  1874  VI  (Borrelly). 

Le  1^''  février  1875,  il  redécouvre  la  comète  périodique  de  Winnecke  : 
1875  IL 

En  1877,  il  découvre  la  comète  1877  I  (Borrelly)  et  la  comète  1877  III 
(SwifL-Borrelly-Block). 

En  1889,  découverte  de  la  dernière  comète  de  l'année  :  1890 1  (Borrelly). 

Le  23  juillet  1900,  découverte  d'une  nouvelle  comète  :  1900  II  (Borrelly). 

Le  2  septembre  1902,  découverte,  après  Perrine,  de  la  comète  b  1902. 

Le  21  juin  1903,  découverte  de  la  comète  c  1903. 

La  Commission  est  heureuse  de  constater  que  l'observatoire  de  Marseille, 
comme  celui  de  Nice,  a  largement  participé  aux  découvertes  récentes  de 
comètes. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


PRIX  G.  DE  PONTÉCOULAlNT. 

(Commissaires  :  MM.  Lœwy,  Callandreau,  Poincaré,  Wolf; 
Radau,  rapporteur.) 

Le  prix  qui  porte  le  nom  de  M.  de  Pontécoulant  étant  destiné  à  encou- 
rager les  recherches  de  Mécanique  céleste,  la  Commission,  à  l'unanimité, 
propose  de  l'attribuer  à  M.  U.  Axdoyer,  dont  les  beaux  travaux,  relatifs  à 


II02  ACADEMIE    DES   SCIENCES. 

la  Théorie  de  la  Lune  et  à  celle  des  petites  planètes,  ont  depuis  longtemps 
fixé  l'attention  des  astronomes. 

Nous  en  trouvons  le  germe  dans  une  Thèse  de  doctorat  extrêmement 
remarquable,  Su/-  la  Théorie  des  orbites  intermédiaires.  On  appelle  ainsi 
des  courbes  par  lesquelles  le  mouvement  d'un  astre  est  représente  plus 
exactement  que  par  l'ellipse  képlérienne,  et  qui  se  prêtent  mieux  aux 
approximations  successives.  M.  Andoyer  en  établit  la  théorie  générale,  en 
partant  des  équations  différentielles  de  Laplace,  et  il  en  fait  une  très  heu- 
reuse application  au  cas  particulier  de  la  Lune.  Il  est  revenu  sur  le  même 
sujet  dans  plusieurs  Notes,  auxquelles  se  rattachent  deux  Mémoires,  ré- 
cemment publiés,  Sur  les  cas  de  commensurahilité  approchée  dans  le 
problème  des  trois  corps  (1902)  et  Sur  la  Théorie  des  petites  planètes 
dont  le  moyen  mouvement  est  sensiblement  double  de  celui  de  Jupiter 
(1903).  Il  s'agit  là  d'un  problème  d'une  importance  capitale,  sur  lequel, 
depuis  quelque  temps,  se  concentrent  les  efforts  d'un  grand  nombre  de 
géomètres,  et  le  dernier  travail  de  M.  Andoyer  en  a  éclairci  certaines 
difficultés  :  il  fait  comprendre  qu'il  est  des  cas  où  la  détermination  d'une 
première  orbite  peut  devenir  illusoire. 

Il  faut  signaler  ensuite  les  recherches  de  M.  Andoyer  sur  les  formules 
générales  de  la  Mécanique  céleste.  On  y  trouve  surtout  une  ingénieuse 
application  de  la  méthode  des  coefficients  indéterminés,  inspirée  par  la 
méthode  que  Laplace  a  suivie  dans  sa  Théorie  de  la  Lune. 

Le  Mémoire  de  M.  Andoyer  sur  l'extension  du  théorème  de  Poisson, 
relatif  à  Finvariabilité  des  grands  axes,  contient  des  recherches  qui  s'ap- 
pliquent à  un  problème  beaucoup  plus  général,  et  les  résultats  ont  une 
rande  portée  théorique. 
Une  série  de  travaux  concernant  la  Théorie  de  la  Lune,  que  M.  Andoyer 
poursuit  depuis  dix  ans,  ont  pour  origine  le  désaccord  constaté,  à  partir  du 
8^  ordre,  entre  la  série  qu'il  avait  trouvée  pour  la  variation  et  les  coeffi- 
cients deDelaunay.  M.  Andoyer  a  donc  entrepris  la  tâche,  très  délicate  et 
en  même  temps  très  laborieuse,  de  vérifier  les  calculs  de  Delaunay  par 
deux  méthodes  essentiellement  distinctes,  qui  se  contrôlent  de  manière 
qu'il  est  possible  de  répondre  des  résultats.  Il  a  constaté  ainsi  que  les  coeffi- 
cients de  Delaunay  sont  souvent  entachés  de  légères  erreurs,  au  moins 
lorsqu'il  s'agit  de  termes  très  élevés,  de  ceux  du  8'^  ou  du  9^  ordre.  Ces 
erreurs,  il  est  vrai,  se  traduisent  par  des  fractions  de  seconde;  ce  n'en 
sont  pas  moins  des  erreurs,  puisque  les  coefficients  s'expriment  ici  par 


SÉANCE  DU  2  1  DÉCEMBRE  IQoS.  IIo3 

des  rapports  de  nombres  entiers,  qui  devraient  toujours  être  rigoureuse- 
ment exacts. 

Les  deux  méthodes  dont  M.  Andoyer  a  fait  usage  sont  conformes  aux 
principes  exposés  dans  ses  précédents  Mémoires;  elles  se  rattachent,  par 
quelques  points,  aux-  travaux  de  Hill  et  de  Nevvcomb.  En  les  développant, 
et  en  simplifiant  le  mécanisme  des  calculs,  M.  Andoyer  est  arrivé  à  consti- 
tuer une  méthode  qui  permettrait  d'établir,  dans  un  espace  de  temps  rela- 
vement court,  une  Théorie  de  la  Lune  très  propre  à  servir  de  base  à  de 
nouvelles  Tables  :  on  la  trouve  exposée  dans  un  Opuscule  très  intéressant 
que  M.  Andoyek  a  récemment  publié  sur  la  Théorie  de  La  Lune,  et  qui 
contient  aussi  une  belle  généralisation  des  théorèmes  d'Adams. 

11  y  a  là  un  ensemble  de  recherches  qui  révèlent  un  talent  de  premier 
ordre,  et  que  l'Académie  sera  sans  doute  heureuse  d'encourager. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


PHYSIQUE. 


PRIX  HÉBERT. 

(Commissaires  :  MM.  Mascart,  Lippmann,  Violle,  Potier; 
H.  Becquerel,  rapporteur.) 

La  Commission  décerne  le  prix  à  M.  E.  Goldsteix,  astronome-physicien 
à  l'Observatoire  de  Berlin. 

Parmi  les  travaux  qui  ont  attiré  l'attention  de  la  Commission,  nous  cite- 
rons principalement  un  ensemble  de  recherches  dues  à  M.  E.  Goldstein. 
Ces  recherches,  relatives  aux  décharges  électriques  dans  les  gaz  raréfiés, 
ont  été  poursuivies  sans  interruption  depuis  plus  de  3o  années  au  cours 
desquelles  l'auteur  a  fait  des  observations  remarquables  et  a  découvert  une 
espèce  particulière  de  rayons. 

Antérieurement  aux  travaux  de  sir  W.  Crookcs,  puis  ensuite,  parallè- 
lement à  CCS  derniers,  M.  E.  Goldstein  a  étudié  les  diverses  particularités 


IIo4  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

des  apparences  lumineuses  qui  accompagnent  les  décharges  électriques 
dans  les  tubes  à  gaz  raréfiés.  L'un  des  premiers,  il  a  signalé  l'importance 
prédominante  des  rayons  cathodiques  découverts  peu  de  temps  auparavant 
par  Hittorf,  et  il  a  observé  diverses  particularités  de  ces  rayons  dont  l'in- 
térêt a  grandi  avec  les  découvertes  ultérieures. 

Dans  ses  premiers  travaux,  M.  Goldstein  n'avait  pas  adopté  les  idées 
de  sir  W.  Crookes  sur  la  matière  radiante,  et  il  rattachait  toutes  les  ap- 
parences observées  à  des  causes  purement  optiques,  c'est-à-dire  à  des  trans- 
formations d'énergie  analogues  à  celles  qu'on  observe  dans  les  phénomènes 
lumineux. 

On  sait  combien  les  hypothèses  émises  par  Crookes  ont  été  fécondes  et 
comment  elles  se  sont  merveilleusement  adaptées  à  l'étude  des  nouveaux 
rayons,  mais  on  ne  saurait  méconnaître  que  les  expériences  délicates  de 
M.  E.  Goldstein  aient  établi  des  faits  qui  ont  exercé  une  influence  utile  sur 
Finterprétation  des  phénomènes. 

En  188G  (*),  M.  Goldstein  reconnut  qu'en  employant  une  cathode  per- 
forée, on  rencontrait  près  de  la  cathode  des  rayons  qui  n'avaient  pas  les 
propriétés  des  rayons  cathodiques,  et  qui  ne  paraissaient  pas  déviés  par 
un  champ  magnétique.  Il  leur  donna  le  nom  de  rayons-canaux  {Kanal- 
strahlen). 

L'expérience  a  appris  depuis  que  ces  rayons,  extrêmement  absorbables, 
étaient  partictdièrement  actifs  pour  exciter  la  phosphorescence  de  diverses 
substances  et  pour  ioniser  l'air.  Ils  sont  très  faiblement  déviés  dans  un 
champ  magnétique  intense,  et  en  sens  contraire  de  la  déviation  des  rayons 
cathodiques.  Cette  propriété  permet  d'assimiler  ces  rayons  à  des  charges 
d'électricité  positive,  transportées  par  des  masses  réelles  ou  fictives,  plus 
grosses,  et  se  déplaçant  avec  des  vitesses  notablement  moindres  que  celles 
qui,  chargées  négativement,  semblent  constituer  les  rayons  cathodiques. 

La  présence  des  Kanalstrahlen  dans  le  rayonnement  des  corps  radio- 
actifs donne  un  nouvel  intérêt  à  la  découverte  de  M.  Goldstein. 

Nous  mentionnerons  encore  l'observation  faite  par  le  même  auteur  des 
colorations  que  prennent  certains  sels  sous  Finfluence  des  rayons  catho- 
diques ;  le  chlorure  de  sodium  devient  brun  et  le  bromure  de  potassium  se 
colore  en  bleu  foncé,  colorations  qui  disparaissent  ensuite,  soit  lentement 
à  la  lumière,  soit  en  quelques  minutes  par  une  élévation  de  température. 

(')  Berliner  Sitzungsberichte,  t.  XXXIX,  p.  691. 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    igo3.  Ilo5 

Les  résultats  que  nous  venons  de  résumer  ont  paru  assez  importants  à  la 
Commission  pour  mériter  l'attribution  du  prix  Hébert. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


PRIX  HUGHES. 

(Commissaires  :  MM.  Mascart,  Lippmann,  Becquerel,  Moissan; 
Potier,  rapporteur.) 

La  Commission  propose,  à  l'unanimité,  de  décerner  le  prix  Huches  à 
M.  Pierre  Picard,  pour  les  perfectionnements  introduits  dans  la  télé^-ra- 
phie,  perfectionnements  qui  ont  eu  pour  effet  d'augmenter  la  rapidité  des 
transmissions  sur  les  câbles  sous-marins,  et  de  permettre  l'emploi  des 
appareils  imprimeurs  à  la  réception.  M.  Picard  a  modifié  dans  ce  but  à  la 
fois  le  mode  de  transmission,  l'organe  récepteur  proprement  dit  et  la  syn- 
chronisation du  Baudot.  Un  signal  quelconque,  trait  ou  point,  est  trans- 
mis au  moyen, de  deux  émissions,  très  courtes,  d'égale  durée  et  de  signes 
contraires;  c'est  l'intervalle  entre  ces  émissions  qui  caractérise  le  si^-nal.  Le 
câble  est  isolé  à  la  station  transmettrice,  en  dehors  du  temps  de  ces  émis- 
sions, et  seulement  au  moment  où  le  manipulateur  vient  toucher  la  butée 
de  travail  ou  la  butée  de  repos,  le  câble  est  mis  en  rapport  avec  le  pôle 
d'une  pile  positive  dans  un  cas,  négative  dans  l'autre;  à  cet  effet,  le  mani- 
pulateur n'agit  pas  directement  sur  le  câble,  mais  par  l'intermédiaire  de 
deux  relais  spéciaux;  le  contact  de  la  clef  avec  l'une  des  butées  permet  à 
une  pile  locale  de  charger  un  condensateur,  le  courant  de  charge  excite 
pendant  un  temps  très  court  le  relais  correspondant  et  met  pendant  ce 
temps  le  câble  en  rapport  avec  la  pile  positive  si  la  clef  touche  la  butée  de 
travail,  négative  si  elle  est  amenée  sur  la  butée  de  repos. 

A  la  station  réceptrice,  en  vertu  de  la  capacité  électrostatique  du  câble, 
on  observera  un  courant,  d'intensité  variable,  changeant  de  signe  chaque 
fois  que  le  manipulateur  aura  passé  d'une  position  à  l'autre;  pour  enre- 
gistrer ces  changements,  l'appareil  récepteur  proprement  dit  est  constitué 
par  la  bobine  mobile  des  appareils  de  lord  Kelvin,  reliée  d'une  part  au 
câble,  de  l'autre  à  la  terre  par  l'intermédiaire  d'un  condensateur;  au  lieu 
du  siphon  recorder,  la  bobine  porte  un  index  en  aluminium,  relié  à  une 
pile,  lequel  oscille  entre  deux  butoirs  communiquant  avec  les  deux  extré- 
mités d'un  relais  différentiel  dont  le  milieu  esta  la  terre,  et  dont  l'armature 

C.  R.,  i^o3,  2*  Semestre.  (T.  CXXXVII,    \''  25.)  l/jS 


IIo6  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

reproduit  fidèlement  les  mouvements  du  manipulateur  transmetteur  et  peut 
actionner  un  récepteur  quelconque. 

Si  Ton  veut,  au  lieu  du  Morse,  employer  pour  la  transmission  un  appa- 
reil tel  que  le  Baudot,  rien  n'est  changé  au  mécanisme  de  la  transmission 
proprement  dite,  mais  le  système  de  correction  qui  assure  le  synchronisme 
parfait  des  transmetteurs  et  récepteurs  doit  être  modifié,  surtout  si  un 
même  câble  doit  servir  pour  transmettre  dans  les  deux  sens.  M.  Picard  a 
réussi,  par  d'ingénieux  artifices,  à  vaincre  les  difficultés  qui  avaient  arrêté 
ses  prédécesseurs,  et  la  possibilité  d'employer  les  appareils  multiples  et 
imprimeurs  sur  des  câbles  sous-marins  est  aujourd'hui  un  fait  acquis. 

L'échange  des  dépêches  entre  Marseille  et  Alger  se  fait  depuis  3  ans  par 
ces  procédés,  et,  depuis  le  mois  d'avril  de  cette  année,  on  a  établi  une 
correspondance  directe  entre  Paris  et  Alger;  cette  communication  a  été 
inaugurée  lors  du  voyage  du  Président  de  la  République.  Actuellement  le 
service  fonctionne  dans  les  conditions  suivantes  :  trois  câbles  réunissent 
Alger  et  Marseille;  des  distributeurs  doubles  Baudot  sont  installés  sur 
chaque  câble  à  chacune  de  ses  extrémités;  d'autre  part,  une  ligne  aérienne 
unique  relie  un  distributeur  quadruple  installé  à  Paris  à  un  autre  à 
Marseille.  Des  trois  câbles,  l'un  sert  à  une  transmission  dans  les  deux  sens, 
entre  Alger  et  Marseille,  tandis  que  les  deux  autres  ne  transmettent  que 
dans  un  seul;  de  là  diverses  combinaisons,  que  l'on  peut  réaliser  en  modi- 
fiant les  liaisons  entre  les  secteurs  du  distributeur  quadruple  de  Marseille 
avec  ceux  des  trois  distributeurs  doubles;  il  en  résulte  que,  suivant  les  va- 
riations du  trafic,  Marseille  peut  toujours  rentrer  sur  un  des  secteurs 
reliant  Paris  et  Alger. 

En  1898,  on  avait  reconnu  la  nécessité  de  poser  un  quatrième  câble 
entre  Marseille  et  Alger  pour  suffire  au  trafic  et  faire  cesser  les  retards 
considérables  qui  se  produisaient  constamment.  Depuis  l'emploi  de  l'ap- 
pareil Baudot  et  des  dispositifs  Picard  les  retards  ont  disparu,  les  trois 
câbles  existants  sont  largement  suffisants  et  le  pubhc  reçoit  des  télégrammes 
imprimés. 

On  ne  saurait  donc  mettre  en  doute  l'importance  des  progrès  réahsés; 
la  Commission  est  heureuse  d'avoir  à  proposer  à  l'Académie  pour  le  prix 
Hughes,  décerné  cette  année  pour  la  première  fois,  l'auteur  de  recherches 
sur  la  Télégraphie,  objet  des  études  de  son  généreux  créateur. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  IQoS.  II07 


TRIK  GASTON  PLANTÉ. 

(Commissaires  :  MAL  Lippmann,  Becquerel,  Yiolle,  Potier; 
Mascart,  rapporteur.) 

La  Commission  décerne  le  prix  à  M.  Hospitalier  pour  l'ensemble  de  ses 
travaux,  en  particulier  pour  l'appareil  enregistreur,  dit  ondographe,  qui 
permet  de  traduire,  par  un  tracé  mécanique,  la  forme  des  courants  alterna- 
tifs et  des  tensions  qui  les  produisent,  avec  le  décalage  de  ces  deux  élé- 
ments, ainsi  que  celle  des  puissances  absorbées,  et  plus  généralement, 
d'étudier  tout  phénomène  électrique  susceptible  d'être  reproduit  réguliè- 
rement, de  manière  à  le  transformer  en  système  périodique. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


STATISTIQUE. 


PRIX  MONTYON. 

(Commissaires  :  MM.  de  Freycinet,  Brouardel,  Halon  de  la  Goupillière, 
Laussedat;  Alfred  Picard,  rapporteur.) 

Neuf  concurrents  se  sont  présentés  en  1903  pour  le  prix  Montyon  de 
Statistique  à  décerner  par  l'Académie  des  Sciences. 

Six  d'entre  eux  ont  du  être  écartés,  soit  que  leurs  productions  ne  ren- 
trassent pas  dans  la  formule  du  prix,  soit  qu'elles  fussent  manifestement 
insuffisantes. 

Aucun  des  trois  autres  n'a  paru  mériter  l'attribution  du  prix.  Mais  la 
Commission  les   a  jugés  dignes  d'une  mention  très    honorable.  Ce  sont 

MM.   LOXCQ,  DE  MONTESSUS  DE  BaLLOIIE  Ct  RaZOUS. 

Dans  un  Mémoire  très  consciencieux  et  très  documenté,  M.  Loncq  expose 
le  résultat  de  ses  études  sur  la  répartition  de  la  tuberculose  pour  le  dépar- 


llo8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tement  de  l'Aisne,  montre  coml)ien  la  population  urbaine  est  plus  éprouvée 
que  la  population  rurale,  chiffre  l'influence  de  la  densité  des  agglomé- 
rations, fait  voir  la  propagation  du  mal  parmi  les  membres  d'une  même 
famille,  insiste  sur  l'importation  du  fléau  dans  les  villages  par  les  individus 
revenant  de  la  ville  ou  par  les  militaires  réformés  comme  tuberculeux. 

M.  de  Montessus  de  Ballore,  chef  d'escadron  d'artillerie  hors  cadres, 
produit  des  recherches  statistiques  sur  les  efTets  de  la  loi  de  recrutement 
du  1 5  juillet  1889  dans  la  subdivision  d'Abbeville.  Les  points  de  vue  aux- 
quels s'est  placé  l'auteur  et  dont  quelques-uns  n'ont,  d'ailleurs,  pas  de  rela- 
tion avec  la  loi  sont  les  suivants  :  mouvement  de  la  population  masculine 
de  20  ans,  répartition  suivant  l'habitat  et  la  profession,  pertes  à  l'incorpo- 
ration et  sur  l'incorporation  pendant  le  service,  tuberculose,  engagements 
et  rengagements,  exode  des  campagnes  vers  les  villes,  criminalité.  Il  établit 
notamment  que  le  nombre  des  soldats  atteints  de  tuberculose  est  assez  res- 
treint, que  les  pertes  subies  par  l'efTectif  incorporé  diminuent  sensiblement 
de  la  première  année  à  la  seconde  et  de  la  seconde  à  la  troisième,  que  la 
discipline  militaire  moralise  la  jeunesse.  Son  travail  atteste  beaucoup  de 
sagacité. 

Quant  à  M.  Razous,  licencié  es  sciences  mathématiques  et  es  sciences 
physiques,  il  s'est  efl'orcé  de  poser  des  principes  rationnels  pour  fixer  l'em- 
placement des  usines  ou  autres  établissements  industriels,  soit  en  France, 
soit  dans  les  colonies.  Son  Mémoire  débute  par  un  examen  didactique  et 
général  de  la  question,  basé  sur  les  recherches  du  prix  minimum  de  vente 
des  produits.  Une  seconde  partie  est  consacrée  à  l'indication  des  circons- 
tances auxquelles  les  principaux  centres  industriels  de  France  et  d'Angle- 
terre ont  dû  leur  naissance  et  leur  essor.  Le  dernier  Chapitre  applique  les 
enseignements  des  deux  premiers  à  un  grand  nombre  d'industries  spéciales. 
Ce  travail  intéressant  prouve  l'érudition  technique  et  professionnelle, 
l'esprit  d'investigation  et  la  perspicacité  de  son  auteur. 

Là  tuberculose  dans  V Aisne;  par  M.  Emile  Loncq, 
rapport  de  ]\L  Brouardel. 

M.  Emile  Lonco,  secrétaire  du  Conseil  départemental  d'hygiène  de 
l'Aisne,  a  voulu  se  rendre  compte  de  la  répartition  de  la  tuberculose  dans 
le  département  de  l'Aisne. 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  igo3.  .    1109 

Son  étude  statistique  aboutit  à  ce  résultat  :  le  tribut  payé  par  la  popula- 
tion urbaine  est  de  30,17  pour  10000  habitants,  celui  de  la  population 
rurale  est  de  26,57. 

La  densité  de  la  population  fait  \^arier  le  taux  de  la  mortalité  tubercu- 
leuse de  3i  à  19,  ce  qui  s'explique  facilement  par  la  multiplicité  des  contacts 
et  des  conditions  de  contagion  dans  les  espaces  resserrés. 

Parmi  les  modes  de  transmission,  M.  Loncq  étudie  plus  particulièrement 
les  tuberculoses  familiales  et  cite  des  exemples  dans  lesquels  on  voit  des 
familles  tout  entières  disparaître  en  quelques  années  lorsqu'un  de  ses 
membres  devient  tuberculeux. 

Il  insiste  également  sur  l'importation  de  la  tuberculose,  par  le  retour 
dans  leur  village  des  individus  qui  étaient  allés  chercher  fortune  dans  les 
villes  et  par  le  rapatriement  des  militaires  réformés  pour  tuberculose. 

Cette  étude  très  consciencieuse,  très  documentée,  a  paru  à  votre  Com- 
mission mériter  une  mention  très  honorable. 


Rapport  sur  le  Mémoire  de  M.  F.  de  Montcssus  de  Ballore,  Chef  d'es- 
cadron d'Artillerie  hors  cadres,  ayant  pour  titre  :  «  Étude  statistique 
sur  les  effets  de  la,  loi  de  recrutement  du  i'!^  juillet  1889,  dans  la  sub- 
division d'Abbevillc  »,  par  M.  Laussrdat. 

L'auteur,  commandant  du  Bureau  de  Recrutement  de  cette  subdivision, 
a  pensé  que  l'étude  des  effets  de  la  loi  qui  a  été  en  vigueur  pendant  14  ans 
devait  avoir  de  l'intérêt  à  la  veille  de  la  promulgation  de  celle  qui  établira 
un  service  militaire  plus  court,  supprimant  les  dispenses  et  écartant  la  con- 
sidération de  ce  que  l'on  avait  qualifié  d'intérêts  primordiaux  de  la  société, 
devant  le  besoin  d'égalité  absolue  de  l'époque  présente. 

Son  travail  porte  sur  les  classes  de  1889  à  1898,  la  classe  1899  n'étant 
pas  encore  libérée  au  moment  où  il  a  été  entrepris.  Ces  dix  classes  ont 
fourni  à  la  subdivision  d'Abbeville  un  contingent  de  i5ooo  hommes  en 
nombres  ronds,  et  les  éléments  de  la  statistique  envisagée  par  l'auteur  sont 
extraits  des  registres  matricules  et  des  listes  de  tirage. 

Parmi  les  points  de  vue  assez  nombreux  auxquels  il  s'est  placé  successi- 
vement, nous  citerons  les  suivants  dont  il  convient  d'ailleurs  de  remarquer 
que  plusieurs  sont  indépendants  de  la  loi  de  recrutement  : 

Mouvement  de  la  population  masculine  de  20  ans.  Répartition  de  la 
population  suivant  l'habitat  et  la  profession.  Incorporation.  Pertes  à  l'in- 


IIIO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

corporation  et  sur  l'incorporation  pendant  le  service.  Tuberculose.  Engagés 
et  rengagés.  Exode  des  campagnes  à  la  ville.  Criminalité. 

A  propos  du  mouvement  de  la  population  masculine  de  20  ans,  en  com- 
parant les  nombres  d'inscrits  par  périodes  triennales,  on  constate  ce  phéno- 
mène, qui  mérite  d'être  signalé,  d'une  natalité  sensiblement  plus  forte  pen- 
dant la  seconde  période,  que  l'on  peut  vraisemblablement  attribuer  à  un 
réveil  du  patriotisme  après  la  guerre  de  1870-71,  mais  qui  n'a  malheureu- 
sement pas  persisté,  la  diminution  déjà  constatée  antérieurement  ayant 
reparu  pendant  les  deux  périodes  suivantes. 

En  admettant  qu'il  faille  5 000  habitants  pour  constituer  une  ville,  il  y 
aurait  dans  la  subdivision  d'Abbeville  16  pour  100  de  citadins  contre 
84  pour  100  de  campagnards,  comprenant  d'ailleurs  un  grand  nombre 
d'ouvriers  dans  les  usines  éloignées  des  villes,  dont  le  total  serait  de 
5i  pour  100  avec  ceux  des  villes,  celui  des  agriculteurs  étant  de  43  pour  100 
et  celui  des  professions  libérales  ou  des  sans-profession  de  6  pour  100 
environ. 

Les  pertes  à  l'incorporation,  dues  à  diverses  causes,  sont  assez  sensibles, 
de  18  pour  100  ;  mais  celles  sur  l'incorporation  pendant  le  service  sont,  au 
contraire,  minimes,  4?^  pour  100,  ce  qui  prouve  que  les  malingres  ont 
été  soigneusement  éliminés  par  les  Conseils  de  revision  et  surtout  par  les 
Commissions  de  réforme. 

En  ce  qui  concerne  la  tuberculose,  l'auteur,  après  avoir  étudié  l'influence 
de  l'habitat  et  celle  de  la  profession  sur  l'ensemble  du  contingent,  constate, 
en  arrivant  aux  immatriculés,  que,  grâce  au  mécanisme  du  fonctionnement 
de  la  loi  sur  le  recrutement  et  à  la  sévérité  des  Commissions  de  revision, 
le  nombre  des  sujets  atteints  par  cette  dangereuse  maladie  était  assez 
restreint. 

Un  fait  important  à  signaler  en  général,  à  propos  de  la  santé,  consiste 
dans  la  diminution  sensible  des  pertes  subies  par  l'eff'ectif  incorporé  d'année 
en  année.  Ainsi,  pour  les  jeunes  soldats  recrutés  dans  la  subdivision  d'Ab- 
beville, ces  pertes  ont  été  successivement  de  2,86  pour  100  la  première 
année,  de  1,16  pour  100  la  seconde  et  enfm  de  o,  52  pour  100  seulement  la 
troisième. 

Les  engagements  volontaires  de  4  ans  et  de  5  ans  et  les  rengagements 
n'atteignent  en  tout  que  f[,  13  pour  100  de  l'effectif  incorporé,  c'est-à-dire 
un  chiffre  bien  faible,  s'il  doit  rester  le  même  avec  une  loi  de  recrutement 
de  deux  ans  qui  suppose,  comme  l'a  fait  remarquer  l'auteur  au  début  de 
son  travail,  «  une  solide  organisation  des  cadres  inférieurs,  de  façon  à  com- 


SÉANCE    DU    2  1    DÉCEMBRE    IQOS.  IIIT 

penser  en  quelque  mesure  la  diminution  d'esprit  militaire  qui  ne  peut  man- 
quer de  résulter  d'un  plus  court  passage  à  la  caserne  ». 

Deux  questions,  l'une  démographique  et  l'autre  d'ordre  moral,  sont 
examinées  avec  soin  à  la  lin  de  ce  Mémoire. 

La  dépopulation  des  campagnes  au  profit  des  villes  doit-ell,e  être  consi- 
dérée comme  un  effet  direct  du  métier  militaire? 

La  criminalité  étant  sûrement  plus  grande  dans  les  villes  que  dans  les 
campagnes,  l'esprit  militaire  y  contribuerait-il  ?  ou  les  jeunes  soldats  venus 
de  la  campagne  se  pervertiraient-ils  à  la  caserne? 

La  première  de  ces  deux  questions,  résolue  par  l'affirmative  par  la  plu- 
part des  publicistes,  n'est  confirmée  que  dans  une  assez  faible  proportion 
par  les  données  de  la  statistique,  puisque  8,21  pour  100  des  hommes 
n'ayant  pas  fait  de  service  militaire  passent  de  la  campagne  à  la  ville  contre 
11,07  P<5ur  100  d'anciens  soldats.  Le  phénomène  si  regrettable  de  l'exode 
des  campagnes  à  la  ville  est  donc  bien  plus  complexe,  et  il  est  produit  par 
d'autres  causes  que  celle  de  la  fréquentation  temporaire  des  villes  par  de 
jeunes  soldats  dont  les  familles  continuent  à  habiter  la  campagne  et  qui 
s'efforcent  de  les  y  rappeler. 

La  réponse  à  la  seconde  question  est  encore  plus  rassurante.  Il  est  vrai 
que  la  criminalité  est  plus  grande  dans  les  villes  que  dans  la  campagne,  et, 
en  ne  considérant  que  ce  qui  se  passe  dans  la  campagne  (toujours  dans  la 
subdivision  d'Abbeville),  on  constate  que  les  agriculteurs  sont  plus  crimi- 
nels que  les  ouvriers,  qui  le  sont  plus  que  les  personnes  ayant  une  profes- 
sion libérale  ou  sans  profession,  ce  qui  témoigne  de  l'influence  de  l'instruc- 
tion sur  la  moralité. 

Mais  l'auteur  établit,  d'un  autre  côté,  très  nettement  que  la  discipline 
militaire  contribue  aussi  à  moraliser  très  sérieusement  la  jeunesse  appelée 
sous  les  drapeaux,  puisque  le  nombre  des  condamnés  qui  n'ont  pas  fait  de 
service  est  deux  fois  et  un  quart  plus  grand  que  celui  des  condamnés  ayant 
servi. 

Toute  cette  discussion  des  effets  de  la  loi  de  recrutement  du  1 5  juillet  1889 
et  des  questions  qui  s'y  rapportent  directement  ou  indirectement  est 
appuyée  de  Tableaux  numériques  dressés  avec  le  plus  grand  soin  et  parfai- 
tement ordonnés. 

Votre  rapporteur  estime  que  l'auteur  a  fait  preuve  à  la  fois  de  beaucoup 
de  sagacité  et  d'un  excellent  esprit;  il  a  l'honneur  de  vous  proposer  de  lui 
attribuer  une  mention  très  honorable. 


III2  ACADEMIE    DES   SCIEJ^CES. 

Éléments  statistiques  permettant  de  fixer  rationnellement  en  France 
et  dans  nos  colonies  remplacement  d'établissements  industriels  à 
créer;  par  M.  Paul  Razous.  Rapport  de  M.  A.  Picard. 

M.  Paul  Razous,  licencié  es  sciences  mathématiques  et  es  sciences  phy- 
siques, membre  de  TJnstitut  des  Actuaires  français,  ancien  inspecteur  du 
travail  dans  l'industrie,  soumet  au  jugement  de  l'Académie  des  Sciences, 
pour  le  concours  du  prix  Montyon  de  Statistique  (1903),  un  Mémoire 
manuscrit  intitulé  :  «  Eléments  statistiques  permettant  de  fixer  rationnelle- 
ment en  France  et  dans  nos  colonies  l'emplacement  d'établissements  indus- 
triels à  créer  ». 

Ce  Mémoire  se  divise  en  trois  Parties. 

Tout  d'abord,  l'auteur  présente  une  étude  didactique  et  générale  de  la 
question,  en  partant  de  ce  principe  que  la  position  d'un  établissement 
industriel  doit  être  choisie  de  manière  à  réduire  au  minimum  le  prix  de 
vente  des  produits.  Il  passe  successivement  en  revue  les  éléments  constitu- 
tifs de  ce  prix  :  achat  et  transport  à  l'usine  de  la  matière  première;  dépense 
de  combustible  minéral  ou  végétal,  de  vapeur  d'eau  pour  usages  industriels 
divers,  d'eau,  de  force  motrice;  main-d'œuvre;  transport  des  produits 
fabriqués  jusqu'au  lieu  de  consommation;  acquisition  des  terrains  et  con- 
struction des  bâtiments  de  l'usine.  Chacun  des  éléments  ainsi  envisagés  est 
l'objet  d'un  examen  attentif,  avec  toutes  les  subdivisions  nécessaires.  En  ce 
qui  concerne,  par  exemple,  le  prix  de  la  matière  première,  M.  Razous 
distingue  suivant  que  cette  matière  est  lourde  et  encombrante  ou  au  con- 
traire peu  encombrante  et  légère,  suivant  qu'elle  vient  de  l'intérieur  ou  de 
l'étranger,  suivant  que  le  transport  a  lieu  au  moyen  de  véhicules  attelés, 
d'automobiles,  de  voies  ferrées.  Pour  la  force  motrice,  il  considère  les 
divers  cas  des  machines  à  vapeur,  des  machines  à  gaz,  à  pétrole  ou  à 
essence,  des  moteurs  hydrauliques,  des  dynamos.  En  ce  qui  touche  la  main- 
d'œuvre,  il  se  place  dans  la  double  hypothèse  d'une  industrie  faisant  large- 
ment appel  à  la  main  de  l'homme  et  d'une  industrie  à  machinisme  déve- 
loppé; son  analyse  porte  sur  le  travail  industriel  dans  les  pays  agricoles, 
sur  l'emploi  des  ouvriers  étrangers,  sur  le  travail  à  domicile,  etc.  L'auteur 
accumule  les  données  pratiques,  les  chiffres  empiriques.  Incidemment,  il 
donne  une  formule  mathématique  pour  le  calcul  du  prix  de  transport  des 
matières  premières  ou  des  combustibles  végétaux,  supposés  uniformément 
répartis  autour  de  lusine. 


SÉANCE    DU    lil    DÉCEMBRE    !9o3.  IIl3 

Dans  une  deuxième  Partie,  M.  Razous  rappelle,  sous  forme  de  Tableau, 
les  circonstances  qui  ont  contribué  à  la  création  et  à  l'essor  des  principaux 
centres  industriels  de  la  France  et  de  F  Angleterre. 

Enfin,  la  troisième  Partie,  très  étendue  et  essentiellement  concrète, 
applique  les  principes  et  les  enseignements  des  deux  premières  à  un  grand 
nombre  d'industries  spéciales.  Ici  encore  les  faits  et  les  chiffres  expéri- 
mentaux abondent.  L'exploitation  des  forêts  et  le  travail  du  bois  sont 
étudiés,  non  seulement  pour  la  France,  mais  pour  nos  principales  colonies. 

Le  Mémoire  de  M.  Razous  atteste  l'érudition  technique  et  profession- 
nelle, l'esprit  de  recherche  et  la  perspicacité  de  son  auteur,  qni  a  du  certai- 
nement dépenser  beaucoup  de  temps  et  de  travail  pour  en  réunir  les  maté- 
riaux. Une  mention  très  honorable  lui  est  attribuée. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ces  Rapports. 


CHIMIE 


PRIX  JECKER. 

(Commissaires  :  MM.  Troost,  Gautier,  Moissan,  Ditte,  Lemoine; 
A.  Haller,  rapporteur.) 

La  Section  de  Chimie  a  décerné,  à  l'unanimité  et  sans  discussion,  le 
prix  Jecker  à  M.  L.  Bouveault,  maître  de  Conférences  de  Chimie  orga- 
nique à  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris. 

Depuis  17  ans  qu'il  appartient  à  l'Université,  l'effort  scientifique  de 
M.  Bouveault  a  été  continu  et  s'est  exercé  sur  les  sujets  les  plus  variés  de  la 
Chimie  organique.  Il  a  tendu  principalement  à  la  création  de  nouvelles 
méthodes  pour  la  préparation  de  composés  appartenant  à  des  fonctions  en 
général  peu  compliquées.  Son  travail  de  thèse  l'a  conduit  tout  d'abord  à 
l'obtention  de  nitriles,  d'éthers  et  de  nitriles  [5l-cétoniques,  de  cétones  et  de 
dérivés  aminés  du  pyrazol. 

Plus  tard,  avec  M.  Barbier,  la  condensation  des  aldéhydes  avec  Tacé- 
tone  ordinaire  les  amena  à  la  synthèse  de  cétones  une  ou  deux  fois  non 
saturées.  Ces  dernières  ont  la  curieuse  propriété  de  pouvoir  être  déshydra- 

C.  R.,  1900,  2«  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  25.)  l4o 


Ill4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tées  en  donnant  des  hydrocarijures  aromatiques.  Sa  collaboration  avec  le 
savant  maître  de  Lyon  a  eu  pour  résultat  un  travail  d'ensemble  sur  les 
principes  immédiats  contenus  dans  les  essences  de  linaloé,  à^anthropogon 
schœnantJius,  de  lémon  grass,  de  citronelle,  de  géranium  et  de  roses,  tra- 
vail qui  a  été  couronné  par  la  synthèse  totale  des  corps  fondamentaux  de 
la  série  des  produits  isolés  dans  ces  essences,  la  métbylhepténone  et  l'acide 
géranique. 

M.  Bouveault  s'est  également  occupé  de  la  question  si  complexe  du 
camphre  et  des  terpènes,  a  préparé  un  nouvel  hydrocampliène  liquide, 
a  donné  la  constitution,  indiscutée  aujourd'hui,  des  composés  des  séries 
isolauronique  et  ^-campholénique  et  a  enfin  pu  apporter  à  celle  de  la 
phorone  du  camphre  le  contrôle  d'une  synthèse  totale. 

En  traitant  les  hydrocarbures  aromatiques  ou  les  éthers  des  phénols  par 
le  chlorure  éthyloxalique,  en  présence  du  chlorure  d'aluminium,  il  a 
obtenu  des  éthers  et  des  acides  glyoxyliques  aromatiques,  qui  l'ont  conduit 
à  des  acides  et  à  des  aldéhydes  aromatiques  de  toutes  sortes. 

A  part  trois  ou  quatre,  les  alcools  primaires  sont  des  produits  dont  l'ob- 
tention est  extrêmement  difficile.  On  réussit  maintenant  à  les  préparer 
assez  facilement,  grâce  au  procédé  que  viennent  de  généraliser  MM.  Bou- 
veault et  Blanc,  et  qui  consiste  à  hydrogéner  par  l'alcool  absolu  et  le 
sodium  les  éthers-sels  des  acides  correspondants. 

Nous  ne  saurions  énumérer  les  multiples  contributions  que  M.  Bouveault 
a  apportées  dans  beaucoup  d'autres  questions  de  Chimie,  où  il  a  su  montrer 
la  même  précision,  la  même  originalité. 

Mais,  si  étendu  et  si  varié  que  soit  son  avoir  personnel  dans  le  domaine 
de  la  recherche,  M.  ïîouveault  a  encore  d'autres  titres  à  la  haute  distinction 
dont  dispose  l'Académie.  Passionné  pour  la  Science,  il  possède  une  qualité 
précieuse  entre  toutes,  et  dont  devrait  être  doté  tout  maître  attaché  à  notre 
haut  enseignement  :  celle  de  communiquer,  de  faire  partager  à  la  jeunesse 
qui  l'entoure,  son  amour,  son  enthousiasme  pour  le  travail  si  captivant  de 
la  recberche. 

Dans  les  diverses  Facultés  où  il  a  professé  depuis  qu'il  a  abordé  la  car- 
rière scientifique,  il  a  fait  école,  a  formé  des  élèves  qu'il  a  associés  à  ses 
travaux. 

C'est  M.  Bongert  avec  lequel  il  a  étudié  les  dérivés  o  et  c  acylés  des 
éthers  acéto-acétiques.  C'est  M.  Locquin  qui  collabore  à  ses  recherches 
concernant  l'action  de  l'acide  nitreux  ou  du  chlorure  de  nitrosyle  sur  ces 
mêmes  éthers  acéto-acétiques  ou  leurs  dérivés  alcoylés  de  substitution. 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    igo'5.  Illj 

Ce  sonl  M.  Tétry  avec  lequel  il  a  élucidé  quelques  points  relatifs  à  la 
constitution  de  certains  dérivés  de  la  pulégonc,  et  M.  Walil,  son  prépara- 
teur, dont  l'ingéniosité,  le  savoir  et  la  grande  habileté  nous  font  présager 
un  digne  émule  du  maître  qui  Ta  formé. 

Tant  de  titres  sont  plus  que  suffisants  pour  justifier  le  choix  de  la  Section 
de  Chimie. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


PRIX  LA  CAZE. 

(Commissaires  :   MM.  Arm.   Gautier,   Moissan,   Ditte,  Lemoine, 
Haller,   Berthelot,   Schlœsing,  Duclaux;   Troost,   rapporteur.) 

M.  GuxTz  a  débuté  dans  la  carrière  scientifique  par  un  ensemble  de 
recherches  tliermochimiques  sur  les  composés  que  le  fluor  forme  avec  les 
métalloïdes  et  avec  les  métaux. 

Ses  déterminations  calorimétriques  lui  ont  permis  de  rendre  compte  du 
grand  écart  qui  existe  entre  les  propriétés  de  l'aôide  fluorhydrique  et  des 
fluorures  alcalins  ou  alcalino-terreux  d'une  part  et  celles  de  l'acide  chlorhy- 
drique  et  des  chlorures,  bromures  et  iodures  correspondants  d'autre  part. 

C'est  également  par  une  étude  thermochimique  des  divers  produits  de  la 
décomposition  par  l'eau  des  composés  de  l'antimoine  que  M.  Guntz 
réussit  à  éclaircir  les  nombreuses  contradictions  que  les  recherches  de  ses 
devanciers  avaient  introduites  dans  leur  histoire. 

L'existence  des  sels  de  sous-oxyde  d'argent  était  depuis  longtemps 
discutée.  Les  expériences  antérieures  peu  concordantes  n'avaient  pas 
réussi  à  fixer  l'opinion  des  chimistes.  M.  Guntz,  après  avoir  déterminé  les 
conditions  de  production  régulière  d'un  sous-sel  d'argent  parfaitement 
défini  et  bien  cristallisé,  le  sous-fïuorure  d'argent,  a  pu  préparer  le  sous- 
oxyde  et  les  sels  de  sous-oxyde  d'argent  également  bien  définis;  il  a  pu 
fixer  leurs  propriétés  et  expliquer  parleur  production  et  leur  décomposition 
l'influence  de  la  lumière  sur  les  sels  halogènes  d'argent. 

Il  a  ainsi  établi  définitivement  l'existence  des  sels  de  sous-oxyde  d'argent 
mise  jusqu'alors  en  doute. 

Le  lithium  était  jusque  dans  ces  derniers  temps  un  métal  que  l'on  ne  pré- 
parait qu'en  petite  quantité.  Sa  préparation  par  l'électrolyse  de  son  clilo- 
rure  fondu  paraissait  cependant  au  premier  abord  une  opération  facile; 


Ill6  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

mais,  lorsque  M.  Guntz  voulut  reprendre  ce  même  procédé  pour  obtenir  des 
quantités  importantes  de  ce  métal  afm  d'en  compléter  Fétude,  il  s'aperçut, 
en  faisant  des  mesures  quantitatives,  que  le  rendement  était  très  différent 
dans  des  opérations  en  apparence  très  analogues,  et  que,  de  plus,  il  était 
toujours  excessivement  faible  par  rapport  à  l'intensité  du  courant  électrique 
employé. 

En  recherchant  les  causes  de  ces  différences  et  de  ce  faible  rendement, 
il  fut  amené  à  constater  que  cette  décomposition  du  chlorure  de  lithium  était 
généralement  compliquée  de  la  production  d'un  produit  accessoire,  le  sous- 
chlorure  de  lithium,  dont  la  proportion  varie  avec  les  conditions  de  l'expé- 
rience, par  la  réaction  du  chlorure  sur  le  lithium  mis  en  liberté.  Cette 
étude  très  délicate  lui  a  permis  de  fixer  les  conditions  dans  lesquelles  on 
doit  se  placer  pour  une  préparation  régulière  et  économique. 

Grâce  aux  ingénieuses  dispositions  qu'il  a  adoptées,  M.  Guntz  a  pu 
obtenir  de  grandes  quantités  de  lithium,  à  l'aide  desquelles  il  a  constaté 
les  affinités  énergiques  qui  le  placent  en  tête  des  métaux  alcalino-terreux. 
Ce  métal  brûlant  dans  l'azote  peut  servir  avantageusement  à  la  préparation 
de  l'argon,  et,  s'enflammant  au  rouge  dans  l'hydrogène,  donne  un  hydrure 
cristallisé  très  stable,  formé  avec  un  grand  dégagement  de  chaleur. 

Les  études  qu'il  a  entreprises  sur  les  amalgames  et  sur  l'activité  chimique 
des  métaux  retirés  de  leurs  amalgames  à  basse  température,  l'ont  conduit  à 
préparer  le  baryum  et  le  strontium  métalliques,  ainsi  que  leurs  hydrurcs, 
dans  un  état  de  pureté  qu'aucun  expérimentateur  n'avait  encore  atteint. 

M.  Guntz  a  publié  en  collaboration,  tant  avec  son  illustre  maître 
qu'avec  plusieurs  de  ses  élèves,  un  ensemble  d'autres  recherches  qui  ne 
le  cèdent  en  rien,  comme  importance  et  comme  rigueur,  à  celles  que  nous 
venons  d'énumérer. 

La  Commission,  appréciant  le  mérite  et  l'originalité  des  travaux  de 
M.  GuxTz,  lui  a  décerné  le  prix  La  Caze  (Chimie)  pour  l'année  1903. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  1903.  III 


MIXERALOGÏE  ET  GEOLOGIE 


PRIX  DELESSE. 

(Commissaires  :  MM.  Fouqiié,  Bertrand,  Michel  Lévy,  Gaiidry; 
de  Lapparent,  rapporteur.) 

M.  Emmanuel  de  Marcerie  est  bien  connu  du  monde  des  géologues  et 
des  géographes,  d'abord  pour  Tétendue  de  son  savoir,  ensuite  pour  le  zèle 
profondément  désintéressé  avec  lecjuel,  interrompant  des  travaux  person- 
nels où  il  avait  montré  qu'il  se  placerait  parmi  les  meilleurs,  il  a  assumé, 
dans  l'intérêt  des  travailleurs,  des  taches  faites  pour  rebuter,  par  Fénor- 
mité  du  labeur  à  accomplir,  tout  autre  courage  que  le  sien. 

Après  avoir  étudié  avec  fruit  la  région  des  Corbières,  M.  de  Margerie  a 
publié,  en  collaboration  avec  le  général  de  la  Noë,  un  magistral  Ouvrage, 
Les  formes  du  terrain,  le  premier  où  aient  été  exposés  rationnellement 
les  principes  du  modelé  terrestre.  Ensuite,  sur  l'invitation  des  Congrès 
géologiques  internationaux,  il  a  présidé  à  la  rédaction  d'un  Dictionnaire 
méthodique  des  bibliographies  géologiques,  œuvre  de  patience  et  de  pré- 
cision, qui  a  exigé  une  grande  somme  de  travail. 

Mais  ce  qui  le  recommande  surtout  à  la  gratitude  des  géologues,  c'est 
sa  traduction  du  grand  Ouvrage  de  notre  illustre  Associé  de  Vienne, 
M.  Edouard  Suess,  c'est-à-dire  du  livre  magistral  qui  a  pour  titre  La  face 
de  la  Terre.  A  cette  traduction,  enrichie  de  cartes  et  de  dessins  parfaite- 
ment choisis  pour  en  faciliter  l'usage,  M.  de  Margerie  a  joint  des  notes, 
d'une  ampleur  souvent  égale  à  celle  du  texte,  et  où  sont  accumulés  tous 
les  renseignements  recueillis,  depuis  l'apparition  de  l'édition  originale, 
sur  les  innombrables  sujets  traités  par  M.  Suess.  On  ne  saurait  trop  insister 
sur  le  mérite  de  cette  publication,  qui  a  rendu  accessible  et  profitable  à 
tous  nos  compatriotes,  et  même  à  d'autres,  une  œuvre  pleine  d'aperçus 
profonds,  mais  difficiles  à  suivre  dans  le  texte  allemand. 

L'attribution  à  M.  de  Margerie  du  prixDelesse  sera  la  juste  récompense 
d'une  activité  inspirée  par  le  seul  amour  de  la  Science,  et  dont  toutes  les 
manifestations  font  ressortir,  avec  une  grande  distinction  de  style,  l'alliance 


Ul8  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

précieuse  d'une  érudition  aussi  sûre  que  vaste  et  d'un  sens  critique  très 
délié. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


(GEOGRAPHIE  PHYSÏOUE. 


PRIX  GAY. 

(Commissaires  :  MM.  Bouquet  de  la  Gr^^e,  Guy  ou,  Bassot,  Hatt; 
Grandidier,  rapporteur.) 

Le  R.  P.  Cou.v,  le  fondateur  et  directeur  de  l'observatoire  de  Tanana- 
rive,  a  déterminé,  depuis  i4  années  qu'il  habite  Madagascar,  avec  une  très 
grande  précision,  une  série  considérable  de  positions  géographiques.  Il  a 
d'abord  fixé  les  coordonnées  de  l'observatoire  de  Tananarive  par  749  obser- 
vations astronomiques. 

En  1893,  il  a  exécuté  la  triangulation  et  le  nivellement  géodésique  de  la 
région  qui  s'étend  de  Tananarive  au  bord  de  la  mer,  à  Andovorante,  sur 
une  distance  de  2[  i^-'°,  et  fixé  le  long  de  cette  route  la  latitude  et  la  longi- 
tude de  trois  stations. 

Attaché  en  1896  au  corps  expéditionnaire  par  le  général  Voyron  en  qua- 
lité de  géodésien  du  Service  géographique  de  l'État-Major,  il  a  triangulé 
dans  la  région  orientale,  avec  une  brigade  lopographique,  une  superficie  de 
125"'"'  et  déterminé  les  coordonnées  d'Ampanotomaizina.  Pendant  cette 
campagne,  il  a  été  cerné  et  attaqué  par  une  forte  bande  de  Fahavalos,  de  re- 
belles, a  pansé  au  milieu  des  balles  son  chef  de  service  qui  avait  été  griè- 
vement blessé,  a  relevé  sous  une  vive  fusillade  un  soldat  de  son  escorte  mor- 
tellement atteint  et  a  reçu  à  ce  sujet  les  félicitations  du  général  Gallieniqui 
l'a  proposé  pour  la  croix. 

Dans  une  seconde  mission  que  lui  a  confiée  le  général  Gallieni  en  1897, 
il  a  relié  la  triangulation  de  l'Imerina  avec  celle  du  Corps  expéditionnaire 
à  Andriba  et  formé  un  réseau  couvrant  i5  goo"""',  qu'il  a  jalonné  d'observa- 
tions astronomiques. 

En  1898,  il  a  accompli  une  troisième  mission  sur  la  côte  occidentale  de 
Madagascar,  où  il  a  fixé  les  positions  géographiques  de  six  stations  par 
670  observations. 


SÉANCE    DU    2[    DÉCEMBRE    igoS.  Ilig 

En  1900,  dans  une  quatrième  mission  quelui  a  confiée  le  général  Penne- 
quin  sur  la  côte  orientale,  il  a  déterminé  les  coordonnées  astronomiques 
des  ports  importants  de  Valomandry,  de  Marosika  et  de  Mahanoro. 

En  1901,  il  a  triangulé  une  superficie  de  8000""°'  autour  du  massif  cen- 
tral de  l'Ankaratra  et  observé  les  positions  géographiques  de  Betafo  et 
d'Antsirabé. 

En  1902,  il  a  fixé  la  longitude  d'Ambatolampy  pendant  qu'il  faisait  sa 
série  d'observations  magnétiques  autour  du  massif  d'Ankaratra. 

Enfin,  cette  année,  il  fait  la  Carte  très  détaillée  à  -^^-^  des  environs  de 
Tananarive  sur  un  rayon  de  3o''™. 

En  résumé,  sans  parler  des  travaux  astronomiques,  magnétiques  et 
météorologiques  qu'a  faits  le  R.  P.  Colin  et  qui  sont  nombreux  et  très  im- 
portants, nous  constatons  qu'au  point  de  vue  purement  géographique,  le 
seul  qui  nous  intéresse  pour  l'attribution  du  prix  Gay  «  qui  doit  cette  année 
être  décerné  à  l'auteur  d'un  travail  ayant  pour  but  la  détermination,  aussi 
précise  que  possible,  d'une  série  de  positions  géographiques  dans  une 
des  colonies  françaises  w,  ses  observations,  qui  dépassent  de  beaucoup  le 
nombre  de  2000,  ont  fourni  17  positions  géographiques,  7  latitudes  et 
2  longitudes  isolées,  et  que  son  réseau  géodésique  s'étend  sur  une  superficie 
de  SioGo"""'. 

Cet  ensemble  de  travaux  d'une  haute  précision  a  décidé  la  Commission 
du  prix  Gay  à  décerner  ce  prix  au  R.  P.  Coli.v. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


BOTANIQUE. 


GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  PHYSIQUES. 

(Commissaires  :  MM.  Bornet,  Guignard,  Prillieux,  Perrier; 
VanTieghem,  rapporteur.) 

L'Académie  avait  proposé  en  1901  la  question  suivante  : 

Rechercher  et  démontrer  les  divers  modes  de  formation  et  de  aévelop- 
pement  de  V œuf  chez  les  Ascomycètes  et  les  Basidiomy cèles. 


I120  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Deux  Mémoires  ont  été  présentés.  La  Commission  estime  que,  dans  l'un 
comme  dans  l'autre,  la  question  n'est  traitée  que  d'une  façon  incomplète. 
Elle  ne  décerne  donc  pas  le  prix. 

L'Académie  adopte  cette  proposition. 

PRIX  BORDIN. 

(Commissaires  :  ]MM.  Guignard,  Bornet,  Prillieux,  Bonnier; 
Van  Tieghem,  rapporteur.) 

L'Académie  avait  proposé  la  question  suivante  : 

Démontre]^,  s'il  y  a  lieu,  par  l'étude  de  types  nomhj^eux  el  variés,  la 
généralité  du  phénomène  de  la  double  fécondation,  ou  digamie,  c  est- 
à-dire  de  la  formation  simultanée  d'un  œuf  et  d'un  trophime,  chez  les 
Angiospermes. 

Aucun  Mémon^e  n'ayant  été  présenté,  la  Commission  décide  de  retirer 
le  sujet  proposé. 

Cette  décision  est  approuvée  par  l'Académie. 

PRIX  DESMAZIÈRES. 

(Commissaires  :  MM.  Bornet,  Van  Tieghem,  Bonnier,  Prillieux; 
Guignard,  rapporteur.) 

La  Commission  décide  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  donner  le  prix. 

PRIX  MONTAGNE. 

(Commissaires  :  MM.  Van  Tieghem,  Bornet,  Guignard,  Bonnier,  Zeiller; 

Prillieux,  rapporteur.) 

L'étude  de  la  structure  et  de  l'évolution  des  noyaux  dans  les  Champi- 
gnons Basidiomycètes  a  été  le  sujet  de  très  délicates  et  très  intéressantes 
recherches  que  M.  Maire  a  exposées  dans  un  important  Mémoire  où  il 
traite  de  la  cytologie  non  seulement  des  Basidiomycètes  proprement  dits, 
mais  aussi  des  Urédinées  considérées  comme  dépendant  du  même  groupe. 

Les  noyaux  des  Champignons  qui  sont  extrêmement  petits  ont  longtemps 
échappé  à  l'observation,  ils  ne  deviennent  visibles  que  quand  on  parvient  à 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    1903.  I I - r 

les  colorer  à  l'aide  d'une  technique  toute  spéciale  et  des  plus  délicates;  mais 
le  travail  de  M.  Maire  montre  combien  l'étude,  bien  dirigée,  de  ces  petits 
corps  peut  apporter  à  la  Science  de  données  importantes  et  contribuer  à 
éclairer  les  questions  les  plus  hautes  et  les  plus  obscures  de  l'organisation 
des  végétaux. 

M.  Maire  a  fait,  dans  l'exposé  de  ses  recherches,  deux  parts  distinctes  : 
Tune  comprend  la  description  très  détaillée  de  ses  nombreuses  observations 
sur  les  noyaux  dans  la  série  des  espèces  des  Basidiomycètes  dont  il  a  étudié 
des  types  variés  en  contrôlant  les  études  cytologiques,  maintes  fois  contra- 
dictoires, qui  avaient  été  faites  avant  lui;  l'autre  est  consacrée  aux  théories 
qui  touchent  à  la  phylogénésie,  à  l'évolution  nucléaire  et  à  la  sexualité  des 
Basidiomycètes;  il  a  jugé  avec  raison  qu'il  convient  de  ne  pas  mêler  aux 
faits  précis  des  considérations  où  la  manière  de  voir  de  chacun  joue  tou- 
jours un  rôle  considérable. 

Les  cellules  des  Basidiomycètes  contiennent  tantôt  un  seul  noyau,  tantôt 
deux  noyaux  accouplés.  A  la  germination,  le  filament  produit  par  la  spo- 
ridie  d'une  Urédinée,  aussi  bien  que  celui  qui  naît  de  la  basidiospore  du 
Champignon  le  plus  élevé  en  organisation,  est  composé  de  cellules  à  un 
seul  noyau,  contenant  deux  chromosomes.  Ce  n'est  que  plus  tard  que 
toutes  les  cellules  des  Basidiomycètes  contiennent  chacune  deux  noyaux 
accouplés  dont  les  divisions  sont  simultanées  et  parallèles.  M.  Maire  attache 
une  importance  considérable  à  cette  paire  de  noyaux  intimement  unis  qui 
caractérise  les  cellules  du  tronçon  individuel  le  plus  important  des  Basidio- 
mycètes et  donne  naissance  à  des  générations  de  pareils  couples  de  noyaux 
jusqu'à  la  formation  de  la  baside.  Là,  les  deux  noyaux  accouplés  de  la  jeune 
baside  se  fusionnent  pour  former  un  gros  noyau,  dans  lequel  se  confondent 
les  quatre  chromosomes  des  deux  éléments  associés;  puis,  ce  gros  noyau 
unique,  ainsi  formé  à  l'intérieur  de  la  baside,  se  divise  en  deux  noyaux  con- 
tenant chacun  seulement  deux  chromosomes.  Il  y  a  donc  là  réduction  du 
nombre  des  chromosomes.  La  division  se  répète  très  peu  après  et  il  se  pro- 
duit ainsi  dans  la  baside  quatre  noyaux  qui  pénètrent  isolément  dans  les 
spores  qui  se  forment  à  l'extrémité  des  stérigmates. 

Peut-on  voir  dans  ces  faits  la  preuve  de  Fexistence  d'une  fécondation 
dans  les  Champignons  basidiomycètes?  M.  Maire  ne  le  pense  pas. 

La  fécondation,  dans  les  végétaux  supérieurs,  là  où  elle  n'est  pas  con- 
testable, est  caractérisée  par  la  fusion  de  deux  noyaux  sexuels  dont  l'union 
constitue  l'œuf.  Ce  dernier  contient  un  nombre  double  de  chromosomes  et 
donne  naissance,  par  des  divisions  successives,  à  toute  une  lignée  de  pareils 

C.  R.,  igoS,    a'  Semestre.  (T.  CXXXVTI,  N»  25  )  1  4? 


IÏ22  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

noyaux  jusqu'à  un  stade  défini  où  se  produit  une  réduction  numérique  des 
chromosomes  dans,  les  noyaux  qui  sont  l'origine  d'une  nouvelle  lignée 
aboutissant  aux  noyaux  sexuels.  Dans  les  Basidiomycètcs,  le  noyau  produit 
dans  la  baside  par  la  fusion  des  deux  noyaux  associés  contenant  chacun  deux 
chromosomes  donne  naissance  aux  noyaux  des  spores  qui  ne  contiennent, 
eux  aussi,  que  deux  chromosomes.  Il  y  a  là  une  différence  que  M.  Maire 
considère  comme  essentielle  et  d'où  i4  résulte  que  la  fusion  des  noyaux 
accouplés  dans  la  baside  est,  selon  lui,  un  phénomène  de  tout  autre  nature 
que  celui  qui  caractérise  une  fécondation  véritable. 

Cet  important  travail  de  M.  Maire  a  paru  à  la  Section  de  Botanique 
digne  d'une  récompense  de  l'Académie.  Elle  vous  propose  de  lui  accorder 
le  prix  Montagne. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


PRIX  THORE. 

(Commissaires  :  MM.  Bornet,  Guignard,  Van  Tieghem,  Bonnier; 
Prillieux,  rapporteur.) 

La  maladie  de  la  Yigne  que  l'on  désigne  sous  le  nom  de  Rot  blanc  ou  de 
Rot  liçide  a  été  signalée  comme  fort  dangereuse,  en  France,  dès  1886,  et  a 
été  l'objet  déjà  de  nombreuses  études.  Elle  a  pris  dans  ces  dernières  années, 
en  Hongrie,  un  développement  considérable  et  M.  de  Istvaxffi  évalue  à 
8  millions  de  francs  le  dommage  qu'elle  y  a  causé  en  1901. 

Directeur  de  l'Institut  ampélographique  royal  hongrois,  M.  de  Istvanffi 
a  fait  de  cette  maladie  et  du  parasite  qui  la  produit  une  étude  très  appro- 
fondie et  pubhé  sur  ce  sujet  tout  spécial  un  Mémoire  de  près  de  3oo  pages 
accompagnées  de  plus  de  200  figures  dont  un  grand  nombre  en  couleur  et 
d'une  très  belle  exécution. 

M.  de  Istvanffi  étudie  et  décrit  avec  le  plus  grand  détail  les  altérations 
des  tissus  des  divers  organes  de  la  Vigne,  jeunes  sarments,  feuilles, 
grappes  et  grains  de  raisin  dans  lesquels  pénètre  et  se  développe  le  mycé- 
lium du  Coniothyrium  Diplodiella.  Parmi  les  faits  intéressants  qu'il 
signale,  on  peut  citer  particulièrement  la  formation  de  tissu  cicatriciel  à 
l'intérieur  des  jeunes  rameaux  altérés  parla  pénétration  du  parasite  et  la 
production  de  bourrelets  de  forme  singulière  au-dessus  des  entrenœuds  sur 
lesquels  la  maladie  a  causé  une  décortication  annulaire. 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    IQoS.  II 23 

En  ensemençant  le  Coniothyrium  Diplodiella  dans  des  milieux  conve- 
nables, M.  de  Istvanffi  en  a  suivi  tout  le  développement,  depuis  la  germi- 
nation de  la  spore  jusqu'à  la  formation  complète  des  pycnides  qu'il  a 
observées  à  partir  de  leur  première  origine.  Des  ensemencements  de  spores 
sur  des  raisins  lui  ont  permis  de  voir  la  pénétration  des  filaments  du  Cham- 
pignon à  travers  la  cuticule  et  leur  développement  à  l'intérieur  de  la  pulpe 
des  grains  dont  il  a  figuré  les  colorations  successives  qui  manifestent  à 
l'extérieur  toutes  les  phases  de  la  maladie. 

Une  deuxième  partie  du  Mémoire  de  M.  Istvanffi  est  consacrée  à  l'étude 
comparative  des  remèdes  proposés  pour  combattre  le  Rot  livide.  L'auteur 
assure  en  avoir  découvert  un  nouveau  beaucoup  plus  efficace  que  ceux  qui 
ont  été  employés  jusqu'ici,  mais  il  ne  fait  pas  connaître  la  substance  dont 
il  préconise  l'emploi  et  se  réserve  d'en  faire  l'objet  d'une  publication  ulté- 
rieure. 

Sans  tenir  compte  de  cette  dernière  partie  du  travail  de  M.  de  Istvanffi, 
la  Commission  a  pensé  que  l'étude  très  détaillée  qu'a  faite  l'auteur  des 
tissus  de  la  Vigne  attaquée  par  le  Coniothyrium  Diplodiella  et  de  toutes 
les  phases  du  développement  de  ce  Champignon  a  une  réelle  valeur  et  vous 
propose  de  lui  accorder  le  prix  Thore. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


ECONOMIE  RURALE. 


PRIX  BIGOT  DE  MOROGUES. 

(Commissaires  :  MM.  Miintz,  Schlœsing  père,  Chauveau,  Roux; 
Schlœsing  fils,  rapporteur.) 

L'Ouvrage  auquel  la  Commission  est  unanimement  d'avis  d'attribuer  le 
prix  Bigot  de  Morogues  est  la  Géologie  agricole  de  M.  Eugène  Rislek. 

M.  Risler  (est-il  besoin  de  le  rappeler?)  est  l'éminent  agronome  qui, 
pendant  de  longues  années,  a  dirigé  avec  une  si  haute  distinction  et  un  si 
complet  dévouement  l'Institut  national  agronomique.  En  même  temps,  il 


II24  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

eut  à  y  professer  FAgriculture  comparée.  Il  reconnut  dès  Fabord  que  cette 
science  devait  comprendre  la  climatologie,  Fliistoire  de  Pagriculture,  la  sta- 
tistique et  la  géologie  agricole  et,  comme  sur  cette  dernière  l'Ouvrage  néces- 
saire manquait,  il  entreprit  de  le  composer.  Ainsi  est  né  son  magistral 
Traité, 

Le  plan  qu'il  y  a  suivi  est  à  la  fois  le  plus  clair,  le  plus  scientifique  et  le 
plus  pratique  ;  il  repose  sur  l'adoption  de  la  classification  des  Traités  de  Géo- 
logie, parmi  lesquel  est  pris  essentiellement  comme  modèle  le  grand  Traité 
de  M.  de  Lapparent,  et  sur  l'emploi  constant  des  cartes  géologiques.  Après 
la  description  très  sobre  de  chaque  terrain,  Fauteur  parcourt  les  divers  pays 
de  France  où  ce  terrain  est  en  affleurement  et  pousse  aussi,  dès  qu'il  est  utile, 
ses  excursions  à  l'étranger.  Il  y  relève  tous  les  renseignements  intéressant 
l'agriculture  :  analyses  des  sols,  résultats  d'essais  d'engrais,  indications 
variées  concernant  les  amendements  en  usage  et  leurs  gisements,  les  sys- 
tèmes de  culture,  les  procédés  de  drainage  et  d'irrigation,  les  plantes  fores- 
tières, les  races  de  bétail,  le  climat,  la  situation  économique.  Pour  mieux 
faire  comprendre  ses  leçons  par  des  exemples,  il  décrit  des  exploitations 
rurales  et  fait  voir  le  profit  qu'elles  peuvent  tirer  d'une  judicieuse  adaptation 
de  leurs  méthodes  aux  ressources  des  terrains  sur  lesquels  elles  se  trouvent 
placées.  De  pareilles  études  ressort  avec  évidence  la  relation,  parfois  très 
étroite,  qui  existe  entre  la  formation  géologique  d'un  sol  et  le  système  de 
culture  qui  lui  convient.  Et  cette  relation  conduit  à  des  applications  im- 
médiates. C'est  ainsi  que,  selon  les  vues  de  JM.  Risler,  les  propriétaires 
bretons  auraient  grand  bénéfice  à  emprunter  les  améliorations  réalisées  à 
Jersey  sur  des  terres  granitiques  ou  siluriennes  analogues  aux  leurs;  c'est 
ainsi  que  les  Champenois  devraient  apprendre  de  leurs  confrères  de  l'Ar- 
tois, de  la  Flandre  ou  du  sud  de  F  Angleterre  ce  qu'il  est  possible  de  faire 
des  sols  crayeux  et  que  les  Lorrains  devraient  établir  des  herbages  sur 
leurs  marnes  du  lias  comme  on  Fa  fait  avec  succès  dans  le  Charolais  et 
le  Nivernais. 

Tant  de  documents  précieux,  réunis  et  commentés  avec  une  expérience 
consommée  des  choses  de  l'agriculture,  constituent  un  ensemble  dont  la 
portée  dépasse  de  beaucoup  le  titre  de  Géologie  agricole.  L'Ouvrage  de 
M.  RiSLiiR  est  presque  à  lui  seul  un  Traité  complet  d'agriculture  comparée. 
11  offre,  en  outre,  un  caractère  de  nouveauté  et  d'originalité  exceptionnel, 
parce  que  l'auteur  a  tiré  de  ses  notes  personnelles  de  voyage  ou  de  son 
propre  fonds  une  grande  pçirtie  des  observations  et  des  conclusions  qu'il 
formule.  On  comprend  par  là  que  la  Géologie  agricole  n'ait  été  que  len- 


SÉANCE    DU    2  1    DÉCEMBRE    igoB.  1 I aS 

lement  écrite  ;  sa  publication  représente  un  travail  de  plus  de  20  années,  ou 
plutôt  elle  est  le  fruit  de  toute  une  carrière,  bien  digne  d'être  louée  et 
honorée. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


AIVAT03IIE  ET  ZOOLOGIE. 


PRIX  SAVIGNY. 

(Commissaires  :  MM.  Perrier,  Giard,  Delage,  Chatin,  Grandidier; 

Bouvier,  rapporteur.) 

Ce  prix  est  accordé  à  M.  R.  Fourtau,  Ingénieur  civil  au  Caire,  Membre 
de  l'Institut  égyptien. 

Depuis  longtemps  fixé  au  Caire,  M.  Fourtau  a  consacré  son  talent  d'ingé- 
nieur, de  pénibles  explorations  et  des  recherches  très  savantes  à  l'étude 
géologique  de  l'Egypte.  Grâce  à  sa  connaissance  des  Invertébrés  fossiles  et 
à  ses  aptitudes  d'observateur,  il  est  parvenu  à  jeter  une  vive  lumière  sur 
l'histoire  des  terrains  qui  avoisinent  la  mer  Rouge,  et  l'on  peut  prévoir  le 
jour  où  les  dépôts  égyptiens  seront  inscrits  sur  les  cartes  avec  la  même  pré- 
cision que  ceux  de  l'autre  rive  méditerranéenne. 

M.  Fourtau  s'est  d'abord  intéressé  à  la  géographie  physique  et  à  la  struc- 
ture générale  de  la  région  érythréenne.  Après  avoir  débuté  par  une  curieuse 
étude  sur  les  puits  artésiens  et  les  puits  forés  de  V  Egypte,  il  a  fait  paraître 
coup  sur  coup  deux  estimables  opuscules,  l'un  consacré  à  la  côte  ouest  du 
Sinaïj  l'autre  à  la  partie  septentrionale  du  désert  arabique.  Ces  deux 
Mémoires  sont  d'une  lecture  captivante  et  remplis  d'observations  originales. 
Quand  il  les  écrivit,  l'auteur  était  déjà  très  documenté  sur  la  géologie  de 
l'Egypte  et  il  a  profité  de  ses  connaissances  pour  expliquer  le  faciès  des 
régions  précitées.  On  ne  saurait  mieux  comprendre,  ni  traiter  plus  large- 
ment, la  géographie  physique  d'une  contrée. 

M.  Fourtau  est  bon  géographe  parce  qu'il  présente  avant  tout  les  qua- 
lités d'un  excellent  géologue.  Les  douze  Notes  ou  Mémoires  qu'il  a  consa- 


II 26  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

crés  jusqu'ici  à  la  stratigraphie  égyptienne  sont  remplis  d'aperçus  nouveaux 
et  suggestifs  :  il  y  montre  que  le  grès  nubien  sans  fossiles  s'est  formé  suc- 
cessivement à  des  époques  diverses;  qu'entre  ce  substratum  et  les 
couches  éocènes  prédominantes  en  Egypte  s'intercalent  les  dépôts  du  céno- 
manien  et  du  crétacé  supérieur;  que  la  barre  rocheuse  d'Alexandrie, 
derrière  laquelle  se  forma  le  delta  nilotique,  remonte  à  l'époque  quaternaire 
et  s'appuie  sur  les  calcaires  du  pliocène  supérieur;  enfin  que  l'Egypte 
était  submergée  ou  incomplètement  découverte  au  début  de  la  période 
quaternaire,  et  que  les  silex  taillés  qu'on  y  trouve  sont  bien  postérieurs  à 
l'époque  paléolithique.  On  ne  saurait  entrer  dans  le  détail  des  nombreuses 
études  que  M.  Fourtau  a  consacrées  aux  terrains  tertiaires  d'Egypte  :  elles 
sont  longues  et  approfondies,  très  concluantes  toutes  les  fois  que  l'observa- 
teur a  pu  réunir  des  matériaux  suffisants,  marquées  au  coin  d'une  sage  pru- 
dence dans  le  cas  contraire.  Si  M.  Fourtau  n'hésite  nullement  à  établir 
qu'aux  environs  des  Pyramides  les  fossiles  du  sable  pliocène  proviennent 
d'une  dissémination  anormale  et  sont  issus  de  couches  fort  diverses;  s'il 
interprète  avec  une  grande  netteté  les  trois  niveaux  à  Poissons  qu'on  trouve 
au  même  lieu  dans  les  strates  lutétiennes  ;  par  contre,  il  ne  croit  pas  qu'on 
puisse  fixer  exactement  Fâge  des  bois  pétrifiés  du  désert  ;  bien  plus,  malgré 
sa  connaissance  profonde  du  sujet,  il  hésite  à  tenter  un  essai  de  classification 
des  terrains  éocènes  du  pays  égyptien. 

Pour  donnera  ses  recherches  stratigraphiques  toute  la  rigueur  désirable, 
M.  Fourtau  s'est  efforcé  de  connaître  à  fond  les  nombreux  Oursins  qui, 
avec  les  Ostrea,  sont  les  fossiles  les  plus  caractéristiques  de  l'Eg^^te.  Il 
s'est  fait,  en  quelque  sorte,  le  paléontologiste  des  Echinides  égyptiens,  et  a 
su  acquérir  une  véritable  autorité  dans  cette  matière.  Après  s'être  essayé 
dans  maintes  Notes  préliminaires  il  a  publié,  dans  les  Mémoires  de  V Institut 
égyptien,  une  Revision  des  Echinides  fossiles  de  l'Egypte  qui  est  une 
œuvre  approfondie  et  de  longue  haleine.  Ce  travail  suffirait  pour  justifier 
vos  suffrages,  tant  il  est  riche  en  faits  nouveaux  et  écrit  avec  précision  ;  pour- 
tant, il  n'a  pas  satisfait  l'auteur  et  a  été  suivi  par  deux  suppléments  non 
moins  volumineux  qui  en  font  un  ensemble  des  plus  complets. 

Pour  mettre  plus  en  lumière  la  belle  conscience  scientifique  de  M.  Four- 
tau, il  est  nécessaire  d'ajouter  que  ce  laborieux  savant  ne  recule  pas  devant 
des  recherches  zoologiques  pour  couronner  son  œuvre.  Persuadé  à  juste 
titre  que  la  faune  moderne  est  la  suite  des  faunes  éteintes  et  peut  servir  à 
les  expliquer,  il  s'est  fait  le  continuateur  des  Savigny,  des  Audouin  et  des 
Rosières,  et  a  entrepris  dans  ce  but  une  étude  complète  des  Echinides 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    IQoS.  II27 

actuellement  vivants  dans  le  golfe  de  Suez.  L'important  manuscrit  qui  est 
le  résultat  de  cette  étude  a  été  déposé  pour  le  présent  concours;  comme  les 
œuvres  précédentes,  il  mérite  des  éloges  et  fait  honneur  à  ce  bon  Français 
qui  continue  en  Egypte  les  nobles  traditions  de  la  France. 

L'Institut  s'est  rarement  trouvé  en  présence  d'un  tel  ensemble  de  travaux 
relatifs  aux  régions  de  la  mer  Rouge;  votre  Commission  estime  hautement 
cette  œuvre  et  vous  propose  de  décerner  le  prix  Savigny  à  M.  Fourtau. 

Un  autre  travailleur,  M.  Krempf,  a  présenté  pour  le  même  prix  un  cer- 
tain nombre  d'Opuscules  et  de  Notes  originales  qui  méritent  d'attirer 
l'attention. 

Pour  étudier  les  Hexactiniaires  anormaux  groupés  sous  le  nom  de  Sti- 
chodactylinés,  M.  Krempf  a  entrepris  un  voyage  dans  la  mer  Rouge;  il  a 
séjourné  plusieurs  mois  à  Djibouti,  à  Obock,  aux  îles  Mossoka  dans  le 
golfe  de  Tadjoura,  partout  recueillant  un  précieux  matériel  qu'il  étudie 
pour  en  faire  le  sujet  d'un  travail  étendu. 

A  en  juger  par  les  Notes  déjà  publiées  dans  nos  Comptes  rendus,  le 
voyage  de  M.  Krempf  promet  d'être  fructueux  pour  la  Science.  Grâce  aux 
recherches  de  ce  jeune  zoologiste,  on  sait  aujourd'hui  que  les  Stichodacty- 
linés  constituent  un  groupe  de  convergence  établi  sur  un  caractère  unique, 
et  qu'il  convient  de  les  scinder  en  deux  parties,  dont  l'une  doit  rester  dans 
les  Hexactiniaires,  tandis  que  l'autre  mérite  de  former  un  groupe  à  part, 
plus  voisin  des  Hexacoralliaires.  M.  Krempf  a  également  établi  que  ces 
derniers  sont  très  différents  des  Hexactiniaires  avec  lesquels  on  a  toujours 
tendance  à  les  confondre;  que  plusieurs  d'entre  eux  (Oculines,  Madré- 
pores, etc.)  présentent  une  énorme  hypertrophie  de  certains  tentacules  qui 
occupent  une  position  constante  et  flottent  comme  des  boyaux  dans  la  cavité 
du  corps;  que  tous  présentent  dans  leur  squelette  un  beau  substratum 
organique  et  que  tous  également  sont  associés  à  des  Zooxanthelles,  ce  qui 
explique  l'importance  des  radiations  lumineuses  pour  la  biologie  des 
Coraux. 

Ces  recherches  sont  intéressantes  et  méritent  d'être  encouragées.  Votre 
Commission  propose  M.  Krempf  pour  une  mention  très  honorable. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


1128  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PRIX  DA  GAMA  MACHADO. 

(Commissaires  :  MM.  Giard,  Delage,  Bouvier,  Chatin; 
Edmond  Perrier,  rapporteur.) 

La  comtesse  Maria  vo\  Lixden  a  déjà  soumis  au  jugement  de  l'Académie, 
pour  ce  même  concours,  deux  beaux  Mémoires  sur  le  développement  des 
couleurs  dans  Taile  des  Papillons,  qui  peuvent  se  résumer  dans  cette  pro- 
position à  la  fois  saisissante  et  concise  :  La  généalogie  des  Papillons  est 
inscrite  sur  leurs  ailes. 

Dans  ces  Mémoires,  la  comtesse  von  Linden  a  suivi  pas  à  pas  le  dévelop- 
pement du  dessin  et  des  couleurs  dans  l'aile  en  voie  de  développement  sous 
l'étui  de  la  chrysalide  et  montré  comment  le  dessin  s'était  primitivement 
développé  sur  le  réseau  serré  des  nervures  d'une  aile  analogue  à  celle  des 
Névroptères,  s'était  conservé  sous  forme  d'un  réseau  pigmenté  lorsque  les 
petites  nervures  avaient  disparu  et  s'était  ensuite  graduellement  modifié 
sous  l'influence  de  circonstances  secondaires,  en  même  temps  qu'apparais- 
saient des  teintes  diverses  dans  un  ordre  déterminé,  toujours  le  même  pour 
toutes  les  espèces. 

Quelle  était  la  cause  de  l'apparition  des  couleurs,  quelle  était  la  nature 
môme  de  ces  couleurs?  M"^  de  Linden  n'avait  pas  abordé  ces  questions; 
elle  nous  en  apporte  aujourd'hui  la  solution. 

Des  observations  nombreuses,  des  expériences  précises,  des  analyses 
chimiques  rigoureuses  portant  principalement  sur  la  matière  colorante  des 
ailes  des  Vanesses  qui  sont  les  Papillons  dont  les  teintes  sont  le  plus 
variées,  établissent  les  faits  suivants. 

Le  pigment  rouge  des  Vanesses  a  pour  origine  la  chlorophylle;  il  cris- 
tallise dans  le  même  système  et  présente  les  mêmes  bandes  d'absorption 
que  le  pigment  rouge,  dans  lequel  se  transforme  la  chlorophylle  dans  cer- 
taines conditions.  La  transformation  de  la  chlorophylle  en  pigment  rouge 
se  fait  assez  souvent  dans  les  cellules  des  plantes,  notamment  dans  celles  de 
l'écorce  des  fruits,  sous  l'action  du  soleil;  elle  se  produit  aussi,  mais  dans 
de  tout  autres  conditions,  dans  l'épithélium  de  l'intestin  des  Chenilles^;  la 
chlorophylle  se  change  d'abord  en  chlorophyllane,  celle-ci  en  pigment 
rouge.  Ce  pigment  est  ensuite  transporté  dans  l'épiderme  de  la  Chenille. 
L'analyse  chimique  montre  qu'on  doit  le  considérer  comme  une  substance 
albuminoïde  colorée   par  une  matière   analogue  à   la  bilirubine   dont  on 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  KJoS.  I I 29 

connaît  les  rapports  étroits  avec  Tliémoglobine.  Ce  pigment  se  retrouve 
dans  riiypoderme  de  la  chrysalide,  comme  dans  celui  du  Papillon  et  se 
conserve  jusque  dans  les  cellules  du  blastoderme.  C'est  en  quelque  sorte 
le  pigment  fondamental;  toutes  les  autres  couleurs  résultent  du  degré 
d'oxydation  ou  de  réduction  quïl  a  subi.  La  marche  de  l'oxydation  est 
indiquée  par  les  changements  qu'éprouve  la  couleur  de  l'hypoderine  des 
chenilles  et  des  chrysalides  au  cours  de  leur  développement  ontogé- 
nétique.  Ce  pigment  appartient  par  ses  propriétés  à  la  catégorie  des 
pigments  respiratoires,  bien  qu'une  fois  déposé  dans  l'aile  il  n'intervienne 
plus  dans  les  échanges  gazeux  entre  l'animal  et  l'atmosphère.  Il  jette  une 
sorte  de  pont  entre  la  chlorophylle  et  l'hémoglobine,  et  semble  indiquer 
que  les  pigments  respiratoires  des  animaux  et  ceux  qui  forment  la  base  de 
leurs  couleurs  auraient  pour  origine  le  pigment  chlorophyllien. 

On  ne  saurait  exagérer  l'importance  d'une  telle  conclusion  qui  rend  vrai- 
semblable l'opinion  suivant  laquelle  les  animaux  issus  des  végétaux  par 
la  perte  de  la  faculté  de  produire  le  pigment  chlorophyllien  et,  par 
conséquent,  de  fabriquer  les  hydrates  de  carbone  dont  la  cellulose  est  un 
des  types,  auraient  ensuite,  par  une  alimentation  végétale,  récupéré  les 
dérivés  de  ce  pigment  et  l'auraient  fixé  sur  une  trame  albuminoïde.  L'hé- 
moglobine, pigment  respiratoire  des  animaux,  aurait  ainsi  pour  origine  la 
chlorophylle,  pigment  respiratoire  des  plantes  :  ce  qui  ne  serait  pas  sans 
resserrer  l'union  de  plus  en  plus  étroite  qui  se  révèle  entre  les  deux  règnes 
si  unanimement  jadis  opposés  l'un  à  l'autre. 

Il  a  semblé  à  votre  Commission  que  des  travaux  précis  d'observation  et 
d'expérimentation,  aboutissant  à  des  conclusions  d'un  ordre  aussi  général, 
devaient  mériter  à  l'auteur  le  prix  Da  Gama  Machado,  dans  l'objet  duquel 
le  Mémoire  de  la  comtesse  de  Linden  rentre  si  exactement. 

a  La  couleur  des  ailes  du  Papillon,  dit  en  terminant  la  comtesse  de 
Linden,  est  donc  une  question  d'oxydation  et  non  une  question  de  sélection 
comme  le  veulent  les  darvvinistes.  » 

Il  ne  parait  pas,  en  effet,  établi  dans  le  cas  présent  que  la  sélection  natu- 
relle soit  intervenue  en  quoi  que  ce  soit  dans  la  disposition  des  couleurs  sur 
les  ailes  des  Papillons,  et  l'auteur,  dans  ses  précédents  Mémoires,  a  parfai- 
tement mis  en  relief  l'intervention  dans  ces  dispositions  de  causes  dé- 
terminantes tout  à  fait  étrangères  à  la  sélection,  comme,  par  exemple,  la 
superposition  des  ébauches  des  ailes  aux  incisions  du  corps  chez  la  chr^^sa- 
lide.  Mais  l'opposition  que  signale  ici  la  comtesse  de  Linden  entre  l'oxyda- 
tion et  la  sélection  pourrait  être  relevée  partout.  C'est,  en  effet,  l'essence 

C.  R.,  1903,  j"  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N«  25.)  l4^ 


Il3o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

même  de  l'œuvre  de  Darwin  de  ne  pas  tenir  compte  des  causes  qui  ont 
déterminé  l'apparition  des  caractères;  ces  causes  sont  indifférentes  à  la 
théorie,  et  c'est  là  tout  à  la  fois  ce  qui  fait  sa  faiblesse  et  sa  force.  Les 
caractères  une  fois  réalisés,  pour  une  cause  quelconque,  Darwin  nous 
montre  comment  ceux  qui  sont  avantageux  ont  été  conservés  et  détinissent 
nos  espèces  actuelles,  tandis  que  les  autres  oui  disparu;  il  ne  cherche  pas 
à  expliquer  l'apparition  des  caractères,  mais  la  conservation  de  certains 
d'entre  eux  que  nous  nommons  spécifiques  ;  son  livre  ne  traite  pas,  ce  que 
grâce  à  des  disciples  trop  zélés  on  est  en  train  d'oublier,  de  V origine  des 
formes  vissantes,  mais  de  Voiigine  des  espèces,  c'est-à-dire  de  l'origine 
de  la  discontinuité  qu'on  observe  actuellement  entre  les  formes  vivantes. 
C'est  l'objection  principale  à  la  doctrine  de  l'évolution  qu'il  prétend  ainsi 
supprimer;  mais  il  y  a  un  tout  autre  terrain,  celui  sur  lequel  se  plaçait 
Lamarck,  qu'il  s'agirait  d'explorer,  et  c'est  celui  sur  lequel  s'est  engagée 
la  comtesse  de  Linden  :  rechercher  les  causes  physiologiques  qui  ont  déter- 
miné les  formes  vivantes.  Il  est  évident,  par  exemple,  que  la  sélection 
naturelle  n'intervient  aucunement  dans  la  réalisation  des  deux  modes  de 
bourgeonnement  qui  ont  déterminé,  comme  l'auteur  de  ce  Rapport  l'a 
montré  (' ),  les  deux  types  fondamentaux  de  structure  des  animaux,  le 
type  ramifié  et  le  type  segmenté,  pas  plus  que  dans  la  réalisation  dans 
ce  dernier  type  des  embranchements  des  Echinodermes,  des  Mollusques, 
des  Tuniciers,  des  Vertébrés  liés  à  des  attitudes  forcées  des  ancêtres  des 
animaux  qui  les  composent,  ou  au  mode  normal  de  fonctionnement  de 
l'hérédité  qui  constitue  la  Tachy genèse  (-). 

La  sélection  naturelle  ne  laisse  rien  voir  du  mécanisme  suivant  lequel  les 
choses  ont  été  faites;  elle  intervient  seulement  pour  conserver  certaines 
choses  déjà  existantes  en  dehors  d'elle  et  en  détruire  certaines  autres. 
Darwin  n'a  pas  dit  davantage;  c'est  dans  la  direction  indiquée  par  Lamarck 
que  se  trouvent  les  explications,  et  c'est  dans  cette  direction  que  le  travail 
de  la  comtesse  de  Lixdex  est  tout  plein  de  documents  précieux. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


(')  Edmo-Nd  Perrier,  Les  Colonies  animales  et  Trailc  de  Zooloi^ic. 
(-)  Edmond  Perrier  et  Charles  Gravier,  La  Tachy  genèse  {Annales  des  Sciences 
tLaturelles,  '6"  série,  l.  XVI,  1902,  p.  2o8-2j4  el  p.  017). 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  igoS.  ii3l 


MEDECINE  ET  CHIRURGIE 


PRIX  MONTYON. 

(Commissaires  :  MM.  Marey,  Guyon,  crArsonval,  Lannelongue,  Lavcran, 
Roux,  Brouardel,  Labbé;  Bouchard,  rapporteur.) 

La  Commission  décerne  un  des  prix  à  M.  Dominici. 

M.  Dominici  soumet  à  Texamen  de  rAcadémie  une  série  de  Mémoires 
sur  les  organes  hémato-poïétiques  et  les  organes  lymphoïdes  à  l'état  normal 
au  cours  des  infections. 

M.  Dominici  s'est  proposé  d'établir  d'une  façon  exacte  la  structure  de 
ces  organes,  de  faire  l'histoire  des  éléments  cellulaires  qui  en  proviennent 
au  point  de  vue  morphologique  et  du  rôle  qu'ils  jouent  à  l'état  normal  et 
à  l'état  pathologique. 

M.  Dominici  a  d'abord  imaginé  un  liquide  fixateur  nouveau  qui  lui  a 
fourni  le  moyen  d'avoir  des  résultats,  toujours  comparables  à  eux-mêmes, 
dans  l'étude  des  diverses  parties  du  système  hémo-lymphatique. 

Les  travaux  de  M.  Ehrlich  distinguent  d'une  façon  absolue  entre  le  sys- 
tème myélogène  et  le  système  lymphoïde. 

Le  premier  a  pour  organe  la  moelle  des  os  qui  élabore  les  hématies,  les 
cellules  à  granulations  diverses  et  les  mastzellen. 

Le  second  a  pour  organes  la  rate,  les  ganglions  lymphatiques,  les  folli- 
cules de  l'intestin  et  élabore  les  hématoblastes,  les  cellules  mononucléaires 
de  diverses  tailles  sans  granulations  et  les  plasmazellen. 

En  étudiant  ces  systèmes  à  l'état  normal  et  à  l'état  pathologique,  surtout 
dans  certaines  infections,  M.  Dominici  montre  que,  si  la  moelle  osseuse  est 
bien  le  centre  principal  hématopoïétique,  les  organes  lymphoïdes  peuvent 
dans  certaines  circonstances  accomplir  la  fonction  myélogène.  Inversement, 
le  système  myélogène  est  capable  de  produire  des  éléments  lymphoïdes. 
Telle  est  la  conclusion  générale  de  ces  Mémoires  qui  abondent  en  détails 
nouveaux  et  intéressants. 


j,32  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

La  Commission  décerne  un  autre  prix  au  travail  de  M.  Jeax  Camus, 
intitulé  :  Les  hémoglobinuries. 

Différents  faits  nouveaux  ont  été  établis  par  JNI.  Camus. 

Dans  rhémoglobinurie  due  à  la  destruction  des  globules  du  sang-,  il  faut, 
pour  que  l'hémoglobine  apparaisse  dans  les  urines,  que  le  plasma  sanguin 
contienne  assez  d'hémoglobine  pour  être  fortement  coloré  en  rouge.  Pour 
un  homme  de  65'^^,  cela  correspond  à  0^,28  d'hémoglobine  dans  la  totaUté 
du  plasma,  ce  qui  serait  fourni  par  la  destruction  de  la  totalité  des  globules 

de  Sd'""'  de  sang. 

L'hémoo-lobine  musculaire  introduite  dans  le  sang  donne  aussi  de  l'hémo- 
globinurie.  Mais,  à  Tinverse  de  l'hémoglobinurie  globulaire,  des  quantités 
d'hémoglobine  musculaire  trop  faibles  pour  colorer  le  plasma  sanguin  suf- 
fisent pour  produire  une  coloration  rouge  intense  des  urines.  Le  suc  des 
muscles  rouges  introduit  dans  le  sang  produit  l'hémoglobinurie.  Le  suc  des 
muscles  blancs  ne  la  produit  pas.  Elle  n'est  pas  provoquée  par  l'injection 
de  sucs  extraits  de  divers  autres  organes. 

Des  lésions  musculaires  diverses  produisent  l'hémoglobinurie.  Il  y  a 
donc  une  hémoglobinurie  musculaire  expérimentalement  établie.  L'auteur 
estime  que  certaines  hémoglobinuries  pathologiques  sont  d'origine  muscu- 
laire. Dans  l'hémoglobinurie  paroxystique  du  cheval,  il  y  a  atrophie  mus- 
culaire aiguë  (Lucet,  Cadiot). 

Dans  l'hémoglobinurie  a  frigore  de  l'homme,  il  y  a  des  symptômes 
musculaires;  le  travail  musculaire  peut  provoquer  Taccès;  on  peut  se  de- 
mander si  le  froid  ne  provoque  pas  Taccès  en  produisant  le  tremblement 
musculaire  du  frisson. 

M.  J.  Camus  a  laissé  en  dehors  de  son  étude  toutes  les  autres  causes 
d'hémoglobinurie  et,  en  particulier,  les  toxiques  et  les  infectieuses.  Il  si- 
gnale cependant  Faction  globulicide  de  l'urine  humaine  sur  les  globules  du 
sano-,  d'où  il  résulte  que  des  hémorragies  diverses  des  voies  urinaires,  à 
partir  des  glomérules,  surtout  si  elles  sont  très  légères,  peuvent  mettre  de 
l'hémoglobinurie  en  liberté  dans  F  urine  et  provoquer  de  fausses  hémoglo- 
binuries urinaires. 

La  Commission  décerne  un  autre  prix  à  M.  Robert  Lœwy. 

Dans  la  pratique  chirurgicale  abdominale,  on  peut  se  trouver  en  pré- 
sence de  lésions  difficiles  ou  impossibles  à  traiter  par  les  procédés  ordi- 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  IQoS.  II 33 

naircs.  C'est  ainsi  que  parfois  on  ne  parvient  pas  à  maîtriser  les  hémor- 
ragies des  organes  glandulaires  ou  à  arrêter  les  épancliements  des  liquides 
septiques. 

La  méthode  des  grciTes  péritonéales  permet  d'échapper  à  ces  graves  in- 
convénients. Sa  mise  en  pratique  peut  être  effectuée  de  deux  manières  dif- 
férentes : 

Lorsqu'il  s'agit  de  déchirures  glandulaires,  on  bourre  la  plaie  à  l'aide 
d'un  fragment  d'épiploon,  prélevé  sur  le  patient  lui-même,  et  on  le  fixe 
ensuite  par  des  sutures.  L'hémorragie  se  trouve  ainsi,  non  seulement  ar- 
rêtée sur-le-champ,  mais,  en  outre,  elle  ne  peut  survenir  secondairement. 
En  effet,  le  péritoine  greffé  se  transforme  en  tissu  conjonctif  intimement 
adhérent  à  l'organe  soumis  à  ce  traitement. 

Dans  le  second  mode  opératoire,  on  réunit  les  deux  parties  de  l'organe 
blessé  par  des  sutures  habituelles,  mais  pour  empêcher  tout  suintement 
ultérieur,  on  le  recouvre  d'une  large  plaque  péritonéale  fixée  par  une  suture 
en  coulisse,  plaque  semblable  à  ces  pièces  de  caoutchouc  que  l'on  applique 
sur  une  perforation  de  chambre  à  air.  L'emploi  de  ces  deux  modes  opéra- 
toires principaux  ou  de  leur  combinaison  conduit  à  des  applications  mul- 
tiples. Il  permet  d'assurer  l'étanchéilé  des  sutures  dans  les  cas  de  plaies  de 
l'intestin,  du  foie,  de  la  vessie,  etc.;  de  créer  (comme  nous  l'avons  vu) 
ou  de  compléter  l'hémostase  ;  il  peut  servir  à  oblitérer  des  orifices  quel- 
conques, à  créer  des  cloisonnements  artificiels,  à  péritoniser  des  moignons, 
à  protéger  des  surfaces  dénudées,. etc. 

C'est  un  procédé  de  sécurité  dans  les  cas  ordinaires  où  les  sutures  sont 
possibles,  un  procédé  de  choix  dans  les  cas  difficil'es.  Cette  méthode  pré- 
sente comme  avantages  de  n'exiger  aucun  préparatif  spécial,  aucune 
technique  particulière;  elle  est  pratique,  sûre,  et  constitue  un  procédé 
d'urgence.  Elle  a  été  employée  avec  succès  par  les  chirurgiens. 

La  Commission  accorde  les  trois  mentions  à  MM.  Nicolle  et  Re.mlixger  ; 
NoBECouRT,  Merklex  ct  Sevix  ;  Cil.  MoxoD  et  J.  Vawerts. 

Traité  de  Technique  microbiologique , 
par  MM.  Nicolle  et  Remlinger. 

Le  contenu  de  ce  Livre  répond  parfaitement  à  son  titre,  il  a  été  écrit  par 
des  hommes  de  laboratoire  qui,  non  seulement,  possèdent  à  fond  la  tech- 
nique mais  qui  la  perfectionnent  sur  bien  des  points.  C'est  ce  qui  lui  donne 


Il34  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

un  caractère  d'originalité  qni  manque  d'ordinaire  à  cette  sorte  d'ouvrages. 
La  clarté  du  plan,  la  sûreté  de  la  documentation  en  font  un  guide  com- 
mode, utile  aux  débutants  comme  aux  bactériologistes  exercés. 

Diastasc  de  rorganismc  agissant  sur  le  salol, 
par  MM.  Nobecourt,  Merklen  et  Sevin. 

Ncncki  a  montré  que  le  suc  pancréatique  dédouble  non  seulement  les 
graisses  neutres  mais  une  série  d'éthers  organiques  et  qu'il  décompose  le 
salol  en  pbénol  et  acide  salicylique.  Gley  a  fait  voir  que,  chez  les  chiens 
dépancréatisés,  le  dédoublement  du  salol  se  faisait  aussi  bien  que  chez  les 
animaux  témoins.  Partant  de  ces  faits,  MM.  Nobecourt  et  Merklen  ont 
recherché  l'action  exercée  in  vitro  par  différents  organes  et  liquides  de 
l'organisme  sur  le  salol.  Ils  ont  vu  que  tous  les  organes,  le  sérum,  la  bile, 
le  lait  dédoublent  le  salol.  Cette  action  est  de  nature  diastasique,  les  or- 
ganes chauffés  à  65**  perdent  cette  propriété. 

Une  observation  intéressante  est  que  les  laits  de  femme,  de  chienne  et 
d'ànesse  dédoublent  le  salol,  tandis  que  ceux  de  vache  et  de  chèvre  sont  le 
plus  souvent  inactifs  sur  ce  corps. 

MM.  Nobecourt  et  Sevin  ont  étudié  le  ferment  amylolitique  dans  le  sang 
et  le  lait.  Ils  montrent  que  le  ferment  apparaît  rapidement  après  la  nais- 
sance dans  le  sérum  de  l'enfant  et  ils  comparent  la  richesse  en  amylase  du 
sang  des  enfants  normaux  et  des  enfants  malades. 

De  leurs  recherches  sur  les  ferments  du  lait  ils  tirent  des  déductions 
pratiques  au  point  de  vue  de  l'allaitement. 

Traite  de   Technique  opératoire, 
par    MM.    Ch.   Monod   et  J.   Vanverts. 

Dans  cet  Ouvrage,  les  auteurs  ont  su  mettre  à  la  disposition  des  chirur- 
giens, sous  une  forme  nouvelle,  tous  les  renseignements  qui  leur  sont 
nécessaires  au  moment  d'entreprendre  une  opération. 

La  Commission  accorde  des  citations  à  MM.  Lagriffe,  Laval  et 
3Ialuerbe,  Ségal. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    igoS.  Il 35 


PRIX  BARBIER. 

(Commissaires  :  MM.  Bouchard,   Guignard,  Laveran,  Guyon  ; 
Lannelongue,  d'Arsonval,  rapporteurs.) 

La  Commission  partage  le  prix  Barbier  entre  MM.  Axthoxy  et  G  lover. 

M.  Anthony  a  adressé  à  F  Académie  une  série  de  recherches  toutes  inté- 
ressantes à  des  titres  divers.  Je  n'en  retiendrai  que  deux  :  l'une  sur  la  téra- 
tologie du  sternum,  Mémoire  très  bien  coordonné  et  intéressant  à  lire 
malgré  l'aridité  du  sujet,  qui  n'est  qu'apparente.  Après  avoir  rappelé  les 
classifications  de  Geoflroy  Saint-Hilaire  et  de  L.  Blanc  sur  les  monstruo- 
sités simples  et  doubles,  selon  l'anatomic  philosophique  actuelle,  M.  An- 
thony entre  dans  le  cœur  de  son  sujet  en  procédant  à  une  étude  complète 
et  détaillée  des  malformations  du  sternum  chez  tous  les  Mammifères.  Cette 
étude  n'existait  pas;  la  lacune  est  maintenant  comblée;  elle  est  faite  avec 
le  plus  grand  soin  dans  les  trois  variétés  de  monstres  dits  lamhdoïdes ^  hy~ 
psiloïdes  et  hétoïdes.  M.  Anthony  a  passé  en  revue  les  anomalies  dans  les 
divers  groupes  de  Mammifères  en  faisant  connaître  les  diverses  dispositions 
que  prend  le  sternum.  Il  a  montré  que  les  hémisternums  d'un  des  deux 
sujets  des  monstres  doubles  chez  les  hypsiloïdes  s'unissent  non  entre  eux, 
mais  à  ceux  de  l'autre  deux  à  deux.  Il  y  a  là  toute  une  série  de  dispositions 
que  M.  Anthony  fait  connaître  et  qui  ont  nécessité  un  très  ong  labeur  de 
la  part  de  l'auteur,  labeur  qui  n'a  pas  été  stérile,  tant  s'en  faut;  il  y  a  là  de 
nombreux  points  élucidés  et  d'autres  nouvellement  établis. 

Une  seconde  série  de  publications  de  M.  Anthony  a  trait  aux  relations  des 
muscles  avec  leurs  tendons  et  à  la  recherche  des  influences  qui  modifient 
leurs  rapports,  arrivant  ainsi  à  déterminer  la  raison  de  la  formation  des 
muscles  digastriques.  Son  maître,  M.  Marey,  et  les  élèves  de  ce  dernier. 
Roux,  Anthony,  etc.  ont  établi  que  la  longueur  réelle  de  la  fibre  musculaire 
est  proportionnelle  à  l'amplitude  du  mouvement  qu'elle  commande; 
M.  Anthony  a  étudié  la  position  respective  des  muscles  et  des  tendons,  et 
montré  l'influence  de  la  compression  réciproque  des  muscles  les  uns  par 
les  autres.  Il  a  découvert  cette  condition  générale  importante  que  les  effets 
de  la  compression  s'exerçaient  chaque  fois  qu'un  muscle  se  trouvait,  au 
moment    de    sa    contraction,    empêché  par   un  mécanisme  quelconque 


Il36  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

d'augmenter  son  volume  transversal.  Le  fait  par  un  muscle  d'être  placé 
entre  un  plan  résistant  et  un  autre  muscle,  ou  entre  deux  muscles  le  croisant 
perpendiculairement,  constitue  la  réalisation  de  cet  empêchement.  Or  le 
résultat  morphologique  de  la  compression  est  la  titans  formation  tendi- 
neuse. A  un  premier  degré  de  compression,  le  muscle  s'aplatit  et  prend,  sur 
sa  partie  comprimée,  un  aspect  nacré  caractéristique.  A  un  deuxième 
degré  la  transformation  en  tendon  au  niveau  de  la  compression  est  com- 
plète. A  un  troisième  degré  le  tendon  disparaît  à  son  tour  et  le  muscle  trans- 
porte son  implantation  au  point  où  la  compression  n'existe  plus. 

On  voit  par  là  que  la  compression  est  un  ag^ent  morphogénétique  des 
plus  puissants.  M.  Anthony  a  expérimentalement  pu  modifier  chez  les  ani- 
maux, par  la  compression,  la  disposition  des  tendons  et  établir  une  rela- 
tion de  cause  à  effet  entre  elle  et  la  présence  du  tendon.  Par  des  expé- 
riences multipliées  il  a  pu  ainsi,  par  la  compression,  modifier  la  disposition 
normale  des  tendons,  le  développement  du  crâne  et  même  celui  du  cer- 
veau. 

Il  y  a  là  des  faits  nouveaux  importants  et  nombreux  qui  me  font  demander 
à  la  Commission  d'accorder  le  prix  Barbier  à  M.  Anthony. 

M,  Marey  a  suivi  ces  travaux  de  près  et  a  constaté  le  soin  avec  lequel 
ils  ont  été  faits,  longuement  suivis  et  confirmés  par  les  dissections  du  Mu- 
séum d'Histoire  naturelle. 

Le  docteur  J.  Glover  a  soumis  au  jugement  de  la  Commission  une 
Nouvelle  méthode  thérapeutique  basée  sur  l'application  de  V air  chaud 
comme  procédé  de  chauffage  des  liquides  pulvérisés  non  volatils. 

Cette  méthode  est  aujourd'hui  couramment  appliquée  au  traitement 
des  affections  des  voies  respiratoires  et  des  premières  voies  dig'estives 
(nez  et  sinus  nasaux,  arrière-nez  et  oreilles,  pharynx,  larynx,  trachée  et 
bronches,  etc.). 

L'idée  de  chauffer  un  liquide  non  volatil  et  de  le  pulvériser  en  même 
temps,  par  un  courant  d'air  chaud,  est  heureuse. 

Il  est  possible,  en  effet,  de  chauffer  l'air  à  très  haute  température  dans 
un  serpentin  métallique  rougi  de  façon  à  le  stériliser  complètement. 

Les  calories  emmagasinées  'par  cet  air  peuvent  chauffer  ensuite  à  une 
température  voulue  un  liquide  non  volatil  et  lui  conserver  exactement  cette 
température  pendant  la  pulvérisation,  par  ce  fait  que  le  liquide  pulvérisé 
n'est  pas  volatil. 

Il  n'en  peut  être  de  même  en  employant  la  vapeur  ou  l'air  avec  un  liquide 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    IQoS.  113; 

volatil,  même  préalablement  chauft'és,  car  il  est  impossible  de  calculer 
d'avance  le  refroidissement  intense  que  subira  le  liquide  par  évaporation 
lors  de  sa  pulvérisation. 

L'expérience  montre  qu'en  employant  le  procédé  imaginé  par  M.  Glover, 
le  liquide  pulvérisé  conserve  une  température  constante,  condition  essen- 
tielle dans  nombre  d'applications. 

La  fixité  du  liquide  employé  permet  en  outre  : 

1°  De  doser  rigoureusement  la  quantité  du  médicament  pulvérisé; 

2^  Le  traitement  local  direct; 

3°  L'autopulvérisation  à  température  constante  dans  les  voies  natu- 
relles ; 

Et  enfin  4°   Une  rigoureuse  asepsie. 

Les  conclusions  de  ces  Rapports  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRIX  BREANT. 

(Commissaires  :  MM.  Marey,  Bouchard,  Guyon,  d'Arsonval,  Lannelongue, 

Laveran;  Roux,  rapporteur.) 

La  Commission  partage  les  arrérages  du  prix  entre  M.  E.  Chambo.v  et 
M.  le  D"^  A.  BoRREL. 


Ulnsiitul  de  vaccine  aniinalc,  son  hisloife  depuis  sa  fondation  en  i86/i; 

Par  Ernest  Chambon, 

Le  Mémoire  manuscrit  de  M.  Ciiambox  est  le  résumé  de  sa  vie  consacrée 
tout  entière  à  l'établissement  de  la  vaccine  animale  en  France.  Il  est  en 
même  temps  une  histoire  du  perfectionnement  de  la  vaccination  anti-vario- 
lique  depuis  18G4. 

Pendant  la  première  moitié  du  xix^  siècle,  la  vaccine  animale  pratiquée 
à  Naples  était  restée  pour  ainsi  dire  inconnue  dans  tous  les  autres  pays. 
C'est  M.  Chambon  et  son  collaborateur  Lannoix  qui,  en  ayant  entendu 
parler  au  Congrès  de  Lyon,  Font  introduite  en  France  en  1864,  après  s'être 
instruits  à  Naples  des  procédés  du  D""  Negri. 

L'institut  fondé  par  M.  Chambon  a  subi  bien  des  vicissitudes;  presque 
délaissé  après  1870,  il  revient  en  vogue  à  chaque  épidémie  de  variole.  Il  ne 
faut  pas  moins  que  toute  une  série  d'accidents  de  syphilis  vaccinale  sur- 

C.  R.,  1903,  2"^  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N'  25.)  l49 


il38  ACADÉMIE    DES    SCIEx\CES. 

venus  à  la  suite  de  vaccinations  de  bras  à  bras  pour  faire  accepter  la  vaccine 
animale  par  tous  les  médecins. 

Les  luttes  soutenues  en  faveur  de  la  vaccine  animale  sont  racontées  de  la 
façon  la  plus  véridique  et  la  plus  attachante  par  M.  Chambon.  Au  lendemain 
du  vote  de  la  loi  sur  la  vaccine  obligatoire  son  Mémoire  est  plein  d'intérêt. 

Grâce  à  une  persévérance  et  à  un  désintéressement  qui  ne  se  sont  pas 
démentis  pendant  4o  ans,  M.  Chambon  est  parvenu  à  faire  instituer  un 
service  régulier  de  vaccination  et  de  revaccination  dans  les  hôpitaux,  dans 
les  écoles,  dans  les  mairies  de  Paris. 

Presque  tous  les  instituts  de  vaccine  animale  de  l'étranger  et  de  France, 
même  celui  de  l'Académie  de  Médecine,  procèdent  de  l'institut  de  M.  Cham- 
bon qui  s'est  toujours  fait  un  devoir  d'accueillir  ceux  qui  venaient  s'initier 
à  son  école. 

Nul  n'a  plus  fait  que  M.  Ch.uibox  pour  hâter  la  disparition  de  la  variole; 
aussi  la  Commission  du  prix  Bréant  lui  décerne-t-elle  le  titre  de  lauréat. 

Séi^ie  de  Mémoires  sur  la  théorie  parasitaire  du  cancer,  sur  les 

épithélioses  et  notamment  sur  la  clavelée; 

Par  M.  le  D""  Borrel. 

Depuis  1890,  M.  BoKREL  a  publié  une  série  de  Mémoires  sur  la  théorie 
parasitaire  du  cancer. 

Neisser,  Pfeiffer,  Malassez,  Durier  et  Wickham  ont  décrit  des  coccidies 
dans  les  tumeurs  épithéliales.  M.  Borrel  a  montré  que  les  figures  regardées 
comme  coccidies  n'étaient  autre  chose  que  des  cellules  enkystées  à  évolu- 
tion spéciale. 

Plus  tard,  la  théorie  coccidienne  est  remise  en  faveur  par  les  travaux  de 
Thomas,  de  Foa,  de  Ruffer,  de  Soudakewitch  qui  mirent  en  évidence  dans 
les  cellules  des  tumeurs  épithéliales  des  corps  ronds  isolés  ou  multiples. 
M.  Borrel  considère  ces  formations  comme  le  résultat  d'une  dégénérescence 
muqueuse  et  son  avis  est  accepté  par  tous  les  anatomo-pathologistes. 

De  nouvelles  formes  parasitaires  sont  décrites  par  Sawtchenko,  Podwi- 
sotsky  et  Leyden  qui  les  a  caractérisées  sous  le  nom  Aq  formes  en  œil  de 
pigeon.  Grâce  à  des  méthodes  histologiques  très  délicates  M.  Borrel  a 
montré,  par  la  comparaison  avec  les  cellules  spermatiques  du  cobaye,  que 
des  formes  pareilles  existaient  en  histologie  normale  et  qu'elles  sont  dues  à 
une  évolution  atypique  de  l'archoplasma  de  la  cellule  cancéreuse. 

La  conclusion  de  ce  premier  Mémoire  est  que  la  théorie  coccidienne  du 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  igoS.  II 89 

cancer  n'est  pas  prouvée,  qu'à  la  vérité  certaines  coccidies  bien  connues  en 
se  développant  dans  les  cellules  épithéliales  donnent  lieu  à  de  véritables 
tumeurs,  mais  que  d'autres  organismes  tels  que  les  levures  font  aussi  proli- 
férer les  cellules  épithéliales. 

M.  Borrel  pense  que  d'autres  microbes  sont  capables  de  la  môme  action. 
En  effet,  un  certain  nombre  de  virus  agissent  sur  les  cellules  épithéliales. 
Dans  la  vaccine,  la  variole,  la  fièvre  aphteuse,  la  clavelée,  la  peste 
bovine,  etc.,  on  observe  des  proliférations  épithéliales.  Aussi  M.  Borrel 
réunit-il  toutes  ces  affections  sous  le  nom  à' épilhélioses  et  il  en  fait  l'histo- 
logie pathologique  dans  un  second  Mémoire.  La  clavelée  y  est  particuliè- 
rement étudiée.  Le  virus  claveleux  qui  détermine  dans  le  poumon,  par 
exemple,  de  véritables  adénomes  est  certainement  un  microbe  très  petit 
puisqu'il  passe  à  travers  les  fdtres  qui  retiennent  la  plupart  des  bactéries.  Il 
en  est  de  même  des  virus  de  la  fièvre  aphteuse,  de  la  peste  bovine,  du 
molluscum  conta giosum .  Il  semble  donc  que  tous  ces  virus  des  épithélioses 
ont  le  caractère  d'extrême  petitesse.  En  tous  cas  ces  microbes  traversant  les 
filtres  ne  sont  pas  ceux  qui  ont  été  décrits  comme  sporozoaires  dans  les  cel- 
lules. 

La  grande  différence  qui  existe  entre  ces  épithélioses  et  Tépithélioma 
véritable,  c'est  que  dans  les  premières  les  tumeurs  sont  constituées  par  la 
prolifération  des  cellules  des  organes  où  elles  se  développent,  tandis  que 
dans  l'épithélioma  c'est  la  même  cellule  cpie  celle  de  la  tumeur  primitive  qui 
pullule  dans  les  tumeurs  secondaires. 

Un  autre  Mémoire  est  consacré  au  cancer  de  la  souris  et  M.  Borrel 
donne  une  preuve  de  plus  de  sa  nature  infectieuse  en  signalant  des  épidé- 
mies de  cage  où  la  contagion  est  indéniable.  Comme  Moreau  et  Jensen,  il  a 
réussi  à  transmettre  ce  cancer  par  inoculation  (dans  un  cas  sur  dix  environ). 

Les  études  de  M.  Borrel  sur  la  clavelée  ont  abouti  à  un  résultat  pratique 
d'une  haute  importance.  Par  un  procédé  qu'il  décrit,  M.  Borrel  arrive  à 
obtenir  des  quantités  illimitées  de  virus  claveleux  pur;  elles  lui  ont  servi  à 
obtenir  avec  des  animaux  immunisés  un  sérum  anti-claveleux  qui  permet 
de  guérir  la  clavelée  s'il  est  donné  assez  tôt  et  qui  employé  en  même  temps 
que  le  virus  donne  le  moyen  de  claveliser  les  animaux  sans  danger.  Des 
essais  faits  sur  plus  de  10  000  moulons  ont  donné  des  résultats  tout  à  fait 
satisfaisants. 

La  Commission  a  accordé  à  M.  Borrel  le  titre  de  lauréat. 

Les  conclusions  de  ces  Rapports  sont  adoptées  par  TAcadémie. 


II /[O  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PRIX  GODARD. 


(Commissaires  :  MM.  Bouchard,  Lannelongiie,  Marey,  Laveran; 

Gayoïi,  rapporteur.) 

Le  travail  de  MM.  Halle  et  Motz  :  ContrUnilion  à  V Analomie  patJio- 
lo<^ique  de  la  vessie,  nous  donne,  pour  la  première  fois,  une  description 
synthétique  des  lésions  de  la  vessie,  dans  la  cystite  chronique. 

Il  a  pour  base  Tétude  anatomique  et  histologique  de  loo  vessies  chroni- 
quement  enflammées,  recueillies  à  la  clinique  de  Necker,  dans  la  dernière 
période  décennale  :  il  est  donc  le  fruit  d'une  longue  et  patiente  observation 
scientifique. 

Les  auteurs  étudient  d'abord  les  lésions  macroscopiques  :  capacité  et 
forme  de  la  vessie,  épaisseur  des  parois,  aspect  de  la  face  interne,  de  la  sur- 
face de  coupe  et  de  la  face  externe,  si  profondément  modifiés  par  l'inflam- 
mation chronique. 

Passant  à  l'étude  histologique,  ils  décrivent  méthodiquement  les  lésions 
inflammatoires  productives  et  régressives,  dans  toutes  les  couches  du  réser- 
voir urinaire. 

Dans  la  muqueuse,  les  lésions  épithéliales,  desquamation,  exulcération, 
prolifération;  celles  du  derme  muqueux^,  hémorragies  interstitielles,  abcès 
microscopiques;  les  néoformations  vasculo-embryonnaires  :  granulations, 
villosités,  végétations;  les  néoformations  épithéliales,  verrucosités  papillo- 
glandulaires,  leucoplasie;  les  lésions  destructives  et  nécrotiques,  pseudo- 
membranes, ulcérations  sont  successivement  Tobjet  d'une  minutieuse  des- 
cription. 

Dans  la  couche  musculaire,  toujours  hypertrophiée,  les  auteurs  recon- 
naissent et  distinguent  les  divers  degrés  de  la  sclérose  musculaire  avec  les 
dégénérescences  variées  àt\diï\hTQ  cellule  qui  la  compliquent  :  atrophie 
simple,  dégénérescence  granuleuse,  hyaline,  myosite  aiguë. 

Dans  la  couche  cellulo-adipeusc  extei'ne'û^  dccvi\eni  cette  fibro-adipose 
inflammatoire  qui  est  un  processus  général  et  constant  dans  les  inflamma- 
tions chroniques  de  l'appareil  urinaire;  avec  les  lésions  vasculo-nejveuses 
qui  l'accompagnent. 

Vingt-six  planches,  dessinées  d'après  nature,  éclairent  la  description 
histologique. 

Résumant,  dans  une  étude  d'ensemble,  les  lésions  de  la  trame  vasculo- 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    IQoS.  Il4l 

conjonctive,  dans  la  paroi  vésicale  chroniquement  enflammée,  MM.  Halle 
et  Motz  formulent  cette  conclusion  essentielle  : 

((  Dans  la  cystite  chronique,  la  paroi  vésicale  est  modifiée  dans  toute  son 
épaisseur,  depuis  la  muqueuse  jusqu'à  la  couche  fibro-séreuse  externe.  » 

Et  le  terme  de  cystite  clironique  interstitielle  totale  qu'ils  proposent 
restera  comme  justement  caractéristique. 

Dans  les  cas  complexes,  fréquents,  où  un  obstacle  mécanique,  ou  quelque 
dystrophie,  ajoute  ses  effets  à  ceux  de  l'inflammation  chronique,  les  auteurs 
cherchent  à  distinguer,  des  lésions  inflammatoires  banales,  les  lésions  tro- 
phiques  concomitantes  :  ils  abordent  ainsi  l'étude  si  complexe  des  dégéné- 
rescences primitives  de  la  paroi  musculaire  de  la  vessie  chez  les  prosta- 
tiques. 

En  résumé,  cette  consciencieuse  étude  marque  un  progrès  réel  dans  nos 
connaissances  sur  l'anatomie  pathologique  de  la  vessie  :  la  clinique  et  la 
thérapeutique  ne  peuvent  manquer  d'en  tirer  grand  profit. 

La  Commission  propose  à  l'Académie  d'attribuer  le  prix  Godard  à 
MM.  les  D-^^  N.  Halle  et  îî.  Motz. 

Elle  accorde  une  mention  honorable  à  M.  le  D'"  J.-B.  Hillaiuet,  pour 
son  Mémoire  intitulé  :  «  Le  dernier  terme  de  la  copulation  chez  les  Mammi- 
fères ». 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRIX  LALLEMAND. 

(Commissaires  :  MM.    Marey,   Laveran,    Guyon; 
d'Arsonval,  Bouchard,  rapporteurs.) 

La  Commission  partage  le  prix  entre  M""  Joteyko  et  MM.  Gakxier  et 

CoLOLIAX. 

Elle  accorde  une  mention  très  honorable  à  M.  le  D*"  Giuseppe  Pagano, 
pour  ses  «  Etudes  sur  la  fonction  du  cervelet  », 

M"'-  J.  Joteyko  a  soumis  à  l'Académie  deux  travaux  intéressants  sur  l'in- 
nervation musculaire. 

Dans  le  premier,  intitulé  Effets  pJiysiologiques  des  ondes  induites  de 


Il42  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

fermeture  et  de  rupture  dans  la  fatigue  et  V aneslhésie  des  muscles  et 
des  nerfs,  Fauteur  élucide  par  des  expériences  bien  conduites  et  par  une 
analyse  minutieuse  beaucoup  de  points  restés  obscurs  ou  controversés  sur 
cette  question. 

Dans  un  second  Mémoire  plus  important  et  qui  a  pour  titre  Etude  sur 
la  contraction  du  muscle  strié  et  ses  excitants,  M"^  Joteyko  démontre 
expérimentalement  qu'z7  existe  dans  le  muscle  deux  éléments  fonction- 
nellement  différents  et  doués  d' une  excitabilité  inégale.  La  contraction 
rapide  serait  le  fait  de  la  substance  anisotrope  du  muscle  tandis  que  la  con- 
traction lente  serait  l'apanage  du  sarcoplasme  suivant  une  théorie  soutenue 
par  Bottazzi  (de  Florence). 

M"^  Joteyko  par  des  excitants  bien  choisis,  tantôt  chimiques,  tantôt 
physiques,  arrive  à  séparer  nettement  Fun  de  Fautre  ces  deux  modes  de 
contraction  du  muscle  strié  et  à  expliquer  nombre  de  faits  pathologiques 
tels  que  Fatonie  musculaire  ou  les  contractures  hystériques. 

Ces  patients  travaux,  dans  le  détail  desquels  nous  ne  pouvons  entrer, 
jettent  un  jour  nouveau  sur  le  mécanisme  de  la  contraction  et  de  Finnerva- 
tion  des  muscles  et  ouvrent  une  voie  aux  investigations. 

MM.  Garnjer  et  CoLOLiAx  ont  soumis  au  jugement  de  l'Académie  des 
études  sur  la  thérapeutique  des  maladies  mentales.  On  y  trouve  d'intéres- 
sants renseignements  sur  les  méthodes  de  liberté  appliquées  au  traitement 
des  aliénés  et  sur  l'usage  du  séjour  au  lit.  Ces  méthodes  nouvelles,  déjà 
appliquées  en  France,  méritaient  d'être  mieux  connues. 

Les  conclusions  de  ces  Rapports  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRIX   DU  BARON  LARREY. 

(Commissaires  :  MM.  Lannelongue,  Laveran,  Guyon,  Bouchard, 
Brouardel;   Marey,  rapporteur.) 

HYGIÈNE  MILITAIRE.  —  Recherches  expérimcntcdes  sur  le  brûlage,  pro- 
cédé de  désinfection  radicale,  d^  asepsie  du  casernement  et  du  mobilier 
du  soldat;  par  le  D*'  Paul  Godiiv. 

M.  Godin  montre  que  le  brûlage  est  le  moyen  le  plus  sûr  et  le  meilleur 
de  créer  l'asepsie  dans  les  logements  militaires.  Ce   flambage    superficiel 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  igoS.  I l43 

suffit  à  détruire  les  germes  infectieux,  et  cette  destruction  a  été  constatée 
par  les  moyens  les  plus  rigoureux  dont  la  Science  dispose  :  Fexamen  histo- 
logique,  les  cultures  et  les  inoculations  aux  animaux. 

Votre  rapporteur  considère  ce  travail  comme  pouvant  mériter  un  prix. 

Le  même  auteur  présente  également  au  prix  Larrey  une  brochure  dont 
voici  le  titre  :  «  Nouveaux  essais  d'application  de  Vearth  system  (latrines 


à  terre).  » 


Excellent  travail  qui  fait  ressortir  les  avantages  hygiéniques  de  ce  mode 
d'enlèvement  des  matières  fécales.  On  peut  conclure  avec  l'auteur  que  ce 
système  s'impose  pour  toutes  les  localités  qui  n'ont  pas  le  tout  à  Végout, 
mais  disposent  d'une  surface  de  terrain  où  l'on  puisse  déposer  les  matières 
usées  en  attendant  leur  nitrification. 

Pour    ces  deux    travaux   la    Commission    décerne   le  prix    Larrey   à 

M.  GoDIX. 

Elle  accorde  une  mention  à  M.  G. -H.  Lemoixe  et  une  autre  à  M.  le 
D*"  Jules  Régxault. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRIX  BELLION. 

(Commissaires  :  MM.  Bouchard,  Marey,  Guyon,  Lannelongue; 
Laveran,  rapporteur.) 

Le  prix  est  décerné  à  M.  le  D^"  F.  Batfesïi,  de  Bastia,  pour  l'ensemble 
de  ses  travaux  sur  la  prophylaxie  du  paludisme  en  Corse. 

Une  mention  très  honorable  est  accordée  à  M.  le  D''  H.  Glatard,  pour 
son  travail  sur  la  diphtérie  nasale. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


Il44  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PRIX  MEGE. 


(Commissaires  :  MM.  Bouchard,  Marey,  Lannelongue,  Laveran  ; 

Guyon,  rapporteur.) 

La   Commission    décerne   le    prix.   Mège   (arrérages)   à   M.    le   D''   A. 
MoxpROFir,  pour  son  Ouvrage  «  Chirurgie  des  ovaires  et  des  trompes  ». 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  TAcadémie. 


PRIX  CHAUSSIER. 

(Commissaires  :  MM.  Bouchard,   Brouardel,  Lannelongue,  Laveran; 

Guyon,  rapporteur.  ) 

La  Commission  propose  à  l'Académie  d'attribuer  le  prix  Chaussier  à 
M.  le  D*"  Ai-FRKD  FouRNiER,  professeur  honoraire  à  la  Faculté  de  Médecine 
de  Paris,  Membre  de  l'Académie  de  Médecine.  L'importance  scientifique, 
médicale  et  sociale  de  son  œuvre,  a  déterminé  la  désignation  de 
M.  Fournier  aux  suffrages  de  T Académie. 

Personne  n'a  plus  attentivement  étudié  la  syphilis  que  M.  Fournier,  et 
n'a  fait  dans  un  champ,  souvent  exploré,  d'aussi  remarquables  décou- 
vertes; personne  n'a  mis  aussi  nettement  en  lumière  le  rôle  pathologique 
de  cette  redoutable  maladie;  personne  enfin  n'a  mieux  démontré  sa  néfaste 
influence  sur  l'espèce  humaine,  ne  s'est  attaché  avec  plus  d'ardeur  et  de 
suite  à  la  combattre  et  à  indiquer  les  mesures  qui  peuvent  mettre  obstacle 
à  son  extension.  Un  labeur  prolongé  et  ininterrompu,  un  enseignement 
public  qui,  dès  son  début,  devint  célèbre,  la  tribune  académique  et,  enfin, 
la  fondation  de  la  Société  de  prophylaxie  sanitaire  et  morale,  ont  permis  à 
M.  Fournier  d'édifier  une  œuvre  dont  l'étendue  et  l'unité  ont  assuré  l'ac- 
tion puissante  qu'elle  exerce  dans  le  présent,  et  prolongeront  son  influence 
dans  l'avenir. 

M.  Fournier  n'a  rendu  à  l'enseignement  auquel  il  s'est  consacré  d'aussi 
grands  services,  et  n'a  conduit  aussi  loin  les  recherches  qu'il  a  poursui- 
vies, qu'en  raison  de  sa  haute  valeur  médicale.  Il  est  de  ceux  qui  veulent 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  ipoS.  Il45 

que  l'étude  approfondie  d'une  question  spéciale  resserre,  au  lieu  de  le 
détacher,  le  lien  scientifique  qui  unit  les  vérités  les  unes  aux  autres. 

L'étude  de  la  syphilis,  aussi  largement  envisagée,  ne  pouvait  être  main- 
tenue seulement  sur  le  terrain  médical;  elle  pose  de  graves  questions  d'hy- 
giène et  de  médecine  légale.  Chacun  de  ces  points  a  été  soigneusement 
examiné  par  M.  Fournier. 

La  détermination  précise  des  rapports  étiologiques  de  la  syphilis  avec 
l'ataxie  locomotrice  et  la  paralysie  générale  ont  été  le  point  de  départ 
d'une  étude  d'ensemble  qui  a  enrichi  la  Clinique  d'un  chapitre  important 
et  nouveau.  Nous  savons  aujourd'hui  que  la  syphilis  n'est  pas  seulement 
capable  de  produire  des  accidents  spécifiques.  Elle  fait  plus  et  fait  autre 
chose,  car  elle  est  responsable  de  manifestations  qui  n'ont  plus  rien  de 
syphilitique  comme  nature,  mais  qui  ont  certainement  une  origine  syphi- 
litique. 

Ces  résultats  éloignés  de  la  syphilis,  si  longtemps  méconnus,  établissent 
déjà  la  perpétuation  de  son  action  sur  l'individu.  Les  travaux  de  l'auteur 
sur  l'hérédité  syphilitique  ont  établi  qu'elle  lui  survit  dans  sa  descendance. 
La  mortalité  des  enfants  de  syphilitiques  peut  être  évaluée  à  68  pour  loo; 
la  contamination  des  générateurs  n'est  pas  seulement  l'une  des  causes  de 
la  dépopulation,  elle  a  encore  pour  conséquence  l'infériorité  native  de  la 
constitution,  l'imperfection  ou  les  déviations  du  développement  physique 
ou  intellectuel.  Enfin,  l'hérédité  spécifique  peut  se  manifester  tardivement, 
l'adolescence,  l'âge  mûr,  la  vieillesse  elle-même  ne  mettent  pas  à  l'abri;  il 
n'y  a  pas  de  délais  de  prescription  pour  ses  effets. 

M.  Fournier  admet  deux  sortes  d'hérédité  syphilitique  :  l'une  qui  trans- 
met la  syphilis  en  nature  ;  Tautre  qui  ne  se  manifeste  que  par  de  simples 
tares  n'ayant  plus  rien  de  syphilitique,  consistant  en  des  dystrophies 
d'ordre  commun. 

Au  point  de  vue  social,  la  syphilis  est  donc  un  des  fl«aux  dont  l'humanité 
a  le  plus  à  souffrir.  Les  formes  variées  que  l'observation  pénétrante  de 
M.  Fournier  a  su  démasquer  soulèvent,  au  point  de  vue  de  la  médecine 
légale,  les  plus  délicats  problèmes.  Là,  encore,  il  y  a  nécessité  de  tenir 
compte  des  conséquences  immédiates  et  des  effets  éloignés,  on  pourrait  dire 
lointains,  de  la  contamination  spécifique,  et  là  encore,  M.  Fournier  n'a  pas 
seulement  posé  les  questions,  il  a  fourni  les  éléments  qui  permettent  de  les 
discuter,  d'arriver  à  des  solutions  positives,  ou  de  se  maintenir  dans  le 
doute  que  parfois  commande  l'interprétation  des  faits  les  mieux  étudiés. 

A   mesure   que  les  recherches   de  M.    Fournier  établissaient  l'étendue 

C.  R.,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  25.)  ï5o 


Il46  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

insoupçonnée  des  responsabilités  de  la  syphilis,  celles  qui  lui  incombaient 
comme  médecin  et  comme  citoyen  lui  apparaissaient  plus  grandes. 

Il  s'attachait  à  tirer  du  traitement  si  puissant  des  accidents  primitifs  et 
secondaires  tout  ce  qu'il  peut  donner  de  garanties  dans  le  présent  et  l'ave- 
nir. Ses  études  sur  la  syphilis  et  le  mariage  ont  nettement  établi  les  con- 
ditions qui  permettent  l'admissibilité  à  la  procréation,  pour  les  sujets 
entachés  de  syphilis.  Elles  doivent  être  rigoureuses;  mais  fort  heureuse- 
iïient  elles  peuvent  être  remplies.  Combien  s'abaisserait  encore  la  natalité 
s'il  en  était  autrement  !  M.  Fournier  s'est  attaché,  avec  non  moins  d'ardeur 
à  chercher  à  tarir  les  sources  de  la  syphilis. 

Il  faut  pour  cela  plus  que  de  la  science,  il  faut  en  venir  à  l'apostolat. 
C'est  l'évolution  que  nous  avons  vu  avec  autant  d'intérêt  que  de  satisfaction 
s'accomplir  chez  M.  Fournier.  Il  emploie  chaque  jour,  avec  plus  d'activité, 
la  haute  autorité  que  la  Science  lui  confère,  à  la  réalisation  des  mesures 
capables  d'étendre,  aussi  loin  que  possible,  la  prophylaxie  de  la  S3q3hilis. 
Pareil  exemple  est  salutaire.  Il  est  aussi  nécessaire  pour  l'avenir  de  l'hu- 
manité, de  combattre  la  syphilis  que  la  tuberculose  et  l'alcoolisme. 

Le  prix  Chaussier  ne  comporte  pas  l'acte  de  candidature;  la  Commis- 
sion a  pensé  que  l'œuvre  de  M.  Fournier  est  de  celles  qui  se  désignent 
d'elles-mêmes  pour  une  récompense  exceptionnelle  ;  elle  vous  demande  de 
sanctionner  son  choix. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


PHYSIOLOGIE. 


PRIX  MONTYON. 

(Commissaires  :  MM.  d'Arsonval,  Marey,  Bouchard,  Chauveau,  Giard; 

Roux,  rapporteur.) 

La  Commission  partage  le  prix  entre  MM.  Artsius  et  Victor  Hexri. 

Les  Notes  et  Mémoires  présentés  par  M.  Arthus  ont  trait  à  la  coagula- 
tion du  sang. 

Partant  du   fait,    démontré  par  Pekelharlng,'^que  le  plasma   du   sang 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    IQoS.  I  l/jy 

fluoré  à  3  pour  loo  ne  contient  pas  de  fibrin-ferment,  M.  Arthus  propose 
de  se  servir  de  ce  plasma  comme  réactif  sensible  du  fîbrin-ferment.  Bien 
préparé,  ce  plasma  donne  un  caillot  lorsqu'on  lui  ajoute  du  fîbrin-ferment, 
il  permet  un  dosage  assez  précis  de  la  quantité  de  fibrin-ferment  contenue 
dans  une  liqueur  organique  quelconque. 

Les  faits  principaux  découverts  par  M.  Artbus  sont  que  le  fd^rin-fer- 
ment  ne  se  trouve  que  dans  les  liqueurs  sanguines;  la  macération  ou  les 
extraits  des  divers  organes,  bien  débarrassés  de  sang,  ne  contiennent 
jamais  de  fibrin-ferment;  mais  les  tissus  contiennent  des  substances  qui 
provoquent  la  production  plus  précoce  du  fibrin-ferment.  M.  Artbus  a  fait 
voir  aussi  qu'à  la  suite  de  saignées  répétées  la  production  du  fibrin-ferment 
est  accélérée  dans  le  sang  des  dernières  prises. 

A  ces  divers  Mémoires  M.  Arthus  a  joint  un  traité  de  Physiologie  et  un 
traité  de  Chimie  physiologique  qui  se  distinguent  par  la  clarté  de  l'expo- 
sition. 

Su/^  l'action  des  diastases. 

Les  lois  formulées,  avant  M.  V.  Hexri,  sur  la  vitesse  d'action  de  l'inverr 
tine  sur  le  sucre  s'écartent  de  celles  trouvées  pour  l'inversion  au  moyen  des 
acides,  d'où  la  conclusion  que  les  diastases  sont  des  agents  de  transforma- 
tions d'allure  toute  spéciale. 

M.  V.  Henri  cherche  à  faire  rentrer  les  lois  de  l'action  des  diastases  dans 
celles  de  la  Chimie  ordinaire.  Il  s'attache  à  déduire  la  loi  d'action  des 
diastases  de  quelques  hypothèses  simples  sur  l'état  libre  ou  combiné 
auquel  le  ferment  se  trouve  dans  le  liquide,  et  de  la  loi  d'action  des  masses 
que  les  travaux  de  l'école  d'Ostwald  ont  montré  applicable  aux  vitesses 
des  transformations  chimiques  en  général.  Cette  loi,  qui  fait  intervenir 
dans  l'expression  de  la  vitesse  la  masse  de  tous  les  corps  qui  entrent  réelle- 
ment en  réaction,  a  permis  déjà,  dans  le  cas  de  corps  chimiques  définis,  de 
préciser  le  rôle  de  certains  catalyseurs  qui  se  retrouvent  inaltérés  à  la  fin 
de  la  réaction.  Ln  l'appliquant  à  l'invertine,  M.  Henri  cherche  à  préciser 
un  peu  la  nature  du  rôle  joué  par  le  ferment  et  surtout  à  faire  entrer  l'action 
de  l'invertine  dans  le  groupe  général  des  actions  catalytiques. 

La  vérification  par  l'expérience  de  la  loi  établie  a  /?/vori  justifie  les  hypo- 
thèses de  M.  V.  Henri.  Une  loi  analogue  régit  l'action  de  l'émulsine  sur 
Famygdaline. 

L'action  de  l'amylase  sur  l'amidon  est  trop  complexe  pour  qu'on  puisse 
tirer  de  son  étude  une  loi  quantitative. 


II 48  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Une  mention  est  accordée  à  M.  Bouxhiol  pour  ses  «  Recherches  biolo- 
giques et  expérimentales  sur  la  respiration  des  Annélides  Polychètes  ». 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRIX  PHILIPEAUX. 

(Commissaires  :  MM.  d'Arsonval,  Marey,  Bouchard,  Chauveau, 
Lannelongue;  Guignard,  rapporteur.) 

Une  expérience  séculaire  semblait  avoir  montré  que  la  greffe  ne  peut 
réussir  qu'entre  plantes  de  même  famille  et  que  cette  réussite  est  propor- 
tionnelle au  degré  de  parenté  des  conjoints.  Le  principal  avantage  de  cette 
opération  consiste,  comme  on  sait,  en  ce  qu'elle  permet  de  conserver  dans 
toute  leur  intégrité  les  propriétés  de  la  plante  qui  fournit  le  greffon,  ce  qui 
n'est  possible  qu'autant  qu'il  n'y  a  pas  de  réaction  réciproque  entre  le  gref- 
fon et  le  porte-greffe  ou  sujet. 

C'est  surtout  dans  le  but  d'étudier,  d'une  façon  méthodique  et  appro- 
fondie, cette  influence  réciproque  du  sujet  et  du  greffon,  si  intéressante  en 
pratique  horticole  et  en  biologie,  que  M.  Daniel  a  entrepris  depuis  une 
quinzaine  d'années  un  grand  nombre  d'expériences  sur  des  plantes  appar- 
tenant aux  familles  les  plus  diverses,  mais  autant  que  possible  sur  des 
espèces  annuelles  ou  à  cycle  de  développement  assez  réduit  pour  permettre 
d'en  saisir  plus  facilement  et  plus  rapidement  les  modifications  héréditaires. 

Il  a  imaginé  des  procédés  nouveaux  (greffages  sur  germinations,  gref- 
fages de  rameaux  à  fleurs,  greffages  mixtes,  etc.),  qui  lui  ont  donné  des 
réussites  là  où  l'on  n'avait  eu  jusqu'alors  cjue  des  insuccès.  Pour  les  greffes 
ordinaires,  l'un  des  résultats  les  plus  saillants  consiste  en  ce  que  la  réussite 
n'est  pas  fonction  absolue  de  l'analogie  des  organes  reproducteurs,  comme 
le  voudrait  le  principe  de  la  parenté  botanique,  mais  aussi,  et  dans  une 
large  mesure,  de  l'analogie  de  nutrition.  La  similitude  des  capacités  fonc- 
tionnelles d'absorption  et  d'assimilation  prime  la  similitude  des  caractères 
sexuels,  qui  sont  les  caractères  dominants  dans  la  classification  botanique  : 
de  là  des  limites  de  réussite  plus  étendues  en  général  pour  la  greffe  que 
pour  la  fécondation  croisée. 

Poussant  plus  avant  ces  recherches,  M.  Daniel  a  étudié  le  mode  de  sou- 
dure des  greffes  et  la  structure  anatomiquc  du  bourrelet,  afin  d'en  connaître 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    igoS.  Il 49 

les  conséquences  physiques  et  biologiques  et  d'établir  une  théorie  ration- 
nelle de  la  greffe. 

Dans  les  greffes  entre  plantes  éloignées,  l'union  du  sujet  et  du  greffon 
n'a  lieu  que  par  les  parenchymes;  dans  les  greffes  entre  plantes  voisines,  ou 
greffes  ordinaires,  la  soudure  se  fait  toujours  en  partie  par  les  parenchymes, 
en  partie  par  des  vaisseaux  moins  nombreux  qu'à  l'ordinaire,  moins  larges 
et  beaucoup  plus  irréguliers  et  recourbés  en  tous  sens.  Ces  modifications  de 
structure  dans  le  bourrelet  retentissent  sur  les  sèves,  qui  peuvent  elles- 
mêmes  être  modifiées  en  quantité  et  en  qualité  et,  par  suite,  déterminer 
des  variations. 

Entre  les  tissus  du  sujet  et  ceux  du  greffon,  Strasburger  a  vu  s'établir 
des  communications  protoplasmiques  à  travers  les  membranes  cellulaires. 
Il  peut  donc  y  avoir  mélange  des  protoplasmes,  comme  il  peut  y  avoir  péné- 
tration réciproque  des  produits  élaborés  par  ces  protoplasmes.  Pour  qui 
connaît  les  modifications  remarquables  déterminées  par  le  parasitisme 
naturel  et  les  conséquences  de  la  fusion  des  cellules  sexuelles,  il  ne  paraît 
pas  surprenant  de  voir  des  variations  plus  ou  moins  analogues  se  produire 
par  soudure  de  cellules  végétatives  et  parasitisme  artificiel. 

M.  Daniel  a  obtenu  de  nombreuses  modifications  de  ce  genre  dans  les 
plantes  herbacées  (Choux,  Tomates,  Navets,  Composées  diverses,  etc.),  où 
le  sujet  imprimait  au  greffon  quelques-uns  de  ses  caractères  et  inversement. 
Les  plantes  ligneuses  peuvent  offrir  des  faits  analogues  et  l'on  connaît 
quelques  exemples  qui  ne  peuvent  guère  être  considérés  autrement  que 
comme  des  hybrides  de  greffe.  Tel  est,  notamment,  le  cas  du  célèbre  néflier 
de  Bronvaux,  qui  présente  des  rameaux  hybrides  entre  le  sujet  et  le  greffon 
et  des  rameaux  types  des  espèces  associées,  le  tout  sur  une  même  branche 
sortie  au  voisinage  du  bourrelet. 

M.  Daniel  ne  s'est  pas  borné  à  étudier  cette  question  controversée  de 
l'influence  directe  du  sujet  sur  le  greffon  et  réciproquement,  il  a  recherché 
en  même  temps  si  cette  influence  se  transmettait  à  leurs  produits,  autre- 
ment dit  si  elle  retentissait  sur  la  postérité  du  greffon  et  vice  versa,  comme 
sur  la  reproduction  sexuelle.  11  est  résulté  de  ces  recherches  que  l'hérédité 
des  caractères  modifiés  par  la  greffe  était  variable  suivant  les  plantes  et  les 
familles  considérées.  Tantôt  elle  est  totale,  tantôt  partielle,  tantôt  nulle. 
Dans  certains  cas,  la  transmission  de  certains  caractères  du  sujet  était  frap- 
pante dans  les  descendants  du  greffon  (Chou  fourrager  et  Carotte  résistant 
au  froid;  races  nouvelles  de  Haricots,  etc.).  Il  y  a  là  un  sérieux  argument 
contre  l'absolutisme  exagéré  des  théories  de  Weissmann,  pour  lequel  toute 


Il5o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

variation  ne  peut  avoir  qu'une  origine  sexuelle,  la  grefTe  n'exerçant,  selon 
cet  auteur,  aucune  influence  sur  le  plasma  germinatif. 

Sans  accorder  cependant,  dès  aujourd'hui,  à  l'action  réciproque  du  sujet 
et  du  grefTon  une  importance  plus  grande  qu'il  ne  convient  et  qui  ne  pourra 
être  appréciée  à  sa  juste  valeur  que  par  des  observations  étendues,  on  peut 
dire  du  moins  qu'une  plante  greffée  ne  se  comporte  pas  comme  une  plante 
normale.  Ses  fonctions  sont  plus  ou  moins  modifiées,  ainsi  que  sa  durée,  sa 
résistance  aux  parasites,  etc.  Ces  faits  doivent  attirer  l'attention,  surtout  à 
l'époque  où  le  greffage  de  la  Vigne,  par  exemple,  offre  un  si  grand  intérêt 
économique. 

En  résumé,  les  travaux  de  M.  Lucien  Daniel  ont  fait  faire  un  progrès 
considérable  à  l'étude  de  ces  difficiles  questions  ;  la  Commission  décerne 
à  leur  auteur  le  prix  Philipeaux. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRIX  LA  CAZE. 

(Commissaires  :  MM.  Marey,  Bouchard,  Guyon,  Lannelongue,  Laveran, 
Chauyeau,  Giard,  Brouardel;  d'Arsonval,  rapporteur.) 

Sur  la  proposition  de  la  Commission,  le  prix  La  Caze  (Physiologie)  est 
décerné  par  l'Académie  à  M.  le  professeur  Charles  Richet,  pour  l'en- 
semble de  ses  travaux. 

Les  travaux  de  M.  le  professeur  Ch.  Richet  sont  nombreux,  variés  et 
importants. 

La  plupart  d'entre  eux  étant  aujourd'hui  classiques,  nous  nous  bornerons 
à  rappeler  les  principaux  : 

En  Physiologie,  on  doit  à  M.  Richet  une  importante  étude  du  suc  gas- 
trique qui  sert  de  base  au  diagnostic  des  dyspepsies; 

L'analyse  de  la  contraction  des  muscles  des  invertébrés  qui  a  mis  en  lu- 
mière d'importants  faits  nouveaux  tels  que  l'addition  latente,  la  contracture 
latente,  le  tétanos  rythmique,  etc.  ; 

L'analyse  de  la  régulation  thermique  par  la  polypnée  et  Je  frisson  ; 

En  chaleur  animale,  une  étude  très  complète  des  rapports  existant  entre 
les  combustions  respiratoires  et  la  surface  cutanée; 

Enfin  l'étude  de  la  période  rèfractaire  montrant  que  cette  loi  est  gêné- 


SÉANCE    DU    2  1    DÉCEMBRE    IQoS.  Il5l 

raie  et  s'applique  aussi  bien  aux  centres  nerveux  qu'au  muscle  cardiaque. 

A  côté  de  ces  travaux  de  Physiologie  pure,  il  en  est  d'autres  dont  la 
Médecine  et  la  Thérapeutique  expérimentale  ont  plus  particulièrement 
bénéficié. 

M.  Richet  a  le  premier  annoncé  que  le  sang-  des  animaux  vaccinés  contre 
une  infection  peut,  lorsqu'il  est  transfusé  à  un  animal  sensible,  lui  conférer 
une  immunité  plus  ou  moins  complète.  On  sait  quel  parti  la  Sérothérapie 
a  tiré  plus  tard  de  ce  fait. 

M.  Richet  a  introduit  en  Thérapeutique  un  médicament  nouveau,  le 
chloralose,  indiqué  les  propriétés  diurétiques  du  lactose,  établi  un  traite- 
ment particulier  de  l'épilepsie,  étudié  expérimentalement  les  différents 
traitements  de  la  tuberculose  et  établi  l'efficacité  de  la  Zomothérapie. 

Enfin  M.  Richet  a  rendu  et  rend  chaque  jour  les  plus  grands  services 
aux  médecins  et  aux  physiologistes  par  la  publication  de  deux  œuvres 
considérables  :  «  Le  Dictionnaire  de  Physiologie  »  et  la  «  Bibliographia 
medica  ». 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRIX  POLRAT. 

(Commissaires  :  MM.  Marey,  Bouchard,  Mascart,  Chauveau; 
d'Arsonval,  rapporteur.) 

La  question  posée  pour  le  prix  Pourat  était  la  suivante  :  Action  des  cou- 
rants de  haute  fréquence  sur  les  phénomènes  de  la  vie. 

Le  travail  le  plus  étendu  et  le  plus  complet  sur  la  question,  soumis  au 
jugement  de  la  Commission,  est  du  à  M.  le  D^"  J.  Dexoyès,  de  Montpellier. 

Dans  une  Thèse  faite  sous  la  direction  de  ^L  le  professeur  Imbert,  et  qui 
comprend  près  de  4oo  pages,  l'auteur  passe  en  revue  tous  les  travaux  exé- 
cutés sur  la  question  à  la  suite  des  premières  Communications  faites  sur  cet 
agent  thérapeutique  nouveau. 

Il  énumère  ensuite  ses  recherches  personnelles  tant  physiologiques  que 
pathologiques.  Ces  recherches,  fort  nombreuses  et  comportant  entre  autres 
des  centaines  d'analyse  d'urine,  ont  trait  aux  applications  de  la  haute  fré- 
quence en  oto-laryngologie,  au  traitement  des  névrites,  à  son  action  sur  la 
sécrétion  urinaire,  à  son  action  sur  l'évolution  de  la  tuberculose  expérimen- 
tale, etc.  Sept  Mémoires  séparés  sont  joints  à  la  Thèse  et  traitent  individuel- 


II 52  ACADÉMIE    DES  SCIENCES. 

lement  chacune  de  ces  questions.  Le  nombre  d'observations  et  d'expé- 
riences personnelles  faites  par  M.  Denoyès,  tant  sur  Thommc  sain  que  sur 
l'homme  malade  ou  les  animaux,  est  considérable;  les  résultats  signalés, 
sans  être  tous  nouveaux,  sont  bien  observés.  La  partie  purement  technique 
est  parfaitement  décrite  et  les  expériences  faciles  à  refaire  et  à  contrôler. 
En  somme,  travail  d'ensemble  de  longue  haleine,  consciencieux,  original 
et  rempli  de  données  numériques. 

MM.  Rfgxier  et  Bruiiat  ont  soumis  au  jugement  de  la  Commission  un 
travail  original  qui,  pour  porter  sur  un  point  limité,  n'en  est  pas  moins 
intéressant. 

Ces  auteurs  ont  plus  particulièrement  étudié  Faction  des  courants  de 
haute  fréquence  sur  certaines  diastases  ou  catalases. 

Ils  montrent  entre  autres  que  : 

1°  Les  courants  de  haute  fréquence  atténuent  la  vitalité  des  cellules  et 
des  ferments  qu'elles  renferment; 

2^  Qu'ils  sont  susceptibles  de  détruire  complètement  l'activité  vitale  et 
physiologique  des  catalases  et  de  l'oxydase  hématiques  et  de  la  catalase  des 
levures; 

3°  Que  le  rôle  de  l'élévation  de  température,  quand  elle  existe,  paraît 
négligeable. 

Leurs  expériences  confirment,  par  d'autres  voies,  les  faits  signalés  dès  le 
début  par  MM.  d'Arsonval  et  Charrin. 

En  conséquence  votre  Commission  vous  propose  : 

I**  D'attribuer  le  prix  Pourat  à  M.  Dexoyès; 

2°  Une  mention  honorable  à  MM.  Regmer  et  Brihat. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


SÉANCE  DU  2[  DÉCEMBRE  igoS.  Il  53 


HISTOIRE  DES  SCIENCES. 


PRIX  BINOUX. 

(Commissaires  :  MM.  Bouquet  de  la  Grye,  Berthelot,  Grandidier,  Guyou; 

Daiboux,  rapporteur.) 

L'Académie  décerne  le  prix:  Binoux  à  M.  H. -G.  Zeutheiv,  Correspon- 
dant de  l'Institut,  Professeur  à  l'Université  de  Copenhague,  pour  ses  ma- 
gistrales études  sur  l'Histoire  des  Sciences. 


PRIX  GENERAUX. 


MÉDAILLE  LAVOISIER. 

L'Académie  a  décerné  la  médaille  Lavoisier  à  M.  Carl  Graebe,  profes- 
seur de  Chimie  à  l'Université  de  Genève,  pour  ses  travaux  en  Chimie 
organique. 

Cette  médaille  lui  a  été  remise  à  l'occasion  de  son  jubilé  scientifique,  par 
M.  Moissan,  au  nom  de  l'Académie,  le  20  septembre  iqoS. 


MÉDAILLE  BERTHELOT. 

Sur  la  proposition  de  son  Bureau,  l'Académie  a  décidé  de  décerner  la 
Médaille  Berthelot  à  : 

M.  Graebe,  professeur  à  l'Université  de  Genève,  pour   l'ensemble   de 
ses  travaux,  à  l'occasion  de  son  jubilé  scientifique; 
M.  RouvEAULï  (prix  Jecker); 
M.  GuNTz  (prix  La  Caze,  de  Chimie); 
M.  Chavanne  (prix  Cahours); 

C.  R.,  190.3,  2«  Semestre.  (CXXXVII,  N''25.)  l5l 


II 54  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

M.  Victor  Henri  (prix  Montyon  de  Physiologie); 
M.  Arthus  (prix  Montyon  de  Physiologie); 
M.  Capelle  (prix  Montyon  :  Arts  insalubres). 

PRIX  MONTYON  (ARTS  INSALUBRES). 

(Commissaires  :  MM.  Moissan,  Haller,  Schlœsing-,  Troost; 
Gautier,  rapporteur.) 

La  Commission  du  prix  Montyon  (Arts  insalubres)  ne  décerne  pas  de 
prix  et  accorde  une  mention  à  M.  Edouard  Capfxle  pour  son  Ouvrage  Sur 
r éclairage  et  le  chauffage  par  V acétylène. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 

PRIX  WILDE. 

(Commissaires  :  MM.  Berthelot,  Maurice  Levy,  Mascart,  Moissan; 

Lœwy,  rapporteur.) 

M.  Collet,  doyen  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Grenoble,  a  exécuté, 
durant  une  dizaine  d'années,  une  série  d'expériences  méthodic[ues  d'un 
haut  intérêt,  relativement  à  l'étude  de  l'intensité  de  la  pesanteur. 

Entourant  ses  travaux  de  toutes  les  garanties  exigées  par  la  Science 
moderne,  il  a  procédé,  en  prenant  Paris  pour  origine,  à  la  détermination 
relative  de  la  pesanteur. 

Comme  champ  d'opération,  M.  Collet  a  choisi,  le  long  du  parallèle 
moyen,  de  l'Océan  à  Turin,  dix  stations  appartenant  aux  régions  les  plus 
diverses  avec  de  grandes  différences  d'altitudes;  en  y  ajoutant  Marseille 
dans  le  but  de  pouvoir  disposer  d'un  contrôle  indépendant  de  celui  que 
présente  l'analyse  intrinsècjue  de  ses  observations. 

M.  Collet  a  pu  ainsi  apporter  une  preuve  nouvelle  et  importante  du  fait 
curieux  remarqué  déjà  dans  diverses  autres  occasions,  à  savoir  :  que,  sous 
les  massifs  montagneux,  il  se  manifeste  un  déficit  croissant  de  la  pesanteur 
à  mesure  que  le  relief  du  sol  devient  plus  considérable,  tandis  que  des 
excédents  se  révèlent,  au  même  niveau,  dans  le  voisinage  de  l'Océan. 

M.  Collet  a  ainsi  réussi  à  fournir  un  ensemble  d'observations  et  de 
résultats  précieux  pour  l'étude  de  la  figure  de  la  Terre. 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  IQoS.  Il55 

La  Commission  est  d'avis  qu'il  convient  de  récompenser  ces  études  si 
prolongées  et  si  utiles,  et  propose  de  décerner,  à  ce  savant,  le  prix  Wilde. 

IjCS  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  TAcadémie. 

PRIX  TCHIHATCHEF. 

(Commissaires  :  MM.  Perrier,  Bouquet  de  la  Grye,  Borne t.  Van  Tieghem  ; 

Grandidier,  rapporteur.) 

Les  explorations  en  Asie  de  M.  le  D'"  Svex  Hedix  sont  parmi  les  plus 
remarquables  et  les  plus  importantes  qui  aient  jamais  été  faites  dans  le 
centre  de  ce  continent,  dont  les  immenses  territoires  nous  sont  fermés, 
les  uns  par  les  éléments  qui  en  rendent  Tapproche  difficile  et  dangereuse, 
les  autres  par  leurs  habitants,  qui  s'opposent  à  ce  que  des  étrangers  pénè- 
trent dans  leur  pays. 

Dans  un  premier  voyage  qui  a  duré  3  années,  du  23  février  1894  au 
2  mars  1897,  il  a  parcouru  les  plateaux  neigeux  du  Pamir,  franchi  les 
monts  Alaï,  gravi  jusqu'à  une  hauteur  de  63oo"^  les  pentes  glacées  du 
Mous-tag-ata,  le  Père  des  Monts  de  glace^  puis,  au  péril  de  sa  vie,  il  a 
pénétré  dans  le  vaste  désert  de  Takla-Makane,  où  toute  végétation  est 
absente,  où  il  n'y  a  pas  d'eau,  où  des  vents  violents  soulèvent  sans  cesse 
des  vagues  de  sable  qui  menacent  à  tout  moment  d'engloutir  les  voyageurs, 
où  il  n'a  échappé  à  la  plus  terrible  des  morts,  à  la  mort  par  la  soif,  que 
grâce  à  son  extraordinaire  énergie.  Enfin,  après  avoir  exploré  le  sud-est 
du  Pamir  et  de  l'Indou-Kouch,  il  a  gagné  Pékin  par  la  route  qu'avait 
suivie  600  ans  auparavant  Marco  Polo. 

Malgré  les  difficultés  et  les  dangers  qu'il  a  eu  à  surmonter  dans  ce  pre- 
mier voyage,  M.  Sven  Hedin  n'a  pas  hésité  à  en  accomplir  un  second 
qui  a  duré  2  ans,  du  24  juin  1899  au  i4  mai  1901.  Il  a  commencé  par 
relever  le  cours  du  Yarkend-Daria  et  du  Tarim  inférieur  sur  une  longueur 
de  2000'^™;  puis,  pénétrant  dans  les  déserts  orientaux,  il  a  exploré  l'ancien 
Lop-Nor  et  le  Kara-Kochoum,  où  il  a  découvert,  à  moitié  ensevelies  sous 
la  poussière  et  le  sable,  les  ruines  d'une  ancienne  ville  chinoise  remontant 
au  Hi*  siècle  après  J.-C.  Abandonnant  la  région  des  lacs,  il  a  franchi  plu- 
sieurs grandes  chaînes,  notamment  les  quatre  de  l'Arka-tag,  dont  l'altitude 
est  supérieure  à  celle  du  mont  Blanc,  a  atteint  un  grand  lac  salé,  a  suivi  la 
vallée  du  Tchimen-tag  et  a  reconnu  et  sondé  le  Koum-Kôll,  a  exploré  une 


Il56  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

partie  du  Gobi,  a  effectué  le  nivellement  du  Lop-Nor  Kara-Koclioum  et, 
escaladant  de  nouveau  FArka-tag,  est  parti  pour  le  Thibet  et  Lhassa.  A 
deux  reprises,  il  a  tenté,  sous  un  déguisement  mongol,  de  pénétrer  dans  la 
ville  sainte,  mais  en  vain,  et  il  lui  fallut  se  diriger  vers  le  Ladak.  Après 
une  rapide  excursion  dans  l'Inde,  il  revint  à  Leh,  gagna  Kargalik  et  arriva 
le  i4  niai  1901  à  Kachgar,  où  il  a  fermé  la  boucle  de  ses  itinéraires. 

Ces  deux  voyages,  qui  comptent  parmi  les  plus  difficiles  et  les  plus  dan- 
gereux que  Ton  puisse  imaginer,  n'ont  pas  eu  seulement  pour  la  géographie 
de  très  importants  résultats,  comme  on  peut  s'en  rendre  facilement  compte 
par  l'aperçu  très  sommaire  des  routes  que  le  D^  Sven  Hedin  a  suivies 
et  dont  beaucoup  traversent  des  régions  inconnues,  sur  lesquelles  il  nous 
a  rapporté  des  notions  toutes  nouvelles  et  dont  il  a  fait  un  excellent  levé 
topographique,  mais  toutes  les  brandies  des  sciences  en  ont  profité.  Aussi 
la  Commission  du  prix  Tchihatchcf  a-t-elle  été  unanime  à  attribuer  ce  prix 
au  D''  SvEx  HediiV. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRIX  CUVIER. 

(Commissaires  :  MM.  Gaudry,  Perrier,  Giard,  Delage; 
Bouvier,  rapporteur.) 

Le  prix  Cuvier  doit  être  attribué  à  l'auteur  de  l'Ouvrage  récent  «  le  plus 
remarquable  sur  l'étude  des  ossements  fossiles,  de  l'Anatomie  comparée  ou 
de  la  Zoologie  ».  En  vous  proposant  de  le  décerner  à  M.  Eugè.ve  Simon,  qui 
vient  de  faire  paraître  le  dernier  fascicule  de  son  Histoire  iiatiirelle  des 
Araignées,  votre  Commission  fait  plus  que  de  se  conformer  strictement 
aux  conditions  prescrites,  elle  rend  hommage  à  un  zoologiste  aussi  modeste 
qu'éminent  et  donne  le  premier  couronnement  à  une  carrière  scientifique 
qu'on  pourrait  citer  comme  modèle. 

M.  Simon  a  consacre  la  plus  grande  partie  de  son  existence  et  de  sa 
fortune  au  développement  de  sa  science  d'élection,  la  Zoologie.  Son  pre- 
mier travail  date  de  i8G4;  c'est  l'œuvre  d'un  jeune  homme  que  l'histoire 
des  animaux  passionnait  dès  l'âge  le  plus  tendre,  et  qui  avait  hâte  d'offrir  à 
ses  favoris  les  prémices  de  son  intelligence.  Trop  sévère  pour  ses  débuts, 
l'auteur  est  le  premier  aujourd'hui  à  critiquer  l'in-octavo  où  il  se  révéla. 
Pourtant  cette  Histoire  naturelle  des  Araignées  n'est  pas  un  livre  banal; 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    igoS.  ilSn 

sans  avoir  la  vaste  envergure  du  monumental  Ouvrage  qui  vient  de  la  rem- 
placer sous  le  même  nom,  elle  dénote  des  connaissances  précoces  et  un  sens 
d'observation  affine  qui  lui  ont  valu,  pendant  près  de  3o  années,  Festime 
des  zoologistes. 

Depuis  celte  époque  jusqu'au  présent  jour,  M.  Simon  n'a  pas  cessé  un 
instant  de  se  livrer  aux  recherches.  C'est  par  centaines  qu'il  faut  compter 
ses  Notes  et  ses  Mémoires,  dont  plusieurs  sont  des  œuvres  de  tout  premier 
ordre.  A  notre  époque  où,  par  bonheur,  les  hommes  de  science  sont  si 
nombreux,  bien  peu  pourraient  se  faire  gloire  d'une  production  aussi 
étendue  et  aussi  importante. 

Désireux  de  voir  par  lui-même  et  d'étendre  le  champ  de  ses  investi- 
gations, M.  Simon  a  exploré  de  nombreux  points  du  globe  et  en  a  magis- 
tralement fait  connaître  les  productions  naturelles.  D'abord  limités  à 
l'Espagne,  au  Maroc  et  à  notre  colonie  algérienne,  ses  voyages  se  sont 
progressivement  étendus  à  des  régions  plus  éloignées  :  il  a  parcouru 
l'Egypte,  le  littoral  de  la  mer  Rouge,  Ceylan,  les  îles  Philippines,  l'Afrique 
australe  et  n'a  pas  consacré  moins  de  i  ans  à  ses  explorations  faunistiques 
dans  le  Venezuela.  Sans  autre  mission  que  celle  qu'il  s'était  donnée  à  lui- 
même  pour  le  progrès  de  la  Science,  il  n'a  pas  oublié  un  instant  les  intérêts 
de  son  pays;  c'est  à  nos  collections  nationales  qu'il  songeait  en  faisant  ses 
récoltes  et  c'est  au  développement  de  la  Zoologie  qu'il  les  a  consacrées.  Car 
en  dépit  de  sa  timidité  naturelle,  ce  paisible  savant  a  toute  l'ardeur  d'un 
maître;  il  incite  au  labeur  et  favorise  les  recherches  autour  de  lui.  Chacun 
de  ses  voyages  a  été  suivi  d'une  éclosion  scientifique  où  ont  rivalisé  de  zèle 
les  zoologistes  de  France  et  de  l'étranger.  En  dehors  des  travaux  qui  lui 
sont  propres,  ses  explorations  au  Venezuela  ont  fourni  la  matière  de 
36  Mémoires;  celles  aux  Philippines,  à  Ceylan  et  dans  l'Afrique  australe 
des  publications  moins  nombreuses,  mais  également  appréciées.  Combien 
de  missions,  même  parmi  les  plus  fructueuses,  pourraient  mettre  en  ligne 
de  semblables  résultats  î 

Grâce  à  ces  voyages  et  à  ses  aptitudes  d'observateur,  INI.  Simon  est 
devenu  fort  instruit  dans  toutes  les  branches  des  sciences  biologiques.  Il 
aurait  pu  les  cultiver  toutes  avec  un  égal  succès,  mais  il  a  sagement  borné 
son  champ  d'études  à  trois  groupes  de  prédilection,  les  Oiseaux,  les  Crus- 
tacés et  les  Arachnides,  enrichissant  chacun  d'eux  de  contributions  aussi 
suggestives  que  variées. 

Dans  la  première  de  ces  classes,  il  s'est  particulièrement  occupé  des 
Oiseaux -Mouches;   il  en  a  réuni  une  collection  sans  égale  et  leur  a  con- 


II 58  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

sacré  un  Catalogue  qui  restera  longtemps  un  Ouvrage  de  chevet  pour  les 
ornithologistes. 

Dans  la  classe  des  Crustacés,  il  s'est  volontairement  restreint  au  sous- 
ordre  des  Phyllopodes,  qui  l'attiraient  parleur  distribution  curieuse  et  par 
les  phénomènes  bizarres  que  présente  leur  apparition  brusque  dans  les  eaux 
douces.  11  a  étudié  ces  animaux  de  la  même  manière  que  les  Oiseaux-Mouches, 
c'est-à-dire  avec  la  préoccupation  constante  de  laisser  derrière  lui  une  œuvre 
durable.  Sa  riche  collection  de  Phyllopodes  est  actuellement  au  Muséum  et 
sa  consciencieuse  Etude  sur  les  Crustacés  du  sous-ordre  dans  tous  les 
laboratoires. 

Mais  c'est  aux  Arachnides  non  parasitaires  :  Araignées,  Scorpions,  Pédi- 
palpes,  Solifuges,  Faucheurs  et  Chernètes,  que  M.  Simon  a  donné  le  meil- 
leur de  son  infatigable  activité  et  de  son  zèle  scientifique;  c'est  par  eux 
qu'il  avait  débuté  dans  la  voie  des  recherches,  c'est  sur  eux  qu'il  a  publié 
la  plupart  de  ses  travaux.  Il  passe  justement  pour  le  premier  des  arachno- 
logues  et  jouit  à  ce  titre  d'une  réputation  universelle. 

En  se  faisant  l'historiographe  des  Arachnides,  ce  n'est  pas  une  tâche 
médiocre  qu'il  a  prise  en  charge  :  dans  le  seul  ordre  des  Araignées,  sa 
collection  renferme  au  minimum  20000  espèces  et  distance  de  très  loin  les 
plus  riches  et  les  plus  belles. 

Par  la  précision  du  détail,  l'étendue  de  l'ensemble  et  la  richesse  des 
résultats,  l'œuvre  de  M.  Simon  sur  les  Arachnides  dépasse  de  beaucoup 
celle  des  Walckenaer,  des  Koch  et  des  Thorell;  aussi  bien,  on  ne  sauraitla 
résumer  en  quelques  pages  et  le  mieux  sera  d'attirer  l'attention  sur  deux 
grands  Traités  qui  la  dominent  :  Les  Arachnides  de  France  et  V Histoire 
naturelle  des  Ai^aignées. 

Le  premier  de  ces  Ouvrages  est  consacré  à  la  description  de  tous  les 
Arachnides  propres  à  notre  pays;  il  en  étudie  la  structure,  les  mœurs, 
l'habitat  et  ne  comprend  pas  moins  de  8  Volumes  avec  23  planches.  C'est 
une  œuvre  maîtresse  qu'ont  étudiée  et  étudieront  longtemps  tous  les  zoolo- 
gistes européens. 

UHistoire  naturelle  des  Araignées  a  un  caractère  tout  autre.  Encore 
plus  étendue  que  l'Ouvrage  précédent,  elle  offre  au  lecteur  un  tableau 
complet  de  tous  les  genres  d'Araignées  qui  habitent  la  surface  du  globe, 
signale  dans  chaque  genre  les  habitudes  des  espèces  les  plus  curieuses, 
rajeunit  la  classification  et,  dans  une  étude  magistrale,  expose  les  carac- 
tères du  groupe  tout  entier.  Des  travaux  synthétiques  d'une  pareille  enver- 
gure ne  laissent  pas  d'être  aussi  rares  que  précieux;  ils  sont  le  fruit  d'une 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  I903.  IlSg 

laborieuse  carrière  et  le  résultat  de  connaissances  longuement  accumulées. 

Le  premier  fascicule  de  l'Ouvrage  fut  publié  en  1892  et  le  dernier  vient 
à  peine  de  paraître  ;  dans  son  ensemble,  V Histoire  naturelle  des  Araignées 
forme  deux  énormes  Volumes  où  sont  répandues  près  de  3ooo  figures  ori- 
gmales,  toutes  dessinées  d'après  nature  par  l'auteur.  C'est  un  monument  de 
valeur  inestimable  qui  place  M.  Simon  au  premier  rang  des  zoologistes  et 
le  désigne  sans  conteste  pour  le  prix  Cuvier. 

En  vous  proposant  M.  E.  Smox  pour  ce  prix,  votre  Commission  a  exclu- 
sivement en  vue  V Histoire  naturelle  des  Araignées;  au  surplus,  elle  tient 
à  rendre  hommage  à  ce  savant  éminent  et  manifeste  son  estime  profonde 
pour  l'ensemble  de  l'œuvre  qu'il  a  su  accomplir. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


PRIX  PARKIN. 

(Commissaires  ;  MM.  Fouqué,  Bouchard,  Mascart,  Brouardel; 
Michel  Lévy,  rapporteur.) 

On  connaît  les  beaux  travaux  de  MM.  Lacroix  et  Giraud  sur  les  récentes 
et  meurtrières  éruptions  de  la  Martinique  5  ils  ont  notamment  déterminé 
avec  précision  l'étendue  de  la  zone  dévastée,  le  caractère  des  lésions  obser- 
vées sur  les  victimes,  enfin  l'influence  exercée  par  la  chute  des  matériaux 
soUdes  et  la  sortie  des  gaz,  d'une  part  sur  la  végétation,  d'autre  part  sur  la 
production  des  phénomènes  météorologiques  et  électriques  qui  ont  con- 
stamment accompagné  la  sortie  des  nuées  ardentes. 

La  Commission  estime  donc  qu'il  y  a  lieu  de  partager  le  prix  Parkin 
entre  MM.  Lacroix  et  Giraud. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 

PRIX  PETIT  D'ORMOY  (SCIENCES  MATHÉMATIQUES). 

(Commissaires  :  MM.  Poincaré,  Appell,  Jordan,  Darboux; 
E.  Picard,  rapporteur.) 

Sur  la  proposition  de  la  Commission  le  prix  est  décerné,  par  l'Acadé- 
mie, à  M.  Jacques  Hadamard  pour  Fensemble  de  ses  travaux  mathé- 
matiques. 


Il6o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PRIX  PETIT  D'ORMOY  (SCIENCES  NATURELLES). 

(Commissaires  :  MM.  Bornet,  Van  Tieghem,  Perrier,  Giard; 
Albert  Gaudry,  rapporteur.) 

M.  Berxard  Rexault  est  un  des  savants  qui  ont  jeté  le  plus  de  lumière 
sur  l'histoire  des  plantes  dans  les  temps  passés.  Depuis  quarante  ans,  il  n'a 
cessé  de  faire  connaître  à  l'Académie  les  résultats  de  ses  recherches.  Dumas 
a  mis  en  relief  la  grande  part  qu'il  a  prise  au  Mémoire  d'Adolphe  Bron- 
gniart  sur  les  graines  silicifiées.  Il  a  poussé  si  loin  l'Anatomie  végétale  que 
ses  nombreux  Ouvrages  sont  remplis  de  figures  où  les  détails  d'organisation 
sont  aussi  finement  rendus  qu'ils  pourraient  l'être  dans  des  coupes  de  plantes 
actuelles.  Ses  travaux  les  plus  originaux  sont  ceux  qu'il  a  entrepris  depuis 
une  dizaine  d'années  sur  les  Bactéries  des  terrains  primaires  (Mouiller  et 
Permien).  Une  multitude  de  figures  rend  leur  compréhension  facile.  Il  a 
trouvé  des  Bactéries  en  profusion  dans  la  houille  et  montré  que  l'aspect  de 
la  houille,  resté  inexpliqué  jusqu'à  ce  jour  malgré  les  efforts  des  géologues, 
était  dû  à  l'action  des  Bacilles  et  des  INIicrocoques.  Avec  M.  Bertrand,  il  a 
découvert  que  les  bogheads  étaient  constitués  par  l'accumulation  des  thalles 
d'Algues  microscopiques  du  genre  Pila;\e  nombre  de  ces  thalles  est  évalué 
à  aSoooo  par  centimètre  cube  du  boghead  d'Autun.  M.  Bernard  Renault 
s'est  également  occupé  de  la  composition  des  cannels.  Pour  bien  com- 
prendre le  mode  de  formation  des  combustibles  anciens,  il  s'est  attaché  à 
l'examen  des  tourbes.  Ses  recherches  sur  les  organismes  microscopiques  ont 
embrassé  des  combustibles  de  tous  les  âges  et  tous  les  pays  :  c'est  assurément 
une  des  œuvres  les  plus  étendues  et  les  plus  surprenantes  qu'ait  produites 
la  Paléontologie  ;  son  intérêt  s'accroît  par  la  considération  du  rôle  immense 
que  les  combustibles  végétaux  jouent  dans  l'industrie  moderne.  De  tels  tra- 
vaux, qui  ont  exigé  une  application  continue  au  microscope,  attestent  non 
seulement  une,  grande  puissance  d'observation,  mais  aussi  un  ardent  amour 
de  la  Science. 

Votre  Commission,  à  l'unanimité,  vous  propose  de  décerner  le  prix  Petit 
d'Ormoy  (Sciences  naturelles)  à  M.  ISerxard  Renault. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  IQoS.  I161 


PRIX  BOILEAU. 

(Commissaires  :  MM.  Maurice  Levy,  Sarrau,  Léauté,  Sebert; 
Boussinesq,  rapporteur.) 

A  l'unanimité,  la  Commission  décerne  le  prix  Boileau,  dont  le  but  est 
d'encourager  les  progrès  de  l'Hydraulique,  à  M.  Marius-Georges  Graxd- 
jEAN,  docteur  es  sciences,  pour  son  Mémoire  Sur  le  régime  permanent 
graduellement  varié  qui  se  produit  à  la  partie  amont  des  tuyaux  de 
conduite  et  sur  l'établissement  du  régime  uniforme  dans  ces  tuyaux. 
C'est  une  contribution  importante,  la  première  qui  ait  été  poussée  aussi 
loin,  à  l'étude  de  la  capitale  question  d'Hydraulique  urbaine  énoncée  dans 
le  titre  du  Mémoire.  L'auteur  l'aborde  au  moyen  d'une  puissante  analyse, 
qu^il  conduit  jusqu'aux  résultats  numériques,  confirmés  par  les  expériences 
de  M.  Bazin  sur  la  distribution  des  vitesses  dans  les  grandes  conduites  en 
ciment  lissé. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


PRIX  ESTRADE-DELCROS. 

(Commissaires  :  MM.  Gaudry,  Darboux,  Berthelot,  Moissan; 
Mascart,  rapporteur.) 

Dans  une  série  de  travaux  poursuivis  au  Bureau  central  météorologique 
pendant  i4  ans,  M.  Léox  Teisserenc  de  Bort  a  montré  toute  Timportance 
que  présenterait,  pour  les  progrès  de  la  Science,  l'observation  directe  de 
l'état  de  l'atmosphère  dans  l'air  libre  à  différentes  altitudes.  Il  résolut  donc 
de  se  consacrer  exclusivement  à  ce  genre  de  recherches. 

Dès  l'année  i8f)(],  il  fit  à  Trappes  une  installation  complète  pour  acquérir 
d'abord  la  pratique  des  ballons-sondes  et  des  cerfs-volants.  Il  put  ainsi 
améliorer  la  construction  de  ces  appareils  et  réalisa  tout  un  ensemble  d'en- 
registreurs d'une  légèreté  exceptionnelle,  qui  devaient  rapporter  au  retour 
de  ces  explorations  l'histoire  complète  du  voyage  avec  le  tracé  des  phéno- 
mènes rencontrés  dans  le  trajet. 

Depuis  le  printemps  de  1898,  on  a  lancé,  au  moins  deux  fois  par  semaine, 

C.  U.,  i<j<j3,  2=  Semestre.  (CXXXVII,  N-25.)  132 


Il62  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

un  total  de  plus  de  84o  ballons-sondes.  La  plupart  de  ces  ballons  sont  détruits 
par  le  voyage  et  la  chute,  mais  les  instruments  enregistreurs,  grâce  à  une 
instruction  en  plusieurs  langues  et  à  une  prime,  sont  retournés  à  Tobser- 
vatoire  de  départ  par  les  personnes  qui  les  retrouvent.  11  ne  s'en  perd  pas 
plus  de  3  à  4  pour  loo,  quand  les  ballons  tombent  en  mer  ou  dans  des  lieux 
inhabités  ;  ils  parviennent  quelquefois  à  de  très  grandes  distances,  au  hasard 
des  vents,  jusqu'au  delà  de  Berlin. 

En  altitude,  38o  de  ces  ballons  ont  dépassé  i3ooo™,  234  se  sont  élevés 
à  i4ooo"  et  89  à  iSooo™. 

Pour  les  cerfs-volants,  divers  perfectionnements  ont  permis  de  les  faire 
monter  à  4ooo"^  et  même  0900",  plus  de  1000™  au-dessus  du  mont  Blanc. 

Les  observations  recueillies  par  ces  méthodes  si  nouvelles  sont  très 
imprévues.  La  température,  par  exemple,  au  lieu  de  diminuer  d'une  façon 
régulière  à  mesure  qu'on  s'élève,  présente  dans  son  allure  des  changements 
considérables  suivant  l'état  de  l'atmosphère.  La  variation  annuelle,  que 
l'on  croyait  limitée  aux  couches  basses,  se  manifeste  encore  jusqu'à  10'^"^, 
avec  un  retard  croissant  sur  celle  qui  s'observe  près  du  sol. 

Le  fait  le  plus  singulier  est  l'existence,  vers  10''™,  d'une  couche  dont  la 
température  cesse  de  décroître  et  se  maintient  à  peu  près  uniforme  sur 
plusieurs  kilomètres  d'épaisseur,  formant  ainsi  une  couche  isotherme. 

La  trajectoire  des  ballons  est  souvent  très  différente  de  celle  que  l'on 
pourrait  prévoir  par  les  vents  inférieurs  et  détermine  le  régime  des  mou- 
vements de  l'air  au  voisinage  de  centres  de  haute  et  basse  pression.  Nous 
ne  pouvons  donner  ici  qu'un  court  aperçu  des  conséquences  importantes 
de  ces  observations. 

Les  travaux  de  M.  Teisserenc  de  Bort  ont  attiré  l'attention  des  savants 
étrangers  et  tous  ceux  qui  s'appliquent  aux  mêmes  recherches,  avec  les 
ressources  que  fournissent  leurs  gouvernements,  sont  venus  à  l'Observatoire 
de  Trappes  pour  s'initier  aux  métliodes  et  faire  usage  des  mêmes  appareils. 

Ils  ont  contribué,  pour  une  grande  part,  au  mouvement  considérable  qui 
se  fait  actuellement  en  différents  pays  dans  la  même  voie  et  qui  a  provoqué 
la  réunion  à  Berlin,  au  mois  de  mai  dernier,  d'un  Congrès  d'aérostation 
scientifique. 

Pendant  ce  temps,  M.  Teisserenc  de  Bort  organisait  en  Danemark,  avec 
le  concours  des  Instituts  météorologiques  de  Copenhague  et  de  Suède,  une 
station  temporaire  destinée  à  faire  des  lancers  de  cerfs-volants  et  de  ballons- 
sondes  d'une  manière  continue,  pendant  près  d'une  année,  dans  une  région 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    igoS.  Il63 

située  sur  le  trajet  des  principales  bourrasques  qui  traversent  l'Europe, 
pour  déterminer  la  nature  des  phénomènes  à  diverses  altitudes. 

Les  résultats  obtenus  dans  cette  station  franco-scandinave  feront  l'objet 
d'une  importante  publication. 

Le  premier  Volume,  actuellement  imprimé,  renferme  l'ensemble  des 
données  recueillies.  Le  second  Volume  sera  consacré  à  la  discussion  des 
conséquences  qui  en  résultent  pour  le  régime  des  courants  et  des  échanges 
de  température  dans  l'atmosphère. 

N'ayant  obtenu  aucune  contribution  de  l'État  pour  ses  expériences  très 
onéreuses,  M.  Teisserenc  de  Bort  a  pu,  heureusement  pour  la  Science,  y 
consacrer  des  dépenses  considérables  sur  ses  ressources  personnelles.  C'est 
là  une  initiative  et  un  genre  de  recherches  qui  méritent  tous  les  encoura- 
gements de  l'Académie  des  Sciences. 

La  Commission  attribue  le  Prix  Estrade-Delcros  à  M.  Léox  Teisserenc 

DE  BORT. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRLX  CAHOURS. 

n  (Commissaires  :  MM.  Troost,  Gautier,   Ditte,  Haller; 
Moissan,*  rapporteur.) 

Le  prix  Cahours  est  partagé  entre  MM.  Marquis  et  Chavaxne. 

PRIX  SAINTOUR. 

(Commissaires  :  MM.  Berthelot,  Gaudry,  Maurice  Levy, 
Haton  de  la  Goupillière;  Darboux,  rapporteur.) 

L'Académie  décerne  le  prix  à  M.  Marcel  Brillouin,  pour  ses  travaux 
de  Physique  mathématique. 


ri64  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


PRIX  TRÉMONT. 


(Commissaires  :  MM.  Darboux,  Rerthelot,  Mascart,  Léauté; 
Maurice  Levy,  rapporteur.) 

La  Commission  décerne  le  prix  à  M.  Charles  Frémont  pour  ses 
recherches  expérimentales  et  sa  méthode  de  détermination  de  la  limite 
d'élasticité  des  métaux  employés  dans  Fart  des  constructions. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRIX  GEGNER. 

(Commissaires  :  MM.  Berthelot,  Van  Tieghem,  Gaudry,  Perrier; 
Darboux,  rapporteur.) 

Le  prix  est  décerné  à  M.  Jean-Henri  Fabre,  Correspondant  de  l'Aca- 
démie, pour  ses  travaux  sur  les  Sciences  biologiques. 


PRIX  LANNELONGUE. 

Commissaires  :  MM.  Albert  Gaudry,  Mascart,  Berthelot,  Maurice  Levy, 
Bornet;  Darboux,  rapporteur.) 

Sur  la  proposition  de  la  Commission  administrative,  ce  nouveau  prix 
dû  à  la  libéralité  de  M.  le  Professeur  Lannelongue,  Membre  de  l'Institut, 
est  attribué  par  l'Académie  à  M™^  V''^]\epveu. 


PRIX  FONDÉ  PAR  M"«  la  Marquise  DE  LAPLACE. 

Le  Président  remet  les  cinq  Volumes  de  la  Mécanique  céleste,  V Expo- 
sition du  Système  du  monde  et  le  Traité  des  Probabilités  à  M.  Ré.my 
(Louis-Gabriel),  entré,  en  qualité  d'Elève  Ingénieur,  à  l'Ecole  nationale 
des  Mines. 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  IQoS.  1 l65 


PRIX  FONDÉ  PAR  M.  FÉLIX  RIVOT. 

Conformément  aux  termes  de  la  donation,  le  prix  Félix  Rivot  est 
partagé  entre  MM.  Rémy"  (Louis-Gabriel)  et  Breyxaert  (Fraxçois- 
Ferxaxd-Marie),  entrés  les  deux  premiers  en  qualité  d'Elèves  Ingénieurs 
à  l'École  nationale  des  Mines;  et  MM.  Gillier  (Louis-Emile- André)  et 
BouTELOup  (Pierre- Joseph),  entrés  les  deux  premiers  au  même  titre  à 
l'Ecole  nationale  des  Ponts  et  Chaussées. 


PROGRAMME    DES    PRIX    PROPOSÉS 
POUR  LES  AMÉES  1904,  1905,  1906  ET  1907. 


GEOMETRIE. 


GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  MATHEMATIQUES. 

(Prix  du  Budget  :  Sooo^''.) 

L'Académie  a  mis  au  concours,  pour  igo^,  la  question  suivante  : 

Perfectionner,  en  quelque  point  important,  l'étude  de  la  convergence  des 
fractions  continues  algébriques . 


l66  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PRIX  BORDIN  (Sooof»-). 

L'Académie  a  mis  de  nouveau  au  Concours,  pour  1904,  la  question 
suivante  : 

Développer  et  perfectionner  la  théorie  des  surfaces  applicables  sur  le  para- 
holoïde  de  révolution. 

PRIX  VAILLANT  (4ooof»). 

Ce  prix  biennal  sera  décerné,  en  1904,  à  l'auteur  du  meilleur  Mémoire 
sur  la  question  suivante  : 

Déterminer  et  étudier  tous  les  déplacements  d'une  figure  invariable  dans  les- 
quels les  différents  points  de  la  figure  décrivent  des  courbes  sphériques. 

PRIX  FRANCOEUR  (1000^^). 

Ce  prix  annuel  sera  décerné  à  l'auteur  de  découvertes  ou  de  travaux 
utiles  au  progrès  des  Sciences  mathématiques  pures  et  appliquées. 

PRIX  PONCELET  (2000^^). 

Ce  prix  annuel,  fondé  par  M"^^  Poncelet,  est  destiné  à  récompenser 
rOuvrage  le  plus  utile  aux  progrès  des  Sciences  mathématiques  pures  ou 
appliquées,  publié  dans  le  cours  des  dix  années  qui  auront  précédé  le 
jugement  de  l'Académie. 

Une  donation  spéciale  de  M"""  Poncelet  permet  a  l'Académie  d'ajouter 
au  prix  qu'elle  a  primitivement  fondé  un  exemplaire  des  OEuvres  complètes 
du  Général  Poncelet. 


SÉANCE  DU  2  1  DÉCEMBRE  igoS.  I 167 

MÉCAMQUE. 


PRIX  EXTRAORDINAIRE  DE  SIX  MILLE  FRANCS, 

DESTINÉ   A   RÉCOMPENSER    TOUT   PROGRÈS   DE  NATURE    A   ACCROÎTRE   l'eFFICACITÉ 
DE   NOS    FORCES    NAVALES. 

L'Académie  décernera  ce  prix,  s'il  y  a  lieu,  dans  la  prochaine  séance 
publique  annuelle. 


PRIX  MONTYON  (MÉCANIQUE)  (700'^'^). 

Ce  prix  annuel  est  fondé  en  raveur  de  «  celui  qui,  au  jugement  de  l'Aca- 
»  demie,  s'en  sera  rendu  le  plus  digne,  en  inventant  ou  en  perfectionnant 
»  des  instruments  utiles  aux  progrès  de  l'Agriculture,  des  Arts  mécaniques 
)>  ou  des  Sciences  >> . 


PRIX  PLUMEY  (2  500^0- 

Ce  prix  annuel  est  destiné  à  récompenser  «  l'auteur  du  pcrfectionne- 
»  ment  des  machines  à  vapeur  ou  de  toute  autre  invention  qui  aura  le 
»   plus  contribué  au  progrès  de  la  navigation  à  vapeur  ». 


PRIX  FOURNEYRON  (i  goo"^"). 

L'Académie  met  de  nouveau  au  concours,  pour  igoS,  la  question  sui- 
vante ; 

Etude  théorique  ou  expérimentale  des  turbines  à  vapeur. 


Il68  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ASTR0N03IIE. 


PRIX  PIERRE  GUZiMAN  (100000^''). 

]yjme  yeuvc  Guzman  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  une  somme  de 
cent  mille  francs  pour  la  fondation  d'un  prix  qui  portera  le  nom  de  prix 
Pierre  Guzman,  en  souvenir  de  son  fils,  et  sera  décerné  à  celui  qui  aura 
trouvé  le  moyen  de  communiquer  avec  un  astre  autre  que  1«  planète 
Mars. 

Prévoyant  que  le  prix  de  cent  mille  francs  ne  serait  pas  décerné  tout  de 
suite,  la  fondatrice  a  voulu,  jusqu'à  ce  que  ce  prix  fût  gagné,  que  les  inté- 
rêts du  capital,  cumulés  pendant  cinq  années,  formassent  un  prix,  toujours 
sous  le  nom  de  Pierre  Guzman,  qui  serait  décerné  à  un  savant  français,  ou 
étranger,  qui  aurait  fait  faire  un  progrès  important  à  l'Astronomie. 

Le  prix  quinquennal,  représenté  parles  intérêts  du  capital,  sera  décerné, 
s'il  y  a  lieu,  pour  la  première  fois  en  igoS. 

PRIX  LALANDE  (540^0- 

Ce  prix  annuel  doit  être  attribué  à  la  personne  qui,  en  France  ou 
ailleurs,  aura  fait  l'observation  la  plus  intéressante,  le  Mémoire  ou  le 
travail  le  plus  utile  aux  progrès  de  l'Astronomie. 

PRIX  YALZ  (460*'). 

Ce  prix  annuel  est  décerné  à  l'auteur  de  l'observation  astronomique  la 
plus  intéressante  qui  aura  été  faite  dans  le  courant  de  l'année. 

PRIX   JANSSEN. 

Ce  prix  biennal,  qui  consiste  en  une  médaille  d'or  destinée  à  récom- 
penser la  découverte  ou  le  travail  faisant  faire  un  progrès  important  à 
l'Astronomie  physique,  sera  décerné  en  1904. 


SÉANCE    DU    ai    DÉCEMBRK    î9o3.  I  1 6() 

M.  Janssen,  dont  la  carrière  a  été  presque  entièrement  consacrée  aux 
progrès  de  l'Astronomie  physique,  considérant  que  cette  science  n'a  pas 
à  l'Académie  de  prix  qui  lui  soit  spécialement  affecté,  a  voulu  combler 
cette  lacune. 

PRIX  G.  DE  PONTÉCOULATNT  (700'^'). 

Ce  prix  biennal,  destiné  à  encourager  les  recherches  de  Mécanique 
céleste,  sera  décerné  dans  la  séance  publique  annuelle  de  igoS. 


PRIX  DAMOISEAU  (2000"^'). 

Ce  prix  est  triennal.  I/Académie  a  mis  au  concours,  pour  rooD,  la  ques- 
tion suivante  : 

Il  existe  une  dizaine  dé  comètes  dont  l'orbite,  pendant  la  période  de  visibi- 
lité, s'est  montrée  de  nature  hyperbolique.  Rechercher,  en  remontant  dans  le 
passé  et  tenant  compte  des  perturbations  des  planètes,  s'il  en  était  ainsi  avant 
l'arrivée  de  ces  comètes  dans  le  système  solaire. 


GEOGRAPHIE  ET  ]\AYIGATION. 


PRIX  BINOUX  (2000"). 

Ce  prix  annuel,  attribué  alternativement  à  des  recherches  sur  la  Géogra- 
phie ou  la  Navigation  et  à  des  recherches  sur  V Histoire  des  Sciences,  sera 
décerné,  en  1904,  à  l'auteur  de  travaux  sur  la  Géographie  ou  la  Navigation. 


C.  n.,   lyoj,  :■"  6'e/>;eA7/-t'.  (CX.WVIL  ^'■25.)  l53 


II70  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PHYSIQUE. 


PRIX  HEBERT  (looo'^'). 

Ce  prix  annuel  est  destiné  à  récompenser  l'auteur  du  meilleur  Traité  011 
de  la  plus  utile  découverte  pour  la  vulgarisation  et  l'emploi  pratique  de 
l'Electricité. 

PRIX  HUGHES  (2  5oo"^). 

Ce  prix  annuel,  dû  à  la  libéralité  du  physicien  Hughes,  est  destiné  à 
récompenser  l'auteur  d'une  découverte  ou  de  travaux  qui  auront  le  plus 
contribué  au  progrès  de  la  Physique. 


PRIX   KASTNER-BOURSAULT  (2000'^). 

Ce  prix  triennal  sera  décerné,  s'il  y  a  lieu,  en  1904,  à  l'auteur  du 
meilleur  travail  sur  les  applications  diverses  de  l'Electricité  dans  les  Arts, 
l'Industrie  et  le  Commerce. 


PRIX  GASTON  PLANTÉ  (3ooo<'). 

Ce  prix  biennal  est  attribué  à  l'auteur  français  d'une  découverte,  d'une 
invention  ou  d'un  travail  important  dans  le  domaine  de  l'Electricité. 
L'Académie  décernera  ce  prix,  s'il  y  a  lieu,  en  igo5. 


PRIX  L.  LA  CAZE  (loooo'O. 

Ce  prix  biennal  serA  décerné,  dans  la  séance  publique  de  iQoS,  à  l'au- 
teur, français  ou  étranger,  des  Ouvrages  ou  Mémoires  qui  auront  le  plus 
contribué  aux  progrès  de  la  Physique.  Il  ne  pourra  pas  être  partagé. 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    igoS.  Il 

STATISTIQUE. 


PRIX  MONTYON  (joo"-). 

L'Académie  annonce  que,  parmi  les  Ouvrages  qui  auront  pour  objet  un.e 
ou  plusieurs  questions  relatives  à  la  Statistique  de  la  France,  celui  qui,  à  son 
jugement,  contiendra  les  recherches  les  plus  utiles,  sera  couronné  dans  la 
prochaine  séance  publique.  Elle  considère  comme  admis  à  ce  concours 
annuel  les  Mémoires  envoyés  en  manuscrit,  et  ceux  qui,  ayant  été  imprimés 
et  publiés,  arrivent  à  sa  connaissance. 


CHIMIE. 


PRIX  JECKER  (loooo''). 

Ce  prix  annuel  est  destiné  à  récompenser  les  travaux  les  plus  propres 
à  hâter  les  progrès  de  la  Chimie  organique. 


PRIX  L.  LA  GAZE  (10000^'). 

Ce  prix  biennal  sera  décerné,  dans  la  séance  publique  de  iQoS,  à  l'au- 
teur, français  ou  étranger,  des  meilleurs  travaux  sur  la  Chimie.  Il  ne  pourra 
pas  être  partagé. 

PRIX  BORD  IN  (3  000^0- 
L'Académie  met  au  concours,  pour  l'année  igoS,  la  question  suivante  : 
Des  siliciures  et  de  leur  rôle  dans  les  alliages  métalliques. 


II72  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


MINERALOGIE  ET  GEOLOGIE 


PRIX  DELESSE  (i4oo<^'). 

Ce  prix  biennal,  fondé  par  M""^  V^^  Delesse,  sera  décerné,  dans  la 
séance  publique  de  l'année  1900,  à  l'auteur,  français  ou  étranger,  d'un 
travail  concernant  les  Sciences  géologiques,  ou,  à  défaut,  d'un  travail 
concernant  les  Sciences  minéralogiques. 


PRIX  FONTANNES  (2000^^). 

Ce  prix  triennal,  attribué  à  V auleur  de  la  meilleure  publication  paléonto- 
logique,  sera  décerné,  s'il  y  a  lieu,  dans  la  séance  publique  de  1905. 


PRIX  ALHUMBERT  (igoo^O- 

L'Académie  a  mis  au  concours,  pour  sujet  de   ce   prix  quinquennal  à 
décerner  en  1906,  la  question  suivante  : 

Étude  sur  Cage  des  dernières  éruptions  volcaniques  de  la  France. 


GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE. 


PRIX  GAY  (i5oo"). 

L'Académie  a  mis  au  concours  pour  sujet  du   prix  Gay,   qu'elle  doit 
décerner  en  1904,  la  question  suivante  : 

Étudier  les  variations  actuelles  du  niveau  relatif  de  la  terre  ferme  et  de  la 


SEANCE    DU    2  1    DÉCEMBRE    I9o3.  II 73 

mer,  à  l'aide  d'observations  précises,  poursuivies  sur  une  portion  déterminée 
des  côtes  de  l'Europe  ou  de  l' Amérique  du  Nord. 

PRIX  GAY  (i5oo'"'). 

L'Académie  a  décidé  que  le  prix  Gay,  qu'elle  doit  décerner  dans  sa 
séance  publique  de  l'année  igoS,  sera  allrihué  à  un  explorateur  du  Conti- 
nent africain  qui  aura  déterminé  avec  une  grande  précision  les  coordon- 
nées géographiques  des  points  principaux  de  ses  itinéraires. 


BOTANIQUE 


GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  PHYSIQUES. 

(Prix  du  Budget   :   3ooo*'''.) 

L'Académie  met  de  nouveau  au  concours,  pour  l'année  1900,  la  question 
suivante  : 

Rechercher  et  démontrer  les  divers  modes  de  formation  et  de  développement 
de  l'œuf  chez  les  Ascomycètes  et  les  Basidiomycétes . 

PRIX  DESMAZIÈRES  (j6oo"). 

Ce  prix  «/i/ïwe/ est  attribué  «  à  l'auteur,  français  ou  étranger,  du  meil- 
»  leur  ou  du  plus  utile  écrit,  publié  dans  le  courant  de  l'année  précédente, 
»   sur  tout  ou  partie  de  la  Cryptogamie   ». 


11^74  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PRIX  MONTAGNE  (iSoo"-). 

M.  G.  Montagne,  Membre  de  l'Institut,  a  légué  à  l'Académie  la  totalité 
de  ses  biens,  à  charge  par  elle  de  distribuer  chaque  année,  sur  les  arré- 
rages de  la  fondation,  un  prix  de  t5oo^^'  on  deux  prix  :  l'un  de  looo*^', 
l'autre  de  Sûo*^'',  au  choix  de  Ir  Section  de  Botanique,  aux  auteurs,  français 
ou  naturalisés  français,  de  travaux  importants  ayant  pour  objet  l'anatomie, 
la  physiologie,  le  développement  ou  la  description  des  Cryptogames  infé- 
rieures (Thallophytes  et  Muscinées). 


PRIX  DE  LA  FONS-MÉLICOCQ  (goo^'). 

Ce  prix  triennal  sera  décerné,  s'il  y  a  lieu,  dans  la  séance  annuelle 
de  1904,  «  au  meilleur  Ouvrage  de  Botanique,  manuscrit  ou  imprimé,  sur 
»  le  nord  de  la  France,  c'est-à-dire  sur  les  départements  du  Nord,  du  Pas- 
»  de-Calais,  des  Ardennes,  de  la  Somme,  de  l'Oise  et  de  r Aisne  ». 


PRIX  THORE  (200*0. 

Ce  prix  annuel  est  attribué  alternativement  aux  travaux  sur  les  Crypto- 
games cellulaires  d'Europe  et  aux  recherches  sur  les  mœurs  ou  l'ana- 
tomie d'une  espèce  d'Insecte  d'Europe.  (Voir  page  11 75.) 

Il  sera  décerné,  s'il  y  a  lieu,  dans  la  séance  annuelle  de  igo5,  au 
meilleur  travail  sur  les  Cryptogames  cellulaires  d'Europe. 


ECONOMIE   RURALE. 


PRIX    BIGOT    DE    MOROGUES  (1700"^). 

Ce  prix  décennal  sera  décerné,  dans  la  séance  annuelle  de  191 3,  à  l'Ou- 
vrage qui  aura  fait  faire  le  plus  de  progrès  à  l'Agriculture  de  France. 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  IQoS.  uyS 


AIVATOMIE  ET  ZOOLOGIE 


PRIX  SAVIGNY  (i3oo''). 

Ce  prix  annuel,  fondé  par  M'"*  Letellier  pour  perpétuer  le  souvenir  de 
Le  Lorgne  de  Savigiiv,  ancien  Membre  de  l'Institut  de  France  et  de  l'Insti- 
tut d'Egypte,  sera  employé  à  aider  les  jeunes  zoologistes  voyageurs  qui  ne 
recevront  pas  de  subvention  du  Gouvernement  et  qui  s'occuperont  plus 
spécialement  des  animaux  sans  vertèbres  de  l'Egypte  et  de  la  Syrie. 

PRIX  THORE  (2oo'0. 
Voir  page  \\'i[\. 

Ce  prix  alternatif  sera  décerné,  s'il  y  a  lieu,  en  1904,  au  meilleur  travail 
sur  les  mœurs  et  l'anatomie  d'une  espèce  d'Insectes  d'Europe. 

PRIX  DA  GAMA  MACHADO  (1200''). 

Ce  prix  triennal,  attribué  aux  meilleurs  Mémoires  sur  les  parties  colo- 
rées du  système  tégumentaire  des  animaux  ou  sur  la  matière  fécondante 
des  êtres  animés,  sera  décerné,  s'il  y  a  lieu,  en  1906. 


MÉDECINE  ET  CHIRURGIE. 


PRIX  MONTYON. 

(Trois  prix  de  aSoo'''',  trois  mentions  de  i  5oo^'.  ) 

Conformément  au  testament  de  M.  A.  de  Montyon,  il  sera  décerné, 
tous  les  ans,  un  ou  plusieurs  prix  aux  auteurs  des  Ouvrages  ou  des  décou- 
vertes qui  seront  jugés  les  plus  utiles  à  \ art  de  guérir. 


1176  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

L'Académie  juge  nécessaire  de  faire  remarquer  que  les  prix  donl  il 
s'agit  ont  expressément  pour  objet  des  découvertes  et  inventions  propres  à 
perfectionner  la  Médecine  ou  la  Chirurgie. 

Les  pièces  admises  au  Concours  n'auront  droit  au  prix  qu'autant  qu'elles 
contiendront  une  découverte  parfaitement  déterminée. 

Si  la  pièce  a  été  produite  par  l'auteur,  il  devra  indiquer  la  partie  de  son 
travail  où  cette  découverte  se  trouve  exprimée;  dans  tous  les  cas,  la  Com- 
mission chargée  de  l'examen  du  concours  fera  connaître  que  c'est  à  la  dé- 
couverte dont  il  s'agit  que  le  prix  est  donné. 


PRIX  BARBIER  (2000"). 

Ce  prix  annuel  est  attribué  à  «  l'aut'eur  d'une  découverte  précieuse  dans 
»  les  Sciences  chirurgicale,  médicale,  pharmaceutique,  et  dans  la  Botanique 
»  ayant  rapport  à  Vart  de  guérir  » . 


PRIX  BRÉANT  (looooo^'). 

M.  Bréant  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  une  somme  de  cent  mille 
francs  pour  la  fondation  d'un  prix  à  décerner  «  à  celui  qui  aura  trouvé 
))  le  moyen  de  guérir  du  choléra  asiatique  ou  qui  aura  découvert  les  causes 
»   de  ce  terrible  fléau  ». 

Prévoyant  que  le  prix  de  cent  mille  Jrancs  ne  sera  pas  décerné  tout  de 
suite,  le  fondateur  a  voulu,  jusqu'à  ce  que  ce  prix  fût  gagné,  que  Vintérêt 
du  capital  fût  donné  à  la  personne  qui  aura  fait  avancer  la  Science  sur  la 
question  du  choléra  ou  de  toute  autre  maladie  épidémique,  ou  enfin  que  ce 
prix  pût  être  gagné  par  celui  qui  indiquera  le  moyen  de  guérir  radicale- 
ment les  dartres  ou  ce  qui  les  occasionne. 

Les  concurrents  devront  satisfaire  aux  conditions  suivantes  : 

i**  Pour  remporter  le  prix  de  cent  mille  francs,  il  faudra  :  «  Trouver  une 
»  m.édication  qui  guérisse  le  choléra  asiatique  dans  r  immense  majorité  des  cas  »  ; 

Ou  :  «  Indiquer  d'une  manière  incontestable  les  causes  du  choléra  asiatique,  de 
»  façon  qiî  en  amenant  la  suppression  de  ces  causes  on  fasse  cesser  l'épidémie  »  ; 


SÉANCE  DU  2  1  DÉCEMBRE  igoS.  ^    1177 

Ou  enfin  :  «  Découvrir  une  prophylaxie  certaine  et  aussi  évidente  que  l'est, 
»  par  exemple,  celle  de  la  vaccine  pour  la  variole  » . 

1^  Pour  obtenir  le  prix  annuel,  représenté  par  l'intérêt  du  capital,  il 
faudra,  par  des  procédés  rigoureux,  avoir  démontré  dans  l'atmosphère 
l'existence  de  matières  pouvant  jouer  un  rôle  dans  la  production  ou  la 
propagation  des  maladies  épidémiques. 

Dans  le  cas  où  les  conditions  précédentes  n'auraient  pas  été  remplies,  le 
prix  <2«7ïMe/ pourra,  aux  termes  du  testament,  être  accordé  à  celui  qui  aura 
trouvé  le  moyen  de  guérir  radicalement  les  dartres,  ou  qui  aura  éclairé  leur 
étiologie. 

PRIX  GODARD  (1000"). 

Ce  prix  annuel  ^er^i  donné  au  meilleur  Mémoire  sur  l'anatomie,  la  phy- 
siologie  et   la   pathologie  des  organes  génito-urinaires. 


PRIX  LALLEMAND  (1800''). 

Ce  prix  annuel  est  destiné  à  «  récompenser  ou  encourager  les  travaux 
relatifs  au  système  nerveux,  dans  la  plus  large  acception  des  mots  ». 


PRIX  DU  BARON  LARREY  (750"). 

Ce  prix  annuel  sera  décerné  à  un  médecin  ou  à  un  chiruro^ien  des 
armées  de  terre  ou  de  mer  pour  le  meilleur  Ouvrage  présenté  à  FAca- 
démie  et  traitanl  un  sujet  de  Médecine,  de  Chirurgie  ou  d'Hygiène  mili- 
taire. 

PRIX  BELLION  (i4oo"). 

Ce  prix  annuel,  fondé  par  M"*  Foehr,  sera  décerné  aux  savants  «  qui 
»  auront  écrit  des  Ouvrages  ou  fait  des  découvertes  surtout  profitables  à  la 
))  santé' de  l'homme  ou  à  l' amélioration  de  l'espèce  humaine  ». 

C.  R.,  1903,  2»  Semestre.  (GXXXVU,  N"  25.  )  l54 


II-8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PRIX  MÈGE  (loooo'^'). 

Le  D*"  Jean-Baptiste  Mège  a  légué  à  l'Académie  «  dix  mille  francs  à  donner 
))  en  prix  à  l'auteur  qui  aura  continué  et  complélé  son  Essai  sur  les  causes  qui 
»  ont  retardé  ou  favorisé  les  progrés  de  la  Médecine,  depuis  la  plus  haute  anti- 
»   quité  jusque  nos  jours. 

»  L'Académie  des  Sciences  pourra  disposer  en  encouragements  des  intc- 
»   rets  de  cette  somme  jusqu'à  ce  qu'elle  pense  devoir  décerner  le  prix.    » 

L'Académie  des  Sciences  décernera  le  prix  Mège,  s'il  y  a  lieu,  dans  sa 
séance  publique  annuelle  de  190/1. 

PRIX  SERRES  (7500'»). 

Ce  prix  triennal  ii  sur  i Embryologie  générale  appliquée  autant  que  possible 
»  à  la  Physiologie  et  à  la  Médecine  »  sera  décerné  en  iQoS  par  l'Académie 
au  meilleur  Ouvrage  qu'elle  aura  reçu  sur  celte  importante  question. 

PRIX  DUSGATE  (2.5oo''). 

Ce  prix  quinquennal  sera  décerné,  s'il  y  a  lieu,  en  iqoS,  à  l'auteur  du 
meilleur  Ouvrage  sur  les  signes  diagnostiques  de  la  mort  et  sur  les  moyens 
de  prévenir  les  inhumations  précipitées. 

PRIX  CHAUSSIER  (ioooo'\). 

Ce  prix  sera  décerné  tous  les  quatre  ans  au  meilleur  Livre  ou  Mémoire 
qui  aura  paru  pendant  ce  temps,  soit  sur  la  Médecine  légale,  soit  sur  la 
Médecine  pratique,  et  aura  contribué  à  leur  avancement. 

L'Académie  le  décernera  en  1907. 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  igo'5.  1179 


PHYSIOLOGIE. 


PRIX  MONTYON  (750*^'). 

L'Académie  décernera  annuellement  ce  prix  de  Physiologie  expérimen- 
tale à  l'Ouvrage,  imprimé  ou  manuscrit,  qui  lui  paraîtra  répondre  le  mieux 
aux  vues  du  fondateur. 


PRIX  PHILIPEAUX  (900"^). 

Ce  prix  annuel  de  Physiologie  expérimentale  sera  décerné  dans  la  pro- 
chaine séance  publique. 


PRIX  POUR  AT  (looo"^»). 

L'Académie  rappelle  qu'elle  a  mis  au  concours,  ponr  l'anaée  1904,  la 
question  suivante  : 

Les  phénomènes  physiques  et  chimiques  de  la  respiration  aux  grandes  alti- 
tudes. 

PRIX  MARTIN-DAMOURETTE  (1400'^'). 

Ce  prix  biennal,  destiné  à  récompenser  l'auteur  d'un  Ouvrage  de  Phy- 
siologie thérapeutique,  sera  décerné,  s'il  y  a  lieu,  dans  la  séance  publique 
annuelle  de  1904. 

PRIX  POURAT  (!ooo"). 

(Question  proposée  pour  Tannée   1905.) 
Les  origines  du  glycogène  musculaire. 


Il8o  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


PRIX  T..  LA  GAZE  (loooo"). 

Ce  prix  biennal  seva  décerné,  clans  la  séance  publique  de  J907,  à  Tau- 
teiir,  français  ou  étranger,  du  meilleur  travail  sur  la  Physiologie.  Il  ne 
pourra  pas  être  partagé. 


HISTOIRE  DES  SCIENCES. 


PRIX  RINOUX  (2000'»). 

Ce   prix   alternatif  sera  décerné,  en  igoS,  à   l'auteur   de  travaux  sur 
V Histoire  des  Sciences. 

Voir  page  1 169. 


PRIX  GENERAUX. 


MEDAILLE  ARAGO. 

L'Académie,  dans  sa  séance  du  i4  novembre  1887,  a  décidé  la  fondation 
d'une  médaille  d'or  à  l'effigie  d'Arago. 

Cette  médaille  sera  décernée  par  l'Académie  chaque  fois  qu'une  décou- 
verte, un  travail  ou  un  service  rendu  à  la  Science  lui  paraîtront  dignes  de 
ce  témoignage  de  haute  estime. 

MÉDAILLE  LAVOISIER. 

L'Académie,  dans  sa  séance  du  26  novembre  1900,  a  décidé  la  fonda- 
tion d'une  médaille  d'or  à  l'effigie  de  I.avoisier. 

o 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  IQoS.  Il8l 

Cette  médaille  sera  décernée  par  l'Académie,  aux  époques  que  son 
Bureau  jugera  opportunes  et  sur  sa  proposition,  aux  savants  qui  auront 
rendu  à  la  Chimie  des  services  éminents,  sans  distinction  de  nationalité. 

Dans  le  cas  où  les  arrérages  accumulés  dépasseraient  le  revenu  de  deux 
années,  le  surplus  pourrait  être  attribué,  par  la  Commission  administrative, 
à  des  recherches  ou  à  des  publications  originales  relatives  à  la  Chimie. 

MÉDAILLE  BERTHELOT. 

L'Académie,  dans  sa  séance  du  3  novembre  1902,  a  décidé  la  fondation 
d'une  médaille  qui  porle  pour  titre  :  «  Médaille  Berlhelot  ». 

Chaque  année,  sur  la  proposition  de  son  Bureau,  l'Académie  décernera 
un  certain  nombre  de  «  Médailles  Berthelot  »  aux  savants  qui  auront 
obtenu,  cette  annce-là,  des  prix  de  Chimie  ou  de  Physique;  à  chaque 
Médaille  sera  joint  un  exemplaire  de  l'Ouvrage  intitulé  :  La  Synthèse 
chimique. 

PRIX  MONTYON  (ARTS  INSALUBRES). 

(Pi'ix  de   aSoo'^''  et  mentions  de    i5oo*'".) 

Il  sera  décerné  chaque  année  un  ou  plusieurs  prix  aux  auteurs  qui 
auront  trouvé  les  moyens  de  rendre  un  art  ou  un  métier  moins  insalubre. 

L'Académie  juge  nécessaire  de  i^ire  remarquer  que  les  prix  dont  il 
s'agit  ont  expressément  pour  objet  des  découvertes  et  inventions  qui  dimi- 
nueraient les  dangers  des  diverses  professions  ou  arts  mécaniques. 

Les  pièces  admises  au  concours  n'auront  droit  au  prix  qu'autant  qu'elles 
contiendront  une  découverte  parfaitement  déterminée. 

Si  la  pièce  a  été  produite  par  l'auteur,  il  devra  indiquer  la  partie  de  son 
travail  où  cette  découverte  se  trouve  exprimée;  dans  tous  les  cas,  la  Com- 
mission chargée  de  l'examen  du  concours  fera  connaître  que  c'est  à  la  dé- 
couverte dont  il  s'agit  que  le  prix  est  donné. 

PRIX  ^  WILDE. 

(Un  prix  de  /4000''':  ou  deux  prix  de  2ooo<''".  ) 

M.  Henry  Wilde  a  fait  donation  à  l'Académie  d'une  somme  de  cent  trente- 
sept  jnille  cinq  cents  Jrancs.  Les  arrérages  de  cette  somme  sont  consacrés  à 


II 82  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

la  fondation  à    (Derpétuité  d'un  prix  annuel  qui   porte  le   nom   de  Prix 
Wilde. 

L'Académie,  aux  termes  de  cette  donation,  a  la  faculté  de  décerner  au 
lieu  d'un  seul  prix  de  quatre  mille  Jrancs,  deux  prix  de  deux  mille  francs 
chacun. 

Ce  prix  est  décerné  chaque  année  par  l'Académie  des  Sciences,  sans 
distinction  de  nationalité,  à  la  personne  dont  la  découverte  ou  l'Ouvrage 
sur  V Astronomie^  la  Physique,  la  Chimie,  la  Miîiéralogie,  la  Géologie  ou  la 
Mécanique  expérimentale  aura  été  jugé  par  l'Académie  le  plus  digne  de 
récompense,  soit  que  cette  découverte  ou  cet  Ouvrage  ait  été  fait  dans 
l'année  même,  soit  qu'il  remonte  à  une  autre  année  antérieure  ou  posté- 
rieure à  la  donation. 


PRIX  TCHÏHATCHEF  (3ooo"). 

M.  Pierre  de  Tchihatchef  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  la  somme 
de  cent  mille  francs . 

Dans  son  testament,  M.  de  Tchihatchef  stipule  ce  qui  suit  : 

«  Les  intérêts  de  cette  somme  sont  destinés  à  offrir  annuellement  une 
))  récompense  ou  un  encouragement  aux  naturalistes  de  toute  nationalité  qui 
M  se  seront  le  plus  distingués  dans  l'exploration  du  continent  asiatique 
»  (ou  îles  limitrophes),  notamment  des  régions  les  moins  connues  et,  en 
»  conséquence,  à  l'exclusion  des  contrées  suivantes  :  Indes  britanniques, 
»  Sibérie  proprement  dite,  Asie  Mineure  et  Syrie,  contrées  déjà  plus  ou 
»   moins  explorées. 

»  Les  explorations  devront  avoir  pour  objet  une  branche  quelconque 
»   des  Sciences  naturelles,  physiques  ou  mathématiques. 

»  Seront  exclus  les  travaux  ayant  rapport  aux  autres  sciences,  telles 
»   que  :  Archéologie,  Histoire,  Ethnographie,  Philologie,  etc. 

»  Il  est  bien  entendu  que  les  travaux  récompensés  ou  encouragés 
»  devront  être  le  fruit  d'observations  faites  sur  les  lieux  mêmes  et  non  des 
»   œuvres  de  simple  érudition.   » 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  IQoS.  Il83 


PRIX  LECONTE  (ooooo'^). 

(]e  prix  doit  être  donné,  en  un  seul  prix,  tous  les  trois  ans,  sans  préférence 
de  nationalité  : 

i'*  Aux  auteuis  de  découvertes  nouvelles  et  capitales  en  Mathématiques, 
Physique,  Chimie,  Histoire  naturelle,  Sciences  médicales; 

2*^  Aux  auteurs  d'applications  nouvelles  de  ces  sciences,  applications  qui 
devront  donner  des  résultats  de  beaucoup  supérieurs  à  ceux  obtenus 
jusque-là. 

L'Académie  décernera  le  prixLeconte,  s'il  y  a  lieu,  en  1904. 


PRIX  JEAN-JACQUES  BERGER  (iSooo*^'). 

Le  prix  Jean-Jacques  Berger  est  décerné  successivement  par  les  cinq 
Académies  à  l'OEuvre  la  plus  méritante  concernant  la  Ville  de  Paris;  il 
sera  décerné,  par  l'Académie  des  Sciences,  en  1904. 


PRIX  DELALANDE-GUÉRINEAU  riooo*^'). 

Ce  prix  biennal  sera  décerné  en  1904  «  au  voyageur  français  ou  au  savant 
»  qui,  l'un  ou  l'autre,  aura  rendu  le  plus  de  services  à  la  France  ou  à  la 
»  Science  » . 

PRIX  JEROME  PONÏI  (3  500*^^). 

Ce  prix  biennal  sera  accordé,  en  1904,  à  l'auteur  d'un  travail  scientifique 
dont  la  continuation  ou  le  développement  seront  jugés  importants  pour  la 
Science. 

PRIX  HOULLEVIGUE  (Sogo^')- 

Ce  prix  est  décerné  à  tour  de  rôle  par  l'Académie  des  Sciences  et  par 
l'Académie  des  Beaux-Arts. 

L'Académie  le  décernera,  en  190/i,  dans  l'intérêt  des  Sciences. 


Il84  ACADÉMIE    DES    SCIENCES.- 


PRIX  CAHOURS  (3ooo*^' ). 

M.  Auguste  Calîours  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  la  somme  de 
cent  mille  francs . 

Conformémeut  aux  vœux  du  testateur,  les  intérêts  de  cette  somme  se- 
ront distribués  chaque  année,  à  titre  d'encouragement,  à  des  jeunes  gens 
qui  se  seront  déjà  fait  connaître  par  quelques  travaux  intéressants  et  plus 
particulièrement  par  des  recherches  sur  la  Chimie. 


PRIX  SAINTOUR  (SoGo^^r) 
Ce  prix  annuel  est  décerné  par  l'Académie  dans  l'intérêt  des  Sciences. 

PRIX  TRÉMONT  (1100^^). 

Ce  prix  annuel  est  destiné  «  à  aider  dans  ses  travaux  tout  savant,  ingé- 
nieur, artiste  ou  mécanicien,  auquel  une  assistance  sera  nécessaire  pour 
atteindre  un  but  utile  et  glorieux  pour  la  France   ». 

PRIX  GEGNER  (3 800^'). 

Ce  prix  annuel  est  destiné  «  à  soutenir  un  savant  qui  se  sera  signalé  par 
des  travaux  sérieux,  et  qui  dès  lors  pourra  continuer  plus  fructueusement 
ses  recherches  en  faveur  des  progrès  des  Sciences  positives  ». 

PRIX  LANNELONGUE  (1200^'). 

Ce  prix  annuel,  fondé  par  M.  le  professeur  Lannelongue,  Membre  de 
l'Institut,  sera  donné  pour  un  but  utile,  au  choix  de  r Académie,  de  préfé- 
rence toutefois  pour  une  œuvre  humanitaire  d'assistance. 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    I903.  Il85 


PRIX  FONDÉ  PAR  M'"^  la  Marquise  DE  LAPLACE. 

Ce  prix,  qui  consiste  dans  la  collection  complète  des  Ouvrages  de 
Laplace,  est  décerné,  chaque  année,  au  premier  élève  sortant  de  l'École 
Polytechnique. 

PRIX  FÉLIX  RIVOT  (2  5oo'"'). 

Ce  prix  annuel  sera  partagé  entre  les  quatre  élèves  sortant  chaque 
année  de  l'Ecole  Polytechnique  avec  les  n*'^  I  et  2  dans  les  corps  des 
Mines  et  des  Ponts  et  Chaussées. 


PRIX  PETIT  D'ORMOY. 

(Deux  prix  de  loooo'^'".  ) 

L'Académie  a  décidé  que,  sur  les  fonds  produits  par  le  legs  Petit  d'Or- 
moy,  elle  décernera /om5 /e^  deux  ans  un  prix  de  dix  mille  francs  pour  les 
Sciences  mathématiques  pures  ou  appliquées,  et  un  prix  de  dix  mille  francs 
pour  les  Sciences  naturelles.  Elle  décernera  les  prix  Petit  d'Ormov,  s'il  v 
a  lieu,  dans  sa  séance  publique  de  1906. 


PRIX  CUVIER  (iSoo*^'). 

Ce  prix  triennal,  attribué  à  l'Ouvrage  le  plus  remarquable  sur  la 
Paléontologie  zoologique,  l'Anatomie  comparée  ou  la  Zoologie,  sera 
décerné  dans  la  séance  annuelle  de  1906,  à  l'Ouvrage  qui  remplira  les 
conditions  du  concours,  et  qui  aura  paru  depuis  le  i^'^  janvier  1904. 


PRIX  PARKIN  (3400*^0. 

Ce  prix  /ng^wa/ est  destiné  à  récompenser  des  recherches  sur  les  sujets 
suivants  : 

«    i^  Sur  les  effets  curatifs  du  carbone  sous  ses  diverses  formes  et  plus 

G.  R.,  190.3,  a'  Semestre.  (CXXXVII,  N"25.)  l55 


II 86  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  particulièrement  sous  la  forme  gazeuse  ou  gaz  acide  carbonique,  dans 
»  le  choléra,  les  différentes  formes  de  fièvre  et  autres  maladies; 

))  2°  Sur  les  effets  de  l'action  volcanique  dans  la  production  de  maladies 
»  épidémiques  dans  le  monde  animal  et  le  monde  végétal,  et  dans  celle  des 
»  ouragans  et  des  perturbations  atmosphériques  anormales.  » 

Le  testateur  stipule  : 

«  1°  Que  les  recherches  devront  être  écrites  en  français,  en  allemand 
»   ou  en  italien  ; 

))  2?  Que  l'auteur  du  meilleur  travail  publiera  ses  recherches  à  ses  pro- 
»  près  fraii  et  en  présentera  un  exemplaire  à  l'Académie  dans  les  trois 
»  mois  qui  suivront  l'attribution  du  prix; 

»  3°  Chaque  troisième  et  sixième  année  le  prix  sera  décerné  à  un  tra- 
»  vail  relatif  au  premier  desdits  sujets,  et  chaque  neuvième  année  à  un 
»   travail  sur  le  dernier  desdits  sujets.  » 

T/Académie  ayant  décerné  pour  la  première  fois  ce  prix  en  1897,  attri- 
buera ce  prix  triennal,  en  l'année  1906,  à  un  travail  sur  le  premier  desdits 
sujets,  conformément  au  vœu  du  testateur. 


PRIX  BOILEAU  (i3oo»^). 

Ce  prix  ^rze/z/^a/ est  destiné  à  récompenser  les  recherches  sur  les  mou- 
vements des  fluides,  jugées  suffisantes  pour  contribuer  au  progrès  de 
l'Hydraulique. 

A  défaut,  la  rente  triennale  échue  sera  donnée,  à  titre  d'encouragement, 
à  un  savant  estimé  de  l'Académie  et  choisi  parmi  ceux  qui  sont  notoire- 
ment sans  fortune. 

L'Académie  décernera  le  prix  Boileau  dans  sa  séance  annuelle  de  1906. 


PRIX  JEAN  REYNAUD  (10000^'). 

]^/[me  yve  jgjju  Rcyuaud,  «  voulant  honorer  la  mémoire  de  son  mari 
et  perpétuer  son  zèle  pour  tout  ce  qui  touche  aux  gloires  de  la  France  » , 
a  fait  donation  à  l'Institut  de  France  d'une  rente  sur  l'État  français,  de  la 
somme  de  dix  mille  francs^  destinée  à  fonder  un  prix  annuel  qui  sera  suc- 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    1903.  1  187 

cessivement  décerné  par  les  cinq  Académies  «  au  travail  le  plus  méritant, 
relevant  de  chaque  classe  de  l'Institut,  qui  se  sera  produit  pendant  une 
période  de  cinq  ans  ». 

«  Le  prix  J.  Reynaud,  dit  la  fondatrice,  ira  toujours  à  une  œuvre  origi- 
»   nale,  élevée  et  ayant  un  caractère  d'invention  et  de  nouveauté. 
»   Les  Membres  de  l'Institut  ne  seront  pas  écartés  du  concours. 

»  Le  prix  sera  toujours  décerné  intégralement;  dans  le  cas  où  aucun 
»  Ouvrage  ne  semblerait  digne  de  le  mériter  entièrement,  sa  valeur  sera 
»   délivréeàquelquegrandeinfortunescientifiqiie,  littéraire,  ou  artistique.  » 

L'Académie  des  Sciences  décernera  le  prix  Jean  Reynaud  dans  sa  séance 
publique  de  l'année  1906. 


PRIX  DU  BARON  DE  JOEST  (2000^''). 

Ce  prix,  décerné  successivement  par  les  cinq  Académies,  est  attribué 
à  celui  qui,  dans  l'année,  aura  fait  la  découverte  ou  écrit  l'Ouvrage  le  plus 
utile  au  bien  public.  Il  sera  décerné  par  l'Académie  des  Sciences  dans  sa 
séance  publique  de  1906. 


PRIX  PIERSON-PERRIN  (aooo'^. 

Ce  nouveau  prix  biennal,  destiné  à  récompenser  le  Français  qui  aura 
fait  la  plus  belle  découverte  physique,  telle  que  la  direction  des  ballons, 
sera  décerné,  pour  la  première  fois,  à  la  séance  publique  de  1907. 

PRIX  ESTRADE-DELCROS  (Sgoo*^'). 

M.  Estrade-Delcros  a  légué  toute  sa  fortune  à  l'Institut.  Conformément 
à  la  volonté  du  testateur  ce  legs  a  été  partagé,  par  portions  égales,  entre  les 
cmq  classes  de  l'Institut,  pour  servir  à  décerner,  tous  les  cinq  ans,  un  prix 
sur  le  sujet  que  choisira  chaque  Académie. 

Ce  prix  ne  peut  être  partagé.  Il  sera  décerné  par  l'Académie  des 
Sciences,  dans  sa  séance  publique  de  1908. 


11  88  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CONDITIONS  COMMUNES  A  TOUS  LES  CONCOURS. 

Les  pièces  manuscrites  ou  imprimées  destinées  aux  divers  concours  de 
l'Académie  doivent  être  directement  adressées  par  les  auteurs  au  Secré- 
tariat de  l'Institut,  avec  une  lettre  constatant  l'envoi  et  indiquant  le 
concours  pour  lequel  elles   sont  présentées. 

Les  Ouvrages  imprimés  doivent  être  envoyés  au  nombre  de  deux 
exemplaires. 

Les  concurrents  doivent  indiquer,  par  une  analyse  succincte,  la  partie 
de  leur  travail  où  se  trouve  exprimée  la  découverte  sur  laquelle  ils  appellent 
le  jugement  de  l'Académie. 

Les  concurrents  sont  prévenus  que  l'Académie  ne  rendra  aucun  des 
Ouvrages  ou  Mémoires  envoyés  aux  concours;  les  auteurs  auront  la  liberté 
d'en  faire  prendre  des  copies  au  Secrétariat  de  l'Institut. 


Par  une  mesure  générale,  l'Académie  a  décidé  que  la  clôture  de  chaque 
concours  serait  fixée  a^ii  premier  Juin  de  l'année  dans  laquelle  doit  être 
jugé  ce  concours. 

Le  montant  des  sommes  annoncées  pour  les  prix  n'est  donné  qu'à  litre 
d'indication  subordonnée  aux  variations  du  revenu  des  fondations. 


Nul  n'est  autorisé  à  prendre  le  titre  de  Lauréat  de  l'Académie,  s'il  n'a 
été  jugé  digne  de  recevoir  un  Prix.  Les  personnes  qui  ont  obtenu  des  ré- 
compenses, des  encouragements  ou  des  mentions,  n'ont  pas  droit  à  ce  titre. 


LECTURES. 


M.  Gastox  Darboux,    Secrétaire  perpétuel,  lit   l'Éloge  historique  de 
François  Perrier,  Membre  de  l'Académie. 

M.  B.   et  G.  D. 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    igoS. 


I  I 


89 


TABLEAUX 

DES    PRIX    DÉCERNÉS   ET    DES    PRIX   PROPOSÉS 

DANS  LA  SÉANCE  DU  LUNDI  21  DÉCEMBRE  1903. 


TABLEAU  DES  PRIX  DECERNES. 


ANNÉE  1903. 


GÉOMÉTRIE. 

Prix  Francœur.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Emile  Lemoine 1 097 

Prix  Poncelet.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Hilbert 1097 

mécanique. 

Prix  extraordinaire  de  six  mille  francs. 
—  Le  prix  est  partagé  entre  MM.  Maugas, 
Jehenne,  Gaillard,  Germain , 1098 

Prix  Montyon.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Bodin 1098 

Prix  Plumey.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Marchis 1098 

Prix  Fourneyron.  —  Le  prix  n'est  pas  dé- 
cerné    1099 

ASTRONOMIE. 

Prix  Pierre  Guzman.  —   Le  prix  n'est  pas 

décerné i  "99 

Prix   Lalande.    —  Le   prix    est   décerné  à 

M.  Campbell 1099 

Prix  Valz.  —  Le  prix  est  décerné  à  M.  Bor- 

relly "oo 

Prix  G.  de  Pontécoulant.  —  Le  prix  est 

décerné  à  M.  H.  Andoyer noi 

PHYSIQUE. 

Prix  Hébert.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M .  E.  Goldsteiii n  o3 


Prix  Hughes.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Pierre  Picard i io5 

Prix  Gaston  Planté.  —  Le  prix  est  décerné 
à  M.  Hospitalier 1 107 

STATISTIQUE. 

Prix  Montyon.  —  Le  prix  n'est  pas  décerné. 
Des  mentions  très  honorables  sont  accor- 
dées à  MM.  Emile  Loncq,  de  Montessus 
de  Ballore,  Paul  Razous 1 107 

CHIMIE. 

Prix  Jecker.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  L.  Bouveault iii3 

Prix  La  Gaze.  —  Le  prix  est  décerné  à 
IM.  A.  Guntz II i5 

MINÉRALOGIE    ET    GÉOLOGIE. 

Prix  Delesse.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Emmanuel  de  Margerie 1 1 17 

GÉOGRAPHIE    PHYSIQUE. 

Prix  Gay.  —  Le  prix  est  décerné  au  R.  P. 
Colin 1  n  8 

BOTANIQUE. 

Grand  Prix  des  Sciences  physiques.  —  Le 

prix  n'est  pas  décerné 1 1 19 

Prix  Bordin.  —  Le  prix  n'est  pas  décerné.   1120 


iigo 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


Prix  Desmazières.  —  Le  prix  n'est  pas  dé- 
cerné     11-20 

Prix  Montagne.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  René  Maire 1120 

Prix  Thore.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  G.  de  Istvanffi, , 1122 

ÉCONOMIE    RURALE. 

Prix  Bigot  de  Morogues.  —  Le  prix  est  dé- 
cerné à  M.  Eugène  Risler m  3 

ANATOMIE    ET    ZOOLOGIE. 

Prix  Savigny.  —  Le  prix  est  décerné  à  M.  /?. 
Fourtau.  Une  mention  très  honorable  est 
accordée  à  M.  Krempf 1 1 25 

Prix  Da  Gama  Maciiado.  —  Le  prix  est  dé- 
cerné à  la  comtesse  Maria  von  Linden..   1128 

MÉDECINE    ET    CHIRURGIE. 


Prix  Montyon.  —  Des  prix  sont  décernés 
à  MM.  Dominici,  Jean  Camus,  Robert 
Lœwy.  Des  mentions  sont  accordées  à 
MM.  Nicolle  et  Remlinger ;  Nobecourt, 
Merklen  et  Sevin;  Cli.  Monod  et  J.  Van- 
verts.  Des  citations  sont  accordées  à 
MM.  Lagrijfe,  Laval  et  Malherbe, 
Ségal 

Prix  Barbier.  —  Le  prix  est  partagé  entre 
M.  Anthony  et  M.  Glover 

Prix  Bréant.  —  Le  prix  annuel  (arrérages) 
est  partagé  entre  M.  E.  Chambon  et  M.  A. 
Rorrel 

Prix  Godard.  —  Le  prix  est  décerné  à 
MM.  Halle  et  Metz.  Une  mention  hono- 
rable est  accordée  à  M.  J.-B.  Hillairet. . 

Prix  Lallemand.  —  Le  prix  est  partagé 
enlre  M"'=  Joteyko  et  MM.  Garnier  et 
Cololian.  Une  mention  très  honorable  est 
accordée  à  M.  Giuseppe  Pagano 

Prix  du  baron  Larrey.  —  Le  prix  est  dé- 
cerné à  M.  Paul  Godin.  Des  mentions 
sont  accordées  à  MM.  G,- H.  Letnoine, 
Jules  Régnault .,...•.... 

Prix  Bellion.  —  Le-  prix  est  décerné  à 
M.  F.  Battesti.  Une  mention  très  hono- 
rable est  accordée  à  M.  R.  Glatard 

Prix  Mège.  —  Le  prix  (arrérages)  est  dé- 
cerné à  M.  A.  Monprofit 

Prix  Chaussier.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Alfred  Fournier 


I  1^0 

n'|i 

1242 

II ',3 
1.44 
,144 


PHYSIOLOGIE. 

Prix  Montyon.  —  Le  prix  est  partagé  entre 
M.  Arthus  et  M.  Victor  Henri.  Une  men- 
tion est  accordée  à  M.  Jean  Bounhiol...   11 46' 


Prix  Philipeaux.  —  Le  prix  est  décerné 
à  M.  Lucien  Daniel 1148 

Prix  La  Gaze.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Charles  Richet i  i5o 

Prix  Pourat.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  J.  Denoyès.  Une  mention  est  accordée 
à  MM.  Régnier  et  Bruhat 1 15 1 

HISTOIRE    DES    SCIENCES. 

Prix  Binoux.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M .  H. -G.  Zeuthen 1 1 53 


PRIX    GÉNÉRAUX. 

MÉDAILLE  Lavoisier.  —  La  médaille  Lavoi- 
sier  est  décernée  à  M.  Cari  Graebe 11 53 

Médaille  Berthelot.  —  Des'  médailles  Ber- 
thelot  sont  accordées  à  MM.  Cari  Graebe, 
Bouveault,  Guntz,  Chavatine,  Victor 
Henri,   Arthus,   Capelle 1 153 

Prix  Montyon  (Arts  insalubres).  —  Le  prix 
n'est  pas  décerné.  Une  mention  est  accoi-- 
dée  à  M.  Edouard  Capelle 1 154 

Prix  Wilde.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Collet n54 

Prix  Tchihatcuef.  —  Le  prix  est  décerné 
à  M.  Sven  Hedin 11 55 

Prix  Cuvier.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Eugène  Simon 11 56 

Prix  Parkin.  —  Le  prix  est  partagé  entre 
M.  Lacroix  et  M.  Giraud i xôg 

Prix  Petit  d'Ormoy  (Sciences  mathéma- 
tiques). —  Le  prix  est  décerné  à  M.  /. 
Hadamard i  iSg 

Prix  Petit  d'Ormoy  (Sciences  naturelles). 
—  Le  prix  est  décerné  à  M.  Bernard 
Renault 1 1  Go 

Prix  Boileau.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Marins-Georges  Grandjean 1  i6r 

Prix  Estrade-Delcros.  —  Le  prix  es!  dé- 
cerné à  M.  Léon  Teisserenc  de  Bort. ii6i 

Prix  Gahours.  —  Le  prix  est  partagé  entre 
M.  Marquis  et  M.  Chavanne ...    1 163 

Prix  SaintoUr.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Marcel  Brillouin 1 163 

Prix  Trémont.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Ch.  Frémont 1 164 

Prix  Gegner.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  /.-//.  Fabre 1 164 

Prix  Lannelongue.  —  Le  prix,  décerné 
pour  la  première  fois,  est  attribué  à 
M"=  V''°  Nepveu 1 164 

Prix  Laplace.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Rémy 1 164 

Prix  Félix  Rivot.  —  Le  prix  est  partagé 
entre  MM.  Réniy,  Breynaert,  G  illier, 
Bouteloup ,...•... .   1 165 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  IQoS, 


II91 


PRIX  PROPOSES 

pour  les  années   1904,   iqoS,   1906  et   1907, 


géométrie. 

1904.  Grand  prix  des  Sciences  mathéma- 
tiques. —  Perfectionner,  en  quelque  point 
important,  l'étude  de  la  convergence  des 
fractions  continues  algébriques ii65 

1904.  Prix  Bordin.  —  Développer  et  per- 
fectionner la  théorie  des  surfaces  appli- 
cables sur  le  paraboloïde  de  révolution..    n66 

1904.  Prix  Vaillant.  —  Déterminer  et  étu- 
dier tous  les  déplacements  d'une  figure 
invariable  dans  lesquels  les  différents 
points  de  la  figure  décrivent  des  courbes 
sphériques 1 166 

1904.  Prix  Francœur i  [66 

1904.  Prix  PoNCELET 1166 


MÉCANIQUE. 

1904.  Prix  extraordinaire  de  six  mille 
FRANCS. —  Destiné  à  récompenser  tout  pro- 
grès de  nature  à  accroître  l'efficacité  de 
nos  forces  navales i  i6n 

1904.  Prix  Montyon 1167 

1904.  Prix  Plumey 1167 

1905.  Prix  Fourneyron.  —  Étude  théorique 
ou  expérimentale  sur  les  turbines  à  va- 
peur      1 167 


ASTRONOMIE. 

1904.  Prix  Pierre  Guzman 1168 

1904.  Prix  Lalande 1168 

1904.  Prix  Valz 1 168 

1904.  Prix  Janssen.  —  Médaille  d'or  des- 
tinée à  récompenser  la  découverte  ou  le 
Travail  faisant  faire  un  progrès  important 

à  l'Astronomie  physique 1168 

1905.  Prix  G.  de  Pontecoulant 11G9 

1905..  Prix  Damoiseau.  —  Il  existe  une  di- 

zarine  de  comètes  dont  l'orbite,  pendant 
la  période  de  visibilité,  s'est  montrée  de 
nature  hyperbolique.  Rechercher,  en  re- 
montant dans  le  passé  et  tenant  compte 
des  perturbations  des  planètes,  s'il  en 
était  ainsi  avant  l'arrivée  de  ces  comètes 
dans  le  système  solaire i  iG() 


géographie  et  navigation. 

1904.  Prix  Binoux 1 169 

PHYSIQUE. 

1904.  Prix  Hébert 1170 

1904.  Prix  Hughes 1170 

1904.  Prix  Kastner-Boursault 1170 

1905.  Prix  Gaston  Planté 1170 

1905.  Prix  L.  Lacaze 1 170 

statistique. 
1904.  Prix  Montyon 1 171 

CHIMIE. 

1904.  Prix  Jecker 1171 

1905.  Prix  L.  La  Gaze 1171 

1905.  Prix  Bordin.  —  Des  siliciures  et  de 

leur  rôle  dans  les  alliages  métalliques...   1171 

minéralogie  et  géologie. 

1905.  Prix  Delesse 1 1 72 

1905.  Prix  Fontannes 1172 

1905.  Prix  Alhumbert.  —  Étude  sur  l'âge 
des  dernières  éruptions  volcaniques  de  la 
France 1172 

GÉOGRAPHIE    PHYSIQUE. 

1904.  Prix  Gay.  —  Étudier  les  variations 
actuelles  du  niveau  relatif  de  la  terre 
ferme  et  de  la  mer,  à  l'aide  d'observations 
précises,  poursuivies  sur  une  portion  dé- 
terminée des  côtes  de  l'Europe  ou  de 
l'Amérique  du  Nord , 1172 

1905.  Prix  Gay.  —  Le  prix  sera  attribué  à 
un  explorateur  du  Continent  africain  qui 
aura  déterminé  avec  une  grande  précision 
les  coordonnées  géographiques  des  points 
principaux  de  ses  itinéraires 1173 

botanique. 

1905.  Grand  prix  des  Sciences  physiques. 
—  Rechercher  et  démontrer  les  divers 
modes  de  formation  et  de  développement 


I  IQ2 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


de  l'œuf  chez  les  Ascomycètes  et  les  Basi- 

diomj'cètes 1 1  -.-'. 

1904.  Prix  Desmazières ii-3 

1904.  Prix  Montagne 1 1';4 

1904.  Prix  de  la  Fons-Melicocq n^^ 

1905.  Prix  Thore n^j 


ecojvomik    rurale. 

1913.  Prix  Bigot  de  Morogues 1174 

ajvatomie  et  zoologie. 

1904.  Prix  Savigny 1175 

1904.  Prix  Thore 1 1 75 

1906.  Prix  da  Gama  Machado 1175 


MÉDECINE    ET    CHIRURGIE. 

1904.  Prix  Montyon i 

1904.  Prix  Barbier i 

1904.  Prix  Bréant i 

1904.  Prix  Godard i 

1904.  Prix  Lallemand i 

1904.  Prix  du  baron  Larrey i 

1904.  Prix  Bellion i 

1904.  Prix  Mège i 

1905.  Prix  Serres i 

1905.  Prix  Dusgate i 

1907.  Prix  Ch.vussier i 


175 

176 
176 

177 
177 

177 

■77 
.78 
,78 
178 
178 


PHYSIOLOGIE. 

1904.  Prix  Montyon 1T79 

1904.  Prix  Philipeaux 1179 

1904.  Prix  Pourat.  —  Les  phénomènes  phy- 
siques et  chimiques  de  la  respiration  aux 
grandes  altitudes 1179 


1 904 .  Prix  Martin-Damourktte 1 1 79 

1905.  Prix  Pourat.  —  Les  origines  du  gly- 
cogène  musculaire 1179 

1907.  Prix  L.  La  Gaze 1180 


HISTOIRE    DES    SCIENCES. 


1905.  Prix  Binoux 1180 


PRIX    GENERAUX. 

Médaille  Akago i t8o 

Médaille  Lavoisier 1 180 

1904.  Médaille  Berthelot nSi 

1904.  Prix  Montyon,  Arts  insalubres 1181 

1904.  Prix  Wilde 1181 

1904.  Prix  Tchihatchef 1182 

1904.  Prix  Leconte ii83 

1904.  Prix  Jean-Jacques  Berger ii83 

1904.  Prix  Delalande-Guérineau ii83 

1904.  Prix  JÉRÔME  Ponti ii83 

11J04.  Prix  Houllevigue ii83 

1904.  Prix  Cahours 1 184 

1904.  Prix  Saintour 1184 

1904.  Prix  Trémont 1 184 

1904.  Prix  Gegner 1184 

1904.  Prix  Lannelongue 1 184 

1904.  Prix  Laplace ii85 

1904.  Prix  Rivot 1 185 

1905.  Prix  Petit  d'Ormoy ii85 

1906.  Prix  Cuvier ii85 

1906.  Prix  Parkin ii85 

1906.  Prix  Boileau 1186 

1906.  Prix  Jean  Rey'naud i  t86 

1906.  Prix  du  Baron  de  Joest 1 1 87 

1907.  Prix  Pierson-Perrin 1 187 

1908.  Prix  Estrade-Delcros 1 187 


Conditions  communes  à  tous  les  concours •.••   nS 

Avis  relatif  au  titre  de  Lauréat  de  l'Académie  n* 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  1903, 


ÏI93 


TABLEAU  PAR  ANNÉE 

DES    PRIX    PROPOSÉS     POUR    1904,    1905,    1906    ET    1907. 


1904 


géométrie. 

Grand  prix  des  Sciences  mathématiques.  — 
Perfectionner,  en  quelque  point  important,  l'étude 
de  la  convergence  des  fractions  continues  algé- 
briques. 

Prix  Bordin.  —  Développer  et  perfectionner 
la  théorie  des  surfaces  applicables  sur  le  parabo- 
loïde  de  révolution. 

Prix  Vaillant.  —  Déterminer  et  étudier  tous 
les  déplacements  d'une  figure  invariable  dans 
lesquels  les  difl'érents  points  de  la  figure  dé- 
crivent des  courbes  sphériques. 

Prix  Francœur.  —  Découvertes  ou  travaux 
utiles  au  progrès  des  Sciences  mathématiques 
pures  et  appliquées. 

Prix  Poncelet.  —  Décerné  à  l'auteur  de  l'Ou- 
vrage le  plus  utile  au  progrès  des  Sciences  ma- 
thématiques pures  ou  appliquées. 


mécanique. 

Prix  extraordinaire  de  six  mille  francs.  — 
Progrès  de  nature  à  accroître  l'efficacité  de  nos 
forces  navales. 

Prix  Montyon. 

Prix  Plumey.  —  Décerné  à  lauteur  du  per- 
fectionnement des  machines  à  vapeur  ou  de  toute 
autre  invention  qui  aura  le  plus  contribué  aux 
progrès  de  la  navigation  à  vapeur. 


ASTRONOMIE. 

Prix  Pierre  Guzman.  —  Décerné  à  celui  qui 
aura  trouvé  le  moyen  de  communiquer  avec  un 
astre  autre  que  Mars. 

A  défaut  de  ce  prix,  les  intérêts  cumulés  pen- 
dant cinq  ans  seront  attribués,  en  igoS,  à  un  sa- 
vant qui  aura  fait  faire  un  progrès  important  à 
l'Astronomie. 

Prix  Lalanjde. 


G.  R.,  1903,  2"  Semestre.  (CXXXVII,  N'>25.  ) 


Prix  Valz. 

Prix  Janssen.  —  Astronomie  phjsique. 

géographie  ou  navigation. 
Prix  Binoux. 

physique. 

Prix  Hébert.  —  Décerné  à  l'auteur  du  meil- 
leur traité  ou  de  la  plus  utile  découverte  pour 
la  vulgarisation  et  l'emploi  pratique  de  l'Élec- 
tricité. 

Prix  Hugues.  —  Décerné  à  l'auteur  d'une  dé- 
couverte ou  de  travaux  qui  auront  le  plus  con- 
tribué aux  progrès  de  la  Physique. 

Prix  Kastner-Boursault.  —  Décerné  à  l'au- 
teur du  meilleur  travail  sur  les  applications 
diverses  de  l'Électricité  dans  les  A.rts,  l'Industrie 
et  le  Commerce. 

STATISTIQUE. 

Prix  Montyon. 

CHIMIE. 
Prix  Jecker.   —  Chimie  organique. 

GÉOGRAPHIE    PHYSIQUE. 

Prix  Gay.  —  Étudier  les  variations  actuelles 
du  niveau  relatif  de  la  terre  ferme  et  de  la  mer, 
à  l'aide  d'observations  précises,  poursuivies  sur 
une  portion  déterminée  des  côtes  de  lEurope  ou 
de  l'Amérique  du  Nord. 

BOTANIQUE. 

Prix  Desmazières.  —  Décerné  à  l'auteur  de 
l'Ouvrage  le  plus  utile  sur  tout  ou  partie  de  la 
Cryptogamie. 

i56 


i>94 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


Prix  Montagne.  —  Décerne  aux  auteurs  de 
travaux  importants  aj^ant  pour  objet  l'Anatoniic, 
la  Physiologie,  le  développement  ou  la  descrip- 
tion des  Crj  ptogames  inférieures. 

Prix  de  la  Fons-Mélicocq.  —  Décerné  au 
meilleur  Ouvrage  de  Botanique  sur  le  nord  de 
la  France,  c'est-à-dire  sur  les  départements  du 
Nord,  du  Pas-de-Calais,  des  Ardennes,  de  la 
Somme,  de  l'Oise  et  de  l'Aisne. 


anatomie  et  zoologie. 

Prix  Savigny,  fondé  par  M"»  Letellicr.  —  Dé- 
cerné à  de  jeunes  zoologistes  voyageurs  qui  ne 
recevront  pas  de  subvention  du  Gouvernement 
et  qui  s'occuperont  plus  spécialement  des  animaux 
sans  vertèbres  de  l'Egypte  et  de  la  Syrie. 

Prix  Tiioue.  —  Décerné  aux  recherches  sur 
les  mœurs  ou  l'anatomie  d'une  espèce  d'Insectes 
d'Europe. 


medecine  et  chirurgie. 

Prix  Montyox. 

Prix  Barbier.  —  Décerné  à  celui  qui  fera  une 
découverte  précieuse  dans  les  Sciences  chirurgi- 
cale, médicale,  pharmaceutique,  et  dans  la  Bo- 
tanique ayant  rapport  à  l'art  de  guérir. 

Prix  Bréant.  —  Décerné  à  celui  qui  aura 
trouvé  le  moyen  de  guérir  le  choléra  asiatique. 

Prix  Godard.  —  Sur  l'anatomie,  la  physiologie 
et  la  pathologie  des  organes  génito-urinaires. 

Prix  Lallemand.  —  Destiné  à  récompenser  ou 
encourager  les  travaux  relatifs  au  système  ner- 
veux, dans  la  plus  large  acception  des  mots. 

Prix  du  baron  Larrey.  —  Sera  décerné  à  un 
médecin  ou  à  un  chirurgien  des  armées  de  terre 
ou  de  mer  pour  le  meilleur  Ouvrage  présenté  à 
l'Académie  et  traitant  un  sujet  de  Médecine,  de 
Chirurgie  ou  d'Hygiène  militaire. 

Prix  Bellion,  fondé  par  M"»  Foehr.  —  Dé- 
cerné à  celui  qui  aura  écrit  des  Ouvrages  ou  fait 
des  découvertes  surtout  profitables  à  la  santé 
de  l'homme  ou  à  l'amélioration  de  l'espèce  hu- 
maine. 

PrixMèqe.  —  Décerné  à  celui  qui  aura  con- 
tinué et  complété  l'essai  du  D'  Mège  sur  les 
causes  qui  ont  retardé  ou  favorisé  les  progrès  de 
la  Médecine. 

PHYSIOLOGIE. 

Prix  Montyon.  —  Physiologie  expérimentale. 

Prix  Philipeaux.  —  Physiologie  expérimentale. 

Prix  Pourat.  —  Les  phénomènes  physiques  et 
chimiques  de  la  respiration  aux  grandes  altitudes. 

Prix  Martin-Damourettë.  —  Physiologie  thé- 
rapeutique. 


PRIX    GÉNÉRAUX. 

MÉDAILLE  Arago.  —  Cette  médaille  sera  dé- 
cernée par  l'Académie  chaque  fois  qu'une  décou- 
verte, un  travail  ou  un  service  rendu  à  la  Science 
lui  paraîtront  dignes  de  ce  témoignage  de  haute 
estime. 

MÉDAILLE  Lavoisier.  —  Cette  médaille  sera  dé- 
cernée par  l'Académie  tout  entière,  aux  époques 
que  son  Bureau  jugera  opportunes  et  sur  sa  pro- 
position, aux  savants  qui  auront  rendu  à  la  Chi- 
mie des  services  émiuents,  sans  distinction  de 
nationalité. 

MÉDAILLE  Berthelot.  —  Déccmée,  sur  la  pro- 
position du  Bureau  de  l'Académie,  à  des  lauréats 
de  prix  de  Chimie  et  de  Physique. 

Prix  Montyon.  —  Arts  insalubres. 

Prix  H.  Wilde. 

Prix  Tchihatchef. —  Destiné  aux  naturalistes 
de  toute  nationalité  qui  auront  fait,  sur  le  conti- 
nent asiatique  (ou  iles  limitrophes),  des  explo- 
rations ayant  pour  objet  une  bi'anche  quelconque 
des  Sciences  naturelles,  physiques  ou  mathéma- 
tiques. 

Prix  Leconte.  —  Décerné  :  i°  aux  auteurs  de 
découvertes  nouvelles  et  capitales  en  Mathéma- 
tiques, Physique,  Chimie,  Histoire  naturelle, 
Sciences  médicales  ;  2°  aux  auteurs  d'applications 
nouvelles  de  ces  sciences,  applications  qui  devront 
donner  des  résultats  de  beaucoup  supérieurs  à 
ceux  obtenus  jusque-là. 

Prix  J.-J.  Berger.  —  Décerné  à  l'œuvre  la  plus 
méritante  concernant  la  Ville  de  Paris. 

Prix  Delalande-Guérineau. 

Prix  Jérôme  Ponti. 

Prix  Houllevigue. 

Prix  Caiiours.  —  Décerné,  à  titre  d'encoura- 
gement, à  des  jeunes  gens  qui  se  seront  déjà  fait 
connaître  par  quelques  travaux  intéressants  et 
plus  particulièrement  par  des  recherches  sur  la 
Chimie. 

Prix  Saintour. 

Prix  Trémont.  —  Destiné  à  tout  savant,  artiste 
ou  mécanicien  auquel  une  assistance  sera  néces- 
saire pour  atteindre  un  but  utile  et  glorieux  pour 
la  France. 

PrixGegner.  —  Destiné  a  soutenir  un  savant 
qui  se  sera  distingué  par  des  travaux  sérieux 
poursuivis  en  faveur  du  progrès  des  Sciences 
positives. 

Prix  Lannelongue.  —  Donné  pour  un  but 
utile,  de  préférence  toutefois  pour  une  œuvre 
humanitaire  d'assistance. 

Prix  Laplace.  —  Décerné  au  premier  élève 
sortant  de  l'École  Polytechnique. 

Prix  Rivot.  —  Partagé  entre  les  quatre  élèves 
sortant  chaque  année  de  l'École  Polytechnique 
avec  les  n"'  1  et  2  dans  les  corps  des  Mines  et 
des  Ponts  et  Chaussées. 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    IQoS. 


1195 


19015 


Grand  prix  des  Sciences  physiques.  —  Re- 
chercher et  démontrer  les  divers  modes  de  for- 
mation et  de  développement  de  l'œuf  chez  les 
Ascomycètes  et  les  Basidiomycéles. 

Prix  Bordin.  —  Des  siliciures  et  de  leur  rùlc 
dans  les  alliages  métalliques. 

Prix  Fouuneyuon.  —  Étude  théorique  ou  expé- 
rimentale sur  les  turbines  à  vapeur. 

Prix  G.  de  Pontécoulant.  —  Mécanique  cé- 
leste. 

Prix  Damoiseau.  —  Il  existe  une  dizaine  de 
comètes  dont  Forbite,  pendant  la  période  de 
visibilité,  s'est  montrée  de  nature  hyperbolique. 
Rechercher,  en  remontant  dans  le  passé  et  tenant 
compte  des  perturbations  des  planètes,  s'il  en 
était  ainsi  avant  l'arrivée  de  ces  comètes  dans  le 
système  solaire. 

Prix  Gaston  Planté.  —  Destiné  à  l'auteur  fran- 
çais d'une  découverte,  d'une  invention  ou  d'un 
travail  important  dans  le  domaine  de  l'Électricité. 

Prix  La  Gaze.  —  Décerné  aux  Ouvrages  ou 
Mémoires  qui  auront  le  plus  contribué  aux  pro- 
grès de  la  Chimie  et  de  la  Physique. 

Prix  Delesse.  —  Décerné  à  l'auteur,  français 
ou  étranger,  d'un  travail  concernant  les  Sciences 


géologiques  ou,  à  défaut,  d'un  travail  concernant 
les  Sciences  minéralogiques. 

Prix  Fontannes.  —  Ce  prix  sera  décerné  à 
l'auteur  de  la  meilleure  publication  paléontolo- 
gique. 

Prix  Alhumbert.  —  Étude  sur  l'âge  des  der- 
nières éruptions  volcaniques  de  la  France. 

Prix  Gay. —  Le  prix  sera  attribué  à  un  explo- 
rateur du  Continent  africain  qui  aura  déterminé 
avec  une  grande  précision  les  coordonnées  géo- 
graphiques des  points  principaux  de  ses  itiné- 
raires. 

Prix  Thore.  —  Botanique. 

Prix  Dusgate.  —  Décerné  au  meilleur  Ouvrage 
sur  les  signes  diagnostiques  de  la  mort  et  sur 
les  moyens  de  prévenir  les  inhumations  préci- 
pitées. 

Prix  Serres.  —  Décerné  au  meilleur  Ouvrage 
sur  l'Embryologie  générale  appliquée  autant  que 
possible  à  la  Physiologie  et  à  la  Médecine. 

Prix  Pourat.  —  Les  origines  du  glycogène 
musculaire. 

Prix  Binoux.  —  Histoire  des  Sciences. 

Prix  Petit  d'Ormoy.  —  Sciences  mathéma- 
tiques pures  ou  appliquées  et  Sciences  naturelles. 


1906 


Prix  Da  Gama  Machado.  —  Décerné  aux  meil- 
leurs Mémoires  sur  les  parties  colorées  du  sys- 
tème tégumentaire  des  animaux  ou  sur  la  matière 
fécondante  des  êtres  animés. 

Prix  Cuvier.  —  Destiné  à  l'Ouvrage  le  plus 
remarquable  soit  sur  le  régne  animal,  soit  sur  la 
Géologie. 

Prix  Parkin.  —  Destiné  à  récompenser,  cette 
année,  des  recherches  sur  les  effets  curatifs  du 
carbone  sous  ses  diverses  formes. 


Prix  Boileau.  —  Hydraulique. 

Prix  Jean  Reynaud.  —  Décerné  à  l'auteur  du 
Travail  le  plus  méritant  qui  se  sera  produit  pen- 
dant une  période  de  cinq  ans. 

Prix  du  Baron  de  Joest.  —  Décerné  à  celui 
qui,  dans  l'année,  aura  fait  la  découverte  ou  écrit 
l'Ouvrage  le  plus  utile  au  bien  public. 


1907 


Prix  Chaussier.  —  Décerné  à  l'auteur  du  meil- 
leur Ouvrage,  soit  sur  la  Médecine  légale,  soit  sur 
la  Médecine  pratique,  qui  aura  paru  pendant  les 


quatre  années  qui  auront  précédé  le  jugement  de 
^Académie. 

Prix  La  Caze.  —  Décerné    aux   Ouvrages  ou 


1196  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Mémoires  qui  auront  le  plus  contribué  aux  pro-   1       Prix  Pierson-Perrin.  —  Décerné  au  Français 
grès  de  la  Physiologie.  |   qui  aura  fait  la  plus  belle  découverte  physique. 


1908 


Prix   Estrade-Delcros. 


1915 


Prix  Bigot  de  Moroguks.' —  Décerné  à  l'auteur  de  l'Ouvrage  qui  aura  fait  faire  le  plus  de  pro- 
grès à  l'Agriculture  en  France. 


ACADÉMIE  DES    SCIENCES. 

SÉANCE  DU   LUNDI  28  DÉCEMBRE  1903, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GADDRY. 


RENOUVELLEMENT   ANNUEL 

DU  BUREAU  ET  DE  LA  COMMISSION  CENTRALE  ADMINISTRATIVE. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Vice- 
Président  pour  l'année  1904,  lequel  doit  être  choisi  dans  l'une  des 
Sections  des  Sciences  physiques. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  4^, 

M.  Troost        obtient 44  suffrages, 

M.  Schlœsing         »         i  » 

Il  y  a  un  bulletin  blanc. 

M.  Troost,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  proclamé 
élu. 


L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  deux  de 
ses  Membres  {|ui  devront  faire  partie  de  la  Commission  centrale  adminis- 
trative pendant  l'année  1904. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  4i» 

M.  Bornet  obtient 4i  suffrages, 

M.  Maurice  Levy       »        4^*  » 

M.  Léauté  »        i  » 

MM.  BoRXET  et  Maukice  Levy,  ayant  réuni  la  majorité  iibsolue  des 
suffrages,  sont  réélus. 

C.  R.,  1903,  2»  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  26.)  iSy 


IigS  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Recherches  sur  la  densité  du  chlore. 
Note  de  MM.  H.  Moissan  et  Blxet  du  Jassoxeix. 

«  La  détermination  de  la  densité  du  chlore  a  fait  le  sujet  de  nombreux 
travaux.  Dm  reste,  cette  expérience  est  assez  difficile  à  réaliser,  d'abord 
parce  que  la  préparation  du  chlore  pur  est  une  opération  chimique  déli- 
cate, et  ensuite  parce  que  ce  gaz  attaque  la  plupart  des  métaux  et  des 
matières  ori^aniques  hydrogénées  :  suif,  caoutchouc  et  gomme  laque. 

»  Gay-Lussac  et  Thénard  (*)  ont  exécuté,  en  1811,  une  bonne  détermi- 
nation de  la  densité  du  chlore;  ils  ont  donné  le  chiffre  2,4?.  Bunsen  a 
indiqué,  plus  tard,  le  chiffre  2,4^^82.  Ludwig(-),  en  i868,  est  arrivé  au 
nombre  2,4807  à  H-  20°.  11  a  fait  une  série  de  déterminations  de  20°  à  200° 
et  ses  chilïres  proviennent  d'un  grand  nombre  d'expériences.  Jahn  (^)  a 
trouvé  à  la  lempéraliire  de  20*^  le  nombre  2,4821.  Enfin  M.  Leduc  (^), 
dans  deux  séries  de  recherches,  a  donné  les  chiffres  2,489  puis  2,^191.  La 
première  détermination  a  porté  sur  un  échantillon  de  chlore  industriel 
liquéfié,  la  seconde  sur  un  gaz  préparé  en  décomposant  le  bichromate  de 
potassium  par  l'acide  chlorhydrique.  M.  Leduc  regarde  le  dernier  chiffre 
comme  le  plus  exact. 

»  Nous  avons  été  amenés  à  reprendre  cette  densité,  et  nous  avons  fait 
varier  successivement  nos  méthodes  dans  des  expériences  que  nous  résu- 
mons aujourd'hui. 

»  Nos  déterminations  ont  toujours  été  faites,  soit  à  la  température  ordi- 
naire, soit  à  o**,  et  nous  n'avons  pas  abordé  l'importante  question  de  la 
densité  du  chlore  aux  différentes  températures,  question  qui  a  été  élucidée 
par  les  beaux  travaux  et  la  discussion  de  V.  et  C.  Meyer,  de  Seelheim,  de 
Meier  et  Crafts  et  de  Lieben. 


(*)  Gay-Lussac  et  Thénard,  Recherches  physico-chimiques,  t.  II,  181 1,  p.  i25. 

(-)   I^UDWiG,  lierichte,  i.  I,  j868,  p.  282. 

(^)  Jahn,  Rerichte,  t.  XV,  1882,  p.  1242. 

(*)  Leduc,  Comptes  rendus,  t.  CXVI,  1898,  p.  968  et  t.  GXXV,  1897,  p.  571. 


SÉANCE   DU    28   DÉCEMBRE    igoS.  1199 

»  Dans  la  détermination  de  la  densité  du  chlore,  nous  avons  à  considé- 
rer deux  points  importants  :  1°  préparer  du  chlore  pur;  2°  déterminer  la 
densité  dans  un  ballon  de  verre  sans  robinet,  ne  renfermant  ni  air  ni  humi- 
dité. 

»  Préparation  du  chlore.  —  Le  chlore  était  préparé  dans  un  appareil 
entièrement  en  verre,  ne  comprenant  ni  caoutchouc,  ni  liège,  ni  gomme 
laque.  Cet  appareil  était  muni  d'un  tube  de  sûreté  à  mercure  recouvert 
d'acide  sulfurique,  dont  la  hauteur  était  supérieure  à  yô*"™,  pour  éviter  toute 
rentrée  d'air  par  dépression.  Le  chlore  provenait  de  l'action  de  l'acide 
chlorhydrique  pur  et  concentré  sur  du  bioxyde  de  manganèse  naturel  de 
très  bonne  qualité  et  lavé  au  préalable  par  de  l'acide  chlorhydrique 
étendu.  Nous  avions  préparé  nous-mêmes  l'acide  chlorhydrique,  en  par- 
tant de  chlorure  de  sodium  purifié  par  différentes  cristallisations  et  d'cicide 
sulfurique  pur.  Le  chlore  était  lavé  dans  deux  batboteurs  contenant  de 
l'eau  distillée.  Il  perdait  les  dernières  traces  d'acide  chlorhydrique  qu'il 
pouvait  entraîner  en  passant  sur  une  colonne  de  bioxyde  de  manganèse 
suj)erficiellement  poreux  et  chauffé  au  bain-marie  à  5o°.  Il  était  enfin  des- 
séché en  traversant  trois  barboteurs  à  acide  sulfurique  concentré,  puis  de 
longs  tubes  de  verre  remplis  de  chlorure  de  calcium  fondu;  finalement,  il 
passait  dans  un  tube  à  boules  décrit  par  l'un  de  nous  (')  et  maintenu  à  la 
température  de  —  3o°. 

»  Nous  avons  effectué  avec  ce  chlore  gazeux  trois  séries  de  détermi- 
nations : 

»  Première  série  d' expériences .  —  Des  ballons  de  verre,  à  long  col  effilé, 
ont  été  remplis  de  chlore  sec  par  déplacement  de  l'air,  en  utilisant  la 
grande  densité  de  ce  gaz,  puis  scellés  à  la  température  connue  d'un  bain 
d'eau  d'une  grande  masse.  Après  une  pesée,  effectuée  avec  un  ballon 
compensateur,  comme  tare,  le  chlore  était  absorbé  par  une  solution  de 
soude  exactement  privée  d'air.  Il  restait  toujours  une  petite  bulle  rési- 
duelle dont  il  était  tenu  compte.  Le  ballon,  lavé  et  séché,  était  ensuite 
pesé  plein  d'air  atmosphérique,  puis  jaugé  à  l'eau  distillée.  Pour  ces  pre- 
mières expériences,  nous  employons  donc  la  méthode  de  Dumas.  Nous 
avons  obtenu  ainsi  les  chiffres  suivants  : 


(^)  H.  MoissAN,   Description  d'un  nouvel  appareil  pour  la  préparalion  des  gaz- 
purs  {Comptes  rendus,  t.  CXXXYII,  1908,  p.  363). 


I20O  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

Pression.  Température.  Densité. 


mm 


i 770  12,5  2,/468 

2 761  12,5  2,5o6 

3.. 765  10  2,424 

k 763  12,6  2,478 

5 762,1  10  2,456 

•»  Dans  cette  première  série  de  déterminations,  la  moyenne  était  donc 
de  2,4606  et  l'écart  maximum,  enire  deux  expériences,  était  de  0,082.  La 
présence  constante  d'un  résidu  non  absorbable  par  une  solution  alcaline, 
l'impossibilité  de  dessécher  rigoureusement  un  ballon  de  verre  rempli  par 
déplacement  et  l'incertitude  qui  règne  sur  les  conditions  de  la  deuxième 
pesée  nous  ont  conduits  bientôt  à  employer  une  autre  méthode. 

»  Deuxième  série  d'expériences.  —  Le  chlore  était  pré()aré  comme  nous 
l'avons  indiqué  précédemment;  puis,  pour  obtenir  ce  gaz  bien  exempt 
d'air,  nous  avons  commencé  par  le  liquéfier  au  moyen  d'un  mélange  d'acé- 
tone et  d'acide  carbonique  {*).  Nous  avons  employé,  pour  le  conserver,  de 
petites  ampoules  de  verre  de  4*^°''  environ,  renfermant  à  peu  près  2"'°',  5  de 
chlore  liquide.  De  plus,  nous  avons  fait  le  vide,  au  préalable,  dans  le  ballon 
à  densité,  renfermant  la  petite  ampoule  scellée  pleine  de  chlore  liquide, 
de  façon  à  avoir  un  appareil  aussi  exempt  d'air  que  possible.  Le  détail  de 
nos  manipulations  paraîtra  aux  Annales  de  Chimie  et  de  Physique  dans  un 
Mémoire  qui  est  à  l'impression. 

»   Nous  avons  obtenu  ainsi  les  chiffres  suivants  : 

Pression.         Température.  Densité. 


lum 


6 754  O  2,494 

7 75o  o  2,489 

»  Nous  n'avons  pas  tardé  à  remarquer  que  la  dessiccation  du  chlore  par 
le  chlorure  de  calcium  était  très  difficile  à  obtenir.  Pour  avoir  une  bonne 
dessiccation,  il  fallait  employer  un  courant  de  gaz  très  lent.  Nous  avons 
alors  varié  légèrement  notre  modus  faciendi,  et  nous  avons  recueilli  une 
vingtaine  de  centimètres  cubes  de  chlore  liquide  dans  un  tube  de  verre  qui 
contenait  des  fragments  de  chlorure  de  calcium  bien  déshydraté;  ce  tube 
était  scellé  et  le  chlore  liquide  restait  en  contact  pendant  plusieurs 
semaines  avec  le  chlorure  de  calcium.  On  préparait  enfin  de  petites  am- 

{})  H.  MoissAN,  Comptes  rendus,  t.  GXXXIII,  1901. 


SÉANCE   DU   28    DÉCEMBRE    1903.  I20I 

poules  comme  nous  l'avons  indiqué  précédemment  et  la  densité  du  chlore 
était  ensuite  déterminée. 

))   Ces  nouvelles  expériences  nous  ont  donné  les  nombres  suivants  : 

Pression.         Température.  Densité. 


UJUI 


8 761  o  2,433 

9 759  o  2,609 

10 769  o  2,468 

11 .    753  o  2,335 

))  Ces  dernières  déterminations  comportent  un  certain  nombre  de  causes 
d'erreur  que  nous  discuterons  dans  le  Mémoire,  mais  dont  la  principale 
est  due  à  la  détente  brusque  du  chlore  :  lorsque  ce  liquide  passe  à  l'état 
gazeux,  il  produit  une  série  d'ébullitions  qui  amènent  des  oscillations  dans 
la  pression  intérieure  du  billion  et  qui  font,  en  dernier  lieu,  rentrer  une 
petite  quantité  d'air  dans  l'iippareil. 

»  Troisième  série  d'expériences.  —  Pour  éviter  les  inconvénients  de  la 
méthode  précédente,  nous  avons  fait  écouler  l'excès  de  chlore  du  ballon, 
maintenu  à  o**  par  un  orifice  absolument  capillaire.  De  cette  façon,  il  n'y 
a  pas  de  refroidissement  par  une  délente  trop  brusque  et  il  ne  se  produit 
plus  de  rentrée  d'air. 

»  D'autre  part,  après  avoir  pesé  le  ballon  plein  de  chlore  sec  à  0°,  sous 
la  pression  atmosphérique,  il  nous  a  semblé  que  le  seul  moyen  d'éviter 
les  incertitudes  sur  le  poids  d'air  qui  remplissait  le  ballon  quand  on  le 
pesait  plein  de  ce  gaz,  consistait  à  le  peser  rigoureusement  vide.  On  le 
jauge  ensuite  sur  une  bonne  balance,  opération  qui  est  relativement  facile. 
Nous  avons  obtenu  ainsi  les  nombres  ci-dessous  : 

Pression.  Température.  Densité. 

1*^ 762 , 2  o  •  2 ,  494 

14 766,5  o  2,487 

15 758,9  o  2,486 

16 766,2  o  2,493 

»  Cette  nouvelle  série  d'expériences  nous  a  donné  des  chiffres  assez 
concordants  dont  la  moyenne  est  de  2,490  et  dont  l'écart  maximum  entre 
les  chiffres  extrêmes  n'est  plus  que  0,008. 

»  Mais  nous  avions  encore  une  petite  cause  d'erreur  à  éliminer,  cause 
qui  tient  à  ce  que  le  chlore  liquide  renferme  une  certaine  quantité  de  gaz 


I202  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

en  solution.  On  voil,  en  effet,  au  moment  où  le  chlore  liquide  passe  à 
l'état  solide,  des  gaz  se  dégager  brusquement  dans  l'axe  de  la  masse  jaune 
en  partie  solidifiée.  Nous  avons  repris  alors  ces  déterminations  avec  du 
chlore  qui  avait  été  liquéfié,  puis  solidifié  dans  nos  petites  ampoules  de 
verre  et  au-dessus  duquel  on  avait  fait  le  vide,  avec  une  trompe  à  mercure 
à  double  chute,  avant  de  sceller  le  tube.  En  opérant  dans  les  mêmes  con- 
ditions que  précédemment,  nous  avons  obtenu  les  chiffres  suivants  : 

Température.  Pression.  Densité. 

16 o°  7,57,7  2,488 

17 0°  760,6  2,492 

»  Nous  estimons  que  ces  dernières  déterminations  sont  les  plus  exactes 
de  notre  travail;  elles  ne  diffèrent  que  de  0,004.  Nous  en  avons  pris  la 
moyenne  :  2,490,  chiffre  qui  se  confond  avec  la  moyenne  de  la  série  pré- 
cédente, et  nous  regardons  ce  nombre  comme  représentant  la  densité  la 
plus  rapprochée  du  chlore  qui  ait  été  obtenue  jusqu'ici. 

»  Nous  avons  discuté  pour  celte  dernière  série,  comme  pour  les  précé- 
dentes, les  conditions  diverses  de  l'expérience  :  pesées,  détermination  de 
la  pression  atmosphérique,  jaugeage  du  ballon,  etc.,  et  nous  avons  étudié 
l'étendue  de  ces  différentes  causes  d'erreur  dans  nos  déterminations. 

»  Conclusions .  —  En  résumé,  nous  voyons  que,  si  nous  prenons  la  den- 
sité du  chlore  par  la  méthode  de  Dumas,  en  opérant  sur  du  chlore  préparé 
dans  les  conditions  ordinaires,  la  densité  peut  osciller  entre  2,424  et 
2,5o6. 

»  Les  principales  causes  d'erreur  de  ces  déterminations  sont  :  i**  la 
présence  de  l'air  qui  vient  du  ballon  à  densité,  et  qui,  de  plus,  a  été 
amené  par  le  courant  de  chlore;  2**  la  difficullé  de  sécher  complètement  le 
gaz  chlore;  3°  quand  on  utilise  le  chlore  liquéfié,  la  solubilité  de  diffé- 
rents gaz  dans  ce  liquide. 

»  En  éliminant  successivement  toutes  ces  causes  d'erreur,  nous  sommes 
arrivés  à  trouver,  pour  la  densité,  à  la  température  de  o'*,  du  chlore  extrait 
du  chlorure  de  sodium,  le  nombre  2,490.  » 


SÉANCE    DU    28   DÉCEMBRE    igoS.  l2o3 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  de  nouvelles  synthèses  effectuées  au  moyen  des 
molécules  renfermant  le  groupe  méthylène  associé  à  un  ou  deux  radicaux 
négatifs.  Action  de  V épichforhydrine  sur  l'acétylacétone  sodée.  Note 
(le  MM.  A.  Hai.ler  et  G.  Blanc. 

«  Tandis  que  l'épichlorhydrine  agit  sur  les  éthers  acétoacétique  (' ), 
benzoylacétiqiie  (^)  et  acélone-dicarbonique  sodés  (')  par  sa  fonction 
oxyde,  pour  donner  naissance  à  des  lactones  chlorées,  il  n'en  est  plus 
ainsi  avec  l'acélvlacétone  sodée.  Le  caractère  franchement  acide  de  celte 
dicélone,  la  stabilité  de  ses  sels,  et  en  particulier  de  son  sel  sodique, 
semblent  être  un  obstacle  à  l'addition  pure  et  simple  de  l'épichlor- 
hydrine à  son  dérivé  sodé,  comme  le  fait  arrive  avec  les  autres  composés 
mélhéniques. 

»  Quand  on  traite  l'acétylacétone  sodée,  préparée  par  l'action  de 
l'éthylate  de  sodium  sur  la  dicétone,  par  de  l'c'pichlorhydrine,  il  ne  se 
passe  aucune  réaction  à  froid.  On  chauffe  alors  au  bain-marie  et,  au  bout 
de  très  peu  de  temps,  le  liquide  se  trouble  et  il  se  dépose  du  chlorure  de 
sodium  en  même  temps  qu'd  se  dégage  une  forte  odeur  d'éther  acétique. 
Au  bout  de  i[\  heures  la  réaction  est  terminée,  c'est-à-dire  qu'on  recueille, 
dans  certains  cas,  à  peu  près  la  quantité  théorique  de  chlorure  de  sodium 
en  même  temps  que  de  l'acétate  de  sodium. 

»  Après  avoir  éliminé  le  chlorure  de  sodium  par  filtration,  on  distille 
dans  le  vide  et  l'on  recueille  des  quantités  considérables  d'éther  acétique  et 
d'alcool.  Le  résidu  est  repris  par  de  l'eau  et  la  solution  épuisée  à  Télher. 
D.ins  le  liquide  aqueux  on  constate  la  présence  de  plus  ou  moins  grandes 
quantités  d'acétate  de  sodium. 

»  La  liqueur  éthérée  est  soumise  à  la  distillation  pour  enlever  l'éther, 
puis  fractionnée  sous  pression  réduite.  On  obtient  ainsi  une  première  frac- 
tion boudiant  entre  5o**  et  100°  sous  lo"-™,  et  une  autre  distillant  entre  100° 
et  lôo**  sous  la  même  pression. 


(')  W.  Traubb  et  E.  Lehmann,  Ber.  deutsch.  cheni.  Ges.,  t.  XXXII,  p.  720. 
(^)  A.   Halliïr,   Bull.  Soc.  chi/n.,  3"  série,  t.  XXI;  Comptes  rendus,  t.  CXXXII, 
p.  1459. 

(*)  A.  Haller  et  F.  March,  Comptes  rendus,  t.  GXXXVI,  p.  434« 


I2o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  En  soumettant  la  première  portion  à  une  série  de  fractionnements,  on 
arrive  assez  facilement  à  isoler  un  produit  A  distillant  à  70'*  sous  8""°,  ou 
à  8i°-82°  sous  i5™".  (^e  liquide  est  homogène  et  de  nouvelles  distillations 
dans  le  vide  n'altèrent  pas  son  point  (i'ébuUition. 

»  Quant  à  la  portion  de  liquide  bouillant  entre  100"  et  160"  sous  10™™, 
il  est  absolument  impossible  d'en  tirer  un  corps  bouillant  d'une  façon  con- 
stante. Si  l'on  veut  le  fractionner,  on  constate  tout  de  suite  que,  même 
sous  pression  réduite,  l'ébullition  commence  vers  4o**  et  il  se  dégage  de  l'eau 
avec  formation  correspondante  d'un  produit  résineux.  Nous  avons  aban- 
donné, pour  le  moment,  l'étude  de  cette  fraction  et  avons  porté  nos 
recherches  sur  le  produit  A. 

»  Ce  produit,  qu'on  obtient  avec  un  rendement  d'environ  3o  pour  100 
de  l'acétvlacétone  employée,  est  un  liquide  mobile,  incolore,  très  soluble 
dans  tous  les  dissolvants,  sauf  l'éther  de  pétrole,  d'une  odeur  particulière 
et  agréable. 

»  Son  analyse  conduit  à  la  formule  C^H"'0^,  et  son  mode  de  formation 
peut  être  expliqué  par  l'équation 

^IJj^Q^CHNa  +  CH'^CLCH  -  CIP  +  H'Oh-  C'IPOH 

=  CH^ .  CO .  CH2 .  CH*  CH  OH .  CH^  OH  +  C^  H'  0'  O  H»  +  Na  Cl. 

»  Le  composé  C^H'^0^,  qui  peut  aussi  se  concevoir  sous  sa  forme  tau- 
tomère  CH' .  CO  H  =  CH .  CH'  OH .  CH-  OH,  subit  ensuite  au  cours  de  l'opé- 
ration une  déshydratation  et  donne  CH^^O^ 

CH^C0H  =  CH  — CH'-CHOH-CH^OH 
=  H^0-hCH3-C  =  CH  ou        CH»-G    =   CH 

Il  II 

O       CH»  O  CH« 

\/  I  I 

CH.CHîOH  CH^'-CHOH. 

»  La  densité  D*^  —  0,988; /2[)  à  i4°=i,/^^47- 

»  Sa  réfraction  molécul.iire  égale  3o,4.  La  réfraction  calculée  pour  un 
oxygène  d'éther  oxyde  et  un  oxygène  d'hydroxyle  égale  30,8. 

»  Ce  corps  est  extrêmement  sensible  à  l'action  des  alcalis  et  des  acides; 
les  uns  et  les  autres  le  résinifient  promplement  en  donnant  des  corps 
visqueux,  inodores  et  brunâlres.  L'amnoniaqie  se  combine  peu  à  peu  en 
fournissant  un  corps  incrisLaliisable  soluble  dans  l'eau.  L'action  de  l'iso- 


SÉANCE    DU    28   DÉCEMBRE    IQoS.  l2o5 

cyanate  de  phényle  sur  cet  alcool  ne  conduit  pas  non  plus  à  un  corps 
cristallisé  et  bien  défini.  Pour  ces  différentes  raisons  la  fonction  alcool  est 
assez  difficile  à  mettre  en  évidence.  Nous  avons  cependant  réussi  à  pré- 
parer une  petite  quantité  d'éther  acétique,  en  traitant  le  composé  C*H'^0- 
pardu  chlorure  d'acélyleen  présence  de  pyridine.  Cet  éther  C*  H^OCOCH' 
est  un  liquide  incolore,  bouillant  à  igo'^-igS*',  insoluble  dans  l'eau.  Quand 
on  fait  agir  sur  l'alcool  C*H'"0^  en  solution  dans  léther  anhydre  la  quan- 
tité théorique  de  sodium  puis  de  l'iodure  de  méthyle,  on  obtient,  avec  un 
très  mauvais  rendement,  une  huile  insoluble  dans  l'eau,  d'odeur  très  forte 
rappelant  celle  du  cinéol  et  bouillant  de  160^  à  170**.  Ce  corps  répond  à 
la  formule  C^H'*0-  et  non  C^H'^OS  ce  qui  prouve  qu'au  cours  de  la 
préparation  du  composé  sodé,  il  y  a  eu  hydrogénation  et  que  la  partie  ainsi 
hydrogénée  est  devenue  stable,  tandis  que  l'autre  s'est  résinifiée  au  con- 
tact du  sodium;   ce  qui  explique  le  mauvais  rendement. 

»  La  réduction  pendant  la  formation  du  dérivé  sodé  prouve  aussi  que 
la  double  liaison  est  en  ap  par  rapport  à  l'oxygène  oxydique.  On  a  alors 
tenté  de  préparer  l'alcool  saturé  par  les  différentes  autres  méthodes  de 
réduction  ;  mais  on  n'a  obtenu  que  des  produits  de  polymérisation. 

»  Des  essais  d'oxydation,  au  moyen  du  permanganate  de  potasse,  n'ont 
également  pas  abouti  à  des  produits  bien  définis. 

»  Isomérisation  spontanée  de  l'alcool  C^W^O'-  en  iinecétone.  —Abandonné 
pendant  plusieurs  mois  à  lui-même,  l'alcool  C^H'^O*  se  transforme  peu  à 
peu,  plus  rapidement  au  contact  de  traces  d'alcali,  en  un  produit  d'une 
odeur  très  forte  et  qui  est  insoluble  dans  l'eau. 

»  Ce  corps  bout  à  'jo''-']5°  sous  i5°"",  et  fournit  avec  la  semicarbazide 
deux  produits  de  condensation.  Ainsi,  en  solution  étendue,  on  obtietit  un 
très  beau  corps  C^H^'N^O  cristallisant  en  belles  aiguilles  blanches  fon- 
dante 116*^,  et  qui  est  assez  soluble  dans  l'eau. 

»  Cette  élimination  de  2™"'  d'eau  au  cours  de  cette  condensation  donne 
immédiatenient  à  penser  que  le  deuxième  oxygène  du  composé  cétonique 
est  aussi  cétonique  et  situé  en  y  par  rapport  au  premier.  Quoi  qu'il  en  soit 
de  cette  interprétation,  quand  on  condense  la  semicarbazide  avec  le  corps 
cétonique  en  solution  concentrée,  on  obtient  un  deuxième  produit  qui  se 
présente  sous  la  forme  d'un  corps  blanc,  cristallisé  en  petits  prismes,  à  peu 
près  insolubles  dans  tous  les  réactifs  et  fondant  à  280**  avec  décomposition. 

»  Nous  nous  proposons  de  continuer  cette  étude  dans  le  but  d'établir  la 
constitution  de  cette  cétone,  et  partant  celle  de  l'alcool  dont  elle  dérive.  « 

C.  K.,  1903,  a*  Semestre.  (ï.  CXXXVII,  N»  26,)  *^^ 


2o6  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


CHIMIE  VÉGÉTALE.   —  La  potasse  soluble  dans  l'eau  du  sol  et  son 
utilisation  par  les  plantes.  Note  de  M.  Th.  Sciilœsi\g  fils. 

c(  On  a  vu  (^Comptes  rendus,  12  février  1900)  que  des  plantes,  cultivées 
sur  des  sols  artificiels  de  sable  quartzeux  qu'on  arrosait  de  liquides  conve- 
nables, avaient  montré  la  faculté  de  s'alimenter  en  potasse  exclusivement 
aux  dépens  de  solutions  ne  renfermant  que  quelques  millionièmes  d'alcali 
(  i™s,  8  et  7™^,  5  de  K-  O  par  litre),  c'est-à-dire  du  même  ordre  de  pauvreté 
que  celles  qui  imprègnent  les  sols  naturels. 

)/  Dans  les  sols  naturels  eux-mêmes,  les  plantes  exercent-elles  réellement 
cette  faculté?  La  potasse  leur  vient-elle  par  l'eau,  qui  pourtant  ne  leur  en 
offre  que  d'infimes  proportions  à  la  fois,  ou  bien  la  prennent-elles  sur  le 
stock  des  composés  dits  insolubles  qu'elles  attaqueraient  directement  par 
les  sucs  acides  de  leurs  racines? 

»  J'ai  cherché  à  répondre  à  cette  question  comme  je  l'ai  fait  déjà  à 
propos  de  l'acide  phosphorique  (^Comptes  rendus,  6  janvier  1902).  J'ai 
cultivé  des  maïs  sur  des  terres  naturelles  de  constitutions  variées;  à  côté 
se  trouvaient  des  terres  semblables,  entretenues  en  état  d'humidité  comme 
les  premières,  mais  sans  culture.  En  fin  d'expérience,  on  a  dosé  la  potasse 
soluble  à  l'eau  dans  les  dilïérentes  terres  et  comparé  deux  à  deux  les 
résultats,  en  vue  de  constater  et  de  mesurer,  s'il  était  possible,  la  perte  de 
potasse  que  chaque  terre  aurait  subie  du  chef  de  la  végétation. 

»  Extraire  d'une  terre  la  potasse  soluble  à  l'eau,  comme  aussi  l'acide 
phosphorique  soluble,  est  une  opération  qui  ne  va  pas  sans  quelque  diffi- 
culté et  qui  est  fuit  laborieuse.  Je  l'ai  considérablement  améliorée  en 
modifiant  le  procédé  que  j  avais  d'abord  pratiqué  (traitements  successifs 
de  la  terre  par  l'eau  en  des  fl  icons  qu'on  agitait  longuement,  dont  on 
extrayait  le  liqiiitle  après  repos,  pour  introduire  ensuite  de  l'eau  neuve  et 
agiter  de  nouveau,  etc.)  et  en  substituant  à  ces  traitements  le  lavage 
continu  par  déplacement. 

»  Au  fond  d'une  simple  cloche  à  douille,  ayant  environ  7*=™  de  diamètre 
et  portant  à  sa  partie  inlérieure  un  bouchon  traversé  par  un  tube  qui  se 
relève  verticalement,  on  dispose  loo^  de  la  terre  à  laver,  en  une  couche 
uniforme  reposant  sur  un  lit  de  grés  de  quelques  millimètres  d'épaisseur, 
lequel  est  supporté  lui-même  par  un  peu  de  gravier. 


SÉANCE    DU    28   DÉCEMBRE    T9o3.  1207 

))  On  introduit  par  le  tube  une  petite  quantité  d'eau  qui  chasse  l'air  du 
gravier,  du  grès  et  de  la  terre,  et  qui  noie  le  tout.  Il  n'y  a  plus,  pour  pro- 
céi}er  nu  lavage,  qu'à  faire  tomber  l'eau  goutte  à  goutte  dans  la  cloche, 
après  avoir  fixé  rorifice  du  tube  par  où  s'écoulera  le  liquide  à  une  hauteur 
telle  que  la  terre  reste  constamment  recouverte  d'une  couche  d'eau  de 
^cm  ^  3cm  y/ga^,  employée  au  lavage  contient  un  peu  d'azotate  de  calcium 
pur  (roo*^  de  CaO  par  litre)  destiné  à  coaguler  l'argile  de  la  terre.  Dans 
ces  conditions,  le  liquide  sortant  de  la  cloche  est  parfaitement  limpide  et 
n'a  nul  besoin  de  passer  sur  un  filtre  avant  l'analvse  qu'il  doit  subir.  Une 
étude  préalable  m'a  conduit  à  adopter  un  débit  de  o',3  à  l'heure,  soit  à 
peu  près  de  7^  en  24  heures.  Ainsi  le  lavage  n'a  pas  une  durée  par  trop 
longue  et  fournit  des  liqueurs  qu'un  fonctionnement  beaucoup  plus  lent 
ne  rendrait  pas  beaucoup  moins  pauvres.  On  recueille  le  liquide  sortant 
de  la  cloche  par  lots  de  7'  ou  de  i4*,  qu'on  soumet  séparément  au  dosage 
de  la  potasse. 

»  I/épuisement  d'une  terre  par  l'eau  ne  s'achève,  pour  ainsi  dire, 
jamais;  les  doses  de  potasse  qu'on  extrait  vont  diminuant  sans  s'annuler. 
Je  poursuis  le  lavage  jusqu'à  ce  que,  dans  les  deux  séries  de  résultats  cor- 
respondant l'une  à  une  terre  cultivée,  l'autre  à  la  même  terre  sans  culture, 
je  rencontre  deux  chiffres  à  très  peu  près  égaux.  A  partir  de  là,  on  peut 
admettre  que  les  deux  terres  ont  sensiblement  la  même  teneur  en  potasse 
soluble  et,  de  fait,  elles  continuent  ensuite  à  donner  des  chiffres  sensible- 
ment pareils.  Si  l'on  atlditionne,  dans  chaque  série  de  dosages,  les  pre- 
miers résultats,  jusqu'à  ceux  qu'on  trouve  égaux  de  part  et  d'autre  comme 
il  vient  d'être  dit,  et  qu'on  prenne  la  différence  des  deux  sommes,  celle-ci 
représentera  l'excès  de  potasse  soluble  de  l'une  des  terres  sur  l'autre. 

»  Cette  manière  de  raisonner  suppose  que  le  lavage  suit  une  marche 
régulière,  s'effectue  dans  des  conditions  toujoiu's  les  mêmes;  ce  que 
j'obtiens  par  l'emploi  d'un  dispositif  qui  permet  de  distribuer  aux  terres 
qu'on  lave  des  volumes  d'eau  rigoureusement  égaux  dans  un  même  temps. 
En  outre,  une  comparaison  aussi  délicate  que  celle  qu'on  se  propose  de 
faire  entre  les  terres  exige  des  dosages  de  potasse  extrêmement  précis; 
tous  les  soins  sont  donnés  à  ces  dosages  et,  en  particulier,  on  prend  la 
précaution  d'évaporer  les  grands  volumes  de  liquide  qu'on  traite,  non  pas 
dans  du  verre  ni  dans  de  la  porcelaine  qui  pourrait  abandonner  un  peu 
d'alcali,  mais  dans  du  cuivre  d'abord,  puis  dans  du  platine. 

»  Le  Tableau  suivant  présente  le  résumé  des  analyses  effectuées  sur  les 


I2o8 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


liquides  de  lavage.  J'en  rapproche  les  dosages  de  potasse  dans  les  plantes 
entières  (parties  aériennes  et  racines)  venues  sur  chaque  terre. 


I.  Terre 

de  Boulogne 

non 
cultivée,     cultivée. 


II.  Terre 
de  Galande 

non 
cultivée,    cultivée. 


III.  Terre 
de  Joinville 

non 
cultivée,    cultivée. 


IV.  Terre 
de  Neauphle 

non 
cultivée,    cultivée. 


K-0  soluble   à  l'eau  \ 

par  kilogramme  de  j  i"  lot.  298  2i4  io5  78  168  89  io5  57 

terre  sèche  ( épuise-  [  2«  lot.  126  92  44  3o  3i  22  68  42 

ment  continu  pour  l  3*  lot.  24  19  29  »  i3  12  47  33 

I,   II  et  III;   épui-  l  4"  lot.  »  »  »  »  11  10  35  28 

sèment    en     flacon  j  5^  lot.  »  »  »  »  10  »  28  » 

pour  IV).  I  

443         325  178       io3  233       i33 

Difl'érence  par  kilogramme  de  — .— ^^  ^i—  -  »  — .-  ^ ^-..  -     --  --^^ — 

terre  sèche 118  65  1 00 

DifTérence    pour    les    36''s    de  1 

terre    mis   en    œuvre   dans  |  i  i8"'sx36=  4^,2  (')     65™sx36  =  2S,3     ioo'"sx36rr=3s,6     i23"sx36=  4^,4 

chaque  culture.  ) 

K^O  totale   dans   les    plantes 

eniières 55,7  2?,  3  4^»  ï  58,2 

»  On  voit  que  chaque  lot  de  liquide  se  rapportant  à  une  terre  cultivée 
corUient  moins  de  potasse  que  le  lot  de  même  rang  se  rapportant  à  la  même 
terre  non  cultivée.  Il  est  par  là  mis  hors  de  doute  que  les  quatre  sortes  de 
terre  ont  subi,  du  fait  de  la  culture,  des  pertes  sensibles  en  potasse  soluble 
à  l'eau. 

»  Évaluant  ces  pertes  comme  il  a  été  indiqué,  on  trouve  qu'elles  repré- 
sentent les  trois  quarts  ou  la  totalité  de  la  potasse  contenue  dans  les 
plantes. 

))  Tout  s'est  donc  passé  comme  si  les  plantes  avaient  prélevé  la  plus 
grande  partie  de  leur  potasse  sur  la  portion  de  l'alcali  existant  à  l'état 
soluble  dans  les  terres,  à  la  condition,  bien  entendu,  qu'on  accorde,  ici 
comme  dans  le  cas  de  l'acide  phosphorique,  au  sens  du  mot  solahle 
l'extension  con>>idérablequi  paraît  nécessaire  à  la  suite  de  mes  expériences, 
c'est-à-dire  qu'on  ap[)elle  solubles  des  composés  qui  fournissent  des  disso- 
lutions contenant  des  proportions  de  potasse  de  l'ordre  des  millionièmes 


(*)  Le  chiffre  de  4^>2  est  un  minimum  pour  l'excès  de  potasse  dans  la  terre  non  cul- 
tivée, car  on  s'est  arrêté  dans  l'épuisement  avant  d'avoir  deux  résultats  égaux. 


SÉANCE    DU    28   DÉCEMBRE    IQoS.  Ï209 

et  moins  encore.  J'avais  déjà  eu  l'occasion  d'énoncer  ce  résultat  sans  en 
fournir  la  démonstration.  C'est  d'ailleurs  le  même  que  j'ai  obtenu  pour 
l'acide  phosphorique.  Ainsi,  de  plus  en  plus,  portion  assimilable  d'un 
principe  fertilisant  tend  à  devenir  synonyme  de  portion  soluble  à  l'eau.    » 


ASTRONOMIE.  —  Sur  le  premier  Volume  du  Catalogue  photographique  du  Ciel 
publié  par  M .  A.  Donner,  Directeur  de  l'Observatoire  d'HelsingJors.  Note 
de  M.  Lœwy. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie,  au  nom  de  M.  A.  Donner,  le 
premier  Volume  paru  du  Catalogue  photographique  du  Ciel  pour  la  zone 
attribuée  à  l'Observatoire  d'Helsingfors. 

»  M.  Donner,  Directeur  de  cet  él;iblissement,  est  im  des  premiers  et  des 
plus  énergiques  collaborateurs  de  l'œuvre  internationale  de  la  Carte  photo- 
graphique du  Ciel.  La  réiiion  dont  \\  a  entrepris  l'exploration  comprend 
tout  l'espace  entre  -+- Sg**  et  +4?°  de  déclinaison  boréale.  La  partie 
de  cette  bande  céleste,  qui  a  été  la  première  mise  en  exécution,  en 
embrasse  toute  la  largeur  dans  l'étendue  de  q''  à  \i^  d'ascension 
droite;  et,  comme  chaque  A'olume  contiendra  les  résultats  analogues  de 
3  heures  en  3  heures,  celui  qui  est  offert  à  l'Académie  porte  le  n°  4. 

»  Ce  qui  caractérise  l'œuvre  actuelle,  c'est  qu'elle  fournit  déjà  des  con- 
clusions définitives.  Elle  contient,  non  seulement  les  coordonnées  recti- 
lignes  desastres  photographiés,  maisencore  leurs  coordonnées  équatoriales, 
de  telle  sorte  que  tous  ces  résultats  sont  rendus  immédiatement  utdisables 
pour  les  multiples  recherches  auxquelles  ils  sont  di^stitiés.  Le  plan  adopté 
par  M.  Donner,  bien  qu'il  diffère  un  peu  de  celui  qui  a  été  conseillé  par  la 
Conférence  astrophotographique  internationale,  est  excellent,  mais  il 
exige  des  eiïorls  notables  et  ininterrompus.  M.  Donner  n'a  pas  hésité  à 
s'engager  dans  cette  voie  pour  assurer  à  son  œuvre  les  plus  grandes  chances 
de  succès;  il  a,  dans  ce  but,  pris  toutes  les  dispositions  nécessaires  pour 
qu'elle  puisse  être  menée  à  bonne  fin  d'ici  à  une  douzaine  d'années,  époque 
à  laquelle  M.  Donner  se  propose  de  résigner  ses  fonctions  officielles. 

»  Pour  donner  aux  résultats  une  homogénéité  aussi  parfaite  que  possible, 
les  constantes  de  chaque  cliché  ont  été  déterminées  à  l'iiide  des  données 
tirées  de  l'ensemble  de  tous  les  clichés  adjacents  rattachés  les  uns  aux 
autres  par  des  mesures  effectuées  sur  des  images  stellaires  communes,  mé- 


I210  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

thode  que  j'ai  signalée  et  dont  j'ai  démontré  la  haute  portée  dans  plusieurs 
Mémoires  successifs. 

»  Lorsqu'on  examine  en  détail  les  travaux  d'observations  et  de  calculs 
sur  lesquels  repose  cet  Ouvrage,  on  est  frappé  de  la  rigueur  des  procédés 
mis  en  praiique,  de  Ja  clarté  d'exposition  et  de  la  judicieuse  économie  qui 
ont  présidé  à  la  publication,  ainsi  que  de  la  part  contributive  personnelle 
si  notable  de  M.  Donner  dans  l'exécution  de  toutes  les  recherches  d'une 
nature  si  variée  qui  s'y  rapportent. 

))  L'Académie  remarquera  peut-être  avec  étonnement  le  nombre  si 
fiiible  (  12485)  d'images  stellnires  correspondant  à  une  plage  aussi  vaste  de 
la  sphère  céleste.  Mais  ce  fait  si  imprévu  s'explique  aisément;  en  effet,  par 
un  pur  haçard,  on  avait  entrepris  la  photographie  de  la  région  de  l'espace 
la  plus  pauvre  en  étoiles.  Parmi  les  sept  volumes  suivants,  il  y  en  aura  qui 
renfermeront  cinq  ou  six  fois  plus  de  positions  stellaires.  L'épaisseur  com- 
parative des  huit  volumes  permettra  ainsi  de  se  rendre  compie  grosso  modo 
de  la  richesse  slellaire  relative  des  régions  respectives  de  l'espace  dans  la 
zone  considérée. 

»  Il  y  a  lieu  de  féliciter  M.  Donner  d'avoir,  pour  la  partie  de  l'œuvre 
internationale  qui  le  concerne,  inauguré  d'une  manière  si  heureuse  la 
publication  du  Catalogue  photographique.  » 

M.  R.  Zeiller  présente  à  l'Académie,  dans  les  termes  suivants,  au  nom 
de  M.  Michel  Lévy,  directeur  du  Service  des  topographies  souterraines,  en 
même  temps  qu'au  sien,  le  volume  de  Texte  de  la  Flore  fossite  des  gîtes  de 
charbon  du  Tonkin,  qui  complète  l'Ouvrage  dont  l'Atlas  avait  été  déposé  sur 
le  bureau  de  l'Académie  il  y  a  un  peu  plus  d'un  an. 

«  La  plus  grande  partie  du  travail  est  consacrée  aux  gîtes  de  charbon  du 
Bas-Toukin,  Hongay,  Kébao  et  Dongtrieu,  dans  lesquels  il  a  été  recueilli 
un  total  de  54  espèces,  dont  i[\,  c'est-à-dire  près  de  la  moitié,  avaient  déjà 
été  observées,  soit  en  Europe,  soit  dans  l'Lide  ou  en  Australie,  dans  des 
couches  appartenant  à  l'étage  rhétien  ou  confinant  à  cet  étage;  les  3o 
autres  sont  nouvelles,  et  l'une  d'elles  constitue  un  type  générique  nouveau 
d'E(piisétinée  qui  ne  laisse  pas  de  ressembler  un  peu,  du  moins  en  appa- 
rence, aux  Annularia  houillers;  mais,  sur  ces  3o  espèces,  i8  sont  étroitement 
alliées  à  des  types  spécifiques,  soit  du  Rhétien,  soit  du  Permotrias  ou  du 
Lias,  et  pour  quelques-unes  les  ressemblances  sont  telles  qu'on  peut  dire 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE     IpoS.  1211 

que  ce  ne  sont  que  des  formes  représentatives  de  certaines  de  nos  espèces 
de  la  flore  rhétienne  de  l'Europe.  L'âge  rhélien  de  ces  couches  n'est,  en 
somme,  pas  discutable. 

»  L'examen  détaillé  de  la  flore  des  gisements  de  Hongay  et  de  Kébao 
a  permis  en  outre  de  déterminer  le  niveau  relatif  des  principaux  faisceaux 
exploités  et  a  montré  notamment,  en  ce  qui  regarde  Hongay,  que  les 
couches  de  Nagotna  sont  les  plus  récentes  du  système  et  que  celles  de 
Hatou  sont  au  contraire  plus  anciennes;  quant  à  celles  de  Kébao,  elles 
semblent  correspondre  à  un  horizon  encore  un  peu  plus  bas,  mais  la  flore 
n'en  est  pas  assez  complètement  connue  pour  permettre  à  cet  égard  une 
affirmation  formelle,  et  peut-être  sont-elles  contemporaines  de  celles  de 
Hatou. 

»  Les  gisements  de  Yen-Bai,  sur  le  haut  Fleuve  Rouge,  n'ont  fourni 
qu'une  douzaine  de  formes  spécifiques  de  plantes,  accompagnées  de 
quelques  coquilles;  mais  l'étude  des  unes  et  des  autres  concorde  pour 
faire  considérer  les  charbons  de  ces  gisements  comme  étant  d'âge  mio- 
pliocène,  sans  qu'il  soit  possible  toutefois  de  préciser  davantage. 

»  Enfin  la  dernière  partie  de  l'Ouvrage  est  consacrée  à  la  description 
des  quelques  fossiles  végétaux  qui  ont  été  recueillis  par  M.  l'Ingénieur  en 
dief  des  Mines  Leclère  dans  les  gîtes  de  charbon  rhéliens  du  Yun-Nan  et 
du  Rouei-Tcheou,  et  qui  sont  pour  la  plupart  identiques  à  ceux  qu'on 
rencontre  dans  les  gîtes  similaires  du  Bas-ïonkin.  » 


Note  de  M.  Alfred  Picard,  accompagnant  la  présentation  du  Recueil  des 
plans  de  son  Rapport  sur  l' Exposition  universelle  de  1900. 

«  J'ai  fait  successivement  hommage  à  l'Académie  des  Sciences  des  sept 
Volumes  de  mon  Rapport  administratif  et  technique  sur  l'Exposition  uni- 
verselle de  1900.  Elle  me  permettra  d'y  ajouter  aujourd'hui  le  recueil  des 
plans  au  ^^qui  accompagnent  la  publication. 

»  Ces  plans  sont  au  nombre  de  quatre  :  plan  du  rez-de-chaussée  et  plan 
de  l'étage  des  constructions  édifiées  dans  l'enceinte  urbaine;  plan  des  ser- 
vices divers  organisés  dans  la  même  enceinte;  plan  de  l'annexe  du  bois  de 
Vincennes. 

»  Ils  n'appellent  que  de  très  courtes  explications. 

))   L'Académie  m'autorisera  à  passer  rapidement  sur  les  deux  premiers. 


I2I2  ACADEMIE   DES    SCIENCES. 

car  l'ordonnance  d'ensemble  de  l'Exposition  est  encore  présente  à  la 
mémoire  de  tous;  un  simple  coup  d'œil  suffirait  au  besoin  pour*  réveiller  les 
souvenirs.  Je  me  borne  à  rappeler  les  grandes  idées  directrices  du  pro- 
gramme que  les  circonstances  ont  conduit  à  réaliser. 

»  Au  premier  rang  se  place  le  rétablissement  de  la  perspective  qui, 
avant  i855,  avait  toujours  été  ménagée  avec  un  soin  jaloux  dans  l'ancien 
carré  Marigny,  entre  les  Champs-Elysées  et  l'Hôtel  des  Invalides.  De  là  sont 
nés  la  nouvelle  avenue,  bordée  par  les  deux  palais  des  Arts,  et  le  pont 
Alexandre  TH. 

))  Une  seconde  pensée  maîtresse  a  été  l'utilisation  des  berges  de  la 
Seine,  la  transformation  du  fleuve  en  une  sorte  de  grand  canal  vénitien. 
Cette  transformation  n'avait  pas  seulement  pour  objet  de  fournir  des  motifs 
séduisants  et  originaux  de  décoration;  elle  devait  entraîner  le  remplace- 
ment, depuis  si  longtemps  désiré,  des  ports  de  tirage  par  des  ports  droits, 
servir  ainsi  les  intérêts  permanents  de  la  navigation  et  doter  Paris  d'un  nou- 
vel embellissement  définitif  qui  s'ajouterait  à  celui  de  l'avenue  Alexandre  III. 

»  Les  organisateurs  ont  aussi  atlacbé  une  extrême  importance  à  ce  que 
l'entrée  principale  touchât  la  place  de  la  Concorde,  afin  de  mettre  l'Expo- 
sition en  contact  avec  les  quartiers  du  centre  de  la  capitale.  Près  de  i3  mil- 
lions de  visiteurs  sont  passés  par  cette  entrée  et  par  celle  de  l'avenue  des 
Champs-ElyNées. 

»  Dans  la  distribution  des  palais,  les  Champs-Elysées  et  l'Esplanade  des 
Invalides  formaient  le  domaine  des  Beaux-Arts  et  des  Arts  décoratifs  :  le 
public  trouvait,  delà  sorte,  au  seuil  même  de  l'enceinte,  les  manifestations 
les  plus  brillantes  du  génie  français.  L'Industrie  et  l'Agriculture  avaient  leur 
siège  principal  au  Champ  de  Mars.  Sur  les  quais  de  la  Seine  s'échelon- 
naient notamment  le  palais  de  la  Ville,  les  serres,  le  palais  de  l'Economie 
sociale  et  des  Congrès,  l'admirable  série  des  palais  et  pavillons  étrangers, 
les  palais  de  la  Guerre,  de  la  Navigation  et  des  Forêts.  Les  colonies  occu- 
paient le  parc  du  Trocadéro.  D'immenses  jardins  ininterrompus  reliaient 
d'ailleurs  ce  parc  au  fond  du  Champ-de-Mars,  laissant  la  vue  s'étendre  sans 
obstacle  et  offrant  de  vastes  espaces  aux  foules. 

»  Mon  unique  regret  est  de  n'avou'  pu  élever  aux  Champs-Elysées, 
comme  m'y  incitaient  des  considérations  philosophiques,  le  palais  de  l'En- 
seignement et  de  l'Éducation.  C'est,  en  effet,  par  l'éducation  et  l'enseigne- 
ment que  l'homme  entre  dans  la  vie;  c'est  aussi  la  source  de  tous  les  pro- 
grès. Des  objections,  d'ailleurs  sans  fondement,  inspirées  par  la  crainte  de 


SÉANCE    DU    2 S    DÉCEMBRE    IQoS.  121 3 

voir  porter  atteinte  aux  plantations,  ont  déterminé  l'abandon,  sur  ce  point, 
du  programme  initial.  THiisque  l'occasion  s'en  présente,  j'indiquerai  que, 
loin  d'être  réduit,  le  nombre  des  gros  arbres  dans  le  périmètre  de  l'Expo- 
sition a  été  augmenté  d'une  centaine. 

»  Le  troisième  plan  offre  peut-être  plus  d'intérêt,  car  il  montre  ce  qu'on 
ne  voyait  guère,  les  installations  multiples,  complexes  et  variées,  établies 
pour  assurer,  dans  l'enceinte  urbaine,  les  services  divers  indispensables  à 
la  vie  d'une  populeuse  cité. 

»  Ici,  le  mieux  est  de  céder  la  parole  aux  chiffres. 

»  Avant  tout,  il  fallait  pourvoira  l'assainissement.  Plus  de  iS'""  d'égouts 
y  ont  concouru,  et  parmi  eux  un  égout  pneumatique,  fonctionnant  à  l'air 
comprimé,  pour  la  berge  basse  de  rive  gauche  du  fleuve. 

»  La  viabilité  à  l'intérieur  ou  aux  abords  a  exigé  i3  700"'  de  pavage  en 
bois,  19300™'  de  pavage  en  pierre,  47  Soo"'  d'empieirement,  124  000"''  de 
gravillonage,  10  700""' de  trottoirs.  De  nombreuses  passerelles  franchis- 
saient les  voies  publiques  qui  demeuraient  ouvertes  à  la  circulation  exté- 
rieure, notamment  l'avenue  d'Antin,  le  boulevard  de  Latour-Maubourg,  la 
place  de  l'Aima,  le  carrefour  Rapp-Bosquet,  le  quai  Debilly  et  le  quai 
d'Orsay.  Trois  autres  passerelles  étaient  jetées  au-dessus  de  la  Seine.  Des 
passages  ménagés  sur  le  pont  Alexandre  III  maintenaient  la  continuité  des 
relations  entre  l'est  et  l'ouest  de  Paris,  au  droit  des  Champs-Elysées  et  de 
l'Esplanade,  même  pour  les  tramways. 

»  Des  voies  ferrées,  raccordées  à  la  gare  du  Champ-de-Mars  et  mesurant 
II  i5o'",  avaient  été  aménagées  pour  le  transport  des  matériaux  et  des 
produits  exposés. 

))   La  superficie  des  parcs  et  jardins  n'était  pas  inférieure  à  26'"*. 

»  Une  abondante  alimentation  en  eau  s'imposait  absolument.  Elle  fut 
demandée  soit  aux  réservoirs  municipaux,  soit  à  la  Seine.  Le  réseau  de 
distribution  des  eaux  de  la  Ville  comprenait  4^'""» 5oo  de  tuyaux,  dont  le 
diamètre  allait  jusqu'à  o™,Go.  Quant  aux  eaux  de  Seine,  elles  étaient 
refoulées  à  21"*  de  hauteur  par  des  pompes  j)uissantes  à  vapeur,  capables 
de  fournir  1'"'  à  la  seconde,  et  par  d'énormes  conduites  en  fonte. 

»  Le  service  mécanique  comportait  des  chaudières  d'une  surface  totale 
de  chauffe  de  17000'"',  d'immenses  carneaux  de  fumée,  deux  cheminées 
d'une  hauteur  de  80™,  des  canalisalions  de  vapeur  posées  en  grande  partie 
sous  galerie  et  développant  3'^'°,  des  conduites  jumelles  affectées  au  retour 
des  eaux  chaudes,  37  machines  motrices  d'une  puissance  totale  de  36000*^''*, 

G.  R.,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N'  26.)  I  Sg 


I2l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

/^kin  jp  conduites  fl'air  comprime,  4o  ventilateurs  pour  la  Salle  des  Fêtes,  le 

palais  de  l'Agriculture  et  la  galerie  des  Groupes  électrogènes. 

»  Un  service  jumeau  du  précédent,  le  service  électrique,  avait  des 
groupes  électrogènes  d'une  puissance  de  20000  kilowatts,  60'^™  de  canali- 
sations pour  courant  continu  ou  alternatif,  2  tableaux  généraux,  2  grands 
convertisseurs,  260  transformateurs.  Ses  ressources  s'augmentaient  de 
celles  des  secteurs.  Il  alimentait  335o  lampes  à  arc  et  4o<^oo  lampes  à 
incandescence,  pour  le  seul  éclairage  public,  sans  compter  les  abonne- 
ments particuliers;  il  livrait  aussi  le  courant  nécessaire  à  677  moteurs. 
L'éclairement  opéré  par  ses  soins  dans  les  palais  ou  au  dehors  variait  de  3 
à  24  bougies  décimales  par  mètre  carré,  alors  que  les  voies  parisiennes  ne 
reçoivent  ordinairement  pas  plus  de  2  bougies  décimales.  Dans  l'ensemble, 
l'émission  journalière  des  groupes  électrogènes  a  atteint  38  600  kilowatts- 
heure. 

»  L'éclairage  des  parcs  et  jardins  était  partiellement  réservé  au  gaz, 
qui  fournissait  en  outre  de  la  force  motrice.  Tl  existait  2200  lanternes  ou 
becs  et  ^^^  de  rampes  d'illumination,  desservis  par  37''™  de  canalisations 
et  recevant  le  gaz,  soit  à  la  pression  ordinaire,  soit  avec  une  surpression. 

»  Diverses  zones  avaient  été  affectées  à  des  essais  d'éclairage  par  l'acé- 
tylène, l'alcool  et  le  pétrole. 

»  Outre  les  voies  ferrées,  l'outillage  de  la  manutention  comprenait 
52  appareils  de  levage  d'une  puissance  de  i*  à  45^  Le  poids  des  objets 
exposés  introduits  dans  l'enceinte  est  passé  de  32  600*  en  1889  à  79000^ 
en  1900;  pour  apprécier  l'importance  de  service  de  la  manutention,  on  doit 
ajoutera  ce  dernier  chiffre  35  000*  de  combustible. 

»  Le  transport  mécanique  des  visiteurs  s'effectuait  par  le  chemin  de  fer 
électrique  et  la  plate-forme  mobile,  dont  le  trafic  a  été  de  9300000  voya- 
geurs, ainsi  que  par  29  chemins  élévateurs  et  8  ascenseurs. 

»  Rien  n'a  été  négligé  pour  le  service  médical,  dont  l'organisation  et  la 
direction  ont  fait  grand  honneur  à  M.  le  D^  Gilles  de  la  Tourette,  puis  à 
M.  le  D*"  Beurnier,  chirurgien  des  hô})ilaux.  Quatre  postes  médicaux  étaient 
répartis  dans  le  périmètre.  20000  personnes  ont  reçu  des  soins;  le  nombre 
des  visiteurs  malades  ou  indisposés  n'a  pas  dépassé  1750,  alors  qu'en  1889 
il  avait  atteint  454o.  Une  surveillance  minutieuse  était  exercée  dans  l'in- 
térêt de  l'hygiène,  qui  a  été  parfaite. 

))  Les  mesures  les  plus  prudentes  devaient  être  prises  pour  la  défense 
contre  le  feu.  A  cet  effet,  l'administration  avait  installé  10  postes  de  pom- 
piers militaires  (auxquels  se  joignaient  des  postes  de   pompiers  civils), 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    I[]o3.  I2l5 

132  bouches  d'eau,  892  robinets  de  secours  et  97  avertisseurs,  desservis 
par  5']^°^  de  fils.  Tout  le  personnel  était  exercé  à  la  manœuvre  des  robinets 
de  secours;  pas  un  point  des  palais  ne  restait  en  dehors  de  la  zone  d'action 
de  ces  robinets.  Les  commencements  d'incendie,  généralement  dus  à  des 
courts-circuit?,  ont  été  très  fréquents,  et  le  nombre  des  appels  aux  pom- 
piers s'est  élevé  à  61;  mais,  dans  la  plupart  des  cas,  l'extinction  a  pu  être 
presque  instantanée  et  aucun  sinistre  de  quelque  gravité  ne  s'est  produit 
dans  les  galeries.  Ce  résultat  est  dû,  pour  une  large  part,  à  l'ignifugeage 
auquel  étaient  soumis  les  bois  et  les  tissus,  d'après  les  principes  posés  par 
Gay-Lussac  dès  1821. 

»  Enfin  le  service  postal  et  télégraphique  avait  7  bureaux  et  82  cabines 
téléphoniques.  Les  lignes  télégraphiques  mesuraient  28'^'"  et  les  lignes 
téléphoniques  3 10''™.  Il  a  été  expédié  ou  reçu,  tant  à  Paris  qu'au  bois  de 
Vincennes,  9800000  correspondances  ordinaires  postales  et  99000  télé- 
grammes. 

»  Le  quatrième  plan  est  relatif  à  l'annexe  du  bois  de  Vincennes,  siège 
des  concours  d'exercices  physiques,  des  expositions  se  rattachant  à  ces 
concours  (automobiles  et  cycles),  des  expositions  encombrantes  comme 
celle  du  matériel  des  chemins  de  fer,  des  expositions  dangereuses  (acéty- 
lène ;  moteurs  à  pétrole,  à  éther),  des  cités  ouvrières,  etc. 

))  Je  ne  fatiguerai  pas  l'Académie  de  sa  descrij)tion.  On  y  retrouve,  avec 
moins  d'ampleur,  des  installations  analogues  à  celles  de  l'enceinte  urbaine. 

»  Les  plans,  au  sujet  desquels  je  viens  de  donner  des  explications  som- 
maires, ont  été  exécutés  par  M.  Gentil.  Ils  témoignent  de  ce  que  l'on  peut 
obtenir  aujourd'hui  par  la  lithographie  et  la  photographie,  procédés  beau- 
coup plus  cxpéditifs  et  plus  économiques  que  la  gravure  sur  cuivre. 

»  Ces  plans  offrent  d'ailleurs  une  particularité  intéressante  :  le  litho- 
graphe les  a  établis,  non  d'après  une  minute  d'ensemble,  mais  d'aj)rès  des 
dessins  partiels  à  échelles  très  diverses. 

»  Chacun  des  dessins  élémentaires  était  photographié  et  ramené  à 
l'échelle  uniforme  de  0,001.  On  faisait  ensuite  un  calque  des  épreuves,  en 
y  dessinant  très  soigneusement  les  traits  et  les  écritures,  et  l'on  photolitho- 
graphiait  ce  calque  à  l'échelle  de  moitié,  c'est-à-dire  à  l'échelle  définitive. 

»  Les  matrices  ainsi  obtenues  fournissaient  des  épreuves  à  report  qui, 
bien  repérées  entre  elles  et  décalquées  sur  pierres  lithographiques,  con- 
duisaient à  l'épreuve  d'ensemble  en  noir. 


I2lG  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Des  calques  en  IraiLs  opaques,  pris  sur  le  fond  de  plan  du  noir  et 
insolés  sur  des  feuilles  de  zinc  préalablement  enduites  d'une  préparation 
photographique  au  bitume  de  Judée,  servaient  à  préparer,  par  transposi- 
tion, les  planches  lithographiques  de  couleur. 

»  Les  diverses  couleurs  étaient  tirées  successivement  à  l'aide  de  presses 
mécaniques.  Eu  égard  aux  difficultés  de  repérage  pour  des  dessins  de 
pareilles  dimensions,  il  eût  été  impossible  de  tirer  simultanément  plusieurs 
couleurs.  » 


ZOOLOGIE.    —   Sur  les  mains  scapulaires  et  pelviennes  chez  les  Poissons 
chondroptérygiens.  Note  de  M.  Armand  Sabatieiî. 

«  Dans  ma  Note  du  3o  novembre  1908,  j'ai  établi  que  chez  les  Poissons 
osseux  il  existe  non  seulement  des  mains  de  l'avant-bras  et  de  la  jambe, 
c'est-à-dire  des  mains  terminales  des  membres,  mais  encore  des  mains  des 
ceintures,  c'est-à-dire  des  mains  scapulo-coracoïdiennes  et  pelviennes.  Exa- 
minons si,  chez  les  Chondroptérygiens,  on  ne  retrouve  pas  une  disposition 
de  même  nature. 

»  Dans  une  Note  insérée  dans  les  Comptes  rendus  du  5  décembre  1898, 
j'ai  établi  par  une  comparaison  du  membre  thoracique  du  Lophius  pisca- 
iorius  avec  celui  des  Squalidés,  quelles  étaient  les  parties  qui,  dans  ce 
dernier,  correspondaient  aux  éléments  du  premier.  La  position  basilaire 
humérale  et  antibrachiale  du  membre  antérieur  des  plagiostomes  étant 
constituée  par  une  masse  cartilagineuse  continue,  la  distinction  des  parties 
composantes  est  loin  d'être  aussi  marquée  que  chez  les  Poissons  osseux. 
Les  pièces  osseuses  qui  forment  chez  ces  derniers  autant  d'os  distincts  se 
réduisent  chez  les  Poissons  cartilagineux  à  des  saillies  plus  ou  moins  pro- 
noncées, et  ne  peuvent  être  déterminées  que  par  une  appréciation  des 
rapports  généraux,  et  en  particulier  par  leurs  relations  avec  le  trou  du 
canal  nerveux  qui  correspond  au  trou  nerveux  radio-cubital  des  Poissons 
osseux. 

»  En  procédant  ainsi,  on  distingue  chez  les  Squalidés  une  ceinture 
scapulo-coracoïdienne  portant,  sur  sa  face  postérieure,  une  saillie  perforée 
par  un  canal  bifurqué  parcouru  par  les  nerfs  destinés  aux  membres  et 
présentant  vers  son  sommet  des  surfaces  articulaires  pour  la  main  du 
membre  formée  de  trois  métacarpiens  aplatis  qui  portent  de  nombreuses 
phalanges  cartilagineuses  et  articulées  qu'il  faut  bien  se  garder  d'assimiler 


SÉANCE    DU   28    DÉCEMBRE    [90^.  12  1 7 

aux  rayons  dermiques  des  Poissons  osseux.  La  saillie  est  bien  l'avant-bras 
perforé  par  le  canal  nerveux  qui  s'est  bifurqué  dans  l'épaisseur  du  carti- 
lage. 

))  Plus  près  de  la  li£;ne  médiane  se  distingue,  dans  certaines  espèces,  et 
notamment  chez  Acanthias  vulgaris  et  A.  Blairmlle,  une  autre  saillie  légè- 
rement recourbée  qui  répond  bien  au  piriforme  des  Poissons  osseux.  Ces 
deux  saillies,  plus  les  métacarpiens  et  les  phalanges,  constituent  le  domaine 
virtuel  du  demi-interépineux  postérieur.  Parfois  le  j)iriforme  est  effacé  et 
se  confond  avec  l'avant-bras,  comme  chez  certains  Poissons  osseux.  La 
face  inférieure  du  cartilage  est,  à  ce  niveau,  creusée  d'une  fosse  coraco- 
scapulaire  comparable  à  celle  des  Osseux  et  destinée  comme  elle  à  l'inser- 
tion des  muscles  moteurs  de  la  main.  Le  bord  antérieur  de  celte  fosse,  et 
par  conséquent  le  bord  antérieur  de  la  ceinture,  forme  une  crête  amincie 
qu'il  convient  de  bien  étudier.  Chez  Scyllium,  cette  crête  porte,  vers  son 
extrémité  interne,  une  saillie  piononcée  et  assez  limitée.  Chez  Acanlhias 
Blainville  Risso,  cette  saillie  se  prolonge  en  dehors  sous  forme  d'une  crête 
très  convexe  en  avant  et  qui  forme  comme  une  voûte  saillante  arrondie 
surplombant  la  racine  des  membres;  et  enfin,  chez  Acanthias  vulgaris, 
cette  crêle,  devenue  horizontale  et  rectiligne,  est  occupée  dans  presque 
toute  sa  longueur  par  une  série  très  réguhère  de  cinq  tubercules  sphé- 
riques  bien  saillants,  qui  se  distinguent  d'autant  mieux  qu'ils  sont  calcifiés 
et  révèlent  par  là  un  degré  d'évolution  plus  avancé  que  le  reste  de  la 
masse  cartilagineuse.  Ces  saillies,  qui  ne  correspondent  pas  à  des  disposi- 
tions spéciales  des  muscles,  me  paraissent  ne  pouvoir  être  interprétées  que 
comme  des  vestiges  d'une  main  mono-  ou  pentadactyle  de  la  ceinture, 
formant  pour  ainsi  dire  comme  uwe  épaulette  placée  au-dessus  de  l'ori- 
gine du  membre  radio-cubilal,  et  de  la  main  qui  lui  appartient.  Celte 
dernière  est  d'ailleurs  elle-uiôme  virtuellement  ou  même  réellement  penta- 
dactyle, car,  s'il  semble  que  le  nombre  des  métacarpiens  soit  réduit  à 
trois,  il  ne  faut  pas  oublier  que  certains  d'entre  eux,  l'interne,  et  le  moyen 
surtout,  peuvent  être  considérés  comme  la  synthèse  de  deux  nîétacar- 
piens,  et  d'autant  plus  que  ce  caractère  synthétique  du  squelette  des 
Chondroplérygiens  est  très  accentué.  Il  y  a  d'ailleurs,  chez  les  Rajidés, 
des  mains  radio-cubitales  pentadactyles  à  métacarpiens  plus  ou  moins 
inégaux.  Comme  chez  les  Téléostéens,  il  y  a  donc  chez  les  Squalidés  les 
vestiees  d'une  main  de  la  ceinture  située  sur  la  crête  de  la  fosse  coraco- 
scapulaire;  seulement  cette  main  est  devenue  ici  plus  ventrale,  comme 
d'ailleurs  la  main  cubito-radiale  elle-même. 


121 8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  L'examen  de  la  ceinture  et  du  membre  antérieur  si  remarquables  des 
Rajidés  va  confirmer  hautement  les  précédentes  conclusions.  La  main  si 
considérable  des  Rajidés  ne  doit  pas  être  comprise  comme  le  simple 
résultat  de  l'élargissement  vers  la  région  céphalique  de  la  main  radio- 
cubitale  des  Squalidés.  En  effet,  cette  dernière  n'est  articulée  qu'avec  la 
saillie  radio-cubitale  qui  constitue  le  membre,  et  a  sa  base  en  arrière  du 
canal  nerveux  et  de  ses  orifices  qui  perforent  cette  saillie.  Or,  telle  n'est 
certes  pas  la  situation  et  les  rapj)orts  de  la  main  des  Rajidés.  Étudiée  chez 
Torpédo,  ou  chez  Myliobates  ou  chez  Raie  qui  représentent  trois  formes 
progressives  de  cette  main,  on  trouve  toujours  les  saillies  arliculaires  de 
la  ceinture  disposées  en  deux  groupes  distincts  :  i°  le  groupe  postérieur 
composé  de  plusieurs  surfaces  articulaires,  et  situées  en  arriére  ou  au 
niveau  des  trous  nerveux  qui  se  sont  ici  dédoublés  et  portés  à  quatre;  2°  la 
saillie  antérieure,  située  sur  la  crête  antérieure  de  la  fosse  coraco-scapu- 
laire  et  tout  à  fait  en  avant  des  trous  nerveux.  Si  le  premier  groupe  répond 
très  évidemment  aux  articulations  de  la  main  radio-cubitale  des  Squalidés, 
il  est  impossible  de  nier  que  la  saillie  elliptique  antérieure  correspond 
comme  situation  et  conmie  rapports  aux  saillies  coracoïdiennes  des  Squa- 
lidés. Mais  tandis  que  chez  ces  derniers  il  n'y  a  que  des  vestiges  de  la  main 
de  la  ceinture,  chez  les  Raies  cette  main  a  confirmé  et  manifesté  hautement 
sa  signification  en  ce  sens  que  la  saillie  articulaire  porte  un  doigt  très  volu- 
mineux articulé  avec  elle,  composé  d'un  Métacarpien  probablement  syn- 
thétique constitué  par  une  série  d'articles,  et  porteur  d'un  nombre  consi- 
dérable de  phalanges.  Il  v  a  donc  là  une  puissante  main  de  la  ceinture  qui, 
s'unissant  sans  interruption  ou  lacune  à  celles  du  membre  radio-cubital, 
constitue  l'élargissement  céphalique  si  étonnant  du  membre  antérieur  des 
Rajidés.  Ici,  comme  dans  le  membre  postérieur  des  Téléosléens,  mais  pour 
des  raisons  différentes,  les  deux  mains  de  la  ceinture  et  du  membre  se  sont 
juxtaposées  et  ajoutées. 

»  Chez  les  Téléostéens  le  défaut  de  différenciation  des  deux  demi- 
interépineux  constituants  et  leur  soudure  plus  ou  moins  complète  ont  main- 
tenu en  contact  les  deux  saillies  articulaires  qui  portent  les  rayons  et  qui 
représentent  virtuellement  les  deux  membres  pelviens  et  les  deux  mains 
d'un  même  côté.  Chez  les  Rajidés  la  différenciation  avancée  des  deux  pièces 
constituantes,  leur  soudure  et  leur  développement  très  considérable  ont 
maintenu  en  contact  les  deux  mains  et  assuré  leur  continuité. 

»  L'élude  du  bassin  et  du  membre  postérieur  des  Squalidés  et  des 
Rajidés  va  donner  encore  plus  de  solidité  à  ces  résultats.  Ce  bassin  pré- 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    IQoS.  1219 

sente  une  forme  générale  dont  les  variétés  se  ramènent  facilement  à  un 
type  commun.  Contrairement  à  ce  qui  a  lieu  chez  les  Téléostéens,  la  diffé- 
renciation de  la  ceinture  et  du  membre  est  déjà  assez  accentuée,  et  pres- 
que autant  qu'au  membre  antérieur.  Celte  ceinture  se  compose  d'une  plaque 
ou  lame  transversale  droite  ou  courbe  à  concavité  postérieure.  Elle  répond 
exactement  à  la  pièce  coracoïdienne  et  forme  la  j)artie  ischio-pubienne  de 
la  ceinture.  Cette  plaque  présente  à  ses  deux  extrémités  un  élargissement 
saillant  en  arrière,  bien  plus  accentué  chez  les  Raies  que  chez  les  Squales. 

n  Sur  cette  plaque  se  trouve  un  trou  ou  foramen  nerveux  chez  les  Squa- 
lidés  et  deux  foramens  antéro-postérieurs  chez  les  Rajidés.  Elle  représente 
la  saillie  du  membre  postérieur,  car  elle  est  exactement  comparable  à  la 
saillie  du  membre  sur  la  ceinture  antérieure.  La  ceinture  fournit  latéra- 
lement une  tige  ou  pointe  qui  se  porte  en  haut  et  en  arrière  et  représente 
l'iléon.  Sur  la  saillie  du  membre,  c'est-à-dire  en  arrière  des  foramens 
nerveux,  s'articulent  par  deux  surfaces  distinctes  deux  métatarsiens  qui 
portent  des  phalanges.  Mais  en  avant  des  foramens  et  sur  le  bord  antérieur 
du  pubis  s'élève  une  saillie  conique,  courte  chez  les  Squales,  allongée  et 
volumineuse  chez  les  Raies  et  qui  représente  exactement,  par  sa  situation, 
sa  forme,  ses  connexions,  le  doigt  coracoïdien  de  la  ceinture  antérieure. 
C'est  donc  un  vrai  doigt  ou  main  monodactyle  de  la  ceinture  pelvienne, 
mais  réduit  à  la  portion  métatarsienne  et  dépourvu  de  phalanges.  Ce  doigt 
est  d'ailleurs  articulé  avec  la  ceinture  chez  les  Rajidés  et  chez  la  plupart 
des  Squalidés  sur  une  saillie  pubienne,  qui  correspond  à  la  belle  tête  arti- 
culaire antérieure  de  l'épaule.  On  a  jusqu'à  présent  désigné  cette  saillie 
comme  processus  ou  apophyse  prépubienne,  sans  soupçonner  sa  significa- 
tion. Mais  c'est  bien  une  main  monodactyle  et  probablement  synthétique 
de  la  ceinture  pelvienne. 

»  Il  y  a  donc  chez  les  Sélaciens  (Squales  et  Raies)  comme  chez  les 
Poissons  osseux,  pour  chaque  paire  de  membres,  des  mains  de  la  ceinture 
distinctes  des  mains  du  membre. 

»  D'oii  résulte  que  dans  ces  deux  groupes  les  ceintures  et  les  membres 
résultent  également  de  la  différenciation  de  deux  pièces  homodynames, 
moitiés  latérales  de  deux  supports  successifs  distincts  ou  fusionnés  des 
nageoires  impaires. 

»   Une  prochaine  Note  se  rapportera  au  cas  d'autres  Vertébrés.  » 


1^20  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  la  limite  du  Jurassique  et  du  Crétacé  dans  la  région  orien- 
tale des  Pyrénées  et  sur  l'existence  de  deux  époques  distinctes  de  formation 
des  calcaires  à  couzeramte.  Note  de  MM.  Cii.  Depéret  et  O.  Mengel. 

«  L'un  des  traits  caractéristiques  de  l'histoire  géologique  des  Pyrénées, 
des  Corbières  et  d'une  partie  du  nord  de  l'Espagne  est  l'existence  d'une 
longue  phase  iVémersion  continentale  qui  embrasse  la  majeure  partie  des 
temps  Jurassiques  et  le  commencement  des  temps  Crétacés.  Ce  grand  fait 
est  établi  par  une  lacune  de  tous  les  étages  jurassiques,  vraisemblablement 
à  partir  du  Balhonien  et  de  tous  les  termes  du  grand  élage  iVéocomien.  Par- 
tout, dans  cette  vaste  région,  on  voit  les  calcaires  Urgo-Aptiens  (i'aciès  à 
Rudistes  de  l'Aptien  inférieur)  reposer  sur  les  dolomies  jurassiques 
(Bajocien-Bathonien),  ou  même,  par  suite  d'érosions,  sur  des  termes  plus 
anciens  de  la  série  sédimentaire. 

»  Dans  certaines  parties  des  Pyrénées,  telles  que  l'Ariège,  la  limite  du 
Jurassique  et  de  l'Aptien  se  reconnaît  aisément  grâce  à  l'intercalation 
d'une  couche  de  Bauxite,  qui  semble  être  un  produit  de  décalcification  des 
calcaires  sous-jacents,  dans  leur  longue  phase  d'émersion.  La  Bauxite  se 
retrouve  dans  le  Languedoc,  dans  le  chaînon  de  Saint-Ehinian  et  jusque  sur 
les  plateaux  des  environs  de  Bédarieux,  toujours  déposée  dans  les  anfrac- 
tuosités  des  calcaires  jurassiques  inférieurs  ou  basiques  et  toujours  recou- 
verte par  le  terme  le  plus  ancien  du  Crétacé  de  la  région  (en  Languedoc, 
c'est  l'étage  de  Rognac). 

»  Mais,  dans  toutes  les  Corbières  et  dans  les  chaînons  orientaux  des 
Pyrénées,  ce  point  de  repère  si  précieux  de  la  Bauxite  fait  défaut  et  la 
séparation  précise  du  Jurassique  et  des  calcaires  Urgo-Aptiens  devient 
alors  très  difficile.  Il  existe,  en  effet,  presque  toujours  dans  celte  région, 
au-dessus  du  Toarcien  raarno-schistenx  à  Ilildoceras  hifrons  très  fossilifère, 
une  série  assez  épaisse  de  dolomies  noires  et  de  calcaires  dolomitiques  sans 
fossiles,  qui  ont  parfois  l'apparence  de  passer  graduellement  aux  calcaires 
aptiens,  eux-mêmes  plus  ou  moins  dolomitiques.  Cette  zone  dolomitique 
inférieure  a  été  jusqu'ici  rapportée  tantôt  au  Jurassique,  tantôt  à  la  base  de 
l'Aptien,  sans  raison  décisive  dans  l'un  des  deux  sens. 

»  Les  levés  géologiques  exécutés  sur  les  feuilles  de  Perpignan  et  de 
Prades  pour  le  service  de  la  carte  de  France  nous  ont  jiermis  de  découvrir 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  1903.  I22I 

un  criierium  important  et  tout  à  fait  nouveau  pour  fixer  la  limite  du  Juras- 
sique et  du  Crétacé  dans  cette  région. 

»  La  vallée  de  l'Aglv,  entre  Espira  et  Estagel,  est  un  large  synclinal  crétacé  à  allure 
dissymétrique,  dont  Faiie  sud  très  redressée  ou  même  verticale  s'appuie  sur  les 
schistes  siluriens  de  la  région  de  Millas.  On  y  observe  la  série  suivante  de  haut  en  bas  : 

»   Aptien.  —  2.   Marnes  noires  à  Oslrea  aquila. 

»  1.  Calcaires  compacts  gris  bleu  à  Teucasia  (Urgo-aptien). 

»  Brèche-hmite.  —  Brèche  polygénique  d'épaisseur  variable  (i'"'"  à  iC^"^  et  plus). 

»  Jurassique  {Bajocien-Bathonien  2-1).  —  Calcaires  dolomitiques  foncés  et 
doiomies  noires  pulvérulentes,  parfois  grises  ou  même  blanches. 

»  Toarcien.  —  2.  Marnes  schisteuses  rosées  à  Uildoceras  bifrons.  Hammaloceras 
insigne,  Cœloceras  crassum,  etc. 

»   1.   Calcaires  marneux  à  Bclemniies  Iripartitus. 

»  Charnienthien.  —  2.  Calcaires  roses  et  calcaires  à  grains  de  f(uartz  à  Penta- 
crinus  jurensis. 

»  1.  Calcaires  bleus  compacts  à  Pentacrines  et  Polypiers. 

»  Sinémurien  et  ?  Infra-lias.  —  Doiomies  foncées  et  calcaires  dolomitiques  bré- 
choïdes,  cloisonnés  (cargneules). 

))  Celte  coupe  a  d'abord  l'intérêt  de  nous  faire  connaître  la  composition 
du  Lias  dans  cette  région  où  il  n'avait  pas  été  signalé.  Mais  son  intérêt 
principal  réside  dans  la  présence  constante,  entre  les  doiomies  supratoar- 
ciennes  et  les  calcaires  aptiens,  d'une  brèche  polygénique  à  gros  éléments, 
dont  l'épaisseur  est  variable  suivant  les  points  et  dépasse  parfois  une  dizaine 
de  mètres.  Les  fragments,  très  anguleux,  sont  formés  de  calcaires  d'âges 
divers  :  calcaires  noirs  et  doiomies  du  Lias  inférieur  ou  du  Jurassique; 
calcaires  gris,  roses  ou  blancs  du  Lias  moyen;  le  ciment  est  compact,  de 
couleur  grise,  rosée  ou  jaune,  donnant  un  marbre-brèche  d'assez  bel 
aspect,  depuis  longtemps  exploité  aux  carrières  de  Beixas. 

»  La  diversité  d'origine  des  éléments  de  cette  brèche  atteste  des  phé- 
nomènes assez  énergiques  de  démantèlement  et  de  transj)ort  des  calcaires 
basiques  et  jurassiques  ayant  précédé  la  formation  de  la  brèche.  Nous 
voyons  là  la  marque  d'un  changemettt  de  régime  assez  brusque  qui  a 
accompagné  ou  précédé  de  peu  le  retour  offensif  de  la  mer  aptienne  sur 
une  région  depuis  longtemps  soustraite  au  domaine  maritime.  Il  s'agit  donc 
là  d'une  yénl^ihi^brcche-limite ,  par  laquelle  nous  faisons  débuter  le  Crétacé 
inférieur  dans  toute  la  longue  bande  méridionale  de  la  vallée  de  l'Agly. 
Kous  avons  suivi  cette  brèche,  depuis  Baixas  par  Estagel,  jusqu'au  delà 
de  Latone,  et   nous  pensons  qu'elle  est  destinée  à  remplacer  la  Bauxite 

C,  R.,  iQoS,  2*  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  26.)  160 


J222  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

dans  toute  cette  région  orientale  des  Pyrénées,  comme  critérium  de  la 
limite  entre  les  terrains  jurassiques  et  crétacés. 

»  L'état  de  cette  brèche  nous  a  amenés  en  outre  à  une  observation 
intéressante  au  sujet  de  l'âge  des  phénomènes  de  métamorphisme  de 
contact  qui  ont  provoqué  la  formation  des  calcaires  à  couzeranite  (dipyre), 
si  caractéristiques  de  la  région  pyrénéenne.  Ces  phénomènes  se  sont 
reproduits  dans  notre  région  à  deux  époques  distinctes. 

»  En  effet,  les  calcaires  et  marnes  du  Lias  moyen  et  supérieur,  entre 
Calce  et  Estagel,  sont  métamorphiques  et  remplis  de  cristaux  de  couze- 
ranite. Ceci  est  parfaitement  conforme  aux  observations  faites  par 
M.  Lacroix  dans  l'Ariège,  et  plus  à  l'ouest. 

»  En  outre,  dans  les  environs  de  Baixas  et  d'Estagel,  la  brèche-limite 
du  Crétacé  inférieur  contient  de  nombreux  fragments  de  calcaires  liasiques 
remplis  de  dipyre  et  déjà  métamorphiques  avant  leur  incorporation  dans 
la  brèche  de  base  de  l'A-ptien. 

»  Mais,  d'autre  part,  les  calcaires  urgo-apLiens,  superposés  à  cette 
brèche,  sont  eux-mêmes  remplis  en  certains  points  (carrières  de  Baixas, 
Estagel)  de  magnifiques  cristaux  de  couzeranite,  et  nous  nous  sommes 
assurés  que  ces  cristaux  existent  dans  des  couches  remplies  de  sections 
indiscutables  de  rudistes  crétacés. 

»  Il  est  donc  nécessaire^  d'admettre  dans  cette  région  deux  époques 
distinctes  de  métamorphisme  :  la  première  est  antérieure  à  la  brèche  de 
base  de  l'étage  urgo-aptien,  et  doit  être  probablement  contemporaine  de 
la  formation  des  calcaires  à  couzeranite  de  l'Ariège,  c'est-à-dire  d'âge 
jurassique  (post-liasique). 

»  La  deuxième  époque  de  métamorphisme  est  sûrement  postérieure 
à  l'Aptien,  et  pourrait  être  même  assez  récente  géologiquement,  puisque 
nous  n'avons  jusqu'ici  aucun  moyen  de  préciser  sa  limite  supérieure.    » 


NAVIGATION.   —   De  V influence  de  la  surimmersion  sur  la  vitesse. 
Note  de  M.   J.-A.   Normand. 

«  Il  y  a  huit  ans,  dans  une  Note  intitulée  :  le  Problème  de  la  vitesse,  j'ai 
indiqué  la  surimmersion  comme  l'un  des  moyens  les  plus  efficaces  d'ac- 
croître la  vitesse  des  navires  et  de  résoudre  des  problèmes  de  construc- 
tion navale  insolubles  autrement.  La  surimmersion  n'est  admissible,  il  est 


SÉANCE   DU   28    DÉCEMBRE    1903.  1223 

vrai,  que  dans  des  limites  restreintes  et  à  la  condition  de  ne  pas  compro- 
mettre la  navigabilité. 

»  Etant  donné  un  bâtiment  type,  de  grandeur  absolue  invariable,  une 
addition  aux  poids  constitutifs  entraînera  des  conséquences  très  différentes 
suivant  que  le  déplacement  devra  être  conservé  ou  qu'il  pourra  être  aug- 
menté par  surimmersion. 

))   Soient  pour  le  bâtiment  type,  un  bâtiment  de  combat,  par  exemple  : 
D,   déplacement  total  en  tonneaux  de  1000*^5; 

/?!,  poids  de  coque  armée  avec  artillerie,  munitions,  équipage,  vivres; 
p.2,  poids  de  l'appareil  moteur  complet,  avec  rechanges  et  eau  de  réserve; 
/?3,  poids  du  combustible; 
p»,    vitesse  maxima  en  nœuds; 

n,  exposant  de  la  vitesse  suivant  lequel  varie  la  puissance  dans  le  voisinage  de  la  puis- 
sance maxima. 

On  a 

(1)  D-^/^,+/;,  +  /^3- 

M  Le  poids  par  cheval  de  l'appareil  nioleur  étant  supposé  constant,  ainsi 
que  l'utilisation,  ce  qui  est  très  admissible  à  la  condition  essentielle  que 
l'acuité  et  la  surface  propulsive  soient  modifiées  suivant  l'immersion  et  la 
vitesse,  il  faut  poser 


(2)  (.'  =  «1 

')   On  a,  par  différentialion  : 

(3)  clD  --—  fipt  -f-  dp.,  4-  c/p^ 

et 

.  ,  X  ,  ('  /dp,,         2  r/D\ 


"  \  /'2         3    D  y 

»   Quand  le  rayon  d'action  du  bâtiment  type  doit  être  conservé,  il  faut 
poser 

(5)  •  v,=^b\f, 

d'où 

,  9.       dï) 


1224  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  la  formule  (4)  devient 

(6)  do='-['^-\'^P^±^\ 

»  Ces  formules  fournissent  la  variation  de  la  vitesse  dans  un  nombre 
illimité  d'hypothèses,  parmi   lesquelles  on  peut  considérer  les  suivantes  : 

»  i*'  Une  addition  dp^  est  faite  à  la  coque  :  une  réduction  équivalente 
est  opérée  sur  l'appareil  moteur  pour  conserver  môme  déplacement  : 

r/D  =  o,  dp,  =  o,  dp.;,  =  —  dp^ , 

d'où,  par  la  formule  (\), 

(7)  rfr,  =  --  '-  *!. 

»   2,"  Malgré  l'addition  dpf,  l'appareil   moteur  et  le  rayon  d'action  du 
type  sont  conservés  et  il  en  résulte  une  surimmersion. 
»  La  formule  (6)  donne,  avec  dp.,  =  o, 

(8)  dv.,=       '"       ^^" 


on  1 

»  3°  Une  addition  dp.^  est  faite  à  l'appareil  moteur,  une  réduction  équi- 
valente étant  opérée  sur  la  coque  armée  et  le  combustible  pour  conserver 
même  déplacement. 

»   La  formule  (4)  donne,  avec  <^D  =  o, 

^  -^  ^  •'         n    p., 

»   4*'  Malgré  l'addition  dp.,  à  l'appareil  moteur,  le  poids  de  coque  et  le 
rayon  d'action  sont  conservés  avec  surimmersion. 
»   La  formule  (6)  donne,  avec  J/?,  ^  o, 

(.0)  ,/,^='1/'!ei_i^i^^\. 

»  Le  rapport  des  réductions  de  vitesses,  avec  et  sans  surimmersion  dans 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    IQOS.  122.^ 

le  cas  (l'une  addition  à  la  coque  armée  est  donc 

et  celui  des  accroissements  de  vitesse,  avec  et  sans  surimmersion,  dans  le 
cas  d'une  augmentation  de  puissance, 

(12)  '^'" 


3 


D  -  -:  ih 


»  Ces  rapports,  dont  la  somme  est  égale  à  l'unilé  et  qui  sont  indépen- 
dants de  la  vitesse  el  de  l'exposant  «,  présentent  les  valeurs  approxima- 
tives suivantes,  aux  conditions  d'essais,  pour  les  divers  types  de  bâtiments 
de  combat  : 

dv-,  dv^ 

dv,  dvj 

Cuirassés  de  premier  rang 0,10  Oj9o 

Croiseurs  de  première  classe 0,17  o,83 

Croiseurs  de  troisième  classe 0,21  0)79 

Contre-torpilleurs  non  blindés 0,28  0,72 

Torpilleurs  non  blindés o,3r  0,69 

»  Il  résulte  de  ce  Tableau  que,  pour  un  grand  cuirassé  de  grandeur 
absolue  invariable,  l'addition  à  la  coque  armée  d'un  poids  susceptible  de 
réduire  sa  vitesse  d'un  nœud,  si  le  poids  de  l'appareil  moteur  est  diminué 
d'une  quantité  équivalente  pour  conserver  le  même  déplacement,  n'entraî- 
nera qu'une  réduction  i"  X  0,10  =  o",  10,  si  le  poids  de  l'appareil  moteur 
est  conservé  et  une  suriminersion  admise. 

))  Quand,  pour  ce  même  cuirassé,  le  poids  de  l'appareil  moteur  est  aug- 
menté de  manière  à  accroître  la  vitesse  d'un  nœud,  les  autres  parties  con- 
stituantes, cuirasse,  artillerie,  combustible,  élant  diminuées  d'autant,  afin 
de  conserver  le  même  déplacement,  si  l'on  conserve  les  poids  anciens  de 
cuirasse  et  artillerie,  et  le  même  rayon  d'action,  et  si  l'on  admet  la  surim- 
mersion, l'accroissement  de  vitesse  sera  i"  X  0,90  =  o",9o.  Or  ces  poids 
représentent  la  puissance  offensive  et  défensive  et,  question  de  naviga- 
bilité mise  à  part,  leur  conservation  présente  une  importance  beaucoup 
plus  grande  que  la  perte  d'un  dixième  de  nœud. 

»  J'ai  eu  récemment  l'occasion  d'appliquer  et  de  vérifier  la  théorie 
exposée  ci-dessus. 


1226  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Le  torpilleur  Cyclone  de  3o",  5  clant  pris  comme  type  et  sa  grandeur 
absolue,  son  appareil  moteur  et  son  rayon  d'action  étant  conservés,  un 
blindage  fut  ajouté.  L'augmentation  de  déplacement  fut  obtenue  par 
surimmersion,  la  hauteur  des  œuvres-mortes  étant  réduite  au  milieu, 
mais  conservée  aux  extrémités  pour  assurer  la  navigabilité. 

»   Les  caractéristiques  du  Cyclone  étaient  : 

»   La  modification  entraîna  les  variations  : 

dD  =  37'^,  5,         dp,  =  33t^         dp.,  =  o,         dp,  =  4«. 

»  La  réduction  de  vitesse  devait  être,  d'après  (8),  en  donnant  à  n  sa 
valeur  moyenne,  2",  5  à  grande  vitesse;  dans  les  torpilleurs,  2", 07.  En 
effet,  la  vitesse  maxima  moyenne  des  deux  torpilleurs  ainsi  modifiés, 
Siroco  et  Mistral,  atteignit  28",  3,  résultat  sans  précédent,  eu  égard  à  la 
charge  excessive  aux  essais  :  37  j)our  100  du  déplacement  total,  au  lieu 
de  10  à  i5  pour  100,  dans  la  plupart  des  conlre-tor[)illeurs  étrangers 
de  3o".  Elle  n'eût  pas  dépassé  23"  si,  pour  conserver  le  déplacement  du 
type,  le  poids  de  l'appareil  moteur  eût  été  diminué  des  33*^,5  ajoutes  à  la 
coque. 

))  L'une  des  causes  qui  limitent  la  surimmersion  est  la  réduction  qui  en 
résulte  dans  l'angle  d'évanouissement  de  stabilité.  A  ce  point  de  vue,  tout 
ce  qui  contribue  à  l'abaissement  du  centre  de  gravité  général  facilite  la 
réalisation  des  grandes  vitesses,  en  permettant  d'attribuer  à  la  carène  une 
fraction  plus  grande  du  volume  de  la  coque. 

))  Du  reste,  un  volume  trop  grand  d'œuvres-mortes  est  souvent  plus 
nuisible  à  la  navigabilité  qu'un  volume  trop  faible;  car,  s'il  assure  le  re- 
dressement dans  les  inclinaisons  excessives,  il  est  la  cause  principale  de 
ces  inclinaisons.  Il  peut  donc  se  faire  qu'en  augmentant  l'immersion  du 
bâtiment  choisi  comme  type,  on  améliore  ses  qualités  nautiques,  en  même 
temps  qu'on  rend  plus  facile  la  solution  du  problème.  » 


M.  Jansseiv  fait  hommage   à   l'Académie   d'un  Volume   qu'il    vient  de 
publier  sous  le  titre  :  «  Lectures  académiques.  Discours  ». 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  r9o3.  1227 


MEMOIRES  PRESENTES. 

M.  Paul  Audollent  soumet  au  jugement  de  l'Académie,  à  propos  de  la 
Communication  de  M.  Charpentier,  du  i4  décembre  dernier,  une  récla- 
mation de  priorité  relative  à  «  l'Émission  de  radiations  par  la  généralité 
des  corps  de  la  nature  ». 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine.) 

M.  HoxRi  Revel  adresse  plusieurs  Communications  relatives  à  la  navi- 
gation aérienne. 

(Renvoi  à  la  Commission  d'Aéronautique.) 

M.  Paul  Radiot  demande  l'ouverture  de  deux  plis  cachetés  qu'il  a 
déposés  à  l'Académie  le  i*""  avril  1889  et  le  5  juin  1898,  et  dont  le  dépôt  a 
été  accepté. 

Ces  deux  plis,  inscrits  sous  les  n^*  4382  et  4918,  sont  ouverts  en  séance 
par  M.  le  Secrétaire  perpétuel.  Ils  renferment  des  Notes  sur  la  direction 
des  ballons. 

Ces  Notes  et  la  Communication  du  même  auteur,  du  24  décembre  1903, 
sont  renvoyées  à  l'examen  de  la  Commission  d'Aéronautique. 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Un  Ouvrage  de  M.  E.  Mathias,  ayant  pour  titre  :  «  Le  point  critique 
des  corps  purs  ». 

2°  Un  Ouvrage  de  IM.  A.  Lacroix ,*\n\.'\iu\Q  ;  «  Matériaux  pour  la  Miné- 
ralogie de  Madagascar.  Les  roches  alcalines  caractérisant  la  province 
pétrographique  d'Ampasindava  ».  (Présenté  par  M.  Michel  Lévy.) 

MM.  Axdoyer,  Axtiioxv,  Artiius,  Borrelly,  Brillouix,  Jean  Ca3ius, 


1228  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

E.  CiiAMBOx,  G.  Chavanne,  J.  Collet,  L.  Daxsel,  h.  Domixici,  Glover, 

E.  GoLDSTKiiv,  A.  GuNTZ,  VicTOîî  Mexri,  Hospipauer,  Lucien  Lagriffe, 
la  comtesse  M.  vox  Lindex,  E.  Loxcq,  R.  Maire,  Marchis,   Moxprofit, 

F.  DE  MoxTEssus  DE  Iîallore,  M"'^  veiive  rVEPVEU,  p.  PïCAiîD,  Behxard 
Rexault,  Eue.  Simon,  Svex  Hedix,  Léon  Teisseîiexc  de  Bort,  II. -G. 
Zeuthen  adressent  des  remercîmeiits  à  l'Académie  pour  les  distinclions 
dont  leurs  travaux  ont  été  l'objet  dans  la  dernière  séance  publique. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  transmet  à  l'Académie  une 
Lettre  du  Vice-Consul  de  France  à  Roustchouk,  relative  à  un  tremblement 
de  terre  qui  s'est  fiiit  sentir,  en  Bulgarie,  le  27  novembre  dernier. 


ANALYSE    MATHÉMATIQUE.    —    5"//^  une   propriété  des  fonctions.  Note  de 
M,  H.  Lebesgue,  présentée  par  M.  E.  Picard. 

«  Dans  une  Note  des  Comptes  rendus  (7  décembre  igoS),  M.  Borel  a 
signalé  une  propriété  appartenant  à  toutes  les  fonctions  qui  ont  été  définies 
jusqu'à  présent.  Comme  l'a  dit  M.  Borel,  j'avais  rencontré  cette  propriété 
sous  une  forme  un  peu  différente. 

»  Je  dis  qu'une  fonction /(ic)  est  mesurable  si,  quels  que  soient  a  et  b, 
l'ensemble  des  valeurs  de  x,  pour  lesquelles  on  a  «  <if{^)<i  b,  est  mesu- 
rable. Les  fonctions  continues  sont  mesurables.  La  limite  (Fune  suite  con- 
vergente de  fonctions  mesurables  est  mesurable.  Je  ne  sais  pas  s'il  existe 
des  fonctions  non  mesurables;  les  fonctions  actuellement  connues  sont 
toutes  mesurables. 

»  J'ai  démontré,  dans  mon  cours  du  Collège  de  France,  que  toute  fonc- 
tion mesurable  bornée  est  la  dérivée  de  son  intégrale  indéfinie,  sauf  pour 
des  valeurs  de  x  formant  au  plus  un  ensemble  de  mesure  nulle.  Cela  résulte 
d'une  propriété  que  j'ai  démontrée  incidemment  sans  l'énoncer  :  Si  / (^) 
est  mesurable,  il  est  possible,  sauf  si  x  appartient  à  un  certain  ensemble  de 
mesure  nulle,  de  trouver  un  intervalle  (a,  ^^  comprenant  x  et  dans  lequel  on  a  : 

!/(«.') -/(x)|<^, 

sauf  pour  des  valeurs  de  x'  appartenant  à  un  ensemble  de  mesure  £o([3  —  a); 
et  cela  quels  que  soient  ^^  et  So.  Si  l'on  adopte  les  idées  de  M.  Baire  (  ')  rela- 

(  '  )  Sur  les  fonctions  de  variables  réelles  (  An/iali  di  Mateniatica,  j  900  ). 


SÉANCE    DU    28    ])i;CEMiJI!i-:    190 3.  jn'2C) 

tivemenl  ••  la  cléfinilion  du  maximum  et  du  minimum  d'une  fonction  quand 
on  néglige  une  certaine  classe  d'ensembles,  on  pourra  dire  que,  sauf  pour  les 
points  d'un  certain  ensemble  de  mesure  nulle,  toute  fonction  mesurable  est 
continue  quand  on  néglige  les  ensembles  de  mesure  t,  z  étant  aussi  petit  que 
l'on  veut  ('). 

»  On  passe  facilement  de  cet  énoncé  à  celui  de  M.  Borel,  de  sorte  que 
toute  fonction  mesurable  jouit  de  la  propriété  de  M.  Borel  ;  d'ailleurs  toute 
fonction  qui  jouit  de  cette  propriété  est  évidemment  mesurable,  c'est  une 
propriété  caractéristique  des  fonctions  mesurables. 

«  Quand  on  veut  démontrer  seulement  que  les  fonctions  actuellement 
définies  jouissent  de  la  propriété  de  M.  Borel,  il  suffit,  comme  le  fait 
M.  Borel,  de  remarquer  que  cette  propriété  appartient  aux  fonctions  con- 
tinues et  qu'elle  se  conserve  à  la  limite.  Ce  dernier  fait  est  une  conséquence 
immédiate  d'une  propriété  presque  évidente  et  très  générale  que  j'ai  déjà 
eu  l'occasion  d'appliquer  à  l'intégration  terme  à  terme  des  séries  à  restes 
bornés  (-)  :  Lorsque  l'on  a  une  série  corner  génie  de  fonctions  mesurables,  quels 
que  soient 'c  y  et  c.,  on  peut  toujours  trouçer  n  assei  grand  pour  que  l'ensemble 
des  valeurs  de  x,  pour  lesquelles  certains  des  restes  d' indices  supérieurs  à  n  sont, 
en  valeur  absolue,  supérieurs  df  £,,  soil  de  mesure  inférieure  à  z.,.  De  sorte 
que  :  toute  série  convergente  de  fonctions  mesurables  est  uniformément  conver- 
gente quand  on  néglige  certains  ensembles  de  mesure  z,  z  étant  aussi  petit  que 
l'on  veut. 

»  La  propriété  qu'a  remarquée  M.  Borel  est  susceptible  d'une  autre 
forme  qu'il  est  souvent  commode  d'employer  pour  étendre  aux  fonctions 
mesurables  des  théorèmes  vrais  pour  les  fonctions  intégrables  :  Toute  fonc- 
tion mesurable  f  ne  diffère  d'une  certaine  fonction  inlégrableo.^  qu'aux  points 
d'un  ensemble  de  mesure  t  aussi  petite  que  l'on  veut.  Si  /  est  bornée  et 
comprise  entre  /et  L,  on  peut  prendre  Çg  comprise  entre  ces  mêmes  limites; 
lorsqu'on  opère  ainsi,  l'intégrale  de  Çe  ^^^^^^  vers  celle  de/quand  t  tend  vers 
zéro.  Cela  donne  un  procédé  permettant  de  définir  facilement  l'intégrale 
des  fonctions  mesurables  bornées.  En  se  servant  de  la  propriété  relative 


(  ')  Mais  non  nul;  l'énoncé  que  j'avais  donné  à  M.  Borel  est  inexact.  Les  ensembles 
que  l'on^néglige  ne  sont  pas  de  mesure  nulle,  mais,  si  l'on  veut,  de  densité  nulle  au 
point  considéré. 

(-)  Voir  ma  Thèse  Intégrale,  longueur,  aire  {Ànnali  cli  Mateniatica,  1903), 
p.  29. 

C.  U.,  1900,   2'  Sc/neslre.  (T.  GXWVIL  N»  28  )  I  (j  ' 


[2Jo  ACADEMIE    DES   SCIENCES. 

aux  séries  on  voit  directement  qu'il  est  applicable  à   toutes  les  fonctions 

bornées  actuellement  connues  (  '  ).  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  équations  linéaires  aux  déniées 
partielles.  Note  de  M.  J.  Le  Roux,  présentée  par  M.  E.  Picard. 

»{  M.  Hadamard  a  donné,  dans  une  Note  récente  des  Comptes  rendus, 
d'intéressantes  propriétés  des  intégrales  des  équations  linéaires  aux  dérivées 
partielles  du  deuxième  ordre.  Ces  propriétés  peuvent  s'étendre,  au  moins  en 
partie,  aux  équations  d'ordre  supérieur.  J'ai  fait  dans  ma  Thèse  (  Pari^,  1 894  ) 
une  étude  détaillée  des  singularités  accidentelles  pour  les  équations  du 
deuxième  ordre  à  deux  variables  indépendantes,  en  me  basant  sur  une  cer- 
taine représentation  analytique  des  intégrales,  obtenue  par  une  généralisa- 
tion de  la  méthode  de  Riemann.  J'ai  montré  ensuite  comment  la  même 
représentation  analytique,  et  par  suite  la  même  méthode,  pouvait  s'appli- 
quer aux  équations  d'ordre  supérieur  à  deux  variables  indépendantes 
(Journal  de  Liomille,  1898)  et  aux  équations  à  plusieurs  variables,  d'ordre 
quelconque  (Journal  de  Liouville,  1900). 

»  Si  l'on  prend,  par  exemple,  les  équations  linéaires  à  trois  variables 
indépendantes,  les  solutions  pouvant  être  représentées  par  des  intégrales 
doubles  de  la  forme 

i  ff(y.,  ti)u{a;,y,  z,  a,  [î)  dv.  d^, 

plus  des  intégrales  simples  et  des  solutions  particulières  en  nombre  limité. 


(')  Dans  une  iXote  des  Comptes  rendus  (3o  nov.  1900),  M.  Borel  a  indiqué  que,  dans 
mes  Leçons  sur  l'intégration  et  la  recherche  des  fonctions  primitives,  se  trouve  une 
démonstration  du  théorème  de  Cantor-Bendixon.  Je  me  permets  de  compléter  ici  cette 
indication. 

Le  théorème  dont  il  s'agit  comprend  deux  parties  : 

I.  Tout  ensemble  fermée  est  la  somme  d'un  ensemble  parJ'aitY.^  et  cV  un  ensemble 
clénombrable  E2. 

II.  El  est  l'un  des  dérivés  de  E. 

La  démonstration  que  je  donne  de  la  propriété  I  est  identique  à  celle  qu'a  indiquée 
M,  Lindelôf  dans  les  Comptes  rendus  du  2  novembre  1908;  je  n'y  emploie  pas  le 
langage  des  nombres  transfinis.  Mais,  pour  la  propriété  II,  que  ne  démontre  pas 
M,  Lindelôf,  il  est  Indispensable  d'avoir  la  notion  générale  de  dérivé,  c'est-à-dire  celle 
de  nombre  transfînl. 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    igoS.  I23t 

»  La  limite  du  champ  d'intégration  relatif  à  l'intégrale  double  peut 
comprendre  une  partie  fixe  arbitrairement  choisie,  et  une  partie  variable 
(dépendant  de  x,y,z).  Cette  dernière  partie  doit  être  définie  par  une 
érpiahon  de  la  forme 

(1)  |3  =  o(.r,  y,  s,  7.\ 

la  fonction  9  étant  telle  que  l'équation  (i),  quand  on  y  regarde  a,  ,8  comme 
des  constantes,  définit  une  intégrale  complète  de  l'équation  aux  dérivées 
partielles  des  caractéristiques.  Quant  à  Télément  d'intégrale,  il  comprend 
une  fonction  arbitraire /(y.,  8)  et  une  intégrale  primitive  u(x,  y,  z,  a,  p)  de 
l'équation  considérée,  qu'on  peut  toujours  supposer  régulière  dans  un 
domaine  restreint  des  variables  x,  y,  z. 

))  Il  saute  alors  aux  yeux  que,  pour  obtenir  des  intégrales  à  singularités 
accidentelles,  nous  disposons  :  1°  de  la  partie  fixe  arbitraire  de  la  limite 
du  champ  d'intégration;  2**  de  la  fonction  arbitraire /(x,  ^)  à  laquelle  nous 
pouvons  attribuer  telles  singularités  qu'il  nous  plaira. 

»  Un  exemple  simple  fera  nettement  comprendre  le  sens  et  la  portée 
de  la  méthode.  Soit 


)>  Intégrons  d'abord,  par  rapport  à  [3,  entre  les  limites  p^  =  const,  et 
p,  =  o(ir,  y,  z,  aV  Si  Ton  suppose  u{x,  y,  z,  a,  8)  développé  en  série 
suivant  les  puissances  de  p  —  o„, 

11  =  Uo(x,y,  z,  a.)  4-  ^—^n,  +    '   j^^'"     n.-h.... 


on  aura 


^'■? 


la  fonction  U  étant,  en  général,  régulière  pour  <p  =  cp^. 
»    Considérons  maintenant  les  racines  a  de  l'équation 

(2)  ?(^'5^..n  z,  y.)  —  o(x^,  y^,  z,,  a)  =  o. 

Soit  7-,    l'une  d'entre  elles.  Intégrons  par  rapport  à  a  suivant  un  lacet 
partant  d'un  point  quelconque  a,,  et  entourant  le  point  a,.  On  obtient  pour 


1  1>32  ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

l'intégrale  une  expression  de  la  forme 
(3)     U  =  2^iJ  '.o(a-.r,.,a,) 


àoj.r,  r,  z-,  g.)  _  (Jcp(.y,,,., ^^^^ 

»   La  fonctioniqiii  figure  en  dénominateur  dans  le  premier  terme 

VV^>  J  »  -■♦  ^0»  Ju»  --oj  —  -j^;  ^      ^         ' 

où  a,  désigne  une  racine  de  l'équalion  (  2  ),  s'annule  sur  le  conoide  carac- 
téristique ayant  pour  sommet  le  point  it'o,  yo»  ^0»  lï^^is  elle  n'est  pas,  en 
général,  holomorphe  dans  le  voisinage  de  ce  point. 

»  Dans  le  cas  de  1  équation, -y—,  +  -t-:j  —  -r::^  =  o,  on  peut  prendre  pour 

intégrale  complète  de  l'équation  caractéristique 

X  cos  y.  +•  j  sin  X  —  ::  —  p  =  o, 

et,  pour  intégrale  primitive  correspondante, 

z<  =  1 . 

»   La  méthode  précédente  conduit  alors  à  l'intégrale 


\'{œ  -  .To Y  +  {y  —  ro)- -  (5  -  ^0)' 
»   Sojl,  dans  le  cas  général, 

o  —  o„  =  a{x  —  x^,)  -i-  b{y  —  Vo)  -^  c{z  —  :?„)+.. ., 

les  coefficients  «,  b,  c  sont  des  fonctions  de  a  satisfaisant,  quel  que  soit  ce 
paramètre,  à  une  équation  algébrique  homogène,  d'ordre  égal  à  celui  de 
réquation[^considérce  :  c'est  l'équation  caractéristique  au  point  .T(,,  j„,  s„  : 

V(a,  b,  c)  — .  o. 

Les  valeurs  de  a  correspondent  aux  points  de  la  surface  de  Riemann  rela- 
tive à  cette  équation  algébrique.  Le  premier  terme  de  l'intégrale  (  3j  est 
doncanalogueà  une  période  polaire  d'une  intégrale  abélienne.  En  prenant 
dans  les  développements  du  numérateur  et  du  dénominateur  un  nombre 
limité  de  termes,  on  aura  même  de  véritables  intégrales  abéliennes, 
lorsque  l'intégrale  complète  (1)  sera  convenablement  choisie.  Ce  résultat 
intéressant  paraît  assez  inattendu.    » 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRI'  IOo3.  1233 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Convergence  des  radicaux  superposés  périodiques . 
Note  (le  iM.  Paul  Wiernsberger,  présentée  par  M.  Appell. 

«  Considérons  l'expression  y  2  ±  y  2  ±. .  .±  y'2  formée  de  radicaux 
superposés  portant  sur  le  nombre  2  et  séparés  par  les  signes  -f-  ou  —  ; 
supposons  ces  signes  au  nombre  de  pq  et  se  reproduisant  périodiquement 
dans  le  même  ordre,  de  q  en  q.  On  voit  facilement  que  cette  expression 
est  égale  au  côté  d'un  polygone  régulier  ('),  de  rayon  i,  d'ordre  2.'"^-^-  et 
dont  l'indice  y.j,  satisfait  à  la  relation 


(c.^--    -    -^     V-' 


en  désignant  jjar  î^.  le  nombre  -I- i  ou  —  i,  suivant  que  le  [7-'^'"^  signe  de  la 
période  est  +  ou  — . 

»  Il  suit  de  là  que,  pour/>  =  00,  a^,  tend  vers  une  limite  qu'il  atteint  par 
valeurs  croissantes  ou  décroissantes,  si  le  nombre  des  signes  négatifs  de  la 
période  est  pair,  ou  par  valeurs  oscillantes  si  le  nombre  en  est  impair. 

Cette  limite,  dont  a^,  est  d'ailleurs  une  valeur  approchée  à  .,^,,^+i  près,  est 
une  fraction   <^  -  ésale  à 

La  fraction  irréductible  /,  qui  lui  est  égale,  a  pour  dénominateur  un 
nombre  simplement  pair  et  le  côté  a;  du  polygone  régulier,  de  rayon  i  et 
d'indice  i,  satisfait  à  la  relation 


.T  ==  ^/  2  +  3,  \/2  +  s,  V  2  +  .  .  .  +c,^.  ,  \/  2  -h   l,,X  . 

Tl  en  résulte  que  tonte  expression  de  la  forme  proposée,  indéfiniment  pro- 


(')   I^a  somme  des  angles  d'un  polygone  l'égnlier  de  n  côtés  étant  ( //  —  '^^)~,  J^'P" 

pelle  n  son  ordre,  e  son  espèce  et  -  -c^  -  son  indice. 
'  Il        :i 


[234  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

longée,  est  convergente  et  représente  le  côté  d'nn  polygone  régulier,  de 
rayon  i  et  d'ordre  simplement  pair. 

»  On  peut  montrer,  d'une  manière  analogue,  qu'une  expression  pério- 
dique mixte,  daus  laquelle  les  signes  ne  se  reproduisent  périodiquement 
qu'à  partir  d'un  certain  rang,  représente  le  côté  d'un  polygone  d'ordre 
impair,  si  l'avant-période  n'a  qu'un  signe,  ou  d'ordre  doublement  pair,  si 
elle  en  a  plusieurs.  Les  côtés  des  polygones  dont  l'ordre  est  une  puissance 
de  2  sont  représentés  par  des  radicaux  superposés,  en  nombre  fini.  » 


MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Suj'  un  nom'eau  système  de  train  routier  dit  à 
propulsion  continue.  Note  de  M.  Charles  Renard,  présentée  par 
M.  Maurice  Levy. 

«  Nous  avons  expérimenté  avec  succès,  d'abord  en  petit  puis  en  grand, 
sur  un  train  de  3o  à  35  tonnes,  un  nouveau  système  de  trains  routiers 
dont  les  propriétés  caractéristiques  sont  les  suivantes  : 

»  1°  Propulsion  et  frénage  continus.  —  La  locomotive  n'est  pas  un  trac- 
teur, mais  une  simple  usine  d'énergie  distribuée  à  toutes  les  voitures  du 
train  qui  deviennent  ainsi  automobiles  par  délégation. 

»  Cette  distribution  d'énergie  ne  se  fait  pas  électriquement,  mais  ciné- 
matiquement,  au  moyen  d'un  arbre  longitudinal  dit  arbre  du  train,  lequel 
est  brisé  à  la  cardan  dans  les  intervalles  des  voitures  pour  permettre  au 
train  d'évoluer. 

))  Le  moteur  attaque  Y  arbre  du  train,  lequel  met  simultanément  en  mou- 
vement toutes  les  voitures  {propulsion  continue).  On  les  arrête  simultané- 
ment en  frénant  sur  cet  arbre  (frénage  continu).  On  voit  immédiatement 
que  ce  système  âe  propulsion  continue  transforme  le  Irain  en  une  sorte  de 
locomotive  articulée  dont  toutes  les  roues  sont  couplées.  Dès  lors,  la  faculté 
locomotrice  du  train  n'est  plus  limitée  par  l'adhérence  des  roues  de  la 
locomotive,  puisque  tous  les  véhicules  se  remorquent  eux-mêmes.  La  loco- 
motive perd  son  caractère  habituel  de  lourdeur.  En  fait.^  une  voilure  de 
course,  de  1200''^  à  i5oo''^  en  charge,  devient  une  locomotive  capable  de 
traîner  i5  à  20  tonnes  sur  toutes  les  pentes  et  quel  que  soit  l'état  visqueux 
et  mou  de  nos  routes  ou  chaussées  ordinaires.  Grâce  à  la  légèreté  spéci- 
fique des  moteurs  actuels,  ces  trains  légers  qui  ne  détériorent  plus  les 
routes  peuvent  encore  avoir  des  vitesses  importantes  variant  de  20'""  à  25''™ 
en  palier  à  4^""  on  S'''"  dans  les  pentes  maxima  de  10  à  12  pour  100. 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE     1903. 


1235 


»  2"  Tournant  correct.  —  Mais  il  ne  suffisait  pas  de  gravir  toules  les 
pentes,  il  fallait  aussi  plier  le  train  à  toutes  les  sinuosités  de  la  route  et  lui 
donner  cette  propriété  que  nous  avons  appelée  le  tournant  correct,  et  grâce 
à  laquelle  la  locomotive  semble  poser  des  rails  sur  lesquels  tout  le  reste 
du  train  passe  avec  une  scrupuleuse  fidélité,  quelle  que  soit  sa  longueur. 
Outre  Vattelage  de  puissance  qui  donne  la  i)ropulsion  continue,  les  voi- 
tures doivent  donc  être  réunies  par  un  attelage  de  direction.  Voici  comment 
doit  être  construit  cet  attelage  pour  le  cas  où  toutes  les  voitures  sont  à 
quatre  roues  avec  arrière-train  moteur  fixe  et  avant-train  mobile  à  cheville 
ouvrière  {fig-  1). 


et  .^/n/icdé/;ie/it.^^^    \    '' ,'   ' 

ff  /  j  /ty^irt  N      \      U', 


7) .  7c/nc?/i. 


'^^Wû 


»  Il  suffit  de  considérer  un  groupe  de  deux  voitures,  V,  et  Vo.  Car  si  V., 
suit  V,,  il  est  évident  qu'avec  le  même  dispositif  V3  suivra  Va  et  ainsi  de 
suite  jusqu'à  la  queue  du  train. 

»  Première  proposition.  —  Après  une  période  de  mise  en  train  généralement  très 
courte,  si  Vj  décrit  un  cercle  autour  d'un  centre  O,  V,  tournera  autour  du  même 
centre  (le  rayon  de  giration  R2  de  V*  peut  d'ailleurs  différer  de  Rj). 

»  Deuxième  pi'oposilion.  —  Si  a  est  l'empatLement  (distance  de  l'avant-train  à 
i'arrière-train),  b  la  longueur  du  timon  et  c  la  queue  (distance  de  la  tète  du  timon 
de  V2  à  I'arrière-train  de  V,  ),  on  a 


(0 


RJ  — R2— («5+  62)__c2. 


La  démonstration  de  cette  proposition  est  très  facile  : 
»   On  a  {fig.  i) 


12'3(J  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

d'où,  en  ajoutant  et  supprimant  les  parties  communes. 


]\l  =  {a'^  b')  —  c'-+ni 


Ri-  l\l--{a'--^-  h'-)  —  C-. 


C.    Q.    F.    I). 


»    Troisicine  ]>roposilion.  —   Pour  que   Vo  suive  V,   quand  Vj  décrit  un  cercle  de 

rayon  quelconque.,  il  faut  et  il  sufllt  (|ue  H,=:  Rj,  c'est-à-dire  que  c'- =  «-+  b-\  donc  : 

»   Le  Lournant  sera  correct  pour  tous  les  rayons  de  courbure  si^/«  queue  est  l'Iiy- 

Fig.  2. 


'/  ■■■/  -^^  V/-  "/  "-■/  '■)■  -::■■/ ■■•yy- -y  ■.'/^■/■lyé^/'^r'-yi-y  /■, 

poténuse  d'un   triangle   rectangle  dont   le  limon  et  l'empattement  sont  les  deux 
autres  cotés. 

»  Quatrième  proposition.  —  Dans  le  cas  où  Vi  décrit  une  trajectoire  à  ravou  de 
courbure  progressivement  variable,  le  tournant  nest  pas  absolument  correct,  mais 
dans  la  pratique  il  l'est  suffisamment  pour  que  les  légers  écarts  des  dernières  voitures 
ne  constituent  pas  une  gène  pour  le  conducteur. 

))  En  fait,  le  pilote  peut  conduire  un  Irain  de  lo  voitures  dans  les 
méandres  les  plus  capricieux  de  nos  roules  et  de  nos  villages  sans  avoir  à 
s'occuper  d'autre  chose  que  de  la  conduite  de  sa  locomotive. 

»  Cette  propriété  du  tournant  correct  peut  être  donnée  à  des  trains  ordi- 
naires qui  n'ont  pas  la  propulsion  continue,  mais  elle  ne  réussit  pas  bien, 
car  le  train  est  alors  sous  tension  et  cette  tension  tend  à  le  rectifier  en  fai- 
sant riper  les  voitures  vers  le  centre  (fait  d'expérience),  le  tournant 
correct  ne  l'est  donc  véritablement  que  quand  il  est  Joint  à  la  propulsion 

0 

continue. 

»  3°  Attelage  élastique.  —  Il  est  le  complément  indispensable  du 
système,  mais  nous  ne  pouvons  en  parler  aujourd'hui. 

»  En  résutné,  grâce  à  V emploi  simultané  de  la  propulsion  continue,  du 
tournant  correct  et  de  Vattclage  élastique,  on  peut  faire  évoluer  sur  toutes 
les  pentes  et  dans  toutes  les  courbes  de  nos  routes  ou  chemins  ordinaires 
des  trains  importants  remorqués  par  des  locomotives  de  faible  poids.  Ce 
système  a  déjà  la  sanction  de  l'expérience.  De  nouveaux  essais  vont  avoir 
lieu  incessamment  et  nous  serons  heureux  d'en  rendre  témoins  les 
Membres  de  l'Académie  des  Sciences.    » 


SÉANCE   DU    28    DÉCEMBRE    I903.  I2.?i'] 


MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Nouveaux  dispositifs  électromécaniques  d'em- 
brayage et  de  changement  de  vitesse  progressifs.  Note  de  M.  Paul 
Gasnier,   présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  Il  n'a  pas  été  réalisé  jusqu'ici  de  système  mécanique  satisfaisant  de 
transmission  de  mouvement,  permettant  d'obtenir,  entre  des  limites  éten- 
dues, et  pour  des  puissances  importantes,  une  variation  continue  de  la 
vitesse. 

»  Aussi,  dans  bien  des  applications  où  il  est  utile  de  graduer  la  vitesse, 
emploie-t-on  le  moteur  électrique  dont  la  souplesse  et  la  facilité  de  ma- 
nœuvre sont  justement  appréciées. 

»  Mais,  lorsque  l'énergie  motrice  est  fournie  sous  forme  mécanique, 
l'emploi  de  la  transmission  électrique  nécessite  la  transformation  complète 
en  énergie  électrique  de  toute  l'énergie  motrice.  La  dynamo  génératrice, 
d'une  part,  la  dynamo  réceptrice,  d'autre  part,  ont  chacune,  au  rendement 
près,  la  puissance  totale  du  moteur. 

))  J'ai  réalisé  un  nouveau  système  de  transmission  que  j'ai  qualifié 
à' électromécanique ,  en  raison  de  ce  qu'il  constitue  une  véritable  association 
des  procédés  électriques  et  des  procédés  mécaniques. 

»  Ce  dispositif  permet  d'obtenir,  par  des  manœuvres  très  simples,  une 
variation  continue  de  la  vitesse  de  l'organe  commandé,  depuis  l'arrêt 
jusqu'à  un  maximum,  et  il  présente  sur  la  transmission  électrique  pure 
l'avantage  de  ne  nécessiter  que  des  machines  dynamos  d'une  puissance 
normale  bien  inférieure  à  la  puissance  motrice,  le  tiers  ou  le  quart  seule- 
ment par  exemple.  Cela  tient  à  ce  qu'une  fraction,  variable  avec  la  vitesse, 
mais  toujours  importante,  de  la  puissance  motrice,  est  transmise  directe- 
ment par  le  moteur  lui-même  à  l'arbre  commandé;  le  reste  seulement  de 
la  puissance  motrice  est  absorbé  par  une  des  dynamos  travaillant  en  géné- 
ratrice pour  être  restituée  j)ar  l'autre  dynamo  travaillant  en  réceptrice. 

))__^Cette  transmission  convient  surtout,  en  raison  de  la  liaison  existant 
entre  le  moteur  et  l'arbre  commandé,  aux  cas  oii  il  y  a  de  petites  distances 
à  franchir,  comme,  par  exemple,  dans  les  voitures  automobiles.  Elle  est 
alors  supérieure  à  la  transmission  électrique  pure,  au  point  de  vue  du 
poids  et  du  rendement. 

»   Le  principe  de  la  transmission  électromécanique  est  le  suivant  : 

»   Un   train  d'engrenages  épicycloïdaux  est  employé   de  manière  que 

C.  R.,  igoS,  2»  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  26.)  I02 


1238  •  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'arbre  commandé  soit  conduit  à  la  fois  par  le  moteur  et  par  une  dynamo 
que  j'appellerai  dynamo  d'embrayage,  ces  deux  machines  étant  séparées 
et  pouvant,  par  conséquent,  prendre  des  vitesses  différentes. 

»  Soit,  par  esem.{)le,  un  train  épicycloïdal  à  engrenages  droits,  composé 
d'un  pignon  central  concentrique  à  un  pignon  extérieur  plus  grand  mais 
denté  intérieurement;  les  deux  dentures  étant  réunies  par  un  nombre 
quelconque  de  pignons  satellites  tournant  fous  sur  des  arbres  fixés  sur  un 
support. 

»  Il  suffit  de  combiner  les  trois  parties  :  pignon  extérieur,  pignon  cen- 
tral, support  des  satellites,  chacune  avec  l'un  des  trois  organes  :  moteur, 
dynamo  d'embrayage,  arbre  commandé,  pour  obtenir  le  résultat  voulu. 

»  Prenons,  par  exemple,  le  pignon  extérieur  relié  au  moteur,  le  pignon 
central  à  la  dynamo  d'embrayage,  et  le  support  des  satellites  à  l'organe 
commandé.  On  a  ainsi  un  ensemble  qui  constitue  un  nouvel  embrayage 
électromécanique  progressif.  La  position  de  débrayage  correspond  au  cir- 
cuit ouvert  de  la  dynamo  que  nous  supposerons,  pour  simplifier,  excitée 
séparément. 

»  Le  moteur,  tournant  à  vitesse  constante,  et  l'arbre  commandé,  c'est- 
à-dire  le  support  des  satellites  étant  fixe,  la  dynamo  tourne  en  sens  inverse 
du  moteur.  Si  l'on  ferme  alors  la  dynamo  sur  un  rhéostat,  elle  deviendra 
génératrice,  ralentira  de  vitesse,  et  le  support  des  satellites  se  mettra  à 
tourner  dans  le  sens  du  moteur,  de  manière  à  ce  que  le  couraîit  circulant 
dans  la  dynamo  crée  sur  le  pignon  central  un  couple  correspondant  au 
couple  résistant  de  l'arbre  commandé. 

»  La  vitesse  de  la  dynamo,  nécessaire  pour  créer  ce  courant,  sera  d'au- 
tant plus  faible  que  le  rhéostat  aura  moins  de  résistance.  Lorsque,  à  la 
limite,  la  dynamo  se  trouvera  en  court-circuit,  elle  tournera  à  une  vitesse 
très  faible,  et  l'embrayage  sera  obtenu  avec  le  bénéfice  d'une  réduction  de 
vitesse  déterminée  par  le  rapport  du  pignon  extérieur  au  pignon  central. 
On  pourrait,  avec  ce  dispositif,  réaliser  toutes  les  vitesses  de  zéro  à  un 
maximum,  mais  ce  serait  à  la  manière  d'une  courroie  qui  patine  ou  d'un 
cône  d'embrayage  qui  glisse;  c'est-à-dire  sans  accroissement  du  couple 
moteur  lorsque  la  vitesse  diminue. 

»  Il  est  possible  d'éviter  la  perte  par  effet  Joule  dans  le  rhéostat  de 
démarrage  et  de  récupérer  en  énergie  mécanique,  sur  l'arbre  commandé 
ou  sur  l'arbre  moteur,  à  volonté,  ce  que  l'on  perd  en  énergie  thermique 
dans  les  résistances. 

»  Il  suffit  pour  cela  de  supprimer  le  rhéostat  et  de  le  remplacer  par  une 


SÉANCE    DU   28    DÉCEMBRE      1903.  1289 

force  coutre-électromotrice,  variable  et  réglable  à  volonté,  produite  par 
une  seconde  dynamo  placée  soit  sur  l'arbre  moteur,  soit  sur  l'arbre  com- 
mandé. On  transforme  ainsi  V embrayage  simple  électromécanique  décrit  plus 
haut  en  un  véritable  changement  de  vitesse  électromécanique  progressif . 

»  Considérons,  par  exemple,  le  cas  où  la  moitié  de  la  puissance  du 
moteur,  supposé  à  vitesse  constante,  est  absorbée  dans  le  rhéostat;  le 
couple  moteur  sur  l'arbre  commandé  correspond  donc,  an  rendement 
près,  au  couple  du  moteur  mais  seulement  à  la  moitié  de  la  puissance  mo- 
trice. Si  l'on  dispose  sur  l'arbre  commandé  la  seconde  dynamo,  et  que, 
sans  changer  la  vitesse  de  cet  arbre,  on  reçoive  dans  cette  dynamo  toute 
la  puissance  qui  était  perdue  dans  le  rhéostat,  on  voit  qu'on  aura,  toujours 
au  rendement  près,  doublé  la  puissance  utilisée  sur  l'arbre  commandé, 
sans  en  avoir  changé  la  vitesse,  par  conséquent  on  y  aura  aussi  doublé  le 
couple  moteur. 

M  Dans  le  dispositif  que  j'ai  réalisé,  la  seconde  dynamo  est  calée  sur 
l'arbre  du  moteur.  Lorsque  cette  dynamo  a  une  force  contre-électromotrice 
nulle,  on  est  absolument  dans  le  cas  de  l'embrayage  simple  électroméca- 
nique décrit  plus  haut  :  la  dynamo  d'embrayage  étant  en  court-circuit 
tourne  très  lentement.  Si  l'on  vient  alors  à  inverser  la  force  électromotrice 
de  la  seconde  dynamo,  elle  envoie  du  courant  dans  la  dynamo  d'embrayage 
et,  après  l'avoir  arrêtée  complètement,  on  inverse  le  sens  de  rotation; 
celle-ci  tourne  alors  dans  le  sens  du  moteur  et  devient  elle-même  motrice. 

))  Lorsque  sa  vitesse  est  égale  à  celle  du  moteur,  les  engrenages  du 
train  épicycloïdal  ne  travaillent  plus  du  tout,  l'ensemble  tourne  d'un  bloc, 
l'arbre  commandé  ayant  la  vitesse  du  moteur.  Dans  ces  conditions,  une 
partie  de  la  puissance  motrice  est  enlevée  au  moteur  par  la  seconde 
dynamo  et  reportée  par  la  dynamo  d'embrayage  sur  le  pignon  central;  le 
reste  de  la  puissance  motrice  est  transmis  directement  par  l'engrenage 
extérieur. 

»  On  peut  aller  plus  loin  et  augmenter  encore  la  vitesse  de  la  dynamo 
d'embrayage,  ce  qui  fait  tourner  l'arbre  commandé  plus  vite  que  l'arbre 
moteur.  » 


MÉCANIQUE  CHIMIQUE.  —  Sur  l'extension  de  la  formule  de  Clapeyron  à  tous 
les  états  indifférents.  Note  de  M.  L.  Ariès,  présentée  par  M.  Mascarl. 

«   Un  système  chimique  se  transformant,  même  avec  variation  des  pro- 
portions moléculaires  M,,  M,,  ...,  M^  des  constituants  indépendants  «^ , 


(i  =  i,  2,  ...,  q-hr), 


12 '|0  ACADÉPvlIE    DES    SCIENCES. 

c?o,  ...,  (^q,  qui  définissent  sa  composition,  on  a,  avec  les  notations  déjà 
employées  (^), 

(i)         H,=  :s.r;A, 

(  2  )  ^H,  =  V,  dp  —  S,  ciT  -hl  hi  dxi 

(3)  n,  =  -^->, -4-A7cj2-l-...+  Xfc7^  ] 

(4)  \^,^h\h,-^-k\li,-^-...  +  1^h^  \  (^-ï'^'  ••"'')• 

»  Etudions  d'abord  les  phénomènes  qui  se  passent  dans  la  5^*^™^  phase, 
et  remplaçons  dans  les  équations  (i)  et  (2)  les  potentiels  h^^i  par  leurs 
valeurs  (4);  en  posant,  d'une  façon  générale, 

<  =  <  +  ^,^q^^  +  1^^  ^U  +  •  •  •  +  K^',.r^ 

il  vient 

H^  =  m\  A,  -H  m^  /i2  -h  . . .  +  rn'^h^, 

(5)  û?H^  =  V^  dp  —  S^  dT  +  A,  r/m",  +  h^  dm\  -h  . . .  +  A^  û?/?2^. 

»  On  voit  facilement,  eu  égard  aux  relations  (3),  que  m\  est  la  propor- 
tion moléculaire  du  constituant  «/,  existant  dans  la  ^''^™^  phase,  quand  tous 
les  constituants  indépendants  sont  amenés  à  s'y  trouver  seuls,  par  une 
modification  virtuelle,  opérée  dans  cette  phase. 

»  L'équation  différentielle  (5)  prouve  que  l'état  chimique  réel  des  corps 
mélangés  dans  chaque  phase  est  sans  influence  sur  l'expression  du  poten- 
tiel de  cette  phase,  qiu'  est  une  fonction  homogène  et  du  premier  degré  en 
m\,  7n\,  ...,  m^;  et  alors,  on  a 

hi  étant  du  degré  zéro  par  rapport  aux  m,  on  a  aussi 

dhi      s         dhi      ç  dhi      .  , .  . 

»   Les  m  n'étant  pas  tous  nuls,  le  déterminant  symétrique  D^,  formé  par 
leurs  coefficients  différentiels,  dans  les  q  identités  de  celte  forme,  est  nul. 
»   En  différentiant  les  équations  (6),  il  vient 

(7)  '^V,=  '^  dp  +  ^dT+  f^rfm:+  |f  .K  +  ...+  1^  Mr 

(8)  -  ''^'  =  Sî^  *  +  7F  -^T  H-  §  dm\  +^-^dm-,  +  ...+  ^h  dm',, 

(9)  rfA,  =    ^   dp+    '^   dr  +  p, dm]  +^dm{  +  ...+  p, dm,. 
^^•^  dp       ^  ôT  dni\        <       dm%        2  ^jy^s^        q 


(*)  Voir  Comptes  rendus  du  27  juillet  et  du  9  novembre  igoS. 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    igoS.  12^1 

»  Le  déterminant  D^  étant  nul,  on  tirera  des  équations  de  la  forme  (9), 
en  éliminant  dm\,  dm\,  ...,  dm]^^ 

(■o)  2D;'-(.tt,-  f^dp  -  ^rfT)  =  o, 

l'indice  /  étant  arbitrairement  choisi  de  i   à  </,  et  D^''^'  représentant  le 

coefficient  de  ^r— 7  dans  le  déterminant  D.. 
dm) 

))  Supposons  maintenant  que  le  système  soit  à  l'état  indifférent  et  puisse 
aussi  subir  une  transformation  à  tensions  fixes,  M,,  Mo,  ...,  M^  restant 
invariables. 

»  Représentons  par  AV^,  AS^,  ù>.m\ ,  Am^,  . . .,  Am^  les  variations,  dans  la 
phase  considérée,  du  volume,  de  l'entropie  et  des  proportions  des  consti- 
tuants, pendant  la  transformation  à  tensions  fixes  :  substituées  respective- 
ment à  dV^,  dS^,  dm\,  dm^^,  ,. .,  dm^ ,  ces  variations  satisferont  aux  équa- 
tions (7),  (8)  et  (9),  dans  lesquelles  on  fera  dp,  dT  et  dh  nuls. 

»   On  tirera  ainsi  des  équations  (7)  et  (8)  : 

»  Et  les  q  équations  de  la  forme  (9),  devenues  homogènes  par  rapport 
aux  Am,  donneront 


£)(y,  1)  —  D(y,2)       j3.y,n       •  •  •       £)cy,</) 

»  Dans  les  dénominateurs  de  ces  dernières  équations,  on  peut  inter- 
vertir l'ordre  des  indices  supérieurs,  mis  entre  parenthèses,  puisque  le 
déterminant  D^  est  symétrique,  et  l'équation  (10),  étant  elle-même  homo- 
gène en  Dj^'-",  Dj-'^\  .  .  . ,  D^''^\  .  .  . ,  D^^'^',  on  peut  y  remplacer  ces  coef- 
ficients par  les  quantilés  proportionnelles  Am\,  Aw^,  .  .  .  ,  Aw;' ,  .  .  .,  Am^^, 
ce  qui  donnera,  en  définitive,  eu  égard  aux  équations  (i  i), 

AS^  dT  —  AV^  dp  -h  \m\  dh^  +  bjn\  dh..  H-  .  .  .  -f-  \m'^dh,j  ==  o. 

»  Si  l'on  ajoute,  membre  à  membre,  les  équations  de  cette  forme  se 
rapportant  aux  cp  phases,  les  coefficients  des  dh  seront  nuls,  puisque 
les  quantités  totales  M,,  Mo,  ...,My  des  constituants  indépendants  sont 
invariables  pendant  la  transformation  à  tensions  fixes;  et  l'on  aura,  en 


I2/|2  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

appelant  AV  et  AS  les  variations  de  volume  et  d'entropie,  subies  par  le 
système  tout  entier 

d'oïl  l'on  tire,  AL  étant  la  chaleur  latente  de  transformation,  absorbée  par 
le  système, 

oljO   _  AS   _    AL 
dT  ~~  ÂV  ~  TÂV* 

))  C'est  la  formule  de  Clapeyron  généralisée,  qui  s'applique  à  tous  les 
états  indifférents.  Elle  prouve  que  ces  états  se  succèdent  dans  une  direction 
déterminée,  si  la  température,  la  pression  (systèmes  univariants)  et,  au 
besoin,  les  quantités  des  constituants  (systèmes  bivariants)  viennent  à 
changer;  la  température  reste  liée  à  la  pression  par  une  relation  que  l'on 
peut  figurer  au  moyen  d'une  courbe.  On  voit  facilement  que,  pour  un 
même  système  défini  par  la  nature  de  ses  constituants  indépendants,  toute 
courbe  d'un  état  univariant  est  rencontrée  tangentiellement  par  les  courbes 
des  états  bivariants.  » 


OPTIQUE.   —  Sur  l'intensité  lumineuse  des  étoiles  et  leur  comparaison  as^ec 
le  Soleil.  Note  de  M.  Charles  Fabkv,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Si  l'on  veut  rapporter  aux  unités  photométriques  ordinaires  l'intensité 
de  la  lumière  que  nous  recevons  d'un  astre,  il  faut  la  définir  par  Véclaire- 
ment  que  cet  astre  produirait  sur  un  écran  normal  aux  rayons  lumineux. 
On  l'exprimera  en  prenant  comme  unité  l'éclairement  d'une  bougie  déci- 
male à  1*°  de  distance.  Les  rapports  des  intensités  des  étoiles  entre  elles 
étant  assez  bien  connus,  il  suffit  de  faire  les  mesures  sur  une  seule  étoile. 

»  J'ai  employé  dans  ces  mesures  le  même  étalon  secondaire  qui  m'avait 
servi  dans  mes  mesures  de  photomélrie  solaire  (^).  Sa  teinte,  identique  à 
celle  de  la  lumière  solaire,  est  assez  peu  différente  de  celle  des  étoiles 
blanches  pour  que  les  mesures  ne  présentent  aucune  incertitude. 

»  Le  moyen  le  plus  simple  pour  comparer  la  lumière  d'une  étoile  à  celle 
d'une  source  artificielle  consiste  à  s'éloigner  progressivement  de  celle-ci 
jusqu'à  ce  qu'elle  apparaisse  comme  une  étoile  identique  à  celle  que 
l'on  veut  mesurer.  Si  alors  d  est  la  distance,  en  mètres,  à  laquelle  on  se 


(^)   Comptes  rendus,  7  décembre  1908. 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  IpoS.  1243 

trouve  de  la  source  artificielle,  et  i  son  intensité  lumineuse,  l'éclairement 

produit  par  l'astre  est  ^^  Un  dispositif  facile  à  imaginer  permet  de  ramener 

à  des  directions  voisines  les  deux  points  lumineux  et  de  tenir  compte  des 
pertes  de  lumière  correspondantes. 

»  C'est  cette  méthode  très  directe  que  j'ai  employée  d'abord.  Elle  présente  quelques 
difficultés  :  il  faut  disposer  d'un  espace  découvert  étendu  (•)  et  il  est  difficile  de 
réitérer  la  même  mesure,  car  les  expériences  successives  ne  sont  pas  réellement  indé- 
pendantes. J'ai  préféré,  plus  lard,  employer  une  méthode  moins  directe,  mais  plus 
précise  : 

»  Je  produis  une  étoile  artificielle  dont  je  puis  faire  varier  l'intensité  dans  un  rap- 
port connu.  Une  source  de  lumière  constante,  à  laquelle  on  donne  la  teinte  convenable 
par  absorption,  et  dont  il  est  inutile  de  connaître  l'intensité,  est  placée  en  avant  d'un 
système  optique  de  très  court  foyer  (objectif  de  microscope).  La  petite  image  ainsi 
formée  occupe  le  foyer  d'un  objectif,  et  le  faisceau  parallèle  parvient  à  l'observateur 
par  réflexion  sur  une  lame  de  verre  à  45°-  L'observateur  peut  ainsi  voir,  à  côté  l'une 
de  l'autre,  l'étoile  à  mesurer  et  l'étoile  artificielle;  il  fait  varier  à  volonté  l'intensité 
de  cette  dernière,  en  déplaçant  la  source  le  long  d'une  règle  divisée.  On  détermine  la 
constante  de  l'appareil  en  faisant  une  mesure  dans  laquelle  on  prend  comme  étoile  un 
étalon  photométrique  placé  à  une  distance  connue. 

»  Résultats.  —  Les  mesures  ont  été  faites  sur  l'étoile  Véga,  au  voisinage 
du  zénith.  Les  variations  des  nombres  trouvés  en  fonction  de  l'état  de 
l'atmosphère  donnent  lien  aux  mêmes  remarques  que  dans  le  cas  de  la 
lumière  solaire. 

»  J'ai  trouvé  que  l'éclairement  produit  par  Véga  au  niveau  de  la  mer, 
par  temps  clair,  est  identique  à  celui  que  produit  une  bougie  décimale 
à  780""  de  distance;  ou,  ce  qui  revient  au  môme,  que  cet  éclairement  est 
de  1,7  X  IO-^ 

))  Les  astronomes  expriment  les  intensités  des  astres  par  un  chiffre,  appelé 
grandeur,  d'autant  plus  élevé  cjue  l'astre  est  plus  faible.  Simple  indication 
arbitraire  autrefois,  la  notion  de  grandeur  a  pris,  par  suite  des  progrès 
des  comparaisons  photométriques,  la  signification  précise  suivante  :  lorsque 
les  grandeurs  de  deux  astres  diffèrent  d'une  unité,  le  rapport  de  leurs 
intensités  lumineuses  est  2,5.  Admettant  pour  Véga  la  grandeur  0,2,  le 
nombre  que  je  viens  de  donner  permet  de  calculer,  en  unité  photomé- 
trique, l'éclairement  produit  par  un  astre  de  grandeur  connue.  On  trouve 
ainsi,    entre   la  grandeur  g  d'un   astre  et   l'éclairement  E  qu'il    produit, 

(*)  Les  mesures  ont  été  faites  au  bord  de  la  mer,  sur  la  plage  des  Lecques  (  Var). 


1244  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

exprimé  en  bougie-mètre,  la  relation  suivante  : 

E  =  2,1  X  io"(o,4y         ou  ^  =  —  i4,2  — 2,51ogE. 

»  Ces  formules  relient  la  notation  des  astronomes  avec  les  unités  em- 
ployées par  les  physiciens. 

»  Comparaison  avec  la  lumière  solaire.  —  Comparant  ces  résultats  avec 
celui  que  j'ai  indiqué  pour  le  Soleil,  on  trouve  que  la  lumière  que  nous  re- 
cevons du  Soleil  est  60  milliards  de  fois  plus  intense  que  celle  de  Véga  (*). 
Ce  nombre  est  sensiblement  d'accord  avec  celui  de  Zollner;  la  plupart  des 
autres  observateurs  ont  trouvé  des  chiffres  plus  faibles,  c'est-à-dire  que 
l'intensité  de  la  lumière  solaire  a  été  estimée  plus  bas. 

»  On  peut  exprimer  le  même  résultat  en  calculant  la  grandeur  du  Soleil, 
définie  comme  celle  des  étoiles.  On  trouve  ainsi  le  chiffre  —26,7. 

))  Pour  les  étoiles  dont  la  parallaxe  est  connue,  on  peut  alors  calculer 
le  rapport  de  Xquts  intensités  absolues  avec  celle  du  Soleil.  Si  g  est  la  gran- 
deur d'une  étoile,  et/?  sa  parallaxe  (exprimée  en  secondes),  on  trouve,  pour 
le  rapport  des  intensités  absolues  : 

Soleil  0/      i-\,r 

^^^=i,r7.-(2,3>. 

»  Le  Soleil,  vu  d'une  étoile  de  parallaxe  p,  apparaîtrait  comme  une  étoile 
de  grandeur  ^=  —  0,1  —  5  log/?.  » 


PHYSIQUE.  —  Sur  ta  différence  ae  température  des  corps  en  contact. 
Note  de  M.  E.  Rogovsky,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  Deux  corps  de  nature  différente  mis  en  contact  présentent  une  diffé- 
rence du  potentiel  électrique;  on  peut  se  demander,  par  analogie,  s'il  n'existe 
pas  aussi  une  différence  finie  de  température  des  corps  en  contact  à  leur 
surface  de  séparation.  Quand  la  température  de  deux  corps  est  en  équi- 
libre, cette  différence  n'apparaît  pas.  Mais  quand  la  surface  de  séparation  de 

(*)  Ce  résultat  et  les  suivants  sont  indépendants  des  incertitudes  provenant  des 
comparaisons  hétérochromes,  car  le  même  étalon  secondaire  a  servi  à  toutes  les  me- 
sures; ils  peuvent  être  affectés  d'une  erreur  systématique  due  à  ce  que  l'absorption 
atmosphérique  serait  systématiquement  différente  la  nuit  et  le  jour.  Cette  cause  d'er- 
reur serait  atténuée  si  les  observations  étaient  faites  dans  une  station  élevée. 


SÉANCE    DU    28   DÉCEMBRE    igoS.  1 2^5 

deux  corjDs  est  traversée  par  un  flux  de  chaleur,  on  peut  supposer  que  cette 
différence  aura  lieu,  à  cause  de  la  conductibilité  différente  de  ces  corps. 

))  Pour  les  métaux,  dans  ce  cas  M.  Wiedemann  (Pogg.  An/i.,  t.  XCV, 
i8j5,  p.  337)  ne  l'a  pas  trouvée,  quand  le  contact  entre  les  métaux  était 
parfait.  Mais  M.  I^espretz  (Pogg.  Ann.y  t.  CXLII,  187 1,  p.  626)  a  prouvé 
qu'à  la  surface  de  séparation  de  l'eau  et  de  la  nitroglycérine,  quand  le  flux 
de  chaleur  y  passe,  il  existe  une  différence  finie  entre  les  températures  de 
ces  substances  de  part  el  d'autre  de  la  surface  de  contact,  atteignant  2*^  à  3". 

»  Les  recherches  de  M.  de  Smoluchowski  (  Wïed.  Ann.,  t.  LXIV,  1898, 
p.  loi;  Sitzb.  (l.  Wien.  Ak.,  t.  CVII,  1898,  p.  3o4;  t.  CVIII,  1899,  p.  5, 
393),  confirmées  par  celles  de  M.  Gehrcke  {Brudes  Ann.,  t.  Il,  1900, 
p.  102),  ont  constaté  cette  différence  thermique  entre  le  gaz  et  les  corps 
solides  (près  de  7°  pour  l'hydrogène). 

»  La  théorie  cinétique  des  gaz  permet  d'expliquer  ce  saut  des  tempé- 
ratures. 

))  Dans  les  expériences  décrites  dans  ma  Note  précédente  (Comples 
rendus,  t.  CXXXVI,  1903,  p.  1391)  sur  la  conductibilité  extérieure  des  fils 
d'argent  plongés  dans  l'eau  et  parcourus  par  le  courant  électrique,  la  vitesse 
des  courants  d'eau  dans  lesquels  les  fils  étaient  plongés,  surpassant  la 
vitesse  critique  de  M.  Osborn  Reynolds,  une  couche  stagnante  de  dimen- 
sions appréciables  ne  pouvait  pas  se  former,  étant  enlevée  par  le  courant 
d'eau  tourbillonnaire,  et  nous  ne  pouvons  faire  que  deux  hypothèses  :  ou 
bien  il  se  forme  autour  d'un  fil  à  cause  de  l'adhérence  une  couche  d'eau, 
d'épaisseur  moléculaire,  ou  bien  il  ne  s'en  forme  pas  du  tout.  Dans  le  pre- 
mier cas,  nous  pouvons  facilement  calculer  la  température  de  la  snrfacede 
l'eau  contiguë  à  celle  du  fil  de  l'équation 

/  ^       '0 

^   =   A-  ; 5 

OÙ-  q  est  le  flux  de  chaleur  par  unité  de  surface  de  la  couche  adhérente, 
£  l'épaisseur  de  cette  couche,  k  la  conductibilité  intérieure  de  l'eau,  /'  la 
température  de  la  surface  intérieure  de  la  couche  et  /^  celle  de  la  surface 
extérieure  égale  à  la  température  de  l'eau  ambiante. 

»  Admettons,  d'après  les  <3xpéiiences  de  M.  Bède,  que  l'épaisseur  de  la  couche  d'eau 
adhérente  soit  au  plus  de  o'"™,oo64.  INous  pouvons,  à  l'aide  de  la  formule  précédente, 
et  les  nombres  donnés  dans  la  Table  insérée  dans  ma  Note  citée,  calculer  la  Table  sui- 
vante, où  I  est  le  courant  électrique  en  ampères  traversant  le  fil,  0  l'excès  de  la  tempé- 
rature du  fil  sur  la  moyenne  entre  la  température  de  l'eau  à  l'entrée  du  tube  et  à  la 
SK^rtie;  A^  est  la  dilTérence  des  températures  des  surfaces  intérieure  et  extérieure  de  la 

C»  R.,  1903,  2»  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N«  26.)  1^3 


1246 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


couche  d'eau,  o™'",oo64  de  l'épaisseur  supposée  être  adhérente  au  fil;  o'  la  dilTérence 
de  température  du  fil  et  celle  de  la  surface  de  l'eau  adjacente  au  fil  dans  la  dernière 


A^ 


supposition;  et  la  dernière  colonne  donne  le  rapport  ^;;-  en  pour  loo.  La  seconde  Table 

donne  les  mêmes  valeurs  pour  le  fîl  d'argent  de  o™",  281  de  diamètre,  la  couche  d'eau 
adhérente  ayant  l'épaisseur  e  =r  o™™,  00272  trouvée  des  nombres  de  M.  Bède  par 
l'interpolation. 


Fil  d'argent  de  o™'",4i5  de  diamètre. 


I. 

ampère 


I  . 
10 
20 
32 


O,  12 

4,38 
i3,o4 

25,22 


M". 
o 
0,001 

0,109 
0,449 

i'i99 


A< 

-^  100. 


o  Pour  loc. 

0,12  I 

4,28  2,6 

12,59  2j^ 

24, o3  4,8 


Fil  d'argent  de  o'"™,  281  de  diamètre. 

M 

M".  û  .  0 


I. 

a  m 
I    . 

5  . 
10 
18 


0°. 


0 

0 

0 

Pour  100 

0,09 

0,001 

0,09 

I 

i,o4 

o.o36 

1 ,00 

3,5 

4,66 

0,  i46 

4,5i 

3,1 

3,78 

0,488 

i3,29 

3,5 

-»  Nous  voyons  que  la  différence  S  des  températures  du  fil  et  de  l'eau  à 
la  surface  de  séparation  ne  peut  se  réduire  à  plus  de  5  pour  100  à  cause  de 
formation  d'une  couche  d'eau  adhérente  et,  par  conséquent,  celte  diffé- 
rence reste  toujours  et  atteint  dans  les  conditions  de  nos  expériences  24". 

»  L'épaisseur  de  ia  couche  adhérente  diminuant  avec  la  température,  la 
valeur  de  \t  est  encore  plus  petite. 

»  Si  l'épaisseur  de  la  couche  adhérente  était  supposée  nulle,  la  même 
conclusion  s'imposerait  âj/b/Z/on.    » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  les  décharges  glissantes.  Note  de  M.  J.  de  Kowalski, 

présentée  par  M.  Lippmann. 

«  Les  expériences  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  ont  été  exécutées  en 
partie  en  collaboration  avec  mon  élève  M.  Ed.  Lietzau;  elles  contribuent 
à  ce  qu'il  me  semble  à  la  connaissance  des  décharges  glissantes  à  la  surface 
des  isolants. 

))  Beaucoup  de  savants  comme  MM.  Du  Moncel,  Rosetti,  Bertin  ('), 
M.  Toepler  (-)  et  autres  ont  trouvé  que,  si  la  surface  d'une  plaque  isolante, 
opposée  à  la  surface  sur  laquelle  nous  produisons  la  décharge  glissante, 
est  couverte  d'une  couche  conductrice,  la  décharge  glissante  se  produit 


(')  E.  Mascart,  Électricité  statique,  Yoi.  Il,  §  713  et  suiv. 
(-)  Ann.  de  Wiedemann,  Vol.  LXVI,  p.  1061. 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  IQoS.  12,^'J 

plus  facilement  et  est  accompagnée  d'un  phénomène  lumineux  plus  brillant. 
On  remarque,  d'autre  part,  qu'en  employant  un  condensateur  industriel 
pour  des  courants  alternatifs  de  haute  tension,  on  obtient  des  décharges 
de  rupture  de  ces  condensateurs  dans  la  direction  parallèle  aux  surfaces 
isolantes,  et  il  est  très  probable  qu'il  faut  l'attribuer  aux  décharges  glis- 
santes. 

»  Il  m'a  donc  paru  intéressant  d'étudier  ce  phénomène  au  point  de  vue 
quantitatif  dans  des  conditions  se  rapprochatit  autant  que  possible  de  celles 
qu'on  trouve  dans  les  applications  industrielles  des  condensateurs. 

»   Voici  comment  étaient  disposées  ces  expériences  : 

»  On  lançait  dans  un  petit. transformateur,  ayant  un  rapport  de  transfor- 
mation égal  à  I  :  438,  un  courant  alternatif  à  travers  une  résistance,  de 
manière  qu'on  pût  régler  la  différence  de  potentiel  aux  bornes  de  l'en- 
roulement primaire  du  transformateur  de  3o-i  10  volts;  le  courant  alter- 
natif employé  avait  une  fréquence  de  54  volts  par  seconde.  Des  bornes 
secondaires  du  transformateur  partaient  des  conduites  bien  isolées  à  deux 
électrodes  munies  de  pointes  en  platine.  Au  moyen  d'un  interrupteur  à 
pendule  intercalé  dans  le  circuit  primaire,  on  pouvait  limiter  le  temps  pen- 
dant lequel  se  produisait  la  décharge  à^  de  seconde. 

»  1.  Une  plaque  en  verre  ayant  une  surface  de  4o''™  X  ^o""'  et  une  épaisseur  de  o'™,25 
était  couverte  d'une  feuille  d'étain  sur  une  de  ses  surfaces,  l'autre  surface  était  minu- 
tieusement polie  et  nettoyée.  On  réunissait  la  feuille  d'étain  avec  un  des  pôles  du 
circuit  secondaire,  la  pointe  de  l'autre  pôle  étant  placée  au  milieu  de  la  plaque.  De 
cette  façon  on  pouvait  produire  le  phénomène  connu  sous  le  nom  de  rose  de  Lich- 
tenberg.  La  plaque  étant  posée  verticalement,  on  pouvait  facilement  photographier  le 
phénomène  et  mesurer  la  relation  entre  l'étendue  de  la  rose  et  la  tension  des  décharges. 
Le  Tableau  suivant  donne  les  résultats  obtenus  d'une  grande  série  d'e^p'-riences  : 


Tableau  L 

volts 

p=  43 

volts 

s  =  188.34 

un 

/•  =  4o 

P=  68 

s  :r=  29784 

/•=  82 

P=:     90 

S  =39420 

/•=:  IIO 

P=rltO 

s  =48180 

/■  =:  1:^0 

»  Le  rayon  de  la  rose  de  Lichlenberg  est  sensiblement  proportionnel  à  la  diffé- 
rence du  potentiel  employé  pour  la  produire. 

»  2.  Une  série  d'expériences  ont  été  exécutées  pour  prouver  que  la  décharge  à  la 
surface  de  l'isolant  suit  exactement  le  chemin  tracé  sur  la  surface  opposée  de  la 
plaque  par  le  conducteur  qu'on  y  appliquait. 

»  Les  expériences  ont  été  exécutées  de  la  façon  suivante  :  sur  une  des  surfaces  de 


1248  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

la  plaque  on  collait  des  bandes  découpées  dans  une  feuille  d'étain  et  avant  des  lar- 
geurs et  des  formes  dilTérentes  (zigzags,  carrés,  triangles,  etc.);  sur  l'autre  surface 
on  disposait  les  électrodes  en  pointes  de  platine,  de  façon  qu'elles  tou.cliaient  le  verre 
dans  des  points  opposés  à  la  bande  conductrice.  Les  photographies  des  phénomènes 
correspondants  démontrèrent  que  les  décharges  prenaient  de  préférence  le  chemin 
tracé. 

))  3.  Les  expériences  furent  e\.éculées  d'une  manière  analogue  aux  expériences  de 
la  série  2,  mais  on  recouvrait  la  surface  de  la  plaque  opposée  à  la  décharge,  après  y 
avoir  appliqué  la  bande  d'étain,  d'une  forte  couche  de  paraffine. 

))  Le  phénomène  des  décharges  glissantes  ne  se  produisait  plus  :  une  tension  relati- 
vement basse,  une  de  iSSoc^^^i^  suffisait  déjà  pour  percer  la  plaque  de  verre.  Notons 
encore  un  détail  intéressant  :  nous  obtenions  la  rupture  du  verre  toujours  aux  bords 
delà  bande.  Le  même  phénomène  se  répétait  dans  d'autres  conditions  encore,  que 
voici  :  Une  des  surfaces  de  la  plaque  en  verre  était  munie  d'une  feuille  d'étain  d'une 
forme  carrée  ayant  20*^"^  x  ao'^'"  d'étendue.  Elle  était,  de  plus,  recouverte  complè- 
tement d'une  couche  épaisse  de  paraffine.  Nous  disposions  sur  l'autre  côté  de  la  plaque 
en  verre,  bien  nettoyée,  les  deux  électrodes  en  pointe  dans  la  direction  de  la  diago- 
nale du  carré.  Il  se  produisit  une  décharge  glissante  sur  le  verre  jusqu'aux  pointes 
opposées  aux  bords  du  carré  en  étain,  et  c'est  là  que  le  verre  fut  percé. 

»  k.  Enfin  une  série  de  mesures  ont  été  elTectuées  pour  trouver  les  longueurs  des 
décharges  qui  se  produisaient  dans  trois  cas  différents  :  a,  entre  deux  électrodes  sur 
la  surface  d'une  plaque  en  verre,  dont  la  surface  opposée  était  couverte  d'une  feuille 
de  platine;  b,  entre  deux  électrodes  disposées  sur  la  surface  d'une  plaque  en  verre  non 
recouverte  de  platine;  c,  dans  l'air  libre. 

»  Le  Tableau  suivant  donne  les  résultats  de  ces  expériences. 

Tableau  IL 

a.  Plaque  en  verre  avec  la  feuille  d'étain. 

Longueur  de  la  dOcharge.  Dill'érence  de  potenliel. 

'iini  \olls 

i5o 29-84 

200 37280 

200 ^i6io 

h.  Plaque  en  verre  sans  la  feuille  d'étain. 

Longueur  de  la  décharge.  Didérencc  de  potentiel. 

uim  volls 

120 43  890 

100 32710 

80 2  1  620 

60 14  56o 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  1903.  1249 

c.  Déchaigcs  (Unis  l'air  libre. 

Longueur  de  la  décharge.  Différence  de  potentiel, 

uiui  volts 

99 • 43890 

71 32710 

46 21  620 

3o 14560 

»   Nous  voyons  donc  que  les  décharges  se  produisent  le  plus  facilement 
dans  le  cas  où  la  surface  opposée  est  conductrice.  » 


PHYSIQUE.  —  Diffusiomêlre.  Note  de  M.  J.  Thovert, 

présentée  par  M.  J.  Violle. 

«  Dans  une  Note  antérieure  (^Comptes  rendus,  t.  CXX.XII[,  p.  1197)  on 
a  indiqué  comment  l'observation  des  rayons  lumineux  déviés  en  traversant 
une  cuve  de  diffusion  pouvait  servir  à  la  détermination  exacte  de  la  con- 
stante de  diffusion.  Avec  une  ftiible  hauteur  de  liquide  et  des  conditions 
initiales  convenables,  la  durée  de  l'expérience  pouvait  être  limitée  à  4  ou 
5  heures. 

»  En  poursuivant  les  recherches  sur  les  dissolvants  autres  que  l'eau,  il 
a  paru  nécessaire  d'organiser  un  procédé  d'observations  plus  rapide 
encore,  pour  éviter  des  irrégularités  d'expériences  qui  sont  fréquentes  lors- 
qu'on emploie  des  liquides  beaucoup  plus  dilatables  et  volatils  que  l'eau. 

))  On  a  donc  observé  le  système  diffusant  dès  le  début  de  l'expérience. 
Pendant  les  premiers  temps,  la  concentration  de  part  et  d'autre  du  plan 
de  séparation  initial  des  liquides  est  une  fonction  exponentielle  de  la  dis- 
tance verticale  de  chaque  point  à  ce  plan;  la  dérivée  de  la  concentration 
dans  le  sens  de  la  hauteur  a  sa  valeur  maxima  sur  ce  plan  et  est  repré- 
sentée par  la  formule 

de  Cl  —  c-i  _ 

c,,  c,  désignent  les  concentrations  initiales  des  liquides  mis  en  présence, 
D  la  constante  de  diffusion,  /  l'instant  de  l'observation. 

de     ,        . 
«   On  utilise  cette  relation  en  prenant  pour  mesure  de  y-  l'abaissement 

maximum  des  rayons  lumineux  traversant  la  cuve  de  diffusion;  cet  abaisse- 


I25o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ment  est  proportionnel  à  la  dérivée  de  Findice  de  réfraction  -7-,  et  par  suite 

de     . 
aussi  à  -j-  si  l'on  est  en  présence  de  faibles  variations  de  concentration  ;  la 

quantité  c^  —  c^  est  évaluée  en  mesurant  la  différence  des  indices,  n^  —  n.,, 
des  liquides  mis  en  expérience. 

»  Voici  le  dispositif  et  la  marche  d'une  expérience  conduisant  à  la  détermination 
de  D.  L'appareil  comprend  un  collimateur  prenant  la  lumière  de  deux  fentes  croisées, 
l'une  horizontale,  l'autre  verticale,  et  une  lunette  munie  d'un  oculaire  microraétrique. 
Entre  le  collimateur  et  la  lunette  on  interpose  d'abord  une  cuve  à  faces  parallèles  con- 
tenant un  des  liquides;  puis  dans  ce  liquide  on  place  une  cuve  à  section  carrée, 
présentant  une  diagonale  parallèle  à  la  direction  des  rayons  lumineux,  et  contenant  le 
second  liquide.  Les  rayons  sont  déviés  par  le  double  prisme  constitué  par  la  cuve 
carrée;  dans  la  lunette  l'image  de  la  fente  verticale  est  dédoublée;  la  dislance  A  des 
deux  images,  mesurée  par  le  micromètre  disposé  horizontalement,  se  relie  à  la  difle- 

rence  des  indices  des  deux  liquides  par  la  formule  ii^ —  «0=  ■^— ;  «p  désignant  la  lon- 

gueur  (ocale  de  la  lunette. 

»  On  remplace  ensuite  ces  cuves  par  la  cuve  de  diffusion,  peu  volumineuse  et 
maintenue  dans  une  cuve  plus  grande  contenant  de  l'eau  pour  atténuer  le  plus  possible 
les  variations  de  température  pendant  l'expérience;  on  introduit  le  liquide  le  plus 
léger  d'abord,  sur  une  hauteur  de  deux  centimètres  environ,  puis  on  amène  au  fond 
une  égale  quantité  du  liquide  le  plus  lourd  par  un  tube  assez  capillaire  pour  que 
l'écoulement  soit  très  lent.  Dans  la  lunette,  on  voit  l'image  de  la  fente  horizontale 
s'étaler;  avec  le  micromètre  disposé  verticalement  on  relève  la  distance  entre  la  frange 
de  déviation  maxima  et  la  position  initiale  de  l'image,  alors  que  la  cuve  contient 
un  liquide  homogène.  Celte  distance,  z,  mesure  la  dérivée  de  l'indice  par  la  relation 

-7—  =  — :  a  désignant  la  longueur  traversée  de  la  cuve  de  diffusion. 

»  On  fait  deux  observations,  z^,  z^  en  des  instants  t^,  f„,  et  l'on  calcule  D  par  la 
formule 

D  =         "'^^ 


»  En  employant  une  cuve  dont  la  longueur  est  de  2'^"^,45  et  faisant  les  observations 
à  5  minutes  d'intervalle,  on  a 

D  — A'M  4  —  4r  )  X  10- 


)»  On  obtient  ainsi  des  résultats  très  satisfaisants  par  une  expérience 
dont  la  durée  ne  se  piolonge  pas  au  delà  de  2J  à  3o  minutes.  On  mesure 
des  abaissements,  z,  correspondant  en  moyenne  à  une  déviation  de  ~; 
dans  la  cuve  de  2*^™, 45  cela  s'obtient  avec  une  différence  initiale  des  indices 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    IQoS.  ïi5ï 

de  l'ordre  de  7^;  les  solutions  que  l'on  met  en  présence  diffèrent  donc 
généralement  de  moins  de  i  pour  100  dans  leur  concenlratiorî.   » 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  une  nouvelle  méthode  de  préparation  de  quelques 
fluorures  anhydres  et  cristallisés.  Noie  de  M.  Defacqz,  présentée  par 
M.  H.  Moissan. 

«  Les  méthodes  de  préparation  des  fluorures  anhydres  et  cristallisés 
sont  assez  nombreuses;  M.  C.  Poulenc  (^)  en  a  donné  deux,  mais  il  est 
nécessaire  de  passer  par  le  fluorure  amorphe  correspondant.  La  première 
consiste,  quand  le  fluorure  est  volatil,  à  sublimer  le  composé  amorphe 
dans  un  milieu  approprié;  pour  la  seconde  les  fluorures  sont  amenés  à 
l'état  cristallin  par  dissolution  des  composés  amorphes  dans  des  sels 
convenablement  choisis,  en  fusion. 

))  Nous  avons  utilisé,  dans  celte  étude,  le  fluorure  manganeux,  dont  la 
facile  préparation  a  été  indiquée  par  MM.  Moissan  et  Venturi  (^). 

»  En  étudiant  sur  ce  corps  l'action  des  combinaisons  halogénées  métal- 
liques, nous  avons  été  assez  heureux  pour  obtenir,  avec  un  certain  nombre 
d'entre  elles  et  dans  des  conditions  déterminées,  des  phénomènes  de 
double  décomposition. 

»  Nous  ne  traiterons  dans  cette  Communication  que  de  la  préparation 
du  fluorure  de  calcium  anhydre  et  cristallisé  résultant  de  l'action  du 
fluorure  de  mane^anèse  sur  le  chlorure  de  calcium  fondu. 

»  Pour  éviter,  autant  que  possible,  l'action  de  l'air  sur  ce  mélange  fondu,  nous 
avons  employé  les  deux,  dispositifs  suivants  :  1°  Le  produit  mélangé  est  placé  dans  un 
creuset  de  platine  dont  le  couvercle  est  percé  d'une  petite  ouverture  circulaire  qui 
livre  passage  à  un  tube  de  porcelaine  recourbé  qui  amène  du  gaz  carbonique  sec;  ce 
creuset  est  directement  chauffé  au  chalumeau;  le  deuxième  dispositif  consiste  à 
placer  le  creuset  de  platine  contenant  le  mélange  et  couvert  dans  un  deuxième  en  por- 
celaine qui  lui-même  est  introduit  dans  un  troisième  creuset  en  terre,  au  milieu  d'une 
brasque  de  charbon  de  bois  pulvérisé.  On  porte  le  tout  à  une  température  qui  peut 
varier  de  8oo<'  à  i^oo". 

»  Nous  nous  servons  du  fluorure  manganeux  amorphe  et  du  chlorure  de  calcium 
récemment  fondu  que  nous  mélangeons  dans  les  proportions  de  i  fois  le  poids  molé- 
culaire du  fluorure  pour  5  fois  celui  du  chlorure,  c'est-à-dire  : 

Fluorure  de  manganèse los 

Chlorure  de  calcium 5os 

(*)  C.  Poulenc,  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  7^  série,  t.  Il,  mal  1894. 
(2)  H.  Moissan  et  Venturi,  Comptes  rendus,  t.  CXXX,  rgoo,  p.  ii58. 


1232  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  Après  deux  heures  de  chauffe  vers  1000°,  on  laisse  refroidir  le  creuset;  la  masse 
fondue  que  l'on  retire  est  rose;  après  élimination,  par  l'alcool  à  gS",  du  chlorure  de 
manganèse  formé  et  du  chlorure  de  calcium  en  excès,  on  obtient  un  produit  blanc, 
quelquefois  très  légèrement  jaunâtre  à  aspect  cristallin. 

»  Examiné  au  microscope  il  se  présente  comme  un  mélange  d'octaèdres  et  d'une 
autre  substance  cristallisée  dont  nous  n'avons  pu  définir  la  forme. 

«  Analysé  qualitativement,  on  constate  que  ce  produit  contient  du  chlore;  l'analyse 
quantitative  nous  confirme  que  nous  sommes  en  présence  d'un  mélange  de  fluorure  et 
de  fluochlorure.  Pour  éviter  la  formation  de  ce  composé  nous  diminuons  la  quantité 
de  chlorure  de  calcium,  en  prenant  i  partie  de  chlorure  manganeux  et  1  parties  (au 
lieu  de  5)  de  chlorure  de  calcium.  Après  avoir  opéré  comme  précédemment,  c'est  du 
fluochlorure  que  nous  isolons. 

»  Nous  avons  alors  étudié  l'action  du  chlorure  de  manganèse  fondu  sur  le  fluorure 
de  calcium.  Nous  avons  fait  le  mélange  suivant  : 

Fluorure  de  calcium los 

Chlorure  de  manganèse 3os 

qui  a  été  soumis  pendant  2  heures  à  une  température  voisine  de  1000°.  La  masse 
fondue  que  l'on  relire,  après  avoir  été  épuisée  par  l'alcool  à  93°,  laisse  un  résidu  blanc 
que  nous  avons  reconnu  composé  d'un  mélange  de  fluorure  et  de  fluochlorure  de  calcium. 
»  Donc,  en  traitant  le  fluorure  de  manganèse  par  le  chlorure  de  calcium,  il  s'est 
formé  du  fluorure  de  calcium  et  du  chlorure  de  manganèse,  mais  à  son  tour  le  chlo- 
rure de  manganèse  réagit  sur  le  fluorure  de  calcium,  il  se  produira  donc  dans  la  masse 
en  fusion  deux  réactions  se  limitant  l'une  l'autre;  il  faudrait  donc,  pour  que  l'on 
obtînt  du  fluorure  de  calcium,  que  la  quantité  de  chlorure  de  manganèse  soit  faible 
par  rapport  à  celle  du  chlorure  de  calcium,  ce  que  l'on  peut  obtenir  soit  en  diminuant 
la  quantité  du  fluorure,  soit  en  augmentant  celle  du  chlorure,  le  fluochlorure  ne  pou- 
vant se  former  puisqu'il  est  détruit  par  le  chlorure  de  calcium. 

»  En  résumé  :  i*^  La  transformalton  du  fluorure  de  manganèse  en  fluo- 
rure de  calcium  sera  totale  lorsque  la  quantité  de  chlorure  de  manganèse 
par  rapport  à  celle  de  chlorure  de  calcium  sera  très  faible. 

))  2°  Il  se  formera  du  fluochlorure  de  calcium  quand,  par  suite  de  la 
réaction,  le  chlorure  de  calcium  sera  intégralement  transformé  en  chlorure 
manganeux,  ce  qui  aura  lieu  quand  on  prendra  les  proportions  indiquées 
par  l'équation 

MnF--+-  2CaCl-=  Ca  F-CaCl"  +  MuCl". 

»  Cette  réaction  est,  du  reste,  assez  générale;  nous  avons  pu  l'efTectuer 
non  seulement  avec  le  chlorure,  m;iis  aussi  avec  le  bromure  et  l'iodure  de 
calcium,  de  même  qu'avec  les  chlorures,  bromures  et  iodures  de  stron- 
tium et  de  baryum;  elle  nous  a  permis  de  préparer  les  fluochlorures,  les 


SÉANCE    DU    liH    DÉCEMBRE    1()()3.  1253 

fliiobromures,  les  fluoiodures  des  métaux  alcalino-lerrcux;  ces  composés 
feront  l'objet  d'une  prochaine  Communication. 

»  Préparaiion  du  fluorure  de  calcium.  —  On  elVeclue  le  mélange  ;  lluoiure  de 
manganèse  et  chlorure  de  calcium  dans  les  proporlions  suivantes  : 

Fluorure  manganeux los 

Chlorure  de  calcium loos 

»  On  chaufl'e  ce  mélange  pendant  i  heures  à  iooo"-i20o°.  Le  produit  fondu  obtenu 
est  rose;  on  le  concasse  et  on  le  traite  par  l'eau  froide;  quand  la  masse  est  complète- 
ment désagrégée,  on  décante  et  l'on  épuise  par  l'eau  acidulée  chlorhydrique  qui  dis- 
sout les  produits  brunâtres  provenant  de  l'oxydation  du  mélange  fondu. 

»  Après  quelques  minutes  d'ébullition  on  obtient  un  résidu  très  blanc  à  aspect  cris- 
tallin :  c'est  du  fluorure  de  calcium  cristallisé  dont  l'analyse  correspond  à  la  for- 
mule CaF^. 

»  Quand  la  fusion  a  été  faite  entre  800°  à  1000°,  le  fluorure  obtenu  est  cristallisé  en 
octaèdres;  quand  elle  a  été  efî'ectuée  entre  i20o°-i4oo°,  ce  sont  des  cubes  parfaits  que 
l'on  obtient  ('). 

»  Propriétés.  —  Le  fluorure  de  calcium  ainsi  préparé  est  cristallisé,  soit 
en  octaèdres,  soit  en  cubes;  nous  ne  parlerons  pas  de  ses  propriétés  si 
nombreuses  et  si  connues;  cependant  nous  en  indiquerons  quelques-unes 
qui  sont,  pour  nous,  particulièrement  intéressantes  ; 

M  Nous  avons  montré  qu'il  était  soluble  dans  le  chlorure  de  manganèse 
fondu  et  qu'il  s'en  séparait  à  l'état  cristallisé  par  refroidissement;  il  est  éga- 
lement soluble  dans  le  mélange  chlorure  de  manganèse  et  chlorure  de 
calcium. 

»  Nous  avons  démontré  aussi  qu'il  était  partiellement  décomposable 
par  le  chlorure  de  manganèse  en  fusion  et  donnait  du  fluochlorure  de  cal- 
cium; cette  propriété  n'est  du  reste  pas  spéciale  au  chlorure  manganeux. 
M.  C.  Poulenc  a  constaté  la  formation  du  fluochlorure  en  traitant  le  fluorure 
calcique  par  les  chlorures  alcalins  fondus.  » 

CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  L' osmose  électrique  dans  l' ammoniac  liquide. 
,  Note  de  M.  Marcel  Ascoli,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Dès  le  début  de  ses  recherches  sur  l'osmose  électrique  (-),  M.  Jean 
Perrin  a  constaté  que  ce  phénomène,  qui  résulte  de  la  charge  que  prennent 

(*)  Nous  avons  pu  préparer  par  le  même  procédé  les  fluorures  de  baryum,  de  stron- 
tium, de  lithium,  de  magnésium. 

(-)  Jean  ÇLerrin,  Examen  des  conditions  qui  déterminent  le  signe  et  la  grandeur 

C.  R.,  1903,  T!»  Semestre.  (T.  CXXWH,  N°  26.  )  l64 


123/4  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

au  contact  l'un  de  l'autre  un  solide  et  un  liquide,  se  produit  avec  inten- 
sité pour  les  liquides  ionisants,  et  pour  ceux-là  seulement.  Le  pouvoir  ioni- 
sant de  l'ammoniac  liquéfié  étant  considérable  ('  ),—  ou,  en  d'autres  termes, 
les  solutions  de  sels  dans  ce  liquide  étant  conductrices,  —  fait  en  accord 
avec  la  grandeur  de  la  constante  diélectrique,  22,  de  ce  liquide  (-),  il  était 
intéressant  de  vérifier  si,  au  sein  de  l'ammoniac  liquide,  on  pouvait  obser- 
ver l'osmose  électrique,  c'est-à-dire  supposer  qu'il  y  a  électrisation  de 
contact. 

y)  Nous  avons  employé  un  dispositif  analogue  à  celui  de  M.  Perrin,  en  opérant  dans 
un  bain  d'acétone  refroidie  aux  environs  de  — 60°  par  de  la  neige  carbonique  (^).  Le 
chlorure  de  chrome,  qui  constitue  une  cloison  poreuse  parfaite  pour  les  solutions 
aqueuses,  ne  peut  convenir  ici  en  raison  d'une  propriété  qui  fera  l'objet  d'une  pro- 
chaine communication;  c'est  avec  de  l'alumine  j^ure,  calcinée,  que  nous  avons  fait  le 
bouclion  poreux  devant  servir  à  l'osmose.  Le  gaz  ammoniac  pur  et  très  soigneusement 
desséché  est  condensé  dans  l'appareil  refroidi;  le  remplissage  présente  quelques  diffi- 
cultés qui  tiennent  à  la  volatilité  du  liquide  et  à  la  facilité  avec  laquelle  il  dissout  les 


»  Les  résultats  ont  été  les  suivants  :  l'équilibre  hydrostatique  étant 
établi,  on  observe  que,  si  Ton  crée  une  différence  de  potentiel  entre  les 
deux  parties  du  liquide  que  sépare  le  bouchon  d'alumine,  le  liquide  se 
déplace  en  sens  inverse  du  courant,  mais  très  faiblement;  quelquefois 
même,  on  n'a  pas  eu  de  transport  appréciable.  Mais  il  suffit  d'introduire 
dans  le  liquide  ime  parcelle  de  sodium  pour  que  le  liquide  bleu  qui  se 
forme  alors  (solution  de  sodammonium  dans  l'ammoniac)  (')  subisse  un 
déplacement  notable  à  travers  le  bouchon  d'alumine,  cette  fois  dans  le  sens 
du  courant.  L'introduction  du  sodium  dans  le  liquide  a  donc  produit  une 
électrisation  positive  du  liquide,  et  négative  de  l'alumine.  On  n'a  pas  à 
s'étonner  de  ce  sens  d'électrisation,  puisqu'on  ignore  quels  sont  les  ions 
en  présence  dans  la  solution  ;  d'autre  part,  il  est  vraisemblable  que,  en 
solution  ammoniacale,  ce  ne  sont  plus,  comme  en  solution  aqueuse,  les 
ions  H"^  et  0H~  qui  jouent  le  principal  rôle.  La  question  de  l'ionisation  au 
sein  de  l'ammoniac  liquide  étant  encore  à  traiter,  il  est  prudent  de  s'en 


de  l'osmose  électrique  et  de  V  électrisation  par  contact  {Comptes  rendits,  t.  CXXXYI, 
p.  i388;  voir  aussi  Ibid.,  p.  i44i  et  i.  CXXXVII,  1908,  p.  5i3). 

(')  C.  Frenzel,  Zeitschrift  fur  Elektrochemie,  t.  VI,  1900,  p.  485. 

(■-)  H. -M.  GooDWiN  et  M.  de  Kay  Thompsox,  Physical  Review,  t.  Vllf,  1S99.  p.  38. 

(■')  FIenr[  Moissan,  Comptes  rendus,  t.  CXXXIII,  1901,  p.  768. 

(')  A.  JoANNis,  Comptes  rendus,  t.  CIX,  1889,  p.  900. 


SÉANCE  DU  2S  DÉCEMBRE  1903.  1255 

tenirau  fait  expérimental,  à  savoir  que,  comme  le  font  prévoir  la  conslanle 
diélectrique  de  l'ammoniac  liquifié  et  la  conduclibililé  des  solutions  ammo- 
niacales, l'osmose  électrique  se  produit  dans  ce  liquide.  » 


CHIMIE  GÉNÉRALE.   —  Sur  la  dissociation  des  carbojiales  a'cali/is. 
Noie  de  M.  P.  Lebeau,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Nous  avons  montré,  dans  une  communication  antérieure,  que  le  car- 
bonate de  lilhium  pouvait  être  complètement  volatilisé  dans  le  vide 
au-dessous  de  1000°  par  suite  de  sa  dissociation  en  anhydride  carbonique 
et  oxyde  de  lithium. 

»  Nous  avions  tout  d'abord  pensé,  en  nous  basant  sur  les  faits  généra- 
lement ailmis  concernant  la  stabilité  des  autres  carbonates  alcalins,  que 
cette  propriété  éloignait  un  peu  le  carbonate  de  lithium  de  ces  derniers. 
Il  nous  a  cependant  paru  nécessaire  de  faire  quelques  expériences  nou- 
velles, en  opérant  dans  les  mêmes  conditions  que  pour  le  carbonate  de 
lithium.  Ce  sont  les  résultats  de  ces  observations  que  nous  publions 
aujourd'hui. 

))  Carbonate  de  sodium.  — On  a  constaté  jusqu'ici  que  ce  sel  se  décontiposail  fai- 
blement au  rouge  blanc  et  que  sa  dissociation  était  favorisée  par  un  courant  d'air  bien 
dépouillé  d'anhydride  carbonique  ou  par  un  courant  de  vapeur  d'eau  qui  produit  de 
l'hydrate  de  sodium.  En  le  chauffant  dans  le  vide,  nous  avons  vu  la  dissociation  com- 
mencer vers  700°  et  devenir  très  sensible  vers  iooo'\  Voici  les  pressions  observées  : 


Pression 

Pression 

en  millimètres 

en  millimètres 

TempcraLure. 

de  mercure. 

Température. 

de  mercure. 

70a 

I 

0 
io5o 

16 

780 

1,5 

1080 

19 

820 

2,5 

1 100 

21 

S80 

10 

I  i5o 

28 

990 

12 

II 80 

38 

1010 

II 

1200 

■        4i 

»  Si,  après  a\oir  chauffé  à  1200°,  on  laisse  ensuite  la  température  s'abaisser,  l'absorp- 
tion de  l'anhydride  carbonique  ne  se  produit  que  d'une  façon  très  incomplète,  la 
majeure  partie  de  l'oxyde  de  sodium  étant  combinée  avec  la  couverte  du  tube  de  por- 
celaine, dans  lequel  a  lieu  l'expérience.  D'autre  part,  si  l'on  élève  de  nouveau  la  tem- 
pérature, les  pressions  observées  diffèrent  parfois  notablement  des  premières.  Ce  fait 
s'e\.plique  aisément  :  le  système  étant  essentiellement  variant.  L'oxyde  de  sodium  pro- 
duit peut  en  effet  se  dissoudre  dans  le  carbonate  de  sodium  fondu,  et  en  outre  se 


j  2')  (3 


ACADEMIE    DES    SCIEXCES. 


déposer  dans  les  parties  relativement  froides  de  l'appareil,  où  il  n'agira  plus  sur  la 
couverte  du  tube  et  pourra  alors  absorber  une  partie  du  gaz  carbonique,  pour  donner 
du  carbonate  neutre  et  même  du  bicarbonate  de  sodium.  On  conçoit  que  dans  ces  con- 
ditions, il  n'existe  pas  de  limite  bien  fixe  pour  la  tension  de  CO".  Toutefois,  si  l'on 
détermine  les  pressions  résultant  de  l'action  progressive  de  la  chaleur  sur  un  sel  n'ayant 
pas  encore  été  chauffé,  on  obtient  des  séries  de  résultats  très  voisines  et  qui  se  rap- 
prochent le  plus  des  tensions  réelles  de  dissociation. 

»  En  maintenant  environ  is  de  carbonate  de  sodium  à  la  température  de  1000",  et  en 
faisant  le  vide  d'une  façon  continue  à  l'aide  de  la  trompe  à  mercure,  nous  avons  pu 
en  produire  la  volatilisation  complète. 

»  Carbonate  de  potassium.  —  Le  carbonate  de  potassium  est  considéré  comme  beau- 
coup plus  stable  que  celui  du  sodium,  et  l'on  admet,  qu'il  ne  perd  de  l'anhydride  carbo- 
nique qu'à  très  haute  température.  Dans  le  vide,  il  se  dissocie  sensiblement  à  partir 
de  790".  \  ers  1000°  sa  décomposition  devient  tout  à  fait  comparable  à  celle  du  carbo- 
nate de  sodium  et  comme  ce  dernier  il  peut  être  complètement  volatilisé. 


Pressions 

en  millimètres 

Température. 

de  mercure. 

-3o 

0 

790 

0,5 

810 

I 

890 

3 

Pressions 

en  millimètres 

Température. 

de  mercure. 

960 

5 

970 

9 

1000 

12 

1090 

'7 

»  Carbonate  de  rubidium.  —  Le  carbonate  de  rubidium  que  nous  avons  utilisé  a  été 
préparé  à  l'aide  de  chloroplalinate  de  rubidium  pur  obtenu  par  précipitation  frac- 
tionnée, au  moj^en  du  chlorure  de  platine,  d'un  chlorure  de  rubidium  sensiblement 
pur.  Nous  avons  rejeté  les  premières  et  les  dernières  portions  susceptibles  de  ren- 
fermer, les  unes  de  petites  quantités  de  potassium,  les  autres  un  peu  de  cœsium.  Le 
chloroplatinate  lavé  à  l'eau  bouillante,  puis  desséché,  a  été  réduit  par  l'hydrogène.  Le 
chlorure  résultant  a  été  transformé  en  sulfate.  Ce  dernier,  traité  par  l'eau  de  baryte  en 
léger  excès,  a  donné  une  solution  d'hydrate  de  rubidium.  Le  baryum  a  été  éliminé  par  un 
courant  de  gaz  carbonique  et,  après  filtration,  on  a  carbonate  jusqu'à  saturation.  La 
solution  de  bicarbonate  ainsi  produite  a  été  évaporée  à  sec  et  le  résidu  calciné  et 
fondu. 

))  Le  carbonate  de  rubidium  commence  à  se  dissocier  dans  le  vide  un  peu  au- 
dessous  de  n^o"  • 


Pression 

l^iession 

en  millimètres 

en  millimètres 

Température. 

de  mercure. 

Température. 

de  mercure. 

0 
690 

0 

0 
900 

10 

740 

2 

990 

18 

83o 

6 

1020 

20 

870 

8 

1080 

33 

»  A  partir  de  1000",  la  dissociation  se  produit  plus  rapidement  que  pour  les  carbo- 


25' 


SÉANCE    DU    2S    DÉCEMBRE    Kjo'l 

nates  de  potassium  et  de  sodium,  et  la  volatilisation  complète  est  obtenue  facilement. 

»  Carbonate  de  cœsiiim. —  Le  carbonate  de  cœsium  a  été  purifié  par  dissolution  dans 
l'alcool  concentré  bouillant.  Dans  le  cours  de  ces  traitements,  nous  avons  constaté  la 
formation  d'un  carbonate  hydraté  cristallisé  contenant  i5,47  pour  100  d'eau,  ce  qui 
correspond  sensiblement  à  la  formule  3(CO^Cs2)  loH^O  qui  exige  i5,5.^|  pour  100 
d'eau. 

»  La  dissociation  du  carbonate  de  cœsium  devient  sensible  vers  600°.  Elle  se  produit 
avec  intensité  au-dessus  de  1000"  et  devient  comparable  à  celle  du  carbonate  de 
lithium. 

Pression 


en  millimètres 

ciiipératuro. 

de  mercure. 

0 
610 

2 

680 

4 

8o5 

6 

860 

8 

890 

12 

980 

32 

Température. 

1000 
io5o 
1090 

I  i3o 
I  i5o 
1180 


Pression 

en  millimètres 

de  mercure. 


63 

90 
121 
137 
107 


).  Ces  déterminations  permettent  de  conclure  que  tous  les  carbonates 
alcalins  sont  dissociables  dans  le  vide  au-dessous  de  800°.  Il  se  forme  du 
gaz  carbonique  et  un  oxyde  alcalin  volatil,  ce  qui  entraîne  une  sorte  de 
volatilisation  de  ces  carbonates,  dont  nous  nous  proposons  d'étudier  les 
applications,  ainsi  que  nous  l'avons  indiqué  à  propos  de  notre  communi- 
cation sur  le  carbonate  de  lithium.  Nous  ajouterons  que,  si  l'on  considère 
la  répartition  généralement  admise  des  métaux  alcalins,  en  deux  sous- 
groupes,  comprenant  ;  i"  lithium  et  sodium,  2°  potassium,  rubidium  et 
cœsium,  on  remarque  que  la  facilité  de  dissociation  décroît  avec  le  poids 
atomique  dans  le  premier  groupe  et  croît  avec  lui  dans  le  second.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  c(.-aminomi.riles. 
Note  de  M.  Marcel  Delépi.xe. 

«  Les  a-aminonitriles  peuvent  être  considérés  comme  des  aminés 
a-cyanées;  ainsi,  l'a-aminopropionitrile  CH''—  CH(AzH-)  —  CAz peut  aussi 
bien  s'écrire  a-cyanoéthylamine  CH'CH(CAz)  -  AzH^  L'introduction  du 
groupe  négatif  CAz  au  voisinage  de  l'aminogène  amène  une  diminution 
de  la  basicité.  En  comparant  à  cet  égard  les  sulfates  de  méthyl-  et  d'éthyl- 
amine  avec  ceux  d'aminoacétonitrile  et  d'aminopropionitrile,  on  trouve 
les  chaleurs  de  neutralisation  suivantes  pour  i»""'  d'acide  sulfurique  : 


Méthylamine 3o<^3',  i   (calculée) 

a-cyanométhylamine.  .      19''"', 9  (à  2i"j 


Ethylamine 3o™',4 

a-cyanoéthjlamine. .      2o<^'>,55   (à  14") 


1258  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  La  diiîiinuLion  considérable,  voisine  de  lo^''',  se  IradiiiL  par  la  saveur 
nettement  acide  des  sulfates  d'aminés  cyanées,  leur  acidité  au  tournesol  et 
à  la  phtaléine;  les  sels  minéraux  d'aminopropionitrile,  d'aminoacétonilrile, 
de  niéthyiaminoacétonitrile,  etc.,  sont  acides  de  tout  leur  acide  à  la  phta- 
léine et  neutres  au  niélhylorange;  vis-à-vis  du  tournesol,  on  n^itteint  le 
bleu  franc  que  par  saturation  de  tout  l'acide  du  sel,  mais,  vers  le  dernier 
tiers,  une  teinte  rouge  violacé  apparaît.  On  en  déduit  que  lesaminonitriles 
considérés  sont  monobasiques  au  méthylorange,  indifférents  à  la  phtaléine 
et  presque  indifférents  au  tournesol. 

»  Ce  sont  donc  des  bases  moyennes  de  force  très  inférieure  à  celle  de.-^ 
alcalis  et  des  aminés  grasses,  mais  supérieure  à  celle  des  aminés  aroma- 
tiques ou  quinoléiques. 

»  J'ai  étudié  plus  spécialement  quelques  réactions  chimiques  de  l'a-ami- 
nopropionitrile  et  du  méthylaminoacétonitrile,  vis-à-vis  des  anhydrides 
d'acides  et  des  éthers  isocyaniques. 

»  Par  sa  fonction  aminé,  le  premier  donne  facilement  l'acétyl-  et  le  ben- 
zoylaminopropionitrile,  respectivement  fusibles  à  102°  et  108°. 

»  Par  cette  même  fonction,  l'un  et  l'autre  aminonitriles  donnent  avec 
les  éthers  isocyaniques  des  urées  cyanées  qui  ne  sont  autres  que  des  nitriles 
d'acides  hydantoïques.  Effectivement,  il  suffit  de  chauffer  au  bain-marie 
ces  nitriles  avec  de  l'acide  chlorhydrique  dilué  dans  deux  volumes  d'alcool 
(comme  dissolvant)  pour  obtenir  très  facilement  des  hydantoïnes.  Ainsi, 
l'a-aminopropionitrile  et  l'isosulfocyanate  de  phényle  donneront  successi- 
vement : 

CAz  -  CH  -  Q.W 
I 
C^H^Az:CS4- AzH- 

CO*H  -CH  -CH^ 
I 
^  CH'AzH  -  es  -AzH 

/AzH.C^H' 
»  J'ai  préparé  l'a-cyanéthylphényliirée  COx    .    „  Vu  m  k    \r\\z  "^1^'  fonda  i35"et 

conduit    à    la     i-phényl-4-niéthylhydantoïne    fusible    à     172°;     Ta-cyanéthylnaéthyl- 

/AzH.CH^ 

sulfourée  CS\   .     \a   r\x(r\    \r^U3'  P''oduit  visqueux  conduisant  à  la  1,/4-diaiéthyl- 

sulfohydanloïne,    fusible    à    i68°-i69";   l'a-cyanéthjlphénylsulfourée   crislallisable   et 
transformable  en  i-phényl-4-méthjlsulfohydantoïne  fusible  à  180°;  la  cyanotrirnéthyl- 

snlfourée  CS\    .       ^TT,s/.r,»  ^4     conduisant  à   i-S-diméthvlsulfohydantoïne,  fusible 
\Az(C.IP)CH-.CAz  "^  •' 

/AzH  C H" 
à   9/4°, 5;    la   mélhylcjanoraéthylphénylurée  C0\  '     , r\i%\rvii  /^  \    '   fusible  à  83°  et 


CAz 

-GH- 

-CH^* 

c« 

H^ 

•AzH 

-  es 

-AzH 

c« 

H- 

*Az( 

(Il  \ 

co- 
cs  - 

(4) 

CH- 
AzH 

CH^ 

(2) 

(3) 

SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    IQoS.  I^Sc) 

transformable    en    i-phényl-3-méthylhydantoïne    fusible    à    109",  5.    Ce    sont   là    des 
réactions  que  Ton  pourrait  multiplier. 

»  Enfin,  considérant  que  l'a-nminopropionitrilc  CH' — ■CH(AzH-)  — CAz 
contient  un  carbone  asymétrique,  je  l'ai  dédoublé  an  moyen  de  l'acide 
^/-tartrique.  Cet  acide  forme  un  sel  acide  hydraté  CMi^'\z^  C"H'''0",  H^O 
ayant  un  pouvoir  rotatoire  [aj„  =  4-18^  environ,  en  solution  aqueuse  à  ~. 
Si  l'on  précipite  sa  solution  aqueuse  saturée  par  un  volume  d'alcool  h  96**, 
on  obtient  un  premier  précipité  ayant  fa]j,=:  -m3°;  en  ajoutant  ensuite  un 
volume d'éther,  on  détermine  un  second  précipité  ayant  [(/.]„=  -f-iS**,  sen- 
siblement identique  au  produit  initial,  et  il  reste  dans  les  eaux  mères 
éthéro-alcooliques  un  tartrate  ayant  [a]j>= -i-2  3''.  Le  premier  précipité 
est  du  J-tartrate  de  /-aminopropionitrile  rpie  l'on  peut  transformer  facile- 
ment en  un  sulfate  lévogyre  [a]„=  —  ii°,/|  et  en  un  /-benzoylaminopro- 
pionitrile,  fusible  à  123", 5,  très  lévogyre;  [a]i,=  —  55°, 84. 

))  Le  tartrate  |a.]„=  +  23''  donne  un  sulfate  et  un  benzoylaminopro- 
pionitrile  dextrogyres  ayant  respectivement  [«.]„=  +10°  et  41"» 3,  par 
conséquent  souillés  de  racémique,  ce  qui  se  conçoit,  le  tartrate  de  la  base 
dextrogyre  étant  le  plus  soluble.  Il  est  évident  que  l'on  pourrait,  au  con- 
traire, avoir  les  produits  droits  purs  en  parlant  d'acide  /-tartrique;  c'est 
une  vérification  que  je  n'ai  pas  faite. 

))  Je  limite  là  cet  aperçu  des  propriétés  des  oc-aminonitriles;  on  voit  que 
ces  corps  se  prêtent  à  toutes  les  réactions  que  leur  double  fonction  permet 
de  prévoir,  y  compris  le  dédoublement  optique,  s'ils  ont  un  carbone 
asymétrique.  J'ai  laissé  de  côté  les  opérations  qui  conduisent  aux  amino- 
acides.  Un  Mémoire  plus  complet  et  plus  détaillé  paraîtra  au  Bulletin  de 
la  Société  chimique.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Combinaison  du  saccharose  avec  quelques  sels 
métalliques.  Note  de  M.  D.  Gauthier. 

«  On  sait  que  le  saccharose  a  la  propriété  de  s'unir  au  chlorin^e,  au  bro- 
mure, à  l'iodure  de  sodium;  qu'il  s'unit  également  au  chlorure  de  potas- 
sium. Nous  avons  réussi  à  obtenir  avec  d'autres  sels  un  certain  nombre  de 
combinaisons  analogues  nettement  définies. 

»  L'iodure  de  potassium  nous  a  fourni  un  composé  bien  cristallisé 
répondant  à  la  formule 

C'-H-0",KT,  2Tr-0; 


I26o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

quelques-uns  des  cristaux  de  ce  corps  ont  des  dimensions  de  plusieurs 
centimètres. 

»  Le  chlorure,  le  bromure,  l'iodnre  de  lithium  ont  donné  des  composés 
semblables  au  précédent  : 

C'-IP-O",  LiCl,  '2H'0, 
C'-H=^-0'',  LiBr,  2H=^0, 
C'-H220",  Lil,     2H-O. 

>.   T.e  bromure  et  l'iodure  de  calciimi  nous  ont  donné  les  corps  : 

C'-H--0",  CaBi-,  3H-0 
C'2H--0",  Cal-,     3H-0. 

»  Le  chlorure  et  le  bromure  de  strontium  nous  ont  également  fourni  des 
produits  bien  cristallisés,  mais  très  longs  à  se  former. 

»  Le  chlorure,  le  bromure  et  l'iodure  de  baryum  nous  ont  donné  des 
combinaisons  formées  de  cristaux  volumineux  qui  sont  anhydres  et 
répondent  aux  formules  : 

2C'-H"0",  BaCl-, 
2C'-H--0",  BaBr^ 
2C'-H--0",  BaP. 

»  Nous  nous  proposons  de  faire  l'étude  des  propriétés  de  ces  corps  et 
nous  poursuivons  nos  recherches  en  vue  d'obtenir  des  combinaisons  nou- 
velles avec  d'autres  sels.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  Lransformation  des  a-glycols  primaires  en 
aldéhydes  correspondantes.  Note  de  M.  Tiffeneau,  présentée  par 
M.  Halier. 

«   La  transformation  bien  connue  du  phénylglycol 
CM1«  — CHOH -CH-OH 

en  phénylacétylaldéhyde  CMi'^--  CH-  —  CHO  (Zincke,  Liebigs  Annalen  , 
t.  CCXVI,  p.  3oi)  par  l'action  de  l'acide  sulfurique  au  \  ne  fournit,  apriori, 
aucun  renseignement  sur  la  nature  de  cette  réaction.  Je  suis  parvenu,  en 
étudiant  les  homologues  du  phénylglycol,  substitués  en  a,  à  montrer  que 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  r9o3.  1261 

les  aldéhydes  résultant  de  cette  transformation  conservent  la  même  struc- 
ture que  le  glvcol  initial  el  qu'il  y  a,  dans  ce  cas,  passai^e  de  la  fonction 
alcool  vinvlique  instable  à  la  forme  aldéhyde,  par  simple  migration  d'un 
atome  d'hvdroçène. 

»  Les  phénylijlvcols  sur  lesquels  j'ai  effectué  mes  recherches  ont  été  préparés  par 
une  méthode  que  j'ai  indiquée  antérieurement  {Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  p.  846) 
et  qui  consiste  à  faire  réagir  l'iodure  de  méthylmagnésium  sur  les  benzoylcarbinols 
ou  sur  leurs  éthers  acétiques. 

C«H»—  CO  —  CH^-  OH  +  aCH^Mgl  z=  CfP+  C=H'^(CH^)  C(OMgl)  —  CH^OMgl, 

C6H^—  CO  —  CH^—  CO^—  CH»+  SCH^Mgl 

=  (CH3)-^— C(OMgl)  — CH*+C«K^(CH=*)-C(OMgI)— CH^OMgl. 

»  Il  suffit  de  décomposer  par  l'eau  les  dérivés  magnésiens  ainsi  préparés  pour  obte- 
nir les  glycois  qu'on  purifie  par  distillation  fractionnée  dans  le  vide  et  par  cristal- 
lisation dans  l'éther  de  pétrole.  Cette  méthode  a  été,  depuis,  appliquée  avec  succès 
par  M.  Kling  {Comptes  rendus,  t.  CXXXVII,  p.  7-56 )  au  cas  de  l'acétol  et  de  son  élher 
acétique. 

»   Le  mélhylphényl^lycol  dissymétrique  (2-phénylpropane-diol-i.2) 

C«H^(CH')  — COH  — CH^OH 

obtenu  par  l'une  ou  l'autre  des  réactions  ci-dessus  fond  à  38°. 

«   Le  méthyl-/J-tolylglvcol  dissymétrique  (2-/>-lolyipropane-diol-i.2) 

GH»  —  C«H^(CH3)  —  G  OH  —  GH-OH 

fond  à  36°.  Je  l'ai  préparé  comme  le  précédent  soit  en  faisant  agir  SIMgGH^  sur 
l'acétate  de  /j-toluylcarbinol  (fond  à  84°),  soit  encore  par  action  de  alMgGH^  sur 
/>-toluylcarbinol  GH^G«H^—  GO  —  GH^OH  (fond  à  88°). 

»  Ges  deux  glycois,  traités  à  chaud  par  l'acide  sulfurique  au  j,  sont  transformés 
avec  élimination  de  H-0  en  aldéhydes  correspondantes  d'après  la  réaction 

R—  (GH»)  —  GOH  —  GH-OH  =  H^O  4-  R  —  (GH^)  —  GH  -  GHO. 

»  G'est  ainsi  que  le  mélhylphénylglycol  fournit  l'aldéhyde  hydratropique  ('  )  bouil- 
lant à  2o4°  (semi-carbazone  fusible  à  i56°-i57°)  et  le  mélhylphénvltolylglycol,  l'aldé- 
hyde/?-méth3lhydratr()|)ique  bouillant  à  2i9°-22i°  (semi-carbazone  fusible  à  i52°). 

»  Si  l'on  rapproche  ces  faits,  de  ceux  que  j'ai  antérieurement  exposés  concernant  la 
migration  phénylique,  on  voit  que  le  mélhylphénylglycol  se  transforme  sans  chan- 
gement de  structure  en  aldéhyde  hydratropique 

(I)  G"=H5(GH'')  — G(OH)  — GH^OH  =  H20-f-G«H5(GH2)GH  — GHO, 


(')  J'ai  observé  également  la  formation  d'aldéhyde  hydratropique  par  ébullition 
d'une  solution  alcoolique  d'acétate  de  potassium  contenant  la  chloihydrine  du  méthyl- 
phéiîylglycol  dissymétrique  {Bull.  Soc.  chini.,  3"  série,  t.  XXVII,  p.  643). 

G.  R.,  igo3,  2»  Semestre.  (T.    CWXVII,  N»  26.)  l65 


1262  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tandis  que  son  iodhydrine  ou  sa  chlorhydrine  conduit  à  la  phénylacétone  avec  migra- 
tion moléculaire. 

(Il)  C«HS(CH3)  — G(OH)  — GHn=:HI-HG«Hs— CH2-  GO  —  GH». 

»  Il  en  résulte  évidemment  que  la  réaction  (I)  doit  s'effectuer  par  un  mécanisme 
tout  autre  qpe  celui  de  la  réaction  (II);  or,  cette  dernière  ne  saurait  être  envisagée 
aytreiment  qu'avec  formation  intermédiaire  d'pxjde  (i'ét|iylène  G''H^(G11^  )  —  G  —  GJI- 


O 
et  migration  ultérieure  du  G^H*;  on  est  donc  conduit  à  conclure  que  parmi  les  deui^ 
seules  formes  intermédiaires  possibles  de  Ici  réaction  (I) 

G«H«(GH3)  —  G(OH)  -  GH^OH  =  H^O  +  G^H5(CH3)  —  G  —  CH^ 


O 
G«H*(GH3)  -  G(OH)  —  GH^OH  =  H^O  +  G«H^(GH3)  —  G  =  GHOH, 

il  faut  rejeter  la  forme  oxyde  d'éthylène  et  adopter  la  forme  alcool  vinylique. 

»  En  résumé,  la  transformation  des  a-glycols  primaires  en  aldéhydes  sous 
l'action  de  l'acide  sulfurique  constitue  ime  réaction  toute  sjDéciale  due  à  la 
formation  intermédiaire  d'un  alcool  vinylique;  elle  se  distingue  ainsi  très 
nettement  de  toutes  les  réactions  oîi  il  y  a  au  contraire  formation  intermé- 
diaire d'un  oxyde  d'éthylène,  formation  qu'on  réalise  soit  par  l'élimination 
de  riiydracide  chez  les  halohydrines  dérivées  de  ces  a-glycols,  soit  encore 
par  l'élimination  de  l'eau  chez  ces  a-glycols  lorsque  le  nombre  des  substi- 
tutions carbonées  rend  impossible  la  formation  d'alcool  vinylique,  ce  qui  est 
le  cas  des  pinacones.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —   Sur  les  éthers  nitriques  des  acides-alcools. 
Note  de  M.  Jbl.  Duval,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Nitrate  d'acide  acétoxy acétique .  —  L'analyse  du  nitrate  d'acide  glycolique  brut 
(voir  Comptes  rendus  du  12  octobre  dernier)  fournissait  un  chilFre  trop  élevé  pour  le 
carbone,  l'hydrogène  étant  néanmoins  assez  exact  :  j'en  ai  donc  déduit  qu'il  devait  se 
former,  pendant  la  nitralion,  un  autre  produit  provenant  d'une  condensation  de  l'acide 
glycolique;  j'ai  indiqué  dernièrement  qu'une  huile  se  déposait  pendant  que  cristal- 
lisait le  nitrate  d'acide  glycolique.  L'étude  de  ce  composé  huileux,  purifié  au  moyen 
de  henzo-ligroïne,  m'a  conduit  à  admettre  la  formation  de  nitrate  d'acide  acéloxyacé- 
tiqije,  répondant  à  la  formule 

GH^OAzO^— GO^  — GIP— GO^H. 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    IpoS.  1203 

»  Huile  légèrement  ambrée,  soluble  dans  l'eau,  l'alcool,  l'élher,  peu  soluble  dans  le 
benzène,  insoluble  dans  la  ligroïne. 

»  Analyse.  —  Trouvé  :  C,  26,95;  H,  2,82;  Az,  8,12. 

»  Théorie  pour  CII^O AzO'^— CO^  — CH'^— CO^H  :  G,  26,8(;  H,  2,78;  Az,  7,82. 

»  Nitrate  d'acide  lactique.  —  En  1872,  Wisliceous  a  montré  que  l'acide  lactique 
sirupeux  est  un  mélange  en  proportions  fort  variables  d'eau,  d'acide  lactique,  d'an- 
hydride lactique  et  de  lactide.  Gomme,  d'une  part,  l'anhydride  et  le  lactide  sont  facile- 
ment extraits  par  l'éther  et  que,  d'autre  part,  l'anhydride  peut  également  s'éthérifier, 
en  opérant  la  nitration  directement  sur  l'acide  libre,  je  me  serais  trouvé,  après  extrac- 
tion à  l'éther,  en  présence  de  quatre  composés,  savoir  :  l'acide  nitrolactique,  l'anhy- 
dride lactiqu(;,  l'anhydride  nitrolactique  et  le  lactide.  Force  m'était  donc  de  m'adres- 
ser,  soit  à  l'acide  lactique  pur  et  cristallisé  décrit  en  189.5  par  MM.  Kraft  et  Dyes,  mais 
dont  la  préparation  et  la  conservation  sont  délicates,  soit  à  un  sel  de  l'acide  lactique, 
l'anhydride  ne  formant  pas  de  sels  stables.  D'ailleurs,  je  compte  simplifier  la  purifica- 
tion des  nitrates  d'acide  glycolique  et  glycérique,  et  améliorer  grandement  les  rende- 
ments en  employant  des  sels  au  lieu  des  acides  libres. 

»  En  conséquence,  en  opérant  selon  la  méthode  décrite  par  Henry  en  1878  et  qui 
cohsiste  àéthérifier  directement  l'acide  lactique  impur,  on  n'obtiendra  jamais,  comme 
je  l'ai  d'ailleurs  vérifié  evpérimentalement  dans  des  conditions  variées,  qu'un  mélange 
d'acide  nitrolactique  et  des  anhydrides  qu'il  forme. 

»  On  ajoute  peu  à  peu  20s  de  lactate  de  zinc  à  un  mélange  de  25s  d'acide  azotique 
fumant,  et  de  4oS  d'acide  sulfurique  concentré,  en  évitant  une  trop  forte  élévation  de 
température;  on  verse  sur  la  glace,  on  extrait  à  l'éther  qu'on  lave  abondamment,  on 
évapore  la  solution  bien  décantée,  puis  on  sèche  pendant  deux  semaines  dans  le  vide, 
d'abord  sur  la  potasse,  ensuite  sur  l'acide  sulfurique. 

»  Analyse.  —  Trouvé  :  G,  26,72;  H,  3,83;  Az,  10,66. 

)>  Théorie  pour  GH^  — CHO AzO- —  GO^H  :  G,  26,66;  H,  3,70;  Az,  10,87. 

»  Liquide  huileux  légèrement  jaunâtre,  miscible  à  l'eau,  l'alcool,  l'éther,  le  ben- 
zène, insoluble  dans  la  ligroïne. 

»  Nitrate  d'acide  ^-oxyhatyrique.  —  On  le  prépare  exactement  comme  le  dérivé 
lactique  correspondant,  en  opérant  également  sur  le  sel  de  zinc  sec.  Placé  dans  le 
vide  sulfurique,  il  cristallise  en  aiguilles  légèrement  colorées  en  jaune;  on  le  pulvé- 
rise, puis  le  replace  dans  le  vide  sur  la  potasse  solide,  puis  sur  l'acide  sulfurique. 

»  Gristaux  incolores  excessivement  solubles  dans  l'eau,  l'alcool,  l'éther,  le  benzène, 
moins  solubles  dans  la  ligroïne  et  fondant  à  45°. 

»  Analyse.  —  Trouvé  :  G,  82, 3i;  H,  4)76;  Az,  9,68. 

»  Théorie  pour  GH» -  GH^  —  GHO AzO^  —  GO^I  :  G,  82,21;  H,  4,69;  Az,  9,89. 

))  ISitroglycolate  de  niéthyle.  —  On  éthérifie  en  évitant,  comme  toujours,  une  trop 
grande  élévation  de  température;  on  verse  sur  la  glace  où  le  produit  rtitré  précipite; 
on  le  lave  alors  deux  fois  avec  un  peu  d'eau;  on  le  neutralise  et  le  sèche  en  l'agitant 
avec  du  carbonate  de  soude  sec.  Enfin,  on  rectifie  dans  le  vide. 

»  Liquide  incolore  d'odeur  agréable,  neutre  au  tournesol,  bouillant  avec  forte 
décomposition  à  i65°  sous  la  pression  ordinaire,  mais  sans  décomposition  dans  le  vide 
où,  sous  28™'°,  il  disLille  à  82^,5.  Soluble  dans  l'alcool,  l'éther,  le  benzène,  insoluble 
dans  l'eau  et  la  ligroïne,  il  brûle  au  contact  d'un  corps  incandescent. 


1264  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Analyse.  —  Trouvé  :  C,  20,56;  H,  3,88;  Az,  10,44- 

»   Théorie  pour  CH-0 AzO^— CO-GH^  :  C,  26,66;  H,  8,70;  Az,  10,87. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Actioîi  de  i' acide  carbonique  sur  les  solutions  aqueuses 
d'aniline  en  présence  des  nitriles.  Note  de  M.  Louis  Meunier,  présentée 
par  M.  Mois>aii. 

«  I.  ISitrites  alcalins.  —  Si  l'on  fait  pa.^ser  un  courant  de  gaz  carbonique 
pur  dans  une  solution  aqueuse  contenant  une  molécule  de  nitrite  de  soude 
pour  deux  molécules  d'atnline,  on  constate  que  l'on  peut  transformer 
presque  intégralement  l'aniline  en  diazoamidobenzène. 

»   L'expérience  suivante  le  prouve: 

»  Dans  une  solution  composée  de  :  aniline  4^»65,  iiitrite  de  soude  is,  '72, 
eau  distdlee  230'^'"',  on  fait  passer  un  courant  de  gaz  carbonique  débarrassé 
de  toute  trace  d'acide  minéral  par  lavage  dans  une  solution  de  bicarbo- 
nate de  soude;. au  bout  d'un  quart  d'heure,  la  liqueur  se  trouble  en  jaune 
citron  ;  abandonnée  au  repos  pendant  3  jours  elle  dépose  1^,39  de  diazo- 
amidobenzène tusible  à  92°. 

En  faisant  passer  à  nouveau  le  courant  dans  la  liqueur  filtrée,  et  aban- 
donnant au  repos  pendant  10  jours,  on  obtient  un  nouveau  précipité 
pesant  0^,95.  La  liqueur  filtrante,  saturée  d'acide  carbonique  et  aban- 
donnée à  nouveau  pendant  5  jours,  donne  un  précipité  pesant  0^,66;  et 
ainsi  de  suite.  Vers  la  fin  de  l'opération,  lorsque  le  gaz  carbonique  se 
trouve  en  excès  dans  la  solution,  d  y  a  dégagement  d'azote,  formation  de 
phénol  et  de  paraoxyazobenzol  C  H^  —  Az  =  Az  —  C'  H'  —  OH. 

»  IL  Nilrile  d'argent.  —  Le  passage  d'un  courant  de  gaz  carbonique 
dans  une  solution  contenant  une  molecal  e  de  nitrite  d'argent  pour  deux 
molécules  d'aniline  détermine  la  précipitation  assez  rapide  de  la  totalité 
de  l'aniline  à  l'état  de  sel  d'argent  du  diazoamidobenzène 

C«fJ5_Az  =  Az-Az-  C'^H^ 

I 
Ao- 

»  Théorie  de  la  formation  du  diazoamidobenzène.  —  Pour  expliquer  le  méca- 
nisme de  la  formation  du  diazoamidobenzène  par  Taclion  du  gaz  carbonique  sur 
la  solution  aqueuse  de  nitrite  de  soude  et  d'aniline,  nous  démontrerons  préalablement  : 

»  1°  Que  l'acide  carbonique  est  susceptible  de  former  une  combinaison  avec 
l'aniline.    Ditle    (^)    avait    signalé    que    par   l'action   de    l'anhydride    carbonique   sur 

(')   Comptes  rendus,  t.  CV,  1887,  p.  612. 


SÉANCE   DU    28   DÉCEMBRE    1903.  1265 

l'aniline,  même  refroidie,  il  n'y  avait  pas  la  moindre  fixation  de  §az  carbonique  en 
opérant  à  la  pression  atmosphérique.  J'ai  reconnu  qu'il,  n'en  était  pas  de  même  si  l'on 
faisait  réagir  le  gaz  carbonique  sur  Taniline  en  solution  aqueuse,  c'est-à-dire  dans  les 
conditions  normales  pour  la  formation  du  sel. 

»  Si  l'on  retourne  deux  tubes  gradués  identiques,  remplis  de  gaz  carbonique,  le 
premier  sur  ji  d'eau  distillée,  le  second  sur  j'  d'eau  distillée  additionnée  de  los  d'ani- 
line, on  constate  que  l'ascension  du  liquide  dans  le  deuxième  tube  est  incomparablement 
plus  rapide  que  dans  le  premier,  ce  qui  indique  qu'en  présence  de  l'aniline  il  y  a,  non 
seulement  dissolution  dans  l'eau,  mais  encore  combinaison.  Il  est  bien  évident  que 
celte  combinaison  formée  par  un  acide  faible  et  une  base  faible  est  très  instable, 
et  qu'elle  s'hydrolyse  presque  complètement  en  présence  de  Teau. 

»  2"  Que  l'acide  carbonique  ne  déplace  pas  l'acide  nitreux  dans  le  nitrite  de  soude 
dans  les  conditions  de  l'expérience  précédente.  Celte  constatation  a  été  faite  en  plon- 
geant un  papier  iodo-amidonné  dans  une  solution  aqueuse  de  nitrite  de  soude,  saturée 
d'acide  carbonique;  le  papier  ne  bleuit  pas.  L'acide  carbonique  étant  incapable  de 
déplacer  l'acide  nitreux  dans  le  nitrite  de  soude,  la  formation  du  diazoamidobenzène 
ne  peut  s'expliquer  que  de  la  façon  suivante  : 

»  L'acide  carbonique  réagit  sur  l'aniline  pour  donner  du  carbonate  d'aniline,  qui 
fait  double  décomposition  avec  le  nitrite  de  soude  pour  former  du  nitrite  d'aniline  : 
G«H5— AzH3  — AzO^  Par  perte  d'une  molécule  d'eau,  ce  nitrite  d'aniline,  corps 
instable,  se  transforme  en  nitrosamine  : 

C^H^-AzH-AzO, 
ou  plutôt,  en  sa  forme  tautomère  isodiazoïque, 

OH3— Az  =  Az  — OH 
qui  réagit  sur  l'aniline  non  carbonatée  pour  donner  le  diazoamidobenzène 

C« H^  -  Az  =  Az  -  Az  H  -  C H5. 

^  »  Cette  expérience  s'applique  d'ailleurs  à  la  formation  du  diazoamidobenzène  par 
l'action  du  nitrate  de  soude  sur  un  sel  neutre  quelconque  d'aniline,  avec  cette  diffé- 
rence que  le  diazoamide  se  forme  par  réaction  de  l'hydrate  isodiazoïque  sur  l'aniline 
provenant  de  l'hydrolyse  du  sel  neutre. 

»  Conséquences.  -  i<^  Si  l'on  fait  réagir  le  gaz  carbonique  sur  l'aniline 
en  présence  de  nitrite  d'argent,  il  y  a  formation  de  diazoamidobenzène,  par 
le  même  mécanisme  que  nous  venons  de  décrire,  mais  ce  diazoamide  se 
transforme  immédiatement  en  sel  d'argent  insoluble  au  contact  du  carbo- 
nate d'argent,  qui  a  pris  naissance  dans  la  réaction,  ou  du  nitrite  d'argent 
qui  n'a  pas  encore  réagi. 

»   2«  Niementowski  et  Rozskowski  (*)  ont  prétendu  qu'il  y  avait  ^rèci- 


{')  Niementowski  et  Rozskowski,  Zeitsch.  f.  physik.  Chem.,  t.  XXII,  1897,  p.  45. 


1266  ~      ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

pitation  d'un  mélange  de  diazoamidobenzène  et  de  sel  de  sodium  par 
action  simple  du  nitrite  de  soude  sur  une  solution  aqueuse  et  étendue 
d'aniline;  ce  fait  est  inexact  pour  deux  raisons  : 

M  a.  L'action  du  nitrite  de  soude  sur  l'aniline  en  solution  dans  l'eau 
distillée  bouillie,  pure,  conservée  à  l'abri  de  l'air,  ne  donne  pas  de  préci- 
pité appréciable,  même  au  bout  de  i  mois;  dans  l'eau  ordinaire,  et  même 
dans  l'eau  distillée  non  bouillie,  il  y  a  formation  de  précipités  notables, 
dont  le  poids  augmente  avec  la  dilution.  J'ai  trouvé  en  effet  qu'un  mélange 
de  4^» ^5  d'aniline  et  de  1^,72  de  nitrite  de  soude  fournissait,  au  bout 
de  23  jours,  des  précipités  pesant  0^,006,  0^,(1092,  o^,oi5o  suivant  qu'il 
était  dissous  dans  25o'"°',  Soo*""',  igoo*""'  d'eau  du  Rhône.  De  même,  un 
mélange  de  9^,8  d'aniline  et  de  3^,45  de  nitrite  de  soude,  dissous  dans 
2' d'eau  distillée  non  récemment  bouillie  fournissait,  après  12  jours,  un 
préci[)ité  pesant  o^,o35o. 

»  La  formation  du  précipité  observé  par  Niementowski  et  RozskoWski 
est  donc  due  à  la  présence  de  l'acide  carbonique  dans  l'eau,  et,  contrai- 
rement à  ce  qui  a  été.  admis  jusqu'à  présent,  l'action  du  nitrite  de  soude  pur, 
en  solution  dans  l'eau  disiillée  bouillie,  ne  donne  pas  de  diazoamidobenzène. 

»  b.  Il  ne  saurait  y  avoir  formation  du  sel  de  sodium  du  diazoamido- 
benzène dans  une  solution  aqueuse,  attendu  que  ce  dérivé,  que  l'on  pré- 
pare par  action  du  sodium  sur  une  solution  de  diazoamidobenzène  dans 
l'éther  anhydre,  s'altère  immédiatement  au  contact  d'une  trace  d'hu- 
midité. » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  rétrogradation  de  l'empois  d'amidon. 
Note  de  M.  L.  Maquenne,  présentée  par  M.  Roux. 

«  Une  Communication  toute  récente  de  M.  Boidin  (')  m'oblige  à  [)ré- 
senter  aujourd'hui  les  résultats  de  quelques  essais  que  j'ai  entrepris  au 
mois  d'août  dernier  en  vue  de  connaître  le  rôle  que  jouent  les  alcalis  dans 
la  t-étrogradation  de  l'amidon. 

»  Les  expériences  qui  suivent  ont  porté  chacune  sur  40"™'  d'empois  de 
fécule  à  5  pour  100,  préparée  avec  de  l'eau  pure,  stérilisé  à  120°  et  addi- 
tionné, après  refroidissement,  de  quantités  variables  de  potasse. 

»   La  rétrogradation  a  duré  5  jours,  à  la  température  ordinaire;  on  a 

(*)  Comptes  rendus,  l.  GXXXVII,  p.  1081. 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    1903.  1267 

saccharifié,  comme  d'habitude,  vers  11°,  après  avoir  nentraHsé  l'alcali 
libre  et  ajouté  une  proportion  de  sulfate  de  potassium  calculée  de  manière 
que  la  minéralisation  fût  la  même  partout  : 

Potasse  en  milligrammes o  5,6         28  56  56o 

Rétrogradé  insoluble  pour  100.  .  .      5,8         10, 4  3,6  3,5  o 

»  Ces  chiffres  montrent  clairement  que,  employés  à  dose  croissante 
et  dans  les  conditions  indiquées  ci-dessus,  les  alcalis  favorisent,  pui^ 
retardent  et  empêchent  la  rétrogradation  de  l'empois;  on  ne  saurait  d'ail- 
leurs admettre  qu'ils  en  sont  la  seule  cause,  puisque  les  acides,  ainsi  que 
je  l'ai  fait  vqir  dans  ma  dernière  Note,  agissent  d'une  façon  analogue, 

»  En  raison  de  l'importance  du  sujet  sur  lequel  j'ai  pour  la  première 
fois  appelé  l'altention  il  y  a  quelques  mois,  je  demanderai  en  même  temps 
à  l'Académie  la  permission  de  définir,  plus  exactement  que  je  n'ai  pu 
le  faire  jusqu'ici,  ce  que  l'on  doit  entendre  par  le  mot  rétrogradation. 

»  La  rétrogradation  de  l'empois,  préparé  en  présence  seulement  d'eau 
pure  et  des  matières  minérales  que  renferme  l'amidon  ou  que  lui  cède 
le  verre,  est  le  phénomène,  essentiellement  progressif,  par  suite  duquel  ce 
corps  tend  à  reprendre  une  forme  voisine  de  celle  qu'U  présente  dans 
l'amidon  cru  ('), 

»  Entre  son  état  initial  et  son  état  final,  sous  lesquels  l'empois  est  en  totalité  ou  seu- 
lement en  partie  saccharifiable  par  l'amylase,  existent  des  modifications  intermédiaires, 
probablement  fort  nombreuses,  qui  se  succèdent  l'une  à  l'autre  en  formant  des  mé- 
langes de  plus  en  plus  résistants  à  l'action  du  malt  ou  des  acides  minéraux. 

»  La  première  étape  de  cette  évolution  est  représentée  par  une  coagulation,  c'est- 
à-dire  par  une  transformation  du  liquide,  d'abord  transparent  s'il  a  été  préparé  dans 
l'autoclave,  en  une  gelée  opaline  chargée  de  grumeaux.  Celle-ci,  toute  semblable  à 
l'empois  vulgaire,  est  comme  lui  à  peu  près  entièrement  soluble  dans  l'extrait  de  malt, 
à  froid. 

»  Le  terme  ultime,  qui  n'apparaît  qu'avec  le  temps,  mais  se  trouve  déjà  dans  l'em- 
pois de  fécule  à  5  pour  100  après  moins  d'une  heure  de  conservation  dans  la  glacç,  est 
l'amvlocellulose,  reconnaissable  à  ce  qu'elle  ne  se  colore  plus  par  l'iode  et  résiste  à 
l'extrait  de  malt,  dans  les  conditions  où  celui-ci  dissout  rapidement  l'empois  frais, 
liquide  ou  gélatineux.  Sa  proportion  dans  l'empois  rétrogradé  est  à  la  fois  fonction  du 
temps,  de  la  température  et  de  la  composition  chimique  du  milieu. 

»  L'existence  des  formes  intermédiaires  ressort  de  ce  fait  que  l'attaque  diaatasique 
d'un  empois  rétrogradé  est  d'autant  plus  profonde  que  l'on  fait  agir  le  malt  à  une  tem- 


(^)  Je  démontrerai   prochainement  que   la   fécule   norna^le   possède   les   principaux 
caractères  de  l'amidon  rétrogradé. 


1268  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

pérature  pins  élevée  :  les  résidus  sont  alors  autant  de  variétés  ou  de  mélanges  d'amy- 
locelluloses  inégalement  condensées. 

»  En  un  mot,  l'empois  d'amidon  liquide  doit  être  considéré  comme  un 
colloïde,  doué  de  propriétés  semblables  à  celles  des  corps  que  Graham  nous 
a  autrefois  appris  à  connaître,  et  sensible  aux  mêmes  influences  qui  agissent 
sur  ceux-ci.  Il  n'est  pas  impossible,  par  conséquent,  que,  en  l'absence  de 
toute  matière  étrangère,  l'empois  d'amidon  se  conserve  indéfiniment  sans 
altération.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —   Préparation  d' alcools  hydro-aromatiques . 
Note  de  M.  Léon  Bruxel,  présentée  par  M.   A.  Haller. 

«  Dans  un  précédent  travail  (^)  j'ai  obtenu  le  cyclohexanol  en  appli- 
quant la  méthode  d'hydrogénation  de  MM.  Sabatier  et  Senderens  à  un 
composé  aromatique  oxygéné  :  l'éther-oxyde  interne  du  p-cyclohexanediol. 
Ce  résultat  m'a  conduit  à  étendre  le  procédé  à  d'autres  corps  oxygénés, 
notamment  aux  phénols. 

»  Une  publication  récente  (-)  de  MM.  Sabatier  et  Senderens  qui  citent 
une  Communication  de  M.  Van  der  Laan  sur  l'obtention  du  cyclohexanol 
à  partir  du  phénol  me  conduit  à  faire  connaître  quelques  résultats  obtenus 
dans  cette  direction. 

»  J'ai  Fait  porter  jusqu'ici  mes  essais  d'hydrogénation  sur  le  phénol,  les 
trois  crésols,  le  thvmol,  le  carvacro).  MM.  Sabatier  et  Senderens  s'étant 
réservé,  dans  leur  Note,  l'application  de  leur  méthode  aux  phénols  tolué- 
niques,  je  ne  parlerai  pas  des  alcools  obtenus  par  hydrogénation  des 
crésols. 

»  Le  procédé  appliqué  est  à  peu  de  chose  près  celui  décrit  pour  la  pré- 
paration des  carbures  hydro-aromatiques.  H  est  peu  avantageux  d'entraîner 
les  vapeurs  du  composé  phéuolique  par  un  courant  d'hydrogène.  Le  phénol 
liquéfié,  s'il  est  nécessaire,  par  la  chaleur  est  introduit  dans  le  tube  conte- 
nant le  nickel  au  moyen  d'une  ampoule  à  robinet.  La  vitesse  d'écoulement 
est  réglée  pour  qu'il  y  ait  toujours  un  assez  grand  excès  d'hydrogène.  La 
température  d'hydrogénation  varie  de  170°  à  200°  suivant  les  phénols  mis 


(')  Comples  rendus,  t.  CXXXVII,  p.  63. 
(^)  Comptes  rendus,  t.  CXXXVII,  p.  io25. 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  igoS.  1269 

en  réaction.  L'activité  du  nickel  n'est  pas  sensiblement  diminuée  après 
400  heures  de  service. 

»  Phénol.  —  Ce  corps  est  facilement  transformé  en  cyclohe.vanol  par  passage  dans 
le  tube  à  nickel  chauffé  à  I70°-I75°,  la  vitesse  du  courant  d'hydrogène  étant  de  250*^"'' 
à  la  minute  et  l'écoulement  du  liquide  étant  réglé  de  façon  à  laisser  passer  environ  12? 
de  phénol  à  l'heure.  Le  rendement  est  voisin  de  la  théorie.  Dans  mes  premières  expé- 
riences, le  phénol  était  liquéfié  par  une  petite  quantité  d'eau  qui  ne  gênait  nullement 
la  réaction.  Le  cyclohexanol  C^H^^ — OH,  ainsi  obtenu  après  purification  est  iden- 
tique à  celui  de  MM.  Baeyer  et  Markownikofl'  et,  par  conséquent,  à  celui  que  j'ai 
préparé  antérieurement.  Sa  phényluréthane,  fusible  à  82°,  est  identique  à  celle  de 
M.  Baeyer  et  de  M.  Bouveault.  Traité  par  le  chlorure  de  zinc,  il  fournit  du  cjclo- 
hexène  avec  un  assez  bon  rendement. 

»  Thymol.  —  Pour  l'hydrogénation  de  ce  phénol,  la  température  du  tube  d'hydro- 
génation est  maintenue  entre  180"  et  iSS". 

»  Pour  éviter  de  chauiler  l'ampoule  contenant  le  thymol,  celui-ci  est  dissous  dans 
l'hexahydrolhymol  provenant  d'opérations  précédentes;  ce  com230sé,  qui  est  liquide, 
dissout  abondamment  le  thymol.  Dans  la  réaction  il  se  forme  une  petite  quantité  d'eau 
et  de  carbure  par  suite  de  la  déshydratation  partielle  de  l'alcool  hydroaromatique. 
L'hexahydrothymol  C'"H'^ — OH,  purifié  par  distillation,  est  un  liquide  sirupeux, 
incolore,  à  odeur  forte  de  menthe,  insoluble  dans  l'eau,  soluble  dans  l'alcool,  Tacide 
acétique,  plus  léger  que  l'eau,  bouillant  à  2i4°  à  la  pression  normale.  Ce  composé  est 
vraisemblablement  un  stéréoisomère  du  menthol. 

»  Carvctcrol.  —  L'hydrogénation  du  carvacrol  s'opère  assez  lentement.  La  tempé- 
rature du  tube  à  nickel  doit  être  maintenue  vers  i95°-20o°  et  l'écoulement  du  phéno^ 
réglé  à  4°  à  l'heure,'  la  vitesse  du  courant  d'hydrogène  étant  de  i3o'^'"^  à  iSo*^""^  à  la 
minute.  Dans  ces  conditions,  on  obtient,  après  une  rectification  séparant  un  peu  d'eau 
et  de  carbure,  l'hexahydrocarvacrol  C^IP^ —  OH.  C'est  un  liquide  sirupeux,  incolore, 
d'odeur  légère  de  thym,  insoluble  dans  l'eau,  soluble  dans  l'alcool,  plus  léger  que  l'eau, 
bouillant  à  2i8°-2i9°  à  la  pression  ordinaire.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Sur  Voxydation  au  gayacoi  par  la  laccase. 
Note  de  M.  Gabuiel  Bertrand,  présentée  par  M.  Roux. 

«  D'une  manière  générale,  comme  je  l'ai  déjà  fait  observer,  les  com- 
posés nettement  oxydables  par  la  laccase  sont  ceux  qui,  appartenant  à  la 
série  cyclique,  possèdent  au  moins  deux  des  groupements  OH  ouNH^  dans 
leur  noyau  et  dans  lesquels  ces  groupements  sont  situés,  les  uns  par 
rapport  aux  autres,  soit  en  position  ortho,  soit  surtout  en  position  para. 

»  Cette  relation  m'a  permis,  non  seulement  de  caractériser  la  laccase, 
mais  aussi  de  découvrir  la  tyrosinase,  qui  s'attaque  à  des  composés  d'une 
constitution  différente. 

G.  R.,  1903,  j°  Semestre.  (T.  CXXXVll,  N»  26.)  166 


1270  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Après  avoir  déterminé,  au  moins  d'une  manière  générale,  quels  sont 
les  corps  susceptibles  de  subir  l'action  des  ferments  oxydants,  il  fallait 
étudier  une  nouvelle  question,  très  importante  au  point  de  vue  du  rôle  que 
ces  ferments  peuvent  jouer  dans  l'organisme;  c'est  la  constitution  chi- 
mique des  produits  engendrés  au  cours  de  l'oxydation. 

»  Lorsqu'on  opèie  avec  l'hydroquinone,  que  j'avais  prise  tout  d'abord 
à  cause  de  la  netteté  de  la  réaction,  il  y  a  départ  des  deux  hydrogènes  phé- 
noliques  et  production  de  quinone. 

»  Mais  le  phénomène  est  en  général  plus  compliqué  :  une  proportion 
notable  du  carbone  peut  même  être  séparée  à  l'état  d'acide  carbonique. 
Avec  le  pyrogallol,  qui  donne  cependant  un  corps  bien  cristaUisé,  la  purpu- 
rogalline,  on  ne  peut  savoir  exactement  ce  qui  se  passe,  la  constitution  de 
ce  singulier  produit  d'oxydation  n'ayant  pu  encore  être  établie  d'une  façon 
certaine. 

»  Je  rapporterai  aujourd'hui  les  résultats  que  j'ai  obtenus  en  étudiant 
l'action  de  la  laccase  sur  le  gayacol. 

»  En  faisant  réagir  le  suc  de  divers  champignons  sur  une  solution 
aqueuse  de  gayacol,  M.  Bourquelot  a  vu  le  liquide  se  colorer  en  rouge 
orangé,  puis  laisser  déposer  un  précipité  rouge  (').  Mais,  comme  je  l'ai 
démontré,  le  suc  de  champignons  renferme  à  la  fois  de  la  laccase  et  de  la 
tyrosinase;  on  ne  peut  savoir,  a  priori,  laquelle  de  ces  deux  oxydases  inter- 
vient dans  la  transformation  du  gayacol,  ce  corps  ét;int,  comme  on  sait, 
l'éther  monométhylique  de  la  pyrocatéchine  :  G"  11'  OH  OCH^  Il  est  même 
permis  de  se  demander,  d'après  la  richesse  des  champignons  en  diaslases 
de  toutes  sortes,  s'il  n'y  a  pas  là  autre  chose  qu'une  simple  action  oxyda- 
sique,  s'd  n'y  a  pas  en  même  temps  une  transformation  accessoire. 

»  Je  me  suis  assuré,  à  l'aide  de  laccase  type,  provenant  du  latex  de 
l'arbre  à  laque,  que  c'est  uniquement  à  cette  oxydase  qu'on  doit  rapporter 
la  transformation  du  gayacol  par  le  suc  des  champignons.  Le  gayacol  devient 
par  suite  un  véritable  réactif  de  la  laccase. 

»  Ce  point  acquis,  j'ai  préparé  une  certaine  quantité  du  produit  d'oxy- 
dation pour  en  déterminer  les  propriétés  et  la  constitution  chimique. 

»  C'est  une  poudre  formée  de  cristaux  excessivement  fins,  de  couleur  rouge  pourpre 
foncé,  avec  un  léger  reflet  vert  métallique.  Elle  est  insoluble  dans  l'eau,  faiblement 
soluble  dans  l'éther,  un  peu  plus  dans  Falcool,  davantage  encore  dans  le  benzène.  Ses 
meilleurs  dissolvants  sont  le  chloroforme  et  l'acide  acétique.  Toutes  ces  solutions  ont 

(^)   Comptes  rendus,  t.  CXXIII,  1896,  p.  SiS-Sij. 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    IQoS.  I27I 

la  même  couleur  rouge  acajou.  Si  Ton  ajoute  de  l'eau  à  la  solution  acétique  concentrée, 
la  substance  dissoute  se  précipite  en  flocons  denses,  violet  pourpre,  qui,  une  fois 
séchés,  fondent  au  bloc  Maquenne  entre  +i35'^  et  +  i4o°. 

»  D'après  sa  composition  et  ses  propriétés,  le  produit  qui  résulte  de 
l'action  de  la  laccase  sur  le  gayacol  est  formé  par  l'union  de  4™°'  de  gayacol 
ayant  perdu  chacune  2^*  d'hydrogène  : 

4C"'H''.OH.OCH='-l-0-=(C«H\O.OCH^)''-l-2H-0. 

»  C'est  une  tétragayacoquinone,  dont  la  constitution  est  représentée  par 
la  formule  suivante  : 


V    ^\0.C1P 


/O.CH' 

\0 

I 

\0.CH3 
^  ^\0 - 


»  La  tétragayacoquinone  se  dissout  dans  la  potasse  et  la  soude  diluées  en  donnant 
des  solutions  rouge  brun,  virant  bientôt  au  vert  intense  puis,  lentement,  au  jaune  sale. 
Avec  l'ammoniaque,  la  dissolution  est  moins  facile  et  la  coloration  primitive  persiste. 

»  Traitée  par  la  poudre  de  zinc,  en  solution  acétique,  elle  est  réduite  dès  la  tempé- 
rature ordinaire,  avec  une  extrême  facilité.  La  solution  se  décolore  presque  coniplète- 
ment  et,  si  l'on  filtre  et  qu'on  reçoive  le  liquide  dans  l'eau,  il  se  précipite  des  flocons 
blancs  de  tétragayacohydroquinone 


C«H5 

C«H3 

C«H 


/OH 
\0.CH5 

/O.CH^ 
\0 

\O.CH^ 


I     /o.ap 

^  *^  \0H 

dont  le  point  de  fusion  est  compris  entre  +  1 15°  et  +  120°. 

»  La  tétragayacohydroquinone  se  colore  peu  à  peu  en  rose  au  contact  de  l'air,  par 
retour  au  corps  primitif.  Cette  oxydation  devient  extrêmement  rapide  en  présence  des 
solutions  alcalines. 


»   Les  formules  ci-dessus  ont  été  établies,  non  seulement  par  l'analyse 


1272  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

élémentaire,  qui  a  donné  de  très  bons  chiffres,  mais  encore  par  la  détermi- 
nation du  point  de  congélation  des  solutions  acétiques  ('). 

»  En  outre,  l'existence  des  deux  fonctions  phénoliques  de  la  tétragaya- 
cohydroquinone  a  été  prouvée  :  premièrement,  par  la  production  d'un 
dérivé  diacétylé,  fondant  vers  +  i55°-i6o*',  en  faisant  bouillir  la  substance 
avec  un  excès  d'anhydride  acétique  en  présence  de  chlorure  de  zinc; 
deuxièmement,  par  l'introduction  de  deux  et  seulement  deux  nouveaux 
groupes  CH^  en  traitant  cette  même  substance  par  un  excès  d'iodure  de 
méthyle  et  d'alcoolate  de  sodium. 

))  La  laccase  est  donc  susceptible  de  provoquer  soit  uniquement  l'oxy- 
dation, soit  à  la  fois  l'oxydation  et  la  condensation  des  corps  sur  lesquels 
elle  exerce  son  activité.  Le  second  cas  s'est  présenté  ici  avec  un  corps 
dont  la  molécule  renferme  un  seul  oxhydrile  phénolique  et  la  condensa- 
tion a  eu  pour  résultat  de  fournir,  précisément  comme  dans  le  cas  plus 
simple  de  l'hydroquinone,  un  dérivé  à  fonction  quinonique. 

»  On  verra  plus  tard  l'intérêt  qui  s'attache  à  cette  remarque  quand  il 
s'agira  d'interpréter  le  mécanisme  des  actions  oxydantes  de  l'organisme.  » 


CHIMIE  YÉGÉTALE.  —  Sur  le  développement  des  plantes  grasses  annuelles; 
étude  des  hases  minérales.  Note  de  M.  G.  André. 

«  L'étude  du  développement  des  plantes  grasses  présente  plusieurs  par- 
ticularités remarquables  dues  à  la  faiblesse  de  leur  transpiration,  à  la 
quantité  énorme  d'eau  que  renferment  leurs  organes  aériens  et  à  leur  mode 
de  respiration.  Ces  végétaux  emmagasinent,  connue  on  sait,  des  doses 
notables  de  certains  acides  organiques,  saturés  presque  complètement  par 
les  bases  venues  du  sol.  La  répartition  de  l'un  de  ces  acides  (oxalique) 
dans  les  différents  organes  du  Mesembrianthemum  cristallinumdi  été  étudiée, 
il  y  a  plusieurs  années  déjà,  par  MM.  Berthelot  et  André  (^Ann.  Chim.  et 
Phys.,  e*'  série,  t.  X,  1887,  p.  343). 

»  Je  me  suis  proposé,  dans  une  série  de  recherches  faites  sur  trois  sujets 
(^Mesembrianthemum  cristallinum,  M.  tricolor,  Sedum  azureum),  d'appro- 
fondir la  composition  chimique  de  ce  genre  de  végétaux,  en  opérant  sur 
la  plante  totale  prise  à  différents  moments  de  sa  végétation.  Je  m'occuperai 

(')  Voir  pour  les  détails  et  les  analyses  le  Mémoire  qui  paraîtra  dans  le  Bulletin 
de  la  Société  chimique  et  dans  les  Annales  de  l'Institut  Pasteur. 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    IQoS.  1278 

aujourd'hui  des  variations  de  laproporlion  desbases(polasseet  chaux)  que 
contiennent  les  tissus  de  ces  plantes. 


Eau 

dans 

100  parties 

de  plante 

fraîche. 

I.     9  juin  1902 96,44 

II.   20  juin 96,1.5 

III.  4  juillet  (floraison  complète).  96,18 

IV.  18  juillet  (fin  de  la  floraison),  94,34 
V.    !'='■  août  (  fructification) 92,07 

I.     2  mai  1902 96,52 

II-     2  juin 96,19 

III.  i3  juin  (début  de  la  floraison).     95,78 

IV.  i'^'' juillet  (floraison) 96,27 

V.    i5  juillet 96,33 

VI.   29  juillet  (fructification) 94,66 

I.    16  avril 97,67 

II.    10  mai 96,30 

III.  25  juin 93  ,  58 

IV.  10  juillet 93,33 

V.  25  juillet 92 ,  18 

VI.  18  août  (début  de  la  floraison).     90,89 
VII.   12  septembre 9^,  17 

VIII.    i5  octobre  (fructification)  ...      90,97 


Dans  100  parties 

de 
matière  sèche. 


CaO. 

6,62 

4,82 

5,58 
4,3o 
4,4o 

^99 
2, 10 
2,06 
2,53 
2,08 
2,65 

,3o 

,  1 1 

,83 
,42 
,64 
'79 
'9^ 
,82 


K=0. 
4,93 

3,32 

3,77 
3,  i5 

3,48 

i3,33 

8,94 
7,01 
9,00 
10,08 
9,53 

II, 4i 

i3,88 

)) 
16,81 

l5,2I 

14,93 
15,76 
15,39 


Poids 

de 

100  unités 

sèches. 

s 
21  ,46 

118,76 

i63,8o 
340,40 
5i2,3o 

3,60 
24,06 
157,5 
383,1 
661,5 
993,1 

4,11 

99>70 

807,40 

2093,26 

4o3i ,4o 

6286,80 

5979,50 

6980,50 


Dans 
100  plantes  sèches. 


CaO. 

g 
1,420 

5,724 

9,i4o 

14,687 

22,541 

0,0719 
o,5o5 
3,244 
9^692 
18,759 
26,870 

o,o53 
1 ,  106 

i4,77'^ 
29,724 

66,ii4 

111,638 

116, 600 

126, i35 


K=0. 

s 

i,o57 

8,942 

6,175 

10,722 

17,828 

0,481 

2 , 1 5o 

II ,o4o 

34,479 
66,679 

94,833 

0,468 

i3,838 

» 

35i ,877 

618, 175 

94i,i54 

942,869 

1066,428 


»  I.  La  quantité  de  cendres  laissées  par  les  plantes  grasses  est,  en 
général,  considérable;  les  cendres  solubles  y  prédominent  (').  Chez  les 
deux  Mesembrianthemum  que  j'ai  examinés,  elle  oscille  aux  environs 
de  3o  à  34  pour  100  de  la  matière  sèche.  La  potasse  représente,  à  certains 
moments,  la  moitié  des  cendres  du  M.  cnstallimim  et  le  tiers  de  celles  du 
M.  tricolor.  Cette  ascension  de  la  potasse  se  continue,  même  pendant  la 
fructification,  comme  il  ressort  du  Tableau  précédent,  alors  que  l'ascension 
de  cet  alcali  est,  le  plus  souvent,  achevée  chez  beaucoup  de  plantes 
annuelles  au  moment  de  leur  floraison.  Une  faible  partie  de  cette  potasse 
existe  à  l'état  de  nitrate. 

»  II.   Il  est  remarquable  de  voir  que  les  trois  plantes  grasses  que  j'ai 


(')  Hervé-Mangon,  Comptex  rendus,  t.  XCVI,  i883,  p.  80. 


1274  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

étudiées  se  comportent,  vis-à-vfs  de  l'absorption  de  la  potasse  et  de  la 
chaux,  de  façon  assez  différente  bien  qu'elles  aient  végété  dans  des  condi- 
tions analogues  (champ  d'expériences  de  la  station  de  Chimie  végétale  de 
Meudon).  Chez  le  M.  cristallinum,  la  teneur  centésimale  de  la  plante  en 
chaux  est  comprise,  pendant  le  cours  de  la  végétation,  entre  ^  et  -ji;  de  la 
teneur  centésimale  de  la  plante  en  potasse;  chez  le  M.  tricolor,  elle  est 
comprise  entre  jet  |;  chez  le  Sedum  azureum,  dans  lequel  la  proportion 
des  cendres  n'est  que  la  moitié  de  celle  des  deux  espèces  précédentes, 
la  proportion  centésimale  de  la  chaux  surpasse,  au  contraire,  celle  de  la 

T  ^  CaO         .  T     .  ^  ^ 

potasse.  J^e  rapport  j^—- varie,  comme    hmites   extrêmes,  entre    1,26  et 

1,48.  La  quantité  d'eau  renfermée  dans  ces  trois  végétaux  est  cependant 
très  sensiblement  la  même  à  des  époques  comparables  de  leur  végéta- 
tion. D'ailleurs,  l'ascension  de  la  chaux,  comme  celle  de  la  potasse,  se  fait 
encore  au  moment  de  la  fructification,  bien  que  d'une  façon  beaucoup 
moins  marquée  chez  le  M.  cristallinum  que  chez  les  deux  autres  plantes. 

»  En  résumé,  la  base  qui  domine  dans  les  cendres  du  M.  cristallinum  est 
la  potasse;  chez  le  M.  tricolor,  cette  base  domine  encore,  mais  elle  est  en 
moindre  proportion  que  chez  la  plante  précédente.  Enfin,  chez  le  Sedum,, 
la  chaux  l'emporte  sur  la  potasse. 

»  L'excès  de  la  potasse  sur  la  chaux,  ou  réciproquement,  n'altère  donc 
pas  le  caractère  de  plante  grasse  que  possèdent  ces  trois  végétaux,  c'est- 
à-dire  de  plante  à  transpiration  faible  et  à  respiration-peu  active.  » 

CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  une  culture  de  sarrasin  en.  présence  d'un  mélange 
d'algues  et  de  bactéries.  Note  de  MM.  Bouilhac  et  Giustiniaxi,  présentée 
par  M.  Schlœsing  fils. 

«  Après  les  découvertes  relatives  à  la  fixation  de  l'azote  par  action 
microbienne  auxquelles  sont  liés  les  noms  de  Berthelot  (1884),  Hellriegel 
et  Wilfarth(i888),  Schlœsing  fils  et  Laurent  (1892),  et  d'un  grand  nombre 
d'autres  savants,  plusieurs  auteurs  ont  utilisé  les  connaissances  qui  ont 
été  par  là  acquises  pour  chercher  les  moyens  d'en  faire  profiter  l'agricul- 
ture, et  divers  essais  ont  été  faits  pour  reconnaître  les  avantages  que  l'on 
pourrait  retirer  de  l'introduction  des  microorganismes  dans  la  terre  arable 
au  point  de  vue  de  la  nutrition  azotée  des  végétaux  supérieurs.  Ce  sont 
des  recherches  poursuivies  dans  cette  voie  avec  un  but  essentiellement 
pratique,  que  nous  allons  exposer. 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    IQoS.  I2']5 

»  On  sait  que  certaines  algues  associées  à  des  bactéries  jDeuvent  prospé- 
rer dans  des  solutions  dépourvues  d'azote,  et  donner  ainsi  des  récoltes 
abondantes.  Nous  nous  sommes  alors  demandé  si,  pour  cultiver  des  plantes 
supérieures,  nous  ne  pourrions  pas  remplacer  les  engrais  azotés  par  des 
microorganismes  de  cette  nature. 

»  Les  sols  que  nous  avons  employés  pour  ces  cultures  expérimentales 
étaient  formés  de  sable  provenant  de  la  pulvérisation  d'un  grès  de  Fon- 
tainebleau, et  les  microorganismes  que  nous  avons  utilisés  étaient  un  mé- 
lange de  Nostoc  punctiforme  et  à' Anabœna  recouverts  de  bactéries. 

»  Expérience  I.  —  Une  expérience  préliminaire  indiquera  les  quantités  d'azote 
susceptibles  d'être  fixées  par  ce  procédé.  Nous  avons  préparé  quatre  pots  contenant 
chacun  2'^s,5oo  de  sable  additionné  de  sels  minéraux  non  azotés  et  de  carbonate  de 
chaux.  Deux  de  ces  pots  furent  pris  comme  témoins  et  la  surface  des  deux  autres  fut 
en  même  temps  ensemencée  avec  des  algues.  Ces  pots  furent  placés  en  plein  air  dans 
un  jardin  voisin  du  laboratoire  et  arrosés  régulièrement.  Six  semaines  plus  tard  nous 
avons  mis  fin  à  l'expérience  et  nous  avons  dosé  l'azote  dont  nos  sols  s'étaient  enrichis. 
Ceux  sur  lesquels  les  algues  avaient  été  ensemencées  contenaient  en  moyenne 
37™s  d'azote,  tandis  que  les  deux  autres  en  renfermaient  à  peine  4"^°  apportés  vrai- 
semblablement par  les  eaux  météoriques. 

»  Expérience  II.  —  Pour  reconnaître  dans  quelle  mesure  l'azote  ainsi  fixé  par 
les  microorganismes  pouvait  contribuer  au  développement  d'une  plante  supérieure, 
nons  avons  disposé  des  cultures  expérimentales  dans  les  conditions  suivantes  : 
-  ))  Nous  avons  rempli  trois  grands  pots  avec  du  sable  dont  nous  avons  indiqué  la 
provenance,  préalablement  lavé  aux  acides.  Ces  pots  contenaient  lo'^s  de  sable  aux- 
quels avait  été  mélangée  une  solution  nutritive  minérale  dépourvue  d'azote  et  du 
carbonate  de  chaux;  ils  furent  ensemencés  le  même  jour  avec  du  Sarrasin  (18  grains 
dans  chaque  pot).  Le  pot  n°  1  avait  été  choisi  comme  témoin. 

»  On  répandit  à  la  surface  des  deux  autres  une  petite  quantité  d'algues  et  de  bac- 
téries et  quelques  gouttes  de  délayure  de  terre  pour  introduire  les  microbes  de  la 
nitrification.  Ces  pots  furent  placés  en  plein  air  et  arrosés  régulièrement.  Après  6  se- 
maines de  végétation,  les  algues  s'étaient  développées  abondamment  sur  les  pots  2 
et  3,  et  le  Sarrasin  y  atteignait  une  hauteur  variant  entre  3o<='"  et  42"^'",  tandis  que  les 
plantes  de  la  culture  témoin  ne  dépassaient  pas  lo'^'".  Voici  le  résumé  des  résultats  ob- 
tenus : 

Azote  trouvé 
dans 
Malicrc  sèche.  les  récoltes. 

g  ing 

Pot  n°  1  témoin 1,10  29,24 

Pot  n°  2 3,75  71,55 

Pot  n°  3 7)  10  127,27 

»  Ainsi,  grâce  à  la  présence  d'un  mélange  de  ces  algues  et  de  bactéries  à 
la  surface  d'un  sol  qui,  au  début  de  la  culture,  était  entièrement  privé  de 


1276  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

matières  organiques,  le  Sarrasin  a  pu  prendre  un  développement  normal 
et  fixer  une  quantité  d'azote  qui  est  considérable  par  rapport  à  la  faible 
surface  du  milieu  où  les  algues  se  sont  développées. 

»  Conclusion.  —  Ces  expériences  montrent  avec  quelle  rapidité  le  Nosloc 

punctiforme  et  V Anabœna  recouverts  de  bactéries,  en  végétant  sur  un  sol 

entièrement  dépourvu  de  matières  organiques,  l'enrichissent  en  azote.  Elles 

montrent  encore   qu'une  plante,  telle  que  le  Sarrasin,  peut  prospérer, 

grâce  à  ces  microorganismes,  et  prendre  son  développement  normal. 

»  Toutefois,  ces  cultures  expérimentales,  limitées  à  une  seule  plante, 
présenteraient  par  cela  même  un  intérêt  restreint;  mais  nous  ferons  con- 
naître bientôt  les  nouvelles  expériences  que  nous  avons  entreprises  pour 
apprécier  dans  quelle  mesure  ces  résultats  méritent  d'être  généralisés.   » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  V évolution  subie  par  les  Poissons  du  genre  Atherina  aans 
les  eaux  douces  et  saumâtres  du  midi  de  la  France.  Note  de  M.  Louis  Roule, 
présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  Deux  espèces  d'Alhérines  habitent  les  eaux  douces  et  saumâtres  du 
midi  de  la  France;  j'ai  signalé  le  fait  dans  une  Note  précédente  (séance  du 
3o  mars  iQoS).  Depuis,  j'ai  eu  l'occasion  d'acquérir  à  leur  endroit  plu- 
sieurs notions  complémentaires,  que  je  résume  dans  ce  qui  suit. 

»  \^  Atherina  lacustris  G.  Bp.,  l'une  de  ces  espèces,  fréquente  les  eaux  saumâtres  des 
estuaires.  Elle  est  capable,  pourtant,  de  s'avancer  en  eau  douce;  mais  elle  ne  remonte 
jamais  bien  loin,  du  moins  en  notre  pays.  Peut-être  convient-il  de  mettre  en  cause  le 
régime  torrentiel  de  nos  cours  d'eau  méridionaux;  ces  derniers,  sujets  à  des  crues  ra- 
pides et  à  des  dessèchements  intenses,  n'aboutissent  à  aucun  lac  qui  les  régularise,  et 
n'olïrent  point  aux  Alhérines  des  conditions  favorables  de  vie.  Partant,  les  représen- 
tants de  cette  espèce  composent,  sur  notre  littoral,  des  groupes  isolés,  relativement 
peu  nombreux,  séparés  par  des  intervalles  de  côtes  marines  où  ne  se  trouvent  point 
d'autres  A.  lacustris. 

»  \JA.  Riqiieti  L.  R.,  la  seconde  espèce,  vit  dans  les  eaux  douces  du  canal  du  Midi; 
elle  occupe  ce  dernier  en  entier,  depuis  les  environs  d'Agde  jusqu'à  Toulouse.  Elle  s'y 
cantonne  de  façon  exclusive;  on  ne  l'a  point  signalée  ailleurs;  malgré  mes  investiga- 
tions, je  ne  l'ai  pas  rencontrée  dans  la  Garonne,  ni  dans  ses  affluents,  ni  dans  les  rivières 
languedociennes.  Elle  présente  partout  les  mêmes  caractères,  et  compose  un  type  fort 
homogène.  Elle  se  reproduit  en  mars,  à  la  même  époque  que  les  espèces  marines;  j'ai 
pu  recueillir  des  alevins  de  différentes  tailles,  nés  dans  le  canal.  Son  contact  avec  VA, 
lacustris,  dans  la  région  d'Agde,  où  le  canal  se  jette  dans  l'étang  de  Thau  et  commu- 
nique avec  la  mer  par  l'Hérault  canalisé,  est  remarquable.  On  n'y  voit  aucune  forme 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  igo!!  1277 

transitionnelle.  Dès  que  le  canal  se  soustrait  à  l'influence  marine,  VA.  lacustris  dispa- 
raît, et  VA.  Riqueil  se  montre,  pullulant  (reml)lée,  s'asseniblant  par  troupes,  véri- 
tables miniatures  des  bancs  d'Atliérines  de  la  mer. 

•e 

»  Quelques  conclusions  intéressantes  résultent  de  telles  conslalalions. 
Dans  la  limite  oi!i  il  est  permis  déjuger  d'a|)rès  les  faits  observés,  on  peut 
admettre  que  ces  deux  espèces,  ainsi  localisées  aujourd'hui,  ne  représen- 
tent point  les  vestiges  de  formes  pourvues  autrefois  d'une  aire  plus  consi- 
dérable d'extension.  S'il  en  était  ainsi,  on  trouverait  par  ailleurs  d'autres 
témoins  de  l'ancienne  répartition  :  ce  qui  n'est  pas.  Il  paraît  plus  véritable 
que  ces  espèces  ont  évolué  sur  place.  L\4.  lacustris  ?[  pris  naissance,  en 
chaque  localité  habitée  par  elle,  aux  dépens  de  1'^.  i?ojr/Y  marine,  le  type 
le  phis  proche.  \JA.  Riqueti  s'est  façonnée,  dans  le  canal  du  Midi,  aux 
dépens  des  A.  lacustris  logées  au  fond  de  l'étang  de  Thau  et  à  l'embou- 
chure de  l'Hérault.  Celle-ci  est  la  plus  récente;  son  origine,  sans  doute,  ne 
remonte  pas  très  haut,  car  le  canal  fut  ouvert  en  168 1.  IJA.  Riqueti  offre 
ainsi  le  cas  d'une  forme  vivante  dont  la  création  serait  toute  moderne; 
seules,  les  causes  naturelles  l'ont  produite,  l'action  humaine  ayant  borné 
son  rôle  à  creuser  le  canal  où  elle  est  apparue. 

))  Une  conclusion  nouvelle  porte  sur  le  mode  évolutif  lui-même.  Les 
deux  espèces  n'offrent  entre  elles  aucune  transition  ménagée;  leurs  zones 
d'habitat  s'affrontent  et  ne  se  pénètrent  pas.  I^a  première  cède  brusque- 
ment la  place  à  la  seconde.  Les  conditions  sont  telles  que  l'influence 
directe  du  milieu  paraît  s'être  exercée  sur  tous  les  individus  pris  en  masse, 
et  non  sur  certains  plus  aptes,  qui  se  conserveraient  par  sélection  et 
feraient  souche  à  eux  seuls.  L'évolution,  guidée  ici  par  l'adaptation  au 
milieu,  procède  jiar  saut,  nullement  par  gradations  oîi  la  sélection  natu- 
relle aurait  prise.  Dans  cet  exemple,  l'opinion  des  Lamarckiens  s'accorde 
mieux  avec  les  choses  que  celle  des  Darwiniens,  et  les  naturalistes  qui 
pensent  que  les  transformations  sont  capables  de  se  manifester  brusque- 
ment paraissent  avoir  raison  sur  ceux  qui  présument  le  contraire.    » 

PHYSIQUE  BIOLOGIQUE,  ~  Nouveaux  faits  sur  les  rayons  n  d'origine  physio- 
logique; localisations  /le/veuses.  Note  de  M.  Augustin  Charpentier, 
présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  J'ai  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  une  série  de  nouveaux 
faits  que  m'a  j^résentés  l'étude  des  radiations  émises  par  le  corps  vivant, 
radiations  dont  j'ai  signalé  l'existence  dans  ma  Note  du  i/|  décembre  der- 
nier. Les  problèmes  que  soulève  cette  question   sont  si   nombreux  qu'on 

G.  R.,   1903,  2»  Semestre.  (T.  CXXXVII,   N"  26.)  167 


1278  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

m'excusera  d'exposer  sans  beaucoup  d'ordre  les  diverses  constatations  que 
je  fais  chemin  finsant. 

))  T.  On  pouvait  êlre  assuré  que  l'émission  de  rayons  n  par  le  corps 
vivant  n'était  pas  un  phénomène  propre  à  l'homme.  Il  se  retrouve,  en  effet, 
chez  les  divers  animaux  de  laboratoire  (lapin,  grenouille,  etc.)»  et  se 
retrouve  sans  nul  doute  chez  les  animaux  inférieurs. 

»  Ce  sont,  encore  ici,  les  muscles  et  les  nerfs  qui  en  forment  la  princi- 
pale source,  et  ils  en  fournissent  d'autant  plus  qu'ils  sont  en  état  de  fonc- 
tionnement plus  actif. 

))  II.  La  grenouille,  qui,  malgré  sa  petitesse,  est  un  très  bon  sujet 
d'étude,  peut  servir  à  donner  une  preuve  de  plus  que  l'augmentation  de 
phosphorescence  constatée  dans  ces  expériences  n'est  pas  due  à  une  éléva- 
tion de  température  :  il  est  facile  en  cette  saison  de  la  maintenir  à  une 
température  sensiblement  inférieure  à  celle  de  l'air  du  laboratoire;  les  lois 
générales  du  phénomène  n'en  sont  pas  modifiées. 

»  On  peut  du  reste,  sur  les  animaux  à  sang  chaud,  faire  une  constatation 
analogue  en  chauffant  l'objet  d'épreuve  phosj)horescent  (qui  émet  alors 
plus  de  lumière)  à  une  température  supérieure  à  celle  du  corps,  vers  /\0° 
ou  lin  peu  plus.  La  phosphorescence  augmentera  comme  précétiemment 
pu  voisinage  des  muscles,  des  nerfs  et  des  centres  nerveux,  même  à  l'état 
de  repos,  et  s'avivera  encore  davantage  par  le  fonctionnement. 

»  III.  Les  rayons  ji  et  les  rayons  d'origine  physiologique  agissent  sur 
toutes  les  phosphorescences,  comme  l'a  prévu  M.  Blondlot.  J'avais  vu  en 
été  la  radiation  n  du  Soleil  influencer  la  luminescence  du  ver  luisant  com- 
mun {lampyre  nocliluque);  actuellement  j'ai  à  ma  disposition  des  cultures 
de  bacilles  phosphorescents  (^photobacterium  phosphorescens ,  phosphohac- 
lerium  ilaliciun)  que  je  dois  à  l'obligeance  de  M.  le  professeur  Macé  et  qui 
réagissent  vis-à-vis  du  cœur,  des  muscles  et  des  centres  nerveux,  sensible- 
ment de  la  même  manière  que  le  sulfure  de  calcium. 

»  On  sait  que  chez  ces  bacilles  la  phosphorescence  diminue  quand  la 
température  s'élève  au-dessus  de  26°  ou  3o°. 

»  IV.  Comme  les  solides  soumis  à  une  contrainte  mécanique  émettent 
généralement  des  rayons  n,  j'ai  recherché  ces  derniers  dans  les  tendons 
pendant  la  contraction  musculaire  (tendon  d'Achille,  tendon  de  l'extenseur 
du  gros  orteil,  etc.  )  Je  n'y  ai  trouvé  aucune  augmentation  de  luminescence 
de  l'objet  d'épreuve,  quelque  forte  que  fût  la  contraction.  En  revanche  les 
points  d'insertion  et  les  parties  osseuses  comprimées  par  les  tendons 
brillent  nettement  sous  l'influence  de  l'activité  musculaire.  Or  les  tendons 
eux-mêmes  sont  très  pauvres  en  nerfs,  tandis  que  les  points  précédents  sont 


SÉANCL:  du  28  DÉCEMBRE  1903.  1279 

très  riches  en  terminaisons  nerveuses,  dont  la  compression  suffirait  à  expli- 
quer l'effet  de  radiation  constaté.  D'autres  raisons  sur  lesquelles  je  revien- 
drai confirment  cette  interprétation. 

»  V.  J'ai  observé  que  la  compression  mêm.e  légère  d'un  nerf  augmentait 
notablement  son  pouvoir  d'aviver  la  luminescence,  soit  au-dessus  soit  au- 
dessous  du  point  comprimé;  si  la  compression  se  prolonge,  la  radiation 
nerveuse  finit  par  diminuer.  Cette  question  mérite  une  étude  spéciale,  et 
sera  approfondie. 

»  VI.  Il  est  facile  de  se  convaincre  que  la  partie  la  plus  importante  de 
l'émission  physiologique  de  rayons  n  a  lieu  par  le  système  nerveux  et  surtout 
par  ies  cenlres. 

»  Le  trajet  de  la  moelle  épinière  se  marque  sur  toute  sa  longueur  par 
une  augmentation  de  phosphorescence  de  l'objet  d'épreuve  en  regard  des 
parties  extérieures  les  plus  voisines.  Vis-à-vis  des  renflements  cervical  et 
lombaire  la  radiation  est  plus  forte  et  plus  étendue.  Vient-on  à  faire  con- 
tracter les  bras  du  sujet,  l'éclat  augmente  au  renflement  cervical.  Il  aug- 
mente aussi  en  remontant  la  moelle  jusqu'au  cerveau. 
•  »  Si  l'on  ne  produit  qu'une -contraction  unilatérale  des  bras,  on  voit 
dans  la  région  cervicale  l'illumination  d'abord  plus  marquée  du  même  côté. 
Puis,  vers  le  haut  de  la  moelle,  elle  passe  du  côté  opposé,  a  gauche  si  le 
sujet  contracte  le  bras  droit,  en  une  région  un  peu  variable  suivant  les 
individus,  mais  généralement  située  plus  bas  que  le  bulbe. 

»  YII.  Ces  expériences  seront  facilitées  quand  on  saura,  mieux  qu'au 
jourd'hui,  localiser  les  faisceaux  d'origine. 

»  Je  me  suis  servijusqu'à  présent  dans  ce  but  de  tubes  droits  en  plomb, 
de  S*^""  à  lo'^'"  de  longueur,  dont  une  extrémité  est  placée  contre  le  corps 
et  l'autre  contient  intérieurement  une  petite  rondelle  de  liège  ou  de  carton 
recouverte  de  sulfure  phosphorescent.  J'ai  utilisé  aussi  des  tubes  de  verre 
ou  de  différents  métaux.  Chaque  faisceau  de  rayons,  pour  agir  sur  l'ob- 
jet, doit  suivre  la  lumière  du  tube. 

»  On  ne  peut  utiliser  de  larges  écrans  parce  que  chaque  partie  du  sul- 
fure est  influencée  par  les  autres,  et  l'ensemble  donne  un  éclat  d'apparence 
uniforme  en  fonction  delà  masse  totale  des  rayons  qui  rencontrent  l'écran. 

»  La  localisation  dans  la  profondeur  du  corps  rencontrera  d'autres  diffi- 
cultés, car  il  faudra  tenir  compte  des  propriétés  particulières  aux  différents 
tissus  superposés. 

»  VIII.  Dès  maintenant  on  peut  faire  des  expériences  très  curieuses  sur 
la  topographie  de  certains  cenlres  nerveux  superficiels.  Par  exemple,  les 
zones  i\hQ?> psycho-inolrices  de  l'écorce  cérébrale  doivent  se  manifester  par 


1200  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

une  émission  localisée  de  rayons  n  durant  leur  fonctionnement  spécial. 
C'est  ce  que  j'ai  constaté  pour  quelques-unes  des  mieux  limitées.  Parmi 
ces  dernières  est  la  zone  dite  centre  de Broca,  centre  du  langage  articulé.  Sa 
projection  sur  le  crâne  est  déterminée  avec  une  certaine  précision  d'après 
des  règles  appliquées  par  les  chirurgiens.  Or,  pendant  que  le  sujet  parle, 
soit  à  voix  haute,  soit  même  à  voix  basse,  l'objet  d'épreuve  promené  sur  le 
côté  du  crâne  augmente  plus  ou  moins  de  clarté  à  gauche  dans  la  région 
voisine  de  ce  centre,  et  offre  un  maximum  qui  correspond,  dans  les  limites 
de  i*'"*  à  2*^™,  au  point  de  repère  connu  en  clinique.  Ceci,  en  se  mettant  à 
l'abri  des  radiations  plus  lointaines,  musculaires  ou  autres,  par  des  écrans 
convenables. 

»  Or,  rien  de  pareil  ne  s'observe  du  côté  droit  (sur  les  sujets  qui  m'ont 
servi).  On  a  bien  une  légère  augmentation  de  clarté  vis-à-vis  de  la  circon- 
volution de  Broca,  mais  elle  provient  du  centre  opposé  ou  de  centres  plus 
profonds  intéressés  dans  les  actes  vocaux,  car  en  braquant  très  obliquement 
le  tube  de  plomb  de  façon  à  ne  viser  que  le  centre  de  Broca,  l'émission 
fonctionnelle  devient  très  faible  ou  nulle. 

»  J'ai  des  raisons  de  croire  que  la  pensée  non  exprimée,  l'attention, 
l'effort  mental  donnent  lieu  à  une  émission  de  rayons  agissant  sur  la  phos- 
phorescence. J'y  reviendrai  prochainement. 

»  TX.  Le  fonctionnement  d'autres  zones  motrices  donne  lieu  également 
à  des  maxima  moins  bien  délimités,  mais  répondant  aux  régions  corticales 
que  l'on  s'accorde  à  faire  intervenir  dans  l'espèce  (écriture,  mouvements 
des  membres  supérieurs,  etc.).  L'excitation  des  nerfs  sensibles  donne 
lieu  à  des  constatations  analogues. 

»  X.  En  résumé,  tout  centre  nerveux  qui  fonctionne  ajoute  à  son  émis- 
sion de  repos  de  nouveaux  rayons  n  en  proportion  de  son  degré  d'activité. 
Ces  rayons  se  transmettent  en  divergeant  suivant  les  lois  de  l'Optique,  tra- 
versent avec  plus  ou  moins  de  réfraction  les  milieux  successifs  et  se  mani- 
festent par  une  augmentation  de  luminescence  de  l'objet  d'épreuve,  aug- 
mentation variable  suivant  l'intensité  de  l'émission  et  suivant  sa  distance.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Délerminaiion  du  minimum  perceptible  et  de  la  durée  de  la 
perception  lumineuse  chez-  les  personnes  dont  la  vue  est  affaiblie.  Note  de 
M.  S. ^Durand,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Les  divers  procédés  employés  habituellement  pour  la  déterminalion 
de  l'acuité  visuelle  ne  peuvent  s'appliquer  qu'aux  cas  dans  lesquels  cette 
acuité  est  encore  suffisante  pour  la  perception  des  images.  Mais  il  peut  être 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    1903.  1281 

utile  parfois,  lorsque  l'œil  n'est  plus  capable  de  les  distinguer  nettement, 
de  mesurer  néanmoins  d'une  manière  précise  la  quantité  de  lumière  mini- 
mum qu'il  peut  percevoir. 

))  La  méthode  que  nous  avons  imaginée  permet  d'effectuer  avec  préci- 
sion la  mesure  de  ce  minimum  pour  des  sujets  dont  la  vision  est  plus  ou 
moins  diminuée.  Cette  méthode  repose  sur  le  principe  suivant  : 

))  Le  sujet  étant  placé,  la  tète  dans  une  position  fixe,  devant  une  image 
réelle  (flamme  d'une  bougie)  dont  l'intensité  peut  varier  d'une  façon 
connue,  ou  donne  à  cette  intensité  une  valeur  telle  que  Toeil  de  l'observa- 
teur ne  l'aperçoive  plus;  on  note  cette  intensité  qui  mesure  le  minimum  de 
lumière  perceptible. 

w  Dans  les  expériences  que  nous  avons  pratiquées  à  la  clinique  médi- 
cale de  M.  le  professeur  Mossé,  nous  nous  sommes  servi  d'un  appareil 
construit  sur  les  données  de  M.  Camichel,  maître  de  conférences  de  Phy- 
sique à  la  Faculté  des  Sciences.  Nous  avons  cherché,  d'une  part,  le  minimum 
perceptible  et,  d'autre  part,  mesuré  la  durée  de  la  perception  lumineuse. 

»  1°  Dans  le  premier  cas,  on  cherche  par  tâtonnements  à  se  rapprocher  le  plus  pos- 
sible du  minimum  perceptible;  on  le  détermine  ensuite  exactement,  soit  par  l'emploi 
des  piles  de  glaces  ou  des  disques  tournants. 

»  Les  piles  de  glaces  sont  placées  sur  le  trajet  des  rayons  lumineux  dont  elles  atté- 
nuent rintensité.  On  se  sert  à  celte  fin  de  paquets  de  lamelles  couvre-objet,  groupés 
comme  les  poids  d'une  boîte.  Nous  avons  pu  ainsi  établir  la  couche  des  variations  du 
minimum  perceptible  chez  des  diabétiques  atteints  de  cataracte  et  suivre  les  diverses 
}diases  de  la  maladie.  Par  l'emploi  des  disques  tournants  on  obtient  des  résultats 
beaucoup  plus  précis.  On  atténue  alors  la  lumière  à  l'aide  de  disques  à  segments 
évidés  que  l'on  fait  tourner  sur  le  trajet  du  faisceau  lumineux  (voir  Note  de  M.  Cami- 
chel, Comptes  rendus,  t.  CXXXVII,  16  novembre  1908).  L'appareil  se  compose  de 
deux  disques  de  cuivre  divisés  en  quatre  segments,  dont  deux  opposés  évidés.  L'un  de 
ces  disques  porte  une  graduation  et  se  trouve  fixé  sur  un  axe  auquel  on  Imprime  un 
mouvement  de  rotation.  Le  second  est  mobile  par  rapport  au  premier  dont  il  peut  être 
rendu  solidaire  au  moyen  d'une  vis  de  serrage.  On  peut  ainsi,  en  faisant  tourner  le 
disque  mobile  sur  le  disque  fixe,  obtenir  des  segments  de  grandeur  connue  et  aussi 
petits  que  l'on  veut. 

»  2°  Dans  le  deuxième  cas,  au  Heu  d'atténuer  la  lumière  jusqu'à  l'obtention  du 
minimum  perceptible,  on  mesure  la  durée  de  la  pei'ception  correspondant  à  des  inten- 
sités lumineuses  connues.  L'œil  du  sujet  étant  impressionné  par  une  lumière  de  faible 
intensité,  on  note,  au  moyen  d'un  chronomètre  à  pointage,  le  moment  où  l'oeil  ne  per- 
çoit plus  celte  lumière. 

«   Les  résultats  obtenus  sont  résumés  par  la  loi  suivante  : 
»  Pour  des  impressions  courtes,  la  durée  de  la  perception  est  propor- 
tionnelle à  l'intensité  lumineuse. 


1282  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

•  «  C'esL-à-dire  que  l'œil  se  fatigue  d'autant  moins  vite  que  l'intensité 
lumineuse  est  plus  grande.  Ce  résultat  peut  être  intéressant  au  point  de 
vue  des  phénomènes  de  fatigue  de  l'œil  et  permet,  comme  dans  le  premier 
cas,  de  suivre  les  variations  du  minimum  perceptible  et  l'évolution  d'une 
"cataracte.  » 


PHYSIOLOGIE.    —    Le  mal  des  montagnes. 
Note  de  M.  Kronecker,  présentée  par  M.  Marey. 

«  Le  Conseil  fédéral  suisse,  avant  d'accorder  la  concession  concernant 
"le  chemin  de  fer  de  la  Jungfrau,  chargea  M.  Kronecker,  en  1889,  d'une 
expertise  physiologique  ayant  pour  but  de  déterminer  si  les  circonstances 
"spéciales  d'un  chemin  de  fer  établi  dans  ces  conditions  ne  sauraient  être 
préjudiciables,  tant  aux  employés  et  ouvriers,  qu'aux  voyageurs.  Celait 
•demander  une  étude  approfondie  de  cette  maladie  connue  sous  le  nom 
de  mal  des  montagnes,  afin  de  déterminer  les  conditions  qui  en  font  naître 
ou  en  atténuent  les  symptômes. 

))  En  fait  de  documents  précis  sur  cette  question,  on  ne  possédait  guère 
que  les  beaux  travaux  de  Paul  Bert  sur  les  effets  de  la  pression  baromé- 
trique, et  les  observations  faites  par  M.  Chauveau  sur  les  changements  de 
la  circulation  du  sang,  étudiés  au  moyen  du  sphygmographe,  dans  une 
ascension  au  sommet  du  mont  Blanc.  M.  Kronecker,  en  instituant  de 
nouvelles  expériences,  s'adjoignit  plusieurs  de  ses  élèves  et  divers  physiolo- 
gistes à  titre  de  collaborateurs.  Nous  allons  énumérer  les  principaux 
résultats  obtenus  dans  une  série  d'expériences  faites  à  diverses  altitudes. 

»  El  d'abord,  pour  étudier  l'influence  de  l'altitude  toute  seule,  on  prit  6  personnes 
d'âges  et  de  sexes  difl'érents,  auxquelles  on  épargna  tout  eflbrt  musculaire,  en  les 
faisant  porter  de  Zermatl  (  t  6oo'"d'altitude)  jusque  sur  le  plateau  du  Breithorn  (ojSo'"). 
A  cette  altitude,  elles  avaient  les  lèvres  nettement  cjanosées,  un  peu  de  diminution 
de  l'appétit  et  de  répulsion  pourle  vin;  mais  toutefl'ort  musculaire  leur  était  pénible: 
vingt  pas  de  marche  les  essoufflaient;  les  moindres  elTorts,  comme  le  maniement  de 
quelques  instruments,  ne  pouvaient  se  faire  qu'avec  des  intervalles  de  repos. 

)»  Au  point  de  vue  de  l'exhalation  de  l'acide  carbonique  pendant  le  repos,  elle  fut  la 
même  à  la  faible  altitude  de  Brienz  que  sur  le  Cornergrat  (33oo'");  mais,  dans  les 
ascensions  de  montagnes,  celte  exhalation  s'éleva  beaucoup  au-dessus  de  la  proportion 
normale  :  elle  dépassait  9,  11  et  même  12  pour  loo.  M.  Jackson  note  dans  un  passage 
pénible  sur  le  Scheideck  une  élimination  particulière  de  l'azoLe  par  les  urines;  celte 
élimination,  au  lieu  de  se  faire  en  entier  sous  forme  d'urée,  était  représentée  ])o\xr 
moitié  de  sa  valeur  par  des  substances  alioxuriques.  On  vit  sur  des  sujets  placés  dans 
des  chambres  pneumatiques  se  reproduire  un  certain   nombre  des  phénomènes  énu- 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  IQoS.  1283 

mérés  ci-dessus  et  toujours  on  o])serva  que  les  accidents  étaient  au  minimum  chez  les 
sujets  entraînés  aux  courses  dans  la  montagne. 

»  M.  Rronecker  arrive  à  cette  conclusion  que  les  effets  du  mal  des  mon- 
tagnes tiennent  à  l'action  mécanique  de  la  pression  atmosphérique  dimi- 
nuée et  que  la  diminution  delà  proportion  d'oxygène  peut  être  poussée 
extrêmement  loin  sans  que  l'animal  en  souffre  sensiblement,  si  la  pression 
reste  normale. 

»  Des  lapins  qu'on  faisait  respirer  par  un  tube  trachéal  communiquant  avec  l'inté- 
rieur d'un  gazomètre  plein  d'air  étaient  rapidement  asphyxiés  lorsque  l'air  qu'ils  res- 
piraient avait  une  pression  de  20"^™  à  So"^"^  au-dessous  de  l'air  ambiant. 

))  Pour  M.  Kronecker,  le  mécanisme  des  accidents  tient  à  la  stagnation 
du  sang  dans  le  poumon,  la  pression  du  sang  étant  très  faible  dans  les 
vaisseaux  de  cet  organe,  un  faible  changement  dans  la  pression  de  l'air 
inspiré  peut  produire  des  perturbations  considérables  dans  le  cours  du 
sang;  les  sujets  atteints  du  mal  des  montagnes  sont  dans  un  état  analoo^ue 
à  cehn'  des  malades  atteints  d'insuffisance  mitrale.  Ces  derniers,  du  reste, 
sont  très  préparés  à  subir  le  mal  des  montagnes  et  l'éprouvent  déjcà  k  de 
faibles  altitudes,  dans  ces  deux  sortes  de  troubles  de  la  circulation.  Deux 
méthodes  peuvent  atténuer  ces  troubles  :  l'une,  purement  mécanique, 
l'excitation  forcée,  est  analogue  à  l'expérience  de  Valsalva;  la  seconde, 
agissant  sur  le  système  nerveux,  provoque  des  contractions  réflexes  au 
moyen  d'excitations  périphériques  de  la  peau.    » 


PHYSIOLOGIE.  —  Sur  les  modificalions  que  subit  la  respiration  par  suite  de 
V ascension  et  de  V acclimatement  à  l'altitude  du  mont  Blanc.  Note  de 
M.  J.  Vallot. 

«  J'ai  mis  cà  profit  les  séjours  de  longue  durée  que  j'ai  f\tits  à  mon  obser- 
vatoire du  mont  Blanc  pour  étudier  les  modifications  produites  par  l'alti- 
tude dans  la  respiration  et  l'amélioration  qui  survient  par  suite  de  l'accli- 
matement. 

))  Les  expériences  ont  été  faites  au  cours  de  quatre  séjours,  de  deux 
semaines  chacun,  à  l'observatoire,  en  1898,  1899  et  1900.  Elles  portent 
sur  des  sujets  menant  la  vie  active  ordinaire.  Elles  comprennent  123  déter- 
minations complètes  des  éléments  physiques  de  la  respiration,  faites  sur 
moi-même,  et  21  déterminations  faites  sur  un   de   mes  compagnons.  En 


i-yM 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


outre,    ijo  (Ictermlnalions  comparalives  ont  été  faites  dans  la  vallée.  Les 
conclusions  ont  été  tirées  de  la  moyenne  des  quatre  expéditions. 

»  Les  inspirations  se  faisaient  par  la  bouche,  à  travers  un  compteur  à  gaz 
et  une  valvule  de  Muller.  Chaque  expérience  était  prolongée  pendant  une 
durée  de  i5  minutes,  après  un  repos  au  moins  égal. 

))  Dans  chacune  des  stations  le  volume  d'air  inspiré  a  montré  une  variation  diurne 
considérable,  étroitement  liée  aux  repos,  atteignant  en  moyenne  un  quart  du  volume 
total.  Chaque  repos  provoque  une  augmentation  brusque,  suivie  d'une  diminution  de 
même  valeur,  mais  un  peu  plus  lente. 

»  Le  volume  d'air  inspiré,  mesuré  à  la  température  du  corps  humain  et  à  la  pression 
du  lieu,  subit  de  grandes  variations,  tant  par  suite  de  l'ascension  que  par  suite  de 
l'acclimalenient  à  l'altitude  expérimentée.  L'augmentation  du  volume  inspiré  est 
produite  par  l'accroissement  du  nombre  des  inspirations  et  par  l'aiigmenlation  de  leur 
amplitude.  Chez  moi,  le  nombre  d'inspirations  a  augmenté  pendant  la  première 
semaine,  l'amplitude  des  inspirations  restant  sensiblement  la  même;  tandis  que  la 
deuxième  semaine,  le  nombre  des  inspirations  restant  slationnaire,  leur  amplitude 
s'est  mise  à  augmenter  régulièrement.  La  figure  suivante  montre,  en  litres  par  minute 
et  pour  chaque  jour  successif  passé  au  mont  Blanc,  la  quantité  d'air  respiré  par 
minute,  mesurée  à  36"  et  à  la  pression  du  lieu. 


Fis. 


Ascension  l 


»  Le  jour  de  l'arrivée,  c'est-à-dire  après  deux  journées  d'ascension,  on  observait 
une  augmentation  de  i5  pour  loo,  causée  par  l'ascension,  mais  qui  ne  persistait  pas 
entièrement,  car  il  se  produisait  ensuite  une  petite  diminution  de  7  pour  100  pendant 
les  deux  premières  journées  du  séjour.  C'est  sous  l'empire  de  cette  dépression  que  je 
souffrais  du  mal  de  montagne.  L'état  maladif  cessait  vers  le  troisième  jour,  lorsque  la 
quantité  d'air  inspirée  recommençait  à  augmenter.  L'augmentation  continuait  alors 
régulièrement  jusqu'à  la  fin  du  séjour.  En  deux  semaines  elle  était  de  3o  pour  100. 

»   La  densité  de  l'air  étant  plus  faible  de  33  pour  100  à  la   station   supérieure,   par 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  iQoS.  1285 

suite  de  la  dillérence  de  la  pression  atmosphérique,  la  variation  de  la  quantité  «Z^.yo/«e, 
c'est-à-dire  ramenée  à  o"  et  à  760™"",  de  l'air  inspiré  a  suivi  la  marche  figurée  sur  le 
graphique  suivant. 

Fisr.  2. 


Ascension  i       s      3       4      5'      6      j      ^9      fO     11     izDesccnte 


»  Le  jour  de  l'arrivée,  malgré  l'augmentation  du  nombre  d'inspirations  causée  par 
l'ascension,  on  trouvait  encore  un  abaissement  de  la  quantité  absolue  de  23  pour  loo. 
La  dépression  des  deux  jours  suivants  conduit  la  perte  à  29  pour  100,  mais  l'ampli- 
tude des  mouvements  respiratoires,  augmentant  ensuite  progressivement,  le  déficit  de 
la  quantité  absolue  d'air  inspiré  n'était  plus  que  de  i4  pour  100  au  bout  de  deux  semaines. 
Les  modifications  des  mouvements  respiratoires  produites  par  racclimatemenl  étaient 
donc  arrivées,  en  peu  de  temps,  à  compenser  plus  de  la  moitié  des  3o  pour  100  que 
la  différence  de  pression  atmosphérique  avait  fait  perdre. 

»  Ces  résultats,  tirés  de  la  moyenne  de  mes  quatre  expéditions,  se  sont  trouvés 
confirmés  sur  mon  compagnon  au  cours  de  deux  de  ces  expéditions. 

»  En  examinant  les  graphiques,  on  voit  que  la  respiration  continuait  à  être  en 
croissance  à  la  fin  du  séjour,  et  que  l'augmentation  ne  semblait  pas  près  de  s'arrêter. 
L'acclimatement  paraissait  déjà  à  peu  près  complet,  et  le  mal  de  montagne  avait  dis- 
paru depuis  le  troisième  jour. 

»  On  trouvera  les  Tableaux  des  chiffres  observés  de  la  complète  discussion  de  mes 
observations  dans  le  Tome  VT  des  Annales  de  V Observatoire  du  mont  Blanc,  actuel- 
lement en  préparation.  » 


PHYSIOLOGIE  GÉNÉRALE.  —  Sur  une  relation  entre  le  travail  et  le  travail  dit 
statique,  énergéliquement  équivalents  à  l'er go  graphe.  Note  de  M.  Charles 
Hexry  et  de  M"^  J.  Ioteyko,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Pour  trouver  une  valeur  de  la  dépense  du  travail  statique,  à  l'ergo- 
graphe,  nous  suivons  une  méthode  dont  le  principe  a  été  appliqué  avec 
succès  j)ar  Coulomb  dans  l'évaluation  du  travail  de  la  locomotion  :  d'une 
part,  nous  recueillons  un  ergogramme  à  une  grande  vitesse  du  cylindre, 

.  R.,  1903,  ■>'  Semestre.  (T.  CXXXVII.  N°  26.)  168 


28G 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


aux  rythmes  rapides  de  i6o  ù  loo  conlraclions  à  la  minute  :  nous  obtenons 
ainsi  des  aires  au  lieu  de  lignes;  d'autre  part,  nous  soutenons  un  poids 
pendant  un  temps  connu,  opérant  dans  les  deux  cas  jusqu'à  épuisement  et 
nous  admettons  que  dans  les  deux  cas  la  fatigue  est  la  même. 

»  La  figure  i  représeiile  deux  de  nos  graphiques  réduits  d'un  tiers  :  le  poids  est 
de  6^s  pour  le  travail  statique,  de  S"^?  pour  l'ergogramme  :  le  rythme  est  de  i5o  con- 
tractions à  la  minule.  Le  travail  statique  étant  toujours  associé  à  du  travail  dynamique 

Fis.   I. 


MHMiB« 


et  réciproquement,  nous  devons  retirer  de  la  contraction  dynamique  tous  les  éléments 
statiques  et  de  la  contraction  statique  tous  les  éléments  dynamiques,  afin  de  comparer 
du  travail  exclusivement  statique  à  du  travail  exclusivement  dynamique  de  même 
dépense. 

»  La  dépense  est  proportionnelle  au  temps  (Haughton),  au  raccourcissement  et  à  la 
charge  (Chauveau).  il  n'y  a  pas  lieu  de  se  préoccuper  des  durées  respectives  des  tra- 
vaux statique  et  dynamique  dans  nos  deux  expériences  de  comparaison,  car  chacune 
des  portions  de  ces  travaux  représente  la  dépense  maxima  pendant  l'intervalle  de 
temps  qu'elle  a  duré;  en  effet,  si  l'un  des  termes  statique  ou  dynamique,  au  cours 
d'une  expérience,  pouvait,,  par  exemple,  être  augmenté,  l'autre  augmenterait  en  même 
temps  puisqu'il  y  a  inséparabilité  entre  ces  deux  termes;  la  somme  augmenterait  donc 
par  là  même  :  ce  qui  est  impossible,  puisqu'elle  représente  par  définition  la  dépense 
maxima. 

»  D'autre  part,  dans  nos  deux  expériences,  les  raccourcissements  sont  sensiblement 
les  mêmes;  il  en  est  de  même,  en  général,  des  poids;  et  quand  les  poids  ne  sont  pas 
les  mêmes,  les  dépenses  sont  ramenées  à  l'égalité  par  une  correction  facile,  puisqu'elles 
sont  proportionnelles  aux  poids.  Dans  ces  conditions  les  divers  éléments  dynamiques 
et  statiques  de  nos  deux  expériences  sont  comparables. 

»  Appelant  CiD  la  dépense  totale,  ^  le  travail,  P  le  travail  statique,  p  le  poids  dans 


1287 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    igo3. 

l'expérience  ergographique,  G'  le  travail,  m'  le  travail  statique  d'établissement,  II'  le 
Iravaii  statique  de  régime,/?'  le  poids  soutenu  lors  de  l'expérience  de  soutien,  on  peut 
poser,  a  et  ,3  étant  des  coefficients  de  proportionnalité, 


(') 


(û 


-,/z;. 


^')  =  ?(n' 


m'~^.   1 


G  est  la  somme  des  ordonnées  maxima  (/<-.  i,  gr.  n«  2)  multipliée  par  p.  G'  est  le 
produit  de  p'  par  la  hauteur  à  laquelle  on  le  soulève  pour  le  soutenir  ensuite  (/îg-.  i, 
gr.  n«  1).  Il'  est  obtenu  en  multipliant,  suivant  la  définition  du  travail  statique,  le 
poids  par  la  durée  de  la  sustentation  :  le  poids  tombe  bien  un  peu,  mais  si  lentement 
qu'on  doit  le  considérer  comme  soutenu  intégralement  de  même  que  dans  la  période 
d'établissement  m'.  Le  terme  P  comprend  :  1°  le  travail  statique  lors  du  soulèvement 
du  poids y;>,  et  que  l'on  peut  considérer  comme  égal  au  produit  du  poids  par  le  temps, 
la  vitesse  changeant  peu  ;  2°  le  travail  statique  lors  de  la  descente  du  poids;  ce  travail 
est  la  différence  entre  Taire  parabolique  en  chute  libre  et  l'aire  de  la  courbe  de  sou- 
tien; mais  l'arc  de  parabole  se  confondant  sensiblement  ici  avec  une  droite  et  l'aire 
parabolique  étant  très  petite,  on  peut  considérer  ce  travail  comme  représenté  par 
l'aire  de  soutien,  sensiblement  la   moitié  du  poids  multiplié  par  le  temps. 

»  Bornée  à  cela,  la  méthode  ne  nous  fournirait  que  des  nombres  voisins 
des  maxima  de  dépense  et  ne  permettrait  pas  de  préciser  la  nature  de  la 
fonction  cherchée.  Pour  avoir  une  suite  de  valeurs  de  travaux  dynamiques 
et  statiques  équivalents  énergétiquement,  nous  avons  comparé  dans  une 
première  série,  à  des  ergogrammes  purs,  des  travaux  statiques  et  des  tra- 
vaux ergographiques  mêlés  systématiquement;  dans  une  deuxième  série, 
a  ces  travaux  mêlés  des  travaux  mêlés  de  même  nature,  continuant  tou- 
jours chacune  des  deux  expériences  de  comparaison  jusqu'à  l'épuise- 
ment. 

»    Si    dans  la  première    expérience    G    désigne    le    travail    de    l'ergogramme    pur 
i^J'  f'ë-  2))  ^  les  travaux  statiques  afférents  au  travail  ergographique;  si,  dans  la 

Fis.  2. 


deuxième  expérience,  w'  est  le  travail  statique  d'établissement  de  la  sustentation,  t'  le 
^/•ar«// d'établissement  de  la  même,  II'  le  travail  statique  de  sustentation,  I^'  les  tra- 


Iâ88  ACADÉMIE    DES    SCIENCES.       . 

vaux  statiques  afférents  au  travail  ergographique  & ,  on  a,  dans  la  première  série  d'ex- 
périences, 


(2) 


(D 


(^G-.'-e')  =  p(II'+P'+^'-^^F); 


et,  dans  la  deuxième  série,  x  désignant  le  travail  d'établissement,  II  le  travail  statique 
de  sustentation  de  la  première  expérience  : 


<3)     © 


^[(^ 


G  +  4 
P 


(C'+-') 


P'  4-  H'  +  ra'  —  ^  (  Il  +  CT  +  P  ) 
P 


»  Nous  avons  obtenu  ainsi,  entre  autres,  les  nombres  suivants 


Kilogram- 
mètres.  Kilogs-seconde. 

0,645  (J.)   86,1  [form.(i)] 
0,541  (J.)   82,35     » 

0,678  (J.)  73,5     » 

1,96  (D.)  281      » 


Kilogram- 
mètres.  Kilogs-seconde. 

o,o57  (J.)  1,8    [for m.  (2)] 

0,075  (J.)  9)66  » 

o,  i44  (J-)  ï8j6  » 

o,i89(J.)  23,9  » 


Kilogram- 
mctrcs.  Kilogs-seconde. 

o,i95(J,)  28,6    [form.(2)] 

0,200  (J.)  19,32  » 

0,394  (J.)  55,3  » 

0,172  (J-)         9,i7[form.(3)] 


»  La  fonction  cherchée  est  remarquablement  représentée  par  une  droite  : 
))  Les  travaux  dynamiques  croissent  proportionneUement  aux  travaux  sta- 
tiques énergétiquement  équivalents;  le  coefficienl  de  proportionnalité  est » 


PHYSIOLOGIE.  —  Recherches  sur  le  rôle  de  la  glande  interstitielle  du  testicule. 
Hypertrophie  compensatrice  expérimentale.  Note  de  MM.  P.  Ancfx  et 
P.  Bouix,  présentée  par  M.  x\Ured  Giard. 

((  L'action  générale  du  testicule  sur  l'organisme  est  connue  depuis  long- 
temps. On  l'a  attribuée  à  une  sécrétion  récrémentitielle  du  liquide  sper- 
matique. 

»  Les  recherches  morphologiques  sur  la  structure  du  testicule  des  Mammi- 
fères, parvenues  dans  ces  dernières  années  à  un  grand  degré  de  perfection, 
ont  montré  que  cet  organe  renferme,  non  seulement  des  tubes  séminifères 
avec  les  divers  éléments  de  la  lignée  spermatogénétique  et  leur  syncytium 
nourricier,  mais  encore  des  celUiles  disséminées  entre  ces  tubes  et  dési- 
gnées sous  le  nom  de  cellules  interstitielles.  Ces  cellules,  découvertes  par 
Leydig,  en  1840,  et  bien  connues  depuis  les  recherches  de  beaucoup  d'au- 
teurs (KôLLiKER,  LuDwiG,  Hansemann,  Lubahsgh,  Tourtseux,  Lenkossèk, 
J\ein.ke,  Plato,  Fr'iedmaisn,  Beissner,  Mathieu,  Pvegaud  et  Sénat,  Gan- 
FiNi,  etc.),  re|3résentent  de  véritables  éléments  glandulaires.  Nous-mêmes 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    £903.  1 289 

avons  monlré  qu'elles  offrent  tous  les  signes  cytologiques  d'une  grandeacti- 
vité  glandulaire,  qu'elles  renferment  de  nombreux  produits  de  sécrétion 
et  qu'elles  passent  par  toutes  les  phases  d'un  cycle  sécrétoire.  Dans  leur 
ensemble,  elles  constituent  donc  un  organe  interposé  aux  canalicules  sé- 
minifères  et  que  nous  avons  appelé  glande  interstitielle  du  testicule. 

»  Quelle  est  la  signification  physiologique  de  cette  glande?  Presque  tous 
les  auteurs  qui  ont  étudié  les  cellules  interstitielles  en  ont  fait  des  éléments 
trophiques  pour  les  cellules  séminales.  Seuls  quelques  auteurs  leur  soup- 
çonnent un  rôle  de  sécrétion  interne,  sans  d'ailleurs  en  fournir  la  preuve 
et  sans  montrer  quelle  serait  leur  action. 

»  Dans  plusieurs  travaux  précédents,  nous  avons  réuni  un  groupe  de 
faits  d'ordre  morphologique,  physiologique  et  chimique,  qui,  rapprochés 
les  uns  des  autres,  nous  ont  autorisés  à  formuler  l'hypothèse  suivante: 
l'action  générale  sur  r organisme,  reconnue  Jusqu'ici  au  testicule  tout  entier, 
doit  être  rapportée  à  la  glande  interstitielle. 

»  Nous  avons  entrepris  une  série  d'expériences  pour  démontrer  le  bien 
fondé  de  cette  manière  de  voir.  Nous  avons  tout  d'abord  cherché  à  prouver  : 
l'^que  la  glande  interstitielle  ne  sert  pas  seulement  à  la  nutrition  des 
éléments  séminaux;  2°  qu'elle  a  une  action  générale  sur  l'organisme. 

»  1°  Nous  avons  monlré,  par  la  sténose  des  voies  excrétrices  du  sperme  chez  l'adulte 
(ligature  ou  résection  du  canal  déférent,  injections  sclérogènes  dans  Fépididyme)  que 
les  deux  glandes  du  testicule,  séminale  et  interstitielle,  sont  relativement  indépendantes 
l'une  de  l'autre.  Cette  sténose  produit  en  effet  la  dégénérescence  progressive  des 
éléments  séminaux,  tandis  que  les  cellules  interstitielles  conservent  leur  intégrité  mor- 
pliologique. 

»  2°  Pour  démontrer  l'action  générale  delà  glande  interstitielle  sur  l'organisme,  nous 
avons  institué  certaines  expériences  en  partant  de  la  notion  biologique  suivante  :  on 
sait  que  l'ablation  des  représentants  d'un  système  glandulaire  pair  amène  au  bout  d'un 
certain  temps  l'hypertrophie  compensatrice  de  la  glande  opposée.  L'organisme  con- 
tinue ainsi  à  bénéficier,  après  l'opération,  d'une  quantité  de  produits  égale  à  celle  qui 
lui  était  fournie  par  le  système  glandulaire  tout  entier.  Si  nous  enlevons  un  testicule, 
les  deux  glandes  du  testicule  opposé  (séminale  et  interstitielle)  s'hypertropliieront; 
mais  si,  sur  le  testicule  restant,  nous  réséquons  le  canal  déférent,  la  glande  séminale 
dégénérera.  Dans  ces  conditions,  nous  n'aurons  une  hypertrophie  de  la  glande  intersti- 
tielle que  si  cette  glande  possède  un  autre  rôle  qu'un  rôle  trophique  vis-à-vis  des 
éléments  séminaux,  c'est-à-dire  une  action  générale  sur  l'organisme. 

»  Nous  avons  fait  cette  expérience  sur  des  Lapins  et  des  Cobayes.  Après  avoir  en- 
levé un  testicule  et  ligaturé  le  canal  déférent  du  testicule  opposé,  nous  avons  laissé 
nos  animaux  en  expérience  pendant  6  mois.  L'examen  du  testicule  nous  a  montré  les 
faits  suivants  :  Au  point  de  vue  macroscopique,  ce  testicule  est  diminué  de  volume* 
il  est  mou  et  présente  à  la  coupe  une  couleur  brun  chocolat,  très  différeiile  de  la  teinte 


1290  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

blanc  rosé  des  testicules  normaux,  fait  intéressant  si  on  le  rapproche  de  l'aspect 
offert  par  les  testicules  largement  pourvus  de  cellules  interstitielles.  Sur  coupes 
microscopiques,  le  testicule  montre  des  transformations  profondes.  Les  tubes  sémi- 
nifères  sont  diminués  de  diamètre;  la  plupart  des  cellules  séminales  ont  disparu;  cer- 
tains tubes  ne  renferment  plus  que  des  spermatogonies  et  le  syncytium  sertolien  ; 
d'autres  montrent  encore  quelques  spermatocyles;  dans  aucun  nous  n'avons  retrouvé 
de  spermatides  ni  de  spermatozoïdes.  La  glande  interstitielle,  au  contraire,  a  pris  un 
développement  considérable.  Elle  constitue,  entre  les  canalicules  séniinifères  dégénérés, 
de  larges  traînées  richement  vascularisées.  Les  cellules  constitutives  de  cette  glande 
sont  nettement  orientées  autour  des  vaisseaux  sanguins,  auxquels  elles  forment  des 
gaines  plus  ou  moins  épaisses.  Elles  présentent  toutes  les  signes  d'une  grande  activité 
sécrétoire. 

»  En  somme,  la  glande  séminale  est  dégénérée;  la  glande  inlerstilielle,  non  seule- 
ment a  conservé  son  intégrité,  mais  a  même  au  moins  doublé  de  volume. 

»  Nous  pouvons  donc  conclure  :  1°  la  glande  interstitielle  n'a  pas  pour 
rôle  unique  d'assurer  la  nutrition  des  éléments  séminaux;  2°  elle  a  une 
action  générale  sur  l'organisme. 

»  Nous  montrerons  prochainement  que  seule,  dans  le  testicule,  elle  a 
cette  action  générale,  et  que  c'est  à  elle  qu'il  faut  reconnaître  l'influence 
accordée  jusqu'ici  au  testicule  tout  entier.  » 


BIOLOGIE  GÉNÉRALE.    —  5///'  les  croisements  entre  taxies  différentes. 
Note  de  M.  Georges  Coutagxe,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Je  résumerai,  dans  les  quatre  propositions  suivantes,  \,  B,  C  et  D, 
tous  les  faits  que  j'ai  constatés  au  cours  de  mes  recherches  expérimentales 
sur  les  croisements  entre  taxies  différentes  chez  les  vers  à  soie  dumûrier(*). 
Je  me  servirai,  pour  ce  résumé,  des  termes  mnèmons  et  taxies  dont  j'ai 
donné  la  définition  dans  une  Note  précédente  (^). 

»  A.  Les  mnémons  antagonistes  restent  qttalitatiçenie/it  inaltérés;  ils  sont  hétéro- 
dynames  (croisements  mendéliens).  Dans  certains  croisements  entre  deux  taxies  a, 
et  «2  O"  constate  les  particularités  suivantes  :  1°  tout  individu  issu  d'un  œuf  croisé 
«1  X  «2  ou  «2  X  «1  ne  diffère  en  rien,  au  point  de  vue  morphologique,  des  sujets  do 
Lune  des  taxies  pures,  «,  par  exemple.  On  dit  alors  que  le  caractère  a^  est  dominant 


(')  Bulletin  scientifique  de  la  France  et  de  la  Belgique,  dirigé  par  A.  Giakd, 
t.  XXXVII,  janvier  1908. 

(-)  Sur  les  facteurs  élémentaires  de  l'hérédité  {Comptes  rendus,  séance  du  i4  dé- 
cembre 1908,  p.  1075). 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  IQoS.  1291 

et  le  caractère  a.,  récessif  ;  1"  à  la  génération  suivante,  les  produits  du  croisement  entre 
eux  des  sujets  croisés  de  première  génération  qui  ne  présentaient  que  l'apparence  a,, 
mais  qui  possédaient  à  l'état  latent  le  caractère  a.^,  présentent  les  uns  le  caractère  a, 
et  les  autres  le  caractère  a^,  dans  la  proportion  de  3rt,  pour  la^. 

»  On  désigne  souvent  le  caractère  dominant  par  le  sj^mbole  D,  et  le  symbole  réces- 
sif par  le  symbole  R. 

»  B.  F^es  mnéinons  antagonistes  restent  qualitativement  inaltérés;  ils  sont  hoino- 
dynames.  Dans  certains  croisements  entre  deux  taxies  a,  et  a.2,  il  arrive  que  tous  les 
individus  issus  des  œufs  «i  x  a.y  se  partagent  y^a/"  moitié  qxx\.v^  les  deux  taxies  «,  et  «.,• 
Les  générations  suivantes  dans  lesquelles  interviennent  comme  parents  des  sujets 
croisés  de  première  génération  ne  témoignent  également  aucune  hétérodynamie  entre 
les  mnémons  primitifs  de  a,  et  a.2. 

»  C.  Les  mnémons  antagonistes  réagissent  entre  eux  ;  il  y  a  combinaison  et  for- 
mation d'une  nouvelle  taxie.  Dans  certains  croisements  entre  deux  taxies  «,  et  «,?  il 
arrive  que  tous  les  individus  issus  des  œufs  croisés  «j  X  «2  se  partagent  entre  trois 
taxies  «,,  «,  6t  une  nouvelle  taxie  présentant  une  combinaison  des  deux  taxies  primi- 
tives. 

»  D.  Les  mnémons  antagonistes  réagissent  entre  eux  ;  il  y  a  combinaison,  puis 
destruction  de  la  poly taxie.  Dans  certains  croisements  entre  deux  taxies  a,  et  a.^,  il 
arrive  que  tous  les  individus  issus  des  œufs  croisés  «i  x  «2  sont  identiques  en  ce  qui 
concerne  le  caractère  a  qui  présente  alors  une  modalité  intermédiaire  entre  «j  et  a^. 
En  d'autres  termes,  il  y  a  fusion  des  caractères  «,  et  «2  à  la  première  génération 
croisée.  Mais  à  la  seconde  il  y  a  variation  désordonnée  :  les  produits  du  croisement 
entre  eux  des  sujets  croisés  de  première  génération  présentent,  pour  le  caractère  a, 
toutes  sortes  de  modalités  intermédiaires  entré  a-,  et  a^,  y  compris  les  modalités  ai 
et  «2  elles-mêmes. 

»  La  poly  taxie  du  caractère  a  est  détruite,  et  dans  les  croisements  ultérieurs 
entre  eux  ou  avec  les  sujets  de  taxies  pures  a,  et  a^  des  individus  de  différentes  géné- 
rations issus  du  croisement  r/,  x  aj,  les  mnémons  ne  paraissent  plus  guère  différer  de 
ceux  des  caractères  non  polylaxiques  ordinaires,  c'est-à-dire  des  caractères  variables  à 
variabilité  continue. 

»  Le  moile  B  a  élé  signalé  d'une  façon  précise  pour  la  première  fois  par 
Grégor  Mendel,  en  i865,  chez  Pisum  salwum.  De  nombreux  cas  de  croi- 
semenls  mendéliens  ont  élé  observés  de  nouveau  ces  dernières  années  par 
de  Vries,  Correns/jTschermak,  Balcson,  Cuénot,  etc. 

))  Le  mode  B  semble  bien  moins  fréquent.  Je  l'ai  observé  pendant  les 
trois  années  189J,  1896  et  1897,  dans  les  croisements  entre  deux  races 
de  vers  à  soie  dont  l'une  était  à  cocons  blancs,  l'autre  à  cocons  jaunes.  Mais 
j'ai  constaté  aussi  des  croisements  mendéliens  entre  ces  deux  mêmes  races. 

»  La  sexualité  est  une  sorle  particulière  de  ditaxie  qui  paraît  suivre,  à 
certains  égards,  les  mêmes  lois  hérédilaires  que  les  caractères  polytaxiques 
à  mnémons  homodvnames.  Il  en  est  de  même  de  l'hétérostylie,  dilaxique 


I2Q2  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

OU   tritaxiqne,   des  Primula,   Limim,   Oxalis,   Pulmonaria,    Lylhrum,   Nar- 

cissiis,  elc. 

))  Le  mode  C  est  encore  plus  rare  que  le  mode  B,  du  moins  je  ne  l'ai 
observé  qu'une  fois,  dans  un  croisement  de  1895,  entre  deux  variétés  de 
vers  à  soie,  dont  l'une  était  à  vers  jnoncaiids,  l'autre  avers  zébrés.  En  1896, 
la  moitié  environ  des  829  sujets  issus  du  croisement  furent  à  vers  mori- 
cauds,  et  l'autre  moitié  à  vers  à  la  fois  moricauds  el  zébrés.  En  1897,  chez 
les  descendants,  au  nombre  de  820,  des  représentants  de  cette  nouvelle 
taxie  croisés  entre  eux,  les  vers  à  la  fois  moricauds  et  zébrés  furent  au 
nombre  de  386,  et  les  vers  moricauds  au  nombre  de  i3j.  En  outre  le  carac- 
tère ver  zébré,  qui  avait  été  latent  en  1896,  reparut  chez  a/p  sujets,  et  aussi 
le  caractère  ver  blanc  chez  54  sujets.  Ce  dernier  caractère  était  alors  latent 
depuis  au  moins  3  générations. 

»  Le  mode  D  est  connu  depuis  longtemps  ;  c'est  celui  que  présentent  en 
général  les  hybridations,  c'est-à-dire  les  croisements  entre  espèces  diffé- 
rentes. 

»  J'ai  constaté  encore,  et  c'est  là  un  fait  très  intéressant,  que  les  mêmes 
mnémons,  c'est-à-dire  les  mnémons  d'une  même  taxie  dans  une  même  race, 
pouvaient  réagir  suivant  l'un  ou  l'autre  des  quatre  modes  A,  B,  C  ou  D, 
suivant  qu'ils  étaient  mis  en  présence,  par  le  croisement,  de  tels  ou  tels 
autres  mnémons  antagonistes,  choisis  dans  d'autres  races  ou  d'aulres 
espèces.    » 


PHYSIOLOGIE  COMPARÉE.  —  Sur  le  phototropisme  des  Arliozoaires  supérieurs. 
Noie  de  M.  Georges  Boiix,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

c(  Dans  maintes  circonstances  on  a  abusé  du  mot  phototropisme, 

•>■)  Les  figures  représentent  des  expériences  eiTecluées  dans  des  cuvettes  de  porcelaine 
sur  des  Convoluta  (I  à  TV)  el  sur  des  Néréides  (V),  Les  flèclies  indiquent  la  direction 
des  rayons  lumineux;  les  liachures,  les  ombres  portées;  les  traits  contournés,  les  ani- 
maux; la  première  ligne  représente  l'état  initial,  la  seconde  l'état  final,  au  bout  du 
temps  t  (r  heure  pour  I,  IV,  V;  10  minutes  pour  II  et  III).  Il  semble  que  les  Vers  se 
portent  vers  la  lumière,  qu'il  y  ait  phototropisme  positif.  Rien  n'est  plus  faux. 

«  Si,  dans  l'expérience  I,  on  observe  ce  qui  se  passe  entre  l'état  initial  et  l'étal  final, 
on  constate  que  les  Convoluta  traversent  la  ligne  de  séparation  de  l'ombre  et  de  la 
lumière  dans  les  deux  sens  (sans  reculs)  :  au  début  les  individus  qui  marchent  en 
sens  contraire  de  la  lumière  sont  en  même  nombre  que  ceu.r  qui  marchent  dans  le 
sens  de  la  lumière  (par  conséquent  pas  de  phototropisme);  mais  ceux  qui  viennent  de 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  igoS.  1298 

la  région  éclairée  sont,  comme  je  Tai  montré  {Comptes  rendus,  20  novembre  1908), 
dans  un  état  de  fatigue  latente  (*)  qui  se  manifeste  dès  que  l'excitation  lumineuse 
cesse  :  les  Convoluta  qui  viennent  de  pénétrer  dans  une  ombre  s'y  arrêtent  et  des- 
sinent bientôt  une  bande  verte  en  bordure  de  l'ombre;  les  individus  qui  vont  vers 
l'ombre  ne  s'étalent  pas  à  sa  surface,  et  l'ombre,  sauf  sur  la  bordure,  se  dégarnit  peu 
à  peu  par  rapport  à  la  lumière.  La  répartition  finale  est  due  à  un  effet  tonique. 


»  De  même  en  II  et  en  III  :  les  Vers  commencent  par  se  répandre  partout,  mais  peu 
à  peu  l'ombre  disparaît;  les  individus  qui  sont  dans  l'ombre  sont  plus  fatigués  en  III 
qu'en  II  et  y  restent  plus  longtemps. 

»  En  IV,  un  faisceau  de  lumière  traverse  la  cuvette,  bordé  par  des  ombres  pro- 
jetées artificiellement;  comme  dans  les  cas  précédents  les  Vers  se  placent  surtout  en 
bordure  des  ombres. 

»  En  V,  les  Néréides,  après  avoir  circulé  dans  tous  les  sens,  se  reposent  dans 
l'ombre  portée  où  elles  ont  pénétré  par  hasard. 

»  Dans  tous  ces  cas,  il  n'y  a  pas  de  phototropisme  :  il  y  a  arrêt  à  l'entrée  de 
l'ombre,  dû  à  la  fatigue  provoquée  par  la  lumière.  C'est  ce  que  n'ont  pas  vu 
Gamble  etKeebledans  un  Mémoire  sur  les  Convoluta  qui  vient  de  paraître 
(^Quarterly  Journal,  décembre  1903)  et  Ferronnière  {Thèse,  Paris,  1901); 
les  figures  ci-dessus  rappellent  étrangement  celles  de  ces  auteurs,  qui 
concluent  au  phototropisme  positif. 

))  De  plus,  j'ai  reconnu  qu'il  suffit  d'incliner  de  1°  le  fond  du  vase  pour 
obtenir  des  figures  différentes,  qui  varient  d'ailleurs  suivant  l'heure  de  la 
marée  et  le  degré  de  l'éclairement.  Or,  Gamble  et  Reeble  ont  négligé 
l'influence  des  pentes  et  une  foule  d'autres  conditions  que  j'ai  indiquées 
dans  le  Bulletin  du  Muséum  (novembre  igoS). 

»  Pour  les  Hediste  diversicolor,\\  faudrait  considérer  en  outre  la  composition 
de  l'eau.  Ces  Néréides  peuvent  vivre  dans  trois  conditions  :  a,  eaux  salées 


(^)  Beaucoup  plus  intense  sur  la  porcelaine  que  sur  le  sable. 
G.  R,,  1903,  2°  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  26.) 


169 


1294  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

relativement  profondes  ;  b,  mince  couche  d'eau  saiimâtre;  c,  mince  couche 
d'eau  douce.  En  b  seulement  elles  perçoivent  les  ombres  à  distance  et 
se  dirigent  vers  elles,  et  elles  reculent  quand  elles  sont  sur  le  point  de 
s'engager  dans  une  tache  fortement  éclairée;  ce  double  phototropisme  (pho~ 
totaxié)  négatif  n'existe  plusen  a  etenc,  où  lafatigueagissantseuleentraîne 
des  apparences  de  phototropisme  positif  ;  il  semble  qu'en  b  l'acuité  visuelle 
soit  accrue  ;  serait-ce  par  les  rayons  N  (  '  )  ? 

»  Ici  j'ai  voulu  simplement  attirer  l'attention  des  Biologistes  sur  la  com- 
plexité d'un  problème  important  :  il  suffira,  pour  s'en  convaincre,  de  lire 
le  Mémoire-de  Mitsukuri  sur  les  Littorines  et  celui  que  je  viens  de  faire 
paraître  sur  les  Convoluta.  Au  commencement  du  xx*'  siècle,  il  est  temps 
d'apporter  dans  les  expériences  plus  de  précision  que  ne  le  faisaient 
Trembley  et  Réaumur;  or,  l'élégant  Mémoire  de  Gamble  et  Keeble,  ca- 
pital à  un  autre  point  de  vue  (cellules  vertes),  demeure,  malgré  l'emploi 
de  lumières  monochromatiques,  manifestement  en  arrière  (^).  » 


PHYSIOLOGIE.  —  Action  de  V anéthol sur  V organisme.  Note 
de  MM.  E.  Varenne,  J.  Roussel  et  L.  Godefroy,  présentée  par  M.  Troost. 

«  On  sait  que,  dans  certaines  contrées,  de  grandes  quantités  d'anis  sont 
consommées  comme  condiment,  dans  le  pain,  les  gâteaux  secs  et  différents 
aliments.  Les  confiseurs,  et  surtout  les  distillateurs  en  font  un  usage  con- 
sidérable. Or,  malgré  l'emploi  séculaire  de  l'anis,  quelques  physiologistes 
ont  accusé  l'essence  d'anis  de  provoquer  certains  troubles  organiques; 
mais  il  est  vrai  que  d'autres  ont  toujours  soutenu  son  innocuité. 

»  Récemment,  le  D'' S.  Lalou,  dans  un  travail  important  sur  certaines 
essences  (^Thèse  de  doctoral  es  sciences,  Paris,  iQoS)  déclare  qu'il  a  employé 
des  doses  considérables  d'essence  d'anis  et  d'anélhol  sans  pouvoir  obtenir 
chez  le  client  ni  secousses,  ni  attaques.  Des  doses  énormes  n'ont  provoqué 
que  des  phénomènes  d'intolérance.  Des  doses  de  3^  par  kilogramme 
d'animal  n'ont  pu  déterminer  aucun  signe  d'intoxication. 

»  Des  essais  prolongés  depuis  plusieurs  années  nous  amènent  à  la  même 


(*)  G.  BoHN,  Des  rayons  N  considérés  comme  facteur  éthologique  {Comptes 
rendus  de  la  Société  de  Biologie,  26  décembre  igoS). 

(2)  Voir  Nagel,  Bot.  Zeit.,  t.  LIX,  p.  298-299,  et  BonN,  Comptes  rendus  de  la 
Société  de  Biologie,  21  novembre  rgoS. 


SÉANCE    DU    28   DÉCEMBRE    igoS.  1290 

conclusion   que   celle  du    D^"  Lalou  :  l'anéthol  semble  se  refuser  à  être 
toxique.  Et  sa  constitution  chimique  le  fait  supposer,  a  priori  : 


cm 


^/Cnr=:GH— CH^ 
\OCtP 


On  voit  que  ce  corps  peut  être  antiseptique  par  son  groupe  aromatique  et 
analgésique  par  son  groupe  oxyméthylique.  Et,  en  pratique,  il  est  incon- 
testable que  l'infusion,  l'alcoolat  d'anis,  etc.,  donnent  d'excellents 
résultats  contre  certains  troubles  gastro-intestinaux. 

»  Pendant  plus  de  3  ans,  nous  avons  pu  suivre  une  série  (entre  autres)  de  douze 
lapins  qui,  tous  les  jours,  absorbaient  dans  leur  nourriture  chacun  une  dose  de  25s  de 
graine  d'anis.  Ces  animaux  n'ont  jamais  manifesté  le  moindre  malaise;  il  étaient  nor- 
malement gras,  vifs,  d'un  beau  poil,  se  reproduisaient  très  régulièrement;  leur  chair 
était  légèrement  parfumée  et  agréable  à  manger.  D'autres  expériences  faites  sur  une 
autre  série  de  lapins  avec  de  Valcoolat  d'anis  ont  donné  les  résultats  suivants  (dont  il 
faudrait,  si  possible,  écarter  l'aclion  de  l'alcool  lui-même)  : 

»  Examen  du  sang  : 

Mâle  A.  —  Hématies 7  S^oooo  Leucocytes 7800 

Mâle  B.  —         »          7825000  »         8200 

»  Les  éléments  sanguins  ne  sont  pas  déformés  et  l'on  compte  seulement  par  milli- 
mètre cube  : 

Mâle  A.  —  Hématies  déformées i5o 

Mâle  B.  —  »  90 

»  Et,  en  somme,  la  formule  leucocytaire  peut  s'écrire  : 

Mâle  A.  Mâle  B. 

Polynucléaires  neutrophiles 74  65 

»               acidophiles o,5  7 

»              basophiles 6  i,5 

Mononucléaires 2  2 

Lymphocytes 17  19 

Formes  anormales  ou  indécises 4)5  5,5 

Total  des  éléments  leucocytaires 100  100 

»  D'autres  expériences  faites  tout  récemment  sur  une  série  de  six  chiens  ont  donné 
des  résultats  analogues.  Nous  donnions  chaque  jour  à  chacun  des  chiens  de  i"^s  à  5'*s 
d'anéthol,  puis  ensuite,  comparativement,  d'essence  d'anis  par  kilogramme  d'animal. 
Cette  expérience  a  duré  du  6  octobre  au  20  novembre  igoS.  Il  ne  s'est  produit  aucun 
trouble  chez  les  animaux;  au  contraire,  et  l'un  d'eux  surtout,  \enu  en  fort  mauvais  état 
de  la  fourrière,  s'est  très  rapidement  guéri  d'une  gastro  eiilérile.  L'administration  du 


1296  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

produit  était  des  plus  faciles  :  Fanélhol  ou  l'essence  d'anis  étaient  broyés  dans  un 
mortier  avec  du  sucre  et  le  produit  était  ajouté  à  la  pâtée  de  chaque  chien;  l'absor- 
ption était  régulièrement  complète. 

»  Enfin,  nous  avons  essayé  sur  nous-mêmes  l'action  de  l'anéthol  à  la  dose  de  os,5o 
et  is  par  24  heures.  Après  un  mois  d'essais,  nous  n'avons  rien  constaté  de  particulier. 
L'essence  d'anis  s'élimine  rapidement  par  les  poumons  et  j^ar  l'urine;  cette  élimina- 
tion commence  de  10  à  i5  minutes  après  l'absorption. 

»  A  ce  propos,  nous  pensons  avoir  trouvé  un  réactif  intéressant  permettant  de 
caractériser  l'anéthol.  On  verse  dans  un  tube  à  essais  2*^""'  à  3''™'  d'acide  acétique  cristal- 
lisable,  puis  3*"''  du  liquide  dans  lequel  on  recherche  l'anéthol,  puis  5*^""^  d'acide  chlor- 
hydrique  fumant.  On  chaufi'e;  s'il  y  a  de  l'anéthol,  il  se  développe  une  belle  couleur 
verte.  Dans  ces  mêmes  conditions,  l'estragol  donne  une  coloration  améthyste,  et  le 
mélange  d'anéthol  et  d'eslragol  donne  une  coloration  lie  de  vin  foncée.  Nous  revien- 
drons sur  cette  réaction  importante  pour  la  recherche  de  l'anéthol;  mais  nous  ne 
pouvons  développer  davantage  ici  ce  résumé  d'observations  accumulées  depuis  plu- 
sieurs années  et  que  nous  espérons  poursuivre  grâce  à  l'obligeance  de  M.  le  D""  Moussu, 
professeur  de  Pathologie  à  l'École  d'Alfort. 

»  Quant  à  présent,  nous  concluons  :  les  essences  d'anis  (Albi,  Alicante, 
Tours,  Russie)  ne  sont  pas  toxiques;  l'anéthol  n'est  pas  toxique  et  il  est 
même  probable  que,  sous  différentes  formes  médicamenteuses,  il  prendra 
rang  dans  la  Thérapeutique.  » 


PHYSIOLOGIE.  —   De  l'action  du  radium  sur  les  différents  tissus. 
Noie  de  M.  J.  Danysz,  présentée  par  M.  Roux. 

«  Une  première  série  d'expériences  dont  nous  avons  relaté  les  résultats 
dans  une  Note  présentée  ici,  le  16  février  de  cette  année,  nous  ont  permis 
de  constater,  entre  autres  choses,  que,  de  tous  les  tissus  d'un  animal,  c'est 
l'épiderme  et  le  tissu  nerveux  qui  sont  relativement  les  plus  sensibles  à 
l'action  des  rayons  du  radium.  De  nouvelles  recherches  nous  ont  permis  de 
préciser  un  peu  les  rapports  entre  les  quantités  de  radium  employé,  la 
pureté  des  composés  radioactifs,  les  temps  d'exposition,  d'une  part,  et, 
d'autre  part,  les  effets  produits. 

»  Nous  nous  sommes  servi  cette  fois  d'un  échantillon  de  bromure  de 
radium  pur  de  do™^  (échantillon  n°  4)  et  d'un  autre  échantillon  d'un 
composé  à  parties  égales  de  chlorure  de  radium  et  de  baryum  de  23™^ 
(échantillon  n°  3)  et  nous  avons  fait  agir  ces  deux  sels  parallèlement  sur 
de  petits  animaux,  à  distance. 

»  On  enfermait  des  souris  dans  de  petites  cages  en  bois  de  S*^""  de  haut  sur  io<=°'  de 


SÉANCE    DU   28   DÉCEMBRE    l^o3.  1297 

large  et  ôc-  de  profondeur  et  l'on  plaçait  le  radium  sur  la  cage,  sur  une  planchette 

munie   d'une  ouverture,  de  façon  que  les   rayons  n'avaient  pas  de  bois  à  traverser. 

»  Le  radium  a  été  maintenu  en  place  pendant  4,  8,  i4,  24  et  48  heures  et  pendant 

10  et  20  jours. 

))  L'exposition  de  4  et  de  8  heures  aux  rayons  des  échantillons  n°«  3  et  4  n'a  produit 
aucun  effet  appréciable. 

»  L'exposition  de  i4  heures  aux  rayons  du  n°  3  n'a  produit  aucun  effet;  l'exposition 
aux  rayons  du  n°  4  a  produit,  20  jours  après,  une  alopécie  et  une  dermite  assez  grave 
sur  la  tête  et  sur  le  dos.  Bien  que  la  dermite  ne  soit  pas  encore  complètement  guérie 
(après  6  mois),  la  souris  se  porte  bien.  A  la  place  du  poil  gris  il  a  repoussé  du  poil 
blanc. 

»  L'exposition  de  24  heures  aux  rayons  du  n°  3  a  produit  au  bout  de  21  jours  une 
légère  alopécie,  sans  dermite,  sur  la  tête  et  le  cou;  l'exposition  aux  rayons  du  n°  4 
a  provoqué  une  abj^écie  au  bout  de  16  jours,  une  congestion  étendue  de  la  peau  de  la 
tête  et  du  dos  après  21  fours  et  la  mort  au  bout  de  82  jours. 

»  L'exposition  de  48  heures  aux  rayons  du  n"  3  a  produit  l'alopécie  et  la  dermite 
après  17  jours,  une  paralysie  des  membres  et  la  mort  après  44  jours. 

»  L'exposition  de  48  heures  aux  rayons  du  n»  4  de  deux  souris  adultes  a  produit 
après  i5  jours  une  congestion  profonde  de  la  peau,  une  paralysie  des  membres  et  la 
mort  après  22  jours.  La  même  expérience  répétée  sur  6  petites  souris  de  i  mois,  pla- 
cées dans  la  même  cage  avec  leur  mère  dans  un  nid  de  ouate,  a  produit  une  chute  de 
poils  complète  sur  le  dos  et  les  flancs  déjà  après  4  jours  (du  commencement  de  l'expé- 
rience) et  a  amené  la  mort  par  cachexie  de  tous  ces  petits  animaux  après  10  jours, 
sans  qu'il  y  ait  eu  congestion  de  la  peau.  La  mère  est  morte  paralysée  après  28  jours. 

»  Enfin,  il  a  fallu  20  jours  d'une  exposition  ininterrompue  aux  rayons  du  n°  3  pour 
amener  la  paralysie  et  la  mort  de  deux  souris,  avec  congestion  de  la  peau  et  10  jours 
d'une  exposition  ininterrompue  aux  rayons  du  n°  4  pour  paralyser  et  tuer  deux  souris 
sans  alopécie  et  sans  congestion  appréciable  de  la  peau. 

»  Dans  ce  dernier  cas,  la  peau  était  ramollie,  comme  bouillie;  elle  se  déchirait  à  la 
moindre  traction.  J'ai  constaté,  en  outre,  que  25"S  de  bromure  de  radium  pur  pro- 
duisent sensiblement  les  mêmes  effets  que  5o™s  du  même  sel. 

»  La  gravité  des  atteintes  augmenle  donc  avec  la  pureté  du  produit  et  le 
temps  de  l'exposition. 

»  L'examen  microscopique  des  lésions  produites  sur  le  système  nerveux 
cérébral  dans  les  cas  de  paralysie  et  de  mort  ra[)ides  provoquées  par  l'appli- 
nation  du  radium  sur  la  colonne  vertébrale  ou  sur  le  cerveau,  après  trépa- 
nation, a  relevé  surtout  des  troubles  vasculaires. 

»  Sur  des  coupes  de  cerveau  et  de  moelle  que  M.  Manouélian  a  bien 
voulu  préparer  pour  nous,  on  trouve  les  capillaii^es  rompus  et  la  substance 
nerveuse  noyée  dans  du  sang.  Les  cellules  nerveuses  ne  présentent  aucune 
altérationappréciable.  La  paralysie  et  la  mort  de  l'animal  semblent  résulter, 
dans  ce  cas,  d'un  processus  hémorragique  intense. 


1298  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Mais,  si  ces  lésions  sont  le  plus  apparentes,  on  ne  peut  pas  en  conclure 
que  l'action  des  rayons  du  radium  porte  uniquement  sur  les  vasomoteurs  et 
les  capillaires.  Dans  les  cas  de  mort  en  10  à  12  jours,  il  y  a  paralysie  ou 
cachexie  et  ramollissement  de  la  peau  sans  congestion  appréciable;  il  est 
donc  évident  qu'il  y  a  aussi  une  action  directe  sur  les  cellules  épitliéliales 
et  nerveuses. 

»  Les  expériences  précitées  nous  montrent  aussi  que  les  tissus,  et  notam- 
ment les  épithéliumsdes  jeunes  animaux,  sont  beaucoup  plus  sensibles  que 
les  tissus  des  adultes,  ce  qui  revient  à  dire  que  les  jeunes  cellules  sont  plus 
sensibles  que  les  cellules  âgées. 

))  Ce  fait  est  important  à  noter  parce  qu'il  expliquerait  l'action  en 
quelque  sorte  spécifique  des  rayons  du  radium  sur  les  néoplasmes  qui 
peuvent  être  atteints  et  profondément  modifiés  à  travers  la  peau  et  une 
couche  de  muscles  et  sans  que  ces  derniers  tissus  soient  attaqués  d'une 
façon  appréciable. 

))  Pour  trouver  quelques  indications  sur  la  nature  de  l'action  nécrotique 
des  rayons  du  radium,  nous  avons  fait  agir  le  tube  n**  3  et  les  émanations 
de  quelques  milligrammes  de  bromure  de  radium  pur  invitro  sur  une  série 
de  diastases,  de  sérums  et  de  produits  microbiens  actifs. 

»  Je  me  bornerai  à  noter,  pour  le  moment,  qu'un  sérum  hémolytique 
de  chien  perd  complètement  ses  propriétés  hémolysantes  après  un  contact 
de  3  jours  avec  le  tube  n°  3,  tandis  que  l'activité  de  la  Irypsine  avait  élé 
sensiblement  augmentée  par  suite  d'une  exposition  aux  émanations 
pendant  i4  heures.  L'action  du  tube  n**  3  sur  les  produits  microbiens  tels 
que  la  toxine  diphtérique  et  la  diastase  protéoly tique  du  charbon,  ainsi  que 
surla'ricine  s'est  montrée  à  peu  près  nulle,  même  après  une  exposition 
prolongée.    » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.    —  Sur  une  conséquence  de  la  fécondation  croisée. 
Note  de  M.  Leclerc  du  Sablon,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Les  expériences  sur  l'hybridation  et  la  fécondation  croisée  ont  ordi- 
nairement pour  but  d'étudier  les  caractères  de  la  plante  résultant  de  la 
fécondation^  d'une  oosphère  par  du  pollen  appartenant  à  une  autre  espèce 
du  même  genre  ou  à  une  autre  race  de  la  même  espèce.  Je  me  suis  proposé 
seulement  de  rechercher  les  modifications  qui  pouvaient  être  produites 
sur  une  plante,   notamment  sur  le  péricarpe,  à  la  suite  de  la  fécondation 


SÉANCE    DU    28   DÉCEMBRE    rpoS.  1299 

de  l'oosphère  par  un  pollen  étranger.  On  avait  déjà  remarqué  que  des 
cépages  de  Vignes  à  raisins  blancs,  fécondés  par  du  pollen  appartenant  à 
une  variété  à  raisins  noirs,  pouvaient  produire  des  grains  colorés  ;  c'est 
aussi  une  opinion  répandue  que  les  Melons  cultivés  dans  le  voisinage  des 
Concombres  perdent  de  leurs  qualités.  J'ai  recherché  par  des  expériences 
précises  dans  quelle  mesure  la  fécondation  croisée  modifiait  la  composi- 
tion chimique  des  fruits. 

»  J'ai  d'abord  opéré  sur  des  Melons  {Cucuryiis  Melo)  et  des  Concombres  {Cucumis 
sativus).  J'ai  dosé  le  sucre  et  les  matières  amylacées  dans  le  péricarpe  :  1°  d'un 
Melon  fécondé  par  du  pollen  de  Melon;  2°  d'un  Melon  fécondé  par  du  pollen  de 
Concombre;  3°  d'un  Concombre  fécondé  par  du  pollen  de  Melon;  [^°  d'un  Concombre 
fécondé  par  du  pollen  de  Concombre.  J'ai  obtenu  les  résultats  suivants  : 

Matières 

Sucres  amylacées  Total 

pour  100.  pour  100.  pour  100. 

Melon  X  Melon 24,3  11,0  35,3 

Melon  X  Concombre 5,8  10,8  16,6 

Concombre  X  Melon i,3  8,4  9,7 

Concombre  X  Concombre 1,1  9,5  10,6 

»  Les  chiffres  portés  à  ce  Tableau  représentent  la  proportion  de  matière  dosée  rap- 
portée à  100  parties  de  matière  desséchée.  Les  fruits  ont  été  cueillis  et  analysés  au 
moment  de  leur  maturité  aj)parente.  Les  caractères  extérieurs  du  péricarpe  n'ont  pas 
été  modifiés  par  la  fécondation  croisée,  mais  le  Melon  fécondé  par  du  pollen  de 
Concombre  n'avait  pas  le  goût  sucré  ordinaire  des  Melons.  Le  résultat  de  l'analyse 
montre  que  l'influence  du  pollen  de  Concombre  a  diminué  la  proportion  de  sucre 
d'une  manière  considérable.  Par  contre,  le  pollen  de  Melon  n'a  pas  provoqué  la  for- 
mation de  sucre  dans  le  Concombre. 

»  D'autres  expériences  ont  porté  sur  deux  races  de  Cucurbita  Pepo  :  la  Courge 
olive  et  la  Courge  à  la  moelle,  cultivées  dans  des  conditions  identiques.  En  opérant 
comme  sur  le  Melon  et  le  Concombre,  j'ai  obtenu  : 

Matières 
Sucres.  amylacées.  Total. 

Courge  olive  X  C.  olive 10, 3  43,  i  53,4 

Courge  olive  x  C.  à  la  moelle i3,4  24,9  38,3 

Courge  à  la  moelle  X  C.  olive 3,6  21,8  25,4 

Courge  à  la  moelle  x  C.  à  la  moelle. .  .  6,7  3o,4  37,  i 

»  Comme  pour  les  Melons  et  les  Concombres,  l'apparence  extérieure  du  fruit  n'est 
pas  modifiée  par  l'influence  du  pollen  étranger;  mais  la  somme  des  matières  de 
réserves  hydrocarbonées  est  diminuée.  Il  est  à  remarquer  que,  bien  que  la  Courge 
olive  renferme  plus  de  réserves  que  la  Courge  à  la  moelle,  l'influence  du  pollen  de  la 
Courge  olive  diminue  les  réserves  de  la  Courge  à  la  moelle. 


j3oo  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  Il  résulte  de  ces  expériences  que  le  pollen  étranger  modifie  non  seule- 
ment, comme  on  le  sait,  les  caractères  de  la  plantiile,  mais  encore  ceux 
du  péricarpe,  sur  lequel  il  n'agit  pas  directement.  D'ailleurs,  il  ne  semble 
pas  que  le  pollen  d'une  première  plante  agissant  sur  le  pistil  d'une  seconde 
plante  communique  toujours  au  péricarpe  de  cette  seconde  plante  les 
caractères  du  péricarpe  de  la  première;  il  y  a  seulement  modification  des 
caractères  et,  dans  les  cas  que  j'ai  observés,  modification  désavantageuse 
par  suite  de  la  diminution  des  réserves.  En  multipliant  les  expériences, 
on  obtiendrait  vraisemblablement  des  modifications  dans  des  sens  très 
divers. 

»  Comme  application  pratique,  on  ne  doit  donc  pas,  conformément 
d'ailleurs  à  une  opinion  répandue  parmi  les  jardiniers,  cultiver  dans  le 
voisinage  les  unes  des  autres  des  Cucurbitacées  différentes,  mais  appar- 
tenant au  même  genre  et  pouvant  s'hybrider.  De  plus,  le  fait  que  l'élément 
mâle  peut  étendre  son  influence  non  seulement  sur  le  produit  de  la 
fécondation,  mais  sur  certaines  parties  de  l'organisme  maternel,  pourrait, 
s'il  était  étendu  aux  animaux,  avoir  une  certaine  portée.   » 


BOTANIQUE.   —   Sur  un  hybride  vrai  de  chasselas  par  vigne  vierge 
(Ampélopsis  hederacea).  Note  de  M.  Grille. 

«  On  sait  que  Millardet  avait  tenté  l'hybridation  de  la  vigne  par 
la  vigne  vierge.  En  novembre  1901,  il  rendait  compte  de  ses  expé- 
riences :  il  avait  obtenu  environ  cinquante  plantes  en  tout  semblables  aux 
vignes  françaises  qui  leur  avaient  servi  de  mère.  La  vigne  vierge  n'avait 
laissé  aucune  trace  de  sa  paternité.  Il  appela  cette  hybridation  au  résultat 
négatif  yaw^^e  hybridation,  ou  hybridation  sans  croisement  des  caractères. 

»  En  1901  et  1902,  je  réalisai  moi-même  cette  expérience,  en  hybridant 
le  chasselas  par  le  pollen  de  la  vigne  vierge.  Sur  les  six  plantes  obtenues, 
il  se  trouva  cinq  faux  hybrides,  mais  la  sixième  se  révéla  un  véritable 
hybride. 

»  Elle  portait  au-dessus  des  cotj'lédons  quatre  très  petites  feuilles  linéaires,  puis 
deux  feuilles  arrondies,  une  feuille  lancéolée  parfaitement  régulière,  une  autre  feuille 
lancéolée  portant  à  gauche  un  petit  éperon  (ces  quatre  dernières  feuilles  étaient  por- 
tées sur  de  larges  pétioles);  puis  quatre  feuilles  irrégulières  se  rapprochant  de  celles 
de  la  vigne,  tout  en  ayant  tendance  à  la  forme  hastée;  enfin  deux  autres  feuilles  se 
rapprochant  aussi  de  celles  de  la  vigne  et  ayant  une  forme  à  peu  près  régulière. 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  1903.  l3oi 

»  En  dehors  de  la  diversité  de  leurs  formes,  ces  feuilles  avaient  une  teinte  et  un 
aspect  spécial  très  différents  de  ceux  des  autres  vignes;  elles  étaient  de  types  variés 
et  fantaisistes,  de  telle  sorte  qu'il  était  impossible  de  les  confondre  ni  avec  celles  du 
chasselas,  ni  avec  celles  de  la  vigne  vierge.  Elles  avaient  notamment,  dès  leur  premier 
développement,  une  teinte  vert  olive  qui  les  distinguait  nettement  des  feuilles  de  chas- 
selas dont  la  teinte  rougeâtre  est  très  accentuée. 

»  Celte  vigne,  dont  la  croissance  a  été  exlrêmenîent  lente,  ne  pourra 
sans  doute  pas  survivre  à  l'hiver,  niais  son  existence  a  suffi  à  prouver  la 
possibilité  d'obtenir  de  véritables  hybrides  de  vigne  et  de  vigne  vierge.   » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  le  rôle  de  Voxalale  de  calcium  dans  la 
nutrition  des  végétaux.  Note  de  M.  Amar,  présentée  par  M.  Gaston 
Bonnier. 

«  Dans  une  Note  précédente  (  ^  )  j'ai  indiqué  comment,  par  l'observation 
et  l'expérimentation,  j'avais  été  autorisé  à  considérer  les  cristaux  d'oxalate 
de  calcium  comme  un  produit  d'excrétion  et  la  possibilité  d'obtenir  des 
plantes  entièrement  dépourvues  de  ces  cristaux. 

»  La  question  se  posait  alors  de  savoir  quelle  était  la  raison  utile  de  la 
formation  des  cristaux,  quel  en  était  le  rôle. 

»  A  cet  effet,  j'ai  cultivé  différentes  espèces  de  plantes  appartenant  à 
des  familles  variées,  dans  une  solution  nutritive  mère  contenant  des  pro- 
portions graduées  de  nitrate  de  chaux,  variant  de  o«,oi  à  os,5o  pour  1000. 

»  La  formule  de  la  solution  mère  était  la  suivante  :  eau  distillée,  looos; 
nitrate  d'ammoniaque,  0^,400;  sulfate  de  magnésie,  0^,2.30;  phosphate  de 
potassium,  0^,400;  azotate  de  potassium,  os,25o;  sesquioxyde  de  fer, 
traces. 

»  Mes  expériences  ont  porté  sur  le  Sarrasin,  le  Ricin,  Lychnis  dioïca,  Lychni 
Githago  à  partir  de  la  graine;  Ficus  C'rt/vcr/ et  Bégonia  cultivés  par  boutures.  J'ai  fait 
neuf  lots  de  graines  ou  boutures  de  chaque  espèce,  cultivant  le  premier  lot  dans  la 
solution  mère  dépourvue  de  produit  calcique,  les  huit  autres  lots,  dans  celle  même 
solution,  contenant  : 

Pour  le  deuxième  lot.  .  .  .        0,01   de  nitrate  de  chaux 

Pour  le  troisième  lot 0,02  » 

Pour  le  quatrième  lot.  .  .  .        o,o5  » 


(•)  Comptes  rendus,  6  avril  1908. 

C.  !{.,   1903,  2«  Semestre,  (T.  CXXXVII,  N-  26.)  1  70 


ï3o2 


ACADEMIE    DES   SCIENCES. 


Pour  le  cinquième  lot.  ...  o,io  de  nitrate  de  chaux 

Pour  le  sixième  lot o,  i5  » 

Pour  le  septième  lot 0,20  » 

Pour  le  huitième  lot o,3o  » 

Pour  le  neuvième  lot o,5o  » 

»  Lorsque  ces  plantes  ont  acquis  un  développement  suffisant,  j'en  ai  étudié  et  com- 
paré pour  chaque  espèce  l'assimilation  résultante  et  voici  les  chiffres  que  j'ai  obtenus, 
indiquant  la  quantité  de  GO-  décomposé  par  unité  de  surface  (  i"^'"'  )  : 


Lychnis  Githago. 

5  août  1903. 
Soleil. 

Température  :  23°. 
Durée  de  l'expérience  :  26  minutes. 


Premier  lot .  . 
Deuxième  lot. 
Troisième  lot. 
Quatrième  lot , 
Cinquième  lot 
Sixième  lot. .  . 
Septième  lot. . 
Huitième  lot  .  , 


cm' 

o , o48o 
o,o52i 
o,o538 
o , o566 
0,0681 
o,o65i 
0,0699 
0,0677 


Neuvième  lot les  sujets  ont  péri. 


Lychnis  dioïca. 

9  apùt  1900. 
Soleil. 

Température  :  21°. 
Durée  :  20  minutes. 

cm' 

Premier  lot 0,0122 

Deuxième  lot o ,  0266 

Troisième  lot. 0,0276 

Quatrième  lot o,o3i2 

Cinquième  lot 0,0^00 

Sixième  lot o ,  o45o 

Septième  lot 0,0461 

Huitième  lot 0,0467 

Neuvième  lot 0,0472 


))  Les  résultats  obtenus  pour  le  Sarrasin,  le  Ricin,  Bégonia  et  Ficus  Carica  ont  été 
à  peu  près  du  même  sens,  avec  cette  particularité  cependant  que,  pour  le  Ricin,  malgré 
le  renouvellement  fréquent  des  expériences,  les  sujets  des  quatre  premiers  lots  se  sont 
arrêtés  de  bonne  heure  dans  leur  développement  après  l'apparition  des  premières 
vraies  feuilles  ;  et  pour  le  Bégonia,  la  respiration  semble  l'avoir  remporté  sur  l'assimi- 
lation pour  les  boutures  des  trois  premiers  lots. 

»  Ces  chiffres  indiquent  nettement  une  assimilation  dont  l'intensité  est  d'autant 
plus  grande  que  la  proportion  de  nitrate  de  chaux  ajoutée  à  la  solution  mère  est  plus 
grande  et  ce,  jusqu'à  un  certain  point,  variable  suivant  l'espèce  étudiée  et  à  partir 
duquel  l'activité  de  cette  assimilation  se  maintient  à  peu  près  constante  pour  des  pro- 
portions plus  grandes  de  ce  sel. 

»  Il  semble  donc  résulter  tout  d'abord  que  la  chaux,  sous  forme  de  nitrate  et  tout 
au  moins  pour  les  plantes  étudiées,  est  nécessaire  dans  une  proportion  minima  (variable 
suivant  les  espèces)  au  bon  fonctionnement  physiologique  de  la  plante. 

»  L'étude  histologique  des  plantes  expérimentées  montre  que  les  cristaux  d'oxalate 
de  calcium  ne  font  leur  première  apparition  que  dans  les  feuilles  de  sujets  développés 
à  la  faveur  de  solution  nutritive  contenant  une  certaine  proportion  minima  {variable 
encore  suivant  l'espèce  étudiée)  de  nitrate  de  chaux. 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  igoS.  1 3o3 

»  Assez  rares  tout  d'abord,  ces  cristaux  deviennent  de  plus  en  plus  nombreux  à 
mesure  que  la  proportion  de  ce  sel  augmente. 

»  Par  exemple  chez  Lyclinis  Githago,  ce  n'est  que  dans  les  feuilles  des  sujets  du 
quatrième  lot  (os,o5  pour  100  de  nitrate  de  chaux)  qu'est  décelée  la  présence  de 
quelques  rares  cristaux.  Sans  être  abondants,  ces  cristaux  sont  plus  nombreux  dans  les 
feuilles  des  sujets  du  cinquième  lot,  et  tandis  que  l'intensité  du  phénomène  assimila- 
toire  demeure  à  peu  près  constant  dans  chacun  des  lots  suivants,  ces  cristaux  y 
deviennent  de  plus  en  plus  nombreux. 

»  Ces  expériences  et  ces  observations  permettent  les  conclusions  sui- 
vantes : 

))  La  chaux  (sous  forme  de  nitrate)  nécessaire  à  la  constitution  et  par 
suite  au  bon  fonctionnement  physiologique  de  la  plante,  est  entièrement 
assimilée  jusqu'à  une  certaine  proportion,  variable  avec  l'espèce  ;  au-dessus 
de  cette  proportion  elle  est  éliminée  sous  la  forme  de  cristaux  d'oxalate  de 
calcium,  comme  étant  inutile.  Il  semble  résulter  par  suite  que,  contraire- 
ment à  ce  que  pensent  certains  auteurs  tels  que  Bôhm,  Schimper  et  Groom, 
la  formation  de  Voxalale  de  chaux  aurait  pour  but  l'élimination  de  la  chaux 
superflue,  plutôt  que  l'élimination  de  l'acide  oxalique.  » 

PATHOLOGIE  VÉGÉTALE.  ~  Sur  la  Nielle  des  feuilles  de  tabac. 
Note  de  M.  H.  Bouygues,  présentée  par  M.   Gaston  Bonnier. 

«  Pendant  les  vacances  de  1903,  il  m'a  été  permis  de  me  rendre  compte 
de  l'importance  des  dégâts  que  la  Nielle  occasionne  dans  les  plantations  de 
tabac  de  la  vallée  du  Lot.  Cette  année  du  reste  a  été  particulièrement  favo- 
rable au  développement  de  la  maladie.  J'ai  visité  de  nombreux  champs  de 
tabac  appartenant  à  34  communes  des  cantons  de  Puy-l'Evèque,  Catus, 
Luzech,  Cahors,  etc.  Partout,  j'ai  trouvé,  à  des  degrés  différents,  il  est  vrai, 
mais  toujours  sensibles,  les  atteintes  du  mal.  Certains  champs,  et  ils  étaient 
les  plus  rares,  n'avaient  que  quelques  plants  atteints  par  la  maladie.  Pour 
d'autres,  et  c'était  la  majorité,  la  proportion  des  plants  malades  aux  plants 
sains  variait  de  I  à  4- 

«  Enfin,  pour  d'autres  champs,  le  nombre  des  plants  avariés  atteignait 
les  :j^  de  la  récolte. 

»  Ces  observations,  prises  un  peu  partout,  m'ont  permis  d'établir  la 
moyenne  approchée  des  pieds  contaminés  (^).  Elle  s'élève  pour  l'arrondis- 
sement de  Cahors  seul  aux  |  de  la  récolte  totale  de  1903. 


(*  )  Je  ne  dis  pas  détruits. 


1*^0 1  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

>)  La  perle  est,  de  ce  fait,  considérable.  En  effet  :  les  tabacs  niellés  sont 
classés  comme  tabacs  de  qualité  inférieure  ou  même  comme  tabacs  non 
marchands.  On  peut  dès  lors  juger  quel  a  été  le  degré  de  perte  subie  par 
bon  nombre  de  cultivateurs  en  cette  année  de  1903. 

»  C'est  à  la  suite  de  pareilles  constatations  que  j'ai  décidé  de  reprendre 
l'étude  de  cette  maladie,  dont  l'évolution  est  encore  mal  connue  et  dont 
la  nature  se  prête  à  des  opinions  différentes. 

»  La  Nielle  {'^)  ou  rouille  blanche  ou  maladie  mosaïque  [Blattfleckenkranklieil  (-) 
ou  Mosaïkkranklieit  (^)]  se  présente  sous  la  forme  de  macules  desséchées,  de  couleur 
blanc  jaunâtre  intéressant  les  deux  faces  du  limbe.  Ces  taches  peuvent  être  disséminées 
ou  rapprochées.  Dans  ce  cas  elles  s'unissent  entre  elles  et  dessinent,  sur  le  limbe,  une 
figure  dont  les  contours  sinueux  enclavent,  çà  et  là,  des  portions  du  parenchyme 
vert.  L'ensemble  rappelle  de  loin  une  mosaïque  ;  d'où  le  nom  de  Mosaïkkrankheit 
par  lequel  les  Allemands  désignent  cette  maladie. 

»  La  section  transverse  de  la  feuille,  quand  elle  traverse  une  macule,  montre  un 
aspect  biconcave  dû  à  un  amincissement  considérable.  Son  étude  anatomique  révèle 
l'affaissement  complet  des  cellules  épidermiques,  des  faces  du  limbe,  des  parenchymes 
palissadique  et  lacuneux  et  la  disparition  presque  totale  du  contenu  cellulaire.  De 
plus,  il  existe  autour  de  la  tache  un  périderrae  local  s'établissant  aux  dépens  des 
cellules  vivantes  voisines  des  tissus  mortifiés. 

»  Ce  périderme,  dont  les  éléments  cellulaires  sont  subéro-lignifîés,  délimite  le  con- 
tour de  la  macule,  c'est-à-dire  le  foyer  d'infection. 

»  L'évolution  de  la  maladie  mosaïque  débute  toujours  par  la  face  supérieure  du 
limbe.  Çà  et  là  la  coloration  verte  s'atténue  et  passe  au  jaune  verdàtre.  Ce  commence- 
ment de  chlorose  est  accompagné  du  flétrissement  et  de  l'affaissement  du  tissu  épider- 
mique  correspondant.  Il  en  résulte  la  formation  de  cupules  le  plus  souvent  puncli- 
formes.  Peu  à  peu  le  diamètre  de  ces  cupules  augmente,  ce  qui  leur  permet  de  se 
fusionner  si  elles  sont  nées  très  rapprochées;  leur  concavité  se  creuse  de  plus  en  plus 
par  suite  de  la  mortification  et  de  l'affaissement  progressifs  des  parenchymes  palissa- 
diques  et  lacuneux;  l'épiderme  de  la  face  inférieure  se  flétrit  et  s'affaisse  à  son  tour; 
enfin  la  dessiccation  des  tissus  mortifiés  se  produisant,  la  tache  apparaît  sous  la  forme 
d'une  macule  biconcave  de  couleur  blanc  jaunâtre.  Devenues  très  friables,  les  macules 
peuvent  être  emportées  par  le  vent,  ou  bien,  lors  de  la  récolte,  tomber  dans  le  séchoir, 
ou  se  détacher  du  limbe  au  moment  de  la  mise  en  manoque.  Les  feuilles  sont  alors 
criblées  de  perforations  nombreuses  qui  leur  enlèvent  toute  valeur  marchande. 


(^)  Ed.  Prillieux,  Maladies  des  plantes  agricoles,  t.  L 

(^)  W.  Beijerinck,  Ueber  eiii  Contagium  vivum  fluidum  als  Vrsache  der  Flecken- 
krankheil  der  Tabaksblàller  (  Verhandelingen  der  koninklijke  Akademie  van 
Wetenschappen  te  Amsterdam,  1898,  p.  i). 

(■^)  IwANOWSKi,  Ueber  die  Mosaïkkrankheit  der  Tabakspflanze  {Botanisches  Cen- 
tralblatt,  n°  42,  igoS,  p.  4o). 


SÉANCE  DL'  28  DÉCEMBRE  IQoS.  t3o5 

»  L'époqr.c  de  l'apparition  des  premiers  signes  distinctifs  de  la  Nielle 
n'est  pas  fixe.  La  période  de  manifestation  peut  s'étendre  depuis  le  moment 
où  les  plants  sont  encore  en  nourrice  sur  la  couche  chaude  et  ont  atteint 
en  hauteur  de  4*^""  à  G*^™,  jusqu'à  l'époque  de  la  véraison.  Toutefois  l'appa- 
rition des  premiers  symptômes  de  la  maladie,  un  mois  après  la  transplan- 
tation des  jeunes  plants,  est  le  cas  le  plus  fréquemment  réalisé.  Des  pluies 
fines,  même  très  légères,  favorisent  la  manifestation  de  la  maladie.  Des 
chaleurs  persistantes  enrayent,  au  contraire,  son  développement. 

»  L'infection  d'un  champ  de  tabac  formé  de  plants  provenant  d'un 
même  semis  peut  être  générale  ou  partielle  :  parfois  avec  de  grands  écarts. 
Dans  plusieurs  cas,  je  n'ai  trouvé  qu'un  seul  plant  absolument  sain  sur 
5oo  plants;  ailleurs,  au  contraire,  80  plantes  saines  contre  20  malades. 

»  Les  plants  de  tabac,  dépourvus  des  caractères  de  la  maladie  de  3o  à 
60  jours  après  l'époque  de  la  transplantation,  se  conservent  généralement 
indemnes  jusqu'à  la  livraison,  même  s'ils  sont  entourés  par  des  individus 
contaminés. 

»  Quant  à  la  nature  même  de  la  maladie,  les  recherches  personnelles 
auxquelles  je  me  suis  livré  à  ce  sujet  m'amènent  à  lui  attribuer,  avec 
MM.  Prillieux  (')  et  Iwanowski  (-),  une  origine  bactérienne  :  opinion 
opposée  à  celle  de  M.  Beijerinck  (^),  qui  attribue  la  maladie  à  l'existence 
d'un  Contagium  vivum  fluidum  à  l'intérieur  de  la  plante. 

»  Les  recherches  que  je  poursuis  me  font  espérer  qu'il  sera  possible  de 
lutter  avec  succès  contre  cette  maladie  redoutable  dont  les  dégâts  peuvent 
se  chiffrer  par  des  sommes  importantes  pour  les  planteurs  de  tabac.  » 


GÉOLOGIE.  —  Sur  le  glaciaire  de  la  Garonne.  Note  de  M.  L.-A.  Fabre, 
présentée  par  M.  de  Lapparent. 

«  Les  vallées  pyrénéennes  prémontagneuses  du  Job,  de  l'Ourse  et  de 
Nistos  s'orientent  presque  parallèlement  à  la  basse  vallée  montagneuse  de 
la  Garonne  qu'elles  avoisinent.  Elles  débouchent  non  loin  du  fleuve,  soit 
dans  la  haute  vallée  de  plaine,  soit  dans  la  Neste-Garonne.  Aucune  de  ces 
vallées  secondaires  ne  paraît  avoir  alimenté  de  glacier  propre.  Elles  sont 


(^)  Loc.  cit. 
(-)  Loc,  cil. 
(*)  Loc.  cit. 


l3ob  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cependant  encombrées  de  matériaux  glaciaires  et  flavio-glaciaires.  Les 
différences  que  présentent  ces  matériaux  aux  divers  points  de  vue  de  la 
pétrographie,  de  la  morphologie  et  de  la  distribution  topographique  con- 
duisent à  y  distinguer  deux  âges. 

»  Un  puissant  amas  fluvio-glaciaire  ancien,  formé  de  blocs  et  cailloutis  siliceux 
patines,  englobés  dans  des  argerènes  ocreuses,  s'étale  près  de  Malvésie,  en  aval  du  col 
qui,  par  Saint-Pé  d'Ardets,  fait  communiquer  la  haute  vallée  du  Job  avec  celle  de  la 
Garonne  :  le  glacier  plélstocène  garonnais  a  dispersé  ses  blocages  granitiques  jusqu'au 
voisinage  de  ce  col.  Plus  en  aval,  sur  le  massif  crétacé  qui  sépare  les  deux  vallées,  on 
trouve  des  lambeaux  du  deckenschotter  pyrénéen. 

»  Dans  la  vallée  moyenne  de  l'Ourse,  à  hauteur  de  la  large  coupure  qui,  par  Siradan, 
s'ouvre  dans  la  vallée  de  la  Garonne,  on  observe  une  moraine  fraîche  et  de  nombreux 
blocs  granitiques  :  ces  derniers  se  relient  à  l'aval  au  glaciaire  pléistocène  garonnais. 

»  Plus  à  l'ouest,  la  branche  orientale  de  la  vallée  de  Seich-Nistos,  qui  remonte 
jusqu'au  voisinage  de  celle  de  l'Ourse,  est  encombrée  par  un  véritable  complexe  gla- 
ciaire et  fluvio-glaciaire  ancien  ;  à  hauteur  de  Lombrès,  sa  masse  argilo-caillouteuse 
compacte  acquiert  un  profil  remarquablement  bombé.  De  part  et  d'autre,  le  débouché 
des  vallées  secondaires  de  Génerest  et  de  Nestier  est  pour  ainsi  dire  barré  par  le 
deckenschotter.  Au  milieu  des  alluvions  qui  bordent  la  rive  droite  de  la  Neste- 
Garonne,  les  calcaires  crétacés  dessinent  de  capricieux  persiliages.  Dans  leurs  ensel- 
lements  gisent  des  blocages  variés  :  granités  souvent  anguleux,  aux  faces  vives  et 
fraîches,  dans  des  gangues  sableuses;  quartzites,  grès  et  poudingues  siliceux,  patines, 
fréquemment  roulés,  sporadiquement  cantonnés  dans  les  zones  basses.  Certains  d'entre 
eux,  très  volumineux,  dépassent  ioo°''. 

»  Ces  matériaux  si  différents  ne  sauraient  provenir  d'une  même  glacia- 
tion montagneuse.  Les  plus  anciens  se  rattachent  naturellement  à  la  gla- 
ciation anté-pléistocène  qui  alimenta  le  deckenschotter  pyrénéen.  Des- 
cendu en  suivant  la  vallée  antécédente  de  la  Garonne,  l'ancien  glacier 
s'est  partiellement  déversé  par  des  cols  mitoyens,  dans  les  vallées  latérales 
du  Job,  de  l'Ourse  et  de  Nistos.  Le  glacier  pléistocène  n'a  utilisé  que  la 
coupure  de  Siradan  pour  se  canahs'er  dans  la  vallée  de  l'Ourse  :  il  a  remanié 
la  plus  grande  partie  des  vestiges  de  !a  glaciation  précédente.  Seuls  ont 
subsisté  latéralement  quelques  blocs  gigantesques  et  certains  autres,  défilés 
dans  les  basses  anses  rocheuses. 

»  Une  régression  marine  sensible  a  affecté  les  rivages  gascons  à  la  fin  du 
Miocène  ;  elle  a  pu  modifier  assez  les  conditions  géographiques  de  l'écran 
pyrénéen  pour  y  faire  naître  ou  y  développer  l'englaciation.  La  phase 
d'étalement  du  deckenschotter,  que  l'on  sait  être  postérieure  au  Miocène, 
peut  alors  se  rattacher  à  l'oscillation  positive  des  lignes  de  rivage  qui  a 
caractérisé  les  débuts  du  troisième  élage  méditerranéen  ou.  Pliocène  marin.  » 


SÉANCE    DU    28   DÉCEMBRE    igoS.  1807 


GÉOLOGIE.    —    Sur  les  racines  de  quelques  nappes  de  charriage  des  Alpes 
occidentales.  Note  de  M.  Ejiile  Haug,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

«  La  division  des  Alpes  du  Dauphiné  et  de  la  Savoie  en  zones,  proposée 
par  Charles  Lory  en  1866,  peut  être  appliquée,  avec  certaines  modifica- 
tions, d'ailleurs  radicales,  à  toute  l'étendue  des  Alpes  occidentales.  C'est 
ce  que  j'ai  essayé  de  faire  dans  un  article  publié  en  1896  et  dans  deux  Mé- 
moires, dont  certaines  conclusions  sont  aujourd'hui  assez  généralement 
adoptées.  Si,  pour  d'autres  points,  je  me  suis  trouvé  conduit  à  modifier 
ma  première  manière  de  voir,  c'est  que  je  n'avais  pas  tout  d'abord  tenu 
un  compte  suffisant  des  grands  phénomènes  de  charriage  dont  M.  Maurice 
Lugeon,  dans  une  récente  synthèse,  a  montré  le  rôle  tout  à  fait  prédomi- 
nant dans  la  tectonique  des  Alpes  suisses.  Je  vais  essayer,  dans  ces  lignes, 
d'exposer  sommairement  comment  je  conçois  aujourd'hui  les  relations  qui 
existent  entre  les  nappes  de  charriage  et  les  zones  tectoniques  où  doivent 
être  cherchées  leurs  racines.  Je  me  suis  arrêté,  pour  certains  points,  à  une 
interprétation  assez  différente  de  celle  de  plusieurs  de  mes  confrères. 

»  Je  ne  parlerai  ici  ni  des  «  Chaînes  subalpines  »,  ni  de  la  «  première  zone  alpine  » 
de  Lory,  car  les  nappes  de  charriage  qui  y  ont  été  signalées  sont  restées  en  continuité 
avec  leurs  racines;  il  ne  peut  donc  j  avoir  aucun  doute  sur  leur  origine. 

»  La  zone  des  Aiguilles  d'Arves  et  du  val  Ferret  («  deuxième  zone  alpine  »  de 
Lory)  est  très  resserrée  en  arrière  des  trois  massifs  cristallins  du  mont  Blanc,  du 
Pelvoux  et  du  Mercanlour;  elle  s'étale,  par  contre,  largement  dans  les  intervalles 
compris  entre  ces  massifs,  eL  son  bord  externe  est  une  des  plus  importantes  lignes  de 
contact  anormal  de  toutes  les  Alpes  occidentales,  ainsi  que  je  le  montrais  dès  1896. 
Entre  le  Mercantour  et  le  Pelvoux,  c'est-à-dire  dans  l'tJbaye  et  dans  l'Embrunais,  elle 
est  charriée  sur  la  première  zone.  Entre  le  l^elvoux  et  le  mont  Blanc,  elle  semble  éga- 
lement s'être  étendue  en  recouvrement  sur  tout'l'avanl-pays. 

»  En  effet,  nous  avons  pu  établir,  M.  Lugeon  et  moi,  que  le  massif  de  Sulens  se 
compose  d'au  moins  trois  nappes  superposées.  La  présence,  dans  la  nappe  moyenne, 
de  brèches  éocènes  identiques  à  celles  de  la  Tarantaise,  nous  a  conduits  à  chercher 
dans  la  zone  des  Aiguilles  d'Arves  la  racine  de  cette  nappe. 

»  C'est  surtout  au  nord  du  mont  Blanc  que  le  charriage  du  bord  externe  de  la  zone 
des  Aiguilles  d'Arves  vers  l'extérieur  de  la  chaîne  donne  lieu  à  d'intéressants  phéno- 
mènes de  recouvrement.  Ce  bord  externe  se  continue  sur  la  rive  droite  du  Rhône  par 
le  pli  de  la  Lizerne  et  des  DIablerets,  qui  est  couché  sur  une  très  grande  largeur,  de 
manière  à  s'étendre  par-dessus  les  jilis  de  la  Dent  de  Mordes  et  duMuveran,  par-dessus 
la  lame  de  Néocomien  à  Céphalopodes  et  même  par-dessus  la  zone  triasique  et  juras- 
sique de  Bex.  J'ai  développé  ces  conclusions  dès  1896,  et  M.   Maurice  Lugeon  les  a 


l3o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

adoptées  avec  de  légères  modifications.  J'en  ai  déduit,  déplus,  que  toutes  les  Alpes  cal- 
caires suisses,  ainsi  que  les  massifs  cristallins  de  l'Aar  et  du  Gothard,  ne  sont  autre 
chose  que  l'épanouissement  du  faisceau  des  Aiguilles  d'Arves  et  du  val  Ferret. 

»  M.  Lugeon  a  démontré  que  la  zone  interne  des  Préalpes  a  sa  racine  dans  ce  même 
faisceau,  sur  la  rive  droite  du  Rhône  valaisan,  et  ce  résultat  concorde  fort  bien  avec 
nos  anciennes  conclusions  relatives  à  la  racine  de  la  nappe  moyenne  de  Sulens,  qui 
correspond  exactement  à  cette  zone  interne.  La  nappe  inférieure  de  Sulens  est  carac- 
térisée parle  Néocomien  à  Céphalopodes  et  par  un  Malm  semblable  à  celui  des  hautes 
chaînes  calcaires  de  Savoie.  Il  est  évident  que  sa  racine  est  située  moins  loin  vers  l'in- 
térieur des  Alpes  que  celle  de  la  nappe  moyenne.  Elle  ne  peut  se  confondre  avec  l'une 
des  racines  droites  du  mont  Joli,  décrites  par  MM.  Bertrand  et  Rilter,  car  on  connaît 
les  nappes  auxquelles  ces  racines  ont  donné  naissance.  J'en  conclus  qu'elle  se  trouve 
dans  la  zone  immédiatement  suivante,  c'est-à-dire  dans  le  faisceau  du  mont  Blanc.  Sur 
la  rive  droite  du  Rhône,  la  nappe  inférieure  de  Sulens  a  son  équivalent  dans  la  lame 
de  Néocomien  à  Céphalopodes  de  Cheville,  qui,  privée  de  sa  racine,  s'intercale  entre 
le  faisceau  de  Mordes  et  le  pli  couché  des  Diablerets,  c'est-à-dire  entre  la  terminaison 
des  hautes  chaînes  de  Savoie  et  la  continuation  du  val  Ferret.  La  lame  de  Néocomien 
de  Cheville,  le  massif  amygdaloïde  du  mont  Blanc  et  la  racine  de  la  na2:)pe  inférieure 
de  Sulens  occupent  donc  rigoureusement  la  même  position  par  rapport  à  la  zone  des 
hautes  chaînes  de  Savoie,  au  nord-ouest,  et  par  rapport  à  la  zone  des  Aiguilles  d'Arves, 
au  sud-est. 

»  J'indiquerai  dans  une  prochaine  note  la  position  probable  des  racines 
correspondant  aux  nappes  supérieures,    » 


PÉTROGRAPHIE.  —  Contribution  à  r élude  des  roches  basaltiques 
de  l'Est- Africain.  Note  de  M.  H.  Arsandaux,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

«  Les  roches  basaltiques  ainsi  que  les  roches  alcalines  que  j'ai  étudiées 
dans  une  Note  précédente  (')  sont,  parmi  les  roches  éruptives,  celles  qui 
m'ont  paru  offrir  les  développements  les  plus  considérables  dans  les  pays 
Dankali  et  Issa-Somali,  ainsi  que  .sur  les  bords  des  plateaux  qui  limitent  ces 
territoires  au  sud  et  au  sud-ouest. 

))  Ces  basaltes  se  subdivisent  naturellement  en  deux  groupes  ;  l'un  d'eux 
est  constitué  par  des  roches  âpres  au  toucher,  très  faiblement  magnétiques, 
et  offrant  avec  constance  le  faciès  doléritique.  L'autre  groupe  comprend 
des  roches  compactes  magnétiques  en  général,  dans  lesquelles  l'olivine 
n'est  pas  constante  ;  ces  dernières  roches  sont  le  plus  souvent  microlitiques. 


(*)  Comptes  rendus,  23  novembre  igoS. 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE     IQo!^.  l3o() 

»  Les  roches  du  premier  groupe  sont  toujours  les  plus  récentes  des  séries  volcaniques 
auxquelles  elles  apjaarliennent;  je  ne  les  ai  rencontrées  que  dans  les  régions  basses  du 
pays.  Celles  du  second  groupe  existent  aussi  bien  sur  les  plateaux  que  dans  lesrégions 
basses  du  pays;  je  les  ai  trouvées  soit  à  la  surface,  soit  à  un  niveau  inférieur;  dans  le 
premier  cas,  j'ai  pu  constater  en  bien  des  endroits  qu'elles  reposaient  directement  sur 
des  calcaires,  des  grès  ('),  des  schistes  cristallins;  dans  le  second,  des  falaises  abruptes, 
des  canons,  des  failles,  me  les  ont  montrées  recouvertes  par  les  roches  alcalines  aux- 
quelles il  est  fait  allusion  plus  haut,  ou  bien  par  les  basaltes  doléritiques  dont  il  vient 
d'être  question. 

»  L'étude  des  lames  minces  montre  que  les  roches  du  premier  groupe  sont  à  peu 
près  holocristallines  et  constituées  par  des  groupements  ophitiques  de  feldspaths 
basiques  et  d'augite  associés  k  de  l'olivine  en  grains  bien  développés  et  abondants, 
ainsi  qu'à  de  la  magnétite  et  i\.  de  l'ilménite.  Ces  roches  sont  de  véritables  basaltes 
doléritiques,  elles  représentent  bien  un  terme  de  passage  des  basaltes  à  structure 
microlitique  aux  diabases  à  olivine.  Les  feldspaths  déterminés  par  leurs  extinctions 
répondent  en  moyenne  au  labrador  Ab"* An '%  leurs  termes  extrêmes  sont  le  labrador  Ab'An^ 
et  la  bytownite;  l'olivine,  limpide,  vert  clair,  renferme  fréquemment  en  assez  grande 
abondance  de  petits  octaèdres  de  picotite  jaune  de  miel,  ainsi  que  des  inclusions 
vitreuses. 

»  Les  roches  qui  constituent  le  second  groupe  sont  microlitiques  ou  ophitiques; 
dans  ce  dernier  cas,  ce  sont  les  plus  récentes  des  roches  volcaniques  auxquelles  elles 
sont  associées.  Les  minéraux  qui  les  constituent  sont  les  mêmes  que  ceux  des  dolé- 
rites;  cependant  les  microlites  feldspathiques  y  descendent  souvent  à  l'andésine,  et 
dans  un  cas  (basalte  à  anorthite  du  Gubbet-Karab),  les  phénocristaux  de  feldspath 
sont  constitués  par  de  l'anorthite,  et  atteignent  un  développement  assez  considérable. 
Ces  roches  comprennent  :  des  basaltes  francs,  des  labradorites,  des  labradorites  dolé- 
ritiques. Dans  les  types  porphyriques,  les  phénocristaux  feldspathiques  sont  quel- 
quefois zones,  parfois  ils  se  groupent  ophitiquement  avec  de  l'augite,  tout  eu  gardant 
les  uns  et  les  autres  des  formes  géométriques  nettes;  dans  ce  cas,  l'augite  montre  des 
traces  manifestes  d'actions  mécaniques  (cassures,  torsion,  extinctions  roulantes); 
l'olivine  se  présente  le  plus  souvent  en  très  petits  grains;  dans  les  basaltes  francs, 
elle  renferme  quelquefois  de  petits  octaèdres  de  picotite. 

»  Dans  ces  deux  grotipes  pétrographiques,  l'ilménite  'et  la  magnétite 
sont  abondantes,  cependant  il  est  à  remarquer  que  d'une  façon  général 
les  roches  de  la  côte  en  sont  notablement  moins  chargées  que  celles  de  l'in- 
térieur; dans  les  labradorites  doléritiques  en  particulier,  la  mai>nétite  en 
gros  octaèdres,  Tihiiénite  en  lames,  sont  moulées  ainsi  que  les  "microlites 
feldspathiques  par  l'augite  qui,  dans  ce  cas,  est  brune,  'violacée,  et  lé^^c- 
rement  polychroïque. 


e 


{')  Les  calcaires  sont  de  deux  âges,  ils  sont  vraisemblablement  les  uns  primaires, 
les  autres  jurassiques;  les  grès  qui  leur  sont  toujours  postérieurs  ne  renferment  jjas 
de  fossiles.  Je  me  propose  d'établir  ces  faits  ultérieurement. 

C.  R.,  1903.  '.0  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  26.)  17! 


l3lO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  J'ai  effeclué  les  analyses  en  bloc  de  ces  diverses  roches  (  ^  )  ;  en  voici  les  résultats  : 

a.  b.  c.  d.  e.  f.  g.  h.  i. 

SiO^ 46,6  48,7  48,9  46,3  49,8  49>3  49,2  46,2  5o,i 

Ti02 1,4         t,7         1,4  1,8  3,8        3,9        2,3  4,0  1,3 

A.1-0^ ■.  •  ■  •  18,8  i5,7  18,9  20,1  17,9  16,0  18,0  19,0  19,6 

Fe^O* 0,4        4,5        0,3  2,7  2,9        3,3         3,i  i,3  1,8 

FeO 9,1  12,5         9,0  10,0  11,5  II, I  8,9  i3,2  9,5 

CaO 10,6  10,1  12,2  9,3  7,1         8,6  8,8  7,7  7,1 

MgO 12,2         6,0        6,0  7,8  4,6         5,2  4,9  4,7  4,9 

K^O 0,2        0,5        0,3  0,7  0.8  0,6  0,7  0,7  1,2 

Na^O 2,1         3,3         3,0  2,9  3,2         2,9         2,7  2,7  3,i 

Perte  au  feu ... .         0,1  1,0         o,5  0,7  0,0  o,5         i,5  i,5  i,5 

101,5     101,0     100,5     101,6     101,6     101,4     100,1      101,0     100,1 

Densité 3, 00       3, 01       2,98       2,94       2,97       2,92       2,91       3, 01       2,87 

»  a,  b,  c,  roches  de  la  côte  ;  d,  f,/,  g,  Ji,  /',  j,  roches  de  l'intérieur. 

»  (pb)  -- pays  bas  ;(  P)  =  plateaux  ;  («?')=:=  niveau  inférieur;  ( /i  5)  :=r  niveau  supé- 
rieur. 

»  a.  Basalte  dolérilique.  Yabélé,  près  Djibouti  ;  b.  Labradorite,  Sommet  double 
(Ghissi),  près  Djibouti  ;  c.  Basalte  à  anorthite,  fond  du  Gubbet-Karab. 

»  d.  Basalte  doiéritique,  Ouarainalka  {p  b)  ]  e.  Labradorite,  Karakourkoura  (P./ii). 

»  y.  Labradorite,  Guildessa  {p  b)  ;  g.  Labradorite  doiéritique,  Karakourkoura 
{V.ns). 

»  h.  Labradorite  doiéritique,  Irna  (P.  ns)\  i.  Basalte.  Arto,  Djebel  Guemel  (/J  ^). 

))  y.  Labradorite,  Baldji  {pb.  n  i). 

»  L'interprétation  de  ces  résultais  conduit  à  admettre  pour  ces  roches 
une  composition  minéralogique  qui  concorde  avec  les  déterminations 
microscopiques,  notamment  en  ce  qui  concerne  la  nature  des  feldspaths, 
et  la  constatation  de  la  présence  ou  de  l'absence  de  l'olivine  (sauf  pour 
l'analyse  6). 

»  Au  point  de  vue  magmatique,  toutes  ces  roches  sont  caractérisées 
par  une  haute  teneur  en  alumine.  De  plus,  les  roches  de  l'intérieur  sont 
très  notablement  plus  riclies  en  TiO^  et  FeO^  que  celles  de  la  côte;  la  dif- 
férence qui  existe  entre  elles  est  encore  accusée  })ar  les  valeurs  du  para- 

mètre  magmatique  ^  ,^  ,  qui  font  rentrer  les  premières  dans  le  cinquième 


J- 

47 

,3 

3 

,4 

17 

,8 

4 

,2 

1 1 , 

,5 

7: 

,1 

4 

,5 

I 

il 

2, 

,8 

I , 

,6 

lOI 

,3 

2,93 

(')  Toutes  les  roches  dont  il  vient  dètre  question  sont  mélanocrates;  des  types 
beaucoup  plus  clairs,  des  basaltes  se  rapportant  à  mon  second  groupe,  se  rencontrent 
assez  avant  sur  le  plateau  Choa  ;  ce  sont  ces  basaltes  qui  recouvrent  superficiellement 
la  vaste  plaine  au  milieu  de  laquelle  se  trouve  Adis-Abeda. 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    igoS.  l3ll 

subrang  de  la  nouvelle  classification  américaine,  et  les  secondes  dans  le 
quatrième. 

M  L'application  à  mes  résultats  du  calcul  des  paramètres  établis  j  ar 
M.  Michel  Lévy  (')  permet  d'observer  la  même  scission  dans  mes  roche?, 
lorsque  l'on  considère  le  paramètre  C  défmi  i>ar  ce  savant;  cette  applica- 
tion montre  en  outre  que,  au  contraire  de  ce  que  l'on  eût  pu  supposer  en 
raison  de  l'important  développement  des  roches  alcalines  dans  les  régions 
envisagées,  notre  série  basique,  dont  le  paramètre  moyen  de  fumerolle  est 
élevé  (9  =  3,46),  diffère  nettement  de  la  série  alcaline  et  basique  qui  ren- 
ferme des  roches  telles  que  les  néphéiinites  et  les  téphrites. 

))  D'après  ce  qui  précède,  les  roches  qui  font  l'objet  de  cette  étude  sont 
donc  susceptibles  d'une  distinction  magmatique  en  relation  avec  la  posi- 
tion géographique  de  leurs  gisements;  elle  s'accompagne  de  variétés  struc- 
turelles qui,  elles,  ne  dépendent  que  des  conditions  de  consolidation.  » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  les  lacs  de  la  haute  Eiigadine. 
Note  de  M.  André  Delebecque,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

«  Il  est  à  remarquer  que,  dans  les  montagnes,  les  longues  dépressions 
formant  col  entre  deux  vallées  sont  presque  toujours  occupées  par  une 
série  de  lacs  ayant  sensiblement  le  même  niveau.  Le  phénomène  est  parti- 
culièrement frappant  aux  Sept-Eaux,  à  la  Bernina,  à  la  Maloja. 

M  Je  voudrais  dire  quelques  mots  sur  les  lacs  de  ce  dernier  passage,  que 
j'ai  visités  pendant  l'été  de  1908. 

»  Ces  lacs,  au  nombre  de  quatre,  sont,  en  descendant  le  cours  de  l'Inn 
à  partir  de  la  Maloja,  ceux  de  Sils,  de  Silvaplana,  de  Campfer  et  de  Saint- 
Moriz.  Le  lac  de  Saint-Moriz  paraît  être  entouré  d'une  ceinture  continue 
de  roche  en  place;  mais  l'opinion  courante,  et  à  laquelle  le  professeur 
Heim  (^)  a  prêté  l'appui  de  sa  grande  autorité,  est  que  les  trois  autres  sont 
dus  au  barrage  du  cours  de  l'Inn  par  des  affluents  latéraux,  l'Ova  da  Fex 
pour  le  lac  de  Sils,  l'Ova  del  Vallun  pour  le  lac  de  Silvaplana,  la  Suvretta 
da  Saint-Moriz  pour  le  lac  de  Campfer  (^). 


(')  Michel  Lévy,  Contribution  à  l'étude  des  magmas  chimiques,  etc.  Paramètres 
magmatiques  [Bulletin  des  Serçices  de  la  Carte  géologique  de  France,  t.  XV,  1908- 
1904,  n°  96). 

(-)  A.  Heim,  Die  Seen  des  Oberengadin  {Schweiz-Âlpenclub). 

(*)  Voir  la  carte  suisse  Oberengadin  au  ^yJ-^-û  ^^  ^^  carte  géologique  suisse  au  î-ûo'ôitïïi 
feuille  20  (Sondrio-Bormio). 


loi  2  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  D'apiès  ce  savant,  la  masse  d'eau  de  l'Inn,  dont  le  cours  supérieur  a 
été  l'objet  d'une  capture  importante  de  la  part  de  la  rivière  Maira  affluent 
du  lac  de  Corne,  n'a  plus  eu  la  force  de  repousser  les  dépôts  de  ces  affluents, 
derrière  lesquels  se  sont  formés  les  trois  lacs  dont  nous  nous  occupons.  Ces 
trois  lacs  sont  d'ailleurs  sensiblement  au  môme  niveau,  1800™,  1794™  et 
1794™  et  leurs  profondeurs  respectives  sont,  d'après  les  sondages  très  pré- 
cis des  ingénieurs  fédéraux,  71"",  77™  et  34'". 

»  Cette  interprétation  me  paraît  devoir  être  modifiée  après  un  examen 
attentif  des  lieux.  Outre  que  la  profondeur  de  77™  du  lac  de  Silvaplana 
nous  obligerait  à  attribuer  une  hauteur  au  moins  égale  au  cône  de  déjec- 
tion (ie  la  rivière  Ova  del  Vallun,  ce  qui  est  assez  invraisemblable,  il  est 
facile  de  reconnaître  que,  si  l'on  fait  abstraction  des  cônes  de  déjection 
des  trois  torrents  en  question,  on  se  trouve  en  présence  d'une  nappe  d'eau 
continue  s'étendant  depuis  la  Malaja  jusqu'au  barrage  qui  sépare  les  lacs 
de  Campfer  et  de  Saint-Moriz.  Et  les  torrents  latéraux,  bien  loin  de  con- 
tribuer à  la  formation  des  lacs,  ont  simplement  comblé  en  partie  par  leurs 
cônes  (le  déjection  une  nappe  d'eau  déjà  existante,  tout  comme  le  torrent 
issu  du  Val  Fedo  est  en  train  de  combler  le  lac  de  Sils;  ils  ont  divisé  en 
trois  le  bassin  primitivement  unique. 

»  L'ancien  lac,  qui  s'étendait  depuis  la  Maloja  jusqu'au  barrage  de 
Campfer,  avait  une  longueur  d'environ  12'™,  ce  qui  est  digne  de  remarque. 
Les  lacs  de  haute  montagne  sont  en  effet  souvent  très  profonds,  mais  leurs 
dimensions  horizontales  sont  en  général  très  restreintes.  Ainsi  le  lac  Lanoux, 
le  lac  le  plus  étendu  des  Pyrénées  et  l'un  des  lacs  de  haute  montagne  les 
plus  considérables,  n'a,  à  l'aUiLude  de  21 54™,  qu'une  longueur  de  2'^'",  5 
avec  une  surface  de  84*"^  et  une  profondeur  de  54". 

»  Cet  important  bassin  paraît  être  tout  entier  dans  la  roche  en  place. 
Toutefois,  ni  à  l'amont  du  côté  de  la  Maloja,  ni  à  l'aval  du  côté  de  Campfer 
et  de  Saint-Moriz,  je  n'ai  pu  suivre  une  ceinture  rocheuse  absolument  con- 
tinue, et,  bien  que  cela  paraisse  peu  vraisemblable,  il  n'est  pas  absolument 
impossible  que  l'écoulement  de  la  vallée  primitive  se  soit  fait  par  des  gorges 
étroites,  actuellement  comblées  par  des  dépôts  morainiques,  qui  seraient 
alors  la  cause  de  la  formation  du  bassin  lacustre  ('). 

»  Dans  le  cas  très  probable  oii  la  cavité  du  lac  Maloja-Campfer  est  un 
bassin  entièrement  rocheux,  je  ne  crois  pas,  pour  bien  des  raisons  que  j'ai 
exposées  tout  au  long  dans  mon  Livre  sur  les   Lacs  français,  qu'il  faille 

(')  Tel  est  peiil-êU^e  le  cas  de  certains  lacs  du  Cumberland  et  du  Westmoreiand, 
comme  l'ii  fait  remarquer  le  professeur  J.-E.  Marr,  de  Cambridge. 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    J903.  •  i3i3 

l'attribuer  à  des  mouvements  tectoniques;  d'autre  part,  les  roches  cristal- 
lines et  cristallophyliennes  qui  constituent  les  barrages  de  Campfer  et  de 
la  Maloja  étant  en  général  peu  fissurées,  il  semble  difficile  de  faire  inter- 
venir l'érosion  aqueuse.  L'excavation  par  les  glaciers  me  paraîtrait  être  le 
facteur  le  plus  vraisemblable.    » 


ÉCONOMIE  RURALE.  —  Sur  la  relation  qui  existe  entre  la  proportion  de  gluten 
contenu  dans  les  différents  blés  et  la  proportion  des  matières  azotées  totales. 
Note  de  M.  E.  Fleurent,  présentée  par  M.  Schlœsing. 

«  Dans  deux  Communications  faites  à  l'Académie  en  1897  ('),  Aimé 
Girard  insistait  sur  la  nécessité  de  modifier  les  anciennes  méthodes 
d'analyse  des  blés  et  sur  les  services  que  pouvait  rendre,  à  l'agri- 
culture et  à  la  meunerie,  l'application  d'un  système  nouveau,  mettant  en 
évidence  les  résultats  qui  caractérisent  la  valeur  individuelle  des  produits 
destinés  à  être  transformés  en  farine  panifiable.  C'est  que,  à  cette  époque 
déjà,  l'attention  des  intéressés  était  attirée  par  les  conséquences  de  la 
diminution  progressive  du  gluten  des  blés  de  grande  culture,  diminution 
telle  que,  sur  le  marché  de  Paris,  la  richesse  moyenne  des  farines  avait 
passé  de  10,10  en  1871,  à  7,80  en  1893,  soit  une  perte  de  2,3  pour  100. 
Dans  un  travail  publié  au  Bulletin  n°  6,  année  1899,  du  Ministère  de  V Agri- 
culture'] ai  montré  qu'il  fallait  rechercher  cette  diminution  dans  le  rempla- 
cement, irraisonné  et  de  plus  en  plus  grand,  des  vieux  blés  français  par  les 
variétés  à  grand  rendement  d'importation  étrangère;  de  plus,  dans  une 
étude  présentée  en  1900  au  Congrès  international  de  la  Meunerie,  j'ai 
prouvé  que,  dans  le  même  ordre  d'idées,  les  critiques  faites  contre  le 
système  de  la  mouture  moderne  étaient  sans  fondement. 

»  Cependant,  si,  depuis  quelques  années,  les  méthodes  rationnelles 
d'analyse  ont  pénétré  peu  à  peu  dans  le  contrôle  des  moulins,  elles  sont 
restées  à  peu  près  lettre  morte  pour  l'agriculture;  il  s'ensuit  que  la  valeur 
industrielle  des  blés  a  continué  à  baisser  de  telle  façon  que  les  grains 
donnant  des  farines  à  6,5-7  P°^^  ^^^  de  gluten  sont,  à  l'heure  actuelle, 
couramment  offerts  aux  meuniers  qui,  bien  entendu,  ne  peuvent  les  payer 
au  prix  correspondant  à  celui  des  blés  plus  riches  que  la  boulangerie  leur 
réclame.  On  aura  une  idée  de  l'importance  qu'a  prise  la  culture  de  ces  blés 

(')   Comptes  rendus,  t.  CXXIV,  1897,  P-  ^7^  ^^  926. 


l3l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

inférieurs  en  lisant  le  Rapport  que  vient  de  publier  M.  Vuaflart,  Directeur 
de  la  Station  agronomique  du  Pas-de-Calais,  Rapport  qui  montre  que,  sur 
29  variétés  de  la  grande  culture  du  Nord,  11  seulement  peuvent  être 
réputées  comme  bonnes,  5  sont  douteuses  et  i3  sont  reconnues  mauvaises, 
les  farines  qu'elles  produisent  contenant  6  à  7  pour  100  de  gluten  seule- 
ment. La  situation  critique  à  laquelle  conduira  à  bref  délai  la  continuation 
de  cet  état  de  choses  n'est  d'ailleurs  plus  niée  par  personne  et  la  Société 
des  agriculteurs  de  France  vient  de  se  joindre  à  l'Association  nationale  de 
la  meunerie  française  pour  nommer  une  Commission  chargée  d'étudier  les 
moyens  d'y  porter  remède. 

»  La  question  étant  ainsi  posée,  il  me  paraît  utile  déportera  la  connais- 
sance de  l'Académie  quelques  observations  générales  recueillies  au  cours 
des  études  que  je  poursuis  depuis  huit  années  sur  la  composition  en  matières 
azotées  des  blés  français  et  étrangers. 

»  Lorsqu'on  examine,  clans  les  publications  anciennes  et  modernes,  les  textes  relatifs 
à  la  composition  des  blés,  on  est  frappé  de  ce  fait  que  les  matières  azotées  y  sont  tou- 
jours calculées  en  bloc  d'après  le  dosage  de  l'azote  total  et  que  c'est  ce  dosage  qui 
dirige  la  classification.  Souvent  même,  par  une  interprétation  absolument  erronée, 
c'est  ce  total  des  matières  azotées  qu'on  exprime  sous  le  nom  de  gluten. 

»  On  s'exposerait  à  de  cruels  mécomptes  en  continuant  à  baser,  sur  cette  méthode, 

la  recherche  des  meilleurs  blés  à  cultiver.  En  effet,  en  dehors  des  cas  que  je  citerai 

plus  loin,  la  loi  qui  tend  à  admettre  que  la  quantité  de  gluten  contenu  dans  le  grain 

de  blé  est  proportionnelle  à  la  quantité  totale  des  matières  azotées  ou  autrement  dit 

o-j  uten 

que  le  rapport r^ -, —  est  un  chiffre  constant  comporte  de  nombreuses  excep- 

^  '^^         matières  azotées 

lions.  Le  Tableau  suivant,  qui  donne  la  composition  de  ij  blés  choisis  parmi  ceux  que 

j'ai  analysés  depuis  l'année  iSgS,  donne  une  idée  des  erreurs  qu'on  peut  commettre  en 

adoptant  la  valeur  absolue  de  cette  règle.  Ce  Tableau  se  rapporte  à  des  blés  de  grande 

culture,  choisis  parmi  les  variétés  anciennes  et  nouvelles,  de  manière  à  représenter 

l'image  fidèle  des  produits  offerts  actuellement  à  l'industrie  meunière. 

Rapport  Classification 

Blé  entier.  du  ayant  pour  base  ; 

Matières  aux  Matières 

azotées  matières  azotées 

Variétés.  totales.  Gluten.         azotées.  totales.  Gluten. 

pour  100  pour  100 

Pel  elDer  (1895) i3,o5  8,66  0,66  i^-"  rang  3«rang. 

Nouette  de  Lausanne  (1901). .  .  i3,oo  7?  10  0,54  2<=       »  9*=       » 

Bordeaux  (1896) 12,92  8,92  0,69  3"        »  2"        » 

Dattel  (1901) 12,28  8,3o  0,67  4"^       »  5«       » 

Pel  et  Der  (1902) 12, aS  9,4»  0,77  5=       »  i'^''      » 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  igoS.  l3l5 

Rapport  Classification 

Blé  entier.  du  ayant  pour  base  : 

Maticrcs  aux  Matières 

azotées  matières  azotées 

^'''"'"^'*^'^-  totales.  Gluten.         azotées.  totales.  Gluten. 

pour  100  pour  100 

Bordeaux  (1902) i.^go  8,5o  0,71            6"  rang  40,.^^ 

Mouton(i896) 11,39  8,1,  0,71           70  >,  6«  ,) 

Roux  (Gharente-Iofér.)  (1895).  11,27  6,53  o,58            8«  ,,  ije  „ 

^^"^1(^902) ,0,20  7,4o  0,72           9e  >,  7e  « 

Des  Landes  (1895) 10,16  6,o5  0,69  io«  »  i3«  » 

Blanc  (Gharente-Infér.)  (1895).  9,98  6,76  0,68  ne  „  loe  „ 

Blanc  de  Bergues  (1895) 9,86  5,91  0,60  la»  ,,  ,4e  „ 

DeLouesmes(i896) 9,74  7,20  0,74  iS^  „  8^  » 

Goldendrop(i9oi) 9,70  5,90  0,60  14e  «  15e  „ 

Gris  deSaint-Laud(.9oo)....  9,89  6,4o  0,68  iS''  »  ,2-  » 

Victoria  roux  (1900) 8,70  5, 80  6,66  i6«  »  i6«  » 

Stand'up(,895) 7,89  5,65  0,72  17e  >,  i„e  „ 

»  Ge  Tableau  montre  en  outre  :  1°  que  des  blés  qui  contiennent  une  même  quantité 
de  matières  azotées  totales  peuvent  avoir  une  teneur  en  gluten  différant  de  i  3 
à  1,82  pour  100;  '2^  inversement  que  des  blés  contenantla  même  proportion  de  gluten 
peuvent  avoir  une  richesse  en  matières  azotées  différant  de  0,4  à  8,26  pour  100. 

»  Gette  variation  est  due,  pour  la  plus  grande  partie,  à  la  différence  entre  les  pro- 
portions d'enveloppes  et  de  germe  contenus  dans  les  diverses  variétés,  différence  qui 
peut  atteindre  6  pour  100  du  poids  total.  Elle  s'atténue  lorsque  les  blés  présentent 
une  richesse  supérieure  à  10  pour  100  de  gluten,  ainsi  qu'on  peut  le  voir  en  exami- 
nant la  composition  des  blés  tendres  russes  et  des  blés  durs,  pour  lesquels  la  classifi- 
cation suit  assez  rigoureusement  la  richesse  en  azote  total. 

.)  Le  Tableau  }3récédent,  qui  se  rapporte  à  des  blés  dont  la  culUire  est 
considérée  comme  rémtinératrice,  montre  (et  l'éttide  faite  par  M.  Vua- 
flart  conduit  à  des  conclusions  identiques)  que  la  richesse  en  gluten  n'est 
pas  incompatible  avec  le  rendement,  et  qu'elle  est  surtout  une  question  de 
variété. 

»  Mais  la  meilleure  conclusion  que  l'on  puisse  en  tirer,  c'est  que,  pour 
la  recherche  des  blés  destinés  à  donner  satisfaction  à  la  fois  à  la  boulan- 
gerie et  à  l'agriculture,  le  dosage  de  l'azote  total  est  insuffisant  ;  il  doit  être 
remplacé  par  le  dosage  du  gluten,  sur  lequel  repose  la  valeur  industrielle 
des  produits  allant  à  la  mouture.  Dans  une  prochaine  Communication,  je 
montrerai,  d'ailleurs,  qu'en  se  plaçant  dans  des  conditions  bien  déter- 
minées, ce  dosage  conduit  toujours  à  des  résultats  concordants.  » 


l3l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

M.  Fréd.  RiEsz  adresse  mic  Note  ayant  pour  litre  :  «  Théorème  relatif 
aux  corrélations  ». 

M.  T.  Lemoyne  adresse  une  Note  «  Sur  quelques  propriétés  des  cubiques 
nodales  ». 

M.  Marcei.lix  Recoupé  adresse  une  «  Note  relative  à  des  mesures  ther- 
mométriques aux  gelées  du  printemps  ». 

A  5  heures  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie. 

M.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


OUVBAGES    REÇUS    DANS    LA    SÉANCE    DU    ^3    NOVEMBRE     IQoS. 

(Suite.) 

Report  of  the  meteorological  Service  of  Canada,  by  R.-F.  Stupart,  Director,  for 
the  year  endecl  decejyiber  ?)i,  1901.  Ottawa,  1908;  i  vol.  in-^". 

Royal  Society.  Reports  of  the  sleeping  sickiiess  Commission  ;  i\°^  II-IV. 
Londres,  1908;  3  fasc.  in-8°. 

The  astronomical  and  astrophysical  Society  of  America:  1^,  3*^  and  4''^  meetings 
1900-1902.  3  fasc.  in-8<*. 

Zeitschrift  des  Mdhrischen  Landesniuseums,  herausgegeb.  v.  der  Mâhrischen 
Museumsgesellschaft  (deuische  Sektion);  Bd.  III,  Hefte  1,  2.  Brunn,  1908;  2  fasc. 
in-8°. 

Casopis  Moravskébo  Murea  Zemskébo  :  R.  III,  G.  1,  2.  Brunn,  1908;  2  fasc.  )n-8°. 

Atti  délia  Fondazione  scientifica  Cagnola;  Vol.  XVIII,  [899-1908.  Milan,  1908; 
I  fasc.  in-S". 

Annali  deW  Ufficio  centrale  meteorologico  e  geodinamico  italiano ;  Série  II: 
Vol.  XIII,  parte  I,   189»  ;    Vol.  XVIII,  parte  I,  1896.  Ronae,  1901-1902;  2  vol.  \n-[\°. 

Memorie  delta  Regia  Academia  di  Scienze,  Lettere  ed  Àrti  in  Modena ;  Ser.  III, 
Vol.  IV.  Modène,  1902;  i  vol.  in-zi". 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    IQoS.  i3ir. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  3o  novemrre   igoS. 

Lavoisier.  sua  vita  e  sue  opère,  del  D"-  Icilio  Guareschi.  {Storia  délia  Chimica, 
t.  m.)  (Extrait  de  Suppl.  Ann.  di  Chimica,  1902-1903,  vol.  XIX.)  Turin,  1908; 
I  vol.  in-4°.  (Présenté  par  M.  Berthelot.  Hommage  de  l'auteur.) 

Poisons  et  sortilèges;  1^  série  :  Les  Médicis,  les  Bourbons,  la  Science  au 
xx«  siècle,  par  MM.  Cabanes  et  L.  Nass.  Paris,  Plon-Nourrit  et  G'«,  1908  ;  i  vol.  in-12. 
(Présenté  par  M.  Berlhelot  pour  le  concours  du  prix.  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie.) 

Production  électrique  des  rayons  chimiques  pour  les  applications  médicales,  par 
le  D'  Stéphane  Leduc.  (Extrait  des  Annales  d'Electrobiologie,  mars-avril  1901.) 
Paris,  Félix  Alcan,  1901  ;  i  fasc.  in-8°. 

Mesure  et  développement  de  l'audition  chez  les  Sourds-Muets,  expériences  faites 
à  Bourg-la-Reine  sous  le  contrôle  de  M.  le  professeur  Gariel,  par  R.  Marage.  Paris, 
Masson  et  C'"  (igoS)  ;  i  fasc.  in-4°. 

Locomotion  aérienne  pratique  et  rationnelle,  par  J"»  Valeton.  Paris,  irap.  Mounier, 
Jeanbin  et  C'*,  igoS. 

Concours  général  des  Lycées  et  Collèges  du  département  de  la  Seine  et  de  Ver- 
sailles :  Distribution  des  prix,  année  igoS.  Paris,  Delalain  frères,  igo3;  i  fasc. 
in-4°. 

Instituto  medico  Virgilio  Machado.  Lisbonne,  igoS;  i  fasc.  in-4°.  (Hommage  de 
M.  le  Professeur  Virgilio  Machado.) 

Metodo  grafico  per  la  determinazione  del  tempo  coW  eliocronometro  Faccin, 
del  Prof.  Francesco  Faccin.  Pavie,  igoS;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

L' eliocronometro  Faccin,  Nota  del  Prof.  F.  Faccin.  Pavie,  igoS. 

Zur  Météorologie  des  Aequators,  nach  den  Beobachtungen  am  Muséum  Goeldi 
in  Para,  von  J.  Hann.  Vienne,  igo2;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  M.  le  Prof.  Emil-A. 
Goeldi,  Directeur  du  Musée.) 

Géométrie  nouvelle,  par  Th.  Klimentok.  (En  langue  russe.)  Kharkof,  igoS;  1  fasc. 
in-8°. 

The  world  is  idea,  hy  Herman  Gasser.  Chicago,  igoS;  i  fasc.  in-12. 

Catalogue  of  polish  scientijic  literature;  T.  IH,  n«  1,  igoS.  Cracovie,  igoS;  1  fasc. 
in-8°. 

Transactions  of  the  clinical  Society  of  London;  vol.  XXXVL  Londres,  Longmans 
Green  et  C'%  igoS  ;  i  vol.  in-8°. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  7  décembre   igoS. 

Preuves  de  l'antique  stabilité  des  côtes  de  Gascogne,  par  B.  Saint-Jours.  Bordeaux, 
imp.  G.  Gounouilhou,  igoS;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

L''Adour  et  ses  embouchures  anciennes,  par  B.  Saint-Jours.  Dax,  H.  Labèque, 
igoS;  I  fasc.  in-S".  (Hommage  de  l'auteur.) 

Poissons  des  cotes  d'Espagne  et  de  Portugal  {Océan  Atlantique)^  par  Adolphe 
Gligny;  P^  Partie.  Boulogne-sur-Mer,  igoS;  i  fasc.  in-4°. 

C.  R.,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CX.X.VV1I,   N"  26.)  I72 


l3l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Annales  de  la  Société  d'émulation  du  département  des  Vosges  ;  79*  année,  igoS. 
Paris,  Epinal;  i  vol.  in-8°. 


Prof.  D^  Th.  Bredichin's  «  Mechanische  Untersuchun gen  iiber  Com.etenform.en\>, 
in  svstematischer  Darstellung,  von  R.  Jàbcermann  ;  mil  fûnfzehn  Tafeln.  Saint-Péters- 
bourg, 1908;  I  vol.  in-4°. 

The  semidiiirnal  tides  in  the  northern  part  of  the  Indian  Océan,  by  R.-A.  Hahris., 
(Extrait  de  Monthly  Weather  Review,  mars  igoS.)  i  fasc.  in-4°. 

A nnual  Report  of  the  Smithsonian  Institution^  1901,  U.  S.  national  Muséum.. 
Washington,  igoS;  i  vol.  in-8°. 

Nineteenth  anniial  Report  of  the  «  Bureau  of  Animal  Industrie  »;  U.  S.  Dépar- 
tement of  Agriculture.  Washington,  igoS;  i   vol.  in-8°. 

Annals  of  the  New-York  Academy  of  Sciences,  vol.  XV,  part  I.  Lancaster 
Pa.,  igoS;  I  vol.  in-8°. 

Organization  of  the  New-York  Akademy  of  Sciences.  {Annals  of  the  New-York 
Academy  of  Sciences,  vol.  XV,  part  I,  p.  log-iSa.) 

California  Academy  of  Sciences,  Proceedings,  S""**  séries:  Zoology,  vol.  III,  n°5,  6; 
Botany,  vol.  II,  n°lO;  Geology,vo\.\\.,  n°  1  ;  7)/afA.-/*/?j5.,  vol.  I,  n°  8.  San-Francisco, 
igo2-igo3;  5  fasc.  in-8°. 

Memoirs  of  the  California  Academy  of  Sciences,  vol.  III:  The  Paleontology  and 
Stratigraphy  of  the  marine  pliocène  and  pleistocene  of  San  Pedro,  California, 
by  Ralph  Arnold.  San-Francisco,  igoS;  i  vol.  in-4°. 

The  Journal  of  the  British  Astronomical  Association,  vol.  XIV,  n°  1.  Londres, 
igoS  ;  I  fasc.  in-8°. 

Publications  of  the  Lick  Observatory,  vol.  VI.  Sacramento,  ïgo3;  i  vol.  in-4°. 

Publications  of  the  Yerkes  Observatory,  vol.  III.  part  1.  :  The  Rumford  spectro- 
heliograph  of  the  Yerkes  Observatory,  by  Geohge  E.  Hale  and  F.  Ellerman.  Chicago, 
igo3  ;  I  fasc.  in-4°. 

Report  of  the  Director  of  the  Yerkes  Observatory,  for  the  period  july  i,  J8gg  to 
june  3o,  igoa.  Chicago,  s.  d.  ;  i  fasc.  in-8°. 

Anales  del  Inslituto  y  Observatorio  marina  de  S  an- Fernando  ;  SQCcion  2^:  Obser- 
vaciones  meteorologicas y  seismicas,  and  igoi.  San-Fernando,  igoa;  i  fasc.  in-f°. 

Anales  del  Maseo  nacional  de  Montevideo]  T.  V:  Flora  Urugnaya,  autor: 
J.  Arkchavaleti  ;  t.  II,  pp.  i-xi,vin  + 1-160.  Montevideo,  igo3;  i  fasc.  in-4°. 

La  Naiuraleza,  periodico  cientifico  de  la  Sociedad  mexicana  de  Hisloria  natural, 
pub.  bajo  la  dir.  del  S^  D'  Manuel  M.  Villada;  2*  série,  t.  III,  n°  5-10.  Mexico, 
igoo-igo3;  3  fasc.  in-4°. 

Estadistica  Ganalera  de  la  Republica  mexicana,  publicada  por  la  Direccion 
gênerai  de  Estadistica,  a  cargo  del  D""  Antonio  Penafiel,  igo2.  Mexico,  igo3;  i  fasc. 
in-4°  oblong. 

Assiniboia,  Saskatchewan,  Alberta,  Lake  Louise,  Banff.  Ottawa,  1900  ;  3  feuilles 
petit-colombier  et  2  feuilles  double-raisin.  (Cartes  adressées  par  le  Department  of 
the  Interior  du  Canada.  ) 


SÉANCE    DU   28   DÉCEMBRE    igo3.  iSig 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du   i4  décembre  1908. 

Annuaire  pour  l'an  1904,  publié  par  le  Bureau  des  Longitudes^  avec  des  Notices 
scientifiques.  Paris,  Gauthier- Villars;  i  vol.  in-i8.  (Présenté  par  M.  Janssen.) 

Diagrammes  et  surfaces  thermodynamiques,  par  J.-W.  Gibbs;  traduction  de 
M.  G,  Roy,  avec  une  InlroHuction  de  M.  B.  Brunhes.  (Série  physico  mathématique, 
Sciencia,  n°  "22.)  Paris,  G.  Naud,  1908;  i  fasc.  in-S".  (Présenté  par  M.  Poincaré.) 

Physique  du  Globe  et  Météorologie,  par  Alphonse  Berget.  Paris,  C.  Naud,  1904; 
I  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  de  Lapparent.  ) 

Détermination  des  points  de  transformations  allotropiques  du  fer  et  de  ses  al- 
liages par  la  mesure  des  variations  de  la  résistance  électrique  en  fonction  de  la  tem- 
pérature, par  O.  Boudouard.  Paris,  Ph.  Renouard,  1908;  i  fasc,  in-4''. 

Les  Canards  considérés  à  l'état  sauvage  et  comme  Oiseaux  d'agrément  et  de 
domesticité  ;  l'élevage  des  jeunes  Canards,  par  Gabriel  Rogeron.  Paris,  J.-B. 
Baillière  et  fils,  1908;  i  vol  in-8°.  (Présenté  par  M.  E.  Perrier.  ) 

Société  de  secours  des  Amis  des  Sciences.  Compte  rendu  du  quarante-sixième 
exercice;  4o®  séance  publique  annuelle  tenue  le  \(^juin  1908  dans  l'amphithéâtre 
Richelieu,  à  la  Sorbonne.  Paris,  Gauthier-Villars,  1908;  i  vol.  in-8°. 

Mémoires  de  la  Société  d' Agriculture,  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts  d'Orléans; 
5"  série,  t.  III,  n°  1,  i^""  semestre  1908.  Orléans,  imp.  Goût  et  G'«,  1908;  i  fasc.  in-8°. 


Bulletin  mensuel  de  l'Observatoire  central  de  Belgrade;  année  1902,  vol.  I;  par 
Milan  Nedelkoyitch,  Directeur  de  l'Observatoire.  Belgrade,  Imprimerie  royale,  1908; 
I  vol.  in-4".  (Présenté  par  M.  Lœwy.  ) 

Grand  Atlas  universel  de  Marks,  dressé  par  E.-J.  Pétri  et  J.-M.  Shokolski;  1''®  li- 
vraison. Saint-Pétersbourg,  Marks,  1904;  i  fasc.  in-folio.  (En  langue  russe.)  (Pré- 
senté par  M.  A.  Grandidier.) 

JVuova  teorica  délia  legge  d'oscillazione  del pendolo  avuto  riguardo  alla  rotazione 
délia  Terra,  per  Mouni  (Antonio).  lesi,  A.  Spinaci,  1908;  i  fasc.  in-8°. 

La  résonance  optique  comme  cause  de  réflexion  et  absorption  sélective  de  la 
lumière,  par  le  Prof.  J.  Kossonogoff.  KielF,  1908;  i  fasc.  in-8°.  (En  langue  russe.) 

Journal  and proceedings  of  the  Royal  Society  of  New  South  Wales;  vol.  XXXVI, 
1902.  Sydney,  1908;  i  vol.  in-8. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  28  décembre  1908. 

Lectures  académiques,  discours,  par  J.  Janssen,  de  l'Institut,  Académie  des  Sciences. 
Paris^  Hachette  et  C'<',  1908.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Exposition  universelle  internationale  de  1900.  Rapport  général  administratif 
et  technique,  par  M.  Alfred  Picard,  Membre  de  l'Institut  :  P/a«5  généraux.  Paris, 


l320  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

Imprimerie  nationale,  igoS  ;  i  étui  in-4°,  contenant  /j  feuilles  pliées.  (Hommage  de 
l'Auteur.) 

Flore  fossile  des  gîtes  de  charbon  du  Tonkin,  parR.  Zeiller,  Membre  de  l'Institut  : 
Texte.  Paris,  Imprimerie  nationale,  1908;  i  vol.  in-4°.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Matériaux  pour  la  Minéralogie  de  Madagascar.  Les  roches  alcalines  caractéri- 
sant la  province  pétrographique  d' Ampasindava,  2*  Mémoire,  par  A.  Lacroix. 
(Ext.  des  Nouvelles  Archives  du  Muséum,  4"  série,  t.  V.)  Paris,  Masson  et  C'®,  iQoS; 
I  vol.  in-4°.  (Présenté  par  M.  Michel  Lév3^  Hommage  de  l'Auteur.) 

Matériaux  d'étude  topographique  pour  V Algérie  et  la  Tunisie;  Cahiers  du  Ser- 
vice géographique  de  l'Armée,  ^4^  série,  n°  19.  Paris,  1908;  i  fasc.  in-8°.  (Envoi  de 
M.  le  Ministre  de  la  Guerre.  ) 

Le  point  critique  des  corps  purs,  par  E.  Mathias.  Paris,  C.  Naud^,  1904;  i  vol. 
in-8°.  (Présenté  par  M.  Berthelot. Jlommage  de  l'Auteur.) 

Maladies  professionnelles,  étude  technique  sur  leur  assimilation  aux  accidents 
du  frayai/.  Paris,  Imprimerie  nationale,  l'goS;  i  vol.  in-8°.  (Adressé  par  M.  le  Ministre 
du  Commerce  et  de  l'Industrie.) 

Catalogue  photographique  du  Ciel.  Zone  de  Helsingfors,  entre  +  89°  et  +  47°, 
publié  par  Anders  Doniner.  Première  série  :  Coordonnées  rectilignes  et  équatoriales, 
t.  IV.  Clichés  de  9"^  à  12''.  Helsingfors,  1908;  i  vol.  in-4°.  (Présenté  par  M.  Lœwy.  ) 

Le  général  G.  de  La  Noë,  par  Emm.  de  Margerie.  Paris,  A.  Colin,  1902;  i  fasc. 
in-S». 

Un  essai  de  Bibliographie  géologique,  par  Emm.  de  Margerie.  Besançon,  typogr. 
Jacquin,  1908;  i  fasc.  in-8°. 

Contribution  à  l'étude  de  la  dépopulation  rurale  du  sud-ouest  de  la  France,  par 
M.  le  D*"  GuiRAUD.  (Extrait  des  Comptes  rendus  de  l'Association  française  pour 
l'avancement  des  Sciences,  Congrès  de  Montauban,  1902.)  i  fasc.  in-8''. 

Diffusion  de  l'acide  sulfocyanique  dans  les  deux  règnes  organiques,  son  action 
sur  le  calomel;  études  parle  Prof.  Egide  Pollacci.  Turin,  Bocca  frères,  1904;  i  vol. 
in-S".  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Examen  de  la  méthode  de  la  prédiction  du  temps  de  M.  N.  Demtschensky,  par 
M.  A.  Klossovsky.  Odessa,  1908  ;  i  vol.  in-8°. 

M.  le  D""  ScHARDï,  professeur  de  Géologie  à  Neuchâtel,  adresse  [les  sept  Opuscules 
suivants  : 

Mélanges  géologiques  sur  le  Jura  neuchâtelois  et  les  régions  limitrophes  ;  2^  fasc. 
(Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  neuchâteloise  des  Sciences  naturelles;  t.  XXIX, 
année  1900-1901.)^!  fasc.  in-12. 

Les  blocs  exotiques  du  massif  de  Hornfluh.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société 
vaudoise  des  Sciences  naturelles,  t.  XXXVllI,  n°  143.  )  Lausanne,  Corbaz  et  C'«,  1902  ; 
I  fasc.  in-12. 

Vannes  d'eau  au  tunnel  du  S  impion.  (Exlr.  du  Bulletin  de  la  Société  vaudoise 
des  Sciences  naturelles,  t.  XXXVIIl,  n°'  143-144,  1902.)  i  fasc.  in-12. 

Avalanche  du  glacier  Bossboden  (Simplon).  (Extr.  des  Eclogœ  geologicœ  helçe- 
tiœ,  vol.  VII,  n°  4.)  i  fasc.  in-12. 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  igoS.  l32ï 

Revue  géologique  suisse  pour  l'année  1901,  par  H.  Schardt  et  Ch.  Sarasin.  {Eclogœ 
geologicce  helveliœ;  vol.  VII,  n°  (i.)  Lausanne,  Georges  Bridel,  1908;  i  fasc.  in-12. 

Description  géologique  de  la  région  des  gorges  de  l'Areuse;  avec  5  planches  et 
20  clichés.  Lausanne,  G.  Bridel  et  C'^,  1908;  i  fasc.  in-12. 

Note  concernant  la  vitesse  de  propagation  de  la  fluorescéine  dans  les  eaux  sou- 
terraines, à  propos  de  la  Note  de  MM.  Fournier  et  Magnin  et  de  la  Notice  de  M.  Le 
Couppey  de  la  Forest,  par  H.  Schardt.  (Exir.  du  Bulletin  de  la  Société  belge  de 
Géologie,  t.  XVII,  année  1908,  p.  298-800.)  i  fasc,  in-8°. 

L'État  indépendant  du  Congo.  Documents  sur  le  pays  et  ses  habitants.  Annexe 
aux  Annales  du  Musée  du  Congo.  Ethnographie  et  Anthropologie;  série  IV,  fasc.  III. 
Agriculture.  Bruxelles,  1908;  i  fasc.  in-f". 

Album  des  Aies  amazonicas,  organisado  pelo  Prof.  D""  Emilio  A.  Goeldi;  fasc.  2, 
estampas  18-24.  Rio-Janeiro,  Alveset  C'*,  1902;  i  fasc.  in-4°. 

Report  to  the  governement  of  Ceylon  on  the  pearl  oyster  fisheries  of  the  gulf  of 
Manaar,  by  W.  A.  Herdman,  wilh  supplementary  reports  upon  ihe  Marine  biology 
of  Ceylon,  by  other  naturalists;  pub.  by  The  Royal  Society.  Londres,  1908. 

U.  S.  Department  of  Agriculture.  Bureau  of  animal  industrie.  Spécial  report  on 
diseuses  of  the  horse.  Washington,  1908;  i  vol.  in-8°. 

Annual  report  of  the  Smithsonian  Institution,  1900.  U.  S.  national  Muséum. 
Washington,  1902;  i  vol.  in-8°. 

Proceedings  of  the  United  States  national  Muséum,  vol.  XXIII,  XXIV  ;  pub.  under 
the  direction  of  the  Smilhsonian  Institution.  Washington,  1901  ;   2  vol.  in-B". 

Rapporto  annuale  dello  /.  R.  Osseri'atorio  astronomico-meteorologico  di  Trieste 
per  l'anno  1900,  redatto  da  Edoardo  Mazelle;  vol  XVII.  Trieste,  1908;    1  fasc.  in-4°. 

Buletinul  lunar  al  obhervatiunilor  meteorologice  din  Romania,  pub.  de  Stefan- 
C.  Hepites;  anul  XI,  1902.  Bucharest,  1908;  i  vol.  in-4°. 

Annales  de  l'Observatoire  physique  central  Nicolas,  pub.  par  M.  Rykatchew, 
année  1901  ;  i""^  et  2*  Parties.  Saint-Pétersbourg,  1908;  2  vol.  in-4°. 

Mémoires  du  Comité  géologique  :  vol.  XVI,  n°  2  (texte  et  atlas);  vol.  XVII,  n*  3  ; 
vol.  XX,  n°  1;  nouvelle  série,  n»"  1,  2,  k.  Saint-Pétersbourg,  1902-1908;  i  vol.  et 
6  fasc.  in-4°. 


l322  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ERRATA. 

(Séance  du  7  décembre  iQoS.) 

Note  de  M.  Renard,  Sur  la  qualité  des  hélices  susteiitatrices 

Page  970,  ligoe  20,  au  lieu  de  wS',  lisez  cpS'. 
Page  971,  ligne  3,  au  lieu  de 

9S'  — ra  d'où  S'=-, 

lisez 

'*S'  =  oi         d'où         5'=-. 

?• 

Page  972,  ligne  4,  au  lieu  de  A%  lisez  K^ 

(Séance  du   i4  décembre   iQoS.) 

Note  de  M.  Bloch,  Sur  l'ionisation  par  le  phosphore  : 

Page  io4i,  formule,  au  lieu  de 

2.  =  Lf,.2V 


lisez 


(0 


i:<=L   I 


FIN   DU   TOME    CENT   TRENTE-SEPTIEME. 


COMPTES  RENDUS 


DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 


TABLES    ALPHABÉTIQUES 


JUILLET  -  DECEMBRE  1903. 


TABLE  DES  MATIERES  DU  TOME  CXXXVII. 


Pages. 
Académie.  —  M.  le  Secrétaire  perpétue/ 
annonce  à  lAcadémie  que  le  Tome 
CXXXV  des  Comptes  rcmliis  (•>/  se- 
mestre 1909,)  est  en  dislribulion  au 
Secrétariat 175 

—  M.  le  Président  annonce  à  l'Académie 

que,  en  raison  de  la  séance  publique 
annuelle  des  cinq  Académies  qui  doit 
avoir  lieu  le  lundi  îiG  octobre,  la 
séance  hebdomadaire  de  l'Académie 
des  Sciences  sera  remise  au  lende- 
main mardi  27  octobre 'iSg 

—  M.    le   Secrétaire   perpétuel  annonce 

que  le  Tome  XLVI  des  «  Mémoires  de 
l'Académie  des  Sciences  »  est  en  dis- 
tribution au  Secrétariat (V>,() 

—  M.   Troost  est  élu  Vice  Président  de 

l'Académie  pour  l'année  190/1 i  r()7 

—  MM.   Bornet   et   Maurice   La^v  sont 

réélus  membres  de  la  Commission 
centrale  administrative  pendant  l'an- 
née 1 904 1197 

Acétylène  et  ses  dérivés.  —  Sur  l'acé- 

C.  H.,  1903,  -2»  Semestre.  (  T.  CXXXVII.) 


Pages, 
lyîène  bibromé  :  purification,  cryo.s- 
copio,  analyse;  par  M.  P.  Lcmoult...       05 

—  Sur  la  condensation  des  étiiers  acéty- 

léniques  avec  les  alcools;  par  M.  Ch. 
Mou  r  eu 2  J9 

—  Action  d'une  trace  d'eau  sur  la  décom- 

position   des    hydrures   alcalins  par 
l'acétylène;  par  M.  Henri  Moissan..      {63 

—  Sur  les  acétones  acétyléniques.  Nou- 

velle méthode  fie  synthèse  des  iso- 
axols  ;    par    M  M .    Ch  .    Moureu    et 

M.  BracJùn 70*5 

Aciers.  —  Conséquences  de  la  ihéurie  des 
aciers  au  nickel  ;  par  M.  Cit. -Ed.  Guil- 
laume        4^ 

—  Étude  sur   les  déformations   molécu- 

laires d'un  barreau  d'acier  soumis  à 

la  traction  ;  par  M.  Z.  Fraichet iCc) 

—  Diagramme  donnant  les  propriétés  des 

aciers  au  nickel  ;  par  M.  Léon  Guillet.     \  \  i 

—  Sur  les  propriétés  et  la  constitution 

des  aciers  au  manganèse  ;  par  M.  Léon 
Guillef 480 

1-73 


^J^^^ 


'^1\ 


TABLE    DES 

Paf{t>s. 


—  M.  E.  Fraiclid  adresso  une  Noie  inti- 

tulée :  (I  lUufles  sur  les  déformations 
élastiques  d'un  barreau  d'acier  sou- 
mis à  la  traction  » ^i^'i 

—  Les  modes  de  déformations  et  de  mix- 

ture des  fers  et  des  aciers  doux;  par 
MM.  F.  Osmotid,  Cli.  Frémont, 
G.  Cartaud 8 ">  i 

—  Sur  la  propriété  d'émettre  des  rayons  // 

que  la  compression  confère  à  certains 
corps,  et  sur  l'émission  spontanée  et 
indéfinie  des  rayons  n  par  l'acier 
trempé,  le  verre  trempé  et  d'autres 
corps  en  état  d'équilibre  moléculaire 
contraint;  par  M.  /?.  Bloudlot f)r)> 

—  Sur  la  constitution  et  les  propriétés 

des  aciers  au  silicium;  par  M.  Léon 
Guillet I o'y> 

—  Nouvelle   méthode   de   détermination 

des  points  critiques  des  fers  et  des 

aciers;  par  M.  O.  Boudouard io')| 

Acoustique.  —  Sur  les  caractéristiques 
des  voyelles,  les  gammes  vocaliques 
et  leurs  intervalles;  par  M.  l'abbé 
Rousselot /Il) 

—  Sur  la  théorie  du  champ  acoustique; 

par  M.  Charbonnier i  G  i 

—  Sur  l'Aérodynamique  et  la  théorie  du 

champ  acoustique;  par  M.  le  général 
Sebert '^'y'] 

—  La  théorie  du  champ  acoustique  et  le 

frottement   intérieur   des   gaz  ;    par 

M.  P.  Charbonnier 'Î7S 

—  Sur  le  phénomène  aérodynamique  pro- 

duit par  le  tir  des  canons  grêlifuges; 

par  M.  J .  Vinlle 'Î97 

AÉRONAUTiouK.  —  Sur  im  moyen  rapide 
d'obtenir  le  plan  d'un  terrain  en  pays 
de  plaines,  d'après  une  vue  photo- 
graphique prise  en  ballon  ;  par 
M .  Laussedat i'\ 

—  L'emploi  des  ballons  à  ballonnet  d'a- 

près la  théorie  du  général  Meusnier; 

par  M.  Henry  de  Fa  Vaidx -\\\ 

—  Sur  la  possibilité  de  soutenir  en  l'air 

un  appareil  volant  du  genre  hélicop- 
tère en  employant  les  moteurs  à  ex- 
plosion dans  leur  état  actuel  de  légè- 
reté ;  par  M.  Charlea  Renard 8  j 3 

—  Sur  la   qualité  des   hélices  sustenta- 

trices;  par  M.  C/iar/es  Renard. , .  ..     çijo 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication       1 39.) 

—  M.  D.  Lechaplain  adresse  une  <i  Note 


MATIERES. 

Paf;cs. 

relative  à  la  direction  des  aérostats  » .   tos; 

—  M.  Henri  Rnvel  arlresse  plusieurs  Com- 

munications relatives  à  la  Navigation 

aéi  ienne 1 927 

—  Ouverture  de  deux  plis  cachetés  ren- 

fermant des  Notes  sur  la  direction  des 

ballons;  par  M.  J'anI  Radiât 1727 

Air  atmosphérique.  —  Expériences  sur 

la  résistance  de  l'air;  par  M.  CT.£(//é/,       îo 

—  Sur  la  séparation  des  mélanges  gazeux 

par  la  force  centrifuge;  par  MM.  G. 
Claude  et  E.  Demoussy 2  "io 

—  Sur  la  température  d'inflammation  et 

sur  la  combustion  lente  du  soufre  dans 
l'oxygène  et  dans  l'air;  par  M.  He/iri 
Moissan '>  i7 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication       Gi8 

—  Sur  l'extraction   de  l'oxygène  par  la 

liquéfaction  partielle  de  l'air  avec 
retour  en  ai*rière;  par  M.  Georges 

Claude 7«3 

Voir  aussi  Argon. 
ÂLBUMiNOiDEs  (Matières).  —  Sur  la  pro- 
duction d'hydrogène  sulfuré  par  les 
extraits  d'organes  et  les  matières  al- 
buminoïdes  en  général  ;  par  M\L  Abe- 
lous  et  H.  Ribaut 9^ 

—  Les  matières  albuminoïdes  du  grain 

de  maïs;  par  MM.  Donardel  Labbé.     2G4 

—  Intluence   de    la    température    sur   la 

production  d'hydrogène  sulfuré  par 
les  matières  albuminoïdes,  les  extraits 
d'organes  animaux  et  les  extraits  de 
levure  de  bière,  en  présence  du  sou- 
fre; par  MM.  J.-E.  Ahelous  et  H. 
Ribaut 26S 

—  Sur  la  production  d'hydrogène  sulfuré 

par  les  extraits  d'organes  et  les  ma- 
tières albuminoïdes  en  général  ;  par 

M.  Emm.  Pozzi-Escot 495 

Alcools.  —  Préparations  des  alcools  pri- 
maires au  moyen  des  acides  corres- 
pondants; par  MM.  L.  Bouveaidt  et 
G.  Blanc Co 

—  Sur  une  bactérie  oxydante,  son  action 

sur  l'alcool  et  la  glycérine;  par  M. if. 
Sazenae 90 

—  Sur  la  condensation  des  éthers  acéty- 
léniques  avec  les  alcools;  par  M.  Ch. 
Moureu ^59 

—  M.  y. .Ço.v/'/je  adresse  une  Note  intitulée 
«  Alcoométrie  pondérale  » 3  33 

—  Tiansformation  des  aldéhydes  et  des 


TABLE    DES    MATIERES. 


l325 


cétones  en  alcools  par  hydrogénation 
cataly tique;  par  MM.  Paul  Sabaticr 
et  J.-B.  Senderens 

—  Sur  les  éthers  nitriques   des  acides- 

alcol?;  par  M.  H.  Duval 

—  Sur  l'oxydation  de  la  glucose  dans  le 

sang  ;  par  M.  L.  Jolly 

—  Sur  les   hydrates  d'alcool  éthylique: 

par  MM.  E.  Varenne  et  L.  Godefroy. 

—  M.  Gardin  adresse  une  Note  «  Sur  la 

formation  des  alcoolates  cupro-alca- 
lins  » 

—  Préparation  d'alcools  hydro-aromati- 

ques ;  par  M.  Léon  Brunel 

—  La  prétendue  fermentation  alcoolique 

des  tissus  animaux  ;  pi{rM.F.Iiafe/li. 
Voir  aussi  Chimie  organique. 

Aldéhydes.  —  Voir  Chimie  organique. 

Alimentaires  (Matières).  —  Les  ma- 
tières albuminoïdes  du  grain  de  maïs; 
par  MM.  Labbé  et  Donard 

—  Étude  sur  quelques  pains  anciens;  par 

M.  L.  Lindet 

—  Sur  les  matières  grasses  et  l'acidité 

des  farines  ;  par  M.  Balland. 

—  Sporozoaire  parasite    des    Moules   et 

autres  Lamellibranches  comestibles; 
par  M.  Louis  Léger 

—  Sur  la  relation  qui  existe  entre  la  pro- 

portion de  gluten  contenu  dans  les 
ditlérents  blés  et  la  proportion  des 
matières  azotées  totales;  par  M.  E. 

Fleurent 

Voir  aussi  Fins. 

Aluminium  et  ses  composés.  —  Sur  une 
combinaison  du  sulfate  d'aluminium 
avec  l'acide  sulfurique;  par  M.  E. 
Baud 

Amides.  —  Préparation  des  amides  secon- 
daires; par  M.  J .  Tarbnuriech 

—  Sur    les     amides    secondaires  ;     par 

M.  TarbouriecJi 

—  Actions  des  composés  organomagné- 

siens  mixtes  sur  les  amides.  Nouvelle 
méthode  de  préparation  des  cétones; 
par  M.   Constantin  Beis 

—  Application  de  la  pyridine  à  la  prépa- 

ration de  quelques  dérivés  amides; 

par  M.  P.  Freundler 

Voir  aussi  Chimie  organique. 

Amidon.  —  Les  hydrates  de  carbone  de 

l'orge    et    leurs   transformations   au 

cours  de  la  germination  industrielle; 

par  M.  L.  Lindet 


Pages. 


99  > 

iO(S7 

r>,()8 


1 07  I 

'i.C)\ 
G()4 

724 


1  !  I  j 


i9''- 
3>.G 


712 


yj 


Pages. 

—  Sur  la  rétrogradation  de  l'empois  d'a- 

midon ;  par  M.  L.  Maqucnne 88 

—  Étude  sur  quelques  pains  anciens;  par 

M.  L.  Lindet 6() 4 

—  Sur  la  coagulation  de  l'amidon;  par 

MM.  J.  Wolfet  A.  Fernbach 718 

—  Sur  la  rétrogradation  de  l'empois  d'a- 

midon ;  par  M.  L.  Maquenne 797 

—  Contribution  à  l'étude  de  l'amylo-coa- 

gulase  ;  par  M.  A .  Boidin 108 1 

—  Sur  la  rétrogradation  de  l'empois  d'a- 

midon; par  M.  L.  Maquenne 1266 

Aminés.  —  Voir  Chimie  organique. 
Analyse  mathématique.  —  Sur  les  grou- 
pes de  Mathieu  ;  par  M.  de  Séguier...       87 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication         I  J2 

—  Sur    les   fonctions   fondamentales  de 

M.  Poincaré  et  la  méthode  de  Neu- 
mann  pour  une  frontière  composée 
de  polynômes  curvilignes;  par  M.  S. 
Zarembn 3g 

—  Sur   les  fonctions  quasi- périodiques; 

par  M.  Esclaugon 3o5 

—  Sur  les  fonctions  de  n  variables  repré- 

sentées par  des  séries  de  polynômes 
homogènes;  par  M.  H.  Dulac 3o8 

—  Sur  les  intégrales  de  S.  Lie;  par  M.  N. 

Saltfkoiv 809 

—  Sur  les  relations  entre  les  intégrales 

complètes  de  S.  Lie  et  de  Lagrange; 

par  M.  N.  Saltjkoa- 37G 

—  Sur  le  rapport  des  travaux  de  S.  Lie  à 

ceux  de  Liouville;  par  M.  iV.  Sal- 
tykow 4o3 

—  Les  fonctions  entières  d'ordre  zéro; 

par  M.  Edm.  Maillet 405 

—  Sur  les  intégrales  de  Fourier-Cauchy; 

par  M.  Cari  Stôimer 408,  4  J^' 

—  Sur  le  problème  de  S.  Lie;  par  M.  iV. 

Saliykow 433 

—  M.    Stodolkiewitz    adresse   une    Note 

«  Sur  un  mode  d'intégration  des 
équations  dilférentielles  partielles  du 
premier  ordre  » 45G 

—  Sur  les  équations  aux  différences  qui 

possèdent  un  système  fondamental 
d'intégrales;  par  M.  Alfr.  Guldberg.     4*^^ 

—  Sur  les  fonctions  monodromes  et  les 

équations  différentielles;  par  M.Ed/n. 
Maillet 478 

—  Sur  une  classe  d'équations  ditTéren- 

tielles  linéaires;  par  M.  Alexander 
Chessin 5 1 1 


326  TABLE    DES 

Pages. 

-  Sur  les  relations  eulre  la  théorie  des 

intégrales  doubles  de  seconde  espèce 
et  celle  des  intégrales  de  différen- 
tielles totales  ;  par  M.  Emile  Picard .     4  j  i 

-  Sur  la  nouvelle  fonction  Ea("C)  ;  par 

]\I.  Mitta^-Leffler 'y>\ 

-  Sur  les  équations  linéaires  aux  diffé- 

rences finies;  par  M.  Alf.  Gul(Wcrg.      îGo 

-  Sur  les  périodes  des  intégrales  doubles 

et  leurs  rapports  avec  la  théorie  des 
intégrales  doubles  de  seconde  espèce; 
par  M.  Emile  Picard J94 

-  Sur  les  équations  linéaires  anx  diffé- 

rences finies;  par  M.  Alf.  Giddberg.     614 

-  Sur  les  groupes  de  tiansformationsdes 

équations  linéaires  aux  différences  fi- 
nies; par  M.  Alf.  Giddberg GSg 

-  Sur  la  résolution  pratique  des  équa- 

tions ;  par  M.  Rabat 64 1 

-  Sur  la  détermination  des  classes  sin- 

gulières  de   séries   de  Taylor  ;    par 

M.  EmUe  Borel Cigj 

-  Sur  quelques  points  de  la  théorie  des 

ensembles;  par  M.  Emst  Lindelôf . .     (J97 

-  M.  Prosper  de  Lafitle  adresse  un  Mé- 

moire ayant  pour  titre  :  «  Le  carré 
magique  de  3.  Solution  générale  du 
problème  » J^i 

-  Sur  l'approximation  des  fondions  par 

les  irrationnelles  quadratiques;  par 

M.  S.  Piiiclierle 734 

-  Sur  la  nature  analytique  des  solutions 

de  certaines  équations  anx  dérivées 
partielles  du  second  ordre  ;  par  M.  S. 
Bernsuin "88 

-  Sur  les  équations  fonctionnelles  et  la 

théorie  des  séries  divergentes;  par 

M.  L.  Fcjer SSg 

-  Sur  un  système  de  trois  fonctions  de 

variables  réelles;  par  M.D.Po/i/pcii/.     8',  1 

-  Sur  la  représentation  effective  de  cer- 

taines   fonctions    discontinues  ;    par 

M.  Emile  Borel goS 

-  Sur  une  classe   d'équations   fonction- 

nelles; par  M.  S.  Lattes goî 

-  Un  théorème  sur  les  ensembles  mesu- 

rables; par  M.  Emile  Borel 9GG 

-  Généralisation  d'un  théorème  de  La- 

guerre  ;  par  M.  A.  Auric gG7 

-  Sur   les  équations  aux  dérivées  par- 

tielles linéaires  du  second  ordre;  par 

M.  Hadamnrd io.>.8 

-  Sur  une  généralisation  de  la   théorie 

des  fractions  continues  algébriques; 


MATIERES. 

Pages, 
par  M.  E.  Gouriat io3o 

—  Sur  l'équation  différentielle  de  Riccati 

de  second  ordre  ;  par  M.  George  Wal- 
lenberg i o33 

—  Sur  une  propriété  des  fonctions;  par 

M.  H.  Lebesgiœ 1^9.8 

—  Sur  les  équations  linéaires  aux  déri- 

vées partielles;  parM.  /.  Le  Roux. . .   i23o 

—  Convergence  des  radicaux  superposés 

périodiques  ;   par  M.    Paul  If'ierns- 

berger 1 233 

Voir  aussi  Géométrie ,  Hydrodyna- 
mique, Mécanique,  Mécanique  cé- 
leste. 
Anatomie  animale.  —  Recherches  sur  la 
constitution  et  sur  la  structure  des 
fibres  cardiaques  chez  les  Vertébrés 
inférieurs;  par  M.  F.  Marceau 75 

—  Sur  la  capsule  surrénale  des  Amphi- 

biens;  par  M.  Ed.  Grynfeltt 77 

—  Les  lois  mécaniques  dans  le  dévelop- 

pement du  crâne  des  Cavicornes;  par 

M.  U.  Duerst 3^2 

—  L'appareil  digestif  des  Silp/ddœ;   par 

M.  L.  Bordas 3(4 

—  Un  liquide  fixateur  isotonique  avec  l'eau 

de  mer;  par  M.  M.-C.  Dekhuyzen.. .     4 '5 

—  Liquide  fixateur  isotonique  avec  l'eau 

de  mer,  pour  les  objets  dont  on  ne 
veut  pas  éliminer  les  formations  cal- 
caires; par  M.  M.-C.  Dekhuyzen . . .     /\!\5 

—  Sur  les  mains  scapulaires  et  pelviennes 

des  poissons;  par  M.  Armand  Saba- 

lier 893 ,   1216 

—  Les  myélocytes  du  bulbe  olfactif;  par 

M.  Joannes  Chatin 489 

Voir  aussi  Zoologie. 

Anatomie  pathologique.  —  De  la  forma- 
tion du  cal;  par  MM.  /^.  Comil  et 
P.  Coudray 220 

Anatomie  végétale.  —  Voir  Botanique. 

Argent  et  ses  composés.  —  Sur  l'argent 

dit  colloïdal;  par  M.  Hamiot 122 

—  Sur  les   changements   de    phase   par 

réflexion  normale  dans  le  quartz  sur 
les  métaux  ;  par  MM.  /.  Macé  de  Lé- 
pinay  el  H.  Buisson 3 1 2 

—  Sur  la  fusibilité  des  mélanges  de  pro- 

tosulfure de  bismuth  et  de  sulfure 
d'argent,  de  protosulfure  de  bismuth 
et  de  sulfure  d'antimoine;  par  M.  U. 

Pélabon 920 

Argon.  —  Sur  le  dosage  de  l'argon  dans 
l'air  atmosphérique;   par   M.   Henri 


TABLE    DES 

Pages. 
Moisson 900 

—  Nouvelle  préparalion   de  l'argon;  par 

MM.  H.  Moisson  et  A.  Rigaut 778 

Arsenic.  —  Sur  une  nouvelle  méthode  de 
recherche  et  de  dosage  des  traces  les 
plus  faibles  d'arsenic  ;  par  M.  Armand 

Gautier r58 

•-  Arsenic  dans  les  eaux  de  mer,  dans  le 
sel  gemme,  le  sel  de  cuisine,  les  eaux 
minérales,  etc.  Son  dosage  dans  quel- 
ques réactifs  usuels;  par  M.  Armand 
Gautier ïôi. 

—  Rectifications  relatives  à  la  Noie  pré- 

cédente; [)ar  M.  Armand  Gautier.  ..     374 

—  Emploi    de    la   bombe  calorimétrique 

pour  démontrer  l'existence  de  l'arse- 
nic dans  l'organisme;  par  M.  Ga- 
briel Bertrand 9.66 

—  L'arsenic  exisle-l-il  dans  tous  les  or- 

ganes   de    l'économie   animale?   par 

J\L  Armand  Gautier 295 

—  Alcoylation  systématique  de  l'arsenic; 

par  AL  F.  Auger 9'i5 


MATIÈRES.  1827 

Pages. 

Astronomie.  —  M.  C.  de  Licbhaher 
adresse  une  Note  :  «  Sur  la  thermo- 
graphie sidérale  » 353 

—  M.    Aurie   adresse    une   Note    «    Sur 

l'existence  probable  d'un  anneau  au- 
tour de  Jupiter  » 420 

—  M.  Fr.  Faccin  adresse  une  Note  inti- 

tulée :  «  Anomalies  diurnes  et  sécu- 
laires dans  le  mouvement  de  rotation 
de  la  Terre  » 819 

—  Présentation  du  Tome  X  des  «  Annales 

de  l'observatoire  de  Bordeaux  «  ;  par 
M.  Lœivy 836 

—  Sur  le  premier  volume   du  Catalogue 

photographique  du  Ciel  publié  par 
M.  A.  Donner^  directeur  de  l'obser- 
vatoire d'ilelsingfors;  par  M.  Lœ^ry.    1209 

—  Sur  l'intensité  lumineuse  des  étoiles  et 

leur  comparaison  avec  le  Soleil;  piir 

M.  Charles  Fabry "  •  •  • <  2 4'^ 

Voir  aussi  Comètes,  Eclipses,  Étoiles 
fdantes,  Mécanique  céleste,  Observa- 
toires, Planètes,  Soleil. 


B 


Bactéries.  —  Sur  une  bactérie  oxydante, 
son  action  sur  l'alcool  et  la  glycérine; 
par  M.  R.  Sazerac 90 

—  MM.  Fovcau  de  Courmelles  et  P.  Bar- 

berin  adressent  une  Note  ayant  pour 
titre  :  «  Pouvoir  bactéricide  compa- 
ratif de  diverses  lumières  » 28  > 

—  Une     Acrasiée     bactériophage;     par 

M.  Taul  Vuillenùn 087 

—  Sur  une  maladie  bactérienne  du  tabac, 

le  chancre  ou  anlliracnose  \  par  M.  6'. 
Delacroix '\'i'\ 

—  Nécessité  d'une  symbiose  microbienne 

pour  obtenir  la  culture  des  Myxomy- 
cètes ;  par  M.  Pinoy 58o 

—  Sur  la  jaunisse  do  la  betterave,  mala- 

die bactérienne;  par  M.  G.  Delacroix    871 

-  Sur  une  culture  de  sarrasin  en  pré- 

sence d'un  mélange  d'algues  et  de 
bactéries;  par  MM.  Bouilhac  et  Glus- 

tanini 1 274 

Voir  aussi  Infectieuses  {maladies). 
Baryum  et  ses  composés.  —  Action  du 
chlore  sur  l'acétate  de  baryum  ;  par 
M.  Albert  Colson 660 

—  Sur  les  acétates  alcalino-terreux;  par 

M.  Albert  Colson 1 06 1 


—  Séparation  et  dosages  simultanés  de  la 

baryte,   do   la   strontiane   et    de    la 

chaux  ;  par  M.  Lucien  Robin 258 

Bismuth.  —  Sur  une  série  de  composés 
du  bismuth;  par  MM.  G.  Urbain  et 
H.  Lacombe 'j''8 

—  Errata  se  rapportant  à  celle  commu- 

nication       8  >.o 

—  Sur  la  fusibilité  des  mélanges  de  soufre 

et  de  bismuth  ;  par  M.  H.  Pclahon. .     G 48 

—  Sur  la  fusibilité  des  mélanges  de  proto- 

sulfure de  bismuth  et  de  sulfure  d'ar- 
gent, de  protosulfure  de  bismuth  et 
de  sulfure  d'antimoine;    par  M.  H 

Pclabon y^t. 

Botanique.  —  Remarques  sur  la  forma- 
tion du  pollen  chez  les  Asclépiadées; 
par  M.  L.  Guignard •  i) 

—  M.   H.   Arnaud  adresse  un   Mémoire 

intitulé  :  «  Études  sur  quelques  Rosa- 
cées, ou  plantes  prétendues  telles  ». 

—  Le    mériphyte   chez    les    Cycadacées; 

par  M.  H.  Matte 80 

—  Sur  la  variation  du  Bornetina  Corium 

suivant  la  nature  des  milieux;  par 
MM.  L.  Mangin  et  P.  Fiala. ......      iSg 

—  Sur  une  gretfe  en  écusson  de  Lilas; 

.73. 


i328 


TABLE    DES    MATIERES. 


Pages. 
par  M.  Lucien  Daniel i4  ^ 

-  Une  Passitlorée  à  résine;  par  M.  Henri 

Jumelle 20G 

-  Une     Acrasiée     bactériophage  ;     par 

Pniil  Vuillemln 38; 

-  Sur  la  formation  de  l'œuf  et  la  multi- 

plication d'une  antipode  dans  lesJon- 
cées;  par  M.  Marcellin  Laurent ....     499 

-  Influence  de  l'eau  sur  la  structure  des 

racines   aériennes  d'Orchidées;    par 

M.  Gaston  Bonnier 5(>5 

-  Sur  le  genre  Ascodcsmis\  par  M.  P.- A. 

Dangeard j  '8 

-  Sur  le  développement  de  l'embryon  des 

Joncées;  par  M.  Marcellin  Laurent. .     532 

-  Nécessité  d'une  symbiose  microbienne 

pour   la   culture  des  Myxomycètes; 

par  M.  Pinoy 58o 

Un    nouvel    hybride    de    gretîe;    par 

M.  Lucien  Daniel 7G  J 

■  Sur  les  nectaires  e.\tra-floraux  des  Hc- 
vea\  par  MM.  Aug-  Dagiiillon  et  M. 
Coupin 7G- 

-  Recherches  cytologiques  sur  le  Galac- 

tina  succosa  ;  par  M.  R.  ISIaire 7G9 

-  Sur  la  structure  des  cotylédons  et  la 

disposition  de  certaines  racinesadven- 
tives  dans  les  plantules  de  Labiées; 
par  M.  René  Viguier 8o4 

-  Sur  une  double  fusion  des  membranes 

dans   la    zygospore  des  Mucorinées; 

par  M.  Paul  Vuillemin ijGy 

-  Contribution  à  l'étude  cytologique  des 

Ascomycètes;  par  M.  Guilliemiond. .     ijjS 

-  Errata  se  rapportant  à  cette  commu- 

nication      I  o8y 

Voir  aussi  Chinne  végétale,  Paléonto- 
logie végétale.  Pathologie  végétale. 
Physiologie  végétale,  Viticulture. 


l'ages. 
BuoiMt:  ET  SES  COMPOSÉS.  —  Sur  l'acétylène 
bibromé  :   purification,    cryoscopie, 
analyse;  par  M.  P.  Lenundt 55 

—  Action  du  brome  sur  le  pinène  en  pré- 

sence de  l'eau;  par  MM.  P .  Genvresse 

et  P.  Faivrc 1 3o 

—  Action  de  la  phénylhydrazine  sur  les 

bromures  et  iodures  alcooliques;  par 

M.  /.  Allais  Le  Canu 3 29 

—  Action  de  l'acide  borique  sur  les  iodu- 

res; son  emploi  pour  la  séparation  de 
l'iode  des  iodures  en  présence  de  bro- 
mures et  chlorures;  par  MM.  H. 
Bauhigny  et  P.  Rivais G  Jo 

—  Conditions  de  séparation  de  l'iode  sous 

forme  d'iodure  cuivreux,  dans  un 
mélange  de  chlorures,  bromures  et  io- 
dures alcalins;  par  MM.  H.  Baubigny 
et  P.  Rivais 733 

—  Séparation  de  l'iode  dans  les  sels  halo- 

gènes alcalins  d'avec  le  chlore  et  le 
brome,  par  sa  transformation  en  acide 
iodique,  et  mode  de  préparation;  par 
MM.  H.  Baubigny  et  P.  Rii>als r)>.- 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  commu- 

nication     1088 

—  Action  des  acides  bromosuccinique  et 

bibromosuccinique  sur  les  bases  pyri- 
diques  et  quinoléiques;  par  M.  L. 
Dubreuil 1  oG3 

Bulletins  bibliographiques.  —  99,  i5i. 
2-.'.7,  '284,  353,  392,  447j  4^6,  47'-^ j 
486,  538,  58G,  G78,  726,  949,  ion, 
1087,   i3iG. 

Bureau  des  Longitudes.  —  M.  Janssea 
présente  à  l'Académie  «  l'Annuaire  du 
Bureau  des  Longitudes  pour  l'année 
1904  » 1027 


Candidatures.  —  M.  Ed.  Caspari  prie 
l'Académie  de  le  comprendre  parmi 
les  candidats  à  la  place  vacante,  dans 
la  Section  de  Géographie  et  Naviga- 
tion, par  suite  du  décès  de  M.  de 
Bussy G 1 3 

—  M.  Ch.  Lallemand  prie  l'Académie  de 
vouloir  bien  le  comprendre  parmi  les 
candidats  à  la  place  vacante,  dans  la 
Section  de  Géographie  et  Navigation, 
par  suite  du  décès  de  M.  de  Bussy.     Ckji 


—  Liste  de  candidats  présentés  pour  la 
place  laissée  vacante,  par  le  décès  de 
M.  de  Bussy,  dans  la  Section  de  Géo- 
graphie et  Navigation  :  1"  M.  Dertin, 
■2'  M.  Caspari,  3"  M.  Charles  Lalle- 
mand      819 

Capillarité.  —  Sur  un  capillarimèlre; 
par  MM.  E.  Tassilly  elA.  Chamber- 
land 645 

Carbone.  —  Sur  l'état  du  carbone  vapo- 

risét  par  M.  Berthelot 589 


TABLE    DES 

Pages 

—  Sur  une  variété  de   carbone   lilamen- 

Uuix;    par   MM.    Co/istant    et    Henri 

Pe'ldbon 7o(j 

Chimie  Agiucole.  —  Sur  l'analyse  méca- 
nique des  sols;  par  M.  Tli.  SclUœ- 
si/tg  père oGij,  j<j<j 

—  La  potasse  soluble  dans  l'eau  du  sol  et 

son   utilisation   par  les  plantes,   par 

M.  Th.  Schlaeting  fils l'^oG 

Chimie  Analytique.  —  Simplification  de 
l'analyse  des  silicates  par  l'emploi  de 
l'acide  formique;  pur  M.  J.  Lcclère .       5<> 

—  Sur  une  nouvelle  méthode  de  recher- 

che et  de  dosage  des  traces  les  plu's 
faibles  d'arsenic;  par  M.  Armand 
Gautier i  J8 

—  Arsenic  dans  les  eaux  de  mer,  dans  le 

sel  gemme,  le  sel  de  cuisine,  les  eau\ 
minérales,  etc.  Son  dosage  dans  quel- 
ques réactifs  usuels;  par  M.  Armand 
Ginilicr •.<  >  ' 

—  Rectifications  relatives  à  la  Noie  pré- 

cédente; par  M.  Armand  Gautier.  ..     3;  i 

—  Séparation  et  dosages  simultanés  de  la 

baryte,  delà  strontianeet  de  la  chaux  ; 

par  M.  Lucien  Robin 258 

—  Emploi  de    la   bombe   calorimétrique 

pour  démontrer  l'existence  de  l'arse- 
nic dans  l'organisme;  par  M.  Gabriel 
Bertrand 26G 

—  Sur  le  dosage  de  l'ammoniaque  dans  les 

vins  et  son  rôle  dans  la  ditl'éronciation 
des  mistelles  d'avec  les  vins  de  li- 
queur ;  par  M.  /.  Laburde j  Lj 

—  Sur  l'analyse  mécanique  des  sols;  par 

M.  Th.  Schlœsing  père 369,   Jijy 

•  -  Recherche  et  dosage  dei'urée  dans  les 
tissus  et  dans  le  sang  des  animaux 
vertébrés  ;  par  M.  Gréhant j  J8 

—  Phénols  libres  et  sulfo-conjugués.  Mé- 

thode de  dosage.  Le  soufre  dit  neutre 
exisle-t-il  dans  l'urine?  par  M.  L. 
Monfet J6G 

—  Sur  le  dosage  du  vanadium  dans  les 

produits  métallurgiques;  par  M.  Em. 
CamjMii^iu! 57(j 

—  Sur  le  dosage  de  l'Argon  dans  l'air  at- 

mosphérique; par  M.  Henri  Moissan.     (ino 

—  Action  de  l'acide  borique  sur  les  io- 

dures;  son  emploi  pour  la  sé|)aration 
de  l'iode  des  iodures  en  présence  de 
bromures  et  chlorures;  par  .MM.  //. 
Baubignf  et  P.  liwals G5<> 

—  Sur  la  séparation  et   le  dosage  du  fer 


MATIERES.  1029 

Pages. 

et  de  l'acide  phos[)liorique  dans  les 
eaux  :  par  M.  H.  Causse 708 

—  Conditions  de  séparation  de  l'iode  sous 

forme  d'iodure  cuivreux,  dans  un  mé- 
lange de  chlorures,  bromures,  et  io- 
dures alcalins;  par  MM.  H.  Baubigny 
et  P.  Bivals 733 

—  Sur  une  séparation  rigoureuse  dans  la 

série  des  terres  rares;  par  MM.  G. 
Urbain  et  H.  Lacombe -<yi 

—  M.  Adolphe   Carnot  fait   hommage  à 

l'Académie  du  Tome  II  de  son  1'  Traité 
d'analyse  des  substances  minérales  ».     83/ 

—  Influence  des  gaz  sur  la  séparation  des 

métaux  par  électrolyse  :  séparation 
du  nickel  et  du  zinc;  par  MM.  Hollard 
et  Bertiaux 853 

—  Séparation  de  l'iode  dans  les  sels  halo- 

gènes alcalins  d'avec  le  chlore  et  le 
brome,  par  sa  transformation  en  acide 
iodique,  et  mode  de  préparation  de 
liode  pur;  par  MM.  H.  Baubigny  et 
P.  Rimls <j  i7 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication     1088 

Voir    aussi    Alimentaires    (Matières), 
Préhistoriennes  {Etudes),  Vins. 
CuiMiE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  les  acides  gras 
de  la  lécilhine  de  l'œuf;  pur  M.  H. 
Cousin 08 

—  Sur  la  production  d'hydrogène  sulfuré 

par  les  extraits  d'organes  et  les  ma- 
tières albuniinoïdes  en  général;  par 
MM.  J.-E.  Abelous  et  H.  Ribaut  .. .       (j5 

—  Sur  les  modifications  du  chimisme  res- 

piratoire avec  l'âge,  en  particulier 
chez  le  cobaye  ;  par  M.  LéopnldMayer.     1 37 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  commu- 

nication        '^8 

—  Influence  de  la  température  sur  la  pro- 

duction d'hydrogène  sulfuré  par  les 
matières  albuminoïdes,  les  extraits 
d'oiganes  animaux  et  les  extraits  de 
levure  de  bière,  en  présence  du 
soufre;  par  MM.  J.-E.  Abehias  et  H. 
Ribaut '08 

—  Emploi  de    la    bombe   calorimétrique 

pour  démontrer  l'existence  de  l'arse- 
nic dans  l'organisme;  par  M.  Gabriel 
Bertrand 2GG 

—  L'arsenic  existe-t-il  dans  tous  les  or- 

ganes   de    l'économie   aiumale;    par 

M.  Arnutnd  Gautier ^(jj 

—  La  nature  et  l'appréciation  de  la  réuc- 


i33o 


TABLE    DES    MATIERES. 


Pages, 
tion  alcaline  du  sang;  \)arM.H.Lfibùc.     384 

—  Phénols  libres  el  sulfo-conjugoés.  Mé- 

thode de  dosage.  Le  soufre  dit  nc.uuc 
existe-l-il  dans  l'urine?;  par  M.  L. 
Monfct 386 

—  De  la  présence  de  l'acide  lactique  dans 

les  muscles  des  Invertébrés  et  des 
Vertébrés  inférieurs;  par  M.  Jean 
Gautrclct 4 1  ^ 

—  Recherche  et  dosage  de  l'urée  dans  le 

sang    des    animaux    vertébrés;    par 

M.  Nestor  Gre'linnt 558 

—  Sur  l'oxydation  de  la  glucose  dans  le 

sang,  par  M.  L.  JoUy 77 1 

—  Contribution  à  l'élude  de  la  -dyscrasie 

acide  (acide  chlorhydrique)  ;  par 
MM.  /.  Adler  et  ./.  Desgrez 818 

—  Sur  l'existence,  dans  l'organisme  ani- 

mal, d'une  diastase  à  la  fois  oxydante 
el  réductrice;  par  MM.  J.-E.  Àbelons 
et  /,  Aloy 885 

—  Quelques  observations  relatives  à  l'ac- 

tion des  vapeurs  des  composés  hydro- 
carbonés sur  les  microbes  animaux 
elsur  les  insectes,  et  au  rôle  antisep- 
tique des  agents  oxydanis-oxydables; 
par  M.  Bertlielot g  J3 

—  La  prétendue  fermentation  alcoolique 

des  tissus  animaux  ;  par  M.  F.  Bntelli.  1 079 
Voir  aussi  Fhysiolo^ie  animale. 
Chlmie  générale.  —  Sur  la  diminution 
du  potentiel  pour  tout  changement 
spontané  dans  un  milieu  de  tempéra- 
ture el  de  pression  constantes;  par 
M.  E.  Ariès 46 

—  Courbes  de  sublimation;  par   M.  A. 

Bouzat , 175 

—  Sur  les  lois  el  les  équations  de  l'équi- 

libre chimique  ;  par  M.  Ariès ,>,53 

—  Sur  une  combinaison   de  deux  corps 

qui,  par  élévation  de  température, 
s'unissent  puisse  séparent  au  dessous 
de  — 79";  par  M.  D.  Cernez 235 

—  Description  d'un  nouvel  appareil  pour 

la    préparation    des   gaz    purs  ;    par 

M.  Henri  Moissan 563 

—  Sur  les  lois  du  déplacement  de  l'équi- 

libre chimique;  par  M.  E.  Ariès  ....     7)8 

—  Sur  la  couleur  des  solutions  aqueuses 

de  aiéthylorange  el  le  changement 
(ju'ydéterminenl  les  acides;  par  M.  P. 
Vaillant ,S  jq 

—  Sur  l'extension  de  la  formule  de  Cla- 

peyron  à  tous  les  états  indiflerents: 


Pages, 
par  M.  E.  Ariès 1239 

—  Sur  la  dissociation  des  carbonates  al- 

calins; par  M.  P.  Lebeaii 1255 

Chimie  minkralk.  —  Sur  les  conditions 
de  production  et  de  stabilité  de  l'acide 
hyposulfureux  ;  par  M.  /.  Aloj 5i 

—  Combinaison  du  sulfate  fenique  avec 

l'acide  sulfurique;  \i^v  }\ .  A .  Rccoura .     1 18 

—  Action  du  persulfate  d'ammoniaque  sur 

les  oxydes  métalliques;  par  MM.  A. 
Scjcwetz  et  P.  Trawllz i3o 

—  Réactions  catalytiques  diverses  four- 

nies par  les  mélaux  ;  influences  acti- 
vantes et  paralysantes  ;  par  M.  A . 
Trillat 187 

—  Préparation  el  propriétés  d'un  siliciure 

de  ruthénium;  par  MM.  Henri  Mois- 
san et   Wilhem  Manchot 229 

—  Sur  un  carbure  double  de  chrome  et 

de  tungstène;  par  MM.  Henri  Mois- 
san el  A.  Kouznetzoïv 262 

—  Sur  quelques  combinaisons  binaires  de 

l'uranium;  par  M.  A.  Colsnn 882 

—  Sur  la  température  d'inflammation  et 

sur  la  combustion  lente  du  soufre 
dans  l'oxygène  et  dans  l'air  ;  par 
I\L  Henri  Moissan 547 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication      628 

—  De  l'action  de  l'acide  carbonique  sous 

pression  sur  les  phosphates  métal- 
liques ;  par  M.  A.  Barilte' 566 

—  Sur  l'état  du  carbone  vaporisé;   par 

M.  Bertlielot 589 

—  Sur  la  fusibilité  des  mélanges  de  soufre 

el  de  bismuth;  par  M.  H.  Pélabon. .     648 

—  Sur  le  kermès;  par  M.  /.  Boi/gaule. ..     794 

—  Influences  activantes  ou  paralysantes 

agissant  sur  le  manganèse  envisagé 
comme  ferment  métallique  ;  par  M .  A. 
Trillat 922 

—  Action  du  mélange  oxygène  et  acide 

chlorhydrique  sur  quelques  mélaux; 

par  M.  Camille  Matignon io5 1 

—  Sur  la  préparation  du  sesquiséléniure 

d'iridium;  par  MM.  C.  C/iabrie' elA. 
Bouclionnet * "'^g 

—  Recherches  sur  la  densité  du  chlore; 

par  MM.  Moissan  et  Binet  du  Jasso- 

neix '  '  98 

—  Sur  une  nouvelle  méthode  de  prépara- 
tion de  quelques  fluorures  anhydres 

el  cristallisés;  par  M.  Defacqz i.'.Ji 

Voir  aussi  Aciers,  Aluminium,  Argent, 


TABLE    DES    MATIÈRES. 


l33l 


Pages. 
Jrgoii,  Arsenic,  Baryum,  Bisnnilli, 
Brome,  Carbone,  Çliimie  a/ialf  tique,, 
Cyanures,  Dissociation,  Fer,  Iode, 
Ojrygcne,  P/iosp/iore,  Radio-activite', 
Zinc. 
CiiiMiii;  ORGANIQUE.  —  Sur  l'acélylène  bi- 
bromé  :  purificaLion,  cryoscopie,  ana- 
lyse ;  par  P.  Lemoult 55 

—  Action  du  sodium  sur  le  tétnichlorurc 

de  carbone  et  la  benzine  chlorée  : 
formation  de  Iripliénylmélliane  et 
d'hexapliénylélhane  ;  par  M.  Jules 
Schmidlin 5fj 

—  Oxyde  d'étliylènedu  ^-cyclohexanediol- 

1 .2  et  dérivés  ;  par  M.  Le'on  Bruuel. .       G?. 

—  Action  de  l'acide  hypopliosphoreux  sur 

la  diéthylcélonc  et  sur  l'acétophé- 
none;  par  M.  C.  Marie 124 

—  Sur  le  chlorure  de  pliénylpropargyli- 

dène  C^HS— C  =  C  -  CH  Cl'^;  par 
MM.  Ernest  Cliaron  et  Edgar  Du- 
gnujon I  '25 

—  Préparation   des  amidcs  secondaires  ; 

par  M.  /.  Tàrbouriech 128 

—  Action  du  brome  sur  le  pinèue  en  pré- 

sence de  l'eau;  par  MM.  P.  Genvrcsse 

et  P.  Faivre 1 3o 

—  Sur  la  spartéine.  Caractères  généraux; 

action  de  quelques  réducteurs;  par 
MM.  Ch.  Moureu  et  J .  Valeur 194 

—  Sur  les  élhers  isonitrosomaloniques  et 

leur  transformation  en  élhers  mésoxa- 
liques;  par  MM.  L.  Bonveault  et  J. 
IVahl 195 

—  Action  de  l'ammoniaque    sur  l'oxyde 

d'éthylène    du    îî-(7-cyclohexanediol  ; 

par  M.  Léon  Bruncl 198 

—  Sur  le  cyclohexane  et  ses  dérivés  chlo- 

rés; par  MM.  Paul  Sabalier  et  Jlpli. 
Mailhe 1^0 

—  Sur  la  condensation  des  étiiers  acétylé- 

niques  avec  les  alcools;  par  M.  Ch. 
Moureu iSg 

—  Sur  la  constitution  du  cyanure  d'allyle  ; 

par  M.  R.  Lcspieau zGa 

—  Contribution  à  l'étude  des  quinones- 

dicétones;  par  M.  OEchsner  de  Co- 
ninck 263 

—  Transformation  des  aldéhydes  et  des 

cétones  en  alcools  par  hydrogénation 
catalytique  ;  par  MM.  Paul  Sabaticr 
et  J  -B.  Sendereiis ]o  1 

—  Dosage    de    la    pyridine    en    soUilion 

aqueuse;  par  M.  Maurice  François..      y.i\ 


l'ages. 

-  Survies  amides  secondaires;  par  M.  Tar- 

bouriech 326 

-  Réduction  des  éthers-sels  des  amides 

à   fonction   complexe  ;    par  MM.  L. 
Bouveault  et  G.  Blanc 328 

-  Action  de  la  phénylhydrazine  sur  les 

bromures  et  les  iodures  alcooliques; 

par  M.  J .  Allain  Le  Canu Sag 

Sur  le  télraméthyldiamino-diphény- 
lène-phénylméthane  dissymétrique  et 
le  colorant  qui  en  dérive;  |)ar  MM.  A. 
Guyot  et  M.  Granderyc 4  '  3 

Sur  la  nitrosite  de  la  pulégone;  par 
M.  P .  Genvrcsse 074 

Les  chaleurs  de  combustion  des  com- 
posés organiques,  considérées  comme 
propriétés  additives.  Alcools  et  phé- 
nols. Éthers-oxydes.  Aldéhydes  et  cé- 
tones ;  par  M.  P.  Lemoult 5i5 

Action  de  l'acide  phosphoreux  sur  la 
mannite.  Remarque  sur  le  mannide; 
par  M.  P.  Carré • 517 

Dérivés  et  produits  d'oxydation  de  l'a- 
cide nitropyromucique;  par  M.  R. 
Marquis 520 

Recherches  sur  la  formation  des  azoï- 
ques.  Réduction  de  l'éther-oxyde  or- 
tho-nitrobenzil-mélhylique;  par  M.  P. 
Freundler 621 

Sur  les  éthers  nitriques  des  acides-al- 
cools ;  par  M.  H.  Duval 671 

Fixation  anormale  du  trioxyméthylène 
sur  certains  dérivés  organomagnésiens 
aromatiques;  par  MM.  M.  Tiffeneaa 
et  R.  Delange 573 

Actions  des  composés  organomagné- 
siens  mixtes  sur  les  amides.  Nouvelle 
méthode  de  préparation  de  cétones; 
par  M.  Constantin  Béls J75 

Sur  les  produits  de  condensation  du 
tétraméthyldiamidophényloxanthranol 
avec  le  benzène,  le  toluène  et  la  dimé- 
Ihylanilinc;  par  MM.  J.  Haller  et  A. 
Guyot 606 

Sur  le  calcul  de  la  chaleur  de  com- 
bustion des  acides  organiques,  de 
leurs  anhydrides  et  des  éthers-sels; 
par  M.  P .  Lemoult 630 

Recherches  sur  l'isoglucosamine  :  par 
^L  L.  MiUjuenne 658 

Sur  une  méthode  de  synthèse  des  dé- 
rivés dihalogénés  symétriques  do  la 
benzophénone:  par  AL  F.  Bodroux..     710 

Application  de  la  pyridine  à  la  prépa- 


l352  TABLE 

P 

ration  de  quehiues  dérivés  amidés  ; 
par  M.  P.  Freundicr 

—  Sur  l'emploi  de  l'amalgame  de  magné- 

sium en  Cliimie  organique  ;  par 
M.  Louis  Meunier 

—  Sur  l'aldéhyde  orlhololuique,  par  M.//'. 

Four  nier 

—  Action  des  dérivés  organomagnésiens 

sur  l'acétol  et  ses  éthers-sels;  par 
M.  André  Kling 

—  Sur  les  acétones  acétyléniques.  Nou- 

velle méthode  de  synthèse  des  isoxa- 
zols;  par  MM.  Ch.  Moureu  et  M. 
Brachin 

—  Sur  l'acide  oxalacétique;  par  M.  L.-J. 

Simon 

—  Copulation  des  sels  de  dinaphtopyryle 

avec  les  phénols;  par  M.  R.  Fosse. .. 

-^  Synthèse  de  la  nicotine;  par  M.  Juté 

Pictet 

—  Alcoylation  systématique  de  l'arsenic  ; 

par  M.  V.  Auger 

—  Recherches  sur  les  azoïques.  Nouveau 

mode  de  formation  des  dérivés  inda- 
zyliques ;  par  M.  P.  Freundler 

—  Action    de   l'acide   cyanhydrique   sur 

l'aldéhydale  d'ammoniaque  et  les 
combinaisons  analogues;  par  W. Mar- 
cel Deleplne 

—  Nouvelle  réaction  de  l'hydroxylamine; 

par  M.  L.-J .  Simon 

—  Nouvelle  méthode  de  préparation  des 

aldéhydes;  par  M.  L.  Bouvetmlt 

—  Sur    la    migration    phénylique  ;    par 

M.  Marc  Tiffenemi 

—  Sur  les  éthers  de  l'acide  isopyroaiuci- 

que;  par  M.  C.  Clummne 

—  Sur  les  hydrates   d'alcool  éthylique; 

par  MM.  E.  Varenne  et  L.  Godefroy. 

—  Préparation   directe   du   cyclohexanol 

et  de  la  cyclohexanone  à  partir  du 
phénol;  par  MM.  Paul  Sdhaliev  et 
J.-B.  Senderens 

—  Sur  les  acétates  alcalino-lerreux;  par 

M.  Albert  Colson 

—  Action  des  acides  bromosuccinique  et 

bibromosuccinique  sur  les  bases  pyri- 
diques  et  quinoléiques;  par  M.  Louis 
Diibreuil 

—  Sur   un  nouveau  phénol   triiodé;  par 

M.  P.  Brenans 

—  Stéréoisomérie  dans   les  éthers   cam- 

phocarboniques  substitués  et  l'a- 
cide mélhylhomocamphorique.  Acide 


DES    MATIERES. 


agcs. 

71  i 
-iG 

-36 

79^ 
855 
85S 
8G0 
9>.5 

t)8'2 

1)8-1 
y8G 

9^7 
'J9'^ 


1061 

ioG3 
1  oG  ") 


Pages. 

élhylcamphocarboiiiquc;  par  M.  J. 
Minguiti 1 0G7 

—  lodures  de  mercurammonium  des  ami- 

nés primaires  et  des  aminés  tertiai- 
res ;  par  M.  Mmirice  François ioG<j 

---  Sur  de  nouvelles  synthèses  etîectuécs 
au  moyen  des  molécules  renfermant 
le  groupe  méthylène  associé  à  un  ou 
deux  radicaux  négatifs.  Action  de  l'é- 
pichlorhydrine  sur  l'acctylacétone  so- 
dée; par  MM.  A.  Hallcrel  G.  Blanc.    r>()3 

—  Sur  les  a-aminonitriles;  \)ixr  M.  Marcel 

Delépine i  J-^' 

—  Combinaisons  du  saccharose  avec  quel- 

ques sels  métalliques;  par  M.  D. 
Gauthier 12  jy 

—  Sur  la    transformation   des    a-glycols 

primaires  en  aldéhydes  correspon- 
dantes; par  M.  Tilf'encau l'iGo 

—  Sur  les  éthers   nitriques  des  acides- 

alcools  ;  par  M.  //.  Duval i -^^i. 

—  Action   de  l'acide  carbonique  sur  les 

solutions  aqueuses  d'aniline  en  pré- 
sence des  ni  tri  tes;  par  W.Louis  Meu- 
nier     1 2G4 

—  Préparation    d'alcools  hydro-aromati- 

ques ;  par  M.  Léon  Brunel iiG8 

Voir  aussi  Chimie  biologir/ue,  Chimie 
végétale,  Colorantes  {Matières).,  Ethé- 
rifîcation,  Glycérine. 
Chimie  physique.  —  Sur  la  diminution  de 
potentiel  pour  tout  changement  spon- 
tané dans  un  milieu  de  température 
et  de  pression  constantes.  Note  de 
M.  Ariès 47 

—  Courbes   de  sublimation;  par  M.  A. 

Bouzat 17^ 

—  Nouvelles  lois  de    tonométrie,    qu'on 

peut  déduire  des  expériences  de 
Raoult;  par  M.  E.  IVickershelmer .  ..     Siy 

—  Courbes  de  pression  des  systèmes  uni- 

varianls  qui  comprennent  une  phase 
gazeuse  ;  par  M.  A.  Bouzat S'^i 

—  Un  liquide  fixateur  isotonique  avec  l'eau 

de  mer;  par  M.  .l/.-C  Dekhuyzcn. 
4i5,  445 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  les 

trois  premiers  numéros  du  «  Journal 
de  Chimie  physique  »,  publié  par 
M.  Philippe- A.  Guye Gi3 

—  Sur  les  lois  du  déplacement  de  l'équi- 

libre chimique;  par  M.  E.  Ariès  ....     738 

—  Sur  l'extraction  de  l'oxygène   par  la 

liquéfaction  partielle  de  l'air  avec  rc- 


TA13LE    DES    MATIERES. 


i333 


Pages. 

loup  en  arrière  ;  par  M.  Gcori^^cs 
Claude j83 

—  Sur  la  couleur  des  solutions  aqueuses 

de  mélhylorange  et  le  changement 
qu'y  déterminent  les  acides  ;  i)ar  M.  P. 
Vaillant 8  jQ 

—  Sur  l'extension  de  la  formule  de  Cla- 

peyron  à  tous  les  états  inditférents; 

par  M.  L.  Ariès i  i  j() 

—  L'osmose  électrique  dans  l'ammoniac 

liquide;  par  M.  Marcel  Ascnli lijj 

Voir  aussi  Ionisation,  Radioactivité. 
CiiiAiiE   VKGÉrAu:.   —   Les    hydrates    de 
carbone  de  l'orge  et  leurs  transform:!- 
tions  au  cours  de  la  germination  in- 
dustrielle ;  par  M.  L.  Liiidet yj 

—  Influence  du  chlorure  de  sodium  sur  la 

transpiration  et  l'absorption  de  l'eau 
chez  les  végétaux  ;  par  M.  H.  Ricôinr.     i  \  i 

—  Sur  la  matière  plio?pho-organique  de 

réserve  des  plantes  à  chioro[)hylle. 
Procédé  de  séparation;  par  M.  S.  Pos- 
tcniak loi 

—  Recherches  sur  la  nutrition  des  plantes 

étiolées;  par  M.  G.  André 1 99 

—  Les    matières  albuminoïdes  du   grain 

de  maïs;  par  MM.  Doiiard  et  L<d)bc.     26  j 

—  Sur  les  propriétés  et   la  composition 

chimique  de  la  matière  phos|)ho-or- 
ganique  de  réserve  des  plantes  à  chlo- 
rophylle par  M.  .S'.  Poster/iafi 377 

—  Sur   la   constitution   de  l'acide    phos- 

pho-organiquede  réserve  des  plantes 
vertes  et  sur  le  premier  produit  de 
réduction  du  gaz  carbonique  dans 
l'acte  de  l'assimilation  chlorophyl- 
lienne ;  par  M.  S.  Pasternak 43G 

—  De  l'influence  de  i'aliineulalion  miné- 

rale sur  la  production  des  sexes  chez 
les  plantes  dioïques;  par  M.  Emile 
Laurent G8i( 

—  Influence  de  la  nature  du  milieu  exté- 

rieur sur  la  composition  organique  de 
la  plante;  par  MM.  Alex.  Hébert  et 
E.  Chandjot 7()() 

—  Production  et  distribution  de  quelques 

substances  organiques  chez  le  Manda- 
rinier; par  MM.  Eug.  Charabot  Qi  G. 
Lntouc 99(5 

—  Sur  l'oxydation  du  gayacol  par  la  lac- 

case  ;  par  M.  Gabriel  Bertrand 1 269 

—  Sur    le    développement    des    plantes 

grasses  annuelles;  étude  des  bases 
minérales ,  par  M.  G.  André 1 272 


Pages . 

—  Sur  une  culture  de  sarrasins  en  pré- 

sence d'un  mélange  d'algues  et  de 
bactéries;  par  MM.  Bouilhac  et  Gius- 
tinitud 1  '^74 

—  Sur   le  rôle  de  l'oxalate   de  calcium 

dans  la  nutrition  des  végétaux  ;  par 

M .  Aniar i  jo i 

—  Sur  la  relation  qui  existe  entre  la  pro- 

portion de  gluten  contenu  dans  ditle- 
rents  blés  et  la  proportion  des  ma- 
tières azotées  totales;  par  M.  E.  Feu- 
rent 1 3 1 3 

Voir  aussi  Chinùe  agricole. 
CumuKGiE.  —  De  la  formation  du  cal;  par 

MM.  J'.  Corail  et  /*.  Coudray 220 

—  Nouveau   perforateur  à  ressort,  den- 

taire et  chirurgical  ;  par  MM.  J.  Ber- 

cut  et  A.  Douât G74 

Chlore  et  ses  composks.  —  Sur  l'éthéri- 
fication  des  hydracides;  par  M.  A. 
Filliers 53 

—  Action  du  sodium  sur  le  tétrachlorure 

decarbone  et  la  benzine  chlorée;  for- 
mation de  triphénylméthane  et  d'he- 
xaphényléthane;  par  M.  Jtdes  Scluni- 
dlin 5,j 

—  Sur  le  chlorure  de  phénylpropargyli- 

dène  C«Hs  — C  =  G  —  CH  Gl'^;  par 
MM.  Ernest  Char  on  et  Edgar  Du- 
g'>"jon 1-25 

—  Influence  du  chlorure  de  sodium  sur  la 

transpiration  et  l'absorption  de  l'eau 

par  les  végétaux  ;  par  M.  H.  Rieônie.      i.\  1 

—  Sur  le  cyclohexane  et  ses  dérivés  chlo- 

rés; par  :\[M.  Paul  Sabatier  et  Ap/t. 
Mailhe 240 

—  Action  du  chlore  sur  l'acétate  de  ba- 

ryum :  par  M.  Albert  Colson 6Gu 

—  Sur  les  acétates  alcalmo-terreux  ;  par 

M.  Albert  Colson 1  uG i 

—  Action  du  , mélange  oxygène  et  acide 

clilorhydrique  sur  quelques  métaux  ; 

pa  r  M .  Camille  Matignon 1  u  j  i 

—  Recherches  sur  la  densité  du  chlore; 

par  .MM.  Moissan  et  Binet  du  Jas- 

soneix 1 1 9s 

Voir  aussi  Iode. 
Cnno-Mii:.   —   Sur   un  carbure  double  de 

chrome  et  de  tungstène;  par  MM.  H. 

Moissan  et  A.  Kouznetzow 292 

GuKONOMKTRiE.  —  Sur  les  couditions  de  la 

synchronisation 243 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 


nication 


)334  TABLE    DES 

Pages. 

—  Sur  la  relation  entre  la  pression  et  la 

marche     des      chronomèircs  ;      par 

M.  Paul  DUislicini 700 

—  Rennarques  sur  la  Note  de  iM.  P.  Di- 

tislicim,  relative  à  l'action  de  la  pres- 
sion atmosphérique  sur  la  marche  des 
chronomètres;  par  M.  CIi.-Ed.  Guil- 

laamc 7o3 

Collège  de  France.  —  MM.  Jordan,  Mas- 
cnrt,  Darhoux,  Berthelnt,  de  Lnppa- 
rcnt,  Pcrricr  sont  nommés  membres 
d'une  Commission  chargée  de  présen- 
ter une  liste  de  candidats  pour  la 
chaire  d'Hisloire  générale  des  Scien- 
ces, vacante  au  Collège  de  France. . .     838 

—  Liste  de  candidats  présentée  à  M.  le 

Ministre  de  l'Instruction  publique 
pour  la  chaire  d'Histoire  des  Sciences, 
vacante  au  Collège  de  France  : 
r  M.  Tatmery,  a"  M.  Wjroubi\{f.  .  .  .  964 
Colorantes  (Matières).  —  Recherches 
thermochimiques  sur  les  matières  co- 
lorantes. La  rosalinine  et  la  pararosa- 
niline;  par  M.  Jidcs  Sclimidlln 33 1 

—  Sur   le    tétraméthyldiamino-diphény- 

lène-phénylméthane  dissymétrique  et 
le  colorant  qui  en  dérive;  par  MM.  ^. 
GuyoL  et  M.  Grandcrye /i  1 3 

—  Colorants  azoïques,  solides,  dérivés  de 

l'a-aminoanthraquinone;  par  M.  Char- 
les Laitllt 661 

—  Sur  la  couleur  des  solutions  aqueuses 


MATIERES. 

Pages. 

de  méthylorange  et   le  changement 

qu'y  déterminent  les  acides  ;  par  M.  P. 

Vaillant 819 

Comètes.  —  Photographie  de  la  comète 

Borrelly,  1903  c;  par  M.  Quénissrt  .  170 
—  Photographie  de  la  comète  Borrelly, 

1903  c;  par  M.  Quénisset "X^i 

—  M.  fF.  de  Fonviellc  adresse  une  Note 

«  Sur  l'explication  donnée  par  Fonle- 
nelle  de  la  nature  des  queues  des  co- 
mètes » , . .     iSS 

—  Observations  spectrales  de  la  comète 

Borrelly  (1903  r);   par  M.  H.  Des- 

landres 393 

Commissions.  —  MM.  Jordan,  Mascart, 
Darhoux,  Berthelot,  de  Lapparenl,- 
Perrier  sont  nommés  membres  d'une 
Commission  chargée  de  présenter  une 
liste  de  candidats  pour  la  chaire  d'His- 
toire générale  des  Sciences,  vacante 
au  Collège  de  France 838 

—  M.  Moissan  est  réélu  membre  de  la 

Commission  de  contrôle  de  la  Circu- 
lation monétaire 1027 

Cristallisation.  —  Voir  Minéralogie, 

Crustacés.  —  Voir  Zoologie. 

Cyanures.  —  Les  bleus  de  Prusse  et  de 
Turnbull.  Une  nouvelle  classe  de  cya- 
nures complexes  ;  par  M.  P.  Chrétien.     191 

—  Sur  la  constitution  du  cyanure  d'allyle  ; 

par  M.  R.  Lespieau. 263 

Voir  aussi  Chimie  organique. 


I) 


DÉCÈS  DE  Membres  et  Correspondants. 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel   annonce  à 

l'Académie  la  mort  de  M.  J.-W. 
Gibbs,  Correspondant  pour  la  Section 
de  Mécanique 5 

—  M.  le  Président  annonce  à  l'Académie 

la  mort  de  M.  Munier-Chahnas, 
Membre  de  la  Section  de  Minéralogie.     357 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  la 

mort  de  M.  Rudolf  Lipschilz,  Corres- 
pondant pour  la  Section  de  Géomé- 
trie      541 

DÉCRETS.  —  M.  le  Ministre  de  l'Instruc- 
tion publique  adresse  ampliation  du 
Décret  par  lequel  le  Président  de  la 
République    approuve    l'élection    de 


M.  Bertln  dans  la  Section  de  Géogra- 
phie et  Navigation,  en  remplacement 
de  M.  de  Bussy,  décédé 893 

DiASTASES.  —  A  propos  d'une  diastase  lac- 
tique dédoublant  le  salol  ;  par  MM. 
A.  Mlele  et  F.  Willem 1 35 

—  Sur  l'existence,  dansl'organismeanimul, 
d'une  diastase  à  la  fois  oxydante  et 
réductrice  ;  par  MM.  J .-E.  Ahelous  et 
J.   Aloy 885 

Dissociation.  —  M.  P.  Lcbeau.  —  Sur  la 

dissociation  des  carbonates  alcalins. .    i255 

Dissolutions.  —  Nouvelles  lois  de  tono- 
métrie,  qu'on  peut  déduire  des  expé- 
riences de  Raoul  t.  Note  de  M.  E. 
Wickersheimer 3 1 9 


TABLE    DES    MATIÈRES. 


i3:H5 


E 


Pages. 

Eaux  naturelles.  —  Sur  la  séparation  et 
le  dosage  du  fer  et  de  l'acide  phos- 
phorique  dans  les  eaux  ;  par  M.  H. 

Causse -,o3 

Voir  aussi  Hydrologie. 

Éclipses.  —  Observation  de  l'éclipsé  de 
Soleil  du  20  septembre  1903,  faite  à 
l'ile  de  la  Réunion;  par  MM.  Edmond 
Bordage  et  A.  Gnrsault 63  j 

—  Observations  faites  à  l'île  de  la  Réunion 

sur  l'éclipsé  de  Lune  du  G  octobre 
igoS;  par  MM.  Edmond  Borda ge  et 

A.  Garsaidt 8q- 

ÉcoLE  Polytechnique.  —  M.  le  Minlstie 
de  la  Guerre  invite  l'Académie  à  lui 
désigner  deux  de  ses  Membres  pour 
faire  partie  du  Conseil  de  perfection- 
nement de  l'École  Polytechnique Î92 

—  MM.  Haton  delà  Goupillière,  H.  Poin- 

crt/e  sont  désignés  pour  faire  partie  du 
Conseil  de  perfectionnement  de  l'École 
Polytechnique 5 1 1 

Économie  rurale.  —  Voir  Chimie  agri- 
cole, Chimie  végétale,  alimentaires 
{Matières),  Fins,  Viticulture. 

ÉLECTBICITÉ.  —  Sur  la  mesure  des  coeffi- 
cients de  self-induction  au  moyen  du 
téléphone  ;  par  M.  R.  Dongier 1 1 5 

—  Essais  sur   la  commutation   dans    les 

dynamos    à    courant    continu;    par 

M.  Illovici j  -,v 

—  Du  dichroïsme  électrique  des  liqueurs 

mixtes  ;  par  M.  /.  Chaudier -^48 

—  Sur  le  rôle   des   noyaux    métalliques 

des  bobines;  par  M.  B.  Eginitis 438 

—  M.  A.  Berthier  adresse  une  Note  inti- 

titulée:  0  Transformateur  aclino-élec- 
trique,  pour  la  transformation  de 
l'énergie  lumineuse  en  énergie  élec- 
trique » 4-1 

—  Conditions  qui  déterminent  le  signe  et 

la  grandeur  de  l'électrisation  par  con- 
tact; [)ar  M.  Jean  Pcrrin 5i3 

—  Électrisation  de  contact  (IV)  et  théorie 

des  solutions  colloïdales  ;  par  M.  Jean 
Perrin 55/j 

—  Changement  de   résistance  électrique 

du  sélénium  sous  l'inlluence  de  cer- 
taines substances;  par  M.  A.B.  Grif- 
fîilis '. .     G47 


Pages 

—  Cohésion  diélectrique  des  gaz  à  basse 

température  ;  par  M.  ^.  Bout  y 74 1 

—  Sur  les  phénomènes  particuliers  pré- 

sentés par  les  arcs  au  mercure;  par 

M.  de  Valbreuze g  1 2 

—  Étude  d'une  résistance  de  contact;  par 

M.  A.  Blanc i  Oj  2 

—  Sur  les  décharges  glissantes  ;  par  M.  ■/. 

de  KowalsJd .. 12^6 

—  L'osmose  électrique  dans  l'ammoniac 

liquide  ;  par  M.  Marcel  Ascoll i253 

Voir  aussi  Électrochimie,  Radioactivité, 
Télégraphie . 
ÉLECTROciiiMiE.  —  Action  de  l'iode  sur 
les  pellicules  de  cuivre  obtenues  par 
ionoplaslie ;  par  M.  Houllevigue 47 

—  Relations  entre  les  piles  à  plusieurs 

liquides;  par  M.  Berthelot aSj 

—  Remarques  concernant    les    relations 

entre  les  piles  constituées  par  les 
mômes  liquides,  compris  entre  deux 
électrodes  différentes  ou  identiques; 
par  M.  Berthelot 29 1 

—  Piles    à    plusieurs  liquides    différents 

avec  électrodes  métalliques  identi- 
ques ;  par  M.  Berthelot 421 

—  Influence  des  gaz  sur  la  séparation  des 

métaux  par  éiectrolyse  :  séparation  du 
nickel  et  du  zinc;  par  MM.  Hollard  et 
Bertiaux §53 

—  Sur  les  forces  électromotrices  résultant 

du  contact  et  de  l'action  réciproque 

des  liquides;  par  M.  Berthelot 956 

—  L'osmose-  électrique  dans  l'ammoniac 

liquide  ;  par  M.  Marcel  Ascoli 1253 

Voir  Ionisation. 
Errata.  —  100,  i52,  228,  356,  444,  488, 

628,  820,  gSa,  1088,  i322. 
Ethérification.  —  Sur  l'éthérificalion  des 

hydracides;  par  M.  A.  Villiers 53 

—  Action  de  l'acide  phosphoreux  sur  la 

mannite.  Remarques  sur  la  niannite  ; 

par  M.  P.   Carré 517 

—  Sur  l'éthérificUion  de  l'acide  phospho- 

rique   par  la  glycérine  ;    par  M.   P. 

Carré 1070 

Étoiles  filantes.  —  Observations  des 
Léonides  et  des  Riclides,  faites  à 
Athènes,  en  1903  ;  par  M.  D.  Egi- 
nitis       9G5 


i336 


TABLE    DES    MATIERES. 


Pages. 
Expositions.  —  Présentation  du  Tome  III 
de  son  a  Rapport  général  sur  l'Expo- 
sition universelle  de  1900  »  ;  par  M. 
Alfred  Picard 1 1  o 

—  M.    Alfred   Picard  fait  hommage  à 

J'Académie  du  quatrième  Volume  de 
son  Rapport  général  concernant  l'Ex- 
position universelle  de  1900 43f> 

—  M,  Alfred  Picard  piésente  à  l'Acadé- 

mie le  Tome  V  de  son  «  Rapport 
général  administratif  et  technique  sur 


Pages. 
l'Exposition  universelle  internationale 
de  1900  » 490 

—  M.  Alfred    Picard    fait    hommage    à 

l'Académie  des  Tomes  VI  et  VII  de 
son  «  Rapport  général  administratif  et 
technique  de  l'Exposition  universelle 
internationale  de  1 900  » 833 

—  Note  de  M.  Alfred  Picard,  accompa- 

gnant la  présentation  du  Recueil  des 
plans  de  son  Rapport  sur  l'Exposition 
universelle  de  1900 lai  i 


Fer  et  ses  composés.  —  Chaleur  de  neu- 
tralisation de  l'acide  ferrocyanhydri- 
que  ;  chaleur  de  formation  de  ses 
combinaisonsavecl'élher  et  l'acétone; 
par  MM.  P.  Chrétien  et  Giùnchanl..       G) 

—  Combinaison  du  sulfate  ferrique  avec 

l'acide  sulfurique;  par  M.  A.  Recoura.     i  iS 

—  Sur  l'action  de  l'oxyde  de  carbone  sur 

le  fer  et  ses  oxydes;  par  M.  Georges 
Cliarpy 1 20 

—  Sur  l'acide  ferrisulfurique  et  le  ferri- 

sulfate  d'éthyle;  par  M.  A.  Recoura  .      189 

—  Les  bleus  de  Prusse  et  de  Turnbidl, 

une  nouvelle  classe  de  cyanures  com- 
plexes ;  par  M.  P.  Chrétien 191 

—  Sur  la  séparation  et  le  dosage  du  fer 

et  de  l'acide  phosphorique  dans  les 
eaux  ;  par  M.  H.  Causse 708 

—  Les     modes    de    déformation    et    de 

rupture  des  fers  et  des  aciers  doux  ; 
par  MM.  F.  Osinnnd,  G.  Carlaad  et 
Ch.  Frémnnt 8")i 

—  Sur  les  fers  météoriques;  'par  MM.  F. 

Osmnnd et  G.  Cartaud to j- 

Voir  aussi  Aciers. 


Ferments.  —  Sur  le  ferment  du  salol  con- 
tenu dans  certains  laits;  par  M.  A. 
DesniouHère 33" 

—  M.    Emni.    Pozzi-Escot   adresse   une 

Note  relative  à  «  l'action  de  la  cha- 
leur sur  les  levures  » 538 

—  Étude  des  ferments  digestifs  chez  quel- 

ques   Invertébrés  ;     par    M.    Victor 

Henri. 7^3 

~  Sur  la  fermentation  forménique  et  le 

ferment  qui  la  produit;  par  M.  Mazé .     887 

—  Influences  activantes  ou  paralysantes 

agissant  sur  le  manganèse  envisagé 
comme  ferment  métallique  ;  par  M.  A. 
Trillat 922 

—  La  prétendue  fermentation  alcoolique 

des  tissus  animaux  ;  par  M,  F.  Batelli.  1079 
Voir  aussi  Amidon,  Diastases,  Lac- 
case,  Lactase. 
Force  centrifuge.  —  MM.  G.  Claude  et 
E.  Demnussy.  —  Sur  la  séparation 
des  mélanges  gazeux  par  la  force 
centrifuge 25o 


G 


Géodésie.  —  M.  le  Secrétaire  perpétuel 
rend  compte  du  Congrès  de  l'Associa- 
tion géodésique  internationale,  tenu  à 
Copenhague  du  4  au  14  août  1903. . . 

GÉOGRAPHIE. —  M.  A.  Grandi<iier  piésenle 
à  l'Académie,  au  nom  de  l'auteur, 
M.  Jules  de  Scliokalsky,  le  premier 
fascicule  d'un  Atlas  de  Géographie  .  . 

GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE.— Sur  les  effondre- 
ments de  la  plaine  de  Sevran;  par 


593 


loSG 


M.  Gustave-F.  Dnllfus 279 

—  Sur  les  lacs  de  la  haute  Engadine  ;  par 

M.  André  Delehecque 1 3 1 1 

Voir  aussi  Physique  du  globe. 
GÉOLOGIE.  —  Sur  deux  horizons  à  Cépha- 
lopodes du  Dévonien  supérieur  dans 
le   Sahara   oranais;    par    M.    Emile 
Haug 83 

—  Sur  les  variations  de  la  Meuse  à  l'époque 

quaternaire;  par  M.  Paul  Bois 85 


TABLE    DES 

Sur  l'originft  fies  plis  el  des  recouvre- 
ments flans  les  Pyn^nées;  par  M.  Jo- 
sepJi  Rnnssel 148 

Sur  les  effondrements  de  la  plaine  de 
Sevran  ;  par  M.  Gustnve-F-  Dollfus..     779 

Coupes  des  terrains  tertiaires  de  la  Pa- 
tagonie;  par  M.  André  Toiirnoticr..  .     3î<S 

Sur  la  constitution  géologique  des  en- 
virons de  Mirsa  Matrouh  (Marma- 
rique);  par  M.  D.-E.  Vnchandnki..  .      )5f) 

Sur  le  passage  du  Rhin  par  la  vallée  du 
Doubs  et  la  Bresse  pendant  le  Plio- 
cène; par  M.  le  génénd  de  LamniJie.     389 

Sur  les  relations  de  structure  des 
Alpes  françaises  avec  les  Alpes  suisses; 
par  M.  Kilian jo  > 

Sur  le  rôle  des  Charriages  dans  les 
Alpes  delphino-provenf:ales  et  sur  la 
structure  en  éventail  des  Alpes  brian- 
çonnaises;  par  M.  W.  Kilian J3C) 

Sur  leTuroniend'Abou-Roach  (Egypte); 
par  M.  R.  Fourtau 18  1 

Sur  les  phases  du  plissement  des  zones 
intra-alpines  françaises;  par  M,  TF. 
Kilian 621 

Sur  la  structure  tectonique  de  l'île 
d'Eubée;  par  M.  Deprat OrjG 

Sur  quelques  analogies  de  faciès  géo- 
logiques entre  la  zone  centrale  des 
Alpes  orientales  et  la  zone  interne  des 
Alpes  occidentales;  par  M.  Pierre 
Termier 807 

Sur  les  puits  artésiens;  par  M.  D. 
Pantanelli 809 

Sur  un  niveau  fossilifère  nouveau  du 
Keuper  franc-comtois;  par  MM.  M, 
Piroutet  et  Arm.  Laurent 810 

Sur  la  signification  géologique  des 
anomalies  de  la  gravité;  par  M.  de 
Lapparent 89.7 

Sur  les  formations  de  la  zone  des  quart- 
zites  et  conglomérats  inférieurs  au 
Dévonien  dans  l'Oural  du  Nord;  par 
MM.  L.  Duparc  et  F.  Pearce 873 

Sur  la  structure  des  Hohe  Tauern 
(Alpes  du  Tyrol);  par  M.  Pierre 
Termier S7  5 

"Les  roches  éruptives  de  l'île  d'Eubée; 

par  M.  Deprat 879 

-  Sur  la  synthèse  géologique  des  Alpes 
orientales;  par  M.  Pierre  Termier .  .     919 
Sur  un  cas  remarquable  de   cristal- 
lisation   spontanée    du   gypse  ;    par 
M.  Stanislas  Meunier c^\> 


MATIÈRES.  l337 

Pages. 

—  Sur  le  système  permien  dans  les  Pyré- 

nées  françaises    et  espagnoles;    par 

M.  /.  Caralp 1008 

—  Observations  relatives  à  la  tectonique 

de   la  haute   vallée  de    la   Jalomita 

(  Roumanie)  ;  par  M.  /.  Bergemn  . . .    1009 

—  Sur  la  géologie   et  l'hydrologie   sou- 

terraine du  Caucase  occidental  ;  par 
MM.  A.  Yermolnffei  E.-A.  Martel. .    1077 

—  Sur  la  limite  du  Jurassique  et  du  Cré- 

tacé dans  la  région  orientale  des 
Pyrénées  et  sur  l'existence  de  deux 
époques  distinctes  de  furmalion  des 
calcaires  à  couzeranile;  par  MM.  Ch. 
Depéret  et  O.  Mengrl 1110 

—  Sur  le  glaciaire  de  la  Garonne;  par 

M.  L.-A.  Fahre i 3o'j 

—  Sur  les  racines  de  quelques  nappes  de 

charriage  des  Alpes  occidentales;  par 

M.  Emile  Rang i  "507 

Voir  aussi  Géographie  physique,  Mi- 
néralogie, Paléontologie,  Pétrogra- 
phie, Physique  du  globe,  Volcaniques 
(phénomènes). 
GÉOMÉTRIE.  —  Sur  les  lignes  de  courbure 
de  certaines  surfaces;  par  M.  E. 
Blulel 35 

—  Sur  l'habillage  des  surfaces;  par  W.  M. 

Servant 112 

—  M.  Eugène Ferron  SLàveiSQwnMévCiOwe 

intitulé  :  «  Détermination  analytique 
des  éléments  géométriques  de  l'anse 
de  panier  rigoureuse  à  n  centres, 
étant  données  l'ouverture  et  la  tlèclie 
de  la  courbe  » 453 

—  Sur  les  courbes  gauches  à  torsion  con- 

stante; par  M.  W.  de  Tannenherg .  .     692 
--  Sur  la  détermination  des  figures  inva- 
riantes des  transformations  cycliques  ; 
par  M.  Kabut 73^ 

—  Du  problème  de  Cauchy  relatif  à  une 

classe  particulière  de  surfaces.  ;   par 

M.  fï.  de  Tannenberg 909 

—  M.  T.  Lemnyne  adresse  une  Note  «  Sur 

quelques  propriétés  des  cubiques  no- 
dales  »     i3iC» 

Glucose.  —  Voir  Sucres. 

Glycérine.  —  Injection  intraveineuse  de 
glycérine  ;  dosage  de  la  glycérine  dans 
le  sang;  élimination  par  l'urine;  par 
M.  Maurice  Nicloux 70 

—  £rr<7frt  se  rapportant  à  cette  communi- 

cation       228 

—  Sur  une  bactérie  oxydante,  son  action 


i338 


TABLE    DES    MATIERES 

Pafffs. 


sur  l'alcool  et  la  glycérine;  par  M.  R. 
Sazerdc  

—  Sur  l'élhérification  de  l'acide  phospho- 
rique   par    la  glycérine;  par  M.  P. 


Ofï 


Pages. 

Carré 1 070 

Gravité.  —  Sur  la  signification  géolo- 
gique des  anomalies  de  la  gravité;  par 
M.  de  Lapparcnt 827 


H 


HisToiRii  DES  SCIENCES.  —  Sur  la  mort  de 

iM.  Frosper  Henry  \\yàvM.  Jnnssen..       07 

—  M.    le    Secrétaire  perpéluel    signale 

quatre  nouveaux  Volumes  de  «  l'Inter- 
national Catalogue  of  scientific  litera- 
ture,  first  annual  issue  » 41^ 

Histologie.  —  Les  myélocites  du  bulbe 

olfactif;  par  M.  Jouîmes  Chadn 489 

Voir  aussi  Analonùe  animale. 

HvDROGRAPHiE.  —  ObservBtions  concer- 
nant les  variations  du  niveau  de  la 
mer  depuis  les  temps  historiques  et 
préhistoriques;  par  M.  Ph.  Négrls. .     'i-ii 

—  Sur  l'emploi  du  tachéographe  Schrader 

pour  les  travaux  d'Hydrographie; 
par  M^L  F.  Schrader  et  Ch.  Saiccr- 

ivein 7S I 

Hydrologie.—  Sur  l'application  de  la  fluo- 
rescéine  à  l'hydrologie  souterraine; 
par  M.  E.-A.  Martel iib 

—  Sur  la  courbe  des  débits  d'une  source; 

par  M.  Edmond  Maillet 676 

—  Sur  la  prévision  des  débits  des  sources 

de  la  Vanne;  par  M.  Edmond  Maillet.     946 


—  Sur  la  géologie  et  l'hydrologie  souter- 

raine du  Caucase  occidental  ;  par 
MM.  A.  YermolnJfQ\.E.-J.  Martel.  1077 
HvoRODVNAMiQUE.  — Sur  Un  mode  simple 
d'écoulement  des  nappes  d'eau  d'infil- 
tration à  lit  horizontal,  avec  rebord 
vertical  tout  autour,  lorsqu'une  partie 
de  ce  rebord  est  enlevée  depuis  la 
surfacejusqu'au  fond  ;  par  M.  J .  Bous- 
sines(i' 5 

—  Sur   la   stabilité    d'un   certain    mode 

d'écoulement  d'une  nappe  d'eaux  d'in- 
filiration  ;  par  M.  J .  Boussinesq. ...     loi 

—  Extension,  à    des  cas  où  le  fond  est 

courbe,  du  mode  d'écoulement  qui  se 
conserve  dans  une  nappe  d'eaux  d'in- 
filtration ie[)0sant  sur  un  fond  plat  ; 
par  M.  ./.  Boiissinesq .        1 53 

—  Sur   les   ondes-cloisons;    par   M.    P. 

Didiem 287 

HvposuLFUREUx  (AciDE).—  Sur  les  con- 
ditions de  production  et  de  stabilité  de 
l'acide  hyposulfureux;  par  M./.  Aloy.      5i 


1 


Infectieuses  (Maladies).—  De  l'action  du 
sérum  humain  sur  les  Trypanosomes 
du  Nagana,  du  Caderas  et  du  Surra  ; 
par  M.  A.  Lnveran 1  5 

—  Sur  les  rapports  qui  existent  entre  le 

Surra  et  le  Nagana,  d'après  une  expé- 
rience de  Nocard  ;  par  MM.  Vallée  et 
Carré .     6-24 

—  Présentation  par  M.    Laveran  de  son 

Ouvrage  sur  la  «  Prophylaxie  du  Pa- 
ludisme » 777 

—  Sur  un  Protozoaire   nouveau    (Piro- 

plasma  Donovani  Lav.  et  Mesn.), 
parasite  d'une  fièvre  de  l'Inde  ;  par 
MM.  A.  Laveran  et  F.  Mesnll 957 

—  Sur  l'exophtalmie   infectieuse  de  cor- 

tains  Poissons  d'eau  douce;  par  M. 7. 

Audigé 986 

Voir  aussi  Pathologie  i^égétale. 


Insectes.  —  Voir  Zoologie. 

Iode  et  ses  composés.  —  Action  de  l'iode 
sur  les  pellicules  de  cuivre  obtenues 
par  ionoplastie;  par  M.  Houllevigue . .       47 

—  Sur  une  combinaison  de  deux  corps  qui, 

par  élévation  de  température,  s'unis- 
sent puis  se  séparent  au-dessous  de 
—  79";  par  M.  D.  Cernez 255 

—  Action  de  l'acide  borique  sur  les  iodu- 

res;  son  emploi  pour  la  séparation  de 
l'iode  des  iodures  en  présence  de 
bromures  et  chlorures;  par  MM.  H. 
Baubigny  et  P.  Rivais G5o 

—  Conditions  de  séparation  de  l'iode  sous 

forme  d'iodure  cuivreux,  dans  un 
mélange  de  chlorures,  bromures  et 
iodures  alcalins;  par  MM.  //.  Baiihi- 
gny  et  P.  Rivais 753 

—  Séparation  de  l'iode  dans  les  sels  halo- 


TABLE    DES 
Pages. 

gênés  alcalins  d'avec  le  chlore  et  le 
brome,  par  sa  transformation  en  acide 
iodique,  et  mode  de  préparation  de 
l'iode  pur;  par  MM.  H.  Baiibigny  et 
P.   Rivais ,j.,- 

—  Erraui  se  rapportant  à  cette  commu- 
^n'cation ,088 

—  Sur    un  nouveau  phénol  triiodé;    par 

M .  P .  Brenaris io65 

—  loduresde  mercurammonium  des  ami- 

nés primaires  et  des  aminés  tertiaires; 

par  M.  Maurice  François 1069 

Ionisation.  —  Sur  la  loi  de  recombinai- 
son des  ions;  par  M.  P.  Lan^evin..,      1-7 


MATIERES.  i33q 

Pages. 

—  Conditions  qui  déterminent  le  signe  et 

la  grandeur  de  l'éleclrisation  par  con- 
tact (III)  ;  par  M.  Jean  Penin 5 1 3 

—  Électrisation  de  contact (IV)  et  théorie 

des  solutions  colloïdales;  parM./ert/; 
Perrin 5(3^ 

—  Sur  l'ionisation  par  le  [)hosphore  ;  par 

M.  Eugène  Blodi jo^'o 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Communi- 

cation     13.22 

IniDiuM.  —  Sur  la  préparation  du  sesqui- 
séléniure  d'iridium;  par  MM.  C.  Cha- 
hrié  lii  J.  Bouchon  net loSq 


r. 


Laccase.  —  Sur  l'oxydation  du  gayacol 
par  la  laccase;  par  M.  Gabriel  Ber- 
^rand ,,,6g 

Lactase.  —  Sur  la  lactase;  par  MM.  Em. 

Bourcjuelot  et  He'rissej 56 

Lait.  —    M.    /"'.  Ge'nin  adresse  une  Note 


intitulée:  «  Calcul  rapide  du  mouil- 
lage et  de  l'écrémage  du  lait  » 98 

—  Sur  le  ferment  du  salol  contenu  dans 
certains  laits  ;  Note  de  M.  J.  Des- 
inottlière 33- 


M 


Magnétisme.  —  M.  E.  Fraichet  adresse 
un  Mémoire  portant  pour  titre: 
«  Nouvelle  méthode  d'essai  des  mé- 
taux magnétiques  )i 3.2 

—  Sur  la  suppression  de  l'hystérésis  ma- 

gnétique par  l'action  d'un  champ  ma- 
gnétique oscillant;  par  M.  Ch.  Mau- 
^"i" 91', 

—  Sur  la  suppression  de  l'hystérésis  ma- 

gnétique par  un   champ  magnétique 

oscillant  ;  par  M.  P.  Duheni lo?. 

Magnétisme  terrestre.  —  Sur  la  pertur- 
bation magnétique  du  3 1  octobre  (903; 
par  M.  Th.  Moureaux ^oS 

—  Remarques  sur  le  dernier  groupe  de 

taches  solaires  et  les  perturbations 
magnétiques;  par  M.  F.  Quénlsset.. 

—  Quelques  remarques  sur  la  perturbation 

magnétique  du  i3  octobre   1903;  par 

M.  Em .  Marchand -89 

—  Relation  entre  les  taches  solaires  et  le 

magnétisme  terrestre.  Utilité  de  l'en- 
registrement continu  des  éléments 
variables  du  Soleil  ;  par  M.  H.  Des- 
landres 

—  Sur  la  loi  de  distribution  régulière  de 

C.  R.,  1903,  3»  Semestre.  (T.  GXXXVII 


747 


8'2i 


la  force  totale  du  magnétisme  terres- 
tre en  France  au  i"'"  janvier  1896  ; 
par  M.  E.  Mathins 

—  L'anomalie  magnétique   du   bassin  de 

Paris  ;  par  M.   Th.  Moureaux 

—  Sur  la  direction  de  l'aimantation  per- 

manente dans  diverses  roches  volca- 
niques ;  par  .AIM.  Bernard  Brunhcs 
et  Pierre  David 

Manganèse.  —  Influences  activantes  ou 
paralysantes  agissant  sur  le  manga- 
nèse envisagé  comme  ferment  métal- 
lique ;    par  M.  A.  Trillat 

MÉCANIQUE.  —  Sur  les  ondes-cloisons  ; 
par  M.  P.  Duheni 

—  Sur  l'aérodynamique  et  la   théorie  du 

champ  acoustique;  par  M.  le  général 
Sehert  

—  La  théorie  acoustique  et  le  frottement 

intérieur  des  gaz;  par  M.  P.  Char- 
bonnier   r-ir 

'/'7 

—  M.    René    de  Saussure     adresse    une 

Note  intitulée:  «  Hypothèse  sur  la 
nature  et  la  force  » 

—  Note  accompagnant  la  présentation  du 

Tome  II  de  la  seconde  édition  de  son 

•)  174 


916 
918 

975. 

237 
357 

378 

3  04 


i34o 


TABLE    DES    MATIERES. 


Pages. 
«  Traité  de  Mécanique  rationnelle  »  ; 
par  M.  Jppell 68-2 

—  M.    J.-N.   Pnnnff  adresse   un    Mé- 

moire «  Sur  la  propagation  de  l'at- 
traction » , 701 

—  Généralisation  de  la  propriété  fonda- 

mentale du  potentiel  ;  par  M.  J.  de 

Saint- Germain ^36 

Voir  aussi  Chrononiétrie,  Hydrodyna- 
mique, Mngriétisnie,  Mécanique  cé- 
leste, Navigation. 
MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Expéricdces  sur 
la  résistance  de  l'air;  par  M.  G.  Eif- 
fel  '. .       3o 

—  Étude  sur  les  déformations  moléculai- 

res d'un  barreau  d'acier  soumis  à  la 
traction  ;  par  M.  L.  Fraichet 169 

—  Sur  le  télékine  ;  par  M.  L.  Torres.. .     817 

—  M.  E,  Mossé  adresse  une  Note  relative 

à  un  système  de  voie  automotrice, 
permettant  aux  véhicules  de  circuler 
sans  le  secours  de  moteurs Sgi 

—  Sur  le  phénomène  aérodynamique  pro- 

duit par  le  tir  des  canons  grêlifuges; 

par  M.  /.  Fiulle 897 

—  M.L.  Belzecki  adresse  une  Note  «Sur 

la  courbe  d'équilibre  d'un  fil  flexible 
et  inextensible,  dont  leséléments sont 
sollicités  par  les  pressions  d'un  rem- 
blai      447 

—  Détermination  expérimentale  de  la 
pression  momentanée  résultant  du 
choc  ;  par  M.  Eingeliiia/m ,  .     G44 

—  Les  modes  de  déformation  et  de  rup- 

ture des  fers  et  des  aciers  doux;  par 
MM.  F.  Osmnml  C  art  and  et  Ch. 
Frémont 8  j  i 

—  Sur  les  articulations  à  lame  flexible; 

par  M.  Mcsnager 908 

—  M.   Henri  Feuille   adresse    une   Note 

intitulée:  «  Appareil  pour  utiliser  la 
force  dynamique  de  la  mer  » 949 

—  Procédé  simple  permettant  d'obtenir, 

sur  la  paroi  d'un  cylindre  qui  tourne, 
de  grandes  pressions  avec  de  faibles 
efforts  ;  par  M.  Albert  Hérisson io35 

—  Moteur  à  combustion  par  compression; 

par  M.  Canneçel io36 

-  Sur  les  efforts  développés  dans  le  choc 
d'éprouvettos  entaillées;  par  M.  A. 


Pages. 

Pérot 1044 

~  Sur  un  nouveau  système  de  train  rou- 
tier dit  h  propulsion  continue-^  par 
M.   Charles  Renard i234 

—  Nouveaux  dispositifs  électromécaniques 

d'embrayage  et  de  changement  de  vi- 
tesse progressifs;  par  M.  Paul  Gas- 

nier 1 287 

MÉCANIQUE  CÉLESTE.—  Perturbations  sé- 
culaires d'importance  secondaire  ; 
par  M.  Jean  Mascart. 33 

—  Résidu  des  perturbations  séculaires  ; 

par  M .  Jean  Mascart 3o3 

MÉCANIQUE  CHIMIQUE.  —  V(jir  Chimie  gé- 
nérale . 
Médecine.  —   Pathogénio    et   traitement 

du  rhumatisme  ;  par  M.  L.  Pénières.     626 

—  Présentation  de  son  Ouvrage  sur    la 

«  Prophylaxie  du  paludisme  »  ;  par 

M.  Laveran 777 

Voir  aussi  Infectieuses  {maladies),  Phy- 
siologie pathologique,  Rayons  X,  Tu- 
berculose . 
MÉTÉOROLOGIE.  —  Le  ccrcle  de  Bishop, 
couroime  solaire  de  J9o3;par  M.  F.- 
A.  Forel .' 38o 

—  Description  d'un  orage  très    localisé; 

par  M .   Jean  Mascart 468 

—  M.    Marcellin  Recoupé    adresse    une 

«  Note  relative  à  des  mesures  ther- 
mométriques aux  gelées  du  prin- 
temps » 1 3 1 6 

Microscope.  —  Focimètre  photogrammé- 
trique  pour  l'optique  microscopique 
(instrument  vérificateur  de  micros- 
cope); par  M.  V.  Legros i43 

—  Étude  microscopique  de  bronzes  pré- 

historiques de  la  Charente;  par  M.  G. 

Chesneim 980 

Minéralogie.  —  Sur  une  nouvelle  espèce 

minérale;  par  M.  A.  Lacroix 582 

—  Sur  le  polymorphisme  des  nitrates;  par 

W.   Fréd.  JVcdlerant 8o5 

—  Sur  un  cas  remarquable  de  ci  islallisa- 

lion  spontanée  du  gypse;  par  M.  Sta- 
nislas Meunier 942 

—  Sur  la  détermination  de  la  forme  pri- 

mitive des  cristaux;    par  M.    Fréd. 

Wallerant 1 00 1 

Voir  aussi  Pétrographie. 


TABLE    DES    MATIERES 


i34i 


N 


Pa{;es. 

Navigation.  —  M.  Eugène  Mesnard 
adresse  une  Noie  intitulée:  «  Flot- 
teurs à  fil  conducteur,  pour  la  Ma- 
rine » 5o4 

—  De  l'influence  de  la  surimmersion  sur 

la  vitesse;  par  M.  J.-A.  Normand..    1223 

Navigation  aérienne.  —  Voir  Aéronau- 
tique. 

Nominations.  —  M.  Baccelli  est  élu  Cor- 
respondant pour  la  Section  de  Méde- 


Pages. 

cine  et  Chirurgie,  en  remplacement  de 

M.  OUier,  décédé 1 69 

M.  G.-PF.  HUl  est  élu  Correspondant 
dans  la  Section  d'Astronomie,  en 
remplacement  de  M.  Schinparelli,  élu 
Associé  étranger 778 

M.  Berlin  est  élu  Membre  de  la  Sec- 
tion de  Géographie  et  Navigation,  en 
remplacement  de  M.  de  Bussy, 
décédé 837 


o 


Observatoires.  —  Liste  de  candidats 
présentée  à  M.  le  Ministre  de  l'In- 
struction publique  pour  une  place 
d'Astronome  titulaire,  vacante  à  l'Ob- 
servatoire de  Paris  :  i"  M.  Puiseux. 
2°  M,  Hamy 96^ 

—  Présentation  du  Tome  X  des  Annales 

de  l'Observatoire  de  Bordeaux  »  ;  par 

M.  Lœwy HST) 

—  Liste  de  candidats  présentée  à  M.  le 

Ministre  de  l'Instruction  publique, 
pour  une  place  d'Astronome  titulaire 
vacante  à  l'Observatoire:  i°-M.  Bos- 
sert,  2°  M.  Renan 103.7 

Océanographie.  —  Voir  Physique  du 
Globe,  Zoologie. 

Optique.  —  Influence  de  la  température 
sur  le  dichroïsme  des  liqueurs  mixtes 
et  vérification  de  la  loi  des  indices; 
par  M.  Georges  Meslin 182 

— •  Sur  la  mesure  du  dichroïsme  des  cris- 
taux ;  par  M.  Georges  Meslin 'x  |G 

—  Du  dichroïsme  électrique  des  liqueurs 

mixtes;  par  M.  /.  Chaudier 248 

—  Sur  les  changements  de  phase  par  ré- 

flexion normale  dans  le  quartz  sur 
l'argent;  par  MM.  /.  Macc  deLëpinay 
et  H.  Buisson j  1 2 

—  Fociraètre     phologrammélrique     pour 

l'optique  microscopique  (instrument 
vérificateur  de  microscopes)  ;  par 
M.  V.   Legros 3 1 4 

—  Sur  un  réfractomètre  à  réflexions;  par 

M.  Th.  Fautier Gi  J 


—  Sur  une  solution  pratique  du  problème 

de  la  photométrie  hétérochrome;  par 

M.  Charles  Fabry 743 

—  Sur  la   détermination  des  maxima  et 

minima  de  transparence;  par  M.  C. 
Camichel 788 

—  Mesure  des  très  petits  angles  de  rota- 

lion  ;  par    M.  Marcel  Brillouin 786 

—  Sur  l'intensité  de  l'éclairement  jjroduit 

par  le  Soleil  ;   par  M.  Charles  Fabry.     973 

—  Sur  une  nouvelle  méthode  de  mesure  des 

épaisseurs  et  des  indices;  par  MM.  /. 
Macé  de  Lépinay  et  H.  Buisson. . .  .    io38 

—  Sur  l'intensité  lumineuse  des  étoiles  et 

leur  comparaison  avec  le  Soleil  ;  par 

M.  Charles  Fabry 1242 

—  Diffusiomètre  ;  par  M.  J.  Thoverl 1249 

Voir  aussi  Photographie .^  Radioactivité, 

Rayons cat}iodi<iues,  Rayons  N,  Rayons 
X,  Spectroscopie,  Vision. 
Oxyde  de   carbone.  —  Sur   l'action   de 
l'oxyde  de  carbone  sur  le  fer  et  ses 
oxydes;  par  M.    Georges  Charpy.  .  .      120 
Oxygène.  —  Sur  la  séparation  des  mélanges 
gazeux   par   la  force  centrifuge;  par 
MM.  G.   Claude  Qi  E.  Denioussy..  . .      25o 

—  Sur   l'extraction    de  l'oxygène  par  la 

liquéfaction  partielle  de  l'air  avec  re- 
tour en  arrière;  par  M.  Georges 
Claude 783 

—  Action  du  mélange  oxygène  et  acide 

chlorhydrique  sur  quelques  métaux  ; 

par  M.  Camille  Matignon io5i 


i342 


TABLE    DES    MATIERES. 


Pages. 

Paléontologie.  —  Contribution  à  l'élude 
de  Y JEpyoniis  de  Madagascar;  par 
M.   Guillaume  Grandidicr •>o8 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  plu- 

sieurs Mémoires  de  M.  G.  Capellini 
et  notamment  des  travaux  sur  les 
Baleines  fossiles  trouvées  en  Italie. . .     4^1 

—  Observations    paléontologiques     dans 

l'Alaska  ;  par  M.  Albert  Gaudry . . .  553 
Paléontologie  végétale.  —  Découverte 
de  strobiles  de  Séquoia  et  de  Pin  dans 
le  Porllandien  des  environs  de  Boulo- 
gne-sur-Mer;  par  MM.  R.  Zeiller  et 
P.  Fliche loio 

—  M.  Z<:7Y/t'r  présente  à  l'Académie  le  Vo- 

lume de  texte  de  la  Flore  fossile  des 

gîtes  de  charbon  du  Tonkin 1210 

Pathologie  végétale.  —  Sur  quelques 
processus  de  gomniification  ;  par 
M.  G.  Delacroix 278 

—  M.  iS.  de  Mokrzecky  adresse  une  Note 

«  Sur  l'emploi  de  la  thérapie  inté- 
rieure en  cas  de  chlorose  et  autres 
maladies  des  arbres  fruitiers  et  des 
ceps  de  vigne  » 4'io 

—  Sur  une  maladie  bactérienne  du  tabac, 

le     chancre    ou     anthracnose  ;     par 

M .  G .   Delacroix 454 

—  Surl'appareil  végétatif  delà  rouillejaune 

des  Cér éa  1  es  ;  pa r  IM .  JaAob  Eriksson .     578 

—  Un    nouvel    hyliride    de   greffe;    par 

M.  Lucien   Daniel 7 65 

—  Sur  la  jaunisse  de  la  betterave;  mala- 

die bactérienne;  par  M.  G.  Delacroix.     871 

—  Sur  les  caractères  chimiques  des  vins 

provenant  de  vignes  atteintes  par  le 
mildew;  par  M.  Emile  Ma/iceau.  . . .     998 

—  De  la  filosiié  des  pommes  de  terre  ;  par 

M.   G.  Delacroix 1006 

—  Sur  la  Nielle  des  feuilles  de  tabac;  par 

M .   H.  Bouygues 1 3o3 

Perles  fines.  —  Sur  l'acclimatation  et  la 
culture  des  Pmtadines,  ou  huîtres 
perlières  vraies,  sur  les  côtes  de 
France,  et  sur  la  production  forcée  des 
perles  lines;  par  M.  Raphaël  Dubois .     611 

—  Remarques  à  propos  de  la  Communi- 

cation de  M.  Raphaël  Dubois,  du  19 
octobre  1903  "Sur  les  huîtres  perliè- 
res vraies  »;  par  M.  Edm.  Perrier..     682 


I'a{;cs 

—  L'origine  réelle  des   perles  fines;  par 

M .   Louis  Boutiin 1073 

Pétrographie.  —  La  cordiérite  dans  les 
produits  éruptifs  de  la  montagne  Pelée 
et  de  la  Soufrière  de  Saint-Vincent; 
par    M.  A .  I^acroix 145 

—  Les  enclaves  basiques  des  volcans  de 

la   Martinique   et   de    Saint-Vincent; 

par  M.  A.  Lacroix 211 

—  Sur  les  granités  à  œgyrine  et  riebeckite 

de  Mndagascar  et  leurs  phénomènes 

de  contact  ;  par  M.  Lacroïr 533 

—  Contribution  à  l'élude  des  roches  sodi- 

ques  de  l'Est- Africain  ;  par  M.  //. 
Arsandaux 876 

—  Des  roches  éruptives  de  l'île  d'Eubée; 

par  M.  Deprai 879 

—  Contribution  à  l'étude  des  roches  ba- 

saltiques   de    l'Est -Africain;     par 

M.  H.  Arsandaux 1 3o8 

Phosphore  et  ses  composés. —  Action 
de  l'acide  hypophosphoreux  sur  la 
diéthylcétone  et  sur  racétophénone; 
par  M.  C.  Marie vi^ 

—  Sur  la  matière  phospho-organique  de 

réserve  des  plantes  à  chlorophylle. 
Procédé  de  préparation;  par  M.  S. 
Posternal, 202 

—  Sur  les   propriétés  et  la  composition 

chimique  de  la  matière  phospho-orga- 
nique de  réserve  des  plantes  à  chloro- 
phylle ;  par  M.  Posternak 337     439 

—  Action  de  l'acide  phosphoreux  sur  la 

mannite.  Remarque  sur  le  mannide; 

par  M.  P.   Carré 517 

—  De  l'action  de  l'acide  carbonique  sous 

pression  sur  les  phosphates  métalli- 
ques ;  par  M.  A.  Barillé 566 

—  Sur  la  séparation  et  le  dosage  du  fer  et 

de  l'acide  phosphorique  dans  les 
eaux  ;  par  M.  H.  Causse 708 

—  Sur  l'ionisation  par  le  phosphore  ;  par 

M .   Eugène  Bloch io4o 

—  Errita  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication       l3'22 

—  Sur  l'éthérification  de  l'acide  phospho- 

rique   par    la   glycérine;    par  M.   P. 

Carré 1070 

Phosphorescence.  ~  Voir  Radioactivité, 
Rayons  N. 


TABLE    DES   MATIÈRES. 


l343 


Pages. 


)84 


1209 


Photographie.  —  Sur  la  spectrophotomé 
trie  photographique;  par  M.  C.  Ca- 
niichcl 

—  Sur  le  premier  Volume  du   Catalogue 

photographique  du  Ciel  publié  par 
M.  J.  Donner,  Directeur  de  l'Obser- 
vatoire d'Helsingfors;  par  RI.  Lœwy. 

~  Sur  un  moyen  rapide  d'obtenir  le  plan 
d'un  terrain  en  paysde  plaines,  d'après 
une  vue  photographique  prise  en  bal- 
lon ;  par  M.  Laussedat 24 

Physico-chi.mie.  —  "  'r  Chimie  physique. 

Physiologie  a.nimale.  -  Sur  les  mouve- 
ments de  torsion  de  l'œil  pendant  la 
rotation  de  la  tête  ;  par  M.  Yves  De- 
i"^<' 107 

—  Influence  du  système  nerveux  sur  l'on- 

togenèse des  membres;  par  M.  P. 
JVintrcherl ,  3  , 

—  Sur    les    modifications    du    chimisme 

respiratoire  avec  l'âge,  en  particulier 
chez  le  cobaye;  par  M.  Lénpnld 
Maycr ,3^ 

—  Enaia  à  cette  Communication xi^ 

—  Sur  les  mouvements  de  torsion  de  l'œil 

dans  les  orientations  du  regard,  l'or- 
bite restant  dans  la  position  primaire, 
|)ar    M  .    Yves   Délasse ,  G3 

—  Recherches  sur    l'immunité    naturelle 

des  Vipères  et  des  Couleuvres;  par 

M .    C.   Phisnlix .,70 

—  De  l'excrétion  chez  les  Hydroïdes;  par 

1\! .  A.  Billard 3^0 

—  Sur  la  résistance  des   Épinoches   aux 

changements  de  la  pression  osmolique 
du  milieu  ambiant;  par  M.  Michel 
Siedlecki 

—  Sur  la  production  de  sucre  dans  le  sang 

pendant  le  passage  de  ce  dernier  à 
travers  le  poumon;  par  MM.  R. 
Lépirie  ot  Boulud 4-75 

—  L'action  des  solutions  des  sels  alcalins 

et  alcalinoterreux  sur  les  Epinoches; 

par  M .  Michel  Siedlecki 5-.i5 

—  Recherche  et  dosage  de  l'urée  dans  les 

tissus  et  dans  le  sang  des  animaux 
vertébrés;  par  M.  Nestor  Gréhant. . 

—  Du  rôle  de  la  compression  dans  la  loca- 

lisation des  tendons  :  par  M.  R.  An- 
t  lion  y 

—  Recherches  expérimentales  sur  l'olfac- 

tion des  vieillards;  par  M.  Vaschide. 

—  M.  C.  Fleig  adresse  deux  Notes  ayant 

pour  titres:  «  Mode  d'action  chimique 


469 


558 


622 


627 


Faoes. 

des  savons  alcalins  sur  la  sécrétion 
pancréatique  »  et  «  Mécanisme  de 
l'action  de  la  sapocrinine  sur  la  sécré- 
tion pancréatique  » (')35 

-  Etude  des  contractions  musculaires  et 

des  réflexes  chez  le  Stichopus  rrgalis  ; 

par  M.   Victor  Henri 6G9 

-  Sur   le   sucre  virtuel    du    sang  ;    par 

MM.  1\.  Lépine  et  Botdiid CSG 

-  I.e  sens  olfactif  de  l'Escargot  {Hélix 

pomatia);  par  M  .  Emile  Yung 720 

-  !\égiilarisation  osmotique  des  liquides 

internes  chez  les  Echinodermes;  par 
MM.  Victor  Henry  et  .S'.  Laloii 721 

-  Sur  la  régénération   chez  les  Amphi- 

biens  des  membres  postérieurs  et  de 
la  queue,  en  l'absence  du  système 
nerveux:  par  M.  P.  pp'intrebert 761 

-  Ktude  des  ferments  digestifs  chez  quel- 

ques Invertébrés;  par  M.  Victor 
Henry -53 

-  De  l'action  morphogénique  des  muscles 

crota[)hytes  sur  le  crâneet  le  cerveau 
des  Carnassiers  et  des  Primates;  par 

M .  R.  Anthony ^g  ( 

Comparaison  entre  les  effets  nerveux 
des  rayons  de  Becquerel  et  ceux  des 
rayons    lumineux;    par    M.    Georges 

^"l'n 883 

■  Sur  l'action  morphologique  de  l'eau  en 
mouvement  sur  les  Hydraires:  par 
M'""  Mntz-Kossonska .  .". 863 

Sur  le  rôle  de  certains  éléments  figu- 
rés chez  Si/mnculus  niulus  L.  ;  par 
M.  F.   Lcidreyt  .  . ^c^j 

Sur  les  facteurs  élémentaires  de  l'héré- 
dité; par  M.  Georges  Coiitagne 1075 

Corrélations  fonctionnelles  entre  les 
glandes  à  venin  et  l'ovaire  chez  le 
crapaud  commun;  par  M.  C.  Phim- 
ii-^ 1082 

Les  conditions  spéciales  de  la  circula- 
lion  dans  des  glandes  en  activité;  par 
MM.  G.  Moussu  et  /.   Tissot (084 

Le  mal  des  montagnes;  par  M.  Kronec- 
^'^'' 1 282 

Sur  les  modifications  que  subit  la  res- 
piration par  suite  de  l'ascension  et 
de  l'acclimatement  à  l'altitudedu  mont 
Blanc;  par  M.  y.    Vallot i.j83 

Sur  les  croisements  entre  taxies  diffé- 
rentes; par  M.  Georges  Coutagne. ,  .    1290 

Action  de  l'anéthol  sur  l'organisme; 
par  MM.  E.  Vurenne,J.  Roussel,  L. 

17/,. 


l344  TABLE    DES 

Pages. 

Godefroy 1294 

Voir  aussi  Chimie  biologique,  Physique 
biologique,  Sang. 

Physiologie  expérimentale.  — La  pro- 
duction du  glucose,  sous  l'influence 
de  la  vie  asphyxique,  par  les  tissus  du 
Bombyx  mori,  aux  diverses  phases  de 
son  évolution  ;  par  M.  F.  Maignon. .       gS 

—  Injection   intraveineuse  de  glycérine; 

dosage  de  la  glycérine  dans  le  sang: 
élimination  par  l'urine;  par  M.  Mau- 
rice Nicloux 70 

—  Errata  relatif  à  cette  Communication.     228 

—  Recherches    expérimentales     sur    les 

rêves.  Du  rapport  de  la  profondeur 
du  sommeil  avec  la  nature  des  rêves  ; 
par  M.  N.  Vaschide i5o 

—  Sur  l'entretien  de  l'irritabilité  de  cer- 

tains organes  séparés  du  corps,  par 
immersion  dans  un  liquide  nutritif 
artificiel;  par  MM.  E.  Hédon  et  C. 
Fleig 217 

—  Inscription  de  l'état  variable  de  la  ten- 

sion du  fil  de  l'ergographe;  équation 
du  mouvement  et  expression  du  tra- 
vail: par  MM.  A.  Imbert  et  J.  Ga- 
gnère 276 

—  MM.    Hédon  et  Fleig    adressent    une 

nouvelle  Note  relative  à  l'influence  de 
la  température  sur  la  survie  de  cer- 
tains organes  séparés  du  corps  et  à 
leur  reviviscence  dans  un  liquide  nu- 
tritif artificiel 288 

—  Sur  l'équation  générale  des  courbes  de 

fatigue;  par  M.  Charles  Henry  et 
M"""/.  Joteyko 44 1 

—  Élevage  des  larves  parthénogénéiiques 

d'Astéries  dues  à  l'action  de  l'acide 
carbonique;  par  M.  Yves  Delage . . . .     449 

—  La  parthénogenèse  par  l'acide  carboni- 

que, obtenue  chez  les  œufs  après 
l'émission  des  globules  polaires;  par 
j\l.  Yves  Delage 47^ 

—  Sur  l'excitation  des  nerfs  et  des  muscles 

par  décharges  de  condensateurs;  par 

M.  /.   Cluzet 670 

—  Sur  la  ponte,  la  fécondité  et  la  sexua- 

lité chez  des  poules  carnivores;  par 

M.  Frédéric  Houssay 934 

—  Quelques  observations  relatives  à  l'ac- 

tion des  vapeurs  des  composés  hydro- 
c^irbonés  sur  les  microbes  animaux  et 
sur  les  insectes,  et  au  rôle  antisepti- 
que des  agents  oxydants-oxydables; 


MATIERES. 

Pages, 
par  M.  Berthelot gSS 

—  Sur   une  relation   entre  le  travail  et 

le  travail  dit  statique  énergétique- 
ment  équivalents  à  l'ergographe;  par 
M.  Charles  Henry  et  M""  J.  Joteyho.   1285 

—  Recherches  sur  le  rôle  de  la  glande  in- 

terstitielle du  testicule.  Hypertrophie 
compensatrice     expérimentale  ;     par 

MM.  P.  Ancel  et  P.  Bouin 1288 

Physiologie  pathologique.  —  Contribu- 
tion à  l'étude  des  altérations  congé- 
nitales du  système  nerveux  :  patho- 
génie de  l'anencéphalie;  par  MM.  Cl. 
Vurpas  et  A .  Léri 21 3 

—  Sur  les  gaz  organiques  de  la  respira- 

tion dans  le  diabète  sucré;  par  M.  J . 

le  Goff. 216 

—  De  la  formation  du  cal  ;  par  MM.  F. 

Cornil  et  P.  Coudray 220 

—  Les  sensibilisatrices  du  bacille  tuber- 

culeux; par  MM.  /.  Bordet  et  O. 
Gengou 35 1 

—  Le  siège  des  convulsions  épileptiformes 

toniques  et  cloniques;  par  M.  Nino 
Samaja 678 

—  Contribution  à  l'étude  de  la   dyscrasie 

acide  (acide  chlorhydrique  );  par 
MM.  A.    Desgrez  et  /.  Adler 818 

—  Sur  les  tuberculines;  par  M.  Béraneck.     889 

—  Le  mal  des  montagnes  ;  par  M.  Kro- 

necker 1 282 

Physiologie  végétale.  —  Influence  du 
chlorure  de  sodium  sur  la  transpira- 
tion et  l'absorption  de  l'eau  chez  les 
végétaux;  par  M.  H.  Ricôme i4i 

—  Recherches  sur  la  nutrition  des  plantes 

étiolées  ;  par  M.   G.  André 199 

—  Surdesracinesdressées  de  bas  en  haut, 

obtenues     expérimentalement  ;     par 

M.   H.    Ricôme 204 

—  Sur  la  production  de  glycogène  chez 

les  Champignons  cultivés  dans  des 
solutions  sucrées  peu  concentrées;  par 
M .  Emile  Laurent. 45 1 

—  La    germination   des  Orchidées  ;    par 

M.  Noël  Bernard 483 

—  Variation  morphologique  des    feuilles 

de  Vigne  à  la  suite  du  greffage  ;  par 

M.  A.  Jurie 5oo 

—  Influence  de  l'eau  sur  la  structure  des 

racines    aériennes  d'Orchidées  ;  par 

M.  Gaston  Bonnier 5o5 

—  Recherches  sur    la   transpiration    des 

feuilles  vertes  dont  on  éclaire  soit  la 


TABLE    DES    MATIERES. 


i345 


Pages, 
face  supérieure,  soit  la  face  inférieure; 
par  M .  Ed.  Griffon 629 

—  De  l'influence  de  l'alimentation  miné- 

rale sur  la  production  des  sexes  chez 
les  plantes  dioïques;  par  M.  Emile 
Laurent 689 

—  Influence  de  la  nature  du  milieu  exté- 

rieur sur  la  composition  organique  de 
la  plante;  par  MM.  Alex.  Hébert  et 
E.   Cliarabot. 799 

—  Sur  le  rapport  entre  l'intensité  lumi- 

neuse et  l'énergie  assimilatrice  chez 
des  plantes  appartenant  à  des  types 
biologiques  ditterents  ;  par  M.  Fr. 
ff^eiss 801 

—  Sur  une  conséquence  de  la  fécondation 

croisée;  par  ^\.  Le  clerc  du  Sahlon..    1298 
Voir  aussi  Chimie  végétale,  Pathologie 
végétale. 
Physique    biologique.   —  La  résistance 
électrique    du    corps    humain  ;    par 
M .  Stéphane  Leduc 8 1 4 

—  Émission  de  rayons  n  (rayons  de  Blon- 

dlot)  par  l'organisme  humain,  spécia- 
lement par  les  muscles  et  parles  nerfs; 
par  M.  Aug.  Charpentier 1049 

—  Nouveaux  faits  sur  les  rayons  «  d'ori- 

gine physiologique;  localisations  ner- 
veuses; par  M.  Augustin  Charpentier.    1277 

—  Sur  le  phototropisme  des  Artizoaires 

supérieurs;  par  M.  Georges  Bohn .  . .    lag'i 
Voir  aussi  Physiologie  végétale,  Radio- 
activité, Rayons  N,  Vision. 
Physique  DU  globe.  —  Étude  de  .'a  circu- 
lation marine  ;  par  M.  /.  Ti.,,idet. . .       97 

—  Observations  concernant  les  variations 

du  niveau  de  la  mer  depuis  les  temps 
historiques  et  préhistoriques;  par 
M.  Ph.  Négris iii 

—  Sur  la  transparence  de   la  mer;    par 

M.  Thoulet 748 


Pages. 

—  Sur  l'emploi  du  tachéographe  Schrader 

pour  les  travaux  d'Hydrographie;  par 
MM.  F.  Schrader  et  Ch.  Sauenvein.     781 

—  Sur  la  signification  géologique  des  ano- 

malies de  la  gravité  ;  par  M,  de  Lap^ 
parent 827 

—  Sur  les  lacs  de  la  haute  Engadine  ;  par 

^L  André  Delehecque i3i  i 

Voir  aussi  Magnétisme  terrestre. 

Physique  mathématique.  —  Voir  Hydro- 
dynamique, Mécanique,  Thermody- 
namique . 

Planètes.—  Observations  delà  planète  MA 
(24  août  1903),  faites  à  l'observatoire 
de  Besançon;  par  M. /•.  Chofardet..     453 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication       488 

—  M.    S.    Socolow    adresse    une    Note 

«  Sur  les  corrélations  qui  existent 
entre  les  éléments  des  orbites  du 
système  planétaire  » G28 

—  Observations    de    Mars    à   la   grande 

lunette  de  l'observatoire  de  Meudon  ; 

par  M.  G.  Millochau 636 

Préhistoriques  (Études).—  M.  le  Secré- 
taire perpétuel  signale  le  «  Bulletin 
de  la  Société  normande  d'études  pré- 
historiques, TomeX,  année  1902  »..     56o 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  un 

Volume  de  M.  R.  Verneaa  intitulé 
«  Les  anciens  Patagons.  Contribution 
à  l'étude  des  races  {)récolombiennes 
de  l'Amérique  du  Sud  » 635 

—  Sur  la  composition  de  bronzes  préhis- 

toriques de  la  Charente;  par  M.  Ches- 
neau 653 

—  Étude  microscopique  de  bronzes  pré- 

historiques    de     la     Charente;    par 

M.  Chesneau 93o 

Pyridine.  —  Voir  Chimie  organique. 


R 


Radioactivité.  —  M.  O.  Dony-Hénnult 
adresse  une  Note  :  «  Sur  la  radioacti- 
vité du  peroxyde  d'hydrogène  « 353 

—  M.  Adrien  Muller  adresse  un  Mémoire 

intitulé  :  «  Radioactivité  et  ionisa- 
tion ;  ptiénomènes  généraux  et  théo- 
rie » 478 

—  Sur  la  phosphorescence  scintillante  que 

présentent  certaines  substances  sous 


l'action  des  rayons  du    radium  ;  par 

M.  Henri  Becquerel 629 

Sur  la  scintillation  du  sulfure  de  zinc 
phosphorescent,  en  présence  du  ra- 
dium, revivifiée  par  les  décharges 
électriques;  par  AL  Th.  Tommasinn.     745 

Remarques  au  sujet  de  la  Communica- 
tion précédente  de  M.  Tommasina 
«  Sur  la  scintillation  du  sulfure  de  zinc 


1346 


TABLE    DES    MATIERES. 


phospliorescent  »;  par  M.  S.  Leduc. 

—  Comparaison  enlre  les  elîels   nerveux 

des  niyons  de  Becquerel  et  ceux  des 
rayons  lumineux;  par  M.  Georges 
Bolifi 

—  De  l'action  du  radium  sur  les  ditl'éreiits 

tissus;  par  M.  J.   Dmiy.sz 

Voir  aussi  Imiisatioit. 

Ravonscâtiiodiques.  —  Simplicité  des  spec- 
tres de  la  lumière  cathodique  dans  les 
gaz  azotés  et  carbonés;  par  M.  H. 
De.sldiulres 

Rayons  N.  —  Sur  une  nouvelle  action  pro- 
duite par  les  rayons  N  et  sur  plusieurs 
faits  relatifs  à  ces  radiations;  par 
M.  R.  BloncUnt : 

—  Sur  de  nouvelles  actions  produites  par 

les  rayons  N:  généralisation  des  phé- 
nomènes précédemmerit observés;  [lar 
M.   H.  Blomllnt .' .  .. 

—  Sur  l'eumiagasinement  des  rayons  N  par 

certains  corps;  par  M.  R.  Blmnllot... 

—  Sur  le  renforcement  qu'éprouve  l'ac- 

tion exercée  sur  l'œil  par  un  faisceau 
de  lumière,  lorsque  ce  faisceau  est 
accompagné  de  rayons  N  ;  par  iM.  R. 
BloiuUot 

—  IirT<ita<iii,  rappoilant  à  cette  Communi- 

cation      

—  Sur  la  propriété  d'émettre  des  rayons 


'apes. 
949 


88Ji 

I  Ltijri 
45; 


6S4 
83 1 

(J.T2 


N  que  la  compression  confère  à  cer- 
tains corps,  et  sur  l'émission  sponta- 
née et  indéfinie  de  rayons  N  i)ar 
l'acier  trempé,  le  verre  trempé,  et 
d'autres  corps  en  étal  d'équilibre 
moléculaire  contraint;  par  M.  R. 
B'i))i(llot 

—  Émission  de  rayons  n  (rayons  de  Blon- 

dlot)  par  l'organisme  humain,  s|)écia- 
lement  par  les  muscles  et  |jar  les 
nerfs  ;  par  M.  Ja;^.   Charpentier.  .  . 

—  M.  Paul  Aiulollent  adresse  une  récla- 

mation de  priorité  relative  à  l'émis- 
sion de  radiations  par  les  corps 

—  Nouveaux  faits  sur  les  rayons  N  d'ori- 

gine physiologique  ;  localisations  ner- 
veuses; par  M.  Augustin  Charpen- 
tier  

Rayons  X  ou  rayons  Hokntgen.  --  Dia- 
gnostic des  calculs  biliaires  par  la  ra- 
diographiepiéliminaire;  par  MM. /17c///- 
rldire  et  Irifroit 

—  Contribution  au  traitement  du  cancer 

par  les  rayons  X  ;  par  M.  Biraud. . . . 

—  Ampoules  de  Crookes  pour  radiothé- 

rapie; par  M.  Oudiri 

RtTHÉNiuM.  —  Préparation  et  propriétés 
d'un  siliciure  de  ruthénium;  par 
W.\\.  Henri  Moissan  QXfFilheni  Man- 
chot  


Pages. 


()G2 


'"i9 


I2'J«7 


8'>. 


-I 

SiG 

891 

229 


S 


Sang.  —  Injection  intraveineuse  de  glycé- 
rine; dosage  de  la  glycérine  dans  le 
sang;  élimination  par  l'urine;  par 
M.  Mcnirice  Niclnux jo 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication        .viS 

—  La  nature  et  l'appréciation  de  la  réac- 

tion alcaline  du  sang;  par  M.  H. 
Ldbbé 38  ) 

—  Sur  la  production  de  sucre  dans  le  sang 

pendant  le  passage  de  ce  dernier  à 
travers  le  poumon;  par  MM.  /?.  Lé- 
pine  et  Boulud 4-j 

—  Recherche  et  dosage  de  l'urée  dans  les 

tissus  et  dans  le  sang  des  animaux 
vertébrés;  par  M.  Nestor  Grëhant..     558 

—  Sur    le   sucre    virtuel   du    sang;    par  i 

MM.  R.  Lépine  et  Roulud 6S6    î 

—  Sur  l'oxydation  de  la  glucose  dans  le 

sang    par  M.  Z. /y//j 7-1    I 


—  Études  spectroscopiquesdu  sang  faites, 

au  mont  Blanc,  jnir  M.  le  D"^  Hcunc- 

qiie  ;  par  M .  /.  Jaussen '  o  1 9 

Voir  aussi  Infectieuses  {Maladies). 
Silicium  et  siîscomposks.—  Simi)lificalion 
de  l'analyse  des  silicates  par  l'emploi 
de  l'acide  formique;  par  M.  A.  Le- 
cLèrc 5o 

—  Errata  se  rapportant  à  une  Communi- 

cation de  M.  Hugiit  du  29  juin  1908, 
sur  l'amidure  et  l'iraidure  de  silicium.     100 
-^  Préparation  et  propriétés  d'un  siliciure 
de  ruthénium;  par  MM.  Hrnri  Mois- 
san  et  fFilhe/n  Manchot 229 

—  Sur  la  constitution   et  les  propriétés 

des  aciers  au  silicium;  par  M.  Le'on 

Guillet io52 

Soleil.  —  Le  cercle  deBishop,  couronne 

solaire  de  1908;  par  M.  F.- A.  Forel.     38o 

—  Observations  du  Soleil  faites  à  l'obser- 


898 

973 


"j4 


184 


>9j 


4^7 


9"9 


TABLE    DES 

Pages. 

vatoire  de  Lyon  pendant  le  deuxième 
trimestre  de  njoB;  par  M.  J.  Guil- 
laiinif -j  3 1 

—  Observation  de  réclipse  de  Soleil    du 

20  septembre  1908,  faite  à  lîle  de  la 
Kéunion;  par  MM.  Edninnd  Bonlngc 
et  A.  GarsauU (}3  ", 

—  Remarques  sur   le  dernier   groupe  do 

taches  solaires  et  les  [lerturbalions 
magnétiques  ;  par  .M.  F.  Quénissct. . .     -\- 

—  Relation  entre  les  taches  solaires  et  le 

magnétisme  terrestre.  Utilité  de  l'en- 
registrement continu  des  éléments 
variables  du  Soleil:  par  M.  //.  Dcslan- 
dres 

—  Le   dernier    minimum  des  taches   du 

Soleil  et  remarques  au  sujet  de  la  loi 
des  znnes:  par  M.   /.  GuiUaiimc 

—  Sur  l'intensilé  de  l'éclairement  produit 

par  le  Soleil;  par  M.  Charlfs  Fabry. 

—  Sur  l'intensité  liimineuse  des  étoiles  et 

leur  comparaison  avec  le  Soleil;  par 

M.  Charles  Fobry ^':>.\^^ 

Solennités  scientifiques.—  M.  \^Mnue 
de  Saini-Just-c/i-Ch(i!issëc  (Oise)  urie 
l'Académie  de  vouloir  bien  se  faire 
représenter  à  l'inauguration  du  monu- 
ment élevé  à  la  mémoire  ûelicné-Just 
Hdûy  et  Fnleiitiii  Haaj,  le  8  no- 
vembre prochain G35 

—  Allocution  relative  à  la  Médaille  remise 

à  M.  Chnuvcau;  par  M.  ,-/.  Gaiidry, 
Président ". .     -;-3 

SpAUTÉiNE.—  Sur  laspartéine.  Caractères 
généraux;  action  de  quelques  réduc- 
teurs ;  par  MM.  C/i.  Moiiren  et  J. 
Valeur 

Spectuoscopie.  —  Sur  la  si)ectropholon)é- 
trie  photograjihique;  par  M.  C.  Ca- 
inichel 

—  Obs(>rvations  spectrales  de  la  comèle 

Borreliy  (igoSr);  par  M.  H.  DcsUin^ 
dres 

—  Simplicité  des  spectres  de   la  lumière 

cathodique  dans  les  gaz  azotés  et 
carbonés;  par  M.  H.   Deslnndres. . . 

—  Sur    la  détermination  des  maxima  et 

minima  de  transparence:  par  iM.  C. 
Cnmichel ^yg 

—  Sur  la  température  des  flammes;  par 

M.    Ch.   Féry 

—  Caractères  principaux  des  sjteclres  d 


MATIÈRES.  i3/^^ 

Pages, 
ligneset  de  bandes.  Considérationssur 
les  origines  de  ces  deux  spectres;  par 
M.  H.  Deshiiidres j o 1 3 

—  Études  spectroscopiques  du  sang  faites, 

au  mont  Blanc,  par  M.  le  D'  Henoc- 

que;  par  M.  J .  Janssen 10 19 

Spéléologie.  —  Sur  l'application  de  la 
fluorescéine  à  l'hydrologie  souter- 
raine ;  par  M .  E.-A  .  Martel nS 

—  Sur  la  géologie  et  l'hydrologie  souter- 

raine du  Caucase  occidental;  par 
MM. -4.  Yermoloff  ei  E.-A.  Martel.  1077 
Sucres.  —  Les  hydrates  de  carbone  de 
l'orge  et  leurs  transformations  au 
cours  de  la  germination  industrielle  ; 
par  M.  L.  Lindet ^3 

-  La  production  du   glucose,   sous   l'in- 

fluence de  la  vie  asphyxique,  par  les 
tissus  du  Bombyx  mari,  aux  diverses 
phases  de  son  évolution  ;  par  M.  F. 
Mnignnr, ^^3 

~  Sur  la  production  de  glycogène  chez  les 
Champignons  cultivés  dans  ries  solu- 
tions sucrées  peu  concentrées;  par 
M.  Emile  Laurent 45, 

-  Sur  la  production  de  sucre  dans  le  sang 

pendant  le  passage  de  ce  dernier  à 
travers  le  poumon;  par  MM.  R.  Lé- 
pine  et  Boulud ^-5 

-  Action  de   l'acide  phosphoreux  sur  la 

mannite.  Remarque  sur  le  mannide  : 

par  M.  P.  Carré 5,- 

-  Recherches  sur  l'isoglucosamine  ;  par 

M.  L.  Maqnenne (353 

-  Sur   le    sucre  virtuel   du    sang  ;    par 

MM.  h.  Lépine  et  Boulud <;8(; 

-  Sur  l'oxydation  de  la  glucose  dans  le 

sang  ;  par  M.  L.  Jolly --7 1 

-  Combinaisons  du  saccharose  avec  quel- 

ques  sels  métalliques;    par  M.    D. 

Gauthier j.^5g 

ULFATES.  —  Combinaison  du  sulfate  fer- 
rique  avec  l'acide  sulfurique,  par 
M .  A.  Recoura |  | s 

-  Action  du  persulfatud'anunoniaque  sur 

les  oxydes  métalliques;  par  MM.  A. 
Seyewetz  et  P.  Trawtlz i3o 

-  Sur  l'acide  ferrisulfurique  et  le  ferri- 

sulfate  d'élhyle  ;  par  M.  A.  Recoura.      189 

-  Sur  une  combinaison  du  sulfate  d'alu- 

uiitiium  avec   l'acide  sulfurique  ;  par 

M.  E.  Bauil 402 


i348 


TABLE    DES   MATIERES. 


Pages. 
TÉLÉGRAPHIE.    —   SuF   le  télékine  ;    par 

M.  L.   Torrcs 817 

—  Sur  le  fonctionnement    de    cohéreurs 

associés;  par  M.  Albert  Turpain. . . .     662 

—  Sur  la  mesure  de   l'effet    des   ondes 

électriques  à  distance  au  moyen  du 
bolomètre;  par    M.    C.    Tissni 846 

ToNOMÉTRiE.  —  Nouvelles  lois  de  tonomé- 
trie,  qu'on  peut  déduire  des  expé- 
riences de  Raoult  ;  par  M.  E.  Wic- 
ker.sheimer 3 1 9 

Topographie.  —  Sur  un  moyen  rapide  d'ob- 
tenir le  plan  d'un  terrain  en  pays 
de  plaines,  d'après  une  vue  photogra- 
phique prise  en  ballon;  par  M.  Laits- 
sedat 2/1 

Thérapeutique.  —  Pathogénie  et  traite- 
ment du  rhumatisme;  par  M.  L.  Pé- 
nières 626 

—  Contribution  au  traitement  du  cancer 

par  les  rayons  X;  par  M.  Biraud...     816 

—  Sur  les  tuberculines;  par  M. -5e/v7//f?c/?\  889 
Thermochimie.  —  Chaleur  de  neutralisa- 
tion de  l'acide  ferrocyanhydrique; 
chaleur  de  formation  de  ses  combi- 
naisons avec  l'éther  et  l'acétone,  par 
MM.  Chrétien  et  Gidncliant G 5 

—  Emploi  de    la   bombe   calorimétrique 

pour  démontrer  l'existence  de  l'arse- 
nic dans  l'organisme  ;  par  M.  Gabriel 
Bertrand 266 

—  Recherches  thermochimiques  sur  les 

matières  colorantes.  La  rosaniline  et 
la  pararosaniline  ;  par  M.  Jules  Schmi- 
dlin 33 1 

—  Les  chaleurs  de  combustion  des  com- 

posés organiques,  considérées  comme 
propriétés  additives.  Alcools  et  phé- 
nols. Ethers-oxydes.  Aldéhydes  et  ce- 


Pages, 
tones  ;  par  M.  P .  Le  moult 5i5 

—  Sur  le  calcul  de  la  chaleur  de  combus- 

tion des  acides  organiques,  de  leurs 
anhydrides  et  des  éthers-sels  ;  par 
M.  P .  Lemoult 656 

—  Sur    une    nouvelle  méthode  pour   le 

calcul  des  chaleurs  de  combustion  et 
sur  quelques-unes  de  ses  conséquen- 
ces; par  M.  P.  Lemoult 979 

Thermodynamique.  —  Sur  la  diminution 
du  potentiel  pour  tout  changement 
spontané  dans  un  milieu  de  tempéra- 
ture et  de  pression  constantes  ;  par 
M.   Ariès 47 

—  Contribution  à  l'élude  de  la  surchauffe; 

par  M.  A.  Petot 170 

—  Courbes  de  sublimation;   par   M.    A. 

Bouznt 175 

—  Courbes  de  pression  des  systèmes  uni- 

variants  qui  comprennent  une  phase 
gazeuse;  par  M.  A.  Bouzat 822 

—  Sur  les  lois  du  déplacement  de  l'équi- 

libre chimique  ;  par  M.   E.  Ariès.. .     788 

—  M.  G.  Mr//-ec/i(7/ adresse  une  Note  sur 

la  chaleur  spécifique  de  la  vapeur 
d'eau 948 

—  Moteur  à  combustion  par  compression; 

par  M.  Cannevel io36 

—  Sur  l'extension  de  la  formule  de  Cla- 

peyron  à  tous  les  états  indifférents  ; 

par  M.  L.  Ariès 1289 

Thermométrie. —  Sur  la  température  des 

flammes;  par  M.  Ch.  Féry 909 

—  Sur  la  différence  de  température  des 

corps  en  contact;  par  M.  E.  Rogovsfti.   1244 
Tuberculose.  —  Les  sensibilisatrices  du 
bacille  tuberculeux;  par  MM.  /.  Bor- 
det  et  O.  Gengnu 35 1 

—  Sur  les  tuberculines;  '^d.vM.  Béraneck.     889 


u 


Uranium.  —  Sur  quelques  combinaisons 
binaires  de  l'uranium  ;  par  M-.  A. 
Colson 382 


Voir  aussi  Radioactivité. 
Urée.  —  Voir  Chimie  biologique . 


TABLE    DES    MATIERES. 


i349 


Pages. 
Vins. —  Sur  la  teneur  des  vins  mistelles 
et  des  autres  vins,  en  acides  solubles 
dans  l'éther,  comme  moyen  de  diffé- 
renciation; par  M.  Cil.  Blarez G4 

—  Sur  une   nouvelle    méthode  physique 

de  recherche  et  de  détermination  du 
mouillage  des  vins;  par  M.  Georges 
Maneuvrier '28  r 

—  Sur  le  dosage  de  l'ammoniaque  dans  les 

vins,  et  son  rôle  dans  la  différenciation 
des  mistelles  d'avec  les  vins  de 
liqueur;  par  M.  /.  Lahorde 334 

—  Sur  les  caractères  chimiques  des  vins 

provenant  de  vignes  atteintes  par  le 
mildew  ;  par  M.  Emile  Manceau. . . .     998 
Vision.  —  Sur  une  espèce  d'oscillation  de 
la  perception  chromatique  ;  par  M.  C. 
Mahézos • 43 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication       356 

—  Sur  les  mouvements  de  torsion  de  l'œil 

pendant  la  rotation  de  la  tête;   par 

M.  Yves  Delage 107 

—  Sur  les  mouvements  de  torsion  de  l'œil 

dans  les  orientations  du  regard,  l'or- 
bite restant  dans  la  position  primaire; 
par  M .   Yves  Déloge 1 63 

—  Comparaison   des  diverses  lettres  au 

point  de  vue  de  la  vitesse  de  lecture. 
Formation  d'un  alphabet  rationnel  ; 
par  MM.  André  Broca  Çii  D.  Siilzer..     8iî 

—  Sur  le  renforcement  qu'éprouve  l'ac- 

tion exercée  sur  l'œil,  par  un  faisceau 
de  lumière,  lorsque  ce  faisceau  est  ac- 
compagné de  rayons  N;  par  M.  R. 
Blondlot 8  3 1 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication        9  J2 

—  Sensation  lumineuse  en   fonction   du 


Pages. 

temps  pour  les  lumières  colorées. 
Technique  et  résultats;  par  MM.  An- 
dré Broca  et  D.  Sulzer 944 

—  Rôle  du  temps  dans  la  comparaison  des 

éclats  lumineux  en  lumière  colorée  ; 

par  MM.  André  Broca  et  D.  Sulzer.     977 

—  La  sensation  lumineuse  en  fonction  du 

temps  pour  les  lumières  colorées.  Dis- 
cussion des  résultats  ;  par  MM.  An- 
dré Broca  et  D.  Sulzer 1046 

—  Détermination  du   minimum    percep- 

tible et  de  la  durée  de  la  perception 
lumineuse  chez  les  personnes  dont  la 
vue  est  affaiblie;  par  M.  S.  Durand.  1280 
Viticulture. —  Sur  le  phénomène  aérody- 
namique produit  par  le  tir  des  canons 
grêlifuges;  par  M.  /.  Fiolle 397 

—  Variation   morphologique   des  feuilles 

de  vigne  à  la  suite  du  greffage  ;  par 

M.  A ,  Jurie 5oo 

—  Sur  un  hybride  vrai  de  chasselas  par 

vigne  vierge  {Ampélopsis  hederacea)\ 

par  M.  Grille 1 3oo 

Volcaniques  (Phénomènes).—  La  cordié- 
rite  dans  les  produits  éruptifs  de  la 
montagne  Pelée  et  de  la  Soufrière  de 
Saint-Vincent;  par  M.  A.  Lacroix..      i45 

—  Les  enclaves  basiques  des  volcans  de 

la  Martinique   et  de  Saint-Vincent  ; 

par  M.  A.  Lacroix 211 

—  Sur  la  direction  de  l'aimantation  per- 

manente dans  diverses  roches  volcani- 
ques; par  M.  Bernard  Brunhes  et 
Pierre  David 975 

—  AL  le  Ministre  de  t Instruction  publi- 

que transmet  à  l'Académie  une  Lettre 
relative  à  un  tremblement  de  terre  en 
Bukarie 1 228 


Zinc  et  composés. —  Sur  la  composition  du 

peroxyde  de  zinc  ;  par  M.  Kuriloff. . .     618 

—  Sur  la  phosphorescence  scintillante  que 

présentent  certaines  substances  sous 
l'action  des  rayons  du  radium;  par 
M .  H.  Becquerel 629 

—  Sur  la  scintillation  du  sulfure  de  zinc 


phosphorescent,  en  présence  du  ra- 
dium, revivifiée  par  les  décharges 
électriques;  par  M.  Th.  Tommasina. 

—  Remarques  au  sujet  de  la  Communica- 

tion précédente;  par  M.  S.  I^educ. . . 

—  Influence  des  gaz  sur  la  séparation  des 

métaux  par  électrolyse  :  séparation  du 


745 
946 


i35o 


TABLE    DES    MATIERES. 


nickel  el  du  zinc;  par  MM.  Bcrtiaux 

et  Holt/ifd 

Zoologie.  —  La  se.Q;men talion  parlhéno- 
génétiqiie  (expérimentale  chez  les  œufs 
de  Petn/iny.son  Planer i'^  par  AL  E. 
Bataillon 

—  La  distribution  géographique  des  Colé- 

optères bostrychidf^s  dans  ses  rap- 
ports avec  le  réginne  alimentaire  de 
ces  Insectes.  Rôle  probable  des  gran- 
des migrations  humaines;  par  M.  P. 
Les  ne 

—  Sur  la   spermatogenèse  des  Crustacés 

décapodes;  par  M.  Alphonse  Labbc . 

—  Production  artificiellede  larves  géantes 

chez  un  Echinide;  par  M.  F. -A. 
Jansscns 

—  Sur  les  Hétéropodes  recueillis  pendant 

les  campagnes  de  V Hirondelle  et  de  la 
Princesse  Alice,  faites  sous  la  flirec- 
tion  de  S.  A.  le  Prince  de  Monaco  ;  par 
M .  A.  Vayssicrc 

—  Sur  la  présence  de  Microsporodics  du 

genre  Thelohania  chrz  les  Insectes  ; 
par  M.  Edmond  Hesse 

—  Sur  le  développement    |)Ost-embryon- 

naire  des  Ixodes  ;  par  M.  A.  Bonnet. 
— -  Sur  la  résorption  phagocytaire  des  pro- 
duits génitaux  inutilisés,  c\\%7.V Ec/ù- 
nocardiwr,  cordatuni  Penn;  par  MM. 
Maurice  Caullery  et  Michel  Siedlec/d. 

—  Sur  les  afîinilés  du  genre  Oreosonia\ 

par  M.  G.- A.  Boulans^er ,  . 

—  Sur  les   mouvements  oscillatoires  des 

Convolula  roscoffensis  ;  par  M  .  Genr- 
s;es  Bohn 

—  L'origine  phagocytaire  des    Crustacés 

décapodes;  par  M.  L.  Cuénot 

—  Sur  la  non- régénération  des  sphéridies 


853 


79 


1 33 

3  jG 
ii8 

i  '  ;> 
196 

323 

576 
619 


Pages. 
681 


7-^9 
863 

865 
867 

893 
932 


chez  les  Oursins  ;  par  M  ,  Yces  Délace. 

—  Evolution  des  Diplosomidés    (Ascidies 

composées);  par  M.  Antoine  Pizon. 

—  Sur  l'action  morphogène   de  l'eau  en 

mouvement  sur  les  Hydraires;  par 
M'""  Motz-KossmvsKa 

—  Sur  le  rôle  de  certains  éléments  figurés 

chez  Sipu'iculiis  nitdiis  L;  |>ar  M.  7^. 
Lndreyt 

—  Sur  la  Méduse  du  Victoria  Nyanza;  par 

M .  Ch.  Gravier 

—  Sur  les  mains  scapulaires  et  pelviennes 

des  Poissons  :  par  M.  Armand  Saha- 
tier 

—  Sur  la   ponte   du  Bombyx  Mnri;    par 

M.  fuies    Gai 

—  Sur  la  ponte,  la  fécondité  et  la  sexua- 

lité chez  des  poules  carnivores;    par 

M.  Frédéric  Houssay 984 

—  Sur  l'exophialmie  infectieuse  de   cer- 

tains Poissons  d'esu  douce:  par  M.  /. 
Audigé 93G 

—  Uevisiondes  Ncmatodes  libres,  marins, 

de  la  région  de  Cette;  par  M.  Etienne 

de  Rnuville 1002 

Sporozoaire  parasite  des  Moules  et 
autres  Lamellibranches  comestibles; 
par  M .  Louis  Léger 1  oo3 

—  Sur  les  mains  scapulaires  et  pelviennes 

chez  les  Poissons  chondroplérygiens  ; 

par  M .  A  rmand  Sabatler 1116 

—  Sur   l'évolution  subie  par  les  Poissons 

du  genre  Ailurlna  dans  les  eaux  dou- 
ces et  saumàtres  du  midi  de  la 
France;  par  M.    Loid'i  Roule 1276 

—  Sur  le  phototropisme  des  Artiozoaires 

supérieurs;  par  M.  Georges  Bohn. . .    129-2 
Voir   aussi    Perles  Jines,    Physiologie 
(  un  m  a  le. 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM.  Pagfs. 

ABELOUS  (J.-E.).  —  Sur  la  production 
d'iiydrogène  sulfuré  par  les  extraits 
d'organes  et  les  matières  albuminoïdes 
en  général.  (En  commun  avec  M.  H. 
Ribaut.  ) 9^ 

—  Influence  de  la  température  sur  la  pro- 

duction d'Iiydrogène  sulfuré  [)ar  les 
matières  albuminoïdes,  les  extraits 
d'organes  animaux  et  les  extraits  de 
levure  de  bière,  en  présence  du  soufre. 
(En  commun  avec  M.   H.  Ribaut.).     u68 

—  Sur  l'existence,  dans  l'organisme  ani- 

mal, d'une  diastasc  à  la  fois  o.xydanle 
et  réductrice  (En  commun  avec  M.  /. 
Jloj.  ) 885 

ADLER  (J.).  —  Conlribution  à  l'étude  de 
la  dyscrasie  acide  (acide  chlorhy- 
drique).  (En  connnun  avec  M.  A. 
Dfsgrcz.  ) 8 1 8 

ALLAIN-LE  CANU  (J.).  -  Action  de  la 
phénylhydrazine  sur  les  bromures  et 
iodures  alcooliques 3^9 

ALOY  (J.).  —  Sur  les  conditions  de  [)ro- 
duction  et  de  stabilité  de  l'acide  hypo- 
sulfureux 5 1 

—  Sur  l'existence,  dans  l'organisme  ani- 

mal, d'une  diastase  à  la  fois  oxydante 
et  réductrice  (En  commun  avec  M.  /.- 
E.  Abelous.  ) 885 

AMAR.  —  Sur  le  rôle  de  l'oxalate  de  cal- 
cium dans  la   nutrition  des  végétaux.   i3oi 

ANCEL  (P.).  —  Recherches  sur  le  rôle  de 
la  glande  interstitielle  du  testicule. 
Hypertrophie  compensatrice  expéri- 
mentale (En  commun  avec  M.  P. 
Boula.  ) 1288 

ANDOYER.  (H).  —  Le  prix  G.  de  Ponté- 
coulant  lui  est  décerné  (Astronomie;,   i  loi 


MM.  Pages. 

—  Adresse  des  remerciments  à   l'Acadé- 

mie     \ii'^ 

ANDRADE.  —  Sur  les  conditions   de   la 

synchronisation ijS 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 
nication       444 

ANDRÉ  (G.  )  —  Recherches  sur  la  nutri- 
tion des  plantes  étiolées 199 

—  Sur    le    développement    des     plantes 

grasses  annuelles;   étude   des   bases 

miaéralos 1272 

ANTHONY  (  R.  )  —  Du  rôle  de  la  compres- 
sion dans  la  localisation  des  tendons    622 

—  De  l'action  morphogénique  des  muscles 

crotaphytes  sur  le  crâne  et  le  cerveau 

des  Carnassiers  et  des  Primates 881 

—  La    moitié    du    prix    Barbier    lui    est 

attribuée  (Médecine  et  Chirurgie). . .    11 35 

—  Adresse  des  remerciments  à  l'Acadé- 

mie      I2i8 

APPELL.  —  Noteaccompagnant  la  présen- 
tation du  Tome  II  de  la  seconde  édition 
de  son  «  Traité  de  Mécanique  ration- 
nelle » 682 

ARIÈS  (E.).  —  Sur  la  diminution  du  po- 
tentiel pour  tout  changement  spontané 
dans  un  milieu  de  température  et  de 
pression  constantes 46 

—  Sur  les  lois  et  les  équations  de  l'équi- 

libre chimique 253 

—  Sur  les  lois  du  déplacement  de  l'équi- 

libre chimique 738 

—  Sur  l'extension  de  la  formule  de  Cla- 

peyron  à  tous  les  états  indifférents. .    1239 
ARNAUD  (  H.)  adresse  un  Mémoire  intitulé  : 
«   Étude  sur  quelques  Rosacées,   ou 

plantes  prétendues  telles  » 32 

ARSANDAUX(H.).  —  Conlribution  à  l'é- 


i352 


TABLE    DES   AUTEURS. 


MM.  Pages, 

tude   des  roches  sodiques  de  l'Est- 
Africain ^76 

—  Contribution  à  l'étude  des  roches  ba- 

saltiques de  i'Est-Africain i3o8 

ARSONVAL  (d').  —  Rapport  sur  le  con- 
cours du  prix  Barbier  (Médecine  et 
Chirurgie) 11 35 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  La  Caze 

(  Physiologie  j 1 1 5o 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Pourat 

(Physiologie) i  i5i 

ARTHUS.  —  La  moitié  du  prix  Montyon 

(Physiologie)  lui  est  attribuée 1 1,46 

—  La  médaille  Berthelot  lui  est  décer- 

née      Il 54 

—  Adresse  des  remercîments  à  l'Académie  l'iiS 


MM.  Pages. 

ASCOLI  (Marcel).  —  L'osmose  électrique 

dans  l'ammoniac  liquide .    i253 

AUDIGÉ  (J.),  —  Sur  l'exophtalmie  in- 
fectieuse de  certains  Poissons  d'eau 
douce 986 

AUDOLLENT  (Paul)  adresse  une  récla- 
mation de  priorité  relative  à  l'émission 
de  radiations  par  les  corps i2'j(7 

AUGERfV.)  —  Alcoylation  systématique 

de  l'arsenic 99.5 

AURIC  adresse  une  Note  «  Sur  l'existence 
probable  d'un  anneau  autour  de  Jupi- 
ter »  4'^o 

AURIC  (A.).  —  Généralisation  d'un  théo- 
rème de  Laguerre 967 


B 


BACCELLI(G.)  est  élu  Correspondant  pour 
la  Section  de  Médecine  et  Chirurgie, 
en  remplacement  de  M.  Ollier,  décédé.     169 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Acadé- 

mie      445 

BALLAND.  —  Sur  les  matières  grasses  et 

l'acidité  des  farines 724 

BALLORE  (uiî  Montessus  de).  —  Une 
mention  très  honorable  lui  est  ac- 
cordée dans  le  concours  du  prix  Mon- 
tyon (Statistique) j  107 

—  Adresse  des  remercîments  à  l'Acadé- 

mie      1 228 

BARBERIN  (P.)  adresse  une  Note  ayant 
pour  titre  :  «  Pouvoir  bactéricide  com- 
paratif de  diverses  lumières  «  (En 
commun  avec  M.  Foveau  de  Cour- 
melles.  ) 280 

BABILLÉ  (A.).  —  De  l'action  de  l'acide 
carbonique  sous  pression  sur  les  phos- 
phates métalliques 566 

BATAILLON  (E.).  —  La  segmentation 
parthénogénétique expérimentale  chez 
les  œufs  de  PMromyzon  Plaiieri.  ...        79 

BATELLI  (  F.  ).  —  La  prétendue  fermenta- 
tion alcoolique  des  tissus  animaux. . .    T079 

BATTESTl  (F.).  —  Le  prix  Bellion  lui  est 

décerné.  (Médecine  et  Chirurgie  ) . . .    1 1 43 

BAUBIGNY  (H.).  -  Action  de  l'acide  bo- 
rique sur  les  iodures;  son  emploi  pour 
la  séparation  de  l'iode  des  iodures  en 
présence  de  bromures  et  chlorures  (  En- 
commun  avec  M.  P.  Rivais.) 65o 

—  Conditions  de  séparation  de  l'iode  sous 


forme  d'iodure  cuivreux,  dans  un  mé- 
lange de  chlorures,  bromures  et  io- 
dures alcalins.  (En  commun  avec 
M.  P.  Rivais.) 753 

—  Séparation  de  l'iode  dans  les  sels  ha- 

logènes alcalins  d'avec  le  chlore  et 
le  brome,  par  sa  transformation  en 
acide  iodique,  et  mode  de  prépara- 
tion de  l'iode  pur.  (En  commun  avec 
M.  P.  Rivais.  ) 927 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication     1088 

BAUD  (E.).  —  Sur  une  combinaison  du 
sulfate  d'aluminium  avec  l'acide  sul- 

furique 492 

BECQUEREL  (Henri).  —  Sur  la  phospho- 
rescence scintillante  que  présentent 
certaines  substances  sous  l'action  des 
rayons  du  radium 629 

—  Rapport    sur    le    concours    du    prix 

Hébert  (Physique; iio3 

BÉIS  (  Constantin).  —  Actions  des  compo- 
sés organomagnésiens  mixtes  sur  les 
amides.  Nouvelle  méthode  de  prépa- 
ration de  cétones 675 

BELZECKI  (L.)  adresse  une  Note  «  Sur 
la  courbe  d'équilibre  d'un  fil  flexible 
et  inextensible,  dont  les  éléments  sont 
sollicités  par  les  pressions  d'un  rem- 
blai )) , 447 

BÉRANECK.  —  Sur  les  tuberculines. . . .     889 
BERCUT  (J.  ).  —  Nouveau  perforateur  à 
ressort,  dentaire  et  chirurgical.  (En 
commun  avec  M.  A.  Donat.) 674 


TABLE  DES  AUTEURS. 


i353 


MM.  Pages. 

BERGERON  (J.).  —  Observations  rela- 
tives à  la  tectonique  de  la  haute  val- 
lée de  la  Jalomita  (Roumanie  ) loog 

BERNARD  (Noël).  —  La  germination  des 

Orchidées 483 

BERNSTEIN  (S.).  —  Sur  la  nature  analy- 
tique des  solutions  de  certaines  équa- 
tions aux  dérivées  partielles  du  second 
ordre 778 

BERTHELOT  (M.).  -  Relations  entre  les 

piles  à  plusieurs  liquides «Bj 

—  Remarques    concernant   les    relations 
.  entre   les   piles   constituées  par   les 

mêmes  liquides,  compris  entre  deux 
électrodes  différentes  ou  identiques.,     '^gi 

—  Piles  à  plusieurs  liquides  différents  avec 

électrodes  métalliques  identiques. . . .     42^1 

—  Sur  l'état  du  carbone  vaporisé ôBg 

—  Quelques  observations  relatives  à  l'ac- 

tion des  vapeurs  des  composés  hydro- 
carbonés sur  les  microbes  animaux  et 
sur  les  insectes,  et  au  rôle  antisep- 
tique des  agents  oxydants-oxydables.     g33 

—  Sur  les  forces  électromolrices  résultant 

du  contact  et  de  l'action  réciproque 

des  liquides gOB 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à 

l'Académie  la  mort  de  M.  J.-fV. 
Gibhs,  Correspondant  pour  la  Section 
de  Mécanique 5 

—  Annonce  la  mort  de  M.  Rudolf  Lip- 

schltz.  Correspondant  pour  la  Section 

de  Géométrie 541 

—  Est  nommé  membre  de  la  Commission 

chargée  de  présenter  une  liste  de  can- 
didats pour  la  chaire  d'Histoire  géné- 
rale des  Sciences,  vacante  au  Collège 

de  France 838 

~  Signale  un  Opuscule  de  M.  Cli.  Lallc- 
nuificl,  intitulé  :  «  Volcans  et  tremble- 
ments de  terre,  leurs  relations  avec 
la  figure  du  globe  »,  82.  —  Plusieurs 
Mémoires  de  M.  G.  Capellini  et  no- 
tamment des  travaux  sur  les  Baleines 
fossiles  trouvées  en  Italie,  43i-  —  Le 
«  Bulletin  de  la  Société  normande 
d'études  préhistoriques,  Tome  X, 
année  1902  »,  5fio.  —  Divers  Ou- 
vrages de  M.  Bouchard,  de  M.  Ch. 
Lallemand,  de  M.  L.  Ru{iy,  69?.  — 
Un  «  Recueil  de  travaux  dédiés  à  la 
mémoire  d'Alexis  Millardet  »  ;  divers 
Ouvrages  de  lord  Jvebury,  de  M.  Sven 
Hedin  et  de  M.  Jet  m  Resul,  778.  — 


MM.  Pages- 

Divers  Ouvrages  de  M.  Icilio  Gua- 
r^,vc/«etdeMM.  Cabanes qI  L.  Nass, 
897.    —  De    M.    A.    Berget    et    de 
M.  J.-W.  Gibbs,  1028.  —De  M.  E. 
Mathias  et  de  M.  A.  Lacroix,  1227. 

—  Annonce  à  l'Académie  que  le  Tome 

CXXXV  des  Comptes  rendus  (2*  se- 
mestre 1902)  est  en  distribution  au 
Secrétariat 875 

BERTHIER  (A.).  -  Adresse  une  Note  in- 
titulée :  «  Transformateur  actino- 
électrique,  pour  la  transformation  de 
l'énergie  lumineuse  en  énergie  élec- 
trique » 471 

BERTIAUX.  —  Influence  des  gaz  sur  la 
séparation  des  métaux  paréleclrolyse: 
séparation  du  nickel  et  du  zinc.  (En 
commun  avec  M.  Hollard.) 853 

BERTIN  (Emile)  est  porté  sur  la  liste 
de  candidats  présentés  pour  la  place 
laissée  vacante,  par  le  décès  de  M.  de 
Bussj,  dans  la  Section  de  Géographie 
et  Navigation • 819 

—  Est  élu  membre  de  la  Section  de  Géo- 

graphie et  Navigation,  en  remplace- 
ment de  M.  de  Bussy,  décédé 807 

BERTRAND  (Gabriel).  —  Emploi  de  la 
bombe  calorimétrique  pour  démon- 
trer l'existence  de  l'arsenic  dans  l'or- 
ganisme       2G6 

—  Sur  l'oxydation  du  gayacol  par  la  lac- 

case  1 269 

BILLARD  (A.).  —  De  l'excrétion  chez  les 

Hvdroïdes 340 

BINET  DU  JASSONEIX.  —  Recherches 
sur  la  densité  du  chlore.  (En  commun 
avec  M.  Moissan.) 1 198 

BIRAUD.  —  Contribution  au  traitement  du 

cancer  par  les  rayons  X 816 

BLANC  (A.).  —  Étude  d'une  résistance  de 

contact 1042 

BLANC  (G.).  —  Préparations  des  alcools 
primaires  au  moyen  des  acides  cor- 
respondants. (En  commun  avec  M.  L. 
Bouveault.) 60 

—  Réduction  des  éthers-sels  des  acides  à 

fonction  complexe.  (En  commun  avec 

M.  L.  Bom'eaull.) 828 

—  Sur  de  nouvelles  synthèses  effectuées 

au  moyen  des  molécules  renfermant 
le  groupe  méthylène  associé  à  un  ou 
deux  radicaux  négatifs.  Action  de  l'épi- 
chlorhydrinesur  l'acétylacétone  sodée 
(^En  commun  avec  M.  A.  Hallcr.). . .    i2o3 


l354  TABLE    DES 

MM.  Pages. 

BLAREZ  (Ch.)-  —  Sur  la  teneur  des  vins 
mistelles  et  des  autres  vins,  en  acides 
solubies  dans  l'élher,  comme  moyen 
de  différenciation C^'\ 

BLOCH  (EuG.)-  —  Sur  l'ionisation  par  le 

phosi)hore 1 040 

—  Erratd  se  ra[)portant  à  cette  Commu- 

nication      I  3it 

BLONDLOT  (R.)-  —  Sur  une  nouvelle  ac-  , 
tion  produite  par  les  rayons  n  et  sur 
plusieurs  faits   relatifs  à   ces  radia- 
tions       16G 

—  Sur  de  nouvelles  actions  produites  par 

les  rayons  //  :  généralisation  des  phé- 
nomènes précédemment  observé?..  . .     G84 

—  Sur  l'emmagasinement  des    rayons  n 

par  certains  corps 799 

—  Sur  le  renforcement  qu'éprouve  l'ac- 

tion exercée  sur  l'œil  par  un  faisceau 
de  lumière,  lorsque  ce  faisceau  est 
accompagné  de  rayons  n 83 1 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication      g5a 

—  Sur  la  propriélé  d'émettre  des  rayons  n 

que  la  compression  confère  à  certains 
corps,  et  sur  l'émission  spontanée  et 
indéfinie  de  rayons  n  par  l'acier 
trempé,  le  verre  trempé,  et  d'autres 
corps  en  état  d'équilibre  moléculaire 
contraint 962 

BLUTEL  (E.).  —  Sur  les  lignes  de  cour- 
bure de  certaines  surfaces 35 

BODIN.  —  Un  prix  Montyon  (Mécanique) 
lui  est  décerné 1098 

BODROUX  (F.).  —  Sur  une  méthode  de 
synthèse  des  dérivés  dilialogénés  sy- 
métriques de  la  benzophénone 710 

BOHN  (Gkorges).  —  Sur  les  mouvemenîs 
oscillatoires  des  Convotuta  j-oscoffen- 
sis 576 

—  Comparaison  entre  les  effets  nerveux 

des  rayons  de  Becquerel  et  ceux  des 
rayons  lumineux 883 

—  Sur  le  phototropisme  des  Ariiozoaires 

supérieurs 19.92 

BOIDIN  (A.).  —  Contribution  à  l'étude  de 

l'amylo-coagulase loSo 

BOIS  (Paul).  —  Sur  les  variations  de  la 

Meuse  à  l'époque  quaternaire 8') 

BONNET  (A.).  —  Sur  le  développement 

post-embryonnaire  des  Ixodes 419 

BONNIER  (Gasto.n).  —  Influence  de  l'eau 

sur  la  structure  des  racines  aériennes 

d'Orchidées 5o5 


AUTEURS. 

MM.  Pages. 

BORDAGE  (Edmond).  —  Observation  de 
j'éclipse  de  Soleil  du  20  septembre 
1903,  faite  à  l'île  de  la  Réunion.  (En 
commun  avec  M.  J.  Gnrsaidt.) 635 

—  Observations  faites  à  l'île  de  la  Réunion 

sur  l'éclipsé  de  Lune  du  6  octobre  1 903 . 

(En  commun  avec  M.  J.  Garsaiilt.).  897 
BORDAS  (L.).  —  L'appareil  digestif  des 

Silpli'ulœ 344 

BORDPLT  (.1.).  —  Les  sensibilisatrices  du 

bacille    tuberculeux.    (En    conimum 

avec  M.  O.  Gengou.) 35 1 

BOREL  (Emile).  —  Sur  la  détermination 

des  classes  singulières  de  séries  de 

Taylor 695 

—  Sur  la  représentation  effective  de  cer- 

taines fonctions  discontinues 900 

—  Un  théorème  sur  les  ensembles  mesu- 

rables       <'(î6 

BORNET  est  réélu  membre  de  la  Commis- 
sion centrale  administrative  pendant 

l'année  1 904 1 1 97 

BORREL  (A.).  —  La  moitié  des  arrérages 
du  prix  Bréant  lui  est  attribuée  (Mé- 
decine et  Chirurgie) 1 1 37 

BORRELLY.  —  Le  prix  Valz  lui  est  dé- 
cerné (Astronomie) iioo 

—  Adresse  des  remercîments  à  l'Académie.  i-^îS 
BOSSERT  est  porté  sur  la  liste  d«  can- 
didats présentée  à  M.  le  Ministre  de 
l'Instruction  publique,  pour  une  place 
d'Astronome  titulaire  vacante  à  l'Ob- 
servatoire de  Paris 1027 

BOUCHARD.  —  Rapport  sur  le  concours 
du  prix  Montyon  (Médecine  et  Chi- 
rurgie ) 1 1 3 1 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Lal- 

l&mand  (Médecine  et  Chirurgie) i  i4i 

BOUCHONNET  (A.).  —  Sur  la  préparation 
du    sesquiséléniure    d'iridium.    (En 

commun  avec  M.  C.  Chabrie.) loSg 

BOUDOUARD  (0.).  —  Nouvelle  méthode 
de  détermination  des  points  critiques 

des  fers  et  des  aciers io54 

BOUGAULT  (.T.).  —  Sur  le  kermès 794 

BOUILHAC.  —  Sur  une  culture  de  sarrasin 
en  présence  d'un  mélange  d'algues 
el  de  bactéries.    (En  commun    avec 

M.  Giustiniani.) 1 274 

BOUIN  (P.).  —  Recherches  sur  le  rôle  de 
la  glande  interstitielle  du  testicule. 
Hypertrophie  compensatrice  expéri- 
mentale. (En  commun  avec  M.  P. 
Ancel.) ia88 


âges. 


(7^ 


686 


.91 


MM.  , 

BOULANGER  ^G.-A.).  -  Sur  les  affinités 

du  genre  Oreosoma 5>,3 

BOULUD.  —  Sur  la  production  de  sucre 
dans  le  sang  pendant  le  passage  de  ce 
dernier  à  travers  le  poumon.  Œn 
commun  avec  M.  R.  Lcplnc.) . . 

—  Sur  le  sucre  virtuel  du  sang.  (En  corn 

mun  avec  M.  R.  Lépine.). 

BOUNHIOL.  -  Une  Mention  lui  est  ac- 
cordée dans  le  concours  du  prix  Mon- 
tyon  (Physiologie) ,,48 

BOUQUET  DE  Juk  GRYE  pronoiice  quel- 
ques paroles  au  sujet  du  Congrès  de 
l'Association  géodésique  internatio- 
nale, tenu  à  Copenhague  du  4  au  i/, 
août  igo3 

BOURQUELOT  (Ém!)."  -"sur'  ia  lactaVe" 
(En  commun  avec  M.  Hérissej.) 

BOUSSINESQ  (  J.).  -  Sur  un  mode  simple 
d'écoulement  des  nappes  d'eau  d'in- 
filtralion  à  lit  horizontal,  avec  rebord 
vertical  tout  autour,  lorsqu'une  partie 
de  ce  rebord  est  enlevée  depuis  la 
surface  jusqu'au  fond , 

~  Sur  la  stabilité  d'un  certain  mode 
d'écoulement  d'une  nappe  d'eaux  d'in- 
filtralion _  _    _ 

—  Extension,  à  des  cas  où  le  fond  est 

courbe,  du  mode  d'écoulement  qui  se 
conserve  dans  une  nappe  d'eaux  d'in- 
filtration reposant  sur  un  fond  plat. . 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Boi- 

leau -. 

BOUTAN  (Louis).  —  L'origine  réelle  des 

perles  fines j^^-o 

BOUTELOUP  (PiERRE-JosEPu).  -"une 
part  du  prix  Félix  Rivot  lui  est  attri- 
buée  _ , 

BOUTY  (E.).  —  Cohésion  diélectrique  des 

gaz  à  basse  température --41 

BOUVEAULT  (L.).  -  Préparations  dés 
alcools  primaires  au  moyen  des  acides 
correspondants.  (En  commun  avec 
M.  G.  Blanc.) 

—  Sur  les  éthers  isoniirosomaloniques  et 

leur  transformation  en  éthers  méso- 
xaliques,  (En  commun  avec  M.  A 
Wahl.) 

—  Réduction  des  éthers-sels  des  acides  à 

fonction  complexe.  (En  commun  avec 

M.  G.  Blanc.) j.^S 

—  Nouvelle  méthode  de  préparation  des 

aldéhydes gg_ 

—  Le  prix  Jecker  lui  est  attribué  (Chimie).   iii3  | 

C.  R.,  1903,  -2'  Semestre.  (T.  CXXXVII.) 


TABLE    DES    AUTEURS.  ,355 

M^I-  Pages. 

—  La  medadle  Berthelol  lui  est  décernée.  ii53 
BOUVIER.  —  Rapport  sur  le  concours  du 

prix  Savigny  (Anatomie  et  Zoologie),  iiaô 

—  Bapport  surle  concours  du  prix  Cuvier.   11 56 
BOUYGUES  (H.).   -  Sur  la    Nielle   des 

feuilles  de  tabac 1 3o3 

BOUZAT(A.).  —  Courbes  de  sublimation.     175 

—  Courbes  de  pression  des  systèmes  uni- 
variants  qui  comprennent  une  phase 
gazeuse 3^3 

BRACHIN  (M.).  —  Sur  les  acétones  acéVy. 
léniques.  Nouvelle  méthode  de  syn- 
thèse des  isoxazols.  (En  commun  avec 
M.  Ch.  Moiircu.) ^n5 

BRENANS  (P.).  —Sur  un  nouveau  phénol 

tri'odé ,o65 

BREYNAERT  (François-Fernand-xMarie). 
—  Une  part  du  prix  Félix  Rivot  lui 
est  attribuée 1  ((35 

BRILLOULN  (Marcel  ).  —  Mesure  des  très 

petits  angles  de  rotation 786 

—  Le  prix  Saintour  lui  est  décerné 1 163 

—  Adresse  des  remercîments  à  l'Académie.  1218 
BROCA  (André).  —  Comparaison  des  di- 
verses lettres  au  point  de  vue  de  la 
vitesse  de  lecture.  Formation  d'un 
alphabet  rationnel.  (En  commun  avec 
M.  D.  Sulzcr.) ^12 

—  Sensation  lumineuse  en  fonction  du 
temps  pour  les  lumières  colorées. 
Technique  et  résultats.  (En  commun 
avec  M.  B.  Sulzcr.) g4| 

—  Rôle  du  temps  dans  la  comparaison  des 
éclats  lumineux  en  lumière  colorée. 
(En  commun  avec  M.  D.  Sulzcr.) . . .     977 

—  La  sensation  lumineuse  en  fonction  du 
temps  pour  les  lumières  colorées. 
Discussion  des  résultats.  (En  commun 
avec  M.  D.  Sulzcr.) 10(6 

BRUHAT.  —  Une  mention  honorable  lui 
est  accordée  dans  le  concours  du  prix 
Pourat  (Physiologie) ii5?. 

BRUNEL  (Léon).  —  Oxyde  d'élhslcne  du 

P-cyclohexanediol-i  .5»  et  dérivés  ...       62 

—  Action  de  l'ammoniaque  sur  l'oxyde 
d'éthylène  du  p-o-cyclohexanediol. . .     198 

—  Préparation  d'alcools  liydro-aromati- 
qiios tîGS 

BHUNIIES  (Bkhxaru).  —  Sur  la  direction 
de  l'aimantation  permanente  dans  di- 
verses roches  volcaniques.  (En  com- 
mun avec  M.  Pierre  Dacid.) 97^ 

BUISSON  (H.).  —  Sur  les  changements  de 
phase  par  réflexion  normale  dans  le 

175 


i53 


ii65 


60 


196 


i3 


)0 


TABLE    DES    AUTEURS. 


MM.  Pa[rus. 

qiiariz    sur    lari-'eiU.    (En    commun 
avec  M.  /.  Macé  de  Lépinay.) 'ji:^ 

—  Sur  une  nouvelle  métliodo  de  mesure 


MM.                                                                        Pages, 
des   épaisseurs   et  des  indices.  (En 
commun  avec  M.  /.  Macé  de  Lépi- 
nay.)      io38 


c 


CALLANDREAU.  —  Rapport  sur  le  con- 
cours du  prix  Valz  (Astronomie). ...   i  loo 

CAMICHEL  (C).  —  Sur  la  spectrophoto- 

métrie  photographique 184 

—  Sur  la  détermination  des  maxima  et 

minima  de  transparence 788 

CAMPAGNE  (Em.).  —  Sur  le  dosage  du 
vanadium  dans  les  produits  métallur- 
giques      570 

CAMPBELL.  —  Le  prix  Lalande   lui   est 

décerné.  (Astronomie) 1099 

CAMUS  (Jean).  —  Un  prix  Montyon  lui 

est  décerné.  (Médecine  et  Chirurgie).    11 3a 

—  Adresse   des   remerciments    à    l'Aca- 

démie      1 228 

CANNEVEL.  —  Moteur  à  combustion  par 

compression loSC) 

CAPELLE  (Édouaki)  ).  —  Une  mention  lui 

est  accordée  dans  le  concours  du  prix 

Montyon.  (Arts  insalubres  ) 1 164 

—  La  médaille  Berthelot  lui  est  décernée.   ii54 
CARALP  (J.).  —  Sur  le  système  permien 

dans  les  Pyrénées  friinçaises  et  espa- 
gnoles     1008 

CARDIN  adresse  une  Note  «  Sur  la  forma- 
tion des  alcoolates  cupro-alcalins  » . .    1087 

CARNOT  (Adolphe  )  fait  hommage  à  l'Aca- 
démie du  Tome  II  de  son  a  Traité 
d'analyse  des  substances  minérales  » .     807 

CARRÉ.  —  Sur  les  rapports  qui  existent 
entre  le  Surra  et  le  Nagana,  d'après 
une  expérience  de  Nocard.  (En  com- 
mun avec  M.  Vcdléc ) G24 

CARRÉ  (P.).  —  Action  de  l'acide  phos- 
phoreux sur  la  mannite.  Remarque 
sur  le  mannide h  7 

—  Sur  l'éthérification  de  l'acide  phospho- 

rique  par  la  glycérine 10-0 

CARTAUD  (G.).  —  Les  moiles  de  défor- 
mations et,  de  rupture  des  fers  et  des 
aciers  doux.  (En  commun  avec 
MM.  F.  Osmond  et  Ch.  F  rémont). .  .     85 1 

—  Sur  les  fers  météoriques.  (Eu  coiuiuuii 

avec  M.  F.  Osmond) 101)7 

CASPARI  (Ed.j  prie  l'Académie  de  le 
comprendre  parmi  les  candidats  à  la 
place  vacante,  dans  la  Section  de  Géo- 


graphie et  de  Navigation,  par  suite  du 
décès  de  M.  de  Bussy 61 3 

—  Est  porté  sur  la  liste  de  candidats  pré- 

sentés par  la  Section 819 

CAULLERY  (Maurice).  —  Sur  la  résorp- 
tion phagocytaire  des  produits  géni- 
taux inutilisés,  chez  X  EcJnnocardium 
cordatum  Penn.  (En  commun  avec 
M.  Michel  Sicdlecki.  ) 496 

CAUSSE  (H.).  —  Sur  la  séparation  et  le 
dosage  du  fer  et  de  l'acide  phospho- 
rique  dans  les  eaux 708 

CHABRIÉ  (C.  ).  —  Sur  la  préparation  du 
sesquiséléniure  d'iridium,  (En  com- 
mun avec  M.  J.  BoucJionnet.) 1069 

CHAMBERLAND  (A.).  —  Sur  un  capillari- 
mètre.  (En  commun  avec  M.  E.  Tas- 
slly.) 645 

CHAMBON  (E.).  —  La  moitié  des  arré- 
rages du  prix  Bréant  lui  est  attribuée 
(Médecine  et  Chirurgie) 1 107 

—  Adresse  des  remerciments  à  l'Académie.   1228 
CHARABOT  (E.).  -  Innuence  de  la  na- 
ture du  milieu  extérieur  sur  la  com- 
position organique  de  la  planle.  (En 
commun  avec  M.  Alex.  Hébert.).  .  . .     799 

—  Production  et  distribution  de  quelques 

substances  organiques  chez  le  Manda- 
rinier. (En  commun  avec  M.  G.  La- 

louc.) 996 

CHARBONNIER  (P.j.  —  Sur  la  théorie  du 

champ  acoustique «  7 1 

—  La  théorie  du  champ  acoustique  et  le 

frottement  intérieur  des  gaz 378 

CHARON  (Ernest).  —  Sur  le  chlorure  de 
phénylpropargylidène 

C''H5— C^C  — CHCl-2. 

(En  commun  avec  M.  Edgar  Dugou- 

jon.) 1251 

CHARPENTIER  (AuG.)-  —  Émis.^ion  de 
rayons  n  (rayons  de  Blondlot)  par 
l'organisme  humain,  spécialement  par 
les  muscles  et  par  les  nerfs 1049 

—  Nouveaux  faits  sur  les  rayons  n  d'ori- 

gine physiologique;  localisations  nei'- 
vt'uses 1 277 


489 


1 1 63 

1228 

G53 


MM. 

CHARPY  (Georges).  —  Sur  l'aclion  de 
l'oxyde  de  carbone  sur  le  fer  et  ses 
oxydes ,20 

CHATIN(JoANNESj.  —  Les  myélocytesdii 
bulbe  olfactif " 

CHAUDIER  (J.j.  —  Du  dichroïsme  élec- 
trique des  liqueurs  mixtes 248 

CHAVANNE    (G.).  -  Sur  les  éthers  de 

l'acide  isopyromucique 992 

—  La  médaille  Berthelot  lui  est  décernée.  1 1  Vi 

—  La  moitié  du  prix  Cahours  lui  est  attri- 

buée  

—  Adresse  des  remercîmenls  à  l'Académie. 
CHESNEAU  (G.).  —  Sur  la  composition  de 

bronzes  préhistoriques  de  la  Charente. 

—  Étude  microscopique  de  bronzes  pré- 

historiques de  la  Charente 930 

CHESSIN  (Alexandek).  —  Sur  une  classe 

d'équations  différentielles  linéaires. . .  5 1 1 
ClIOFARDET  (P.).  _  Observations  de  la 

planète  MA  (24  août  1908),  faites  à 

l'Observatoire  de  Besancon 453 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication  

CHRÉTIEN  (P.).  -Chaleur  de  neutraiisà- 
tion  de  l'acide  ferrocyanhydrique; 
chaleur  de  formation  de  ses  combi- 
naisons avec  l'clher  et  l'acétone.  (En 
commun  avec  M.  Guinc/iant.) 65 

—  Les  bleus  de  Prussa  et  de  Turnbull. 

Une  nouvelle  classe  de  cyanures  com- 
plexes   

CLAUDE  (G.).  —  Sur  la  séparation  des 
mélanges  gazeux  par  la  force  centri- 
fuge. (En  commun  avec  M.  E.  De- 
nioiissY.). 

—  Sur  l'extraction  de  l'oxygène  par  la  li- 


TABLE    DES   AUTEURS. 
Pages. 


48.S 


670 


l'jr 


1357 

^^-       .  Pages. 

quéfaction  partielle  de  l'air  avec  re- 
tour en  arrière -33 

CLUZET  (J.).  —  Sur  l'excitation  des  nerfs 
et  des  muscles  par  décharges  de  con- 
densateurs   

COLANI  (A.).  —  Sur  quelques  combinai- 
sons binaires  de  l'uranium 382 

COLIN  (LE  R.  P.).  -  Le  prix  Gay  lui  est 

décerné  (Géographie  physique) iit8 

COLLET  (J.).   _  Le  prix  Wilde  lui  est 

décerné j  154 

—  Adresse  des  remercîments  à  l'Académie.   1228 
COLOLIAN.   —  Une  part  du  prix  Lalle- 

mand  lui  est  attribuée  (Médecine  et 

Chirurgie) 1,41 

COLSON  (Albert).  —  Action  du  chlore 

sur  l'acétate  de  baryum 660 

—  Sur  les  acétates  alcalino-terreux io(ii 

CONSTANT.  —  Sur  une  variété  de  car- 
bone filamenteux.  (En  commun  avec      - 
M.  Henri  Pélabon.).    706 

C0RNIL(V.).  —  De  la  formation  du  cal. 

(En  commun  avec  M.  P.  Coudrny.).     220 

COUDRAY  (P.).  -  De  la  formation  du  cal. 

(En  commun  avec  M.   V.  Comil.)...     220 

COUPIN  (H.).  —  Sur  les  nectaires  extra- 
floraux des  Hevea.  (En  commun  avec 
M.  Aiig.  Daguillon.) 767 

COUSIN  (H.).  —  Sur  les  acides  gras  de  la 

lécithine  de  l'œuf ' 68 

COUTAGNE  (Georges).  -  Sur  les  fac- 
teurs élémentaires  de  l'hérédité 1075 

—  Sur  les  croisements  entre  taxies  diffé- 
rentes     1290 

CUÉNOT  (L.).  —  L'organe   phagocytairc 

des  Crustacés  Décapodes 61  g 


D 


DAGUILLON  (Auc).  —  Sur  les  nectaires 
extra-floraux  des //(?w^.  (En  commun 
avec  M.  H.  Coupin.) 767 

DANGEARD  (P.-A.).  -  Sur  le  genre  Asco- 

desmis 5^8 

DANIEL  (Luciim).  —  Sur   une  greffe  en 

écusson  de  Lilas \ ,43 

—  Un  nouvel  hybride  de  greffé 765 

—  Le    prix    Philipeaux    lui    est    décerné 

(Physiologie) j,5o 

—  Adresse  des  renierciments  à  l'Académie.   1228 
DANYSZ  (.1.).  —  De  l'action  du  radium 

sur  les  différents  tissus ,  .,96 


DARBOUX  (Gaston).  —  M.  le  Seaétahe 
perpétuel  rend  compte  du  Congrès  de 
l'Association  géodésique  internatio- 
nale, tenu  à  Copenhague  du  4  au  \\ 
août  1903 3g3 

—  Est  nommé  membre  de  la  Commission 

chargée  de  présenter  une  liste  de  can- 
didats pour  la  chaire  d'Histoire  géné- 
rale des  Sciences,  vacante  au  Collège 
de  France 333 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Fran- 

cœur  (Géométrie) 1097 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Poii- 


i358 


TABLE    DES    AUTEURS. 


MM.  Pages, 

celet  (Géométrie) 1097 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Binoux 

(Histoire  des  Sciences) 1 1 53 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Sain- 

tour ii63 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Ge- 

gner 1,64 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Lan- 

nelongue 1164 

—  Signale  quatre  nouveaux  Volumes  de 

«  l'International  Catalogue  of  scientific 
lilerature,  first  annual  issue  »,   445. 

—  Les  trois  premiers  numéros  du 
«  Journal  de  Chimie  physique  »,  pu- 
blié par  M.  Philippe- J.   Giiye,  61 3. 

—  Un  Volume  de  M,  R.  Femeaii  inti- 
tulé :  «  Les  anciens  Patagons.  Contri- 
bution à  l'étude  des  races  précolom- 
biennes de  l'Amérique  du  Sud  »,  635. 

—  Divers  Ouvrages  de  S.  A.  S.  Al- 
bcrt  ler^  Prince  de  Monaco;  de 
M.  Charles  Méray,  de  M.  É.  Ber- 
trand, 838. 

—  Annonce  que  le  Tome  XLVI  des  «  Mé- 

moires de  l'Académie  des  Sciences  » 

est  en  distribution  au  Secrétariat 629 

DAVID  (Pierre),  —  Sur  la  direction  de 
l'aimantation  permanente  dans  di- 
verses roches  volcaniques.  (En  com- 
mun avec  M.  Bernard  Bninhes?).. . .     975 

DEFACQZ.  —  Sur  une  nouvelle  méthode 
de  préparation  de  quelques  fluorures 
anhydres  et  cristallisés i25\ 

DEKHUYZEN  (M.-C).  -  Un  liquide  fixa- 
teur isotonique  avec  l'eau  de  mer  ...     4i5 

—  Liquide  fixateur  isotonique  avec  l'eau 

de  mer,  pour  les  objets  dont  on  ne 
veut  pas  éliminer  les  formations  cal- 
caires      445 

DELACROIX  (G.).  -  Sur  quelques  pro- 
cessus de  gommification -^78 

—  Sur  une  maladie  bactérienne  du  tabar, 

le  chancre  ou  anthracnose 

—  Sur  la  jaunisse  de  la  betterave;  ma- 

ladie bactérienne 87 1 

—  De  h^losité  des  pommes  de  terre.. .  .   1006 
DELAGE  (Yves).  —  Sur  les  mouvements 

de  torsion  de  l'œil  pendant  la  rotation 

de  la  tète 10- 

—  Sur  les  mouvements  de  torsion  de  l'œil 

dans  les  orientations  du  regard,  l'or- 
bite restant  dans  la  position  primaire.     i63 

—  Élevage  des  larves  parthénogénétiques 

d'Astéries  dues  à  l'action  de  l'acide 


(J4 


MM.  Pages, 

carbonique 449 

—  La  parthénogenèse  par  l'acide  carbo- 

nique, obtenue  chez  les  œufs  après 
l'émission  des  globules  polaires 473 

—  Sur  la  non-régénération  des  sphéridies 

chez  les  Oursins 68 1 

DELANGE  (R.).  —  Fixation  anormale  du 

trioxyméthylène  sur  certains  dérivés 

organomagnésiens   aromatiques.   (En 

commun  avec  M.  M.  Tiffeneau.). . .  .     5y3 

DELEBECQUE  (André).  —  Sur  les  lacs  de 

la  haute  Engadine i3i  1 

DELÉPINE  (Marcel).  —  Action  de  l'acide 
cyanhydrique  sur  l'aldéhydate  d'am- 
moniaque et  les  combinaisons  ana- 
logues      9S4 

—  Sur  les  a-aminonitriles 1257 

DEMOUSSY  (E.).  —  Sur  la  séparation  des 

mélanges  gazeux  par  la  force  centri- 
fuge. (En  commun  avec  M.  G. 
Claude.) aSo 

DENOYÈS  (J.).  —  Le  prix  Pourat  lui  est 

décerné  (  Physiologie  ) 1 1 5 1 

DEPÉRET  (Ch.).  —  Sur  la  limite  du  Ju- 
rassique et  du  Crétacé  dans  la  région 
orientale  des  Pyrénées  et  sur  l'exi- 
stence de  deux  époques  distinctes  de 
formation  des  calcaires  à  couzeranite. 
(En  commun  avec  M.  O.  Mengel.). . .    1120 

DEPRAT.  —  Sur  la  structure  tectonique 

de  l'île  d'Eubée 666 

—  Les  roches  éruplives  de  l'île  d'Eubée..     879 
DESGREZ  (A.).  —  Contribution  à  l'étude 

de  la  dyscrasie  acide  (acide  chlorhy- 
drique).   (En   commun   avec  M.  /. 

y/dler.) 8i8 

DESLANDRES  (H.).  -  Observations  spec- 
trales de  la  comète  Borrelly  (1903  c).     ogo 

—  Simplicité  des  spectres  de  la  lumière 

cathodique  dans  les  gaz  azotés  et  car- 
bonés       457 

—  Relation  entre  les  taches  solaires  et  le 

magnétisme  terrestre.  Utilité  de  l'en- 
registrement continu  des  éléments  va- 
riables du  Soleil 82 1 

—  Caractères  principaux  des  spectres  de 

lignes  et  de  bandes.  Considérations 

sur  les  origines  de  ces  deux  spectres.  ioi3 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  La- 

lande  (Astronomie) 1099 

DESMOULIÈRE  (A.).  —  Sur  le  ferment  du 

salol  contenu  dans  certains  laits 337 

DITISHEIM    (Paul).    -   Sur  la  relation 

entre  la  pression  et  la  marche  des 


TABLE    DES 

MM.  Pa,es. 

chronomètres -,00 

DOLLFUS  (GusTAVE-F.).  -  Sur  les  effônl 

drements  de  la  plaine  de  Sevran lyç) 

DOMINICI.  —  Un  prix  Montyon  (Méde- 
cine et  Chirurgie)  lui  est  décerné. . .    1  i3i 

—  Adresse  des  remercîments  à  l'Académie.    1228 

DONARD.  —  Les  matières  albuminoïdes 
du  grain  de  maïs.  (En  commun  avec 
M-  L^'bbé.) 264 

DONAT  (A.).  —  Nouveau  perforateur  à 
ressort,  dentaire  et  chirurgical.  (En 
commun  avec  M.  /,  Bercut.). ...        67; 

DONGIER  (R.).  _  Sur  la  mesure  des 
coefficients  de  self-induction  au  moyen 
du  téléphone 1,5 

DONY-HÉNAULT  (0.)  adresse  une  Note 
«  Sur  la  radioactivité  du   peroxyde 

d'hydrogène  » 353 

DUBOIS  (Raphaël).  —  Sur  l'acclimatation 
et  la  culture  des  Piniadines,  ou  huî- 
tres perlières  vraies,  sur  les  côtes  de 
France,  et  sur  la  production  forcée 

des  perles  fines gj  j 

DUBREUIL  (Louis).  —  Action  des  acides 
bromosuccinique  et  bibromosucci- 
nique  sur  les  bases  pyridiques  et  qui- 

noléiques ,og3 

DUERST   (U.).    -    Les  lois    mécaniques 


E 


EGINITIS  (B.;.  -  Sur  le  rôle  des  noyaux 

métalliques  des  bobines 43^ 

EGINITIS  (D.).  -  Observations  des  Léo- 
nides  et  des  Biélides,  faites  à  Athènes, 
en  igoS  

EIFFEL  (G.).  —  Expériences  sur  la  résis 


965 


AUTEURS.  ,35^ 

MM.  o 

Pages. 

dans  le  développement  du  cràno  des 

Cavicornes 3/,^ 

DUGOUJÛN  (Edgar).  —  Sur  le  chlorure 
de  phénylpropargylidène 

Cnp— CesC-CHCI^. 
(En  commun  avec  M.    Ernest   Chn- 

''"'''') 125 

DUHEM  (P.).  —  Sur  les  ondes-cloisons  . .     287 

—  Sur  la  suppression  de  l'hystérésis  ma- 
gnétique par  un  champ  magnétique 
oscillant ^^^^ 

DULAC  (H.).  —  Sur  les  fonctions  de  n  va- 
riables représentées  par  des  séries  de 
polynômes  homogènes 308 

DUPARC  (L.).  —  Sur  les  formations  de  la 
zone  des  quartzites  et  conglomérats 
inférieurs  au  Dévonien  dans  l'Oural 
du  Nord.  (En  commun  avec  M.  F. 
J'earce.) *     33 

DURAND  (S.).  -  Détermination  du  mini- 
mum perceptible  et  de  la  durée  de  la 
perception  lumineuse  chez  les  per- 
sonnes dont  la  vue  est  affaiblie 1280 

DUVAL  (H.).  —  Sur  les  éthers  nitriques 

des  acides-alcools 5-,! 

—  Sur  les  éthers  nitriques  des  acides- 
^'^oo's ,^6^ 

tance  de  l'air 3^ 

ERIKSSON  (LvKOBj.  —  Sur  l'appareil' vé- 
gétatif de  la  rouille  jaune   des  Cé- 

•■éales 5  g 

ESCLANGON.  -  Sur  les  fonctions  quasi- 
périodiques 3^,5 


FABRE  (Jean-Henri).  -  Le  prix  Gegner 

lui  est  décerné ,,g/ 

FABRE  (L.-A.).  -  Sur  le  glaciaire  "de 'la        ^ 
Garonne or 

FABRY  (Charles).  -  Sur  une' solution 
pratique  du  problème  de  la  photomé- 
trie  hétérochrome _/3 

—  Sur  l'intensité  de  l'éclairement  produit      ^ 

par  le  Soleil 3 

—  Sur  l'iniensité  lumineuse  des  étoiles  et      ^ 

leur  comparaison  avec  le  Soleil 1242 

FACCIN  (Fr.)  adresse  une  Note  intitulée  : 


«  Anomalies  diurnes"  et  séculaires 
dans  le  mouvement  de  rotation  de  la 
Terre  » 

FAIVRE  (P.).  -  Action  du  brome  sur  le 
pinène  en  présence  de  l'eau.  (En 
commun  avec  M.  P.  Gem>resse.) 

FÉJER  (L.).  —Sur  les  équations  fonction- 
nelles et  la  théorie  des  .séries  diver- 
gentes  

FERNBACH  (A.).  -Sur  la' coagulation  de 
l'amidon.  (En  commun  avec  M    J 

woif.) •   ; 

175. 


819 

i3o 

839 
718 


i36o 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM.  Pai;es. 

FERRON  (Eugène)  adresse  un  Mémoire 
intitulé  :  a  Détermination  analytique 
des  éléments  géométriques  de  l'anse 
de  panier  rigoureuse  à  n  centres, 
étant  données  l'ouverture  et  la  flèche 
de  la  courbe  » i  j  J 

FÉRY  (Ch.).  —  Sur  la  température  des 

flammes 909 

FEUILLE  (Henri)  adresse  une  Noie  inti- 
tulée :  «  Appareil  pour  utiliser  la  force 
dynamique  de  la  mer  » ()49 

FLEIG  (C).  —  Sur  l'entretien  de  l'irrita- 
bilité de  certains  organes  séparés  du 
corps,  par  immersion  dans  un  liquide 
nutritif  artificiel.  (En  commun  avec 
M.  E.  Hédon.) 217 

—  Adresse  une  Nouvelle  Note  relative  à 

l'influence  de  la  température  sur  la 
survie  de  certains  organes  séparés  du 
corps  et  à  leur  reviviscence  dans  un 
liquide  nutritif  artificiel.  (En  commun 
avec  M.  E.  Hédon:) 9,83 

—  Adresse  deux  Notes  ayant  pour  titres  : 

«  Mode  d'action  chimique  des  savons 
alcalins  sur  la  sécrétion  pancréatique  » 
et  «  Mécanisme  de  l'action  de  la  sapo- 
crinine  sur  la  sécrétion  pancréatique  ».     6 j  j 

FLEURENT  (E.).  -  Sur  la  relation  qui 
existe  entre  la  proportion  de  gluten 
contenu  dans  les  différents  blés  et  la 
proportion  des  matières  azotées  to- 
tales     i3i  > 

FLICHE  (P.).  —  Découvcrle  (\(i  sLrubilos 
de  Séquoia  et  de  Pin  dans  le  Portlan- 
dien  des  environs  de  Boulogne-sur- 
Mer.  (En  commun  avec  M.  R.  Zeil- 
1er.) 1 010 

FONVIELLE  (W.  de;  adresse  une  Note 
«  Sur  l'explication  donnée  parFonte- 
nelle  de  la  nature  des  queues  des  co- 
mètes »... -283 

FOREL  (F.-A.).  -  Le  cercle  de  Bishop, 

couronne  solaire  de  1908 38o 

FOSSE  (R.).  —  Copulation  des  sels  de  di- 


MM.  Pages. 

naphtopyryle  avec  les  phénols 8>8 

FOURNIER  (Alfred).  —  Le  prix  Chaus- 
sier  lui  est  décerné  (Médecine  et  Chi- 
rurgie)    1 144 

FOURNIER  (H.).  —  Sur  l'aldéhyde  orlho- 

toluique 716 

FOURTAU    (R.).    —    Sur    le    Turonien 

d'Abou-Roach  (Egypte) 584 

—  Le  prix  Savigny  lui  est  décerné  (Ana- 

tomie  et  Zoologie  ) 1 1 25 

FOVEAU  DE  COURMELLES  adresse  une 
Note  ayant  pour  titre  :  «  Pouvoir  bac- 
téricide comparatif  de  diverses  lu- 
mières ».  (En  commun  avec  M.  P. 

Barberln.) :>,83 

FRAICHET  (E.)  adresse  un  Mémoire  por- 
tant pour  titre  :  «  Nouvelle  méthode 
d'essai  des  métaux  magnétiques  »...       Sa 

—  Étude  sur  les  déformations   molécu- 

laires d'un  barreau  d'acier  soumis  à  la 
traction 1 69 

—  Adresse  une  Note  intitulée  :  «  Éludes 

sur  les  déformations  élastiques  d'un 
barreau  d'acier  soumis  à  la  traction  ».     586 
FRANÇOIS  (xMaurice).  —  Dosage  de  la 

pyridine  en  solution  aqueuse 3>4 

—  lodures     de     mercurammonium     des 

aminés  primaires  et  des  aminés  ter- 
tiaires      I  olu) 

FRÉMONT  (Ch.).  —  Les  modes  de  défor- 
mations et  de  rupture  des  fers  et 
des  aciers  doux.  (En  commun  avec 
MM.  F.  Osniond  et  G.  Cartaud.) ...     85 1 

—  Le  prix  Trémont  lui  est  décerné 1 1^4 

FREUNDLER  (P.).  —  Recherches  sur  la 

formation  des  azoïques.  Réduction  de 
l'élher-oxyde  orlho-nitrobenzyl-mé- 
Ihylique 5^1 

—  Application  de  la  pyridine  à  la  prépa- 

ration de  quelques  dérivés  amidés. . .     712 

—  Recherches  sur  les  azoïques.  Nouveau 

mode  de  formation  des  dérivés  inda- 
zyliques 9S2 


GAGNIÈRE  (J.).  —  Inscription  de  l'état 
variable  de  la  tension  du  fil  de  l'ergo- 
graphe;  équation  du  mouvement  et 
expression  du  travail.  (En  commun 
avec  M.  À.  Imhert.) 27G 

GAILLARD.  —  Une  part  du  prix  extraoi  - 


dinaire  de  Gooo'^''  (Mécanique)  lui  est 

attribuée to'.iS 

GAL  (Jules).  —  Sur  la  ponte  du  Bombyx 

Mari 982 

GARNIER.  —  Une  part  du  prix  Lailemand 

lui  est  attribuée  (Médecine  et  Chi- 


Pages. 


(il  5 


l'^B- 


^7 


MM. 

rurgie) 

GARSAULï  {A.).  —  Observation  do 
l'écIipse  de  Soleil  du  20  septembre 
i<)o3,  faite  à  l'île  de  la  Réunion.  (En 
connaïun  avec  J\l.  Edmond  Bor- 
driife.) 

—  Observations  faites  à  l'île  de  la  Uéunion 

sur  l'éclipsé  de  Lune  du  6  octobre 
1903.  (En  commun  avec  M.  Edmond 
Bordagc) «ç^y 

GASNIER  (Paul).  —  Nouveaux  dispositifs 
électromécaniques  d'embrayage  et  de 
changement  de  vitesse  progressifs. . . 

GAUDRY  (Albeut).  —  M.  le  Président 
annonce  à  l'Académie  la  mort  de 
M.  Municr-Chcdmas,  membre  de  la 
Section  de  Minéralogie 

—  Présente  quelques  remarques  au  sujet 

du  Congrès  de  l'Associalion  géodé- 
sique  internationale J93 

—  Observations     paléontologiques     dans 

l'Alaska 553 

—  Allocution  relative  à  la  médaille  remise 

à  M.  Cliauveim 773 

—  Allocution    de    M.    le  Fré.sident  à  la 

séance  publique  annuelle  du  ii  dé- 
cembre 1 903 1 089 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Petit 

d'Ormoy  (Sciences  naturelles) 

—  Annonce  à  l'Académie  que,  en  raison 

de  la  séance  publique  annuelle  des 
cinq  Académies  qui  doit  avoir  lieu  le 
lundi  26  octobre,  la  séance  liebdoma- 
daire  de  l'Académie  des  Sciences  sera 
remise  au  lendemain  mardi  27  oc- 
tobre   

GAUTHIER  (D.).  —  Combinaisons  du  sac- 
charose avec  quelques  sels  métal- 
liques  

GAUTIER  (ArxUAnd).  —  Sur  une  nouvelle 
méthode  de  recherche  et  de  do.sage 
des  traces  les  plus  faibles  d'arsenic. . 

—  Arsenic   dans   les   eaux   de    mer,    le 

sel  gemme,  le  sel  de  cuisine,  les  eaux 
minérales,  etc.  Son  dosage  dans  quel- 
ques réactifs  usuels \>:i>. 

—  L'arsenic  cxiste-t-il  dans  tous  les  or- 

ganes de  l'économie  animale? \>x)5 

—  Rectifications  relatives  à  la  Note  du  27 

juillet  1903 37/j 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Mun- 

tyon  (Arts  insalubres) 1 154 

GAUTRELET  (Jkan).  -  De  la  présence  de 
l'acide  lactique  dans  les  muscles  des 


TABLE  DES  AUTEURS. 
MM. 


1 160 


!K) 


i  J8 


i36i 

Pages. 

1-7 


Invertébrés  et    des    Vertébrés    infé 
rieurs 

GENGOU  (O.j.  —  Les  sensibilisatrices  du 
bacille  tuberculeux.  (En  commun 
avec  M.  /.  Bordât.) 3)1 

GÉNIN  (V.)  adresse  une  Note  intitulée  : 
«  Calcul  rapide  du  mouillage  et  de 
l'écrémage  du  lait  » gS 

GENVRESSE  (P.).  —  Action  du  brome 
sur  le  pinène  en  présence  de  l'eau. 
(En  commun  avec  M.  P.  Faivre.). .  .      £3o 

—  Sur  le  nitrosile  de  la  pulégone 4g4 

GERMAIN.  —  Une  part  du  prix  extraor- 
dinaire de  6000^''  (Mécanique)  lui  est 
attribuée 1098 

GERNEZ  (D.).  —  Sur  une  combinaison  de 
deux  corps  qui,  par  élévation  de  tem- 
pérature, s'unissent  puis  se  séparent 
au-dessous  de  —  79" ^55 

GIRBS  (.I.-W.).  —  Sa  mort  est  annoncée  à 

l'Académie 5 

GILLIER  (Louis-Émile-André).  —  Une 
part  du  prix  Félix  Rivot  lui  est  attri- 
buée     I  iG5 

GIRAUl).  —  La  moitié  du  prix  Parkin  lui 

est  attribuée 1 159 

GIUSTINIANI.  —  Sur  une  culture  de  sar- 
rasin en  présence  d'un  mélange  d'al- 
gues et  de  bactéries.  (En  commun 
avec  M.  BouUhac.) 1 274 

GLATARD  [IX.).  —  Une  mention  très  ho- 
norable lui  est  accordée  dans  le  con- 
cours du  prix  Bellion  (Médecine  et 
Chirurgie.) 1143 

GLOVER  (j.).  —  La  moitié  du  prix  bar- 
bier lui  est  attribuée  (Médecine  et 
Chirurgie) r  i35 

—  Adresse  des  remercimenls  à  l'Acailé- 

mie 1 228 

GODEFROY  (L.).  —  >Sur  les  hydrates  d'al- 
cool éthylique.  (En  commun  avec 
M.  E.  Varenne.) 993 

—  Action    de   l'anéthol   sur  l'organisme. 

(En  commun  avec  MM.  E.  Farennc 

et  J .  Roussel.) 1 294 

GODIN  (Paul).  —  Le  prix  du  baron  Lar- 
reylui  est  décerné  (Médecine  et  Chi- 
nirgie) 

GOLDSTEIN  (E.).  —  Le  prix  Hébert  lui 
est  décerné  (Physique) 

—  Adresse  des  remercimenls  à  l'Académie. 
COURSAT  (E.).  —  Sur  une  généralisation 

de  la  théorie  des  fractions  continues 
algébriques [o3o 


i[  I?. 


I  Kl  ) 
I  228 


l362  TABLE 

MM.  Pa 

GRAEBE  (Carl).  —  Lettre  de  remercî- 
ments  à  l'Académie,  pour  la  médaille 
Lavoisier  et  la  médaille  Berthelot 
qu'elle  lui  a  décernées  à  l'occasion  de 
son  Jubilé 

—  La  médaille  Lavoisier  lui  est  décernée,  i 

—  La  médaille  Berthelot  lui  est  décernée,  i 
GRANDERYE  (iM.).   —  Sur  le  tétramé- 

thyldiamino-diphénylène-phénylmé- 
thane  dissymétrique  et  le  colorant  qui 
en  dérive.  (En  commun  avec  M.  A. 
Gufol.) 

GHANDJEAN  (Marius-Georges).  —  Le 
prix  Boileau  lui  est  décerné i 

GRANDIDIER  (A.)  présente  à  l'Académie, 
au  nom  de  l'auteur  M.  Jules  de  Scho- 
kalsky,  le  premier  fascicule  d'un  Atlas 
de  Géographie •. i 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  -Gay 

(Géographie  physique) i 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Tchi- 

hatchef i 

GRANDIDIER  (Guillaume).  —  Contribu- 
tion à  l'étude  de  WEpyornis  de  Mada- 
gascar  

GRAVIER  (Ch.).  —  Sur  la  Méduse  du 
Victoria  Nyanza 

GRfiHANT  (Nestor).  —  Recherche  et  do- 
sage de  l'urée  d^ns  les  tissus  et  dans 
le  sang  des  animaux  vertébrés 

GRIFFITHS  (A.-B.).  —  Changement  de 
résistance  électrique  du  sélénium  sous 
l'influence  de  certaines  substances.. . 

GRIFFON  (Ed.).  —  Recherches  sur  la 
transpiration  des  feuilles  vertes  dont 
on  éclaire  soit  la  face  supérieure,  soit 
la  face  inférieure 

GRILLE.  —  Sur  un  hybride  vrai  de  chas- 
selas par  vigne  vierge  { Ampélopsis 
hederacea  ) i 

GRYNFELTT  (Ed.).  -  Sur  la  capsule  sur- 
rénale des  Amphibiens 

GU1GNARD(L.).  —  Remarques  sur  la  for- 
mation du  pollen  chez  les  Asclépia- 
dées 

--  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Des- 
mazières  (Botanique) i 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Phi- 

lipeaux  (Physiologie) i 

GUILLAUME  (Ch.-Ed.).  — ■  Conséquences 
de  la  théorie  des  aciers  au  nickel 

—  Remarques  sur  la  Note  de  M.  P.  Dl- 

tisheiin,  relative  à  l'action  de  la  pres- 
sion atmosphériiiue  sur  la  marche  des 


DES    AUTEURS. 

MM.  Pages. 

chronomètres 703 

GUILLAUME  (J.).  -  Observations  du  So- 
leil faites  à  l'Observatoire  de  Lyon  pen- 
dant le  deuxième  trimestre  de  igoj. .     4ïi 
ji  I      —  Le  dernier  minimum  des  taches  du  So- 
i53  leil  et  remarques  au   sujet  de  la  loi 

1  '3'j  des  zones 89S 

GUILLET  (Léon).  —  Diagramme  donnant 

les  propriétés  des  aciers  au  nickel. . .     411 

—  Sur  les  propriétés  et  la  conslitulion  des 
aciers  au  manganèse 480 

'\\i      —  Sur  la  constitution  et  les  propriétés 

des  aciers  au  silicium loSa 

1 6 1      GUILLIERMOND.  —  Contribution  à  l'étude 

cytologique  des  Ascomycètes 988 

~  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 
nication     1088 

o8(l  GUINCHANT.  —  Chaleur  de  neulralisation 
de  l'acide  ferrocyanhydrique;  chaleur 

118  de  formation  de  ses  combinaisons  avec 

l'éther  et  l'acétone.  (En  commun  avec 

133  M.  Chrétien.) 65 

GULDBERG  (Alfr.).  —  Sur  les  équations 
aux  différences  qui  possèdent  un  sys- 

•10%  tème  fondamental  d'intégrales 4^'G 

—  Sur  les  équations  linéaires  aux  difîé- 
867  renées  finies 56o 

-  Sur  les  équations  linéaires  aux  diffé- 
rences finies 61  '( 

5J8  —  Sur  les  groupes  de  transformations 
des  équations  linéaires  aux  différences 
finies 689 

GJT      GUNTZ.  —  Le  prix  La  Gaze  lui  est  décerné 

(Chimie) 1 1 15 

—  La  médaille  Berthelot  lui  est  décernée.  ii53 

—  Adresse  des  remercîments  à  l'Académie.  1228 
j.»9      GUYON.  —  Rapport  sur  le  concours  du 

prix  Godard  (Médecine  et  Chirurgie).   1 140 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Mège 
(Médecine  et  Chirurgie) 1 144 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Chaus- 
sier  (Médecine  et  Chirurgie) 1  i4î 

GUYOT  (A.).  —  Sur  le  tétraméthyldia- 

mino-diphénylène-phénylméthane  dis- 

19  symétrique   et   le    colorant    qui    en 

dérive.   (En    commun    avec   M.   31. 

Graiidcrjc.) \\'^ 

-  Sur  les  produits  de  condensation  du  té- 
148  tramcthyldiamidophényloxanthranol 

avec   le   benzène,    le  toluène   et    la 
diméthylaniline.  (En   commun   avec 

M.  J.  Haller.) 606 

GUYOU.—  Rapport  sur  le  concours  du  prix 

extraordinaire  de  0000*^'  (  Mécanique).   1098 


TABLE  DES  AUTEURS. 


i363 


H 


MM.  Pages. 

HADAMARD,  —  Sur  les  équations  aux 
dérivées  partielles  linéaires  du  second 
ordre 102S 

—  Le  prix  Petit  d'Ormoy  (Sciences  ma- 

thématiques) lui  est  décerné  .' 1 169 

HALLE  (N.j.  —  Le  prix  Godard  lui  est 

décerné  (Médecine  et  Chirurgie).  ...  1 1  io 
HALLER  (A.).  —  Sur  de  nouvelles  syn- 
thèses etfectuées  au  moyen  de  molé- 
cules renfermant  le  groupe  méthylène 
associé  à  un  ou  deux  radicaux  néga- 
tifs. Action  de  l'épichlorhydrine  sur 
les  éthers  acétonedicarboniques  so- 
dés IIL  (En  commun  avec  M.  F. 
Mardi.) Il 

—  Sur  les  produits  de  condensation  du 

lélraméthyldiamidophényloxanthranol 
avec  le  benzène,  le  toluène  et  la  di- 
méthylaniline.  (En  commun  avec 
M.  A.  Giiyot.) Oo(> 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Jecker 

((Chimie) 1 1 13 

—  Sur  de  nouvelles  synthèses  effectuées 

au  moyen  des  molécules  renfermant 
le  groupe  méthylène  associé  à  un  ou 
deux  radicaux  négatifs.  Action  de 
l'épichlorhydrine  sur  l'acétylacétone 
sodée.  (En  commun  avec  M.  G. 
Blanc.) I  -20  3 

HAMY  est  porté  sur  la  liste  de  candidats 
présentée  à  M.  le  Ministre  de  l'Ins- 
truction publique  pour  une  place 
d'Astronome  titulaire,  vacante  à  l'Ob- 
servatoire de  Paris 965 

IIANRIOT.  —  Sur  l'argent  dit  colloïdal . .      129. 

HATON  DE  LA  GOUPILLIÈRE  est  désigné 
pour  faire  partie  du  Conseil  de  per- 
fectionnement de  l'École  Polytech- 
nique       5ii 

HAUG  (É.MILE).  —  Sur  deux  horizons  à 
Céphalopodes  du  Dévonien  supérieur 
dans  le  Sahara  oranais 83 

—  Sur  les  racines  de  quelques  nappes  de 

charriage  des  Alpes  occidentales  ....    iSo; 

ilKBERT  (Alex.).  —  Influence  de  la  na- 
ture du  milieu  extérieur  sur  la  com- 
position organique  de  la  plante.  (  En 
commun  avec  M.  E.  Cliarabot.) 799 

HÉDON  (E.j,  —  Sur  l'entretien  de  l'irri- 
tabilité de  certains  organes  séparés  du 


MM.  Pages. 

corps,  par  immersion  dans  un  liquide 
nutritif  artificiel.  (En  commun  avec 
M.  C.  Fleig.) 017 

—  Adresse  une  nouvelle  Note  relative  à 

riuducnce  de  la  température  sur  la 
survie  de  certains  organes  séparés  du 
corps  et  à  leur  reviviscence  dans  un 
liquide  nutritif  artificiel.  (En  com- 
mun avec  M.  C.  Flcig.) 283 

HENRI  (Victor).  —  Élude  des  contrac- 
tions musculaires  cl  des  réilexes  chez 
le  Stichopus  rcgalis 669 

—  Régulation  osmotique  des  liquides  in- 

ternes chez  les  Echinodermes.  (En 
commun  avec  M.  S.  Lalou.) 79.1 

—  Étude  des  ferments  digos'ifs  chez  quel- 

ques Invertébrés 763 

—  La  moitié  du  prix  Montyon  (Physio- 

logie) lui  est  attribuée 1 146 

—  La  médaille  Berthelot  lui  est  décernée.   ii54 

—  Adresse  des  remercîments  à  l'Académie.  1228 
HENRY  (Charles).  —  Sur  l'équation  gé- 
nérale des  courbes  de  fatigue.  (En 
commun  avec  M""  /.  Joteyko.) 441 

—  Sur  une  relation  entre  le  travail  et  le 

travail  dit  statique  énergéliquement 
équivalents  à  l'ergographe.  (En  com- 
mun avec  M"'^  J.  Joteyko.). ic.8i 

HÉRISSEY.  —  Sur  la  lactase.  (En  com- 
mun avec  M.  Ém.  Bnurqaclot.) 5G 

HÉRISSON  (Albert).  —  Procédé  simple 
permetlant  d'obtenir,  sur  la  paroi 
d'un  cylindre  qui  tourne,  de  grandes 
pressions  avec  de  faibles  efforts io35 

HESSE  (Edmond).  —  Sur  la  présence  de 
Microsporidies  du  genre  Thelohania 
chez  les  Insectes 4  '  8 

HILBERT.  —  Le  prix  Poncelet  lui  est  dé- 
cerné (Géométrie) 1097 

HILL  (G.-W.)  est  élu  Correspondant  dans 
la  Section  d'Astronomie,  en  remplace- 
ment de  M.  SckiaparrlU,  élu  Associé 
étranger 778 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Académie.  1027 
HILLAIRET  (J.-B.).  —  Une  mention  ho- 
norable lui  est  accordée  dans  le  con- 
cours du  prix  Godard  (Médecine  et 
Chirurgie) 1 1 4 1 

HOLLARD.  —  Influence  des  gaz  sur  la  sé- 
paration des  métaux  par  électrolyse  : 


i364 


TABLE    DES    AUTEURS. 


MM.  -  Pages. 

séparation  du  nickel  et  du  zinc.  (En 

commun  avec  M.  Bcrtiaitx.) 853 

HOSPITALIER.  —  Le  prix  Gaston  Planté 

lui  est  décerné  (Physique). i  107 

—  Adresse  des  remercîments  à  l'Académie.  jsîS 
HOULLEVIGUE.  ~  Action  de  l'iode  sur 

les  pellicules  de  cuivre  obtenues  par 


MM.  Pages. 

ionoplastie 47 

HOUSSAY  (Frédéric).  —  Sur  la  ponte,  la 
fécondité    et    la    sexualité    chez    des 

poules  carnivores 934 

HUGOT.  —  Errata  ?e  rapportant  à  une 
Communication  du  29  juin  1908,  sur 
l'amidure  et  l'imidure  de  silicium  . . .     100 


I 


ILIOVICI.  —  Essais  sur  la  commutation 

dans  les  dynamos  à  courant  continu.     179 

IMBERT  (A.).  —  Inscription  de  l'état  va- 
riable de  la  tension  du  fil  de  l'ergo- 
graphe;  équation  du  mouvement  et 
expression  du  travail.  (En  commun 
avec  M.  /.  Gagnière.) 27G 


INFROIT.  —  Diagnostic  des  calculs  bi- 
liaires par  la  radiographie  prélimi- 
naire. (En  commun  avec  M.  Mau- 
rlairc.) 482 

ÏSTVANFFI  (de).  —  Le  prix  Thore  lui  est 

décerné  (Botanique) iraa 


JANSSEN  (J.).  —  Sur  la  mort  de  M.  Pros- 

fier  Henry 37") 

—  Études  spectroscopiques  du  sang  faites, 

au  mont  Blanc,  par  M.  le  D''  He- 
nocquc i  <>  '  9 

—  Présente  à  l'Académie  «  l'Annuaire  des 

Longitudes  pour  l'année  1904  » 109.7 

—  Fait  hommage  à  l'Académie  d'un  Vo- 

lume qu'il  vient  de  publier  sous  le 
titre  :  «  Lectures  académiques.  Dis- 
cours  » T2  '6 

JANSSENS  (F.-A.).  —  [Production  artiO- 
cielle  de  larves  géantes  chez  un  Echi- 
nide 074 

JEHENNE.  —  Une  part  du  i)rix  extraordi- 
naire de  6000''^  lui  est  attribuée  (Mé- 
canique)    109S 

.lOLLY  (L.).  —  Sur  l'oxydation  de  la  glu- 
cose dans  le  sang 771 


fORDAN  est  nommé  membre  de  la  Com- 
mission chargée  de  présenter  une  liste 
de  candidats  pour  la  chaire  d'Histoire 
générale  des  Sciences,  vacante  au  Col- 
lège de  France 838 

.IOTEYKO(M"'- J.).  -Sur  l'équation  gé- 
nérale des  courbes  de  fatigue.  (  En 
commun  avec  M.  Charles  Henry.).. .     44' 

—  La   moitié  du  prix  Lallemand   lui  est 

attribuée  (Médecine  et  Chirurgie). . .    1141 

—  Sur  une  relation  entre  le  travail  et  le 

travail  dit  statique  énergétiquement 
équivalents  à  l'ergographe.  (En  com- 
mun avec  M.  Charles  Henry.) 0,85 

JUMELLE  (Henri).  —  Une  Passidorée  à 

résine 206 

JURIE  (A.).  —  Variation  morphologique 
des  feuilles  de  vigne  à  la  suite  du 
gretïage 5oo 


K 


KILIÂN  (\V.),  —  Sur  les  relations  de 
structure  des  Alpes  françaises  avec  les 
Alpes  suisses ">ot. 

—  Sur  le   rôle  des  Charriages  dans   les 

Alpes  delphino-provençales  et  sur  la 
structure  en  éventail  des  Alpes  brian- 
çonnaises ■)3r) 

—  Sur  les  phases  du  plissement  des  zones 

Lntra-alpines  françaises 6>.i 


KLING  (André).  —  Action  des  dérivés 
organomagnésiens  sur  l'acétol  et  ses 
éthers-sels 7  )(') 

KOUZNETZOW  (A.).  -  Sur  un  carbure 
double  de  chrome  et  de  tungstène. 
(En  commun  avec  .M .  Henri Mnissan.).     29-2 

KOWALSKl  (.1.  DE).  —  Sur  les  décharges 

glissantes 12  iC 

KREMPF.  —  Une  mejition  très  honorable 


TABLE  DES  AUTEURS. 


l365 


MM.  Pages. 

lui  est  accordée  dans  le  concours  du 
prix  Savigny  (Analomie  et  Zoologie),   iviy 
KRONECKER.  —  Le  mal  des  montagnes  .    128/ 


MM. 
KURILOFF. 


Sur  la  composition  du  per- 


Pages. 


o.\yde  (!e  zinc Gi! 


LABBÉ.  —  Les  matières  albuminoïdes  du 
grain  de  maïs.  (En  commun  avec 
M.  Donard.) ■>.(\'\ 

LABBÉ  (Alphonse).  —  Sur  la  spermato- 

genèse  des  Crustacés  décapodes ■>-■! 

LABBÉ  (H.).  —  La  nature  et  l'apprécia- 
tion de  la  réaction  alcaline  du  sang. .     384 

LABORDE  (J.).  —  Sur  le  dosage  de  l'am- 
moniaque dans  les  vins,  et  son  rôle 
dans  la  différenciation  des  mistelles 
d'avec  les  vins  de  liqueur 334 

LACOMBE  (H.).  -  Sur  une  série  décom- 
posés du  bismuth.  (En  commun  avec 
M.  G.  Urbain.) 568 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication      8>o 

—  Sur  une  séparation  rigoureuse  dans  la 

série  des  terres  rares.  (En  commun 
avec  M.  G.  Urbain.) 792 

LACROIX  (A.).  —  La  cordiérile  dans  les 
produits  éruptifs  de  la  montagne  Pelée 
et  de  la  Soufrière  de  Saint-Vincent. .     l'o 

~  Les  enclaves  basiques  des  volcans  de  la 

Martinique  et  de  Saint-Vincent -iw 

—  Sur  les  granités  à  œgyrine  et  riebeckite 

de  Madagascar  et  leurs  phénomènes 

de  contact 533 

—  Sur  une  nouvelle  espèce  minérale 582 

—  La  moitié  du  prix  Parkin  lui  est  attri- 

buée     I,  j() 

LADREYT  (F.).  —  Sur  le  rôle  de  certains 
éléments  figurés  chez  Sipuncidus  nu- 

/''"•^  L S(i5 

LAFITTE  (Piiospta  dk)  adresse  un  Mé- 
moire ayant  pour  titre  :  «  Le  carré 
magique  de  3.  Solution  générale  du 

problème  » -3 , 

LAGRIFFIÎ.  —  Une  cilalion  lui  est  ac- 
cordée dans  le  concours  du  prix  Mon- 
tyon  (Médecine  et  Chirurgie) n34 

—  Adresse  des  remercîments  à  l'Académie,   x'xi^ 
LALLEMAND    (Cii.)    prie  l'Académie  de 

vouloir  bien  le  comprendre  parmi  les 
candidats  à  la  place  vacante,  dans  la 
Section  de  Géographie  et  Navigation, 
par  suite  du  décès  de  M.  de  Busxy  . .     69a 

—  Est  porté  sur  la  liste  de  candidats  pré- 


sentés par  la  Section 8i() 

LALOU  (S.).  —  Régulation  osmolique  des 
liquides  internes  chez  les  Echino- 
dermes.  (En  commun  avec  M.  Victor 
Henri.) -^  j 

LALOUE  (G.).  —  Production  et  distribu- 
tion de  quelques  substances  organi- 
ques chez  le  Mandarinier.  (En  com- 
mun avec  M.  Eug.  Charabot.) (,96 

LAMOTHE  (de).  — 'Sur  le  passage  du 
Rhin  par  la  vallée  du  Doubs  et  la 
Bresse  pendant  le  Pliocène 389 

LANGE  VIN  (  P.).  -  Sur  la  loi  de  recombi- 
naison des  ions 1 77 

LAPPARENT  (de).  -  Sur  la  signification 
géologique  des  anomalies  de  la  gra- 
vité      S'ij 

—  Est  nommé  meivibi  0  de  la  Commission 

chargée  de  présenter  une  liste  de  can- 
didats pour  la  Chaire  d'Histoire  géné- 
rale des  Sciences,  vacante  au  Collège 
de  France 838 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  De- 

Icsse  (Minéralogie  et  Géologie) 1117 

LATTES  (S.).  —  Sur  une  classe  d'équa- 
tions fonctionnelles 90^ 

LAURENT  (Arm.).  —  Sur  un  niveau  fos- 
silifère nouveau  du  Keuper  franc-com- 
tois. (  En  commun  avec  M.  M.  Firou- 

iet.). 810 

LAUKENT  (Emile).  —  Sur  la  production 
de  glycogène  chez  les  Champignons 
cultivés  dans  des  solutions  sucrées 
peu  concentrées 451 

—  De  l'influence  de  l'alimentation  miné- 

rale sur  la  production  des  sexes  chez 

les  plantes  dioïques O89 

LAURENT  (Margellin).  —  Sur  la  forma- 
tion de  l'œuf  et  la  multiplication  d'un» 
antipode  dans  les  Joncées 499 

—  Sur  le  développement  de  l'embryon  des 

Joncées ',31 

LAUSSEDAT.  —  Sur  un  moyen  rapide 
d'obtenir  le  plan  d'un  terrain  en  pays 
de  plaines,  d'après  une  vue  photogra- 
phique prise  en  ballon 24 

LAUTH  (Charles).  —  Colorants  azoïques, 


i366 


TABLE    DES   AUTEURS. 


MM.  Pages, 

solides,  dérivés  de  l'a-aminoanthra- 
quinone <'>t3 1 

LAVAL.  —  Une  citation  lui  est  accordée 
dans  le  concours  du  prix  Montyon 
(Médecine  et  Chirurgie ) i  l'M 

LA  VAULX  (Henry  de).  —  L'emploi  des 
ballons  à  ballonnet  d';)près  la  théorie 
du  général  Meusnier 7  i9 

LAVERAN  (A.).  —  De  l'action  du  sérum 
humain  sur  les  Trypanosomes  du  Na- 
gana,  du  Caderas  et  du  Surra i5 

—  Présentation  de  son  Ouvrage   sur   la 

«  Prophylaxie  du  paludisme  » 777 

—  Sur   un   Protozoaire   nouveau  {Pim- 

plasma  Doiiovani  Lav.  et  Mesn.),  pa- 
rasite d'une  fièvre  de  l'Inde.  (En 
commun  avec  M.  F.  Mcsnil.) <)!)7 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Bel- 

lion  (Médecine  et  Chirurgie) 1  i\'i 

LEBEAU  (P.).  —  Sur  la  dissociation  des 

carbonates  alcalins r255 

LEBESGUE  (H.).  —  Sur  une  propriété  des 

fonctions 1 2^>.S 

LECHAPLAIN  (D.)  adresse    une  «  Note 

relative  à  la  direction  des  aérostats  ».  1087 

LEGLERC  DU  SABLON.  -  Sur  une  con- 
séquence de  la  fécondation  croisée.  .   1298 

LECLÈRE  (A.).  —  Simplification  de  l'ana- 
lyse des  silicates  par  l'emploi  de 
l'acide  formique 5o 

LEDUC  (Stéphane).  —La  résistance  élec- 
trique du  corps  humain 814 

—  Remarques  au  sujet  de  la  Communica- 

tion précédente  de  M.  Tommasina 
«  Sur  la  scintillation  du  sulfure  do 
zinc  phosphorescent  » 949 

LÉGER  (Louis).  —  Sporozoaire  parasite 
des  Moules  et  autres  Lamellibranches 
comestibles ioo3 

LE  GOFF  (J.).  —  Sur  les  gaz  organiques 
de  la  respiration  dans  le  diabète 
sucré a  1 6 

LEGROS  (V.).  —  Focimètre  photogram- 
métrique  pour  l'optique  microsco- 
pique (instrument  vérificateur  de  mi- 
croscopes ) j  1 4 

LEMOINE  (Emile).  —  Le  prix  Francœur 

lui  est  décerné  (Géométrie) ,  1097 

LEMOINE  (G. -H.).  —  Une  mention  lui  est 
accordée  dans  le  concours  du  prix  du 
baron  Larrey  (Médecine  et  Chirurgie).   11 43 

LEMOULT  (P.).  —  Sur  l'acétylène  bi- 
bromé  :  purificntioii,  cryoscopie,  ana- 
lyse        55 


MM.  Pages. 

—  Les  chaleurs  de  combustion  des  com- 

posés organiques,  considérées  comme 
propriétés  additives.  Alcools  et  phé- 
nols. Éthors-oxydes,  Aldéhydes  et 
cétones 5 1 5 

—  Sur  le  calcul  de  la  chaleur  de  combus- 

tion des  acides  organiques,  de  leurs 
anhydrides  et  des  éthers-sels 050 

—  Sur  une  nouvelle  méthode  pour  le  cal- 

cul des  chaleurs  de  combustion  et  sur 
quelques-unes  de  ses  conséquences. .     979 

LEMOYNE  (T.)  adresse  une  Note  «  Sur 
quelques  propriétés  des  cubiques  no- 
dales  M i3iG 

LÉPINE  (R.).  —  Sur  la  production  de 
sucre  dans  le  sang  pendant  le  passage 
de  ce  dernier  à  travers  le  poumon. 
(En  commun  avec  M.  Boidud.) 476 

—  Sur  le  sucre  virtuel  du  sang.  (En  com- 

mun avec  M.  Boulud.) 686 

LÉRI  (A.).  —  Contribution  à  l'étude  des 
altérations  congénitales  du  système 
nerveux  :  pathogénie  de  l'anencépha- 
lio.  (En  commun  avec  M.  Cl.  Viir- 
pas.) 2 1 3 

LE  ROUX  (J.).  —  Sur  les  équations  li- 
néaires aux  dérivées  partielles 1280 

LESNE  (P.).  —  La  distribution  géogra- 
phique des  Coléoptères  boslrychides 
dans  ses  rapports  avec  le  régime  ali- 
mentaire de  ces  Insectes.  Rôle  pro- 
bable des  grandes  migrations  hu- 
maines       1 33 

LESPIEAU  (R.).  —  Sur  la  constitution  du 

cyanure  d'allyle \>.Q>i 

LÉVY  (Maurice).  —  Rapport  sur  le  con- 
cours du  prix  Montyon  (Mécanique).    1098 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Plu- 

mey  (Mécanique) 1098 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Four- 

neyron  (Mécanique) 1099 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Tré- 

mont 1 1 64 

—  Est  réélu  membre  de  la  Commission 

centrale  administrative  pendant  l'an- 
née 1904 ...   1197 

LÉVY  (Michel).  —  Rapport  sur  le  con- 
cours du  prix  Parkin 1 1 59 

LIEBHABER  (C.  de)  adresse  une  Note  : 

«  Sur  la  thermographie  sidérale  »...     353 

LINDELOF   (Ernst).    —    Sur    quelques 

points  de  la  théorie  des  ensembles.. .     697 

LINDEN  (M"*  Maria  von).  —  Le  prix  Da 
Gama  Machado  lui  est  décerné  (Ana- 


TABLE    DES 

MM.  Pages, 

tomie  et  Zoologie) 1 1 28 

—  Adresse  des  remercîments  à  l'Académie.  r>.28 
LINDET  (L.).  —  Les  hydrates  de  carbone 

de  l'orge  et  leurs  transformations  au 
cours  de  la  germination  industrielle  .       73 

—  Étude  sur  quelques  pains  anciens 664 

LIPSCllITZ  (Rudolf).  —  .Sa  mort  est  an- 
noncée à  l'Académie 541 

LŒWY.  —  Présentation  du  Tome  X  des 
«  Annales  de  l'Observatoire  de  Bor- 
deaux » v.!36 

—  Uapport  sur  le  concours  du  prix  Pierre 

Guzman  (Astronomie) 1099 


AUTEURS.  136-7 

MM.  Pages. 

—  Rapportsur  le  concours  du  prix  Wilde.  11 54 

—  Sur  le  premier  Volume  du  Catalogue 

photographique  du  Ciel  publié  par 
M.  A.  Donner,  Directeur  de  l'Obser- 
vatoire d'Helsingfors 1 209 

LŒWY  (Robert).  —  Un  prix  Montyon 
(Médecine  et  Chirurgie)  lui  est  dé- 
cerné     1,3.^ 

LONCQ.  —  Une  mention  très  honorable 
lui  est  accordée  dans  le  concours  du 
prix  Montyon  (Statistique) 1 107 

—  Adresse  des  remercîments  à  l'Académie.  1228 


M 


MACÉ  DE  LÉPINAY  (.1.).  -  Sur  les  chan- 
gements de  phase  par  réflexion  nor- 
male dans  le  quartz  sur  l'argent.  (En 
commun  avec  M.  H.  Buisson.) 3  r:>. 

—  Sur  une  nouvelle  méthode  de  mesure 

des  épaisseurs  et  des  indices.  (En 
commun  avec  M.  H.  Buisson.) 10  JS 

MAIGNON  (F.).  -  La  production  du  glu- 
cose, sous  l'influence  de  lavieasphy- 
xique,  par  les  tissus  du  Bombyx 
mori,  aux  diverses  phases  de  son  évo- 
lution         q3 

MAILHE  (Alph.).  —  Sur  le  cyclohexane 
et  ses  dérivés  chlorés.  (En  commun 
avec  M.  Paul  Sohatier.) 240 

MAILLET  (Edm.).  —  Les  fonctions  entières 

d'ordre  zéro 4o5 

—  Sur  les  fonctions  monodromes  et  les 

équations  différentielles 478 

—  Sur  la  courbe  des  débits  d'une  source.     676 

—  Sur  la  prévision  des  débits  des  sources 

de  la  Vanne n^G 

MAIRE  (R.).  —  Recherches  cylologiques 

sur  le  Galactina  succosa 769 

—  Le  prix  Montagne  lui  est  décerné  (Bo- 

tanique)     Ij.^O 

—  Adressedes  remercîments  à  l'Académie.  r'^H 
MAIRE  DE   SAINT-J  UST-EN-CHAUSSÉE 

(Oise)  (Le)  prie  l'Académie  de  vou- 
loir bien  se  faire  représenter  à  l'inau- 
guration du  monument  élevé  à  la  mé- 
moire de  René-Just  Hauj  et  Falen- 
tin  Haûy,  le  8  novembre  prochain . . .     633 

MALHERBE.  —  Une  citation  lui  est  ac- 
cordée dans  le  concours  du  prix  Mon- 
tyon (Médecine  et  Chirurgie) 113; 

MALTÉZOS    (C).    -    Sur    une    espèce 


d'oscillation  de  la  perception  chroma- 
tique        43 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication       35g 

MANCEAU  (Emile).  —Sur  les  caractères 
chimiques  des  vins  provenant  de 
vignes  atteintes  par  le  mildew 998 

MANCHOT  (WiLHEM).  —  Préparation  et 
propriétés  d'un  siliciure  de  ruthénium. 
(En  commun  avec  M.  Henri  Mois- 
*««•) 229 

MANEUVRIER  (Georgesj.  -  Sur  une 
nouvelle  méthode  physique  de  re- 
cherche et  de  détermination  du  mouil- 
lage des  vins 28 1 

MANGIN  (L.).  -  Sur  la  variation  du  Bor- 
neliitn  Corinin  suivant  la  nature  des 
milieux.  (En  commun  avec  M.  P. 
yidla.) ,3g 

MAQUENNE  (L.).  —  Sur  la  rétrogradation 

de  l'empois  d'amidon 88 

—  Recherches  sur  l'isoglucosaminc 658 

—  Sur    la    rétrogradation    de    l'empois 

d'amidon ygj 

—  Sur    la    rétrogradation    de    l'empois 

d'amidon j  266 

MARCEAU  (F.).  —  Recherches  sur  la  con- 
stitution et  sur  la  structure  des  fibres 
cardiaques  chez  les  Vertébrés  infé- 
rieurs        -s 

MARCH  (F.).  —  Sur  do  nouvelles  syn- 
thèses effectuées  au  moyen  de  molé- 
cules renfermant  le  groupe  méthylène 
associé  à  un  ou  deux  radicaux  néga- 
tifs. Action  de  l'épichlorhydrine  sur 
les  éthers  acétonedicarboniques  so- 
dés III.  (En  commun  avec  M.  A.  Rai- 


i368 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM, 

1er.) 

MARCHAND  (E.M.).  —  Quelques  remar- 
ques sur  la  perturbation  magnétique 
du  3i  octobre  1908 

MARCHIS.  —  Le  prix  Plumey  lui  est  dé- 
cerné (Mécanique) 

—  Adresse  des  remercîments  à  l'Académie. 
MARÉCHAL  (G.)  adresse  une  Note  sur  la 

chaleur  spécifique  de  la  vapeur  d'eau. 

MAREY.  —  Rapport  sur  le  concours  du 
prix  du  baron  Larrey  (Médecine  et 
Chirurgie) 

MARGERIE  (Emmanukl  de).  —  Le  prix 
Delesse  lui  est  décerné  (Minéralogie 
et  Géologie) 

MARIE  (C).  —  Action  de  l'acide  hypo- 
phosphoreux  sur  [la  diéthylcétone  et 
sur  l'acétophénone 

MARQUIS  (R.).  -^  Dérivés  et  produits 
d'oxydation  de  l'acide  nitropyromu- 
cique 

—  La  moitié  du  prix  Cahours  lui  est  at- 

tribuée  

MARTEL  (E.-A.).  —  Sur  l'application  de 
la  fluorescéine  à  l'hydrologie  souter- 
raine  

—  Sur  la  géologie  et  l'hydrologie  souter- 

raine du  Caucase  occidental.  (En  com- 
mun avec  M.  A.  Ycrmolojf.) 

MASCART  est  nommé  membre  de  la  Com- 
mission chargée  de  présenter  une  liste 
de  candidats  pour  la  chaire  d'Histoire 
générale  des  Sciences,  vacante  au 
Collège  de  France 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Gas- 

ton Planté  (Physique) 

—  .Rapport  sur  le  concours  du  prix  Es- 

trade-Delcros 

MASCART  (.Ieax).  -•  Perturbations  sécu- 
laires d'importance  secondaire 

—  Résidu  des  perturbations  séculaires.. . 

—  Description  d'un  orage  très  localisé. . . 

MATHIAS  (E.).  -  Sur  la  loi  de  distribu- 
tion régulière  de  la  force  totale  du 
magnétisme  terrestre  en  France  au 
i"  janvier  1896 

MATIGNON  (Camille).  —  Action  du  mé- 
lange oxygène  et  acide  chlorhydrique 
sur  quelques  métaux 

MATTE  (H.).  —  Le  mériphyte  chez  les 
Cycadacées 

MAUCLAIRE.  —  Diagnostic  dos  calculs  bi- 
liaires par  la  radiographie  prélimi- 
naire. (En  «ommun  avec  M.  Infroit.). 


Pages. 
I  I 


789 

1098 
1228 

948 


Hiyi 


124 


1  16c 


838 


1161 

33 
3o3 
i68 


OiO 


80 


48'. 


MM.  Pages. 

MAUGAS.  —  La  moitié  du  prix  extraor- 
dinaire de  6000"'  lui  est  attribuée 
(Mécanique) rogS 

MAURAIN  (Ch.).  —Sur  la  suppression  de 
l'hystérésis  magnétique  par  l'action 
d'un  champ  magnétique  oscillant. . . .     914 

MAYER  (LÉopoLDj.  —  Sur  les  modifica- 
tions du  cliimisme  respiratoire  avec 
l'âge,  en  particulier  chez  le  cobaye. .     137 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication       228 

MAZÉ.  —  Sur  la  fermentation  forméniquc 

et  le  ferment  qui  la  produit 887 

MENGEL  (0.).  —  Sur  la  limite  du  Juras- 
sique et  du  Crétacé  dans  la  région 
orientale  des  Pyrénées  et  sur  l'exis- 
tence de  deux  époques  distinctes  de 
formation  des  calcaires  à  couzeranite. 
(En  commun  avec  M.  Ch.  Depcret.).   1220 

MERKLEN.  —  Une  mention  lui  est  ac- 
cordée dans  le  concours  du  prix  Mon- 
tyon  (Médecine  et  Chirurgie) 1 133 

-MESLIN  (Georges).  —  Influence  de  la 
température  sur  le  dichroïsme  des  li- 
queurs mixtes  et  vérification  de  la  loi 
des  indices 1 82 

—  Sur  la  mesure  du  dichroïsme  des  cris- 

taux      24G 

MESNAGER  (A.j.  —  Sur  les  articulations 

à  lame  flexible 908 

MESNARD  CEuGÈxE)  adresse  une  Note 
intitulée  :  «  Flotteurs  à  fil  conducteur, 
pour  la  Marine  » 5o4 

MESNIL  (F.;.  —  Sur  un  Protozoaire  nou- 
veau {Piroplasnia  Donocani  Lav.  et 
Mesn.),  parasite  d'une  fièvre  de  l'Inde. 
(En  commun  avec  M.  A.  Laverait.) .     937 

MEUNIER  (Louis).  —  Sur  l'emploi  de 
l'amalgame  de  magnésium  en  Chimie 
organique 714 

—  Action  de  l'acide  carbonique  sur   les 

solutions  aqueuses  d'aniline  en  [)ré- 
sence  des  nitrites 1 264 

MEUNIER  (Stamslas).  —  Sur  un  cas  re- 
marquable de  cristallisation  spontanée 
du  gypse 942 

MIELE  (A.).  —  A  propos  d'une  diastase 
lactique  dédoublant  le  salol.  (En  com- 
mun avec  M.  F.   Wilk-ni.) i35 

MILLOCHAU  (G.).  —  Observations  de 
Mars  à  la  grande  lunette  de  l'Obser- 
vatoire de  Meudou 63G 

MINGUIN  (J.).  —  Stéréoisomérie  dans  les 
éthers  oamphocarboniques  substitués 


TABLE    DES   AUTEURS. 


l369 


MM.  i'ajîop. 

et  l'acide  méthylhomocamphorique. 
Acide  éthylcamphocarbonique lofiy 

MINISTRE  DE  L'INSTRUCTION  PUBLIQUE 
(Le)  adresse  amplialion  du  Décret  par 
lequel  le  Président  de  la  République 
approuve  l'élection  de  M.  Bertif/  dans 
la  Section  de  Géographie  et  Naviga- 
tion, en  remplacement  de  M.  rfc  Bu.ssy, 
décédé 893 

—  Transmet  à  l'Académie  une  Lettre  rela- 

tive à  un  tremblement  de  .terre  en 
Bulgarie 1228 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  (Le)  invite 
l'Académie  à  lui  désigner  deux  de  ses 
•  membres  pour  faire  partie  du  Conseil 
de  perfectionnement  de  l'École  Poly- 
technique  192 

iMITTAG-LEFFLER  (G.).  —  Sur  la  nou- 
velle fonction  Ea(.ï- j 55} 

MOISSAN( Henri).  —  Préparation  et  pro- 
priétés d'un  siliciure  de  ruthénium. 
(En  commun  avec  M.  Wilhcm  Man- 

cllOt.) •2'29 

—  Sur  un  carbure  double  de  chrome  et  de 

tungstène.  (En  commun  avec  M.  Â. 
Kouznetznw.) 7.92 

—  Description  d'un  nouvel  appareil  pour 

la  préparation  des  gaz  purs 363 

—  Action  d'une  trace  d'eau  sur  la  décom- 

position des  hydrures  alcalins  par 
l'acétylène 463 

—  Sur  la  température  d'inllamnialion  et 

sur  la  combustion  lente  du  soufre 
dans  l'oxygène  et  dans  l'air 547 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  tilommu- 

nicalion 6>8 

—  Sur  le  dosage  de  l'argon  dans  l'aij-  at- 

mosphérique       600 

—  Nouvelle  préparation  de  l'argon.  (En 

commun  avec  M.  A.  Rigaut.) 773 

—  Recherches  sur  la  densité  du  chlore. 

(En  commun  avec  M.  Binet  du  Jas- 
soneix.) 1 1 9<S 

—  Est  réélu  membre  de  la  Commission  de 

contrôle  de  la  Circulation  monétaire.    1027 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Ca- 

hours 1 163 

MOKRZECKY  (S.  de)  adresse  une  Note 
«  Sur  l'emploi  de  la  thérapie  inté- 
rieure en  cas  de  chlorose  et  autres 


MM.  Pajîes. 

maladies  des  arbres  fruitiers  et  des 
ceps  de  vigne  » 420 

MONFET  (L.).  '—  Phénols  libres  et  sulfo- 
conjugués.  Méthode  de  dosage.  Le 
soufre  dit  «  neutre  »  existe-t-il  dans 
l'urine? 386 

MONOD  (Ch.).  —  Une  mention  lui  est  ac- 
cordée dans  le  concours  du  prix  Mon- 
tyon  (Médecine  et  Chirurgie) j  i33 

MONPROFIT  (A.).  —  Le  prix  Mège  (arré- 
rages) lui  est  décerné  (Médecine  et 
Chirurgie) 1 144 

—  Adresse  ses  remercîmenls  à  l'Aca- 
démie    1228 

MOSSÉ  (E.)  adresse  une  Note  relative  à 
un  système  de  voie  automotrice,  per- 
mettant aux  véhicules  de  circuler  sans 
le  concours  de  moteurs Bgi 

MOTZ   (B.).   —  Le  prix   Godard   Ini  est 

décerné  (Médecine  et  Chirurgie) ....   j  i4o 

MOTZ-KOSSOWSKA  (M"'"  S.).  —  Sur  l'ac- 
tion morphogène  de  l'eau  en  mouve- 
ment sur  les  Hydraires 863 

MOUREAUX  (Tu.).'  —  Sur  la  perturbation 

magnétique  du  3i  octobre  igoS 705 

—  Lanomalie  magnétique   du  bassin  de 

Paris 918 

MOUREU  (Ch.).  —  Sur  la  spartéine.  Ca- 
ractères généraux  ;  action  de  quelques 
réducteurs.  (En  commun  avec  M.  A. 
Valeur.) 194 

—  Sur  la  condensation  des  éthers  acétylé- 

niques  avec  les  alcools 239 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication      444 

--  Sur  les  acétones  acétyléniques.  Nou- 
velle méthode  de  synthèse  des  isoxa- 
zols.  (En  commun  avec  M.  M.  Bra- 

'•/">'•) 795 

MOUSSU  (G.).  —  Les  conditions  spéciales 
de  la  circulation  dans  des  glandes  en 
activité.   (En   commun   avec  M.  /. 

Ti.ssot.) 1084 

MULLER  (Adrien)  adresse  un  Mémoire 
intitulé  :  «  Radio-activité  et  ionisa- 
tion ;  phénomènes  généraux  et  théo- 
rie )) 478 

MUNIER-CHALMAS.  -  Sa  mort  est  an- 
noncée à  l'Académie 357 


1.^7^ 


TABLE  DES  AUTEURS. 


N 


MM.  Pages. 

NÉGRIS  (l'n.)-  —  Observations  concer- 
nant les  variations  du  niveau  de  la 
mer  depuis  les  temps  historiques  et 
préhistoriques -m 

NEPVEU  (M'""  V^«).  —  Le  prix  Lannc- 

longue  lui  est  attribué m(i( 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Acadé- 
mie       1 9.'lS 

NICLOUX  (Maurice).  —  Injection  intra- 
veineuse de  glycérine;  dosage  de  Ja 
glycérine  dans  le  sang  :  élimination 


MM.  Pages. 

par  l'urine 70 

—  Errata  SQ  rapportant  à  cette  Commu- 
nication       228 

NICOLLE.  —  Une  mention  lui  est  accordée 
dans  le  concours  du  prix  Montyon 
(Médecine  et  Chirurgie) 1  loà 

iNOBECOURT.  —  Une  mention  lui  est  ac- 
cordée dans  le  concours  du  prix  Mon- 
tyon (Médecine  et  Chirurgie) 1 133 

NORMAND  (A.).  —  De  l'influence  de  la 

surimmersion  sur  la  vitesse irii. 


œCHSNEIl  DE  CONINCK.  —  Contribution 
à  l'étude  des  quinones-dicétones  .... 

OSMOND  (P.).  —  Les  modes  de  défor- 
mations et  de  rupture  des  fers  et 
des  aciers  doux.  (En  commun  avec 


o 


>.G3 


MM.   C/i.  Fre/nont  eX  G.   Car  tau./.).     85 1 
—  Sur  les  fers  météoriques.  (En  commun 

avec  M.  G.  Cariaud.) 1057 

OUDIN.  —  Ampoule  de  Crookcs  pour  ra- 
diothérapie      891 


PACHUNDAKI  (D.-E.).  —  Sur  la  consti- 
tution géologique  des  environs  de 
Mirsa  Matrouh  (Marmarique) Sw 

PANOFF(A.-N.)  adresse  un  Mémoire  «  Sur 

la  propagation  de  l'attraction  » 781 

PANTANELLI  (D.).  —  Sur  les  puits  arté- 
siens       809 

PEARCE  (F.).  —  Sur  les  formations  de  la 
zone  des  quartzites  et  conglomérats 
inférieurs  au  Dévonien  dans  l'Oural 
du  Nord.  (En  commun  avec  M.  L. 
Duparc.) IS-S 

PÉLABON  (H.).   —  Sur  la  fusibilité  des 

mélanges  de  soufre  et  de  bismuth, . .     G48 

—  Sur  une  variété  de  carbone  filamen- 

teux. (En  commun  avec  M.  Cons- 
tant.)       7o(» 

—  Sur  la  fusibilité  des  mélanges  de  pro- 

tosulfure de  bismuth  et  de  sulfure 
d'argent,  de  protosulfure  de  bismuth 
et  de  sulfure  d'antimoine 9>.o 

PÉNIÈRES  (L.).  —  Pathogénie  et  traite- 
ment du  rhumatisme , G26 

PÉROT  (A.).  —  Sur  les  efforts  développés 

dans  le  choc  d'éprouvettes  entaillées.   io/i4 

PERRIER  (Edm.).  —  Remarques  à  propos 


de  la  Communication  de  M.  Raphaël 
Dubois,  du  19  octobre  1903,  «  Sur  les 
huîtres  perlières  vraies  » 68?. 

—  Est  nommé  membre  de  la  Commission 

chargée  de  présenter  une  liste  de  can- 
didats pour  la  chaire  d'Histoire  géné- 
rale des  Sciences,  vacante  au  Collège 
de  France 838 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Da 

Gama  Machado  (Anatomie  et  Zoo- 
logie)      1 1<8 

PERRIN  (Jean).  —  Conditions  qui  déter- 
minent le  signe  et  la  grandeur  de 
l'électrisation  par  contact 513 

—  Électrisation  de  contact  (IV)  et  théorie 

des  solutions  colloïdales 564 

PETOT  (A.).  —  Contribution  à  l'étude  de 

la  surchaufl'e 173 

PHISALIX  (C).  —  Recherches  sur  l'im- 
munité naturelle  des  Vipères  et  des 
Couleuvres 270 

—  Corrélations   fonctionnelles   entre    les 

glandes  à  venin  et  l'ovaire  chez  le 

Crapaud  commun 1082 

PICARD  (Alfred).  —  Présentation  du 
Tome  m  de  son  «  Rapport  général 


TABLE    DES 

MM.  Pages, 

sur  l'Exposition  universelle  de  1900  ».     iio 

—  Fait  hommage  à  l'Académie  du  qua- 

trième Volume  de  son  Rapport  géné- 
ral concernant  l'Exposition  univer- 
selle de  1900 43o 

—  Présente  à  l'Académie  le  Tome  V  de 

son  «  Rapport  général  administratif 
et  technique  sur  l'Exposition  univer- 
selle internationale  de  1900  » 490 

—  Fait  hommage  à  l'Académie  des  Tomes 

VI  et  VII  de  son  «  Rapport  général 
administratif  et  technique  de  l'Expo- 
sition universelle  internationale  de 
1900  » 83j 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Mon- 

tyon  (Statistique) 1 107 

—  Note  accompagnant  la  présentation  du 

Recueil  des  plans  de  son  Rapport  sur 

l'Exposition  universelle  de  «900 1211 

PICARD  (Emile).  —  Sur  les  relations 
entre  la  théorie  des  intégrales  dou- 
bles de  seconde  espèce  et  celle  des 
intégrales  de  différentielles  totales. . .     54 1 

—  Sur  les  périodes  des  intégrales  doubles 

et  leurs  rapports  avec  la  théorie  des 
intégrales  doubles  de  seconde  espèce.     594 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Petit 

d'Ormoy  (Sciences  mathématiques)..   iiSg 
PICARD  (Pierre).  —  Le  prix  Huguos  lui 

est  décerné  (  Physique) i  loj 

—  Adresse  des  remercîments  à  l'Acadé- 

mie    1 228 

PIGTET(Amé).  —  Synthèse  de  la  nico- 
tine      860 

PINCHERLE  (S.).  -  Sur  l'approximation 
des  fonctions  par  les  irrationnelles 
quadratiques 734 

PINOY.  —  Nécessité  d'une  symbiose  mi- 
crobienne pour  obtenir  la  culture  des 
Myxomycètes 'J8o 

PIROUTET  (M.).  -  Sur  un  niveau  fossi- 


AUTEURS.  187 l 

MM.  Pages, 

lifère  nouveau  du  Keuper  franc-com- 
tois. (En  commun  avec  M.  Ami. 
Laurent.) 810 

PIZON  (Antoine).  —  Évolution  des  Di- 

plosomidés  (Ascidies  composées). . . .     769 

P01NCARÉ  (H.)  est  désigné  pour  faire 
partie  du  Conseil  de  perfectionnement 
de  l'École  Polytechnique on 

POMPEIU  (D.).   —  Sur  un  système   de 

trois  fonctions  de  variables  réelles. . .     84 1 

POSTERNAK  (S.).  —  Sur  la  matière  phos- 
pho-organique  de  réserve  des  plantes 
à  chlorophylle.  Procédé  de  prépara- 
tion      'i-OI 

—  Sur  les  propriétés  et  la  composition 

chimique  de  la  matière  phospho-or- 
ganique  de  réserve  des  plantes  à  chlo- 
rophylle      337 

—  Sur  la  constitution  de  l'acide  phospho- 

organique  de  réserve  des  plantes 
vertes  et  sur  le  premier  produit  de 
réduction  du  gaz  carbonique  dans 
l'acte  de  l'assimilation  chlorophyl- 
lienne      439 

POTIEU.  —  Rapport  sur  le  concours  du 

prix  Hugues  (Physique) i  io5 

POZZI-ESCOT  (Emm.).  —  Sur  la  produc- 
tion d'hydrogène  sulfuré  par  les 
extraits  d'organes  et  les  matières  al- 
buminoïdes  en  général 49^ 

—  Adresse  une  Note  relative  à  «  l'action 

de  la  chaleur  sur  les  levures  » 538 

PRILLIEUX.  —  Rapport  sur  le  concours 

du  prix  Montagne  (Rotanique) 11 20 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Thore 

(Rotanique) 1 122 

PUISEUX  est  porté  sur  la  liste  de  candi- 
dats présentée  à  M.  le  Ministre  de 
l'Instruction  publique  pour  une  place 
d'Astronome  titulaire,  vacante  à  l'Ob- 
servatoire de  Paris 9G5 


QUÉNISSET  (F.).  -  Photographies  de  la 
comète  Rorrelly,  igoSc i- 

—  Photographie  de  la  comète  Rorrelly, 
•  9<j3<:- , ■là 


—  Remarques  sur  le  dernier  groupe  de 
taches  solaires  et  les  perturbations 
magnétiques 747 


G.  K.,  1903,  2«  Semestre.  (T.  GXXXVIL) 


176 


l3']2 


TABLE  DES  AUTEURS. 


R 


MM.  Pages. 

RABUT.  —  Sur  la  résolution  pratique  des 

équations • 64 1 

—  Sur  la  détermination  des  figures  inva- 

riantes des  transformations  cycliques.     y3-?. 

RADAU.  —  Rapport  sur  le  concours  du 

prix  G.  de  Ponlécoulant  (Astronomie),  i  loi 

RADIOT  (Paul).  —  Ouverture  de  deux 
plis  cachetés  renfermant  des  Notes 
sur  la  direction  des  ballons 1227 

RAZOUS.  —  Une  mention  très  honorable 
lui  est  accordée  dans  le  concours  du 
prix  Montyon  (Statistique) 1107 

RECOUPE  (Marcellin)  adresse  une  «  Note 
relative  à  des  mesures  thermomé- 
triques aux  gelées  du  printemps  »...   i3t6 

RECOUR  A  (A.).  —  Combinaison  du  sul- 
fate ferrique  avec  l'acide  sulfurique..    11 85 

—  Sur  l'acide  ferrisuifurique  et  le  ferri- 

sulfate  d'élhyle 189 

RÉGNAULT  (Jules).  —  Une  mention  lui 
est  accordée  dans  le  concours  du  prix 
du  baron  Larrey  (Médecine  et  Chi- 
rurgie)    1143 

REGNIER.  —  Une  mention  honorable  lui 
est  accordée  dans  le  concours  du  prix 
Pourat  (Physiologie) ii52 

REMLINGER.  —  Une  mention  lui  est  ac- 
cordée dans  le  concours  du  prix  Mon- 
tyon (Médecine  et  Chirurgie) j  i33 

RÉMY  (Louis-Gabriel).  —  Le  prix  La- 
place  lui  est  attribué 1 1 64 

—  Une  part  du  prix  Félix  Rivot  lui  est 

attribuée 1 1 65 

RENAN  est  porté  sur  la  liste  de  candidats 
présentée  à  M.  le  Ministre  de  l'Ins- 
truction publique,  pour  une  place 
d'Astronome  titulaire  à  l'Observatoire 

de  Paris 1027 

RENARD  (Charles).  —  Sur  la  possibilité 
de  soutenir  en  l'air  un  appareil  volant 
du  genre  hélicoptère  en  employant  les 
moteurs  à  explosion  dans  leur  état 
actuel  de  légèreté 843 

—  Sur   la   qualité  des  hélices  sustenta- 

trices 970 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication       1 322 

—  Sur  un  nouveau  système  de  train  rou- 

tier dit  à  propulsion  continue i234 

RENAULT  (Bernard).  —  Le  prix  Petit 


MM.  Pages. 

d'Ormoy  (Sciences  naturelles)  lui  est 
décerné 1 160 

—  Adresse  des  remercîments  à  l'Acadé- 

mie  -. I2'.8 

RIBAUT  (H.).  —  Sur  la  production  d'hy- 
drogène sulfuré  par  les  extraits  d'or- 
ganes et  les  matières  albuminoïdes  en 
général.  (En  commun  avec  M.  J.-E. 
Abelous.) 95 

—  Influence  de  la  température  sur  la  pro- 

duction d'hydrogène  sulfuré  par  les 
matières  albuminoïdes,  les  extraits 
d'organes  animaux  et  les  extraits  de 
levure  de  bière,  en  présence  du 
soufre.  (En  commun  avec  M.  J.-E. 
Abelous.) 2G8 

RICHET  (Charles).  —  Le  prix  La  Caze 

(Physiologie)  lui  est  décerné i  i5o 

RICOME  (H.).  —  Influence  du  chlorure  de 
sodium  sur  la  transpiration  et  l'ab- 
sorption de  l'eau  chez  les  végétaux. .     141 

—  Sur  des  racines  dressées  de  bas  en 

haut,  obtenues  expérimentalement. . .     204 

RIESZ  (Fréd.)  adresse  une  Note  ayant 
pour  titre  :  «  Théorème  relatif  aux 
corrélations  » 1 3 1 6 

RIGAUT  (A.).  —  Nouvelle  préparation  de 
l'argon.  (En  commun  .avec  M.  H. 
Moisson.) 773 

RINGELMANN.  —  Détermination  expéri- 
mentale de  la  pression  momentanée 
résultant  du  choc 644 

RISLER  (Eugène).  —  Le  prix  Bigot  de 
Morogues  lui  est  décerné  (Économie 
rurale) H23 

RIVALS  (P.).  —  Action  de  l'acide  borique 
sur  les  iodures;  son  emploi  pour  la 
séparation  de  l'iode  des  iodures  en 
présence  de  bromures  et  chlorures. 
(En  commun  avec  M.  H.  Baubigny.).     65o 

—  Conditions  de  séparation  de  l'iode  sous 

forme  d'iodure  cuivreux,  dans  un  mé- 
lange de  chlorures,  bromures  et  iodu- 
res alcalins.  (En  commun  avec  M.  H. 
Baubigny.) 7^3 

—  Séparation  de  l'iode  dans  les  sels  halo- 

gènes alcalins  d'avec  le  chlore  et  le 
brome,  par  sa  transformation  en  acide 
iodique,  et  mode  de  préparation  de 
l'iode  pur.  (En  commun  avec  M.  H. 


1244 


1276 


1294 


TABLE    DES 

Batibigny.) g,^^ 

—  Errata  se  rapportant  à  celte  Commu- 

nication 1088 

ROBIN  (Lucien).  —  Séparation  et  dosages 
simultanés  de  la  baryte,  de  la  stron- 
tiane  et  de  la  chaux 2  58 

ROGOVSKY  (E.).  -  Sur  la  différence  de 
température  des  corps  en  contact . . . 

ROULE  (Louis).  —  Sur  l'évolution  subie 
par  les  Poissons  du  genre  Atherina 
dans  les  eaux  douces  et  saumâtresdu 

midi  de  la  France 

ROUSSEL  (J.).   —  Action   de   ranétho'l 

sur  l'organisme.  (En  commun  avec 

MM.  E.  Varenne  et  L.  Godefmj.) . . 

ROUSSEL  (Joseph).  —  Sur  l'origine  des 


AUTEURS.  i3^3 

MM.  p 

plis  et  des  recouvrements  dans  les 
Pyrénées j^g 

ROUSSELOT.  —  Sur  les  caractéristiques 
des  voyelles,  les  gammes  vocaliques 
et  leurs  intervalles 40 

ROUVILLE  (ETIENNE  de).  —Revision  des 
Nématodes  libres,  marins,  de  la  région 
de  Cette ,^5^,, 

ROUX.  —  Rapport  sur  le  concours  du 

prix  Bréant  (Médecine  et  Chirurgie).   1 187 

-  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Mon- 

tyon  (Physiologie) 1,46 

ROVEL  (Henri)  adresse  plusieurs  Com- 
munications relatives  à  la  Navigation 
aérienne i22„ 


SABATIER  (Armand).  —  Sur  les  mains 
scapulaires  et  pelviennes  des  Pois- 
sons       8^3 

—  Sur  les  mains  scapulaires  et  pelviennes 
chez  les  Poissons  chondroptérygiens. .   1216 

SABATIER  (Paul).  -  Sur  le  cyclohexane 
et  ses  dérivés  chlorés.  (En  commun 
avec  M.  Jlph.  Mailhe.) 240 

—  Transformation  des  aldéhydes  et  des 

cétones  en  alcools  par  hydrogénation 
calaly tique.  (En  commun  avec  M.  /.- 
B.  Serulerens.) _  _      3qj 

—  Préparation  directe  du  cyclohexanol  et 

de  la  cyclohexanone  à  partir  du  phé- 
nol. (En  commun  avec  M.  J.-B.  Sen- 

^       d<rens.) ^^,.^5 

SAINT-GERMAIN  (A.  de).  -  Généralisa- 
tion de  la  propriété  fondamentale  du 

potentiel qg 

SALTYKOW  (N.).  -  Sur"  les  "inlégralès 
.d^S.Lie ?....     3,g 

—  Sur  les  relations  entre  les  intégrales 

complètes  de  S.  Lie  et  de  Lagrange. .     3-6 

—  Sur  le  rapport  des  travaux  de  S.  Lie  à 

ceux  de  Liouville 4^3 

—  Sur  le  problème  de  S.  Lie ." . .'     433 

SAMAJA  (NiNo).  —  Le  siège  des  convul- 
sions épileptiformes  toniques  et  clo- 
niques' ^  . 

SAUERVVEIN  (Ci,.).  -  Sur  l'emploi  "du 
tachéographe  Schrader  pour  les  tra- 
vaux d'Hydrographie.  (En  commun 
avec  M.  F.  Schrader.) , .  _     ^gj 

SAUSSURE  (René  de)  adresse  une  Note 


intitulée  :  «  Hypothèse  sur  la  nature 

de  la  force  » 5Q4 

SAZERAC  (R.).  —  Sur  une  bactérie  oxy- 
dante, son  action  sur  l'alcool  et  la 
glycérine . 

SCHLŒSING  (Th.).'  -  Sur 'l'analyse  mél      ^"^ 
canique  des  sols sgg 

—  Exemples  d'analyse  mécanique  des  sols.     3c)8 
SCHLŒSING  (Th.)  Fils.  -  Rapport  sur 

le  concours  du  prix  Bigot  de  Morogues 

( Economie  rurale ) j  j 23 

—  La  potasse  soluble  dans  l'eau  du  sol  et 

son  utilisation  par  les  plantes 1206 

SCHMIDLIN  (Jules).  —  Action  du  sodium 
sur  le  tétrachlorure  de  carbone  et  la 
benzine  chlorée  :  formation  de  triphé- 
nylméthane  et  d'hexaphényléthane  .  .       59 

—  Recherches  thermochimiques  sur  les   ' 

matières  colorantes.  La  rosaniline  et 

la  pararosaniline 331 

SCHRADER  (F.).  -  Sur  l'emploi  du  ta- 
chéographe Schrader  pour  les  travaux 
d'Hydrographie.  (En  commun  avec 
M.  Ch.  Sctiiera'cin.) -^g  i 

SEBERT.   —  Sur  l'Aérodynamique  et  la 

théorie  du  champ  acoustique 357 

SEGAL.  —  Une  citation  lui  est  accordée 
dans  le  concours  du  prix  Montyon 
(  Médecine  et  Chirurgie  ) , ,  34 

SÉGUIER  (de).  —  Sur  les  groupes  de 
Mathieu 3 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication    5r,^ 

SENDERENS  (J.-B.).  -  Transformation 


i374 

MM. 


TABLE    DES 

Pages. 


des  aldéhydes  et  des  cétones  en  alcools 
par  hydrogénation  catalytique.  (En 
commun  avec  M.  Paul  Stibaticr.) 3oi 

—  Préparation  directe  du  cyclohexanol  et 

de  la  cyclohexanone  à  partir  du  phé- 
nol. (En  commun  avec  M.  Paul  Sn- 
batier.) i  o'25 

SERVANT  (M.).   —  Sur   l'habillage   des 

surfaces 1 1  ^ 

SEVIN.  —  Une  mention  lui  est  accordée 
dans  le  concours  du  prix  Montyon 
(Médecine  et  Chirurgie) ii3'i 

SEYEWETZ  (A.).  —  Action  du  persulfate 
d'ammoniaque  sur  les  oxydes  métal- 
liques. (En  commun  avec  M.  P.  Tra- 
ivitz.) 

SIEDLECKI  (Michel).  —  Sur  la  résistance 
des  Épinoches  aux  changements  de  la 
pression  osmotique  du  milieu  am- 
biant  

—  Sur   la    résorption   phagocytaire    des 

produits  génitaux  inutilisés,  chez 
\ Echinocardium  cordatum  Penn.  (En 
commun  avec  M.  Maurice  Canllery.). 

—  L'action  des  solutions  des  sels  alcahns 

et  alcalino-terreux  sur  les  Epinoches.     5-25 
SIMON  (Eugène).  —  Le  prix  Cuvier  lui 

est  décerné 1 1 56 

—  Adresse  des  remercîments  à  l'Acadé- 

mie  

SIMON  (L.-L).  —  Sur  l'acide  oxalacé- 
tique 

—  Nouvelle  réaction  de  l'hydroxylamine. 


i3o 


469 


I96 


1228 


855 
986 


AUTEURS. 

MM.  l'afjes. 

SOCOLOW  (S.)  adresse  une  Note  «  Sur 
les  corrélations  qui  existent  entre  les 
éléments  des  orbites  du  système  pla- 
nétaire » (v>.8 

SOURBÉ(T.)  adresse  une  Note  intitulée: 

«  Alcoométrie  pondérale  » 353 

STODOLKIEWITZ  adresse  une  Note  «  Sur 
un  mode  d'intégration  des  équations 
différentielles  partielles  du  premier 
ordre  » i 56 

STÔRMER  (Carl).  —  Sur  les  intégrales 

de  Fourier-Cauchy 408 

—  Sur  les  intégrales  de  Fourier-Cauchy.     436 
SULZER  (D.).  —  Comparaison   des  di- 
verses lettres  au  point  de  vue  de  la 
vitesse  de  lecture.  Formation  d'un  al- 
phabet rationnel.  (En  commun  avec 

M.  André Broca 812 

—  Sensation  lumineuse    en   fonction  du 

temps  pour  les  lumières  colorées. 
Technique  et  résultats.  (En  commun 
avec  M.  André  Br'oca.  ) 944 

—  Rôle  du  temps  dans  la  comparaison  des 

éclats  lumineux  en  lumière  colorée. 

(En  commun  avec  M.  André  Broca.  ) .     977 

~  La  sensation  lumineuse  en  fonction  du 
temps  pour  les  lumières  colorées.  Dis- 
cussion des  résultats.  (En  commun 
avec  M.  André  Broca.  ) 1046 

SVEN  IIEDIN.  -  Le  prix  Tchihatchef  lui 

est  décerné 1 1 55 

—  Adresse  des  remercîments  à  l'Acadé- 

mie    122 


TANNENBERG(W.de).  —  Sur  les  courbes 

gauches  à  torsion  constante 692 

—  Du  problème  de  Cauchy  relatif  à  une 

classe  particulière  de  surfaces 900 

TANNERY  est  porté  sur  la  liste  de  candi- 
dats présentée  à  ^Me  Ministre  de  l'Ins- 
truction publique  pour  la  chaire  d'His- 
toire des  Sciences,  vacante  au  Collège 

de  France 964 

TARBOURIECH  (J.)   —  Préparation  des 

amides    secondaires 128 

—  Sur  les  amides  secondaires 3-26 

TASSILLY  (E.).  —  Sur  un  capillarimètre. 

En  commun   avec   M.   A.   Cluiinher- 

land 64  i 

TERMIER  (Pierre).  —  Sur  quelques  ana- 
logies de  faciès  géologiques  entre  la 


zone  centrale  des  Alpes  orientales  et 

la  zone  interne  des  AI pes  occidentales .     807 

—  Sur    la   structure   des    Ilohe   Tauern 

(Alpes  du  Tyrol) 873 

—  Sur  la  synthèse  géologique  des  Alpes 

orientales 939 

TEISSERENC  DE  BORT(Léon).  —  Le  prix 

Estrade-Delcros  lui  est  décerné 1  iGi 

—  Adresse  des  remercîments  à  l'Académie.   1 2.'.8 
TiiOULET  (J.).  Étude  de  la    circulation 

marine 97 

—  Sur  la  transparence  de  la  mer 748 

THOVERT  (J.).  —  Diffusiomètre 1249 

TIFFENEAU  (M.).  —   Fixation  anormale 

du  trioxyméthylène  sur  certains  déri- 
vés organomagnésiens  aromatiques. 
(  En  commun  avec  M.  R.  Delanoë.). .     578 


TABLE   DES   AUTEURS. 


MM.  Pages. 

—  Sur  la  migration  pliénylique 989 

—  Sur  la  transformation  des  a-glycols  pri- 

maires en  aldéhydes  correspondantes,  i  '260 
TISSOT  (C).  —  Sur  la  mesure  de  l'effet 
des  ondes  électriques  à  distiince  au 

moyen  du  bolomètre 846 

TISSOT  (J.).  —  Les  conditions  spéciales 
de  la  circulation  dans  les  glandes  en 
activité.   (En  commun  avec  M.    G. 

Moussu.  ) 1 084 

TOMMASINA(Tii.).  —  Sur  la  scintillation 
du  sulfure  de  zinc  phosphorescent,  en 
présence  du  radium,  revivifiée  par  les 

décharges  électriques 745 

TORHES(L.).  -  Sur  le  téléldne 817 

TOURNOUER   (André).   -    Coupes   des 

terrains  tertiaires  de  la  Patagonie...     348 


1375 

MM  Pages. 

TRAWITZ  (P.).  —  Action  du  persulfate 
d'ammoniaque  sur  les  oxydes  métal- 
liques. (En  commun  avec  M.  J. 
Seycivetz.) i3o 

TRILLAT  (A.).  —  Réactions  catalytiques 
diverses  fournies  par  les  métaux;  in- 
fluences activantes  et  paralysantes. . .     187 

—  Influences  activantes  ou  paralysantes 

agissant  sur  le  manganèse  envisagé 

comme  ferment  métallique 922 

TROOST.  —  Rapport  sur  le  concours  du 

prix  La  Gaze  (Chimie) 1 1 15 

—  Est  élu  Vice-Président  de  l'Académie 

pour  l'année  1904 '  197 

TURPAIN  (Albert).  —  Sur  le  fonction- 
nement de  cohéreurs  associés 362 


u 


URBAIN  (G.).  —  Sur  une  série  de  com- 
posés du  bismuth.  (En  commun  avec 
M.  H.  Lacnmhe.) 5Gf 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Communi- 


cation       820 

—  Sur  une  séparation  rigoureuse  dans  la 
série  des  terres  rares.  (  En  commun 
avec  M.  //.  Lacomhe.  ) 792 


VAILLANT  (  P.  ).  —  Sur  la  couleur  des  so- 
lutions aqueuses  de  méthylorange  et 
le  changement  qu'y  déterminent  les 
acides 84g 

VALBREUZE  (DE).  —  Sur  les  phénomènes 
particuliers  présentés  par  les  arcs  au 
mercure 912 

VALEUR  (  A.  ).  —  Sur  la  spartéine.  Carac- 
tères généraux  ;  action  de  quelques 
réducteurs.  (En  commun  avec  M.  Ch. 
Mourcu.  ) 1 94 

VALLÉE.  —  Sur  les  rapports  qui  existent 
entre  le  Surra  et  le  Nagana,  d'après 
une  expérience  de  Nocard.  (En  com- 
mun avec  M.  Carré.) .  .      G24 

VALLOT  (J.).  —  Sur  les  modifications  qite 
subit  la  respiration  par  suite  de 
l'ascension  et  de  l'acclimatement  à 
l'altitude  du  mont  Blanc r?,83 

VAN  TIEGHËM.  —  Rapport  sur  le  con- 
cours du  Grand  Prix  des  Sciences 
physiques 1119 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Bordin 

(  Botanique  ) 1 1 20 

VAN  VERTS  (J.).  —  Une  mention  lui  est 


accordée  dans  le  concours  du   prix 
Montyon  (  Médecine  et  Chirurgie ) . . .   1 1 33 
VARENNE  (E.).  -  Sur  les  hydrates  d'al- 
cool élhylique.    (  En  commun   avec 
M.  L.  Godefroy.) 993 

—  Action  de  l'anéthol   sur   l'organisme. 

(En  commun  avec  MM.  J.  Roussel  %i 

L.  Godefroy.) 1 29  { 

VASCHIDE  (N.).  —  Recherches  expéri- 
mentales sur  les  rêves.  Du  rapport  de 
la  profondeur  du  sommeil  avec  la  na- 
tu  re  des  rêves 1 5o 

—  Recherches  expérimentales  sur  l'olfac- 

tion des  vieillards 627 

VAUTIER  (Th.).  —  Sur  un  réfractomètre 

à  réflexions f)  1 5 

VAYSSIÈRE  (A.).  -  Sur  les  Hétéropodes 
recueillis  pendant  les  campagnes  de 
V Hirondelle  et  de  la  Prineessc  Alice, 
faites  sous  la  direction  de  S.  A.  le 

Prince  de  Monaco 346 

VIALA  (P.).  —  Sur  la  variation  du  Bor- 
netina  Corium  suivant  la  nature  des 
milieux.  (En  commun  avec  M.  L. 
Man^in.) 1 39 


1376 

MM.  Pages. 

VIGOUROUX  (ÉM.).  —  Errata  se  rappor- 
tant à  une  Communication  du  29  juin 
igoS,  sur  l'amidure  et  l'imidure  de 
silicium 100 

VIGUIER  (René).  —  Sur  la  structure  des 
cotylédons  et  la  disposition  de  cer- 
taines racines  adventives  dans  les 
plantules  de  Labiées 804 

VILLIERS  (A.).  —  Surl'étliérification  des 

hydracides 53 

VIOLLE  (J.).  —  Sur  le  phénomène  aéro- 


TABLE   DES   AUTEURS. 


MM.  Pages. 

dynamique  produit  par  le  tir  des  ca- 
nons grêlifuges 397 

VUILLEMIN  (Paul).  —  Une  Acrasiée bac- 

tériophage 3?^7 

—  Sur  une  double  fusion  des  membranes 

dans  la  zvgospore  des  Mucorinées. . .     869 

VURPÂS  (Cl.").  —  Contribution  à  l'étude 
des  altérations  congénitales  du  sys- 
tème nerveux  :  pathogénie  de  l'anen- 
céphalie.  (En  commun  avec  M.  A. 
Léri.) '2  13 


w 


VVAHL  (A.).  —  Sur  les  étliers  isonitroso- 
maloniques  et  leur  transformation  en 
éthers  mésoxaliques.  (En  commun 
avec  M.  L.  BoiweauU.) 196 

WALLENBERG  (George).  —  Sur  l'équa- 
tion différentielle  de  Riccati  du  se- 
cond ordre io33 

WALLERANT  (Fréd.).  -  Sur  le  poly- 
morphisme des  nitrates 8o5 

—  Sur  la  détermination  de  la  forme  pri- 
mitive des  cristaux looi 

WEIS  (Fr.).  —  Sur  le  rapport  entre  l'in- 
tensité lumineuse  et  l'énergie  assimi- 
latrice  chez  des  plantes  appartenante 
des  types  biologiques  différents 801 

WICKERSHEIMER  (E.).  —  Nouvelles  lois 
de  tonométrie,  qu'on  peut  déduire  des 
expériences  de  Raoult 319 

VVIERNSBERGER  (Paul).  —  Convergence 


YERMOLOFF  (A.).  —  Sur  la  géologie  et 
l'hydrologie  souterraine  du  Caucase 
occidental.  (En  commun  avec  M.  E.- 


des  radicaux  superposés  périodiques.   i'233 

WILLEM  (V.).  —  A  propos  d'une  diastase 
lactique  dédoublant  le  salol.  (En  com- 
mun avec  M.  A.  Miele.) r35 

WINTREBERT  (P.).  —  Influence  du  sys- 
tème nerveux  sur  l'ontogenèse  des 
membres 1 3 1 

—  Sur  la  régénération  chez  les  Amphi- 
biens  des  membres  postérieurs  et  de 
la  queue,  en  l'absence  du  système 
nerveux 761 

VVOLF  (  J.).  —  Sur  la  coagulation  de  l'ami- 
don. (En  commun  avec  M.  A.  Fern- 
hnch.) 718 

WYROUBOFF  est  porté  sur  la  liste  de  can- 
didats présentée  à  M.  le  Ministre  de 
l'Instruction  publique  pour  la  chaire 
d'Histoire  des  Sciences,  vacante  au 
Collège  de  France 9G4 

A.  Martel.) 1 077 

YUNG  (  Emile).  —  Le  sens  olfactif  de  l'Es- 
cargot {Hélix  pomntla) 720 


ZAREMBA(S.).  —  Sur  les  fonctions  fon- 
damentales de  M.  Poincaré  et  la  mé- 
thode de  Neumann  pour  une  frontière 
composée  de  polynômes  curvilignes. . 

ZEILLER  (R.).  —  Découverte  de  strobiles 
de  Séquoia  et  de  Pin  dans  le  Portlan- 
dien  des  environs  de  Boulogne-su r- 
Mer.  (En  commun  avec  M.  P.  Fliche.). 


jy 


—  Présente  à  l'Académie  le  Volume  de 

texte  de  la  Flore  fossile  des  gùes  de 

charbon  du  Tonhin 1210 

ZEUTHEN  (H. -G.).  —  Le  prix  Binoux  lui 

est  décerné.  (Histoire  des  Sciences) .   1 153 

—  Adresse  des  remercîments  à  l'Acadé- 

mie     1228 


O.VUTHIER-VILLARS,  LMrRIMEUR-LIBRAIRE   DES  COMPTES  RENDUS   DES   SEANCES  DE   L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

33845  Pai'is.  —  Quai  des  Grands-Auguslins,  55. 


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